Katherin LANDAIS Université de Bourgogne à Sous la direction d’Olivier BONFAIT et le tutorat de Michaël VOTTERO Rapport pour l’Allocation de formation et de recherche pour l’année 2014 Département du Pilotage de la Recherche et de la Politique Scientifique Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine

L’ELABORATION DE L’INVENTAIRE DEVOSGE ET LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE RELIGIEUX DIJONNAIS A LA FIN DU XVIIIe SIECLE

Pierre-Paul Prud’hon, Portrait de François Devosge , XVIIIe siècle, M.B.A. Dijon

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« Dans le siècle de la raison, sous un gouvernement républicain souffrirait-on de tels excès ? Je ne puis le penser. »

François Devosge

dénonçant le vandalisme sur les monuments dijonnais, dans sa Lettre du 30 janvier 1794.

2 Avertissement

L’élaboration de l’inventaire Devosge et la sauvegarde du patrimoine religieux dijonnais au XVIIIe siècle est un travail qui complète un mémoire de Master 2 porté sur la sauvegarde du patrimoine par cet inventaire à la période révolutionnaire avec l’étude des peintures des émigrés conservées au Musée des Beaux-Arts de Dijon. Dans le cadre de mes recherches et à destination de la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, nous avons étudié la protection et la conservation des saisies faites dans les établissements religieux.

L’étude de l’inventaire de François Devosge et des peintures conservées au Musée des Beaux-Arts se fonde principalement sur l’analyse du manuscrit conservé aux Archives Municipales de Dijon. La transcription de l’inventaire a été permise grâce à la base de données 4D qui servira à sa future mise en ligne.

Nous avons choisi de rassembler en un corpus les œuvres qui sont mentionnées par François Devosge et que nous avons retrouvées conservées au Musée des Beaux-Arts de Dijon à la suite de ce mémoire. Les œuvres d’art retrouvées qui sont classées au titre des Objets Mobiliers par les Monuments Historiques ou recensées par le Service général de l’Inventaire de la Direction Régionale des Affaires Culturelles font l’objet d’une analyse dans notre étude. Les annexes comportent un tableau avec la référence aux œuvres d’art retrouvées et des textes.

3 Remerciements

Afin de commencer cette étude de la manière la plus agréable possible, je ne peux passer outre ce moment tant attendu. En premier lieu, je tenais à témoigner toute ma gratitude à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine à Charenton-le-Pont qui m’a permis de faire ce travail, en particulier Jean-Charles Forgeret, ainsi que toute ma reconnaissance à l’équipe amicale de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne avec laquelle je garde de très bons souvenirs, particulièrement la Conservatrice des Monuments Historiques Cécile Ullmann, mais aussi Michaël Vottero et Patricia Mary, Conservateurs des Monuments Historiques et adjoints à la conservatrice, ainsi que Bernard Sonnet, Conservateur des Antiquités et des Objets d’Art de la Côte-d’Or. Ancienne Conservatrice adjointe des Monuments Historiques de la D.R.A.C. de Bourgogne, Judith Kagan, Conservatrice générale du patrimoine et chef du Bureau de la Conservation du patrimoine de , a su également me donner des conseils indispensables dans la continuité de mes recherches.

Et en second lieu, je remercierai également toujours l’équipe du Musée des Beaux- Arts de Dijon : Matthieu Gilles, Conservateur responsable des collections XVIIe-XVIIIe siècles et du cabinet d’arts graphiques, ainsi que Directeur par intérim du Musée des Beaux- Arts, la Documentaliste Dominique Bardin que je ne remercierai jamais assez, le Bibliothécaire Thierry Sébillon, et la Chargée de la documentation photographique Anne Camuset pour leur travail minutieux et leur écoute attentive qui me permettent de poursuivre mes études de façon sereine.

Par ailleurs, je tiens à remercier d’une part, toutes les personnes travaillant auprès de moi que ce soit à l’université de Bourgogne, que dans tous ces autres lieux magnifiques et incontournables. A commencer par Olivier Bonfait, Professeur d’Histoire de l’Art moderne et Directeur du département d’Histoire de l’Art et d’Archéologie à l’université de Bourgogne à Dijon, pour ses conseils précieux, son soutien très appréciable et sa disponibilité depuis trois ans maintenant, mais aussi pour le fait d’être mon directeur de recherche tout simplement ; mais aussi, Philippe Salvadori, Maître de conférence en Histoire moderne et Directeur de l’U.F.R. des Sciences Humaines, qui me suit depuis quelques années et auquel j’apprécie la conversation avisée, ainsi que Benoît Garnot, Professeur en Histoire moderne, pour son aide rassurante. Faisant preuve d’une grande écoute et d’un professionnalisme sans égal et sans laquelle il me serait compliqué de travailler dans des conditions optimales, je remercie Rosine

4 Fry, Ingénieure de recherche au Centre Georges Chevrier (C.N.R.S. à l’université de Bourgogne), qui m’accompagne dans l’avancée de mes recherches, ainsi que Lilian Vincendeau pour son aide concernant les bases de données.

D’autre part, je n’oublie pas la bienveillante équipe de la Bibliothèque Municipale de Dijon dont Martine Chauney-Bouillot, Bibliothécaire et Responsable du fonds d’archives en Bourgogne, qui est présente chaque fois que nécessaire ; l’équipe des Archives Municipales de Dijon dont Eliane Lochot Directrice et Conservatrice en chef des Archives Municipales de Dijon ; et l’équipe des Archives Départementales de la Côte-d’Or dont Anthony Devarrewaere qui a su me conseiller au mieux afin de m’aider dans mes recherches archivistiques. Mais aussi, je réserve ces quelques lignes pour les professionnels et guides de l’Office de tourisme de Dijon dont les attentions ajoutées à mon attention m’ont permis de suivre certains axes de recherche.

Lors de cette année, j’ai eu l’occasion de rencontrer un grand nombre de personnes très intéressantes, en particulier Jean-Pierre Roze, Conservateur et érudit dijonnais, qui a su me donner des conseils fondamentaux pour la recherche sur les monuments religieux et Françoise Vignier, Conservatrice générale honoraire du patrimoine, que je croisais souvent mais que le temps ne me laissait jamais le loisir d’aborder.

Et, sans laisser demeurer le doute plus longtemps et puisque la raison en est évidente, je termine en remerciant mes amis infatigables et toujours présents, Benjamin mon ami et ma Maman Catherine qui me soutiennent toujours.

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Liste des sigles et abbréviations

A.M.D. : Archives Municipales de Dijon

A.D.C.O. : Archives Départementales de la Côte-d’Or

B.M.D. : Bibliothèque Municipale de Dijon cat. : catalogue dest. : destination expo. : exposition haut. : hauteur larg. : largeur l. : ligne

M.A.S. : Musée d’Art Sacré

M.B.A. : Musée des Beaux-Arts

M.H. : Monuments Historiques

N.o. : numéro

O.M. : Objets Mobiliers pi. : pied po. : pouce prop. : proportion vol. : volume

6 Table des matières

INTRODUCTION...... 8

I / L’INVENTAIRE DEVOSGE : SON AUTEUR ET SON CONTEXTE...... 19

1°) PRESENTATION GENERALE DE L ’INVENTAIRE ...... 19

2°) FRANÇOIS DEVOSGE : UN HOMME DES LUMIERES AU CŒUR DE LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE ...... 21

3°) L’ HOMME DE LA SITUATION...... 23

II / LA SAUVEGARDE DES MONUMENTS DES ARTS...... 27

1°) LA CONSERVATION MOUVEMENTEE DES ŒUVRES D ’ART ...... 27

2°) LA QUESTION DU TRANSFERT DES ŒUVRES EN DEPOT ...... 32

3°) AUTRES DIFFICULTES ...... 35

III / DESCRIPTION DES ŒUVRES ET INTERPRETATION ...... 40

1°) NOTICES DES ŒUVRES D ’ART ...... 40

2°) TRANSCRIPTION DANS LA BASE DE DONNEES 4D ...... 43

3°) EXTRACTION ET INTERPRETATION ...... 45

III / ETUDE ET IDENTIFICATION DES ŒUVRES D’ART...... 48

1°) UN LIEU D ’ORIGINE ...... 48

2°) PROBLEME D ’IDENTIFICATION ...... 51

3°) SYNTHESE DES ŒUVRES D ’ART ...... 54

CONCLUSION...... 57

BIBLIOGRAPHIE ...... 60

ANNEXES...... 66

7 Introduction

Manuscrit réalisé au XVIIIe siècle, l’inventaire de François Devosge est l’une des archives les plus uniques qu’il soit possible d’étudier à Dijon. Chargé d’une mission fastidieuse par l’Administration du Directoire du District de la Côte-d’Or, le professeur de l’école de dessin, artiste émérite et fervent défenseur des arts commença son travail le 13 novembre 1792 (soit le 23 brumaire an I de la République française) qu’il remit officiellement le 27 brumaire an 3 e (17 novembre 1794) 1. Il fit la liste de tous les biens des demeures des religieux et religieuses, ainsi que des émigrés dans l’agglomération dijonnaise de l’époque, saisis à la Révolution française :

« Catalogue des Tableaux, Estampes, Figures, Bustes de Marbre et Bronze ; Porcelaines, Ouvrages en plâtre Provenant des Emigrés et des Maisons Religieux et Religieuses du Département de la Côte D’Or ». Sous ce titre exhaustif, il faut comprendre une multitude de tableaux et de sculptures d’artistes de renommée tant internationale que régionale, un grand nombre de gravures attestant l’intense circulation et diffusion des œuvres d’art et bon nombre de dessins comme autant d’académies issues de l’école de dessin, sans compter les objets d’art remarquables et les nombreux ouvrages au caractère iconographique assuré. En effet, ce catalogue « des monuments des arts » à Dijon doit répondre au désir de sauvegarde des monuments intéressants les sciences et les arts, propice à ce moment où le vandalisme continue de ravager tout ce qui se rattache de près ou de loin à l’Ancien régime.

L’objet de notre étude va se concentrer essentiellement sur les œuvres d’art inventoriées par François Devosge, que nous avons retrouvés soit classées au titre des Objets Mobiliers par les Monuments Historiques ou ayant fait l’objet d’un recensement par le

1 Ce manuscrit qui est la base de notre étude est conservé aux Archives Municipales de Dijon : 4 RI – 1. Une version en microfilm est libre d’accès. Les dates mentionnées sont déduites d’une lettre écrite par François Devosge et adressée à l’Administration : « Dijon 26 Brumaire 3 e de la République française une et indivisible » (16 novembre 1794), « Devosge à l’administration du Directoire du District de la Côte d’Or ». Une note en haut de la lettre indique : « Domaine National expédié le 27 brumaire an 3 e ».

8 Service Général de l’Inventaire de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, soit conservées dans les monuments religieux dijonnais ou encore au Musée des Beaux-Arts de Dijon. Ces œuvres proviennent de quatre monuments prestigieux dijonnais : les deux célèbres églises Notre-Dame et Saint-Michel, l’ancienne Chartreuse de Champmol qui conservaient les tombeaux des Ducs de Bourgogne et la Sainte-Chapelle, vestige de l’Ancien Régime détruit au XIXe siècle. L’ensemble des tableaux, sculptures et objets d’art conservés selon l’inventaire Devosge sera également étudié. En s’attachant à retracer l’histoire des œuvres, nous avons pour dessein de dresser la liste des biens saisis et un catalogue des oeuvres découvertes et retrouvées au sein des édifices religieux et des collections muséales actuelles. L’analyse du mobilier existant dans les églises révèle intrinsèquement ce que pouvait voir les religieux et les fidèles au XVIIIe siècle, afin de redécouvrir l’univers visuel artistique des monuments religieux et la façon dont les œuvres d’art étaient perçues et présentées à cette époque, avant les grands bouleversements, déplacements et remaniements révolutionnaires. De plus, cet inventaire manuscrit peut révéler, au terme d’une étude attentive des détails, des renseignements précieux sur la manière d’inventorier (à une ou plusieurs mains), de désigner une œuvre d’art et de remanier le document, d’ajouter ou de rectifier des éléments. Cela rend ce manuscrit toujours plus « vivant », deux cent vingt-deux années précisément plus tard. En effet, « l’inventaire Devosge », sous cette appellation, scelle durablement le destin du manuscrit à son auteur.

Cependant, nous pouvons nous demander quelles furent les étapes de l’élaboration de l’inventaire de François Devosge et quels étaient les autres desseins ultimes de sa création. Dans quelles mesures l’inventaire des biens répertoriés si précautionneusement par ce maître d’art réputé afin d’assurer leur conservation permettent de reconstituer la richesse des monuments de culte et de dessiner ce que pouvait être l’univers visuel des religieux dijonnais? Afin de comprendre l’importance de ce manuscrit, nous présenterons l’inventaire Devosge, son auteur et la raison pour laquelle François Devosge a été institué de sa mission dans un premier temps. S’inscrivant dans un contexte où nous observons la naissance d’une conscience patrimoniale, nous nous intéresserons aux différentes étapes de la sauvegarde des œuvres d’art, reflétant le désir de conservation du professeur de l’école de dessin dans un deuxième temps. Ensuite, nous étudierons l’élaboration de l’inventaire dans un troisième temps, en nous concentrant sur l’interprétation que nous pouvons en faire. L’analyse des

9 œuvres d’art inventoriées, faisant partie intégrante de ce travail de recherche, constituera la clé de voûte de ce mémoire, dans un dernier temps.

Naissance d’une conscience patrimoniale et l’art de l’inventaire

Du musée d’Alexandrie, aux « trésors » des temples antiques et des églises médiévales, des studiolo et galeries des célèbres familles italiennes des Médicis, Borghèse et Farnèse aux XVe-XVIe siècles à la floraison de cabinets de curiosité du Roi et des particuliers au XVIIe siècle qui invente la muséographie, la conservation des œuvres d’art s’étaient déjà engagés sous les règnes des puissants aristocrates, princes et monarques, attestant de l’idée de la conservation d’un patrimoine religieux, royale ou civique. Cependant, lorsque germent les tourments de la Révolution française, les religieux et religieuses des monastères, couvents et églises, tout comme les amateurs éclairés, curieux et collectionneurs émigrés voient leurs lieux de dévotion ou demeures se vider et les objets de culte ou leurs biens se disperser. Si l’on déplore les ravages du vandalisme, la découverte de la notion de patrimoine à cette époque précise va bel et bien marquée profondément le monde de l’art aux XIXe et XXe siècles. La référence en la matière est le professeur d’histoire moderne Dominique Poulot 2 qui a écrit de nombreux ouvrages sur la question du patrimoine et de l’histoire des musées en Occident, au même titre que Marie-Anne Sire 3 sur la conscience patrimoniale en . De même, les problématiques patrimoniales de conservation des œuvres d’art ont été étudiées par Nathalie Henrich 4, Jean-Michel Leniaud et Vincent Pomarède entre autres qui ont écrit plusieurs articles à ce sujet. Nous faisons le choix dans cette introduction de retracer dans ces grands événements l’histoire de l’inventaire qui voit se distinguer peu à peu trois entités qui progressivement prendront les noms actuels des services de l’Inventaire Générale associé à la

2 Nous ne pouvions faire cette étude sans mentionner cet auteur. Parmi de ses ouvrages, nous pouvons citer : POULOT Dominique, Le passé en Révolution. Essai sur les origines intellectuelles du patrimoine et la formation des musées, 1774-1830 , thèse sous la direction de Pierre NORA, Université Paris I – Panthéon- Sorbonne, 1989 POULOT Dominique, Surveiller et s’instruire. La Révolution française et l’intelligence de l’héritage historique , Voltaire Foundation, Oxford, 1996 POULOT Dominique, Musée, nation, patrimoine : 1789-1815, Bibliothèque des Histoires, nrf, Editions Gallimard, 1997 POULOT Dominique (dir.), Patrimoine et modernité , L’Harmattan, Chemins de la mémoire, Paris, 1998 3 SIRE Marie-Anne, La France du patrimoine, Les choix de la mémoire , Découvertes Gallimard / Monum, éditions du patrimoine, Paris, 1996. 4 HENRICH Nathalie, « Les monuments historiques », Encyclopaedia Universalis version 13, 2008

10 prospection, des Monuments Historiques en ce qui concerne la protection, et de la Conservation des Musées ou Musée des Beaux-Arts 5.

La notion d’inventaire est ancienne et remonte à l’Antiquité grecque. Les hiéropes (administrateurs de sanctuaire gèrant les biens de la société, de l’administration étatique) avaient la responsabilité d’être commis à la garde des temples et procédaient à toutes les opérations de gestion et de conservation d’une collection, c’est-à-dire les inventaires, les réparations, réformes ou envois à la fonte des objets irréparables. De même, les inventaires médiévaux très détaillés gardaient la trace des trésors des églises et des Princes du Moyen Age. Dès le XVe siècle et plus tard à l’époque moderne, au XVIIe-XVIIIe siècle, de grands érudits constitués majoritairement d’aristocrates se plaisent de plus en plus à collectionner dans des cabinets de curiosité. Toute une littérature se met à proliférer : des guides à l’usage des voyageurs, des amateurs et des curieux, des descriptions d’églises, de cabinets, de musées privés, des recherches d’antiquaires et d’érudits, catalogues des ventes depuis le début du XVIIe siècle, etc.

A la Révolution française, le 2 novembre 1789, tous les biens de l’Eglise sont confisqués et mis à la disposition de la Nation, les églises et les abbayes sont alors gérées par la Commune de Paris ou les communes de provinces. Suit de même la confiscation des biens des émigrés et des biens de la Couronne en 1792. Cela attribuait à la Nation une responsabilité nouvelle, celle de choisir désormais parmi les monuments et les œuvres devenus propriétés publiques ceux qui méritaient d’être conservés et transmis aux générations futures 6. Période de fracture institutionnelle, cette époque est aussi celle de la collecte et du rassemblement des biens publics. Pour ce faire, l’Assemblée constituante prescrit le recensement et le tri de ces œuvres d’art qui devaient soit être recueillies dans des musées, soit destinées à la vente ou à la fonte. Elle crée le 16 décembre 1790, la commission des Monuments, réunissant des artistes et des savants, qui élabore les premières instructions concernant l’inventaire et la conservation des œuvres d’art. D’ailleurs, une peine de deux ans de prison est promise, à partir de juin

5 Aujourd’hui, la Direction générale des patrimoines est au sommet de la hiérarchie de l’organisation administrative des musées, le Service des Musées de France lui est rattaché et c’est au niveau des Directions Régionales des Affaires Culturelles dont dépendent ces trois services que se tissent les liens avec les collectivités territoriales. Les missions principales de ces entités sont de conserver, restaurer, étudier et contribuer au développement et au progrès de la connaissance, de la recherche et de sa diffusion. 6 Les ouvrages de Bernard Deloche et Jean-Michel Leniaud 6, et d’Edouard Pommier 6 ont mis en évidence le caractère politique de la démarche de la Révolution française en matière de patrimoine. Passé une période de vandalisme plus ou moins spontané, la rupture avec l’Ancien Régime implique le tri systématique de l’héritage et du passé non seulement monarchique, seigneurial et religieux, mais aussi des corporations et de toutes formes associatives, selon des critères qu’il appartient au nouveau régime d’inventer.

11 1792, à quiconque se rend responsable de dégradations sur des monuments d’art dépendant des propriétés nationales.

Mais, le bouleversement apporté dans la vie des institutions et des hommes est tel que cela va provoquer un mouvement de destruction. Au lendemain de l’insurrection du 10 août 1792 qui met fin à la Monarchie, les abus se multiplient. L’Assemblée leur donne même la légitimité : « Les principes sacrés de la liberté et de l’égalité ne permettent point de laisser plus longtemps sous les yeux du peuple français les monuments élevés à l’orgueil, au préjugé et à la tyrannie »7. La Convention prescrit l’abolition des emblèmes féodaux invitant les citoyens à procéder à des destructions des symboles de la royauté et du clergé et fut rapidement débordée par le vandalisme. Le 16 septembre 1792, l’Assemblée précise par un nouveau décret : « Toutes les statues, bas-reliefs, inscriptions et autres monuments de bronze et en toute autre matière élevés sur les places publiques, temples, jardins, parcs et dépendances, maisons nationales, même dans celles qui étaient réservées à la jouissance du roi, seront enlevées à la diligence des représentants des communes qui veilleront à leur conservation provisoire », seulement si la Commission des Monuments fait une demande au corps législatif pour obtenir exceptionnellement « la conservation des objets qui peuvent intéresser les arts ». Nous pouvons citer l’exemple de la violation des tombeaux royaux à l’abbaye de Saint-Denis qui sont détruits en août 1793, malgré l’avis de la Commission des Monuments qui souhaitait les préserver « pour l’Histoire et pour une idée vraiment philosophique ». Cela montre l’impuissance de cette Commission face aux excès commis au nom du changement et à l’encontre de la mémoire collective qui sera suspendue et remplacée par la Commission temporaire des Arts le 18 décembre 1793. Cependant, certains députés s’en sont préoccupés comme l’abbé Grégoire qui fait apparaitre le terme de « vandalisme » dans les trois rapports successifs sur les « Destructions opérées par le Vandalisme et sur le moyen de le réprimer » en 1794. Il souligne l’existence d’un patrimoine collectif dont la sauvegarde est d’utilité publique et qui intéresse la mémoire et l’identité nationale. Une prise de conscience émerge pour transmettre aux générations à venir. Ainsi, sous Robespierre, le 3 Brumaire de l’an II (24 octobre 1793), la Convention promulgue un nouveau décret qui rappelle : « Art. 1 – Il est défendu d’enlever, détruire, mutiler, ni altérer en aucune manière sous prétexte de faire disparaître les signes de la féodalité ou de la royauté, dans les bibliothèques ou les musées, les objets qui intéressent les

7 SIRE Marie-Anne, La France du patrimoine, Les choix de la mémoire , Découvertes Gallimard / Monum, éditions du patrimoine, Paris, 1996. Les citations qui suivent dans ce paragraphe sont issues du même ouvrage.

12 arts, l’histoire et l’instruction. Art. 2 – Les monuments transportables, intéressant les arts et l’histoire, qui portent quelques-uns des signes proscrits, seront transférés dans le musée le plus voisin. ». La Commission temporaire des arts est désignée à cet effet et adopte une Instruction sur la manière d’inventorier et de conserver, dans toute l’étendue de la République, tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l’enseignement 8. Ce texte fut rédigé par Vicq d’Azyr le théoricien de l’anatomie comparée et par Dom Poirier, bénédictin de Saint- Germain-des-Prés le 25 brumaire an II (15 novembre 1793) et adopté par la Convention dans sa séance du 25 novembre 1794. Il est envoyé aux départements en mars 1794 signé par Lindet. L’ Instruction témoigne d’une véritable histoire naturelle de l’art propre au nouveau classicisme. La recherche de critères pour l’écriture scientifique des notices annonce l’élaboration de normes, dont les conseils de l’historien de l’art Toussaint-Bernard Emeric- David en matière de catalogues opéreront ensuite une première synthèse. Une double tâche d’inventaire et de conservation est confiée à un réseau de correspondants locaux en provinces. Cette instruction fut envoyée aux chefs de dépôt qui, partout en France dont à Dijon 9, reçurent des objets de toute nature, le plus souvent entreposés dans des couvents désaffectés. Nous verrons à Dijon la manière dont cela s’est passé. Cela aboutira à l’établissement de nombreux inventaires à Bagatelle, Marly, Orsay, Saint-Cloud, Fontainebleau, ou Trianon à Versailles. Sous la Révolution française, Alexandre Lenoir dépèce l’église abbatiale de Saint- Denis pour alimenter son « musée des Monuments français » ouvert en 1795 à Paris, arrachant aux vandales les tombeaux royaux, mais dégradant considérablement le monument. Des arrêtés du Directoire et du Consulat organisent en France l’administration des musées. En 1792, les textes révolutionnaires créent le Muséum central des arts, le futur musée du Louvre. Par ailleurs, une période plus favorable s’ouvre au début du XIXe siècle pour les monuments réaffectés au culte avec la réconciliation de l’Etat avec l’Eglise que scelle le Concordat signé en 1801. Le 31 août 1801, le Ministre de l’Intérieur de Bonaparte institue une loi sur les musées et dresse le premier inventaire sur les monuments intéressants. Le 1 er septembre 1801, le décret Chaptal fonde par la redistribution de huit cent quarante-six tableaux appartenant au Muséum central des arts dans quinze musées et impose aux quinze villes de provinces de préparer à leur frais une galerie convenable pour recevoir les œuvres déposées (Lyon,

8 Instruction sur la manière d’inventorier et de conserver, dans toute l’étendue de la République, tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l’enseignement, proposée par la Commission temporaire des arts, et adoptée par le comité d’instruction publique de la Convention nationale, à Paris, de l’imprimerie nationale. L’an second de la République , Paris, An II, 1793 9 A.D.C.O., Série Q 677 : Nous avons trouvé un exemplaire au terme de l’étude de ce fonds.

13 Bordeaux, Strasbourg, Bruxelles, Marseille, Rouen, Nantes, Dijon, Toulouse, Genève, Caen, Lille, Mayence, Rennes et Nancy). En 1810, le comte de Montalivet, Ministre de l’Intérieur, transmet à tous les préfets une circulaire inspirée par l’archéologue Alexandre de Laborde 10 qui prescrit l’établissement dans chaque département d’une liste des châteaux, des églises et abbayes dignes d’attention, leur demandant d’organiser le retour sur leur lieu d’origine des œuvres d’art dispersées et leur recommandant aussi d’instituer un réseau de correspondants en province pour organiser une constante vigilance. Les résultats de l’enquête sont inégaux, mais traduisent dans certaines régions la présence active d’érudits qui seront à l’origine des premières sociétés archéologiques dès 1820. A leur tour, le baron Taylor et Charles Nodier partagent un souci identique et décident de lancer dès 1820 la publication de leurs Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France 11 . Au fur et à mesure de cette prise de conscience, nous allons voir se créer l’Inspection des Monuments historiques 12 . En 1830, François Guizot, Ministre de l’Intérieur, propose au Roi Louis-Philippe la nomination de Ludovic Vitet à un poste d’Inspecteur général des monuments historiques qui dirigeait un service d’inspecteurs (pour les monuments) et de conservateurs (pour des objets mobiliers), répartis dans les différents départements. Ses deux missions sont d’inventorier et de conserver. En 1834, Mérimée, alors âgé de trente-et-un ans, remplace Vitet dans les fonctions d’inspecteur général parcourant toute la France et rédigeant de remarquables rapports d’inspection 1834 à 1860, professionnalisant la pratique de l’inventaire. En 1837, est instituée la Commission des Monuments Historiques appelée à examiner les demandes de subventions pour restauration. La notion de « classement » est inventée afin d’établir une hiérarchie entre les monuments selon l’intérêt qu’ils représentent. La constitution du service des Monuments Historiques se crée en 1840 et la première liste de 1840 s’intitule « Liste des monuments pour lesquels des secours ont été demandés... » par départements. Ainsi, parallèlement à l’attention portée à la conservation des monuments ou immeubles, nous remarquons un intérêt marqué pour la sauvegarde d’objets mobiliers ou de décors remarquables au cours du XIXe siècle, à l’instar du rôle des musées qui se multiplient incontestablement. Il s’agit de meubles (sculptures, panneaux de bois peints, orfèvrerie,

10 L’enquête menée entre 1816 et 1836 par Alexandre de Laborde concernait Les monuments de la France classés chronologiquement et considérés sous le rapport des faits historiques et de l’étude des arts . 11 En règle générale, ces Voyages pittoresques ou autres guides touristiques peuvent parfois s’avérer être utiles quant aux descriptions qui y sont faites sur les intérieurs des églises ou des hôtels particuliers, ne serait-ce que pour l’agencement des pièces et l’exposition des œuvres d’art à cette époque. 12 En France, il faut attendre 1830 pour que sous l’effet du mouvement d’intérêt que le romantisme porte au Moyen Age, le gouvernement se préoccupe de créer un service propre à assurer la sauvegarde des monuments, luttant définitivement ou presque contre le vandalisme qui s’étendait à toute la France.

14 tapisseries…) et d’immeubles par destination (qui se définissent comme des meubles attachés à perpétuelle demeure : retables, boiseries, lambris, vitraux, peintures murales). Donc, le XIXe siècle, héritier des ambitions des Encyclopédistes des Lumières, a vu dans l’idée de faire une liste le meilleur moyen de définir et de transmettre le patrimoine avec des catalogues de bibliothèques privées ou publiques, des catalogues d’œuvres d’art dans les musées et collections, la classification de monuments historiques en 1840, et dans les dernières décennies du siècle, l’inventaire des richesses artistiques et archéologiques, puis des matériaux ethnologiques, qui culmine avec les monographies régionales d’Arnold Van Gennep dès 1932. Cette liste hésite entre la sélection et l’exhaustivité, le classement et l’inventaire. Les œuvres d’art inventoriés dans l’inventaire de François Devosge font l’objet des consultations du catalogue de 1799 13 , mais aussi de ces catalogues publiés au cours du XIXe siècle 14 , mais également des XXe-XXIe siècles 15 . Cependant, la liste ne garantit pas pour autant la conservation matérielle. Le début du XXe siècle fut marqué par la déterminante loi du 31 décembre 1913 clarifiant les textes de 1887 concernant la protection des monuments historiques, meubles ou immeubles. Cette loi introduisait la notion de classement – statut accordé aux œuvres les plus significatives de notre patrimoine national – et donnait surtout à l’Etat les moyens juridiques d’assurer la conservation et la restauration des œuvres d’art. Les années 1950 verront l’explosion de nouvelles créations dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine et liées au phénomène muséographique avec en 1948, l’International Council of Museums (I.Co.M.) dans le cadre de l’U.N.E.S.C.O. 16 créé sous la direction de Georges-Henri Rivière et en 1959, le service de l’inventaire créé par André Malraux chargé de recenser, de classer, d’inventorier et donc de protéger tous les objets et bâtiments d’un intérêt patrimonial, complétant le renforcement de la protection des monuments historiques et du développement des musées. Ainsi, les trois missions majeures sont d’inventorier les objets, restaurer et conserver ou « muséifier ». En effet, la pratique de l’inventaire n’est institutionnalisée qu’à la création en 1964 du service de l’Inventaire Général.

13 FREMIET Louis, Notice des ouvrages de peinture et de sculpture exposés au Musée du Département de la Côte-d'Or , Frantin imp., Dijon, An VII (1798-1799) 14 Les catalogues référencés ci-après sont des indices bibliographiques renvoyant à la bibliographie : Notice de 1818, de 1834, de 1842 et de 1860 ; Catalogue de 1869 et de 1883. 15 Les catalogues de : MAGNIN Jeanne, La peinture au Musée de Dijon de 1914, QUARRE Pierre et GEIGER Monique, Musée des Beaux-Arts de Dijon de 1968, GUILLAUME Marguerite, Catalogue raisonné de 1980 et JUGIE Sophie et STARCKY Emmanuel (dir.), L’Art des collections , bicentenaire du Musée des Beaux-Arts de Dijon, du siècle des Lumières à l’aube d’un nouveau millénaire , [cat. d’expo., 16 juin-9 octobre 2000, Musée des Beaux-Arts de Dijon], Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon, 2000 16 Cette dernière a par ailleurs engagé en 1972 la création d’un inventaire du patrimoine mondial.

15 Au début du XXIe siècle, une nouvelle pratique de l’inventaire se fait jour. Par exemple, un musée de France se doit de mettre à jour régulièrement la tenue d’un inventaire des biens affectés à ses collections comprenant 18 colonnes. De même, le récolement qui permet de vérifier la conformité des collections à l’inventaire doit avoir lieu tous les dix ans. De plus, par l’informatisation des collections, la tenue de l’inventaire réglementaire informatisé permet de mettre à disposition partiellement l’inventaire documentaire informatisé. Dans un même dessein de diffusion et d’avancée de la recherche, des bases de données documentaires (base Mérimée, Palissy, Mémoire, etc.) ont été mises en œuvre par la direction de l’architecture et du patrimoine, enrichies par l’Inventaire Général du patrimoine culturel, des Monuments Historiques et de la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine. Notre étude se trouve ainsi dans la continuité de cette brève histoire de l’inventaire.

Concernant notre étude, de nombreux auteurs ont étudié François Devosge, figure marquante dijonnaise. Nous pouvons citer à titre d’exemple tout ce qui se rattache de près ou de loin à l’école de dessin : les Considérations 17 de Picardet ou l’ Eloge 18 de Fremiet-Monnier, ou encore la monographie de Rabut 19 et la publication de Marcelle Imperiali 20 . L’inventaire de François Devosge est un manuscrit exceptionnel et le premier inventaire des œuvres d’art réalisé à Dijon qui demeure deux siècles après sa création une référence en ce qui concerne la période révolutionnaire. Les saisies révolutionnaires confisquées ont apporté au muséum lorsqu’il a ouvert ses portes en 1799 un enrichissement considérable des collections. François Devosge s’est chargé personnellement d’en faire l’inventaire et de sélectionner ce qui devait être conservés. Après l’ouverture du musée au public, il était urgent de faire un catalogue des œuvres d’art et de l’envoyer à l’administration. Le 27 Thermidor an VII (14 août 1799), ce fut le gendre de Monnier, Louis Frémiet 21 , futur conservateur adjoint, qui rédigea la première Notice des ouvrages de peinture et de sculpture exposés au Musée du Département de la Côte-d'Or . Depuis, les catalogues du musée se sont multipliés, mais ce n’est vraisemblablement qu’au XXe siècle, que l’inventaire Devosge refait surface attendant

17 PICARDET C., « Considérations sur les écoles où on enseigne l’art du dessin », Mémoires de l’académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon , tome II, Dijon, 1774 18 FREMIET-MONNIER L., Eloge de M. Devosge , Dijon, 1813 19 RABUT M., Un bienfaiteur de Dijon, François Devosge 1732-1811, Dijon, 1904 20 IMPERIALI Marcelle, « François Devosge, créateur de l’école de dessin et du musée de Dijon 1732-1811 », Nouvelle Série, Fascicule 3, dans La Révolution en Côte-d’Or , 3 tomes, p. 108, Rebourseau, Dijon, 1925-1926- 1927 21 Louis Frémiet (1769-1848) épousa Thérèse-Marguerite Monnier. Sophie, leur fille, épousa le sculpteur François Rude, élève de François Devosge, et est connue pour sa carrière de peintre.

16 patiemment parmi les archives que quelqu’un daigne s’y intéresser. Ainsi, nous connaissons deux copies de l’inventaire Devosge conservées à la documentation du Musée des Beaux-Arts de Dijon et du Musée de la Vie Bourguignonne. La première copie manuscrite qui se présente en deux volumes fut probablement réalisée au début du XXe siècle. A en juger par les écritures comparées de celles des conservateurs ou attachés au Musée des Beaux-Arts de l’époque, l’orthographe et le papier, nous pouvons dater sa création dans les années 1920 et 1930 pour le premier tome certainement par les frères Albert Joliet (1892-1928) ou Gaston Joliet (1916-1921), Fernand Mercier (1921-1929) ou bien François Marion (1930-1938), puis les années 1960 22 et 1970 pour le deuxième probablement par Pierre Quarré (1938-1979) ou Evelyne Mornat. Certaines notes manuscrites ajoutées datent sûrement des années 1980 et 1990 par Sylvain Laveissière, Marguerite Guillaume (1986-1991) ou Sophie Jugie (1992- 2013). Cet inventaire prouve que l’inventaire Devosge a fait l’objet d’étude durant plusieurs décennies par certains conservateurs. Par ailleurs, nous notons quelques articles faits par les conservatrices Catherine Gras (du Musée des Beaux-Arts en 1980) et Françoise Vignier 23 . Par conséquent, l’inventaire de François Devosge n’a pas été étudié dans son intégralité et n’a donc pas encore révélé tous ses mystères.

De plus, en ce qui concerne la recherche des œuvres d’art provenant des monuments religieux de l’inventaire, certaines études incontournables sont très utiles dans la recherche de l’histoire de certains tableaux par exemple et peuvent servir à l’élucidation de ce manuscrit : l’ Index analytique des objets d’art 24 de Nicolas Fétu ou le Catalogue des tableaux 25 de Claire Constans. Quelques monographies et mémoires de maîtrise ont été réalisées sur l’église de Saint-Michel 26 et l’église de Notre-Dame dont l’ouvrage d’Eugène Fyot 27 ou de Charles

22 L’auteur de la note témoigne qu’il a pu voir cette œuvre dans les grilles des réserves en 1964. Une œuvre numérotée 18 par François Devosge dans son inventaire et reportée dans celui-ci : « 77 ? Vu aux grillages, oct. 64. ». 23 JUGIE Sophie et STARCKY Emmanuel (dir.), L’Art des collections, bicentenaire du Musée des Beaux-Arts de Dijon, du siècle des Lumières à l’aube d’un nouveau millénaire , [cat. d’expo., 16 juin-9 octobre 2000, Musée des Beaux-Arts de Dijon], Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon, 2000 24 FETU Nicolas, Index analytique des objets d’art et d’archéologie existant en 1892, dans les églises, hospices, couvents, places et établissements publics de la ville de Dijon , Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, Dijon, 1892 25 CONSTANS Claire, Catalogue des tableaux appartenant aux établissements religieux de Dijon , mémoire de D.E.S. Lettres, Dijon, 1964. Voir article « Travaux universitaires : Catalogue des tableaux appartenant aux églises et établissements religieux de Dijon », L’information d’histoire de l’art , n°1, 1965, p.43-44. 26 METMAN Etienne, L’église Saint-Michel de Dijon , Ratel-Cotosset, Dijon, 1914. Voir aussi : GULCZYNSKI Henri-Stéphane, L’église Saint-Michel de Dijon et l’architecture de la Renaissance , Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, T. XXXVI, 1990-1992, p.311-337. Ou encore : MARCEAU Béatrice, La paroisse Saint-Michel de Dijon au XVe siècle , mémoire de maîtrise en Histoire, Dijon, 1990. 27 FYOT Eugène, L’église Notre-Dame de Dijon : monographie descriptive , F. Rey, Dijon, 1910.

17 Oursel 28 . La Chartreuse de Champmol a été bien étudiée par Sophie Jugie ou Pierre Quarré 29 . Quant à la Sainte-Chapelle, une exposition documentaire organisée par le Musée des Beaux- Arts de Dijon a eu lieu cette année 2014 30 et a ravivé l’intérêt sur ce sujet. Par conséquent, notre étude contribuera à apporter une vision certaine des œuvres qui ornaient et servaient à la liturgie et au culte dans les établissements religieux dijonnais, ces œuvres d’art sur lesquelles François Devosge a passé du temps et à qui nous sommes reconnaissants de nous avoir transmis son inventaire deux siècles plus tard.

28 OURSEL Charles, L’église Notre-Dame de Dijon , H. Laurens, Paris, 1938. Voir aussi : BRESSON Joseph, Histoire de l’église de Notre-Dame de Dijon , Union typographique, Dijon, 1891. Ou encore : MILLET Fanny, L’évolution du bâti à Dijon dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, étude de la paroisse Notre-Dame, 1739- 1789 , mémoire de maîtrise en histoire moderne, sous la direction de LAMARRE Christine, vol. 1, Dijon, 2002. 2929 QUARRE Pierre, La Chartreuse de Champmol : Foyer d’art au temps des Ducs Valois , Musée des Beaux- Arts de Dijon, Dijon, 1978. JUGIE Sophie, KAGAN Judith et alli, Le puits de Moïse et la Chartreuse de Champmol , Patrimoine, Paris, 2004. 30 La Sainte-Chapelle de Dijon et les résidences des Ducs de Bourgogne, Architecture, histoire et musique, [GILLES Matthieu, JUGIE Sophie et alli, dossier de presse de l’exposition du 17 mai au 13 octobre 2014, Dijon], Dijon, 2014. Voir aussi l’ouvrage paru lors de l’exposition : MOUILLEBOUCHE Hervé, Palais ducal : le logis de Philippe le Bon , Centre de Castellologie de Bourgogne, Chagny, 2014. Ou encore : D’ARBAUMONT Jules, Essai historique sur la Sainte-Chapelle de Dijon , Mémoires de la Commission, Lamarche, 1863. QUARRE Pierre, La Sainte-Chapelle de Dijon : Siège de l’ordre de la Toison d’Or , Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon, 1962.

18 I / L’inventaire Devosge : son auteur et son contexte

1°) Présentation générale de l’inventaire

L’inventaire de François Devosge est composé d’une couverture cartonnée de couleur verdâtre assez abîmée et contient 136 feuilles (fig. 21 et 22). Nous constatons à la lecture de l’inventaire qu’il contient quelquefois plusieurs feuillets rajoutés de même taille ou non par endroits, et qu’il a servi maintes fois, qu’il a été retouché et remanié. La première partie du document a été rédigé par Auvert dont nous reparlerons par la suite, d’où la signature et inventorie essentiellement des biens des religieux dont les pleurants des tombeaux des Ducs de Bourgogne conservés au Musée des Beaux-Arts de Dijon. Puis, suit l’inventaire de François Devosge avec la « Table des Noms des personnes d’où proviennent les Ouvrages de Peintures, Sculptures et Gravures contenus dans ce cahier », où sont ici notés les 101 noms des lieux ou demeures des religieux, mélangés aux maisons ou demeures des émigrés. Ces derniers s’étendent sur trois feuilles. Nous notons par exemple des demeures de religieux ou des ordres religieux tels que la Cathédral de Dijon (ancienne cathédrale Saint-Médard), Citeaux, les Jacobins, les Ursulines, les Visitandines ou les Bernardines de Dijon, ou certains noms de parlementaires célèbres à Dijon comme Legouz, Févret de Saint-Mesmin, Jehannin de Chamblanc, Fÿot Mimeure, Vogué ou encore Benigne Bouhier, ainsi que certains districts.

A la treizième feuille au verso ou à la page 26, commence la numérotation des pages composant le « Catalogue des Tableaux, Estampes, Figures, Bustes de Marbre et Bronze ; Porcelaines, Ouvrages ». L’inventaire suit plus ou moins l’ordre de la Table. Nous notons que l’inventaire est en général assez bien organisé. Par exemple, nous avons en premier la référence à la demeure et la date de la saisie : « Maison le Gouz / Le 13 novembre 1792. ». Puis, François Devosge a introduit un paragraphe se soussignant et indiquant qu’il s’est « transporté » chez cet émigré. Il ne le fait pas à chaque fois. Nous pouvons penser que François Devosge a noté les œuvres d’art au fur et à mesure des salles ou lieux de culte pour les monuments religieux et au fil des pièces en ce qui concerne les hôtels particuliers, en comparaison avec les autres inventaires des agents du district, excepté peut-être pour les ouvrages qui ont sûrement dû être rassemblés dans un endroit. Puis, il a sélectionné en même

19 temps aussi bien les meilleures œuvres que celles de qualité moindre, en tous les cas celles qu’il jugeait utiles.

Chaque œuvre d’art est inventoriée ainsi : nous avons des lettres en majuscule C.M., C., V., C.D., C.E.C., C.St.B., C.St.M. et C.N.D. souvent qui nous renseignent si les oeuvres ont été vendues, conservées au Musée des Beaux-Arts de Dijon, ou dans d’autres lieux tels que les salles de l’administration centrale, l’école centrale, l’Eglise Saint-Bénigne, l’Eglise Saint-Michel ou encore l’Eglise Notre-Dame à Dijon, ou encore rendus à son propriétaire. Ensuite, nous avons le numéro, puis la description brève de l’œuvre avec son sujet, son support, sa technique parfois, son auteur ou son attribution, ses mesures et sa présentation. A titre d’exemple, François Devosge écrira ainsi : « C. St B. N°3 L’annonciation de la Vierge, ce tableau est composé de huit figures, l’ange Gabriel occupe le premier plan ; le second à droite l’est par la Vierge, et le haut du tableau est terminé par une gloire où préside le Saint- Esprit environné de six enfants, peint sur toile de 5 pieds de hauteur sur 4 pieds de large. »

François Devosge commence son inventaire par la liste des saisies faites chez certains émigrés. Les biens inventoriés des monuments religieux se trouvent dès la page 100 de l’inventaire Devosge avec la Chartreuse de Dijon. Par la suite, l’auteur continue avec les œuvres des émigrés ou des religieux, selon l’urgence de la sauvegarde des biens. Nous constatons qu’il fait souvent des renvois indiqués par des notes dans la marge, des notes de bas de page ou des symboles, afin de compléter son travail. Tel que nous l’indique la lettre de François Devosge adressée à l’Administration du Directoire du District, jointe à l’inventaire qui se trouve en bi-folio avant la « Table des noms de personnes » : « Ce catalogue ou inventaire n’est pas clos parce qu’il se trouve journellement de nouvelles choses à y porter » (voir Annexes, Textes 1 et 2).

Afin de mieux comprendre l’élaboration de l’inventaire Devosge, nous allons revenir sur la raison pour laquelle François Devosge a été institué de cette mission, ainsi que sur les enjeux et les difficultés de la rédaction de ce travail.

20 2°) François Devosge : un homme des Lumières au cœur de la période révolutionnaire

Créateur de l’école de dessin, de peinture et de sculpture de Dijon et du Musée des Beaux-Arts de Dijon 31 , François Devosge fut le professeur de nombreux élèves devenus artistes de renom tels que Pierre-Paul Prud’hon et François Rude entre autres. Il fut également le sauveur et le gardien des richesses qui font de Dijon une capitale artistique un des joyaux de la France, fruit d’un travail patient, difficile et désintéressé, mené à bien sous plusieurs régimes successifs de 1762 à 1799. Lorsque nous regardons le portrait qu’a peint Prud’hon entré au Musée en 1850 (legs d’Anatole Devosge, conservé au Musée des Beaux-Arts de Dijon), c’est un homme droit, à l’habit soigné et aux connaissances solides qui nous fixe droit dans les yeux, prêt à dessiner au fusain sur son papier bleu, adoptant la même position que s’il inventoriait une œuvre qui aurait marquée son attention.

Né à Gray le 25 janvier 1732, d’une famille aisée, Claude-François III Devosge descend d’une lignée de sculpteurs et de menuisiers, allié à la famille du sculpteur Attiret et à celle de l’architecte Saint-Père. D’après Fremyet son biographe, il aurait fait de bonnes études en suivant les cours du Collège. Son orthographe ne nous permet pas de porter un jugement favorable sur ses qualités d’écriture, car il défie toutes les lois de la grammaire. Mais, au regard de l’inventaire qu’il rédigea, nous ne pouvons qu’attester l’étendue admirable de ses connaissances intellectuelles. Il fut placé dès l’âge de quinze ans par le sculpteur lyonnais Antoine-Michel Perrache dans l’atelier parisien de Guillaume II Coustou. Mais, il dut renoncer à cette formation au bout de trois ans, menacé de perdre la vue à cause d’une cataracte, raison pour laquelle son maître Coustou lui avait fortement conseillé de se faire opérer et il fut soigné par Daviel avec succès. Toutefois, ne voyant plus que d’un œil, il abandonna la sculpture. Ainsi, de sculpteur, il devint peintre auprès de Jean-Baptiste Deshays.

A la fin de 1760, son protecteur le marquis de Paulmy l’envoya à Dijon afin de travailler pour le beau-père de ce dernier, l’ancien Président du de Bourgogne Philibert Fyot de La Marche, à l’illustration de son Histoire de la législation française . François Devosge tenait aussi à cette époque une correspondance avec Voltaire. Sous la protection également de Legouz-Gerland comme protecteur attitré, deux mécènes illustres de

31 JUGIE Sophie et STARCKY Emmanuel (dir.), L’Art des collections, bicentenaire du Musée des Beaux-Arts de Dijon, du siècle des Lumières à l’aube d’un nouveau millénaire , [cat. d’expo., 16 juin-9 octobre 2000, Musée des Beaux-Arts de Dijon], Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon, 2000

21 Dijon, et membre de l’Académie de Saint-Luc, il épousa le 10 décembre 1764 Marie Saint- Père, fille de Claude Saint-Père. Il eut Claude le 20 janvier 1765, Charles le 30 mars 1768 et Anatole le 13 janvier 1770.

Ce fut alors en 1766, dans un contexte propre au siècle des Lumières, que François Devosge créa l’Ecole gratuite et publique de peinture, sculpture et dessin de Dijon 32 . Les plus belles œuvres d’art sont aujourd’hui conservées dans la Salle des Statues du Musée des Beaux-Arts de Dijon. Dès 1776, les Elus projettent d’adjoindre au Palais des Etats une série de constructions destinées à loger l’Ecole de dessin et le professeur avec une partie de l’Administration et les archives des Elus, du côté de l’actuelle Cour de Flore. La pièce principale de la cour de Flore est située au premier étage de l’aile Nord. Destinée à l’école de dessin, elle servit également après 1778 de Salle de Festins (actuelle salle du conseil municipal) donnés en l’honneur du gouverneur. Après des travaux l’achèvement de l’aile Est du Palais, en 1781, le lieu des locaux d’enseignement de l’école de dessin, donnant sur la Cour d’honneur et la Cour de Bar, se trouvaient dans les actuelles salles au décor néo- classique du Musée des Beaux-Arts. La Grande salle à éclairage zénithal à la suite de l’actuelle Salle des Statues qui accueille toujours les sculptures des élèves de François Devosge expose des tableaux du XVIe siècle. Quand viennent les heures sombres de la Révolution, François Devosge ne va pas être en mauvaise posture. Il ne prendra pas parti contre les événements, excepté contre le vandalisme des monuments des arts et ne figurera pas sur la liste des suspects puisqu’il restera à Dijon. Aux premiers jours de la Révolution, l’Ecole de dessin n’était pas en péril. L’Administration déclare que le professeur mérite toute sa confiance et ce dernier est félicité par le Directoire du département en novembre 1791. D’ailleurs, dans un projet d’adresse à l’Assemblée Nationale le 8 décembre 1791, les directeurs ne tardent pas d’éloges :

« Dans la partie des arts, nous possédons une Ecole de peinture et de sculpture dirigée par l’un des plus grands maîtres dont la France s’honore, celui qui compte parmi ses élèves les

32 Dans la lignée de la création de l’Académie royale de peinture et de sculpture, dès 1676, le Parlement enregistre l’autorisation donnée à l’Académie d’établir des écoles académiques de peinture et de sculpture dans toutes les villes du royaume où il sera jugé nécessaire, mais ce n’est donc véritablement que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que se créent des écoles de dessin.

22 Gagnereaux, les Prudon, les Renaud tant d’artistes célèbres qui tiennent le premier rang à Paris et à Rome. Un musée considérable accompagne ce bel établissement. » 33

De plus, les qualités artistiques et professionnelles de François Devosge le conduisent à être nommé conservateur. Le 10 nivôse an III (soit le 30 décembre 1794), le représentant du peuple Calès 34 prenait, pour la conservation des objets d’art, un arrêté par lequel il nommait une Commission à cet effet et dont nous comptons parmi les conservateurs nommés François Devosge (Texte 3). De même, le professeur de l’école de dessin est élu le 21 prairial an III (soit le 9 juin 1795) pour devenir le directeur de l’Ecole. En effet, l’Ecole Centrale 35 du département de la Côte-d’Or dont faisait partie l’Ecole de dessin est fondée et le 27 floréal an III (soit le 16 mai 1795), le Directoire du District envoie au Directoire du département des propositions pour la nomination des professeurs.

De ce fait, François Devosge sera donc tout désigné pour travailler à la conservation des objets d’art en Côte-d’Or, il doit donc aider le gouvernement. Classer des tableaux et les numéroter peu paraître chose facile, mais sauver des œuvres d’art en conformité avec la loi est plus compliqué, davantage encore lorsque plusieurs régimes se succèdent et que les mêmes hommes se mettent à détruire ce qu’ils ont passé tant de temps à construire. Ayant consacré toute sa vie au service de l’art en tant qu’artiste, à l’émulation de ses élèves dans son école et à la conservation des œuvres par la création du musée, il a travaillé pour l’Administration visant toujours un même but, sauvegarder les monuments des arts. Il mourra le 22 décembre 1811 à Dijon.

3°) L’homme de la situation

La question des biens des émigrés et des ecclésiastiques avait de suite inquiété l’Administration qui les déclara « biens nationaux » dès 1789. Cette période de changements se veut servir à « l’instruction de tous ». Les commissaires de la Commune commencent leurs

33 CORNEREAU E., Notes documentaires sur la conservation des œuvres d’art en Côte-d’Or pendant la Révolution, dans La Révolution en Côte-d’Or , fascicule 2, Rebourseau, Dijon, 1926. L’auteur était membre de l’Académie de Dijon et vice-président du Comité à l’époque de la publication. Voir A.C.D.O., Série L 25. 34 Jean-Marie Calès était avocat à Toulouse, député de la Haute-Garonne à l’Assemblée législative et à la Convention nationale et fut envoyé comme représentant dans le département de la Côte-d’Or, le 9 thermidor an 2 (soit le 27 juillet 1794). Nommé en 1815, membre de la Chambre des représentants pour le département de la Haute-Garonne, il fut exilé en vertu de la loi de 1816, comme ayant voté la mort du Roi Louis XVI. 35 L’Ecole Centrale se trouvait dans l’ancien Collège des Godrans (actuelle Bibliothèque Municipale de Dijon, rue Chabot-Charny).

23 visites dans les domaines dès les 2 novembre 1789 et dressent leurs premiers inventaires. Les Comités d’administration ecclésiastiques et d’aliénation réunis, dès le 15 décembre 1790, envoient aux départements des instructions 36 relatives à la conservation des monuments de peinture, de sculpture et de tout art provenant du mobilier des maisons ecclésiastiques supprimées. Par ailleurs, ce fut l’Administration centrale qui se réservait la direction du travail. Dès 1790, commencent les ventes et les inventaires à Aignay-le-Duc, Beaune, Châtillon-sur-Seine, La Bussière ou Villey-sur-Tille encore.

A Dijon, c’est le monument de la Chartreuse de Champmol qui doit être vendu en mai 1791. Il est intéressant de noter que ce sont en premier lieu les monuments des arts relatifs aux religieux qui ont attiré l’attention. Après la vente du bâtiment le 4 mai 1791, les objets d’art sont bien exceptés de l’aliénation des objets mobiliers faite le 5 mai 1791, mais l’on ne garde plus l’entrée et des dégâts sont commis, notamment sur les pleurants que l’annaliste Bénigne Baudot recueille certains débris. L’émigration des ecclésiastiques et des privilégiés ou leur absence momentanée concourent à penser à l’abandon de leur propriété et de leurs biens. Dans les demeures des émigrés, sont commis des vols malgré les vigilances des gardiens et autres domestiques restés encore sur place. Les pillages sont d’actualité. Les ravages subis sur les pleurants ou les « Chartreux » de Claus Sluter à la Chartreuse de Champmol sont l’un des premiers exemples de vandalisme. C’est d’ailleurs par la liste de « petits Chartreux d’albâtre » que commencent la première partie de « l’inventaire de François Devosge » qui n’est pas de sa main, mais dont l’auteur est Auvert. Cependant, nous notons que c’est le premier monument religieux par lequel François Devosge commence à dresser l’inventaire des œuvres d’art.

C’est à partir de ce moment marquant que l’Administration s’inquiète et s’adresse sans plus attendre à François Devosge dès le 1 er juillet 1791 afin d’avoir des conseils, notamment celui de déplacer la plupart des monuments des arts des maisons des religieux. Quelques mois avant l’époque où François Devosge rédige son inventaire, les œuvres d’art sont donc en péril à Dijon, tel est le cas aussi d’un point de vue parisien et national. De plus, François Devosge est chargé d’enlever les emblêmes féodaux tels que les armoiries de la Maison nationale remplacés par des statues d’argile. Après ce travail, il est chargé de faire accélérer certains inventaires car les districts voisins de Dijon ne les font pas régulièrement et le département

36 Ibidem. Voir aussi A.D.C.O., Série L I VI. I. II. 22 décembre 1790, 14 janvier 1792 et 3 novembre 1792, ainsi que l’instruction du 1 er juillet 1791, faite aux Comités d’administration des affaires ecclésiastiques et d’aliénation des biens nationaux.

24 parait tout comme le district de Dijon avoir confiance en lui. En effet, les commissaires ou les agents des districts commencent à réaliser des inventaires du mobilier dans une trentaine de demeures.

Ainsi, François Devosge est souvent sollicité mais, en cette période tumultueuse où il faut savoir agir vite et bien afin d’éviter le pire, il est difficile de connaître réellement le travail de chacun, si bien que Devosge voudra à plusieurs reprises que soit déterminé de façon claire ses attributions. En la séance du 14 mars 1792, un manuscrit 37 nous renseigne sur la fonction de Devosge :

« Séance du 14 mars 1792.

Vu de nouveau les devis et détail estimatifs dressés par M. Guillemot pour l’enlèvement des tombeaux des Chartreux. etc.

Oui le procureur sindic

Le directoire du district arrête que M. Devosge demeure nommé commissaire à l’effet de faire la description des tableaux existant aux chartreux et dans les maisons nationales, de s’expliquer sur leur valeur, et d’indiquer un local sain et convenable ou les d[its] tableaux puissent être réunis avantageusement de dresser de tout son rapport pour à la vue d’icelui être donné cet avis qu’il appartiendra.

fait à Dijon le quatorze mars mil sept cent quatre vingt douze. [signatures] Maret / Gillotte »

Nous notons que cette lettre nous renseigne d’une part sur la première étape de la mission de François Devosge, celle de faire des visites dans les monuments en décrivant les œuvres à sauvegarder, ainsi que de les estimer et de trouver un local à leur affectation.

37 A.D.C.O., Série Q 675-677 Généralités

25 D’autre part, nous remarquons qu’il a été investi de son travail concernant les monuments religieux bien avant la rédaction de l’inventaire.

Toutefois, dans le chapitre de l’inventaire Devosge où François Devosge se soussigne avant de commencer l’inventaire de l’émigré Bénigne Legouz de Saint-Seine, nous apprenons qu’il a été investi de sa mission d’inventorier dès le 4 novembre 1792 :

« Je François Devosge, directeur et professeur de l’école de peinture, et sculpture, en exécution de la Commission dont j’ai été chargé par l’Administration du District de Dijon, en date du 4 novembre 1792, l’an 1 er de la République française, à l’effet de procéder à l’inventaire, distractations, et estimation des objets scientifiques et monuments d’art qui peuvent se trouver dans les maisons religieuses, et des émigrés dont la liste est jointe à la dite commission, je me suis transporté I° le 13 novembre 1792 dans la maison de Bénigne Le Gouz rue Pouffier, où j’ai trouvé et distrait les tableaux estampes ci-après détaillés. »

Nous savons donc que François Devosge commence la rédaction de son inventaire dès le 13 novembre 1792 (soit le 23 brumaire en I), d’après le manuscrit sur lequel il a noté la date. De plus, divers arrêtés rendus par l’Administration départementale le 14 janvier 1793 (soit le 25 nivôse an I) et le 2 février 1794 (soit le 14 pluviôse an II) investissent officiellement François Devosge du soin « de veiller à la conservation des monuments des arts dépendant des propriétés nationales et de faire le choix des objets qui devaient être réservés pour servir à l’instruction publique et déposés dans le musée ». Le professeur de l’école de dessin avait pour auxiliaires le sculpteur Claude-François Attiret et le peintre Nicolas Auvert.

Dans la deuxième partie, nous montrerons quelles furent les étapes de la mission de François Devosge concernant la conservation des œuvres d’art par l’utilisation de l’inventaire.

26 II / La sauvegarde des monuments des arts

1°) La conservation mouvementée des œuvres d’art

Suite à sa nomination en tant que commissaire pour la description des objets intéressant les arts, François Devosge doit faire sa mission de conservation des œuvres d’art soustraites aux monuments religieux. Afin d’éviter les pillages, le déplacement des tableaux, sculptures et objets d’art est inhérent à son travail. Cette lettre 38 du District de Dijon nous explique la manière de procéder. Elle nous révèle que François Devosge envisage dès 1792 le transfert des œuvres vers le couvent des Bernardines :

« District de Dijon.

Département de la Côte-d’Or.

Du 30 mars 1792. Matin

Sur les représentations faites par M. Devosge, que pour se conformer à l’arrêté du directoire du département du 20 de ce mois, par lequel il a été nommé Commissaire pour la description des tableaux appartenant à la nation et déposé soit dans les bâtiments des cy devant Chartreux, soit dans les maisons nationales. Il a besoin d’aides tant pour descendre les tableaux qui se trouvent placés hors de portée de la vue, que pour le transport des mêmes tableaux dans quelque bâtiment national où il puisse procéder à l’exécution de sa commission avec l’attention et l’exactitude qu’exigent une opération de cette importance. Demandant encore mon dit Sieur Devosge qu’on lui désigne le local qui puisse servir de dépôt provisoire pour les tableaux, son opinion étant qu’il n’est pas d’endroit plus convenable que la rotonde des Bernardines. […]

fait à Dijon le 30 mars 1792 matin.

Grillole Desmarez Parigore Bne Vaillant [?] »

Un an plus tard, de nouvelles recommandations précisent la mission de Devosge auxquelles il avait déjà entrepris la démarche. Cela atteste de l’oscillation, en cette période

38 A.D.C.O., Série Q 675-677, Généralités.

27 mouvementée, entre la rapidité de certaines expropriations et le temps que peuvent mettre parfois certaines procédures (déplacements, transferts, recensements, etc.). Nous supposons que le fait que les églises désaffectées en dépôts commencent à s’amonceler de biens, il est important de réfléchir, d’ores et déjà, au cours des prospections pendant les visites, aux objets méritant la conservation, de prendre en compte les frais de logistique et de maintenance, ainsi que de penser à leur lieu de destination future ou auquel cas à leur vente par l’estimation préalable des pièces. Tel ce document 39 nous le rapporte :

« Bureau des biens nationaux. District de Dijon.

14 janvier 1793.

Destination des monuments des sciences et arts existant dans les églises supprimées de Dijon.

Le Directoire du Département de la Côte-d’Or.

Vu le procès verbal dressé le vingt six décembre par Augustin Perrin, Membre du Directoire du District de Dijon, assisté de Louis Duleu, contenant le détail des monuments des sciences et des arts qu’ils ont remarqué dans les différentes églises supprimées de cette ville, qu’il est intéressant de faire connaître afin de les mettre en lieu sûr.

Et l’avis du Directoire du District de Dijon du dix janvier mil sept cent quatre vingt treize, par lequel considérant avant de mettre en vente les églises supprimées, que s’il est important de statuer sur le déplacement et la destination des monuments des sciences et des arts qui y sont et qui doivent être conservés à la forme des lois ; il est nécessaire de distinguer ceux qui méritent d’être conservés, de ceux qui n’ont de valeur que le marbre ou la pierre ;

Je propose que par le Citoyen Devosge il soit fait une visite et description des dits monuments, qu’il soit tenu de s’expliquer de ceux qui peuvent et doivent être conservés et sur les lieux où ils peuvent être placés, d’évaluer les frais de déplacement ; de désigner ceux qui trop peu importants ne doivent point être conservés, et de faire l’estimation de la valeur des marbres qui les composent ;

Oui le rapport et le procureur général sindic.

39 A.D.C.O., Série Q 677 Généralités.

28 Le directoire du département de la Côte-d’Or, a approuvé l’avis du district pour être exécuté suivant sa forme et teneur.

Fait et arrêté au Directoire du Département de la Côte-d’Or à Dijon formé par les citoyens, Benvin Président, Petit, Decamp, Sirugue, Theveneau, Mavandet, Carré, Phillipot, Dagallier et Viardot procureur général syndic le quatorze janvier mil sept cent quatre vingt treize. L’an second de la République française. 1. [signatures suivies de Bne Vaillant]. »

Ainsi, le 22 mars 1793, le professeur de l’école de dessin relève dans des lettres 40 dont nous transcrivons que partiellement, le bilan de son repérage, son estimation des objets et son projet de conservation :

« Je François Devosge, en exécution de la Commission dont j’ai été chargé par l’Administration du District de Dijon, en date du 14 janvier 1793, l’an 2 ème de la république française, à l’effet de procéder à l’inventaire, distraction des objets scientifiques et monuments d’art qui peuvent se trouver dans des églises supprimées.

Savoir fait que le vendredi vingt deux mars 1793 l’an 2 ème de la République française j’ai procédé à la commission dont j’étais chargé ainsi que fait ayant appelé pour m’assister dans mon opération pour la partie estimative Louis Duleu cadet entrepreneur en cette ville avec lequel je me suis d’abord rendu dans l’église des ci-devant Minimes […]

[Il se rend ensuite de l’église des Capucins à la Sainte-Chapelle] De là je suis entré dans la ci devant Sainte-Chapelle j’ai remarqué qu’il y existe des monuments à conserver d’autres à vendre parmi ceux à conserver j’ai distingué 1 er au collatéral du côté du couchant une magnifique statue de Dubois représentant saint Yves ce saint en ce genre un ouvrage distingué qu’il faudra placer dans l’endroit que j’indiquerai. 2 e dans la chapelle du sépulcre quatre figures en pierre et albâtre formant deux mausolées ces quatre figures sont du [maître] du 12 siècle et avec leurs accessoires sont remarquables par l’exécution et par leurs costumes. Ce sont par ces raisons que je pense qu’il convient de les réserver avec celle de Gaspard de Saulx qui est dans le cœur pour être déposée dans le musée elles ont plus de mérite que celle qu’on a fait vérifier des Cîteaux il y faudra joindre celle du marchand bourguignon qui est attachée à un pilier de la nef et le sépulcre qui est dans cette chapelle qu’on peut vendre pour la suite avantageusement, quant au groupe de figures qui est au fond du chœur c’est un

40 A.D.C.O., Série Q 677 Généralités.

29 excellent ouvrage, mais attaché après le mur et exécuté sur place on ne pourrait en tirer parti sans une grande dépense. Les monuments à vendre dans cette église sont le jubé que j’évalue 500¨ une Vierge en pierre attachée à la Nef 12¨ l’autel en marbre qui était dans la chapelle du cy devant Condé que j’évalue 400¨ le pourtour du chœur et du tombeau de Gaspard de Seaux que j’évalue 100¨ un mausolée dans la chapelle aussi que j’évalue 100¨ enfin 3 petits monuments en marbre qui sont dans le collatéral du côté du levant que j’évalue 72¨. […] »

Cet exemple montre la manière avec laquelle François Devosge procédait et sa façon de raisonner. La statue de saint Yves, nous en reparlerons dans la quatrième partie, est inventoriée dans l’inventaire Devosge. Quant au tombeau de Gaspard de Saulx de Tavannes 41 , il fut détruit à la Révolution. De plus, François Devosge indique également la somme totale de 1184 livres. Nous constatons qu’à côté de la volonté de conservation indéniable, une démarche financière n’est pas négligeable à noter. Certaines œuvres sont parfois même laissées de côté malgré leur caractère intéressant du fait du coût probable de leur déplacement. Quatre jours après, une lettre du Directoire du Département de la Côte-d’Or relate les mêmes observations et décisions prises par François Devosge afin de les valider :

« Le 26 mars 1793

Bureau des Biens nationaux.

Rapport de François Devosge, relatif aux monuments des arts des églises supprimées de cette ville.

Le Directoire du Département de la Côte-d’Or […]

Il faut réserver pour être placé au musée le tombeau et la statue de Gaspard de Saulx, les petites figures qui sont dans la chapelle du Sépulcre, à la Sainte Chapelle, ainsi que le sépulcre et la figure du marchand bourguignon ; que ces monuments doivent être laissés sur place, jusqu’à l’établissement du musée et que l’administration doit veiller à ce qu’il ne s’y commette aucune dégradation, lors de la vente du surplus. […]

41 Né à Dijon, il fut lieutenant-général en Bourgogne et Maréchal de France (1509-1573).

30 enfin la statue saint Yves qui est à la Sainte Chapelle, qui sont des monuments précieux qui doivent être déplacés, seront très avantageusement replacés à Saint Bénigne de la manière indiquée au dit rapport. […]

fait et arrêté en la séance publique du Directoire du département de la Côte-d’Or à Dijon, […] [signatures] Bne Vaillant. »

Par ailleurs, dans ces mêmes liasses conservées aux Archives Départementales à Dijon, les correspondances entre l’Administration du Directoire du Département du District et François Devosge nous indiquent qu’en août 1793, s’est effectuée « la location d’une partie de l’abbatiale de Saint-Bénigne pour le dépôt de tableaux, estampes etc. provenant des maisons ecclésiastiques supprimées et des émigrés », outre le dépôt du couvent des Bernardines.

En effet, dès 1789, la vocation religieuse des églises, abbayes et couvents est soit terminée, soit mise de côté pour un long moment. Le cas de l’église de Saint-Bénigne qui va jouer un rôle important dans la sauvegarde du patrimoine est intéressant. Comme beaucoup d’autres monuments religieux, après la fermeture de ce lieu de culte dès 1790, les inventaires des biens du clergé mis à disposition de la Nation sont en cours d’être réalisés. L’église abbatiale devient paroissiale en mai 1791 et les bénédictins quittent les lieux. En septembre, elle devint cathédrale par l’Assemblée Nationale Constituante. La cathédrale est alors réouverte au culte en novembre 1792. Ce qui restait du sanctuaire dépouillé est mis à la vente en mai 1794. Lors de cette même année, elle sera de nouveau fermée pour être mise à entière disposition de la municipalité, et servir uniquement de dépôt des œuvres des religieux et des émigrés. Il faut attendre 1795 pour que la Convention rétablisse la liberté des cultes dans les monuments religieux.

Devenue le confluent des œuvres d’art, des premiers transferts par le procureur de la ville de Dijon Claude Rénon et l’évêque constitutionnel du département de la Côte-d’Or Jean-Baptiste Volfius vont être réalisés. Des « chapelles de bois doré », que Devosge avait notées dans son inventaire, vont être déplacés à Saint-Bénigne de la Chartreuse de Champmol, tout comme les bustes des apôtres de l’ancienne cathédrale Saint-Etienne. De même, lors de la transformation de Saint-Bénigne en cathédrale, l’autel et des stalles de la Sainte-Chapelle ont servi d’ornements au nouveau chœur. De plus, afin d’épargner de la destruction quelques monuments d’art funéraire en 1793, Claude Rénon va également inventer un subterfuge audacieux en inscrivant le nom de grands hommes à l’exemple civique sur les épitaphes des mausolées de personnes rattachées de près ou de loin à l’aristocratie. Par exemple, les priants

31 de Claude Bouchu, provenant du couvent des Carmes, et de Georges Joly de Blaisy, qui prend pour origine le couvent des Cordeliers, prendront les noms de Pierre Jeannin et de Nicolas Brûlard. Les deux statues de Jean Dubois sont conservées au Musée des Beaux-Arts actuellement. Ce procédé provoqua des remontrances dont l’une d’un voyageur étranger parue dans le Journal de la Côte-d’Or en 1803, auquel le substitut de la commune répondit. Un débat public s’ouvre alors et une problématique concernant le choix de ce que l’on doit conserver, compte tenu du nombre croissant d’adjudications de maisons supprimées, va être résolu en partie par l’action de Devosge. Il propose de rapatrier d’autres monuments qui seront replacés à Saint-Bénigne, monument le plus spacieux et choisit de transférer d’autres œuvres, comme nous l’avons mentionné dans l’église des Bernardines pour éviter les disparitions dues au tumulte de cette époque.

2°) La question du transfert des œuvres en dépôt

La première étape du travail de François Devosge est ainsi de sauver le plus grand nombre d’œuvres d’art afin de les conserver et de les estimer, et la seconde est de ne rien laisser vendre qui puisse être de valeur, se conformant aux instructions du Ministre de l’Intérieur Roland dès 1792 : « Cet examen, et ce choix, Messieurs, demandent autant de sagacité que de scrupule, et il est à désirer que vous y appeliez quelques citoyens dont les lumières et les connaissances puissent éclairer votre zèle »42 . Toutefois, nous notons qu’aucune trace d’estimation ne figure dans l’inventaire Devosge. Le professeur de l’école de dessin gardait à l’esprit les œuvres qui pouvaient être utiles au futur musée des Beaux-Arts et servir à l’enseignement de ses élèves. Mais, en règle générale, plus de tableaux sont vendus que conservés.

En ce qui concerne les ventes, il faut aussi choisir le moment propice. Le 11 octobre 1792, le Directoire du Département a décidé qu’il doit être sursis à toute vente « parce que les gens riches sont alors absorbés par les soins de la campagne et la récolte des vins »43 . Les ordres de l’Administration sont formels, les ventes doivent être faites avec la plus grande prudence et c’est la raison pour laquelle François Devosge était le meilleur choix à ce travail.

42 CORNEREAU E., « Notes documentaires sur la conservation des œuvres d’art en Côte-d’Or pendant la Révolution », dans La Révolution en Côte-d’Or , Fascicule 2, Nouvelle série, Rebourseau, Dijon, 1927. Voir A.D.C.O., Série L T-15 et L 11-T. 43 Ibidem. Voir A.D.C.O. L 11-T. District d’Is-sur-Tille.

32 Parallèlement à cela, le 24 octobre 1792, le Ministre de l’Intérieur, se plaignait d’une circulaire adressée au Directoire du département de la Côte-d’Or. Le directoire du Département de la Côte-d’Or ayant reçu la lettre du Ministre le 31 octobre 1792, adressa aux diverses municipalités une lettre (voir Annexes, Texte 4) dans laquelle nous apprenons que quelques communes ou municipalités de la Côte-d’Or autorisent des ventes hâtives des biens saisis des demeures des émigrés et sans estimation par des professionnels de l’art. L’exemple de l’émigré Bénigne Legouz de Saint-Seine y figure en particulier et nous pouvons supposer que c’est l’une des raisons pour laquelle l’inventaire de François Devosge commence par cet émigré.

De plus, en ce qui concerne son travail de conservation, l’Arrêté du 17 avril 1793 nous renseigne que François Devosge a été investi de la mission de surveiller le déplacement et replacement des monuments à conserver provenant des églises supprimées. L’aboutissement de sa commission a été retardée, selon un brouillon d’une lettre 44 datant probablement de mai- juin 1794 ou « prairial 2 e » car il était souffrant.

Par ailleurs, les années passant, l’inventaire de tous les biens prend beaucoup de temps, le problème de l’entassement des œuvres d’art inquiète François Devosge. Les conditions de conservation ne sont pas idéales. En effet, les œuvres d’art saisies des demeures des émigrés étaient rassemblées dans plusieurs dépôts : l’Ecole centrale ou collège des Godrans, la Maison nationale ou l’ancien Palais des Etats, le couvent des Bernardines, l’école de dessin et futur muséum, ainsi que les Bénédictions ou l’ancienne abbaye Saint-Bénigne qui recevra en grande partie les œuvres saisies des religieux. Le 20 prairial de l’année 4 e de la République (soit le 8 juin 1796), François Devosge voudrait déplacer certaines oeuvres des Bernardines et de l’église Saint-Bénigne, mais il manque d’ouvriers. Il précisera à l’Administration que l’église des Bernardines contient une « quantité de tableaux et statues telles qu’il serait difficile d’y en placer davantage »45 . Il faut vendre les objets qui ne méritent pas d’être conservés et trouver des locaux pour placer le surplus.

Deux ans plus tard, alors que François Devosge a remis son inventaire depuis le 17 novembre 1794, il semblerait, comme nous essaierons de le comprendre dans la partie suivante, qu’il aurait remis son Catalogue et qu’il y manquait encore peut-être les indications

44 A.D.C.O., Série Q 675-677 Généralités. Aucune autre indication sur cette lettre. 45 A.D.C.O., Série Q 675-677 Généralités.

33 de destination, car l’Administration lui réclame son procès-verbal des œuvres destinées à la vente, auquel il répond le 7 mars 1798 :

« Dijon 17 ventose an 6 e de la République française

François Devosge, professeur de dessin, peinture et sculpture à l’école centrale

A l’Administration centrale du département de la Côte-d’Or

Citoyens administrateurs

Je crois devoir vous prévenir que je vous adresserai incessament mon procès verbal des tableaux et objets de sculpture qui ne méritant pas d’être conservés, sont dans le cas d’être vendus. [...] »

François Devosge adresse une lettre le 16 frimaire an 7 e (soit le 6 décembre 1798) à l’Administration centrale dans laquelle il explique qu’il peut faire un catalogue des objets qui méritent d’être conservés et ceux vendus avec estimation pour répondre à leur demande. Mais, ayant déjà fait un catalogue qu’il a fait parvenir au printemps dernier, et puisque son travail à l’école de dessin lui prend du temps, aucun renseignement ne nous indique qu’il ait rendu un autre inventaire. Nous pouvons supposer qu’il a utilisé de nouveau son inventaire comme un gain de temps, en indiquant par des lettres la destination des objets.

La genèse du transfert des œuvres du lieu de dépôt à leur lieu de destination future s’étend donc sur plusieurs années, comme l’atteste une note de François Devosge, qui affirme avoir reçu de l’aide pour le déplacement de monuments des arts, provenant en particulier de la Chartreuse de Champmol le 26 avril 1799 :

« Je soussigné certifie que le citoyen Mairet à employer une journée à transporter et ranger dans différentes salles les monuments de sculptures provenant de la cy devant chartreuse de Dijon, ainsi que des tableaux et gravures en foi de quoi je lui ai délivré le présent certificat pour obtenir le salaire de ces peines. A Dijon, le sept floréal an 7 e de la République française. François Devosge ».

Nous pouvons nous demander dans quelles « salles » il s’agit, celles du Musée des Beaux-Arts, de monuments religieux ou de lieux civils ?

34

3°) Autres difficultés

L’étude de la question de la conservation des œuvres d’art implique de nous concentrer comme nous venons de le faire sur le transfert des biens dans le but de les sauvegarder d’une part, qui sous-entend aussi des contraintes matérielles. D’autre part, en s’attardant sur l’envers du décor, d’autres facteurs peuvent jouer en la défaveur de l’auteur de l’inventaire. En effet, le temps mis dans l’élaboration de l’inventaire peut s’expliquer par des raisons d’ordre matériel (logistique, financements), humain (travail d’équipe, disponibilités, maintenance, état de santé) ou tout simplement temporel (des milliers d’œuvres à inventorier, à identifier et à étudier).

Dans cette responsabilité qui incombe à François Devosge, nous notons un travail de collaboration avec d’autres professionnels, même s’il semblerait que plusieurs personnes soient parfois mises en relation sur ordre de l’Administration avec d’autres et qu’elles ne soient pas toutes concertées, ni prévenues qu’elles ne travailleraient pas seules. Par exemple, en 1793, Devosge s’entoure du citoyen Baillot qui devait probablement être soit le conservateur de la bibliothèque de l’école centrale, soit un attaché préposé aux ouvrages ou un libraire, à qu’il remet, après en avoir fait l’inventaire, des ouvrages, qu’il devait laisser aux soins de ce dernier, le 19 juin et le 29 juin 1793. Il va côtoyer également Champy, Renaud, Volfius, Attiret, ou encore Jacotot, un professeur de physique assigné à tout ce qui se rattache aux objets et instruments de physique. Champy et Jacotot, souvent indisponibles car trop occupés à d’autres missions, seront remplacés par Volfius et Attiret par la suite. A cela, François Devosge va aussi travailler dès 1793 avec Auvert 46 , non sans soucis, puisque ce dernier fera une mission presque identique à celle de son confrère. De plus, l’Administration ne voit pas de bonne fortune le projet supposé d’Auvert de créer une sorte de musée dans l’abbatiale Saint-Bénigne, à l’instar d’Alexandre Lenoir dans le couvent des Petits-Augustins à Paris. Il aurait une conception bien différente de la destination à donner aux objets d’art devenus biens nationaux de la sienne. En cela, son travail peut contraindre celui de François Devosge. D’ailleurs, l’inventaire de François Devosge comporte une première partie qui se

46 Né à Longwy et âgé de 57 ans en 1795, il est membre de la Société des amis de la République et membre du Comité de la Section de la Liberté en 1793, date à laquelle il obtient un emploi de l’Administration au Directoire du Département dans la conservation des objets d’art. Il fut nommé adjoint au citoyen Devosge par le Directoire, ce dernier qui depuis déjà un moment mène ce travail avec passion. Concernant les salaires, Auvert aurait été également plus avantagé. Peut-être est-ce en raison de ses liens avec le District et le Conseil régional ?

35 détache par l’usure du reste du manuscrit, en raison du fait qu’il s’agisse sûrement d’une pièce rajoutée. De toute évidence, il s’agit du « Procès verbaux des tableaux, / Estampes et autres effets concernant / les arts appartenant à la République / déposés au cy-devant Evêché ». L’inventaire s’intitule : « Débris des tombeaux des cy devant Ducs, soustraits au / moment de la destruction de ces monuments. Ces débris sont / détaillés en quatre vingt cinq articles numérotés ainsi qu’il suit ». La liste d’œuvres d’art provenant d’autres monuments religieux est inventoriée aussi. La signature à la fin de ces quelques feuilles atteste que c’est l’œuvre d’Auvert : « fait et arrêté à Dijon le seize fructidor l’an second de la République française une et indivisible Signé Auvert ». En-dessous, nous pouvons lire : « Pour Copie », suivi de la signature de Vaillant, secrétaire en chef de l’Administration, dont nous avons retrouvé beaucoup de correspondances avec François Devosge.

Par ailleurs, l’incertitude des tâches engendre des querelles, à un tel point que le 7 floréal an II (soit le 26 avril 1794), Devosge demanda « la note des maisons où il doit se faire des ventes […] », en ajoutant : « j’apprends quelquefois trop tard et indirectement qu’on procède à la vente dans des maisons où il se trouve des tableaux […] et des ouvrages de l’art »47 . Nous pouvons en déduire que François Devosge a mené son inventaire avec une grande ténacité, malgré les difficultés qui ont pu le retarder, comme certaines directives de l’Administration ou encore le fait d’inventorier les biens des demeures des religieux et des émigrés tout simplement (diversité des objets rencontrés, vols commis, dégradations, ventes, restitution des biens). Il n’est donc pas étonnant qu’il ait mis presque quatre ans à terminer son travail.

Néanmoins, la lecture de la correspondance de François Devosge révèle qu’il a été atteint d’une fluxion le 30 janvier 1794 48 . Alité, cela l’empêchait de se déplacer pour surveiller les monuments, que d’autres de ses collègues se chargèrent, et envoya une lettre où il dénonça les actes de vandalisme à l’encontre de l’église Notre-Dame et de l’église Saint- Michel par exemple :

« Dijon 11 pluviose 2 e de la République française une et indivisible.

François Devosge, professeur de l’école de peinture, sculpture et dessein.

47 CORNEREAU E., « Notes documentaires sur la conservation des œuvres d’art en Côte d’Or pendant la Révolution », dans La Révolution en Côte-d’Or , fascicule 2, Nouvelle série, Rebourseau, Dijon, 1927. Voir A.D.C.O., Série L II T. n°13236. 48 A.D.C.O., Série Q 675-677 Généralités.

36 Président au Département de la Côte-d’Or.

Retenu au lit par une fluxion, je suis obligé de t’écrire pour dénoncer à l’Administration la barbarie avec laquelle on continue la mutilation des monuments des arts dans la commune de Dijon : Doivent-ils être tous détruits ? L’Administration sait mieux que moi quels sont ceux que la loi veut qu’on conserve ou qu’on fasse disparaître. Elle ordonne peut-être la destruction à l’extérieur de tous les monuments de la superstition ; mais, à coup sûr, elle veut qu’on respecte les autres, et surtout ceux qui tiennent à des propriétés privées ; et bien, on ne se contente pas de défigurer, d’abattre une partie des plus beaux monuments de cette commune, tels que les portiques des églises de Notre-Dame, de saint Michel etc. etc. etc. On attaque encore ceux qui ne tiennent en rien à la religion, à la royauté, à la féodalité ; on vient de détruire une bonne Minerve en pierre qui était au-devant d’une maison particulière, place Saint-Etienne ; d’autres probablement ont éprouvé le même sort ; mon indisposition ne me permet pas de m’en assurer ; mais je t’en dis assez pour déterminer l’Administration à prendre des mesures sévères sur un objet aussi intéressant pour la société. Dans le siècle de la raison, sous un gouvernement républicain souffrirait-on de tels excès ? Je ne puis le penser. »

Ainsi, comme nous le précise cette autre correspondance dont nous avons déjà évoqué dans une partie précédente, il a été « attaqué il y a environ un mois d’une maladie » en prairial 2e de la République (soit en mai-juin 1794), d’après le brouillon de sa lettre, ce qui peut expliquer un certain retard au regard de l’arrêté du 17 avril 1793 49 , mais qui n’enlève en rien à l’implication qu’il s’est appliqué à mener dans sa mission 50 et la satisfaction de l’Administration. Une lettre du secrétaire en chef de l’Administration du Département de la Côte-d’Or adressée à François Devosge nous renseigne sur son travail le 24 août 1794 :

« Dijon le 7 fructidor an 2 e de / la République f[rançaise] une et ind[ivisible] L’administration du département de la / Côte-d’Or / au Citoyen Devosge.

Nous avons vu avec satisfaction le zèle et le soin que tu as apportés [sic] à confectionner l’état descriptif des monuments des arts : nous t’en félicitons et te

49 A.D.C.O. Série Q Généralités. François Devosge a été invité, par arrêté du 17 avril 1793, à surveiller le déplacement et replacement des monuments à conserver provenant des églises supprimées. 50 A.D.C.O., Série Q Généralités. La signature du secrétaire en chef de l’Administration du Département de la Côte-d’Or à celle de la personne qui a signé les premiers feuillets de l’inventaire de François Devosge écrits par Auvert, mais nous n’arrivons pas encore à connaître son identité. Les deux hommes se sont de nombreuses fois écrits.

37 renvoyons cet état, afin que tu puisse[s] le continuer avec la même exactitude. Lorsqu’il sera terminé, on s’entendra concernant la distinction des morceaux qui méritent d’être conservés.

Presevot pres[ident] Bne Vaillant

[signatures du Président de l’Administration ? et du Secrétaire en chef] »

Cependant, quelques archives font penser que François Devosge avait sans doute terminé son inventaire des œuvres d’art, avant le 26 brumaire an III (soit le 16 novembre 1794), date à laquelle il écrivit une lettre adressée à l’Administration du Directoire du District de la Côte-d’Or et qui se trouve cousue à l’inventaire Devosge (Texte 1). D’ailleurs, c’est la veille de sa remise officielle à l’Administration. En effet, le brouillon de cette lettre 51 (Texte 2) de François Devosge se trouve conservé aux Archives et est daté de fructidor an 2 e de la République (soit en août-septembre 1794) fait à Dijon et adressé au même destinataire. Il écrit les mêmes phrases qu’il va reprendre pour sa lettre. Nous apprenons pourquoi il n’a pas continué certaines listes, comme l’inventaire de la demeure de l’émigré Jehannin de Chamblanc chez lequel il n’est pas retourné, en contradiction avec l’application du décret et ce que lui avait demandé l’Administration. C’est la raison pour laquelle il restait encore chez l’émigré Jehannin des estampes à inventorier. Il compte d’ailleurs remettre cet inventaire, le clore s’il le faut et en faire « de nouveaux » s’il y a de nouvelles choses « à l’avenir ».

D’une part, nous apprenons que François Devosge qui n’explique pas forcément s’il a établi des critères de sélection, a très certainement institué un degré d’importance des œuvres en précisant qu’il rajoute que si l’Administration le désire, il lui ferait « connaître par un signe convenu [qu’il] placerai[t] à chaque article les meilleurs morceaux », ceux « moins précieux » qui méritent pourtant une attention particulière, et ceux sans intérêt suffisant. Nous ne retrouvons pas à proprement parlé de « signes » assez régulièrement répartis entre les œuvres d’art pour émettre des conclusions, mais la présence de signes encore non déchiffrés est indéniable. D’autre part, il ne sait combien de temps il mettra pour terminer l’inventaire.

Toutefois, il faut noter qu’il répond à une lettre envoyée le 29 thermidor an II (soit le 16 août 1794), avant la réception de la lettre ci-dessus citée. Laquelle invite Devosge à

51 A.D.C.O. Série Q Généralités.

38 « continuer sa tâche ». L’a-t-il réellement continué ou bien a-t-il remis finalement son inventaire deux à trois mois après tout simplement ? Dans tous les cas, il adresse sa lettre terminée le 26 brumaire an III. Nous supposons que la rédaction de l’inventaire a duré bien au-delà, au regard de toutes les précisions que nous avons apporté et ce qui explique les annotations rajoutées des destinations des œuvres, les notes éparses et diverses, ainsi que les renvois.

Outre les problèmes de déplacements des œuvres et de transferts, la question de la conservation et de la manière d’inventorier les biens sont intrinsèques au travail de François Devosge. Les instructions envoyées par les Comités d’administration aux départements dès 1790, renouvelées et complétées à maintes reprises, étaient d’une grande précision et donnaient le moyen, non seulement de mettre les objets d’art à l’abri de la destruction, mais aussi de les garder dans un bon état de conservation. Ainsi, les gravures et les dessins devaient être transportés dans des portefeuilles. Les tableaux ne devaient pas rester en contact étroit les uns avec les autres et surtout ne pas être poser sur le plancher afin d’éviter les zones d’humidité ou d’autres facteurs de dégradations naturelles (insectes, rongeurs, déchirures, etc.) par exemple. Tous les biens devaient être inventoriés avant la vente. Donc, les inventaires devaient être réalisés suivant des instructions qu’il fallait suivre à la lettre. Il s’agissait alors de décrire chaque tableau avec autant d’exactitude possible en faisant mention du sujet ou du(/des) personnage(s) représenté(s), indiquer si c’est un portrait, noter la hauteur et la largeur, le support, la bordure, décrire la présence d’ornements ou d’inscriptions quelconques. Il ne fallait pas oublier aussi de donner une attribution à l’œuvre. Toutefois, si inventorier nécessite de la précision, de la rigueur et du temps, le faire dans des conditions optimales tenant compte de toutes ces prérogatives reste compliqué lorsque l’on considère les déplacements préalables, la constitution d’une équipe, les courriers à l’Administration afin de rendre compte de ses projets et de requérir leur validation, ou encore les contraintes budgétaires (les salaires et coûts du travail). De plus, quelques sculptures ont parfois été brisées lors du transport, certaines demandent à être nettoyées à cause du chancis parfois originel ou de la poussière accumulée pendant plusieurs années en dépôt tels que nous l’attestent les archives, d’autres ont été rendus à leur propriétaire en cours d’inventaire, etc. Passées ces difficultés, l’analyse de l’inventaire rend plus encore véritable le contexte dans lequel il a été réalisé.

39 III / Description des œuvres et interprétation

1°) Notices des œuvres d’art

Dans cette troisième partie, nous allons nous attarder davantage sur la rédaction de l’inventaire liée à la description des œuvres d’art, et en particulier comment nous pouvons interpréter l’œuvre de François Devosge.

Nous notons que les descriptions faites par François Devosge des œuvres d’art provenant de monuments religieux sont beaucoup plus longues que celles appartenant aux émigrés. Il va décrire chaque détail des œuvres d’art auxquelles il accorde beaucoup de valeur, de manière à ce que l’on puisse s’imaginer le sujet sans le voir, construisant sa pensée et traduisant la composition du tableau en allant du général au particulier, de l’ensemble au détail, d’un plan à l’autre. Sa façon d’écrire est agréable à lire à notre époque. De plus, il peut renseigner des informations communes à plusieurs œuvres d’art dans la description d’une œuvre, concernant l’artiste ou les dimensions, ce qui vaut la peine de faire attention à ces détails. Cela peut aussi nous révéler l’année de création de l’œuvre ou des indices biographiques précieux, notamment la manière dont étaient considérés certains artistes au XVIIIe siècle : « Les talents distingués de ce grand maître sont si connus […] premier peintre du Roi. » (voir Annexes, Tableau, Chartreuse de Dijon, n°2). Le professeur de l’école de dessin va mettre en valeur des artistes rendus célèbres aujourd’hui : « Taset de Langres (à peine connu des artistes de la capitale de France) a acquis Rome et à Venise des talents qui le placent dans la classe des peintres les plus distingués » (voir Annexes, Tableau, Chartreuse de Dijon, n°36). Il s’agit du peintre français Tassel, dont il se trompe dans l’écriture, et qu’il place dans l’école d’Italie. Ce qui est particulièrement intéressant est qu’il apporte son avis ou son jugement artistique quant à la qualité des œuvres d’art, en utilisant des adjectifs qualificatifs mélioratifs ou péjoratif qu’il employait déjà dans ces lettres étudiées : « excellent », « remarquables » ou encore « un très médiocre tableau ». En ce qui concerne la facture de l’œuvre peinte, l’auteur du manuscrit va se concentrer sur la touche et la couleur : « tableau d’une vigoureuse couleur et traité avec une liberté de pinceau qui dénote le grand maître » (voir Annexes, Tableau, Chartreuse de Dijon, n°6). Parfois, il peut émettre des doutes sur le sujet du tableau, la technique, ou il se trompe d’auteur.

40 En revanche, ce qui est très appréciable est qu’il peut expliquer certains points ou indiquer l’emplacement où se trouvait l’objet, ce qu’il ne faisait presque jamais lorsqu’il inventoriait les œuvres des émigrés.

Dans certaines œuvres d’art, il est important de souligner que François Devosge va indiquer le nombre de figures représentées, probablement dans un but commercial et de stratégies du marché de l’art. Si l’on considère le manuscrit en entier, cela concerne différents genres de peintures. Le « grand genre » est très représentatif, ce sont majoritairement des tableaux à sujet religieux.

Par ailleurs, François Devosge a organisé son inventaire afin qu’il serve. A la lecture du manuscrit, nous nous interrogeons sur certaines inscriptions, comme des symboles tels que des croix lorsqu’il y a l’emplacement des œuvres de noter, ou des étoiles pour indiquer lorsque les œuvres ont été rendus à leur propriétaire. En ce qui concerne les religieux, nous n’avons pas de lettres en majuscules, suivant l’ordre de l’alphabet, parfois doublées, se retrouvant en face des noms, mais pour les émigrés, ces lettres marquées sont les mêmes que nous retrouvons sur le verso des tableaux, utilisées ainsi comme méthode d’inventaire par François Devosge afin de retrouver les peintures en particulier. Ce qui sous-entend que certaines œuvres, vendues ou conservées, avaient été transférées dans des lieux de dépôt et rassemblées, pour à terme les trier et les déposées dans leur lieu de destination. Cela peut relever de nos pratiques actuelles avec nos numéros d’inventaire utiles au « récolement »52 . Toutes ces indications sont essentielles dans notre travail de recherche et elles montrent à quel point le manuscrit n’a pas terminé de nous transmettre des renseignements.

Cela est intéressant de comparer la manière dont les catalogues de ventes étaient écrits avec l’analyse de notre inventaire réalisée à la suite de cette étude. La manière de présenter les tableaux dans les catalogues de ventes intéressant l’art ou la curiosité du XVIIIe siècle n’a pas cessé de se modifier. Selon l’étude réalisée par Krzysztof Pomian 53 , dans les catalogues de la première moitié du siècle, les notices consacrées aux tableaux forment une suite continue ne respectant aucun ordre alphabétique, géographique ou chronologique. La numérotation en est

52 Cette pratique de l’inventaire est toujours d’actualité, et nous rappelle les numéros d’inventaire apposés sur les œuvres d’art dans les musées aujourd’hui, à valeur juridique, utiles pour des recherches dans les réserves. En effet, ce numéro composé de trois éléments faits de données de chiffres correspond au millésime de l’année d’acquisition et d’affectation du bien au musée (en 4 chiffres), puis au numéro d’entrée de l’acquisition au musée, et ensuite au numéro du bien au sein d’une acquisition donnée. Par exemple, la dixième œuvre d’art de l’acquisition n°5 de l’année 2014 sera inventoriée ainsi : 2014.5.10. 53 POMIAN Krzysztof, Collectionneurs, amateurs et curieux Paris Venise : XVIe-XVIIIe siècle , Bibliothèque des Histoire, nrf, Gallimard, Paris, 1987.

41 même parfois totalement absente. Il en est de même pour les catalogues de Gersaint, étant considérés pourtant comme des modèles chez les contemporains et historiens, les tableaux étant numérotés seulement. En 1744, dans son premier catalogue de tableaux, Gersaint 54 fait référence à ses lecteurs de quatre écoles de peinture : l’école italienne subdivisée en plusieurs écoles locales, l’école flamande, l’école allemande et l’école française. Ce fut Mariette 55 en 1751 qui installa ce classement. En 1778, apparaît dans le titre d’un catalogue 56 pour la première fois la distinction entre l’école flamande et l’école hollandaise. C’est très certainement à partir du catalogue de la vente Tallard 57 en 1756 que les notices des tableaux censés appartenir à chacune des écoles sont groupées à la fin des paragraphes consacrés à chaque école, sans savoir nommer les auteurs, et que les notices des ouvrages anonymes et des copies sont reportées à la fin du catalogue. Tout cela équivaut à indiquer clairement la différence de valeurs entre les œuvres, celles qui ont le droit de figurer dans l’Histoire de l’art et celles qui ne le possèdent pas, mais qui sont toutefois prises en compte. De même, la manière de décrire les œuvres d’art dans les catalogues s’est considérablement transformée. Nous pouvons prendre comme exemple ces deux notices consacrées au même tableau, à trente-six ans de distance :

« Un Tableau de six pieds et demi de haut sur cinq de large, y compris la bordure dorée, peint sur toile, représentant un Philosophe qui tient un papier, peint par Feti. »58 en 1732, et :

« Dominique Feti

Un homme de grandeur naturelle assis, tête nue et vu de trois quarts ; ses cheveux sont courts, il porte des moustaches et une petite barbe pointue ; un large collet blanc couvre le haut de son habit. On voit trois petites figures qui semblent écouter dans un éloignement. Un grand piédestal, un portique et autres morceaux d’architecture au-dessus desquels on voit un peu du ciel, composent le fond. Il est peint sur toile, de cinq pieds cinq pouces de haut, sur

54 GERSAINT E.-F., Catalogue raisonné […] du cabinet de feu M. Quentin de Lorangère […] , Paris, 1744 55 MARIETTE P.-J., Catalogue de tableaux et sculptures […] du cabinet de feu M. le Président de Tugny et de celui de M. Crozat , Paris, 1751 56 LE BRUN J.-B.-P., Catalogue des tableaux des écoles hollandoise, flamande et françoise […] du cabinet de M. Gros , Paris, 1778 57 REMY P. et GLOMY J.-B., Catalogue raisonné des tableaux […] qui composent le cabinet de feu M. le duc de Tallard , Paris, 1756 58 Catalogue des tableaux des plus grands maîtres d’Italie, Flandre et Hollande, du cabinet de feu M. de la Châtaigneraye […] , Paris, 1732

42 quatre pieds de large. Il vient du cabinet de feu M. de la Châtaigneraye et il est décrit dans son catalogue p. 12, art. 2 sous le titre d’un Philosophe qui tient un papier. »59 en 1768.

Nous nous rendons compte que grâce à Mariette et à Gersaint, les notices gagnent en précision. Les dimensions des tableaux sans bordure en deviennent un élément obligatoire, ainsi que l’indication de la nature du support. Plus la notice est longue, plus haute doit être la place à accorder à ce tableau. Indépendamment du classement par écoles, il existe donc une hiérarchie des tableaux. Nous supposons que François Devosge avait connaissance de ces règles et cela a dû jouer dans la rédaction de son inventaire, au même titre que les Instructions du gouvernement envoyées aux départements.

2°) Transcription dans la base de données 4D

L’analyse 60 des œuvres de l’inventaire de François Devosge apporte un certain regard sur la présentation des œuvres d’art au XVIIIe siècle ou la façon d’exposer ou de présenter un tableau, une sculpture, des objets d’art, un dessin ou une gravure. A titre d’exemple, une œuvre d’art est étudiée en prenant en compte son support, sa matière ou ses matériaux constitutifs, sa technique d’art et son exécution, son processus de création qu’il s’agisse d’une ébauche, d’une esquisse ou d’un projet achevé, sa forme, sa présentation telle quelle ou bien son moyen de rangement et de conservation, ainsi que son état de conservation à l’époque où elle a été inventoriée. Ainsi, la transcription de l’inventaire fait partie de notre première étape de travail. Cette méthode requiert des connaissances en paléographie moderne car les abréviations et la manière d’écrire peut révéler des renseignements très intéressants.

Afin de nous aider dans ce travail, nous avons élaboré en collaboration avec le laboratoire de recherche une base de données par le biais du logiciel 4Dv13. Chaque œuvre d’art correspond à une fiche qui se retrouve après dans la liste de toutes les œuvres inventoriées. L’œuvre est transcrit dans son intégralité telle que François Devosge l’a noté dans la case « Description », le lieu de conservation dans la case « Destination », le nom de la demeure des religieux ou des émigrés dans « Propriétaire », etc. Des conclusions générales

59 REMY P., Catalogue des tableaux […] qui composent le cabinet de Monsieur de Merval , Paris, 1768 60 Après avoir étudié chaque œuvre d’art, une par une, certaines conclusions ont pu être définies. L’analyse de la présentation des œuvres se base sur un relevé systématique et fastidieux de chaque élément caractéristique d’une donnée précise. Sous la forme d’un tableau manuscrit pour chaque catégorie, nous avons noté les différences et similitudes générales et particulières de chacune des œuvres.

43 s’offrent à nous et quelques particularités dynamisent cette étude, attestant des différences et du soin à apporter à chaque œuvre.

Par exemple, dans la liste de chaque demeure, si nous prenons en compte l’intégralité de l’inventaire, nous constatons parfois plusieurs catégories à la suite (tableaux, sculptures, etc.) et des styles ou écoles (Ecole d’Italie, Trois écoles, etc.). Parfois, François Devosge peut mélanger aussi bien des tableaux, que des dessins, des gravures, et des « estampes » telles qu’il les appelle, ou encore n’indiquer que le sujet de l’œuvre sans renseignements sur son support (toile, planche) ou sa technique (gravé, peint). Alors, nous avons parfois du mal à identifier le type de l’œuvre. Donc, nous avons pris le parti de différencier quatre types d’œuvres en trois catégories : tableaux, dessins et gravures. De même, les sculptures, les objets d’art et les ouvrages constituent les trois dernières catégories. Notre étude se concentre sur les tableaux, sculptures et objets d’art inventoriés par Devosge. Ainsi, chaque œuvre d’art répertoriée est rangée dans une catégorie, ce qui permet de faire des statistiques quantitatives.

En règle générale, les sculptures sont moins nombreuses que les peintures. La quasi- totalité des tableaux sont peints sur toile ou sur bois 61 . Généralement, les tableaux sont de forme rectangulaire et carrée (même si cela est rare qu’il le soit précisé), ronde ou ovale souvent et octogone quelquefois. En ce qui concerne la présentation des tableaux 62 , l’encadrement joue un rôle majeur dans l’exposition des tableaux, et en cela, les cadres appelés « bordures » ne manquent pas de diversité (dorées, bronzées, boisées, en cuivre, en écaille, en étain). Les sculptures 63 en pierre, de Tonnerre parfois, sont parfois composites, tel que la statue de saint Yves de la Sainte-Chapelle, dont les mains sont sculptées dans du bois. Nous retrouvons également « un bas-relief en bronze doré d’or moulu », apportant des précisions sur la technique. Mais, contrairement aux œuvres retenues des émigrés, nous constatons un intérêt pour les décors, tels que des guirlandes accompagnées de chutes de

61 Mais, dans l’inventaire en général, nous pouvons noter des œuvres peintes sur du papier, du carton, du cuivre, du verre, de l’ardoise, du vélin ou encore une feuille de marbre blanc et du fer, ainsi qu’un sujet religieux peint « sur rosette », ou un portrait peint sur « toile de Moscovie ». Des exemples particuliers sont remarquables tels que des tableaux peints sur toile collée sur bois, à gouache sur vélin, à l’huile sur de l’ardoise, etc. 62 La plupart des œuvres inventoriées dans l’inventaire comporte souvent un cadre. Lorsqu’il n’est pas mentionné de bordure, ce terme remplace le terme d’époque, mais est moins usité. Afin d’assurer la protection de certains tableaux, il est fréquent qu’ils soient mis sous verre avec ou sans bordure dorée. Mais, dans le cadre de cette étude, nous ne relèverons pas d’exemples. De plus, cela peut arriver que les peintures soient sans châssis, déchirées, ou brulées entre temps et donc disparues. 63 De même, si nous prenons en compte l’intégralité de l’inventaire, nous retrouvons des sculptures en marbre, en albâtre, en bois, en bronze doré, en ivoire, en biscuit de Sèvres ou en porcelaine de Sèvres, en plâtre, en pierre, en corne, en argile ou en terre cuite. Il peut s’agir de morceaux de réception, de productions étrangères (grecque, égyptienne ou chinoise), de figures de rond-de-bosse, de têtes d’études, de bustes ou encore de bas-reliefs. Elles sont souvent montés sur des pieds douche ou des piédestaux.

44 fleurs provenant de la Sainte-Chapelle et destinées à l’église Saint-Bénigne, ou encore deux colonnes de marbre blanc sans les chapiteaux qui étaient à l’origine à l’église Saint-Michel et conservés à l’école centrale. Concernant les objets d’art 64 , une couronne , des émaux et quatre chapelles provenant de la Chartreuse de Champmol attirent particulièrement notre attention. Tous ces détails nous permettent de remplir des cases que nous créons au fur et à mesure. La complexité des œuvres rencontrées et l’augmentation des particularités posent parfois des problèmes auxquels nous trouvons des solutions pour une utilisation optimale du logiciel. La base de données contribue donc au classement des données relevées.

Les dimensions sont indiquées par des mesures de longueur : hauteur, largeur (ou de large) ou diamètre, proportion, mais également par des mesures de surface, indiquées en pieds, pouces et lignes et aussi en centimètres. En effet, elles sont converties directement par le biais d’une formule numérique et permettent un gain de temps. D’ailleurs, elles sont parfois les seuls indices afin de retrouver une œuvre en question.

3°) Extraction et interprétation

Toutes les références renseignées dans la base de données doivent permettre une classification et une vision plus claire de l’inventaire de François Devosge. L’utilisation du manuscrit est la base de notre travail de recherche. C’est un document fondamental dans la compréhension de la sauvegarde du patrimoine dijonnais et une archive rare, il est difficile de trouver dans d’autres villes un inventaire aussi bien tenu. La transcription de l’inventaire complet dans la base de données n’est pas encore terminée, elle le sera au terme de nos recherches.

En interrogeant le logiciel assez complexe parfois, nous pouvons faire des recherches par nom de propriétaire. Par exemple, nous pouvons chercher tous les tableaux de l’église Notre-Dame et uniquement les œuvres conservées, la liste des œuvres inventoriées par François Devosge dans son inventaire à travers toutes les pages confondues va se révéler. Cela permet d’avoir une vision globale et une approche plus théorique sur l’œuvre de Devosge. L’auteur a souvent fait des renvois à d’autres pages ou a rajouté des œuvres entre

64 Au terme de l’étude de l’inventaire, nous notons autant d’objets divers : une majorité de vases, de faïences de Saxe ou de porcelaines de Sèvres, une broderie sur soie, des amulettes, un bureau de marqueterie, des globes, des sphères, un baromètre, un priape égyptien, une pendule, un éventail ou parasol, une naturalia , etc.

45 d’autres listes de saisies des religieux, ou à la fin de l’inventaire. De plus, ce n’est pas forcément référencé dans la « Table des noms de personnes » où sont notées les pages dans l’inventaire. Ou bien, lorsqu’une iconographie particulière nous intrigue comme les mystères de la vie de Jésus-Christ (exemple à la Chartreuse de Dijon, voir Annexes, Tableau, n°61) et que nous cherchons à savoir si elle se retrouve chez plusieurs religieux, nous pouvons également faire une recherche en interrogeant toutes les descriptions faites de Devosge transcrites dans la base de données. C’est un procédé méthodologique intéressant et indispensable pour la suite de l’étude de l’inventaire Devosge.

La base de données est en perpétuelle évolution et en pleine création. Nous pouvons réaliser des études et des statistiques peuvent être faites au niveau quantitatif afin de connaître le nombre d’œuvres conservées au Musée, à l’école centrale ou à l’église Saint-Bénigne par exemple, mais aussi thématique pour différencier les sujets, étudier des iconographies et identifier les œuvres, ainsi que stylistique ou chronologique, etc.

A notre étude, nous avons ajouté un tableau dans les annexes qui est une extraction de la base de données, selon les rubriques pertinentes que nous avons décidées de faire apparaître. Il permet de faire le lien tout de suite entre le lieu d’origine et le lieu de destination. Les dimensions permettent la comparaison avec les œuvres conservées actuellement. Ainsi, nous pouvons bénéficier de plusieurs aspects dans notre recherche entre autres : l’analyse immédiate de l’objet, une vision globale et complète de l’ensemble des biens existant dans le monument religieux avant 1789 selon l’inventaire Devosge et un aperçu rapide des attributions diverses ou des écoles stylistiques. Cependant, extraire toutes les œuvres d’art figurant dans l’inventaire Devosge est possible. Le résultat serait trop impressionnant et peut exploitable de façon rapide. Les moyens que nous avons mis en œuvre contribuent à l’avancée de la recherche de l’inventaire Devosge. A terme, le manuscrit numérisé sera mis en ligne avec la possibilité d’interroger le site, permettant peut-être de retrouver des œuvres vendues. La mise en valeur de l’inventaire est essentielle. La base de données peut également prévoir un lien vers une base documentaire (fonds photographiques) des œuvres d’art.

La transcription de l’inventaire et son étude avec la base de données permet l’identification des œuvres provenant des monuments religieux. L’interprétation du manuscrit apporte une meilleure compréhension de l’ensemble des biens qui se trouvait dans les monuments, puisqu’ils sont pour la plupart inventoriés, avant d’être éparpillés et

46 décontextualisés pour certains. L’église Notre-Dame est la seule dont la majorité des œuvres d’art ont été destinées selon l’inventaire Devosge à leur lieu d’origine. Par conséquent, notre étude peut aussi bien permettre une analyse des œuvres depuis leur lieu d’origine, c’est-à-dire ce que nous pouvions voir dans tel monument avant la période révolutionnaire, comme la recherche d’après les lieux de conservation, qui sont parfois les mêmes qu’actuellement, afin de retrouver les œuvres qui se trouvaient dans l’inventaire Devosge.

Dans une dernière et quatrième partie, l’étude des œuvres d’art et le problème d’identification nous apporteront une vision plus certaine de l’univers visuel des monuments religieux étudiés.

47 IV / Etude et identification des œuvres d’art

1°) Un lieu d’origine

Afin de comprendre le contexte physique des œuvres d’art avant de les étudier, nous allons attacher dans cette partie de l’importance à la présentation de leur lieu d’origine. Comme beaucoup de monuments qui ont disparu au XVIIIe siècle, sous la tourmente révolutionnaire, deux édifices de culte ont attiré notre attention dans l’inventaire Devosge. La Chartreuse de Champmol, « Saint-Denis des Ducs de Bourgogne », fut fondée par Philippe le Hardi. Lors de son installation à Dijon en 1364, le Duc de Bourgogne décidait la construction d’un nouvel hôtel sur l’emplacement de celui des Ducs capétiens, mais pour sa sépulture il voulait un autre lieu que l’abbaye de Cîteaux comme ses prédécesseurs. Dès 1377, il fonda aux portes de Dijon un monastère. En 1379, il acheta à Hugues Aubriot, prévôt de Paris, l’hôtel et la motte de Champmol, près de l’Ouche et une vigne près de Plombières appartenant à l’abbaye Saint-Bénigne. Ce fut en 1383 que la duchesse Marguerite de Flandre posait la première pierre de l’église. Grâce à la fondation de la Chartreuse de Champmol, Dijon devint sous le règne de Charles VI, un foyer d’art européen de la chrétienté. De nombreux artistes vont y travailler : Claus Sluter et Claus de Werve à la sculpture des pleurants ou Chartreux des Ducs de Bourgogne par exemple, ou encore Antoine le Moiturier, Jean de Marville ou Juan de La Huerta. Cependant, tout le monastère est démolie, et ses trésors dispersés, pour être reconstruite vers 1840. Mais, il ne subsiste que le portail de Jean de Marville décoré par Claus Sluter. Le Puits de Moïse est aussi l’œuvre de ce sculpteur réputé.

La Sainte-Chapelle du Palais des Ducs de Bourgogne, joyau de l’art gothique, se trouvait à l’emplacement de l’actuelle aile orientale du Musée des Beaux-Arts et de la Place Rameau. Elle fut construite à la suite d’un vœu d’Hugues III, Duc de Bourgogne de la dynastie des Capétiens. Lors de son pélèrinage en 1171 en Terre Sainte, il promit de construire une église dédiée à la Vierge et à saint Jean l’évangéliste, s’il échappait au naufrage du à une terrible tempête. En 1172, la construction commença pour terminer avec la dédicace de la chapelle qu’en 1500.

Orientée au Nord afin de s’intégrer au Palais ducal, dans le style gothique bourguignon pour la nef, elle fut choisie dès 1432 par Philippe le Bon comme le lieu, chapitre et collège de l’Ordre de la Toison d’Or créé en 1430. Surmontée d’une flèche haute de plus de cinquante

48 mètres, une messe quotidienne avait lieu jusqu’en 1789 et vingt-quatre chanoines occupaient les lieux. Pourtant, même si elle fut la chapelle d’un palais ducal, elle ne se rattachait pas au modèle de la Sainte-Chapelle de Paris fondée par saint Louis en 1238 abritant les reliques de la passion. Cependant, depuis 1433, la Sainte-Chapelle abritait une Sainte-Hostie. Représentant l’image du Sauveur assis sur un trône, cette hostie miraculeuse fut brûlée publiquement le 10 février 1794. A la Révolution, les objets d’orfèvrerie furent fondus, comme la monstrance qui la conservait.

Dans la Sainte-Chapelle, nous pouvions voir des panneaux peints avec les armoiries des chevaliers de la Toison d’Or sur les stalles, un nombre important de chapelles ouvertes sur les collatéraux comme celle de Girard de Vienne en 1521, d’où proviennent l’ Ecu aux armes de la famille de Vienne et la statue de Sainte Madeleine qui était le vestige d’un Saint- Sépulcre, mais également le monument funéraire de style Renaissance en forme d’arc de triomphe du célèbre Gaspard de Saulx-Tavannes. Mentionné par Devosge dans sa correspondance, il ne subsiste que la sculpture de La Renommée qui couronnait l’ensemble. Après la Révolution, contrairement aux autres églises dijonnaises, la Chapelle ne fut pas rendue au culte. Les années passant, son architecture jugée sans importance et son entretien coûtant trop cher, la Sainte-Chapelle fut détruite en 1802. La salle du chapitre construite au rez-de-chaussée de la Tour de Bar par Philippe le Hardi en 1360 est l’unique témoignage de la chapelle du palais.

Les deux églises dijonnaises les plus célèbres à côté de la cathédrale Saint-Bénigne que François Devosge accordait tant d’importance à leur sauvegarde sont les plus connues. Les origines de Notre-Dame sont obscures, une chapelle dédiée à la Sainte Vierge sous le vocable de Notre-Dame du Marché. Par l’appui du Duc de Bourgogne Hugues IV, elle fut construite entre 1210 et 1240, voire jusqu’en 1250. Les architectes furent Edouard Mairet et Pierre-Paul Petit, accompagnés du sculpteur Jean Dubois. Cette église surprend par sa façade formée de trois arcades. Deux étages d’arcatures s’élèvent au-dessus, ornés de colonnettes, de gargouilles et de métopes à décors végétaux. Dès 1382, est installée sur la tour Sud la célèbre horloge encadrée d’automates et appelée « Jacquemart ». Une petite chouette est sculptée sur le contrefort du côté Nord de l’église. En 1845 et 1876, de nouvelles modifications furent faites. L’actuelle paroisse Notre-Dame se situe donc au 9, place Notre-Dame. Par ailleurs, les protections par les Monuments Historiques sont très précises : la chapelle de l’Assomption (à l’exclusion des parties classées) et la sacristie, y compris les

49 couloirs d’accès, la grille de clôture place Notre-Dame, le mur de la rue Rabot et les sols sont classées M.H. sur la liste de 1840. La chapelle de l’Assomption avec le maître-autel, les lambris de l’abside avec leurs murs supports, le groupe sculpté de l’Assomption par Jean Dubois avec son mur support et ses deux anges adorateurs, les deux panneaux en bas-reliefs représentant l’ Annonciation et la Visitation par Jean Dubois avec leurs murs supports et les cinq vitraux des XVe et XVIe siècles, dont quatre proviennent de la Sainte-Chapelle de Dijon, le cinquième du transept Sud de l’Eglise Notre-Dame de Dijon sont inscrits M.H. par arrêté du 05 juillet 2002. L’église Notre-Dame est donc classée M.H. le 04 avril 2013. Quant à l’actuelle paroisse Saint-Michel qui se trouve comme son nom l’indique sur la Place Saint-Michel et la rue Vaillant. Au VIe siècle, les clercs de Saint-Etienne trouvaient trop éloignés le cimetière de Saint-Bénigne et ont obtenu la possibilité d’établir un cimetière près de leur église. D’une chapelle funéraire, est élevée une basilique dédiée à saint Michel. Au XVe siècle, les paroissiens reconstruisirent une nouvelle église en raison de son mauvais état de conservation. L’architecte Norissier est chargé des plans initiaux en 1499. D’un style gothique, l’abside, le chœur et le transept sont édifiés au XVIe siècle. En 1529 seulement, se dresse la façade. L’ensemble est assez étonnant. Avec ses trois portes et ses deux tours achevées en 1569 et 1667, l’église appartient à l’art gothique flamboyant, mais ses ornements sont pour la plupart de style Renaissance avec la superposition des ordres, l’emploi de frontons, de corniches et de pyramidions. Nous comprenons lorsque nous regardons l’église l’évolution dans le temps. Des différences sont notables du portail Sud au portail Nord, de même en ce qui concerne sa façade Renaissance. Heureusement, les sculptures des portails ont évité le pire en 1793, contrairement à Notre-Dame. Les révolutionnaires célébraient leur office à Saint-Michel. Nous pouvons toujours admirer le Jugement dernier du tympan du portail central qui est l’œuvre de Nicolas de la Cour en 1551. Au XIXe siècle, l’église sera l’un des premiers monuments à être classée M.H. sur la liste de 1840. Ainsi, la présentation des monuments nous permet d’avoir un aperçu des lieux de culte dans lesquels étaient conservés les biens inventoriés par François Devosge. Nous allons étudier plus en détail les œuvres conservées dans cette partie qui suit.

50 2°) Problème d’identification

L’étude des œuvres d’art de ces quatre monuments religieux dijonnais implique la recherche d’identification dans les bases documentaires actuelles 65 . Dans l’inventaire Devosge, la Chartreuse de Dijon est l’un des monuments religieux qui contient le plus d’œuvres. Dans le chœur des frères, les pendants de Saint Georges terrassant le dragon (fig. 1, CA 385) et La condamnation de saint Denis (fig. 2, CA 384) exécutés en 1741 décoraient l’autel gauche. Ces deux huiles sur toiles de Carle Van Loo ont été commandées pour moderniser le décor médiéval gothique de la Chartreuse de Champmol, remplaçant le Retable de saint Denis par Henri Bellechose de 1416 et le Retable de saint Georges d’un anonyme bourguignon du XVe siècle. Parmi l’ensemble des huit tableaux sur la Vie de la Vierge d’un anonyme flamand (présentés comme de l’école des Pays-Bas) qui se trouvaient dans ce décor, quatre ont pu être retrouvées dont La Visitation (fig. 3, CA 176), L’adoration des rois mages (fig. 4, CA 178), La circoncision (fig. 5, CA 177) et La purification (fig. 6, CA 179). Ce sont les seuls à avoir été destinés à l’école centrale, ceux de l’église Saint-Bénigne n’ont pas été retrouvés. Pour le dernier tableau, la purification n’est pas un intitulé donné en règle générale par les musées, il s’agit en fait de La présentation de Jésus au temple . Des quatre tableaux ovales représentant les quatre évangélistes (n°11, 12, 13 et 14, Inventaire Devosge), tous ont été conservés. Saint Luc (fig. 9), saint Jean (fig. 10), saint Matthieu (fig. 7) et saint Marc (fig. 8) sont une série de tableaux qui sont des copies réduites des œuvres de Valentin de Boulogne, ornant la chambre de Louis XIV à Versailles. Quant aux quatre docteurs de l’Eglise, deux seulement ont pu être identifiés comme étant Saint Grégoire (fig. 11) et Saint Ambroise (fig. 12). Selon Judith Kagan 66 , le tableau original de Franz Anton Krause représentant La Madeleine aux pieds du Christ chez Simon le Pharisien de 1736 serait toujours dans le côté Nord de l’église Saint-Bénigne, lieu où il fut destiné. De plus, La déposition de croix qu’elle mentionne correspondrait au n°38, copie de Dom René Gardon 67 d’après Jouvenet, destiné à la Chapelle des Elus (au Palais des Etats).

65 Les bases de la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, ainsi que les bases Palissy et Mérimée en particulier pour le mobilier nous ont été d’une grande source de renseignements. Le fonds documentaire du pôle de documentation du Musée des Beaux-Arts de Dijon nous a également fourni d’amples identifications . 66 KAGAN Judith, « Le décor mouvant de la cathédrale », Regard croisés, L’ancienne abbaye Saint-Bénigne , Musée archéologique de Dijon, Dijon, 1995. 67 Dom René Gardon (décédé en 1776) était religieux à la Chartreuse de Dijon depuis 1733 et fut l’élève de Carle Van Loo, d’où sa présence à Dijon. Il réalisa de nombreuses œuvres qui figurait dans ce monument, mais que nous n’avons pas retrouvées. De 1771 à 1775, il prit part au jugement du concours de l’école de dessin de Dijon.

51 Très abîmé, Jésus-Christ au jardin des oliviers (fig. 13, 2140) se trouvait au Chœur des pères, accompagné du Baiser de Judas (fig. 14, 2141). Un tableau, que nous supposons être le n°32 de l’inventaire Devosge, représente Une descente de croix (fig. 15, CA 168) de Pierre-Paul Rubeins, la taille et la description correspondent parfaitement. De même, le n°33 correspondrait très certainement au Baptême de Jésus-Christ (fig. 16, CA 449) de 1745 par Jean Restout. Se trouvant également au même lieu, le Saint Barthelémy (fig. 17, CA 46), copie de Ribera, a une version presque identique qui provenait de la sacristie du couvent des Ursulines de Dijon. Dans le réfectoire, la Transfiguration (fig. 18, CA 54) de Dom René Gardon d’après Raphaël est assez réussie.

Une série de sept tableaux 68 sur la Vie de la Vierge de nouveau réalisée par Franz Anton Krause en 1737 se trouvait dans le chapitre des Chartreux, dont nous avons probablement retrouvés La présentation de la Vierge au temple (n°49, Inventaire Devosge) et L’annonciation de la Vierge (n°50, Inventaire Devosge) conservés au Musée d’Art Sacré de Dijon, ainsi que Les pasteurs à la crèche (n°52, Inventaire Devosge) et La fuite en Egypte (n°55, Inventaire Devosge), conservés à l’église Saint-Michel. Le sujet des pasteurs à la crèche est plus connu sous le nom de l’adoration des bergers. Il faut donc privilégier lorsque nous recherchons à identifier les œuvres sous l’intitulé que donne François Devosge, se concentrer sur le sujet. Un ensemble de quatre bustes bas-reliefs de carton peint représentant les Ducs de Bourgogne qui ont été vendus nous intrigue car il est assez rare de rencontrer ce type d’œuvres, tout comme les douze émaux des Mystères de la vie du Christ . Un très bel objet d’art attire toute notre attention, la couronne (fig. 19, CA 1467), vendue très certainement à Bénigne Baudot en 1791, date du XVe siècle, du temps de Philippe le Hardi probablement. La liste des œuvres se termine par ces quatre chapelles mentionnées précédemment toutes destinées à l’église Saint-Bénigne, mais dont nous n’avons pas retrouvées de traces.

L’ancienne Sainte-Chapelle de Dijon conservait elle aussi plusieurs tableaux et sculptures inventoriés pour la plupart dans l’inventaire de François Devosge. Un tableau représentant l’Annonciation de Philippe Quantin (n°2, Inventaire Devosge) est destiné à l’église Saint-Michel dans l’inventaire. Nous retrouvons une huile sur toile du même sujet et du même auteur conservé à Saint-Michel et classé au titre des Objets Mobiliers aux

68 Les sept tableaux sont mentionnés dans la salle du chapitre par Bénigne Baudot en 1789 et dans l’inventaire dressé du 1é au 21 avril 1791.

52 Monuments Historiques qui correspondrait. C’est la seule annonciation inventoriée peinte par cet artiste.

La sculpture en bas-relief représentant l’Assomption de la Vierge en bronze ciselé et doré par Claude-François Attiret classée immeuble depuis 01/01/1840 par les Monuments Historiques et conservée dans la cathédrale Saint-Bénigne provenait de la Sainte-Chapelle. Elle correspondrait au « bas-relief en bronze doré d’or moulu, représentant les douze apôtres autour du tombeau de la Vierge » référencée dans l’inventaire de François Devosge.

La référence à « une statue de pierre de tonnerre […] représentant saint Jean l’évangéliste dans l’expression d’écrire l’apocalypse » destiné à l’église Saint-Bénigne dans l’inventaire est une statue qui se trouve toujours dans ce même monument et fait parti de la liste des objets classés aux Monuments Historiques depuis le 01/12/1913. Cette sculpture est l’œuvre de Claude Attiret et va de pair avec la statue de saint André du même sculpteur destinée également à Saint-Bénigne.

D’ailleurs, nous retrouvons une sculpture de saint André de Claude Attiret conservée à Saint-Bénigne, classée au titre des Objets Mobiliers le 01/12/1913 par les Monuments Historiques, qui fut restaurée en même temps que celle de saint Jean en 2012 par Jean Delivré et qui correspondrait donc à la statue référencée par François Devosge dans son inventaire. Dans la base de données, rien n’indique qu’elle provenait de la Sainte-Chapelle, mais ces indications l’attestent. De plus, une maquette de la statue (fig. 20, BR 107) du Chœur de la Sainte-Chapelle transférée à la cathédrale Saint-Bénigne en 1792 comportent des dimensions presque pareilles. Ces statues constituaient le décor du sanctuaire de l’église représentant l’ Assomption de la Vierge .

Nous avons retrouvé la sculpture de Saint Yves de Jean Dubois destiné à l’église Saint-Bénigne et qui est conservé actuellement dans l’église Saint-Michel. Classé au titre d’objet mobilier par les Monuments Historiques depuis le 01/12/1913, cette statue de calcaire figure comme étant « une figure de pierre (les mains de bois) » dans le manuscrit. Nous pouvons ajouter que la base de données fait référence à deux Vierge à l’enfant provenant de la Sainte-Chapelle. La première, une statue en calcaire du XVe siècle classée au titre des Objets Mobiliers le 01/12/1913, est conservée au Musée des Beaux-Arts. Elle provient de la Sainte- Chapelle et fut transférée après sa désaffection à l’église Notre-Dame, puis elle fut déposée au Musée des Beaux-Arts de Dijon. La seconde est une statue en calcaire polychrome et doré du XVe siècle conservé dans l’église paroissiale Notre-Dame, mais qui a été déplacée au Musée

53 des Beaux-Arts de Dijon. Elles pourraient en fait n’être qu’une même et unique Vierge à l’enfant , outre le fait que la dernière fut classée au titre des Objets Mobiliers le 07/12/1913. En tous les cas, l’inventaire de François Devosge ne fait pas référence à une Vierge à l’enfant dans les sculptures.

Quant à l’église Saint-Michel, un tableau que nous avons peut-être retrouvé est le Martyr de saint Jacques et saint Philippe qui correspondrait avec Saint Jacques le Majeur conduit au martyr de 1727 de Nanini, classé aux O.M. le 12/03/1892. D’après l’inventaire Devosge, une Descente de croix se trouvait sur l’autel et deux colonnes de marbre blanc dont les futs sont ornés d’enfants jouant d’instruments constituaient une partie du décor.

En ce qui concerne l’église Notre-Dame, nous avons retrouvés quelques tableaux qui correspondraient avec l’inventaire Devosge classés M.H. dont L’annonciation (n°1) de 1696 par Gabriel Revel classé O.M. le 01/12/1913 et le Crucifiement de Jésus-Christ (n°1 aussi) de Brenet datant du XVIIe siècle classé O.M. le 31/12/1971. De plus, quatre tableaux décoraient le sanctuaire de Notre-Dame de Revel dont trois que nous supposons classés O.M. le 01/12/1913 : la Transfiguration (n°3) d’après Raphaël, Joseph avec Nicodème descendent de la croix Jésus-Christ (n°4) ou La déposition de croix et la Pentecôte (n°5) d’après l’original de Charles le Brun à Versailles. L’assomption de la Vierge de Dubois correspondrait au groupe classé O.M. le 01/08/1902 et dont la maquette est exposée au M.B.A. de Dijon. De même, nous pouvions voir le tombeau de Claude Frémyot probablement car la description que fait François Devosge (n°2) est identique à la figure de marbre. Ce président au Parlement de Bourgogne, mort en 1670, était le cousin de Sainte Jeanne de Chantal. Toutes les œuvres d’art destinées à l’église Notre-Dame sont toutes conservées au même endroit.

3°) Synthèse des œuvres d’art

De tous les biens, nous comptons 77 œuvres d’art qui se trouvaient dans la Chartreuse de Champmol dont 55 tableaux, 5 sculptures et bas-reliefs, ainsi que 17 objets d’art. Dans la Sainte-Chapelle, avaient été inventoriés 2 peintures, 16 sculptures dont 12 constituant le décor, faisant un total de 18 œuvres d’art. L’église Saint-Michel contenait 6 œuvres intéressantes selon François Devosge, comprenant 4 peintures et 2 colonnes de marbre. Quant à l’église Notre-Dame, dernier monument étudié dans le cadre de cette étude, 17 œuvres ont été recensées, dont 15 peintures et 2 sculptures (voir Annexes, Tableau).

54 Nous pouvons nous demander si François Devosge avait choisi de faire une sélection des œuvres en particulier et sur quels critères se basaient ces choix. Il conserve parfois des œuvres jugées médiocres. Est-ce parce qu’il l’avait conservée car il était certain que cela pouvait se vendre, plus que pour son esthétisme ou sa valeur artistique ? En effet, nous avons appris au fil de notre étude que les œuvres avaient également pour but d’être vendues. La plupart d’entre elles le sont. Mais, nous supposons que le professeur de l’école de dessin gardait toujours à l’esprit les œuvres qui pouvaient lui servir pour le Musée des Beaux-Arts ou son école.

Ce qui est intéressant aussi dans l’analyse de l’inventaire des œuvres d’art n’est pas seulement le fait que nous puissions recontextualiser l’objet en tant que tel, à la grande satisfaction de Quatremère de Quincy, mais c’est également appréciable d’avoir des indications sur les originaux des œuvres d’art lorsqu’il s’agit de copies. Dès qu’il peut, François Devosge fait la distinction entre l’ « original » et la « copie ». Par exemple, il va préciser que la Visitation de la Vierge provenant de la Chartreuse (n°37) copiée par Dom René Gardon d’après Jouvenet a son original dans le chœur de de Notre-Dame de Paris. De même, la Descente de croix (n°38) est une copie d’un original qui se trouve sur l'autel de la chapelle du Palais des Etats. Ces précisions permettent de mettre en série par ces références des œuvres entre elles et enrichissent les connaissances que nous en avons.

Cependant, parmi toutes les œuvres que nous avons pu inventoriées dans ces quatre monuments, nous constatons que beaucoup d’entre elles sont envoyées à Saint-Bénigne, mais au regard de l’inventaire dans son intégralité, nombreuses sont celles provenant des communautés religieuses qui ont été vendues. Néanmoins, un grand nombre d’œuvres ont été conservées au Musée des Beaux-Arts et certaines bénéficient d’une protection par les Monuments Historiques lorsqu’elles sont conservées dans les églises dijonnaises ou la cathédrale.

Par ailleurs, en sa qualité d’artiste et de professeur, François Devosge a suivit les recommandations de l’Administration, mais demeura libre de choisir ce qu’il désirait conserver en particulier. Les écoles italiennes, nordiques et françaises sont les plus représentées. Mais, à côté des tableaux de peintres célèbres comme Carle Van Loo, il n’hésita pas à mettre en valeur des œuvres peintes par des artistes locaux moins connus tel que Tassel ou Quantin qu’il estimait plein de talent.

55 Ainsi, l’inventaire de François Devosge est l’exemple même et le reflet d’une époque où se créent les premières méthodes de conservation dans le dessein de sauvegarder les œuvres d’art.

56 Conclusion

L’accent porté sur la conscience patrimoniale qui redouble d’intérêt à la période révolutionnaire montre la façon dont a germé progressivement à l’esprit des acteurs de l’époque l’idée de conserver les monuments des arts. François Devosge, par ses compétences professionnelles et artistiques, ainsi que par sa personnalité, à la notoriété publique presque irréprochable durant la succession des régimes, est devenue la figure incontournable de Dijon au XVIIIe siècle.

La notion de conservation vient d’une réaction aux destructions révolutionnaires qui ont fait des monuments en tant qu’objets les victimes de leur fonction symbolique, davantage que d’une prise de conscience progressive des valeurs artistiques. Car en effet, le concept même d’une sélection des œuvres implique plusieurs acceptations et divers acteurs. François Devosge dans sa mission était chargé d’expertiser les œuvres d’art non seulement d’un point de vue artistique, stylistique, esthétique et thématique, mais aussi commercial. Il était accompagné dans sa tâche par plusieurs professionnels en leurs domaines, et était le mieux à même de juger les œuvres en tant que professeur de l’école de dessin et artiste peintre et sculpteur. L’étude de l’inventaire montre ses compétences à analyser une peinture, ainsi que le processus d’élaboration d’un catalogue d’œuvres d’art. De plus, dans son travail, François Devosge gardait à l’esprit la destination des œuvres qu’il voulait conservées et leur future fonction didactique et pédagogique au Musée. Une majorité de tableaux des trois écoles (italienne, française et nordique) des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est donc au nom de la conservation que grandit un tel intérêt patrimonial. Ainsi, le souci de conservation implique différentes missions : la première est d’inventorier les objets, la deuxième consiste à restaurer et la troisième, à assurer une protection ou à « muséifier ».

Chacune des communautés religieuses étudiées conservaient en leur sein des richesses transmises au fil des siècles dont la charge artistique était à la mesure de la spiritualité et le caractère symbolique de ces biens. Même si leurs œuvres d’art ont été dispersées, la plupart vendues, voire disparues dont les traces seules figurent dans l’inventaire de François Devosge, d’autres de nouveau réunies au Musée des Beaux-Arts ou dans un lieu de culte, elles restent le témoignage de l’art chrétien qui avait pris toute son ampleur à Dijon.

57 De plus, l’analyse de la manière de présenter les pièces de collections est intéressante, puisque la plupart des tableaux et sculptures étaient exposés dans des salles particulières et des endroits précis, pour servir à la liturgie et appuyer un propos didactique. L’exposition des œuvres d’art est associée à la signification que leur conféraient les propriétaires à destination de visiteurs précis. Les objets d’art avaient essentiellement des fonctions utilitaires ou décoratives.

Quant au problème d’identification, la genèse des œuvres d’art nous montre la complexité de cette étude. Plusieurs œuvres ont traversé les siècles et sont restées conservées jusqu’à la Révolution dans leur lieu pour lesquelles elles ont été créées ou destinées. Détruire un décor, le déplacer ailleurs se faisait déjà avant la Révolution, à l’occasion d’une modernisation des espaces pour s’inscrire dans le goût du temps, tel est le reflet des églises encore aujourd’hui (vitraux contemporains de l’église de Nevers, nouveaux autels sculptés ou fonts baptismaux, etc.). Les liens entre religieux et artistes pouvaient aussi expliquer la présence de noms célèbres (comme Carle Van Loo). De même, détruire un monument, se servir comme pierre de réemplois aux fondations d’édifices, se produisait déjà avant les tumultes révolutionnaires (temple antique, abbaye de Cluny par exemple). Même si nous déplorons les actes de vandalisme et la disparition de plusieurs centaines d’œuvres, ce qui est intéressant dans notre étude est que nous constatons que les œuvres d’art soustraites des églises supprimées gardaient parfois leur fonction religieuse d’origine en changeant juste de monument, voire de quartier. Elles étaient réaffectées à d’autres lieux de culte. Cependant, les œuvres retrouvées sont pour la plupart conservées actuellement au Musée des Beaux-Arts ou au Musée d’Art Sacré de Dijon, bénéficiant quelquefois d’une protection au titre des Monuments Historiques.

Certaines œuvres sont toujours exposées dans leur lieu de destination décidé par François Devosge comme les deux statues de Saint Jean et de Saint André . Mais, le problème qui se pose encore aujourd’hui est celui des vols commis dans les églises et du trafic important lié au commerce du marché d’art sacré, plus largement est le problème des pillages dans les pays en difficultés financières d’un point de vue culturel ou en état d’instabilité politique (Grèce, Syrie, etc.). Les moyens de conservation préventive sont assez compliqués à mettre en œuvre, surtout lorsqu’il s’agit de monuments classés. De plus, certaines œuvres anciennes (surtout les tableaux ou sculptures en bois par exemple) dont l’hygrométrie n’est pas stable ne peuvent pas être conservées dans leur lieu d’origine.

58 En ce qui concerne les sujets de recherche que peuvent engendrer notre travail, la base de données 4D permet des possibilités diverses d’interroger l’inventaire Devosge. Les différents thèmes abordés et les iconographies particulières, voire rares dans les églises, sont autant de sujets d’études. Par la suite, nous pouvons également prendre en compte l’inventaire Devosge en entier avec les saisies de tous les demeures des religieux (églises, monastères, couvents et autres congrégations religieuses), ainsi que des demeures des émigrés. Nous pourrons ainsi reconstituer le patrimoine dijonnais du XVIIIe siècle en mettant en avant le monde religieux avec toutes ces communautés et ces monuments de culte et la culture parlementaire mise en valeur dans les hôtels particuliers avec la question des collectionneurs. Cela permettra aussi de faire des statistiques quantitatives, stylistiques, thématiques et chronologiques. Le service des Monuments Historiques et la conservation du Musée des Beaux-Arts pourront être impliqués dans ces recherches. De même, l’intérêt porté sur les personnalités dijonnaises enrichira l’analyse que nous avons faite en partie sur les ordres religieux à Dijon.

L’inventaire de François Devosge apporte une meilleure vision de ce que pouvait regarder les religieux comme les fidèles dans les monuments religieux à Dijon au XVIIIe siècle, et aussi apprécier lorsqu’il s’agissait d’artistes ou de visiteurs. La sauvegarde et la conservation du patrimoine dijonnais par l’élaboration d’un inventaire étaient les missions de François Devosge. Notre travail n’est-il pas de participer à l’étude et l’enrichissement des connaissances dans le domaine de la conservation et de valoriser les recherches, afin de ne pas permettre les « excès » du XXIe siècle ?

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Articles :

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Sources manuscrites et Fonds d’archives :

- Archives départementales de la Côte-d’Or :

Série Q : Biens nationaux, inventaires du mobilier saisis sur les émigrés 69 .

Q 677 généralités

Autres séries d’archives intéressantes classées par ordre d’importance :

Série E (concernant les archives notariales, fonds d’enregistrements, listes de tous les actes et inventaires, avec des titres de famille, renseignements sur les corporations)

Série B (concernant les archives du Parlement de Bourgogne)

Série L 80-1100 (fonds d’archives concernant le musée et l’administration du département)

Série F (fonds divers déposés par les familles)

Série T (concernant les archives de l’école des Beaux-Arts de Dijon)

Série C (fonds des Etats de Bourgogne)

- Archives municipales de Dijon

4 R I-1 Inventaire Devosge

69 Ces fonds d’archives sont classés en une liste à titre indicatif.

64 - Musée des Beaux-Arts, La Nef (pôle documentation)

Copie de l’inventaire annotée

- Bibliothèque municipale de Dijon

Ms 1600-1610 (325) Fonds Baudot

SITOGRAPHIE

http://archivesenligne.pasdecalais.fr http://www.persee.fr http://www.muséepicassoparis.fr http://www.culture.gouv.fr http://www.mba.dijon.fr

65 ANNEXES

CORPUS D’ŒUVRES

Dans ce corpus, nous avons inventoriés quelques œuvres d’art retrouvées. Le titre est suivi de la date, du lieu de conservation et du numéro d’inventaire lorsqu’il s’agit du Musée des Beaux-Arts, ainsi que du numéro faisant référence à l’inventaire Devosge. Nous avons également ajoutés des photographies appuyant notre étude. Quand nous indiquons qu’une œuvre fait « probablement » référence à un numéro de l’inventaire Devosge, il s’agit de conclusions déduites de nos recherches.

Fig. 1 : Carle Van Loo, Saint Georges terrassant le dragon , 1741, M.B.A. Dijon, CA 385, N°1 Inventaire Devosge probablement.

66

Fig. 2 : Carle Van Loo, La condamnation de saint Denis , 1741, M.B.A. Dijon, CA 384, N°2 Inventaire Devosge probablement.

Fig. 3 : Anonyme flamand, La visitation, XVIIe siècle, M.B.A., CA 176, N°4 Inventaire Devosge (ensemble de 8 tableaux du n°3 au n°10).

67

Fig. 4 : Anonyme flamand, L’adoration des mages , XVIIe siècle, M.B.A., CA 178, N°6 Inventaire Devosge.

Fig. 5 : Anonyme flamand, La circoncision , XVIIe siècle, M.B.A., CA 177, N°7 Inventaire Devosge.

Fig. 6 : Anonyme flamand, La présentation de Jésus au temple , XVIIe siècle, M.B.A., CA 179, N°8 Inventaire Devosge.

68

Fig. 7 : Anonyme, Saint Matthieu , copie d’après Valentin de Boulogne, XVIIe siècle, M.B.A. Dijon (réserves), n°32 Catalogue des peintures françaises 1968, N°11 Inventaire Devosge (ensemble de 4 tableaux du n°11 au n°14).

Fig. 8 : Anonyme, Saint Marc , copie d’après Valentin de Boulogne, XVIIe siècle, M.B.A. Dijon (réserves), n°33 Catalogue des peintures françaises 1968, N°12 Inventaire Devosge.

69

Fig. 9 : Anonyme, Saint Luc , copie d’après Valentin de Boulogne, XVIIe siècle, M.B.A. Dijon (déposé à l’Hôtel de Vögue de Dijon), n°34 Catalogue des peintures françaises 1968, N°13 Inventaire Devosge.

Fig. 10 : Anonyme, Saint Jean , copie d’après Valentin de Boulogne, XVIIe siècle, M.B.A. Dijon (déposé à l’Hôtel de Vögue de Dijon), n°35 Catalogue des peintures françaises 1968, N°14 Inventaire Devosge.

Fig. 11 : Anonyme français, Saint Ambroise (ou un évêque ?) , XVIIe siècle, M.B.A. Dijon, Sup 00-53-2, N°19, 21 ou 22 Inventaire Devosge (ensemble de 4 tableaux du n°19 au n°22)

Fig. 12 : Anonyme français, Saint Grégoire , XVIIe siècle, M.B.A. Dijon, Sup 00-53-1, N° 20 Inventaire Devosge.

70

Fig. 13 : Anonyme français, Le Christ au jardin des oliviers , XVIIe siècle, M.B.A. Dijon, 2140, N°29 Inventaire Devosge (pendant).

Fig. 14 : Anonyme français, Le baiser de Judas , XVIIe siècle, M.B.A. Dijon, 2141, N°30 Inventaire Devosge (pendant).

71

Fig. 15 : Pierre-Paul Rubens, Descente de croix , XVIIe siècle, M.B.A. Dijon, CA 168, N°32 Inventaire Devosge probablement.

Fig. 16 : Jean Restout, Le baptême du Christ , 1745, M.B.A. Dijon, CA 449, N°33 Inventaire Devosge probablement.

72

Fig. 17 : Anonyme, Le martyre de saint Barthélémy , copie d’après Ribera, XVIIe siècle, M.B.A. Dijon, CA 46, N°34 Inventaire Devosge, copie de Salvator Rosa.

Fig. 18 : Dom René Gardon, La transfiguration , copie d’après Raphaël, XVIIIe siècle, M.B.A. Dijon, N°44 Inventaire Devosge.

73

Fig. 19 : Anonyme, Couronne , entre 1404 et 1419, M.B.A. Dijon, CA 1467, N°62 Inventaire Devosge probablement.

Fig. 20 : Claude-François Attiret, Saint André, maquette de la statue du chœur de la Sainte- Chapelle , M.B.A. Dijon, BR 107, fait référence probablement au N°15 Saint André, Inventaire Devosge pour la Sainte-Chapelle, destinée à la cathédrale Saint-Bénigne en 1792.

74

Fig. 21 : Couverture de l’inventaire Devosge , A.M.D. (sources personnelles)

Fig. 22 : Premières pages de l’inventaire Devosge , A.M.D. (sources personnelles)

75 TEXTES

Texte 1 : Lettre de François Devosge à l’Administration du Directoire du District , 1794 (sources : lettre aux A.M., 4 RI 1 Inventaire Devosge, lettre aux A.D.C.O., Série Q 675- 677 Généralités)

Dom[aine] Nat[ional] Expédié le 27 Brumaire an 3 e Dijon 26 Brumaire 3 e de la République Française une et indivisible N°16271

DeVosge à l’Administration du Directoire du District de la Côte-d’Or

Je vous envoye, Citoyens, le catalogue que j’ai fait des monuments des arts provenant tant des maisons nationales que d’émigrés en exécution des commissions que j’ai eues tant de vous que du Département. Ce Catalogue n’est pas clos, par ce qu’il se trouve journellement de nouvelles choses à y porter : je le continuerai [sic], si vous jugez à propos de me le renvoyer : si vous vous déterminez à le garder, je me transporterai à l’Administration pour le clore. Il ne reste plus chez l’émigré Jeannin que les estampes détachées à numéroter, mais sur le Rapport des Commissaires du District, l’Administration ayant arrêté qu’on ne toucheroit rien dans cette maison, Je n’y ai point été depuis ce temps et c’est la raison pour laquelle vous trouverez plusieurs feuilles blanches bâtonnées dans l’Inventaire ci-joint, quelque temps après il est intervenu un Décret portant qu’on ne toucheroit à rien dans cette maison Je crois devoir observer à l’Administration que je n’ai rien omis dans ce Catalogue jusqu’aux plus mauvais tableaux. F[ranç]ois. DeVosge P.S. J’ai l’honneur d’observer à l’Administration ; que toutes les estampes reliées au nombre d’environ deux cent volumes in-folio sont portées sur un catalogue qui est resté chez l’émigré Jeannin ; le Citoyen Fauché pourra le remettre à l’Administration »

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Texte 2 : Brouillon de la lettre de François Devosge adressée à l’Administration du Directoire du District , 1794 (source : A.D.C.O., Série Q 675-677 Généralités)

« Dijon fructidor 2 e de la R[épublique] F[rançaise] U[ne] et I[ndivisible] [août-septembre 94]

Devosge à l’Administration du Département de la Côte-d’Or.

J’ai reçu votre lettre du 29 thermidor. Je vous envoye, citoyens, le catalogue que j’ai fait des monuments des arts provenant tant des maisons nationales que d’émigrés en exécution des commissions que j’ai eues tant de vous que du District. Ce catalogue ou inventaire n’est pas clos parce qu’il se trouve journellement de nouvelles choses à y porter. Je le continuerai ; si vous jugez à propos de me le renvoyer : si vous vous déterminez à le garder, je me transporterai à l’Administration pour le clore, j’en préviendrai le District à qui d’après ladite [ ?] loi [ ?] l’on m’a dit que je devois remettre cet inventaire, et j’en ferai de nouveaux pour ce qui pourra se trouver à l’avenir. Il ne reste plus chez l’émigré Chamblanc que les estampes à détacher à numéroter J’avois commencé à opérer chez l’émigré Chamblanc mais sur le rapport des Commissaires du District. Cette Administration ayant arrêté qu’on ne toucheroit rien dans cette maison, j’ai cessé de continuer [phrase rayée] je n’y ai point été depuis ce temps et c’est la raison pour laquelle vous trouverez plusieurs feuilles blanches bâtonnées dans l’inventaire ci-joint

quelques temps après il est intervenu un décret portant qu’on ne toucheroit à rien dans cette maison.

77 Je crois devoir observer à l’Administration que je n’ai rien omis dans ce catalogue jusqu’aux plus mauvais tableaux. Si elle le désire je lui ferai connaître par un signe convenu que je placerai à chaque article les meilleurs morceaux, ceux qui quoique moins précieux, méritent néanmoins quelqu’attention [sic] et enfin ceux qui ne sont propres à rien. Je ne puis vous dire le temps qui m’est nécessaire pour finir toutes [rayée] entièrement cet inventaire journellement il se trouve de nouvelles pièces à inventorier. »

Texte 3 : Arrêté du 10 nivôse an III par le représentant du peuple Jean-Marie Calès , 1794

(source : CORNEREAU E., « Notes documentaires sur la conservation des œuvres d’art en Côte-d’Or pendant la Révolution », dans La Révolution en Côte-d’Or , Fascicule 2, Nouvelle série, Rebourseau, Dijon, 1927)

« Le représentant du peuple J.-Marie Calès dans le département de la Côte-d’Or.

Considérant qu’il importe à la gloire et au bien de la république de s’opposer au progrès et aux ravages du vandalisme.

Que c’est bien mériter de la patrie que d’y ressusciter les arts, les sciences et les connaissances utiles, qui non seulement concourent à la splendeur des empires, mais contribuent encore si éminemment à leur succès et à leur prospérité.

En attendant que la convention nationale ait adopté des mesures générales pour atteindre ce but statutaire dans toutes les parties de la république, il est instant de pourvoir à la conservation des monuments des arts propres à former le goût, à échauffer le génie, à exciter l’émulation et à développer les talents.

Arrête ce qui suit :

Art. 1 er .

78 Sont nommés conservateurs des monuments des arts dans le département de la Côte- d’Or les citoyens ci-après nommés :

François Devosge, J.-Bte-Guillaume Gevigné, Joseph Antoine, Alex.-Eug. Volfius, François Robert, Pierre Renaud, Claude-Aug. Durande neveu, Claude Renon, François Attiret, François-Jacques Hoin, Pierre Baillot, N. Legras, Philibert-Bénigne Gagneraux, PIerre Jacotot.

Art. 2

Jusqu’à ce qu’il en ait été autrement ordonné, les dits citoyens formant la commission temporaire des arts et des sciences ont sous leur inspection et sous leur surveillance immédiate les monuments des arts dans tous les genres existants dans le département de la Côte-d’Or, sans rien préjuger n’y retrancher sur ce qui a été attribué par les décrets au corps administratif.

Art. 3

La dite commission déposera dans un même local les tableaux, les estampes, les médailles, les statues, les bas-reliefs, les cachets, les antiques, les pierres gravées ; elle recueillera les instruments relatifs aux sciences, les morceaux d’histoire naturelle dans les règnes animal, végétal et minéral, tous les ouvrages de l’art dignes de passer à la postérité et généralement les monuments précieux dans tous les genres qui ont fourni et que peuvent fournir encore sur toute l’étendue du département, les églises, les collèges, les monastères, les maisons des ci-devant nobles émigrés ; en général tous les établissements publics aujourd’hui supprimés.

Art. 4

La dite commission par nous investie de pouvoirs nécessaires à l’exécution du présent arrêté, nous proposera dans le plus bref délai le local qu’elle croira le plus ocnvenable à l’établissement du musée, pour y être par nous statué ce qu’il appartiendra.

Art. 5

En conséquence des dispositions du présent arrêté, toutes autorisations et titres qui auraient pu être précédemment données à tous citoyens, et notamment au citoyen Auvert, demeurant effectivement révoquées, avec injonction au dit Auvert de rétablir entre les mains

79 de la Commission à l’exhibition du présent arrêté, sans délai, tous les objets relatifs aux arts et aux sciences dont il serait ou aurait été nanti.

Le représentant du peuple.

[Signé] Calès

Pour copie conforme

TRULLARD »

Texte 4 : Lettre du Directoire du Département de la Côte-d’Or à la municipalité de Dijon, suite à la lettre du Ministre de l’Intérieur , 1792 (source : CORNEREAU E., « Notes documentaires sur la conservation des œuvres d’art en Côte-d’Or pendant la Révolution », dans La Révolution en Côte-d’Or , Fascicule 2, Nouvelle série, Rebourseau, Dijon, 1927)

« Le Ministre de l’Intérieur se plaint, par sa circulaire du 24 de ce mois, de ce que quelques communes font vendre en ce moment les tableaux, statues, vases, colonnes, tables de marbre, les dessins, estampes, pierres gravées, les livres, médailles et les objets d’histoire naturelle qui appartenaient soit aux maisons religieuses supprimées, soit à celles-ci devant royales, soit enfin à celle des émigrés, tous lesquels objets sont spécialement réservés par les lois, notamment des 14, 16 et 31 août, 3, 9, 14 et 16 septembre dernier.

Il nous observe avec raison que la dispersion d’objets qui sont le fruit du génie et des connaissances acquises par des siècles d’étude et d’expérience et qui serviraient de modèles qui ne pourraient être remplacés, serait aussi nuisible à l’intérêt public qu’aux arts en particulier et à la société en général.

Nous n’avons pas appris qu’aucune municipalité ou commune de ce département se [soit] livrée à cette contravention qui n’aurait pu avoir lieu de leur part, que par une suite de l’ignorance des lois ci-dessus ; néanmoins pour vous mettre en état de rendre au Ministre le compte qu’il demande à ce sujet, nous vous invitons à vérifier promptement si quelque municipalité ou commune de votre arrondissement s’est portée à vendre ou disperser quelques objets dépendant du mobilier des églises des maisons religieuses supprimées, des maisons ci- devant royales ainsi que de celles des émigrés et de toutes autres maisons nationales ou de la

80 liste civile, d’en faire former un état contenant le nom de la municipalité, celui de l’établissement ecclésiastique ou religieux supprimé, de la maison ci-devant royale ou domaniale ou d’émigré, la nature des objets vendus ou dispersés, et le prix de leur vente avec des observations sous les circonstances qui ont provoqué la municipalité ou commune à faire les ventes ou à se porter à la dispersion et de nous adresser promptement cet état.

Le Ministre devant au surplus d’après les lois, se faire rendre compte exact et détaillé de tous les objets réservés dépendant du mobilier des maisons nationales de toute espèce, nous ne pouvons que vous inviter à rassembler et tenir dans le plus grand ordre, par chaque municipalité, les inventaires qui constatent les objets qui existaient dans chaque église au maison nationale.

Les administrateurs composant le directoire du département de la Côte-d’Or [signatures] :

M. Parigot / Decamp S.A. Michaud / Oernoale / p.g. / C. Petetin J.-E. Chenevey

P.-S. – Nous apprenons à l’instant qu’il a été vendu chez Legoux, émigré, plusieurs tableaux, sans même qu’il en ait été fait d’estimation préalable par gens de l’art ; veuillez donner les ordres les plus promps pour la conservation de tous les objets réservés par les lois. Nous savons qu’il existe dans le mobilier de plusieurs émigrés des ouvrages de l’art infiniment précieux. »

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TABLEAU

Liste des saisies faites dans les quatre monuments religieux étudiés, la Chartreuse de Champmol, la Sainte-Chapelle, l’église Notre-Dame et l’église Saint-Michel (d’après l’inventaire Devosge, extraction de 4D)

82 Propriétaire N° Description Dest. Localisation actuelle Haut. Larg. Auteur Type Nom Attribution d’oeuvre Chartreuse 1 N.o 1 Deux tableaux décoraient les autels du Ecole M.B.A. CA 385 194,90 113,69 Ecole Tableau de Dijon choeur des frères, celui à droite représente centrale française - saint George le casque en tête, revêtu d'une Carle armure, monté sur un cheval blanc, perçant Vanloo d'une lance la chimère ou dragons, tandis qu'une jeune fille à genoux et sur un plan éloigné, adresse des voeux au ciel. Chartreuse 2 N.o 2 L'autel à gauche était décoré du Musée M.B.A. CA 384 194,90 113,69 Ecole Tableau de Dijon tableau qui représente la condamnation de française - saint Denis et de ses disciples. Ce sujet est Carle composé de douze figures enrichies d'un Vanloo fond d'architecture. Saint Denis est vêtu de ses ornements épiscopaux, deux de ses compagnons, Rustiques, et Eleuthere, tous trois enchaînés sont traînés par des soldats, aux pieds du tribunal, où préside Sisinnus Fescennius, qui les condamne à avoir la tête tranchée, le moment que l'artiste a rendu, est celui, où une Dame nommée Catule trouve le moyen d'obtenir leurs corps après leur mort, ces deux tableaux sont du pinceau de Carle Vanloo. Les talents distingués de ce grand maître sont si connus que je n'entreprendrai pas de faire l'éloge de ces productions, il est né à Nice en 1705, il est mort à Paris, âgé de 65 ans, décoré du cordon de Saint-Michel et premier peintre du Roi. La bonté de caractère, sa probité ne l'ont pas moins fait respecter que ses talents. Ces deux tableaux sont peints sur toile de 6

83 pieds de hauteur, sur 3 pieds 6 pouces de large, Bordure sculptée et dorée. Chartreuse 3 N.o 3 L'annonciation de la Vierge, ce Eglise 162,41 129,93 Ecole des Tableau de Dijon tableau est composé de huit figures, l'ange Saint Pays-Bas Gabriel occupe le premier plan ; le second à Bénigne droite l'est pas la Vierge, et le haut du tableau est terminé par une gloire où préside le Saint-Esprit environné de six enfants, peint sur toile de 5 pieds de hauteur sur 4 pieds de large. Chartreuse 4 N.o 4 La visitation de la Vierge, sur le Ecole M.B.A. CA 176 162,41 129,93 Ecole des Tableau de Dijon premier plan et au milieu du tableau, est centrale Pays-Bas posée la Vierge et Elisabeth, le second plan est occupé par Joseph, et Zacarie, le troisième par sa maison qui se détache sur un paysage ; ce tableau est d'une couleur séduisante par sa fraîcheur. Chartreuse 5 N.o 5 Les pasteurs à la crèche, cette Eglise 162,41 129,93 Ecole des Tableau de Dijon production est d'une bonne couleur, mais Saint Pays-Bas d'un style de dessin très médiocre, excepté Bénigne les têtes des pasteurs, de saint Joseph et d'une bergère dont l'expression est remplie d'onction. Chartreuse 6 N.o 6 L'adoration des Rois mages. Ce Ecole M.B.A. CA 178 162,41 129,93 Ecole des Tableau de Dijon tableau est composé de douze figures, de la centrale Pays-Bas, Vierge, de son enfant, de Joseph, de même Melchior, Gaspard, et Baltazard. Derrière artiste que ces mages, sont plusieurs soldats à pied et à N.o 7 cheval, qui se détachent en brun sur un ciel clair. Ce tableau est d'une vigoureuse couleur et traîté avec une liberté de pinceau qui dénote le grand maître.

84 Chartreuse 7 N.o 7 La circoncision, ce tableau annonce Ecole M.B.A. CA 177 162,41 129,93 Ecole des Tableau de Dijon par son style de dessin et sa couleur, être du centrale Pays-Bas, même artiste que celui qui a peint l'adoration même des Mages, il est composé de dix neuf artiste que figures, de l'enfant Jésus, d'un prêtre qui le N.o 6 tient et du grand pontife qui le circoncit, de la Vierge et saint Joseph, d'un prêtre qui récite des prières dans un livre qu'il tient, de trois lévites qui tiennent des cierges, et de spectateurs ; ce tableau est terminée par le fond du temple d'une architecture gothique. Chartreuse 8 N.o 8 La purification. Ce tableau supérieur Ecole M.B.A. CA 179 162,41 129,93 Ecole des Tableau de Dijon aux précédents, par son effet, large et centrale Pays-Bas piquant, par son harmonie, par sa couleur et par la hardiesse de sa touche, digne de celle des plus grands maîtres, nous présente la Vierge à genoux qui offre son fils à Siméon, qui se baisse pour le recevoir, ce vénérable vieillard, est rempli d'onction, Joseph ; Anne la Prophètesse, plusieurs spectateurs, prêtres et lévites ceux-ci tiennent des cierges allumés et sont tous occupés de la cérémonie, le fond du tableau est enrichi par un portique d'un style d'architecture gothique occupé par une partie des spectateurs. Chartreuse 9 N.o 9 La pentecôte, ce tableau est une très Eglise Peut-être conservé à 162,41 129,93 Ecole des Tableau de Dijon médiocre production de l'art. Saint Saint-Bénigne (côté Pays-Bas Bénigne Nord), correspondrait à La Descente du Saint- Esprit, copie

85 nordique d'après Giorgio Vasari, du XVIIe siècle. Chartreuse 10 N.o 10 L'assomption de la Vierge. Ce Vendu 162,41 129,93 Ecole des Tableau de Dijon tableau est composé de vingt-sept figures y Pays-Bas compris le cortège d'anges qui accompagne la Vierge portée sur des nuages qui l'élève au ciel, ces figures sont beaucoup trop petites ou trop vigoureuses, eu égard à la distance des apôtres occupés, les uns à regarder dans le tombeau, et les autres, le groupe céleste très inférieur à celui des disciples. Ces huit tableaux sont peints sur toile, même hauteur et largeur, de 5 pieds sur 4 pieds de large, ayant chacun une bordure sculptée et dorée et les moulures marbrées. Chartreuse 11 N.os 11, 12, 13 et 14 Quatre tableaux ovales, Ecole M.B.A. n°32 Saint 78,50 59,55 Ecole Tableau de Dijon peints sur toile, qui représentent les quatre centrale Matthieu , Catalogue française - Evangélistes, à mi-corps et de grandeur des peintures Copie naturelle, très bonnes copies de 2 pieds 5 françaises, 1968. pouces de hauteur, sur 1 pied 10 pouces, de large. Bordures dorées. Chartreuse 12 N.os 11, 12, 13 et 14 Quatre tableaux ovales, Ecole M.B.A. n°33 Saint 78,50 59,55 Ecole Tableau de Dijon peints sur toile, qui représentent les quatre centrale Marc, Catalogue des française - Evangélistes, à mi-corps et de grandeur peintures françaises, Copie naturelle, très bonnes copies de 2 pieds 5 1968. pouces de hauteur, sur 1 pied 10 pouces, de large. Bordures dorées. Chartreuse 13 N.os 11, 12, 13 et 14 Quatre tableaux ovales, Ecole M.B.A. n°34 Saint 78,50 59,55 Ecole Tableau de Dijon peints sur toile, qui représentent les quatre centrale Luc, Catalogue des française - Evangélistes, à mi-corps et de grandeur peintures françaises, Copie

86 naturelle, très bonnes copies de 2 pieds 5 1968. pouces de hauteur, sur 1 pied 10 pouces, de large. Bordures dorées. Chartreuse 14 N.os 11, 12, 13 et 14 Quatre tableaux ovales, Ecole M.B.A. n°35 Saint 78,50 59,55 Ecole Tableau de Dijon peints sur toile, qui représentent les quatre centrale Jean, Catalogue des française - Evangélistes, à mi-corps et de grandeur peintures françaises, Copie naturelle, très bonnes copies de 2 pieds 5 1968. pouces de hauteur, sur 1 pied 10 pouces, de large. Bordures dorées. Chartreuse 15 N.os 15 et 16 Deux tableaux ovales qui Ecole 73,08 59,55 Ecole Tableau de Dijon représentent l'Annonciation, sur une des centrale d'Italie - toiles est peint la Vierge et sur l'autre l'ange Copie Gabriel, ces deux tableaux sont copiés d'après Le d'après Le Guide ils portent chacun 2 pieds Guide 3 po. de hauteur, sur 1 pied 10 pouces de large. Bordure dorée. Chartreuse 16 N.os 15 et 16 Deux tableaux ovales qui Ecole 73,08 59,55 Ecole Tableau de Dijon représentent l'Annonciation, sur une des centrale d'Italie - toiles est peint la Vierge et sur l'autre l'ange Copie Gabriel, ces deux tableaux sont copiés d'après Le d'après Le Guide ils portent chacun 2 pieds Guide 3 po. de hauteur, sur 1 pied 10 pouces de large. Bordure dorée. Chartreuse 17 N.os 17 et 18 Deux tableaux sur toile de Ecole 73,08 59,55 Ecole Tableau de Dijon forme ovale, lesquels représentent la centrale d'Italie - pénitence de saint Pierre, et de la Madeleine, Copie copiés d'après Le Guide, de 2 pieds 3 pouces d'après Le de hauteur sur, un pied 10 po. de largeur. Guide Bordures dorées. Chartreuse 18 N.os 17 et 18 Deux tableaux sur toile de Ecole 73,08 59,55 Ecole Tableau de Dijon forme ovale, lesquels représentent la centrale d'Italie - pénitence de saint Pierre, et de la Madeleine, Copie

87 copiés d'après Le Guide, de 2 pieds 3 pouces d'après Le de hauteur sur, un pied 10 po. de largeur. Guide Bordures dorées. Chartreuse 19 N.os 19, 20, 21 et 22 Les quatre docteurs ou Ecole M.B.A. Sup 00-53-2 81,20 59,55 Ecole Tableau de Dijon pères de l'Eglise, peint sur quatre toiles centrale Saint Ambroise française ovales, à mi-corps et de grandeur naturelle, n°19, 21 ou 22. de 2 pieds 6 po. de hauteur, sur 1 pied, 10 pouces de large. Bordures dorées. Chartreuse 20 N.os 19, 20, 21 et 22 Les quatre docteurs ou Ecole M.B.A. Sup 00-53-1 81,20 59,55 Ecole Tableau de Dijon pères de l'Eglise, peint sur quatre toiles centrale Saint Grégoire française ovales, à mi-corps et de grandeur naturelle, n°20. de 2 pieds 6 po. de hauteur, sur 1 pied, 10 pouces de large. Bordures dorées. Chartreuse 21 N.os 19, 20, 21 et 22 Les quatre docteurs ou Ecole 81,20 59,55 Ecole Tableau de Dijon pères de l'Eglise, peint sur quatre toiles centrale française ovales, à mi-corps et de grandeur naturelle, de 2 pieds 6 po. de hauteur, sur 1 pied, 10 pouces de large. Bordures dorées. Chartreuse 22 N.os 19, 20, 21 et 22 Les quatre docteurs ou Ecole 81,20 59,55 Ecole Tableau de Dijon pères de l'Eglise, peint sur quatre toiles centrale française ovales, à mi-corps et de grandeur naturelle, de 2 pieds 6 po. de hauteur, sur 1 pied, 10 pouces de large. Bordures dorées. Chartreuse 23 N.o 23 Les disciples d'Emmaüs, faible copie Vendu 83,91 121,81 Ecole Tableau de Dijon d'après Le Titien, peinte sur toile, de 2 pieds d'Italie - 7 pouces de hauteur, sur 3 pieds 9 pouces de d’après Le large, bordure dorée. Ttitien Chartreuse 24 N.o 24 Un tableau qui représente le moment Vendu 83,91 121,81 Ecole Tableau de Dijon où des Juifs présentent à Jésus-Christ une française - pièce de monnaie, et qu'il leur dit rendez à Copie César ce qui appartient à César. Copié d'après Le d'après Le Valantin, sur toile de 2 pieds 7 Valantin

88 pouces de hauteur, sur 3 pieds 9 pouces de large, bordure dorée. Chartreuse 25 N.o 25 Saint Augustin demie figure de Vendu 97,45 73,08 Ecole Tableau de Dijon grandeur naturelle, ce tableau est une copie française - d'un artiste de mérite, peint sur toile de 3 Copie pieds de hauteur, sur 2 pieds 3 po. de large, d'après un bordure en bois et baguettes dorées. artiste de mérite Chartreuse 26 N.o 26 Un tableau qui représente la Vendu 124,52 92,03 Ecole Tableau de Dijon Madeleine, aux pieds de Jésus-Christ en française - forme de jardinier ; faible copie peinte par Copie Dom Renée, sur toile de 3 pieds 10 po. de peinte par hauteur, sur 2 pieds 10 po. de largeur, Dom bordure en bois marbré. Renée Chartreuse 27 N.o 27 La Cène, tableau dont les figures Eglise 184,0 211,14 Ecole Tableau de Dijon sont de grandeur naturelle ce sujet est peint Saint d'Italie sur toile de 5 pi. 8 pouces de hauteur, sur 6 Bénigne pieds 6 pouces de large. Bordure marbrée. Chartreuse 28 N.o 28 Un tableau original peint sur toile par Eglise Eglise Saint- 230,09 346,49 Ecole Tableau de Dijon F. A. Kraus, élève de Piazzeta, l'un et l'autre Saint Bénigne, côté Nord, vénitienne distingués par leurs talents. Cette production Bénigne selon Judith Kagan - F.A. représente le moment, que Madeleine répand Kraus des parfums sur les pieds de Jésus-Christ qui était à manger chez Simon le Pharisien. Ce tableau est peint en 1736. Il porte 10 pieds 8 pouces de large, sur 7 pieds 1 pouces de hauteur. Bordure sculptée, dorée et peinte en marbre. Chartreuse 29 N.o 29 Jésus-Christ priant au jardin des Eglise M.B.A. 2140 311,30 251,75 Ecole des Tableau de Dijon olives, sur le premier plan sont couchés et Saint Pays-Bas - endormis, Jean, Pierre, et Jacques ; sur le Bénigne Même second plan élevé, Jésus est à genoux dans artiste que

89 l'expression de prier son Père, de ne lui point N.o 30 faire boire ce calice, qui lui est présenté par un ange qui tient les attributs de sa passion, sur le 3ème plan paraît dans l'éloignement Judas avec une troupe de soldats armés et dans le fond Jérusalem. Ces figures sont de grandeur naturelle peintes sur toile de 9 pieds 7 pouces de hauteur sur 7 pi. 9 po. de large. Bordure sculptée et dorée et moulures marbrées. Chartreuse 30 N.o 30 Ce tableau représente deux moments, Eglise M.B.A. 2141 311,30 251,75 Ecole des Tableau de Dijon le baiser de Judas, ou la prise de Jésus- Saint Pays-Bas - Christ au jardin des olives. La seconde, saint Bénigne Même Pierre qui vient de couper l'oreille à artiste que Malchus. Ce tableau est composé de seize N.29 figures, nous présente sur le premier plan le groupe de Pierre aux prises avec Malchus : sur le second, le groupe de Judas qui embrasse Jésus-Christ enveloppé par plusieurs soldats. Ce tableau et le précédent sont du même artiste, même grandeur et mêmes bordures. Chartreuse 31 N.o 31 La résurrection de Jésus-Christ, ce Eglise 311,30 249,04 Ecole des Tableau de Dijon tableau est d'un style de dessin plus élégant Saint Pays-Bas que les deux précédents mais moins bien Bénigne coloriée, il est composé de douze figures de grandeur naturelle ; Jésus-Christ s'élève dans la gloire, des soldats endormis, d'autres éveillés et dans la frayeur s'emparent de leurs armes, sur un troisième plan paraissent les trois Maries. Ce tableau est peint sur toile de 9 pieds 7 po. de hauteur sur 7 pieds

90 8 pouces de large, bordure sculptée et dorée moulures marbrées. Chartreuse 32 N.o 32 Un tableau qui représente une Musée M.B.A. CA 168 308,59 254,45 Ecole des Tableau de Dijon descente de croix, peinte par P. P. Rubeins, probablement. Pays-Bas - ce tableau est du meilleur temps de ce grand P.P. maître, confié à quelques religieux pour le Rubeins nettoyer et qui malheureusement ont enlevé une partie de cet excellent ouvrage ; ce qui en reste est si précieux qu'il sera toujours admiré des artistes. Ce sujet est composé de sept figures, du Christ, de la Vierge, de Madeleine, de saint Jean, de Madeleine, de saint Jean, de Joseph d'Arimathie, de Nicodeme, ces deux figures sont montés sur des échelles, une espèce de victimaire est au-dessus de la croix concourant tous à descendre le sauveur. Toutes ces figures sont parfaitement contrastées, d'un effet large et piquant, d'une touche spirituelle et moelleuse, d'une excellente expression et d'un coloris argentin digne enfin du pinceau de Rubeins. Sur le premier plan est groupée avec un plat de cuivre, la couronne d'épine détachée sur un linge, une éponge, l'inscription et les cloux, et dans le fond du tableau Jérusalem, ces figures sont de grandeur naturelle, il porte 9 pieds 6 pouces de hauteur, sur 7 pieds 10 pouces de large, bordure sculptée et dorée et les moulures marbrées. Chartreuse 33 N.o 33 Ce tableau composé de cinq figures, Musée M.B.A. CA 449 219,26 135,34 Ecole Tableau de Dijon représente le moment où saint Jean-Baptiste probablement. française -

91 après avoir donné le baptême à Jésus-Christ Restout - s'humilie aux pieds du Sauveur et lui marque 1745 son respect. Alors le ciel s'ouvre, L'éternel fait descendre son esprit en forme de colombe sur la tête du Messie. Le troisième plan est occupé par trois figures dans la demie teinte cette excellente production est du pinceau du célèbre Restout, peint en 1745, sur toile de 6 pieds 9 pouces de hauteur sur 4 pieds 2 pouces de largeur. Chartreuse 34 N.o 34 Un tableau qui représente saint Musée M.B.A. CA 46 162,41 124,52 Ecole Tableau de Dijon Barthelemi, qu'un victimaire écorche ; belle d'Italie - copie de Salvator Roza d'après Ribera, dit Copie de Lespagnolet, ces deux célèbres artistes Salavator jouent un si grand rôle dans la république Roza des arts, que c'est faire l'éloge de cette d'après excellente production en nommant l'auteur. Ribera Ce tableau peint sur toile de 5 pieds de hauteur, sur 3 pieds 10 pouces de large. Bordure en bois. Chartreuse 35 N.o 35 Un excellent tableau, original peint Vendu 97,451 143,47 Ecole Tableau de Dijon sur toile en 1619, par Etienne Dulaurier, d'Italie - nous présente la Sainte famille, composée de Etienne cinq figures, à mi-corps, de la Vierge, de Dulaurier - l'enfant Jésus, de saint Joseph ; de saint 1619 Jean-Baptiste, d'un ange qui joue de la mandoline et d'un agneau, il porte 3 pieds de hauteur sur 4 pieds 5 pouces de large. Chartreuse 36 N.o 36 L'annonciation de la Vierge ; ce Ecole 100,15 81,209 Ecole Tableau de Dijon tableau peint sur toile par Taset de Langres centrale d'Italie - (à peine connu des artistes de la capitale de Taset France) a acquis à Rome, et Venise, des

92 talents qui le placent dans la classe des peintres les plus distingués. Le tableau dont il s'agit ici est composé de la Vierge à genoux, de l'ange Gabriel, et du Saint-Esprit exécuté avec son pinceau séduisant, il porte 3 pieds 1 pouce de hauteur sur 2 pieds 6 pouces de large. Bordure marbrée. Chartreuse 37 N.o 37 La Visitation de la Vierge, copiée Ecole 167,83 129,93 Ecole Tableau de Dijon d'après Jouvenet (l'original se voit au choeur centrale française - de Notre-Dame de Paris) la copie dont il est copie de ici question est du pinceau de Dom Renée Dom gardon chartreux. Ce tableau est peint sur Renée, toile il porte 5 pieds 2 po. de hauteur, sur 4 d'après pieds de large, bordure dorée. Jouvenet Chartreuse 38 N.o 38 Un tableau qui représente une Ecole Saint-Bénigne, 151,59 105,57 Ecole Tableau de Dijon descente de croix copiée par Dom Renée, centrale selon Judith Kagan. française - d'après Jouvenet. L'original décore l'autel de Copiée par la chapelle de la maison nationale. La copie Dom est sur toile de 4 pieds 8 pouces de hauteur Renée, sur 3 pieds 3 po. de large, bordure dorée. d'après Jouvenet Chartreuse 39 N.o 39 Un tableau qui représente saint Paul Ecole 121,81 100,15 Ecole Tableau de Dijon à Lystre, guérissant un boîteux de naissance, centrale française - le peuple frappé de ce miracle, voulu Copie de sacrifier à saint Paul et à saint Barnabé, Dom qu'ils regardaient comme des Dieux, mais Renée, ces disciples déchirèrent leurs habits. Ce d'après tableau est copie faite par Dom Renée Corneille d'après Corneille, sur toile, de 3 pieds 9 pouces de hauteur, sur 3 pi. 1 pouce de large. Bordure dorée. Chartreuse 40 N.o 40 Autre tableau, un Christ sur la croix Vendu 119,10 92,03 Ecole Tableau

93 de Dijon dont le pied est dans le feu du purgatoire française dans lequel plusieurs âmes rôtissent dévotement et tranquillement. La Vierge invoque son fils pour eux ; elle est accompagnée de saint Pierre et saint Paul. Jésus-Christ est environné de plusieurs anges, un desquels reçoit dans une coupe le sang du Sauveur, qui sort abondamment de son côté et qui se répand de la coupe en plusieurs jets sur différentes âmes, un ange enlève du feu une femme nue, un autre présente à L'éternel dans sa gloire, une âme placée au bout de son doigt. Voilà l'ordonnance de ce singulier tableau, peint sur toile de 3 pieds 8 po. de hauteur, sur 2 pieds 10 pouces de large. Chartreuse 41 N.o 41 Un très médiocre tableau copié Vendu 129,93 162,41 Ecole Tableau de Dijon d'après J. B. Corneille, le sujet représente le française - serpent d'airain, peint sur toile de 4 pieds de d'après J. hauteur sur 5 pieds de large, bordure B. marbrée. Corneille Chartreuse 42 N.o 42 Une bonne copie d'après le tableau Vendu 173,24 119,10 Ecole Tableau de Dijon peint par Lebault, qui représente Jésus- française - Christ priant dans le jardin des olives, cette Copie de copie est du pinceau de Dom Renée, sur Dom toile de 5 pieds 4 po. de hauteur sur 3 pieds Renée, 8 po. de largeur. Bordure dorée. d'après Lebault Chartreuse 43 N.o 43 La purification de la Vierge, tableau Administ 227,38 151,59 Ecole Tableau de Dijon copiée d'après Jouvenet, par Dom Renée, sur ration française - toile de 7 pieds de hauteur, sur 4 pieds 8 centrale de Dom pouces de large, bordure dorée. Renée,

94 d'après Jouvenet Chartreuse 44 N.o 44 Un tableau d'après Raphaël, qui Administ M.B.A. CA 54 170,54 116,40 Ecole Tableau de Dijon représente la transfiguration de Jésus-Christ. ration française - Cette copie est de Dom Renée, peinte sur centrale de Dom toile de 5 pieds 3 pouces de hauteur, sur 3 Renée, pieds 7 po. de large bordure dorée. d'après Raphaël Chartreuse 45 N.o 45 Deux tableaux sur chacun desquels Vendu 86,623 124,52 Ecole Tableau de Dijon est peint saint Brunot qui fait des miracles, française sur l'un est représenté un vaisseau que saint Brunot sauve du naufrage, et sur l'autre l'on voit ce saint à genoux en contemplation devant un Christ, et sur le plan gauche un chasseur et ses chiens accourent à lui. Ils portent l'un et l'autre 2 pieds 8 pouces de hauteur sur 3 pi., 10 pouces de large. Bordure en bois. Chartreuse 46 N.o 46 Deux tableaux sur chacun desquels Vendu 86,62 124,52 Ecole Tableau de Dijon est peint saint Brunot qui fait des miracles, française sur l'un est représenté un vaisseau que saint Brunot sauve du naufrage, et sur l'autre l'on voit ce saint à genoux en contemplation devant un Christ, et sur le plan gauche un chasseur et ses chiens accourent à lui. Ils portent l'un et l'autre 2 pieds 8 pouces de hauteur sur 3 pi., 10 pouces de large. Bordure en bois. Chartreuse 47 N.o 47 Le Jugement de Salomon, tableau Administ 292,35 357,32 Ecole Tableau de Dijon peint par Jean-Baptiste Corneille, ce grand ration française - maître connu par ces excellentes centrale Jean- productions, nous présente sur une toile de 9 Baptiste

95 pieds de hauteur et sur 11 de large ; treize Corneille figures remplies d'expressions, d'un grand style de dessin et d'une vigoureuse couleur. L'historique de ce sujet est si connu que je crois ne devoir rapporter que très brièvement l'instant que l'artiste a exécuté qui fit connaître la vraie mère de l'enfant. L'une dit : ""cet enfant qui vit est à moi"", l'autre femme soutient qu'il est à elle. Salomon ordonne qu'on le divise en deux et que chacune en ait la moitié, la fausse mère consentit à ce jugement, mais la véritable sentant toutes ses entrailles émues, conjura le Roi de le donner plutôt tout entier à celle qui le lui voulait ravir. Corneille a parfaitement caractérisé la vraie et la fausse mère par l'empressement qu'elle met à étendre sa robe pour recevoir la moitié de l'enfant. Toute cette production est connue dans cet esprit. Bordure sculptée et dorée, les moulures marbrées. Chartreuse 48 N.o 48 Des mariniers, jettent d'un vaisseau, Vendu 129,93 162,41 Ecole Tableau de Dijon dans la mer le prophète Jonas, pour calmer française la tempête, que Dieu avait excitée pour le punir de sa désobéissance à ses ordres, ensuite Dieu commande à une baleine de recevoir le prophète dans ses entrailles. C'est le moment que l'artiste a rendu, mais ce tableau est si dégradé qu'on ne peut assurer si il est original. Il est peint sur toile de 4 pieds de hauteur sur 5 de large, bordure sculptée et dorée moulure marbrée.

96 Chartreuse 49 N.o 49 Présentation de la Vierge au temple, Ecole M.A.S. 194,90 259,87 Ecole Tableau de Dijon ce tableau est composé de huit figures, sur le centrale probablement. d'Italie premier plan sont posés sainte Anne, son époux et une suivante, la Vierge est à genoux sur les marches du temple et aux pieds du grand prêtre qui lui impose la main gauche sur la tête, et sa droite sur un livre dans lequel il récite des prières, ce livre est soutenu par un prêtre. Sur le second plan sont placés deux jeunes lévites qui tiennent des flambeaux. Ce sujet est peint sur toile. Chartreuse 50 N.o 50 L'annonciation de la Vierge, deux Ecole M.A.S. 194,90 259,87 Ecole Tableau de Dijon figures composent ce tableau, l'ange Gabriel centrale probablement. d'Italie porté sur des nuages annonce à Marie la volonté de L'éternel. La Vierge est à genoux soutenue par un tabouret, les yeux dirigés sur le Saint-Esprit qui répand sur elle sa lumière, son expression est celle de se résigner aux ordres du Tout-Puissant, le troisième plan est occupé par un lit. Chartreuse 51 N.o 51 La Visitation de la Vierge, ce sujet Ecole 194,90 259,87 Ecole Tableau de Dijon au nombre de cinq figures nous présente centrale d'Italie Marie reçue avec affection par sa cousine Elisabeth, et son mari ; ce groupe occupe le premier plan, sur le second est Joseph appuyé sur son âme qui braie, une fille apporte sur sa tête un paquet que saint Joseph a détaché de dessus l'âne, une porte ronde telle que celle de nos basses cours termine le fond de ce tableau. Chartreuse 52 N.o 52 Les pasteurs à la crèche, tableau Ecole Eglise Saint-Michel 194,90 259,87 Ecole Tableau de Dijon composé de huit figures, de l'enfant Jésus centrale probablement. d'Italie

97 dans les bras de la Vierge qui le regarde attentivement, ainsi que saint Joseph, et quatre bergères et un pasteur. Toutes ces figures sont éclairées par l'enfant Jésus. Chartreuse 53 N.o 53 L'adoration des Mages, douze figures Ecole 194,90 259,87 Ecole Tableau de Dijon compose ce sujet, la Vierge assise tenant sur centrale d'Italie ses genoux l'enfant Jésus ; l'un et l'autre groupés avec saint Joseph ces trois figures occupent le second plan. Melchior à genoux incliné humblement aux pieds de la Vierge après y avoir déposé une coupe remplie de pièces d'or. Gaspard, offre un vase de myrrhe et Baltazard debout regarde avidement la Vierge, il tient un encensoir duquel sort de la fumée, ce qui indique l'encens. Ce Roi occupe le premier plan avec un grand un grand chien qui le suit. Derrière ce groupe, sont six spectateurs de la suite des Rois. Ce tableau est terminé par un fond qui représente une écurie. Chartreuse 54 N.o 54 La purification de la Vierge, sept Ecole 194,90 259,87 Ecole Tableau de Dijon figures expriment ce sujet. Saint Joseph et la centrale d'Italie Vierge occupent le premier plan Joseph tient de la main droite un cierge, de sa gauche un bâton sur lequel il s'appuie. La Vierge est dans l'action d'offrir deux colombes, ce groupe est liée à Anne la prophétesse, qui dans son enthousiasme étend les bras et regarde avec admiration l'enfant Jésus que le grand prête Siméon tient et élève dans la gloire entrouverte où ses yeux sont fixés, deux lévites sont à sa suite, l'un tient un

98 cierge et l'autre un livre. Le temple est décoré d'un ordre d'architecture dorique. Chartreuse 55 N.o 55 Un tableau qui représente la fuite en Ecole Eglise Saint-Michel 194,90 259,87 Ecole Tableau de Dijon Egypte. La Vierge tient dans ses bras centrale probablement. d'Italie l'enfant Jésus enveloppé de linge et qui dort la tête appuyé sur le sein de sa mère, elle est assise sur un âne que saint Joseph conduit avec un licole, il s'entretient avec un ange qui lui enseigne du doigt le chemin qu'ils doivent suivre pour arriver à une ville d'Egypte indiquée dans le fond du tableau. Ces sept tableaux sont peints sur toile, même hauteur et largeur, ils portent chacun 6 pieds de hauteur, sur 8 pi. de largeur, tous même bordure sculptée et dorée aux angles et milieu, le restant des moulures sont marbrées. Chartreuse 56 N.o 56, 57, 58, 59 Quatre bustes bas-reliefs Vendu 67,67 64,96 Ecole Bas- de Dijon de carton peint représentent quatre Ducs de d'Italie relief de Bourgogne 1er Philipe le Hardi fils de Jean, carton Roi de France premier Duc de Bourgogne, peint qui mourut à hal en hainant l'an 1404. 2ème Jean, Duc de Bourgogne qui fut tué à Montrereau l'an 1419. 3ème Philipe, dit le bon, Duc de Bourgogne, mourut à Bruges le 15 juillet 1467. 4ème Charle, dernier Duc de Bourgogne qui mourut l'an 1477. Chacun de ces bas-reliefs portent 2 pi. 1 po. de hauteur, sur 2 pieds de largeur. Chartreuse 57 N.o 56, 57, 58, 59 Quatre bustes bas-reliefs Vendu 67,67 64,96 Ecole Bas- de Dijon de carton peint représentent quatre Ducs de d'Italie relief de Bourgogne 1er Philipe le Hardi fils de Jean, carton

99 Roi de France premier Duc de Bourgogne, peint qui mourut à hal en hainant l'an 1404. 2ème Jean, Duc de Bourgogne qui fut tué à Montrereau l'an 1419. 3ème Philipe, dit le bon, Duc de Bourgogne, mourut à Bruges le 15 juillet 1467. 4ème Charle, dernier Duc de Bourgogne qui mourut l'an 1477. Chacun de ces bas-reliefs portent 2 pi. 1 po. de hauteur, sur 2 pieds de largeur. Chartreuse 58 N.o 56, 57, 58, 59 Quatre bustes bas-reliefs Vendu 67,67 64,96 Ecole Bas- de Dijon de carton peint représentent quatre Ducs de d'Italie relief de Bourgogne 1er Philipe le Hardi fils de Jean, carton Roi de France premier Duc de Bourgogne, peint qui mourut à hal en hainant l'an 1404. 2ème Jean, Duc de Bourgogne qui fut tué à Montrereau l'an 1419. 3ème Philipe, dit le bon, Duc de Bourgogne, mourut à Bruges le 15 juillet 1467. 4ème Charle, dernier Duc de Bourgogne qui mourut l'an 1477. Chacun de ces bas-reliefs portent 2 pi. 1 po. de hauteur, sur 2 pieds de largeur. Chartreuse 59 N.o 56, 57, 58, 59 Quatre bustes bas-reliefs Vendu 67,67 64,96 Ecole Bas- de Dijon de carton peint représentent quatre Ducs de d'Italie relief de Bourgogne 1er Philipe le Hardi fils de Jean, carton Roi de France premier Duc de Bourgogne, peint qui mourut à hal en hainant l'an 1404. 2ème Jean, Duc de Bourgogne qui fut tué à Montrereau l'an 1419. 3ème Philipe, dit le bon, Duc de Bourgogne, mourut à Bruges le 15 juillet 1467. 4ème Charle, dernier Duc de Bourgogne qui mourut l'an 1477. Chacun de ces bas-reliefs portent 2 pi. 1 po. de hauteur,

100 sur 2 pieds de largeur. Chartreuse 60 N.o 60 Deux figures de rond-de-bosse Musée 40,60 Sculpture de Dijon d'albâtre. L'une représente la Vierge dans l'expression de la douleur ; l'autre représente saint Jean, cel-ci à la tête cassé et un doigt de la main droite, ces figures ont chacune 15 pouces de hauteur. Chartreuse 61 N.o 61 Douze émaux qui représentent Vendu 13,53 10,82 Objet de Dijon différents mystères de la vie de Jésus-Christ, d'art de chacun 5 pouces de hauteur, sur 4 pouces de largeur. Ses tableaux sont encastrées dans des bordures formées par de petits ornements dorés sur deux peaux de cuir de 2 pieds 4 pouces 6 lignes de haut sur 1 pied 4 pouces de large. Ils faisaient parti de la Chapelle des Ducs de Bourgogne. Chartreuse 62 N.o 62 Une couronne de cuivre doré, Vendu M.B.A. CA 1467 Objet de Dijon décorée de 32 pierres fausses, de deux fleurs probablement. d'art de lys, et de trois fleurons. Les autres manquent, elle porte 8 pouces de diamètre. Chartreuse 0 Quatre chapelles décorées de niches d'une Eglise 189,48 227,38 Objet de Dijon architecture gothique, ouvrage très délicat Saint d'art exécuté avec justesse et patience, l'une de Bénigne ses chapelles a trois niches, la première à droite renferme l'adoration des mages. La 2e le crucifiement de Jésus-Christ, et la 3e Jésus-Christ qu'on met au tombeau, elle porte de hauteur 5 pieds 10 pouces, sur 7 pieds de large. Chartreuse 1 La seconde chapelle, dans l'une des niches Eglise 162,41 249,04 Objet de Dijon représente le martyr de saint Paul, la Saint d'art deuxième niche renferme sainte Catherine Bénigne

101 que des bourreaux vont faire mourir, et la 3ème la tentation de saint Antoine, celle-ci porte 5 pieds de haut, sur 7 pieds 8 pouces de large. Chartreuse 2 Troisième chapelle en deux parties, Eglise 159,71 121,81 Objet de Dijon composée de dix niches renfermant un saint Saint d'art ou une sainte les casses qui contiennent ces Bénigne niches ont chacune 4 pieds 11 pouces de hauteur, sur 3 pieds 9 pouces de large. L'architecture et les draperies des figures sont dorées. Chartreuse 0 Quatrième chapelle en deux parties Eglise Objet de Dijon composée de dix niches contenant neuf Saint d'art figures de saint et sainte la dixième niche est Bénigne vide, les revers de celle-ci sont peints, sur l'un est représenté l'annonciation, et la visitation de la Vierge, sur l'autre revers se voient la purification et la fuite en Egypte. Ces anciennes peintures dont le mérite est à considérer, soit par le costume, soit enfin par la sureté de la main de l'artiste qui les a exécutées, etc. La Sainte- 1 N.o 1 Un tableau qui représente les ci- Vendu 186,78 124,52 Tableau Chapelle devant trois ordres, la noblesse, le clergé, et le tiers état, en présence de saint Louis assis au pied d'un arbre, médiocre tableau peint sur toile de 5 pieds, 9 pouces de hauteur, sur 3 pieds, 10 pouces de large, sans bordure. La Sainte- 2 N.o 2 Un tableau cintré à sa partie Eglise Eglise Saint-Michel 471,01 219,26 Quantin Tableau Chapelle supérieure, du pinceau de Quantin, il Saint probablement. représente l'annonciation de la Vierge, Michel composé de dix-huit figures, la Vierge est à

102 genoux devant son père Dieu, l'ange Gabriel descend du ciel, lui annonce les ordres de L'éternel placé dans la gloire, accompagné d'anges enfants, le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe descend sur la Vierge, qui paraît étonnée mais se résignant aux ordres de L'éternel. Voilà l'ordonnance de ce tableau, peint sur toile de 14 pieds 6 pouces de hauteur, sur 6 pi., 9 pouces de large, bordure noire, et deux baguettes et une plate-bande dorées. La Sainte- 1 N.o 1 Un bas-relief en bronze doré d'or Eglise Eglise Saint- 58,20 185,87 Sculpture Chapelle moulu, représentant les douze apôtres autour Saint Bénigne, du tombeau de la Vierge, tous dans Bénigne Assomption de la l'expression convenable au sujet, ce bas- Vierge de Claude relief porte 5 pieds 8 pouces 8 lignes de Attiret longueur, sur 1 pied 9 pouces 6 lignes de probablement. hauteur. La Sainte- 2 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise 64,96 Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 3 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 4 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux

103 rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 5 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 6 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 7 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 8 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 9 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 10 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 11 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture

104 Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 12 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 13 N.o 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 Dix Eglise Sculpture Chapelle guirlandes et deux chutes de fleurs de Saint grosseur naturelle en bronze doré, d'environ Bénigne chacune deux pieds de longueur, deux rosaces manquent à ces guirlandes. La Sainte- 14 N.o 14 Une statue en pierre de tonnerre de 7 Eglise Eglise Saint- Attiret Sculpture Chapelle pieds de proportion, représentant saint Jean Saint Bénigne l'évangéliste dans l'expression d'écrire Bénigne probablement. l'apocalypse. La Sainte- 15 N.o 15 Saint André statue de pierre de Eglise Eglise Saint- Attiret Sculpture Chapelle tonnerre de 7 pieds de proportion, ces Saint Bénigne ouvrages remplis d'expressions et d'un faire Bénigne probablement. savant, sont du ciseau du citoyen Attiret, ancien professeur à la ci-devant Académie Saint Luc. Ces ouvrages faisaient parti de la décoration du Sanctuaire de cette église, où l'on voit le restant de cet ingénueux monument qui représente l'assomption de la Vierge, qui eut mérité des soins et un autre sort que celui qu'il a éprouvé. La Sainte- 0 Une figure de pierre (les mains de bois) Eglise Eglise Saint-Michel 169,18 Dubois Sculpture Chapelle représentant saint Hive sculpté par Dubois, Saint probablement. de 5 pieds 2 pouces 6 lignes de hauteur. Bénigne

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Eglise 1 1er Le martyr de saint Jacques et saint Eglise Eglise Saint-Michel 254,45 433,11 Nanini de Tableau paroissiale Philippe, ce tableau composé de treize Saint probablement. Bologne de Saint- figures nous présente au milieu de la scène, Michel Michel ces deux saints qu'un ange enfant vient couronner ; l'apôtre Jacques joint les mains adresse des prières à L'éternel en faveur d'un boîteux qui recouvre l'usage de ses jambes et qui abandonne ses béquilles en exprimant ses actions de grâce au Ciel ; à ses côtés est une femme qui pleure et un chien barbet qui tient dans ses dents une feuille de panier sur laquelle est écrit le nom de l'artiste ce groupe occupe le premier plan de l'angle gauche et se lie à celui de Jacques et Philippe. Ce disciple est lié de corde par un victimaire suivi par un autre qui tient et porte sur son épaule une épée, à la droite de l'apôtre se voit un porte enseigne romain monté sur un cheval, précédé d'une trompette qui sonne de cet instrument et d'un adolescent qui porte un faisceau armé d'une hache ; le premier plan du côté droit est enrichi d'une femme à genoux un enfant à côté d'elle et un soldat dans l'action de vouloir la maltraiter d'un bâton ; le troisième plan à gauche est décorée d'une forteresse, etc. Ce tableau est savamment dessiné d'un faire facile enfin du vigoureux pinceau de Nanini de Bologne, peint sur toile de 7 pi., 10 po. de haut, sur 13 pi., 4 po. de large, sans bordure.

106 Eglise 2 2 Les Pasteurs à la crèche, ancien tableau Vendu 92,03 138,05 Tableau paroissiale composé de dix figures de la Vierge à de Saint- genoux, les mains jointes regardent l'enfant Michel Jésus couché sur un linge. Ce groupe occupe le milieu du tableau, une femme s'humilie devant l'enfant, elle y joint l'expression de l'admiration, saint Joseph assis tenant un flambeau qui éclaire tout le sujet, il adresse la parole à un berger qui arrive et qui exprime son admiration, un enfant l'accompagne. Derrière eux est un autre berger qui apporte sur ses épaules un agneau, ce groupe occupe le côté droit, celui à gauche est composé de trois bergers, deux à genoux et le troisième qui avance en levant son chapeau. Derrière ces groupes de bergers on en voit d'autres qui accourent, etc. Ce tableau est peint sur bois de 2 pieds, 10 pouces de haut, sur 4 pieds 3 pouces de large, bordure noire, moulure et ornement dorés. Eglise 3 2 bis Saint Michel, tableau de l'autel paroissiale (dans la même fiche que n°3) de Saint- Michel 3 3 Une descente de croix composée de sept Vendu 113,69 138,05 Tableau figures ; sur le premier plan on voit Jésus- Christ posé sur une pierre, soutenu par Joseph d'Arimathie, la Vierge, occupe le milieu du tableau, elle a les mains posées sur son sein et dans l'expression de la douleur. Saint Jean dans l'action de vouloir la retirer

107 d'un spectacle si affligeant, la Madeleine est humiliée aux pieds du Sauveur, et sur un troisième plan une femme qui pleure, à côté de celle-ci Nicodème. Ces figures sont peintes à mi-corps excepté le Christ qui est vu entièrement. Ce sujet est peint sur bois il porte 4 pieds 3 pouces de large sur 3 pieds 6 pouces de haut, bordure avec deux moulures bronzées et les autres noires. Eglise 1 Un très bon tableau qui représente Eglise Eglise Notre-Dame 519,74 303,18 Revele Tableau paroissiale l'annonciation, sur le premier plan à droite Notre- probablement. de Notre- on voit la Vierge à genoux sur un prie-dieu Dame Dame les mains posées sur son sein la tête penchée et dans l'expression de l'humilité, au côté gauche, paraît Gabriel porté sur des nuages et qui annonce à la Vierge la volonté de L'éternel environné d'ange et de chérubins dont plusieurs lui servent de marche-pied, puis le Saint-Esprit qui descend de l'empirée et plane sur la tête de la Vierge. Le fond du tableau est décoré d'un lit et d'architecture, il est composé de douze figures et de plusieurs têtes de chérubins, peint par Revele sur toile cintrée à sa partie supérieure, il porte 16 pieds de haut sur 9 pieds 4 pouces de large, bordure peinte en bleue décoré de têtes de chérubins et d'ornements sculptés et dorés. Eglise 2 Un très médiocre tableau composé de six Vendu 146,17 97,45 Tableau paroissiale figures, de la Vierge qui donne un coeur de Notre- enflammé à saint Augustin ; et de l'enfant Dame Jésus qui présente une croix à saint Charles, ces deux saints sont à genoux, aux pieds du

108 trône sur lequel est assise sous un dais dont deux anges ouvrent les rideaux, peint sur toile de 4 pieds 6 pouces, de haut, sur 3 pieds de large, bordure peinte en blanc et moulures dorées. Eglise 3 Un très et très médiocre tableau composé de Eglise 276,11 208,43 Marie Tableau paroissiale dix figures qui représente la purification de Notre- Carrelet de Notre- la Vierge peint sur toile par Marie Carrelet Dame Dame de 8 pi. 6 po. de hauteur, sur 6 pi. 5 po. de large, bordure peinte en verre avec ornement et moulures dorées. Eglise 1 L'assomption de la Vierge sculptée en Eglise Eglise Notre-Dame Dubois Sculpture paroissiale pierre, ce groupe est composé de la Vierge Notre- probablement. de Notre- de deux grands anges adorateurs de quatre Dame Dame enfants en pierre de quatre autres anges enfants sculptés en bois portés sur des nuages et de plusieurs têtes de chérubins les unes de pierre et les autres de bois, la Vierge et les anges adolescents portent environ six pieds de proportion, les bras des adorateurs sont de bois, ainsi que la main droite et le bras gauche de la Vierge, les ailes sont de bois, très bonne sculpture du ciseau de Dubois. Eglise 2 Une figure de marbre statuaire représentant Eglise Eglise Saint- Sculpture paroissiale un président au Parlement vêtu de son Saint Bénigne de Notre- costume, à genoux sur un coussin, tenant de Bénigne probablement, Dame la main droite son mortier et la gauche posée Tombeau de Claude sur sa poitrine, cette figure est de grandeur Frémyot . naturelle, elle était posée sur un sarcophage qui n'a point été porté au dépôt. Eglise 600 N.o 600 Un tableau qui représente Jésus- Eglise 259,87 129,93 Miette Tableau

109 paroissiale Christ sur la croix de quatre pieds de Saint de Notre- proportion peint sur toile cintrée à sa partie Bénigne Dame supérieure, il porte 8 pieds de hauteur, sur 4 pieds de large, très bon tableau du pinceau de Miette, bordure peinte en gris. Eglise 601 N.o 601 L'assomption de la Vierge Eglise 194,90 129,93 Tableau paroissiale composée de la Vierge et de deux anges Saint de Notre- enfants, ce tableau est crevé et la main droite Michel Dame très mal retouchée, peint sur toile de 6 pieds de haut, sur 4 pieds de large, sans bordure. Eglise 602 N.o 602 Un tableau de famille provenant des Vendu 194,90 243,62 Tableau paroissiale Bernardines il représente une femme assise de Notre- ayant à ses pieds une jeune enfant assise sur Dame un coussin, et un génie à genoux qui leur présente des fleurs dont elle en fait des guirlandes, ces figures se détachent sur un fond d'architecture et un paysage, peint sur toile de 6 pieds de haut, sur 7 pieds 6 pouces de large, sans bordure. Eglise 603 N.o 603 Un tableau peint sur toile de 8 pieds Eglise 259,87 414,16 Tableau paroissiale de haut, sur 12 pieds 9 pouces de large, il Saint de Notre- représente la Cène composée de Jésus-Christ Michel Dame et de ses disciples, de grandeur naturelle. Ce sujet est dégradé par ceux qui l'ont décrassé. Eglise 604 N.o 604 Un tableau qui représente la trinité Eglise 343,78 186,78 Tableau paroissiale dans la gloire accompagnée des saints et Saint de Notre- saintes du calendrier, placés sur des nuages, Bénigne Dame précédés de saint Joseph et de la Vierge qui intercèdent en faveur de plusieurs personnages des deux sèzes qui sont dans les flammes du purgatoire, peint sur toile de 10 pieds 7 pouces de haut sur 5 pieds 9 pouces

110 de large, bordure de bois. Eglise 1 Le crucifiement, tableau composé de quatre Eglise Eglise Notre-Dame 351,90 138,05 Tableau paroissiale figures et de deux anges enfants, Jésus- Notre- probablement. de Notre- Christ mort sur la croix occupe le milieu du Dame Dame tableau, la Vierge, droite et dans l'expression de la douleur, remplit le côté droit, la Madeleine à genoux embrasse la croix, et saint Jean, à gauche s'avance et adresse la parole au Sauveur. Ce tableau est terminé par deux anges enfants placés sur des nuages, très bonne production peinte sur toile de 10 pieds 10 pouces de haut, sur 4 pieds 3 pouces de large, vieille bordure dorée. Eglise 2 Les pasteurs à la crèche, tableau composé de Eglise 389,80 270,69 Revel, Tableau paroissiale vingt figures, copié d'après Carle Marate, Notre- copie de Notre- très bonne copie du pinceau de Revel, peint Dame d'après Dame sur toile de 12 pieds de haut, sur 8 pieds 4 Carle pouces de large, sans bordure Marate Eglise 3 Tableau copié d'après Raphaël, par Revel Eglise Eglise Notre-Dame 389,80 270,69 Revel, Tableau paroissiale très belle copie qui représente la Notre- probablement. copie de Notre- transfiguration de Jésus-Christ, composé de Dame d'après Dame vingt-deux figures, peint sur toile de 12 Raphaël pieds de haut, sur 8 pieds 4 pouces de large. Eglise 4 Joseph avec Nicodème descendent de la Eglise Eglise Notre-Dame 389,80 270,69 Revel, Tableau paroissiale croix le corps de Jésus-Christ à la présence Notre- probablement. copie de Notre- de la Vierge, des trois Maries, de saint Jean, Dame d'après Dame ce tableau est copié d'après le tableau peint Charles le par Charles le Brun par Revel, sur toile de Brun 12 pieds de hauteur, sur 8 pieds 4 pouces de large. Eglise 5 Ce quatrième tableau composé de vingt-neuf Eglise Eglise Notre-Dame 389,80 270,69 Revel, Tableau

111 paroissiale figures peint par Revel d'après le Brun, nous Notre- probablement. copie de Notre- présente la Pentecôte, même hauteur et Dame d'après le Dame largeur que les trois précédents tableaux si Brun connu par leur excellence, et par leur multiplication qu'on a cru devoir s'exempter d'en faire l'analyse ou la description. Ces quatre tableaux sont démontés de leur bordure. Eglise 6 Un tableau qui représente un évêque qui Eglise 171,89 97,45 Tableau paroissiale tient sa crosse de la main droite, et qui Saint de Notre- adresse des prières au ciel, duquel deux Bénigne Dame anges descendent pour le couronner, peint sur toile de 5 pieds 3 pouces 6 lignes de hauteur, sur 3 pieds de large, vieille bordure sculptée et dorée. Eglise 7 Sainte Hélène voulant se convaincre si après Eglise 416,87 221,97 Sonet ou Tableau paroissiale les recherches qu'elle avait faites dans le Notre- Lonet de Notre- grand nombre de croix qui étaient entassées Dame Dame au calvaire, celle de Jésus-Christ se trouverait, elle en fit présenter plusieurs à une femme atteinte d'une maladie mortelle, aucune ne firent effet sur la malade, mais à l'aspect de celle du Sauveur elle recouvrit la santé. Voilà le sujet du tableau qui nous est présenté en quinze figures, de la femme malade dans son lit, de sainte Hélène à genoux qui adore la croix, de deux personnages qui présentent la croix à la malade, d'un prélat décoré du pallium qui rend grâce à L'éternel de cette heureuse découverte, et plusieurs spectateurs et spectatrices se détachent sur un fond

112 d'architecture qui décore le portement, peint sur toile de 12 pieds, 10 pouces de hauteur, sur 6 pieds 10 pouces de large, bordure peinte en gris avec des ornements sculptés et des moulures dorées, par Sonet. Eglise 1 Deux colonnes de marbre blanc de 5 pieds 4 Ecole 173,24 Tableau paroissiale pouces de hauteur non compris les centrale de Saint- chapiteaux de même matière, les fûts des Michel dites colonnes sont enrichis d'ornements sur lesquelles sont assis des enfants qui jouent des instruments, ces colonnes ont 10 pouces de diamètre.

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