ARCHIVES MAROCAINES

PUBLICATION

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DIHECTION GÉN(~HALE DES AFFAIllES INDIGI~NES

(SECTION SOCIOLOt;IQUF.)

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VOLUME XXVIII

Lieutenant ltEL\lElIS...... Un documenl sai" la [Jolilitfll{< de Moulay Isma'il dans l'Allas.

Lieutenant DI,; J.A (;11.'1.1'1';[,1.1<:. Le Saltan Moulay Isma'il el les Berbères l5anlwja da Maroc central.

PArus HONOR]~ CHAMPION, ÉDITEUH iJ, QUAI l\1AL.\(~UAlS, ;; UN DOCUMENT SUR LA POL1TIQUE DE ~IOULA y ISMA'IL DANS L'ATLAS

Nous sommes heuteux de pouvoir communiquer ici, à ceux qu'intéresse le Maroc Berbère, un manuscrit sur la politique de ;\1"oulay Isma'il dans l'Atlas. Puisse ce docu­ ment apporter quelque chose de nouveau sur cette période critique de l'Histoire du Maghreb, ou tout au moins con­ tribuer à conlirmer et à contrôler des sources déjà con­ nues; puisse-t-il permettre aussi quelques rapproche­ ments entre notre politique et celle de :Moulay Isma'il qui connaissait bien « son terrain ». Ne craignons pas à l'oc­ casion de profiter de son expérience et de suivre la leçon de l'Histoire. Mais nous laisserons à d'autres plus quali­ fiés le soin d'exploiter, s'il y a lieu, les données de ce manuscrit. La chance de l'avoir trouvé nous suflit pour l'instant. Ce document, d'après le nommé Si Brahim de Zaw­ wiya cch Chikh, duquel nous le tenons, aurait été com­ posé peu de temps après la mort de Moulay Isma'il par le Chikh Si Abmed ben Na~er de Tamgrout. Il ferait partie d'un texte plus important.

Lieutenant REYNIERS.

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ET LES BERBÈRES SANHAJA DU MAROC CENTRAL

Le Lieutenant Reyniers publie d'autre part un texte qu'il a découvert dans le .Moyen Atlas et il a bien voulu nous autoriser à en faire l'objet de cette étude et à en donner ici une traduction 1. Ce texte est une simpIe co [lie effec­ tuée en 1928 par Si B['ahim Na$iri, un des marabouts de la Zawwiya ech Chikh, filiale de Talllgrout, sitllée 11 une trentaine de kilomètres à l'est de Qa$ba Tadla. Son auteur y décrit le rôle politiquejoué dans le Mal'oc central, soUs le règne de Moulay Isma'il, par un mara­ bout, Sidi bou Ya'qoub, dont le tombeau est encore l'ob­ jet d'une certaine vénération clans la haule vallée de l'oued Gheris 2. A l'en croire, ce personnage aurait été, semble-t-il, un des premiel's héritiers de la fameuse Zaw­ wiya de Dila, avant l'apparition des Atlihaouch et avant les Derqawa ;J. Si Brahim Na$iri prétend qu'il n'a reproduit là qu'un

1. Nous le remercions de nous avoir facilité ce travail el de nous avoir aidé, pal' sa connaissance de la région d', à la traduction de son texte. 2. L'Oued Gheris pren.

1. LÉVI·PRO'E~ÇAL, Les historiens des Chorra, pp. 291-292. Bonn, La Zaouia de Tamegroul, in Archives Berbères, vol. III, fase. 4. 2. d'Al)med ben Khaled Na~iri es Slawi. 3. Du même auteur (tr. FUMEY, in Archives Marocaines, t. X p. 113). 4. Et Torjman et mo'arib, tr. HounAS (Le Maroc de 1631 à 1812). LE SULTAN MOULA.Y ISMA'IL ET LES BEHR~;l\ES i;iANIIAJA 9 paraît en effet avoir habité celte partie du i\Iaroc. On peut croire plutôt que ce soit l'œuvl'e d'un descendant de Sidi bou Ya'qoub ou de qùelque talev de la montagne, sans qu'il soit p8ssible de précisel' davantage.

*

Bien qu'il semble ainsi postérieur d'un siècle au moins aux événements qu'il rapporte, puisqu'ils sont pl'esque tous contemporains du règne de Moulay Isma'il (1672­ 1727), il serait témél'ail'e sans doute de ne pas accorder une certaine créance à ce nouveau texte, chaque fois qu'il n'est pas manifestement dans le domaine de la légende. Peut-être son auteur a-t-il utilisé des œuvres plus an­ ciennes ou rapporte-t-il selîlement des faits consel'vés par la tl'adition des montagnal'ds; en tout cas ses dires sont fl'équemment confinnés raI' la situation actuelle des tri­ bus dont il raconte les migrations, pal' la croyance po pu­ lail'e et par les chroniques qui constituent pour nous les sources do l'histoire de cette époque; ils complètent même parfois ce que nous savions déjà et y ajoutent un certain nombre de faits nouveaux. Il est seulement regret­ table qu'aucune date ne nous permette de [es situer avec pl·é~ision. En somme, à condition de l'utiliser avec pru­ dence et padois d'interpréter sa version des événements, il ne semble pas que la contribution de ce document à notre connaissance du passé soit négligeable, si localisée qu'elle soit dans l'espace et dans le temps. La vie de Sidi bau Ya'qoub, au moins dans le passage qui nous est parvenu, n'est en effet qu'un prétexte à un développoment qui dépasse considérablement ce person­ nage. En réalité, c'est une phase de la politique des 'Alawites dans le Moyen Atlas qu'il décrit; c'est aussi une partie de l'histoire du peuplement du Maroc central qu'il 10 ARCHIVES MAROCAINES

éclaire pour nous et comme tel, son témoignage est par­ ticulièrement intéressant. Notre documentation sur le passé du Maroc demeul'e encore trôp incomplète, en effet, pour pennettre actuellement d'écril'e autre chose qu'une histoire de ses dynasties. Cependant on a signalé souvent déjà l'inconvénient de celte solution d'attente qui pourrait entl'ainer un rapprochement quelque peu f[lctice entre la constitution de l'Empil'c Chéi'ifien et celle des États euro­ péens. Dès 1911, M. Le Chatelier opposait au ..\broc poli­ tique makhzen et politique de tribus j. Depuis, des études­ relativement nombl'euscs ont été consacrées à des mono­ graphies de tribus et nous ont donné déjà bien des aper­ çus nouveaux, mais elles restent fragmentaires et n'auto­ risent pas encore une œUVl'e complète de synthèse. Elles font souhaiter du moins que les recherches historiques évoluent dans le sens qu'elles ont indiqué et rétablissent ainsi un équilibre actuellement détruit en faveur des sou­ ve!'aIns. Dès leur apparition eH effet, toutes les dynasties maglll'c­ bines se sont détachées des confédérations qui avaient favorisé leur accession au pouvoir ou les ont décimées à leur service. Heconnus souvent en tant que chefs reli­ gieux, les sultans sont alol's devenus dans l'ordre poli­ tique un élément pl'esque uniquement parasitaire, cons­ tamment en marge de la gl'ande majorité des peuples qu'ils gouvel'naient et qu'ils ont gênés dans leul' évolu­ tion beaucoup plus fJu'ils ne les ont guidés. Ce divorce qui semble irrémédiable entre eux et leu!'s sujets et qui apparalt si différent du rôle joué en France pal' exemple par les premiers Capétiens, n'est pas surtout imputable aux souverains du Maghreb dont beaucoup furent incon­ testablement de grands rois et auraient pu sans doute réaliser ailleurs une œuvre stable. Il procède de causes

1. Revue du Monde Musulman, vol. XIII. pp. 463-481\. LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES i?ANHAJA 11 singulièl'ement plus profondes. Ce que M. Gautier 1 ap­ pelle la conception « biologique » de la patrie chez l'in­ digène Nord-Africain, conception qui ne reconnaît que les liens du sang (réels ou considél'és comme tels) et qui s'oppose si totalement à notre conception territoriale de l'Etat, est évidemment ici le facLeur prin:.ordial : quelle que soit l'origine d'une dynastie, son autorité politique ne peut être reconnue d'emblée que par une minorité. Cette conception s'est plus particulièrement synthétisée dans l'opposition des deux races arabe et berbère et dans celle, non moins vive, des différentes familles.ber­ bères entre elles, Mai?mouda, ~anhaja, Zénètes. Il faut en outre faire intervel1lr les institutions politiques tradi­ tionnelles de ces dernières: généralement basées sur un principe oligarchique, elles sont, de plus, uniquement adaptées à des sociétés de forme « moléculaire», dépas­ sant rarement quelques centaines de familles et évoluant seulement dans le cadre restreint où ces insti tutions sont viables. Sans doute rencontre-t-on parfois des fédérations plus hautes, des groupements de tribus, mais elles n'ont essentiellement pour but, dans l'esprit de chacun des as­ sociés, Ci ue la liberté de ces trois ou quatre cents familles qui constituent la patrie. Aussi n'existent-elles réelle­ ment que dans la mauvaise fortune, dans un esprit de résurrection et de libération; elles ne résistent guère à la victoire et l'édifice péniblement construit s'effrité et disparait bientôt sous l'action des haines de tribus. Enfin, l'importance de l'élément nomade si considérable il y a quelques siècles encore au Maroc, avec une prédominance nette du peuplement saharien, plus indépendant encore et plus anarchique que les autres, a été un obstacle cons­ tant à la politique des sultans. Tl'OP pauvres ou trop peu travailleurs pour se contenter de leurs troupeaux, ces

1. Les siècles obscurs du Moghreb, p. sr;. 12 AHCHlVES MAROCAI?'\ES errants ont toujours vécu en grande pal,tie de l'insécurité du pays, du pillage, de la domination des sédentaires; toujours avides de nouvelles terres de parcours ou de nouveaux théâtres d'exploits, ils n'ont jamais eu que faire d'un pouvoir central. Leur souverain à eux ne peut être qu'un cOIHluérant, pourvoyeur infatigable de nuuvelles richesses: un Yousef ben Tachfin, un Gengis Khan, Dès qu'un sultan se stabilise dans ses gains, dès qu'il aban­ donne la vie des tentes pour celle des palais, dès qu'il établit des frontières, des impôts, des postes de garde le long des pistes, les nomades sur qui il a pu s'appuyer d'abord deviennent les plus encombrants de ses sujets, comme il devient un obstacle lui -même à la seule vie qu'ils veuillent mener. On comprend dès lors que la plupart des dynasties aient cherché un piédestal en marge de la vie politique des tribus, sur le seul plan où une unanimité était suscep­ tible de se faire, sur le plan de l'Islam: presque toutes ont été marabouliclues ou chérifiennes. Mais là encore il faudrait décrire l'âpl'eté des luttes religieuses au Maghr'eh et le rôle dissolvant des confrér'ies pour montrer' Clue cette base n'était guère plus solide que les antres. Chacun de ces points mél'itel'ait à lui seul d'être déve­ loppé; on comprendrait ainsi pourquoi les plus grands sultans n'ont jamais été (lue des « conquérants inlé­ rieùrs )), selon le mot que M. Funck-Brentano applique en France aux Carolingiens, el que les plus médiocres ont dù se résigner à concevoir leur empire simplement 'comme une source de revenus 1. « C'est un Estat, dit

1. <1 Les roys de Fez, de Maroc et de Tafilet, écrit MOUETTE à la fin du XVII' siècle IHisloire des conquesles de Mouley Archy. in Cte H. DE CASTIHES, Les Sources inédites de l'hisloire du Maroc, ~. série, France, II, p. 164) n'ont aucun domaine. Tous leurs biens sont les dixmes, leurs garammes ou tailles extraordinaires qu'ils font payer à leurs sujets 'l, et il ajoute: « Quand les royaumes demeurent sans roys, comme avant les usurpa­ tions de Mouley Arcbi... c'est pour lors 'lue la Barbarie est riche et abondante de toutes choses. )) LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LE~ BERBKRES i?ANHAJA 13 d'AvitY au xvue siècle, qui ne peut demeul'er pn un estre 1. Il Sans doute aurait-on tort de minimiser l'infl uence des dynasties: elle n'a pas été négligeable malgl'é tout, mais, nous l'avons dit déjà, elle s'est presque uniquement exer­ cée en l'éaction Je l'évolution de leurs peuples ct c'est pOUl' celle raison que leur histoire seule, sans contre­ partie, fausse réellement notre conception du passé. C'est en effet seulement au moment de l'apparition de chacune d'elles qu'elle acquiert un sens profond, pal'ce que leur accession au pouvoir marclue som'ent la cristallisation des aspirations de tout un gl'Oupe de tribus, mais ce moment est fugitif. Dès que leul' autorité s'efforce de déborder ce groupe de fidèles, les sultans entrent en lutte contl'e des forces obscures et en quelque sorte inconscientes, mais aussi d'une puissance irrésistible et qui ne désarmeront plus. Certains d'entre eux, les plus grands, auront comme une intuition de ce qu'elles sont et chercheront, en vain d'ailleurs, à les utiliser, mais la plupart en recevront les coups en aveugles. Ce qu'on peut deviner il tra\'ers les pages trop rares que les chroniqueurs ou les géographes consacrent aux tribus, à travers les archives trop pen l)l'ospectées enCOI'e des Zawwiyas et des vieilles familles, à tra\'cr's les traditions et les légendes du pays, à traYCI'S l'histoire même de notre occupation, montre que ces forces non seulement ont exi~,té, mais vivent enCOI'e, qu'elles sont ordonnées, logiques, singulièrement sem­ blables à elles-mêmes fi travers les siècles: Berbères ~Ia:;;mouda, ~anha.ia et Zénètes, Arabes Ma'cJil ont eu leur' passé bien à eux, leur évolution propre, li ue l'action des sultans a pu retarder, gène!', mais qu'elle a été illl­ puissante en définitive à discipliner. C'est donc bien velS une histoire des tribus du Maroc ou tout au moins vers

L Cilé par le Cte Il. D~ CASlhlES, loc. cil.• l' série. France, II, p. 2:37. ARCHIVES MAROCAINES une histoire de ces grands groupements que nous devons tendre, semble-toit. Sans doute la tâche est-elle ardue: les documents indigènes et européens dont nous dispo­ sons pOUl' reconstituer ce passé ne sont presque tous eux aussi que des chroniques dynastiques. Toutefois les révoltes qu'ils signalent et qui parfois débordent l'Em­ pire et lui suscitent de dangereux rivaux, sont des indi­ cations précieuses que les archives de la montagne et des oasis nous permettront sans doute de compléter 1, avec ce guide sûr que demeure encore l'Histoil'e des Berbères d'Ibn Khaldonn. Et c'est dans ce sens SUI'tont que le texte do Si Brahim Na~iri nous a paru mériter de n'être pas laissé dans l'ombre.

Nous avons dit que ce manuscrit décrivait un épisode de la lutte de Moulay Isma'il contre les tribus ~anha.ia du Maroc central. Pour suivre le développement de celle-ci et le replacer ainsi dans son cadre, il est nécessaire de remonter un peu plus haut dans l'histoire du Maroc et de dire un mot de ce groupement berbère et des débuts de la dynastie 'Alawite. Les ~anhaja sont depuis des siècles clans le ~Ioyen Atlas, le lIaut Atlas central Z ct le Sahara occiden-

1. Pal'tout où un pouvoir cel!t1'al n'a pas concentré sur lui les œuvres indIgènes les plus importantes et par conséquent les recherches de<; historiens européens. en Mauritanie par exemple ou au désert, on sait qu'il a été pos·dLle de découvrir un certain nomb,'e de chl'onique" locales (cf. notre Esquisse d'une hisloire du Suhara occidental, in Acles du VII· Conprès de l'Institul des Haules I;'ludes Marocaines, Hespéris, 1930). Les quelques sond'.\ges elTedués déjà au Maroc permettent dès mainte­ nant d'affirmer qu'il en sera de même dans toutes les régions où l'auto­ rité des sultans ne s'est exercée que d'une façon passagère. 2. Les ~anhaja occupent aujourd'hui une longue Lande de territoire, sensiblement orientée nord-sud, qui a son unité linguistique et qui s'étend de nabat, de Meknes et de Fes .i llsqu'au Sahara: c'est le pays des Zemmour, des Gerwan, des Zayyan, des Ait Mgild, auxquels il faut peut-être ajouter les Zaer et les Ait Nqir (ou Beni Mtir); les confédé­ rations du Moyen Atlas central et occidental et du Haut Atlas central, LE SULTAN MOULAY ISMA 'IL ET LES BEHBÈRES f?ANHAJA H; taIt. Longtemps leurs mouvements de transhumanceles ont fait osciller entre ces régions complémentaires et les ont entraînés sans doute au delà, jusqu'aux plaines atlan­ tiques, par ce mouvement instinctif qui a constamment porté du désert à la Méditi~rrannée les tribus nomades de l'Afrique du nord. Puis peu à peu une sorte de sélection a dû s'opérer et certains se sont plutôt axés vers la haute chaîne, tandis que d'autres s'orientaient vers les steppes du Soudan. L'établissement au Maroc de la dynastie des Almoravides ('1055), qui sortait d'une de leurs ft'actions de Mauritanie, dut favol'iser quelque temps leur exten­ sion, mais sa chute rapide entraina leur asservissement ou leur exil. La grande invasion arabe du XIIIe siècle vint en outre leur interdire l'accès de la région des plaines et consacra la scission des montagnards et de leurs frères du désert, par sa mainmise sur les oasis; les uns ct les autres eurent désormais leur évolution propre. Sous les Almohades (1147-12G9) et les pt'emie,'s Mérinides (~ partir de 1269), les ~anhaja de l'Atlas, désormais cantonnés dans leur âpre pays, furent soumis il ces sultans qui apparte­ naient à des tribus traditionnellement ennemies des leurs, etils servil'entmême parfois dans leurs armées. Ayantperdu leurs terres les plus riches :2, ils furent en outre victimes des exactions dos Al'abes, qui étaient devenus les agents de commandement et les collecteurs d'impôts dos souve­ rains. Peu à peu les motil's de rébellion s'étant accumulés· en eux et la décadence du pouvoir s'affirmant chaque jour,

Ait Oumnlou et Ait Ynrelman, en font pariie ainsi que certaines tribus vivant au nord, au sud et à l'est de Sefrou, ju~que dans les montagnes des Ait Warain. au sud de TélZa. Tout cel ensemble est prolongé vers le sud par la grande confédération des Ait·Atta qui a son centre dans Il'; .1 bel Saghro et qui particioe à la fois à la vie des grands nomades du désert et à ceiIe des transhumants de la montagne. 1. Au Sahara les $anlwja forment le fond d'un certain nombre de tribus Maures et Touaregs. 2. « Les Arabes, écrivait MOUETTE à la fin du XVII' siècle (loc. cil., p. 165) demeurent sous de méchantes tentes dans les plaines où sont les meilleures terres à culli"er, en ayant chassé les Barbares ». 16 ARCHIVES MAROCAINES ils finirent par se libérer et, vers le milieu du XIVe siècle, ils avaient recouvré leur indépendance 1 ; au début du X\'\ ils portaient leurs razzias jusqu'à la plaine du Tadla '2 et vers 1515, Léon l'Africain les décrit tout à fait maUres chez eux et infligeant un véritable désastre ù une expédi­ tion {lui s'est risquée à les attaquer 3. Or, à cette époque, toute une propagande religieuse avait été entreprise peir des mari1bouts, installés dans l'Atlas ou en bordure cl u Sahara, pour libérer le Maghreb des derniers l\lérinide:-;, accusés de faiblesse dans la défense des intérêts de l'Islam: de fait, Espagnols et Portugais venaient de con­ quérir toutes les villes de la côte, tandis que les Juifs prenaient une importance croissante dans le gouverne­ ment et que les Arabes, soutiens du pouvoir, étendaient sans sanctions leurs déprédations sur toutes les piste::" Les $anhaja se rallièrent naturellement à ce mouvement 'l, beaucoup moins sans doute par e:-;prit d'opposition aux :Mérinides, dont l'autorité avait cessé de les gêner, que parce qu'ils espéraient ainsi prendre leur revanche sur les Arabes et retrouver la jouissance de leurs anciens pâturages. Les marabouts réussirent en définitive à amener au pouvoir la dynastie chérifienne des Sa'adiens (vers 1539), mais celle-ci ne tarda pas à décevoir ses partisans, en reprenant à son compte la politique de ses prédécesseurs et en gouvernant par les At'abes, plus dociles que leurs adversaires. Alors les $anhaja poursuivirent leurs buts en dehors d'elle. Marmol écrit 5 Vet'S 1570 {lU' « ils ne sont sujets qu'autant qu'il leur plaist, parce qu'ils ne cr

1. Vers 1340, ils fournissaient encore des postes de garde à Marra­ kech. Cf. EL'O'HIO, Jlasalik el Ab~ar, tr. GAUDEFROy-DE1l0""YNES p. 18i'. 2. De l'aveu d'indigènes pl'Îsonniers des Portugaib. Cf. COUR, la Dynas. lie marocaine des Beni \t'atlas, p. 43. 3. LI~ON L'AFRICAIN, Vesaiplion de l'Afrique, éd. Schefer, 1, pp. 31('-313. 4. COUFOUBlElI, Une descriplion géographique du Maroc d'Ez Zyani, in Archives Marocaines, VI, p. 44:,. 5. L'AFrique, lI'. PEllROT O'AUL.

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BcniZouli '{; 1lRNA1A. 0 c.c"" -=; è Illmsrout o 0 - LE.KTAWA "". ------~ BeniSemg;n / CROQUIS DU MAROC ~'beJ AIT 'ATTA Nom de confedération ou de tribu

FERKLA Nom de province / ou de district LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BEHBÈHES I?ANHAJA 17 rien dans leur montagne et f{U'estans maistres des ave· nües, peesonne ne les peut attaquer ». Bientôt cette indé­ pendance devint ageessive et au XVII" siècle, ils purent constituer. à l'intérieur du l\Iaghreb, un véritable royaume ù eux, qui eut sa capitale à la Zawwiya de Dila 1 en bor­ dure du Moyen Atlas, et à la tête duquel un des leurs, Mol).ammed el lIajj ed Dilai, commanda tout le Maroc centl'al avec Meknes et Fos. De là. la réaction contre les Arabes s'étendit jusqu'au Sahaea et rétablit quelque peu la liaison rompue depuis des siècles entre les deux tronçons des !;'anhaja. AI01's ces derniers reprirent leul' ancienne migration: du Tafilelt et du haut Dra', où ils s'étaient gmupés en geandes confédérations, jusqu'aux portes des capitales du nord, tous entrèrent en mouve­ ment à cette époque. A mesure que les tribus les plus septentrionales progeessaient vers les plaines atlantiques, toutes les autres accourues du sud se pressèl'ent à leul' suite et leul' lente avance menaçait de submerger le Maghreb, quand apparut la dynastie des 'Alawites. A càté du royaume de Dila, en effet, d'autres princi­ pautés religieuses s'étaient constituées: c'est ainsi qu'El 'Ayyachi tenait le Gharb, Salé et la Chawiya actuelle, et qu'Abou 1:Iassoun Es Semlali dominait tout le sud de l'Atlas, de l'océan à Sijilmasa '2.. De même, depuis plu­ sieurs génél'ations déjà, les habitants de cette derpièee ville subissaient l'inf!uence religieuse de Chorfa 'Alawites:J, qui s'étaient installés au milieu d'eux et qui sans doute étaient devenus peu à peu, par le prestige de leur ori­ gine, les aebitres de leues conflits et les peotecteues de la cité contrè les pillages des Arabes. Devant la menace de Mol.lammed el Uajj ed Dilai, qui songeait à s'étend!'.) vel's

1. On pense que Dila se trouvait à quelques kilomètrcs du poste actuel deI'; Ait Is1Wq, au sud de Khenifl'a. 2. On sait que Sijilmasa était, depuis le ,Hll' sièclc, la capitalc dLI Tafilelt. 3. A. COUR, L'établissement des dynasties des chérifs au Maroc, p. H.

ARCH. MAROC. XXVIII. 2 fS ARCHIVES MAHOCAINES le sud, ct la carence du sultan sa'adien, l'un d'eux, Moulay ech Cheeif, et plus tard son fils 1\loulay MI.lammed, furent chargés de gérer les intér~ts de la ville et d'en exercer le commandement, en marge des fonctionnaires d'Abou ijassoun, qui s'étaient fait détester. El 'Ayyachi fut assassiné en 1641, Abou l:Iassoun pra­ tiquement éliminé vers la même époque. Le Oilai demeura seul alors en présence du pouvoir naissant de :Moulay ~1D.ammed. Celui-ci, par son titre de descendant du PL'ophète, par la tL'adition sa'adienne dont il allait hériter, par ses premiers compagnons aussi sans doute, personnifia presque aussitôt l'ancien envahisseur al'abe, soucieux de maintenir sa prééminence sur les Berbères et de conserver la jouissance de ses conquêtes; son adversaire au contraire appartenait par son sang aux ~anhaja, mais représentait surtout plus ou moins cons­ ciemment pour eux l'aboutissement victorieux de plu­ sieurs siècles d'effol'ts pour reconquérir la libre disposi­ tion de'leurs terres de parcours. Il était fatal qu'ils en vinssent à se heurter. On sait mal la composition de l'armée du Chérif au début de sa fortllne : le Kitab et Istiq$a 1 parle seulement des « gens de Sij ilmasa et des environs», Zayyani'2 dit « les sahariens »). El Oufl'ani prétend 3 qu'en 1637 il était suivi, par des bel'bèr(~s Sanhaja et Dekhisa, à l'époque où sans' doute il représentait pOlir eux un moyen de se libé­ rer des fonctionnaires d'Abou Bassoun. Mais depuis des sièdes déjà, tout :ce qui n'était pas Arabe était considéré un peu comme de race inférieure et en tout cas comme de fidélité douteuse; et un descendant du Prophète devait sans nul doute répugner à chercher ses alliés en dehors de la race conquérante: il semble hien en somme qu'il

1. ES-SLA.WI, Ki/ab el Isliq~a, Ir. Fü"EY, in Archives Mw'ocaines, IX, p. 1\1. 2. Loc cit., p. 2 .a. Nozhel el Hadi, tr. HOUDA.S, p. 420. LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BEHBÈRES ~ANHAJA 19

SUIVit l'exemple des Sa'adiens et ne tarda pas à utiliser pl'esque exclusivement comme eux les Arabes Ma'qil l , c'est-à-dire ceux du désert, qui à cette époque étaient encore assez puissants. Les Dwi }Ieni', qui forment un gl'Oupe de leurs descendants et qui nomadisent entre le Tafilelt et la Zousfana, associent aujourd'hui encore dans leurs légendes leur ancêtre éponyme El Mena' à un aïeul des souverains 'Alawites, ~Ioulay el Uasan bel Qasem, Leurs tombeaux sont voisins, dit-on, près des ruines de Sijilmasa et y sont de leur part l'objet d'une semblable vénération 2. Les Dwi Meni' d'ailleurs paraissent bien avoir été depuis le XVIIe eiècle les plus fermes appuis des représentants du sultan dans le sud, en paJ·ticulier contre les $anhaja Ait 'Atta 3. C'est en tout cas chez les Arabes Ma'qil que les premiers successeurs de Moulay :l\n~ammed ech Cherif allèrent chercher leurs contingents, chez ceux de la région d'Oujda 4 et chez ceux du Sous et du Sahara occidental ~, auxquels le sultan Moulay Isma'il était appa­ renté pal' ulle de ses femmes el qui semblentGl'avoir

1. 1\hClL~ux-BELL~II\E, L'organisme marocain, in Reu. du Monde Musulman, IX, p. 2:>. Les Arabes Ma'qil, qui formaient J'élément le moins nombreux et le plus pauvre de l'invasion du XIII' siècle, avaient longé la bordure septen­ trionale du désert en marchant vers l'ouest. Ils occupèrent ainsi toutes le" oasis jusqu'à l'océan. A partir du xv', une partie d'enlre eux se tourna vers le sud et envahit la Maudtanie et le ::;oudan. 2. B11.E"iDT, La Zous(ana, inédit. 3. Les Ait' ,\ na sont formés de :;ianhaja de la montagne et de $anhaia du désert, auxquels sont venus se joindre quelques Arabes. Ils noma­ di-ent entre l'Atlas, le Talilelt, le haut Dra' et le Sahara et ont en outre un certain n!lmbre de colonies fixées au sol sur le versant nord de la grande chaîne. Leur confédération fut fondée vers Je milieu du ~VI' siècle sous l'égide des chorfa Beni Amghar de Tamesloht (est de l\Iilrl'akeehl. 4. Es SL.

1. Es SLAWI, loc. cil. ZATYANI, loc. cil., pp. 31-32. 2. Les tribus dites guiclz, on le sait, sont des tribus dont tous les membres sont leur vie entière il la disposition du souverain. Dispen­ sées d'impôts, elles sont établies sur des terres appartenant à la com­ munauté musulmane et en acquittent le loyer en servant d'armée per­ manente. 3. Es SLAWI, loc. cit., p. 55. 4. ID., p. 21-22. 5. ID. ZAYYANI, loc. cil., p. 4. LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 21 pilla le territoire d'un groupe de partisans du marabout Dilai, les AitWallal des environs de Meknes 1. Mol;wmmed el ijajj lanç,a aussitôtune expédition de représailles surFes, mais elle fut repoussée z. Alors, Moulay el' Rechid entre­ prit en montagne une action politique sur les f?anhaja et ré ussit à s'assurer la complicité d'un certain nombre de leurs chefs qui cherchaient depuis longtemps, semble-t-il, à trahir le marabout 3. Puis il s'attaqua directement à la Zavvwiya qui fut enlevée le 18 juin 1668 après 'le combat de Botn Er Rouman, et détruite de fond en comble 4. La disparition du centl'e de la puissance dilaite sous les cou ps des Arabes, en partie causée pue les divisions intérieures des f?anhaja, dut leur ètre particulièrement sensible. En tout cas, c'est à partir de ce moment que leur hostilité à l'égard de la nouvelle dynastie se déclara définitivement. Elle ne désarma plus et l'on peut croire qu'elle ne fut pas étrangère au choix que Moulay Isma'il, le successeur de Moulay el' Rechid, fit de Meknes comme capitale. Les historiens le montrent uniquement séduit par son site, mais la position de cette place forte en face du Moyen ,Atlas évoque naturellement celle de Mar­ rakech au pied du Haut Atlas, à l'époque de sa fonda­ tion ". En 1674, la révolte des f?anhaja se déclaraouvertement : ils refusèrent de payer l'impôt, massacrèrent les envoyés du sultan, puis se réfugièrent dans la montagne qui fut

1. Les Ait WaHal, qui l'ont aujourd'hui partie des Ait N~ir, sont origi- naires des Ait'Ana du Sahara. 2. Es S'LAWI, lac. cil., p. 47. ZAYYANI, lac. cil., p. 18. 3. EL OUFHA"II, lac. cil., p. ü2. 4. Es SLAWI, lac. cil., pp. 48-49. ZA HANI, loc. cil., pp. 19-20. MOUETTE. lac. cil., pp. 29-30. 5. On sait que Marrakech fut fondée en 1062 par les Sanhaja almora­ vides pour surveiller les débouchés de l'Atlas occidental; cette partie de la chaîne en effet était habitée par leurs ennemis, les Berbères Ma~­ mouda. qui devaient fonder ensuite la dynastie almohade. 22 AHCHlVES MAHOCAINES mise en état de défense. :\Ioulay Isma'il fut d'abord mis en échec par leurs 5.000 cavaliers et leurs 8,000 fantassins, puis réussit à les tourner et à leur infliger une défaite qlLi lui valut un illlportant butin l, Malgré cela,en 1077 ils se soulevèrentà nouveau ùl'appel d'Al~med ben '}d)(Jallah, petit-fils de Mol~ammed el !:lajj qui, soutenu pal' les Turcs, était revenu d'exil en haute Moulouya au milieu de l'enthousiasme général et avait entrepris la reconstruction de la Zawwiya de Dila ; les Arabes des plaines, de Tadla au Sais, furent pillés pal' les ~allhaja et chassés de leurs terres et durent se retirer sous les mut'S de Fes, de ~leknes et de Salé. Deux corps d'armée de chacun ,'1.000 hommes, envoyés contre eux, furent repoussés avec de lourdes peetes, le premier pt'ès de Meknes, le second près de la Qa~ba de Tadla, qui fut enlevée et démolie. « Dans la crainte que la plaie faile à la dynastie ne s'étendit z», Moulay Isma'il intervint alors lui·même et réussit à rétablir la situation au Tadla d'abord, puis dans le Moyen Atlas, geâce à son al'tïl1erie et à une manœuvre enveloppante du guich des Oudaya:J. [1 passa l'été de 1678 en haute Moulouya pour y conso­ lider les résultats obtenus, mais dut se remettre en cam­ pagne dès la fin de l'année pour faire face au Tafilelt il la rébellion de ses frères Moulay el I:Iarran, :Moulay f:fachelll et :\Ioulay Ahmed, ct de trois de ses cousins, soutenus pal' toute la confédération ~anhaja des Ait 'AHu et par des gens du Todgha et do la vallée du Dades ". Le sultan enleva

1. MOUETTE, IDe. cil., pp. 78-79. 2. Es SLAWf, lue. cil., p. 70. ;1. Es SLAWf. loc. cif. ZAYYANI, loc. cil., p. 27. MOUETTE, IDe. cil., pp. lOi-lOS, !lO. EL QADfRf, Nachr el Malhani, tr. I\hCHAUlL· BELLAIRE, in Archives Maro­ caines, XXIV, p. :!tJO. 4. Les , le!" l\Igouna, les Imeghran, les Ait Dades proprement dits et les Ait Seddrat, toutes tribus qui s'échelonnent d'aval en amont, le long de la vallée du Dades, U: SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 23 d'abord le Ferkla et le Ghel'is, puisle Todgha et le Dades, mais la plupart des habitants abandonnèrent leurs oasis et se l'éfugièr'ent au Jbel Saghro; il les y suivit et leur' livra là, le J février 1679, un combat assez dur où périrent le commandant des troupes, Mousa ben Alplledben You­ sef et 400 hommes du contingent de Fes; il se borna alors à leur demander le libre passage sur leur territoire df's gens du Tafilelt qui se rencil'aicnt à Marrakech et l'aide éventuelle de leurs contingents contl'e les chrétiens. On sait d'ailleurs que cette campagne faillit se terminer par un désastre, l'année impériale ayant été surprise par une tent­ pète de neige au col de Telwet etayantdù abandonner ses bagages et le produi t des ~m positions levéesdans les oasis 1. Après ce demi-échec, Moulay Isma'il ne paraît pas être retourné chez les Ait 'AHa. Cependant leur puissance ne cessait pas de s'accroître; alors, non seulement ils cher­ chèrent à prendre la place des Arabes dans la suzel'aÎneté du Dra' et des oasis, mais encore leurs fractions saha­ riennes s'efforcèrent de progI'esser vers le nord, soit pal' la vallée du Dades, soit par celles du Cheris et du Ziz. Elles entrèrent ainsi en conflit avec d'autres ~anhaja qui s'y tI'ouvaient déjà et qui se montraient peu soucieux de leur céder leurs conquêtes. Ceux-ci quittèrent la confédé­ ration; ils se groupèrent avec quelques fractions Arabes, qui espéraient ainsi sauver leurs propriétés, autour de la tribu des,Gerwan, alors dans la vallée du Ziz, et formèrent la confédération des Ait Yafelman, dont les 'Alawites se servirent, semble-t-il, pour contre-balancer la turbulence des Ait 'AHa 2 et maintenil' ainsi dans le sud un équilibl'e à peu près stable.

1. MOUETTE, loc. cil., pp. llc-123; Es SLAWI, loc. cil., pp. 79-80. 2. Cne CANAVY, les Régions du haul Guir el de l'oued Ilaiber, in Bull. du Corn. de l'Afro Jrançaise, Renseign. Colon, 1908, p. 132. Lt PARLANGE, Noies inédites sur le haul Ziz. La fondation de cetle confédération esl peut-être anlél'ieure à ceBe de 24 ARCHIVES MAROCAINES

Mais il restait à soumettre les tribus proprement mon­ tagnardes du Moyen Atlas et cl u Haut Atlas, l'ancien groupe des fidèles de Dila. Cette œuvre, constamment retardée par des révoltes il l'intérieur de l'empire ou par la guerre contre les chrétiens, exigea près de dix années d'eflorts, entre 1683 et 1693. Avant de faire le récit des quatre grandes campagnes qui en marquèrent les étapes, il nons semble utile d'abord d'étudier rapidement les moyens et les méthodes utilisés par Moulay Isma'il. L'organisation de l'armée dynastique fut sa première préoccupation. Déjà son prédécesseur avait remis sur pied le guich arabo·zénète des Cll!'aga, et l'avait installé au nord de Fes ; Moulay Isma'il forma de même celui des Oudaya avec des gens du Sous qui avaient autrefois servi les Sa'adiens et avec des fractions Ma'qil du Sahaea occi­ dental. Les Khlot 1 furent en Olltee désignés comme tribu makhzcn. Ces contingents forrnèt'ent seulement les troupes de seconde ligne: mieux que tout autre sultan, en effet, Moulay Isma'il paraît avait' compris son rôle « en mar'ge des tribus)); aussi s'efforça-t-il de créer une armée de la dynastie 'alawite. Ce qui paraît certain, c'est qu'elle se fit par scission de celle des Ait'AHa, sous l'égide des ancètres du sultan actuel, mais ceux-ci pouvaient n'èlre encore que les « charra de Sijilmasa» et les protecteurs spirituels de la cité. Les Ait Yalelman comprennent actuellement: les Ait MOl'ghad; les Ait l;Iadiddou ; les Ait lzdeg' ; les Ait'Aisa ; les Ait Yal).ya ; les Ait 'Ayyach ; les Ait Wafella ; les Arabes Sebbah ; les Arabes Ouled Khawa de la Moulouya; les sédentaires de deux districts du Tafilelt. On leur rattache parfois aussi les Ait Seghrouchen, les Gerwan et les Ait Imour. 1. Les Khlot, Arabes Jochem amenés au Maroc par un sultan, furent installés dans le Gharb vers 1308. LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 2;;

métier solide et indépendante de ses alliances, liée à la dynastie par un lien plus fort que celui du sang, par le lien de l'esclavage. Ce fut là la base de l'institution de l'armée nègl'e des 'AbiLi el Baie/tari. Leur recrutement et celui de leurs femmes, menés de pail', furent d'abord effectués dans tout l'empire soit parmi les anciens esclaves des Sa'adiens, soit en tribu pal' voie d'achat ou de réquisi­ tion; plus tard, à partir de 1688, ils furent entretenus uniquement par les enfants des premiers 'Abid qui reçu• rent à cet effet une éducation et une instruction spéciales: à partir de l'âge de 10 ans, les gal'çons devenaient la pro­ priété du sultan etétaient fOl'més d'abol'd comme ouvl'iers, pu-is il partir de 14 ans comme enfants de troupe. A 16 ans, ayant appris à uliliser leUl'sarmes, à conduire des mulets, à monter à cheval et à manœUVl'er, ils étaient mariés à des nég['esses qui avaient été instruites dans les palais du souverain; on les inscrivait alors sur les registl'es de l'armée et ils faisaient partie des combattants 1. A la fin du règne, le corps des 'Abid comptait 150.000 hommes, dont la moitié environ formait une sorte de réserve générale casernée il El _Ml.lalla, au sud-est de Salé '2; c'était là que les jeunes recrues allaient rejoindre leur unité. Le reste était réparti par détachements d'au moins 100 hommes - soit seuls, soit doublant des frac­ tions gUic/l - dans les différentes capitales et aux chefs­ lieux de province 3 et dans les soixante-seize qa!;lbas (ou postes militaires), établies dans tout l'empit·e. Celles-ci

1. Es SLAWI, IDe. cil., pp. 54-56, 66-09, ii-7S, \Ji-9G, 120-121, 261 el sq. ZAYYANI, foc. cil., pp. 29-31. 2. Celle qa~/)a étail située en bordure de la forèt, sur les bords de l'oued Tifell, à 11 km. au sud de Mechra el' Remla, gué du Bou Regreg. Abandonnée en 1746 par les 'Abid, elle fut alors pillée par la lribu des Beni Absen du Gharb. Cf. SECTION SOCIOLOGIQUE rE LA DJIŒCTION DES AFFAIIlES I~DIGÈNES, Villes el Trib'lS du 1IIaroc: Rabal el sa région, Ill, pp. 210-261, ZA.YYA.~I, foc. cil., p. no; Es SLAWI, IDe. cil., IX, p. 263. 3. Par exemple à Tétouan, à Mehcdya ('Abiddu Sous), à Rabat, à Meknes (guich des Oudaya) el aux environs, à Oujeh 'Arous (2.500 'Abid 26 ARCHlVES MAROCAINES défendaient les frontières 1 et gardaient les grandes voies de communicatioll, servant alors parfois de caravansérails 2; ou bien elles encerclaient le pays insoumis de plus en qui constituaient, semble-t-il, la réserve du « front ~anhaja » et qui four­ nirent les garnisons de ce front au fur et à mesure de la construction des postes qui le jalonnaient) et à Jdida (100 cavaliers 'Abid), à Fes, à la qa~ba actuelle des Cherarda ou qa~ba du Khrmis (500 cavaliers des gllich Chraga) et aux environs, à Taza (2.500 'Abid), à Oujda (1.000 cava­ liers arabes ZiranIl, à la qa~ba de Tadla (1.0CO cavaliers;, à Marrakech, à Taroudant (3.000 homm,·s), au Tnnata sur le haut Dra' (probablement au q~ar des Beni Zouli, où se trouvait le gouverneur de celte province avec 1.000 'Abid), au Tizimi, au nord du Tafilelt, résidence également d'un représentant du sultan, et à Figuig. Les effectifs des garnisons, donnés ici et dans les notes suivantes, sur­ tout d'après ZAYYANI et Je Ki/ab cl ls/iq~a, correspondent vraisemblable­ ment à des effectifs maximum, affectés à cbaque qa~ba au moment de sa création ou aux époques de crise. 1. C'était le groupe des qa~bas du Maroc orienlaJ, parmi lesquelles on peut citer: Reggada (500 cavaliers des.Arabls Zirara) à 10 hm, à l'est de Berkan (nord-ouest d'Oujd

1. Les dires du ms. de Si Brahim Na~iri sont à l'approche!' des tradi­ tions des Ait Yousi citées plus haut (p. 27, note 2, § f). 2. MOUETTE, loc. cil., p. 140. 3. Les Ait IUl'asen sont cités au XII' siècle pal' le Kitab el Ansab (in E. LEYl-PROYE:WH, Documents inédits d'histoire almohade, p. 68), parmi les 30 ARCHIVES MAROCAINES pénétra dans le :\Ioyen Atlas OI'iental par Azrou et gagna à la fin de l'été 1683 la haute Moulouya. Séparant en deux le bloc des montagnards insoumis, il s'ouvrit ainsi la piste de Meknps au Tafilelt. Les Berbères s'enfuirent dans le Haut Atlas, ail voisinage du JIJel 'Ayyachi, suivis par le sultan qui se contenta de derneul'er en Moulouya jusqu'à l'achèvement des deux postes d"Ain Leuh et d'Anou, où il laissa 1.500 cavaliers. Harcelés pal' ceux-ci, les Ait Idrasel1 ne tardèrent pas à offrir leur soumission et livrèrent leurs armes et leurs chevaux 1. Cette expédition fut com­ plétée par celle de 1684-1685 au cours de laquelle Moulay Isma'il étendit son action vers le nord-est. Là encore les Berbères gagnèrent en partie le Haut Atlas et en partie Jes hautes vallées du pays actuel des Ait vVarain au sud de Taza. Deux groupes de postes furent édtfiés en face de ces montagnes: le premier comp,'enant ceux d"Alil, du Gigou, de Skoura, de Tichoukt, l'autre ceux de Q~abi, de Midelt, de Q~ar Beni Mtir, de Tamayoust et de DarTma'· Chacun de ces postes reçut une garnison de 400 cavaliers et l'action des 'Abùl ohtint de part et d'autre les mêmes résultats que chez les Ait Idrasen 2.

~anha.ia du midi et dpvaient habiter alors sur le versant sud de l'Atlils dans la région du Gherk A l'époque de MouIllY Isma'il, ils occupaient la partie du Moypn Alins comprise entre la haute Moulouya et les envi­ l'ons de Serrou. Ils englobaient, croit-on (AnEs, Recherches historiques sur les Berbères de la région de ,Veknès. Les Ail Idr'asen, notes inédiles): léS Ait Sadden, les Ait \Vafella, les Ait \Vallal, les Ait Imour, les M"jjat, les Ait 'Ayyach, les Imelwan, les ,Ait 1\\111' et peul-étre les Ait Yousi et les Ait SeglJrouch(n~ Toutes ces tl'ibus se disper~èrent ou se rlülaehèl'enl ù d'aulres confédérations Ù la suite des défaites que leur intligèrent les 5anlwja Ait Oumalou et Genvan, sous le règne de Moulay Sliman (t 792.1

En 16871688, utilisant la haine traditionnolle des tri­ bus nouvellement soumises contre celles du Moyen Atlas occidental, il élargit ses gains vel'S cette partie de la chaîne et se porta directement cette fois sur le gros bloc ~anhaja : Jes Zemmoul' et les Beni ijakem 1, qui se trou­ vaient alol'is au sud et au sud-est de Jeur emplacement actuel, puis le sultan entreprit la construction ou la reconstl'uction des qa~bas d'Adekhsan, de Ment, de Dila, de Tadla et de Deni Mellal et les garnit d"Abid à qui il confia le soin d'assurer le blocus des ~anhaja Ait Ou­ malou ". Enfin en 1692-1693, ces mesures étant demeurées sans effet, il Cl1tL'eprit la conquête du Moyen et du Haut Atlas. Les ~anhaja qui peuplaient ces chaines comprenaient, sur le versant nord, les Ait Oumalou et spécialement Jes Ait Seri:J qui, d2scendant cles hautes vallées, venaient de s'em-

L Le" Z~mmour vivent aujourd'hui enlre Meknes et Rabat. Les Beni l;Iakem font maintenant partie des Zemmour. 2. Es SLAWI, loc. cit., p. !l3. ZAYBNI, loc. cil., pp. 41-42. Un entend par Ait Oumalou, ou « gens de \'omhl'e», tout un groupe de tribu" :;>anhaja (Amalou, leur ancètre éponyme, serait un descend,mt de ~anha.i, d'après ZHU:"'), 'lui habitent le Moyen Atlas et les plateaux qui séparent cette chaîne de la plaine du Sais: les Zayyan, les Ait Isl.laq, !l's Ichqern, les Ait Il;and, les Ait Seri et les Ait Sokhman. Ils sont déJà placés au XIl' siècle aux environs de Deni MeJlal par' EDRISI (Géo­ graphie, tr. JAUB>:ltT, l, p. 221). Nous avons dit qu'ils s'opposai,~nt tradi- tionnel1emenl aux Ait Idrasen. - :J. Les Ait Seri ou ls:'i comprennent qualre tribus: les Ait Oum cl Bekht, les Ait \Virl'ah. les Ait ]\ifoi)and et les Ait 'Abdellouli, qui hnbilent le Moyen Allas et la p,lI'tie méridIOnale de la plaine de Tadla, sensiblement entl'e l'Oum el' Hbi' et l'oued el 'Abid el entre le cours du \Vaoudrent et celui de l'Asif \Vaoumana. Ce sont des $anlnja eux aussi; d'après les tl'aditions de la montagne (Cf. Cdt TAI\RIT, les AitSeri, inédit), ils cornpl'enaient seulement il l'origine 1es Ait' Abdellouli, qui émigrt'rent des environs du Tafilelt, où ils habi­ taient, jusque dans l'Asif \Vanergi, sous-afl1ucnt de l'oued el 'Abid. De là, ils poussèrent vers le XVIJ' siède ell dire'clion du nord, Le guich Ait Irnoul' les arrèta d'abord. puiR, s'étant révolté contre le sultan, il leur li\'I'a le pa"isage et gagna Iii plaÏle de Tadla. tandis que les Ait Seri repoussaient les Ait l\;(~il' et les Gerwan qui s'enfuirent en dil'eetion de l\Ieknes. Au cours de ceUe migration, les Ait Sel'Î s'adjoignirent les Ait ;,32 ARCHIVES MAROCAINES parer du dir 1,. sur le versant sud, ils formaient la confé­ dération des Ait Yafelman 2. C'était en quelque sorte le réduit de l'indépendance berbère; on conçoit dès lors que Moulay Isma'il et ses histol'iens apeès lui aient voulu donner à cet assaut une SOl'te de solennité. Comme s'il ne devait pas revenie de l'expédition, le sultan répartit le commandement des pr'ovinces entre ses enfants, confiant Meknes, la capitale, au plus brave d'entee eux. Puis toutes les tribus qui devaient prendre part à l'expédition furent convoqu~es et l'artilleeic, « canons, mortiers, balistes et autees machines de siège )), fut envoyée en avant, trainée par des esclaves chrétiens, jusqu'en haute Mou­ louya, à Qi?ar Beni Mtir, par la route d"Alil L'armée en grande partie rassemblée il Adekhsan fut répartie en troi;,; corps: le pacha Mi?ahel avec 25.000 fantassins reçut la mission de marcher de Tadla sur l'oued el 'Allid, proba­ blement par Wawizeght, afin de tournee les Ait Seri; le caId 'Ali ou Barka avec les Ait Imour et. le reste des Ait. Idrasen soumis dix ans auparavant devait occuper Tint.e­ ghalin :j à la charnière du front, enfin 'Ali ou Ichcho Aqebli, caId des Zemiliour et des Beni Uakem, alla con· centeer ses tribus à 'Ain Chwa' 4 SUI' 1:1 haute Moulouya;

Mol}and, détachés des Ait MI}ammed du sud d'Azila\' et les Geltaya, fraclion des Geltiwa du Sous (au sud de Taraudant), venue dans l'Atlas central par la région de Demnaf, où elle laissa une colonie (chez les Oultana). Plus tard les Gettaya abandonnèrent la conférlération en s'inslaliant près de l'Oum el' Hui" où ils sont encol'e; ils rUl'ent rem­ placés chez les Ait Seri par les Ait Wirrah, vraisemblaldement d'origine Ait Sokhman, et les , (['origines diverses. A ulle époque inconnue, un groupe Ait Seri s'étendit vers l'ouest el. contribua il fOI'­ mer dans la région d' les Iribus des Ail 'Abbes, des Ait Mazigil, des Ait Ougoudid, des Ait Bouzid et des Ait 'Allah. 1. C'est·il-dire des dernières Crèles avant la plaine. 2, Cr. p. 23, note 2 et p. 2~, note. 3. Près de l'emplacemeNt actuel du poste du méme nom, entre les Ait Isl)aq et Qebbab. 4. Le nom de cette source doit être il l'approcher ùe celui de Talat Ouchwa'ou, un des ruisseaux qui forment ['Agersif, allluent de !{auche de la Moulouya, au nord du posit) actuel de Bou Miya. If H LO T

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AIT HAf)IDDOU • A, OUDAYA , AIT JlT o Marrakech 'A ISA IMOUR ,. AIT Ml.JJAT IMJ(jG~"'Mt.Z AIT MO R G H A 0 o Demnat AIT OULTANA DAf)f:.S

MGOVNA ARASéS SéaaAH IMeGflRA N

51{QURA aéNI .;f. ~ AIT ,I/~"""é~t\"~ ~ .~ 5E.MMEG ~ , " oTaroudant G trr'vVA SITUATION ACTUlllE:. DE:.5 TR.I BUS

AIT /31fA Nom de tribu AIT'ATTA Nom de confédération ou de groupement de tribus LE SULTAN i\IOUL\Y ISMA'IL ET LES BJ<:HBÈUES ~ANHAJA 33

il disposait en outre, semble-t-il, de toute l'artillerie et il devait être rejoint par les contingents du versant sud, fournis par les gens des oasis cl u Todgha. du Gheris et du Fcrlda, et par les Sebbah 1. L'attaque simultanée et convergc'ntfl des Irois colonnes suivit immédiatement u:;]e nuit entière de préparation d'artillerie. Si l'on en croit les chroniqueurs et les traditions, les Berbèl'es, telTorisés par le bombardement, furent écrasés et l'armée en fit un vél'itable massacre. Es Slawi 2, après Zayyani .3 parle de 12.000 têtes coupées avec un butin de 10.000 chevaux et de 30.UOO fusils. }Ierciel' /, rapporte que les conditions de la soumission des Ait OUlIlalou furent la fourniture de 10.000 cavaliers équipés et de 80.000 moutons par fraction. Apl'ès cette victoire, 'Ali ben Ichcha avec 10.000 cava­ I iers fut détaché contre les Genvan ", qui s'étaient rendus

1. Les Arabes Sebbah sont des Ma'qil, rattachés à la confédération des Ail. Yat'elman, qui habitent le Tafilelt et Jes oasis voisines (, Fezna, Tizimi). 2. Loc. cil., pp 10';-107 el. 109. 3. Loc. cil.. pp. 44·45. 4. Sijilmasa selon les auleurs anciens, in Reflue Africaine, 1867, p. 282. 5. Les Gerwan ou Igerwan sont des Sanhaja qui habil.ent aujourd'hui au nord-ouest, à l'ouest ct au sud-ouesl. de Meknès. Ils sont peul-être d'origine Ail.'Atta et ont formé Je noyau des Ait Yat'elman, lors de la fondation de cett.e confédérat.ion. On prétend quïl;>, vivaient. autrefois dans le Joel Saghro; il est cel'!.aill en tout cas qu'ils ét.aient sur le Ziz en IG,) (Cf. ZAYYA"II et Es SLA WI, lac. cil.); un q~ar y porte encore leur nom d'ailleurs (Ol-STny, Noies sur le haut Ziz, in Bull. de la Soc de Géog. el d·Archéol. d'Oran, 1!J10, p. 70). Vers l,;)ii, ils étaient encore dans le ~ud, puisqu'il.; p"irent part à une expédition saharienne, qui les entraina jusqu'au Touat (A.-G.-P. MARTIN, Quaire siècles d'histoire marocaine, p. !JI). C est quelques années plus tard, sans doute, quïls émigrèrent dans le Moyen At.las, dans la haute vallée du Gigou el dans Je Tigrigra, où ils s'lnl~()I'i'orèrent vraisemhlélblemenl des fraclions Ichqern (Ait Ll)a"en) et AIl. Mgild (Ail 'Aisa l;Iaddi) et où ils Jais,èrent plus tard une colonie (les Igelw11I1 des Ait Yousi); là leurs vict.oires sur les trihus voisines, "n particulier sur les Ait Idrasen, en firent, sous le règne de Sidi Mol.tammed ben 'Abdallah, la « Iribu berbère la plus puissante en cavaliers et en fantassins» (Es SLA""I, lac. cil., IX, p. 365), enfin vers 180;) ils s'emparèrent des tenes de leurs ennemis Ait Idrasen aux envi­ ron., de Melwes et s'y installèrent définitivement. Dans lellr migl'at.i'Jn vers le Nord, ils semblent avoir entraîné 3vec eux une l't'3ction de la tribu des Ail Wallal (Ait'Ana). On trouve la trace de

AneH. j\n.RO·~. XY!II. 34 AUCHIVES MAROCAINES

coupables d'actes de brigandage dans la vallée du Ziz, sur la piste du Tafilelt, et qui eux aussi fournirent 10.000 tètes aux remparts des capiLtles 1. Les vaincus ayant été désarmés, 'Ali ou Barka fut installé définitivement à Tin­ teghalin avec ses frères les Ait hnour, qui reçurent '1.000 chevaux et 1.000 fusils pour maintenir les monta· gnal'ds sous le joug. Le commandement de l'Atlas fut organisé par tribu et 'Ali ben lchcho en devint le chef suprême. « Cette expédition, dit Zayyani2 , fut la dernière de celles entl'eprises par Moulay Isma'il. Ce prince avait consacl'é vingt- quatre années de son règne à pacifier le Maghreb et à combattre les populations insoumises ou révoltées contre son autorité. DUl'ant ce long espace de temps, il n'avait pas passé sans interruption une année entière dans son palais. » Il mourut en 1727 et ces résultats ne lui survécul'ent pas. Trop de forces longtemps contenues avaient été li­ bérées sans doute, des forces trop profondes surtout, qui allaient bien au delà de l'instinct de pillage ou de la soif de conqnête: toutes les tribns Berbères ~anhaja, enfin délivrées de la domination arabe, se remirent en marche alors, unies par un passé qui renaissait inconsciemment en elles 3. Dès la disparition du grand sultan, elles achetèrent des armes et des chevaux et assiégèrent les qaf?bas", puis elles reprirent leurs migrations. Désormais,

celte dernière dans le Ziz et dans le Tigrigra et ils forment aujourd'hui, près des Gerwan. une fraction des Ait N(~ir (Cf. ABES, ftfonographie d'une tribu berbère: les Ail Ndhir, in Archives Berbères, 1917).1 1. ZA YYA~I, lac. cil., p. 45. Es SLAIII, loc. cil., p. 119. 2. LOr? cil., p. 46. 3. A la nn du XIX' siècle, Es SL,un (loc. cil., p. :370) ira jusqu'à parler de « patriotisme berbère ». Cf. MICHAUX-BELLAIRE, l'Organisme marocain, in Rev. du Monde musulman, IX, p. 38, n. 1. 4. Es SUAwr, lac. cil., IX, p. 262. C'est à peu près l'époque où ABOU RAS (Voyages extraordinaires .el nouvelles agréables, tr. ARlUUD, in Rev. Al'r., 1879, p. 543) écrit d'eux: « Leurs plus puissantes tribus dans le Maghreb habitent les montagnes qui dominent Tadla. )) LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES $ANHAJA 35 les expéditions des 'Alawites auront des échecs chaque fois qu'elles pénétreront dans leurs montagnes 1. Dans l'anarchie qui maintenant règne en maîtresse dans tout le Maroc, les ~anhaja deviennent avec les 'Abid et contre eux les arbitres des destinées de l'Empire, fai­ sant et défaisant à leur guise les souverains. Finalement, après le règne autoritaire de Sidi Mol:wmmed ben 'Abdal­ lah, leur mouvement « contre quiconque parlait arabe au ::\Iaghreb Z» se synthétise en la personne J'un nouve

    1. ZAYYANI, loc. ci!., pp. 73-74. 76·n. 85. Es SLAWI, loc. cil., pp. 186-187, 192-193, H)8. 2. Es SLAWI, loc. cil., X, p. 56. Déjà, à la fin du XVII' siècle, MOUETTE (loc. cit., p. 166), avait écrit: « Ils ne se peuvent accorder avec les Arabes que lorsqu'il faut combattre les chréliens. » 3. Le respect dont il fut l'objet de la pad des Berbères, en sa qualité de chérif, montre que leur hostilité allait heaucoup plus aux Arabes qu'au pouvoir central. On voit là encore :\ quel point le souverain est constamment eH marge de l'histoire des trilJUs. 4. Es SLAWI, loc. ('il., X, pp. 72-73. 36 ARCHIVES MAROCAINES débarquement au Maroc sous le règne de ses successeurs, ils étaient à nouveau aux porles de Hahat, de Meknes et de Fes; et ce sont eux qui constituent actuellement encore la majorité des insoumis. THADUCTIO~ DU TEXTE DE SI BHAHU! NA:;;IRI 1.

    Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Que Dieu bénisse notre seigneur :Ylol.wmmed ainsi que tous les pl'ophètes et envoyés. Copie, par la force de I)ieu, sa puissance et l'excellence de son secours, de l'arbre généalogique du saint chérif ­ puisse cet arbre être élevé par la puissance du médiateur 1 - nommé Sidi bou Ya'qoub, chél'if de la descendance de Moulay Idris 2. Sieli bou Ya'qoub, au début d8 sa vie, élait parti de chez son père pour aller à Tunis dans le but d'y faire ses études. Il avait excellé dans sa science et dans ses tra­ vaux si bien ([u'il y aC(iuit un rang élevé. Puis son Chikh le congédia en lui donnant une chamelle, et lui dit: « Monte-la jusqu'à une localité appelée Asoul 3, et tu .Y demeureras. » Alors 10 chér'if partit de Tunis avec le bien et la satisfaction. Le Chikh lui avait dit: « Quand elle arrivera à Asoulla chamelle s'arrêtera. » Lorsqu'il arriva à Asoul entre le territoire actuel des Ait 'Adidou 4 et celui des Ait ~Iorghad il, los Ait Imour 6 demeuraient dans le sud'. Sidi bou Ya'qoub leur demanda de lui vendre un

    1. Le lexte de Si B,'ahirn est éCrit en arabe presque vulgaire, la langue en est incorrecte. les mots souvent mal écrits ou tout au moins d'une orthographe fantaisiste. Il en est résulté des obscurités qui nous ont obligé à rechercher les interprétations les plus probables avec des lettrés du pays. Nous remercions ici M. Gros, de la Section historique du Maroc, d'avoir bien voulu revoir la traduction que nous avions effec­ tuée avec eux. Les notes qui suivent sont reportées en appendice (pp 43 5'1')' 38 ARCHIVES MAROCAINES terrain [où construire] une Zawwiya. Ils le traItel'cnt avec la dernière insolence, ne lui permettant pas d'ha­ biter avec eux. L'un d'eux prit la parole et lui dit: « Il faut que tu sèmes la pat'celle où tu veux demeurer avec de l'or et de l'argent)J. - « Soit », répondit-il. Il alla à la rivière où il prit du sable et des petits cailloux et il dit: « Au nom de Dieu. » Alol's ce sable et ces petits cailloux devinrent de l'argent et il leur en ensêmença une grande étendue de terre. Ils se pillèrent réciproq uement; finale­ ment ils furent désaltérés [de leur soif de richesse] et ils remplirent leur magasin 8; le chérif limita le terrain qu'il avait acheté. Mais lorsque chacun d'eux rentra citez lui, il trouva l'argent qu'il avait ramassé [transformé en] vipères et en scorpions. Alors [les Ait Imour] s'écartèrent de ce lieu pour aller dans la région de Tounfit il, chez les Ait Sokhman 10, chez les Ichqern 11 et chez les; Ait Il.land 12. Or le caid 'Ali ou Barka 1:) avait été désigné par :Moulay Isma'il ben 'Ali pour commander à Tounfit H et être son khalifat à Aghbab 15. 'Ali ou Barka cultivait chez 11) les Ait \Vidir 17 et chez les Ait 'Amel' ou lchchou 18 et il transpurtait sa récolte en bottes jusqu'au Tizi n'Ali 19; là il installait l'aire en raison du grand vent [qui y souf­ flait] 20. Les gens de bien du sud 21 se réunirent et se rendirent chez Sidi bau Ya'qoub qu'ils trouvèrent occupé à faire le bien. Ils lui ordonnèrent de prendl'e le commandement du sud sur une étendue de quarante jours de marche sur les quatre côtés; et il accepta 22. Lorsque les Ait Imour connurent le caid 'Ali ou Barka, [p. 2J ils lui enlevèrent les terres du makhzen [situées] entre [l'endroit où il se trouvait,] lui et [l'endroit où se trouvait] le sultan illustre et saint Moula)' Isma'il ben 'Ali n. L'habitat des Ait Imour et des Ait 'Vaster 2~ fut alors de Tountit jusqu'à un lieu appelé Seghdan 2'" all pays des Ait 'Ayya~ 21). LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BEHBÈRES :;;ANHAJA 39

    Quant à Moulay Isma'il ben 'Ali, il exerçait son com­ mandement il la qa:;;ba de Tadla 27 et il avait fondé sept villes 28 : l'une d'elles à Dai 2\ près de la qUi;'ba de Beni Mellal 30, une à Fichtala 3l entre Foum et 'Anser 32 et les Ait 'Abdellouli 33, une autre ville, Foum Adou 3~ près des Oulad Mousa des Beni Mellal :3\ entre ceux-ci et les Ait 'Atta 36, une autre ville, el Hbat 37, entre la tribu des Ait Bouzid 38 et celle des Ait 'AyyaQ.. Puis les Ait Waster conpèrent à Moulay Isma'il ben 'Ali la route de Marrakech, et les Ait Imour lui coupèrent celle de Fes 3'1. Et ils le malmenèrent fort. Alors Moulay Isma'il ben 'Ali se rendit en cachette chez Sidi bau Ya'qoub et arriva jusqu'à lui; il lui demanda des triblls pour lui porter secours. Sidi bou Ya'qoub ordonna aux tribus qu'il commandait de se réunir autour de lui, et il leur dit: « VOLIS donnerez chacune une fraction pour venir en aide à Moulay Isma' il ben 'Ali. » [Les gens des tribus répondirent] : « Donne-nous pour chefs tes des­ cendants ». Alors il ordonna à un de ses descendants de se fixer au pays des Mrabtiya 'Jo; [sa postérité] forme [aujolll'Cl'hui] le douar du caid lVIol).ammed Ouqebli en pays Zayyan 41; il ordonna à un [autre] de ses descendants de se fixer au pays des Ichqern : Isa postérité comprendJ ceux que l'on appelle les Ait hou Ya'qoub ~·2. Pal'lni ses descendants sont lencol'e] les Ait Daoud ou l\Iousa ~:3 et les Ait Qdada H qui habitent près'de la qai;'ba de Tadla, et, au pays des Ait \Virrah ~", le douar appelé Imhiwach 46, et ceux des Ait Wirrah que l'on appelle les Ouled Sidi ~\Jol;tammed ben Yousef ~7. C'est tout, là se termine sa postérité. Ensuite il envoya [au secours de Moulay Isma'il] les Ait El' Reban ~8 au pays des Ait Yousi qg; et il envoya deux dounrs des Ait I{adiddou chez les Ait Oum el Bekht 50, près de la Zawwiya ech Chikh 51; parmi eux se trouvaient les Ait 'Abdennour, les Ait 'Abderrezaq 52 et 40 AHClflVES l\IAHOCAIN~;S une [l'action des lmdwan ;,J. Pal'mi les Arabes du Tafi­ lelt ">, il envoya les Ait'Amel' 55, les Ait 'Ali et les Ait l\Izalt ',6 et ils demeurèrent [désormais] près de Tadla ;)7; [ces derniers] sont des Ait Uadiddou; on les appelle Ait et Telt ;,8. Dans le sud ;," il choisit pal'lui les Ait Morghad : les Ait Yal.lya GO qui habitèrent Tounlit, les AiL .. GI et les Ait Oulghoum lil, gui sont dans le pays des Ait Bouzid, et les Ait Ml).aullned 63 (lui demeurèrent chez les Ait :Messat 1)',. Il envoya également une fraction des Ait :\101'­ ghad et des Ait Uadiddou en pays Gerwan 65. [P. 3]. Parlui les Arab~'s du Sahara 1)6 il envoya les Ouled Mbad\. chez les Beni Mellal 67, et il envoya des descendants de Moulay 'Ali Cherif chez les Zwaer GS. Des Ait Rba', du sud du Tafilelt 69, il envoya les Oulad .\lollsa, les Oulad Bou Bekr et les Oulad Milark 70. Des "YIl.wmid de l'oued Dra' 71, il envoya les Gulad .\fral)., les Qulad Zahra n, les Qulad Mal).moud et les 'Asal'a ; et ils habi­ tèrent au pays des Beni l\Iousa 73. Parmi les Ait 'AHa qui se trouvaient dans le sud 74 il envoya [chez les Ait '"\Ha n Oumalou] des Ait Ounil' 75, des Ait Tislit 71i, des Ait Bou­ jegjou 77, des Ait 'Alwan 78 et des Ait Khennouj 7 1. [Du sud] il envoya aussi [chez] 80 les Ait 'Atta n Oumalou, les Ya'moumen 8\, les Ai t vV a'zig 82, les lhi tasin 8\ les Ait Ch'aib 84 et ils habitent encore aujourd'hui au pays des Ait 'Atta [n OUlllalou]. Et il envoya parmi les Ait Bouzid du Sahal'a 85 les Ait 'Ali ou Mohammed, de la descendance de Sidi 'Ali ou .\Iol:uuumed 86; et panni eux [encore] il envoya des Ait Il.lalwan du Sahara 87 [(lui allèl'ellt] partie chez lep, Ait Bouzid 88 et partie chez les Ntifa 89; on les appelle Ait Wirar ao. Et il envoya des Ait Chiker, de la descendance de Sidi Chiker al; quant aux Ait 'Alwi, aux lngert, et aux Irejan \2, ils quittèrent Anergi des Ait Sokhman 93. Chaque tribu a4 fut donc mise en ordre à sa place et tous acceptèrent la décision divine 9,); et ces tribus se LE SULTAN MOULAY ISl\L"'IL ET LES BEIIBÈRES $Al'iHAJA M

    mirent d'accord pOUl' exécutee cu que leur ordonnet'ait le prince défunt U6 Moulay Isma'il ben 'Ali. l\Iais le sultan avait été trompé par les Ait Imour'et les Ait \Vasler qui avaient usuepé son tenitoire \17 et, par cette usurpation, l'habitat des Ait Imour et des Ait vVasler s'étendit de Tounfit jusqu'au pays des Ait 'Ayya<,1, au lieu appelé chez eux Seghdan \IS. En suite de quoi, le prince transpot'ta les Ait Imour au pays du Gharb \J!J et une fraction d'entre eux aa pays tIu I:laouz de ::\Iat"t'akech 100. Et il fit des Ait Imour les métayees du Makhzea 101. [DésoemaisJ ils laboureront pOlir lui et teavailleront selon les ordres du Prince tant que dueeront les siècles et le temps. Puis le Makllzen prit une décision à leur égard: il n'y aurait plus dans leurs pays de caid 10~. De même, les Ait \Vastet' furent rdou­ lés au pays des Ait 'Attab JU3 [p. 4]. El chaque tribu 10" fut fixée à sa place. .\Ionlay Isma'il ben 'Ali usa de mauvais procédés 10" avec les Ait Imour et les Ail vVaster, mais ceux-ci en usèrent de même avec lui. Lui leur donnait tort sans écouter leurs paroles 106; de leur côté les Ait Imoue lui tuèrent le caid 'Ali ou Barka 107. Le caid 'Ali 011 Barka exeeçait son commande­ ment sous l'étendard chéeifien et était un conseillel' sincère et véridique du Dar el :Makhzen lOS. Le sultan tempêta contre eux violemment... 10U pt le1 inscrivit au Diwan 110. Dans la tribu 111 des Ait vVaster se trouvait le mara­ bout 'Omari appelé Sidi 'Ali ben Brahim 112. Celui·ci pas­ sait son temps à adorer Dieu nuit et jour, et les Ait vVas­ ter lui firent une Zawwiya dans leur pays au lieu dit Amlilt 113. Et les Ait Waster adoraient Dieu et étaient soumis à ce que leur ordonnait Sidi 'Ali ben Bl'ahim; mais de ce f{Ue leur ordonnait le Sultan, il n'avaient cure. Lorsque le Sultan leur ol'donna de quitter leur pays et qu'ils partirent, le marabout 'Omari Sidi 'Ali ben Brahim alla avec eux au pays des Ait 'Attab, et il établit là sa Zawwiya; elle s'y trouve encore 114. 42 ARCHIVES MAROCAINES

    Les Ait Waster demeurèrent avec lui parce que Sidi 'Ali ben Brahin avait demandé pOUl' eux à .\Ioulay Isma'il ben 'Ali que la tribu 115 des Ait VVaster demeurât [avec lui]. Par la suite le Sultan leur donna un khalifat en pays Ait 'Atlab, au lieu appelé 'Azi!> el Jdid, C'est là que gou­ ventait le Pacha 11U. Quant aux tribus qlle Sidi hou Ya'qoub envoya de sa propre autorité à Moulay Isma'il hen 'Ali, il obtint de lui pour elles l'exemption totale d'impôts, sauf pour la tribu 117 des Ait Bouzid. Quant aux Ait 'AHa et aux Ait el' Robo'a, il leur fut imposé à cette époque et jusqu'à maintenant, d'être les soldats clu Makhzen !lS, Nous prions Dieu Je nous venir en aide et de conduire le peuple dans le droit chemin et c'est tout ce que nous avons vu dans la copie de l'arbre généalogique de Sidi hou Ya'qoub dont nous avons pris connaissance dans le mois de Dieu Janviel' jour 30 de l'année 1928. Le serviteur de Dieu - qu'il soit exalté - Brahim ben Al.lmed Naf?iri habitant actuellement Aghbala. Que Dieu accorde le bonheu!' à lons par l'intercession de son pro­ pllète, NOTES

    1. C'est-à·dire du Prophète. 2. Sidi hou Ya'qoub est enterré près du villAge d'Asoul, sur le bord d'une rivière qui porte son nom et qui contribue il former l'oued Gheris avec l'oued t;idi ~Iobamrned ou Yousef (dit aussi Asif el' Hiban ou Taghya Ait Morghad. Cf. c.arte au 1/100.000, feuille Ghéns 2). Un mOUSSe/H, sorte de « foire religieuse )), se célèbre près de son tombeau, chaque année, il l'époque des moissons; il dure plusieurs jours et estfréquenté par toutes les tl'lbus du voisinage, Ait I;Iadiddou, Ait Mnrghad, Ait Izdeg et gens du Tafilell; il est présidé par les descendants du Saint. Ceux-ci, les chorfa dits de Sidl bau Ya'qoub, habitent Asoul et un autre village tout proche, Aoray. En "utl'e, dans la vallée de l'oued Sidi 1\l0J.wmmed ou Yousef, dont le nom rappellerait celui du père ou du frèle de Sidi bou Ya'qoub, deux autres villages, Taourirt et Zawwiya Sidi Ml)and ou Yousef, ce dernier visite par Segonzac en 1905 (Au cœur de l'AlllJ s, p. H, et photog. pl. XXIX et XXX), sont maintenant encore habités par leurs parents. Enfin, ces chorfa ont ef'saimé à la Zawwiya ech Childl, aux environs de Tadla et au Tazzarin, SUI' le versant sud du Jbel Saghrll, comme nous le dirons plus loin. Sidi bou Ya'qoub passe généralement pour ètre d'origine idrisite; cer­ tains toutefois l'apparentent, à tort, semlde-t-il, à la dynastie 'alawite et le font venir du Tafilelt. On ignore à quelle époque il vécut, mais il est possible qu'il ait été contemporain de Moulay Isma'il. En elfet,d'après des tradilions l'l'cueillies chez les Ait N(Jir (Cf. Bureau d'El I-Iajeh, No­ tice sur les confréries religieuses, zaouias et sanctuaires en pays Beni Mli,'. Archives de la Section sociologique de la Directiou des Aff. ludigènes), Sidi bou Ya'qouh serail. venu du Gheris avec son oncle paternel, Sidi Abmed ben Ya'qoub, s'installer chez les Ait Wallal des Ait Ncj.ir, où il aurait vécu et où est enlerré un de ses descendants Sidi 'Abdesselem (sur l'oued Tizgit, chez les Ait Ourtindi). Son oncle y aurait acq uis un tel renom de science qu'il aurait été convoqué à Meknes par Moulay Isma'il et y serait devenu le précepteur des fils de ce sultan; il serait enterré dans la qoubba de Sidi Ml)ammed ben 'Aisa. 01', ce Sidi Al)med ben Ya'qoub parait bien pouvoir èlre identil1é à ABOÙ'L ABBAS A';'MED BEN Mo­ \lAMMED BE" 1\10';'AMMED BEN YA'QOUB EL WALLALI, auteur du 111abahilh al Anwar fi akhbar ba'd al Akhyar, (lui fut professeur à la mosquée de Moulay Isma'il et mourut à Melmes le 22 juin 1716 (EL QADIRI, lac. ci/., Il, p. 194, et Ir. in Archives Marocaines, vol. XXI, p. 361, et passim, vol. XXIV, pp. 181 et 192; LEVI-PROVENÇAL, les liistoriens des Charra, pp. 290- 44 AHCHIVES \\IAROCAII\ES

    291). D'autre part, il est peut-être possible aussi de rapprocher If' lJOIll de Sidi ~loJ)ammed ou Youser dont nous parlons plus haut, de celui de Sidi Moi)alllmed ben Yousel el MeJwani,contemporainde Sidi Mol,arnmed ben Abou Bekt' 'Ayyach. mort en IG56-Hi57 (EL QADIl\I, IDe. cil., XXIV, p. ,~3); les fllle!wan ont en effel une co~onie toute proche des chorfa de Sid i bou Ya"louh d~lllS le Gheris. . En ['ev

    raculeuse. Celle 11leUl' se sel'ait Jivi:sée à 'Ain el Fitr en truL; f"is­ ceill1X: « Le prellliel', dit-il, ,e rendit à Adrar sur le Melouan; le chikh Ahou Ya'qoub le suivil. Il se repGsa en uu endroit appelé Bassoul.., » L'auleur situe Melwan à Heellida, au :;ud-ouest de Dehdou, où ~e tr"u­ verait la Zawwiya-mère de K('~~asserJ'a et où une" qOllhha » pOl'lerait le nom de Ya'qoub Yousef len .\l(1)arnmed Amghar (on sait que lei est en elTel le nom réel d'Abou Ya'qouh ~ ct. MICHAUX-BELLAmE, lac, ('il.). Ce serait sous le règne de Moulay Isma'il qu'un membre de la Zawwiya cie Sidi Ya'qoub de Hechida se serait rendu chez les Beni ChebeJ. Cet exil, dans Ulle l'égion pl'écisémpnl où Moulay Isma'il entl'elellait, comme au Tadla, des garni~ons (à Taouril,t et à Msoun par Exemple), éyoque celui des desceudants de Si di !Jou Ya'qouh en IJordure du Moyen Atlas, \els que les l'e1ate le manuscrit de SI Brahim Na~iri, D'ailleurs, puisqn il s'agit. de traditions orales, pelll-è!re ne serait-il l'as lrop audacieux de li,'e Ad,'ar Il Imel'l'an, la lJ\Ontilgne des Imelwan et Asoul, qui (et'. l'lu:; haul) est Je nom d'un des villages des Chorfa, dan" l'oued Gheris, A Heehida d'ailleurs (Cr. 011, Inl. NEIILlL, Notice S[[(' les tribus de la l'é­ yion de Debdou, Bull, Soc, Gé"g, Alger, 1" tl'. IHIl, pp. 40-(7) les Ouled ~i,1i Ya'llouh sont bien encore connus comme churla idrisiles porlanlle nom d'Amghar, mais on en fail des descendants des Beni Hached, ces Zénètes dont les chefs, aux dires d'lB' KHALDOUN (Hisloire des Berbères, Il'. de Slanp., IV, pp. ;)-4) s'appeiaient les Beni 'Amran el qui, ap"ès avoir été vaincus par les 'Abdelwadites, ,.eraient venus s'installer ici. Cet.te croyance populaire est peut-être d'ailleurs seulement la conséquenee d'une confUSIOn imput.able :' v.:.\ pOlll' y.\.:.J..> ~:.\ (cf, p 2, lignes 18, 21 et. 21 du ms,). Les Ait l;ladiddou forment une tribu $anhaja de la confédération des Ait Yafelman; ils habitent j'Asir Melloul, sous-afl1ucnt de l'oued el 'Abid, le haut. Ziz, le haut Gheri,; et. le haut uades. Originaires, disenl-ils, de celte del'llière région, ils vivaient aulJ'efois uniquement en nomades entre les sources de la ~I"ulcmya, le Ziz, le Gheris et l'oued el 'Allid. Quelques-uns se sédenltH'isèreEt eniiuile dans le dislrict de Ti'allalin sur le moyen Ziz, où se lrouvAit une partie des blenE de la tribu; ils en furent chasst\s au déhut du XIX' siècle pal' d'autres Ait Yafelman, les Ait Izdeg (OUSTIIY, Noies 'lU' le haut liz, in Bull. de la Soc. de Géarl. e! d'Arcluiol. d'()ra", j9lO, vol. XXX, p. ~Ol), veuus du baut oued Todgha el qlJi, depuis le XVII' siècle déjà, semble-t-il, l'ré'1uenlaient ces régions, Une parlie des Ait J,Iadiddoll émigr'a alors entre ~Ieknes et Fes (peut-NIC les Ait I.lsilin du Zerllolln sont-ils lelll's de-f'endan s; ils disent en toul cas qu'ils hallitaient jadts l'oued cl 'Abid,e,dt'c les Ail Hadiddou el le,s Ail Sokhman, et s'y IJ'Ouyaienl Ull pt'u il l'élruil; chassés par la 46 AHCHIVES MAROCAINES

    faim, ils seraient venus s'installer au Zerhoun sous le règnp de Moulay Sliman, c'est-à-dire entr'e 17\)2 et 1822); les autres enyahirent les hautes vallées, enlevant en particulier sept villages aux chorta de Sidi bou Ya'qoub, qui. s'exilèrent près de la Zawwiya ech Chikh. Ils tentèrent un moment de descendre dans la plaine du Tadla, avec les Ait Seri, qui chassaient devant eux les Ait Imour, les Ait N,~ir et les 1gerwan; et certains parvinrent jusque chez les Zayyan, où ils forment encore une petite fraction. Un pic des enviruns de Q~iba, sur le versant nord du Moyen AUas, porte le nom d'Isk n Ait I~adiddou en souvenir de leur passage. Nous avons dit l'origine de la confédération des Ait Yafelm... n (cf. p. 23, note 2). 5. Les Ait Morghad sont des .)anhaja qui appartiennent eux aussi aux Ait Yafelman. Ils se disent d'origine Ail 'AHa (cf. p. 19, note 3) ct sem· blent habiter depuis fort longtemps les environs du Tafilelt; il est pos­ sible en effet de rapprocher leur nom de celui d'Amerghad, « endroit où commencent les jardins de Sijilmasa » au XI' siècle (EL BEKRI, De.~crip­ lion de l'Afrique septentrionale, Ir. de Slan/:l, p. 2(6). Ils ont longtemps vécu en nO'nades autour du haut Dades. Aujourd'hui, à la suite de leurs victoires sur les Arabes et surtout sur les Ait'Alla, on les trouve en partie sédent.arisés dans cette vallée et dans celle du haut et du moyen Gheris; leurs tentes vont encore du versant sud de l'Atlils au Tilfllelt,où ils ont des intérêts. 6. Quoi 'lu'en dise ZE~DIOUIn: (lac. cil., p. 283), qui en fait des Arabes,les Ait Imour paraissent bien appartenir aux .)anhaja. On trouve aujour­ d'hui trace de cette tribu dans le Moyen Atlas ct le Haut Atlas, entre Taghzirt (à 20 km. au sud de Qa~ba Tadla) et la haute Moulouya aux environs de Tounfil, et de l'oued Serou ilU Gheris, soit qu'elle ait réelle­ ment tenu à une époque un territoire aussi vaste, soit plus probable­ ment qu'elle se soit fréquemment déplacée au cours des siècles. Le ma­ n uscrit de Si Brahim parilît filire venir les Ait Imom du sud. Ûn leur attribue en montagne la fondatIOn de Q~iba, la capitale actuelle du pays Ait. \Virrah, sur le veJ'Silnt nord du Moyen Atlas, et ils semblent avoir été à une certaine époque les m'litres du gros marché de Tounfit (cf, note 9). après les Ait Izdeg et les Meijat. D'après les t1'lHlitions indi­ gènes, ils faisilient partie de la confédération des Ait Idrasen (cf, p. 29, note 3). Certains en font aussi des Ait Yafelman, et ce n'est pilS incom­ patible ilvec leur rattachement au système d'alliances Ait Idrasen. Sous le règne de Moulay Isma'il (1672-1727) les Ait Imom tenaient la source de la Moutouya (cf. Es SLAWI, lac. cil., IX. pp. 181-1~2. où, par une erreur du traducteur, cette tribu est dite Ait Zemmoul'). Nous avons dit qu'après la campagne de 1693 ils devinrent Ulle sorte de tribu guich et se trouva Lent concentrés au nord cl'Aghbilla (cL note 15), vers Tinte­ ghalin (cf. carte au 1/100.000); ils reçurent alors du sultan 1.000 fusils et l.OOn chevaux pour maîtriser les tribus de la montilgne. ~lais la poussée des tribus du sud vers les plaines iltlantiques, en l'espèce des Ait Ya!)ya, des Ait Seri ct des Ait Sokhrnan, partis de la vallée de l'Asif \Vanergi, sous-affluent de l'oued el 'Abid, ou du versant sud, les chassa avec l'aide des Ait I:f ildiddou de leur position de couverture et les obligea à aller s'établir aux environs de Tildla, où ils se révo!térent en l i29-1730 IZUYANI, lac. cil., pp. 46 et 69) et où ils continuèrent généralement à être comptés au nombre des tribus militaires. Plus tard leurs brigandages LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 47 les firent exiler aux environs de Meknes, où on les trouve en 1758, sous le règne de Sidi Mo1)ammed ben 'Ab(~allah (cf. ZAYYANI, lac. cit., p. 132, et Es SLAWI, IDe. cil., p. 2R:3). Revenus un moment près de Tadla en 1783 (ZAYYANI, lac. cil., p. 152) une révolte les fait renvoyer à Meknes, d'où Moulay'Abderrahman les exila enfin parmi les tribus guich du l;Iaouz de Marrakech en 1824. Ils y font aujüurd'hui partie du commandement du Pacha El tlajj Tami el Glawi. Partout où ils sont passés cependant on retrouve encore quelques-uns des leurs: aux environs de Tounfit (chez les Ait Hanini et les Ait 'Ali ou Brahim des Ait Yal)ya), à Tadla, Ghorm el 'Alem, Fichtala, Q~iba et aux environs de Meknes. Deux tribus ~anhaia ont lié leur sort aux Ait Imour et ont pris part il toutes leurs migrations: les Imelwan, dont nous parlons plus loin (cf. note 53) et les Imejjat, auxquels appartenaient les marabouts de DiJa. Cette del'llière tl'ibu était vraisemblablement originaire de l'Anti-Atias occidental, où se trouve encore un groupement de ce nom. Le reste deB Imejjat habite aujourd'hui le I;Iaouz de Marrakech entre J'oUt'd Chichawa et l'oued Nfis, et leB environs de Meknes. On trouve trace de leurs mi­ grations chez les Ait SeghrolJchen du sud, en haute Moulouya, danB la plaine de Tadla {chez les Gettaya et les Ait 'Atlab) et chez les Zayyan. 7. Il faut observer que Si Brahim écrit parfois ~ pour ~~_:;; ici tou-

    tefois, on doit sans doute admettre ~l.; et comprendre « au sud d'Asoul ». La migration des Ait Imour, de la bordure du désert au haut Gheris, puis de là vers Aghbala, est tout à fait conforme au mouvement d'ensemble des Sanhaja. 8. Il s'agit du magasin collectif de la tribu sans doute, bien que cette institution Boit assez rare dans celte région. Cf. LÉVI-PROVENÇAL, Docu­ ments inédils d'histoire almohade. Glossaire, p. 235, note 8. ~. 9. C'est par erreur que Si Brahim écrit .:..0..ou ; il faut évidem- ment lire ~'; Tounfit est une agglomération de plusieurs villages, comprenant près de 4.000 habitants. Elle est située dans le Haut Atlas oriental, sur Je haut oued Uudghes, affluent de droite de la Moulouya. C'est aujourd'hui la capitale politique et économique de la tribu des Ait Yal;ya; son marché doit :,on importance à sa situation, au débouché d'une pi,.;te très fréquentée, qui joint les oasis de la bordure du Sahara aux plaines du nord. AUS'H sa possession a-t-elle été Irès disputée au cours de l'histoire: outl'e les Ait Yal;ya et les Ait Imour, les Ait l!,Jand, les Ait Mgild, les Imejjat, les Ait Izdeg paraissent en avoir été les mai­ tres à diverses époques. Nous avons dit qu'on retrouvait aujourd'hui quelques tentes Ait Imour chez les Ait Hanini et les Ait 'Ali ou Brahim des Ait Ya!,Jya (ces derniers sont les suzerains de Tounfit); il s'en trouyait rrcemment encore à Naour, chez les Ait Win'ah où elles étaient venues se l'Mugier après noire entrée à Aghbala. D'après des traditions recueillies par le lieute­ nant Heyniers, leur territoire s'étendait autrefois d'Arrougou des Ait I1)and à Tounfit et à Aghhala et englobait tout le pays actuel des lchqern. 48 AHClTIVES MAROCAINES

    Cet exil des Ait Imolll' vers le nord a pu être causé par une immi­ gration saharienne dans le haut Gheris (Ait I:fadiddou et Ait ~Iorghad pal' exemple), comme il est arrivé fl'é'luemment dans la région. 10. Le:> Ait SoklJrnan forment une confédéralion de quatre trihus semi-nomades: les Ait I;famama, les Ait 'Abdi, Ips Ait Oaoud ou 'Ali et les Ait Su'id 011 'Ali, qui llê1hitenllll :"ource de la Moulouya et le bassin du haut oued el 'Abid, depui,., le Jbel Toujjit jusqu'à une quinzaine de kilomètres cn amont de \VawizegllL Il se disent originaires de l'A,.,if \Vanergi, sou~-:Jlnuent de l'oued el 'Abid, situé dllns la partie méridio­ nale de leur lerritoire acluel. [J'après les traditions locales, les Ait \V!r­ l'ah des Ait Sen (cf, p. 31, note :~) seraient d'origllle Ait Sokhman. L'ancêLt'e de la confédératloll, 'Ali, appartenait, dit-on, aux Ait SemgirHl. Aujourd'hui on n'appelle Ait Semgian que les Ait Daoud ou 'Ali el les Ait Sa'id, qui s'ofJposenl aux Ail Menasfa (Ait 'Abdi el Ait !.1am1Imilj, mai" « le clan Ait Semgian e,.,l l'OUI' les montagnards l'expression de la confi'dération Ail Sol,hman. Quand un montagnard dit: les Ait Sokhn13n ont décidé ceci ou cela, il pal'ie des Ait Daoud ou 'Ali, et des Ait Sa'id; au contraire, il distinguera Jes Ait 'Abdl des Ait Hamama » (Cdt l'ARRIT, Les Ail Sa'id ou' Ali, inédit). Ce nom et peut-(~lre celui de la confédération même (par mélllthèse et passage du h au kh) paraissent pouvoir êlre rapprochés de celui que L.:o"1 L'AFHICU'l (loc. cil., I, p. 310) et l\IAilMOL (lac. cit., Il, p. 1331 donnent ,i l, urs montagnes: Segglwme ou Segen;e. M. 1\1.'S"IG"10"1 (Le Maroc dans les premières années du XYI' siède, pp. 20R­ 20!J) fait venir ces deux mols du pluriel beruère fumgan, les esclaves: oued el 'Abid serait pour lui la traductIOn araiJe du bel'hére Asir n lsem­ gan. M. CÉLÉRlER (L'Oued el AI)id, in llespéris, 2' el. 3' li'. HJ2(;, p. 273) noIe dans le même sens que cette rivière est essentiellement ID rivière des Ait Sokbrnan. Peut-être alors fllut-il faire de ces derniers les descendants des ~aralin de., oDsis, Ghassés en monlllgne pal' les invasions succes­ sives des nomades; on rencontre en elret chez eux de nomureux indi­ vidus de couleur foncée Cependant lu", KUHlJOtiN (lac. cil., 1. p. 173) connait aussi des Semgan, qui lorrnent Ulll' fraction des Zwagha, tribu assez proche parente des Zénètes (id., pp. 172 et 2;5) ; or des Zwagha vivaient au temps d'El Bekri (lac. cil., p 2.141 assez rrè~ de l'oued el 'Abid, à une journée de Dai cf. noie 2\1) sur la piste d'Aghmat. On devrait aloI':> considèrel' les Ait Sokl:man comme une sorte d'îlot éll'êlD.­ gel' dans III maSSe des tribus $anhaja. En "éalité telle était peut.èlre leul' Situation il ya plusieurs siècles, mais depuis lori', ils ont dù rece­ voir de nombreux apports de leurs VOisins et onl fini par ~'assimi!f'r cOlllf'lètt'ment à eux. Léon dit déjà 'lue les hahilants de tieggheme sont en part.ie issus des Zenllg'a dont le nom apparaît proche du lel:r. D'autre part. on est naturellement amené il cOillparer Je nom des Ait Semgian il celui de,., Semget. d" la [Ilaine du Tadl:l (cf OplIscule du Cf,iiih Zem· malI"!!, lOI? ci!, p. 2l2), il eelui du Semgat., district du haut (;hel'is, et pcuk'tre il celui de Beni Semgin. une des plus grandes villes du haut Dra', des Ait Semgan, tl'ÏlJu du Jl>el Tifcl'llin (enll'c I"Anti-.\tl:h propre­ ment dit et le ,Ibel ::;aghro), des Ait Semmeg-, trihu du h'llll Sous, de Chengi!.i dû :\lauril:Jnie et. d'Isengan, terme qui sert il désigner une des l'ives d,j bas Sénégal. et ces traces échelonnées du berceall de" Almo­ ravides au Tadla et au Sou'> parai..;seat hien les indice:> d'une migration proprement Sanll:ljD. ] 1. Les !clJ(!ern sont vrDisemblablement aussi des .'5anhDja qui Meknes ~it~hao' et Ait HlJdicldou

    b

    Ara!>el; ... Cf" T.>filelt ,. ..

    AitHâdiddol.l ~ .. ' ):'.... (/J/J AItHâdiddou Descend8nts de AJ Ar&bes V M!'AliCherif flIIY'I!IJdu Sill'lara AitRbd'duS"dA1/J "'" "'" ... du Tafilelt tl&W~... "" ~Ait~tta MllâmÏd du Dra' (///////IJ f((I'/Jf/pV' , Ait Morghadlf!lJJ'".. , AitBouzidduSilhar.aif/I,(JP'jensd:4nerql AIT HADIDDOU ~~IW"'" AHf-/l61 dI!IJ AI!J!J \Il Ait :Aiw8ll f/f//JIIÀit MOfYJhad A IT èS Si bou Ya'qoub ~R "7 RI8AN AIT Ml ...

    <5 M' 'Ali Cherif ~\\.-~V ... ~

    \

    PROTECTION ou F-RONT SANHAJA SOUS MOULAY ISMA'IL D'apres le M ~ de 5! BRAHIM NA1?IRI

    ... QaSbas ou postes 2:> Descendants de S; bou Ya'qoub • fraction d'odgine Ait Morghad mstallée AitMorgtJad en protection du rr'ont MHAMID 1 DU DRA' AIT'ALWAN - Tribu

    AIT ~/_WAN LE SULTAN MOULA Y ISMA'IL ET LES BEIŒEIlES ~ANHAJA 49 vivent à cheval sur le Moyen Allas, de la vallée du Serou, afl1uent de l'Oum el' Hbi', il la haute Moulouya. Ils ont leur centre économique à Qebbab. Lems tl'aditions les font origjnaires du sud; ils sont d'ailleurs placés au xv· siècle SUI' le versant méridional du ./bel 'Ayyachi pal' un texte conservé il la Zawwiya de Sidi IIamza (cf. LI. HENRY, Zaouya Sidi Hamza, Archives de la Section Sociologique de la Directir)[} des AlTaires Indigènes). 12. Le,; Ait Ihand sont ég'alemenl à cheval sur le Moyen Allas, de la vallée du ~el'Ou à la haule Moulouya, à l'est des Ichqern; ils ont leur centre à . Eux aussi se disent originaires du sud et on peut croire que ce soient des :;ianlwja ; ils ont occupé un moment la région de TounlH, d'où ils furent chassés par les Ait Yabya, et ils conquirent une partie d., leur territoire actuel SUI' les lch'lern. Le nom des Irnerhan, fraction des Ait IJ,land, se retronve chez les Ait Imour de lVL1n'akech; il rappelle peut-ètre dans le Moyen Atlas le sou­ venir' de ceUe dernii're tribu. ];l. 'Ali ou Bark;j ou Barakat est connu de Z"YYA~I (loc. cil, p, 4ô), et d'Es SLnVI (l"c. cil., IX, p. IVoi). Il par:lit en effet avoir été IJommé caid des Ait Imam pnr Moulay Isma'il. Nous avons dit qu'après l'expé­ dition de lii~);l, il avait été installé avec 1.000 cavaliers de sa tribu à la f.wlel'eo'se de Tlchghallin ou Ti,"hailin (vraisemblablement Tinleghallin. village assez lInpol'tant des lchqern, [lvee un marché, où les traùitions du pays situent sa demeure), d'où il commandai! une des voies de. péné· tralioll Cil pays Ait Ulllllalou el où il coupait toute liaison entre ceux-ci et les Ait IJr,lsen, leurs voisins dn Nord, On l'eut prob,IlJ!en,ent l'iden­ tifier à ce caid Barka des Ail Irnolll' qui, nux dil'es des m()J]lngnards, fit un pèlerinage il la Za",wiya i\'a~iriYi! de Tamg'r'out ct, au retour, concéda au Chikil AI)med ben i\aser (,,;lflS doule A1.lmel! le Khalifi!t) le terrain où il !J;ltit la Za"''''iya ech Chikh à l'e,,t de Q;I~ha Tadla. Le souvenir d"Ali ou Barki! est l'esté très vivant parmi les gen" du pays. Le lieutenant C1U'ZY (Flude sur les Ail SO!fhmall de l'Esl, inédite) FI l'eeueil'' les deux I.I'adllions "uivantes Slll' ce personnage: " Lorsque le caid Mbarka des Ait Youmou,' se mal'ia, il acheta pour la fête une énorme quantilé de dattes: JI yen avait une véritable /llontngne et l'on haptisa Taoul'il'! Il Tilli (collitle des dattes) un pilon près duquel hahi­ tait alors le c

    et les Ait Sokhman H (et'. ccll'te au 1/l0U,lIOO, I\a",ba Tadla il, à une quin­ zaine de kilo!lJ!,tres ù l','sl de Q~ib"). « l'eu dc temps apr!'s, le caïd MbarkiJ fut tué près de l'Aonrir pal' ses nevenx, les Ou1l'd 'Aichn 'j'l'I'­ moun. Un ('onnit "cIala entre les Ail Youlllour témoins du crime. Lorsque les Ait You/llour de la région de Tifert \l3 km. n>Jrrl-onest du ]IoFle actuel d'Alern~id) appJ'irent que leurs l'l'ères Fe batlaienl, ils prirent égn­ lement les armes et, sam' connaitre encore la cause du conllit, ils échan­ gèrent entre eux des coups de fusils. Une mOlllagne voisine d'Aghbalou n qerl[our (Il km. oueFt u'Alelllsid) fut pOUl' celte raison baptisée lslmn, « ils l'ont bien voulu », c'esl.-i1·dire ils se sont batl.us sans motif, seu\,,­ ment parce qu'ils l'ont I,ien ,"oulu ". (CI. carte au 1;'100.IJOO, Kasha-Tndla 4, 12 km. O. S. O. d'Alelllsid). 14. Les ruines de sa qa)b" se t.I'ouvel'aient au conllllent des oueds bou 'Arbi et Mousa 0 l 'Ülmall. l'l'ès d'l TountJt. Hi. C'est·à·dire son -repl'I~sentant. A'2;hbala e;;t une agglomérntion du pays Ait I:!amama (Ait Sokhman), située entre l'Azaglwr Fal, SUI' le haut

    ARCH. MARle. xnu. 4 50 ARCHIVES MAROCAINES oued el 'Abid, t't les sources de la Moulouya; c'est aujourd'hui le siège d'un bureau d'Affaires Indigènes. Elle a dù longtemps son importance et celle de son marché à sa situation sur une des principales voies de passa~e du Tadla à la Moulouya et au débouché d'une des pistes du sud par l'Asir Melloul: cette imporlance s'esl encore accrue du f"il qu'elle fut avant nolt'e occupation le siège de la Zawwiya de Sidi 'Ali Amhaouch (cf. SEGONZAC, Au cœur de l'Atlas, pp, 54-57), le grand marahout Derqawi mort en 1918. On attl'ibue la fondation d'Aghbala tantôt au Caid 'Ali ou Barka des Ait Imour, tanlôt aux Ait 'Ali ou Brahim des Ait Yabya, qui occupèrent le pays après le départ deR Ait Imour {cf. note 6\. Elle aurait appartenu aux Ait 'Abdi des Ait Sokhman avant d'être prise par les Ait !Jamama. Noler qu"AIi ou Barka tenant Tounfit et Aghbala et une forteresst' ayant été construile à Beni Mellal, :VIoulay Isma'Il dominait le débouché en plaine de toutes les pistes imporlantes du sud à travers le pays .';>anhaja.

    Hi. Nous avons lu le berbère Tin, « celle de II pour l'arabe ~;. et tra­ duit « la terre des Ait vVidir ", « la lerre des Ait 'Amer ou khcho "; <:,'est l'interprétation donnée par les gens de la montagne, on s'atten- drait plutôt dans ce cas il trouver 0i-;' (cf. H. BASSET et H. TERRASSE, Sanctuaires et forteresses almohades : l. Tinmel, in llespel'is, 1" tr. 1924, p. 19, note 2). 17. Les Ait vVidir forment une fraction des Ait 'Abdi (Ait Sokhman) qui habitent la région d'Alemsid et de Tihauuna, vers la haute Mou­ louya (cf. carle au 1/100.000. J(

    24. Les Ait Waster ou \Vasser, fl'équemment nommés dans les tradi­ tions de la montagne, sont eités déjà au XII' sièele pal' le Kitab el Ansab Ill'. loe. cil., p. 6\1) qui le" nppe\le Ail \Vastegh et les l';m"e parmi les Beni In Gafou de" ~anlJaja de l'ombl'e, qui font partie des troupes almohadcs; ils paraissent habiler alors la région d'Azilal, au sud de Beni Mellal. On dit dan" le Moyen Atla" qu'ils ont été à une époque les habitants de Wawizeglit ct que leU!' territoil'e s'étendait depuis les hauts sommets des Ait bau Gemmez (au sud d'Azilal) jusqu'à Tadla: des ruines de village leU!' sont encore attribuées à Tighennatin et à Tigoula, sur la rive gauche de l'oued d 'Ahid, dans le pays Reluel des Ait Ifd.la (PERRES el i\IANTOUT, Noies sur les Ail Isha, inédit); on trouve en oulre leul's traces dans taules les tribus de la région. Il semide qu'ils furent en partie au moins refoulés par l'invasion des Ait 'AHa du Sahara, venus, par les cols de l'Izoughar (haut oued Dades;, s'installer sur ]e versant nord (Ait 'AHa n Oumalou de Wawizeght, Ait bou Iknifen de Talmesl, sur le haut A"ir Ahansa!, Ait Ounil'de BernaI., au sud d'Azila!l. Certains Ait Waster formèrent alors, avcc des élémenlH étrangers, les tribus des Ait Douzid, des Ait Isba, des Ait MI)ammed et des Ait 'Ahbes (nord-est, sud et sud-ouest d'Azi1al). Des tradItions recueillies dans le Moyen Atlas par le lieutenant NHinl" (Dans le Haul Al/as, in Renseignements Coloniaux du Bull. de l'A(r. Fran­ çaise, sepl. 1928, p. 55;1), en situent également un groupe dans le dir de Tadla, aux environs de Taghzirt, où ils précédèrent les Ait Imour. On dit que, s'étant rendus coupables d'un meurtre dans la famille d'un ma­ rabout, ils fment entièrcment décimés en sept joms par une épidémie de typhus. Leur position au X\,,' siècle est, d'autre parl, confirmée par un dahir du sultan, appartenant il la Zawwiya des Milyana de Sabek, située à une vlI1gtaine de kilomètres au sud de Qa~ba Tadla, et datant de lOHO hég./IG7H (Cdt TAIUUT, Noies sur les Ail Said). IlH y sonL L:hargés, avec les Maghil

    les Beni MOllsa au nOI'J; ils s'avancent au sud jusqu'à l'oued el 'Abid (cf. PEYI\O~~ET, Taella, in BIlIl. de la Soc. de Géogr. d'Aluer, 4' tr. 1922, p. 689). Ce ~Ol)t probablement en majorit.~ des $anhaJa, avec peut-être quelques Haskoura (on sait d'ailleurs que ces derniers sont des cou­ sins des Sanhaja, cf. lBs KHALI)OU~, lac. cil., II, pp. llG-l17). Ils ont une colonie chez les Beni AI,lsen du Gharb (d'après ZEMMÙUHY, lac. cil., p.282). 27. La ville de Tadla est très ancientle. C'était déjà une forteresse all temps des Almoravides (Cf, EL fjElDAQ, Mémoires. tl'. U:VI-PHovENçn, in Docllmenls inédils d'hisloire almohade, p. 221, et lülab el Isliçar, tr. FAGHN, l'Afriqlle seplenlrionale ail XU' siècle de noire ère, p. 162). Plus tard, elle esl citée par Edrisi, Ibn S;J'id GlIal'llati, Aboulfeda, Ibn Khaf­ Joun et l'anonyme portugais de la Jin du xv,' siècle lin Lte H. nE CA8TlUES, lac. cil" 1" série, France, Il); elle disparut peut-être un moment il. la fin des :'Ilérinides et au début des Sa'udiens (elle n'est citée ni par Léon l'Africalfl ni pal' àlarmo!), pour laisser son nom seulement ù la province qui l'entoure, La qa~ba, détruite pal' les l?èJnlwja lors de la l'évolte d'AI,lmed ben 'Abdallah cü Dilai en 1(;77, fut reconstruite en IG79-1(jilO (cf. MOVETTE, loc. cil., p. 124). Lors du partage de J'Empire entre ses III s, Moulay Isma'il en lit la residence de l'un d'entre eux, :Yloulay Al,lmed, qu'il ebaI gea du eommandement. de la rl'gIOIl. Celui ci fit. bàtir une nou­ velle qa~ba plus importante que la l'rumièrp-, où 3.000 'Abid t.mrp-nt gar­ ni,on. On sait. (lue la qa~ba de Tadla commande un des rares ponts de l'Oum el' Hbi'. 28. Il faut évidemment comprendre qa~bas ou postes, plutot que villes. / 29. Nous croyons devoir Jire iS..\~ plutol que (3...\.:: On sait quP Dai lut autrefois une véritable ville; "fondée, dit Zinni"(COllPOUnIER, Descriv­ lion uéographique dll Maroc d'Bz Ziani, in il/'chives Marocaines, \i l, p. 452), par les émirs Zenata, elle est. citée pal' EL BEKnl (loc. cil., p. 24') et. pal' EDHlSl (loc. cil., p. 221). M, GAVTIER /1}1edinal ou Dai, in Hesperis, l" tr. ]U2(;, p. Hi) la situe SUI' l'emplacement mème de Beni Mellal, où passe une riVIère 'lui porte précisément le nom d'oued Dai. et aux envil'ons. C'est près de cette rivière que se trouvent les mines de la 'la~ba de Moulay Isma'il. :,0, La 'la~ha de Beni :'Iiellal ou qn~ba d'Ihn el Kouch (ZAYYANI, lac. cil" p. 11, et Vte DE Jo'OIJCAVLI>. Reconnaissance ail Naroc, p. fi3), est bâtie sur une des collines du dir du Moyen Atlas, à ,\2 km, au sud-sud-est de Qa~ba Tadla. Elle commande le déboucbé en plaine d'une des pistes les plus importantes de l'ALla::" :1 la fois l'oute de transhumance et voie commerciale pour les Sahariens, qui l'ont en outre fréquemment suivie dans leurs migratIOns vers le nord: Dades, cols de l'Izoughar, Wawi­ zeght. La mainmise de Moulay Isma'il sUI' ce point stratégique complé­ tait la domination d"Ali ou Barka sur Tounfit et SUI' Aghbala (cf. ci­ {}essus), La qa~ba de Beni Mellal a été restal1l'ée sous le règne de Moulay Sliman (179:1-1822). 31. FichLala, dont le nom rappelle celui d'une tribu Sanbaja, est une sorte d'oasis située au pied du Moyen Atlas au sud de Tadla. Elle est le siège d'une zawwiya, dirigée pal' un chérif qui se prétend descendant de Jazouli (Cd!. TARRIT, les Ait Seri) et se t.rouve SUI' le territoire des Ait 'Abdellouli (Ait Seri), La qa~ba, attribuée pal' le Père DE FOUCAULD (ioc. <:.il., p. GO) à Moulay Isma'il n'a été que restaurée pal' ce sultan; el1e 54 AHCHIVES MAROCAINES existait déjà à la fin du XVI" siècle (Cf. MAIIMOL, loc. cil., Il, pp. 129-131) et les traditions locales en font remonter la construction aux Sa'adiens. 32. Foum el 'Anser est également une oasis, qui se trouve un peu il l'est de Fichtala et dans une situation similaire au pied de la montagne; elle forme le centre politique et économique des Ait Sa'id ou .Ali (Ait Sokhman). 33. Les Ait 'Abdellouli appartiennent il la confédération des Ait Seri (cf. p. :n, note 3); ils habit.~nt les deux vallées du Drent et du WaoG­ drent qui forment le Derna, affluent de gauche de l'Oum el' Hbi'. 3+. Il faut certainement lire Foum Uoudi et placer cette qa,?ba ~\Ux environs du blockhaus qui porte aujourd'hui ce nom, il 10 km. au sud­ ouest de Beni Mellal (cf. carte au l/lOO.OOO, 51; il est eflec­ tivelllent entre les Ouled !\lousa et les Ait 'Alla CI Oumalou. ;i5. Les Beni Mellal fOl'ment avec les 13eni"Maden, les Semget et les Gettaya la confédération guich des Ait Hobo'a. Ils sont mélangés d'Arabes et de lJerbères :;;anhaja. Les Ouled Mousa forment une sous - fraction des Ouled Gnaou des Beni Melinl; leur village e~t tout proche de Foum Hou"i. ~(). Les Ait'Alla n Oumalou forment IIne fraction détachée des Ait 'At!a du Sahara," qui habite, au sud de Beni Mellal, la région naturelle comprenant le massif du Ghnim et la cuvette de \Vawizeght. 37. Il n'a pas été possible d'identifier celle qa~ba, qui devait se trouver dans le voisinage de TimouliH, ail ~Ild-ouest de Beni Mellal (cf. carte au 1/100.000, Kasba Tadla 5). S,m nom est toutefois à rapprocher de celui d'une soul'ce de la région -Tizgi, au sud-ouest de Beni Mellal (cf. M"'GEVILLE, Silllation économique de Beni Mellal. Rull. de la Soc. de Céog. dll Maroc, 1'" et 2" tr. 1927, p. 10). Les ruines de qa~bas militaires sont très nombreuses aux envil'on~ ,le Beni Mellal, SUI' le territoire du gllieh Ait Kobo'a; la plupart datent comme le guich lui-même, semble-t·il, de Moulay Isma'il. 38. Les Ait Bouzid habitent, au sud-ouest de Beni ~lellal, les deux ver­ sants de la chaine qui sépare les vallées de ['Oum el' Rbi' et de l'oued el 'Abid, cette dernière vallée même, et le;; premières pentes du Haut­ Atlas sur sa l'ive gauche. Ce sont san;; doute en majorité des :;;anh"ja (d'origine Ait "'aster) et des Haskoura {d'origine Ait Me~~at) ; ils com­ prennent également des marahouts Ahansala, dont l'origine l'este obs­ cure (peut-être charfa Ouled Bou Sba'j et d'après Z"''')1OURY (lac. cil., pp. 27il-274) des chol'fa idl'isites du Jbel Rached, descendant du chikh Bou Zeid ben'Ali, qui aul'ait donné son nom il la tribu. 39. Ce passage confirme la Tlosition réciproque des Ait Imour et des Ait Waster après leur rébellion (cf. note 23). 40. Les Mrab\iya forment nne fraction des Ait Sgougou des Zayyan, qui habite les environs d'El Hammam (entre Azrou et Khenifra); ils com­ prennent trois groupes: les Ait Sidi L'arbi, les Ait Sidi 'Abdel'aziz et les Ail Sidi 'Ali. 41. Un MOQammed Aqebli. après avoir été longlemps caid des Ait Sgougou et l'adversaire acharné de MOIJa ou IJammou le Zayyani, fut blessé mortellement le 24 mai 1917; sa maison se trouvait tout près du poste actuel d'El I;Iammam. S'il s'agit ici de ce personnage, il laut ad­ mettre que le document de Si Brahim Na~iri est très récent; mais désigne peut.être seulement un homonyme ou un de ses parents. Bien que l'ethnique Aqebli, " orig-inaire du Sud li, Soit très répandue, il est LF. SULTAN MOULA Y ISMA'iL ET LES BEHBÈRES ~ANHAJA 55 possible qu'il ait quelques rapports avec Ba lchcho El qebli, qui fut caid des Zemmour et des Beni 1;Iakem (alol's installés au sud-est de Il'Ul' em­ placement actuel), avec son fils 'Ali qui lui succéda dans son comman­ dement, puis devint le chef suprème de toute la montagne $anhaja après l'expédition de 169:3, enftn avec Je fils de ce dernier Mol)ammed Elqebli, qui fut gouverneur de Fes vers 1731 (Cf. Es SLAWl, loc. ci!.). 42. Les Ait bou Ya'qoub forment une sous-fraction des Imzinaten des lchqf'rn,. ils se disent maintenant encore descendants de Sidi bou Ya'qouh; c'est d'autant plus vraisemhlable qu'un douar complet Ait 1;Ia­ diddo1J (cf. note 4) se trouve incorporé dans leur groupe (GUEMOUN, le Bled lchqern, notes inédites). 4:l. Les Ait Daoud ou Mousa forment une fraction des Semgel, tribu du guich Ait Robo'a, et hahitl'nt li l'est de fa qa~ba de iTadla. ZE'IMOliRY (lac. ci/., p. 262) en fait les descendants d'Abou Ya'qoub Amghar. Les Semget, dont nous avons parlé li propos des Ait Sokhman (cf. note l0I passent pour ètr'e composés d'éléments venus de ceUe tribu et d'A it I;ladiddou (Cdt TARRIT, le Tadla el son hinterland, in Eul!. de la Soc. de Géog. du iHal'oc, 3' et 4' 11'.192], p. +34): on attribue à l'un d'eux la fondation de Q~iba, avec les Ait ImouJ'. Leur nom est en particulier à rapp,'ocher de celui de Semgat, district du haut Gheris iml)lédiatemen! voisin des q~oUl' des chorfa de Sidi hou Ya'qoub. H. Les Ait Qdada f()rment actuellement un douar des Ait Daoud ou Mousa. 45. Les Ait \Virrah appartiennent li la COnfédération des Ait Seri (cf. p. 31, note 'q et habitent le Moyen Atlas aux environs de Q~iiJa (est-sud­ est de Tadla); on les dit d'origine Ait Sokhman. 4G. Les lmhiwach fOl'ment encore une fractio~l des Ait \Vil'l'ah, D'apr,",s leurs traditions, ils s'appelaien~ autrclois Ait \Vagga et faisaient partie des Ait Daoud ou 'Ali des Ait Sokhman. Chassés de leur pays par leurs fréres, ils vinrent demander l'hospitalité aux AI! \Virrah qui étaient inl'­ tallés depuil' une dizaine d'ann,'es dam; leur habitat actuel. Ceux-ci montrèrent d'abord peu d'empressement à les receVOir, puis finirent IHll' leur accorder des terrcs. Les Ait Wagga auraient pris le nom d'lmhi­ wa4h il l'occasion du mariage de Sidi 'Ali Amhaouch avec une de leurs filles (~CHWEITlEH, Élude sur les Ail Ouirrah, notes inédites). 47. Il ne semble pas qu'il y ait actuellement de tradion Ouled Sidi Mo­ hammed ou Yousef chez les Ait \Virrah; on v trouve du moins un", fraction Ait Ya'qoub. Il 'ya, en outre, des chorra Ouled Sidi Mol,lammet, ou Yousef li la Zawwiya ech Chikh au nord-est du pays Ait \Virrah. 48. Des Ait el' Riban sont encore les voisins immédiats d(~s chorfa el vivent sur un affluent de l'oued Gheris, qui porte leur nom (cl'. note 2). 49, Les Ait Yousi habitent III Moyen Atlas, entre Sefrou et la haule vallée de la Moulouya, au nord·est 'de la route de Meknes à Midelt. Ils disent avoir été amenés dans cette région par Moulay Isma'il pour garder la piste de Fes au Tafilelt (RETssER et BAcHELùT, loc. eil., p. 38) l't s'incorporèrent vraisemblablement alors aux Ait ldrasen, s'ils ne s'y ratlachaient pas déjà. Ce sont des Sanhaja qui vécurent dans le sud (EL OUFRA"T, loc, cil., p. 273) jusque vers le milieu du XVII' siècle; en 1600, ils faisaient encore une razzia au Touat (A.-G.-P. MARTIN, Quaire siècles d'histoire marocaine, p. 40). Ils sont placés en Moulouya en 16\11 par Es SLAWI (lac. cit., IX, p. 1481. Parmi les nombreuses monographies consa­ crées à cette tribu, aucune ne mentionne d'Ait el' Riban. Toutefois, de ARCHIVES MAROCAINES nomlJl'eux éléments ét, <1nger;; sont venus nu sud s'incorporer il elle, parmi le;;quels il semble bien qu'il yeu! au JlJoins des Ai! Morghad (Ait Wahi) P.t des Ait I:ladiddou (lsn<1in). 50. Les Ait Oum el Bekht font partie des Ait Seri (cf. p. ;lI, note 3); ce sont des ~anhaja. Venus du Sud comme les autres trihus de la confédé­ ration. ils se sont installés à]:, mème époque qu'elles SUI' les dernières pentes du l\Ioyen Atlas à J'est de Tadla, entre l'Asif \V<1()umana et la Zawwiya ech Chikh, en en chassant les Ait ImoU!' ou les Ait N(~ir. Ils se considéraient autrefois comme une cinquième tribu du guich Ait Hobo'a (ct'. note 35). 51. LfJ Zawwiya ech Chikh ou Zawwiya d'eI Faid (Bonl~, loc. ci!., p. 2ï5), est une nlial(' de la Zawwyin; Na~iriya de Tamgrout, située il 3~ kilomè­ tres ù l'est de ladliJ. On pense qu'clic fut fondée sous le règne de ,\luulay Isma'il par le Chikh Sidi AJ.• med ben M!)élmmed, dit k [(I.alifat; le terrain lui en aurait été concédé pm' le caid Barka des Ait ImouI' (cf. note 13) qui était allé le visiler d<1ns le Dra', par les dlOrfa jazou­ lites d"Abid Allah qui étaient inslalJ(Os dans le pays depuis très long­ temps, et pal' les triLus du voisinage (CDT TAllit/T, les ilil SerI). Les Chioukll de Tamgront vinrenl fl'é'luelnment visiter' la Zawwiya l'ch 'Chikh, Illais. n'y habitèrent pas; le troisième d'enlrt' e,ux, Sidi IIlousa hen IIlol)arnrned el Kehir, .v mourut ,Hl cours d'un v'l,pge Cil H2!!. A partir de Mol)alIllJled ben Hoube""r,qui fut Chikh de 1,QG4 il 188[;, une hranche des marabouts, fondée pal' un frèr'e de ce pel'sorlllage, vint s'y d"hlir défini­ t.vement; elle n'a pas réussi il se li!Jér<'l' lie la lutelle de Tamgrout, comme elle parait en avoir en J'inlcntion. La Zawwiya ech Chikh est le cent.,c polilique et économique des Ail Üum el J3ekht. Une gnwde 'l:r~b" y é(:rit occupée pal' L1ne garnison Illal;hzen sous le règr", de Moulay l:lasan; elle esl [H'ul-èlre anlérieul'l' ù ce sultan. 52. Les Ait 'Abdennour forment unt' fradion des Ait Oum el Bekht; les Ait 'Abderrezaq sont une sous-fraction des Att l,aUf des Ait Oum el Bekht; une sous-fraction des Ait' A!J,knnoul' esl di! e Ait Hadilldou, 53. Les !lllelw,1Tl cités au xII" siècle par le liilab el Anwb (tr. loc. cil" p. 68), ct au XIV" siècle p,lI' Ibn Khaldoun (loc. cil., Il, p. 31 parmi les ~anJwja dl) IIlidi sont aujuurd'hui complètement dispersés. Des noms de ,illages, de fractions de Ilibus ou de groupemenls de sédentaires du versant sud de l'Allas permeUent néanmoins de relrouvel' la trace de leurs migTations du sud vers Je nord; dans le haut Dra' (distrid du Lek­ tawa), dans le JiJel Ougnat, à l'ouesl du Taf.lelt, élU Ferkla, dans le haut et moyen Gheris (en particulier dans le lIistricl du Semgal), dans le haut Dades (Ait Seddrélt et AIl l;ladiddoll), dans l'Asir Melloul, aux en­ virons du Jbel 'Ayyachi, où on les trouve cités vers le xv' siècle dans un texte conservé à la Zawwiya Sidi l;lamza (cf. Lt HE~l\Y, loc. cil,) et jusque dans le C;hal'!) entre Peli1jean et Moulny Idris du Zerhoun. Beaucoup se sont incorporés aux Ait Imoul'; c'est ainsi qu'on re!rouve leurs traces à Aghualil, où ils voisinaient av('c ceux-ci; avec eux encore, ils forment une fracl ion des Bwakhel' des environs de Meknes et constituent égale­ ment une tribu guich du l;laouz de Marrakech. Chez les Ait Oum el Bekht, ils forment un douar des Ait Katil'. M. Les Araues de la région du TafJIelt comprennent troi8 trihus l\la'qil: les Dwi Meni', les t;ebhah et les Beni Ml,lammed. 55. Les Ait 'Amer forment un douar des Ait Iüad 'Jes Semget (guich Ait Houo'a) ; un autre Joual' de celle l'l'actIOn s'appelle Ait Tell. LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈHES ~ANHAJA 1)7

    ;)6. Les Ait'Ali et les Ait Mzalt sont deux douars des Ait Wikhelfen, seus-fraction des Ait Kerkait des Gettaya (guich Ait Hobo'a). .;7. Si Brahim écrit .1.:l~', mais il faut évidemment lire 4:b\;·. 58. Ce passage est confus; on ne distingue pas les fractions d'origine arabe et les fractions d'origine Ait l:Iadiddou. Il y a chez ces derniers des Ait 'Amel' (cf. Vicomte DE FOVC,HiLD, loc. cil., p. 3(3) et des Ait Tell. 59. Cr. note 7; on pounait comprendre « de la tribu des Ait MOI'ghad, il envoya... )) fiO. Les Ait Yabya "ont dt~S _·\it Yafelrnan qui hahitent le Haul Atlas oriental à l'ouest du ,Thel 'Ayyachi et qui ont leUl' cenlre politique à Tounfit. Ils se disent, comme les Ait Morghad, venus du haut Dades (où l'on trouve encore une fraction de ce nOlll chez les Ait Seddrat) ; dans leur migl'8tion ver" le nord, ils ont laiss,j un groupe d'entre eux (Ait Yal)Ja n Icherdouz) sur un affluent de l'oued Todgha. Arrivés dans la région de Tounfît où, disent leurs traditions (cf. Lieuten:lllt ,TOUlAUD, les Ail Yalzya, notes inédites), ils remplacèrent les Ait Jmour, ils se trouvè­ renl à l'étroit el s'étendirent ,ers l'est en repoussant les Ait 'Ayyach et vers l'ouesl, en chass311L les Ait If)and ; ils 1lUl'llient même dominé à une '\poque toute la partie nord du territoire acluel des Ait Sokhman : 13ouLferda, Tizi Isli, Bou Altas et Aghbala (Lieutenant CIIA~ZY, loc. cil.); on attribue parfois la fondidion de ce dernier village à une de leurs fl'actions, les Ait 'Ali ou Brahim. Plus Lard l'invasion des Ait Sokhman les refoula vel'" l'est; toutefois, certains d'entre eux demeurèrent sur place et s'incorporèrenl aux nouveaux venus. G1. MoL oublié par le copiste: peul-élre les Ait \VaIJi qu'on trouve également chez les Ait l\lorghad ùu versant sud et chez les , voisins des Ait Bouziù. 62. Les Ait OUlglJOUIll forment un sous-groupement des Ail. Wahi, fraction des Ait l\lesl'i (AIL l\lorghad); ils constituent également une l'l'action des Ait BOllzid. Ga. Les Ait l\fJ)ammed torment une fraction des Ait Me",ri (,\it Mor­ ghad) et une des quatre ll'ibus des Ait i\lq~a\, (cl'. noLe suivante). G4. Les Ait Messa~ ou mieux ,\le~~a~ sont vraisemblablement les Ait l\la~taou des Haskoura de l'ombre (JOlal) el Ansab, IDe. cit.. p. 67) et les l\Ia~~awa d'Ibn Khaldoun (Ioc. cil., II, p. 118, et LAOli5T, Un lexie dans le dialecte berbère des Ail Me.Hall, in Mélanges René Basset, JI, p. :~O!'i). C'est une confédération morle, donl il ne subsiste plus guère 'lue le nom· Elle comprenait quatre tribus toutes voisines du posle actuel d'Azilal (Souq el Khemis des Ait l\le~~at): les Ail Isba, les Ait Ougoudid, les Ait Outferkal ct les Ait MI)ammed ; ces tribus vivent aujourd'hui complète­ lllent ~pal'ées les unes des autres. Les Ait Is!)a passent pour ètre les véritables Ail Me~~at: leur nom leur aurait été donné pal' leurs voisins. Les autres seraient des immigrés. Les Ait l\11)ammed en partIculier for­ meraient un mélange d'étrangers el d'Ait '-"asler (cf. note 24) ; plus tard un groupe d'entre eux serait vellu s'incorporel' aux Ait Seri (cf. p. 31, note 1) sous le nom d'Ait Moband. Il est a noter précisément que J'au­ teur du text.e de Si Brahim Na~iri ne parle pas de ces derniers, alors qu'il nomme foutes les autres tribus du Moyen Atlas; on peut penser qu'à son époque, ils n'avaient pas encore quitté lenr tribu d'origllle. G5. P. 33, no Le 5. Chez les Ait Oumnasf (Ait Oukhilfen des Gerwan), se troUl'e une sous-l'raclion Ail Morghad. Dans la fract.ion Ait l;Iammou 58 ARCHIVES MAROCAINES des Gerwan, e nom du groupe des Ail 'Ali ou Iqqo rappelle celui d'une fracti.. n Ait l;lèldiddou. 66. C'est-:\-dire pèlrmi les l\la'qil (p. 19, Ilole 1). (i7. Le~ Ouled Mbark forment aujourd'hui encore une fraction des Beni Mellal. 68. Les Zwaer formènt une fraction des Beni Maden, une des tribus du gllich Ait lIobo'a. Un marabout Sidi Mobammed ben CbeJif est enterré chez eux. 69. Peut-ètre faut-il lire « de la tribu du Tafilelt >J (cf. note '); on ne trouve adueHeœfmt aucune fr,lclion Ait Bba' dans les lribus avoisinant cette oasis. Toutefois dans le haut Dra' el le Saghro, ce nom est porté pal' un groupe des Ait Walla! (Ait 'Ana). 70, Les Ouled Mousa, les Ouled Boubeker et les Ouled Mbark sunt trois fractions des Ouled Gnaou des Beni Mellal. Les Ouled Mbark out déjà été signaléR plus haut 1er. nole (7). Un groupe d,·s Al'abes Beni MI)ammed (Ju Tidilelt s'appelle Ouled Mousa. Il y avait dans la mème ré~ion des lIeni Mousa au XVII' Siècle (cf. EL OLFnA~J, /oe. cil., p. 41;;). 71. Les ~1I)amid occupent un groupe de q~oul' dans la dernière oasis du haut Dra', immédialement au nord du coude du neuve et à rentrée du Sahara. Ils ont donné leur num à ce dernier dislrict de la vallée. 72. Il semble qu'on doive Iil'e Jlt>j pOUl' Jlt>.J. 7:-1. Les Beni Mousa fOl'ment une impol'tante tl'ibu, qni est à cheval sur J'OUIll el' HiJi', des environs de la Zawwiya d'El Menzel (au sud-ouest de Tadla), qui appill'lient aux Beni 'Amir, jusqu'à une quinz<1ine de kilomètres en aval du confiuent de j'Oum el' IilJi' et de l'oued el 'Abid. Ouled Mrab, Ouled Zahra et El 'Asara Sllnt des noms de duuars de la fraction Ouled 'Arif; les Ouled Mal)llloud forment un douar de la fraction Ouled bou Mousa. ï4. Tuut C:l passage coneel'llant les Ait 'Ana est obscur et nous avOl S peut-èlre quelque peu IOI'cé le texte de Si Brahim ['a~iri pOUl' aniver il ulle traduction qui ne soit ni ahsurde III cuntradictuire. L'auteur, en dIet, ne situe pas les fractions à la lin de !cUI' migration ou parait seulement les replacel' à leur point de départ. Comme en olltr'e les Ait 'A~~a sont certainement les éléments les plus voyageurs du Mar::Jc, il est dilficile de déterminer à quel déplacement préciR illalt allusiou. Nous nous sommes appuyt'l cependant SUl' les l'enseignements que nous avons pu obtenir sur chacune des tribus ou de:; fractions citées, rensei~nementsque nous donnons dans les notes qui suivent. l\appelons seulement ici que le gros de la confédération, comprenant ceux qu'on appelle les Ait 'A~ta du Sahara, nomadise entre l'Atlas, le haut Dra', le Tafilelt el le désert (cf. p. 19, note 3) ; il comprend; Les Ait Wahlim. Les Ait W"llal. Les Ait Ounir. Les Ait Sfoul ou Ait [sroul. Les Ait 'Alwan, Les Ail 'Aisa lmezzin, comprenanl les Ait Ya'zza et deux petites tribus, les Ait Khalifat et les Ait el Fersi. Les Ait Ounel.gi. comprenant les deux tribus des Ait Khebbach et des Ait Oumnasef Pl les Arahes Beni Ml)ammed. La plupart de ces groupes ont envoyé à diverses époques des colo- I,E SULTAN MOULAY IS~IA'I1, ET LES BEIIBEltES ~ANHAJA 59

    nies sur le versant nord de l'Atlas; la plus implll'tante est celle deR Ait 'Ana n Ournalou (cf. notes 2~ et 3 ;), formée en majorité d'Ait Ounir et d'Ait Walla!. 7f>. Les Ait Ounir sont encore en majol'ité danR le sud (Haut-Dra', Jbel Saghro, Dades); cependant dès le xu' siècle, c'est·à·dire bien avant la fondation de J'alliance Ait 'Alla, il", avaient des colonieR SUI' le ver>'ant nord, dans la région d'Azilal; le l1ilab el Ansab (lac. cil., p. (9) classe en l'II et les Ail "lVanir parmi les ~anhaja de l'ombre, Un groupe d'entre eux vit actuellement chez les Ait J\l1)llmmcd (cf. notes 63 et 64-); ils sont appelés les Ait Ounir .de Bernat; un autre plus import:mt a servi à constituer le noyau d'une fraction des Ait 'AHa n Oumalou, 7G. Lcs Ait Tislit n'existent que chez!es Ait Ana n Oumalou, où ils s'intègrent dans les Ait Sa'id ou lchcho des Ait Wallal ; on les dit issus de foqra, c'est-à-dire de personnages religieux, auxquels se joignirenL quelques Ait 'AHa du sud. 7i. Le;; Ait Boujegjou, bien qu'ils n'aient pas de correspondants dans le sud, sont néanmoins donnés cpmme originaire~ des Ait Ounir du Sahara; chez les Ait 'AHa n Oumalou, ils Gonslituent une sous-fraction des Ait Ounir. 78. Les Ait 'Alwan sont naisemlJlalJlemenl Arabes d'origine Ma'qil, ils paraissent être entrés dans la confédération Ait 'Ana au moment de sa fondation, c'est-il-dire vers le milieu du XVI' siècle, rmJis ils y ont tou jours été considérés comme des parents pauvres; c'est ainsi qu'ils ne fournissent jamais le chef suprême, qui e~t en principe nommé chaque année pal' permutation entre les Iribus. Le gros des Ait 'A\wan vit encore au désert, avec son cen!re de gra­ vité et ses magasins d~lns les oasis du coude du Dra', mais ils ont essaimé de là un peu partout; au DIJdes, chez les NUfa des environs de . chez les Ait Bouzid, chez les Ait' Ana n Oumalou (où ils forment une sous-fraction des Ait Ounir), chez les Ait Isl)aq, au sud de KIIenifra, et, semble-I-il, jusque chez les Igerwan des environs de Meknès, 7!l. Les Ait Khennouj sont venus du sud chez les Ait 'Ana n Oumalou ; ils y forment une sous-fraction des Ait Ounir. La tribu-mère a disparu. 80. On pourrait, semble-t-il, Gomprendre comme suit la traduction lit­ térnle: "il envoya aussi, parmi [ceux qui sont aujourd'hui, à la Suite de cette migration, chez] les Ait 'Alta n Oumaiou,... » 81. Les Ya'rnoumen Il'ont pas de représentants dans le snrl. r:hez les Ait 'Ana n Oumalou, ils faisaient autrefois partie des Ait Su 'id ou IchcllO des Ait Wallal ; ils sont maintenant ratiachés aux Ait Ounir. 82, Les Ail \Va'ziq forment chez les Ait 'Ana n Oumalou une sous­ fraction des Ait Wallal; dans le sud, ils sont rattachéR aux Ait Bou­ beker, une des quatre fractions des Ait \\'allal. 83. Les Ihitasin font partie des Ait Wallal des Ait 'Ana n Oumalou : ils n'ont pas de correspllndants dans le ~ud. 84. Les Ait Cha'ib forment une sous-fractIOn deR Ait Wallal chez les Ait 'Atta n Oumalou ; dans le sud, ils corn ptent dans la fraction Ait 1IIIa' des Ait WaHal. 85. Aucune tradition ne confirme, ni en montagne ni au dés.'rt l'ori2ine saharienne des Ait Bouzid (cf. note 38). D'après Zemmoury, ils auraient néanmoins de;; parents dans le Sous et sur le versant sud de l'Anli­ Atlas occidental IUued Nuun). 86. Les Ait 'Ail ou Mol)amrned forment une sous-fraction des Ait Ou- 60 AHCHIVES MAHOCAINES megdoul des Ait Bouzid de la montage. Sidi 'Ali ou Mol)ammed serait enterré ehez les Ait 'Alta. dans le Tazzarin, oiJ~is du verS:lnt sud du Jbel Saghro, située eni;'e le haut Dra' et le Tafilelt. Ce fait pourrait confirme!' l'origine saharienne de ses descendants. On peut signaler en outre qu'un groupe de villages dans le district de Lektawa (haut Dra') porte le nom d'Ouled 'Ali ben !'vlo!)ammed. 87. Il semble qu'ou doive lire .jY\c "'::":.\ au lieu de .j\y\>\ "::":.\; i) s'agirait alors des Ait 'Alwan des Ait 'Att-a (cf. note 78). 88. Les Ait 'Alwan fOl'[ul'nt chez les Ait Bouzid une sous-fraction des Ait Oumegduul. 89. Le,.; ,\ltifa forment une grosse tribu qui habite une partie de la plaine de Tadla et ";1l1 tout les cuntrelorts de l'At!;)s à l'ouest d'Azilal, depuis la frontière sud des Belli Mousa (cf. note 7il) jusqu'allx montagnes des Ait ',\t.bes au delà de Tiln!wt. D'après le j{ilab el Ansab (loc. cil., p. 67) et d',Jprès IIlN KIJALDOUN, (loc. cil., II, p, 11U), ce sont des Has­ koura, m:lis ils comptent très vraisemblablement aussi des éléments ~anl13ja (les Hfala, cf. Hilab el Ansab, loc. cil., p. 69) et Arabes Ma'qil (Beni l;Ia"an et 'Atamna). En outre, leurs traditions les considèrent comme originaire...; des Nfifa ou Alîl'en qui occupent les premières penteii de l'Atlas, à JOO kilomètres environ au sud-ouest de Marrakech et ont leur centre à Imi Il T:woul, au déhouché de la ruu'Ie du Sous par le Tizi ;\'la' chou ; et ceux-ci ont des tral1iliom; similaire,.. On ne cannait pas l'origine exacte des Nllfa, mais il est vraisemhlable que ce sont des :vIa0mouda. Si réellement ces deux tribus se rattachent l'une il l'autre, leul' sép

    93. L'Asif Wanergi est un afl1uent de l'Asif Ahansal, qui se jette lui­ même dans l'oued el 'Abid. C'est de là que les Ait Sokhman se disent originaires (cf. note la) et que les Ait Seri sont partis à la conquête du Moyen Atlas (cf. p. 31, note 3), Une autre fraction des Ait l:lamza (Ait Bouzid) s'appcHe Ait vYanergi. 91" Cf. note 7. 95. Divine parce que, dans l'esprit de J'auteur, eJle émane de Dieu par l'intermédiaire de Sidi bou Ya'quub, (JI), L'auteur, nous j'avons dit, éCl'it longtemps après la mort de Moulay Isma'il. (J7. Cf. note 2:" 98. L';nJLeur répète iei ce qu'il a déjà dit au début de la page 2 du manmwrit, 99. Cf. nute G. On trouve les Ait hnoul' aux environs de ~;eknes en 1758; un groupe d'entre eux y habite enCOl'C, 100. Cf. note 6. D'après te Iii/ab el Is/iq,~a, c'est seulement en 1824 qu'ils furent transportés dans le I:Iaouz de Marrakecll; le gros de la tribu y habite encore parmi les ,quieh de la hasse vallée de l'oued NOs. De nomilreuses traditions dans ta région de Tadla et dans le Moyen Atlas attribuent néanmoins cette mesure à Moulay lsma'jl. 101. Nous avons dit en ellet que les Ait Imour' font partie des tribus guie/z. 10~, Les Ait {mour sont actuellement commandés les uns par le pacha de Meknes, les autr'es par le pacha de Marrakech. 10;,. Le~ Ait 'Allab habitent le Moyen A\,Ias au nOI'<1 d'Azilal et sont à cheval sur l'oued el 'Abid, entre les Nlil'a ct les Ait Boul.iLl. Leur ori­ gine est mal connue; il semble eependant qu'Ils aient un fond $nnhaja (Ait Sel'i, gens du Todgha, Mejjat) auquel sont venus s'ajoute l' des élé· ments étrauQers (Ambes uu Berbères du Sous). Les Ait Waster forment chez eux un groupe des Ait Yal,lya, sous-l'l'action des Iqadoussen. Avant notre occupation, lous les autres AIt 'Allah faisaient hloc contre les Ait Yal,1ya; les Ait "Vaster étaient chez ceux-ci les plus guerriers, ceux qui s'imposaient à leul's frères, Leul' aJ]ian(~e avec nous au moment de la soumission de la triiJu lenr a assuré la pl'édominance chez les Ait 'Atlab, 104. Cf. note 7. 10;5. Textuellement: « Moulay Isma'il ben 'Ali trompa ... et fut trompé par eux », 106. Ce passage est un peu obscur. La phrase précéder.te et le sens de f> conslruit avec Je. (signifiant iu,qer contre) permet peut-être de lire ~.. L...... -.:. r.J j au lieu de <\.:.. , 107, Sur la mort d"Ali ou Bal'!w, qui est postérielll'e à IGlll, cf. notes 13 et 23, D'après le lieutenant Heyniers, 'Ali ou Barka HUI'ait été tué par un de ses neveux sUI'ia roule de Tinteglwlin à Rhenifra. 108, Cf. la mission ,;ui lui fut confiée après la campagne de IG93(p.33). 109. Mot illisible. 110, C'est-à-dire au contrôle de l'armée. 111. Cf. note 7, 112. Abou I:!asan 'Ali ben Ibrahim, appelé généralement. El Bouzeldi (ce qui semhle le rattacher aux charI'a des Ait Bouzid, cL note ;;8, bien qu'on (;2 AHCHIVES l\IAHOCAlNES le dise aussi orig-inaire du Tafilelt), est connu (CI. EL OUI'RA:'H, lac. cil., p.456·; EL QADlR[, loc. cil., XXI, p. l~'\, et XXIV, p. U;; J. SICARD, Situation religieuse des Iribus traversées par lrl me/lOI/a du caid Layadi, in Revue du Monde Musulman, XIII, p. 346; G. SALMON, l'Opuscule du Chikh Zemmoury, loc, cit., p. 2i8; lieutenant THlABAUD, Con/i'éries, zaouia", sanctuaires des Ait ',l/lab, notes inédites, in Archives de ta Seelion sociol. de la Direclion des Afr [ndigène.~; lieutenant DESGl\ANGES, Nolice sur les Zaouias et sancluaires situés en Iribu Enlil'a, notes inédites, in Id, ; LAOUST, Élude SUl' le dialecle berbère des Nlij'a, pp. 342·:l43). Il n'a certainement pas été contemporain de Moulay Isma'il, IHlIS'lu'il fut disciple du fameux chikh Chac)ili Et Tabba', décédé à Mari akech en 9U hég., 1[,09 (LÉn'PRovENÇAL, les Hisloriens des c/IOJ'(a, p. 2ï4, note 3). U'après ZEmWURY (lac. cit.) et d',~près le manuscrit de Si Brahim Na)iri, il était 'Ornari, c'est-à-dire descendant d"Omar ben el Khattab, le .léuxièrne khalife (634-644), comme les Cher'[awa de Boujad. Il ent d'ailleurs des liens incontestables avec ceux-ci; les traditions locales l'affirment et M. SlCARD (loc. ci!.) prétend que Sidi ~lol).ammed ech Cherqi, le fondateur de la confrérie, aurait dù sa naissance à son intervention miraculeuse et aurait été son disciple préféré. Il fut le grand père de Sidi Al)med ben ou Dades, dont la Zawwiya se trouve à Bahi, près de chez ,les Ntifa, l'arrière-grand-père de Sidi :,gbir ben I\lanyar ben A!).med, disciple du précédent, mort en \055 héli., 1645-1M6 (EL QADIRI, loc. cil., XXIV), fondateur de la medersa de llZOll, et l'ancètre de Sidi el Hattab ben Mol)ammed el Kenizi (ethnique d'un village des Ait 'Ayyac)), qui mourut en lSi9 et dont le sanctuaire est à Tamghirt, chez les Ait 'Altah. Parmi ses disciples on peut cIter Af)med ben Abil Qasim ben Mol)ammed ben Salim ben Audel 'aziz hen Chwa' ib el Harawi, mort en 10L; hég., 160'\ (El QADII\I, lac. cit" XXI), et on assure qu'il donna son nom à Ahou Bekr ben .Vlol.wmmed, le premier des Dilaites, né en 943 hég., 15:)G-1537 (EL OUFRANI, lac. cil.. ) Son extraordinaire piéié et une discus­ sion qu'il eut avec l'illustre El Ghazwani sur Sidi 'Abdallah ben Sasi le rendirent célèbre: des traditions, recueillies par le Lieutenant Reyniers en haute Moulouya, affirment qu'il lui fallait chan,!1erdouze fois par ,m de gam.loul·ah, 1ellement se,; vêtements ètaient u~és pal' ses fréquentes prieres. Sidi 'Ali ben Brailim ebt enterré à Agen.l, à la limite des Ait 'Ayya'" et des Ait 'Allah (cf. carte au ]/200.000, El Borouj Est et Demnat Est), Ilim;i que Sidi Al)rned ben ou !Jades et deux diSCIples de ce dernier, Sldi Hachem et Sidi 'AhdeRselem, qui fondèrent la Zawwiya de Bahi en 1i.n. Pl'è,~ de son tombeau, un !1loussem se célèbre chaque année et est fréquenté pal' toutes les tribus du voisinage; son nom est en outre connu par un. combat livl'é en [UU par le colonel ~langin. Ses descclldants panJissent tou;; afflliés à la confrérie des Qadiriya, dont ils confèl'en! l'ollerrl .. certains conl'èrent ans~i celui des Derqawa. Ils aUl'aient été at1'r'llIchis d'impot.s par ~Ioulay Isma'il. La plupart d'entre eux habitent Ager'" et les villages voisins (Takhessall, El Kou­ d)a, El Kniz, Zel'aih, etc.). En outre, un cel'tain nombre out essaimè chez les N'tira. La Za wwiya de Bahi y est encore sous la diredion des ues­ cendants de Si,li Al)med ben ou !Jades; elle est l'objet d'un pèlerinage important le septième jour du MOliloud. Ce mème jour, un mousum est célébré il la Illedel'sa de BlOU, qui est habitée par des descendants du frère de Sidi Sghil' ben Manyal'. Enfin les Ouled Sidi Hattab ont une LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BEI\BÈHES ~ANHAJA 63 colonie chez les Sraghna, tribu arabo-berbère située à l'ouest des Ntifa. L'obédience de la famille du saint s'étend sur une partie de la plaine de Tadla (Beni ylousa, Beni Mellal et Beni !;Jasen des Ourdigha), qu'il parait s'ètre partagée jadis avec ::-idi "lol)ammedjech Cherqi. En monlagne, elle a des disciples chez le" Ait ',\ttab, les Nlifa et les Gh0.ldama et FLwal,a de la région de Demnal. On en trouverait aussi plus loin: dans It~ !;Jaouz de Marrakech, en Chawiya et chez les Doukkala. Parmi les Zawwiyas et les tribus dont le nom rappelle celui de Sidi 'Ali, stlns qu'il soit possible de les lui rattacher avec certitude, citons la Zawwiya de Sidi 'Ali ou Brahim du haut Todgha, chez les Ait Snan, les Ait 'Ali ou Brahim des Ait Wlrrah et les Ait 'Ali ou Brahim de Tounfit (Ait Ya1)ya). En revanche, le", Mrabtya Ait Sidi 'Ali ou Brahim des Ait Sgougou (Z(!yyan) n'ont vraisemblahlement aucun rapport avec lui et leur nom est plutùt à rapprocher de celui du marabout entel'l'é près de la source de l'Oum el' Hbi' (cf. DE~ UAOCD, Noies sur le pays Zayyan, IDe. cil., p. n(i) De même, il ne semble pas qu'on puisse identifier notre personnage à Aboul I:lasan 'Ali hen tbl'ahim, cité par Ibn 'A"ker (Daouhal en Nachir, tr. GRAULLE, in Archives Marocaines, XIX, pp. 163-164) qui était connu sous le nom de Bast Tadla et étnit originaire des Fich­ tala; cc per"onnage est mort en effet en 1534, deux ans avant la nais­ sance d'Abou Bekr ben Mol)ammed cd Dilai, à laquelle nous avons vu pr6sidel' Sidi 'Ali d'Age!'t). La célébrité de ce dernier est assez cunsidérable en montagne pour qu'il soit devenu le centre de tout un folklore; on ne doit donc pns s'étonner que le ms. de Si BI'l lui firent une escorte hrillante de Q::;ar es Souq au Tafilelt (Es SLHVI, loc. cil" X, pp. 372·378). Ils conservent d'ail­ leurs dans teurs archives des dispemes d'impôts de plusieurs sullans.

    F, DE LA CIl,-\.PELLE.

    6804--30. - Tours, imp. ARRAULT ET C". ERRATUM

    Les é·p.'euves de ce volume n'ayant pu être relues entiè­ rement par l'auteur, il y a lieu de corriger les erreurs sui­ vantes:

    l ù Il faut lire partout: Zawiya pour' Zawwiya. 2° P. 19, note 3, oe ligne, lire: sud-est pour est; P. 27, note, §l, 5e ligne, IÎl'e: Talilelt pour 'lafillet; P. 45, 32e ligne, lire: Segiyet pour Segiet; P. 53, note 27, 3e ligne, lire: Ki/ab el lstibçal' pour Kilab el Istiçal'. P. 44, 21 e ligne, lire: ~r pour rS.J-? ; lire: ~\-À;:' pour ~\):.

    'l'ollie VI. ln-S. ....• ...... b'puisé. ~:tuùe SUI' l'histoi,'c ùes Juifs au Maroc, par' N. Siousch isuite). ­ Le~ trihus arabl's de la vallée du Lekkoùs, par Michaux-Bellaire et Salmun (sui/C). - L.-R. Blanc. El-Ma'âni conte, en dialecte marocain. - L. Mercier. Influence du berbèl'e et de l'espagnol sur le dialecle rna,·oc:Jin. - La mentalité. religieuse dans la région de Rabat et de Salé. - Coul'oUl'ier, De~Cl'iptjon géographique du Maroc é1'Az.Zyany (Ira­ duction). - Salmun. Liste des villes marucaines. Tome VII. In-8. ...•....,'..."" 100 1'1'. Tétouan, 2" partie. Hislorique, par A. ,Joly. - La géographie éwno· mique du Maruc, par M. Besnier. - Rabat, par L. Mercier. - 1. ad­ mini,.;tr·alïon marocaine il Rabat, par L. Mercier. - Deux conles marocains en dialecle de Taager, par L.-R. Blanc. - Le Dhahel' des Cibâl'a, par L. Coufourier. - L'alchimie il Fès, par G. Salmon. -' G. Salmon, chef de mission, flar A. L. C. Tome V[If. In-8... '. .. ". 1001'1'. Sur quelques noms de plantes en arabe et. en berbère, par G. Salmon. - Les mosquées et la vie l'eligieuse il Habat, par L. Mercier. ­ L'mdusl.t·ie à Tétouan, par A Joly. - Chron'ique de la vie de Moulay EI-Ililssail, pa l' 1." Coufourier. - Un récit marocain du bombardement dp, Salé par le conlre-amiral Dub urdieu, en 181i2, par L. Coufourier. ~ Tétouan (suite). par A. Joly. 'l'ornes IX et X. ln-S ,' .. , Épuisé. Ki/db Elisliqitâ li-Alihbâri Douat Elmâgrib elaqsâ. Le Livre de la l't'cherche approfondie des "vénements de;;; dynasLies de l'extl'ème Magrib. OEu vre du très docte savant, de l'unique des temps, le seul du siècle, l'océan de science, le chroniqueur, le cheïkh Ahmed ben Khàléd Ennàslri Esslâoui,.4' p:lrtie. Chroni'llle de la dynastie Alaouie du Maroc i 163t il 18~Hl, tI'aduite par Eugène Fumey, premier drogman de la Légation de France au Maroc.

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    (SECTION SOCIOLOGIQlJE)

    Les tomes 1 il XXXIII ont été publiés par les éditions Ernest Lel'Oux. Les tome" XXX et XXXI, par la librairie Paul Geuthnel'.

    Tome I. In-S, en il fascicules, ...... Épuisé G. Salmon. L'administration marocaine à Tanger. - Le commerce indigène à Tangel'. - La Qaçba de Tangel'. - Les im·titutions ber. bères. - Superstitions populaires dans la région de Tanger. - Les mariages musulmans à Tanger. - Les dolmens d'El-Mriés. - Michaux­ Rcllail·c. Les impôts marocains. - Besnier. Géographie ancienne du Maroc. - Recueil des inscriptions anliques du Maroc. - G. Salmon. Les Chorra Idrisides de Fès, ete. Tome II. In-~ en 3 fascicules. .,...... 100 fI'. G. Salmon. Essai sur l'histoire politique du Nord mnrocain. - Con­ fréries et Zaouyas de Tanger. - Marabouts. - Propriété foncière dans le I{'arb. - Michaux-Bellaire el Salmon. El-Qçar El-Kebir. Une ville de province au Maroc septentrional (avec une carte et 7 planches). - N. Siousch. La colonie des Maghrabimsen Palestine. - G. Salmon. L'opuscule de Chaikh Zemmoury sur les Chorra et les tribus du Maroc. - A. Joly. VOuerd des Ouled Sidi Bounou. Tome III. In-S, en 3 fascicules ..... " .••.•... 100 fI'. L'art musulman (Bihliographie), par Ronnard, Bouvat et Bioche. ­ G. Salmon. Les Chorfa Filala et Djilala de Fès. - Ihn Bahmoùn. ­ A. Joly. ~e siège de Tétouan par les lrilllls des Djebala (1903-1901) - Salmon. Contribution à l'élude du droit coulumier du ,",01'" maro­ cain. - De l'association agricole. Tome IV. ln-S. ... .'...... ,..... 100 fr. Les tribus arabes de la vallée du Lekootls, par Michaux-Bellaire et Salmon. - Tétouan, par A. Joly. Xiclunaet L. Mercier '(1; planches et 52 illustrations). - Étude sur J'histoire des Juifs au ~Iaroc, par N. Slousch. - Notes et renseïgnements, par L. Mercier, G. Salmon, . L. Bouvat. Tome V. In-S, en 3 fascicules...... •.. Épuisé.. 1. Michaux-Bellaire et Salmon. Les lribus arabes de la vallée du Lek­ koùs (sui/e). - G. Sa1mon. Catalogue des manuscrits d'une Bibliothèque' privée de Tanger. - L. Merder. Notes sur Rabat et Chelia. ­ L. Bouvat. Extraits de la presse musulmane. Z. Tétouan, 2' partie. Ilistorique, par A. Joly, Xicluna et L. Mercier. - Rezzoùk. Notes sur l'organisation politique et administrative du Bif. - Bené-Leclerc. Les Salines de Tanger. - L. Rouva!.. Extraits d€; la presse musulmane. . 3. Tétouan, 2' partie. Historique, par A. Joly, Xicluna, L. Mercier. - Michaux-Bellaire. La science des BouAyâ. - Une histoire de r~pl.

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