GRAND-DUCHÉ DE MINISTÈRE D'ÉTAT BULLETIN D'INFORMATION

Office d'Information, 18, rue Aldringer, Luxembourg N° 9 (2me année) Luxembourg, le 30 septembre 1946

Mémorial (mois de septembre)

Ministère de l'Education Nationale. Ministère du Travail et de la Reconstruction. L'arrêté ministériel du 5 juin 1946 introduit L'arrêté grand-ducal du 29 août 1.946 règle une nouvelle orthographe officielle de la langue les attributions du Commissaire général pour luxembourgeoise. la Reconstruction. Par arrêté grand-ducal du 29 août 1946, les * pensions allouées ou à allouer par la Caisse de pension des employés privés ont été nouvellement majorées.

Chambre des Députés (mois de septembre)

10 septembre: Réunion de la lre, 2e et 3e section Réunion de la section centrale du projet de la Chambre. Délibération sur le projet de de loi portant constitution du travail dans loi concernant les allocations familiales jDOur l'entreprise. les salariés. Réunion de la Commission des Pétitions. Réunion des deux sections centrales. Réunion de la Chambre en sections réunies. 17 septembre: Réunion de la lre, 2e et 3e section 19 septembre: Réunion de la section centrale du de la Chambre. Examen et discussion du projet de loi concernant la convention fer- projet de loi concernant l'approbation de la roviaire. convention belgo-franoo-luxembourgeoise du Réunion de la Commission du Travail et 17 avril 1946, relative à l'exploitation des du Rureau de la Chambre. chemins de fer du Grand-Duché et des con- ventions annexes. 25 septembre: Délibération du Rureau.

SOMMAIRE:

Page Page 1) Mémorial (mois de septembre) 1 5) Activité et Administration de l'Office des 2) Chambre des Députés (mois de septembre) 1 Séquestres 4 3) Deuxième Anniversaire de la Libération 6) Radio Moscou parle de Luxembourg. ... 8 du Grand-Duché 2 7) Visite du Général Eisenhower 9 4) L'enseignement moyen et professionnel 8) Nouvelles de la Cour. . 9 depuis la Libération 2 9) Le Mois à Luxembourg 9

1 Deuxième Anniversaire de la Libération du Grand-Duché Proclamation du Gouvernement

Aujourd'hui, le peuple luxembourgeois com- Les Luxembourgeois réitèrent aujourd'hui mémore le 2° anniversaire de la libératiop du leurs sentiments de gratitude envers nos vaillants pays. Alliés et envers ceux de nos compatriotes qui Le 10 septembre 1944, nos populations ac- sont tombés dans les rangs des Armées Alliées. clamaient avec un élan unanime d'enthousiasme Le personnel enseignant est invité à faire com- et de joie les Armées Alliées chassant de notre prendre aux enfants de nos écoles la portée de territoire les hordes de l'oppresseur ennemi. ce jour mémorable. L'avance intrépide des victorieuses Armées amé- ricaines mit fin au régime de terreur et d'in- Les membres du Gouvernement: humaine cruauté qui avait pesé sur le pays pen- , dant les années terribles de la guerre. , Le peuple luxembourgeois se rappellera à Pierre KRIER, jamais ce jour mémorable où fut restauré notre Nicolas MARGUE, indépendance et notre régime démocratique. Il , marque le début d'une ère nouvelle de liberté, pendant laquelle le libre exercice des droits na- Eugène SCHAUS, turels de l'homme est garanti par la Consti- Dominique URBANY. tution. .

L'enseignement moyen et professionnel depuis la libération La présente étude est un extrait du rapport présenté par le délégué du Ministère de l'Education Nationale de Luxembourg, Monsieur le conseiller pédagogique J.-P. STEIN, au Congrès Européen de la Ligue Internationale de l'Education Nouvelle, qui a eu lieu à Paris, du 29 juillet au 12 août 1946

Dès la libération, malgré l'état d'affaissement des cours de rattrapage ,des cours de vacances, général dont pâtissait le pays à la suite des tra- même en France (Lycée Henri Poincaré à giques événements de guerre, la réorganisation de Nancy), des classes spéciales ont été organisées l'ensemble de l'enseignement si boulerversé par sur une vaste échelle. Les retards considérables l'ennemi'fut entreprise inlassablement. A travers subis par tous nos élèves, particulièrement en les lourdes difficultés de l'heure, l'effort pri- langue française, n'ont pas encore pu être par- mordial des autorités scolaires se concentra sur faitement évincés, de fâcheuses lacunes sub-, la reconstruction de l'édifice scolaire tel qu'il sistent, mais le résultat de l'effort patient et avait existé avant la guerre. Il fallait donc ré- assidu fourni par maîtres et élèves se fait sentir tablir les anciens cadres, répartir équitablement au point que dans un avenir prochain on pourra dans tës diverses classes et sections les élèves de nouveau établir l'enseignement à tous les qui affluaient plus nombreux que jamais dans degrés sur une base plus ou moins uniforme et nos établissements secondaires, élaborer les plans normale. Si pour toute cette œuvre de réparation d'études et des horaires transitoires, organiser des et de reconstruction, il était nécessaire de se examens spéciaux et simplifiés en vue de l'octroi servir des méthodes traditionnelles dans le but à qui de droit des diplômes indigènes qui avaient de transmettre aux élèves dans un minimum de disparu depuis l'automne 1940. Il fallait, en temps les connaissances communes indispensables allant au plus pressé, combler les lacunes à l'enseignement normal d'un certain niveau, il énormes subies par nos élèves, en particulier est certain que les autorités scolaires n'ont pas par ceux du secondaire, du fait de l'occupant}. perdu de vue l'œuvre de rénovation esquissée peu Une attention particulière devait être portée aux avant la guerre, tant au point de vue des struc- nombreux élèves qui sous le régime allemand tures que des méthodes. avaient été sevrés des possibilités d'études. De Les projets de réforme de l'enseignement se- toutes les branches d'enseignement, ce fut le condaire pour garçons et pour filles seront dès français qui avait été le plus lésé par les mesures la prochaine rentrée des classes remis sur le allemandes. Aussi fallait-il d'urgence renforcer métier et adaptés à la nouvelle situation péda- très considérablement la part attribuée à cette gogique. On envisage la création d'un type unique langue dans les horaires transitoires. L'allemand, d'établissement secondaire pour garçons avec une sous l'effet de la réaction psychologique immé- scolarité uniforme de 7 années, avec sections diate, fut pendant un certain temps totalement différentes mais de valeur égale, différentiées supprimé dans le secondaire. En plus, pour les seulement en vue de toutes possibilités de raccor- victimes de guerre proprement dites et d'autres dement, avec diplômes équivalents de fin d'études élèves touchés par des mesures ennemies dans le secondaires. Les futurs Lycées de garçons com- développement de leurs connaissances scolaires, prendraient une base commune triennale avec laiin obligatoire, à laquelle superposerait une di- Les professeurs de classes d'essai auraient vision supérieure comprenant une section gréco- un maximum de leçons possible dans cette même latine, une section latine-langues modernes et classe pour leur permettre de connaître et de une section latine-scientifique, les deux dernières diriger les élèves individuellement; ils seraient faisant la plus large part aux sciences, aux libres d'établir l'économie de leurs cours, tout en langues modernes et aux mathématiques. Les respectant le programme général dans ses grandes trois Bections prépareraient à titre égal aux études lignes, de créer des centres d'intérêts, de varier universitaires prévues pour les divers grades aca- les exercices, de solliciter les initiatives person- démiques. En dehors de cette combinaison, il nelles des élèves, de désigner les travaux et la serait organisé une section administrative et com- lecture privée; ils auraient à établir une entente merciale sans latin et avec sept années d'études et collaboration permanente avec les collègues de dont le caractère utilitaire serait plus poussé. la classe d'essai. En un mot, ils auraient à s'ins- Le diplôme de cette section n'habiliterait pas pirer dans le cadre plus rigide de nos écoles aux études supérieures (sauf les études commer- d'une conception de renseignement et de l'édu- ciales), mais elle serait destinée d'une façon géné- cation réalisée depuis des années en Angleterre, rale à la formation des employés subalternes des en Amérique et en France (type de l'école des administrations publiques et privées. Les pro- Roches). Il ne saurait être évidemment question grammes des cours pour tous les lycées seraient de copier, mais d'adapter à notre situation péda- modernisés et réglés par un texte suffisamment gogique les réalisations de l'étranger. Le rôle des souple pour adapter à tout moment le plan professeurs est décisif. Il est entendu que le di- d'études "aux besoins des élèves des diverses recteur est à consulter en cas de difficulté et sections. qu'il aura la haute direction de la classe d'essai, Pour l'enseignement professionnel, un projet puisqu'il est responsable de son établissement. de réforme vient d'être élaboré tout récemment Comme la préparation des cours dans cette par une commission spéciale. Il comporte les classe comporte des efforts extraordinaires, la conclusions suivantes: tâche hebdomadaire du professeur pourra être a) Modification d'un enseignement profession- réduite de deux leçons. nel rendu obligatoire pour tous les jeunes D'après les rapports récents des directeurs et gens qui ne fréquentent pas d'école spé- des principaux titulaires intéressés, cette première ciale. expérience s'est heurtée à des difficultés inhé- b) Institution d'une année de préapprentissage, rentes à l'état actuel de notre organisation sco- en lieu et place de la 8e resp. de la 9e laire. Ces difficultés furent trop grosses pour année d'école primaire, dans les écoles qu'il soit permis de tirer des résultats signalés primaires supérieures, formant ainsi des des conclusions prématurées; les classes d'essai centres de réapprentissage. étaient malheureusement trop nombreuses, le c) Adjonction d'une école professionnelle à niveau intellectuel et moral des élèves était fort l'école d'artisans de l'Etat à Luxembourg. inégal, malgré leur information théorique, les d) Création de centres d'enseignement profes- professeurs étaient très peu initiés à la pratique sionnel de trois ans en divers endroits, des méthodes nouvelles. Néanmoins, l'expérience ayant des cours spéciaux adaptés aux be- n'a été nullement inutile, et presque tous les titu- soins de la contrée. laires des classes d'essai ont exprimé le désir de e) L'enseignement général et une partie de la refaire pendant l'année scolaire prochaine, l'enseignement professionnel seront confiés bien entendu dans un cadre plus favorable. D'ail- aux instituteurs des écoles primaires supé- leurs, un directeur n'hésite pas à affirmer ,que rieures, tandis que pour la grosse part de la classe d'essai de son établissement jouit de la l'enseignement professionnel il sera fait meilleure réputation, tant pour la conduite que appel au personnel enseignant des écoles pour l'application. Les suggestions offertes par professionnelles. ces essais seront encouragées et étendues à l'en- f) Formation appropriée du personnel en- semble des écoles secondaires en ce sens que des seignant. instructions ministérielles condamneront la con- Malgré les obstacles qui s'opposent actuelle- ception autoritaire, dogmatique et livresque d'une ment encore à la réalisation trop hardie des instruction démodée qui laisse l'intelligence des procédés de l'éducation nouvelle tels qu'ils sont élèves trop passive et trop contemplative, et re- préconisés et, en certains pays, réalisés par la commanderont l'idéal d'un enseignement plus pédagogie d'aujourd'hui, l'esprit de rénovation vivant, plus intuitif, plus actif, mieux adapté aux dont nos milieux scolaires compétents sont ani- élèves et aux besoins de la société. A cet effet, més tend à insuffler à nos éducateurs le goût chaque maître s'efforcera, de connaître à fond du dynamisme qui caractérise l'école active. L'ex- ses élèves, de créer dans sa classe une atmosphère périence des classes nouvelles en France retient de sympathie, de dépouiller la solennité de l'en- particulièrement notre attention. Des applications seignement magistral pour recourir à des pro- pratiques ont été tentées l'année passée dans le cédés plus directs provoquant l'élève à réagir plus sens de l'éducation nouvelle, sur un plan réduit, spontanément. Individualisation de l'enseignement par l'établissement de classes spéciales dites et méthodes actives, telles seront donc également « classes d'essai » dans divers établissements se- nos consignes. Comme ces exigences ne peuvent condaires. Voici en substance les directives géné- être satisfaites que par le petit nombre d'élèves rales qui avaient été données à ce sujet par le et par l'organisation aussi cohérente que possible Ministère de l'Education Nationale: du conseil de classe, dont les maîtres doivent former équipe, le rythme des réalisations dé- instructions viseront à définir non pas des mé- pendra des possibilités créées par les circons- thodes, des « techniques » propres à telle disci- tances actuelles. Ce dont il s'agit avant tout dès pline, mais sur quelques exemples, un esprit, à présent, c'est de créer l'atmosphère favorable l'esprit même de l'éducation nouvelle, plutôt que à l'éclosion de belles initiatives, d'enthousiasme l'éducateur nouveau. Leur portée sera par consé- persévérant, de résolutions énergiques. Les auto- quent nullement limitée à un ordre quelconque rités scolaires luxembourgeoises se méfient des d'enseignement. audaces les plus séduisantes en elles-mêmes et S'il est vrai qu'une réaction se dessine partout mettent en doute des conclusions hâtives. Uti- contre une formation intellectuelle et morale, lisant un personnel de haute qualité profession- trop exclusivement livresque et théorique, il y a nelle, elles maintiendront notamment la nécessité pourtant lieu d'insister sur le fait que cette salu- d'un enseignement exact, de l'acquisition "de con- taire tendance ne va pas jusqu'à faire mécon- naissances précises, de la régularité du travail et naître la valeur éducative des études classiques d'un système disciplinaire qui, sans être du dres- traditionnelles. Plus que jamais, elles appa- sage exécuté par un régime de contrainte, offre raissent, en vertu de leur caractère désintéressé, les garanties d'une véritable éducation démocra- comme éminemment capables de rendre à une tique et d'une atmosphère de travail propice au partie des jeunes le goût d'une «conversion à bon fonctionnement de toute saine pédagogie. Ces l'humain ».

Activité et Administration de l'Office des Séquestres

L'Office des Séquestres, créé par l'arrêté de l'Office des Séquestres ont été assaillis dès grand-ducal du 17 août 1944, a pour mission les premiers jours par ceux qui croyaient pou- d'assurer la garde, la conservation et l'adminis- voir s'opposer à la mise sous séquestre ou re- tration des biens et intérêts séquestrés. Il peut vendiquer un bien ou porter plainte contre une à cet effet créer des agences dans d'autres loca- mesure qui avait été prise, etc. lités du Grand-Duché. Outre les inventaires des meubles, il fallait songer aux magasins séquestrés qui ne pouvaient I. pas rester éternellement fermés, arrêter les comptes, inventorier les marchandises et rouvrir En exécution de cette mission, l'Office des ensuite sous la gestion d'un mandataire nommé Séquestres a dressé l'inventaire des biens ennemis par l'Office des Séquestres. Il en était de même qui se trouvaient dans le Grand-Duché à la date des ateliers de menuiserie, de peinture, de chaus- du 10 septembre 1944, jour de la libération. sures, etc. Le contrôle des comptes de gestion Nous avons fait appel à cet effet aux huissiers devait ensuite être organisé. qui se sont acquittés de cette tâche avec beaucoup Gomme le Grand-Duché est resté jusqu'au de zèle. L'administration des douanes a bien mois de mars 1945 dans la zone de combat, son voulu nous déléguer un nombre de ses employés territoire était soumis à des mouvements de qui nous ont aidé très utilement. troupes continuels et rapides. Il fallait assurer Les différentes sections de l'Union des mou- le logement des troupes américaines conformé- vements de résistance ont également collaboré et ment aux droits des gens et à l'arrangement qui dressé des inventaires. Cette collaboration fut était intervenu entre le Gouvernement luxem- utile et surtout dans les localités et régions où bourgeois et le Commandant Suprême des Forces l'Office des Séquestres lui-même n'avait pas Expéditionnaires alliées. A cet effet, les autorités d'accès, parce que les chemins de fer ne mar- militaires alliées demandèrent à l'Office des Sé- chaient pas et que la circulation sur les routes questres une liste de toutes les maisons et de était interdite. La poste ne pouvait pas fonc- tous les appartements qui avaient été occupés par tionner non plus pour transmettre la correspon- les troupes allemandes ou par les nazis ou par de dance ou pour établir des communications télé- simples civils allemands, dans le but de requisi- phoniques. tionner ces logements pour les armées. Cette Outre la confection des inventaires qui de- requisition portait indifféremment sur des mai- mandait un nombreux personnel, il a fallu en sons qui appartenaient à des Allemands et sur même temps organiser les bureaux de l'Office des appartements qu'ils avaient loués ou occupés, et assurer l'administration intérieure. Cette orga- mais qui appartenaient à des Luxembourgeois. nisation se heurtait à la difficulté qu'aucun Du fait de cette requisition, la confection des service même analogue n'a jamais fonctionné inventaires des meubles et la surveillance des dans le Grand-Duché et qu'il n'y avait donc pas meubles et objets déjà inventoriés furent rendues de personnel quelque peu expérimenté en cette singulièrement difficiles, parfois impossibles, matière. Les employés qui furent engagés, se pendant des semaines et même des mois. sont dévoués sous la direction des administra- A la fin du mois de décembre 1944 jusqu'à teurs provisoires pour constituer des dossiers, juin 1945, la ville de Luxembourg et les loca- assurer la correspondance, recevoir les visites, lités sud du pays reçurent chez elles les habitants examiner les demandes écrites, répondre aux de l'OEsling, de la région de la Moselle, de la demandes téléphoniques, etc. Car les bureaux Sûre et de l'Our qui durent fuir devant les troupes allemandes lors de l'offensive Rundstedt. noncé ces ventes dans les journaux et les sou- L'Office des Séquestres a fait tout son possible missions furent ouvertes au siège social. En cas pour aider les compatriotes sinistrés et pour d'offres équivalentes, la préférence fut donnée leur procurer des logements ainsi que des aux amateurs qui avaient souffert des mesures meubles. Mais comme notre Office n'était pas prises par l'ennemi (KZ, déportation, prison, sûr que les meubles inven tores dans les maisons etc.). De cette façon, une partie des personnes et appartements allemands appartenaient à des qui avaient perdu leurs biens ou leur situation ressortissants ennemis et qu'il était possible, par- par les Allemands, ont pu retrouver une occupa- fois même probable que les meubles en question tion leur permettant de refaire leur vie. avaient été confisqués par les Allemands (DUT, Le produit total des ventes de fonds de com- Stillhaltekommissar, G. d. Z. Abteilung Judenver- merce réalisées à ce jour s'élève à 6 millons de mögen, C. d. Z. Abteilung Feindvermögen, C. d. Z. francs. Abteilung Emigrantenvermögen), nous ne pou- Une partie des fonds de commerce séquestrés vions pas céder définitivement les meubles que n'a jusqu'à ce jour pas encore pu être réalisée, nous avions inventoriés comme biens ennemis. surtout dans le sud du pays, parce que ces fonds Nous les avons donc prêtés aux sinistrés en appartiennent à des Italiens ou à des personnes nous réservant de demander la restitution ou de qui ont présenté une demande en main-levée du les décompter plus tard avec les dommages de séquestre conformément à l'arrêté grand-ducal guerre. du 26 octobre 1944, modifié par celui du 9 A partir du mois de février 1945, les déportés juillet 1945. commençaient à rentrer dans le Luxembourg. L'Office des Séquestres s'est efforcé de mettre III. à leur disposition des appartements et des meubles. Nous avons ouvert dans nos bureaux Les titres déposés à la Caisse d'Epargne et un service spécial qui s'occupe des dossiers DUT, dans les banques et qui sont sous séquestre, etc. Ces dossiers avaient en effet été chargés à la peuvent être évalués à environ 60 millions. Ces gare de Luxembourg, pour être emportée en titres ne peuvent pas encore être vendus, parce Allemagne. Le wagon en question put être re- l'Office des Séquestres reçoit régulièrement des tenu et de cette façon nous avons pu fournir à revendications de la part des Luxembourgeois, nos compatriotes des indications précises sur les dont les biens ont été confisqués en son temps opérations de la DUT et sur le sort de leurs par le C. d. Z. et vendus par l'intermédiaire de la biens. Bank der deutschen Arbeit. L'Office des Sé- L'Office des Séquestres a dressé 4523 inven- questres examine ces revendications et doit y taires qui furent à plusieurs reprises contrôlés; faire droit toutes les fois que la propriété des il a libéré 2816 appartements et maisons et mis revendiquants ainsi que la confiscation de la à la disposition de 8063 familles de sinistrés et part des ennemis sont prouvées. de déportés les meubles nécessaires. Une grande partie des titres confisqués par Ces meubles ont dû être prêtés seulement les Allemands a été envoyée par la Bank der ainsi qu'il est expliqué ci-avant. Maintenant, que deutschen Arbeit à la Westbank de Bruxelles la plus grande partie des familles déportées est afin de vente. La plus grande part de ces titres rentrée, nous pouvons songer à la réalisation a été vendue et le produit a été porté au crédit des meubles que nous considérons comme objets du compte « Regierungsoberkasse beim C. d. Z. » dispendieux à conserver et sujets à dépérissement auprès de la Reichsbank à Luxembourg. Les (art. 8 de l'arrêté grand-ducal du 17 août 1944). titres non vendus ont été emportés lors de leur Cette réalisation peut être faite de la manière fuite par les dirigeants de la Westbank de Bru- suivante : xelles. D'après les renseignements que notre Of- fice a pu obtenir de la part des liquidateurs de Les sinistrés et déportés obtiennent définiti- la Westbank nommés par l'Office des Sé- vement, à titre de propriété, les meubles qu'ils questres de Bruxelles, les autorités américaines détiennent. Ces meubles sont évalués par l'Office ont réussi à mettre la main en Allemagne sur un des Séquestres et par l'Office des dommages de stock de papiers provenant de la Westbank. Nous de guerre. Le prix ainsi établi ne doit pas être avons fourni aux dits liquidateurs les relevés payé, mais il est compensé avec les dommages numériques avec les noms des propriétaires lé<- qui ont été déclaré à l'Office des dommages de gitimes des envois de la Bank der deutschen guerre du chef de meubles et objets perdus ou Arbeit de juillet et août 1944. Après identifi- volés. L'indemnisation des sinistrés et des dé- cation des valeurs, nous pouvons rentrer en pos- portés pourra ainsi être effectuée en nature. session de ces titres qui seront alors restitués Les meubles restants seront vendus aux en- à leurs vrais propriétaires. chères publiques. D'après l'évaluation approximative que nous Les participations ennemies dans les entre- avons pu faire, les meubles séquestrés ont une prises luxembourgeoises sont déclarées actuelle- valeur d'environ 55 millions de francs. ment pour une valeur de 75 millions de francs. Nous poursuivons nos recherches, afin de mettre la main sur tous les avoirs ennemis dans IL le Luxembourg. Ces recherches demandent beau- La plus grande partie des fonds de commerce coup de temps, parce qu'il s'agit dans la plupart allemande a pu être vendu. Notre Office a an- des cas de titres au porteur. IV. éléments de chaque affaire qui se présente et Les immeubles, y compris les fermes, labours cherche à trouver une solution équitable tant au et bois qui sont placés sous séquestre, peuvent point de vue compensation qu'au point de vue être évalués à 150 millions de francs. valorisation des créances en question. Le chiffre de 80 millions est donc un montant maximum La réalisation de ces immeubles n'a pas pu nominal qui subira dés réductions, mais l'Office être envisagée jusqu'à maintenant, l'arrêté grand- des dommages de guerre sera souvent déchargé ducal du 17 août 1944 ne permettant pas de dans la mesure des réductions de créances qui vendre des objets non dispendieux à conserver devront être consenties. ou non sujets à dépérissement, à moins qu'ils ne soient grevés de dettes dont la charge devient VI. de plus en plus grande par le jeu des intérêts ou dont le remboursement est demandé par les L'Office des Séquestres a créé un service créanciers. spécial pour l'étude des sociétés holdings, dans Nous sommes pourtant d'avis que la propriété lesquelles les ressortissants ennemis ont une par- des biens séquestrés a cessé d'appartenir aux ticipation, ainsi que pour les brevets et autres ressortissants ennemis. La réserve formulée dans droits intellectuels qui sont inscrits en faveur les motifs de l'arrêté grand-ducal du 17 août des ressortissants ennemis. Il est jusqu'à ce jour 1944 et qui est la suivante : « Considérant qu'en encore impossible de fixer la valeur de ces parti- attendant la décision sur le sort de la propriété cipations et de ces droits. ennemie qui se trouve dans le Grand-Duché », cette réserve n'a pas pour effet de maintenir la VII. propriété dans le chef des ressortissants ennemis, Depuis le début du mois de janvier 1945, mais elle peut être comprise dans le sens suivant : l'Office des Séquestres a créé un département « La propriété ennemie est mise sous séquestre. « Industrie », dont le but est de gérer et de mettre Elle servira de gage à la créance en indemnité en valeur les exploitations industrielles. de guerre. Gomme cette indemnité de guerre doit être fixée d'accord avec les Alliés et que la 1° Lorsque nous avons repris les différents quote-part qui revient au Grand-Duché, n'est pas établissements industriels, ateliers, minières, établie, le Luxembourg ne s'attribue pas encore, comptoirs, etc., tous propriété ennemie ou parti- à l'égard de ses Alliés, la propriété des biens cipation ennemie, ceux-ci se trouvaient en ma- ennemis séquestrés. » jeure partie dégarnis du personnel dirigeant et étaient presque tous hors d'activité. Dans beau- Si cette interprétation est exacte, l'Office des coup de cas, les ouvriers et employés, recrutés Séquestres pourra procéder à la réalisation des de force par l'occupant, avaient déguerpi pour immeubles, dès que les biens ennemis situés dans reprendre leurs anciennes occupations. L'ennemi le Grand-Duché ont été alloués à l'Etat luxem- avait souvent réussi d'enlever au dernier moment bourgeois à valoir sur sa créance en indemnité des parties plus ou moins précieuses dés instal- de guerre. lations et le flottement inévitable dans la surveil- Les dits immeubles comprennent des maisons lance de tous ces établissements avant la consti- dans la plupart des villes et localités du Grand- tution définitive de notre Office leur avait causé Duché ainsi que des fermes avec environ 635 ha. d'autres torts. de terres et labours. Les débouchés manquaient et les matières Ges terres ont dû être labourées. Notre Office premières ou autres produits nécessités pour la les a donc données en fermage après avoir mise en route de la fabrication faisaient défaut. référé au mois de février 1945 au Ministère des Bref, les difficultés qui se présentaient au début Finances, au Ministère de l'Agriculture et à la — l'offensive Rundstedt battant son plein —, Conférence agricole. étaient nombreuses et de nature à rendre des plus difficiles le rôle qui incombait à notre V. Office. Tout en constituant depuis le mois de janvier La DUT et d'autres organisations du C. d. Z. à mars 1945 les cadres du département «In- ont payé les dettes hypothécaires et autres qui dustrie » de l'administration centrale, nous avons grevaient les biens qu'ils ont confisqués. Ces institué dans les différentes entreprises, selon biens reviennent donc à leurs propriétaires, libres leur importance, un ou deux gérants responsables de ces charges. à l'Office et sous les ordres de celui-ci. Les Il y a ainsi un enrichissement dans le chef gérants font fonction de dirigeants directs de des propriétaires. Pour rétablir l'état antérieur à l'affaire leur confiée et remplacent dans beau- la confiscation, il échet de faire revivre ces coup de cas les anciens directeurs. Ils ont été hypothèques en faveur de l'Office des Séquestres recrutés parmi le personnel existant. Leurs no- subrogé dans les droits des organismes allemands minations n'occasionnent donc pas de dépenses qui ont fait le paiement. Ces créances peuvent supplémentaires à l'entreprise. être évaluées à 80 millions de francs. Les gérants sont en contact permanent avec Il va sans dire que l'Office des Séquestres l'Office central, duquel ils reçoivent leurs direc- ne demandera pas le paiement pur et simple et tives et réfèrent mensuellement ou chaque se- immédiat de ces créances. D'accord avec l'Of- maine sur la marche et la situation de l'entre- fice des dommages de guerre, il étudie tous les prise;

6 Le titre de gérant n'est que temporaire et cupant à cause de leur attitude patriotique ainsi cessera avec la liquidation de l'affaire. qu'aux nombreux déportés et prisonniers poli- Ensemble avec ces gérants, l'Office a établi tiques. Les ventes se faisaient soit directement la situation des nombreuses entreprises en ques- à des prix fixés par nos experts, soit, pour les tion, les a réorganisées pour autant que de objets de quelque importance, par soumission. besoin et remises enfin en activité. A de rares 3° En troisième lieu, nous avons dû assurer exceptions près, elles travaillent actuellement et la garde des nombreux établissements de pro- depuis des mois déjà d'une façon tout à fait priétaires dépossédés (israélites, émigrés poli- satisfaisante et rémunératrice, en rapport avec tiques, citoyens alliés), pour les leurs remettre les conditions économiques existantes et des fois dès qu'ils se présentaient ou pour les remettre encore assez restreintes. La mise en route a à leur mandataire. Nous sommes en train de nécessité dans beaucoup de cas des avances de faire le décompte de l'époque, pendant laquelle fonds importantes prélevées sur les disponibilités ces établissements étaient exploités par l'occupant de notre propre trésorerie et accordées sous en vue d'en sortir au profit de la trésorerie de forme de prêts à 41/2 °/o avec commission tri- l'Etat tout l'actif que l'exploitant aurait pu y mestrielle de 1/g°/o et remboursables à tout mo- apporter. Restent à mentionner ici les établisse- ment sur demande. L'ennemi avait dans la plu- ments vendus pendant l'occupation sous con- part des cas vidé ses caisses et comptes en trainte. Il nous incombe d'analyser le bien-fondé banques, ou si tel n'était pas le cas, les fonds des arguments présentés par l'ancien propriétaire, restants furent bloqués et le restent encore jus- pour restituer, le cas échéant, la propriété contre qu'à ce jour. Nos avances servaient à créer de remboursement du prix de vente après décompte nouveau un fonds de roulement et évitaient le comme ci-dessus. chômage à des centaines d'ouvriers. Sur un mon- 4° Sont venus accroître au courant de la se- tant total de 22 005 000 francs avancés par le conde moitié 1945 notre besogne les nombreux département «Industrie», la majeure partie a séquestres d'inciviques luxembourgeois pronon- été remboursée jusqu'au 15 mars 1946. cés par le Procureur Général en vue d'assurer Pour parfaire la description du mode de fonc- 1© paiement d'une amende ou peine accessoire. tionnement des établissements sous séquestre, Il s'agit notamment en oe qui concerne le dépar- nous ne voudrions manquer de signaler que tement « Industrie », de minières, comptoirs, dans trois cas — une distillerie industrielle, une sources d'eaux minérales. En attendant qu'il soit minière et une carrière à chaux et à dolomies — statué sur le sort définitif de ces établissements, nous avons laissé à des particuliers moyennant nous les maintenons en activité en les gérant contrat de location le soin de la remise en route d'une façon analogue à celle mentionnée sub 1. de l'exploitation. 5° Comme notre Office doit également rem- 2° Ce travail faisant, notre département « In- plir à concurrence de l'actif des biens séquestrés dustrie » lui aussi était littéralement submergé les obligations du séquestre vis-à-vis de l'Etat, des par une affluence impressionnante de demandes pouvoirs publics, des créanciers luxembourgeois, de liquidations, présentées toutes d'une façon alliés ou neutres, tous ces intéressés sont venus plus ou moins pressante, alors que nous ne pou- nous demander règlement de leurs créances: vions prendre initiatelement et jusque dans les salaires, traitements, fournitures, contributions, derniers temps que des mesures conservatoires cotisations, objets confisqués et transférés par et ne liquider que les objets trop dispendieux à l'occupant, primes d'assurances, etc., etc. Nous conserver ou périssables. Nous avons interprêté avons pu donner suite dans les limites nous d'une façon assez large ces définitions pour les fixées à toutes ces demandes. appliquer aussi à tous les objets, matières ou outillages qui pouvaient utilement compléter l'an- cien équipement industriel ou artisanal, ou aider la création de petites entreprises d'une impor- tance primordiale pour l'approvisionnement du Nous avons demandé à nos établissements sub pays. Toutefois, nous avons jalousement veillé de 1 et 4 un rapport tant financier que technique ne pas détruire un ensemble précieux, à conser- au 31 décembre 1945 jusque fin de ce mois. ver comme tel dans l'intérêt général de notre La publication tardive des directives pour économie nationale. Bien au contraire, nous avons l'établissement des bilans a également retardé fait tout le possible, avec les moyens dont nous ces travaux de clôture de fin d'année et nous disposons, pour les remettre en valeur aux fins ne pouvons établir la situation financière qu'après d'une liquidation finale dans les conditions les avoir compulsé tous ces rapports au courant meilleures. Nous avons à oe sujet déposé de des mois d'avril et de mai prochains. multiples rapports au Gouvernement et au Co- Pour couvrir nos frais d'administration, nous mité pour le redressement économique du pays avons octroyé aux différents établissements sous et notamment en décembre dernier une étude gérance pour l'année 1945 une redevance allant, en oe qui concerne les ateliers mécaniques sur selon l'importance de l'affaire, de 50000 à la création d'une nouvelle industrie de mécanique 180000 francs. En outre, nous nous proposons de précision et de machines-outils. de retirer au profit de la trésorerie de l'Etat, dès Nous sommes venus en aide par les liquida- la connaissance de tous les bilans, une part du dations précitées en premier lieu aux compa- bénéfice réalisé pour autant que cette mesure triotes, sinistrés de guerre ou spoliés par l'oc- n'entrave la liquidité de l'entreprise. VIII. Cette matière assez compliquée a fait l'objet d'une étude approfondie de la part du Ministère Les sociétés d'assurances agréées dans le des Finances et de l'Office des Séquestres. Elle Grand-Duché avaient dû cesser leur activité pen- a été réglée d'une manière telle que les intérêts dant la guerre à la suite d'une série d'ordon- des assurés sont sauvegardés et que les payements nances du C. d. Z. qui en transféra les porte- aux assurés sont couverts. feuilles soit à titre définitif soit à titre fiduciaire à la Öffentliche Lebensversicherungsanstalt resp. à la öffentliche Sachversicherungsanstalt qui IX. furent créées à Luxembourg comme établisse- Le conseil d'administration a eu soin, dès son ments publics et dont le directeur-général était le entrée en fonctions, d'élaborer le règlement frère du Ministre de la Propagande Gœbbels. •d'ordre intérieur prévu par l'arrêté grand-ducal Les deux Anstalten ne se contentèrent pas de •du 17 août 1944 et de parfaire l'organisation des gérer les portefeuilles confisqués, mais elles services de l'Office des Séquestres. Ce règlement conclurent des contrats d'assurance nouveaux à fut soumis à M. le Ministre des Finances. la suite d'une ordonnance du C. d. Z. qui déclara obligatoire l'assurance de tous les bâtiments tant Aujourd'hui, le conseil d'administration s'oc- privés qu'industriels et qui accorda pour l'encais- cupe de réduire le nombre des agences qui ont sement des primes d'assurance les mêmes droits dû être créées au commencement et de com- et privilèges que pour les impôts. primer dans la mesure du possible les frais; Les deux Versicherungsanstalten sont sous sé- généraux. questre; les sociétés d'assurances agréées reven- Le conseil a eu soin de couvrir les frais gé- diquent leurs portefeuilles ainsi que titres et néraux avec les revenus qu'il tire des entreprises valeurs confisqués. Les contrats nouvellement qu'il dirige et des placements qu'il a effectués. conclus par les deux Anstalten ne sont pas Ces placements furent faits en bons de la re- compris dans cette reprise. Les sinistres arrivés construction et en emprunt grand-ducal. Dès que pendant la guerre et couverts par les assurances la compression des frais sera réalisée par la doivent être réglés par l'Office des Séquestres réduction du nombre des agences, que la vente pour compte des dits Anstalten. C'est ainsi que des meubles et d'une partie des immeubles aura l'Office des Séquestres a déjà payé jusqu'ici permis de réduire les services du bureau central, 8 millions de francs aux assurés qui avaient subi les rentrées de l'Offioe des Séquestres pourront un sinistre. Cette somme sera récupérée en vertu être mises à la disposition du Ministère des d'un arrangement qui est conclu avec les sociétés Finances pour couvrir les dépenses nécessitées d'assurances. par les dommages de guerre.

Radio-Moscou parle de Luxembourg

Le 2 septembre 1946, Radio Moscou a diffusé «non ». C'était le premier coup essuyé par les une émission des plus élogieuses sur notre pays, occupants dans le Luxembourg! son attitude pendant la dernière guerre et les Les envahisseurs ne s'attendaient guère à cette sacrifices infligés par l'occupation allemande. défaite et devaient en essuyer d'autres, portées Dans cette émission, Radio Moscou a exalté la par le plus petit peuple d'Europe à un ennemi résistance du peuple luxembourgeois et a com- dont la supériorité des forces n'était pas à com- mémoré tout spécialement la grève de 1942. parer. Ces coups s'exprimèrent par la grève Radio Moscou a relevé en outre la sympathie cor- générale anti-allemande de 1942, dont nous avons diale avec laquelle les Luxembourgeois ont pour- marqué dernièrement le quatrième anniversaire, suivi l'avance et la victoire de l'Armée Rouge, qui par les sabotages dans l'industrie, par l'action a contribué pour une large part à la libération des franctireurs du Luxembourg et enfin par du pays. l'action des patriotes qui organisèrent un mou- Voici le compte-rendu de l'émission russe : vement national de résistance, le peuple luxem- En mai 1940, les hordes allemandes enva- bourgeois démontra qu'il était profondément hirent les territoires du Luxembourg en semant anti-allemand. autour d'elles la mort et la destruction. Des Comment s'expliquer le fait que ce petit jours pénibles commencèrent pour un peuple peuple ne s'inclina pas devant son redoutable pacifique. Ces jours terribles durèrent quatre conquérant, qu'il ne s'abandonna pas à la merci ans et quatre mois. Les impérialistes allemands des envahisseurs hitlériens qui asservirent presque proclamèrent le Luxembourg territoire allemand toute l'Europe. et l'annexèrent au Reich. Ils organisèrent un C'est que le peuple luxembourgeois était épris soi-disant référendum en comptant que le peuple, de liberté et qu'il avait foi dans la foroe et la dans la crainte des troupes d'occupation, se re- solidité de la coalition anti-hitlérienne. Il voyait connaîtrait volontairement comme appartenant à les armées soviétiques infliger des défaites au la race allemande. Mais leur tentative échoua. grand Reich et s'inspirait des victoires de l'ar- Le peuple du Luxembourg, malgré la terreur mée rouge pour frapper les coups les plus durs fasciste, eut assez de courage, pour répondre sur l'ennemi commun. Il était sûr de l'écrase-

8 ment de la machine de guerre allemande. Cette Il y a deux ans, les drapeaux de la coalition foi dans la victoire exalta le petit peuple dans anti-hitlérienne flottaient sur la capitale. Le sa lutte contre l'envahisseur. peuple acclamait ceux qui lui avaient rendu la Les Allemands sévirent sauvagement contre liberté. Cependant, dans les rues du Luxembourg, les habitants du Luxembourg en armes. Ils assas- on ne voyait pas de soldats soviétiques. Mais les sinèrent par milliers les patriotes luxembourgeois. soldats de l'U. R. S. S. écrasaient les Allemands aux abords de Berlin. Chacun savait le chemin Les occupants exilèrent et envoyèrent dans qu'ils avaient parcouru en combattant de Stalin- les bagnes allemands et dans les camps de la grad aux Carpathes, de Leningrad à la Prusse mort plus de 30 °/o de la population du Grand- orientale. Chacun savait que le débarquement en Duché. Normandie des Anglais et des Américains n'était Ils enrôlèrent de force des milliers de jeunes possible qu'après trois ans de lutte du peuple gens qu'ils obligèrent à combattre contre leurs soviétique. libérateurs. Les Allemands firent mourir de faim les habi- Les Luxembourgeois apprécient hautement ces tants, mais ils ne purent briser la résistance du paroles élogieuses de la Radio officielle de l'U. peuple luxembourgeois. Les Luxembourgeois ont R. S. S., qui déjà lors de la grève en 1942 avait presque tous le droit de dire qu'ils ne restaient rendu hommage à la résistance acharnée op- pas les bras_ croisés en attendant la libération. posée par notre pays à l'ennemi. Visite du Général Eisenhower (29 septembre 1946)

La courte visite que le Général Eisenhower, Au Palais de Luxembourg, le Général fut reçu Chef d'Etat-Major de l'Armée américaine, a en audience par Son Altesse Royale Madame la rendue à notre pays, a eu, conformément à son Grande-Duchesse. La nouvelle de sa présence désir, un caractère strictement inofficiel. ayant été connue par la population de la ville Le Général, qui se trouvait en tournée d'ins- pection, est arrivé à l'aérodrome du Findel vers de Luxembourg, la foule se massa devant le 10,30 heures. Palais grand-ducal appelant au balcon le Général Accompagné par S. Exe. M. George Platt victorieux. Par deux fois l'illustre hôte se montra Waller, Chargé d'Affaires des Etats-Unis d'Amé- au balcon, une fois seule et une fois en com- rique à Luxembourg, il se rendit au cimetière pagnie de Son Altesse Royale Madame la Grande- militaire américain à Hamm. Après s'être inscrit Duchesse. Il fut chaque fois vivement acclamé au livre d'or du cimetière, le Général Eisenhower par la foule. se rendit sur la tombe du Général Patton où il déposa une couronne et ensuite sur la tombe du Vers midi, l'avion du Général Eisenhower Général Betts. décolla de nouveau au Findel. Nouvelles de la Cour

2 septembre: Son Altesse Royale Madame la néral de l'Armée Dwight D. Eisenhower, Chef Grande-Duchesse reçoit en audience Son Ex- d'Etat-Major de l'Armée des Etats-Unis cellence M. Pierre Dupong, Ministre d'Etat, d'Amérique. Président du Gouvernement, qui Lui présente 30 septembre: Son Altesse Royale Madame la M. Lambert Schaus, Ministre du Ravitaille- ment et des Affaires Economiques. Grande-Duchesse reçoit en audience Son Ex- 26 septembre: Anniversaire de Son Altesse Royale cellence M. Desider Raksany, Ministre de Monseigneur le Prince Félix de Luxembourg. Tchécoslovaquie, qui Lui remet les lettres 29 septembre: Son Altesse Royale Madame la l'accréditant auprès d'Elle é titre d'Envoyé Grande-Duchesse reçoit en audience le Gé- Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire. Le Mois à Luxembourg

1er septembre: A l'occasion du rapatriement des Justice, dépose la Croix de Guerre luxem- dépouilles mortelles de trois de ses citoyens, bourgeoise, à titre posthume, sur la tombe du morts pour la Patrie, Wiltz, Cité Martyre, Général Edward C. Betts, Judge Advocate Ge- honore ses héros et commémore la grève de neral. Assistent à cette cérémonie intime S. E. 1942. M. George Platt Waller, Chargé d'Affaires 2 septembre: Au cimetière militaire américain des Etats-Unis d'Amérique à Luxembourg, le à Hamm, M. Victor Bodson, Ministre de la Colonel Straight, préposé à l'Office pour la recherche des criminels de guerre, le Capi- nument aux Morts pour la Patrie. Assistent taine A. Somerhough, de la R. A. F., Judge à cette cérémonie les délégations des organisa- Advocate General des Forces Britanniques tions de Résistance belges et françaises, les d'occupation de l'Armée du Rhin, ainsi que Ministres de France, de Belgique et des Etats- quelques personnalités luxembourgeoises. Unis à Luxembourg, les Ministres Urbany, Eugène Schaus et Margue, le Colonel Jacoby, 4 septembre: M. le Ministre du Rapatriement le bourgmestre de la Ville de Luxembourg, M. Dominique JJrbany reçoit au cours d'une Hamiïius, et une foule considérable d'habi- courte cérémonie de sympathie, au Casino, les tants du Bassin Minier. Dans la galerie délégués de la Mission Militaire de Rapatrie- « Hondsbösch » à Niedercorn, où 125 réfrac- ment Soviétique, le Capitaine Trofimschouc taires luxembourgeois se tenaient cachés pen- et le Lieutenant Potapoff, pour leur exprimer dant de longues années, le Monument rappel- ses remercîments pour la collaboration des lera aux générations futures l'épreuve des services compétents des deux gouvernements années terribles et honorera les braves pa- dans la réalisation de l'échange des nationaux triotes du Bassin Minier qui ont ravitaillé la soviétiques et luxembourgeois. Du côté lu- communauté nombreuse de réfractaires. xembourgeois assistent à cette manifestation, outre M. le Ministre du Rapatriement, M. 25 septembre: 1360 enfants parisiens quittent Hamiïius, bourgmestre de la Ville de Luxem- la ville de Luxembourg après un séjour en bourg, M. Schneider, échevin, M. Kauffman, vacances de six mois. Assistent au départ LL. ancien commissaire au Rapatriement, M. Alex AA. RR. les Princesses Elisabeth et Marie- Bœver, chef actuel du Commissariat, les re- Adélaïde, S. E. M. Saffroy, Ministre de présentants des Légations Etrangères, etc. France à Luxembourg, et M. l'abbé Hemes, directeur de Caritas. 10 septembre: Dans une proclamation adressée au pays, le Gouvernement commémore l'an- 28 septembre: A l'occasion de l'anniversaire de niversaire de la Libération. Son Altesse Royale le Prince de Luxembourg, Ce jour anniversaire de la libération de la une messe militaire est dite à l'église Saint- capitale, S. E. M. George Platt Waller, Chargé Michel par l'aumônier général de l'Armée. d'Affaires des Etats-Unis d'Amérique à Lu- Assistent à cette messe LL. AA. RR. les xembourg, remet la Medal of Freedom à une Princes Jean et Charles et les Princesses, trentaine de résistants luxembourgeois pour MM. les Ministres Bech, Margue, Eug. Schaug, services rendus aux Etats-Unis. Lambert Schaus. On remarque en outre les représentants des armées américaine et anglaise 16 septembre: A l'ancien camp de Hinzert, les et l'Etat-Major de l'armée luxembourgeoise. délégués des Etats-Unis d'Amérique, de la La ville d'Esch-sur-Alzette rend les der- France, de la Grande-Bretagne, de l'Union niers honneurs à son conseiller communal Soviétique, de la Pologne, de la Belgique et martyr, M. Zenon Bernard, fondateur du du Luxembourg assistent à une cérémonie parti communiste luxembourgeois. La veille, commemorative en l'honneur des victimes du la dépouille mortelle a été rapatriée d'Alle- camp de concentration de Hinzert. S. Exe. M. magne et déposée au siège du parti commu- Bodson, Ministre de la Justice, conduit la niste. A l'enterrement assistent MM. les Mi- délégation luxembourgeoise qui se compose nistres Urbany et Eugène Schaus, le député- d'anciens prisonniers politiques et de repré- maire M. Useldinger avec ses deux échevins sentants des mouvements de résistance. Dans et une foule immense d'habitants d'Esch et une émouvante allocution, M. Bodson rappelle du Bassin Minier. Dans son discours, M. Usel- les souffrances des victimes de Hinzert et dinger relève les qualités d'abnégation et de exalte les efforts héroïques de la résistance dévouement du grand compatriote défunt. commune de tous les peuples alliés. — Une partie des victimes de Hinzert ont trouvé leur 29 septembre: Visite inofficielle du Général sépulture sur le nouveau cimetière qui s'étend Eisenhower. maintenant sur la même place où se trou- A Grevenmacher, une foule considérable vaient naguère les barraques des SS, gardiens assiste aux Fêtes du Raisin. du camp. La communauté israélite de Luxembourg 17 septembre: Un groupe de soixante-dix enfants commémore au cimetière militaire de Hamm de Nancy, la- plupart orphelins de guerre, le sacrifice de nos libérateurs tombés sur le quittent la ville de Luxembourg pour rentrer champ de bataille. Assistent à cette céré- en France. Ils ont passé quelques semaines monie M. le Ministre Margue, représentant le de vacances dans des familles du pays. Gouvernement, les délégués des armées bri- tannique et luxembourgeoise, des American 22 septembre: Son Altesse Royale le Grand-Duc Veterans et de l'Association des Anciens Com- Héritier Jean inaugure à Niederocrn un mo- battants Luxembourgeois.

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