ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ RAPPORT GÉNÉRAL

Juin 2006

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Vue partielle de la vallée du Yamé après une pluie

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CONTENTS

Resume ...... 1 Introduction ...... 3 I. Contextes de l’Etude ...... 5 1.1 Contexte Institutionnel et Politique...... 5 1.2 Contexte Geographique (cf. carte) ...... 5 II. Objectifs de l’Etude (rappel)...... 7 III. Demarche Methodologique ...... 8 IV. Resultats ...... 10 4.1 Apercu sur l’evolution des Ressources ...... 10 4.2 Types, Natures et Objectifs des Plantations ...... 11 4.3 Les Modes de Gestion des Plantations...... 14 4.4 Analyse de la Filiere...... 15 4.5 Les Impacts des Plantations dans la Vallee du Yame...... 29 V. Roles et Responsabilites des Acteurs pour la Recherche de Solutions aux Difficultes Liees a la Filiere...... 36 VI. Conclusions et Recommandations ...... 39 Annexe I: Termes référence étude filière Eucalyptus vallée Yamé...... 41 Annexe II : Guide d’Entretien ...... 45 Annexe III : Liste des Personnes Rencontrées (Enquêtes Terrain) ...... 53 Annexe IV: Liste des Participants à Atelier de Restitution ...... 55 Annexe V: Rapport de Formation sur les Actions de Promotion de la Gestion des Ressources Naturelles ...... 56

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LISTE DES ABREVIATIONS

AFAR Action Pour la Formation et l’Auto – Promotion Rurale BTP Bâtiments et Travaux Publics CRU Comité des Utilisateurs de la Recherche Agronomique DRCN Direction Régionale de la Conservation de la Nature GDRN5 Gestion Décentralisée des Ressources Naturelles GRN Gestion des Ressources Naturelles NEF Near East Foundation OGES Organisation pour la Gestion de l’Environnement au Sahel ORM Office Riz Mopti PASAOP Programme d’Appui aux Associations et Organisations Paysannes PLCE Projet de Lutte Contre l’Ensablement RESA Projet Environnement et Sécurité Alimentaire SCN Service de la Conservation de la Nature VRP Village Reforestation Project

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RESUME

Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet ‘‘Village Reforestation Project’’ (VRP), financé par l’USAID dans les cercles de Mopti, et Djenné, l’Eucalyptus camaldulensis fut produite pour la première fois en 1981 dans la région de Mopti à partir de la pépinière de . Méconnue par les paysans, sa vulgarisation rencontra leur réticence où I. Togo fut le premier volontaire à expérimenter l’espèce sur une parcelle à Persougué située dans la vallée du Yamé. En 1986, Togo commença la première coupe de sa parcelle où les produits (traverses et perchettes) furent vendus à une entreprise locale. Depuis, comme une ‘‘traînée de poudre’’, l’initiative de Togo suscita une véritable révolution de l’Eucalyptus dans la vallée du Yamé. Cependant, après plus de 20 ans d’avènement de l’Eucalyptus dans la vallée du Yamé, il demeure que les impacts des plantations sur les conditions de vie des populations ne sont pas documentés. La présente étude s’inscrit dans ce cadre pour capitaliser les expériences et d’évaluer leurs impacts. Le présent rapport est un recueil des résultats des enquêtes dans 10 villages ayant touchés une soixantaine d’acteurs de différentes catégories (planteurs, marchands de bois, consommateurs, élus locaux, ONG, services d’Etat), suivi d’un atelier de restitution. Au terme d’environ 25 ans d’introduction de l’Eucalyptus dans la zone, les impacts sont de nos jours assez immenses et ont affectés positivement tant la vie économique, que sociale et écologique des communautés villageoises et de leur environnement. En effet, du point de vue économique, le bois (perches/traverses, perchettes/étais, bois de cuisine) de l’Eucalyptus procurent des revenus qui permettent de satisfaire : - les besoins d’auto – consommation ; - l’achat des céréales et de denrées ; - l’habillement de la familles ; - l’acquisition d’équipement. Dans certains cas ils permettent d’épargner dans l’achat du bétail et d’investir dans d’autres activités génératrices de revenus. Sur le plan écologique, les plantations d’Eucalyptus ont permis la réduction de la pression sur les formations naturelles, la reconstitution de la couverture végétale ligneuse, la réapparition de la petite faune et la reconstitution et la restauration des sols. Quant au plan social, les tendances qui se dégagent sont que les plantations ont permis de: améliorer le niveau de vie des ménages ; - influencer les comportements ; - créer des emplois; - a permis l’émergence de structures villageoises organisées ; - contribuer à la réduction de la pauvreté. La responsabilité et l’autonomie des planteurs dans les prises de décision ont été des facteurs très déterminants dans l’appropriation de l’innovation par les communautés rurales. Le renforcement des capacités des premiers promoteurs, s’est traduit par une véritable appropriation de la technologie où pour la suite, de nombreux nouveaux producteurs ont su développer un savoir – faire réel en matière de pépinière et de conduite des plantations qui a fait une grande ‘‘tâche d’huile’’ dans la zone du Yamé. ‘‘L’eucalyp –culture’’ est rentrée dans les pratiques et les mœurs du milieu et devient de plus en plus une tradition. Cependant un certain nombre de difficultés entravent la promotion de la filière. Il s’agit entre autres de : - l’insécurité foncière : - l’enclavement et l’inaccessibilité aux marchés: - le faible niveau d’organisation des producteurs: - la faible valorisation des produits. D’autres facteurs limitant ‘‘l’optimalisation’’ de la filière portent sur : - le faible niveau de recherche et suivi des acteurs de la filière ; - l’absence de rapports et de cadres de concertations entre les producteurs et les élus locaux dans un contexte de décentralisation. C’est ainsi que pour lever ces difficultés, l’étude et son atelier de restitution ont formulé aux producteurs, marchands, structures d’appui et aux élus locaux des recommandations dont :

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• la large diffusion des résultats de l’étude en vue de stimuler ou d’inspirer d’autres initiatives ; • la promotion et le renforcement d’un mécanisme de suivi des acteurs ; • la collecte des informations en vue de leur large diffusion auprès des décideurs ; • le renforcement des acquis des plantations d’Eucalyptus ; • l’organisation des différents acteurs de la filière en associations ; • la recherche sur les possibilités de valorisation et de transformation des produits (bois, feuilles, sève). • l’organisation de cadres de concertations et d’échanges entre élus locaux et les acteurs, notamment les producteurs et les chefs coutumiers ; • l’organisation de cadres de concertations périodiques entre agriculteurs et éleveurs en vue de prévenir les conflits ; • l’appui technique et financier des élus locaux et des organismes externes (services techniques d’Etat, ONG) pour une meilleure promotion de la filière.

INTRODUCTION

L’Eucalyptus serait introduite pour la première fois au vers les années 1970 dans le cadre de la recherche sur les plantations forestières irriguées ayant pour objectif d’expérimenter certaines espèces et provenances d’Eucalyptus dans les conditions irriguées de l’Office du Niger. Assez vite, l’espèce camaldulensis de provenance australienne s’est révélée la mieux adaptée de par sa croissance, le taux de survie à la transplantation. L’essence fut adoptée pour la réalisation de plantations industrielles dans les forêts classées autour de Bamako et Sikasso à travers les projets : l’Opération Aménagement et Production Forestière (OAPF) et l’Opération Aménagement de la région de Sikasso (OARS) avant d’être presque systématiquement utilisée dans les nombreux projets de reboisement villageois dans toutes les régions à partir des années 1980 (Cissé M & Coulibaly F, avril 2006). C’est ainsi que dans le cadre du Village Reforestation Project (VRP), financé par l’USAID dans les cercles de Mopti, Bandiagara et Djenné, l’Eucalyptus camaldulensis fut produite pour la première fois en 1981 dans la région de Mopti à partir de la pépinière de Fatoma. Un des participants (fonctionnaire en activité) à l’atelier de restitution a fait remarquer que dans le cadre de la vulgarisation de l’espèce, les responsables administratifs auraient profité lors de la semaine culturelle de Bandiagara en 1982 pour présenter l’Eucalyptus aux publics et les encourager à l’expérimenter; Méconnue dans la région, la vulgarisation de l’espèce rencontra la réticence des paysans. Le premier volontaire à expérimenter l’espèce fut Indielou Togo1 en 1982 sur une parcelle à Persougué située dans la vallée du Yamé.. En 1986, I. Togo commença la première coupe de sa parcelle où les produits (traverses et perchettes) furent vendus à une entreprise locale. Depuis, comme une ‘‘traînée de poudre’’, l’initiative de Togo suscita une véritable révolution de l’Eucalyptus dans la vallée du Yamé. Appelé localement ‘‘legel togo’’2 pour certains, ou ‘‘ chinois - jiri’’3 pour d’autres, l’Eucalyptus fut adopté par tous. C’est ainsi qu’à l’époque, parents, amis et voisins de Togo le sollicitèrent pour obtenir des plants ou des semences. Plus tard d’autres paysans adoptèrent l’espèce à travers des agents du VRP et Service Forestier. Les produits de l’Eucalyptus (les perches et les perchettes/étais) se sont avérées appréciés par les consommateurs et utilisées comme charpentes des maisons en banco et des hangars et comme poteaux ou étais pour soutenir les dalles des maisons en dur. C’est ainsi que dans la zone, le bois d’Eucalyptus remplacera petit à petit les perches et perchettes des espèces locales (Borassus aethiopium, Anogeissus leocarpus, Pterocarpus lucens, etc.), dans différents usages en raison de la rareté de ces dernières. Après plus de 20 ans d’avènement de l’Eucalyptus dans la vallée du Yamé, il demeure que les impacts des plantations ne sont pas documentés. La présente étude s’inscrit dans ce cadre pour capitaliser et documenter les expériences de plantations d’Eucalyptus dans la vallée du Yamé et leurs impacts sur les conditions de vie des populations et leur environnement. Synthèse des résultats de l’étude de terrain et de ceux de l’atelier de restitution aux acteurs de la filière, le présent rapport tente de présenter :

• le contexte politico - institutionnel et géographique de la vallée du Yamé ;

1 Ancien militaire à la retraite 2 Expression fullfude (langue locale) désignant littéralement l’arbre de Togo 3 ‘‘L’arbre chinois’’ à cause de son odeur d’essence d’eucalyptine que les chinois utilisent pour fabriquer une baume appelée localement ‘‘chinois menthol’’.

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• l’évolution des ressources naturelles et l’historique des plantations d’Eucalyptus; • les natures et objectifs des plantations et leurs modes de gestion ; • l’analyse de la filière (production, commercialisation, consommation) • les impacts (économiques, sociaux, environnementaux) des plantations et les difficultés rencontrées à chaque étape de la filière; • les rôles des acteurs dans la recherche de solutions aux difficultés rencontrées.

I. CONTEXTES DE L’ETUDE

1.1 CONTEXTE INSTITUTIONNEL ET POLITIQUE Avant les évènements du 26 Mars 1991, la gestion des ressources naturelles s’inscrivait parmi les tâches régaliennes de l’Etat. La surveillance des ressources forestières, fauniques et halieutiques était assurée exclusivement par les agents forestiers ; les activités d’aménagement en général et de plantation d’arbres en particulier se réalisaient soit dans le cadre des activités du ‘‘parti politique’’ soit dans le cadre des activités des projets financés par des bailleurs extérieurs et exécutés par les agents des services techniques étatiques. C’est ainsi qu’en 1980 un projet de promotion de la plantation d’arbres appelé Village Reforestation Project (VRP) financé par l’USAID s’est implanté dans les cercles de Mopti, Bandiagara et Djenné. La stratégie du VRP était de produire les plants en régie à la pépinière centrale de Fatoma et de les distribuer aux volontaires dans les villages où les conditions écologiques sont favorables, car l’Eucalyptus est une espèce qui a un grand besoin en eau. Dans le cercle de Mopti, la principale zone de vulgarisation a été la vallée du Yamé qui est le chemin de passage des eaux de ruissellement venant de la Falaise de Bandiagara. Les premières plantations initiées vers 1980 étaient communautaires. Mais cette approche s’est avérée peu efficace car les populations ne semblaient pas motivées. C’est ainsi que suite à une évaluation externe, le projet axera ses appuis sur les initiatives privées. Comme beaucoup d’innovations, l’adoption de l’espèce rencontra la résistance des paysans. Cependant Mr Indielou Togo, militaire en retraite avec l’encouragement d’un agent du VRP s’est porté volontaire pour expérimenter la plantation de l’espèce à Persougué. En 1986, il commença la coupe et la commercialisation des traverses, les perches et les perchettes. Dès lors, malgré la réduction des appuis du service forestier au stricte minimum à cause de deux évènements majeurs à savoir : les évènements du 26mars 1991 qui ont affaibli le service et la fin du projet en 1994 ayant réduit les moyens humains et matériels du service forestier, l’activité n’a cessé de se développer. Dans certains villages les appuis se sont poursuivis à travers des organisations de la société civile alors que dans d’autres villages, les populations ne bénéficient d’aucun appui. Sur le plan politique, à l’instar des autres communes du Mali, les élections municipales de novembre 1999 ont abouti sur la mise en place des organes et des instances communales de ces communes dans le but de décentraliser et de responsabiliser les populations dans la gestion de leurs propres affaires dont celles de la gestion des ressources naturelles. C’est ainsi que parmi tant d’autres, les textes de la décentralisation et de ceux de la gestion des ressources naturelles, dans plusieurs de leurs dispositions prévoient le transfert de compétences élargies aux collectivités décentralisées (les communes) en matière de protection de l’environnement et de gestion des ressources naturelles. Mais force est de constater que de nos jours encore, les transferts de compétences énoncés par les textes ne sont pas encore effectifs, créant ainsi des situations de malaise dans les rapports entre l’Etat, les communes et les communautés villageoises. Eu égard à la pérennité de l’activité dans la zone, le GDRN5 qui a comme objectif de renforcer les capacités des organisations de la société civile en matière de gestion durable et équitable des ressources naturelles, en partenariat avec IRG dans le cadre de son Programme FRAME, a jugé nécessaire de mener l’étude de la filière Eucalyptus dans la vallée du Yamé. Le but de cette étude est d’identifier les facteurs qui ont contribué aux succès des activités de plantations d’une part, et d’autre part, cerner les difficultés pour définir des perspectives dans le nouveau contexte de la décentralisation.

1.2 CONTEXTE GEOGRAPHIQUE (CF. CARTE) Le Yamé est un cours d’eau temporaire alimenté par les eaux de pluies des falaises Bandiagara. Longue de 26 Km allant de à où il se jette sur un bras du fleuve Niger, la vallée du Yamé consiste en

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une légère dépression restreinte enjambant de part et d’autre les communes rurales : du -Bana (cercle de Bandiagara), de , de Fatoma, du et du Bassiro (cercle de Mopti).

Zone d’étude

II. OBJECTIFS DE L’ETUDE (RAPPEL)

Suivant les termes de référence (Cf. détails en Annexe I), les objectifs spécifiques de l’étude consisteront à : • identifier les principaux acteurs (producteurs, commerçants, consommateurs) impliqués dans la filière; • analyser toute la filière (de la production à la commercialisation) ; • analyser les impacts (positifs et négatifs) de la filière sur l’environnement et les conditions de vie des populations. • analyser comment les résultats des initiatives privés dans la vallée du Yamé puissent servir comme un laboratoire pour que les décideurs et praticiens puissent examiner objectivement les liens entre certains dispositifs réglementaires et les réponses de la population rurale. A la fois, ils peuvent voir les liens entre le GRN et la lutte contre la pauvreté et la décentralisation. • analyser les perspectives de renforcement et valorisation de la filière Eucalyptus en tenant compte des aspects d’utilisation durable et d’augmentation de la productivité de la ressource, de la responsabilisation des acteurs locaux, la promotion de la bonne gouvernance, et des acteurs d’incitation économiques et d’amélioration des conditions socio-économiques des producteurs ruraux les plus pauvres. • informer les décideurs (gouvernants, élus) sur les impacts à travers un atelier. En outre, cet atelier aidera à : • définir le rôle des Collectivités territoriales et des organismes d’appui (services techniques d’Etat, ONG) dans l’organisation d’une telle filière (dont cette étude discutera les rôles de CT par concertation); • dégager des stratégies ou des mécanismes d’organisation et de valorisation d’autres filières porteuses en GRN ;

RÉSULTATS • les principaux acteurs impliqués dans la filière sont identifiés; • les étapes de la filière sont identifiées et analysées ; • les impacts (positifs et négatifs) des différentes étapes de la filière sur l’environnement et les conditions de vie des populations sont identifiées et analysées. • les décideurs sont informés de impacts ;

• une stratégie et un plan d’action de renforcement de la filière et d’appui a la valorisation des produits d’Eucalyptus sont élaborés et validés par les acteurs concernés • le rôle des Collectivités territoriales et des organismes d’appui (services techniques d’Etat, ONG) dans l’organisation et le renforcement de la filière est identifié; • des stratégies ou des mécanismes d’organisation et de valorisation d’autres filières porteuses en GRN sont identifiés.

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III. DEMARCHE METHODOLOGIQUE

Le processus s’est étendu du 05 mai au 25 juin 2006 et a touché une soixantaine d’acteurs directs et indirects (cf. Annexe III). La conduite de l’étude a été faite suivant les étapes : • la recherche documentaire auprès des structures d’appui (service forestier, ONG et autres projets) sur les plantations d’Eucalyptus dans la région de Mopti. Aussi, à partir d’une carte IGN 1/200 000, il a été procédé à l’identification des 20 villages situés sur le cours du Yamé dans les communes rurales de Socoura, de Fatoma, du Kounari et du Bassiro. Tableau N°1 : Situation des villages de la vallée du Yamé dans les communes rurales de : Socoura, de Fatoma, du Kounari et du Bassiro. N° Nom de la localité Commune rurale 1 Baïma Socoura 2 Bouguè Socoura 3 Dongoro Fatoma 4 Samaloye Fatoma 5 Niakongo Fatoma 6 Diaborki Fatoma 7 Daladougou Fatoma 8 Souma Fatoma 9 Sinèrè Bassiro 10 Badiongo Fatoma 11 Sampara Bassiro 12 Persougué Socoura 13 Boumoukoré Fatoma 14 Konkoura Fatoma 15 Komboko Fatoma 16 Diambadougou Fatoma 17 Saré-Boulo Fatoma 18 Kermoye Kounari 19 Sossiguel Kounari 20 Poutchiwel Kounari

• le parcours rapide en véhicule d’un transect sur la longueur du Yamé en vue d’une reconnaissance des sites de plantations d’Eucalyptus ; • un échantillonnage des villages à enquêter : ainsi, il a été procédé à un tirage au hasard de 10 villages en une seule répétition soit 50% des villages identifiés au point 2.1 • l’identification des différentes catégories d’acteurs de la filière Eucalyptus. A l’occasion, trois (03) grandes catégories d’acteurs directs ont été identifiées. Il s’est agi des producteurs/planteurs, des

commerçants des produits et des consommateurs (entrepreneurs/tâcherons, artisans, ménages). Il est à signaler que pour le cas de l’étude, les exploitants et les transporteurs n’ont été spécifiquement pris en compte dans la mesure où ces aspects sont assurés aussi bien par les producteurs/planteurs que les commerçants et les consommateurs. Aussi, pour un souci d’approfondissement de l’étude, les structures d’appui (service forestier, ONG, et autres projets) ont été pris en compte comme acteurs indirects ; • pour chaque catégorie d’acteurs (directs et indirects), un guide/questionnaire à été élaboré (Cf. Annexe II) en vue de la collecte des informations sur le terrain ; • les enquêtes sur le terrain : les enquêtes ont été entièrement conduites par les deux (02) consultants. Dans un premier temps, ces enquêtes ont concerné 2 à 3 producteurs/planteurs par village dans 10 villages échantillonnés au point 2.3. Les choix des producteurs/planteurs à enquêter dans les villages ont été facilités par les autorités villageoises (chefs village et conseillers). Ensuite sur la base des informations fournies par les producteurs/planteurs quant à leur clientèle, l’écoulement des produits et les résidences des structures d’appui, les enquêtes ont été étendues sur les communes rurales de Pignari-Bana et Fatoma et la commune urbaine de Mopti. A chaque catégorie d’acteurs, un questionnaire individuel et souvent en groupe a été administré. • le traitement et l’analyse des données et la rédaction du rapport l’étude. • l’organisation d’un atelier de restitution des résultats de l’étude • la rédaction de la synthèse du rapport d’étude et du rapport de l’atelier

FACTEURS DE LIMITATION DE L’ÉTUDE Il a été impossible aux consultants d’évaluer quantitativement le nombre de producteurs/planteurs par village encore moins des superficies plantées et du nombre d’arbres plantés à plusieurs égards : • le temps imparti aux consultants ne permettait pas un tel exercice de recensement exhaustif des producteurs/planteurs et d’évaluation des superficies et des nombres d’arbres plantés ; • depuis la fin du VRP vers les années 1994, le suivi des plantations n’a presque pas été assuré par le service forestier qui du reste ne disposerait pas de moyen. Il y a de grands écarts entre les informations documentaires qui du reste sont caduques et les réalités de terrain. Comme ‘‘une traînée de poudre’’, l’Eucalyptus a été une véritable révolution dans le Yamé. D’après le chef de village de Persougué ’’chaque ménage dans les villages dispose d’au moins un pied d’Eucalyptus dans sa parcelle’’; • l’Eucalyptus est devenu une espèce ‘‘sauvage’’ (autochtone) dans la vallée du Yamé. En effet, à la faveur des eaux de ruissellement des pluies, les graines sont transportées pour pousser spontanément à côté des anciennes plantations ou sur de nouvelles parcelles souvent éloignées. Ensuite les propriétaires des parcelles procèdent à l’éclaircie et l’entretien des jeunes plants. Ces cas assez répandus et faciles à réaliser semblent de nos jours prendre le pas sur les plantations artificielles. Cependant, ils ne sont ni signalés, ni comptabilisés par les structures d’appui ; • les catégories de plantation sont très variées. Dans la même parcelle, on rencontre à la fois des haie – vives, des brise – vents et des bosquets. En l’absence de structures d’appui – conseil, les producteurs ne respectent aucune norme technique de plantation où la densité des arbres peut varier de moins de 10 à plus de 1 000 pieds à l’hectare rendant ainsi difficile l’estimation des superficies et du nombre d’arbres plantés.

FACTEURS FAVORABLES • un des consultants fait partie de la mémoire institutionnelle du VRP ; • la majorité des villages et les personnes interrogées ont bien accueilli l’étude et ont répondu aux questions dans la mesure du possible.

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IV. RESULTATS

4.1 APERCU SUR L’EVOLUTION DES RESSOURCES

4.1.1 AVANT LA SÉCHERESSE DES ANNÉES 70 La situation des ressources naturelles avant l’intervention du VRP a été faite sur la base des témoignages lors des enquêtes de terrain selon lesquels le Yamé était une rivière naturelle temporaire et sa vallée consistait en une longue dépression naturelle drainant les eaux de ruissellement des pluies des hautes falaises de Bandiagara au fleuve Niger. Du point de vue formation végétale, la vallée consistait en une bande de formation herbeuse dense à dominance de Vetiveria nigricans parsemée d’arbustes. Avant la sécheresse des années 1970, la vallée du Yamé était un espace réservé aux activités pastorales en saison sèche où le bétail (bovins, ovins/caprins) cohabitait avec la faune herbivore (phacochère, gazelles) et les fauves (lions, hyènes, chacals). En dehors de la chasse et de l’élevage, les activités agricoles y étaient très peu pratiquées par les populations.

4.1.2 LES SÉCHERESSES DES ANNÉES 70 ET 80 Les sécheresses des années 1970 et de celle des années 1980 ont été éprouvantes pour les populations et leur environnement dans la zone. C’est ainsi que pour minimiser les risques d’insuffisance pluviométrique, elles ont commencé à occuper les dépressions et les zones humides du Yamé. Depuis l’affluence des agriculteurs autochtones aussi bien qu’allochtones n’a cessé de croître au détriment de la coupe des ressources ligneuses et herbacées en vue d’installer les cultures de céréales. Les abords du Yamé furent littéralement occupés par les spéculations agricoles (sorgho, niébé) associées aux agrumes (manguiers, goyaviers). Quant à son lit, il était également exploité en saison froide pour les cultures maraîchères (oignons, tomates, courges, patates, calebasses, etc.). Les conséquences de ces activités sur l’environnement ont été entre autres : - l’érosion hydrique et la baisse de la fertilité des sols ; - la dégradation voire la disparition des arbres, des pâturages et de la faune.

4.1.3 L’AVÈNEMENT DU VRP Vers les années 1980, le VRP s’implanta dans la zone où les premières plantations qu’il initia vers les années 1981, étaient communautaires au départ et avaient pour objectifs de : • contribuer à la lutte contre la désertification par la restauration de l’environnement par les plantations (bosquets, brise – vents, haie-vives, etc.); • contribuer à satisfaire les besoins des populations en bois de services ; Ainsi, à partir d’une pépinière centrale créée à Fatoma, le projet VRP produisait les jeunes plants qu’une équipe de sensibilisation distribuait gratuitement aux communautés villageoises. Au départ, le neem (Azadirachta indica) représentant plus de 90% de la production de la pépinière, suivie d’autres espèces exotiques dont le Prosopis juliflora, le Leuceana leucocephala et l’Eucalyptus camaldulensis. Mais cette approche communautaire s’est avérée peu efficace en termes de motivation et d’appropriation des réalisations par les populations. C’est ainsi que suite à une évaluation externe, VRP accentuera ses appuis vers les initiatives privées en matière de bosquets, de haie - vives, de brise – vents et de mini – pépinières, etc.

4.1.4 L’APRÈS VRP ET L’AUTO – VULGARISATION DE L’EUCALYPTUS ‘‘Le sel ne se dit pas salé’’ (Proverbe Bamanan). Comme pour attester que quand une technologie s’avère facile et économiquement rentable, son appropriation devient très facile ! La fin du VRP interviendra en 1994 et son patrimoine légué au Service forestier qui vient de sortir d’une crise profonde occasionnée par les évènements du 26 mars 1991 qui mettront vivement en cause les méthodes

répressives et abusives du Service Forestier. Démotivés et quasi – dépourvus de moyens de travail, les agents du service forestier n’ont pas pu continuer à souhait les efforts de sensibilisation et d’appui des populations en matière de reboisement. Pendant ce temps, en l’absence d’un quelconque appui de vulgarisation, les populations de la zone, inspirées par des voisins, des amis ou des parents, continuèrent individuellement leurs efforts de plantations d’arbres, notamment d’Eucalyptus. La préférence des populations pour l’espèce étant surtout motivée par les immenses avantages économiques qu’elle a eu à fournir aux premiers promoteurs. C’était le ‘‘boum’’ de l’Eucalyptus, ça et là, toute la vallée du Yamé sera littéralement occupée et depuis à ce jour le nombre de planteurs de l’espèce ne cesse de croître dans la zone. Dans certains villages de la zone, ces efforts sont accompagnés par certains projets/programmes et ONG dont l’ONG Avril, le RESA, etc.

4.2 TYPES, NATURES ET OBJECTIFS DES PLANTATIONS

4.2.1 TYPES ET NATURES DES PLANTATIONS On distingue deux (02) grands types de plantations : • les plantations collectives : généralement d’un seul tenant, elles consistent en des bosquets ou des plantations d’alignement réalisés par les communautés villageoises sur des parcelles données dont les superficies sont très variables (0,25 à 5 hectares). Pour la plupart, appuyées par des projets, les jeunes arbres sont plantés à des écartements assez réguliers et uniformes (3X3 m ou 4X4 m) ; • les plantations individuelles : comme son nom l’indique, ces types de plantations sont réalisées par des individus sur leurs propres parcelles. Sur la même parcelle ou d’une parcelle à une autre, on peut rencontrer différemment ou à la fois des bosquets, des brise – vents, des haie – vives ou des simples plantations de délimitation. Pour la plupart sur des initiatives délibérées de l’individu et sans appui externe, on y rencontre des écartements de toutes sortes entre les plants.

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Plantation privée de G. Kansaye à Baima

Tableau N°2 : Situation des réalisations faites par les personnes enquêtées

Localisation Superficie plantée Date Mode acquisition Commune Village Propriétaire (en ha) plantation terre Origine main-d’œuvre Structure d’appui 1.Socoura 1. Persougué 1. Indielou Togo 5 1982 prêt salarié VRP, E&F 2. Yaya Lougué 2 1996 héritage familiale Inspiré par I. Togo 3. Bourema Poudioug 1 1991 Prêt familiale Inspiré par I. Togo 2. Baïma 4. Gouro Kansaye 3 1987 héritage familiale Inspiré par I. Togo 5. Demba Kansaye 1 1982 don familiale Inspiré par I. Togo 6. Baba Tamboura 0,5 1991 héritage familiale Inspiré par I. Togo 3. Bouguè 7. Dikuru Sankaré* ? 1983 héritage fam. Mixte RAS 8. Seydou Karambé 3 1983 don idem VRP, E&F 4. Dialangou 9. Moussa Guindo 5,5 1998 prêt idem 2. Fatoma 5.Boumoukoré 10. Sekou Sidibé 2 1982 échange personnel Inspiré par I. Togo 11. Kanda Guindo 1,5 1983 Don salarié mixte Inspiré par I. Togo 12. Hama Cissé ? 1984 héritage familiale Inspiré par I. Togo 6. Daladougou 13. Pendèrè Sow* 0,5 1996 prêt familiale E&F 14. Amadi Coulibaly 1 1996 héritage familiale E&F 15. Ousmane Traoré 1,5 1991 héritage familiale VRP, E&F 7. Komboko 16. Hamadi Diarra 1 0,5 1996 héritage familiale E&F 17. Hamadi Diarra 2 0,5 2003 héritage familiale E&F 18. Oumar Coulibaly ? ? héritage familiale E&F 8. Badiongo 19. Fanta Sylla* 2 2001 don collective ONG, E&F 20. Yoro Korobara 5 1985 don collective ONG, E&F 3. Bassiro 9. Sampara 21. Conseil village,CC 2 2000 don collective ONG 4 Kounari 10. Sossiguel 22. Bourema Djiga 5 1991 Prêt personnelle Inspiré par G.K, ONG 23. Housseyni Cissé 4 1991 don personnelle ONG * femme planteuse 46,5

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4.2.2 OBJECTIFS DES PLANTATIONS En rappel, pour l’essentiel, les plantations initiées par le VRP à son départ étaient communautaires au départ et avaient pour objectifs de : • contribuer à la lutte contre la désertification par la restauration de l’environnement à travers les plantations (bosquets, brise – vents, haie-vives, etc.); • contribuer à la satisfaction des besoins des populations en bois et de services ; Mais l’avènement de la plantation individuelle d’Eucalyptus initiée par I. Togo dans la vallée du Yamé, influença ces objectifs où en sus de la satisfaction de leurs propres besoins en bois, les promoteurs visaient des objectifs de production pour générer de revenus. C’est ainsi que pour la suite, le développement des initiatives privées et des activités lucratives de commerce des produits d’Eucalyptus vont ‘‘prendre le dessus’’ sur les plantations collectives d’autant qu’elles vont beaucoup contribuer à améliorer les revenus et le niveau de vie des promoteurs à travers la vente des produits (perches/traverses, perchettes/étais, bois de cuisine). Ainsi, d’une manière générale la principale source de motivation des producteurs/planteurs, est notamment d’ordre économique même si au départ, les premiers promoteurs ne visaient pas spécifiquement cet objectif. En effet, influencés par les bénéfices économiques tirés par les anciens planteurs, beaucoup de nouveaux acteurs (agriculteurs, fonctionnaires, etc.) ont adhérés aux plantations. Aussi, la seconde motivation des planteurs est la satisfaction des besoins d’auto – consommation en certains produits (bois de construction, bois de cuisine). Quant bien que ces plantations aient joué des rôles importants dans la protection des sols, la reconstitution de la végétation et la lutte contre la désertification, ces objectifs inhérents ont été associés par la suite.

4.3 LES MODES DE GESTION DES PLANTATIONS

4.3.1 LA GESTION PRIVATIVE OU INDIVIDUELLE La gestion de la plantation est assurée par le planteur lui –même. Dans la conduite des plantations, les opérations sylvicoles (coupes sélectives, tailles de formes, éclaircies) sont peu connues des planteurs. Ainsi, les arbres sont exploités en moyenne au bout de 4 à 5 ans suivant l’appréciation du planteur et ne requièrent aucune autre formalité vis-à-vis des administrations chargées de la foresterie ou de la fiscalité. Le mode d’exploitation le plus courant est la coupe rase ou coupe à blanc où deux (02) alternatives s’offrent au producteur/planteur : • la coupe sur commande : elle a lieu quand le producteur/planteur reçoit la commande d’un client. Ainsi, deux (02) scénarios sont possibles : – le client peut se rendre dans les plantations et procéder au choix sur pied des sujets qu’il désire (vente sur pied). Les prix sont négociés entre le producteur et le client en fonction de la qualité et de la quantité du produit. Après accord entre les parties, le client peut à partir de la main–d’œuvre salariée, procéder à la coupe et au débitage des sujets choisis sous la surveillance du planteur. Ces travaux de coupe et de débitage peuvent être aussi assurés directement par le producteur planteur. Dans tous les deux cas, les frais inhérents au transport des produits sont à la charge du client ; – le client fait simplement une commande verbale au producteur/planteur en précisant la taille et la quantité des produits. Après négociation et accord entre les parties sur les prix, le délai et les conditions de coupe et de transport, le producteur procède à l’exploitation et à la livraison des produits au client. • la coupe délibérée : elle est à l’initiative du producteur/planteur où le sujet ‘‘mûr’’ est coupé et généralement débité en trois (03) parties :

– les perches et traverses : long de 4 m et de diamètre supérieur à 10 cm sont destinées à la charpente des maisons en banco ou en pierre; – les perchettes et étais : généralement long de 4 m et de diamètre compris entre 5 à 8 cm, ces produits sont utilisés dans la construction des hangars et de supports des dalles dans les construction en dur ; – les branchettes et brindilles : de longueur variable (4 m ou plus) et de diamètre compris entre 1 à 2 cm, ces produits sont utilisés pour couvrir les maisons en banco et les cases. Elles sont également débitées en petites pièces de 60 à 80 cm et attachées en fagot pour servir comme bois de chauffe.

4.3.2 LA GESTION COMMUNAUTAIRE La gestion de ce type de plantation est assurée par la communauté villageoise à travers un comité de 2 à 3 personnes bénévoles désignées à cet effet qui supervisent les travaux d’entretien/arrosage et le gardiennage. Tout comme les plantations individuelles, l’exploitation des arbres à lieu sur les sujets âgés de 4-5 ans. La coupe des arbres n’a lieu que sur commande de clients ou sur demande du conseil de village approuvée par le comité de gestion de la plantation pour des besoins d’intérêts collectifs. Les sujets coupés sont également débités en perchettes/traverses, en perches/étais et en brindilles. Les produits tirés sont entièrement vendus et les revenus sont versés dans la caisse de la communauté ; à cet effet, les villageois autochtones bénéficient de prix réduits sur les produits par rapport aux clients étrangers. Les fonds générés sont utilisés pour faire face aux dépenses collectives (réception d’officiels, sacrifices, etc.) ou prêtés avec ou sans intérêt aux ressortissants du village.

4.4 ANALYSE DE LA FILIERE L’analyse de la filière a consisté principalement à : • l’identification des acteurs à savoir : les producteurs/planteurs, les commerçants, les consommateurs et les structures d’appui techniques ; • les circuits de commercialisation des produits ; • les formes et niveaux d’organisations socioprofessionnelles de la filière ; • l’analyse économique et financière de la filière ; • l’identification et l’analyse des contraintes de la filière ;

4.4.1 LES ACTEURS DE LA FILIÈRE : On distingue deux (02) principales catégories d’acteurs : • les acteurs directs (les producteurs/planteurs, les commerçants, les consommateurs) :

• les acteurs indirects que sont les structures d’appui (services techniques d’Etat et ONG).

4.4.1.1 LES ACTEURS DIRECTS a) les producteurs/planteurs : Dans la vallée du Yamé, il n’existe pas de pépiniériste pur. Généralement, la production des plants en pépinière est assurée par le paysan lui – même qui peut bénéficier dans certains cas de l’appui de projets. Ainsi, le paysan utilise directement ses plants produits sur sa parcelle et peut vendre ou céder gratuitement l’excédent de sa production à un parent ou un ami. La production des plants est assez simple et semble être très maîtrisée des paysans. Les graines récoltées sur place sont semées à la volée dans de vieux récipients (vielles tasses ou calebasses, vieux seaux) contenant du terreau ou de la fumure organique en guise de germoir. Le semis placé à l’ombre d’un arbre est arrosé pendant 4 – 6 mois suivant l’état végétatif ou a volonté du paysan. Le repiquage dans les pots plastiques est rare en raison de leur cherté. Cependant certains producteurs utilisent des sachets usagés de lait ou de levure. Quant bien qu’il existe souvent des déprédateurs (lézards,

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mulots, chenilles, etc.) sur les semis, les traitements phytosanitaires aux produits chimiques sont rares. Les paysans se contentent le plus souvent de l’épandage de cendre sur les semis ou de leur protection avec des vieilles toiles de moustiquaire. Le plant à maturité est directement transplanté dans des trous préalablement creusés dans la parcelle avec des écartements très variables (3 à 10 mètres) suivant que le paysan a besoin de faire un bosquet, un brise-vent ou une haie – vive. Il y a également de ceux – là parmi les producteurs/planteurs qui ne font ni de pépinière, ni de reboisement à proprement parler. Ils utilisent les régénérations spontanées issues de la germination de plants favorisées par les eaux de ruissellement des pluies. Les jeunes plants ainsi issus sont gardés et entretenus soit sur place ou transplantés sur des sites désirés par le paysan. Il y a lieu de distinguer deux (02) catégories de producteurs/planteurs : • les planteurs individuels : font partis de cette catégorie, les agriculteurs et agro –éleveurs, fonctionnaires (retraités ou non), commerçants. Ils sont de loin les plus importants en termes d’effectifs et superficies plantées où d’après un témoignage, ‘‘Chaque exploitant agricole de la vallée du Yamé dispose d’au moins un (01) pied d’Eucalyptus sur sa parcelle’’. Les superficies plantées sont très variables (0,10 à 8 hectares) à l’intérieur d’un même village ou d’un village à l’autre et sont fonction de la disponibilité de terre et de l’aptitude physique du promoteur. Peu suivis et appuyés par les structures d’appui (projets, ONG), ces planteurs individuels assurent généralement en eux – mêmes tous les investissements et les intrants (terrain, matériels de trouaison, d’arrosage et de coupe, main d’œuvre) liés à l’activité. Du point de vue accès à la terre, si le producteur n’est pas héritier ou n’a pas de propriété terrienne, il doit soit l’acheter, soit l’emprunter ou l’échanger selon la coutume. Mais en dehors des simples témoignages, ces modes d’acquisition sont rarement documentés4. Quant aux main–œuvres utilisées pour l’activité, elles sont aussi familiales que salariées, mixtes ou individuelles et dépendent dans une large mesure de la taille du ménage et des moyens matériels du producteur. A noter qu’au sein des planteurs individuels, il faut aussi distinguer : – les planteurs ‘‘purs’’ : Ce sont ceux pour lesquels les plantations d’Eucalyptus constituent de nos jours l’activité principale. Peu nombreux, mais disposant relativement de grandes surfaces (2 à 5 hectares), ils sont les grands producteurs ayant prioritairement comme objectifs l’exploitation et la vente des produits (traverses, perches, perchettes/étais). Les revenus ainsi générés leur servent à satisfaire tous les besoins matériels. – les agro-planteurs : ce sont les paysans qui pour lesquels l’agriculture est l’activité principale, les eucalyptus sont plantés sous forme de haie-vives et de brise - vents. De loin les plus nombreux, les agro-planteurs utilisent de plus en plus cette stratégie pour limiter les risques de déficit céréalier où souvent le bois vendu est d’un appoint pour l’achat des céréales et pour satisfaire des besoins personnels de consommation en bois de construction et de chauffage. • les plantations collectives réalisées par des groupements associatifs villageois impulsés par les organismes d’appui : VRP, RESA, ONG Avril, SCN, etc. qui contribuent à la fourniture d’intrants (plants, matériels) et assurent leur formation. Les travaux sont effectués par la communauté villageoise et dans certains cas un comité de 2-3 personnes désignées est mis en place par village, pour assurer les travaux d’arrosage et de surveillance de la plantation. Ces types de plantations sont peu nombreux dans la zone. La parcelle faisant l’objet de plantation est généralement attribuée par les autorités du village (chef de terre, chef de village) sous la forme de don et demeure propriété de la communauté villageoise.

4 Par contre à Sossiguel, Commune Rurale du Kounari, une ONG aurait facilité l’immatriculation de 12 parcelles individuelles.

Contraintes et difficultés rencontrées par les producteurs/planteurs Les contraintes et difficultés signalées par les producteurs enquêtés de la filière sont de plusieurs natures et portent essentiellement sur : • l’insécurité foncière : ‘‘la terre m’est prêtée par le chef de village de Baïma depuis 30 ans. Je suis assez âgé aujourd’hui et je demande si mes enfants vont pouvoir jouir de ma parcelle après ma mort’’ I. Togo, 70 ans. Lors de nos enquêtes, il n’a pas été signalé de conflits fonciers ouverts dans la zone. Mais des faits pratiques montrent que depuis l’essor de l’Eucalyptus dans la zone, les terres font de plus en plus l’objet de grande convoitise et de spéculations. De part sa proximité d’un centre urbain (Sévaré), agriculteurs, commerçants, fonctionnaires en activité ou à la retraite, agro – éleveurs, etc., chacun veut disposer de sa propre parcelle. C’est ainsi que les moins nantis, notamment les agriculteurs allochtones qui accèdent le plus souvent aux terres par voie de prêt selon la coutume se trouvent dans une situation de précarité foncière laissant planer des risques potentiels de conflits à l’avenir. Cette situation pourrait être exacerbée tant pour ces derniers que les couches nanties (commerçants, fonctionnaires, etc.) par le fait que les pasteurs (transhumants et sédentaires) perçoivent ces plantations comme étant un moyen d’obstruction d’un espace jadis réservé au pastoralisme. C’est ainsi que des jeunes arbres plantés se trouvent assez souvent coupés ou arrachés par les éleveurs et font sources de disputes entre planteurs et pasteurs dont le règlement est fait à l’amiable. De telles pratiques peuvent être source de démotivation pour les plantations. Ainsi, l’insécurité foncière constitue un véritable problème dans la zone et peut hypothéquer les initiatives. Les textes légaux en cours ont fait des avancées en matière de sécurisation foncière en reconnaissant aux particuliers des droits de disposer des terres et des plantations artificielles. Par exemple la loi 95-004 fixant les conditions de gestion des ressources forestières stipule que : ‘‘le domaine forestier des particuliers comprend: les forets artificiels et les forets naturelles transférées en leurs noms (art 60)”. Aussi le code domaniale et foncier dans son article 43 implique que:”les droit coutumiers exercés collectivement et individuellement sur des terres non immatriculées sont confirmés’’. Mais les procédures d’exercice de ces droits sont si longues, complexes et coûteuses qu’elles ne sont pas à la portée des ruraux. Ce qui fait que même des propriétaires terriens reconnus coutumièrement ne sont pas à l’abri de l’insécurité foncière à fortiori de simples emprunteurs. Si aujourd’hui Togo s’inquiète, autant le propriétaire terrien qui lui a prêté la terre est dans la même situation. Les investissements dans les plantations constituent donc une bonne porte d’entée vers la sécurisation foncière si leurs bénéfices économiques, sociaux et environnementaux sont prouvés aux décideurs nationaux ou aux donateurs. • l’inaccessibilité aux marchés due à l’enclavement: ce problème se pose surtout pendant l’hivernage. En effet, pendant cette période, le Yamé ressemble à un véritable marécage où en l’absence de pistes d’accès viables, certains villages sont isolés des centres commerciaux au moment où la demande en bois est intéressante sur les marchés; • le faible niveau d’organisation des producteurs: en l’absence de circuits de commercialisations bien organisés, les produits d’Eucalyptus sont souvent bradés par les producteurs qui du reste son quotidiennement préoccupés par la satisfaction des besoins quotidiens (céréales, de condiments et denrée). C’est ainsi que par exemple le prix d’un étai au producteur peut varié de 100 CFA à 500 FCFA suivant les circonstances. Aussi, la commercialisation des produits respecte peu les règles du marché (offre/demande). Aussi, pendant la saison pluvieuse (juillet – octobre) où la demande en bois en étai et bois de cuisine est forte, les ruptures de stocks au niveau des commerçants sont fréquentes ; pendant qu’en saison sèche (novembre – juin), les marchés ont tendances à être saturés en produits, chutant ainsi les prix ; • l’exigence de l’Eucalyptus en eau et ses conséquences sur le tarissement précoce des puits: un constat empirique posé par les producteurs est que l’Eucalyptus “pompe” l’eau souterraine et abaisse par conséquence la nappe phréatique. Aussi, depuis un certain moment les sécheresses (insuffisances pluviométriques) ont assez joué sur le niveau des nappes. Ainsi, l’abaissement de la nappe phréatique dans le Yamé est - t - il du à la variété d’Eucalyptus introduite ou à la sécheresse ? Une recherche scientifique est

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nécessaire pour affirmer ou infirmer les hypothèses. Par ailleurs, le Yamé consistant par endroit en de profondes dépressions pouvant atteindre 3 à 4m, une étude de faisabilité de traitement de bassin en amont pour recharger la nappe est également nécessaire. • d’autres difficultés non des moindres signalées sont: - les déprédateurs (attaques de termites et d’insectes) sur les jeunes plants ; - la divagation des animaux ;- les coupes frauduleuses et vols des produits par les étrangers et souvent les autochtones. b) les commerçants En raison de la proximité de centres de consommation (Mopti, Sévaré) et de l’essor des infrastructures socio – sanitaires et éducatives modernes (maison d’habitation, écoles, dispensaires, etc.) l’avènement de l’Eucalyptus dans la zone a suscité l’émergence de deux (02) catégories de marchands : • les marchands professionnels : peu nombreux, le commerce de bois constitue leur principale activité. Ils sont installés dans les villes de Sévaré et de Mopti et ont développé un réseau de clientèle assez important avec de gros consommateurs, notamment les entreprises, les tâcherons et les maçons pour la fournitures de perchettes et d’étais. Certains se déplacent dans les plantations et achètent les arbres sur pied qu’ils font couper et transformer sur place pour ensuite les transporter en charrettes ou en camion vers les villes où ils constituent des stocks importants. Quand la demande du bois est grande, d’autres passent des commandes directement avec les producteurs/planteurs auprès desquels ils font souvent des dépôts importants de fonds. Dans un délai fixé d’accord partie, les producteurs/planteurs leur livrent les produits. • les marchands amateurs : ce sont ceux pour lesquels le commerce de bois est une activité secondaire où les revenus générés sont des appoints à la satisfaction de certains de leurs besoins en condiments ou en céréales. Généralement, ils achètent de petites quantités de perches, perchettes livrées sur place par les producteurs/planteurs qui revendent aux petits consommateurs. Dans tous les cas, le bois de cuisine n’est pas encore un grand apanage de ces deux (02) catégories de commerçants. Contraintes et difficultés rencontrées par les marchands Les principales difficultés signalées portent sur : • la faible organisation et l’accès limité aux crédits ; • l’accès difficile aux plantations surtout pendant l’hivernage dû au mauvais état des pistes ; • l’instabilité des prix sur les marchés ; • le stockage et la conservation des produits contre les attaques d’insectes;

• les vols des produits. A cet effet, certains pensent marchands qu’une bonne organisation permet d’harmoniser les prix alors que d’autres voient l’organisation comme un moyen de développer des systèmes d’entre aide au cours des évènements sociaux. Le Service forestier aurait organisé qu’une grande rencontre à Mopti avec les marchands de bambou pour discuter la question d’organisation. Mais dès lors, rien de concret n’a été fait. c) les consommateurs Au nombre des consommateurs, il y a lieu de distinguer : • les entrepreneurs, les tâcherons et les maçons: ils sont de loin les plus gros consommateurs de certains produits d’Eucalyptus dans la construction des ouvrages (maisons d’habitation, écoles, dispensaires, ponts, etc.) où les perches sont utilisées comme poutres pendant que les perchettes et étais sont employées comme poutrelles et paillasse. Suivant l’importance de l’ouvrage et des besoins en bois, ils achètent les produits soient avec les marchands ou directement avec les producteurs planteurs.

• les menuisiers/ébénistes : de ce point de vue, le niveau de consommation demeure assez faible et se limite à la confection de petits objets (pieds de lits, de tables et d’escarbots). d’autant que le bois d’Eucalyptus bien que moins coûteux reste encore concurrencé par les chevrons et les planches importées de la Côte d’Ivoire Une étude réalisée par Cissé & Coulibaly sur la filière Eucalyptus dans les régions de Mopti, et du Ghana. Y – a – il pas eu assez de recherches sur Tombouctou et Gao, rapporte qu’ un menuisier la transformation du bois d’Eucalyptus au Mali ? installé sur la Digue de Mopti a eu à participer à des expérimentations sur le bois d’Eucalyptus en • les ménages et les autres particuliers : il s’agit de ceux – là qui relation avec le VRES. C’est ainsi que des essais de achètent quotidiennement les produits d’Eucalyptus sciage et de confection de meubles ont été (perchettes /traverses, perches/étais, fourches, effectués après trempage du bois à l’eau. Il s’est brindilles, fagots) pour des besoins d’auto - avéré que : consommation dans le cadre de la construction de leurs habitats (maison, case, hangars, enclos) où pour • le bois d’Eucalyptus avec un traitement leur cuisine. Cette catégorie de consommateurs est convenable peut être débité en planches et rencontrée aussi bien dans les villes que dans les chevrons susceptibles d’être utilisées pour la fabrication de meubles divers au même titre campagnes. De loin les plus importants dans les que le bois d’importation de la Côte d’Ivoire et catégories de consommateurs, ils achètent les produits du Ghana ; avec les commerçants ou avec directement les producteurs/planteurs. • le trempage du bois en séjour prolongé lui confère des propriétés mécaniques (résistance, Contraintes et difficultés rencontrées densité, stabilité) tout à fait supérieure à celles • la faible valorisation des produits : en dehors du du bois rouge d’importation ; découpage du pieds en pièces de traverses/perches, de • le bois peut être employé pour la fabrication perchettes/étais et de bois de cuisine, les autres de meubles aussi divers que : les table-bancs possibilités de transformation (sciage en planches, pour l’école, les tables ; les lits, les corsets etc. broyage en pâte, déroulage en feuilles, etc.) sont • inexistantes. Ce qui limite ses seules utilisations dans le diamètre des pièces n’est pas une contrainte les constructions de bâtiments ou comme bois de au débitage mécanique du bois dans la mesure cuisine. où les pièces de 10 cm peuvent être débitées et utilisées dans les travaux d’ébénisterie ; Aussi, un des facteurs limitant l’utilisation de • la contrainte principale à la transformation du l’Eucalyptus comme bois d’œuvre a été soulevé. Il gros bois est le manque de matériel adapté. Par s’agit de la petitesse de la dimension des troncs exemple, le sciage des pièces de diamètres disponibles à cause de la coupe précoce des arbres par supérieurs à 50 cm nécessite l’emploi de scie les producteurs. En effet, pour que l’Eucalyptus puisse de 80 cm de long. Actuellement, ces gros bois donner du bois pouvant être transformé en planche de sont sciés à l’aide de tronçonneuse avec tous qualité, il faut attendre au moins 10 ans pour faire la les problèmes mécaniques que cela suppose. coupe. La majorité des producteurs n’ont pas la Source : GERDERE-GIE, Avril 2006. patience d’attendre ce délai et coupent tout au plus à 5 ans. A cet âge, la largeur des planches est petite et la fabrication des meubles nécessite assez de rangés de pointe; ce qui rend les meubles peu attrayant pour les consommateurs.

• la mauvaise qualité du bois de l’Eucalyptus comme traverse de maison, car il peut se casser sans prévenir. Les producteurs ont eu à signaler l’existence de deux variétés d’Eucalyptus à savoir: – l’une de coloration rougeâtre, à feuille mince qui grandi très lentement et dont le bois est très dur; – l’autre de coloration plus claire, à croissance rapide mais dont le bois est fragile et se casse sans avertir. Dans tous les cas, les producteurs estiment que les consommateurs mettent assez souvent de grandes charges de banco sur les maisons que les perches ou les traverses ne peuvent pas supporter. Dans le souci d’augmenter la résistance du bois aux charges, les producteurs ont suggéré son trempage prolongé (2 - 3 mois) dans l’eau avant toute utilisation.

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4.4.1.2 LES ACTEURS INDIRECTS Il s’agit des structures d’appui – conseil (projets/programmes, ONG, etc.) au reboisement en général. Dans la zone d’étude, les acteurs actuels identifiés sont : le SCN, RESA, ONG Avril, le PASAOP, PLCE, le VRES, le Service de l’Hydraulique, etc. Leurs appuis revêtent plusieurs formes et consistent essentiellement en : • la formation des producteurs en techniques de pépinière et de plantation; • la sensibilisation des populations ; • la vulgarisation de techniques de lutte contre la désertification ; • la fourniture d’intrants (jeunes plants, pots et semences, petits matériels aratoires, réalisations de points d’eau, etc. aux producteurs ; • l’organisation de concours accompagnés de prix pour encourager les meilleurs producteurs ; • l’organisation de ‘‘journées de plantations’’, genre ‘‘quinzaine de l’environnement ;

• l’assistance alimentaire. Il est noter que ces organismes d’appui ne s’intéressent pour la plupart qu’aux aspects liés à la production. Les facteurs liés à la commercialisation et à la valorisation des produits sont assez occultés dans leurs stratégies d’intervention. A côté de ces structures d’appui techniques, parmi les acteurs indirects, il faut signaler les collectivités territoriales, notamment les communes rurales, les chefs coutumiers et de villages. Les premières participent aux festivités des ‘‘journées de l’arbre et de reboisement’’ ; tandis que les seconds facilitent assez souvent l’accès à la terre et interviennent dans la gestion des conflits.

4.4.2 LES PRODUITS ISSUS DES PLANTATIONS Pour l’heure, les produits issus des plantations d’Eucalyptus sont essentiellement le bois où le sujet coupé est débité en trois (03) catégories d’après le tableau suivant: Tableau N° 3 : Les produits essentiels tirés de l’Eucalyptus Dimensions approximatives Longueur Diamètre Catégories (en m) (en cm) Utilisations courantes Offre Demande Gros bois 1-4 Supérieur à 30 Artisanat (confection de Faible Faible mortiers) ; bois de cuisine Traverses et perches 4 10 – 20 Poutres et traverses de maisons Faible Moyenne ou hangars ; mâts des voiliers Perchettes/étais 4 5-10 Poutrelles et paillasses d’ouvrages Grande Très élevée (bâtiments et pont) Branchettes, brindilles et 0,5 – 4 inférieur à 5 Charpentes de case, de hangars ; Grande Moyenne fagots bois de cuisine Feuilles Pharmacopée Grande Grande

Perches d’Eucalyptus à Diambadougou

Commentaires: Les principaux produits issus du bois d’Eucalyptus sont : • le gros bois : de diamètre supérieur à 30 cm, le gros est d’une utilisation limitée à l’artisanat (confection de mortiers). Découpé et fendu, il est aussi utilisé comme bois de cuisine. Du point de vue offre, la disponibilité du gros bois est faible dans la mesure il porte sur les sujets âgés de plus de 5 ans, délai que le producteur attend rarement. Sa demande est également faible. • les traverses et les perches : elles sont constituées par la partie inférieur du fût de l’arbre adulte (âgé de 5 ans et plus) et dont le diamètre5 varie entre 10 – 20 cm. Il s’agit du gros bois et assez lourd ou en l’absence d’alternatives de transformation, son utilisation est limitée à la confection des toit des maisons, des hangars, de support des greniers et comme mats des voiliers. Dans certaines circonstances, elles sont découpées et fendues pour servir comme bois de cuisine. L’offre de tels produits est de nos jours faible et est dû au fait que la plupart des plantations ont été coupées au moins une fois ;

• les perchettes et étais : il s’agit des bois dont le diamètre varie de 5 à 10 cm, utilisés aussi dans la construction des toits des maisons, des hangars. Leurs usages les plus courants portent sur les travaux de bétonnage des ouvrages (bâtiments, ponts) où ils sont utilisés comme charpentes ou comme supports des dalles. De tels produits sont fournis aussi bien par les plantations primaires que les rejets de souches. C’est ainsi que du point de vue de leur production, l’offre est grande et la demande sur le marché est très élevée en raison de ses multiples usages ;

5 Il peut atteindre 40 cm dans des conditions exceptionnelles.

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un des point de vente de perchettes et étais à Sévaré (O. Guindo)

• les branchettes, brindilles et fagot : elles consistent aux sous – produits des traverses/perches, perchettes/étais des plantations primaires et des rejets de souches et aussi des nouvelles plantations de 2 ans. Les diamètres des bois sont compris entre 2- 5 cm. Tout comme les perchettes et étais, leurs usages est aussi multiples dans la construction des maisons, des cases, des hangars, des parcs et enclos. Aussi, découpées en petites pièces, elles constituent d’excellents bois pour la cuisine. • les feuilles : elles entrent dans la pharmacopée locale contre les maladies telles le paludisme, la toux.

4.4.3 LES CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DES PRODUITS

Producteurs planteurs

Structures Commerçants d’appui

Consommateurs

relations commerciales relations d’appuis techniques et matériels La filière d’Eucalyptus reste encore informelle ; aussi, très peu structurée, elle est mal organisée dans la zone d’étude. En général, les transactions se font entre : • producteur/planteur et commerçant ; • entre producteur/planteur et consommateurs ; • et entre commerçant et consommateur. Il est à noter que les commerçants et les consommateurs proviennent de différents horizons dont les villages voisins, la commune urbaine de Mopti, la zone inondée du Delta Intérieur du Fleuve Niger, le Plateau Dogon, le Seno (cercle de et de celui de Koro) et souvent des régions du Nord Mali (Gao), etc. Les prix des produits ne sont pas standards et dépendent beaucoup de leur qualité, de la saison et de la nature des relations entre le producteur et le commerçant ou le consommateur. En raison de leur faible niveau d’alphabétisme et de l’utilisation courante de la main-d’œuvre familiale, les producteurs occultent pour la plupart du temps, les coûts de production (acquisition de la terre et des plants, travaux de trouaison, plantation, arrosage, main-d’œuvre, transport, etc.) des produits. C’est ainsi que, pour une plantation adulte de 4 - 5 ans, les prix de cession des produits des producteurs aux commerçants et des commerçants aux consommateurs sont en moyenne de :

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 23

4.4.3.1 LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS

Tableau N° 4 : la commercialisation des produits par les producteurs6 Dimensions Appréciations Longueur Diamètre Prix vente unite Produits (en m) (en cm) Utilisations courantes (CFA) Offre Demande Traverses 4-6 Plus de 10 Traverses (maisons, 2 250 Faible Moyenne Perches hangars), mâts voiliers Perchettes Etais 4 5-10 Poutrelles, paillasses 250 grande Très grande Fourches 2 - 3 10 Poutres (maisons, 1 500 faible hangars Branchette Bois 0,5 – 4 2-4 Charpentes cases, bois 5 000 par Grande Moyenne cuisine cuisine charrette

Généralement les clients se rendent sur les lieux pour payer les produits. Il arrive que des clients payent des arbres sur pied et prennent en charge les frais de coupe pour satisfaire des demandes de produits de qualité. Cependant en cas de besoins urgent de liquidité, des producteurs peuvent prendre leurs produits pour venir vendre à Sévaré. Dans de telles situations, certains ne promènent avec leurs produits pour chercher des prix favorables et d’autres se dirigent directement vers les commerçants connus pour vendre les produits. Deux producteurs ont déclaré qu’ils refusent systématiquement de vendre leurs produits aux commerçants qu’ils considèrent comme des profiteurs. Le constat est que ces deux producteurs ont les prix de vente les plus élevés à savoir : 4 000 FCFA et 3 000 FCFA pour les traverses. Difficultés rencontrées : Elles sont de plusieurs ordres dont: • le manque de concertation pour fixer des prix par produit ; • l’éloignement de certains villages des routes carrossables ; • le manque de moyen de transport pour certains ; • l’enclavement de la zone en hivernage.

4.4.3.2 REVENTE PAR LES COMMERÇANTS AUX CONSOMMATEURS Les indications sur les vendeurs des produits provenant de l’Eucalyptus sont données dans le tableau ci- après : Tableau N°5 : situation des points de vente enquêtés Point de vente Noms du vendeur Age Durée dans l’activité Source d’approvisionnement Marché Sévaré Allaseini Telly 60 ans ? Daladougou, Persougué, Boumoukoré Aly Poudiougou 45 ans 15 ans Bougué, Persougué, Boumoukoré, Baïma Samba Kansaye 46 ans 8 ans Daladougou, Baïma, Boumoukoré Malado Tamboura 40 ans 4 ans Baïma , Persougué SOMAYAF Rte de Gao Oumar Guindo 26 ans 3 ans Daladougou, Komboko, Diambadougou Hôtel Bozo Aly Dara 68 ans 15 ans Persougué, Boumoukoré, Bougué, Baïma Eglise Protest Sévaré Mamoudou Maïga 50 ans 2 ans Zone Yamé vers Fatoma Marché Goundaga Modibo Karambé 45 ans 4 ans Persougué, Boumoukoré, Baïma et Goundaga

6 Les prix appliqués ont été validés par les producteurs et les marchands lors de l’atelier de restitution.

Les prix moyens7 de vente par unité produits sont donnés par le tableau ci – après : Tableau N° 6 : Situation des prix aux commerçants Produit Prix d’achat Prix de vente Bénéfices Perches/traverses 2 250 2 725 475 Perchettes/étais 250 464 214

Les relations entre producteurs, commerçants et consommateurs sont très fonctionnelles et séculaires et basées sur des critères de fidélité et de confiance réciproque. A moins de dérogations à ces règles, les producteurs ont généralement des clients (commerçants et consommateurs) fidèles qu’ils connaissent. Réciproquement les clients (commerçants et consommateurs) ont des fournisseurs (producteurs/planteurs) fidèles.

4.4.4 ANALYSE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DES PLANTATIONS En raison de leur faible niveau d’alphabétisation, de la nature d’acquisition des intrants et de l’usage fréquent de la main-d’œuvre familiale, la collecte auprès des producteurs/planteurs des données précises relatives aux investissements dans les plantations a été assez difficile. Aussi, les consultants n’ont pu disposer d’aucun document/archive du VRP et du service forestier faisant cas de telles analyses économiques. Devant une telle situation, les consultants ont été amenés à faire des simulations à partir d’informations recueillies çà et là, recoupées avec les normes techniques couramment admises par les structures d’appui techniques (services forestier, ONG). Le modèle utilisé est celui d’un producteur/planteur qui: • dispose d’un (01) hectare de terrain propre (hérité ou reçu en don) à lui où emprunté sans contre partie. Les cas d’achats de terre, de location ou de métayage n’ayant pas encore été évoqués lors de nos enquêtes ; • a un bon niveau de maîtrise de la production des plants, de la plantation et de l’entretien. Comme c’est le cas dans la Yamé, les promoteurs sont en général à la fois pépiniéristes, planteurs et exploitants des produits des plantations ; • d’un puisard où d’un puits de fortune non aménagés; • réalise sa plantation à des écartements de 3,5 x 3,5 mètres entre les plants, d’où 816 plants par hectare. Cette norme a été adoptée lors de l’atelier de restitution d’autant que les types de plantations rencontrés dans la zone revêtent diverses formes : bosquets, brise – vents, haie – vives, délimitations de champs, etc. sans regarnissage ;

• achète son permis de coupe d’arbustes pour clôturer sa parcelle ;

• assure le gardiennage et l’arrosage des plants pendant 4 mois ; • fait lui – même la première exploitation (première rotation de coupe) au bout de 5 ans ;

• qui vend toute sa production (perches/traverses, perchettes/étais, bois de cuisine) ;

• n’assure pas le transport de ses produits sur les marchés.

7 Ces prix ont été calculés sur les bases de la moyenne des prix communiqués par les producteurs et les commerçants enquêtés et validés lors de l’atelier de restitution.

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 25

a) Bordereau de prix Au cours l’atelier de restitution, il a été procédé à un inventaire systématique de tous les travaux nécessaires à la réalisation d’une plantation d’un (01) hectare et à une estimation des coûts réels (y compris l’effort propre du producteur) des différentes charges afférentes. Tableau N° 7 : Bordereau des prix appliqués par les producteurs Désignation des travaux Quantité Prix unitaire en CFA Montant en CFA 1. CHARGES 1.1 Creusement puits (4 – 7 m) 54 h /j 1 250 67 500 1.2 Nettoyage parcelle 3 h/j 1 250 3 750 1.3 Achat permis de coupe 7 500 1.4 Délimitation et clôture 15 h/j 1250 18750 1.5 Production des plants 816 pieds 125 102 000 1.6 Piquetage et trouaison 12 h/j 1 250 15 000 1.7 Plantation 9 h/j 1 250 11 250 1.8 Arrosage, gardiennage, entretien 1h/jx4 mois 10 000 40 000 1.9 Abattage et découpage des arbres 40 h/j 1 250 50 000 Total 1. 315 750 2. PRODUITS Taux de réussite 766 plants (94%) 2.1 Perches et traverses 1 532 pièces 2 250 3 447 000 2.2 Perchettes/étais 766 pièces 250 191 500 2.3 Bois cuisine 3 charretées 5 000 15 000 Total 2. 3 653 500 3. BENEFICES NET (5ème ANNEE) (Total 1.) – (Total 2.) 3 337 750 4. BENEFICE ANNUEL 3 337 750 : 5 667 550

Les Charges : Elles correspondent aux investissements du producteur/planteur pendant les cinq (05) premières années de la plantation sur une parcelle d’un (01) hectare. Les efforts physiques du producteur/planteur et de sa famille ont été estimés évalués et pris en compte dans les coûts de la main- d’œuvre. Ainsi, les investissements comportent chronologiquement les opérations suivantes : • le creusement d’un puits (4 - 7 mètres de profondeur): le sol n’est pas dur dans la vallée. C’est ainsi que l’activité requiert une main - d’œuvre salariée de 54h/j à raison de 1 250 CFA par jour, soit un montant de: 67 500FCFA. Il est à noter que dans le contexte du Yamé, les puits ne sont pas toujours nécessaires dans tous les cas pourvu que le paysan fasse sa plantation au bon moment (Novembre - Janvier) pendant que l’humidité est assez élevée dans le Yamé. Mais les plantation réalisées en dehors de cette période, requièrent la réalisation de points d’eau dont objectif prioritaire est l’arrosage des plantations. Par contre le point d’eau ainsi réalisé est utilisé pour d’autres usages notamment le maraîchage (culture de tomates, de courges, de calebasses et d’autres agrumes).

• le nettoyage de la parcelle: il consiste à rassembler et à brûler les brindilles et les mauvaises herbes. Cette activité nécessite 3h/j x 1 250 FCFA = 3750 FCFA. • l’achat du permis de coupe: le permis de coupe est obtenu auprès du Service forestier moyennant le payement d’une taxe de 7 500 FCFA. La coupe porte essentiellement sur les arbustes (Combretum micranthum, Guiera senegalensis, etc.) et les branches des espèces épineuses (Acacia radiana, Balanites, etc.), pouvant être utilisés

comme haie - morte et empêchant la pénétration des animaux domestiques, notamment les petits ruminants (moutons, chèvres). • la délimitation et la clôture: elles consistent en la pose de la haie-morte. L’activité nécessité une main - d’œuvre de 15h/j x 1 250 = 18 750 FCFA. • la production de plants: la production de plants en pépinière n’est pas une activité spécifique des producteurs. Elle est faite simultanément avec d’autres travaux et ne nécessite pas de grands efforts physiques ou d’investissements dans l’achat des intrants (pot, fongicides, etc.). Il a été donc difficile pour le groupe d’estimer les coûts. C’est ainsi que l’atelier a estimé qu’un prix unitaire de 125 FCFA par plant produit est raisonnable. Une plantation d’un hectare nécessite 816 plants à un écartement de 3,5x3,5 mètres entre les plants soit: 816 x 125 = 102 000 CFA. • le piquetage et la trouaison : selon les producteurs, le sol du Yamé n’est pas dur. Les travaux de piquetage et la trouaison se font de façon simultanée à raison de 12h/j x 1 250 = 15 000 CFA. • la plantation : la plantation a lieu aussitôt après les travaux de piquetage et de trouaison et nécessite pour un hectare, une main - d’œuvre de: 9h/jx1 250 = 11 250 FCFA. • arrosage, gardiennage, entretien: ces travaux se font aussi de façon simultanés et nécessitent une durée relativement longue de 4 mois. Après les 4 mois, les plants n’ont pas assez besoin d’arrosage et de gardiennage parce que l’espèce n’est pas broutée par les animaux. Dans le contexte du Yamé, la main - d’œuvre est mensuelle pour de tels travaux et est de : 10 000 FCFA/mois x 4 mois = 40 000 FCFA. • abattage et découpage des arbres en pièces: la coupe des sujets est assurée par le producteur. Elle intervient au bout de la 5ème année de plantation et nécessite pour un hectare : 40h/jx1 250 = 50 000 FCFA. Le coût total des charges est de: 315 750 FCFA. Nota: dans le contexte du Yamé, le transport des produits (pièces) n’est pas assuré par le producteur. Si c’est le cas, l’acheteur (commerçants, consommateurs) assure tous les frais inhérents. Les Produits L’âge d’exploitabilité de la plantation est de 5 ans où selon les producteurs dans le contexte du Yamé, le taux de survie est très élevée et est de 94% soit 816 plants x 94% = 766 sujets vivants. Ainsi, la première rotation de coupe d’un (01) sujet peut produire des pièces de bois : – au moins deux (02) traverse/perche de 4 mètres et de diamètre d’au moins 10 cm; – une (01) perchette/étais de 3 - 4 mètres; – au moins trois (03) charrettes de fagots pour la cuisine.

• Perches/traverses : la valeur de la production d’un (01) hectare de plantation est de : 766 x 2 pièces x 2 250 FCFA = 3 447 000 FCFA ; • Perchettes et étais : la valeur de la production est estimée à : 766 x 1 pièces x 250 = 191 500 FCFA.

• Bois de cuisine (fagots): 3 charrettes x 5 000 FCFA = 15 000 FCFA. Ainsi, la production d’un hectare de plantation d’Eucalyptus âgée de 5 ans est de : 3 447 000 + 191 500 + 15 000 = 3 653 500 FCFA.

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Le bénéfice net du producteur au bout de la cinquième année de la plantation sera de: 3 653 500 - 315 750 = 3 337 750 FCFA soit un bénéfice de: 667 550 FCFA par an soit 1 236 $US8. b) Bilan récapitulatif d’une plantation d’un hectare âgée de 5 ans se présente comme suit : Tableau N° 8 : Bilan d’un hectare de plantation d’Eucalyptus Désignation des travaux Montant En CFA Rapport Charges/produits PRODUITS 3 653 500 100% CHARGES 315 750 8,64% • Creusement puits (4 – 7 m) 67 500 1,84% • Nettoyage parcelle 3 750 0,10% • Achat permis de coupe 7 500 0,20% • Délimitation et clôture 18 750 0,51% • Production des plants 102 000 2,79% • Piquetage et trouaison 15 000 0,41% • Plantation 11 250 0,30% • Arrosage, gardiennage, entretien 40 000 1,09% • Abattage et découpage des arbres 50 000 1,36% BENEFICES NET 3 337 750

Les charges ne représentent qu’environ 9% des produits où parmi les neuf (09) activités énumérées, la production de plants représentent environ 3%, suivie du creusement de puits pour environ 2% et des travaux d’abattage et de découpage en pièces (1,36%). Le revenu net du producteur étant de : 3 337 750 FCFA ! Après la première rotation de coupe, l’espèce Eucalyptus camaldulensis a La plantation d’Eucalyptus s’avère une grande capacité de régénération à partir de la souche qui peut une activité hautement rentable à donner 4 à 5 tiges par pied que le producteur peut sélectionner suivant court terme en matière de ses besoins. Selon des producteurs enquêtés et nos constats sur terrain à revenus monétaires générés, partir des premières plantations de 1982, l’espèce peut atteindre une d’économies des ménages que de durée de vie de plus de 25 ans. C’est ainsi qu’avant l’épuisement de la services sociaux rendus ! C’est est souche au bout des 25 premières années, le producteur a la possibilité la meilleurs alternative pour d’effectuer 10 rotations de coupe tous les 2 ans ou 5 rotations de coupe générer de revenus à court terme tous les 4 ans. En dehors des travaux liés à la coupe des arbres, aucune et sans investissements autre charge majeure n’est imposée au producteur. Faut – t – il aussi importants. noter que pendant au moins 25 ans, le producteur/planteur dans une large mesure et ses proches (parents, amis, voisins) dans une moindre mesure sont épargnés des dépenses liées à l’achat de bois de construction (maisons, hangars, greniers) et de bois de cuisine !

8 1 $US = 540 FCFA.

4.5 LES IMPACTS DES PLANTATIONS DANS LA VALLEE DU YAME Au terme d’environ 25 ans d’introduction de l’Eucalyptus dans la zone, les impacts sont de nos jours assez immenses et ont affectés positivement tant la vie économique, que sociale et écologique des communautés villageoises et de leur environnement.

4.5.1 LES IMPACTS ÉCONOMIQUES “Mon activité principale était l’agriculture avec laquelle j’associais quelques pieds d’Eucalyptus ; mais avec le déficit chronique des pluies, ma production céréalière était toujours médiocre. Je dois chaque fois couper et vendre quelques pieds d’Eucalyptus pour acheter des céréales. J’ai beaucoup réfléchi et je suis décidé d’abandonner la culture de céréales pour me consacrer seulement aux plantations d’Eucalyptus. Cette option a été payante parce que grâce à l’exploitation de ma plantation d’Eucalyptus, j’arrive à nourrir ma famille, payer mes impôts, acheter des médicaments, des habits et des fournitures scolaires pour les enfants. Aujourd’hui, je tire tout de l’Eucalyptus. L’Eucalyptus est une espèce pérenne qu’on peut exploiter et vendre à tous les moments de l’année ; ce qui n’est pas le cas pour le mil ou les autres cultures maraîchères. Dieu merci’’. (G. Kansaye, 56 ans Planteur à Baïma). L’intérêt économique de l’Eucalyptus est de loin le plus préféré par aussi bien les planteurs et les marchands en ce sens qu’il procure des revenus et permet de satisfaire les besoins d’auto - consommation. Ainsi, selon les acteurs enquêtés, les revenus monétaires tirés de l’exploitation et de la vente d’Eucalyptus ont considérablement améliorés leur niveau de vie. Les revenus sont distribués dans les proportions suivantes :

Taux de distribution Utilisations des ressources et des revenus Planteurs Marchands Auto - consommation (maison, hangar, bois chauffe) 100% 100% Impôts 89% 29% Achat de céréales et denrées 79% 86% Habillements famille 74% 43% Equipements (charrues, charrettes, etc.) 58% Epargne (achat bétail) 26% 45%

Commentaires : pour les producteurs enquêtés, la première priorité dans l’utilisation des revenus tirés de l’Eucalyptus est le payement des impôts (89%), suivi de l’achat des céréales (mil, riz), des condiments et denrées alimentaires (savon, sucre, sel, etc.). Par contre 86% des commerçants enquêtés ont l’achat de céréales et denrées comme première priorité. Une telle situation s’explique par le fait que généralement les producteurs produisent des céréales dans leur champ. L’habillement des femmes et enfants (vêtements, chaussures, bijoux) occupe une place importante dans la répartition des revenus. C’est ainsi que 74% des producteurs enquêtés estiment destiner les revenus à cet effet. L’acquisition d’équipements est aussi une opportunité offerte par les activités de plantation d’Eucalyptus. A cet effet, 58% des producteurs enquêtés indiquent qu’ils ont pu acheter des charrettes, soit des charrues ou des animaux de traits (ânes, bœufs) grâce aux revenus tirés. Ce qui leur permet d’améliorer leurs moyens de production. Après la satisfaction de ces différents besoins, si les économies le permettent, elles sont épargnées dans l’achat de bétail (bovins, ovins/caprins) et réinvesties dans les plantations (creusement de puits, main-d’œuvre) ou dans d’autres activités génératrices de revenus (culture d’oignon ou de héné, embouche, achat de bois, etc.). A ce titre, 57% des commerçants contre 26% des producteurs pratiquent de telles épargnes. Aussi faut – t il souligner que la majorité des revenus générés sur les plantations collectives sont le plus souvent prêtés avec ou sans intérêt ou utilisés pour des besoins d’intérêts collectifs !

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 29

Pour les besoins d’auto – consommation (construction d’habitats, cuisine) le producteur ne fait pas recours aux produits d’autres espèces qu’il doit acheter directement (achat comptant) ou indirectement (achat de permis de coupe avec le service forestier). La plantation d’Eucalyptus est la meilleure alternative pour générer de revenus à court terme et sans investissement important. D’après les planteurs, d’autres alternatives (cultures sèches, maraîchage) de revenus existent mais sont moins porteuses dans la mesure où elles sont saisonnières et inondent les marchés en même temps. En outre, du fait qu’elles sont périssables, elles sont pour la plupart bradées sur le marché. Quant à l’Eucalyptus, il est pérenne et peut être coupé et vendu à n’importe quel moment de l’année; ce qui constitue une source sure de revenus et de réduction de la pauvreté en milieu rural. Par ailleurs, sur le plan national ou régional, le revenu moyen annuel par habitant est de l’ordre de 250 $US9. Par contre, il ressort de nos analyses que la plantation d’Eucalyptus génère au producteur un revenu moyen annuel de 667 550 FCFA soit 1 236 $US. Ainsi, un planteur d’Eucalyptus a un revenu 5 fois supérieur à celui d’un malien moyen !

4.5.2 LES IMPACTS SOCIAUX De ce point de vue, les impacts qui se dégagent pour les producteurs sont que les plantations ont permis : • d’améliorer le niveau de vie des ménages où à côté des économies qu’ils réalisent sur l’achat des produits pour l’auto – consommation (construction d’habitats, cuisine), les revenus tirés de l’Eucalyptus permettent d’acheter des céréales et les condiments, assurant ainsi une certaine sécurité alimentaire. Aussi, d’autres besoins sociaux de la famille (médicaments, fournitures scolaires des enfants, habillements) sont satisfaits dans une certaine mesure ; • d’influencer des comportements : dans certains villages de la zone d’étude, les plantations d’arbres autres que les espèces fruitières (manguier, goyavier) dans des vergers étaient méconnues. La pratique dans les champs consistait à l’entretien (élagage, taille de forme) des régénérations naturelles des espèces agro – forestières locales et utilitaires (Acacia albida, Tamarindus, Balanites, Adansonia, etc.). Les premiers promoteurs des plantations d’Eucalyptus ont été de véritables ‘‘phares’’ dans le milieu en suscitant des éveils de conscience d’une part et d’autre part en libérant et en inspirant de nouvelles initiatives, où désormais agriculteurs (autochtones et allochtones), agro - éleveurs ont des petites plantations personnelles qu’elles entretiennent et exploitent librement. • le genre : dans la tradition de la zone, les femmes ne pratiquaient pas le reboisement. Depuis l’essor de l’Eucalyptus, les femmes participent de plus en plus aux travaux de plantations dans la zone. Tout comme les hommes, elles disposent de nos jours de petites parcelles qu’elles entretiennent et exploitent librement. En outre, l’accès de la femme à la terre (droit d’usage) s’est beaucoup amélioré où dans certains villages les chefs ont attribué des parcelles aux groupements féminins pour les plantations (cas des villages de Daladougou, Fatoma et Badiongo). Il y a donc une grande avancée du point de vue de l’émancipation de la femme à travers sa participation à des activités porteuses. Cet acquis doit être préservé et renforcé dans la mesure où quand la femme adhère et s’approprie d’une innovation, c’est tout un peuple qu’elle entraîne avec elle.

9 Cf. Rapport National 2003 sur le Développement Humain Durable au Mali. Décentralisation et Réduction de la Pauvreté : MSSSPA/ODHD/PNUD.

Pindèré Sow planteuse à Daladougou

• la création d’emplois : l’essor de l’Eucalyptus a suscité sur place la création d’emplois saisonniers et journaliers liés aux activités de plantation, arrosage et de coupe des arbres. Aussi, il a été le moteur pour l’émergence d’une catégorie de marchand de bois qui a tendance à se professionnaliser ; • l’émergence de structures villageoises organisées : c’est ainsi qu’à côté des initiatives individuelles, sous l’impulsion de l’ONG Avril, 1997 à 2005, douze (12) groupements villageois (masculins, féminins et mixtes) ont reboisé près de 40 000 plants en plantations associatives dans 3 communes rurales de la zone. • de contribuer à la réduction de la pauvreté dans la zone : les produits (perches, perchettes, bois de cuisine) sont directement consommés dans les ménages des producteurs ce qui leur épargne de l’achat de ces produits sur les marchés. Aussi, les parents, voisins et amis peuvent en recevoir comme cadeaux. Par ailleurs les revenus tirés des plantations permettent aux producteurs de disposer de l’argent et de satisfaire d’autres besoins (impôt, céréales, condiments, équipements, médicaments, etc.) ou d’épargner. • la réduction de l’exode : en ce sens que l’activité de plantation a permis à certains producteurs et marchands de bois qui pratiquaient l’exode de s’établir définitivement grâce aux revenus tirés. • l’activité a amélioré l’image et le prestige des producteurs, notamment des pauvres qui au départ de leurs initiatives, étaient perçus comme des ‘‘fous’’ par le reste de la communauté. Mais de nos jours, ils sont très enviés parce qu’ils arrivent à générer de revenus monétaires importants.

4.5.3 LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX Les plantations ont été au delà de simples questions de rentabilité socio – économiques dans un environnement où les formations forestières naturelles des localités voisines sont soumises à des pressions humaines intenses. Ainsi, selon des interlocuteurs, les plantations d’Eucalyptus ont eu comme impacts : • la réduction de la pression sur les formations naturelles qui avant constituaient les seules sources d’approvisionnement en bois pour les usagers divers (bois de construction et de cuisine), Depuis l’exploitation des plantations, les perches, perchettes et brindilles d’Eucalyptus ont beaucoup tendance à remplacer les essences locales dans le cadre de la construction des maisons et des hangars et le bois pour la cuisine ;

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 31

• la reconstitution de la couverture végétale ligneuse : en effet avant les plantations, la vallée du Yamé était une formation herbacée dominée par le Viteveria nigricans parsemée d’arbustes genres. Après les plantations, la couverture végétale ligneuse est devenue plus dense ; • les plantations du Yamé ont inspiré de nouvelles initiatives dans des localités voisines de Bigna – ville (commune urbaine de Mopti) et de où plus de 100 hectares de terres incultes ont été récupérées et plantées en Eucalyptus par des individus. L’Eucalyptus à fait “tache d’huile” dans la région, notamment dans le Delta intérieur du fleuve Niger où depuis 1995, dans le cadre de la protection des périmètres irrigués villageois, le VRES, AFAR, OGES, ORM ont appuyé la réalisation de 875,2 ha10 ; • grâce à ses systèmes racinaires, l’Eucalyptus fixent les sols et les berges des cours d’eau contre le ravinement et l’ensablement ; • la réapparition de la petite faune : la zone d’étude regorgeait dans le temps de gibiers (phacochères, gazelles, lions, etc.). Sous l’effet du braconnage conjugué à la sécheresse des années 1970, la faune avait presque disparue. Mais de nos jours, en faveur des plantations ayant occasionné un micro climat et des poches de réfuge, on constate le retour de la petite faune (lièvres, porc – épics, etc.) et surtout des abeilles qui avaient disparu; • la reconstitution et la restauration des sols : la litière et l’humus produits par la chute des feuilles auraient permis d’améliorer la structure et la fertilité du sol11. Mais les paysans profitent peu de cette opportunité en ce sens que sa teneur en azote serait extrêmement élevée et brûle les cultures en cas d’insuffisance des pluies.

10 Source : GERDERE-GIE, AVRIL 2006 11 Selon Cisse M. et Coulibaly F. Av. 2006, l’étude du cas de « Senséladji », où 262 pieds d’Eucalyptus en substitution à la fumure organique (bouses de vaches), ont permis d’économiser 22 500 F CFA de charges par hectare destinés à l’achat d’engrais minéraux (VRES-Mopti) ;

4.5.4 GOUVERNANCE LOCALE La présente étude de cas est une illustration réelle mettant en évidence qu’un des meilleurs investissements en milieu rural est la gestion des ressources naturelles. En effet, les cas étudiés ont révélé que la dimension économique (richesse) de l’Eucalyptus a beaucoup favorisé et stimulé le développement et l’expansion des activités de plantations (nature). La responsabilité et la liberté d’agir des planteurs dans les prises de décision (pouvoir) ont été des facteurs très déterminants dans l’appropriation de l’innovation par les communautés rurales. Ainsi, la prise en compte de l’inter –action des dimensions ressources, économie, et responsabilité locale de la gestion des ressources naturelles est une condition sine qua non de succès. Comme c’est le cas dans la vallée du Yamé, l’expérience démontre que les projets et programmes qui intègrent la nature (gestion environnementale), la richesse (revenus) et le pouvoir (la bonne gouvernance) donnent les meilleurs résultats. En effet, les initiatives de plantations d’Eucalyptus dans la zone ont conduit simultanément à : • accroître la productivité des ressources en bois et à la conservation des sols ; • la croissance économique à travers les revenus (directs et indirects) générés par les produits ; • contribuer à réduire le niveau de pauvreté dans le milieu • développer de nouveaux rapports entre les ‘‘administrés’’et les administrateurs ou les communautés rurales ne sont plus des sujets ou des assistés mais des partenaires dans une société plus démocratique, plus décentralisée. A cet effet, les plantations ont permis aux planteurs d’avoir beaucoup de respect vis à vis des agents forestiers qui les considèrent comme des partenaires et des modèles de succès. En outre, à la différence du passé, les planteurs ont de nos jours moins de tracasseries (contrôles intempestives, répressions, etc.) vis à vis des agents forestiers. D’ailleurs, à l’occasion de certains avènements nationaux et locaux (journée de l’arbre, quinzaine de l’environnement), les planteurs reçoivent des autorités administratives (Ministres, Gouverneurs, Directeurs, Députés) des récompenses en nature ou en espèce.

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 33

Les plantations et le cadre conceptuel NRP dans la vallée du Yamé NATURE • Les plantations ont contribué à augmenter la productivité et la disponibilité en bois pour divers usages locaux (constructions, cuisine, etc.). ƒ Forêts naturelles : grâce à ses produits (bois d’œuvre, bois de service et bois de cuisine), les plantations ont favorisé la diminution de la pression sur les formations naturelles existantes et ont permis leur reconstitution ƒ Les sols: leur érosion ont été réduites et leur fertilité améliorée Les plantations (N) ont anticipé les capacités de producteurs à gérer librement Les plantations (N) ont stimulé et leurs plantations sans aucune influence impulsé de façon accrue une forte des autorités administratives et techniques. dynamique de marchés et de besoins de consommation.

L’émergence des marchés et des Les pouvoirs de décision (P) dont demandes (R) ont beaucoup disposent les producteurs ont été un encouragé les producteurs à investir des facteurs stimulateurs à investir de dans les activités de plantations façon importante dans les plantations.

RICHESSE Les revenus générés (R) par les plantations ont POUVOIR ƒ Conditions de vie : les produits (N) ont joué un beaucoup influencé les initiatives privées ƒ Les législations en cours offrent assez d’ouvertures pour la important rôle dans l’amélioration des conditions de vie soutenues par les autorités locales (chefs de responsabilisation des populations et des initiatives privées. des producteurs et de leur environnement social village et chefs coutumiers) ƒ Prise de décision : les producteurs ont un niveau élevé de responsabilité et d’autonomie dans la gestion des plantations qu’ils ont réalisés. ƒ Distribution des revenus: les revenus tirés des ƒ Accès à la terre et institutions locales : la terreestencore régiepar plantations sont utilisés pour satisfaire les différents le don, l’héritage, le prêt où les chefs de villages et chefs coutumiers en besoins dont entre autres : les impôts, l’achat de céréales assurent la distribution et le contrôle et de condiments, l’habillement et les médicaments, ƒ Participation : de plus en plus les femmes prennent part aux plantations l’équipements et l’épargne, etc. Le niveau de responsabilité des producteurs (P) sur leurs propres parcelles et les gèrent librement. dans la gestion des plantations a beaucoup ƒ Contrôle des revenus : les producteurs ont un libre contrôle dans influencé leurs capacités à produire de la richesse l’utilisation de leurs revenus. à partir des investissements dans les activités de ƒ Relations : à la faveur des activités de plantation, des rapports entre les reboisement. producteurs et l’Etat se sont établis de façon durable.

4.5.5 DES INNOVATIONS ET TRANSFERT DE TECHNIQUES ET DE TECHNOLOGIES • Le renforcement des capacités des premiers promoteurs dont I Togo, s’est traduit par une véritable appropriation de la technologie où pour la suite et sans appui externe, de nombreux nouveaux producteurs ont su développer un savoir – faire réel en matière de pépinière et de conduite des plantations qui a fait une grande ‘‘tâche d’huile’’ dans la zone du Yamé. En effet, très peu connue, il y a seulement un peu plus d’une dizaine d’années, ‘‘l’eucalyp –culture’’ est rentrée dans les pratiques et les mœurs du milieu et devient de plus en plus une tradition. De nos jours, jeunes, femmes et adultes ont un bon niveau de maîtrise des techniques de pépinière, de plantation et d’exploitation du bois. La création de capacités nouvelles en terme de maîtrise des techniques de production de plants et de réalisation des plantations est certes une des solutions radicales à répondre à l’avenir à la crise d’approvisionnement en énergie domestique et en bois d’œuvre et de services pour les populations. • En dehors des quelques appuis rares des projets (VRP, ONG) par la fourniture de plants, la majorité des planteurs s’est auto – développée à partir de leurs ressources et efforts propres dans la mesure où l’investissement ne demande pas assez de moyens. Mêmes les plus pauvres du village peuvent planter pourvu qu’ils aient une parcelle (empruntée, donnée ou héritée) et la volonté. • En matière de production de bois de construction et de cuisine, l’Eucalyptus est devenu le principal produit alternatif de substitution aux bois locaux qui du reste se sont raréfiés voire disparus dans la zone.

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 35

V. ROLES ET RESPONSABILITES DES ACTEURS POUR LA RECHERCHE DE SOLUTIONS AUX DIFFICULTES LIEES A LA FILIERE

Cette réflexion menée au cours de l’atelier de restitution a présenté les résultats suivants :

Difficultés Rôles et responsabilités rencontrées Services techniques et PRODUCTEURS Proposition de solutions Producteurs Elus locaux ONG 1. Accès à la terre • Sensibilisation / • Respect des • Information, • Sensibilisation et information des coutumes et lois • sensibilisation appui-conseil propriétaires terriens • • et élaboration des Appui financier • Elaboration de schéma SAT d’amélioration du territoire 2. Eboulement des • Réalisation des puits avec • Participation et • Appui financier et • Appui financier et puits buse organisation technique technique 3. Divagation • sensibilisation des éleveurs • Participation et • Appui financier et • Appui financier et animaux • clôture en haies vives et organisation technique technique en grillage 4. Tarissement des • creusement des puits à • Participation et • Appui financier et • Appui financier et puits grand diamètre organisation technique technique • Réhabilitation des puits traditionnels 5. Accès aux • vulgarisation des semences • Participation et • Appui • Formation et appui- semences de qualité de qualité adoption des organisationnel conseil • Formation à la production techniques • et appui financier des semences 6. Accès difficile aux • aménagement de pistes • Participation et • Sensibilisation et • Appui technique et plantations en • Aménagement de ponts organisation recherche du financier hivernage financement 7. Manque • organisation des • Mobilisation et • Sensibilisation • Appui-conseil et d’organisation producteurs en constitution formation coopératives d’apports • Formation sur la gestion 8. Eloignement de la • Recherches scientifiques • Participation et • Participation et • C.R.U nappe phréatique information recherche de • Appui technique et (absorption d’eau partenaires financier par la plante)

Difficultés Rôles et responsabilités rencontrées par Propositions de Services techniques les MARCHANDS solutions Marchands Producteurs Elus locaux et ONG 1. Manque • Mise en place d’une • Mobilisation et - • Sensibilisation • Appui-conseil d’organisation société coopérative constitution d’apports 2. Accès difficile aux • Aménagement des • Participation - • Sensibilisation • Appui technique plantations pistes et ponts et recherche et financier de financement 3. Instabilité des • organisation • Participation • Participation • Sensibilisation • Appui-conseil et prix (concertation), intermédiation • Système d’information des acteurs 4. Vol des produits • Organisation des • Sensibilisation et • Participation • Sensibilisation • Appui brigades de participation populations organisationnel surveillance 5. Insuffisance des • Octroi de crédits • Organisation et - • Recherche du • Appui technique fonds de roulement contributions financement et Financement 6. Conservation et • Equipement en • Participation - • Recherche du • Appui technique stockage produits financement et Financement phytosanitaires • Formation en traitement • Construction de magasins ou hangars

COMMENTAIRES Les difficultés rencontrées par les producteurs sont nombreuses et entravent la promotion de l’activité. Elles portent essentiellement sur : • l’accès à la terre ; • la divagation des animaux; • l’éboulement et le tarissement des puits; • l’accès aux semences de qualité • le pompage de l’eau par la plante entraînant ainsi l’éloignement de la nappe phréatique. Face à ces difficultés, plusieurs solutions ont été proposées. Il s’agit notamment de la sensibilisation et de la formation des propriétaires terriens, de la clôture des plantations par des haies vives, de la réalisation de puits à grand diamètre, de la formation à la production des semences et de la promotion de la recherche scientifique. A ce titre, les élus locaux, les Services Techniques et les ONG doivent orienter leurs efforts vers l’information, la sensibilisation, l’appui conseil et l’appui technique et financier. Ils doivent être accompagnés dans leurs efforts par les producteurs par une plus grande participation, une plus grande organisation. L’accès difficile aux plantations et le manque d’organisation sont des problèmes communs aux producteurs et aux marchands. A cet effet l’aménagement des pistes et ponts et la mise en place de sociétés coopératives serait très avantageux. Par conséquent, les élus locaux et les organismes d’appui devraient promouvoir la sensibilisation, la recherche de financements, l’appui technique et financier et l’appui conseil des acteurs. Ils

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 37

doivent être accompagnés par la participation, la mobilisation et la constitution d’apports par les producteurs et les marchands. Outre les difficultés qu’ils partagent avec les producteurs, les marchands sont victimes du vol des produits, de l’instabilité des prix et des mauvaises conditions de conservation et de stockage. Une plus grande organisation, la constitution des brigades de surveillance, la construction de magasins et l’équipement en produits de conservation (produit phytosanitaire) pourraient être des solutions. Les élus locaux, les Services Techniques et les ONG doivent venir en aide aux marchands par la sensibilisation, la recherche du financement, l’appui organisationnel, l’appui technique et financier. Ils doivent être épaulés par la participation des marchands. Parmi ces activités planifiées, il y a de celles – ci qui peuvent être exécutées par les moyens et les capacités locales dans la mesure où les paysans ont pu poursuivre tant bien que mal et sur de longues années les activités de plantation d’Eucalyptus sans appuis externes de projets ou d’ONG. Cependant, certaines difficultés évoquées par les planteurs ne sont pas des moindres et nécessitent souvent assez de moyens matériels et financiers importants pour leur résolution. Il s’agit entre autres de : • l’aménagement de puits pérennes; • l’aménagement des pistes rurales d’accès aux villages; • la recherche-action ou la recherche scientifique sur la valorisation des produits (bois, feuilles) d’Eucalyptus; • la recherche scientifique de l’influence de l’Eucalyptus sur la nappe phréatique et sur la qualité des sols agricoles. Des appuis externes seront salutaires pour contribuer à trouver des solutions à ces problèmes.

VI. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Cette étude vient à point pour combler une lacune des projets en général, le manque de suivi des impacts des activités qu’ils ont initiées. En effet sous l’impulsion du VRP en 1982, les plantations d’Eucalyptus ont considérablement influencé positivement la vie économique et sociale des populations et de leur environnemental de la vallée du Yamé. Elles ont été un véritable moteur de développement de la zone en stimulant et en libérant assez d’initiatives où avec l’appui ou sans des structures externes, les communautés locales ont su s’approprier de l’innovation pour la dupliquer dans d’autres zones. Cependant si les avantages liés aux plantations sont indéniables, il demeure que certains facteurs limitent encore leur ‘‘optimalisation’’ au nombre desquels : • le faible niveau de recherche et suivi des acteurs de la filière, notamment les producteurs par les structures d’appui (Projets/programmes, ONG, structures de recherche) faisant que les informations quantitatives et qualitatives sont peu capitalisées et par conséquent non diffusées. Cette riche expérience de la vallée du Yamé est malheureusement très circonscrite et est à la limite ignorée non seulement des bailleurs de fonds et des décideurs. La situation se trouve exacerbée par l’absence de données scientifiques au niveau local quant aux influences de l’Eucalyptus sur les systèmes de productions agricoles12. De nos jours, l’envahissement de l’espace par l’espèce contre le gré des paysans ne mérite – t – il pas une attention particulière de la part des organismes d’appui ? Aussi, la question d’association d’autres cultures à l’Eucalyptus ne doit – t – elle pas être bien appréhendée ou expliquée si des informations existent ? • l’absence d’organisation et de concertation entre les acteurs de la filière de manière que les écarts de prix des produits sont souvent considérables d’un producteur à un autre ou d’un marchand à un autre. Les règles de marché (offre/demande) sont peu mises à profit par les acteurs qui prennent peu des initiatives pour constituer des stocks importants. En effet, pendant l’hivernage où les producteurs sont occupés par les travaux champêtres, l’offre parvient peu à couvrir la demande sur les marchés. Aussi, en l’absence d’organisations structurées et fonctionnelles, les possibilités d’accès aux crédits ne sont – t – elles pas limitées; • le faible niveau de transformation et de valorisation des produits : en effet, les usages actuels et courants des produits sont limités seulement aux travaux de construction. Les explorations des possibilités de transformation et de valorisation des produits (bois, feuilles, sève, etc.) dans les domaines de la menuiserie/ ébénisterie, de la cosmétique, de la pharmacie, etc. son quasi - absentes ; • l’absence de rapports et de cadres de concertations entre les producteurs et les élus : les plantations d’Eucalyptus ont généré assez de revenus aux producteurs qui leur ont permis entre autres de s’acquitter des impôts13. N’est – t – il pas nécessaire que les élus s’intéressent aux activités qui permettent à ses citoyens de pouvoir payer les impôts et de soutenir ces efforts ? Malheureusement, tel n’est pas le cas où d’ailleurs, les activités liées à la gestion des ressources naturelles sont peu prises en compte par les élus locaux dans leur programme ou plan local de développement. Autant de facteurs, qui si ils sont maîtrisés vont ‘‘ajouter plus de valeur’’ aux activités de plantations, aux revenus, à l’amélioration des conditions de vie, et à la lutte contre la dégradation des ressources naturelles.

12 Les informations fournies par les producteurs enquêtés indiquent que ‘‘l’Eucalyptus pompe les eaux souterraines et concurrence les autres cultures ‘‘. 13 Lors de nos enquêtes, 89% des producteurs touchés ont affirmé qu’ils ont pu s’acquitter de leur impôt à partir des revenus tirés de l’Eucalyptus.

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C’est ainsi que pour lever ces difficultés, les consultants suggèrent et recommandent aux producteurs, marchands, structures d’appui et aux élus locaux de : • assurer une large diffusion (internet, bulletin, revue, etc.) des résultats de l’étude en vue de stimuler ou d’inspirer d’autres initiatives sur le plan local, national que dans les pays du Sahel ; • promouvoir et renforcer le suivi des acteurs et assurer la collecte des informations qualitatives et quantitatives en vue de leur large diffusion auprès de structures d’appuis techniques et financiers et aux décideurs ; • renforcer les acquis et encourager les plantations d’Eucalyptus. A l’occasion une attention particulière doit être mise sur les initiatives privées car elles sont plus motivantes pour les producteurs. L’organisation de concours entre planteur, les récompenses peuvent être des alternatives pour mieux stimuler les planteurs; • organiser les différents acteurs en associations (producteurs, commerçants) de la filière en vue de leur permettre de tirer le maximum de profit de leurs activités et de pouvoir permettre aux membres d’accéder aux crédits auprès des institutions locales de micro – finances ; • mener des recherches pour explorer les possibilités de valorisation transformation des produits (bois, feuilles, sève). Ces recherches peuvent porter entre autres sur le traitement et le sciage du bois (en chevrons ou en planches), le broyage des brindilles et des feuilles, etc. • organiser des cadres de concertations et d’échanges entre élus locaux et les acteurs, notamment les producteurs et les chefs coutumiers. A l’occasion, les sujets d’échanges peuvent concerner entre autres les aspects liés : - la sécurité foncière ; - la prévention et la gestion des conflits ; - le rôle des producteurs dans la mobilisation des ressources financière des communes ; - la GRN et les plans communaux de développement ; etc.; • mener des recherches relatives aux influences de l’Eucalyptus sur les systèmes de production et en assurer une large diffusion. • la poursuite de l’organisation d’une telle rencontre; • l’appui technique et financier des élus locaux et des organismes externes (services techniques d’Etat, ONG) pour une meilleure promotion de la filière.

ANNEXE I: TERMES RÉFÉRENCE ÉTUDE FILIÈRE EUCALYPTUS VALLÉE YAMÉ14

1.1 CONTEXTE Face aux incertitudes et aux instabilités climatiques (déficit pluviométrique, sécheresse) dans la région de Mopti, les aménagements et la bonne gestion des ressources naturelles (plantations d’arbres, conservations des eaux et des sols, aménagements de forêt, de la faune, des pâturages et des pêcheries, etc.) pourraient constituer de nos jours les meilleurs investissements pour les paysans dans le triple but d’augmenter la production, de procurer des revenus financiers et d’assurer la sécurité alimentaire. Mais cette hypothèse est peu documentée et par conséquent peu cernée non seulement par les organismes d’appui (projets/programmes, ONG) et aussi par les décideurs. Ainsi, à côté des sécheresses chroniques, la dégradation des ressources naturelles se trouve de nos jours exacerbée par : • la pression démographique élevée sur les maigres ressources disponibles. Par ex : le bois et le charbon de bois sont de loin les principales sources d’énergies et les plus accessibles dans la région de Mopti. Durant les trois (03) dernières décennies, l’augmentation de la population a aggravé la pression sur les formations forestières naturelles avec comme conséquence la réduction de la biodiversité, voire la disparition de certaines espèces végétales ; • l’insécurité foncière, source de nombreux conflits entre paysans quant à l’accès, l’appropriation, l’exploitation et le contrôle des ressources. Cette situation d’insécurité foncière est un facteur de démotivation des paysans et un des freins à l’investissement dans les ressources naturelles ; • les mauvaises pratiques (défrichement anarchique, coupe abusive de bois, feux de brousse, etc.) de gestion des ressources naturelles où les utilisateurs se comportent très souvent comme des ‘‘déprédateurs’’, compromettant ainsi la pérennité de certaines ressources. Mises à nue par les coupes abusives et les défrichements, les forêts arrivent de moins en moins à jouer leur fonction de protection des sols contre les formes d’érosions éoliennes et hydriques. Ce qui influence négativement la fertilité des terres et la baisse de la production agricole. En outre, les sous - produits forestiers (feuilles, fruits, gommes, fibres, etc.) entrant dans une grande partie dans l’alimentation des ruraux et sources de revenus pour les femmes se sont beaucoup amenuisés ; • le faible niveau d’attention des décideurs sur les questions liées à la bonne gestion des ressources naturelles et de l’environnement. En effet, peu informés des impacts des investissements dans les ressources naturelles, les décideurs nationaux et les partenaires/bailleurs orientent plus en plus les fonds d’aide vers les secteurs socio – éducatifs (santé, éducation, infrastructures, etc.) au détriment de la dégradation des ressources naturelles et des conditions de pauvreté des ruraux. Cette vision peu - cohérente des décideurs se trouvent aussi aggravée par l’insuffisance du dispositif législatif encore rigide et peu incitatif aux investissements dans les ressources naturelles. Cette étude peut renforcer l’attention des décideurs sur ces questions

14 Cours d’eau temporaire traversant les communes rurales du Pignari-Bana, du Bassiro, du Kounari et de Fatoma dans les cercles de Bandiagara et de Mopti (région de Mopti).

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 41

Autant de facteurs qui influencent négativement les écologies des milieux et les conditions socio économiques des populations. Par ailleurs, dans le processus de la décentralisation en matière de gestion des ressources naturelles, les collectivités territoriales (CT) sont encore très limitées dans leurs capacités de mobilisation de ressources financières pour leur développement. En l’absence de transfert de compétences de gestion des ressources naturelles, elles se contentent des maigres ressources générées par les taxes et impôts qui du reste sont loin de couvrir leurs besoins de développement. Assez jeunes et ‘‘peu agressives’’, les CT n’ont pas assez d’initiatives et de capacités d’anticipation sur les opportunités pour valoriser les ressources naturelles à travers l’organisation des filières. Cette étude doit capitaliser cette connaissance sur les liaisons entre le transfert de compétence et responsabilité et le niveau et qualité de gestion de RN par la population locale ) Malgré ces difficultés énoncées, des communautés et des individus mènent depuis de nombreuses décennies des initiatives porteuses d’investir dans les ressources naturelles. Au nombre des ces initiatives dans la région de Mopti, l’on peut citer : des plantations d’arbres, la maîtrise des eaux à travers des retenus collinaires, des cordons pierreux dans les champs, des aménagements pastoraux et piscicoles, etc. Certains de ces investissements ont eu des impacts positifs dont : • l’amélioration de la production agricole ; • l’augmentation de revenus et la réduction de la pauvreté; • la restauration de la flore et de la faune ; • la réduction de certains facteurs sociaux comme l’exode rural ; • l’amélioration de l’accès des femmes et des enfants aux services socio - sanitaires ;

1.2 OBJECTIFS Cette étude de cas couvre la vallée du Yamé et concernera les différentes initiatives entreprises depuis les années 1980 en matière de plantations d’Eucalyptus camaldulensus par des paysans sous l’impulsion du projet ‘‘Village Reforestation Project’’ (VRP)15 dans un perspective de renforcement de la filière Eucalyptus en vue de multiplier et étendre les impacts positifs. A ce titre, elle vise à : • identifier les principaux acteurs (producteurs, commerçants, consommateurs) impliqués dans la filière; • analyser toute la filière (de la production à la commercialisation) ; • analyser les impacts (positifs et négatifs) de la filière sur l’environnement et les conditions de vie des populations. A cet effet, une attention particulière sera faite sur les aspects dont : – économiques : en quoi l’Eucalyptus camaldulensus a contribué à augmenter les revenus du planteur ? Quels sont les coûts/bénéfices par unité ? Distribution des bénéfices ? Quelles sont les conditions de marchés ? – sociaux : amélioration ou réduction de l’accès aux services de bases par les femmes et les enfants ? augmentation ou réduction des conflits ? de l’exode ? autres ? Accès des femmes et des pauvres aux terres ? dans quelles conditions ? – écologiques et environnementaux : amélioration ou réduction de la couverture végétale ? reconstitution ou régression de la faune ? reconstitution ou dégradation des sols et de la production agricole ? réduction ou augmentation des érosions éoliennes et hydriques ?

15 Projet financé par l’USAID

– techniques : transfert de techniques et d’innovations ? renforcement des capacités techniques ? Quel niveau de maîtrise et d’appropriation des populations? (Quels étaient des rôles des agents des Eaux et Forets ? Est ce qu’il y avait un changement de comportement des agents et comment est-ce que ce changement institutionnel a contribué aux impacts ?) – gouvernance locale : quels changements induits dans les rapports en matière d’accès, d’appropriation aux terres entre administrateurs/administrés, entre propriétaires coutumiers/élus/exploitants, entre hommes/femmes ? Quelles ont été les tendances depuis 1980 ? – Comment est-ce que les cultivateurs ont été informés sur l’idée de plantations privées ? • analyser comment les résultats des initiatives privées dans la vallée du Yamé puissent servir comme un laboratoire pour que les décideurs et praticiens puissent examiner objectivement les liens entre certains dispositifs réglementaires et les réponses par la population rurale. A la fois, ils peuvent voir les liens entre le GRN et la lutte contre la pauvreté et la décentralisation. Dans ce cas, on peut poser les questions suivantes : – Où est ce que la compétence a été transférée, est ce que cet dispositif réglementaire a engendré les investissements privés ou non ? – Où a – t – on fait les investissements dans la GRN, est ce que la pauvreté a été réduite ou non ; est ce que la gouvernance locale a été renforcé ou non ; et est ce que la nature a été protégé ou non? – Si on trouve des impacts, quelles étaient la suite des conditions qui ont engendré les investissements dans les reboisements ? En plus du transfert de compétence, quelles étaient les autre conditions, e.g., sécurisation foncière, accès aux marchés, accès a l’assistance technique, renforcement de connaissance des options, etc.) – Quelles étaient les actions qui ont crées ces conditions ? e.g., est ce que le VRP a influencé les dispositifs réglementaires vis-à-vis du transfert de compétence, est ce que les cultivateurs ont reçu l’assistance technique ; quelle était l’origine de l’idée même, – Pour que ces impacts puissent atteindre une grande échelle, quels changements faut-il faire au niveau national et local ? • analyser les perspectives de renforcement et de valorisation de la filière Eucalyptus en tenant compte des aspects d’utilisation durable et d’augmentation de la productivité de la ressource, de la responsabilisation des acteurs locaux et la promotion de la bonne gouvernance, et des acteurs d’incitation économiques et d’amélioration des conditions socio-économiques des producteurs ruraux les plus pauvres • informer les décideurs (gouvernants, élus) sur les impacts à travers un atelier. En outre, cet atelier aidera à : – définir le rôle des Collectivités territoriales et des organismes d’appui (services techniques d’Etat, ONG) dans l’organisation d’une telle filière (dont cette étude discutera les roles de CT par concertation); – dégager des stratégies ou des mécanismes d’organisation et de valorisation d’autres filières porteuses en GRN ;

1.3 RÉSULTATS • les principaux acteurs impliqués dans la filière sont identifiés; • les étapes de la filière sont identifiées et analysées ; • les impacts (positifs et négatifs) des différentes étapes de la filière sur l’environnement et les conditions de vie des populations sont identifiées et analysées.

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 43

• les décideurs sont informés de impacts ; • une stratégie et un plan d’action de renforcement de la filière et d’appui a la valorisation des produits d’Eucalyptus sont élaborés et validés par les acteurs concernés • le rôle des Collectivités territoriales et des organismes d’appui (services techniques d’Etat, ONG) dans l’organisation et le renforcement de la filière est identifié; • des stratégies ou des mécanismes d’organisation et de valorisation d’autres filières porteuses en GRN sont identifiés. Nota ; l’étude sera suivie par un atelier de restitution et d’échanges avec les principaux acteurs des filières.

ANNEXE II : GUIDE D’ENTRETIEN

II.1 PLANTEUR

1. .Date______2. Village ______3. Commune ______4. Prénom/nom enquêté ______5. Sexe ______Profession ______6. Brève description de l’activité L’activité est – t – elle principale ? Etat des ressources l’activité ? Quelles ont été vos motivation ? Superficie planté ______ha : Age plantation _____ ans : Nbre arbres planté : ______Mode d’acquisition des intrants (semences, plants) Mode acquisition de la terre : prêt  don  héritage  autres (à précisez)  Origine main d’œuvre : familiale  salariée  mixte 

7. IMPACTS :

7.1 ECONOMIQUES

7.1.1 Coût

Parcelle Trouaison Plantation Clotûre Arrosage Autres Autres Autres (Ha) (h/J/ha) (h/j/ha) (h/j/ha) (h/j/ha)

7.1.2 Prix de vente/unité/CFA Perche Perchette Etais Brindille Feuilles Autres

7.1.3 Analyse des coûts/bénéfices

7.1.4 Quelles sont les conditions de marchés Grande Moyenne Faible Offre

Demande

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 45

Quels sont vos clients potentiels (si possible, indiquer le nom) Menuisier  Origine ______Entreprise  Origine ______Commerçant  Origine ______Autres (à préciser)  Origine ______Comment se fait la vente des produits ?

Produits Sur place Transport sur marché

Perches   Perchettes   Bois cuisine   Autres  

7.1.5 L’activité a – t – elle améliorée vos conditions de vie : Oui  Non 

7.1.6 Si oui comment ?______7.1.7 Comment les revenus sont distribués/utilisés Impôts Equipement Habillement Achat Epargne Autres Autres céréales (à préciser) (à préciser       

7.1.8 Problèmes/difficultés dans l’activité ______

7.2 SOCIAUX

7.2.1 L’activité a – t – elle permis Comment ?

Améliorer l’alimentation 

Acheter médicaments 

Fournitures scolaires des enfants 

Comment ?

Influencer les comportements 

Réduire corvée des femmes 

Réduction des conflits 

Réduire l’exode des jeunes 

Elever niveau de vie ménages 

Faciliter l’accès à la terre 

 Autres

7.3 ECOLOGIQUES Comment ?

Améliorer couverture végétale 

Réduction érosion 

Recharge nappe phréatique 

Réapparition faune 

Reconstitution des sols 

Autres 

Quel est l’état des ressources après l’activité ? ______

7.4 TRANSFERT DE TECHNOLOGIE

7.4.1 L’activité a – t – elle été inspirée, influencée ou initiée par : Acteurs Comment ?

VRP 

Service d’Etat (à préciser) 

Projets/ONG (à préciser) 

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 47

Acteurs Comment ?

Paysans voisins 

Initiative délibérée 

Autres 

7.4.2 Quel est votre niveau de maîtrise des techniques de : Elevé Moyen Faible Pépinière

Plantation

Entretien

Coupe

Autres

7.5 GOUVERNANCE LOCALE

7.5.1 Etat de vos rapports avec les autorités Service forestier Chef coutumier Pourquoi ? Avant l’activité Après l’activité

7.5.2 Quels sont les types de pouvoir de décision que vous disposer sur vos plantations ?

7.5.3 L’activité a – t – elle influencé l’émergence d’autres droits ? Acteurs Comment ?

Les femmes  Les jeunes  D’autres marginaux (à préciser) 

7.5.4 Quels types de relations envisagez – vous avec :

Les élus locaux Les services techniques/ONG Les chefs coutumiers

8. QUELS SONT LES EFFETS/IMPACTS INATTENDUS DE L’ACTIVITE

Economiques Sociaux Ecologiques Autres (à préciser)

9. QUELLES AUTRES ACTIVITÉS SONT ASSOCIÉES AUX PLANTATIONS

______

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 49

II.1 MARCHAND DE BOIS

1. Date______2. Village ______3. Commune ______4. Prénom/nom enquêté ______5. Sexe ______Profession ______6. Brève description de l’activité (motivation, etc.)

7. Origine et nature des produits

Nature produits Origine

Perches  Perchettes et étais  Bois de chauffe  Autres 

8. Analyse économique (par unité)

Nature du produit Dimension Prix achat au producteur Prix de vente Bénéfice Perches Perchettes et étais Bois de chauffe (fagot) Autres

9. Distribution des revenus

Impôts Equipement Habillement Achat Epargne Autres Autres céréales (à préciser) (à préciser       

10. Conditions de marché

Grande Moyenne Faible Offre

Demande

11. Difficultés et problèmes rencontré ______12. Etes – vous organisés : Oui  Non 

II.3 AGENTS FORESTIERS ET ONG

1. Date______2. Village ______3. Commune ______4. Prénom/nom enquêté ______5. Sexe ______6. Que savez des plantations d’eucalyptus dans la vallée du Yamé ______7. Quels sont les avantages de telles plantations

Comment ?

Economiques  Sociaux  Ecologiques  Techniques  Autres  Autres 

8. Quels sont les inconvénients de telles plantations ? ______9. Quels types d’appui le service apporte – t il aux différents acteurs ______10. Quelles sont les conditions pour une bonne promotion et de gestion des activités de plantations ? ______11. Comment les textes législatifs et réglementaires actuels en cours permettent – t – ils des investissements dans les activités de plantations ? ______

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 51

II.4 CONSOMMATEURS

1. Date______2. Lieu ______3. Commune ______4. Prénom/nom enquêté ______5. Sexe ______6. Profession ______7. Quelles utilisations faites vous des produits d’Eucalyptus (maison, hangar, meubles, objets d’art, etc. ?

Types de produits Lieu d’approvisionnement Types d’utilisation Perches Perchettes Brindilles Feuilles Autres (à précisez)

8. Quelles sont les conditions d’approvisionnement des produits?

Conditions Perche Perchette Brindilles Feuilles Autres Etais (à précisez) Achat comptant Crédit Dons Autres

9. Quels sont les prix d’achat des produits ? Perche CFA Perchette/Etais CFA Fagot CFA Autres CFA 10. Vos impressions sur les produits eucalyptus

Prix achat Qualité par rapport à Disponibilité d’autres espèces Accessibilité Perche Perchette/étais Bois cuisine Autres

11. Autres commentaires : ______

ANNEXE III : LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉES (ENQUÊTES TERRAIN)

Structures Villages N° Prénom et Nom Fonction Localités 1 Indiélou Togo Planteur Persougué 2 Yaya Lougué Planteur Persougué 3 Bourema Poudiougou Planteur Persougué 4 Modibo Karambé Planteur Goundaka 5 Gouro Kansaye Planteur Baima 6 Abdoulaye Sidibé Conseiller village Baima 7 Hamadi Daou Notable Baima 8 Nafandé Traoré Conseiller village Baima 9 Amadou Karambé Notable Baima 10 Baba Tamboura Planteur Baïma 11 Demba Kansaye Planteur Baima 12 Kanda Guindo Planteur Boumoukoré 13 Sekou Sidibé Planteur Boumoukoré 14 Hama Cissé Planteur Boumoukoré 15 Ousmane Traoré Association des Planteurs Daladougou 16 Amadi Coulibaly Association des Planteurs Daladougou 17 Pindèré Sow** Association des femmes Daladougou 18 Fanta Sylla** Association des femmes Badiongo 19 Yoro Korobara Association des Planteurs Badiongo 20 Bourema Cissé Association des Planteurs Badiongo 21 Seydou Karambé Planteur Bouguè 22 Dikourou Sangaré** Planteuse Bouguè 23 Hamadi Diarra N°1 Planteur Komboko 24 Oumar Coulibaly Planteur Komboko 25 Hamadi Diarra N°2 Planteur Komboko 26 Moussa Guindo Planteur Dialangou 27 Bourema Djiga Planteur Manaco 28 Moussa Keita ONG Avril Fatoma 29 Allaye M Sidibé ONG Avril Fatoma 30 Aly Poudiougou marchand de bois Marché Sévaré 31 Allaseini Telly marchand de bois Marché Sévaré 32 Samba Kaya marchand de bois Marché Sévaré 33 Malado Tamaboura** marchande de bois Marché Sévaré

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Structures Villages N° Prénom et Nom Fonction Localités 34 Aly Dara marchand de bois Hôtel Bozo Sévaré 35 Mamadou Maïga marchand de bois Route Gao Socoura 36 Oumar Guindo marchand de bois Route Gao Sévaré 37 Allaye Dicko Chef de village Sampara 38 Ahmed Ouédrago Sec. Jeunesse Sampara 39 Bocari Traoré Conseiller village Sampara 40 Seydou Dicko Conseil communal Sampara 41 Boubacar Guitteye Conseil communal Sampara 42 Bilaly Guindo Notable Sinèrè 43 Hama Cissé Notable Sinèrè 44 Housseyni Cissé Planteur Manaco 45 Moussa Ballo Entrepreneur BTP Sévaré 46 Adama Doumbia ‘‘Diego’’ Entrepreneur BTP Mopti 47 Cheigaboun Diallo Chef Poste Forestier Fatoma 48 Fousseyni Diabaté DRCN Mopti 49 Zoumana Konaté DRCN Mopti 51 Boubacar Frantao Chef Poste Forestier Ouo 52 Ousmane Traoré Association Planteurs Poutchiwel 53 Moussa Sangaré Association Planteurs Patia 54 Hamadi Traoré Association Planteurs Diaborky 55 Mabel Kama Association Planteurs Diaborky 56 Samba Kondé Association Planteurs Komboko 57 Abdramane Diarra Association Planteurs Fatoma 58 Tiédo Traoré** Association des femmes Ty 59 Aissata Diop** Association des femmes Ty ** femmes menant des activités de plantation ou de commercialisation du bois d’Eucalyptus.

ANNEXE IV: LISTE DES PARTICIPANTS À ATELIER DE RESTITUTION

Structures Villages N Prénom et Nom Fonction Localités 1 Hamadoun Sidibé 2ème Adjoint Maire Commune Fatoma 2 Indiélou Togo Planteur Persougué 3 Modibo Karambé Planteur Goundaka 4 Baba Tamboura Planteur Baïma 5 Demba Kansaye Planteur Baima 6 Kanda Guindo Planteur Boumoukoré 7 Sekou Sidibé Planteur Boumoukoré 8 Pindèré Sow** Association des femmes Daladougou 9 Boubacar Cissé Association des Planteurs Badiongo 10 Seydou Karambé Planteur Bouguè 11 Hamadi Diarra N°2 Planteur Komboko 12 Moussa E. Guindo Planteur Dialangou 13 Bourema Djiga Planteur Manaco 14 Allaye M Sidibé ONG Avril Fatoma 15 Allaseini Telly marchand de bois Marché Sévaré 16 Boubacar Guitteye Conseil communal Sampara 17 Yamadou Diallo Coord Programme NEF 18 Moussa Boiré Chambre Régionale Agriculture Mopti 19 Mamadou Berthé Service Conservation Nature Mopti 20 Dembelé Yroshi Centre Recherche Agronomique Mopti 21 Touma Diarra Planteur Boré/Douentza 22 Hamadoun Karambé Maire Pignari Goundaka 23 Anda Ouologuem ONG AFAR Mopti/ 24 Aly Poudiougou Marchande de bois Marché Sévaré 25 Abdoulaye O Cissé Boursier FRAME/GDRN5 Sévaré 26 Mamadou Diakité Sahel ECO Sévaré 27 Zakaria Coulibaly Assistant GDRN5 Sévaré 28 Aly Bacha Konaté GDRN5 Sévaré

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ANNEXE V: RAPPORT DE FORMATION SUR LES ACTIONS DE PROMOTION DE LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

1-CONTEXTE DE L’ATELIER. Le Réseau de Gestion de Gestion Décentralisée des Ressources Naturelles en 5ème Région (GDRN5) a initié avec l’appui de IRG la présente formation sur la promotion de la GRN dans le cadre de la mise en œuvre de son programme de renforcement des capacités de ses membres. Il s’agit des intervenants en matière de GRN dans la région de Mopti : ONGs, services techniques, Associations et projets. Elle s’inscrit dans la vision d’une gestion durable des ressources naturelles pour la réduction significative de la pauvreté. A cet effet, elle vise à cet effet une promotion de la GRN dans les aspects essentiels de la définition et de la mise en œuvre des programmes, des politiques et lois de l’Etat. L’atelier de formation a pour cible les membres du Réseau, notamment les ONGs, les projets et partenaires que sont les associations de producteurs ruraux. Il a pour but de répondre à leur besoin en matière de promotion de la GRN. Le processus d’identification par le Réseau des besoins de renforcement des capacités de ses membres a mis en évidence des insuffisances dans les programmes de ces derniers dans le domaine de la promotion de la GRN. Il s’agit: • de la faible intégration des actions de promotion de GRN dans les programmes • de la faiblesse des connaissances et stratégies de promotion des actions de GRN • de la non disponibilité des outils en matière de promotion de la GRN C’est ainsi que la formation compte offrir la possibilité à ceux-ci de comprendre les problématiques et enjeux liés à la promotion de la GRN, de mieux connaître et comprendre le cadre politique, institutionnel et juridique, d’identifier et analyse les contraintes à la promotion de la GRN, et connaître les mécanismes et outils de formulation et de conduite des actions de plaidoyer pour la promotion de la GRN.

2-OBJECTIFS DE L’ATELIER L’objectif global de la formation est d’institutionnaliser la promotion de la GRN dans les activités des membres du Réseau GDRN5. Les objectifs spécifiques sont:

• l’initiation et/ou le renforcement des capacités des membres du réseau et leurs partenaires en identification, montage et conduite des actions de promotion de la GRN • l’élaboration d’un plan d’action de promotion de la GRN pour le Réseau et ses membres assortis de stratégies de mise en œuvre dans le cadre de la décentralisation en cours au Mali • la sensibilisation des décideurs sur les liens entre la GRN « privatisée » et la réduction de la pauvreté et le renforcement de la gouvernance locale.

3-RÉSULTATS ATTENDUS • Les membres du Réseau et leurs partenaires ont les capacités renforcées en matière de promotion de la GRN • Des plans d’actions à court terme pour le réseau et ses membres sont élaborés • Des liens entre la GRN et la lutte contre la pauvreté et la décentralisation, sont discutées au niveau national • Des politiques forestières qui ont contribué aux initiatives de reboisement privé sont discutées (et voire célébrées)

4-MÉTHODOLOGIE ET OUTILS. La méthodologie a été participative par la place largement accordée aux échanges sur les expériences vécues, aux débats en ateliers et en plénière et aux travaux de groupes. Elle s’est manifestée à travers les étapes et/ou techniques suivantes :

4-1- EVALUATION DE CONNAISSANCES L’évaluation des compréhensions des participants par rapport aux concepts clefs a marqué la conception méthodologique de la formation ; elle a été organisée sous forme de test au début de chaque séquence et a porté globalement sur notions principales (politique, programme, décideurs, textes législatifs et réglementaires, notion et types d’intervenants, promotion, plaidoyer et lobbying) a été faite sous forme de test d’entrée suivi d’échanges sur résultats. Pour chaque question, les participants ont disposé de temps pour réfléchir et noter des éléments de réponses sur des cartes. Les réponses sur les cartes ont ensuite été présentées et discutées Le facilitateur a procédé par la synthèse des réponses et présenté le contenu des concepts avant de décrire les catégories et la hiérarchie des textes ainsi que la procédure de formulation des lois, les démarches et outils de plaidoyer/lobbying.

4-2- ORGANISATION DE TRAVAUX DE GROUPES • Les participants ont été divisés en trois sous groupes pour identifier et analyser les contraintes et opportunités du cadre politique, institutionnel et juridique d’une part mais aussi des institutions et pratiques locales d’autre part. L’objectif était d’amener les participants à découvrir les lacunes et insuffisances de ceux-ci. • Dans un second temps les travaux de groupes ont été organisés dans le but de mettre en situation de montage et de planification les participants sur des sujets précis en matière de promotion des actions de GRN. Il s’agit notamment de faire prendre conscience aux décideurs nationaux les liens entre la GRN, le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté et la décentralisation, et sensibiliser les élus communaux sur l’importance de la réalisation des investissements en matière de GRN malgré les difficultés de mobilisation des contributions fixées dans ce domaine pour mobiliser les droits de tirage à la différence des autres secteurs comme l’éducation et la santé.

4-3- PLÉNIÈRE DE PRÉSENTATION ET DE RESTITUTION DES TRAVAUX DE GROUPES • Le facilitateur a fait différents exposés appuyés de commentaires sur les politiques nationales, les programmes et les textes juridiques de gestion des ressources naturelles en faisant ressortir les principes directeurs, les axes stratégiques et les forces et faiblesses qui entravent la promotion durable des ressources naturelles. L’exposé sur les outils de promotion de la GRN a permis d’expliquer les concepts clés, les principes et les outils et démarches pour l’identification le montage et la conduite des actions de plaidoyer. Il a initié des brainstormings et exercices collectifs sur les points clefs notamment les actions ou techniques d’identification, de montage d’un plan d’action de pour la promotion des initiatives de reboisements privées.

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• Les plénières de restitution des travaux de groupes ont permis des échanges entre les participants sur les réflexions effectuées par chaque sous groupe sur le sujet objet de l’exercice et de partager non seulement la compréhension des outils mais aussi les contributions des expériences connues.

4-4-EVALUATION JOURNALIÈRE L’évaluation journalière a été l’occasion pour les participants d’exprimer leur appréciation sur différents aspects de l’atelier notamment la pertinence du thème, le contenu pédagogique, la compréhension, la participation et à la fin des deux jours de l’atelier leur satisfaction par rapport aux attentes.

5-DÉROULEMENT DE L’ATELIER ET RÉSULTATS L’atelier a été organisé du 19 au 20 juillet 2006 dans une des salles de conférences de l’Opération Riz à Sevaré. Il a regroupé les Représentants des organismes membres du Réseau (ONGs, Associations et Projets). La facilitation a été assurée par Yamadou Diallo, juriste à la NEF

5-1- JOUR 1 5-1-1-Discours d’ouverture Le coordinateur du Réseau GDRN5 (organisateur de l’atelier) a prononcé le discours d’ouverture. Il a souhaité la bienvenue aux participants et a situé l’atelier dans son contexte en insistant sur l’importance de la gestion des ressources naturelles et la nécessité de la promotion de celles – ci à travers son institutionnalisation par les membres leurs programmes et leurs activités. A cet effet, le Réseau organise cette formation pour renforcer les capacités de ses membres avec des outils et démarches appropriées en la matière. 5-1-2-Présentation des objectifs et résultats attendus. Le facilitateur a présenté sur power point les objectifs et les résultats attendus sus cités. 5-1-3- Programme JOUR 1 • 8 h 30-9 H 30 : • Installation Participants • Discours d’ouverture • Suspension • 9 h 10 H 30 • Presentation participants

• Presentation des objectifs de l’atelier • Adoption du programme

• 10 h 30 Pause

• 10 h 45 - 11h Reprise et Test d’entrée

• 11 h - 11 h 30 Echanges sur les réponses • 11 h 30 - 12 h 30 Présentation du dispositif Etatique en matière de politique, textes législatifs et réglementaires de GRN • 12 h 30 – 12 h 45 Constitution de groupes de travail

• 12h 45 – 13 h 30 Restitution • 13h 30- 14 h 30 Pause déjeuner • 14h 30-15h 30 Promotion de la GRN, Concepts, Capacités et Faiblesses des OSC : Questions test, Travaux de groupes • 15 h -16h Restitution et expose • 16h-16h 30 Evaluation JOUR 2 Identification, montage et conduite des actions de promotion pour la GRN • 8 h 30-9 h : Question Test • 9 H - 10 h 45 Expose • 10 H 45 – 11- Pause café • 11 h – 12 h 30 Travaux de groupe (plan d’action) • 12 H 30 – 13 H 30 Dejeuner • 13 H 30 – 15 H Restitution • 15 h 30 – 16 H. Recommandations et Clôture • 16 H – 16 H 30 Evaluation 5-1-4-Expression des attentes et des craintes Chaque participant a exprimé une attente et une crainte sur une demi feuille A4 et les synthèses ont été faites en regroupant les idées qui sont identiques.

Attentes Craintes • Bon déroulement de l’atelier • maîtrise du temps • Connaître le processus et les étapes du plaidoyer • in appropriation du plaidoyer par rapport aux réalités • être bien outillé pour conduire une action de plaidoyer en GRN • non intégration dans les actions des structures • mieux maîtriser les outils • caractère théorique de la formation • faire un programme opérationnel des membres de GDRN5 qui • ne pas pouvoir élaborer un programme commun n’ont pas la même vision d’intervention au niveau paysan • élaborer une démarche de plaidoyer en GRN qui tiendra compte du rôle et de la place des collectivités territoriales • les membres de GDRN5 doivent être en mesure de monter leur propre plan action • connaître les voies et alternatives pour influencer les politiques Internationales et nationales

5-1-5-Evaluation des connaissances • Citez 1 politique, 1 programme et texte de GRN au Mali • Identifier 2 types d’intervenants privés et 2 types d’intervenants publics et 1 décideur important en matière de GRN

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Réponses des participants Politiques Programmes Textes • Conservation de la faune et de la flore • Aménagement de la berge du fleuve • Charte pastorale • Décentralisation Niger • Code des Collectivités Territoriales • • Politique de transfert des Lutte contre la jacinthe d’eau • Code forestier • compétences PASAOP (Programme d’Appui Aux • Ordonnance portant code domanial et • Politique des zones humides Services Agricoles et Organisations foncier Paysannes) • Protection de l’environnement • Politique Nationale de Sécurité • Reboisement Alimentaire • PNAE (Politique Nationale d’Action Environnementale) • PLCD (Programme de Lutte Contre la Désertification) • PGRN (Programme de Gestion des Ressources Naturelles)

5-1-6-Analyse des réponses données par les participants. Le facilitateur a suscité des échanges entre les participants sur la pertinence des réponses, leur complémentarité ou identité. Il a ensuite proposé des définitions aux concepts de politiques et programmes, lois et règlements. • La politique étant entendu comme un document d’orientation définissant à long terme, une vision, des objectifs et des axes stratégiques ainsi que les moyens/ressources en vue de promouvoir le développement d’un secteur. • Un programme peut être défini comme l’outil d’opérationnalisation de la politique par des actions et activités, de budgets pour atteindre des objectifs spécifiques sur le moyen terme. • Une loi est un ensemble de dispositions d’ordre général votées et adoptée par l’assemblée nationale régissant un domaine ou secteur d’activité ; elle a un caractère impersonnel et obligatoire sur l’ensemble du territoire national. Le règlement est un texte relevant de la compétence du gouvernement : il y a le règlement autonome et le règlement d’application de la loi. Le règlement autonome permet au gouvernement de statuer dans les domaines qui ne sont réservés à l’assemblée nationale. Aux questions suscitées par ces explications, certaines questions furent posées sur la notion de constitution, son adoption, la différence entre proposition de loi et projet de loi et le circuit de formulation de la loi des éclaircissements furent apportés par le facilitateur et le coordinateur du Réseau qui en a profité pour ajouter à la documentation destinée aux participants une fiche descriptive du processus de la loi élaborée à la suite d’une étude commanditée par le réseau. Un tableau descriptif des différents niveaux de prise de décision (niveau communal, local, régional et national) et des détenteurs fut élaboré avec les participants afin de les édifier sur l’arène du pouvoir.

Réponses des participants Intervenants privés Intervenants publics Décideurs importants • Agriculteurs • Maître d’ouvrage des grands travaux • Ministère de l’Environnement • Eleveurs • Société minière publique • Assemblée Nationale • ONGs • service conservation de la nature • Gouvernement • Associations • Projet d’Etat • Collectivités territoriales • Réseaux • Service Agriculture • Haut conseil des collectivités • ONGs, Association • Conseil économique, social et culturel • Direction Nationale de la Conservation de la Nature

5-1-7-Exposé du facilitateur Il a porté sur les principaux politiques, programmes et textes en matière de promotion de la GRN au Mali. L’objectif était d’informer et mettre à niveau les participants sur les documents cadres qui régissent la protection, l’exploitation et la gestion des ressources forestières, fauniques, halieutiques, en eau, foncières etc. L’accent a été mis sur les principes clefs et les axes stratégiques déterminant la gestion des ressources depuis les reformes effectuées en mars 1991 en particulier la réforme de décentralisation et l’élaboration du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté; ces reformes placent les collectivités territoriales au rang des principaux acteurs et décideurs potentiels en matière de GRN mais aussi de lutte contre la pauvreté. 5-1-8-Travaux de groupes et plénière de restitution sur les forces et faiblesses des politique, programmes et textes. Trois sous groupes furent constitués avec comme mandat : • Groupe 1 : identifier les forces et faiblesses des politiques et programmes tels que la décentralisation, le PARAD (Programme d’Appui à la Réforme de l’Etat) et du CSLP (Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté) ; • Groupe 2 : identifier les forces et faiblesses des textes juridiques lesquels • Groupe 3 : identifier les forces et faiblesses des institutions et pratiques locales. Au terme des travaux, il fut procédé à la présentation par chaque groupe de ses résultats. GROUPE 1 Forces Faiblesses • Répartition claire des rôles et responsabilités de • Texte élaboré sans prendre en compte les réalités socio culturelles chaque acteur (CT, Etat, Population..) et géographiques • Prise en compte de tous les domaines en matière de • La lenteur dans le transfert des compétences en matière de GRN GRN par les textes aux CT • Inexistence de politique nationale de vulgarisation des textes de GRN • Décalage entre les textes législatifs et les textes d’application

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GROUPE 2 Domaine Forces Faiblesses PARAD • Permet à l’Etat d’appuyer les CT dans les domaines • Absence d’indicateurs concernant la GRN de la santé, de l’éducation, la gouvernance, la • Main mise des institutions sur l’Etat (non prise en maîtrise d’ouvrage compte de nos procédures) • Permet à l’Etat d’être plus performant • Les 3 indicateurs de la gouvernance choisis ne • Permet la déconcentration des services de GRN favorisent pas le changement (pas de valeur ajoutée) • Lenteur dans le transfert des compétences • Responsabilisation insuffisante des collectivités du fait du caractère trop détaillé des textes CSLP • Prise en compte de la GRN dans les documents • La non prise en compte au niveau des indicateurs (3ème axe, point 8) de certains aspects de la GRN (érosion des sols, ressources fauniques)

GROUPE III Institutions Forces Faiblesses Dioro (gestionnaire traditionnel • Bonne connaissance du terroir • Faiblesse au niveau organisationnel des pâturages dans le Delta • Légitimité élevée • Rivalité interne Intérieur du Fleuve Niger) • Représentativité • Faiblesse transparence • Caractère non légal • Souvent exclusif Komo, Alamodiou, Orowa, Ji-tu, • Légitimes, • Faible ouverture à l’innovation Comité de surveillance (ce sont • Représentatifs • Caractère non légal des institutions traditionnelles de • • gestion des forêts et des eaux) Bonne connaissance du terroir Faible transparence • Souvent exclusifs Pratiques locales • Conventions locales • Consensus • Peu légales • Bonne organisation • Diffusion restreinte • Embrasse à la fois plusieurs ressources • Règles rigides • Faciles à élaborer • Souvent exclusives

• Aménagement de ressources • Alternative sur production • Techniques empiriques • Impacts écologiques et économiques • Assez de moyens humains et matériels

Suite à ces restitutions, le facilitateur a suscité les débats et échanges d’idées entre les participants sur les réflexions des groupes respectifs. Il est apparu que d’autres contraintes et insuffisances existent dans le domaine des textes notamment : • le pléthore de textes entraînant une confusion et une contradiction des dispositions

• le caractère sectoriel des textes dû à une vision compartimentée des espaces

• le faible niveau d’incitation et de promotion des initiatives privées • la tendance à la codification • le paradoxe entre la reconnaissance des droits fonciers coutumiers (propriétaires et détenteurs au sens de la coutume) et la volonté de sécurisation des détenteurs

• faiblesse du processus de concertation dans la formulation des lois Il ressort par ailleurs que le CSLP ne prend réellement pas en compte les indicateurs de GRN parmi ces indicateurs dans la mesure où les deux indicateurs prévus dans le sous secteur de l’habitat ne rend pas compte des préoccupations réelles et pertinentes du monde rural, en particulier celles relatives à la protection, la restauration et la valorisation. Enfin concernant les institutions et pratiques traditionnelles, les échanges ont montré qu’elles regorgent de nombreuses lacunes qui entravent une véritable gouvernance en leur sein notamment relativement aux principes de genre et équité. Leurs adaptabilité et articulation avec la décentralisation nécessitent un action bien élaborée de plaidoyer pour un changement de mentalités et de comportement.

5-2-JOUR 2

5-2-1-Evaluation des connaissances Elle fut effectuée directement en plénière sous forme de brainstorming et a porté sur les questions suivantes : • Qu’entend t-on par promotion d’une activité de développement ? • Qu’entend t-on par promotion de la GRN ? Les réactions des participants a permis d’avoir la synthèse des réponses suivantes : Par rapport à la promotion d’une activité de développement : • valorisation de l’activité pour des résultats durables • faire connaître l’intérêt et la portée à un plus grand nombre • la revalorisation de l’activité • faire connaître l’activité et ses intérêts • c’est la valorisation et la vulgarisation • c’est développé à une plus grande échelle Par rapport à la promotion de la GRN • valoriser et développer les activités de GRN • Redynamiser les activités de la GRN • Accorder une plus grande importance à la GRN

• Rentabiliser la GRN 5-2-4- Exposé du facilitateur sur les concepts de Promotion de la GRN, les capacités et faiblesses des acteurs de la société civile en la matière Suite au brainstorming le facilitateur procéda à une présentation appuyée d’explication et de commentaire sur les concepts de promotion entendue de façon générale et de promotion appliquée à la GRN qui peut être admise comme les actions consistant à développer le secteur par l’amélioration et l’intensification des actions visant à renverser les tendances de dégradation et à la réalisation des objectifs de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire ; les actions et activités destinées à renforcer la visibilité et l’influence de celles-ci sur la prise de décision en matière de définition, mise en œuvre, suivi et évaluation des politiques, programmes et textes de GRN. Dans ce sens il est apparu dans les analyses du facilitateurs que malgré les progrès évidents, la GRN au Mali demeure insuffisamment promue si l’on considère les nombreuses lacunes des programmes et textes et celles

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des politiques qui font peu de cas des liens entre GRN – lutte contre la pauvreté- gouvernance locale et sont timides en matière de promotion des initiatives ; les collectivités décentralisées qui investissent peu ou pas dans la GRN. Aussi l’atelier a admis qu’il est nécessaire à la différence des pratiques en cours de mettre en place des programmes d’éducation environnementale à l’intention des écoles et de la jeunesse en général afin d’enraciner l’esprit de GRN dans les mentalités des générations futures ; une politique nationale d’info/communication environnementale plus efficace et participative que les programmes déjà exécutés en la matière serait pertinente. La société civile à cet égard est l’acteur sensible et sensibilisé sur de tels enjeux et mais ses efforts d’investissement dans la protection, la gestion, l’aménagement ne suffiront pas sans les conditions plus favorables liés aux contenus des politiques, programmes et lois. Le renforcement de leur capacité d’identification, de montage et de conduite des actions de plaidoyer pour la promotion de la GRN est à cet effet nécessaire. 5-2-6- Questions test Les participants ont été invites à réfléchir sur les concepts de plaidoyer, de lobbying et l’importance du plaidoyer. 1. Qu’est ce que le plaidoyer ? 2. Qu’est ce que le lobloying ? 3. Pourquoi le plaidoyer important ? (citer 2 raisons) Les réflexions ont abouti aux réponses suivantes : 1. Plaidoyer • Consiste à présenter et défendre les intérêts d’un groupe devant qui de droit • Un processus visant à amener les décideurs à un changement de politique ou décision • Stratégie de l’information d’éducation de sensibilisation de conscientisation des populations à la base des décideurs pour un bon changement vis à vis d’une sa des situations jugées marginalisées • Une façon d’influencer les niveaux de décision à travers un groupe dépression • Une requête, une influence, une demande • Une approche qu’on utilise pour attirer l’attention d’un interlocuteur sur un pb • Une action qui consiste à attirer l’attention des populations sur un fait tout en donnant des exemples de cas afin que cette population puisse adhérer à la close • Une série d’action/activités pour attirer l’attention des décideurs sur des aspects en vue de les améliorer

• Porter la défense sur l’individu en groupe d’individu ou une institution dans le but de lui accorder des faveurs

• Un ensemble de moyens pris pour défendra une action ou un processus afin de pouvoir l’appliquer • Une stratégie non formelle permettant de défendre les intérêts d’un groupe • Défendre le bien-fondé d’un situation ou activité quelconque ; défendre • La cause d’une personne accusée

2. Lobbying • Influencer les décisions, les politiques au niveau des autorités compétentes • Lorsque l’action de plaidoyer n’about on utilise la pression • Comme le plaidoyer c’est pour apporter un changement ponctuel • Une forme d’organisation pour mieux faire pression sur les décideurs à tous les niveaux pour influencer leurs décisions • Apporter tous les arguments nécessaires pour arriver à convaincre son interlocuteur • Information - sensibilisation • Ensemble des ressources pour influencer la prise de décisions • Porter la défense mais en plus exercer une sorte de pression • Une stratégie pour influencer les décideurs sur une politique vers une gestion publique • Lobbying • Lobby un groupe de pression • Influencer faire pression pour un changement • Stratégie informelle 3. Importance du plaidoyer • Moyen d’expression démocratique • Moyen pour établir l’équité • Favoriser la jouissance des droits déviés • Permet d’établir de justice sociale • Renforcer la défense des groupes marginalisés • Favorisé la promotion d’un secteur domaine peu visible

• Toucher du doigt les problèmes de la société et proposer des solutions (conscientisation) • Faire prendre conscience des réalités socio culturelles économiques qui supportent les actions de tous les jours

• Corriger les oublis, les erreurs

• Lever les injustices, prendre en compte les préoccupations négligées • Faire connaître l’activités le problème à un très grand nombre de groupes cibles • Faire accepter l’activité le changement par grand nombre d’individus de façon générale • Conscientiser les décideurs aspects des textes, programmes projets

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• Améliorer changer modifier certains aspects négatifs • Permet à certains acteurs de prendre le courage • Induit l’effet de prise de conscience vis à vis des problèmes dominants • Permet de dresser un plan d’action adéquat • Permet de prendre en compte les préoccupations des acteurs en marge des circuits de décision Une synthèse des définitions fut ensuite effectuée avec les participants à travers une identification des mots clés et une analyse de la pertinence des propositions. Elle a permis de faire la distinction entre le plaidoyer : stratégie informelle d’influence et la plaidoirie, l’action en justice : stratégie formelle d’influence qui n’aboutit guère à un consensus. La synthèse a aussi abouti au constat que plaidoyer et lobbying sont deux notions, deux techniques identiques toutes basée sur l’influence, la pression pour le changement d’une politique, d’un programme, d’un texte etc. 5-2-6 Exposé du facilitateur sur le Plaidoyer/lobbying, ses concepts, principes, ses outils et démarches L’exposé a permis de mettre à niveau les participants sur tous les aspects du plaidoyer/lobbying, de les informer sur les démarches de mise en œuvre après l’identification du problème et les outils d’analyse. Les qualités et principes requis d’un bon acteur de plaidoyer ont été développés. Dans le cas d’un réseau d’intervenants ayant diverses préoccupantes ou approches qui ne sont pas forcement identiques, l’exposé a contribué à faire comprendre la notion de thème moteur, générateur, confédérateur qui est le thème partagé qu’il faut partagé avec le décideur. L’innovation de l’outil est le caractère SMART de l’objectif de plaidoyer afin de faciliter l’évaluation mais aussi les outils SEPO d’analyse des chances de succès et SWOT d’analyse des performances de l’organisation ou capacité de l’organisation. L’exemple de l’action pour le transfert des compétences a servi pour analyser les chances de succès par rapport aux échecs et menaces d’une part et les capacités de performance des organisations au sein du réseau GDRN5 (voir annexe). 5-2-7 Exercice de compréhension Dans le but de prendre en compte certaines craintes des participants notamment le caractère théorique et l’inadéquation de l’outil, le facilitateur a initié un exercice d’identification, de montage d’un plan d’action de plaidoyer sur la promotion des initiatives privées de reboisement.

Thème Objectif de Formulation de Estimation des Actions de Préparation promotion de GRN stratégie moyens plaidoyer/lobbying Contraintes et obstacles Le nombre de planteurs • Identification • Moyens • Négociation Insécurité foncière des dans l’insécurité des vrais financiers : • Visites et entretien foncière est réduit de planteurs d’Eucalyptus décideurs • organisation des • 40% d’ici 2008 dans la Information • Faible niveau • Recherche réunions, frais de vallée du Yamé sensibilisation d’organisation des d’alliance déplacement, • Education producteurs Valeur additionnelle émissions radio • • Utilisation des canaux • Valorisation Existence d’une • Moyens matériels situation de référence traditionnels insuffisante des • Moyens humains • produits • Prise en compte de la personnes Formation • Faible développement valeur économique ressources • Emissions radios locales des initiatives de environnementale des • Elaboration de messages plantations privées par producteurs (sécurité foncières : les projets • Contribution à la facteur de promotion Problème principal politique de création des initiatives de identifié : Insécurité d’emploi reboisement) foncière des planteurs Acteurs d’encalyptus • les propriétaires Thème confédérateur terriens, ‘‘Valorisation des • les producteurs initiatives de foresterie’’ • les chefs de villages • les maires, • les services techniques, l’administration

ANALYSE SEPO :

SUCCÈS : • Obtenir des conventions sur de longues années • Obtenir des garanties (homologation certificats) présentation d’un signe de reconnaissance de propriétaire.

ECHEC • Intransigeance des propriétaires • Expropriation les pouvoirs publics (Etat, Collectivités)

POTENTIALITÉS • Producteurs engagés

• Ressources naturelles

• Appuis techniques

• Textes/compétences

• Marchés de bois

OBSTACLES • Faible niveau d’organisation • Faible cohésion des planteurs

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• Information insuffisante sur le code foncier • Code domanial et foncier (ambiguïtés, lourdeur des procédures) 5.2.8- Travaux de groupe Suite à cet exercice dont le but était d’initier les participants à l’utilisation des outils et démarches, deux groupes de travail furent constitués : Groupe 1 : pour réfléchir et élaborer à partir des insuffisances constatées au niveau des relations entre CSLP et Gestion des Ressources Naturelles un plan d’action de plaidoyer pour sensibiliser les décideurs nationaux sur les liens entre GRN et lutte contre la pauvreté Groupe 2 : pour réfléchir et élaborer à partir du constat de la faible prise en compte de la GRN dans les investissements réalisés par les communes, un plan d’action de plaidoyer pour sensibiliser les décideurs communaux sur l’importance des investissements en matière de GRN 5.2.9 Plénière de restitution Les résultats des travaux de sous groupes sont ainsi présentés : GROUPE 1 Préparation Thème Formulation de stratégie Estimation des Actions de Objectif/lobbyable moyens plaidoyer/lobbying Problème Le CSLP intègre au • Analyse du niveau du CSLP • Dégager le • Informations identifié moins 5 indicateurs en • Analyse de l’arêne du temps • Ateliers de mobilisation Absence matière de GRN pouvoir (ministère de • Réunir les des acteurs et de d’indicateurs Valeur additionnelle : l’environnement et de moyens proposition d’indicateurs de GRN dans • L’apport de la GRN l’assainissement, la financiers • Entretien avec les le CSLP dans le commission nationale du • (réunions, décideurs développement CSLP..) déplacement, • correspondances • Incitation des • Identifier les vrais décideurs personnes bailleurs de fonds (CNCSLP, Gouvernement, ressources...) pour la GRN Assemblée Nationale) • Recherche d’alliance (autres réseaux dans les autres régions, Organisations Internationales, AOPP, CESC (conseil économique, social et culturel)

GROUPE 2 Préparation Thème Formulation de stratégie Estimation des Actions de Objectif/lobbyable moyens plaidoyer/lobbying Problème identifié Promouvoir les • Création d’alliances • Moyens du • Concertation avec le Le faible niveau investissements à avec les CCC, OP, réseau GDRN5 conseil communal et le d’investissement en hauteur de 50% dans la leaders d’opinion, les et des membres maire GRN de la part des GRN dans les PDESC ONGs pour prendre en • Information au niveau des communes par de 30% des communes • Analyse de l’arêne du charge les frais de leaders situées dans la vallée rapport aux autres pouvoir fonctionnement • du Yaamé IEC secteurs • et les activités Le conseil communal • Thème générateur Valeur additionnelle Visites • Les chefs de villages • Les investissements Inversion positive de Correspondances • en matière de GRN l’approche en matière Les chefs coutumiers • Emissions de radios de GRN • sont promus dans L’administration et les • Elaboration de messages les communes services techniques

Les débats qui ont suivi les restitutions ont permis d’améliorer la compréhension des participants sur la formulation des objectifs SMART et la nécessité d’estimation des coûts réels de l’action de plaidoyers ainsi que l’analyse des chances de succès à travers le SEPO. 5-2-10-Recommandations A la fin des travaux, l’importance du thème et de l’implication des membres dans l’institutionnalisation des actions de promotion de la GRN a donné lieu de la part des participants à la formulation des recommandations invitant les membres du réseau à : • étendre le plaidoyer pour la GRN dans leurs communes respectives d’intervention • faire un feedback à leurs équipes sur le contenu de la formation • intégrer dans les planifications semestrielles, trimestrielles et annuelles les actions de plaidoyer et de promotion en GRN • Porter l’attention sur les actions de plaidoyer et leurs résultats lors de la rédaction des rapports d’activités • Partager leurs expériences avec les autres à travers les rapports adressés au Réseau • Poursuivre et soutenir la dynamique d’échanges et le suivi de l’atelier

6-CONCLUSION En se référant aux évaluations journalières et à l’évaluation finale, nous pouvons affirmer que l’atelier a atteint résultats attendus et ses objectifs. Cependant l’opérationnalisation des plans d’action préconisés impliquent une réelle mobilisation des acteurs locaux par les membres d’une part et des alliés à tous les niveaux par le réseau. La promotion de la GRN pour la rendre plus visible, le rehausser au niveau d’importance requise au regard de sa place dans l’économie nationale exige un effort constant de plaidoyer auprès des décideurs. L’accompagnement au niveau de la base de telle reforme suppose aussi une amélioration de la gouvernance des institutions et organisations de base dans leur fonctionnement et pratiques. Le Réseau GDRN5 a cet effet doit suivre et appuyer les participants dans la mise en œuvre des outils, mais aussi organiser de telles formations dans les cercles pour donner l’opportunité à un grand nombre d’organisations et leaders d’opinions d’y participer. Cela permettra de mettre les acteurs au même niveau d’information et de capacités par rapport à la promotion de la GRN.

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ANNEXE I: EXERCICE D’INITIATION AUX OUTILS SEPO ET SWOT Analyse SEPO par rapport au cas du transfert des compétences au Mali Analyse des chances de succès de la promotion de la GRN (SEPO) Succès • Comités de pilotage et de suivi • Concertation/rencontres • Délégation de la gestion de certains massifs existants dans les communes • Adoption d’une loi sur l’inter - communalité • Mise en place de services forestiers Echec • Changement du corps politique • Instabilité gouvernementale ministérielle (remaniement) • Reformes institutionnelle intempestive Potentialités • Un Programme d’action de transfert • Les textes • Les collectivités fonctionnelles • Le HCCT • AMM, ACM • Volonté politique • CCC (PARAD) • Services technique, tutelle • ONGs

• Ressources à transférer Obstacles • Faible capacité des élus

• Insuffisance des ressources humaines et financières • Lenteur administrative

• Mentalités, attitudes conservatrices des ST • Faible niveau de déconcentration

SWOT (OSC) CAS DU TRANSFERT DES COMPÉTENCES Forces : • L’existence d’un réseau • Engagement des OSC • Ressources • Formation vision • Alliances Faiblesses • Manque de coordination • Insuffisance de compétences des membres (faible capacité institutionnelle) • Faiblesses Opportunités • Représentants nationaux • Environnement politique et institutionnel favorable • Existence d’expériences de GRN décentralisée • Existence de partenaires à des collectivités • Volonté de l’état Menaces • Indisponibilités de bailleurs de fonds • Reforme sur les procédures de agrément des ONGs sur les obligations des ASACO Associations signataires d’Accords Cadre

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ANNEXE II: EVALUATION JOURNALIÈRE. Les critères d’évaluation ont été les suivants suivant les mentions : Très bien, Bien ou Passable • la pertinence du thème • contenu • Méthodologie • Pédagogie/participation • organisation Le résultat de l’évaluation est consigné dans le tableau ci après :

Très bien Bien Passable Pertinence du thème 7 Contenu 5 2 Méthodologie 4 3 Pédagogie Participation 4 3 Organisation 2 3 2

Il apparaît que seulement 7 participants ont évalué à l’issue des travaux du jour 1; l’analyse montre que 100% ont très bien apprécié la pertinence du thème, 71,42% le contenu, 59,14% la méthodologie et 57,14% la Pédagogie pour susciter la participation. En ce qui concerne l’organisation, 28,5% l’ont trouvé très bien, 42,85% bien et 28,5% passable. De façon générale, on peut conclure que les participants ont été satisfaits par rapport au contenu et au déroulement de l’atelier le premier jour.

ANNEXE III: EVALUATION FINALE Très bien Bien Passable Pertinence des outils/démarches 10 2 Compréhension des concepts 7 3 Adaptation Pédagogique 7 3 Participation 8 1 Satisfaction par rapport aux attentes 5 3 1

L’évaluation finale a été effectuée par 12 par rapport à la pertinence, 10 participants pour les 2 premiers aspects suivants et 9 pour les deux derniers aspects. Au regard des réponses sur la satisfaction des attentes, on note que 55,5% des participants ont très bien apprécié et 33,33 ont bien apprécié contre 11,11% qui trouve que c’est passable. On peut à cet égard retenir que les participants sont en majorité satisfaits de la formation et ont tiré des connaissances et expériences susceptibles de leur permettre d’appuyer leur structure en matière de promotion de la GRN.

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ANNEXE IV: LISTE DES PARTICIPANTS N° Prénoms et noms Structures 1 Alassane BALLO GAE/Walia Mopti 2 Zakaria COULIBALY GDRN5 Mopti 3 Anda OUOLOGUEM AFARTCT Mopti 4 Ogobelem TEME PRCP/Eveil Sahel ECO Mopti 5 David DARA JOLIBA Terely 6 Aldjouma POUDIOUGOU MOLIBEMO Bandiagara 7 Mme KONARE Rokia DIARRA Bureau Régional CARE – Mali Mopti 8 Amadou BOLLY SABA Mopti 9 Pierre TOGO PRBP Bandiagara 10 Amadou ONGOIBA SMIAS Mopti 11 Aly Bacha KONATE GDRN5 Mopti 12 Abdoulaye O. CISSE FRAME/IRG/GDRN5 13 Mori DIALLO Wetlands International 14 N’Dougatié COULIBALY Consortium AGA Mopti 15 Denis SODIO AGVF Bandiagara 16 Jules DAKOUO APH Bandiagara 17 Yamadou DIALLO NEF Douentza

ANNEXE V: CAHIER DU PARTICIPANT

INTRODUCTION Le réseau de Gestion de Gestion Décentralisée des Ressources Naturelles en 5ème Région (GDRN5) a initié avec l’appui de IRG la présente formation sur la promotion de la GRN dans le cadre de la mise en œuvre de son programme de renforcement de ses membres. Il s’agit des intervenants en matière de GRN dans la région de Mopti : ONGs, services techniques, Associations et projets. La formation constitue avec le plaidoyer/lobbying les principales composantes des actions de réseau pour le renforcement des capacités des acteurs cités ; elle s’inscrit dans la vision d’une gestion durable des ressources naturelles pour la réduction significative de la pauvreté. Elle vise à cet effet une promotion de la GRN dans les aspects essentiels de la définition et de la mise en œuvre des programmes, des politiques et lois de l’Etat. Le cahier de participant a été conçu pour répondre au besoin de formation des membres de GDRN5 identifié en matière de promotion de la GRN. Le processus d’identification par le réseau des besoins de renforcement des capacités de ses membres a mis en évidence des insuffisances dans les programmes de ces derniers dans le domaine de la promotion de la GRN. Il s’agit : • de la faible intégration des actions de promotion de GRN dans les programmes • de la faiblesse des connaissances et stratégies de promotion des actions de GRN • de la non disponibilité des outils en matière de promotion de la GRN Le cahier de participant offre la possibilité à ceux-ci de comprendre les problématiques et enjeux liés à la promotion de la GRN, de mieux connaître et comprendre le cadre politique, institutionnel et juridique, d’analyse et identifier les contraintes à la promotion de la GRN, et connaître les mécanismes et actions de promotions de la GRN. Les cibles Le cahier de participant a été élaboré à l’intention des membres du réseau, des services techniques, des projets et des associations de producteurs ruraux. La structuration du Cahier du Participant Le cahier comprend deux principales unités qui permettront aux participants de comprendre suivant la démarche, les concepts, de connaître les outils de référence et le contenu des thèmes.

THEME 2: RENFORCEMENT DES CAPACITES DES ACTEURS LOCAUX POUR LA PROMOTION DE LA GRN Introduction Les reformes initiées au Mali en matière de développement à partir des années 1992 s’inscrivent dans un contexte de démocratisation et de décentralisation du système politique et administratif. Elles ont concerné les secteurs social, économique et environnemental à travers des politiques et programmes élaborés avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Les constats et enjeux à l’origine de telles orientations sont inspirés des états généraux qui ont été tenus après les événements de mars 1991, elles ont été conçues dans l’esprit de réduire la pauvreté par l’amélioration des conditions de vie des populations. Les Principaux Politiques et Programmes adoptés a cette fin sont le CSLP, le PRODEC, le PRODESS, la POLITIQUE FORESTIERE, le PLAN NATIONALE D’ACTION ENVIRONNEMENTALE, la DECENTRALISATION, le SCHEMA DIRECTEUR DU DEVELOPPEMENT RURAL. Ces documents- cadres sont soutenus par un dispositif législatif et réglementaire qui précise les droits et obligations des acteurs impliqués ainsi que les procédures de mise en œuvre des orientations et stratégies opérationnelles des programmes et politiques.

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Public concerné Les acteurs ciblés pour la formation sur ce module sont : • les élus • les membres du réseau GDRN5 • les organisations de producteurs • les services techniques Objectifs de la formation L’objectif global de la formation est d’institutionnaliser la promotion de la GRN dans les activités des membres du réseau GDRN5. Les objectifs spécifiques sont : • l’initiation et/ou le renforcement des capacités des membres du réseau et leurs partenaires en identification, montage et conduite des actions de promotion de la GRN • l’élaboration d’un plan d’action de promotion de la GRN pour le Réseau et ses membres assortis de stratégies de mise en œuvre dans le cadre de la décentralisation en cours au Mali • faire sensibiliser les décideurs sur les liens entre la GRN « privatisée » et la réduction de la pauvreté et le renforcement de la gouvernance locale.

UNITÉS DE FORMATION Unité 1. DISPOSITIF POLITIQUE, INSTITUTIONNEL, LEGISLATIF ET REGLEMEN TAIRE EN MATIERE DE GRN Il est constitué des politiques et programmes, des textes législatifs et réglementaires adoptés dans le domaine de la GRN. 1.1 Les Principaux Politiques et Programmes en matière de GRN Les préoccupations de préservation et de gestion durable des ressources naturelles ont prévalu à l’élaboration des politiques et programmes ; ce sont des outils traduisant la volonté politique d’intégrer l’environnement dans les orientations de développement comme facteur d’amélioration de la productivité agricole, levier de l’autosuffisance alimentaire et de lutte contre la pauvreté. En fait ils sont conçus pour servir de documents de référence de tous les intervenants en matière de GRN y compris l’Etat non seulement par rapport aux principes et stratégies d’action mais aussi les rôles et responsabilités des différents acteurs. Il s’agit entre autres de : • La Politique Nationale de Protection de l’Environnement (PNPE) • Le schéma directeur du développement rural

• La Stratégie Energie Domestique

• La Politique Nationale des Zones Humides

• La Stratégie Nationale de Développement de l’Alimentation en Eau Potable et de l’Assainissement en Milieu Rural et Semi – Urbain • Le Programme National d’Action Environnementale

1.2 La Politique de décentralisation et la GRN Le cadre institutionnel et juridique de la gestion des ressources naturelle est profondément marqué par les événements de mars 1991. La conférence nationale puis les états généraux du monde rural ont donné une nouvelle orientation à la politique nationale de gestion des ressources naturelles. Dans le domaine de la gestion des ressources naturelles, les compétences reconnues aux collectivités s’exercent sur leurs domaines qui sont définis par la loi. Il s’agit des ressources du domaine forestier, agricole, pastoral, faunique, halieutique, minier et de l’habitat. La loi 95-034 du 12 avril 1995 modifiée par la loi n°98-010du 19 juin 1998 et modifiée par la loi n°98-66 du 30 décembre 1998 portant code des collectivités territoriales en république du Mali, précise les compétences des collectivités territoriales qui se repartissent en compétences générales et en compétences spécifiques. Le code reprend la composition, le mode d’acquisition et de gestion du domaine des collectivités. Elle responsabilise également les collectivités en matière de protection de l’environnement et de gestion des ressources naturelles. Le transfert de compétence concerne exclusivement les collectivités territoriales telles que définies et identifiées par la loi : les communes, les cercles les régions et le district de Bamako. . S’agissant des ressources, cette loi reconnaît qu’à des transferts de compétences correspondront des transferts concomitants de ressources et de moyens. Les collectivités territoriales organisent les activités de gestion en collaboration avec les organisations professionnelles et les services techniques compétents conformément aux lois et aux conventions locales. Les collectivités territoriales peuvent confier par contrat la gestion de certaines unités d’aménagements de leur domaine (forestier) à toute personne physiques, morale, publique ou privée. En matière hydraulique, le décret no 02 – 315/P-RM du 04 juin 2002 fixe les détails des compétences transférées de l’Etat aux Collectivités Territoriales en matière d’Hydraulique rurale et urbaine. Ce texte précise les compétences des différents niveaux de collectivités territoriales dans le cadre de l’hydraulique. Ces compétences consistent pour la commune dans la planification, la réalisation, l’équipement, le recrutement des exploitants, le contrôle et le suivi. 1.3. Le dispositif législatif et réglementaire en matière de GRN Le dispositif est abondant en textes de lois et règlements, mais pour les besoins de la formation, ceux qui sont choisis ci après permettent de présenter les principes et axes stratégiques que le législateur a voulu privilégié dans le cadre de la gestion durable des ressources naturelles. Il s’agit entre autres de : • La loi no 02 - 006/ANRM du 31 janvier 2002 portant code de l’eau • L’ordonnance no 00 – 027/ P-RM du 22 mars 2000 portant code domanial et foncier :

• L’ordonnance no 00-20/P-RM du 15 mars 2000 portant Organisation du Service Public de l’Eau Potable et son décret no 00 183 /P-RM du 14 Avril 2000. • La loi 95-031 du 20 mars 1995 fixant les conditions de gestion de la faune sauvage et de son habitat

• La loi 95 – 032 du 20 mars 1995 fixant les conditions de gestion de la pêche et de la pisciculture

• La loi 95-004 du 18 janvier 1995 fixant les conditions de gestion des ressources forestières

• La loi no 01 - 004 du 27 Février 2001 portant charte pastorale • La loi no 01 - 020 du 30 mai 2001 relative aux pollutions et nuisances • La loi no 95 - 034 du 12Avril 1995 portant code des collectivités territoriales

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• loi 96-050 portant principes de constitution et de gestion du domaine des collectivités territoriales • Le décret no 03 – 587/P-RM du 31 décembre 2003 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement du Conseil National de l’Eau, des Conseils Régionaux et Locaux de l’Eau • La loi 04-005 du 14 juin 2004 Portant Création du Fonds d’Aménagement et de Protection des Forêts et du Fonds d’Aménagement et de Protection de la Faune dans les Domaines de l’Etat. • Le décret no 04-91/P-RM du 24 Mars 2004 Fixant l’Organisation et les Modalités de Gestion du Fonds d’Aménagement et de Protection des Forêts et du Fonds d’Aménagement et de Protection de la Faune dans les Domaines de l’Etat. • Le décret no 04-137 (Bis)/P-RM du 27 Avril 2004 Fixant la Répartition des Recettes Perçues à l’Occasion de l’Exploitation des Domaines Forestiers et Fauniques de l’Etat entre les Fonds d’Aménagement et de Protection des Forêts et du Fonds d’Aménagement et de Protection de la Faune et les Budgets des Collectivités Territoriales Les principes qui sous tendent l’ensemble de ces textes se résument à : • la protection, la conservation et la sauvegarde des ressources naturelles • la préservation de la biodiversité • la valorisation des ressources par une exploitation compatible avec la production • la responsabilisation des collectivités territoriales • la participation et responsabilisation des communautés dans la gestion • la reconnaissance des droits coutumiers • la satisfaction des besoins de consommation • l’aménagement des espaces et la gestion durable Les axes stratégies définis dans ce dispositif sont le renforcement des capacités des acteurs, le transfert de compétences aux collectivités, la délégation de gestion aux organisations de producteurs (à travers contrat et conventionnelle), l’adaptation de la fiscalité, l’institution de fonds d’aménagement, la création du domaine national et la différenciation des domaines (Etatiques, des collectivités territoriales et des privés), la redéfinition des missions des services de l’Etat autour de l’appui conseil et le contrôle, l’option pour plus d’éducation et moins de répression.

1.3. FORCES ET FAIBLESSES DU DISPOSITIF 1.3.1 Les Forces Le dispositif comporte beaucoup d’avantages ou forces qui posent les jalons ou bases d’une gestion durable des ressources naturelles. On peut en retenir celles-ci : 1.3.1.1 La Prise en compte des conventions internationales Les politiques, programmes et textes juridiques en vigueur en matière de gestion des ressources naturelles se fondent dans leur esprit et formulation sur les conventions internationales adoptées par le système des Nattions Unies. Ils sont la consécration de la ratification de celles-ci par le Mali et traduisent ainsi l’engagement du pays à contribuer à leur mise en œuvre et respect sur le territoire national. La prise en compte des conventions internationales est perceptible dans les principes de GRN définis plus haut notamment en référence aux deux conventions clés : l’une sur la lutte contre la Désertification, l’autre sur la diversité biologique (voir fiche en annexe).

La ratification de ces conventions et leur réception dans le droit interne relatif à la gestion des ressources naturelles, impliquent des obligations pour le pays qui s’apprécient au regard des mesures à prendre effectivement pour la promotion des ressources et de la biodiversité. 1.3.1.2. L’Implication des acteurs au processus d’élaboration des lois A partir de 1992, les approches ont considérablement évolué dans le domaine de l’adoption des lois relatives aux ressources naturelles. Ce changement important est imputable aux constats que les textes sont ambigus, inaccessibles, centralisateurs des pouvoirs de décision et trop répressif. A ces griefs portés par la société civile, il faut ajouter leur inadéquation au contexte de la décentralisation qui avait été amorcée. L’ensemble des lois adoptées dans les années qui suivies ont été précédées de consultations locales et/ou régionales puis d’ateliers nationaux qui ont abouti à une mouture finale sous forme de projet rédigé par les cadres des départements techniques concernés puis soumis aux instances d’adoption. Les textes s’en sont ressentis en terme d’amélioration de la visibilité des acteurs ruraux et de la gestion décentralisée. 1.3.1.3. La Responsabilisation des acteurs locaux Les acteurs locaux notamment les producteurs, les prestataires ont des opportunités d’accéder aux pouvoirs et droits de gestion, d’exploitation des ressources en remplissant les conditions ou critères et accomplissant certaines procédures réglementaires. Par exemple dans le domaine de la stratégie Energie domestique, les textes forestiers prévoient la création des marchés de bois par les exploitants organisés en SRG ; ce qui comporte comme droit l’octroi de permis au taux préférentiel si le massif est délimité et/ou aménagé. Dans le domaine de la pêche, les conseils de pêche institués par la loi ont le pouvoir de favoriser la signature de convention de pêche entre les pêcheurs de la même zone. En matière d’élevage, les organisations de pasteurs participent à la conception, la mise en œuvre et au suivi de la politique nationale d’élevage, elles sont associées au projets et actions concernant le développement de l’élevage et la gestion des ressources naturelles… 1.3.1.4 Les Opportunités économiques liées à l’exploitation des ressources et équipements La pauvreté est un facteur causal de la pression sur les ressources naturelles ; or l’exploitation est inhérente à la condition humaine qui en dépend pour sa subsistance. Dans la mesure où l’exploitation ne peut être arrêtée, il est conçu dans le dispositif des droits et stratégies adaptées au besoin de consommation mais aussi de création de revenus des producteurs. Dans cette dernière hypothèse, les mesures incitatives de protection, d’aménagement côtoient la reconnaissance de tarifs préférentiels ou zones exclusives destinées à améliorer les recettes d’exploitation par voie de conséquence les revenus. 1.3.1.5 La mise en place de mesures d’accompagnement et de renforcement des capacités des acteurs La mise en œuvre des politiques de GRN et de développement agricole a nécessité l’élaboration de programmes tels que le PNLCD, le PGRN, le PASAOP, le PNIR, le Projet de Biodiversité du Gourma. Si le PGRN n’est plus opérationnel, les autres évoluent par des approches spécifiques différemment appréciées. 1.3.2. Les Faiblesses Les faiblesses ou insuffisances liées au dispositif sont aussi nombreuses que variées. Elles peuvent être classées en deux catégories : les faiblesses d’ordre social, d’ordre environnemental et institutionnel Les insuffisances d’ordre politique et institutionnel, il y a : • L’inadéquation des politiques et des textes avec les réalités locales • L’ineffectivité du transfert des compétences de GRN aux collectivités • La faiblesse de la coordination /harmonisation des actions des intervenants

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• La non adoption du décret d’application de la charte pastorale • La faible capacité des acteurs de la société civile • Absences d’indicateurs de GRN ou environnementaux dans le CSLP • Absences d’indicateurs de GRN ou environnementaux dans le PARAD Les insuffisances d’ordre social sont : • Faible niveau d’information et d’appropriation des politiques par les acteurs • Faible impact des actions alternatives à l’exploitation des ressources • L’influence des institutions, valeurs et pratiques coutumières non compatibles avec la gestion durable des ressources naturelles Les insuffisances d’ordre économique et de la lutte contre la pauvreté sont : • Faible niveau des investissements dans la GRN • L’insuffisance des mesures incitatives de valorisation du secteur des ressources naturelles. • Non prise en compte de la valeur économique de certaines ressources (par exemple le Pterocarpus, les feuilles de doum)

UNITÉ 2. ACTIONS DE PROMOTION DE LA GRN : CAPACITES ET CONTRAINTES DES OSC POUR L’INITIATION, LE MONTAGE ET LA MISE EN ŒUVRE. 2.1 Concepts et Actions de Promotion de la GRN La Promotion est une notion dynamique qui s’applique au développement en général, elle est synonyme d’avancée, de progrès, de valorisation ; elle peut être définie comme l’action d’améliorer un secteur d’activité ou de développement. La promotion vient du mot promouvoir qui selon le dictionnaire Larousse, veut dire faire avancer, élever à une dignité ou à un grade supérieur, favoriser le développement, l’essor ; par exemple promouvoir une politique de progrès, promotion commerciale c’est-à-dire mettre en place un ensemble d’opérations temporaires en vue de faire connaître un produit ou d’en accélérer la vente à des conditions intéressantes pour la clientèle. A la lumière de cette acception, la promotion peut être sociale, économique, politique, scolaire etc. Appliqué à la GRN, la promotion consiste à développer le secteur par l’amélioration et l’intensification des actions visant à renverser les tendances de dégradation et à la réalisation des objectifs de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Les actions de promotion de la GRN par les OSC recouvrent toutes les actions et activités destinées à renforcer la visibilité et l’influence de celles-ci sur la prise de décision en matière de définition, mise en œuvre, suivi et évaluation des politiques, programmes et textes de GRN. Ces actions peuvent varier dans la forme et le fonds, mais en tout état de cause, elles impliquent une maîtrise des outils, une connaissance des cibles, le sens de l’anticipation, la légitimité et la coordination des acteurs. 2.2 Capacité et Contraintes des OSC en matière d’identification, montage et conduite des actions de promotion de la GRN 2.2.1 Les capacités des organisations de la société civile en matière de GRN sont assez visibles dans les projets initiés pour l’aménagement et la gestion des ressources naturelles, le renforcement des capacités de leurs membres. En matière d’initiation des actions de promotion de la GRN au regard des faiblesses inhérentes au cadre institutionnel, politique et juridique, elles ont entre autres acquis : • la maîtrise du mécanisme de formulation des textes et politiques nationales de GRN

• la capacité d’anticipation pour saisir les opportunités d’influence des politiques • l’existence d’alliances entre elles et entre elles et les décideurs • la qualité des relations avec les décideurs et les services techniques • la connaissance des réalités locales • l’expérience des approches participatives de diagnostic et de conception des projets • la communication avec les collectivités territoriales • l’accessibilité aux informations sur les initiatives en matière de GRN (ONGs) 2.2.2 Les organisations de la société civile malgré ses acquis subissent les insuffisances des instruments politiques, institutionnels et juridiques mis en place et qui font encore peser l’hypothèque sur les ressources naturelles et leur gestion durable et équitable ; elles n’arrivent pas à impulser une dynamique efficace et efficiente de changement des approches de définition et de mise en œuvre des politiques, programmes et textes. Les causes résident entre autres dans : • la faible capacité de négociation et de mobilisation des OSC • la faible ouverture des institutions nationales en charge de la formulation des politiques • l’éloignement des membres des centres de décision • la non maîtrise des techniques de plaidoyer • la non prise en compte du plaidoyer/lobbying dans les programmes d’intervention • le faible niveau d’organisation et de professionnalisme de certaines OCB en déficit de formation et d’information

THEME 2: LE PLAIDOYER COMME OUTIL D’IDENTIFICATION, DE MONTAGE ET CONDUITE DES ACTIONS DE PROMOTION DE LA GRN Unité 1. LE PLAIDOYER : CONCEPTS, PRINCIPES, OBJECTIFS, DEMARCHES ET OUTILS 1.1 Concepts et éléments clés. 1.1.1. Le plaidoyer est une des techniques les plus importantes de l’action civique. Il comporte plusieurs définitions à peu près identiques. On distingue :

• le plaidoyer au sens du dictionnaire Larousse (2004), c’est une défense en faveur (de quelqu’un ou quelque chose)

• le plaidoyer est une action visant à changer les politiques, positions ou programmes d’une institution, quelle qu’elle soit ;

• le plaidoyer c’est argumenter, défendre ou recommander une idée devant d’autres personnes

• le plaidoyer c’est prendre la parole, attirer l’attention d’une communauté sur une question importante et orienter les décideurs vers une solution

• le plaidoyer c’est travailler avec d’autres personnes et organisations pour faire une différence • le plaidoyer peut viser à changer une organisation à l’échelle interne ou modifier un système entier • le plaidoyer ce sont des personnes participant à des processus décisionnels qui influencent leur vie.

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1.1.2. Plaidoyer/Lobbying : quelle différence ? Le lobbying selon le BBO (Bureau Néerlandais Spécialisé dans le lobbying), est un ensemble de tentatives systématiques d’influence des décideurs. Au sens du dictionnaire Larousse, le lobby désigne un groupe de pression, le lobbying, la pression, l’influence. Le Plaidoyer vise les mêmes cibles (décideurs) et utilise le lobbying, l’influence. Donc Plaidoyer et Lobbying ont tous pour objectif le changement des politiques par une influence des décideurs. Le plaidoyer/lobbying requiert une technicité, des compétences avérées notamment les capacités organisationnelles. 1.1.3 Thème moteur Le thème moteur c’est le thème qui suscite l’intérêt ; il doit créer l’émotion, la prise de conscience, la réflexion, l’incitation au changement. 1.1.4 Intérêt partagé L’intérêt par rapport au thème doit être partagé le décideur ; le groupe de plaidoyer/lobby doit mettre l’accent sur l’attention du décideur sur l’intérêt partagé, commun, les enjeux pour le décideur, l’avantage sur le développement, sur la qualité du travail de décideur (amélioration de son travail), l’avantage sur son image. 1.1.5. Intervenants- acteurs Ce sont les principaux tenants ou détenteurs des intérêts en d’autre terme les organisation de la société civile. La base de l’intervenant constitue ceux au compte de qui il intervient. 1.1.6 Arène du pouvoir L’arène du pouvoir représente les instances et/ou institutions de prise de décision

1.2. PRINCIPES IMPORTANTS POUR LE PLAIDOYER/LOBBYING Le Plaidoyer/Lobbying repose sur quelques principes importants pour sa mise en oeuvre et son efficacité. La légitimité : d’où l’organisation tient sa légitimité ? Elle provient de ses membres, de sa mission, des autorités La crédibilité : comment développer la crédibilité ? La confiance des membres, des autres ? Elle se base sur la sincérité, la ténacité et la fiabilité. La fiabilité : est ce que l’organisation réalise ses promesses et comment ? C’est l’accomplissement des promesses, des buts… Les forces : quelles sont les forces de l’organisation ? il s’agit pour l’organisation de disposer de connaissances, motivation, engagements et moyens pour atteindre ses objectifs.

1.3. IMPORTANCE ET OBJECTIFS DU PLAIDOYER/LOBBYING Le plaidoyer/lobbying peut améliorer la qualité du processus de décision, changer les politiques, positions ou programmes d’une institution, quelle qu’elle soit. Il présente l’organisation de plaidoyer/lobbying comme le véritable partenaire du décideur. Le plaidoyer/lobbying a pour objectifs :

• d’obtenir ce nous voulons

• de se faire entendre • d’améliorer la qualité du processus de décision • de créer une situation où tout le monde gagne

Il nécessite de travailler avec les décideurs pour partager les intérêts avec eux, gagner tous les deux parce que une bonne gestion de gouvernement a besoin de la société civile. La clé pour une bonne action de plaidoyer est de trouver l’alliance, l’intérêt commun avec le décideur. L’absence de plaidoyer/lobbying signifie ne pas tenter d’influencer les décideurs, rester passif et/ou ne pas essayer d’influencer selon les stratégies non officielles donc suivre des procédures officielles, attendre d’être solliciter, suivre des procédures juridiques si nécessaires. L’approche juridique à la différence du plaidoyer ne favorise pas le consensus.

1.4. DÉMARCHE ET OUTILS Le plaidoyer/lobbying est une technique, une campagne qui comprend plusieurs étapes. Il commence par des réflexions sur une vision claire de ce qu’on veut. Il exige de s’assurer de la disponibilité de tous les outils nécessaires notamment : • L’attitude : il est essentiel pour un acteur de plaidoyer de travailler son image, son attitude pour ne pas donner une perception négative

• Les personnages : ce sont les ressources humaines compétentes • Du temps et de l’argent : le plaidoyer/lobbying ne pas s’effectuer sans moyens et sans la disponibilité à tout moment pour jouer dans l’arène où on veut exercer l’influence • Les informations sur l’arène où l’on entre : c’est fondamental et détermine la réussite du processus (gagner ce que l’on veut) En fait l’organisation offre à travers son action et ses résultats les intérêts qu’elle représente, son rôle dans la société, les aspects économiques de son travail, l’innovation. Les étapes du plaidoyer/lobbying sont assez variables d’une expérience à l’autre et d’une théorie à l’autre. Nous avons délibérément retenu les 7 étapes de BBO, le bureau néerlandais spécialisé en lobbying/plaidoyer.

ETAPES CONTENU I Début/Préparation • Ecouter bien la base • Identifier le problème, • Prévoir les développements politiques • Préciser le groupe cible • Identifier leu Thème générateur, Confédérateur • Avoir une compréhension partagée du problème • Analyser le problème • Recherche d’information sur le thème moteur • Quelle est la valeur additionnelle de notre contribution ? • Contribution unique ? • Identification des acteurs clés • Initiation (mise en place d’un réseau) • Décision de mener un plaidoyer/lobbying actif

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 83

ETAPES CONTENU II Thème/Objectif lobbyable • Déterminer les objectifs • Le thème doit être précis (par exemples : transfert des compétences de GRN aux Collectivités territoriales, ou participation des femmes aux organes de décision des communes) • L’objectif doit être SMART (exemples : obtenir le transfert effectif de 50% des compétences de GRN reconnues aux collectivités d’ici 2007 au Mali, avoir une amélioration de la participation des femmes de 15% à 40% aux organes de décision des communes pendant les prochaines élections au Mali) • Cibler une solution lobbyable • Faire une étude sur le thème • Trouver un consensus interne et acceptable pour la base • Prendre en compte nos limites (seront ils acceptables pour la base) • Estimer les chances pour un succès • Balancer le résultat attendu avec l’investissement III Formulation de Stratégie • Définir et planifier les activités, • La stratégie simple et efficace, • Organiser et mobiliser le réseau, • Recherche d’Alliance • Analyse de l’arène du pouvoir • Identifier les vrais décideurs • Mobiliser les acteurs • Déterminer les activités à mener • Elaborer des messages IV Estimation des moyens • Choisir les actions et quantifier les moyens nécessaires • Libérer le temps • Moyens humains • Moyens matériels • Moyens financiers • Réunir les moyens V Actions de Plaidoyer/lobbying • Exécution des actions en temps opportun, • Négociation, • Visite de lobby, Entretien, • Réunion des experts, • Mobilisation – influence des médias VI Evaluation • Evaluation des résultats, • diffusion des résultats VII Comment améliorer encore • Faire des recommandations pour la suite

Les outils qui doivent soutenir l’analyse des chances de succès ainsi la capacité et/ou performance de l’organisation notamment sont le SEPO = Succès, Echec, Potentialités, Obstacles d’une part et le SWOT d’autre part.

Analyse des chances de succès de l’action (SEPO)

Succès Potentialités

Echec Obstacles

Analyse de la capacité/performance de l’organisation (SWOT)

Forces Faiblesses

Faiblesses Contraintes

Pour la préparation de la visite de lobbying, certaines règles élémentaires doivent être observées : • mettre l’accent sur ceux vous représentez ; • être affirmatif et non agressif ; • être aimable, chaleureux et charmant ; • formuler une appréciation authentique sur le travail que le décideur fait • dicter votre message clairement • répéter deux ou trois fois cette préoccupations • donner des faites objectivement vérifiables, le pourquoi du sujet, son importance et les raisons qui lui permettent d’aider la base

• laissez avec le décideur une feuille A4 qui explique clairement votre message

• remercier le décideur pour l’attention qu’il a bien voulu vous accorder et vous soulignerez avant de prendre congé de lui vous reviendrez pour recueillir sa décision

UNITÉ 2. PLAN DE PLAIDOYER/LOBBYING Pour élaborer un plan de plaidoyer/lobbying, il faut tenir compte des étapes ci avant qui correspondent aux éléments nécessaires à cet effet.

Début Thème/objectif lobbyable Formulation stratégique Moyens Actions Evaluation

NB. Il est important pour une évaluation pertinente de fixer les indicateurs d’évaluation de changement.

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 85

ANNEXE VI: MÉCANISME D’ÉLABORATION ET D’ADOPTION DES TEXTES LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES L’initiative d’élaboration des lois appartient concurremment au Gouvernement et aux membres de l’Assemblée Nationale (Article 75 de la Constitution du 25 Février 1992).

5.1 ELABORATION ET ADOPTION D’UN PROJET DE LOI La procédure d’élaboration et d’adoption des projets de loi peut se résumer dans le schéma ci-après :

PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE Promulgue la loi pour la rendre exécutoire

SERVICES TECHNIQUES GOUVERNEMENT ASSEMBLEE CENTRAUX Adopte le projet de loi NATIONALE Suggèrent l’élaboration de la loi Procède à la diffusion de la Examine et vote la loi – Elaborent les avants projets loi votée et promulguée de loi – Transmettent la loi pour application et veillent à la bonne application

Services Collectivités régionaux et sub- Territoriales régionaux font appliquer la appliquent la loi loi ou suivent son application

POPULATIONS Subissent la loi en la respectant

Comme on peut le constater sur le schéma ci-dessus, l’initiative des lois part en général du Gouvernement à travers ces directions centrales ou au niveau des Cabinets ministériels. Mais l’adoption d’un projet de loi est un long processus où plusieurs acteurs interviennent à différents niveaux.

AU COMPTE DU GOUVERNEMENT En général, l’avant projet de loi est élaboré par les services centraux à la suite de constat de lacunes ou de vide juridique. Une étude de données disponibles peut être faite avec des propositions d’hypothèse de solutions. Une collecte d’informations complémentaires peut s’en suivre en cas de nécessité. Par la suite une synthèse de toutes ces informations est faite afin de présenter une première monture du projet de loi à la direction nationale concernée.

Cette première monture est ensuite envoyée au Cabinet du Ministère concerné où elle fait l’objet d’analyse et de concertation entre les conseillers techniques et les cadres de la direction en question par rapport à la conformité avec la politique nationale en la matière. Ensuite le projet de loi est commis au Secrétariat Général du Gouvernement qui organise des rencontres interministérielles regroupant les Secrétaires Généraux et les Conseillers Techniques des départements concernés avant de l’envoyer à travers une communication écrite au Conseil des Ministres pour adoption. Le Secrétariat Général du Gouvernement peut requérir l’avis du Conseil Economique, Social et Culturel avant la mouture finale du projet de Loi. La Cour Constitutionnelle doit aussi être consultée obligatoirement pour les lois organiques.

AU COMPTE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE Une fois le projet de loi adopté par le Conseil des Ministres, il est transmis à l’Assemblée Nationale pour être voté en loi. A ce niveau, après réception et enregistrement au bureau de l’Assemblée Nationale, la Conférence des Présidents procède à la diffusion et à la transmission des projets de loi aux commissions spécialisées. Elle établit aussi le programme de travail de l’Assemblée qui est communiqué au Gouvernement. Ainsi les projets de loi portant sur la gestion des ressources naturelles se retrouvent au niveau de la commission Développement Rural et Environnement. A ce niveau la commission s’organise de façon à rechercher et avoir toutes les informations complémentaires pour comprendre l’esprit de la loi et en identifier les lacunes possibles. A cet effet elle rencontre les représentants des institutions étatiques, non étatiques, de groupes d’acteurs, et des personnes ressources pouvant être concernés par la mise en application de la future loi. Cette série de rencontres est bouclée par celle avec le Ministre en charge de la question à qui on fait part des préoccupations des différents groupes d’acteurs. Tout cela se termine par une réunion de la commission afin de retenir les amendements définitifs et les recommandations éventuelles à faire dans un rapport destiné à la plénière. Enfin la loi est présentée en plénière avec le rapport de la commission en présence du Ministre concerné qui en donne les motivations et les dispositions avant de demander aux députés de l’adopter. Après discussion, elle est votée soit en l’état, soit avec amendement, soit rejetée. L’adoption se fait par vote à la majorité simple.

AU COMPTE DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE La loi ainsi votée est transmise à la Présidence de la République pour sa promulgation. La promulgation est l’acte par lequel le Président de la République constate l’existence de la loi et la rend exécutoire. En principe, les lois doivent faire l’objet de contrôle de conformité à la constitution avant leur promulgation (loi organique). Après cette formalité, le Président de la République renvoie la loi au Gouvernement pour sa publication et son application. La publication est l’acte par lequel la loi est portée à la connaissance des populations. Cela se fait d’abord par son insertion au journal officiel, ensuite par sa ventilation et diffusion par les services techniques au niveau des collectivités territoriales et des populations. Ensuite les textes d’application (Décret, Arrêtés) sont élaborés et soumis au Conseil des Ministres (cas des Décrets pris en Conseil des Ministres) pour leur approbation.

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5.2 LA PROPOSITION DE LOI Lorsque l’initiative de la loi provient de l’Assemblée Nationale, elle port le nom de proposition de loi.

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE promulgue la loi votée

SERVICES ASSEMBLEE NATIONALE TECHNIQUES vote la loi en CENTRAUX GOUVERNEMENT procède à la diffusion plénière procède à la Un ou de la loi et initie les publication de la loi textes d’application plusieurs promulguée députés

Commission Développe- SERVICES COLLECTIVITES ment Rural REGIONAUX TERRITORIALES diffusion et font la diffusion de application de la loi la loi

POPULATIONS

Lorsqu’un ou plusieurs députés prennent l’initiative de faire une loi suite à des constats et enquêtes, on parle de proposition de loi. Cette proposition de loi pour être recevable ne doit pas avoir d’incidence budgétaire étant donné que l’Assemblée Nationale ne gère pas le budget d’Etat. Ainsi lorsque la loi est régulièrement initiée, elle est reçue, enregistrée par le bureau de l’Assemblée Nationale qui la met à la disposition de la Conférence des Présidents pour être transmise à la commission concernée. A partir de ce moment, la proposition de loi suit le même parcours que le projet de loi c’est-à-dire consultation – vote – promulgation – publication – diffusion et application.

5.3 PROCÉDURE D’ÉLABORATION DES TEXTES RÉGLEMENTAIRES 5.3.1 Définitions Les textes réglementaires sont ceux qui édictent des règles qui s’adressent à une ou plusieurs personnes désignées de façon abstraite. Ils ont un caractère de généralité parce qu’ils établissent des règles qui s’imposent à un nombre important de personnes ou d’institutions, ils ont aussi un caractère de permanence car ils sont valables tant qu’ils n’ont pas été abrogés. Ils répondent soit à une demande émanent des différents groupes d’acteurs, soit à des nécessités sociales ressenties par l’administration au contact des réalités, soit à un besoin d’agir sur un domaine en vue d’atteindre des objectifs. Il existe deux sortes de règlements : les règlements autonomes et les règlements d’application.

• Les règlements autonomes : sont pris spontanément par le Gouvernement dans les matières autres que celles réservées à la loi ; • Les règlements d’application : sont pris pour préciser les dispositions de la loi et en fixer les modalités d’application (Décret et Arrêtés d’application).

L’Ordonnance L’Ordonnance est un acte pris par le Gouvernement dans des matières normalement du domaine de la loi, avec l’autorisation de l’Assemblée Nationale. La loi d’autorisation bénéficie au Gouvernement qui en fait la demande pour l’exécution de son programme. Elle doit préciser les délais et les matières législatives dans lesquelles le Gouvernement est autorisé à prendre les ordonnances. Les Ordonnances entrent en vigueur dès leurs publications, mais deviennent caduques si le projet de loi de ratification n’est pas déposé devant l’Assemblée Nationale avant la date fixée par la loi. Les ordonnances sont prises par le Président de la République et ratifiées par l’Assemblée Nationale. Le Décret Le Décret est l’acte réglementaire pris par le Président de la République ou le Premier Ministre. Il est parmi les actes réglementaires les plus importants. Il est généralement pris pour gérer des sujets importants, pour nommer des fonctionnaires aux hautes fonctions de l’Etat, ou pour fixer les modalités d’application de certaines lois. L’Arrêté C’est la décision exécutoire prise par un Ministre quand c’est un Arrêté ministériel et par plusieurs Ministres quand c’est sur Arrêté interministériel. Par ordre d’importance, il vient après le Décret dans les actes réglementaires. C’est l’expression du pouvoir réglementaire qui permet aux Ministres de prendre les dispositions pour l’organisation et le fonctionnement des services placés sous leurs autorités. Les Haut-Commissaires, les Présidents d’Assemblée régionaux, les Présidents de Conseil de cercle et les Maires sont aussi investis d’un pouvoir réglementaire qui les permet de statuer par Arrêté. La Décision Dans le cadre des matières relevant de leurs compétences, diverses autorités administratives prennent des décisions. La hiérarchie des décisions dépend de celle de leurs auteurs. Ainsi une décision prise par un Ministre l’emporte sur celle prise par un Haut-Commissaire.

5.4 PROCÉDURE D’ÉLABORATION DES TEXTES RÉGLEMENTAIRES L’élaboration des textes réglementaires conformément à la procédure administrative non contentieuse est assujettie à des formalités qui ont généralement pour but de démocratiser les décisions et de mieux les faire accepter par les populations concernées. Ainsi la loi peut prévoir que l’administration avant de prendre certaines décisions, prenne l’avis de certains organes qui portent des appellations comme conseils, comité, commission, syndicat, groupe professionnel, etc. Trois types d’avis peuvent être requis en vue de prendre une décision :

• L’avis facultatif lorsque spontanément l’administration demande le point de vue des administrés sur une question précise sans qu’aucun texte lui impose ou prévoit une telle obligation. Un tel avis ne lie pas l’administration ; • L’avis conforme est celui qui est prévu dans un texte tout en laissant à l’autorité administrative la liberté de décider librement en dernier ressort ; • L’avis obligatoire lorsque l’administration est obligée de solliciter l’avis et non de le suivre. L’absence de cet avis peut entraîner la nudité de l’acte pris. Les consultations faites pour acquérir ces différents avis peuvent favoriser certains groupes de pression particulièrement dynamiques. Mais ces consultations peuvent dans certains cas avoir pour conséquence soit de situer les responsabilités par rapport à la décision prise, soit d’alourdir le processus décisionnel voire aboutir à l’impossibilité de prendre les décisions.

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 89

Sitôt que l’acte administratif est pris, l’administration est tenue de s’y conformer. Par contre lorsque l’acte administratif s’adresse à des particuliers, avant de l’appliquer, l’administration est tenue d’en faire la publicité c’est-à-dire la publication et la notification.

LES PRINCIPAUX ACTEURS IMPLIQUES DANS L’ELABORATION ET L’APPLICATION DES TEXTES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES Les activités de gestion des ressources naturelles ont été menées au Mali de manière sectorielle et limitative jusqu’en 1992, année à laquelle le Sommet Mondial de l’Environnement et le développement durable a eu lieu à Rio de Janeiro. Depuis lors les questions environnementales ont pris de plus en plus de l’importance entraînant du coup la mise en place d’un cadre institutionnel pour leur gestion. Aussi, les principaux acteurs impliqués sont les suivants : • les députés de l’Assemblée Nationale qui votent les lois après étude et consultation des groupes d’acteurs concernés ; • les conseillers généraux du Haut Conseil des collectivités qui doit donner un avis motivé sur toute politique de développement local et régional et spécifiquement sur les questions environnementales ; • les conseillers du Conseil Economique, Social et Culturel qui ont compétence sur tous les aspects du développement économique, social et culturel. Le Conseil Economique, Social et Culturel est consulté obligatoirement sur toute disposition législative à caractère social ; • les techniciens des différents départements ministériels et des directions nationales qui sont bien souvent les initiateurs et les maîtres d’œuvre des différents textes ; • le cadre institutionnel qui a été mis sur place en décembre 1998 par décret n°415 PM-RM a renforcé le pouvoir de certains acteurs. Ce cadre est constitué de 3 niveaux : a) Le premier niveau est le comité interministériel. Il est chargé entre autres de proposer au Gouvernement les mesures de sauvegarde de l’environnement et de lutte contre la dégradation de l’environnement et la désertification. Il est composé des départements suivants : – le Ministère chargé de l’environnement, – le Ministère chargé de la santé, – le Ministère chargé de l’industrie, – le Ministère chargé de des mines, – le Ministère chargé de l’administration territoriale, – le Ministère chargé des travaux publics, – le Ministère chargé des transports, – le Ministère chargé de l’éducation de base, – le Ministère chargé de l’urbanisme, – le Ministère chargé du développement rural, – le Ministère chargé de la communication. b) Le deuxième niveau est constitué par le comité consultatif chargé entre autres de donner un avis sur les projets de textes législatifs et réglementaires relatifs à la gestion de l’environnement. Il est constitué par les structures suivantes :

– le Représentant du Ministre chargé de l’environnement, – le Directeur National des Industries, – le Directeur National de la Santé, – le Directeur National de la Conservation de la Nature, – le Directeur National de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et Nuisances, – le Directeur de la CMDT, – le Représentant de l’Office du Niger, – le Directeur National de la Météorologie, – le Directeur National de l’Aménagement et de l’Equipement Rural, – le Directeur National des Travaux Publics, – le Directeur National des Transports, – le Directeur Général de la Protection Civile, – le Directeur National de la Géologie et des Mines, – le Directeur National de l’Hydraulique et de l’Energie, – le Directeur National de l’Urbanisme et de la Construction, – le Directeur National de la Planification, – un Représentant de la Coordination des Associations et Organisations Féminines (CAFO), – un Représentant de l’Assemblée Permanentes des Chambres d’Agriculture, – un Représentant de l’Assemblée Permanentes des Chambres de Métiers, – un Représentant du CCA – ONG, – un Représentant du SECO – ONG, – un Représentant du Collectif des Groupements Intervenants dans l’Assainissement au Mali (COGIAM), – un Représentant de la Plate – forme Paysanne, – un Représentant de la Chambre de Commerce et d’Industrie, – un Représentant de l’UICN, – un Représentant de l’ASSEP, – un Représentant de l’URTEL. c) Le troisième niveau est constitué par le Secrétariat Technique Permanent qui est chargé entre autres d’assurer le suivi de la mise en oeuvre des décisions du comité interministériel et du comité consultatif et de veiller à la cohérence des mesures à prendre en matière de sauvegarde de l’environnement.

ETUDE DE LA FILIÈRE DE L’EUCALYPTUS DANS LA VALLÉE DU YAMÉ 91

– Les cadres régionaux et locaux des services déconcentrés de l’Etat : Ils sont généralement chargés de l’application ou du suivi de l’application des différents textes. A ce titre ils font partie des acteurs qui sont les plus confrontés aux difficultés rencontrées dans l’application des textes. – Les élus des collectivités territoriales : Selon l’article 45 du code des collectivités, le maire est chargé en collaboration avec le représentant de l’Etat, de la publication et de l’exécution des lois et règlements. Les articles 14 et 15 stipulent que le conseil communal peut délibérer en matière de règlement administratif mais que ces délibérations ne deviennent exécutoires qu’après l’approbation de l’autorité de tutelle. Par ailleurs l’article 47 du même texte dit «le maire prend les règlements de police en vue d’assurer le bon ordre, la sécurité, la tranquillité et la salubrité publique. Il les communique sans délais en indiquant les raisons à l’autorité de tutelle et au représentant de l’Etat au niveau de la commune». Quant au conseil de cercle les articles 83 et 84 du code des collectivités, il peut délibérer entre autres en matière de protection de l’environnement, sur la politique de création et de gestion des équipements collectifs dans le domaine de l’hydraulique rurale, mais que ces délibérations ne deviennent exécutoires qu’après l’approbation de l’autorité de tutelle. Pour ce qui concerne le Président du conseil de cercle, il est chargé de la publication et de l’exécution des lois et règlements (article 116). L’Assemblée régionale à son tour délibère entre autres sur les actions de protection de l’environnement, les schémas d’aménagement du territoire et de développement régional. En matière de réglementation de police administrative et d’aménagement du territoire, ces délibérations ne deviennent exécutoires qu’après approbation de l’autorité de tutelle. Selon l’article 163, le Président de l’Assemblée régionale est chargé lui, de la publication et de l’exécution des lois et règlements. Bien que le village ne soit pas une collectivité territoriale, on note d’importantes attributions pour le conseil de village et le chef de village en matière de gestion des ressources naturelles. Ainsi l’article 63 stipule que le chef de village sous l’autorité du maire veille à l’application des lois, des règlements et des décisions des autorités communales. L’article 66 dit que le chef de village doit veiller à la propreté et à la salubrité de sa communauté. Il prend toutes les mesures nécessaires en matière d’hygiène et de protection sanitaire. Quant au conseil de village il est obligatoirement consulté sur la protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles. • Les magistrats du pouvoir judiciaire : Le pouvoir judiciaire intervient à travers deux grands juridictions : – La Cour Constitutionnelle pour apprécier la conformité des différents textes à la constitution de la république quand il s’agit de loi constitutionnelle ou de loi organique. – La Cour Suprême qui apprécie la conformité de fond et de forme par rapport à la loi des textes administratifs pris surtout au niveau de sa section administrative, mais aussi des jugements rendus par les tribunaux administratifs.