Droit Naturel Et Droit Divin Comme Fondements De La Légitimité Politique Une Étude Comparative Du Christianisme Et De L’Islam
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UNIVERSITÉ DES SCIENCES SOCIALES DE TOULOUSE DROIT NATUREL ET DROIT DIVIN COMME FONDEMENTS DE LA LÉGITIMITÉ POLITIQUE UNE ÉTUDE COMPARATIVE DU CHRISTIANISME ET DE L’ISLAM THÈSE pour le doctorat en droit présentée et soutenue par Mohammad Javad JAVID sous la direction de Monsieur le Professeur Henry ROUSSILLON MEMBRES DU JURY Monsieur Hojatollah AYOUBI- Professeur à l’Université d’Imam Sadiq de Téhéran, (rapporteur) Monsieur Yadh BEN ACHOUR- Professeur à l’Université de Tunis, (rapporteur) Monsieur Benoît PETIT- Maître de conférences à l’Université Mirail de Toulouse Monsieur Jacques POUMAREDE- Professeur à l’Université des sciences sociales de Toulouse Monsieur Henry ROUSSILLON- Président de l’Université des sciences sociales de Toulouse TOULOUSE 8 Janvier 2005 La Faculté de droit n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans cette thèse. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur. 3 4 A mes parents. A mon épouse Dr. Fahimeh Sadat Tabatabaeî. 5 6 REMERCIEMENTS Cette étude a été menée au Centre d'Études et de Recherches Constitutionnelles et Politiques (CERCP) à l'UFR Sciences Juridiques de Toulouse. Elle est pensée dans le sens d’un dialogue interculturel, interreligieux et voulu pour le rapprochement entre les peuples dans un dialogue franc et sincère. Mes remerciements vont tout d’abord au professeur Henry Roussillon, pour tout son dynamisme et ses compétences scientifiques qui m'ont permis de mener à bien cette étude. Que mon ami Benoît reçoive toute l'expression de ma reconnaissance, pour l’intérêt qu’il a porté à mon travail. Merci à Lance, à Michel et à Frank. Mes remerciements ne sauraient oublier le gouvernement français et le CROUS de Toulouse, qui m'ont attribué une bourse d'Université pour cette recherche en France. Je remercie aussi ma famille : Fahimeh, Mojtaba et Zeynab, sans leur patience et leur attention ce travail n’aurait pas été mené à son terme. 7 8 NOTE SUR LA TRANSLITTÉRATION Nous avons adopté, en général, le système de translittération utilisé par l’Encyclopédie de l’Islam.1 Nous y avons cependant renoncé pour certains mots arabes passés dans la langue française (comme par exemple Coran, Chiite et Calife), et pour certains noms propres couramment orthographiés selon un autre mode (comme Nasser). Les mots et les noms d’origine arabe passés dans la langue persane ont été vocalisés en tenant compte, le cas échéant, des particularités propres à cette langue. 1 Encyclopédie de l’Islam, G.-P. Maisonneuvre&Larose S.A., Paris, (E.J. Brill : Leiden), 1978. 9 10 TABLE DES ABRÉVIATIONS UTILISÉES ACIHL Centre Arabe sur l'Éducation au Droit International Humanitaire et aux Droits Humains BLE Bulletin de Littérature Ecclésiastique BSOAS Bulletin of the School of Oriental and African Studies CADH Charte Arabe des Droits de l'Homme CDU Christlich-Demokratische Union CERHID Centre d’étude et de recherches d’histoire du droit D. C. Démocratie chrétienne DDHI Déclaration des Droits de l'Homme dans l'Islam DHDI Droits de l'Homme et Dialogue Interculturel DUDHI Déclaration Universelle des Droits de l'Homme dans l'Islam GERI Groupe d'Études et de Recherches Islamologiques IDEDH Institut de Droit Européen des droits de l’Homme LGDJ Librairie générale de droit et de jurisprudence M. R. P. Mouvement républicain populaire OCI Organisation de la Conférence islamique ONG Organisations non gouvernementales P. P. I. Parti populaire italien P. S. C. Parti social-chrétien PUAM Presses de l’Université d’Aix-Marseille PUF Presses Universitaires de France RDP Revue de droit public et de science politique RDP Revue de droit public. RJP La Revue Juridique Polynésienne RTDH Revue trimestrielle des droits de l’homme RUDH Revue universelle des droits de l’homme S. Th. Somme Théologique 11 12 13 14 INTRODUCTION 15 L’usage du mot droit naturel est si familier, qu’il n’y a presque personne qui ne soit convaincu au-dedans de lui-même que la chose lui est évidemment connue, pourtant la notion de droit naturel joue un rôle fondamental dans l’histoire de la pensée politique. Cette notion fonde en effet la possibilité de juger des imperfections et des insuffisances du droit positif. Le droit naturel définit le point de vue d’extériorité qui permet de porter un jugement sur un système social et sur un régime politique temporel aussi bien que sur un pouvoir spirituel. Même si le plus grand danger encouru par les sociétés modernes est en effet, aux yeux de A. Comte, la régression vers la fusion antique entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel,2 le droit naturel permet de dénoncer, là où ils se trouvent, l’arbitraire et l’injustice surtout lorsqu’il s’agit une autorité religieuse. Car il y a une communauté d’attributs (de dérives et de risques) que possèdent tant le pouvoir politique que le pouvoir ‘sacré’: un lien ayant toujours existé entre eux, que l’Histoire a distendu sans pourtant jamais le rompre. «L’enseignement des historiens et des anthropologues manifeste cette relation indestructible qui s’impose avec la force de l’évidence, dès l’instant où ils considèrent les pouvoirs supérieurs attachés à la personne royale, les rituels et le cérémonial de l’investiture».3 Par conséquent cette question touche les procédures juridiques et politiques maintenant la distance entre le gouvernant et ses sujets comme aussi l’expression de la ‘légitimité’. Dans les sociétés actuelles, il est devenu presque inimaginable de remettre en question la valeur des droits fondamentaux et de la démocratie. Nos chefs politiques et spirituels nous rappellent régulièrement leur attachement aux droits de l'homme et, dans la même foulée, se permettent de fustiger les dirigeants des pays qui se montrent intransigeants face à ces mêmes droits naturels tantôt demandant, tantôt refusant le devoir d’ingérence, dans un univers qui se mondialise.4 Ainsi, les notions de démocratie et de droits fondamentaux semblent devenues naturelles dans nos sociétés et même banales; elles ne sont cependant pas sans poser de nombreux problèmes de cadre et de définitions (lorsque l’on parle par exemple de la vocation et de l’utilisation du referendum). Il faut donc avoir le courage de «s'interroger sur la banalisation d'une procédure longtemps considérée avec méfiance par les tenants de la démocratie, en raison de ses relents autoritaristes.»5 Pour cela il est nécessaire de reprendre les choses de haut, et de ne rien avancer qui ne soit évident, du moins de cette 2 Pour Comte, après que l’Antiquité eut fait prévaloir leur confusion et que le Moyen-Âge eut entamé leur séparation, il revient à l’âge positif d’accomplir la scission entre ces deux types de pouvoirs. Cf. SPECTOR (Céline), Le pouvoir, Paris, GF Flammarion, 1997. p. 60 ; COMTE, opuscules de Philosophie sociale publiés en appendice au Système de politique positive, in Œuvres, t. X, Anthropos, 1970, pp. 191-192. 3 BALANDIER (Georges), Anthropologie Politique, Presses Universitaires de France, Paris, 1967. p. 92. 4 Comment éviter donc à la fois l’uniformisation hégémonique et l’affrontement des particularismes ? Est-elle juridiquement raisonnable ou éthiquement souhaitable une telle mondialisation pour inventer un droit commun? Cf. sur ce point précis la remarquable contribution de DELMAS-MARTY (Mireille), Trois défis pour un droit mondial, Seuil, Paris, 1998. 5 ROUSSILLON (Henry, sous direction), Référendum et démocratie, Presses UTl, Toulouse, 1998, la préface. 16 évidence qui concerne les questions morales-politiques et qui devrait satisfaire tout homme sensé. Pourtant, la question n'est pas si simple et nous serions devenus intolérants si nous ne tenions compte des différences entre les peuples. Pour mieux traiter notre point de vue, le sens du mot "droit" sera inévitablement à éclaircir: qu'est-ce que la loi ? Et le droit? Sur quoi se base-t-il? Que sont les "droits naturels" et la légitimité politique? La démocratie et les droits fondamentaux sont-ils un espoir ou une illusion? Et surtout, comment parler d'universalisation de tels concepts lorsque l'on songe à toutes les différences sociales et culturelles auxquelles nous sommes régulièrement confrontés. Toutes ces questions, incontournables, nous permettront de clarifier notre pensée et de vérifier dans quelle mesure est justifiée et nécessaire, l'affirmation selon laquelle le droit naturel et le système politique ont une valeur universelle malgré les différences sociales et culturelles. Outre l'idée du droit divin, perçu comme un ensemble de règles qui régissent les rapports humains, le sens originel de l'adjectif est très suggestif pour notre problématique. En effet, il signifie ce qui n'est ni tordu, ni courbe, bref, ce qui ne comporte aucune déviation. Dans ce cas, le droit aurait-il la fonction de maintenir "droit", de redresser? Et quoi? Au commencement il faut signaler que la ‘théorie du droit divin’ ne se dresse pas, a priori, contre le ‘droit naturel’. Tel est le premier postulat de notre recherche. Il nous faut immédiatement préciser que celle - ci se situe dans un tout autre cadre que celui du discours historique classique. Certes parfois dans une représentation politique, Droit divin et droit naturel de l'homme se rejoignent pour légitimer l’absolutisme6 ; ou, dans la procédure juridique, quelquefois on a fait la démonstration à propos du droit biblique du Sinaï, par exemple, qui est beaucoup moins imposé qu’on le penserait, ou à propos du modèle juridique issu des grandes théories du contrat social, beaucoup moins négocié qu’on le croirait.7 Pourtant il faut bien distinguer le rôle historique (et la réalité politique), de la vérité originale et philosophique qui aurait pu jouer. Mais, dès lors qu'existent un gouvernement et un droit, est-ce à dire que n'importe quelle forme de gouvernement ou de droit serait acceptable? Les gouvernements et le droit évoluent; sont-ils pour autant condamnés à le faire éternellement? Y a-t-il un gouvernement idéal et un droit parfait? Trouver un fondement, une base au droit nous permettra d'entrevoir des réponses.