Des Agents Très Spéciaux
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Les fiches du Rayon du Polar The Man From U.N.C.L.E. - Des Agents Très Spéciaux Editions virtuelles Le Rayon du Polar Page 1/33 Les fiches du Rayon du Polar Robert Vaughn : Napoléon Solo David McCallum : Illya Kuryakin Leo G. Carroll : Alexander Waverly Barbara Moore : Lisa Rogers (saison 4) Norman Felton Sam Rolfe « The Man from U.N.C.L.E » est une série américaine composée de 105 épisodes d’une cinquantaine de minutes, dont 29 en noir et blanc, diffusée entre 1964 et 1968 aux USA et à partir de 1967 sur la seconde chaine de l’Office de Radiodiffusion-Télévision Française. Il s’agit donc d’une série que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre et que ceux de plus d’un certain âge ne connaissent que partiellement puisqu’elle a connu la même mésaventure que « Le prisonnier » ou « Au cœur du temps » : elle n’a été que partiellement diffusée ; en ce qui la concerne, il semblerait qu’elle est été amputé d’une grande partie de la saison un. La genèse Après avoir dirigé des théâtres et produit des programmes radiophoniques pour NBC, Norman Felton se tourne vers la télévision où il dirige, entre autres, le « Robert Montgomery Presents », un spectacle télévisé aujourd’hui inimaginable puisqu’il ajustait son titre à son sponsor et pouvait s’intituler « Robert Montgomery présente votre Lucky Strike »… Au début des années 60, Norman Felton projette de produire une série d’espionnage. Il contacte un auteur de romans consacrés à ce genre : Ian Fleming. Celui-ci, qui n’avait pas encore connu la gloire cinématographique, Dr No n’envahira les écrans que quelque temps plus tard, et qui rêvait probablement de cette gloire, accepte de se joindre au projet. Mais des obligations contractuelles forcent Fleming à se retirer de l’aventure télévisuelle. Les personnages Norman Felton s’associe alors à Sam Rolfe, un vétéran des séries TV, pour finaliser les idées émises par Fleming. Car si le personnage de Napoléon Solo est parfaitement défini, pour Fleming il était le seul héros de la série, celui d’Illya Kuryakin reste à l’état embryonnaire. Et ce n’est qu’au terme du tournage du pilote qu’il acquiert le statut de héros récurrent. Mais qui sont les espions de ce duo aujourd’hui mythique ? L’américain, Napoléon Solo, est le fils d’une immigrée française, dragueur aux costumes impeccables, qui paradoxalement manie humour britannique. Un rôle sur mesure pour l’élégant Robert Vaughn. Le personnage du soviétique, confié au très séduisant David MacCallum, est tout l’inverse de son coéquipier : discret, introverti et amateur de jazz. A ce couple d’hommes d’action, aussi dissemblable de caractère que de couleur de cheveux, s’ajoute un troisième larron : Waverly, le responsable de U.N.C.L.E Le rôle est confié à un vétéran des films d’Hitchcock (6 films à son actif), le très vénérable Leo G. Carroll. Le « compromis historique » Nous sommes au milieu des années 60 et la guerre froide atteint son paroxysme. •Le 12 octobre 1960, Nikita Kroutchev le dirigeant de l'Union Soviétique frappe violemment de sa chaussure le pupitre de l'Assemblée Générale de l'ONU afin de protester contre le rejet de son plan de désarmement par les américains •En novembre 1961, les américains installent en Turquie des missiles Jupiter dirigés vers URSS. •Entre 16 octobre au 28 octobre 1962 le monde est secoué par crise des missiles : l’Union soviétique a installé à Cuba des missiles nucléaires qui pointent sur le territoire des États-Unis. Editions virtuelles Le Rayon du Polar Page 2/33 Les fiches du Rayon du Polar •Et pendant ce temps, la division de l’Europe en deux blocs se renforce… Le 22 septembre 1964, sur le réseau NBC, est proposé le premier épisode de la série « The Man from U.N.C.L.E. ». C’est probablement avec stupéfaction que le public américain découvre l’U.N.C.L.E, une organisation internationale qui combat le crime, compte dans ses rangs des agents des deux camps et est conjointement financée par de nombreux pays, dont les États-Unis et l'U.R.S.S ! Ainsi donc, au-delà des divergences politiques et des luttes d’influences géostratégiques, il peut exister une convergence d’intérêts entre l’Est et l’Ouest, un lieu où le compromis est possible. Durant les 105 épisodes de la série, l’agent soviétique Illya Kuryakin et l’agent américain Napoléon Solo vont combattre conjointement, sous les ordres du britannique Waverly, les truands de la pire espèce, les savants fous ou mégalomanes, les dictateurs sanguinaires et paranoïaques, toujours issus de pays échappant, ou souhaitant échapper, au contrôle de l’un des camps. Le bien combat le mal ; U.N.C.L.E lutte contre T.R.U.S.H ; “United Network Command for Law Enforcement” affronte “Technological Hierarchy for the Removal of Undesirables and the Subjugation of Humanity”; et qu’importe la couleur politique des soldats, puisque le bien est le bien alors que le mal est le mal. Cette idée, qu’au-delà des divisions politiques il peut exister un terrain d’entente, structura la vie politique italienne dans les années 70. Enrico Berlinguer, dirigeant du Parti communiste italien, développa une stratégie de prise du pouvoir qui consistait à proposer à son adversaire Aldo Moro, dirigeant de la Démocratie Chrétienne, un accord visant à mettre un terme à la division du pays en deux et à gouverner de concert. Si ce scénario n’avait rien d’impossible à Hollywood, il se heurta à la dure réalité des accords de l’Yalta et de Potsdam. Paul VI et des États-Unis, mais aussi URSS, combattirent de pied ferme cette perspective… Une esthétique moderne Mais laissons de côté cette brève digression politique pour une autre plus esthétique. A quelques nuances prêtes, la structure de chaque épisode est en tout point identique. Après la brève apparition du « logo » de la série, débute une de scène de pré générique, qui plonge le spectateur au cœur de l’action. Sa fonction est évidente, il s’agit d’accrocher immédiatement le téléspectateur à l’écran et de ne pas le lasser par un générique interminable. Ceci fait, l’action est interrompue par ledit générique qui présente de façon rapide les trois acteurs récurrents ainsi que les « guest star », souvent féminines, participant à l’épisode. Un intertitre nous annonce ensuite l’intitulé de l’épisode, qui renferme toujours le mot « affaire », et le début de l’acte I, plus tard une autre incrustation nous informera du début de l’acte II. Ce découpage, qui ne correspond pas au rebondissement de l’action, mais qui marque l’esthétique de l’épisode, devait probablement absorber les coupures publicitaires. A l’opposée de cette segmentation, qui n’a donc que peu de rapport avec l’action, un autre effet visuel directement lié à l’action est fréquemment utilisé, il s’agit d’une sorte de filage qui permet de sauter d’un lieu à l’autre et qui souligne aussi bien immédiateté que la rapidité ou le caractère global de la planète. Car un des autres aspects novateurs – et anachroniquement contemporain - de la série est contenu dans sa vision mondialiste. Nous sommes au milieu des années 60, dans beaucoup de pays le téléphone n’en est qu’à ses balbutiements et il n’est pas rare de devoir passer par une opératrice pour établir une communication téléphonique. Autant dire que Rome, Berlin ou Londres sont quasiment à des années lumières de Washington. Cette réalité n’interdit pas à nos agents d’entrer instantanément en communication avec Waverly grâce à un stylo téléphone qui se connecte sur le canal D. Et les idées de gadget de cet ordre sont monnaie courante dans la série, comme le sont les images d’écran de télésurveillance mondiale –ancêtre probable de la webcam - ou les parois de voyants lumineux – ancêtre probable du siège de Google. A la rapidité et au modernisme vient s’ajouter un troisième élément : chaque épisode contient sa dose sexy. Lorsque Napoléon Solo et Illya Kuryakin se rendent au siège de l’U.N.C.L.E, ils traversent la boutique d’un tailleur, « Del Floria's Tailor Shop », dont une cabine d’essayage permet d’accéder aux bureaux de l’organisation où une charmante hôtesse leur remet leur badge - nº 11 pour Solo et nº 2 Kuryakin. En un instant, le triptyque esthétique de la série se dévoile. •Rapidité : instantanéité du passage d’un univers à l’autre ; de celui du quidam à celui des espions •Modernisme : aussi bien dans le mécanisme qui permet ce passage, qu’à travers les décors du siège de l’U.N.C.L.E •Sexy : aussi bien dans l’accueil qui attend nos espions que dans l’annonce de la guest star. Sur le chemin du succès et autres avatars « Le premier épisode, tourné en couleur, mais diffusé en noir et blanc, passe le 22 septembre 1964 à 20h30 sur NBC. La série n'a pas un grand succès, mais la chaîne persiste. Après trois mois, les jeunes sont en congés de Noël et rentrent des universités. Sur les écrans de leurs parents, ils découvrent la série et c'est le début d'un engouement qui perdurera bien après la fin de la série. » Baptiste Marcel sur http://www.dunwich.org/. •Face à ce succès, certains épisodes, ceux qui étaient constitués de deux parties, sortirent en salle, en particulier « The Vulcan Affair » et « The Double Affair » - adapté sous le titre « The spy with my face ». •Entre 1966 et 1970, les éditeurs américains Ace et Four Square, tentèrent de tirer profit du succès de la série et publièrent une vingtaine de récits mettant en scène Napoléon Solo et Illya Kuryakine.