Du 15/06/11 au 13/07/11 | un gratuit qui se lit 42

Festivals et Saisons nouvelles...

Festivals Avignon, le Off 7, 8, 9 Théâtre 10, 11 Danse 12, 13 Musique lyrique 14, 15 Musique classique, plurielle 16 à 19 Jazz 20, 21 Aliénation Actuelle 22 à 27 Les réjouissances de l’été et les programmations des sai- Saisons sons prochaines confirment nos inquiétudes. Partout, plus Gap 28 ou moins nettement, les ambitions sont élimées, les rêves Grasse 29 ravalés, les révoltes éteintes. Dans les scènes et les musées Draguignan, Sainte-Maxime 30 Durance, Cavaillon 31 subventionnés on cesse de produire, on renonce aux com- Scènes et Cinés, Port-de-Bouc, Arles 32, 33 mandes publiques, on entérine la misère. Ou pire encore, Le Merlan, les Salins 34 Le Toursky, le Gyptis 36 on remplit les salles à coup de stars et comiques en guise La Criée 37 de théâtre, de produits de tourneurs en guise de musique, Le Gymnase, le Jeu de Paume, le GTP 38, 39 et les cimaises avec des photos amateur, de l’interactif Opéra de 40 Pavillon Noir 41 digne de Disneyland, des maîtres archi connus d’un autre temps. Théâtre/Danse Au programme 42 Quand vous le soulignez les programmateurs répondent, avec Fins de saisons 43 raison, que cela seul attire les visiteurs. Et que les tutelles Musique exigent désormais du rendement, comme dans tous les Au programme 44, 45 services publics. De la démocratisation aussi : il faut offrir Critiques Théâtre à chaque spectateur un produit culturel qui le concerne ! Avignon, Gap 46 Cavaillon, Marseille, Avignon 48 C’est-à-dire en clair ce qui passe à la télé : cela seul au- Les Informelles, Sirènes et midi net 49 jourd’hui remplit les salles sans médiation. L’estampille Marseille, Miramas 50 télé, le 20h, ou à défaut Arte ou Mezzo, voire LCM ou FR3 Saison régionale rue et cirque, Piste d’azur 51 Danse région. Alors les programmateurs renoncent, tentent le Château-Arnoux, Marseille, Nîmes 52 compromis, et glissent à contrecœur hors du service public. Marseille, Aix, Avignon, Nîmes 53 Musique Les artistes vivent une véritable arnaque : l’échec prétendu FAIL 13, Trets, Le Panier 54 de la démocratisation culturelle n’est pas de leur fait. Jazz, du monde 55 à 57 L’accès à la culture doit s’envisager, aujourd’hui, en termes Ollioules, MIM, GRIM, Autour des claviers, Festes d’Orphée 58, 59 GTP, Avignon, Festival de musique sacrée, OpéraBulles 60, 61 de désaliénation : ce n’est pas «l’intimidation» ressentie par le public populaire qui le maintient hors des lieux de Cinéma FID, Judaïcité, Rendez-vous d’Annie 62, 63 culture. C’est la télé, ses normes imbéciles, abrutissantes, Alhambra, AFLAM, Cannes 64, 65 vulgaires, pitoyables. C’est l’excitation de la course à la Rencontres consommation, le satisfait ou remboursé, l’impérieux be- Au programme 66, 67 Philosophie soin de «se vider la tête», de «s’éclater», «se lâcher». Sans La religion 68 «se prendre la tête» surtout, mais en offrant à leurs mes- Littérature Prix littéraire des lycéens et apprentis, Contes et jardins 69 sages notre temps de cerveau disponible. À vous de lire 70 La même aliénation mine le monde culturel et celui de Festival du livre de la Canebière 71 l’éducation. Les artistes et les professeurs résistent, mais Arts visuels ils ne tiendront plus longtemps, avec leurs seules armes, Photomed, Innov’art 72 contre l’entreprise d’abrutissement commun dont, comble Spécial photographie 73 Arts éphémères, Sm’art 74 d’ironie cynique, on les accuse d’être responsables. Le Châteauneuf-le-Rouge, les Alpilles 76 démantèlement de la pensée critique est en route depuis Les Baux-de-Provence, Gageron, Barjols 78 longtemps et relève d’une volonté, tout à fait consciente Marseille, Silvacane 79 Marseille 80 chez les décideurs et leurs idéologues, d’étouffer le Au programme 82, 83 sentiment de révolte, en prétendant que l’art est dans le Patrimoine Musée Calvet, Licra 84 divertissement, et le bonheur dans l’apaisement de la pul- Châteauneuf-les-Martigues, Pont du Gard, Arles, La Celle 86 sion de consommation. Mécénat 87 AGNÈS FRESCHEL Adhérents 88 Supplément RetrouveZ nos éditions précédentes Les Ateliers de l’EuroMéditerranée Festival du livre de la Canebière sur www.journalzibeline.fr

AVIGNON FESTIVALS 07 En défiance du théâtre ? un bon endroit pour créer de l’art, continuer à re- tres retours encore avec Roméo Castellucci pour la chercher et à apprendre», avec des batailles d’artistes première partie de son diptyque autour de la figure dans des Sessions Posters, des expositions, des de Jésus, Jean-Michel Bruyère dans une installa- installations vidéo. tion en 3D au Gymnase Giera dans le quartier Monclar, en face de la prochaine Fabrique à specta- Enfance et mouvement cles. Un nouveau lieu de travail aux dimensions du Préoccupé par l’éducation et la place sociale de l’en- plateau de la Cour d’Honneur, dont le projet fant, il présentera en ouverture à la Cour d’Honneur d’architecte sera validé en septembre, qui signe une la création Enfant avec 27 écoliers de Rennes et re- nouvelle aventure pour le Festival, devenant un prendra sur l’herbe du stade de foot Bagatelle, de «habitant du quartier». l’autre côté du Pont, le canon chorégraphique Levée des Conflits dans «une version woodstock et sauvage.» …et création dramatique Côté danse, une programmation de choix avec Wil- Et puis des textes, contemporains pour la grande liam Forsythe, François Verret, Rachid Ouramdane, majorité, mis en scène par des hommes (pour la Levee des conflits © Caroline Ablain Xavier Le Roy, Meg Stuart, Cecilia Bengolea et grande majorité…) confirmés : même si l’attention Le 65e Festival d’Avignon suivra sa route estivale François Chaignaud ! Anne Teresa De Keersmaeker médiatique n’a pas toujours porté vers eux durant du 6 au 26 juillet : une quarantaine de spectacles offrira un spectacle au lever du jour, Cesena, un les dernières éditions d’Avignon, les deux directeurs programmés par Vincent Baudriller et Hortense dialogue entre la musique polyphonique de l’ars en ont toujours programmé, et persistent… Avec Archambault qui poursuivent leur mandat, la nomi- subtilior et l’architecture de la Cour. Seize enfants Guy Cassiers dans la Cour, qui met en scène Sang nation surprise, et pour le moins inélégante, d’Olivier avignonnais seront seuls en scène dans une reprise & Roses, un texte bouleversant de Tom Lanoye (ed. Py à la tête de la manifestation n’étant effective du Petit projet de la matière d’Anne Karine Lescop, actes sud papiers, 2011) sur Jeanne d’arc et Gilles qu’à partir de 2013 (voir calendrier p.42). danseuse dans le projet initial d’Odile Duboc. Dans de Rais, Patrice Chéreau sera là, dans sa seconde Une édition particulière, puisque l’artiste associé Sun, Cyril Teste et le Collectif MxM se pencheront mise en scène de Jon Fosse I am the wind (voir p au plus grand festival de théâtre du monde est un également vers l’enfance pour relater un fait divers 48). Et Wajdi Mouawad adaptera à la Carrière de chorégraphe, directeur du Musée de la danse de peu ordinaire, la cabale de trois gamins partis en Boulbon Les Trachiniennes, Antigone et Electre de Rennes, fougueux défenseur de la non-danse dans Afrique «pour aller se marier au plus proche du soleil.» Sophocle. Une attention aux Femmes comme sujet les années 90 : est-ce dans cette négation que le tragique, qui ne vient pas compenser l’écrasante théâtre pourra trouver sa place ? Quoi qu’il en soit, Performances, installation… majorité de créateurs et auteurs masculins… avec Boris Charmatz, la thématique mettant l’en- Mais du théâtre il y aura ! Celui qui regarde du côté Ainsi Mademoiselle Julie de Strindberg sera l’objet fance et la danse en résonance n’a rien d’un hasard : de la performance : Vincent Macaigne dans Au moins de deux interprétations. La première, qui s’étend il joue sa pratique entre expérimentation et trans- j’aurai laissé un beau cadavre, propose «une version sur toute la durée du Festival, est signée Frédéric mission, s’impliquant autant sur le plateau que dans d’Hamlet qui crie, hurle et fait beaucoup de bruit.» Fisbach avec Juliette Binoche (à l’initiative du sa pédagogie. À Avignon il confirme cet engagement L’espagnole Angélica Liddell, qui avait bouleversé projet) et Nicolas Bouchaud. La seconde, par Katie en renforçant l’ancrage à L’École d’Art du Festival, l’édition 2010, revient avec Maudit soit l’homme qui Mitchell avec la Schaubühne de , s’intéresse «un lieu ressource de pratiques et de transmission, se confie en l’homme, un projet d’alphabétisation. D’au- au portrait du 3e personnage de la pièce, Kristine, la fiancée du valet Jean.

Enfant, Auparavant, en (ré)ouverture de la Carrière, Patrick Pineau accompagné d’Anne Alvaro jouera Le Sui-

photo de repetitions © Boris Brussey cidé de Nicolaï Erdman, une pièce sur l’imposture, censurée par Staline en 1932. Arthur Nauzyciel adaptera l’histoire du résistant polonais Jan Karski (Mon nom est une fiction) d’après le roman de Yannick Haenel avec le génial Laurent Poitrenaux. Les tunisiens Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi présente- ront la pièce prémonitoire Amnesia. Jeanne Moreau et Etienne Daho reprendront dans la Cour Le Condamné à mort, un concert-lecture en hommage à Jean Genet. Puis, pendant presque tout le Festival, les 40 ans du Théâtre Ouvert seront fêtés à la Chapelle des Pénitents Blancs. DELPHINE MICHELANGELI ET AGNÈS FRESCHEL

Festival d’Avignon Du 6 au 26 juillet ouverture de la billetterie le 13 juin (le 11 juin pour les avignonnais) - voir le programme p42 04 90 14 14 14 www.festival-avignon.com 08 FESTIVALS OFF Le barouf du Off du 8 au 31 juillet

Pour communiquer sur le Off, Avignon Cœur. Le Chêne Noir enchainera 11 Festival & Cie qui gère le «plus grand spectacles dont Eclats de vie, un seul- festival de théâtre du monde» selon en-scène de Jacques Weber ; une son président Greg Germain, procla- ode à la liberté sexuelle des femmes me les chiffres : 1143 spectacles, Alaska Forever © Olivier Baco 6000 artistes, 969 compagnies (147 en Urgent Crier par Philippe Caubère et PACA), 116 lieux, 3000 programma- Lear et son fou avec Jean-Claude teurs, 30 millions d’euros de contrats. Drouot. La Cie On est pas là pour se Le festival autofinancé, toujours sans faire engueuler ouvrira la journée direction artistique (théâtre, cirque, avec Les règles du savoir vivre de La- danse, concert, jeune public, marion- garce et Les Carboni la clôtureront nette, conte, humour…), ne cesse de en musique avec Sarvil, l’oublié de la «grandir» en quantité. Pas forcément Canebière. en qualité, le tout venant étant par La Manufacture propose une édition principe accepté. Un «eldorado» pour nourrie de théâtre documentaire (Faits Marie-Josée Roig, maire d’Avignon, divers à la recherche de Jacques B. et qui ne le dissocie d’ailleurs pas du In, Julie telle que de Nadia Xerri L), de reconnaissant qu’une harmonisation forme engagée (Un homme debout de dates serait souhaitable (du 8 au sur la réinsertion carcérale) ou mobile 31 juillet pour le Off, du 6 au 26 pour (performance Drive In, en voiture. On le In). Un «marché» pour son prési- pourra y voir en particulier Alaska Fo- dent, qui veut mettre en place un rever de la Cie Artefact, création centre de ressources des lieux, une collective mise en scène par Philippe meilleure visibilité des régions et une Boronad sous forme de «reality show ouverture à l’international (cette an- stellaire et déjanté» qui dissèque les née, des échanges ont lieu avec la mécanismes du pouvoir et leur dérive Chine) et s’insurge lorsqu’il entend le écologique… mot «trop». «Trop de quoi ? De pau- Les Doms promettent une édition vres, de chômeurs, d’artistes ? Le rôle Que d'espoir © Delphine Michelangeli chaleureuse pour fêter leurs 10 ans de la culture est d‘interroger le monde et leur changement de «capitaine». et d’en repousser les horizons.» Mais la avec Pierre Santini et Julie Judd © Delphine MichelangeliLe Off Ne pas manquer, entre autres, Trop de question du choix se pose avec acuité dans Ovide était mon maitre ou l’art Guy Béart tue Guy Béart, une visite pour le public et les programmateurs, d’aimer et Si Siang Ki ou l’histoire de déambulatoire dans la ville (jusqu’au les compagnies mal préparées y per- la Chambre de l’Ouest, la dernière 22). Bouffée d’oxygène sur la Bar- dent beaucoup d’argent tandis que création de Gérard Gélas à Shangai. thelasse au Chapiteau théâtre fou restaurateurs, hôteliers et loueurs dé- Aux Halles, Alain Timar reprend Rhi- des Onstap avec 25 spectacles en gagent un chiffre d’affaire hallucinant. nocéros de Ionesco monté avec une alternance sur le thème de la folie. Mais si certains lieux d’accueil restent troupe de coréens, beau succès 2010. Théâtre, danse, jeune public, scènes dans leurs pratiques en deçà de l’accepta- Agnès Régolo nous plongera dans un ouvertes, concerts, humour, débats, ble, d’attirantes propositions ressortent cabaret expressionniste avec l’excel- guinguette gourmande. de ce magma gargantuesque. lent et jubilatoire Que d’Espoir de Hanokh Levin. Les attentifs Les vrais théâtres Jean-François Matignon, dans son D’autres lieux méritent toujours une Trois lieux permanents d’Avignon com- nouveau lieu partagé avec Inoui attention particulière, parce qu’ils pro- menceront avec un jour d’avance. Au Productions à La Manutention (ex- gramment en leurs murs sur des Balcon, Serge Barbuscia propose Bats Hivernales), présente Forever young critères esthétiques plutôt qu’au plus l’enfance, un huis clos entre une mère du 12 au 22, un montage d’œuvres qui offrant : le Chien qui Fume, le Bourg- et sa fille. Se joueront également Bric raconte le parcours politique et Neuf, Golovine, l’Entrepôt, la à Brac de la Cie Marie-Lune et Métro- amoureux d’une génération. Fabrik’Théâtre, Au Bout là bas (ex nome par le quintet musical Cinq de Aux Carmes, du Benedetto bien sûr : la Poulie), les Béliers, l’Etincelle, le THÉÂTRE FESTIVALS 09

Grenier à Sel, le Musée Fujak, le Verbe fou, la Tache d’encre et l’Es- pace Roseau qui programme, entre L’itinérance à la croisée des chemins autres, La Vie de Galilée de Brecht, Huit ans que Villeneuve-lez-Avignon est le territoire mis en scène par Antonia Malinova, un d’accueil privilégié des artistes en itinérance. Chaque été succès du festival 2010 dans lequel le meilleur des compagnies nomades se produit devant des notre collaborateur Régis Vlachos milliers de spectateurs (16 000 en 2010). Un Festival forain incarne le scientifique et ses révolu- à part entière qui s’est monté en association en 2011, pour tions… À ne pas rater dans un tout gagner en autonomie et élargir les financements. La ré- petit lieu : la Storie di Italo, un solo gion Languedoc-Roussillon met ainsi pour la première fois émouvant de Marco Bocherini qui la main à la pâte. Une vraie satisfaction pour Frédéric Poty, mêle mémoire intime et histoire ita- le directeur artistique de Villeneuve en Scène, qui confir- lienne, au Laurette Théâtre à partir me : «aujourd’hui on a le plein de partenaires. Grâce à eux, du 6 juillet. on a réussi à exister au milieu du Festival d’Avignon, sinon Certaines régions offrent à leurs com- on retombait dans la foire.» Moteur affirmé de l’économie pagnies une vraie visibilité au Off. Un locale, cette manifestation -l’une des rares dont les finances soutien technique et financier, dans augmentent- se trouve à la croisée des chemins entre Midi des lieux désormais repérés. Dans le Pyrénées et Provence, «à une marche du royaume», en face cadre de l’opération Midi-Pyrénées fait du géant avignonnais. 22 spectacles, dont 4 jeunes publics, La seconde surprise de l'amour par la Cie Tandaim © X-D.R. son cirque en Avignon du 8 au 24 juil- rythmeront les 359 représentations du 5 au 27 juillet avec ront chacun leur version d’Œdipe dans Lyon Kaboul Thèbes, let, la cie Sacékripa présentera sous 200 artistes et techniciens qui prennent le risque de jouer Aller retour. chapiteau Coulisses, un spectacle de à la recette. Et puis des artistes historiques de l’itinérance avec l’Agit, la haute volée à l’Espace Vincent de On pourra apprécier dans la plaine de l’Abbaye la reprise Fabrique des Petits Utopies, la cie Conduite intérieure, le Paul sur l’Île Piot. Soutenu par le de la cie Tandaim, la Seconde surprise de l’amour, dans la- Théâtre Mu avec Molière2, une création franco-burkinabé. théâtre des Doms, le Théâtre d’un quelle Alexandra Tobelaim, inspirée par l’introspection Le 15 juillet, la journée de l’itinérance animée par Emile jour y présentera l’Enfant qui… (dé- de Sophie Calle, enferme les amoureux de Marivaux dans Lansman abordera les problématiques du nomadisme en conseillé aux jeunes enfants), un une scénographie de mises en boîtes. Dans une très belle tables rondes participatives et le soir venu, un feu d’artifice, univers poétique pour un rituel cir- adaptation de l’Inconnu de Tod Browning, la cie Pile ou Ver- forcément théâtral et drôle, sera proposé par l’Agence de cassien. Dans la Région Nord-Pas de sa revient cette fois au Clos de Villeneuve pour une tragédie Voyages Imaginaires. Calais, six compagnies ont été sélec- au cirque digne de Shakespeare. Deux formes seront itiné- Dans l’élan de la manifestation, pour la seconde édition, tionnées et accompagnées dans un rantes : une balade sonore dans la ville proposée par le Begat Pujaut sous Chapiteau accueille 4 compagnies. 23 jours dispositif qui se tiendra à Présence Theater d’après les Diablogues de Dubillard, une visite dans un écrin de bonheur ! Pasteur du 8 au 31, avec une pro- guidée au cœur du Fort Saint André par les Cies A l’Abor- DELPHINE MICHELANGELI grammation pluridisciplinaire. La cie dage et l’Art mobile. Les Six Faux Nez raconteront dans Melting Pot présentera Hip Hop Aura, l’Arnaque l’histoire vraie d’un clown roi d’Albanie. En par- Villeneuve en Scène une revisitation humoristique des ori- tenariat avec le In et l’ISTS, dirigés par Matthias Langhoff, Du 5 au 27 juillet gines du hip hop par Farid Berki. les étudiants de la 70e promotion de l’Ensatt et les artistes 04 32 75 15 95 Idem pour la Région Alsace qui sou- du Théâtre Aftaab formés à Kaboul par Mnouchkine, joue- www.villeneuve-en-scene.com tient trois compagnies, les Méridiens au Théâtre Essaion, Jamaux-Jac- quot à l’Espace Pasteur et la Cie les Zanimos aux Ateliers d’Amphoux. Programmer les siens La Caserne des Pompiers est inves- tie depuis les années 90 par la Région Depuis quatre ans le conseil général de son de la batterie de Guigou Chene- vagabondage le Vélo Théâtre, à Apt, Champagne Ardenne, précurseur dans Vaucluse soutient ses compagnies avec vier (le 6) et la soirée jazz qui réunit accueille la cie Théâtre de l’Entrou- l’accompagnement des artistes dans le dispositif Vaucluse en Scène orga- le Kami quintet et Melc (le 7). En vert pour des Traversées basées sur le Off, qui y installe des jeunes com- nisé par Arts Vivants en Vaucluse. Du Et il me mangea de des extraits du livre Seuils de Patrick er pagnies et d’autres plus confirmées. 1 au 7 juillet le festival investit la Kermann (les 8 et 9) et Il me mangea, Si la Région Paca pouvait en faire au- cour de la Chapelle Saint-Charles à dernière création de la cie résidente tant, cela limiterait d’autant les Avignon mais aussi, et c’est une nou- du lieu autour d’une déclinaison par- pertes sèches de nos compagnies les veauté, part en vagabondage dans le ticulière du Petit chaperon rouge (les la cie Velo Theatre © X-D.R. plus fragiles… département. La cour de la Chapelle 8 et 9). Enfin, dans les carrières de DELPHINE MICHELANGELI accueillera la soirée d’ouverture et le Gargas découvrez la dernière création bal guinguette de Manu & Co qui ma- de la chorégraphe Françoise Murcia, rie le flamenco, le jazz manouche, la Les Tangos (les 8 et 9), à Beaumes de Festival Off d’Avignon valse, le tango…, la soirée slam avec Venise le Théâtre rural d’animation Du 8 au 31 juillet Dizzylez & Skub et R.A.P.H & John culturelle qui joue Caligula de Camus Le programme papier Valdez (le 2), le quintet Aksak et sa (le 3), et à Lourmarin, place Henri Bar- sortira le 1er juillet musique créative des Balkans (le 3), thélemy, la même cie dans Révolte dans la cie ONSTAP avec Parce qu’on va pas les Asturies de Camus aussi (le 10). DO.M. Consultable en ligne lâcher, un spectacle qui mêle la danse à partir du 15 juin à la percussion corporelle (le 4), le www.avignonleoff.com ciné-concert Maciste, super héros du Vaucluse en Scène cinéma muet italien des années 20 Arts Vivants en Vaucluse er Le Village du Off se tiendra qu’accompagne le duo ArchiPass (le Du 1 au 10 juillet rue des Ecoles 5), une mise en lecture musicale des 06 07 50 94 84 Effrayants de et par Jean-Yves Picq au www.artsvivantsenvaucluse.fr 10 FESTIVALS THÉÂTRE

À la Maison du théâtre pour Enfants, tous les douce de la cie FA7 suivi des Petites Fabulettes. jours (sauf le dimanche) du 7 au 26 juillet, les Théâtre dansé avec la cie Piccola Velocita puis enfants sont au paradis. La 29e édition du Festival récité avec Mildiou, l’enfant du champ de patates. Sur mesure Nomade si j'veux Théatr’enfants leur est à nouveau entièrement Contes traditionnels touaregs avec le Bouffou dédiée, avec un accueil spécifique, une exposition Théâtre, marionnettes avec Debout de la cie interactive, des ateliers d’éveil artistique, un stage Arketal, gourmandise avec Gâteau 1, 2, 3 d’Hélice Jeune acteur/spectateur animé par Claire Massabo Théâtre. La cie aixoise Débrid’arts tricotera sur les

du Bouffou Theatre © (du 18 au 22 juillet) et des rencontres avec les histoires de Bernard Friot et Luigi Rignanese, artistes. Plus besoin de courir dans la moiteur du magnifique conteur, présentera Knup, un conte- centre ville, les parents pourront au fil de la concert certainement squatté par les parents… journée, juste derrière la gare centrale, se détendre DELPHINE MICHELANGELI et profiter des 12 spectacles triés sur le volet par l’équipe de l’Eveil Artistique, très attentive au Festival Théâtr’Enfants et tout public Bouffou Theatre respect des tranches d’âge prescrites. Le rendez- Monclar, Avignon vous théâtral des tout petits (dès 10 mois) et des Du 7 au 26 juillet plus grands pour découvrir tranquillement les arts 04 90 85 59 55 vivants. Réveil en musique à 9h30 avec Veillée www.festivaltheatrenfants.com La magie du château Divertir avec qualité, c’est toujours Louis Jouvet à l’occasion du 60e anni- l’objectif du festival Théâtre Côté Cour versaire de sa mort, et dont l’action se qui se déroule au château salonnais situe en 1951 à Avignon. Avec Francis de l’Emperi (dont la sonorisation, il Perrin (Sganarelle) et la Troupe de faut le souligner, a été améliorée). Un France (le 9 juillet) ; enfin, en clôtu- bel esprit éclectique parcourt la re, une comédie policière, tirée d’un programmation de cette 22e édition : chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock et ouverture du festival avec une mise qu’adapte Gérald Sibleyras, Les 39 en scène enlevée des Misérables de marches. La mise en scène d’Eric Victor Hugo signée Philippe Person, Métayer est à l’image du comédien, et «seulement» trois comédiens pour rythmée, déjantée, drôle et bourrée endosser la totalité des personnages de trouvailles ! (le 11 juillet). (le 5 juillet) ; une évocation juste et DO.M. poétique d’une jeunesse passée dans le quartier du Panier, la sienne en les 39 marches Festival Théâtre Côté Cour l’occurrence, de et par Ali Bougheraba Les 5, 7, 9 et 11 juillet dans Ali au pays des merveilles (le 7 Théâtre Armand, juillet) ; le très attendu Dom Juan de Salon-de-Provence Molière mis en scène par Francis Huster, © Lot 04 90 56 00 82 qui endosse le rôle, en hommage à www.theatre-cote-cour.fr

Terre d’aventures technologiques Le Centre national des écritures du spectacle pré- une temporalité flottante, rendent à l’Eglise de la l’opéra de Wagner est mis en scène par Castellucci, sente, du 6 au 25 juillet, ses 38e Rencontres d’Eté. Chartreuse son Genius Loci, l’esprit du lieu. Finale- attendons-nous à quelques déménagements poéti- Un prolongement des aventures artistiques, cultu- ment déprogrammé du Festival In, le spectacle Sur ques. Autre partenariat avec le Festival d’Avignon, relles, expérimentales menées pendant l’année à la le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Cas- du 18 au 24, avec l’Indestructible Madame Richard Chartreuse. L’objectif pour son directeur, François tellucci est remplacé par la projection du film Wagner, du théâtre performance par l’auteur de Banes Gardonne, étant de transmettre au pu- Parsifal, dans le Tinel le 22 juillet (2 séances). Quand metteur en scène Christophe Fiat. DE.M. blic les enjeux spécifiques des scènes, confrontées Genius Loci © Veronique Caye aux autres pratiques culturelles, aux arts et tech- nologies de son époque. Du 6 au 14, la cie Crew Les 38e Rencontres d’été de la Chartreuse propose 2 rendez-vous journaliers avec Terra Nova, Du 6 au 25 juillet une démarche théâtrale inédite dans laquelle le Centre national des écritures du spectacle, spectateur se transforme en protagoniste d’une Villeneuve-lez-Avignon expérience multisensorielle rendue possible par la 04 90 15 24 24 maîtrise et l’adaptation à la scène des technologies www.chartreuse.org immersives les plus pointues. Une création qui s’ap- http://sondes.chartreuse.org puie sur une complicité au travers des résidences et des Sondes conduites à la Chartreuse. Puis du 15 au 18, un spectacle multimédia conçu par Véronique Caye, où des illusions sonores et visuelles, dans Cap sur l’Égypte Un peu en avance cette année (du 7 sociation marseillaise qui s’emploie à au 9 juillet), le festival Caressez le faire connaître les cultures arabes au potager initié par le Centre culturel travers de l’image et du cinéma, pour itinérant SAREV, poursuit son explo- l’Egypte (Aflam proposera Cinéma(s) ration du «Continent Méditerranée» d’Egypte en novembre). Outre une et s’attache toujours à mettre en sélection de longs métrages, deux avant les résultats de l’action de événements sont prévus en ce sens : développement culturel mené toute une carte blanche donnée à l’Union l’année sur la vallée de l’Huveaune. des Familles Musulmanes des Bou- Une nouveauté pour l’édition 2011, ches-du-Rhône (le 7 de 18h30 à 22h) un regard complice avec AFLAM, as- avec notamment un spectacle de danse orientale, des ta- touages au henné, des contes… ; une création d’Amélie Duval de la cie Hélas !, Souvenez-vous de moi, pour tenter de raconter autrement, loin des clichés, la danse orientale (le 8 juillet). Et puis bien sûr, comme chaque année, des contes, de la musique, un potager bio… dans le parc apaisant de la Mirabelle dont chaque brin d’herbe sera occupé ! DO.M. Caressez le potager Du 7 au 9 juillet Parc de la Mirabelle, Marseille 12e 04 91 42 20 50 www.caressezlepotager.net

Djamila Hannan, le 9 juillet © X-D.R. Théâtre itinérant Actualité chargée pour la troupe des Puis la Posada prend la route jusqu’à Carboni en ce début d’été ! Posée sur Noves où a lieu Off in Noves (du 29 l’esplanade de la Major, à Marseille, leur juin au 2 juillet), festival interdisci- Posada participant à la 6e édition des plinaire où se mêlent théâtre et 13 Paniers, festival de théâtre forain musique. On retrouve là leur Cabaret, qui se tient deux jours durant, les 17 mais aussi Est ou Ouest de la cie de et 18 juin. Au programme : après l’ou- l’Escale, les impros des Bonimen- verture en fanfare à 19h le 1er soir, teurs, le Coin de la rue du groupe Vis place au Cabaret des années 30 dans à Vies… En août, après la longue lequel les standards de ces années-là escale au Off à Avignon (ils jouent sont revisités, chantés et joués par Sarvil, l’oublié de la Canebière aux Cristos Mitropoulos, Marc Pistolesi, Carmes), la Posada reprend la route Benjamin Falletto et Mathieu pour sillonner le Queyras (05) dans Becquerelle, membres de l’Orchestre le cadre des Queyrascènes, festival Formidable des Carboni. Le lende- itinérant qui se pose cette année à main soir changement de décor avec Abriès (le 2 août). le théâtre d’Agit-Prop de Philippe DO.M. Fenwick et son Est ou Ouest -en- tendez par là réunification des deux Les Tréteaux du Panier/Les Carboni Allemagne et avènement du capitalis- 04 91 90 35 52 me- sous forme de procès d’intention. www.lescarboni.com 12 FESTIVALS DANSE À l’unisson pour la 5e édition Juan Carmona convie Dorantes Trio et Manuela Rios, Fuensanta la Moneta, Nino de Los Reyes, Amador Rojas. La danse tient le haut du pavé du festival qui pro- gramme The Alwin Nikolais Centennial Show (17 et 18 juin), le Malandain Ballet Biarritz de retour à Châteauvallon avec Roméo et Juliette (8 juillet) et le Béjart Ballet Lausanne avec Ce que l’amour me dit, Mephisto Walzer et la nouvelle création de son successeur Gil Roman, Syncope (22 juillet). En première partie de soirée, le public le plus auda- Ce que l'Amour me dit cieux pourra découvrir le solo de l’Irlandais Colin Dunne dans Out of Time (24 juin) et les deux pièces sensuelles du tandem Fattoumi-Lamoureux : Wal- sa (solo)… ce qui relie et La danse de Pieze (1er juillet). Théâtre et cirque, mais à dose homéopathique !

© BBL Francois Paolini Création en résidence de la Cie du Zerep, Oncle Gourdin, en avant-première du Festival d’Avignon (8 juillet) et, familial et festif, le Nouveau cirque vietnamien qui fait de Lang Toi un village universel grâce à ses prouesses acrobatiques et musicales, et son décor exotique (24 juin). Le Nouveau Festival 2011 de Châteauvallon se (1er juillet) qui révèle la jeune scène du blues M.G-G. glisse dans les habits de la saison avec l’objectif portugais, Cristina Branco et Antonio Zambujo à de rassembler un vaste public dans le grand amphi- la voix originale et à la sensualité «à fleur de cor- théâtre… L’été, l’esprit est à la fête et aux têtes des». Ensuite Luz Casal -découverte dans Talons Nouveau Festival 2011 d’affiche internationales et intergénérationnelles. aiguilles d’Almodovar- offrira un show cinématogra- Jusqu’au 30 juillet Après avoir ouvert le bal le 1er juin avec la grande phique baigné de cuivres et de cordes… Et, en Châteauvallon, Ollioules figure malienne Salif Keita, la musique prend des clôture, Les Nuits Flamenca (29 et 30 juillet) 04 94 22 02 02 accents ibériques : d’abord pendant La Nuit du Fado véritable trait d’union entre la musique et la danse : www.chateauvallon.com La matière et les corps Comme chaque année le Centre de Développement Chorégraphique offre, durant toute la durée du off, une visibilité exceptionnelle aux compagnies d’alentour : Avignon est un carrefour artistique et géographique, et le dispositif Quand les Régions s’en mêlent allie les financements et les énergies de trois Régions -Rhône-Alpes, PACA, Languedoc- Roussilon- et de leur DRAC respective. Ainsi des compagnies de ces trois régions se succèdent cha- que jour sur le plateau et cette année la Collectivité territoriale de Corse et la région Piémont sont également invitées. Au programme, des pièces n’excédant pas une heure, pour un à quatre danseurs. Dès 10h un trio sur le la matière, le son et le paysage (Cie Art Mouv’, Corse) puis à 11h30 un très beau duo masculin ins- piré par une Mémoire pour l’oubli de Darwich (Kawa, solo à deux, Rhône-Alpes), deux courts solos fé- minins à 13h15 (Daniele Ninarello, Piémont), et à 14h45 un couple mixte qui travaille sur le souffle, l’union et l’absence (Teatri del Vento, Rhône-Alpes). La région PACA programme quant à elle deux très belles pièces : Temps d’arrêt de Miguel Nosibor, où Art Mouv' © Ronan Lietar il invente un hip hop d’une intelligente et intime soir la programmation à 20h, avec un quatuor inti- Quand les Régions s’en mêlent virtuosité (16h30) et un quatuor de Samir El Yamni, tulé Des cailloux sous la peau. Pour clore une journée Du 10 au 23 juillet Cyclus, joliment entrainé par la pulsion vitale de de souffle, de vent, de cercles et de pierre. relâches 13 et 18 juillet Vivaldi (18h). AGNÈS FRESCHEL 04 90 82 33 12 C’est la Cie Vilcanota de Bruno Pradet (Languedoc www.hivernales-avignon.com Roussillon), familier des lieux, qui conclura chaque Voyage en première classe

Maria pages - Autorretrato © Hiroyuki Kawashima Le festival de danse de Vaison-la-Romaine, pour satisfaire chaque année un public nombreux et divers, fait appel à des valeurs sûres de la danse : le festival aime l’excellence technique, point commun des compagnies de tous horizons invitées à se produire dans son sublime, et immense, amphithéâtre. Virtuosité des danseurs, et des conditions dans lesquelles ils se produisent : les lumières et le son, malgré les aléas du plein air, sont toujours parfaits… Le voyage autour du monde commence avec la danse d’Alvin Ailey, qui savait évoquer la mémoire du peuple afro américain sans folklore, grâce à la légèreté rythmée des négros spirituals, et la flamme du gospel, la nostalgie du blues. Le Ailey II, énergique et subtil, perpétue la révolte et la perfection de sa danse (les 8 et 9 juillet). Abou Lagraa quant à lui, avec 10 danseurs hommes du Ballet National d’Alger, métisse son univers contemporain de hip hop sur le lancinant Boléro, et des chants des Aurès (le 12 juillet). Sylvie Guilhem et Akram Khan entraînent quant à eux au pays de la rencontre et de la grâce absolue, entre Inde et Occident, mythe et modernité, accompagné par un quintet tout aussi métissé d’excellence classique, et de voix du monde (le 16 juillet). C’est le Ballet Biarritz qui enchaînera avec le Roméo et Juliette de Thierry Malandain : le chorégraphe perfectionniste s’est attaché à donner corps à la passion et à la violence à travers la musique de Berlioz, exactement là où l’amour fait mal (le 19 juillet). Après l’autoportrait flamenco de la divine Maria Pagès, accompagnée de ses neuf musiciens (le 22 juillet), Vaison danses se conclura avec un spectacle exceptionnel du Nouveau Cirque du Vietnam : un pays où danse, théâtre et acrobatie ne font qu’un, et qui a su produire avec Lang Toï un art contemporain arraché à ses rituels ancestraux, mais puisant dans sa culture pour la donner à voir au monde, en un ballet acrobatique et musical époustouflant (le 26 juillet). AGNÈS FRESCHEL

Vaison danses Du 8 au 26 juillet Vaison la romaine (84) 04 90 28 74 74 www.vaison-danses.com 14 FESTIVALS MUSIQUE Vingt jours à Aix Un point d’interrogation médiatico-lyrique plane sur la Cour de l’Archevêché : que vaudra la prestation de la diva française Natalie Dessay pour sa première Violetta européenne, après Santa Fe et Tokyo où sa prise de rôle a divisé la critique ? On ne doute pas que sur le plan théâtral elle procurera au public du Festival d’Aix les frissons attendus dans l’incarna- tion de la demi-mondaine inspirée de Dumas. On espère seulement que ses cordes auront acquis la «pâte» vocale attendue pour offrir à La Traviata aixoise, en compagnie du London Symphonic Or- chestra (dir. Louis Langrée), les ors espérés. À ses côtés (elle alternera avec Irina Lungu), on entendra l’un des meilleurs barytons français dans le rôle paternel de Germont : Ludovic Tézier. En parallèle au Verdi populaire, cette même pres- tigieuse phalange britannique, qui succède à Aix depuis l’an dernier à la résidence du Berliner Phil- harmoniker, occupera la fosse pour un opus tardif de Mozart, compositeur omniprésent à l’Archevêché depuis la création du festival : La Clémence de Titus Le Nez de Chostakovitch © Ken Howard sera dirigée par le chef attitré du «LSO» Sir Colin Rousset, chez Andreas Staier (clavecin) et Alexander Festival d’Aix-en-Provence Davis et mis en scène par David McVicar. Melnikov (piano) pour des Préludes et fugues de Du 5 au 25 juillet L’Académie Européenne de Musique servira la part Bach et Chostakovitch en miroir, avec Musicatrei- 08 20 922 923 baroque de la programmation de Bernard Foccroulle ze dans L’Autre Rive de Zad Moultaka à Sylvacane www.festival-aix.com avec l’opéra pastoral Acis et Galatée (1718) d’Haendel (que l’on pourra entendre également le 24 juin à la L’autre rive mis en scène au Grand St-Jean par le chorégraphe Vieille Charité, Marseille)… Le 24 juin 21h30 Saburo Teshigawara (dir. Leonardo Garcia Alarcon). Comme l’an passé, le LSO fera salle comble au GTP Puis on entrera de plain pied dans la musique du XXe avec Sir Colin Davis à la baguette dans la 6e sym- La Vieille charité, Marseille siècle avec Le Nez (d’après Gogol) formidable opéra phonie de Nielsen en compagnie de Nelson Freire 04 91 00 91 31 de Chostakovitch mis en scène au Grand Théâtre au piano pour le 20e concerto de Mozart. Valery www.musicatreize.org de Provence par William Kendridge. L’Orchestre de Gergiev prendra aussi les commandes pour diriger l’Opéra de Lyon sera dirigé par Kazushi Ono. La Mer de Debussy et la 8e Symphonie de Chosta- kovitch. Compositeur décidément en exergue à Aix Des créations en 2011, en dehors de tout anniversaire ! Joël Pommerat portera sur la scène du Jeu de Paume JACQUES FRESCHEL son propre livret, Thanks to my eyes, une comman- de du festival dont la musique, signée Oscar Bianchi, sera jouée en création mondiale. On peut regretter cette création d’un auteur fran- çais en anglais… Mais comme souvent à Aix, on a Élévations de juillet peu confiance dans le lyrisme de la langue française Après ses stations initiales à la Tour Royale, le Fes- Londres (5 juillet), des Splendeurs du baroque alors que la manifestation, largement subvention- tival estival de musique prend de la hauteur en mexicain par Françoise Atlan (chant – 7 juillet), Les née par les deniers de l’État, devrait permettre juillet. On grimpe à la Collégiale de Six-Fours pour Sept dernières paroles du Christ en croix de Haydn l’éclosion d’un répertoire également francophone. entendre le Requiem de Cimarosa et tout un pro- avec Michael Lonsdale (texte de Michel Serre) et le On aurait pu se réjouir de l’annonce de deux repré- gramme varié par des musiciens locaux jouant «Au Quatuor Ysaÿe (9 juillet), le Poème harmonique sentations au Jeu de Paume d’Austerlitz, pièce profit de Pharmacie Humanitaire Internationale Var» dirigé par Vincent Dumestre sous la direction scéni- musicale et théâtrale de Jérôme Combier, mise en (1er juillet), une mise en miroir baroque des compo- que de Benjamin Lazar qui célèbrent l’esprit vénitien scène par le vidéaste Pierre Nouvel d’après le siteurs Telemann et Vivaldi par le Florilegium de au temps de Monteverdi (11 juillet), et l’on finit

roman de W.G. Sebald. Cependant, cette seconde Le poeme © Guy Harmonique Vivien avec le Chœur du Monastère Saint Alexandre Nevsky commande aixoise (également en création mondiale) de St-Petersbourg dans des pièces religieuses de la s’annonce, a priori, plus théâtrale que lyrique. tradition monastique et des œuvres sacrées de compositeurs russes (29 juillet). Des concerts J.F. Le festival d’Aix propose une vingtaine de concerts fort attractifs, balayant de nombreux genres et 61e Festival Estival de musique de Toulon styles musicaux à travers différents lieux de la ville et sa Région et alentour. On butine dans le Slam et le Groove Jusqu’au 29 juillet (mais oui !) ou les sonorités suaves du Quintette Collégiale St-Pierre, Six-Fours à vent du Berliner Philharmoniker, Chostakovitch Concerts à 21h et les cordes expertes du Jerusalem Quartett, dans 04 94 18 53 07 les «airs d’opéras français» chantés par Véronique www.festivalmusiquetoulon.com Gens avec Les Talent Lyriques de Christophe FESTIVALS 15 Philémon au cloître Depuis 7 ans le très beau cloître du Couvent des basse, Jean Vendassi, baryton). Une histoire d’amour Minimes à Pourrières (Var) accueille avec succès, où les amants ne sont plus transformés en arbre grâce à une poignée de bénévoles ardents, des comme dans le mythe, et qui renferme de belles œuvres lyriques peu jouées portées par des artistes surprises : les deux pauvres vieillards ayant accueilli prometteurs. Sous les marronniers séculaires se Zeus et Vulcain sur terre retrouvent leur jeunesse… dressent des tables pour des repas à thème, avec Un couple mythique, dans lequel Baucis (Élisabeth vins du terroir offerts par les vignerons locaux. Un Aubert, soprano) est le moteur essentiel de l’intri- cadre idyllique pour écouter Sarah Lavaud, pianiste gue. L’orchestration réduite de Frédéric Carenco prodige née en 1982, dans un programme Beethoven, collera parfaitement au plateau. Le maître des lieux Liszt, Janáček : le 19 juin à 19h. Le 6 juillet à 18h, depuis 1966, le peintre Jean de Gaspary, le chef une conférence à la médiathèque de Pourrières : Luc Coadou, le metteur en scène Bernard Grimonet, Philémon et Baucis, l’archétype de l’amour éternel, et les danseurs de la Compagnie la Parenthèse ont d’Ovide à La Fontaine, par Laurent Melin et Georges LavaudSarah © Balazs Borocz hâte de partager leur passion et leurs découvertes… Lalanne, précédera les soirées opéra des 16, 18, 20, YVES BERGÉ 22 et 24 juillet sur l’ouvrage de Gounod Philémon et Baucis. Du conte mythologique d’Ovide et de la L’Opéra au Village fable de La Fontaine, Barbier et Carré ont tiré un Du 19 juin au 24 juillet livret léger et comique. Cette Production de l’Opéra Couvent des Minimes Pourrières au Village permettra d’entendre des chanteurs ta- 06 98 31 42 06 lentueux (Bertrand di Bettino, ténor, Cyril Costanzo, www.loperaauvillage.fr Vive la voix ! Cette 7e édition du Festival De Vives deux sœurs argentines, Las Hermanas Caronni, Voix sera riche, pluriethnique, ouverte entre tango chaloupé et mélodies classiques. À 22h, Rassegna au fil du temps : chants corses, algériens, et chaleureuse égyptiens, napolitains… : 50 ans de chansons Le 1er juillet à 20h30, les Voix citoyennes d’Alain revisitées. Aubin, contre-ténor, et de Marie Démon, contre- Le 5 juillet : les Gitans Dhoad du Rajasthan, spec- alto, rencontrent Purcell et Dalida, Ramona et Verdi tacle puissant au pays des Maharadjas à 20h30, et dans l’intimité d’un salon, à la Maison du chant, à 22h les Chants sacrés des gitans de Provence : pour un cabaret lyrique émouvant. guitare, chants et danse… réjouissant ! Les 4 et 5 juillet, au Parc Longchamp à 20h, le Ces vives voix finiront à la cave… à Jazz, le 7 juillet groupe Enco de Botte nous invite à comprendre les à 20h30 (Cité de la Musique). Les Dissonantes, trio chants d’amour polyphoniques de la Méditerranée. féminin décapant, tisseront voix populaires et À 20h30 le 4 juillet, compositions personnelles de contemporaines. Des stages de techniques vocales, improvisation, chants his- paniques, latinos, corses, occitans, diphoniques, po- lyphonies, polyrythmies du Monde… seront pro- posés pendant le Festival à la Maison du chant. Voix soliste, voix plurielle, a cappella, accompagnée, la meilleure voie contre l’intolérance ! Y.B.

La Maison du chant, Marseille 1er Du 1er au 7 juillet 04 91 62 78 57 www.lesvoiesduchant.org Dhoad © X-D.R. 16 FESTIVALS MUSIQUE Musique plectrale ! Pastoral Le 11e Festival de guitare de Lambesc ouvrira ses Le concertiste argentin, directeur artistique, Jorge portes dans le cadre superbe du château de Pontet Cardoso, personnage emblématique du festival, que Bagatelle pour une série de concerts hauts en l’on pourra entendre en première partie du duo com- couleurs. Sept jours rythmés par le feulement du posé par Dominique Phillot et la chanteuse aux médiator des plus grands artistes internationaux ! accents slaves Severina Stozanova (le 6 juillet), sera également à l’honneur pour le concert d’ouver- Marilyse Florid © X-D.R ture dans la Misa Criolla avec Sylvie Dagnac et la chorale Evasion (dir. Blanc - le 3 juillet). Changement d’intonation et de territoire avec deux soirées cadencées par des rythmes slovaques portés par le duo flûte-guitare de Dagmar & Joseph Sapkal avant d’apprécier le jeu de l’artiste marseillaise Ma- rylise Florid (les 5 et 8 juillet), concerts en alternance avec les guitaristes Eugenio Becherucci et María Esther Guzmán (les 4 et 7 juillet). Tous les artistes se donneront rendez-vous pour le concert de clôture (le 9 juillet) : un beau feu d’artifice en Vanessa Wagner © Balazs Borocz perspective ! CHRISTOPHE FLOQUET Pour sa 4e saison, Musique à la ferme reçoit une pléiade d’instrumentistes, pas tous en herbe… En 11e Festival de guitare ces temps de sécheresse où le foin vient à manquer, Du 3 au 9 juillet on se réjouit d’ouïr, dans la grange de la Chèvrerie Lambesc Honnoré à Lançon-de-Provence, quelques jeunes 04 42 92 44 51 pointures chevronnées comme les pianistes Vanes- www.festivalguitare-lambesc.com sa Wagner, Hervé Billaut, le Quatuor Voce, le Trio Karénine (avec Paloma Kouider au piano), Amanda Favier au violon… On retrouve l’écurie de talents des sessions précé- Une larme furtive… dentes, la flûtiste Emmanuelle Calà, Isabelle Durin, Lors de la 5e édition des Nuits Musicales Sainte Vic- (Dulcamara) quand le casting vocal est sélectionné Anne Gökel, Alexandre Lacour au violon, Robin toire, on assiste derechef à la représentation d’un par Eve Ruggieri : Sonya Yoncheva (Adina), Domenico Paillette au cor, le violoncelliste Louis Rodde ou opéra populaire. Après La Bohème, Madame Butterfly, Menini (Nemorino), Alexandre Duhamel (Belcore) les pianistes Jérémie Honnoré (directeur artisti- Tosca, ou La Traviata, c’est au tour de L’Elixir d’amour et Yuree Jang (Gianetta). que), Camille Jauvion, Marina Milinkovitch, Iren de Donizetti de tenir l’affiche au pied de la Sainte- Dame Ruggieri présente également une soirée consa- Seleljo dans de belles pièces de musique de cham- Victoire, au théâtre de verdure de Peynier ou vers crée à La Fabuleuse histoire des Castrats en compagnie bre balayant différents styles : de Piazzolla à Fauré, les Carrières de Rognes. L’orchestre, les chœurs de du sopraniste Fabrice di Falco et de son alter-ego de Schubert à Villa-Lobos… Deux soirées sont l’Opéra National d’Ukraine-Lviv y sont toujours féminin, la soprano Mélanie Boisvert. Une Soirée gratuites : Tangos par le SpiriTango Quartet (le 13 dirigés par Grigori Penteleïtchouk, la mise en es- Tchaïkovski (Concerto pour violon, Roméo et Juliette, juillet - 04 90 45 47 47) dans le jardin de la maison pace est signée par la basse Jean-François Vinciguerra Hamlet) complète la programmation. de retraite Saint-Jean à La Fare-les-Oliviers et Les J.F. Grigori Penteleïtchouk © Pixeo Media songes de Hialmar, conte d’Andersen, raconté par François Castang à la médiathèque du Roulage, L’Elixir d’amour. Peynier, les 23 et 25 juin d’après une œuvre de Florent Schmitt pour piano à et Rognes le 29 juin quatre mains (le 15 juillet - 04 90 42 98 30) Soirée Tchaïkovski. Peynier, les 24 et 26 juin J.F. et Rognes le 30 juin La Fabuleuse histoire des Castrats. Mimet, Musique à la Ferme le 27 juin et Vauvenargues le 28 juin Du 12 au 19 juillet Spectacles à 21h Lançon-de-Provence 04 77 61 26 40 06 49 87 22 63 www.nuits-sainte-victoire.com www.musiquealaferme.com L’esprit Mozart La Tournée d’été de l’Orchestre Philharmonique du sait la passion qu’éprouvait Tchaïkovski pour la AIX. Le 21 juin Théâtre de Verdure Pays d’Aix, propose, sous la direction de Jacques musique de l’époque classique et en particulier de JOUQUES. Le 22 juin Cour de l’Ecole Maternelle Chalmeau, une série de dix concerts à travers les Mozart. Son influence est flagrante dans ses Variations MIMET. Le 25 juin Château-Bas cités du Pays de Cézanne. Au dessus de l’incipit Rococo, cheval de bataille virtuose des violoncellistes. LA ROQUE D’ANTHERON. Le 26 juin Cour de l’Ecole Mozart for ever plane l’esprit de Wolfgang : un La phalange méridionale s’étant tournée vers l’Est… y BOUC-BEL-AIR. Le 29 juin Jardins d’Albertas souffle qui devrait migrer des pupitres instrumentaux reste avec Dvorak et sa Suite Tchèque. Une musique CABRIÈS. Le 30 juin La Trébillane vers un public friand de manifestations estivales slave qui mêle adroitement divers thèmes de cette LE THOLONET. Le 2 juillet Château du Tholonet gratuites. Europe centrale proche du cœur du Salzbourgeois ! COUDOUX. Le 3 juillet Château de Garidel Le programme s’articule autour de la Symphonie n°41 L’élégance s’y double d’une rigueur, d’une l’harmo- TRETS. Le 6 juillet Cour du Château «Jupiter» modèle de classicisme, solaire et brillant, nie emprunte également au classicisme mozartien. Concerts à 21h30 éminemment architecturé, mais dont le style conser- J.F. www.legrandtheatre.net ve son absolue évidence, accessible et puissant. On FESTIVALS 17 Mémoire vive Préparez Le VIe Festival des Musiques Interdites investira début Todorovitch, le baryton Mathias Hausmann et le juillet le superbe château de la campagne Pastré, slameur Abd Al Malik croiseront le verbe chanté ou lieu emblématique de résistance face aux régimes récités en se jouant des frontières artistiques (le 7 vos cimes ! totalitaires. En partenariat avec l’Opéra municipal juillet à 21h45). Exilés sous le IIIe Reich, Glanzberg S’il vous prend l’envie de vous acheminer cet été de Marseille et le Forum Culturel Autrichien à , (dont le fils est invité d’honneur du festival) et Weill vers les vallées alpines, prévoyez de faire un tour au la programmation concoctée par Michel Pastore seront à l’affiche le lendemain dans les très émou- festival de Chaillol. Avec neuf programmes et 28 s’annonce passionnante et singulière. Du 7 au 9 vantes Paroles d’exil (dir. Antoine Marguier). La soprano concerts, ce festival de toutes les musiques, classi- juillet seront mis à l’honneur des œuvres de compo- Emilie Pictet donnera le change à la spécialiste du ques, du monde, jazz, anime le territoire du siteurs «bannis» par le régime nazi comme Mahler, genre Ute Gfrerer au cœur des textes déclamés par Champsaur et des Écrins de concerts variés. Si Glanzberg et Weill. En ouverture du festival, les Anouk Grinberg (le 8 à 21h45). Julien Dieudegard et Laurent Wagschal s’atta- Kindertotenlieder et l’adagio de la 10e symphonie Le festival se conclura par une nocturne, dédiée à quent à l’intégrale des sonates violon piano de célèbreront le centenaire de la disparation de Mahler. Lili Pastré, mécène et protectrice des arts qui a tant Beethoven, on écoutera aussi de la musique argen- Accompagnés par l’Orchestre Symphonique de Mar- œuvré «pour que l’esprit vive», et régulée par Frédé- tine (Alter Quintet), du tango traditionnel (Flor seille dirigé par Johan Farjot, la mezzo Marie-Ange ric Lodéon. Sous sa gouaille appréciée des mélomanes, de Lines), de la musique orientale (Ahmad Al-

Mathias HausmannHosl, © Wilfried 2010 de nombreux pianistes et chambristes de grande Khatib et Youssef Hbeisch, oud et percussions), qualité se succèderont jusqu’à l’aube dans des Tribute to Bill Evans par le trio Manuel Roche- pièces de Denisov, Schnittke, Korngold, Schreker, man… Et une jeune génération de musiciennes Antheil, Hindemith, Messiaen… De quoi faire perdu- classiques plus que prometteuses sera également rer cette mémoire jusqu’au bout de la nuit à la présente : Hélène Tysman pour un récital (piano) découverte de pièces surprenantes dans un lieu et le formidable Quatuor Ardeo… d’exception. Nous reviendrons sur ce festival original, mais pré- FRÉDÉRIC ISOLETTA parez d’ores et déjà vos destinations de vacances… A.F. Festival des Musiques Interdites Du 7 au 9 juillet au Château Pastré 09 62 61 79 19 Festival de Chaillol www.musiques-interdites.eu Du 17 juillet au 12 août Espace culture 04 92 50 48 19 04 96 11 04 61 http://festivaldechaillol.billet-web.com 18 FESTIVALS MUSIQUE Balade provençale en musiques Du 29 juin au 16 octobre, un festival à Boulbon que se produira, à 21h30 riche et de qualité mêle concerts et au Parc de la Révolution, l’Orchestre gastronomie locale dans toute la ré- Symphonique de Louvain La Neuve, gion : plus de 20 concerts, classique, direction Philippe Gérard, avec Antonio jazz, musiques du monde, et une Di Cristofano au piano. Le 11 juillet à démarche créative permanente : les 21h30 à Moustiers-Sainte-Marie du Floraisons Musicales offrent de surcroît Jazz manouche avec le Harp’s Wings aux jeunes vainqueurs de prestigieux Trio. Le 16 juillet, à 21h30, Pierre Hom- Concours l’occasion de débuter leur mage au violon et Daniele Alberti au carrière dans les meilleures conditions. piano interprèteront Les grandes Un survol pour aiguiser des envies de sonates de Beethoven… Puis les Flo- belles rencontres ? Le 29 juin à Châ- raisons reprendront en septembre avec teauneuf-du Pape le Quatuor Ludwig des Chansons espagnoles et Zarzuela, accompagne Alain Carré en récitant un récital de Nemanja Radulovic… pour une lecture de Dernière lettre à Car exigence et convivialité semblent Théo, immersion visuelle et auditive être un leitmotiv pour le directeur © Charlotte Coudert dans l’univers du peintre Vincent Van artistique Pierre Hommage ! Les Floraisons Musicales Gogh. Le 2 juillet à 18h un program- YVES BERGÉ 04 90 303 600 me Autour du piano. Le 9 juillet c’est www.lesfloraisonsmusicales.com Comme des Pros ! que quelques jeunes viennent des États-Unis : l’OJM, s’associe à la transmission des connaissances et aux depuis qu’il collabore avec le LSO, recrute de jeunes actions de médiation. Cette année l’Académie instrumentistes méditerranéens d’un très bon niveau, d’Orchestre va plus loin en proposant à 13 membres attiré par ce tutorat prestigieux, et par la direction de l’OJM d’intégrer l’ensemble qui interprète la de François-Xavier Roth. musique de scène de La Traviata : 10 répétitions et Pour la session de l’été 2011, 93 jeunes musiciens 10 représentations seront données et les jeunes recrutés dans les conservatoires de 16 pays sont interprètes ont pour cela un contrat de travail ! réunis pour une expérience unique : vivre la vie CHRIS BOURGUE d’un orchestre symphonique avec répétitions et représentations. L’orchestre sera encadré par 9 Orchestres des jeunes musiciens du LSO. Lors de la conférence de presse, de la méditerranée Bernard Foccroulle, directeur du Festival d’Aix, Le 25 juillet Francois-Xavier Roth © Celine Gaudier évoque avec plaisir un autre tutorat : les actions GTP - Festival d’Aix-en-Provence Depuis 2010 le Festival d’Aix-en-Provence, en colla- d’insertion professionnelle menées par des mem- Le 26 juillet boration avec le London Symphony Orchestra (LSO), bres de l’OJM en direction des juniors. Une dizaine Palais Princier de Monaco a créé une Académie d’Orchestre pour accueillir les de musiciens-relais, ayant déjà une solide pratique Le 27 juillet musiciens de l’Orchestre des Jeunes de la Méditer- orchestrale grâce aux sessions de répétitions Théâtre Sylvain – Marseille ranée. Initiative qui ouvre de nouveaux horizons intensives de l’OJM, jouent le rôle de tuteurs auprès La représentation de La Traviata (voir p 14) dans le cadre d’un dialogue interculturel entre les des musiciens-juniors qui n’ont pas encore 4 ans sera retransmise en direct au Théâtre Sylvain pays du Bassin méditerranéen et même au-delà puis- d’expérience. Ainsi, l’excellence de la pratique sur écran géant le 16 juillet La musique parle Côté Cour : cinq spectacles en juillet Le 24 juillet, Récital de Fado aux Oblats. Carla Le 27 juillet, A Shakespeare Fantaisy, création pour un pèlerinage essentiel sur l’har- Pires offre sa voix aux multiples couleurs, accom- dans la Cour de l’hôtel de Ville. Le comédien Jac- monie des sons et du texte pagnée d’un trio de guitares. ques Chambon, la voix de Théophile Alexandre, et

Carla Pires © Alexandre Almeida - kameraphoto les musiciens baroques croisent les itinéraires Le 9 juillet, Musée Granet : l’Ensemble des Pays passionnés de Purcell et Shakespeare. catalans de François Ragot -7 violoncelles, 1 contre- Ce jeune Festival déploie une programmation basse, et Lucie Roche, mezzo-soprano- voyage de intéressante : les places à 22€ et la dialectique l’unisson syllabique médiéval à la vocalité baroque, Parole et Musique brassant les époques et les Tutti Bassi. Le 17 juillet, DjazzOratorio, une création genres, sont l’assurance d’un beau succès. au Cloître des Oblats. Sudameris de Robert Ros- Y.B. signol, l’Ensemble vocal de Marylène Olivier et le slameur Aïssa Malouk pour une féérie soul, gospel, Festival Côté Cour jazz, avec et clins d’œil classiques. Aix-en-Provence Le 19 juillet, La lettre dans l’art lyrique, une autre Du 9 au 27 juillet création aux Oblats : les solistes du Cnipal et Jean- concerts à 21h15 Claude Nieto, comédien explorent la lettre chantée, 06 83 60 19 80 du XIIIe au XXe. www.festival-cotecour.org

20 FESTIVALS MUSIQUE Plus gros que le bœuf Signe de Le festival Jazz des 5 sur le Cours d’Estienne D’Orves, avec deux forma- tions marseillaises, Macadam Transfert en ouverture connivence continents n’a plus rien et les Accoules sax pour finir la nuit… Entretemps, Virginie Teychené, une des très belles jeunes voix de la petite grenouille ! du jazz français, qui a déjà fait vibrer Juan les Pins Désormais aussi grosse que les plus prestigieux fes- et Marciac… Puis le festival s’installe dans les tivals jazz de la région, sa douzième édition s’impose Jardins du Palais Longchamp, avec une pléiade avec 8 jours de concerts. En douze ans le festival d’événements : Herbie Hancock, Wayne Shorter est passé de 5000 spectateurs en 5 concerts à 25 et Marcus Miller, le 20 juillet, rendront hommage 000 spectateurs l’an dernier, à guichets fermés sur à Miles Davis… précédé du jazz africain du Ray le site de Longchamp, limité à 4000 personnes. Le Lema trio… Le 21 deux quartet de rêve : la musi- tout pour des soirées qui alignent deux, voire trois que éclectique d’Erik Truffaz ouvrira la soirée à concerts, avec des pass et des tarifs très abor- Ahmad Jamal… Le 22 David Krakauer pour une dables, une gratuité pour les enfants et un tram session klezmer, avant le jazz jamaïcain de Monty qui cette année restera en service toute la nuit… Alexander, accompagné par l’orchestre Harlem- Ainsi, grâce à ce succès et malgré un prix des pla- Kingston express. Le 23 on retrouvera la liberté ces modique par rapport aux festivals de Juan les d’Ahmad Compaoré en trio, avec un guitariste et Pins ou , le FJ5C aligne 52% de recettes pro- un bassiste américains : Marc Ribot et Jamaala- Voigtlaender Lutz © Bekkas Majid et Lopez Ramon Kuhn, Joachim pres en billetterie (430 000 €) et partenariats (140 deen Tacuma, avant la formation sax trombone and C’est l’association Charlie Free qui 000€) sur 1.1 Md’€ de budget (520 000 € de drums des Trombone Shorty, venus de la envoie les premiers signes annoncia- subventions dont 470 000 de la Ville de Nouvelle Orléans, pour finir, troi- teurs des festivals de jazz dans notre Marseille). sième concert en ce samedi, région. De nombreux concerts en trois par la basse magique de Lar- soirées pleines d’excellentes surprises. Au programme ! ry Graham. Au tout début de juillet, au Domaine Une nouveauté cette an- Le festival persiste et signe de Fontblanche à Vitrolles, on pour- née : un concert «assis» en deuxième semaine, ra d’abord entendre le saxophoniste dans l’auditorium du Pharo : avec le 25 juillet la légendaire Charles Lloyd et son New David Murray et le Cuban chanteuse coréenne Quartet qui apportera l’expérience de Ensemble jouent du Nat King Youn Sun Nah sa longue carrière avec des ballades Cole le 19 juillet. Avant accompagnée par son issues de son dernier enregistrement, cela, le 18 juillet, guitariste puis la trom- Mirror. Puis un trio aussi improbable comme lors des der- pette de légende de Wynton que magique avec l’immense pianiste nières éditions, Marsalis, accompagné par le Lincoln Joachim Kühn, le percussionniste un concert Center orchestra. Pour finir le 26, un Ramon Lopez, et Majid Bekkas au gratuit jazz mâtiné de tradition méditerranéen- chant, au oud et au guembri. Enfin ne, avec Dhafer Youssef et Tigran l’Orchestre National de Jazz. Fan- Hamasyan puis… Return Forever 4, avec les fares et compagnies seront aussi là retrouvailles exceptionnelles d’une formation pour une mise en oreilles ludique ou Marcus Miller © X-D.R. qui inventa puis mythifia le jazz-rock fusion dans sensible d’avant concerts : les soirées les années 70 : Chick Corea, Stanley Clarke, chez Charlie commencent tôt, et ne Lenny White, Jean-Luc Ponty et Franck Gam- finissent plus… D’autres talents seront bale ! Le concert à ne pas manquer, si vous avez présents dont l’excellente formation la légèreté de manquer les autres… Méandres ainsi que Sidony Box, Mu- Le festival organise également une kyrielle d’évé- sica Nuda ou encore Retroviseur. Le nements périphériques, conférences musicales, festival allie également les charmes projections et expositions à l’Alcazar, bornes d’une vraie convivialité et les efforts d’écoute chez les commer- réitérés d’une organisation bien hui- çants du centre-ville, bœufs lée, inscrite depuis l’an passé sous le au Radisson Blue hôtel… label du développement durable. AGNÈS FRESCHEL Claude Gravier, président de l’asso- ciation, ne manquera pas d’ajouter sa note d’ambassadeur des connivences Festival de Jazz entre artistes et public. Trois soirées des 5 continents d’émotions intenses garanties... Qui Du 18 au 26 juillet prétendra encore que le jazz est 04 95 09 32 57 élitiste ? www.fj5c.com DAN WARZY

Charlie Jazz Festival Du 1er au 3 juillet Vitrolles Ahmad Jamal 04 42 796 360 © X-D.R. www.charliejazzfestival.com FESTIVALS 21

Navette pour le Paradis Le Fort Sainte Agathe sera le point chaud des soirées de concert de la 10e édition de Jazz à Porquerolles Le festival accueillera cette année Ca-nonge & Michel Zenino / Alain Archie Shepp, Charles Lloyd, Chucho Jean Marie Biguine, Reflections Valdès, Louis Sclavis, Aldo Romano, invite Ju-lien Lourau (11/7) Henri Texier, André Minvielle et en- Gnawa Fire Music avec Archie Shepp core Marion Rampal, Sarah Quintana, (12/7) les Krakens, Los Gojats... Ces artistes Charles Lloyd 4tet (13/7) de la scène internationale ouvriront Chucho Valdès & Archie Shepp la route de cet espace paradisiaque Afro-cuban Project (14/7) vers le ciel étoilé pour marquer notre André Minvielle & Lionel Suarez duo / mémoire d’un merveilleux moment de La vie d’Issiba par André Minvielle Romano, Sclavis, Texier, Le Querrec © Sergine Laloux jazz. À vivra également durant la 6tet(15/7) journée au travers de rencontres avec DAN WARZY les artistes, des sirènes, une exposi- et après… tion, des lectures, un bain en fanfare, La traversée en bateau Avant Jazz à Tout Var en août, les Apéro-Jazz en divers point de la Ville ou encore une jam-session… est comprise dans le prix du billet. Varois pourront aussitôt enchainer du 16/7 au 24/7 à 17h30 ou 18h30. avec le festival Jazz à Toulon : Tous les concerts à 21h30. Au programme Rhoda Scott, Lavelle / Soul sisters D.W. Kempachy 6tet / Stefano Bollani Tous les concerts au Fort Ste Agathe (15/7), China Moses & Raphaël Ciné-concert (9/7) sont à 21h Lemonnier (16/7), Sweet System Aldo Romano, Danilo Rea, Rosario Jazz à Porquerolles (18/7), Deborah Seffer Group (19/7,) Jazz à Toulon Bonaccorso Trio / Sclavis, Texier, Du 9 au 15 juillet Florence Fourcade 4tet (20/7), Sarah Du 15 au 24 juillet Le Querrec, Romano Quartet (10/7) 0631 798 190 Murcia/Caroline (21/7), Ana Popovic 04 94 09 71 00 Nuit du piano antillais avec Mario www.jazzaporquerolles.org (22/7), Liz McComb (23/7). www.jazzatoulon.com 22 FESTIVALS MUSIQUE Frioul Party chistes des années 70, mais pour que la nuit soit complètement noire il faudra compter sur l’hétéro- clite Sarangy Strings Soundsystem. Autour des compétences de l’Ensemble Musiques Nouvelles et du violoncelliste Jean-Paul Dessy (récemment entendu avec l’ensemble Télémaque aux ABD) s’agrège un maître de violon indien, un as de l’électronique… Après cette première nocturne, place à la Nuit des Belles Plantes (8) où dialogueront la marseillaise Emilie Lesbros, la harpiste Rafaëlle Rinaudo et la violoncelliste Julia Kent avant de laisser la place à l’improbable Vegetable Orchestra. La Nuit contre le Truc Bidon (9) s’illuminera de la présence de la sirène post-folk Emmanuelle Parre- nin et du spoken-words des Last Poets. Quant à la Nuit des Fondus (10), c’est le Congo qui est à l’hon- neur avec Faustin Linyekula et Flamme Kapaya (chorégraphie et guitare) pour un «more, more, more… future» à ne pas rater. Avant de rejoindre la dernière navette, Secret Chiefs 3 et ses multiples influences rock & ’n roll aura clôturé ce festival The Vegetable Orchestra © Zoe fotografie insulaire, qui s’annonce explosif. Hors du temps et en pleine mer, voici les caractéris- où se côtoient culture et site d’exception. Durant FRÉDÉRIC ISOLETTA tiques premières du Festival MIMI qui égrènera du ces quatre nuits aussi étranges qu’attirantes, les 7 au 10 juillet sa 26e édition ! Et si vous n’avez jamais vieilles pierres de l’Hôpital Caroline ne vont pas Festival Mimi osé sauter dans la navette du vieux port en direc- aller jusqu’à se trémousser mais… la Nuit Rouge du 7 au 10 juillet tion des Îles du Frioul pour y passer une partie de et Noir (7) commence avec les britanniques Chris 04 95 04 95 50 la nuit, il est temps de profiter de ce moment unique & Cosey, réminiscences provocatrices sadomaso- http://mimifestival2011.amicentre.biz Signes Renaissance de Fête Le Théâtre Silvain niché dans le Val- cer leurs sonos à fond durant les pour lesquelles nous organisons des Chaque année en juin les villes et leurs lon de la Fausse Monnaie affiche de spectacles… Depuis trois ans, le lieu transports pour éviter les problèmes de quartiers organisent des fêtes popu- faux airs tragiques : dans l’amphi- magique sort de sa Sylve dormante garage», explique Patrick Mennucci, laires, plus ou moins participatives, théâtre faussement antique, les pins pour proposer concerts et projections : maire de ce secteur marseillais qui offrant aux habitants des moments à abritent à peine du soleil brûlant et «Nous programmons en concertation aime sa tranquillité. Effectivement partager culturelles… Depuis 5 ans de la fraîcheur vespérale de la Corni- avec les habitants, en leur offrant des des navettes sont prévues au retour, la Fête Bleue est un signe de l’arri- che, à deux pas. Mais non pas de ses soirées gratuites, qui ne finissent pas des trajets en bateau depuis le Vieux vée de l’été : durant trois jours les voisins, célèbres autrefois pour balan- trop tard, sans musique amplifiée, et Port, des parkings deux roues… et Marseillais sont conviés à produire et

Richard Galliano © Emmanuel Ducoulombier pour la tranquillité de tous l’essentiel consommer… du bleu ! Ce qui peut de la programmation reste du cinéma paraître un signe de ralliement un (voir p 62). Avec quelques temps forts peu vain, symbole d’une identité qu’on musicaux, en acoustique ou peu s’en ne sait définir… mais qui donne faut : l’accordéon de Richard Gallia- chaque année lieu à des initiatives no (le 11 juillet), la nuit de la guitare citoyennes, et à quelques spectacles de Bireli Lagrene et Sylvain Luc (le 4 de qualité diverse sur la Place Barge- août), le violon d’Ivry Gitlis qui vibre mon. Au menu cette année, la Soirée plus que jamais (le 10 août), La Bleue Podium FG avec Dj’s de qualité Traviata d’Aix-en-Pce en retransmis- aux platines, Bob Sinclar en tête, la sion gratuite (le 16 juillet). À ne pas Guinguette moderne du Cours Julien, rater : l’Orchestre des Jeunes de la de la danse avec la cie Acontretemps Méditerranée (voir p18) et Le grand C et ACODanse, les visites de l’Office de de la Cie XY, un spectacle de portés tourisme de Marseille avec dress code acrobatiques absolument époustouf- bleu obligatoire, parcours pedestre lant, le 18 juin. Les pique-niques sont sur le thème du développement bienvenus, et la buvette est durable organisé par la Jeune abordable ! Chambre Economique de Marseille AGNÈS FRESCHEL dans le Parc Borely… La Fête bleue Saison du Théâtre Silvain Du 24 au 26 juin Marseille 7e 04 91 31 49 79 www.capsur2013.fr www.fetebleue.com

En chanté

Swing Singers © La Musique Enchantée Nouvelle édition du festival Est’ival les tion La Musique Enchantée dispose Musicales de la Moline, où la diversité d’une carte blanche avec 4 ensembles est au rendez vous dans le site paysa- vocaux dont les Swing Singers, un ger champêtre de 11 hectares du Parc groupe peu ordinaire : dirigé depuis de la Moline. En après-midi ou soi- 10 ans par Fabienne Zaoui et Didier rée, petits et grands y trouveront des Normand, cet ensemble vocal de violoncellistes (avec l’école de violon- Marseille permet à un public amateur celle de La Valentine, le 18 juin), du de s’initier à la pratique vocale du jazz, jazz (avec le Garfield High School très agréable. En accès libre entière- Jazz Band le 2 juillet), l’Orchestre ment gratuit, cet «accès à la culture philharmonique de Provence (le 1er pour tous» est soutenu par la mairie juillet), des groupes folkloriques (du des 11e et 12e arrondissements. Népal, de Finlande et de Moldavie) DE.M. lors du 47e festival international de folklore de Château Gombert (le 4 Est’ival Les Musicales de la Moline juillet) et du gospel, en clôture, avec Jusqu’au 8 juillet le Très grand groupe de gospel diri- Parc de la Moline, Marseille 12e gé par Cyrille Martial (le 8 juillet). A 04 91 14 62 78 noter, le 20 juin à 20h30, l’associa- www.marseille.fr En langue d’Oc À l’occasion du dernier week-end de Rhodanienne, Piémontaise et traver- juin (25 et 26), la régie culturelle PACA sant même la Méditerranée pour organise une manifestation nouvelle naviguer des chants de troubadours dans un lieu connu de tous dans le aux musiques d’aujourd’hui. cadre de la Fête bleue : dans les jar- Deux soirées de 18h à minuit pour re- dins du Palais Longchamp, Marseille trouver la vocation marseillaise de sonnera occitan avec L’Assemblade ! traditions occitanes et méditerranéen- Quatorze ensembles musicaux se croi- nes aux sons d’ensembles d’aujourd’hui, seront dans une ambiance très festive reconnus ou à découvrir : Lo Cor de la et conviviale pour dire, chanter, et Plana, Nekouda, Moussu T e Lei Jo- danser la Provence aujourd’hui. Mais vents, Lou Dalfin, Lo Cepon… une Provence qui ne serait pas canton- FRÉDÉRIC ISOLETTA née à ses frontières administratives, un L’Assemblade pays d’Oc retrouvé au sens large, géo- les 25 et 26 juin graphiquement et artistiquement : www.laregie-paca.com © Lo Cor de la Plana 24 FESTIVALS MUSIQUE Richesses musicales La 6e édition des Musicales s’est installée sur les des années 50 à nos jours (le 24 juin à Alleins), marseillaises, jazz blues et swing manouche (le 1er places et parvis et dans les théâtres de verdure du Les Chapacans, quintet jazz qui mélange opérettes juillet à Lançon et le 2 juillet à Velaux)… Mais territoire d’Agglopole Provence, en partenariat avec aussi la musique brésilienne de Paolo Da Luz (le 25 le café-Musiques le Portail Coucou et l’Institut juin à Pelissanne et le 1er juillet à Vernègues), la musical de formation professionnelle (IMFP) à salsa de La Guagua (le 2 juillet à Aurons), le jazz Salon. Rendez-vous gratuits, en fin d’après-midi ou manouche de Tzwing (le 2 juillet à Salon)… soirée, qui permettent à des artistes régionaux de Electro Bamako © X-D.R. DO.M. se produire, et parmi eux quelques artistes locaux Les Musicales d’Agglopole Provence qui pour certains ne vous sont plus inconnus : Toko Jusqu’au 12 juillet Blaze, l’«urban griot» marseillais mêlera son ragga- Divers lieux reggae bondissant à l’électro rock chanté en 04 90 44 77 41 Bambara du groupe Electro Bamako (le 17 juin à la www.agglopole-provence.fr Barben), l’IMFP Big Band dans un répertoire jazz Jours de fête Musique En juillet, à Port-Saint-Louis, les mercredis sont circassiens, et, pour des à-côtés tout aussi agréa- animés ! Initiés par le Centre national des arts de bles, de quoi se sustenter entre les spectacles. Entre la rue Le Citron Jaune en partenariat avec la Ville, autres réjouissances, les réunionnais de Cirquons en plein air les Mercredis du port proposent une programmation Flex proposent d’aller voir De l’autre côté avec tra- Deux grandes dates à retenir pour la version 2011 de éclectique qui mêle théâtre de rue, musique et arts pèze, mât chinois, roue Cyr accompagnés de Fred Musiques à Gardanne : le 25 juin avec Abd Al Malik Pharos © X-D.R. Nevchehirlian ; le Cirque Inextremiste emporte tout et le 1er juillet avec Nicolas Peyrac. C’est le grand le monde dans son délire acrobatique avec sauts écart proposé cette année, qui a le mérite de ras- aériens sur trampoline et marche verticale… ; le sembler deux générations de chanteurs français, petit cirque sans chapiteau de Makadam Kanibal ; deux styles très différents mais qui devraient attirer la musique colombienne de la Cumbiamba Parran- les foules. D’autant que les soirées (toutes deux dera ; la fanfare indienne Jaipur Kawa Brass Band ; gratuites !) en question accueillent aussi d’autres sans oublier l’installation monumentale faite de artistes : le 25 juin, dès 19h15, l’ensemble Les bois de La générale des feux, Pharos, dressée tel Festes d’Orphée ouvriront les festivités sur le Parvis un phare dès le premier mercredi, et qui, en clôture, de l’église, précédant Yusik, duo pop / reggae, s’embrasera lors d’une «mise en pyrographie» Aéroplane et son blues rock au service de reprises majestueuse… des années 70 à nos jours et le groupe sOLAt, vain- Les Mercredis du Port queur du Tremplin local Courte-échelle, en 1re partie Les 6, 13, 20 et 27 juillet d’Abd Al Malik que l’on ne présente plus (sur le Le Citron Jaune / Ilotopie, Port-Saint-Louis parking Savine). Le 1er juillet, le duo Soul Stuff 04 42 48 40 04 chauffera la scène avant l’arrivée de Nicolas Peyrac, www.lecitronjaune.com en grande forme depuis la sortie de son dernier album, Case départ, en 2009 (à Biver). Musiques à Gardanne Les 25 juin et 1er juillet La Ciotat bat la musique 04 42 51 79 00 L’Association Méditerranéenne d’Echanges Inter- formation symphonique. Plusieurs temps forts www.ville-gardanne.fr nationaux (AMEI) organise depuis 1996 le Festival rythmeront cette 16e édition avec notamment des Musique en Vacances à la Ciotat. L’objectif est de soirées consacrées à l’année du Mexique en France, favoriser la diffusion musicale et de permettre aux une conférence concert d’Hervé Deroeux, une plus démunis de participer à l’événement grâce à soirée de prestige dans le cadre du bicentenaire de une politique tarifaire sociale et des concerts sous la naissance de Franz Liszt et la très belle pièce de invitations. Ainsi, 10 concerts sur 17 seront acces- Frédéric Flamand, Métamorphoses, interprétée par sibles gratuitement dans une grande diversité lieux Ballet National de Marseille. Récitals classiques, Abd © BFC Al Malik (théâtres, églises, salle des fêtes mais également voire «lyrico-déjanté-allumé» avec le duo de l’Opéra squares, places et rues). Un festival qui réunit des Molotov, musique de chambre mais également jazz, artistes du grand répertoire classique mais égale- polyphonies corses et bulgares, gospel et musiques ment contemporain, du jeune lauréat à la grande du monde animeront les soirées. La guitare sera

Opera Molotov © Aliette Cosset mise à l’honneur avec le spectacle Etat d’âme de la guitare. Une programmation «off», pendant la jour- née, proposera des animations, parades et apéritifs concerts dans les rues et places et le traditionnel Feu d’artifice musical clôturera les festivités. DE.M.

XVIe Festival Musique en Vacances Du 13 au 26 juillet La Ciotat 04 42 83 08 08 http://amei-festival-laciotat.com

26 FESTIVALS MUSIQUE Arles à la folie Beirut Pendant une semaine, © Samuel quelques 60 000 Kirszenbaum festivaliers s’invitent à la rencontre de 200 artistes, pour un moment unique de musiques du monde ! Le Que ce soit au Théâtre Antique, à l’espace Van Gogh, la cour de l’Arche- vêché, au parc des Ateliers… chaque dialogue programme est pensé avec soin pour l’échelle de chaque lieu, et toute la cité arlésienne, de 10h à 4h du matin, vit au rythme de cette grande fête po- des pulaire qui sait être artistique. Et complète parfaitement les Rencontres Internationales de la Photographie cultures et les Voies Off qui occupent les jour- nées arlésiennes (voir p 73). Cette 16e édition du festival Les Suds se dirigera à la fois vers l’Orient et l’Occident, en s’affranchissant de toute frontière. Beirut, folk rock américain et musiques balkaniques, SoCalled, hip hop Yiddish, les cordes rock de Rodolph Burger, l’oud électrique de Bien sûr, la Méditerranée est toujours Les Suds l’excellent Medhi Haddab, le trio au cœur d’un propos qui n’a pas at- Du 11 au 17 juillet Théron-Chemirani-Abdallah (Proven- tendu les récentes modes, et sait ne Arles ce-Iran-Egypte)… Le menu est pas s’y restreindre, offrant de nou- 04 90 96 06 27 incroyablement appétissant et offre velles perspectives plus attrayantes www.suds-arles.com une diversité singulière alliée à une les unes que les autres. très grande qualité. FRÉDÉRIC ISOLETTA

Watcha Clan © X-D.R. 18e édition pour le festival des Nuits Métis du 17 au 21 juin, accueilli de- What puis 2009 par la Ville de Miramas, et du beau monde sur le plateau ! Entre autres, les grenoblois de Sinsemilia do you (18/6), les membres de Massilia Mous- su T é lei Jovents (19/6), les toujours appréciés, forts de leur succès à Babel want ? Med Music, Watcha Clan Méditer- ranée (20/6). Et les déjantés Sergent Garcia, de retour sur la scène natio- nale (21/6), animeront un intense vivier culturel autour de contributions algériennes, suédoises et ougandai- ses. Entre le plan d’eau Saint-Suspi et le centre ville, il fera bon tisser à Beat Assaillant © Vincent Catala Herman Dune © Estelle Hanania l’envie les croisements endiablés d’un Dans le cadre d’exception de l’Étang lors de la première soirée le folk métissage toujours plus fort et des Aulnes, à deux pas de Saint- d’Herman Düne alors que le lende- Festival Want exigeant, et surtout incroyablement Martin-de-Crau, la première édition main sera rythmé par la pulse intense 8 et 9 juillet festif. du festival Want en terre camarguai- de Beat Assaillant, à redécouvrir Saint-Martin-de-Crau F I se verra le jour les 8 et 9 juillet. Assis après le succès de Marsatac, sans 04 96 17 57 26 dans l’herbe au bord de l’eau ou au compter Tiken Jah Fakoly, Deluxe… www.want-festival.fr Les Nuits Métis pied de la scène, chacun vivra à sa Le magnifique écrin de verdure du 17 au 21 juin façon une programmation variée de camarguais s’attend à une naissance Miramas grande qualité. Fred Nevchehirlian, festive et jubilatoire ! 04 90 17 48 38 bien connu dans la région, croisera F.I www.nuitsmetismiramas.fr Place aux Escapades Amsterdan Klezmer Band © Amsterdam Klezmer Band

Après les Festives de Font Robert, voici de cuivres de fanfares balkaniques. un nouveau rendez-vous estival de Auparavant, le folk rock de Melchior musiques d’ici et d’ailleurs avec Les Liboà et les trois énergumènes de Escapades. Le concept de l’événement Ioanes Trio rempliront la scène de festif et populaire, revu en profon- poésie, chanson, slam, musiques des deur par les élus et les organisateurs, Roms et des Balkans. La dernière soi- dont le Théâtre Durance, repose sur un rée accueillera la chanson rock world itinéraire au cœur du territoire pour de Macadam Bazar et le groove malien faire connaître les artistes émergents de Mamani Keita, entre instruments de la musique actuelle, en program- traditionnels mandingues et sonori- mant sur 3 jours des concerts de tés rock, dub ou afrobeat. Charmante qualité gratuits. Le 7 juillet, au cœur escapade ! du village de Peyruis, la fanfare bal- DE.M. kano-turque Haïdouti Orkestar ouvre le festival avec une déambulation Les Escapades explosive et jubilatoire sous le signe Du 7 au 9 juillet du partage et de la fête pour finir par Peyruis et Château-Arnoux un concert place de la République. Le Théâtre Durance 8 juillet à Château-Arnoux, place aux 04 92 64 27 34 musiques d’Europe de l’Est avec Ams- Office de tourisme du Val terdam Klezmer band, un mélange de Durance éclatant des sons d’Europe de l’Est et 04 92 64 02 64 Istres la Nuit Entre le 3 et le 12 juillet, le festival des Nuits d’Istres illuminera le magnifique Pavillon Grignan autour de cinq soirées à retenir.

Les Brian Setzer’s Roc- © X-D.R. Lauper Cyndi ka-billy Riot ouvriront le bal (3/7), Anne Roumanoff (6/7) et la toute jeune et déjà célèbre Zaz (7/7), applaudie récemment à l’espace Julien complèteront un plateau éclectique. Après leur succès à la dernière Fiesta des Suds, Gotan Project rythmera à n’en pas douter la belle façade du XVIe siècle (9/7) qui n’en croira pas ses yeux, et ses oreilles à l’écoute des tubes de Cyndi Lauper (12/7). Avec l’ex- chanteur et guitariste du groupe mythique Stray Cats en ouverture et une icône de la pop aux 30 millions d’albums vendus en clôture de festival, Istres continue de grandir. Formule repas + concert possible. FRÉDÉRIC ISOLETTA

Les Nuits d’Istres 04 42 81 76 00 www.istres.fr 28 SAISONS GAP de Maguy Marin © Christian Ganet © Christian Marin Maguy de Salves La maison dans la vallée La Scène nationale de Gap Son départ à la retraite, qui est un renoncement en suivi ! Il s’attend à trouver ici quelque chose d’ex- fait face à des difficultés politiques à Briançon puis ceptionnel, pas ce qui passe à la télé. Le théâtre vit un moment de transition à Gap, a une valeur d’alerte : le sens de ces formida- est si loin parfois, en hiver… bles outils de diffusion est perdu, des élus gâchent À quoi sont dues les difficultés politiques ? difficile : son compagnonnage cette chose-là par ignorance de ce qui s’y passe A.N. : C’est difficile à préciser. Un ressentiment vague avec le théâtre de Briançon vraiment. De la magie et de la fragilité du lien créé des deux villes, des reproches quant au léger déficit avec un public. que nous avons eu ces dernières années après 20 s’est achevé dans la douleur, Vous en parlez en connaissance de cause ! ans de gestion sans faille, à cause d’un défaut im- C.M. : Oui, c’est la plus longue association entre un prévu de mécénat… Et aussi, de la part du nouveau et Pierre-André Reiso, qui artiste et un équipement national. Ma première maire de Briançon, l’impression d’être satellisé par dirige La Passerelle depuis création à Gap date de 1992, Pierre-André était Gap, sans doute. persuadé que seules des créations pouvaient don- Vous avez pourtant établi un système de circulation sa création, s’en va… ner une âme à ce lieu. Alors il les a coproduites. qui fonctionne, et allez dans les communes voisi- L’occasion pour Alain Neddam, Toutes, depuis. nes, avec les tournées excentrées. Combien ? A.N. : Oui. Depuis 1995. La Passerelle était un pion- directeur adjoint du théâtre, C.M. : Une quinzaine… nier, à présent de nombreux théâtres pratiquent A.N. : Plus que ça. cette décentralisation dans les petites communes. et Catherine Marnas artiste (Ils énumèrent, je compte) Cela fait 23 créations Aujourd’hui la Passerelle aurait besoin d’une petite associée, de parler des de Catherine Marnas à Gap ! À ce point-là, cela a dû salle, qui permettrait de programmer des spectacles influencer votre esthétique… différents que dans une salle de 820 places. Notre particularités de cette Scène C.M. : Oui, certainement. Cela correspondait à cette projet de l’Usine Badin va voir le jour, une véritable idée de partage avec le public que Vitez m’avait fabrique de spectacles qui pourra peut-être accueillir Zibeline : Pourquoi a-t-on l’impression que la Pas- transmise. À mon souci de lisibilité d’un spectacle, de petites formes. serelle n’est pas tout à fait un théâtre comme les pour que personne ne soit laissé à la porte, même Le nouveau directeur sera nommé bientôt ? autres ? s’il n’a pas toutes les références culturelles qui lui A.N. : Début juillet. Il reste une short list de 7 Catherine Marnas : On se disait avec des collègues permettent de comprendre chaque allusion. Ce qu’il personnes. qu’on devrait établir un guide Michelin des théâtres, y a de magnifique dans l’histoire de ma compagnie Dont vous faites partie. avec des critères objectifs sur la qualité de l’accueil, à Gap, c’est notre relation avec le public. La moitié A.N. : Oui, j’ai postulé pour être directeur, en espé- la compétence des équipes, mais aussi l’écoute du nous connaît, nous fait la bise en entrant, nous rant pouvoir poursuivre le travail que j’ai mené ici public, l’investissement financier… À Gap toutes parle du spectacle en sortant. À Paris j’ai retrouvé depuis 6 ans avec Pierre-André. ces choses là sont exceptionnelles : les techniciens récemment un jeune comédien qui venait de Gap, Et la saison qui s’annonce ? sont des artistes, des musiciens, et tout le monde, et avait attrapé son virus à la Passerelle. Comment A.N. : Elle est bouclée, mais ne sera révélée au pu- les relations publiques, regarde réellement les spec- aurait-il fait sans la Scène nationale ? blic que le 18 juin. Je peux vous dire d’ores et déjà tacles, des coulisses ou de la salle, et vous en parle A.N. : Depuis que je suis arrivé il y 6 ans à la direc- que Renaud-Marie Leblanc, nouvel artiste associé, avec pertinence. tion adjointe, j’ai pris la mesure de ce qui se passait viendra créer le Malade Imaginaire et reprendre sa Alain Neddam : François Cervantès dit que c’est ici. Rendez-vous compte ! Ici on vend entre 25 000 Conférence, que le BNM dansera Moving Target, que une maison. Ici on s’occupe des artistes. C’est lié et 30 000 billets par saison pour une ville de 40 Catherine et Raoul Lay collaborent à nouveau pour sans doute au caractère insulaire des Hautes-Alpes 000 habitants. À Briançon le ratio était encore plus créer une forme de théâtre musical jeune public, à qui concrètement nous amène à prévoir des trans- étonnant : 11 000 billets vendus pour 11 000 habi- partir du Jekyll de Stevenson… et qu’il y aura ports, à réserver des restaus. Mais cette chaleur tants. Le tout dans un département à peine peuplé Olivier Cadiot, Maguy Marin, Camille Boitel… relève surtout de la personnalité de Pierre-André comme un arrondissement marseillais. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL Reiso. C’est un honnête homme, un humaniste, en C.M. : Et avec une programmation sans concession 23 ans il n’y a pas eu un conflit social. au goût supposé du public, sans spectacle d’humour, La Passerelle, Gap C.M. : Il dit que son boulot consiste simplement à sans tête d’affiche… 04 92 52 52 52 réunir les conditions pour que les artistes s’expri- A.N. : Oui. Parfois on s’est laissé prendre à pro- www.theatre-la-passerelle.eu ment au mieux sur le plateau. C’est devenu rare… grammer un spectacle à succès… le public n’a pas GRASSE SAISONS 29

Vers Avec deux lieux permanents de création et de diffu- Mouawad et son Temps aussi mythique que messia- sion dans les Alpes-Maritimes -le Théâtre de Grasse nique, Sidi Larbi Cherkaoui en duo avec Shantala et le CDN de Nice- l’offre théâtrale paraît réduite Shivalingappa dans Play dédié à Pina Bausch… au regard de sa démographie : 1 million d’habitants Le théâtre fait aussi la part belle à la découverte de environ. «Une situation particulière qu’il faut prend jeunes talents (la Cie Timbre 4 et son jeune metteur l’État de en compte» selon Jean Flores, directeur du Théâ- en scène Claudio Tolcachir, Julie Bérès…) et aux tre de Grasse, qui alerta Frédéric Mitterrand en mai compagnies régionales (Castafiore, du Dire-Dire, Hu- 2010 «sur la nécessité d’une labellisation du théâtre maine, Yann Le Meignen, Vol plané…), s’engageant en scène nationale afin de prolonger le développement le plus souvent possible dans des coproductions. Il constant de son projet artistique et culturel». Mais la tente aussi les aventures nomades dans les collèges Grasse ? réponse du ministère reste floue : «il nous attribue- et les villages grâce à la Communauté d’aggloméra- rait le label s’il pouvait établir un rapprochement avec tion Pôle Azur Provence, en compagnie d’Alexis Cannes et/ou Antibes sur le projet d’une scène Moati et de son fameux Malade imaginaire et de la nationale territoriale, à l’instar de Toulon/Ollioules Cie Circ’ombelico. Enfin, il s’engage auprès du ou Beauvais/Compiègne». Du coup l’ouverture du Dynamo Théâtre durant 2 ans pour monter Jusqu’à Théâtre d’Antibes en 2013 (1300 places) n’apaise la mer, financé à 90% par la Société Lyonnaise des pas la situation. «La programmation devrait être as- Eaux. Projet qui introduit la pratique amateur, un surée à titre personnel par Daniel Benoin (directeur travail de collectage de la parole des grassois, des du CDN de Nice, ndlr) commente Jean Flores. On a ateliers d’écriture, une dramaturgie et une mise en entendu dire que son projet artistique serait musical scène : «un vrai propos sur le théâtre, et une grande et qu’il accueillerait des orchestres en résidence». Et humilité» qui ont séduit Jean Flores. d’ajouter : «on va essayer de s’approcher du projet M.G.-G. antibois mais la difficulté actuelle est liée à la reconfiguration des communautés de communes»… Théâtre de Grasse Pour l’heure le Théâtre de Grasse espère toujours Saison 2011 2012 une labellisation qui, par l’augmentation des subven- 04 93 40 53 00 tions de l’État (de 170 000 € à plus 500 000 €/an) www.theatredegrasse.com lui permettrait de proposer plus de créations, plus de coproductions et plus de résidences. Et il est clair que le Théâtre de Grasse a d’ores et déjà, de- puis plusieurs années, le budget (hors l’État !), la programmation, en termes de volume et de qualité, et le public d’une scène nationale. Nomade en son pays Avec un financement accru du Département, de la Communauté d’agglomération Pôle Azur Provence Play © Koen Broos et du Club des partenaires désireux d’associer l’ima- Sur le chemin d'Antigone © Elian Bachini ge de leur entreprise à celle du théâtre, plus de 35 spectacles sont programmés, sans compter l’ouver- ture champêtre à St Vallier avec Les Gandinis, experts en illusion, et les 2e Rencontres des musiques sacrées du monde. Autour d’un seul mot d’ordre, l’éclectisme, et d’un objectif : toucher un public fa- milial ! Pari tenu puisque «depuis 15 ans nous avons des générations complètes et même des familles recomposées qui s’abonnent» s’enthousiasme Jean Flores. Depuis les tout-petits dès 18 mois avec une saison jeune public riche de propositions (Comment ai-je pu tenir là-dedans ?, théâtre visuel inventif et élégant de Jean Lambert-Wild et Stéphane Blanquet ; Le Chagrin des ogres, premier opus de Fabrice Murgia repris à l’Odéon à Paris l’an pro- chain ; la nouvelle création d’Olivier Letellier La Scaphandrière après l’admirable Oh, boy !…) jus- qu’aux adultes amateurs de têtes d’affiches au service de très beaux textes : Catherine Frot et Beckett (Oh les beaux jours), Annie Duperey et Anouilh (Colombe), Bruno Abraham-Kremer et Romain Gary (La promesse de l’aube), Jean-Claude Dreyfus et Emmanuel Darley (Le mardi à Monoprix), Marilu Marini et Jean Genet (Les bonnes) au plus inatten- du Éric Cantona et Alfred Jarry (Ubu enchaîné)… Amateurs d’artistes internationaux aussi : Wajdi 30 SAISONS DRAGUIGNAN | SAINTE-MAXIME

kans et tzigane… Le cirque s’immisce avec éclat dans une program- mation théâtrale et chorégraphique très «dense» : on Une retrouvera Foté Foré aussi vibrionnant que contor- sionniste, on découvrira l’alliance inattendue de Rialto Fabrik Nomade et de la Cie L’Autra Main à l’occasion des Attractions extraordinaires de la fem- saison me chapiteau tout autant que les créations 2011 de la Cie Les Choses de rien, Les Fuyantes, curiosité visuelle mêlant danse acrobatique, cirque aérien, musique et technologie et de la Cie Yoann Bour- pour geois, L’art de la fugue, avec Bach pour complice de ses petites danses spectaculaires. Très «danse» aussi avec Folavi du Ballet d’Europe, le retour attendu de la Cie Sankai Juku, les nouveaux tous opus événements de Maguy Marin (Salves), Ra- phaëlle Delaunay (Eikon), Akram Khan (Vertical Road), Shantala Shivalingappa et Sidi Larbi Cherkaoui (Play). Quant à la création théâtrale, elle flirte avec la marionnette (Cie Flash Marionnettes, Yeung Faï et Yoann Pencolé, Dominique Pitoi- set), et joue son propre tempo entre têtes d’affiche et talents émergents (Wajdi Mouawad, Panchika Le Grand C © Christophe Raynaud de Lage Velez, Eric Vigner, Théâtre Nouvelle Génération, C’est en dessinant un grand C que Théâtres en trompettiste libanais Mazen Kerjab et Miqueu Mon- Cie Hors Champ, Fadhel Jaïbi, Cie Sirènes, Cie Dracénie lancera sa saison avec les acrobates- tanaro, Catherine Jauniaux, Carlo Rizzo, Niké Lacascade…). porteurs-voltigeurs de la Cie XY, aussi alertes dans Nagy pour un G musical et poétique décliné en 7 M.G.-G. les airs que sur terre ! Une entrée vertigineuse donc, thèmes. Autres sonorités avec Yael Naïm (Victoire pour une saison ouverte à 360 degrés sur la musique de la musique 2011), A Filletta, Paolo Fresu et Da- insolente version Philippe Katerine ou version niele di Bonaventura pour une soirée spéciale Théâtres en Dracénie, Draguignan festival avec Le Nom Commun (conférence chantée Mistico Mediterranéo, Angélique Ionatos et Kateri- Saison 2011 2012 entre polyphonies contemporaines et traditionnelles), na Fotinaki, le groupe Bratsch (Bruno Girard) qui 04 94 50 59 59 Liu Fang (jeune virtuose de pipa et de guzheng), le soufflera sur le pays dracénois la musique des Bal- www.theatresendracenie.com De la curiosité comme leitmotiv Avec 93% de remplissage pour sa deu- corps ni tête et À corps perdu où l’on Dreyfus dans Le mardi à Monoprix… ment), mais également entre les xième saison (16 000 personnes dont retrouvera Boxe Boxe de Käfig, Le cir- Non seulement la programmation générations : Nuits singulières invi- 1200 abonnés), Le Carré à Sainte- que invisible de Victoria Chaplin et dessine un trait d’union entre les genres tent le jeune public et leur famille à Maxime réussit son pari : être un lieu Jean-Baptiste Thiérrée ou Jean-Claude (théâtre et arts numériques principale- découvrir, entre autres, «une nouvelle de création pluridisciplinaire, de croise- Boxe boxe © M. Cavalca génération d’artistes généreux comme ments et de vie (200 000 personnes Renaud Cojo» qui, dans Ziggy Stardust, circulent dans le complexe Léon Gau- interroge la notion du double et des mont), avec 5600 participants aux avatars. Le public pourra même se ateliers, répétitions publiques, débats, déguiser, se masquer et jeter le trouble stages et autres Rings qui font dialo- autour de lui… guer artistes et chercheurs autour de Les artistes circassiens (le Circus la création numérique (cette année La Cirkör…), les chorégraphes (Cherkaoui, Scaphandrière de Daniel Danis et la Delaunay, Momboye, Egea…), les création en 3D musique-dessin avec acteurs et metteurs en scène (Pomme- Archie Shepp et le dessinateur Wos- rat, Podalydès, Arstrup, Philippe niak). Toute la spécificité du Carré est Berling…), les orchestres (Quatuor là : il montre au public le processus de Debussy, Raoul Lay, Orchestre régional fabrication des œuvres, lui dévoile les de Cannes…) marqueront le réel enjeux. Et ça marche ! ancrage dans le Var de cette «jeune Le festival d’automne Itinérances ouv- scène» qui n’hésite pas à amplifier ses rira les festivités, délaissant les ardeurs rendez-vous. du soleil de la saison dernière pour les M.G.-G. «Fragments de désir», avec la compli- cité de la compagnie associée Artefact : Le Carré, Sainte-Maxime «trois opus qui placent le désir au cœur Saison 2011 2012 de la relation artiste/œuvre/public» 04 94 56 77 77 selon Valérie Boronad, directrice du www.carreleongaumont.com Carré, intitulés Corps à corps, Sans CHÂTEAU-ARNOUX | CAVAILLON SAISONS 31 La maison Durance Moins visible aux yeux du public que sa seille, Anthony Egea), le cirque (version programmation, l’accompagnement des conte de fées moderne avec Akorea- artistes tient une place importante dans kro ou jubilatoire avec la Cie XY) et la la vie du Théâtre Durance qui accueille musique (Titi Robin, Cristina Branco). en résidence de créations Thierry Baë Qui dit familles dit jeune public, et le (Je cherchai dans mes poches/ Cie Traits Théâtre Durance se fait un plaisir de le de ciel), Maurizio Lupinelli (Appassio- gâter en lui offrant Nokto, spectacle natamente / Nerval Teatro), Béatrice musical de Jean-Pascal Viaultet Raoul Massin(Fantaisies / Cie Fêtes galantes), Lay (présent également avec Téléma- Pierre Laneyrie et Thierry Raynaud que et La mort marraine), Macbett, farce (Une petite randonnée / Cie la Marche tragique de Ionesco par la Cie des à suivre). Et innove avec la présence Dramaticules, Ooorigines, fresque d’un «artiste associé», l’écrivain Sonia philosophique par la Cie Tourneboulé, Chiambretto, dont on découvrira à Traverse, dialogue danse-musique de l’occasion de plusieurs cartes blanches la Cie Arcosm, et Qui dit gris ?, fan- des textes achevés ou en devenir, des taisies poétiques de la Cie Jardins œuvres adaptées à la scène comme Rage © Passerini insolites. Leurs futurs «grands» Une petite randonnée… L’écrivain par- poraine (Cet Enfantde Joël Pommerat), entre l’écrivain Erri de Luca et l’au- spectateurs… ticipera également à des ateliers les compagnies régionales (Molière ex- teur-compositeur Gianmaria Testa, M.G.-G. d’écriture, des apéros poétiques, des pliqué aux jeunes par la Cie Vol plané, l’adaptation de Casanova, Requiem for lectures publiques et d’autres rendez- le cabaret capillaire d’Eva Doumbia, Love par la Bulgare Diana Dobreva vous imaginés en chemin ! Hubert Colas et sa prédilection pour d’après Kierkegaard et le rêve éveillé Théâtre Durance, Château Arnoux La programmation, ouvertement fami- les textes de Sonia Chiambretto 12 de La Fabrique imaginaire (Voyage, Saison 2011 2012 liale, trouve un bel équilibre entre le Sœurs slovaques et Mon képi blanc), premier épisode). Bel équilibre encore 04 92 64 27 34 théâtre de répertoire, l’écriture contem- osant même l’improbable rencontre entre la danse (Ballet national de Mar- www.theatredurance.fr Sur la route La Scène nationale de Cavaillon poursuit sa rou- certaines lignes artistiques. Un nouvel artiste asso- te dans la continuité, la fleurissant de quelques cié, Cyril Teste, que l’on pourra découvrir lors du aventures nouvelles. Le directeur Jean-Michel Festival d’Avignon. Plus de danse contemporaine Grémillet note avec regret une légère baisse de encore, et très féminine : Maguy Marin, A. T. de fréquentation (presque 20 000 spectateurs tout de Keersmaeker, Odile Duboc, Nacera Belaza… même !) qu’il situe en début de saison, «peut être Toujours beaucoup d’artistes d’ici : Catherine parce que le public du théâtre était mobilisé par les Marnas et ses Lignes de faille, Germaine Tillion de mouvements sociaux». C’est qu’avec ses 89 repré- Xavier Marchand, La Veillée singulière de Chris- sentations de 38 spectacles, la plus petite Scène tian Carrignon destiné au jeune public, et une nationale de la région, en termes de budget, affiche musique de Raoul Lay, Nokto, pour les tout-petits… de grandes ambitions. Car une attention spéciale sera portée au jeune pu- Cette nouvelle saison verra un renforcement de blic : «on se rend compte qu’il y a une vraie demande

Sun de spectacles jeune public spécifiques, et nous

© Patrick Laffont avons donc augmenté sensiblement le nombre de nos rendez-vous.» Une nouveauté de la saison, des temps forts cultu- rels : le premier autour de la folie, avec en particulier la bouleversante exposition de Makhi Xenakis sur Les folles d’enfer de la Salpétrière, des films, des dé- bats, des ateliers de création à l’hôpital de Montfavet, et bien sûr des spectacles. Le deuxième, pour commémorer les 50 ans des Accords d’Évian et la fin de la colonisation française (vraiment ?), une exposition photo sur la révolution tunisienne du col- lectif Dégage !, un texte de Benfodil, Amnésia, qui sera également passé par le Festival d’Avignon… Bref une saison résolument contemporaine, et heureusement militante ! AGNÈS FRESCHEL

Scène Nationale de Cavaillon saison 2011 2012 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com 32 SAISONS SCÈNES ET CINÉS | PORT-DE-BOUC | ARLES Exigeante et accessible

La 6e saison concoctée par Scènes et Cinés Ouest Germaine Tillion mis en scène par Xavier Marchand… Provence - qui regroupe les 5 théâtres et les 5 ciné- En danse aussi le programme est fourni, avec Mou- mas d’Istres, Miramas, Fos, Grans et Port-Saint-Louis, rad Merzouki et son Boxe Boxe, Hervé Koubi avec et le café-musique l’Usine- permet plus que jamais El Din, le Ballet de Biarritz qui danse Roméo et Ju- aux structures de rayonner sur le territoire et aux liette ou encore la rencontre entre Sidi Larbi publics de s’approprier les propositions où qu’elles Cherkaoui et Shantala Shivalingappa pour Play, soient. Une formule ancrée dorénavant dans les habi- pièce dédiée à Pina Bausch qui en était à l’origine. tudes des spectateurs, avec un taux de fréquentation Enfin le jeune public, particulièrement choyé, y com- en hausse (74% pour 2010-2011) même si que le pris les tout-petits (dès 18 mois), se régalera avec du nombre de spectateurs est en légère baisse en l’ab- théâtre de marionnette lors d’une semaine «coup de sence des Elancées, festival qui draine à lui seul plus projecteur» (avec le Tara Théâtre, Johnny d’après de 12 000 spectateurs. Jack London, Madame Bovary mise en scène par Une saison qui est justement marquée par le retour Agnès Limbos, une belle réflexion sur la maladie des Elancées, un abondement supplémentaire ayant d’Alzheimer avec la cie Les Voisins du Dessus, Je été obtenu de la part de Ouest Provence pour donner me rappelle à toi), la cie Anima Théâtre avec Ikare et «un véritable ballon d’oxygène qui permet de maintenir Le Rêve de la Joconde, une jeune cie italienne à la qualité de la programmation» explique Jean Hetsch, suivre, Teatropersona et son Prince minuit… vice-président délégué à la Culture. On peut d’ores et Tout ceci n’étant qu’un aperçu, il y a plus de 120 déjà noter de belles propositions en cirque : Foté Foré, propositions cette année ! cirque mandingue, Psy de la cie Les 7 doigts de la DOMINIQUE MARÇON main, Murmures des murs de Victoria Thierrée- Chaplin… Du cirque présent par ailleurs avec le Scènes et Cinés retour de Madona Bouglione et de son Petimento Saison 2011 2012 créé l’an dernier à l’Olivier, Emma la clown et sa Théâtre, Fos mauvaise foi sans limite… 04 42 11 01 99 Le théâtre, qui représente 60% de la programmation, L’Olivier, Istres réserve quelques belles surprises avec les têtes d’af- 04 42 56 48 48 fiche (Catherine Frot, Julie Depardieu, Judith Magre, Foté Foré aux Élancées © M. Szypura La Colonne, Miramas Philippe Torreton, Jean-François Balmer…), mais aussi, routh adrénaline) dans une adaptation des Identités 04 90 58 37 86 entre autres, Le Suicidé de Nicolaï Erdman mis en meurtrières d’Amin Maalouf, Apprivoiser la panthè- Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis scène par Patrick Pineau, Une Île des esclavesnourrie res, et de nombreuses propositions de cies et metteurs 04 42 48 52 31 de vidéo par Paulo Correia, l’adaptation de Gode- en scène de la région : Immenses et minuscules de Espace Robert Hossein, Grans froy Ségal de Quatrevingt-treize de Victor Hugo dans Bernard Colmet, La Farce de maître Pathelind’Agnès 04 90 55 71 53 une forme étonnante, le retour d’Hala Ghosn (Bey- Régolo, L’Avare de la cie Vol Plané, Il était une fois www.scenesetcines.fr Fidélités et découvertes Le Sémaphore garde le cap contre vents ginairemis en scène par Renaud Marie et mon cheveu, le Poucet mis en scène Xavier Marchand à partir de l’œuvre et marées : à l’heure actuelle, la DRAC Leblanc, la Veillée singulière du Théâ- par Jeanne Béziers, La Farce de maî- de Germaine Tillion, et Le Café du bon- n’a encore donné «aucune réponse écrite tre de cuisine, la cie Clandestine qui tre Pathelin d’Agnès Régolo… Temps heur du Gosto Théâtre (Algérie) mis quant au renouvellement de la conven- revient avec Quoi ? C’est quoi ? créé fort dans le cadre de la célébration du en scène par Ziani-Chérif Ayad. La tion qui prend fin le 31 décembre, explique cette année au Théâtre Durance, le 50e anniversaire de l’indépendance de cie avignonnaise Mises en scène, en Pierre Grafféo, directeur du lieu, mais cabaret capillaire d’Eva Doumbia, Moi l’Algérie, la pièce que met en scène résidence au Sémaphore durant toute n’a pas non plus laissé entendre l’inver- la saison, animera l’ensemble des ate- se. Une incertitude qui pèse forcément Moi et mon cheveu © Migué Mariotti liers de théâtre sur la ville et proposera lourdement sur l’avenir du théâtre, de Bon appétit ! dans les quartiers, et La même que le non engagement de la Répartition des mouches un peu plus CAPM» (communauté d’agglomération tard au théâtre. Enfin la manifestation du pays de Martigues qui comprend Artistes aux collèges se fera avec l’Agen- Martigues, Port-de-Bouc et Saint-Mitre- ce de voyages imaginaires et leur les-Remparts). «La CAPM est la seule Antigone, tandis qu’Artistes aux lycées communauté d’agglomération du dépar- poursuit son aventure avec Philippe tement qui n’a pas pris la compétence Delaigue et un Cahier d’histoires #2 culturelle. Or le Sémaphore ne peut per- créé au Maroc et en Algérie. Les abon- durer que si elle entre en scène» Pour nements sont d’ors et déjà possibles, l’heure, la CAPM y réfléchit… faites vos choix ! Ceci étant la programmation de la sai- DO.M son prochaine s’annonce alléchante, Théâtre du Sémaphore, avec à peine moins de spectacles que Port-de-Bouc les années précédentes, 22 annoncés, Saison 2011 2012 et, comme chaque année, une attention 04 42 06 39 09 particulière apportée aux compagnies www.theatre-semaphore- théâtrales de la région : le Malade ima- portdebouc.com Souffle et vitalité

Vivre sans but transcendant est devenu possible © X-D.R. 10 ans après sa réouverture, le Théâtre El viento en un violin, qui dresse le por- d’Arles affiche une santé éclatante. trait de familles indomptables ; la Avec un taux de fréquentation de 91%, promesse d’une vision implacable avec la saison «est de loin la meilleure qu’a la nouvelle création de Joël Pomme- connue le théâtre» affirme Valérie Deu- rat, La grande et fabuleuse histoire du lin qui en est la directrice, avec 11 600 commerce… spectateurs ayant répondu présent pour La danse avec Les Fauves de Michel les spectacles, et les rencontres avec les Shweizer, adolescents en proie à artistes organisées ponctuellement durant leurs limites qui réinventent leur vie ; le l’année. De quoi aborder sereinement Ballet Cullberg qui rend hommage à cette nouvelle saison enthousiasmante Janis Joplin dans JJ’s Voices ; un projet placée notamment sous le joug de la de Virgilio Sieni, Mères et filles, une jeunesse -au travers de spectacles, mon- création de chorégraphies basées sur tés ou joués par de jeunes équipes, qui les gestes du quotidien conçue dans le interrogent les legs transmis, les limites cadre d’une des résidences de créa- qu’on s’impose ou qu’on nous impose- tion (les 2 autres sont la cie Choses de et du lien intergénérationnel. rien avec Les Fuyantes dans une mise La programmation de cette scène en scène de Camille Boitel et la réjouis- conventionnée pour les écritures sante cie Le Boustrophédon, dont le d’aujourd’huiaborde les formes d’écri- Théâtre accompagne le travail, avec ture les plus diverses, croisant souvent leur nouvelle création Camélia). Enfin, les arts, et permet d’aborder des l’ouverture de la saison, toujours ancrée œuvres du répertoire revisitées, comme dans les arts du cirque, est renommée des propositions contemporaines plus Cirques indisciplinés et fera la part intrigantes : Un Ivanovde Tchekhov mon- belle aux petites formes transdiscipli- té par Jean-Pierre Baro dans lequel le naires, entre cirque, danse, musique… corps des comédiens prend parfois le Sans oublier une soirée anniversaire relais du texte ; Woyzeck de Büchner spéciale, et pleine de surprises, en octo- mis en scène par Marie Lamachère bre, pour les 10 ans de la réouverture… traité comme un drame d’aujourd’hui Tout vous sera dévoilé lors de 3 soirées dans un dispositif circulaire ; Yvonne hautes en couleurs, les 15, 16 et 17 juin princesse de Bourgogne de Gombro- au Théâtre ! wicz par le collectif lyonnais nÖjd ; Les DOMINIQUE MARÇON Clowns de Cervantès placés au cœur du Roi Lear ; un dyptique d’Antoine Lemaire : Vivre sans but transcendant Théâtre d’Arles est devenu possible et Vivre est devenu Saison 2011 2012 difficile mais souhaitable abordent, à 04 90 52 51 51 une semaine d’intervalle, les ambitions www.theatre-arles.com de la jeunesse et la mise à nu de la vieillesse ; le retour de l’argentin Clau- dio Tolcachir dans une comédie folle, 34 SAISONS LE MERLAN | LES SALINS À demi dévoilée Le Merlan ne fait rien comme les autres ! La Scène Na- avec la force de Seydou Boro (Le tango du cheval), tionale avance un pré-programme, sans campagne les questions inattendues du GdRA (Nour), la folie d’abonnement, et sans cérémonie de dévoilement de renversante de Ildi ! Eldi !, l’impressionnant menta- la saison, celle-ci ne s’annonçant pour lors que jusqu’en lisme illusionniste de Thierry Collet. D’autres traversées mars… Mais n’est-ce pas dans le demi-dévoilement que encore : avec le collectif Berlin, Mathias Poisson les promesses sont les plus belles ? En attendant et le collectif SAFI autour d’une interrogation com- septembre, une quarantaine de représentations sont mune sur la ville, avec actOral (qui sans lieu devient annoncées, pour quatorze spectacles. Avec quelques miraculeusement doué d’une formidable ubiquité !) événements très attendus, comme le passage de la qui programme François Chaignaud et Cécilia création de Maguy Marin, Salves, celui du dernier Bengolea. C’est Hubert Colas qui cette année spectacle de la Cie les 7 doigts de la main (cirque jouera le rôle de l’artiste «local» en création, avec québécois issu du Cirque du Soleil), le passage de STOP «tout est bruit pour qui a peur». Car le Merlan, Gemelos de la cie chilienne Teatrocinema (d’après fidèle à ses principes, soutient et finance la création le Grand cahier d’Agota Kristof), la venue du boule- contemporaine… versant Gardénia d’Alain Platel (en co-accueil avec AGNÈS FRESCHEL le Gymnase). De la cuvée Avignon 2010 on retrouvera aussi Chouf- Le Merlan Ouchouf, la belle incursion en terre marocaine de Scène nationale à Marseille Zimmerman & De Perrot. Plus quelques autres fi- Saison 2011 2012 délités : avec les interrogations humaines de la danse 04 91 11 19 20 de Virgilio Sieni (Dans les visages, L’Art du geste), www.merlan.org © X-D.R main la de 7 doigts les cie Psy, Le succès modeste Avec ses 34 000 billets payants émis au long de la Il y aura aussi 8 propositions de danse, dont les 20 le monde. Les spectacles d’humour, en particulier, saison, soit plus de 40 000 spectateurs, la Scène ans de Grenade, et un chorégraphe à découvrir sont nombreux, de Fellag au Quatuor, d’Emma- Nationale de Martigues affiche, malgré une légère absolument : la danse d’Hofesh Schechter, israé- nuel Vérité à Cédric Marchal. Sont-ils opportuns baisse de fréquentation, des résultats plus que po- lien vivant et créant en Angleterre, est l’une des plus sur une scène nationale, dans un Pôle Régional de sitifs en termes comptables. Mais Annette Breuil, la inventives, combattives, charnelles et puissantes du Création relevant du service public ? Tant que les directrice, semble à peine consciente de la belle moment… Dans un autre genre le Ballet National tutelles exigeront du rendement, pourra-t-il en être santé des Salins dans la morosité, voire le désespoir, de Lyon vient danser un programme Forsythe, Chi- autrement ? qui règne dans la région… Et si elle prévoit «un peu cos Mambos s’amuse dans un registre plus léger… A.F. moins de représentations» pour la saison prochaine, La musique aussi balaiera tous ses genres avec Ber- elle affiche toujours autant de spectacles, de co- trand Chamayou qui joue (si parfaitement !) Liszt, Les Salins productions et d’artistes associés. C’est que depuis Thomas Dutronc, de la musique orientale, pas mal Scène Nationale de Martigues des années Les Salins accueillent et choient 1/3 de jazz, un big band, de l’opérette… On peut regretter Saison 2011 2012 d’enfants et d’adolescents, 45% de Martégaux : un quelques propositions plus consensuelles, visant 04 42 49 02 00 public se fabrique dans la fidélité et Martigues béné- davantage à divertir qu’à donner à penser, et ressentir www.theatre-des-salins.fr ficie de «la synergie d’une vie culturelle exceptionnelle, Les Femmes Savantes © B. Enguerand ponctuée d’événements puissants pour une commune de cette taille» (45 000 hab.). La programmation est volontairement très pluridisci- plinaire : «Je dis souvent à mes collègues directeurs de scènes nationales qu’ils ont tendance à être trop théâtraux», explique Annette Breuil. Pourtant, sur 53 spectacles la saison affiche 21 propositions théâtra- les ou croisées, dont quelques belles promesses : Oncle Vania mis en scène par Serge Lipszyc, Tar- tuffe par Eric Lacascade, Les femmes savantes par Marc Paquien,La Fausse Suivante par Nadia Vonder- heyden se partageront le répertoire, à côté d’écritures contemporaines (Dans la compagnie des hommes de Bond mis en scène par Selim Alik), de nombreux spectacles jeune public (Mon petit poucet écrit et mis en scène par José Pliya, Moby Dick par les marion- nettes de la cie Morisse). La création de Jekyll, opéra terrifiant tout public de Raoul Lay mis en scène par Catherine Marnas (artiste associée), sera un des temps fort d’une saison ponctuée par les interven- tions de Jean-Claude Berrutti (artiste associé) autour d’un texte de Carole Fréchette en particulier, et les soirées Incisifs initiées par le slameur Frédéric Nevchehirlian (artiste associé).

36 SAISONS LE TOURSKY | LE GYPTIS

Astrid Veillon dans une création de Michel Dos- setto, Didier Lockwood, Marina Vlady, Jacques Weber… Philippe Torreton dans le Hamlet mis en Stars, scène par Jean-Luc Revol, Jean-Claude Dreyfus dans un Mardi à monoprix subtil et sensible (Em- manuel Darley mis en scène par Michel Didym)… humour Une autre très bonne surprise également : le Britan- nicus mis en scène par Tatiana Stepantchenko, virtuose des lumières et des contrastes… De la danse et de la musique des plus variés anime- et fidélité ront la saison, depuis les claquettes jaillissantes de Shoebiz jusqu’au concert/monologue de Claire Les saisons se succèdent au Toursky, et se ressem- Diterzi (mes Marcial di Fonzo Bo), en passant par blent. Il y en a pour tous les goûts divers, et le récital de Jacques Mandréa, un très beau mo- pléthore, afin que chacun y guette quelques-uns ment musical de tango, la Fanfare Vagabontu, de ses amours : dans la famille fidélité on retrouve Le crepuscule du Che deux grandes divas arabe et berbère (Dorsaf Ham- la danse de Marie Claude Pietragalla et le piano dani et Houria Aichi)… Le festival de Flamenco de Michel Bourdoncle, et Richard Martin lui-même réunira Maria et Ana Perez, plus belle l’une que bien sûr, qui sera cette fois accompagné par Mi- l’autre… et on n’oubliera pas le Festival russe, ses chael Lonsdale pour une confrontation poétique cabarets, son cinéma, Ostrovsky et Gogol… et entre un athée et un croyant. Gérard Gélas vient © Manuel Pascual l’Opéra de Pékin en début de saison… reprendre Le Crépuscule du Che, Edmonde Franchi Pour tous les goûts on vous disait ! ouvre la saison avec sa nouvelle création… qui sera AGNÈS FRESCHEL par ailleurs marquée par la présence de l’humour. Avec deux escales de Festifemmes dont le récital Le Toursky déjanté Bizet était une femme, le nouveau spec- Saison 2011 2012 tacle de Fellag, le déliré musical des Cinq de cœur, récital moins politico mais tout aussi marseillais de 04 91 02 58 35 Christophe Alévêque et son reste de Super Re- Quartiers Nord. www.toursky.org belle, l’humour politico marseillais de Kamel et le Et puis quelques têtes d’affiche : Anny Duperey, Défendre la création théâtrale «C’est bien beau de construire des bâ- qu’Alexandra Tobelaim, Alexis Moati le Roméo et Juliette judicieusement ures mises en espace que Zibeline timents mais si on laisse mourir les ou Charles-Éric Petit déclarer que repris par Françoise Chatôt, le beau avait particulièrement appréciées. artistes on va mettre quoi dedans ? cette année, vraiment, ils ont été à texte de Mustafa Benfodil mis en On aura aussi la joie de retrouver Des enfants avec un nez rouge, des deux doigts d’arrêter. De renoncer. scène par Julie Kreztschmar. Et Agnès Alain Aubin dans les deux program- moutons avec une clochette, et on Qu’ils étaient au bord du gouffre, que Régolo viendra jouer, juste après sa mes musicaux de fin de saison, qui appellera ça démocratisation cultu- les joies du plateau ne compensaient création au Jeu de Paume (voir p 38), commencera par deux créations : un relle ?» plus les affres des recherches de fi- La Farce de Maître Pathelin. On verra Bérénice mis en scène par Jean- Ils ne mâchent pas leurs mots Ando- nancement, et qu’ils en avaient assez également l’aboutissement du Qua- Claude Nieto, et le Journal d’un fou nis Vouyoucas et Françoise Chatôt d’être appelés jeunes metteurs en drille amoché de Charles-Éric Petit par Andonis Vouyoucas. Quelques en présentant leur saison. Fondée scène à plus de quarante ans ! -quatuor de trentenaire inspiré par spectacles d’ailleurs ? Un Ivanov qui comme toujours sur des créations Le théâtre est un combat, dit la bro- Shakespeare- et du solo de Solal a fait grand bruit à Paris, mis en scène d’artistes d’ici, qu’ils produisent, co- chure de saison. Certainement, en ces Bouloudnine sur un match de foot par le «jeune» Jean-Pierre Baro avec produisent ou soutiennent. Et qui en temps de disette. Mais un plaisir aussi : mythique Italie Brésil 3 à 2 mis en une troupe de «jeunes» acteurs, et une ont besoin ! Quel choc d’entendre des on retrouvera avec joie le Malade scène par Alexandra Tobelaim : deux pièce «à l’esthétique de happening» metteurs en scène aussi doués Imaginaire si malicieux d’Alexis Moati, textes qui avaient fait l’objet de lect- inspirée par la novlangue qu’Orwell Romeo et Juliette © Mathieu Bonfils inventa dans son 1984. Un texte écrit et mis en scène par la «jeune» Julie Timmerman. Qui n’est pas tout à fait une parisienne puisqu’elle sort de l’ERAC, mais qui y réussit très bien. Faudra-t-il choisir l’exil pour parvenir à s’exprimer sur les planches ? A.F.

Le Gyptis Saison 2011 2012 04 91 11 41 50 www.theatregyptis.com

À noter Les abonnements souscrits avant le 30 juin donneront droit à 4 spectacles au lieu de 3 ! LA CRIÉE SAISONS37 Au centre la question du texte Notre Centre Dramatique National sera Royale (Corneille) par Eric Vigner, dès septembre dirigé par Macha Ma- côtoieront le Dindon de Feydeau mis en keïeff, mais c’est Jean-Louis Benoit scène par Philippe Adrien, et la créa- qui a entièrement conçu et program- tion de Jean-Louis Benoit, Courteline mé la prochaine saison de La Criée… amour noir, sa dernière coproduction Une situation paradoxale qui ne sem- dans la maison. Un auteur qu’il veut ble pas poser de problèmes majeurs, «le défendre contre sa mauvaise réputa- relais est heureux et fraternel» déclare tion dans le milieu professionnel : la nouvelle directrice qui veut cepen- «Courteline est un anti vaudeville, il est dant infléchir la programmation en d’une cruauté qui l’opposait violemment 2012 : «Je suis là pour défendre le pa- à Feydeau en son temps, il écrivait des trimoine théâtral mais je veux déplacer saynètes sans anecdote qui lui ont valu les lignes, mélanger les genres. Je suis d’être considéré comme un auteur d’avant hantée par le burlesque et le non garde.» textuel… Durant cette transition j’ac- Le répertoire du XXe siècle sera dé- compagnerai la saison de Jean-Louis, fendu par Dominique Pitoiset qui met mais avec des images et des couleurs en scène Mort d’un commis voyageur Le Dragon d'or © Christian Ganet différentes. Il faut casser le côté intimi- d’Arthur Miller, par Laurent Fréchu- que Claude Régy s’attache aux super- auteur/metteur en scène sicilienne Em- dant des théâtres, et proposer aux 42 ret qui crée L’Opéra de Quat’sous (1928) bes brumes de Tarjei Vesaas, et que ma Dante, et La Omisión de la familia communautés dénombrées à Marseille de Brecht (et Kurt Weill !) et Yves Daniel Benoin raconte Le roman d’un Coleman, du non moins formidable Ar- des spectacles qui puissent aussi les con- Beaunesne qui choisit de mettre en trader de Jean-Louis Bauer. Frédéric gentin Claudio Tolcachir, tandis que cerner, tisser des liens nouveaux avec scène un des chefs-d’œuvre de celle Belier Garcia, quant à lui, met en scène Jean François Peyret et Alain Por- d’autres maisons d’art dans la ville. qui fut sa compagne (et son nègre…) des textes malicieux de Christian Oster, chaintz tissent ensemble les liens de Pour aller vers 2013 dans le plaisir et la durant ces mêmes années : Pionniers à pour jeune public. la science et du théâtre (Ex vivo in complicité.» Ingolstadt de Marieluise Fleisser (1928). Autre proposition jeune public, musi- vitro). Pour l’heure, avec 27 spectacles pro- En dehors de cela beaucoup d’écritures cale cette fois, l’opéra de Raoul Lay sur Quant à Macha Makeïeff, elle viendra grammés, La Criée retrouve le niveau très récentes : le début de saison ac- un livret d’Olivier Py, mis en scène par créer dans son théâtre Les Apaches, un d’avant le désamiantage : le grand et cueille actOral avec trois propositions Catherine Marnas : La jeune fille aux spectacle sur le Gang de paris de la belle le petit théâtre proposent 125 repré- de choix d’Hubert Colas, Nicolas Bou- mains d’argent. D’autres spectacles mu- époque et comment les voyous sont sentations, soit une soixantaine dans chaud et Dieudonné Niangouna, Selim sicaux seront présents : Il n’y a pas de liés, en terme de déclassement social, chaque salle. En pariant que le nombre Alik met en scène Dans la compagnie cœur étanche sur des textes d’Arnaud avec les artistes (Colette et Casque de spectateurs va retrouver les seuils des hommes de Bond (coproduction), Cathrine (mise en scène Ninon Breté- d’or !). Un spectacle in(ter)disciplinaire, atteints avant l’interminable fermeture, Claudia Stavisky continue son exploration cher), et Par hasard et pas rasé un pour comédiens, danseurs et acrobates. ce qui se profile au vu de l’excellente du théâtre de Roland Schimmelpfennig spectacle de Philippe Duquesne sur AGNÈS FRESCHEL fréquentation de la grande salle ces (dramaturge allemand lié à la Schau- Gainsbourg. La danse fera un passage derniers mois. buhne), Didier Bezace celle de Daniel rapide sur ce magnifique plateau qui La nouvelle saison s’annonce très atta- Keene, tandis que Michel Didym met lui convient tant, avec la recréation de La Criée chée au théâtre de texte, mais le en scène Invasion ! de Jonas Hassen Moving Target dans le décor reconstruit Centre Dramatique National, répertoire dit classique est loin d’être Khemiri, jeune auteur suédois d’origi- après l’incendie. Marseille dominant : L’île des esclaves (Mari- ne tunisienne, que Denis Podalydès Un autre théâtre sera donc présent, Saison 2011 2012 vaux) mis en scène par Paulo Correia, poursuit sa quête solitaire du Cas Jekyll qui se nourrit d’écriture de plateau : la 04 96 17 80 00 Hamlet par Daniel Mesguish, la Place sur le texte de Christine Montalbetti, Trilogia degli occhiali, de la formidable www.theatre-lacriee.com 38 SAISONS LE GYMNASE | LE JEU DE PAUME | LE GTP In Acte we Trust Ça y est, ou presque. La fusion est opérée, et le Grand Théâtre de Provence, le Gymnase et le Jeu de Paume font programmation commune !

Dominique Bluzet semble à la tête d’un consor- tium… qui n’a pas tout à fait les budgets à la hauteur cependant ! Voyez un peu : le Grand Théâtre avec ses 7.7 Md’€ de budget (dont 5M des Pays d’Aix) a trois fois moins d’argent que l’Opéra de Marseille… Le Gymnase a 2 petits millions de subventions, quand la Criée en affiche près du double. Quant au Jeu de Paume, il reste financièrement un théâtre municipal de taille modeste (1.376 Md’€ de subventions, dont 915 000 € de la seule Ville d’Aix, et 250 000 de la CPA). Bref, le trust Bluzet est condamné au succès, et son équilibre repose plus qu’ailleurs sur les recettes des spectacles : la fréquentation des trois maisons, en cette saison difficile, tourne autour de 90%. La Courtisane amoureuse © cie Emilie Valentin Le secret ? Ils sont multiples : une gestion de chef trois scènes 16 vraies propositions sans rabais, des Le partenariat avec Radio France (Orchestre, Chœur d’entreprise réaliste, qui fait appel aux fonds privés créations pour la plupart, théâtrales, musicales, cir- et Maîtrise) se pérennise autour d’un projet sur la voix (même si ceux-ci s’avèrent timides…), ne produit cassiennes. Avec en particulier la coproduction des qu’une création lyrique quand il n’a pas les moyens spectacles Pinkpunkcirkus de Joel Jouanneau et d’en faire davantage, et pratique une mutualisation Murmures des murs de Victoria Thiérrée-Chaplin. intelligente des équipes ; moins remarqué sans doute, Et les 20 ans de Grenade (Josette Baïz). Car la danse mais qui lui vaut l’estime de la profession, une at- sera sublime et drôle, noire et colorée, intime et tention militante, et un véritable soutien financier de spectaculaire, puisqu’elle embrassera du Lac des coproducteur, aux artistes qui créent ici ; enfin un Cygnes (Ballet national de Perm) à Abou Lagraa, indéniable savoir-faire de programmateur, qui connaît des Ballets de Nice dansant Béjart et Gene Kelly ses publics et sait les satisfaire. au délire trans des Ballets Trockadéro, de la derniè- re création de Platel à celle de Decouflé, en passant Du spectacle pour tous par Preljocaj, bien sûr : le plateau du GTP est magi- Comme toujours on trouve donc au Gymnase de quoi que pour la danse ! satisfaire tous les goûts théâtraux : des stars de plus ou moins bon aloi, de Julie Depardieu à Eric Canto- Musique : intorno al prete rosso ! naen passant par Anny Duperey, Sophie Marceau, La quatrième saison musicale du GTP, établie en liai- Marina Fois, Jean-Louis Trintignant, Frédéric son avec les théâtres du Jeu de Paume et, dans une Beigbedder et Thierry Lhermitte. Trois pièces de moindre mesure, du Gymnase à Marseille, décline la Molière, et quelques textes contemporains. Des liste des compositeurs dont le nom seul évoque, pour metteurs en scène qu’on attend avec impatience tels un large public, la musique classique. Michel Fau, Anne Laure Liégeois, Michel Didym, Après Mozart, Beethoven et Bach, c’est vers le sud Emilie Valantin, Joel Pommerat, Lagarde pour le de l’Europe que se tournent les oreilles de la région. Mage en été de Cadiot… Martinelli monte Ibsen, et Du Prêtre Roux vénitien, pôle baroque de l’affiche, Marcel Bozonnet un texte édifiant de l’historien on entend quelques-uns de ses concertos pour vio- Gérard Noiriel sur le Clown nègre Chocolat. loncelle (Jean-Guilhen Queyras), pour flûte (Philippe Sans compter la collaboration avec Hubert Colas Bernold) ou des pièces moins courues par Concer- pour son actOral malheureusement totalement hors to Soave… à côtés des incontournables Quatre ses murs, le Gymnase/Jeu de Paume coproduit quatre saisons (c’est bien de Vivaldi dont il s’agit !) aux créations de metteurs en scène du territoire qui pro- mélodies universellement fredonnées. mettent de très beaux moments de théâtre : Le Une collaboration avec les orchestres d’opéras de la Malade Imaginaire par Renaud Marie Leblanc, région semble s’instaurer pour Marseille (Concerto Alexis Moati qui poursuit sa déconstruction mutine de Barber avec le violoncelliste Marc Coppey), Avi- © Marthe Lemelle de Molière (voir p 36) avec L’Avare, la Farce de maître gnon (avec la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac) Pathelin par Agnès Régolo, et Poucet par Jeanne et Toulon qui coproduit un double opéra mozartien : Béziers. Le Directeur de Théâtre et Bastien et Bastienne mis

Car le jeune public est choyé : on lui consacre sur les en scène par Frédéric Bélier Garcia. ete en Unmage Shigeko Hata © X-D.R. et la pratique amateur. On attend la venue de l’Orchestre de Paris (Concerto de Brahms avec la violoniste Viktoria Mullova) et le retour des Siècles dirigé par F.-X. Roth (La Mer de Debussy, Harold en Italie de Berlioz avec l’altiste Antoine Tamestit). Éga- lement en résidence, s’installent en 2011-2012 l’Orchestre Français des Jeunes (Petrouchka de Stravinsky, Don Quichotte de Strauss), celui des Jeunes Baroque («Italie et Europe baroque») que le pu- blic aixois commence à bien connaître, ainsi que l’ensemble Café Zimmermann, créé par le violoniste Pablo Valetti et la claveci- niste Céline Frisch («Cantates comiques», «Tout sauf Vivaldi», Gloria avec Accentus). Parmi les artistes invités, certains remplissent les salles à l’annonce de leur seul patronyme, comme les violoncellistes Sonia Wieder-Atherton, Gautier Capuçon (Concerto de Saint- Saëns avec l’Orchestre National de Lyon), les violonistes Anne-Sophie Mutter, Fabio Biondi, le pianiste Boris Berezov- sky ou le contre-ténor Philippe Jaroussky… Mais d’autres comme Jorge Luis Prats, depuis que le Cubain a quitté son île où il était politiquement confiné, l’ensemble Voces8, la soprano Shigeko Hata ou le Ricercar Consort méritent une attention particulière. On cherche sans conteste du côté «jazz» (Michel Portal, Patricia Barber ou les «Leçons» d’Antoine Hervé…), «musique de cham- bre» (Quatuors Borodine, Diotima, Vlach de Prague) et «jeune public» (Jean-Francois Zygel, Opéra pour un flipper, Offenbach et la mouche enchantée, Le petit chaperon rouge d’Aperghis…) quelque perle à dénicher, histoire d’élargir encore le public de la musique. La (toute) petite tétralogie, quadruple opéra de chambre composé par Stéphane Collin, Raoul Lay, Jean-Paul Dessy et Pascal Charpentier, ose même de la musique contemporaine, cinq soirs, au Gymnase : mais c’est un «opéra drôle» sacrément réjouissant ! AGNÈS ET JACQUES FRESCHEL

Gymnase, Marseille Jeu de Paume, Aix 0820 000 422 www.lestheatres.net Grand Théâtre de Provence, Aix 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net 40 SAISONS OPÉRA DE MARSEILLE

Fort d’une Grand fréquentation et d’un nombre d’abonnés répertoire lyrique en hausse, Marc Laho, Jean-François Lapointe. François Heisser, à la soprano Maria du soutien Enfin, le chef-d’œuvre universel de Bayo, aux violoncellistes Anne indéfectible Mozart La Flûte enchantée clôturera Gastinel et Henri Demarquette, au la saison lyrique. On y entendra, pour la violoniste David Grimal dans des de la Ville, première fois à Marseille, Sandrine opus plutôt familiers. On regrettera Piau chanter la sensible Pamina. bien entendu l’absence d’incursion le directeur dans le répertoire contemporain, si ce L’événement n’est une unique commande au com- artistique de l’Opéra Un évènement devrait attirer, en février, positeur marseillais Régis Campo, de Marseille Maurice les médias nationaux : c’est l’exhu- dont on se réjouit, mais qui ressemble mation annoncée de La Chartreuse de fort à un dédouanement. Xiberras s’appuie, Parme d’Henri Sauguet. En effet, la Une saison à Marseille c’est est aussi partition (disparue et restaurée à partir des récitals, des concerts de musique pour sa saison d’une version piano-chant et de la co- de chambre, des représentations «hors pie du conducteur original) n’a plus été les murs» (festivals de Musique sacrée, 2011-2012, jouée depuis sa création en 1939. Musiques interdites, Fête de la musi- C’est Renée Auphan qui signera la mise que…), des hommages, des conférences sur un diptyque Olga Borodina © Marty Umans et tout un volet pédagogique, culturel qui a fait ses preuves en direction des écoles et jusque dans Le comte Ory les maisons de retraite, voire péniten- Place Reyer : tiaires... afin que la «grande» musique résonne pour tous. de grandes voix © Angers-Nantes Opera Jacques - Vincent JACQUES ET AGNÈS FRESCHEL dans de grands Programmes détaillés ouvrages populaires, et informations pratiques disponibles sur le nouveau site et aucun opéra opera.marseille.fr.

d’après guerre… Abonnements à partir du 14 juin Sur les sept opéras annoncés, cinq sont et réservations issus du romantisme musical et trois à partir du 24 juin. sculptés au fronton universel du genre : 04 91 55 11 10 Le Trouvère de Verdi, La Bohème de Puccini et Roméo et Juliette de Gou- Concert inaugural La Boheme © Stefan Flament nod. On y attend Adina Aaron qui, après en scène, Katia Duflot les costumes. de la nouvelle salle du Silo Aida en 2008, incarnera Leonora aux Lawrence Foster dirigera un plateau avec Adina Aaron, Patrizia Ciofi, côtés de Guiseppe Gipali (Manrico), royal avec Nathalie Manfrino, Marie- Béatrice Uria-Monzon, Romeo et Juliette © Opera de Lausanne Carlos Almaguer (Conte di Luna)… Une Ange Todorovitch, Sophie Pondjiclis, Vladimir Galouzine, prise de rôle pour Nathalie Manfrino Sébastien Guèze, Nicolas Cavallier, Marc Barrard le 21 sept à 20h. dans Mimi et, après sa folie d’Ophélie Jean-Philippe Lafont… Entrée gratuite sur réservation en 2010, la diva Patrizia Ciofi dans à partir du 6 sept. l’aérienne Juliette. Neuf concerts au 04 91 14 66 76 Le tableau dix-neuvième est complété On n’oublie pas qu’à côté des produc- par Roberto Devereux, splendeur bel- tions lyriques, neuf grands concerts cantiste signée Donizetti (en version symphoniques sont à l’affiche avec, en de concert) avec des spécialistes du sus, un récital exceptionnel de la gran- genre : Mariella Devia, Béatrice Uria- de soprano russe Olga Borodina. Monzon, Stefano Secco et Fabio Maria L’Orchestre Philharmonique de Capitanucci. Le Comte Ory, ouvrage en Marseille, doté du premier chef invité français, rare et cocasse de Rossini, Fabrizio Maria Carminati, sera dirigé mis en scène par Frédéric Bélier-Gar- par d’éminentes baguettes à l’instar de cia, présente une distribution non moins Jean-Claude Casadesus… La phalan- relevée : Annick Massis, Stéphanie ge municipale sera associée aux d’Oustrac, Marie-Ange Todorovitch, pianistes Cyprien Katzaris, Jean- PAVILLON NOIR SAISONS 41 Une saison de danse

Lalala Gershwin / José Montalvo - Dominique Hervieu © Laurent Paillier tion des écritures croiséeson pourra la voir interpréter Médée sur les mots de Pascal Quignard, qui dira lui-même son texte… Un autre spectacle amoureux des mots, Dans le ventre du loup, un quatuor jeune public coécrit par la chorégraphe Marion Lévy et l’écrivain metteur en scène Marion Aubert, qui revisite malicieusement les Trois petits cochons. Vous pourrez voir également une pièce à l’esthétique très léchée, en trois couleurs, de l’italien Matteo Levaggi, et beaucoup de danse française : d’Alain Buffard à Maguy Marin, en passant par le joyeux La la la Gershwin de Montalvo/Hervieu ; la création du trop rare Georges Appaix, celle d’Hervé Chaus- sard, ex danseur du Ballet Preljocaj (entre autres !), qui seront tous deux en résidence durant la saison ; Sakhozi says «NON» to the Venus / Nelisiwe Xaba © Suzy Bernstein et la pièce de hip hop que Mickael le Mer est allé Comment faisait-on quand le Pavillon Noir n’existait longtemps, on voyait de la danse africaine contem- créer avec des danseurs russes, Na Grani. Sans ou- pas ? Où s’abreuvait-on de danse ? Les 16 spectacles poraine lors de ces biennales. Aujourd’hui c’est de la blier la reprise de Suivront mille ans de calme au proposés durant la saison prochaine traversent les danse contemporaine africaine qui s’invente, dans une Grand Théâtre voisin, et les magnifiques duos d’An- continents et les esthétiques, en un panorama varié grande liberté…» Au programme donc en avril un duo gelin Preljocaj qui ouvrent la saison : Annonciation de la danse d’aujourd’hui. Il y a donc fort à parier que violent entre le Malien Aly Karembé et le malgache et Centaures sont des pièces majeures, et les duos les 56 représentations, mais aussi les répétitions Junior Zafialison (Danse esprit, danse en corps et amoureux de Blanche Neige sont des bijoux choré- publiques, feront comme les saisons précédentes encore), et dès novembre les trois pièces lauréates à graphiques. Enfin, une pièce vraiment magnifique salle comble… Bamako, pour 5, 6 et 1 danseurs. Mais c’est Nelisiwe d’Emanuel Gat : ses Brilliants Cornerssont lumineux… Quelques tendances ? Une attention redoublée à la Xaba qui ouvrira la saison africaine avec un solo hila- AGNÈS FRESCHEL nouvelle danse africaine : quelque chose se passe là- rant et féroce : Sakhozi says «NON» to the Venusrapporte bas, explique Angelin Preljocaj, qui programme les l’histoire extravagante de Saartjie Baartman, Vénus lauréats de la Biennale Danse l’Afrique danse ! qui Hottentote (et callipyge) qui s’exhiberait aujourd’hui a eu lieu à Bamako en novembre 2010. «Cette nouvelle au Musée du quai Branly… La Pavillon Noir danse africaine s’est totalement affranchie, en l’assi- Un autre voyage sera proposé par les six danseuses Centre chorégraphique national, Aix milant, de l’influence européenne mais aussi de ses (et 5 musiciens) de Madhavi Mudgal, ambassadrice Saison 2011 2012 propres traditions, qu’elle ne renie pas mais qu’elle ne absolue da la danse indienne académique, et par 0811 020 111 prend plus comme la marque de son style. Il n’y a pas Carlotta Ikeda, dans un solo exceptionnel : à l’invita- www.preljocaj.org 42 THÉÂTRE AU PROGRAMME

MARSEILLE FESTIVAL de Marseille – 04 91 99 00 20 Cloître des Carmes : Jardin de la vierge du lycée Saint-Joseph : Salle Vallier : Au moins j’aurai laissé un beau cadavre, mes de Sujets à vif (huit rencontres entre interprètes Ailey II, dir. artistique Sylvia Waters (16 au 18 juin) Vincent Macaigne (9 au 13 et 15 au 19) et auteurs pour huit créations) : / Mues chor. de Nicole et Norbert Corsino (16 juin) Danses libres, chor. de François Malkovsky Trente-trois tours de David Lescot avec DeLaVallet La danse noire américaine : rencontre-débat avec (22 au 26) Bidiefono (8 au 10 et 12 au 14) Claire Rousier (17 juin) Voyage Cola de Bouchra Ouizguen Family day, cie Merce Cunningham (19 juin) Cloître des Célestins : avec Alain Buffard (8 au 10 et 12 au 14) Présentation de l’installation Merce-Art Forever ! Life and times : épisode 1, mes de Kelly Copper Terre/Cri/Effarement de Guy Régis Jr par Foofwa d’Imobilité (21 juin) et Pavol Lika (9, 10, 12, 13, 14, 15) avec Alain Mahé (8 au 10 et 12 au 14) Nearly 902 chor. de Merce Cunningham Life and times : épisode 2, mes de Kelly Copper How to become invisible d’Eduard Gabia (21 et 22 juin) et Pavol Lika (9, 10, 12, 13, 14, 15) avec Rui Catalão et Minus (8 au 10 et 12 au 14) Rencontre autour de Merce Cunningham avec Exposition universelle, chor. de Rachid Ouramdane Contes tordus de Julie Nioche David Vaughan et Foofwa d’Imobilité (22 juin) (19, 20 et 22 au 24) avec Christophe Huysman (19 au 21 et 23 au 25) Vertical Road, chor. d’Akram Kham (+ rencontre Sous les feux de Pedro Pauwels avec Jörg Müller avec les danseurs) (24 et 25 juin) Opéra-Théâtre : (19 au 21 et 23 au 25) Mission, mes de Raven Ruëll (27 et 28 juin) Jan Karski (Mon nom est une fiction), Nature aime à se cacher de Jacques Bonnaffé Rencontre avec Rocio Molina (28 juin) mes d’Arthur Nauzyciel (6 au 9 et 11 au 16) avec Jonas Chéreau (19 au 21 et 23 au 25) Oro viejo, chor. de Rocío Molina (30 juin) Sur le concept du visage du fils de Dieu Still / Life de Qidus Onikeku avec Damien Jalet Rencontre autour de Moi et mon cheveu (2 juillet) de Romeo Castellucci (20 au 23 et 25, 26) (19 au 21 et 23 au 25) Southern Bound Comfort, chor. de Sidi Larbi Cherkaoui (Bound) et Gregory Maqoma (Southern Gymnase Aubanel : École d’art : Comfort) (2 et 3 juillet) Mademoiselle Julie, mes de Frédéric Fisbach La Vingt-cinquième heure (rendez-vous des Révolution, chor. d’Olivier Dubois (+ rencontre avec (8, 9, 11 au 16, 18 au 23 et 25, 26) formes atypiques ou performatives du Festival) : Olivier Dubois et les danseuses de la compagnie) Produits d’autres circonstances de Xavier Le Roy (6 juillet) Salle Benoît-XII : (8 et 9) Amour, acide et noix, chor. de Daniel Léveillé Sun, mes de Cyril Teste (7 au 9 et 11 au 13) Et nous brûlerons une à une les villes endormies (8 et 9 juillet) Clôture de l’amour, mes de Pascal Rambert de Sylvain George (11 et 12) (17, 18 et 20 au 24) Faire mettre (acte 2) (15) et Ecarte la gardine, Studio la Friche la Belle de Mai : tu verras le proscénium (17) de Sophie Perez Master Class avec la Compagnie Merce Gymnase du lycée Mistral : et Xavier Boussiron Cunningham (19 et 20 juin) Petit projet de la matière, mes de François Berreur Gonzo conférence de Fanny de Chaillé (17) (6 au 8) Forecasting (21 et 22) et Tracks (22) Théâtre du Centaure : Oncle Gourdin, mes de Sophie Perez de Barbara Matijevic et Guiseppe Chico Flux, dir. artistique de Camille & Manolo (12 au 14 et 16, 17) (19 au 21 et 23 au 26 juin) Low Pieces de Xavier Le Roy (19 au 21 et 23 au 25) Batailles (duos ou duels proposés par la Vingt-cinquième heure) entre : Erwan Keravec Place Bargemon : Salle de spectacle de Vedène : et Daniel Linehan (nuit du 13 au 14) ; Simone Forti Dolorès, chor. de Jomar Mesquita (29 juin) L’Entêtement, mes d’Elise Vigier et Benoît Lachambre (nuit du 16 au 17) ; et Marcial Di Fonzo Bo (8 au 11 et 13 au 15) Jeanne Balibar et Marlène Saldana (nuit du 18 au Théâtre des Bernardines : La Paranoïa, mes de Marcial Di Fonzo Bo 19) ; Eleanor Bauer et François Chaignaud (nuit du On t’appelle Vénus, chor. de Chantal Loïal (1er juillet) et Elise Vigier (9 au 11 et 13 au 15) 20 au 21) ; Alex Baczynski-Jenkins, Brendan Violet, chor. de Meg Stuart (19 au 22 et 24, 25) Dougherty et Meg Stuart (nuit du 23 au 24) ; Boris GMEM : Charmatz et Médéric Collignon (nuit du 24 au 25). Présentation publique de l’Opéra Slam (25 juin) Auditorium du Grand Avignon-Le Pontet : Le Cabaret discrépant d’Olivia Grandville (8 au 11) Gymnase Saint-Joseph : Théâtre du Gymnase : (M)imosa de Cecilia Bengolea, François Chaignaud, Le Théâtre des idées (interventions dialoguées Moi et mon cheveu, mes d’Eva Doumbia Trajal Harrell et Marlene Monteiro Freitas (14 au 17) d’intellectuels, modération de Nicolas Truong) : (7, 8, 9 juillet) Ébauche d’un portrait, mes de François Berreur L’enfance, sacrée ou sacrifiée ? avec l’essayiste (20 au 23) et critique théâtral Georges Banu AVIGNON et la pédopsychiatre Marie-Rose Moro (9) FESTIVAL – 04 90 14 14 14 Salle de Montfavet : Quel féminisme aujourd’hui ? avec la sociologue Du 6 au 26 juillet «Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme» : Dominique Méda et l’écrivaine Joy Sorman (10) Cour d’honneur : un projet d’alphabétisation, mes d’Angélica Liddell Comment sortir de la catastrophe ? Enfant, chor. de Boris Charmatz (7, 8 et 10 au 12) (8 au 10 et 12, 13) avec le philosophe Slavoj Zizek (11) Cesena, chor. de Anne Teresa De Keersmaeker Yahia Yaïch – Amnesia, mes de Fadhel Jaïbi Peut-on réinventer l’école ? avec l’historien Marcel (16 au 19) (15 au 17) Gauchet et le pédagogue Philippe Meirieu (13) Le condamné à mort avec J. Moreau et E. Daho (18) Comment penser le commun aujourd’hui ? Sang et Roses, mes de Guy Cassiers (22 au 26) Scène nationale de Cavaillon avec le philosophe Antonio Negri (16) (initialement prévu à la Salle de Montfavet) : Révolution et démocratie : la nouvelle méditerranée Carrière de Boulbon : Christine, d’après Mademoiselle Julie, avec l’auteure et comédienne Jalila Baccar Le Suicidé, mes de Patrick Pineau mes de Katie Mitchell et Leo Warner (22 au 24) et le politologue Gilles Kepel (18) (6 au 10 et 12 au 15) L’autre voie : comment lutter contre la tentation Des Femmes, mes de Wajdi Mouawad Chartreuse de Villeneuve : réactionnaire ? avec l’écrivain Stéphane Hessel (20, 21 et 23 au 25) Terra Nova – Compagnie Crew d’Eric Joris et le sociologue et philosophe Edgar Morin (19) (6, 7 et 9 au 14) Cour du lycée Saint-Joseph : L’Indestructible Madame Richard Wagner, Je suis le vent, mes de Patrice Chéreau (8 au 12) mes de Christophe Fiat (18 au 21 et 23, 24) Courts-Circuits, mes de François Verret Dates du Festival de Marseille (16 au 19 et 21, 22) Stade de Bagatelle : voir Zib 41 page 15 Fase, chor. de Anne Teresa De Keersmaeker Levée des conflits, chor. de Boris Charmatz et Festival d’Avignon voir page 7. (24 au 26) (16 au 18) FIN DE SAISONS THÉÂTRE/DANSE 43 Ouverture Lumineux Stravinsky Fin de saison en déambulations théâtrales nocturnes Deux pièces majeures de Preljocaj sur la musique et amoureuses pour la Scène nationale de Cavaillon savamment sauvage du compositeur russe : Noces,qui avec la cie Skappa !, artistes associés depuis trois a plus de 20 ans et n’a rien perdu de sa brutalité saisons, qui propose des Sérénades cinq soirs de nuptiale et balkanique, Le sacre du printemps qui a

Andromaque suite dans le centre-ville de Cavaillon. Une nouvelle tout juste 10 ans et affiche un vocabulaire chorégra- œuvre chaque soir, au gré des événements incongrus phique plus étiré, mais tout aussi tellurique. Et un propos qui naîtront lors du parcours jusqu’à une fenêtre éclai- plus cynique, mais tout aussi féministe, sur le voyeu-

© Christophe Raynaud de Lage - col.comedie-francaise rée… Chaque soirée sera précédée d’un pique-nique, risme et le désir. Il n’y a que quatre soirées au Pavillon histoire de vous mettre l’eau à la bouche avec le menu Noir, avant que le programme s’exile pour un long des spectacles 2011-2012 ! voyage vers d’autres théâtres. Sérénades Noces. Le sacre du printemps Le 15 juin, départ à 21h45 place Cabassole Du 28 juin au 1er juillet Le 16 juin, départ à 21h45 devant le théâtre Pavillon Noir, Aix Le 17 juin, départ à 23h parking Verdun 0811 020 111 Le 18 juin, départ à 21h45 place Bouchet www.preljocaj.org Scène nationale de Cavaillon Noces © JC Carbonne 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

En ouverture de la 40e édition des Chorégies, la Ça bouillonne Comédie Française fait son grand retour, après 60 L’idée est née peu à peu chez une bande de copains ans d’absence, sur la scène du Théâtre Antique avec artistes (Olivier Pauls, Alain Aubin…) qui en avaient assez une représentation exceptionnelle d’Andromaque de d’entendre que Marseille ne savait pas faire la fête ! Racine, mise en scène par Muriel Mayette. Alors ils ont décidé de demander à leurs pairs de pré- Andromaque senter, comme ça, des numéros autour d’un thème. Et Le 17 juin à 21h45 avant après pendant de causer, chanter, danser, échanger. Théâtre Antique d’Orange Pour participer il faut donc un peu ou beaucoup se dé- 04 90 34 24 24 guiser, se rendre au point de rendez-vous et se laisser www.choregies.com guider. Cette fois-ci ce sera à 18h30 Gare de l’estaque, pour 1 heure de jeux, 2 heures de spectacles, et à Contemporain partir de 22h, la fête ! Belladonna 9ch, Irina Popov- Le Théâtre Nô, à Aix-en-Provence, accueille une ska, Drôle de Drame, Tchoune, Djam Deblues, chorégraphie de Yasuyuki Endo, danseur et Leda Atomica, Lison David, Mathieu Jacinto Red chorégraphe japonais, soliste du Ballet National de & Yellow Bikini, Dance Collect Club, Les murmu- Marseille. Inspirée d’une légende du Théâtre Nô, le reurs de l’entonnoir, Christine Fricker et Robin duo Dojyoji + symbolise une relation obsessionnelle Jacquet vous présenteront gracieusement leurs nu- qui conduit à une folie destructrice. Sur une musique méros les plus Gypsy : les 5 euros de participation de Charles, Grydeland, Wallumrod et Zach. servent juste à couvrir les frais… Dojyoji + Vos Itsy Bitsy Gypsy Days Les 24 et 25 juin 4e Bouillon Marseillais Théâtre Nô, Aix-en-Provence Le 18 juin à 18h30 04 91 32 72 72 Lieu surprise à l’Estaque www.ballet-de-marseille.com 06 20 55 43 69 © X-D.R. www.bouillonmarseillais.org Ça bourdonne Il a remporté la mention spéciale du jury de la Bien- nale africaine «Danse l’Afrique Danse !» à Bamako en 2010, est en résidence au Pavillon Noir depuis 3 mois, y créera un spectacle l’an prochain, et offre pour l’heure un solo. 20 minutes pour découvrir ce jeune Malga- che surdoué, qui danse La politique de l’autre ruche, refuse de mettre la tête dans le trou, et bourdonne d’idées et d’humour. Il s’appelle Junior Zafialison, un nom à retenir. La politique de l’autre ruche Le 24 juin à 19h Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org 44 MUSIQUE AU PROGRAMME

AIX Centre Franco-Allemand de Provence : concert du grou- Enthropy : Duo Abela & Merlo, Kadinsky, Léon & Andrea AGEND’JAZZ pe vocal Deutscher Frauenchor dans un répertoire de Parkins (15/6), Never Slave, Ladea, Ghost dog, Tim (16/6), musiques profanes et sacrées du XVIe au XXIe siècle (17/6 Kêtu Records Sound System (17/6), La cumbiamba ARLES à la chapelle des Oblats), concert Oratorio, le zapping Parrandra (18/6), MonomaniaX (21/6), Alerta Kamarada Cargo de Nuit : Richard Manetti Trio (23/6) de l’ensemble Ad Fontes (28/6 aux Jardins d’Albertas (22/6), The Morrigans, The Magnets, Ultrateckel (25/6), 04 90 495 599 www.cargodenuit.com à Bouc-Bel-Air, le 10/7 dans le parc du Château de Filthy Charity, Hard Charger (28/6), Sound of Town (30/6) Châteauneuf-Le-Rouge, résas au 04 42 93 22 98) http://enthropy.fr AUBAGNE 04 42 21 29 12 Espace Julien : Markovo (17/6), Flow Motion (15/6), Ori- MJC L’Escale : Nougarotrement trio (16/6) Travaux www.cfaprovence.com ginal Borojo (16/6), Markovo, Alcaline (17/6), Abdelkader des Ateliers (18/6) Théâtre et Chansons : Soirées Cabaret (23 au 26/6) Secteur (18/6), Destroyer (22/6), Das Simple, Jean Louis Les Jeudis de L’Escale : Café-Jazz avec le trio LaDiMa 04 42 27 37 39 (24/6), Metigane (30/6), Phosphene, Edgar Pilot (2/7) tous les 3ème Jeudis du mois et Soirée-Boeuf tous les www.theatre-et-chansons.com 04 91 24 34 10 2è jeudis du mois www.espace-julien.com 04 42 181 717 www.mjcaubagne.fr ARLES La Cité de la musique : Les Belsunciades (du 14 au 17/6), Cargo de nuit : Richard Manetti trio (23/6), Bushman récital La voie nomade (17/6), duo de oud Charbel Rouha- BERRE L’ETANG et No More Babylon (24/6) na et Elie Khoury (24/6), Cuarteto Mondo Yengue (29/6), Forum des Jeunes et de la Culture : Scène musicale 04 90 49 55 99 04 91 39 28 28 concert des écoles et ateliers (20/6), Menu cabaret des www.cargodenuit.com www.citemusique-marseille.com bouches et concert des Ateliers / We used to have a La Machine à Coudre : Le syndicat du Chrome (17/6), Band avec MarionRampal et François Richez (25/6) AUBAGNE Almereyda (18/6), Antonio Negro (23/6), Angry Dead 0442 102 360 et www.forumdeberre.com MJC L’Escale : Fête de la MJC avec Libre Mesure, soirée Pirates, Devilish (24/6), Big in Japan (25/6), The dansante avec Dj Izem… (18/6) Tundra Fucks, Johnny Division, Modern Pets (4/7) EMBRUN 04 42 18 17 17 04 91 55 62 65 Jardin du Roc : Festival Trad’In, Compaoré, Karpienia http://mjcaubagne.free.fr www.lamachineacoudre.com et Friends (7/7) La Meson : Josele Miranda Y Su Grupo (25/6), Flamen- Espace Delaroche 04 92 43 72 72 AVIGNON co fait Meson avec tous les élèves et les professeurs de Théâtre des Doms : fête de la musique avec Violon danse (26/6), Alpha Petulay & Sit Jean (29/6), apéro MARSEILLE Nomade (21/6) de clôture de saison avec Giloo & Tribaloya (30/6), Sam Cabaret Aléatoire : Musique Rebelle Round 10 «My 04 90 14 07 99 Karpienia & Ahmad Compaoré (3/7) Cabaret goes jazz» avec Ahmad Compaoré et 50 www.lesdoms.eu 04 91 50 11 61 musiciens (18/6) www.lameson.com 04 95 049 509 www.cabaret-aleatoire.com CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Le Paradox : The Louisiana Funky Butts Brass Band, Centre Edmond Fleg Akwaba : The Celtic Scooter Club organise le Celtic Wonderbrass (16/6), Paco Diola-Bi & Beguefall (17/6), Fiesta Latina avec Rico Naca y su tropical combo (30/6) Run Ready Steady Go ! (17 et 18/6) la compagnie Cuanol (18/6), La Villa Ginette, Timek 04 91 735 781 www.jazzclubprovence.com 04 90 22 55 54 (19/6), Boolumbal (22/6), Fanta Mara (23/6), Diho & Cité de la Musique - Auditorium : Jazz en Cité (20/6) www.akwaba.coop Dj Tony (26/6), Plastic Bag (28/6), Around the Funk (30/6) Electrochoc (21/6) Charbel Rouhana & Elie Khoury 04 91 63 14 65 (24/6) Jazz et Musiques improvisées avec Raphaël ISTRES www.leparadox.fr Imbert, Gérald Cleaver, William Parker, Craig Taborn Centre d’art contemporain : dans le cadre de Images Le Poste à Galène : Nuit années 90 (18/6), U.S Bombs (27/6) Cuarteto Mundo Yengue (29/6) transversales et à l’occasion de la fête de la musique, (20/6), nuit années 80 (25/6) 04 91 392 828 hommage sonore et visuel à François de Roubaix avec 04 91 47 57 99 Cité de la Musique - La Cave Number 9 et Pompidou (19/6) www.leposteagalene.com Bartokantes (30/6) 04 42 55 17 10 L’Intermédiaire : Poupa Seone, Hilyle, Konee7, King Cité de la Musique – La Magalone Milouz (25/6) La voix nomade (17/6) LYYNES 04 91 47 01 25 04 91 392 828 www.citemusique-marseille.com Le Korigan : Dornenreich, Aabsinthe, Sounds of the, www.myspace.com/intermediaire Fnac Continuum et Xciii (25/6), Monarque, Svart Crown, Lollipop Music Store : Isaya (17/6), tribute Fridays : Tête à tête avec Ahmad Compaoré (2/7) Nuit Noire, Aorlhac, Sektarism et Esus (26/6) back to the 60’s (24/6) Inga des Riaux : AJ5 (17/6) Nadine Cohen Middle 06 50 77 51 77 04 91 81 23 39 Jazz trio (24/6) Godfathers (30/6) www.lekorigan.fr http://lollipopstore.free.fr Plage de l’Estaque 06 07 575 558 Planet Mundo Kfé : Tumbao Mapanare (17/6), Red Corner www.inga-des-riaux.fr/music.html MARSEILLE (18/6), Alerta Kamarada (24/6), Brk (25/6) Roll’ Studio : Hommage à JJ Johnson et Bud Powell Association Le Mille Pattes : Place au soleil : soirée de 04 91 92 45 72 (17/6) Monique Zuppardi trio (18/6) Yadès 4tet (25/6) concerts gratuits avec la fanfare Vagabontu, Afrah, EFA, Henri Florens (2/7) Takae Bouyssi-Kanaoka (9/7) Shankara Gna, Eternal Erection (25/6 place des Halles ORANGE 04 91 644 315 www.rollstudio.fr Delacroix, quartier de Noailles) Chorégies : Musiques en fête pour fêter leur 40 ans avec 04 91 55 70 60 de nombreux artistes (20/6) OLLIOULES www.lemillepattes.net 04 90 34 24 24 Chateauvallon Cabaret Aléatoire : Bring me the horizon (23/6), Digikid www.choregies.asso.fr Luz Casal (17/6) Nuit du Fado avec Antonio Zambujo 84, French Fries, Manaré, Bambounou, Chaos in the CBD, & Cristina Branco (1/7) Alan Gay (2/7) SIX-FOURS 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com 04 95 04 95 09 Espace Malraux : Gente D’zona (13/7) www.cabaret-aleatoire.com 04 94 74 77 79 VITROLLES Dan Racing: Blue’s on (17/6), PoNTyPOol (18/6), GoodHell www.espace-malraux.fr Moulin à Jazz (21/6), Insight (24/6), Middle Think, Nereïds (25/6), Fête de la Musique : Concert de la classe de jazz suivi Stormy Monday (1er/7), First Day et Limited Edition (2/7) VERS-PONT-DU-GARD de Yakamoz 5tet (21/6) 06 09 17 04 07 Pont-du-gard : Lives au Pont, festival de musiques http://guitarjacky.free.fr soul, électro, pop, rock… (8 et 9/7) Voir également les festivals p. 20 et 21 Dôme : Calogero (15/6), Eddy Mitchell (30/6), ZZ Top 0 820 903 330 et Thin Lizzy (12/7) www.pontdugard.fr 04 91 12 21 21 MUSIQUE 45

As-tu du cœur ? Mozart charitable L’Autre rive Récital spectacle autour d’opéras de Mozart par Cyril L’œuvre de Zad Moultaka s’organise de part et d’autre Rovery (baryton) et Charles Bonnefon (piano) au d’une ligne de haine, d’espaces gémellaires démar- bénéfice d’une association d’aide à Tchangué (Ca- qués par les origines et la langue, invente une meroun) pour soigner une petite fille handicapée. improbable migration… L’opus contemporain est MARSEILLE. Le 18 juin à 21h. chanté par l’ensemble Musicatreize (dir. Roland Eglise St-Cannat des Prêcheurs Hayrabedian) dans la foulée de la visite de l’exposi- Espace culture 04 96 11 04 61 tion L’Orientalisme en Europe de Delacroix à www.operatheatrepourtous.com Matisse à la Vieille Charité. MARSEILLE. Le 24 juin : l’entrée à l’exposition se prolonge jusqu’à 21h. O.L.R.A.P Concert à 21h30 (billetteries indépendantes) Le vieil hangar superbement ressuscité, ex-gare de 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org triage d’une huilerie centenaire (sa charpente mé- Reprise au Festival d’Aix le 21 juillet à Sylvacane tallique est attribuée à Gustave Eiffel) accueille, pour la clôture de la saison de l’espace culturel du 14e arrondissement marseillais, l’Orchestre Lyrique de Région Avignon Provence dans Honegger (Pas- Chambre en Cité torale d’été), Mozart (Concerto n°5 pour violon et Concert Schubert avec Alain Pelissier (alto), Benoît orchestre) et Saint-Saëns (Symphonie n°2). Salmon (violon), Elisabeth Guironnet (piano – le 24 juin), Festival de Musique de Chambre «Autour Roberto Alagna © Alix Laveau MARSEILLE. Le 18 juin à 21h. Station Alexandre er En 1885, Massenet est le seul véritable héritier de 04 91 00 90 00 www.station-alexandre.org de la Hongrie» (les 28 juin, 1 et 5 juillet) et Récital l’opéra français. On a longtemps eu tendance à sous- Nathalia Romanenko(piano - le 8 juillet- entrée libre) estimer une œuvre qui opère pourtant une symbiose MARSEILLE. Concerts à 20h30 à La Magalone. naturelle entre la langue française et la ligne du Durance Luberon 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com chant, qui allie une orchestration virtuose, une En prélude au festival d’été : De Corette à Gainsbourg harmonie sophistiquée et limpide à un sens aigu par les bois (bassons et hautbois) du Conservatoire d’Aix. du théâtre. Le Cid pourrait être le chef-d’œuvre d’un MEYRARGUES. Le 19 juin à 18h. Eglise (Entrée libre) compositeur de moindre envergure. Les productions Anches récentes (rares !) de l’ouvrage ont buté sur l’impos- L’Arbre d’Ebène (anches, clarinettes…) et la Chorale sibilité d’en distribuer les emplois dits héroïques, Petits chanteurs Amadeus mêlent des musiques de films, classiques typiques de l’école française du Grand-Opéra, quasi- «L’heure de musique sacrée» par Les Petits Chan- et tangos… ment disparue. On pouvait difficilement rêver mieux teurs de la Major (dir. Rémy Littolff) MARSEILLE. Le 25 juin à 17h. aujourd’hui que d’entendre cette magnifique parti- CASSIS. Le 19 juin à 17h. Eglise St-Michel (Entrée libre) Chapelle St-Joseph du Redon tion avec Roberto Alagna (Rodrigue) et Béatrice Uria-Monzon (Chimène). Ce sera à guichet fermé mais la première est retransmise sur grand-écran, Quai des brunes en (quasi) direct, le 17 juin à 21h, Place Bargemon Jazz vocal années 30, piano, claquettes… Aix en baroque (gratuit). MARSEILLE. Le 21 juin à 18h30 Comme chaque été, Guy Laurent propose d’explo- MARSEILLE. Les 17, 20, 23 juin sur la goélette Liberté 3 dans le Vieux Port rer le patrimoine musical d’«Aix-la-Baroque… siège à 20h et le 26 juin à 14h30. Opéra de Marseille AIX. Le 23 juin à 20h30 au Drôle d’Endroit de l’une des grandes maîtrises du Royaume de France». 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr 04 42 38 95 54 Œuvres religieuses à grand chœur d’Audiffren (Re- quiem), Jean-Baptiste Vallière (Magnificat) et Félicien David (Motets… Le 2 juillet). Suites instru- mentales et cantate Les femmes de Campra, Piano marathon Quatuor Renoir © Lyodo Kaneko Pour l’ultime manifestation de la saison au Théâtre Symphonies de Pierre Gautier, Suite d’Alexandre de Nîmes, René Martin propose de partir sur les Villeneuve (le 7 juillet). Polyphonies françaises du e traces de Chopin à travers «ses influences, ses Moyen-Age au XX siècle : Elégie & Psaume 51 de œuvres de jeunesse, ses œuvres de maturité.» Cinq Darius Milhaud, Strophes sur le «Veni Creator» de concerts en plein air pour deux soirées dans les Pierre Villette, Rondeaux d’Adam de la Halle / Chan- cours nîmoises en compagnie des pianistes Anne sons et motets de Machaut et Dufay, Chansons de Queffélec, Momo Kodama, Philippe Giusiano et Debussy, Ravel, Poulenc (le 3 juillet). Autour de Monte- du Quatuor Renoir. verdi : Lauda Jerusalem, Orfeo (extraits), Jephte NÎMES. Le 17 juin à 19h, 21h et le 18 juin à 17h, (final) de Carissimi… (le 5 juillet). 19h, 21h. Club de l’Imperator, Cour de l’hôtel Boudon AIX. Du 2 au 7 juillet. Concerts à 18h - et Cloître des Jésuites. Chapelle du Sacré-Cœur 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com 04 42 99 37 11 www.orphee.org 46 THÉÂTRE AVIGNON | GAP Leçon de bonheur C’est quoi le bonheur ? Cette question, soupe au lait «tu crois que c’est facile posée lors d’une conférence du philo- de mourir» aux fous rire irrésistibles de sophe Robert Misrahi au Théâtre des son partenaire «mais tout ce qu’on veut Halles, inspire à Alain Timar le thème c’est être heureux», des tentatives de de son prochain spectacle, Penser définition «nous ne combattons le mal bonheur. Le spécialiste de Spinoza a que parce que nous nous référons im- consacré l’essentiel de ses recherches plicitement à la plénitude de l’existence à ce questionnement et le metteur en humaine, et nous ne savons pas le dire», scène veut les partager sous forme auxquelles se mêlent les mots de d’expérience théâtrale, étape après Koltès ou Claudel, aux témoignages étape. Les écrits et paroles de Misrahi d’inconnus, fameux, enregistrés au se distillent comme des devinettes coin de la rue. Présenté comme un porte-bonheur pour inciter la réflexion premier chantier de travail (le second et le dialogue entre les deux comé- aura lieu en septembre, la création en diens aussi géniaux et charismatiques avril 2012), l’essai est un acte de joie qu’en totale roue libre… se délectant bien maitrisé sous ses faux airs d’im- d’être là visiblement. Paul Camus, le provisation. Même l’ébauche de fidèle pilier des créations d’Alain Timar non-scénographie avec son tapis sans Penser bonheur © X-D.R. et la petite nouvelle, Pauline Méreuze, teint et ses tréteaux en bois signe le tout juste sortie de l’ERAC, absolument style Timar. Une plongée au cœur de Le premier chantier public de Penser remarquable, donnent à voir la quête la quête infinie du bonheur à laquelle bonheur s’est joué du 26 au 29 mai au du bonheur, de sa désolation enfantine on participe volontiers. DE.M. Théâtre des Halles, Avignon Variation italienne La compagnie Parnas a adapté son Banquet fabu- convives buvant tranquillement leur verre un lent lateur pour lui faire traverser les Alpes. Il Convivio, qui empoisonnement, et quelques scènes demeurent, a été créé à Gap du 19 au 22 mai, sera cet été à Turin. Platonov hurlant son torturant adieu à sa Anna La version bilingue, parfaitement compréhensible Petrovna, et Olivier Pauls développant son hilarant grâce à des traductions en direct des passages en numéro de close-up pitoyable… L’ancrage dans la Italien (la gymnastique sera inversée en Italie), prend mémoire archaïque des Fables est moins évidente des tonalités différentes : Francesco Gargiulo ponc- que dans la version unilingue, mais les acteurs tue le trajet de l’histoire de Pinocchio, remplaçant les prennent visiblement plaisir à échanger leur culture dérisoires ponctuations de Cyrano du Banquet Fabu- littéraire et dramatique. Plaisir partagé, comme lors lateur par une jolie naïveté de lutin. Ophélie disparaît, d’un toast commun. remplacée par une Lucrèce Borgia qui promet aux A.F. Il Convivio, Catherine Marnas © X-D.R Catherine Convivio, Il Le vieux psy et la jeune fille

Monsieur j'ai deux mots à te dire © Delphine Michelangeli/Zibeline Bertrand Hurault et Jane Brédui- lui dicter son autobiographie, s’y ré- liard ont présenté en toute discrétion, concilieront vraisemblablement avec voire timidement, le premier acte de la leur passé… Un passé qui pourrait les pièce Monsieur, j’ai deux mots à te dire. relier davantage que le premier acte Le co-fondateur du Théâtre des Carmes, n’aura laissé entendre. Après des ter- avec André Benedetto, a accepté l’in- giversations et autres hésitations à vitation de la jeune comédienne qui ressasser ses fantômes intérieurs, le souhaitait travailler depuis longtemps vieil homme abandonné soldera-t-il les avec lui, sur un texte qu’elle signe et comptes ? La jeune femme, «une pluie met en scène, très sobrement, avec d’été» selon le psychanalyste qu’elle- Alain Ubaldi. Le comédien ne cachait même traite de «drôle de bonhomme», pas son émotion en présentant cette se trouveront-ils des points communs ? création en cours de la Nouvelle Com- Des personnages à la Pagnol, entre pagnie, qui fête ses 50 ans et dont bouquet d’anémones et omelette aux l’objectif était de mettre en lumière les herbes, pour une histoire qui reflète textes de jeunes auteurs. Un travail en l’âme humaine. chantier suffisamment ouvragé pour DELPHINE MICHELANGELI donner l’envie d’en savoir plus et d’entendre l’épilogue de ce huis clos : Monsieur, j’ai deux mots à te dire ces deux êtres que tout semble op- s’est joué au Théâtre des Carmes, poser, un psychanalyste à la retraite et Avignon les 20 et 21 mai une jeune éditrice qui le convainc de

48 THÉÂTRE CAVAILLON | MARSEILLE | AVIGNON Le plaisir des imbroglios Le propre des vaudevilles, surtout lorsqu’ils sont dans un jeu d’enfants. Le tout sous l’œil d’un groin (si grasse, juste parce que c’est astucieux, rythmé, que comme ici poussés tout au fond ultime de leurs der- si) forcément rose, bruyant et goguenard. Bref du ça pastiche gentiment le vaudeville, les soaps poli- niers retranchements, est d’être inracontables. Le plaisir, du rire franc, sans jamais l’impression de se ciers, et caricature les mœurs étranges des riches de texte de Catherine Zambon est en tous cas moquer salement ou de s’enliser dans une soupe la Côte : la Cie Tandaim est basée à Cannes, et délicieux, fusant à toute allure et regorgeant de clins Villa Olga © X-D.R connaît l’abondance et l’absurde de ses faits divers… d’œil hilarants. La mise en scène ne l’est pas moins, AGNÈS FRESCHEL rythmée, osant les gadgets les plus kitchs, fignolant jusqu’à l’obsession les accessoires, les couleurs Villa Olga, pièce de plage, a été jouée en tournée forcément saturées, et un décor qui n’en finit pas de Nomades autour de la scène nationale receler des surprises et des détournements. Alexan- de Cavaillon du 19 au 25 mai dra Tobelaim fait preuve ici d’un sacré métier ! Elle dirige au millimètre un quatuor d’acteurs d’exception, À noter qui s’amuse comme rarement sur scène à emprunter La Cie Tandaim jouera la Seconde surprise de l’amour l’accent russe ou corse, à tituber sous l’effet d’un de Marivaux du 5 au 27 juillet (21h15) dans calmant, à se méprendre, à désirer, jalouser, aimer, le cadre de Villeneuve en scène (voir p10) protéger, tromper, turgescer, démiurger, mentir sans 04 32 75 15 95 jamais trahir, et puis à mourir pour de faux, comme www.villeneuve-en-scene.fr Bergman au Louvre Patrice Chéreau a mis en scène les Rêves d’au- noue est celle d’une coupure et tous les hommes y tomne de Jon Fosse dans un cadre génialement succombent, le fils, le mari et le père, tandis que les inadéquat : la pièce de l’auteur norvégien, traversée femmes, la mère et les deux épouses, se déchirent, de fantômes oniriques aux allures de personnages mortes déjà de tous les cordons qu’elles ont dû rom- bergmaniens, se perd dans son décor surdimen- pre pour donner la vie ou l’amour. Alors le temps sionné, sous les tableaux et les murs monumentaux s’écoule. Lent. Avec de brutales ellipses, des raccour- du Louvre. Les personnages isolés dans l’immensité cis qui proscrivent le réalisme, et jouent magistralement cérémonieuse et glaçante y laissent leur chair… avec les conventions dramatiques. Les femmes y retrouvant ainsi l’exacte étrangeté du cimetière où règnent, insupportables, hystériques, possessives, et sont censés se dérouler ces Rêves. C’est que la pièce les hommes subissent, résignés, leur loi. Valeria Victor/ArtComArt© Pascal de Jon Fosse parle de cet espace intermédiaire, celui Bruni Tedeschi compose une nerveuse maladroite où les vivants croient rendre visite aux morts. Dans souvent trop appuyée, tandis que Bulle Ogier dose ce musée les vivants sont aussi étrangers que dans et maitrise, jusqu’à l’insupportable, ses déborde- les travées peuplées de fleurs coupées et de pierres ments assassins, et que Marie Brunelpasse, superbe, d'automne Reves Rêves d’automne s’est joué à la Criée du 6 au 11 juin gravées d’épitaphes muettes. Les corps s’y croisent, délaissée, triomphante : Chéreau et Jon Fosse fantômes sans voix d’une grand-mère disparue, d’un semblent partager la même méfiance envers les À noter fils fragile. Fantôme d’un amour aussi, qui croit femmes… Patrice Chéreau met en scène un autre texte de Jon pouvoir renaître, et qui entraîne vers le désespoir de AGNÈS FRESCHEL Fosse lors du Festival d’Avignon (voir p7) tous et la mort de chacun. L’histoire de désir qui s’y Scintillements Le Cabaret Nono, pièce maitresse et fondatrice de force comédiens, danseuses, musiciens, costumes… fugaces l’esprit de la compagnie, a toujours autant de char- On y plonge sans songer, attendant cependant un me : réunis au centre et encerclés d’artistes, les plat de résistance, un moment moins fugace qui nous spectateurs sont des convives et partagent des amènerait vers un sentiment plus consistant, un numéros d’une qualité visuelle tout à fait hors du moment esthétique plus bouleversant. Les délicieu- commun… Assumant et transcendant leurs physi- ses mignardises se succèdent jusqu’au bout, puis on ques de freaks sublimés par des costumes délirants, rentre chez soi, les yeux encore remplis d’images et et des lumières et effets spéciaux au cordeau, les de musique, mais sans trop savoir, au fond, ce que acteurs enchainent de courts numéros entrecoupés l’on a vécu. de moments de groupe où ils jouent et chantent, et AGNES FRESCHEL se révèlent des musiciens sacrément en place, encadrés qu’ils sont par le petit orchestre qui les suit À noter tout au long du spectacle. Tout cela reluque avec une Le Cabaret Nono se tient joie carnavalesque du côté de la mort, version zombie jusqu’au 25 juin joyeux mais quand même, parfois un peu glaçant, Campagne Pastré, Marseille 9e Cabaret NoNo comme une Famille Adams qui aurait fait un tour 04 91 75 64 59 dans la poésie surréaliste et en serait revenue char- www.theatre-nono.com gée de perles noires en formes de lapsus. Et cela fuse

© Agnès Mellon © Agnès sans répit, enchainant tableaux vivants sur scène, numéro de vélo sur la piste colorée qui pour une fois encercle, chant commun, apostrophe oulipienne au centre du cirque, sans regarder à la dépense, avec LES INFORMELLES | SIRÈNES ET MIDI NET THÉÂTRE 49

dresse, émotion qui se nourrit des maladresses ; c’est toujours bon à prendre! Et tant qu’à parler de soi Haut Bas Fragile autant ne rien laisser dans l’ombre ; Pascale Bon- giovanni fait exploser son métier et sa personne (éclairagiste ou créatrice lumière selon l’humeur) en 1 et 2 éclats de voix ou stridences euphorisantes ; corps jeté dans l’arène elle s’expose jusqu’à l’épuisement de ses 400 000 volts avec beaucoup de générosité. Et le dimanche alors? Repos dans la création? Pas vraiment ! comme on le sait, c’est le jour du Philoso- phe : Heinz Wismann au centre du dispositif avec à sa droite des gens très bien, à sa gauche des gens très bien, suscite et conceptualise - terme fâcheux - la parole des uns et des autres face à deux docu- mentaires tout aussi nécessaires : Les Roses Noires d’Hélène Milano et Holunderblüte de Volker Koepp, l’un dévoilant à travers le choix d’un langage iden- titaire et réactif les difficultés de jeunes filles de banlieue à habiter leur sexe et à sortir d’un isolement mortifère ; intelligence des images et leçon de vie parfaitement universelle ; l’autre, tourné dans l’«excla- Burn out, Pascale Bongiovanni © Erik Damiano/le petit cowboy ve» russe de Kaliningrad, redonnant une histoire à des Quoi de neuf au théâtre ? L’omme sans h qui aurait que personne ne s’approprie vraiment, qui reste vide enfants emprisonnés dans le cycle des quatre avalé ses histoires pour mieux les recracher, comme et génère bien vite ennui et agacement. saisons d’une nature impériale, victimes de l’incurie celui de Jacques Rebotier face au poulailler de la La soirée s’était pourtant ouverte sur du bel canto des adultes, sauvés par leur imagination et leur créa- Gare Franche. «Paraissez! Disparaissez!» dit le poète sans façon a cappella, histoires sur le fil du rasoir va- tivité ; comment oublier les aquarelles de la jeune fille aux bêtes qui encombrent la terre et cette injonction guement cousues main par Christian Mazzuchini muette commentée par sa sœur qui a tout compris dramatique pourrait finalement illustrer ces Informel- et ses compères de tchatche ; toutes choses plutôt de l’éternité qu’offre l’œuvre d’art? Alors quoi de neuf les 2011 (on ne les décompte plus, on les millésime) sympathiques… mais que venaient faire là ces hom- au théâtre ? déployées en deux semaines, articulées autour d’un mes à bois de cervidés, ces femmes aux corps écrits MARIE-JO DHÔ dimanche de réflexion. Ce nouveau Discours aux Ani- se terrant sous les fourrés ou traversant l’espace en maux de toutes espèces aura donné du poids au patins à roulettes, sortis tout droit des happenings Les Informelles se sont déroulées premier volet expatrié dans l’ancienne fabrique de du vieux 20e siècle ? On les retrouve la semaine du 16 au 28 mai fûts métalliques et le jardin attenant ; proférant avec suivante tentant de semer le trouble sur un boulevard une virtuosité égale de la langue et des pieds, sans Garibaldi qui en a vu d’autres... puis sur la scène par- Holunderblute, film de Volker Koepp cesse virevoltant aphorismes, imprécations et autres tagée des Bernardines qui accueille de nouveau © Volker Koepp perles langagières, Rebotier dans un dialogue im- Jacques Rebotier sans son oie mais avec de mali- promptu avec une oie de hasard, livre matière à rire cieuses compagnes : la grande Elise Caronfredonnant haut de l’essentiel. divinement sa petite musique de vie et la violon- Essentiel, dont tente aussi de nous parler mais en celliste Adeline Lecce, peinant davantage à articuler bafouillant encore La Maison, création de Marie Le- cordes et voix, à trouver sa place tout simplement . lardoux, si sérieuse et si sévère, si dépouillée (belles On y retrouve aussi Christian Mazzuchini sans son ombres, cadres vides, espace morcelé, table survi- chien, des plumes de poule plein les poches, mode- vante) que s’y déchiffre avec peine dans ces ruines lant gentiment dans son costume de (r)om(me) la de l’humain un tragique trop grand pour une scène pâte-mot / la pâte-moi de Christophe Tarkos ; ten-

Le doigt sur la couture ? Nouvel appel de la sirène : une musique tonitruante accompagne le surgissement de mannequins vêtus de vêtements disparates, bleus de travail, blouses de ména- ge - coiffés de sachets de papier ou de plastique, chaussés de brodequins ou de talons aiguilles. Une voix off monocorde parle d’un monde envahi par les images qui gère les rapports entre des gens préoccupés par leur seul reflet dans le miroir. Comment dépasser le monde des apparences ? C’est la question que nous pose Matthieu Bouchain avec ses 40 bénévoles que l’aventure semble réjouir, et qui portent des jambes sur leur tête en guise de parure ou une chaussure en couvre-chef. Le dernier tableau tient à la fois du défilé contestataire et de la procession ! Habil- lés de blanc après quelques esquisses de striptease, ils se rassemblent sous des étendards, dans des mouvements amples proches de l’aïkido. On se prend alors à rêver à une marche libératrice qui nous embarquerait pour un monde meilleur ! CHRIS BOURGUE

Le défilé des Marques par la Cie T.Public s’est donné le 1er juin sur le parvis de l’Opéra © Vincent Lucas 50 CIRQUE MARSEILLE | MIRAMAS Drôle de cirque Ça commence par des tonnerres et des éclairs. Frissons parmi les enfants de grande maternelle et de CP. Un morceau d’arbre occupe le petit espace délimité sur la scène. Et voilà que déboule un énergumène qui trébuche, glisse sur le tronc, l’embrasse. Sans paroles, avec quelques borborygmes de temps en temps, un apprivoisement réciproque s’installe avec cabrioles et sauts qui défient la pesan- teur. D’autres morceaux de bois de longueur et d’épaisseur différentes surgissent, parfois suspendus dans l’espace, manipulés à vue par une créatrice-régisseuse dans l’angle de la scène. Une musique électroacoustique participe à l’étrange ballet qui se déroule alors, entraînant le spectateur dans un univers à la fois proche du cirque et de la poésie. Sébastien Dault est d’une agilité déconcertante mêlée à cette pincée de gaucherie qui caractérise le burlesque ! Avec Katerini Antona- kati il a su créer un spectacle étonnant, bel exemple du travail de recherches de l’association La Main d’oeuvres. CHRIS BOURGUE Troivaux © Mickael

Debout de bois s’est joué au Massalia du 23 au 25 mai Debout de bois de Debout Nuit et lumière Tragédie ordinaire nés qui plongent d’entrée le spectateur Les spectacles destinés au jeune public 3 ans et plus, Serge Boulier prend le dans un autre monde. Yaga’s fire est ménagent parfois des surprises im- parti de la poésie, faisant du décor et l’histoire d’une petite fille qui entre- menses ! Le sujet traité par le Bouffou de l’histoire un tout indissociable qui prend avec sa poupée un long périple Théâtre dans La Mer en pointillé est déroule, avec force rouages, manivel- initiatique à travers des forêts sombres. éminemment sensible : un homme d’un les, pluie de fourchettes et petit train, la Leur route croise celle de personnages pays de l’Est fuit pour aller voir la mer, candeur et l’émerveillement de ce cy- hallucinants : champignons géants, bêtes qu’il n’a jamais vue, et traverse des cliste pas comme les autres. Il ne parle

Yaga's Fire, duo à plumes de toutes sortes, plantes car- contrées en vélo jusqu’à être arrêté pas français, mais son sabir est com- nivores, et surtout la sorcière hideuse sans papiers et renvoyé chez lui en préhensible, comme son raisonnement, Baba Yaga de la mythologie slave, qui avion alors que le but était presque si simple qu’il devrait le mettre à l’abri habite une maison montée sur d’énor- atteint… En s’adressant aux enfants de de toutes ces contingences adminis- © Mafalda Camara mes pattes de coq. Un magnifique loup tratives. Mais l’ordre est là qui règne, murmure les seules paroles audibles La Mer en pointillé personnalisé par une douanière-parte- du spectacle avec un accent de cow- naire de jeu finalement inflexible… boy ! Borborigmes, cris, mais aussi sons Expliquer, autrement que par le seul réels captés, musique originale accom- verbe, les règles à suivre, c’est donner pagnent le voyage. Les marionnettes © Ouvrard les outils nécessaires à la compréhen- Créée en 2004 à Barcelone la Compa- sont guidées par des manipulateurs sion d’une lourde réalité… Lumineux ! gnie Buchinger’s Boot est désormais masqués de noir qu’on oublie tout à fait. DO.M. installée à Marseille. Elle a développé L’illusion est parfaite ! un style très personnel, étrange et cap- CHRIS BOURGUE La Mer en pointillé a été jouée tivant, créant des marionnettes hybrides le 24 mai à la Colonne, à Miramas d’animal et de végétal, fabriquées à Ce spectacle s’est joué au Massalia partir d’éléments hétéroclites et détour- du 7 au 11 juin

Peter Pan (© James Matthew Tous les enfants grandissent... Barry), dont est inspirée la pièce Alexis Moati a voulu «rendre Peter Pan aux enfants». parce que la pièce est radiophonique et continue de radiophonique Tous les enfants Non pas les cinq petits Davies qui ont inspiré James résonner dans la salle. Leurs fraîches voix se mêlent, grandissent Matthew Barrie, mais d’autres, des gosses d’aujour- accents chantants, notes de musique... Peter Pan d’hui. Un travail effectué avec la complicité d’Aline doit écouter dans les solives. Une demi-heure passe Soler, réalisatrice sonore, et une classe de CM2 de en un souffle, puis une rafale d’applaudissements l’école Cadenat. Les enfants sont sur scène comme explose. La Fondation de France qui a soutenu le pro- dans leur école : derrière leurs pupitres, des chamail- jet est tellement ravie du résultat qu’une représentante leries en sourdine avant de faire le silence et de est là avec un gros diplôme, qu’elle remet à la classe commencer à dire chacun son texte. Et là, chapeau. à titre exceptionnel. Bon pour passer en 6ème ! Ils ont bossé ces minots, ça se voit. Ça s’entend sur- GAELLE CLOAREC tout : ce sont bien leurs propres mots, leurs histoires farfelues et poignantes. On les entend même lors- Tous les enfants grandissent a été créé qu’ils se taisent pour rejoindre les bancs du public, au Massalia le 31 mai SAISON RÉGIONALE RUE ET CIRQUE | PISTE D’AZUR CIRQUE51 Cirque au kiosque Depuis peu, le haut de la Canebière voit fleurir un grinçant, le duo titille nos nerfs ; il nous emporte aussi bouquet de spectacles gratuits. Une jolie éclosion, sur les ailes de la nostalgie, grâce aux bulles de culturelle et festive, qui, on l’espère, survivra aux beaux savons, plumes, boîtes à musique et autres coiffures jours et rendra à cet espace ses couleurs. C’est dans délirantes, comme ce casque orné de coquillages et ce cadre qu’ont eu lieu les représentations de Llen- surmonté d’un dinosaure en plastique ou ce sombre- ties i Marabu, spectacle poétique et décalé mené en ro-manège… Un univers singulier, plus adapté aux 30 minutes chrono par les Catalans de choc d’Escar- grands enfants qu’aux très jeunes. lata circus. Après avoir reçu son ticket d’entrée, FRED ROBERT contre «un euro ou un grand sourire» (devinez ce qu’ont fait la plupart des gens), le public grimpe les marches Llenties i Marabu a été joué par Jordi Aspa et Bet et se juche sur les gradins d’un petit cirque qui épou- Miralta dans le kiosque à musique de La Canebière, se tout juste la rondeur du kiosque. Paille sur le sol, à Saint-Rémy, Martigues et Salon rideaux cramoisis et panthère, le décor est planté. Débute alors ce qui pourrait n’être qu’une sorte de revue parodique et cocasse… sauf que ce n’est pas À venir tout. Ce bref spectacle met en scène nos représen- Saison régionale Rue & Cirque tations de la représentation circassienne. Rien Le grand C, par la Cie XY d’étonnant alors que ce soient surtout les adultes qui Théâtre Silvain le 18 juin

se délectent des numéros ringards d’Alfonso, hercule La Valette du Var (83) le 23 juin Castro © Carles Circus Escarlata de foire sur le retour, avec rouflaquettes, pantalon Pernes les Fontaines (84) le 24 juin bouffant et bedaine triomphante, ou des coups de Spectacle précédé le 17 des Impromptus fouet et du rire menaçants d’une Ludmilla-Cruella à de la compagnie XY dans les rues de Marseille

cheveux rouges et bottes compensées. De son humour www.karwan.info Marabu, i Llenties Surtout pas lénifiant Le Bonheur est dans le chant de la Cie diens/chanteurs pratiquent avec brio. les Grooms revient aux fondamen- Enfin se pose, pertinemment, la ques- taux du spectacle de rue. Surprenant, tion du bonheur aveugle qui peut abolir Le Bonheur est dans le chant , Les Grooms © Guillaume Baptiste participatif, festif, il n’en est pas moins la révolte. Rire et chanter dans le plaisir militant… Commençant comme une partagé de la surprise, sous le soleil, a cérémonie officielle accompagnée par entrainé au long de la promenade un une harmonie tout aussi (peu) munici- public nombreux et complice. Mais qui pale, le spectacle se présente comme à la fin prend l’allure d’une manif con- une apologie du bonheur de vivre, rapi- tre la consommation, les Rollex et la dement interrompu par un horrible réussite : si Le Bonheur est dans le grincheux fascisant, un rasta béat qui chant, il s’entonne aussi le poing levé. aimerait connaître la saveur du malheur, A.F. un couple adultère, et quelques surpri- ses de taille portées par des chorales Le Bonheur est dans le chant de choc dissimulées… La petite fanfare s’est joué à Marseille et dans le Var des Grooms est excellente, s’amuse à du 31 mai au 7 juin dans le cadre danser, pince sans rire, participant de la tournée RIR et de Reg’arts pleinement à la théâtralité que les comé- 12°5 à l’ombre C’est sous un ciel d’orage éclairci par les accords pèze ballant… Sans compter que tous ou presque tonitruants de la fanfare du pays de Grasse 12°5 à chantent (l’absence de sonorisation de la chanteuse l’ombre que le public fut invité à découvrir les Demoi- est pénalisante), composent à la guitare et à l’accor- selles en piste croisées, spectacle de la promotion déon, jouent la comédie avec un égal plaisir. Là 2009/2011 du centre régional des arts du cirque encore la comédie se dilue : on aurait préféré que Piste d’Azur proposé par le Théâtre de Grasse en les situations cocasses, équivoques, voire absurdes clôture de saison. Un «spectacle» qui n’en est pas un se racontent à travers le jeu des corps prêts à en faute d’une mise en scène, d’une direction d’acteurs découdre avec l’équilibre, le vertige ou la contorsion… et d’une chorégraphie consistantes, et se perd dans Bref, à force de trop vouloir nous raconter d’histoires, une succession d’historiettes incompréhensibles et les numéros ont perdu un peu de leur saveur. d'Azur © Piste finalement pas très utiles. Car l’essentiel des Demoi- M.G.-G. selles en piste croisées n’est pas là, mais bien dans l’énergie et la générosité des jeunes artistes en for- Demoiselles en piste croisées mation, leur envie sincère de rencontrer le public, leur a été joué les 7 et 8 juin indéniable talent à passer d’une technique à l’autre sous le chapiteau Piste d’Azur en un tour de piste : fil d’équilibre, mât chinois, tra- à La Roquette/Siagne Demoiselles en piste croisees croisees piste en Demoiselles 52 DANSE CHÂTEAU ARNOUX | MARSEILLE | NÎMES La Ville, le Virtuel, et le bel aujourd’hui Château Arnoux a eu le privilège de voir la concrétisation d’une année de recherches, de tâtonnements du collectif Nomade Village Une place, la nuit. Des colonnes de cartons, immeu- bles lumineux, écrans sur lesquels les villes s’animent, Savigliano, Marseille, Osaka… Les images débordent des écrans, superposent d’autres villes d’autres lieux sur les façades, les cartons constituent de nouveaux supports aux images des danseurs, comme défrag- mentées, étirant leurs bras vers d’inatteignables horizons… Les foules tournoient entre des lignes de béton abstraites, la musique émerge des bruits de la Des corps de ville © Le Nomade Village foule, gestes, simples, répétés, qui s’emportent sou- Les moments chorégraphiques, fragmentés dans les où la place de la danse s’était comme dissoute dans dain jonglant entre le dérisoire de la condition humaine, différents lieux, virtuels et réels, trouvent ici une unité la fascination de l’outil vidéo, avec un propos éloigné et ses aspirations à survivre dans des lieux qui la nient. profonde qui interroge le public, à la fois spectateur du spectacle présenté en danse de rue dès juillet La musique de Philippe Domengie, de Timbre Tim- et acteur, qui constate le non sens de l’individualisme 2010. Aussi est né un diptyque, Des corps de ville bre ou de Lounge Lizzard, enveloppe tout cela, tisse que la ville induit par sa nature même. Intéressante et Ubik, qui sera plus axé sur la performance multi- de nouvelles correspondances. Quelques spectateurs parabole que la reprise du thème des chaussons rou- média et qui verra le jour à Martigues au printemps s’intègrent à la chorégraphie, on se déplace au gré ges par un danseur aux castagnettes qui l’entraînent prochain (voir p 34). Il sera monté en collaboration des évolutions, l’appréhension du spectacle est dans un mouvement sans échappatoire… Parfois le avec le collège Wallon et le lycée Lurçat. Le collectif dynamique, vivante. Nous sommes tous des corps propos se teinte d’humour, joue sur la polysémie des Nomade Village réalise ici un projet d’une belle de ville, évoluant dans le prisme des informations des clichés, ce qui ajoute au charme de ce spectacle envergure qui concernera ensuite trois capitales cul- panneaux publicitaires, des lumières, des architec- dans lequel 5 danseurs venus d’horizons différents, turelles Maribor (Slovénie) Guimarães (Portugal) et tures. Les danseurs grimpent à l’assaut des murs, cirque, acrobatie, danse classique, contemporaine, Marseille Provence. Mais, parler d’achèvement est émergent du béton, soulignent la dichotomie irréduc- croisent leurs techniques en un travail très maîtrisé. réducteur pour cette troupe polymorphe, chaque tible entre l’humain et le monde minéral dans lequel En fait, ce projet, qui chemine depuis avril 2010 à spectacle étant conçu comme une étape dans la ré- il évolue. Le monde contemporain lui échappe, la ville Savigliano, dans le cadre du projet transfrontalier flexion, sur le monde ses rapports avec l’art, la vie. dédaigne ces corps qui ne savent même plus trouver CAT, est d’une si grande richesse qu’il n’arrivait pas Aboutie, cependant… le confort d’un fauteuil, le cheminement d’une route, à tout rassembler, comme on avait pu le voir lors de MARYVONNE COLOMBANI la main tendue d’un ami. la représentation du 9 octobre dernier à Savigliano, Dernier hommage au mythe

Le duo Cage-Cunningham a revécu au Pondway, de l’enfant chorégraphique du Black Mountain Théâtre de Nîmes, pour un spectacle College : Pond Way sur un fond sonore minimaliste d’autant plus émouvant qu’il marque Merce Cunningham Dance Company © Carol Pratt de Brian Eno évoquait une plastique sensuelle et une des dernières représentations de la collective par ses déséquilibres récurrents, adoucis par des costumes blancs évanescents. Plus centré Merce Cunningham Danse Company sur l’individu et ses dédoublements, Quartet faisait La musique ouvrait la manifestation le 16 mai au Carré renaître la présence du chorégraphe sous les traits d’Art avec les prestations sonores des alchimistes de l’un des danseurs au mimétisme frappant catalysé du son : David Berham (QSRL 2), Jesse Stiles (For par la bande son de David Tudor. Sur fond de scène Scutopus, on the Rooftop) et Kosugi (Cycles), précé- baroque matérialisé par des drapés savamment dés de Four (Cage), œuvre dans laquelle la clarinettiste plissés, c’est à nouveau une musique puissante de Carol Robinson, fidèle à l’esthétique de Cage, ra- Tudor aux allures de volière buissonnante qui géné- joute une touche électro-acoustique dans ses rait des envolées finement combinées. Cette dernière interventions aléatoires. Les élèves auraient-ils dé- chorégraphie de 1975, nous faisait mesurer l’évolution passé le maître en produisant une ambiance sonore de notre perception et soulevait à nouveau, ne serait-ce saisissante, générée par une installation électronique que par son titre Sounddance, les rapports musique/ interactive relayée par une amplification polyphoni- dance remis en question par Cage et Cunningham. que exemplaire ? De quoi ouvrir nos sens à des PIERRE ALAIN HOYET créations sonores insoupçonnées dans des condi- tions optimales de sonorisation : Event, création À noter commune, le confirmait. Le MCDC dansera Nearly 902 lors Les 17 et 18 mai, la MCDC faisait revivre l’esthétique du Festival de Marseille (voir p 42) MARSEILLE | AIX | AVIGNON | NÎMES DANSE53 Comme on ne la verra plus… La Friche la Belle de Mai rivalisait d’imagination en ces temps d’au-revoir, comme ce 25 mai où le public courut le marathon à l’invitation de Système Friche Théâtre, du Groupe Dunes et de Marseille Objectif Danse ! D’abord «dedans» avec MOD pour découvrir l’installation vidéo de Daniel Larrieu, Ice Dream, pré- texte à une expérience de la marche silencieuse. Une parenthèse de zenitude sur cette planète affolée, sur les traces d’un chorégraphe-arpenteur des paysages de la côte Est du Groenland où toute présence hu- maine pourrait paraître comme une odieuse faute de goût. Sauf que Daniel Larrieu est homme des espaces vierges, que sa caméra caresse l’herbe et la glace sans les déflorer et que sa danse se fond dans l’immensité : il dérive, seul, sans jamais bousculer l’ordre naturel des choses. L’ex-directeur du CCN de Tours s’offre une virée au pays de la lenteur, de la contemplation, tel une vigie inattendue : son travail, Martine Pisani, as far as the eye can hear, Friche Belle de Mai 2011 © Francis Blaise scénographié avec soin pour la Friche, en laissa plus ligne en se focalisant sur la construction de l’espace. et cette inscription en néons écrite en majuscules, d’un décontenancé : tant de silence, tant d’images Après une rencontre-repas aux Grandes Tables de la V.I.D.E., qui résonna étrangement… simples, de mouvements imperceptibles… Friche avec Patrick Bouchain et Jean-Luc Brisson en M.G.-G. Ensuite «dehors», toujours avec MOD, mais de manière maîtres de cérémonie, les plus intrépides et les moins plus bruyante et chaotique : le public s’amusa dans affamés se retrouvèrent sur le toit-terrasse avec le Le temps fort Entrez c’est le chantier ! un premier temps des pérégrinations du trio perfor- Groupe Dunes. Car la friture d’épluchures en se déroula du 21 au 25 mai matif de Martine Pisani, as far as the eye can hear, apéritif, la soupe de légumes bue à même la feuille de rencontre improbable sur le parking de la Friche entre chou et le breuvage servi dans la brouette ne pesè- Le nouveau directeur de Système friche Théâtre les Pieds Nickelés et un Buster Keaton désorienté, rent guère sur leur estomac… Bref, la fin de soirée fut vient d’être nommé, il s’agit d’Alain Arnaudet. avant de réaliser que cette proposition qui «ambi- calme sur les hauteurs de la Belle de Mai, entre jar- Portrait de l’homme et du lieu dans le prochain tionne la construction du temps» avait dévié de sa dins minimalistes, vague lumineuse, installation sonore, numéro de Zibeline. Barbara éternelle Le corps, l’image Gageure que de rendre hommage à Barbara, l’indéfinissable… Les chansons de la dame en noir ne passent guère sur les ondes. L’oubli insidieux guette les enfants et le discours de Göttingen, la pluie qui tombe toujours sur Nantes, l’aigle noir et ses yeux couleur rubis, le mal de vivre, la légèreté de l’amoureuse et de la malheureuse… Marie- Le duo théâtre et danse Hélène Desmaris se laisse porter par les mots, les rythmes… ses immobilités se de Yan Gilg et Hamid nourrissent de sens, puis le corps s’emporte soudain, quand Barbara interprète Ben Mahi relève d’une Sur la place de Brel. Grâce à la mise en lumière, le regard accroche les spectateurs, entreprise édifiante plus les interroge, anime les textes de tensions nouvelles. Puis la voix parlée de la que nécessaire : joué à chanteuse évoque son travail, ses aspirations… Il y a quelque chose de profondé- l’Espace Busserine au ment vrai dans ce spectacle, avec le choix d’interviews, d’enregistrements en cœur des HLM du Merlan public, dans lesquels la voix se déve- devant un public de jeu- loppe avec son grain, son épaisseur nes des cités, il porte une Solo danse autour des chansons de Barbara, humaine. Dimension que la semaine parole documentaire his- toriquement juste et

de résidence à Théâtre et chansons a © X-D.R permis de peaufiner, même si la danse intimement sensible, sans agressivité ni dérive, avec ce qu’il faut de révolte et de pourrait gagner à s’affranchir du mini- distance. Le travail sur les images documentaires est parfait, la musique passe malisme. avec pertinence du souvenir traditionnel au rap qui, en France, est né de MARYVONNE COLOMBANI l’immigration. Yan Gilg slame et joue avec l’histoire de la décolonisation algérienne, disant avec une belle sensibilité l’humiliation des «indigènes», et toutes celles qui Spectacle donné à Théâtre et chansons, ont suivi. Mais trop de faits tuent l’effet, et il perd parfois son public dans ces Aix les 28 et 29 mai énumérations successives qui toutes disent le même besoin de reconnaissance. Hamid Ben Mahi, avec sa danse toujours aussi magique, si fluide, précise et

Marie-Helene Desmaris © X-D.R À venir virtuose, attrape aux corps ces jeunes plus efficacement. Entraînés par cette Festival off souffrance et cette révolte incarnées, assimilées, réfléchies, apaisées sans du 8 au 31 juillet à 21h15 reniement, il est le portrait vivant, en mouvement, de l’histoire de leurs pères. (relâche les 19 et 24 juillet) Visible soudain, et acceptable, comme une filiation enfin possible. Théâtre Isle 80, Avignon A.F. 04 88 07 91 68 http://isle80.wordpress.com Beautiful Djazaïr a été dansé à l’Espace Busserine, Marseille 15e, le 28 mai 54 MUSIQUE FAIL 13 | TRETS | LE PANIER Tournée générale ! Ils sont jeunes, ils sont fougueux, ils ont senti costumes-cravates enfermés pour la nuit dans leurs représentants des élèves, des parents, des insti- l’appel des planches, mais c’est dans la rue qu’ils résidences, une population qui en aurait besoin. tuteurs. Tout le monde a participé, et le résultat ont crié à pleins poumons les textes choisis d’un Qu’à cela ne tienne ! La culture résiste encore, ici est frappant : voir une fillette oser déclamer son répertoire urbain. Élèves du Conservatoire d’art comme ailleurs à Marseille, grâce à l’œuvre de fond texte devant une assemblée d’adultes attentifs dramatique de Marseille, encadrés par le Théâtre de menée par les artistes avec l’équipe du Contrat alors qu’elle ne parlait peut-être pas français il y a la Mer, les Crieurs Publics se sont emparés du fruit urbain de cohésion sociale. Au programme de la seulement un an, c’est non seulement touchant, de trois ans d’ateliers d’écriture à La Joliette. Sur Tournée des arts, une magnifique exposition de mais c’est beau. le parvis de l’Hôpital Desbief, dans la cour de l’école sténopés (toute une réflexion sur la thématique de GAËLLE CLOAREC Vincent Leblanc, on a pu les entendre clamer les mots l’enfant dans la ville), des projections, des installa- des habitants du 2e arrondissement. tions, et une qualité d’écriture travaillée sur le long La Tournée des arts s’est déroulée les 24 et 25 mai Aucune structure sociale dans le quartier d’Euromé- terme. Les textes criés à l’école ont ainsi été rete- dans les quartiers Joliette-Pelletan diterranée, qui abrite pourtant, une fois les nus par des comités de sélection composés de Crieurs publics à l’école Vincent Leblanc © Laura Cardile

Fous d’équilibre Plein Panier Le service culturel de Trets organisait regard… Équilibre aussi avec une 18 ans, la majorité : on est encore très naïf, mais on entre dans l’âge adulte. Pour pour la troisième année une journée initiation au slackline, un sport neuf une fête de quartier, c’est très honorable, on a fait ses preuves, ça ne vaut pas Perform’Art, consacrée cette fois à ludique entre deux arbres. La popula- les vingt ans mais on y est presque. Alors cette édition 2011, qu’a-t-elle donné ? l’équilibre. Les installations dans la tion participe à la fête, chorégraphies De la procession religieuse aux saucisses grillées, en passant par la fanfare, le salle voûtée du château évoquent par répétées par des primaires, prome- bal des enfants et les concerts nocturnes, on peut dire que les traditions ont leurs architectures les équilibres déli- nade avec la cie Tutti Frutti entre les été respectées ! cats de la lumière, des formes ou des averses… Et le clou de la journée, le Les associations du Panier, parfois plus vieilles que la fête elle-même (comme sons. Les fiches de commentaires con- spectacle Ivre d’équilibre de Pascal la fameuse SA du Raï, pour «Smala Active du Rayon Animat Incolore», qui fête duisent à de délicieuses dérives vers Rousseau sur des compostions origi- ses 20 ans d’actions dans les rues, elle), entendaient bien ne pas laisser leur le Tétraktys de Pythagore, l’harmonie nales d’Éric Bono. Poésie puissante du territoire aux hordes de touristes assoiffés. «On a bloqué la place du Refuge complè- des sphères platonicienne ou à la lin- texte (Anne de Commines), souples- tement. Les jeunes préparent les sardinades, on a invité la population. Ça fait guistique structurale… sans pédantisme se, élégance de chaque geste, inscrit trois mois qu’on est dessus, les enfants ont participé, les adultes, les papys, les cependant, seulement l’invite provo- dans l’espace comme une évidence. mamies.» Et la présidente de râler : «Puisqu’on y est, on peut parler du quartier ? Ils catrice à penser plus loin que le Maîtrise, délicatesse du rapport aux sont en train de nous le changer, et on en a marre parce qu’il n’y a que les gens choses. Le corps devient une sculptu- qui ont des sous qui viennent, et nous on n’en a pas. On est un peu regardés de Equilibre © X-D.R. re vivante, dont chaque pose s’accorde travers. Mais on tiendra le coup, on ne partira pas de notre quartier parce qu’il

au souffle et au monde. Le minéral Fete du panier 2010 © Mathieu Mangaretto est à nous !» dessine de nouveaux symboles, sable Ah ça, on peut dire qu’il qui s’écoule indéfiniment, pierres qui a un peu changé : entre s’équilibrent : le temps, l’immobilité… la boutique de Plus belle entre les deux, la quête peut com- la vie et les boouh-rgeois mencer, rythmée par les sages paroles bohèmes qui s’installent du grand-père. La vie est une mon- à tour de bras... mais tagne qu’il faut escalader, marche sous les flon-flons de la difficile, mât, rouleaux, fil… au sommet, Fête, et tous les jours de il faut encore grimper… dépassement l’année, la résistance de soi pour se connaître enfin… Le s’organise. Ils ne laisse- public participe à cette élévation, les ront pas les riches tenir gros bras tendent les cordes, portent le haut du Panier ! la planche d’équilibre… Magique, à GAELLE CLOAREC la fois beau et intelligent ! MARYVONNE COLOMBANI La Fête du Panier s’est tenue Perform’Art a animé la journée les 10 et 11 juin du 4 juin à Trets JAZZ MUSIQUE 55 Wesley se la joue jazz Le tromboniste acolyte de feu James Brown était l’un des invités du festival Tighten up, à Marseille Il aura fallu attendre la dernière demi-heure de délicatesse. À bientôt 70 ans, Fred Wesley garde le concert pour replonger dans la grande époque où il sourire ébahi d’un enfant lorsqu’il écoute les solos dirigeait les JB’s. Ces années où son compagnon de ses complices ou qu’il engage avec eux quelques de route, le parrain de la soul en personne, l’avait pas de danse, sur la scène d’un Cabaret aléatoire déclaré «tromboniste le plus funky de tous les temps». insuffisamment garni pour l’événement. Inventeur Mais c’était oublier que Fred Wesley, qui entra à la d’un phrasé au trombone reconnaissable entre tous, fin des années 50 dans le Count Basie Orchestra, celui qui travailla également au côté de Maceo était capable d’assumer la double casquette du jazz Parker, Pee Wee Ellis puis avec la grande tribu de et du funk. Que ce soit avec ses New JB’s qui l’accom- George Clinton, sait aussi se distinguer par ce qu’on Fred Wesley © X-D.R. pagnent aujourd’hui ou les anciens, il n’a perdu ni appellerait de nos jours un flow, qui en fait le soirée qu’il allait finir assis derrière une table, à la main, ni le souffle. Et encore moins le nez de déni- modèle de toute une génération de hip-hop comme dédicacer son dernier album. Difficile de résumer cher des musiciens d’exception pour former un de R’n B. Ce qu’il confirma sur un de ses tubes : We un demi-siècle de légende en une heure et demie. jazz-funk band qui fait monter le mercure, tout en gonna have a funky good time. L’apothéose d’une THOMAS DALICANTE Progressif du Nord Douzième édition pour Prog’Sud, fes- rock symphonique et progressif : hor- tival dynamique qui s’inscrit dans la mis la belle prestation des différents grande lignée du rock progressif né solistes, on avait plaisir à entendre la dans les années 60. Une soirée supplé- voix du chanteur du groupe, son mentaire -le festival s’étale sur quatre ample tessiture et son interprétation soirées au lieu de trois- et une pléiade nuancée. Enfin, Pat O May conjugue de groupes internationaux, venus pour rock prog et musiques ethniques, le une fois plutôt de notre Nord (Belgi- celte s’envole en superbes riffs de que, Pays-Bas, Finlande, Hongrie, Cuba guitare, la batterie crée des ponts et France) à raison de trois groupes par entre les genres… Une énergie commu- soir. Jeunes et moins jeunes, mais nicative ! avec la même énergie, se retrouvent M.C. sur scène comme dans la salle. Le pu- The black noodle project © X-D.R. blic est au rendez-vous, l’ambiance nement des groupes, chacun avec son de guitare, un sacré tempo, un enthou- Le Festival Prog Sud a eu lieu bon enfant, on vient pour écouter une timbre propre : classique avec une to- siasme juvénile ; Anima Mundi du 1er au 4 juin à la salle Jas Rod musique de qualité que les ondes nalité psychédélique pour The Black apportait la preuve que Cuba ne danse (Les Pennes Mirabeau) ignorent. Le 3 juin a vu un bel enchaî- Noodle Project (France), de bons solos pas que la salsa et la samba, avec un

Le VIIe festival international de Flamenco a donné des accents de Jerez, le berceau du flamenco. Le pu- Le chant blic amateur souligne les voltes, les solos de guitare, la justesse des palmas de Fuensanta «La Moneta», profond de toute de tensions, corps arqué à l’extrême, doigts modelant l’air, visage expressif. Intériorité des gestes, élans sauvages. Une danse comme un exer- la mémoire cice de tauromachie, précise et emportée. La Moneta emplit l’espace avec puissance, portée par le jondo, le chant profond du flamenco superbement inter- prété par Enrique «El Extremeño», et à la guitare par Miguel Iglesias et Miguel «EL Cheyenne» aux percussions. La qualité des musiciens se retrouvait aussi pour le spectacle Los puertos de mi memoria, qui retrace l’évolution du danseur Juan Ogalla, son esthétique d’arrêts sur image, avec des variations soudaines de Fuensanta La Moneta © Luca Fiaccavento vitesse. On retrouve dans ses pas la belle influence d’Antonio Gades pour lequel il dansa à maintes re- prises. Almudena Serrano apportait par ses sa vivacité un certain humour, ah ! ce geste précis du pied renvoyant la traîne ! Un soupçon de légèreté face aux chants tragiques… MARYVONNE COLOMBANI

Ces spectacles se sont déroulés les 19 et 21 mai au Toursky 56 MUSIQUE JAZZ | DU MONDE Jazz / Avec des cris d’oiseau Décou- Nous invitions nos lecteurs, après l’écoute du CD d’Émilie Lesbros, à vertes son concert au Cri du Port le 24 mai (Zib’41). Ayant encore en mémoire À l’initiative de l’équipe du Cri du auditive les diverses pistes musicales, Port, le premier tremplin-jazz est tout certains ont ainsi pu assister à la d’abord un moyen pour les forma- cuisine visuelle de la chose. La tions musicales de partager un travail chanteuse les entraîne dans son collectif et de rencontrer un public. monde à coup d’archet déglingué en Trois lauréats pour la finale. Le trio guise de baguette magique : une de Félix Marret démarre et produit guitare basse est jouée avec des un set plein d’énergie avec d’excel- percussions ou bien à l’archet ; pen- lentes parties improvisées ; le trio chée, la tête dans le piano, Emilie toulonnais One Step envoie un très Lesbros fait résonner une petite bon programme de standards. Le musique mécanique qui évoque de quartet d’Elsy Fleriag donne par la lointains moments de l’enfance. Ou voix de la chanteuse quelques beaux lance un cri d’oiseau, Fruiti-ti-ti-ti-ti ! scats, parfois en créole de Marti- L’utilisation détournée des instru- nique, avec une batterie toute en ments accentue l’effet d’irréalité. Le finesse à l’écoute de cette voix. La concert se termine dans l’intensité et robe d’Elsy est rouge et verte, cou- la concentration, Emilie accompa- leurs complémentaires qui lui ont gnant elle même son chant au violon, porté chance au final, puisqu’elle a et emportant l’adhésion du public remporté ce Tremplin. Une mention subjugué. spéciale est attribuée par le jury, au DAN WARZY contrebassiste Adrien Coulomb du Emilie Lesbros © Dan Warzy © Dan Lesbros Emilie One Step pour sa présence, et son intuition créative. D. W.

Le 1er Tremplin Jazz 2011 a eu lieu le Poétique du subconscient 26 mai au Cri du Port, Marseille Winsor McCay est l’auteur de la bande Raulin, pianistes à la longue conni- Nemo et de ses folles aventures. C’est dessinée Little Nemo in Slumberland : vence, ont invité Christophe Monniot lors du festival Jazz in Arles que ce le grand livre des rêves qui paraissait aux saxophones, Jean-Marc Folz aux dispositif d’images animées par Fred épisodiquement dans deux journaux clarinettes et Sébastien Boisseau à Ladoué, à la fluidité relativement new-yorkais durant les années 1905 à la contrebasse dans un projet musical étrange, est projeté au public. Le 1914. Stephan Oliva et François et visuel sur le petit personnage de talent des musiciens est en parfaite symbiose avec l’imaginaire fantasti-

Little Nemo que de Winsor McCay. Ce dialogue inspiré se construit avec de belles évasions en improvisations ayant © Dan Warzy pour fil conducteur les pérégrinations de ce héros de BD qui finissent toujours par le réveil brutal de Little Nemo au pied de son lit. Un très beau voyage musical. D.W.

Ce concert a eu lieu au Méjan le 18 mai Little Nemo réalisé par Orietta Garzanti en 1969 et édité par Pierre Horay en 1974 So many splendid sundays – Sunday Press Book maquette de Philippe Ghielmetti Elsy Fleriag 4tet © Dan Warzy © Dan 4tet Elsy Fleriag Voyages afghans En ouverture d’un nouveau festival de musique indo-persane, Marseille accueillait deux légendes vivantes d’Afghanistan Un maître de la musique traditionnelle afghane en lancement de saison. La mairie du premier secteur de Marseille n’a pas choisi la facilité en entamant la programmation de l’été au Théâtre Silvain par la soirée d’ouverture du premier Festival de musique et contes indo-persan, proposé par l’association Ushpizin. Le site en plein air, jusque là sous-ex- ploité bien qu’à deux pas de la Corniche, s’est pourtant révélé en écrin idéal pour accueillir Door Mohammad Keshmi. Virtuose du ghishak, vièle originaire de la province du Badakhan, au nord-est de l’Afghanistan, maître d’un chant porté par sa voix pénétrante, il est accompagné de Gada Mohammad, autre référence, mais du dotâr cette fois, luth à deux cordes. Puisant alternativement dans les répertoires savant et populaire, les deux mémoires vivantes de la mu- sique afghane entourées d’autres musiciens de renom, ont vite fait oublier les clichés dont souffre depuis trop d’années leur pays, et ont permis d’entrevoir la réalité de son histoire et de sa culture : un carrefour de civilisations où se croisent et s’entremêlent les influences persanes, indiennes ou d’Asie centrale. Dans le public, de nombreux membres de ces com- munautés ont envahi à plusieurs reprises la piste pour y danser leur joie… THOMAS DALICANTE

Door Mohamad Keshmi © Kamrouz show 58 MUSIQUE OLLIOULES | MIM | GRIM | AUTOUR DES CLAVIERS | LES FESTES Poétique du Oud Mahmoud Darwich, le poète engagé d’amour à la femme aimée et à la Pa- pour la cause palestinienne, reste après lestine qui se confondent : «...Je suis sa disparition le ferment d’inspiration le voyageur et le chemin... J’exerce de nombreux artistes, dont les trois mon cœur pour qu’il contienne les frères Joubran, joueurs d’oud issus roses. Avec sept coussins remplis de d’une longue lignée de luthiers et nuée légère. Attends-la...» Le trio musiciens de Palestine. Leur collabo- Joubran entre alors en conversation ration avec Darwich était toute musicale et en communion parfaite naturelle, et aujourd’hui encore ils avec un extraordinaire percussionnis- donnent leur voix, «douleur du cœur te Youssef Hbeisch. Un spectacle et de l’âme» pour la Palestine : l’aîné envoûtant ! et initiateur Samir, Adnan, le cadet, DAN WARZY et Wissam, formé à l’école de luthe- rie Stradivarius de Crémone est celui Ce concert a été donné au CNCDC de qui crée de ses mains les instruments Chateauvallon à Ollioules le 21 mai que le trio utilise. Aujourd’hui, un CD+DVD A l’ombre des mots nouvel hommage est rendu au poète Le concert de Ramallah 2009 avec ce spectacle qui rencontre un Trio Joubran © X-D.R. CD AsFâr 2011 Label World Village / grand succès. Le dialogue des trois nelle arabe, retrouvant ses rythmes et s’élève la voix retrouvée de Mahmoud Harmonia Mundi ouds s’établit par des motifs et dans ses mélodies qui s’agrémentent sans Darwich, dont la traduction est assu- les modes de la musique tradition- rupture de modernité, pendant que rée par Elias Sanbar. Comme un poème L’intuition de l’instant MIM. Sous l’acronyme un laboratoire, un groupe- individuelle de chacun sous fond d’images floutées. ment d’artistes mus par une même fièvre créatrice Régression totale avec Dolomythe de Nicolas Bauffe : à la recherche d’un ailleurs. Derrière le palindrome, immersion dans le monde sonore, entre ordre et chaos, l’expression et le désir de mettre en regard, en dans un temps avant l’Histoire. Stance. Contresens écho, différentes formes d’expression artistique. Le de Claude et Jean-Pierre Moreau : instant de poésie thème du concert : l’attente. Six pièces pour sym- pure où le texte se dépouille de son signifié, formant boliser cet arrêt du temps, frontière invisible entre avec la vidéo la bande et l’accordéon un univers un passé révolu et un futur à venir. Deux œuvres syncrétique concrétion d’images de verbe et de son. pour piano, Cinque variazione de Berio et Ballade Puis S’en va le temps, création de Lysey et Solange de Frémiot servirent de marqueur temporel à la Baron, univers nostalgique bercé par le souffle soirée. Souvenirs du geste musical des années d’une éolienne. Puis le Théâtre et chansons (Aix) soixante : éclats de notes, fragmentation de l’espa- qui servit pour l’occasion de salle «d’attentes» put ce, temps éclaté, musique plastique sous les doigts reprendre le cours normal de son existence… CHRISTOPHE FLOQUET agiles de Jacques Raynaut. Entre ces brisures du © X-D.R Weber Pascale de temps, Immémorial de Pascale Weber pour dispositif multimédia ; l’enfance : scories d’un monde éva- Concert donné le 30 mai par le laboratoire

noui, échographie de moments lointains, mémoire de Musique et Informatique de Marseille Immemorial Des Skeletons de l’espace Invité par le Grim, le trio new-yorkais a offert On ne s’étonne plus des audacieuses aux mélodies défragmentées. aux Marseillais une part de sa créativité surprises de la programmation du Le vaisseau Skeletons a le gaz à tous © Pierre Gondard © Pierre Grim, à Marseille. Fermé pour travaux, les étages et plane dans une atmos- c’est donc hors les murs, au Poste à phère déjantée, où la notion d’espace Galène, que la scène musicale de et de temps n’a plus lieu d’être. Et Montévidéo, a exporté le concert des même lorsqu’un de leurs morceaux Skeletons. Le trio new-yorkais y a dure vingt minutes, comme c’est le offert un concert racé, poly-rythmé cas sur leur dernier album People, ils où afro-funk, free jazz, grunge, électro ne prévoient pas d’escale. et autres bruitages domestiques ont Une soirée à la palette sonore infinie, rivalisé dans un univers fantastique qui avait d’ailleurs bien commencé aux effluves psychédéliques. C’est avec les riffs électriques au goût de lorsqu’ils étaient encore étudiants que sable du phocéen Johnny Hawaï, le chanteur Matt Mehlan et les multi- avec en guest Kid Francescoli aux instrumentistes Jason McMahon et claviers et Oh ! Tiger Mountain à la Jonathan Leland ont rassemblé leurs guitare. ossements pour former ces squelettes THOMAS DALICANTE

Le poète parle… Duchâble au sommet de son art, dans un lieu d’exception… C’est dans une ancienne église reconvertie en atelier de peinture par l’artiste François Aubrun, que s’ouvrit le 5e festi- val Autour des claviers. Dans ce lieu englouti par les collines boisées du Tholonet, François-René Duchâble et Alain Carré proposèrent un concert épistolaire autour d’œu- vres et écrits de Franz Liszt. Plus de deux heu- res d’immersion dans le XIXe, entre lettres, poè- mes de Lamartine et musique de Chopin, Francois-Rene Duchable et Alain Carre © X-D.R. Schumann, Beethoven ! Sous le regard des toiles de de l’ordre du dicible, juste l’expression de l’ataraxie lumière, le temps se mua en instant, métamorphose de la solitude. Violenté par la musique dionysiaque du verbe en son et du son en verbe. Les premières de la Méphisto Valse ou cajolé par la douceur apol- notes liquides de l’étude Les gammes de Liszt, linienne de La Lorelei, le public ressortit du lieu distillées par le pianiste, perlèrent sur l’auditoire envoûté par la prestation de Duchâble, la tête dans médusé, prodrome d’un concert à venir d’antholo- les étoiles et le corps en lévitation à l’image de la gie. Sans rupture, les mots s’enchaînèrent aux sons dernière pièce du concert Saint François de Paul pour ne plus former qu’une guirlande de signes. Le marchant sur les flots. Unique ! comédien, tantôt assis à son bureau éclairé par un CHRISTOPHE FLOQUET candélabre ou debout, jetant des éclats de vers à l’assemblée, habita l’espace de sa présence. Et que À noter dire de ce moment de poésie pure, hymen d’un Autour des claviers se poursuit jusqu’au 19 juin extrait de texte de Lamartine et d’une pièce 04 42 96 96 96 empreinte de mysticisme du maître hongrois ? Rien www.autourdesclaviers.com

Airs de Festes L’ensemble baroque Les Festes d’Orphée livre un ni» de la déploration du chœur… Belles articulations, programme éclectique en ces mois de mai juin : le diction juste, délicatesse du Pianto della Madon- 31 mai, des œuvres de Monteverdi pour Grand na, entrain du Venite e videte. Un Jacques Losse chœur, solistes et basse continue, donné en l’église en grande forme, un chœur enthousiaste, avec une du Saint-Esprit. Expressivité de la soprano Laure circulation fluide des thèmes entre les pupitres, une Bonnaure dans les plaintes de la fille de Jephté vraie fête baroque où l’on goûte avec plaisir le (Carissimi), souples enchaînements des «lamentami- Grand Motet (Lauda Jerusalem) et des extraits du Grand choeur des Festes d'Orphee © X-D.R premier acte de l’Orfeo de Monteverdi… Le 4 juin, place était laissée à la société de Musi- que Ancienne de Nice en la Chapelle du Sacré Cœur pour un concert dédié à Jean Sébastien Bach. Alternance de concertos (Brandebourgeois, BWV 1052), extraits de la messe en la majeur et de passages solistes avec des Cantates. Les célèbres Ich habe genug ou Deine Sachsen, dein bestürztes Meißen étaient portées par la voix bien placée, toute de nuances de Claire Gouton, flûtes au jeu délié et aérien, violon virtuose de Flavio Losco qui dirige aussi l’ensemble. Un spectacle d’une grande qualité. M.C.

Concerts donnés le 31 mai par les Festes d’Orphée, dirigée par Guy Laurent et le 4 juin par la Société de Musique ancienne de Nice 60 MUSIQUE GTP | AVIGNON | FEST. DE MUS. SACRÉE | OPÉRABULLES L’Opéra façon «world» Prenez une flûte, de préférence en- © Piero Tauro Constituez différentes couches à par- chantée, un Orchestra di Piazza tir de chansons variétés, pop, choral Vittorio (ensemble cosmopolite mêlant à la manière de Kurt Weill et jazz le trombone, la flûte des Andes, le métissé façon Uri Caine. Liez l’ensem- djembe, la kora…), quelques chan- ble avec des arrangements de Leandro teurs, indiens, anglais… et un montage Piccioni mâtinés de synthétiseur et vidéo (dessins, peintures…). Brisez cordes à la Morricone. Saupoudrez l’œuvre de Mozart en petits morceaux, abondamment de rythmiques afro- incorporez un narrateur et faites cubaines, mélodies arabo-andalouses fondre l’histoire. Ajoutez un Papage- et arrosez le tout voluptueusement no, grand, noir, treillis, rangers, gibus de pastiche. Laissez le dernier zeste rouge vermeil, une Pamina, type au chef Marion Tronco et dégustez. chanteuse hippie pieds nus sortie Un dessert de fin de saison à tout droit du concours de l’Eurovision consommer sans modération. 1978, une Reine de la nuit hystérique CHRISTOPHE FLOQUET mi Nina Hagen mi Edith Piaf , un Tamino et un Sarastro c’est trop ! Re- La Flûte enchantée constituez une trame à grands coups a été réinterprétée au GTP de pinceau en éludant toute la les 24 et 25 mai dimension symbolique et ésotérique. Heureuse relecture ! La mise en scène osée du chef-d’œuvre de Bizet signée Nadine Duffaut a fait sensation fin mai en Avignon Bulles de Champagne D’emblée, dans un décor aux murs tagués, quelques enfants gitans sur scène Vivre en Champenois accorde sans doute certaines prédispositions, le sens de maîtrisent guitare et chant et ajoutent un prologue à l’Ouverture. Plus de l’humour, de la fête, de la légèreté… C’est ce que tendrait à démontrer l’ensem- soldats courtois, de jupes affriolantes et de couleurs vives, d’affectations ble vocal OpéraBulles, sous la direction de Cyrille Serio. Appréhension hispanisantes : c’est d’une vieille voiture parquée dans un hangar, visité pour gourmande du chant pour un concert d’une grande qualité. Les six voix sonnent l’occasion par une foule populaire, que sort Beatrice Uria-Monzon, superbe comme un chœur, le Lacrimosa du Requiem de Mozart emplissent de leurs Carmen, vêtue d’une simple robe noire. Dès les premières notes de la Habanera, harmoniques les voûtes de l’église Saint Esprit, et offrent un festival de solos, la magie opère : sa voix chaude, profonde et très sensuelle, colle merveilleuse- duos, scènes de groupe, avec un allant et un enthousiasme communicatif. Pas ment au personnage ! de partitions, qui rendent les représentations statiques, mais une mise en scène Tous les airs et duos sont applaudis avant qu’au dernier acte, la mise en scène pleine de fantaisie, agrémentée de commentaires riches et drôles, cultivant le ne bouleverse le dénouement traditionnel : Micaëla (Sophie Marin-Degor), si goût de l’anecdote. Comme celle de la partition de César Frank perdue 50 ans discrète d’ordinaire, assistant à la dispute entre Carmen et Don José (merveilleux sous la masse immobile d’un harmonium… De la Séguedille de Carmen à Over

© Cedric Delestrade Jean-Pierre Furlan) sort the rainbow, l’Ave Maria de Donizetti ou Harry Potter, les morceaux populaires un revolver d’une de ses se succèdent, avec des voix bien placées, de superbes pianissimi… Une poches et tue Carmen capacité d’émerveillement d’une délicieuse fraîcheur, le tout accompagné avec d’une balle… brio par le piano. Du début à la fin, il sem- M.C. ble qu’on n’ait jamais vu Carmen auparavant, l’œu- Le concert d’Opérabulles s’est donné à Aix, vre lyrique pourtant la Salon et Arles du 9 au 11 juin plus jouée dans le mon- OperaBulles © X-D.R. de depuis plus d’un siècle. «Apprendre et réappren- dre la liberté de Carmen, voilà une rude tâche» dit Nadine Duffaut. Malgré quelques «sifflets» dis- crets en fin de spectacle, le public a salué vive- ment et longuement les chanteurs, chef d’orches- tre et metteure en scène qui souhaitent «ne jamais oublier que ce chef- d’œuvre de Bizet doit continuer de vivre». CHRISTINE REY Oratorios sacrés

The King's Consort © Keith Saunders

L’Oratorio sacré constitue la forme par coloriste du jeune Haendel, de super- excellence de la dramatisation d’évé- bes contrastes sonores et dynamiques, nements religieux. Proche de l’Opéra, quand les cinq solistes ont rivalisé en il s’en distingue par son exécution sans vocalises furieuses, en expressions décor ni action scénique : une sorte tendres ou tristes au service d’une d’opéra de concert sur un sujet reli- écriture «symboliste». On regrette gieux. Ces ouvrages constituent les cependant l’absence d’un sur-titrage piliers des Festivals de Musique Sa- qui aurait permis de mieux com- crée qui fleurissent partout. Pour la prendre le sens des récits et des airs. clôture de sa 16e édition, le 1er juin Le Festival de Musique Sacrée de à St-Michel, celui de Marseille pro- Marseille offre aussi des concerts grammait un oratorio de jeunesse de gratuits donnés par les élèves du Haendel, représenté en italien à Rome Conservatoire de Marseille. Ainsi le en 1708, une bonne trentaine d’an- programme d’Airs sacrés romanti- nées avant les fresques qui firent son ques, présenté par la Classe de Chant succès à Londres et dont Le Messie d’Isabelle Vernet, a fait se lever d’un (1741) demeure l’archétype. bond l’auditoire (venu en foule le 30 La Resurrezione fait revivre deux ac- mai à la Basilique du Sacré-Cœur) aux tions du Vendredi Saint et du jour de derniers accords tonitruants de Gallia, Pâques, Marie-Madeleine et Marie- oratorio composé par Gounod en Cléophas pleurant la mort de Jésus, 1871. Cette élégie biblique, tirée de consolées par Saint-Jean, et le combat Lamentations de Jérémie, mêle les symbolique de l’Ange et de Lucifer sentiments religieux et patriotique précédant la «Bonne Nouvelle». Le après la défaite de 1870. L’effet célèbre et trentenaire King’s Consort produit à l’époque fut considérable et (l’ensemble britannique compte une aujourd’hui l’œuvre, servie par une centaine d’enregistrements !) a servi superbe phalange vocale, conserve cet ouvrage rare avec métier. Au haut- tout son apparat. bois baroque, à la viole de gambe ou JACQUES FRESCHEL au théorbe, sur l’orgue, le clavecin ou à la trompette naturelle, les instru- Concert donné en clôture du festival mentistes ont révélé les talents de de musique sacrée le 1er juin 62 CINÉMA FID | JUDAÏCINÉ | RENDEZ-VOUS D’ANNIE

Depuis le 8 juin, l’Institut de l’Image à Aix propose, comme chaque année, une programmation de Marseille, rééditions : Bloody Mama de Roger Corman ; Je veux seulement que vous m’aimiez de Fassbin- der ; Le Guépard de Visconti ; trois films rares de en prise réelle David Lean en copies neuves : Brève rencontre, Oliver Twist et L’Esprit s’amuse ; La Main au collet d’Hitchcock ; The Swimmer de Frank Perry ; avec le monde Nathalie Granger de Marguerite Duras. Institut de l’Image, Aix 04 42 26 81 82 www.institut-image.org

United red army de Koji Wakamatsu, selection Ecrans paralleles © Wakamatsu Production, Inc. De grandes lettres blanches sur fond rouge : «22e Vidéochroniques (voir p80), l’Aspas, Reflets… Se Festival International de CINEMA» apparaissent déroulera aussi la 3e édition de FIDLAB, un dispo- dans Marseille, annonçant l’édition du FID Mar- sitif qui permet d’aider à la production de 11 projets seille du 6 au 11 juillet et confirmant la ligne de films sélectionnés sur les 320 reçus. artistique prise il y a trois ans par Jean-Pierre Rehm Cette 22e édition donnera lieu à des nouveautés : et son équipe : accueillir des documentaires ET la mise en place du Prix Renaud Victor attribué par des fictions en prise avec le réel. un jury de détenus des Baumettes en partenariat «Malgré les moyens modestes de la manifesta- avec Lieux fictifs ; l’invitation d’étudiants de 5 éco- tion, le FID a acquis une réputation internationale les d’art et de cinéma de la Méditerranée avec MP La main au collet d'Alfred Hitchcock et est devenu un modèle pour d’autres festivals. 2013 et l’accueil des Rencontres nationales de La preuve : la confiance que nous font les réali- lycéens et apprentis au cinéma avec Cinémas du Du 15 au 25 juin, The B-Side présente Se révolter, sateurs.» En effet, le FID a reçu plus de 2500 films Sud. filmer, une rétrospective des films de Jean- venant de 94 pays. Parmi eux 19 premières mon- La grande salle étant rouverte, le FID revient enfin Pierre Thorn : au CRDP, le 15 juin à 20h, Faire diales, dont 7 premiers films, sont en Compétition à la Criée où aura lieu l’ouverture, le 6 juillet, avec kiffer les anges, et le 22 Le dos au mur. Internationale dont le jury est présidé par Julio Poussières d’Amérique d’Arnaud des Pallières Au Polygone Etoilé, le 16 à 19h, Oser lutter, oser Bressane, réalisateur et producteur brésilien. Le qui, à partir d’histoires réelles ou fantasmées, vaincre et Les ouvriers de la Margoline ; le 18, travail sur la mémoire, sur les images du passé et extraites d’un vivier d’images d’amateurs, compose Allez yallah ! et le 23, Je t’ai dans la peau. leurs échos au présent semble être un des un voyage à travers les États-Unis. Au Merlan, le 17 à 19h, On n’est pas des marques thèmes récurrents de cette sélection. C’est Luc Des projections auront aussi lieu au cinéma Va- de vélo et au Centre social La Busserine, le 24 à Moullet qui préside le jury de la Compétition Fran- riétés, à la Maison de la Région, à l’Alcazar, au 22h, 93 La belle rebelle. Toutes les projections çaise comportant 10 films en première mondiale, Théâtre Silvain ainsi que des installations et sont suivies d’un débat en présence du dont 3 premiers films. expositions dans d’autres lieux de la ville. Plus de réalisateur. À côté des compétitions, des Écrans parallèles : 130 films à découvrir ! The B-Side, Marseille Une autre histoire du cinéma mexicain, Souffran- ANNIE GAVA 04 84 25 04 02 ce et cruauté, Portraits croisés, Conversations www.thebside.org ` secrètes (le son dans tous ses états), En chantier FID Marseille et les Sentiers avec Fotokino. Des Séances spé- 04 95 04 44 90 ciales également, en partenariat avec l’ACID, www.fidmarseille.org Films d’Israël à Marseille Du 15 au 21 juin, Judaï Cinéorganise les 12e Regards présenté en ouverture le 15 juin à 20h30. Le sur le cinéma israélien de Marseille au cinéma Le lendemain, Naomi, en présence du réalisateur César : une semaine de projections, d’échanges Eitan Zur et du producteur Elie Meirovitz. Il y aura et de rencontres avec des invités. Au programme, aussi Andante d’Assaf Tager en présence de l’ac- huit longs métrages dont Hearat Shulayim (Foot- trice Sarah Adler, The Matchmaker d’Avi Nesher, note) de Joseph Cedar, prix du scénario à Cannes, Infiltration de Dover Kosashvili, et Gei Oni en Je t'ai dans la peau de Jean-Pierre Thorn présence de Dan Wolman, auteur aussi du docu- Footnote mentaire, Yolande, une héroïne méconnue. Le 16 juin à 20h30, en partenariat avec l’Associa- Le Livre de la grammaire intérieure de Nir Berg- tion France Amérique Latine, au cinéma Renoir à de Jeseph Cedar man et les huit courts métrages par des cinéastes Martigues, Les Couleurs de la montagne de palestiniens et israéliens de la jeune génération, Carlos César Abélaez : dans un village colombien Café entre réalité et imagination, projet initié par Manuel et Julian envoient leur ballon neuf sur un Yael Perlov, seront présentés en clôture le 21 juin champ de mines, et malgré le danger toute la au cinéma Les Variétés. bande de gamins veut le récupérer coûte que A.G. coûte… Cinéma Jean Renoir 04 91 37 40 57 04 42 44 32 21 www.judaicine.fr http://cinemajeanrenoir.blogspot.com CINÉMA 63

Du 24 juin au 29 juillet, l’Alhambra Cinémarseille Dans le cadre du 3e Festival Les Nouveaux mondes propose Ecrans sous les étoiles, 13 séances de qui se déroule à Cassis du 6 au 14 juillet, projec- cinéma en plein-air dans les 15e et 16e arr. de tion de documentaires à 16h : entre autres, le 7, Marseille et à Septèmes-les Vallons : Adèle blanc Waste land de Lucy Walker ; le 9, Lumière de P.A. Sec de Luc Besson, Tout ce qui brille de Géraldine Straubinger ; le 10, Severn de Jean Claude Nakache… Le 15 juillet, projection du premier film Jaud… de Guédiguian, Dernier été. Centre Culturel de Cassis Alhambra Cinémarseille 04 42 01 77 73 04 91 46 02 83 www.associationlesnouveauxmondes.com Adele Blanc-Sec de Luc Besson © Europacorp Matrimonio all'italiana de Vittorio de Sica L’Institut Culturel Italien continue sa rétrospec- Durant tout l’été, TILT propose la 16e édition de tive sur les divas italiennes des années 50 et 60 Ciné plein air : pas moins de 30 soirées de pro- avec Sofia Loren dans Matrimonio all’italiana de jections dans 9 lieux de Marseille… Les mairies Vittorio de Sica le 16 juin à 18h et La Ciociara de de secteur (1er/7e, 2e/3e, 13e/14e), la bibliothèque Mario Soldati, le 23 juin à 18h, pour lequel elle a départementale, les centres sociaux de Bois reçu l’Oscar de la meilleure actrice en 1961. Lemaître et de la Capelette s’associent à Tilt pour Institut Culturel Italien, Marseille proposer des séances à entrée libre, à la tombée 04 91 48 51 94 de la nuit… L’occasion de voir ou revoir classiques www.iicmarsiglia.esteri.it du cinéma comme Le diable au corps de Claude Autant-Lara, ou des films plus récents comme Le 20 juin à 20h30, à l’Alhambra Cinémarseille Séraphine de Martin Provost, Million Dollar Baby dans le cadre du Festival de Marseille, en parte- de Clint Eastwood, Alice au pays des merveilles nariat avec le Festival Reflets, quatre courts films de Tim Burton, Welcome de Philippe Lioret, de l’artiste sud-africain Steven Cohen, en sa pré- Volver de Pedro Almodóvar, The Ghost Writer de sence. Réservation nécessaire au 04 91 99 00 20. Roman Polanski… Le 23 juin à 19h, en partenariat avec Couleur Cactus, Dans le cadre de la conférence internationale Jusqu’au 13 août un long métrage du cinéaste burkinabé S. Pierre Religion et économie dans un monde global qui TILT Yaméogo, Delwende, lève-toi et marche, en sa aura lieu à Aix du 30 juin au 3 juillet (voir p 66), 04 91 91 07 99 présence. projection de documentaires, en présence des http://cinetilt.blogspot.com Alhambra Cinémarseille réalisateurs, sur le thème du religieux dans la 04 91 03 84 66 salle vidéo de Sciences Po Aix : Les Chemins de la www.alhambracine.com Baraka de Khamis Mesbah et Manoël Penicaud, Les porteurs de la Vierge de Miguel Ángel Du 24 au 26 juin, l’association Planète Honnête Rodríguez Lizana… propose aux Gardis à Cadenet la 3e édition du Fes- Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence tival International du Documentaire et Rencontres www.sisr.org/0117/fr/Conference sur la Biodiversité et les Peuples Premiers : des conférences, des concerts, des films autour du Du 6 au 12 juillet passera la Caravane des ciné- thème l’éco-féminin ! De l’espoir pour notre terre mas arabes en Région : projections en plein air à chercher du côté des femmes ! Véronique Jan- de films venant d’Irak, d’Egypte, de Palestine et The ghost writer de Roman Polanski not présentera Dakinis, des portraits de femmes d’Algérie. Ainsi pourra-t-on voir Coup d’envoi de bouddhistes ; en avant-premières nationales, Pink Shawkat Amin Korki aux Mées ; Femmes du Attac Pays d’Arles et le Festival Les Suds orga- Saris, une œuvre féministe engagée contre les Caire de Yousry Nasrallah à Gap, au Luc-en-Pro- nisent un 14 juillet Internationaliste à l’Espace injustices et les inégalités de sexes et de castes vence et à Arles ; Le temps qu’il reste d’Elia Van Gogh, à Arles : à 10h, projection de Le Chaos de Kim Longinotto et Super mémés de Magnus Suleiman à Nice ; Voyage à Alger d’Abdelkrim de Youssef Chahine et Khaled Youssef ; à 17h, Isacsson… Bahloul à Apt et au Théâtre Silvain à Marseille. débat animé par Gus Massiah sur le thème Association Planète Honnête Aflam Peuples en Révolution. Entrée libre et gratuite 04 90 08 88 08 04 91 47 73 94 dans la limite des places disponibles. www.planetehonnete.org www.aflam.fr local.attac.org/13/arles

64 CINÉMA ALHAMBRA | AFLAM

films belges offrent des contes à sourire assis. Résolument rétro, tourné au Havre, La Fée du trio Sept ans burlesque Abel, Gordon et Romy, enchaîne les gags visuels, hommages à la maladresse, au ban- cal, à l’inachevé, au déséquilibre, à la persévérance des rêves qui donnent la force de transformer la de projections vie. Les géants de Bouli Lanners, récompensé par l‘Art Cinema Award et le prix SACD, suit la fugue initiatique de trois adolescents livrés à eux-mêmes dans l’immensité paradoxale des forêts luxem- bourgeoises. Pas de services sociaux, d’adultes responsables pour ces trois petits cochons dont les abris s’effondrent. Ces Poucets sans cailloux qui coupent les ponts, dérivent au fil de l’eau, fument de l’herbe, se teignent en blond, font leurs quatre cents coups, rencontrant un grand méchant loup dealer et une fée providentielle. Plus réaliste et satirique, mais tout aussi initia- tique, le premier film d’Alice Rohrwacher Corpo Celeste met en scène une ado à peine pubère qu’on prépare à sa confirmation. Croire au miracle, Corpo celeste d'Alice Rohrwacher s’intégrer, grandir, la jeune fille le voudrait bien Comme depuis sept ans, deux jours seulement le veilleur arrose la terre rouge, pulvérulente et mais la Calabre catéchisante qu’à son arrivée de après la clôture du festival cannois, l’AlhambraCi- assoiffée, des bougies vacillent dans la nuit pour- Suisse elle découvre, sale, laide, glorifiant les néMarseille a projeté douze films de la Quinzaine voyeuse des morts du lendemain tandis que la simagrées religieuses de directeurs de conscience des réalisateurs. Ouverture en numérique -une vieille télé crachotante énumère les victimes d’une qui ont perdu la leur, ne l’aide guère. première à St Henri- avec El Velador, documen- guerre hors champ. Le second, based on true Mention spéciale pour La nuit elles dansent d’Isa- taire mexicain de Natalia Almada et Après le sud story, autopsie avec la précision du légiste un fait belle Lavigne et Stéphane Thibault, documentaire de J.-J. Jauffrey, long métrage soutenu par la divers banal. Excédé par le bruit, un retraité a tiré québécois tourné au Caire. Un nocturne d’une Région PACA. Deux mises à nu qui osent prendre sur un jeune homme et l’a tué. Jauffrey décons- vitalité folle qui met en lumière à travers les le temps. Le premier immerge le spectateur jour truit le drame, croise les itinéraires spatiaux et portraits croisés de quatre danseuses de baladi - après nuit dans le quotidien répétitif du baroque psychologiques de chaque protagoniste, différant peu avant l’éclosion des printemps arabes- les narco-cimetière de Culiacan. Des maçons posent l’instant tragique vers lequel ils convergent inéluc- contradictions de la société égyptienne. Quand la le dôme d’une chapelle, une jeune femme lave tablement. vie nourrit le cinéma, qui le lui rend bien. névrotiquement le prétentieux mausolée d’un caïd, Face à tant de noirceur, tendres et décalés, deux ÉLISE PADOVANI Printemps arabe Du 23 au 31 mai, AFLAM a présenté à la lumière du printemps arabe, films longs et courts très divers, venus d’une dizaine de pays. Heureuse initiative qui permet de voir des films dont certains n’ont pas de distributeurs en France. C’est le cas du deuxième long métrage d’Ahmed Abdallah, Microphone, qui devait sortir sur les écrans du Caire… le 25 janvier 2011 ! Les Egyptiens n’étaient pas dans les salles obscures mais sur la place Tahrir, comme l’a rap- pelé l’acteur principal, coproducteur, le charmant Khaled Abou Nadja, invité le 27 mai au cinéma Variétés. Le film, au départ, devait être un docu- mentaire ; Khaled retourne à Alexandrie après des années d’absence et découvre les graffitis de la jeune Aya Tarek qui lui présente des artistes un- derground, musiciens et chanteurs de hip hop, de rock, de métal rock. Cela devient un film de fiction où chacun joue son propre rôle. Khaled s’intéresse à ces artistes qui n’ont pas de scène et envisage d’organiser un grand concert qui n’aboutit pas. De son côté, la fille qu’il aime décide d’aller poursuivre Microphone d'Ahmad Abdalla ses études à l’étranger et les liens qu’il crée avec de ses personnages dans une société qui refuse les quatre troupes, Massar Egbari, Y Crew, Mas- d’octroyer à des jeunes musiciens la place qu’ils Aflam cara et Sout fil zahma lui permettent de surmonter revendiquent» ainsi que prix du meilleur film arabe 04 91 47 73 94 e cette déception. On le suit dans les dans les salles à la 34 édition du Festival international du film du www.aflam.fr de répétition, dans la rue, dans leurs locaux exigus, Caire. filmé par deux jeunes cinéastes, film dans le film. Microphone est sur le catalogue de la nouvelle so- À venir Cette œuvre à l’écriture particulière, dense, au ciété de distribution panarabe de films indépendants, Du 6 au 12 juillet, la Caravane des cinémas arabes montage et au rythme saccadés, qui se regarde à Pacha Pictures, (www.pachapictures.com) lancée en Région (voir p. 62) la manière d’un puzzle qu’on reconstitue, a obtenu au festival de Cannes : souhaitons qu’il soit bientôt Le Tanit d’Or à Carthage «pour son audace, sa distribué dans les salles ! jeunesse, l’efficacité de sa musique et la richesse ANNIE GAVA CANNES CINÉMA 65 On y court toujours ! Ils ont bien de la chance les «marathoniens» de Cinécole ! Point d’attente pendant des heures, dans des queues, sous le soleil, aucun problème de choix de films, d’horaires ! Le Festival de Cannes dans un (seul) fauteuil ! La commission Cinécole, composée de six enseignants, a sélectionné -particulièrement bien cette année- 14 films de toutes les sections du Festival, que les 350 enseignants et étudiants, dont 32% d’Aix-Marseille, ont regardés les 21 et 22 mai, durant une trentaine d’heures, dans la salle du Miramar, prenant la suite des specta- teurs de la Semaine de la Critique. Michel Vauzelle et les lyceens marseillais du lycee Diderot, à Cannes le 21 mai lors de la montee des marches © X-D.R. Leur première étape, un voyage en utopie, les a Prix de la Critique internationale. d’acacias en compagnie de Rubén, Germán De conduits à Lorient où s’est déroulé un événement Autre conte filmé au Havre, La Fée, dont les au- Silva, blindé dans la douleur d’une perte, qui encore plus étonnant qu’une invasion de coccinel- teurs interprètes, le trio Abel-Gordon-Rémy, sont emmène, de Puerto Falcon au Paraguay jusqu’à les : 17 filles, enceintes en même temps. Inspiré venus rencontrer le public… juste après les der- Buenos-Aires, une mère et sa fille, un bébé de d’un fait divers, en 2008, dans le Massachussetts, niers coups de minuit ! Un moment très agréable quelques mois. Ils ne se parlent pas ou très peu ; le premier long métrage de Delphine et Muriel avant les deux heures et demie d’horreur du film il ne se passe pas grand-chose ; le voyage est long Coulin, qui brossent ici un portrait de l’adolescen- The Murderer du Coréen Na Hong-jin que seuls mais on ne s’ennuie pas. Le talent de Pablo Gior- ce et de son désir de liberté et de responsabilité, les amateurs de cinéma d’action, de courses-pour- gelli est de nous faire participer à ces échanges est très maîtrisé, bien construit et lumineux. suites, d’explosions de violence sanguinolente de regards, à ces changements presque imper- Deuxième étape, un retour dans l’histoire du ciné- auront apprécié. ceptibles, à l’ouverture de cet homme au monde. ma, au moment où il devient parlant, avec le Vers 6 heures du matin, la centaine de specta- Et le bébé est formidable ! Sélectionné à la Se- brillant The Artist de Michel Hazanivicius, où Jean teurs encore éveillés ont accompagné dans une maine de la Critique, Las Acacias a obtenu la Dujardin incarne une vedette du cinéma muet, Vienne pâle et triste la quête de Roman Kogler Caméra d’Or qui a pour objet de mettre en valeur dépassé par cette «révolution» et… sauvé par (excellent Thomas Schubert) abandonné à sa un premier film. l’amour. Un film en noir et blanc, truffé de trou- naissance, meurtrier par colère à 15 ans, côtoyant Point de Prix Éducation Nationale cette année à vailles scénaristiques et de clins d’œil. quotidiennement la mort et le chagrin de par son Cannes, mais encore le Coup de Cœur du public Les étapes se sont succédé jusqu’au matin, em- emploi aux pompes funèbres, qui veut retrouver de cette manifestation organisée par Cannes menant les marathoniens cinéphiles au Havre -un sa mère… Atmen, un premier film de l’acteur au- Cinéma et la Délégation académique à l’éduca- havre de paix- en compagnie d’un ex-écrivain trichien Karl Markovics, sobre, réaliste et plein tion artistique et culturelle (DAAC) de Nice : le film cireur de chaussures (André Wilms) qui soigne d’humanité auquel le Jury de la Quinzaine des de Nadine Labaki (voir ci-dessous). sa femme, Arletty (Kati Outinen, la muse de Kau- réalisateurs a attribué, à juste titre, le Label Eu- ANNIE GAVA rismaki), et a décidé de sauver un jeune immigré ropa Cinemas, visant à développer la promotion clandestin. Kaurismaki filme le port, les contai- des films européens dans les salles. www.ac-nice.fr/daac/cinema ners, les rues avec le talent qu’on lui connaît ; Dimanche matin, l’ultime étape s’est faite à bord www.cannes-cinema.com chaque plan est un tableau. Le Havre a reçu le d’un vieux camion rouge qui transporte des troncs Livrer la cité aux femmes Une première séquence d’une grande beauté : lignes et drôles. Car vous l’aurez compris, ce thème des femmes vêtues de noir, certaines portant un grave de la guerre, Nadine Labaki l’a traité en crucifix, d’autres un voile, dans la poussière d’une s’appuyant sur le désir de paix des femmes, plaine désertique, s’avancent vers nous en comme dans Aristophane dans Lysistrata, et avec dansant puis s’arrêtent, se divisent ; les unes vont humour mélangeant les genres: comédie à l’ita- vers un cimetière chrétien, les autres vers les lienne avec les personnages du curé et de l’imam, sépultures musulmanes. Dès cette image, on comédie musicale, fable, conte. Comme dans sent la détermination de ces femmes, placées au Caramel elle interprète une des protagonistes, la centre de l’histoire, qui vont tout faire pour que la superbe Amal (la Paix, en arabe) alors que la guerre ne se rallume pas dans ce village isolé de majorité des interprètes du film sont des acteurs la montagne libanaise- mais le pays n’est pas non professionnels, formidables, recrutés à Taibe précisé- pour éviter qu’il y ait à nouveau violence, Et maintenant on va ou de Nadine Labaki où ce film, plein d’émotion a été tourné. mort et douleur. Saboter le téléviseur, recruter de empêcher les mâles de reprendre le combat devant Un vrai Coup de cœur pour Et maintenant on va jeunes danseuses ukrainiennes aguichantes pour les incidents qui se multiplient : invasion d’ani- où? présenté dans la sélection Un certain Regard. divertir les hommes, se «convertir» à la religion maux dans la mosquée, croix brisée, sang de A.G. de l’autre, elles ne reculent devant rien pour poule dans le bénitier. Elles sont brillantes, ma- 66 RENCONTRES

Libraires du sud /Libraires à Marseille - rencontre avec les enfants autour de deux avec Elisabeth Cestor, auteur du texte, et LA TOUR D’AIGUES 04 96 12 43 42 de ses livres : P’tite mèreet Le Jeu des 7 cailloux. Inaki Martin Diez, fondateur de Carnets Château – 04 90 07 50 33 Rencontres : avec Geneviève Roux le 16 Galerie La Non-Maison – 06 29 46 33 98 méditerranéens qui l’éditent. Exposition Exposition Un territoire et des hommes, juin à 18h30 à la librairie Saint-Paul (Mar- Exposition inédite du photographe John du 12 au 23 juillet. photographies de David Simon, jusqu’au seille) ; avec Martine de Nardi pour La Cohen, du 29 juin au 24 septembre. 18 septembre. gymnastique sensorielle périnatale (Le souffle Exposition de Jeremy Laffon, Le trésor de AVIGNON d’or) le 16 juinà 19hà la librairie La Carline Mexico, réalisée dans le cadre de la résiden- Collection Lambert – 04 90 16 56 20 LE LAVANDOU (Forcalquier) ; avec Eugène Nicole, animée ce de l’artiste au lycée militaire d’Aix avec Exposition de photographies de Cy Ville – 04 94 00 41 72 par Pascal Jourdana, pour la sortie de son der- le soutien de la Drac. Du 15 au 18 juin. Twombly et artistes invités, Le Temps Prix de la création peinture contempo- nier ouvrage L’œuvre des mers (L’Olivier) le Groupement des galeries indépendantes retrouvé. Jusqu’au 2 octobre. raine : vernissage et remise des prix le 8 18 juin à 18h à la librairie Apostille (Mar- d’Aix – 04 42 24 03 03 juillet à 18h30. Exposition du 9 juillet au seille) ; avec Antonio Altarriba pour sa 2e édition de la nuit des musées : les gale- BOLLÈNE 31 août dans la salle d’honneur de l’Hôtel bande dessinée L’Art de voler (Denoël Gra- ries Alain Paire, Ardital, Vincent Bercker, Association café littéraire – 04 90 40 46 17 de Ville. phic) le 18 juin de 14h à 16h à la librairie Imbert, Art Top Gallery, Franck Marcelin, Rencontre-débat avec Thomas B. Reverdy Maupetit (Marseille) ; avec Mary Lou La Non Maison, Carré d’artistes, Atelier autour de son livre L’Envers du monde LES BAUX Longworth pour Death at the Chateau de Conti, du Lézard Serpentine, La Fon- (Seuil, 2010), le 17 juin à 18h30 au restau- Château - 04 90 54 55 56 Bremont le 23 juin à 17h et L. John Harris taine obscure, CMJN design, Atelier rant La Belle écluse. Les Médiévales : le tournoi des Chaëls ( 25 pour Foodoodles le 28 juin à 17h30 à la Nicolas Lahaye, Eric du Maroussem, La et 26 juin), les montreurs d’ours (2,3 et 14 librairie Book in Bar (Aix) ; avec Jacques Maison de Dora Maar, Portalis, 200 RD, BRIGNOLLES au 17 juillet), les aigles (9 et 10 juillet), tirs Abeille pour la sortie de son roman Les Regard Contemporain, Susini NM, des 3 Pôle culturel du Palais des comtes de à l’arbalète, à la catapulte... Barbares (Attila) le 24 juin à 19h à la Ormeaux, Saltiel, Fondation Blachère, Provence – 04 94 86 22 14 librairie Masséna (Nice). 200RD10 Arteum, Atelier des épinaux Exposition de Jean-Claude Meynard, LE THORONET Manuela Noble sont ouvertes de 10h à Babel, utopie en marches. Du 8 juillet au 3 Abbaye – 06 89 33 01 93 Escales en librairies : rencontre avec Del- 23h le 7 juillet. septembre. Dans le cadre des Leçons du Thoronet, le phine Chedru, auteure illustratrice des Sciences Po – 04 42 16 95 45 Centre des monuments nationaux invite livres à jouer L’Arbrier (Albin Michel) et Le 31e conférence de la Société Internationale CABRIÈRES D’AVIGNON l’architecte portugais Eduardo Souto de Chevalier courage (Hélium), le 15 juin à 10h de Sociologie des Religions : Religion et Association Culture au soleil – Moura, prix Pritzker 2011. Conférence le à la librairie L’Etoile Bleue (Aubagne) et à Economie dans un monde global : session 06 81 27 03 32 30 juin à 18h. 16hà la librairie Histoire de l’œil (Marseille). d’ouverture avec Raphaël Liogier, Sciences 3e fête du livre sur le thème Le goût du Po Aix, et Philippe Portier, groupe Socié- voyage en présence d’auteurs, d’éditeurs, MARSEILLE AIGUILLES tés-Religions-Laïcité du CNRS ; session de libraires, d’artistes, de conteurs, de Association Passage & Co – Association Les Passeurs de mots – plénière I avec Marion Maddox de la Vic- conférenciers... le 2 juillet sur la place du 04 42 29 34 05 04 92 46 82 55 toria University de Wellington et Nicolas marché de Coustellet. Balades littéraires à Marseille sur les traces 3e édition des Passeurs de mots : rencontres De Bremond D’ars, EHESS ; session d’Antonin Artaud : départ sur la place d’auteurs et d’illustrateurs, les 16 et 17 juin. plénière II avec Peter Van Der Veer de CARPENTRAS Edmond-Audran devant l’église des l’University of Utrecht et Marika Viczian Association Lire ensemble – 09 64 39 45 61 Chartreux le 19 juin à 10h. Durée 2 heures AIX du Monash University. Du 30 juin au 3 4e fête du livre jeunesse sur le thème des environ. Centre Franco-Allemand de Provence – juillet. Exposition photos Des Dieux, des Droits de l’enfant, jusqu’au 18 juin. BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 04 42 21 29 12 lieux, des hommes au Centre de documen- Exposition de photos de jazz de Jean-Pierre Exposition de l’artiste allemande Lotte tation recherche de Sciences Po. FORCALQUIER Leloir, Objectif Leloir. Du 5 juillet au 26 Reiniger, jusqu’au 3 octobre au musée des Corsica Calling – 06 88 80 62 83 Forcalquier des livres – 04 92 75 09 59 août. Tapisseries. Vernissage le 23 juin à 18h30 L’association vise à promouvoir les œuvres Atelier de lithographie animé par Philippe Exposition de vinyles Les Métamorphoses de en présence d’Evamarie Blattner, Conser- artistiques et littéraires corses, hors de l’île. Moreau, les 25 et 26 juin. Miles, du 5 juillet au 12 août. vatrice du Stadtmuseum de Tübingen. Le 15 juin à 20h30, à l’Institut de l’image, Dans le cadre du cycle L’information : une Rencontres franco-allemande avec Cordu- projection du documentaire de José GINASSERVIS nouvelle culture, conférence d’Alexandre la Bardtke au café de la Mairie, le 20 juin Cesarini et M. Duffau, Paroles sur images. Association Sans Tambours ni Trompettes Coutant, maître de conférence en ciences et le 11 juillet de 18h à 20h. – [email protected] de l’information et de la communication à Voyons Voir – [email protected] ALLAUCH 3e festival Bons baisers d’Espigoule : concerts, l’université de Franche Comté sur l’identi- Des pliages : Présentation des travaux d’ate- Musée – 04 91 10 49 00 projections, expositions, ateliers et anima- té numérique, le 23 juin à 18h30. liers réalisés par les stagiaires en formation Exposition Petits miracles à Mexico, ex-voto tions, sur la place de Ginasservis, renommé Conférence de Stany Cambot initiateur du au Centre de rééducation professionnelle mexicains et contemporains, jusqu’au 30 Espigoule le temps d’un week-end. Les 8 et projet et fondateur d’Echelle inconnue : Richebois sous la conduite de l’artiste octobre. 9 juillet. Comment le projet Re-dessiner le plan de la Arnaud Vasseux, jusqu’au 30 juillet au Smala d’Abd El Kader a-t-il résonné dans une Centre Richebois (Marseille). ARAMON JOUQUES ville comme Marseille ?. Le 30 juin à 17h. Cité du livre – 04 42 91 98 88 Office de la culture et du patrimoine - Quartier boisé de Citrani (195 chemin Conférence de Franck Frégosi ; L’Islam au Conférence Education et Habitat des archi- 04 66 62 97 28 Saint Julien) prisme de la République : entre libre exercice tectes Fabienne Magnan et Guy Antonietti 12e Festival de théâtre, danse et musique Balade art et nature : 50 artistes peintres, du culte et domestication de la religion. Le du cabinet Archipel ; ils interviennent sur avec le Cuedro flamenco de Luis de la sculpteurs… exposent leurs œuvres dans 5 1er juillet à 17h. leurs réalisations des Cités Universitaires de Carrasca, ateliers gladiateurs aux arènes, lieux sur 2 km. Circuit balisé. Le 19 juin de Conférence musicale de François Billard : l’Arc de Meyran et du Lycée Cézanne, le fête romaine… Les 25 et 26 juin. 10h à 19h. le jazz, un couple à trois ? suivie d’une ren- 23 juin à 18h30. contre avec Ahmad Jamal, le 19 juillet à Journées Soljénitsyne organisées par l’asso- ARLES LA SEYNE-SUR-MER 17h. ciation Datcha Kalina : débats, témoignages, Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 Galerie 1/52 – 06 81 31 78 98 ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00 tables rondes, les 17 et 18 juin. Exposition vidéo, sculpture et photo de Exposition de carnets de croquis et dessins Exposition de Thérèse Le Prat, photogra- Rencontre avec Dominique Sampiero, Pierre-Yves Freund, C’est Ainsi, jusqu’au 26 de Fabrice Violante, jusqu’au 2 juillet. phe exploratrice des années 30 : Visages écrivain et poète, Prix du roman populiste juin. Dojo-Théâtre – 06 89 90 93 48 Outre Mer, jusqu’au 13 juillet. pour son livre Le Rebutant (Gallimard, Salle Jean et Pons Dedieu– 04 90 96 59 93 9e Conviviales des Arts : parcours artistique Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 2003), précédée d’une lecture de ses textes À l’occasion de la parution du livre La Vie de porte en porte, dans les rues de La Seyne ; Les Mots à l’air avec le performeur poète par les membres de l’association Histoire en Oc, musique !, exposition des photogra- danse, théâtre, musique, performances, Railtiss, la cie Le Coq est mort et le vio- d’écrire et par l’auteur lui-même. Le 5 phies d’Augustin Le Gall. Inauguration le expositions… Le 25 juin, départ du Dojo- loniste Pascal Delallée. Les 17, 20 et 30 juillet à partir de 16h. Le lendemain à 10h 12 juillet à 10h30 en présence de l’artiste et Théâtre à 14h30. juin. Librairie Apostille – MARTIGUES 09 51 83 15 27 Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Rencontre-lecture avec Eugène Nicole, Exposition Les Ziem du Petit Palais, Paris, animée par Pascal Jourdana, le 18 juin à 18h du 29 juin au 30 octobre. La Mer parle – 06 07 36 91 98 Voyage à Epicure en compagnie du poète SAINT-REMY-DE-PROVENCE Gorelli, le 19 juin (embarquement navette Musée Estrine – 04 90 92 34 72 Vieux-Port à 9h). Exposition rétrospective Lucio Fanti Institut Culturel Italien – Peinture et Théâtre, jusqu’au 19 juin. 04 91 48 51 94 Cours d’italien intensifs d’été : du 20 juin SAINTE-CECILE-LES-VIGNES au 1er juillet de 18h à 21h (pour débutants Association Lire entre les vignes – et personnes ayant acquis les bases élémen- 04 90 70 78 78 taires de l’italien) ; du 16 au 29 août de 4e édition de Lire entre les vignes, salon 9h30 à 12h30 (idem) ; spécial enfant : sta- pluridisciplinaire de l’édition indépendante : ge de 5 à 10 ans du 4 au 8 juillet de 10h à sous le parrainage de Franz Olivier Gisberg, 12h ; stage de remise à niveau lycéens et rencontres avec les auteurs et éditeurs, étudiants, du 22 au 26 août de 10h à 12h. lectures, rencontre-débats entre éditeurs, Atelier Juxtapoz – 06 63 82 00 76 atelier d’écriture… Le 19 juin de 10h à Zamartelier fête ses 10 ans. Vernissage et 18h en plein air. séance de dédicace le 17 juin à partir de 17h. Exposition du 17 juin au 30 juillet. SAUSSET-LES-PINS Passage de l’art – 04 91 31 04 08 Hôtel restaurant Le Paradou – Résidence d’artiste Ecriture de lumière de 04 42 45 18 79 Jean Daviot au lycée du Rempart : projet L’association Regards sur la peinture orga- pour le parc du palais du Pharo, Lieu Lien. nise une conférence-débat d’Olivier Bernex Vernissage sur la pelouse du Palais du sur L’exécution de la peinture. Le 24 juin à Pharo le 9 juin à partir de 18h. 19h. Maison de l’Architecture et de la Ville – 04 96 12 24 10 SEPTÈMES-LES-VALLONS 2e édition de l’expo Les villes en mouvement Jardin des arts – 04 91 96 31 83 – Vers une ville en mutation (2011-2014) : Exposition d’instruments de musique d’Asie, expo itinérante où entreprises, organisations collection André Gabriel, jusqu’au 12 juillet. professionnelles et collectivités présentent Conférences d’André Gabriel : Imaginaire leurs innovations et réponses à l’évolution chinois : contes, croyances et légendes, le 28 du cadre de vie, du 15 juin au 1er juillet ; juin à 18h. Soirée de clôture animée par débat sur la thématique Marseille, une André Gabriel le 12 juillet à 18h autour dimension nouvelle pour la nature en ville, des arts du son. le 22 juin de 19h à 20h30. Espace Leclere – 04 91 50 00 00 TOULON Conférence de Laurent Le Bon, son directeur, Espace Castillon – 04 94 93 47 33 sur Le Centre Pompidou Metz, présentée Exposition Autour du végétal avec les par Jean-Noël Bret, le 27 juin à 18h. œuvres de P. Dourry, C. Donjerkovic, Ber- Présentée par Jean-Noël Bret, rencontre nard, S. Ginoux, N. Rodriguez, A. Foret, avec Michel Guérin autour de son ouvrage A. Sernis et C. Colombo. Jusqu’au 30 juin. La peinture effarée. Rembrandt et l’autopor- trait. Le 4 juillet à 18h. VERDON Galerie Françoise Estran – 04 88 04 59 37 Parc naturel régional – 04 92 74 68 00 Exposition d’Olivier Charlot, Japanese Stage de formation aux techniques de res- conjecture, jusqu’au 25 juin. tauration en pierre sèche, avec le concours Galerie Fabrik 89 – 04 91 55 58 29 de René Sette de l’école d’Avignon : pierre Exposition collective Bulles temporelles : sèche, calade et maçonnerie à la chaux sur sélection de planches originales d’auteurs du le chantier de la chapelle Notre-Dame de 9e art à l’occasion de l’ouverture de La Châteauneuf-les-Moustiers, du 17 au 19 Gallery Marseille. Du 23 juin au 23 juillet. juin. Galerie du Tableau – 04 91 57 05 34 Exposition de dessin de Yifat Gat. Jusqu’au VERS-PONT-DU-GARD 25 juin. Pont du Gard – 0 820 903 330 AtelieRnaTional – 09 52 63 54 58 Mémoires de garrigue : atelier familial Pif et 99 balloons : exposition-performance de Peinturlure pour découvrir les odeurs, les Mehdi A. et du public. Du 24 juin au 5 textures et les couleurs de la nature médi- juillet. terranéenne, le 12 juillet à 10h30 ; atelier MuCEM - 04 96 13 80 90 familial Des plantes pour écrire et teindre Les mardis du MuCEM : Tunisie, le temps à l’époque romaine, les 19 juillet et 2 août des libertés ? par Sana Benachour, Lina Ben à 14h30 ; Mhenni et Yves-Aubin de la Messuzière Visites théâtralisées du Musée, à 18h les 13 CCI Marseille Provence – 0810 113 113 juillet et 10 août ; atelier Bricol’eau avec Exposition Sur tous les océans… Pour tous les réalisation d’un petit moulin, le 26 juillet à continents. Publicités des Messageries Mariti- 14h30. mes, jusqu’au 31 aoûtau Palais de la Bourse. Place pour le rajout Mardis du Mucem dont tu as la pub et moi aucune info 68 PHILOSOPHIE LA RELIGION

La philosophie appartient-elle au philosophe ? Comment se fait-il que le professeur de philosophie soit le premier à demander à ses élèves si les mathématiques sont vraies ? Si l’utilité d’une discipline est sa seule légitimité ? Pourquoi l’histoire n’est pas objective ? Comment on l’écrit d’ailleurs ? Et à expliquer que la science contredit frontalement la Bible et le Coran ? Point n’est besoin de faire de la philosophie pour aborder ces questions-là. Et pourtant…

Il y a un malaise diffus dont on ne sait que faire : une pratique baroque de l’Islam s’impose dans les ban- lieues ; les élèves des classes défavorisées, ghettoïsés souvent, sont croyants, et de plus sont livrés à des cou- rants extrémistes. Le plus souvent sur internet et par le ouï dire qui s’en suit. Apprendre Pour combattre ce fait il faut poser la religion comme un phénomène social et politique. Si on continue à la présenter comme un enjeu métaphysique il ne faut pas s’étonner que des jeunes refusent la théorie de Darwin et se bouchent les oreilles en cours de philo, quand le prof émet des réserves sur la toute puissance de Dieu et la non scientificité du Coran. à penser La religion est aujourd’hui un phénomène politique : notre système économique ne peut fonctionner que sur la ségrégation sociale, et l’affaiblissement des va- leurs politiques ouvre des boulevards aux valeurs religieuses. L’école reste dans ces lieux le seul ferment social, le lien républicain si l’on veut, la marque maté- rielle d’une société civilisée dans un environnement de misère. Les professeurs se battent avec leur moyen : apprendre, toujours apprendre, et surtout calmer les tensions ; et ne pas froisser. Car pour les quelques jeunes des cités qui arrivent en terminale, la philosophie est un choc. Un manuel de combat d’athéologie s’impose pour le professeur, et pour l’instant il n’en existe pas : la philosophie a des racines chrétiennes dans son institutionnalisation française. Alors chacun bricole. Onfray est pour le coup une bouffée d’air frais à défaut de mieux ; mais il énerve, et s’y prend mal. Appel aux professeurs ! C’est toute la connaissance qu’il faut apprendre à repenser à ces élèves, et bien avant la Terminale. Com- mençons par la science. Il faudrait que les professeurs de biologie arrêtent de dire que l’homme descend du singe ; c’est stupide puisque le singe existe et cela re- vient à se prêter au ridicule de nos jeunes croyants. Le © 2010-2011 *TsaoShin vivant subit des modifications génétiques aléatoires et certaines sont conservées qui présentent un avantage. L’homme est une espèce du hasard. Rappel historique ticulier quant à la contraception, l’avortement, la Mais il faudrait surtout que les profs de maths arrêtent Faut-il rappeler que le dieu monothéiste est l’invention ségrégation des sexes, le rejet de l’homosexualité. Car de présenter leur matière comme vraie et utile : a-t-on d’un peuple il y a plus de 3500 ans, peuple qui décréta la religion, au sens étymologique, est ce qui relie : vérifié expérimentalement la racine carrée de neuf ? au passage qu’il les avait élus ? Moment historique de chaque peuple a donc sa religion, c’est à dire son his- est-elle plus vraie que la couleur de ciel ou le sentiment la fin des polythéismes que Nietzsche décrit ainsi : « les toire et ses valeurs propres. Vouloir que le peuple amoureux ? Par ailleurs les mathématiques ne servent dieux sont morts à cet instant là, mais ils sont morts voisin ait la même histoire-religion que soi est une à rien, comme la musique, et c’est tant mieux ! de rire, en entendant l’un d’eux dire qu’il était le seul ». aberration, historiquement meurtrière. Mais peut-on passer sur l’Histoire et son écriture ? Faut-il mentionner encore qu’un type bien plus tard Les professeurs de philo peuvent continuer à se récon- Que le professeur de philosophie soit le premier à dire a prétendu un jour qu’il était littéralement le fils de cilier avec leurs élèves musulmans en leur rappelant que son écriture est subjective est catastrophique… Dieu fait homme, et qu’on l’a cru ? et qu’un autre en que la pratique religieuse est le fait des catégories d’autant que les jeunes issus d’autres cultures le savent 700 a affirmé que Dieu lui avait parlé à l’oreille grâce sociales défavorisées, ce qu’ils ne vont pas nier… Car d’expérience ! Bref les élèves devraient faire plus de à l’ange Gabriel ? Cette historicisation des légendes la nouvelle laïcité prônée par l’Etat français dissimule philosophie, mais dans les autres matières. religieuses les démystifie plus efficacement que toute mal son calendrier, ses références, son substrat catholi- Et dieu et le Coran dans tout ça ? ils devraient être af- dialectique sur la nature de vérité… qui somme toute ques : Saint Thomas, Pascal, Descartes, Kant demeurent frontés bien avant la philosophie et le cours sur la se dissout très bien dans le Coran ou la Bible. des vaches sacrées. Tandis qu’Averroès, Avicenne et croyance et la religion ; peut-on supporter qu’un élève On peut aussi continuer et rappeler que le monothéisme surtout les matérialistes sont encore perçus comme des sorte du lycée en pensant, littéralement, que Dieu a créé fut un fléau, dans le prosélytisme qui lui est consubs- philosophes à la marge ! Adam et Eve il y a 5000 ans ? En France aussi le tantiel et amène forcément à des affrontements. Et Comment apprendre à penser dans ces conditions ? créationnisme gagne… que ses formes douces demeurent dangereuses, en par- RÉGIS VLACHOS PRIX DES LYCÉENS ET APPRENTIS | CONTES ET JARDINS LITTÉRATURE 69 Livres à dévorer ! Le 7ème Prix Littéraire des Lycéens actions culturelles en mi- et des Apprentis de la Région Paca lieu scolaire, tant au niveau du Ministère de a été décerné dans l’allégresse l’Education que de celui C’est une tradition désormais : les Docks de Marseille de la Culture, le Prix Ré- ont accueilli un millier d’élèves venus de 29 établis- gional continue d’établir sements de la Région Paca pour cette Fête des un lien essentiel, et direct, auteurs. Ils les avaient vus déjà au cours des Forums entre auteurs et lycéens. organisés dans l’année, mais aussi rencontrés de façon Dès septembre 12 nou- plus intime dans leurs établissements au cours d’échan- veaux livres seront soumis ges fructueux, pertinents, dont les auteurs se réjouissent. à leur choix souverain. Et Durant cette journée chaque établissement a proposé une fois encore, sacré- un retour en images ou en mots, théâtre, projections... ment pertinent ! autour des 6 romans et des 6 BD de la sélection. In- Gregoire Hervier (roman) et Alfred (BD), laureats du Prix autour de Patrick Menucci © Marina Pollas CHRIS BOURGUE ventivité assurée ! Le CFA hôtelier d’Avignon a réalisé installé par Annabelle Arnaud, du FRAC, chargée de un grand livre en chocolat : couverture en chocolat noir, Projets en milieu scolaire. Les auteurs distribuaient auto- Zen City, Grégoire Hervier, Au diable Vauvert, feuilles en chocolat blanc, motifs en pâte d’amandes et graphes et dessins sur la musique d’un tout nouveau 18,50 € (voir Zib’38) impressions avec des colorants alimentaires ; le but : groupe, Teental Project, avec zarb iranien, tablas, sitar Je mourrai pas gibier, Alfred, Delcourt, 15 € donner envie de «dévorer les vrais livres». Des sculptures et violon, puis se sont livrés à des prestations musicales : (voir Zib’40) en carton ont été proposées par le lycée Méditerranée Maël (guitare et chant), Philippe Carrese et Grégoire Tous les ouvrages de la sélection ont été chroniqués de La Ciotat mettant en volumes des objets-phares Hervier (guitare), Ahmed Kalouaz ont repris Brassens dans Zibeline des ouvrages. Très remarqués : une immense chaussure puis un succès des Rolling Stones. L‘ambiance était rouge à talon, un bouzouki géant, un cercueil... chaude à l’arrivée de Patrick Mennucci, Vice-Président Des ateliers d’écriture ont proposé des suites aux diffé- de la Région venu remettre les Prix de 3000 € à Gré- rents récits et des travaux autour de la BD témoignaient goire Hervier et Alfred. de la précision des apprentissages. L’ensemble a été En ces contextes de fortes restrictions budgétaires des Le jardin des fables Contes & Jardins a battu son record de Botton hilarant dans l’histoire (presque) fréquentation avec 7000 spectateurs en improvisée de La mobylette de ma grand- 4 jours ! Il faut dire que la 9e édition mère qui mêle passé et présent, réunissait tous les ingrédients : le parc autobiographie et délire imaginaire ; à des Troènes inondé de soleil, les specta- l’ombre de la yourte marocaine, l’écos- cles gratuits, les animations abondantes saise Fiona Macleod chantait une douce et la programmation de qualité. De musique à l’oreille des tout-petits et en- quoi faire de La Valette du Var «LA» traînait les parents dans son jeu ; dans destination préférée des enfants et des un jeu très physique Anne Deval et ses familles ce long week-end du 19 au 22 deux musiciens interprétaient une suc- mai pour savourer un conte. Non, un cession d’historiettes jubilatoires à la bouquet de contes puisque 3 spectacles manière d’un slam ; Serge Valentin invi- étaient offerts simultanément chaque tait dans ses balades contées occitanes le jour sans discontinuer (sauf pause pi- facteur-conteur québécois Pierre Labrè- que-nique), y compris en soirées. Sans che pour une rencontre «au sommet» ; relâche donc, 6 conteurs colportaient encore une fois la souris s’est taillé la part leurs histoires : Sylvie Vieville et sa drôle du lion avec Catherine Caillaudet sa petite de petite souris Cacahuète ; Jean-Claude Lili sortie de son panier à histoires…

Contes & Jardins © X-D.R Les contes, c’est la parole libre, les mots biscornus, tordus, ceux que l’on invente ou que l’école interdit ! Les conteurs s’en donnèrent donc à cœur joie et les enfants aussi qui répondirent du tac au tac et inventèrent la fin d’une intrigue… entre deux tours de piste sous les chapi- teaux, ils se répandirent dans les espaces ludiques aménagés, prirent place sur les manèges animés ou découvrirent avec étonnement le Parc des Nains de jardins et son écriteau : «Il est interdit de don- ner à manger aux nains» ! Mais ça c’est pour les plus grands. M.G.-G.

Contes & Jardins s’est déroulé du 19 au 22 mai à La Valette-du-Var 70 LITTÉRATURE À VOUS DE LIRE Correspondance en gare de Marseille Salle fervente, voire fébrile ; il fait chaud Et le charme agit au moment même où au Conservatoire en ce 26 mai et le la voix se tait : secret des dieux ! maître, penché encore sur les élèves- comédiens de Jean Pierre Raffaeli À quai auxquels il fait la classe, tarde à se Deux jours plus tard les étudiants du manifester. Ce fut bien sûr comme une Conservatoire, soulevés par l’enthou- apparition et, Michael Lonsdale a déjà siasme festif de la fanfare Vagabontu, ouvert de son pas mesuré un sentier de emmenaient leur fraîcheur de lecteurs murmures et de frissons avant de s’as- de l’Alcazar à Saint Charles, lisant seoir à la table de lecture. Se saisissant quelques textes à l’oreille des passants Michael Lonsdale © X-D.R du micro («j’ai l‘impression de manger dont certains s’accrochaient au wagon, lectures… Dont une très émouvante pièces rarissimes, inestimables, tablettes une glace») la voix des voix évoque dou- ramassant les salves de mots propulsés d’Agnès Regolo, Stefan Zweig encore, d’argiles, papyrus, parchemins, premiers cement un souvenir lié à Marseille : un par les canons de Générik Vapeur sur un peu plus tardif, quand les nazis brû- manuscrits papier, incunables et leurs paquebot en partance pour le Maroc l’escalier monumental. Récoltant en lent ses livres sous ses fenêtres, quand il enluminures, tapuscrit original et illus- avec des serviteurs en turban... Audi- approchant des quais les regards de sup- découvre les vertus du voyage (forcé !) tré du Petit Prince… le tout déroulant toire acquis, un brin déçu bientôt par une histoire limpide, superbement scé- la lecture des quelques lettres tirées de la À Vous de Lire 2011 © Patrick Bedrines nographiée, de l’objet livre, jusqu’aux correspondance fleuve (520 lettres re- rotatives, et au numérique. Trois wa- trouvées dans un sens, 270 dans l’autre) gons passionnants qui ont fait le tour entre Stefan Sweig et Romain Rolland ; de France, mais qui auraient dû s’attar- 19 octobre 1914, la barbarie a com- der davantage à chaque étape pour que mencé et nos deux pacifistes démènent les «provinciaux» puissent un peu ap- leur plume pour se prouver mutuelle- procher ces pièces parisiennes, enfermées ment que leur confiance en l’homme d’ailleurs le plus souvent loin des vitri- n’est pas entamée ; la voix fatiguée, nes publiques, dans le cœur saint de la lointaine, un peu sourde, très au-dessus BNF… de la mêlée file parfois dans une accélé- D’autres lectures en sortant de ce précieux ration inattendue vers d’autres horizons voyage : Anne Alvaro qui déambulait, comme pour signifier que c’est bien de Vénus Khoury-Ghata, Agnès Régolo lecture qu’il s’agit et qu’elle n’incarne encore, attiraient passants et voyageurs personne... Murmures appuyés, accen- hors des salles d’attente vers un temps tuations murmurées laissent l’auditeur peuplé de mots lus, caresses inattendues un peu seul à tenter de ne pas trop de l’esprit… Plus de mille personnes y s’affranchir du sens. Respiration puis sont passées, paraît-il ! plongée dans la Lettre d’une inconnue, MARIE-JO DHÔ ET AGNÈS FRESCHEL glaçante nouvelle de Stefan Sweig ; le détachement du lecteur fait tourner les porters de Rugby rentrant chez eux, de en exil à Londres. Ou quand il vante, Ces lectures, cafés littéraires mots en circuit fermé, à l’intérieur de la supporters de Football attendant le ému, le plaisir (déjà !) disparu de la et exposition ont eu lieu voix même, avec soupirs, césures et syn- match du soir, tous attentifs à ce surgis- pratique épistolaire… dans le cadre copes, suspensions du souffle qui peu à sement de jeunes illuminés des mots de Dans les autres wagons, une exposition de la manifestation nationale peu agissent en rendant paradoxalement blanc vêtus… qui montèrent dans exceptionnelle descendue de Paris pour A vous de lire coordonnée à Marseille toute son énergie à ce texte dévastateur. l’Orient Express entendre d’autres un tout petit jour ! Quel dommage ! des par Les Écritures Croisées

Denis Lavant © Delphine Michelangeli/Zibeline Inscrite dans le cadre d’À vous de Lire ! et organisée par soviétique», il n’aura de cesse de réclamer l’exil, qui ne Les Nouvelles Hybrides, la manifestation Le Bruit lui sera jamais accordé. «Un écrivain qui se tait est Liberté des mots a offert une journée de parcours littéraire sur condamné à périr» hurle Denis Lavant, formidable, le thème de la correspondance. Des lettres d’amour et incandescent, animal poétique aussi violent que de résistance, réelles ou imaginaires, distillées dans les tendre. Un comédien rare, à couper le souffle par sa obsessionnelle villages de La Bastidonne, Mirabeau et La Tour vérité et son énergie communicative, qui tire de sa d’Aigues, avec des invités-lecteurs de marque : poche un pipeau ou un bandonéon pour exprimer, Nathalie Quintane, Marie-Noëlle Viviani, Sarah entre rire et colère, sa révolte ou sa résignation. Un Dropsy et Denis Lavant. Ce dernier, installé dans la rebelle brisé qui plaidera, avant d’abandonner, pour le petite cour à ciel ouvert de la mairie de la Tour retour au pays de son ami exilé, le dramaturge d’Aigues, s’est transformé en Mikhaïl Boulgakov, cet Erdman. auteur russe censuré par le pouvoir soviétique. Spolié, DELPHINE MICHELANGELI confronté à la misère, désespéré, détruit, il relate dans Les Lettres à Staline sa longue descente aux enfers, Les Lettres à Staline ont été lues le 28 mai pendant laquelle il envoya cinq lettres à Staline pour à la Tour d’Aigues qu’il intervienne en sa faveur, oscillant entre espoir, soumission, fascination, courage et lâcheté. Qualifié «d’auteur satirique portant atteinte au régime FESTIVAL DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE LITTÉRATURE71 Des mots pour la route Durant trois jours, le Festival du livre de la Canebière a investi le square Léon Blum Cette 3ème édition, intitulée Carnets de route, a invité les enfants des écoles d’abord puis le public en général aux voyages, dans le temps, l’espace, l’imagination. Avec la volonté affichée de multiplier les approches et les rencontres sous le signe de la diversité et de l’alté- rité, deux notions chères à l’association Couleurs Cactus, organisatrice de l’événement. Un festival qui, au fil des ans, gagne en profondeur littéraire et sait se renouveler. Fidèles au poste, les nombreuses associations parmi Fete du Livre de la Canebiere © Agnes Mellon lesquelles Cultures du Cœur 13, qui animait cette gistralement interprété par Virginie Aimone. Quant Le Festival du livre de la Canebière année 2 ateliers d’écriture pour adultes sous la houlette aux rencontres littéraires, de qualité, elles ont permis s’est déroulé à Marseille les 10, 11 et 12 juin. de l’écrivaine Elise Blot ou Peuple et Culture Mar- cette année encore d’entendre de nouvelles voix venues Comme l’année dernière, Zibeline, partenaire seille, dont 5 membres du Cabinet des lecteurs ont lu d’ailleurs, entre autres de Tunisie, avec l’historienne et de la manifestation, publie la nouvelle et l’illustration des extraits de Joëlle Sambi et de Wilfried N’sondé, romancière Sophie Bessis et son éditrice Elizabeth lauréates du concours (voir en dernières pages) en ouverture de la rencontre avec les deux auteurs. Daldoul. La discussion, animée par notre collabora- Fidèles aussi les libraires du secteur, les éditeurs indé- trice Aude Fanlo, a bien sûr fait la part belle aux récents pendants et les auteurs, qui dédicacent, discutent avec événements et à tous les espoirs que la liberté d’écrire À lire leurs lecteurs et leurs collègues, à l’ombre des mico- et de parler suscite là-bas aujourd’hui. Sophie Bessis, Dedans Dehors couliers, en toute simplicité. Fidèle enfin François Le dernier soir, le festival a embarqué au Vieux-Port (Elyzad, coll. Eclats de vie) Thomazeau et sa presque légendaire balade culturelle sur le Don du vent, afin de célébrer l’année des Outre- Joëlle Sambi, Le monde est gueule de chèvre sur la Canebière. mers au son de la littérature et de la poésie antillaises Wilfried N’sondé, Le silence des esprits (Actes Sud) Parmi ces invariants, qu’on regretterait bien de ne pas et des tambours de Massilia Ka. De belles rencontres et Lémy Lémane Coco, Grand Café (Ibis rouge) retrouver, quelques innovations 2011. Ainsi cette autre de beaux voyages donc, au fil des mots, au cœur des livres. Alexandre Clément, Sournois (L’Ecailler balade le long de la Canebière, au fil des lectures nomades FRED ROBERT et depuis peu en version audio chez Porte-Voix). que la comédienne Bénédicte Sire a concoctées. Em- menant le public dans des endroits insolites de part et d’autre de la célèbre avenue (salon de coiffure en étage, salle de PMU, chambre d’hôtel ou hall de théâtre…), elle lui offre des extraits littéraires, de Stendhal à Sarah Vidal en passant par Seghers ou Cendrars, en réso- nance avec les lieux choisis. Une très jolie façon de Lecture poétique faire entendre les voix des écrivains et découvrir le Courte mais intense rencontre avec Hélène Sangui- quartier selon un angle inattendu. netti. Elle rappelle qu’elle habitait au 47 avenue de la Autre nouveauté du côté des animations littéraires, le Libération, anciennement Bd de la Madeleine, quand Café nomade, sorte de bistrot où l’on vous saoule de elle a écrit son premier poème à l’âge de 12 ans, à mots. Vous vous asseyez à une table, un lecteur de la quelques pas du 135 où avait habité Artaud. Émotion Cie Orphéon théâtre intérieur vous y rejoint et vous à l’évocation du port, de sa lumière, ce «caillou». Sa y propose une lecture à la carte ; lecture pour vous seul, voix s’élève avec assurance malgré la rumeur de fond, murmurée les yeux dans vos yeux, délicieux voyage et séduit d’emblée. Le regard bleu vous traverse et vous sur les mots des autres. Entre deux déambulations séduit. Battant parfois la mesure d’une main, tapant littéraires, on a aussi pu découvrir la poésie d’Hélène un coup sonore de l’autre, Hélène Sanguinetti fait Sanguinetti (voir ci-dessous) et de nouvelles maisons vibrer les différentes voix qui traversent ses textes, d’édition, telles Elan Sud venue d’Orange ou Porte- échanges familiers ou mots de la chair et des larmes, et Voix, créée à Marseille par la comédienne de la lecture les personnages qu’elle évoque surgissent, fulgurants. Anne-Marie Mancels. Celle-ci, qui dit avoir été ins- Elle a choisi de nommer ces moments «Vivances», pirée par le film La lectrice, a choisi de mettre sa voix néologisme qui souligne son plaisir au partage de sa au service de textes essentiellement marseillais et à parole. destination d’un public de non-voyants ainsi qu’aux CHRIS BOURGUE jeunes que la lecture rebute. On a également vu avec grand plaisir le spectacle Le À lire massacre des Italiens, mis en scène par Jérémy Beschon D’ici, de ce berceau, Flammarion 2003 à partir du texte de l’historien Gérard Noiriel et ma- Le héros, Flammarion 2008 Helene Sanguinettil Lecture Festival du Livre La Canebiere © Dan Warzy/Zibeline © Dan Canebiere La Livre du Festival Lecture Sanguinettil Helene 72 ARTS VISUELS PHOTOMED | INNOV’ART

CoupBoy diving deinto the water at chapeau !the Playa de la Caleta beach © Richard Kalvan/magnum Photos Ceci n'est pas une cité méditerranéenne, Angel Albarran et Anna Cabrera © Barcelone Lancer un festival de la photographie méditerra- bey qui traque en couleurs la ville et la vie au- Flotte aborde les rivages de l’Adriatique en croi- néenne à Sanary, Six-Fours, La Cadière, les jourd’hui. Place aussi à la nouvelle génération qui sant l’œuvre de la dynastie albanaise Les Marubi Embiez et Bendor était un projet ambitieux (Zib appréhende le médium «tantôt comme un relais avec Stratos Kalafatis, Manca Juvan ou Marie 41) ! Mais les attentes ont été comblées grâce à la d’émotions, tantôt comme un outil de dénon- Bovo… direction artistique de Jean-Luc Monterosso de la ciation» : Ali Taptik (dont on découvre sur le port Philippe Ramette encore dont une vidéo révèle le Maison européenne de la photographie, et la ving- de grandes bâches Sur les traces de Pacha), les making off de ses troublantes postures sous-ma- taine d’expositions agit comme un formidable portraits de femmes noires et blanches affublées rines prises dans des conditions extrêmes ; Carolle kaléidoscope sur les cultures, le patrimoine, l’en- d’entrailles fraîches de Pinar Yolacan ou le repor- Benitah, l’une des trois femmes réunies à l’Ate- vironnement, les sociétés, les générations. tage de Kürsat Bayhan sur les dernières élections lier des Artistes autour du travail de mémoire, ses La diversité thématique et stylistique de Photo- irakiennes. photos brodées, perlées, découpées, recompo- med 2011 - hors workshops, lecture de portfolios Autres rives méditerranéennes avec Grand hôtel sées à partir de son album de famille. Et tant et prises de vue de cabanes éphémères par Nico- Villa de France à Tanger du libanais Alain Kantar- d’autres qui nous font souhaiter longue vie à las Henry- est un atout de taille, comme l’invitation jian qui emprunte à Matisse le cadrage, l’utilisation Photomed. faite à la Turquie, riche de talents. À l’Espace de la couleur dans une photographie plasticienne ; M.G.-G. Saint-Nazaire, à côté des célèbres clichés du non avec le duo barcelonais Angel Albarran et Anna moins célèbre Martin Parr, la photographie stam- Cabrera qui pointe les contradictions de la ville à Photomed bouliote fait des ravages avec les regards travers des tirages au platine (vision patrimoniale) jusqu’au 19 juin croisés d’Ara Güler, âgé de 83 ans et surnommé et argentiques (vision acerbe et réaliste) dans Ceci Sanary, Six-Fours, La Cadière, «l’œil d’Istanbul», sa fresque humaniste d’un n’est pas une cité méditerranéenne. Ce même Bendor, Les Embiez peuple en noir et blanc, figé pour l’éternité dans tandem qui révèle à la Maison du Cygne la série www.phestivalphotomed.com des perspectives saisissantes, et de Bruno Bar- Blow up inspirée du film d’Antonioni. La Maison La couleur c’est pas du sport ? Première pour Innov’art, phie noir et blanc numérique. Un même de la photographie» d’autant à tous les publics amateurs et pro- festival pour la photo- choix évident pour son initiateur, qu’ «aujourd’hui, photographier en fessionnels. Pour cette première Jean-Marc Veillon pour qui «le noir noir et blanc est devenu abordable». édition sur le thème du sport, des graphie numérique et blanc c’est la base, l’essence Innov’art est conçu pour s’adresser photographes amateurs de l’asso- en noir et blanc. ciation Creapassion ont été associés

Pas de couleur mais © Francois Flamand à des reporters spécialistes venant du journal L’Équipe et l’agence du sport de haut niveau DPPI. Ils exposeront en binômes en Démocratisée par les technologies divers lieux du territoire de Bar- numériques, la photographie se po- bentane et de la communauté de sitionne aujourd’hui comme une des communes Rhône Alpilles Durance. premières pratiques culturelles des Des rencontres sont prévues en Français. Dans ce domaine la région accès libre comme pour les expo- Paca possède une offre importante sitions tout au long du festival. et diversifiée tant pour les activités Vernissage le 25 juin 17h, salle de la régulières que pour la fréquentation Salamandre de Barbentane. évènementielle. Chaque année voit C.L. de nouveaux évènements qui lui consacrent leurs cimaises. Photo- Innov’Art Festival med, et encore tout récemment du 25 juin au 3 juillet Innov’Art Festival qui se positionne Barbentane et autres lieux comme le festival de la photogra- www.innovart-festival.com SPÉCIAL PHOTOGRAPHIE ARTS VISUELS 73 RAP tout et les autres Les Rencontres d’Arles Photographie, les Voies Off, les «petites» structures arlésiennes et d’ailleurs font, montrent, pensent la photo, toutes les photos, et les autres Étendues plus encore cette année en temps et espace les Rencontres d’Arles (pour les retarda- taires les RIP c’était hier ! voici les RAP deuxièmes du nom !) se veulent le lieu des découvertes. En récupérant in extremis les expositions de l’Année du Mexique annulées en France, les RAP nous offrent quelques cerises dans leurs bagages dont la mythique «valise mexicaine» de Robert Capa, égarée pendant la guerre civile espagnole et re- Converse Ballerina, aux Ateliers Agora, Eyguieres © Cedric Migroyan trouvée en 2007 au Mexique. Des 126 pellicules représentant 4500 clichés pris par Capa, Gerda Taro sa compagne, Chim (alias David Seymour) et Fred Stein, le musée de l’Arles antique expose 100 planches contact, 70 tirages encadrés, 60 issues de magazines, deux films et la projection du documentaire de Trisha Ziff le 5 juillet au Théâtre antique. À l’autre extrémité esthétique, l’art du numérique et Internet continuent sur leur lancée singulière dans le domaine de l’image. Le vétéran Chris Marker se connecte sur Second Life. Et le peintre Cy Twombly qui fait de la photo depuis 60 ans est à Avignon chez Yvon Lambert. À Arles, l'Atelier du midi, Nihad allongée © Romain Carreau Faites donc aussi un crochet ! AIX John Cohen «There is no eye», Bob Dylan et ARLES les poètes de la Beat Generation, jusqu’au 24/09, Rencontres d’Arles Photographie La Non-Maison www.galerielanonmaison.com www.rencontres-arles.com The Little Red Something, Pascale Peyret, Voies Off Festival, du 4 au 7/07 The Little Red Something, à la Fontaine obscure, Aix © Pascale Peyret du 06 au 26/07, La Fontaine Obscure www.voies-off.com, Le coureur, Gilles Gerbaud, www.fontaine-obscure.com Raphaël Chipault, du 4 au 9/07, La Vitrine http://lavitrinearles.tumblr.com Autres Le temps retrouvé /Douglas Gordon Cambodge 1958-1964 de Micheline Dullin, jusqu’au 18/09, Chapelle du Méjean, Arles photographe attitrée du prince Norodom www.lemejan.com, Sihanouk, jusqu’au 23/09, Martigues, voir aussi Collection Lambert en Avignon salle de l’Aigalier. www.martigues.fr Entrevues # 2 : Maia Flore et Adrian Woods, Wall For, Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Henry, jusqu’au 17/09, Le Magasin de Jouets diaporama géant sur les falaises de Cassis le www.lemagasindejouets.fr 02/07 et Sous les pas, expo des 4 lauréats du La Fiancée du Nord, Romain Carreau, concours Talents Européens des Ecoles de la jusqu’au 18/09, L’Atelier du Midi photo-Wallfor 2011, jusqu’au 04/07 www.atelierdumidi.com www.wallfor.fr Espace vital, Laura Jonneskin et Ondes de rives, Festival d'Avignon, Stéphane Couturier à la Maison des vins © Stéphane Couturier Cédric Migroyan, jusqu’au 30/07, Ateliers Agora, Marc Limousin, à partir du 3 juillet, galerie Eyguières http://ateliers-agora.fr Archipel en Arles www.archipelenarles.com MARSEILLE Nîmes : La photographie chilienne Portrait, M. Olmeta, G. Chamahian, R. Hors Série, collectif de photographes, contemporaine, jusqu’au 17/07, galerie Negpos Schumacher, M. Lafille, L. Luce jusqu’au 01/07, La Poissonnerie et autres lieux http://negpos.fr du 04/07 au 20/08, L’Hoste art contemporain http://lapoissonnerie.free.fr www.lhosteart.blogspot.com Visions d’un Orient méditerranéen, La photographie continue avec les mêmes, et prend Objectifs Camargue, photographies en 3D de Fernand Detaille, Michèle Maurin, aussi le plaisir du nouveau : nouveaux projets des Gaston Bouzanquet, Musée de la Camargue Edwin Fauthoux-Kresser, jusqu’au 29/07, artistes reconnus, singularité des photographes www.parc-camargue.fr Galerie Detaille www.galeriedetaille.com émergents, explorations des nouvelles technologies, Des artistes à l’école, jusqu’au 01/07, Les Ateliers élargissement du champ amateur via le numé- AVIGNON de l’Image-La Traverse www.ateliers-image.fr rique et les réseaux sociaux, nouveaux lieux et Le temps retrouvé, Cy Twombly photographe Faces, F. Semiramoth et F. Donadieu, évènements comme Innov’Art et le très promet- et artistes invités, jusqu’au 02/10, du 07/07 au 06/08, galerie Saffir teur Photomed. À l’heure de la culture pour chacun Collection Lambert www.collectionlambert.fr , www.saffirgalerienomade.com faut-il rêver à cette réclame pour Kodak des éta- voir aussi à Arles Le Méjan Visages outre-mer, Thérèse Le Prat, blissements Nadar au début du siècle dernier: la Degas, Bonnard, Vuillard photographes, jusqu’au une exploratrice des années 30, jusqu’au 13/07, photographie par tous et pour tous ? 18/09, Musée Angladon www.angladon.com ABD Gaston-Deferre www.archives13.fr CLAUDE LORIN 74 ARTS VISUELS ARTS ÉPHÉMÈRES | SM’ART

arbres, Pascale Stauth et Claude Queyrel déploient de grandes let- Le Bel éphémère tres insensées et plastiques autour La 3ème édition du festival des Arts éphémères des mariés de passage qu’ils photo- a pris ses aises graphient, dans la Spirale végétale dessinée et plantée par le Service à Maison Blanche des espaces verts. Destinée à durer, quant à elle ! Dans la mairie Susan- ne Strasmann propose aux visiteurs de les peindre en couple avec la star de leur choix, mariages d’un jour qu’elle interroge de son hyper réa- lisme. Et dans les recoins du Parc les Ateliers de l’Esbam exposent de très belles œuvres parfois, et tou- jours exigeantes. Les ex-voto dédiés aux arbres osent avec talent la cou- leur et l’anecdote (Atelier Codaccioni), Guillaume Gattier, Pour une etincelle d'Éternité dans un Bûcher de durée, 2011 © X-D.R tandis que les constructions fragiles frappante ; de même que la violence des ateliers de Christiane Parodi accrochent leur légèreté aux arbres, Anita Molinero, Sans titre, 2011 © X-D.R de l’œuvre d’Anita Molinero, ses Avec 14 plasticiens, un duo du Ballet les artistes ont pris la dimension du garde-corps de chantier attaqués au non loin d’une superbe naïade en National, et les nombreux amateurs Parc et du projet, et qu’ils ont conçu chalumeau évoquant la fusion mons- argile crue qui se dissout dans l’hu- des ateliers de l’École des Beaux- leurs œuvres pour habiter cette trueuse d’un paysage post-nucléaire. midité sombre du sous bois (atelier Arts (Esbam), le Parc de la mairie enclave verte dans la ville, ses dimen- D’autres attirent le regard, comme la Rouvière). des 9/10e s’est transformé en un sions et ses recoins, et répondre à ce zèbre Vague à l’âme qui, mélan- Décidément, ces amateurs-là ont lieu d’art fort couru… tout en conti- cette thématique de l’éphémère. colique, fait du surf sur le lac bien du talent, et les Arts éphémères nuant de célébrer des mariages et Non que les œuvres soient toutes des- (Victoria Klotz), ou cette expansion savent conjuguer exigence artistique d’accueillir familles et enfants ! Une tinées à disparaître… mais toutes rouge de Jean-François Roux, bur- et pratique démocratique des Arts ! rencontre des publics et des pratiques parlent du travail du temps. La forêt lesque chewing-gum qui déborde de AGNÈS FRESCHEL qui, sous le commissariat renouvelé calcinée de Guillaume Gattiez, avec la blessure d’un arbre, et mettant en de Thierry Ollat le directeur du [MAC], ses squelettes d’arbres debout com- doute la nature (chimique ?) de sa Le festival des Arts s’est révélée esthétiquement re- me autant d’ossements noirs dressés sève…. Puis les flûtes d’Erik Samakh Ephémères s’est déployé marquable. Parce que cette année vers le ciel, est particulièrement chantent au gré du vent dans les du 19 au 29 mai Il court, il court… Pour sa 6e édition, le Sm’art entraîne avec lui 170 tion en raison de la météo, préférant aux peintres Blanchard, qui vit le Sm’art «comme un challenge artistes et 14 galeristes ! Pas de comité de sélec- paysagistes les sculptures de Georges Guye et un plaisir du cœur partagé». Autre point de vue tion artistique mais un comité d’organisation, d’où «d’une rigueur et d’une beauté fabuleuse» et de avec l’Artistic Agency Liom’s - présente en Chine un éclectisme inégal, et un coût locatif élevé (de Myriam Paoli, qui donne du fil à retordre à des et à Paris - qui a fait le pari du Sm’art pour péné- 1155 à 1725 euros/stand, de 2880 à 3110 euros saynètes dessinées dans l’espace. Alfons Alt trer le marché du sud et trouver une vitrine à ses l’espace galeristes) : mais que diable vont-ils faire figure en bonne place, désolé «de ne pas exposer artistes chinois. Bref, autant de raisons de croire au Domaine de la Baume ? plus souvent dans la région» et avide «de rencon- à des lendemains qui chantent. Alain Paire, galeriste et critique d’art invité, esti- trer un autre public, de le fidéliser en lui montrant M.G.-G. me que toutes les opportunités sont bonnes pour son travail, sa technique et partager les réflexions que l’art existe : «À Aix, les musées et les galeries qui le traversent depuis 2007». Son stand, conçu Le Sm’art s’est tenu du 3 au 6 juin ont fait des progrès. Si le Sm’art en fait aussi c’est comme un tableau dont on découvre les détails au Domaine de la Baume bien, je ne vais pas bouder mon plaisir». Même en s’approchant au plus près, est le fruit de sa à Aix-en-Provence s’il a du changer in extremis sa programma- rencontre avec son mécène, l’assureur Frédéric Les Boxeurs, 2010, Myriam Paoli © Elodie Perriot © Alfons Alt, 1960.2009 De Leonis

76 ARTS VISUELS CHÂTEAUNEUF-LE-ROUGE | LES ALPILLES

Grandeur nature Installation de Jean-Marc Lefevre dans les jardins d'Arteum, 2011© JML Des fenêtres d’Arteum, on aperçoit le labyrinthe Là où le marcheur averti découvre les fabrications bâches imprimées dénonce l’idée de la copie, de de buis dans le parc du château. Le regard s’y in situ de Max Sauze issues de sa cueillette l’artifice et de l’usage de la nature comme une perd, attiré par quelques «accidents» de paysage. d’escargots «défunts bouffés par les vers, les vulgaire tromperie. Un travail radical «métaphore Comme le fil plastique tendu depuis le musée fourmis et les araignées» ; coquilles vides de la perte de sens et de repères» selon jusqu’à la prairie, prenant la pose dans une nettoyées, triées, rangées, alignées selon sa Christiane Courbon, commissaire de l’exposition. condensation nuageuse, avant son retour d’entre logique poétique, en résonance avec les Tous investissent le parc et le musée dans un jeu les branches, visible à l’œil ou noyé dans la contreforts de la montagne Sainte-Victoire. de miroir, sauf Bernard Pourrière qui installe à feuillure. L’œuvre-parcours est signée Jean-Marc Christophe Péron, lui, a pour matériau de l’intérieur son labyrinthe sonore interactif : une Lefèvre - repéré au Domaine d’Avignon à prédilection la pierre qu’il ramasse, numérote, cage vide en métal qui fait entendre le chant des l’occasion de Aire de repos -, l’un des six artistes assemble en tas improbable ou suspend ; cailloux oiseaux. Seule présence d’une nature occultée. invités à interroger la nature, le labyrinthe et notre funambules parfois photographiés en plein vol. M.G.-G. imaginaire. Comme l’installation de Daniel Van Minutieux travail sur la fragmentation minérale et de Velde à l’entrée de l’allée de platanes qui aquatique (il réalise aussi des trous dans l’eau…) Le labyrinthe et notre imaginaire recompose l’arbre, réinvente ses formes par peaufiné à longueur de marche. jusqu’au 18 septembre segmentation du tronc, rondins évidés et bûches Si toutes ces œuvres caressent la nature dans le Arteum-Centre d’art contemporain, polies agencés comme un puzzle, et offre une sens du feuillage, Aporie relative de Thomas Châteauneuf-le-Rouge autre expérience visuelle de la forêt. Deux signes Sabourin s’impose à elle avec une certaine 04 42 58 61 53 extérieurs qui conduisent au cœur du labyrinthe. violence : sa cabane en planches recouverte de www.mac-arteum.net Un cas Apart Deuxième édition du festival Apart pour six semaines de déambulations shida, une sélection d’artistes estivales dédiées à l’art contemporain sur le territoire des Alpilles. belges (dont Ann Veronica Jans- sens) proposée par la Fondation Incontournable, contemporain et festif Hippocrène ; les ouvertures d’ate- La première édition en 2010 avait Initiatrice du projet, Leïla Voight a missariat de ce festival appelé liers d’artistes installés dans les déjà dépassé les premières souhaité partager avec Christine sans doute à être un des évène- Alpilles (Marc Nucera, Gérard espérances que confirme la Blanchet (historienne de l’art et ments incontournables pour l’art Drouillet…) ; sont aussi attendus programmation de cette année. curatrice d’expositions) le com- contemporain dans la région. Bertrand Lavier pour le discours Festival Alpilles-Provence’Art se d’ouverture (Maussane le 7 juillet), Paca Sanchez, Projet in situ pour le Festival Apart, Serre du chateau de Roussan, St-Remy-de-Provence, 2011 © Paca Sanchez structure pour 2011 autour de cinq Gérard Fromanger (expo au itinéraires de Saint-Rémy à Ta- musée Estrine) et Michel Onfray rascon (nouveau venu) et des le 10 juillet pour un débat sur l’art horaires aménagés notamment contemporain, lecture de J.L. pour les rencontres avec les ar- Parant le 13 juin, la nuit Apart le tistes, les intervenants et lors des 21 juin interventions de J. Blaine, soirées dans plusieurs domaines M. Couturier, J. Daviot, J.B. Gau- privés. En effet depuis l’origine la bert, N. Pasquier, F. Turpin et majorité des propositions consiste Skall… La programmation peut en des créations spécifiques, in subir quelques variations mais situ, éphémères ou parfois pé- l’accès pour l’ensemble de la rennes (George Rousse, Miguel manifestation est indéfectiblement Chevalier…) rendues possibles par gratuit. les partenariats publics et privés. C.L. Les artistes de renom côtoieront de moins connus : Jean-Michel Festival Apart Othoniel, Ben, Jean-Luc Parant, du 7 juillet au 17 août Jean Daviot (Lien/Lieu actuelle- Saint-Rémy-de-Provence ment au Pharo, Marseille), Yazid et autres lieux Oulab, Fred Perié, Kimiko Yo- www.festival-apart.com 78 ARTS VISUELS LES BAUX DE PROVENCE | GAGERON | BARJOLS Baux gestes S’inscrivant dans l’actualité de Paris et Bâle, les Baux de Provence proposent un projet original autour de l’œuvre d’Arman. Une visite estivale pour amateur et en famille Si l’artiste n’avait aucune attache gestes caractéristiques de l’artis- particulière avec la cité baussen- te. Des scénarisations évoquent que «nous voulions poursuivre les ateliers (dont celui de Bidon- l’expérience de l’art contemporain ville, maison de famille à Vence) et dans la suite de l’exposition Com- Arman au travail. À destination des bas de 2010, qui avait eu du succès enfants des ateliers sont assurés auprès de nos visiteurs» indique le par deux assistants de la fonda- maire des Baux, Michel Fenard. La tion. Une intéressante sélection de carte blanche a été confiée à la films documentaires complète la Fondation A.R.M.A.N. qui a conçu un présentation de l’artiste et des pro- parcours s’adressant à l’amateur jections nocturnes terminent les d’art et au visiteur patrimonial. À la soirées. Le catalogue Arman, au fois didactique et artistique, Arman boulot ! contient tous les détails s’installe aux Baux de Provence utiles à la visite. propose plusieurs niveaux d’accès. Au lieu de commettre une énième Arman, La chute des courses, accumulation de caddies, 1996 © C. Lorin/Zibeline Au Musée Brayer, une exposition grande exposition, la commune touristiques, avec un évènement Arman s’installe aux Baux chronologique en forme de best of des Baux a fait le pari d’un projet fort, en alliant patrimoine et mo- de Provence rassemble une soixantaine d’œu- portant au-delà de l’évènement dernité. Si cet essai est réussi nous jusqu’au 16 octobre vres des premières peintures, estival. D’un montant représentant pensons à une biennale d’art con- Les Baux de Provence Cachets et Allures puis Accumu- 20% du budget annuel communal temporain pour les années à venir». 04 90 54 55 56 lations (libres et fixes), Colères, le projet vise selon l’élu «…à éten- On l’espère ! www.lesbauxdeprovence.com Inclusions, Combustions ou Shoo- dre la fréquentation des Baux à C.L. ting color… comme autant de des visiteurs plus culturels que Gageure à Gageron Extinction des feux Chaque fin de printemps l’associa- reche, dans les rizières les Cubes Le 17 juin, ce qui tion Cultures Nomades Production lumineux d’Elsa Massari et l’Ecran aurait dû être un propose des rencontres autour du de lumière d’Audrey Dumont sont nouveau rendez- Land Art. Avec les rizières de Ca- prévus pour utiliser la lumière et vous de printemps margue comme horizon In Situ l’énergie solaire (mais qui s’aventu- avec un résident accueille une dizaine d’artistes suite rerait là nocturnement ?) et jouer sera finalement le à appel à projets puis résidences. avec le site tandis que des patates chant du cygne Avec des hauts et des bas. Finances produisent le courant nécessaire à pour La Tannerie, et météo n’ont pas favorisé cette la lumière fatale aux moustiques pour l’espace d’explo- sixième édition placée sous le joug Christine Boillat. Dans le champ, rations culturelles des aléas budgétaires et des envo- les Corps Humains de Cicero, le et artistiques sis à lées météorologiques. Avec regret : Cocon de moisissures de Mourad Barjols depuis 2002 la thématique - œuvres mobiles et Messoubeur (protégé dans la berge- à l’initiative de Ca- bioénergies - laissait imaginer des rie), la Leçon de Bookchin de Luciano roline Brotons et propositions jouissives. Passée la Di Rosa en forme de toupie réflé- René Sacchini. palissade de photos de Paula Bi- chissante, les moustiques géants Dans cet espace d’Anne Sarda, le Mobile de Sandrine blanc, tout en Luciano Di Rosa, La lecon de Boockchin, sculpture, In voûtes, propice à La Tannerie © X-D.R situ 03, 2011 © C. Lorin/Zibeline Deumier comme les frêles girouet- tes de Reeve Schumacher (canne d’audacieux compagnonnages, il revient à Sébastien Ly (Cie Kerman) de locale, bouchon, plumes) ont dû su- donner le clap de fin à l’occasion de la présentation de sa prochaine création, bir les bourrasques fantasques. In Contes Éphémères, au titre funestement prémonitoire… Barjols, commune Situ 2012 se fera sous le signe du rurale du Var, sera ainsi privée de l’une des rares structures culturelles à son, pourvu qu’il ne soit pas réduit offrir toute l’année aux habitants des spectacles, des concerts, des au silence. rencontres. Faute de soutien financier pérenne, sans ronds de jambes ni C.L. grands pliés, La Tannerie tirera sa révérence. Et le dialogue artiste-œuvre- public sera rompu. In Situ 0.6 M.G.-G. 6ème Rencontre Land Art, Arts Visuels en Camargue Contes Éphémères jusqu’au 15 juillet 17 juin à 19h30 Mas du Grand Arbaud, Gageron La Tannerie, Barjols 04 90 49 89 10 04 94 59 74 60 www.culturesnomades.com www.latannerie.fr MARSEILLE | SILVACANE ARTS VISUELSLIVRES 7979 La tête haute Déjà en 2008 à l’Atelier de Visu l’Autrichien Peter ciel est bouché. Leur univers est irrémédiablement Granser avait fait sensation avec son reportage clos. Sun City sur un village de riches retraités améri- L’Atelier de Visu accompagne cette «personnalité cains. D’un univers clos à l’autre, il s’est intéressé sérieuse et attachante qui ne porte aucun juge- aux malades atteints d’Alzheimer puis aux aliénés ment» comme il accompagne Antoine d’Agata, mentaux dans J’ai perdu ma tête. Enfermement qui dirige depuis 2008 des workshops avec des physique ou psychique, Peter Granser pose la étudiants en 3ème année d’écoles de photographie question de la frontière entre «eux» et «nous» pas internationales. Le projet Studio Vortex, réalisé si nette que ça… Un titre magnifique pour dire la avec l’ESBAM et la galerie Montgrand, est un blessure de l’âme, la perte du moi, la différence, tremplin à la professionnalisation et à l’émergen- la solitude, l’oubli. Portraits solo ou en groupe, de ce de jeunes artistes. On peut suivre leur itinéraire face ou de dos, visages dissimulés maladroite- à travers trois Journaux, mais il faudra attendre ment ou en gros plan, le regard inquiet ou perdu 2013 pour découvrir tous les travaux et le livre dans le vague : chaque cliché respecte l’intégrité collectif publié sous la houlette d’Antoine d’Agata. des personnes pour lesquelles le photographe a une M.G.-G. empathie manifeste. Une seule immersion lui aura d’ailleurs suffi pour sonder leur fragilité et, sans J’ai perdu ma tête exhibitionnisme, capter leur intimité quotidienne : Peter Granser des verres alignés sur un plateau annonciateur d’un jusqu’au 2 juillet plaisir partagé ; un ballon oublié près de matelas Atelier de Visu, Marseille

épars ; des cœurs graffités sur le mur. Et toujours 04 91 47 60 07 des couleurs pastel, une lumière enveloppant de www.atelierdevisu.fr douceur un état d’être dramatique. Scotchée en haut de l’escalier, une vidéo déroule à l’infini le mou- L’exposition Studio Vortex 2 s’est déroulée vement obsessionnel d’un plafonnier clignotant : du 12 mai au 4 juin à la galerie Montgrand. imperceptiblement on lève les yeux au ciel et le © Peter Granser, Portrait

Déposée dans le transept droit de l’abbaye cistercienne l’œuvre est d’une Saintes ampoules transparence captivante. Visuellement, Marie Péjus et Christophe Berdaguer ont réussi une pièce exceptionnelle commandée en 2009 par le Musée International de la Parfumerie de Grasse, en partenariat avec le FRAC Paca. Avant le musée du Quai Branly, l’Abbaye 1 de Silvacane accueille une création de Berdaguer La virtuosité de la réalisation a été rendue possible par les ateliers du Cirva :

Christophe Berdaguer et Marie Pejus, un écheveau complexe de tubes et tiges de verre translucides appuyés les et Péjus peu montrée à ce jour. uns sur les autres installés sur quelques mètres carrés, à hauteur moyenne Un jardin de verre malheureusement privé d’homme. Vient ensuite sa puissance d’évocation : formes synaptiques (c’est de ses parfums le rapport voulu par les artistes), biomorphiques, végétales aussi rappellent l’effusion décorative des enluminures ou bien les mises en scènes baroques. La matière verre capte la lumière, évoque la transcendance divine des vitraux, les multiples reliquaires sous cloche de verre, la Sainte Ampoule car plusieurs efflorescences se terminent par un bulbe contenant des exha- laisons particulières conçues par Les Christophs parfumeurs créateurs. Jardin d'addiction ( Celles des addictions humaines : whisky, tabac, café, héroïne… Pour des raisons de sécurité, les bouchons ont été fixés au silicone, privant le visiteur de sa relation corporelle. Doit-on s’en étonner lorsqu’on sait comment la chrétienté a malmené la part charnelle de la création divine, et exacerbé la 2009). Abbaye de Silvacane, install. transept droit de l’église,méfiance 2011 © D. Lorin/Zibeline envers nos sens ? Rompu aussi le lien puissant de cet objet contemporain avec la liturgie ancestrale s’accompagnant d’encens purificateur : le rituel comme remède au mal de l’addiction n’a pu malheu- reusement avoir lieu. L’oeuvre perd ici finalement une part de charge symbolique au profit du ravissement visuel. Qu’en sera-t-il au musée du Quai Branly ? Qu’on se rappelle les polémiques sur la dépréciation des objets rituels par l’espace muséal. Le jardin retrouvera-t-il ses addictifs effluves ? C.L. Jardin d’addiction jusqu’au 27 juillet Abbaye de Silvacane 04 42 50 41 69 www.abbaye-silvacane.com

voir aussi à la Galerie of Marseille jusqu’au 16 juillet www.galerieofmarseille.com

1 CIRVA : Centre International de Recherche sur le verre et les Arts plastiques, Marseille 80 ARTS VISUELS MARSEILLE Auberge orientale Après l’Orient des Provençaux en 1982, Marseille se rappelle aux ri- vages de l’Afrique du Nord. À la Vieille Charité, l’Orient est peint, mis en scène ou fantasmé par les européens du XIXe siècle Alors que l’exposition de Lyon1 s’ouvre aux diffé- rentes expressions des arts plastiques et décoratifs de l’Orient, à Marseille le choix s’est orienté vers la picturalité dans la lignée des expositions pré- cédentes2. Heureusement, malgré les enfilades et cheminements forcément monotones de la Vieille Charité, les œuvres nous transportent en des contrées parfois dramatiques, tantôt exquises, ethnocentriques ou ethnologiques, furieusement exotiques, hormis lorsque la modernité s’annonce avec quelques Matisse, Renoir, Klee ou Macke. Les 114 œuvres s’ordonnent selon différentes thématiques des campagnes napoléoniennes à l’égyptomanie, le harem, les religions, le désert… Le visiteur peut ainsi confronter les variations de regards, de style, de facture mises en œuvre par les peintres orientalistes européens (exit Ziem ?) et les rares locaux (le Turc Osman Hamdi Bey) et Kandinsky, Ville arabe, tempera sur carton, 1905. Coll. Centre Pompidou-musee national d'art moderne/CCI © Adagp, Paris 2011 plusieurs sculptures au réalisme typologique con- Goûtons donc l’orient photographié en 1900 par Pour le jeune public au Préau des Accoules fondant de Charles-Henri-Joseph Cordier. Aussi Fernand Detaille et celui revu par Michèle Maurin L’Orient en tapis volant, prolongée ces œuvres nous en disent-elles plus sur les dans les années 2000, à la galerie Detaille3. jusqu’au 13 septembre visions d’artistes happés à la suite de la coloni- Pour Hugo, l’Orient était «une préoccupation sation entre romantisme, réalisme, naturalisme générale». Il l’est encore aujourd’hui. et affabulations d’atelier (d’après photo souvent) C.L. 1Le génie de l’Orient, jusqu’au 4 juillet, que sur l’Orient lui-même. Quels écarts entre Le Musée des Beaux-Arts de Lyon, Rêve d’un croyant selon Achille Zo, la Bataille L’Orientalisme en Europe : www.mba-lyon.fr d’Héliopolis vue par Léon Cogniet, Une rue de de Delacroix à Matisse 2L’exposition étant réalisée par les musées l’oasis de Chetma par Bompard, La mort de Sar- jusqu’au 28 août de Bruxelles, Munich et Marseille/Rmn-Grand danapale enlevée par Delacroix ! De cette période Centre de la Vieille Charité, Marseille 2e Palais, certaines œuvres n’apparaissent pas il aurait pu être instructif de présenter en contre- 04 91 14 58 80 d’une ville à l’autre ; voir le catalogue réalisé point le regard de photographes (Du Camp,Le Gray, www.vieille-charite-marseille.org avec la Réunion des Musées Nationaux. Harnoux…) même si leurs objectifs subjectifs Concert L’autre rive Zad Moultaka 3Visions d’un Orient méditerranéen, n’échappent pas non plus au pittoresque. par Musicatreize le 24 juin à 21h30 jusqu’au 29 juillet, www.galeriedetaille.com À la bonne distance Malgré un deuxième cambriolage en leurs. Son œuvre interroge : «que février, Vidéochroniques ne baisse reste-t-il de la peinture quand on a pas les bras : «On ne va pas aban- tout enlevé ?». Réflexion réinvestie donner le projet aujourd’hui ! Surtout par ses réalisations in situ sous avec l’installation de Marseille Expos forme de signes apposés sur le mur. dans les anciens locaux de Red Dis- Dans ses vidéos, le monochrome trict et la redynamisation du quartier s’impose par l’utilisation du plan fixe : de Lorette». Du coup, l’exposition il ne se passe rien d’extraordinaire, Penchants, Glissements, Dérives de seulement des variations infimes Jérôme Dupin est maintenue. comme une fragmentation du temps, Pour la première fois l’artiste opère des images aspirées par un déroule- des entrecroisements entre vidéos ment hypnotique. Si son œuvre inédites et peintures - le Musée de penche, glisse, dérive, elle bascule Toulon en 2005 et l’Hôtel des arts en aussi, se distord, voire se désintègre… 2010 exposèrent exclusivement ses M.G.-G. peintures - et prend le risque de mon- trer de la vidéo de peintre. Un choix Penchants, Glissements, Dérives expérimental que Vidéochroniques Exposition Jérôme Dupin à Vidéochroniques, 2011 © Vidéochroniques Jérôme Dupin rend accessible par une démonstra- et inversement, à découvrir deux ma- peinture»), Jérôme Dupin annihile jusqu’au 9 juillet tion pédagogique : ici la scénographie nières différenciées d’appréhender la toutes traces, tronque parfois les Vidéochroniques, Marseille invite le visiteur à poursuivre le geste couleur, la matière, la distance. Dans châssis jusqu’à déséquilibrer les 09 60 44 25 58 imaginaire du pinceau à la caméra sa peinture analytique («il peint la lignes de force et les aplats de cou- www.videochroniques.org 82 ARTS VISUELS AU PROGRAMME

Grands desseins Des Cézanne, Dufy, Picasso, Monet, Dubuffet, Léger, Aloïse, Klee, Tàpiès, Tobey, Clavé et… Jean Planque. Agent d’art, collectionneur et peintre aussi. Après de nombreuses expositions en France et à l’étranger, sa collection comme ses propres œuvres sont désormais déposées au musée Granet pour quinze ans. Sur les 300 peintures, dessins, sculptures qui devraient être réunis dans la chapelle des Pénitents Blancs rénovée et scénographiée pour 2013, près de 120 œuvres sont à découvrir cet été au musée. C.L.

Collection Planque, l’exemple de Cézanne jusqu’au 2 octobre Musée Granet, Aix 04 42 52 88 32 www.museegranet-aixenprovence.fr

Paul Klee, Mit der rotierenden schwarzen Sonne und dem Pfeile, 1919 Gouache et tempera, 24,5 x 31,5 cm, Fondation Jean et Suzanne Planque © Luc Chessex

Comme à la maison L’artiste Martine Cazin reçoit chez elle, à La Maison de Brian, des artistes dont elle se sent proche. Et comme l’été est propice aux douces conversations, deux temps forts rythment la saison : du 1er au 31 juillet dialogue entre Anny Bareilles (voyage pictural et sensoriel), la céramiste Agathe Larpent (pierres de nuit, pierres de jour) et la sculptrice Claudine Meyer (le fil de fer comme armature du corps) ; puis du 2 au 31 août entre Jacqueline Duperrex, Alix Paj et Dominique Soussi-Roth. M.G.-G.

La Maison de Brian, Simiane-la-Rotonde 04 92 75 91 49 www.lamaisondebrian.fr Claudine Meyer, sculpture © X-D.R Bargème sur la carte du monde Bargème, village médiéval du Haut Var, magnifié par l’un des maîtres actuels du paysage photographique l’Anglais Michael Kenna : tourmenté dans le ciel d’orage, invincible aux assauts du temps, dressé fièrement sur son piton rocheux, et toujours révélé dans un puissant duel de gris, de noirs et de blancs. Pourtant aguerri aux paysages les plus invraisemblables, Michael Kenna y revient sans cesse depuis 1995, pris dans les mailles de la magie des lieux… Le Souffle des arts l’accueille en retour comme pour le remercier de son attachement. M.G.-G.

Bargème Michael Kenna jusqu’au 10 octobre Galerie Le Souffle des arts, Bargème 06 50 18 51 55 www.michaelkenna.com Amandier de nuit, Bargème © Michael Kenna

Corps à corps Déjà en 2004, N + N Corsino présentait Amorces intimes au Festival de Marseille. Titre prémonitoire puisque, aujourd’hui, Mues est une installation inédite composée de cinq écrans et d’un face à face sensuel des corps nus… Se mouvoir, changer de peau, se matérialiser, tels sont quelques-uns des questionnements abordés par ces «chorégraphes de l’image et réalisateurs du mouvement» qui atomisent la notion de frontière entre le corps et le paysage. M.G.-G.

Mues Nicole et Norbert Corsino du 16 juin au 9 juillet Palais Longchamp-muséum d’histoire naturelle, Marseille

04 91 99 00 20 Mues, N + N Corsino www.festivaldemarseille.com © N + N Corsino

Miriam Pranti © X-D.R

Réel/Abstraits En 1930, Théo Van Doesburg, un des théoriciens de l’abstraction, déclarait que «rien n’est plus concret, plus réel qu’une ligne, qu’une couleur, une surface». Existe-t-il pour autant une dimension spirituelle de l’Art Concret qui nous permette une meilleure appréhension du réel ? Les œuvres de Miriam Prantl, Michael Fagerlund et Wolfram Ullrich l’expérimentent. Être abstrait, rien de plus concret aujourd’hui. C.L.

Interférences jusqu’au 31 août Fondation Vasarely, Aix 04 42 20 01 09 www.fondationvasarely.org

Bernar Venet, Gold Triptych with Two Saturations, 2009, Acrylique sur toile, 247 x 592.5 cm © ADAGP, Paris 2011 La belle image À l’heure où Bernar Venet tend ses arcs de fer et d’acier dans les allées des jardins du Château de Versailles et de la Fondation Salinger au Thor, l’Hôtel des arts de Toulon révèle son œuvre peint. Moins connu mais tout autant radical dans sa rigueur conceptuelle et son élégance formelle. Sauf que ces dernières années la couleur a fait son entrée dans ses toiles saturées de sigles et d’équations, et que l’artiste assume de faire une «belle image»… M.G.-G. Peintures 2001-2011 Bernar Venet jusqu’au 18 septembre Hôtel des arts, Toulon 04 94 91 69 18 www.hdatoulon.fr 84 PATRIMOINE MUSÉE CALVET | LICRA L’Egyptologie à portée de main Cet été, la ville d’Avignon Conçue à l’occasion du bicentenaire de la création absentes, en raison de pillages réguliers), dans un du Musée Calvet et initiée par Sylvain Boyer, état de conservation exceptionnel. sera égyptienne ! conservateur en chef du patrimoine et directeur du Dans un décor de boiseries sculptées, dorées et musée, l’exposition Fastueuse Egypte ouvre ses peintes, à travers un parcours thématique et chrono- portes dès le 25 juin. Et revêt pour l’occasion ses logique, neuf sections retracent un pan de l’histoire plus beaux atours, après la rénovation de 5 salons «de la plus vénérable de toutes les civilisations qui classés et d’une vaste campagne de restauration des se sont succédé autour de la Méditerranée». Les 400 œuvres (94 pièces restaurées sur les 400 présen- pièces égyptiennes, pharaoniques, grecques, ro- tées). 5 ans de travaux, pour un coût total d’1,3 M€ maines et musulmanes ont été sélectionnées dans (avec l’ambitieuse muséographie de l’architecte le legs d’Esprit Calvet, médecin et érudit avignon- Philippe Pumain, la menuiserie, le catalogue etc…). nais de l’époque des Lumières, auxquelles se Ces travaux auront permis également de faire des rajoutent des prêts de musées parisiens (le Louvre, avancées scientifiques importantes, grâce aux la Malmaison), de musées régionaux (Orléans, Moulins, études anthropologiques réalisées notamment sur Gap) et de bibliothèques (BNF, Institut Catholique la pièce phare de l’exposition, la momie d’enfant. de Paris). Une fillette romaine morte à deux ans et demi (il y À l’issue de l’exposition, le 14 novembre, deux salles a près de 3000 ans) d’un traumatisme crânien et dont resteront permanentes. Une occasion pour la ville «le soin apporté à la momification est exceptionnel» d’Avignon de renouer avec les expositions de selon la commissaire d’exposition Odile Cavalier. prestige… Parmi les pièces majeures et les restaurations les DELPHINE MICHELANGELI plus marquantes, figurent un médaillon hémisphé- rique en pierre à l’effigie d’Ammon (inv G 155), des papyrus reconstitués, un ensemble de 18 tissus Fastueuse Egypte coptes, des statuettes antiques. Les sarcophages, du 25 juin au 14 novembre dont le cercueil féminin «d’une honorable maitresse Ouvert tous les jours (sauf mardi) de maison du 6e siècle avant J.C.» illustre l’affiche de 10h à 13h et de 14h à 18h. de l’exposition, font référence à la place importante Musée Calvet, Avignon tenue par le culte des morts dans la société de 04 90 86 33 84 l’Egypte ancienne. Des figures centrales du mobilier www.avignon-egypte.com égyptien, en sycomore stuqué et peint, dévoilées Sarcophage (détail) issu de l'exposition Fabuleuse Égypte au musée Calvet Avignon © Delphine Michelangeli/Zibeline dans leur totalité (mais dont les momies sont Le monstre n’est pas mort L’obscurantisme gagne à nouveau. Il faut rappeler, juifs pour dominer le monde, débouche enfin sur les pays de l’ancien bloc soviétique, avec la reprise inlassablement, ce qu’inlassablement on cherche à l’horreur de la Shoah… de motifs iconographiques des siècles derniers, jus- nous faire oublier. La remarquable exposition de la Horreur si absolue qu’on pensait qu’elle signait la qu’au Brésil où certains rendent un nouveau culte Licra évoquant L’antisémitisme du Moyen Âge à fin de l’histoire, de celle-là du moins… Mais l’hydre au nazisme. La toile Internet dans son infinie varié- nos jours fait partie de ces outils de résistance obscure ne connaît pas de repos : propagande anti- té permet aussi à ces mouvements de diffuser. salutaires. En trente panneaux, une terrible fresque juive dans les pays musulmans, négationnisme en L’exposition s’appuie sur des reproductions de do- historique se développe. Cela commence aux croi- Europe, publications racistes et antisémites dans cuments, photographies, affiches, journaux, fresques, sades, avec les persécutions à l’encontre des Juifs, Vue de l’exposition à l’I.P.S.A.A © X-D.R tableaux, gravures, des commentaires riches et pré- considérés comme infidèles, obligés de vivre dans cis. Les écoles, les collèges et lycées en sont d’assidus des ghettos sans droit de séjour permanent dans les visiteurs. Présentée dans le monde entier, elle ap- villes, limités aux métiers du commerce du colpor- porte par la présentation de faits concrets les tage et du prêt sur intérêt… qui génère un motif moyens d’une prise de conscience et lutte avec de ressentiment. Les mythes antijuifs naissent, de intelligence pour la défense des droits de l’homme. la profanation d’hostie aux enlèvements d’enfants, Un seul regret : la durée très brève de son passage à la propagation de la peste ! L’antisémitisme per- à Aix-en-Provence.... dure, s’enracine dans l’imagerie populaire, se voit MARYVONNE COLOMBANI ravivé par la montée des nationalismes, explose avec l’affaire Dreyfus, se nourrit de la publication Cette exposition a été visible à Aix des «Protocoles de Sion» (abominables faux, copie du 23 au 25 mai à l’I.P.S.A.A. de pamphlets édités contre Napoléon III en 1864) qui étayent la thèse d’un complot des dirigeants

86 PATRIMOINE Le patrimoine s’anime Il y a tant et tant d’activités ! Allez sur les sites des musées, prenez le temps de vous glisser dans les conférences La région regorge de sites, et ces lieux sont animés d’une vie passionnante par l’accroissement régulier des collections, leur rénovation et leur sauvegarde. C’est le musée bleu d’Arles qui pérennise certaines pièces majeures de ses expositions en les incluant dans leur fond propre, comme le célébrissime buste de César, c’est l’abbaye de La Celle qui connaît un programme de restauration (de 2010 à 2012), ce sont les opérations de restauration régulières sur le Pont du Gard ou les Antiques de Saint-Rémy-de-Proven- ce. Projets, dossiers, réalisations s’enchaînent… À cet intérêt patrimonial s’ajoutent avec imagina- tion des actions variées, expositions temporaires qui viennent donner de nouveaux prétextes pour re- tourner au musée, conférences, visites guidées, spectacles… et permettent aux habitants de la © T.Nava Groupe F région et aux touristes des approches renouvelées. Hamdani, une magnifique fusion entre le chant et pyrotechnie se conjuguent pour l’émerveillement Arabe et Persan ; à l’abbaye du Thoronet, le 26 juin des spectateurs. Un autre évènement passera par le Musée de Castrum Vetus à 17h, concert de Chant Byzantin par Dvina et le pont, Total Festum, le 24 juin, qui permet de valo- De petits trésors, souvent en dehors des grands pas- chœur Mélodi… riser les cultures catalanes et occitanes. Concerts sages, recèlent d’étonnantes richesses. Ainsi, le À l’ouest de la Provence, les Suds pour leur 16e édi- joyeux et festifs pour la fête de la Saint-Jean… petit musée de Castrum Vetus à Châteauneuf-les- tion s’invitent au Musée départemental de l’Arles Une autre manière d’envisager l’été ! Martigues. Imaginez une bâtisse en ruines, ancien Antique, avec des projections de films dans l’audi- MARYVONNE COLOMBANI hôtel des marquis de Caumont (XVIIème), un grou- torium, du 11 au 17 juillet (Benda Bilili, Le premier pe d’amis, fous de préhistoire… Conjonction des rasta, Bodega Buf de vida, Zanzibar, l’extraordinaire Musée de Castrum Vetus, volontés, aujourd’hui le bâtiment, debout dans sa leçon de Ravi Shankar), des salons de musique, le Chateauneuf les Martigues parure de calcaire tendre, est dédié aux collections, 11 le lundi de Mediapart avec Edwy Plenel, le 12 04 42 79 81 56 géologie, archéologie (matériel provenant en gran- Mercedes Péon, le 13, Kimmo Pohjonen le 14 www.documentation-provence.org/1375 de partie de la Font aux Pigeons, du camp de Laure Socalled, le 15 Ahmad al Khatib… enfin, le 15 Pont du Gard ou de l’oppidum de Fourques), réparties en 7 salles de 10h30 à 12h, le spectacle le Rhône dans la cité 0 820 903 330 d’exposition. Si vous avez la bonne idée de deman- fait escale dans le jardin Hortus et s’achève sur le www.pontdugard.fr der les conseils du médiateur Toomaï Boucherat vous parvis du musée. Des archéologues, des slameurs, Musée départemental de l’Arles Antique aurez une foule de renseignements sur la compo- des danseurs hip hop sont réunis pour une prome- 04 90 18 89 08 sition des poteries, mélange d’argile et de dégraissant, nade atypique au fil du Rhône… À noter : une www.arles-antique.cg13.fr sur la colle préhistorique, largement aussi résis- superbe exposition a commencé depuis le 4 juin Abbaye de la Celle tante que n’importe quelle colle néoprène dérivée autour de l’épave du chaland gallo-romain (1er 08 99 23 04 48 de pétrole (60% de résine, 40% de cire d’abeille), siècle), expliquant le contexte de la fouille et www.gralon.net/tourisme/a-visiter/info-abbaye- la fabrication des perles - les hommes du néolithique interprétant ses résultats ainsi que de nombreux de-la-celle-la-celle-19114.htm aimaient eux aussi les bijoux - le tannage des peaux, objets mis au jour. Tous les premiers dimanches du la fabrication de la corde … Puis il vous guidera à la mois à 11h, des conférences illustrées : le 3 juillet Font aux Pigeons, l’un des plus anciens sites préhis- elle conduit dans le Saint-Tropez de l’Antiquité, toriques connus du pourtour de l’étang de Berre, Baïes (baie de Naples), le 7 août elle évoque Augus- et qui marque une étape décisive dans le passage te, le nom du mois y invite ! Des sujets spécialisés de la civilisation nomade à la sédentarisation. Il sont abordés simplement, comme Le mécanisme suffit de prendre rendez-vous… d’Anticythère, un ordinateur antique ? le 9 juin, la conservation in situ des mosaïques le 23 juin, La Quelques choix… navigation antique le 30 juin (de 18h 30 à 19h30)… Dans le Var, le patrimoine se met en scène : à l’ab- baye de la Celle, avec, après les concerts de mai des Un pont de lumière Nine Spirit (de Bach à Coltrane), une conférence au Plus à l’Ouest encore le Pont du Gard sera mis en titre paradoxal, Le monastère comme expression de lumière tous les soirs, du 1er juillet au 20 août, par la liberté pour les femmes au Moyen-Âge, le 26 juin une féerie de couleurs et de lignes qui souligneront à 16h. Puis le 3 juillet à 15h30 Le conte de Troie, les caractéristiques de son architecture, dans une spectacle de marionnettes par Massimo Schuster. mise en lumière poétique et symbolique par Clau- À la chapelle de l’Observance du côté de Dragui- dette Viguier. Auparavant, les vendredis et samedis gnan, le 18 juin à 20h30 les poèmes d’Omar de juin auront connu le nouveau spectacle du X-D.R © Khayyam chantés par Alireza Ghorbani et Dorsaf Groupe F, où composition musicale et flammes, vidéo MÉCÉNAT87 Faut-il croire au mécénat culturel ? Nous posions la question dans notre numéro précé- dent, après la convention d’Admical qui avait mis au jour sans détour les faiblesses d’un mécénat culturel en berne, qui répercute et amplifie le désen- gagement de l’État, et concentre ses quelques restes sur des manifestations prestigieuses, ou des actions de diffusion plus sociales qu’artistiques. Le tout en privant l’État d’une part de ses recettes fiscales (60% des dons se déduisent directement de l’impôt sur les sociétés). Mais ce constat global et ponctuel est-il inéluctable, ou peut-on imaginer un mécénat culturel intelligent et efficace ? L’exemple des Mécènes du Sud Les Mécènes du Sud commencent une nouvelle mandature qui les mènera jusqu’en 2013, occasion pour eux de revenir sur leurs actions, et leurs ambi- tions. Fondé en 2003, le collectif compte aujourd’hui 32 entreprises adhérentes1 qui cotisent selon leur nombre de salariés (5000 € pour une entreprise It's like a jungle sometimes, Mathieu Clainchart © X-D.R de moins de 500 salariés). Leurs moyens en mécé- rant nettement les cotisations… nat restent très limités, mais ils consacrent environ Car aujourd’hui, avec environ 100 000 € à financer directement des projets d’artis- 50% de frais de fonctionnement tes et des compagnies. Une contribution négligeable et de communication, les MDS face aux subventions publiques, ou à certaines actions investissent moins dans l’artis- de mécénat prestigieuses, mais qui a une véritable tique (50% de leur budget global) force d’exemplarité. que leur ristourne fiscale (60% Tout d’abord parce que ces fonds vont exclusivement de leur IS). Pour modifier cet à la création artistique contemporaine du territoire, équilibre, des recettes complé- dans les domaines du spectacle et des arts plasti- mentaires qui n’alourdiraient pas ques. Les Mécènes du Sud ont d’ores et déjà aidé les frais de fonctionnement sont à la naissance de 70 projets d’artistes émergents, nécessaires. qui pour certains ont connu ensuite un bel avenir, Car ce mécénat est exemplaire soutenus conjointement par d’autres financements : sans aucun doute. Mais est-il on peut ainsi citer dans le domaine du spectacle pour l’heure efficace ? France do brasil d’Eva Doumbia, Evelyn House of AGNÈS FRESCHEL Shame de Christophe Haleb, tous deux program- Evelyn House of Shame, Cie Christophe Haleb © X-D.R més par exemple au Festival de Marseille. Ou Le pagnant les artistes dans leur démarche. Leurs cabaret discrépant d’Olivia Grandville, programmé ambitions ? favoriser l’émergence d’un label MDS et 1 Altergis, Astime, axa Art, Axe Sud, Beau Monde, cette année au Festival d’Avignon. Pour les arts ouvrir un lieu, être un véritable acteur de MP2013, Bleu Ciel, Cabinet Phocéen d’Assurances, Cabus & plastiques la pertinence est encore plus nette puis- et poursuivre au-delà une véritable association Raulot, Caisse d’Epargne P.A.C, Christian Carassou- que Marie Reinert, Vincent Beaurin, Suzanne entre artistes et entreprises, en associant en parti- Maillan, Laurent Carenzo, Courtage de France Hetzel, Mathieu Clainchard, Karine Rougier ont culier les salariés lors des résidences. Assurances, Dial Invest, Féraud CFM Entreprises, bénéficié de leur soutien ces dernières années. Ambitions louables pour un projet esthétiquement Anthony Ginter, High Co, IBS group, IDM, Cette pertinence est due à la totale indépendance et éthiquement irréprochable ! Mais la hauteur du Joaillerie Frojo, Le Péron, Mc Donald’s B.I., du comité de sélection auquel aucune entreprise financement de Mécènes du Sud reste dérisoire : Marbour, Marfret, MGM, Olympique de Marseille, ne participe, et qui est composé de professionnels avec un budget artistique de 100 000 €, comment Pébéo, Pullman Palm Beach, Ricard, Safim, Scotto parfaitement souverains. Pour plus de visibilité ce- espérer compter sur le territoire ? Les 32 entre- Musique, SMC, Vacances Bleues pendant, et d’efficacité, les Mécènes du Sud ont prises s’engagent actuellement dans MDS pour des décidé d’attribuer désormais non plus une dizaine sommes modiques… qui ne permettent au collec- d’aides par an, mais de répartir leur 100 000 € sur tif que d’avoir des orientations indicatives pour la 5 projets annuels, qu’ils pourront suivre plusieurs politique de mécénat de chaque entreprise. Ainsi, années, afin d’en être réellement les moteurs. c’est pour 1,5 Md’€ que la SMC, un des Mécènes du Sud, s’engage à titre personnel dans MP2013… Les projets MDS, qui défend l’idée d’un financement autonome En dehors de ce soutien au projet, Mécènes du Sud, exclusivement privé, ne pourra «être un partenaire initiateurs dès 2006 des Ateliers de l’EuroMéditer- financier déterminant» qu’avec des moyens nettement ranée (voir pages suivantes), organise des résidences plus importants. En augmentant spectaculairement d’artistes du territoire en entreprise, en accom- le nombre d’entreprises adhérentes, ou en majo- Les Ateliers de l’EuroMé Cela agace certains, en inquiète d’autres : Marseille Provence 2013 travaille dans l’ombre et n’attire pas forcément l’attention sur ses actions souterraines. Pourtant, l’un des dispositifs les plus novateurs de la capitale européenne de la culture est opérationnel depuis 2008, avant même la nomination marseillaise : les Ateliers de la candidature, puis les Ateliers de l’EuroMéditerranée, ont bel et bien commencé sur le territoire, installé des artistes dans de nombreuses entreprises, et produit des œuvres. Mais pas seulement…

Zibeline En quoi consistent ces Ateliers ? Tandis que certains projets conceptuels pourraient voir a décidé de Il s’agit de soutenir des artistes, et plus largement le jour dans un grand nombre d’entreprises, d’autres la création contemporaine, en mettant en place des doivent être adaptés à un environnement particulier rendre compte résidences d’artistes dans des espaces non dédiés et l’intégrer dans leurs œuvres. La Logirem, par exemple, régulièrement à l’art. C’est-à-dire des entreprises, privées ou propose des résidences à La Bricarde, des avancées et publiques, du territoire : le monde économique, mais dans ses logements sociaux, ce qui suppose des aussi de la santé, de l’enseignement, des services projets tournés vers les habitants. résultats de ces publics. Au début nous avions fixé l’objectif de 200 Ateliers. ateliers d’ici à 2013. Mais nous modulons en avançant : Les artistes sont essentiellement des plasticiens ? Sandrina par exemple nous nous sommes rendu compte que Oui, les arts du spectacle étant plus difficiles à installer les ateliers dans des entreprises en lien avec l’art avaient en entreprise que les arts visuels. Il y a donc des Martins, moins d’intérêt. Aujourd’hui on pense plutôt à une cen- cinéastes, vidéastes, photographes, des plasticiens responsable taine : une cinquantaine sont d’ores et déjà prévus, et sculpteurs. Quelques résidences d’écriture, moins une douzaine d’autres sont réalisés, cinq sont actuelle- nombreuses parce que des dispositifs existent déjà du projet, ment en cours, et plusieurs vont débuter cet été. dans la région. Mais des résidences de compositeurs nous explique sont prévues également : il s’agit dans tous les cas leur fonction- Comment sont-ils financés, et quelle est leur durée ? de créer des œuvres. Il n’y a pas de format prédéfini, chaque atelier génère nement et leurs sa forme… ce qui est passionnant, et difficile à mettre Quels sont vos critères de choix de ces artistes ? ambitions. en place ! Une résidence peut durer de 6 mois à 3 ans, Comme leur nom l’indique le but de ces ateliers est en continu ou discontinu, et peut coûter selon son de créer des liens entre Europe et Méditerranée. ampleur quelques milliers d’euros, ou beaucoup plus. Donc nous avons choisi un certain nombre d’artistes du pourtour méditerranéen, en particulier de la rive sud, Qui finance ? où les conditions de production des œuvres sont plus Là encore c’est variable : Marseille Provence 2013 que précaires. Offrir à un artiste Égyptien un lieu de peut prendre en charge jusqu’à 50 %, surtout s’il s’agit résidence, un salaire et le matériel pour produire son de services publics par exemple qui ne bénéficient pas projet, lui donner les moyens concrets de travailler, des avantages fiscaux du mécénat. Les entreprises contribue sans conteste au rapprochement durable privées financent environ 70 % des ateliers. entre Nord et Sud. Notre second vivier est tout Mais chacun fonctionne selon des modalités et simplement ici : nous avons sélectionné plusieurs une convention particulière, tripartite, est signée soit très bons artistes locaux. Et puis nous faisons venir directement entre l’entreprise, MP2013 et l’artiste, également quelques artistes du reste du monde… soit avec un opérateur culturel qui représente l’artiste et fait office de production déléguée. Est-il prévu un temps de restitution publique de ces œuvres ? Et comment sont choisis les artistes ? Il n’y aura pas d’exposition collective globale, Il n’y a pas eu d’appel à candidatures, contrairement et les œuvres produites par ces ateliers seront visibles, aux autres projets de Marseille Provence 2013. ou audibles, d’une manière ou d’une autre au cours Mais nous recevons des suggestions de ces opérateurs de 2013. Nous réfléchissons aux modalités. culturels, des propositions directes aussi émanant Il n’est pas question en tous les cas qu’elles restent des artistes, et nous en sollicitons d’autres avec lesquels dans les entreprises, ce n’est pas le but. nous avons envie de travailler. En fait il y a deux pros- pections : celle du projet artistique, et celle de Justement, quel est le but ? l’entreprise. À ce niveau-là nous sommes très Ils sont multiples. Le premier est de produire des pragmatiques. Ainsi un artiste peut arriver avec œuvres contemporaines, et de donner pour une fois un projet pour lequel on va chercher une entreprise : aux artistes, qui souvent ne sont pas des plus reconnus, Anne-Valérie Gasc, qui filme des explosions, devait de bonnes conditions de production : un atelier doit trouver une entreprise comme CEBTP Démolition. prendre en charge les honoraires de l’artiste, ses frais En revanche Vacances bleues est arrivé avec de logement, de repas, de voyage, et ses frais de une culture d’entreprise, un centre d’intérêt pour production. Les frais de médiation également 1 lequel nous avons cherché des artistes. de la production déléguée. diterranée

C’est-à-dire ? Les artistes ne sont pas généralement, en tant que personnes, reconnus d’utilité publique, ce qui est nécessaire pour mettre en place un mécénat. Sextant et Plus, Triangle, le Bureau des Compétences et Désirs, l’ensemble Télémaque, Le Citron Jaune par exemple qui sont signataires des conventions, proposent et suivent des artistes dans leur processus de création au cœur des entreprises. Ils mettent en place aussi des plans de médiation à l’intention des salariés, des publics. Car un de nos objectifs principaux est que ces ateliers puissent fonc- tionner après 2013, sans nous, et que les opérateurs culturels puissent signer des conventions directement avec les entreprises.

Et les entreprises, dans quel but participent-elles à l’aventure ?

Ce sont généralement les chefs d’entreprise Quadrissimo © Stephan Muntaner eux-mêmes qui sont au départ les plus convaincus. Ils redoutent parfois que les salariés De perceptions en impressions trouvent cela inutile… et on ne peut envisager Ils sont grapheurs, graphistes et performers. Robert Bilbil, Vincent Castellin, Guillaume un Atelier que dans une entreprise qui va bien, Vinrich et Guillaume Kaercher sont revenus de leurs périples dans les futures capitales sans tension sociale. Mais on peut déjà mesurer européennes de la culture et de Gdansk dans le cadre du projet Marseille Téléport l’impact à l’intérieur des entreprises de la pré- avec l’envie de traduire leurs perceptions en impressions. Les Ateliers de sence d’un artiste : les dirigeants vous en la candidature ont transformé leur projet en réalité : grâce à ses toutes dernières parleraient mieux que moi, mais visiblement techniques de reproduction numérique, la société Quadrissimo leur a donné ils ressentent une envie, pas forcément formulée, la possibilité de réaliser des tirages très grand format sur support aluminium à partir qu’un ailleurs de l’ordre du rêve pénètre dans de la matière compilée (photographie et vidéo). Résultat ? Un atelier Quadrissimo leurs murs. Ils cherchent bien sûr à bénéficier transformé en lieu de production et en galerie d’art, exposant le fruit des échanges d’un impact à l’extérieur, en terme d’image, et des expérimentations entre les artistes et ses créatifs, techniciens, reprographes mais ils comprennent assez vite que ce n’est et opérateurs. pas l’essentiel : l’un d’entre eux m’a confié que M.G.-G. la présence d’artistes au cœur de son entreprise lui avait fait économiser un an de management ! Les salariés quant à eux sont souvent surpris de voir que les artistes travaillent. Qu’ils assemblent, Dans le secret de Pascal Martinez font des plans, des prises de vues, de sons. Repéré en 2009 parmi les artistes Qu’ils répètent, matériellement. du Show Room d’Art-O-Rama, Pascal Martinez est en 2010 l’artiste invité du Cela dissipe donc des malentendus. salon international d’art contemporain Certainement, cela crée indéniablement de Marseille avec une œuvre en lien avec des liens inédits. Parfois aussi les ateliers parlent l’idée d’écriture : Hortus conclusus, instal- de la vie de l’entreprise. Ce qui peut la faire lation composée de 100 pavés de verre avancer, mais nourrit aussi leur production moulés (avec feuille d’argent et feuille de artistique. Sonia Chiambretto va faire mika), structure métallique et documen- une résidence dans les Bureaux Municipaux tation (les pavés enferment les secrets de Proximité qui alimentera certainement son livrés par ses amis). Pièce réalisée écriture à la fois poétique et documentaire. à l’occasion d’une collaboration entre À La Tour du Valat Les Pheuillus participent Art-O-Rama et le Centre international à leur manière à l’étude de la biodiversité… de recherche sur le verre, dans le cadre Mais au-delà de ces motivations, pragmatiques des Ateliers de l’EuroMéditerranée. ou relationnelles, notre idée est d’inventer Pièce qui a permis à l’artiste d’entrer un nouveau mode de production de l’art. «dans le secret de l’atelier du Cirva» pour Que d’autres pourront appliquer ailleurs, travailler avec les techniciens, «dans et qui perdurera ici. Et puis l’ensemble du la concentration de son idée et des efforts territoire doit s’impliquer dans la Capitale mis à sa concrétisation» : de là est née Culturelle. Parce que le monde économique une bibliothèque de l’intime où l’écriture va bénéficier des retombées, mais aussi est bijou, et chose précieuse à protéger… parce que plus globalement Marseille Provence M.G.-G. 2013 veut concerner chacun, et que www.pascalmartinez.net tous les lieux deviennent les lieux de l’art. © Pascal Martinez ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL 2 Les Ateliers de la candidature Précurseur des Ateliers de l’EuroMéditerranée, soutenu dans la production et la création le projet des Ateliers de la candidature a été d’une œuvre qui, selon sa nature et sa pertinence, profondément déterminant dans le choix de la ville pourra être présentée dans la programmation 2013. lauréate car il garantit la pérennité, au-delà de 2013, Les premières expériences témoignent par leur diversité, des réalisations engagées dès 2008 et que son concept justement, de cette politique spécifique de commandes original s’appuie sur une idée forte, sans équivalent dédiées aux nouvelles écritures artistiques : en Europe : l’affirmation et le développement entre l’ensemble Symblêma Percussions qui pose de la dimension nord-sud des échanges culturels ses instruments chez Cabus & Raulot pour faire jouer et artistiques, des rencontres des créateurs, de leurs ses salariés, Suzanne Hetzel qui photographie projets et de leurs œuvres grâce à la mobilisation le personnel de l’Hôtel Pullman pendant que du monde économique. Dès 2008, avec le concours Tanguy Moyet lui dispense des cours de magie ; de leurs salariés, des entreprises se sont engagées entre Michèle Sylvander qui réinvente la vie d’Isadora auprès des artistes en leur proposant in situ des lieux Duncan sur pellicule à l’invitation de la boutique Le point de vue de de résidence, des studios de travail et de répétition ; Marianne Cat et le studio Quadrissimo qui partage entreprises auxquelles se sont ajoutés, en 2009, son savoir-faire avec Robert Bilbil, Vincent Castellin, l’entrepreneur des laboratoires de recherche et des pôles Guillaume Vinrich et Guillaume Kaercher. Ou encore Raymond Vidil est président de compétitivité. Si le projet initial a évolué (dimension Marie Reinert immergée dans la société de transport de Marfret, compagnie workshop accrue), les fondamentaux demeurent maritime Marfret pour des traversées au long cours… maritime familiale fondée identiques ; l’artiste invité au cœur de l’entreprise est MARIE GODFRIN-GUIDICELLI en 1951, aujourd’hui un des armateurs et transporteurs maritimes les plus actifs du Port de Marseille. Mais Raymond Vidil est également Vice Président de Mécènes du Sud, et aime à se définir comme «un armateur d’art» ! Il pense qu’une entreprise ne peut «se définir par son seul objet social», et qu’elle doit «participer à l’attractivité de son territoire, tout en apportant de la créativité à ses collaborateurs». Ainsi il s’est engagé très tôt dans la candidature de Marseille Provence 2013, accueillant dès 2008 Marie Reinert dans son entreprise. Où elle a pu prendre le pouls des machines, et en restituer les vibrations mécaniques. En y apportant un supplément d’âme !

Extrait de Roll-On, Roll-Off © Marie Reneirt Marie Reinert, lauréate 2008 Mécènes du Sud, vit à Berlin ; de 2008 à 2010 elle fut accueillie en résidence par Marfret pour des périodes de 4 à 6 semaines. Repérages, exploration de la réalité portuaire et de l’entreprise, expérimentation de 4 traversées Marseille-Alger, rencontres avec les salariés hors de l’entreprise : après sa longue immersion dans l’univers clos des navigants, la plasticienne a réalisé le film Roll-On, Roll-Off, plongée poétique aux mouvements obsessionnels qui collent à la respiration mécanique des porte-containers Ro-Ro et à la rudesse du travail de l’équipage. Roll-On, Roll-Off a été présenté au Festival de Marseille 2010 en collaboration avec le FRAC Paca. M.G.-G. www.mariereinert.com

3 Percussif et festif L’ensemble Symblêma Percussions (lauréat 2007 Mécènes du Sud) a été la première structure culturelle à participer au dispositif des Ateliers de la Méditerranée lancé dans le cadre de la candidature de Marseille en 2008. Le cadre : l’entreprise Cabus & Raulot. L’objectif : faire découvrir aux salariés inscrits à l’atelier les différentes façons d’aborder les percussions dans toute leur diversité (instruments à peau, claviers et autres objets usuels détournés de leur fonction première pour devenir instruments de musique). Le tempo : un atelier hebdomadaire de mai à novembre animé par deux percussionnistes. Cette expérience inédite et ludique autour de la découverte et de la pratique de la musique contemporaine a entrainé les salariés à devenir eux-mêmes les acteurs d’une performance musicale Symblêma chez Cabus & Raulot © MP2013 et publique au cœur de l’entreprise. Au vu du succès remporté par cette double aventure humaine et artistique, l’ensemble Symblêma Percussions était invité en novembre 2010 à «rythmer» la signature d’une convention de partenariat entre la Société Marseillaise de Crédit, l’association Marseille-Provence 2013 et la CCIMP… au siège de la SMC ! M.G.-G. www.symblema.free.fr Contes des marais Le Phun, compagnie toulousaine d’arts de la rue, les artistes et les institutions scientifiques mènent La Tour du Valat : a été accueillie en résidence de longue durée par aussi à des projets originaux comme ces Pheuillus Centre de recherche pour Le Citron Jaune/Ilotopie Centre des arts de la rue pour venus d’un autre monde en Camargue. la conservation des zones la réalisation d’un projet croisant installation plastique Mannequins anthropomorphes constitués de feuilles humides méditerranéennes, et spectacle/rencontre publique dans le cadre de l’un séchées contenues dans une structure de grillage, fondation privée créée des premiers Ateliers de l’EuroMéditerranée. les quatre vingt Pheuillus valent moins par leurs en 1954 par Luc Hoffmann. C’est le domaine de La Tour du Valat, organisme qualités plastiques que par leur rôle de drôles d’objets Réservée à la communauté scientifique pour la préservation des zones humides, transitionnels. Disséminées en différents points du scientifique, la Tour du Valat qui en est le terrain d’expérimentation depuis une année domaine, dans l’étang du Verdier près du Sambuc ouvre ponctuellement et demie. La création contemporaine s’est emparée et laissées aux aléas naturels, ces sculptures d’appa- ses portes au public extérieur depuis bien des années de la nature et des questions rence primitive font partie d’une mise en parcours lors de journées particulières. environnementales. Land Art, art des jardins, théâtralisée par les comédiens de la compagnie. éco-conception architecturale, les créateurs Hans Support d’échanges ouverts avec des publics variés, Haacke, Andy Goldsworthy, Nils Udo, Erik Samakh, visiteurs occasionnels, habitants alentour, jeunes Gilles Clément entre autres... Les collaborations entre scolaires, scientifiques, ils sont les sujets de fictions Les Pheuillus en Camargue amenées et construites avec l’auditoire dans les 28, 29, 30 juillet en soirée la spontanéité du moment. Entre affabulations Tour du Valat, Le Sambuc et vérités scientifiques, rien n’est vraiment sûr. 04 90 97 20 13 L’incertitude, c’est justement le thème générique www.tourduvalat.org des Envies Rhônements 2011. Les Pheuillus y font www.lephun.net

escale pour trois dates de rencontres insolites théâtralisées. Chaque soirée sera suivie d’une conférence «Ciel ! Ma Camargue» de Jean Roché qui a photographié la Camargue vue d’en haut, Le Citron Jaune et pourra être prolongée avec les installations 04 42 48 40 04 de Jean-Pierre Brazs au domaine de la Palissade www.lecitronjaune.com aux Salins de Giraud et Guillaume Laidain dans les marais du Vigueirat près de Mas Thibert. CLAUDE LORIN

Cie Le Phun, Les Pheuillus, Tour du Valat, Camargue, 2010/2011 © Jean E. Roché

4 Comme l’an dernier Zibeline s’associe au Festival du livre de la Canebière (voir p71) et publie la nouvelle de Dominique Pion, lauréate du concours de la Bonne Nouvelle de la Canebière ouvert à des auteurs n’ayant jamais publié. Cette nouvelle a été écrite, en l’occurrence, en écho avec une photographie de Zineb Sedira. Retour aux sources Enfin ! Elle l’avait retrouvée. De la maison, il ne restait que la terrasse, surplombant la Septembre 62. Direction La Rose. Ils vont habiter dans un H.L.M. C’est un grand falaise où la mer bat sans fin les rochers. appartement avec toutes les commodités. C’est aussi la rentrée. Pour la première Certes, elle est en ruine. Le carrelage autrefois si chatoyant est terni, et par endroits fois, mais non la dernière, elle entend le mot «pied-noir». C’est une fille qui l’appelle complètement arraché. Pourtant, face à ce décor majestueux, le regard embrasse la comme ça. mer à perte de vue, et elle retrouve son âme d’enfant quand, insouciante et heureuse, Là encore elle ne comprend pas pourquoi. Mes pieds sont propres. Et d’autres elle jouait avec ses sœurs et frères sous le regard attendri de sa grand-mère. Combien insultes. Que nous venons manger le pain des vrais Français, prendre leur travail. de fois, assise aux pieds de la vieille femme, elle demandait : Que nous aurions dû rester dans notre pays. - Mémé, raconte-moi quand tu étais jeune ! Alors, d’une voix douce et voilée, la vieille femme lui racontait son enfance, les On se moquait de mon accent. De ma façon de parler. Sous prétexte que là-bas jouets désuets qui la faisaient rire, la rencontre avec grand-père qu’elle n’a pas connu, nous ne suivions pas le même programme j‘ai même dû redoubler ma troisième. mais dont la photo orne le buffet : avec ses grosses moustaches, il l’impressionnait. C’était faux. Alors, j’ai mis les bouchées doubles. J’allais leur montrer que la «pied- Et aussi la guerre avec son lot de souffrances. noir» était la meilleure.

Zineb Sedira Framing-the-view III Ce fut une année solitaire. Je n’avais pas Elle était la dernière de la fratrie. Celle que l’on d’amies. Même les profs étaient différents n’attendait pas. Le cadeau. Elle fut gâtée, choyée, avec moi. aimée par toute la famille. Ses frères s’érigèrent en protecteurs - ils le sont toujours - ses sœurs PUIS, LE TEMPS A PASSÉ. furent ses mamans - cela n’a pas changé. On m’oublia. Je me fis même deux amies. Après le bac, je choisis le droit. Je rêvais de la Au fur et à mesure de sa déambulation, ses magistrature. Mes amies prirent le même souvenirs affluent. Elle se revoit adolescente, chemin et nos parents nous trouvèrent une échangeant son premier baiser, cachée dans un pension de famille à Aix-en-Provence. Ma recoin de la terrasse, tremblant de peur d’être première année fut studieuse. Je sortais peu. surprise. Fermant les yeux, elle retrouve le goût J’avais toujours la rage de réussir. Cet été-là, du plaisir défendu. pour la première fois, je partis en vacances, seule avec mes deux amies. Quinze jours de Puis il y eut ce jour funeste où ils durent quit- randonnées dans les gorges du Verdon. Ma ter leur terre. récompense. Elle se souvient de la force de ses mains agrippant le rebord de la terrasse quand son Ce fut en Décembre, que mon frère présenta père l’arracha à son sanctuaire. à la famille son ami Antoine - ils avaient fait leur service militaire ensemble dans les chas- POURQUOI ? seurs alpins. Il avait 27 ans, il était grand, brun, Pourquoi devaient-ils partir ? Ils n’avaient rien fait. les cheveux coupés court… Ses yeux noisette paraissaient presque d’or dans son C’est vrai qu’elle n’allait plus au lycée à cause des attentats. Les volets de la maison visage encore hâlé par le soleil de la montagne. Une bouche bien dessinée, le rire étaient constamment fermés. Elle ne jouait plus sur la terrasse, même Mémé ne toujours au bord des lèvres. Je le trouvais séduisant et sympathique. Mes parents racontait plus d’histoires. On entendait le bruit des bombes, les rafales des mitrail- l’appréciaient. lettes. Pourtant, papa allait toujours travailler. Alors pourquoi partir ? - C’est la guerre dit papa. Nous avons commencé à sortir, cinéma, théâtre, bal, toujours accompagnés d‘un de mes frères. En août 1973, nous nous sommes mariés. À la rentrée, je n’ai pas Sur le pont, elle regarde s’éloigner sa terre. Ses sanglots sont déchirants. Il lui semble repris mes études. Puis les enfants sont arrivés : quatre nous comblant de bonheur. que son cœur explose. Elle tombe à genoux. La tête entre les mains, elle pleure à en Ma vie était bien remplie, pleine de vie et de joie. Avec bien sûr des moments mourir. La main de sa grand-mère se pose sur sa tête «Chut ma douceur, ma lumière difficiles, auxquels nous avons su tous les deux faire face. Les enfants grandirent chut». sans difficulté. Et petit à petit prirent leur envol. Des petits-enfants sont venus, Entre ses bras, elle la berce. nous apportant tellement de joie. Pendant les vacances, la maison se remplissait de vie, de rires, de fête. ARRIVÉE MARSEILLE. La ville est sale. Éclatée de soleil. Sur le quai, les bagages à leurs pieds, ils attendent En 2006, Antoine nous a quittés. Pour la première fois en 33 ans il me faisait de la de passer la douane. C’est long. Il fait chaud. Les relents lui donnent mal au cœur. peine. Enfin ils peuvent partir. Direction un hôtel rue Thubaneau. Ils vont y rester deux mois, avec interdiction pour les filles de sortir seules. Elle ne comprend pas pour- Malgré les enfants et les petits-enfants, j’éprouvais un grand vide. Et doucement, quoi. Elle les trouve belles les femmes avec leur maquillage. l’idée a germé. Je voulais, non je devais retourner chez moi, de l’autre côté de la Mé- Zibeline publie également l’illustration de Sebastian Sarti, lauréat du Prix du Jury d’une valeur de 400 € attribué à une illustration de la nouvelle Yanvalou de l’auteur haïtien Lyonel Trouillot

© S. SARTI

Aujourd’hui, je suis devenu comme la ville où je suis né. La ville où je suis né était un bord de mer composé de maisons droites et étroites soudées par des murs mitoyens. Les murs y avaient des oreilles. C’était une ville aveugle. On n’y cultivait pas le regard. Je suis devenu comme la ville où je suis né.

diterranée. Je ressentais ce besoin comme une urgence. tinctivement, elle retrouve la marche lente de sa mère premier plongeon dans cette mer si bleue, si chaude ? Les enfants essayèrent de m’en dissuader. Étrangement se rendant au marché sous un soleil de plomb. Soleil Comment leur faire sentir les nuits parfumées par le mes petits-enfants eux m’approuvaient, comprenant qui rend la lumière si blanche. jasmin en fleur? mon désir, et m’encourageaient. Comment expliquer cette tristesse qui parfois voilait En juillet 2008, quarante-six ans après, je prenais le Elle ôte ses lunettes noires, buvant de tous ses yeux son regard? bateau me ramenant à Alger. Sur le pont, je voyais la cette ville qui lui a tant manqué. Jamais elle n’a vrai- ville blanche s’offrir à moi, étincelante de lumière. ment parlé à sa famille de sa vie ici. Juste quelques Comme un cheval elle s’ébroue, chassant ses pensées. bribes. Comment leur raconter les odeurs des épices ? Elle veut être seule, pour mieux se retrouver. ALGER le parfum lourd des femmes ? de la mer ? Comment Pour la première fois, depuis ces années passées loin de À peine est-elle débarquée que les souvenirs surgissent leur faire partager les soirées sur la terrasse avec les fem- sa terre, elle savait qu’elle était en paix. Elle avait re- pêle-mêle comme un kaléidoscope créant une kyrielle mes, partageant mille secrets. Comment leur dire cette trouvé son sanctuaire. d’images. La chaleur est étouffante et bénéfique. Ins- luminescence de l’air ? Comment leur raconter le DOMINIQUE PION 88 ADHÉRENTS

Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! Pour les places gratuites, téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentez votre carte de membre (1 place par carte nominative). Pour les réductions, présentez simplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent)

Carte Flux Les Bancs Publics Librairie L’écailler Librairie Prado Paradis 5 cartes offertes 1 place offerte pour 1 place achetée (Marseille 1er) (Marseille 8e) sur la base de 1 carte achetée = pour tous les spectacles 2 rue Barbaroux 19 avenue de mazargues 1 carte offerte 04 91 64 60 00 5% de réduction 5% de réduction (1 carte = 7 manifestations sur tous les livres sur tous les livres du 4 mai au 11 juillet) 3bisf (Aix) 10% de réduction Auprès de Marseille objectif danse, Entrées et visites gratuites Le Greffier de Saint-Yves Sur la papeterie le Festival de Marseille, sur réservations (Marseille 1er) Le GMEM, l’AMI, les Bernardines, 04 42 16 17 75 librairie générale et juridique Librairie de Provence (Aix) le FID et le BNM. 10 rue Venture 31 cours Mirabeau Résas : [email protected] L’institut culturel italien 5% de réduction 5% de réduction 3 adhésions annuelles sur tous les livres sur tous les livres Le Jazz des Cinq Continents d’une valeur de 32 €, 10 invitations cette «carte adhérent» Librairie Regards (Marseille 2e) Librairie Au poivre d’Âne Pour la Nuit funky jazz (3 concerts vous donnera accès à tous Centre de la Vieille Charité (La Ciotat) dans la soirée) avec Trio Ahmad les services de l’Institut, 5% de réduction 12 rue des frères Blanchard Compaoré, Marc Ribot et médiathèque et programme culturel. sur tous les livres 5% de réduction Jamaaladeen Tacuma / Trombone Demande par mail : sur tous les livres Shorty / Larry Graham & The [email protected] L’histoire de l’œil Graham Central Station ou au 04 91 48 51 94 (Marseille 6e) Art-Cade – Les Grands Bains Le 23 juin dès 20h15 25 rue Fontange Douche de la Plaine au Palais Longchamp La Pensée de Midi 5% de réduction Une adhésion et une consommation Retrait des invitations sur vous offre sur tous les livres au bar de la galerie présentation d’une carte d’identité 3 exemplaires de Histoires 04 91 47 87 92 dès 19h15 d’un 20 janvier, Librairie Imbernon Résas : auprès d’Aurélie Pampana n° des 10 ans de la revue (Marseille 8e) L’imprimeur Magenta au 04 95 09 32 57 ou sur par mail : spécialisée en architecture 10% de remise sur tous travaux [email protected] [email protected] La Cité Radieuse d’impression 280 bd Michelet, 3e étage 04 91 32 64 54 Compagnie Campo (Avignon) Librairie Apostille 5% de réduction 1 place offerte pour une achetée (Marseille 6e) sur tous les livres Auto Partage Provence Dans le cadre du Festival Off 104 Cours Julien 6 mois d’abonnement gratuit d’essai Pour Le storie di italo au Lorette 5% de réduction Librairie Arcadia vous disposez d’une voiture quand Théâtre sur l’ensemble du magasin (Marseille 12e) vous le souhaitez, Du 6 au 31 juillet Centre commercial Saint Barnabé à réserver par téléphone ou Résas : [email protected] Librairie Maupetit Village Internet, (Marseille 1er) 30 rue des électriciens 24h/24, 7j/7, La Minoterie La Canebière 5% de réduction selon vos besoins Tarif réduit pour toutes 5% de réduction sur tous les livres 04 91 00 32 94 les représentations sur tous les livres www.autopartage-provence.com 8€ au lieu de 12€ 04 91 90 07 94

Mensuel gratuit paraissant Secrétaire de rédaction Musique et disques Polyvolantes Photographe le deuxième mercredi du mois spectacles et magazine Jacques Freschel Chris Bourgue Agnès Mellon Edité à 30 000 exemplaires Dominique Marçon [email protected] [email protected] 095 095 61 70 imprimés sur papier recyclé [email protected] 06 20 42 40 57 06 03 58 65 96 photographe- 06 23 00 65 42 agnesmellon.blogspot.com Edité par Zibeline SARL Frédéric Isoletta Maryvonne Colombani 76 avenue de la Panouse | n°11 Secrétaire de rédaction [email protected] [email protected] Directrice commerciale 13009 Marseille Jeunesse, livres et arts visuels 06 03 99 40 07 06 62 10 15 75 Véronique Linais Dépôt légal : janvier 2008 Marie Godfrin-Guidicelli [email protected] [email protected] Dan Warzy Delphine Michelangeli 06 63 70 64 18 Directrice de publication 06 64 97 51 56 [email protected] [email protected] Agnès Freschel 06 65 79 81 10 Chargée de développement Arts Visuels Cinéma Nathalie Simon Imprimé par Rotimpress Claude Lorin Annie Gava Marie-Jo Dhô [email protected] 17181 Aiguaviva (Esp.) [email protected] [email protected] [email protected] 06 08 95 25 47 06 25 54 42 22 06 86 94 70 44 photo couverture Maquettiste Cabaret Nono Livres Élise Padovani Philippe Perotti © Agnès Mellon Fred Robert [email protected] [email protected] [email protected] 06 19 62 03 61 Conception maquette 06 82 84 88 94 Philosophie Max Minniti Régis Vlachos Ont également participé à ce numéro : Histoire et patrimoine [email protected] Yves Bergé, Émilien Moreau, Pierre- Rédactrice en chef René Diaz Alain Hoyet, Gaëlle Cloarec, Agnès Freschel [email protected] Sciences et techniques Christophe Floquet, Christine Rey, [email protected] Yves Berchadsky Thomas Dalicante 06 09 08 30 34 [email protected]