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(Studio Lorelle) FÉLIANE DE BEAUMONT N'est-elle pas frappante la ressemblance de cette délicieuse artiste française, Prix de beauté d'un grand concours international, avec la troublante vedette allemande Brigitte Helm? M Seins Le Numéro : 1 fr. 50 9« ANNÉE. — N° 27 (3 * trimestre) 5 Juillet 1929 Développés. Reconstitués Embellis, raffermis par les Pilules hQule coulure

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L'AMOUR CHANTE (Marcel Carné) , 30 3

LE FILM ET LA BOURSE (Cinédor) 32 =j Vient de paraître : Joë-Jô LE COURRIER DES LECTEURS (Iris).. 33 3 ma Couturier de l'Homme cuic PROGRAMMES DES PRINCIPAUX CINÉMAS DE PARIS 35 3 19, Bd Poissonnière, Paris-9e campagne ^lltlllllllllllllllllllltllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllf ■llllllllllllllllllllllllllllllllllllltlllllllllllllllllllllllllilllllll^ (initie pratique au petit propriétaire MARIAfiFÇ légaux, toutes situât., parf. honor. Edition 1929. — Fascicule n° 2. mnniHUCO rel. sér.de2à7. J"" 1.50timb.p rép COLLECTION COMPLÈTE DE " CINÉMAGAZINE " Tout ce qu'il faut connaître pour construire, M">«> de THÉNÈS,18,fg. St-Martin, Paris-10» aménager et entretenir une propriété. 32 VOLUMES Ouvrage illustré de 180 dessins et photographies. Un fort volume : 7 fr. 50 Franco : 8 fr. 50 DENTIFRICE ANTISEPTIQUE Cette Collection, absolument unique au monde et qui constitue En vente partout et aux une bibliothèque très complète du Cinéma, est en vente au prix PUBLICATIONS JEAN - PASCAL 3, Kuc Rosstnt, P/IKK (MX > DENTOL de 800 francs pour la France. Le fascicule n° 7, dont il nous reste quelques exem- plaires, est en vente à nos bureaux au prix de ,EAU o PATE' PUVDEM- SAYON Étranger : 975 francs, franco de port et d'emballage. 7 fr. SO, franco S fr. 50. Prix des volumes séparés : 27 francs net. — Franco : 30 francs. — Étranger : 35 francs. Établissements ANDRÉ DEBRIE 111-113, Rue Saint-Maur, PARIS On a commencé la réalisation de

Le Ciné-Cabine La JACK Y Fin du Monde vue et entendue par ABEL GANCE

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du Çrodi,ittvup $t cÛJpwyuô-tew* Réalisme formidable, celle scène des Rapaces, qui fut tournée dans la Vallée de la Mort » est sans doute un des sommets dramatiques de toute l'œuvre d'Eiuc VON STROHEIM.

! La Carrière cinématographique d'Eric von Stroheim

For France, The Unbeliever, The hun ENDANT des mois, von Stroheim fait à pied le trajet qui sépare Los within, Hearls of the world, de Griffith; P Angeles des studios Griffith. Par- et Pour l'humanité. fois, il récolte un cachet, un vrai cachet Dans ce dernier film, Stroheim s'em- de misère ! A cette époque, sa facture parait d'un bébé dans un berceau, puis d'hôtel, impayée, s'élève à 83 dollars le lançait par la fenêtre. Les affiches et il est menacé d'expulsion. Que va-t-il annonçaient l'homme que vous aimerez devenir ? Quel métier va-t-il encore haïr, l'homme qui incarne les bourreaux PUBLICATIONS jmii-PASCfiL de l'humanité, et autres « gentillesses ». faire ? Enfin la chance tourne en sa faveur. Lui qui faisait, véritablement, preuve Son physique satanique lui vaut le rôle d'une sorte de génie dans l'art de se du Pharisien dans Intolérance, de D. W. faire haïr fut tellement pris au sérieux Griffith. Puis il est remarqué par John que personne ne voulut plus lui donner Emerson, qui l'engage comme assistant, de travail. Une seule ressource lui res- aux appointements de 18 dollars par tait pour se disculper aux yeux de semaine. Ainsi, de 1915 à 1917, il l'Amérique : s'engager dans l'armée. Il seconde ce metteur en scène qui produit passa six mois sous les armes et, rendu une douzaine de films avec Norma à l'activité civile, naturalisé, américain, il se retrouva découragé, abattu. Talmadge. L'Annuaire qui fait autorité A la faveur de la guerre, il incarne . Laemmle lui rendit l'espoir en lui une série de personnages antipathiques, proposant l'exécution d'un film. Aussi- officiers allemands ou autrichiens, cy- tôt Stroheim entreprend Blind Hus- niques et sadiques, qui commandent les bands (La Loi des Montagnes), son plus exécutions en masse, les assassinats, les admirable film en tant que potentiel NOUS COMMENÇONS A METTRE L'ANNUAIRE EN DISTRIBUTION incendies et, eux-mêmes, insultent, dramatique, dont il est à la fois l'auteur, le réalisateur et lè principal interprète. Les non-souscripteurs pourront le recevoir aux conditions ci-dessous : cravachent, tuant les enfants, violant Son rôle est celui d'un officier autrichien Paris (franco domicile) 30 fr. les mères. Personnages un peu conven- tionnels, certes, mais qu'il marque de dépravé qui convoite en vain la femme Départements et Colonies 35 fr. sa griffe caricaturale, figures de cauche- d'un ami, terrorise tout un village et finit par être dévoré par un vautour, au Etranger ; 50 fr. mar inoubliables qui hantaient toutes ces visions du cataclysme européen : sommet d'une montagne, (intfmagazine

Sa production suivante, The Devi'ls Passkcy (Le Passe-partout du Diable), contre la femme en général. Je. tuerais reste certainement, de tous les films qu'il l'homme qui mènerait mes enfants voir a produits, le moins typique. ce film. » Fin 1919, il commence à tourner Ainsi, dans toute la presse, analogie Foolish Wives (Folies de Femmes) sur des blâmes ; mais toutes les Américaines un scénario de lui. Il demande un cré- pudibondes, pouf subir cette insulte, dit de 50.000 dollars pour réaliser ce se précipitèrent d'un seul élan. Le résul- film, puis il en demande 100.000. tat dépassa toutes les espérances, le film On lui accorde ce qu'il demande. Alors fit des recettes astronomiques. ce n'est plus 100.000 dollars qu'il exige, L'Américain ne comprénd pas la sa- mais 200.000, et ainsi de suite pen- tire. En tous cas, point celle qui le vise. dant deux ans. Le film terminé re- La trouvaille remarquable du film con- vient à 1.103.736 dollars. Cette colossale sistait dans le fait que Stroheim avait production comprend 107 bobines de fait une caricature de son propre type, film, soit 43.000 mètres, mais, dans l'im- tandis qu'il traitait l'ambassadeur amé- possibilité de l'exploiter utilement, on ricain et sa femme avec la plus grande doit obliger l'auteur à la réduire en rigueur réaliste, exactement comme 32 bobines, et c'est Arthur Ripley qui dans n'importe quel film courant. Le en tire les douze parties représentant résultat fut évidemment le contraire. les 4.500 mètres d'un film courant. Pour les spectateurs, Stroheim devenait Pour les besoins de la mise en scène, le personnage captivant, irrésistible- von Stroheim n'avait pas hésité à faire ment séduisant dans son cynisme même, reconstituer le casino de Monte-Carlo tandis que les caractères traités sérieu- en Californie. sement devenaient ridicules. La rail- Lorsque le film parut, ce fut une lerie était si évidente que les enfants explosion d'indignation. « Le film devrait mêmes pouvaient la saisir. Ce procédé être prohibé, disait le Morning Tele- irrita les Américains et certains n'ont graph. C'est un cas de haute trahison à jamais pardonné à cet Autrichien de i'égard de l'Amérique et une insulte les avoir caricaturés. Fleurs de pommier, lanterne Ùnltienne. ce labUau Il entreprit ensuite Merry Go-Round, la manière de STROHEIM si celui-ci n'y imposait sa silhouette puissante. mais, lorsqu'il eut atteint le triple des Stroheim mit toute son âme dans dépenses prévues sur le devis de réalisa- ce film. Il voulut qu'il fût le triomphe tion, Laemmle lui retira le film et le fit cinégraphique de l'âpre, puissant et sor- achever par Rupert Julian. Bande très dide naturalisme. Ce satanique inspiré inégale, par conséquent, mais où l'on n'y a-t-il pas placé en leit-motiv la devine de temps à autre la main impé- vision en gros plan d'une dent cariée. rieuse du maître. C'était peut-être un peu fort pour le Stroheim entra alors à la Metro- spectateur américain qui va admirer les Goldwyn. Son premier film pour cette petits canards de Pollyanna. De trente firme fut Greed (Les Rapaces). Tiré parties, ce film a été ramené à dix, par d'une nouvelle de Frank Norris, Greed la scénariste June Mathis. Une fois de est l'histoire d'un ancien conducteur de plus, Stroheim s'est arraché les cheveux wagonnets dans une mine, qui apprend de désespoir ! l'art dentaire avec un dentiste ambu- Le tour de force de réalisation fut lant, ouvre un office à San-Francisco, ici d'un autre ordre que dans FtAies de se marie et sombre dans la plus totale femmes. La fin du film se déroulant amoralité à travers l'avarice foncière dans la « Vallée de la Mort », Stroheim de sa propre nature, de sa femme et de ne voulut pas aller tourner dans le ses associés. Il tue sa femme pour la dé- Désert Mojave ou dans la Vallée Impé- valiser et s'enfuit dans la « Vallée de la riale, grandes étendues de sable fré- Mort ». Un policier ayant eu le courage quentées par les cinégraphistes, mais de le poursuivre jusqu'au cœur du dé- sur les lieux authentiques décrits par sert, Mac Teague le tue, mais il s'aper- l'auteur. La Vallée de la Mort est un çoit qu'il est rivé au cadavre de sa vic- désert dont le sol, recouvert de sels time, qui lui avait passé les menottes. alcalins, brûle les chaussures les plus Et il traînera ce lourd fardeau pendant résistantes. L'atmosphère est empoi- des kilomètres et des kilomètres jusqu'à sonnée par les émanations, elle asphyxie ce qu'il meure lui-même de soif, le corps à moitié ceux qui s'y aventurent et leur atrocement brûlé. ronge cruellement la peau. Sa tempéra- pudeurs, toutes les timidités, tous les ture atteint 120° et même 130° Fah- UNE -BEAUTÉ FRANÇAISE renheit. préjugés. Stheimro y emmena 52 personnes, Dans la version originale desRapaces, y resta trente-sept jours, prit des scènes une dent cariée repasse plus de trente d'un-réalisme à faire dresser les che- fois à l'écran, d'abord sanguinolente, Féliane de Beaumont veux des plus flegmatiques • et n'eut, puis de plus en plus répugnante, grâce à son extrême prudence aucun symbolisant les phases successives de NE des plus sûres conditions de la accident à déplorer. la déchéance humaine et de la dissolu- réussite d'un film réside dans l'at- Une maison de plusieurs étages incen- tion sociale. Il ne craint rien, appelle U trait offert par ses interprètes. diée il y a trente ans et reconstituée, un meurtre un meurtre et le montre On passera volontiers sur la médiocrité parce que décrite par l'auteur, une ruine tel qu'il le suppose, ou peut-être tel du scénario et on sera indulgent pour transformée en studio, autres tours de qu'il l'a vu... les faiblesses de sa réalisation si les force qui n'étonnent plus personne après Dans Foolish Wives, il s'impose encore interprètes sont sympathiques. Les le petit voyage au désert. de jouer le rôlele plus abominable qu'on Américains ne l'ignorent pas, aussi Le second film de von Stroheim pour puisse rêver et, mort, fait traîner son mettent-ils tout en œuvre pour mon- la même firme fut The Merry Widow cadavre jusqu'à une bouche d'égoût, trer dans leurs films de jeunes et jolies (La Veuve Joyeuse), avec Mae Murray. où il s'abîme parmi les détritus et les artistes et des « boys » bien bâtis, spor- Pour Paramount, Stroheim devait excréments. tifs et plaisants à regarder. Les met- réaliser The Wedding March (La Sym- Evidemment, ce réalisme-là se teurs en scène français semblent dédai- phonie Nuptiale), .dont il a été déjà teinte d'une nuance de sadisme lucifé- gner un peu trop cet élément considé- parlé dans ce journal. Aussi je ne m'éten- rien, mais ce n'est pas là son moindre rable de succès. Le considèrent-ils drai guère sur ce sujet, si ce n'est pour charme, attirant et pervers. « Je tuerais comme trop facile ou ne trouvent-ils pas signaler pourtant que ce film fut encore l'homme qui emmènerait mes enfants chez nous de jeunes artistes possédant exécuté par l'auteur en trente bobines voir ce film », dit un critique américain. les qualités plastiques qui produisent et réduit finalement à neuf par Josef « C'est une œuvre géniale et mons- une si heureuse impression sur le spec- von Sternberg. . trueuse ». tateur ? Son plus récent film est intitulé De tels jugements font rêver les plus Pourtant les jolies filles et les Queen Kelly et Gloria Swanson en est sceptiques, mais ne troublent pas la jolis garçons ne manquent pas chez nous la vedette (United Artists). sérénité du comte Eric von Stroheim, et les étrangers se plaisent à le recon- Eric von Stroheim reste, en défini- ancien lieutenant de la Garde impériale, naître. Pourquoi ne fait-on pas plus tive, une des plus puissantes personna- ancien poseur de rails, ancien marchand d'efforts pour découvrir, en même temps lités de la cinématographie mondiale. Il de cerfs-volants, ci-devant homme- que des talents ignorés, des beautés iné- est, si j'ose dire, le « grand romantique orchestre de la misère, dorénavant dites ? du cinéma réaliste», etcen'est pas l'équi- cinéaste américain. Je me faisais ces réflexions en con- libre ni la mesure qui constituent les Au milieu des pires démêlés avec ses templant, dans le coquet boudoir où plus hautes qualités de son art. Toutes commanditaires et ses éditeurs, avec la elle m'avait fait prier de l'attendre, un sortes de défauts insupportables enta- censure et avec la critique, avec les délicat pastel de l'une de nos plus jolies chent ses meilleurs films, par ailleurs snobs et les pères de famille au nom artistes françaises. J'étais littéralement -illuminés des plus authentiques éclairs des bons principes outragés, le comte éberlué par sa ressemblance avec Bri- de génie. Son défaut capital est de ne von Stroheim poursuit son œuvre d'une gitte Helm, la vibrante protagoniste pas être maître de sa matière, comme beauté sombre qui côtoie l'ironie, l'a- de Métropolis. il est maître de son inspiration. En lui, mertume et le désespoir, frise l'horreur C'est au débarcadère du train trans- le réalisateur voit toujours plus grand et la folie. atlantique, à la gare Saint-Lazare, où que l'auteur ne le lui suggérait. Ses trois On peut attendre d'un tel homme j'étais venu attendre un ami, que j'avais plus grands films ont été, par une suite les réalisations les plus étranges, car eu le plaisir de retrouver Féliane de de restrictions successives, ramenés d'a- jusqu'où n'ira-t-il pas! Nous les atten- Beaumont que j'avais connue, il y a bord à trente, puis à dix ou douze bo- dons, ces réalisations, avec une curiosité - quelques années, à l'occasion d'un con- bines. un peu inquiète, une sorte d'angoisse, cours de Beauté, où elle décrocha le Alors, von Stroheim va de compa- comme nous en éprouvons à l'approche premier prix. Le music-hall l'avait im- gnie en compagnie, toujours mécon- de tout ce qui peut nous révéler un médiatement accaparée, elle avait même tent, jurant qu'on ne l'y reprendra plus, aspect de l'inconnu, du mystère de la fait quelques essais de cinéma, assez toujours déçu. On ne peut raisonna- pensée et de l'instinct formidable, des malheureux, et qui ne lui laissèrent blement le juger sur ce qu'il a fait, ressorts secrets du cœur, de l'homme qu'un mauvais souvenir de studio. mais, d'après les fragments les plus enfin, dans ses monstruoistés les plus — J'arrive de New-York, me dit- typiques de ses films, sur ce qu'il pourra horrifiantes, comme dans sa beauté elle. Quelle joie, de me retrouver à faire quelque jour. et ses grandeurs. Paris après deux années d'absence. Son audace est sans frein, ne se con- — Qu'avez-vous fait là-bas ? Du ci- i naît pas de limites, violente toutes les JEAN ARROY. néma ? — Du tout, mais si vous tenez à être LE FILM ANGLAIS EN DANGER renseigné, venez me voir. plusieurs films anglais dont la direction, que des Anglais, fatalement plus ou lé jeu, la décoration, la photographie et moins aimés du public. D'autre part, la technique étaient très au-dessous de l'Angleterre limite ainsi son marché, les — Excusez-moi, me dit-elle aima- Nous avons tous applaudi, il y.a blement, des visites, des parents que je ce qui se faisait à la vieille London Film exploitants du monde entier donnant quelques mois, l'essor nouveau que sem- Company avant la guerre. leur préférence aux films interprétés par n'avais pas revus depuis mon retour. blait prendre le film anglais, la création « Il y a des hommes qui font des films des vedettes célèbres. Avec une bonne grâce parfaite, l'ar- de nombreuses compagnies productrices, aujourd'hui et auxquels manquent les « Pourquoi l'Angleterre n'inclut-elle pas tiste que je retrouve plus fraîche, plus leur programme e,t l'engouement que qualités les plus élémentaires pour ce dans sa distribution quelques artistes jeune que jamais, m'a fait part de ses souscripteurs et spectateurs montraient genre de travail, il est bon de leur rap- très connus ? Les films anglais auraient impressions de voyage, mais ce qui à ce renouveau : L'Angleterre voulut peler que l'argent qu'ils dépensent ainsi un meilleur marché international ; avoir, elle aussi, son industrie cinéma- provient dans la plupart des cas du le public du monde entier apprendrait tographique, fatiguée qu'elle étaitd'être à public. en même temps à apprécier les inter- la merci des pays étrangers, de l'Amé- « Le film anglais est appelé à dispa- prètes anglais qui deviendraient ensuite rique en particulier. Le gouvernement, raître si, et le temps en est venu, les suffisamment connus pour être « stars » moralement, soutint cette campagne. compagnies ne se débarrassent impitoya- eux-mêmes. Le résultat, hélas 1 ne fut pas à la hau- blement de leurs non valeurs, ne mettent « Le succès international du film améri- teur de l'effort, nous le savions déjà, mais de l'ordre dans la maison et ne trouvent cain vient en grande partie de ce que voici que M. Herbert Thompson, direc- les compétences indispensables. les distributions sont composées d'ar- teur du London Film Weekly, pousse un « Heureusement, une ou deux compa- tistes aimés dans le monde entier. cri d'alarme dans son journal et écrit : gnies envisagent courageusement la par- Ne payons-nous pas d'énormes salaires « Si l'ensemble de la qualité des films tie, et nous avons quelques directeurs à , , Vilma anglais ne s'améliore pas rapidement, il capables de pensées et de les mettre en Banky, Ronald Colman, Dolorès del est certain que notre industrie cinéma- pratique. Malheureusement, le bon tra- Rio, Clive Brook, Ramon Novarro et tographique court au désastre. C'est une vail de ces compagnies et de ces hommes à d'autres artistes, à des metteurs en pénible constatation à faire, mais, tout esttrès handicapé par une majorité dont la scène que nous avons importés. Mais bien pesé, je pense que tout ceci doit devise est : « Louons tout ce qui est l'Amérique est assez pratique pour se être dit. » anglais. » rendre compte que les talents étrangers Ce rude langage vaut également pour A ce courageux exposé, M. Tamar donnent une plus-value énorme tant notre pays etnous aurions tort d'en sous- Lane, directeur du Film Mercury, répond aux films auxquels ils collaborent qu'à estimer les enseignements. dans un récent numéro : la production en général. « Le plus grand ennemi du film anglais « Mon opinion personnelle est que la «L'Angleterre peutfaire la même chose, est la presse qui louange indistinctement faillite du film anglais vient en grande à condition qu'elle ait la vue assez les bons ou les mauvais films. Il faut partie de l'absurde politique qui entraîne juste pour prendre dans chaque pays admettre que le but est louable : celui les producteurs anglais à faire du film ce qu'il y a de meilleur comme esprit d'encourager les exploitants à prendre spécifiquement anglais. et comme talent. » du film anglais et les spectateurs à l'aller « Ce ne sont pas seulement les Améri- La logique de ce réquisitoire est pé- voir, mais... oui, mais !... cains qui ont placé l'Amérique à la tête remptoire et ce qui est vrai pour l'An-