UNIVERSITE D' ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS B.P. 1250 Tel (261 20) 22 316 09 / E.mail : [email protected], Antananarivo (101)

Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies Formation Doctorale en Foresterie, Développement, Environnement Promotion : RIANALA Année Universitaire : 2006-2007

MOBILISATION DE LA TERRE DANS LE PERIMETRE DE REBOISEMENT DE TSIAZOMPANIRY, ZONE DE MIGRATION RECENTE, COMMUNE RURALE DE TANKAFATRA, DISTRICT D’, REGION .

Présenté par Alfred RANDRIAMANDIMBIMANANA

Soutenu le 18 février 2008

Membres du Jury Président : Professeur Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY Examinateur : Professeur Bruno RAMAMONJISOA Examinateur : Docteur Rija RANAIVOSON Rapporteur : Docteur Rolland RAZAFINDRAIBE

I

Remerciements

Au terme de ce mémoire, qu’il me soit permis d’adresser mes plus vifs et sincères remerciements à DIEU TOUT PUISSANT qui m’a donné la vie, la santé, la force et le courage et j’emprunte ce qui est dit dans Psaume 127 :1a ««« Si l’Eternel ne bâtit la maison, en vain les bâtisseurs travaillent »»».» A tous ceux qui m’ont aidé de près ou de loin à sa réalisation, Je tiens particulièrement à remercier : Le Professeur Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY, Directeur scientifique de la Formation 3 ème cycle à l’ESSA, Président du Jury, Le Professeur Bruno RAMAMONJISOA, Coordinateur de la Formation 3 ème cycle au Département des Eaux et Forêts de l’ESSA, Examinateur, Le Docteur Rija RANAIVOSON, Coordonnateur du Programme National Foncier, Examinateur, Le Docteur Rolland RAZAFINDRAIBE, Chef du Département de Recherche- développement au FOFIFA, Rapporteur, Monsieur RAKOTO RAMIARANTSOA Hervé, Professeur à l’Université de Poitiers, qui nous a encouragé à poursuivre les études Troisième cycle, proposé le thème et donné des conseils précieux pour la conduite de la recherche. Monsieur RABARIN-DRANO, Ministre plénipotentiaire, nous a soutenu surtout dans la mise en forme du texte. Monsieur le Maire de la Commune rurale de Tankafatra qui nous a octroyé sans difficulté l’autorisation pour nos enquêtes sur le terrain, Les paysans de Tankafatra et d’Ambavala qui nous ont accordé de temps pour les entretiens. Ma famille et mes amis pour leur soutien inestimable.

II

RESUME La région connaît un mouvement migratoire presque ininterrompu de la période monarchique jusqu’à l’heure actuelle. La recherche de terrain agricole vaste et à léguer aux descendants constitue la principale cause de la migration. Le district d’Andramasina est une zone de destination migratoire importante où convergent les six groupes Keliampinga, Tanefitra, Andriamasinavalona, Trimoloharano, Androrosy, Tsaravoninahitra. A l’époque coloniale, la construction du barrage de retenue de Tsiazompaniry marque l’histoire particulière de la partie nord-est du district d’Andramasina, notre zone d’étude. Elle se traduit par : - Le déguerpissement des habitants de l’actuelle surface submergée par les eaux, et le nouveau mouvement migratoire qui en découle vers les régions environnantes. - La déshumanisation du paysage et la création d’une zone de pâturage très vaste, favorable à l’élevage extensif de bovin à l’est du lac. - L’apparition des grands éleveurs et l’épanouissement de l’élevage extensif. - Des actions de protection du lac de Tsiazompaniry : délimitation du périmètre de reboisement par réquisition d’immatriculation foncière, création de la station forestière de Tsiazompaniry. Au fil des années, après l’indépendance, la dynamique du paysage causée par la poussée démographique, l’extension de plantations d’eucalyptus, l’épuisement des sols de la partie située à l’ouest du lac est marquée. Les gens commencent à coloniser les terres à l’intérieur du périmètre de reboisement avec autorisation d’installation provisoire renouvelable émanant des autorités compétentes. Les tentatives de cette colonisation agricole méprise ceux qui pratiquent l’élevage extensif de bovins lesquels prétendent être les propriétaires traditionnels de terres. Des conflits d’intérêt surviennent entre les deux acteurs sur l’utilisation des terres incluses dans le périmètre ; leur résolution n’aboutit qu’après intervention de plusieurs entités supérieures sur le terrain. Le rétablissement de la situation, après règlementation de conflit entre éleveurs et immigrants favorise la ruée des gens et l’enracinement de leurs installations à l’intérieur du périmètre. Cette situation provoque une mobilisation remarquable de la terre et engendre de conflits multiformes et significatifs entre immigrants eux-mêmes. La vente/achat, la donation de lopins, l’envahissement sur des terres déjà appropriées, la promotion des cultures vivrières, … constituent les principaux facteurs de mobilisation de la terre. Les différents travaux d’aménagement à des fins agricoles se développent. Etant donné les mesures promulguées, les instruments et les outils proposés et mobilisés n’ont pas pu assurer la mise en œuvre du périmètre de reboisement de Tsiazompaniry III

En vue de pérenniser leurs installations sur une terre immatriculée à l’Etat, d’une part, et d’autre part, pour maintenir l’ordre social, les immigrants mettent en œuvre consécutivement des modes de règlement local de conflits compris et acceptés par tout le monde, et des actions de protection et de préservation de l’environnement. Face à ce contexte, le comportement paysan lié au foncier évolue au fur et à mesure en fonction de l’environnement interne et externe à savoir le comportement écologique, le comportement légaliste, le comportement d’opérateur foncier et l’inquiétude presque permanent lié à l’éventuel déguerpissement qui pourrait advenir faute de pièces justificatives de jouissance du droit de propriété foncière. Pour remédier à la situation alarmante à laquelle sont exposés le lac de retenue et le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, le projet de réconciliation entre valorisation et protection de ressources naturelles devra prendre en compte les suggestions suivantes : « Concilier la valorisation et la conservation du périmètre de reboisement de Tsiazompaniry en régularisant les bas fonds, les bas des versants pour les immigrants et en préservant le tanety par le biais des actions de reboisement intensif basé sur le zon-tany » tout en tenant compte des lois et décrets régissant le foncier, la foret et le reboisement. .

IV

ABSTRACT The region nearly knows a migratory movement uninterrupted since the monarchical period until the present hour. The researches of vast agricultural land and to bequeath to the descendants constitute the main reason of the migration. What makes where of the district of Andramasina a zone of important migratory destination convergent the six Keliampinga ethnic groups, Tanefitra, Andriamasinavalona, Trimoloharano, Androrosy, Tsaravoninahitra,. To the colonial time, the construction of the dam of restraint of Tsiazompaniry marks the particular history of the part northeast of the district of Andramasina, our zone of survey. It concerns: - The evacuation of the inhabitants of the present surface flooded by waters, and the new migratory movement that ensues some toward the surrounding regions. - The dehumanisation of the landscape and the creation of a very vast grazing zone, favourable to the extensive raising of bovine to the East of the lake. - Apparition of the big breeder and blossoming of the extensive raising. - Protective actions of the lake of Tsiazompaniry: cutoff of the reforestation perimeter by fundamental registration requisition, creation of the forest station of Tsiazompaniry. With the passing of the years, after the independence, the dynamics of landscape caused by the demographic thrust, the extension of plantations of eucalyptus, the weariness of the soils of the part situated to the west of the lake is marked very. People begin to colonize the earths inside the perimeter of reforestation with authorization of renewable temporary installation emanating some authorities concerned. The tentative of this agricultural colonization despise those that practice the extensive raising of bovine which pretend to be the traditional owners of earths. Conflicts of interest occur between the two actors on the use of the earths included in the perimeter; their resolution only succeeds after intervention of several superior entities on the land. The restoration of the situation, after regulation of conflict between breeder and immigrants encourage the rush of people and the rooting of their facilities inside the perimeter. This situation provokes a mobilization remarkable of the earth and generates multiform and meaningful conflicts between immigrants themselves. The sale, the donation of patches, the invasion on earths already suitable, the promotion of the cultures food- producing,… constitute the main factors of mobilization of the earth. The different works of planning to agricultural ends develop himself. Being given promulgated measurements, the instruments and the tools proposed and mobilized could not ensure the implementation of the perimeter of reforestation of Tsiazompaniry. V

In order to perpetuate their facilities on an earth registered in state, on the one hand, and on the other hand, to maintain the social order, the immigrants put consecutively in work of the fashions of local regulation of conflicts understood and accepted the world throughout, and of the protective actions and preservation of the environment. Facing this context, the peasant behaviour bound to the fundamental evolves progressively according to the internal and external environment to know the ecological behaviour, the legalistic behaviour, fundamental operator behaviour and the concern nearly permanent bound to the possible evacuation that could occur due to a lack of justifying pieces of enjoyment of the fundamental property right. To remedy the alarming situation to which is exposed the lake of restraint and the perimeter of reforestation of Tsiazompaniry, the project of reconciliation between valorisation and protection of natural resources should take in account the following suggestions: " To reconcile the valorization and the conservation of the perimeter of reforestation of Tsiazompaniry by regularizing bottoms melt, bottoms of the slopes for the immigrants and by preserving the tanety by the means of the actions of intensive reforestation based on the zon- tany " while taking account of the laws and decrees governing the land one, the drill and the reforestation.

VI

SOMMAIRE

INTRODUCTION ……………………………………………………………………………… 1 Première partie : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE …………………. 7 Chapitre1- CADRE CONCEPTUEL……………………………………………………...... 7 1.1 -CARE JURIDIQUE DE LA GESTION FONCIERE ET DOMANIALE ……...... 7 1.2- LE CONCEPT DE PERIMETRE DE REBOISEMENT …………………………… 7 1.3- A PROPOS DE LA MOBILISATION DE LA TERRE ……………………………. 8 Chapitre 2 : CADRE METHODOLOGIQUE……………………………………………...... 9 2.1 -PROBLEMATIQUE ………………………………………………………………... 9 2.2- HYPOTHESE ……………………………………………………………………..... 11 2.3 -METHODOLOGIE ………………………………………………………………... 12 2.3.1- PHASE PREPARATOIRE……………………………………………………. 12 2.3.1.1-Descente de reconnaissance ……………………………………………… 12 2.3.1.2- Technique d’échantillonnage ……………………………………………. 12 2.3.1.3- Préparation du guide d’entretien …………...... 13 2.3.2- PHASE OPERATIONNELLE ………………………………………………... 13 2.3.2.1- Traitement par SIG ………………………………………………………. 13 2.3.2.2- Enquête socio foncière et environnementale …………………………….. 14 2.3.2.3- Entretiens ………………………………………………………………… 15 2.3.2.4- Observations directes ………………………………………………….... 16 2.3.2.5- Retranscription des données recueillies …………………………………. 17 2.3.2.6- Restitution ………………………………………………………………. 17

2.3.3 - PHASE ANALYTIQUE ET REDACTIONNELLE ………………...... 17 2.3.3.1- Elaboration de fiche de synthèse ………………………………………… 17 2.3.3.2- Elaboration d’une grille d’analyse…………………………………...... 17 2.3.3.3- Elaboration d’un plan de rédaction ……………………………………… 18 2.3.4 - DIFFICULTES RENCONTREES…………………………………………… 18 2.3.5- CHRONOGRAMME ………………………………………………………… 19 Deuxième partie : RESULTATS ……..……………………………………………………….. 20 Chapitre 1 : LES FLUX DE MIGRATION…………………………………………………. 20 1.1 - REPARTITION PAR COMMUNE DES MENAGES ENQUETES………………. 20 1.2 – LES FLUX DE MIGRATION …………………………………………………...... 21 VII

Chapitre 2 : ENVIRONNEMENT DE MODALITE D’ACCES A LA TERRE .………...... 23 2.1- ACCES AU DROIT DE PROPRIETE FONCIERE ………………………………... 23 2.1.1 -ACCES AUTORISE ET MODE DE PARTAGE DE LA TERRE …………… 23 2.1.1.1- Type de demandeurs …………………………………………………….. 23 2.1.1.2- Mode de partage des terres : cas du groupe des 448 …………………….. 25 2.1.2 -ACCES SELON LE DROIT COUTUMIER ………………………………….. 26 2.1.2.1-Processus d’installation …………………………………………………... 26 2.1.2.2- Statuts de l’accès à la terre ………………………………………………. 28 2.1.3 - ACCES SPECIFIANT LA MOBILISATION DE LA TERRE ………………. 30 2.1.3.1- Droit d’usage contre gardiennage de champs …………………………… 30 2.1.3.2- Droit de propriété contre aménagement …………………………………. 30 2.1.3.3- Accès temporaire : anteloina, emprunt, fertilisation …………………….. 31 2.1.3.4 - Autres types d’accès ……………………………………………………... 32 2.1.3.5- -Complémentarité entre reboisement et riziculture inondée …………….. 33 2.2 - RAFFERMISSEMENT DU DROIT DE JOUISSANCE ET CARACTERE

APPARENT DE L’INSTALLATION DEFINITIVE ……………………………... 33 2.2.1 -RAFFERMISSEMENT DU DROIT DE JOUISSANCE …………………….. 33 2.2.1.1- Délimitation et marquage de l’appropriation foncière vis-à-vis des

voisins ……………………………………………………………………. 33 2.2.1.2- Jouissance du droit de propriété contre protection de l’environnement ... 36 2.2.1.3- Implication de la Commune dans le parrainage de certaines

activités ………………………………………………………………….. 38 2.2.2- RAFFERMISSEMENTS DE DROIT DE JOUISSANCE, CARACTERE

APPARENTE DE L’INSTALLATION DEFINITIVE ………………………. 39 2.2.2.1- Cohabitation de l’officiel avec l’illégal ………………………………….. 39 2.2.2.2- Les infrastructures socioculturelles ……………………………………... 39 2.2.2.3- Aspects économiques ……………………………………………………. 40 2.3 - L’AMBIVALENCE DU DROIT DE JOUISSANCE ……………………………... 42 2.3.1 - LES GARANTS DE DROIT DE JOUISSANCE AU NIVEAU LOCAL …… 42 2.3.1.1- Pièces justificatives disponibles …………………………………………. 42 2.3.1.2- L’audience villageoise, garante du droit de propriété……………………. 44 2.3.1.3 - Réponse paysanne à l’ambivalence ……………………………………… 44 2.3.2- LES INCERTITUDES PAYSANNES FACE A L’ADMINISTRATION …… 45 VIII

2.3.2.1- Le sentiment de sécurité partielle d’appropriation foncière par

l’autorisation d’installation ……………………………………………… 45 2.3.2.2- La présence des natifs, une garantie pour les nouveaux immigrants….. 45 2.3.3- LE SENTIMENT D’INSECURITE TOTALE ……………………………..... 45 2.3.3.1- Terre immatriculée, inaliénable, inattaquable et imprescriptible………… 45 2.3.3.2- L’absence de déclaration de succession en cas de décès .………………. 46 2.3.4- LE PAIEMENT D’IMPOT FONCIER, UN ACTE CONVOITE PAR LES

IMMIGRANTS ………………………………..……………………………... 46 Chapitre 3 : CONFLITS ET REGULATIONS …………………………………………….. 47 3.1.- LES CAUSES DES CONFLITS …………………………………………………… 47 3.1.1- LES CAUSES LIEES AUX RELATIONS INTER VILLAGEOISES……….. 47 3.1.1.1- Conflit causé par la vente ………………………………………………... 47 3.1.1.2- Compétition foncière remarquable ………………………………………. 48 3.1.1.3- Autres causes ……………………………………………………………. 50 3.1.2- DEFAILLANCE DE L’ADMINISTRATION ………………………………... 54 3.1.2.1- Superposition de droit sur une même parcelle …………………………... 54 3.1.2.2- Tâtonnements de l’administration ………………………………………. 54 3.1.2.3- L’exemple du champs de conflit d’Andavakisidisidina…... ……………. 55 3.2 - REGULATIONS …………………………………………………………………… 56 3.2.1- REGULATION PAR AUDIENCE VILLAGEOISE …………………………. 56 3.2.1.1- Présence permanente sur le champ ……………………………………… 56 3.2.1.2- Les aménagements réalisés ……………………………………………… 56 3.2.1.3- La conduite………………………………………………………………. 56 3.2.2- AU NIVEAU COMMUNAL ………………………………………………… 57 3.2.2.1- Les mesures préventives ………………………………………………… 57 3.2.2.2- Intervention de la Commune …………………………………………….. 59 3.2.2.3- Implication de l’Administration forestière locale…..……………………. 59 3.2.3-RECOURS A LA JUSTICE …………………………………………………... 60 3.2.4- UN EXEMPLE DES LIMITES DE LA REGULATION LOCALE...... 60 Troisième partie : DISCUSSION .. …………………………………………………………… 61 1- LES FACTEURS DE MOBILISATION DE LA TERRE ……………………………. 61 1.1- Concernant le marché foncier ……………………………………………….. 61 1.2- Typologie de cultures pratiquées …………………………………………….. 62 IX

1.3- La fertilisation de sol ……………………………………………………….. 65 2- DISCORDANCES ENTRE LE DECRET 2000-383 DU 07/07/2000 ET LA LOI

2006-031 DU 24/11/2006 EN MATIERE D’ACCES A LA SECURISATION FONCIERE ……………………………………………………………………………… 66 3- EVOLUTION DES COMPORTEMENTS FONCIERS DES IMMIGRANTS DANS

LE CONTEXTE ETUDIE………………………………………………………………... 67 3.1- Comportement écologique ………………………………………………….. 67 3.2- Comportement légaliste……………………………………………………... 68 3.3- Comportement d’opérateur foncier …………………………………………. 68 3.4- Inquiétude permanente ……………………………………………………… 68 4- IMPACT DE L’INTERVENTION DE L’ADMINISTRATION FONCIERE…...... 69 4.1- De l’information à la sécurisation foncière ………………………………… 69 4.2- Organismes d’appui, organisation paysanne et accès à la terre ……………. 69 5- LA PRATIQUE CONCRETE DE REGLEMENTATIONS, COMPRISE ET

ACCEPTEE POUR LA GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES. 70 5.1- Réussite de l’audience villageoise …………………………………………… 70 5.2- Régulation avec les autorités administratives locales ……………………….. 71

6- RECOMMANDATIONS : Plan d’actions pluriannuel de gestion du périmètre de

reboisement de Tsiazompaniry ….……………………………………………………….. 72 CONCLUSION ………………………………………………………………………………... 77 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES …………………………………………………….. 79 ANNEXES ……………………………………………………………………………………… 82 X LISTE DES CARTES Carte N°1 : Carte de localisation de la zone d’étude …………………………………………... 2 Carte N°2 : Carte topographique de la zone d’étude …………………………………………… 6 Carte N°3 : Carte de flux de migration …………………………………………………………. 22 Carte N°4 : Vallons à conflits ………………………………………………………………….. 53

LISTE DES TABLEAUX Tableau N°1 :Répartition par Commune des ménages enquêtés ……………………………… 20 Tableau N°2 : Effectif des élèves de l’Ecole Privée Catholique d’Analatsarahonenana ……… 40 Tableau N°3 : Effectif des élèves de l’Ecole Privée Protestante d’Ankazotelo …………...... 40

LISTE DES ANNEXES Annexe 1 : Présentation de la commune rurale de Tankafatra ……..…………………...... i Annexe 2 : Contraintes socioéconomiques et avantages tirés par les immigrants ……………… iii Annexe 3 : Réquisition d’immatriculation foncière du 30 septembre 1953 ……………………. viii Annexe 4 : Les différents procès verbaux de négociation et de régulation de conflits ………… ix Annexe 5 : Lois et décrets régissant le foncier et le reboisement ……………………………… xviii - Loi 97-017 portant révision de la législation forestière - Décret N° 2000-383 relatifs au reboisement - Loi N° 2005-019 du 17 octobre 2005 fixant les principes régissant les statuts des terres - Loi N° 2006-031 du 24 novembre 2003 fixant le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée Annexe 6 : Représentation graphique de la répartition des immigrants ………………………... lvi Annexe 7 : Photos d’illustration ………………………………………………………………... lvii - Mode d’installation paysanne dans le périmètre de reboisement - Transport en pirogue, organisé et géré par la Commune de Tankafatra - Délimitations de tanety selon le zon-tany - L’action de protection de l’environnement - Quelques types d’aménagement, signes de mobilisation de la terre - Activités génératrices de revenus - Fertilisation de sol - Protection de reboisement de pin

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LEXIQUE

Ariary : - Unité monétaire malagasy Ambavala : - A la lisière de la forêt, - Se dit de l’ensemble de la région où se localise le bassin versant de Tsiazompaniry Am-paritra : - Tâche de travail manuel Anteloina : - Contrat agraire verbal entre propriétaire de terre qui va bénéficier du 1/3 de la récolte et exploitant qui se charge de tous les travaux agricoles et intrant bénéficiant du 2/3 de la récolte. Bozaka : - Graminée Dina : - Convention collective villageoise Fako : - Litière graminée Fihavanana : - Littéralement, le fait d’être parents. Le terme évoque des relations sociales harmonieuses, fondées sur le respect et la compréhension mutuelle Filoham-pokonolona: - Chef de la communauté villageoise Fokonolona : - Communauté villageoise Fokontany : - Subdivision administrative de base au niveau de la Commune Haninkotrana : - Nourriture complémentaire du riz à base de tubercule Herana : - Cypéracées Haravola : - Graminée utilisée pour la confection des nattes, des soubiques, etc. Hatsa-parihy : - Réduction de diguette Joro ou Sao-tany : - Cérémonie traditionnelle qui consiste à demander la bénédiction des ancêtres avant tout travail de défrichement JICA : - Japan International Cooperation Agency Kahien-tany : - Cahier d’enregistrement de tout travail d’aménagement fait sur les terres nouvellement acquises Ketsa : - Plant de riz prêt à repiquer Ketsan-9 : - Superficie d’une rizière dont neuf femmes peuvent accomplir le repiquage durant une journée. Un ketsan-1 est mesuré de 3 ares selon le PNVA (Programme National de Vulgarisation Agricole) Koka : - Appel à la rescousse des incendies Mamaky tany : - Défrichement du sol d'une région encore vierge de colonisation agricole XII

Masaka : - Se dit d’une terre fertile, mure Mazavaloha : - Se dit d’un zébu à la tête au teint claire Miroatany : - L’expression se rapporte aux ménages qui gèrent deux lieux d'exploitation différents distants de plusieurs km se localisant de part et d'autre du lac de Tsiazompaniry. Orimbato : - Pierre levée servant à délimiter deux propriétés foncières voisines Ravintsara - Cinnamomum camphora Rontsom-peta : - Habitat fait d’une armature en bois revêtue de terre pétrie Soa ny manan-tany : - L’avantage d’avoir de terre Tanety : - Colline, versant Tanim-panjakana : - Terres appartenant à l’Etat Tanimena : - Terre rouge, latérite Taratasim-pindramana : Acte d’emprunt foncier Tavy : - Culture sur battis brûlis Vankoana : - Pandanus polyrhingus Zezika-crédit : - Engrais à crédit Zon-tany : - Droit coutumier local d’accès au foncier en général, au tanety en particulier.

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ABREVIATION

A.M.V.R. Aire de Mise en Valeur Rurale DRDR : Direction Régionale de Développement Rural CIREF : Circonscription des Eaux et Forêts FJKM Eglise de Jésus Christ à Madagascar JICA : Japan International Cooperation Action MAEP Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche MAP : Madagascar Action Plan SAHA : Sahan’Asa Hampandrosoana ny Ambanivohitra ou Programme de Développement Rural GDRN : Gestion Durable des Ressources Naturelles GCF : Gestion Contractualisée des Forêts CTD : Collectivité Territoriale Décentralisée SEM : Société d’Energie de Madagascar SRI : Système de Riziculture Intensive PPN : Produit de Première Nécessité Z.A.P : Zone d’Action Pédagogique

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INTRODUCTION

Parler de migration en milieu rural sous-entend l'existence d’une région d’origine souvent densément peuplée et d'une autre susceptible d'accueillir les immigrants. La zone d’accueil singularisée par une densité encore faible voire nulle, doit aussi être disponible, et accessible. La soif de terre, causée par plusieurs facteurs du lieu d’origine incite les gens à migrer vers des terres libres quelquefois neuves. La zone qui nous intéresse se trouve à l’Est du lac de Tsiazompaniry ; elle était, il y a environ trente ans, entièrement une terre neuve, région ainsi qualifiée quand elle ne porte pas de traces d'activités humaines, particulièrement agricoles. Cette caractéristique de la zone est encore marquée pour certains secteurs non occupés. Trois époques marquent l’histoire de la zone. L’époque précoloniale a vu se peupler progressivement l’ensemble de l’actuel district d’Andramasina. Selon Robert CABANE (1976), on y trouve généralement six ethnies différentes. Les Keliampinga, descendants des nobles de la principauté d’Iharanandriana Behenjy vont peupler l’extrême Sud-ouest du district. Le peuplement de la partie Sud-Est est le fruit de la migration des descendants des Andriana de l’Ankaratra, appelés « tanefitra » qui cherchent à s’installer dans la partie méridionale de l’actuelle Commune rurale d’, d’ et d’Andohariana. Les descendants d’Andriamasinavalona occupent la partie centrale et touchent partiellement plusieurs Communes rurales du district à savoir Andramasina, Sabotsy Ambohitromby, Mandrosoa, Vatosola. Le « vatosola » est le nom donné par le roi Andriamasinavalona à ses descendants qui vont coloniser la grande vallée de l’actuel Ambohimiadana située à une trentaine de kilomètres au Nord-Est d’Andramasina. Les Trimoloharano sont du groupe nobiliaire Andriamasinavalona venant d’Antananaviro ; ils occupent la partie extrême nord de l’actuel district où Anosibe Trimoloharano constituait leur siège.

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CARTE N°1 : LOCALISATION DE LA ZONE D'ETUDE

MADAGASCAR N

ANALAMANGA

ANALAMANGA

520000 540000 560000

ANTANANARIVO- 780000 AVARADRANO ANTANANARIVO-ATSIMONDRANO 780000

MANJAKANDRIANA

Mandrosoa

Manjakavahoaka Anosibe Trimoloharano Andramasina MORAMANGA

Sabotsy Ambohitromby 760000 Ambohimiadana 760000

Andohariana Antotohazo Alatsinainy Bakaro Tankafatra 740000

AMBATOLAMPY 740000 ANOSIBE ANALA

520000 540000 560000 LEGENDE Zone d'étude Communes d' Andramasina Distict d'Andramasina. Echelle : Limite distict 5 0 5 Km Lac Tsiazompaniry Source BD 500 FTM Limite des bassins versants

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Dans la Commune rurale de Sabotsy Manjakavahoaka coexiste avec les Andriamasinavalona une petite ethnie venant du Betsileo appelée « Androrosy », groupe connu pour être des mendiants. Ses membres ont l’habitude de quémander des vivres surtout au moment de la récolte de riz. Quant aux Tsimahafotsy et Tsiarondahy venant d’Antanamalaza nord et d’Ambatomanga, désignés sous le nom de Tsaravoninahitra, ils occupent le territoire de l’actuelle Commune rurale d’Ambohimiadana et de Tankafatra où se situe le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. Ainsi, la mobilité est une pratique très ancienne que continuent actuellement les gens de la région. Cette pratique est de plus en plus liée à la recherche de terre non seulement fertile, mais surtout vaste et favorable à la pratique de la riziculture inondée et de la culture pluviale à base de tubercule. A l'époque précédant l’édification du barrage, les habitants de l'Est de Tsiazompaniry étaient principalement des agriculteurs. Les vallées d'ordre 2 et 3, espaces alors vitaux dans le secteur mais actuellement immergés par les eaux du lac de retenue, étaient presque entièrement rizicultivés. (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997).

Au cours de la période coloniale, la création du barrage de retenue de Tsiazompaniry marque l’histoire de la région. A cause de l’augmentation des besoins en électricité de la ville d’Antananarivo d’une part, de l’inondation fréquente liée aux bassins de l’Ikopa d’autre part, un projet d’édification du barrage de retenue a été conçu et mis en œuvre par l’Administration coloniale (Amenagement de Tsiazompaniry et de la Mandraka , Société d’Energie de Madagascar (S.E.M.), dossier de Concession, 1954). L’édification du barrage en 1952 a obligé l’Administration coloniale à faire déguerpir les habitants du secteur actuellement immergé. Dès le début des travaux d'aménagement, les mesures prises par l'Administration française ont conduit les habitants à migrer vers les régions environnantes à savoir Belanitra, Miarinarivo (Commune rurale de ), Angodongodona (Commune rurale d’Anosibe Trimoloharano). (RAKOTO RAMIARANTSOA, 1991). Un an après l’achèvement, en 1954, la région orientale était entièrement abandonnée. Bien qu’il y ait des vallons aménageables en parcelles rizicoles, les habitants ont quitté les lieux en raison de la difficulté de communication avec la partie Ouest, siège des principaux services : écoles, marché, centre médical. Ce contexte favorise la création d’une très vaste étendu de pâturage favorable à l’élevage extensif de bovin. Pour préserver le lac contre l’alluvionnement, un projet de périmètre de reboisement prit forme avec la création de la station forestière de Tsiazompaniry en 1956 (Monographie de la 4 station forestière de Tsiazompaniry, 1984) . Le périmètre, environ 17.181 hectares, englobe particulièrement les tanety non submergés par les eaux du lac. Il a été affecté par l’Administration coloniale au service provinciale des Eaux et Forêts par réquisition d’immatriculation foncière N° 1156 du 30 septembre 1953 (J.O.R.M. 1953 ). Il concerne un espace d’élevage extensif de bovin dans la partie Est du lac de Tsiazompaniry. (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997). Pour prévoir une utilisation éventuelle du périmètre à des fins agricoles, l’Administration forestière locale a adopté certaines conditions concernant les terres aménageables, le genre de culture et de constructions possibles : - Accord d’autorisation d’installation temporaire et renouvelable au demandeur émanant de l’autorité compétente, - Les surfaces aménageables sont uniquement les bas fonds et le bas de versant, - Il est interdit de pratiquer des cultures pérennes : eucalyptus, arbres fruitiers, etc. - Il est interdit également d’ériger des constructions en dur : maison d’habitation, tombeau, pont, bâtiment public, etc. La réinstallation humaine dans cette partie de l’Imerina orientale, initiée par les descendants des groupes déplacés par la construction du barrage commence en 1981 avec seulement quelques familles (RANDRIAMANDIMBIMANANA. 1997). L’extension des eucalyptus, la poussée démographique et l’épuisement des sols de la région à l’Ouest du lac constituent les principaux facteurs qui incitent les gens à venir dans cette partie orientale. L’installation paysanne s’étend progressivement et est marquée par le développement de l’aménagement physique de l’espace, de la construction de maison d’habitation, de la pratique de culture pérenne (eucalyptus, arbres fruitiers, etc.). Au fur et à mesure, ces immigrants buttent sur le problème grave lié à l’élevage extensif pratiqué par les grands éleveurs de bovins. Ces derniers prétendent être les propriétaires fonciers et cherchent dans un premier temps à décourager les immigrants pour éliminer ensuite, toutes leurs cultures par le biais de la divagation des troupeaux. Les victimes intensifient en revanche leurs activités agricoles et cherchent à mutiler les bêtes qu’ils attrapent divagation sur leurs champs. (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997). Ce conflit a fait l’objet d’une médiation intensive de plusieurs entités : la Médiature de la République, le Ministère des Eaux et Forêts, le Préfet de Région, les élus locaux, le service d’ordre, etc. en 1998 et 1999. 5

Si les immigrants ont auparavant affronté un problème foncier avec les grands éleveurs, celui- ci prend aujourd’hui une autre forme de fait -conflit/régulation- et se passe entre les immigrants eux-mêmes.

La mobilisation de la terre suscite des questions au sujet des rapports sociaux liés à la gestion foncière et du comportement qui en découle. Selon les orientations de la MAP, le système foncier doit assurer les rôles social, économique et écologique. La présente étude va dans ce sens. Elle a comme objectif d’identifier les pratiques locales de gestion des ressources naturelles à travers le foncière (accès, conflits, régulations, etc.), et de fournir des informations nécessaires à l’élaboration d’un plan d’aménagement des bassins versants de Tsiazompaniry en vue d’un développement réel et durable de la région, (MAP ). Le présent travail comporte trois parties - Premièrement, la partie cadre conceptuel et méthodologique - Deuxièmement, la partie résultats - Troisièmement, la partie discussion.

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CARTE CARTEN°2 : CARTE N°2 : LA TOPOGRAPHIQUE TOPOGAPHIE DE DE LA LAZONE ZONE D'ETUDE D’ETUDE

544000 546000 548000 550000 552000 554000 5 0 5 1 5 5 5 0 1 5 50 0 1 1 500 1 5 1 0

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LEGENDE ( Hameaux. N %[ Bornes de délimitation de BV Limite de BV Cours d'eau Sentier Piste Echelle :

0 0 6 1 Courbe de niveau Zone d'étude 1 0 1 Km Lac

Source : Carte topographique FTM à l'échelle 1/50.000, Q48 Ambohimiadana 7

1ère partie : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE

Chapitre1- CADRE CONCEPTUEL

1.1- LES CADRES JURIDIQUES DE LA GESTION FONCIERE ET DOMANIALE Dans le cadre du Programme National Foncier, deux lois ont récemment été adoptées pour la gestion rationnelle et durable de la terre à Madagascar : la loi n°2005-019 du 17/10/05 fixant les principes régissant les statuts des terres et celle n° 2006-031 du 24 novembre 2006, fixant le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée. La deuxième loi a comme objectif principal la certification foncière au bénéfice de la population rurale agricole notamment. La loi n° 2006-031 facilite la sécurisation foncière (Art, 3) du fait que la CTD (Collectivité territoriale décentralisée) a une compétence particulière dans la gestion foncière dite décentralisée grâce à la mise en place d’un service de proximité, le guichet foncier communal. Le guichet foncier est l’accord des compétences aux communes de l’administration foncière qui s’applique dans une zone d’intervention préalablement délimitée. Par le biais d’une demande paysanne, le guichet foncier communal assure les services suivants : - enregistrement des transactions et mutations foncières sur des formulaires - suivi et portage de dossiers fonciers - délivrance des certificats fonciers par la commune - conservation Le certificat délivré par le guichet foncier communale est payant pour assurer aussi bien sa pérennité que l’amélioration de la recette fiscale de la Commune grâce aux droits d’ouverture de dossier, aux frais de délivrance des certificats et aux droits de mutation. L’article 2 de la présente loi stipule que le régime défini est applicable à l’ensemble des terrains qui ne fait partie ni du domaine public ni du domaine privé de l’Etat ou d’une CTD. Notre zone d’étude est un périmètre de reboisement qui relève d’un régime juridique spécial.

1.2- CONCEPT DU PERIMETRE DE REBOISEMENT Un périmètre est un espace délimité à l’intérieur duquel s’applique une réglementation particulière. Il y a plusieurs types de périmètres définis selon leurs objectifs et vocations : périmètre de mise en valeur rurale, périmètre irrigué, périmètre de reboisement, etc. Ce dernier correspond à un espace rural délimité, à vocation environnementale et destiné 8 uniquement au reboisement. Sa mise en place est décidée par l’Etat et tout changement de destination ne pourra avoir lieu sans son autorisation préalable. La parcelle de terrains ainsi délimités est domaniale faisant partie des réserves foncières pour le reboisement. Dans le contexte national actuel relayé par la Charte de l’Environnement, le reboisement doit préserver et améliorer l’environnement en général et doit particulièrement contribuer à une meilleure protection des bassins versants suivant un plan d’aménagement bien défini (Article 7 du Décret 2000-383). Des mesures spécifiques pourraient être conçues et mises en œuvre selon le contexte local pour des éventuelles utilisations de terres incluses dans le périmètre autre que le reboisement.

1.3 – A PROPOS DE LA MOBILISATION DE LA TERRE La mobilisation évoque une notion de dynamisme, de mouvement, qui évolue dans le temps et dans l’espace. Elle sous-entend l’existence d’acteurs internes (population locale) et/ou externes (intervenant étatique ou privé) qui interagissent par des facteurs internes et/ou externes (économique, social et culturel) ou par des facteurs purement externes (politique, Programme et projet de développement, …) lesquels sont souvent des facteurs de perturbation. Dans un pays à vocation agricole, la terre fait l’objet d’une forte mobilisation surtout dans le monde rural. Les besoins de terre sont souvent étroitement liés à l’importance de la poussée démographique à l’origine de l’exiguïté des terres notamment rizicoles, de la plupart des ménages (RAKOTOMAHANDRY, 1989). La terre à léguer aux descendants constitue un grand souci pour la génération actuelle et l’on peut se demander si le foncier devient actuellement un bien marchand. La crise foncière actuellement, les contraintes socioéconomiques qui frappent les ruraux et la méconnaissance de la législation foncière et domaniale poussent bon nombre de paysans dans l’occupation illégale de terre. Le lien social marqué par le « fihavanana » est matérialisé par l’entraide et la solidarité. Il se rapporte non seulement à la réalisation des grands travaux agricoles courants qui dépassent la capacité en main d’œuvre du ménage mais surtout à l’accès au droit de propriété et à la mise en place des marques matériels d’appropriation. Cette marque d’appropriation peut être individuelle, collective ou étatique. Concernant par exemple la plantation d’eucalyptus, J M FOTSING (1995) note que dans le pays Bamiléké au Cameroun, si elle constitue une stratégie d’occupation foncière pour la lutte contre l’érosion, alors qu’elle est généralement individuelle ou collective dans l’Imerina orientale (RAKOTO RAMIARANTSOA, 1991). 9

Chapitre 2 : CADRE METHODOLOGIQUE

2.1 PROBLEMATIQUE Les barrages de Mantasoa et de Tsiazompaniry ont été respectivement construits en 1936 et en 1954 pour régulariser le cours de l’Ikopa et pour protéger ses bassins versants contre les inondations (Amenagement de Tsiazompaniry et de la Mandraka Mantasoa, Société d’Energie de Madagascar (S.E.M.), dossier de Concession, 1954) Pour la construction de celui de Tsiazompaniry, l’Administration coloniale a fait déguerpir les habitants du secteur actuellement immergé par les eaux. Les contestations paysannes n’ont pas abouti puisque les terres concernées par l’édification du barrage étaient classées terres domaniales destinées à la mise en place d’infrastructures d’utilité publique. Les habitants de ce secteur, se sont fixés alors à l’époque dans les espaces libres environnantes : Angodongodona, Andriantsiazo, Miarinarivo, … (RAKOTO RAMIARANTSOA, 1991). L’érection du barrage a entraîné la division de cette région en deux parties : - La région à l’Ouest du plan d’eau caractérisée par une occupation humaine significative. - La région Est, inhabitée, constituant une vaste zone de pâturage et une réserve d’importantes surfaces libres aménageables en parcelles rizicoles très attirantes. Pour protéger le lac contre l’alluvionnement, une mesure tendant à la délimitation d’une parcelle de terrain, d’une superficie de 17.181 hectares, 46 ares, 67 centiares, actuellement classée terre domaniale a été accomplie par l’arrêté N°700-PR/TANA en date de 30 septembre 1953 par l’administration coloniale ; c’est la parcelle « Propriété de reboisement de Tsiazompaniry ». Elle est affectée par l’Administration au service provincial des Eaux et Forêts, et est destinée uniquement au reboisement. Toutes autres modifications de destination doivent faire l’objet d’accords préalables des autorités compétentes. (JORM, 1953) Vingt ans plus tard, au début des années 70, les habitants à l’Ouest du plan d’eau se trouvent confrontés aux problèmes de contraintes foncières liés à plusieurs facteurs : poussée démographique, amenuisement de terrain agricole, épuisement des sols, extension remarquable de surfaces occupées par l’eucalyptus. Ils cherchent de nouvelles terres pour s’y installer. Parmi tant d’autres, Ambavala où se localise le dit périmètre, constitue la meilleure destination étant donné la proximité géographique de leur lieu d’origine et l’existence des terres libres aménageables en parcelles rizicoles. 10

Vers le milieu des années 1970, un grand groupe de paysans (448 individus) demande des terres à l’intérieur du périmètre auprès du service des Domaines et de la Topographie à Antananarivo. Ce dernier affecte les dossiers à l’administration forestière qui accorde l’autorisation provisoire renouvelable d’installation. (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997). Consécutivement, on constate la migration massive de la population riveraine vers Ambavala. Les bas fonds ont connu des grands travaux d’aménagement. Suivant les textes régissant le périmètre de reboisement d’une part, et la mise en oeuvre des Programmes Environnementaux 1 et 2 d’autre part, le responsable du cantonnement forestier d’Andramasina prend des mesures pour : - Arrêter la demande de terres à l’intérieur de la propriété de reboisement, ainsi que la délivrance des autorisations provisoires d’installation. - Suspendre les renouvellements d’autorisations provisoires d’installation. L’accès au foncier et toute nouvelle installation paysanne dans la propriété de reboisement de Tsiazompaniry auraient dû ainsi être jugulés en même temps que les mesures soient prises.

Pourtant, dans la dite propriété, on constate actuellement une superposition de faits contradictoires : - L’accès des nouveaux immigrants au foncier et leur installation à l’intérieur de la propriété s’intensifient de plus en plus, - La Commune rurale de Tankafatra, en tant que collectivité territoriale décentralisée, semble s’efforcer de mettre en place des structures formelles dans le périmètre (Fokontany, moyens de transport en pirogue, panneaux d’affichage, organisation et groupement paysans divers, …) En matière d’accès au droit de propriété et de gestion de ressource foncière au sein du périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, la situation devient de plus en plus confuse parce que l’illégal (immigration) cohabite avec l’officiel (structures mises en place). C’est à partir de ces constats que la problématique de la présente étude gravite autour de la question suivante : « Pourquoi des paysans affluent-il actuellement au périmètre dit Propriété de reboisement de Tsiazompaniry alors que les demandes de terre et la délivrance d’autorisations provisoires aux demandeurs par l’autorité compétente sont respectivement suspendues et non renouvelées ? ». Cette interrogation constitue la problématique de notre étude ; elle guide nos réflexions et notre approche à partir des hypothèses que nous allons maintenant exposer.

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2.2- HYPOTHESE Hypothèse 1 : Malgré les mesures promulguées, les instruments et les outils proposés et mobilisés n’ont pas pu assurer la mise en œuvre du périmètre de reboisement de Tsiazompaniry Le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry a fait l’objet d’une réquisition d’immatriculation foncière en date de 30 septembre 1953 et a été affecté par l’administration coloniale au service provincial des Eaux et Forêts. Il est réservé uniquement au reboisement visant à préserver les bassins versants et à protéger le lac contre l’alluvionnement des parties en amont. Depuis les années quatre vingt, les immigrants commencent à s’y installer et s’élancent dans différents travaux d’aménagement agricole (parcelle rizicole, parcelle des cultures sèches, reboisement, etc.). Les conditions préalablement posées par l’administration forestière, pour la gestion rationnelle du périmètre, ne sont plus respectées : des constructions d’habitation en dur se développent actuellement, les cultures pérennes comme le reboisement d’eucalyptus, les arbres fruitiers, etc. prennent de l’essor. En effet, les terres incluses dans le périmètre sont très convoitées par la population riveraine à cause de sa proximité géographique par rapport à la zone de départ d’une part, et du fait de l’existence d’autre part de terres libres aménageables en parcelles rizicoles (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997). L’installation paysanne dans cette zone devient de plus en plus importante. La vente de terre dans le périmètre dit « propriété de reboisement de Tsiazompaniry » perpétrée par les anciens immigrants disposant d’autorisations provisoires d’installation non renouvelée est l’origine de l’arrivée massive des nouveaux immigrants. Ce marché foncier illicite est favorisé par un disfonctionnement administratif : l’enregistrement officiel de telles transaction illégales . Ceci n’arrange pas les situations et encourage l’occupation illicite du périmètre au détriment de l’environnement. La prolifération de cette vente de terre est dictée d’une part par la non assurance des anciens immigrants de pouvoir jouir pleinement d’un droit de propriété définitive, et d’autre part par le coût élevé de la mise en valeur des terres acquises.

Hypothèse 2 : Malgré les conflits multiformes, la mobilisation de la terre génère des modes de régulations locales permanentes, ouvre un espace vivrier qui conditionne les migrations. Après l’achèvement des travaux de construction du barrage de Tsiazompaniry, la zone à l’Est 12 du lac se déshumanise et constitue une zone de pâturage et d’élevage extensif important. (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997). Depuis les années 1980, l’installation humaine dans la zone fait apparaître le premier conflit foncier qui fait opposer les immigrants, cultivateurs munis d’autorisation provisoire d’installation en bonne et due forme et les grands éleveurs, prétendant être les propriétaires de la zone. Les grands éleveurs cherchent à décourager les paysans nouvellement installés par la destruction de leurs cultures à l’aide de divagation des troupeaux sur les champs agricoles. De l’autre coté, les paysans répliquent à ces actes par la mutilation des bœufs errant librement dans la nature et surtout sur leurs cultures, (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997) . Actuellement, le problème lié à la destruction de culture par divagation de troupeaux n’est pas totalement résolu. Des conflits provenant des différentes causes liées à la gestion foncière apparaissent et opposent aussi les immigrants entre eux mêmes. Ces conflits multiformes pourraient être liés aux différents types d’accès à la terre (vol, achat, empiètement des droits sur une même parcelle, héritage, emprunt, etc.). Conscients de l’illégalité de leurs installations sur une terre titrée à l’Etat, les immigrants arrivent à régulariser leurs conflits fonciers par de stratégies qui leur sont propres.

2.3 METHODOLOGIE Trois phases différentes se sont complétées pour vérifier les hypothèses avancées. 2.3.1- PHASE PREPARATOIRE 2.3.1.1-Descente de reconnaissance sur le terrain Un travail bibliographique sur le thème a précédé cette phase, ce qui nous a permis de comprendre les évolutions dans le temps des réalités sur le terrain (démographie, aménagements, etc.) et de préparer les premières descentes de reconnaissance sur le terrain. Lors de cette reconnaissance, pré enquêtes et investigations préliminaires ont cherché à affiner la problématique et préciser hypothèses et objectifs (AKTOUF O, 1990). En outre, elle donne une connaissance des caractéristiques physiques de la zone et contribue à faciliter la planification de toutes les interventions sur le terrain (temps nécessaire, nombre de ménage à enquêter par jour, moyens, etc.).

2.3.1.2- Technique d’échantillonnage A cause de l’éparpillement important de l’habitat des immigrants, chaque vallée d’ordre 2 ou 3 et/ou quelques vallons humanisés voisins (deux à trois) sont pris comme unité d’échantillonnage. Nous avons choisi un échantillonnage simple par tirage au sort. C'est-à- 13 dire que chaque ménage est numéroté et l’on tire un numéro jusqu’à ce que le nombre de ménages constituant l’échantillon soit complet. Nous avons retenu 57 ménages sur un total de 172, soit un taux d’échantillonnage de 33%. Ce taux correspondait par ailleurs aux capacités d’enquêtes que nous avions, dans le cadre de ce travail de recherches.

2.3.1.3- Préparation du guide d’entretien après la descente de reconnaissance Selon la situation, l’entretien peut être formel ou informel et le guide, composé de questions ouvertes et de questions fermées. Le guide informel concerne les différents modes d’accès à la terre, les conflits ainsi que le mode de résolution qu’entreprennent localement les gens. La cible peut être un individu, un ménage ou un groupe d’individus. En revanche on procède aux entretiens formels, après programmation préalable entre enquêteur et enquêtés, pour saisir les problèmes profonds qu’affrontent les paysans dans l’utilisation de terres incluses dans le périmètre de reboisement. . Les questions fermées touchent les mesures (surface de parcelle rizicole aménagée, nombres de repiqueuses, etc.), des caractéristiques précises (acheteur de terrain, héritiers, vendeurs, …) (RAMAMONJSOA, 1996) et également pour éviter des réponses évasives. Les questions ouvertes quant à elles permettent à l’interrogé de s’exprimer librement. Elles apportent un maximum d’informations sur le sujet que l’on découvre et permet des recoupements.

2.3.2- PHASE OPERATIONNELLE 2.3.2.1- Traitement par SIG Concept Le SIG est un système informatisé qui comprend plusieurs bases de données géographiques et un logiciel de gestion et d’accès aux informations. Le but est de centraliser, d’organiser, de gérer et d’analyser les données et leur mise à jour. Le SIG permet d’établir des liens complexes entre plusieurs types de données (localisation, géographie, géologie, phytogéographie, géomorphologie, pédologie). L’information est organisée en niveau de données. La restitution sous forme de cartes, de tableaux et de statistiques opère par une mise en relations des données et constitue un des principaux atouts du SIG.

Méthodologie d’application Deux logiciels ont été exploités pour la réalisation de la présente étude : l’Arc View 3.2 et le 14

Map Info 6.00. L’Arc View 3.2 est indispensable pour l’habillage et l’analyse spatiale des cartes tandis que le Map info 6.00 a été consacré pour la numérisation. La méthode concerne les étapes suivantes :

Collecte des données : - carte topographie FTM, 1/50.000 - carte « Périmètre de reboisement de Tsiazompaniry », 1/20.000, Topographie, mai 1957, représentée sur quatre feuilles ozalids - données sur le terrain : statistiques, localités, … - BD 500, FTM

Numérisation - Scannérisation : création des images rasters, données analogiques de base - Assemblage - Calage des images rasters - Digitalisation : caractérisation des objets rasters : nom de localité, limites des bassins versants, limite des vallons à conflits….

Cartographie - Stockage des couches d’informations - Opération de superposition des couches d’informations (système de coordonnées Laborde) - Mise en page - Tirage

2.3.2.2- Enquête socio foncière et environnementale D’une part, cette enquête relève des données démographiques, les droits d’usage ou droits fonciers attachés aux parcelles, leur occupation agricoles au moment de l’enquête, les biens en capital de la famille et les activités non agricoles des membres de la famille. (GRIGORI LAZEREV et MOULOUD ARAB, 2002). Les enquêtes socio foncières peuvent se faire informellement pour récolter des informations issues d’une seule personne. Cette approche permet de respecter l’aspect confidentiel de l’entretien et d’obtenir une certaine disponibilité de l’interlocuteur. Disposer d’une série de questions guides relativement ouvertes est indispensable pour mieux cadrer la discussion en 15 posant toutes les questions librement sans être contraint de suivre l’ordre préétabli dans une préparation (RAMAMONJISOA, 1996). Cette approche exige que l’enquêté se trouve en situation de confiance et puisse parler « naturellement ». D’autre part, la gestion du foncier oriente aussi l’enquête sur l’aspect protection et préservation du lac et de ses bassins versants par rapport aux aménagements divers effectués individuellement ou en groupe (reboisement, lutte contre les feux de brousse, aménagement de parcelles rizicoles et lutte antiérosive, etc.). Elle tient compte de la connaissance ou de l’ignorance, du respect ou de la violation des conditions préalablement posées par l’Administration forestière sur l’utilisation des terres incluses dans le périmètre de reboisement. L’enquête socio foncière et environnementale d’après GRIGORI LAZEREV et MOULOUD ARAB (2002) permet de comprendre l’organisation sociale et spatiale et ses impacts sur le comportement foncier et environnemental de la communauté étudiée. Par contre, elle apporte un risque de surchargement du questionnaire, vu les différents volets à considérer et la disponibilité de temps limitée pour l’investigation sur le terrain.

2.3.2.3- Entretiens La méthode par entretiens se distingue par la mise en œuvre de processus fondamentaux de communication et d’interaction humaine. Le principe est de récolter des informations et des éléments de réflexion. L’approche la mieux utilisée en sciences sociales est l’entretien semi dirigé (QUIVI, R&L, 1995). L’entretien avec les acteurs locaux permet aussi de disposer de renseignements quantitatifs et qualitatifs et de se doter d’une gamme d’explications répondant à des questions spécifiques. Tout cela va permettre d’analyser davantage les informations recueillies dans la documentation à partir de l’entretien. Les échanges avec les groupes cibles visent à découvrir leurs points de vue quant à la gestion foncière et environnementale et à identifier leur comportement, contraintes, problèmes et aspirations collectives par rapport à leur contexte de vie actuel.

Avantages C’est d’abord une méthode souple, à faible directivité et elle permet d’interpréter les témoignages des interlocuteurs. Elle est moins indiscrète pour les personnes interrogées parce qu’elle encourage la communication dans les deux sens (GRIGORI LAZEREV et MOULOUD ARAB, 2002). Ces personnes peuvent poser des questions à l’enquêteur. Par ailleurs elle permet de 16 confirmer ce que l’on connaît déjà tout en élargissant le champ de connaissances et des explications ; il faut souligner le fait que dans le cadre d’un entretien, les individus sont plus prompts à discuter des sujets délicats.

Limites Pourtant, certains interlocuteurs (illettrés, démunis) se méfient de l’utilisation d’outils d’enregistrement (dictaphone), ce qui limite la fluidité des informations ; d’autres sont vite ennuyés par des entretiens plus ou moins longs (QUIVI, R&L, 1995). Par ailleurs l’utilisation de dictaphone incite les gens à parler de leurs problèmes fonciers et environnementaux en espérant que les enregistrements feront l’objet d’émissions radiophoniques, ce qui peut orienter les déclarations.

2.3.2.4- Observation directe Nous avons œuvré par la méthode d’observation participante, c’est-à-dire étudier une communauté durant une longue période en participant à la vie collective (QUIVY R&L, 1995). La méthode permet d’analyser les rapports entre les faits (administration foncière et environnementale, régularisation de l’accès à la terre et de conflits, usage de la terre, etc.) et l’attitude de la société.

Avantages Cette observation est essentielle pour vérifier les hypothèses de la recherche, connaître les facteurs qui influencent ou déterminent l’activité des groupes cibles face à une situation donnée. Le recours à une telle observation permet de dépasser les conflits inévitables liés aux points de vue divergents des différents acteurs concernés. Le recoupement systématique se fait d’une façon continue et permanente grâce à l’instauration de la confiance mutuelle entre chercheur et groupe cible. C’est à partir de cette méthode d’observation participante que les logiques sociales et culturelles des groupes étudiés pourront apparaître le plus clairement. Elle permet aussi de confronter continuellement les observations et les hypothèses interprétatives. Et enfin l’observation participante permet d’accéder aux informations cachées.

Limites L’observation participante n’a pas lieu si l’immersion sociale du chercheur échoue. La méthode est aussi fondée sur un travail de longue haleine. Ainsi, si la période d’observation 17 participante est trop longue, le chercheur pourrait être amené à une prise de position et la neutralité qu’il devrait garder ne serait pas effective. Il deviendrait alors peu sensible aux faits sociaux spécifiques qui pourraient être utiles à l’analyse de la situation étudiée.

2.3.2.5- Retranscription des données recueillies La retranscription des données recueillies est d’une importance particulière dans la mesure où elle permet d’identifier les lacunes d’informations à combler lors des séjours suivants. Elle aide à améliorer graduellement les approches mises en œuvre et à rectifier le tir en cours de route. Elle facilite aussi l’identification des informations à recouper lors des entretiens à faire.

2.3.2.6- Restitution La restitution présente les résultats des investigations auprès de la population parente. La présentation se fait sous forme d’exposé visualisé où les participants sont invités à apporter des remarques, des appréciations, des critiques et d’autres informations complémentaires. Une validation finale des informations recueillies constitue le résultat attendu de la restitution avant d’entrer dans l’analyse de données. La séance de restitution permet de valider les informations recueillies, de les faire approuver par les groupes cibles ; elles deviennent alors des « données » faisant l’objet de l’analyse et de la rédaction de la recherche. Il y aurait cependant le risque que les invités n’acceptent pas ce qui est restitué lors de cette séance, et d’autre part, les résultats exposés peuvent susciter des tensions entre les groupes d’intérêts différents.

2.3.3- PHASE ANALYTIQUE ET REDACTIONNELLE Cette phase est composée de trois étapes méthodologiques différentes et complémentaires

2.3.3.1- Elaboration de fiche de synthèse La retranscription quotidienne des données recueillies après les enquêtes permet de synthétiser les informations récoltées. Chaque personne enquêtée a une fiche de synthèse propre.

2.3.3.2- Elaboration d’une grille d’analyse L’analyse des discours paysans demande l’élaboration d’abord d’une grille des mots clés, ceux souvent répétés ou/et évités par les enquêtés, ou ceux qui, émanant du chercheur, ont 18 suscité de vives réactions à chaud. Cette grille permet de faciliter les interprétations et les analyses des informations recueillies.

2.3.3.3- Elaboration d’un plan de rédaction Les fiches de synthèse servent à l’élaboration du plan de rédaction. Les travaux à caractère bibliographique continuent d’accompagner cette phase analytique et rédactionnelle.

2.3.4 - DIFFICULTES RENCONTREES Les contraintes professionnelles que nous avions connues ont rendu difficile la gestion du temps. Le chronogramme préalablement établi a souvent été perturbé. Dans ce cadre, les interventions sur le terrain ont coïncidé avec les hautes saisons culturales : récolte de pomme de terre et repiquage de « vary aloha ». Cette situation s’est traduite par une très faible disponibilité des paysannes et a exigé de se plier au rythme local : les enquêtes se déroulent, dans la plupart des cas, en fin de journée voire la nuit, à un moment où le paysan las des durs travaux manuels de la journée n’a pas de disponibilité d’écoute. Pour résoudre ce problème crucial, il a fallu attendre le moment où les enquêtés étaient libres (dimanche, jour tabou, etc.). A cause des actes d’escroquerie liés à la gestion foncière dans la zone d’étude, les paysans se méfient beaucoup des enquêtes. Pour certains cas, surtout auprès d’acteurs illettrés, il faut procéder à une longue explication sur les tenants et aboutissants de l’étude avant d’entrer dans le vif du sujet. En zone très reculée, comme c’est le cas de notre secteur d’étude, le déploiement d’un moyen motorisé amplifie les rumeurs préexistantes en matière d’insécurité rurale. Notre séjour de terrain a coïncidé avec une rumeur sur le trafic d’organes qui se répandait dans la région, ce qui nous a obligé pratiquement à inviter les responsables administratifs du fokontany (Chef de fokontany, quartier mobile, etc.) à organiser une réunion de tous les gens du fokontany concernés par l’étude. Cette réunion a permis de mieux raffermir notre immersion locale en présentant les autorisations d’intervention délivrées par les autorités administratives locales (mairie, gendarmerie) d’une part, et d’autre part pour assurer notre sécurité sur le terrain.

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2.3.5- CHRONOGRAMME : 2006-2007

Activités Déc. Jan Fév. Mar. Avr. Mai Jui. Jui. Aoû. Sep. Oct. Nov. Déc. Bibliographie Formulation de la problématique Formulation des hypothèses Reconnaissance sur le terrain Collecte des données sur le terrain Analyse et rédaction Soutenance

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2ème partie : RESULTATS

Chapitre 1 : LES FLUX DE MIGRATION

1.1 - REPARTITION PAR COMMUNE DES MENAGES ENQUETES Dans la zone d’étude, les immigrants se repartissent en 172 ménages selon la statistique disponible auprès du Chef de fokontany. 57 ont été enquêtés qui sont originaires du district d’Andramasina et de celui d’Ambatolampy. Le tableau N°1 montre leur répartition par Commune. Tableau N°1 : Répartition par Commune des ménages enquêtés

Mode d'installation Commune rurale Immigrants provisoire Mode d'installation définitive Effectif % Effectif % Effectif % Tankafatra 26 45,61 8 14,04 18 31,58 Antotohazo 1 1,75 0 0 1 1,75 Ambohimiadana 14 24,56 4 7,02 10 17,54 Andramasina 0 0 0 0 0 0 Alarobia Vatosola 5 8,77 1 1,75 4 7,02 Alatsinainy Bakaro 3 5,26 0 0 3 5,26 Manjakavahoaka 0 0 0 0 0 0,00 Anosibe Trimoloharano 0 0 0 0 0 0,00 Mandrosoa 2 3,51 2 3,51 0 0,00 Sabotsy Ambohitromby 0 0 0 0 0 0,00 Andohariana 0 0 0 0 0 0,00 Fitsinjovana Bakaro 4 7,02 0 0 4 7,02 En déhors du district d'Andramasina 2 3,51 0 0 2 3,51 Total 57 100 15 26,32 42 73,68

Source : Enquête sur terrain

Représentation graphique par Commune (agrandissement : cf. Annexe N°6)

Fitsinjovana Bakaro En dehors du district d'Andramasina Andohariana

Sabotsy Ambohitromby

Mandrosoa

Anosibe Trimoloharano

Manjakavahoaka

Alatsinainy Bakaro

Tankafatra Alarobia Vatosola

Andramasina

Ambohimiadana Antotohazo 21

Cinq Communes (Manjakavahoaka, Anosibe Trimoloharano, Andramasina, Sabotsy Ambohitromby et Andohariana) parmi les douze composant le District d’Andramasina, soit 42%, ignorent la zone d’immigration à l’Est du lac de Tsiazompaniry et sept le connaissent (Tankafatra, Ambohimiadana, Alarobia Vatosola, Alatsinainy Bakaro, Mandrosoa, Antotohazo, Fitsinjovana Bakaro), soit 58%. La zone d’accueil reçoit aussi des immigrants venant du District d’Ambatolampy, à savoir, la Commune rurale d’Antanamalaza. Ils étaient auparavant salariés agricoles qui se sont occupés des travaux d’aménagement des parcelles rizicoles dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. Ils y ont pris femmes, d’où leur accès à la terre dans cette zone d’accueil. Les immigrants définitivement installés qui représentent les 74% de la population totale, se caractérisent par plusieurs facteurs : les maisons d’habitation construites avec des matériaux en dur et confectionnés (briques cuites, toiture en tuile ou en tôle, existence d’une varangue), rizières biens entretenues, pratique développée de l’élevage bovin, etc. En revanche, rappelons que les miroatany (ceux qui s’y installent provisoirement), s’identifient par les va et vient qu’ils effectuent entre lieux d’origine et la zone d’accueil pour s’approvisionner en vivres. Leurs habitations sont caractérisées par des cabanons construits avec des mottes de terres, la pratique de l’élevage est encore impossible. Les miroatany représentent aujourd’hui 26% de la population totale.

1.2 – LES FLUX DE MIGRATION La carte n°3 en page suivante montre le flux de migration vers le périmètre de reboisement de Tsiazompanity.

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CARTE N°3 : FLUX DE MIGRATION

520000 530000 540000 550000 560000

ANTANANARIVO-AVARADRANO ANTANANARIVO-ATSIMONDRANO

MANJAKANDRIANA

0 Mandrosoa 7 0 7 0 0 0 0 7 0 7 Manjakavahoaka 0 Anosibe Trimoloharano MORAMANGA Andramasina

Alarobia Vatosola 0 7 0 6 0 Sabotsy Ambohitromby 0 0 Ambohimiadana 0 6 0 7 0

Andohariana Alatsinainy Bakaro 0 7 0 5

0 Antotohazo 0 0 0 5 0 7 0 Tankafatra

ANOSIBE AN-A 0 7 0 4 0 0 0 0 4 0 7 0

AMBATOLAMPY Fitsinjovana Bakaro 0 7 0 3 0 0 0 0 3 0 7 0

520000 530000 540000 550000 560000

N LEGENDE Flux de migration dans le milieu forestier Flux de migration à l'interieur du périmètre de reboisement Zone d'étude Echelle : Distict d'Andramasina. 5 0 5 Km Communes d'Andramasina Limite district Forets Lac de Tsiazompaniry Prairies altimontaines , savanes et/ou pseudosteppes avec éléments ligneux Source BD 500 FTM Prairies altimontaines , savanes et/ou pseudosteppes sans éléments ligneux

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Chapitre 2 : ENVIRONNEMENT DE MODALITE D’ACCES A LA TERRE

2.1- TYPE D’ACCES AU DROIT DE PROPRIETE FONCIERE

2.1.1- ACCES AUTORISE ET MODE DE PARTAGE DE TERRE

2.1.1.1- Type des demandeurs

2.1.1.1.1- Le groupe des 448 à l’échelle du fokontany Le groupe de 448 ménages était le premier demandeur de terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. L’accès au droit de propriété de la plupart des immigrants a eu lieu grâce à la demande collective de ce groupe de 448 1. Ils sont composés de ménages de l’ex-fokontany de Tankafatra et de ses environs immédiats. Le groupe était structuré, conduit par un bureau et dirigé par un président doyen. Les membres ne disposaient que d’une seule autorisation provisoire d’installation. En général, tous les immigrants d’un même hameau d’origine s’efforcent ensuite de se regrouper dans le milieu d’accueil et occupent le plus souvent un même vallon. Cette initiative permet de renforcer les entraides mutuelles (travail agricole), et l’assistance sociale (moment de joie et de tristesse).

2.1.1.1.2- Les sous groupes dissociés des 448 Plusieurs sous groupes issus de celui initial (448) se sont formés. Cette situation est née de l’insatisfaction de certains membres du groupe originel, quant à leurs parts foncières (disponibilité de sources, dimension, éloignement, etc.). Ces derniers quittent alors l’organisation initiale, constituent un autre groupe et formulent de nouvelles demandes d’attribution de terre auprès du Triage forestier d’Ambohimiadana ; ils ont été attributaires et plusieurs bas fonds déjà appropriés par les membres du groupe des 448 se sont trouvés l’objet de ces nouvelles demandes. Ce contexte génère la plupart des conflits fonciers qui opposent entre eux les immigrants dans notre zone d’étude.

1 Pour des éventuels contrôle par le responsable forestier locale au sujet de l’accès à la terre tout le monde peut se dire être parmi les 448 anciens demandeurs 24

2.1.1.1.3- Le groupe lignager Si l’on se réfère aux travaux de C. Blanc PAMARD et H. RAKOTO (2000) en pays merina, un lignage est un groupe de personnes qui se réclament d’un ancêtre connu commun. Outre le groupe des 448, plusieurs autres petits groupes indépendants venant des régions voisines déposent leur demande auprès du Triage des Eaux et Forêts su cité. Ces derniers sont constitués de membres dont le nombre varie de 5 à 15, qui ont tous un lien de parenté, souvent très proche, qu’il s’agisse de la mère ou du père, frères et sœurs, gendre, beau père, etc. Les groupes sont dirigés par le doyen qui signe la demande d’autorisation et se présente comme représentant du groupe. Ce qu’on peut remarquer est qu’un vallon appartient dans la plupart des cas à un groupe de même lignage.

2.1.1.1.4- Les groupes pour la reconquête de terre des ancêtres Rappelons que tous les espaces vitaux actuellement immergés par les eaux ont été anthropisés avant l’édification du lac de retenue de Tsiazompaniry. Au début des années 1950, l’Administration commence à informer les gens pour leur déguerpissement prochain à cause de la construction du barrage. En 1952, la mise en œuvre du projet commence et les déguerpis sont obligés de s’installer dans les régions périphériques voisines. Après son achèvement, l’Administration centrale a délimité le « périmètre de reboisement de Tsiazompaniry » et l’a affecté au Service provinciale des Eaux et Forêts. A l’intérieur de ce périmètre se trouvent des vallées et vallons en friche. Vers les années 1980, d’autres descendants des gens victimes de la construction du barrage s’organisent et formulent des demandes d’autorisation d’installation pour reconquérir la terre de leurs ancêtres. Parmi ces gens, nombreux sont ceux qui cherchent maintenant à reconquérir les vallons actuellement non immergés par les eaux, c'est-à-dire les vallons bordant le lac.

2.1.1.1.5- Accès libre à la terre et demande individuelle La notion locale de « tanim-panjakana » concerne toute terre en friche. Ce contexte devient progressivement un prétexte pour accéder au droit de propriété dans le périmètre. Ce sont les gens qui n’adhèrent pas aux groupes de demandeurs qui procèdent directement à l’accès libre et individuel à la terre. Cet accès est matérialisé par l’aménagement direct de bas fond sans y être autorisé. La constatation de la réussite de l’accès libre à la terre provoque la multiplication des initiatives individuelles, et cela d’autant plus que la population locale voit la facilité de l’accès à la terre dans le périmètre par une simple demande manuscrite à déposer auprès du Triage 25 forestier d’Ambohimiadana. Dès lors, le périmètre reçoit massivement des immigrants et connaît plusieurs situations conflictuelles liées à la gestion locale des terres.

2.1.1.2- Mode de partage des terres : cas du groupe des 448 Le groupe de 448 est autorisé à coloniser la grande partie méridionale du périmètre de reboisement, titrée à l’Etat par réquisition d’immatriculation, et quelques vallées d’ordre 2 et 3 incluses dans la terre domaniale non titrée qui bordent la partie orientale : la terre nouvellement acquise relève de deux statuts différents. Le partage de terres s’est fait en trois étapes

1ère étape Au début, le recensement des demandeurs de terres, 448 au total, a fait diviser la zone à coloniser en 3 sections de 129 membres par section (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997). Les 448 membres sont composés essentiellement des gens venant de l’ex-Fokontany de Tankafatra. Dans le lieu d’origine, ils s’éparpillent autour de la grande vallée dudit Fokontany s’étirant du Sud au Nord dans le sens de l’écoulement de l’eau. Ils se divisent en trois sous groupes (le sous groupe du Nord, du Centre et du Sud) Dans cette première étape, on divise en trois grands lots ces terres dont la partie Sud appartient au sous-groupe du Sud, la partie centrale à celui du centre et la partie Nord à celui du sous-groupe du Nord.

2ème étape La deuxième étape a consisté à partager les terres entre les 129 membres de chaque section. Pour celui du Nord par exemple, il y eut répartition des 129 membres en deux entités composées chacun de 64 membres ; le premier sous groupe a choisi la partie située à l’Ouest, incluse entièrement dans le périmètre de reboisement. Cette partie est proche du lieu d’origine mais elle connaît une superficie moins importante que celle à l’Est, lieu d’implantation du second sous groupe, éloignée du lieu de départ mais de superficie largement plus importante.

3ème étape Cette étape concerne le partage de vallon pour les ménages membres. Plusieurs petits groupes furent formés, dont le nombre des membres est fonction de la taille des vallons à partager. A cet égard, rappelons que les gens d’un même hameau de départ s’efforcent de se regrouper sur un même vallon dans le lieu d’accueil. Chaque petit groupe partage ensuite un vallon en 26 lopins de terre et place des marques de délimitation. En vue de baliser les éventuels envahissements, les différentes parts sont disposées de façon alternée. C’est à ce stade que l’insatisfaction apparaît chez certains membres, en particulier ceux installés dans le périmètre. Elle est liée aux caractéristiques physiques des parts reçues, à savoir disponibilité de sources, difficultés de l’aménagement à cause de la topographie du lieu, taille des terres attribuées. De nombreux ménages pensent que le partage n’est pas équitable. Ainsi, des sous groupes dissidents des 448 ont déposé de nouvelles demandes d’autorisation auprès du Triage des Eaux et Forêts d’Ambohimiadana.

Le mode de partage de terre interne à chaque groupe (lignager, groupe de reconquête de terres des ancêtres, etc.) est le même que celui des sous groupes issus des 448, cité-ci auparavant.

2.1.2- ACCES SELON LE DROIT COUTUMIER 2.1.2.1-Processus d’installation 2.1.2.1.1- Le « joro » Muni de l’autorisation d’installation, le groupe des 448 a procédé au « joro »sur les sommets des trois plus hautes montagnes à savoir Ankazotelo au sud, Ambohitrambo au centre et Mahalavolona au nord, avec au total trois bœufs comme offrande. Le joro, rite traditionnel, précède tout défrichement du sol d’une région encore vierge de colonisation agricole. Lors du joro, sont adressées des incantations à Dieu et à tout ce qui est sacré, supposé propriétaire antérieur des terres pour obtenir les bénédictions de bonne santé pour pouvoir travailler la terre et pour la prospérité de l’agriculture et de l’élevage. Sont maudits, lors de cette cérémonie, ceux qui seraient tentés de s’accaparer les terres d’autrui, de voler les biens des autres ou de recourir à toute sorte d’injustice (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997).

2.1.2.1.2- Le miroatany Le miroatany est le mode d’installation provisoire des immigrants dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. Installation provisoire parce qu’ils disposent de deux lieux d’exploitation agricole différents, celui d’origine à l’Ouest du lac et le lieu d’installation future, à l’Est. Ces deux exploitations sont généralement distantes au moins d’une dizaine de kilomètres ; faire quotidiennement l’aller retour, compte tenu des travaux champêtres à abattre dans la journée, est pratiquement impossible. 27

La durée de séjour à l’Est (une semaine, bimensuel ou mensuel, etc.) est fonction du volume de travaux d’aménagement et de cultures à faire ainsi que de la disponibilité en vivres. Pendant les séjours sur le lieu en aménagement, dans la partie à l’Est du lac, les provisions proviennent en totalité, au début, de la région d’origine. Elles sont acheminées à dos d’homme ou sur la tête, ce qui explique leur faible quantité et la fréquence des va-et-vient pour s’approvisionner. Le miroatany est une étape très dure pour l’installation dans le périmètre de reboisement. Sans parler des problèmes de provision, les immigrants trimbalent avec eux pendant ces va-et-vient le bétail, les outils de travail, les ustensiles de cuisine, etc. Ils construisent leur maison d’habitation provisoire en mottes de terre, ou aussi en « rotsom-peta », cherchent à développer la culture de patate douce qui procure de la nourriture après cinq à six mois de plantation et procèdent aux lourds travaux d’aménagement des parcelles rizicoles. Le miroatany représente la première forme d’installation à des fins de colonisation agricole. Il indique un processus en cours et traduit encore, pour ceux qui le pratiquent (26%, selon l’enquête locale) des relations entre le centre (région d’origine) et la périphérie (Est du lac). Dans l’occupation du périmètre de reboisement, certains immigrants ont cependant atteint un autre stade dite installation définitive.

2.1.2.1.3- L’installation définitive D’après les enquêtes menées sur place, 74% des immigrants sont définitivement installés dans cette zone d’accueil. L’installation définitive est la dernière étape du mouvement migratoire. Elle est marquée par l’abandon total par les immigrants de leur région d’origine pour élire domicile sur les terres nouvellement colonisées. Ils sont désormais ancrés sur les nouvelles terres, y vivent et y travaillent en permanence. L’installation définitive se caractérise par le cliché composé par la maison d’habitation en dur entourée par la fosse à bœuf, la porcherie, le clapier et les arbres fruitiers. Les parcelles rizicoles sont mieux entretenues et fertilisées. La pratique des cultures sur tanety se développe grâce à l’utilisation de fumier de parc. Le stade de l’installation définitive est atteint lorsque les paysans disposent d’une quantité de production agricole suffisante, fruit des efforts déployés lors de la phase miroatany. Il faut noter que beaucoup de paysans ont vendu leurs terres dans leur lieu d’origine. Aussi, malgré les ambiguïtés liées à la jouissance d’un droit de propriété définitive dans le périmètre 28 de reboisement de Tsiazompaniry, les paysans ne peuvent plus retourner vivre actuellement dans leur lieu d’origine du fait qu’ils n’y ont plus rien d’autre que les tombeaux ancestraux.

2.1.2.2- Statuts de l’accès à la terre 2.1.2.2.1- L’héritage Dans la zone d’étude, on a deux types d’héritage, direct et indirect. - L’héritage direct concerne les terres dont l’accession a été formellement autorisée soit par l’Administration forestière, soit par le Service des Domaines. - L’héritage indirect caractérise les terres dont l’accession de l’exploitant est autre que celle de la demande (achat, envahissement).

2.1.2.2.2- La donation La donation n’existe pratiquement pas entre immigrants. Elle concerne une vente de terre avec production d’un acte de donation au lieu d’un acte de vente sous le prétexte que des terres domaniales (tanim-panjakana ) ne doivent pas faire l’objet d’une transaction. L’acte de donation peut aussi être une convention entre propriétaire demandeur et une autre personne, aménageur, qui veut jouir du droit de propriété : c’est un accès à la terre contre des travaux d’aménagement. (Cf. paragraphe 2.1.3.2)

2.1.2.2.3- L’achat La vente d’un lopin de terre est assurée si son propriétaire dispose d’une pièce justificative d’installation émanant de l’autorité administrative compétente, ou s’il est localement reconnu par tous comme faisant partie des membres d’un groupe de demandeurs de terre. L’acte de donation, pièce justificative de la transaction, est fait entre acheteur et vendeur parce que selon la perception locale il est interdit de vendre les terres appartenant à l’Etat (tanim-panjakana). Cet acte est signé par les parties concernées avec leurs témoins respectifs. Il est systématiquement enregistré par le Chef de fokontany, mais il ne l’est pas par la Commune qui le refuse catégoriquement. Ce refus par la Commune provient du fait que vis-à- vis des immigrants, elle n’est pas compétente en matière de gestion de parcelles incluses dans le périmètre d’une part et d’autre part, les responsables communaux actuels montrent à l’Administration forestière qu’ils ne s’immiscent pas dans l’accession paysanne au droit de propriété foncière dans ce secteur. 29

Disposer de terres à léguer à ses descendants encourage principalement une personne à acheter des terres dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. Quatre faits principaux incitent aussi les propriétaires à vendre leur part foncière : - Incertitude vis-à-vis de l’Administration quant à la jouissance de droit réel de propriété, - Manque de moyen financier et matériel suffisant pour les travaux d’aménagement, - Vente par les personnes les plus vulnérables de leur part afin de subvenir à des besoins pressants surtout en période de soudure, - Vendre moins pour en avoir plus dans le sol forestier domanial. La vente de terre obéit à des règles traditionnelles. Le vendeur doit obligatoirement consulter ses cohéritiers en premier lieu, lesquels ont un droit de préemption. Si ces derniers n’ont pas les moyens nécessaires, le vendeur consulte ensuite une autre personne qui est membre de son groupe de lignage avant de vendre la terre à tout autre acheteur.

2.1.2.2.4- Le « zon-tany », un mode d’accession au droit de propriété de terres sur tanety Le « zon-tany » est une règle conventionnelle concernant les tanety. Elle stipule que le tanety contigu à une parcelle rizicole ou une partie de bas fond appartient au propriétaire de celle-ci, jusqu’à la ligne faîtière. Le zon-tany est publiquement proclamé lors de la cérémonie rituelle dite « sao-tany » ou « joro » qui exige l’abatage d’un bœuf « mazavaloha » avant tous travaux de défrichement du sol (mamaky tany) d'une région encore vierge de colonisation agricole. (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997) Pour certains secteurs, le tanety s’alignant sur la partie des bas fonds vendu ou acheté est exclu de ce droit et n’importe qui pourra l’accaparer et se l’approprier ensuite. Ainsi, les acheteurs ne jouissent pas de ce droit d’accession à la propriété de tanety. Toutefois, l’acheteur peut se concerter avec les propriétaires voisins qui pourraient être demandeurs ou héritiers au sujet de la jouissance de ce droit.

2.1.2.2.5- Accès libre Les petits vallons susceptibles d’être submergés par les eaux du lac n’ont pas au début fait l’objet de demande à cause de la faiblesse de leur étendue géographique. Les gens s’y installent librement et les aménagent sans en avoir fait demande auprès de l’Administration forestière ni être muni d’une autorisation d’installation. La demande d’autorisation est 30 effectuée seulement après achèvement de la parcelle rizicole et par peur de contrôle que pourrait faire inopinément le responsable forestier.

2.1.3- ACCES SPECIFIANT LA MOBILISATION DE LA TERRE

2.1.3.1- Droit d’usage contre gardiennage de champs Ce type d’accès à la terre a lieu entre paysans propriétaires de terre « miroatany », c’est à dire qui n’y habitent pas, et le gardien de leur champ. Le gardien a toujours un lien de parenté avec le propriétaire et n’a aucune terre dans la zone de migration. L’accès du gardien au droit d’usage se fait par un contrat verbal de gardiennage des champs. La période de jouissance par le gardien du droit d’utilisation du sol n’est pas encore définie, mais elle s’arrête lorsque le propriétaire a besoin de ses terres. La confiance mutuelle et le lien de parenté constituent la base de ce contrat agraire. Ce type d’accès sous contrat est une balise contre toute tentative d’envahissement.

2.1.3.2- Droit de propriété contre aménagement Cette forme d’accès au droit de propriété foncière concerne la donation par un propriétaire d’une partie non aménagée de ses bas fonds à une personne de confiance. Cette dernière n’est pas forcement proche parent du demandeur, et le contrat se fait entre propriétaire et aménageur : une partie de parcelle aménagée par le bénéficiaire lui est donnée. La convention est entièrement verbale, sans témoins ni acte écrit, et la réalisation des travaux d’aménagement n’est pas limitée dans le temps, mais à intercaler : le bénéficiaire aménage la première parcelle rizicole pour lui, puis il procède à l’aménagement de la deuxième pour le donateur et ainsi de suite. Lors des travaux d’aménagement, il lui appartient de supporter tous les frais nécessaires : matériel d’aménagement, approvisionnement en nourriture, hébergement, etc. Les conditions de la donation contre aménagement sont les suivantes : - Les membres de la famille du donateur se concertent sur la faisabilité de l’acte de donation conçu par le père. Au cas où les membres de la famille s’accordent, tous les héritiers du donateur se présentent comme témoins oculaires lors de la séance de donation. - Confiance entre donateur/bénéficiaire. - Définir la section de bas fond à donner définitivement à l’aménageur et celle à remettre au donateur après aménagement. 31

2.1.3.3- Accès temporaire : Anteloina, emprunt, fertilisation 2.1.3.3.1-Anteloina La pratique de « fambolena anteloina » est une autre forme d’accession au droit de propriété temporaire. Il s’agit là d’un contrat verbal entre deux cultivateurs qui ont respectivement leur terre dans le Périmètre de Reboisement. Ce contrat, fondé sur la confiance mutuelle, est caractérisé par le fait que l’exploitant, au contraire du propriétaire, s’y installe définitivement. Il revient à l’exploitant de faire les travaux nécessaires à la production, de la préparation de pépinière jusqu’ à la récolte du riz. Ensuite, la récolte est partagée en trois parties égales dont deux tiers pour l’exploitant et l’autre tiers revient au propriétaire. Le « fambolena anteloina » se pratique entre cohéritiers ayant des activités différentes : commerçant ambulant ou local, fonctionnaire habitant loin de la zone.

2.1.3.3.2-Aménagement et fertilisation contre récolte Il s’agit d’un genre de contrat de gestion foncière fréquent dans cette zone de migration récente. Le propriétaire conclut un contrat avec une personne de confiance pour protéger d’abord son terrain non aménagé contre les envahisseurs, puis pour l’aménagement et en fin pour en assurer la fertilisation. Ce contrat verbal s’étale généralement sur trois à cinq ans , avec les points suivants comme principales rubriques : - Aménager tous les bas fonds appartenant au propriétaire dès que le contrat verbal est supposé signer. - Tous les moyens et tous les travaux manuels nécessaires sont à la charge de l’exploitant ; en échange, toutes les productions obtenues lui appartiendront entièrement - Après cinq ans, le propriétaire récupère ses rizières fertilisées.

On remarque que le contrat est toujours verbal, basé aussi sur la confiance mutuelle et dépourvue de témoins. Dans la plupart des cas, les contractants sont issus d’un même lignage.

2.1.3.3.3-L’emprunt L’emprunt est un contrat verbal de gestion de terroir rizicole entre deux personnes, propriétaire et emprunteur en confiance mutuelle. L’emprunteur assure tous les travaux (fertilisation, entretien, défense contre les envahisseurs) et bénéficie de toutes les récoltes 32 conséquentes. Le contrat verbal d’emprunt s’étale généralement sur une période de un à trois ans. L’insuffisance de moyens financiers et matériels dans la fertilisation contraint aussi le propriétaire à mettre en prêt certaines de ses parcelles rizicoles.

2.1.3.4- Autres types d’accès 2.1.3.4.1- Vendre ici pour acheter des terres en zone forestière C’est la recherche d’autres terres plus vastes et fertiles dans la forêt naturelle de l’est, en dehors du périmètre de reboisement, qui incite les migrants à vendre leur part foncière dans le périmètre de reboisement où l’installation paysanne se régularise apparemment au niveau local. La densité de population commence peu à peu à y être élevée. Certains habitants de la région à l’Ouest du lac ont grand besoin de terre du fait principalement de la poussée démographique et de l’extension de surface reboisée d’eucalyptus. Ils cherchent alors de terres à cultiver pour produire davantage en vue de répondre aux besoins de leur famille. Les transactions foncières s’y multiplient en conséquence, et la terre devient chère. Par ailleurs, de nombreux immigrants qui fréquentent le milieu forestier s’aperçoivent qu’il y a des bas fonds libres, susceptibles d’être aménagés en parcelles rizicoles. S’ajoute à cette situation la possibilité de la culture sur brûlis, une pratique qui n’est pas encore freinée jusqu’à maintenant, ce qui attire beaucoup de gens. Ces contextes poussent certains migrants à vendre une partie ou la totalité de leur part foncière se trouvant dans le périmètre, pour se transférer vers le milieu forestier où la terre est bon marché à cause de l’éloignement et de la difficulté de l’accès. Selon des sources locales, le prix de terrain pratiqué dans le périmètre de reboisement permet au vendeur d’acquérir au moins deux fois plus grand en milieu forestier. La terre devient bon marché au fur et à mesure qu’on s’éloigne vers l’est.

2.1.3.4.2- Acheter des lopins de terre des faux propriétaires L’achat d’un lopin de terre permet à l’acheteur d’accéder au droit de propriété. La mobilisation de la terre dans cette zone d’immigration se caractérise par l’existence de faux propriétaires terriens venant de la région ouest du lac et qui connaît bien les modalités d’accès à la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. Etant au courant de la soif d’accès à la terre, de faux propriétaires se présentant demandeur autorisé, vendent des lopins de terre qui ne leur appartiennent pas. Cette situation génère des altercations entre le vrai propriétaire et l’acheteur puisque au moment de règlement du litige le faux propriétaire est introuvable.

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2.1.3.4.3 - Accéder au terrain par envahissement ou par vol « Envahir pour gagner » est un adage local en matière de la gestion foncière. De nombreux propriétaires disposant d’autorisation d’installation provisoire se trouvent victimes de cet agissement. Cette situation signifie que les autorisations délivrées par l’administration forestière perdent localement leur valeur tout en considérant que les terres qui restent en friche, « tanim-panjakana », peuvent être occupées sans y être autorisé.

2.1.3.5- Complémentarité entre reboisement et riziculture inondée L’existence de bas fonds aménageables en parcelles rizicoles est un autre attrait de la zone d’accueil, pour disposer d’une quantité de production rizicole suffisante en vue de l’autosuffisance alimentaire, et jouir définitivement du droit de propriété foncière. Dans ce sens, pour marquer l’appropriation foncière, les immigrants procèdent au reboisement d’eucalyptus sur les versants qui jouxtent leur parcelle rizicole. La présence de l’arbre confirme leur droit face à l’Administration forestière sous prétexte de la protection de l’environnement, et permet de se défendre contre les envahissements qui pourraient advenir.

2.2 - RAFFERMISSEMENT DU DROIT DE JOUISSANCE ET CARACTERE APPARENT DE L’INSTALLATION DEFINITIVE

La perception des paysans sur la précarité de leur installation les pousse à des stratégies pour confirmer l’occupation de terres dans le périmètre de reboisement. Cela peut être matériel ou de type organisationnel, mais le but dans tous les cas est de raffermir leur accès à l’outil foncier tant vis-à-vis de l’administration que vis-à-vis des autres migrants présents sur place.

2.2.1 - RAFFERMISSEMENT DU DROIT DE JOUISSANCE

2.2.1.1- Délimitation et marquage de l’appropriation foncière vis-à-vis des voisins L’espace géographique dans lequel les immigrants s’installent se trouve entièrement sur un domaine privé de l’Etat. Il n’empêche que la répartition des terres entre plusieurs propriétés familiales y est une réalité, et chacun cherche à marquer ses limites.

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2.2.1.1.1- Délimitation de la propriété foncière par reboisement En terme de délimitation et marquage foncier, RAKOTO RAMIARANTSOA (1991) observe que « …dès le début de son utilisation à titre individuel, l’eucalyptus a été considéré comme une marque de propriété foncière […] deux modes d’emploi qui apparaissent bien dissociés dans le temps, alors qu’ils sont souvent associés sur le moment : - l’arbre est planté pour marquer la propriété effective de la terre, - l’arbre est planté pour s’approprier une terre ». La délimitation est l’action qui permet de fixer les limites physiques d’un bien immobilier et donc d’en déterminer la consistance. (Loi N° 2005-019 du 17/10/2005). Dans la zone d’étude, la délimitation porte soit sur la propriété individuelle soit sur le finage.

2.2.1.1.1.1- Individuel Le reboisement d’eucalyptus nécessite une autorisation spéciale émanant de l’autorité locale jugée compétente par les immigrants : Triage forestier et mairie. L’autorisation se présente sous plusieurs formes. Elle peut être verbale, écrite ou accompagnée de la présence physique d’un responsable local sur le terrain. La connaissance d’une partie des conditions préalablement posées par l’Administration forestière sur l’utilisation de la terre incluse dans le périmètre contraint les gens à respecter cette procédure. Son respect signifie que la terre appartient toujours à l’Administration forestière. Cette demande sert aussi à baliser l’envahissement sur le tanety dans la mesure où la demande d’autorisation permet d’une part d’informer les responsables du Fokontany que la surface reboisée est donc appropriée, et ainsi de les impliquer ; d’autre part, elle est utile dans le cadre d’une régulation locale de conflit au cas où un éventuel envahissement venait à se produire. Le reboisement d’eucalyptus constitue ainsi une garantie de la jouissance du droit de propriété foncière vis-à-vis des cohabitants.

2.2.1.1.1.2-Délimitation du finage et reboisement collectif de ravintsara (Cinnamomum camphora) et d’eucalyptus) Le finage est le territoire sur lequel une cellule d’habitat ou une communauté exerce ses droits agraires. Avec la constitution de plusieurs organisations paysannes se disant à vocation environnementale, les gens d’Ankazotelo sont contraints de s’organiser autour de reboisements collectifs, avec deux objectifs différents et complémentaires. Primo, pour la protection de l’environnement en général, des bassins versants en particulier, l’action de 35 reboisement collectif est une réponse immédiate à la sensibilisation faite par la Commune 2 incitant les gens à promouvoir la protection de l’écosystème. Secundo, au niveau du Fokontany d’Ankazotelo, le reboisement collectif constitue bel et bien une stratégie endogène pour raffermir vis-à-vis de la population riveraine un enracinement sur les terres aujourd’hui occupées, sur la grande partie méridionale du périmètre de reboisement. L’objectif à long terme des immigrants est de constituer une caisse commune par la vente d’huile essentielle extraite de « ravintsara ». La promotion de l’apiculture, la disponibilité en bois pour les générations futures sont aussi au programme. Ainsi cinq localités ont choisi ravintsara et eucalyptus pour marquer publiquement la délimitation physique de leur finage : Antanantanana au sud, Ankazondrano, Ambohitrambo et Mahalavolona au centre, Ankerankely au nord (carte N°4).

2.2.1.1.1.3- Les étapes de la demande d’autorisation de reboisement Obtenir une autorisation de reboisement nécessite : - Une demande manuscrite d’autorisation signée par les demandeurs - Un visa du quartier mobile, du Filoham-pokonolona et du Chef de Fokontany, - Un visa de la mairie - Une attestation de reconnaissance par le Chef de Triage sur le terrain - Un visa et une acceptation par le Chef de Triage - Une visite des lieux après le reboisement. Cependant, ces différentes phases sont problématiques car toutes les dépenses liées aux déplacements de responsables forestiers (carburant, restauration, indemnité) sont à la charge des demandeurs individuels ou collectifs.

Pourtant, l’inquiétude paysanne liée au reboisement est réelle car sans une autorisation expresse, les eucalyptus plantés appartiendront à l’Etat, et des exploitants venant d’ailleurs munis d’autorisation d’exploitation pourraient en être bénéficiaires.

2.2.1.1.2- Autres modes de délimitation Diguette, pierre levée, trace de labour, pare-feux, canal, rempart en mottes de terre sont utilisés pour délimiter les terres. Chaque terroir possède une marque de délimitation

2 Au niveau communal le reboisement entre dans le cadre de la mise en œuvre opérationnelle de la Politique Nationale Environnementale

36 spécifique. On utilise la pierre levée (orim-bato) pour délimiter les terroirs de culture sèche en bas des versants. Le rempart en mottes de terre sert à délimiter le domaine de l’habitation qui englobe les arbres fruitiers, le parc à bœuf, le clapier, etc. tandis que la diguette est propre aux rizières. A titre de marquage et délimitation foncière à la fois, les immigrants mettent des traces par bêchage ou canal sur le tanety qu’ils veulent s’approprier. On remarque que les pierres levées sont érigées lorsqu’une parcelle rizicole ou un autre terroir a fait l’objet d’un conflit foncier.

2.2.1.2- Jouissance du droit de propriété contre protection de l’environnement 2.2.1.2.1- Stratégie endogène de lutte contre les feux de brousse 2.2.1.2.1.1- Origine des feux de tanety Avant 2002, l’ensemble de la région à l’Est du lac est encore un vaste pâturage bovin extensif. Le lac en lui-même tient une place importante dans la vie socioéconomique des paysans riverains, plusieurs coopératives de pêcheurs y ont été mises en place. D’après les sources locales, les origines des feux de brousses sont étroitement liées à ces contextes. D’abord, les éleveurs brûleraient systématiquement le tanety en vue d’y faire paître les bœufs prochainement. De même, les pêcheurs au filet abandonneraient leur campement sans éteindre les restes de feux de cuisson. Ces comportements provoqueraient les incendies graves de tanety. Ce qui aggrave la situation est que la plupart des pêcheurs sont aussi les grands éleveurs ou ont des liens de parenté avec eux. Il semble ainsi que, au début de la colonisation de l’Est de Tsiazompaniry, les grands éleveurs mécontents de l’installation paysanne dans leur zone de pâturage détruisent les cultures installées par divagation des troupeaux. (RANDRIAMANDIMBIMANANA 1997)

2.2.1.2.1.2- Organisation stratégique de lutte Il s’agit là d’une organisation particulière relative aux feux de brousse. Chaque hameau met en place un comité de lutte avec un cahier de charge précisant les tâches suivantes : - Surveiller le tanety quotidiennement, - Contrôler l’utilisation du brûlage des bouses des vaches dans les champs et des autres pratiques des feux par les villageois, - Avertir par le « Koka » tout le monde au cas où une cellule de feux se crée - Mobiliser les gens pour éteindre les feux. - Rédiger un rapport à adresser à la mairie. 37

Le comité est entré en action depuis 2000 et les réalisations de lutte contre les feux de brousse ont été palpable surtout à partir de 2002. Les tentatives d’incendier les tanety ont échoué depuis lors. Depuis, un dina a été élaboré au niveau de Fokontany. Les amendes y afférent sont destinés au renforcement de la caisse commune.

2.2.1.2.1.3- Rôle particulier du chef de fokontany Les responsabilités particulières du chef de fokontany consistent à : - Superviser les actions de chaque comité - Constater sur place les dégâts - accorder son visa au rapport effectué et le déposer à la mairie - Appliquer les dispositions du dina à l’égard de ceux qui ne participent pas à l’action de lutte alors qu’ils sont présents au village. Après avoir assisté à la récente formation en leadership organisée par la Présidence de la République au Palais d’Iavoloha, le Chef de Fokontany renouvelle la stratégie par un renforcement de la sensibilisation et de la mobilisation des gens pour la protection des tanety contre les feux de brousse ainsi que par une restructuration des comités. En acceptant ces actions, les immigrants quant à eux visent à atteindre deux objectifs : - Montrer à l’Administration forestière qu’ils exploitent le bas fond et le bas de versant tout en protégeant et préservant le tanety. - Raffermir leur installation dans le périmètre face à l’Administration forestière

2.2.1.2.2- Protéger et préserver le reboisement de pins préexistant Dans le secteur où la population a été évacuée, un projet de reboisement a pris forme avec la création de la station forestière de Tsiazompaniry en 1956. Après une phase de préparation de pépinières, les plantations ont commencé en 1957, avec uniquement Pinus patula. Le reboisement pour protéger le bassin versant de Tsiazompaniry signifie, en matière de droit coutumier d’appropriation foncière, une occupation du sol par des boisements de l’Etat. La protection par les immigrants de ce boisement de Pinus patula est effective. Un rapport verbal ou écrit est adressé directement au Chef de Fokontany au cas où un exploitant est saisi en flagrant délit d’exploitation illicite. Ce comportement collectif local veut éviter les menaces fréquentes d’expulsion par l’Administration forestière.

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2.2.1.3- Implication de la Commune dans le parrainage de certaines activités L’implication de la Commune dans le parrainage de certaines actions liées à l’installation des migrants est un indicateur clair de l’ambivalence du droit dont jouit le paysan installé dans le périmètre. Par exemple, tout projet de construction de maison d’habitation et de reboisement fait l’objet d’une demande auprès de la Commune de Tankafatra.

2.2.1.3.1 - La maison d’habitation, une construction autorisée par la Commune Rappelons que les immigrants connaissent en partie le texte régissant l’utilisation des terres dans le périmètre de reboisement. L’interdiction de bâtir en dur en fait partie. Pour être à l’abri des éventuelles sanctions provenant de l’Administration forestière, certains immigrants ont obtenu l’autorisation verbale ou écrite de construire émanant de la Commune, après demande faite aussi soit verbalement soit par écrit3. Cet effort d’impliquer la Commune dans le parrainage de l’installation dans le périmètre de reboisement a été important au temps du premier maire (1996 – 2003), à un moment où l’installation définitive a été peu important.

2.2.1.3.2- Reboisement d’eucalyptus autorisé par la Commune La demande de reboisement d’eucalyptus par le paysan se fait aussi au niveau de la Commune. Elle a un double objectif : mesure préventive aux éventuels conflits fonciers avec d’éventuels nouveaux venus, et production d’une autorisation qui constitue une pièce de couverture vis-à-vis de l’Administration forestière. La demande se fait auprès des autorités locales (Chef de village, Chef de Fokontany) et de la mairie, suivant quatre étapes : - demande d’autorisation formulée et signée individuellement ou collectivement - visa du Chef de Fokontany - reconnaissance sur le terrain par le maire - acceptation verbale ou écrite par le maire

3 La demande de permis de construire doit indiquer clairement la localisation de l’endroit où on va bâtir, la dimension de l’infrastructure, les matériaux de construction à utiliser et la qualité prévue (rontsom-peta, brique en terre crue ou brique cuite) 39

2.2.2- RAFFERMISSEMENTS DU DROIT DE JOUISSANCE, CARACTERE APPARENT DE L’INSTALLATION DEFINITIVE

2.2.2.1- Cohabitation de l’officiel avec l’illégal La Commune est la circonscription administrative de base à Madagascar. La Commune rurale de Tankafatra et le fokontany d’Ankazotelo où se localise la présente zone d’étude ont été respectivement mis en place officiellement en 1996 et 1998. Ce fokontany se trouve entièrement dans le domaine privé de l’Etat sur terres domaniales. Il englobe le périmètre titré à l’Etat, et une autre partie de terres non titrée à l’Est. Ainsi l’occupation paysanne du périmètre, partie intégrante de l’étude, est illégale, alors que le fokontany, mis en place par un arrêté ministériel (N°011DGG du 10/11/98) est officiel. Cette cohabitation de l’officiel avec l’illégal est corroborée par le fait que la Commune met en place un système d’information- communication (panneaux d’affichage) et un système de transport en pirogue pour desservir la partie située à l’Est du lac. Le transport payant en pirogue, organisé et géré par la Commune contribue à l’amélioration de ses recettes fiscales. Dans ce cadre de cohabitation de l’officiel avec l’illégal, les immigrants considèrent que la Commune les prédispose à une accession officielle au droit réel de propriété foncière.

2.2.2.2- Les infrastructures socioculturelles Les infrastructures socioculturelles édifiées dans le fokontany d’Ankazotelo donnent clairement une apparence d’installation définitive des gens. Elles marquent leur enracinement sur les terres nouvellement acquises. Actuellement on compte quatre édifices religieux à savoir le temple FJKM, les deux temples de FMTA, l’église catholique romaine et deux établissements scolaires de premier cycle à savoir l’Ecole FJKM d’ Ankazontelo et l’Ecole privée catholique d’Analatsarahonenana. La croissance des effectifs des enfants scolarisés depuis 1997 souligne l’accroissement démographique et le développement de l’installation définitive dans la zone d’étude. Cette situation est l’expression de stabilisation de l’installation humaine dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry en terme de l’approvisionnement en nourriture. Elle est la traduction des efforts déployés autour de la fertilisation des différentes parcelles aménagées. Les tableaux suivants montrent l’évolution des effectifs des élèves dans les deux établissements scolaires du fokontany d’Ankazotelo depuis cette dernière décennie.

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Tableau N°2 : Effectif des élèves de l'Ecole Privée Catholique d'Analatsarahonenana

Années scolaires 1994-1995 1995-1996 1996-1997 2006-2007 Effectif 24 38 20 21 Classes existantes T1 et T2 T1 et T2 T1 et T2 12ème, 11ème, 8ème Sources Randriamandimbimanana, 1997 Enquête sur place, nov.2007

L’EPC d’Analatsarahonenana est une école annexe de celle d’Andohariana (un autre fokontany composant la Commune Rurale de Tankafatra) qui abrite les autres classes (10 ème , 9ème , 7 ème )

Tableau N°3 : Effectif des élèves de l’Ecole Privée Protestante d’Ankazotelo Années 2006- 1995-1996 1996-1997 2004-2005 2005-2006 scolaires 2007 Effectifs 37 47 168 213 223

Classes ème ème T1, T 3 T1, T 2, T 4 12 à 7 existantes Sources RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997 Z.A.P. de Tankafatra

- Les années 1990 sont des années où la plupart des immigrants sont au stade de l’installation provisoire ou miroatany car l’effectif total des élèves scolarisés ne dépasse pas 67 (47 à Ankazotelo et 20 à Analatsarahonenana) en 1997 - Les années 2000 marquent le développement de l’installation définitive avec la croissance importante des effectifs des enfants scolarisés qui passe de 67 (1997) à 244 (223 à Ankazotelo et 21 à Analatsarahonenana) en 2007.

2.2.2.3- Aspects économiques Ils tiennent ici aux infrastructures routières et à la pratique de l’élevage surtout celui de bovidés et de basse cour.

2.2.2.3.1- L’aménagement des infrastructures routières L’année 2002 a marqué un fort développement des infrastructures routières. Cet aménagement a été fait pour résoudre la difficulté de l’évacuation des pommes de terre, ainsi que de l’approvisionnement en engrais chimiques et en PPN pour la région d’Ambavala 41

(Ambavala est l’ensemble de la région à l’Est du lac de Tsiazompaniry jusqu’à la lisière de la forêt naturelle). Le problème de l’acheminement de la production agricole jusqu’au lieu d’embarquement et de pesage (15 ariary/kg pour la pomme de terre en 2007), en bordure du lac, est ainsi bel et bien résolu. Le développement des infrastructures routières est lié à un dynamisme endogène. Tout projet d’aménagement de route ou de pont fait d’abord l’objet de demande d’autorisation auprès de la Commune rurale de Tankafatra qui se trouve, sur ce point encore, impliqué. Elle apporte ses appuis en matériaux de construction, par exemple dans la mise en œuvre opérationnelle du projet de réhabilitation du pont en bois de Maharenina à l’ouest du chef lieu du fokontany d’Ankazotelo.

2.2.2.3.2- De l’élevage Les élevages bovin, porcin et avicole contribuent différemment à la vie des exploitations agricoles des migrants. On le constate au niveau des travaux des champs et des ressources pécuniaires. Les forces physiques des bovins sont indispensables pour le trait : hersage des rizières, labour à la charrue, attelage de charrette pour le transport des produits jusqu’au lieu d’embarquement sur le lac et pour l’acheminement au champs de fumier de parc, etc. La pratique de l’élevage de bœuf d’embouche et de l’élevage porcin pour l’approvisionnement en viande des boucheries locales sont un autre indicateur de l’enracinement définitif des immigrants sur la terre titrée au nom de l’Etat. Elles sont moins développées dans le secteur à cause de l’existence du lac qui rend difficile la communication entre éleveurs et acheteurs. Les produits de basse cour sont généralement autoconsommés car ils sont moins importants.

2.2.2.3.3- Les activités génératrices de revenus Les activités génératrices de revenus commencent à caractériser la vie locale. Certains immigrants pratiquent la forge, avec des produits commercialisés sur les marchés environnants : Alarobia vatosola, Alatsinainy Bakaro et à Sabotsinambohitromby, c'est-à-dire à l’ouest du plan d’eau. Plusieurs ménages se spécialisent dans la vannerie, activité féminine qui utilise des graminées ( haravola ), des cypéracées ( herana ) locales ainsi que de Pandanus polyrhingus ( vankoana ) cueilli dans la forêt pour fabriquer des paniers, soubiques, nattes, etc. La chasse au miel qui profite de la proximité de la forêt ancienne et l’apiculture s’y épanouissent aujourd’hui grâce aux interventions du Programme SAHA 4 dans la Commune de Tankafatra. La pêche au filet sur le lac de Tsiazompaniry profite à quelques ménages mais son

4 Programme de développement rural (2007 – 2009) financé par l’Inter coopération suisse pour la promotion de l’économie locale et de la gouvernance locale. 42

épanouissement est freiné souvent par la cherté du filet utilisé (100.000 ariary par 100 m en 2007) qui n’est pas à la portée de tous les pêcheurs. Toutes ces activités se développent en liaison avec la proximité des marchés de Tankafatra et d’Alarobia vatosola ; elles font entrer des revenus hebdomadaires au sein des ménages.

2.3 - L’AMBIVALENCE DU DROIT DE JOUISSANCE

2.3.1- LES GARANTIES DE DROIT DE JOUISSANCE AU NIVEAU LOCAL La garantie du droit de jouissance tant au niveau local qu’à celui de l’Administration se présente sous différentes formes.

2.3.1.1- Les pièces justificatives disponibles

2.3.1.1.1- L’autorisation d’installation La demande de terre se fait généralement par groupe : chaque ménage ne dispose donc pas individuellement d’autorisation d’installation. Toutes les autorisations délivrées par le Triage forestier d’Ambohimiadana sont provisoires et périodiquement renouvelables. Chaque groupe de demandeurs est dirigé par la personne la plus âgée. Cette dernière est d’abord l’interlocuteur au niveau du Triage pour toute circonstance, elle est aussi le responsable des dossiers du groupe. Au début, l’autorisation fait donc l’objet d’un renouvellement avant l’expiration de sa date de validité. Sur ce plan, tous les immigrants se sentent en sécurité en matière de gestion foncière. Cependant depuis la mise en œuvre du Programme Environnemental I et II, un projet de retrait des autorisations a été conçu et le renouvellement de l’autorisation provisoire d’installation a en même temps été suspendu. Sa réalisation a été effective pour certains secteurs composant le périmètre de reboisement comme Analamihoatra et ses environs immédiats (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997) . Avant la mise en œuvre de ces Programmes environnementaux, l’autorisation a une grande importance puisqu’elle justifie l’accès et la jouissance du droit de propriété. Actuellement, toutes les autorisations qui sont entre les mains des immigrants n’ont aucune valeur face à l’Administration forestière car elles ne sont plus renouvelées. Il n’empêche que certains d’entre eux se sentent toujours en sécurité

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2.3.1.1.2- Le « kahien-tany » Le « kahien-tany » est une autre pièce écrite mise à disposition des immigrants. C’est un outil conçu et mis en œuvre par l’Administration communale pour gérer les conflits fonciers. Il s’agit dans cet outil d’un rapport d’activité annuel élaboré par l’aménageur (le propriétaire). Il est rempli et validé par le comité de reconnaissance locale qui est une structure ayant été mis en place par la Commune et dirigée par le chef de village. Le kahien-tany note et localise tout aménagement nouveau. En cas d’éventuel envahissement, le propriétaire montre le kahien- tany validé et signé par la mairie. Le kahien-tany visé par la mairie est systématiquement accompagné d’un certificat de mise en valeur délivré par la Commune. Au niveau local, le kahien-tany est une preuve écrite justifiant l’appropriation foncière, et constitue un outil efficace dans la régulation de conflit.

2.3.1.1.3- Le certificat de mise en valeur La Commune Rurale de Tankafatra a été constituée en 1996, moment où certains immigrants ont commencé à coloniser le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. Plusieurs réalisations d’infrastructure socioéconomique y ont été envisagées. On cherche aussi à améliorer les recettes communales en vue de subvenir aux frais généraux d’une part, et, d’autre part pour permettre de commencer la mise en œuvre opérationnelle des activités préalablement conçues. La délivrance d’un certificat de mise en valeur fait partie des opérations visant à l’amélioration des recettes communales sous prétexte d’aider les immigrants à acquérir leur droit réel d’appropriation foncière. Des sensibilisations spécifiques concernant les terres mises en valeur ont été effectuées auprès des immigrants. Chaque parcelle aménagée doit avoir un certificat de mise en valeur pour parer, vis-à-vis des cohabitants, aux différentes menaces de « vol » de terre. Ce certificat est considéré par l’immigrant comme une pièce administrative légal équivalent à un droit réel d’occupation foncière. Aussi les immigrants se précipitent-ils pour demander un certificat de mise en valeur pour la somme de 500 ariary. Les recettes communales s’en trouvent considérablement améliorées.

2.3.1.1.4- L’acte de donation et/ou de vente Outre le certificat de mise en valeur, l’acte de donation issu d’un don ou d’une vente de terre constitue une pièce justifiant l’appropriation foncière. Seuls les acheteurs en disposent. 44

Sur le plan local et vis-à-vis des cohabitants, le propriétaire se sent en sécurité, mais, le doute subsiste du fait que la terre appartient toujours à l’Etat et d’éventuel déguerpissement pourrait avoir lieu.

2.3.1.2- L’audience villageoise, garante du droit de propriété L’audience villageoise est une réunion villageoise occasionnellement organisée pour résoudre de manière collective en trouvant un consensus un conflit foncier surgissant entre deux ménages. Elle est dirigée par le doyen local ( Raiamandreny ) et par le Chef de fokontany. L’autorisation d’installation, l’acte de donation et l’acte de vente perdent leur valeur juridique locale face aux éventuels envahissements, quand il s’agit de la question du droit de propriété. Pour l’audience villageoise, celui qui aménage et met en valeur une terre en friche en devient propriétaire légitime. La connaissance de cette disposition devient une arme efficace pour celui qui met en valeur une terre libre qu’il soit demandeur, voleur ou envahisseur. Quant à l’acte de donation, il est élaboré dès qu’une transaction foncière est conclue. Il est signé par les entités suivantes : les deux parties concernées, les témoins, le Chef de fokontany et le Filoham-pokonolona. Il est fait en deux exemplaires dont l’un est à déposer au bureau de fokontany, l’autre gardé par l’acheteur. La Commune n’est pas concernée par cette transaction foncière et ignore toute existence d’un acte de donation ou de vente. L’ambivalence réside donc dans la valeur juridique des pièces disponibles entre les mains des paysans et la valeur locale de l’audience villageoise. Quelquefois, les pièces administratives disponibles permettent de jouir du droit de propriété foncière au détriment de l’audience villageoise. En revanche, elles perdent souvent leurs importances locales face à cette audience devant un conflit opposant deux immigrants sur une question foncière. Bref, la garantie se situe uniquement au niveau local, mais non au niveau administratif. Cette garantie s’appelle « présence permanente sur le lieu et continuation de l’occupation de sol ».

2.3.1.3- Réponses paysannes à l’ambivalence Situations de jouissance et de non jouissance du droit de propriété alternent toujours dans l’esprit des immigrants. D’autres comportements se créent à cet effet, il s’agit de la notion d’amortissement des investissements accomplis pour la gestion du foncier dans le périmètre de reboisement. Chez les immigrants, cet amortissement est mesuré en terme de quantité estimative de production dont ils ont bénéficié depuis leur installation jusqu’au moment où l’Administration forestière procède au déguerpissement massif de la population du périmètre. 45

Ils pensent par contre que leur investissement sera bel et bien amorti au moment où l’Etat saisira la terre.

2.3.2- LES INCERTITUDES PAYSANNES FACE A L’ADMINISTRATION

2.3.2.1- Le sentiment de sécurité partielle d’appropriation foncière par l’autorisation d’installation Pour des gens instruits, la jouissance du droit de propriété foncière dans le périmètre est incertaine. L’autorisation à disposition ne constitue pas une pièce reconnaissant un droit réel de propriété foncière car seul une terre immatriculée présente un caractère inaliénable, inattaquable et imprescriptible. Ainsi, pour beaucoup, l’occupation paysanne de cette terre est éphémère. Les immigrants se trouvent maintenant en position d’emprunteur vis-à-vis de l’Administration forestière.

2.3.2.2- La présence des natifs, une garantie pour les nouveaux immigrants Deux catégories de gens habitent dans le périmètre de reboisement : les nouvellement installés et les natifs. Les natifs sont des gens installés avant l’édification du barrage et la délimitation du périmètre ; ils n’ont pas été objet du déguerpissement décidé par l’Administration à la veille de l’édification du barrage. Plusieurs fokontany composant l’actuelle Commune rurale de Tankafatra sont issus de ces natifs à savoir : Andohariana, Anketrina, Morarano, Analamihoatra, Anoviala, Anosivola. La garantie pour les nouveaux immigrants quant au droit de propriété, c’est qu’ils ont le même statut que les natifs. Pour eux, si l’Etat évacue légalement les immigrants nouvellement installés, il faut qu’il expulse aussi les natifs, car tous se trouvent sur une terre déjà immatriculée à l’Etat. Or l’évacuation des natifs, selon la perception paysanne, est impossible. Les gens nouvellement immigrés se sentent alors en sécurité du point de vue de la jouissance du droit de propriété en se référant à cette situation.

2.3.3- LE SENTIMENT D’INSECURITE TOTALE

2.3.3.1- Terre immatriculée, inaliénable, inattaquable et imprescriptible Bon nombre d’immigrants comprennent que l’autorisation délivrée par l’Administration forestière n’a aucune valeur juridique pour la jouissance du droit de propriété définitif de 46 terres incluses dans le périmètre de reboisement. Dès lors, l’acceptation de la jouissance de droit foncier précaire est effective.

2.3.3.2- L’absence de déclaration de succession en cas de décès En cas de décès, l’absence d’une déclaration de succession confirme chez les immigrants qu’ils ne se sont pas appropriés définitivement les terres qu’ils exploitent dans le périmètre. Toutes les pièces issues d’une déclaration de patrimoine d’un défunt sont considérées par les paysans comme pièces justifiant la jouissance du droit réel de propriété foncière.

2.3.4- LE PAIEMENT D’IMPOT FONCIER, UN ACTE CONVOITE PAR LES IMMIGRANTS Par rapport aux investissements liés aux aménagements effectués, les immigrants souffrent actuellement du fait que le service de contribution directe ne leur envoie pas de quittance d’avertissement et ne leur accorde pas le paiement d’impôt foncier. L’incertitude sur la jouissance de droit de propriété foncière s’amplifie. Ce paiement est très souhaité, car disposer d’une quittance émanant des services des impôts constitue dans la perception paysanne une preuve indéniable d’appropriation foncière.

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Chapitre 3 : CONFLITS ET REGULATIONS

Un conflit est une situation d’affrontement sur des enjeux précis, individuels ou collectifs. De ce fait, les divergences entre les différentes parties concernées mettent en place diverses stratégies et tactiques. Le conflit représente un moment privilégié de l’échange d’informations diverses par l’usage de la parole entre les parties directement concernées, mais aussi entre celles-ci et les différents acteurs qui interviennent à un moment ou à un autre dans le processus.

Le conflit s’intègre dans les dynamiques sociales. Il réajuste aussi certains autres types de conduite, au regard des nouvelles fonctions qu’ils vont désormais devoir remplir au niveau de l’organisation sociale toute entière. Le litige est la juridiction d’un conflit, car il se caractérise par l’intervention d’une autorité judiciaire quelconque ou autorité traditionnelle pour le régler.

2.1- LES CAUSES DES CONFLITS

2.1.1- CAUSES LIEES AUX RELATIONS INTER VILLAGEOISES

2.1.1.1- Des conflits causés par la vente

2.1.1.1.1- Vente de terre par un faux propriétaire Le grand besoin de la terre étant généralisé, des transactions foncières menées par de faux propriétaires sont une réalité. Les acheteurs, ignorants de la situation initiale, sont confrontés à une violente altercation avec les vrais propriétaires au moment des travaux d’aménagement de la parcelle achetée. Dans ce cas, les vendeurs se retirent loin du conflit. Au moment de la régulation, l’audience villageoise décide le partage en deux parties égales de la parcelle faisant l’objet du conflit, c'est-à-dire que l’acheteur obtient la moitié et le vrai propriétaire garde l’autre moitié. Le vendeur ne rembourse pas à l’acheteur la somme perçue. On remarque que le conflit de droits sur une même section s’amplifie du fait que rare s sont, d’après les enquêtes menées sur le terrain, les accords pour l’accès au foncier qui aient fait l’objet d’affichage public ; il est évident aussi que les paysans demandeurs ne s’inquiètent pas de consulter cet affichage, s’il a eu lieu.

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2.1.1.1.2- Vente substitution déguisée en donation et abus de confiance Rappelons que l’acte de vente est habituellement remplacé par l’acte de donation dans la transaction foncière. La « tromperie » par le vendeur est facilitée par la situation de stabilité apparente de son installation dans le périmètre vis-à-vis de l’acheteur. Alors que celui-ci a déjà procédé à d’importants travaux et de fertilisation, le vendeur cherche à reprendre le lopin qu’il a vendu sous l’acte de donation en considérant cet acte qui s’apparente à une substitution du titulaire comme acte d’emprunt ( taratasy fampindramana ). Semblant de stabilité apparente de l’installation paysanne dans le périmètre provoque une recrudescence des acheteurs. Cette situation a entraîné un recours à une réunion villageoise. Jusqu’à maintenant la tentative d’abus de confiance du « vendeur » n’a pas abouti.

2.1.1.2- Compétition foncière remarquable La compétition foncière est une réalité qui subsiste actuellement. Elle est causée par l’existence de terre libre en friche. Il apparaît que les immigrants démunis et illettrés qui arrivent les premiers sont souvent victimes ou menacés d’expulsion sur leur propre terre par des nouveaux, riches et instruits venus plus tard.

2.1.1.2.1- Envahissement et vol de terre

2.1.1.2.1.1- Envahissement sur le bas fonds Après l’accord du service des Eaux et Forêts pour l’installation dans le périmètre, les migrants commencent à aménager les bas fonds pour en faire des parcelles rizicoles. L’aménagement comporte généralement les étapes suivantes : - Travaux de canalisation autour de la partie à aménager ; cela sert à l’assèchement - Mise en place de diguette - Travaux d’aplanissement Après ces lourds travaux manuels, le propriétaire quitte le village pour chercher de l’argent ailleurs et ne revient qu’après un certain temps. A son retour, il trouve la parcelle repiquée par d’autres immigrants. C’est cet agissement perpétré par de tels malfaiteurs qui est qualifié localement de « envahissement ».

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2.1.1.2.1.2- Envahissement sur tanety Rappelons que selon la coutume, les tanety contiguës à une parcelle rizicole appartiennent au propriétaire de cette parcelle. En vue de délimiter la part de tanety de celles des voisins, le marquage d’appropriation foncière par reboisement d’eucalyptus est d’actualité. Ce qui cause problèmes pour une surface ainsi reboisée est que l’envahisseur procède ensuite unilatéralement à l’entretien du reboisement (sarclage, élagage etc.). A partir de ce moment là, l’envahisseur commence à occuper aussi le bas fond non aménagé. Des disputes s’ensuivent entre propriétaire et envahisseur.

2.1.1.2.1.3- Les stratégies d’envahissement Comme stratégie d’envahissement, les étapes suivantes sont généralement mises en œuvre : - Attendre le moment où le propriétaire s’absente pendant une période plus ou moins prolongée à la recherche de ressources financières à l’extérieur. - Arriver en masse, puis système d’entraide pour des travaux d’aménagement. L’entraide constitue alors un moyen pour acquérir des terres. Selon Frank MUTTENZER (2006), l’entraide à l’occasion d’un envahissement sur une terre en friche a deux fonctions. Elle est d’abord indispensable en raison de la charge de travail considérable que représente le défrichement (aménagement) parce que c’est le travail le plus dur. Puis elle a comme but de fixer définitivement leurs installations et de rendre ainsi publique leur appropriation de la parcelle. Dans le cas d’un envahissement alors que le propriétaire est présent au village, celui-ci n’arrive pas tout de suite à constituer une main d’œuvre importante équivalente à celle de l’envahisseur, étant donné qu’il faut prévoir des repas et du temps pour cela. Dans ce type d’accès au foncier, le règlement par le fokonolona s’avère inefficace car les envahisseurs refusent catégoriquement de participer à toutes les réunions de réconciliation d’une part ; ils continuent à travailler le champ. Faute de moyens financiers, la victime ne peut pas porter plainte au Tribunal contre les envahisseurs alors que ceux-ci assurent effectivement la mise en culture de la parcelle. Quelquefois, dans cette compétition foncière, les envahisseurs formulent une demande d’installation auprès du Triage forestier d’Ambohimiadana en modifiant légèrement l’adresse du vallon où se localise la parcelle qu’ils veulent s’approprier. Les envahisseurs peuvent être des acheteurs qui veulent étendre leurs terres, des immigrants qui veulent accéder librement à la terre, ou des intermédiaires pour transactions foncières qui connaissent et maîtrisent la situation foncière dans ce périmètre. 50

2.1.1.2.2- Le droit du plus fort En prétextant de se soucier de la bonne entente dans la communauté, un immigrant leader faisant partie d’un petit groupe de demandeurs sis à Analatsarahonenana (carte N°4) a mis en place des marques d’occupation des sols (canaux, reboisement) en concertation avec ses associés. Après la construction des canaux, chaque ménage qui a voulu commencer à travailler sa propre terre en a été empêché par ce leader qui soutient que puisque personne n’a contribué à construire les canaux, par conséquent, toutes ces terres lui appartiennent. Si un des membres qui ne supportent pas la situation insiste, elle s’envenime, commence par une altercation et finit par une dispute. En effet, celui qui a peur d’aller jusqu’au bout de la procédure est le perdant et doit quitter les lieux. Il n’y a aucun règlement paisible à faire pour ce genre de conflit qui dégénère progressivement et se transforme en conflit latent.

2.1.1.2.3- Le « hatsa-parihy » ou réduction de diguette Les diguettes constituent une marque de délimitation de rizière. Sa mise en place permet, lors des travaux d’aménagement, d’aplanir et de façonner une parcelle rizicole. Les propriétaires des lopins voisins sont souvent présents pour vérifier le respect des limites convenues lors de la séance de partage de terre. Aucune marque de délimitation n’a ensuite été érigée. Au fil des années, la diguette connaît une grande faiblesse parce que le propriétaire de la parcelle en aval gagne chaque année par le « hatsa-parihy » une partie de la diguette de la parcelle en amont. Cette situation provoque souvent des conflits fonciers inévitables entre deux propriétaires de rizières adjacentes. On remarque que après règlement de conflit entre les deux propriétaires, la délimitation par diguette est renforcée par la mise en place de pierres levées sur les deux extrémités de la diguette séparant les deux parcelles. Ce type de conflit advient fréquemment soit entre les cohéritiers soit entre les membres d’un même groupe de demandeurs.

3.1.1.3- Autres causes 3.1.1.3.1 - Le gendre, sacrifié pour l’aménagement Dans la zone d’étude, le droit de propriété foncier pourrait être acquis par mariage : le gendre peut acquérir une part foncière de par sa femme. Le gendre peut, ensuite, en acheter pour prévoir des terres à léguer à ses descendants. 51

Etant donné la quasi permanence des tentatives d’envahissement des terres en friche, le beau père autorise son gendre à faire un aménagement et lui fait don définitivement de toutes les parties de vallon qu’il a aménagées. Toujours est-il que l’autorisation n’est que verbale. Il est évident que les conflits et autres problèmes liés à la gestion des terres diminuent au fur et à mesure qu’on avance dans le temps et dans l’aménagement. Maintenant, il semble que la situation se stabilise. Les travaux d’aménagement et la fertilisation se déroulent bien. Les récoltes sont généralement bonnes et prometteuses. Toutefois, des conflits surgissent parfois entre gendres et beaux pères dans la mesure où ces derniers veulent récupérer toutes les sections de vallons qu’ils ont demandés auprès du Triage forestier, que ce soit aménagé ou non. La stratégie du beau père envers son gendre se perçoit ici comme un moyen de : - se soustraire aux conflits, - protéger les terres en friche contre les envahissements - aménager et fertiliser ses rizières. Le gendre dépourvu de preuve écrite ne se trouve pas en position de force face à la stratégie déployée par son beau père, étant donné qu’il a supporté tous les problèmes liés à la gestion du vallon depuis 1993 jusqu’actuellement. Ce qui aidera le gendre dans la régularisation de cette situation est qu’il est présent à Ambavala depuis son accès au sol jusqu’au moment où son beau père veut l’expulser alors que ce dernier habite toujours au lieu d’origine et n’a entrepris aucun aménagement. Le gendre doit attendre la décision de l’audience villageoise pour rétablir la situation.

3.1.1.3.2 – Tentative d’abus de pouvoir de responsables communaux La mobilisation de terre dans cette zone se traduit aussi par des abus de pouvoirs de certains responsables locaux à l’endroit des immigrants. Ainsi, toujours en raison du caractère superficiel de la stabilité, certains dirigeants veulent accéder aux sections déjà aménagées. Ils amènent un responsable de l’Administration forestière locale accompagné d’un géomètre et de son équipe. Ce dernier procède tout de suite à des levés topographiques du secteur convoité en affirmant qu’il est en train d’entrer dans le processus d’immatriculation foncière pour l’accès au titre. Cet acte signifie l’expropriation directe des immigrants vulnérable. Il constitue une menace réelle pour leur installation ; la notion de gouvernance locale qui leur a été dispensée est dévié ici en abus de pouvoirs perpétré par les dirigeants. 52

La tentative d’expropriation voulue par de tels responsables n’a pas encore abouti jusqu’à maintenant mais cela crée une perturbation mentale et un trouble social grave. En conséquence, la confiance paysanne envers les responsables communaux et forestiers se dégrade.

3.1.1.3.3 - Abus de confiance : gardiennage de champs Un cas réel représente une autre forme d’abus de confiance marquant la mobilisation de terre dans cette zone d’accueil. Il s’agit de la conversion d’un statut de gardien en statut de propriétaire légitime. Après avoir aménagé les bas fonds, le propriétaire a engagé une personne de confiance pour le gardiennage et l’entretien des cultures. Mais le propriétaire décède et sa femme n’a voulu depuis lors fréquenter les lieux depuis des années. Le gardien continue de s’occuper donc de l’entretien de toutes les cultures et de la fertilisation des rizières. Il procède aux éventuels travaux d’aménagements, et assure la défense des champs contre les envahisseurs. En contrepartie de ces travaux, il bénéficie sous les yeux des habitants de toutes les récoltes durant de longues périodes. Huit ans plus tard, la femme du demandeur veut récupérer ses champs rizicoles avec les tanety correspondants. L’ancien gardien refuse catégoriquement cette tentative d’expulsion, et change de statut en s’autoproclamant propriétaire légitime de tous les champs qu’il a entretenus depuis des années. L’altercation s’intensifie entre les deux parties. Dans ce cas, l’ex-gardien se trouve en position de force tout en se référant aux conditions requises par l’audience villageoise en cas de règlement de tels conflits. Il s’agit dans ces conditions de la présence permanente sur le champ, de l’entretien des cultures, de la fertilisation des rizières et de l’aménagement des nouvelles parcelles rizicoles.

Remarque La méconnaissance de l’historique de l’accès à la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry génère des conflits entre immigrants. Cette situation est causée par la disparition de certains anciens demandeurs initiaux. S’ajoute à ce contexte la non mise à jour par la Commune de la liste des demandeurs, des acheteurs, des gens qui s’y installent librement. Cela devrait se faire dans le cadre de l’application de la bonne gouvernance locale à laquelle elle procède actuellement avec le Programme S.A.H.A.

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CARTE N°4 : VALLONS A CONFLIT ET DELIMITATION DE FINAGE

544000 546000 548000 550000 552000 554000 756000

22%[ 756000 ANKER ANKELY 23 ( %[ %[24 AMBAT ONDRANGAHY ( MAHALAVOLONA# # ANDAVAKISIDIS# IDIN A ( ANDRAVOLOLONA( ( ( ( (

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LEGENDE ( Hameaux. N %[ Bornes de délimitation de BV Limite de BV Cours d'eau Sentier Piste Limite de finage Echelle : Zone d'étude 1 0 1 Km Lac Reboisement Vallons à conflit Source : Carte topographique FTM à l'échelle 1/50.000, Q48 Ambohimiadana 54

3.1.2- DEFAILLANCE DE L’ADMINISTRATION 3.1.2.1- Superposition de droits sur une même parcelle Les enquêtes menées sur place révèlent que 77% des conflits fonciers trouvent leur origine dans la superposition de droits sur une même parcelle. Cette situation se traduit par le fait que la reconnaissance sur le terrain par l’Administration forestière n’est pas systématique avant accord et délivrance des autorisations d’installation. Dans de telles situations, le pot de vin va toujours de pair avec l’octroi de l’autorisation d’installation (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997).

3.1.2.2- Tâtonnement de l’administration Dans ce cas-ci, le demandeur est conscient que la terre qu’il voudrait avoir a déjà été antérieurement octroyé par l’Administration forestière locale à un autre immigrant. D’autre part, il est aussi conscient des lacunes enregistrées au niveau de l’Administration. Celle-ci est handicapée par l’absence de reconnaissance sur le terrain avant la délivrance d’autres nouvelles autorisations. Le demandeur profite tout de suite de cette situation et dépose une nouvelle demande en modifiant légèrement le nom de l’endroit. Le Triage des Eaux et Forêts donne son autorisation sans procéder préalablement à la reconnaissance des lieux. Ce type de conflit est généralisé dans le périmètre de reboisement. L’approche du Triage que l’on peut qualifier de tâtonnement, favorise d’une part la non reconnaissance locale des autorisations délivrées par l’Administration forestière, stimule et catalyse d’autre part la situation conflictuelle liée à la gestion du périmètre de reboisement. Cette situation encourage les acteurs concernés à s’adonner davantage à la corruption.

Remarque Rappelons que le groupe de 448 était le premier demandeur de terre dans cette partie de l’Imerina. Au début il a été autorisé à coloniser toute la grande partie méridionale du périmètre de reboisement sous l’égide d’une seule personne, le doyen. Autrement dit, une seule autorisation couvre les 448 ménages demandeurs. Ce contexte devient un outil pour se défendre et/ou un outil aussi pour procéder à l’envahissement sur une terre déjà appropriée, c'est dire que n’importe qui pourrait se déclarer être parmi les 448. La notion de gouvernance locale n’est pas encore acquise par les acteurs communaux dans la mesure où la population locale est encore enclavée quant aux informations sur la gestion des terres dans le périmètre de reboisement 55

3.1.2.3- L’exemple du champ de conflit d’Andavakisidisidina

3.1.2.3.1- Entre groupes différents de demandeurs Parmi les vallons et vallées constituant le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Andavakisidisidina est un secteur très connu pour ses conflits répétés depuis 1990, date de la première installation, jusqu’en 2002. Le groupe de 12 ménages, premier occupant du vallon a subi de très fortes menaces d’expulsion par d’autres groupes prétendant disposer d’une autorisation en bonne et due forme. Jusqu’en 2002, ce groupe a perdu d’énormes surfaces aménageables du fait des envahissements successifs. Certains envahisseurs disposent de vraies autorisations émanant du Triage des Eaux et Forêts d’Ambohimiadana, d’autres n’en ont pas mais procèdent directement à l’aménagement des bas fonds qu’ils choisissent. Ce deuxième type d’exploitant qui ne dispose pas d’autorisation interpelle les premiers occupants en affirmant que la terre appartient à l’Etat et qu’alors quiconque l’aménage et la met en valeur en devient propriétaire légitime. Le fait de rappeler à ceux qui veulent entendre, ce droit coutumier merina, cité par RARIJAONA, R (1967) devient pour les envahisseurs une arme. Les premiers occupants, en revanche, ignorant la législation foncière, veulent empêcher les actes d’envahissement.

3.1.2.3.2- Entre membres d’un même groupe Le conflit entre membres d’un même groupe toujours à Andavakisidisidina surgit du fait du mode de délimitation. La diguette est une marque matérielle de délimitation des rizières. La mise en place de diguette est la première action à faire pour l’aménagement d’une parcelle rizicole. A Andavakisidisidina, le premier membre du groupe a fait la diguette, le deuxième procède aux travaux d’aplanissement de la même section. Les deux aménageurs prétendent chacun être le propriétaire de cette section. Les membres du groupe ne sont pas arrivés à aplanir leur conflit interne et ont été obligés de recourir à l’arbitrage du Fokonolona. La solution trouvée est qu’on partage en deux parties égales la parcelle faisant l’objet du conflit. En vue de mettre en évidence les parts de chacun, la mise en place de pierres levées (orim- bato) a été réalisée en présence du fokonolona pour mieux délimiter deux propriétés foncières adjacentes.

3.1.2.3.3- Cas de hatsa-parihy à Andavakisidisidina Le « hatsa-parihy » constitue aussi une cause de conflit foncier fréquent entre deux propriétés d’un même groupe dont les parcelles rizicoles sont côte à côte. Certains membres du même 56 groupe profitent de la vulnérabilité physique ou de l’absence des autres propriétaires pour accaparer chaque année une partie de la diguette des voisins. Il en résulte mésententes et conflits latents entre cohabitants.

3.2 - REGULATIONS

3.2.1- REGULATION PAR AUDIENCE VILLAGEOISE La plupart des conflits fonciers surgissant dans le périmètre de reboisement sont généralement résolus au niveau de l’audience villageoise. Dans la plupart des cas, personne n’ose contredire la décision prise par l’audience. Elle est dirigée par les notables qui connaissent bien l’historique de la parcelle faisant l’objet du conflit, et par les autorités administratives locales (Chef de fokontany, quartier mobile et autres membres de comité de vigilance). Trois critères conditionnent l’efficacité de l’intervention de l’audience villageoise dans la réglementation des conflits fonciers :

3.2.1.1- Présence permanente sur le champ Sans tenir compte du mode d’accès au droit de propriété, la présence permanente sur les champs est une preuve tangible et indéniable de jouissance du droit d’occupation. Elle marque la propriété de ce qu’on a fait. Face à un litige foncier, ceux qui s’installent d’une façon permanente à Ambavala gagnent parce qu’ils bénéficient des appuis des villageois. Cette attitude se traduit par une cohésion sociale se basant sur le mode d’installation définitive.

3.2.1.2- Les aménagements réalisés L’aménagement, réalisation physique, est une preuve visible d’appropriation foncière dont doit tenir compte l’audience. Cette prise en compte se fonde sur l’état des travaux effectués (entamé, abandonné, en cours, achevé), et la date de mise en valeur (qui l’aménage le premier ? quand ?).

3.2.1.3- La conduite La conduite individuelle de chacune des parties sur le plan social fait partie des critères étudiés en vue de la prise de décision lors de l’audience, c'est-à-dire que le membre de la société en conflit est-il sociable ?, violent ?, etc.

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Remarque - A la fin de la réconciliation, les deux parties s’entendent devant l’audience villageoise et décident que la parcelle nouvellement aménagée est à partager en deux parties qui sont souvent égales dont l’une appartiendra à l’envahisseur, l’autre reviendra à son propriétaire. La partie gagnée par l’envahisseur est considérée par les conciliateurs comme étant la valeur des investissements qu’il a faits durant les travaux d’aménagement. En effet, le mode d’accès au droit foncier par envahissement se reproduit partout, et est devenu un moyen pour étendre la rizière dont on dispose. - La plupart des conflits fonciers sont résolus par l’audience villageoise. Rares sont les conflits où l’une des parties porte plainte auprès du Tribunal. Le non recours à la Justice et la promotion de la résolution par audience villageoise sont étroitement liés à la peur de l’exclusion collective dictée par l’Administration dans le périmètre de reboisement. - Les bas fonds appartenant aux gens localement riches ou instruits sont à l’abri de toute sorte de spoliation de terre. - L’aménageur (envahisseur) n’est pas systématiquement gagnant.

3.2.2- AU NIVEAU COMMUNAL

3.2.2.1- Les mesures préventives Au moment où l’installation paysanne dans le périmètre a commencé, Tankafatra était encore un des fokontany composant la Commune rurale de l’actuel Ambohimiadana. Ce fokontany n’arrivait pas à gérer convenablement les conflits fonciers, lesquels y subsistent encore. Dès que Tankafatra a accédé au statut de Commune en 1996, les nouveaux responsables ont cherché à maîtriser la paix sociale entre immigrants. Des stratégies ont été élaborées et mises en œuvre, à savoir la mise en place des comités de reconnaissance locale, la conception et l’élaboration d’outils de prévention et de résolution des conflits.

3.2.2.1.1- Mise en place d’un comité de reconnaissance locale, La mise en place d’un comité de reconnaissance locale est une décentralisation du Pouvoir communal en matière de gestion de conflit et une responsabilisation de chaque communauté à s’autogérer par rapport aux éventuels conflits qui surgissent dans la société rurale. Il est une structure spécifiquement mise en place dans la société des immigrants dont les membres sont 58 composés d’un chef de village, des notables locaux désignés par mesure communale et de(s) quartier(s) mobile(s). Il appartient au comité d’identifier sur place et de mesurer la dimension de chaque parcelle rizicole, des tanety ou des sections de bas fonds aménagés appartenant à un propriétaire. Chaque reconnaissance d’une parcelle est systématiquement assistée par tous les autres propriétaires des terres voisines et fait l’objet d’établissement d’un procès verbal. Cette assistance a un double objectif, d’abord c’est un moyen permettant d’éviter les éventuels conflits issus des délimitations, et une sorte de confirmation locale sur l’appropriation de terre. On s’aperçoit que les noms de tous les propriétaires des terres voisines sont aussi inscrits dans le procès verbal de délimitation de la parcelle en question. La terre non aménagée ne fait pas l’objet de la reconnaissance. Pourtant, nombreuses demandes affluent auprès du comité concernant les surfaces non aménagées qui devraient être constatées par le comité. La réalisation de cette demande génère bon nombre de conflits parce que plusieurs tentatives de jouissance du droit de propriété se superposent sur une même section.

3.2.2.1.2- Conception des outils de prévention Les responsables communaux ont eu l’initiative de créer un « kahien-tany » sur lequel sont enregistrés les renseignements sur toutes les surfaces aménagées par tous les ménages habitant dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry (adresse, délimitations, dimension respective, nom du propriétaire, noms des autres propriétaires de terre voisines, etc.). Le double du procès verbal de reconnaissance est à donner au ménage et constitue une pièce d’appropriation de terre à présenter en cas de besoin, tandis que le « kahien-tany » et l’autre double du procès verbal sont à déposer à la mairie. Les ménages dont les terres ont fait l’objet d’une reconnaissance bénéficient d’une délivrance d’un certificat de mise en valeur contre payement de 500 ariary. Le procès verbal de reconnaissance, le certificat de mise en valeur et le « kahien-tany » sont des pièces justificatives d’appropriation de terre indéniables au cas où d’éventuels conflits surgissent sur une parcelle reconnue au niveau de la Commune.

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Cependant, certaines terres aménagées par les immigrants ne sont pas encore reconnues. En cas de conflit, celui qui n’a pas procédé à cette opération de reconnaissance est considéré comme envahisseur si quelqu’un porte plainte contre lui auprès de la Commune.

3.2.2.1.3- Le carnet de contrôle par exploitant Depuis la première installation jusqu’en 2000 environ, chaque exploitant est muni d’un carnet individuel servant de laissez-passer. Cette période marque généralement l’installation provisoire dans le lieu d’accueil d’une part, et d’autre part, cette zone constitue en même temps une zone de pâturage sur laquelle continuent de paître des bœufs errants de l’élevage extensif. Pour maintenir la paix sociale, les responsables des fokontany environnants ont élaboré ce système de contrôle : chaque immigrant ou autre personne qui fréquente la zone doit avoir un carnet de passage visé par le fokontany avant et après le passage dans le lieu. L’introduction du carnet vise, en effet, deux objectifs bien déterminés, l’un concerne la lutte contre l’expansion de feux de brousse et l’autre prévoit la sécurité des bœufs errant dans la nature, cibles de mutilation à cause de la destruction de culture engendrée lors de leur passage.

3.2.2.2- Intervention de la Commune L’intervention de la Commune n’a lieu que si l’audience villageoise n’a pas abouti. Le règlement d’un différend commence par approuver le respect ou non respect par chaque partie au conflit les mesures communales de prévention (disposition de kahien-tany et de certificat de mise en valeur). Celui qui n’a pas respecté ces mesures communales préalablement mises en œuvre est jugé responsable du trouble de la paix sociale. Chaque règlement entrepris par la Commune ne fait pas systématiquement l’objet d’un procès verbal. Toute tentative de règlement n’est pas forcément couronnée de succès.

3.2.2.3- Implication de l’Administration forestière locale En cas de superposition de droits sur une même parcelle, d’autres initiatives locales ont été entreprises pour régler efficacement le conflit. Il s’agit là de la confrontation des autorisations d’installation avec la présence du responsable du Triage forestier sur le terrain. En effet, le responsable du Triage forestier d’Ambohimiadana a été invité à venir sur le lieu. Cette alternative a pu se faire au début. En confrontant les deux autorisations, le responsable de triage a trouvé, selon les sources locales, des nuances entre les autorisations concernées. Ce qui permet de départager les deux 60 propriétaires et de bien délimiter les parts de chacun. Le conflit s’arrête là, et la paix sociale est finalement rétablie. Cette initiative s’avère efficace pour le règlement de conflit lié à la superposition de droits sur une même parcelle, mais par la suite, ce responsable refuse de venir constater sur le terrain. Ce même problème se reproduit souvent parce que la demande collective des 448 englobe généralement toutes les terres incluses dans le périmètre de reboisement issu de l’actuelle Commune rurale de Tankafatra. Ces mêmes terres ont fait ultérieurement l’objet des nouvelles demandes d’autorisation. Ce conflit se reproduit actuellement dans les secteurs forestiers plus à l’Est du périmètre de reboisement de Tsiazompaniry.

3.2.3- RECOURS A LA JUSTICE Le règlement de la situation conflictuelle par recours à la Justice signifie l’échec des interventions des autres entités locales. Le règlement direct par la Justice n’a pas encore eu lieu. Ce qui permet d’une part d’éviter les dépenses y afférentes et d’autre part de dévoiler aux responsables étatiques le problème local lié à la gestion du périmètre dans le but d’échapper à une éventuelle évacuation collective de cette terre.

3.2.4- UN EXEMPLE DES LIMITES DE LA REGULATION LOCALE D’une part, l’obstination de l’une des parties au conflit limite considérablement les perspectives de règlement du conflit foncier dans le cadre de l’audience villageoise. En effet, l’une des parties (étant jugé comme envahisseur) refuse souvent de se présenter à toutes les réunions de réconciliation. Cela a obligé l’autre partie, la victime, à demander l’intervention de la mairie ou de la gendarmerie pour une médiation palpable. D’autre part, la pauvreté, matérialisée par l’insuffisance de moyens financiers ainsi que l’inexistence de pièce individuelle écrite justifiant l’accès à la jouissance du droit de propriété empêchent les victimes de porter plainte auprès du Tribunal. Ces deux facteurs favorisent l’évanescence des conflits qui opposent les immigrants dans la gestion foncière. Ils apparaissent comme facteurs de rétablissement de la paix sociale, mais favorisent en fait la latence de certains qui marquent ainsi la limite du mode de règlement local des conflits fonciers.

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3ème partie : DISCUSSION

1- LES FACTEURS DE MOBILISATION DE LA TERRE Le marché foncier, la fertilisation de sols, la typologie des cultures pratiquées, la complémentarité entre riziculture inondée et reboisement d’eucalyptus constituent les principaux facteurs caractérisant la mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry.

1.1- CONCERNANT LE MARCHE FONCIER Trois agents interviennent dans le marché foncier : le vendeur, l’acheteur et l’intermédiaire ou « panera tany ».

1.1.1 - Les vendeurs Les vendeurs sont ceux qui se trouvent dans l’incertitude totale de jouissance définitive du droit de propriété foncière. Les immigrants appartenant à cette catégorie ont vendu entièrement leur part foncière dans cette zone d’accueil. Ils retournent et se réinstallent dans leur lieu d’origine respectif. Le deuxième type de vendeur englobe les immigrants qui vendent une partie de leurs parts foncières. Leur objectif commun est de disposer des moyens financiers nécessaires pour le recrutement de main d’œuvre requise par l’aménagement voulu de parcelles rizicoles. Le troisième type de vendeur regroupe les immigrants qui cherchent à migrer de nouveau dans le milieu forestier plus à l’Est où les lopins de terres sont bon marché. Le dernier type de vendeur est constitué par les immigrants démunis qui vendent souvent une partie de leur part foncière notamment en période de soudure.

1.1.2- Les acheteurs Il y a lieu de distinguer deux types d’acheteurs : - Le premier, ce sont les immigrants nantis à l’échelle locale qui sont définitivement installés ou miroatany et qui veulent étendre la part foncière à léguer à leurs descendants. Ce type d’immigrants jouit de ressources financières stables (épicerie, commerce ambulant, opérateur économique, etc.) et dispose de moyens de production suffisants (bœuf de trait, charrette, fumier de parc, etc.). 62

- Le deuxième type regroupe les petits acheteurs qui viennent de vendre leur patrimoine foncier de leur lieu d’origine pour en acquérir plus dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry.

1.1.3- Les intermédiaires (panera tany) Les intermédiaires ne sont pas des immigrants. Ils habitent tous dans la partie située à l’Ouest du lac de Tsiazompaniry. Ils apparaissent selon la conjoncture des marchés fonciers dans cette zone d’accueil et dont, ils tirent des bénéfices financiers. Les intermédiaires facilitent la vente de lopins de terres dans la mesure où ils sont connus de tout le monde ; les vendeurs ne sont plus obligés de chercher des acheteurs.

1.2- TYPOLOGIE DES CULTURES Les immigrants pratiquent quatre types de cultures dans la zone d’étude : les cultures vivrières, les cultures industrielles, les cultures maraîchères et les cultures de contre saison de pomme de terre.

1.2.1- Les cultures vivrières Les cultures vivrières englobent la riziculture inondée, les cultures pluviales, les cultures sèches. Pour la riziculture inondée, tous les gens pratiquent le système de riziculture intensive ou SRI. Les « ketsa » (plants de riz) poussent dans la pépinière durant, au maximum, un mois avant d’être repiqués en ligne. La technique rizicole traditionnelle y est entièrement abandonnée grâce aux sensibilisations de la masse rurale et à la vulgarisation par des séances de formation aux nouvelles techniques, organisées par la DRDR de la Région d’Analamanga au bénéfice des paysans de la Commune rurale de Tankafatra. Bon nombre d’immigrants participent aux formations pour la promotion du SRI. En conséquence, cette technique rizicole est très développée dans le secteur grâce à la disponibilité d’eau suffisante et maîtrisable pendant toute l’année. Le calendrier agricole y est bien respecté. Les ménages bénéficiaires de cette formation constatent déjà que leur période de soudure est énormément écourtée. En matière de cultures pluviales, les paysans pratiquent la culture de haricot, de maïs et de pomme de terre sur tanety. Le maïs et le haricot sont conjointement cultivés juste à la veille de l’arrivée de la première pluie (septembre et octobre). La pomme de terre pluviale sur 63 tanety, combinée avec le haricot, se fait au mois d’octobre, novembre et décembre dont la récolte constituera la semence de la contre saison de l’année prochaine. Les cultures sèches concernent d’abord la patate douce. Le premier aménagement auquel ont procédé les paysans a été celui de la culture de patate douce située sur le bas de versant. Cette pratique culturale procure la nourriture nécessaire lors de l’aménagement futur de bas fonds en parcelles rizicoles. La patate est cultivée de deux façons : engraissée et mêlée. L’engraissement consiste à déposer une bouture dans un trou que l’on recouvre d’une certaine quantité de fumier et de terre. Il se pratique sur les sols jugés non fertiles, par les paysans eux- mêmes. La culture mêlée se fait sur les sols fertiles des bas de versant. La culture de manioc se fait simultanément sur d’autres parcelles avec celle de la patate douce mais la récolte se fait après deux ans. Après la récolte de pomme de terre pluviale sur tanety, février-mars, on y cultive le manioc. La culture de manioc n’est pas très développée dans cette zone à cause d’un certain arrière goût amère. La patate douce et le manioc sont qualifiés localement de « haninkotrana » c'est-à-dire en complément du riz.

1.2.2- Les cultures industrielles : géranium et artémizia Outre la culture de manioc et de patate sur le tanety, l’introduction de nouvelles plantes comme le géranium prend son essor à l’heure actuelle dans cette partie de l’Imerina sur les versants et les bas de versants. La culture de géranium est vulgarisée sur place par l’association Tsarafara avec l’appui technique et financier du JICA, pour une alternative au tavy dont l’inconvénient est la déforestation. Elle vise à l’amélioration du revenu des ménages. La vulgarisation se base sur le fait qu’il appartient au paysan de promouvoir la culture, tandis que l’encadrement technique, l’extraction sur place et l’achat d’huile sont assurés par l’association. En septembre 2007 le prix d’un litre d’huile essentielle de géranium y est de 150.000 ariary. L’extraction se fait sur place à l’aide d’extracteur mobile appartenant à l’association Tsarafara. L’épanouissement de la culture de géranium, matérialisé par l’aménagement non encadré des terroirs, constitue par l’alluvionnement un danger imminent pour le lac, puis par la déforestation incontrôlée du corridor forestier merina. En effet, les immigrants considèrent la forêt comme une réserve importante de terre fertile propice à la culture de géranium. L’artémizia, destiné à la production de pénicilline y est aussi une autre nouvelle plante introduite chez les immigrants par BIONNEX. La mobilisation de la masse pour le 64 développement de cette culture se base sur le fait que la commercialisation se passe sur place. Le vulgarisateur assure les semences, les engrais chimiques ainsi que l’encadrement technique. Lors de la campagne de mobilisation entreprise par BIONNEX, la commercialisation se fait sur place avec un paiement au moment de la collecte. Il a été promis que 1kg de feuilles séchées sera payé à 900 ariary (décembre 2007). Au début, pour promouvoir la culture, il a été convenu entre acteurs ruraux et BIONNEX que le planteur fournit la main d’œuvre nécessaire et le fumier de parc tandis que BIONNEX assure l’approvisionnement en intrants (semence, engrais chimiques, traitement phytosanitaire), les appuis techniques et la collecte de la production ; Les cultivateurs connaissent aujourd’hui un grand problème quant à la gestion de leurs exploitations car les techniciens vulgarisateurs ne viennent pas faire d’appui ni de suivi technique. L’artémizia étant une plante nouvellement introduite, les planteurs ne savent plus ce qu’ils doivent exactement faire : entretien de plantes et traitement phytosanitaire, technique de récolte et de séchage, etc. Jusqu’à maintenant, les paysans ne tirent pas de bénéfice de cette culture.

La culture de géranium et d’artémizia se pratiquent généralement sur le bas de versant. Elle entraîne un fort aménagement des nouveaux terroirs selon la technique traditionnelle paysanne qui pourrait provoquer un ensablement important des bas fonds lors de la période de crue.

1.2.3- Les cultures maraîchères Ce sont des jardins potagers qui se localisent en têtes de vallon. Ce type de cultures se développe aujourd’hui grâce à la proximité du marché du mardi de Tankafatra. Cela provoque aussi l’aménagement des nouveaux terroirs. Les différents légumes produits sont destinés à être commercialisé au marché. La pratique de cultures maraîchères constitue une source de revenu indispensable au ménage pour l’achat des PPN (café, sucre, sel, etc.) nécessaire à la vie quotidienne

1.2.4- Les cultures de pomme de terre de contre saison La pratique de la culture de pomme de terre de contre saison a des effets positifs. Elle procure de l’argent énorme au ménage, favorise la fertilisation des parcelles et améliore le rendement rizicole. 65

D’après les enquêtes menées sur place, la qualité adéquate des sols pour la culture de pomme de terre de contre saison constitue une des motivations des immigrants à s’installer dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. Pour deux parcelles de superficie égale et pour un traitement identique, la nouvelle terre donne de meilleurs rendements que celles de la région d’origine. En avril 2006, un paysan « miroa tany » d’Analatsarahonenana cultive des pommes de terre de contre saison sur deux rizières de ketsa de cinq chacune située à l’Ouest et à Ambavala (ensemble de la région où se localise le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry). Il achète quatre sacs d’engrais chimique (NPK 11.22.16). Deux sacs ont été utilisés à l’Ouest et deux autres à Ambavala. La différence de résultats a été flagrante : il a récolté 1,2 tonne de pomme de terre sur la rizière située à l’Ouest tandis qu’il en a récolté 2 tonnes sur celle à l’Est. Un autre paysan immigrant d’Ankazondrano pratique aussi cette culture de contre saison. Il a constaté qu’une rizière de ketsan-9 procure 4 tonnes de production commercialisée à l’Est, en ayant utilisé 75 kg (1,5 sac) seulement d’engrais chimiques. Alors que pour avoir la même quantité de production dans la région Ouest du lac, c'est-à-dire dans la région d’origine, il faut utiliser au moins 150 kg d’engrais chimique, toujours selon ce paysan. L’expérience locale démontre que les conditions pédologiques (sol tourbeux des bas fonds ajoutés de tanimena), le climat (alternance de crachin et de beau temps) et la basse température pendant presque tout l’hiver favorisent la promotion de la culture de pomme de terre dans cette zone d’accueil.

1.3- LA FERTILISATION DE SOL Après les grands travaux d’aménagement des différents terroirs, la fertilisation de sol est une autre obligation que doivent accomplir les immigrants. Il s’agit dans la fertilisation de traiter les carences du sol pour obtenir un maximum de production, en intervenant dans deux domaines : apport d’éléments fertilisants et mélange de sol tourbeux des bas fonds avec du tanimena. Toutes les parcelles cultivées sont fumées tant sur les collines que sur les rizières des bas fonds. Disposer de fumier, base de la fertilisation, est facile car on y dispose abondamment de la litière graminée ou « fako » pour sa fabrication. Pour ceux qui pratiquent l’élevage de bœuf et de porc, le parc à bœuf ou la porcherie reçoit continuellement, surtout en saison de pluie, une litière de graminées. « Urines et déjections qui se déposent sur cette litière sont piétinées ensemble par les bœufs (ou les porcs). La décomposition progressive qui s’ensuit est le 66 processus essentiel qui le fait mûrir et permet d’obtenir le fumier de parc ». (RAKOTO RAMIARANTSOA, 1991). Les immigrants qui ne pratiquent pas d’élevage utilisent le compost à base de litière de graminées dans la fertilisation de leurs parcelles de cultures. Les parcelles rizicoles nécessitent un traitement particulier par le tanimena prélevé dans l’horizon d’altération se trouvant sur les bas de versants. Elles ne sont pas fertiles sitôt après leur aménagement. Les caractéristiques tourbeuses des sols entretiennent un climat frais des horizons de surface et empêche le bon développement des racines du riz. Le mélange de tanimena et de sol tourbeux des bas fonds nouvellement aménagés rend fertile les parcelles. L’apport d’engrais chimiques lors de la culture de pomme de terre de contre saison participe au processus de fertilisation des rizières. Il en résulte que le rendement rizicole s’améliore. Dans cette zone d’accueil, bien que les engrais chimiques soient chers sur le marché, la fertilisation des sols est facile et à la portée de tous.

2- DISCORDANCES ENTRE LE DECRET 2000-383 DU 07/07/2000 ET LA LOI 2006- 031 DU 24/11/2006 EN MATIERE D’ACCES A LA SECURISATION FONCIERE

Le décret 2000-383 du 07/07/2000 est relatif au reboisement ; la loi 2006-031 du 24/11/2006 fixe le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée. D’un coté, ce décret a été élaboré pour régir le reboisement à des fins d’accès à la sécurisation foncière. Cette action est conçue en liaison avec une mise en œuvre opérationnelle de l’engagement 7 du MAP sur la promotion de la protection et de la préservation de l’environnement à Madagascar. Vu sous l’angle de la présente étude, l’objectif opérationnel de ce décret consiste à l’instauration d’un environnement favorable aux initiatives en matière de reboisement d’abord, à l’intensification des actions liées à l’aménagement des bassins versants en suite, et enfin à l’assurance de la sécurisation foncière pour les reboiseurs (Art. 5). De l’autre coté, la loi 2006- 031 du 24 novembre 2006, s’inscrivant dans la ligne du quatrième engagement prôné par le MAP pour le développement rural à Madagascar, a comme objectif de faciliter l’accès à la sécurisation foncière par la délivrance de certificat foncier au niveau d’un guichet foncier communal. Il fixe le régime juridique de la propriété privée non titrée. Ces deux textes favorisent chacun l’accession des acteurs ruraux au droit de propriété foncière définitive. Toutefois de discordances existent entre ces deux textes. - Accès payants et qui ne sont pas à la portée des acteurs ruraux (article 7 de l’Arrêté 67

Ministériel N°9398 fixant les modalités d’application du décret 2000-383 du 07/06/2000). Cette condition (vente des lots) n’est pas proportionnelle aux mesures d’incitation déployées par l’Etat (Article 8 – 13 du Décret 200-383), pour la promotion du reboisement. - La commission forestière (Décret N° 2000-383) est lourde de plusieurs entités par rapport à celle de la reconnaissance locale (loi 2006-031). Cette situation marque la lourdeur et la complexité de l’accès des paysans au foncier défini par ce décret. - L’opérateur forestier et le pépiniériste (Décret N° 2000-383) sont mieux considérés que la masse rurale en matière d’opération de reboisement en vue d’accès au foncier reboisé.

3- EVOLUTION DES COMPORTEMENTS FONCIERS DES IMMIGRANTS DANS LE CONTEXTE ETUDIE

Au départ, les immigrants ont un double objectif dans la conquête de cette zone. D’une part, disposer des terres à léguer aux descendants et d’autre part, augmenter les surfaces cultivables et la production vivrière. Au fur et à mesure, le comportement paysan lié au foncier évolue en fonction de l’environnement interne (besoin accentuée de terre, croissance démographique, pauvreté, etc.) et externe (Programme National Foncier, Politique Environnementale, etc.)

3.1- Comportement écologique Le comportement écologique des immigrants vient de l’effort qu’ils déploient pour la lutte contre les feux de brousse. Si cet effort vise au début à raffermir leur installation sur une terre titrée à l’Etat, la protection du « bozaka » couverture herbeuse qui protège le sol contre l’érosion sur tanety devient ensuite systématique. Le bozaka joue un rôle important dans les activités agricoles courantes. Après avoir été récolté surtout durant la période pluvieuse et introduit dans le parc à bœuf, il est piétiné par les bœufs, composé avec leurs urines et bouses, procure du fumier de parc qui permet la fertilisation du sol. L’action pour la protection du sol contre l’érosion est aussi déjà inculquée chez les paysans. L’ensablement de bas fonds où les parcelles rizicoles sont abîmées en période de crue dans la région d’origine, influe sur la mentalité des paysans pour un engouement envers une nature protégée dont ils vont profiter. 68

Le comportement écologique paysan vient aussi de la place du bozaka dans la vie courante. Le bozaka est la seule matière végétale servant pour la toiture des habitations humaines ou animales (clapier, étable, etc.).

3.2- Comportement légaliste L’évolution du comportement paysan est liée à l’aspiration collective de vivre dans un état de droit, et au désir de voir une harmonie restaurée dans la région parce que vivre dans des situations conflictuelles issues de la gestion foncière devient courant pour les immigrants. La parution et la connaissance de la loi 2006-031 fixant le régime des propriétés foncières non titrées donnent, d’un coté, un espoir pour l’accès au droit foncier définitif en dehors du périmètre de reboisement. Mais cette situation favorise d’un autre coté une gestion confuse et ingérable du foncier dans ce périmètre, la vente d’une partie de terre déjà titrée à l’Etat perpétrée par les immigrants y est une réalité. La possibilité légale d’accès à la propriété foncière dans la forêt incite à cette vente illicite de terre. Le désir de terre forestière peut s’expliquer d’abord par l’incertitude d’accéder un jour au droit de propriété définitif dans le périmètre de reboisement, ensuite par l’envie de fuir les conflits fonciers qui y subsistent, et enfin par le désir de disposer de terre fertile et vaste à léguer aux générations futures. Sur ce point, l’accès à la certification foncière, objet de la loi 2006-031 du 24 novembre 2006, processus vers l’accès au titre définitif d’immatriculation, est plus sûr.

3.3- Comportement d’opérateur foncier A cause de la forte mobilisation de la terre, un nouveau métier lié au marché foncier y a fait son apparition. Il s’agit de l’intermédiaire qui n’est ni demandeur ni héritier ni acheteur. Il n’habite pas dans cette région mais il est sollicité par des paysans qui veulent vendre de terres. Ce type de métier est lié au développement du marché foncier dans ce secteur. Des faux propriétaires de terre surgissent alors, et entraînent de conflits difficiles à réguler.

3.4- Inquiétude permanente La délivrance et le renouvellement d’autorisation sont suspendus. Les immigrants n’ont rien comme pièce justificative légale d’installation dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. La visite inopinée de responsables de l’administration forestière dans la zone leur fait peur du fait qu’ils demandent lors de leur passage cette autorisation d’installation.

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4- IMPACT DE L’INTERVENTION DE L’ADMINISTRATION FONCIERE.

4.1- De l’information à la sécurisation foncière Les interventions directes de l’Administration foncière dans cette zone d’étude ont eu lieu au moment de la reconnaissance domaniale depuis la deuxième moitié des années 70 selon les archives de la Commune de Tankafatra. Une intervention de l’Administration foncière actuellement appréciée par les immigrants réside dans les émissions radiophoniques de la station privée et nationale. Ce n’est pas toujours l’Administration foncière qui intervient dans ces émissions mais ce sont souvent des personnes ressources spécialement invitées par le responsable de l’émission. La préférence des immigrants disposant de radio va à l’émission hebdomadaire de la radio nationale de chaque mercredi après midi intitulée « soa ny manan- tany » ou littéralement « l’avantage d’avoir de terre ». Selon des sources locales, l’invité du jour donne des informations pertinentes sur le foncier. Ce qui est évident c’est que l’enclavement en matière d’informations foncières est général. Les interventions de l’Administration foncière ou de personnes ressources pallient cette carence. Elles permettent de tenir la population informée sur les textes légaux régissant le foncier, sur les types de conflits, sur l’accès au titre d’immatriculation, sur les nouvelles lois régissant les statuts des terres à Madagascar et la gestion de la propriété privée non titrée, etc. En effet, la connaissance de la nouvelle Loi 2006-031 du 24/11/06 fixant le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée donne espoir à la population sur la possibilité de sécurisation foncière en dehors du périmètre mais entraîne une perturbation mentale chez les paysannes face à leur occupation du périmètre. Cette perturbation est d’une part, liée au fait que la désaffectation de la terre qu’ils occupent est quasiment impossible, car des efforts importants ont été déployés pour les différents aménagements effectués. D’autre part, cette perturbation est aussi liée aux doutes des paysans quant à la portée de la Politique nationale d’extension des aires protégées. Ainsi, les paysans y sont sensibles et se posent la question « pourquoi l’Etat régularise-t-il leur situation dans le périmètre de reboisement alors que d’autres surfaces non immatriculées seront à identifier, à délimiter et à protéger pour rendre effective la décision prise par le Président de la République à Durban concernant l’extension des aires protéger ? »

4.2- Organismes d’appui, organisation paysanne et accès à la terre Dans le cadre de la bonne gouvernance locale pour le développement régional, la Commune rurale de Tankafatra bénéficie depuis 2006 des appuis financiers, matériels et socio 70 organisationnels du Programme S.A.H.A. (Sahan’Asa Hampandrosoana ny Ambanivohitra ou Programme de Développement Rural). La Gestion Durable des Ressources Naturelles (GDRN) est un des thématiques inscrites dans son Plan Directeur, et cela dans l’objectif de la réduction de la pauvreté rurale et de la promotion de la préservation, protection et valorisation des ressources naturelles pour le développement durable. L’impact de son intervention est que de nombreuses organisations paysannes à vocation environnementale se sont constituées autour de la gestion contractualisée des forêts (GCF) naturelles. Toutefois ce qui est déplorable c’est que leur but ne répond vraiment pas à l’atteinte des objectifs visés par le Programme, c’est plutôt d’accéder à la terre, à l’exploitation de produits ligneux et non ligneux de forêt (PLF, PNLF) et surtout la pratique de la culture sur brûlis puisque dans la perception paysanne, la forêt constitue une réserve de terres fertiles. Cette situation est due principalement à l’insuffisance des informations diffusées et à la défaillance du fonctionnement du système d’information communication mise en place dans la Commune rurale de Tankafatra. Puis la capacité d’écoute, d’accueil et d’assimilation des informations est très faible du fait du niveau d’instruction très bas de paysans. De fausses interprétations des informations reçues qui en découlent incitent les gens à créer des organisations toujours liées aux questions foncières.

5- LA PRATIQUE CONCRETE DE REGLEMENTATIONS, COMPRISES ET ACCEPTEES POUR LA GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES

Vu la pauvreté de la population rurale, le recours à la Justice auprès du Tribunal de Première instance d’Ambatolampy est rare dans le contexte étudié pour le règlement des conflits socioéconomiques. Le montant relativement élevé des frais de transport et la difficulté de l’hébergement à Ambatolampy dissuadent les gens d’y aller. Pour certains cas qui sont liés à cette faiblesse du pouvoir d’achat, des conflits difficiles à régler s’estompent sur place. C'est-à-dire que la victime qui n’est pas satisfaite de l’intervention d’autre entité de médiation ne peuvent pas porter plainte auprès du Tribunal. Quelle est donc la pratique concrète de règlement local de conflit ?

5.1- Réussite de l’audience villageoise L’audience villageoise est le règlement volontaire des conflits sociaux entrepris par les habitants sous l’égide des notables locaux. Les conflits peuvent être provoqués (vol, 71 agression, etc.) ou surgissent inopinément (destruction de culture par divagation d’animaux domestiques, etc.). Elle est la première étape de la gestion locale de conflit à laquelle les habitants participent volontairement sur simple invitation verbale de l’organisateur. Au cours de cette audience villageoise, chaque partie au conflit explique la situation à laquelle elle fait face, et expose ses arguments. En connaissance de cause, tous les participants commencent à évoquer leurs points de vue qui convergent à la fin de la séance. Des décisions sont prises en effet, que tout le monde accepte. Dans la plupart des cas, personne n’ose violer les décisions d’une telle audience. Celui qui les viole est mis au ban de la société. Ce règlement vise deux objectifs différents et complémentaires. C’est d’abord pour respecter la solidarité sociale et, ensuite pour éviter l’évacuation collective hors du secteur. La réussite du règlement local des conflits signifie l’atteinte de ces objectifs. L’achèvement de différentes infrastructures économiques et socioculturelles s’inscrit dans le cadre de cette solidarité. Elle sert également à raffermir les liens sociaux matérialisés par l’entraide sociale lors des événements heureux ou tristes. La réussite de l’ensemble de règlement local gravite autour de l’enjeu foncier, la peur de l’évacuation collective. La crainte, l’insuffisance des moyens financiers, entravent l’initiative locale quant au recours au Tribunal. Face à l’Administration, se montrer toujours être dans une situation sans conflits fonciers est de mise.

5.2- Régulation avec les autorités administratives locales C’est le règlement de deuxième degré au cas où l’audience villageoise échoue, il implique le chef de fokontany et le maire de la Commune. En effet l’audience villageoise n’est pas toujours couronnée de succès et l’une des parties au conflit qui n’est pas satisfaite du résultat de l’audience porte plainte auprès de la mairie et sollicite son intervention. Si le règlement se fait au bureau de la mairie, ce sont les témoins qui participent à la séance, si elle se fait sur le terrain, c’est l’audience villageoise qui en présence des autorités s’occupe du rétablissement de la paix.

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6- RECOMMANDATIONS : Plan d’actions pluriannuel de gestion du périmètre de reboisement de Tsiazompaniry

Le présent plan d’action vise à concilier valorisation et conservation du périmètre. Ce plan d’action est élaboré en tenant compte conjointement des réalités locales (zon-tany, mode de gestion de conflits, comportement lié au foncier, …) et des lois et décrets régissant le foncier, la forêt et le reboisement (Loi 97-017 portant révision de la législation forestière, Décret N° 2000-383 relatifs au reboisement, Loi N° 2005-019 du 17 octobre 2005 fixant les principes régissant les statuts des terres, Loi N° 2006-031 du 24 novembre 2003 fixant le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée). Il est évident que malgré les mesures promulguées, les instruments et outils proposés et mobilisés n’ont pas pu assurer la mise en œuvre du périmètre de reboisement de Tsiazompaniry. D’importantes terres aménageables, surtout en parcelle rizicole, sont libres. Cette situation incite les gens à coloniser ces terres. Cette colonisation s’y développe progressivement depuis les années 90 jusqu’à l’heure actuelle, ce qui provoque des conflits multiformes entres les migrants. Malgré ces conflits, la mobilisation de la terre génère des modes de régulations locales permanentes et ouvre un espace vivrier qui conditionne les migrations. L’aménagement des terroirs par les immigrants ne suit pas des normes techniques adéquates pour la protection du périmètre. Cette situation entraîne sa détérioration flagrante au profit de la promotion des cultures vivrières. Aujourd’hui, les ressources naturelles (foncier, forêt, eau,…) dans le secteur étudié sont mal gérées ; tôt ou tard, le barrage de retenu de Tsiazompaniry risque d’être alluvionné. Pour mieux rétablir la situation en vue d’un développement local palpable, il est recommandé aux autorités administratives concernées, aux organismes de développement intervenant ou voulant intervenir sur le lieu de considérer les processus de conciliation pour la valorisation et la conservation du périmètre de reboisement de Tsiazompaniry tout en tenant compte conjointement du zon-tany, des lois et décret en vigueur régissant le foncier, la foret et le reboisement.

Objectif - Inciter les dynamiques locales à participer activement à la protection des bassins versants, - Protéger et aménager les bassins versants de Tsiazompaniry tout en tenant compte des activités économiques locales, 73

- Former un partenariat entre les intervenants locaux, nationaux pour qu’ensemble, ils élaborent et mettent en œuvre le processus de reboisement et de sécurisation foncière, - Faciliter la sécurisation foncière afin de réduire les conflits fonciers, un des facteurs de blocage au développement économique local.

Résultats attendus - Les immigrants maîtrisent la gestion de pépinière et les techniques de reboisement, - La population locale se trouve dans une situation favorable pour la gestion rationnelle du périmètre, - Le conflit foncier disparaît graduellement laissant place à une cohésion sociale, - Réalisation des contrats de reboisement et de préservation entre l’administration forestière et ménages exploitants (immigrants).

Lignes d’action et activités

Indicateurs de Ligne d'action Activité Responsables Échéance suivi évaluation Mise à jour les - Administration règles régissant forestière Les conditions d'utilisation du l'utilisation du - Commune 1ère année périmètre de reboisement sont périmètre de - Représentant des mises à jours reboisement immigrants Information sur la - Administration nouvelle disposition forestière à suivre pour la Les immigrants sont 100% - Commune 1ère année gestion rationnelle informés - Représentant des du périmètre de immigrants reboisement Mise en place de structures Etablissement de locales de lettre d'engagement gestion de la montrant la protection des motivation locale à bassins versants prendre en main Lettre d'engagement signée et de avec - Commune validée par le maire Tsiazompaniry l'Administration 1ère année forestière et la - Immigrants Lettre d'engagement appropriée et Commune le signée par les immigrants processus de protection des bassins versants de Tsiazompaniry

- Administration Comité Mise en place de forestière

comité (type - Commune 1ère année Procès verbal KASTI) - Immigrants

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Indicateurs de Ligne d'action Activité Responsables Échéance suivi évaluation Elaboration de dina, - Administration Mise en place Dina homologué, cahier des cahier des charges et forestière de structures 1ère année charges, convention acceptés et convention -- Commune locales de respecté par les contractants gestion de la - Immigrants protection des Contractualisation - Administration bassins versants forestière 1ère année Contrats signés de - Commune Tsiazompaniry - Immigrants Renforcement des - Administration capacités techniques Nombre de ménages pépiniéristes forestière locales : pépinière, 2ème année - Commune reboisement, Nombre total de plants à reboiser entretien, … - Immigrants Facilitation d'accès - Administration en grains forestiers forestière 2ème année Quantité de grain forestier utilisée Promouvoir le - Immigrants reboisement des Lancement officiel bassins versants des campagnes de Arbres plantés et superficie Immigrants reboisée de reboisement 2ème année Tsiazompaniry proprement dit Commune

Suivi Entretien et - Administration Qualité d'entretien de surface encadrement forestière Commune 2ème année reboisée technique Immigrants Evaluation

Elaboration des rapports relatifs à - Commune l'avancement de reboisement

Certificat de mise en valeur Constats et - Administration délivré si vérification sur le forestière 3ème année - 50% du périmètre et terrain - Commune - 50% de tanety approprié par le demandeur sont reboisés Mise en œuvre de procédures Délivrance du 1er de régulation certificat de mise en - Administration d'obtention de valeur aux forestière certificat de demandeurs mise en valeur et foncier Certificat de mise en valeur Délivrance du 2ère délivré si - Administration certificat de mise en 6ème année - 100% du périmètre et forestière valeur - 100% de tanety approprié par le demandeur sont reboisés

Délivrance de - Administration certificat foncier forestière 10ème Nombre de certificat foncier provisoire ou - Commune année provisoire délivré transitoire - Demandeurs

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Indicateurs de Ligne d'action Activité Responsables Échéance suivi évaluation

Demande de - Exploitant déclaration de coupe Exploitation en - Commune vue de la Nombre des autorisations de valorisation - Administration coupe délivrée économique des Constat sur le terrain forestière 11ème Quantité de produits exploités ressources - Exploitant année Revenus de ménage (forêt de Recette communale sur les reboisement Procédures légales produits forestiers - Commune d'eucalyptus) de coupe : - Administration autorisation, forestière ristourne, etc.

Bref : De la conservation du périmètre au certification foncière provisoire  Les raisons du choix de reboisement d’eucalyptus sont qu’il constitue localement parmi les marques d’appropriation foncière acceptée. L’eucalyptus est robuste, difficilement à éteindre et sa régénération naturelle est mieux développée.  L’exploitation ne pourrait avoir lieu qu’au-delà de la 10 ème année de reboisement pour éviter l’abattage précoce et la reconquête de la surface reboisée au profit des cultures pluviales.  De contrat individuel devrait être établi entre l’Administration forestière, la Commune et chaque immigrant en vue de faciliter le suivi de la réalisation des engagements respectifs des contractants. Il est à mentionner dans ce contrat la superficie à reboiser par ménage, les conditions, les principes d’obtention de certificat de mise en valeur et de certificat foncier provisoire,  Il appartient à la Commune d’informer systématiquement l’Administration forestière par le biais de rapport d’activité semestrielle sur l’avancement du projet de reboisement intensif du périmètre.  Le tanety déjà approprié selon le zon-tany mais non reboisé durant les trois premières années peut être occupé directement par d’autres immigrants à partir de la quatrième année. Il appartient à ces derniers d’informer la Commune qui va par la suite informer l’Administration forestière et de procéder tout de suite au reboisement après avoir obtenu l’aval de la Commune. Dans ce cas, le zon-tany est considéré comme nul. 76

 A partir de la troisième année, l’Administration forestière commence à délivrer le certificat de mise en valeur individuel à condition que - 50% de l’ensemble du périmètre soit reboisé et - 50% au moins de la superficie du tanety appartenant au demandeur  A partir de la 6 ème année, l’Administration forestière délivrera le 2 ème certificat de mise en valeur si : - 100% de l’ensemble du périmètre soit reboisé et - 100% de la superficie du tanety appartenant au demandeur  A partir de la 10 ème année, l’Administration forestière, la Commune rurale délivreront le certificat foncier provisoire ou transitoire au demandeur avant l’installation du guichet foncier communal qui délivrera le certificat foncier définitif.

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CONCLUSION Caractérisés par leur mobilité spatiale, les gens du secteur étudié sont connus par leurs pratiques anciennes de recherche de terres libres à coloniser, depuis la période monarchique jusqu’à nos jours. Le besoin de terre s’intensifie avec la croissance démographique. L’accès à la terre devient une des préoccupations fondamentales surtout de la population rurale agricole dans le but d’étendre les surfaces, non seulement à aménager mais surtout à léguer aux générations futures. Ce mode d’accès peut être ancestral, ou spécifique selon le contexte. Dans la zone d’étude, il revêt plusieurs modes, mais ce qui caractérise particulièrement cette zone est l’accès officialisé à la terre (autorisé) dans une situation foncière illégale. Une fois l’accès autorisé, des actes visant à raffermir l’occupation du terrain sont réalisés tant vis-à-vis des voisins (reboisement, individuel, canal, aménagement, …) que vis-à-vis de l’Administration. Face à cette dernière, ce raffermissement peut être à caractère - administratif (mise en place par la Commune d’un fokontany entier dans le secteur étudié, la construction du bureau de fokontany, l’institutionnalisation de transport en pirogue), - environnemental (reboisement individuel et collectif, effort d’institutionnalisation de la lutte contre les feux de brousse, …), - économique (aménagement des infrastructures routières et pont sillonnant l’espace terrestre, la pratique de l’élevage d’embouche, …), - socioculturel (édifice religieux, bâtiments éducatifs, …) - organisationnel et institutionnel (création des organisations paysannes, dina, …). Au fur et à mesure que l’enracinement de l’installation paysanne s’affirme sur les terres nouvellement acquises, des conflits multiformes surgissent, déstabilisent la société et ébranlent la cohésion sociale. Etant conscient de l’illégalité de l’accès à la terre, de l’occupation du sol et la crainte consécutive de l’exclusion collective, la société cherche vite à juguler les conflits sociaux. Par la sagesse ancestrale basée sur le « fihavanana » que chacun garde aujourd’hui, l’audience villageoise assure et garantit le rétablissement de la paix par la régularisation concertée de la totalité des conflits sociaux dont les conclusions sont toujours en rapport avec la jouissance du 78

droit d’occupation de sol sous prétexte de la protection et de la préservation de l’environnement. Réduction de la pauvreté et développement rapide et durable sont les mots d’ordre actuels pour une croissance économique rapide du pays. Pour y parvenir, les ressources naturelles malgaches doivent être rationnellement gérées. Pour y contribuer à travers la gestion du périmètre de reboisement, les outils de gestion ultérieurement à concevoir (plan d’aménagement, schémas d’aménagement, …) doivent prendre en compte les dynamiques actives locales existantes qui méritent d’être renforcées par des mesures d’accompagnement élaborées pour parvenir au point d’équilibre entre conservation et valorisation des ressources naturelles.

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ANNEXES

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ANNEXE : 1 PRESENTATION DE LA COMMUNE RURALE DE TANKAFATRA

1- Situation géographique La Commune de Tankafatra est une Commune rurale de deuxième catégorie faisant partie des douze Communes rurales composant le District d’Andramasina, Région Analamanga. Son chef lieu dénommé Tankafatra, ancien village des migrants Tsimahafotsy venant d’Antanamalaza nord, se trouve à 90 km au sud-est de la capitale, à 40 km au nord-est du chef lieu du District et à 10 km à l’est de la ville d’Ambohimiadana. Elle s’étend sur 110 km 2 ; 6,41 % de la superficie total du District. La Commune est bordée - Au nord : la Commune rurale d’Ambohimiadana - Au nord est : le District de Moramanga - A l’est : le District d’Anosibe-Anala - Au sud : la Commune rurale de Fitsinjovana - A l’ouest : la Commune rurale d’Alatsinainy Bakaro

2- Données administratives La Commune comprend 14 Fokontany à savoir : - Tankafatra sud, - Tankafatra centre, - Tankafatra nord, - Analandambo, - I, - Ampangabe II, - Ankazotelo, - Andranofankatia, - Morarano, - Andohariana, - Anosivola, - Analamihoatra, - Anovindriana, - Kelilalina.

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga ii

3- Données économiques - 1er marché hebdomadaire provisoire du mardi : inauguré en août 1995 - 2ème marché hebdomadaire du mardi : inauguré en juin 1996 - En 2000, inauguration du Tranompokonolona - 2001, inauguration de la poste avancée de la gendarmerie nationale - Productions agricoles, (PCD, 2003) : o Rizière : 508 ha, 1.677, 8 tonnes o Pomme de terre de saison et de contre saison (PCD, 2003) : 360 ha, 3.605 tonnes par an o Maïs : 38 ha, 41,5 tonnes par an o Manioc : 235 ha, 3117,3 tonnes par an o Haricot : 61 ha, 77,48 tonnes par an

4- Caractéristiques sociodémographiques - Population totale : 11.648 (Recensement 2007, Commune de Tankafatra). - Densité moyenne en 2007 : 106 habitants par km 2 - Population dominante : merina (PCD, 2003, sans données chiffrées) - 85 % sont des migrants (PCD, 2003)

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga iii

ANNEXE : 2

CONTRAINTES SOCIOECONOMIQUES ET AVANTAGES TIRES PAR LES IMMIGRANTS

CONTRAINTES SOCIOECONOMIQUES 1- Les contraintes sociales auxquelles sont confrontées les immigrants a- Obligation financière contre promesse d’accès au titre foncier Faire miroiter l’accès à l’immatriculation foncière est devenu un moyen pour s’enrichir. Ce qui est perpétré souvent par des gens instruits natifs de la région. Ils connaissent bien le souhait né de la désaffectation de terres incluses dans le périmètre de reboisement au profit des immigrants. L’action commence par le fait de se déclarer membre du comité de gestion pour l’accès au titre foncier, puis par la mobilisation des cohabitants en échange d’informations sur le processus d’accès à l’immatriculation foncière et les frais y afférents. Les gens procèdent alors à des cotisations répétées pour prévoir les différentes dépenses liées au projet de désaffectation. En l’an 2000, les immigrants ont payé une cotisation de 3.200 ariary par ménage, puis 500 ariary. Une grande caisse commune gérée par ce comité a été constituée. Pourtant, aucune action de désaffectation n’a eu lieu jusqu’à maintenant et aucun rapport d’activités ni rapport financier n’a été présenté par ce comité de gestion. Actuellement les immigrants sont réticents pour une éventuelle cotisation liée à cette désaffectation. Ce subterfuge qui fait enrichir certains paysans est qualifié d’escroquerie par les immigrants. Cette situation où se trouvent les immigrants montre bien l’insuffisance, voire l’absence d’informations foncières dans le monde rural. Un effort particulier à cet égard mérite d’être déployé par l’Administration concernée.

b- Contrainte liées à la divagation des troupeaux Rappelons que la zone à l’Est du lac était entièrement un vaste pâturage propice à l’élevage extensif de bovin. Aujourd’hui cependant, le pâturage s’éloigne de plus en plus vers le milieu forestier au fur et à mesure que l’installation des immigrants se développe. (RANDRIAMANDIMBIMANANA, 1997). La partie extrême Sud-est du périmètre fait encore actuellement partie de pâturages. Des multitudes de bœufs y séjournent jour et nuit. En effet, les immigrants s’installant dans cette partie souffrent souvent de la destruction de leur culture par la divagation de ces troupeaux.

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga iv

Des altercations ont souvent lieu entre immigrants et les maîtres des troupeaux. Le règlement de ce conflit aboutit à la réparation des dégâts par les éleveurs. Par ailleurs, les immigrants n’osent plus percevoir de dommage intérêt pour la sauvegarde du fihavanana.

2- Contraintes vis-à-vis de l’administration forestière Par rapport aux investissements faits, les paysans souffrent des incertitudes liées à la jouissance définitive du droit de propriété foncière que l’Administration forestière semble ne pas accorder aux immigrants. Cette situation fait peur aux immigrants du fait que certains ne possèdent plus de patrimoine foncier à léguer à leurs descendants dans le lieu d’origine. Des abus de pouvoir perpétrés quelquefois par certains responsables à l’encontre des immigrants sur la gestion du foncier dans le périmètre sont une violation morale que doivent supporter ces paysans à savoir menace d’expulsion, menace de paiement d’amende en cas de coupe de pin ou incendie de tanety non importante.

3- Inquiétude des immigrants de la constitution de nouvelles organisations paysannes D’autres problèmes fonciers surviennent maintenant dans le périmètre de reboisement. Cette situation est liée à la constitution de plusieurs organisations paysannes nouvelles à l’intérieur et à la périphérie du périmètre. Un certain groupement formel dénommé Tsarafara à vocation environnemental et touristique a maintenant un contrat de « location gérance » avec l’Administration forestière. Son principal objectif est de restaurer le périmètre et de réhabiliter quelques infrastructures publiques préexistantes. Par rapport au projet de restauration, la mise en œuvre de cette « location gérance » vise à juguler la colonisation paysanne des bas fonds inclus dans le périmètre dans le but de protéger les sources qui alimentent le lac. Pour cette raison, les immigrants souffrent énormément dans la mesure où Tsarafara voudrait accaparer la totalité de tanety composant la partie Nord du périmètre de reboisement. Plusieurs panneaux d’information sur l’appropriation des tanety ont été érigés par cette organisation sans se concerter avec la population locale. D’autres organisations paysannes ayant leur siége au Sud se sont créées et ont la même approche que la précédente Tsarafara.

4- Contraintes liés à l’aménagement d’une parcelle rizicole Rappelons que disposer de terre à léguer à ses descendants constitue l’une des raisons qui incitent les gens à migrer dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry.

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Pourtant, l’aménagement de parcelles rizicoles est coûteux et demande beaucoup de temps. Pour se préparer, les immigrants sont obligés de vendre une partie ou la totalité de leur patrimoine foncier, des bœufs de trait et des charrettes dans leur lieu d’origine. En effet, les immigrants peuvent recruter une importante main d’œuvre venant pour la plupart de la Commune rurale d’Antanamalaza et d’Antakasina, district d’Ambatolampy, connue sous la dénomination « Tatsimo » qui s’engage par un contrat verbal dite « am-paritra » (ou tâche) d’aménagement de bas fond. Bon nombre d’immigrants s’installant définitivement dans le périmètre de reboisement n’ont plus de rizière dans leur région de départ respective. Les salariés agricoles séjournent donc sur leur lieu de travail, dès le début jusqu’à l’achèvement de leur tâche. Le coût de l’aménagement varie selon la dimension de la parcelle d’une part, et d’autre part selon la dureté du travail à faire. Il appartient au propriétaire de supporter les nourritures nécessaires lors de l’aménagement (riz, nourriture secondaire basée sur les tubercules, café, sucre et ustensiles, abris ou maison d’habitation). Le propriétaire mobilise beaucoup aussi leur temps et leur force de bras pour intensifier l’aménagement d’autres rizières. La culture de patate douce précède tous travaux d’aménagement de bas fond, parce que sa récolte se fait seulement après six mois de plantation. Une grande partie du problème d’approvisionnement est par conséquent résolue parce que les va-et-vient que font les immigrants entre lieu d’origine et lieu d’accueil diminuent progressivement. Ce fait marque le début de l’installation définitive sur les terres nouvellement acquises. Des maisons d’habitation provisoire construites avec les mottes de terre sont à construire simultanément avec la culture de patate douce. L’aménagement entraîne chez certains immigrants des maladies et des fatigues corporelles irréparables, parce qu’en dehors des travaux champêtres, ils sont obligés de protéger durement leurs terres contre les éventuels envahissements et des abus de toute sorte.

5- Contraintes liées à la fertilisation de parcelles rizicoles nouvellement aménagées La tourbe est le constituant essentiel des bas fonds. Selon l’expérience locale, le sol tourbeux est froid et limite l’épanouissement de la riziculture inondée. Pour y remédier, les paysans mélangent la tourbe avec le « tanimena » (latérite), prélevé sur le bas des versants. Sans le « tanimena », la tourbe flotte et le riz pousse difficilement. Ce travail visant à fertiliser les sols est dur parce que chaque année le paysan reprend la même opération jusqu’à ce qu’il juge que la rizière est « masaka » (fertile).

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Le « tanimena » peut être transporté soit par la soubique soit par drainage. La culture de pomme de terre de contre saison est systématique sur les rizières si l’exploitant dispose de moyens financiers pour l’achat d’engrais chimiques et pour payer les honoraires des salariés La culture de pomme de terre n’apporte parfois pas de bénéfice dans certains cas à cause de la prolifération des maladies virales qui attaquent les cultures. En fait, c’est la bonne récolte de riz sur cette parcelle qui rapporte un vrai bénéfice de l’exploitant. Pour pallier l’insuffisance des moyens financiers, le système informel appelé « zezika-crédit » (engrais à crédit) qui se développe dans cette région, permet aux paysans de pratiquer la culture de pomme de terre et de fertiliser rationnellement leur parcelle rizicole. A un tel crédit sont attachées les conditions suivantes : - Elaborer un contrat écrit signé par les deux parties dans lequel est enregistré la carte d’identité nationale, et sont mentionnés la somme à rembourser avec le taux d’intérêt, la période de remboursement et les différentes sortes de balises. - En cas de non remboursement à temps, l’exploitant est obligé de vendre d’autres biens comme un lopin de terre, la charrette, les bœufs, etc. - La poursuite judiciaire est possible au cas où l’emprunteur n’arrive pas à s’acquitter de sa dette. L’existence des intermédiaires fait augmenter considérablement la somme à rembourser.

AVANTAGES TIRES PAR LES IMMIGRANTS 1- Disposer d’une superficie vaste à léguer aux descendants. La première motivation des gens à s’y installer est de disposer d’une surface aménageable en parcelle rizicole avec l’objectif de la léguer à leurs descendants. En effet, les partages successifs des terres agricoles ont rétrécis au fur et à mesure les parts qui leur reviennent finalement. Les productions agricoles qu’ils en retirent ne sont plus suffisantes pour leur permettre de nourrir leur famille.

2- Le respect du calendrier agricole La deuxième motivation est la disponibilité d’eau suffisante à tout moment. La riziculture inondée en a beaucoup besoin. Cette situation se traduit par un respect du calendrier agricole. C’est pour cette raison que le SRI (système de riziculture intensive) commence à s’enraciner sur toute la zone d’étude. Une participation active des paysans aux formations successives organisées par la DRDR d’Analamanga est significative à cet égard.

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Le contexte s’explique aujourd’hui par la valorisation parfaite du périmètre de reboisement du fait de l’installation des immigrants. En effet le respect du calendrier agricole est un atout important dont jouissent les immigrants. La récolte est généralement bonne si les aléas climatiques ne sévissent pas. Les paysans se rendent dès lors que la période de soudure s’écourte.

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ANNEXE 3 REQUISITION D’IMMATRICULATION FONCIERE DU 30 SEPTEMBRE 1953 Arrêté N° 700-PR/TANA portant affectation à la province de Tananarive, pour les besoins du service provincial des Eaux et Forêts, d’une parcelle de terrain présumée domaniale d’une superficie totale de 17.181 hectares, 46 ares, 67 centiares environ sise à Tsiazompaniry, canton d’Ambohimiadana, district d’Ambatolampy, Province de Tananarive. J.O.R.M. 1953

SERVICE PROVINCIAL DES DOMAINES DE TANANARIVE Par arrêté N° 700-PR/TANA du Haut Commissariat de la République Française à Madagascar et Dépendances, en date du 30 septembre 1953, est affectée à la Province de Tananarive, pour les besoins du service provinciales des Eaux et Forêts, une parcelle de terrain présumé domaniale d’une superficie total de 17.181 hectares, 46 ares, 67 centiares environ sise à Tsiazompaniry, canton d’Ambohimiadana, district d’Ambatolampy, Province de Tananarive. Telle au surplus que ladite parcelle est figurée et délimitée en bleu en plan annexe dudit arrêté. L’immeuble affecté est destiné au reboisement. Tout changement de destination ne pourra avoir lieu sans autorisation préalable du Haut Commissaire. Les rivières Varahina et Manandriana traversant le terrain en cause sont grevés d’une servitude légale de passage public telle que cette servitude résulte de l’article 45 du décret du 28 septembre 1962. Sont distraites du terrain présentement affecté les propriétés dites Ankelilalina, réquisition N° 767-S et Tsarasaotra-, titre N°242 - S. Le service affectataire est tenu d’accorder aux propriétaires une large facilité d’accès dudit immeubles. Le pouvoir affectataire devra, dès la notification dudit arrêté, provoquer à ses frais d’immatriculation du terrain en cause auprès du service provinciale des Domaines de Tananarive.

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ANNEXE N°4 : LES DIFFERENTS PV DE NEGOCIATION ET DE REGULATION DE CONFLITS

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ANNEXE 5 : LOIS ET DECRETS REGISSANT LE FONCIER ET LE REBOISEMENT Annexe 5-1 : Loi 97-017 portant révision de la législation forestière

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Annexe 5-2 : Décret N° 2000-383 relatifs au reboisement

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Annexe 5-3 : Loi N° 2005-019 du 17 octobre 2005 fixant les principes régissant les statuts des terres

REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA Tanindrazana – Fahafahana – Fandrosoana MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ELEVAGE ET DE LA PECHE

Loi N° 2005-019 du 17 octobre 2005 Fixant les principes régissant les statuts des terres

EXPOSE DES MOTIFS

Le contexte

La Lettre de Politique Foncière approuvée par le Gouvernement a tracé les lignes générales de la politique foncière à Madagascar. Cette lettre de Politique Foncière, préparée par un comité où ont été représentés les institutions, les élus et la société civile concernés par le foncier, a souligné la nécessité pour le pays d’avoir une politique foncière claire et réaliste. Le Programme National Foncier, issu de la Lettre de Politique Foncière, définit les actions à mener pour une réforme du foncier à travers quatre grands axes : - La modernisation de la conservation foncière qui prendra en compte l’informatisation et la numérisation des documents fonciers et cadastraux, et la mise aux normes des locaux d’archives des documents. - L’amélioration et la décentralisation de la gestion du foncier qui doit répondre aux attentes des usagers notamment par l’adoption d’instruments plus simples. - La réorganisation et la rénovation de la législation foncière et domaniale en fonction des exigences des réalités du terrain et de la modernité. Cette réforme de la législation aura pour objectifs de : • mettre à jour et organiser les textes actuels très disparates • prendre en compte le cadre institutionnel résultant de la décentralisation • répondre aux attentes de sécurisation foncière, en proposant, outre le titre de propriété foncière, un instrument plus simple correspondant aux besoins d’une partie des usagers. • Moderniser et équiper en conséquence les services chargés de la gestion domaniale et foncière. Article 42 Le renforcement des capacités et la mise en place d’un plan de formation pour les personnes concernées par le foncier.

Les éléments de la loi La présente loi fixe le cadre qui détermine les différents statuts des terres et pose les principes qui doivent les présider.

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Il a été constaté que les difficultés d’une loi relevaient souvent de l’incompréhension des termes techniques utilisés par les praticiens. C’est pourquoi la loi, après avoir défini son objet, établit une liste de définition des termes couramment utilisés en matière domaniale et foncière La loi, par la suite, énumère les différents statuts des terres en donnant leur définition, consistance, régime juridique et mode de gestion. Dans les points les plus significatifs des dispositions de la loi, figurent : - la gestion décentralisée des terres et d’une plus grande déconcentration de l’Administration en charge du foncier ; - la reconnaissance des droits d’occupation et de jouissance comme une forme de propriété, ainsi que les mesures d’accompagnement devant être mises en place pour une bonne gestion du foncier, telle l’exigence de mettre en adéquation les moyens et les ambitions de la réforme législative. Il convient de souligner que la mise en application de la législation domaniale et foncière, pour des raisons d’échelles de coût et de nombre des actions à mener, en particulier pour le suivi des différents actes domaniaux et des titres fonciers, nécessite : - l’utilisation de moyens de traitement de l’information tant alphanumérique que géomatiques, tenant compte de l’évolution des techniques, en particulier informatiques et de traitement de l’image ; - la mise à disposition d’un personnel spécialisé, de différents niveaux et domaines de compétence, pour la formation duquel des filières de formation appropriées doivent être mise en place ; - que soit mis en œuvre un dispositif de financement qui permette de répondre aux besoins de l’application de la législation en matériel, en personnel tel qu’évoqués aux deux points précédents.

Tel est l’objet de la présente loi. REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA Tanindrazana – Fahafahana – Fandrosoana PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

LOI N° 2005 – O19 DU 17 OCTOBRE 2005 Fixant les principes régissant les statuts des terres

L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté en leur séance respective en date du 27 juillet 2005,

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,

Vu la constitution ; Vu la décision n° 14 – HCC/D3 du 7 octobre 2005 de la Haute Cour Constitutionnelle ;

Promulgue la loi dont la teneur suit :

Section 1 – Généralités

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Article 1 – Objet de la loi : La présente loi fixe les principes généraux régissant les différents statuts juridiques de l’ensemble des terres qui composent la République de Madagascar. Les terrains constitutifs des domaines public et privé de l’Etat et des collectivités décentralisées sont soumis aux règles de la gestion domaniale. Les terrains constitutifs du patrimoine des personnes privées, physiques ou morales, sont soumis aux règles de la gestion foncière.

Article 2 – Les statuts des terres : Les terres situées sur le territoire de la République de Madagascar, se répartissent, dans les conditions fixées par la présente loi, en : - terrains dépendant des Domaines de l’Etat, des collectivités décentralisées et des autres personnes morales de droit public ; - terrains des personnes privées ; - terrains constitutifs des aires soumises à un régime juridique de protection spécifique.

Article 3 – Définitions : Dans le présent texte, les termes ci-après sont définis comme suit : - Acte domanial : Acte administratif pris par l’administration de l’Etat en charge des Domaines ou par le service domanial d’une collectivité décentralisée, pour établir ou constater un droit réel ou personnel portant sur l’utilisation, l’occupation et/ou la valorisation d’un terrain.

- Affectation : Fait matériel ou acte juridique permettant de donner à un bien immobilier sa destination particulière au regard de son statut juridique de rattachement.

- Antichrèse : Désigne le fait de se servir ou d’utiliser une chose ou une procédure en remplacement d’une autre. Par exemple, le nantissement est une forme d’antichrèse puisqu’il remplace le paiement.

- Aire protégée : Portion de terre et/ou de mer vouée spécialement à la protection et au maintien de la diversité biologique, ainsi que des ressources naturelles et culturelles associées, et gérée par des moyens efficaces, juridiques ou autres.

Article 42 Bail : Contrat par lequel le propriétaire d’un terrain laisse l’usage de celui-ci à une autre personne, pour une durée déterminée, et moyennant le versement régulier d’une somme d’argent, le loyer. Selon ses conditions, le bail peut revêtir diverses formes par exemple le bail emphytéotique. Le bail peut être notamment à usage d’habitation, industriel, commercial ou agricole.

- Bail emphytéotique (ou Emphytéose) : Bail de dix huit à quatre vingt dix neuf ans qui permet au bénéficiaire (preneur), l’emphytéote, de disposer du terrain pour y réaliser des impenses qui reviendront au propriétaire à l’issue du bail, moyennant le versement d’une redevance annuelle dont le montant est inversement proportionnel à la valorisation du terrain attendue à l’expiration du contrat.

- Bailleur : Le propriétaire du bien qui le loue à une tierce personne.

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- Bien : Toute chose ou objet susceptible de devenir la propriété d’une personne. Les biens peuvent être corporels (matériels) ou incorporels ; meubles ou immeubles ; personnels (définis par la personne qui les détient) ou réels (définis par leur objet).

- Biens vacants et sans maître : Biens pour lesquels il peut être établi, par une procédure appropriée, qu’ils ne sont l’objet d’aucune utilisation ou occupation, et qu’ils ne font l’objet d’aucune revendication de propriété.

- Bornage : Action de délimitation d’un terrain par la matérialisation de ses limites. Cette action menée publiquement, peut être l’occasion de faire une enquête publique et contradictoire sur le statut juridique du terrain. Le bornage est d’une importance essentielle dans la procédure de l’immatriculation puisqu’il permet d’identifier le terrain comme un bien réel dont le contenu est établi de manière incontestable et qui sera l’objet du droit de propriété inscrit au livre foncier.

- Borne : Signal matériel, dont la forme et les matériaux sont définis par la loi ou la réglementation en vigueur, et qui doit être utilisé dans les procédures de bornage devant permettre l’immatriculation des terrains.

- Cadastre : Techniquement, le terme Cadastre est utilisé à la fois pour désigner le service spécialisé de l’Administration qui gère la cartographie foncière et cette dernière. Juridiquement, à Madagascar, le terme « cadastre » est utilisé pour désigner une procédure particulière applicable aux droits de jouissance aboutissant à une reconnaissance juridique collective de ces derniers.

- Certificat foncier : Acte administratif attestant de l’existence de droits d’occupation, d’utilisation, de mise en valeur, personnels et exclusifs, portant sur une parcelle de terre, établi par suite d’une procédure spécifique légalement définie. Le certificat reconnaît un droit de propriété opposable aux tiers jusqu’à preuve du contraire.

- Cession : Acte juridique qui permet le transfert, moyennant ou non une contrepartie, de la propriété d’un bien d’une personne juridique à une autre personne juridique. La cession peut être à titre onéreux (avec contrepartie) ou à titre gratuit. Elle peut être amiable ou forcée (par exemple en cas d’expropriation). Elle peut être de gré à gré, les parties se choisissant, ou par adjudication, l’acheteur étant celui qui offre le meilleur prix dans le cadre des conditions prédéfinies de la vente. La cession peut être définitive dès la signature de l’acte, ou conditionnelle, lorsque certaines conditions sont fixées pour la valider.

- Concession : Portant sur une dépendance du domaine public, la concession est l’acte administratif par lequel l’administration en charge du domaine public, concède à une personne physique ou morale, publique ou privée, la jouissance d’un terrain déterminé et des immobilisations qu’il supporte, dans les conditions fixées dans l’acte et au cahier des charges, moyennant redevance, pour une durée déterminée.

- Classement : Procédure légalement établie par laquelle l’Etat ou une collectivité décentralisée attribue à un terrain ou à une infrastructure, un équipement, le statut de domanialité publique. Déclassement : Procédure légalement établie qui permet de faire sortir un bien immobilier du domaine public pour le faire rentrer dans le domaine privé de la personne morale publique en charge du bien.

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- Délimitation : Action qui permet de fixer les limites physiques d’un bien immobilier et donc d’en déterminer la consistance. Appliquée au domaine public, la délimitation permet de fixer les limites des dépendances de celui-ci, et est donc la condition de l’application du régime juridique particulier.

- Dépendance : En matière domaniale immobilière, la dépendance est le bien qui est rattaché soit au domaine public, soit au domaine privé de la personne morale publique concernée, et qui donc « dépend » du régime juridique approprié.

- Dol : Pratique, manœuvre, comportement, tromperie, de caractère volontairement malhonnête, produisant un résultat dommageable.

- Domaine : Etymologiquement, le domaine est l’ensemble des biens administrés par un même « maître » ou propriétaire. Pratiquement, il renvoie à une propriété foncière privative (« le domaine de »), mais aussi à un ensemble de biens dépendant d’un acteur public. Dans ce dernier cas, il est plutôt utilisé au pluriel (cf. ci-après). Le domaine peut alors être privé ou public

- Domaines : Ensemble des biens meubles et immeubles constituant le patrimoine d’une personne morale publique.

- Domaine privé immobilier : Ensemble des biens fonciers de l’Etat, d’une collectivité décentralisée ou de toute autre personne morale de droit public, susceptible de disposer d’un patrimoine. Les biens du domaine privé sont soumis aux règles du droit commun relatives aux biens, sous réserve des règles spécifiques légalement fixées dérogeant à ce droit commun.

- Domaine public immobilier : Ensemble des biens, d’origine naturelle ou artificielle, dont l’Etat (ou une collectivité décentralisée) a la responsabilité directe de la protection et de la gestion pour l’intérêt collectif. Le domaine public est inaliénable, insaisissable et imprescriptible. Il peut être assorti de servitudes particulières qui s’imposent aussi à la propriété privative.

- Don (ou Donation) : Juridiquement, désigne l’acte assorti ou non de conditions, par lequel une personne, le donateur, transfère, de manière irrévocable, sans contrepartie et de manière désintéressée, un bien de son patrimoine à une autre personne, le donataire, qui l’accepte.

- Dotation : Terme utilisé habituellement pour désigner l’attribution d’une somme d’argent (une aide par exemple).

- Déclassement : Procédure légalement établie qui permet de faire sortir un bien immobilier du domaine public pour le faire rentrer dans le domaine privé de la personne morale publique en charge du bien.

- Délimitation : Action qui permet de fixer les limites physiques d’un bien immobilier et donc d’en déterminer la consistance. Appliquée au domaine public, la délimitation permet de fixer les limites des dépendances de celui-ci, et est donc la condition de l’application du régime juridique particulier.

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- Dépendance : En matière domaniale immobilière, la dépendance est le bien qui est rattaché soit au domaine public, soit au domaine privé de la personne morale publique concernée, et qui donc « dépend » du régime juridique approprié.

- Dol : Pratique, manœuvre, comportement, tromperie, de caractère volontairement malhonnête, produisant un résultat dommageable.

- Domaine : Etymologiquement, le domaine est l’ensemble des biens administrés par un même « maître » ou propriétaire. Pratiquement, il renvoie à une propriété foncière privative (« le domaine de »), mais aussi à un ensemble de biens dépendant d’un acteur public. Dans ce dernier cas, il est plutôt utilisé au pluriel (cf. ci-après). Le domaine peut alors être privé ou public

- Domaines : Ensemble des biens meubles et immeubles constituant le patrimoine d’une personne morale publique.

- Domaine privé immobilier : Ensemble des biens fonciers de l’Etat, d’une collectivité décentralisée ou de toute autre personne morale de droit public, susceptible de disposer d’un patrimoine. Les biens du domaine privé sont soumis aux règles du droit commun relatives aux biens, sous réserve des règles spécifiques légalement fixées dérogeant à ce droit commun.

- Domaine public immobilier : Ensemble des biens, d’origine naturelle ou artificielle, dont l’Etat (ou une collectivité décentralisée) a la responsabilité directe de la protection et de la gestion pour l’intérêt collectif. Le domaine public est inaliénable, insaisissable et imprescriptible. Il peut être assorti de servitudes particulières qui s’imposent aussi à la propriété privative.

- Don (ou Donation) : Juridiquement, désigne l’acte assorti ou non de conditions, par lequel une personne, le donateur, transfère, de manière irrévocable, sans contrepartie et de manière désintéressée, un bien de son patrimoine à une autre personne, le donataire, qui l’accepte.

- Dotation : Terme utilisé habituellement pour désigner l’attribution d’une somme d’argent (une aide par exemple). Dans la présente loi et dans son dispositif d’application, la dotation désigne une procédure particulière qui permet de transférer un terrain du domaine privé de l’Etat à celui d’une collectivité décentralisée à charge pour celle-ci d’en assurer la gestion et ou la distribution au profit de ses membres, en se fondant sur les droits de jouissance ou d’occupation existants, selon les règles du droit commun.

- Droit commun (de) : Expression utilisée pour préciser que la règle juridique applicable est celle définie par les textes de base relatifs au point de droit concerné.

- Emprise : Désigne un espace de terrain au regard du régime juridique qui lui est applicable. La consistance de l’emprise est définie par la loi, par un acte administratif spécifique ou par un contrat.

- Foncier : Le terme « Foncier » peut être interprété comme substantif, auquel cas il recouvre l’ensemble des relations entre l’Homme et la terre, ou comme qualificatif, auquel cas il renvoie à l’ensemble des règles qui sont relatives à l’appropriation privative des terres.

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- Hypothèque : Garantie constituée au profit d’un prêteur et consistant dans la valeur, totale ou partielle, d’un bien immobilier. L’hypothèque est un droit réel qui appartient au titulaire du droit de propriété. L’hypothèque peut être conventionnelle ou légale selon les textes en vigueur.

- Immatriculation : Régime juridique applicable à la propriété foncière garantissant à celle-ci un caractère définitif et inattaquable. Plus précisément, l’immatriculation est la phase qui permet l’identification du terrain par le bornage de celui-ci et l’attribution d’un numéro chronologique au livre foncier.

- Imprescriptibilité : Caractère juridique d’un droit (celui de propriété par exemple), d’un bien (dépendance du domaine public par exemple), ou d’une action en justice, qui ne peut s’éteindre par l’effet de la prescription, autrement dit par l’écoulement du temps.

- Inaliénabilité : Contrainte qui empêche le transfert de la propriété d’un bien d’une personne à une autre. En particulier, l’inaliénabilité s’applique aux dépendances du domaine public.

- Insaisissabilité : Caractère juridique qui, dans des conditions fixées par la loi, empêche un bien d’être saisi par un créancier. L’insaisissabilité caractérise notamment les dépendances constitutives du domaine public.

- Inscription : Action par laquelle un acte juridique constitutif ou relatif à un droit réel portant sur un immeuble immatriculé, est enregistré sur le compte spécifique de cet immeuble dans le livre foncier. L’inscription est la condition de l’inopposabilité de l’acte juridique aux tiers.

- Legs : Acte unilatéral de disposition à cause de mort et à titre gratuit contenu dans un testament par lequel le testateur (celui qui meurt) laisse tout ou partie de ses biens en pleine propriété, en usufruit ou en nue propriété à un légataire (celui qui reçoit le bien en héritage).

- Limite : ce qui délimite un terrain ; le tracé des limites est défini par les bornes implantées légalement ou par les signaux implantés par les usagers selon les pratiques localement reconnues.

- Livre foncier : Registre sur lequel sont inscrits, par ordre chronologique, les immeubles, au fur et à mesure de leur immatriculation. A chaque immeuble correspond un compte, dit titre foncier, sur lequel sont enregistrés, de manière chronologique, tous les actes juridiques réels relatifs à la parcelle de terrain immatriculée.

- Locataire (ou preneur) : Personne physique ou morale, partie au contrat de location, qui reçoit la jouissance du bien loué dans les conditions fixées par le contrat.

- Occupation : Fait d’occuper un terrain en vertu d’un titre ou sans droit légalement établi.

Article 42 Prescription : Effet juridique produit par l’écoulement du temps. Extinctive, la prescription fait disparaître un droit ou une obligation par défaut d’usage. Acquisitive, la prescription crée un droit ou une obligation ; cette prescription ne peut pas s’appliquer aux immeubles immatriculés, sauf dispositions légales contraires.

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- Présomption : Conséquence validée légalement d’un fait ou d’un acte dont la seule existence dispense le bénéficiaire de la présomption d’apporter une preuve d’un autre fait ou acte dont l’existence est vraisemblable au regard du premier. La présomption peut être absolue ou irréfragable, auquel cas aucune preuve contraire ne peut lui être opposée, ou simple ou réfragable auquel cas elle peut être combattue par la preuve contraire.

- Propriété (Droit de) : C’est le droit réel qui permet à son détenteur d’user, de jouir et de disposer de son bien de la manière la plus absolue, sous réserve des limites qui pourraient être fixées par les dispositions légales en vigueur. Plan : Document topographique, établi par un géomètre agréé ou par le service administratif compétent, représentatif de la parcelle de terrain, de ses limites et bornes, de sa superficie.

- Reconnaissance locale : Procédure fixée légalement qui permet la mise en oeuvre au niveau local (communal ou autre) d’un processus de constat et de validation de situation juridique d’un terrain, par une commission ad hoc.

- Redevance : Somme d’argent qui doit être versée régulièrement par le titulaire d’un acte domanial (concession par exemple), par le locataire emphytéotique.

-Réserve foncière : Espace érigée par arrêté du Ministre chargé des Domaines en zone à statut spécifique dont la destination est de promouvoir une activité économique telle que le tourisme, l’agriculture, l’industrie - Servitude : De nature et d’origine juridique très variable, la servitude est une contrainte qu s’impose aux dépens du droit de propriété. La servitude peut être privative ou liée à la domanialité publique.

- Superficie (droit de) : Droit de propriété (droit réel) portant sur les aménagements (constructions, plantations, etc.) effectués sur un immeuble, à l’exclusion de tout droit sur le terrain lui-même.

- Superficiaire : Bénéficiaire du droit de superficie.

- Titre foncier : De manière générale, copie authentique de la page du livre foncier relative à l’immeuble immatriculé, attestant de la propriété au profit du détenteur du titre. A Madagascar le titre foncier est le nom donné au compte spécifique de chaque immeuble dans le livre foncier. Le propriétaire de l’immeuble reçoit un duplicata authentique dudit titre.

Article 42 Vente : voir Cession

Section 2 – Domaine de l’Etat, des collectivités décentralisées et autres personnes morales de droit public

Article 4 – Les terrains appartenant ou détenus par l’Etat, les collectivités décentralisées et autres personnes morales de droit public, sont soumis, selon leur nature, aux règles applicables soit au domaine public, soit au domaine privé.

Paragraphe 1 – Du domaine public de l’Etat et des collectivités décentralisées

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga xli

Définition du domaine public Article 5 : Le domaine public immobilier, de l’Etat et des collectivités décentralisées, comprend l’ensemble des biens immeubles qui, soit par leur nature, soit par suite de la destination qu’ils ont reçue de l’autorité, servent à l’usage, à la jouissance ou à la protection de tous et qui ne peuvent devenir, en demeurant ce qu’ils sont, propriété privée.

Consistance du domaine public

Article 6 : Le domaine public se subdivise en trois fractions principales, caractérisées par l’origine des biens qui le composent : 1) Le domaine public naturel essentiellement immobilier, dont l’assiette et la destination sont l’œuvre de la nature ; 2) Le domaine public artificiel dont l’établissement est le fait du travail et de la volonté de l’Homme ; 3) Le domaine public légal, c’est-à-dire, celui qui, par sa nature et sa destination, serait susceptible d’appropriation privée, mais que la loi a expressément classé dans le domaine public.

Article 7 : Abstraction faite de la distinction que comporte l’article précédent, le domaine public se subdivise encore d’après la nature des biens ou leur affectation, en domaine public terrestre, domaine public maritime, domaine public fluvial et lacustre, et domaine public militaire.

Article 8 : Des servitudes de passage sont réservées : 1) Sur les rives des cours d’eau, des lacs, étangs et lagunes, relevant du domaine public ainsi que sur le bord des îles ; 2) Pour l’exécution des travaux ou de réparation sur les rives des canaux, drains et ouvrages de toutes sortes appartenant à la puissance publique et dépendant d’un réseau hydro agricole ; 3) Et de manière générale, pour l’exécution de tous autres travaux d’aménagement ou d’infrastructure relevant du domaine public. La largeur d’emprise desdites servitudes est fixée par la loi portant régime juridique du domaine public.

Régime juridique du domaine public Article 9 : Les biens du domaine public sont inaliénables et imprescriptibles alors même qu’ils seraient immatriculés suivant la procédure prévue par la réglementation sur le régime foncier à Madagascar. Toute aliénation consentie en violation de cette règle est atteinte d’une nullité d’ordre public.

Article 10 : Le domaine public n’est pas susceptible d’expropriation pour cause d’utilité publique, le changement de destination des biens qui en dépendent s’opérant dans les conditions fixées à l’article 12 ci-après.

Article 11 : Les biens du domaine public sont placés en la dépendance des personnes morales visées à l’article 5 ci-dessus, qui ne peuvent en disposer qu’après la réalisation d’une procédure de déclassement telle que fixée à l’article 12 ci-après.

Article 12 : Les portions du domaine public qui seraient reconnues susceptibles d’être déclassées pourront l’être par l’autorité dont elles dépendent sous réserve de l’approbation de

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga xlii l’autorité de tutelle lorsqu’il s’agit d’une dépendance d’un domaine public autre que celui de l’Etat. Les parcelles déclassées, du domaine public sont intégrées au domaine privé de la personne morale de droit public qui procède au déclassement.

Gestion du domaine public Article 13 : Certaines parties du domaine public peuvent faire l’objet d’affectations privatives : - Soit sous la forme de contrats de concession, d’une durée maximale de trente ans, pour l’exploitation d’une dépendance du domaine public selon la destination de celle-ci ; - Soit sous la forme d’une autorisation ou d’un permis d’occupation temporaire révocable à tout moment. Les modalités de ces deux modes d’affectation étant fixées par la loi portant régime juridique du domaine public.

Article 14 : Il peut être délivré, dans une limite de trente ans, soit aux administrations, soit à des personnes privées, physiques ou morales, des autorisations spéciales qui confèrent, moyennant redevance, le droit de récolter certains produits naturels du sol, d’extraire des matériaux, d’établir des prises d’eau, d’y exercer des droits de chasse et/ou de pêche.

Article 15 : La loi sur le domaine public et ses décrets d’application fixent les dispositions relatives à la police, la conservation, et la délimitation du domaine public.

Article 16 : La gestion des biens du domaine public peut, pour une cause d’intérêt général, être transférée de la personne morale qui les détient aux mains de l’une des autres personnes visées à l’article 4 ci-dessus. Le transfert est effectué selon des modalités fixées par la loi relative au Domaine public et à ses textes d’application.

Paragraphe 2 – Du domaine privé de l’Etat, des collectivités décentralisées et des autres personnes morales de droit public

Définition Article 17 : Ensemble des biens immobiliers qui font partie du patrimoine soit de l’Etat, soit d’une collectivité décentralisée, soit de toute autre personne morale de droit public, et dont celui-ci ou celle-ci peut disposer selon le droit commun sous réserve des dispositions légales spécifiques en vigueur.

Consistance Article 18 : Font partie du Domaine privé immobilier : - les biens immobiliers qui sont l’objet d’un titre foncier ; - les biens immobiliers constitutifs du domaine public après leur déclassement ; - les biens immobiliers légués ou donnés à une personne morale de droit public, après acceptation par celle-ci dans les conditions fixées par les textes en vigueur ; - les îles et îlots lesquels ne peuvent faire l’objet d’une appropriation privée sous quelque forme que ce soit, et qui peuvent seulement être loués ; - les terrains, urbains ou ruraux, qui ont fait l’objet d’une procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique, ainsi que ceux dont le propriétaire ne se sera pas conformé à l’obligation de les mettre en exploitation, entretenir et utiliser, et qui seront transférés au

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga xliii domaine privé de l’Etat ou d’une autre personne morale publique dans les conditions fixées par les textes en vigueur ; - les terrains qui n’ont jamais fait l’objet ni d’une première occupation ni d’une première appropriation.

Régime juridique Article 19 : Le domaine privé comprend des biens immobiliers qui peuvent être rattachés à deux catégories : - les biens affectés à un service public pour les besoins de celui-ci, et pour la durée de ces besoins ; - les biens non affectés qui sont ceux qui demeurent entre les mains et à la disposition de l’acteur public qui détient le patrimoine de rattachement.

Gestion du domaine privé Article 20 : Les biens immobiliers constitutifs du domaine privé peuvent être, au gré de leur propriétaire et selon les conditions fixées par les textes en vigueur, l’objet de baux, ordinaires ou emphytéotiques, de ventes, aux enchères ou de gré à gré, d’échanges, et de manière générale, de transactions de toute nature autorisées par le droit commun. Ils peuvent aussi être l’objet de toute transaction spécifique dont les modalités seraient fixées par la loi.

Les actes juridiques et administratifs relatifs aux biens constitutifs du domaine privé de l’Etat sont de la compétence du représentant de l’Etat pour la circonscription domaniale du lieu de situation du bien objet de l’acte.

Les terrains qui auront donné lieu à la délivrance d’un acte domanial ou d’un contrat dans les conditions prévues par les textes en vigueur, sont purgés de toute revendication possible, hormis celle de la personne bénéficiaire de l’acte ou du contrat.

Les mutations entre l’Etat, les collectivités décentralisées et toutes personnes morales de droit public, de biens dépendant de leur domaine privé respectif, ont lieu à l’amiable et à titre onéreux, soit en toute propriété, soit en jouissance, et dans les formes du droit commun. Par dérogation à cette règle, les collectivités décentralisées et les personnes morales de droit public autre que l’Etat peuvent recevoir de celui-ci, gratuitement, des biens de son domaine privé. Réciproquement, l’Etat peut bénéficier, de la part des autres personnes morales publiques, des terrains qui lui sont nécessaires pour y installer ses services ou pour un but d’intérêt général.

Section 3 – Des terrains des personnes privées

Article 21 : Les terrains des personnes privées se répartissent en : - terrains objet d’un droit de propriété reconnu par un titre foncier ; - terrains détenus en vertu d’un droit de propriété non titré qui peut être établi/reconnu par une procédure appropriée .

Paragraphe 1 – Des terrains objet d’un droit de propriété reconnu par un titre foncier

Champ d’application du régime de la propriété foncière titrée

Article 22 : Sont soumis au régime de la propriété foncière titrée :

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- les terrains qui ont fait l’objet d’une procédure d’immatriculation individuelle ; - les terrains qui ont fait l’objet d’une procédure immatriculation collective.

Régime juridique de la propriété foncière titrée Article 23 : Le service de la Conservation foncière est chargé d’assurer aux titulaires la garantie des droits réels qu’ils possèdent sur les immeubles soumis au régime de l’immatriculation, dans les conditions prévues par les textes y afférents.

La garantie des droits réels est obtenue au moyen de la publication (l’inscription) sur des livres fonciers, à un compte particulier dénommé titre foncier, ouvert pour chaque immeuble, de tous les droits réels qui s’y rapportent, ainsi que des modifications de ces mêmes droits, ladite publication étant précédée de la vérification des justifications produites et faisant foi à l’égard des tiers, dans la limite et conformément aux dispositions légales en vigueur.

Pour permettre cette publication, les immeubles doivent être préalablement immatriculés sur les livres fonciers. L’immatriculation a lieu à l’issue d’une procédure fixée par la loi relative à la Propriété foncière immatriculée et ses textes d’application.

Article 24 – Une procédure particulière fixe les modalités de la transformation du certificat foncier en un titre foncier.

Article 25 : Le régime foncier de l’immatriculation s’applique aux fonds de terre de toute nature, bâtis ou non. Les tombeaux contenant des sépultures peuvent être immatriculés avec les propriétés sur lesquels ils sont construits ; mais, même après l’immatriculation, ils restent soumis aux règles spéciales de propriété les concernant et conservent leur caractère d’inaliénabilité et d’insaisissabilité.

Article 26 : Les dispositions des lois et règlements en vigueur à Madagascar à la date de promulgation de la présente loi, sont en principe applicables d’une manière générale aux immeubles immatriculés et aux droits réels qui s’y rapportent.

Article 27 : Tout droit réel immobilier ou charge n’existe, à l’égard des tiers, qu’autant qu’il a été rendu public dans les formes, conditions et limites réglées par la présente loi et les textes permettant son application, sans préjudice des droits et actions réciproques des parties pour l’exécution de leurs conventions.

Article 28 : Sont immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent : a) Les droits réels immobiliers, à savoir : la propriété des biens immeubles ; l’usufruit des mêmes biens ; les droits d’usage et d’habitation ; l’emphytéose ; les droits de superficie ; les servitudes et services fonciers ; l’antichrèse ; les privilèges et hypothèques ; b) Les actions qui tendent à revendiquer les mêmes droits réels.

Gestion de la propriété foncière titrée

Article 29 : Le titre foncier établi par une procédure d’immatriculation dans les formes et conditions déterminées par les lois et règlements est définitif et inattaquable ; il constitue devant les juridictions malgaches le point de départ unique des droits réels et charges foncières existant sur l’immeuble au moment de l’immatriculation à l’exclusion de tous les

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga xlv autres droits non inscrits. Toute action tendant à la revendication d’un droit réel non révélé en cours de procédure est irrecevable.

Article 30 : Toute personne dont les droits ont été lésés par la suite d’une immatriculation n’a jamais de recours sur l’immeuble, mais seulement, en cas de dol, une action personnelle en dommages et intérêts contre l’auteur du dol.

Article 31 : Le titre foncier de propriété et les inscriptions ne conservent le droit qu’ils relatent qu’en tant qu’ils n’ont pas été annulés, rayés et modifiés, et font preuve à l’égard des tiers que la personne qui y est dénommée est réellement investie des droits qui y sont spécifiés.

Les annulations ou modifications ultérieures ne peuvent être opposées aux tiers inscrits de bonne foi.

Les simples interprétations en justice et contentieuses des termes et mentions obscurs ou ambigus des inscriptions seront opposables aux tiers.

Article 32 : Le propriétaire, à l’exclusion de toute autre personne, a droit à un duplicata authentique, exact et complet, sur feuillets et bordereaux cotés et paraphés, du titre de propriété et du plan y annexé. Ce duplicata unique du titre foncier est nominatif et le conservateur en certifie l’authenticité en y apposant sa signature et le sceau de la conservation.

Tout usufruitier, emphytéote ou superficiaire, a droit également à un duplicata authentique, exact et complet du titre spécial dont il a pu requérir l’établissement. Les autres titulaires de droits réels et charges foncières n’ont droit qu’à la délivrance de certificats d’inscription nominatifs portant copie littérale des mentions relatives aux droits réels ou charges inscrits.

Le duplicata détérioré auquel il manquera un ou plusieurs feuillets ou bordereaux cessera d’être probant et exécutoire.

Paragraphe 2 – Des terrains détenus en vertu d’un droit de propriété non titré

Champ d’application

Article 33 : Ensemble des terrains, urbains comme ruraux, sur lesquels sont exercés des modes de détention du sol se traduisant par une emprise personnelle ou collective, réelle, évidente et permanente, selon les usages du moment et du lieu et selon la vocation du terrain, qui sont susceptibles d’être reconnus comme droit de propriété par un acte domanial.

Régime juridique

Article 34 : Le service administratif compétent de la collectivité décentralisée en charge de la propriété foncière non titrée, établit un acte domanial reconnaissant comme droit de propriété l’occupation, l’utilisation ou la valorisation du terrain, à l’issue d’une procédure ad hoc, laquelle doit satisfaire aux conditions de principe ci-après : - la procédure est publique et contradictoire ;

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga xlvi

- une commission ad hoc, dont la composition sera fixée par des dispositions légales spécifiques à la propriété non titrée, est nommée par arrêté du responsable de l’exécutif de la collectivité concernée ; - un procès-verbal est dressé dont copie doit être adressée à la circonscription domaniale et foncière de rattachement de la commune ; - les oppositions non tranchées lors de la reconnaissance sont mentionnées au procès-verbal, et leur règlement qui s’effectue selon les modalités légalement prévues, doit être obtenu avant que l’acte domanial puisse être établi ; - l’acte domanial est signé par le responsable de l’exécutif local.

Article 35 : La demande de reconnaissance des droits peut être individuelle ou collective. Lorsqu’il s’agit d’une demande collective, elle peut être le fait : - de la Collectivité Décentralisée. Dans ce cas, le territoire qui est l’objet de la demande peut être attribué à la collectivité en dotation, par arrêté de l’autorité administrative légalement compétente, laquelle peut ou non faire immatriculer préalablement le terrain. Dans le cas où il est procédé à l’immatriculation du territoire concerné et à l’établissement d’un titre foncier au nom de la commune, celle-ci ne peut disposer du titre que pour procéder à l’établissement des actes domaniaux au profit des occupants ou utilisateurs reconnus. Ceux-ci peuvent aussi, si ils le souhaitent et si les conditions légales sont réunies, demander à l’administration foncière compétente l’établissement de titres fonciers ; - d’une association d’usagers, constituée conformément à la loi. Dans ce cas, le territoire qui est l’objet de la demande peut lui être attribué par arrêté de l’autorité administrative légalement compétente, laquelle peut ou non faire immatriculer préalablement le terrain.

Lorsqu’il s’agit d’une demande individuelle, il est fait application des dispositions spécifiques de la loi sur la Propriété foncière non titrée.

Article 36 : Les droits constatés et reconnus par l’acte domanial sont opposables aux tiers jusqu’à la preuve contraire établie selon les règles du droit commun.

Gestion de la propriété foncière non titrée

Article 37 : La propriété foncière non titrée, constatée par un acte domanial, permet à son détenteur d’exercer tous les actes juridiques portant sur des droits réels et leurs démembrements reconnus par les lois en vigueur, notamment la cession à titre onéreux ou gratuit, la transmission successorale, le bail, l’emphytéose, la constitution d’hypothèque. Section 4 – Des terres incluses dans des aires soumises à des régimes juridiques spécifiques Article 38 : Dans la mise en oeuvre des dispositions de la présente loi, il doit être tenu compte des aires qui en sont exclues parce que soumises à un dispositif juridique particulier. Il s’agit notamment : - des terrains constitutifs de zones réservées pour des projets d’investissement ; - des terrains qui relèvent du domaine d’application de la législation relative aux Aires protégées ; - des terrains qui servent de support à la mise en application de conventions signées dans le cadre de la législation sur la gestion des ressources naturelles ;

- des terrains qui sont juridiquement définis comme relevant de l’application du droit forestier ;

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga xlvii

- des terrains qui sont constitués en espaces protégés en application d’une convention internationale ratifiée par la République de Madagascar.

Section 5 – De l’Administration domaniale et foncière Le dispositif administratif de gestion Article 39 : Les collectivités décentralisées, notamment celles du niveau de base, mettent en place le(s) service(s) appropriés pour l’application des dispositions de la présente loi et des autres textes relatifs à la gestion domaniale et foncière, pour l’exercice des compétences qui leurs sont reconnues. Article 40 : Les administrations de l’Etat organisent leurs services déconcentrés pour l’exécution des compétences qui leur sont dévolues par la loi en tenant compte de la nécessaire complémentarité avec les services décentralisés évoqués à l’article précédent, en même temps que des tâches de contrôle qui leurs sont dévolues.

Section 6 – Dispositions finales

Article 41 : Les droits sur les terrains résultant de l’application des statuts juridiques qui ne sont pas repris dans le présent texte, devront être mis en conformité avec les dispositions de celui-ci et des textes nécessaires à son application. Article 42 : Des textes réglementaires détermineront les modalités nécessaires pour l’application de la présente loi. Article 43 : La présente loi sera publiée au Journal Officiel de la République. Elle sera exécutée comme loi de l’Etat malgache.

Pour ampliation conforme Antananarivo le 17 octobre 2005 Antananarivo le 24 octobre 2005

LE SECRETAIRE GENERAL DU GOUVERNEMENT

Alice RAJAONAH Marc RAVALOMANANA

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Annexe 5-4: Loi N° 2006-031 du 24 novembre 2003 fixant le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée

REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA

Tanindrazana –Fahafahana- Fandrosoana ------

PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

LOI N° 2006-031 DU 24 NOVEMBRE 2006 Fixant le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée

EXPOSE DES MOTIFS

La loi n° 2005-019 du 17 octobre 2005 fixant les principes régissant les différents statuts des terres à Madagascar a déterminé le droit de propriété dont celui des propriétés foncières privées non titrées, ouvrant ainsi le choix à l’usager pour la sécurisation de son droit de propriété entre la procédure fondée sur l’immatriculation et celle de la certification objet de la présente loi.

Celle-ci définit ces propriétés foncières privées non titrées et en détermine leur mode de gestion.

La loi s’applique ainsi à toutes les terres occupées de façon traditionnelle, qui ne sont pas encore l’objet d’un régime juridique légalement établi ; que ces terres constituent un patrimoine familial transmis de génération en génération, ou qu’elles soient des pâturages traditionnels d’une famille à l’exception des pâturages très étendus qui feront l’objet d’une loi spécifique.

Conformément au principe de décentralisation de la gestion foncière affirmé par la loi de cadrage citée plus haut, il appartient aux Collectivités Décentralisées de base de mettre en place des Services appelés « Guichet Foncier » au sein de leur Administration pour gérer le régime de ces propriétés foncières non titrées.

A cet effet, un certain nombre de conditions sont exigées pour un fonctionnement normal de l’institution.

Ainsi, la Collectivité Décentralisée de base doit mettre en place un plan local d’occupation foncière qui présente les différentes situations foncières de son territoire tels les domaines publics et privés de l’Etat, des collectivités décentralisées ou autres personnes morales de droit public, les aires à statuts particuliers, la propriété foncière titrée et éventuellement la délimitation des occupations existantes sur son territoire. Le plan local d’occupation foncière constitue un outil d’information cartographique de gestion rationnelle des terres par la Collectivité Décentralisée.

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De plus, la Collectivité est tenue d’intégrer dans son budget le fonctionnement de ce service et elle doit également disposer de personnel formé à la gestion foncière.

L’objet de ce Service foncier communal est de réaliser la reconnaissance de droits de propriété sur les parcelles occupées. Un acte de reconnaissance de droit de propriété, appelé « certificat foncier », sera délivré à l’occupant à la suite d’une procédure dont les différentes étapes sont tracées dans la présente loi.

Les demandes de reconnaissance de droit de propriété peuvent être formulées soit à titre individuel, soit par des Collectivités Décentralisées ou des groupements légalement constitués pour le besoin de leurs membres ou par des individus,.

La procédure instituée pour cette reconnaissance de droit se rend simple et se déroule essentiellement au niveau de la Collectivité de base. Il a été prévu toutefois des mesures pour régler les litiges qui auraient persisté après les différentes mesures de règlement préconisées dans la loi.

Le certificat de reconnaissance du droit de propriété délivré à l’issue de la procédure constitue pour le propriétaire la preuve de son droit sur sa propriété à l’instar du titre de propriété du régime foncier des propriétés titrées.

A cet effet, le propriétaire pourra exercer tous les actes juridiques portant sur le droit et leurs démembrements reconnus par les lois en vigueur, liés à la propriété titrée, tels que les ventes, les échanges, la constitution d’hypothèque, le bail, l’emphytéose, la donation entre vifs. La propriété pourra également être transmise par voie successorale. Enfin, le certificat foncier peut être transformé en titre foncier d’immatriculation auprès des Services déconcentrés de l’Etat chargés de la gestion du foncier, selon une procédure qui sera déterminée par le texte spécifique afférent au régime des propriétés privées titrées. Tel est l’objet du présent projet de loi.

REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA

Tanindrazana –Fahafahana- Fandrosoana ------PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

LOI N° 2006-031 DU 24 NOVEMBRE 2006 Fixant le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée

L’Assemblée Nationale et le Sénat ont adopté en leur séance plénière respective en date du 11 octobre 2006 et du 18 octobre 2006,

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,

Vu la constitution,

Vu la décision n° 24-HCC/D3 du 22 novembre 2006 de la Haute Cour Constitutionnel

Promulgue la loi dont la teneur suit :

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga l

CHAPITRE I DISPOSITIONS GENERALES

Section 1 Définition

Article premier : Le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée est celui qui s’applique aux terrains qui ne sont ni immatriculés, ni cadastrés, et dont l’occupation est constatée par une procédure définie par la présente loi. Section 2 Champ d’application

Art. 2. – Le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée est applicable à l’ensemble des terrains, urbains comme ruraux : - faisant l’objet d’une occupation mais qui ne sont pas encore immatriculés au registre foncier ; - ne faisant partie ni du domaine public ni du domaine privé de l’Etat ou d’une Collectivité Décentralisée ; - non situés sur une zone soumise à un statut particulier ; - appropriés selon les coutumes et les usages du moment et du lieu. Le régime juridique de la propriété foncière privée non titrée ne s’applique pas aux terrains qui n’ont jamais fait l’objet ni d’une première occupation ni d’une première appropriation lesquels demeurent rattachés au Domaine privé de l’Etat. En aucun cas, une Collectivité Décentralisée ne peut faire valoir une quelconque présomption de domanialité sur la propriété foncière privée non titrée.

Section 2 Gestion administrative de la propriété foncière privée non titrée

Art. 3. - La gestion de la propriété foncière privée non titrée est de la compétence de la Collectivité Décentralisée de base. A cet effet, celle-ci met en place un service administratif spécifique dont la création et les modalités de fonctionnement seront déterminées par décret. A cette fin, la Collectivité Décentralisée adopte les éléments budgétaires, en recettes et en dépenses, permettant de financer le fonctionnement dudit Service. A peine de nullité, aucune procédure de reconnaissance de droits d’occupation ne peut être engagée par la Collectivité Décentralisée avant la mise en place du service, en exécution d’un budget délibéré et validé a priori par l’autorité compétente, et la mise en place d’un Plan Local d’Occupation Foncier. Du plan local d’occupation foncière (PLOF) Art. 4. - Le plan local d’occupation foncière est un outil d’information cartographique de base : - délimitant chaque statut de terres avec un identifiant spécifique, - précisant les parcelles susceptibles de relever de la compétence du service administratif de la Collectivité Décentralisée de base,

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga li

- permettant de suivre l’évolution des situations domaniales et foncières des parcelles situées sur le territoire de la Collectivité Décentralisée de base. La collectivité décentralisée de base, en collaboration avec les Services domaniaux et topographiques déconcentrés territorialement compétents, met en place selon ses moyens, à l’échelle de son territoire, le plan local d’occupation foncière. Sont notamment reportés sur le Plan Local d’Occupation Foncière les parcelles objet d’un droit de propriété foncière titrée, ou relevant du domaine public. Le Service foncier de la Collectivité Décentralisée tient également un fichier d’information concernant les terrains non titrés conformément aux mentions sus précisées. Les droits portant sur les parcelles prises en considération dans le Plan Local d’Occupation Foncière, sont ceux qui sont établis selon la législation spécifique propre à chaque catégorie de terrains. Toutes les opérations ainsi que les mises à jour obligatoires des informations effectuées sur le PLOF sont communiquées réciproquement entre le Service décentralisé de la Collectivité et le Service déconcentré territorialement compétent. Les informations contenues dans les Plans Locaux d’Occupation Foncière détenus par le Service décentralisé de la Collectivité et le Service déconcentré territorialement compétent doivent être conformes. CHAPITRE 2 DE LA RECONNAISSANCE DE DROIT DE PROPRIETE SUR LES TERRAINS NON TITRES

Section 1 De la demande de reconnaissance de droit de propriété

Art. 5. – La demande de reconnaissance de droit de propriété sur les terrains non titrés occupés peut être collective, ou individuelle. Elle est conditionnée à la mise en place préalable d’un Plan Local d’Occupation Foncière selon les modalités fixées à l’article 4 ci-dessus, et au dépôt d’un dossier de demande selon des modalités qui seront déterminées par décret.

Paragraphe 1 Des demandes collectives

Art. 6. – La demande collective peut émaner soit d’une collectivité décentralisée soit d’un groupement d’occupants constitué conformément aux dispositions légales en vigueur.

Art. 7. - Lorsque la demande émane d’une collectivité décentralisée, elle doit être formulée par le responsable de l’exécutif local en application d’une délibération.

Art. 8. - Un groupement d’occupants de nationalité malagasy, régulièrement constituée peut demander à la Collectivité Décentralisée territorialement compétente, la mise en œuvre de la procédure de reconnaissance de la propriété privée non titrée au profit : a- soit de ses membres ; b- soit du groupement lui-même ; c- soit des deux à la fois après délibération conformément à ses statuts. La demande doit mentionner la description des limites et la détermination approximative de la zone.

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Art. 9. - Lorsque la demande émane d’un groupement, elle doit être formulée par le représentant légal de celui-ci ou la personne déléguée à cette fin, dans les conditions prévues par les statuts. Les membres du groupement peuvent aussi, si ils le souhaitent et si les conditions légales sont réunies, demander à l’Administration foncière compétente l’établissement de titres fonciers.

Paragraphe 2 Des demandes individuelles

Art. 10. - Lorsque la demande émane d’un individu, celui-ci doit avoir la capacité juridique, être de nationalité malagasy et être détenteur du terrain dans des conditions fixées par l’article 33 de la loi n°2005-019.

Section 2 De la procédure de reconnaissance

Art. 11. – Pour la reconnaissance de droits de propriété sur les terrains non titrés occupés, le service compétent de la Collectivité Décentralisée met en oeuvre une procédure répondant aux conditions suivantes : a) La procédure doit être publique et contradictoire. A cette fin, des mesures de publicité sont prises pour permettre à toute personne intéressée d’émettre des observations ou de former d’éventuelles oppositions. Les modalités d’application du présent alinéa seront fixées par décret. b) Cette procédure est menée par une commission de reconnaissance locale, dont la composition est fixée comme suit : - Le Chef de l’Exécutif de la Collectivité de base du lieu de la situation des terrains ou son représentant ; - Le(s) Chef(s) de Fokontany, du lieu de la situation des terrains occupés objet de la reconnaissance ; - Des Raiaman-dreny du Fokontany choisis sur une liste établie annuellement par le chef Fokontany sur proposition de la population de celui-ci, et publiée sur les placards de la Collectivité Décentralisée ainsi que du ou des Fokontany intéressés. Les membres de la commission choisissent leur président. Un agent du Service Administratif concerné de la Collectivité Décentralisée de base assure le secrétariat de la commission c) Le Chef de l’Exécutif local fixe par décision, la date de la reconnaissance, nomme et convoque les membres de la commission. La décision, outre sa notification au demandeur, est affichée sur les placards administratifs de la collectivité locale de base jusqu’à la date de la reconnaissance sur le terrain. La date de la décision est le point de départ de la période de publicité et de recevabilité des oppositions, dont la durée sera fixée par décret. d) L’opération de reconnaissance, publique et contradictoire, consiste en :

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• L’identification de (des) la parcelle(s) objet de la demande de reconnaissance ; La constatation des droits d’occupation conformément aux dispositions de l’article 33 de la loi n° 2005 -019 du 17 octobre 2005. • La réception des observations et oppositions éventuelles ; • Le règlement amiable des litiges et oppositions. A l’issue de l’opération de reconnaissance, sur les lieux, un procès-verbal est dressé et signé avec avis motivé par les membres de la commission, les riverains et les demandeurs après lecture publique devant les assistants.

Art. 12. - Les oppositions peuvent être formulées verbalement lors des opérations de reconnaissance ou par écrit adressées ou déposées au service foncier compétent de la Collectivité de base ou au moment de la reconnaissance. Les oppositions sont recevables à compter de la date du dépôt de la demande jusqu’à l’expiration d’un délai de 15 jours après la date des opérations de reconnaissance. Seules seront recevables les oppositions fondées sur une emprise réelle dans les conditions de l’article 33 de la loi précitée. Les oppositions non tranchées lors de la reconnaissance sont mentionnées au procès- verbal. Le règlement des oppositions est soumis à la sentence arbitrale préalable du président de l’organe délibérant, assisté de deux conseillers. La sentence arbitrale est susceptible de recours dans les vingt jours de sa notification devant le Tribunal Civil qui statue en dernier ressort suivant la procédure des référés. La délivrance du certificat de reconnaissance de droit de propriété privée non titrée est suspendue jusqu’à l’obtention d’une décision définitive.

Section 3 De la délivrance de certificat foncier Art. 13. - A l’expiration du délai s’il n’y a pas d’opposition, le Service administratif compétent établit le(s) certificat(s) de reconnaissance du droit de propriété privée non titrée portant sur le(s) terrain(s) occupé(s) objet de la demande. Le certificat foncier est signé par le Chef de l’exécutif de la Collectivité Décentralisée de base. La remise du certificat foncier ne peut intervenir qu’après paiement des droits et redevances y afférents. Le Service Administratif compétent met à jour le Plan local d’occupation foncière en y reportant les parcelles ayant fait l’objet de la procédure de reconnaissance de droit.

Section 4 Valeur juridique du certificat foncier

Art. 14 . - Les droits de propriété reconnus par le certificat sont opposables aux tiers jusqu’à preuve contraire.

Les litiges et contestation relatifs à ces droits de propriété seront réglés selon les dispositions du chapitre 5 de la présente loi.

Art. 15. - En cas de non concordance entre les mentions portées au certificat foncier et celles des documents du Service Administratif compétent de la Collectivité Décentralisée de base, ces dernières font foi.

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Art .16. - En cas de détérioration ou de perte du certificat foncier, il peut être procédé à son remplacement selon les modalités fixées par décret.

CHAPITRE 3 GESTION DE LA PROPRIETE FONCIERE PRIVEE NON TITREE

Art. 17. - Le droit de propriété foncière privée non titrée reconnu par un certificat foncier, permet au détenteur de celui- ci d’exercer tous les actes juridiques portant sur des droits réels et leurs démembrements reconnus par les lois en vigueur. Le régime juridique de ces droits réels prévu dans la propriété titrée est applicable à ceux de la propriété non titrée, sous réserve de la disposition de la présente loi. Ces actes doivent être inscrits aux documents du Service Administratif compétent pour être opposables aux tiers. La procédure en matière de saisie des droits est celle fixée par le Code de Procédure civile concernant les immeubles ni immatriculé ni cadastré. Les modalités de mise à jour des documents seront fixées par décret. Lorsque l’acte emporte transfert du droit de propriété foncière privée non titrée, le certificat initial est retiré entre les mains du détenteur, annulé et remplacé par un nouveau certificat au nom du nouveau titulaire du droit.

Art. 18. - La vacance constatée dans l’exercice d’un droit de propriété foncière privée non titrée constitue un motif de déchéance de ce droit entre les mains de son titulaire. La vacance consiste dans le fait pour la personne qui détient le droit de propriété de ne pas se comporter comme propriétaire pendant une période continue de dix ans sauf motif de force majeure. La procédure spécifique permettant d’établir la vacance sera déterminée par décret. Cette déchéance prononcée par le Tribunal Civil du lieu de la situation de l’immeuble a pour effet de mettre en place une curatelle de la gestion de l’immeuble, confiée au Service foncier Déconcentré de l’Etat pour une période maximale de deux ans, à l’expiration de laquelle le tribunal, à défaut de manifestation d’intérêt du propriétaire détenteur du certificat foncier, prononce le transfert du droit de propriété au Domaine privé de l’Etat. Art. 19. - Toutes inscriptions et modifications effectuées sur les documents du Service Administratif de la Collectivité Décentralisée de base doivent être communiquées aux Services fonciers déconcentrés de l’Etat pour mise en concordance de l’information foncière, selon des modalités qui seront fixées par décret.

Art. 20. - Conformément aux dispositions de l’article 24 de la loi n° 2005 019 du 17 octobre 2005 fixant les principes régissant les statuts des terres, le titulaire du certificat peut requérir la transformation de celui-ci en titre foncier selon les modalités fixées par décret et conformes aux dispositions sur la propriété foncière titrée.

Art. 21. - La transformation du certificat de reconnaissance de droit de propriété en titre foncier ne peut intervenir qu’après bornage de la parcelle conformément aux dispositions légales et réglementaires en vigueur, et le cas échéant après règlement définitif du contentieux. La date du bornage constitue le point de départ du délai d’une durée de 15 jours ouvrables qui doit permettre de purger les oppositions et d’enregistrer les demandes d’inscription.

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Les modalités de transformation du certificat foncier en titre foncier seront fixées par décret.

Art. 22. - Après immatriculation de la parcelle et création du titre foncier, la Circonscription domaniale et foncière notifie au Service Administratif compétent de la Collectivité Décentralisée de base, la création du titre, pour mise à jour du Plan Local d’Occupation Foncière et du registre parcellaire.

CHAPITRE 4 SANCTIONS Art. 23. - Toutes les formalités et procédures prévues aux articles 2 à 14 de la présente loi sont prescrites à peine de nullité. Cette nullité peut être soulevée par toute personne intéressée ou à l’occasion de l’exercice du contrôle de légalité prévu par la législation relative à la Décentralisation.

CHAPITRE 5 REGLEMENT DES LITIGES ET CONTENTIEUX

Art. 24. - Tout litige relatif à l’application de la présente loi concernant un droit réel immobilier soulevé soit par l’Administration soit par un particulier relève de la compétence exclusive du Tribunal civil.

Art. 25. - Le règlement des litiges ou des oppositions entre particuliers, relatifs à propriété foncière non titrée doit être recherché au préalable par la procédure de conciliation et d’arbitrage légalement applicable au niveau de la Collectivité concernée, avant de pouvoir être soumis au Tribunal compétent.

CHAPITRE 6 DISPOSITIONS TRANSITOIRES

Art. 26. - Jusqu’à la mise en place des Services Administratifs des Collectivités de base chargés de gérer les propriétés foncières non titrées, les Services déconcentrés de l’Etat, outre leurs compétences de droit commun en matière domaniale et foncière, assurent la gestion des parcelles dans les conditions de la présente loi et de celle relative aux Collectivités Décentralisées de base.

CHAPITRE 7 DISPOSITIONS FINALES Art. 27. - Les modalités d’application de la présente loi seront fixées par la voie réglementaire.

Art. 28. - La présente loi sera publiée au Journal Officiel de la République. Elle sera exécutée comme loi de l’Etat. Antananarivo le 24 novembre 2006

Marc RAVALOMANANA

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ANNEXE 6 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE LA REPARTITION DES IMMIGRANTS

En dehors du district d'Andramasina Fitsinjovana Bakaro Andohariana Sabotsy Ambohitromby Mandrosoa Anosibe Trimoloharano Manjakavahoaka

Alatsinainy Bakaro

Tankafatra Alarobia Vatosola

Andramasina

Ambohimiadana

Antotohazo

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga lvii ANNEXE 7 MODE D’INSTALLATION PAYSANNE DANS LE PERIMETRE DE REBOISEMENT

Photo N°1 : Habitat des immigrants miroatany

La maison d’habitation des immigrants nouvellement installés est faite avec des mottes de terres.

Alfred R, septembre 2007

Photo N°2 : Infrastructures communautaires, marque de l’installation définitive

Le chef lieu du Fokontany d’Ankazotelo. - En haut, le bureau de Fokontany, bâtiment à toiture en tôle - En bas à gauche, le temple FJKM ; à droite l’école privée protestante

Alfred R, septembre 2007

TRANSPORT EN PIROGUE, ASSURE PAR LA COMMUNE DE TANKAFATRA

Photo 3 : Déplacement des gens par pirogue à Andranomiady

Le transport en pirogue est organisé et géré par la Commune de Tankafatra. Il y en a 12 pirogues disponibles actuellement. La mise en place de ce système de transport permet de desservir la région Est du lac et d’améliorer les recettes communales. Le frais de transport est de 50 arirary par personne.

Alfred R, août 2007

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DELIMITATIONS DE TANETY SELON LE ZON-TANY Photo N°4 : Délimitation, type pare-feux

Parcelle de bas fond non aménagée, la délimitation de tanety respecte la condition posée par l’Administration forestière, 50 m de bas de versant à partir de la rizière peut être aménagé pour les cultures sèches.

Alfred R, août 2007

Photo N°5 : Délimitation, type bêchage

Délimitation par bêchage de tanety

s’alignant sur deux parcelles rizicoles appartenant à un ménage.

Alfred R, septembre 2007.

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga lix L’ACTION DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

Photo N°6 : Protection de tanety contre les incendies.

Toute tentative d’incendier le tanety n’est pas aboutie jusqu’actuellement. Cette situation signifie que le comité de lutte contre les feux de

Alfred R, août 2007 brousse est fonctionnel et les habitants sont facilement mobilisables pour éteindre les feux.

Alfred R, septembre 2007

Photo N°7 : Reboisement d’eucalyptus

Le reboisement d’eucalyptus vise deux objectifs différents et complémentaires pour raffermir l’installation paysanne dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry : - Protéger l’environnement - Marquer l’appropriation de tanety.

Alfred R, septembre 2007

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga lx QUELQUES TYPES D’AMENAGEMENT, SIGNES DE MOBILISATION DE LA TERRE

Photo N°8 : Aménagement d’une partie de vallée d’ordre 3 Alternance des parcelles aménagées et non aménagées, une méthode de protection contre l’envahissement. Chaque parcelle est délimitée par une diguette. L’aménagement par drainage, rapide et moins fatiguant constitue un danger réel d’alluvionnement du lac de Tsiazompaniry.

Alfred R, septembre 2007 .

Photo N°9 : Aménagement d’une partie de vallée étroite

L’aménagement d’un terrain topographiquement difficile traversé par un cours d’eau montre clairement la forte mobilisation de la terre. L’alluvionnement du lac est réel car la partie aménagée constitue un exutoire.

Alfred R, août 2007

Photo N°10 : Aménagement d’une tête de vallon

Aménagement d’une tête de vallon par un ménage miroatany. La difficulté de la topographie ne constitue pas un facteur de blocage pour les aménagements.

Alfred R, septembre 2007

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga lxi Photo N°11 : Aménagement d’une tête de vallon non submergé par les eaux du lac

L’accès à la terre est ici librement. Le bas fond aménageable en parcelles rizicoles n’existe apparemment pas. Les rizières profitent de la montée des eaux du lac qui permet de repiquer le riz (vary aloha). Le terroir de patate douce, au premier plan, se traduit par l’appropriation de l’ensemble de bas de versant non aménagé.

Alfred R, août 2007

Photo N°12 : Aménagement de tehezan-tanety

Les paysans commencent maintenant à coloniser le tehezan-tanety pour promouvoir les cultures de haninkotrana (manioc, patate douce).

Alfred R, septembre 2007

Photo N°13 : Vallon à conflits à Andavakisidisidina

Les vallons à conflit d’Andavakisidisidina sont tous aménagés en parcelles rizicoles. Chaque parcelle est délimitée par une diguette. Les bas de versant sont en jachères ; au fond on s’aperçoit le lac de Tsiazompaniry.

Alfred R, septembre 2007

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga lxii

Photo N°14 : Vallon entier appartenant à un ménage

La part foncière à léguer aux descendants est vaste ; la maison d’habitation est entourée de culture de patate douce ; la culture de taros se fait sur les terres attenantes ; le bas fond est entièrement aménagé en parcelles rizicoles.

Alfred R, août 2007

ACTIVITES GENERATRICES DE REVENUS

Photo N°15 : Les cultures maraîchères

L’existence du marché hebdomadaire du Tankafatra incite le paysan à développer des activités génératrices de revenus : cultures maraîchères (chou, chou-fleur, oignon, salade, …) et pisciculture.

Alfred R, août 2007

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga lxiii Photo N°16 : Culture de pomme de terre

a- Culture de pomme de terre de contre saison à Analandambo . La Commune rurale de Tankafatra est le foyer de la production de pomme de terre en Imerina orientale. Cette culture procure d’énormes revenus pour le paysan. . Hervé RAKOTO, mai 2006

b- Culture de pomme de terre de contre saison à Ankazotelo . Les canaux servent à la fois à faire sécher la parcelle rizicole pour le labour et à l’irrigation en cas de sècheresse.

Hervé RAKOTO, mai 2006

c- Culture de pomme de terre pluviale à Andavakisidisidina . La culture de pomme de terre pluviale se fait sur les versants. Après la récolte, la culture de haninkotrana (patate douce, manioc) succède celle de la pomme de terre.

Alfred R, Décembre 2007

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga lxiv

FERTILISATION DE SOL

Photo N°17 : Récolte de f ako

Le fako, litière graminée, est la matière première nécessaire pour la production de fumier du parc et de compost. La pérennisation de cette ressource incite les immigrants à lutter contre les feux de tanety. Le boisement de pin existant est soigneusement respecté.

Alfred R, décembre 2007

Alfred R, septembre 2007

PROTECTION DE REBOISEMENT DE PIN

Photo N°18 : Promouvoir les cultures vivrières et protéger le reboisement de pin .

Colonisation de bas fonds et de bas de versant pour les cultures vivrières tout en préservant le reboisement de pin et le bozaka

Alfred R, novembre 2007

Mobilisation de la terre dans le périmètre de reboisement de Tsiazompaniry, Commune rurale de Tankafatra, District d’Andramasina, Région Analamanga