UNIVERSITE DE TOAMASINA

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

DEPARTEMENT : ECONOMIE

Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme de Maîtrise Es Sciences Economiques

THEME

LA RECHERCHE AGRICOLE ET

DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE RIZ.

Le cas du FOFIFA-DR

Présenté par : Beteny Donatien TODISOA

Encadreur : Gatien Horace

Date de soutenance : 02 Septembre 2006

Promotion Sortante : 2003-2004

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS PLAN RESUME THEME : RECHERCHE AGRICOLE ET DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE RIZ. Le cas du FOFIFA-DR Fianarantsoa INTRODUCTION ……………………………………………………………………………………………..1

PREMIERE PARTIE : L’ACTIVITE DU FOFIFA DANS LA REGION DE LA …………………………………………………...... 5

CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE DE LA REGION HAUTE MATSIATRA …………………………………………………………………5 I-1- LE CADRE PHYSIQUE ET ADMINISTRATIF :...... 5 I-1-1-Le milieu naturel : ...... 5 I-1-1-1-Présentation de la Région : ...... 5 I-1-1-2-Le milieu physique : ...... 6 I-1-1-2-1-Le relief et le paysage : ...... 6 I-1-1-2-2-Le climat : ...... 7 • Température : ...... 7 • Pluviométrie : ...... 7 • Vents : ...... 8 I-1-1-2-3-L’hydrologie :...... 8 I-1-1-2-4-Sols et végétations : ...... 9 I-1-2-Le cadre administratif : ...... 10 I-1-2-1-Organisation administrative : ...... 10 I-2- LES DONNEES DEMOGRAPHIES ET SOCIALES : ...... 11 I-2-1-Population et démographie : ...... 11 I-2-1-1-Effectif et évolution : ...... 11 I-2-1-2-La dynamique de la population ...... 12 I-2-1-2-1-La natalité et la fécondité : ...... 12 I-2-1-2-2-La mortalité : ...... 13 I-2-1-2-3-Les migrations : ...... 13 I-2-1-3-La répartition de la population : ...... 14 I-2-1-3-1-La population urbaine et la population rurale : ...... 14 I-2-1-4-Les caractéristiques des ménages : ...... 15 I-2-1-4-1-La taille des ménages : ...... 15 I-2-1-4-2-Le chef deménage : ...... 15 I-2-1-4-3-Le niveau d’instruction des chefs de ménages : ...... 16 I-2-1-4-4-L’activité du chef de ménage : ...... 17 I-2-1-4-5-La profession du chef de ménage : ...... 18 I-3- LES ACTIVITES ECONOMIQUES DE LA REGION :...... 19 I-3-1-Le secteur agricole (agricultures) : ...... 19 I-3-1-1-Les caractéristiques globales : ...... 19 I-3-1-2-La superficie agricole : ...... 19 I-3-1-3-Les caractéristiques des exploitations : ...... 20 I-3-2-L’élevage : ……………………………………………………………………………………………………………...21 I-3-3-La pêche et les ressources halieutiques : ...... 21 I-3-4-La production forestière : ...... 21 I-3-5-Les industries et l’artisanat : ...... 21 I-3-6-Les ressources minières : ...... 22 I-3-7-Le transport : ……………………………………………………………………………………………………………...22 I-3-8-Les marchés : ……………………………………………………………………………………………………………...23 CHAPITRE II -LA PLACE DE LA RIZICULTURE DANS L’ÉCONOMIE RÉGIONALE ………………………………………………………………...... 24 II-1-LA RIZICULTURE DANS LA REGION DE LA HAUTE MATSIATRA : ...... 24 II-1-1-Le calendrier cultural : ...... 24 II-1-2-Les exploitationsr izicoles : ...... 24 II-1-3-Les superficies cultivées : ...... 25 II-1-3-1 Selon la toposéquence ...... 25 II-1-3-2-Selon le mode d’irrigation : ...... 26 II-1-3-3-Selon les saisons de riziculture : ...... 26 II-1-3-4-Selon les techniques culturales : ...... 27 II-2-LES RENDEMENTS ET LA PRODUCTION : ...... 27 II-2-1-La campagne agricole 2000/01 : ...... 27 II-2-2-Le niveau d’autosuffisance en riz : ...... 27 II-3-LA RIZICULTURE FACE AUX AUTRES CULTURES VIVRIERE : ...... 28 II-3-1-Les superficies par spéculation : (campagne agricole 2001) ...... 28 II-3-2-Les rendements et les productions pour les cultures vivrières : ...... 29 CHAPITRE III -LE FOFIFA ET SON PLAN DIRECTEUR DE LA RECHERCHE RIZICOLE ...... 31 III-1-PRESENTATION DU FOFIFA ...... 31 III-1-1-La structure d’organisation : ...... 31 III-1-2-Les ressources : ...... 35 III-2-1-L’Objectif :………………………………………………………………………………………………………. 35 III-2-2-La stratégie :…………...... 36 III-2-2-1-A court terme : ...... 36 III-2-2-2-A moyen et long terme : ...... 36 III-3-LE PLAN DIRECTEUR DU FOFIFA DE LA RECHERCHE AGRICOLE ET LE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE RIZ : ……………………………………………………………………………………………………….37 III-3-1-Les exploitations en matière de riziculture : ...... 37 III-3-2-Les contraintes au développement de la riziculture dans la Haute Matsiatra : ...... 37 III-3-2-1-Les contraintes générales : ...... 37 III-3-2-2-Les contraintes, sur le plan technique cultural et les résolutions dues à la recherche, dans la région : ...... 38 III-3-3-Les programmes en cours : ...... 39 III-3-4-La politique agricole suivie par le FOFIFA :...... 40 DEUXIÈME PARTIE : LA RECHERCHE RIZICOLE ET ANALYSE DE SON IMPACT SOCIO – ÉCONOMIQUE……………………………………………………………………43

CHAPITRE I - : L’INTERVENTION DU FOFIFA EN FAVEUR DE LA FILIÈRE RIZICOLE ……………………………………………………………………43 I-1- LES CARACTERISTIQUES DE LA RECHERCHE RIZICOLE (SRI) ...... 43 I-1-1-Les techniques culturales : ...... 44 I-1-1-1-La prégermination : ...... 44 I-1-1-2-La pépinière : ...... 44 I-1-1-3-La rizière : ...... 45 I-1-1-4-Les particularités des plants SRI : ...... 45 I-1-1-5-Les cordes : ...... 46 I-1-1-6-Le repiquage : ...... 48 I-1-1-7-Le sarclage : ...... 48 I-1-1-8-La récolte : ...... 49 I-2- ANALYSE DES RESULTATS OBTENUS : ...... 50 I-2-1-Les résultats rizicoles obtenus dans les sites d’enquête (avec SRI) : ...... 50 I-2-1-1-Fianarantsoa II : ...... 51 I-2-1-2- : ...... 52 I-2-1-3- : ...... 53 I-2-2-Analyse des performances et des faiblesses : ...... 54 I-2-2-1-Riz irrigué ……………………………………………………………………………………………………...54 I-2-2-2-SRI : ...... …………………………………………………………………………………………………..55 I-2-3-Existence d’une économie d’échelle pour le SRI : ...... …58 CHAPITRE II - LA DÉCISION D’ADOPTION DU SYSTÈME DE RIZICULTURE INTENSIVE …………….…………………………………………………….62 II-1-LES CARACTERISTIQUES DES MENAGES ET DES EXPLOITATIONS : ...... 62 II-1-1-Les données statistiques : ...... 62 II-1-2-Adoption et rejet du SRI entre 1993 – 1999 : ...... 69 II-2-EXPERIENCE ET EXPERIMENTATION : ...... 69 CHAPITRE III - LES FACTEURS D’EFFICACITÉ DE LA RECHERCHE AGRICOLE ET DE DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE RIZICOLE, CAS DU SRI ……………………………………………………………………………72 III-1-LE RENFORCEMENT DE LA CAPACITE DE VULGARISATION : ...... 72 III-1-1-Vulgarisation et liaison entre agriculteurs : ...... 72 III-1-2-La vulgarisation à l’échelle nationale : ...... 73 III-2-LA MONETARISATION DE L’ECONOMIE PAYSANNE : ...... 74 III-2-1-Un système efficace de crédit agricole : ...... 74 III-2-2-Les interventions directes de l’Etat : ...... 75 CONCLUSION ………………………………………………………………………………..79

LISTE DES TABLEAUX LISTE DES FIGURES DEVELOPPEMENT DES SIGLES REFERENCES BIBLIOGRAPHIES

REMERCIEMENTS

Nous louons le Seigneur Dieu Tout Puissant pour Sa Miséricorde d’avoir permis la réalisation de ce mémoire. Je Lui témoigne ma première gratitude. Il m’accompagne en tout instant, m’accorde la force, la santé, la foi et la vie.

J’adresse aussi ma profonde reconnaissance à toutes personnes qui ont contribué de près comme de loin à la réalisation de ce projet, plus particulièrement :

- Monsiuer Gatien HORACE, mon encadreur ; - l’Administration et au corps Enseigant dans la faculté des sciences économiques et de gestion qui ont porté leurs efforts pour me donner une formation qualifiante ; - le FOFIFA-DR Fianarantsoa d’avoir facilité mon accès aux informations et à la collecte des données sur le terrain. - ma famille pour leur amour, abnégation et encouragement, leurs soutiens moraux, martériels et financiers.

A vous tous, MERCI ! PLAN RESUME

INTRODUCTION GENERALE

PREMIERE PARTIE : L’activité du FOFIFA dans la région de la Haute Matsiatra

 Chapitre I : Présentation générale de la région Haute Matsiatra  Chapitre II : La place de la riziculture dans l’économie régionale  Chapitre III : Le FOFIFA et son plan directeur de la recherche rizicole

DEUXIEME PARTIE : La recherche rizicole et analyse de son impact socio-économique

 Chapitre I : L’intervention du FOFIFA en faveur de la filière rizicole  Chapitre II : La décision d’adoption du système de riziculture intensive  Chapitre III : les facteurs d’efficacité de la recherche agricole et de développement de la culture rizicole, cas du SRI.

CONCLUSION

- 1 -

INTRODUCTION

La grande majorité de la population malgache vit de l’agriculture. La culture du riz occupe une grande place, approximativement 45 % des terres cultivées (FAO Stat, 2003), et constitue une des principales sources de revenus de 10 millions de Malgaches. Aussi, l’accroissement de la production de riz chez les petits exploitants, qui sont majoritaires, peut-il avoir un impact considérable sur les revenus de ménages, les dépenses courantes dont celles nécessaires à l’alimentation. Actuellement, la production rizicole totale connaît une grande défaillance : la productivité se situe au-dessous de la moyenne mondiale (IRRI, 2004). Par ailleurs, le rythme d’extension des superficies cultivées en riz est dépassé par la croissance démographique. La production nationale n’arrive donc pas à couvrir les besoins de la population ; aussi, chaque année, est-elle obligée d’importer d’énormes quantités de riz pour combler le déficit. Interpellé par cette réalité, le gouvernement malgache a fixé comme objectif primordial concernant le secteur primaire « l’augmentation de la productivité agricole ainsi que la superficie cultivée », associé à quatre autres objectifs globaux, à savoir : i – « Promouvoir les petits investissements en zones rurales et le partenariat entre les groupements paysans et le secteur privé ; 2i – Promouvoir les exportations agricoles et agro-alimentaires et améliorer la qualité ; 3i – Assurer une gestion transparente et rationnelle des ressources pour assurer leur pérennité ; 4i – faciliter l’accès du producteur au capital foncier ». 1 Déterminé à apporter sa contribution à cet effet, le Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural (CENRADERU/FOFIFA) a procédé à une évaluation des résultats de la recherche. La synthèse de cette évaluation conduisit le FOFIFA à faire un inventaire des résultats de la recherche sur la filière riz et collationner les documents y afférents. De tous les résultats obtenus, le plus probant se rapporte à une méthode de culture sous le nom de Système de Riziculture Intensive (SRI). Le système est réputé pouvoir augmenter le rendement de 2 à 6 tonnes/ha ou même plus avec peu d’intrants. Cette nouvelle méthode de riziculture constitue une grande découverte malgache et très simple d’application.

1 Madagascar : « Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) », Antananarivo, 2003, p. 88.

- 2 - On localise cette étude dans la région de Haute Matsiatra qui se situe dans la Province autonome de Fianarantsoa. Cette région est constituée par une forte proportion d’agriculteurs, notamment des riziculteurs qui sont dans une très large majorité des petits exploitants. Depuis 1993, cette région connaît une large diffusion du SRI qui a été conçu pour être accessible à tous les agriculteurs et particulièrement bénéfique pour les petits exploitants pauvres. Cependant, malgré l’apparence bénéfique et l’accessibilité de la méthode, le taux d’adoption dans la région de la Haute Matsiatra reste faible et les taux de non-adoption et de rejet sont élevés. L’objectif de cette étude est de faire apparaître les avantages liés à la pratique du SRI, d’expliquer pourquoi les agriculteurs ne pratiquent pas le SRI sous les conditions actuelles et de déterminer les actions que les pouvoirs publics devraient initier pour renforcer l’adoption du SRI.

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Figure 1 : Carte de localisation de la région dans la carte de Madagascar

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Figure 2 : Carte de localisation par district

PREMIERE PARTIE

L’ACTIVITE DU FOFIFA DANS LA REGION DE LA HAUTE MATSIATRA - 5 –

PREMIERE PARTIE

L’ACTIVITE DU FOFIFA DANS LA REGION DE LA HAUTE MATSIATRA

Malgré son potentiel jugé énorme et la place qu’elle occupe dans l’économie de la région de la Haute Matsiatra, la riziculture est très peu développée. Elle est considérée comme de priorité de sécurité alimentaire, néanmoins caractérisée par une forte diversité des problèmes. Conscient de cette réalité, le FOFIFA entreprend ses objectifs pour le développement de la filière riz en mettent en valeur la politique de recherche agricole. Avant d’approcher l’activité du FOFIFA dans la région, nous devons faire apparaître les caractéristiques globales du milieu rural (physique, sociale, économique,) de la région Haute Matsiatra

Chapitre I - : PRESENTATION GENERALE DE LA REGION HAUTE MATSIATRA

La région de la Haute Matsiatra occupe une grande place dans le cadre physique et administratif, ainsi que de vie socio-économique de la Province autonome de Fianarantsoa. Elle représente la première place en ce qui concerne les superficies cultivées, celles-ci étant estimées à « 47,6% en 2001 »2 de celles de la province.

I-1- Le cadre physique et administratif

I-1-1- Le milieu naturel

I-1-1-1- Présentation de la région

La région de la Haute Matsiatra comprenant les districts de Fianarantsoa I, Fianarantsoa II, Ambalavao, et Ambohimahasoa est relativement vaste et hétérogène. Elle est limitée : - au nord par la région d’Amoron’i Mania - au sud par la région d’ - à l’est par la région de

2 Service de la statistique agricole (DPEE/MIN.ACRI) - 6 –

- à l’ouest par les régions du et du Sud-Ouest. L’ensemble de la région couvre une superficie de 20.958,69 km 2, soit 20,46% environ de la superficie totale de la province autonome de Fianarantsoa.

Tableau 1 : Répartition de la superficie de la Région Haute Matsiatra par district

REGION DISTRICT SUPERFICIE (km 2) REPARTITION (%) Haute Matsiatra Fianarantsoa I 116,59 0,56 Fianarantsoa II 4 176,10 19,93 Ambalavao 4 686,00 22,36 Ikalamavony 10 016,90 47,79 Ambohimahasoa 1 963,10 9,37 Total 20 958,69 100,00 Source : Foiben-Taosaritanin’i Madagasikara (FTM). 2004

La typologie sous-régionale : Si l’on considère ces espaces, on peut globalement distinguer deux sous-régions : - la partie orientale, à topographie indécise, correspondant à la surface de transition entre la falaise Tanala et les Hautes Terres centrales. Les tanety y constituent une réserve importante, mal exploitée, pour la riziculture ; - les Hautes Terres centrales, correspondant à la partie méridionale du pays Betsileo. Densément peuplé, relativement bien desservie par un réseau routier suffisamment ramifié, cette région, à relief tourmenté, offre des paysages de rizières en gradins typiques.

I-1-1-2- Le milieu physique

I-1-1-2-1- Le relief et le paysage

Le pays Betsileo présente un relief montagneux, heurté par des massifs vigoureux, isolés et sillonnés par des dépressions étroites. L’agencement du relief peut se concevoir à partir de l’Andringitra qui s’élève brusquement (Pic Boby = 2 600 m) au-dessus du seuil de Ranotsara et qui s’étend, le long de la RN 7 (Antananarivo-Toliara) et la partie méridionale des Hautes Terres centrales qui correspond à la zone d’affleurement la moins large du socle ancien. - 7 –

I-1-1-2-2- Le climat

• Température :

Tableau 2 : Température moyenne de la période 1990 – 2002

Température moyenne Altitude Station Période Mois le plus Mois le plus (m) Annuelle chaud froid Haute Matsiatra 1990 – 95 18,1 21,6 13,8 1 106 Beravina 2000 – 02 18,6 22,4 14,1 Source : Service Inter-Régional Sud de la Météorologie et de l’Hydrologie – Fianarantsoa, Direction des Exploitations météorologiques, 2003 .

Du point de vue température, la température moyenne annuelle pour la station de Beravina est approximativement de 18°C, la plus basse (13°C) est enregistrée dans la partie centrale des Hautes Terres. Dans cette région, à mesure qu’on descend vers le Sud, l’on remarque une augmentation des températures jusqu’à 20°C. Les mêmes phénomènes sont observés, aussi bien du centre des Hautes Terres vers l’ouest que vers l’est.

• Pluviométrie :

Tableau 3 : Pluviométrie moyenne de la période 1990 - 2002 à Beravina Fianarantsoa

Pluviométrie Nombre de Station Altitude Période annuelle (mm) mois secs Haute Matsiatra 1990 – 95 1 074,2 5 1 106 Beravina 2000 - 02 1 125,5 5 Source : Service Inter-Régional Sud de la Météorologie et de l’Hydrologie Fianarantsoa.

Les isohyètes annuelles sont au niveau 800 – 900 mm dans la région de la Haute Matsiatra, avec une légère augmentation jusqu’à 1 400 mm au fur et à mesure que l’on monte vers le nord et en allant jusqu’à 2 000 mm à la frontière est de la région. Vers le sud et le sud-ouest de la région, l’on remarque une nette stabilisation des courbes isohyètes avec leur étalement dans l’espace. La période pluvieuse commence en octobre. La quantité des pluies reçues est la plus importante en décembre – janvier. Celle-ci décroît rapidement aux mois d’avril – mai. - 8 –

La période sèche coïncide avec les mois de mai à octobre au cours de laquelle sont enregistrées des précipitations sous formes de crachin.

• Vents : Les vents dominants soufflent d’est en ouest avec une vitesse en moyenne très faible qui varie entre 1 à 4 m/s comme le montre le tableau ci-après :

Tableau 4 : Direction et vitesses du vent

Année 2001 Année 2002 Mois Directions Vitesses Directions Vitesses En degré moyennes en degré moyennes Janvier 060 1m/s 080 1m/s Février 080 4m/s 080 1m/s Mars 080 1m/s 080 1m/s Avril 080 1m/s 080 1m/s Mai 080 1m/s 080 1m/s Juin 080 1m/s 080 1m/s Juillet 060 1m/s 080 1m/s Août 060 1m/s 080 1m/s Septembre 080 1m/s 080 1m/s Octobre 100 1m/s 100 1m/s Novembre 120 1m/s 100 1m/s Décembre 100 1m/s 100 1m/s Source : Service Inter-Régional Sud de la Météorologie et de l’Hydrologie Fianarantsoa.

La région est rarement touchée par des perturbations cycloniques

• L’hydrologie : L’hydrologie de la région de la Haute Matsiatra est caractérisée par le bassin versant du Mangoky. Le réseau hydrographique de ce bassin versant prend sa source dans les régions de la Haute Matsiatra et d’Ihorombe (rivière Manantànana, Zomandao et Ihosy). Il se déverse dans le canal de Mozambique une fois récupéré par le fleuve Mangoky. Les principaux cours d’eau sont : - Fisakana traversant Fandriana et Manandriana ; - Ranomaintso traversant Fianarantsoa II et Ikalamavony ; - Fanindrona traversant Ambohimahasoa.

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I-1-1-2-3- Sols et végétations

Sur le plan pédologique, la région Haute Matsiatra est caractérisée par des sols ferralitiques jaunes et rouges, de superficies assez importantes, mais discontinues. L’on remarque en outre la présence de sols ferrugineux tropicaux couvrant la partie centrale de la région de la Haute Matsiatra, et des îlots d’association de sols ferralitiques et ferrisols. Les bas fonds portent essentiellement des sols hydromorphes à gley. Leur mise en valeur a commencé depuis l’installation de la population dans la zone et comporte deux aspects : aménagement et mise en culture. Les terrasses rizicoles (Kipahy) constituent une particularité de la région. Pour pallier l’insuffisance des bas-fonds et profitant des possibilités de captage d’eau en hauteur, les paysans ont installé des terrasses irrigables sur les flancs des collines. Dans la partie orientale de la région et parallèlement à la côte Est sont localisées des savanes et steppes à Aristida et Ctenium ou Loudetia. Ces types de savanes sont délimités par un mince filet de forêt dense ombrophile de moyenne altitude. - 10 –

1-1-2-Le cadre administratif

I-1-2-1-Organisation administrative Figure 3 : SCHEMA ACTUEL TRANSITOIRE

DECONCENTRATION DECENTRALISATION

CIRCONSCRIPTIONS D'ADMINISTRATION COLLECTIVITESCOLLECTIVITE PUBLIQUESPUBLIQUES GENERALE

- Délégation Spéciale (12 membres nommés par décret : Contrôle de légalité 1 Président + 2 Vice-présidents + 9 membres) : Organe délibérant Délégué Général du - Président Délégation Spéciale : Organe exécutif et Gouvernement représentant de l'Etat

Contrôle de legalité - Comité régional : (n) parlementaires issus de la région + (n) Représantant de l’ Représentants des maires élus + (n) représentants des secteurs Etat au niveau de économiques et société civile élus (délibératif) - Chef de région : exécutif et représentant de l'Etat, province autonome nommé par decret

DISTRICT Chef de district + 2 adjoints Contrôle de la légalité par délégation du Chef de Région nommés par Chef de région

ARRONDISSEMENT COMMUNE Chef d'arrondissement Organes élus : nommé par chef de district - conseil Municipal ou Communal (délibératif) Maire (éxcecutif) Fokontany Président + Adjoints nommés par Maire

D’après ce schéma de l’organisation administrative, le développement régional est caractérisé par la complémentarité des politiques de déconcentration et de décentralisation. Cette organisation administrative favorise les priorités de développement régional par une approche participative au niveau des communes afin de mieux considérer les avis de la population sur les actions les plus adaptées à la résolution de leurs problèmes. La région gère l’exécution de ces priorités en assumant une fonction intermédiaire entre les collectivités locales et l’Etat central. Elle assure aussi l’équité du développement intercommunal et dirige les subventions et les financements provenant du gouvernement central et des autres partenaires. - 11 –

Le tableau ci-dessous montre les communes dans chaque district :

Tableau 5 : Les subdivisions administratives de la région Haute Matsiatra

Districts Communes Fianarantsoa I Fianarantsoa I Fianarantsoa II Alakamisy Ambohima, , Alatsinainy Ialamasina, Ambalakely, , Ambalamidera II, , , Itsara, Ankarinarivo, , centre, , , , Iavinomby Vohibola, Fanjakana, , , , Mahazoarivo, , Masoabe, , Ranoahina Mahatsinjo, , , Soatanàna, , Talatanampano, Vinanitelo, , . Ambalavao Ambalavao, , Ambinanindrano, , Ambohimandroso, Andrainjato, Anjomà, Ankaramena, , Fenoarivo, Iaritsena, , , , Miarinarivo, , . Ambohimahasoa , , Ambohimahasoa, Amboninamboarina, Ampatana, AnkafinaTsarafidy, Akerana, , , Fiadanana, Isaka, Kalalao, Mandroy, Morafeno, , , . Ikalamavony Ambatomainty, Ikalamavony, , , , Bekisopa, , Tanamarina Sakay. Source : Inventaire de Fivondronana 2003.

I-2- Les données démographiques et sociales

I-2-1- Population et démographie

I-2-1-1- Effectif et évolution

Le tableau ci-dessous présente la répartition de la population dans la région

Tableau 6 : Répartition de la population dans la haute Matsiatra Projections Population District Superficies Densité résidente 1997 Population 2004 (km 2) (hab/km 2) Fianarantsoa I 121 381 145 272 116,59 1246 Fianarantsoa II 361 155 432 240 4 176,10 103 Ambalavao 161 331 193 085 4 686,00 41 Ambohimahasoa 164 615 197 016 1 963,10 100 Ikalamavony 46 733 55 931 10 016,90 6 Region Haute 855 215 1 023 544 20 958,69 49 Matsiatra Source : DRDR (ex DIRA) Fianarantsoa. - 12 –

La région de la haute Matsiatra, qui couvre 20,46% de la superficie totale de la Province autonome de Fianarantsoa et qui représente 22,9% de la population totale, a la plus forte densité (49 hab/km 2). A l’intérieur de cette région, les districts les moins peuplés sont ceux d’Ikalamavony (6 hab/km 2) et d’Ambalavao (41 hab/km 2).

Tableau 7 : Evolution de l’effectif de la population

Projection District Effectif 1975 Effectif 1993 Effectif 1997 Effectif 2004 Fianarantsoa I 68 054 109 260 121 381 145 272 Fianarantsoa II 207 436 326 520 361 155 432 240 Ambalavao 86 176 143 947 161 331 193 085 Ambohimahasoa 96 750 149 452 164 615 197 016 Ikalamavony 27 851 42 536 46 733 55 931 Region Haute 486 267 771 715 855 215 1 023 544 Matsiatra Source : DRDR Fianarantsoa.

I-2-1-2- La dynamique de la population

I-2-1-2-1- La natalité et la fécondité Tableau 8 : Natalité et fécondité

Naissances Taux de Population Femme 15 à Taux de District 12 derniers fécondité totale 2004 49 ans natalité (‰) mois (‰) Fianarantsoa I 145 272 37 790 3 354 88,7 23,3 Fianarantsoa II 432 240 91 030 12 964 142,4 29,9 Ambalavao 193 085 40 807 6 785 166,3 35,13 Ambohimahasoa 197 016 41 166 6 682 162,3 33,91 Ikalamavony 55 931 12 956 1 640 126,6 29,32 Region Haute 1 023 544 223 749 31 425 140,4 30,70 Matsiatra Source : DRDR (ex DIRA) Fianarantsoa.

Dans l’ensemble de la région, on compte 223 749 femmes en âge de procréer, les naissances des 12 derniers mois se chiffrent à 31 425. On a ainsi 140 femmes fécondes sur 1 000 femmes en âge de procréer. Le taux de natalité est de 30,70‰. Le plus faible taux de fécondité a été observé dans le district de Fianarantsoa I (89‰) et d’Ikalamavony (127‰). - 13 –

Par contre, des taux relativement élevés sont observés dans les districts d’Ambalavao et d’Ambohimahasoa. Dans la région de la Haute Matsiatra, le taux de natalité varie entre 23 et 35‰. Le plus faible se rencontre dans le district de Fianarantsoa I, le plus fort dans celui d’Ambalavao.

I-2-1-2-2- La mortalité Le tableau suivant montre le taux de mortalité de la région par district.

Tableau 9 : Mortalité

Population totale Décès des douze Taux de mortalité District 2004 derniers mois (‰) Fianarantsoa I 145 272 1 062 7,3 Fianarantsoa II 432 240 6 449 14,9 Ambalavao 193 085 1 770 9,2 Ambohimahasoa 197 016 2 458 12,5 Ikalamavony 55 931 744 13,5 Region Haute 1 023 544 12 483 12,2 Matsiatra Source : DRDR Fianarantsoa. Le taux de mortalité moyen pour Madagascar s’établit à 15,3‰. Il est évident que, dans un pays où l’espérance de vie moyenne ne dépasse pas 60 ans, tout taux inférieur à 15‰ ne peut être que faux. Par conséquent, les décès ont été largement sous-déclarés lors de cette enquête et toute dissertation sur les chiffres du tableau ci-dessus n’aurait aucun sens. NB : Compte tenu de la certaine forte sous-estimation des taux de mortalité, la détermination du taux d’accroissement naturel de la population à partir des données ci- dessus est impossible. Nous savons que le taux moyen d’accroissement démographique à Madagascar s’établit entre 2,6 et 2,8%.

I-2-1-2-3- Les migrations • Immigration : Le nombre des immigrants par district n’est pas chiffrable. On note seulement la présence marquante de quelques ethnies (Merina, Antaisaka, Bara, Antandroy et Sakalava) dans chaque district. Dans la majorité, ils sont venus pour des activités commerciales, ainsi que quelques emplois de type administratif, personnels des services.

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• Emigration : La présence des Betsileo dans toutes les régions de l’île est assez remarquable. Ils émigrent principalement pour des professions administratives, intellectuelles et scientifiques. On remarque ainsi des artisans et ouvriers des métiers de type artisanal de marché (entreprises de bois,…) dans les autres régions.

I-2-1-3- La répartition de la population

I-2-1-3-1- La population urbaine et la population rurale

Tableau 10 : Répartition de la population urbaine et de la population rurale selon le district de résidence

Taux d’urbanisation District Population Urbaine Population Rurale (%) Fianarantsoa I 145 272 - 100 Fianarantsoa II - 432 240 0 Ambalavao 27 032 166 053 14 Ambohimahasoa 9 851 187 165 5 Ikalamavony 14 542 41 389 26 196 697 826 847 19,22 Source : DRDR Fianarantsoa.

La population de la région est en majorité rurale (80,78%). Le taux d’urbanisation (population urbaine / population totale) est de 19,22%. Le taux d’urbanisation est, par définition, de 100% dans le district de Fianarantsoa I, contre 5% dans celui d’Ambohimahasoa et 0% par définition également, dans le district de Fianarantsoa II. Le district d’Ikalamavony connaît un taux d’urbanisation relativement élevé (à cause de l’insécurité).

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I-2-1-4- Les caractéristiques des ménages

I-2-1-4-1- La taille des ménages

Tableau 11 : Taille des ménages

Nombre de Nombre de chefs de District Population résidente personnes par ménage ménage Fianarantsoa I 27 070 145 272 5 Fianarantsoa II 76 229 432 240 6 Ambalavao 35 979 193 085 5 Ambohimahasoa 34 745 197 016 6 Ikalamavony 11 507 55 931 5 Haute Matsiatra 185 530 1 023 544 6 Source : DRDR Fianarantsoa.

Au total, la région compte 185 530 chefs de ménage. Dans chaque ménage, il y a en moyenne 6 personnes.

I-2-1-4-2- Le chef de ménage Le pourcentage de femmes chefs de ménage est généralement plus élevé en milieu urbain qu’en milieu rural, ce qui est normal. Le pourcentage particulièrement faible du district d’Ikalamavony confirme le caractère rural de cette circonscription.

Tableau 12 : Répartition de la population selon le genre et le milieu de résidence

Milieu urbain Milieu rural District Hommes (%) Femmes (%) Hommes (%) Femmes (%) Fianarantsoa I 75,6 24,4 - - Fianarantsoa II - - 81,8 18,2 Ambalavao 75,9 24,1 85,0 15,0 Ambohimahasoa 69,8 30,2 81,6 18,4 Ikalamavony 85,0 15,0 84,0 16,0 Source : DRDR Fianarantsoa.

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I-2-1-4-3- Le niveau d’instruction des chefs de ménages

Tableau 13 : Niveau d’instruction des chefs de ménages

District Nombres de chefs de ménages % ayant fréquenté l’école Fianarantsoa I 27 070 94,1 Fianarantsoa II 76 229 91,4 Ambalavao 35 979 78,8 Ambohimahasoa 34 745 76,8 Ikalamavony 11 507 53,8 Haute Matsiatra 185 530 80,1 Source : DRDR Fianarantsoa.

Globalement, dans la région, 19,9% seulement des chefs de ménages n’ont jamais été à l’école, ce qui suppose que la majorité des chefs de ménages sait lire et écrire. Mais ce chiffre très satisfaisant masque une faute inégalité entre les districts. On constate par exemple un faible taux de scolarisation dans le district d’Ikalamavony. - 17 –

I-2-1-4-4- L’activité du chef de ménage

Tableau 14 : Situation vis-à-vis de l’emploi (%)

Situation vis-à-vis de l’emploi (en effectif) Total District Ménage En quête 1 er Etudi- Occupé Chômeur Ménagère Retraité Incapacité Autres ND emploi ant Fianarantsoa I 100 76,60 3,08 1,70 4,88 3,57 4,71 1,4 5,03 0,75 Fianarantsoa II 100 94,21 0,27 0,14 2,04 0,03 0,83 1,42 0,79 0,40 Ambalavao 100 95,62 0,38 0,15 1,19 0,08 0,84 1,29 0,29 0,32 Ambohimahasoa 100 93,03 0,33 0,14 2,86 0,02 0,51 2,85 0,31 0,09 Ikalamavony 100 91,32 0,40 0,26 2,49 0,02 0,45 0,76 3,76 0,79 Total 100 91,50 0,72 0,40 0,25 0,60 1,30 1,62 1,41 0,40 Source : DRDR Fianarantsoa.

Les proportions de chefs de ménages occupés varient de 77% à 96%. Une plus forte proportion est observée dans trois districts : Ambalavao (96%), Fianarantsoa II (94%) et Ambohimahasoa (93%). Les chefs de ménages dans le district de Fianarantsoa I sont relativement moins occupés (77%). - 18 –

I-2-1-4-5- La profession du chef de ménage Tableau 15 : Répartition par grands groupes de professions

Total Grands groupes de professions chefs de District ménages A B C D E F G H I J K actifs Fianarantsoa I 20 736 1 094 327 1 942 1 602 1 225 3 864 3 211 3 716 1 566 1 987 202 Fianarantsoa II 71 815 23 59 1 168 259 127 750 58 702 6 563 302 3 670 192 Ambalavao 34 403 57 22 621 142 127 590 28 349 860 146 3 432 57 Ambohimahasoa 32 323 51 34 593 152 95 389 28 253 2 126 90 514 26 Ikalamavony 10 508 26 10 159 62 32 87 9 855 212 5 45 15 Total 169 785 1 251 452 4 483 2 217 1 606 5 680 128 370 13 477 2 109 9 648 492 Source : DRDR Fianarantsoa. Légendes : A : Forces armées B : Membres de l’exécutif et des corps législatifs, cadres supérieurs de l’administration publique, dirigeants et cadres supérieurs C : Professions intellectuelles et scientifiques D : Professions Intermédiaires E : employés de type administratif F : Personnel des services et vendeurs de magasin et de marché G : Agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture H : Artisans et ouvrier des métiers de type artisanal de marché - 19 –

I : Conducteurs d’installation J : Ouvriers et employés non qualifiés d’entreprise K : Non déterminé.

Pour le groupe de professions G qui nous intéresse le plus, dans le district de Fianarantsoa I, les agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture se trouvent au troisième rang. Pour les autres districts, ce groupe de professions est le plus important en nombre. Dans la totalité de la région, les chefs de ménages dans le groupe G représentent 75,6% des chefs de ménages actifs et la majorité se trouvent dans le milieu rural.

I-3- Les activités économiques de la région

I-3-1- Le secteur agricole

I-3-1-1- Les caractéristiques globales

La région orientale est favorable aux cultures de rente, plus particulièrement le café. Sur les Hauts Plateaux, la presque totalité des vallées sont exploitées et les pentes présentant des possibilités d’irrigation sont occupées par les rizières en étages. Les autres cultures vivrières (manioc, patate douce, haricot, maïs, etc.), destinées surtout à l’autoconsommation sont très pratiquées. Avec des techniques culturales adéquates et suivies, la production agricole s’accroîtra sans nul doute très rapidement. Par ailleurs, les cultures maraîchères et fruitières (agrumes surtout) sont importantes et la viticulture est en plein essor dans la région. La culture du tabac est prospère dans le Sud.

I-3-1-2- La superficie agricole Le tableau suivant donne le pourcentage de la superficie cultivée par rapport à la superficie physique totale de chaque district.

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Tableau 16 : Proportion des superficies cultivées par district, année 2001.

Superficie cultivée Superficie physique District 2 3 totale (km ) 2 4 (km ) % Superficie totale Fianarantsoa I 116,59 - - Fianarantsoa II 4 176,10 571,25 13,68 Ambalavao 4 686,00 260,10 5,55 Ikalamavony 10 016,90 114,10 1,14 Ambohimahasoa 1 963,10 219,35 11,17 Haute Matsiatra 20 958,69 1 164,80 5,56

I-3-1-3- Les caractéristiques des exploitations Tableau 17 : Répartition des surfaces cultivées par type de spéculation (Ha)

Superficie Cultures Cultures de Cultures District totale cultivée vivrières rentes industrielles Fianarantsoa I - - - - Fianarantsoa II 57 125 56 180 850 95 Ambalavao 26 010 25 785 120 105 Ikalamavony 11 410 11 130 30 250 Ambohimahasoa 21 935 21 620 70 245 Haute Matsiatra 116 480 114 715 1 070 695 Source : Service Statistique Agricole /DPEE – Min-Agri (Juin 2003)

Les surfaces cultivées dans la zone de la DRDR Haute Matsiatra couvrent environ 116 480 Ha. A l’est de la zone, le taux d’utilisation des terres aménageables atteint plus de 75%. Sur tanety, à l’ouest, les surfaces cultivées représentent à peine 20% du potentiel édaphique exploitable. Pour le cas de Fianarantsoa I et II et Ambalavao, les chiffres des surfaces cultivables sont inférieurs à ceux des surfaces cultivées, ce qui est normal, car ces sous-régions sont relativement surpeuplées ; de ce fait, même des terrains juste bons à reboiser (pente supérieure à 12%) sont aménagés en gradins et exploités pour les cultures vivrières.

3 Source : Superficie physique : FTM (2001) 4 Source : Service Statistique Agricole / DPEE – Min-Agri (juin 2003) - 21 –

I-3-2- L’élevage L’élevage bovin tient une grande place dans la région. L’élevage des autres types d’animaux se rapporte essentiellement aux porcins, aux caprins, aux ovins et à la volaille. Les lieux d »écoulement sont : - le marché local (bovins, porcins, volaille et autres), - Antananarivo (porcins et volaille), - Antsirabe (bovins). L’élevage est source de revenu et de fumier. Les zébus peuvent servir à l’agriculture (attelage et piétinage).

I-3-3- La pêche et les ressources halieutiques

Les exploitations sont constituées de pêche artisanale et d’aquaculture. Les produits d’eau douce destinés à la consommation locale dans les divers marchés sont les poissons frais, gambusia, anguilles, écrevisses,… On constate aussi, en moyenne, une augmentation de 17% par an des producteurs privés d’alevins.

I-3-4- La production forestière

Les types de produits sont : les planches, les madriers, les bois carrés, les battants, les traverses, les grumes, le bois de chauffage et le charbon de bois. Le bois de chauffage est l’objet d’une grande exploitation (160 250m 3 en 2001), suivi par le charbon de bois. Dans cette région, on a constaté une large mobilisation en faveur du reboisement ; les acteurs sont : des individus / particuliers, des écoles, des collectivités, des ONG et les services publics. Les principales destinations de la production de bois sont la consommation locale, Antananarivo, Toliara, Antsirabe et l’exportation.

I-3-5- Les industries et l’artisanat

- Les décortiqueries et rizeries : Au niveau de la province autonome de Fianarantsoa, la plupart d’entre elles (formelles et informelles) sont installées dans la région de la Haute Matsiatra avec 55% pour la décortiquerie et 88% pour les rizeries. - 22 –

- La viticulture : Cette pratique est très répandue dans la région ; on compte 19 raisons sociales avec 22 caves (5 pour la seule société Lazan’i Betsileo), et la capacité moyenne de production est de 957 214 l par an. - L’artisanat : Dans la ville de Fianarantsoa, on compte actuellement 39 entreprises de bois dont les principales activités sont les dépôts et les menuiseries 5

I-3-6- Les ressources minières La carte de la division géologique met en évidence les potentiels miniers et leurs localisations dans la région. En plus de l’indication de cette carte, quelques ressources du sous-sol de cette région sont mentionnées dans le document « Régions et Développement » édité en 1991. Il s’agit du marbre aragonite, du kaolin, de l’ardoise, du manganèse, de l’or, de la platine torendrikita, de la silice, du fer et du gypse. Dans la région, on peut aussi rencontrer du graphite (Ambohimahasoa, Ambalavao), du fer à Bekisopa, des gemmes, du béryl, de la tourmaline, et de la phologopite (Ikalamavony).

I-3-7- Le transport Dans la région de la Haute Matsiatra, la plupart des routes entrent dans la catégorie des routes ou pistes en terre à praticabilité saisonnière. Le réseau se répartit comme suit : - Routes bitumées : 540 km; - Pistes praticables en toutes saisons : 240 km; - Pistes praticables seulement en saison sèche : 720 km; - Difficilement praticables en saison de pluie : 80 km ; - Le coût du transport est le même pour un même axe, tant en saison sèche qu’en période pluvieuse. Avant la forte dépréciation de la monnaie malgache, durant les deux dernières années, les frais de transport par personne est de l’ordre de 100 FMG soit 20 Ar par km pour les routes bitumées et de 200 FMG (40 Ar) pour les routes secondaires. Actuellement, ces chiffres connaissent presque un doublement.

5 Source : DRDR Fianarantsoa - 23 –

• Pour le trafic aérien, il n’y a pas de liaisons internes à la région. La ligne existante relie Fianarantsoa I (Idanda) avec Antananarivo (Ivato). • Pour le trafic fluvial, aucun des fleuves de la région n’est navigable. • Pour le trafic ferroviaire, la ligne FCE (Fianarantsoa Côte Est) relie Fianarantsoa à Manakara en passant par Ikongo. Un service « de banlieue » bi- journalier continue à être assuré entre Fianarantsoa et Sahambavy.

I-3-8- Les marchés Les marchés sont définis comme les lieux où s’effectue l’échange des produits de l’activité agricole, industrielle et artisanale. Le système d’échange dans la région est très lié à la situation des infrastructures de transport et routières. Cela suggère la nécessité de l’amélioration, de la multiplication et de l’entretien des voies de communication (routes, télécommunications). Deux types de marché se rencontrent dans la Haute Matsiatra : le marché de produits en général et le marché de bétail. En ce qui concerne les marchés de produits en général, on les rencontre un peu partout dans les chefs-lieux de districts et de communes dont les plus importants se trouvent dans le district de Fianarantsoa I. Dans ces marchés, les produits vendus et achetés concernent les produits agricoles, de l’élevage, de l’artisanat, les PPN, les tissus, les matériels agricoles, etc. Selon l’importance des marchés, les marchands de tissus et les artisans affluent des régions limitrophes de Fianarantsoa pour vendre leurs produits aux paysans qui viennent en taxi-brousse ou, cas le plus fréquent, à pied, vendre riz, volaille, fruits, légumes et autres produits agricoles et s’approvisionner en sel, sucre, huile et outils (angady, herse, …), habits et autres produits manufacturés et artisanaux. Mais il reste à savoir si le rapport d’échange favorise ou non les paysans ou producteurs directs. Les marchés de bétail les plus importants dans la région Haute Matsiatra sont Ambalavao, Ikalamavony, Solila et Ambohimahasoa. - 24 –

Chapitre II - LA PLACE DE LA RIZICULTURE DANS L’ÉCONOMIE RÉGIONALE

La riziculture est particulièrement importante dans la région Haute Matsiatra. Elle occupe la moitié des surfaces cultivées. Plus d’un ménage sur quatre a moins de 50 ares de rizières dans la partie est de la région, alors que dans l’ouest, la même proportion est observée pour ceux disposant de 1 hectare.

II-1- La riziculture dans la région de la Haute Matsiatra

II-1-1- Le calendrier cultural

Dans la région, on distingue deux saisons culturales. La culture de riz de deuxième saison (repiquage en octobre – décembre, récolte en mars – juin) occupe 89% des superficies rizicoles. Le riz pluvial (juillet – décembre et janvier), souffre toujours d’un déficit hydrique pendant les premiers mois de végétation (octobre – novembre). Le sarclage, qui est plus ou moins généralisé sur les hautes terres, a lieu à partir d’un mois après le repiquage. Les cultures de tanety sont installées avant le mois de décembre.

II-1-2- Les exploitations rizicoles

La culture de riz de deuxième saison concerne la majorité des exploitants rizicoles (70%) en se référant aux résultats de l’enquête de base effectuée par le service de la Statistique Agricole (SSA). Concernant la culture sur brûlis (riz de tavy), c’est Ambohimahasoa qui la pratique un peu, tandis que le riz tanety est déclaré cultivé par quelques paysans dans le district de Fianarantsoa II comme le montre le tableau qui suit :

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Tableau 18 : Répartition des exploitants rizicoles selon la toposéquence et la saison (en %)

Riz irrigué Riz irrigué Riz de District Riz de tavy Total 1ère saison 2ème saison tanety Fianarantsoa II 32,21 67,73 0,03 0,03 100 Ambalavao 39,03 60,97 - - 100 Ikalamavony 18,36 81,64 - - 100 Ambohimahasoa 20,94 78,76 0,16 0,14 100 Haute Matsiatra 30,63 69,28 0,05 0,04 100 Source : SSA/DPEE/Min – Agri – 2003

II-1-3- Les superficies cultivées

II-1-3-1- Selon la toposéquence Tableau 19 : Répartition des superficies cultivées selon la toposéquence (en %)

Riz de bas District Riz tanety Riz tavy Total fond et plaines Fianarantsoa II 43,00 22,00 35,00 100 Ambalavao 52,00 22,00 26,00 100 Ikalamavony 46,00 39,00 15,00 100 Ambohimahasoa 80,00 9,00 11,00 100 Haute Matsiatra 53,64 21,44 24,32 100 Source : DIRDR Fianarantsoa (2003, Min.Agri) La nature et la fertilité des sols sont en forte corrélation avec la toposéquence ; ainsi la riziculture est pratiquée généralement sur les bas-fonds et les plaines, mais l’insuffisance de bas- fonds conduit à la riziculture de terrasse. Les bas-fonds et plaines occupent 54% de la superficie totale. Les rizières en tête de vallée et de terrasse occupent le quart de la superficie totale. La concentration de riz de bas-fonds et plaines se trouve dans les districts de Fianarantsoa II et Ambohimahasoa. La répartition des superficies varie selon les districts. Pour Ambohimahasoa, ce sont les bas-fonds et plaines qui représentent la forte proportion. Pour Ambalavao, les rizières de tête de vallée et de terrasse représentent en moyenne 50% de superficies rizicoles.

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II-1-3-2- Selon le mode d’irrigation : Tableau 20 : Répartition des superficies par mode d’irrigation (%)

Mode d’irrigation District Barrage de Ruissellement Total dérivation Fianarantsoa II 29,10 70,90 100 Ambohimahasoa 5,00 95,00 100 Ambalavao 33,33 66,67 100 Ikalamavony 33,29 66,71 100 Haute Matsiatra 22,48 77,52 100 Source DRDR Fianarantsoa (2003, Min-Agri) Il existe des rizières ayant bénéficié du projet PPI, Opération Microhydraulique et de Micropérimètre. L’eau de pluie influe beaucoup sur le développement des cultures.

II-1-3-3- Selon les saisons de riziculture : Tableau 21 : Répartition des superficies cultivées selon les saisons en (%)

Riz de 1 ère Riz de 2 e Surface totale Double District saison Saison de bas – fonds riziculture seulement seulement et plaines Fianarantsoa II 15,00 85,00 - 100 Ambohimahasoa 5,00 95,00 - 100 Ambalavao 27,95 72,05 - 100 Ikalamavony 0,00 100,00 - 100 Haute Matsiatra 12,66 87,34 - 100 Source DRDR Fianarantsoa (2003, Min-Agri) Dans tous les districts, la riziculture s’effectue davantage en deuxième saison (87%). Cela s’explique par l’insuffisance de la maîtrise de l’eau au niveau des exploitations rizicoles, si bien que la majeure partie de la rizière est pluviale. Les 13% qui représentent la riziculture de première saison sont localisées dans les zones où la maîtrise de l’eau est suffisante.

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II-1-3-4- Selon les techniques culturales : Tableau 22 : Mode de préparation du sol (mode labour)

Riziculture de bas –fonds et Riz de tanety Total plaines District Culture - Culture – Manuelle Piétinage Manuelle attelée attelée Fianarantsoa II 59,96 - 39,98 0,06 - 100 Ambohimahasoa 79,96 - 19,99 0,05 - 100 Ambalavao 44,95 - 54,90 0,06 0,02 100 Ikalamavony 19,97 - 79,94 - 0,09 100 Haute Matsiatra 58,69 - 41,24 0,05 0,02 100 Source DRDR Fianarantsoa (2003, Min-Agri) Pour la Haute Matsiatra, le semis direct n’est pas pratiqué en général. Tous les paysans repiquent à 98% sauf en exception à Ambalavao, dans la zone d’ où on pratique le « Vary Tsipy ». Faute des matériels agricoles, près de 60% des riziculteurs pratiquent un mode manuel de labour.

II-2- Les rendements et la production :

II-2-1- La campagne agricole 2000/01 : Le tableau présenté ci-dessous donne la superficie, le rendement et la production rizicole de la région par district :

Tableau 23 : Rendement et production de riz ; campagne 2000/01

District Superficie (Ha) Rendement (T/Ha) Production (T) Fianarantsoa II 24 500 2,5 60 500 Ambalavao 13 000 2,4 31 600 Ikalamavony 12 970 2,6 33 200 Ambohimahasoa 8 145 1,9 15 200 Haute Matsiatra 58 615 2,4 140 500 Source Service de la Statistique Agricole (DPEE/Min-Agri) Pour la campagne 2000/01, la superficie rizicole pour l’ensemble des districts s’élève à 58 615 hectares. Les rendements stagnent à 2,4 T/Ha.

II-2-2- Le niveau d’autosuffisance en riz

En se référant à la production de la campagne 2000/2001, la région semble incapable de satisfaire les besoins en riz de la population. - 28 –

Tableau 24 : Niveau d’autosuffisance en riz

Population Production en Excédent District Besoin en riz 7 2001 6 riz (T) 8 Déficit (T) Fianarantsoa I 532 719 74 218 36 490 - 37 728 Fianarantsoa II Ambalavao 178 109 24 814 19 059 - 5 755 Ambohimahasoa 181 735 25 319 20 024 - 5 295 Ikalamavony 51 593 7 188 9 168 + 1 980 Haute Matsiatra 944 878 131 539 84 741 - 46 798

II-3- La riziculture face aux autres cultures vivrière

II-3-1- Les superficies par spéculation (campagne agricole 2001) La superficie des cultures vivrières représente 98,6% des surfaces totales cultivées dans la région pour cette campagne, dont 53,35% emblavées en riz.

Tableau 25 : Répartition des superficies par spéculation ( campagne 2001) Unité : Ha

Surface Patate Pomme District Riz Maïs Manioc Haricot totale douce de terre Fianarantsoa II 54 815 24 500 1 430 11 580 11 520 4 055 1 730 Ambalavao 24 145 13 000 1 710 5 240 2 230 1860 105 Ikalamavony 10 270 8 143 690 990 155 290 - Ambohimahasoa 20 635 12 970 1 585 2 390 2 490 740 460 Haute Matsiatra 109 865 58 615 5 415 20 200 16 395 6 945 2 295 Source : Service de la Statistique Agricole (DPEE/Min.Agri) La culture du manioc, de la patate douce, du haricot, du maïs et de la pomme de terre représente également des surfaces plantées non négligeables, respectivement de 18,38%, 14,92%, 6,32%, 4,92%, 2,08%. Le classement des surfaces occupées par spéculation en culture vivrière s’établit donc comme suit : riziculture (largement au-dessus) – manioc – patate douce – haricot – maïs – pomme de terre – légumes. Nous avons déjà relevé plus haut que la riziculture occupe presque la moitié ou plus des surfaces cultivées en culture vivrière. Cependant, nous avons aussi constaté que l’autosuffisance en riz est loin d’être atteinte. On peut avancer l’idée selon laquelle cette insuffisance s’explique par une maîtrise imparfaite des techniques culturales.

6 Source : Projection effectuée par rapport aux données INSTAT et DRDR – Fianarantsoa. 8 Production de paddy, 0,17 (taux d’usinage) x 0,90 (*) (*) 10% de pertes et utilisateurs autres qu’humaines. 7 Calcul fait sur la base de 387 grs/jours/personne en milieu rural, selon les enquêtes de l’UPDR/FAO/99. - 29 –

II-3-2- Les rendements et les productions pour les cultures vivrières

Vu la superficie occupée par la riziculture avec un rendement moyen de 2,4 t/ha, la région de la Haute Matsiatra en 2001 a obtenu une production totale estimée à 140 500t de paddy et en riz blanc de 84 741 t.

Tableau 26 : Superficie, rendement et production (2001)

Produit Superficie (Ha) Rendement (T/Ha) Production (T) Riz 58 615 2,4 140 500 Maïs 5 415 1,16 8 664 Haricot 6 945 0,91 6 320 Patate douce 16 395 6,52 106 895 Manioc 20 200 9,53 192 506 Pomme de terre 2 295 5,18 11 888 Source Service de la Statistique Agricole (DPEE/Min-Agri) Sur la base des chiffres rapportés dans le tableau n° 26, nous pouvons calculer la valeur totale de chaque produit en nous référant aux prix des produits au consommateur (Ar/kg) pour l’année 2001. • Le prix du riz au consommateur (Ar/kg) au mois de décembre 2001 a été de 2 625 Fmg, soit 525 Ar le kg. Pour 84 741 t, 84 741 000 x 525 = 44 489 025 000 Ar • Le prix du maïs au consommateur au mois de décembre 2001 a été de 3 000 Fmg, soit 600 Ar le kg Pour 8 664 000 kg, 8 664 000 x 600 = 5 198 400 000 Ar • Le prix du haricot au consommateur au mois de décembre 2001 a été de 3 000 Fmg, soit 600 Ar le kg. Pour 6 320 t 6 320 x 600 = 3 792 000 000 Ar • Le prix de la patate douce au consommateur au mois de décembre 2001 a été de 1 500 Fmg, soit 300 Ar le kg. Pour 106 895 t, 106 895 000 x 300 = 32 068 500 000 Ar - 30 –

• Le prix du manioc au consommateur au mois de décembre 2001 a été de 1 250 Fmg, soit 250 Ar le kg. Pour 192 506 t, 192 506 000 x 250 = 48 126 500 000 Ar • Le prix de la pomme de terre au consommateur au mois de décembre 2001 a été de 1 000 Fmg, soit 200 Ar le kg. Pour 11 888 t, 11 888 000 x 200 = 2 377 600 000 Ar A part le riz, nous avons trouvé des valeurs importantes pour les autres cultures vivrières. Pour ces dernières, on a remarqué que le niveau d’autosuffisance est presque atteint chaque année. Par contre, étant donnée la superficie occupée, le prix du riz au consommateur et la production, on a eu un déficit de presque 36% au niveau de l’autosuffisance en riz. Sur la base de ces calculs, la valeur de la production de riz représente 32,70% de la valeur totale de la production de cultures vivrières dans la région de la Haute Matsiatra. Pour le manioc, qui est la deuxième culture vivrière, il est considéré comme une culture de réserve et de substitution du riz. Il représente 35,37% de la valeur totale de la production de cultures vivrières. La culture est facile à pratiquer et avec une surface restreinte on peut avoir une production importante. Face au niveau très insuffisant de la production rizicole dans cette région, la consommation et la culture du manioc sont très répandues. De fait, parmi les cultures vivrières, même si le riz est de loin la culture la plus importante, la progression de la production est trop lente et le niveau d’autosuffisance est en déficit. Pour cette raison, l’intervention de la recherche agricole, notamment sur le riz, s’avère incontournable pour intensifier le développement du secteur agricole. Voilà pourquoi, nous allons approcher le Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural (FOFIFA) pour mieux saisir les techniques culturales et leurs grands objectifs face à la performance insuffisante du secteur rizicole. - 31 –

Chapitre III - LE FOFIFA ET SON PLAN DIRECTEUR DE LA RECHERCHE RIZICOLE

Le Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural (FOFIFA) a été créé en 1974. Il représentait la seule institution nationale de la recherche agricole. Son statut est celui d’un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Il est maintenant placé sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique. A part le FOFIFA, la recherche agricole est entreprise par un ensemble diversifié d’autres institutions dont la vocation première ou finale n’est pas la recherche, et dont les activités sont souvent limitées à un seul secteur ou produit.

III-1- Présentation du FOFIFA

III-1-1- La structure d’organisation L’instance de décision du FOFIFA est le Conseil d’Administration avec des représentants du Ministère de tutelle, de la Direction Générale du FOFIFA. Le Conseil identifie les besoins de recherche, en consultation avec tous les intéressés, et détermine l’ordre de priorité des interventions de la recherche en fonction des objectifs du plan de développement agricole. Il décide de l'allocation des ressources humaines, financières et matérielles mises à la disposition du FOFIFA. Un comité scientifique comprenant des cadres du FOFIFA et des ministères utilisateurs conseille le Directeur Général sur le contenu et le financement des programmes scientifiques, dresse une évaluation des travaux et activités des chercheurs et fournit ses avis sur la documentation scientifique, la diffusion des résultats de la recherche et les liaisons avec le développement. Le Directeur Général assure la gestion courante du FOFIFA. Il est assisté par un Directeur scientifique (accompagné de trois chefs de services et un chef de département), un Directeur Administratif et Financier (accompagné de trois chefs de services et agents comptables). Un centre de documentation et les stations de recherche sont rattachés administrativement à la direction générale. La Direction scientifique comprend six départements de recherche à savoir : - Agronomique et Agro-économique, - Zootechnique et Vétérinaires, - 32 –

- Forestières et Piscicoles, - Technologiques, - Recherche – Développement, - Recherches Rizicoles. Tous les centres régionaux sont spécifiés par différentes stations de recherche. Dans notre approche, nous nous sommes intéressé à deux départements : - le Département de Recherche-Développement et - le Département de Recherche Rizicoles. Le DRD et le DRR sont actuellement sis à Tsimbazaza Antananarivo.

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Figure 4 : Organigramme général du FOFIFA

Ministre de l'Education Nationale et

de la Recherche Scientifique

Conseil d'Aministration

Comité Scientifique Direction Générale

Agence Comptable Direction Scientifique Direction Administratif

et Financière

Service de la Service de Suivi Service de la Départements Service de la Service du budget Service des

Programmation et évaluation Documentation Scientifiques Logistique et des finances Personnels et de la coordination

Département de recherchesDépartement de recherchesDépartement de recherchesDépartement de Départementrecherches de RechercheDépartement - de Recherches

Agronomiques et Zootechniques et forestières et Technologiques développement Rizicoles

Agro - economiques Vétérinaires Piscicoles

Centres régionaux et Stations

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Figure 5 : Attributions et fonctions de la Direction de Recherche Rizicole

Direction de Recherches Rizicoles

Attribution et Fonctions : Développementhes de rizicoles recherc

Département d'améliorationDépartement de rechercheDépartement sur de protectionDépartement de de comunication Variétale l'amélioration de la culture la culture aux maladies et et de vulgarisation et du sol aux insectes parasites - Livres, fiches, foires - Faire la recherche sur les maladies et les insectes- Expositions parasites - Présenter les nouvelles - Donner les méthodes qui semences - Donner les méthodes d'utilisa - Essai du résultat de tion des engrais peuvent servir à prévenir recherche avec les paysans ou à combattre des maladies - Conserver les variétés - Donner les techniques de et des insectes parasites existantes suivi de la méthode appliqué - Donner les méthodes d'utilisa tion des outils et machines

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III-1-2- Les ressources

Les budgets du FOFIFA sont approvisionnés par différentes sources : - Les recettes d’exploitation et prestations de services : comme il est un établissement à caractère industriel et commercial, le FOFIFA a plusieurs centres d’exploitation en vue de mettre en valeur les résultats de la recherche et de réaliser des profits. Il pratique, par exemple des recherches sur l’amélioration variétale de la filière riz et dans le but de mettre les résultats obtenus sur le marché. Il entretient des plantations d’arbres (plants) et les vend au profit du reboisement dans notre pays ; - Les subventions : ce sont des aides financières versées par l’Etat dans le but de favoriser une activité d’intérêt général ; - La coopération bilatérale et internationale : c’est le financement provenant de la coopération avec des organismes nationaux et internationaux ; - Les marchés et les conventions. A part la première, ces ressources de financement ont toutes une tendance à fluctuer.

III-2- L’objectif et la stratégie du FOFIFA en riziculture dans la région

III-2-1- L’objectif L’objectif des programmes de recherche est généralement l’accroissement de la productivité par : - L’obtention de matériel végétal performant ; - La mise au point de techniques de production adéquates, utilisant des ressources locales à des niveaux optimaux ; - L’amélioration de la couverture sanitaire végétale ; - La conservation et la protection des facteurs naturels de production ; - La meilleure valorisation des produits et sous-produits par la transformation ; - La meilleure interaction entre recherche et développement par le renforcement des liens avec la vulgarisation.

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III-2-2- La stratégie

III-2-2-1- A court terme La stratégie à court terme repose sur :  La mise à la disposition du développement des résultats immédiatement disponibles, c’est-à-dire le bilan de la recherche. Après avoir fait un diagnostic, par exemple l’identification de la maladie affectant une culture, ou l’envahissement des insectes parasites, le FOFIFA se mobilise à trouver le plus vite possible des solutions en approchant les agriculteurs concernés. Il s’engage à faire l’essai et le test en milieu paysan. Il entreprend la formation pour les paysans et fait une démonstration sur une parcelle d’adoption ;  L’affectation des ressources à des zones d’intensification favorable et sur les thèmes susceptibles de produire des résultats utilisables rapidement ;  La réduction des coûts de la recherche par l’utilisation des ressources locales et l’adaptation des technologies disponibles par ailleurs. Le FOFIFA utilise des techniques de recherches adéquates en utilisant les ressources locales. Cela facilite les applications par les paysans en veillant à utiliser les résultats de la recherche conformément à leurs modes d’emploi et consignes de sécurité. Ainsi, il effectue des études qui permettent d’adapter les technologies disponibles à une situation nouvelles (race, variétés, prototype).

III-2-2-2- A moyen et long terme

 La bonne coordination des activités de recherche agricole menée à Madagascar ;  Le renforcement de la capacité de recherche du FOFIFA par l’amélioration qualitative et quantitative de ses chercheurs d’une part, et le renforcement de ses structures administratives et scientifiques d’autre part ;  Le développement et la production de technologies à moindre coût adaptées aux conditions locales et à la portée des producteurs ;  L’intensification des relations avec le monde scientifique (relation bilatérale ou multilatérale) et les partenaires scientifiques locaux.

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III-3- Le plan directeur du FOFIFA de la recherche agricole et le développement de la filière riz

III-3-1- Les exploitations en matière de riziculture

Les exploitations sont constituées en différents systèmes de production que l’on peut regrouper ainsi : - Les plantations, intégrées dans des unités de production industrielles d’une taille moyenne de 1500 ha, consacrées à la culture commerciale. Elles recourent à la mécanisation des travaux et l’utilisation systématique des intrants. La main-d’œuvre est fournie par des salariés ou par des cultivateurs associés. Cette exploitation est presque introuvable dans la région de la Haute Matsiatra. - Les petites et moyennes entreprises agricoles. Les superficies cultivées se situent selon les spécialisations entre 10 à 100 ha (en moyenne 15 ha). Ce sont des exploitations à gestion familiale ou individuelle, employant une main-d’œuvre salariée. Elles pratiquent en général la culture du riz à des niveaux d’intensification différents. Ce système de production est de plus en plus rare dans la région. - Le paysannat, il constitue la grande majorité des exploitations dans la région de la Haute Matsiatra. L’exploitation est, du type familial, orientée en premier lieu vers la subsistance. Des surplus de production, très rares, sont écoulés sur les marchés locaux. Les techniques culturales sont basées sur la minimisation des risques et l’utilisation d’intrants est très limitée.

III-3-2- Les contraintes au développement de la riziculture dans la Haute Matsiatra

III-3-2-1- Les contraintes générales La tendance générale de la production de riz a été une croissance insuffisante par rapport à la croissance démographique de 2,8% par an, voire même une régression par rapport aux niveaux de production obtenus antérieurement en cas d’incidence des troubles économiques (conjoncture nationale ou internationale, fléaux naturels,…). On enregistre souvent un taux de croissance de la production de riz voisin de 1% par an. Nous pouvons citer quelques freins au développement de la filière riz : - 38 –

- La réduction, en raison de la crise financière, des fonds mis à la disposition des services d’appui, tels que la vulgarisation et la recherche, et ceci jusqu’à des niveaux où le maintien des programmes d’activités n’étant plus possible ; - L’insuffisance de semences améliorées de qualité ; - Un manque de système efficace de transfert de technologie et de communication ; - Un déficit chronique en devises, qui a entraîné l’impossibilité d’entretenir les infrastructures, les moyens de transport et la capacité industrielle de transformation, et qui a limité la disponibilité en intrants ; - L’absence de système efficace de crédit agricole et de mobilisation des ressources locales ; - Un système de commercialisation et de prix peu incitatifs ; - L’inefficience de la politique agricole d’encouragement à la production en faveur des petits exploitants ; - L’accès difficile à de nombreuses zones. En fait, le faible taux de monétarisation de l’économie paysanne est brièvement la contrainte fondamentale au développement de la riziculture.

III-3-2-2- Les contraintes, sur le plan technique cultural et les résolutions dues à la recherche, dans la région • L’absence de maîtrise de l’eau se manifeste par : - Une sécheresse en début du cycle rendant impossible le repiquage à temps de jeunes plants ; - Une submersion subite dès les premières grosses pluies et quasiment permanente par suite d’un drainage difficile pendant toute la saison pluvieuse, endommageant des plants peu enracinés juste après le repiquage. Devant résoudre ce problème, la recherche a fait appel à la compétence de ses disciplines de l’amélioration variétale et de l’agrotechnie 9. La mise en œuvre d’une opération de sélection variétale a permis de déterminer une gamme de variétés adaptées à de telles conditions de culture (X265, X1259, 2822,…) 10 tandis qu’une technique de mise en place de la culture par semis direct au détriment du repiquage usuel est proposée sur le plan de la technique culturale

9 Agrotechnie : Application des connaissances et des méthodes agronomiques. 10 x 265, x1259, 2822 : Variétés de riz. - 39 –

• La pauvreté naturelle des sols de rizière en relation avec le faible revenu monétaire des riziculteurs en contradiction avec la cherté des engrais se traduit par un faible niveau de rendement moyen. La déficience marquée en azote et en phosphore 11 des sols de rizières aggravée par un déséquilibre nutritionnel induit par la présence de toxicité 12 ferreuse 13 rend indispensable l’apport d’un minimum de fertilisation. Or, conscient de l’impossibilité des paysans à recourir à la fertilisation minérale 14 compte tenu de leur coût, la recherche a mobilisé les disciplines de l’amélioration variétale, de physiologie 15 végétale et de l’agrotechnie. Il a été aussi développé des variétés tolérantes à la déficience en phosphore et à la toxicité ferreuse. Une technique d’apport d’une faible dose de phosphore a été également mise au point et l’exploitation des ressources fertilisantes locales fixatrices d’azote telle que l’azolla a été préconisée. • Le froid d’altitude ralentissant la vitesse de minéralisation de la matière organique et créant un milieu favorable au développement de la maladie des gaines induit un fort taux de stérilité des épillets. La mobilisation des disciplines de l’amélioration variétale, phytosanitaire 16 et agrotechnie a permis de sélectionner des variétés particulièrement adaptées au froid tout en étant tolérantes à la pourriture des gaines et à la pyriculariose 17 . Par ailleurs, la technique d’écobuage 18 a été mise au point pour activer la minéralisation de la matière organique, piégeant les éléments minéraux, les rendant ainsi plus disponibles pour les plantes.

III-3-3- Les programmes en cours La liste des programmes de recherches en cours est la suivante : - Production végétale : • SRI (Système de Riziculture Intensive) • Riz irrigué et pluvial

11 Azote et phosphore : Ce sont des corps chimiques, simples, matières fertilisantes du sol. Symboles : Azote = N, phosphore = P. 12 Toxicité = Caractère toxique, nocivité. 13 Ferreuse = qui contient du fer. 14 Minérale = Corps inorganiques, solide à la température ordinaire, constituant les roches de l’écorce terrestre. 15 Physiologie = qui étudie les fonctions organiques par lesquelles la vie se manifeste et se maintient sous sa forme individuelle. 16 Phytosanitaire = relatif à la conservation de la santé des plantes. 17 Pyriculariose = maladie du riz qui affecte directement les rendements. 18 Ecobuage = Mode de préparation et de fertilisation du sol constituant à détacher la couche herbue par plaques, qu’on fait ensuite sécher et brûler pour répandre le cendre. - 40 –

• Manioc • Maïs • Légumineuses • Café • Canne à sucre • Arachide • Pomme de terre • Haricot - Technologie agricole - Foresterie et pisciculture • Pisciculture • Bois d’énergie • Conservation des sols • Résineux • Forêt naturelle - Elevage : • Amélioration zootechnique • Santé animale - Recherche – Développement - Recherches Rizicoles.

III-3-4- La politique agricole suivie par le FOFIFA

Le gouvernement malgache ne cesse de déployer des efforts face à la performance insuffisante du secteur productif et la croissance du déficit extérieur ayant découlé de la diminution des recettes d’exportation et de l’augmentation d’importation de denrées alimentaires, entre autres du riz. Le gouvernement a lancé, par exemple, le Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR) visant à assurer la sécurité alimentaire, accélérer la croissance économique, réduire la pauvreté et promouvoir la gestion durable des ressources naturelles. Dans ce domaine, des groupes de travail sont constitués aux niveaux central (GTC) et régional (GTDR). Actuellement, pour le projet PSDR 2005, la filière riz est la - 41 –

première priorité. « Augmenter le rendement pour ne plus importer du riz » est le principal défi. Dans cet esprit, le FOFIFA projette ses actions de recherche conformément aux grands objectifs de la nouvelle approche en matière de développement rural qui sont : - La promotion de la production agricole par le secteur privé et en particulier par le petit paysannat ; - Aménagement des terrains, des barrages et des canaux d’irrigation ; - Une politique de libéralisation de la commercialisation et de prix de riz ; - La libéralisation des importations, y compris les intrants ; - Une amélioration des services d’appui à l’agriculture y compris la restructuration des institutions d’appui à la production (vulgarisation, recherche). C’est sur ce dernier point que nous voulons centrer notre approche en prenant un cas pratique sur la recherche rizicole afin de promouvoir le développement du secteur agricole, notamment la riziculture. Pour conclure la première partie, nous illustrons la problématique développée à l’aide du schéma suivant :

Population rurale assez importante

Agriculteurs (riziculteurs) assez importants

Pratique de culture traditionnelle

Production insuffisante

Offre insuffisante

Demande non satisfaite

Besoin de nouvelle pratique

Nouvelle recherche Système de Riziculture Intensive - 42 –

La densité de la population de la Haute Matsiatra devance celle des autres régions. Le mode de culture traditionnel est largement pratiqué par la population qui habite en milieu rural (80,78%), ce qui induit une faible croissance de la production rizicole. Par rapport à l’effectif total de la population dans la région, les agriculteurs et les ouvriers qualifiés de l’agriculture représentent 75% des chefs de ménage actifs et la majorité se trouve dans le milieu rural. Cependant, un déséquilibre persiste entre l’offre et la demande (la demande est largement supérieure à l’offre) de riz dans la région. La faiblesse des rendements nous pousse à intervenir en priorité au niveau de la recherche rizicole. Dans la partie suivante, nous nous proposons de procéder à une analyse d’impact socio-économique de la recherche rizicole dans les conditions actuelles et de dégager un certain nombre de facteurs susceptibles d’accroître l’efficacité dans la filière riz.

DEUXIÈME PARTIE

LA RECHERCHE RIZICOLE ET SON IMPACT SOCIO–ÉCONOMIQUE

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DEUXIÈME PARTIE

LA RECHERCHE RIZICOLE ET SON IMPACT

SOCIO–ÉCONOMIQUE

Durant des siècles, on a cultivé le riz dans beaucoup d’eau comme s’il s’agissait d’une plante aquatique. C’était un moyen pour lutter contre les mauvaises herbes. On repiquait couramment des plants vieux de 1 mois, voire de 3 mois. Depuis 30 ans, on préconise à Madagascar le repiquage de plants de 21 jours. Ainsi, améliora-t-on nettement la production. On parlait de beaucoup d’engrais chimiques pour bien réussir. Alors que dans certains pays la moyenne nationale est de 5 t à 7 tonnes de riz à l’hectare, nous n’arrivons pas encore, chez nous, à dépasser les 2,5 tonnes (dans le pays des plus grands mangeurs de riz du monde). Quel est notre objectif ? C’est de pouvoir manger assez de riz et d’en exporter pour vendre à d’autres pays. Il faut donc produire beaucoup plus qu’actuellement. Cela est possible avec le Système de Riziculture Intensive (SRI). Cependant, dans la réalité on reproche au SRI des problèmes d’adoption et de vulgarisation.

Chapitre I - : L’INTERVENTION DU FOFIFA EN FAVEUR DE LA FILIÈRE RIZICOLE

Le SRI diffusé par l’association Tefy Saina et le FOFIFA, propose de nouvelles techniques toutes simples, à hauts rendements. Le SRI, initié par cette association, est entrepris par le FOFIFA depuis les années 90. Avec ses centres régionaux et stations, notamment la DR-Fianarantsoa le FOFIFA ne cesse de valoriser leur effort à travers l’amplification de ce système rizicole. Il apporte toutes les techniques adéquates telles que la technique culturale, les apports scientifiques, analyse des maladies et les insectes, la climatologie, l’hydrologie,… pour favoriser le succès du SRI. Il intervient pour la publication de ce système par ses départements de communication et de vulgarisation.

I-1- Les caractéristiques de la recherche rizicole (SRI) Les paysans ont déjà baptisé le SRI de divers noms : « Plants de 8 jours », … mais « Voly vary maro anaka » (riziculture qui enfante beaucoup) est devenu l’appellation imagée - 44 –

courante et reprise par les médias. Aujourd’hui, un slogan nous mobilise tous « Voly vary maro anaka, ho lovan’ny taranaka » (le riz qui enfante à merveille est un précieux héritage offert aux générations futures).

I-1-1- Les techniques culturales

I-1-1-1- La prégermination

C’est l’opération qui consiste à faire germer les grains avant le semis. • Prévoir 6 kg de paddy (contenance de 24 boites de lait concentré sucré à 400 g net débordantes – mesure malgache appelée « kapoaka ») à semer sur 1 are de pépinière pour repiquer 1 hectare de rizière. Soit 2 et ½ de kapoaka à semer sur 10 m 2 de pépinière pour repiquer 10 ares (1000 m 2 de rizière). (On peut miser sur 7 kg au maximum – 30 kapoaka par planche de 10 m 2 pour compenser les pertes). • Rassembler les grains sélectionnés dans un sac (choisi plus grand que le contenu en vue du gonflement des grains dans l’eau). • Le trempage dure 24 heures. Il semble bénéfique d’activer l’opération par trempage à l’eau tiède. L’eau est entretenue tiède (au soleil dans un récipient noir, au coin du feu, …) ou plusieurs fois renouvelée (une bonne température de 35° à 40°C s’apprécie par la sensation de chaleur très douce ressentie quand on plonge le coude dans cette eau- là). • Placer ensuite le sac à l’intérieur d’un tas de fumier ou de compost en fermentation à chaleur douce. Un fumier très chaud dessécherait les semences ou ferait tout simplement mourir les germes. • Au bout des 24 heures suivantes, les grains présentant alors un tout petit germe blanc sont bons à semer (une prégermination prolongée qui offrirait de plus longs germes rendrait le semis plus délicat vu la fragilité de ces germes)

I-1-1-2- La pépinière • On délaisse la pratique de la pépinière immergée en rizière pour effectuer des semis à sec « jardinés » (afin d’obtenir une levée rapide, un développement racinaire plus important et plus robuste dans les tiges). • La pratique du semis à sec sur rizières irriguées aménagées en planche surélevées ou en billons entourés d’eau favorise à souhait une humidité permanente. - 45 –

I-1-1-3- La rizière

Un préalable : vu que le SRI ne réclame qu’un minimum d’eau, la planéité de la rizière est impérative pour obtenir une inondation régulière avec peu d’eau en tout point. Pour faciliter la maîtrise de l’eau, on aménage un canal de ceinture (sorte de petit caniveau pratiqué autour de la rizière pour l’approvisionnement en eau ou son assèchement). Dans la perspective d’une rizière intensive se généralisant, voici comment il est bon de conseiller le travail désormais : On suppose que la rizière a été asséchée puis labourée peu de temps après la moisson de riz précédente, qu’elle a été fumée au compost et hersée sitôt après, puis cultivée à contre-saison. Si elle n’a pas pu être cultivée, son assèchement, (par drainage si nécessaire) n’a pas permis aux herbes de pousser. Au retour de la saison rizicole, on procède comme suit : - Couvrir la rizière d’un peu d’eau durant 2 à 3 jours. Pas d’excédent d’eau, qui en s’écoulant entraînerait des fertilisants. - Quant l’eau s’est infiltrée, herser à la herse à lames en passes croisées et laisser 4 à 5 jours. Pour soigner l’état de surface, un hersage à la herse à pointes peut aider à éliminer les herbes et les touffes de racines qui pourraient vite repousser et gêner aussi au sarclage. Le travail est toujours complété à la main. - Renouveler les opérations pour améliorer la mise en boue superficielle. Comme le repiquage de jeunes plants doit s’effectuer dans une mince couche de boue collante pour éviter la noyade des plants, l’affinage de l’état de surface peut se réaliser à l’aide d’un train d’ailettes (dit « machine à boue » ou « emboueur ») qui émulsionne la boue de façon très appropriée. Au moment du repiquage, une rizière bien planée et préparée selon le SRI se présente sans aspérités et sans mare d’eau, recouverte seulement d’une mince couche de boue onctueuse.

I-1-1-4- Les particularités des plants SRI

En SRI, il est impératif de ne repiquer que de très jeunes plants de 2 feuilles seulement ayant très exactement : - 46 –

- de 6 à 11 jours (maximum) en pépinière en régions côtières chaudes et humides ; - de 7 à 13 jours (maximum) en pépinière de 500 à 1000 mètres d’altitude en forêt ; - de 8 à 15 jours (maximum) en pépinière de 1000 à 1500 mètres d’altitude sur les Hauts Plateaux. Leurs racines sont encore courtes. Ces menus plants doivent être repiqués avec certaines précautions. Pour éviter d’éventuels tâtonnements dans le prélèvement des plants en pépinière, on peut suggérer 2 procédés :  Prélèvement en mottes (largement pratiqué) : - Arroser la pépinière au préalable. - Prélever les plants à l’angady à la manière de plaques de gazon avec leur terre ayant 2 à 3 largeurs de doigt d’épaisseur. Le transport de ces « mottes de gazon » s’effectue, sans jamais les empiler sur brancards, plateaux, feuilles de sisal,… ou au fond de corbeilles (sobika). - Ne pas exposer les plants inutilement au soleil. Repiquer dans les 30 minutes qui suivent, de préférence. Les asperger d’eau en cas de besoin.  Prélèvement à racines nues (pratiqué par plusieurs) : Certains riziculteurs, par contre, apportent beaucoup de sable fin sur leurs pépinières. Ils déchaussent ainsi aisément leurs plants à racines nues, un à un, qu’ils mettent en paquet dans un chapeau. Ils les repiquent dans les 10 minutes qui suivent. Ces deux techniques laissent encore le champ ouvert à l’esprit inventif de chacun. L’expérience montrera où iront les préférences.

I-1-1-5- Les cordes

Pour repiquer au carré en vue des sarclages très efficaces à l’outil, en passes croisées (plants alignés dans les deux sens de façon précise), on emploie des cordeaux de forte ficelle à brins torsadés (les cordes seulement tressées et extensibles sont inconvenantes). La corde « nylon », d’un long usage, offre l’avantage de ne pas trop retenir la boue en cours de travail et de se laver facilement. Elle a l’inconvénient d’être un peu élastique. Aussi doit-elle être utilisée avec précaution. On dispose de 2 cordes (A) et (B) de 15 m en moyenne. - Une corde de ligne (A) (lignes transversales de repiquage) - 47 –

- Une corde d’interlignes (B) que l’on tend de côté et qui précise la position du premier plant de chaque ligne. Ces deux cordes sont jalonnées de petits bouts de ficelle (de la ficelle assez fine, facile à nouer) introduits dans les torons de ces grandes cordes et noués plusieurs fois et de part et d’autre des cordes. Les boules de nœuds doivent être en effet assez apparentes pour guider les repiqueurs dans leur travail sans hésitation. Ces nœuds sont pratiqués à distances identiques très précises. - Tous les 25 cm pour un repiquage sur rizière pauvres, - Tous les 30 ou 40 cm quand les rizières sont plus fertiles. Les piquets –tendeurs de cordeau, longs de 60 cm et de la grosseur d’un manche d’angady au minimum gagnent à être appointus finement à bout pour pénétrer aisément en sol ferme. L’emploi de broches de fer à béton de 12, terminées par un anneau ou un coude de manœuvre et munie d’un dispositif d’embobinage, est une bonne solution durable. Avant repiquage, les cordes (sauf celles en nylon) sont mises à tremper dans l’eau pour ne pas varier de longueur en cours de travail (une corde mouillée rétrécit considérablement). Implantation des cordeaux : Disposer la corde de ligne (A) dans le sens du repiquage jugé préférable. On s’arrange pour que la longueur de la ligne ne soit pas trop courte afin de limiter le nombre d’implantations successives des lignes. Tendre ensuite la corde d’interlignes (B) sur l’un des côtés de façon à ce que l’angle formé par les 2 cordes se rapproche assez de l’angle droit. Faire coïncider exactement l’un des premiers nœuds de la corde (A) avec l’un des premiers nœuds de la corde (B). La corde (B) sera fixe, aussi faut-il qu’elle soit solidement tendue. La corde (A) reculera de ligne en ligne en respectant chaque fois la superposition de nœuds de référence. A l’opposé de la corde (B), un petit jalon (D) fait d’un bout de bois d’une longueur d’un entre-nœud (interligne de 25, 30 ou 40 cm) guidera la position de la corde (A) à cette extrémité, à chaque changement de ligne. Ce procédé évite l’utilisation d’une seconde corde d’interligne avec nœuds. Cas particulier - 48 –

Sur banquettes courbes et étroites, par exemple, on repique en ligne plus ou moins dans le sens de la largeur le long de la corde à nœuds, sans chercher à repiquer au carré. Le sarclage pourra s’effectuer à la sarcleuse dans les interlignes et à la griffe à manche (par exemple) entre les plants, le long de chaque ligne.

I-1-1-6- Le repiquage

Les enfants d’âge scolaire excellent dans ce travail précis à un seul brin (c’est là un élément important de la révolution culturelle qu’apporte le SRI). La méthode préconisée jusqu’à présent s’avère facile et rapide. - Chaque repiqueur (repiqueuse) couvre 12 à 15 nœuds sur la ligne (soit +/- 3m de repiquage le long de la corde de ligne (A) - Il prélève un morceau de « gazon » qu’il place sur une main – À deux doigts de l’autre main, chaque plant est saisi au niveau de sa racine avec la terre qui l’entoure. Ne jamais saisir et repiquer deux plants à la fois : ce serait diviser le rendement par deux. - Le plant est déposé verticalement et sa racine immergée dans la boue jusqu’au collet en face du nœud correspondant, toujours en deçà de la corde et non en passant par- dessus la corde, pour éviter d’y toucher de nombreuses fois et de nuire à son alignement. - Veiller à ce que le plant reste dressé afin que ses deux feuilles ne se collent pas sur la boue. Le procédé ne demande qu’une seule manipulation du plant. Ses racines maintenues entre les doigts et dans leur enrobage de terre ne peuvent se retrousser de façon dommageable. Ainsi il n’y a pas d’arrêt de végétation. Le repiquage de plants à racines nues n’est guère différent.

I-1-1-7- Le sarclage

Il s’effectue à sec de préférence de 8 jours en 8 jours, à 3 ou 4 reprises généralement. Le but essentiel est de lutter de vitesse avec la végétation concurrente. Il faut savoir que l’herbe, par ses racines abondantes s’oppose automatiquement au tallage du riz par les toxines qu’elles sécrètent. Le premier sarclage hâtif s’impose vu la petitesse des plants de riz qu’il serait vite possible de confondre avec la végétation spontanée. - 49 –

Le sarclage favorise également l’oxygénation du sol. On sarcle dans les 2 sens (en passes croisées). Voilà pourquoi le repiquage se doit d’être bien aligné. En rizière collante, il reste préférable de sarcler dans un peu d’eau (avec la sarcleuse rotative habituelle). Après sarclage à sec, introduire 2 cm d’eau le soir et couper l’eau le lendemain matin jusqu’au second sarclage la semaine suivante. Ne pas avoir peur d’une rizière se crevassant un peu : l’oxygénation des racines est alors maximale et bénéfique. La conduite de l’eau Une lamelle d’eau permanente asphyxie les racines du riz et par conséquent limite le nombre des talles. Aussi convient-il de maintenir le sol seulement humide. - En rizière tourbeuse (marécageuse), ne pas craindre une sécheresse de 8 ou 15 jours avec de profondes crevasses ; l’eau n’est pas loin en dessous. - En rizière argileuse (boue grasse et collante), des fentes momentanées de 1 cm de retrait sur 10 cm de profondeur ne sont pas dommageables. - Par contre, des rizières sableuses qui conservent mal l’eau, supportent difficilement la sécheresse. Il vaut mieux apporter de l’eau fréquemment. - 3 mois exactement après le semis en pépinière (c’est-à-dire entre 90 et 95 jours), la rizière habituellement humide mais sans nappe d’eau, reçoit alors une lame d’eau permanente de 3 à 4 cm d’épaisseur (2 largeurs de doigts) jusqu’au moment où les premiers épis chargés commencent à s’incliner. Dès lors, assécher complètement la rizière.

I-1-1-8- La récolte

Vu que l’on perd souvent beaucoup de grain (jusqu’à 1/3 parfois) à cause d’une récolte tardive, moissonner avant que toutes les feuilles ne jaunissent. En synthétisant les grands traits du SRI, ces principes sont : - Le repiquage de plants un par un, à grand écartement (25 cm au moins) ; - Le repiquage de plants très jeunes (les plus jeunes possibles) : moins de 15 jours ; - L’irrigation au minimum d’eau pour oxygéner les racines, avec ce que cela suppose d’aménagement à long terme en vue d’une bonne maîtrise de l’eau ; - Sarclage précoce et aussi souvent que possible et nécessaire. - 50 –

Le SRI n’est pas assis sur des techniques précises qui sont toujours susceptibles d’évoluer. Il est basé sur des principes tirés de la physiologie du riz. Ces principes enseignés aux paysans rendent ces derniers responsables de leur décision et les motivent à faire leurs propres recherches. Il s’agit de suivre pour la riziculture la loi de « minimum – maximum » : - Le moins de grain possible - Le moins de jours possible Pour au moins doubler le rendement - Le moins d’eau possible - Le moins d’herbes possible Les avantages que cela représente pour les paysans sont : - L’économie de semences - L’économie d’eau - L’économie de temps

I-2- Analyse des résultats obtenus

Au cours de cette analyse nous proposons une étude effectuée en comparant le SRI et la méthode traditionnelle. Les sites d’enquête sont localisés dans les sous-préfectures de Fianarantsoa II, Ambalavao et Ambohimahasoa. Les rendements moyens des rizières varient d’un milieu à l’autre. Les résultats obtenus correspondent à la campagne rizicole 2003 – 2004.

I-2-1- Les résultats rizicoles obtenus dans les sites d’enquête (avec SRI) Dans la région de la Haute Matsiatra, les variétés les plus employées sont : le Betsilaza, le Vary kiritika, le Mazakatoka, le Vary siny, le Vary lahy, le Rojofotsy, le 1632, le 2067, le 2798 et le 2787. L’enquête a fait ressortir les résultats obtenus par les paysans tels qu’ils figurent dans le tableau suivant :

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Tableau 27 : Résultats records en tonnes/Ha

Localités Paysans Rendement record en T/Ha Fianarantsoa II 15 13,750 Ambalavao 10 10,412 Ambohimahasoa 10 12,000 Total 25 13,75 (max)

- Caractéristiques et situation des rendements – record par zone :

I-2-1-1- Fianarantsoa II :

• Variété : 2798 Caractéristiques variétales : Nom : Tche Kouai Origine : Chine Cycle végétatif total : 160 jours Aptitudes culturales : SRI, irrigué Hauteur de la plante : 85 à 95 cm Port de la plante : semi – dressé Port de la feuille paniculaire : érigé Type de graine : rond Paddy : Aristation : nulle Longueur : 7,5 mm Teinte : Jaune paille Poids de 1000 graines : 23 grammes Caryopse : Longueur : 5,5 mm Translucidité : moyenne Caractéristiques agronomiques : Verse : moyennement sensible Rusticité : moyenne - 52 –

Tolérance à la pyriculariose : moyennement sensible Egrenage : moyennement sensible Agriculteur : ARISON Fidiniaina, pratiquant depuis 5 ans • Localité : Ampampana Andrainjato • Superficie : 1000 m 2 (10 Ares) • Age des plants au repiquage : 8 jours • Ecartement de repiquage : 25 x 25 cm • Sarclage : 4 fois • Talles : 40 à 60 • Epis : 36 à 52 • Sondage : 1,518kg/m 2 • Production : 1 375 kg ou 1,375 t • Rendement à l’hectare : 13,750 tonnes.

I-2-1-2- Ambalavao : • Variété : Caractéristiques variétales : Nom : Rajofotsy Origine : Sélection locale Cycle végétatif total : 170 jours Aptitudes culturales : SRI, irrigué Hauteur de la plante : 110 à 130 cm Port de la plante : Semi-érigé Port de la feuille paniculaire : semi-retombant Type de graine : demi long Paddy : Aristation : nulle Longueur : 6,9 mm Teinte : jaune paille Poids de 1000 graines : 32 grammes Caryopse : Longueur : 5,9 mm - 53 –

Translucidité : assez translucide mais ventre blanc

Caractéristiques agronomiques : Verse : sensible Rusticité : excellente Tolérance à la pyriculariose : faible Egrenage : résistance Agriculteur : Mme Solange qui pratique le SRI depuis plusieurs années • Localité : Ambohimandroso • Superficie : 80 ares • Age des plants au repiquage : 8 jours • Ecartement de repiquage : 25 x 25 (cm) • Sarclage 4 fois • Talles : 28 – 49 • Epis : 25 – 40 • Sondage : 1,464 kg/m 2 • Rendement à l’hectare : 10,412 tonnes

I-2-1-3- Ambohimahasoa :

• Variété : Rajofotsy • Agriculteur : Ravonjy Florent, pratiquant depuis 4 ans • Localité : Ambatosoa • Superficie : 1 ha (100 ares) • Age des plants au repiquage : 8 jours • Ecartement au repiquage : 25 x 25 (cm) • Sarclage : 3 fois • Talles : 23 – 62 • Epis : 17 -51 • Sondage : 1,510 kg/m 2 • Production : 12 000 kg soit 12 tonnes • Rendements à l’hectare : 12 tonnes - 54 –

I-2-2- Analyse des performances et des faiblesses

Pour cette analyse nous pouvons faire une petite simulation de coût – avantage en méthode traditionnelle (riz irrigué) et en méthode SRI pour un hectare.

Tableau 28 : Types de riziculture, types de travaux, rendements (1 Ha) et semences

Type de travaux Type de riziculture Riz irrigué SRI Labour 40 M.O 40 M.O Planning 15 M.O 15 M.O Ramassage mauvaises herbes 10 M.O 10 M.O Repiquage 33 M.O 60 M.O Sarclage 40 M.O (2 sarclages) 20 M.O (4 sarclages) Récolte 30 M.O 30 M.O Séchage - stockage 10 MO 10 M.O Dosage semence (30 à) 40 kg (6 à) 8 kg Rendement moyen 2,5 kg (6 à 10t) 6 t * M.O = Main-d’œuvre Pour les coûts, nous prenons : 1 000 Ar pour 1 M.O 400 Ar pour 1 kg de paddy. En prenant les données ci-dessus, on arrive aux calculs suivants :

I-2-2-1- Riz irrigué :

- Production moyenne en volume de 2 500 kg. Donc production en valeur à raison de 400 Ar/kg : 400 x 2 500 = 1 000 000 Ar - 55 –

A déduire : • Labour : ...... 40 x 1 000 = 40 000 Ar • Planning : ...... 15 x 1 000 = 15 000 Ar • Ramassage mauvaises herbes : ...... 10 x 1 000 = 10 000 Ar • Repiquage : ...... 33 x 1 000 = 33 000 Ar • Sarclage : ………………………………. 2 (40 x 1 000) = 80 000 Ar • Récolte : ...... 30 x 1 000 = 30 000 Ar • Séchage – stockage : ...... 10 x 1000 = 10 000 Ar • Semence : ...... 40 x 400 = 16 000 Ar 234 000 Ar D’où marge brute = 1 000 000 – 234 000 = 766 000 Ar Marge brute = 766 000 Ar

I-2-2-2- SRI :

- Production moyenne en valeur de 6 000 Kg. Donc la production en valeur à raison de 400 Ar/kg : 400 x 6 000 = 2 400 000 Ar A déduire : • Labour : ...... 40 x 1 000 = 40 000 Ar • Planning : ...... 15 x 1 000 = 15 000 Ar • Ramassage mauvaises herbes : ...... 10 x 1 000 = 10 000 Ar • Repiquage : ...... 60 x 1 000 = 60 000 Ar • Sarclage : ...... 4 (20 x 1 000) = 80 000 Ar • Récolte : ...... 30 x 1 000 = 30 000 Ar • Séchage – stockage : ...... 10 x 1000 = 10 000 Ar • Semence : ...... 8 x 400 = 3 200 Ar 248 200 Ar Alors : 2 400 000 – 248 200 = 2 151 800 Ar D’où la marge brute = 2 151 800 Ar

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Donc le SRI a un coefficient-avantage par rapport au système traditionnel de :

2 151 800 – 766 000 x 100 = 180% 766 000 Ici, nous tirons qu’il y a de meilleurs résultats et de meilleures performances pour le SRI. Ces performances, d’ailleurs, s’améliorent au fur et à mesure de la maîtrise de la technique et la résistance au changement sera vaincue. Les avantages du SRI sont nombreux et évidents pour la région de la Haute Matsiatra, lorsqu’on l’aura bien maîtrisé : - Le rendement est prodigieux par rapport au rendement obtenu avec la méthode traditionnelle, nettement supérieur, double ou plus ; - Economie de semence : de 6 à 8 kg/ha, alors que le système traditionnel en demande de 20 à 40 kg ; - Economie de temps grâce à la possibilité des pépinières jardinières aménagées près des habitations. Théoriquement, avec un plant de 8 jours, le cycle végétatif sera réduit de 30 – 8 = 22 jours par rapport à un repiquage tardif d’âge de plants de 30 jours. Le repiquage en SRI se fait plus vite qu’en méthode traditionnelle ; - Contrôle des mauvaises herbes ; Ainsi, le FOFIFA ajoute le résultat de leur recherche selon lequel : - Le SRI s’adapte à tous les types de sols, qu’ils soient organiques, volcaniques ou minéraux. Le rendement est d’autant meilleur que le plant est jeune et s’améliorera certainement avec une fertilisation adaptée ; - Le SRI est une technique de grande potentialité de tallage. L’on a obtenu des talles allant de 14 à 85 talles avec une moyenne générale de 45 talles ; - La résistance du riz en SRI à la sécheresse est beaucoup plus grande par rapport à celle du riz en culture traditionnelle. Cette résistance peut s’expliquer par la longueur des racines qui peuvent explorer le sol beaucoup plus en profondeur. Par SRI, les racines suffisamment longues explorent le sol jusqu’à 40 – 50 cm de profondeur et le riz y trouve les éléments fertilisants dont il a besoin, parce qu’il y a accès, contrairement au riz traditionnel dont les racines ne descendent jamais profondément ; - 57 –

- La méthode SRI contribue à mieux lutter contre les parasites et les maladies, sans doute à cause de la robustesse des plants de riz dans les rizières. L’écartement au repiquage de 25×25, de 30×30… en tous cas a réduit l’attaque de la pyriculariose. Le FOFIFA conseille de labourer immédiatement après la récolte, car les « kolokolo » c’est-à-dire les repousses, peuvent contenir et constituer des foyers de maladies. Les inconvénients apparents du système signalés par les agriculteurs sont les suivants : - La main-d’œuvre plus abondante pour le repiquage par rapport au système traditionnel : 60 contre 33 ; - Les travaux de sarclage et d’entretien des cultures sont contraignants d’autant qu’il faut les faire en période de soudure. Devant expliquer ces problèmes, on peut faire une petite simulation de calculs des ratios d’activité et de rendement. o Rendement apparent de la main-d’œuvre : Le ratio de rendement apparent de la main-d’œuvre donne une évaluation de l’activité par salarié. Compte tenu des différences en nombre de la main-d’œuvre pour ces deux méthodes de cultures, on peut faire une comparaison de rendements de la main-d’œuvre. Riz irrigué : M.O = 218 (en nombre) S.R.I : M.O = 245 (en nombre) Ici, on prend la marge brute comme valeur ajoutée.

Ratio derendement de la main d’oeuvre = Valeur ajoutée Effectif moyen des salaires Pour la culture de riz irrigué : Ratio de rendement de la main-d’œuvre = 766 000 218 = 3513,76 (Ariary par salarié) Donc, durant la production et la transformation, on a trouvé 3513,76 Ar de supplément de valeur par salarié. - 58 –

Pour la culture avec S.R.I : Ratio de rendement de la main-d’œuvre = 2.151.800 245 = 8782,85 (Ariary par salarié) Ici, un salarié peut créer un supplément de valeur de 8782,85 Ariary. Certain que l’abondance de la main-d’œuvre en S.R.I n’influe pas beaucoup sur le rendement.

o Production de la main-d’œuvre : Le ratio de production de la main-d’œuvre permet de mesurer la production des salariés.

Ratio de production de la main-d’œuvre = Production Effectif moyen des salariés Pour la culture de riz irrigué : Ration de production de la main-d’œuvre = 1.000.000 218 = 4587,15 (Ariary par salarié) Un salarié peut créer une production moyenne en valeur de 4587,15 Ariary. Pour la culture en S.R.I : Ratio de production de la main-d’œuvre = 2.400.000 245 = 9.795,91 (Ariary par salarié) Un salarié peut créer une production moyenne en valeur de 9.795,91 Ariary. D’après les calculs faits sur ces deux types de ratios d’activité et de rendement, la différence en nombre de la main-d’œuvre, pour les deux méthodes de rizicultures, est très peu significative.

I-2-3- Existence d’une économie d’échelle pour le SRI Nous allons prendre un exemple pratique dans le site d’enquête de Fianarantsoa II pour une femme agriculteur. Elle a pratiqué la méthode en SRI pendant sept années successives. Nous ne prendrons que la première année d’essai et la dernière année d’expérience.

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 Pour la 1 ère année d’essai (1997) • Agriculteur : Mme Angeline, pratique le SRI depuis 1997 jusqu’à 2004 • Variété : 1632 • Age des plants au repiquage : 8 jours • Prégermination : 5 kapoaka de paddy à semer sur 12 m 2 de pépinière • Superficie cultivée : 0,12 ha ou 12 ares • Ecartement de repiquage : 25 x 25 • Sarclage : 4 fois • Talles : 27 – 41 • Epis : 22 – 39 • Sondage : - • Production : 720 kg (environ) • Rendement à l’hectare 6 tonnes  Pour la dernière année d’expérience (2004) • Agriculteur : Mme Angeline, • Variété : 1632 • Age des plants au repiquage : 8 jours • Prégermination : 10 kg ou 42 kapoaka à semer sur 1 are de pépinière • Superficie cultivée : 1 ha • Ecartement de repiquage : 25 x 25 • Sarclage : 4 fois • Talles : 31 – 60 • Epis : 27 – 46 • Sondage : 1,544 kg/m 2 • Production : 10 375 kg • Rendements à l’hectare : 10,375 tonnes.  Comparaison des coûts et accroissement des rendements au fur et à mesure que l’exploitation devient de plus en plus étendue.  1ère année d’essai : La production en valeur à raison de 400 Ar/kg : : 400 x 720 = 288 000 Ar - 60 –

A déduire : • 5 M.O pour labour : ...... 05 x 1 000 = 5 000 Ar • 2 M.O pour planning : ...... 02 x 1 000 = 2 000 Ar • Ramassage mauvaises herbes 1 M.O : ... 01 x 1 000 = 1 000 Ar • Repiquage 7 M.O : ...... 07 x 1 000 = 7 000 Ar • 4 Sarclages : 4x 3 (M.O) : ...... 12 x 1 000 = 12 000 Ar • Récolte : 4 M.O ...... 04 x 1 000 = 4 000 Ar • Séchage – stockage : 1 M.O ...... 01 x 1000 = 1 000 Ar • Semence : ...... 0,12 x 8 x 400= 384 Ar 32 384 Ar D’où Marge brute = 255 616 Ar

 La dernière année d’expérience : La production en valeur à raison de 400 Ar/kg : On a : 400 x 10 375 = 4 150 000Ar A déduire : • Labour : ...... 40 x 1 000 = 40 000 Ar • Planning : ...... 15 x 1 000 = 15 000 Ar • Ramassage mauvaises herbes : ...... 10 x 1 000 = 10 000 Ar • Repiquage : ...... 60 x 1 000 = 60 000 Ar • Sarclages : ...... 4(20 x 1 000) = 80 000 Ar • Récolte : ...... 30 x 1 000 = 30 000 Ar • Séchage – stockage : ...... 10 x 1000 = 10 000 Ar • Semence : ...... 10 x 400 = 4 000 Ar 249 000 Ar La Marge brute = 3 901 000 Ar D’après les résultats obtenus par cette femme agriculteur pour deux années de récolte différentes, nous pouvons faire sortir une constatation face à l’augmentation des rendements en kilogramme et l’accroissement des marges brutes.

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• L’accroissement des rendements en kilogrammes : Pour la 1 ère année d’essai, Mme Angeline ne pratique le SRI que sur 0,12 ha et elle a trouvé un résultat de 720 kg. A la dernière année d’expérience, elle pratique le SRI sur une superficie de 1 ha et elle a trouvé un résultat de 10 375 kg. - Augmentation de superficie : 1 – 0,12 x 100 = 733,33 % 0,12

- Augmentation de rendement : 10 375 – 720 x 100 = 1340,97 % 720 Sur ces deux pourcentages, nous avons constaté que l’augmentation de rendement est largement élevée par rapport à l’augmentation de superficie. • L’accroissement des marges brutes : Pour la 1 ère année d’essai, elle a fait un investissement de 32 384 Ar et elle a eu une marge brute de 255 616 Ar. A la dernière année d’expérience, elle a fait un investissement pour une valeur de 249 000 Ar et sa marge brute s’élevait à 3 901 000 Ar - Augmentation d’investissement : 249 000 – 32 384 x 100 = 668,9 % 32 384 - Augmentation de marge brute : 3 901 000 – 255 616 x 100 = 1426,1% 255 616 Ces deux pourcentages montrent que l’augmentation de la marge brute est largement supérieure à l’augmentation de l’investissement. Visiblement, la pratique du SRI sur une superficie plus restreinte ou l’essai sur une petite surface est rentable mais pas très significative. Par contre, lorsqu’on le pratique sur une superficie importante, on va trouver sans doute un rendement plus important. Un agriculteur pratiquant un essai sur une très petite parcelle doit investir une partie disproportionnée de son temps et de son argent pour une infime fraction de terre. Tout ceci explique l’existence d’une économie d’échelle pour cette méthode de culture rizicole. Face aux performances de ce système, la question qui se pose est de savoir si un agriculteur décide de continuer à utiliser le SRI après une adoption initiale et pourquoi on trouve toujours un grand nombre de rejets et de non-adoption ? - 62 –

Chapitre II - LA DÉCISION D’ADOPTION DU SYSTÈME DE RIZICULTURE INTENSIVE

Quand le SRI a été introduit dans une communauté et après une longue période de diffusion menée par le FOFIFA (depuis 1993), les agriculteurs ont à faire face à plusieurs décisions ; préalablement, celle d’essayer la méthode, si c’est le cas, choisir sur quelle portion de leur rizière l’appliquer ; ensuite, ils doivent décider chaque année s’ils vont continuer à pratiquer la méthode ou la rejeter. Le fait de savoir qui adopte peut être aussi important que celui de savoir combien d’agriculteurs adoptent, si le but de la promotion du SRI est d’augmenter les revenus des plus pauvres ménages. Nous allons donc voir quelques caractéristiques des ménages et des exploitations agricoles des agriculteurs enquêtés pour faire sortir quelques raisons du rejet.

II-1- Les caractéristiques des ménages et des exploitations

II-1-1- Les données statistiques Tableau 29 : La taille du ménage en moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête Site d’enquête Nombre des adultes Nombres des enfants Adoptant Fianarantsoa II 2,7 4,6 Ambalavao 3,1 4,9 Ambohimahasoa 2,3 4,9 Moyenne 2,7 4,8 Rejetant Fianarantsoa II 2,3 2,9 Ambalavao 2,1 3,6 Ambohimahasoa 2,3 3,6 Moyenne 2,23 3,36 Non-adoptant Fianarantsoa II 2,4 2,7 Ambalavao 2,1 3,1 Ambohimahasoa 2,7 3,6 Moyenne 2,4 3,13 Source : FOFIFA, Fianarantsoa - 63 –

- Adoptant : qui prend par choix la décision d’adoption du SRI durant toutes les saisons de culture de riz. - Rejetant : qui n’admet plus le système après un premier essai - Non-adoptant : qui ne prend jamais la décision d’adoption du SRI.

Nous avons introduit dans notre approche un caractère quantitatif des membres de familles dans les ménages enquêtés. Pour les trois catégories d’agriculteurs, Adoptant, Rejetant et Non-adoptant, on a remarqué de façon légère une différence de nombre des enfants pour ces catégories. Ces petites différences sont peu significatives en nombre, mais entrent en jeu et de façon assez importante dans l’accomplissement du travail de culture. Les enfants peuvent aider à alléger les contraintes en main-d’œuvre pour ces familles, mais en l’absence d’informations sur le nombre d’enfants travaillant actuellement dans les rizières, ceci n’est que de la spéculation. Pour le paysannat, l’exploitation se comporte comme suit : plus la taille du ménage est grande, plus la force de travail disponible augmente. Ceci explique que l’adoption du SRI a de plus en plus besoin de main-d’œuvre pour maîtriser toutes les caractéristiques de la recherche.

Tableau 30 : L’éducation et la formation dans une association, moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête

Site d’enquête Nombre d’années d’éducations Pourcentage de ceux qui du chef de ménage appartiennent à une association Adoptant Fianarantsoa II 9,1 30 Ambalavao 8,7 20 Ambohimahasoa 5,5 10 Moyenne 7,76 20 Rejetant Fianarantsoa II 7,8 10 Ambalavao 7,9 10 Ambohimahasoa 5,3 - Moyenne 7 6,66 - 64 –

Site d’enquête Nombre d’années d’éducations Pourcentage de ceux qui du chef de ménage appartiennent à une association Non-adoptant Fianarantsoa II 7,5 10 Ambalavao 7,7 - Ambohimahasoa 5,4 - Moyenne 6,86 3,33 Source : FOFIFA, Fianarantsoa Prenons d’abord le nombre d’années d’éducation qui détermine en général le niveau d’instruction du chef de ménage. Sur ce tableau, la différence est peu significative mais il apparaît en clair que les chefs de ménage les plus instruits préfèrent adopter le système. Nous pouvons en déduire le problème de mentalité qui persiste encore dans le milieu rural à Madagascar. Certains ne veulent pratiquer que les méthodes traditionnelles, ils ne veulent pas changer le rythme de processus périodique de leurs cultures. En SRI, on a assez de spéculation à faire, alors les rejetants et les non-adoptants ne se préoccupent pas de la complication de la méthode de SRI par rapport à la méthode traditionnelle. Pour ceux qui ont adhéré à une association, la communication et la sensibilisation font valoir la formation acquise par les paysans. Sur ce tableau apparaît une différence significative entre le pourcentage des adoptants et celui des autres catégories de paysans. La présence des associations ou organisations paysannes motive davantage les agents vulgarisateurs à approcher les agriculteurs en réalisant leurs apports théoriques et matériels. L’existence d’une association facilite aussi la résolution des difficultés posées par les premiers essais de la méthode. Face à ces effets sociaux, le paysan doit d’abord se convaincre et se convertir soi-même avant d’entreprendre l’action sur le SRI.

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Tableau 31 : Revenu permanent (x 1000 Ar) moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête Site d’enquête Revenu permanent de chaque ménage Adoptant Fianarantsoa II 65 Ambalavao 57 Ambohimahasoa 56 Moyenne 59,33 Rejetant Fianarantsoa II 59 Ambalavao 52 Ambohimahasoa 51 Moyenne 54 Non-adoptant Fianarantsoa II 48 Ambalavao 47 Ambohimahasoa 47 Moyenne 47,33 Source : FOFIFA, Fianarantsoa Pour les trois catégories d’agriculteurs, on remarque une différence assez significative des revenus permanents. Nous savons que l’adoption du SRI requiert plus de liquidité monétaire par rapport à la méthode traditionnelle. Le niveau de revenu des ménages constitue un facteur clé dans la décision d’adoption du SRI. En effet, la main-d’œuvre familiale se relève insuffisante à certaines périodes de l’année, d’où la nécessité de faire appel à des salariés saisonniers. La non-disponibilité de liquidités monétaires limite par conséquent l’efficacité du SRI. La recherche, pour savoir les résultats obtenus par le SRI dans chaque site d’enquête, nous permet de dégager que le système apporte au ménage des liquidités supplémentaires, ce qui augmente alors la possibilité d’investir dans le SRI. L’importance des liquidités monétaires et de la main-d’œuvre a été aussi évoquée par les agriculteurs lorsqu’ils ont répondu aux questions concernant leurs décisions d’adoption. Le manque de temps et d’argent ont été les motifs les plus fréquemment évoqués pour toutes les catégories. Le temps, la main-d’œuvre, tout cela se base en fait sur la disponibilité des liquidités monétaires, affirment-ils quand ils répondent aux questions sur les problèmes rencontrés dans la pratique du SRI. - 66 –

Tableau 32 : Superficie cultivée en SRI (ares), moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête

Site d’enquête Superficie en SRI Pourcentage de superficie en SRI Adoptant Fianarantsoa II 89,38 65 Ambalavao 91,27 70 Ambohimahasoa 74,36 65 Moyenne 85,00 66,66 Rejetant Fianarantsoa II 25,58 27 Ambalavao 26,47 23 Ambohimahasoa 31,02 25 Moyenne 27,69 25 Source : FOFIFA, Fianarantsoa Les résultats de l’enquête sont significatifs. Nous avons déjà relevé que le SRI offre une économie d’échelle pour les pratiquants. On a constaté que pour les premiers essais, les agriculteurs ont eu des comportements différents. Certains n’y consacrent qu’une petite superficie de leurs rizières. Le tableau 32 montre que les rejetants avaient, en moyenne, consacré 25% des superficies disponibles au SRI. Dans cette condition, on ne peut mettre en évidence la profitabilité du système. Le rendement obtenu ne convainc pas suffisamment sur la confiance que l’on peut accorder au fonctionnement du système. L’expérience a montré que sur une petite parcelle, le résultat est moins important par rapport à une grande étendue. L’explication est simple : comme l’agriculteur rejetant consacre la majeure partie de sa rizière à une autre méthode de culture, il se préoccupe peu de la nouvelle méthode, il ne consacre pas tout son temps au SRI. Aussi n’est-il pas étonnant que l’essai n’aboutisse pas à un résultat satisfaisant. Par ailleurs, on a remarqué que certains adoptants ne pratiquent pas le SRI sur la totalité de leur exploitation. Encore une fois, l’insuffisance de liquidité monétaire et de temps sont souvent les motifs déclarés.

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Tableau 33 : L’apprentissage par les autres, moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête Site d’enquête Pourcentage des apprentis par les autres Adoptant Fianarantsoa II 70 Ambalavao 80 Ambohimahasoa 90 Moyenne 80 Rejetant Fianarantsoa II 90 Ambalavao 90 Ambohimahasoa 100 Moyenne 93,33 Non-adoptant Fianarantsoa II 20 Ambalavao 20 Ambohimahasoa 10 Moyenne 16,66 Source : FOFIFA, Fianarantsoa Les données fournies dans le tableau 33 sont significatives de la valeur de l’apprentissage par les autres pour adopter le SRI. Un agriculteur peut apprendre le SRI par le biais d’autres agriculteurs ou à travers ses propres expériences, et ces deux formes d’apprentissage sont renforcées par l’appartenance à une association ou à une organisation paysanne. L’apprentissage par les autres agriculteurs est mesuré par la réalité de la vulgarisation, l’historique de l’utilisation du SRI dans la communauté et les interactions avec d’autres agriculteurs pratiquant le SRI. La plupart des adoptants et rejetants, respectivement 80% et 93,33%, ont appris le SRI des autres agriculteurs. Nous pouvons déduire que l’apprentissage par les autres à travers la vulgarisation et par le biais d’autres agriculteurs réduit significativement la non-adoption.

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Tableau 34 : L’obtention d’une aide matérielle, moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête Site d’enquête Pourcentage de ceux qui ont reçu des sarcleuses mécaniques Adoptant Fianarantsoa II 20 Ambalavao 10 Ambohimahasoa 10 Moyenne 13,33 Rejetant Fianarantsoa II 10 Ambalavao - Ambohimahasoa - Moyenne 3,33 Non-adoptant Fianarantsoa II - Ambalavao - Ambohimahasoa - Moyenne 0 Source : FOFIFA, Fianarantsoa Les résultats de l’enquête rapportés dans le tableau 34 sont très significatifs. Il est bien clair que l’obtention d’aides matérielles, souvent sous forme de sarcleuses mécaniques pour le SRI, augmente à la fois de la probabilité d’adoption et influe en même temps sur l’étendue de la superficie cultivée. L’utilisation d’une sarcleuse mécanique réduit effectivement les besoins de main-d’œuvre. En accroissant l’efficacité de cette dernière, elle permet aux agriculteurs de sarcler de plus larges superficies. Cela permet d’appréciables économies de temps par rapport à l’utilisation de l’angady. Ainsi, parmi ceux qui ont été dotés de sarcleuses mécaniques, on a relevé beaucoup de cas de réadoption. L’observation sur les non-adoptants montre qu’ils ne possédaient aucune sarcleuse mécanique. Il apparaît à l’évidence que les aides matérielles influent considérablement sur la décision d’adoption du SRI.

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II-1-2- Adoption et rejet du SRI entre 1993 – 1999 Tableau 35 : Adoptants et rejetants du SRI (1993 – 1999)

Sites d’expérimentation Ambatovaky Iambara Torotosy Pourcentage des ménages essayant la 48 16 27 méthode entre 1993-1999 Pourcentage des ménages utilisant la 26 7 0 méthode en 1999 Pourcentage des adoptants qui ont rejeté 46 53 100 Source : Département de communication et de vulgarisation FOFIFA Sur trois sites d’enquête, à savoir Ambatovaky, Iambara, Torotosy, le pourcentage des agriculteurs qui ont essayé, puis rejeté le SRI est élevé, allant de 46% à 100%. Un rejet de 100% a été trouvé à Torotosy. Même avec des coûts supplémentaires de main-d’œuvre, les bénéficiaires semblent dépasser de loin ceux de la méthode traditionnelle. Les rendements moyens en SRI dans les sites d’enquête étaient en effet de 7,80 t/ha à Iambara, 9,85 t/ha à Ambatovaky, et 9,10 t/ha à Torotosy (donnée du FOFIFA Fianarantsoa) contre 2,4 t/ha en moyenne pour la méthode traditionnelle.

II-2- Expérience et expérimentation

Le tableau suivant obtenu d’une enquête réalisée par le FOFIFA en 2002 fournit des données sur les années d’expérience en SRI et les superficies cultivées.

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Tableau 36 : Superficie cultivée et importance relative dans l’exploitation par année d’utilisation du SRI

Années d’utilisation du Superficie en SRI Pourcentage de Nombre d’agriculteurs SRI (ares) superficie en SRI Adoptant 1 19,66 32 79 2 24,38 41 71 3 26,91 43 61 4 26,49 45 39 5 24,26 46 29 6 35,75 44 8 7 49,20 42 5 Rejetant 1 11,46 27 83 2 19,47 34 39 3 26,41 37 19 4 23,60 39 10 5 30,00 39 2 6 - - 0 7 - - 0 Source : FOFIFA Fianarantsoa L’interprétation suivante peut être faite des données fournies par ce tableau : Lorsqu’un agriculteur essaie une nouvelle méthode, souvent il réalise l’expérimentation sur une petite proportion de son exploitation pendant une ou deux années. Si la méthode s’avère profitable, au fur et à mesure qu’il acquiert de l’expérience, on s’attend à une extension progressive du système sur toutes les parcelles. Toutefois, dans le cas de l’adoption du SRI, même les meilleurs agriculteurs en SRI se trouvant avec plusieurs années d’expériences cultivent rarement toutes leurs terres suivant cette méthode. Sur le terrain, on a constaté que seuls 7 à 8% des ménages enquêtés ont essayé le SRI sur la totalité de leurs exploitations et ce à tout moment. Visiblement, même avec une expérience confirmée, les agriculteurs sont incapables ou n’ont pas toujours la volonté d’étendre le SRI sur toutes leurs terres. Malgré tout, l’expérience de l’agriculteur est un facteur hautement influent sur l’extension et le rejet. Autrement dit, plus l’agriculteur est expérimenté dans la pratique du SRI, plus il lui - 71 –

consacrera une superficie relativement étendue de son exploitation et moins il aura tendance à le rejeter. Ce tableau montre également que les agriculteurs qui ont rejeté pour une raison ou pour une autre le système l’ont expérimenté sur une parcelle réduite. Plusieurs agriculteurs mentionnent qu’essayer le SRI sur des petites superficies n’est pas rentable, ce qui les conduit au rejet. Ceci confirme l’existence d’une économie d’échelle. Les rejetants avaient une plus petite surface moyenne en SRI pendant la première année (0,115 ha contre 0,197 ha pour les adoptants). Pour la première année, les rejetants sont au nombre de 83. Ils sont réduits à 39 pour la deuxième année. Donc 53% des rejetants ont abandonné la méthode après seulement un an et 10% l’ont pratiqué pendant quatre ans ou plus. Dans le développement de cette section, nous avons eu comme objectif d’identifier et de décrire qui sont les adoptants, quel est leur effectif, pour combien de temps pratiquent-ils le système et pourquoi, quels sont les caractères qu’ils reprochent au SRI pour les rejetants et les non-adoptants. L’analyse des données recueillies prouve en toute évidence que les agriculteurs ne se partagent pas de la même façon les bénéfices tirés du SRI. Nous avons constaté particulièrement que ceux qui sont capables d’adopter ce système disposent d’un revenu plus important, possèdent plus de terres et sont mieux participatifs aux associations et organisations paysannes. La vulgarisation et l’expérience de l’agriculteur peuvent réduire l’incidence du rejet sans toutefois l’éliminer. Tout cela constitue une découverte importante si les décideurs politiques sont soucieux d’une distribution équitable des ressources provenant de la production et de l’augmentation de la production totale. Le chapitre suivant est consacré aux facteurs d’efficacité de la recherche agricole et aux moyens du développement de la filière rizicole grâce à l’expansion du SRI, afin d’en optimiser l’impact socio-économique dans notre pays. - 72 –

Chapitre III - : LES FACTEURS D’EFFICACITÉ DE LA RECHERCHE AGRICOLE ET DE DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE RIZICOLE, Cas du SRI

Notre analyse sur les critères d’adoption du SRI a montré que les moyens des paysans sont extrêmement réduits. Le niveau de vie de la population paysanne est très bas et la malnutrition est à peu près généralisée dans toute l’étendue de la région étudiée. Il leur est difficile, en raison du peu de revenu dont ils disposent, d’acheter tout le riz qui devrait compléter normalement la production de la rizière familiale. Voilà pourquoi nous allons proposer les quelques mesures susceptibles d’accroître l’efficacité de la recherche agricole et de favoriser le développement de la riziculture par le biais du SRI.

III-1- Le renforcement de la capacité de vulgarisation

III-1-1- Vulgarisation et liaison entre agriculteurs L’effectivité de la vulgarisation dans l’année en cours est extrêmement importante pour l’adoption initiale du SRI et augmente ainsi l’étendue de l’adoption. Plus la vulgarisation est longtemps présente dans une communauté, plus les agriculteurs investissent en SRI en terme de superficie et moins ils ont tendance à le rejeter. Il importe d’examiner comment les agriculteurs apprennent le SRI par des agents de la vulgarisation ainsi que par d’autres agriculteurs et de concevoir de nouvelles promotions de cette technologie et de diffusion de l’information. Si le SRI comporte plusieurs composantes et est relativement complexe, il est toujours difficile de croire que la vulgarisation est requise pour un an. Les agriculteurs ayant quelques années d’expérience devraient, et souvent se déclarent, être experts en la matière et ceux qui adoptent le système plus tard devront avoir la possibilité d’obtenir l’assistance technique des voisins expérimentés en l’absence de vulgarisation. Certains agriculteurs, ayant rejeté la méthode à cause de l’absence de vulgarisation, ont mentionné la présence de la vulgarisation ou de la formation comme facteur d’adoption. Certains agriculteurs auraient essayé et continué le SRI simplement en raison de la présence du vulgarisateur et par respect pour son autorité. La pratique du SRI par d’autres agriculteurs peut également être un facteur important. Un nombre élevé d’adoptants rapportent avoir vu le SRI avant de l’essayer et ils ont - 73 –

expliqué que la simple vue d’un champ en SRI les encourage à essayer la méthode. Si un certain nombre d’agriculteurs ont appris le SRI par l’agent de vulgarisation local ou par une formation officielle, à peu près 80% d’adoptants et 93% de rejetants ont appris la méthode par le biais d’autres agriculteurs. Le contrat avec les autres agriculteurs ayant pratiqué le SRI augmente certainement l’adoption ; par conséquent le partage d’information et d’expérience entre les agriculteurs doit aussi être encouragé. Ainsi, on peut penser à la création d’une institution animée par des agents chargés de la formation et du suivi afin d’assurer le bon fonctionnement de la vulgarisation. Ces agents pourront effectuer des contrôles systématiques du fonctionnement du système de culture et des résultats de la campagne rizicole afin de déterminer les mesures d’accompagnement nécessaires à l’adoption des résultats de la recherche. La présence d’une telle institution pourvoira non seulement un appui technique mais aussi de la motivation aux agriculteurs pendant la campagne de production. Les agents de vulgarisation peuvent mener des actions directes en milieu paysan. Ils interviendront, par exemple au moment de l’essai et du test du résultat de la recherche en milieu paysan lors de la formation de quinzaine…. L’existence de parcelle de démonstration, d’adoption à proximité du milieu rural d’intervention est très importante. Ces organisations sur l’outil de vulgarisation renforcent davantage la liaison entre les agriculteurs.

III-1-2- La vulgarisation à l’échelle nationale De nos jours, tous les riziculteurs, à Madagascar, ne sont pas encore renseignés sur l’existence et la valeur du SRI. La pratique de cette méthode est circonscrite dans quelques régions de l’île, entre autres dans les régions des Hautes Terres qui ne représentent qu’une faible proportion des superficies cultivables à Madagascar. Pour cette raison, on a besoin d’un plus grand nombre d’agents vulgarisateurs, de services de communication et d’information, des médias, de projets de soutien pour que le SRI prenne une envergure nationale. On peut imaginer que si les greniers à riz de Madagascar (Alaotra, Marovoay, Mangoky,…) entrent dans le mouvement, l’autosuffisance en riz ne serait plus une utopie. Si les administrations provinciales et les services techniques en charge de l’agriculture s’investissent dans la vulgarisation, on pourrait faire passer le SRI à une vitesse supérieure - 74 –

en s’appuyant sur des projets d’animation de masse. Le doublement des rendements serait donc possible à court terme grâce au SRI.

III-2- La monétarisation de l’économie paysanne L’économie paysanne à Madagascar est caractérisée par un faible taux de monétarisation. L’application du SRI est en effet confrontée à de sérieux problèmes de liquidité monétaire qui se répercutent directement sur le coût de la main-d’œuvre. Nous allons donc proposer quelques dispositions qui pensons-nous pourra alléger ce problème.

III-2-1- Un système efficace de crédit agricole Les paysans malgaches aiment passionnément leurs cultures. Ils veulent adopter avec intérêt les techniques nouvelles et s’astreignent aux méthodes exigeant les soins les plus minutieux. Mais ils n’ont pas les moyens de réaliser les progrès qu’ils ambitionnent. Leur niveau de revenu est faible. Comment l’achat de machines agricoles ou d’engrais serait-il possible avec un tel revenu ? L’Etat doit promouvoir l’extension d’un système efficace de crédit agricole que ce soit public ou privé. L’invention des banques et des institutions de microfinance, mutualistes ou non est très importante. On oriente la grande majorité des sommes allouées aux crédits agricoles aux petits exploitants. Les conditions d’octroi de crédit devront être allégées (la caution, la garantie, le mode de remboursement, les intérêts,…). Les prêts devront être conformes aux utilités des emprunteurs sous les conditions d’octroi de crédit et la date d’échéance doit correspondre à l’exercice agricole. Concernant notre thème, nous nous intéressons aux institutions de microfinance (IMF) qui sont bien disposées à l’égard des petits exploitants. Ce système financier peut les aider à avoir accès au système de riziculture intensive en supportant le coût de la main-d’œuvre, et l’acquisition des petits matériels agricoles et des semences améliorées. Il joue un rôle crucial dans la mise en place d’une structure au sein de laquelle la grande majorité de la population rurale peut bénéficier de microcrédits. Cependant, le faible taux de bancarisation de la population rurale et les différentes conditions nécessaires pour permettre à la plupart des Malgaches d’entrer dans ce réseau financier étant encore trop lourd. Le taux d’intérêt du microcrédit reste relativement élevé, se situant autour de 30% et la concurrence n’entraîne pas encore une diminution de ce taux d’intérêt, note le CGAP (The Consultative Group to Assist the Poor) dans leur étude intitulée « Compétition et taux d’intérêt en microcrédit ». Même si le nombre des adhérents - 75 –

et le volume du chiffre d’affaires de ces institutions augmentent, la compétition reste encore concentrée dans l’amélioration des services et dans le lancement de nouveaux produits pour attirer de nouveaux adhérents. Ainsi, pour être plus concurrentiel, ces entreprises spéculent davantage dans la modification de leurs produits plutôt que dans la diminution de leur taux d’intérêt. Le taux directeur de la Banque centrale qui a été longtemps maintenu à 16% 19 et l’obligation de ces IMF de se refinancer auprès des banques commerciales (dont le taux de base est nécessairement plus élevé) ne leur permettent pas non plus de réduire davantage ce taux d’intérêt. Face à ce problème, il apparaît opportun d’adopter une politique financière incitative de la demande de microcrédits pour que les IMF concourent à l’offre de leur produit en diminuant le taux d’intérêt. La mise en place du crédit agricole favorise aussi la contre-saison qui, à son tour par bon arrière effet, augmente le rendement rizicole et temporise la période de soudure.

III-2-2- Les interventions directes de l’Etat L’Etat devrait prendre des mesures favorables au développement des denrées de première nécessité, notamment le développement de la filière riz et des autres spéculations agricoles. Nous avançons quelques propositions tendant à infléchir l’action de l’Etat afin que celle-ci ait un impact direct sur la production rizicole à Madagascar.

 Le programme du gouvernement et les financements correspondants doivent favoriser l’appui aux projets en faveur de la riziculture. Les allocations budgétaires doivent refléter directement cette priorité. Cela peut être traité de façon à avantager le renforcement des capacités des associations de paysans et leurs regroupements (unions, fédérations). Face à l’affaiblissement des revenus des paysans, il est important de réorganiser les organisations paysannes en leur accordant une partie des budgets de programmes pour les aider à valoriser leurs exploitations. Ainsi, les investissements devraient aider à accomplir le programme de valorisation des infrastructures agricoles telles que la réhabilitation des réseaux hydrauliques, l’entretien et les nouvelles constructions de barrages et l’aménagement des terrains. L’amélioration des conditions de transport joue un rôle important dans le développement rural. La construction, la réhabilitation, l’amélioration et l’entretien des infrastructures

19 Du 16 septembre 2004 au 14 août 2006. Il est ramené à 12% depuis la réduction des tensions inflationnistes. - 76 –

routières devraient être approfondies par une étude plus précise sur la classification des axes requérant une intervention immédiate. Un coût élevé de transport diminue les visites des agents de vulgarisation. Les pauvres agriculteurs travaillent souvent dans des zones éloignées où le coût du transport renchérit le prix des intrants et fait baisser le prix de vente de leurs produits commercialisés. Les investissements routiers en milieu rural promettent de diminuer le coût du transport ainsi que les marges commerciales, ce qui bénéficiera en même temps aux producteurs éloignés qui verront baisser le prix des intrants et augmenter le prix de vente. Le programme gouvernemental doit mettre en relief la politique agricole d’encouragement à la production en faveur des petits exploitants. On pourrait leur accorder des aides financières pour encourager l’adoption du SRI en faisant, par exemple, la promotion des matériels agricoles adaptés (sarcleuse mécanique, charrue, herse, charrette, houe rotative, engrais, pulvérisateur, batteuse, insecticides pour les poux de riz,…).

 Actuellement, étant donné l’inflation et l’effritement de la monnaie nationale, à cause du déficit chronique de nos balances extérieures, l’Etat malgache est dans l’impossibilité d’entretenir les infrastructures agricoles, les routes, les chemins vicinaux pour évacuer les produits agricoles vers les centres commerciaux. Ce déficit en devises rend aussi difficile l’acquisition de moyens de transport et réduit la capacité du pays à se fournir en intrants agricoles. La Banque centrale devrait renforcer ses interventions de manière à stabiliser la monnaie nationale sur le marché des changes. A cet effet, l’objectif primordial est de rétablir l’équilibre des balances extérieures à travers une politique monétaire bien conçue. Cette politique peut être renforcée par l’octroi de subventions aux producteurs de riz et accompagnée par la politique fiscale. L’intervention de l’Etat devrait aller dans le sens d’un allégement fiscal, c’est-à-dire l’abaissement du niveau moyen des droits de douane sur les intrants agricoles, dans le but de résoudre en partie les problèmes de disponibilité des liquidités saisonnières et les contraintes de main-d’œuvre. Tout cela contribuera à réduire le déficit extérieur du marché du riz qui est particulièrement grave actuellement (Madagascar doit importer 200 000 t de riz par an).

 Face à ce lourd déficit alimentaire, l’Etat doit mener une politique de spéculation fiscale en matière de la taxe à l’importation sur le riz. Cela ne manquera pas de se répercuter sur la production nationale de riz à travers des prix incitatifs pour les petits riziculteurs - 77 –

nationaux si, par exemple, après une bonne campagne rizicole, on peut stipuler l’intervention par une hausse de la taxe à l’importation sur le riz pour mieux valoriser la production nationale. Lorsque le rythme de l’augmentation de la production nationale de riz (environ 1% par an) est dépassé par le rythme de l’augmentation de la consommation totale (équivalent au taux de croissance démographique), on aura de façon logique une augmentation du niveau de l’importation de riz. Cette situation augmentera les recettes de l’Etat par le biais de la taxe à l’importation sur le riz. Par conséquent, l’Etat doit augmenter les financements alloués à l’amélioration de la productivité rizicole.

 Les systèmes de commercialisation et des prix : Les produits agricoles doivent être valorisés sous la loi du marché. Il faut éviter le monopole des grandes entreprises et faire en sorte que le libéralisme et la concurrence soient maintenus. Ces dispositions déboucheront vers un résultat positif lorsque la production est importante grâce au SRI bien tenu. Les prix indicatifs aux riziculteurs influent sur la bonne gestion de la production et sur l’accessibilité aux intrants (engrais,…) par le surplus de la production.

 Le renforcement de la capacité en matière de recherche est très important en assurant la valorisation et l’exploitation des résultats de la recherche, en assignant des fonds aux programmes d’appui pour les nouvelles recherches et pour le système efficace de transfert de technologie et de communication entre Recherche – Vulgarisation – Utilisateur.

 Nous devons susciter et promouvoir la coopération avec les organismes nationaux et internationaux. Des exemples récents méritent d’être cités : l’octroi par la FAO d’une somme de 328 000 $ le 06 janvier 2005, en vue d’entretenir les plaines et les réseaux hydrauliques à Mangamila et Ampary dans la région de Miarinarivo). En outre, dans le cadre du volet Finance/Crédit du programme américain, des pistes sont actuellement initiées pour permettre aux coopératives agricoles d’accéder à des prêts bancaires sans posséder forcement des garanties. Le programme Millenium Challenge Account (MCA) a signé par exemple des accords de convention avec les banques BOA Madagascar et BNI Crédit Lyonnais Madagascar en cautionnant des coopératives agricoles. Une entreprise privée espagnole, Samillas Certicadas Castells (SCC) a signé un contrat de location du centre de production de semences à Anosiboribory dans la région d’Alaotra Mangoro avec le - 78 –

Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, pour une durée de 25 ans. Cette entreprise est réputée en Europe dans la production de semences de riz. Il convient donc d’intensifier les relations avec le reste du monde, que ce soit dans le domaine financier ou scientifique, autant qu’avec les partenaires locaux.

 Un appel pour un changement drastique de la mentalité doit être lancé pour que les paysans participent vigoureusement au processus de développement. Beaucoup de nos agriculteurs sont encore habitués à l’économie de subsistance et au troc comme le faisaient leurs ancêtres quelques siècles auparavant ; ce qui explique quelque part la réticence de certains par rapport aux nouvelles techniques agricoles susceptibles d’améliorer leur productivité par peur de surplus invendu sur le marché et cet état d’esprit a été aggravé par l’isolement créé par l’insuffisance des moyens de communication, les routes essentiellement, pour l’évacuation de leurs produits. Il faut de la part des paysans qu’ils accroissent leurs productions, et les aides en engrais et les autres machines agricoles ne suffisent pas, car il s’agit aussi de changer leur mentalité en abandonnant l’économie de subsistance et entrer de plain-pied dans l’économie de marché répondant à la loi de l’offre et de la demande. Le bon sens paysan suffit en maîtrisant le processus : « gagner de l’argent pour mieux investir ». En d’autres termes, on augmente la production pour rehausser sa capacité financière afin d’acheter plus d’engrais, de machines et étendre sa superficie exploitable, acquérir les moyens techniques afin de créer de la valeur ajoutée. Vu de la sorte le capitalisme ou l’économie libérale n’est pas une abomination mais une libération car c’est le marché qui fixe les prix et décide de l’équilibre ; une libération, car il aide une catégorie de la population à changer sa mentalité.

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CONCLUSION

Nous avons pu nous rendre compte que, dans la région de la Haute Matsiatra, les aspects économiques et sociaux de la riziculture sont liés en majeure partie à des défaillances notamment au niveau de l’organisation de la filière, au maintien de méthodes culturales peu productives et aux conditions de développement de la culture. Le volume de production demeure par conséquent très faible et ne suffit guère aux besoins de consommation locale en riz, malgré le nombre important de riziculteurs. Le FOFIFA – Direction Régionale de Fianarantsoa a apporté sa contribution en faisant valoir l’existence du Système de Riziculture Intensive (SRI) au profit de la paysannerie de la région. Le SRI est apparemment la méthode idéale qu’il faut promouvoir. Il a été développé localement avec les agriculteurs, n’exige que peu d’intrants importés et augmente sensiblement le rendement en riziculture. Cependant, le faible taux d’adoption et la lenteur de la vitesse d’expansion du système au niveau des agriculteurs, ainsi que la faible proportion des superficies qui lui sont consacrées, le taux élevé de rejet et la nature apparemment régressive de l’adoption indiquent que le SRI n’est peut-être pas une méthode aussi appropriée qu’on le pense. Les agriculteurs qui n’ont pas à faire face à des problèmes de liquidités monétaires saisonnières et qui peuvent payer la main-d’œuvre et acheter des intrants sont capables d’augmenter ou au moins de maintenir la productivité ; tandis que les agriculteurs très pauvres, qui sont majoritaires, font face au déclin de la productivité et à la difficulté continuelle à subvenir à leurs besoins en nourriture. Sans considérer les avantages d’une technique, l’adoption ne sera pas une réalité si la main-d’œuvre disponible au profit des ménages et la liquidité monétaire sont sévèrement restreintes et les crédits inter-saisonniers très coûteux ou inexistants. Ainsi, on idenfie les problèmes de diffusion équitable du SRI. Par ailleurs, l’apparente dépendance vis-à-vis de la vulgarisation démontre que plusieurs années sont requises pour que la totalité des agriculteurs puisse maîtriser la méthode sans assistance. L’existence d’appuis techniques disponibles pendant plusieurs années pour assurer le maintien du système et l’accès aux machines agricoles, entre autres les sarcleuses mécaniques, augmenteront l’adoption de la méthode à grande échelle. - 80 –

Face à la multiplicité des obstacles freinant l’intensification de la riziculture due à la recherche agricole, comme le SRI, et auxquels font face les riziculteurs des petites exploitations, il est clair qu’on ne peut livrer à elle-même la riziculture à Madagascar. L’intervention de l’Etat pour le développement de la production rizicole devrait faire partie des stratégies prioritaires de la politique de développement agricole. Les programmes à cet effet devraient être orientés en premier lieu vers le renforcement de la capacité de recherche, de la vulgarisation et l’accroissement du taux de monétarisation de l’économie paysanne.

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Répartition de la superficie de la Région Haute Matsiatra par district Tableau 2 : Température moyenne de la période 1990-2002 à Beravina Fianarantsoa Tableau 3 : Pluviométrie moyenne de la période 1990-2002 à Beravina Fianarantsoa Tableau 4 : Direction et vitesse du vent Tableau 5 : Subdivisions administratives de la région Haute Matsiatra Tableau 6 : Répartition de la population dans la Haute Matsiatra Tableau 7 : Evolution de l’effectif de la population Tableau 8 : Natalité et fécondité Tableau 9 : Mortalité Tableau 10 : Répartition de la population urbaine et de la population rurale selon le district de résidence Tableau 11 : Taille des ménages Tableau 12 : Répartition de la population selon le genre et le milieu de résidence Tableau 13 : Niveau d’instruction des chefs de ménage Tableau 14 : Situation vis-à-vis de l’emploi Tableau 15 : Répartition par grands groupes de profession Tableau 16 : Proportion des superficies cultivées par district, année 2001 Tableau 17 : Répartition des surfaces cultivées par type de spéculation (Ha) Tableau 18 : Répartition des exploitations rizicoles selon la toposéquence et la saison (en %) Tableau 19 : Répartition des superficies cultivées selon la toposéquence en (en %) Tableau 20 : Répartition des superficies par mode d’irrigation (%) Tableau 21 : Répartition des surfaces cultivées selon les saisons (%) Tableau 22 : Mode préparation du sol (mode de labour) Tableau 23 : Rendement et production du riz ; campagne 2000-2001 Tableau 24 : Niveau d’autosuffisance en riz Tableau 25 : Répartition des superficies par spéculation (campagne 2001) unités : Ha Tableau 26 : Superficies, rendements et productions (2001) Tableau 27 : Résultats record en tonnes/ha Tableau 28 : Types de rizicultures, types de travaux, rendements (1ha) et semences Tableau 29 : Nombre des membres de famille dans les ménages en moyenne de 10 personnes par site d’enquête Tableau 30 : Education et formation dans une association, moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête Tableau 31 : Revenu permanent (x 1000 Ar), moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête Tableau 32 : Superficie cultivée en SRI (ares), moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête Tableau 33 : Apprentissage par les autres, moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête Tableau 34 : L’obtention d’une aide matérielle, moyenne de 10 agriculteurs par site d’enquête Tableau 35 : Adoptants et rejetants du SRI (1993-1999) Tableau 36 : Superficie cultivée et importance relative dans l’exploitation par année d’utilisation du SRI

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Carte de localisation de la région dans Madagascar Figure 2 : Carte de localisation par district Figure 3 : Organisation administrative de la Région (schéma actuel transitoire) Figure 4 : Organigramme général du FOFIFA Figure 5 : Attributions et fonctions de la Direction de Recherche Rizicole

DEVELOPPEMENT DES SIGLES

IRRI : International Rice Reacherch Institute RN7 : Route Nationale numéro 7 DSDR : Direction Régionale de développement Rural DIRA : Direction Inter-Régionale de l’Agriculture SSA : Service Statistique Agricole PPN : Produits de Première Nécessité PPI Petit Périmètre Irrigué INSTAT : Institut National de la Statistique PSDR : Plan Social de Développement Rural

REFERENCES BIBLOGRAPHIQUES

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