GRANDS ÉCUYERS

GRANDE ECURIE

DE

AVANT ET DEP UIS 1789

PAR

EDOUARD DE BARTHÉLÉMY

©Cï.^ALllCE

LIBRAIRIE DE LA SOCIÉTÉ DES AUTEURS DRAMATIQUES ET DE L'ACADÉMIE DES BIBLIOPHILES Place de la Bourse, 10

MDCCCLXVIII

LES GRANDS ÉCUYERS

DE FRANCE ACADEMIE DES BIBLIOPHILES.

D éclaration.

« Chaq ue ouvrage appartient à son auteur-éditeur. La Compagnie entend dégager sa responsabilité collective des publications de ses membres. »

[Extrait de l'art. IV des STATUTS.)

JUSTIFICATION DU TIRA GE:

200 exempla ires papier vergé,

Taris. — Jmprimé che^ Jules Honaventure, 5 % quai des Grands-Oiugustins. GRANDS ÉCUYERS

ET L A

GRANDE ECURIE

DE FRANCE

AVANT ET DEPUIS 1789

PAR

EDOUARD DE BARTHÉLÉMY

LIBRAIRIE DE LA SOC IÉTÉ DES AUTEURS DRAMATIQUES ET DE L'ACADÉMIE DES BIBLIOPHILES Place de la Bourse, 10

MDCCCLXV11I

A SON EXCELLENCE

E pÉNÉRAL DE DIVISION FLEURJ

GRAND ECUYER DE FRANCE

AIDE DE CAMP DE L'EMPEREUR

SENATEUR

GRAND OFFICIER DE IA LEGION D'HONNEUR

Hommage respectueux,

E- DE BARTHELFMY

'Fans, 4 mars 1867.

Un intérêt incontestable s'attache à tout ce qui a trait aux anciens usages ; plus encore quand la trace de ces usages a résisté au temps et subsiste au moins en partie aujourd'hui. Cet intérêt s'accroît naturellement si les re­ cherches auxquelles nous devons nous livrer nous conduisent dans les régions les plus éle­ vées, auprès des souverains, et nous font vivre avec les personnages les plus considérables — Vili — des siècles précédents. C'est cette pensée qui nous a amené à étudier l'origine et l'histoire des grandes charges de la couronne de France, sujet qui n'a jamais été examiné que très- incidemment, très-superficiellement et sans pousser les investigations jusqu'au moyen âge, époque pour laquelle manquaient les documents et qui est à tous égards la plus curieuse. Cette pensée cependant ne m'appartient pas : elle m'a été inspirée par une flatteuse intervention, et j'ai compris rapidement le résultat satisfaisant qu'avec un peu de tra­ vail il serait possible d'obtenir. Jusqu'à ce jour, en effet, nous n'avons sur les anciennes grandes charges de la couronne que des no­ tions très-sommaires. Duchesne, le père An­ selme, Godefroy, Moreri, Piganiol dela Force, Pasquier, Fauchet, Belleforest, Longueval, Favin du Toc leur ont consacré quelques pages qui ont toujours été répétées, plus ou moins — IX —

brièvement, par Saint- Allais, par Courcelles, par tous ceux qui, depuis le commencement du siècle, se sont occupés de ce sujet. Les anciens écrivains d'ailleurs ne se sont guère attachés qu'à exposer la qualité des grands offices et leurs prérogatives : l'auteur même de VEtat de la France n'en dit pas beaucoup plus, tout en fournissant au moins l'énumé- ration complète du personnel de ces divers grands services. Mais jamais on n'en a étudié les origines, les développements; jamais on n'avait essayé de pénétrer dans leur intérieur, si je puis parler ainsi, et d'y rechercher des traits intéressant l'histoire sociale et politique de nos pères. Les éléments manquaient en effet. On ne pouvait rencontrer les sources d'une étude de ce genre que dans les archives particulières de la maison de nos rois, et il y a peu d'an­ nées que l'on comprend la valeur historique de ces documents en apparence arides, et où l'on trouve cependant tant de renseignements précis et curieux. Les deux derniers volumes des Historiens de la France publiés par l'Institut, grâce aux soins de MM. de Wailly et Delisle, contiennent précisément des comptes de l'hô­ tel des rois de France, embrassant les deux tiers du xiiic siècle, et fournissent tous les éclaircissements désirables à qui les veut chercher. Le grand écuyer, monsieur le Grand, — comme on disait autrefois, — occupait à la cour de France un rang éminent, tant par la fréquence des rapports que sa charge établis­ sait entre le souverain et lui, que par la dis­ tinction des personnages qui en furent revêtus et qui, depuis le milieu du xviic siècle, appar­ tinrent constamment àia famille de Lorraine- Guise. Nous avons établi comment le plus grand dignitaire du royaume, le connétable, ne fut originairement que le grand écuyer, ainsi que son nom, cornes stabuli, comte de — XI — l'étable, le démontre surabondamment ; com­ ment il reçut d'autres attributions ; comment le service des écuyers comprenait simultané­ ment un service d'honneur auprès du prince et le service de l'écurie. Nous avons cherché à décrire l'organisation de l'écurie de nos rois au moyen âge ; nous avons établi à quel mo­ ment précis et pour quelles causes le titre de grand écuyer a été institué. Nous avons en­ suite fourni tous les détails possibles sur le fonctionnement du personnel de la grande écurie, enfin nous avons raconté sommaire­ ment la vie des personnages honorés de cette haute dignité. Nous avons terminé ce travail en publiant quelques pièces inédites, et en recueillant le plus grand nombre possible de noms de pages de la grande et de la petite écurie : comme des preuves de noblesse étaient rigoureusement exigées pour leur admission, ces listes sont importantes pour l'histoire des familles. — XII —

Il me reste à remercier Son Excellence le général Flenry d'avoir bien voulu me faire donner le détail du service actuel de l'écurie de l'Empereur, et surtout de m'a voir auto­ risé à placer mon livre sous son haut patro­ nage. CHAPITRE PREMIER

Origine de l'écurie des Souverains. — Opinion de Ducliêne. — Les comtes de retable. — Connétable. — Les maréchaux. — Époque où ces deux charges devinrent purement militaires. — L'écurie de Philippe le Bel. —• L'écuye r du corps. — L'écuyer du tynel. — Le maître de l'écurie. •— Se rvice par semestre. — Maréchaux d'écurie. — Varlets. — Origine du titre de grand écuyer — Cet " office d'abord charge de la maison du roi. — Quand il devint charge de la couronne. — Distinction entre ces deux catégories. — Distinction entre le service d'honneur auprès du roi et celui de l'écurie. — Origine du mot écinjer.

« Escu rye n'est autre chose en nostre ancien langage qu'un lieu pour loger chevaulx et fou- rage. Ce qui s'apprend du tiltre dix-neufviesme

de laloy salique,oùil est dit : Si quisscuriam cum animalibus vel fœnile incenderli. Combien que cer­ tains glossaires anciens l'appellent curia avec in- 1 terpolalion de îtcttwv ßooX-n ; et encore aujourd'huy ès pays de Suisse, les bastimens qui se v.oyent es montagnes, où ils retirent leurs chevaulx et foings, s'appellent en leur commun schour, conformé­ ment à ce qui est escrit au tiltre V de la loi des Bajoariens, et a esté la lettre e adjoustée au-de­ vant du mot ancien pour l'euphonie françoise, comme ès autres mots commençants par se pris et tirez par nous des autres langues, comme schop/f, eschaffault; scala, eschelle ;scoto, escolle; scribere, escrire, et autres. « Le Connestable et les Mareschaux estant montez ès grandeurs et crédit, comme j'ay dit ès chapitres desdits offices, leur premier office a esté donné aux grands et autres escuyers, telle­ ment que ce n'est pas sans cause si ès estais de l'hostel des premiers roys de France de la IIIe race n'est fait mention du grand escuyer. « Mesme ne se trouve ès estatz des maisons des roys Philippe trois, Philippe-le-Bel et Philippe-le- Long, aucune mention dudit office; ains seule­ — 3 — ment de quatre escuyers d'escurie, dont les deux seront tonsjours à la Cour, un pour le corps, et un pour le tinel, qui est le commun.

« De present, il a la superintendance sur le premier et autres escuyers, roys et héraulx d'armes, et tous les officiers de l'escurie, comme chevaucheurs et mareschaux, et porte ès magni­ ficences devant le roy l'espée semée de fleurs de lys, et le connestable toute nue.

« Ledit grand-escuyer prétend que les dais ou ciels que les eschevins portent dessus les roys aux entrées ès villes sont à luy, bien que ce soit un ancien différent entre luy et les laquays des roys.

« Il a quelquefois aussy débattu avoir puissance et auctorité d'asseoir les postes, et de pourveoir aux estais des maistres d'icelles; mais le con- trerooleur général desdites postes a obtenu ce privilège sur luy.

« Par ordonnance de l'an 1412, la garde de l'es­ curie du roy debvoit assister aux achapts des chevaulx, et autres besongnes pour l'escurie '. « Tels sont les termes dans lesquels André du Chesne apprécie le rôle et les divers changements de l'écurie de nos rois.

L'écurie a toujours occupé en effet une place considérable dans les cours des plus anciens sou­ verains. Celui qui la dirigeait à Bysance était un des principaux dignitaires des empereurs d'Orient, et ce privilège se comprend facilement à cause des rapports nécessairement fréquents du prince avec cet officier. Les chefs de l'écurie de l'empire d'Orient sont désignés par le titre de tribun de l'étable, puis par celui de comte de l'étable, à la suite de l'application de la dénomination comtale à tous les grands emplois de la cour, « tribunus sta­ buli, » dit le commentateur du Code Théodosien, « idem comes stabuli vocatur. » Ammie n Marcellin constate l'importance de cette charge 2 et men-

1 Bibliothèque impériale, Fonds du Chesne, tome LV1I, folio 190. !Livre XXVI. donne comme une des fonctions des comtes d'etable d'examiner les chevaux envoyés chaque année pour le tribut : leCode Théodosien nous apprend que le comte recevait à cette occasion deux pièces d'argent par bête présentée, « jux ta veterem consuetudinem. » Stilicon fut revêtu de cette charge 1 et il la grandit singulièrement : il obtint de l'empereur qu'elle serait assimilée à l'avenir, quant au rang, au gouvernement d'une province, et peu de temps après Théodose décida que l'on choisirait exclusivement les gouverneurs des provinces parmi les comtes de l'étable 2. Cet éclat s'obscurcit cependant pendant un temps, puisque Grégoire de Tours nous raconte que

l'empereur ayant mis Narsès à la place de Béli- saire et ayant voulu abaisser ce dernier, le lit comte de ses écuries3. Le moine Cedróne nous assure que cette charge reprit son lustre sous le

1 Du Gange, Gloss. 6 Code Théodosien, livre Ier. 8 Tome I, page 146, édition Guizot. règne d'Alexis Comnène. Mais il est bon de remar­ quer qu'elle n'était pas unique à la cour de By- sance ; Ammien Marcellin nomme cinq comtes de rétable en même temps etla disposition précitée de Théodose obligeant les gouverneurs provin­ ciaux à être d'abord comtes de l'étable le prouve de reste.

Les rois Francs se plurent, comme on sait, à imiter l'exemple des empereurs d'Orient et d'Occident, — ceux-ci avaient également adopté le cornes ou prefectus stabuli, — et ils voulurent avoir à leur cour un dignitaire préposé à la garde de leur écurie, laquelle avait une impor­ tance toute particulière à une époque où le sou­ verain ne se montrait dans les cérémonies qu'à cheval. Le cornes stabuli figura donc à la cour des Mérovingiens, mais il est difficile de préciser si ces hautes fonctions avaient un ou deux titu­ laires : la chronique de Saint-Bénigne mentionne

1 Livre XXI. Ebroïn1 comme comte de l'étable, et les princi­ paux éditeurs de Frédégaire l'ont nommé seul avec ce titre2. Almoin cependant cite Rocon et Ebroïn comme simultanément « prefect! equorum » du roi Thierry. Cette dignité subsista constamment

avec les prérogatives les plus élevées qui la fai­ saient ardemment rechercher, et vers la fln du IXe siècle l'usage prévalut de donner au comte de l'étable le titre de connétable. Les auteurs se sont divisés sur l'étymologie de ce dernier mot. Lesun s y ont voulu découvrir la contraction desmotscuneiw et staMMx pour lui donner une signification essen­ tiellement militaire3; d'autres, de comes stabilis pour lui prêter un sens inamovible; d'autres en­ core, des mots celtiques connincs (sûreté) et kopel (roi) t Ces prétentions ne sont pas sérieuses, et l'on

trouve beaucoup plus rationnellement dans conné­ table les mots cornes stabuli, suivant l'avis de Mé-

1 Apud D. Bouquet. - Chapitre xxx. 3 Moulin, Comment, sur la coutume de Paris. ' Gollux, Antiq. bourguig. nage, de Pasqnier, de Favin, de Belleforest, du P. Longueval, deFa uchet et de du Tillet : un texte é­pr

cis d'ailleurs donne à cette opinion un irréfragable appui en nous faisant en même temps à peu près connaître l'époque à laquelle ce changement de dénomination s'est opéré. L'abbé Reginon, qui écrivait sa Chronique à la fin du X siècle, dit, en parlant de l'expédition contre les Maures de la

Corse, confiée par Charlemagne, en 807, à Bur- chard, que celui-ci était « cornes stabuli quem corrupte constabulum appellamus » Cet usag e

prévalut rapidement, et le mot connétable fit

complètement disparaître l'antique appellation empruntée à la cour de Bysance *.

1 Aimoin a très-nettement écrit, un demi-siècte plus tard, en définissant.cette charge ; « Regalium prepositum equorum quem vulgo comestabilem vocaqt. » Livre III, chapitre LXXI. 2 Voici, du reste, le résumé de ce que les auteurs an­ ciens relatent au sujet du connétable comme chef des écuries royales. Favin (lib. I, chap, vi, p. 42) ditque «le maitre de l'étable, qui a la supérintendance des écuries et lajuslice sur tousles hommes servant en icelies, vient après le grand maître ou comte du palais. » Grégoire de Hincmar, archevêque de Reims, et Grégoire de Tours nous apprennent que trois officiers se par­ tagèrent les services de la maison du souverain durant les deux premières races de nos rois : le sénéchal, qui exerçait la haute direction, le bou- teiller et le comte de rétable : « quœ videlicet cura quanquam ad Buticularium, vel ad Gomitem stabuli pertineret, maxima tarnen cura ad Senes- callum respiciebat, eo quod omnia caetera praeter potus vel victus caballorum ad eumdem Senes- callumpertinebat1. »Le Laboureur est entré dans

Tours nomme Cuppan comte de l'étable sous Chilpéric; Leudaste, sousCharib ert, promu ensuite comte de Tours ; Leudégésile, sous Gontran, roi d'Orléans, promu duc de Bourgogne, Savaron, dans son Epée fran çaise (an 1610, page 93), n'admet pas que connétable provienne de comte de l'étable. Denys Godefroid dit : « Cue ns de estable, comtes d'estable avoient la surintendance des écuries, et après eux venoient les maréchaux dénommés jadis « cus- « todes meliorum equorum. » ' Hincmar. — l-'avin cepen dant compte sous les Méro­ vingiens sept offices de la couronne : le maire du pa­ lais, les ducs, les comtes, le comte du palais, le comte de l'étable, le référendaire et le chambrier. L'abbé de Corbie, sous les Carlovingiens, cite l'apo- crisaire ou archi-chapelain, le chancelier, le chambrier, 1. — 10 — d'importants détails au sujet du rôle de conné­ table avant le temps où il fut honoré du pouvoir suprême sur les armées. « C'était par son ordre, dit-il dans ses additions aux Mémoires de Cas- telnau *, qu'on distribuoit des montures à ceux qui avoient chevaux à la cour : il commandoit à la guerre tous les officiers de la maison, et il étoit de sa connaissance de mettre prix aux chevaux de ceux qui venoient au service, parce que le roi en devoit restaurer la perte, soit qu'ils mourus­ sent, soit qu'ils fussent affolés ou méhaignés pour user des mots du temps. De là vient celui de « restauralo equorum, » dans les anciens comptes de guerre latine, tourné en françois « restou r » dont on se sert encore aujourd'hui '. » le comte du pa'als, le comte de l'6table, le sénéchal, le bouteiller, le mansionnaire (grand maréchal des logis), les veneurs et le fauconnier. Au commencement de la dynastie capétienne, on con­ naît le chancelier, le sénéchal, l'échanson ou bouteiller, le chambrier, le connétable. 1 Tome II, page 78. - L'Orcio sacri palaiii, dressé par Adalbert, abbé de — 11 —

L'enumeration des droits du connétable extraite par le P. Anselme des « Titres de Bourbon de la chambre des Comptes de Paris » renferme quelques articles à noter ici :

« Se on prend chastel ou forteresse à force ou qu'il se rende, chevaux et harnois, vivres et toutes autres choses qu'on treuve dedans sont au connestable, excepté l'or et les prisonniers qui sont au Roi et l'artillerie au maistre des arbales- triers. « Se 11 co nnestable est en guerre pour le Roy, avec le Roy, ou sans luy, il doit faire priser par son mareschal les chevaux d'armes de luy, de ses compangnons et de tous les gens de son hostel, et tel prix comme son mareschal y met, le Roy luy doit rendre. « Se on amène au Roy plusieurs chevaux pour fait d'armes de la journée, quand Ii Roy a pris

Corbie, contemporain de Charlemagne, constate quo le connétable réunissait à la supérintendancc des écuries celle de la vénerie et de lafauc onnerie. — 12 — lequel qu'il veut, li connestable prend le sien après.

« Toutes gens d'armes des osts doivent obéir au connestable et à ce qu'il fait crier de par luy : et se aucun se part de l'ost sans son gré, ou sans son congié qui preigne gages, li cheval et les armeures sont à luy et li corps à la voulenté du Roy. y>

Le connétable avait sous ses ordres les « cus ­ todes equorum regis », qui furent plus tard appelés maîtres de l'écurie, mais au dessus de ceux-ci furent d'abord les maréchaux, dont le nom indique clairement la fonction : march, en allemand cheval, schalch, maître, et qui étaient les premiers lieutenants du connétable, devenus indispensables à cause des missions militaires ou diplomatiques fréquemment données à ce digni­ taire de la cour. Le maréchal figure à ce titre dès les premiers temps de la dynastie mérovingienne, et on lit dans le titre 79 de la loi allemande : « Si marescallus qui super duodecim equos est - 13 —

occiditur, XI solidis componatur1 . » Il s emble cependant que vers la fin de la dynastie carlo- vinglenne le titre de maréchal ait singulièrement perdu de sa valeur, car un acte du cartulaire de la Trinité de Rouen2 renferme cette mention pré­ cise : « Anno ab Incarnatione Domini M. L. X. quidam vir nomine Hugo, equorum domitor quod vulgo dici tur rnarcscal. » Chaque abbaye, chaque grand seigneur avait un officier de ce nom qui réglait les distributions de fourrages et de grains, soignait les chevaux, accompagnait le seigneur dans tous ses voyages et veillait au ferrage des chevaux, aux harnais, etc.3 De même que les connétables furent sou­ vent pourvus de commandements militaires, les maréchaux en obtinrent également. La ma-

Voir aussi la Loi bavaroise, tit. Ill, ch. m, et le capi- tulaire de Charles le Chauve, an 853, art. 13. 2 N0 XXXII, page 439, cité par M. L. Delisle dans ses Etudes sur la condition des classes agricoles en Normandie. 3 Même ouvrage. — Voir dans le grand Cartulaire de Jumièges, n. 300 : « Cyrographum marescalli domini ab- batis Gemmoticensis. » — li­ nière brillante dont ils les exercèrent les ren­ dit populaires dans l'armée et amena presque insensiblement la transformation de ces offices de cour en dignités exclusivement militaires. Tous les auteurs modernes s'accordent à recon­ naître Albéric Clément, qui accompagna Philippe- Auguste en Terre-Sainte, et fut tué devant Saint- Jean-d'Acre, comme le premier maréchal militaire si je puis ainsi parler. Le P. Daniel démontre cependant péremptoirement que le chroniqueur contemporain Rigord dit, en parlant d'Albéric, qu'il était « marescallus regis Francité, » ce qu i implique une simple charge de cour : son frère Henri, en revanche, paraît devoir réellement commencer la glorieuse série de ces généraux illustres qui ont attaché dans tous les temps un si brillant éclat à la dignité de maréchal de France. Rigord le dénomme « marescallus Francia, » et Guillaume le Breton nous apprend qu'il comman­ dait l'avant-garde de l'armée royale à la conquête de l'Anjou et du Poitou. — 15 —

A dater de ce moment (1204), le mot maréchal servit à désigner deux fonctions parfaitement différentes : l'une exclusivement militaire, l'autre qui conserva ses rapports avec les écuries royales dont le connétable conserva la surintendance au moins nominale, mais dont l'importance diminua considérablement et fit place à celle des scutifers qui étaient au nombre de quatre, servant par semestre. L'ordonnance des officiers de l'hôtel du roi Pbilippe-le-Bel, dressée au mois de janvier

1285, nous donne l'organisation de l'écurie royale

à cette époque : « Escuyers 1III. Rogiy? pour le cors le roy, Den y s pour le tinel, Pierre Gencien et un autre pour acheter les chevaulx, et aura chacun II che- vaulx, Il provendes, un valet mangeant à court, et un à gages, une torche par IUI et XII menues chandelles, et une quarte de vin de concilier, et prendra chacun en l'hostel desdits escuyers foin, litière et lit sans gages, et l'un d'eux sera tous-

jours à acheter le foin et l'avoine, et au livrer, et — 16 —

fera l'en de chacun sextier d'avoine à la mesure de Paris XII provendes, et seront bien mesurées et le surcroit sera le roy x. » Denis de Melun et Pierre Gencien figurent dans le registre du Trésor du mois de septembre 1298 avec le titre de maîtres de l'écurie, et nous savons que, six ans auparavant, ce même Denis avait été chargé de conduire au roi de Castille les chevaux que Philippe-le-Bel lui offrait. Gilles Granches paraît avoir été seul maître de l'écurie pendant la seconde moitié du règne de Philippe IV, et il fit faire des réparations considérables aux bâtiments de l'écurie, situés aux Carrières, et portant le nom de : Le Séjour2. Philippe V paraît avoir voulu donner plus d'im­ portance à la charge dont nous nous occupons en conférant au chef du service des écuries le double titre de premier écuyer du corps et de maître de

' Bibliothèque impériale de Saint-Germain, F. Harlay, 83. 2 Pour G00 livres, selon quittance dudit, du 3 décembre 1301. — 17 — l'écurie dans les lettres patentes du 12 juillet 1316, instituant Guillaume Pisdoe, lequel de­ meura en fonction durant tout le règne de ce prince et fut constamment honoré d'une grande faveur. L'ordonnance de l'hôtel du 17 novembre

1317 porte que «ledit Guillaume Pisdoe le Jeune pourra aller et venir en l'hostel toutes les fois qu'il voudra, qu'il prendra comme les autres éciLyers, que son clerc mangera à la cour, etc. » Du reste, son autorité sur l'écurie est clairement affirmée par une autre ordonnance de l'hôtel du 18 juillet 1318, dans laquelle on lit cet article

XXV : « Le mes tre ecuiier le Roy compte (rend compte à la cour des comptes) auprez du Séjour et monstre dellivrance des chevaulz qu'il achète. Et recève et prengne lettres de ceulx à qui il les del- livrera des-ores-mès. » A cette époque le connétable n'était déjà plus, nous l'avons dit, que le chef nominal du service des écuries, dont la surintendance appartenait en fait au premier écuyer, quoique l'ordonnance que — 18 — nous avons indiquée plus haut comme extraite des Titres de Bourbon à la Chambre des comptes, et qui est de l'année 1301, comme le constate Denys Godefroid, en la relatant dans son Histoire des Connétables, indique encore sa suprématie hono­ raire. Au-dessous du premier écuyer du corps du Roi, maître de l'écurie, se trouvait le garde du Séjour, siège des écuries royales ; deux gentils­ hommes revêtus de cet office, Oudart des Taules et Guillaume de Champagne, le quittèrent, en 1330 et en 1353, pour celui de premier ècuyer, maître de l'écurie ; venaient ensuite les écuyers du corps, les maréchaux de l'écurie, etc. Un acte relatif à Guillaume de Champagne le qualifie « souverain et premier maréchal de l'écurie du Roi, maître du métier des maréchaux de Paris et du royaume, » et mentionne un sieur André Homèd e « maréchal de l'écurie du Roy. » Pu is au dernier échelon, ce semble, étaient les varlets d'écurie au sujet desquels une grave contestation naquit au commencement du xv siècle. — 19 —

Un de ces variais, Hamée de Bréban, jouait aux échecs avec Phllipot de Bréban, valet de chambre du Roi, à l'hôtel de la Pomme-de-Pin, rue Saint- Antoine : c'était probablement après de copieuses libations. Toujours est-il que le jeu s'anima si bien, que Hamée s'emporta et qu'il jeta si violem­ ment à la tête de son camarade la table et les

échecs, « qu'illuyavoitfaictune bose àia teste et en sa main faict sang et playe. » Les sergents de M. le Prévôt de Paris survinrent et conduisirent l'impétueux valet d'écurie dans les prisons du

Châtelet. Ses collègues se hâtèrent de réclamer vivement contre cette prétention des magistrats ordinaires à s'immiscer dans les affaires des offi­ ciers dela Maison du Roi, et portèrent leur requête au Conseil qui leur donna gain de cause et provo­ qua une ordonnance du 15 septembre 1406, par laquelle Charles VI déclara « que nos ditz écuïers d'escurie qui à présent sont et qui pour le tems advenir seront ayent doresnavant seuls et pour le tout la juridiction, congnoissance, punicion et — 20 —

correccion de tous cas personnels, laut desdils comme d'autres de varlets denos tre dicte escurie. » Mais Messieurs de la Chambre des Requêtes de l'Hôtel se hâtèrent à leur tour d'intervenir et for­ mulèrent, par l'intermédiaire de leur procureur du Roi, des conclusions tendant à retirer à l'écurie cette juridiction, la Chambre ayant toujours eu seule la connaissance de tout ce qui concernait la Maison du Roi. Charles VI, mieux informé, re­ vint sur sa décision, et signa dès le 19 septembre

une ordonnance en ce sens. Une ordonnance du 28 décembre 1355 défendit aux maîtres de l'écurie de se mêler directement

ou indirectement à aucun fait de commerce quel­ conque, et le Régent reno avella ces défenses au mois de mars 1356. Depuis cette époque, nous

voyons les personnes chargées de l'écurie du Roi travailler activement à augmenter les privilèges de cet office, ce qui leur était d'autant plus facile, qu'on les choisissait toujours parmi les membres des principales familles nobles du royaume. On - 21 - suit facilement ces efforts incessants par les chan­ gements successifs et fréquents du titre de ce fonctionnaire. Le titre de maître de l'écurie paraît constamment joint à celui de premier écuyer du corps, depuis le brevet accordé le 12 juillet 1316 à Guillaume Pisdoé : le brevet délivré le 19 décem­ bre 1399 à Philippe de Giresmele qualifie premier écuyer du corps et grand-maître de l'écurie du Roi; titres répétés dans la nomination de Jean de Dicy, le 1er avril 1412, et dans celles de ses succes­ seurs.

Une grande incertitude a régné jusqu'à ce jour au sujet de l'époque précise à laquelle remonte le titre de grand-écuyer. Moréri nomme Alain de Goyon comme l'ayant adopté le premier, et Saint-

Allais adopte cette opinion. En 1474, le Père An­ selme désigne Tanneguy du Chatel comme ayant pris cette qualification dans le contrat de mariage de Philippe de Fouilleuse, soigneur de Flavacourt, le 11 août 1475; Piganiol de la Force cite Jean de Garguessalle, en 1471. Plus heureux que mes de­ — 22 - vanciers, j'ai trouvé un document officiel qui doit lever tous les doutes à ce sujet, en même temps qu'il explique parfaitement la cause de l'élévation de cet office de la maison du roi, par l'illustration du grand homme de guerre qui en était alors re­

vêtu; il donne à cette charge le point de départ le plus brillamment honorable. Le 27 juillet 1429, Charles VII nomma Jean Poton de Xaintrailles, qui venait de se couvrir de

gloire à la bataille de Patay, son premier écuyer du corps, et grand maître de son écurie, à l'occa­ sion du sacre. L'un de ses prédécesseurs, Pierre

Frotier, vicomte de Montbas et baron de Preuilly, zélé partisan de Charles VII, avait montré plus de dévouement à sa personne, à ce qu'il parait, que de fidélité à ses finances, et il se vit privé de tous ses emplois au commencement de l'année 1425 : l'apurement de ses comptes fut singulièrement laborieux. Le roi, se souvenant probablement de ses services militaires, ne voulutpasle poursuivre, et il lui donna, le 15 décembre 1440, des lettres — 23 - patentes l'autorisant « à f aire tels comptes qu'il sçauroitoupourroit faire du maniement des fonds qu'il avait eu du fait de l'écurie ; » il reçut sa dé­ charge le 5 août suivant. Mais le roi résolut de mettre fin à ces dilapidations, et il fit insérer deux articles spéciaux dans la grande « Ordonnance sur le fait des finances » du 25 septembre 1441 :

« Art. XIII. Nostre Grand Escuyer, et celui qui pour luy sera tenu de compter au fait dudit office, comptera ainsy et pareillement que nostre argen­ tier 1.

« Art. XVII. Nostre Grand Escuyer sera tenu de nous montrer chacun mois, ou au commis à ce

1 Voici l'article concernant l'argentier : e Art, XII. Nostre argentier comptera ainsy qu'il a accoustumé ; et 81 sur la somme qu'il aura reçue de nostre dit Receveurgé- neral, il faisoit aucune dépense dont luy convient avoir mandement, voulons et ordonnons qu'en lieu d'iceux mandemens, soit tenu comptes doresnavant par estats ou roolles signés de nostre main, avec pareil mandemen scellé du scel de nostre chancellerie, comme dessus: et autrement ne sera reçue à compter en nostre cham­ bre. « Ord. des rois de Fr., t XIII, p. 375 et 370. — 24 — par nous, ses estais et dépenses afin d'en avoir congnoissance. » Comme on le voit, c'est Charles VII qui institua l'office de grand écuyer du roi ; le document offi­ ciel est positif. Or il me semble aisé d'expliquer les causes de ce changement. Le titulaire de la charge de premier écuyer du corps, grand-maître de l'Écurie, était l'un des plus vaillants généraux du royaume. Il était naturel que Charles VII, au moment où il réglementait ses prérogatives en matière d'argent et les amoindrissait évidem­ ment, rendît à Xaintrailles l'équivalent et au delà en honneurs et en dignité. Tanneguy du Chatel,

Jean de Garguessalle, Pierre d'Urfé et ses succes­ seurs portèrent donc très-légitimement ce titre. On peut dire que c'est à dater de Xaintrailles que l'office de grand-écuyer fut constitué, et que cessa la suprématie même nominale du connétable. Louis XI, qui se plaisait à abaisser les grands dont il redoutait l'influence, laissa vacante la charge de connétable après l'exécution du comte de Saint- — 25 —

Paul, et probablement dans le but de diminuer encore davantage cette digni té, il permit le premier au grand-écuyer de s'intituler grand-écuyer de France.

Cet office n'était encore qu'une des grandes charges de la maison du roi, distinction considé­ rable et sur laquelle je crois devoir m'arrêter quelques moments, car elle est généralement mal connue, et cependant la différence est capitale entre les offices de la couronne et ceux de la mai­ son du roi ; on en jugera facilement quand on saura qu'aux premiers seulement a été attaché le

titre de cousin du roi et la qualification d'Excel­ lence.

Les offices de la couronne différaient de ceux de la maison du roi en ce que les grands officiers de la maison n'avaient pas ordinairement de juri­ diction annexée à leurs offices, ou n'avaient tout au plus que la seule administration de la justice, tandis que les grands officiers de la couronne avaient l'exercice et la propriété de la justice, la 2 -dé­

possédant comme fief : ces derniers étaient mem­

bres de l'Etat, comme jouissant d'une portion de la souveraineté par cession spéciale et volontaire du prince. «Les seigneurs haut-justiciers, écrit Piganiol de la Force, ont la propriété de la jus­ tice, mais non pas l'exercice, et ils doivent insti­

tuer des officiers pour la rendre, officiers qui, de leur côté, ne peuvent agir qu'au nom du seigneur

et en imprimant à leurs jugements le sceau du seigneur, signe de l'autorité et de l'aveu du com­ mandement qui appartient en propre au seigneur .et jamais à l'officier. Or l'exercice et la propriété de la justice ne se trouvent réunis qu'en la per­ sonne du roi, de laquelle découlent toutes les ju­ ridictions, et c'est en faveur des seuls grands

officiers de la couronne qu'il se déposséda de por­ tions de ce double droit ; l'officier de la couronne les tenait du roi à foi et hommage, comme fief à vie soumis au serment, et absolument à la vo­ lonté du prince. «

Ces conditions requises pour constituer le grand — 27 — office de la couronne ont amené dans l'organisa­ tion de la cour des modifications profondes. C'est ainsi que le grand-aumônier ne fut que le pre­ mier desgra nds officiers de la maison du roi, tandis que sous les deux premières races l'archi-chape- lain était officier de la couronne, parce qu'alors il exerçait une juridiction à laquelle on essaya vainement d'assimiler par la suite l'autorité donnée aux grands-aumôniers sur les hôpitaux et les maladreries. De même le grand-veneur perdit sa qualité de grand officier de la couronne, quand la juridiction de son officelu i fut enlevée pour être transférée à la grande maîtrise des eaux et forêts. Chaque grand officier était complètement indé­ pendant dans sacharge, et ne devait compte qu'au roi entre les mains duquel il prêtait directement son serment. De tout temps ces hauts dignitaires avaient eu séance parmi les pairs du royaume : un procès soulevé au commencement du xm® siè­ cle fournit au roi l'occasion de faire affirmer ce privilège. Les pairs prétendirent que les — 28 -

« offic iers de l'hostel le roy » ( c'est-à-dire le chancelier, le Louteiller, le chambrier, et le con- nestable ) « ne do ivent mie estre avec eulx à l'aire jugement sur les pers de France, et lesdicts offi­ ciers dudit hostel le roy deissent au contraire qu'ils doivent estre, aux us et coustumes deFra nce gardées, avec les pers pour jugier les pers. Il fut jugié en la court le roy qui iceux officiers dudit hostel le Roy devoient estre avec les pers deFr ance

à jugier les pers 1 » (1224). Les grands officiers faisaient en outre partie de droit du Conseil d'État et figuraient habituellement comme témoins des chartes royales. » Selon les anciens usages, dit Guy Coquille, le roi a des conseillers, les uns nés, les autres faits, sans l'assistance desquels il ne doit rien faire. Les conseillers nés sont les princes du sang, les pairs de France, tant laïcs qu'ecclésiasti­ ques. Les conseillers faits sont les officiers géné­ raux de la couronne, comme connétable, grand chambellan, grand maître, grand échanson et les

1 Mémoriaux de la Ch. des Comptes, vol. 4, f0 42. - 29 -

quatre maréchaux de France, la charge desquels maréchaux est aide en campagne de celle de con-

nestable. Au temps de Philippe-Auguste et jus­ qu'au temps de Philippe-le-Bel, lesdits officiers de la couronne assistoient et soubsignoient à toutes les expéditions d'importance que les rois faisoient, même quand ils ordonnoient quelques lois. »

Les grands officiers de la couronne avaient des fonctions spéciales aux fêtes du sacre etda ns toutes les cérémonies publiques ; des privilèges particu­

liers, dont leplu s éclatant était sans contredit celui d'être qualifiés cousin du roi. Henry JIIj par son ordonnance de 1577, donna à ces dignitaires le pas sur toutes les pairies nouvellement créées. Enfin les descendants mâles des grands officiersde la cou­ ronne étaient admis aux honneurs de la cour et à monter dans les carrosses du roi, à recevoir les ordres du roi, sans avoir besoin de satisfaire aux preuves réglementaires d'une noblesse antérieure à l'année 1399. — 30 —

Tous les changements que nous venons d'énu- mérer rapidement avaient amené une confusion à laquelle Henry III mit fin par ses lettres pa­

tentes du 3 avril 1582, qui décidèrent que « les grands officiers de la couronne sont : el conné­

table de France ; lecha ncelier de Erance ; le grand maître de France ; le grand chambellan ; l'amiral; les maréchaux ; el non autres. » Henry IV créa deux autres grands officiers de la couronne : celui

de grand écuyer de France en faveur de M. le duc

de Bellegarde, par lettres patentes du 8 janvier 1589 1 ; et celui de grand maître de l'artillerie pour le duc de Sully, en 1605.

La charge était donc définitivement constituée. Elle occupait le septième rang parmi les grands offices de la couronne, et se trouva le sixième par suite de la suppression de l'office de conné­ table. Sous l'Empire et sous la Restauration elle tenait le quatrième rang, étant primée par le grand

1 Bib. Imp., Fonds Scrilly, torn. 167, fo 172. < — 31 —

aumônier le grand maréchal ou grand-maître et le grand chambellan. Il en est de môme aujour­ d'hui. Maintenant il importe d'établir nettement le double caractère de l'office de grand écuyer, qui est effectivement à la fois chargé du service des

écuries de son souverain et d'un service d'hon­ neur auprès de sa personne2. On ne portait pas seulement ses armes, on pou­ vait aussi porter les armes d'un seigneur supé­ rieur ; le noble auquel était dévolue cette charge

éminemment de confiance se nommait souvent armiger, plus souvent sculi fer, et elle avait un rang spécial parmi les offices de la cour de Con­ stantinople ; le titulaire avait la garde de l'écurie de l'empereur et du laharum. Les souverains en

1 L'empereur Napoléon 1", en nommant le cardinal Fesch grand aumônier, le déclara grand officier de lacou­ ronne et lui assigna le premier rang.

2 Mon frère, le premier, a éclairci ce point obscur dans un article sur la qualification d'écuyer, inséré dans le nu­ méro de janvier 1885 de la Revue nobiliaire. — 32 —

France et en Allemagne imitèrent cet exemple ; le connétable hérita de cette haute mission chez nous, et dès l'origine on trouve réunies en lui les doubles fonctions de la garde des armes royales, sculiferia, et de la surintendance des services de l'écurie, scuderia, d'où est venue naturellement la confusion entre ces deux mots comme entre ces deux, services parfaitement distincts : c'est ce qui explique aussi la valeur toute spéciale attachée à la charge de grand écuyer de France.

Le Glossaire de du Gange donne ce texte de 1340 définissant exactement l'office dit sculiferia, auprès d'Humbert, dauphin de Viennois : « Ma- gistri scutiferie requirit officium tempore quo nos equitare contingit nostrum palafredum habere paratura cura ense, stivalibus, calcaribus et capel­ lo, nostruraque deferre mantellura et capellum, nostrani sequendo coraitivara debeat, si tempus non patitur ut deferamus eadera, que omnia raa- gister scutifferie nostre servare debet et compie­ re. » Or nous avons vu que dès l'origine il y eut — 33 — auprès du roi quatre écuyers, servant deux à la fois par semestre. Or de ces deux l'un était qua­ lifié premier écuyer du corps du roi, maître de son écurie, et l'autre écuyer du tynel (du com­ mun), maître de l'écurie. Toute l'histoire de la grande écurie est dans ces deux mots : le premier écuyer du corps représente le scutifer, celui qui a un service personnel auprès du prince, qui porte ses armes ; l'écuyer du tynel est Ycscuerius, celui qui a le soin des écuries. On comprend dès lors facilement la dénomination fort longue dont ces fonctionnaires de la cour ne manquaient ja­ mais de faire précéder leurs noms dans tous les actes publics ; quand ils s'intitulaient premiers écuyers du corps et maîtres de l'écurie, ils sa­ vaient très-bien qu'ils résumaient ainsi le service d'honneur de l'écuyer ou scutifer, et le service ordinaire du maître de l'écurie ou escuerius. De­ puis, ces distinctions disparurent sous le titre plus brillant de grand écuyer de France1, qui grandit

1 Je ferai remarquer à ce propos que mon frère, le — 34 —

constamment par l'illustration des personnages

qui se succédèrent dans cette charge. Dans les

deux derniers siècles de l'ancienne monarchie,

premier, dans leIravail précilé, a indiqué le sens véritable du mot écuyer, qui est devenu le signe distinctif de la no­ blesse et qui. contrairement à l'opinion généralement accréditée, n'a jamais eu pour base le mot equus (cheval). Le mot français écuyer, indiquant une fonction noble ou un litre, se disait en latin armiger, armigereni, sculifer, sculiger, scutarius et môme escutarius : il est inutile de dé­ montrer plus longuement comment ces quatre dernières formes ont naturellement produit le mot français; il est tout aussi inutile de démontrer davantage que le mot equus est parfaitement étranger au mot écuyer, quoi qu'en aient dit Ch. Nodier et avant lui Ménage, et même La Roque, quand il leur était si facile de se renseigner auprès du Bu Gange ou même deMoréri. Quelques mots suffiront pour expliquer d'après mon frère cette curieuse évolution de linguistique. La principale obligation du fief noble était le service militaire, qui impliquait le devoir de porter les armes et surtout l'ecu, d'où le mot armiger ou sctiiifer, adopté in­ différemment par les nobles, et devenu tout naturelle­ ment le signe d'origine nobiliaire pour tous. — A c ôté de cela, comme nous l'avons dit, on pouvait être appelé à porter les armes de plus puissant que soi, fonction dé­ signée par les mêmes mots latins. — Enfin, les fonction­ naires de l'écurie, scura, scuria, escuria, escuder ia, étaient dits escuerii, comme ceux préposés à la garde de la vais­ selle du roi, scutellarii. » Je no crois pas être trop hardi, dit mon frère, en avançant que les escueri et les scutellarii prirent insensiblement la qualificationd'écu yers. — 35 — le grand écuyer de France était uniquement désigné par la dénomination de : Monsieur le

Grand.

Deux, causes facilitèrent cette altération calculée du sens imposé par l'étymologie primitive : d'abord la qualité de noble qu'avaient chez le roi et chez les grands seigneurs la plupart de ces officiers s ubalternes, ensuite l'asso­ nance même de ces termes étrangers entre eux. — De cette manière, les valets d'écurie, de cuisine, de table, devinrent des écuyers d'écurie, des écuyers de cuisine, des écuyers tranchants. »

I CHAPITRE II

Organisation du service de l'écurie au xm1 siècle. — Preuve du double service de la soufiferia ou service d'honneur et de l'ctable ou écurie. — Noms des divers offlciers'et détails sur leurs fonctions. — Leur nombre, leurs gages,leurs privilèges. — Service de l'écurie de la duchesse de Bourgogne au xiv" siècle. — Écurie d'Anne de Bretagne. — Le haras du roi. — Haras des seigneurs et des abbayes. — Dîme des chevaux. — Jetons employés pour la Grande Écurie.

Il est difficile de trouver des renseignements exacts sur l'organisation de l'écurie de nos rois dans les premiers temps du moyen-âge. Les comptes de leur maison pourraient seuls nousfour- nir des détails sûrs, et jusqu'à présent on n'en connaît aucun antérieurement au xiii" siècle : encore sont-ils assez incomplets et surtout assez obscurs pour n'offrir que par une patiente appli-• — 37 — cation des indications suffisantes pouf éclairer cette matière. Je crois avoir été cependant assez heureux pour y recueillir des notions véritable­ ment nouvelles, expliquant clairement la sépa­ ration que nous avons précédemment établie entre le service d'honneur du scutifar et el service de Vescuerius, et révélant toute l'organisation des écuries de nos rois.

Le plus ancien compte que nous possédions de « l'Hotel le roi, » co mme on disait alors, est celui présenté à la Pentecôte de l'année 1231 : il énu- mère comme employés au service del'é curie onze écuyers (sculifcri ), deux maréchaux et dix-sept valets deche vaux, mais cet état est très-incomplet. En parcourant les comptes publiés en assez grand nombre dans le dernier volume du Recueil des his­ toriens de France 1 et qui embrassent presqu'en-

tièrement la période comprise entre l'année 1234 et l'année 1308, nous avons pu constater d'abord

1 Tome XXII, publié par les soins de MM. de Wailly et Delisle.

3 — 38 — l'existence parfaitement séparée du service des scutiferi et celui de l'écurie désignée encore sous le nom de stabida regis, l'étable du roi, et ensuite la sur-in tendance desscutiferi sur les fonctionnaires de l'étable. Mais il faut ajouter que, dès cette époque reculée, nile connétable, ni le maréchal de France ne paraissent plus être aucunement occupés de ce double service, confié évidemment à celui des écuyers qui avait l'honneur d'être attaché « au corps du roy ; » et ces comptes tenus avec autant

de soin que de détails précisent bien exactement quand il s'agit du maréchal de France, marescallus fronde ou du maréchal de l'écurie, simplement

dénommé marescallus ou marescallus regis, ou le maréchal ferrant, marescallus fabrice.

L'écurie formait donc dès les premiers temps du moyen-âge un service appelé scutiferia ou plus communément Avena tout simplement, comme

1 Compte de 1234; Historiens de France, t. XXI, v . 239, B. — 39 —

Vont constaté MM. de Wailly et Delisle d'après le compte de l'hôtel du roi1. Le compte de Pierre de Condé pour l'année 1282-1283 esten effet divisé en cinq chapitres scancionaria (échansonnerie), co- guino(cuisine), fruitaria, avena seuscutifma,for- reria (fourrière), et dans les comptes suivants on trouve les dépenses groupées en totaux sous les rubriques : coquina,ave na, camera, etc. Le terme scutiferia était cependant également usité et nous voyons indiqué dans le compte du üls du roi, en 1267 : « scutiferia pro sellis, lorannis et frenis % » quand le mot avena est employé quelques lignes

avant. Au siècle suivant le mot écurie l'emporta pour la désignation du service. A la tête de la scu­ tiferia ou avena étaient \esscutiferi dont le nombre paraît de onze dans le compte de 1231, de treize dans celui de 1239,chiff re qui se maintint, car il est le même en 1285. Les auteurs anciens affirment que quatre d'entre eux ètaientécuyers durci, ser-

1 Loc. cit. 2 Tome XXI, p. 373, — 40 — vaut, comme je l'ai dit, deux par semestre, l'un dit premier écuyer du corps, l'autre écuyer du lynel tous deux maîtres de l'écurie, mais ces dé­ nominations ne sont énoncées dans aucun des an­ ciens comptes jusques y compris ceux de 1308 et il est permis de croire qu'elles furent mentionnées pour la première fois dans les lettres da 12 juillet 1316, instituant Guillaume Pisdoe, premier écuyer du corps, qui doit vraiment être le premier sur la liste des chefs de l'écurie royale. Il est plus vraisemblable de croire que l'un des scutiferi avait la direction du corps, mais tempo­ rairement, peut-être à tour de rôle et par ancien­ neté: nous voyons en effet le compte de 1239 in­ diquer successivement les scutiferi Denis ou De- niset, Herbert et Poincet comme délivrant les mandats de paiement et de secours, « testis invpen-

1 Recueil des rois, de leur maison, etc., par Jean du Tillet, greffier du .—Il ajoute que les écuyers du corps pouvaient s'absenter par le congé du roi, tan­ dis que ceux du tynel devaient le demander au maître d'hôtel. — 41 -— sarum in domo regis. » Le même compte nous four­ nit le seul renseignement ancien sur la division des services de ces fonctionnaires de la cour : de ces treize sculi feri, « decern sunt ad servicium et très per forestam », ce qui doit signifier que dix étaient attachés au service du roi et trois au ser­ vice probablement des haras, établis comme il y en a encore actuellement en Allemagne, dans des forêts closes où les chevaux sont laissés en liberté. Nous trouvons encore dans ce document une in­ dication précieuse : c'est qu'immédiatement après les sculiferi venaient les maréchaux d'écurie qu'il ne faut pas confondre avec les maréchaux de forge au nombre de deux, et les varlets en nombre égal à celui des sculiferi. Comme les sculiferi, les maréchaux appartenaient à la noblesse. Nous voyons le sculifer Adam de Chambly fait chevalier en 1287 et le maréchal Henri recevoir, à la Pente­ côte de 1256, un mantel de chevalier.

Le nombre de deax fixé pour les maréchaux dans le compte de 1239 a varié : nous en trou­ — 42 — vons trois en 1256, cinq en 1285 dont l'un, Jehan de Nongent, fit la campagne de Catalogne et portait le ti tre de « maréchal leR oy; » trois en 1308,parmi lesquels Guillaume de Saint-Germnin-en-Laye, qui portait le titre de « m aréchal du palefroy du roi. » Il y avait toujours eu un premier maréchal qui avait un droit assez avantageux sur les achats et ventes des métiers de maréchal ferrant, heau- mier, villier ou grossier à Paris: en1316, Philippe- le-Long donna ce titre à Henry de Braybant : il n'é­ tait tenu que defai re ferrer les chevaux de selle du prince. On conserve au Trésor des chartes une reconnaissance du mois d'août 1223 par laquelle

Jean, maréchal le roi, déclare tenir son office de la libéralité royale et s'engage à ce que ses héritiers ne prétendront pas à l'hérédité de la charge, ni aucun droit sur les chevaux, palefrois et roncins de l'écurie 1. Le titre de maréchal le roy semble avoir été synonyme de celui de premier maréchal.

1 J ean du Tillet, loc. citât. \

- 43 —

A dater de la constitution de l'oflice de grand écuyer, le titre de maréchal disparaît de l'écurie pour ne plus y être porté que par les maréchaux ferrants. Venaient ensuite le variet garde du pa- lefroy du roi, les variais des chevaux ou palefre­ niers et les valets de charrois, chargés de pour­ voir aux nécessités des divers services de l'hôtel. Les comptes dans lesquels nous puisons ces di­ vers détails en renferment heureusement de très-précis par rapport à l'organisation de la

scuti ferar ia. C'est d'abord un extrait du compte 1239, article XI. — « Scutiferaria, pour 25 selles

et 3 sanbriis, 37 liv. Il d. — Pour ceintures, sur- ceintures et entraves [antravis), 14 liv. 15 s. — Pour épées neuves et raccomodées, 57 s. — Pour

19 freins et un poitrail doré de cheval, 23 liv. 7 s. — Pour freins, étriers, poitrails, éperons de pale­ frois et de roncins, en or et argent, 29 liv. 14 s. — Pour burellis aux housses des chevaux des éta- hles, 27 liv. — Pour séjour des chevaux à Paris, — 44 —

Meaux, etc., 69 liv. 17 s. — Ferrage de l'écurie de l'hôtel, clous et valets, 119 liv. 19 s.— Ferrage des vaiiets et des arbalétriers, 30 liv. 6 s. —Pour un harnais, 9 liv. 5 s. — Les scutiferi, pour cappes de feutre, coffre, et autres diverses, 13 liv. moins 6 s. » Le co mpte de l'armée du comte de Poitiers, réunie au mois de juin 1246, mentionne quatre varlets de laforg e des écuyers, de fabrica scutifero- rum, cotés pour quatre livres. Mais en même temps ce document nous fournit la clef de toute l'organisation de l'écurie de nos rois durant le moyen-âge et constate que jusqu'au treizième siècle elle avait conservé exactement l'organisa­ tion primitive. Nous y voyons en effet figurer les écuyers dits sculiferi, c'est-à-dire ceux qui appro­ chaient la personne du souverain et avaient la haute direction des écuries. Mais la sculiferia re­ présentait le corps des nobles chargés de porter les armes du prince, tandis que le compte de 1246 nous expose l'organisation de l'écurie pro­ prement dite, laquelle avait conservé l'ancien — 45 — nom d'étable, stabula1, comme nous l'avons déjà dit.

Nous y trouvons rénumération des officiers détachés de la maison du roi ou de la reine pour composer celle du comte Alfonse de Poitiers en 1241 : valets de chiens, échansons, chambriers,

cuisiniers ; « très pagii qui sunt circa equos sta- bulœ dominae reginœ chevaliers de stabula;., très pagii stabulae regis;... pagius de stabula domini Karoli ;... quatuor pagii de stabula sum- melariorum regis ;... Johannes Barbarius, qui tundit equos domini regis ... quatuor val leti de fabrica scutiferorum. » Et plus loin nous voyons

1 Le mot étable, stabula, désigna longtemps encore l'écurie telle que nous la comprenons aujourd'hui. Dans son ordonnance du mois de juillet 1344 pour la réforma­ tion des foires de Champagne, le roi, parlant des mar­ chands qui y amènent des chevaux, dit: « qui tenront estables de leurs chevaux esdites foires. » M. de Beaure- paire, archiviste de la Seine-Inférieure, déclare dans son livre sur l'Etat des campagnes de la Normandie au moyen âge, que le mot écurie n'était jamais employé au­ trefois dans le sens que nous lui attribuons ; un bail du manoir de la Picauderie, passé par les religieux de Saint-Lô, en 1431, mentionne « Testable pour chevaulx. s 3. — 46 —

mentionner parmi les chevaux donnés, « unum equum de stabula domini Regis. » Déjà le compte de 1236 mentionne un « Marchaantde Stabulis; »

celui de 1239, « Ma is tre Guillaume le Graloier qui est in stabulis » et la supériorité de la scutiféreria sur l'étable est nettement accusée, puisque c'est le sculifer Denis qui aux officiers de celle-ci délivre le mandat de la somme à eux allouée. Bien plus,

jusqu'à la ün du xnie siècle, à côté du connétable

de France, nous voyons citer des connétables, officiers très-obscurs de la maison du roi, et qui avaient évidemmentplace aux écuries : les comp­ tes mentionnent au mois d'octobre « Alanus, consta- bularius noster, » alor s que Raoul de Nesle, comte de Clermont, était connétable de France ; au mois de février de la même année, deux connétables en même temps, sans indiquer leurs noms, et enfin nous trouvons avec le même titre Raoul Einzné, en février 1285, ce qui nous prouve que ces deux officiers désignés ci-dessus étaient Raoul Einzné et Alain; enfin Thomassin de Gaudan,en 1301. On — 47 —

ne trouve plus ensuite que le nom des seuls con­ nétables de France. En 1303 et 1308 nous trou­ vons encore les noms de variets de l'étable du roi.

Ainsi jusqu'au commencement du xive siècle

deux services bien distincts : la sculiferena, com­ prenant les écuyers, maréchaux, variets d'écuyers,

gardes de palefrois, clercs d'écurie ', valets de

1 Au nombre de trois. Voici les noms des divers offi­ ciers de l'écurie que j'ai pu recueillir pour le xme siècle : Alanus, Roger, écuyers, 1-234. Deniset, Gilet, Henri, Herbert, J. Pinçons, Poincet, 1239. Hermer, Jehan Catus, J. du Chatelier, Robert, 1282. Gr. Lombard, Guillaume Scot de Hospitio, Hermer, Im- bert de Villepyon, Robin de la Neuville, Odart de fiham- bly (mort avant 1303), Raymond de Haute-Uive, Roger, Roger de Chaumont, Vincent de Hospicio, Denii;, Jean d'Argent (mortavant 1307), Lambequin (mort avant 1308), 1282-1285. G-, de Maneville. 1301. Philippe Bourgeois, 1307. Jehan de Nogent, maréchal le roi, 1285. Pierre, maréchal, mort avant 1241. Robert, mortavant 1241. Richard, 1238. Jean, Simon, 1239. Bertrand, 1241, 1256. Robert, 1250. Auberic, Lois, Henry, 1230. — 48 — forge, et ayant le service de la personne du sou­ verain et de ses écuries ; l'étable, comprenant les connétables, chevaliers, pages et varlets d'étable. Charles VI le premier modifia ce service et créa la charge de premier écuyer du corps et maître de l'écurie, réunissant en une même main les deux services, encore distincts cependant, par cette double dénomination. L'état de l'hôtel du roi pour l'année 1346 ènumère, en ce qui regarde l'écurie : neuféeuyers, ayant chacun un palefroid,

Jean, Gautier, 1-282, 1-285. Guillaume de Melun, 1308. Guillaume de Saint-Germain-en-Laye, 1303, 1308. Adam Héron, varlet des écuyers, 1285, 1301. Jean et Jean, clercs, 1280. Jean, seul clerc de l'écurie, 1285. Guillot, ... u ...r..o quadrigiorum et palefridis regis, 1308. Junches ad equos? 1281. Alain, connétable, 1285. Raoul Einzné, 1285. Thomassin de Caudan, 1801. Blaisnot, Jean du Fer, varlels de l'étable du roi. Oudart de Ohambly, 1308. Barbnet de Stabulis, 1239. Bernard de Stabulo, 1239. itenard de Stabulo Fontis Bliaudi, 1239. - 49 ~ valant 24 liv., et un cheval de somme de 16 liv. ; deux clercs, ayant chacun un cheval de 15 liv. ; deux varlets menant les deux grands chevaux du roi ; le palefrenier du roi, le maître varlet des coursiers. Les comptes constatent que les officiers de ce service comme ceux de tous les services de la cour recevaient des gages en argent et en nature, c'est-à-dire la table, ce qu'on appelait « le manger à court, » le vin du coucher, le luminaire ; ilsava ient leurs chevaux qui devaient être défrayés de tout et qu'on leur remplaçait d'après l'évaluation affectée à chaque fonction : l'écuyer avait un palefroy évalué 24 liv. en 1346 et un sommier de 16 liv.; le clerc d'écu­ rie, un cheval de 15 liv.; le varlet des grands che­ vaux du roi un ronsin de 15 liv., etc. En 1261 chaque écuyer et maréchal recevait deux sols par jour. — A cette époque le chambellan tou­ chait six sols par jour.— Les veuves des fonc­ tionnaires de l'écurie ou de la sculi feria étaient pensionnées: nous voyons à ce titre figurer les veuves de Pierre, Robert, maréchaux, d'Odart de Chambly, de Lambequin, écuyers : le 15 mars 1256 une somme de soixante sols figure sur les états visés par l'écuyer, en faveur de « Gruernotde

Stabulis que equus bleça ; » de même, en 1308, les enfants de Lambequin, d'abord employé à l'étable à quatre sols par jour en 1303, puis « de scutiferia regis, » son t pensionnés. Les comptes de Louis IX pour l'année 1256 présentent pour l'écurie une dépense totale de

4,519 livres 6 sols 9 deniers, d'après les calculs du savant M. Delisle,—la livre valant 18 francs de notre monnaie. De cette somme 420 livres 18 sols seulement étaient absorbés par les gages des écuyers. Du reste les éléments nous manquent absolument pour donner des renseignements un peu exacts à cet égard : nous constaterons seule­ ment que, d'après les documents que nous venons de parcourir, les écuyers et maréchaux recevaient des robes, soit des robes de chevalier, soit des robes de vair, à diverses grandes fêtes de l'année : — 51 —

Charles VI, dans son ordonnance du 7 jan­

vier 1400, réduisit considérablement ces dons qui grevaient démesurément le Trésor, mais il maintint l'usage de donner des robes à ses écuyers à chaque premier mai.

L'hôtel du roi comptait en 1316 cent soixante-

quatre personnes « y ayant bouche, » ce qui représentait la dépense quotidienne suivante : Un muid, cinq septiers de vin,

Quatorze septiers d'avoine. Dix môles de bûches, Quinze livres de cire.

Sept livres, huit sols de gages.

En total 36,500 livres par an, « vu la cherté du temps, » aj oute le comptable : l'hôtel de la reine coûtait à la même date 12,410 livres par an, et celui des enfants de France 3,650 livres. Maintenant, pour donner une idée plus précise de ce que le service de l'écurie était au xm siècle

à la cour de France, je ne crois pouvoir mieux

faire que de résumer ici ce qu'il était à la cour de — 52 —

Marguerite de Flandre, duchesse de Bourgogne, d'après l'excellent travail de M. Marcel Canat. De tous les offices, cet auteur remarque judicieuse­ ment que l'Ecurie est celui dont les comptes sont les plus embrouillés et ne permettent réellement aucun tableau régulier. Si les écuyers n'avaient jamais eu à conduire que le train déterminé par les ordonnances, leur fonction n'aurait pas été difficile : mais ils avaient presque constamment affaire à un personnel flottant, qui, peu nombreux la veille, décuplait le lendemain. La duchesse de Bourgogne avait deux écuyers d'écurie servant par semestre, chargés de la direc­ tion de l'office, lui présentant l'étrier et la bride, quand elle montait à cheval; un maréchal chargé directement du soin des chevaux, un palefrenier commis spécialement à la sellerie, et des varlets, dont le nombre variait souvent, mais s'élevait parfois jusques à soixante, partagés en deux classes : les varlets des chevaux du corps et ceux du service de l'hôtel. Les chevaux du corps com- — 53 - prenaient la haquenée de la duchesse, pour les solennités, le destrier, les palefrois, les coursiers, une jument favorite, les genests, etc., affectés spécialement à l'usage de la princesse et des personnes de samaison, en tout environ cinquante à soixante chevaux.

La duchesse avait de plus pour son service « du corps » une litière, espèce de palanquin porté par deux chevaux, l'un devant, l'autre der­ rière . il y avait pour ce service un maître de la litière, un page de la litière, un page de « l'ét a- hle, » qua tre varlets et dix chevaux ; — et aussi un « cu rre » ou char roulant pour lequel figurent sur les comptes un maître du curre, un page et quatre varlets dudit, un page et cinq varlets de l'étable, un torcheur d'écurie et douze chevaux. Le service de l'hôtel comptait deux cents che­ vaux, soit de « somme » pour le charroi des divers services, soit pour les seigneurs ou étran­ gers suivant laco ur. Dans les voyages, les officiers de l'écurie remplissaient les fonctions les plus — 54 — importantes : les écuyers de service marchaient en avant sous la bannière du maitre d'hôtel ; en arrivant à l'endroit où l'on devait s'arrêter, les voitures étaient remisées dans les places choisies par le fourrier d'écurie envoyé à l'avance, et l'on y mettait une garde pour la nuit. Pour les hommes et les chevaux, le logement était souvent beaucoup plus difficile et il fallait les répartir chez les particuliers et même quelquefois dans plusieurs villages voisins : on payait alors inva­ riablement un denier par cheval par jour pour prix de l'attache. Tandis que les officiers de la fourrière s'occupaient du logement des gens de l'hôtel, les fourriers de l'écurie étaient exclusive­ ment chargés de pourvoir à tout ce qui concer­ nait l'écurie, qui pouvait et devait se suffire à elle-même et avait même sa buanderie particu­ lière. La nourriture des chevaux était entièrement fournie par l'hôtel et achetée à ses frais : quand il fallait en charger les hôteliers, il leur était payé — 55 —

2 sols parisis par jour et par tête de cheval. Cette distribution journalière d'avoine s'appelait la livrée, à laquelle il convient d'ajouter les surcrois ou suppléments donnés aux chevaux préférés ou malades. L'avoine était généralement prélevée chemin faisant sur les redevances des châtelle- nies et des domaines du duc les plus voisins de la route. Les provisions de foin et de paille étaient faites à l'avance par les fourriers : le foin valait alors 30 sous et la paille 6 à 7 sous la char­ rette : l'avoine coûtait habituellement un prix de moitié inférieur à celui du blé. Les chevaux étaient soignés avec les précau­ tions les plus grandes. C'était l'habitude après les courses un peu fatigantes d'empâter leurs pieds avec un mélange de miel, de fleur de farine et de bouse de vache ; on consommait aussi une notable quantité de vin pour laver leurs jambes. Les juments étaient particulièrement entretenues, et le duc avait en Bourgogne sinon des haras pro­ prement dits, du moins plusieurs stations d'èta- — 56 —

Ions : les juments parvenues à terme et les che­ vaux tombés malades en route étaient laissés sur place à la garde d'un varlet1. Les chevaux nou­ vellement achetés étaient d'abord installés dans une écurie spéciale pour être essayés pendant un certain temps, sous la surveillance du varlet dit « des chevaulx nouveaux. « Le maréchal de l'hôtel était aussi commis à la direction sanitaire des chevaux, pour lesquels les remèdes habituels étaient la tourmentine, l'huile tonn, la drante, la senegre, l 'alun, l'aloës, le vert-de-gris, la coupe­ rose, le sandragon. Quand l'animal était hors de service par âge ou par maladie, on ne le tuait ni ne le vendait, on le « d onnait pour Dieu. Le maréchal de l'hôtel avait sous ses ordres quatre maréchaux-ferrants avec une forge portée par un cheval sommier, un varlet dudit sommier et plusieurs variais de forge, un chariot et un nom-

1 Les comptes du duc de Bourgogne offrent cette cu­ rieuse dépense : « Pour offrir à saint Éloy de Noyon « pou r nos chevaulx, xxs tournois donnés à Neelle, le « 1 er jour de juing, lan de grâce 1380. » — 57 — breux outillage. Les fers coûtaient un sou la dou­ zaine, les clous, 20 sous le mille. Un maré- chal-ferrant suivait toujours la duchesse pour la plus petite excursion. Nous avons cité les fourriers d'écurie : ils étaient au nombre de deux, dits chevaucheurs ou fourriers, chargés des approvisionnements, ré­ glant la dépense, précédant toujours les convois pour préparer les vivres et les logis de l'écurie. Il y avait aussideuxc/icuauc/teurs chcvauchans ,com-- riers toujours prêts à monter à cheval pour porter les dépêches à petite distance. Pour le service des dépêches à grande distance, les princes employaient des agents spéciaux : quand, ils se servaient des chevaucheurs dits sédentaires, éta­ blis dans chaque ville, ceux-ci se contentaient de remettre à leur collègue le plus voisin la bouteille de cuir contenant les lettres, celui-ci la portait au suivant : c'était un service de relais, premier germe de l'institution de la poste. Le charronnage coûtait cher : une paire de roues — 58 — revenait à 61 francs de notre monnaie, et le prix d'un char que la duchesse se üt construire pour le service de sa garde-robe s'éleva à 1,450 francs, égalemenl de notre monnaie. Les états decom ptes font constater que depuis le xiVg siè cle l'art du sellier n'a fait que de bien minces progrès : les pièces du harnais sont presque toutes les mêmes qu'aujourd'hui et désignées par les mêmes noms. A la m ême époque, le duc de Bourgogne avait

à la tête de son écurie deux écuyers et un maré­ chal 1 : l'écurie occupait le sixième rang dans sa maison comme dans celle du roi de France, ve­ nant après la maîtrise de l'hôtel, la paneterie, l'é- chansonnerie, la cuisine et la fruiterie : ces

écuyers avaient 100 livres de gages,—la livre valait 16 francs de notre monnaie, — et une ou deux robes d'apparat par an, plus, bien entendu, la bouche pour eux, leurs trois chevaux et leurs

' Henry de Mussy, Guiot d'Orges, écuyers; Jehan de Colomier, maréchal. — 59 — deux varie ts: ceux-ci recevaient une robe par an1 : les distribution sle ur étaient faites en nature, tandis que les écuyers recevaient l'équivalent en argent. Ils touchaient, par exemple, pendant la saison où l'on devait se chauffer, 15 sols pour la livrée du bûcher. Quand la cour était invitée chez le roi ou dans quelque château, la cuisine éteignait ses fourneaux, et les officiers ou varlets de la maison touchaient alors une indemnité dite du « com- mung à gaige » : l'écuyer avait pour lui, ses deux varlets et ses trois chevaux, 16 sols par jour; le maréchal, pour son varlet et ses deux chevaux, 10 sols et 8 deniers : la nourriture du varlet était évaluée à 2 sols 8 deniers, et celle d'un cheval à 2 sols 6 deniers.

L'écuyer de semestre retenait tous les habits du

1 Quelquefois deux. La distribution du 27 mai 1384 mentionne des robes de 3 aunes de drap à 20 sols l'aune et à 16 sols. Les varlets étaient habillés aux frais du duc. Ils recevaient 5 sols 8 deniers pour le giste, le déjeuner et le dîner quand ils étaient détachés de l'hôtel. — 60 — prince et les couvertures de son cheval le jour où il avait para dans un tournoi, moins l'or et les pierreries qui s'y pouvaient trouver. S'il était fait chevalier, il devait céder au chambellan de ser­ vice toutes les robes d'écurie qu'il possédait au moment de la veillée des armes. Mais le duc amé­ liorait singulièrement la position de ses officiers par delar ges gratifications, comme quand il donna, le 23 mai 1384, à son écuyer (knot d'Orges, mille francs en or; quand il faisait de riches cadeaux, lors du mariage de leurs enfants, les indemnisait de leurs pertes, etc. De même le duc faisait de larges présents aux mariages des varlets ou de leurs enfants, les faisait soigner, pensionner, etc. Officiers et varlets étaient ensevelis aux frais de l'hôtel1.

1 Voici le relevé de tous les varlets employés au ser­ vice de l'écurie de la duchesse de Bourgogne, d'après l'état de son hôtel au 26 novembre 1385: Lorin, aide de forge; quatre varlets du curre, le page de 1 estable, deux tenans audit curre, Guillemin qui mène la litière, deux varlets et le page de Testable pour la litière, deux charretiers et leurs varlets d'estable pour le chariot des - 61 —

Nous ajouterons, comme renseignement, que l'é­ tat de l'écurie de la reine Anne de Bretagne com­ prend , pour l'année 1492, huit « escuiers d'escu­

te », dont un premier, Pierre de Saint-Gilles,

tous à 400 livres de gages annuels l. Un siècle

auparavant, le régent avait à la tête de son écurie, deux écuyers du corps, quatre écuyers d'écurie et un garde du gouvernement des chevaux 2. A la même époque, outre le Séjour, siège prin­ cipal de l'écurie royale, il y avait des écuries sé­ dentaires dans les principales résidences du prince, comme à Fontainebleau par exemple, ainsi que le femmes; Clerquin qui mène le chariot des jumens et son compaignon, sept varlets des sommiers; Henry, le pa­ lefrenier; treize varlets des chevaux du corps et des pa- lefroys de Madame ; Laden, garde du sommier de forge. 1 Gille Tissue, Alain de Coetgoureden, Raoul de Tournemyne, Huguet de Saint-Martel, Jean de Myram- mont, Olivier de Meignac, Joachim de Saubuz. 2 Martelot du Magnil, Geoffroy le Mazurier, écuyers de corps « ave c ceulx du.roy; » Guillaume de Montigny, Jean de Chauvencourt, Guillaume Féchon, Renaudin des Iles, écuyers d'écurie; Pierre de Condé, garde du gou­ vernement des chevaux; Jean de Bahayne et le Borgne de Viaux, écuyers de l'hôtel du régent, destitués en mars 1356, rétablis le 28 mai 1359. (État du 27 janvier 1359.) 4 - 62 — constate un compte du 15 mai 1239. Le roi avait aussi un haras à Saint-Léger, auprès de Montfort. Les haras furent toujours très-particulièrement soignés dans la société féodale, qui montrait un intérêt spécial pour les chevaux et tout ce qui les concernait : le cheval, en effet, était le compagnon indispensable de l'homme pour les deux grandes circonstances de la vie à cette époque : la guerre et les fêtes. Les abbayes profitèrent de ce goût et s'en servirent habilement pour augmenter leurs revenus. En Normandie, par exemple, la plupart des monastères se faisaient donner la dîme des haras que chaque seigneur entretenait ; les haras existaient dans les forêts oùles chevaux vivaient en liberté, surveillés par un certain nombre d'agents dont nous avons énuméré les titres et qui y cam­ paient : il y en avait au xie siècle, à Roumare, à Vezins, à Beauvais, dans la forêt de Brotonne. En 1155, Guillaume-le-Moine aumôna à l'ab­ baye de Montebrury la dîme de ses cavales sau­ vages de Neville en Gotentin : nous connaissons — 63 — encore le haras de Montchauvot au comte de Lei­ cester ; celui de la forêt de Brix, existant encore en 1401, époque où il appartenait à M. du Quenay. Plusieurs monastères avaient eux-mêmes des

haras; souvent nos rois leur permettaient pen­ dant l'hiver d'envoyer leurs chevaux sauvages dans les landes

En Bretagne, le cheval était peut-être encore plus en honneur : les abbayes s'y livraient presque toutes à l'élevage, et on rencontre dans les chartes de fréquentes redevances en chevaux. On sait que

ce furent les seigneurs bretons qui ramenèrent des croisades les premiers chevaux arabes : les sires de Rohan s'en procurèrent un certain nombre de couples qu'ils lâchèrent librement dans leurs urêls. Ces puissants barons avaient des haras

considérables dans la forêt de Quénécan (1225)ì ;

dans celle de Lohéac où, au xive siècle, on comp-

1 Abbayes d'Ile-Dieu, 1365, lande Corcai; de Saint- Laurent, lande Corcel, 1818 ; Morteraer, 4j57, lande de la Mère-Herbe. 2 Donation à l'abbaye de Bon-Repos. — 64 — tait 600 juments avec un personnel de 300 em­ ployés ; dans celles de Quintin et de Houallan (1558). Ils faisaient tenir une foire spéciale à

Noyai, où souvent on voyait plus de 3,000 che­ vaux rassemblés.

On sait que les Bretons avaient placé la race chevaline sous le patronage de saint Theliaw ou Thelo, abbé de Landaff, — leq uel est encore ho­ noré aujourd'hui par tous ceux qui ont affaire aux chevaux, — et cette distinction lui venait dece qu'il avait,dit-on,obtenu de Dieu que les Bretons fussent plus forts à cheval qu'à pied dans les combats. Les seigneurs trouvaient plus commodes et sur­ tout moins coûteux ces haras, si je puis dire, sau­ vages. Quand on avait besoin de chevaux, les employés avaient l'ordre d'en prendre le nombre indiqué, et ils s'en acquittaient comme peuvent faire actuellement encore les Américains dans les pampas avec les chevaux sauvages. Puis, si l'on n'avait plus besoin de ces chevaux, on les remet­ tait en liberté. Seulement il fallait être bon cava- lier, car les chevaux, on le devine, étaient rien moins que domptés.

Nous ne devons pas passer sous silence les je­ tons qui se rattachent au service de l'écurie. Nous n'avons pas à donner d'explications sur l'usage des jetons : M. Jules Rouyer, dans son Histoire du jeton au moyen âge, et dernièrement M. d'Affry de la Monnoye, dans la Revue numismatique, ont ré­ sumé tout ce que l'on a pu recueillir de rensei­ gnements jusqu'à ce jour. Il suffit de rappeler ici que les jetons servaient jadis à calculer, à faire et à vérifier les comptes ; leur usage diminua peu

à peu quand on eut pris l'habitude de calculer au moyen des chiffres arabes, et, dans les derniers temps, ils ne servaient plus guère qu'à marquer les points dans les jeux de carte.

Il y a deux classes de jetons qui sont spéciaux à l'écurie : ceux qui servaient à compter pour celui des six offices de la maison du roi qui comprenai t réunies l'écurie et la fourrière ; ceux qui étaient — 66 - fabriqués pour les personnages revêtus de la di­ gnité de grand écuyer.

Les plus anciens jetons de l'écurie représentent des types appropriés à cet office : une clef et un râteau, un râteau entre deux molettes d'éperon, un cheval galopant; le jeton de l'écurie, sous Charles VII ou Charles VIII, porte au droit neuf fleurs de lis disposées eu losange, avec la légende

CHARLES.ROY.DE.FRANGE ; au revers, une épée dans un fourreau fleurdelisé, et garni d'un ceinturon, avec la légende GECTONS.POVR.LESCVERIE.

Cette pièce présente un type qui plus tard est devenu l'insigne des grands écuyers, lorque ces personnages faisaient frapper des jetons à eux per­ sonnels.

NOTA. —Parmi cesjet ons, ily en a qui, antérieurs au xvi°siècle, semblent indiquer une division entre la scuteferia et la scuria : ainsi ceux qui portent la clef et le râteau, le râteau et les molettes d'éperon paraissent particuliers à l'écurie ; tous ceux qui ont l'épée, particuliers à la scuiiferia. — 67 —

Un autre, sans légende, du xiv siècle, présente un type qui pourrait désigner un maître d'écurie royale : Clef ave c l'anneau en bas et un râteau. Champ semé de fleurs de lis et un lion bro­ chant sur le tout ; les Beaumont du Maine, les Montsoreau ont porté ces armes, mais nous' ne trouvons pas trace d'un membre de ces' familles qui ait iété à la tête de l'écurie royale à cette épo­ que. La reine Anne avait aussi pour le service de sa maison, comme duchesse de Bretagne, des jetons d'or, d'argent et de cuivre attribués à son écurie, ils représentent au droit les armes partie de

France et de Bretagne, avec la légende ANNE.DV-

CHKSSE.DE.BRKTAIGNE; au révers un cheval sellé et bridé, sur un champ de France, avec la légende

POVR.SERVIR.A.LESCVIERIE.DE.LA.NOINE , OU POVK

LESCVDRIE.DE.LA.ROYNE.

Voici, du reste, le catalogue des principaux types connus de ces jetons : — 68 —

1. CHARLES.BOY.DE.FRANGE, neuf fleurs de lys massées en losange.

GECTONS.POVR LESCVIERIE, épée en pal dans son fourreau et son ceinturon fleurdelysés (argent)^

2. Pas de légende. — Une clef, l'anneau en has, et une épée.

ly. Une crosse.

Service de l'écurie :

1. Pas de légende. — Une clef, l'anneau en bas, et un râteau, le champ ponctué.

ly. Un lion rampant sur un champ semé de fleurs de lys.

2. Pas de légende. — Une fleur de lys vidée.

ly. Un râteau, accompagné en chef de deux mo­ lettes d'éperon et accosté de deux fleurs de lys.

3. Même face. IV. Cheval galopant, accompagné de deux mo­ lettes d'éperon, l'une en pointe et l'autre en chef.

4. COVTES: POV R: LE: ROY: cheval sellé et bridé, marchant à gauche, surmonté d'une fleur de lys. - 69 —

ly. Râteau à sept dents, accosté de deux fleurs de lys.

5. Fleur de lys entourée de quatre arcs de cercle.

ly. Une fau x et une fleur de lys dans un entou­

rage de trois arcs de cercle et de trois angles al­ ternés.

6. Une clef, l'anneau en bas, et un râteau, champ ponctué. jy. Une co rbeille de fleurs. Les écuries des reines de France, nous venons de le dire, avaient également des jetons:

1. Écusson partie Navarre et Champagne. IV. Écusson renfermant un râteau et une fleur de lys. (Jeanne, femme de Philippe-le-Bel.)

2. CE.SONT.LE.GETOVERS. C roix fleurdelysée en­ tourée de quatre arcs de cercle : trèfles dans les cantons de la croix. ly. DE.LESQviERiE. Écu de France et Navarre.

(La même.) 3. Même écu. — 70 —

IV. D eux râteaux accompagnés de trois fleurs de lys. (La même.)

4. Même jeton, un seul râteau au revers. 5. Même type que le n» 2, lecusson seulement partie France et Hongrie. (Clémence, femme de Louis-le-Hutin.)

6. Fleur de lys partie par le milieu et chargée à senestre d'une bande composée. IV. Râteau cantonné des lettres I. R. (Jeanne, femme de Charles-le-Bel.)

7. Écu de France, partie d'Évreux. ly. Râteau dans un écu surmonté d'une fleur de lys. (La même.)

8. ANNE.DVCHESSE.DE.BRETAGNE. Ecu de France, partie de Bretagne, couronné eten touré d'une cor­ delière.

ly. PovR.S ERVIR.A.LESCVIERIE.DE.LA.BEINE. Che­ val sellé, bridé et marchant à gauche : champ semé partie de fleurs de lys et d'hermines (argent, or et cuivre). CHAPITRE 111

Règlement de Pierre d'Urfé. — Règlements de Henry III. — Fonc­ tions, charges, prérogatives, privilèges, gages du grand-deuyer. — De l'ècuyer commandant. — Détails du service de la Grande Écurie. — L'école des pages. — Le haras. — Le grand-écuyer depuis Louis XIV j usqu'à nos jours.—Jetons des grands-écuyers.

Pierre d'Urfé le premier a laissé un document imprimé relatif à la grande écurie : c'est une or­ donnance , énumérant les fonctions du grand

écuyer aux obsèques du roi. Henri III s'occupa de réglementer cette matière: en 1578 et en 1585, il fit promulguer les deux ordonnances que nous reproduisons ici d'après les originaux conservés à la Bibliothèque de l'Arsenal, tomes 361 et 362, in-folio, histoire de France. — 72 —

« L'ordre que le roy veut estre observé par le grand escuier et ceux qui sont soubz sa charge :

«Le grand escuier au commencement de tous les quartiers assemblera tout ce qui est de sa charge pour leur enjoindre de nouveau oultre ce qu'il a fait autresfois tout ce qu'ils auront à faire en leurs charges.

« Fera au commencement de chaque quartier un estât abrégé de ceux de sa charge qui auront servi ledict quartier, lequel il signera de sa main et présentera à Sa Majesté, par laquelle aiant esté veu et signé de sa main, sera contresigné par le secrétaire d'Estat qui a la charge de la mai­ son, et délivré au trésorier de l'escurie pour paier ceux qui y seront compris et non autres.

« Ne souffrira qu'il soii receu aucun paye par­ dessus le nombre qui a esté ordonné.

p Fera faire tous les quartiers un roolle à la ün du diet quartier de tous les chevaux du roy, tant de ceux qu'il aura en escurie.-; que des autres que — Tó­

sa, dicte Majesté aura donnez, lequel il baillera

signé de sa main à sa dite Majesté. • Donnera ordre que les escuyers qui sont en quartier ne taillent nullement à leur quartier.

« Que l es pages soient instruictz à la vertu, et ayent des maistres propres à ce faire.

« Sera choisi un escuier qui aura particulière­ ment la charge de ce qu'il faudra aux Ambassa­ deurs, et ne faudra ledict escuier d'estre soigneux de ce qu'ils voudrou ì pour le regard de sa charge, voulant Sa Majesté qu'il y ait ordinairement à la

suite de ladicte Majesté un carrosse avec quatre

chevaux et demie douzaine de chevaux avec

housses, pour servir aux dictz ambassadeurs,

quand Sa Majesté le commandera. « Le 11 e jour d'août 1578.

« Signé : HENRY. « Voici le second règlement : »

« L'ordre que le roy veut estre tenu par le grand escuier et ceux qui sont soubz sa charge :

(Même règlement que celui du 11 août 1578.Ì 5 — 74 —

Ensuite : — « Tous les jours, tant le premier

escuter que celui qui commande en la grande escurie, mèneront à la messe après eux tous les pages qui sont soubz leur charge ou les y feront mener par leurs gouverneurs.

« Des de ux escuiers qui sont en quartier y en aura un tel que Sa Majesté nommera par un mé­ moire signé de sa main, qui sera baillé au grand escuier ou premier escuier à son absence. Dès le

premier jour de chacun quartier dont ledi et grand escuier ou premier escuier en son absence fera ressouvenir sa dicte Majesté de le nommer dez le premier jour dudict quartier, lequel escuier ser­ vant aura outre sa charge ordinaire soing parti­ culier et charge de ce qu'il faudra aux am­ bassadeurs ou autres estrangers de grande qualité et de sçavoir ce qu'ils voudront pour le regard de sa charge, pour les en faire accommo­ der incontinent, et toutes les fois que les susdietz viendront vers Majesté, ledit escuier sera tenu de leur amener luy même les chevaux et carosses — 75 — pour les leur présenter et accompagner au logis de Sa Majesté tant à aller et à retourner, et y aura avec luy trois ou quatre pages de Sa Majesté des plus adroictz et mieux habillez et quelque nombre de lacquais.

« Pour ce faire l'on choisira en l'escurie de Sa

Majesté les chevaux qui seront plus propres et y aura tousjours à cet effect en ladicte escurie demie-douzaine de housses de veloux noir, deux accoustrées de passements d'or, deux autres de franges et passements de soye, et deux autres de drap bandées de veloux faictes et gardées en près pour mectre sur lesdictz chevaux.

« Il y aura aussy un carosse faict exprès pour cet effect avec les autres coches et chariots de Sa Majesté. «Sera par le premier escuier ou en son absence par l'escuier servant tous les jours demandé à Sa Majesté le matin quand elle ira à la Messe pour le jour, et le soir au souper pour le lendemain, si Sa Majesté aura quelque chose à lui comman- — le­ der, et en cas pareil pour la grande escurie pour celui qui en a la charge.

« Ne veut Sa Majesté qu'il soit presté aucuns de ses chevaux, carosses, coches et chariots, ny de ses chevaux de coche à qui que ce soit, sur peine audict escuier d'en respondre s'il n'est expressé­ ment commandé par sa dicte Majesté. « Toutes les fois que Sa Majesté ira à la chasse disner dehors, elle veut lui estre présentez tous ses chevaux de la petite escurie, comme aus&y al­ lant par les champs elle veut qu'avec elle il y ait six de ses pages montéz sur des courtaux, et que les autres aillent doucement pour estre fraiz quand elle s'en voudra servir.

« Il y aura outre les chevaux ordonnez à la pe­ tite escurie de Sa Majesté douze courtaux qui ne seront que pour monter le nombre des gentils­ hommes ordinaires de Sa Majesté, que Sa Majesté donnera tant qu'elle ira courre le cerf qu'aux au très chasses ou autres lieux où sa dicte Majesté le commandera, sans que nul desdicts courtaux soit — 77 -

emploié à autre effect, ce qu'elle défend très expressément.

« Ne veut aussy que personne monte sur les

haquenées réservées pour Sa Majesté, quand elle ira par pais, que de ses laquais les plus légers.

Bien veut-elle que L0« haquenées et courtaux soient tenus en haleine, et ordonne aussy sa dicte Majesté qu'allant par les champs en caresse elle ait tousjours une des haquenées pour sa per­ sonne qui le suive, et que ses laquais ne man­

quent de s'y trouver comme ils doihvent.

« Les susdictz écuiers servans leur quartier, non seulement se rendront subjectz et assidus près de Sa Majesté, mais n'iront disner ny soupper chez personne que chez Sa Majesté ou chez eux, et ne suivront ou accompagneront aucune autre personne que Sa Majesté seule.

« Les e scuiers servans en quartier ne faudront de se treuver au second jour de leur quartier pour

le plus tard, et ne s'en iront point ceux qui sor- — 78 — tent de quartier jusques audict second jour que les autres seront venus.

« Ne sera paie nul des susdictz en quartier qu'il n'ait rendu l'assiduité et subjection durant tout le temps du quartier qui lui est ordonné de servir, et que le dernier jour dudict quartier il n'ait esté signé de la main dudict premier escuier le certi­ ficat de ce que dessus pour bailler au thrésorier duquel il doibt estre paie, estant défendu audict thrésorier d'en paier aucun qu'après avoir veu et retenu par devers luy ledit certificat.

«Enjoignant Sa Majesté très-expressément à tous ceux qui sont soubz la charge dudict grand escuier, d'observer de poinct en poinct lecontenu cy -dessus chacun en ce qui le concerne, sur peine d'estre privez de leurs estatz, et audit grand escuier de l'observer et faire observer sur peine d'en res- pondre à Sa Majesté.

« A Paris , ce 1er janvier 1585.» -TO-

îl nous faut maintenant nous en rapporter à l'état de France et résumer ici, d'après Beson- ime, les fonctions, prérogatives et charges du grand écuyer, énumérer les divers services placés sous sa haute direction et qui par leur nombre et leur variété faisaient de son office l'un des plus considérables et des plus enviés de l'ancienne cour. Depuis l'époque où Henri IV créa le grand écuyer grand officier de la couronne, jusqu'en 1789, ce service n'a point changé : l'étiquette était im­ muable, et pendant ces deux siècles tout marcha dans la grande écurie comme au premier jour de sa constitution définitive.

Le grand écuyer prêtait serment entre les mains du roi et recevait le serment de tous les officiers de l'écurie, lesquels étaient à sa nomination, sauf l'écuyer-commandant, institué directement pal­ le souverain. Ces officiers, dont on va trouver ré­ numération, ne pouvaient jouir des privilèges et des exemptions attachés à leurs charges, s'ils n'é­ taient inscrits sur les états signés par le grand — 80 —

écuyei'. Les rois de France ont constamment ob­ servé ce droit : le grand écuyer nommait aux

charges vacantes, même quand il était éloigné du royaume ; pendant les vacances, on n'y pour­ voyait pas, comme cela se ût durant la disgrâce

du duc de Bellegarde, ou la détention du mar­ quis de Cinq-Mars. Le grand écuyer ordonnait de tous les fonds

concernant les dépenses de la grande écurie et des haras, quelles qu'elles pussent être • Il arrêtait

également les rôles et écroues de la petite écurie et ordonnait la livrée des deux écuries. A la mort du roi, il faisait fournir le chariot d'armes, les carrosses et les chevaux caparaçonnés, les habits et robes de deuil pour les gardes du corps, les

Cent-Suisses de la garde, les hérauts d'armes, et tous les officiers des écuries2 aux équipages de la

1 « C'est-à-dire que, sur sa signature mise aux arrêtés des comptes de dépenses de son service, ces comptes sont transmis sans examen à la Chambre des comptes et les dépenses sont allouées. » (Mém. de Saint-Simon.) 2 Règlement royal du 8 janvier 1717, à la suite de la — 81 — vénerie et de la fauconnerie, les officiers exceptés; aux musiciens et tambours des compagnies de gendarmes, chevau-légers et mousquetaires. Les pièces d'honneur pour les obsèques royales, c'est-

à-dire le heaume, la cotte de mailles, l'écu, les gantelets et les éperons, étaient fabriqués sur l'or­ dre de M. le Grand. Il autorisait les académies installées à Paris et dans le royaume pour appren­ dre à la noblesse à monter à cheval et délivrait des lettres conférant à ces établissements le titre d'académies royales. Il avait la surveillance des armuriers de Paris, sans doute en souvenir de sa charge de garde des armes du roi Quand le roi était à l'armée, la grande écurie

contestation soulevée aux obsèques de Louis XIV par le premier gentilhomme de la chambre, qui prétendait avoir seul le droit de s'occuper de ces détails. 3 Ordonn. des rois de France, t. XV, p. 679.—Toutma r­ chand de chevaux de selle. Français ou étranger, vendant à Paris, était tenu de prévenir le grand écuyer pour qu'il pût faire, avant tout autre, choisir les chevaux qui pourraient convenir au service du roi (Lettres pat. du 30 av ril 1613; ord. roy. du 28 mars 1724) ; ce sous peine de confiscation des chevaux et de 600 livres d'amende. 5. - 82 —

était logée la première ; quand il s'agissait d'un simple voyage, les deux écuries étaient traitées

également. Aux premières entrées faites par le roi à cheval dans les villes de ses Etats et dans les villes conquises, le grand écuyer devait être à cheval, devant le roi, portant l'épée du roi dans un fourreau de velours bleu, parsemé de fleurs de lys d'or, avec le baudrier semblable, son cheval caparaçonné de même1 ; il remplissait alors les fonctions du proto-spataire de la cour de Byzance : le dais porté par les échevins dans ces céré­ monies appartenait au grand écuyer qui avait l'habitude de l'abandonner aux valets de pied. II avait séance aux lits de justice, précédant le roi et portant l'épée royale et prenant siège à la droite du prince, au bas des premiers degrés de l'estrade, à côté du grand- chambellan. Il portait pareillement l'épée royale aux obsèques

1 Remarquons que le connétable portait l'épée nue du roi. — 83 — du roi. Après la cérémonie funèbre, tous les chevaux de la grande écurie, des haras, les harnais et les meubles en dépendant lui appar­ tenaient.

Le roi faisait quelquefois l'honneur an grand

écuyer de lui donner place dans son carrosse. A la campagne ou à la chasse il le laissait chevaucher près de sa personne.

Le grand écuyer avait la libre disposition des pages, des valets et des chevaux de la grande écurie.

Comme signe apparent de sa dignité, le grand écuyer plaçait de chaque côté de son écusson l'épée royale, la pointe en haut, le baudrier fleur- lysé enroulé autour de la lame enfermée dans son fourreau ileurdelysé pareillement.

Le grand écuyer avait 3600 livres de traitement fixe, 2,400 livres pour la livrée et le logement,

« la bo uche à la cour, » et de nombreux droits di­ vers qui faisaient de sa charge une des plus riches.

Toutes les fois quele roi ordonnait un fonds pour

/ —.84 - lui faire des carrosses, on y comprenait un car­ rosse de mille écus pour le grand écuyer. Le service des postes et relais dépendit long­ temps de la grande écurie : il était dirigé au xve siè­ cle par un maître des coureurs ; sous Henri IV par trois contrôleurs généraux des chevaucheurs de l'écurie. Créés en janvier 1608, Louis XIII leur substitua en janvier 1630 trois surintendants-gé­ néraux des postes, relais de France et chevau­ cheurs de l'écurie. Enfin il fut constitué, par édit de mai 1632, une charge de grand-maître et sur­ intendant-général des courriers, postes et relais, qui fut rendue indépendante.

Après le grand écuyer était l'écuyer-comman- dant, nommé par le roi, mais prêtant serment entre les mains de M. le Grand, qu'il rempla­ çait complètement en cas d'absence ou de va­ cance. Il avait logement én cour, 600 livres de gages, 2657 pour la livrée et la bouche, 3600 pour la dépense et l'entretien de six chevaux, plus 4500 livres de pension sur le trésor royal. Il avait — 85 — droit de se servir des pages de la grande écurie et, comme M. le.Grand, de faire porter à sesge ns la livrée du roi. Il fut d'abord appelé premier

écuyer delà grande écurie, et reçut celui d'écuyer- commandant en 1642, pour éviter la confusion avec le premier écuyer de la petite écurie.

Les services de la grande écurie se partageaient en trois sections que nous allons rapidement par­ courir. Grande écurie. — I. Trois écuyers ordinaires, ayant 500 livres de gages, 1682 livres pour la li­ vrée et la bouche, 400 pour états et appointements, 720 pour l'entretien de deux chevaux.

IL Cinq écuyers de cérémonie ayant les mêmes indemnités, mais seulement 400 livres de gages. III. Trois écuyers cavalcadours touchant chacun 400 livres de gages, 650 pour livrées, un aide et son cheval, 1600 pour états et appointements, 360 pour l'entretien d'un cheval, 1182 pour la bouche. IV. Quarante-cinq pages ayant prouvé leur no­ blesse depuis l'an 1550, sans anoblissement ante-' — 86 —

rieur connu. Ils étaient nourris en cour, instruits; moitié seulement touchaient traitement, ayant des chevaux à la grande écurie.

Les pages servaient à l'armée d'aides de camp

au roi. Le soir, pour éclairer le roi, un page de la grande écurie, un de la petite et deux de la chambre portaient devant le prince un flambeau de cire blanche. Ala chasse à tir, le roi emmenait quatre de ces pages, dits alors les quatre ordinai­

res ou les quatre surtout, à cause du sur-tout bleu qu'ils revêtaient en cette circonstance.«Ils suivent le roi et portent ses chiens de chasse achevai sui­ des coussins. " Si quelques dames accompagnaient le roi marchant, des coureurs de la grande écurie, des pages de la grande écurie escortaient en nom­ bre égal ces dames. Quand le roi recevait à sa table en cérémonie des seigneurs ou des dames, des pages d3s deux écuries en nombre égal servaient les invités. Pour chaque voyage du roi, douze pages l'accompagnaient. En temps de guerre, il y en avait vingt-quatre. — 87 —

« A l'armée, les armes du roi sont toujours portées à la suite de Sa Majesté, soit sur un cha­ riot, soit sur un cheval de bât ; et s'il y avoit ap­ parence de bataille ou de combat, le doyen des pages de la grande écurie mettroit sur lui les armes du roi, afin d'être tout prêt à les lui donner dans le moment, ces armes consistant en un casque, une cuirasse et des tassettes ou demi-bras- sars. Il a aussi pour lors une selle d'armes sur le cheval du roi, garnie de lames d'acier. » L'école des pages semble remonter à une haute ancienneté, car l'on doit faire remonter son origine

à l'école fondée par Charlemagne, dans sa cour, pour les jeunes nobles et au sujet de laquelle le chroniqueur Eginhard nous a conservé le curieux discours adressé par le grand roi à ces jeunes gens paresseux et ignorants : « Vous autres nobles et jolis mignons, vous avez méprisé mes ordres, et votre gloire et l'étude des lettres ; vous vous êtes abandonnés à la mollesse, au jeu et à la pa­ resse et à de frivoles exercices. Mais par le roi des — 88 — deux, je ne me soucie guères, jolis mignons, de votre noblesse et de votre beauté , et tenez ceci pour dit : si à force de zèle et de vigilance, vous ne me faites pas oublier votre vigilance passée, vous n'aurez plus jamais rien de Charles. » Cette école, que dirigeait l'Irlandais Clément, disparut à la mort de Charlemagne. Nous voyons ensuite re­ paraître les pages comme jeunes serviteurs, sans entraîner d'abord un sens aristocratique : ce mot désigna indifféremment pendant assez longtemps, et les jeunes nobles à la suite des seigneurs, et de simples valets. Mais, vers le xii= siècle, l'état de page devint ce qu'il a été depuis, le premier stage de la chevalerie : jusqu'à quatorze ans le fils d'un gentilhomme était attaché à un seigneur plus puissant que son père, et il y faisait son éducation sociale et son apprentissage militaire : à quatorze ans il était « mis hors de page » et devenait écuyer, accompagnant son suzerain à la guerre. L'institution des pages survécut à la destruction de la féodalité : les jeunes fils des grands sei- — 89 —

gueurs entrèrent en cette qualité au service des rois, ceux des simples gentilshommes auprès des grands seigneurs 1. Louis XIV le premier régle­ menta l'organisalion des pages et les répartit en­ tre les deux écuries, la chambre, la vénerie et la chapelle ; mais le véritable corps fut celui des deux écuries.

En quittant leurs fonctions, les pages recevaient

des brevets d'officiers ou des charges de cour. Sous l'ancienne monarchie , les pages de la grande écurie étaient dirigés par un gouverneur

recevant 3,070 livres de gages ou indemnités; deux sous-gouverneurs, ayant de même chacun 1,640 livres; un précepteur, recevant 425 livres et étant en outre logé, nourri, monté à la grande écurie, avec un valet de livrée entretenu; un au­ mônier à 400 livres avec les mêmes avantages ; un argentier-proviseur à 400 livres : des maîtres

1 Cette moiie se répandit tellement au xviio siècle, que La Fontaine eut à la critiquer, et il écrivit alors ce fameux vers : Tout marquis veut avoir des pages ! — 90 —

d'escrime, de voltige, de danse, des exercices de la guerre, d'écriture, de mathématiques, de des­ sin , chacun à 400 livres de gages. Les pages avaient pour leur service quatre premiers valets, deux cuisiniers, un aide de cuisine, deux somme­

liers et un lavandier.

La Révolution supprima naturellement les pages. L'Empereur recréa l'école, placée égale­ ment dans le service du grand écuyer : trente-

quatre jeunes gens appartenant aux meilleures familles de la France et des pays conquis y étaient élevés sous la direction d'un gouverneur, de deux sous-gouverneurs, — l'un officier général,

l'autre ecclésiastique, — et de dix professeurs, se­ condés par quatre répétiteurs : les deux plus an­ ciens étaient dits premiers pages. Les pages rem­ plissaient les mêmes fonctions que sous Louis XIV : un certain nombre d'entre eux accompagnaient le souverain à l'armée : c'est un page qui était chargé de porter la lunette de Napoléon et de la lui présenter. Les pages devenaient officiers. — 91 —

Le gouvernement de la Restauration reconstitua l'école.des pages en 1821 seulement, et en la pla­

çant toujours sous la haute direction du grand

écuyer ; ils furent au nombre de quarante-huit1, tous nobles : les deux premiers portaient le titre de premiers pages ou pages du trône, le troi­ sième, de page dauphin. I/école était dirigée par un gouverneur, deux sous-gouverneurs, un au­ mônier-précepteur, deux adjudants-majors, douze professeurs et quatre répétiteurs : elle était ins­ tallée au palais de Versailles, où se trouvait alors l'écurie royale.

Le ministre de la maison du roi proposait à la sanction du roi le premier page ; le grand écuyer proposait le second et le page dauphin; tous les autres étaient nommés par le roi sur la présenta­ tion de ce haut dignitaire : pour être page il fallait avoir quinze ans au moins, dix-sept au plus, et avoir fait ses études jusqu'en quatrième : la faveur

1 Ce nombre fut porté à 54 le 10 août 1825. — 92 —

seule décidait entre les nombreux candidats. Les

pages sortaient avec une sous-lieutenance de cava­ lerie. Lesprofesseurs étaientdes savants distingués; mais leurs élèves, empressés àap prendre l'escrime, l'équitaticn et la voltige, négligeaient tellement le côté sérieux des études, qu'en 1824 le ministre de la guerre eut à s'en expliquer vivement avec le premier écuyer, qui défendit naturellement ses pages et eut gain de cause auprès du roi1.

A cette époque les pages escortaient le roi dans ses promenades, servaient aux grands couverts, l'accompagnaient à la chasse.

V. — Un généalogiste des écuries dont la charge fut toujours réunie à celle de juge d'armes de France, héréditaire, comme on sait

dans la famille d'Hozier. Cette charge avait été créée le 12 septembre 1643 en faveur de Pierre d'Hozier, afin, portent les lettres patentes, « d'em­

3 Voir, sur l'Ecole des Pages s ous la Restauration, une très-piquante étude de l'un d'eux, le vicomte de Noë, insérée dans la Revue C ontemp or aine de 1859. — 93 —

pêcher qu'il n'y ait plus aucun abus en la récep­ tion des écuyers et pages que le service et l'hon­ neur de sa maison obligent le roi à entretenir et pour connaître par ce moyen la vérité de l'ex­

traction de tous ceux qui se présenteroient pour y entrer ; et afin aussi que joignant aux exercices qui s'y font ordinairement le bonheur de la nais­ sance et celui d'être utile à l'état personne ne pût être admis, qui ( suivant l'intention des rois ses prédécesseurs) ne fût gentilhomme de nom et d'armes au moins de quatre générations1. » VI. — Quarante-deux valets de pied dits gra« nds laquais » pour courir à gages et accoutrements, servant vingt-et-un par trimestre et touchant chacun 600 livres. Ils tenaient l'étrier hors du montoir quand le roi montait à cheval. Ils por­ taient la viande du roi à l'armée et aux petites chasses. Quatre fourriers à 165 livres.

1 Voir la notice sur la famille d'Hozier en tête de notre abrégé de l'Armoriai général des d'Hozier. (Dentu, 1867) — 94 —

Quatorze maîtres palefreniers à 90 liv. Quatre maréchaux de forge à 150 liv. Un garde-meubles.

Un écuyer-ambleur à 75 liv. Un lavandier. Un portier. Un conducteur du chariot. Un arroseur du manège. Douze chevaucheurs \do nt cinq pour porter les dépêches du roi etsep t pour celles du grand écuyer et des ministres, recevant 365 livres et des grati­ fications pour leurs courses. Un courtier des écuries. Un lancier.

Un concierge de la grande écurie à Fontaine­ bleau.

VIL — Deux médecins à 200 liv. chacun. Quatre chirurgiens à 100 liv. Deux apothicaires à 100 liv.

1 En janvier 1634, il y en avait 120.

> — 95 —

Un garde des malades à 100 liv.

VIII. — Deux marchands drapiers, deux passe­ mentiers, deux merciers, six tailleurs, deux sel­ liers-carrossiers, deux éperonniers, un charon, un bourrelier, un cordonnier, un brodeur et un me­ nuisier, chacun à cent livres de gages par an.

Un intendant et contrôleur des écuries. Un trésorier général. Un argentier. Un roy d'armes de France du titre de Monjoye Saint-Denis, aux gages de mille livres.

Un premier héraut d'armes, du titre de Bour­ gogne, à 300 livres. Dix hérauts d'armes du titre de Normandie, Roussillon, Alençon, Charolois, Picardie, Tou- raine,Saintonge, Lyonnois, Angoulême et Dau- phiné, à 100 livres. Deux poursuivants d'armes aux mêmes gages. Trois porte-épées de parement à 500 livres. Deux porte-manteaux, deux porte-cabans poul­ ies cérémonies, à 100 livres. — 96 —

Douze trompettes, dont quatre choisis par M. le Grand pour être les quatre trompettes ordinaires

de la chambre, à 180 livres. Douze grands hautbois et bassons de la chambre

et des écuries, anciennement cornets, à 180 livres, plus 110 livres de récompense sur le tré­ sor et un habit de livrée de 120 livres.

Six hautbois et musettes du Poitou, mêmes

traitements et indemnités.

Huit fifres et tambourins, à 120 livres.

Cinq cromornes et trompettes marines à 180 livres, plus 90 livres pour livrée.

Tous ces fonctionnaires étaient qualifiés offi­

ciers commensaux delà maison du roi, et comme tels admis aux privilèges énumérés dans l'ordon­ nance royale du 2 février 1548, et jouissant, eux et leurs veuves, de l'exemption de toutes tailles,

aides, gabelles, logement de gens de guerre, droit de vetérance après vingt ans de service, Fidane salé, de droits honorifiques dans les églises après - 97 — les seigneurs, de décharge de toutes charges de ville, etc. : en un mot les officiers commensaux de la maison du roi et de celle de la reine étaient assimilés viagèrement, eux et leurs veuves, aux nobles1. Par un édit du 29 octobre 1689, le roi avait supprimé les charges de sept écuyers de sa mai­ son, six tenant Académie, un porte-épée de pa­ rement, quatre poursuivants d'armes, quatre porte-manteaux, quatre porte-cabans, un aide de cuisine, un cromorne, dix-sept ouvriers et cinq chevaucheurs2.

1 Le courtier des écuries, le lancier et le concierge de Fontainebleau seuls n'étaient pas reconnus commensaux du roi. " L e tableau que nous venons de donner est extrait de l'état de France de l'année 1736. Celui de l'année 1665 renfermait l'état suivant ; Un premier écuyer (au lieu de l'écuyer commandant), nommé par le grand écuyer, et qualifié seulement sur les états a écuyer ordinaire de la grande écurie, » même trai­ tement que l'écuyer commandant. Trois écuyers à gages, plus un grand nombre « servant quand ils sont mandés et que le service le requiert. » Vingt-quatre pages, dont dix neuf seulement payés leurs gouverneurs, sous-gouverneurs, maîtres, etc. 6 — 98 —

Le Haras. — Le haras fut longtemps installé à Saint - Léger, près de Montfort - l'Amaury ; il fut transféré au mois d'avril 1715 dans deux terres de Normandie: le Buisson-d'Exmes et le Pin. Le haras était dirigé par un écuyer dit capitaine de haras, sous les ordres de M. le Grand, à 500 liv. de gages. Un aumônier Six gardes à 366 liv.

Un médecin, un chirurgien, un apothicaire.

Quarante-deux valets de pied. Huit fourriers. Dix cochers, trois postillons. Huit maréchaux ferrants. Quarante palefreniers et cinquante aydes. Les chevaucheurs et « quan tité d'autres officiers ser­ vant dans les écuries du roi, comme les aumôniers, cha­ pelains, médecins, chirurgiens, apothicaires, argentiers, tireurs d'armes, voltigeurs, plusieurs cuisiniers et autres officiers de bouche et de sommellerie, lavandiers. » Cent vingt chevaux entretenus en la grande écurie. Le roi d'armes et vingt-sept hérauts d'armes, plusieurs poursuivants d'armes. , Le sommier d'armes. Le juge d'armes généalogiste. Les porte-épées, manteaux, cabans Les musiciens, en même nombre

I - 99 —

Un maître palefrenier, deux maréchaux - fer­ rants, un taupier. Les officiers jouissaient de la qualité de coip- mensaux de la maison du roi. Quand Napoléon 1" recréa la charge de grand écuyer de France, il nomma un grand écuyer, assisté d'un premier écuyer qui fut le comte de Nansouty, colonel-général des dragons, et d'un écuyer-commandant, legé néral comtede Relingue. Sous leurs ordres ils avaient vingt écuyers dont cinq étaient des officiers généraux, quatorze offi­ ciers de divers grades dits officiers d'ordonnance1, un secrétaire général, un quartier-maître, un chi­ rurgien-médecin et l'école de pages dont j'ai parlé précédemment. La composition de la grande écurie sous la Res­ tauration était beaucoup plus compliquée :

I Les officiers d'ordonnance ne faisaient pas partie alors de la maison militaire de l'empereur, mais unique­ ment de la grande écurie. Les aides-de-camp compo­ saient exclusivement l'état-major militaire de Napo­ léon 1er. - 100 —

Un grand écuyer, office dont, ainsi que nous l'avons expliqué, le titulaire ne fut pas nommé. Un premier écuyer, « ch argé des chevaux de « s elle du roi. » Un écuyer-commandant, pour lequel il fut dé­ cidé, après la création de la charge précédente en 1825, qu'il serait « cons ervé dans toutes les attri­ butions dont il jouissait du temps du feu roi. »

Un écuyer- commandant pour les chevaux de selle du roi.

Douze écuyers cavalcadours servant trois par trimestre.

Deux écuyers cavalcadours surnuméraires. Un écuyer chef du manège des pages à Versail­ les. Trois écuyers et deux surnuméraires pour le manège. Huit écuyers ordinaires, servant quatre par se­ mestre. Quatre élèves écuyers. Deux secrétaires-gènéraux-contrôleurs. — loi —

Un inspecteur du matériel.

Un médecin et trois chirurgiens.

L'école des pages. Le roi d'armes et ses hérauts furent enlevés au service du grand-écuyer en 1825, et rattachés à celui de grand-maître des cérémonies. Louis-Philippe se contenta d'un service infini­ ment plus réduit et dirigé par un écuyer-comman- dant, sans aucun autre écuyer ; il supprima l'école des pages. Aujourd'hui le service a pour chef le grand-

écuyer, qui a également, comme sous l'ancienne monarchie, les haras dans ses attributions ; après lui est le premier écuyer qui le remplace en cas d'empêchement ou d'absence; Puis, huit écuyers pour le service d'honneur, faisant par semaine leur service, lequel consiste à commander les che­ vaux et les voitures nécessaires et à escorter l'em­ pereur'à la portière. Le survice actif se partage en deux parties : le service de la selle et celui de l'at­ telage, dirigés chacun par un premier piqueur. 6. — 102 —

Le service de l'attelage se subdivise en services des berlines et des calèches, du daumont, du phae­ ton et petites voitures de parc, de la poste, chacun dirigé par un chef piqueur. L'ensemble de ces services emploie 300 hommes et 300 chevaux. Le service des écuries de l'impératrice et du prince impérial, dirigés chacun par un premier écuyer, sont des annexes de la grande écurie ; elles ne comprennent d'ailleurs que quelques chevaux de selle.

Nous avons parlé dans le chapitre précédent des jetons employés pour les comptes de l'écurie ; voici maintenant la description de ceux que les grands-écuyers firent frapper pour eux :

— G. GOVFFIER. CONTE. DE.CHARVAS. ET. DE. MAVLEY.

Ecu timbré d'une couronne de comte, entouré du collier de Saint-Michel, et portant les armes : d'or à trois jumelles de sable.

.GRANU. 3SCVIER . DE. FRANCE + SEICT". DE . BOYSY.

Epée en pal dans un fourreau fleurdelisé, et garni d'un ceinturon de même. - 1Ü3 —

— lien existe une autre variété, dont le revers est identique, mais dont le droit est différent:

+ CLAVDE.GOVFFIER.MARQVIS.DE.BOISY. Même éCU, timbré d'un écusson de marquis, avec le collier

de Saint-Michel : la légende du revers ne porte

plus que GRAND ES CVIER DE FR ANCE.

— Une autre variété a le droit pareil à celui de la précédente, sauf que l'écu est surmonté d'une couronne ducale, et la légende est alors + LE.

DVC.DE.ROVANNOIS.

— LEONOR CH ABOT. Ecu timbré d'une couronne de comte, entouré du collier de Saint-Michel, et portant écartelé au 1er et 4e d'or à trois chabots de gueules, qui est Chabot; au 2e d'argent au lieu de gueules armé , lampassé et couronné d'or qui est Luxembourg ; au 3e de gueules à une étoile à 16 rais d'argent, chevelée en bande qui est

Les Baux.

GRAND ESC VYER DE FRANCE.

—ROGER DE BELLEGARDE. Ecu timbré d'un casque avec lambrequins, entouré des colliers des Ordres — 104 —

et portant écartelé : au 1er d'azur au lieu d'or qui

est Saint-Lary, au 2e de gueules à trois pals d'or qui est Foix; au 3e de gueules au rat d'or qui est Orbaizan; au 4e d'argent à quatre flammes d'ar­ gent mouvantes du bas qui est Termes; sur le tint d'azur à la cloche d'argent bataillée de sable

qui est Bellegarde.

GRAND.ESCVYER.DE.FRANGE. Epéedans un four­ reau fleurdelisé et ceinturon de même.

— ROGER DE BELLE GAR DE PAIR ET GR. ESC. DE

FRAN. Armoiries, et manteau ducal.

$ viRTvs NVNC CLARVIT ORBI. Soleil perçant les nuages avec ses rayons : à l'exergue : 1633.

R. DUC DE BE LLE GARDE P AIR ET GR. ESC. DE FRAN.

Mêmes emblèmes.

IL. VNDIQUE FRVST RA. Rocher battu des vents et des vagues au milieu de la mer. Les jetons suivants ont le même droit avec ces revers ;

— SOLVM.COELVMQDE TENERO — 1627. Montagne s'élevant au-dessus d'un image. - 105 —

— NEC VANOS HORRET STREP ITUS 1626. Che Val de bataille lancé au galop.

— VIRTVS HAEC IMMOLA MA NEBIT 1634. Femme assise tenant une palme et une épée.

— MERCEs IN Ex cELsis. 1637. Couronne radieuse dans le ciel, au-dessus d'un paysage représentant une ville au bord de la mer.

— NON HOSTICVS AVFE RET ENS 1S. 1638. L'épée royale tenue par une main sortant d'un nuage.

— INVICTA viNCiT OMNIA VIRTUS 1639. Figure ailée assise sur un cube devant un amas d'armes.

— REGIS.HVC.ME.CLEMENTIA.DVXIT. VAISSEAU.

(A remarquer que lorsqu'il y a Vécu avec le manteau ducal. Vécu est soutenu par deux aigles, et on voit au bas deux épées. )

— H.RUSE.DEFFIAT M.DE 5 MARS.G.ESCUVY.DE,FR. Ecu portant de gueules au chevron fascé ondé de huit pièces d'argent et d'azur, accompagné de trois lionceaux d'or, deux en chef affrontés, et un en

pointe : l'écu est timbré d'un écusson de marquis et accost des épées fleurdelysées. — 106 —

^.ORTVSUALUMIMA MONSTRAT. 1641. Soleil levant. — Il paraîtrait qu'il y a eu aussi un jeton du marquis d'Effiat avec le revers VNDIQVE FRVSTBA, signalé plus haut.

— HEN . DE.LO RRAINE .COM. DE. HARCOVR . C.D. ORD.

DU. ROY. G.ESC.D.FR.ECU coupé dehu it pièces, quatre en chef et quatre en pointe; au 1er de Hongrie> au 2e d'Anjou-Naples; au 3c de Jérusalem; au 4e d'Aragon ; au 5e d'Anjou ; au 6e de Gueldres ; au 7e d e Flandre; au 8« de Bar; sur le tout de Lorraine, au lambel à trois pendants ; le tout en­ touré d'une bordure de gueules, chargée de huit besants d'or qui est Lorraine-Harcourt. L'écu posé sur un manteau et timbré d'une couronne ducale est supporté par deux aigles, une couronne passée au cou : collier des ordres, au bas deux petites épées. i§. sou iovi. 1641. Aigle, une couronne au cou, écu posé sur un foudre.

— H. DE. LORRAINE. G. DE . HARCOURT.ET.GR. Buste du comte de Harcourt à droite. — 107 —

Î^.ESCVYER.DF.FRAN.ET.VICEROY.DE.CATAL. LeVlîer attaché à un arbre : entre ses pattes : 6451 ; à l'exergue FIDELIS ET AVDAX. Jetons de jeu, à pans coupés :

Croix de Lorraine flanquée de deux épées royales. Chiffre composé des lettres L. D. L. entre­ lacées (Louis de Lorraine-Brionne.) CHAPITRE IV

La Petite Écurie. — Sa séparation de la Grande. — Querelle entre M. le Grand et M. le Premier à la mort de Louis XIV. — Détails donnés par Saint-Simon. — Fonctions, privilèges, gages du premier écuyer. — Service de la Petite Écurie.

On peut dire que c'est par un pur caprice que la petite écurie du roi constituait un service com­ plètement indépendant de la grande écurie. Jus­ qu'à une époque relativement récente, les deux écuries dépendirent également du grand-écuyer, la première dirigée sous ses ordres par le pre­ mier écuyer, appelé depuis écuyer-commandant de la grande écurie ; la seconde également par un premier écuyer, ainsi que cela s'était toujours pratiqué depuis la constitution de l'écurie royale - 109 — en 1316, alors qu'il y avait le premier écuyer du corps et le premier écuyer du tynel ou du com­ mun. Cet état de choses dura jusqu'au règne de

Henri III qui, en 1582, s'avisa de rendre la petite écurie absolument indépendante de la grande, tout en laissant cependant à M. le Grand l'ordon­ nancement de toutes les dépenses. Henri III con­ féra à M. du Plessis-Liancourt le titre de premier écuyer du roi, et ce service fut ensuite organisé sur le modèle de la grande écurie. La petite écurie comprenait les chevaux du ser­ vice ordinaire du roi, les carrosses, calèches,

chaises roulantes et chaises à porteur, ce qui constituait en réalité pour son chef le service du corps. Le premier écuyer donnait la main au roi pour l'aider, en cas de besoin, à monter en voiture. Le premier écuyer du roi était nommé par le souverain, entre les mains duquel il prêtait ser­ ment : il recevait 3000 livres de gages, 142E0 pour

la bouche, 4500 à titre de pension et 1500 d'in- 7 — 110 —

demnité : il avait la dépouille de la petite écurie

à la mort du roi. Il était parfois admis à monter dans le carrosse du roi : quand le prince était à cheval, M. le Pre­ mier l'accompagnait un peu en arrière à gauche, tandis que le capitaine des gardes avait la droite. Il assistait aux lits de justice sur un banc parti­ culier, après le capitaine des gardes et celui des

Cent-Suisses. En l'absence du grand-écuyer, lepre mier écuyer seul le remplaçait pour le « service de main, » et ce privilège était tellement exclusif, qu'à son défaut ce service appartenait à Técuyer de quar­ tier. Ainsi à l'avènement de Louis XIV, la charge de grand-écuyer étant vacante, le duc de Saint- Simon, premier écuyer absent, quoique M. de

Fresie, écuyer-commanriant, fût présent, ce fut M. de Mont, écuyer de quartier de la petite écurie, qui porta le jeune roi depuis son carrosse jusqu'à la porte de la chambre où il le remit au grand- chambellan , lequel le déposa sur son lit de justice. — Ill —

Le grand-écuyer faisait tontes les ordonnances de dépense de la petite écurie, mais en son ab­ sence c'était le premier écnyer. Le premier écnyer se servait des pages, valets, chevaux et voitures de la petite écurie. A la mort de Louis XIV, le grand-écuyer essaya

de rentrer en possession des prérogatives dont

Henri III avait dépouillé sa charge, et cette tenta­

tive est très-longuement et plaisamment racontée par Saint-Simon. La régence commençait à peine à s'organiser quand le grand-écuyer prétendit s'approprier toute la dépouille de la petite écurie qui, depuis

1582, appartenait, à la mort du roi, au premier

écuyer, et il revendiqua en même temps la supé­ riorité de sa charge sur celle-ci, possédée alors par le marquis de Beringhen. Cette réclamation causa une grande émotion à Versailles : le grand

écuyer, — un prince de la maison de Lorraine, le comte d'Armagnac, — mena l'affaire vive­ ment : des mémoires parurent de part et d'autre, et les membres du conseil de régence destinés à juger la question « mouroient de peur de ce reste inanimé de la maison de Lorraine, redoutant surtout M. le Grand, que le superbe état qu'il avoit tenu toute sa vie, son crédit prodigieux et constant auprès du roi, les manières si supé­ rieures auxquelles il avoit accoutumé tout le monde rendoient très-autorisé. » Les juges déme­ surément timides, « qui eussent fort désiré n'être point juges dans cet embarras », proposèrent pour tourner la difficulté de renvoyer la décision à la majorité du roi. « Le r égent goûta cet expédient, et sans rien déclarer tira de longue. M. le Grand, qui par ce délai perdoit de fait, puisque les choses demeuroient comme elles étoient, se mit à usur­ per tout sur le service de la petite écurie. Tous les jours, c'étaient des voies de fait. Les écuyers, les pages, les valets de pied étoient aux prises jusque dans la cour et dans les antichambres du roi. C'étaient des mainmises continuelles ; chaque écurie ne s'y présentoit qu'en force, prêtes toutes — 113 -

-deux à s'entr'égorger. Le premier écuyer conte- noit ses gens et se plaignoit, et crioit de toute sa force; le grand-écuyer avouoit les siens tout haut €t ne se cachoit pas d'usurper à force ouverte tout ce qu'il prétendoit, en sorte que cela pouvoit aller bien loin entre les écuyers et les pages des deux parties, dans des occasions journelles d'un service continuel impossible à éviter, et une in­ décence et un manque de respect au roi extrême. Ce désordre me toucha, ajoute Saint-Simon ; j'en parlai au régent, qui décida que l'affaire recevroit

une solution immédiate. »

Le comte d'Armagnac produisit au Conseil sa provision qui lui donnait entière autorité sur l'é­ curie du roi, sans restriction ni distinction, et il n'eut aucune peine à démontrer que le titre de premier écuyer du roi comme la désignation de petite écurie n'étaient que des mots. Le marquis de Beringhen reconnaissait l'exactitude de ces al­ légations, mais il y répondait par la décision de

Henri III qui avait seule créé l'indépendance de — 114 — la petite écurie, laquelle depuis lors n'avait jamais été contestée. De nombreux mémoires furent en­ core composés etimprimés,et la question passionna tellement la cour et y émut siviv ement les esprits, quel'u n desme mbres du conseil,révêquedeTroyes, ne se sentit pas le courage d'affronter le danger d'avoir une opinion; « il s'enfuit à Troyes sous le prétexte d'un reste de déménagement, et ne revint qu'après que l'affaire fut jugée. » Le Régent sentit aussi renaître ses hésitations, quoiqu'il « v oyoit trop clair pour ne pas comparer le procédé de M. le Grand à la fable du Loup et de l'Agneau; » mais les choses en vinrent à un point qui nécessitait une solution quelconque, pourvu qu'elle fût prompte.

Saint-Simon aimait passionnément les querelles de cour et excellait sur toutes les questions de prééminence et d'éliquette,il prenait â.celle-ci un intérêt d'autant plus grand que son père avait été premier écuyer du roi ; il étudia à fond l'affaire avec un légiste estimé, l'ahbé Barelle, et se con­ vainquit de la légitimité de la résistance de M. de Beringhen; il possédait d'ailleurs un document qui devait lever tous les doutes : un compte con­ statant qu'à la mort de Louis XIII son père avait reçu toute la dépouille de la petite écurie. Il hési­ tait cependant à intervenir directement d'une fa­ çon aussi décisive dans le débat, mais il répandit

le bruit de la pièce qui se trouvait entre ses mains

et il amena de la sorte l'ordre du Régent delà pro­ duire au Conseil. Dès lors Saint-Simon agit net­ tement, et laissant là « les barbouilleurs, » il pré­ cisa la question de telle manière qu'il fallut se

résigner à voir clair et à opiner. La relation que le duc a écrite de cette séance où les juges étaient Torcy, les maréchaux d'Estrées, de Bezons, d'Har- court, de Villars, les ducs d'An tin et de Noailles, le duc du Maine, le comte de Toulouse, le chan­ celier Voysin, M. le Duc, le Régent et lui, est une des plus piquantes pages de ses mémoires. Le ma­ réchal de Bezons, appelé le premier à se pronon­ cer, « barb ouilla et proposa une cote mal taillée. » Estrées consulté ensuite, « saisit cet expédient, — 1 IG —

parla longtemps sans rien dire etne put conclure. » Le Régent le pressa de formuler un avis, « tout le Conseil baissa les yeux, et je ne vis jamais gens si consternés. Le maréchal, dans un embarras ex­ trême, se mit à reprendre les points de prétention sans pouvoir se résoudre à décider. Le Régent pressa encore; il décida enfin partie pour l'une, partie pour l'autre, sans apporter aucune raison.» Et il en fut de même de presque tous les autres ', après lesquels Saint-Simon « impatienté par une si misérable misère, » recommença l'exposition de l'affaire et provoqua une seconde épreuve d'opi- nement aussi peu satisfaisante que la première.

1 « L'aventure du maréchal d'Estrées fut pour le duc d'Antin une leçon. Il fit une préface de compliments pour les deux parties et sur le malheur de ce procès; il bégaya plus qu'à l'ordinaire, mais il fut pour M. le Pre­ mier sur tous les chefs. Harcourt, qui parla ensuite, et qui déjà s'énonçoit avec difficulté, fut court et de même avis. Villars pouffa, verbiagea, complimenta les parties, se plaignit du procès, désira des cotes mal taillées, mais conclut pour M. le Premier. Noailles parut comme chat sur braise , il tenta un avis équivoque de cote mal tail­ lée ; il se reprit, il y revint, en sorte qu'on put moins dire ce qu'il avoit opiné que dire qu'il n'avoit pas opiné. » — 117 —

« Q uand tous eurent dit une seconde fois leur avis en deux mots, je ne doutai plus que le régent n'alloit prononcer. Point du tout. Il dit qu'il voyoit bien que tous les suffrages décidoient pour l'en­ tière séparation et la totale indépendance et pour laisser les choses sur le pied où elles avoient été sous le feu roy : que c'étoit aussi son sentiment, mais qu'il ne voyait pas la même uniformité sur la dépouille ; que lui-même y trouvoit quelque diffi­ culté ; qu'il serait bon qu'omettant le reste comme jugé, chacun s'expliquât plus nettement encore sur la dépouille. — Et le compte 'de mon père, Monsieur, repris-je tout haut, que vous m'avez commandé d'apporter ici par le billet que voilà? N'est-il pas décisif là-dessus, à la suite du même

exemple de MM. de Liancourt père et fils, indé­

pendamment que la dépouille coule du même

principe que tous les autres articles tenus pour jugés ? — Ce mot, dit un peu ferme, frappa tout le monde. Les balbutieurs ne surent qu'y opposer.

Ils haussèrent îles épaules, et d'une voix assez 7. — 118 — basse convinrent que la dépouille devoit apparte­ nir an premier écuyer. Tous les autres furent du même avis et le dirent très-ferme. Le régent baissa la tête, ce que je remarquai bien, et enfin pro­ nonça. » Dan s la crainte de nouvelles faiblesses de la part du régent, Saint-Simon fit rédiger, si­ gner et transcrire l'arrêt séance tenante (22 octo­ bre 1715) Le duc sortit aussitôt du conseil avec le comte de Toulouse : « Tournant sur le grand degré pour le descendre, nous trouvâmes des Epinays, vieil écuyer de la petite écurie, et fort attaché de tout temps à Beringben, qui était là plus mort que

1 En voici le texte : « Arrest du Conseil d'Estat du roy du 22 octobre 1715 : « Sur les requestes présentées respectivement par le comte d'Armagnac, grand-écuyer, et le marquis de Be- ringhen, premier écuyer, contenant : la première, que les chevaux et équipages du roy appartiennent au grand- écuyer après la mort du roy; la deuxième, que la dé­ pouille de la petite écurie appartient au premier écuyer; « Le grand-écuyer est maintenu dans tous ses droits; le premier écuyer jouira de l'indépendance du grand- écuyer et emportera la dépouille de la petite écurie. » (Imprimé. — Bib. Imp., f. St-Germain, f. Hari ay, 83.) vif, embusqué dans un coin pour apprendre le sort de l'affaire, qui nous la demanda véritable­

ment comme un homme à demi mort. Beringben, sa femme et ses intimes étoient cachés dans un pavil­ lon de la basse-cour du château de Vincennes avec leur carrosse attelé pour courir à Armainvilliers se cacher en cas d'échec. • Quant au grand-écuy er,

il accourut au Palais-Royal, « criant qu'on l'avoit

égorgé, tempêtant » et demandant à formuler une protestation contre l'arrêt, ce que le duc d'Orléans eut la faiblesse d'autoriser. Le comte d'A rmagnac se hâta de faire rédiger cet acte par-devant no­ taire, renvoyant à la majorité du roi la décision

suprême sur ce débat. Et il eut soin de ne dé­ mordre d'aucune de ses prétentions : les mêmes querelles subsistèrent entre les deux écuries, les mêmes entreprises, les mêmes violences souvent : après la mort du comte d'Armagnac, son fils agit de même, tandis que M. de Beringhen « n'opposoit

que sagesse et plaintes inutiles, dont le chagrin, qui se renouveloit tous les jours, le conduisit en­ — 120 — fin amèrement au tombeau et lelu i avança (1753).» Son fils hérita de sa charge et voulut, dès le pre­ mier jour, étant soutenu par Fleury, se débarras­ ser des importunes prétentions de M. l e Grand ; de nouveaux mémoires furent présentés au roi et au duc d'Orléans ; M. le Grand répondit, mais « il fut de nouveau tondu en plein par un arrêt du conseil d'en haut. « La division des deux services était désormais officiellement accomplie ; le comte d'Armagnac en fut vivement froissé, et dans un mouvement fort inconsidéré d'humeur il renvoya à Beringhen les comptes de la petite écurie sans vouloir les signer, « d isant qu'il ne sa voit point signer ce qu'il ne voyoit point. » Per sonne ne put lui faire entendre raison à ce sujet, ni môme comprendre qu'il s'exposait à faire encore diminuer ses préro­ gatives. Au bout de six mois en effet, le duc de Bourbon, qui était premier ministre, lui déclara que, s'il persistait dans son refus, il signerait à sa place en qualité de grand-maître de France : ce — 121 — qu'il fit. « Ainsi, dit Saint-Simon en terminant, le grand-écuyer perdit par humeur une des plus belles prérogatives de sa charge, ou du moins se mit en grand hasard de ne la recouvrer jamais. » Il y avait, sous les ordres du premier écuyer : Un écuyer ordinaire recevant 1200 livres de gages et 1765 pour bouche et livrées; Vingt écuyers ordinaires, servant cinq par tri­ mestre et recevant 350 livres de gages, tous prê­ tant serment entre les mains du grand-maître, et servant «pour la personne du roi.» Chaque jour un de ces écuyers de service était de service auprès du roi, prenant ses ordres au lever et au coucher : récuyer lui mettait et ôtait les éperons, le suivait quand le roi sortait à cheval ou en carosse en mar­ chant immédiatement en arrière, pour pouvoir le relever s'il tombait et luioffrir son cheval en casqu e celui du prince se blessât : il accompagnait partout le roi, sauf au conseil, ou si le roi exprime le désir d'être seul : dans ce cas il se tenait dans la pièce la plus voisine. Il escortait le roi, à sa gauche, au — 122 - même rang que Fofûcier des gardes; en l'absence du grand ou du premier écuyer et s'il n'y avait passage que pour un cheval, il précédait l'officier des gardes, quel que fûtson grade : si le grand ou le premier écuyer étaient présents, l'écuyer gar­ dait la gauche : sur les ponts il mettait pied à terre et tenait 1 etrier du roi. L'écuyer seul aidait le roi à monter et à descendre pour le cheval, le car­ rosse ou la chaise à porteurs : dans ce dernier cas il suivait à pied.

Dès que le roi avait des éperons, l'écuyer du jour avait la garde de l'épée de Sa Majesté : il l'a­ vait encore quand le roi sortait en carrosse à six chevaux, mais seulement pendant l'absence hors du palais. Aux premières entrées dans les villes, l'écuyer de service suivait sous le dais à pied le roi à cheval, et avait seul le droit de ramasser ce que le prince pouvait laisser tomber. A l'armée il servait d'aide de camp, et pour le combat mettait au roi sa cuirasse.

Aux funérailles, le premier écuyer, et en son - 123 - absence le plus ancien, portait le casque royal; quatre écuyers, les éperons, les gantelets, Vécu de France, la cotte d'armes : oust cinq marchaient en deuil, après le chariot d'armes, leurs chevaux couverts de draps noirs et blancs. Un écuyer ordinaire, commandant la petite

écurie, ayant 3000 livres de pension et 6000 de gratification.

Trois écuyers ordinaires à 3900 livres de pen­ sion et gratification. Vingt-quatre pages faisant les mêmes preuves de noblesse et ayant le même service que ceux de la grande écurie à l'armée. Quand le roi chas­ sait, six d'entre eux portaient les fusils de Sa Ma­ jesté; l'ancien page ramassait le gibier tué et le portait dans le carnier jusqu'au cabinet du roi : s'il y avait des dames, chacune était escortée par un de ces pages. Ils étaient chargés d'éclairer la nuit le carrosse du roi et ceux de sa suite, quand le roi sortait hors des villes à six chevaux.

Ils avaient à leur tête un gouverneur, un pré­ — 124 —

cepteur, un aumônier. Leur service comprenait quatre premiers valets servant par quartier ; un argentier-proviseur; un trésorier des menus; un apothicaire, un ambleur, un garde-meubles, un porte-caban, sept professeurs pour les mathéma­ tiques, le dessin, le blason et l'écriture, l'escrime, la danse, la voltige, l'exercice militaire j quatre fourriers, deux cuisiniers, un sommelier, un la-

vandier. Vingt-quatre petits valets depied, commission- nés par M. le Premier. Quatre maréchaux-ferran ts. Quatorze maîtres-palefreniers. Quatre cochers et un postillon « du corps » -

Quatre cochers ordinaires. Un concierge et un certain nombre de cochers, de postillons et de garçons commissionnés sui­ vant le besoin par le premier écuyer.

La petite écurie contenait ordinairement dix attelages de dix chevaux chacun.

La différence de la livrée des officiers des deux écuries était indiquée par l'ouverture des poches : les officiers et les pages de la grande écurie por­

taient l'ouverture en travers avec le galon des re­ troussés des manches cousu en écharpe ; ceux de la petite écurie portaient l'ouverture en long de haut en bas et les galons cousus en quille.

Nous ajouterons que chaque prince ou prin­ cesse de la maison royale avait une écurie parti­ culière complètement indépendante de la grande écurie et de la petite écurie. C'est ainsi que, sous Louis XIV, la reine avait un premier écuyer, un écuyer ordinaire et quatre écuyers servant par trimestre ; dix-huit grands laquais du corps, quatre maréchaux - ferrants, quatre fourriers et des pages avec gouverneur, précepteur, etc. La duchesse d'Orléans douairière : un premier écuyer, deux ordinaires, un cavalcadour, des pages avec un gouverneur. Le duc d'Orléans • un premier, six ordinaires, quatre maréchaux des logis, quatre fourriers du logis, deux de l'écu­ rie, un argentier, quatre maîtres-palefreniers, — 126 — des pages avec un gouverneur et un généalogiste.

Sous Louis XVI, nous énumérerons : Ecurie de la Reine : un premier, un gou­ verneur des pages, douze pages, un argentier, un écuyer acheteur, quatre porte-manteaux, qua­ tre fourriers, vingt grands valets de pied, quatre des pages, quatre de carrosse de femmes, cinq maréchaux, huit cochers, sept postillons, quatre porteurs de chaises, quatre muletiers, deux char­ retiers. Ecurie de Monsieur : un premier écuyer, un or­ dinaire, quatre écuyers servant par quartier, un commandant, un cavalcadour, deux pages avec gouverneur, maîtres, etc., un généalogiste, un intendant général contrôleur, un argentier, un secrétaire, un écuyer acheteur. Ecurie du comte d'Artois : même personnel. Ecurie de Madame : même personnel, moins l'écuyer commandant et quatre pages de main.

Ecurie de la comtesse d'Artois : même person­ nel. — 127 —

Ecurie de madameElisabeth : un premier écuyer et un ordinaire. Ecurie de madame Adélaïde :un premier, un ordinaire, quatre ècuyers servant par quartier.

Ecurie de madame Victoire : même personnel. L'empire conserva cette organisation indépen­ dante des écuries des divers membres de la famille impériale, en maintenant un non moins brillant

état-major d'écuyers. Le gouvernement de la Res­ tauration fit naturellement de même. Sous la mo­ narchie de Juillet, le prince royal seul avait un écuyer honoraire. CHAPITRE V

Liste des connétables, premiers écuyers, maîtres de Vccurie et grands-écuyers. — Notices sur chacun des grands-écuycrs.

Eln-oïn, comte de VélaLlc du roi Thierry de Metz. Rocon, ibidem. Geillon, comte de l'étable de Charlemagne. Burchard, comte de l'étable ou connestable de Charlemagne, 807. Guillaume, connétable de Louis le Débon­ naire. Albéric, 1060. Balderic, 1065, 1067. — 129 —

Gautier, 1069 ^ Adam, 1079.

Thibaut de Montmorency, 1083,1086, mort en 1090. Aléaume, 1093. Dreux Ier de Mello, 1106.

Gaston de Ghaumont, 1107. Guy, 1115.

Hugues de Ghaumont, 1118, 1138. Mathieu Ier de Montmorency, 1139 à 11592. Simon de Neaufle-Ie-Ghâteau.

Raoul, comte de Clermont-en-Beauvoisis, 1169-

1191. Dreux de Mello, nommé après deux ans de va­ cances, 1193 à 1218. Mathieu de Montmorency, 1218 à 1230. Amaury, comte de Montfort, 1230 à 1241.

1 Mabillon.— Nous nous sommes servi pour cette liste, en ce qui concerne le connétable, de celle dressée par M. N. de Wailly dans sa Paléographie. « Ibid. — 130 —

Humbert de Beaujeu, 1241 à 1251. Egide le Brun, 1251 à 1276. Humbert de Beaujeu, 1278 à 1285.

Raoul de Ne sie, comte de Clermont, 1285 à

1302. Pierre Gentien, écuyer, maître de l'écurie, mort au mois de septembre 1298

Denis de Melun, ibidem, 1299'.

Jacques Gentien, tué à la bataille de Mons-en- Puelle 3.

Guillebaut, mort en février 12994. Gilles Granché, février 1299 à 1316. Guillaume Pisdoe, premier écuyer du corps et

1 Figure comme écuyer dèa 1285.

3 Figure à ce titre dès 1292. 3 L'auteur anonyme de l'ancienne chronique de Flan­ dre, publiée dans le tome XXII des Historiens de Franco, racontant la bataille de Mons-en-Puelle, dit : « Lors le roi marcha si avant que tout incontinent les Flamans eurent occis deux jeunes bourjois de Paris appellés les Gentiens (Pierre et Jacques) qui è son train estoient.» Ce détail indique clairement qu'ils devaient être écuyers du roi. 4 Tous ces renseignements sont extraits des comptes in- - 131 — maître de l'écurie du roi, 12 juillet 1316-3 jan­ vier 1321.

Jean Bataille, 3 janvier 1321, à l'avènement de Charles IV, mort le 9 mars 1325. Grilles de Clamart, mars 1325, mort en juillet

1330.

Philippe des Mou stiers, garde du Séjour, puis premier écuyer du corps eb maître de l'écurie, août 1330-5 mars 1333. Oudart des Taules, de même, mars 1333, quitte en 1340 pour devenir maître d'hôtel du roi.

Henry de Lyénas ou Linar, 1340, mort au mois de mai 1345.

Guillaume de Boncourt, d'abord écuyer de la reine, nommé premier écuyer du corps et maître de l'écurie au mois d'août 1345, meurt en 1353. Guillaume de Champagne, dit le Maréchal, d'a-

sérés dans le tome XXII du recueil des Historiens de France et dans le P.Anselme, d'après le registre de la Cour des comptes. - 132 - bord sergent d'armes du roi, garde du Séjour, premier maréchal de l'écurie, chargé de l'inté­ rim de la maîtrise de l'écurie de mai à août 1345, nommé en 1353, meurt en juillet 1361. Martelet du Mesnil, d'abord écuyer d'écurie du duc de Normandie, puis écuyer du corps du Dau­ phin, succéda à Guillaume de Champagne en

1364 et prêta serment de sa charge le 13 juillet : mort au mois d'août 1373. Il était aussi capitaine de Louviers, châtelain de Pérenne et reçut la terre de Hellicourt en récompense de sa conduite pour avoir replacé le Ponthieu sous la main du roi. Trouillart de Caffort, d'abord écuyer du corps du roi; nommé le 15 août 1373, prête serment le 24 décembre. Gollart de Tangues, écuyer du corps du roi, châtelain de Pérenne, nommé le 10 janvier 1376 premier écuyer du corps et maître de la grande écurie, meurt le 26 août 1397. Robert de Montdoucet, dit le Borgne, écuyer — 133 —

du corps, succède à M. de Tangues dès le 27 août

1397; il prête serment le 31 du mois, meurt le 16 septembre 1399.

Philippe de Giresme, dit le Cordelier, écuyer du corps, nommé premier et grand-maître de Té- curie le 19 septembre 1399, prête serment le 22'.

Destitué par l'avènement de la faction bourgui­ gnonne le 17 décembre 1411.

Jean de Kaernien, chambellan du duc de Bour­ gogne, nommé à la place de M. de Giresme le 17 décembre 1411, mort au mois d'avril suivant, en revenant d'une mission en Angleterre.

Philippe de Giresme, rétabli le 28 août 1412 et

remercié le 1er avril suivant. Jean de Dicy, dit Bureau, capitaine de Corbeil,

seigneur de Misery, Luzarches, Ablon, qualifié écuyer d'honneur du roi en 1398, écuyer d'écurie en 1406, prit le service de premier et grand-mai-

1 Le 31 mai 1404, le roi lui remit 3000 livres à prendre sur la foire du Landy pour remonter ses écuries en achat de chevaux, charois et sommages. 8 — 134 -

tre de Vécurie le 1" avril li 13 et fut pourvu ré­ gulièrement le 23 juin; destitué en juillet 1418.

André de Toulongeon, échanson du duc de Bourgogne, nommé le 16 juillet 1418, destitué le

1er octobre 1420.

Huet de Corbie, garde deSéj our, nomméle20 oc­ tobre 1420

Hugues de Noé ou Noer exerça les fonctions de premier écuyer du corps, maître de l'écurie du

Dauphin ; des lettres lui confirmèrent cette charge

le 4 août 1417, près du dauphin devenu régent, qu'il quitta en 1419, pour devenir maître-d'hôtel du roi2 ; il était capitaine du château de Roque-

maure. Pierre Frotier, vicomte de Montbas, baron de Preuilly et d'Azay-le-Ferou, seigneur de Mel-

1 II avait une sœur, Marguerite, dame d'Atilly, mariée à Jean de Bourgon, dit le Kousselet, écuyer d'écurie du roi, capitaine de Corbeil, mort avant 1426. 2 Ces trois titulaires étaient nommés par le parti bour­ guignon, tandis que le parti royaliste avait aussi ses autres titulaires. — 135 — zéart, Miséri, écuyer d'écurie du roi, nommé pre­ mier écuyer du corps et grand-maitre de l'écurie par lettres datées de Montereau, le 20 septembre

1419; destitué en 1425, il avait été l'un des plus zélés partisans du régent.

Jean du Cigne, écuyer d'écurie du roi en 1423, nommé en décembre 1425; quitte pour devenir maître-d'hôtel du roi.

Jean du Vernet, ditle Camus de Beaulieu, écuyer d'écurie, puis premier écuyer du corps et grand- maître de l'écurie ; devenu le favori du roi, il montra de telles prétentions que Charles VII le fit assassiner en 1427.

Jean Po ton de Xainlrailles, nommé premier I écuyer du corps, grand-maître de l'écurie le 27 juillet 1429; grand écuyer du roi en 1441, quitte pour devenir maréchal de France en 1454.

Tanneguy du Chastel, vicomte de la Bellière, chambellan du roi, puis grand-écuyer le 20 mai - 136 —

1454, il se retira en Bretagne à la mort du roi, en 1468 II reprit son service en 1468 s.

Pierre d'Urfé, seigneur de la Bastie, Rochefort, chevalier de l'ordre, bailli du Forez, sénéchal de Beaucaire, grand-écuyer le 4 novembre 1483, se démit en septembre 1505. Galéas de Saint-Séverin, chevalier de l'Ordre,

1 A l'entrée de Louis XI à Paris, en 1461, Joachim Rouault, maréchal de France et premier écu'yer du corps de ce prince quand il était dauphin, fit la fonction de grand écuyer. 2 Le P. Anselme commet une erreur facile à expliquer par l'ignorance où il était de l'ordonnance de 1449 ; il constate que M. de Garguessalle prit le titre de grand- écuyer jusqu'à, sa mort, arrivée en 1481, « quoi que cette « charge fut remplie par un autre dès l'année 14G6; » et il indique comme son successeur Charles de Chevenon-Bi- gny, lequel n'était que premier écuyer du corps. Le P. Anselme cite à l'appui une quittance signée en cette qualité le 18 décembre 1483, et cinq pages plus loin il men tionne leslettr es du4 novemijre 1483 instituant M.d'Urfé grand-écuyer. Comme on le voit, M. de Bigny ne peut figurer dans cette liste, ni Alain de Goyon, chambellan du roi, bailli de Caen, présenté comme nommé en 1469, tandis que le P. Anselme donne le même titre à M. de Bi­ gny et qu'il ajoute que Charles VIII le maintint, tandis qu'il donne les lettres de la nomination de M. d'Urfé. MM. de Bigny et de Goyon furent seulement premiers écuyera du corps. — 137 — nommé le 22 septembre 1505, tué à la bataille de

Pavie, le 24 février 1525. Jacques Galiot de Genouillac, sénéchal d'Arma­ gnac, chevalier de l'Ordre, nommé après la mort du précédent; il était également grand-maître de l'artillerie, mort en 1526. Claude Gouffier, duc de Roannais, marquis de Boisy, comte de Maulevrier, chevalier de l'Ordre, premier gentilhomme de la chambre, bailli de Vermandois, nommé le 22 octobre 1526, mort en 1570. Leinar Chabot, comte de Gharny, lieutenant- général en Bourgogne, nommé en 1579. Charles de Lorraine, duc d'Rlbeuf, pair de

France, grand-veneur, chevalier des Ordres, gou­ verneur du Bourbonnais, nommé eu 1582, desti­ tué en 1588. Roger de Saint-Lary de Termes, duc de Belle- garde, chevalier des Ordres, gouverneur de

Bourgogne, nommé le S janvier 1589, institué grand officier de la couronne comme grand écuyer 8. — 138 —

de France par lettres patentes du 8 janvier 1589 ; 11 se démit de cette charge en 1618 en faveur de son frère. César-Auguste de Saint-Lary, baron de Termes, grand prieur d'Auvergne, chevalier des Ordres, d'abord premier écuyer de la grande écurie. Blessé mortellement au siège de Glérac. en juil­ let 1621. Le duc de Bellegarde reprit l'office de grand écuyer de France et s'en démit eu 1639. Henry Coeffier Ruzé d'Efflat, marquis de Cinq- Mars, nommé le 15 novembre 1639, décapité le 12 septembre 1642.

Henry de Lorraine, comte d'Harcourt et de Brionne, sénéchal de Bourgogne, gouverneur d'Anjou, amiral, nommé en 1643, mort le 25 juil­ let 1666. Louis de Lorraine, comte d'Armagnac, de Brionne et de Charny, sénéchal de Bourgogne, chevalier des Ordres, etc., reçu en survivance le 24 avril 1658. - 139 —

Il succéda à son père et mourut le 13 juin 1718. Henry de Lorraine, comte de Brionne, cheva­ lier des Ordres, reçu en survivance le 25 fé­ vrier 1677, démissionnaire en faveur de son frère. Charles de Lorraine, comte d'Armagnac, lieu­ tenant-général, chevalier des Ordres, reçu en sur­ vivance le 14 mars 1712, mort le 29 décembre 1751. - ; - i Ì Louis-Charles de Lorraine, comte de Brionne et de Charny, sire de Lambesc, chevalier des

Ordres, lieutenant-général, sénéchal de Bour­ gogne, gouverneur d'Anjou, reçu en survivance le 15 mars 1745, mort en 1761. Charles de Lorraine, prince de Lambesc, nom­ mé en 1761 ; il conserva cette charge jusqu'à la Révolution.

M. le marquis de Caulaincourt, duc de Vicence, lieutenant- général, nommé grand-écuyer de

France en 1805, office q u'il conserva jusqu'à la chu le de l'Empire. — 140 —

Le gouvernement de la Restauration rétablit la charge de grand-écuyer de France, dont le titulaire était naturellement le prince de Lambesc, mort seulement en 1825, mais qui demeura en Autriche. Le marquis de Vernon et le duc de Polignac di­ rigèrent successivement la grande écurie avec le titre, l'un d'écuyer commandant, l'autre de pre­ mier écuyer. Le gouvernement de Juillet supprima toutes les grandes charges : le marquis de Strada dirigea le service des écuries avec le titre d'écuyer com­ mandant pendant toute la durée du règne de

Louis-Philippe. L'Empereur recréa les grandes charges en 1852. Le maréchal de Saint-Arnaud fut nommé grand écuyer le 31 décembre 1852. Il est mort le 29 septembre 1854. Le général Fleury, aide-de-camp de l'Empe­ reur, dirigea après le précédent le service avec le titre de premier écuyer. Il a été nommé grand- écuyer de France le 31 décembre 1865. I. — Je ne raconterai pas ici la vie de Poton de

Xaintrailles, premier titulaire de la charge de

grand-écuyer, car il faudrait résumer l'histoire de

la France pendant la moitié du xve siècle. Je me

contenterai de rapporter l'article que lui consacre le P. Anselme :

« Jean, dit Polon, seigneur de Xaintrailles, de

Roques, de Salignac en Limousin et de Villeton, vicomte de Bruillez, bailli de Berry, sénéchal du Limousin et du Bordelais, se rendit recomman- dable dans les guerres des Anglais. Il suivit le

parti du roi Charles VII n'étant que dauphin, qui

le fit écuyer de son écurie ; il était en garnison à

Crépy en Valois, eu 1419, lorsque l'armée du duc de Bourgogne l'y vint assiéger, et il rendit la place par une composition honorable. L'année suivante il défendit courageusement la ville de Saint-Ri- quier, et étant demeuré prisonnier dans une ren­ contre près d'Abbeville, le dernier août de la même

année, il fut obligé de la rendre pour sa liberté.

Il fit paraître son adresse et sa valeur en présence — 142 — du duc de Bourgogne à Arras dans un combat sin­ gulier en 1423, surprit la ville de Ham le 8 octo­ bre de la même année ; se trouva à la prise de Braisne en Hainault, se distingua à la bataille de Verneuil en 1423, et au secours de la ville d'Or­ léans assiégée par les Anglais, où il fut blessé le 21 octobre 1422. Pendant ce siège, il alla trouver le roi à Chinon pour l'informer de l'état de la place, vint au mandement de ce prince à Selles en Berry, et à Issoudun en 1428, pour le suivre au voyage de ; se trouva au recouvre­ ment des villes d'Yenville , de Jargeau, de He­ bung, Beaugency et autres, et à la bataille de Patay en 1429, où il fit prisonnier le sire de Talbot. De % là il suivit le roi à son sacre à Reims, qui le retint son premier écuyer du corps et grand-maître de son écurie après la mort de Le Camus de Beaulieu, par lettres données à Coincy, le 27 juillet 1429. Ensuite il fut envoyé avec le connétable et le bâ­ tard d'Orléans outre la rivière de Seine pour résis­

ter aux Anglais ; puis étant retourné en Beauvoi- — 143 — sis, il défit, près de Gerberay, Thomas comte d'A- rundel, qu'il prit prisonnier au mois de mai 1435, vint trouver le connétable à Beauvais sur quel­ que entreprise qu'il faisait en Normandie ; en­ suite de quoi il se trouva avec 98 hommes d'armes et 187 archers au siège de Montreuil pendant les

mois d'août, septembre et octobre 1437, et avec 14 hommes d'armes et 5 archers au mois de no­ vembre suivant, en la compagnie du connétable, à l'entrée que fit le roi en la ville de Paris après sa réduction. En reconnaissance de tant de ser­

vices qu'il avait rendus, ce prince le pourvut de l'office de bailli du Berry et de lagar de de lagros se tour de Bourges ; par lettres du 19 août 1437 le fit capitaine de Gliâtvau-Thicrry, outre plusieurs gratifications qu'il en reçut. 11 était à la suite de la cour en 1444. Deux ans après il fut dépéché

avec le maréchal de Jaloignes pour mettre ordre aux divisions survenues en Nivernais, et parti­ culièrement en la ville de Nevers pendant la va­

cance du siège episcopal ; il s'y comporta vail- — 144 — lamm eut et acquit beaucoup de réputation en toutes les conquêtes de Guyenne et de Normandie, où le roi lui donna la ville et seigneurie de Ton- neins pour lui et les siens, par lettre du dernier mars 1450, et celle de Saint-Macaire pendant sa vie seulement. Le roi le fit encore sénéchal du Li­ mousin en 1453, et enfin, après la mort du maré­ chal de Jaloignes, arrivée en 1454, l'honora de la charge de maréchal de France aux gages ordi­ naires de 2000 livres, dont il jouit jusqu'à sa mort arrivée à Bordeaux, au Château-Trompette, dont il était gouverneur, le 7 octobre 1461, selon un registre du Parlement, qui lui donne la qualité de sénéchal du Bordelais et l'un des plus vail­ lants capitaines du royaume de France, qui fut cause, avec Etienne de Vignolles, dit la Hire, de chasser les Anglais de France. »

Xaintrahies avait quitté l'office de grand-écuyer en acceptant la charge de maréchal de France. — 145 —

II. — Tanguy du Chatel était le neveu de Tan­ guy du Ghatel auquel a été reproché, à tort ou à raison, le meurtre du duc de Bourgogne sur le pont de Montereau : il appartenait à une ancienne famille du pays de Léon en Bretagne, qui comp­ tait de nombreux serviteurs de la monarchie ; il hérita de la faveur de son oncle auprès du roi.

Dès 1450 il était lieutenant général au gouverne­ ment de Provence, et on croit que c'est lui et non son oncle qui fut envoyé à cette époque en mis­ sion à G-ênes et à Rome. Dans tousles cas il puisa auprès du grand sénéchal de Beaucaire de pré­ cieux enseignements militaires et les plus hono­ rables conseils pour sa conduite à la cour. Nom­ mé premier écuyer du corps et grand-maître de

l'écurie en 1454, titre auquel il substitua pres- qu'immédiatement celui de grand-écuyer, il montra à Charles Vil une rare fidélité. Seul des courtisans, il resta auprès de son cadavre, et

comme Louis XI oubliait de songer à rendre les

derniers devoirs à son père, M. du Ghatel se char- 9 - 146 — gea seul des obsèques ; on ne lui remboursa ses dépenses que dix ans plus tard1. Il quitta immé­ diatement après Paris et se retira auprès du duc

de Bretagne qui le nomma grand-maître de son hôtel et obtint des lettres de surséance pour la reddition de ses comptes de la grande écurie. 11 dut cependant s'éloigner de Nantes après avoir vainement essayé de soustraire le duc au joug d'une, maîtresse intrigante. Louis XI l'accueillit alors avec faveur : il lui fit reprendre le ser­ vice de grand écuyer et lui donna la capitaine­ rie d'Aigues-Mortes; il le comprit ensuite dans la première promotion des chevaliers de l'Ordre. M. du Chatel venait de rendre de signalés services comme gouverneur du Roussillon et il fut con^ starnment chargé depuis d'importantes missions diplomatiques. Tanguy du Chatel fut blessé mor­

1 Les frais s'étaient élevés h 30,000 liv res. De Thou attribue ce trait à l'oncle du grand-écuyer, oubliant qu'il ) avait précédé de treize ans Charles Vili dans la tombe. ' Art. Tanguy du Chatel, par M. Levotjdans la Biogra­ phie Didot. tellement au siège de Bouchain et mourut le 29

mai 1477, « au grand regret du roy, lit-on dans

les Comptesde Pierre de Lailly, qui envoya, le 16

juin suivant, offrir cent marcs d'argent à l'église

Notre-Dame de la Victoire, qu'il avoit voués poni­

le salut de l'âme de ce seigneur, lequel étant en

armes en sa compagnie et à son service étoit allé

de vie à trépas devant sa ville de Bouchain. »

IH. — Pierre d'Urfé était chef d'une vieille race

forézienne dont l'arrière-petit-flls devait acquérir au xviie siècle une grande notoriété littéraire. Le premier il changea son ancien nom UJphé en celui d'Urfé, qui a prévalu depuis : seigneur de

TJrfè, Rochefort, la Bastie, Nervieu, Saint-Geran- le-Puy, Beauvoir-sur-Arron, Saint-Just en Che­ valet, Montagu, bailli du Forez, il fut le person­ nage le plus considérable du pays. Il commença dans sa jeunesse par servir sous le duc de

G uyenne, qui l'attacha au parti du duc de Bour­ gogne : il assista à la malencontreuse entrevue — 148 —

de Louis XI avec ce prince à Pérenne ; puis nous le voyons très-bien traité par le duc de Bretagne qui le nomma son grand-écuyer, et avec lequel il chercha à servir activement contre la royauté. Le traité de paix de 1475 lui procura l'abolition de son passé, et il se rendit peu après à Rome et dans le sud de l'Italie pour guerroyer contre les

Turcs. A son retour, le duc de Bourbon— on voit que

M. d 'IMé s'entendait à se ménager la protection des grands — le nomma capitaine de son château

de Bourbon (décembre 1483). Le 4 novembre précédent le roi lui avait donné la provision delà charge de grand écuyer. Les honneurs ne lui firent pas défaut : chevalier de l'Ordre et de laToi-

son d'Or, selon Philippe de Commines, sénéchal de Beaucaire, capitaine de cinquante lances des

ordonnances, il servit avec constance, d'abord en

Flandre où il fut fait prisonnier en 1485, puis en - Italie où il accompagna Charles VIII : il com­ manda une division à Fornoue, puis il fut envoyé — 149 —

à Novare au secours du duc d'Orléans et il força le duc de Milan à lever le siège de cette place. A son retour en France, Pierre d'Urfé eut le gou­ vernement de la ville deConcy qu'il avait ramenée sous l'autorité du roi et il jouit à la cour d'une grande faveur : en 1503mê me LouisXII lui donna la haute direction de tout ce qui concernait l'ar­ tillerie dans son royaume. Mais i l paraît qu'aux obsèques de Charles VIII il commit une entre­ prise qui lui attira de sérieux ennuis ; il préten­ dit s'approprier certains objets au préjudice des religieux de Saint-Denis qui recoururent au Par­ lement et obtinrent un arrêt conforme à leurs réclamations, le 10 juillet 1501. Il quitta de gré ou de force sa haute charge au mois de septembre 1505 et mourut le 10 octobre 1508 : il fut enterré dans l'église du couvent des Cordeliers de la Bastie, qu'il avait fondé avec sa femme, Catherine de Polignac, et on lisait sur son épitaphe le titre de grand-écuyer de France et de Bretagne : dans le couvent de Sainte-Claire, établi à Montbrison — 150 —

par lui et Antoinette de Beauvais, sa seconde femme, on voyait, derrière le chœur de l'église,

son écusson accosté des insignes de sa dignité.

Pierre d'Urfé paraît s'être grandement occupé de son office : nous savons qu'il en remplit les fonc­

tions à l'entrée de Charles "VIII à P aris, magnifi­ quement vêtu, précédant la personne du roi et portant son heaume sommé d'une couronne d'or ;

il parut de même aux obsèques de ce prince et à

l'entrée de Louis XII. Il lit rédiger un règlement de ce service d'honneur qui a été imprimé par ses

ordres et est intitulé ; « Ordonn ance faicte par

messire Pierre d'Urie chevalier grant escuyer de France ainsi que audit grant escuyer appartient de

faire pour lenterrement du corps du bon Charles huytiesmeque Dieu absoille. Etladicte ordonnance leue et auctorisée par monseigneur de la Trei-

moille, premier chambellan et lieutenant du Roy

a accompaigner ledict corps. Et aussi par le con­ seil de messeigneurs les chambellans et autres

qu'il avoit avecque luy. » Ce règle ment forme un — 151 — mince volume de vingt-quatre pages, y compris le titre que je viens de transcrire et une page blanche au verso, assez mal imprimé en carac­ tères gothiques : au-dessus du titre se trouve une grossière vignette en bois représentant des clercs en prières autour d'un catafalque1.

IV. — Galeas de Saint-Séverin était un gentil­ homme italien qui servait avec le duc de Milan. Louis XII se l'attacha et le nomma grand-écuyer le 22 septembre 1505 ; il lui donna aussi le collier de l'Ordre et une compagnie de ses ordonnances.

François Ier lui témoigna une très-grande faveur : il lui donna le château de Mehun et lelit son cham­ bellan. M. de Saint-Séverin servit beaucoup pen­ dant la guerre du Milanais : il se signala à Agna- del (1509), à la Bicoque (1521), et fut tué à la ba­ taille de Pavie.

V. — Jacques Ricard de Genouillac, dit Graliot,

1 II existe à la Bibliothèque de Sainte-Geneviève un exemplaire de cette rarissime plaquette. — 152 — seigneur de Gourdon, Ansae, Brussac et Saint- Projet, a été l'objet d'un article parmi les hommes illustres et grands capitaines français de Bran­ tôme. Nous céderons encore ici la place à Pierre de Bourdeilles : « Je suis fort estonné que nos histoires fran- çoises n'ontplusparlé de M. le grandescuyer Galiot qu'ils n'ont fait ; c'a esté un très-bon et sage capi­ taine en son tems. Le roi Charles VIII le prit à

Fornoue pour un de ses preux ; et s'appeloit pour lors le sieur de Genouillac. Il fut grand maistre de l'artillerie pour entendre cet art aussi bien qu'homme de France, et si le roi François l'eust voulu croire, possible n'eust-il pas perdu la bataille de Pavie, car il faisoit si bien jouer son artillerie, que l'ennemy s'en sentit fort en­ dommagé ; mais elle ne joua pas à demy, que le roy bouillant de courage et d'ardeur de combattre, alla couvrir son artillerie de telle façon, qu'elle ne peut plus jouer, dont M. Galiot cuyda déses­ pérer. Le roy congnut bien sa faute et le diet puis — 153 — après, dont pour récompenser ledict M, Galiot le fit grand escuyer et luy donna la place du grand escnyer St-Séverin qui mourut en cette bataille.

« J'a y ouy faire un conte : que le roy François ayant sceu par quelques ennemis du grand es­ cuyer qu'il avoit fait bas tir la plus superbe maison (Acier) qu'on sçauroit voir (comme de vray elle est des plus belles, mais pourtant en fort laid pays, la mieux meublée que maison de France tant de vaisselle d'argent que de tapisseries et ciels de lit de soye et d'argent), et qu'il n'estoit pas possible qu'il n'eust fort dérobé le roy en ses Estats, par quoy estoit besoing qu'il luy falloit faire rendre compte de tout, à quoy entendit le roy. Si le feit venir à luy un jour et luy remontra tout ce que dessus : sur ce luy respondit M. Ga­ liot : — Certainement, Sire, il faut bien que je confesse que quand je vins à votre service à la charge des grands estats que vous m'avez donnés, je n'estois nullement riche, mais par vostre moyen et grace, je me suis faict tel ; vous m'avez eslevé 9. par la faveur que m'avez portée. J'ay espouse deux femmes fort riches. De plus les estats que m'avez donnés, et mes gages, et profits et pra­ tiques ordinaires, m'ont fort apporté du bien.

Bref, c'est vous qui m'avez faict tel que je suis, c'est vous qui m'avez donné les biens que je tiens : vous me les avez donnés librement, aussy libre­ ment que me les pouvez oster et suis prêt à vous les rendre tous. Pour quant à aucun larcin que vous aye faict, faictes-moy trancher la teste, si je vous en ay faict aucun. — Ces parolles tendres et douces de cest honorable vieillard attendrirent si fort le cœur du roy qu'il luy diet : — Oui, mon bon homme, vous dictes vray de tout ce que vous avez diet ; aussy ne vous veux-je reprocher, ny oster ce que je vous ay donné ; vous me le re­ donnez et moy je vous le rends de bon cœur. Aimez-moy et me servez bien toujours, comme avez faict et je vous seray toujours bon roy. — Et par ainsy les envieux du bon homme furent bien estonnés. » — 155 —

Jacques Ricard, dit Graliot, était neveu de Jac­

ques Ricard, dit Graliot, grand-maitre de l'artille­

rie sous Charles VIII, qui réleva ; il était seigneur

d'Acier, Reillanet, Caune, Montrichard, baron de Capdenac, de Foissac, du Plomb, de Laleu; après

s'être distingué aux batailles de Fornoue et d'A-

gnadel, il fut nommé grand-maître de l'artillerie

en 1512; il devint rapidement chevalier de l'Or­ dre, chambellan du roi, sénéchal d'Armagnac et du Quercy, viguier de Figeac ; il assista aux batailles de Marignan, de Mézières et de Pavie; il obtint à la ün de savie le gouvernement du Languedoc et il mourut au mois d'octobre 1546.

En 1516 le roi donna à M. de Genouillac les deux hôtels dits du Roi et de la. Reine, près de l'église Saint-Paul à Paris, le locataire ayant fait opposition à y laisser entrer le nouveau proprié­ taire, ce dernier obtint des lettres royales du 29 décembre 1519 l'autorisant à faire sauter la porte à l'aide de la mine.

VI. — Claude Gouffier était fils aîné d'Artus — 156 -

Grouffier, duc de Roannais, grand-maître de Fran­

ce, l'un des principaux seigneurs de la cour de

Louis XII. Comme son père, il fut duc de Roan­

nais, seigneur de Boisy, de Maulevrier, de Cara-

vas etd'Oyron, bailli de Vermandois, capitaine

d'Amboise et de Chinon, etc. Claude Gouffier com­

battit aux côtés du roi à la bataille de Pavie et il

y fut fait prisonnier avec lui. Nous le voyons de­

meurer constamment honoré de la plus intime

faveur de François Ier, qui le nomma chevalier de ron Ordre, premier gentilhomme de sa chambre, capitaine de la première compagnie des cent gen­

tilshommes de sa maison et lieutenant-général au gouvernement deGhampagne, lorsde l'invasion

de Charles-Quint. Le roile choisit pour remplacer M. de Genouillac comme grand écuyer, et il lui donna encore en 1568 une compagnie de ses or­

donnances. De plus il érigea en sa faveur le comté

de Maulevrier, le marquisat de Boisy et recréa le duché de Roannais pour lequel on avait omis l'en — 157 -

registrement des premières lettres patentes. Il

mourut fort âgé à Villers-Cotteret en 1570.

VIL — Léonor Chabot, comte de Charny et de

Buzançois, seigneur de Pagny, fils del'am iral Cha- bot-Brion et gendre du précédent, devint après lui

grand-écuyer de France ; il était capitaine d'une

compagnie desordonnancesduroletson lieutenant-

général en Bourgogne. C'est en cette qualité que son nom a acquis une légitime notoriété : le comte de Charny était àDijon au moment de la Saint-Bar-

thélemi et il songea uniquementà maintenir l'or­

dre dans la province. Les historiens ont affirmé qu'à l'instigation de Pierre Jeannin, il aurait de sa seule autorité suspendu l'ordre du massacre des protestants, mais il paraît actuellement démontré, après les excellents travaux publiés par M. Gaudry sur cette page sanglante de nos guerres religieuses dans la Revue des questions historiques, que M. de Charny reçut seulement une relation des événe­ ments de Paris et aucun ordre d'exécution. En — 158 —

1576, de concert avec le comte de Saulx-Tavan­ nes, son gendre, il repoussa avec des forces très- inférieures une armée de 6000 reltres qui ve­ naient rejoindre les troupes rebelles du prince de

Condé et voulaient, en passant, saccager cette ville. Son nom a été très-justement donné à l'une des principales rues de où il avait un hôtel qui subsiste encore.

VIII. — Charles de Lorraine, flls du marquis d'Elbeuf et gendre également du précédent, lui succèda comme grand-écuyer. Il était marquis d'Elbeuf, comte de Brionne, d'Harcour t, de Lille- bonne et 'de Rieux, chevalier des Ordres du roi, capitaine d'une compagnie de ses ordonnances; il obtint au mois de novembre 1581 l'érection du duché-pairie d'Elbeuf, au retour de sa campa­ gne deFla ndres, et, peu de temps après, le gouver­ nement du Bourbonnais ; on signale sa présence au siège de Vimory en 1587; puis l'année suivante, quoique ses goûts épicuriens et son esprit mèdio- — 159 — ere se montrent peu aptes à se mêler aux événe­ ments poliliques du temps, il fut arrêté après le meurtre des Guises à Blois et démissionné de sa charge ; remis en liberté en 1591 seulement, il mourut en 1605.

IX. — Roger de Saint-Lary de Termes de Belle- garde, l'un des favoris de Henri III, avait été maître de sa garde-robe et était premier gentil­ homme de sa chambre quand il fut pourvu de l'office de grand-écuyer. Henri IV le compta au nombre de ses plus dévoués partisans et il le nomma premier lieutenant général en Bourgogne et en Bresse : il servit brillamment à Arques, à Dreux, où il fut blessé, à Quillebœuf et à toutes les affaires de guerre de son temps. Il fut un mo­ ment disgracié, quand le roi lui eût enlevé sa maîtresse, Gabrielle d'Estrées ; mais ce nuage se dissipa promptement, et M. de Bellegarde revint

à la cour aussitôt après son mariage avec made­ moiselle de Bacan. Sa faveur ne se démentit plus, — 160 — et tous les historiens sont unanimes pour consta­ ter qu'il la mérita par de constants services.

Louis XIII le traita avec autant de distinction : il le fit gouverneur de Bourgogne, duc de Bellegarde et pair (sept. 1619). Puis le nouveau duc accepta la double charge de surintendant de la maison de Monsieur et de premier gentilhomme de sa chambre presqu'en même ternes pour céder son office de grand-écuyer à son frère cadet, le baron de Termes; mais il le reprit après la mort de celui- ci, blessé mortellement au siège de Clérac. Le duc de Bellegarde se distingua encore au siège de la Rochelle, où il commanda sous les ordres du duc d'Orléans, puis il eut la faiblesse de devenir très- amoureux de la reine Anne d'Autriche et il se fit exiler à Saint-Fargeau vers 1633 : en 1639 il se décida à donner sa démission. Rappelé à la cour après la mort de Richelieu, il y mourut le 13 juil­ let 1646. « La faveur de M. d e Bellegarde, a dit Beauvais-Nangis dans son Histoire des favoris fran­ çais, n'a pas été beaucoup enviée, parce qu'étant d'un esprit doux, il n'a jamais rendu de déplaisir

à personne, et on n'a point vu de courtisan mé­

nager si bien l'esprit du roi Henry IV, son maître, que celui-là. Il était aimé et honoré dans son gouvernement, dont il fut dépouillé et de tous les

bienfaits qu'il avait reçus des rois, parce qu'il dé­

sira avoir part dans les affaires et entrer dans le conseil secret1. »

X. — Henry Coeffler de lluzé, marquis d'Effiat et de Cinq-Mars, ne sera jamais bien impartiale­ ment jugé, parce que le roman et le théâtre ont

trop défiguré ce lugubre épisode de nos annales intimes2.

Il était fils d'un maréchal de France et il fut appelé, à l'âge de quinze ans, par Richelieu, pour

, Nous ne parlons que pour mémoire de la courte existence du baron de Termes, Xe grand-écuyer. 2 11 faut consulter l'excellent travail publié à ce sujet par M. Avene! dans le numéro de janvier 1868, de là ße- vue des questions historiques : ilestrempli de faits nouveaux. — 162 — occuper la place de favori au moment où le cardi­ nal venait d'éloigner madame de Hantefort de la cour. Louis XIII avait besoin auprès de lui d'un visage ami, d'un confident sympathique, tout comme Richelieu d'un agent sûr et fidèle. Le jeune d'Effiat remplit merveilleusement ce rôle et captiva promptemen t toute la faveur du roi : il fut immédiatement nommé capitaine des gar­ des, puis maître de la garde-robe, et enfin, à moins de dix-neuf ans, grand-écuyer de France,

La vie de cour lui inspirait un ennui profond, etil cherchait à combattre la nuit les monotones con­ versations de la journée, en fréquentant quelques

salons intelligents, surtout celui de Marion de l'Orme, chez laquelle se réunissaient la plupart

des beaux-esprits du temps. Aimé ardemment

par Marie de Gonzague — depuis reine de Po­

logne, — elle n'aspirait, nous dit La Rochefou­ cauld, qu'à en faire son époux, mais le cardinal

ne se souciait pas de grandir démesurément sa créature, et quand Cinq-Mars s'en ouvrit à lui, - 163 — il lui répondit d'une façon humiliante. Cinq-

Mars cependant cherchait à justifier sa faveur, et il se montra bravement en volontaire dans la campagne d'Artois en 1640 : il chercha à avoir son entrée au conseil, et Richelieu, nous dit Montglat à cette occasion, « le gourmanda comme un valet, le traitant de petit insolent, «

Tant de déboires successifs exaspérèrent le jeune favori, et il entreprit de rassembler tous les ennemis de Richelieu en un seul parti dont il au­

rait été le chef. « Le roi, écrit madame de Motte-

ville, en était tacitement le chef, Cinq-Mars en était l'âme ; le nom dont on se servait était celui du duc d'Orléans3 leur conseil était le duc de

Bouillon. »

Je ne prétends pas raconter ici en détail ce lu­ gubre épisode, mais seulement en résumer briè­ vement les traits principaux. Inquiets de l'incon­

sistance du roi, les conjurés commirent la faute de conclure un traité secret avec l'Espagne pour se réserver, le cas échéant, une ressource et un re- — 164 —

fuge. Cinq-Mars cependant était à l'armée, avec le

roi, devant Perpignan, tandis que le cardinal,

malade, presque mourant déjà, à Narbonne, sui­ vait tous les incidents [de ce complot que l'on croyait si parfaitement secret. Comme on l'avait

présumé, le courage manqua à Louis XIII à la pensée d'être séparé de son ministre, et à bout de moyens pour calmer l'irritation contenue que si­

mulait Richelieu, il se décida à interdire l'entrée de sa chambre à M. le Grand. Pendant quinze jours celui -ci put dissimuler cette disgrâce à l'aide du premier valet de chambre qui feignait d'intro­ duire toujours Cinq-Mars et le conduisait dans un couloir obscur, où il demeurait assez de temps pour persuader aux courtisans qu'il conférait comme de coutume avec Louis XIII. Mais Riche­ lieu réclama le sacrifice complet, et Cinq-Mars lui fut livré avec son ami de Thou. On sait le reste. Ramenés à Lyon, les deux coupables furent déca­ pités le 12 septembre 1642. L'office de grand-écuyer demeura vacant pen- — 165 — dant quelques mois. Louis XIIIse décida cependant à en pourvoir le duc de Saint-Simon qui était son premier écuyer, et ilfit insérer sa décision dans son instruction testamentaire rédigée par Chavigny ; comme il y pourvoyait aux divers offices vacants, cet écrit fut lu par le secrétaire d'Etat tout haut, et aux obsèques du roi le duc fit le service de sa nouvelle dignité et jeta l'épée royale dans le ca­ veau, tellement ému, dit son fils, » qu'il fut au moment de s'y jeter lui-même. » Au bout de quel­ ques jours on le pressa d'envoyer lever ses pro­ visions et il lui fut répondu d'abord qu'elles n'é­ taient pas expédiées. Or Chavigny voyant que le roi mourant avait laissé en blanc dans l'instruc­ tion signée par Louis XIII le nom du titulaire de la charge de grand-écuyer pour réserver à la reine la possibilité de disposer de cette haute di­ gnité, la comtesse d'Harcourt, — nièce de Riche­ lieu — en fut prévenue, fit sa cour à la régente, représenta queson mari, Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, d'Armagnac et de Brionne, vicomte — 166 — de Marsan, était le second fils du duc d'Elbeuf dépossédé en 1588 de cette charge, et elle obtint sa nomination. M. de Saint-Simon envoya un car­ tel au comte d'Harcourt et la reine s'empressa de placer auprès de chacun d'eux un exempt des gar­ des du corps, ce qui rendait tout duel impossible. De guerre lasse, le duc vendit sa charge de pre­ mier écuyer à M. de Beringhen et se retira dans son gouvernement de Blaye.

XII. — Henry de Lorraine-Harcourt, plus con­ nu peut-être sous son surnom de CadeHa-Perle, passa toute sa vie à faire la guerre. Il fit ses pre­ mières armes à dix-neuf ans au siège de Prague en 1620, puis il se signala comme volontaire aux sièges de Saint-Jean-d'Angély, de Montauban, de iìle de Ré, de la Rochelle, au Pas de Suze; plus tard, en qualité d'amiral, il reprit avec l'archevê­ que de Bordeaux les îles de Lerins, devant Mar­ seille ; on le cite ensuite au combat de Quiers, à

Casai, àTurin, à Coni ; puis nommé, en 1645, vice- — 167 — roi de Catalogne, il fut constamment heureux dans de continuelles affairesjusqu'à l'échec de Lé- rida ; il passa en Flandre et s'y empara de Coudé, de MauLeuge, etc. Pendant la Fronde il soutint vivement la cause royale en Guyenne, puis enfin, froissé par le refus de la dignité de maréchal-gé­ néral qu'il convoitait, il quitta brusquement le ser­

vice pour se déclarer contre nous en Alsace jusqu'à ce que, rudement battu par le ducdelaFeuillade, il se décida à faire une paix fort avantageuse. Les honneurs n'avaient cependant pas manqué au comte d'Harcourt; il avait été fait chevalier

des Ordres, sénéchal de Bourgogne, amiral, am­

bassadeur en Angleterre, et enfin on lui donna le gouvernement de l'Anjou à la place de celui de l'Alsace après sa défection en 1652.

Il avait fait sa paix en 1059, et presque aussitôt, dégoûté de la politique, il se retira à l'abbaye de

Royauhiont, auprès de Paris, dont l'un de ses fils, âgé de seize ans, était abbé commendataire. Il se chargea de l'administration du monastère, — 168 — et cette seconde partie de savie, assez peu connue, est curieuse à raconter1 : en réalité, comme l'a dit Saint-Simon, il faisait de l'abbaye « sa maison de plaisance. » Le logis abbatial constituait une demeure fort convenable : devant se dévelop­ paient de beaux jardins, ornés de pièces d'eau dans lesquelles se miraient des cygnes ; au-delà s'étendaient la forêt de Gamelleet lescote aux d'As- nières et de Noisy. Le comte d'Harcourt vivait là, aussi largement que le lui permettait une fortune modeste, avec ses fils le comte d'Armagnac et l'abbé : madame d'Harcourt, de Brionne, d'Arma­ gnac etd'a utres y venaient passer des mois entiers.

Le salon de Royaumont acquis rapidement une grande célébrité, et l'élite de la société parisienne aimait à s'y réunir. Les appartements étaient gar­ nis de meubles en bois doré pour lesquels on avait mia, à contribution les manufactures de Beauvais et des Gobelins : celle de Sèvres avait

1 Voir VHistoire de Royaumont que vient de publier M. l'abbé Duclos. — 169 — fourni des vases nombreux et magnifiques : par­ tout on admirait des tableaux de maîtres, des bronzes, des marqueteries, des marbres, des in­ crustations, des curiosités de tout genre. On y rencontrait des gentilhommes, des magistrats, des savants, des artistes et des gens de lettres. On y causait, et la mythologie et l'histoire d'Athènes y étaient en singulier honneur, grâce à l'engoue­ ment du comte d'Harcourt, grand admirateur de Plutarque. Il y avait introduit ce charme austère qui provient des vertus militaires : il n'avait peut-

être pas le brillant de l'esprit français, mais un grand bon sens et une haine bien appréciable contre la raillerie et les railleurs, ce qui rendait très-sûrs les rapports avec lui. Il mourut subite­ ment à Royaumont le 25 juillet 1666. Sesobsè ques furent célébrées dans l'abbaye d'une façon splen­ dide, et quelque temps après sa famille lui fit éle­ ver un magnifique mausolée.

XIII. Le prince Louis de Lorraine, fils aîné du précédent, et comme lui comte d'Armagnac, de 10 — 170 —

Brionne, de Gharny, vicomte de Marsan, sénéchal

de Bourgogne, gouverneur d'Anjou et chevalier

des Ordres, fut reçu grand-écuyer en survivance, le 24 avril 1658, à l'âge de dix-sept ans : c'était l'une des conditions de la réconciliation de son père avec la cour : il en remplit la charge à l'entrée du roi et de la reine à Paris, en 1660. Il accompagna le roi dans toutes ses campagnes et figura, sans grand danger,il est vrai, aux sièges de

Tournay,de Douay, de Lille, à la conquête de la Franche-Comté, à celle de la Hollande, aux sièges de%utphen,deMaëstricht, Besançon, Dole, Luxem­ bourg, Valenciennes, Courtray, G and et Ypres. Il avait hérité du goût paternel pour le manoir abbatial de Royaumont et il se plaisait à y venir entre ses campagnes : il y réunissait sa famille et y attirait beaucoup de monde. Saint-Simon a tracé un excellent portraitdu comte d'Armagnac : je lui cède la place.

« I l fut un exemple également long et sensible

du mauvais goût du roi en fait de favoris, dont il — 171 — n'eût aucun qui ait joui d'une si constante et si parfaite faveur, jointe à la considération et à la distinction la plus haute, la plus marquée, la plus invariable. Une très-noble et très-belle figure;

toute la galanterie, la danse, les exercices, les

modes de son temps; une assiduité infatigable; la plus basse, la plus puante, la plus continuelle flatterie; toutes les manières et la plus splendide magnificence du plus grand seigneur, avec un air de grandeur naturelle, qu'il ne déposoit jamais avec sa personne, le roi seul excepté, devant le­ quel il savoit ramper comme par accablement de ses rayons, furent les grâces qui charmèrent ce monarque, et qui acquirent pendant quarante ans durant à ce favori toutes les distinctions et les privances, toutes les usurpations qu'il lui plut de désirer, et qui réduisirent tous les ministres, je dis les plus audacieux, les Ssignelay etles Lou- vois et tous leurs successeurs, à se faire un mé­ rite d'aller chez lui et au-devant de tout ce qui pouvoit lui plaire et qu'il recevoit avec les façons — 172 —

de supériorité polie, comme ce qui lui étoit dû.

Il avoit su ployer les princes du sang même, bien

plus, jusqu'aux bâtards et bâtardes du roi, à la

même considération pour lui et à une sorte d'éga­ lité de maintien avec eux chez lui-même. La

goutte qui lui fit un prétexte d'abord, puis une nécessité de ne point sortir de chez lui, une grande et excellente table, soir et matin, et le plus

gros jeu du monde, toute la journée, où abondoit

une grande partie de la cour, lui furent d'un grand secours pour maintenir un air de supério­

rité si marquée. Il ne sortoit que rarement pour se faire porter chez le roi ou pour aller à Marly

jouer dans le salon.

« Jamais homme si court d'esprit, ni si igno­ rant, autre raison d'avoir mis le roi à son aise avec lui, instruit cependant de ce qui intéressoit sa maison et des choses de la Ligue. L'usage con­

tinuel du plus grand monde et de la cour sup- pléoit à ce peu d'esprit pour le langage; l'art et la conduite, avec la plus grande politesse, mais la plus choisie, la plus mesurée, la moins prodi­ guée et l'entregent de captiver, quoiqu'avec un mélange de bassesse et de hauteur, tout l'inté­

rieur des principaux valets du roi. D'ailleurs

brutal, sans contrainte avec hommes et femmes, surtout au jeu, où il étoit très-fâcheux et lachait tout plein d'ordures, sur le rare pied que per­ sonne ne se fàchoit de ses sorties, et que les da­ mes, je dis les princesses du sang, baissoient les yeux et les hommes rioientde ses ordures. Jamais homme encore si gourmand, qui étoit une autre occasion fréquente de tomber surhommes et fem­ mes sans ménagement, si le hasard leur faisoit prendre un morceau dont il eût envie, ou s'il étoit lui-même prié quelque part, ou que lui-même eût demandé un repas et qu'il ne le trouvât pas à sa fantaisie. C'était, de plus, un homme telle­ ment personnel qu'il ne se soucia jamais de pas un de sa famille, à la grandeur près, et qu'à la mort de sa femme et de ses enfants, il ne 'garda aucune bienséance ni sur le deuil, ni sur le jeu. — 174 — ni sur le grand monde. Au fond il étoit bon

homme, avoit de l'honneur, aimoit à servir et

avait en affaires d'intérêts les plus nobles et les

plus grands procédés qu'il fût possible. Avec tout

cela il ne fut regretté de personne. » Nous avons vu le comte d'Armagnac à l'œuvre quand il voulut replacer sous ses ordres la Petite Ecurie et comment il avait, loin de réussir, sous­

trait ce service même à la surintendance finan­

cière que les grands écuyers y exerçaient. 11 fit

un certain nombre de campagnes, comme nous

l'avons dit, mais seulement celles où assista le roi qu'il ne quitta presque jamais, sinon pour venir

à Royaumont, où il mourut le 13 juin 1718 et où il fut enterré auprès de son père.

XIV. — Henri de Lorraine, comte de Brionne,

avait été, par les soins de son père, reçu grand-

écuyer en survivance le 25 février 1677, à l'âge

de seize ans et, comme le comte d'Armagnac, il

fit les campagnes auxquelles assista le Dauphin. - 175 —

Le collier des Ordres récompensa sa conduite à l'armée d'Allemagne en 1691. Il mourut dès le 3 avril suivant, sans avoir beaucoup fait parler de lui : « C'était, dit Saint-Simon, un homme de meilleure maison, mais d'un mérite qui se seroit borné aux jambons s'il fût né d'un père qui en eût vendu. Il étoit chevalier de l'Ordre de 1688, et le premier danseur de son temps, quoique mé­ diocrement grand et assez gros. G'étoit un assez honnête homme, mais si court et si plat que rien n'était au-dessous. Onnele voyoit jamais que dans les lieux publics de cour, et chez lui il ne voyoit personne ; sa famille n'en faisoit aucun cas, ni personne à la grande écurie. Son père qui lui avoit fait donner autrefois sessurv ivances, l'avoit comme forcé depuis deux ou trois mois à s'en démettre, de la charge pour son frère, de son gouvernement pour son fils. M. le Grand, qui n'étoit pas tendre, disoit qu'il buvait tout son bon vin et trouvoit cela fort mauvais. Il n'eut pas la peine d'avoir à s'en consoler. » — 176 —

XV. — Le comte de Brionne avait en effet donné sa démission de la survivance de roffice de grand-

écuyer, qui fut transmis àson frère cadet, le prince

Charles, le 14 mars 1712. Le prince Charles, qui

devint comte d'Armagnac à la mort de son père, était chevalier des ordres et maréchal de camp, et il avait bravement payé de sa personne au com­ bat d'Arleux et à Denain. Dès le commencement de la régence, son père lui « üt donner un million de brevet de retenue sur sa charge, dit Saint-Si­ mon, ce qui étoit la rendre héréditaire, » qua nd cependant « elle n'avoit coûté que le vol, » ajou- te-t-il, au comte d'Harcourt. Saint-Simon lui re­ proche amèrement aussi d'avoir « dédaigné de s'appeler monsieur le Grand, » pour se faire nom­ mer le prince Charles, afin de s'assimiler aux prin­ ces des maisons souveraines ; il ne parle deui l que pour raconter sa brouille avec sa femme — Made­ moiselle de Noailles —qu i se faisait annoncer tou­ jours la comtesse d'Armagnac, brouille basée sur une jalousie absurde et qui fit grand bruit à la — 177 —

cóur, mais pour laquelle le prince Charles fut hau­

tement blâmé, même par toute sa famille. Saint- Simon ajoute encore : « Il faut pourtant tout dire,

sans esprit du tout, le prince Charles est un très- honnête homme, et dont partout ailleurs les pro­ cédés ont toujours été fort bons et surtout fort nobles dans sa charge. »

Le prince Charles mourut le 29 décembre 1751, il était gouverneur de Picardie , d'Artois et de Mon treuil-sur-Mer, etil laissa toute sa fortune au premier chirurgien du roi, La Martinière, ce qui causa encore une grande surprise et souleva un procès que gagnèrent les héritiers naturels du défunt. Cede rnier avait toujours vécu assez magni­ fiquement dans son intérieur, ayant chaque jour un dîner « extrêmement grand, » dit le duc de Luynes, des mets très-recherchés, soixante et dix chevaux dont la moitié à sa charge, un nombre prodigieux de domestiques, douze cochers à ses gages. Quand Mlle de Montauban épousa son ne­ veu Brionne, illuidonna un carrosse de 14000 li- — 178 — vres et l'ayant trouvé à son goût, il encom manda un pareil pour lui.

XVI. — Louis-Charles de Lorraine, comte de

Brionne et de Charny, sire de Lambesc, fils du comte de Brionne, qui s'était démis, quelques se­ maines avant sa mort, de sa survivance en faveur du prince Charles, fut à son tour reçu en survi­ vance le 15 mars 1745 et il dirigea aussitôt com­ plètement l'écurie, à ce que nous apprend le duc de Luynes ; il était chevalier des Ordres, gouver­ neur d'Anjou, d'Angers, du Pont de Cé, sénéchal de Bourgogne, maréchal de camp. Il mourut, ayant fait peu parler de lui, le 28 juin 1765, laissant sa charge à son fils unique, âgé seulement alors de dix ans et dont l'orgueil était si grand, nous ra­

content les chroniqueurs, à cause de ce titre pom­ peux, que sa mère dut le placer au collège du Pies- sis pour morigéner son caractère.

XVII. — Charles-Eugène de Lorraine-Elbeuf, — 179 — prince de Lambesc, était néen effet le 11sep tembre 1751. Il hérita du titre de duc et pair d'Elbeuf à la mort du dernier représentant de celte branche en 1763 et eut dès lors à la cour le rang de prince étranger; il devint successivement titulaire du gouvernement de son père, chevalier des Ordres, sénéchal de Bourgogne, colonel des dragons de

Lorraine, maréchal de camp, et il fit partie comme colonel titulaire du régiment Royal-Allemand du camp sous Paris formé au mois de juillet 1789. Le 12, stationnant sur la place Louis XV, il ne put résister à l'exaspération que lui causaient les ban­ des populaires et illes chargea vigoureusement, ses troupesne suiviren tpas cemouvmen t et les gardes françaises ayant pris l'offensive contre lui, il dut battre en retraite. L'Assemblée constituante fit traduire le prince devant le Châtelet qui déclara le non-lieu ; M. de Lambesc émigra aussitôt après avec son régiment et se fixa à Vienne ; il lit les campagnes de l'armée des princes et servit ensuite dans l'armée autrichienne où il fut nommé feld- — 180 —

maréchal-lieutenant et capitaine des gardes du corps. Rappelé à la pairie en 1814, il ne quitta pas l'Autriche et il y mourut sans postérité le 21 no­ vembre 1825. C'est à cause de lui que le gouvernement de la

Restauration ne pourvut pas à la charge de grand- écuyer, lors de la reconstitution de la maison du roi. Le prince de Lambesc en était investi ; mais comme prince étranger, puisqu'il avait reçu le

rang d'archiduc d'Autriche, il ne pouvait en

paraître titulaire.

XIX. — Armand-Augustin - Louis, marquis de

Caulaincoui t, était général de division et aide de

camp de l'Empereur, quand Napoléon 1er le nom­ ma duc de Vicénce et grand-écuyer de France en

1808. Savie plus politique que militaire à dater de celte époque est connue, ainsi que son dévouement à son souverain, qui a porté un précieux jugement de son caractère, quand à Sainte-Hélène il a dit : • Bassano et Gaulaincourt, deux hommes de cœur —• 181 — et de droiture. » Il mourut en 1827, très-affecté des bruits répandus au sujet de sa participation à l'affaire du duc d'Enghien, à laquelle il est dé­ montré aujourd'hui qu'il est demeuré complète­ ment étranger. XX. — Ar naud-Jacques Leroy de Saint-Arnaud fut nommé grand-écuy er de France le31 décembre

1852. Entré au service en 1816 dans les gardes du corps, il n'était que lieutenant d'infanterie en 1830 : les guerres d'Afrique lui permirent de regagner le temps perdu : il y resta jusqu'en

1851, s'y battant sans cesse et ayant bravement conquis le grade de général de division. Il rentra en France pour être fait ministre de la guerre et maréchal de France à l'occasion desévé nements du 2 décembre. Il fut ensuite nommé général en chef de l'armée de Crimée, remporta la victoire de l'Aima et mourut quelques jours après, le

29 septembre 1854. XXI. — Après une vacance de douze ans, M. le général de division Fleury, aide de camp de l'Em- 11 — 182 — pereur, sénateur, grand-officier de la Légion d'honneur, a été institué grand-écuyer de France le 31 décembre 1865. Je me contenterai de rap­ peler ici ses états de service : Émile-Félix Fleury, né le 23 décembre 1815, engagé volontaire aux spahis le 16 novembre 1837, sous-lieutenant en 1840 après avoir reçu trois blessures et avoir été cité cinq fois à l'ordre du jour de l'armée d'A­ frique ; chef d'escadron en 1848, officier d'ordon­ nance du Prince Président au 10 décembre 1848 ; il fit la campagne de Kabylie et fut blessé aux événements du 2 décembre ; colonel des guides le 31 décembre, et premier écuyer de l'Empereur ; général de brigade le 18 mars 1856, général de division le 13 août 1863. PIÈGES J USTIFICATIVES

j-^LEECCEES J USTIFICATIVES

Nous réunissons ici les recettes et dépenses de l'écurie royale à diverses époques, de 1463 :i 1128. Nous y joignons l'état du personnel en 1590. Tous ces documents sont extraits des Archives impériales, où l'on trouve dan s les cartons KK un grand nombre de documents concernant ce grand office de la couronne et ses divers services. 1 1 y en a également quelques-uns aux manuscrits de la Bibliothèque impériale, mais en beaucoup moins grand nombre.

ÉCURIE DU ROI (1463-1464.)

Comptes de sire Guillaume de Barle... commis à lenir le compte de l'escuierie du roy,.. . des receptes et despenses falotes... pour le fait d'icelle... du 1" d'octobre mil cccc soixante et trois... auderrenler jour de septembre mil cccc soixante et quatre. Receptes. — De Me Estlenne Petit, trésorier et receveur- général des finances DU roy en Languedoc xvm. IC. LX 1. tourn. — 186 —

Despenses. — Mises diverses pour le roy : xvt c. xx 1, v s. tournois.

Mises pour les pages et varlets de pied : inc. xliiiI. xviii s. xi des gaiges et ordonnances à volonté m m. ix c. xxxi1. tourn. Chevaulx et mules achaitezMiinxxvn 1. i s. m d. Despenses d'habillement et de livrée vi m. vm c. un xx n 1. xviii s. Dons de chevaulx et harnois de guerre vie. vm 1. xm s. un d., etc. Somme totale xix m. un c. un xx xvi I. xnn s. x d. tourn. Compte... du 1" octobre 1464 au 30 septembre 1468.

Despenses. — Somme totale xvim. me. lxxix 1. xi s. n d. tourn.

Compte de Pierre Frotier, premier escuyer de corps et maistre de l'escuierie de... Mgr le régent du royaume, Daul- phin de Viennois, duc de Berry et de Touraine, et conte de Poictou, des receptes et mises par luy faictes pour le fait de ladicte escuierie depuis le xx« jour de septembre l'an mil cccc et dix-neuf,... jusque au derrenier jour de sep­ tembre l'an mil cccc et vint... Receples. — 1° De Guillaume Charrier, commis à la re- cepte généralle de toutes finances, etc. Somme totale

Lxxvn m. vie. lxxvhi 1. tourn. Despenses. — 2o Achaz de chevaulx, somme totale XLvim. vi c. xvn 1. tourn. 3o Autres mises et despenses, vnm.nn c.i 1. xixs. vi d. tourn.

4o Achaz de draps d'or, de layne, de soye, etc. m un c. lxi 1. vis. tourn. 5° Forge et ferreure des chevaulx m c. nnxx x 1. tourn. — 187 —

6o Achaz de forage, avoines et feurres... vc. xu 1. tourn. 7o Gaiges d'ofliciers, xvc. mixx vi 1. i s. vu d. tourn.

8o Voiages et chevauchées, vmc. lxviuI. x s. tourn. 9» Journal de despenses dudit escuter pendant le mesme temps, somme totale : um. ixc. imxxxix 1. xvi s. vu d.

10o Dépense. Somme totale : lxi m. uu c. xxix 1. i s. vin d. tourn.

Comptes. ..dui" octobre 1420 au 30 septembre 1421. II.— 10 unXX XV m. c. XXX 1. tourn. D.—2° ini XX uu m. vue. mi XX xu I. 3° xi m. uc V 1. xiu s. uu d. 4o m c. LXXUU 1. S" VU c. LUI 1. XVI s. viu d. 6° viu c. XXVI I. 7° u m.vic.xLvi 1. xiu s. ix d. 8° vi c.xxxi 1. V s.

9o mi m. i cx.lxix 1. xiu s. i d. 10o cvim.uc.vii 1. i s. x d. tourn.

Comptes... du Ier octobre 1421 au 31 décembre 1422. R.—lo vuXXim.cXXXV1. tourn. D.—2o mi xi XIX m.m c.mi XX 1. t.

3° xxxnm. vnc.xlvi 1. xs . 4o m m. V c.x 1. 5" um.nie.nuXX u 1. xs . 6o vuim.vc.xxxu 1. vi s. viu d. 7o vm.ixc.Lxxvui 1. xu s. n d. So vi m. vie. 1. 9° m m. vic.Lix 1. u s. vi d. 10" vmxx xium. vc. uu xx xvul. i s. uu d; — 188 —

Comptes... (escuier du roy Charles VII)... du <"jan­ vier 1422 au 30 septembre 1423. R.—lo xm.Lxn 1. X s. t. 2o um.vc.Lxvn 1. X s.

30 xiic.xxim 1. X s. 4» Néant. 5° Lxxvn Lis. vm d. 6« inc. Lvni 1. il s. 7° xuc.xLv 1. xi s. m d. 8o uc.x 1. XV s. 9o miXXxim 1. un s. vu d. 4 0° xum. vine, xxi 1.

Compte... del'escuierie,du 1" octobre 1487 au 30 sep­ tembre 1488. Receples. — xxuu m.vi c.xxxvn 1. x s. tourn. Despenses. — xxu m.vic.xxxvii 1. x s.

Escuierie du roy pour xim moys, du 1cr octobre 1477 au 30 novembre 1498.

Receples. — cxvm.vm c. lxxix 1. xi s. un d. Despenses. — Egales.

Comptes... de l'esouyerie... pour 3 mois de l'année 1508. Receples. —xmim. cimxxiil. i s. v d, tourn. Despenses.— xmim.vu c.imxxl.xun s. m d.

Comptes... de l'escuirie du roy... du 1" octobre 1508 au 30 septembre 1509.

Receples. — tm. ixc. lxxi 1. m s. x d. Despenses. — Non indiquées au total (le registre est in­ complet). - 189 -

Comptes... de l'escuirie ... du M janvier 1531 au 31 décembre 1532 (ancien style). lieceptes. — LXIX m. vu c.unxxxv I. vs. Despenses. — xixm.imxxxvul. un s. vm d.

Compte de Jehan Lyonne ... de la recepte et des­ pense ... de l'escurie du roy, du 1«r janvier 1551 au 31 dé­ cembre 1552. Recopies. — evi m. vie. LXXIIII 1. xvi s. vu d. tourn. Despenses. — exim. v c. xxn 1. ix s. id. tourn.

Compte de l'escuyrie de la rovne mère du roy, pour trois quartiers finis le 30 septembre 1561. Despenses. — xxm m. ut. xix s. tourn.

Compte de l'escuyrie de la royne mère du roy pour trois quartiers, du 1er janvier 1560 au 30 septembre 1561. Recopies. —xixm. vie. xxxvul. xix s. nid. tourn.

Compte de l'escurerie de la royne mère du roy pour l'année 1563. Receples. — i m. nnxx xv I. vus. nu d. tourn. Despenses. — xxxix m. vm c. vi I. n s. vi d. tourn.

Compte de l'escuyerie de la royne mère du roy pour l'année 156i. Rcceptes. — LXVUIM. n n xxxn 1. xm s. xi d. Despenses. — LXVUI m. vmc. xi.v 1. xvn s.

Compte de l'escuirie du roy pour neuf mois finis le 30 septembre 1560. Recopies. — LXXV m. vm c. vin 1. xi s. tournois. Dospensos. —Lxxm. xxm 1. xv s. vm d. tourn. 11. — 190 —

Compte de Vescuyerie du roy pour 15 mois finis le der­ nier jour de mars 1566.

lieceptes. — vin xx Yin m. v c. lvu 1. xim s. Despenses. — vixx xn m. vine, ni 1. vu s. v d. tourn.

Comptes de l'escuirie du roy pour 3 quartiers finis le der­ nier jour de septembre 1588. lieceptes. — LXIII m, n c. LXU 1. ix s. tourn. Despenses. — (Le registre est incomplet.)

Comptes de l'escurie du roy pour l'année finye le 31 dé­ cembre 1590. Guillaume Sanguine, trésorier et payeur.

Chapitres de la depense :

(Première année d'Henri IV.)

Au grand escuyer, — aux receveurs et controlleurs (4). Escuyers d'escurye (20). Escuyers cavalcadours (2). Iléraulx d'armes (13). Trompettes (18), Armuriers (6). Joueurs de sacqueboutte, haultboys, cornet et violle (10). Joueurs de fiffre, tabourin et mu zelte (6). Gouverneurs et valets des pages (13). Palfreniers (38). Conducteurs de coches et carrosses (7). Mareschaux de forge (12). Grands laquais pour courir (43). Fourriers (7). Autres officiers, précepteurs des pages, médecins, es­ crimeurs, baladins, cuisiniers, barbiers, escuyers, etc. (37). — 191 —

Chevaulx à livrée (16). Nourriture et habillement de 60 pages, etc. Achat de chevaulx. Officiers en retraite et leurs veuves. Somme totale de la despence (non évaluée). Receple.— mixxiui m. vi c. xx 1. xix s. m d.

Comptes de Tescurie du roy, pour l'année 1648. Receples. — 211,234 liv, 13 s. Despenses. — 190,844 1. 11 s. 9 d.

Comptes des écuries du roy pour l'année 1728. Recettes.— 1,495,386 1. 2 s. 11 d. Dépenses ( non évaluées, registre incomplet). CATALOGUE

NOMS ET J3UF^NOM.S D E TOUS LES J^AGES

Qui ont été reçus dans la grande écurie du roy, Depuis l'année 1667 jusqu'à présent 1689. (Revu et corrigé par d'Hozier.

D'Espinay de Boisguérouit. 1667. De Peironenc. De Noailles. Kergret du Haelgo. Arnollini. De Jallotde Beaumont. De Paiilières. D'Espinay, marquis de Vau- De la Tourelle. couleur. De Couslin du Manadau. De Clermont de Crusy. De Vaudétar de Bourniville. De l'Estrade de Florae. De Villars. Comte de Lannoy. De Champlais de Courcelles, Auber de Vertot. De Chaumejan de Fourille. Cliuchamp de Bellegarde. Doullln de Mesnilglaise. De Montenay. . Brulart de Sillery. Brulart de Genlis. Marquis de Leuville. De St-Jean de Mossolens. De Stavayé de Lully. Gouflier de Bonlvet. De la Tour de Choisinet. De Meiran d'Ubaye. Tardieu de Malissy. Levergeur d'Acy.

1 Manuscrit de la bibliothèque de l'Arsenal. HuauU de Bussy de Vaires. De Briquevillede la Luzerne. D'Oillemçon de Si-Germain De Bellemare de Valhébert. De Pas de Feuquières. De Pippemont de Couvron. De la Frette. De Beaujeu. De Chavagnac. De Choiseul d'Eguilly. De la Cropte de St-Abre. De Pernes d'Epinac. De Laubépine, comte de Sa- Le Normand de Beaumont. gonne. De St-Mauris de Montbarré. D'Abzae de Villars-Mayac. De Ste-Maure. Buade de Frontenac. Séguier. D'Estaing de Saillans. D'Estampes de Valençay. 1669. D'Harcourt. De Beanvau du Rivau. De Valliquerville. De Kerveno. Joumard d'Argence. Du Bellay. Thibout des Aunols. De Barbezières de Chéme- rault. 1670. Carbonnel de Canisy. De Gauville. 1668. Birat de Lisledon. De Gamaches. De la Vieuville d'Orvilliers. Quatrebarbe de la Rougère. De Laval. De Baglion de la Salle. De Rouvroy. De Livron. ' De Bouelles d'Espevilie. Bureau de la Rivière. Caiiret de Nesle. De Baragnes. Des Réaux. De Chamborantde la Cla- De Beauvau. vière. De la Rochefoucauld de la Chesnel de Meux. Bergerie. De St-Jean de Tburin d'Ho- De Lansac. noux. Le Breton de Vilandry. De Chovigny de Blot de St- De Bailleul de Soisy. Agoulin. De Vintimille du Luc. De Guiran de Dampierre. D'Estoqnoy du Montoy. Le Jay de Viliiers. 4671. Faulreau de Ménières. llouel de Morainville. Du Maine du Bourg. De Rochefort de la Motle- Des Nots de la Feillée. Théobuu. Bo Tliou. De Caillebot de la Salle. Deurgeoisie de Beauregard. De Maillé de la Tour-Landry. De Fromentières. — 194 —

De Grammont de Riquemont. D'Oulreleau. De Polaslron. D Albon de Saint-Forgeul. Des Maxis du Tronchet. De Sainte-Colombe de Laubé- De Bétbune. pin. De Broglie. D'Abos de Thémericourt. 1673. De Biran de Gouhas. Dauvet de Bouffey. De Latier de Bayane. La Fontaine de Verton. De Beaumont de Miribel. Damas du Breuil Le Clerc de Brion. Du Quesnei d'Alègre. De Beaumont de Roches. De Sailly. Du Chambon de Ternes. De Montesquiou de Xain- 1672. trailles. De Villiers. De la Ililière. Le Loup de la Motteglain. De Guillon de Mallemousse. DeMaugis des Granges. De Buigny. De Roncy de Sissonne. De Joyeuse. De Velu de Passy. Le Roux de la Roche des Au­ D'Anglos d'iléronval. biers. Bretel de Lanquetot. De Laubépine de Verderonne. De Chauvigny. De Caulaincourt. D'Assignies. Le Parmentier de Criquetot. D'Autelbrt de Montignac. De Bordeaux de Janval. De Mornay de Monchevreuil. De Beauvau. Des Réaux Le Coc de Corbeville. De Tissard de Claye. De Rochecliouart. De Messey. 1674. De la Rochefoucaud de Lan- geac. Comte du Châtelet. De Villers d'O. De Lambertie. De Crémeaux d'Entragues. De Cambis de Velleron. De Saint-Chamans. Le Bihan de Kérélon. Godet de Soudé. Du Mesnil de Beaumesnil. Frottier de la Messelière. Godoiiin de la Daubijaie. D'Oraison. Le Sens de Folleville. De M urinais. D'Anglure de Bourlemont. De Chatelier. Garsault. De Beaumont de Verneuil. De Saint-Aulaire de Fcnte- De Johannis de Châteauneuf. nille. De Lamer de Matas. De Cléron de Saffre. De Rouch de Saint-Marcel De Montiersde La Valette. — 195 —

Be Valavoire. De Bats de Castelmore d'Ar D'Aidie des Bernardieres. lagnati. De la Vefve de Métiercelin. De Neul'chèses. Du Four de Cuye. De Gontaud. 1675. Du Bouzet de Podenas. Bureau de la Rivière. De Vesc. De Choiseul-Eguilly. Braque. 1677. De Beauverger deMontgon. Le Clerc de Coulaine. Hardouin Chevrier delaChes De Grouchy de la Chaussée. naye. De Reinaud de Lage. D'Escorailles de Mazerolles Le Bacie de Moulins. De Volouzac. De Barbezières de Chcme- De l'Eslrade de la Causse. rault. De Haynin. De Bofßr. de Saint-Ange. Viau de Bruillac. Grimaldi. De Jugeais. D'Estaing de Saillans. Maillet de Vaugrenant. De la Tilde de Ganges. Du Hardaz de Chevigné. De biran de Gouhas. Le Sénéchal de Kerkado. Comte de Liscoet, De Say ve de La Motte. De Bailleul de Cressenville. Gedoyn de Bélan. Du Hardas de Chavigné. Goullier d'Espagui. Du Périers de Flayols. De Fayn de Rochepierre. Du Pont dit Compiègne, De Hauivel de Ménevilette. De Lor de Sérignan (Deux). De Gase de St-Sauveur. De Caulaincourt. Frézeaude la Frézeliùre. Zaluski. 1676. De Pouilly de Cornas.

De Pottiers. 1678. De la Roche-Aimon. D'Ahsac de Pressac. DeNogaretde Cauvisson. Pelot. De Berghes. De Longueval. De Louvencourt de Blangy. Boulhilier de Chavigny. De Coëllogon. De Go lié. De la Roche de Kerven. Amferie de Chaulieu. De la Rivière. De Macon du Chey. De Montjan de Niécourt. De Montainard. De Gourmontde Courey. D'Aporto. Clérel de Rampan. De Vienne de Commarien. De Combles de Noncourt. — 196 —

De Chaponay. De Lage. De Salles (neveu de S. Fran­ De Broc de Cliemiré. çois de Salles. De Bétoulat de la Pelilière. De Roquefort de Marquain. De Morel d'Aubigny. De Saliuguelde Termes. De Corn d'Ampare. De la Fare. De Marcatel. Du Biez. De Villedon. Grimaldi. De Podenas de Villepiule. De Bony de la Vergue. Féret de Varimont. De Paris de la Noue. 1679. Picharl des Farges. Bartoli. Blimond deMouchy de Vimes. Du Cairou de Mézières. De Beauverger de Montgon. De la Font de Savines. De Chalvet de Rochonteix. De Beauvau-Manonville. De Naucase. De Vichi de Champrond. Guion de la Chevalerie. Hennequin de Charment. De Siran de Cabanac. De Beaufort-Canillacde Monl- De Gelas de Lébéron. boissier. De Mailhac de Bessac. De Vassé. Damas du Breuil. De Devezeau de Chasseneuil. De !a Madeleine Ragny. Le Jay. 1681. De Girard de St-Paul. Audouin de Balan. De Gastel de Mélicourt. Du Châlelel de Moyencourt. De St-Julien de St-Marc. Ferrerò de Masseran. De Ciiabanes de Gurion. De Lancy de Rare. De Grateloup de Mantelan. De Robin de Barbentane. 1680. De Monti de Rezé. De Gauléjac de Ferrais. De Vélen. Du Fuy de Verge to t. Braqne. De Ganguenières de Souvigni. De Félins. Palulre de Chambonneau. Hennequin de Gellenoncourl. De Rigaud de Laigue. De Prugues. Des Champs de Marcilly. De Longueval. De Marnais de la Bâtie. De la Rocheaimon. De Montmorency d'Ecan- De Gallard de Béarn. eourt. Sauvaget du Claux. D'Anjouy de la Nobre De Leignier d'inaummt. Guerry de la Goupilière. 1682. De Monligny. Massel. De Pouy de Sacerre, Troussier de la Gabeliëre. Barjol de Roneée. De Batefori de Lanbespin, De Lamesan. De Besannes. De Marbeuf. D Orglandes. De Billi d'Antilli. Bodel de la Fenèvre. De Hennin-Liétart. Fera de Rouville. De Thiard de Bissi. Gal lye d'Ibouville. De Gaufreteau de Puinor- De Ligondez. mand. De Moy. De Villeneufve de Tourelles. D'Anneville de Chifrevast. De Riollel. Rosen (Deux). De Hallol d'Anfreville. De Rovere de Peyraux. D'Erlaek. De Bélissent de Makes. Du Bousquelde Montlaur. Mahaull de Tiergeville. De la Vaissière de Canioinet. De Boulenc de Sl-Remy. De Volonzac. De Boulenc, son frère. De Garceval. Tardieu d'Esclavelles. Camus d'lvours. De la Fare. 1685. 1683. De Caulaincourt. De Contade. De Monlvalat. Des Ecotais de Chanlilli. Comle de Broe. Langlois de Morlevi lle. Danvel de Rieux. Bourne! de Monchi. De Boier de Monljau. Hoberl de Chaon. De Laurent de Gennes. De Beanverger-Monlgon. Brunei de Beauville de Fon- De Roquarl. lenailles. De Maquerel de Quémi. Du Han. DuBreil de Ponlbriand. Fouché de Circe. De Chatel. De la Tour. Prévôt de Traversais. Du Bois de Givri. De Galard de Béarn de Bras- De Morelon de Chabrillan. sac. D'Angos de Bouearès. 1686. De Lor de Tarraillan. D'Urtubie. Chanut de la Haie. De Gamaehe. Aoréli. De Raillane. D'Acbe. De Chalvet. Prunier de Saint-André. De Gourvincé du Bésic. 1684. De Langau. De Tarneau. De Sève. — 198 —

Osmont d'Aubri. Bardou de Ségonsac. ])e Pouilleuse de Flavacourt. Du Ban delà Feuillée. De Saline, De Monllezun. Du Fossé de Vateville. De la Tour de la Chaux et de De Tiennes de Lumbres. Monlauban. De la Fare. De Taléran de Grignols. De Pierre deBernis.i De Taléran de Beauville, son Du Ban de la Feuillée. frère. De Fortia de Montréal. De la Haie de Saint-Hilaire. Turpiu de Joué. Le Ni de Coatudavel. De Saint-Mathieu de Saint- Du Tertre de la Morandière. Brandier, 1689. 1687. Fouché de Ligné. Gouffierde Boisi. Du Bois-Baudri de Langau. De Saint-Gilles de Romillé. Du Trévou. De Sercei d'Arconcei. D'Epinay de Boisguéroult. De Rochedragon de la Vau- Du Plessis d'Argentré. reille. Gïaudet des Marais. D'Aulri. fonduti (Deux). Drouin de Bouville. De Durfurl de Gramat. De la Fare. De Simiane. Binel de Montifrei. Camus de Chavagnieu. De Vellar de Paudi. De la Croix de Sueilles. De Saint-Mauris de Bosian. De Bokum. D'Arci d'Alili. De Fraissinet. Bartoli. De With. De Poissard de la Rigaudetie. De la Boninière des Châte- Des Vaux de Lévaré. liers. De Villeneuve de Vence.

1688.

De Siguier de Rogai. AGES DU -KOI

Entrés à la Petite Écurie depuis l'année 1732.

(Eibl, imp. Fonds Franc. 11201.)

1732. De Bayard. De Bailly de Saint-Marc. De Rully. De Sabine. De Faly de Gerlande. DeVillars de Mauvesinière. Flécliin de Wamin (mort le 6 février suivant). 1734. De l'Etendart de Saint-Léger. De Villemort. De Menou. De Mayrot de Montigney. De Beauregard. D'Albertas. De Joigny de Bellebrune. De Barbançois de Villegongis De Laroche-Boursault. (entré le 17 juin). De Castillon. Godet de Vadenay. 1733. D'Auxy. De Jarzé. De Croismare. Hay de Nétumières. De Bolandre. De Montolieu. De Graveron d'Eudreville. Abot Decbamps, De Saint-Véran de Moncalm. De la Cour Péan. De Belleville de Bichemont. De Villoutreix. Des Essarts de Lignières. De la Viefville, — 200 —

1735. De Galonné. De Bayne de Ressac. De Roqiiefeuil. De la Croix de Cerizay. 1739. D'Olbreuse de Gagemont. De Strada. De la Marche. De Loupiac de la Devèze. De la Roche-Brochard. De Fourché de Quehillac. De Merle de Blancbuisson. De Ripert d'Alouzier. De Cadier de Vaucé. De Merle de Beaucliamps. De Mandelot. De Fourché de Quehillac de De Chavagnac. Vllefregon. De Guiscard. De Caries. De Bellebnme. De Bretoncel. 1736. De Lancry de Rimbevlieu. De Saint-Gilles. De Valory. De Bricqueville de la Lu­ De Thieuvilie. zerne. De la Gorce, Du Crozet de Gumigignac. De Termes. De Saßray. D'Espinchal. De Courlarvel. 1740.

1737. De Mauléon. De Lordat. Des Fossées de Colliolles. Le chevalier d'Haulpoul. Le chevalier de Kersauson. Le Vacher de la Chaise. De Galonné de Courteboiine. De Rabodanges. De Montlezun. D'inguimbert. De Merle. De Macon du Chey. De Saint-Sauveur de Noziè- 1741. res. Dudressier, 1738. s: ir:::; M--™ D'Albon, De Chavagnac. De la Haye Montbault. De Champigny. De Kernegues. De Condre. De Sarcus de Courcel. D'Escouloubres. 1742. D'Haulpoul. Le Muslin de Nuaillé. De Villevrain. De Bavalau. De Salmon du Châtellier. — 201 —

De Docteville. Guyon de Pouzols. De la Haye. De Villoutreix. De Tocqueville. De Blosset. De Roquefort. Marcel d'Allouville. De Montesquieu. De Morard. De Mirait. De Montalembert. De Blarvie De Fautrières. De Condamine. De Rumont. De Mance. De Chouvigny de Blot. D'Albert. 1743. 1747.

Le Maire de Courtemanclie. De Mantin de Crochans Roussel de Pernes. D'Hautefeuille. De Siran de Cavanae. Qe Lonlay de Villepaille. De Joux do Remigny. De Bérard. De Coetlosquet. Des Fougerets. De la Rrelonnière. De Maillé delà Tour-Landry. De Montüard de Bumont. De Previnquer. De la Cadie. De Pracontal. D'Axat. De Fontenay. De Conceyle. 1748.

1744. De Roux Dégent de Morges. De Flavigny. De la Billarderie. De la Vergne. De Bruyères de Chalabre. De Toustain. DP Chatellier. De Lordat. De Pineton. Bérard de Montalet. De Villelongue. 1745. De Villelongue cadet. De la Messelière. De Gailhac. De Ménil-Durand. De Voisin d'Alzau. 1749. De Veyrac de la Valette. De Villaines. De Clercy. De Calvimont. D'Audilfred. Desvaux de Levare. De la Clavière. De Catieville. De la Villebrune le Saige. 1740. Duprael. De Pernes. De la Fruglaje de Kervers - 202 —

De Brusse. De la Croix d'Ardanne de Ri­ D'Haulefeuille. chelieu. De Blavac. De Macnemara. De la Baraudiere. De Ginestous de Vernon. Le chevalier de Nieul. De Malyver de Vaugrineuse. Des Vergues. De Mifflant d'Ancourt. De Lordat. Gautier de Tournay, De Boisse Escodeca. De Mortemi. De Blotelière de la Vieuville. De Hautefeuille. 1750. 1753. De Dons. Heurlault de Lammerville. De Levezou de Vezins. Dupont de la Roussière. De Campredon. De Kichcmont. De Gouyon de Thamats. De la Bachellerie. De Chevigné. De Monspey. Leroy de la Polherie. De Kerminguy. De Vissée de Gange. De la Devèse. Duprael. Du Tertre. De Morin de Mont-Canisy. De Sainte-Marie d'Agneaux. Boso de Vitermond. De Cliiré. Alexandre d'Homachy. Vauciain de Sacy. 1751 . Palliasse de Saint-llilaiie.

De Bourgarel de Martignan. 1754. De Bressolles. De Vaux de Levare. Bardou de Ségouzac. De Bermond du Cailar. De Jarente d'Orgeval. Le chevalier de l'Eslang Pa­ Morin de Banneville. rade. Desespinel. De Beauvollier. Heurtaut de Lammerville. De Verdier de la Chapelle. Bricqueville de la Luzerne. De Boncliainp. De Vassan. Du Pac de Badens. Bec de Lièvre de Caay. De la Rochelambert. De Nossay. D'Ancel de Quineville. De Mayel Dupuis-Montbrun» De Marsay. 1752. 1755. De IToudetot. De Louvigny. Duvivier. De la Croix d'Ardanne. De Meherent de Sainpière. — 203 —

De Montigny. De Villemore. De Baudry de la Brussière. De Vingtimille. Duboi du Grego. De Porcelets de Maillant. De Musy de Vovelle. De Sainl-Boinan. De la Belinaye. De Pue! de Parian. De Villloutreix de Breignae. Le chevalier du Bouchel. De Villoutreix (le lloyère la Ducbâtel. Judié. De la Gorce. De Lubersae de Chabrignac. De la Baulme. 1759. De Boslaiug. 1756. De Saint-Ghamant. De Berigny. Dubuisson de Bla'mville. De Villaines. De Mon Ibas. Le clievalier d'AUard. De Bully. De Polleras. De lîoissay de Gourcenay. De la Porte de Bossosel. Du Buisson. De Monlaigu d'Kntvaigues. Du Boucher. De Villers la Faye. Des Boys d'Esport. De Bochedragon. De Tenance. l,e chevalier deBochedragon. De Barbin de Broyés. De Gènes. De Montalemben. 1760. De Goussencourt de Griven. De Strada. De Fortisson. De Bussy. D'Aulry de Vingtimille. -1757. De Mercuria de Valbonne. Viart de la Molle d'Usscau. De Menou. De Noblel d'Anglure. Filleul de la Frenaye. De Vernon de Villeramberl. De Monlfaucon. De Giverville. D'Ayemar de Panai. De Garcelle. D'Allier de Borne. De Navailles. De Monlredon. D'Aubigny. Des Gourlils. De Bacauli de Bevilly. De Banaslre. De VEnfrenai. 1761.

1758. De Vigny de Villemonl. De Segonzac. De la Carre. D'ürgons. De Guiscard. De Perthuis. De Boquigny du Fayet. — 204 —

De Sournia. De Roquefeuille. Be Viari. Le chevalier de Tréoret de De Rocbemore d'Aigremoiil, Cakstrat. De Foucault de Lardy Malye. De Veïni de Villemont. De Bar de Monlealou. De Baudre. De Banastre cadet. De Guillaume de Rochebrune. Belissant de Gaillavel. De Subie Dudicourt de Le- 1762. noncourt. D'Autry de Vingtimille cadet. De Ginestou. De Vassan. Le chev. de Saint-Chamant. 1765. De Pennolé de Trehouret. De Pennelé de Trehouret ca­ Desbarres. det. De la Mare. De Bois-Bérenger. De Sesmaisons deSaint-Faire. Huon de Kermadec. De Villevrain. Lardenoy de Bolandre. De Valory. e baron de Poiseux. De lieaumont. eschamps de Boishébert. De Cheffontaine. Du Bouex de Villemort. De Vernon. D'Espinchal. De Bonnay. De Brevedent. De Pelleria de Gauville. Aubert de Peirelongue. Le Roy de Ville.

1763. 1766. De Monlesson. De Ternire. Delà Rochelambert. De L'Epini'-Dupuis. DeBoehenry. De 13ussy. De Trevelec. D'Aulède de Pardaillan. De Verton. De Vitry. De Montigny. De Ligones. Des Brosses. D'Andigné. Bernard de Saint-Loup. De G ubièr es. De Valory. De Maynadeau. De Golliquet de Lévoncourt. De Bayard. 1764. De Chalendar de la Motte. De Lascazes de Beauoir. De Vance. La Geard de Gherval. De Marconnet. Des Beaux. De la Romagère. De Banne. - 205 —

1767. De Lonjon de la Prade. De la Rochelambert. Il n'y eut point de pages De Tilly. cette année, le roi ayant in­ D'Haiitpoul. corporé dans ses écuries les De Montangon. nages de M'"0 la Dauphine et De Chazeron. ceux de la Reine au commen­ De Gilberte. cement de 1768. M. de Mandelot entra seul 1770. au mois d'avril avec les pages de M™1 la Dauphine. De Paris. De la Rochelambert. 1768. De Bouracher. De Saint-Roman. De la Goise. De Caupenne d'Echaux. DeGeurpeil, De Ficte de Soucy. De Bolrel. De Roqnelaure. De Villeporil. De la Porte. De Rancher. De Vanoise. De Bassignac. Saignard delà Fressange. De Galonné. De Gautiers de Montguers. De Gombault. De l-artigue de Sorbets. Des Fieux. D'Altier de Borne. De Vinnezac. Durai d d'Auxy. 1771. D'Armur 1. De Sainl-Geniès. Le Vaillant de Saint-Denis. De Goujon de Thuisy. Le chevalier de Paris. De Fraguier. De Saint-Roman. De Vassan. De Boisdenemets. De Uriqueville. D'Houdetot. De Siougeat. 1769. D'Ayat. Le chevalier de la Prade. De Goulaine. Des Roys. Baudry d'Asson. De la Roche Saint-André. De Regnon. 1 Marie-Louis- Cajetan - licnja- De Châteauneuf. min, né à Nancy le 13 avril175 3, De Bagnac de Sarsay. entré aux pages de la Petite Flament de Bru sac. Ecurie à la liviée du 1e r janvier 1708, sorti au mois de février 1771, pour enlrer au régiment 1772. royal Normandie - cavalerie , en qualité de sous-lieutenant. Gnillemeau deSaint-Souplet. 12 De Pont de la Grange. 1775. De Cliàleau-Montais. De Riecé. Forgel de Bezu- De Mesnil-Germain (mon pa­ Du Doussay. ge en 1773). De Hersé. De Monteclar. Danzel de Bauflle. De Guenichon de Duesne. De Toustain de Limezy. De Saint-Aulaire. De Capriol. De Sasselange. De Lagarde de Salnl-Angel. Le Bascle d'Argenteuil. De Lalandelle. « O'Gorman. De Rennel. Dufour de Saint-Léger. '1773. Du Gïozet de Cumignac. -1776. De Rollai. De Goudon. Lugle-Luglieu de Navier. Géraud de la Borie de Cam­ De G'aléan de Gadagne. pagne. De Marcellanges. De la Roche-Aymon. De Seiguin de Reynies. Le chevalier deGaléan-Gada- Dubousquet de Sl-Pardoux. gne. Le chevalier de Musset. De Pinsu n. Durons de Varennes. De Villoulreix. De Caussade. Courlin de Monibrun. De Bouzier de la Faye. De Bons. Boucher de la Rnpelle. De Villiac. Dulac. De Cléry de Serans. De Joigny de Bellebrune. De Gharettes de Boisfoucaud. De Lesnier. De Bonnechose. Le chevalier Davesgos de De Dunes. Coulonge. De Lalande. 1774. 1777. Le chevalier de Rancher. 11 n'y a point eu de livrée Duplis. dans celle année ; mais pour Binet de Jasson, remplacement à la place de De Villivfs. ceux qui ont oblenu de l'em­ De Mauléon. ploi : De Riencourt. De Goulaine. De Sarcus. Morel del'han. De Bongard, De Belchamps. De Tonquedee. - 207 -

1778. 1781.

De l'Escourt. De Brevedent. De Busseul. De Lubersac. Du Boscage. De Lilleroy. De Colliquet de Rosne. De Laurencin de Beaufort. De Champagné-Gilîart. De Laurencin de Chanzé. De Maubreil. De la Garde de Saint-Ange!. Le chevalier de Bollat. D'Andigné. De Barville. De Remigioux. D'Aureville^ D'Escorailles. De Bony. De Beauvoire de Vilhac. De Tesson. Le chevalier de Navier. De l'Espinasse. De Grieu. De Monty de Bezé. De Saint-Maurice. De Salviat de Vielcastel. De Chapcdelaine. De Cumont. De Liniers. De Ciiauveron. 1782. De Montlezun. De Pardieu. Le chevalier de Rezé. 1779. De Champagne. De Riollet de Gissey. Le chevalier deBarbançols. Le Cornu de Gorboyer. De Saint-Pern. De Chaffoy. De Brächet. D'Hebsail. De Leaumont. Le chevalier de Beclesne de De Martel. Lyonne. DeBeaucorps. De la Paye. De la Messelière. De Brunet. Du Fayel. De Sanzillon. De Lancry. De la Beraudière. De Gourtin de Rourzolles. De la Ghassague de Sereys. De Reclame de Lyonne. Maillard de Laudreville. Thuilliers de Monljoye de la 1780. Roche. De Teyssières. De Grimaldy de Régusse. De Palry. 1783. De Ménildot. DeBouzies. De Montaigu. De Carbonnier. De Montchal. De Ségur. De l'Enfermât. - 208 —

De Maumigny. 1786. De Lyonne de Servon. De la Porte d'isl ertieux. De Laslic. De Riouli de Neuville. De l'Etourville. De l'Escale. De Béraud. 1784. De la Motte de Broons. De Foulers. De Méritens de Rosés. Le chevalier d'Arzae. De Foucaud. De Nattes de Villecomtal. Le chevalier de Trion. De la Clayte. De Vigny. Du Mousliers de Cancliy. De Cussy. 1787. De Sainte-Colombe. De Reclesne de Lionne. De Savignac, D'Escorailles. De Boucher. De Pons de Friegières. De Griffolet . De Rippert d'Alauzier. De Pardieu. De Villeneuve. Delà Tude. De la Bruyère. De Grave. De Castillon de Mou tan. 1785. De Franqueville. D'Udressier. De Donnai. De Roqueileulle du Bousquet. De Montaigu. Le Roi de Bardes. Delafonl des Essarls. De Quelen. De Leaumont, cadet. D'Adhémard. De Montehal. De Bouchiat. De Poérier de Franqueville. Le chevalier de Lyonne. D'Odressier. Morin de Litteau. Jourdan de Saint-Sauveur. De Bournazel1. De Brasse. De Bec de Lièvre 2. De Sainl-Meymit. De Lamps de la Rouvière. De Badens. 1 Entrés tousdeuxle 1 avril118 1, De Mondiou. leurs certificats expédiés. Retour­ De Ranfreville. nés dans leurs familles pour y at­ De Saint-Mauris. tendre un emploi dans un régiment. 2 Sorti le 2 décembre. De Méric de Vivens. 210 -

1809. Hecquet de Merenvue. Droullin de Menilglaise. Pallavicini. Defayet. Chaban. Dubreuil de Fregozac. Drouet. Poillone de Saint-Mars. Mayneaud de Pancemont. Dechastelel. Ghilini. De Roverto. Quimper de Lanascol. Rousseau de Cliamoy. Perlhuis. Assigny. 1812. Rigaud. Contades. Maldegbem. Sanois. Molitor. Cambaceres. 1810. Mornay. Dreux Brezé. P)Ongars. Costa. Cambiaso. Kniphausen. Centurione. De Lacour. Ferreri. 1813. Ledere de Juigné. 1811. Gudin. Ségur. Do Betous. Bonardy S.-Sulpice. Dulyon. Defencyl. De Frenel. Wal de Serrent. Bruis. De Bourgoing De la Chaise. Garnier de la Boissiere. De Sambuy. Le Sénéchal de Kercado Mo - G ever. lac. Verhuell. Dudresuay. Holmberg. Spada. Styrum. Chigi Van Asbeck. Falconieri. Hoeuffi.. Lamé. Druyveston. Delzons. Kretchmar. Mensa. Bougainville. Coborn. 1821. Dumanoir. De Monbadon. Dixmude de Monibrun. Dargy. De Saint-IIilaire. 211 —

De la Villeneufve. De Falletans. De Marcé. De Salvert. De Maillé. Mortemart. De Clielers. David de Beauregard, D'Allemans. De Montagut. De Champs de Blot. De Vandiëres. De Raigecour. Ghalenet de Puységur. De Casteja. De Vathaire. 1823. De Goyon. De la Suze. De Saint-Aldegonde. De Caqueray. De Marolles. D'André. De Galard. De Cubières. De Marcellus. De Vachon. De Goislin. De la Polherie. De Coetlogon. De la Marlhonie. De la Marlhonie. O'IIegerty. De Ghanaleilles. De Prunelé. De Rouillé. De Sainl-Cyr. De Boissel. De Saint-Pot, Turpin de Crissé. De G lieux. D'Auteuil. Law de Lauriston. De Lambertye, De Chastenet Puységur. De Noé. De Goutaul-Biron. D'Albon. Saint-Maure Montausier. De Bourmont. De Cazalès. De Gastrie. De Vignolles. De la Villegonlîer. De Vogué. De la Ferronays. De Fonlenay. De Bernelz. De Brunei. D'Astanniere. De Gaumont. Dupin de la Guerivière. 1821. De Soucy. Aumonl. 1822. Tholozan. Sassenay. Bordesoulle. Lacoste. De Belleisle. La Vielleville. De Gourcival. Wal. Glerembaut. Pellan. Saint-Vallier Beaupoil de Saint-Aulaire. Pracomlal Ghoiseul d'Aillecour. LISTE DES PAGES

jSoub pMPIRJE ET LA jR,ESTAURATION

De Gabriac. 1808 La Barthe de Termes. Le Grand. De Najac. La Riboisière. De Lauriston. Labassée. Balincourt. I^anlivy. lieaumont. Mongenet. Bonnair. Masséna. Berlémont. Moneey. Boudet. Monichoisy. Barrai. Morard de Galle. Gorvisart. Oudinot. Devienne. Ordener. D'Houdeior. Pentalba. Dupont. Poinçol. D'Aubusson. Pellet. D'Herviliy. Saint-Pern. De la Frenaye. Saint-Marsan. Doumers. BertenSombuis BalbeGrillon. D'Andeloi. Gavette Gorsegno. 12. 212 —

Lauriston. Bretignères. Piesseçuier. Béthisy. Pille. Rouge. Clermont Mont-Saint-Jean. Mesnars. Clieffbnlaine. Kernsoret. Vaudreuil. Patteau-d'Haucardie. La Bassetierre. Rougé. Rolhe. Piémont. Forlon. Saint-Vincent. Montholon-Sémonville. Dion. Feltre. Lorgevil. Pérignon. Noè. Duhamel. Riencourt. Lescure Duvergier de la Ro 1825. chojacquelein. Périgord. Saint-Luc. La Béraudière. Augier. Bridieu. 4837. L'Espinay. Castries. Duplessis d'Argentré. Dillon. Lagoy de Meyran. Vogué, La Panouze. Siint-Aldegonde. Lavaulx. Cariai. Coëllogon. Barbançois. Montbrun. Le Belinaye. Béthune-Sully. Vanssay. Segonzac. Pontac. Tressan. Coétus. Saint-Mauris Chatenoy. Rohan. Carreau. Crux. Althon Shée. Beaumont. Deschapelles. Nicolai. Lancosme. Jumilhac. Douhet de Romananges. Nelle. Durfort Civrac. -1826. Guerry de Beauregard, Maynard. Nicolai'. Bougé de Monteynard. Berthier. Le Poulletier-d'Aufiay. Margueritte. 4828. Sennevoye. Bernis. - 213 -

Gain de Monlagnac. Landry Saint-Aubin. La Châtre. Malet. Laslic. La Bédoyère. La Guerivière. La Rochelambert. La Vincendière. Tournon. Monlault. Léaulaud-Donnine. Maccarthy. Louvencoiirt. Noailles. Pardieu. Montesquiou-Fezenzac. Juigné. Ponlevès Bargème. Wall. 4830. Maquillé. Aumont. Clermonl-Tonnerre. Jacquinol. Choiseul. Dezerseul. iMorlemart. Virieu. Beaufort. Rougé. Chanlerac. Périgord. Cornulier. Colle. Chabannes, Triconnel. Gironde. Guerdavie. 1829. Monllivault. Dampierre. Coetlogon. Béllmne. Tressan. Gastaut. Chaillon de Ponville. Moulalemberl. Bonnechose. Ligneris. Polignac. Roncherolles. Imécourl. Bizemonl. Le Rebours. Castellane. La Tour du Pin la Cliarce. Beuvron. Barlillal. Rllly. Bélhune-Sully. Solére. Carbonnières. Puységur. Durfort-Civrac. Des Porcelets. La Hille.

TABLE DES MATIÈRES

DÉDICACE v

AVANT-PROPOS vu

CHAPITRE I. — Origine de L'ccuvic des Souverains.— Opinion de D lichène.— Les comtes de l'dtable. — Con­ nétable. — Les maréchaux. — Époque où ce s deux charges devinrent purement militaires. — L'écurie de Philippe-le-Bel.—L'écuyer du corps. — L'écuyer du tynel. — Le maître de l'écurie. — Service par semestre.— Maréchaux d'écurie. — Varlets. — Origine du titre de grand écuyer. — Cet office d'abord charge de la maison du roi. — Quand il devint charge de la couronne. — Distinction entre ces deux catégories. — Distinc­ tion entre le service d'honneur auprès du roi et celui de l'écurie. — Origine du mot écuyer

CHAPITRE II. — Organisation du service de l'écurie au xiiie siècle. — Preuve du double service de la sculi feria ou service d'honneur et de l'étable ou écurie. —Noms des divers officiers et détails sur leurs fonctions. — Leur nombre, leurs gages, leurs privilèges. — Service de l'écurie de la du­ chesse de Bourgogne au XIVE siècle. — Écurie d'Anne de Bretagne. — Le haras du roi. —Haras des seigneurs et des abhayes. — Dîme des che­ vaux.— Jetons employés pour la Grande Écurie. 30 — 216 -

CHAPITRE III. — Règlement de Pierre d'Urfé. —Règlements de Henri III.— Fonctions, charges, prérogatives, privilèges, gages du grand-ècuyer.—De l'écuyer commandant. — Détails du service de la Grande Écurie. — L'école des pages. — Le haras.— Le grand-ècuyer depuis Louis XIV j usqu'à nos jours. — Jetons des grands-ècuyers Ii

CHAPITRE IV. — La Petite Écurie. — Sa séparation de la Grande. — Querelle entre M. le Grand et M. le Premier à la mort de Louis XIV. — Détails donnés par Saint-Simon.—Fonctions, privilèges, gages du premier écuyer. —• Service de la Peti te Écurie 108

CHAPITRE V. — Liste des connétables, premiers ècuyers, maîtres de l'écurie et grands-ècuyers. — Notices sur chacun des grands-ècuyers 128

COMPTES D E LA GR ANDE ÉC URIE de 14 63 à 1728 185

CATALOGUE DE S PA GES de 1667 à 1689 192 — — de 1732 à 1789 199 — — de 1808 à 1830 209 COLLECTION DE LA COMPAGNIE

1. Delà Bibliomanie, par Bollioud-Mermet, de l'Académie de Lyon. In-16 pot double de 84 pages, 160 exemplai­ res. 2e édition de la réimpression.., 5 y •2. Lettre à César par Salluste, traduction nouvelle par M. Victor Develay. In-32 carré dé 68 pages. 300 exem­ plaires .2 » 3. La Seiziesme J oye de Mariage, publiée pour la première fois. In-16 pot double de 32 pages. 500 ex 2 » 4. Le Testament politique du duc Charles de Lorraine, pu­ blié avec une étude biographique par M. A natole de Montaiglon. In-12 jésus de 78 pages, 210 e x 3 50 5. Baisers de Jean Second, traduction nouvelle, par M. Victor Develay. rn-3i carré de 64 p., 504 ex.. 2 » 6 La Semonce des C oquus de Paris en may 1535, publiée d'après un manuscrit de la Bibliothèque de Boissons, par M. Anatole de Montaiglon. In-18 jésus de 20 pages, 210 e xemplaires 2 > 7. Les Noms des Curieux de Paris, avec leur adresse et la qualité de leur curiosité. 1673. Publié par Louis Laeour. In-18 raisin de 12 cages, 140 exemplaires 1 50 8. Les Deux Testaments de V illon, suivis du Bancquet d u Boys, publiés par M. Paul Lacroix. In-8 tellière de 120 pages, 220 exemplaires 7 » 9. Les Chapeaux de Castor. Un paragraphe de leur his­ toire. 1634. Publié par Louis Lacour. In 18 raisin de 8 pages, 200 exemplaires 1 » 10. Le Congrès des Femmes, par Érasme, traduction nou­ velle par M. Victor Develay. In-32 carré de 38 pages, 312 ex emplaires. 1 » 11 La Fille ennemie du Mariage et repentante, par Érasme, traduction nouvelle par M. Victor Develay. In-32 carré de 64 pages, 312 exemplaires 2 » 12. Saint Bernard. Traité de l'Amour de Dieu. Publié par P. Jannet. In-8 tellière de 140 pages, 313 ex.... 5 » 13. Œuvr es de Regnier, reproduction textuelle des pre­ mières éditions. Préface et notes par Louis Lacour. In-8 carré de 356 pages, 525 exemplaires 20 » 14. Le Mariage, par Érasme, traduction nouvelle par M. Victor Develay. In-32 carré de 64 p., 312 ex. 2 » 15. Le Comte de Clermont, sa cour et ses maîtresses, par M. Jules Cousin. In-18 jésus, 2 vol. de 432 pages, 412 exemplaires 10 » 16- L a Sorbonne et les Gasetiers, par M. Jules Janin. In-32 carré de 64 pages, 612 exemplaires 2 » 17. L'Empirique, pamphlet historique. 1624, réédité par Louis Lacour. ln-18 jésus de 20 pages, 200 ex... 2 » 18. La Princesse de Guéménée dans le bain et le Duc de Choi- seul. Conversation rééditée par Louis Lacour. ln-18 jésus de 16 pages, 200 exemplaires .... 2 » 19. Les Précieuses ridicules, comédie de J. B. P. Molière, Reproduction textuelle de la première édition. Notes par Louis Lacour. ln-18 raisin de 108 p., 422 ex. 5 » 20. Les Rabelais de Huet. In-16 de 68 p., 260 ex 3 » 21. Description naïve et sensible de sainte Cécile d'Alby. Nouvelle édition publiée par M. d'Auriac. In-16 de 61 pages, 260 exemplaires 5 t> — 3 —

22. Apocoloquintose, facétie sur la mort de l'empereur Claude, par Senfeque, traduction nouvelle par M. Victor Develay. In-32 carré de 64 pages, 512 exempl... 2 » 23. Aline, reine de Golconde, par Bouffiers. Nouvelle édi­ tion publiée par M. Victor Develay. In-32 carré de 64 pages, 512 exemplaires 2 » 24. Projet pour multiplier les Collège s des Filles, par l'abbé de Saint-Pierre. Nouvelle édition publiée par M. Victor Develay. In-32 carré de 32 pages, 312 exempl. ... 1 » 25. Le Jeune homme et la Fille de Joie, par Erasme, tra­ duction nouvelle par M. Victor Develay. In-32 carré de 32 pages, 312 e xemplaires 1 » 26. Le Comte de Clermont et sa cour, par M. Sainte-Beuve, de l'Académie française. In-18 jésus de 88 pages, 412 exemplaires 3 » 27. Catalogue d'un m archand libraire du xv0 siècle, tenant boutique à Tours, publié par le docteur Achille Che- re au, avec notes explicatives. In-16 de 56 pages. 300 exemplaires 3 50 28. Les Grands-Ecuyers et la GrandeEcurie de France avant et depui s 1789, par M. Edouard de Barthélémy. In-18 de 228 pages, 210 exemplaires 6 »

Les StahUs et le Catalogue de la Compagnie se distr ibuent gratuitement à la Librairie, rue de la Bours e, 10.

Paris.— Imprimé ch ez Jule s Bonav enture, 55, quai des Grands-Augustins.