, né le 5 avril 1832 à Saint-Dié () et mort le 17 mars 1893 à , est un homme d'État français. Origines Jules François Camille Ferry est le fils de Charles-Édouard Ferry, avocat, et d’Adèle Jamelet. C'est une famille catholique vosgienne de fondeurs de cloches établie à Saint-Dié en 1718, et, en 1794, les Ferry sont à la tête d’une tuilerie. François-Joseph Ferry, grand-père de Jules, fut maire de la ville ; son fils Charles- Édouard, libre-penseur, se marie avec Adèle Jamelet, dont il a trois enfants : Jules (1832-1893), Charles (1834-1909) et Adèle (1826-1871). Formation Élève au collège de Saint-Dié jusqu'en 1846, puis au lycée impérial de Strasbourg (actuellement lycée Fustel-de-Coulanges), il est ensuite étudiant à la faculté de droit de Paris.

Carrière professionnelle[Il devient un avocat réputé et se passionne pour la chose publique, se spécialisant rapidement dans la défense des républicains. Il collabore régulièrement aux journaux La Presse, Le Courrier de Paris, Le Temps. Vie privée et familiale Le 8 juillet 1875, les francs-maçons donnent une grande solennité à sa réception par le Grand Orient de (loge « La Clémente Amitié »). Il y est reçu en même temps que Littré et que Grégoire Wyrouboff. Une grande publicité est faite au discours que Littré prononce à cette occasion, et la presse en donne un large écho. Par la suite, Ferry appartient à la loge « Alsace-Lorraine ». La même année, Jules Ferry se marie à Eugénie Risler, de dix-huit ans sa cadette, issue d'une famille protestante et républicaine, ayant fait fortune dans l'industrie à Thann en Alsace, et dont la dot est de 500 000 francs. Le mariage est célébré dans la mairie du huitième arrondissement de Paris. Cette union offre à Ferry un accès au réseau de la haute bourgeoisie locale et parisienne. Charles Risler, frère de la mariée deviendra maire du septième arrondissement de Paris sept années plus tard. Le couple fait construire un chalet suisse, résidence secondaire, sur les contreforts du massif forestier du Kemberg à Saint-Dié-des-Vosges, mais réside le plus souvent à Paris, dans l'hôtel particulier construit par le frère adoré de Jules, au 1 rue Bayard. Sans descendance directe, Jules reporte toute son affection sur son neveu , qu'il adopte, le faisant son unique héritier.

Débuts en politique

Opposant actif au Second Empire, il connaît la notoriété en publiant en 1868 une série d'articles pamphlétaires humoristiques contre le préfet de la Seine Haussmann, fustigeant la gestion opaque du financement de ses travaux parisiens : Les Comptes fantastiques d’Haussmann. Il est élu député républicain de la 6e circonscription de Paris en mai 1869. Ennemi déclaré de l'Empire, républicain convaincu, Jules Ferry avait pris place au palais dans le groupe des opposants, avec Charles Floquet, Émile Durier, Ferdinand Hérold, Anne- 1 Charles Hérisson, Jean-Jules Clamageran, Amaury Dréo, Clément Laurier, Léon Gambetta. Il est impliqué dans le fameux procès des Treize en 1864 ; avec Garnier-Pagès et Lazare Carnot, treize républicains qui s’étaient réunis chez Garnier-Pagès peu avant des élections à Paris, sont arrêtés pour réunion non autorisée et condamnés à 500 francs d’amende. Le 4 septembre 1870, il devient membre du gouvernement de la Défense nationale. Nommé maire de Paris le 15 novembre 1870il a la charge, au demeurant quasi- impossible, d'assurer le ravitaillement de la capitale assiégée par l'armée prussienne. Les restrictions alimentaires qu'il impose lui valent les surnoms de « Ferry-Famine » et « Ferry l'affameur ». Une commission mixte de l'enseignement est instaurée. Cette commission est composée de femmes et d'hommes compétents en matière d'instruction. Dans les rapports de cette commission, figure déjà l'affirmation de gratuité et d'obligation que l'on retrouve dans les lois scolaires promulguées sous son ministère. Dès le premier jour de l'insurrection de la Commune de Paris, adversaire résolu des fédérés, il fuit la ville. Cependant, il conserve officiellement la fonction de maire jusqu'au 5 juin 1871 Aux élections du 8 février 1871, il se fait élire représentant des Vosges à l'Assemblée nationale, siège qu'il conserve jusqu'en 1889. Il est chargé de négocier la frontière sur la ligne de crête vosgienne; intransigeant sur les principes, il ne lâche rien. C’est une expérience douloureuse, car les négociateurs dissèquent son arrondissement natal et l’Alsace, où avait vécu une partie de sa famille, rejoint désormais le Reich allemand. Jules Ferry, chef de file de la majorité départementale, candidat républicain en face de Louis Joseph Buffet, est élu le 8 octobre 1871 conseiller général du Thillot. Le jeune vice- président du Conseil général suscite l'ire des autorités administratives. Adolphe Thiers décide, afin de le protéger, de l'éloigner des Vosges encore occupées par les troupes prussiennes, en l'envoyant à Athènes résoudre, avec rang d'ambassadeur, le différend entre les gouvernements grec, français et italien au sujet des mines du Laurion (1872– 1873). À son retour en France, il devient l'un des chefs de l'opposition républicaine jusqu'à l'élection de Jules Grévy à la présidence.

Ministre de l'Instruction publique et président du Conseil

Ministre de l'Instruction publique du 4 février 1879 au 23 septembre 1880 dans le cabinet Waddington, il attache son nom aux lois scolaires. Ses premières mesures sont : • création d'une École normale féminine à Sèvres et d'une agrégation féminine, le 9 août 1879 ; • nomination de Ferdinand Buisson comme directeur de l'enseignement primaire en 1879 ; • collation des grades universitaires retirée à l'enseignement privé (12 mars 1880) ; • expulsion des congrégations religieuses non autorisées (29 mars 1880). Président du Conseil du 23 septembre 1880 au 10 novembre 1881, il poursuit la mise en place des lois sur l'enseignement : • extension aux jeunes filles du bénéfice de l'enseignement secondaire d'État (21 décembre 1880) ; • gratuité de l'enseignement primaire (16 juin 1881). De nouveau ministre de l'Instruction du 31 janvier au 29 juillet 1882 (ministère Freycinet), il continue son œuvre scolaire, notamment avec la loi relative à l'obligation et à la laïcité de l'enseignement (28 mars 1882) ; cette loi est une suite logique de celle portant sur l'obligation scolaire ; c'est une obligation d'instruction et non de scolarisation. Il est de nouveau président du Conseil du 21 février 1883 au 30 mars 1885, et ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts jusqu'au 20 novembre 1883, date à laquelle il est remplacé par Armand Fallières. Il rédige une lettre circulaire aux instituteurs, le 17 novembre 1883, trois jours avant de confier le ministère de l'Instruction à Fallières. Cette lettre contient par ailleurs des recommandations très importantes en matière d'éducation 2 morale : elle incite les enseignants à respecter scrupuleusement l'autorité des parents, condition nécessaire pour « communiquer la sagesse du genre humain, […] une de ces idées d'ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l'humanité ». Ferry, anticlérical mais pas antireligieux (s'opposant ainsi aux positions d'Émile Combes), ne souhaite pas dans un premier temps imposer un monopole en matière d'éducation ; il laisse subsister l'enseignement confessionnel, mais sa volonté de laïcisation fait qu'il est exécré par la presse cléricale qui l'appelle « Ferry sans Dieu » […]

Chute sur la question coloniale

Jules Ferry se montre un partisan actif de l'expansion coloniale française15. Il est surnommé « Tonkinois » par ses adversaires politiques et une partie de l'opinion publique hostile à l'expansion coloniale. On retrouve notamment l'empreinte de Ferry en Tunisie, dont il obtient le protectorat le 12 mai 1881 par le traité du Bardo, et à Madagascar. Il lance l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza à la conquête du Congo (1879), dossier qui lui est fatal lors de sa seconde présidence du Conseil. Il s'était d'ailleurs réservé le portefeuille des Affaires étrangères. Les conservateurs sont opposés à la colonisation, qu'ils accusent de détourner hors du territoire les investissements, tandis que les progressistes y sont favorables pour des questions idéologiques. La gauche républicaine de Georges Clemenceau y est opposée également, parce que les aventures colonialistes détournent l'attention des provinces perdues d'Alsace-Lorraine. Les positions s'inversent diamétralement en trois ou quatre générations. Ayant obtenu d'un vote de la Chambre les crédits nécessaires à la conquête du Tonkin, il provoque une extension du conflit à la Chine. […] Dans son discours du 28 juillet 1885, Ferry illustre les présupposés du discours colonisateur de la gauche française sous la IIIe République : « Messieurs, il y a un second point, un second ordre d’idées que je dois également aborder (…) : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. (…) Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. (…) Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. (…) Ces devoirs ont souvent été méconnus dans l'histoire des siècles précédents, et certainement quand les soldats et les explorateurs espagnols introduisaient l'esclavage dans l'Amérique centrale, ils n'accomplissaient pas leur devoir d'hommes de race supérieure. Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s'acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation. »

L'annonce de l'évacuation de Lạng Sơn, qui lui vaut le surnom de « Ferry-Tonkin », déclenche une violente opposition parlementaire et des spéculations boursières du printemps 1885, lors de l'affaire du Tonkin. Une dépêche Havas confond en effet la modeste retraite de Lang Son de l'armée française avec un abandon général du delta du fleuve Rouge. La fausse nouvelle, donnée « de bonne foi » par le général Louis Brière de l'Isle, fait chuter la Bourse de Paris et le gouvernement, « au moment même où arrive une deuxième dépêche minimisant l'importance des combats ». Dès le 26 août 1883, les milieux financiers s'étaient inquiétés, redoutant de lourdes dépenses de guerre, puis découvrant le 9 septembre 1883 que le traité de paix franco-vietnamien n’était pas reconnu par la Chine.Cette affaire provoque sa chute le 30 mars 1885. 3 Lâché par les radicaux, Jules Ferry échoue aussi lors de l'élection présidentielle du 3 décembre 1887 face à Sadi Carnot. Ce jour-là, le Conseil municipal de Paris installa « en plein hôtel de ville un bureau révolutionnaire décidé à proclamer la Commune si M. Jules Ferry avait été élu président de la République ». Une semaine plus tard, il est blessé à l'assemblée d'un coup de revolver par un boulangiste du nom d'Aubertin. Aux élections législatives du 22 septembre 1889, il est battu par Ernest Picot, conservateur. Le scrutin est annulé par le Conseil d'État, sur recommandation de Georges Clemenceau. Jules Ferry ne se représente pas.

Président du Sénat Par ailleurs président du conseil général des Vosges et de l'Association nationale républicaine, il est élu au Sénat en 1891 et en devient président le 24 février 1893.

Mort Il échappe par deux fois, en 1883 et 1885, à des attentats perpétrés contre lui, le second par un déséquilibré partisan de Clemenceau, qui lui laisse une balle dans la poitrine. Cela le handicape jusqu'à sa mort d'une crise cardiaque au 1 rue Bayard, le 17 mars 1893. […] Des obsèques nationales ont cependant lieu le 22 mars dans la cour d'honneur du palais du Luxembourg puis un immense cortège conduit la dépouille de Ferry jusqu'à la gare de l'Est d'où un train spécial l’emmène vers les Vosges. Ferry y est inhumé le lendemain dans le caveau familial à Saint-Dié, selon son testament « en face de cette ligne bleue des Vosges d'où monte jusqu'à mon cœur fidèle la plainte touchante des vaincus ».

Source : extraits de la notice Wikipedia.

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