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58 ANNÉE – N 17884 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- VENDREDI 26JUILLET 2002 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI SÉRIES Dangereuses folies boursières  ’

MÊME SI les marchés boursiers f ont rebondi, mercredi 24 juillet Rebond aux Etats-Unis, puis jeudi matin en des marchés Europe, nombre d’experts s’inquiè- tent des turbulences de plus en après une nouvelle plus fortes qui affectent le monde de la finance, et cherchent à en éva- journée noire luer les conséquences. Alors que le CAC 40, à Paris, est f Notre enquête passé, mercredi, sous les 3 000 auprès des analystes

  points, en baisse de 1 000 points VILLES OUBLIÉES depuis le début du mois, aucun financiers analyste ne s’aventure à prévoir En Syrie quoi que ce soit. Beaucoup jugent que la chute a maintenant pris une f Le CAC 40 peut-il tournure irrationnelle. 700 villages désertés Pour la croissance, les analystes encore baisser ? e au VII siècle, restent confiants. La plupart d’en- tre eux estiment que l’impact de la f Le krach cassera-t-il à l’ouest d’Alep p.18 chute de la Bourse sur l’activité réelle sera faible, en tout cas en la croissance ? Europe. Une baisse de 20 % des indices européens ne briderait la f La chute des cours croissance que de 0,2 point de PIB environ. provoquera-t-elle En revanche, les assureurs, qui toutefois exclu. Axa n’en a pas credi, après l’annonce de l’arresta- té d’entreprise. Le Sénat et la sont les plus gros investisseurs de moins lourdement chuté de tion de cinq dirigeants d’Adelphia, Chambre des représentants ont des faillites en chaîne la place de Paris, seraient forte- 11,45 %, mercredi. une société en faillite frauduleuse. aussi trouvé un compromis durcis- dans l’assurance ? ment exposés. Selon la profession, Aux Etats-Unis, Wall Street est Le marché y a vu un indice de la sant le projet de loi relatif au con- un risque de faillite en cascade est vivement reparti à la hausse, mer- volonté de sanctionner la criminali- trôle des entreprises. Lire page 13 /  GRANDS REPORTAGES    Érythrée, 1977 Trois policiers blessés à Pantin TROIS policiers, dont une fem- voisins. Ils nient avoir utilisé une Lance Armstrong, Jean-Claude me, qui patrouillaient en vélo tout- batte de base-ball, ce que confir- Guillebaud terrain, ont été blessés, mercredi ment des habitants de l’immeuble. l’insatiable maillot jaune 24 juillet, lors d’un contrôle d’identi- La police a saisi une cassette vidéo dans les maquis té à Pantin (Seine-Saint-Denis). Les tournée pendant la bagarre, mais le de la guérilla p.11gardiens de la paix ont demandé film, selon les enquêteurs, est ses papiers à un jeune de 16 ans qui « inexploitable ». fumait du haschich dans le hall La gardienne de la paix souffre VILLES MUSIQUES d’un immeuble. d’une fracture de la mâchoire, ses Selon la police, « une dizaine de deux collègues de contusions multi- Prades jeunes, dont l’un armé d’une batte de ples. Quatre personnes, dont un base-ball », ont frappé les gar- mineur, ont été placées en garde à Le violoncelle diens. Pour les jeunes, au contraire, vue. deux des policiers ont pris à partie pour tous p.9le mineur et provoqué la colère des Lire page 7 /   0123 Un ange gardien « gorille » aux basques du curé DES LIVRES MADRID Que s’est-il passé avec le curé de Maruri ? Une mauvai- Histoires de notre correspondante se querelle locale, pour l’instant. Maruri est gouvernée Cela fait trente-trois ans que Jaime Larrinaga est curé par le PNV, le vieux Parti nationaliste basque modéré. Le de la violence à Maruri, une bourgade de 730 habitants près de Bilbao, curé, lui, n’est pas franchement indulgent envers le natio- TROISIÈME de la 16e étape, courue mercredi 24 juillet entre Les en Biscaye. Trente-trois ans qu’il célèbre la messe, caté- nalisme d’une grande partie du clergé. Il fonde un grou- Deux-Alpes et La Plagne (179 km), derrière le Néerlandais Michael chise les enfants, partage les sports et les banquets gas- pe catholique, le Forum El Salvador, attaché entre autres Boogerd (Rabobank) et l’Espagnol Carlos Sastre (CSC Tiscali), TARIFS PUBLICS tronomiques des parents. A Maruri, le curé connaît cha- à rappeler à l’Eglise qu’il est des indulgences hors de l’Américain Lance Armstrong (US Postal) a encore conforté son cun de ses paroissiens. Il y a trois jours, il a rencontré son propos, qu’elle doit être avant tout au côté des victimes, avance au classement général, écrasant ses principaux rivaux à la Pas d’augmentation ange gardien. Un drôle de paroissien, genre « gorille », militer pour la liberté et contre certaines « dérives faveur de l’ascension finale vers La Plagne. Lire pages 16 et 17 d’EDF ni du timbre p.14 athlétique et bien armé : c’est le garde du corps qui vient nationalistes ».  / de lui être assigné, à sa demande. Le curé ne se sentait Le conseil municipal s’est senti attaqué et a distribué, PROCHE-ORIENT plus en sécurité. Au Pays basque, où le chantage du terro- « uniquement dans la localité », nous a confié Joseba Alza- risme de l’ETA a déjà contraint un millier de Basques à ga, le maire de Maruri, un texte « destiné à défendre L’horizon bouché vivre sous protection policière, c’est tout de même une l’image pacifique du village », et à remettre le curé à sa première. Il y avait des juges, des avocats, des politiciens, place. Une place que la municipalité situe dans le passé des Palestiniens p.2des journalistes, des écrivains et professeurs, même des franquiste : « Notre curé est nostalgique de ce régime heu- sportifs, et jusqu’à un jardinier, et un agent contractuel reusement disparu », explique le texte. Résultat : le curé, JUSTICE obligé d’être assisté, pour mettre des contraventions, par estimant qu’on voulait « lui fermer la bouche », s’est dit un autre agent de sécurité. Mais des curés, jamais. menacé. Il a suffi d’une réflexion d’un voisin – « Ils vont Le projet Perben Au contraire, du temps de la dictature franquiste et de te faire la vie impossible » – pour que l’affaire s’envenime devant le Sénat p.6la féroce répression qui s’est abattue sur le Pays basque, et qu’arrive l’ange gardien. Désormais, et ce ne sera pas l’Eglise basque a sauvé la mise à plus d’un militant natio- le moindre des paradoxes absurdes imposés par la peur International...... 2 Entreprises...... 13 naliste en cavale. Récemment, les évêques basques se au Pays basque, Jaime Larrinaga, qui envisage aussi de se France-Société...... 6 Marchés...... 15 sont alarmés de la loi sur les partis politiques, destinée à faire muter, ira prêcher l’amour et la tolérance accompa- Régions...... 9 Aujourd’hui...... 16 Abonnements ...... 9 Météorologie-Jeux... 19 permettre de mettre hors la loi Batasuna, la coalition gné de son « gorille ». Carnet ...... 10 Culture ...... 20 indépendantiste qui passe pour être la « vitrine politi- Horizons ...... 11 Radio-Télévision...... 23 que » de l’ETA. Marie-Claude Decamps  a  Piano d’été Tempête sur le FMI

LE MONDE a publié l’été dernier professeur d’économie internatio- chusetts Institute of Technology, à La Roque- un échange plutôt vif entre Alain nale à Harvard et économiste en d’où M. Stiglitz est également Minc, consultant et essayiste, et chef de l’autre institution finan- issu), n’a pas été « richement récom- d’Anthéron Bernard Cassen, directeur général cière de Washington, le Fonds pensé » par Wall Street en accé- Venez découvrir la collection du Monde diplomatique, sur les monétaire international (FMI). dant ensuite à un poste important heurs et malheurs de la mondiali- M. Stiglitz, dont le visage rond et dans la banque Citigroup pour les des canapés Steiner sation. Cet été, de l’autre côté de souriant lui a longtemps valu l’af- services rendus pendant qu’il offi- l’Atlantique, a eu lieu un nouvel fection et l’admiration de ses collè- ciait au FMI. à des prix d’exception échange en comparaison duquel le gues, fait preuve dans son livre M. Rogoff, esprit fin et icono- débat français ressemblerait à un d’une violence insoupçonnée à claste (il a lui-même rompu quel- assaut d’amabilités. En scène, l’égard du FMI. Il accuse les mem- ques lances avec le Fonds dans les Joseph (« Joe ») Stiglitz, Prix bres de l’institution d’être des années 1980), grand maître inter- Topper Nobel 2001 d’économie, dont le économistes de troisième zone, national d’échecs, comme il fut rap- livre a été tout récemment traduit reproche sans détour au Trésor pelé au début du débat, n’a pas Espace Steiner en français sous le titre La Grande américain de manipuler l’agenda joué l’apaisement. Désillusion. du Fonds au nom d’intérêts venus 63, rue de la Convention - 75015 Paris - Tél. 01 45 77 80 40 AVEC bonhomie et simpli- La Banque mondiale, dont Sti- tout droit de Wall Street, et se Daniel Cohen M° Boucicaut - Parking gratuit cité, le festival rassemble les glitz fut l’économiste en chef, a demande si Stanley Fischer, ancien pour 0123 grands noms et les jeunes ta- organisé un débat entre celui-ci et numéro deux du Fonds et long- lents du clavier. Lire page 20 Kenneth (« Ken ») Rogoff, ancien temps professeur au MIT (Massa- Lire la suite page 12 OUVERT TOUT L’ÉTÉ  

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. 2/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 INTERNATIONAL proche-orient

Le Conseil de sécurité de l’ONU   jusque devaient se poursuivre à huis clos sur les suites à don- responsable du Hamas, Salah Chéhadé. Cette organi- tout lieu et à tout moment », a annoncé Mahmoud tard dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 juillet du ner aux débats, qui ont été marqués par des sation radicale islamiste a annoncé qu’elle réplique- Al-Zahaar, membre de la direction politique. Un Israé- raid de l’aviation israélienne sur Gaza qui a causé la , à des degrés divers, de cette rait à ce bain de sang par « une mer de sang ». lien a été tué et un autre blessé par des  palesti- mort de 15 personnes dont 9 enfants. Les discussions attaque dans une zone peuplée afin d’éliminer un «    sont désormais légitimes en niens près d’une colonie au nord de la Cisjordanie. La Palestine, ou les lambeaux d’un rêve d’Etat Vingt-deux mois après le début de l’Intifada, le processus de paix est moribond et les perspectives de création d’une nation indépendante sont en miettes. L’économie est en ruines et la population cherche à survivre alors que Tsahal occupe sept des huit villes de Cisjordanie

BANDE DE GAZA, gné les réoccupations israéliennes, ser Arafat contesté et déclinant sem- des :le système de santé organisé, générale hypothèque les chances l’Autorité, indique, à Rafah, Ghazi CISJORDANIE jusqu’aux perturbations infligées ble avoir vécu sans que se soit impo- notamment pour les accouche- de faire aboutir les débats. Ainsi Ahmed, directeur d’une publica- de notre envoyé spécial au serveur Internet Palnet. sée une alternative convaincante. ments en Cisjordanie, autour d’ag- les pétitions lancées par des intel- tion fermée par l’Autorité palesti- Le mot arabe sans doute le plus L’omniprésence de ce terme tra- En diplomatie, les Palestiniens ont glomérations désormais inaccessi- lectuels contre les attentats-suici- nienne en décembre et proche du utilisé par les Palestiniens depuis duit désormais l’échec d’un soulève- également perdu beaucoup de bles pour les villages alentour, est des se sont attirés de très vives Mouvement de la résistance islami- le début de la deuxième Intifada, ment devenu erratique, dont les poids, principalement auprès des brutalement et dramatiquement répliques, mais sans résultats. que (Hamas), mais les Etats-Unis en septembre 2000, n’appartient ni Palestiniens peinent à dresser le Etats-Unis. Sur le terrain, la répres- remis en cause. Ne subsistent doivent se rendre compte qu’il n’exis- au langage politique ni au vocabu- bilan. « L’Intifada n’existe plus, car sion de la première Intifada et l’of- aujourd’hui qu’une myriade de  «  »    te pas de Karzaï palestinien. Nos laire militaire. Moussaker, « fer- elle a été “privatisée”, ce n’est plus, fensive militaire israélienne de « Palestines du quotidien », selon le « La première fois que j’ai abordé dirigeants, c’est notre affaire. » mé », renvoie aux hantises du quo- depuis très longtemps, un mouvement 1967, qui avait entraîné la conquête titre prémonitoire de l’étude consa- le sujet avec mes étudiants, cela a Les discussions ouvertes fin mai à tidien. Il évoque tout aussi bien les populaire, estime l’économiste Salah de Gaza et de la Cisjordanie, appa- crée par le chercheur Jean-François été le tollé », se souvient l’un des Gaza et en Cisjordanie à propos des files de voitures palestiniennes Abdel Chafi. Le climat d’aujourd’hui raissent a posteriori comme des Legrain aux élections de 1996 (édi- signataires, enseignant à Bir Zeit. réformes avaient également abordé immobilisées au beau milieu de la me rappelle le début des années 1990, expériences bien moins éprouvan- tions du Cermoc, 1998), et la réaffir- De même, le dossier très populaire la question de l’usage de la violen- bande de Gaza, que les colons du avant les accords d’Oslo. L’Intifada tes. Jamais par le passé les territoi- mation puissante d’un « localisme » des réformes de l’Autorité palesti- ce. Mais elles n’ont pas permis de Goush Katif découvrent en était terminée depuis des mois, mais res palestiniens anciennement auto- rappelé par le même universitaire nienne. Ce dernier a de plus été remettre en cause le consensus qui empruntant le pont qui enjambe personne n’osait le dire. Quand je pen- nomes ou occupés n’avaient été dans la revue Critique internationale. brouillé par le discours du prési- s’était rapidement imposé dans les désormais la route principale de se à ces derniers mois, tout n’est pour- aussi profondément et durable- « La pression continue imposée dent des Etats-Unis, George premiers mois de l’Intifada. l’étroit territoire, que les buttes de tant pas négatif : l’Etat palestinien est ment coupés les uns les autres. par les Israéliens nous empêche de W. Bush, demandant aux Palesti- Rares sont donc ceux qui, comme terre et les blocs de rochers dépo- désormais inscrit sur tous les agendas, penser. Tout le monde est fatigué et niens de se débarrasser de leurs le professeur de sciences politiques sés par les bulldozers israéliens à même celui des Etats-Unis, qui «      » terriblement frustré. Nous sommes responsables actuels, et surtout de de Bir Zeit Saleh Abdel Jaouad, l’entrée des villages de Cisjorda- n’étaient jamais allés aussi loin. » Les bases du futur Etat palesti- entièrement absorbés par le quoti- Yasser Arafat. « On ne peut pas dénoncent « la militarisation de l’Inti- nie, ou les routes coupées par de Chacun admet cependant que la nien esquissées avec les accords dien, compliqué et incertain. Nous célébrer le suffrage universel et en fada », « un piège dans lequel les profondes tranchées. situation dans laquelle se trouvent d’Oslo ont été balayées par les opé- vivons au jour le jour », estime Mah- même temps dicter le résultat », Palestiniens sont tombés ». « Cette Moussaker dépeint également la les Palestiniens est la pire depuis plu- rations israéliennes. Toute ébauche moud Al-Ajrami, membre du déplore le député indépendant de militarisation a été imposée par les fermeture des villes, les bouclages sieurs décennies. de centralisme a disparu. Les consé- Front démocratique de libération Gaza Zyad Abou Amr. « Dieu sait Israéliens, qui avaient tiré les leçons et les couvre-feux qui ont accompa- L’Autorité palestinienne d’un Yas- quences pratiques sont déjà lour- de la Palestine. Cette confusion combien je déteste la politique de des affrontements de septembre 1996, lors des émeutes qui avaient suivi l’ouverture controversée d’un tunnel Détention arbitraire dans la Vieille Ville de Jérusalem. En Le village de Jaba, en conflit avec ses voisins, regrette l’Autorité septembre 2000, l’armée israélienne de deux journalistes était prête, pas les Palestiniens », Un juge militaire israélien a JABA Avant que l’armée israélienne ne reprenne sages ont été réquisitionnés dans les villages assure l’universitaire. Il met en cau- ordonné, mercredi 24 juillet, le pro- de notre envoyé spécial dans les faits le contrôle de la quasi-totalité de voisins qui se sont réunis à la mairie, dans se la direction et les factions pales- longement pour trois mois de la La querelle couvait depuis de longs mois. la Cisjordanie, Jaba était situé dans une zone une atmosphère pesante, pour tenter de par- tiniennes coupables, selon lui, de détention d’un photographe palesti- Une affaire de pâturage sur des terres dispu- mixte où Israël avait conservé la maîtrise des venir à un compromis avec les Bédouins, une n’avoir jamais pris la mesure de la nien de l’Agence France-Presse, Hos- tées. En mai, un membre de la famille bédoui- questions de sécurité, et l’Autorité palestinien- trêve reconductible accompagnée d’une esti- détermination israélienne et qui sam Abou Alan, 47 ans, détenu sans ne Arara, près du village de Jaba, au nord de ne la gestion des affaires municipales. « Quand mation du « prix du sang » dont la famille ont longtemps cru à la solidité de jugement depuis le 24 avril. Jérusalem, avait blessé un jeune villageois. il y avait un conflit intérieur, on pouvait tou- Tuam serait désormais redevable. La pratique « lignes rouges » (les zones auto- Employé depuis six ans, il avait été Mercredi matin 17 juillet, à l’aube, ce dernier jours s’adresser à Ramallah, les représentants de n’avait jamais disparu au cours des années nomes, l’Autorité), balayées à par- interpellé à un barrage au nord-est s’est vengé en tuant son agresseur, plon- l’Autorité négociaient avec les Israéliens pour précédentes, loin de là, et l’Autorité palesti- tir de l’élection d’Ariel Sharon au d’Hébron. Il avait été remis au Shin geant aussitôt la petite localité palestinienne pouvoir intervenir », assure le président du nienne avait dû souvent composer avec ces poste de premier ministre. Beth(sécurité intérieure) puis incar- dans l’angoisse. conseil municipal, Abdel Karim Abou Charaf. règles anciennes mais son effondrement les Après environ deux ans de rui- céré. Son avocat va faire appel La famille bédouine est nombreuse et armée délivre de toutes contraintes « nationales ». nes et de revers, la défaite reste devant la Cour suprême. et elle entend se venger. Quelques heures après «      » « Aujourd’hui, le meurtrier est libre mais les cependant un mot tabou. Les Pales- Un cameraman de Reuters, Yousri le meurtre, une petite escouade de Bédouins a « Aujourd’hui, ce n’est plus possible, ils ne Bédouins ont le droit, voire le devoir, de le tuer tiniens, unanimes, se raccrochent à Al-Jamal, 23 ans, également arrêté d’ailleurs incendié une maison appartenant à la pourraient pas venir ici, poursuit-il, mais dans s’ils croisent son chemin. Ils ne sont pas obligés un ultime espoir, que résume Zyad près d’Hébron le 30 avril, est détenu famille Tuam, celle du meurtrier. Cette maison le même temps les Israéliens ne veulent pas d’accepter la médiation, tout peut encore dégé- Abou Amr : « Nous n’avons pas par l’armée. Les deux journalistes était située en dehors du village aujourd’hui interférer, alors on doit se débrouiller par nous- nérer ! », se lamente le président du conseil atteint notre “ground zero”. Nous sont accusés d’être liés à des activi- encerclé par des barbelés parce qu’il était deve- mêmes. » Ce matin des pompiers israéliens municipal. Le village n’a déjà plus d’argent sommes dans une situation de défai- tés terroristes sans qu’aucune preu- nu un point de passage entre Ramallah et les sont bien intervenus mais uniquement, selon pour payer l’eau, l’électricité et l’enlèvement te. Mais tant que les Israéliens n’ont ve ait été présentée par les autorités faubourgs palestiniens de Jérusalem. Comme les villageois, pour que le sinistre ne menace des ordures que l’on stocke dans un coin en pas capitalisé en termes politiques israéliennes. Aucune poursuite for- des dizaines de villages palestiniens de Cisjorda- pas une colonie israélienne voisine. attendant des jours meilleurs. Nous n’avions leurs succès militaires, ceux-ci res- melle à leur encontre n’a été enga- nie, les accès principaux de Jaba sont bloqués Faute de médiateur institutionnel incontes- vraiment pas besoin d’un problème pareil ! » tent potentiellement des échecs. » gée. M. Abou Alan est à la prison de depuis longtemps par des monticules de terre té, la vieille règle clanique de l’arbitrage, la Ketziot, dans le Néguev. – (AFP.) déposés par les bulldozers israéliens. « soul’ha », a donc été mise en branle. Des G. P. Gilles Paris Les bouclages et les opérations militaires ont désintégré l’économie des territoires Les deux tiers des Palestiniens vivent au-dessous du niveau de pauvreté, fixé à 2,50 dollars par jour, le chômage dépasse nettement les 50 %

JÉRUSALEM Le gel imposé par Israël de cette s’agissant de la bande de Gaza. de notre correspondant économie pèse considérablement Cette perte sèche de revenus (le Le 23 mars, à la veille de l’opéra- sur les finances publiques confiées travail en Israël représentait entre tion « Mur de protection », la Ban- depuis plus d’un mois à un ancien Près de Bethléem, 30 % et 40 % du revenu par tête que mondiale avait rendu publiques membre du Fonds monétaire inter- pendant la levée du palestinien avant Oslo) n’a pas été les conclusions d’une étude consa- national, Salam Fiad. La popula- couvre-feu, mardi compensée par le dynamisme d’un crée à l’économie palestinienne. tion palestinienne ne parvient plus 23 juillet, des marché intérieur. Au contraire, les Trois scénarios avaient été esquis- à payer les services publics essen- Palestiniens tentatives de développement se sés :l’assouplissement des boucla- tiels (eau, enlèvement des ordures traversent le passage sont heurtées à des contraintes ter- ges israéliens qui plongeaient déjà ménagères). L’Autorité est privée d’Al-Khader ribles. Les contrôles tatillons ont les territoires dans la faillite, leur par ailleurs du revenu des taxes encombré de blocs masqué dans les faits un protection- maintien ou leur durcissement. perçues sur les importations desti- de pierre. La nisme israélien. L’incertitude des C’est cette dernière hypothèse, nées aux territoires palestiniens, subordination de la bouclages a découragé les investis- en pire, qui a été vérifiée dans les que les autorités israéliennes refu- circulation des sements étrangers et notamment faits avec la réoccupation violente sent de reverser depuis plus d’un personnes et des ceux de la diaspora palestinienne. des principales villes de Cisjorda- an et demi. Seulement 10 % des biens aux impératifs nie en avril, puis les incursions sommes vont être débloquées. sécuritaires a émietté     incessantes de mai et de juin et les territoires Dans le même temps, les Israé- enfin la nouvelle réoccupation lan-     et le quotidien. liens ont continué de disposer cée à partir du 21 juin, accompa- Cette Autorité ne surnage que avec les territoires occupés et auto- gnée de couvre-feu. Cette situa- grâce au soutien arabe et euro- nomes d’un marché quasi captif tion pourrait durer plusieurs mois péen, qui permet le versement des non négligeable pour leurs pro-

selon le ministre israélien de la salaires des fonctionnaires. Enfin,   /  duits. Poussés par une croissance défense, Benyamin Ben Eliezer. le ralentissement de l’économie puissamment soutenue par la Si la poursuite des opérations israélienne et surtout l’effritement de la Cisjordanie, le revenu par tête Pendant les vingt-sept années mon Pérès, évoquait un « nouveau paix, ils ont investi à l’extérieur et militaires israéliennes rend délica- du shekel s’ajoutent à cette longue palestinien représentait seulement d’occupation totale de la Cisjorda- Proche-Orient » et Gaza était appe- remplacé les Palestiniens par une te et très rapidement périmée l’ap- liste d’éléments contraires. 10 % du revenu par tête israélien. A nie et de Gaza, de 1967 à 1994, lé à devenir un « Tigre » ou un main-d’œuvre roumaine ou préciation de leur coût pour les Après deux ans de bouclages et la veille de la première Intifada, en Israël n’avait pratiquement pas « Dragon », sur le modèle asiati- thaïlandaise. Palestiniens, les premiers bilans de sièges sans précédents, l’écono- 1986, après vingt ans d’une forte investi dans les territoires palesti- que. Le protocole de Paris, conclu Depuis le début de la deuxième que l’on peut dresser sont d’ores mie palestinienne n’est pourtant croissance, ce pourcentage avait niens. La croissance palestinienne en 1994, allait pourtant établir le Intifada, cet impératif de la sécuri- et déjà accablants. Selon les chif- pas seulement entrée en faillite. plus que doublé (22 %). Plus de dix avait été simplement assurée par contrôle de fait d’Israël sur l’écono- té a été poussé au bout de sa logi- fres publiés en mai par l’Office Elle a semblé en fait poursuivre à ans plus tard, en 1998, malgré cinq l’ouverture du marché du travail mie palestinienne, comme l’ont que avec la fermeture du marché palestinien des statistiques, les un rythme accéléré une mutation années de processus de paix, le israélien aux maçons, mécaniciens analysé Sylvie Fouet et Franck du travail israélien aux Palesti- deux tiers des Palestiniens vivent imprévue amorcée avec les accords revenu par tête palestinien par rap- et cultivateurs palestiniens. Des Débié dans un ouvrage paru en niens de Cisjordanie. Il a eu pour aujourd’hui au-dessous du niveau d’Oslo. En 1967, date du début de port au revenu par tête israélien emplois généralement très peu 2001, La Paix en miettes (PUF). conséquence principale l’émiette- de pauvreté, fixé à 2,50 dollars par l’occupation israélienne de Gaza et était revenu à son niveau de 1967… qualifiés et très bon marché pour La subordination des règles de ment des territoires en « can- jour et par personne. l’économie israélienne. Les stratè- circulation des biens et des hom- tons » isolés les uns des autres, y De même, le taux de chômage, ges israéliens avaient-ils parié, à mes aux impératifs sécuritaires compris dans la bande de Gaza. supérieur à 30 % de la population « Il n’existe qu’un seul levier, le politique » tort, que la dépendance économi- allait ensuite pérenniser les boucla- De 1967 à 1993, les Palestiniens active à la fin de l’année 2001, « La production de biens à valeur ajoutée est possible à condition de dispo- que allait prévenir les velléités d’in- ges des territoires inaugurés au étaient passés d’une économie de dépasse-t-il désormais très nette- ser d’un marché large et de l’accès aux personnes disposant de revenus élevés, dépendance politique ? Toujours cours de la première Intifada et la subsistance à une amorce de déve- ment la barre de 50 % pour l’ensem- et ce n’est plus le cas pour les Palestiniens », explique Sébastien Dessus, de la est-il que cet équilibre a été com- coupure entre le marché israélien loppement économique. A partir ble des territoires. La chute du reve- Banque mondiale. « Le développement avait conduit à des spécialisations, à plètement remis en cause par la et la main-d’œuvre palestinienne. de 1993 et en dépit des promesses nu moyen par habitant, estimée à des complémentarités et à des réseaux de distribution entre métropoles pales- signature des accords d’Oslo. De 1992 à 1998, le nombre de tra- d’Oslo, ils ont été contraints d’em- 30 % pour les seize premiers mois tiniennes. De tels échanges étant aujourd’hui soit impossibles, soit trop coû- Leurs architectes pariaient pour- vailleurs palestiniens employés en prunter un chemin rigoureusement de l’Intifada, devrait encore être de teux, l’échelle redevient le village et la production se réduit aux besoins essen- tant sur une coopération économi- Israël, légalement ou non, a dimi- inverse. Leur économie a glissé de 30 % pour l’année 2002. La consom- tiels », ajoute-t-il. « Aujourd’hui, il n’existe qu’un seul levier pour mettre un que gage de stabilité politique. A nué de moitié pour l’ensemble des l’intégration vers la désintégration. mation de biens alimentaires s’est terme à la contraction de l’économie : le levier politique. Injecter des millions cette époque, l’actuel ministre des territoires palestiniens, et dans des également réduite de 20 %. de dollars dans le cadre actuel ne servirait à rien », conclut M. Dessus. affaires étrangères israélien, Shi- proportions plus grandes encore G. P. LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/3 INTERNATIONAL L’ex-président argentin Carlos Menem nie avoir été soudoyé par l’Etat iranien Selon le « New York Times », il aurait touché 10 millions de dollars pour que la responsabilité de Téhéran ne soit pas établie dans l’attentat, en 1994, contre l’association juive AMIA

BUENOS AIRES que des preuves ne puissent met- pour avoir été emprisonné pen- tice, dont il avait lui-même nommé de notre correspondante tre en cause l’Iran. Ce témoin, men- dant la dictature militaire les neufmembres quand il était au Huit ans après l’attentat contre tionné dans le passé par la presse (1976-1983). Cette somme s’élève- pouvoir. l’Association mutuelle israélite argentine, avait été interrogé à rait aujourd’hui, selon lui, à Le procès rocambolesque de argentine (AMIA) à Buenos Aires, deux reprises par un des juges 600 000 dollars « avec les intérêts l’AMIA, truffé de disparitions de qui avait fait 86 morts et plus de argentins chargés de l’affaire. accumulés ». preuves, de pistes ignorées, de 300 blessés, l’évocation d’une pis- Le fait nouveau est l’éventuel ver- M. Menem, qui a lancé sa candi- vols de documents, de témoins te, déjà ancienne, sur la participa- sement d’un pot-de-vin à l’ancien dature pour la prochaine élection menacés ou achetés, se poursuit tion éventuelle de l’Iran dans l’ex- président argentin. Pour sa part, le présidentielle en mars 2003, esti- actuellement à Buenos Aires sous plosion meurtrière a remis sur la gouvernement iranien a de nou- me être victime d’une campagne la forme d’un jugement oral et sellette en Argentine, mardi veau rejeté, le 23 juillet, toute res- politique menée contre lui par le public. Parmi les vingt accusés figu- 23 juillet, le thème de la fortune ponsabilité dans l’attentat. L’explo- gouvernement d’Eduardo Duhal- rent plusieurs anciens membres de personnelle de l’ancien président sion d’une camionnette piégée de, son principal ennemi au sein la police de la province de Buenos Carlos Menem (1989-1999). avait totalement détruit l’édifice de du parti péroniste. M. Menem affir- Aires, dont M. Duhalde est l’an- A la suite d’un article publié par l’AMIA, le 18 juillet 1994, en plein me que le New York Times a utilisé cien gouverneur. le New York Times, M. Menem a quartier de la communauté juive des documents qui lui ont été Les familles des victimes de démenti avoir touché 10 millions argentine qui compte environ remis par l’administration Duhal- l’AMIA ont dénoncé inlassable- de dollars de l’Iran pour que la res- 300 000 membres. de afin de le discréditer. ment toutes ces dernières années ponsabilité de Téhéran ne soit pas « C’est un mensonge grossier »,a les « horreurs » commises par la Discussions à huis clos au Conseil établie au cours de l’enquête sur affirmé M. Menem. L’ex-président   justice, qui n’a toujours pas éclairci l’AMIA. Mais il a révélé dans la fou- argentin, qui s’est toujours vanté Quand il était au pouvoir, l’attentat le plus grave de l’histoire de sécurité sur le raid de Gaza lée avoir un compte bancaire en d’avoir des relations privilégiées M. Menem avait été mis en cause à argentine. Deux ans auparavant, le Suisse, ce qu’il avait toujours avec les Etats-Unis, a précisé qu’il plusieurs reprises dans de retentis- 17 mars 1992, un autre attentat con- LE CONSEIL de sécurité devait L’Autorité palestinienne conti- vigoureusement nié. allait « présenter une plainte pour sants scandales de corruption. L’ex- tre l’ambassade d’Israël à Buenos entamer, jeudi 25 juillet, dans la nue d’accuser le gouvernement La piste iranienne avait été évo- injures et diffamation » contre le chefde l’Etat, qui est considéré com- Aires avait fait 28 morts, sans être matinée des consultations à huis d’Ariel Sharon d’avoir procédé à ce quée dès le début de l’enquête. New York Times. me l’un des principaux responsa- non plus élucidé. A l'époque, le clos pour discuter de la suite à don- raid pour saborder les discussions Elle a resurgi en début de semaine Dans une interview à la chaîne bles de l’actuelle crise économique, groupe pro-iranien du Djihad isla- ner aux débats sur la situation au en cours sur l’arrêt des attentats- à la suite de la publication, par le de télévision CNN, le 22 juillet, avait été assigné à résidence pen- mique avait été mis en cause. Proche-Orient après le raid israé- suicides en échange d’un retrait quotidien américain, de déclara- M. Menem a toutefois admis pour dant six mois en 2001 pour son Le leader de la communauté jui- lien sur Gaza qui a causé la mort des troupes israéliennes des sept tions d’un ex-agent de haut rang la première fois qu’il possédait de éventuelle participation dans une ve argentine, José Hercman, a qua- de quinze personnes dont neuf villes autonomes palestiniennes des services de renseignement ira- l’argent en Suisse. Il a reconnu affaire de contrebande d’armes, lifié de « bienvenu » l’article du enfants. Le débat d’urgence avait occupées depuis le 19 juin, date du niens. L’homme affirme que avoir ouvert un compte bancaire vendues illégalement à la Croatie et New York Times « s’il aide à faire été demandé par le groupe arabe. début de l’opération « Voie fer- M. Menem a été soudoyé par Téhé- en 1986 pour déposer une indemni- à l’Equateur entre 1991 et 1995. Il avancer la recherche de la vérité ». Il s’est achevé mercredi peu après me ». « Ils étaient même parvenus à ran, sous la présidence Rafsandja- sation de 200 000 dollars qu’il avait retrouvé la liberté après l’inter- 23 heures (jeudi 5 heures en Fran- un accord sur la date », a indiqué ni (1989-1997), pour empêcher avait touchée de l’Etat argentin vention de la Cour suprême de jus- Christine Legrand ce). Près de quarante orateurs se Yasser Abed Rabbo, ministre de sont succédé pour condamner à l’information. Nabil Chaath, minis- des titres divers le largage télégui- tre de la planification et de la coo- dé d’une bombe d’une tonne par pération, a estimé que « par ses cri- un avion de combat F16 sur une mes, Sharon cherche à saper tout zone peuplée. progrès vers la paix ». Même le représentant d’Israël, Le mouvement islamiste Hamas Aaron Jacob, a déclaré que les for- a menacé, mercredi, d’infliger ces israéliennes « n’avaient pas « une leçon » au nouveau chef anticipé l’étendue des dégâts collaté- d’état-major de l’armée israélien- raux » que la frappe aérienne allait ne, le général Moshe Yahalon, a provoquer. « Si nous l’avions su à déclaré Mahmoud Al-Zahaar, l’avance, nous n’aurions jamais membre de la direction politique, à mené une telle opération », a-t-il la chaîne de télévision qatarie ajouté. Le Conseil de sécurité doit Al-Jazira. « Désormais, tous les étudier s’il est possible de mettre objectifs sont légitimes », a-t-il ajou- au point une résolution pouvant té, soulignant que son mouvement réunir un consensus suffisant pour allait frapper « en tout lieu et à tout être adopté. moment ».– (AFP.) 69 % des colons sont prêts à se plier à une décision de retrait

JÉRUSALEM – ou existait avant l’Intifada – dans correspondance ces communautés en plein désert. Une étude publiée, mercredi Les familles nombreuses, notam- 24 juillet, par le mouvement La ment, ont pu acheter dans les terri- Paix maintenant a bousculé quel- toires des maisons avec jardin, ques idées reçues sur les colons de alors qu’à Jérusalem ou Tel-Aviv, Cisjordanie et de Gaza. Selon cet- les prix pratiqués les auraient con- te enquête, effectuée par télépho- damnées à vivre dans de petits ne auprès de 3 200 ménages, les appartements. 23 % seulement enseignements sont au nombre étaient motivés par des raisons spi- de quatre. rituelles, nationalistes ou sécuritai- Premièrement, les colons ne sont res. Le colon ultra-idéologique pas tous des extrémistes irréducti- n’est donc pas majoritaire. bles. Loin de là. Si les autorités Le quatrième et dernier point israéliennes décidaient de se retirer est la conséquence logique des des territoires occupés, 94 % respec- trois précédents. En cas de retrait, teraient ce choix. Plus précisément, 79 % préféreraient toucher une 69 % s’y conformeraient sans discu- compensation financière plutôt ter et 26 % s’y opposeraient, mais que rester vivre dans les territoi- en utilisant des moyens légaux res ; 9 % choisiraient de rester là (manifestations, débats parlemen- où ils sont, et 23 % décideraient de taires, publicité dans les médias…) s’installer dans une autre colonie. et finiraient donc par s’y résoudre. Ce dernier chiffre bat en brèche Seuls 6 % le refuseraient par tous le concept des « blocs de colo- les moyens, et 2 % seraient prêts à nies », ces zones proches d’Israël, prendre les armes. A noter que qui devaient, selon le plan de paix ceux qui veulent se battre sont dis- Beilin-Mazen (négociateurs d’Os- séminés dans plusieurs petites colo- lo) ou bien encore celui d’Ehoud nies isolées, comme Elon Moreh Barak, regrouper les habitants de près de Naplouse. Un panneau figu- toutes les petites colonies isolées. re d’ailleurs à l’entrée de cette Les colons eux-mêmes ne sont pas implantation : « D’ici nous ne sorti- favorables à cette idée. Sans doute rons pas vivants ». espèrent-ils que les dédommage- ments leur permettront de se réins-     taller dans une petite communau- Les colons, très majoritaire- té épargnée par le gigantisme et ment, respecteraient le jeu de la l’anonymat urbain. démocratie, mais cela ne signifie Le porte-parole de La Paix main- pas qu’ils se résigneraient tous à tenant, Didi Remez, a logiquement une décision qu’ils jugent inepte. conclu que « contrairement à ce qui En effet – et c’est la deuxième sur- est souvent dit, ici ou ailleurs, les prise de cette enquête –, 55 % con- colons ne sont pas un obstacle à la sidèrent qu’il est nécessaire d’arri- paix ». Autrement dit, pour le pro- ver à un accord de paix avec les fesseur Amiram Goldblum, mem- Palestiniens. Or, les colons savent bre du mouvement, « le gouverne- parfaitement que des négociations ment garde les colons en otage ». mèneront inexorablement à leur Les résultats de cette enquête retrait des territoires. La majorité ont été contestés par Yesha, le d’entre eux (69 %) semblent pen- Conseil des implantations de ser qu’il est inévitable. Judée-Samarie-Gaza, qui l’estime Ainsi les colons, que certains partiale et orientée. Il précise que croyaient indéfectiblement atta- « le sondage de La Paix maintenant chés à leur terre, la terre biblique, est aussi fiable que les promesses seraient prêts à la quitter. Il est vrai que ce mouvement a faites, lorsqu’il que l’écrasante majorité (77 %) disait qu’Oslo amènerait la paix ». s’est installée dans les territoires pour la qualité de vie qui existe Catherine Dupeyron 4/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 INTERNATIONAL En Ukraine, la découverte de charniers datant L’ONU adopte un protocole de l’ère stalinienne inquiète la Russie contre la torture prévoyant des inspections Les autorités de Kiev souhaitent réhabiliter l’Armée insurrectionnelle ukrainienne, qui lutta contre les Soviétiques jusque dans les années 1950. Moscou dénonce cette « campagne antirusse » Les Etats-Unis ont échoué à bloquer le texte

DES TRAÎTRES, tout simple- occidentale restait sous l’influence Aujourd’hui, les autorités ukrai- UN PROTOCOLE additionnel à l’Iran, pays accusés de torture par LETTONIE ment. Les rebelles de l’Armée RUSSIE de l’Empire austro-hongrois. niennes, qui jouent au chat et à la la Convention des Nations unies Amnesty International, de la Chine, insurrectionnelle ukrainienne C’est d’ailleurs à l’Ouest rebelle souris entre l’OTAN et la Russie, contre la torture a été adopté, mer- de Cuba et de la Libye. LITUANIE (UPA), qui luttèrent pour l’indé- que l’UPA a vu le jour en 1942. Elle veulent opérer une véritable répa- credi 24 juillet, malgré les objec- Pour justifier leur position, les pendance de leur pays jusqu’au comptait entre 60 000 et 100 000 ration morale. Mais octroyer le sta- tions des Etats-Unis, après une Etats-Unis ont fait valoir que certai- début des années 1950, sont à nou- BIÉLORUSSIE combattants, hommes, femmes et tut d’anciens combattants aux dizaine d’années de négociations. nes dispositions du protocole pou- veau au cœur d’une guerre, faite enfants, qui ont mené une vie très quelques centaines d’anciens de Il s’agit de « prévenir la torture et vaient être « contraires à la constitu- cette fois de communiqués offi- dure dans les forêts et les grottes l’UPA qui sont encore en vie ne va autres traitements ou punitions tion américaine parce qu’elles POLOGNE ciels, qui envenime les relations KIEV des Carpates. Après la fin de la pas de soi dans ce pays où 22 % cruels, inhumains ou dégradants », [allaient] à l’encontre des droits des entre l’Ukraine et la Russie. Lviv Ternopil deuxième guerre mondiale, cette des 51 millions d’habitants sont en permettant à des inspecteurs Etats américains ». Selon les autori- C a Pour l’Armée rouge, ces nationa- r p UKRAINE armée, divisée en plusieurs grou- d’origine russe. indépendants de visiter les centres tés fédérales américaines, il ne leur a t listes enragés qui refusaient de se SLOV. e s pes indépendants, est entrée direc- Ce ne sont pas les avantages de détention, prisons ou commis- serait pas possible de contraindre laisser engloutir dans l’espace tement dans la guerre froide qui a matériels – une retraite d’environ sariats. Les Etats-Unis ont critiqué les Etats du pays à ouvrir leurs pri- Transcarpatie MOLDAVIE soviétique étaient des criminels à (Ruthénie) séparé l’Est communiste et l’Ouest 45 euros, supérieure au salaire tout au long de son élaboration un sons à des inspecteurs internatio- exterminer le plus vite possible. HONG. ROUMANIE capitaliste. moyen, et quelques autres facili- texte qui autoriserait des experts à naux. Par ailleurs, toujours selon Pour l’armée nazie, ils étaient Mer A l’époque, la Grande-Bretagne tés – qui posent problème, mais inspecter un endroit, comme la Washington, un texte comme celui- « des juifs bolcheviques au service Noire soutint secrètement ce talon l’opposition de la Russie. base américaine de Guantanamo, ci ne pourrait être appliqué que s’il de Moscou » qu’il fallait détruire à BULG. d’Achille de l’espace soviétique. La Cette fâcheuse affaire rebondit où sont détenus des talibans et des était voté à l’unanimité. tout prix. Les armées des deux dic- O GOS division MI6 des services de rensei- depuis le lundi 22 juillet : les restes membres présumés d’Al-Qaida. Le protocole sera soumis, en sep- tatures qui ont déchiré le XXe siècle 250 km gnement britanniques les a entraî- d’une centaine d’Ukrainiens, victi- Des recommandations pratiques tembre, à l’Assemblée générale de ont essuyé des pertes importantes nés et leur a fourni des équipe- mes des répressions staliniennes, visant à prévenir l’usage de la tor- l’ONU, où il devra recueillir une à cause de ces guérilleros dont les litation de certaines formations qui ments militaires. Les Britanniques selon les autorités locales, ont été ture pourraient alors être présen- majorité de 190 voix pour être défi- stratégies ont inspiré Che Gueva- se sont battues en Ukraine, il est recrutaient les Ukrainiens de la découverts sur la place centrale de tées par ces inspecteurs. nitivement adopté. Les associations ra, un de leurs admirateurs incondi- clair qu’il s’agit là d’une question diaspora qui s’étaient mis en tête Ternopil, ville située dans l’ouest Uniquement applicable aux pays de défense des droits de l’homme tionnels. interne à notre Etat », a-t-il déclaré de libérer leur pays et les parachu- du pays. Une semaine auparavant, qui l’ont signé, le texte a été adopté ont dénoncé les manœuvres de pro- Et les voilà de nouveau dans l’ac- le lendemain. taient dans l’ouest de l’Ukraine alors qu’il effectuait des travaux par le Conseil économique et social cédure américaines et ont salué le tualité à la faveur d’un projet de depuis leurs bases de Chypre et de dans un monastère proche de la de l’ONU (Ecosoc), après de longs vote de mercredi. « C’est une grande loi du gouvernement ukrainien qui   Malte. ville de Lviv, toujours dans l’ouest débats, par 35 voix pour, 8 contre défaite pour les Etats-Unis. Ce proto- vise leur réhabilitation. Cette Certes, entre l’Ukraine et la Rus- Et, pour parachever ce roman du pays, un bulldozer a fait surgir et 10 abstentions. Les Etats-Unis, cole est un véritable outil pour éviter démarche inquiète Moscou. Le sie, les histoires d’amour n’ont d’espionnage, le mythique Kim à la surface d’une cave les squelet- ne disposant pas d’un droit de veto que la torture soit employée »,a ministre russe des affaires étrangè- jamais duré. Les anciens Cosa- Philby, agent de la MI6 qui tra- tes de 225 anciens combattants. Ils comme au Conseil de sécurité, se déclaré Joanna Weschler, de l’orga- res, Igor Ivanov, a dénoncé, lundi ques, descendants des Ruthènes, vaillait pour le compte des Soviéti- auraient été tués par le NKVD, sont abstenus. Le jour du vote, ils nisation Human Rights Watch. 15 juillet, cette « campagne antirus- n’ont pas oublié leurs origines. ques, les livra à leurs bourreaux. En l’ancêtre du KGB. Parmi eux, envi- ont déposé un amendement, Le rapport annuel 2002 d’Amnes- se » orchestrée à Kiev. La réplique Etat indépendant du IXe au XVe siè- étroite liaison avec Anthony Blunt, ron 80 enfants crient depuis leur repoussé par 29 voix contre 15 et ty International fait état de de son homologue ukrainien, Ana- cle, la Ruthénie a fait partie de la autre espion recruté par les Russes immonde tombeau une vérité qui 8 abstentions, pour obtenir le ren- 111 pays dans lesquels la torture toly Zlenko, ne s’est pas fait atten- Lituanie jusqu’à la fin du XVIIe siè- à Cambridge dans les années 1930, refuse de mourir. voi du texte et de nouvelles discus- ou les mauvais traitements des dre. « Si le gouvernement examine cle, puis est passée sous la couron- Kim Philby signala aux Soviétiques sions. L’amendement américain détenus sont des pratiques admi- aujourd’hui la question de la réhabi- ne de Pologne, tandis que la partie les opérations de l’UPA. Mirel Bran avait reçu l’appui du Nigeria et de ses. – (AFP, AP, Reuters, NYT.) Procès Milosevic : un « témoin initié » parle des atrocités au Kosovo Le crash d’un avion-suicide L’ANCIEN CHEF de la sécurité d’Etat de Ser- prison de Belgrade où il est détenu sous plu- la police régionale l’ordre d’en extraire les bie, Radomir Markovic, qui a commencé à témoi- sieurs chefs d’accusation, dont le meurtre d’op- corps et de détruire le camion. L’autre policier, des FARC évité en Colombie gner mercredi 24 juillet devant le Tribunal de posants politiques à l’ancien président yougosla- Dragan Karleusa, a dirigé une équipe chargée La Haye pour l’ex-Yougoslavie, n’a laissé aucun ve. « J’ai été accusé à tort et j’espère que la justice d’enquêter sur cet épisode macabre par les nou- BOGOTA. La police colombienne affirme avoir déjoué, mercredi doute sur le fait que Slobodan Milosevic était prévaudra », a-t-il déclaré au début de son velles autorités de Belgrade, après la chute de 24 juillet, une tentative d’attentat par avion-suicide de la part de la gué- l’homme qui contrôlait effectivement la chaîne témoignage. Milosevic. Il a déclaré mardi avoir entendu rilla des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Les rebel- de commandement durant la crise du Kosovo. La suite de sa déposition est particulièrement Radomir Markovic dire que Milosevic avait les marxistes souhaitaient détourner un avion et frapper soit le palais pré- M. Markovic, qui a parlé environ trente minu- attendue sur l’une des accusations pesant sur ordonné une opération de nettoyage des cada- sidentiel à Bogota, lors de l’investiture d’Alvaro Uribe, le 7 août, soit le tes avant que son témoignage ne soit ajourné à Milosevic : celle d’avoir ordonné de faire dispa- vres au Kosovo. Congrès, à l’occasion de son installation, le 20 juillet. Un homme, Enrique jeudi, figure parmi les témoins dits « initiés » raître les corps d’Albanais tués au Kosovo, pour « Je ne crois pas que Radomir Markovic ni qui Carvajalino, a été arrêté, mardi, et présenté par la police comme ayant dont la déposition est censée apporter des preu- effacer les traces des atrocités commises. que ce soit d’autre ait pu affirmer une chose voulu « organiser, diriger l’attentat avec l’appui des milices urbaines de la ves décisives de la culpabilité de M. Milosevic. pareille, parce que c’est absolument faux »,a guérilla et recruter un pilote-suicide payé 2 millions de dollars ». Démasqué « La politique d’Etat était établie par le prési-    86  déclaré l’accusé, en affirmant que la version don- grâce à l’interception de communications entre les rebelles, il a été pré- dent avec ses associés », a-t-il déclaré devant la Lundi et mardi, deux policiers serbes, cités née de l’affaire du camion frigorifique avait été senté par l’armée colombienne comme le frère de Jesus Emilio Carvajali- cour. Le ministre de l’intérieur, dont lui-même comme témoins par le procureur, ont en effet « inventée » pour créer un climat favorable à no, plus connu sous le nom d’Andres Paris, ancien négociateur des dépendait, était ensuite chargé de l’appliquer, rappelé devant le tribunal l’épisode du camion son extradition vers le TPIY. Selon lui, les cada- accords de paix pour les FARC. – (AFP, Reuters.) a-t-il ajouté. M. Markovic a indiqué qu’il avait frigorifique plongé dans le Danube, dans lequel vres se trouvant à l’intérieur étaient ceux des vic- des contacts directs avec Slobodan Milosevic, se trouvaient les cadavres de 86 Albanais. Selon times d’une organisation mafieuse de « trafic qui recevait tous les jours des rapports de la l’accusation, il s’agissait d’une des opérations d’êtres humains », mortes noyées quand le véhi- Tony Blair met en garde les milices sécurité d’Etat. Lorsqu’un de ces rapports revê- de dissimulation des exactions commises au cule qui les transportait a plongé accidentelle- tait, aux yeux du président serbe, un intérêt par- Kosovo, mais le camion, trop visible, avait dû ment dans le Danube. paramilitaires en Irlande du Nord ticulier, le chef de la sécurité était convoqué être repêché et les corps enterrés ailleurs. La police serbe a retrouvé des cadavres, qu’el- dans son bureau. L’un des deux policiers, Boko Radjkovic, qui le suppose être ceux du camion, dans une fosse LONDRES. Le premier ministre britannique, Tony Blair, a prévenu, Pour pouvoir déposer devant le TPIY, Rado- a participé en avril 1999 à l’extraction du véhicu- commune, située sur un de ses terrains d’entraî- mercredi 24 juillet, les formations paramilitaires protestantes et catho- mir Markovic a été temporairement sorti d’une le des eaux du Danube, a raconté avoir reçu de nement près de Belgrade. – (AFP, AP.) liques d’Irlande du Nord qu’aucune violence ou préparation à des atta- ques ne serait plus acceptée. Il a jugé « intolérable que les organisations paramilitaires aient joué un rôle dans les troubles sectaires récents », ajoutant que « ces troubles appellent, et auront, une réponse sécuritaire L’accusé des attentats de Moscou de 1999 dénonce le FSB forte et efficace ». La constatation d’une violation du cessez-le-feu entraînera désormais des sanctions contre la formation jugée respon- Pour la première fois, Atchimez Gotchiyaev sort de son silence pour désigner les services russes sable, parmi lesquelles le renvoi en prison de ses militants, qui bénéfi- cient depuis les accords de 1998 d’une libération conditionnelle. Le EN FUITE depuis près de trois le FSB, mais, selon la presse russe gouvernement britannique n’a pas tenu compte de la demande des ans, l’homme que les autorités rus- du 17 septembre 1999, par le chef unionistes d’exclure le Sinn Fein (branche politique de l’IRA) des insti- ses présentent comme l’organisa- du ministère de l’intérieur Vladi- tutions politiques, ce qui a conduit certains loyalistes à qualifier la bat- teur principal des attentats de Mos- En fuite depuis mir Rouchaïlo, un vieux complice terie de mesures gouvernementales de « décevante ». cou, en septembre 1999, a décidé de trois ans, Atchimez de l’oligarque Boris Berezovski. Ce Cette déclaration intervient alors que les violences entre communau- sortir de son silence pour accuser Gotchiyaev, présenté dernier avait été lui-même soup- tés ont redoublé depuis une semaine. Dans la nuit de dimanche 21 à les services secrets russes d’être les par les autorités çonné d’avoir orchestré les atten- lundi 22 juillet, un jeune père de famille catholique avait notamment auteurs réels de ces attentats. Agé russes comme tats, afin d’amener au pouvoir Vla- été tué par une milice protestante. – (AFP, Reuters.) de 32ans, Atchimez Gotchiyaev, l’organisateur dimir Poutine. Depuis plus d’un  citoyen russe originaire de la Répu- principal des an, Boris Berezovski mène campa- blique nord-caucasienne de Karat- attentats de Moscou gne contre le président russe en a SOMALIE : au moins 30 personnes, en majorité des civils, ont été chaïo-Tcherkessie, a remis une let- en 1999, l’accusant d’avoir « au moins cou- tuées depuis mardi 23 juillet lors de combats entre deux factions rivales tre et des photos à un émissaire a été filmé par un vert » ces attentats « organisés par à Mogadiscio, la capitale de la Somalie, un pays dévasté depuis plus tchétchène, qui a pu le filmer. émissaire tchétchène, le FSB ». d’une décennie par une guerre civile. Cette nouvelle flambée de violen- Ces documents, ainsi qu’une « dans l’espoir Un des protégés de Boris Berezo- ces intervient au lendemain de la décision du Conseil de sécurité de courte séquence du film le présen- qu’une enquête vski, l’ex-lieutenant du FSB Alexan- l’ONU de renforcer l’embargo sur les armes vers la Somalie – mis en pla- tant debout devant un mur, dans internationale dre Litvinenko, réfugié politique à ce il y a dix ans, mais très peu respecté – et deux mois avant une énième un lieu non précisé, ont été présen- indépendante puisse Londres, avait annoncé la semaine conférence de paix, prévue au Kenya. – (AFP.) tés à la presse, au nom de l’ONG être ouverte ». dernière qu’il était lui-même entré a PÉROU : le gouvernement de l’ex-président péruvien Alberto Fuji- Association démocratique tché- en contact avec le fugitif Got- mori, en exil au Japon, est accusé d’avoir fait procéder à la stérilisation tchène, par Ali Ampoukaev, prési- chiyaev et qu’il révélerait le forcée de plusieurs centaines de paysannes dans le cadre d’une campa- dent du Centre d’information 25 juillet les témoignages reçus de gne contraceptive menée entre 1990 et 2000, selon un rapport du minis-

tchétchène de Varsovie. « Nous le  ce dernier. « Faux, disent tère de la santé qui vient d’être publié. Le rapport sera présenté prochai- faisons, explique ce dernier, dans M. Ampoukaev et ses amis, l’entou- nement au Congrès, qui devra se prononcer sur une éventuelle plainte l’espoir qu’une enquête internatio- disant de venir vite à l’entrepôt de que le « plan monstrueux, élaboré rage de Berezovski n’a aucun contact pour génocide et atteinte aux droits de l’homme. – (AFP, Reuters.) nale indépendante puisse enfin fai- Gourianovo où il y avait eu un petit et réalisé par ceux à qui cela profi- avec Gotchiyaev, c’est nous qui leur a PAYS-BAS : quelques heures après avoir été nommée au sein du re la vérité sur ces attentats, que le incendie. Mais j’ai allumé la télé et tait alors », prévoyait qu’il finisse avions remis une copie de ces docu- nouveau gouvernement néerlandais, la secrétaire d’Etat en charge de Kremlin a aussitôt attribués aux vu ce qui s’y était passé en réalité lui-même liquidé. L’accroc fut qu’il ments, en espérant qu’ils gardent le l’émancipation et de la famille, Philomena Bijlhout, a annoncé, dans la Tchétchènes pour justifier une (ndlr : le premier attentat, qui fit n’ait pas dormi chez lui la nuit du secret et qu’ils alertent des services nuit de lundi 22 à mardi 23 juillet, sa démission, rendue inévitable par la guerre qui se poursuit. » 92morts) . Je n’ai pas bougé jus- 8 au 9 septembre. Mais sa sœur occidentaux capables de protéger découverte de son passé lors de la dictature militaire au Surinam. Philo- Dans la lettre manuscrite de six qu’au 13 septembre, quand s’est pro- fut « arrêtée, battue, menacée » et Gotchiyaev. Ce fut notre erreur, mais, mena Bijlhout, 44 ans, et membre du parti populiste Liste Pim Fortuyn feuillets dont Le Monde détient duite la deuxième explosion, à le mari de celle-ci condamné, à l’is- que voulez-vous, nous avons si peu (LPF), était la première secrétaire d’Etat d’origine étrangère d’un gouver- une copie, l’auteur écrit : «En Kachirka. Comprenant que j’avais sue d’un procès à huis clos, à de moyens d’être entendus ! » nement aux Pays-Bas. – (AFP.) juin 1999, alors que j’avais ouvert à été manipulé, j’ai téléphoné à la poli- 13 ans et demi de prison. Soucieux de ne pas « laisser a CROATIE : le tribunal de Split a relâché, lundi 22 juillet, sept Moscou une société immobilière, un ce, aux urgences et même au télé- Berezovski jouer à son profit des mal- anciens membres de la police militaire croate jugés pour des crimes de ancien camarade de classe est venu phone 911 des sauvetages, pour don- «   » heurs du peuple tchétchène aux- guerre commis contre des Serbes pendant le conflit serbo-croate au début me proposer de travailler avec lui. ner l’adresse des deux autres entre- Rien dans son récit ne contredit quels il a si largement contribué », des années 1990. Ces hommes, détenus depuis septembre 2001, sont accu- (…) Il m’a demandé de lui trouver pôts, où des charges ont en effet été ce qui est connu des attentats de ces Tchétchènes ont finalement sés de torture et de l’assassinat de deux civils serbes en 1992. Le juge char- des entrepôts. Je l’ai aidé à louer trouvées et désamorcées à temps. Moscou, sauf qu’il attribue au FSB décidé de rendre publics leurs gé de l'affaire a déclaré que leur procès reprendrait le 19 septembre, avec ceux-ci à Gourianovo, Kachirka, Puis j’ai été déclaré coupable et la « célébrité » qui lui fut donnée documents, malgré les risques la venue de Yougoslavie de nouveaux témoins. Ce procès est considéré Borissovskie Proudy et Kopotnia. Le depuis lors je dois me cacher. » comme agent des « terroristes isla- encourus par M. Gotchiyaev. comme un test de la capacité de la justice croate à traiter des affaires impli- 9 septembre, j’étais chez des amis Il écrit encore que son « ami » mistes » tchétchènes. Son nom fut quant des ressortissants inculpés de crimes de guerre. – (AFP, Reuters) quand il m’a appelé tôt le matin, me était un agent du FSB (ex-KGB) et cité pour la première fois non par Sophie Shihab 6/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 FRANCE-SOCIÉTÉ justice

Le Sénat devait commencer à examiner jeudi dénoncer « un texte fleuve fait dans la précipita- débat sur la sécurité, le PS est jugé   moyen d’éviter les incarcérations de mineurs ». Au 25 juillet le projet de loi d’orientation de la jus- tion ». Au Sénat comme à l’Assemblée, les socialistes par les autres partis de gauche. Le député UMP Jean- Centre de placement immédiat de Marseille, les édu- tice. C’est l’ancien garde des sceaux  - ont annoncé qu’ils voteraient contre le projet, « dans Luc Warsmann, rapporteur du projet à l’Assemblée, cateurs jugent la   à « ceux qui , sénateur PS des Hauts-de-Seine, qui devait une logique pédagogique ». Déjà mal à l’aise lors du explique que «     est un sont encore des enfants ». Le PS s’oppose timidement à la réforme de la justice Le projet de loi d’orientation de M. Perben devait être examiné à partir de jeudi 25 juillet devant le Sénat. Les socialistes ont annoncé qu’ils voteraient contre le texte sans mener de « guerilla ». Le reste de la gauche les juge « un peu discrets »

CETTE FOIS, ils affirment que veut prudente sur la façon dont tion « constructive et intelligente » l’affaire ne fait pas débat. Les parle- l’opinion pourrait percevoir son adoptée par le PS sur ce texte éner- mentaires socialistes, qui avaient opposition sur un sujet qu’elle con- ve aussi les Verts. « On va créer beaucoup flotté sur le texte sur la Robert Badinter (au sidère sensible. « C’est l’explication une justice d’abattage, on réinvente sécurité intérieure de Nicolas premier rang, au de notre position qui pose problème. les classes dangereuses et l’on est Sarkozy, voteront sans état d’âme centre), sur les bancs Nous ne devons pas avoir l’air d’être dans une politique du tout-répressif. contre le « projet de loi d’orienta- socialistes du Sénat, systématiquement contre car nous Or, je sens mal les socialistes sur ce tion et de programmation pour la en octobre 2001. sommes partisans d’une plus grande texte. Comme ils avaient pratiqué justice » du nouveau garde des L’ancien garde des sécurité et d’une justice plus rapi- Sceaux, Dominique Perben, dont sceaux, sénateur (PS) de », analyse Jean-Pierre Sueur l’examen débute au Sénat, jeudi des Hauts-de-Seine, (PS, Loiret). Le statut des juges 25 juillet. « Nous n’avons pas eu à devait monter à la discuter sur la position à adopter », tribune, jeudi «    » de proximité précisé se réjouit Claude Estier, le prési- 25 juillet, notamment Même son de cloche à l’Assem- Le garde des sceaux, Dominique dent du groupe PS au Palais du pour rappeler qu’en blée nationale. L’opposition sera Perben, a présenté mercredi Luxembourg. A l’Assemblée, où le matière de justice « résolue et réfléchie » selon les ter- 24 juillet en conseil des ministres un texte devrait être discuté dès le des mineurs mes choisis par le principal ora- projet de loi organique réglant le sta- 31 juillet, « tout le monde est calé », l’éducation teur du groupe, André Vallini (PS, tut des juges de proximité. Distinct assure Julien Dray, député PS de doit primer sur la Isère), qui entend « montrer que le du projet de loi de programmation l’Essonne. « Cette fois, on a eu sanction. texte n’est pas à la hauteur de ce sur la justice, ce texte sera examiné aucun mal à être unanime », suren- qu’il vise ». Par crainte de se laisser en octobre par le Parlement avant chérit Marylise Lebranchu (PS, - / enfermer dans une image anti- d’être soumis au Conseil Morbihan), ancienne ministre de sécuritaire, les députés socialistes constitutionnel. Il prévoit que les la justice du gouvernement Jospin. proximité et la remise en cause de 1945 à laquelle je suis viscéralement Territoire de Belfort) et Louis Mer- comptent attaquer la droite sur le juges de proximité, magistrats non C’est Robert Badinter (PS, Hauts- la loi de présomption d’innoncen- attaché. On ne doit jamais oublier maz (PS, Isère) défendront à sa sui- terrain de pragmatisme et de l’effi- professionnels exerçant à titre tem- de-Seine) – « une personnalité très ce de juin 2000. M. Badinter, qui qu’un mineur n’est pas un adulte en te deux motions de procédures. cacité. « On ne va pas polémiquer poraire, seront nommés pour sept écoutée », précise M. Estier – qui a occupera à lui tout seul les quaran- réduction mais un être en devenir », Mais les socialistes n’ont pas l’in- mais chercher à éclairer le débat ans après avis conforme du Conseil été choisi pour commencer à livrer te minutes dévolues à son groupe explique-t-il. L’ancien garde des tention de mener une guerilla. Le dans une logique pédagogique », supérieur de la magistrature. Agés bataille au Sénat. Mais derrière cet- lors de la discussion générale, Sceaux affiche son septicisme sur dernier bureau national du PS, souligne Jean-Marc Ayrault, prési- de 30 à 75 ans, ils devront attester te autorité morale qui va porter devait dénoncer « un texte fleuve la création façon Perben des juges avant la trêve estivale, qui s’est dent du groupe à l’Assemblée. «Je d’au moins quatre années d’études l’opposition de son groupe, les cho- fait dans la précipitation sans aucu- de proximité qui le renvoie « aux tenu le 23 juillet n’a pas soufflé ne vais pas chercher à créer le cha- de droit et d’une expérience juridi- ses apparaissent plus compli- ne concertation très mal accueilli juges de paix » d’autrefois et juge mot du sujet renvoyant à un com- hut dans l’hémicycle », assure que de même durée. L’Association quées : le PS est certes « contre » dans les milieux judiciaires et juridi- « anticonstitutionnel » le référé- muniqué de presse rédigé huit M. Dray, pour qui le projet de loi nationale des juges d’instance a réaf- mais il a du mal a être « anti ». ques ». « Je vais rappeler, en matiè- détention – qui permet au parquet jours auparavant. Au Sénat, le Perben est néanmoins une « révo- firmé sa crainte que « les tribunaux Dans ce projet, copieux, dont les re de justice des mineurs, la primau- de s’opposer à une remise en liber- groupe n’a déposé qu’une cinquan- lution judiciaire réactionnaire » d’instance deviennent des coquilles 43 articles alimentent une très vive té de l’éducation sur la sanction qui té – introduit par le texte. taine d’amendements. En phase qu’il faut dissocier du texte sur la vides » alors que ce sont « les juridic- polémique depuis plusieurs semai- est au cœur de l’ordonnance de Michel Dreyfus-Schmidt (PS, avec la rue de Solferino, qui se sécurité pour lequel il s’était abste- tions qui fonctionnent le mieux ». nes, le gouvernement de Jean-Pier- nu la semaine dernière. Sur ce der- re Raffarin propose notamment nier point, il n’est toutefois pas sui- de créer des centres éducatifs fer- Les principales mesures envisagées vi par tous les élus socialistes. un virage à 180 degrés sur ces ques- més et d’instaurer une possibilité Le projet de loi d’orientation et majeurs et les mineurs. « le jugement à délai rapproché » Pour M. Vallini, le projet de loi sur tions lorsqu’ils étaient au gouverne- de placements en détention provi- de programmation sur la justice b Justice des mineurs. Le projet des mineurs multirécidivistes. la justice n’est que le prolonge- ment, ils ont du mal à dire que ce soire des mineurs à partir de prévoit un budget de de loi crée des « centres éducatifs b Procédure pénale. Le projet ment de celui sur la sécurité… n’est pas bien et optent pour le juste 13 ans. L’ensemble de ces disposi- 3,65 milliards d’euros et la fermés » où seront placés des modifie les conditions de « Je trouve les socialistes un peu milieu », critique le député Verts tions a suscité les protestations création de 10 100 emplois dont mineurs de 13 à 18 ans, dans le placement et de durée de la discrets », s’agace Nicole Borvo, de Gironde, Noël Mamère, dont la des professionnels de l’enfance ain- 950 magistrats, 3 740 surveillants cadre d’un contrôle judiciaire ou détention provisoire, en revenant sénatrice PCF de Paris qui devait formation a bien pris soin de tenir, si que de la Commission nationale de prison et 1 250 éducateurs. d’un sursis avec mise à l’épreuve. sur certaines dispositions défendre, jeudi, l’exception d’irre- mercredi, une conférence de pres- consultative des droits de l’hom- b Justice de proximité. En cas de non-respect du de la loi sur la présomption cevabilité. « Lors de l’audition de se pour affirmer son opposition me pour qui ces mesures « sont de 3 300 magistrats non contrôle judiciaire, le mineur d’innocence du 15 juin 2000. Il Dominique Perben, je me suis retrou- résolue au texte. nature à aggraver la tendance professionnels seront recrutés pourra être placé en détention étend la comparution immédiate vée seule à intervenir politiquement actuelle à l’incarcération des pour régler, au civil, « les litiges de provisoire, et ce dès 13 ans. Le aux délits encourant au moins en contre. Les socialistes ont surtout Isabelle Mandraud, mineurs ». Sont aussi contestées la vie quotidienne » et, au pénal, texte prévoit des « sanctions six mois de prison et jusqu’à dix fait des remarques techniques », Caroline Monnot l’instauration d’une justice de les petits délits, commis par les éducatives » pour les 10-13 ans et ans d’emprisonnement. ajoute-t-elle. L’attitude d’opposi- et Soren Seelow Jean-Luc Warsmann, rapporteur UMP du projet à l’Assemblée nationale Au centre de placement immédiat de Marseille : « La menace de sanction est un moyen « La coercition ne peut pas nous aider » d’éviter les incarcérations des mineurs » Les éducateurs demandent plus de moyens, pas plus de sanctions

Que répondez-vous aux criti- tions éducatives » pour les que délinquante, pour se retrouver MARSEILLE personnel, il avait placé tous ses prennent pas vraiment ce qu’est une ques sur la « justice de proximi- 10-13 ans, dénoncées comme à 17 ou 18 ans en prison. Nous de notre correspondant régional mineurs en foyer ou chez eux, en sanction ». « Un gamin perdu, c’est té », qui ne prévoit pas de procé- une pénalisation excessive des croyons à la dimension éducative Inauguré en avril 2001, le centre leur demandant de revenir après un gamin perdu », conclut-il, avant dure d’appel, souvent qualifiée très jeunes enfants… de la sanction : des jeunes qui, de placement immédiat (CPI) de l’heure du dîner, dimanche soir. Ils de dire qu’il va quitter le CPI pour de « sous-justice » ? La loi doit être en phase avec la aujourd’hui, se comportent de Marseille est encore pimpant, et étaient là bien avant, devant le travailler en milieu ouvert. Ces critiques sont largement société. Nous avons aujourd’hui – façon désinvolte peuvent être récu-  pavillon ocre-rouge. Kamel, agent de justice qui infondées. La très grande majorité tout le monde le constate – un pro- pérés. Il s’agit de donner des repè- revendique son appartenance de nos concitoyens sont acquis à blème de délinquance, commise res, de tracer une ligne blanche. « - » « aux quartiers », s’intéresse peu l’idée que la justice doit évoluer. par des mineurs de plus en plus Mais, si la loi étend les possibi- « On est toujours Concernant les centres fermés, il aux discussions sur le projet du Les juges de proximité répondent jeunes. Comment y répondre ? lités de placement en détention doute de la possibilité même de les gouvernement car elles ne sont à ce besoin, en associant certains Quand un mineur s’adonne à des provisoire, le nombre de avec les gamins, faire exister longtemps : « Ce sont jamais menées « par des gens de de nos concitoyens, qui ont une actes répréhensibles, dans un mineurs incarcérés va nécessai- des Cocottes-Minute ingérables. » terrain ». Animateur sportif mani- compétence juridique, à l’action endroit fréquenté par une bande rement augmenter ? et on parle, D’autant qu’il faudrait consacrer festement en phase avec les de la justice. Ils traiteront, au civil, qui trafique de la drogue, c’est nor- Pas du tout. Cette menace de une « énergie folle et beaucoup d’ar- enfants, il parle d’abord de son sta- les affaires limitées à 1 500 euros, malement à la famille d’intervenir. sanction est au contraire un on parle, on parle » gent à la surveillance pure, au détri- tut, car il est fatigué, après treize pour les problèmes de la vie cou- Mais, si elle se révèle défaillante, moyen d’éviter les incarcérations. ment du travail éducatif ». Il sait ans d’animation, d’être sous-payé rante, et seront compétents en c’est à la société d’apporter des Le projet de loi va créer 600 places pourtant que la prison peut être et rarement écouté. matière pénale pour les délits de réponses, pour que le jeune ne pro- dans les centres éducatifs renfor- son directeur, Jacques Bouygues, un passage obligé : il a demandé faible importance en droit, mais gresse pas dans la délinquance. cés : or, chaque fois que l’on réussi- se félicite de travailler dans un bâti- récemment à ce qu’un de ses pen-   qui sont souvent très importants Nous proposons des mesures ra, par le renforcement des mesu- ment neuf entouré de verdure. Il y sionnaires y soit renvoyé. Et avec Kamel estime que les centres pour la vie de nos concitoyens. Il concrètes, susceptibles d’arrêter res éducatives, à sortir des reçoit, pour quelques mois, huit les « quarante gosses qui sont pas- d’éducation renforcés actuels sont s’agit de faire en sorte que cette les dérives. Nous ne prétendons mineurs de leur logique délinquan- mineurs de 13 à 18 ans, envoyés en sés » en un an au CPI, il a déposé une bonne solution : « On est tou- petite délinquance, pour laquelle il pas avoir la solution absolue. Mais te, on baissera, à terme, le nombre urgence par un juge, avant qu’on onze plaintes pour violences, des- jours avec les gamins, on fait les acti- y a un besoin important d’écoute, ceux qui nous critiquent ne font de mineurs incarcérés. Il s’agit de trouve un foyer, une famille d’ac- truction de matériel ou vol. vités, on discute pendant et après, soit mieux suivie. guère de propositions concrètes. prendre en charge les mineurs le cueil ou un lieu de vie adapté à cha- Mais il y revient toujours : ce qui on les sanctionne, et on parle, on Les juges de proximité seront Le gouvernement envisage de plus tôt possible : le jeune qui sera cun. Son souci principal : conser- lui manque, ce sont des éduca- parle, on parle. » Ce grand bavard également compétents pour les placer en détention provisoire placé en centre éducatif, avec la ver ses neuf éducateurs, qui ont teurs plus aguerris que les jeunes ne se dit pas hostile à la prison, délits commis par les mineurs. des mineurs de 13 à 18 ans, en menace d’aller en prison, pourra tendance à partir trop vite car le gens frais émoulus de l’école mais considère qu’elle ne sert pas Beaucoupde professionnelscrai- cas de fugue d’un centre fermé. être convaincu par la raison et la travail est épuisant. Il exige une qu’on lui envoie et qui doivent à grand monde. Ni aux gamins, à gnent un démantèlement de la Cela ne risque-t-il pas d’augmen- menace de sanction. Loin de met- attention sans faille face à des assurer une présence de 7 heures à qui il manque le travail éducatif, ni justice des mineurs. ter les incarcérations de jeunes, tre tous les jeunes en prison, nous enfants très toniques, qui ont tout 23 heures, sept jours sur sept. à la société. « Tu mets dix arra- Ce procès est sans objet. Les alors que la prison est reconnue allons faire en sorte qu’ils ne com- à apprendre de la vie en société, à Michel, l’éducateur qui déjeune cheurs de sacs en prison, pendant juges de proximité ne déshabillent comme « criminogène » ? mettent pas les actes qui peuvent la santé fragile et « en état de avec ses jeunes pensionnaires, quelque temps tu ne les as plus. en rien la justice des mineurs : le Il s’agit d’offrir à ces mineurs, les amener en prison. demande permanent ». Demande explique : « J’ai mis beaucoup de Mais à la sortie, ces dix, qu’est-ce gouvernement a entendu les criti- pour lesquels ni l’école ni la Pour ceux qui ne peuvent l’évi- d’argent, d’affection, d’attention. temps à comprendre qu’il fallait qu’ils font ? Ils n’arrachent plus les ques et modifié son projet en ce famille ne remplissent leur rôle, ter, nous ferons tout pour qu’elle Bien sûr, M. Bouygues suit les vraiment tout faire avec eux, car ce sacs ? » sens. Ils ne seront donc compé- une seconde chance, avec le place- ne soit pas une école de la délin- débats sur la prison pour mineurs sont encore des enfants. » Sur la S., casquette sur le crâne et élo- tents que pour les contraventions ment dans les centres éducatifs. quance : 400 places seront créées et les centres fermés. Il estime que base nautique animée par la police cution saccadée, raconte comment de 4e classe, comme les nuisances Pour donner le plus de force possi- pour les mineurs, la séparation des la menace d’incarcération en cas de nationale où ses protégés, yeux « au quartier » les jeunes « font provoquées par les deux-roues ble à cette prise en charge éducati- établissements pénitentiaires pour faute relève de « l’illusion judiciai- ravis, restent toujours à portée de des conneries », avant de dire qu’il dont le pot d’échappement a été ve, nous créons une possibilité de les mineurs et les majeurs sera re », parce que les juges « n’aiment voix, il confirme : « Ils ne nous en a fait aussi. Quand on lui trafiqué, les tapages nocturnes… placement en détention provisoi- stricte, des surveillants spécialisés pas mettre les enfants en prison ». lâchent pas d’une semelle… » demande ce qu’il pense de la pri- La justice de proximité doit appor- re, en cas de non-respect des condi- dans la prise en charge des jeunes Mais cette « coercition ne peut pas Pour Michel, la prison n’est son, il explique : « C’est pas bon ter une réponse rapide et mesurée tions du placement. Aujourd’hui, seront formés, et le régime de nous aider », ajoute-t-il, pour des adaptée qu’à quelques rares vrais pour moi. Si j’y vais, je suis encore aux petits actes de délinquance. quand les jeunes refusent de res- détention sera centré sur la prise raisons plus fondamentales. « Mon délinquants, d’ailleurs beaucoup plus dedans. » Il ne dit pas exacte- Cela ne mord en rien sur les liber- pecter les règles du jeu, il n’y a pas en charge éducative. problème, explique-t-il, ce n’est pas mieux structurés que les autres. ment ce que signifie ce « dedans ». tés, encore moins sur les compé- de sanctions réelles. Quand un d’empêcher les gamins de sortir, L’essentiel de ceux qu’il pratique On sent juste que c’est redoutable. tences des juges des enfants. mineur fugue, il retourne dans son Propos recueillis par mais de rentrer… » Le week-end sont empêtrés dans des conduites Le projet instaure des « sanc- quartier et continue dans sa logi- Cécile Prieur et Soren Seelow dernier, en raison des vacances du d’échec, à tel point qu’« ils ne com- Michel Samson LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/7 FRANCE-SOCIÉTÉ Trois policiers à vélo blessés lors d’un contrôle d’identité à Pantin L’interpellation de trois personnes qui fumaient du haschich devant un immeuble a tourné à la bagarre générale. Les jeunes se disent excédés par la multiplication des contrôles

UN SIMPLE contrôle d’identité sont approchés de deux jeunes après l’incident, on confirme la revanche, elles ont vu la poignée a entraîné l’hospitalisation de trois assis dans le hall d’un bâtiment. Il consommation de haschich à l’ori- de jeunes se réfugier dans l’immeu- policiers à Pantin (Seine-Saint- était un peu plus de 14 heures. Les gine de l’affaire, mais on réfute ble, une fois l’alerte donnée. Une Denis). Tel est un des rares ensei- policiers ont demandé au plus toute idée d’embuscade. Selon Car- dizaine de minutes plus tard, les gnements clairs que l’on peut tirer jeune, S., un adolescent frêle de los, qui habite au premier étage et renforts policiers et le SAMU sont de l’affrontement qui a opposé, 16 ans, de leur présenter une pièce était descendu quelques instants arrivés. L’immeuble a été encerclé mercredi 24 juillet dans l’après- d’identité. après le début de l’échauffourée, et les policiers ont fait du por- midi, des agents de police deux des policiers s’en seraient te-à-porte. Ils ont retrouvé un des patrouillant à vélo tout-terrain «    » pris au mineur, provoquant la colè- bâtons de défense des gardiens de (VTT) à des jeunes, au pied de C’est à partir de cet instant que re de ses compagnons. « En cinq la paix dans l’appartement où les deux immeubles. Une gardienne les versions divergent. Selon le minutes, les jeunes sont descendus agresseurs s’étaient réfugiés. de la paix stagiaire souffrant d’hé- lieutenant Rachid Azizi, chef du de partout, explique-t-il. Mais l’his- Pendant que les premiers soins matomes au visage et d’une fractu- groupe recherche au commissariat toire des battes, c’est de l’invention étaient apportés aux trois blessés, re à la mâchoire était encore hospi- de Pantin, le jeune homme a don- magique. Les flics, avec leurs matra- les policiers se sont aperçus qu’au- talisée, jeudi 25 juillet. Ses deux né de la voix pour « rameuter les ques, se sont faits déboîter le citron, dessus de leur tête, un habitant fil- collègues ont des contusions multi- copains ». « Une dizaine sont arri- c’est pour ça qu’ils se trouvent des mait la scène au Caméscope. ples. Quatre personnes, dont un vés, dont l’un armé d’une batte de excuses. » Carlos, qui connaît un Après l’avoir menacé de monter, mineur, ont été placées en garde à base-ball, et ont frappé les fonction- des jeunes hommes interpellés, ils ont attrapé la cassette, jetée par vue par les policiers de la sûreté naires de police , explique le lieute- explique que, en temps normal, ce la fenêtre. Elle s’est révélée « inex- départementale. Leur premier nant. Les trois agents nous ont préve- dernier « n’aurait jamais frappé ploitable », la bande étant vierge.  / interrogatoire n’a pas permis de nus par radio et le voisinage a appe- une femme, d’ailleurs il a trois Mercredi soir, les jeunes ont cerner le rôle de chacun. « Ils veu- lé le commissariat. » La sûreté sœurs. Là, comme elle s’est mêlée à dénoncé l’atmosphère pesante qui Manifestants arrêtés à Strasbourg lent fuir leurs responsabilités une départementale explique que le la bagarre, il lui a donné un kick règne dans le quartier avec la mul- fois que la fête est finie », explique contrôle a dérapé lorsque un hom- dans la gueule ». tiplication des contrôles d’identité. SEIZE personnes ont été interpellées à Strasbourg (Bas-Rhin), mercre- une source policière. me de 20 ans, connu pour des vols « Faut dire à Sarkozy qu’il arrête ses di 24 juillet, à l’occasion d’une manifestation du collectif antimondialisa- Dans un décor banal de ban- avec violence, est arrivé dans le «     - » conneries, dit l’un d’eux. On est des tion No border. Près de 700 manifestants, masqués et encagoulés, ont lieue – immeubles en briques rou- hall et a décoché un coup de poing Au neuvième étage de l’immeu- enfants, pas des criminels. »La lancé des projectiles en direction de la police, qui a répliqué avec des gaz ges ou en ciment crémeux, avec à à l’un des policiers, puis un coup ble au pied duquel les trois agents veille de la rixe, une vaste opéra- lacrymogènes. Dans la soirée, la préfecture a interdit « toute manifesta- leur pied un grand parking et un de pied à la gardienne de la paix à ont été roués de coups, deux cousi- tion de contrôle d’identité avait tion » du collectif qui avait prévu dix jours d’action. Selon la police, les square pour enfants, des tags sur terre. La rixe s’est alors poursuivie nes, alertées par les éclats de voix, déjà eu lieu rue des Pommiers. Elle incidents n’auraient fait aucun blessé, mais un « collectif anti-expul- les poubelles – tout a basculé lors- à l’extérieur. ont observé la scène de leur fenê- s’était passée sans heurt. sions » affirme qu’un des siens a été blessé par un tir de flash-ball. Plu- que les trois policiers en VTT, atti- Parmi l’essaim de jeunes gens tre. Elles assurent n’avoir distin- sieurs bâtiments publics ont été maculés de tags, les vitrines d’une agen- rés par les effluves de haschich, se restés au pied des immeubles bien gué aucune batte de base-ball. En Piotr Smolar ce bancaire ont été brisées et un pylône de feux tricolores a été renversé. Quatorze ans de prison pour le chef du « gang des châteaux »

LE TRIBUNAL correctionnel de été condamné à cinq ans de prison, Montbrison (Loire) a condamné, dont trois ans ferme. Une clémence mercredi 24 juillet, Cornelius Mar- relative qui s’explique par le fait tens, un Néerlandais de 50 ans ins- qu’il a été le seul prévenu à reconnaî- tallé en Belgique, à quatorze ans de tre sa culpabilité. Douze autres pré- prison. Considéré comme la « tête » venus, pour l’essentiel des gens du d’un réseau soupçonné d’avoir pillé voyage, écopent de peines allant des châteaux et des grandes demeu- d’un an à six ans de prison fer- res bourgeoises de leurs œuvres et me. Certaines de ces condamnations objets d’art, entre 1998 et 2000, ce ont été assorties de cinq ans d’inter- brocanteur de profession a été diction des droits civiques, civils et reconnu coupable de « recel en ban- de famille. Un seul prévenu a été de organisée ». La peine prononcée relaxé. est conforme aux demandes du pro- cureur, Gilbert Emery, qui, à 600  l’audience du 9 juillet, avait justifié L’accusation attribuait 600 cam- la sévérité de ses réquisitions par briolages aux suspects, mais, faute l’état de « récidive légale » du préve- d’avoir été interpellés en flagrant nu (Le Monde du 11 juillet). Ce der- délit, ils n’avaient pas été poursuivis nier avait été notamment condam- pour vols avec effraction. Parmi les né le 6 décembre 1996, dans une victimes figurait l’ancien président autre affaire, à six ans de prison de la République Valéry Giscard d’Es- pour « recel aggravé » par la cour taing, dont la résidence familiale de d’appel de Dijon (Côte-d’Or). Les Chanonat (Puy-de-Dôme) avait été juges l’ont également condamné cambriolée dans la nuit du 25 au à une amende de 152 000 euros – le 26 août 1998. Le tribunal a accordé à parquet avait requis 100 000 euros – M. Giscard d’Estaing 52 600 euros et à une interdiction définitive du en réparation de son préjudice maté- territoire national. riel et 1 520 euros au titre du préjudi- Mario Cipoletti, un immigré ita- ce moral. Il a aussi ordonné la restitu- lien de 56 ans, qui transportait le tion d’une pendule Charles X retrou- butin de la France vers la Belgique, a vée chez Cornelius Martens. Un diplomate nommé à la tête de la DGSE

LA NOMINATION de Pierre Bro- l’un des siens à la tête d’un service chand à la tête de la direction géné- placé sous la tutelle du ministère de rale de la sécurité extérieure la défense. Le nom du gouverneur (DGSE) met un terme à la réorgani- général de Paris avait été avancé. sation des services de renseigne- Le ministre des affaires étrangères, ment voulue par le président de la Dominique de Villepin, préférait la République. A 61 ans, ce diplomate solution diplomatique. de carrière a été désigné, mercredi Peu connu du monde du rensei- 24 juillet, par le conseil des minis- gnement, M. Brochand apparaît tres pour succéder à un autre fonc- comme une demi-surprise. Cet tionnaire du Quai d’Orsay, Jean- énarque, qui va diriger un service Claude Cousseran. M. Brochand dont le théâtre d’opérations se était depuis 1999 ambassadeur de situe hors de l’Hexagone, a lui- France au Portugal. même occupé des postes impor- Le principe du remplacement de tants à l’étranger. Ambassadeur de M. Cousseran était acquis depuis France en Hongrie (1989-1993) plus d’un mois. Son départ sur- puis en Israël (1993-1995), il est vient trois semaines après celui du revenu à l’administration centrale, préfet Jean-Jacques Pascal, auquel comme directeur général des a succédé Pierre de Bousquet de relations culturelles, scientifiques Florian à la direction de la sur- et techniques (1995-1998) et veillance du territoire (DST), le conseiller diplomatique du gouver- 3 juillet. Les deux hauts fonction- nement, avant d’être nommé à Lis- naires partants étaient l’objet de la bonne. Boulevard Mortier à Paris, suspicion de l’Elysée. Nommés par siège de la « Piscine », surnom de le gouvernement de Lionel Jospin, la DGSE, il devra notamment res- ils étaient accusés d’avoir comman- taurer une sérénité mise à mal par dité – ou au moins toléré – des des querelles internes, conclues par investigations visant Jacques Chi- la mise à l’écart du directeur du ren- rac et d’éventuelles « relations seignement, Jean-Pierre Pochon. financières » du chef de l’Etat dans Né à Cannes (Alpes-Maritimes), deux pays étrangers : le Liban et le le nouveau patron de la DGSE est Japon (Le Monde du 24 juin). le frère cadet de l’actuel maire de la La nomination de M. Brochand a ville, Bernard Brochand (UMP), été au cœur d’une lutte d’influence publicitaire, qui a été également le entre le ministère des affaires étran- président du clubde footballdu gères et la haute hiérarchie militai- Paris - Saint-Germain. re. Selon nos informations, celle-ci souhaitait obtenir la désignation de Pascal Ceaux 8/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 FRANCE-SOCIÉTÉ Le vice-président du tribunal M. Sarkozy tente de relancer le dialogue de Nîmes renvoyé en correctionnelle avec les nationalistes corses Le ministre de l’intérieur effectue, de vendredi à dimanche, son premier Hugues Vérita est soupçonné d’avoir confié des expertises à des proches déplacement sur l’île, où il interviendra à l’Assemblée territoriale

LE JUGE d’instruction parisien qué l’ouverture d’une procédure EN CORSE, tous les ministres de Peu probable, en revanche, qu’il répéter. Dominique Dubois, préfet Jean-Baptiste Parlos a ordonné, fiscale. la République le savent, les signes vante, comme Jean-Pierre Chevène- de région choisi par ses prédéces- jeudi 25 juillet, le renvoi devant le Au cours de l’enquête, les poli- comptent autant que les mots. Nico- ment, le « rétablissement de l’Etat de seurs – il est un ami intime d’Alain tribunal correctionnel du vice-pré- ciers avaient saisi dans le bureau las Sarkozy a donc mis un soin parti- droit ». En Corse, le ton nouveau Christnacht, ex-conseiller de M. Jos- sident du tribunal de grande ins- de M. Vérita, au tribunal de Digne, culier, avec son directeur de cabi- des communiqués de la Place Beau- pin sur la Corse – devrait coordon- tance de Nîmes (Gard), Hugues des documents de la Grande Loge net, Claude Guéant, et les conseils vau, après les – rares – attentats ner les groupes de travail des élus, Vérita, pour « prise illégale d’inté- nationale française (GLNF), une de son ami Camille de Rocca-Serra, commis depuis l’élection présiden- s’ils acceptent la proposition du rêts ». M. Vérita, poursuivi depuis obédience classée àdroite, répu- unique rescapé gaulliste des derniè- tielle, n’a échappé àpersonne. Le ministre. le 30 mars pour « trafic d’influence tée pour son « entrisme » dans cer- res élections législatives, àpréparer 18 juillet, le ministre a ainsi condam- Pour finir, la réforme de la décen- par personne dépositaire de l’autori- tains secteurs sensibles, et àlaquel- son voyage àBastia, le 26 juillet, né la destruction, par une dizaine tralisation promise par M. Raffarin. té publique » dans une autre affai- le le magistrat a appartenu jus- puis, les 27 et 28, àAjaccio. d’hommes cagoulés, d’une caserne Cette fois, il ne fait pas de doute re, est actuellement l’objet d’une qu’en juin 2000. Le juge Parlos Hors les rites obligés, comme le de CRS en construction àFuriani, que le Sénat votera la révision cons- enquête disciplinaire du Conseil avait également – fait rare – mené dépôt d’une gerbe, àla préfecture mais en des termes lapidaires : un titutionnelle promise pour l’autom- supérieur de la magistrature une perquisition àla chancellerie, de Corse, devant la plaque posée en « acte stupide », avant une visite qui ne, et nécessaire àtoute évolution (CSM) devant lequel la chancelle- le 31 mai 2001, afin de saisir un rap- hommage àClaude Erignac, Nico- « démontrera que le dialogue est seul institutionnelle. Mais, dans sa décla-  / rie a demandé sa révocation port de l’inspection générale des las Sarkozy a donc choisi de passer porteur de solutions ». ration de politique générale, le pre- (Le Monde des 5 et 8 avril). chambre commerciale – lançait services judiciaires (IGSJ) concer- trois jours pleins dans l’île, de déjeu- « Avançons, faites-moi des proposi- mier ministre a laissé dans le flou la Hugues Vérita est renvoyé en une procédure collective. Il est nant M. Vérita, que le ministère ner et de dîner en ville pour goûter tions », dira M. Sarkozy aux élus de place de la Corse dans ce chantier. correctionnelle en sa qualité d’an- apparu qu’àplusieurs reprises avait refusé de lui communiquer. les pâtes àla langouste, d’aller au cien président du tribunal de gran- M. Vérita avait confié des mis- M. Parlos découvrit àcette occa- marché dès 7h30, et même, diman- de instance de Digne (Alpes-de- sions, aux frais des entrepreneurs sion que, dès mars 2000, l’IGSJ che, de se rendre àla messe, àAjac- La main tendue de Charles Pieri Haute-Provence), fonction qu’il a concernés, àun cabinet d’experti- avait recommandé au garde des cio, avant une journée de repos A la veille de la visite du ministre de l’intérieur et des Journées nationalis- occupée de janvier 1998 àdécem- se parisien, Louis Aboulkheir Con- sceaux de saisir le Conseil supé- avec sa femme. Il a surtout décidé tes qui se tiendront à Corte, les 3 et 4 août, l’ex-secrétaire national d’A Cuncol- bre 2000. Sa mise en examen, en sultant (LAC), qui sous-traitait lui- rieur de la magistrature (CSM) du de répondre, samedi matin, àl’As- ta, Charles Pieri, libre depuis le 30mai, affiche sa bonne volonté à l’égard du octobre 2000, avait provoqué sa même auprès de M. Ducros. cas de M. Vérita, ce que s’étaient semblée territoriale, aux différents nouveau gouvernement. « Nous restons convaincus que personne aujourd’hui mutation àNîmes. Le juge Parlos refusées àfaire Elisabeth Guigou groupes, dont le deuxième en nom- ne peut faire l’économie de la continuité du débat entamé depuis plus de trente reproche àM. Vérita d’avoir, alors  «    » puis Marylise Lebranchu, qui se bre, celui des nationalistes de Cor- mois », écrit M. Pieri, ancien chef présumé du FLNC dans le Nord, dans l’hebdo- qu’il présidait le tribunal de Digne, L’ouverture d’une information sont succédé place Vendôme. sica Nazione, pour leur proposer de madaire U Ribombu (daté du 11 juillet). « Peu nous importe quel qualificatif lui confié des missions d’expertise à judiciaire, en septembre 1999, allait Ces différents éléments avaient « travailler ». Comme Lionel Jospin, sera attribué, peu nous importe aussi qu’il ait lieu dans des salons matignones- des proches. Ce soupçon était déboucher, en octobre 2000, sur les nourri les interrogations portant en septembre 1999. ques ou àl’Assemblée de Corse, nous ne voulons savoir qu’une chose, c’est qu’il apparu dans le cadre d’une enquê- mises en examen de M. Vérita pour sur d’éventuelles protections dont C’est toute la difficulté de l’exerci- reprenne sur des bases saines et bien définies. (…) Nous sommes de ceux qui te préliminaire, ouverte en « prise illégale d’intérêts »,de aurait bénéficié M. Vérita. Le ce du ministre : poursuivre le dialo- conduiront [les discussions à venir] dans la transparence la plus totale. » avril 1999, visant un ancien prési- MM. Ducros et Aboulkheir pour 30 mars, le magistrat a été mis en gue engagé par la gauche pour arri- dent de chambre du tribunal de « complicité »et«recel »dece examen pour « trafic d’influence ver àun « accord politique », seule commerce de Paris, Gérard délit. MM. Ducros et Aboulkheir par personne dépositaire de l’autori- voie « crédible » àses yeux, mais l’Assemblée de Corse, parmi les- « Toute la question, pour nous, est de Ducros. Les investigations ont également été renvoyés en cor- té publique », cette fois en sa quali- sans trop le dire ni le montrer, et en quels les idées « corsistes » ont enco- connaître les marges du droit à l’expé- s’étaient orientées vers le tribunal rectionnelle. Les comptes de té de vice-président du tribunal de tentant de rester « chiraco-compati- re progressé. Un peu comme M. Jos- rimentation promise par M. Raffarin, de Digne et son président. L’enquê- M. Vérita et de son épouse avaient Nîmes. Il est soupçonné d’avoir ble », selon un proche du ministre. pin l’avait fait en septembre 1999, résume le président de l’Assemblée te a établi que, de 1998 à2000, plu- retenu l’attention des policiers. Ain- promis un jugement clément àl’an- Jacques Chirac était, en effet, venu mais avec trois différences de taille. de Corse, José Rossi (DL). S’agit-il sieurs dizaines de dirigeants de si, 772 600 francs y ont été déposés cien président du conseil général faire campagne dans l’île, en avril, simplement de nouveaux transferts PME de la région avaient été systé- en espèces en 1998 et 1999, en une du Gard, Gilbert Baumet, en en expliquant qu’il n’y avait pas de    de compétences, ou de la possibilité matiquement orientés vers vingtaine de versements. Interrogé échange d’une intervention en sa « problème corse ». Quelques mois Alors que le premier ministre de bénéficier d’une organisation terri- M. Ducros, qui dirigeait une « cel- par Le Monde, le magistrat avait faveur auprès du fisc (Le Monde du plus tôt, Jean-Pierre Raffarin – il est socialiste avait soumis l’ouverture toriale et administrative nouvelle ? ». lule de prévention des entrepri- indiqué que ces mouvements de 2 avril). Depuis cette date, M. Véri- vrai alors en service commandé – de discussions àun « préalable », M. Sarkozy travaille en ce moment, ses », dissoute depuis. fonds correspondaient àun gain ta est astreint àun contrôle judi- avait quant àlui ferraillé, lors de sa celui de la fin des attentats – l’obli- avec le premier ministre, sa réponse Cette cellule, au fondement juri- au Loto de 2,4 millions de francs ciaire lui interdisant de se livrer à seconde lecture au Sénat, contre la geant finalement àrecevoir les élus àcette délicate question. En tentant dique incertain, était chargée de remontant à « dix ou onze ans » toute activité juridictionnelle au loi sur la Corse des socialistes, corses àParis, en décembre 1999, de le convaincre de quelques-unes signaler au tribunal les entreprises (Le Monde du 29 juin 2001). Des tribunal de Nîmes. dénonçant, le 6 novembre 2001, la sans autre condition –, M. Sarkozy de ses intimes convictions. «Sila en difficulté. Le cas échéant, le tri- déclarations similaires, recueillies « mauvaise gouvernance » qui avait n’en posera aucun. Fort des souve- question corse n’était pas politique, il bunal – dont M. Vérita présidait la par le juge Parlos, avaient provo- Fabrice Lhomme conduit M. Jospin « à placer les nirs de la polémique qui avait suivi n’y aurait pas quatre-vingts journalis- nationalistes au cœur du processus ». l’entrevue àParis de M. Jospin avec tes pour me suivre pendant trois Les mots et les silences du minis- les nationalistes, le ministre de l’in- jours », s’agaçait le ministre il y a tre de l’intérieur seront le fruit de ce térieur a bien l’intention de canton- quelques jours. compromis. M. Sarkozy se rendra ner ce problème sur l’île, afin de le ainsi àl’hôtel de police d’Ajaccio. « désacraliser », comme il aime àle Ariane Chemin  0123 « La voie la plus cohérente est celle de l’accord politique » www.lemonde.fr Dans son livre Libre, paru en jan- clandestinité et d’engagements tions sur la situation basque, pour vier 2001 chez Robert Laffont, Nico- plus ou moins avouables [Il fait compréhensibles qu’elles soient, las Sarkozy avait consacré un chapi- allusion àdeux ministres de l’inté- ne peuvent poser les bases d’un tre àla « question corse », « comple- rieur, Charles Pasqua (1993-1995) règlement futur xe, sensible et décisive ». et Jean-Louis Debré (1995-1997)]. Pouvoir législatif à l’Assem- Modèle irlandais et contre- blée de Corse : il me semble que le Spécificité corse : la Cor- exemple basque : l’Irlande du sujet est mal posé ou, àtout le se est française (…). Une Nord, où les oppositions parais- moins, de façon trop précipitée. A minorité le conteste vio- sent les plus irréductibles (…), c’est mes yeux, l’important est l’étendue lemment. Cette minorité est cepen- justement là, à l’endroit le plus des pouvoirs qui seront transférés dant beaucoup plus importante désespéré, que l’on a fini par se par- plutôt que leur nature (…). Bien que ce qui pourrait exister d’équi- ler, par s’asseoir autour d’une malin serait celui capable de définir ‘‘valent dans d’autres régions. C’est table, par poser les bases d’un ce qui revient au législatif, et ce qui un fait politique incontestable qui, règlement politique. C’est ainsi appartient au réglementaire. Le en lui-même, définit une spécifici- que les images de violence d’Irlan- Conseil d’Etat àlui tout seul n’y suf- té corse (…). D’ailleurs, toutes les de du Nord ont subrepticement fit pas lorsqu’il est saisi de ques- îles de la Méditerranée ont gagné quitté nos écrans (…). Il se trouve tions de cette nature. (…) Le contrô- un statut assez profondément qu’on est bien loin de cette réalité le [des responsabilités] devra être autonome. heureuse au Pays basque (…). assuré non par le Parlement, com- Processus de Matignon : je n’ai J’éprouve beaucoup de considéra- me je l’ai parfois entendu dire, mais pas pour ma part condamné ce tion pour José Maria Aznar (…). par le Conseil constitution- qu’il est convenu d’appeler le pro- Pour autant, je ne peux m’empê- nel ou par les juridictions cessus des accords de Matignon cher de penser que ses déclara- administratives ou civiles. ,, (…). Non que je croie en son succès obligé, mais je n’arrive pas àconce- voir un scénario plus crédible. Même si les chances de réussite sont aléatoires (…), je reste Le Sénat veut une allocation convaincu qu’il n’y a pas de voie plus cohérente que celle de l’ac- unique pour les handicapés cord politique. Préalable de la violence :ilme LA COMMISSION des affaires sociales du Sénat a présenté, mercredi semble nécessaire (…) d’exiger de 24 juillet, un rapport d’information sur « une politique de compensation ceux avec qui on discute qu’ils se du handicap », qui inclut 75 propositions permettant aux handicapés de désolidarisent des actes de violen- « maîtriser leurs choix de vie ». La mesure la plus novatrice est la création ce. Ce qui ne veut pas dire que l’on d’une « allocation compensatrice individualisée », qui doit combler « inté- pose en préalable la cessation de gralement » les dépenses liées au handicap en se fondant sur les besoins tous les attentats, car il existera de chacun. Financée par l’Etat, cette allocation viendrait remplacer l’en- toujours des incendiaires isolés ou semble des prestations existantes. Le Sénat répond ainsi aux volontés du des mafieux qui auront intérêt àla président de la République, qui, dans son allocution télévisée du poursuite du conflit. 14 juillet, avait fait de l’insertion des handicapés un des trois « chan- Interlocuteurs : qu’il me soit tiers » de son quinquennat. permis de rappeler, et les exemples  historiques abondent en ce sens, que c’est toujours avec les enne- a JUSTICE : la Cour européenne des droits de l’Homme a condam- mis d’hier qu’on fait la paix ! Les né la France, jeudi 25 juillet, pour « procès inéquitable » dans l’affaire seuls règlements efficaces sont Papon. Elle estime que la « mise en état » (se constituer prisonnier) ceux qui mettent face àface les d'un prévenu àla veille de l'examen d'un pourvoi en cassation est con- adversaires, pas les alliés (…). Je traire àla Convention européenne des droits de l’Homme. veux redire ma conviction qu’un a INCENDIES : plus de 200 hectares de végétation ont été détruits, dialogue public et transparent mercredi 24 juillet, par un incendie, sur la commune de Sainte-Tulle avec les autonomistes me paraît (Alpes-de-Haute-Provence). Dans l’Aude, 15 hectares de pinède ont éga- un choix raisonnable (…). Nous lement brûlé près de Lézignan-Corbières. Une nouvelle inédite de 16 pages avons en notre temps payé cher les a CONSOMMATION : la consommation des ménages s’est redressée initiatives de tel ou tel ministre de en juin, selon l’enquête mensuelle de l’Insee, publiée jeudi 25 juillet. Les Samedi 27 juillet, avec 0123 daté dimanche 28 - lundi 29 juillet 2002 l’intérieur qui, fort de prétendus dépenses en produits manufacturés ont augmenté de 1 %. La progres- réseaux, croyait pouvoir dîner avec sion a été de 0,9 % au deuxième trimestre (+ 0,4 % au premier trimestre). “le diable” sous la protection de la LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/9 RÉGIONS musiques en villes - 4

Prades souhaite démocratiser le violoncelle

Créé autour de la notoriété de Pablo Casals en 1950, ce festival, qui attire chaque année 30 000 visiteurs, semble ne pas encore être intégré dans la vie des Pradéens. La municipalité tente de rendre plus populaire cette manifestation jugée parfois trop élitiste par les habitants

PRADES (Pyrénées-Orientales) Ainsi, au hasard des rencontres, de notre envoyé spécial le Pradéen interrogé, s’il sait que le Entre Cerdagne et Roussillon, festival se tient fin juillet, sera bien dominée par l’emblématique mont incapable de donner la date exacte Canigou qui lui fait un décor de de la manifestation ou de citer un carte postale, Prades (Pyrénées- seul nom des musiciens invités. Les Orientales), quelque 6 000 âmes, commerçants, eux, auraient préféré capitale économique du Conflent, que le festival se tienne à une pério- se livre avec parcimonie aux visi- de moins estivale pour compenser teurs. Il faut, en effet, quitter la rue les périodes creuses d’activité…. principale, soit l’avenue Charles-de- A la mairie, les édiles précisent Gaulle, qui la balafre de part en que s’ils soutiennent et apportent part pour en découvrir les subtils leur quote-part à l’organisation du charmes et les petits coins de plaisir festival, ils n’en sont pas les dont l’entrelacs de ruelles étroites gérants. et fraîches aux trottoirs de marbre Jean-François Boher, premier ad- rose n’est pas l’un des moindres. joint au maire, reconnaît, toutefois, Au cœur de la bourgade, la place que ce n’est pas « un festival popu- de la République et ses mails de pla- laire au sens où on l’entend » et qu’il tanes centenaires valent le détour y a difficulté à « l’inscrire dans une pour y paresser, au plus fort de la dynamique supérieure ». Pourtant, chaleur, à la terrasse de l’estaminet dit-il encore, il faut le conforter, de votre choix. Mais il faut à tout l’élargir pour avoir d’autres retom- prix aller voir l’église Saint-Pierre bées économiques. « Il faut l’inclure (XVIe) et l’admirable retable en bois dans une grande manifestation de son maître-autel, chef-d’œuvre départementale, dans une dynami- du mobilier baroque catalan, dû au que régionale », avec des activités talent de Josep Sunyer, qui l’exé- annexes qui permettraient à la cuta de 1696 à 1699. « Prades fait population de mieux y participer. son travail discrètement, doucement, puis vous ensorcelle », assure Chris-   tine Hicks, Pradéenne de cœur qui Avec un budget équilibré de préside aux destinées de l’office du 550 000 euros – le prix des places tourisme. Tout comme la ville, ses est entre 12 et 30 euros –, le festi- habitants se livrent difficilement val se porte bien financièrement. Il aux quelque 30 000 visiteurs an- reçoit des subventions des diffé- nuels, dont une dizaine de milliers rentes collectivités locales de la pour le Festival Pablo-Casals de région et du ministère de la

musique de chambre, qui a lieu tra- / /« ’» culture. De ce côté-là, pas de sou- ditionnellement fin juillet. ci, donc. La cuvée 2002 est d’un Depuis un demi-siècle – le festi- a CENTRE-VILLE : entre Cerdagne et Roussillon, Prades offre au regard un décor de carte postale. excellent cru, selon les organisa- val 2002 est la 51e édition – le nom teurs, puisque d’ores et déjà elle de Prades est indissociablement lié me guerre mondiale éclate. La Fran- 1950, à 21 heures, dans l’église en vase clos, et il nous a ouverts au nom de leur petite commune, mais affiche complet ! à celui du grand maître du violon- ce est occupée par les nazis. Il tente Saint-Pierre de Prades, lorsque monde », assure-t-elle encore, la qui peut aussi apparaître à certains Michel Barret, ancien général à la celle, qui s’y réfugia une partie de un départ infructueux aux Etats- « Pau » Casals attaque la Suite nº 1 voix pleine d’émotion. comme élitiste ? Malgré les efforts retraite et vice-président du festi- sa vie et la fit connaître ainsi aux Unis. Retour à Prades, où il se cloî- en sol majeur pour violoncelle du Ensuite, le musicien se déplacera, de la municipalité, qui a essayé de val, n’hésite pas à expliquer que «le quatre coins de la planète musique. tre jusqu’à la fin du conflit. En 1946, Cantor. du moins pour ses prestations les le populariser, sinon de le démocra- festival existe en soi et appartient, en Tout commence en 1939, lorsque il décide de ne plus se produire en Le musicien commence alors une plus prestigieuses, à 2 kilomètres de tiser, en associant, notamment, les fait, à ceux qui veulent le prendre ». l’artiste catalan s’installe dans la public pour montrer son opposi- nouvelle carrière malgré ses 74 ans. là, dans l’abbaye romane de Saint- communes environnantes, le Festi- Sur l’élitisme reproché par certains, petite cité de la Catalogne fran- tion au régime fasciste espagnol. « J’ai été étonné de voir l’émotion des Michel de Cuxa, demeure des béné- val Pablo-Casals semble un peu en il tient à préciser : « Un musicien de çaise, après l’effondrement de la Mais l’année 1950 approche. Pradéens, je ne peux en rester là »,se dictins depuis 878, à l’admirable déphasage avec son environne- très haut niveau a besoin de jouer République espagnole. Il y est près C’est le bicentenaire de la mort réjouira le plus célèbre des violon- acoustique. ment. « C’est malheureux de consta- avec ses pairs. C’est l’essence même de ses compatriotes républicains de de Jean-Sébastien Bach. Pressé de cellistes devant Dolorès Gouzy, Mais quid des rapports des habi- ter que les jeunes ne connaissent du festival de Prades, sa magie. Une la retirada (l’exil), qui affluent nom- toutes parts, le « maître » accepte vieille dame charmante de main- tants avec un événement musical rien à Pau Casals et à sa musique », rencontre entre musiciens au top qui breux dans la région. Mais un mal- enfin de jouer publiquement. tenant 91 ans, familière de Pau certes prestigieux, et qui a fait constate un membre de l’associa- se connaissent et s’apprécient et qui heur ne vient jamais seul. La deuxiè- Grand moment d’émotion, le 2 juin Casals. « Ici, à l’époque nous vivions connaître internationalement le tion du festival. attire chaque année les amoureux de la qualité. Les artistes ne viennent D pas ici pour le public, mais pour Aude Tuchan Vingt-sept concerts en terre catalane A. 9 jouer entre eux, dit-il encore. Mécon- e b Saint-Laurent- naître cette réalité, c’est faire fi de Le 51 Festival Pablo-Casals Bach, et aux musiques tziganes Renseignements : les tarifs de-la-Salanque Rivesaltes l’âme du festival. Y toucher ce serait de Prades se tient, du 26 juillet et russes. des concerts varient, selon Axat Saint-Paul- Agly au 13 août, dans douze lieux b Autres manifestations : les lieux et les horaires, de 12 de-Fenouillet comme fêler une porcelaine… » différents. l’université d’été catalane, à 30 euros. Des abonnements Michel Barret prépare un ambi- b e C t PERPIGNANN. 114 tieux projet de site Internet à l’usa- Programme : 27concerts, dont 34 édition, du 15 au 24 août ; sont possibles. Les concerts Tê Millas deux concertos de Prague de l’Académie internationale et conférences à 11 heures N. 116 D. 615 ge des musicologues en français, er Mozart, des récitals de piano de de musique, du 1 au 14 août ; et 16 heures sont gratuits. Vinça Thuir Elne anglais et catalan pour « rendre le N. 9 ch festival Pablo-Casals à Prades, bien Mozart, Busoni, Brahms et Fauré, les Journées romanes (liturgie, Bureau du Festival Pablo-Casals : Olette Te des trios de violon, violoncelle arts et architecture de l’époque BP 24, 33, rue de l’Hospice, sûr, mais, au-delà, au monde ». Prades ROUSSILLON Argelès- P sur-Mer et piano sur des airs de Haydn, romane) à Saint-Michel de Cuxà. 66502 Prades Cedex ; Arles- Ceret es N b Pyrénées- lbèr sur-Tech es A Ali Habib Dvorak, Schubert, Beethoven Autres curiosités : tél. : 04-68-96-33-07; e-mail : s p i r e d Orientales l e aîn et Ravel. Une conférence sur l’église Saint-Pierre, festival@[email protected] ; a l Ch V ESPAGNE la musique tchèque et l’Europe, avec son mobilier baroque, site Internet : Prats-de- PROCHAIN ARTICLE Mollo-la-Preste un concert d’orgue d’œuvres de le trésor de l’église http ://pro.wanadoo 15 km Javols (Lozère) Bach, Vivaldi, Franck, Mendelssohn et celui de l’abbaye Saint-Michel .fr/festival.casals. et Brahms, une soirée Mozart de Cuxà. Office du tourisme : 4, place raconté aux enfants. b Pour s’y rendre : Victor-Hugo, 66500 Prades ; Une programmation ouverte aux jeunes compositeurs Sans oublier les soirées par le train, gares de Perpignan tél. : 04-68-05-41-02 ; e-mail : thématiques consacrées à et de Narbonne ; [email protected] ; Beethoven, Mozart, Schubert, par avion, aéroport de Perpignan site : prades-tourisme.com UN FESTIVAL français fondé Menuhin, Christian Ferras, Paul jours à Paris, au Théâtre des par un violoniste américain pour Tortelier, Myra Hess… Champs-Elysées, hors période es- un violoncelliste catalan au nom Pour les « successeurs » de tivale. du bicentenaire d’un compositeur Casals, maintenir le niveau d’exi- Il s’est aussi internationalisé, Partez en vacances avec allemand : tel est en 1950 l’état gence est un devoir et une prio- induisant des partenariats avec la Partez en vacances avec civil du premier Festival de Pra- rité. Le festival s’ouvre à la musi- Finlande, le Brésil, les Etats- € Pour les suspensions ou transferts vacances : 0 825 022 021 (0,15 TTC la minute) des, l’un des plus anciens en que baroque, et se fixe à l’abbaye Unis… FAITES SUIVRE OU SUSPENDRE Vous êtes abonné(e) ou par Internet : www.lemonde.fr (Rubrique «le quotidien/abonnements») VOTRE ABONNEMENT Votre numéro d’abonné (impératif): France, avec Aix, Strasbourg et de Saint-Michel-de-Cuxa. Aujourd’hui, qu’en est-il de l’es- PENDANT VOS VACANCES: Prénom:...... Nom: ...... Menton. La commémoration de la Dès 1970, une académie de prit de Pablo Casals ? Le paysage Commune de résidence habituelle (impératif): mort de Bach et l’insistance de musique est créée : pour de nom- musical pradéen a beaucoup évo- son ami, le violoniste new-yorkais breux jeunes musiciens français, lué, donnant parfois l’impression Retournez ce bulletin au moins ❏ Suspension vacances (votre abonnement sera prolongé d’autant) 10 jours à l’avance sans oublier de Alexander Schneider, auront fait Prades est devenu incontour- d’un excessif turnover, tant sur le du: ...... au: ...... nous indiquer votre numéro d’abonné fléchir Pablo Casals, alors âgé de nable. plan des interprètes, parfois plé- ❏ (en haut à gauche de la «une» de votre Transfert sur le lieu de vacances (France métropolitaine uniquement) 74 ans, qui accepte de rejouer en En 1982, le clarinettiste Michel thoriques au sein d’un même journal). du: ...... au: ...... public. Lethiec, responsable de l’acadé- concert, que d’une programma- Votre adresse de vacances: Depuis 1946, le célèbre violon- mie, se voit confier les rênes d’un tion nécessairement plus ludique Si vous êtes abonné par prélève- celliste s’est en effet refusé à festival qu’il dirige toujours. Si les qu’édifiante au sens « casalsien » Prénom:...... Nom: ...... ment automatique, votre compte sera toute apparition publique, « tant grands noms se sont quelque peu du terme. prélevé au prorata des numéros servis Adresse: ...... que les démocraties ne prendront raréfiés, le répertoire s’est élargi, Mais les grands violoncelles dans le mois. Code postal: Ville: ...... pas leurs distances avec l’Espagne faisant la part belle à la musique n’ont pas oublié le chemin de l’ab- franquiste », fidèle aux positions française, aux partitions contem- baye – Arto Noras, Miklos Pere- Vous n’êtes pas abonné(e) Pour tout autre renseignement : 01-44-97-54-54 de 8 h 30 à 18 h RECEVEZ LE MONDE SUR du lundi au vendredi, ou par Internet : [email protected] prises dix ans plus tôt, qui le poraines et aux compositeurs en nyi, Pieter Wipelswey, Lluis Cla- LE LIEU DE VOS VACANCES. Votre adresse de vacances: 201MQVEC virent s’exiler d’Espagne, puis résidence (Boucourechliev, Lan- ret, Frans Helmerson et Truls Retournez-nous au moins 10 jours à du:...... au: ...... s’installer en 1939 dans le petit vil- dowski, Penderecki…). Cette an- Mork. Quant au cru 2002, il voit l’avance ce bulletin accompagné de Prénom:...... Nom: ...... lage pyrénéen de Prades. née, par exemple, ce sera le le retour de Jordi Savall, espéré votre règlement. Adresse: ...... Le 2 juin 1950, Casals interprète compositeur tchèque Krystoph depuis un mythique concert de Code postal: Ville: ...... donc l’une de ses chères Suites de Maratka. 1989, deux créations contempo- DURÉE FRANCE Bach. Puis, de 1950 à 1966, année raines de Hans Jorgen Bose et de Votre adresse habituelle:     2002 ❏ 2 semaines (13 n°)...... 14,60 €/(95,77 F) qui verra le départ du maître, Suzanne Giraud, ainsi que l’instau- Adresse: ...... ❏ 3 semaines (19 n°) ...... 21,10 €/(138,41 F) Prades verra défiler les grands du Grâce à son vivier de jeunes ration de rencontres amateurs des- monde musical – Clara Haskil, musiciens (une académie chorale tinées aux non-professionnels. Un ❏ 1 mois (26 n°) ...... 26,35 €/(172,84 F) Code postal: Ville : ...... ❏ Rudolf Serkin, Wilhelm Kempff, a également été fondée en 1984) programme à la hauteur du grand ❏ 2 mois (52 n°) ...... 57,60 €/(377,83 F) Votre règlement: Chèque bancaire ou postal joint ❏ Julius Katchen, Mieczyslav Hor- et sa garde de maîtres pédago- Casals, qui dort depuis 1973, aux ❏ € F Carte bancaire n°: 3 mois (78 n°) ...... 85,60 /(561,50 ) szowski, mais aussi Eugene Isto- gues, Prades a essaimé dans les îles Caraïbes près de Porto Rico. ❏ 12 mois (312 n°) ...... 301,50 €/(1.977,71 F) En France métropolitaine uniquement. Date et signature obligatoires: Bulletin à renvoyer à : Le Monde - Service Abonnements min, Joseph Szigeti, David Oïs- villages avoisinants. Depuis 1992, Offre valable jusqu’au 31/08/2002 60646 Chantilly Cedex trakh, Arthur Grumiaux, Yehudi il s’offre même un séjour de trois Marie-Aude Roux 10/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » Ð Ses collègues, Et amis du laboratoire Cognition et Développement, CNRS-Paris-V, Anniversaires de naissance ont l'immense tristesse de faire part du décès accidentel, le 22 juillet 2002, à Chaïm Potok Maman, Marinette, l'âge de cinquante-six ans, de nous te souhaitons un très joyeux anniversaire. Jean-Pierre LECANUET, Romancier et rabbin directeur de recherche au CNRS, ancien directeur du laboratoire Claire, de psychobiologie du développement sa fille, L’ÉCRIVAIN américain Chaïm Chaïm Potok est également son milieu, retranché derrière les (EPHE-CNRS), Potok est mort mardi 23 juillet à l’auteur d’une histoire du peuple barrières de la coutume ances- Thibaud, son fils, vice-président du CCPPRB son domicile près de Philadelphie, juif. « Dans les villages dévastés de trale. Michel, Paris-Cochin. en Pennsylvanie, à l’âge de 73 ans. la Corée et les merveilleux temples C’est sans conteste son dernier son compagnon, Né dans le Bronx le 17 février japonais, dans le grouillement des livre, un petit chef-d’œuvre com- et Landri. Jean-Pierre Lecanuet était l'un des quelques grands spécialistes 1929 au sein d’une famille juive ruelles de Chine et des impasses sor- parable à L’Etranger de Camus ou internationaux du développement pré et polonaise chassée après la Gran- dides de Macao, toute la parfaite et bien au Silence de la mer de Ver- Mariages postnatal. de Guerre par l’antisémitisme, le antique cohérence de mon passé cors, qui devait couronner l’iti- Chercheur brillant, d'une inlassable romancier était « un grand érudit s’effondra », écrit-il dans Une his- néraire romanesque de ce conteur Ð Enghien-les-Bains (Val-d'Oise). curiosité intellectuelle, il savait pratiquer et un auteur brillant », selon la toire du peuple juif des origines à rigoureux, inclassable. Avec Le l'humour comme une seconde nature et, Chantal et Christian MÉGRELIS par-dessus tout, accorder aux autres son directrice de la synagogue où il nos jours (Ramsay, 1996, Pocket, Docteur Rubinov (Buchet Chastel, ont la joie de faire part du mariage de indéfectible générosité. officiait en tant que rabbin. Après 1998). Et plus loin : « Les premiè- 2002), Chaïm Potok tourne résolu- leur fille Les membres du laboratoire perdent des études juives avancées et res années de ma vie m’avaient pré- ment le dos au « politiquement un collègue aux qualités humaines après avoir obtenu ses diplômes paré à tout sauf aux deux rencon- correct » et raconte la métamor- Elisabeth, Aliénor, exceptionnelles. Ils partagent la douleur avec de littératures anglaise et hébraï- tres qui suivirent, d’abord avec un phose d’un jeune juif originaire de ses proches et leur témoignent leur Nicolas RUELLE, profonde sympathie. que, il est ordonné rabbin, tendan- vaste ensemble de cultures qui  d’un shtetel ukrainien en l’un des ce conservatrice, en 1954, avant vivaient parfaitement bien sans plus habiles officiers de la police le 27 juillet 2002, en l'église réformée de d’effectuer son service militaire judaïsme et sans juifs, ensuite la sance ; par sa puissance on peut stalinienne. l'Etoile, à Paris. Anniversaires de décès – comme aumônier – pendant la confrontation entre le beau et l’hor- empêcher un fusil de tirer ». C’est Sauvé d’une blessure mortelle Ð Le 26 juillet 2001, mon père, guerre de Corée. rible dans un monde peuplé cette rupture entre le repli sur soi au temps de la guerre civile par un d’Orientaux (…). L’histoire juive et l’ouverture au grand monde qui médecin juif assimilé en quête Décès Bartolomé MARTI,      commence dans un monde païen : donne valeur et prix à l’ensemble d’identité, le docteur Rubinov, Ð Sami Castro, rejoignait Après 1957, il devient rédacteur mon propre judaïsme se transfor- de l’œuvre du romancier judéo- l’enquêteur stalinien va retrouver son époux, en chef de la revue Conservative mait dans un monde païen lui aus- américain. son bienfaiteur devenu accusé Bernard et Dana Castro, mon frère, Judaism ainsi que directeur de la si. » Ainsi, dans Je m’appelle Asher quelques décennies plus tard dans Anne et Thierry Castelan, Société des publications juives de C’est justement ce cri-confes- Lev (Buchet Chastel, 1978), roman le cadre des procès intentés par Philippe et Adeline Castro, Jean Gabriel, ses enfants, Pennsylvanie. Après avoir soutenu sion qui marque la cassure entre qui l’avait rendu célèbre, le rabbin Staline aux « assassins en blouse Roxane, Eléonore, Marianne, Barbara, décédé le 18 avril 1973, sa thèse Rationalisme et scepticis- le « communautarisme » étroit philosophe raconte l’histoire d’un blanche ». Le docteur Rubin Sullivan, me de Solomon Maimon (philoso- d’une partie de la population juive enfant doué pour la peinture meurt sous la torture alors que ses petits-enfants, ma sÏur, phe et lettré juif né en Pologne, terrifiée par le bain de sang du (comme Chaïm Potok lui-même). Leon Shertov, le flic, comprend Ses sœurs, parents et alliés, 1753-1800), Chaïm Potok ensei- Moyen-Orient ainsi que par la Bravant les interdits de la religion, son crime et trouve refuge à ont l'immense douleur de faire part du décès, à l'âge de soixante-dix-sept ans, Marie-Marguerite, gne dans plusieurs universités délégitimation de l’Etat d’Israël imposés par les siens et les hassids l’Ouest, où il racontera sa sordide de tout en continuant une carrière lit- pratiquée par certaines classes de Brooklyn, il entend se consa- histoire. Car, dit Potok dans ce décédée le 18 juin 1984, téraire féconde. politiques, d’une part, et, de crer entièrement à sa vocation, récit d’une remarquable écono- Sara-Yvonne CASTRO, ma maman, Son œuvre romanesque, ainsi l’autre, la vision messianique, uni- honnie par la tradition. Heureuse- mie, et dénué de tout pathos : née KOHEN. que ses essais, pièces de théâtre et versaliste de l’auteur. En effet, ment pour la vie d’Asher, le rab- « (…) sans histoires il n’y a plus Ses obsèques se sont déroulées à Gisèle GRASSI, récits pour enfants, est consacrée pour Chaïm Potok, qui s’exprime bin qui dirige la vie spirituelle jui- rien. Les histoires sont la mémoire Paris, dans l'intimité, le mercredi à la vie juive, aux contradictions ainsi dans l’un de ses meilleurs ve du quartier comprend mieux le du monde. Sans histoires le passé 24 juillet 2002. décédée le 8 mai 2001, entre tradition et modernité, romans, L’Elu (Calmann-Lévy, destin exceptionnel de son jeune s’efface. » Chaïm Potok ou la entre sciences, légendes et mytho- 1969), au sujet de la peu produc- protégé. Hélas, l’exposition triom- mémoire du siècle ! 79, boulevard Exelmans, ma sÏur, 75016 Paris. logies depuis l’apparition des tive « thérapie du silence », «la phale du petit peintre, devenu Marie-Jeanne, Lumières jusqu’à aujourd’hui. parole possède une grande puis- adulte, allait le séparer à jamais de Edgar Reichmann Ð Franckie Tacque-Debaisieux, décédée le 22 juin 2001. Lorène Debaisieux et Dominique Borron, Antoinette Marti Sylvestre. Jérôme et Ariane Debaisieux, Lord Weinstock René Roué Anaïs, Camille, Clara et Raphaëlle, ont la profonde tristesse de faire part du Ð 20 février 1948 - 25 juillet 1999. décès de Le financier qui détestait la City Un médecin militaire hors norme Isabelle, Georgette, Noella, Eliane WOOG-ARDOIN. Paul DEBAISIEUX, CONSIDÉRÉ COMME le plus chée des tycoons alors à la mode, LE DOCTEUR RENÉ ROUÉ, du service de santé pour l’armée officier de l'ordre national du Mérite, grand industriel britannique de les Nadir, Maxwell, Hanson. médecin chef hors classe, a trou- de terre à Paris. Parallèlement à l’après-guerre, Lord Weinstock, L’échec du radar volant Nimrod et vé la mort, samedi 20 juillet, alors son activité en métropole, il survenu le 23 juillet 2002, à l'âge de mort mardi 23 juillet à son domici- une première OPA ratée sur le con- qu’il se baignait face à la plage mène des missions médicales à soixante-douze ans. le de Wiltshire, à l’âge de 77 ans, a current Plessey déstabilisent le des Portes-en-Ré (Charente- Beyrouth (1982), Cayenne (1985) été le fondateur de la General Elec- groupe. Maritime). Avec cette disparition, et Libreville (1989). La cérémonie religieuse suivie de tric Company (GEC), rebaptisée A la mi-1985, Weinstock est sur la médecine militaire française Ses élèves, ses patients, comme l'inhumation aura lieu le samedi Soutenances de thèse Marconi. S’il laisse le souvenir la sellette. « Je déteste la City, qui perd l’un de ses plus fidèles et tous ceux qui l’ont connu, gar- 27 juillet, à 10 h 30, en l'église Saint- Ð M. Edwin Matutano a soutenu, le Augustin, Paris-8e. d’un patron autocrate, froid, cas- n’est impressionnée que par le l’un de ses meilleurs servants. Ce dent le souvenir d’un homme cha- 1er juillet 2002, sa thèse de doctorat sant et parfois grossier, il a été un brillant et les paillettes, alors que ce clinicien au profil atypique, spé- leureux, débordant de dynamis- en droit public, intitulée : Ç Les Cet avis tient lieu de faire-part. gouvernements minoritaires dans capitaine d’entreprise hors pair. qui compte, c’est la solidité d’une cialiste reconnu de pathologie me, d’un clinicien et d’un ensei- les régimes parlementaires Né à Londres le 29 juillet 1924, société », déclare ce personnage infectieuse, avait notamment, gnant de grand talent. Cet huma- Ð C'est avec une immense tristesse contemporains depuis 1945 È. ce fils d’immigrés juifs polonais, renfermé, qui fuit les médias. Sa avec tact et courage, su, au milieu niste engagé sous le drapeau trico- que l'institut de psychologie de Le jury, après en avoir délibéré, lui a très tôt orphelin, s’est intéressé au rapidité de réaction, conjuguée au des années 1980, dire la vérité épi- lore, s’il était respectueux des l'université René-Descartes décerné le titre et le grade de docteur moindre détail financier de son sang-froid en toute circonstance, démiologique concernant l’épidé- règles militaires, savait aussi s’en fait part du décès accidentel de avec la mention Très Honorable et les félicitations du jury. entreprise, au point de s’écrier lors permettent à l’assiégé de rebon- mie de sida dans l’armée françai- affranchir quand il le jugeait Jean-Pierre LECANUET, d’une séance de contrôle budgétai- dir : il forge des alliances avec les se. nécessaire, à l’image de ses illus- re : « Nous n’avons pas le droit de plus dangereux de ses rivaux, com- Né le 6 janvier 1943, à Charlieu tres prédécesseurs que furent, en survenu le 22 juillet 2002. CARNET DU MONDE jeter par les fenêtres l’argent de cet- me Siemens, l’américain General (Loire), fils de gendarme, René terre africaine, Eugène Jamot et TARIFS année 2001/2002 - TARIF à la ligne te compagnie qui appartient à ses Electric, ou Alcatel. Grâce à l’entre- Roué entre en octobre 1961 à Léon Lapeysonnie. C’est ainsi Directeur de recherche au CNRS, DÉCÈS, REMERCIEMENTS, actionnaires. » Arnold Weinstock a gent de Lord Prior, ancien ministre l’Ecole du service de santé des que, très inquiet, au milieu des notre ami Jean-Pierre menait son activité AVIS DE MESSE, me au sein de l'UMR Cognition et ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS été aussi un sentimental parfois de M Thatcher, à la présidence, le armées de Bordeaux. Il est nom- années 1980, de l’impact poten- 22 € - 144,31F TTC er Développement. simplet qui avait l’habitude de com- gouvernement tory ferme les yeux mé médecin le 1 janvier 1966 et tiel que pourrait avoir l’épidémie La communauté scientifique perd un TARIF ABONNÉS 18,50 € - 121,35 F TTC mencer sa journée en s’enfermant devant l’activisme de ce battant, complète sa formation à l’Ecole de sida dans l’armée française, éminent spécialiste du développement NAISSANCES, ANNIV. DE NAISS., MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS dans sa chambre à coucher pour qui, à l’occasion, se transforme aus- d’application et centre d’instruc- René Roué fut le premier, en pré et postnatal. Ses collègues perdent un FORFAIT 10 LIGNES conduire, baguette en main, un si en raider, accrochant successive- tion et de recherches du service dépit du culte du secret et de sa homme de qualité, un compagnon 120 € - 787,15 F TTC quotidien d'une richesse intellectuelle, orchestre imaginaire, tout en écou- ment à son palmarès d’anciens con- de santé des troupes de marine à hiérarchie, à dire que des militai- Ligne suppl. : 12 € - 78,71 F TTC d'un courage et d'une générosité hors du TARIF ABONNÉS 100 € - 655,96 F TTC tant, parfois les larmes aux yeux, currents plus en pointe que GEC Marseille. Il est reçu docteur en res étaient atteints par cette affec- commun. Ligne suppl. abo. : 10 € - 65,60 F TTC une œuvre de Mozart ! sur le plan technologique (Plessey- médecine le 11 décembre 1967. tion virale, sexuellement transmis- Profondément touchés par cette THÈSES - ÉTUDIANTS : 13,35 € - 87,55 F TTC Après des études de statistiques Ferranti, VSEL…). L’échec en 1991 En août 1968, René Roué est affec- sible (Le Monde du 5 juillet 1987). disparition, les membres de l'institut de COLLOQUES - CONFÉRENCES : Nous consulter à l’université de Londres, ce d’un premier projet d’alliance avec té en qualité de médecin chef du Il obtint ainsi une accélération de psychologie s'associent à la douleur de leur collègue Françoise, son épouse, et m01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 brillant sujet se fait les dents en British Aerospace (BAe), le princi- secteur de Timimoun au profit de la lutte préventive contre le sida l'entourent de toute leur sympathie. Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected] participant à la gestion du parc pal client en électronique militaire la mission médicale française au dans les armées françaises. immobilier d’une société privée. de GEC-Marconi, restera le plus Sahara. La hiérarchie militaire Soucieux de conserver son acti- En 1947, Sir Michael Sobell, célè- grand regret de Lord Weinstock. mentionne que, durant les quatre vité de soignant, René Roué bre fabricant de téléviseurs, enga- années de son séjour saharien, il avait, enfin, préféré conserver le ge celui qui devait épouser sa fille   a « étonné par son sens de l’effica- grade de médecin chef hors classe deux ans plus tard. Son ascension Amateur de chevaux, ce proprié- cité, sa parfaite organisation et son à celui, a priori plus prestigieux, est fulgurante, culminant en 1961 taire de pur-sang a été un franco- souci constant du malade ». Ses de général. avec le rachat de GEC, dont il phile avéré, qui n’a pas hésité à amis gardent aussi en mémoire DOSSIERS&DOCUMENTS devient quelques années plus tard s’allier à Alcatel-Alstom, avec qui que, durant ce séjour, il s’est heur- Jean-Yves Nau LITTÉRAIRES directeur général, poste qu’il con- il a créé en 1998 GEC-Alstom. En té aux autorités algériennes pour servera tout au long de sa vie pro- 1996, après une carrière bien rem- avoir identifié et fait connaître A LIRE EN LIGNE fessionnelle. plie, Lord Weinstock a laissé les l’existence du premier foyer de commandes d’une entreprise floris- paludisme au Maghreb. Celui qui Retrouvez sur le site du monde   sante à son dauphin, Lord Simp- avait un moment envisagé de (www.lemonde.fr/carnet), le détail Dans les années 1970, l’empire son. On imagine quels déchire- s’orienter vers la psychiatrie se des nominations, l’essentiel des lois, L’enfant et l’écrivain GECne cesse de s’étendre tous azi- ments internes le fondateur de prend alors de passion pour le décrets et décorations parus au Jour- muts dans la défense, la télépho- GECa dû ressentir à l’annonce, en désert ainsi que pour la lutte con- nal officiel, ainsi que les adresses nie, l’informatique, secteurs alors 1999, du rachat par BAe de la filia- tre les maladies infectieuses. des sites publiant des documents nationalisés, et lui garantissant le d’électronique militaire de GEC. significatifs. Paradis recomposé, l’enfance une rente de situation. Si le contrô- Sous la houlette de Simpson, le    ’ le financier des filiales est sour- groupe a choisi de renier jusqu’à De retour en métropole, René JOURNAL OFFICIEL est pour l’écrivain une matrice capitale : cilleux, Arnold Weinstock leur lais- son propre nom en adoptant Mar- Roué rejoint en septembre 1973 Au Journal officiel du mercredi se entière liberté en matière de ges- coni pour symboliser sa complète l’hôpital d’instruction des armées 24 juillet sont publiés : école sensible du bonheur, temps tion, de politique industrielle et transformation en société de télé- du Val-de-Grâce, où il est promu b Catastrophe naturelle : un ar- commerciale. Mais l’arrivée au pou- communications et de technolo- médecin principal en avril 1975. rêté portant constatation de l’état de violence et de ruptures aussi. voir de Margaret Thatcher en gies de l’information. Mais l’équi- Après une courte affectation à de catastrophe naturelle dans plu- 1979, l’introduction de la concur- pementier aujourd’hui est au bord l’hôpital des armées Sédillot, à sieurs départements. Très souvent, un creuset autobiographique rence, notamment étrangère, les de la faillite à la suite d’une fringa- Nancy, il rejoint, en juillet 1978, b Accord international : un dé- privatisations et le succès des le d’acquisitions onéreuses, de l’ef- l’hôpital d’instruction des armées cret portant publication de l’ac- décisif. conglomérats attrape-tout dé- fondrement des « dot coms » et Bégin à Saint-Mandé (Val-de- cord euro-méditerranéen établis- stabilisent GEC. L’obsession de la d’erreurs de gestion. La fin d’une Marne), où il est nommé chef du sant une association entre les réduction des coûts, le refus de belle saga industrielle comme la service de pathologie infectieuse Communautés européennes et l’endettement pour financer l’ex- Grande-Bretagne en a connu et tropicale le 1er janvier 1982. A leurs Etats membres, d’une part, et pansion et le manque d’investisse- tant... la même date, il est nommé dans le Royaume hachémite de Jorda- € ments en recherche et technologie la chaire d’hygiène, écologie et nie, d’autre part, fait à Bruxelles le Juillet 2002 - 8 pages - 2,10 déplaisent à la City, tout amoura- Marc Roche ergonomie à l’Ecole d’application 24 novembre 1997. LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/11 HORIZONS

123 4 5 6 7 8 9 10 11 12 UEL est le plus impres- sionnant ? On ne sait trop. L’aridité squelet- tique du Sahel, pro- vince de rocaille et de mouches où le Front populaire de Q libération d’Erythrée DANS LES (FPLE) a installé de- MAQUIS puis 1974 sa « base arrière » ? La jeunesse des combattants maquisards adolescents d’une « sierra maestra » africaine ? Ou bien encore la rigueur spartiate qui règne dans ces rudes bivouacs, et qui fait du Front un noyau révolutionnaire dur comme un silex, une communauté ascétique et intransigeante ? Mieux que toutes les proclamations politi- ques, un certain « climat » définit d’abord le D’ÉRYTHRÉE FPLE. Mélange d’espièglerie scoute, d’austé- rité vertueuse et de roides certitudes. Reins brisés par dix ou quinze heures tressautantes sur la caillasse, on saute d’un gros camion Fiat pour suivre un guérillero de 17 ans. Der- rière le rond d’une lampe électrique, il vous conduit à la « tente des hôtes » dissimulée sous les épineux. Pas de doute : voilà une autre planète ! A la vérité, la transition n’est pas si brutale. Les trois jours de voyage, lents et difficiles (pour partie à dos de chameau) au départ de Rebelles Port-Soudan, représentent une première du FLE introduction au mystère du FPLE. Mystère ? en Erythrée, Ce front pauvre et isolé est parvenu, depuis en 1977. un an, à mettre en déroute « l’armée rouge » éthiopienne en grignotant du même coup les positions du front concurrent, le FLE (Front de libération de l’Erythrée), riche pourtant du soutien arabe. Quinze jours suffisent à s’en convaincre : ce n’est pas par hasard. De Port-Soudan à Faha (puis jusqu’à Keren et même jusqu’aux abords d’Asmara), sur les 400 kilomètres de sable et de marais qui bordent la mer Rouge, fonctionne aujour- d’hui une sorte de « piste Ho-Chi-Minh » érythréenne. Reliant les maquis au grand port soudanais et au monde extérieur, elle témoigne de l’appui bienveillant qu’apporte Karthoum aux deux fronts de libération. Il n’en fut pas toujours ainsi. En 1974, par exemple, aux temps de la « neutralité souda- naise », la seule voie de ravitaillement pour le FPLE, c’étaient les boutres incertains venant d’Aden chargés de kalachnikovs puis les caravanes de chameaux reliant, entre deux mitraillages de l’aviation « coloniale », les rivages étouffants de Mersay-Teklay à la « base arrière ». Nuit et jour maintenant, les /  énormes GMC criblés de balles ou les a été désavouée en 1976. Or cet isolement, de seize jours autour de la forteresse d’Alghe- Certes, la « base arrière » n’est tout de camions Mercedes pris à l’armée éthiopien- Décembre 1977. L’armée dont on disait qu’il affaiblirait rapidement le na. Le Front s’agrippa ensuite au terrain. Dif- même pas devenue la « zone industrielle » ne labourent les pistes de cette « Sudanese Front, l’a au contraire raffermi et radicalisé. ficilement. Ateliers minuscules abrités dans qu’évoquent parfois des maquisards portés à Connection » et réveillent en fanfare ces villa- éthiopienne tente en vain Ses dirigeants ont relevé le défi. Le mot d’or- les grottes, infrastructures légères camou- l’emphase héroïque. Il n’empêche ! Le stade ges de pisé accroupis en des siestes poussié- dre d’« autosuffisance », lancé au début de flées sous les arbustes : c’était le temps des du bricolage clandestin est largement dé- reuses. Karora, Merafit, Agig, Tokar… Les de reprendre la ville d’Asmara, 1977, et répété à l’infini dans les maquis, petits moyens, des vaches maigres et des passé. Le Front est parvenu à réduire au équipes du Front qui traversent sans problè- qui deviendra, quinze ans paraît même avoir décuplé les énergies. «Le gros risques. strict minimum ses achats extérieurs (essen- me le nord du Soudan changent simplement 22 mars 1976, nous avons rompu avec Sabbé, L’aviation d’Addis-Abeba bombardait plu- ce, conserves, grain notamment). Il peut les plaques de leurs camions à la frontière et plus tard, en 1993, la capitale nous disait un responsable. Il nous avait pré- sieurs fois par jour la vallée. Le ravitaillement demain, si besoin est, atteindre à une autar- déposent leurs armes avant de quitter dit que, privés de son aide et de l’argent arabe, n’arrivait qu’au compte-gouttes. « Nous avi- cie quasi totale. l’Erythrée. Exception faite des cafés à la car- de l’Erythrée indépendante. nous disparaîtrions. Or, le 22 mars de l’année ons en tout et pour tout, raconte “Nicky” Mais l’amélioration de l’outillage et l’exten- damome avalés à la hâte dans des cahutes Jean-Claude Guillebaud a passé suivante, nous avons pris la garnison de Nakfa Kifle, un responsable politique, un camion sion des ateliers ne sont pas les seuls signes soudanaises qui n’ont pas dû être rafistolées aux Ethiopiens. Nous avons choisi la date. Nak- Mercedes et trois tracteurs aménagés pour de changement à Faha. La « base arrière », depuis Henri de Monfreid, les « camarades » plusieurs semaines dans les fa, c’était notre réponse politique à Sabbé. » transporter des sacs de grains. Des comman- en réalité – et même si peu de chose est visi- érythréens n’ont pourtant que peu de con- Loin de marquer un déclin, l’année 1977 dos suicides entraient parfois à Asmara pour ble au premier coup d’œil – est une véritable tacts avec ce pays « ami ». zones tenues par la guérilla, aura été celle des succès militaires (et politi- voler un camion… » ville de plusieurs milliers d’habitants, étirée Semés de loin en loin tout au long du ques) pour le FPLE. La prise des villes de Comparée à ces débuts périlleux de la le long de la rivière Hatra. Or, cette ville s’est trajet, des porte-relais du FPLE assurent le dans des conditions si rudes Karora, Nakfa, Afabet, Keren, Elaberet, Deca- « longue marche », la situation actuelle a de considérablement étoffée. A l’extrême nord, ravitaillement (frugal), l’hébergement des qu’il en est revenu malade. mere, pour ne citer que les principales, n’a quoi impressionner. Dans le Sahel depuis près du parc à camions et des entrepôts, le chauffeurs et la réparation minutieuse des pas seulement montré la déliquescence de longtemps libéré, et même dans les provin- camp d’entraînement abritait, quand nous y véhicules. Ils constituent une sorte d’excrois- Mais conquis. l’armée éthiopienne. Elle a bouleversé la ces de Senhit ou de Samat, on circule désor- sommes passés, de 1 500 à 2 000 recrues (les sance du Front en territoire soudanais, un situation et les rapports de force à l’intérieur mais à découvert, de jour comme de nuit. succès du FPLE ont suscité des vagues de ral- « doigt de gant » logistique et idéologique. De ces souvenirs, il tirera, des maquis en fournissant au FPLE de nou- Finis les cheminements nocturnes des longs liements spectaculaires). Plus au sud a été Ainsi, de Faha à Port-Soudan, les militants en 1988, un roman, « Le veaux moyens, des sources d’approvisionne- détours et les lentes caravanes qu’un F5, par- bâti, au cours des deux dernières années, un ne quittent guère l’organisation. Bien ment en armes et en matériel. Les change- fois, venait mitrailler (ici et là des files d’osse- village de réfugiés civils (1 300 personnes) qu’aidé par Khartoum, le FPLE, qui se récla- Voyage à Keren », récompensé ments spectaculaires intervenus à Faha en ments blanchis rappellent cette période). Les pris en charge par le Front, un orphelinat de me d’un marxisme-léninisme pur et dur, se portent témoignage. « avions de Menguistu » (le chef d’Etat éthio- 900 enfants, un centre de formation pour les sent étranger au régime « bourgeois » du par le prix Roger-Nimier. Hier encore, cette « base » qui s’étend sur pien), mobilisés sur d’autres fronts, ont dispa- « vanguards », jeunes militants de 14 à président Nemeiry. On salue, certes, les une quarantaine de kilomètres entre les crou- ru du ciel. En outre, chaque ville capturée a 17 ans (un millier de garçons et filles), plu- « alliés », mais on garde ses distances, avec, Ecrivain et éditeur, pes rocailleuses du Sahel n’était qu’un cam- fourni au Front un précieux butin : armes sieurs hôpitaux et blocs opératoires souter- parfois, une ironie vaguement agacée. Jean-Claude Guillebaud pement précaire dispersé dans le creux des lourdes et légères récupérées par milliers, rains, trois centres de regroupement pour les Bien avant de pénétrer en Erythrée, le visi- vallées. Fondé en 1970 sur les hauts plateaux stocks de matières premières (bois, cuir, tis- prisonniers éthiopiens (le FPLE détient envi- teur est mis au diapason du FPLE : aucune a été successivement entourant Asmara, le FPLE avait dû se re- su, fer) raflés dans les usines et surtout véhi- ron 4 000 prisonniers éthiopiens), etc. hiérarchie apparente, peu de rapports d’auto- plier ici, sur ces basses terres de nomades, cules en très grand nombre. Le FPLE aligne Il paraît loin, c’est vrai, le temps du maigre rité, égalité absolue, pas de propriété indivi- grand reporter après la guerre civile qui opposa les deux aujourd’hui plusieurs centaines de camions, refuge de guérilleros faméliques. Plus riche duelle, une discipline librement consentie et à « Sud-Ouest », au « Monde » fronts entre 1972 et 1974. Il lui avait fallu camionnettes ou Land-Rover et dispose du et victorieux, le FPLE n’a pas pour autant une efficacité qui tranche sur l’impavide et d’abord en chasser l’armée éthiopienne, ce monopole du transport dans les territoires pris ses aises. Peu s’en faut. La bonne foireuse lenteur soudanaise. Quant à l’ascé- puis au « Nouvel Observateur » qui fut fait fin 1973 au terme d’une bataille libérés. humeur qui règne aujourd’hui dans les tisme, il n’est pas seulement l’héritage d’un Quant aux centaines de kilomètres de rou- maquis ; les fous rires adolescents qui écla- passé difficile. C’est un gage de rigueur politi- tes tracées, grâce à la sueur des combattants, tent parfois à Faha ; l’assurance décontrac- que et d’efficacité révolutionnaire. « Fais ce à travers ces paysages chaotiques, elles illus- tée des garçons et des filles qui écoutent avec que tu dis », apprend-on aux jeunes recrues. TokarTokar AgigAgig ARABIE trent certes la « victoire des masses » (cer- ironie sur les transistors « collectifs » les mar- Impressionnant certes, inquiétant parfois… SAOUDITE tains cols difficiles ont été percés en utilisant ches bolcheviques russes diffusées par Radio- Mersa-TeklayMersa-Teklay Première conséquence : s’ils n’ont pas SOUDAN KaroraKarora l’explosif des bombes éthiopiennes) ; mais Addis-Abeba ; tout cela prouve qu’au sein AlghenaAlghena d’uniforme bien défini, les premiers militants Mer RougeRouge ces routes qui, assure-t-on, « seront asphal- du FPLE le moral est au beau fixe. Mais les Faha,Faha, rencontrés, qui, d’un poste à l’autre, assurent basebase arriaarrièrerrière tées après l’indépendance », permettent sur- combattants se contentent encore des rudes le convoyage du visiteur, ont une manière du F FPLEPLE tout au Front de faire fonctionner un galettes de sorgho cuites au feu de bois et d’être, une « dégaine » qui les fait sembla- NafkaNNakfaafka IleIle F Farasanarasan embryon d’économie nationale. Le FPLE agrémentées d’une ratatouille « made in bles. Sandales de plastique noir, morceau AfabetAfabet ArchipelArchipel ravitaille ainsi les villes libérées en carburant China ». A Faha comme ailleurs, on couche d’étoffe plié à la ceinture, gourde et lampe desdes DalakDalak et exporte même certains produits agricoles encore à la belle étoile, roulé dans un mor- torche ; chacun, en rejoignant le front, a tiré ÉÉRYTHRÉERYTHRYTHRÉE KerenKeren et le sel récolté au bord de la mer Rouge. ceau d’étoffe et l’on n’oublie pas de récupé- un trait sur les dernières tentations de Asmara MassaouahMMassaouaassaouah A Faha, où règne une activité pétaradante, rer le moindre clou ou le plus petit bout de BarentuBarentu l’« individualisme petit-bourgeois ». C’est la ElaberetElaberet RÉP. ARABE DU YÉMEN tout a changé d’échelle. Les modestes ate- ferraille. Le ravitaillement et surtout l’« orga- vie communautaire intégrale, l’« organisa- DecamereDecamere liers d’avant-hier sont devenus de petites usi- nisation politique » des masses demeurent tion » méticuleuse qui, avec la « politisation nes. Nouveaux bâtiments de pierre à demi les objectifs prioritaires. des masses », doit assurer la victoire. Pas d’al- enterrés, groupes électrogènes fournissant « Même au lendemain de l’indépendance, AdouaAdoua cool bien sûr, fort peu de cigarettes… Quant EddEdd éclairage et force motrice, outillages perfec- le combat ne fera que commencer », explique aux rapports avec les « camarades filles » tionnés (tours, fraiseuses, scies électriques, une militante au sourire de bébé. Elle n’a que MekelMMakaléekelé (nombreuses dans les maquis), ils participent postes de soudure, etc.) ramenés de Keren 18 ans, mais deux blessures et déjà trois ans MASSIFM A S S I F d’une familiarité fraternelle et chaste. AssabAssab ou d’ailleurs… Ici même, le Front fabrique de combat derrière elle. ÉÉTHIOPIENTTHIOPIENH I O P I E N Le FPLE est isolé depuis plus d’un an sur la ÉÉTHIOPIETHIOPIETHIOPIE désormais l’essentiel de l’équipement de scène internationale. Les pays socialistes qui GGondarondar base destiné aux combattants. Ateliers de Jean-Claude Guillebaud l’aidèrent à ses débuts ont suivi l’URSS en DJIBOUTI confection, armurerie géante capable de ralliant l’Ethiopie. La « représentation exté- produire des pièces de kalachnikov, M.14, PROCHAIN ARTICLE rieure »(dirigée par Osman Saleh Sabbé), qui L.TL.Tanaana 150150 k kmm Dutchka, fusils-mitrailleurs Brenn ou mor- « Cubains sans Cuba » lui assurait l’aide financière des pays arabes, tiers ; atelier radio, horlogerie, etc. par Alain Clément 12/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 HORIZONS ANALYSES ET DÉBATS 0123  Les Forêts, service public M. Raffarin anti-européen ? et gestion durable par Michel Badré ON ne savait pas Jean-Pier- lusconi, qui n’attendait que cet- re Raffarin anti-européen. te sorte de permission d’indisci- Sans doute n’avait-il pas placé pline, lui a emboîté le pas. Le A réforme de l’Etat financement direct a peu à peu son terme une discussion exigean- valeur patrimoniale de ces forêts, la construction européenne au calme est revenu provisoire- est devenue une compromis l’équilibre de la ges- te, centrée sur les questions de doit être garante d’une réelle ges- premier rang de ses préoccupa- ment entre Paris et les instan- priorité pour le tion. Et les tempêtes l’ont bruta- fond, avec des objectifs partagés. tion durable. On ne peut en effet tions dans son discours de poli- ces européennes, Bruxelles et pays. Voici un lement rompu. Et ce contrat a généralement été plus se satisfaire des réponses sim- tique générale àl’Assemblée, Francfort, mais une bombe bud- exemple : celui de Les autres pays d’Europe ont été considéré comme équilibré. Res- ples données jadis à ces questions. au début du mois de juillet. gétaire àretardement est allu- L l’Office national confrontés aux mêmes tensions, tait à le faire vivre. Les forestiers ne peuvent dire seuls C’est « l’unité nationale » qu’il mée. des forêts (ONF). Les 26 et aux tempêtes près. Pour les résou- Depuis neuf mois, l’Office a ce qui est bon pour la forêt, et la disait d’abord vouloir refaire. Deuxième « non » : la 27 décembre 1999, la forêt fran- dre, certains, comme la Grande- cadré ses objectifs par régions, forêt n’a pas vraiment besoin de L’Europe n’est venue qu’àla fin pêche. La France, au nom de çaise était touchée par la plus gran- Bretagne, ont vendu une partie de redéfini toute son organisation. Il forestiers pour vivre : elle a prouvé de son discours, sans envolée : son intérêt « national », a refu- de catastrophe de son histoire leurs forêts domaniales. D’autres, est en train de réaffecter tous ses « Nous voulons un projet euro- sé le plan de restriction propo- récente : pour les seules forêts de comme la Suède, ont privatisé l’or- postes de travail. Malgré les garan-   est directeur péen fort », a dit le premier sé par Bruxelles. Làaussi, une l’Etat et des communes, gérées par ganisme qui les gère. D’autres ties données, les tensions internes général adjoint de l’Office national ministre. Mais son passé d’hom- discussion pouvait s’engager. Il l’ONF, 130 000 hectares étaient encore, comme l’Italie ou l’Espa- ont été fortes, alors que chacun des forêts. me politique issu de l’UDF plai- reste que Paris est encore en complètement détruits, plus d’un gne, ont régionalisé une politique s’interrogeait sur son avenir : la dait pour lui. N’avait-il pas tra- tête du camp des « non ». million endommagés par les deux que l’Etat ne voulait plus assumer. situation économique très grave vaillé avec Valéry Giscard d’Es- Même constat, en plus gra- ouragans Lothar et Martin. Trente L’Allemagne et la Suisse, pourtant de l’Office n’a en effet pas permis le contraire pendant des millions taing, militant convaincu, lui, ve, sur l’agriculture. La France, mois après, tous les bois récolta- très attachées à une gestion inten- de donner tout le temps nécessaire d’années. C’est la société qui a de la cause européenne ? première puissance agroali- bles sont vendus. La reconstitu- sive de leurs forêts publiques, ont pour conduire le changement dans besoin des forestiers, et qui seule A observer les unes après mentaire des Quinze et premiè- tion, qui va prendre une dizaine réduit fortement ses moyens. la sérénité. Mais la reprise de l’acti- leur donne une légitimité, en leur les autres ses décisions depuis re bénéficiaire des immenses d’années, est engagée. Et la nature Ces solutions fondées sur le vité devrait maintenant réunir la fixant des objectifs clairs, pour un mois, on s’interroge. Sa subventions versées par Bruxel- cicatrise. désengagement des Etats ont le direction, les syndicats et tous les répondre à ses attentes. volonté d’un « projet fort » les, a des intérêts légitimes à Mais l’ONF, lui, panse encore mérite d’être simples et éprouvées salariés, dans le souci commun de Il ne s’agit pas là de débats n’est, dans les faits, qu’une suc- défendre. Mais en se crispant ses plaies. Des forestiers, attachés dans d’autres secteurs économi- la qualité du service rendu : lui d’école, n’intéressant que quel- cession de « non » àl’Europe. et en bloquant toute évolution à leur métier et surtout à « leur » ques. Pourtant, le droit européen seul justifie leur existence. ques experts : aux Etats-Unis, il y Le premier refus est budgé- de la PAC avant 2006, le gouver- forêt, ont vu celle-ci disparaître reconnaît l’existence de services Deux questions resteront alors a moins de dix ans, le président taire. Le gouvernement Raffa- nement a ruiné toute relance après y avoir consacré leur travail d’intérêt général, financés par les posées, pour assurer l’avenir : Clinton a ordonné lui-même une rin, sous la présidence de Jac- de l’axe Paris-Berlin, l’Allema- pendant des années. Un volume Etats, lorsqu’ils concourent à la pri- – comment associer les respon- réduction drastique des exploita- ques Chirac, a commencé par gne faisant de la réforme de la d’activité cinq ou dix fois supé- se en compte d’enjeux à très long sabilités techniques des forestiers, tions forestières dans une grande repousser la règle de l’Euro- PAC un préalable rieur à la normale, des tâches entiè- terme, oùlorsqu’ils assurent des et les responsabilités politiques partie des montagnes Rocheuses land qui exige des pays d’équili- Dernier épisode : la chasse. rement nouvelles, des négocia- pour protéger la chouette tache- brer leurs comptes publics d’ici Pour des raisons purement élec- tions âpres avec des partenaires tée, espèce menacée dans ce à2004. Après diverses hésita- toralistes, M. Raffarin vient tendus, ont mis à mal une organisa- massif. Indigence des arguments tions, la France a admis qu’elle d’avancer les dates de tirs aux tion construite pour des jours plus Depuis neuf mois, l’Office a cadré techniques, faiblesses de communi- ne pouvait profiter des avanta- oiseaux migrateurs, en déroga- calmes. Et le climat social s’en est cation et dysfonctionnements du ges de l’euro sans en respecter tions des règles européennes. ressenti. Le budget de l’Office s’est ses objectifs par régions, débat social ont précédé cette déci- les disciplines, et le gouverne- Adieu « l’unité nationale »:il trouvé compromis par la perte sion, dont nul ne sait si elle sau- ment a dit qu’il atteindrait rouvre les hostilités entre les durable de recettes domaniales. Et redéfini toute son organisation. vera la chouette tachetée, ni quelle l’équilibre budgétaire àla date écologistes et les chasseurs de les communes, principales parte- incidence elle aura sur les indus- dite si sa croissance économi- gibiers d’eau, une minorité que naires et clientes de l’Office, ont Il est en train de réaffecter tries du bois. Saurons-nous être que dépassait 3 %. Même s’il y a les autres chasseurs dénoncent elles aussi supporté de plein fouet un peu plus clairvoyants, lorsque beaucoup àdire sur cette règle d’ailleurs comme des jusqu’au- le contrecoup des tempêtes. tous ses postes de travail les mêmes questions se poseront à budgétaire elle-même et sur la boutistes nuisibles àleur Cet orage n’est pas survenu en nous ? L’ours, le loup, la création bonne politique économique cause. Sur le front européen, la 1999 dans un ciel serein. Etablis- du réseau Natura 2000 institué qu’il convient d’adopter aujour- suite sera judiciaire et écrite sement public autonome, l’ONF péréquations géographiques indis- des élus, face aux demandes sou- par l’Union européenne, nous les d’hui, la leçon de cet épisode d’avance : la loi européenne pri- repose sur un principe de fonction- pensables. L’avenir du patrimoine vent contradictoires de la société ? annoncent déjà. A nous de savoir y est celle d’une France mauvai- mera sur les décrets français. nement simple : il fournit des naturel et forestier public n’est-il Le risque existe d’une dérive tech- répondre. se élève aux yeux de ses parte- Mais en attendant la France est biens et services marchands (du pas l’un de ces enjeux de politique nocratique (au sens étymologi- La discrétion traditionnelle des naires. Immédiatement, ànouveau en conflit avec ses bois pour les industries ou le chauf- collective, face aux interrogations que), consistant à faire prendre les forestiers fait écho à l’attente de d’ailleurs, l’Italie de Silvio Ber- partenaires. fage, le droit de chasse, des presta- sur le monde que nous laisserons à décisions politiques par des techni- leurs concitoyens, qui cherchent tions d’expertise ou de travaux), nos petits-enfants ? ciens. Parfois implicitement accep- dans la forêt une image de nature dont le prix permet de payer les En pleine crise d’après-tempête, té par les forestiers et les élus, il intacte et de pérennité. Une forêt 0123 charges de gestion. Ces charges, c’est cette voie de reconstruction rappelle, toutes proportions gar- soumise aux lois du marché, aux Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani c’est aussi de l’emploi pour les du service public qu’ont choisie dées, le débat sur l’énergie nu- règles européennes, à l’équilibre Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; 12 000 salariés de l’Office : dix à l’Etat et l’Office. Un contrat entre cléaire : des enjeux difficiles à des comptes, aux débats syndi- Noël-Jean Bergeroux. quinze jours d’ouvriers pour re- eux en a précisé les bases, jusqu’en appréhender, une communication caux paraîtra donc bien incongrue Directeur général délégué des rédactions : Edwy Plenel nouveler un hectare de forêt, envi- 2006. L’Etat s’est engagé sur ses complexe, des présupposés idéolo- à beaucoup : ce n’est pas la forêt Directeur général délégué des opérations : Fabrice Nora ron une heure pour couper un apports financiers, malgré les giques forts peuvent en effet con- de symboles qu’ils y cherchent. Directeur général adjoint : René Gabriel Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain mètre cube de bois, deux heures règles de l’annualité budgétaire. duire à des processus de décision Pourtant, même si c’est la nature par hectare et par an pour assurer L’Office s’est engagé à modifier en surprenants, qu’il faudra clarifier. qui les y a poussés en décem- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel l’ensemble des opérations de ges- profondeur son organisation et – Comment concilier les objec- bre 1999, et même si cette mue ne Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin tion technique et administrative. ses modes de fonctionnement, tifs économiques de la gestion, et va pas sans douleur, c’est une ges- Directeur artistique : François Lolichon Or, depuis vingt ans, les prix du pour obtenir des gains de producti- les enjeux écologiques et sociaux tion durable refondée et un ser- Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard bois stagnent et les charges pro- vité importants. Enfin, des statuts du long terme ? Pour répondre, vice public rénové que les fores- Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer gressent, surtout dans les massifs nouveaux donneront à des salariés l’Office a mis en place un « bilan tiers construisent en ce moment. Rédaction en chef centrale : Alain Debove, Eric Fottorino, Alain Frachon, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, forestiers publics : besoin de loi- plus responsabilisés des évolu- patrimonial » des forêts qu’il gère. Puissent-ils ainsi démentir, par Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre sirs en forêt, besoin de protection tions de carrière plus satisfaisan- Le but en est de vérifier que la ges- l’action, les discours et les écrits Rédaction en chef : d’espèces sensibles, besoin de qua- tes. La signature du contrat, le tion économique ne conduit pas à souvent très convaincants sur la François Bonnet (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; lité des paysages vont croissant. La 22 octobre 2001, a montré qu’il dégrader la qualité des forêts gé- banalité du concept de gestion Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Franck Nouchi (Culture) ; progression de ces charges sans était possible à un établissement rées. Cette démarche, fondée sur durable, et sur l’impossible réfor- Josyane Savigneau (Le Monde des Livres) ; Serge Marti (Le Monde Economie) contrepartie marchande ou sans public et à ses tutelles de mener à une évaluation scientifique de la me du service public en France…

Médiateur : Robert Solé Directrice des projets éditoriaux : Dominique Roynette mondiale : parce que les actes d’un s’est le plus souvent retrouvé au crise. L’histoire aimant les clins Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directrice de la coordination des publications : Anne Chaussebourg Directeur des relations internationales : Daniel Vernet Tempête pays ont une retombée sur les actes chevet de pays dont les finances d’œil, il se trouve que cette idée des autres.Les importations d’un publiques étaient exsangues, ce est désormais la doctrine officielle Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président sur le FMI Etat sont les exportations d’un autre. n’est pas toujours le cas non plus. du Fonds. Anne Krueger, qui a rem- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), Lorsqu’il les réduit pour quelque rai- L’exemple le plus frappant, sur placé M. Fischer comme numéro 2 André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Suite de la première page son que ce soit, il porte atteinte aux lequel M. Stiglitz revient tout au de l’institution, a en effet proposé, Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde (SAS) économies de ces pays.» La critique long de son livre, est le cas de la en septembre dernier, une procé- Durée de la société : quatre-vingt dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : Il a froidement comparé Stiglitz du Fonds s’ensuit : loin de jouer le crise asiatique, qui a été déclen- dure pour les pays en difficulté qui 145 473 550 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Asso- à un autre Prix Nobel d’économie, rôle correcteur prévu par Keynes, chée non par les déficits publics, s’inspire directement de la procé- ciés, Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, John Nash, « un homme d’excep- le Fonds est devenu, selon M. Sti- mais par une crise de confiance en dure de mise en règlement judi- Société des Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, tion » (« a beautiful mind »), selon glitz, l’agent de la récession mon- partie autoréalisatrice et en partie ciaire des firmes américaines. Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Société des Personnels du Monde. le titre du film oùil est montré com- diale, en imposant partout oùil va provoquée par le comportement   www.lemonde.fr édité par Le Monde Interactif. ment un génie atteint de schizo- une discipline budgétaire rigou- spéculatif du secteur privé. Président du conseil d’administration : Jean-Marie Colombani. Directeur général : Bruno Patino phrénie doit lutter pour retrouver reuse. Ce qui poussa M. Rogoff à Le Fonds a pourtant d’abord agi Le problème pourtant est que le sens du monde réel. A l’héritage lui répondre qu’« un gouvernement comme s’il s’agissait d’une crise l’on ne parle (toujours) pas de de Keynes, dont M. Stiglitz se récla- au bord de la faillite qui ne peut s’en- des finances publiques. Il fallut la même chose. La procédure de me, M. Rogoff lui a opposé une gager de manière crédible à remet- attendre quelques semaines pour mise en faillite s’applique aux autre filiation, celle d’Arthur Laffer tre ses finances politiques en ordre que, devant l’évidence d’un juge- Etats insolvables, la procédure de dont la courbe aurait jadis convain- aggravera plutôt qu’il n’améliorera ment erroné, il fasse machine prêteur en dernier ressort s’appli- cu Ronald Reagan qu’on pouvait la situation de son pays ». arrière sur la question budgétaire, que aux pays oùla confiance man- baisser les impôts et réduire les tout en maintenant le cap d’une que, mais dont les fondamentaux déficits, des « voodoos economics » «   » politique monétaire restrictive. sont solides. La violence du débat L’état des conflits selon le jugement (postérieur) de Tels deux trains lancés à grande La crise asiatique a donné lieu entre M. Stiglitz et M. Rogoff té- dans le monde George Bush père, repris à son vitesse sur des voies parallèles, les ensuite à de multiples débats. Stan- moigne à sa manière d’une règle 1 compte par Rogoff. En conclusion, arguments ne se rencontrent pas : ley Fischer, tirant à froid les leçons simple : il y a un risque quasiment il a suggéré à M. Stiglitz de retirer les deux auteurs ne parlent pas de de celle-ci, a suggéré que le FMI cognitif à vouloir qu’une même ins- Loi internationale : son livre de la vente jusqu’à ce que la même chose. M. Rogoff a en puisse agir comme un « prêteur en titution joue parfois les pères-la- l’insulte faite à M. Fischer en soit tête le cas de pays qui ne parvien- dernier ressort », c’est-à-dire qu’il rigueur et parfois le Père Noël. des règles à inventer ôtée. M. Stiglitz révélera ensuite nent plus à se financer parce qu’ils puisse injecter les liquidités néces- La suggestion de M. Aglietta de 2 qu’il a été abasourdi par l’attaque se sont trop endettés, avant. On ne saires lorsqu’un pays souffre d’une confier aux banques centrales de M. Rogoff. Emu, presque en lar- voudrait pas en effet parler de crise de confiance injustifiée. plutôt qu’au Fonds le rôle de prê- Les clés mes, un économiste réputé de la « relance budgétaire » à propos de M. Stiglitz dénonce curieusement teur en dernier ressort va dans le Banque mondiale adjura les interve- pays tels que la Côte d’Ivoire, qui a cette proposition, bien qu’elle relè- sens d’une clarification visible- 3 de l’info nants de discuter substance et de enregistré pendant plus de vingt ve habituellement de la boîte à ment essentielle. Au risque d’expo- cesser les attaques personnelles. Le ans des déficits publics supérieurs outils néokeynésienne. En France, ser son staff à des critiques encore Numéro de juillet-août - 16 pages - 2 € débat sur la substance n’aura pour- à 10 % du PIB, ou la Turquie, dont par exemple, elle est reprise par plus sévères, mieux vaudrait peut- tant guère eu lieu en séance, le laps le déficit consolidé des finances des auteurs, tel Michel Aglietta. être en effet que le FMI se canton- de temps imparti étant trop court, publiques a atteint 17 % l’année C’est en fait à propos de cette idée ne dans le seul rôle d’aider les pays 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sans et l’émotion trop palpable. qui a précédé l’effondrement de sa que M. Stiglitz voit derrière les pro- insolvables, à la manière des tribu- l’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437 Essayons de saisir ici brièvement monnaie. Lorsque des gouverne- pos de M. Fischer la main de Wall naux de commerce ou des dentis- ISSN 0395-2037 l’enjeu de ce débat. Parmi les nom- ments choisissent de s’endetter jus- Street : sous couvert d’aider les tes (comme Keynes aimait à parler

Imprimerie du Monde breux thèmes du livre de M. Sti- qu’au point limite, on se dit qu’il pays, on voudrait aider les ban- des économistes), qu’on ne songe glitz, il en est un qui va au cœur du est difficile de ne pas interpréter ques. Plutôt que d’injecter massive- pas à blâmer pour les tâches qu’ils 12, rue Maurice-Gunsbourg Président-directeur général : Dominique Alduy 94852 Ivry cedex Directeur général : Stéphane Corre rôle du FMI. M. Stiglitz écrit ainsi : ce comportement comme une in- ment des liquidités en cas de crise exercent. 21 bis, rue Claude-Bernard - BP218 « Keynes a été le parrain intellectuel sulte à l’avenir du pays. Le problè- financière, M. Stiglitz préférerait 75226 PARIS CEDEX 05 PRINTED IN FRANCE Tél : 01-42-17-39-00 - Fax : 01-42-17-39-26 du FMI (…). Il a montré pourquoi on me, pourtant, est le suivant : s’il que le FMI facilite une procédure Daniel Cohen avait besoin d’une action collective est de fait certain que le Fonds de mise en faillite des pays en pour 0123 LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/13 ENTREPRISES la crise financière

Même si les marchés européens étaient en hausse, sur la croissance pourrait être fort aux Etats-Unis placements étant en effet réalisés en actions, ils sont exclut toutefois un risque de faillite en chaîne.  jeudi 25 juillet dans la matinée, de nombreux experts mais n’atteindrait l’ que par effet de rico- les plus gros investisseurs de la place financière de a pourtant été lourdement sanctionné à la Bourse de travaillent sur des  ,en chet. L’inquiétude la plus forte, dans le cas de la Fran- Paris et ont été très durement frappés par le recul Paris, mercredi : l’action a perdu 11,4 %, passant sous cas de poursuite de la chute de la Bourse. L’impact ce, concerne les . Près de 26 % de leurs des indices. La profession est très préoccupée, mais la barre des 10 euros. Et si la chute boursière se poursuivait ? De l’avis de la plupart des experts, l’impact sur la croissance serait limité, en tout cas en Europe. En revanche, même s’ils excluent un risque de faillite en chaîne, les assureurs, qui sont les plus gros investisseurs de la place de Paris, seraient très exposés

LES MARCHÉS boursiers euro- la première fois de son histoire ». Les avoir un impact de plusieurs potentielles sur les fonds propres péens ont continué leur chute, mer- craintes des investisseurs, qui re- JUILLET NOIR points sur le produit intérieur des assureurs. Les compagnies credi 24 juillet, mais ont échappé doutent que les marges de solvabili- Indice CAC 40, en points à Paris Indice Dow Jones, en points à New York brut. La chute de la croissance françaises tiennent à rassurer en au pire en fin de séance. L’indice té soient atteintes, ont été ampli- américaine ne manquerait pas de rappelant que leurs engagements parisien CAC 40 est passé en cours fiées. Le 24 juillet 3 023,69 Le 24 juillet 8 191,29 se propager à l’Europe. à l’égard des leurs assurés restent de séance sous la barre symbolique f Jusqu’où peutaller la baisse 4 000 9 500 f Le risque systémique exis- couverts. « Je ne crois pas au risque 9 409,69 en séance des 3 000 points, à 2 898,60 points, des indices boursiers ? 3 973,93 en séance te-t-il pour les assureurs ? systémique dans l’assurance », tem- le 1er juillet le 8 juillet pour terminer finalement en baisse Début juillet, certains analystes 7 500 Si la plupart des acteurs rejet- père Jean-Luc Lepreux, responsa- de 1,51 %, à 3 023,69 points. A Wall estimaient que la fin de la chute 3600 tent la possibilité du risque systé- ble des banques et des assurances Street, après avoir décroché en était proche. Depuis, l’indice mique, c’est-à-dire une défaillance chez Moody’s. La situation est début de séance, le Dow Jones s’est CAC 40 a encore perdu 22,43 %. 8 500 en chaîne du système, nombre de beaucoup plus préoccupante en repris en terminant en hausse de « Autant je peux expliquer la baisse 3 200 compagnies d’assurances plan- Grande-Bretagne, où les compa- 6,35 %, à 8 191,29 points. Le Nas- de l’indice jusqu’à 3 250 points, 8 000 chent sur des scénarios de crise. gnies détiennent environ 50 % de daq, indice riche en valeurs de autant je ne trouve plus de sens en Plusieurs grandes sociétés ont ces leurs placements en actions. Cer- 2 898,60 en séance 7 532,73 en séance technologie, a gagné 4,98 %, à dessous de ce niveau », explique de derniers mois étudié les consé- tains assureurs suisses sont égale- 2 800 le 24 juillet 7 500 le 24 juillet 1 290,23 points. Réagissant à ce son côté Jean-Noël Vieille, écono- 1 5 11 17 23 1 5 11 17 23 quences d’un indice CAC 40 à ment dans une situation dangereu- rebond, les indices européens ont miste en chef à la société de Bourse juillet 2002 juillet 2002 3 000 points. Or il est passé sous ce se. f ouvert en forte hausse, jeudi, Paris Aurel Leven. « Le marché est en Le Dow Jones a retrouvé brièvement son niveau de l'automne 1998, à moins de seuil mercredi. Avec 26 % de leurs L’assurance peut-elle vivre gagnant 3,81 % dans les premiers train de se tromper, comme il s’est 8 000 points, alors qu'il avait culminé à 11 722 début 2000. Le CAC 40 est revenu placements investis en actions une crise de liquidités ? échanges. trompé lors de la bulle financière de aussi à son plancher d'octobre 1998, en cours de séance sous les 3 000 points, (214,4 milliards d’euros fin 2001), La crainte pour les assureurs est En Europe, c’est le secteur de l’as- l’année 2000, mais en sens contre 6 922 à son plus haut de septembre 2000. Source : Bloomberg les assureurs français sont le plus que les engagements ne soient surance qui a été le plus fortement inverse. Dans un contexte de psycho- gros investisseur institutionnel sur plus couverts par les actifs, si les affecté, mercredi. L’action Axa a se sur les comptes truqués, ce messa- aspects fondamentaux », observe f Le krach peut-il casser la les marchés hexagonaux. Leurs épargnants cédaient à la panique, abandonné 11,45 %, à 9,90 euros, ge est difficile à faire passer », dit Eric Vanpouke, analyste chez Glo- croissance ? plus-values, qui atteignaient en se retirant de leurs contrats d’as- mais rebondissait de 5,66 %, jeudi encore M. Vieille, qui invoque aussi bal Equities. « Il existe des incertitu- En Europe, les experts estiment 19,3 milliards d’euros à la fin 2001, surance-vie. Cela paraît néan- matin, à 10,47 euros. L’assureur des rapatriements de capitaux amé- des considérables sur la tendance à que la détention des actions par ont chuté depuis. Certains assu- moins peu probable aux yeux des suisse Zurich Financial a cédé ricains pour expliquer la chute des long terme de l’économie mondiale, les ménages, relativement faible, reurs sont même en moins-values. professionnels. Dans ce cas, les 20,1 %, mercredi. Des assureurs-vie indices en Europe. qui jouent sur la façon dont les a peu d’impact sur la croissance, Or une règle veut qu’un assureur pouvoirs publics seraient sans dou- en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, Avec une valeur estimée du actions sont valorisées », analyse contrairement aux Etats-Unis. passe des provisions pour combler te obligés d’intervenir pour arrêter en Belgique, en Suisse, commen- CAC 40 située entre 3 250 et Alain Bokobza, responsable de la Une baisse de 20 % des indices ces moins-values si ses actifs en ce mouvement. cent à montrer des signes de faibles- 3 800 points, M. Vieille se situe par- stratégie actions européennes de boursiers produirait un effet néga- actions sont dépréciés de plus de Autres scénarios noirs, les assu- se. Après le néerlandais Aegon, le mi les experts les plus prudents. SG Equity. « Dans toutes les crises, il tif de 0,2 % à 0,3 % sur la croissan- 20 % depuis six mois, ce qui dimi- reurs étudient le risque d’une autre belgo-néerlandais Fortis a prévenu Aucune analyse financière fixant y a eu intervention de la Banque cen- ce, selon Goldman Sachs. « L’im- nue leurs fonds propres, donc leur catastrophe équivalente à celle du que ses objectifs de résultats ne un objectif de 3 000 points ou trale, qui a injecté des capitaux par pact direct de la débâcle boursière résultat net, le risque étant d’affi- World Trade Center, qui coûterait seraient pas tenus si la baisse des moins pour le CAC 40 n’a été la baisse des taux, dit-il. Or les taux sur l’économie réelle en Europe cher des pertes. A mots couverts, entre 40 et 50 milliards d’euros à la marchés se poursuivait. Le bancas- publiée. « Nous sommes entrés de la Réserve fédérale américaine devrait rester limité », estime Nico- la Fédération française des socié- profession. sureur a annoncé « que la valeur de depuis une dizaine de jours dans un comme ceux de la Banque centrale las Sobczsak, l’économiste de tés d’assurances (FFSA) avoue que son portefeuille d’actions est passée marché totalement irrationnel, où le européenne sont très bas, ce qui peut Goldman Sachs. Mais le même des groupes de travail planchent Elsa Conesa, Pascale Santi sous son niveau d’acquisitions pour psychologique l’emporte sur les être une source d’inquiétude. » phénomène, aux Etats-Unis, peut sur l’impact des moins-values etAdrien de Tricornot La descente aux enfers d’Axa Wall Street salue l’arrestation de dirigeants d’Adelphia

Il Y A à peine trois ans, le 5 mai go-néerlandais Fortis, ont ces der- NEW YORK res criminelles ont été lancées contre Adelphia. La 1999, Claude Bébéar, alors patron SOUS LES 10 EUROS niers jours révisé leurs prévisions à de notre correspondant Securities Exchange Commission (SEC), l’autorité des d’Axa, aujourd’hui président du Action Axa, en euros à Paris la baisse. Axa subit de plein fouet Wall Street attendait un exemple depuis des semai- marchés, a ouvert une enquête et engagé des poursui- conseil de surveillance, déclarait en la défiance des investisseurs à nes. Mercredi 24 juillet, cinq dirigeants d’une grande tes civiles dénonçant « une des fraudes les plus impor- assemblée générale qu’il ne se 35 Le 24 juillet 9,9 l’égard du secteur. entreprise en faillite à la suite de multiples malversa- tantes jamais vues dans une société cotée ». « sentira[it] à l’aise que lorsque la tions ont été arrêtés. John Rigas, 78 ans, fondateur et capitalisation boursière 30    ancien directeur général d’Adelphia, sixième câblo-   avoisinera[it] 100 milliards de dol- 25 La direction tente aussi de rassu- opérateur des Etats-Unis, son fils Timothy Rigas, Dans la plainte criminelle déposée à Manhattan, l’ins- lars ». A cette date, l’action valait rer les salariés, très inquiets. Ils 46 ans, ancien directeur financier, et son autre fils pecteur Thomas F. X. Feeney affirme que « John Rigas 119,90 euros et le groupe 42 mil- 20 voient fondre leur épargne salaria- Michael Rigas, 48 ans, lui aussi ancien cadre du grou- et plusieurs membres de sa famille ont massivement pillé liards ; mercredi 24 juillet, le pre- le, sans raison. Une bonne partie de pe, ont été appréhendés et déférés devant le tribunal Adelphia, utilisant la société comme une vache à lait aux 15 mier assureur français et deuxième cette épargne est en effet investie fédéral de Manhattan. Ils ont été mis en examen pour frais des investisseurs et des créanciers. Les accusés ont européen ne valait plus que 10 sur les actions Axa. Les syndicats « faux et usage de faux, fraude bancaire, fraude sur des élaboré et appliqué plusieurs plans complexes afin d’es- 17,1 milliards d’euros. Dans la jour- sont également très préoccupés de titres et complot ». L’inculpation de fraude bancaire est croquer les actionnaires, les créditeurs et le public ». John née, Axa a vu son titre baisser de 5 la situation, craignant, « à ce prix passible de trente ans de prison. L’ancien vice-prési- Rigas et ses fils ont été libérés mercredi soir contre une 11,45 %, à 9,90 euros, soit la plus ASONDJ F MAM J J là », une offre publique d’achat dent James R. Brown et le responsable du contrôle de caution de 10 millions de dollars. Leur famille détenait 2001 02 forte baisse du CAC 40. La valeur a Source : Bloomberg dans les prochaines semaines. La gestion, Michael C. Mulcahey, ont été aussi interpellés la majorité du capital d’Adelphia. L’argent détourné a perdu jusqu’à 21,3 % en cours de direction a adressé mercredi une en Pennsylvanie, où se trouve le siège de l’entreprise. été utilisé pour acheter une équipe de hockey (les Buf- séance, atteignant 8,80 euros, reve- pour 2002 et qu’il ne prévoyait pas note à ses salariés pour tenter de cal- A cette annonce, le Dow Jones, en baisse de falo Sabres), des forêts, un golf et rembourser plus de nant à des cours d’avril 1995, soit d’augmentation de capital. Le résul- mer les inquiétudes, mais elle recon- 150 points, est reparti à la hausse, en gagnant en quel- 250 millions de dollars de prêts personnels. Les avions, avant la fusion avec l’UAP ! Depuis tat net avait été divisé par deux en naît faire face « à des conditions de ques minutes plus de 200. Il a fini la journée sur une propriétés et appartements de la société étaient utilisés janvier, l’action a chuté de 57,80 %. 2001, à 1,2 milliard d’euros, soit marché extrêmement hostiles ». progression de près de 490 points (6,4 %). par la famille Rigas sans le moindre dédommagement. Jeudi matin, l’action regagnait un deux fois moins que le résultat réali- Si la baisse du titre est jugée injus- « Cette arrestation est un message clair à l’intention Au moment de l’annonce de l’arrestation, le Sénat et peu du terrain perdu la veille. sé en 2000 (2,54 milliards). tifiée, les critiques sont parfois acer- des criminels d’entreprises. Les menottes et une cellule la Chambre des représentants trouvaient un compro- Axa a tenté, mercredi, de rassu- Axa publiera ses résultats semes- bes sur l’implication de M. Bébéar, attendent ceux qui violent la confiance placée en eux », a mis sur un projet de loi renforçant le contrôle de la ges- rer les investisseurs en publiant un triels le 12 septembre. Même s’ils considéré comme « le parrain de déclaré Willliam Kezer, responsable du service de poli- tion des entreprises. La version la plus sévère du texte, communiqué, martelant que « mal- jugent la baisse du titre injustifiée l’économie française », dans la crise ce postale de New York, en charge de la délinquance celle adoptée par le Sénat, a été retenue. Elle crée gré la baisse des marchés, les fonda- et souvent « irrationnelle », les ana- de Vivendi, où il n’occupait aucune financière. « Ce gouvernement enquêtera, arrêtera et notamment un comité de surveillance comptable des mentaux du groupe sont préservés ». lystes financiers et de nombreux fonction. Jean-René Fourtou, nou- poursuivra en justice les chefs d’entreprise qui enfrei- entreprises et des cabinets d’audit. « Nous avons besoin « Axa va bien. Nous n’avons aucune concurrents doutent de la capacité veau PDG de Vivendi Universal et gnent les lois », a affirmé George W. Bush. de rassurer les investisseurs, les salariés et les employeurs inquiétude », a confié Françoise Col- du groupe à tenir ses objectifs, sur- Henri Lachmann, président du comi- Les anciens dirigeants d’Adelphia sont accusés et nous faisons un pas dans la bonne direction pour renfor- loc’h, directrice générale chargée tout si les marchés poursuivent té stratégique, siègent tous deux au d’avoir utilisé les fonds de la société pour leurs dépen- cer le système », a déclaré Dick Gephardt, le leader de la des ressources humaines. Surtout, leur baisse. Ce d’autant plus que conseil de surveillance d’Axa. ses personnelles et d’avoir masqué plus de 2 milliards minorité démocrate de la Chambre des représentants. Axa a ajouté qu’il ne lançait pas plusieurs concurrents européens, de dollars (1,99 milliard d’euros) de dettes. Ils auraient d’avertissement sur ses résultats dont le néerlandais Aegon et le bel- P. Sa. notamment falsifié le nombre d’abonnés. Des procédu- Eric Leser Les députés français explorent de nouvelles pistes pour endiguer la crise financière Le patron de la COB leur suggère de « durcir sérieusement » le système des stock-options mais leur déconseille de nationaliser les sociétés d’audit

ALERTÉS par la crise financière groupe sur ses comptes, permet- même ensuite… », soupirait le prési- parlementaires que la COB. Cette tion des stock-options » par les sal. Charles de Courson (UDF) a et l’effondrement des indices bour- tant d’éviter des manipulations dent de la commision des finances, dernière participera aux discus- entreprises, plaide-t-il, envisageant évoqué une proposition visant à siers, les députés ont évoqué le thè- comptables. Selon lui, « aucune des Pierre Méhaignerie (UMP-UDF). sions sur le sujet dans le cadre de comme piste un meilleur allonge- scinder les cabinets d’audit et de me de la régulation du capitalisme, informations évoquées par la presse La fusion de la Commission des l’Organisation internationale des ment dans le temps de l’exercice conseil et à obliger la rotation des mercredi 24 juillet, à l’occasion de n’était une découverte. Ces informa- opérations de Bourse (COB) et du commissions de valeurs (OICV). des options et de la durée de déten- cabinets d’audit à l’issue de leur l’audition publique de Michel Pra- tions étaient publiques, mais la com- Conseil des marchés financiers Mais c’est la SEC, le gendarme amé- tion des titres. mandat de six ans. M. Prada a rap- da, le président de la Commission plexité du système n’a peut-être pas (CMF) dans une unique autorité ricain des marchés, qui régule les L’indépendance des commissai- pelé que les cabinets ne peuvent des opérations de Bourse (COB), permis de saisir tout le problème ». des marchés financiers, relancée trois grandes agences mondiales res aux comptes serait mieux assu- avoir des missions de conseil et par la commission des finances et par le ministre de l’économie, Fran- (Standard & Poor’s, Moody’s et rée en France, en avance sur les d’audit dans la même entreprise, la commission des échanges de l’As-  ’ cis Mer, devrait déboucher sur la Fitch) et devrait imposer large- règles de déontologie, a aussi esti- tout en reconnaissant des « zones semblée nationale. La baisse des Pas toujours amènes, les députés création d’un organe d’environ ment ses vues. « Avec la mondialisa- mé le président de la COB. grises ». Il préconise de changer cours et la perspective de l’appari- ne se sont pas satisfaits de cet 300 personnes. M. Prada n’estime tion, on ne peut pas mettre des M. Emmanuelli a cependant déplo- seulement les responsables : tion de nouvelles affaires à la Bour- exemple. Pour le groupe socialiste, pas nécessaire de renforcer forte- contraintes dans un seul pays, car les ré un système où les contrôlés, « Dans certaines sociétés, c’est la se de Paris inquiètent visiblement Henri Emmanuelli a évoqué des ment ses effectifs, afin de préserver agences peuvent alors noter les entre- c’est-à-dire les entreprises, payent même personne qui signe les comp- les élus. « dysfonctionnements » dans le con- sa « taille humaine » et « la collégia- prises depuis l’extérieur… », affirme leurs contrôleurs, les cabinets tes depuis quinze ans ». M. Prada s’est voulu rassurant, trôle des marchés, et réitéré la lité des décisions ». « Nous pour- M. Prada. d’audit. Plutôt que de retenir la En revanche, il s’est dit préoccu- rappelant qu’au moment de sa demande de création d’une mis- rions cependant avoir des moyens un voie de la nationalisation des socié- pé par la concentration des cabi- nomination à la tête de la COB, en sion d’information sur les organes peu plus importants pour les enquê- «  » tés d’audit, solution prêtée à nets d’audit entre quatre acteurs 1995, l’indice CAC 40 valait de contrôle des marchés et la trans- tes et le contrôle de l’information Tout en relevant que les stock- M. Emmanuelli, M. Prada « préfère mondiaux, appelant à soutenir les 1 850 points, contre 3 000 au parence financière pour l’épargne financière, cela nous permettrait d’al- options sont approuvées par les s’assurer que la relation entre les gros cabinets nationaux. «Sion moment où il s’exprimait devant publique. La demande devrait être ler un peu plus loin », explique-t-il. actionnaires en assemblée généra- auditeurs et la direction des entrepri- continue dans l’oligopole, alors il fau- les députés. Par ailleurs, il est reve- examinée en commission des finan- Les agences de notation, qui peu- le, M. Prada estime qu’elles peu- ses est sécurisée par des règles doctri- dra se poser le problème de la natio- nu longuement sur le cas Vivendi ces, dans deux semaines. « Espé- vent déstabiliser les entreprises en vent être réformées : « Il faudra nales, des contrôles externes et des nalisation », a-t-il concédé. Universal, et les discussions « mus- rons qu’il ne se passera rien de grave changeant leur note de solidité durcir sérieusement les conditions référents extérieurs », rappelant le clées » qui ont opposé la COB et le d’ici là ! », s’exclamait-il. «Et financière, préoccupent autant les de mise en œuvre et de comptabilisa- rôle de la COB dans Vivendi Univer- A. de T. 14/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 ENTREPRISES

 France Télécom EDF et La Poste se voient refuser par Matignon a ALCATEL : l’équipementier français de télécommunications cède TDF pour a annoncé jeudi 25 juillet une per- toute augmentation de tarifs te nette de 1,438 milliard d’euros 1,6 milliard au deuxième trimestre, ce qui por- L’électricien et le ministre des finances, qui demandait une « hausse non symbolique », te à 2,274 milliards d’euros le volu- me total de ses pertes au premier d’euros sont désavoués. Les résultats financiers d’EDF devraient s’en ressentir fortement en 2002 semestre. Lors d’une conférence té- léphonique, à la question de savoir L’OPÉRATEUR France Télécom ZÉRO POUR CENT. Le premier déclencher une nouvelle tempête L’inflation de ces charges, Du coup, le groupe présidé par si le groupe allait continuer à rédui- a signé, après cinq mois de négocia- ministre, Jean-Pierre Raffarin, ins- au sein du gouvernement. notamment celles liées à la taxe François Roussely pourrait revenir re ses effectifs, le directeur finan- tions, l’accord final de cession de truit par la polémique déclenchée Le choix politique de geler toute sur l’électricité hydraulique ou aux à l’assaut en vue d’obtenir une ral- cier d’Alcatel, Jean-Pascal Beau- TDF, sa filiale spécialisée dans la par les hausses des tarifs publics augmentation ne va pas faire non obligations d’achat du courant pro- longe tarifaire dès le 1er novembre, fret, a répondu : « Oui, hélas ! » Il télédiffusion. Au terme d’un monta- (SNCF, essence, téléphone, mé- plus les affaires d’EDF, qui n’avait duit par les énergies alternatives à l’occasion de l’entrée en vigueur n’a pas donné plus de précisions. ge financier, France Télécom va re- tro…) ces dernières semaines – elles obtenu en 2001 qu’une hausse de renouvelables (éoliennes, cogéné- de la nouvelle facture, détaillant ce a ASSURANCES : l’office alle- cueillir 1,6 milliard d’euros, une vont quasiment annuler l’effet de la 1%au1er novembre, et s’était déjà ration…), a représenté un surcoût qui ressort du coût à la production mand anti-cartels a indiqué mer- somme bienvenue pour réduire la baisse de 5 % de l’impôt sur le reve- vu refuser toute hausse pour 2002 de quelque 900 millions d’euros en de l’électricité et ce qui est imputa- credi avoir effectué des perquisi- dette de l’opérateur, qui frôlerait les nu –, a tranché. Jeudi, 25 juillet par le prédécesseur de M. Mer, 2001, contribuant, avec le coût des ble au transport et à la distribution tions au sein de treize compagnies 70 milliards d’euros. Or le groupe dans la journée, il devait annoncer Laurent Fabius. L’électricien esti- investissements réalisés à l’étran- du courant jusque chez le consom- d’assurances soupçonnées d’enten- dirigé par Michel Bon a du mal à res- qu’il refusait toute augmentation mait que l’Etat n’avait pas rempli ger, à la dégradation des résultats mateur. Après un an d’attente, la te illégale. Allianz, Gerling, Axa, pecter son plan de désendettement. des tarifs de l’électricité au ses engagements à son égard, financiers du groupe. Or, une aug- CRE a en effet obtenu le feu vert Gothaer et Victoria, filiale de Les investisseurs ont négocié 1er août. Matignon devait préciser ponctionnant un « dividende » de mentation de 2,35 % n’aurait repré- du gouvernement pour publier les Munich Ré, figurent parmi les grou- pied à pied les conditions de ces- également qu’une hausse du prix 1 milliard d’euros sur ses résultats senté qu’environ 500 millions nouveaux tarifs d’accès au réseau, pes perquisitionnés. sion de TDF. L’entreprise, valorisée du timbre ne serait « pas à l’ordre et lui imposant « de nombreuses d’euros de recettes supplémentai- dont la fixation va désormais a BOSS : des actionnaires de de 2 milliards à 2,3 milliards d’euros du jour » en 2002. obligations d’achat dépassant les res pour EDF… Selon nos informa- échapper à EDF. Hugo Boss ont déposé une plain- en février, est finalement cédée prix du marché, liées ou non à ses tions, pour préserver une rentabili- Ce bras de fer intervient dans un te contre le fabricant allemand 1,9 milliard d’euros. Dans le monta-   missions de service public », sans té suffisante en vue d’une mise en moment crucial pour EDF, qui de prêt-à-porter, accusé de mani- ge retenu, France Télécom cède la Mardi, pourtant, la Commission lui laisser en contrepartie la possi- bourse, c’est une hausse de… 9 % démarre, en même temps que Gaz pulations comptables en vue de dis- totalité de TDF à une nouvelle struc- de régulation de l’électricité (CRE), bilité d’ajuster ses prix en consé- de ses prix à laquelle l’entreprise de France, ses consultations en simuler la valeur du chiffre d’affai- ture. Son capital sera détenu par un consultée, avait donné un avis favo- quence. devrait procéder. vue de l’ouverture de son capital. res réalisé aux Etats-Unis. L’action, consortium formé de Charterhouse rable à une augmentation tarifaire Une telle ouverture devrait interve- initiée par deux cabinets d’avocats, Development, de CDC Ixis et de la de 2,35 %, au 1er août, pour les parti- er nir « pas plus tard » qu’au début vise la maison de mode, ainsi que Caisse des dépôts. Mais France Télé- culiers et les professionnels encore La SNCF relèvera ses prix le 1 août de 2004, selon M. Roussely, dans deux anciens dirigeants, Marty com ne sort pas totalement de soumis au monopole public. Mati- La SNCF augmentera ses tarifs de 1,8 % en moyenne le 1er août, dans le un entretien à L’Express daté du Staff et Vincent Ottomanelli. TDF : le groupe s’est engagé à rache- gnon avait dans un premier temps cadre de la majoration annuelle de ses tarifs. La hausse sera de 1,9 % en jeudi 25 juillet. Il s’agit de laisser a CARBURANT : la Commission ter 36 % du capital de la nouvelle choisi de couper la poire en deux : moyenne pour les TGV, et de 1,6 % pour les trains Corail et les trains régio- passer la tempête boursière, mais européenne a adopté mercredi société pour 250 millions d’euros. 2,35 %, c’était moins de la moitié de naux (TER). L’augmentation ne s’applique pas au TGV Méditerranée, dont aussi de négocier les conditions un projet de directive sur l’harmo- Cette vente a été annoncée jeudi ce que réclamait EDF (4,9 %) et les tarifs ont été relevés en juin (4,1% en seconde classe, 5,3% en première), sociales de ce changement de sta- nisation de la fiscalité du diesel des 25 juillet, le jour de la publication du même moins que l’« augmentation ni au Paris-Lille qui a subi de fréquents retards fin 2001 et début 2002. Elle tut des entreprises. Les organisa- professionnels de la route d’ici à chiffre d’affaires semestriel du grou- non symbolique » que souhaitait ne concerne pas non plus l’Ile-de-France, où les prix des transports en com- tions syndicales seront reçues à 2010. Elle propose d’établir dès pe, en croissance de 10 % grâce à l’in- Francis Mer, le ministre de l’écono- mun sont régis par le Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF) et ont partir de la semaine prochaine par 2003 un taux central de 0,35 euro tégration de l’opérateur polonais mie et des finances, qui avait préco- augmenté début juillet. La SNCF, qui traditionnellement augmentait ses les principaux ministres par litre, alors que les taux d’acci- TPSA. L’activité de téléphonie mobi- nisé un peu plus de 3 %. Le ministre tarifs en janvier, avait déjà dérogé à cette « règle » en 2001. En raison de l’ar- concernés. ses payés par les routiers varient le Orange croît de 12,9 % alors que se voit donc désavouer par le rivée de l’euro, elle avait relevé ses tarifs en septembre pour faire coïncider de 0,25 à 0,75 euro par litre selon le téléphone fixe recule de 7,3 %. premier ministre, ce qui pourrait changement de monnaie et hausse des prix. Pascal Galinier les pays (0,38 en France).

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER LES BOURSES DANS LE MONDE 25/7, 9h42 cours 2002 2002 cours 2002 2002 Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER ROYAUME UNI FTSE 100 index 3868,90 25/7 2,43 5362,29 4/1 3625,89 24/7 13,30 cours 2002 2002 ASIE-OCÉANIE FTSE techMark 100 index 746,93 25/7 3,21 1569,61 4/1 731,22 16/7 119,20 AUSTRALIE All ordinaries 2990,60 25/7 0,86 3443,89 14/2 2984,50 22/7 14,90 SUÈDE OMX 497,01 25/7 3,22 878,88 4/1 473,51 24/7 17,20 UNION EUROPÉENNE CHINE Shangaï B 153,68 24/7 -0,12 171,72 4/1 121,08 23/1 17,90 ALLEMAGNE DAX Index 3610,00 25/7 -0,62 5467,31 19/3 3265,95 24/7 17,20 EUROPE Shenzen B 246,17 24/7 -0,05 265,91 4/1 182,42 23/1 18,40 Euro Neu Markt Price IX 560,32 25/7 1,42 1212,43 4/1 552,50 22/7 HONGRIE Bux 6589,76 24/7 -6,44 9019,42 7/5 6997,18 23/7 8,90 CORÉE DU SUD Composite 721,41 24/7 -2,97 943,53 22/4 690,35 2/1 AUTRICHE Austria traded 1142,47 25/7 2,29 1368,18 2/5 1109,88 9/1 12,60 ISLANDE ICEX 15 1264,89 24/7 -0,70 1413,85 21/3 1142,61 7/1 HONG KONG Hang Seng 9918,31 25/7 -0,54 12020,45 17/5 9977,76 23/7 14,30 BELGIQUE Bel 20 2073,54 25/7 3,59 2906,75 24/4 1930,33 24/7 10,50 POLOGNE WSE Wig index 12748,54 24/7 -2,82 16423,34 25/1 12881,54 23/7 188,80 All ordinaries 4385,81 25/7 -0,45 5277,35 17/5 4406,52 23/7 DANEMARK Horsens Bnex 209,12 25/7 4,50 280,92 26/3 196,97 24/7 12,90 TCHÉQUIE Exchange PX 50 414,50 25/7 1,94 479,39 10/5 384,60 2/1 INDE Bombay SE 30 379,26 24/7 -1,83 415,77 5/4 339,26 1/1 1,30 ESPAGNE Ibex 35 6244,90 25/7 4,00 8608,50 4/1 5824,20 24/7 15,10 RUSSIE RTS 324,96 24/7 -7,39 425,42 20/5 267,70 3/1 ISRAËL Tel Aviv 100 350,17 24/7 -3,28 468,92 7/1 340,29 24/6 FINLANDE Hex General 5071,95 25/7 3,89 9224,38 4/1 5111,00 23/7 12,90 SUISSE Swiss market 4746,70 25/7 3,01 6740,60 17/5 5490,50 26/6 13,90 JAPON Nikkei 225 9929,91 25/7 -0,18 12081,42 27/5 9420,84 6/2 23,70 FRANCE CAC 40 3132,68 25/7 3,60 4720,04 4/1 2898,60 24/7 14,70 TURQUIE National 100 9917,57 25/7 2,09 15071,83 8/1 8514,03 3/7 11,30 Topix index 967,99 25/7 -0,88 1144,02 27/5 921,08 6/2 29,90 Mid CAC 1580,20 24/7 -4,36 2176,89 2/4 1580,19 24/7 13,10 AMÉRIQUES MALAISIE KL composite 717,40 25/7 0,32 816,94 23/4 681,50 2/1 15,70 SBF 120 2229,27 25/7 3,61 3263,90 28/3 2073,22 24/7 15,00 ARGENTINE Merval 364,22 24/7 0,33 471,33 6/2 267,73 14/6 20,40 NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 723,59 25/7 0,94 786,14 18/6 722,51 23/7 SBF 250 2067,70 24/7 -2,16 3081,89 28/3 2067,69 24/7 14,60 BRÉSIL Bovespa 9937,38 24/7 1,97 14495,28 18/3 9602,99 23/7 7,50 SINGAPOUR Straits Time 1520,14 25/7 -0,17 1848,98 5/3 1520,09 26/6 Indice second marché 2085,26 24/7 -3,63 2567,01 15/5 2085,26 24/7 12,40 CANADA TSE 300 6382,13 24/7 3,59 7992,70 7/3 6161,08 23/7 17,30 TAÏWAN Weighted 5039,48 24/7 -2,32 6484,93 22/4 4808,16 3/7 17,70 Indice nouveau marché 640,67 25/7 4,06 1175,41 7/1 598,34 24/7 CHILI Ipsa 81,46 25/7 2,02 102,37 4/1 79,76 23/7 13,80 THAILANDE Thaï SE 374,44 24/7 -3,48 430,67 14/6 302,38 2/1 GRÈCE ASE General 2027,43 25/7 0,00 2655,07 3/1 2023,19 24/7 15,10 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 8191,29 24/7 6,35 10673,09 19/3 7532,66 24/7 17,20 AFRIQUE IRLANDE Irish Overall 4026,79 25/7 1,85 6085,02 18/1 3901,53 24/7 10,20 Nasdaq composite 1290,23 24/7 4,98 2098,87 9/1 1192,42 24/7 34,60 AFRIQUE DU SUD All share 10815,08 24/6 0,00 11665,33 22/5 10138,29 30/1 10,10 ITALIE Milan Mib 30 24090,00 25/7 2,23 33548,00 17/4 22993,00 24/7 16,10 Nasdaq 100 951,58 24/7 6,11 1710,22 9/1 896,55 23/7 33,60 COTE D'IVOIRE BRVM 68,20 23/7 77,38 2/1 70,11 28/5 LUXEMBOURG Lux Index 856,35 24/7 -5,68 1169,47 14/1 821,61 30/4 13,20 Wilshire 5000 8009,24 24/7 5,36 10983,40 19/3 7589,81 23/7 PAYS BAS Amster. Exc. Index 333,19 25/7 4,63 531,45 18/4 303,72 24/7 11,90 Standards & Poors 500 843,43 24/7 5,73 1176,96 7/1 796,13 23/7 16,30 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue. PORTUGAL PSI 20 6101,87 25/7 1,77 7998,50 4/1 6107,97 23/7 14,10 MEXIQUE IPC 6010,42 24/7 2,00 7611,12 11/4 5891,91 23/7 10,60 n/d : valeur non disponible.

EUROPE Jeudi 25 juillet 9h42 FRANCFORT TOKYO NEW YORK INDICES DANONE ...... FR...... 114,80...... 2,59 24/7 : 269 millions d'euros échangés 25/7 : 910 millions d'euros échangés Séance du 24/7 PROCTER AND GAMBLE ...... 82,25...... 3,84 SECTEURS EURO STOXX DEUTSCHE BANK AG...... AL...... 57,55...... 2,26 Valeur Cours de clôture (¤) % var. Valeur Cours de clôture (¥) % var. NYSE SBC COMMUNICATIONS...... 24,72...... 6,09 Indice % var. DEUTSCHE TELEKOM...... AL...... 12,00...... 0,00 TEXAS INSTRUMENTS...... 24,00...... 2,21 Meilleures performances Meilleures performances 2742 millions de titres échangés EURO STOXX 50 ...... 2517,00...... 3,23 E.ON ...... AL...... 47,89 .....-2,17 TELESENSKSCL...... 0,03...... 50,00 RIGHT ON...... 1280,00 ...... 30,61 Valeur Cours de clôture ($) % var. UNITED TECHNOLOGIE ...... 64,50...... 5,25 AUTOMOBILE ...... 186,01 .....-0,75 ENDESA...... ES...... 11,21...... 1,91 VERIZON COMM ...... 27,85...... 1,53 HERLITZ AG...... 4,00 ...... 26,98 TOSCO...... 80,00 ...... 21,21 3M ...... 119,72...... 7,12 BANQUES...... 211,45...... 3,23 ENEL ...... IT ...... 4,59...... 1,32 WAL-MART STORES ...... 47,94...... 6,30 FORTUNECITY.COM...... 0,06 ...... 20,00 ARABIAN OIL...... 607,00 ...... 19,72 AM INTL GRP...... 53,38...... 4,46 PRODUIT DE BASE ...... 161,45...... 1,45 ENI SPA ...... IT...... 13,91...... 2,96 WALT DISNEY COMPAN...... 16,42...... 5,05 LOBSTER NETWORK ...... 0,07 ...... 16,67 OHMORI...... 32,00 ...... 18,52 ALCOA ...... 24,94...... 4,79 CHIMIE...... 281,36...... 1,69 FORTIS...... BE...... 14,60...... 3,62 MEDIA ...... 0,68 ...... 15,25 SOFTBRAIN...... 248000,00 ...... 18,10 AOL TIME WARNER...... 11,40 ...... -1,30 NASDAQ TÉLÉCOMMUNICATIONS ...... 306,79...... 4,80 FRANCE TELECOM...... FR...... 13,67...... 5,15 KINOWELT MEDIEN...... 0,08 ...... 14,29 MARUBENI INFOTEC...... 315,00 ...... 16,24 AMERICAN EXPRESS ...... 30,43...... 6,18 2482 millions de titres échangés CONSTRUCTION...... 192,45...... 1,07 GENERALI ASS...... IT...... 17,72...... 3,32 MATCHNET GDR...... 1,60 ...... 14,29 DEUTSCHE TELEKOM ...... 1390,00 ...... 15,74 AT & T ...... 9,06...... 2,95 Valeur Cours de clôture ($) % var. CONSOMMATION CYCLIQUE...... 93,81...... 2,61 ING GROEP CVA...... NL...... 18,48...... 8,07 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances BANK OF AMERICA ...... 59,00...... 1,90 ALTERA CORP...... 12,84...... 8,91 PHARMACIE...... 330,14...... 1,54 KONINKLIJKE AHOLD ...... NL...... 15,76...... 8,47 LIPRO ...... 0,01...... -75,00 SHINTOM...... 1,00...... -50,00 BOEING CO...... 41,19...... 6,02 AMAZON.COM...... 14,10 ...... -3,09 ÉNERGIE ...... 265,69...... 3,34 L'OREAL...... FR...... 66,25...... 2,63 AGIPLAN TECHNOSOFT ...... 1,00...... -72,97 HAYASHIKANE SANGYO ...... 62,00...... -19,48 BRISTOL MYERS SQUI...... 20,55 ...... -2,61 AMGEN INC...... 37,09...... 4,10 SERVICES FINANCIERS...... 157,99...... 2,48 LVMH ...... FR...... 43,00...... 3,37 PORTA SYSTEMS...... 0,05...... -72,22 SATA CONSTRUCTION...... 62,00...... -18,42 CATERPILLAR ...... 43,20...... 8,00 APPLIED MATERIALS ...... 16,55...... 6,23 ALIMENTATION ET BOISSON ...... 193,94...... 2,54 MUENCHENER RUECKV ...AL...... 186,50...... 0,97 M&S ELEKTRONIK ...... 0,01...... -50,00 KINUGAWA RUBBER...... 73,00...... -16,09 CITIGROUP...... 29,59...... 9,59 BED BATH & BEYOND ...... 31,39...... 8,43 BIENS D'ÉQUIPEMENT ...... 282,84...... 1,94 NOKIA OYJ...... FI...... 11,85...... 5,61 LETSBUYIT.COM...... 0,01...... -50,00 KOKUNE...... 28,00...... -15,15 COCA-COLA ...... 46,85...... 5,09 CISCO SYSTEMS...... 13,09...... 4,72 ASSURANCES...... 184,44...... 3,92 PINAULT PRINTEMPS...... FR...... 83,55...... 4,44 SER SYSTEMS...... 0,03...... -40,00 JAPAN VILENE...... 222,00...... -14,62 COLGATE PALMOLIVE...... 49,99...... 5,91 COMCAST A SPECIAL ...... 18,69...... 1,58 MÉDIAS ...... 155,56...... 2,59 REPSOL YPF ...... ES...... 11,17...... 2,85 DINO ENTERTAINMENT...... 1,30...... -35,00 ASHIKAGA BANK...... 141,00...... -14,55 DOW CHEMICAL...... 27,45...... 4,81 CONCORD EFS ...... 24,07...... 3,97 BIENS DE CONSOMMATION...... 278,12...... 2,95 ROY.PHILIPS ELECTR ...... NL...... 22,39...... 4,14 DUPONT DE NEMOURS...... 40,28...... 8,72 DELL COMPUTER ...... 24,24...... 6,60 COMMERCE ET DISTRIBUTION.....220,38...... 2,79 ROYAL DUTCH PETROL ....NL...... 42,94...... 3,17 EASTMAN KODAK...... 28,39...... 5,11 EBAY...... 55,75...... 4,87 HAUTE TECHNOLOGIE ...... 257,34...... 2,05 RWE...... AL...... 32,09 .....-1,23 EXXON MOBIL ...... 33,93...... 9,73 FLEXTRONICS INTL ...... 7,80...... 9,55 SERVICES COLLECTIFS ...... 217,88...... 1,49 SAINT GOBAIN...... FR...... 36,74...... 1,35 LONDRES PARIS FORD MOTOR ...... 12,64...... 4,46 GEMSTAR TV GUIDE ...... 4,54...... 7,33 SANOFI-SYNTHELABO ...... FR...... 53,05...... 1,05 LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXX 24/7 : 3480 millions d'euros échangés 24/7 : 173 millions d'euros échangés GENERAL ELECTRIC ...... 26,53...... 6,98 GENZYME ...... 19,86...... 7,35 SANPAOLO IMI ...... IT ...... 7,45...... 1,64 Code Cours % var. Valeur Cours de clôture (£) % var. Valeur Cours de clôture (¤) % var. GENERAL MOTORS...... 44,75...... 8,30 INTEL CORP ...... 18,70...... 5,00 SIEMENS ...... AL...... 50,21 .....-0,57 pays /préc. Meilleures performances Meilleures performances GILLETTE CO...... 32,25...... 4,34 INTUIT ...... 44,34 ...... 10,88 SOCIETE GENERALE A ...... FR...... 47,34...... 5,08 ABN AMRO HOLDING ...... NL...... 13,87...... 5,00 SCOOT.COM ...... 0,01 ...... 66,67 SCHNEIDER ELECTRIC ...... 45,81...... 6,31 HEWLETT PACKARD...... 12,00...... 4,17 JDS UNIPHASE...... 3,00...... 5,63 SUEZ...... FR...... 20,85...... 9,16 AEGON NV...... NL...... 12,10...... 9,40 AUTONOMY CORP ...... 1,18...... 5,58 NESTLE NOM...... 201,00...... 5,29 HOME DEPOT INC...... 30,72...... 9,13 LINEAR TECHNOLOGY ...... 29,45...... 4,84 TELECOM ITALIA...... IT ...... 8,00...... 1,91 AIR LIQUIDE...... FR...... 135,80...... 4,06 SPIRENT...... 0,76...... 4,10 DASSAULT SYSTEMES...... 34,62...... 4,62 HONEYWELL INTL...... 30,75...... 7,89 MAXIM INTEGR PROD...... 38,16...... 3,64 TELEFONICA...... ES ...... 9,25 ....11,18 ALCATEL A ...... FR ...... 5,95...... 5,68 EMI GROUP...... 2,07...... 4,02 ELIOR ...... 6,95...... 4,51 IBM ...... 69,54...... 3,79 MICROSOFT...... 46,23...... 7,49 TIM ...... IT ...... 4,32...... 2,86 ALLIANZ N ...... AL...... 146,40 .....-0,41 COLT TELECOM GROUP ...... 0,46...... 3,37 CANAL+ ...... 4,08...... 3,82 INTL PAPER...... 38,65...... 6,44 ORACLE CORP...... 9,40...... 6,82 TOTAL FINA ELF ...... FR...... 130,70...... 3,57 AVENTIS...... FR...... 55,85...... 3,43 LOGICA...... 1,78...... 3,19 PEUGEOT ...... 42,65...... 3,52 JOHNSON & JOHNSON...... 47,64...... 8,08 PAYCHEX ...... 23,76...... 6,07 UNICREDITO ITALIAN ...... IT ...... 3,57...... 1,42 AXA...... FR...... 10,47...... 5,76 RECKITT BENCKISER...... 10,04...... 1,62 SAGEM ...... 58,35...... 3,27 J.P.MORGAN CHASE ...... 23,30 ...... 16,04 PEOPLESOFT INC...... 18,26...... 9,08 UNILEVER CVA ...... NL...... 51,25...... 3,22 BASF AG...... AL...... 38,05...... 0,40 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances LUCENT TECHNOLOGIE ...... 1,61 ...... -2,42 QUALCOMM INC...... 29,10...... 3,85 VIVENDI UNIVERSAL...... FR...... 15,55...... 4,71 BAYER...... AL...... 24,88...... 0,00 KINGFISHER...... 0,12...... -55,14 ALTRAN TECHNOLOGIE...... 15,35...... -32,35 MC DONALD'S CORP...... 23,77 ...... -0,29 SIEBEL SYSTEMS...... 9,64 ...... 10,17 VOLKSWAGEN ...... AL...... 40,41 .....-2,49 BAYR.HYP.U.VERBK...... AL...... 20,99...... 2,39 BRITISH BIOTECH PL...... 0,06...... -11,11 ALTEN ...... 6,94...... -22,02 MERCK AND CO...... 42,60...... 9,09 STARBUCKS CORP ...... 21,08 ...... 11,71 BBVA ...... ES ...... 9,51...... 2,81 ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa- PACE MICRO TECH ...... 0,22...... -10,42 GENESYS ...... 2,33...... -21,02 MOTOROLA ...... 13,46...... 0,45 SUN MICROSYSTEMS...... 4,05...... 1,76 BNP PARIBAS ...... FR...... 41,30...... 4,98 gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem- ROYAL AND SUN ALLI...... 1,49...... -10,24 UNILOG...... 31,53...... -14,60 NORTEL NETWORKS...... 1,78...... 3,49 VERITAS SOFTWARE ...... 18,51 ...... 10,51 bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE BSCH...... ES ...... 7,20...... 3,90 (Belgique), GR (Grèce). WOOD GROUP (JOHN) ...... 1,70 ...... -9,09 PENAUILLE POLYSERV...... 12,50...... -14,38 PEPSICO ...... 39,55...... 9,95 WORLDCOM...... 0,17...... 0,00 CARREFOUR...... FR...... 41,34...... 3,35 HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE OLD MUTUAL ...... 0,73...... -9,01 INGENICO ...... 13,03...... -13,99 PFIZER INC...... 27,89...... 7,06 XILINX INC...... 20,23...... 10,31 DAIMLERCHRYSLER N...... AL...... 42,20 .....-1,88 (Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark). STAGECOACH GROUP...... 0,31 ...... -8,82 RODRIGUEZ GROUP...... 57,40...... -12,63 PHILIP MORRIS COS ...... 44,66...... 1,04 YAHOO INC ...... 13,58...... 7,27

MARCHÉ DES CHANGES 25/7, 9h42 TAUX TAUX COURANTS OR MÉTAUX Cours % var. Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S. TAUX D'INTÉRÊTS LE 25/7 Taux de base bancaire...... 6,60 % JEUDI 25 JUILLET 9h42 JEUDI 25 JUILLET 9h43 Cours Taux Taux Taux Taux Taux des oblig. des sociétés privées ...... 5,40 % % var. LONDRES j.le j. 3 mois 10 ans 30 ans NEW YORK Taux d'intérêt légal...... 4,26 % OR FIN KILO BARRE ...... 10000,00...... -3,38 ALUMINIUM COMPTANT ($).....1295,50...... -0,56 ($) 0,85892 1,00025 1,57730 0,68975  TOKYO 3,32 3,38 4,92 5,20 OR FIN LINGOT...... 10200,00...... -1,92 ALUMINIUM À 3MOIS ($)...... 1315,00...... -0,60 (¥) 116,42500 116,39925 183,71000 80,26648 - 3,56 3,99 4,93 4,84 Crédit immobilier à taux fixe ONCE D'OR EN DOLLAR...... 311,25...... -2,64 CUIVRE COMPTANT ($)...... 1506,25...... -1,31  PARIS ¤ 3,32 3,38 4,99 5,33 taux effectif moyen ...... 6,05 % PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...... 58,00...... -2,03 CUIVRE À 3MOIS ($)...... 1525,04...... -1,20 ( ) 1,00035 0,85915 1,57785 0,68955  usure ...... 8,07 % LONDRES 3,32 3,38 4,76 5,18 PIÈCE 20 FR. SUISSE ...... 58,00...... -1,86 ETAIN COMPTANT ($) ...... 4024,00...... -3,50 (£) 0,63399 0,54434 0,63380 0,43701  0,05 0,07 1,18 1,94 Crédit immobilier à taux variable PIÈCE UNION LAT. 20...... 58,00...... -2,03 ETAIN À 3MOIS ($) ...... 4064,90...... -3,42 - taux effectif moyen ...... 6,04 % ZURICH (FR. S.) 1,44980 1,24585 1,45030 2,28830 1,81 1,82 4,39 5,45 PIÈCE 10 US$...... 210,00...... 0,00 NICKEL COMPTANT ($)...... 6672,00...... -0,82  1,10 1,05 2,94 3,52 usure ...... 8,05 % PIÈCE 20 US$...... 385,25...... 0,00 NICKEL À 3MOIS ($)...... 6699,90...... -0,78 Crédit consommation (- de 1 524 euros) PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS...... 375,00...... -2,60 PLOMB COMPTANT ($)...... 437,00...... -0,29 taux effectif moyen ...... 17,35 % PLOMB À 3MOIS ($)...... 447,48...... -0,18 COURS DE L'EURO EURO à 6 mois EURO à 5 jours usure...... 23,13 % ZINC COMPTANT ($)...... 759,50...... -0,85 MARCHÉS A TERME LE 25/7, 9h42 Crédit renouvelable, découverts Achat Vente Echéance Premier Dernier Contrats ZINC À 3MOIS ($)...... 779,90...... -0,84 taux effectif moyen ...... 13,98 % 1.0116 0.9943 prix prix ouverts DENRÉES NEWYORK  ...... 7,4254...... 7,4356  usure...... 18,64 % 0.99 JEUDI 25 JUILLET 9h42 Cours % var. ARGENT À TERME ($)...... 487,50...... 0,31  ...... 7,5539...... 7,5592  40 . 7/2 3020,00 3032,50 571505 Crédit consommation (+ de 1 524 euros) 1.0070 PLATINE À TERME ($)...... 518,00...... 0,78  ...... 9,4445...... 9,4533 0.96  . 9/2 88,40 5 taux effectif moyen ...... 8,70 % BLE ($ CHICAGO) ...... 346,00...... 1,02    . 50 ...... 29,9870...... 30,4959 0.93 1.0024 9/2 2565,00 2446,00 1589 usure...... 11,60 % CACAO ($ NEW YORK) ...... 1731,00...... -2,21  ...... 1,8434...... 1,8453  CAFE (£ LONDRES)...... 525,00...... 0,29 0.91 0.9978 Crédit aux entreprises (+ de 2ans)  ...... 1,5636...... 1,5647  10  9/2 109,00 109,32 860061 COLZA (¤ PARIS) ...... 243,25...... 0,41    moyenne taux variable ...... 5,76 % PÉTROLE ...... 7,7950...... 7,7993 0.88 0.9932 MAÏS ($ CHICAGO)...... 259,00...... 3,08 usure taux variable ...... 7,68 % Cours % var.  -...... 2,1329...... 2,1363  3. ERROR 96,65 96,64 401996 ORGE (£ LONDRES)...... 59,75...... 0,00 JEUDI 25 JUILLET 9h43 0.86 0.9886 moyenne taux fixe ...... 6,31 %   ...... 244,3778 ...... 245,1510   JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ...... 1,00...... 0,85 BRENT (LONDRES) ...... 25,37...... -1,40 usure taux fixe...... 8,41 %  ...... 32455,0000..32519,0000 JFMAMJ J 18 24   9/2 7575,00 8200,00 36310 SUCRE BLANC (£ LONDRES)...... 182,30...... -2,51 WTI (NEW YORK)...... 26,28...... -1,39 ...... 31,5272...... 31,5467 2002 Juillet .   9/2 845,10 839,60 577771 (Taux de l’usure : taux maximum légal) SOJA TOURT. ($ CHICAGO)...... 173,40...... 1,76 LIGHT SWEET CRUDE ...... 26,70...... 1,48 LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/15 MARCHÉS FRANÇAIS

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code PREMIER MARCHÉ cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam FAURECIA ...... ◗...... 40,50...... 38,25 ...... 5,88....-31,35 ...... 61,40...... 35,50 .....0,91 ...12114 SCHNEIDER ELECTRIC ...... ◗...... 46,76...... 45,81 ...... 2,07....-13,40 ...... 59,85...... 40,95 .....1,60 ...12197 VALEURS FRANCAISES F.F.P. (NY)...... ◗ ....101,70...... 95,00 ...... 7,05 ...... 4,79...... 132,50...... 93,60 .....2,20...... 6478 SCOR SVN ...... ◗...... 20,90...... 20,00 ...... 4,50....-40,97 ...... 46,80...... 19,09 .....0,30 ...13030 Jeudi 25 juillet 9h30 FIMALAC...... ◗...... 41,07...... 40,65 ...... 1,03 ...... 1,91 ...... 50,50...... 37,00 .....1,40...... 3794 S.E.B...... ◗...... 79,70...... 77,75 ...... 2,51 .....27,21 ...... 96,05...... 61,00 .....2,00 ...12170 Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code FINAXA...... 61,90...... 62,30...... -0,64....-21,79...... 107,50...... 55,80 .....2,24...... 3313 SEITA...... n/d...... 53,55...... n/d .....11,09 ...... 58,00...... 45,10 .....0,10 ...13230 cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam FONC.LYON.# ...... 28,00...... 27,73 ...... 0,97 ...... 4,86 ...... 32,60...... 25,20 .....1,00...... 3340 SELECTIBAIL(EXSEL) ...... n/d...... 16,50...... n/d ...... 3,64 ...... 18,50...... 15,80 .....1,48 ...12599 ACCOR...... ◗ ...... 32,05...... 31,00 ...... 3,39....-21,50 ...... 49,00...... 30,53 .....1,05 ...12040 FRANCE TELECOM...... ◗...... 14,06...... 13,00 ...... 8,15....-68,68 ...... 48,16...... 8,60 .....1,00 ...13330 SIDEL...... 33,10...... 33,10...... n/d....-33,80 ...... 53,00...... 30,15...... n/d ...13060 AFFINE ...... 38,80...... 38,80...... n/d ...... 5,14 ...... 40,05...... 30,34 .....1,40...... 3610 FROMAGERIES BEL...... n/d.....116,00...... n/d .....16,05...... 120,00...... 91,80 .....2,22 ...12185 SILIC ...... 170,00.....170,00...... n/d ...... 8,41...... 189,00 ....151,00 .....7,10...... 5091 AGF...... ◗...... 34,98...... 33,29 ...... 5,08....-35,10 ...... 58,50...... 30,10 .....2,00 ...12592 GALERIES LAFAYETTE ...... ◗ ....127,30.....124,10 ...... 2,58....-16,74...... 168,90 ....118,00 .....0,90 ...12124 SIMCO...... ◗...... 82,50...... 81,65 ...... 1,04 ...... 6,45 ...... 90,00...... 76,10 .....2,80 ...12180 AIR FRANCE GPE NOM...... ◗...... 13,62...... 12,90 ...... 5,58....-17,15 ...... 21,19...... 12,40 .....0,22...... 3112 GAUMONT # ...... 47,32...... 47,32...... n/d .....14,85 ...... 53,70...... 39,00 .....0,57...... 3489 SKIS ROSSIGNOL...... 9,54 ...... 9,53 ...... 0,10....-34,11 ...... 15,90...... 9,01 .....0,28 ...12041 AIR LIQUIDE ...... ◗ ....137,30.....130,50 ...... 5,21...... -1,86...... 160,00 ....121,60 .....3,20 ...12007 GECINA...... ◗...... 94,00...... 93,50 ...... 0,53 ...... 2,73...... 104,00...... 90,00 .....3,60 ...13151 SOCIETE GENERALE...... ◗...... 48,20...... 45,05 ...... 6,99....-23,30 ...... 81,40...... 40,21 .....2,10 ...13080 ALCATEL A...... ◗...... 6,10 ...... 5,63 ...... 8,35....-68,22 ...... 21,62...... 4,96 .....0,16 ...13000 GENERALE DE SANTE ...... 14,21...... 14,45...... -1,66...... -1,04 ...... 17,85...... 13,71...... n/d...... 4447 SODEXHO ALLIANCE ...... ◗...... 26,30...... 26,11 ...... 0,73....-45,21 ...... 49,70...... 25,14 .....0,56 ...12122 ALCATEL O ...... 1,89 ...... 1,74 ...... 8,62....-75,51 ...... 9,62...... 1,61 .....0,10 ...13015 GEOPHYSIQUE...... ◗...... 30,20...... 29,10 ...... 3,78....-14,32 ...... 50,05...... 28,32 .....1,22 ...12016 SOMFY (EX DAMART) ...... 92,00...... 92,00...... n/d .....37,39 ...... 99,75...... 66,04 .....3,80 ...12049 ALSTOM...... ◗...... 10,01 ...... 9,53 ...... 5,04....-14,29 ...... 15,24...... 9,17 .....0,55 ...12019 GFI INFORMATIQUE ...... ◗...... 5,75 ...... 5,16.....11,43....-52,28 ...... 13,34...... 5,08 .....0,15...... 6337 SOPHIA ...... ◗...... 30,73...... 30,73...... n/d ...... 1,82 ...... 32,98...... 30,00 .....1,52 ...12077 ALTRAN TECHNO. #...... ◗...... 15,90...... 15,35 ...... 3,58....-68,66 ...... 66,40...... 15,23 .....0,20...... 3463 GRANDVISION CA# ...... ◗...... 16,60...... 16,40 ...... 1,22 ...... 8,85 ...... 20,10...... 15,05 .....0,30...... 5297 SOPRA GROUP CB# ...... ◗...... 33,80...... 30,60.....10,46....-12,79 ...... 59,20...... 29,90 .....0,80...... 5080 ARBEL# ...... 3,30 ...... 3,25 ...... 1,54 ...... 6,45 ...... 7,50...... 2,92 .....0,53...... 3588 GROUPE GASCOGNE...... 73,00...... 72,00 ...... 1,39...... -1,61 ...... 86,00...... 67,75 .....2,70 ...12441 SPIR COMMUNIC. #...... ◗...... 74,90...... 72,00 ...... 4,03...... -3,97 ...... 91,00...... 71,55 .....3,00 ...13173 AREVA CIP...... 166,90.....163,00 ...... 2,39 ...... 4,63...... 201,00 ....158,80 .....6,20...... 4524 GROUPE PARTOUCHE #...... 79,00...... 79,65...... -0,82 ...... 6,39 ...... 84,20...... 63,00 .....0,80...... 5354 SR TELEPERFORMANCE .....◗...... 20,20...... 18,61 ...... 8,54....-14,04 ...... 29,68...... 18,00 .....0,18...... 5180 ASF...... ◗...... 24,50...... 24,12 ...... 1,58...... n/d ...... 28,20...... 23,00...... n/d ...18415 GR.ZANNIER (LY)...... n/d...... 90,25...... n/d .....14,82 ...... 91,00...... 72,00 .....0,73 ...12472 STERIA GROUPE #...... 14,00...... 12,75 ...... 9,80....-53,02 ...... 38,80...... 11,90 .....0,18...... 7291 ATOS ORIGIN...... ◗...... 46,25...... 43,23 ...... 6,99....-37,11 ...... 94,40...... 42,39...... n/d...... 5173 GUYENNE GASCOGNE ...... ◗...... 82,40...... 77,50 ...... 6,32...... -3,05 ...... 92,95...... 74,00 .....1,70 ...12028 SUCR.PITHIVIERS...... n/d.....360,00...... n/d...... -6,54...... 445,00 ....360,00...12,00...... 3331 AVENTIS ...... ◗...... 56,65...... 54,00 ...... 4,91....-28,96 ...... 85,95...... 52,75 .....0,58 ...13046 HAVAS ...... ◗...... 4,94 ...... 4,80 ...... 2,92....-39,23 ...... 11,00...... 4,40 .....0,17 ...12188 SUEZ...... ◗...... 21,00...... 19,10 ...... 9,95....-38,23 ...... 34,90...... 18,38 .....0,71 ...12052 AXA...... ◗...... 10,77 ...... 9,90 ...... 8,79....-54,11 ...... 26,09...... 8,80 .....0,56 ...12062 IMERYS ...... ◗ ....114,50.....111,00 ...... 3,15 ...... 6,21...... 139,00...... 98,00 .....3,70 ...12085 TAITTINGER ...... n/d.....135,00...... n/d ...... 3,92...... 159,50 ....120,00 .....2,45...... 3720 BACOU DALLOZ ...... 81,50...... 80,00 ...... 1,88...... -7,38...... 138,00...... 77,00 .....0,90...... 6089 IMMEUBLES DE FCE...... n/d...... 22,00...... n/d...... n/d ...... 25,00...... 19,80 .....0,30 ...12037 TECHNIP-COFLEXIP...... ◗...... 84,20...... 80,50 ...... 4,60....-43,86...... 162,90...... 79,65 .....3,30 ...13170 BAIL INVESTIS.CA...... 133,10.....132,90 ...... 0,15 ...... 9,90...... 147,00 ....122,50 .....7,58 ...12018 IMMOBANQUE NOM...... 126,50.....126,50...... n/d...... n/d...... 132,50 ....118,00 .....7,92...... 5793 TF1...... ◗...... 24,25...... 23,32 ...... 3,99....-14,58 ...... 36,88...... 21,60 .....0,65...... 5490 BEGHIN SAY...... ◗...... 37,50...... 37,50...... n/d...... -8,08 ...... 45,90...... 36,52 .....1,70...... 4455 INFOGRAMES ENTER...... ◗...... 4,42 ...... 4,05 ...... 9,14....-65,86 ...... 15,98...... 3,20...... n/d...... 5257 THALES ...... ◗...... 37,48...... 36,50 ...... 2,68...... -3,27 ...... 46,20...... 34,70 .....0,70 ...12132 BIC...... ◗...... 34,47...... 33,50 ...... 2,90....-10,14 ...... 44,66...... 32,40 .....0,36 ...12096 INGENICO...... ◗...... 14,40...... 13,03.....10,51....-29,89 ...... 25,90...... 13,03 .....0,15 ...12534 THOMSON MULTIMEDIA..◗...... 22,00...... 22,00...... n/d....-36,23 ...... 37,15...... 20,40...... n/d ...18453 BNP PARIBAS...... ◗...... 41,78...... 39,34 ...... 6,20....-16,85 ...... 61,85...... 36,35 .....1,20 ...13110 JC DECAUX...... ◗...... 11,47...... 10,38.....10,50...... -8,60 ...... 15,40...... 9,70...... n/d...... 7791 TOTAL FINA ELF...... ◗ ....131,10.....126,20 ...... 3,88....-18,26...... 179,40 ....121,20 .....3,80 ...12027 BOLLORE...... ◗ ....235,00.....234,00 ...... 0,43...... -2,16...... 262,00 ....230,00 .....3,00 ...12585 KAUFMAN ET BROAD ...... 19,05...... 18,91 ...... 0,74 .....15,45 ...... 23,63...... 16,21 .....0,92 ...12105 TRANSICIEL # ...... ◗...... 18,00...... 15,85.....13,56....-48,11 ...... 40,56...... 15,31 .....0,55...... 6271 BOLLORE INV...... 42,00...... 42,00...... n/d....-18,20 ...... 55,00...... 42,00 .....0,25...... 3929 KLEPIERRE...... ◗ ....121,00.....115,90 ...... 4,40 .....12,76...... 134,60 ....108,20 .....3,10 ...12196 UBI SOFT ENTERTAIN...... ◗...... 12,95...... 11,90 ...... 8,82....-65,46 ...... 39,97...... 11,30...... n/d...... 5447 BONGRAIN...... n/d...... 49,35...... n/d ...... 9,66 ...... 59,80...... 41,70 .....1,45 ...12010 LAFARGE...... ◗...... 87,00...... 85,40 ...... 1,87....-17,06...... 111,20...... 85,00 .....2,30 ...12053 UNIBAIL (CA)...... ◗...... 62,10...... 60,55 ...... 2,56 ...... 8,85 ...... 70,90...... 54,00 .....1,70 ...12471 BOUYGUES...... ◗...... 23,99...... 23,50 ...... 2,09....-34,80 ...... 38,95...... 23,12 .....0,36 ...12050 LAGARDERE...... ◗...... 40,26...... 38,95 ...... 3,36....-14,34 ...... 54,85...... 37,02 .....0,82 ...13021 UNILOG...... ◗...... 34,00...... 31,53 ...... 7,83....-50,25 ...... 90,00...... 31,30 .....0,45...... 3466 BOUYGUES OFFS...... ◗ ...... n/d...... 60,00...... n/d .....49,81 ...... 60,00...... 38,60 .....1,10 ...13070 LEBON (CIE) ...... 56,50...... 56,00 ...... 0,89 .....12,54 ...... 59,00...... 48,75 .....2,30 ...12129 USINOR OPE ...... n/d...... 12,01...... n/d...... n/d...... n/d ...... n/d...... n/d...... 4513 BULL#...... ◗...... 0,42 ...... 0,41 ...... 2,44....-65,85 ...... 1,36...... 0,40...... n/d...... 5260 LEGRAND ORD...... n/d.....129,00...... n/d....-10,41...... 180,00 ....122,10 .....0,93 ...12061 VALEO...... ◗...... 34,39...... 33,19 ...... 3,62....-23,23 ...... 53,00...... 32,81 .....0,70 ...13033 BURELLE (LY)...... n/d...... 65,00...... n/d .....30,96 ...... 68,00...... 49,63 .....0,60...... 6113 LEGRAND ADP...... n/d.....105,30...... n/d....-15,08...... 143,20 ....101,10 .....1,49 ...12528 VALLOUREC...... ◗...... 52,10...... 50,60 ...... 2,96...... -2,15 ...... 71,40...... 49,03 .....2,10 ...12035 BUSINESS OBJECTS...... ◗...... 19,00...... 20,39...... -6,82....-49,40 ...... 51,00...... 16,26...... n/d ...12074 LEGRIS INDUST...... ◗...... 19,70...... 20,13...... -2,14....-10,45 ...... 25,39...... 18,20 .....0,70 ...12590 VINCI...... ◗...... 59,80...... 59,80...... n/d...... -9,17 ...... 74,90...... 58,35 .....1,70 ...12548 CANAL + ...... ◗...... 4,23 ...... 4,08 ...... 3,68 .....18,15 ...... 4,24...... 3,43 .....0,18 ...12546 LIBERTY SURF...... 3,01 ...... 2,80 ...... 7,50 ...... 5,61 ...... 3,80...... 2,76...... n/d...... 7508 VIVARTE ...... 34,20...... 31,50 ...... 8,57 ...... 6,47 ...... 36,00...... 31,00 .....1,98 ...13041 CAP GEMINI...... ◗...... 31,94...... 30,64 ...... 4,24....-60,61 ...... 90,70...... 29,30 .....0,40 ...12533 LOCINDUS...... 126,00.....125,00 ...... 0,80...... n/d...... 143,90 ....120,00 .....8,76 ...12135 VIVENDI ENVIRON...... ◗...... 22,24...... 21,18 ...... 5,00....-39,95 ...... 38,76...... 20,30 .....0,55 ...12414 CARBONE-LORRAINE ...... ◗...... 25,00...... 23,51 ...... 6,34....-16,66 ...... 39,48...... 23,51 .....0,80...... 3962 L'OREAL ...... ◗...... 67,00...... 64,55 ...... 3,80....-17,18 ...... 88,30...... 60,55 .....0,54 ...12032 VIVENDI UNIVERSAL ...... ◗...... 16,10...... 14,85 ...... 8,42....-73,82 ...... 64,40...... 13,20 .....1,00 ...12777 CARREFOUR ...... ◗...... 42,39...... 40,00 ...... 5,98....-27,41 ...... 58,80...... 36,33 .....0,56 ...12017 LOUVRE #...... 64,00...... 60,10 ...... 6,49 ...... 1,91 ...... 83,40...... 59,55 .....1,30...... 3311 WANADOO ...... ◗...... 5,14 ...... 4,90 ...... 4,90...... -8,70 ...... 6,70...... 4,34...... n/d ...12415 CASINO GUICH.ADP...... 54,55...... 52,50 ...... 3,90....-12,72 ...... 67,30...... 51,05 .....1,58 ...12113 LUCIA...... n/d...... 12,40...... n/d...... -4,61 ...... 14,13...... 10,42 .....1,83...... 3630 WORMS & CIE NOM...... 17,00...... 17,00...... n/d....-12,82 ...... 21,02...... 16,91 .....0,56...... 6336 CASINO GUICHARD ...... ◗...... 74,30...... 73,00 ...... 1,78....-14,25 ...... 89,90...... 71,00 .....1,54 ...12558 LVMH MOET HEN...... ◗...... 44,00...... 41,60 ...... 5,77...... -3,71 ...... 61,60...... 38,50 .....0,53 ...12101 ZODIAC...... ◗...... 23,25...... 21,10.....10,19 .....14,02 ...... 28,85...... 20,40 .....5,20 ...12568 CASTORAMA DUB.(LI) ...... ◗...... 65,85...... 65,60 ...... 0,38 .....13,82 ...... 68,50...... 54,25 .....0,76 ...12420 MARIONNAUD PARFUM...◗...... 40,89...... 38,78 ...... 5,44....-24,83 ...... 57,60...... 37,00...... n/d...... 6494 ...... CEGID (LY)...... 54,20...... 52,00 ...... 4,23....-30,82 ...... 90,50...... 50,20 .....2,30 ...12470 MATUSSIERE FOREST...... 7,00 ...... 6,91 ...... 1,30....-21,25 ...... 9,85...... 6,90 .....0,22...... 6057 ...... CEREOL ...... ◗...... 31,10...... 30,95 ...... 0,48 ...... 9,31 ...... 36,40...... 28,00 .....0,65...... 4456 MAUREL ET PROM...... 20,43...... 19,52 ...... 4,66 .....31,80 ...... 24,99...... 15,10 .....0,91...... 5107 ...... CERESTAR...... n/d...... 30,00...... n/d...... -2,59 ...... 33,06...... 30,00...... n/d...... 4457 METALEUROP ...... 2,64 ...... 2,43 ...... 8,64....-14,28 ...... 4,90...... 2,43 .....0,61 ...12038 ...... CFF.RECYCLING ...... 43,20...... 43,00 ...... 0,47 ...... 8,00 ...... 49,88...... 38,50 .....2,08...... 3905 MICHELIN ...... ◗...... 35,50...... 34,20 ...... 3,80...... -4,18 ...... 45,05...... 33,01 .....0,85 ...12126 CHARGEURS ...... n/d...... 26,00...... n/d ...... 4,04 ...... 30,66...... 22,34 .....3,00 ...13069 MONTUPET SA ...... 12,57...... 12,03 ...... 4,49 .....20,51 ...... 16,40...... 10,50 .....0,17...... 3704 VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO ALTADIS...... ◗...... 19,90...... 19,76 ...... 0,71 ...... 4,29 ...... 24,63...... 17,55 .....0,28 ...12975 CHRISTIAN DIOR ...... ◗...... 33,76...... 32,42 ...... 4,13...... -2,05 ...... 47,63...... 29,81 .....0,50 ...13040 WENDEL INVEST...... ◗...... 23,68...... 22,15 ...... 6,91...... n/d ...... 36,40...... 22,12 .....2,20 ...12120 ◗ AMADEUS PRIV. A ...... ◗...... 5,40 ...... 5,03 ...... 7,36....-17,80 ...... 8,44...... 4,63 .....0,05 ...12823 CIC -ACTIONS A ...... 127,00.....127,00...... n/d ...... 5,39...... 135,00 ....118,70 .....2,36 ...12005 NATEXIS BQ POP...... 76,30...... 76,75...... -0,59....-21,25 ...... 97,50...... 73,50 .....2,50 ...12068 ◗ CIMENTS FRANCAIS...... ◗...... 48,50...... 47,01 ...... 3,17 ...... 1,04 ...... 53,50...... 46,20 .....1,40 ...12098 NEOPOST...... ◗...... 35,00...... 33,82 ...... 3,49 ...... 6,96 ...... 44,50...... 32,30...... n/d ...12056 ARCELOR...... 12,50...... 12,50...... n/d...... n/d ...... 16,69...... 12,20...... n/d...... 5786 ◗ ◗ B.A.S.F. # ...... ◗...... 33,00...... 33,95...... -2,80....-21,96 ...... 49,90...... 33,00 .....1,03 ...12807 CLARINS...... 48,01...... 46,47 ...... 3,31....-24,27 ...... 72,50...... 45,50 .....0,65 ...13029 NEXANS...... 17,60...... 16,85 ...... 4,45 ...... 8,57 ...... 24,90...... 16,00 .....0,43...... 4444 ◗ CLUB MEDITERRANEE ...... ◗...... 29,65...... 28,10 ...... 5,52....-27,68 ...... 56,40...... 27,50 .....1,00 ...12156 NORBERT DENTRES...... 26,00...... 26,05...... -0,19 .....16,33 ...... 29,69...... 21,52 .....0,60...... 5287 BAYER #...... 25,00...... 23,39 ...... 6,88....-28,79 ...... 40,52...... 23,00 .....0,71 ...12806 ◗ COMPLETEL EUROPE ...... ◗...... 0,17 ...... 0,16 ...... 6,25....-85,34 ...... 1,30...... 0,10...... n/d...... 5728 CNP ASSURANCES ...... 33,80...... 33,00 ...... 2,42...... -5,32 ...... 43,98...... 32,11 .....1,39 ...12022 NORD-EST ...... n/d...... 22,90...... n/d....-15,46 ...... 27,90...... 21,71 .....0,40 ...12055 ◗ COFACE SVN CA...... ◗...... 60,55...... 60,55...... n/d .....27,74 ...... 64,00...... 46,40 .....1,47 ...12099 NRJ GROUP...... ◗...... 18,10...... 17,65 ...... 2,55....-13,56 ...... 26,00...... 14,80 .....0,28 ...12169 DEUTSCHE BANK #...... 57,50...... 53,50 ...... 7,48....-27,53 ...... 82,60...... 49,01 .....1,03 ...12804 ◗ DEXIA...... ◗...... 12,00...... 11,37 ...... 5,54....-25,92 ...... 18,95...... 10,61 .....0,36 ...12822 COFLEXIP...... n/d...... 90,95...... n/d....-42,79...... 172,00...... 85,00 .....0,31 ...13064 OBERTHUR CARD SYS...... 2,26 ...... 2,19 ...... 3,20....-74,74 ...... 9,40...... 2,06...... n/d ...12413 ◗ COLAS...... 70,00...... 69,00 ...... 1,45 .....10,49 ...... 75,95...... 62,00 .....2,80 ...12163 ORANGE ...... ◗...... 5,26 ...... 4,79 ...... 9,81....-48,33 ...... 10,74...... 4,19...... n/d...... 7919 EADS(EX-AERO.MAT.) ...... 14,50...... 14,11 ...... 2,76 ...... 6,30 ...... 18,45...... 12,52 .....0,38...... 5730 EQUANT N.V...... ◗...... 6,90 ...... 6,75 ...... 2,22....-48,73 ...... 14,95...... 4,03...... n/d ...12701 CONTIN.ENTREPR...... n/d...... 42,10...... n/d...... -5,81 ...... 46,90...... 38,02 .....0,70...... 3664 OXYG.EXT-ORIENT...... 77,00...... 78,00...... -1,28 ...... 8,75 ...... 85,20...... 70,20...15,50...... 3117 ◗ CREDIT AGRICOLE ...... ◗...... 18,82...... 17,75 ...... 6,03 ...... 5,78 ...... 24,70...... 16,20 .....0,55...... 4507 PECHINEY ACT ORD A...... ◗...... 40,00...... 39,71 ...... 0,73....-30,91 ...... 63,80...... 38,65 .....1,00 ...13290 EURONEXT N.V ...... 19,22...... 18,50 ...... 3,89...... -9,55 ...... 25,00...... 17,78 .....0,26...... 5777 GEMPLUS INTL ...... ◗...... 1,19 ...... 1,12 ...... 6,25....-58,09 ...... 3,08...... 1,11...... n/d...... 5768 CRED.FON.FRANCE ...... 16,20...... 16,12 ...... 0,50 .....11,41 ...... 16,70...... 13,05 .....0,40 ...12081 PECHINEY B PRIV...... 39,10...... 38,20 ...... 2,36....-28,12 ...... 59,60...... 38,00 .....1,79...... 3640 ◗ CREDIT LYONNAIS ...... ◗...... 37,50...... 35,89 ...... 4,49...... n/d ...... 48,80...... 34,20 .....0,75 ...18420 PENAUILLE POLY.#...... ◗...... 14,50...... 12,50.....16,00....-63,29 ...... 45,59...... 11,27 .....0,28...... 5338 NOKIA A ...... 11,85...... 11,36 ...... 4,31....-58,71 ...... 30,32...... 10,55 .....0,27...... 5838 ◗ ROYAL DUTCH # ...... ◗...... 43,00...... 41,65 ...... 3,24....-24,09 ...... 63,15...... 40,24 .....0,72 ...13950 CS COM.ET SYSTEMES ...... 8,24 ...... 7,72 ...... 6,74...... -0,72 ...... 12,25...... 7,60...... n/d...... 7896 PERNOD-RICARD...... 84,85...... 82,95 ...... 2,29...... -2,47...... 105,40...... 81,30 .....1,00 ...12069 ◗ DANONE...... ◗ ....114,50.....111,90 ...... 2,32....-16,42...... 150,40 ....109,40 .....2,06 ...12064 PEUGEOT...... ◗...... 44,19...... 42,65 ...... 3,61...... -7,45 ...... 60,80...... 40,18 .....1,15 ...12150 ROYAL PHILIPS 0.20...... 22,49...... 21,71 ...... 3,59....-32,01 ...... 36,07...... 20,40 .....0,27 ...13955 ◗ SIEMENS # ...... ◗...... 50,05...... 48,46 ...... 3,28....-32,45 ...... 79,75...... 45,20 .....0,74 ...12805 DASSAULT-AVIATION...... 360,00.....337,00 ...... 6,82 .....13,56...... 425,00 ....284,90 .....6,50 ...12172 PINAULT-PRINT.RED...... 84,75...... 80,00 ...... 5,94....-41,39...... 154,69...... 75,00 .....2,30 ...12148 ◗ DASSAULT SYSTEMES...... ◗...... 36,30...... 34,62 ...... 4,85....-32,77 ...... 59,40...... 30,20 .....0,33 ...13065 PLASTIC OMN.(LY) ...... 70,00...... 65,65 ...... 6,63 .....18,64 ...... 96,00...... 59,05 .....1,20 ...12457 STMICROELECTRONICS ...... 22,78...... 22,40 ...... 1,70....-36,80 ...... 39,70...... 21,50 .....0,03 ...12970 ◗ TELEFONICA #...... ◗...... 9,32 ...... 8,15.....14,36....-36,07 ...... 15,32...... 7,52 .....0,28 ...12811 DEV.R.N-P.CAL LI # ...... 15,25...... 15,15 ...... 0,66 ...... 5,90 ...... 16,90...... 13,00 .....0,55 ...12423 PROVIMI...... 20,60...... 20,60...... n/d...... -3,37 ...... 24,70...... 19,25 .....0,20...... 4458 ◗ DEVEAUX(LY)# ...... 69,10...... 68,15 ...... 1,39....-14,16 ...... 78,00...... 65,00 .....3,00...... 6100 PSB INDUSTRIES LY ...... n/d...... 77,00...... n/d....-13,96 ...... 92,70...... 77,00 .....3,80...... 6032 UNILEVER NV # ...... 51,50...... 50,00 ...... 3,00....-21,85 ...... 72,40...... 48,85 .....0,80 ...13953 DIDOT-BOTTIN ...... n/d...... 78,75...... n/d .....29,09 ...... 88,00...... 61,10 .....2,74...... 3747 PUBLICIS GR. SA #...... ◗...... 20,20...... 19,65 ...... 2,80....-32,10 ...... 39,90...... 19,00 .....0,22 ...13057 ◗ VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EURO DMC (DOLLFUS MI) ...... 6,20 ...... 5,60.....10,71....-17,22 ...... 11,48...... 5,20 .....0,61 ...12133 REMY COINTREAU ...... 28,50...... 27,08 ...... 5,24 .....14,59 ...... 35,00...... 24,87 .....0,90 ...13039 ERICSSON #...... ◗...... 1,18 ...... 1,11 ...... 6,31....-80,52 ...... 6,69...... 1,02 .....0,04 ...12905 ◗ DYNACTION...... 29,00...... 28,95 ...... 0,17 ...... 7,80 ...... 32,40...... 25,41 .....0,50 ...13035 RENAULT ...... 39,85...... 39,11 ...... 1,89 ...... 0,60 ...... 57,45...... 38,60 .....0,92 ...13190 GENERAL ELECT. # ...... ◗...... 26,48...... 24,90 ...... 6,35....-42,60 ...... 47,80...... 23,51 .....0,16 ...12943 ◗ ◗ EIFFAGE ...... 81,00...... 79,20 ...... 2,27 .....18,42 ...... 97,40...... 68,80 .....2,10 ...13045 REXEL ...... 51,45...... 48,88 ...... 5,26....-21,98 ...... 75,40...... 48,50 .....2,22 ...12595 HSBC HOLDINGS...... ◗...... 10,84...... 10,60 ...... 2,26....-18,61 ...... 14,10...... 10,22 .....0,33 ...12976 ◗ ELECT.MADAGASCAR...... 22,50...... 23,30...... -3,43...... n/d ...... 24,95...... 19,60...... n/d...... 3571 RHODIA ...... 7,96 ...... 7,30 ...... 9,04....-11,35 ...... 12,40...... 7,21 .....0,12 ...12013 I.B.M # ...... ◗...... 69,50...... 66,55 ...... 4,43....-50,28...... 141,90...... 65,10 .....0,14 ...12964 ◗ ELIOR SVN SCA...... 7,54 ...... 6,95 ...... 8,49...... -6,45 ...... 9,88...... 6,50 .....0,07 ...12127 ROCHETTE (LA)...... n/d...... 11,15...... n/d....-98,35 ...... 12,35...... 10,54...... n/d ...12580 KINGFISHER SICO...... ◗...... 2,77 ...... 2,69 ...... 2,97....-42,88 ...... 5,27...... 2,51 .....0,12 ...22046 ENTENIAL(EX CDE)...... 29,10...... 28,49 ...... 2,14 .....14,79 ...... 35,89...... 25,35 .....0,54 ...12093 ROUGIER #...... n/d...... 53,50...... n/d...... -6,22 ...... 66,50...... 53,50 .....3,00...... 3764 MERCK AND CO #...... ◗...... 42,11...... 39,94 ...... 5,43....-37,89 ...... 73,20...... 38,00 .....0,32 ...12909 ◗ ERAMET...... 31,50...... 29,00 ...... 8,62...... -8,95 ...... 39,80...... 28,50 .....0,60 ...13175 ROYAL CANIN...... 145,00.....145,10...... -0,07 ...... 7,80...... 145,90 ....133,20 .....1,10...... 3153 NESTLE SA NOM. #...... ◗ ....207,50.....201,00 ...... 3,23....-13,17...... 272,90 ....186,50 .....2,84 ...13911 ◗ ESSILOR INTL ...... 38,30...... 37,48 ...... 2,19 .....12,81 ...... 45,57...... 31,20 .....0,41 ...12166 RUE IMPERIALE (LY)...... n/d.....122,00...... n/d....-21,29...... 182,00 ....117,20...21,19 ...12400 PHILIP MORRIS #...... ◗...... 44,88...... 44,20 ...... 1,54....-14,51 ...... 62,25...... 41,10 .....0,50 ...12928 ESSO...... 85,00...... 84,00 ...... 1,19 ...... 5,98 ...... 96,80...... 79,50 .....3,25 ...12066 SADE (NY) ...... n/d...... 50,55...... n/d ...... 9,89 ...... 57,50...... 45,20 .....2,80 ...12431 SCHLUMBERGER #...... ◗...... 40,11...... 38,80 ...... 3,38....-37,23 ...... 70,95...... 36,10 .....0,20 ...12936 ◗ ◗ EULER ET HERMES ...... 29,00...... 27,20 ...... 6,62....-29,88 ...... 46,13...... 26,80 .....1,40 ...12130 SAGEM S.A...... 61,50...... 58,35 ...... 5,40....-10,54 ...... 75,50...... 52,20 .....0,60...... 7327 SONY CORP. # ...... ◗...... 46,44...... 43,36 ...... 7,10....-10,00 ...... 65,45...... 43,11 .....0,13 ...12903 EURAZEO...... ◗...... 42,20...... 38,80 ...... 8,76....-30,70 ...... 60,80...... 38,70 .....1,00 ...12112 SAINT-GOBAIN...... ◗...... 37,33...... 36,25 ...... 2,98....-11,89 ...... 49,05...... 34,88 .....4,50 ...12500 ◗ Cours en euros. VALEURSINTERNATIONALESZONE EURO et HORSZONE EURO : une sélection. EURO DISNEY SCA ...... 0,65 ...... 0,61 ...... 6,56....-26,13 ...... 1,21...... 0,59...... n/d ...12587 SALVEPAR (NY)...... 54,95...... 55,00...... -0,09 ...... 9,35 ...... 58,10...... 50,10 .....1,50 ...12435 ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). En gras : CAC40. # : valeur faisant l'objet EUROTUNNEL ...... ◗...... 0,88 ...... 0,84 ...... 4,76....-22,12 ...... 1,18...... 0,83...... n/d ...12537 SANOFI SYNTHELABO ...... ◗...... 53,15...... 52,50 ...... 1,24....-36,57 ...... 84,30...... 49,78 .....0,66 ...12057 d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2002. n/d : valeur non disponible.

BRIME TECHNO. #...... 18,65...... -10,98 SYS-COM...... 8,80...... -12,87 NOUVEAU MARCHÉ MEMSCAP...... 0,76...... -10,59 SECOND MARCHÉ RODRIGUEZ GROUP # ...... 57,40...... -12,63 GUYANOR ACTION B #...... 0,17...... -10,53 COCOON NOM...... 0,14...... -12,50 24/7 : 16,07 millions d'euros échangés D.A.B BANK #...... 4,12...... -10,43 24/7 : 25,91 millions d'euros échangés SII...... 19,05...... -12,41 Valeur Cours de clôture (¤) % var. BUSINESS ET DECIS...... 3,50...... -10,26 Valeur Cours de clôture (¤) % var. TRIGANO...... 27,51...... -10,68 Meilleures performances PROSODIE #...... 22,50 ...... -9,57 Meilleures performances SECHE ENVIRONNEM.# ...... 57,00...... -10,38 INFO VISTA ...... 1,45...... 9,85 DALET #...... 0,95 ...... -9,52 COFIDUR #...... 0,54...... 8,00 UNION FIN.FRANCE ...... 23,50...... -10,10 CYBER PRES.PUBLIS#...... 14,45...... 9,06 Plus forts volumes d'échange BOIRON (LY)#...... 78,00...... 6,85 Plus forts volumes d'échange SAV.DE FRA.BAC 02...... 1,50...... 7,14 AVENIR TELECOM #...... 0,44 ...... -8,33 JET MULTIMEDIA...... 11,40...... 5,56 ALTEN (SVN) # ...... 6,94...... -22,02 QUALIFLOW # ...... 1,80...... 6,51 BELVEDERE ...... 27,05 ...... -8,15 LIRE ET VOIR IEC PROFES.MEDIA #...... 0,85...... 4,94 APRIL S.A.#(LY)...... 14,00 ...... -7,28 V CON TELEC.NOM.# ...... 0,42...... 5,00 BRIME TECHNO. #...... 18,65...... -10,98 C.I.S...... 28,20...... 4,83 BENETEAU #...... 44,09 ...... -2,02 CHEMUNEX ...... 0,36...... 2,86 CEREP #...... 11,30 ...... -7,07 PARCOURS...... 7,77...... 4,58 BOIRON (LY)#...... 78,00...... 6,85 INFOTEL # ...... 22,00...... 2,28 DEVOTEAM # ...... 11,08 ...... -5,70 MGI COUTIER # ...... 12,00...... 3,72 BONDUELLE...... 66,00 ...... -8,08 NICOX # ...... 15,55...... 2,17 GAUDRIOT # ...... 31,21 ...... -5,42 OXYMETAL...... 3,50...... 2,94 BRIOCHE PASQ.(NS)#...... 69,45 ...... -0,14 GAMELOFT # ...... 0,54...... 1,89 GENESYS #...... 2,33...... -21,02 LES PLUS BEAUX CARNETS HYPARLO #(LY) ...... 31,40...... 2,88 C.A.PAS CALAIS # ...... 130,60 ...... -6,71 TRANSGENE # SVN...... 5,50...... 1,85 GENSET...... 9,47...... 0,00 FLO (GROUPE) # ...... 18,50...... 2,78 CAMAIEU ...... 38,99 ...... -4,20 PERFECT TECHNOL...... 2,10...... 1,45 HIGHWAVE OPTICAL...... 0,45...... -11,76 DE VOYAGE IMAGINAIRES, GROUPE GO SPORT...... 58,50...... 2,63 FININFO ...... 22,00 ...... -2,22 ORCHESTRA KAZIBAO...... 1,01...... 1,00 ILOG #...... 5,09...... 0,39 MANITOU #...... 61,90...... 2,23 GREVIN ET COMPANIE ...... 32,90...... 0,09 ESI GROUP ...... 9,29...... 0,98 INFO VISTA ...... 1,45...... 9,85 INTIMES, ARTISTIQUES, TEAM PARTNERS GRP#...... 1,90...... 2,15 GROUPE BOURBON ...... 64,70 ...... -3,43 RISC TECHNOLOGY...... 5,30...... 0,95 INFOSOURCES ...... 0,90...... 0,00 THERMOCOMPACT #...... 14,80...... 2,07 HERMES INTL...... 143,20 ...... -0,56 Plus mauvaises performances IPSOS #...... 54,80 ...... -5,52 Plus mauvaises performances M6-METR.TV ACT.DIV ...... 22,50 ...... -7,37 MEDIDEP # ...... 20,00...... -13,79 LINEDATA SERVICES# ...... 20,35 ...... -4,91 EXOTIQUES, INFINIS... TROUVAY CAUVIN # ...... 1,80...... -44,79 PARCOURS...... 7,77...... 4,58 ITESOFT ...... 1,01...... -12,17 MEDIDEP # ...... 20,00...... -13,79 ALTEN (SVN) # ...... 6,94...... -22,02 PIERRE VACANCES # ...... 73,00 ...... -4,01 HIGHWAVE OPTICAL...... 0,45...... -11,76 MILLIMAGES...... 9,19 ...... -5,26 IMAFFINE...... 24,46...... -19,78 PINGUELY HAULOTTE ...... 5,70...... 0,00 IDP # ...... 0,61...... -11,59 NICOX # ...... 15,55...... 2,17 SABATE-DIOSOS SA # ...... 9,48...... -19,52 RALLYE...... 44,70 ...... -2,83 TITUS INTERACTIVE#...... 1,30...... -11,56 SOI TEC SILICON #...... 7,00 ...... -8,50 € WALTER # ...... 11,91...... -18,70 RODRIGUEZ GROUP # ...... 57,40...... -12,63 TRACING SERVER # ...... 11,00...... -11,29 VALTECH ...... 0,60 ...... -7,69 MAGAZINE MENSUEL 3 SYLIS #...... 6,56...... -15,46 RUBIS # ...... 24,50 ...... -2,39 OXIS INTL RGPT #...... 0,16...... -11,11 WAVECOM #...... 38,00 ...... -4,76 GUERBET S.A...... 31,00...... -13,41 VILMOR.CLAUSE CIE# ...... 79,10 ...... -5,89 (Publicité) ECUR.ENERGIE D 32,52 24/7 -22,79 CA AM ACT. RESTR. 185,62 23/7 -30,35 CIC FINUNION 180,83 24/7 1,86 STRATEGIE IND.USA 5835,96 23/7 -38,34 DEDIALYS TECHNO. 17,37 24/7 -47,09 SICAV ET FCP ECUR.EXPANSION C 15113,08 24/7 1,88 CA AM ACT.FONC.EUR 92,62 24/7 -0,55 CIC FRANCE C 23,42 24/7 -34,15 DEDIALYS TELECOM 26,58 24/7 -43,84 ECUR.INVEST.D/PEA 35,71 24/7 -28,00 CA AM MASTER ACT. 27,99 22/7 -32,04 CIC FRANCE D 23,12 24/7 -35,00 OBLITYS INSTIT.C 101,02 24/7 1,96 SÉLECTION publiée sous la ECUR.MONETAIRE C 227,69 24/7 1,38 CA AM MASTER DUO 11,58 22/7 -18,39 CIC MONDE PEA 18,77 24/7 -29,37 POSTE EURO CREDIT 102,28 24/7 0,00 responsabilité de l'émetteur ECUR.MONETAIRE D 186,72 24/7 -0,19 CA AM MASTER OBL. 30,45 22/7 -1,29 CIC OBLI C T.D 141,26 24/7 -90,12 POSTE EUROPE C 95,44 24/7 2,52 ECUR.OBLIG.INTER.C 176,34 24/7 -0,37 CA AM MASTER PEA 8,92 22/7 -28,23 CIC OBLI LONG T.C 15,83 24/7 2,32 ADDILYS C 109,26 24/7 1,61 POSTE EUROPE D 90,35 24/7 1,78 ECUR.TECHNOLOGIESC 33,76 15/4 -13,52 CAPITOP MONETAIREC 195,39 26/7 1,34 CIC OBLI LONG T.D 14,79 24/7 -3,20 ADDILYS D 106,03 24/7 -0,60 POSTE PREM.8ANS C 205,81 24/7 2,85 ECUR.TECHONOLGIESD 33,65 15/4 -14,96 CAPITOP MONETAIRED 185,23 26/7 1,34 CIC OBLI M T.C 36,52 24/7 1,72 AMPLITUDE AMERIQ.C 16,71 24/7 -34,50 POSTE PREM.8ANS D 185,55 24/7 2,85 Dernier cours connu le 25/7 à 9h ECUR.TRIMESTR.D 273,98 24/7 -0,01 OPTALIS DYNAMIQUEC 14,18 23/7 -23,80 CIC OBLI M T.D 26,52 24/7 -0,48 AMPLITUDE AMERIQ.D 15,96 24/7 -35,38 REMUNYS PLUS 105,05 24/7 1,55 EPARCOURT-SICAV D 27,91 24/7 -2,21 OPTALIS DYNAMIQUED 13,11 23/7 -24,87 CIC OBLI MONDE 130,24 24/7 -4,60 AMPLITUDE EUROPE C 21,85 24/7 -32,43 GEOPTIM C 2420,33 24/7 3,28 OPTALIS EQUILIBREC 16,09 23/7 -14,46 CIC OR ET MAT 107,03 24/7 0,96 AMPLITUDE EUROPE D 20,53 24/7 -33,73 Fonds communs de placements OPTALIS EQUILIBRED 14,43 23/7 -15,71 CIC ORIENT 142,87 24/7 -9,70 AMPLITUDE FRANCE C 57,21 24/7 -27,07 Valeur Cours date % var. en euro valeur 31/12 ECUR.EQUILIBRE C 34,17 24/7 -8,24 OPTALIS EXPANSIONC 10,81 23/7 -27,30 CIC PIERRE 34,24 24/7 0,73 AMPLITUDE FRANCE D 56,29 24/7 -28,23 ECUR.VITALITE C 31,82 24/7 -19,74 OPTALIS EXPANSIOND 10,37 23/7 -28,53 Fonds communs de placements AMPLITUDE MONDE C 156,23 24/7 -29,46 CADENCE 1 D 154,28 24/7 -1,52 ECUREUIL PRUDENCEC 34,67 24/7 0,20 OPTALIS SERENITE C 17,20 23/7 -4,17 CIC EURO OPPORT. 20,86 24/7 -30,54 AMPLITUDE MONDE D 138,72 24/7 -30,17 CADENCE 2 D 153,90 24/7 -0,40 ECUREUIL PRUDENCED 33,83 24/7 -0,02 OPTALIS SERENITE D 14,97 23/7 -5,07 CIC FRANCEVALOR C 25,20 24/7 -32,81 AMPLITUDE PACIFI.C 14,64 24/7 -4,10 CADENCE 3 D 152,09 24/7 -0,49 NECTRA 2 C 950,29 24/7 -6,28 PACTE SOLIDAR.LOG. 78,44 23/7 1,90 CIC FRANCEVALOR D 25,20 24/7 -32,81 AMPLITUDE PACIFI.D 13,80 24/7 -5,39 CONVERTIS C 199,67 24/7 -12,55 AGIPI ACTIONS 17,95 24/7 -32,77 NECTRA 2 D 950,29 24/7 -6,28 PACTE VERT TIERS-M 83,54 23/7 1,90 CIC GLOBAL C 195,43 24/7 -20,50 ELANCIEL EUROD PEA 63,44 24/7 -31,87 INTEROBLIG C 59,84 24/7 0,82 AGIPI AMBITION 21,65 24/7 -14,83 NECTRA 5 C 844,96 24/7 -16,19 CIC GLOBAL D 195,43 24/7 -20,50 ELANCIEL FR.D PEA 26,23 24/7 -30,97 INTERSELECTION F.D 53,35 24/7 -28,73 NECTRA 5 D 844,96 24/7 -16,19 CIC HIGH YIELD 375,86 19/7 -7,32 EM.EUROPOSTE D PEA 19,93 24/7 -31,14 SELECT.DEFENSIF C 185,72 24/7 -3,60 NECTRA 8 C 735,02 24/7 -26,20 CIC JAPON 6,92 24/7 -11,62 ETHICIEL C 81,69 24/7 -17,55 SELECT.DYNAMIQUE C 195,15 24/7 -18,24 3615 BNPPARIBAS NECTRA 8 D 735,02 24/7 -26,20 CIC MARCHES EMERG. 91,32 19/7 -16,28 GEOBILYS C 125,89 24/7 3,05 SELECT.EQUILIBRE 2 149,61 24/7 -11,00 ¤ (0,34 /min) EURCO SOLIDARITE 230,86 24/7 2,41 CIC NOUVEAU MARCHE 3,42 24/7 -37,81 GEOBILYS D 113,62 24/7 2,00 SELECT.PEA 1 164,91 24/7 -19,54 BNP ASSOC.PREMIERE 9952,94 24/7 1,73 MONELION JOUR C 499,64 24/7 1,45 CIC PEA SERENITE 173,73 19/7 2,20 INTENSYS C 21,08 24/7 1,54 SELECT.PEA DYNAM. 108,76 24/7 -23,30 BNP EURIBOR ASSOC. 52920,32 24/7 1,87 MONELION JOUR D 420,78 24/7 1,45 CIC PROF.DYNAMIQUE 17,80 23/7 -24,19 INTENSYS D 17,39 24/7 -1,47 SG FRANCE OPPORT.C 329,73 24/7 -22,11 BNP MONE C.TERME 2551,57 24/7 1,74 SICAV 5000 107,13 24/7 -33,36 CIC PROF.EQUILIB.D 15,58 23/7 -16,63 KALEIS DYNAM.FCE C 61,02 24/7 -20,63 SG FRANCE OPPORT.D 308,73 24/7 -22,12 BNP MONE EURIBOR 18902,97 24/7 1,84 Multi-promoteurs SLIVAFRANCE 177,84 24/7 -35,49 CIC PROF.TEMPERE C 133,70 23/7 -1,54 KALEIS DYNAM.FCE D 60,36 24/7 -20,63 SOGEFAVOR 63,98 24/7 -36,04 BNP MONE PLACEM.C 13969,01 24/7 1,60 LIV.BOURSE INV.D 135,38 22/7 -25,31 SLIVARENTE 38,18 24/7 -3,34 CIC TAUX VARIABLE 200,54 19/7 1,51 KALEIS DYNAMISME C 174,50 24/7 -19,34 SOGENFRANCE C 293,71 24/7 -36,93 BNP MONE TRESORE. 11402,09 24/7 -85,45 NORD SUD DEVELOP.C 520,98 23/7 0,55 SLIVINTER 102,58 24/7 -34,12 CIC TECHNO.COM 40,87 24/7 -47,89 KALEIS DYNAMISME D 168,61 24/7 -19,34 SOGENFRANCE D 263,43 24/7 -37,22 Fonds communs de placements NORD SUD DEVELOP.D 383,38 23/7 -4,12 TRILION 727,55 24/7 -2,70 CIC USA 11,41 24/7 -38,91 KALEIS EQUILIBRE C 181,92 24/7 -9,76 SOGEOBLIG C 116,39 24/7 2,61 BNP MONE ASSOCIAT. 1866,24 24/7 1,59 Fonds communs de placements CIC VAL.NOUVELLES 209,43 24/7 -26,31 KALEIS EQUILIBRE D 175,04 24/7 -9,77 SOGEPARGNE D 45,28 24/7 1,98 ACTILION DYNAMI.C 133,40 24/7 -26,63 KALEIS SERENITE C 183,30 24/7 -4,28 SOGEPEA EUROPE 150,19 24/7 -32,67 ACTILION DYNAMI.D 122,91 24/7 -28,23 KALEIS SERENITE D 176,02 24/7 -4,28 SOGINTER C 32,75 24/7 -38,09 ATOUT CROISSANCE 297,95 24/7 -12,91 ACTILION EQUIL.C 149,96 24/7 -13,90 KALEIS TONUS C 48,13 24/7 -28,07 Fonds communs de placements ATOUT EUROPE 345,43 24/7 -32,93 ACTILION EQUIL.D 137,15 24/7 -15,78 KALEIS TONUS D 47,55 24/7 -28,07 SOGESTION C 40,80 23/7 -14,87 FRUCTI CAPI 114,84 24/7 2,28 ATOUT FCE ASIE 55,80 24/7 -27,75 ACTILION PEA DYNAM 50,46 24/7 -23,98 CM EUR.TECHNOLOG. 2,58 24/7 -41,89 LIBERT.ET SOLIDAR. 95,22 24/7 -5,36 SOGINDEX FRANCE 366,19 23/7 -29,79 FRUCTI EURO PEA 174,32 23/7 -28,73 ATOUT FRANCE C 132,72 24/7 -32,60 ACTILION PEA EQUI. 143,80 19/7 -13,34 CM EURO PEA C 14,72 24/7 -32,72 OBLITYS C 116,06 24/7 1,69 ...... FRUCTIDOR 38,11 24/7 -0,20 ATOUT FRANCE D 118,03 24/7 -32,60 ACTILION PRUDENCEC 170,46 24/7 -1,66 CM FRANCE ACTIONSC 22,82 24/7 -34,33 OBLITYS D 112,49 24/7 0,13 ...... FRUCTIFRANCE C 55,03 24/7 -33,07 ATOUT FRANCE EUR. 115,74 24/7 -34,97 ACTILION PRUDENCED 156,55 24/7 -3,08 CM MID-ACT.FRA 26,37 24/7 -13,54 PLENITUDE D 32,23 24/7 -21,15 ...... PLANINTER 284,33 24/7 -33,25 ATOUT FRANCE MONDE 30,45 24/7 -32,25 INTERLION 242,77 24/7 3,23 CM MONDE ACTIONS C 206,91 24/7 -35,08 POSTE GESTION C 2673,85 24/7 1,72 ...... Fonds communs de placements ATOUT MONDE 35,15 24/7 -33,75 LION ACTION EURO 61,94 24/7 -31,48 CM OBLIG.CT C 168,31 24/7 1,55 POSTE GESTION D 2272,55 24/7 -2,47 ...... FRUCTI EURO 50 60,76 24/7 -38,27 ATOUT SELECTION 68,31 24/7 -34,83 LION PEA EURO 62,75 24/7 -31,41 CM OBLIG.LONG T. 107,06 24/7 2,79 POSTE PREM. C 7260,40 24/7 1,68 ...... FRUCTI PROFIL 3 177,15 23/7 -4,95 CA AM ACT. FRA. C 226,53 24/7 -32,75 CM OBLIG.MOYEN T.C 349,83 24/7 2,39 POSTE PREM.1AN C 43344,38 24/7 1,58 ...... FRUCTI PROFIL 6 178,93 23/7 -13,30 CA AM ACT. FRA. D 183,57 24/7 -33,71 CM OBLIG.QUATRE 165,09 24/7 0,59 POSTE PREM.2-3ANSC 9441,42 24/7 2,15 ...... FRUCTI PROFIL 9 164,74 23/7 -23,86 CA AM ACTIONS ASIE 15,82 24/7 -10,67 CM OPTION DYNAM.C 23,14 24/7 -25,52 PRIMIEL EURO C 48,76 24/7 -7,60 ...... FRUCTI VAL. EURO. 70,78 24/7 -27,76 CA AM ACTIONS USA 26,07 24/7 -36,95 CIC AMERIQ.LATINE 71,74 24/7 -37,59 CM OPTION EQUIL.C 48,07 24/7 -9,25 PRIMIEL EURO D 47,93 24/7 -7,59 ...... CA AM INDICIA EURO 69,70 23/7 -38,35 CIC CONVERTIBLES 4,92 24/7 -10,21 Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTR.D 784,83 24/7 -0,62 ...... CA AM INDICIA FRA. 232,57 23/7 -37,74 CIC COURT TERME C 34,72 24/7 1,16 CM OPTION MODER. 19,00 24/7 -1,59 SOLSTICE D 362,07 24/7 -0,18 ...... CA AM OBLIG.INTER. 198,84 24/7 5,95 CIC COURT TERME D 26,63 24/7 -1,87 THESORA C 192,79 24/7 1,55 ...... ECU.EXPANSIONPLUSC 42,98 23/7 1,39 CAPITOP EUROBLIG C 104,04 24/7 2,58 CIC DOLLAR CASH 1438,20 24/7 0,88 THESORA D 158,85 24/7 0,23 ...... ECUR.1,2,3..FUTURD 35,21 24/7 -27,42 CAPITOP EUROBLIG D 82,55 24/7 -1,35 CIC ECOCIC 257,32 24/7 -30,30 TRESORYS C 48580,92 24/7 1,88 ...... ECUR.ACT.EUROP.C 12,24 24/7 -26,80 CAPITOP MONDOBLIG 47,78 24/7 5,89 CIC ELITE EUROPE 83,90 24/7 -36,42 Fonds communs de placements ...... ECUR.ACT.FUT.D/PEA 42,14 24/7 -30,19 DIEZE 387,20 24/7 -12,25 CIC EPARG.DYNAM.C 2093,21 24/7 0,82 STRATEG.IND.EUROPE 133,00 23/7 -34,96 DEDIALYS FINANCE 58,47 24/7 -24,73 ...... ECUR.CAPITAL.C 45,38 24/7 2,32 Fonds communs de placements CIC EPARG.DYNAM.D 1564,37 24/7 -4,46 Fonds communs de placements DEDIALYS MULTI SEC 45,37 24/7 -25,22 ...... ECUR.DYNAMIQUE + D 29,27 24/7 -28,11 ATOUT VALEUR 52,72 23/7 -32,56 CIC EUROLEADERS 251,45 24/7 -36,12 STRATEGIE CAC 4000,27 23/7 -32,85 DEDIALYS SANTE 65,44 24/7 -28,79 ...... 16/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 AUJOURD’HUI

La 16e étape du 89e   , courue entre tre (CSC Tiscali) et l’Américain   Boogerd de s’imposer, marquant de précieux points cols de la journée avant de se rétablir dans la montée Les Deux-Alpes et La Plagne (179 km), a été remportée, (US Postal). Le triple vainqueur du Tour a conforté son en vue du gain définitif du maillot de  vers La Plagne. L’Espagnol   (Kelme), mercredi 24 juillet, par le Néerlandais  -  . (CSC Tiscali) a long- . Richard Virenque (Domo), un de ses présenté comme un des favoris de l’édition 2002, a  (Rabobank), qui a devancé l’Espagnol Carlos Sas- temps participé à l’échapée qui a permis à Michael rivaux, a souffert dans l’ascension des deux premiers abandonné la course, victime de douleurs à l’estomac. Vainqueur virtuel, Lance Armstrong observe le partage des accessits L’Américain (US Postal) a augmenté son avance sur ses poursuivants au classement général grâce à une seule accélération dans la grande étape de montagne entre Les Deux-Alpes et La Plagne

   par les rivaux les plus directs du ment calé dans sa roue. Au départ internationale (UCI), est revenu sur 29 ans. Mais dans le cyclisme il faut ce mondiale anti-dopage (AMA) – 2002 maillot jaune. C’est Michael de l’étape, Jacques Rogge, le prési- le cas de Jan Ullrich, le coureur alle- une discipline terrible et il doit com- qui doit mettre en vigueur une liste Boogerd (Rabobank), 17e à 19 minu- dent belge du Comité international mand suspendu pour six mois par prendre qu’il lui faut se concentrer. Il unique de produits dopants valable e 16 étape tes et 15 secondes de Lance Arms- olympique, chirurgien de son état, sa fédération pour usage d’amphéta- a fait beaucoup pour la popularité de mondialement pour tous les sports mercredi 24 juillet trong le matin même, qui s’est impo- s’est enthousiasmé des performan- mines (Le Monde du 25 juillet). « J’ai notre sport en Allemagne. » en janvier 2003 – est en mesure sé après 150 kilomètres d’une échap- ces de Lance Armstrong, rescapé appris cela hier par la radio, a expli- Son escapade alpine sur la Gran- d’aplanir les différences, il ronchon- LA PLAGNE (Savoie) pée amorcée avec 9 autres cou- d’un cancer. « Sur le plan médical, qué Hein Verbruggen, et je veux être de Boucle avait en tout cas rendu le ne : « On espère… ». Dans le cas Gal- de notre envoyée spéciale reurs. a-t-il déclaré, c’est un formidable prudent car on n’a pas pu étudier le sourire à Hein Verbruggen, fort irri- deano, l’AMA avait déclaré par la Sauf accident, Lance Armstrong Mais ce retour sur l’avant-scène té par « l’affaire Gonzalez de Gal- voix de son président, le Canadien (US Postal) remportera son quatriè- de la Grande Boucle du coureur deano », le coureur espagnol de la Dick Pound, que, placée dans les me tour de France consécutif, néerlandais âgé de 30 ans – discret L’Espagnol Oscar Sevilla s’est retiré ONCE disposant d’une justification mêmes circonstances, elle aurait e dimanche 28juillet, sur les Champs- depuis sa 5 place en 1998et une vic- Le coureur espagnol Oscar Sevilla (Kelme) a été contraint à l’abandon lors thérapeutique l’autorisant à courir disqualifié l’Espagnol, dans la mesu- Elysées. Mercredi 24 juillet, après toire dans Paris-Nice en 1999 – n’a de la 16e étape, mercredi 24 juillet, entre Les Deux-Alpes et La Plagne. Le en utilisant un produit contre l’asth- re où le taux de Salbutamol relevé e son arrivée (à la 3 place) à La Pla- pu éclipser la désormais célèbre grimpeur, qui était considéré comme l’un des outsiders du Tour de France me (Salbutamol) normalement dans ses analyses dépassait 1 000 gne, il avait beau jurer qu’il s’inquié- accélération de l’Américain. Elle au départ de Luxembourg – en 2001, il avait fini 7e et gagné le maillot blanc interdit par le règlement. ng/ml, seuil au-delà duquel l’utili- terait jusqu’au bout, que l’étape du s’est produite à un peu plus de 4 km du meilleur jeune –, a invoqué des douleurs à l’estomac, dont il a affirmé sation de ce produit est, selon elle, lendemain (Aime-Cluses) passant de l’arrivée, sur la pente (à 7,2 % de souffrir depuis deux jours. « 1,5 %    » assimilable à une prise d’anabo- par le col de Joux-Plane – une de ses déclivité moyenne sur 18,22 km) qui En début de journée, rien ne laissait pourtant présager ce retrait : Oscar « La presse doit être attentive à ce lisant non justifiable par une « bêtes noires » –, était « difficile, mène à La Plagne. Sevilla avait pris place dans un groupe de 11 coureurs échappés sur les pen- qu’elle rapporte, a déclaré le patron ordonnance. sans plat, toujours en côte ou en des- tes du Galibier avant d’être repris par le peloton dans la descente du col du de l’UCI. La réalité, c’est qu’il y a Ce désaccord, venu s’ajouter à cente », nul n’y croyait plus. Surtout   4  Télégraphe. L’Espagnol n’avait pas été en vue durant le franchissement des 1,5 % de cas positifs [dans le une liste déjà longue de griefs e pas Joseba Beloki (ONCE), 2 au clas- Joseba Beloki et consorts sont res- Pyrénées, concédant chaque jour du temps au trio Armstrong-Beloki-Rum- cyclisme], mais trois cas positifs au envers l’AMA, pourrait conduire sement général et désormais relé- tés sur place, comme c’est devenu sas. Le coureur de la Kelme occupait aux Deux-Alpes la 11e place du classe- Tour d’Italie provoquent un scandale Hein Verbruggen à abandonner son gué à 5 minutes et 6 secondes. Au l’habitude depuis le début des éta- ment général. Le Suisse Laurent Dufaux (Alessio) a également jeté l’éponge. international et font la revue de pres- siège au conseil de fondation de cet soir de son arrivée aux Deux-Alpes, pes de montagne. « Au moment de se jusqu’au Japon, et quand, dans le organisme. Après avoir confirmé mardi 23 juillet, l’Espagnol expli- son accélération, Armstrong a roulé à même temps, je lis un communiqué qu’il souhaitait terminer son man- quait, résigné, qu’il savait la victoire près de 30 km/h pendant quatre message d’espoir. Sur le plan sportif, cas, mais je crois que ça s’inscrit dans de la Fédération internationale d’ath- dat de président de l’UCI (jusqu’en acquise au Texan depuis l’étape du minutes, c’est énorme », observent c’est un merveilleux exemple qui prou- le règlement. C’est un peu triste pour létisme (IAAF) qui suspend un athlète 2005), il a indiqué son intention de mont Ventoux, dimanche 21 juillet. Antoine Vayer et Frédéric Porto- ve que la classe mais aussi le travail, un coureur doué de telles capacités. pour deux ans et ça fait un entrefilet « laisser un de ses mandats » en fin Lance Armstrong lui a encore pris leau, coauteurs de Pouvez-vous la méthode, la rigueur payent tou- Je l’ai entendu dire pendant sa confé- dans les journaux. Il faut se mettre d’année. S’il s’agit de celui de 37 secondes, mercredi. gagner le Tour ? (Le Monde du jours. » rence de presse qu’il fallait qu’il se dans la tête qu’il y aura toujours des l’AMA, « ça n’aura rien à voir », L’attaque que prévoyait « dès le 24 juillet). Bon prince, l’Américain a En visite également pour l’étape “retrouve”, mais ça dure depuis quel- cas positifs dans une course de trois affirme-t-il, avec le différend sur l’af- Galibier » Johan Bruyneel, directeur abandonné la 2e place à l’Espagnol montagneuse jugée la plus difficile ques années et on peut se demander semaines où l’utilisation de médica- faire Galdeano. sportif de l’US Postal, est bien Carlos Sastre (CSC Tiscali), rattrapé de ce Tour, Hein Verbruggen, prési- si ce n’est pas dans son caractère. ments est incontournable. » venue, mais elle n’a pas été portée à 2 km de la ligne et qui s’était brave- dent néerlandais de l’Union cycliste Pour lui, il est encore temps, il n’a que Lorsqu’on lui suggère que l’Agen- P. Jo. Laurent Jalabert mène Les experts médicaux de l’UCI sont peu consultés toujours les grimpeurs Lors de la dernière grande étape de LA PLAGNE (Savoie) Tour de France, comme l’un des éléments d’un L’UCI avait demandé que cette initiative soit appels reçus de la part de médecins d’équipes montagne, jeudi 25 juillet, quatre cols de notre envoyé spécial « plan antidopage » comportant un volet également adoptée dans les autres sports, ce n’ont eu vocation qu’à « se rassurer » sur l’utili- entre Aime et Cluses devaient dépar- « Je suis là depuis lundi, j’ai été appelé deux consacré aux contrôles urinaires et sanguins, que les pouvoirs publics français souhaitaient sation de tel ou tel produit et à « la signaler ». tager Laurent Jalabert (CSC Tiscali) et fois. » A l’image de ce que rapportait l’Italien programmés (sur les vainqueurs d’étapes et les aussi. Mais le projet avait été jugé trop comple- De toute façon, les compétences de la commis- Santiago Botero (Kelme) pour le clas- Mario Zorzoli, mercredi 24 juillet aux Deux- porteurs des maillots distinctifs) et inopinés. xe pour une mise en place si rapide. sion ne vont pas au-delà de cet acte d’enregis- sement du meilleur grimpeur. L’avan- Alpes, les médecins experts délégués par Sa présence avait pour but de désamorcer L’UCI avait malgré tout fait un geste. Elle trement. « Le règlement prévoit pour l’adminis- tage était nettement au Français, l’Union cycliste internationale (UCI) sur le d’éventuelles polémiques, comme cela a été le avait étoffé cette commission médicale qu’elle tration de produits soumis à restriction, sous cer- avec 78 points d’avance. Mais les Tour de France pour gérer la question des pres- cas ces dernières années, autour du recours à avait crée à l’occasion du Tour de France 2001 : taines formes, que l’autorisation n’est pas néces- trois cols de 1re catégorie au program- criptions de médicaments (du type produits ces médicaments à usage restreint. au lieu de trois médecins se succédant sur trois saire », dit Mario Zorzoli. me (Cormet de Roselend, les Saisies contre l’asthme ou corticoïdes) a priori inter- semaines, on en compte huit cette année, dont En dépit d’un manque de sollicitation de la et la Colombière) offraient chacun dits par le code antidopage, mais dont l’utilisa-  ’    deux toujours présents sur l’épreuve. Elle en commission d’expertise, l’UCI y voit un intérêt. 40 points au premier à les franchir. tion peut être autorisée sous certaines formes, Les dirigeants du cyclisme et ceux du Tour avait par ailleurs modifié la composition : on « Cela nous donne une idée sur les types de traite- Les autres prétendants à la tunique n’ont guère été bousculés. « Mes prédécesseurs de France n’avaient toutefois pas pu trouver n’y compte plus uniquement, comme en 2001, ments auxquels les équipes font appel sur une blanche à pois rouges sont apparem- n’ont pas reçu beaucoup d’appels non plus »,a de terrain d’entente avec le ministère français des médecins travaillant pour l’UCI, mais aussi course comme celle-ci qui dure trois semaines, ment distancés, hormis le maillot confirmé Mario Zorzoli, qui est l’un des huit des sports et le Conseil de prévention et de lut- des figures non liées au milieu cycliste. détaille Mario Zorzoli. Cela peut aussi servir jaune Lance Armstrong (US Postal)… médecins de la commission d’expertise mise te contre le dopage (CPLD), dont la volonté « S’il y a eu si peu de consultations, c’est qu’il y dans un but éducatif car nous pouvons voir si Richard Virenque (Domo) devra se en place par l’UCI à l’occasion du Tour. était d’installer une commission indépendante a sans doute eu peu de problèmes traumatiques, dans telle ou telle équipe on utilise, par exemple, contenter de sa victoire du Ventoux Cette commission médicale avait été présen- des instances cyclistes, avec vocation à interve- ou peu de problèmes infectieux » nécessitant le un peu plus tel ou tel type de produit. » car il comptait, jeudi matin, 131 points tée, le 18juin, par la direction d’Amaury Sport nir tout autant en amont de l’épreuve – pour recours à ces médicaments soumis à restric- de retard sur Laurent Jalabert. Organisation (ASO), société organisatrice du valider les ordonnances – que durant celle-ci. tion, explique Mario Zorzoli, selon qui les Philippe Le Cœur

Angela Schneider, dirigeante à l’AMA « Il y a un conflit permanent entre les éthiques médicale et sportive »

MÉDAILLÉE d’argent pour le ce bouche-à-oreille peut être sour- Canada en aviron aux Jeux olympi- ce d’erreur. Ils craignent de recher- ques de 1984, Angela Schneider est cher de l’information auprès d’une directrice de l’éthique et de l’éduca- source officielle de peur d’être sus- tion à l’Agence mondiale antido- pectés. page (AMA). Les termes qui reviennent le plus Qu’est-ce qui vous a amenée souvent sont « persécution »,et sur le Tour de France ? « chasse aux sorcières ». Ils veulent J’effectue une étude de terrain régler ce problème mais ils ressen- pour faire un rapport au conseil de tent aussi le besoin de respirer. Les l’AMA qui se réunira le 1er octobre, directeurs sportifs et les médecins à Montréal. Nous sommes déjà d’équipe sont très frustrés car ils allés aux Jeux olympiques d’hiver veulent préserver la bonne santé de de Salt Lake City, à différents cham- leurs coureurs mais ne peuvent pas pionnats du monde et j’ai aussi tra- procéder comme avec des patients vaillé sur le tennis et le football au normaux. Il y a un conflit perma- Canada. L’Union cycliste internatio- nent entre l’éthique médicale, qui nale et l’organisation du Tour prône la réduction des maux, et étaient volontaires pour me facili- l’éthique sportive, qui ne tolère pas ter le contact avec les équipes et la triche. Du coup, certains méde- même organiser certaines de mes cins d’équipe ne veulent plus rien interviews. J’ai par exemple eu un faire. Le manque d’harmonisation entretien lors de la journée de inquiète beaucoup aussi. repos [lundi 22 juillet] avec Lance Comment allez-vous procéder Armstrong, qui m’a consacré une dans votre travail ? heure. Il m’a dit qu’il se sentait per- Je dois rentrer au Canada et pro- sécuté. Il souffre de ne pas pouvoir poser une stratégie financière pour prouver qu’il est un coureur « pro- notre action. Notre programme pre » malgré le nombre de contrô- éducatif ne peut se résumer à des les qu’il subit. interdits ou à un bombardement de Qu’avez-vous découvert ? brochures. Il nous faut employer le J’ai été surprise de la volonté de langage des athlètes. Ce qui les fait raconter des histoires personnelles vibrer dans la pratique de leur sport   //  sans retenue, peut-être parce que n’est pas mort en eux-mêmes s’ils je ne suis pas une autorité qui a le sont devenus professionnels. Mais, La montagne accouche d’un sourire pouvoir de sanctionner. Le niveau dans le cyclisme, même ceux qui d’information sur la lutte contre le sont a priori innocents se sentent MICHAEL BOOGERD n’est pas précisément croyait pas capable de l’exploit réalisé, mercre- baroudeur batave qui parlait, encore ému, de la dopage est variable. Certains utili- coupables par association, tant une découverte. A 30 ans, le coureur néerlan- di 24 juillet, entre Les Deux-Alpes et La Plagne, plus belle victoire de sa carrière. Il exhibait à sent beaucoup Internet et il faut l’image de leur sport est ternie. dais de la Rabobank dispose d’un joli petit pal- dans la plus difficile des étapes de montagne du l’arrivée un sourire flamboyant, à faire passer leur faire comprendre que ce n’est marès, et il a terminé 5e du Tour de France 1998 Tour 2002. Ses 150 kilomètres d’échappée ont Fernandel pour Buster Keaton, et qui semblait pas une source fiable. D’autres Propos recueillis par (il est vrai assez chahuté). En revanche, on ne le procuré autant de plaisir que de souffrance au comporter plus de dents que son grand plateau. comptent les uns sur les autres et Patricia Jolly LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/17 AUJOURD’HUI sports

LES DEUX-ALPES • LA PLAGNE mercredi 24 juillet 16e étape • 180 km Clavel Kayitaré se rêve en athlète pour oublier la guerre du Rwanda 2 058 m 2 000 m 1 880 m 1 566 m 1 437 m b

2 645 m Handisport Grièvement blessé à un genou, ce garçon de 16 ans Maurienne

Saint-Michel-de participe aux championnats du monde d’athlétisme à Villeneuve-d’Ascq

Aime

Maurienne

Saint-Jean-de- (Aigueblanche)

Bellecombe VILLENEUVE-D’ASCQ (Nord) Je me suis réveillé le matin avec des s’être bien classé dans cette course

Saint-Avre Les Deux-Alpes 735 m de notre envoyé spécial éclats d’obus dans le genou. Je ne relevée et la déception de finir au

660 m Clavel Kayitaré a débuté balle au pouvais plus bouger », se souvient- pied du podium. « Mais, à 16 ans, La Plagne

678 m Col du Lautaret 495 m Valloire pied comme de nombreux autres il. Les responsables de Médecins je suis quand même content. Heu- 455 m Col du Galibier enfants sur les terrains poussié- du monde le soignent, et, devant la reux ! », lance-t-il. Licencié au club

Col de la Madeleine reux du Rwanda, pays enclavé de gravité de sa blessure, décident de de Garches (Hauts-de-Seine), il l’Afrique centrale. La guerre et ses l’envoyer en France en compagnie doit encore améliorer certains

Col du Télégraphe exactions ont mis un terme à ces de 32 autres enfants au destin tragi- aspects de sa course, et plus parti- HC R S HC S HC rencontres de football entre que. Celui de Clavel Kayitaré bascu- culièrement lorsqu’il se trouve copains. le ainsi un jour de juin 1994 : l’hôpi- dans le virage. Le départ, en raison 25 34 51,5 57 68,5 74 90,5 112 142 160 180 km Au plus fort des combats, entre tal, l’opération au cours de laquel- de la raideur de sa jambe gauche, Hautes-Alpes Savoie avril et juillet 1994, opposant les le on lui reconstruit un genou, puis n’est pas des plus performants Source : Société du Tour de France 4 Catégorie de colS SprintR Ravitaillement agriculteurs hutus aux éleveurs tut- la découverte de sa famille mais tout le monde s’accorde à sis, plus de 500 000 personnes ont d’accueil. dire qu’une fois lancé Clavel Kayita-     trouvé la mort. Lui a survécu. Il a ré est imbattable. AIME • CLUSES jeudi 25 juillet 17e étape • 142 km seize ans et vit depuis en France «   » Malgré tout, l’évolution de sa a HORS DÉLAI. Le Français Chris- avec comme souvenir de cette Changement de décor avec sa croissance pourrait freiner sa pro- tophe Oriol (A2R), l’Américain Fred guerre civile une arthrodèse au participation aux championnats gression. Son genou gauche étant 1 498 m Flumet Maurice Bornand Beaufort

Le Grand- Rodriguez (DOM) et le Belge Dave genou gauche. Peu soucieux du du monde d’athlétisme handi- bloqué, le décalage avec son autre

Bourg-Saint- Bruylandts (DOM) sont éliminés du regard qu’on porte sur son handi- sport. Clavel Kayitaré est une des jambe risque de se prononcer. Lui 2m 920 m 785 m

94 Tour, ayant franchi la ligne d’arri- cap, il s’est inscrit à la Fédération vedettes de la compétition, un des reste optimiste « puisque, de toute

1 968 m

Cluses 13 heures) 830 m

1 616 m ( Aime vée hors du délai autorisé. Celui-ci a française handisport, qui compte plus grands espoirs de l’équipe de manière, je ferai encore du sport ».

1 618 m été calculé à 34 min 51 s alors que 12 000 licenciés, toutes disciplines France. Dans la catégorie des T42 Ni les entraîneurs fédéraux ni lui- 1 650 m Col des Saisies Col des Aravis Cormet de Roselend les trois coureurs l’ont respective- confondues. (course pour les amputés fémo- même ne sont étonnés de le voir

Col de la Colombière ment franchi à 37 min 41 s, 40 min Depuis le 21 juillet, jour de raux), qui définit le niveau de han- bousculer la hiérarchie de ces Mon- Barrage de RoSelend e S 1 1 R 4 2 S 1 59 s et 45 min 37 s. Quant au pelo- l’ouverture des championnats du dicap, il s’est classé 4 du 200 m. diaux d’athlétisme handisport. Cla- 1031,5 38 51,5 70 84,5 96,5 109,5 121,5 142 km ton des attardés (69 coureurs), il monde d’athlétisme handisport à Son capitaine, Sébastien Barc, vel Kayitaré se souvient de l’annon- Haute-Savoie Source : Société du Tour de France 4 Catégorie de colS SprintR Ravitaillement s’en tire à bon compte en arrivant à Villeneuve-d’Ascq (Nord), Clavel évoque « sa maturité exceptionnel- ce de sa sélection en juin : « J’étais seulement 25 s du temps limite. Il Kayitaré se bat comme les le », quand Olivier Deniaud, un des très ému mais en même temps pas comprenait entre autres le maillot 1 077 autres athlètes pour la recon- entraîneurs de la sélection trico- très surpris. » CLUSES • BOURG-EN-BRESSE vendredi 26juillet 18e étape • 177 km vert Robbie Mc Ewen (LOT) ainsi naissance non pas du handicap, lore, est persuadé qu’il sera « très Rien ne surprend vraiment ce que trois vainqueurs d’étapes : mais de la performance sportive. fort » mais qu’il est là « pour jeune homme, sauf, peut-être, les David Millar (COF), Bradley McGee « Je suis arrivé le 5 juin 1994 en apprendre, en prévision des Jeux encouragements des enfants dans Col du Côte des Giriat

La (FDJ) et Karsten Kroon (RAB). France, une date très importante », d’Athènes, en 2004 ». les tribunes du stadium de Ville- Berthiand Côte de Bois de Serves Marlioz Côte de

Côte de 12 h 20)

Génissiat a Cruseilles 817 m

830 m ( Cluses STARS. Après avoir reçu, lundi se souvient-il comme s’il s’agissait Clavel Kayitaré, benjamin de ces neuve-d’Ascq : « Eux nous pren- 780 m la Sémine Roche-sur-Foron 565 m Ceyzériat 22 juillet, l’acteur américain Robin d’une seconde date de naissance. Mondiaux, hésite encore à se pro- nent pour des sportifs, pas pour des 685 m er Col de 548 m 580 m 817 m Williams, avec qui il est allé parcou- La première, c’était un 1 janvier noncer sur ses réelles capacités, handicapés. » 346 m Col de la Le Petit rir quelques kilomètres, Lance Arm- 1986, à Kayonza, « un petit villa- oscillant entre la satisfaction de Yohann Hautbois Richemont Cheminée Le Chaumet Bourg-en-Bresse strong a rencontré mercredi ge » dans une région du Rwanda 1 060 m Abergement 925 m 803 m 24 juillet le prince Albert de dont le nom ne lui revient pas car

920 m  3 S 4 4 R 1 S 3 4 2 Monaco. Ce dernier lui a adressé tout cela est trop loin. Surtout, il a 2031 41 43 58 74 85 96112 115 137 148 168 177 a o km ses encouragements, sans oublier envie d’oublier. Oublier les querel- LOTO : résultats des tirages n 59 effectués mercredi 24 juillet. Pre- Haute-Savoie Ain Source : Société du Tour de France 4 Catégorie de colS SprintR Ravitaillement de poser pour la photo souvenir. les ethniques, le génocide et les mier tirage : 7, 19, 21, 24, 46, 49 ; complémentaire : 11. 6 numéros : exactions. Effacer de sa mémoire 429 577 ¤ ; 5 numéros et complémentaire : 6 395 ¤ ; 5 numéros : 621,20 ¤ ; RÉSULTATS ET CLASSEMENTS qu’un matin il s’est réveillé le 4 numéros et complémentaire : 31 ¤ ; 4 numéros : 15,50 ¤ ; 3 numéros et genou broyé avec autour de lui sa complémentaire : 3,60 ¤ ; 3 numéros : 1,80 ¤. Second tirage : 4, 6, 16, 18, famille décimée. 19, 33 ; complémentaire : 48. Pas de gagnant pour 6 numéros. 5 numéros 16e ETAPE (180 KM) 109. Landis (Usa/USP) ; 110. Cortinovis (Ita/FAS), 57 min 37 s ; 35. Zubeldia (Esp/EUS), « Nous nous étions cachés avec et complémentaire : 14 852,50 ¤ ; 5 numéros : 792,40 ¤ ; 4 numéros et (Ita/LAM) ; 111. J.P. Rodriguez (Esp/BAN) ; 59 min 17 s ; 36. Brandt (Bel/LOT), 59 min 32s ; mon père, ma mère et mes frères et complémentaire : 34,60 ¤ ; 4 numéros : 17,30 ¤ ; 3 numéros et complé- LES DEUX-ALPES-LA PLAGNE 112. Svorada (Tch/LAM) ; 113. Hvastija 37. Wadecki (Pol/DFF), 1 h 1 min 52s ; 1. Michael Boogerd (Pbs/RAB), les 179,5 km en (Slo/ALS) ; 114. Casarotto (Ita/ALS) ; 115. Pineau 38. Laiseka (Esp/EUS), 1 h 2min 47 s ; sœurs. Nous nous sommes endormis. mentaire : 3,80 ¤ ; 3 numéros : 1,90 ¤. 5 h 48 min 29 s (moy : 30,905 km/h) ; 2. Sastre (Fra/BJR) ; 116. Renier (Fra/BJR) ; 117. Guesdon 39. Jaksche (All/ONC), 1 h 3 min 6 s ; 40. Lefèvre (Esp/CST), à 1 min 25 s ; 3. Armstrong (Fra/FDJ) ; 118. Bouyer (Fra/BJR) ; 119. Cooke (Fra/DEL), 1 h 3 min 39 s ; 41. Jalabert (Fra/CST), (Usa/USP), 1 min 25 s ; 4. Beloki (Esp/ONC), (Aus/FDJ) ; 120. Mattan (Bel/COF), etc.. 1 h 3 min 46 s ; 42. Chavanel (Fra/BJR), 1 h 2min 2s ; 5. Rumsas (Lit/LAM), 2min 2s ;  4 min 19 s ; 43. Chaurreau (Esp/A2R), 1 h 5 min 6. Leipheimer (USA/RAB), 2min 10 s ; 7. Basso 15 s ; 44. Martinez (Fra/MAP), 1 h 5 min 27 s ; (Ita/FAS), 2min 14 s ; 8. Azevedo (Por/ONC), Boogerd (Pbs/RAB), 26 s ; sastre (Esp/CST), 45. Gustov (Ukr/FAS), 1 h 7 min 9 s ; 46. Nozal 2min 14 s ; 9. Botero (Col/KEL), 2min 23s ; 12s ; O’Grady (Aus/C.A), 10 s ; Armstrong (Esp/ONC), 1 h 8 min 35 s ; 47. Niermann 10. Heras (Esp/USP), 2min 25s ; 11. Mancebo (Usa/USP), 8 s ; Fagnini (Ita/TEL), 4 s ; Hunter (All/RAB), 1 h 10 min 59 s ; 48. Bolts (All/TEL), (Esp/BAN), 2min 51 s ; 12.I. Gonzalez de (Afs/MAP), 2s ; Martinez (Fra/MAP), 2s. 1 h 16 min 7 s ; 49. Halgand (Fra/DEL), 1 h Galdeano (Esp/ONC), 4 min 39 s ; 18 min 9 s ; 50. Bruseghin (Ita/BAN), 1 h 19 min 13. Moncoutié (Fra/COF), 5 min 4 s ; 14. Rubiera CLASSEMENT GÉNÉRAL 55 s, etc. (Esp/USP), 5 min 24 s ; 15. Lelli (Ita/COF), 5 min 1. Lance Armstrong (USA/USP) 68 h 43 min 54 s ; 16. Vogondy (Fra/FDJ), 5 min 54 s ; Classement parpoints 22 s ; 2. Beloki (Esp/ONC) à 5 min 6 s ; 1. McEwen (Aus/LOT), 229 pts ; 2. Zabel (All/TEL), 17. Virenque (Fra/DFF), 5 min 54 s ; 18. Laiseka 3. Rumsas (Lit/LAM), 7 min 24 s ; 4. Azevedo (Esp/EUS), 5 min 54 s ; 19. Osa (Esp/BAN), 229 ; 3. O’Grady (Aus/C.A), 180 (+10) ; 4. Cooke (Por/ONC), 12min 8 s ; 5. I. Gonzalez de (Aus/FDJ), 162; 5. Svorada (Tch/LAM), 129,etc. 6 min 33 s ; 20. Hamilton (Usa/CST), 7 min Galdeano (Esp/ONC), 12min 12s ; 6. Mancebo 28 s ; 21. Goubert (Fra/DEL), 7 min 47 s ; (Esp/BAN), 12min 28s ; 7. Botero (Col/KEL), Classement de la montagne 22. Sorensen (Dan/CST), 7 min 47 s ; 12min 37 s ; 8. Heras (Esp/USP), 12min 54 s ; 1. Laurent Jalabert (Fra/CST), 238 pts (+65) ; 23. Botcharov (Rus/A2R), 8 min 12 s ; 24. Gotti 9. Leipheimer (Usa/RAB), 13 min 58 s ; 2. Botero (Col/KEL), 160 (+52) ; 3. Armstrong (Ita/ALS), 8 min 48 s ; 25. Kivilev (Kzk/COF), (Usa/USP), 152(+32); 4. Merckx (Bel/DFF), 8 min 48 s ; 26. Baranowski (Pol/BAN), 9 min 121 (+14) ; 5. Beloki (Esp/ONC), 115 (+27) ; 1 s ; 27. Bessy (Fra/C.A), 9 min 34 s ; 6. Boogerd (Pbs/RAB), 113 (+102) ; 7. Virenque 28. Brochard (Fra/DEL), 9 min 34 s ; 29. Bolts Le vainqueur (Fra/DFF), 107 ; 8. Rumsas (Lit/LAM), 86 (+22) ; 9. (All/TEL), 9 min 34 s ; 30. Halgand (Fra/DEL), Nozal (Esp/ONC), 74 (+16) ; 10. Heras (Esp/USP), 9 min 39 s ; 31. Vasseur (Fra/COF), 9 min 39 s ; 70 (+10) ; 11. Aerts (Bel/LOT), 68 ; 12. Mazzoleni 32. Chavanel (Fra/BJR), 9 min 54 s ; de l’étape (Ita/TAC), 64 (+) ; 13. Botcharov (Rus/A2R), 63 ; 33. Mazzoleni (Ita/TAC), 10 min 26 s ; 34. Robin b 14. Halgand (Fra/DEL), 63 (+6), etc. (Fra/FDJ), 11 min 4 s ; 35. Frigo (Ita/TAC), Michael Boogerd (Pays-Bas). 11 min 8 s ; 36. Merckx (Bel/DFF), 11 min 49 s ; b 30 ans, né le 28 mai 1972 à Classement paréquipes 37. Martinez (Fra/MAP), 11 min 51 s ; 1. ONCE, 206 h 37 min s ; 2. US Postal, à 9 min ; s’Gravenhage (Pbs). 3. iBanesto.com, 16 min 32s ; 4. Cofidis, 22min 38. Turpin (Fra/A2R),12min 42s ; 39. O’Grady b (Aus/C.A), 13 min 32s ; 40. Zberg (Sui/RAB), 1,78 m ; 61 kg. 14 s ; 5. Rabobank, 30 min 22 s ; 6. CSC-Tiscali, 14 min 42s ; 41. Cuesta (Esp/COF), 18 min b Professionnel depuis 1994. 34 min 12s ; 7. Jean Delatour, 58 min 9 s ; 30 s ; 42. Jalabert (Fra/CST), 18 min 58 s ; b 8. Domo-Farm Frites, 1 h 14 min 28 s ; 9. Kelme, 43. Bruseghin (Ita/BAN) ; 44. Gutierrez Equipes : WorldPerfect (1994) ; 1 h14 min 31 s ; 10. Fassa Bortolo, 1 h 40 min (Esp/KEL) ; 45. Moreni (Ita/ALS) ; 46. Jaksche Novell (1995) ; Rabobank (depuis 35 s ; 11. FDJeux.com, 2 h 16 min 13 s ; 12. AG2r (All/ONC) ; 47. Mayo (Esp/EUS), m.t. ; Prévoyance, 2h 29min 10 s ; 13. Alessio, 2h PHOTOS : PIXLAND - FONTSHOP KRALICK 1996). 29 min 56 s ; 14. Euskaltel, 2 h 30 min 49 s ; 15. 48. Chaurreau (Esp/A2R), 19 min 13 s ; b 49. Fernandez (Esp/COF), 21 min 26 s ; Palmarès : 24victoires dont le Telekom, 2h 39 min 3 s ; 16. Bonjour, 3 h 5 min 50. Bodrogi (Hun/MAP), 23 min 12 s ; 51. Latasa championnat des Pays-Bas (1997, 20 s ; 17. Tacconi Sport, 3 h 11 min 50 s ; 18. Mapei, 3 h 15 min 31 s ; 19. Crédit Agricole, 3 h (Esp/BAN), 24 min 15 s ; 52. Blanco (Esp/BAN), 1998) ; (1999) ; 24 min 15 s ; 53. Nozal (Esp/ONC), 24 min 49 s ; 15 min 53 s ; 20. Lampre, 3 h 21 min 28 s ; 21. 54. Zabel (All/TEL), 26 min 32 s ; 55. Baldato Paris-Nice (1999) ; Tour d’Emilie Lotto-Addecco, 3 h 25 min 29 s. (Ita/FAS) ; 56. Aldag (All/TEL) ; 57. Peron (1999) ; Flèche brabançonne Classement des jeunes (Ita/CST) ; 58. Velo (Ita/FAS) ; 59. Joachim (2001) ; Semaine catalane (1998, 1. Ivan Basso (Ita/FAS), 68 h 58 min 26 s ; Bac+2/3 (Lux/USP) ; 60. Loder (Fra/A2R) ; 61. Belli 2. Vogondy (Fra/FDJ), à 10 min 54 s ; 3. Zubeldia (Ita/FAS) ; 62. Atienza (Esp/COF) ; 63. Morin 2001) ; deux étapes de (Esp/EUS), 44 min 13 s ; 4. Brandt (Bel/LOT), (Fra/C.A) ; 64. Dierckxsens (Bel/LAM) ; Tirreno-Adriatico ; deux étapes 44 min 28 s ; 5. Chavanel (Fra/BJR), 49 min Votre avenir professionnel est 65. Brandt (Bel/LOT) ; 66. Julich (Usa/TEL) ; 15 s ; 6. Gustov (Ukr/FAS), 52min 5 s ; 7. Nozal 67. Gustov (Ukr/FAS) ; 68. Pena (Col/USP) ; du Tour de France (1996, 2002). b e (Esp/ONC), 53 min 31 s ; 8. Trampusch 69. Konecny (Tch/DFF) ; 70. Berges (Fra/A2R) ; Classement UCI (fin 2001) : 7 . (Aut/MAP), 1 h 26 min 17 s ; 9. Millar dans le Train de l’Emploi 71. Pradera (Esp/ONC) ; 72. Ekimov (Rus/USP) ; (Gbr/COF), 1 h 28 min 15 s ; 10. Pineau 73. Padrnos (Tch/USP) ; 74. Hincapie (Fra/BJR), 1 h 35 min 49 s, etc. (Usa/USP) ; 75. Niermann (All/RAB) ; 76. Engels (Pbs/RAB) ; 77. Hunter (Afs/MAP) ; 78. Serrano 10. Basso (Ita/FAS), 15 min 4 s ; 11. Sastre Classement de la combativité Du 23 septembre au 4 octobre, (Esp/ONC) ; 79. Baguet (Bel/LOT) ; 80. D. (Esp/CST), 16 min 27 s ; 12. Boogerd (Pbs/RAB), 1. Laurent Jalabert (Fra/CST), 97 pts (+9) ; Etxebarria (Esp/EUS) ; 81. Aerts (Bel/LOT) ; 17 min 32s ; 13. Moncoutié (Fra/COF), 18 min 2. Renier (Fra/BJR), 50 ; 3. Boogerd (Pbs/RAB), montez dans le Train de l'Emploi organisé par Le Monde. 82. Honchar (Ukr/FAS) ; 83. Bortolami (Ita/TAC), 53 s ; 14. Virenque (Fra/DFF), 20 min 35 s ; 33 (+25) ; 4. Dierckxsens (Bel/LAM), 33 ; m.t. ; 84. Fagnini (Ita/TEL), 26 min 40 s ; 15. Lelli (Ita/COF), 24 min 11 s ; 16. Goubert 5. Hushovd (Nor/C.A), 24, etc. A bord, des entreprises vous proposent des milliers d’offres 85. Mengin (Fra/FDJ), 31 min 43 s ; 86. Olano (Fra/DEL), 25 min 4 s ; 17. Hamilton (Usa/CST), Abandons (Esp/ONC), 31 min 43 s ; 87. Knaven (Pbs/DFF), 25 min 50 s ; 18. Vogondy (Fra/FDJ), 25 min e d’emploi. Pinotti (Ita/LAM, 5 ét., chute) ; Steels (Bel/MAP, 58 s ; 19. Osa (Esp/BAN), 26 min 35 s ; e e 34 min 26 s ; 88. Loda (Ita/FAS) ; 89. Dekker 5 ét., non partant) ; Verbrugghe (Bel/LOT, 5 ét., ploi.lem 20. Kivilev (Kzk/COF), 26 min 39 s ; 21. Rubiera e Jeune diplômé ou déjà riche de quelques m on (Pbs/RAB) ; 90. Dessel (Fra/DEL) ; 91. Wauters chute) ; Shefer (Kzk/ALS, 6 ét., chute) ; Rous w.e de (Esp/USP), 29 min 46 s ; 22. Merckx (Bel/DFF), e e w . (Bel/RAB) ; 92. Van Bon (Pbs/DFF) ; 93. Radaelli (Fra/BJR, 7 ét., chute) ; Freire (Esp/MAP, 8 ét., w fr 32min 8 s ; 23.Gotti (Ita/ALS), 33 min 42s ; e années d’expérience, ne manquez pas (Ita/TAC) ; 94. Belohvosciks (Let/LAM) ; 95. De n.p.) ; Vierhouten (Pbs/LOT, 8 ét., n.p.) ; A. re Groot (Pbs/RAB) ; 96. Hinault (Fra/C.A) ; 97. 24. Zberg (Sui/RAB), 33 min 52 s ; 25. Robin i Gonzalez de Galdeano (Esp/ONC, 10e ét., to Cassani (Ita/DFF) ; 98. Wesemann (All/TEL) ; (Fra/FDJ), 34 min 18 s ; 26. Sorensen (Dan/CST), blessure) ; Kirsipuu (Est/A2R, 11e ét., n.p.) ; cette correspondance dans dix villes a ig 99. Ivanov (Rus/FAS) ; 100. Serpellini (Ita/LAM) ; 35 min 36 s ; 27. Baranowski (Pol/BAN), 36 min Vaughters (Usa/C.A, 11e ét., chute) ; Sandstod l 34 s ; 28. Botcharov (Rus/A2R), 37 min 51 s ; b 101. Wadecki (Pol/DFF) ; 102. Horillo (Dan/CST, 11e ét., chute) ; Perez (Esp/KEL, de France. o (Esp/MAP) ; 103. Cabello (Esp/KEL) ; 104. Tafi 29. Brochard (Fra/DEL), 38 min 30 s ; 30. Frigo e e 11 ét., blessure) ; Pagliarini (Bré/LAM, 12 ét., n e (Ita/MAP) ; 105. Agnolutto (Fra/A2R) ; (Ita/TAC), 41 min 6 s ; 31. Gutierrez (Esp/KEL), o n.p.) ; De Waele (Bel/MAP, 12 ét., épuisement) ; Inscrivez-vous dès maintenant. i 106. Trampusch (Aut/MAP) ; 107. De Clercq 47 min 58 s ; 32. Julich (Usa/TEL), 54 min 11 s ; e t

Pozzi (Ita/FAS, 12 ét., ép.) ; Ivanov (Mol/ALS, p (Bel/LOT) ; 108. Van Hyfte (Bel/CST) ; 33. Serrano (Esp/ONC), 54 min 47 s ; 34. Belli e e i

12 ét., ép.) ; Casagranda (Ita/ALS, 12 ét., ép.) ; r

e c Hauptman (Slo/TAC, 12 ét., ép.) ; Tauler s

e e

n (Esp/KEL, 12 ét. ép.) ; Simon (Fra/BJR, 12 ét. I hors délai), Samuel Sanchez (Esp/EUS, 12e ét., Le maillot jaune ép.), Gonzalez (Esp/EUS, 12e ét., ép.) ; Durand b (Fra/FDJ, 12e ét., mis hors course) ; Luttenberger Lance Armstrong (Etats-Unis). Etats-Unis 1993 ; Clasica San e b (Aut/TAC, 14 ét., blessure) ; Moreau (Fra/C.A, 31 ans, né le 18 septembre 1971, Sebastian 1995 ; Flèche wallonne 15e ét., chute) ; Sevilla (Esp/KEL, 16e ét., ép.) ; à Austin (Texas, Etats-Unis). 1996 ; Grand Prix des nations Dufaux (Sui/ALS, 16e ét., ép.) ; Casper (Fra/FDJ, b 16e ét., ép.) ; Bruylandts (Bel/DFF, h.d.) ; 1,77 m, 74 kg. 2000 ; Tour de France 1999, Rodriguez (Usa/DFF, 16e ét., h.d.) ; Oriol b e er octobre Professionnel depuis 1992. 2000, 2001 (13 victoires d’étape) ; (Fra/A2R, 16 ét., h.d.). 23 septembre24 septembre25 septembre26 septembre27 septembre30 septembre1 2 octobre 3 octobre 4 octobre b Equipes : Motorola (1992-96) ; Tour de Suisse 2001 ; Critérium LES ÉQUIPES A2R (AG2R Prévoyance) ; ALS (Alessio) ; BJR es Cofidis (1997) ; US Postal (depuis du Dauphiné libéré 2002 ; Grand Lille (Bonjour) ; COF (Cofidis) ; C.A (Crédit agricole) ; CST Lyon Tours Paris 1998). prix Midi libre 2002 ; Tour du Nant b (CSC Tiscali) ; DFF (Domo-Farm Frites) ; EUS Grenoble Marseille Toulouse Bordeaux Palmarès : 62 victoires dont le Luxembourg 1998 ; Tour DuPont (Euskaltel) ; FAS (Fassa Bortolo) ; FDJ (Fdjeux.com) ; Strasbourg BAN (iBanesto.com) ; DEL (Jean-Delatour) ; KEL championnat du monde 1993 1995 et 1996. Train de l’Emploi réalisé avec le concours de la Société des Trains Exposition b e (Kelme) ; LAM (Lampre) ; LOT (Lotto) ; MAP (Oslo) ; championnat des Classement UCI 2001 : 3 . (Mapei) ; ONC (Once) ; RAB (Rabobank) ; TAC (Tacconi) ; TEL (Telekom) ; USP (US Postal). 18/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 AUJOURD’HUI sciences

VILLES OUBLIÉES 1. étable et grange retrouve, comme

Afrin l e n si les siècles étaient abolis, son usa- b a e j m ge de jadis. Les enfants de Gerade, TURQUIE D e S aux chaussures déchiquetées, Les monts de Syrie que la vie a quittés Réfadé jouent dans la poussière des rui- DarqitaDarqita et BaquiraBaquira Saint-Siméon Alep nes. A Rouweiha, une ligne électri- Antioche Breij que s’arrête au beau milieu du villa-

a A l’ouest d’Alep, les restes de 700 villages, installés des siècles durant l a A ge. Une femme porte de l’eau dans h Qalb Lozé s s l i e r un bidon sur sa tête. Une autre sur le Massif calcaire, témoignent d’un soudain exode de leurs habitants b a Mer e B Deir Seta j t vient proposer de l’eau et des D e Méditerranée œufs. Un bédouin veut donner SYRIE DU NORD soixantaine de villages demeurent ont découpé en blocs qu’ils assem- son adresse. Des voix résonnent de notre envoyé spécial en bon état et témoignent de ce blaient sans ciment. Un calcaire Idlib SYRIE sur les murs, les poulaillers Faute de mieux, on l’appelle le que fut le quotidien de ceux dont qu’avec art ils ont su utiliser pour Apamée piaillent, les chevaux hennissent, Ariha Massif calcaire. Djebel Zawiyé, les chroniques officielles se désin- réaliser des arcs aux claveaux bien les espaces sont autant envahis Djebel Ala, Djebel Barisha, Djebel téressent en général. De simples ajustés et sculpter aussi des lin- Djebel Géradé par les chardons jaunis que par les Seman… Une succession non pas paysans montés sur le Massif cal- teaux et des chambranles de por- Zawiyé Rouweiha crottes de chèvres et de moutons. de montagnes mais de plateaux, caire pour échapper au surpeuple- tes ou de fenêtres. Croix à quatre Al-Bara Ici, on a bricolé une porte, là, on a de collines, sortes de petits caus- ment de la plaine et cultiver ce qui ou six branches, feuilles d’acanthe, Ma'arat Ann installé la basse-cour dans l’église, Lattaquié Sergilla ses arides et caillouteux. Une pouvait l’être : céréales, vignes, entremêlements de motifs géomé- Nu'man ailleurs on a démoli les murets qui région sans nom, comme un refus arbres fruitiers, mais surtout l’oli- triques et végétaux… Selon l’origi- délimitaient les parcelles, parfois d’hospitalité. Pourtant, il y a quin- vier. ne de la roche, les villages sont jau- 25 km on a réutilisé les pierres taillées il y ze cents ans, des dizaines de mil- « On a longtemps utilisé le terme nes, orangés ou gris. a plus de quinze siècles… liers de personnes vivaient là, sur de “villes mortes” pour désigner ces les on accédait par un portique exté- plus des postes de guet que des Pour les archéologues, le mot 2 000 kilomètres carrés, dans ces sites, précise Georges Tate, profes-     rieur. Une pièce servait de logement lieux d’agrément. A Gerade, une d’ordre est simple : préserver la terres marginales de la Syrie byzan- seur d’histoire à l’université de Ver- Les maisons de ces aggloméra- pour une famille. » tour d’une quinzaine de mètres région le plus possible. « Ces villa- tine. Et puis, soudain, elles sont sailles - Saint-Quentin-en-Yvelines tions, dont les mieux conservées Contrairement aux maisons branle du chef mais semble encore ges sont des documents fondamen- parties, abandonnant sept cents et codirecteur de la Mission n’ont perdu que leur toit, sont le actuelles, la porte d’entrée se trou- surveiller les alentours, attendant taux pour l’histoire du Massif calcai- villages de pierre au bon vouloir archéologique franco-syrienne en fruit d’un même modèle architec- ve dans le mur d’enceinte et donne un ennemi qui ne viendra plus. re, rappelle Georges Tate. Il faut du temps. Syrie du Nord. En fait, il s’agit bien tural : un bâtiment à deux étages sur la cour. En fait, au rez-de- commencer par effectuer certains Malgré les siècles et les séismes, de villages car il n’y a pas de plan, avec, en général, une à trois pièces chaussée, tous les murs extérieurs    travaux indispensables pour consoli- des maisons, des églises, des ther- pas de rues entre les maisons mais par niveau, une cour et un haut sont aveugles. Chaque soir, le grou- A vouloir chercher un ennemi, der certaines maisons fragilisées à mes, des monastères sont toujours des espaces indécis, mal calibrés. mur de clôture. « Le rez-de-chaus- pe se refermait sur lui-même et se on le trouverait bien. Non pas un leur base. » Dans cet objectif, une debout. Parfois, comme à Qalblo- Un amoncellement de maisons sans sée, explique Georges Tate, qui mettait en sécurité pour se proté- adversaire déclaré de la chose opération à financement euro- ze, les habitations ont disparu, ordre, pas tassées les unes sur les explore la région depuis une tren- ger des razzias et des fauves. Ce archéologique mais une menace péen prévoit, pour les deux ans à mais une magnifique basilique a autres mais pas trop éloignées non taine d’années, était l’étage écono- n’est qu’au début du XXe siècle que insidieuse. Comme il y a deux mil- venir, un état des lieux et la venue résisté, aujourd’hui intégrée à l’ur- plus. » Leur matériau de construc- mique, étable et entrepôt. Au-des- le dernier lion de Syrie fut en effet le ans, la Syrie connaît un essor d’un tailleur de pierre du CNRS, banisation moderne. Au total, une tion : du calcaire que les paysans sus, les pièces d’habitation auxquel- tué. Les balcons sont d’ailleurs démographique soutenu. Les hom- qui aura pour mission de repérer mes s’installent donc de nouveau les carrières et de former des dans le Massif calcaire. Les villages Syriens à la taille de parpaings à la y connaissent une croissance rapi- mode antique. Qalaat Seman, le sanctuaire de Siméon le Stylite de, poussant comme champignons Un autre projet, qui devrait com- après l’orage. A Gerade, la trame mencer d’ici à la fin de l’année, pré- QALAAT SEMAN (Syrie) son « succès » : se sentant harcelé par les pèlerins En 459, Siméon finit par rejoindre les cieux qu’il urbaine intègre une partie des mai- voit de consacrer 3 millions de notre envoyé spécial qui, toujours plus nombreux, viennent lui rendre a côtoyés de si près pendant des décennies. Mais sons antiques. A Dier Soumboul, d’euros à la mise en valeur touristi- D’en bas, on ne fait que le deviner. Mais, vues visite, il édifie une colonne de pierre et s’y perche. l’empereur exige que la dépouille du saint soit la ville moderne a complètement du ciel, les quatre basiliques de Qalaat Seman des- Installé sur une simple plate-forme sans toit, transportée à Constantinople et, pour s’assurer absorbé son ancêtre byzantine. Çà sinent une croix immense centrée sur un moignon Siméon n’a qu’un capuchon pour se protéger des que les autochtones ne la garderont pas, il expé- et là, des quartiers entiers ont sur- L’économie de l’olive de pierre, vestige de ce qui fut la colonne de intempéries ou des rayons du soleil syrien. die sur place le maître des milices d’Orient et une gi en quelques années, grignotant Siméon le Stylite, sur laquelle ce dernier passa troupe de plusieurs centaines de soldats. Quel- le territoire. Paradoxe : les vestiges L’huile d’olive était sans doute la près de quarante ans de sa vie.    ’  ques années plus tard, pour rendre hommage à archéologiques sont propriété de première des richesses des villages Né à la fin des années 380 dans une famille de Plusieurs témoignages directs, dont celui de Siméon, et afin de ne pas mécontenter les moines l’Etat syrien mais un paysan peut, du nord de la Syrie. Les restes de bergers, il entend l’appel divin et commence à pra- Théodoret, évêque de Cyr, racontent que l’ascè- et la population locale, l’empereur Zénon fait comme à Sergilla, acheter un lopin nombreux pressoirs en témoignent. tiquer l’ascèse avec un zèle peu commun. Il rejoint te mangeait très peu, se laissait dévorer par la construire le martyrion de Qalaat Seman. de terre en plein milieu du village Certains étaient familiaux. D’autres, le monastère de Téléda, mais en est chassé en rai- vermine ou les insectes sans les chasser ni se L’édifice avait des proportions gigantesques antique pour y cultiver ses toma- plus imposants, réclamaient pour son de l’extrême rigueur des mortifications qu’il soigner, faisait des prières interminables accom- pour l’époque puisqu’il recouvrait la colonne tes. Et lorsque l’administration se fonctionner la présence de 15à s’impose. Il essaie ensuite l’expérience des reclus pagnées de centaines de génuflexions, passait du saint. Une hôtellerie pour les pèlerins, un fâche, l’agriculteur porte la ques- 20 personnes, comme à Sergilla où puis finit par monter sur le plateau où se situe des nuits debout, arbitrait les conflits, exorci- baptistère et un monastère complétaient l’en- tion devant les tribunaux… et subsistent les fondations d’un impor- actuellement son sanctuaire, faisant face, comme sait, accomplissait des miracles. Célèbre dans semble. Encore visibles, ces bâtiments consti- gagne. tant bâtiment. On commençait par un défi, à l’imposant djebel Sheikh Barakat, dont tout l’empire romain, Siméon attire des foules tuent un complexe architectural magnifique, Parfois, les plus pauvres s’instal- broyer les olives pour séparer les le sommet accueille un temple païen. L’ascète immenses au point qu’il est à plusieurs reprises bijou archéologique de la Syrie byzantine. lent même dans les maisons noyaux de la pulpe. Celle-ci, réduite fabrique un enclos de pierre au milieu duquel il obligé de faire rehausser sa colonne. A la fin de anciennes les mieux conser- en pâte et mise dans des paniers, s’enchaîne. Mais il est en quelque sorte victime de sa vie, elle mesure une vingtaine de mètres. P. B. vées. Le rez-de-chaussée à la fois était ensuite pressée. L’huile s’écou- lait alors dans des bassins où l’on ver- sait de l’eau. Résultat : l’huile surna- L’histoire d’un peuple au quotidien racontée par les pierres geait tandis que les impuretés cou- laient. Les grandes villes d’Antioche et d’Apamée étant illuminées la nuit, SYRIE DU NORD modestes, sont faites de simples aussi, par piété, pour l’édification ce des ascètes – comme Siméon le Saint-Paul et Moïse – pour un seul une partie de la production servait à de notre envoyé spécial murs de moellons. Puis intervient, des églises. Car, en même temps Stylite – et des moines. A Darqita, village. l’éclairage. Un livre de droit syrien du « Pas un texte ne se rapporte préci- entre 250 et 330, une ère de stagna- qu’elles s’enrichissent, les campa- on ne compte pas moins de trois Toutes ces constructions s’arrê- Ve siècle le laisse supposer qui, préci- e sément à ces villages du Massif calcai- tion, une crise passagère probable- gnes se christianisent, sous l’influen- églises – Saint-Serge, la Trinité, tent au milieu du VI siècle. «La se que, pour les impôts, trois catégo- re », assure Georges Tate. Peu impor- ment due plus à une conjonction de Syrie est vraisemblablement touchée ries d’huile existaient et que la troi- te. L’historien et ses collègues facteurs – invasions perses, épidé- par une crise de type malthusien, sième, destinée à l’éclairage, prove- – d’aujourd’hui et d’hier, car la mie de peste – qu’à des raisons struc- avance Georges Tate. La population nait des oliviers de montagne. recherche archéologique française turelles. continue d’augmenter, alors que les s’est investie dans cette zone depuis A partir du IVe siècle, la Syrie va ressources plafonnent faute de trou- 1934 – ont su faire parler les pierres. connaître une période de paix favora- ver d’autres terres et de progresser que d’un site qui n’est pas encore Et des pierres, il n’en manque pas, ble à une certaine prospérité dont dans les techniques agricoles. Un inci- choisi. « Le président syrien se sent dans cette région loin des plaines fer- les villages reculés vont profiter. dent climatique, une récolte moins concerné par l’archéologie, assure tiles. Ici, les sols manquent. La roche « Pour la première fois, raconte Geor- bonne, et c’est le drame. Hausse de la Maamoun Abdulkarim, directeur affleure partout et parsème de gris le ges Tate, les paysans ont des surplus et mortalité qui réduit la pression, repri- des musées de Syrie et codirecteur paysage. produisent de quoi vendre. Mais ils ne se et nouvelle crise. » de la Mission archéologique fran- Malgré cela, des hommes ont vécu sont pas assezriches pour aller à la vil- A ces disettes s’ajoutent les trem- co syrienne. Il sait que c’est l’hérita- ici à la dure dès le Ier siècle de notre le et il n’y a plus de terre à acheter. Ils blements de terre, la réapparition de ge, le patrimoine de ce pays et son ère. Pourquoi ? Pour des raisons vont donc investir dans la pierre et, en la peste et la reprise de la guerre avenir, par le tourisme. » d’« expansion démographique », quelque sorte, pétrifier leurs riches- entre l’Empire byzantin et les Per- Son collègue Georges Tate reste avance Georges Tate. « Les terroirs ses. » ses, qui se déroule en grande partie circonspect : « Pour réussir la pré- de la plaine étaient complètement sur le territoire syrien. A partir du servation des villages, il faudra à la occupés, des paysans en quête de ter- ’   VIIIe siècle, les paysans du Massif cal- fois que les paysans y trouvent un res vacantes sont venus, explique-t-il, Cette opulence – relative – se lit caire redescendent dans les plaines, intérêt mais aussi se doter des instru- exploiter les plaques de sol que l’on dans l’architecture des demeures. où les terres arables, désormais, ne ments juridiques qui permettront de trouve çà et là dans le massif calcai- Pour réaliser ces grandes bâtisses manquent pas. En partant, ils empor- traiter en position de force, mais pas re. » Une tâche rude, car, pour culti- aux parpaings soigneusement qua- tent leurs affaires, leur mobilier – ce sauvagement, avec les popula- ver, il faut débarrasser la terre des drangulaires, il faut des tailleurs de qui explique que les fouilles au sol tions. » Ici, en effet, on n’a pas le tonnes de cailloux qui la jonchent, pierre, des échafaudages et des sys- ne mettent au jour que des mon- droit de détruire au matin ce qui a construire des murets pour limiter tèmes de levage permettant de mon- naies perdues – mais ne détruisent été construit pendant la nuit… l’érosion et délimiter des parcelles. ter les blocs de 200 à 300 kilos jus- pas leurs maisons. Au Xe siècle, la La colonisation de la région s’est qu’à 10 mètres de hauteur. Il faut région est redevenue un désert Pierre Barthélémy effectuée en deux temps. La premiè- aussi faire venir des poutres et payer humain. Fossilisé pour des siècles. er re court du I siècle jusqu’au milieu les artisans – chefs de chantier ou    PROCHAIN ARTICLE e du III . A l’époque, les maisons, sculpteurs. De l’argent, on en donne Qalaat Seman : les vestiges de la colonne de Siméon le Stylite. P. B. Rio Bec, l’insolite cité maya LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/19 AUJOURD’HUI

Oslo Stockholm 26 JUI. 2002 PRÉVISIONS 26 juillet 26 juillet prévisions vers 12h prévisions vers 12h Moscou Amélioration Ville par ville, les minima/maxima de Riga température et l’état du ciel. S : ensoleillé; Lille progressive N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige. Le Havre Minsk FRANCE  18/34 S Belfast Copenhague  26  Madrid...... Reims Ajaccio ...... 18/27 S Milan ...... 18/29 S Dublin Liverpool Brest Paris Varsovie Kiev Lever du soleil à Paris : 6 h 17 ...... 17/23 S ...... 17/27 P Biarritz Moscou Strasbourg 17/28 S ...... 13/15 P Berlin Coucher du soleil à Paris : 21 h 36 Bordeaux ...... Munich Rennes Troyes Amsterdam ...... 15/26 N ...... 21/28 P Londres Une perturbation peu active quitte la Fran- Bourges Naples Orléans 14/21 N ...... 12/21 S Bruxelles Brest ...... Oslo Nantes ce. Elle engendre encore une nébulosité Tours Prague Caen ...... 15/21 N Palma de M. .... 20/29 S Mulhouse importante sur le quart nord-est de la Fran- 14/22 N 10/18 P Odessa Cherbourg ...... Prague ...... Bourges Strasbourg ce. La masse d’air s’assèche néanmoins, ce Dijon Vienne 13/23 S ...... 18/27 S Paris qui laisse présager un week-end agréable Clermont-F. .... Rome Munich Budapest 13/25 N ...... 19/38 S Dijon...... Séville Poitiers Nantes avec des températures en nette hausse. Clermont- 16/26 S ...... 15/18 P Grenoble ...... Sofia Limoges Ferrand Berne 14/23 N 15/20 P Bucarest Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor- Lille ...... St-Pétersb...... Chamonix Lyon Lyon Milan ...... 14/23 S 14/22 P Belgrade mandie. Le ciel très nuageuxle matin Limoges Stockholm ...... Grenoble Sofia 16/25 N 21/27 P Lyon ...... Ténérife ...... s’éclaircit l’après-midi. Les températures Bordeaux Toulouse Istanbul ...... 19/29 S 12/20 P maximales s’élèvent de 19 à 28 degrés. Marseille Varsovie ...... Aurillac ...... 13/25 N 18/25 N Montélimar Nancy Venise ...... Rome ...... 15/26 N 14/20 P Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen- Nantes Vienne...... Barcelone Naples ...... 19/25 N Madrid tre, Haute-Normandie, Ardennes. Les Nice Nice 15/25 N AMÉRIQUES Biarritz Montpellier éclaircies finissent par s’imposer au cours Paris...... Toulouse Marseille Lisbonne ...... 15/26 S Athènes Pau ...... 14/24 S Brasilia de la journée après une matinée encore 2/15 S Tarbes Perpignan...... 20/29 S Buenos Aires Perpignan bien nuageuse. Le thermomètre est orien- 26/30 P Séville 16/28 N ...... té à la hausse et atteint au plus chaud de Rennes...... Caracas ...... 24/33 S ...... 13/24 N Chicago Tunis l’après-midi 20 à 27 degrés. St-Etienne Alger 13/25 N ...... 16/19 S Ajaccio Strasbourg...... Lima 16/26 S .... 17/23 S Rabat Champagne, Lorraine, Alsace, Bour- Toulouse...... Los Angeles ...... 10/24 P Tours ...... 15/27 N Mexico gogne, Franche-Comté. Le ciel est très 18/25 C nuageuxdes Vosges au Jura avec des Montréal...... Soleil Peu nuageux Couvert FRANCE - ...... 19/25 S éclaircies l’après-midi. Sur la Champagne New York 23/32 P 12/21 S et la Bourgogne, l’amélioration est plus Cayenne ...... San Francisco Brèves éclaircies Averses Pluie 26/29 P . -2/8 P rapide. Les températures maximales Fort-de-Fr...... Santiago Ch. 17/21 S ...... 21/27 P Orage Neige Brouillard Vent fort Nouméa...... Toronto s’étagent de 22 à 25 degrés. 19/23 P Papeete...... 23/28 P Washingt. DC Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi- Pointe-à-P...... 25/30 P AFRIQUE Pyrénées. La couverture nuageuse est St Denis Réu.. 20/26 S Alger...... 19/29 S importante en début de matinée ; peu à 26/29 S EUROPE Dakar...... peu le soleil se montre de plus en plus 21/31 S Kinshasa...... 13/21 C généreux. Les températures maximales Amsterdam ...... 24/38 S 24/32 S Le Caire sont comprises entre 26 et 29 degrés. Athènes...... 11/25 S 21/25 S Nairobi ...... Barcelone ...... 2/22 S Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. 13/18 C Pretoria...... Belfast...... 19/27 N Il y a beaucoup de nuages le matin sur les 15/25 S Rabat ...... Belgrade ...... 23/31 S Alpes et le Dauphiné. Des éclaircies se Tunis ...... Berlin ...... 13/20 P développent l’après-midi.; Sur le sud de ...... 14/18 P ASIE-OCÉANIE Samedi 27 juillet : Berne L'amélioration Rhône-Alpes, il fait beau. Ailleurs, le ciel 16/24 C ...... 28/31 P Bruxelles ...... Bangkok se poursuit se dégage partiellement au cours de la ...... 17/20 P 25/31 S Bucarest Beyrouth...... avec de belles journée. Les températures maximales Budapest...... 16/23 N Bombay ...... 27/30 P éclaircies sont comprises entre 24 et 29 degrés. Copenhague.. 14/20 P Djakarta ...... 24/28 P sur les régions ...... 12/18 S ...... 32/41 S du nord. Le soleil Languedoc-Roussillon, Provence- Dublin Dubaï est très présent ...... 15/18 P 26/30 P Alpes-Côte d’Azur, Corse. La journée Francfort Hanoï...... sur le sud, 16/24 N 26/28 P est bien ensoleillée. Le ciel est toutefois Genève ...... Hongkong ...... le ciel le plus ...... 14/22 P 18/32 S plus nuageuxsur la Côte-d’Azur, les Helsinki Jérusalem ...... souvent tout bleu...... 24/31 N ...... 32/42 S Les températures Alpes du Sud et la Corse. Le mistral et la Istanbul New Delhi ...... 17/25 P ...... 22/32 P sont en hausse tramontane faiblissent sensiblement par Kiev Pékin et annoncent ...... 18/29 S 24/32 P rapport à la veille. Les températures, Lisbonne Séoul ...... une journée 13/20 S 27/30 P dans l’après-midi, s’échelonnent de 26 à Liverpool ...... Singapour...... chaude...... 16/26 S 5/17 S 30 degrés. Londres Sydney ...... PRÉVISIONS POUR LE 27 JUILLET SITUATION LE 25 JUILLET A 0 HEURE TU PRÉVISIONS POUR LE 27 JUILLET A 0 HEURE TU Luxembourg . 15/21 P Tokyo ...... 26/29 P Nord Sud Le 26 juillet vers 12 heures PAS-DE-CALAIS Sur les plages 20 PROVENCE Nice CÔTE D'AZUR Beau temps autour de la Méditerranée et le vent faiblit. Le soleil revient 17˚ 21˚ LANGUEDOC 10 sur la façade atlantique et plus tardivement sur les côtes de la Manche. CÔTE D'OPALE Marseille St-Raphaël 25˚ 28˚ Calais 17˚ 20˚ La Seyne- Ouest 20 Le Touquet Cap d'Agde sur-Mer St-Tropez PICARDIE 10 VAR BAIE ST-MICHEL COTENTIN CÔTE NORMANDE CÔTE D'ALBÂTRE ROUSSILLON 30 N 40 19˚ 22˚ 16˚ 20˚ 18˚ 20˚ 22˚ 27˚ 20 Perpignan 17˚ 22˚ Le Tréport 40 O E GARD FINISTÈRE NORD 20 20 BAIE DE SEINE Étretat NORMANDIE ROUSSILLON LANGUEDOC BOUCHES-DU-RHÔNE 21˚ 17˚ 22˚ Le Havre 16˚ S Deauville 19˚ 25˚ 20˚ 28˚ 10 22˚ 28˚ 10 20 Sud-Ouest Corse Granville TEMPÉRATURE NORMANDIE CÔTE CHARENTAISE IledeRé Perros-Guirec 18 DE L'AIR St-Malo 10 CHARENTES CALVI BASTIA 10 Crozon 18˚ 23˚ VENT Ile d'Oléron 15 DIRECTION ET CÔTE GIRONDINE Concarneau BRETAGNE VITESSE EN KM/HEURE 25˚ 25˚ Calvi 25˚ 26˚ Soulac Bastia Quiberon VENT CALME 10 19˚ 24˚ 10 20 POINTE BRETAGNE 10 MER TEMPÉRATURE 17˚ 18˚ La Baule Lacanau DE L'EAU CÔTE LANDAISE Ajaccio 10 Arcachon 16 SUD FINISTÈRE VENDÉE 20˚ 24˚ Calme/belle Porto-Vecchio 10 LANDES 20 17˚ 19˚ St-Gilles- Peu agitée 20 Croix-de-Vie CÔTE BASQUE AJACCIO PORTO-VECCHIO SUD BRETAGNE 10 VENDÉE Agitée/forte 20˚ 23˚ 24˚ 27˚ 25˚ 26˚ 17˚ 22˚ 17˚ 21˚ 10 Biarritz Très forte/grosse

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME NO 02 - 176 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION NO 284 E    123456789101112 Jeux de voiles et de lumière I souvent chère. - 4. Parfum de violette. Chute d’un roi. - 5. NÉE EN 1862 aux Etats-Unis, II Conjonction. Laissait tomber. - 6. Marie-Louise – dite Loïe – Fuller Que l’on a toutes chances de débute par une carrière de comé- III rencontrer. - 7. Son cocktail est dienne. C’est à Londres, à la fin de réservé à nos ennemis. - 8. Don- la décennie 1880, qu’elle s’initie à IV nera son accord. Un peu de la danse, qui la rendra célèbre. repos. - 9. A nourri les hommes Après un brefretour aux Etats- Eugène Druet V et les femmes de Cro-Magnon. Unis, elle revient en Europe pour (1867-1916), Format ou modèle pour l’artiste. une tournée au cours de laquelle « Loïe Fuller VI - 10. Vers. Imposa le retour des elle décide de s’installer à Paris. dansant », vers images. - 11. Ragoûts peu ragoû- Loïe Fuller est tout d’abord en- 1900, épreuve VII tants. Coureur australien. - 12. gagée aux Folies-Bergère, où elle gélatino- Etalées dans le temps. présente une chorégraphie restée argentique, VIII connue sous le nom de danse ser- 39,8 × 29,8 cm. Philippe Dupuis pentine. Sa renommée ne cesse de Paris, Musée IX croître aux cours des années sui- Rodin. Présentée SOLUTION DU N° 02 - 175 vantes : elle se produit sur des scè- au Musée X nes européennes et américaines, des beaux-arts Horizontalement fait connaître au public la dan- de Nancy, I. Abominable. - II. Edile. Aine. seuse japonaise Sada Yacco, est à jusqu’au 19 août, HORIZONTALEMENT sa à Claire, mais suivit François. - III. Talé. Progrès. - IV. Age. l’origine des débuts d’Isodora Dun- pour l’exposition Prépare l’avenir. - IX. Fis le bon Levantes. - V. Ge. Médusée. - VI. can, crée plusieurs troupes de « Loïe Fuller. I. Son coup peut sauver la vie. choix. Belle comme une plaque Pécaris. Or. - VII. Spirales. Ria. - jeunes danseuses. De nombreux Danseuse de l’Art Son coup peut changer la vie. - de marbre. - X. Produise des VIII. Tulipes. Dong. - IX. Ecot. photographes ont lié leur nom à nouveau ». II. Son coup peut supprimer la vibrations. En train pour prendre Halte. - X. Enanthèmes. celui des images de la danseuse vie. Fît appel. - III. Dieu solaire. la route. aux longs voiles. Le cliché présenté Réduit en morceaux. - IV. Le plus Verticalement ici est dû à Eugène Druet, dont petit est de loin le plus grand. VERTICALEMENT 1. Etagiste. - 2. Adage. Puce. - 3. le nom est par ailleurs associé à Pêché en Méditerranée. - V. Bile. Pilon. - 4. Olé. Mérita. - 5. celui d’un sculpteur dont il a photo-   Chercher à disparaître. L’étain. - 1. Bonne entre amis. - 2. Tra- Me. Le Cap. - 6. Pédalent. - 7. Ner- graphié les œuvres ; il s’agit de : VI. Dans les traditions. Sortirai vailla pour des haricots. Plume vures. - 8. Oasis. Hé. - 9. Bagnes. b Théodore Rivière ? de ma coquille. - VII. Grecque. allemande. - 3. Une fois affran- Dam. - 10. Lirte (relit). Rôle. - 11. b Pierre Roche ? Réponse du jeu no 283 : Raymond Queneau, en 1942, cite très souvent Belles Grecques. - VIII. S’intéres- chi, il prit la plume. La petite est Enée. Oints. - 12. Essorage. b Auguste Rodin ? la chapelle Saint-Ferdinand dans Pierrot mon ami. 20/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 CULTURE festivals

 b Le festival des Bouches-du-Rhône, dont le succès n’a pas altéré la simplicité bonhomme, réunit sous les platanes les pianistes incontournables et les jeunes talents du clavier. Cette 22e édition multiplie les marathoniennes Nuits du piano et inaugure l’enregistrement sur film des concerts Le piano prend ses quartiers d’été à La Roque-d’Anthéron

LA ROQUE-D’ANTHÉRON augmentation significative du nom- més tard dans leur vie, je pense qu’en- de notre envoyée spéciale bre de places dans le parc de Flo- registrer Pierre Hantaï dans Scarlatti « Quoi de neuf cette année à rans : 1 850 sièges en 2001, 2 300 à trente ans est au moins aussi inté- La Roque ? » Plus qu’une question, cette année grâce à une judicieuse ressant. » un rituel : le mélomane qui s’aven- redisposition de la tribune. Quant Aussi René Martin a-t-il rencon- ture sous les platanes du parc de au nombre de concerts (dont 6 tré Pierre-Olivier Bardet, le patron Florans prend rapidement des allu- pour le jazz, 6 pour la musique baro- d’Idéale Audience. Depuis dixans, res d’habitué. S’il ne l’est pas en- que et 10 pour la musique contem- cette société a produit plus de core, il le deviendra, tant le Festival poraine), il reste stable : 90. Seules, 50 films dédiés à la musique classi- de La Roque-d’Anthéron, depuis parce que « Ars longa et vita bre- que : du Madame Butterfly réalisé vingt-deuxans au superlatif de nos vis », les marathoniennes Nuits du par Frédéric Mitterrand en 1995 à la étés pianistiques, a gardé cette piano se sont multipliées jusqu’au série « Classic Archive », récem- simplicité bonhomme qui fait que chiffre 12. « C’est un concept que le ment tirée des fonds de l’INA et de l’on s’enquiert de lui, de sa forme, public adore, dit le directeur artisti- la BBC, en passant par des docu- de son humeur, ainsi que d’un que, René Martin, car il s’y passe sou- mentaires comme ceuxde Bruno ami cher. Alors, récapitulons. Les vent des choses assez hallucinantes, Monsaingeon autour de David Oïs- concerts d’ouverture Brahms, s’ils comme dans cette intégrale des trakh (1994), de Dietrich Fischer- n’ont pas été mémorables (Le Mon- “Années de pèlerinage” de Liszt, que Diskau (1995) ou de Sviatoslav Rich- de du 23 juillet), ont vu pour la Nicholas Angelich donne cette année ter (1997). Outre les partenariats première fois un orchestre parisien pour la deuxième fois. » François- d’Arte et de Mezzo, Pierre-Olivier à La Roque. Frédéric Guy Bardet a réussi à débloquer des Pour la énième fois, un ministre   joue les moyens financiers et logistiques de la culture a soulevé la poussière Du côté des artistes, il y a tou- « Harmonies considérables. des allées. Jean-Jacques Aillagon a jours les incontournables : Hélène poétiques et « Je n’imaginais pas me retrouver parlé au bord de la piscine du châ- Grimaud, François-René Duchable, religieuses » avec un studio de cinéma ultraprofes- teau, reconnaissant avec finauderie Brigitte Engerer, Anne Queffélec, de Liszt, sionnel dans un hangar agricole en que la participation congrue de Jean-Claude Pennetier, Nelson le 23 juillet, plein cœur de La Roque, s’exclame l’Etat (22 000 euros sur un budget Freire, Deszö Ranki, Ralf Gothoni, lors de la René Martin. Je suis impatient de global de 3 millions) dans le succès Christian Zacharias… Puis le quar- Nuit du voir comment cela va se passer, d’un événement culturel « qui fait tier général des Russes – Sokolov, piano même si les contraintes de ce milieu honneur à la France », était inverse- Lugansky, Berezovsky, Rudenko, consacrée au sont particulièrement stressantes. Ce ment proportionnelle à l’admira- Volodos. Les nouveauxvenus ont qui me rassure, c’est qu’il y a une

  compositeur. tion qu’il suscite. Le président du pour noms Paul Lewis, Vahan Mar- exigence artistique et technique qui festival, Paul Onoratini, qui venait dirossian, tous deuxremarqués remplissage de 80 %), mais surtout John Cage (par Margaret Leng Tan introductions auxconcerts. «Je correspond exactement à la nôtre. » de se voir décerner la médaille du pour de récents disques Schubert de ce public qui le suit depuis tant et Herbert Henck) et de Maurice viens de découvrir les conversations Ce que devrait démontrer la pro- conseil général des Bouches-du- (enregistrés l’un pour Harmonia d’années sans rechigner et plébis- Ohana (Jean-Efflam Bavouzet et entre Richter et JacobMilstein : j’en chaine diffusion sur Arte d’un Rhône, en avait le sourire tout Mundi, l’autre pour Intrada). On cite une orientation de plus en Jean-Claude Pennetier), sans parler ferais bien une approche musicale 90 minutes consacré auxpianistes embué. parle aussi de Francisco Libetta, plus marquée vers la musique de Messiaen qui aura – 10e anniver- entrecoupée de dialogues. » Mais la de La Roque, le 25 août à 19 heures, Alors, justement, quoi de neuf ? jeune pianiste italien dont le musi- contemporaine. « C’est vrai que saire de sa mort oblige ! – pour lui grande aventure 2002 sera l’opé- dans l’émission « Maestro ». Rien ou presque en ce qui concerne cien et réalisateur de documentai- j’aimerais idéalement faire de la créa- seul une Nuit du piano avec Roger ration « Les pianos de la nuit – les lieux(parc du château, temple res musicauxBruno Monsaingeon tion, mais comme nous n’avons pas Muraro. La Roque d’Anthéron 2002 » qui va Marie-Aude Roux de Lourmarin, abbaye de Sylva- pense qu’« il y en a un comme lui les moyens de commanditer des Comme d’habitude, René Martin effectuer pour la première fois au cane, étang des Aulnes, carrières de par siècle ». Si par bonheur c’était œuvres, nous pouvons au moins jouer fourmille d’envies, d’idées et d’im- moyen de films un véritable prolon-       Rognes, églises de Cucuron et de le cas, on serait tranquille jusqu’en celles qui existent afin qu’elles patiences. Il aimerait monter aux gement patrimonial. « Quand on a -’, jusqu’au 22 août. La Roque-d’Anthéron) si ce n’est la 2100. entrent au répertoire. » C’est ainsi quatre coins du parc des petits spec- une telle concentration de talents et Parc du château de Florans, La relative désaffection du Théâtre En attendant, René Martin se que sera jouée la quasi-intégrale tacles littéraires et musicaux, lus de musiques, c’est dommage de ne Roque-d’Anthéron (13). Places de Forbin peu propice à la musique en réjouit bien sûr des 85 000 places des œuvres pour piano de Paul Hin- par des comédiens, qui seraient rien fixer sur l’image. Dans le passé, 12 ¤ à45 ¤. Tél. : 04-42-50-51-15. milieu d’après-midi, et surtout une quasiment vendues (soit un tauxde demith (par Boris Berezovsky), de comme des prolongements ou des on a souvent filmé des artistes confir- www.festival-piano.com/   ... -  Clavecins malicieux et variations sur Liszt Vous dirigez Idéale Audience, pensable. L’autre impératif : ne 1 société de production, d’édition pas perturber cette expérience par et de distribution de films consacrés des moyens techniques tout en lui LA ROQUE-D’ANTHÉRON Le lendemain soir, 19 h 30, la Nuit du piano Les vibrations trépidantes de Berezovsky sont à la musique classique, et vous allez offrant les possibilités du cinéma. de notre envoyée spéciale « Liszt ». Une nuit encore lointaine, quand Boris encore dans l’air. On se demande comment le pia- filmer les concerts de La Roque- C’est pourquoi le travail se fera à Trois hommes, deuxclavecins et un virginal, Berezovsky, les cheveuxdéjà collés au front, niste va pouvoir les chasser tout à fait pour instal- d’Anthéron.Quel constat dressez- distance, avec des caméras numéri- pour jouer en « consort », tel que l’usage en était entre sur la scène du parc de Florans. Pas de ler l’atmosphère recueillie qui prévaut dans les vous de la musique filmée ? ques pilotées depuis la régie vidéo, alors répandu au XVIIe siècle, des musiques de temps à perdre, il a 12 Etudes d’exécution transcen- Harmonies poétiques et religieuses de l’abbé Liszt. Comparé aux archives des dans le cadre d’une scène unique, Dowland, Byrd, Phillips, Morley, Bull et Farnaby, dante sur le gaz. En moins d’une heure, l’affaire La nuit tout à fait descendue l’y aidera. Concen- années 1950-1975, l’état des lieux conçue par le réalisateur Mathias Blitheman et Gibbons, Tomkins et Heat. Ils sera réglée, coudes au corps et doigts galopants. tré à l’extrême, François-Frédéric Guy est entré n’est pas brillant. La perte d’un Ledoux, à la fois pour le public et avaient l’air de trouver cela diablement excitant Extatique rentré et nerveux extériorisé, Boris dans cette musique comme en religion, se gar- savoir-faire liée au passage du film l’équipe de réalisation. les trois compères réunis autour de Skip Sempé, Berezovsky possède une technique fulgurante dant de toute tentation saint-sulpicienne. Son en noir et blanc à la vidéo et à la le boute-en-train de la bande, en ce lundi après- qui sait prendre des risques. Sans concession au piano déploie des sonorités claires, des articula- couleur, ainsi que des raisons éco- Quel est l’état actuel du projet ? midi au temple de Lourmarin. Comme toujours, drame dans Mazeppa, jeu perlé à l’extrême dans tions franches, passant de l’élégie à la médita- nomiques évidentes ont asphyxié 3 Nous avons confié à six réali- Skip avait le regard un peu fou de malice conte- Feux follets, cet homme possède des médiums tion, de la ferveur à la prière. A peine un certain le système. Le public s’est res- sateurs le soin de réaliser dix films nue, Pierre Hantaï l’air un peu surpris, hagard, de bouleversants, comme dans Vision, qu’il donne abus de la suspension et du silence donne-t-il par- treint, rejeté par les chaînes géné- autour de dix pianistes choisis qui viendrait de recevoir une goutte de pluie sur l’impression de caresser à pleines mains. fois l’impression d’une attitude étudiée, d’un ralistes. En France, seule Arte a su avec René Martin en fonction de le nez. Quant à Olivier Fortin, le benjamin des maintien posé, mais l’ensemble est d’une tenue préserver un lieu pour la musique l’artistique, mais aussi de critères trois, il se tenait coi et droit.    ’ exceptionnelle. A tel point que la diabolique filmée, quand France Télévisions de production. Nous tournerons Ils se sont lancés dans un Lachrimae Pavan de Etrange, ce pouvoir de séduction d’un piano à Sonate en si mineur, jouée comme en se jouant, devenait un désert – contrai- dix jours avec une équipe de Dowland de toute beauté, irisant l’espace de la pointe sèche, qui jette rageusement à bas du en paraîtra soudain presque inoffensive. rement à l’Allemagne, où l’ARD et 40 techniciens et 150 personnes sonorités à la fois profondes, tristes et jubilatoi- clavier les notes de la « chasse sauvage » dont il la ZDF sont restés très présents, dans la salle tous les soirs. Après, res. Sur l’épinette de Skip était écrit : « Musica voile pourtant les appels de cors (Wild Jagd), et M.-A. R. Laetitia comes Medicina Dolorum. » Et c’était vrai, joue avec une véhémence rancunière l’Etude no10 comme la BBC en Angleterre. nous utiliserons les moyens de  montage de l’INA, qui a coopté cette musique faisait du bien. Les regarder aussi, au point d’en casser une corde, peut-être celle de       , ,  Quel pari faites-vous avec cette l’aspect patrimonial du projet. Si disposés en triangle, chacun avec son sérieuxdif- Mazeppa le supplicié qui semble, au-delà de la , avec Skip Sempé, Pierre Hantaï et Oli- 2 série « Les pianos de la nuit » ça marche (il y a 1,2 million d’euros férent, tous trois enchaînant pavanes et gail- quatrième étude, parcourir toute l’œuvre. On est vier Fortin (clavecins). Temple de Lourmarin, le réalisée en coproduction avec René en jeu), mon rêve serait la création lardes, lèvres légèrement pincées et menton tré- loin du somptueuxpiano sécuritaire de Sokolov ! 22 juillet. Martin ? d’un lieu permanent, à l’image de mulant, mixant les sonorités, les virtuosités, se Et dans le Chasse-neige final passeront les souve-   . , le 23 juillet à19 h 30 : inté- Nous espérons renouveler le ce que le Blue Note a fait à New regardant et se devinant. Cela aurait pu durer nirs « d’orages désirés », désormais enfuis. grale des Etudes d’exécution transcendante, avec genre. En faire une expérience York pour le jazz. longtemps. Jusqu’à ce que les instruments, vain- Confondant. Boris Berezovsky (piano) ; à21 h 30, intégrale vivante, avec un vrai public, dont cus par la chaleur, aient fini par se désaccorder Une heure plus tard, après s’être restauré sur des Harmonies poétiques et religieuses et Sonate l’effet de miroir à l’image est indis- Propos recueillis par M.-A. R. tout à fait. On n’aurait pas bougé d’un pouce. l’herbe, le public attend François-Frédéric Guy. en si mineur, avec François-Frédéric Guy (piano). LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/21 CULTURE festivals

 b Aux Hivernales d’Avignon, festival « off », la chorégraphe présente un spectacle écrit  b Interprétée par Rolf Hind, cette à la virgule près. Dans un autre registre, celui du hip-hop, Hamid Benmahi présente « Chronic’s » composition a éclairé les Proms de Londres Les exilés prennent corps dans Ricanant et sensible, le « Concerto pour piano » le « No man’s land » de Valérie Rivière de David Sawer

AVIGNON LONDRES nelle par le maestro. Slatkin sait diri- de notre envoyée spéciale de notre envoyé spécial ger, dans le sens qu’il peut mener à On avait perdu de vue Valérie David Sawer, compositeur britan- bien, sans pépin et en quelques Rivière, on n’aurait pas dû. Après nique, né en 1961, a des manières heures, une répétition vers l’état de qu’Olivier Klementz, avec lequel exquises. Voici le texte de présenta- concert présentable. Il termine là elle créait la compagnie Paul les tion du Concerto pour piano où les artistes commencent. Oiseaux, est parti en 1994, elle est (2001-2002) que lui a commandé la A 22 heures, ce même 23 juillet, retournée àBordeaux. On la re- BBC : « Mon Concerto pour piano John Eliot Gardiner a donné Israel trouve totalement inchangée, l’air est fait de deux mouvements, en Egypte, de Georg Friedrich Haen- de sortir tout droit d’un nuage où rapide/lent, joués sans interruption. del. Pas de chance, lànon plus : l’in- les filles ont la peau translucide et Dans le premier mouvement, le pia- térêt s’est enlisé au fur et àmesure les yeux trop bleus. Aux Hivernales no ne joue presque jamais avec l’or- de la soirée ; les solistes étaient d’Avignon, lieu off et néanmoins chestre, dans le second il ne joue pres- médiocres, même le Monteverdi très in du Festival d’Avignon, elle que jamais seul. » Point final. Cela Choir était ennuyeux… présentait No man’s land, un duo à laisse àdésirer, ou place pour le On a pensé àcette blague : la mémoire de tous les clandestins. désir, c’est selon. En tout cas, le « Tout le monde s’ennuie, dit Bien que la danse soit écrite àla vir- jeune compositeur accorde àsa son attaché de presse àMoïse. Il gule près, on la croirait improvisée musique le pouvoir de parler pour faut que tu crées un vrai grand àl’instant tant la chorégraphe a su lui. Cela dit, son concerto pourrait miracle. transmettre àses deux interprètes, être aussi désespérant que ce prière – Je vais ouvrir un passage dans la Katia Noir et Rodolphe Fouillot, d’insérer. mer, lui répond Moïse. son geste àla fois relâché et précis, Mais, au contraire, cette musique – Si tu fais cela, je t’obtiens trois presque précieux. Un circuit de est dense, intelligente, sensible, pages dans la Bible », répond l’atta- train électrique, entouré d’une guir- dans son époque, c’est-à-dire criti- ché de presse. lande lumineuse, sert de cercle que et postmoderne, constituant On préfère s’abstenir et ne consa- magique. Musiques et chansons, avec grâce une sorte de spectre rica- crer que quelques lignes àSir John, extraites de l’album Clandestino de   nant et sensible de célèbres concer- qu’on a connu plus inspiré. « Egypt Manu Chao, donnent le ton, ainsi Le geste relâché et précis, Katia Noir et Rodolphe Fouillot forment un duo à la mémoire de tous les clandestins. tos au module « toccata/adagio » was glad when they departed » qu’un exergue de l’écrivain Stig (Prokofiev, Ravel, John Adams), ( L’Egypte s’est réjouie de leur Dagerman : « Notre besoin de conso- nées » – la jeune femme, experte sés par les mots, les souvenirs d’en- avec un premier mouvement sec et départ), dit le n˚ 11 de la partition. lation est impossible à rassasier ». L’artiste pointe cette en peinture et en bestiaires secrets, fant, les humiliations, le racisme vif, tandis que, dans le second, s’im- Et nous avec. Conçue pour être regardée sur un a commencé sa vie de chorégraphe partout caché, y compris dans les pose une musique inouïe, forte, qui Pas de chance : le troisième soir vaste plateau, àl’instar des camps fragilité sur laquelle inspirée par les nymphettes de Bal- interviews des journalistes qui vous parvient àcréer son espace, un peu des Proms, mercredi 24 juillet, un où les réfugiés échouent, la danse thus qui ne dorment que d’un œil. veulent du bien. Sa danse « chas- comme chez les grands et les lar- autre chef très médiocre, Lawrence – dans le minuscule studio des toute chorégraphie Attention au chorégraphe Ha- se », comme on le dirait d’une voi- ges, Jean Sibelius par exemple. Foster – américain, comme Slatkin Hivernales – toute entière ramas- mid Benmahi ! Avec Chronic(s),il ture, glissante, tamponnant les Sawer ne fait pourtant pas dans le – était àl’affiche. Il a fait illusion sée au creux du petit train, change est fondée, au point joue sa vie au Big Bang Théâtre. idées toutes faites, la sociologie de monumental ; son genre serait plu- dans le Concerto pour orchestre de de sens et prend des allures de jeux Mais seulement les jours pairs. roman de gare. Dupe de rien, atten- tôt la vastitude concentrée, le gouf- Roberto Gerhardt, l’élève catalan d’enfants désœuvrés. qu’on n’y prête plus Chez lui aussi, tout n’est que tif àtout, Hamid Benmahi prend sa fre bonsaï. Cela se termine un peu d’Arnold Schoenberg. Mais quand Par moments seulement, elle pudeur, retenue, avec la douleur place parmi les têtes chercheuses, abruptement, sur un goût de trop est venue l’heure du ballet complet réussit àcommuniquer ce côté exté- assez d’attention. juste sous la peau. Ce bref récit qui tels Niels « Storm » Robitszky, peu un rien crâne. On voudra réen- du Tricorne, de Manuel de Falla, les nué, vidé de ceux qui, revenus de n’avance que par bribes – père bou- Farid Berki, faisant leurs les prati- tendre ce Concerto joué par le dan- illusions sont tombées. Il y avait les tout, iront jusqu’au bout. Ainsi un Un homme qui danse langer, Alger, parents se disputant ques artistiques dominantes làoù dy du clavier contemporain, Rolf notes, comme disent les membres homme, une femme dansent les exi- l’enfant, la France finalement – on elles peuvent élargir leur chemin, Hind, jeune homme chic qui sem- de jurys de concours désabusés, lés de partout et de nulle part, mar- avec une femme le reçoit en pleine figure. Mis en tout en gardant la conscience de ble tout fuir, sauf la musique qu’il mais où était la musique telle qu’on cheurs infatigables, lutteurs par- jambes grâce àla gymnastique, dan- cette aventure hip-hop qui a rendu joue. la trouve sous la baguette de Rattle, qués àSangatte ou ailleurs. Autant seur hip-hop ayant fait ses preuves, leur vie si singulière. d’Eschenbach, de Chailly… ? Dans de mouvements du corps en mar- assez d’attention. Un homme qui il atterrit à23 ans dans l’école de   la voix de Jennifer Larmore, qui che repris en boucle, les poings ser- danse avec une femme. Rosella Hightower, àCannes, où il Dominique Frétard Autour de ce Concerto, trois pro- chantait les Cinco Canciones negras rés. Vivre, survivre. Aimer ? A un Avec ce duo àl’apparence effri- prend des classes de ballet avec des grammes, mardi 23 juillet et mercre- de Xavier Montsalvatge, torrides, moment l’homme et la femme s’en- tée, mais coriace au cœur, Valérie mouflets de 12 ans. Il aurait pu , No man’s land, jus- di 24 juillet, ont déçu, au Royal douces-amères comme les Sauda- lacent pour quelques pas de tango, Rivière se remet àgrand-peine de partir. Il reste. Déterminé ? Pis : il qu’au 27 juillet. Albert Hall de Londres, lors de ces des do Brazil de Milhaud, dont elles e et l’on se dit qu’il n’y pas d’instant l’échec de 40 tableaux fixes, pièce veut apprendre, il veut savoir.  ’. Tél. : 04-90- 118 BBC Promenade Concerts, s’inspirent, et dans le jeu subtil et plus délicat que celui où deux êtres dans laquelle elle épinglait la sexua- Pendant trente-sept minutes, 82-33-12. alias les Proms. l’intonation irradiante de Victoria vont se toucher pour danser. Valé- lité vue par une femme. Poly- son solo mis en scène et en images Hamid Benmahi sera le 18 septem- Mardi, Leonard Slatkin, le patron Mullova dans le Concerto pour vio- rie Rivière pointe cette fragilité sur chrome, son prochain projet rendra par Michel Schweizer, auteur du bre à Arcachon, le 20 à Biarritz, de l’Orchestre de la BBC, nous a lon de Mendelssohn, que Foster laquelle toute chorégraphie est fon- hommage au Douanier Rousseau, récent succès Kings, danse tous les et en tournée à partir de jan- infligé, pour notre malheur, un pro- s’est pourtant ingénié àchausser de dée, au point qu’on n’y prête plus « à sa jungle aux couleurs halluci- endroits du corps qui ont été bles- vier 2003. gramme où ont été successivement gros sabots. massacrés l’ouverture In the South, d’Edward Elgar, Shéhérazade,de Renaud Machart  b Le guitariste texan de blues, rock et country était invité à « Swingin’ Deauville » Ravel, chanté dans un français pour Londoniens non francophones par   , à Londres, Frederica Von Stade, et le ballet Royal Albert Hall. Jusqu’au 14 sep- Calvin Russell goûte, en Normandie, la nonchalance estivale L’Oiseau de feu, d’Igor Stravinsky, tembre. De 4 £ à 75 £ (de 6,31 ¤ à découpé de manière toute person- 118,22 ¤). Tél. : 00-44-20-7589-8212.

DEAUVILLE enjamber, embrouilles àla sortie… de notre envoyée spéciale Donc, Calvin Russell joue de la Le cirque Zavatta (Willie) sillon- musique américaine – de la coun- ne la côte. David Guetta, DJ des try, du blues, du rock, sans se Intermittents : le doublement Bains-Douches parisiens, s’apprê- soucier beaucoup des étiquettes te àengranger des clubbers aux de genre. Rebel Radio (Dixiefrog/ des cotisations est reporté Planches (le club, dans l’arrière- Night & Day), enregistré dans les pays), Swingin’ Deauville, festival studios de Willie Nelson, rend À LA SUITE d’un arbitrage rendu mardi 23 juillet par Matignon, le dou- d’été dérivé du jazz, vient de com- hommage aux radios indépendan- blement des cotisations sociales des intermittents du spectacle, initiale- mencer avec tranquillité. Invité, tes des Etats-Unis qui ne diffusent ment prévu le 1er juillet, a été reporté au 1er octobre. François Fillon, Calvin Russell est donc de passage pas que les courants dominants. ministre du travail, a été chargé d’ouvrir dès septembre une concerta- en Normandie, en bordure de ce Le chanteur àla voix rauque est tion avec les intermittents. La fédération du spectacle-CGT se félicite « nice ocean », ce bel océan, où il resté au chapitre premier du traité de ce report mais prévoit une rentrée « chaude » en menaçant d’un nous souhaite de passer de bon- d’alchimie indiquant les recettes recours auprès du Conseil constitutionnel pour « inégalité de traite- nes vacances avant de s’en pren- de la transformation du blues et ment » dans le droit du travail entre les intermittents et les salariés. dre âprement aux Bush, père et de la country en rock’n’roll – dont Devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, fils, tellement abrutis qu’ils peine- surgiront les Rolling Stones, M.Fillon avait, mardi, affirmé que « la consultation des partenaires raient àbrancher une guitare sur actuellement en répétition au sociaux [était] en cours sur l’agrément de l’ensemble des avenants à la   /  un ampli – la chanson ponctuée Canada pour une tournée àla ren- convention Unedic » d’assurance-chômage conclus le 19 juin. Cet agré- de Son of a Bush vient aux rappels Calvin Russel, chapeau vissé, boots et jeans de red-neck chante d’une voix trée. Depuis, le rap et l’électroni- ment requiert toutefois une modification de la loi que le gouverne- juste après une reprise de Honky rocailleuse mais jamais dramatique, devant un public très fidèle en France. que ont cassé les vieilles formes. ment compte voter le 30 juillet àl’Assemblée nationale. Les représen- Tonk des Rolling Stones, déjà Calvin Russell n’a pas quitté son tants des employeurs et des salariés des entreprises du spectacle, qui servis en début de récital avec àAustin (Texas), sixième d’une Calvin Russell, qui écrit des chan- chapeau ni ses jeans pour autant. déplorent une absence de concertation, demandent au gouvernement une version très country de No famille de neuf enfants. Il a passé sons aussi, offre des lots de conso- Il développe une sorte de revendi- de ne pas donner son agrément. Le ministre de la culture, Jean-Jacques Expectations, témoignage de leur le plus clair de son enfance der- lation àd’autres marginaux de l’his- cation tranquille àjouer serré – en Aillagon, avait souhaité un report de cette hausse des charges et la période des Beggars’ Banquet rière le comptoir du Sho Nuff toire musicale américaine, tels que musique : carré. mise en place d’une table ronde. Des manifestations ont été organisées (1968). Carré, le quartet franco- Cafe, où son père était cuisinier et les aimait le grand musicologue Deauville lui laisse cette chance dans la Cité des papes pour protester contre cette décision de l’Unedic américain de cet anti-héros àla sa mère serveuse. La famille Rus- américain Alan Lomax, qui vient avec nonchalance, respiration au de doubler les cotisations-chômage de 5,6 % (2 % pour les salariés et gueule ravinée joue les guitares à sell vivait dans une maison de de mourir à87 ans ( Le Monde daté milieu d’un été festivalier effréné. 3,6 % pour les employeurs) à11,6 % (4,2 % pour les salariés et 7,4 % fond, slide, acoustique, électrique, bois fichée au fond d’une im- du 25 juillet), et qui avait, entre Un concert par soir pendant une pour les employeurs). dobro, mandoline, en masse ou passe, juste àcôté d’une case à autres, découvert le chanteur de semaine, le plus souvent dans le perlées. Lui chante d’une voix bateaux. A quinze ans, le petit blues Leadbelly dans un péniten- joli théâtre àl’italienne du casino, rocailleuse mais jamais drama- Calvin tombe dans la drogue et cier et le protestataire fondateur hier Arabesques de John Birkin, Une lecture pour l’été : tique. l’alcool, prend la route, va en pri- du folk moderne Woodie Guthrie demain Sinclair puis un peu plus Calvin Russell offre-t-il une son. Ingrate Amérique, qui ne dans une fête de soutien aux fer- tard, en fermeture, le 28, la désor- O SAISONS représentation carte postale de reconnaît pas les siens ! miers blancs ruinés par la séche- mais sereine Marianne Faithfull, l’Amérique ? Sûrement pas plus resse. Il y a donc, hébergés par Cal- qui mélange le cabaret européen O CHATEAUX qu’Eminem, le rappeur blanc qui     vin Russell, qui a le cœur large : au rock, comme Calvin Russell PAR YVES DE MELLIS s’en prend aux misères de l’Améri- C’est un Français, patron d’un Townes Van Zandt, Willie Nelson pousse le blues blanc vers une poli- que blanche. Dans un genre pres- jeune label, « New Rose », qui ira ou encore la figure de proue de la tesse extrêmement plaisante. Un roman historique, un que opposé, ils symbolisent les débusquer, en 1989, Calvin Russell country contemporaine, la jeune roman d’amour, un roman dérives du rêve américain : l’un, revenu àAustin. Le chanteur a, Gillian Welch. A ces hommages Véronique Mortaigne d’aventure. Un vrai moment de plus rural, est resté dans l’igno- depuis, enregistré neuf disques s’ajoutent quelques classiques lecture, de passion, de détente - rance de la masse ; l’autre, tota- avec un beau succès ici. Mais Rebel visions de l’Amérique vaste et sau- ’ . Prochains concerts : La Bartavelle éditeur - lement urbain, est plongé dans la Radio, sorti au début de 2002, est vage (Wild, Wild West, Freight American Gospel Connexion, Paris Sal- Distribué par Casteilla - 530 pages logique de la civilisation des loi- le premier officiellement offert au Train). Celle des cow-boys : prai- ¤ sa Allstars, Marian Faithfull. De 25 à 24 €uros - Chez votre libraire sirs. Calvin Russell est né en 1948 marché américain. ries àtraverser, montagnes à 45 ¤. Tél. : 02-31-98-66-00. 22/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 CULTURE PORTRAIT

LES GENS DU MONDE

a Dominique Baudis, président au rythme des du CSA, veut interdire les films Minino Garay, pornographiques à la télévision. Dans une interview à Télérama (daté 24 juillet), il explique : « Au- jourd’hui, la loi française ne fait pas explicitement référence à la porno- graphie. Il suffirait d’y ajouter que deux mondes des “programmes comprenant des scènes de pornographie ou de vio- lence gratuite” ne doivent plus être Le percussionniste argentin, parmi les plus diffusés. (…) Ce n’est pas une ques- tion d’ordre moral, de rigorisme ou demandés de la scène parisienne, cultive de puritanisme, mais de protection des plus faibles, qui peuvent tomber ses deux cultures et rêve d’amener son groupe par inadvertance sur un film porno- graphique .» dans sa Córdoba natale, son chaudron musical a Comme en écho, l’hebdomadai- re Les Inrockuptibles (daté 24 au 31 juillet)publie un numéro spé- PARISIEN d’Argentine avec ses tambours,  cial X, intitulé Porno, censure, ordre Minino Garay est un des percussionnistes les moral – Critique de la raison prude. plus appelés. Pour son accent sur les peaux, f 2 septembre 1965 Dans leur éditorial, Jade Lind- son histoire (les percussionnistes, c’est tou- gaard et Sylvain Bourmeau expli- jours des histoires), pour sa présence en Naissance à Córdoba quent : « Il s’agit d’être responsable scène : le geste génialement surligné, la danse (Argentine). face à la pornographie, le vrai dan- du corps entier, le regard, le port de tête, ger consiste à refuser de la voir. En Minino Garay, qu’il le veuille ou non, capte f 5 août 1984 la reléguant aux marges, en lui l’attention. Il fait le spectacle. Ses leaders s’en Rencontre Hermeto déniant toute existence légale ou amusent, d’autres sont perplexes. Tous font Pascual. culturelle, on la livre au marché, aux avec : « En fait, je sais rester percussionniste. requins qui nagent en ses eaux trou- Percussionniste, c’est un rôle d’accompagne- f 29 janvier 1990 bles, à cette industrie souvent peu ment, tu dois rester à ta place, non ? Je ne regardante sur les conditions de tra- l’oublie jamais. Mais je ne peux m’empêcher de Aime Alexandra vail et (...) sur les précautions sanitai- jouer à fond. » Pandev. res minimum. Mais, comme tous les Percussionniste, c’est une personnalité, un genres vulgaires, la pornographie a sens unique de rythmes universels, et aussi f 26 septembre 1996 besoin d’un regard critique. Au lieu une ambiguïté : être ou ne pas être devant, à Entrée dans d’être ignorées ou bannies, ces l’avant-scène : « De toute façon, je n’ai pas le images doivent être commentées. » choix. Je viens de Córdoba, l’autre Argentine, la le « Gang » de Aussitôt dit, aussitôt fait… grande différence, sa Marseille. Dans chaque Julien Lourau. a Hugues Gall, directeur de pays, il y a une ville aux cuisses puissantes, une l’Opéra de Paris, présidera le ville capricieuse, haïssable, dont on ne peut f 10 mars 2002 44e concours international et bien- jamais se séparer. La version argentine, c’est Sur scène à l’Olympia nal de chant de la ville de Toulou- Córdoba. Ville de mélanges et de diableries, ville avec Christophe. se, organisé avec le concours du des “cuarteto cordobès”, une musique si rin- Théâtre du Capitole et de l’Orches- garde, si extraordinaire, que les gens bien l’appe- tre du Capitole de Toulouse. Cette   laient “musica de negre de mierda” ; musique compétition, qui a jadis révélé des de mixture à putes de tango, tarantelle et paso- artistes lyriques comme José Van doble. C’est terrible et c’est ce que je trimballe Dam, Viorica Cortez, Alexandri- dans mon bagage. D’un côté, la connaissance Port de tête rivé aux épaules, longs cheveux chanté Aline, je me suis mis à chialer comme un tissime. Elles me permettent de pratiquer un na Miltcheva, Leontina Vaduva, du tango, l’adoubement par le Cuarteto d’Indien, sourire moqueur ou bon, la contra- con. J’avais tellement dansé sur cette chanson. genre étrange, pas vraiment du rap, mais une Dimitri Hvorostovsky, se déroule- Cedron. De l’autre, en France, la découverte de diction est inscrite dans son corps : tension En scène, il me laisse toute liberté. C’est une très sorte de “speaking tango”. » ra du 16 au 21 septembre. la culture du jazz, mais à condition que je conti- des cervicales, souplesse générale des mem- belle personne. Sa musique, ses chansons, c’est Professeur de littérature, elle écrit. La dic- a Sous le titre Les Années palace, nue à représenter mes rythmes d’origine, ce bor- bres, dégagement de puissance tranquille. Où très facile à mépriser, encore plus facile à jouer tature la jette (16 mars 1973-1983); ceux qui Sony Music France publie un dou- del dans ma tête. Je suis entre deux mondes, qu’il soit, il est là, à sa juste place, prêt à partir. mal, très difficile à jouer bien, sobre. » suivent, les mêmes, la réintègrent comme ble album qui reconstitue la bande entre deux générations, entre deux cultures. Je Les percussionnistes sont partout et nulle Conception ? Jouer pour les gens, « je pense apparitrice. Elle préfère se faire professeur de sonore d’un des « temples » histori- téléphone tout le temps. » part à leur place : ils rejoignent, ils se joignent, aux gens, à les toucher. Ce métier est très déli- bidonville : « Elle amène les élèves voir les tribu- ques des nuits parisiennes. Trente- Córdoba est la plus vieille université de leur instrument est un instrument d’enquête. cat, je me sens plus complet qu’un batteur et en naux, elle se fiche un peu des règles, elle m’a quatre chansons font revivre les l’Amérique, avec Lima (Pérou): « Avant la dic- Maintenant, après avoir fait le tour de toutes même temps, il faut rester dans l’ombre de laissé faire le conservatoire, piano et percus- belles heures du club de la rue tature des militaires, des générations d’intellos, les musiques de Paris, Jo Privat, Raoul Bar- quelqu’un. » Références ? Nana Vasconcellos, sion. » C’est elle qui l’introduit près de Herme- du Faubourg-Montmartre créé en d’artistes, passaient obligatoirement par là. bosa, Patrick Tandin, Julien Lourau dès les Airto Moreira, Don Alias… « En fin de compte, to Pascual en 1984 : « Tout le concert, je pleu- 1978 par Fabrice Emaer et fermé Pour un musicien, c’était le paradis. Les musi- débuts, Malik Magic, Daniel Mille, Minino on est quand même un frappeur au service rais, je suis parti avec eux dans le car. De temps après la mort de ce dernier en 1983. ciens du monde entier, les étudiants d’Afrique s’en tient à son propre groupe. Plus l’orches- des autres, non ? » Origines ? « L’Afrique, le en temps, je tapais le bœuf. » Peut-être tout ce Chic, Grace Jones, Amanda Lear, ou de la Caraïbe sont là. Ça donne une couleur tre de Dee Dee Bridgewater – pour l’esprit goût pour l’Afrique, Fela, Touré Kunda, l’afro- travail pour, en fin de compte, un aller-retour. Rose Royce, Evelyne « Champa- spéciale à la batterie. » d’ensemble, pour les monstres qu’il côtoie péruvien, l’afro-colombien… L’Amérique, c’est Il aimerait faire tourner son groupe et ses par- gne » King, Sylvester, les Village Couleur qu’ont voulue un peu tous les grou- dans le groupe, pour le plaisir de jouer à côté une lente découverte de l’Afrique par les tam- tenaires européens en Argentine. Les amener People figurent au nombre des arti- pes depuis l’installation de Minino à Paris, d’André Cecarrelli (« Tu n’imagines pas le bours. » à Córdoba. « Le pays ? Il est fini. Ils ont réussi à sans de la bande-son. dans le Marais. Au début des années 1990, il velours que c’est pour un percussionniste de liquider cette classe moyenne qui était la colon- a La reine Elizabeth a inauguré ne fait encore que de timides navettes avec le jouer avec un batteur comme Dédé… »), pour    ne vertébrale. Je suis d’une famille péroniste, mardi 23 juillet, en compagnie du Vieux Monde : « Pour moi, c’était Paris, la l’allant de Dee Dee dans son répertoire Kurt Encore qu’elle soit intervenue bien plus tôt une famille d’extrême gauche. On ne comprend maire de Londres, Ken Living- culture, l’histoire, la beauté de la ville. » En Weill. dans la conversation (deuxième phrase ? fin pas ça ici. Est-ce que ça pourrait arriver à un stone, le nouvel hôtel de ville 1992, on le repère aux Antilles dans le groupe « J’ai aussi le projet d’une Córdoba Réunion. de la première ? sans doute bien avant…), la pays d’Europe ? un tel effondrement ? Je ne sais construit par Norman Foster sur de Raphaël Faÿs. Il disparaît deux jours. Au On est deux en France et deux en Italie à venir mère est au centre : vénération, beauté, intelli- pas. Je viens d’un pays de mensonge. Tous les la rive sud de la Tamise, près de retour, tel un Meaulnes revenu du château de Córdoba. On a un accent spécial dans la gence, Œdipe hip-hop, c’est elle qui écrit les empires finissent par tomber, non ? En France, Tower Bridge. Surnommé « Ken le des mystères, il raconte des plages la nuit, des musique. » Il parle de Christophe, qui l’a textes du premier CD sous le nom de Minino. il ne me semble pas. Je sens un esprit de vigilan- Rouge » quand il était dans l’oppo- bicoques en bois où on le fait entrer, trois appelé pour son concert à l’Olympia : «Au « Elle a publié des livres d’aphorismes et bientôt ce, de résistance. Je garde mon regard d’immi- sition municipale, le maire peine à joueurs de gros-K qui l’invitent, un bouillon téléphone, je ne voyais pas bien qui c’était. Les un roman, Des mots, que des mots. Ses paroles grant. C’est pour ça que je me sens bien ici. » se faire réintégrer dans son parti clair où nage une fleur rouge, un match de copains du jazz m’ont dit : “Tu es fou, ce n’est me vont très bien. Les paroles d’une chanson, d’origine, le Labour, en prévision foot sous un soleil bagnard. pas bien.” A la première répétition, quand il a de n’importe quelle chanson, c’est importan- Francis Marmande des élections de 2004. TÉLÉVISION

 26  une étudiante serveuse dans une Observateur minutieux des f La Vie en face : crêperie, devenue sa confidente. mœurs, des goûts, des travers la famille de mon père Des bêtes et des hommes f Mobutu, roi du Zaïre Une belle fille s’intéresse à lui, et des ridicules de la petite 22 h 10, Arte 9 h 45, France 5 et il promet de partir avec elle bourgeoisie du Second Empire et En 1978, le couple Klassen fait e Les Bêtes. Un titre simple et curieux pour un documentaire d’Ariane Dou- Trois ans après la sortie en salle à Ouessant. Ce troisième film de des débuts de la III République, la « une » des journaux : deux fois blet qui suit le quotidien d’une clinique vétérinaire d’un gros bourg du pays du film de Thierry Michel, voici la série Contes des 4 saisons (Conte Eugène Labiche a porté à un haut deux jumelles à un an d’intervalle. de Caux, en Seine-Maritime. Placés entre la ville et la campagne, les quatre sa version télé (3 × 52 minutes) de printemps est diffusé ce même degré de perfection le genre Mais, loin du conte de fées, vétérinaires de la clinique sont amenés à soigner les fidèles compagnons inédite en France. La série fait jour à 8 h 05 sur CineCinemas 1) du vaudeville. leur histoire est celle d’une lutte des citadins aussi bien que les animaux de ferme. Pour remettre sur pied une grande place à la complexité est le portrait ironique d’un garçon f Les Voleuses en cavale quotidienne contre l’échec social. « petit père », « trésor », « petit bonhomme », « chouchou » et « gros bébé », historique et géographique. empêtré dans trois intrigues 20 h 50, M6 Leur demi-sœur, Solveig, fille Rémi Bellenger et son équipe extraient aiguille ou caillou ingurgités, guéris- Un subtil montage d’archives et de sentimentales. Comme toujours, Un an s’est écoulé depuis que unique issue du premier mariage sent une infection de la prostate mais s’improvisent aussi, parfois même à témoignages démonte le système Eric Rohmer a su saisir Kathy et Paula ont pu échapper de Friedhelm Klassen, le père domicile, psychologue pour chien agressif et maître dominé. Mobutu, formidable machine les comportements et le langage de justesse à la police après tyrannique, s’est toujours sentie L’autre partie du travail des vétérinaires de la clinique, ce sont les inter- de pouvoir qui s’appuie à la fois d’une génération au présent. un braquage. Kathy vit désormais exclue mais également fascinée ventions urgentes dans les fermes : naissance des veaux, parfois déjà morts, sur la tradition paternaliste belge Avec Melvil Poupaud, excellent en Floride avec ses deux enfants par cette « tribu idéale ». Forte remise en place d’une caillette déplacée ou d’un utérus brutalement retiré, et la tradition africaine du chef, acteur. et Chris, le policier qui l’a aidée de sa position de semi-étrangère, et de très nombreuses euthanasies. Avec la maladie de la vache folle, l’abat- et qui utilise indifféremment f U Trichinellu à s’enfuir. Rosa, la domestique, Solveig Klassen réalise, sur un ton tage des vaches est alors interdit. Si les vétérinaires ne parviennent pas à la séduction, l’autorité, la religion, 20 h 15, Arte lui donne l’idée de se faire passer intimiste, un documentaire tout sauver l’animal, il est tué sur place avant d’être amené à l’équarrissage. le culte de la personnalité « U trichinellu », le petit train qui pour une femme de ménage et en finesse sur l’emprise paternelle Témoin de leur inquiétude, de leur découragement, de leur souffrance, le et la terreur. Aujourd’hui, traverse la Corse de bout en bout, de voler des objets de valeur dans au sein d’une famille bavaroise vétérinaire devient alors le confident d’agriculteurs déboussolés devant ces le premier volet. a failli à maintes reprises une résidence huppée. Mais Kathy peu ordinaire. Elle est à la fois mesures draconiennes. Dans Les Bêtes, on en apprend aussi beaucoup sur f April ! April ! disparaître depuis son édification et sa femme de ménage critique et tendre. e les hommes… – Ad. D. 13 h 00, CineClassics au XIX siècle. Mais ce catalyseur s’immiscent involontairement f Au-delà de la UFA « Les Bêtes », vendredi 26 juillet, France 5, 16 h 20. Né à Hambourg de parents des revendications régionalistes dans l’antre d’un trafiquant de 23 h 10, Arte d’origine danoise, le réalisateur corses va finalement être drogue prêt à tout pour maintenir La création de la UFA en RADIO Detlef Sierk avait été, sous la modernisé dans le cadre son système. Après avoir rapporté 1917 avait ouvert la voie du succès de RFI et de l’Institut national République de Weimar, un célèbre du processus de Matignon. un simple vase sans valeur mais au cinéma allemand. Mais de l’audiovisuel. Leur but : faire metteur en scène de théâtre Bernard Tournois et René Letzgus contenant plusieurs sachets de le secteur ayant été dévoyé par  26  revivre, par la voix des acteurs d’avant-garde. Tenu à distance racontent l’histoire et le symbole cocaïne, Rosa est assassinée. le nazisme, les Alliés n’ont qu’un de l’époque, un demi-siècle par le régime nazi, il fut pourtant du petit train corse. Puis, quand Chris est sauvagement objectif en 1945 : le démanteler. f La Marche d’histoire politique de l’Afrique engagé comme cinéaste à la UFA f Soirée Eugène Labiche tué, Kathy décide de retourner Ils sonnent le glas de la créativité vers l’indépendance francophone, des derniers en 1934. April, April est une 20 h 40, Festival à Londres. Les Voleuses en cavale, outre-Rhin. Peter H. Schröder 20 h 10, RFI soubresauts de l’ère coloniale fantaisie satirique étonnante. La chaîne câblée consacre suite logique des Voleuses, diffusé et Alexander Bohr retracent ce soir Elikia M’Bokolo, historien et à la transition démocratique. f Conte d’été une soirée spéciale à l’auteur vendredi 19, dont le subtil dosage le parcours de « l’après-UFA », directeur d’études à l’Ecole des Ce soir, premier des trois volets : 14 h 15, CineCinemas2 dramatique français Eugène entre action et émotion étayant leurs propos par hautes études en sciences sociales, « La Marche vers l’indépendance ». Un étudiant vient passer Labiche en diffusant fonctionnait à merveille, installe des extraits des actualités filmées et Philippe Sainteny, rédacteur Dès 1962-1964, des voix se sont ses vacances d’été à Dinard les enregistrements des pièces le spectateur dans une série allemandes et des interviews en chef à RFI, ont sélectionné et élevées pour dire les méfaits en espérant y retrouver une fille Edgar et sa bonne, Voyage autour de rebondissements. Les deux de témoins jadis impliqués dans mis en perspective des archives du « costume institutionnel et dont il pense être épris. Il compose de ma marmite, Le Major épisodes diffusés ce soir forment le développement du cinéma puisées dans les sonothèques constitutionnel de type occidental ». une chanson et la dédie à Cravachon et Mon Isménie. une histoire complète. allemand d’après-guerre. LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/23 radio-télévision JEUDI 25 JUILLET TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

16.15 17.00 13.55 e 14.55 16.40 f 18.35 16.35 17.50 18.50 Pacific Blue La traque. Série Melro- Cyclisme Tour de France : (17 étape): Hercule Poirot Série Côté vacan- En clair jusqu'à 21.00 Allô la Terre, ici les Des bateaux et des hommes Le « Pho- Le Clown Traquenard. Série Syd- se Place Secrets et mensonges. Série 17.55 Aime - Cluses 17.30 Vélo-club Magazine 18.10 ces A Nice 18.25 Questions pour un cham- Martin Série 19.05 Le Cours Florent 19.30 céa », un pari fou ? 17.30 100 % Question ney Fox, l’aventurière Neuf vies. Série 19.45 Sous le soleil Passage en force. Série 18.55 Tous au club 19.00 JAG Les recrues. Série pion 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo Journal 19.45 Le Zapping 19.55 Best of « Les 18.05 Le Chacal doré 19.00 Voyages, voyages  20.40 Caméra café Série 19.54 Le Six Minu- Qui veut gagner des millions ? 19.55 Météo, 19.50 Un gars, une fille Série 20.00  23.50 20.10 Tout le sport 20.15 Le Journal du Tour Guignols de l’info » 20.00 Burger Quiz 20.45 Le Lac de Garde 19.45 Arte info, Météo 20.15 tes, Météo 20.05 Notre belle famille L’anni- Journal, Météo 20.50 Trafic infos. Journal, Météo 20.50 Point route Magazine. 20.30 C’est mon choix... ce soir. La Grande Course. Reportage Un cœur de titan. versaire de Lilly. Série.

20.55 U  ’ 20.55 F  ’ 20.55 O    21.00 C  ’ 20.40 P  - S  20.50 O   Epi- aa aa R C sode Pilote. Avec Corinne Touzet, François- Marie-Elizabeth Cons-Boutboul, secrets de Film. Alain Resnais. Avec Pierre Arditi, Film. Raoul Ruiz. Avec Isabelle Hup- Film. Bill Bennett. Avec Ruth [3/10]. Ce soir, un garçon quitte Eric Gendron, Yves Beneyton, Dominique famille. Magazine présenté par Christophe Sabine Azéma, Jean-Pierre Bacri, André Dus- pert, Jeanne Balibar, Charles Berling, Nils Cracknell, Simon Bossell, Max Cullen, Lewis le bateau. Divertissement 579361 Labourier, Pierre-Marie Escourou. 787458 Hondelatte. 9977854 sollier. Comédie (France, 1997) &. 7513293 Hugon, Edith Scob. Drame (Fr., 2000) &. Fitz-Gerald, Jennifer Cluff. Comédie (Aus- Isabelle Florent est affectée dans une Un inspecteur de la brigade crimi- Les tribulations d’une poignée de per- 1556380 tralie, 1994, v.o.). 995729 nouvelle compagnie, où l’un des gen- nelle revient sur les premières sonnages contemporains dans Paris Un jeune garçon prétend que celle qui Un road movie humoristique. darmes vient de perdre sa fille, alors semaines de l’une des plus passion- aujourd’hui rythmées par des chan- se dit sa mère ne l’est pas. Un conte âgée de quinze ans. Le meurtrier de nantes enquêtes de ces dernières sons à la mode... surréaliste et décalé, écrit et réalisé cette dernière a en plus abusé d’elle... années.. 23.00 Météo 23.05 Soir 3. avec virtuosité. 22.55 O ’ 22.20 C  ’ 23.30 C   22.40 L + G F 22.20 T - M O, - 22.10 C a Téléfilm. Chris- La vie en      a Spectacle     Film. Philippe de topher Menaul. Avec Anne Heche, Sam solo. Magazine présenté par Gaël Leforestier. Nîmes 2002. 511477 LA VIE, Broca. Avec Jean-Paul Belmondo, Claudia Car- Shepard, Eric Stoltz, Kate McNeil, Bill McDo- Invités : Agnès Soral, Jean-Luc Lahaye. Au Film. Michel Audiard. Avec Jean Carmet, Sté- UN MANÈGE MAX OPHULS ET SON dinale, Jess Hahn, Marcel Dalio, Jean Roche- nald (Etats-Unis, 2000) %. 265816 sommaire : Les nouveaux marchés du cœur ; phane Audran, Jean-Pierre Marielle, Jean 0.10 Juan Bautista, une histoire de Camar- ŒUVRE Documentaire. Georg Bense (Allema- fort. Comédie (Fr. - It., 1962) &. 7974632 0.35 Koh-Lanta 1.40 Très chasse, très pêche. Bienvenue au club ! ; ... 1300187 Rochefort. Comédie (Fr., 1974). 4678651 gue Documentaire 1.05 Spin City (v.o.). Série gne, 2002). 109312552

2.30 Reportages La longue marche du doc- 0.10 Nikita Mauvaise opération %. Série 0.55 0.50 La Case de l’oncle doc 1.45 Capitaine 1.30 Downtown (v.o.). Série 1.50 Le Doulos 23.30 Thema - La Ronde aaa Film. Max 0.21 Météo 0.25 Zone interdite Fêtes, alcool, teur Laroche 2.55 Histoires naturelles 3.50 Vingt ans... à Tel-Aviv 1.55 Les Egouts d’une Flam 2.10 Soir 3 2.35 Le Journal du Tour 2.50 aa Film. J.-P. Melville. Avec Jean-Paul Bel- Ophuls. Comédie dramatique (Fr., 1950, N.) cannabis : ce que risquent les jeunes 3181591 Nul ne revient sur ses pas Feuilleton 4.15 His- grande ville 2.15 Philippines, l’autre volcan Des racines et des ailes 4.40 La Case de l’on- mondo. Policier (Fr., 1962) & 34685442 3.35 15 1.05 Berlin Alexanderplatz Téléfilm. R. W. 2.10 C’est l’after 2.55 M6 Music / Les Nuits toires naturelles 4.45 Musique (15 min). 2.25 Les Z’amours 2.55 Pyramide 3.30 24 heu- cle Doc Autopsie d’un fait divers : l’affaire août Film. Patrick Alessandrin. Avec Richard Fassbinder (All., 1980) 2.10 L’Aventure hu- de M6 Emission musicale (365 min) res d’info 3.45 L’Enquêteur Série (10 min). Simone Weber (55 min). Berry. Comédie de mœurs (Fr., 2000, 95 min). maine La Course aux terres australes (5 min). 26304046. CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 19.30 Femmes fatales. Susan Sarandon. TPS Star MUSIQUE 14.10 April, April aaDetlef Sierck. Avec Carola 17.30 Docs & débats. Israël-Palestine : l’engrenage du 19.45 Les Mystères de l’Histoire. L’attaque du train 19.15 Festival de Radio France et de Montpellier. Avec 20.30 Fiction. Œuvre de Gilles Granouillet. Höhn, Lina Carstens, Charlott Daudert (Allemagne, pire ? Odyssée postal. La Chaîne Histoire Olga Kern (piano). Œuvres de Schumann, Scriabine, 21.00 Le Gai Savoir. Colette Cosmier. 1935, N., v.o., 80 min) & CineClassics MAGAZINES 19.45 Les Grands Crimes du XXe siècle. L’assassinat de Messiaen, Barber. Mezzo 22.00 Journal. 22.10 Multipistes. 15.55 La Victime aaBasil Dearden (GB, 1961, N., v.o., Robert Kennedy. Planète 21.00 Messe de Notre-Dame de Guillaume de Machaut. 22.30 Surpris par la nuit. 100 min) & CineClassics 17.05 Les Lumières du music-hall. Robert Charlebois. 20.00 Le Vol d’onde. National Geographic Avec Carlos Mena (contre-ténor), José Hernaudez Pastor 0.05 Du jour au lendemain. 16.10 aa 20.05 Midnight Run Martin Brest (Etats-Unis, Richard Anthony. Paris Première Le Cinéma des effets spéciaux. CineCinemas 1 (contre-ténor), Stéphane Van Dick (ténor)... Mezzo FRANCE-MUSIQUES 1988, v.m., 125 min) % CineCinemas 2 17.10 Comme à la télé. Invités : Philippe Gildas ; Anne 20.05 Mines antipersonnel, l’ennemi silencieux. Histoire 22.00 Cantigas de Santa Maria. Avec Françoise Atlan 17.25 49e parallèle aaMichael Powell et Emeric Depétrini ; Jérôme Bonaldi. Match TV 20.45 Vietnam, après les bombes. Planète (soprano), Anne-Marie Lablande (soprano), Dominique 20.00 22e Festival international de piano de Pressburger (GB, 1941, N., v.o., 120 min) & Cinétoile 18.50 Rive droite, rive gauche. Invités : Alain Chamfort ; 20.50 Traque sauvage. [5/13]. Capture d’éléphant. Odyssée Vellard (ténor et oud), Emmanuel Bonnardot (baryton et La Roque-d’Anthéron. Œuvres de Haydn, 19.10 Le Marchand de Venise a Pierre Billon (Fr. - It., Elizabeth Teissier. Paris Première 21.00 A la pointe de la science. National Geographic vielle), Keyvan Chemirami (percussions). Mezzo Komitas, Prokofiev. 1952, N., 95 min) & CineClassics 19.00 Explorer. Crocodiles. Clowns de rodéo. Mystère du 21.15 Navires de guerre. [4/4]. Les porte-avions. Odyssée TÉLÉFILMS 22.00 Sur un autre ton. Festival de Radio 19.20 Le Jugement des flèches aaSamuel Fuller Neanderthal. National Geographic 22.25 Jean-Jacques Rousseau. [2/2]. Histoire France et Montpellier. (Etats-Unis, 1957, 85 min). TCM 22.25 Recto Verso. Jean-Louis Trintignant. Paris Première 22.30 Jet-set. Portofino. Téva 18.15 Victor Schoelcher, l’abolition. Paul Vecchiali & TV5 0.00 Festival de Radio France et 20.45 La Forêt interdite aaNicholas Ray 23.20 Jean Edern’s Club. Paris des Lumières. Paris Première 22.30 Profession éco-reporter. National Geographic 20.40 Le Saut dans le vide. Marc F. Voizard. Festival Montpellier. Donné ce jour, cour des (Etats-Unis, 1958, 95 min). TCM 0.50 La Route Collector. Invitées : Nathalie Rheims ; Elsa SPORTS EN DIRECT 20.45 Qui veut tuer Chase Prescott ? P. H. Hunt. 13ème RUE Ursulines. Le quintette de Carine Bonnefoy. 21.50 L’Américaine et l’Amour a Jack Arnold Zylberstein. Canal Jimmy 21.00 La Controverse de Valladolid. Jean-Daniel e RADIO CLASSIQUE (Etats-Unis, 1961, v.o., 105 min) & CineClassics DOCUMENTAIRES 13.00 Cyclisme. Tour de France (17 étape): Aime - Cluses Verhaeghe. Paris Première 22.10 After Life a Hirokazu Kore-Eda (Japon, 1998, (142 km). Eurosport 0.05 Un mystère contemporain. A. Boudet & CineClassics 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres de v.o., 120 min) & Cinéfaz 17.05 Chambéry-les-Arcs, une vélographie de Gérard 18.00 Football. Championnat d’Europe des moins de 19 SÉRIES Massenet, Chabrier, Gounod. 20.40 Concert. 22.20 L’Ecole du crime aaLewis Seiler (Etats-Unis, Courant. Planète ans. Groupe A : République tchèque - Norvège. Eurosport Au Théâtre de la Ville. Œuvres de Mozart, 1938, N., v.o., 85 min) & TCM 18.25 Les Musiciens de Saint-Pétersbourg. Planète DANSE 18.05 K 2000. Joyeux anniversaire. 13ème RUE Beethoven, Mendelssohn, Franchomme et 23.05 Héroïnes a Gérard Krawczyk (France, 1997, 18.35 Saveurs du Liban. Voyage 18.15 La Vie à cinq. Cinq contre un & Téva Chopin, Pierné, Veress, Bartok. 105 min). TSR 18.40 Mitterrand vu par... Jacques Benet. Histoire 0.00 La Dame aux camélias. Chorégraphie de John 20.00 Andromeda. Une belle soirée & TPS Star 22.05 Les Rendez-Vous du soir (suite). 0.30 Tenue de soirée aaaBertrand Blier (France, 19.00 Voyage pratique. Les îles de la Guadeloupe : La Neumeier. Musique de Chopin. Par le ballet du 23.40 The PJ’s, les Stubbs. Journal Fever (v.o.). Série Club Œuvres de Berlioz, Alkan, Hamerik, Chopin. 1986, 85 min) ? Cinéstar 2 Désirade, Marie-Galante, les Saintes. Voyage Staatsoper de Hambourg. Mezzo 0.20 I Love Lucy. California, Here We Come ! (v.o.) & Téva 0.00 Les Nuits de Radio Classique. VENDREDI 26 JUILLET TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

13.00 Journal, Météo 13.50 Les Feux de 13.00 Journal, Météo 13.45 La Légende du 13.25 C’est mon choix Magazine 14.25 Drôles 14.30 Triangle maudit Téléfilm. Lewis Teague 13.45 Le Journal de la santé 14.05 Les 13.35 Partie gagnante Téléfilm. Jerry London. l’amour Feuilleton 14.40 Des roses dans la Tour Magazine. Cyclisme : Orcières-Merlette de dames En deux temps, trois mouve- (EU, 2001) % 16.00 The Cell a Film. Tarsem Etoiles du cinéma Jeff Bridges 14.30 Palaces Avec Whoopi Goldberg (EU, 1989) 15.20 Les tourmente Téléfilm. Stefan Bartman. Avec - Marseille (12e étape) 14.15 Cyclisme Tour de ments. Série 15.20 Les Jeunes Années Télé- Singh. Avec Jennifer Lopez. Suspense (EU, un jour, palaces toujours Les Rocheuses Anges du bonheur L’instant crucial. Série Simone Heher (All., 1998) 16.15 Pacific Blue France : (18e étape): Cluses - Bourg-en-Bresse film. Boris Sagal. Avec Glenn Ford, Julie Har- 2000) ? 17.45 Black Books Série 18.10 Black du Canada 15.25 Cap à l’Est Bosnie 16.20 16.10 M6 Music 16.55 C’est l’after 17.50 Le 17.05 17.25 18.05 16.55 f 18.35 17.30 18.05 18.50 Permis d’expulser demandé. Série Vélo club Magazine Tous au club ris (EU, 1974) Côté vacances A Nice Books Série En clair jusqu'à 21.00 Allô la Les Bêtes 100 % Question Clown Western. Série Sydney Fox, Melrose Place Qui a peur d’Amanda Wood- Magazine 19.00 JAG Objectif Tomcat. Série 18.25 Questions pour un champion 18.55 Le Terre, ici les Martin Série 19.00 Le Cours Flo- Nés pour être libres Les chimpanzés de l’aventurière Affaire de cœur. Série 19.45  ward ? Série 17.55 Sous le soleil Le prix de 19.45 Histoires formidables par Stéphane 19-20 de l’information, Météo 20.10 Tout le rent 19.30 Journal 19.45 Le Zapping 19.55 Conkouati 19.00 Tracks 19.45 Arte info 20.05 20.40 Caméra café Série 19.54 Le Six Minu- l’amitié. Série 18.55 Qui veut gagner des mil- Peyron 19.50 Un gars, une fille Série 19.55 sport 20.15 Le Journal du Tour 20.30 C’est Best of « Les Guignols de l’info » ; « Burger Arte et la Documenta 11 20.10 Météo 20.15 tes, Météo 20.05 Notre belle famille Mark lions ? 19.55 Météo, Journal, Météo. Objectif Terre 20.00 Journal, Météo. mon choix... ce soir. Quiz » 20.45 Encore + de cinéma Magazine. Reportage U trinichellu. est sur un coup. Série.

20.50 K-L 20.55 U    20.55 T 21.00 B E,  20.40 J  ’   20.50 L V   Episode n˚5. Voyages autour de    Téléfilm. Divertissement présenté par Denis 20.55 P.J. Disparition & 7026572. Série. la mer. Magazine présenté par Georges Film. Roger Chris- Norbert Kückelmann. Avec Franziska Walser, Téléfilm. Cameron McAllister. Avec Michelle Brogniart. 7043249 Règlement de comptes & 4305688. Pernoud. Au sommaire : Sénégal ; Russie ; tian. Avec John Travolta, Barry Pepper, Forest Fabian Busch, Axel Sichrovsky, Anne Brügge- Collins, Emily Woof, Beth Goddard, Avec Bruno Wolkowitch, Charles Schneider, Mexique. 959930 Whitaker, Kim Coates, Sabine Karsenti. mann (Allemagne, 2002). 816626 Sharon Quintero, PatrickRobinson Raphaëlle Lubansu, Marc Betton, Valérie Science-fiction (EU, 2000) %. 1446959 Reconnu coupable de viol et de meur- (GB, 2001) [1 et 2/2] % 582152 - 2434220 Bagnou-Beido. Des terriens se rebellent contre des tre sur la personne d’une jeune étu- Après avoir échappé de justesse à la 23.05 Avocats et associés Tractations %. extraterrestres qui ont colonisé la pla- diante, un homme, jusqu’ici discret, police, lors d’un braquage, deux voleu- Série. Avec François-Eric Gendron, Victor nète. est condamné à la perpétuité... ses professionnelles se retirent du Garrivier 4508268 22.25 Météo 22.30 Soir 3. milieu du banditisme...

21.50 L’E   0.00 S.L.A.P. Carte blanche à Indochine. 22.55 N    22.55 A  ’A Film. Edward 22.10 L V   - L F 0.25 W,   ’ 619930    Divertissement présenté par Valérie Magazine. Invités : Michaël Furnon, Manu, Divertissement. Norton. Avec Ben Stiller, Edward Norton, Documentaire. Solveig Klas- Cœurs brisés &. Série. Avec Jürgen Heinrich, Benaïm, Nicolas Deuil. Invités : Mario, Mouss. 5656621 Jenna Elfman, Anne Bancroft, Eli Wallach. sen (Allemagne, 2000). 2631065 Klaus Pönitz. 3893350 Maxime. 6033775 Comédie (EU, 2000) &. 9749959 Le commissaire Wolff enquête sur Deux amis, l’un prêtre, l’autre rabbin la mort mystérieuse d’un psycho- retrouvent l’amie d’enfance dont logue, défenestré du haut de son 0.30 La Case de l’oncle doc Jean Nicoli, l’his- ils étaient chacun amoureux. Une 23.10 Cycle « Le Cinéma allemand d’après- immeuble... toire d’un instituteur corse aux colonies. comédie au postulat facile et aux péri- guerre » Au-delà de la UFA. De l’échec du 23.20 Le Droit de savoir Stars et paparazzi : le 1.20 Journal de la nuit, Météo 1.40 L’Enquê- Documentaire 4692337 1.30 Capitaine Flam péties fabriquées. cinéma allemand d’après-guerre. Documen- prix de l’ambiguïté 1609336. teur Les anges noirs &. Les pierres secrètes 2.00 Le Journal du Tour. 1.00 Spin City Le maire au fond du trou. Série. taire 5357539.

0.35 L’Ile de la tentation % 1.40 Très pêche 2.30 Faites entrer l’accusé Marie-Elizabeth 2.10 Les dossiers de l’été Juges et partis, ou le 1.20 Downtown Les envahisseurs. Série & 0.25 Berlin Alexanderplatz Téléfilm. Rainer 1.15 Tour de France à la voile 1.19 Météo 1.20 2.30 Reportages Dons d’organes, actes Cons-Boutboul, secrets de famille 3.50 24 pouvoir judiciaire face aux hommes politi- 1.45 Un ange Film. Miguel Courtois. Avec Werner Fassbinder (All., 1980) 1.20 Why Are C’est l’after Magazine 2.05 M6 Music / Les d’amour 3.00 Histoires naturelles 3.50 Nul heures d’info 4.10 Bhoutan, à la croisée des ques 3.55 On en rit encore ! Les loufoques Richard Berry. Policier (Fr., 2001) ? 6995805 You Creative ? Hans-Dietrich Genscher 1.25 Nuits de M6 Emission musicale (290 min) ne revient sur ses pas Feuilleton 4.15 Histoi- chemins Documentaire 4.15 Comme on 4.50 La Case de l’oncle Doc Origines de l’hom- 3.40 Colère froide Téléfilm. Douglas Barr. Grossesse à risques Téléfilm. Diethard 94541992. res naturelles 4.45 Musique (20 min). s’aime La vie en solo (105 min). me, la piste d’Abel (55 min). Avec Michael Biehn (EU, 1995, 90 min) %. Klante (All., 2002, 90 min)6947927. CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 20.00 Traque sauvage. [5/13]. Capture d’éléphant. Odyssée MUSIQUE 13.00 April, April aaDetlef Sierck (Allemagne, 1935, 21.45 Docs & débats. L’islam aujourd’hui, conquérant ou 20.00 Pisteurs de dinosaures. National Geographic 21.00 Festival de piano de La Roque-d’Anthéron. Récitals. 20.30 Black and Blue. N., v.o., 80 min) & CineClassics tolérant ? Odyssée 20.20 Hollywood Stories. Christian Brando. Paris Première Dong-Hyek Lim, Sandra Moubarak et A. Leroy. Mezzo 21.30 Cultures d’Islam. Leila Babes. 13.15 Hôtel des Amériques aaAndré Téchiné MAGAZINES 20.45 Périls aux Galapagos. Planète 23.30 Cosi fan tutte. Opéra de Mozart. Mise en scène de 22.00 Journal. 22.10 Multipistes. (France, 1981, 95 min) % CineCinemas 1 20.50 Le Pèlerinage à La Mecque. Odyssée Chen Shi-Zeng. Par le Concerto Köln, dir. R. Jacobs. Mezzo 22.30 Surpris par la nuit. 13.30 Tenue de soirée aaaBertrand Blier (France, 15.15 Recto Verso. Jean-Louis Trintignant. Paris Première 21.00 Alerte ! Naufrage ! National Geographic 0.05 Du jour au lendemain. Michel Cournot. ? 16.15 21.15 THÉÂTRE 1986, 80 min) Cinéstar 1 Comme à la télé. Invités : Philippe Gildas ; Anne Mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Hitler, FRANCE-MUSIQUES 13.55 Le Paltoquet aaMichel Deville (France, 1986, Depétrini ; Jérôme Bonaldi. Match TV homme et mythe. La Chaîne Histoire 20.40 Edgar et sa bonne. Pièce d’Eugène Labiche. Mise 95 min) & Cinéfaz 17.15 Les Lumières du music-hall. Salvatore Adamo. 21.40 Au fond des océans. Atalante pacifique. Planète en scène de Jean-Luc Moreau. Festival 20.00 22e Festival international de piano de 14.15 Conte d’été aaEric Rohmer (France, 1996, Françoise Hardy. Paris Première 22.00 Biographie. Churchill et son état- 21.40 Voyage autour de ma marmite. Pièce d’Eugène La Roque-d’Anthéron. Œuvres de Bach, 110 min) & CineCinemas 2 18.55 Rive droite, rive gauche. Invités : Jean-Paul major. La Chaîne Histoire Labiche. Mise en scène de Philippe Rondest. Festival R. Brahms, Debussy, Mozart. 16.20 La Dernière Cible a Buddy Van Horn Roussillon ; Gilles Kepel. Paris Première 22.35 Les Nouveaux Alchimistes. Planète 22.00 Le Major Cravachon. Pièce d’Eugène Labiche. Mise 21.30 54e Festival international d’art lyrique (Etats-Unis, 1988, v.m., 90 min) % CineCinemas 3 19.00 Explorer. Deep Flight, le planeur des grands fonds. 23.00 Les Secrets du Titanic. National Geographic en scène de Jacques Fabbri. Festival d’Aix-en-Provence. Don Giovanni. Opéra de 16.25 Je sais où je vais aaMichael Powell et Emeric Les baleines tueuses du fjord. National Geographic 23.05 Visages du Burundi. [4/6]. Odyssée TÉLÉFILMS Mozart. Par l’Académie européenne de Pressburger (GB, 1945, N., v.o., 90 min) & Cinétoile 20.45 Plaisir de France. Hubert de Givenchy. Match TV 23.30 Un siècle de progrès sans merci. [6/6]. Planète Musique et The Mahler Chamber Orchestra, 19.00 Terreur au kilomètre a John Brahm et James 21.40 Carnets de jour. Invités : Shirel ; Jean-Christophe 0.20 Mitterrand vu par... Mazarine Pingeot. Histoire 20.35 Le Miroir d’Alice. Marc Rivière. [1 et 2/2]. TSR Peter Mattei (Don Giovanni). Curtis Havens (Etats-Unis, 1967, v.m., 105 min). TCM Mitterrand. Match TV SPORTS EN DIRECT 21.00 Les Faussaires. Dean Parisot. Paris Première 1.00 Programme Hector. 21.00 La Gran Familia a Fernando Palacios et Rafael 22.35 Vie privée, vie publique. Le jour où leur destin a 22.30 Kreola. Antonio Bonifacio. RTL 9 e RADIO CLASSIQUE J. Salvia (Esp., 1962, N., v.o., 100 min) & CineClassics basculé. Invités : Alexandre Debanne ; Albina du 14.30 Cyclisme. Tour de France (18 étape): 22.40 La Cité d’Is. Michel Subiela & CineClassics 22.35 Etat de force aaBruno Barreto (Etats-Unis, Boisrouvray ; Satya Oblet ; Naïla ; Tim Guénard ; Patrick Cluses - Bourg-en-Bresse (176,5 km). Eurosport 22.50 L’Affaire Seznec. Yves Boisset. [1/2] % Histoire 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres de 1991, v.o., 90 min) & Cinéstar 2 Hendericks ; Stefan Vanistendael. TV518.00 Football. Championnat d’Europe des moins de 19 SÉRIES Locatelli, Haendel, Vivaldi, Pergolèse. 22.35 Tout feu, tout flamme aaJean-Paul DOCUMENTAIRES ans. Groupe B : Allemagne - Belgique. Eurosport 20.40 Franz Anton Hoffmeister, éditeur et Rappeneau (France, 1981, 105 min) & CineCinemas 2 19.30 Football. Match amical : Paris-SG - FC Porto. TV5 18.15 La Vie à cinq. Préjudices &. Maladie d’amour & Téva compositeur. Œuvres de Mozart, 23.05 Quitte ou double a Edward Burns (Etats-Unis, 17.00 Les Monstres de la mer. National Geographic 20.00 Volley-ball. Ligue mondiale 2002. Tour préliminaire 21.00 Aux frontières de l’étrange. La muse. Disney Channel Hoffmeister, Beethoven, Haydn, Bach, 1998, v.m., 95 min) & CineCinemas 3 17.55 Afrique, je te plumerai. Histoire (Poule D 9e match): France - Grèce. Eurosport 21.35 Total Recall 2070. [1/2]. Fièvre cérébrale. % Série Club Clementi, Hoffmeister. 0.30 La Meilleure Façon de marcher aaClaude 19.00 Biographie. Sherlock Holmes, le grand DANSE 22.10 That 70’s Show. Laurie et son professeur 22.47 Les Rendez-Vous du soir (suite). Miller (France, 1975, 80 min) % CineCinemas 2 détective. La Chaîne Histoire (v.o.) & Canal Jimmy Œuvres de Mendelssohn, Reinecke, 1.50 14 juillet aaRené Clair (France, 1932, N., 19.15 Les Grands Crimes du XXe siècle. La mort de Martin 18.00 Moon Water. Chorégraphie de Lin Hwai-Min. Par le 22.35 Action. Une étoile est gay (v.o.) % Canal Jimmy R. Schumann. 85 min) & Cinétoile Luther King. La malédiction des Gandhi. Planète Cloud Gate Dance Theatre. Musique de Bach. Mezzo 23.45 The PJ’s, les Stubbs. Boughie Night (v.o.). Série Club 0.00 Les Nuits de Radio Classique.

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir aaA ne pas manquer aaaChef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants. 24/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002

LA BALADE DE L’ÉTÉ CARNET DE ROUTE Pyrénées Vilnius restaurée n’oublie pas son passé le pic de Ger

Dominant la sta- ou d’Asie centrale. Le sentier des- VILNIUS (Lituanie) maintenus accroupis des heures tion de ski de Gou- cend ensuite sur la droite dans la de notre envoyée spéciale durant ; puis la « chambre capi- rette dans les Pyré- cuvette, puis les lacets rejoignent Occupée tour à tour par la tonnée », où avaient lieu inter- nées-Atlantiques, les cols d’Amoulat et du Plaà Pologne (1920-1939), la Russie rogatoires et tortures ; et enfin une surprenante de Segouné (2 445 m, 3 h 15). soviétique (1939-1941) puis l’Alle- la « salle des exécutions »,où, masse rocheuse re- Là, une traversée amène sur le magne nazie (1941-1944), dont entre 1944 et 1960, mille per- tient l’attention. Plus loin, tout versant sud-est du pic de Ger elle fut « libérée » en 1945 pour sonnes furent abattues, soit à en haut des pistes et parfaite- (2 613 m, 4 heures). se figer, un demi-siècle durant, coups de barre de fer, soit d’une ment insoupçonnable de l’aval, il Si l’on remonte cette sente tra- dans le glacis de l’URSS, Vilnius, balle dans la nuque. Sur les reste un lieu préservé, ultime cée dans les éboulis, on accède à la capitale de la Lituanie, rendue murs des impacts de projectiles témoin d’un ensemble qui fut un recoin caché, qui n’est pas à elle-même depuis l’indépen- sont encore visibles. Acôté, un remarquable, le Plaàde Segouné. sans évoquer les paysages déser- dance en 1991, a fait peau calendrier égrène : « Le 11 mars Pour l’atteindre, il tiques du nord de neuve. Ses églises catholiques 1945 : 42 [exécutions] ;le12: est conseillé de lais- PRATIQUE l’Himalaya. Quel- baroques ou orthodoxes à bul- 45 ; le 13 : 23 ; le 14 : 24 ; le 18 : ser le véhicule sur b Renseignements : ques pas encore, bes, repeintes, ont été resti- 31» . Puis viennent les « dos- la place de Gou- office et on atteint le col de tourisme de Gourette, tuées au culte. L’ancien quartier siers » de quelques condamnés, rette avant d’en- tél. : 05-59-05-12-17. du Plaàde Segou- juif – une enfilade de maisons tamponnés « top secret » et ce treprendre cette b Accès : depuis Pau, suivre né, où se dévoile basses jaunes, roses ou couleur communiqué final, toujours le balade sportive de l’ensemble du ver- la N 134 puis la D934 jusqu’à chocolat – a été restauré. « Il est -/. même : « La sentence a été exé- huit heures aller et Laruns. Prendre alors sant sud du pic de question, avec des fonds privés, Maisons et églises repeintes, la capitale de la Lituanie a fait peau neuve. cutée, le corps a été mis en retour. la direction du col de l’Aubisque Ger. de rétablir des fragments du terre. » Il faut ensuite re- par Gourette en empruntant Une halte s’im- ghetto et de la façade de la synagogue », passé a été restau- Le gardien du musée, Juozas Akeksie- monter directe- la D918. pose pour admirer b Dénivelée : explique Arvidas Anouchaouskas, qui dirige ré. Le siège de l’an- junas, un Lituanien âgé, condamné en 1945 ment àtravers les 1 233 mètres. le panorama sur b Carte : IGN Top 25 1647 OT le Centre lituanien de recherches sur le cienne police poli- par une troïka (tribunal d’exception) à pur- pistes, ou prendre divers sommets LETTONIE Vignemale. génocide et la résistance. tique soviétique ger dix-huit ans dans un goulag de Vorkou- le sentier dont le pyrénéens. Lors- b Adresses : à Gourette, Retrouver la trace des disparus, recueillir (NKVD, MGB, KGB) ta (Grand Nord russe), y fut autrefois incar- Mer Baltique départ se confond restaurant Chez Bubu, que arrivent les les témoignages oraux des derniers survi- – qui fut aussi celui céré. Il explique : « Les familles n’étaient avec le GR 10. tél. : 05-59-05-11-47 ; heures tardives du vants, travailler sur les archives, sont les de la Gestapo – a LITUANIE jamais prévenues, les corps étaient ensevelis Vers 1 575 m, àla autre halte possible, Le Bezou, soir, succédant principales activités du centre, créé et finan- été transformé en la nuit dans des cours ou des jardins de bifurcation, le che- tél. : 05-59-05-12-82. aux blancheurs cé depuis 1992 par le jeune Etat lituanien, musée. Ouvert de- RUSSIE VILNIUS Vilnius. » Il raconte volontiers aux jeunes min àsuivre part à aveuglantes des soucieux d’entretenir la mémoire. Ainsi le puis 1992 et confié visiteurs « les interrogatoires, les nuits sans droite vers la station intermé- calcaires, on se trouve ici aux pre- vieux quartier juif de Vilnius (Vilne, en yid- au Centre de recher- POLOGNE BIÉLORUS. sommeil, la douche une fois par mois et les diaire de la télécabine (1 768 m, mières loges d’un cabinet d’alchi- dish), avant l’extermination, entre 1941 et ches sur le génoci- quolibets des gardiens qui, aux commandes 1 h 15). On aperçoit alors les trois miste donnant aux versants des 1944, de l’ensemble de sa population de et la Résistance, des robinets, alternaient eau brûlante et eau petits lacs du Plaàde Segouné, couleurs rougeoyantes. (80 000 personnes), abritait un important il offre les geôles glacée ». engoncés dans une dépression. Après le spectacle, il ne reste centre d’études talmudiques. Une fois la lugubres de son sous-sol à la visite des tou- Il se félicite de ce que « les jeunes généra- Admirablement bien placées plus, après une traversée, qu’à guerre finie, ne restèrent que quelques ristes et des groupes d’écoliers. Entre 1944 tions cherchent à savoir ce qui s’est passé ». pour recevoir les lumières du rejoindre la face sommitale où pâtés de maisons et une vieille synagogue, (ce lieu fonctionnait à plein régime) et Arvidas Anouchaouskas, dont le centre orga- matin, leurs eaux servent de faire- les derniers lacets conduisent au dont la destruction fut finalement ordon- août 1991, c’est-à-dire jusqu’aux dernières nise pour les lycéens des concours ou des valoir aux pics qui les entourent. point culminant de cette longue née par Moscou dans les années 1950. La heures de l’URSS, des centaines de milliers « camps de vacances à thèmes historiques », On peut alors admirer les images ligne de crête et au sommet perspective de sa restauration, même par- de personnes sont passées par ces cachots. déplore pour sa part « le manque d’intérêt dédoublées des montagnes alen- jumeau : le fameux salon de Ger, tielle, a récemment suscité d’âpres débats « Agitateurs antisoviétiques », « partisans » des hommes politiques pour l’histoire ».Il tour. Avec les abrupts calcaires conclusion rêvée de cette course. au parlement local. De l’avis des gens du (la résistance à l’occupation soviétique se rappelle que la consultation des archives, du pic d’Amoulat, les barres Pour le retour, la descente s’effec- cru, la synagogue qui fonctionne dans un maintint dans les forêts du pays jusqu’en aisée en Lituanie, est devenue plus ardue en rocheuses servant d’assise au Ger tue par le même chemin. autre quartier « suffit » à la petite commu- 1953), « contre-révolutionnaires » ou « para- Russie et s’étonne de s’y voir parfois refuser et les stériles éboulis séparant ces nauté juive de Vilnius – plus d’un millier de sites » y ont effectué tout ou partie du ter- l’accès à des documents déjà consultés par ensembles, on pourrait se croire Philippe Terrancle personnes dans la capitale, 6 000 pour tout rible parcours donné à voir aujourd’hui. lui il y a tout juste quelques années. au cœur d’un paysage d’Afrique (Pyrénées Magazine) le pays. C’est d’abord la « cellule cagibi », sous Al’autre bout de la ville, un autre pan du l’escalier, où les nouveaux entrants étaient Marie Jégo CONTACTS IL Y A 50 ANS, DANS 0123 EN LIGNE SUR lemonde.fr f RÉDACTION Guide culturel : http://aden.lemonde.fr a Météo. Le 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris Marché de l'emploi : Deux champions temps qu’il fera Cedex 05. Tél : 01-42-17-20-00 ; http://emploi.lemonde.fr Site éducation : http://educ.lemonde.fr télécopieur : 01-42-17-21-21 ; par ville et par Marché de l'immobilier : DEUX EXPLOITS d’inégale en- dans les rangs français, qu’Alain olympique du Belge Gaston Reiff. continent. télex : 202 806 F http://immo.lemonde.fr f ABONNEMENTS vergure ont dominé la journée Mimoun, qui jusque-làn’avait Quant àChristian d’Oriola, beau Tous les détails f TÉLÉMATIQUE olympique d’hier àHelsinki : le guère gaspillé ses forces, allait ter- comme Gérard Philipe, vif comme grâce àla nou- Par téléphone : 01-44-97-54-54 3615 lemonde f DOCUMENTATION triomphe du phénomène tchèque miner en vainqueur. Notre cham- d’Artagnan, il a conquis de haute velle version de Sur Internet : http://abo.lemonde.fr Par courrier : bulletin p. 9 Sur Internet : http://archives.lemonde.fr Zatopek en course àpied, dans le pion reprit 1 mètre, 2 mètres à lutte le titre individuel au fleuret. notre rubrique f COLLECTION Changement d'adresse et suspension : 5 000 mètres, et la victoire du Emil Zatopek, lequel en garda Nous ne sommes pas peu fiers que météo : lemonde.fr/meteo 0-825-022-021 (0,15 euro TTC/min) Le Monde sur CD-ROM : Français Christian d’Oriola au fleu- souverainement 5 sur le poteau. cette lame de mousquetaire, tenue a Université de tous les savoirs. Les ulti- f INTERNET 01-44-09-43-21 Le Monde sur microfilms : ret individuel. Le 5 000 mètres res- C’était au fond un exploit fantasti- par une main si séduisante, rajeu- mes débats sur la diversité de la vie avaient Site d'information : www.lemonde.fr 03-88-71-42-30 tera, pour tous ceux qui l’ont vécu que qui lui donnait la place d’hon- nisse le premier sport national de lieu jeudi. L’ensemble du cycle de vingt et Site finances : http://finances.lemonde.fr f LE MONDE 2 comme moi avec des battements neur dans une course àla mort notre histoire. une conférences peut-être consulté au for- Site nouvelles technologies : Abonnements : 01-44-97-54-54 de cœur, une émotion sportive dont on parlera longtemps, puis- mat Real Audio àpartir de la « une » du site. http ://interactif.lemonde.fr En vente : « Carnets de voyage ». inoubliable. A la dernière ligne que les trois premiers auront battu Olivier Merlin a Notre sélection de livres. 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■ 3 € chez votre marchand de journaux DES LIVRESVENDREDI 26 JUILLET 2002 PIERRE LOUŸS CLAUDE CAHUN UN MONDE EN SUR LA PISTE DE DÉSORDRE DUMAS Le philosophe Jean-Pierre Dupuy propose une nouvelle façon de penser FRANÇOISE DORIN les catastrophes page II page III page IV page VI page VIII Civilisation de la violence les photographes, se chargent d’illustrer. Quand le héros n’assu- re pas lui-même la transition de la prouesse à sa représentation. A cette aune-là, nul ne dépasse William Frederick Cody, alias Buf- falo Bill (1846-1917). Homme ar un hasard qui d’action et de spectacle, il sut sonne comme un regret, c’est au incarner l’archétype de ces hom- Pmoment où le poète Alexandre mes de l’Ouest, tireurs d’élite, Pouchkine succombe à un duel chasseurs de bisons ou éclaireurs au pistolet que le « différend d’exception, entre les fièvres du d’honneur » devient pour la loi rodéo et des attaques de diligen- française un « homicide » (1837). ce. Certes la décision du législateur Conduite comme un bon n’eut guère d’effet, l’esprit du roman populaire, l’excellente bio- temps admettant mal la radicale graphie qu’en donne Jacques Por- délinquance du duel, d’autant tes sait donner à lire le cas Buffa- que la littérature ne cesse de glo- lo Bill comme le symptôme de rifier les bretteurs émérites, d’Ar- cette construction d’une mytho- tagnan s’apprêtant à défier en un logie nationale. Sans gommer seul jour trois mousquetaires qui aucun des paradoxes de l’hom- définissent aussitôt l’idéal de la me. Réputé comme tueur de fratrie d’armes. bisons, il se fit le défenseur de Pour la réputation des combat- ces premières victimes, avant tants, nul ne s’accommode d’une même les Indiens, de l’esprit de symbolique égratignure, assaut conquête des Américains. Fixant terminé « au premier sang ».De la version officielle de l’Ouest là à en déduire que le fer, sorti du pionnier dans le Wild West râtelier de la salle d’armes pour Show, spectacle de plein air accompagner le tireur dans la vie entre parade, attractions de cir- quotidienne, définit une culture que et reconstitutions « ethno- spécifique, violente car homici- graphiques », qu’il met en scène de, il n’y a qu’un pas qu’ont fran- dès 1873, il y crée l’archétype du chi, avec un accord digne des cow-boy confronté à l’Indien, duellistes de Dumas, trois histo- qui n’a guère de rapport avec les riens courageux. Intrépides au vaqueros des temps de la conquê- moins, car Pascal Brioist, Hervé te, et convie les Indiens à jouer .  . Drévillon et Pierre Serna n’ont « Les Duellistes », de Ridley Scott (1977) avec Keith Carradine et Harvey Keitel leur propre rôle (même le Sioux pas joué la facilité, relevant un Sitting Bull y fit un temps une défi qui les contraignait à interro- dont le rang social est flou. Il trice et fabriquée des intrépides Bretteurs d’Ancien rouille, Hollywood regardant au digne apparition), leur offrant un ger tant les objets que les gestes faut dire que la mutation opérée mousquetaires, la légende de miroir les paysages plus ou refuge hors du temps et des lois du duel, les pratiques sociales et à la fin du Moyen Age, sous l’in- l’Ouest nord-américain s’est ali- Régime et cow-boys moins voisins où elle campe la où l’humiliation du vaincu n’est les représentations mentales, la fluence des maîtres italiens (l’es- mentée des incroyables figures matrice de toutes les bravoures. pas de mise… sévérité relative comme l’indul- toc plutôt que la taille), a versé le d’aventuriers hors du commun ; des espaces vierges L’Ouest, terre où la nation améri- En entraînant sur les routes de gence incongrue dont ce crime maniement des armes dans le mais, forgée par le conquérant caine, convaincue dès le mitan l’Europe sa caravane, Cody offrit de lèse-majesté (il ne s’agit rien domaine des arts, où le savoir qu’elle sert, elle contribue à partagent plus du XIXe siècle que « dominer tout ainsi de l’autre côté de l’Atlanti- moins que d’ignorer la justice concurrence la pratique et l’ap- déformer la réalité. Justifier l’ex- le continent que la Providence que la seule légende capable de commune, celle du roi) bénéficie prentissage par l’écrit, avec son pansion territoriale – la grande que la bravoure [lui] a donné » est sa « destinée rivaliser avec les fondements épi- dans la France d’Ancien Régime. lot de discriminations théori- affair.e du XIXe siècle pour la manifeste », lit son Iliade et son ques du Vieux Monde. Le wes- Ce qui nous vaut un regard cru ques, change la donne. Indice jeune nation américaine, enga- et l’intrépidité, Odyssée… tern pouvait désormais récupé- sur l’habitus masculin du manie- d’un authentique « métier » et gée dès le mandat de Jefferson Là où les Européens couvrent rer l’arsenal de trahisons abjec- ment de l’épée. A peine entrevoit- d’un cœur bien trempé, l’escrime dans l’exploration de l’« Arcadie un art brutal leur impérialisme d’un projet de tes et poursuites endiablées, ven- on Eon l’ambigu ou Saint-Geor- n’est plus une pratique distincti- des temps modernes », puis dans civilisation impératif, les Améri- geances impitoyables et sacrifi- ge le surdoué quand Serna des- ve mais une quête virtuose de la conquête de l’espace continen- de l’affrontement, cains se contentent de jouer la ces sublimes, panache héroïque cend à la morgue du Châtelet tra- l’homicide où la vaillance, seule tal – passe par la diabolisation carte du lyrique et de l’épique, à et duel allégorique, qui faisaient quer sur les cadavres troués la en jeu, est sans appel. de l’Indien et le retournement, que la fiction moins qu’il ne faille ici reprendre la gloire des romans de cape et botte rare ou le coup d’école qui S’interrogeant sur le recul sup- en héros menacés, des premiers la notion de « civilisation de la vio- d’épée. Comme un partage légiti- pourvoient si généreusement le posé d’une pratique lue au début agresseurs. seule rendit aimable. lence », c’est-à-dire cette culture, me entre deux lignées issues d’un légiste et dessinent un portrait du XVIIe siècle comme un « fait Aucun doute ne subsiste sur le cet art spécifique « mis au service même rêve, nouvelle(s) Table social total », l’historien sens de l’affrontement et, moins Colt et rapière, de l’homicide » dont Serna, Dré- ronde dont le roi peut s’absenter a Philippe-Jean Catinchi note certes une inflexion de vingt ans après la première villon et Brioist ont crédité le et la quête ultime se perdre. La rhétorique lorsque s’affir- « marche vers l’Ouest » retour sur monde des bretteurs, duellistes bravoure du combattant et son inattendu du duelliste bien éloi- me sous les Lumières une dimen- (1803-1806), le démocrate rendus à la brutalité d’une logi- inflexible détermination font du gné des élégances de cour. Une sion physique quasi gymnique de Andrew Jacksonne ne cache pas des mythologies de fer que que les visions littéraires ne héros une icône plus qu’un cham- façon de ne pas céder à la fascina- l’escrime qui annonce le sport la philosophie réelle de l’entrepri- maquillent plus. pion. Ainsi se meurent les idéaux tion d’une activité « noble » qui moderne et que les théoriciens se, lorsqu’il évoque l’avenir des Car le prisme de la fiction, si collectifs. est un divertissement de vian- développent ce « sentiment du Cherokees : « Les Indiens n’ont ni le début de la tonique apos- funeste pour l’historien soucieux dard. La majesté de l’affronte- fer » qui lie – comme au siècle l’intelligence, ni les mœurs, ni le trophe de l’éditorialiste du New de dépoussiérer un théâtre de CROISER LE FER ment, depuis le salut, hérité du précédent l’œil, en phase de reva- désir [qui leur permettraient] de York Tribune, Horace Greeley, en matamores, est décisif pour Violence et culture de l'épée maître de danse, qui ouvre l’as- lorisation de la vue dans le modè- progresser. Ils doivent nécessaire- 1853 : « Go West, young man, and imposer l’idéal de bravoure de dans la France moderne saut, appelle au respect strict de le scientifique – l’esprit du bret- ment céder devant la puissance grow up with the country ! » champions sans peur et sans XVIe-XVIIIe siècle codes convenus et définit l’appar- teur à son arme, moins fer dange- des événements et, passé un cer- Si les cinq derniers chapitres reproche qui ne comptent plus de Pascal Brioist, Hervé tenance à un monde spécifique, reux qu’objet intelligent désor- tain temps, disparaître. » Le pro- de l’essai sont consacrés à un les coups d’éclat. Des Mountain Drévillon et Pierre Serna. ne compte plus face à la bouche- mais. Mais le chercheur doute pos du nouveau président ne fait XXe siècle qui a connu d’autres Men, dont les Tall Tale relatent Champ Vallon, « Epoques », rie ainsi dévoilée. des ruptures facilement admises qu’annoncer la logique à l’œuvre ruées, sur le silicium et la matière les fantaisistes exploits, aux lectu- 528 p., 32 ¤. La société des escrimeurs résis- quand la « maladie » que dénon- dès 1835 des « déplacements » de grise, d’autres partitions ethni- res recomposées de la chute de te pourtant, la culture nobiliaire cent nombre d’hommes de plu- « nations domestiques dépendan- ques et d’énièmes relectures des fort Alamo, où Davy Crockett, GO WEST ! de l’ordalie s’avérant d’une autre me résiste si bien dans l’imaginai- tes ». mythes fondateurs (du Macadam premier héros de la frontière Histoire de l'Ouest américain ampleur symbolique que la réali- re collectif national. Croiser le Dans un ouvrage toujours sti- cow-boy égaré de John Schlesin- – avec Daniel Boone, modèle du d'hier à aujourd'hui té délinquante du duel dans un fer n’a décidément rien d’inno- mulant, puisque l’exposé des ger à l’esprit du ranch revu par Natty Bumppo de James Fenimo- de Philippe Jacquin univers où la mort brutale est cent, et le panache des spécialis- faits n’esquive jamais la salutaire les héros de « Dallas »), les huit re Cooper –, inscrit au panthéon et Daniel Royot. chez elle. En étudiant le petit tes n’éclaire plus le sombre relecture des mythologies admi- premiers élaborent le chemine- des gloires nationales, tombe en Flammarion, 368 p., 21,5 ¤. monde des « maîtres en faits d’ar- tableau que livre une esquisse ses, Philippe Jacquin et Daniel ment de la légende, capable de « martyr de la liberté », c’est en mes », on découvre la situation d’anthropologie historique du Royot retracent ainsi l’« histoire dépasser la force de l’épopée fait la littérature populaire qui BUFFALO BILL paradoxale d’un état libéral et duel. de l’Ouest américain d’hier à pour installer une véritable invente le mythe de l’Ouest, que de Jacques Portes. mécanique, noble et roturier, Comme la geste à la fois révéla- aujourd’hui ». Reprenant en titre mythologie que le cinéma ver- peintres et dessinateurs, avant Fayard, 248 p., 18 ¤. II/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 HISTOIRE LITTÉRAIRE Un destin « balzacien » De Pierre Louÿs on connaissait, entre autres, le parnassien attardé de l’« Astarté » ou l’hispanisant subjugué par les Gitanes dans « La Femme et le pantin ». Jean-Paul Goujon éclaire le musicien averti, l’humoriste décapant et l’épistolier remarquable qu’il fut aussi

PIERRE LOUŸS s’offrir, toute dépoitraillée. Durant nes familiales, chantages par voie de Une vie secrète (1870-1925) quelques années, le « mariage de presse constituent les rebondisse- de Jean-Paul Goujon. Pausole » fut harmonieux (contraire- ments de cette chronique véridique. Fayard, 872 p., 40 ¤. ment à ce que Louÿs affirmera par la A titre d’épisodes piquants, citons suite). Il finira pourtant mal, Louise les efforts de Louÿs pour marier Far- MILLE LETTRES DE PIERRE LOUŸS le quittant pour refaire sa vie avec rère malgré lui ou les folles manigan- À GEORGES LOUIS (1890-1917) Gilbert de Voisins. Cet abandon, sui- ces de Polaire, l’amie de Colette, Présentées vi de la mort de son frère (l’ambassa- pour obtenir le principal rôle dans la par Jean-Paul Goujon, deur Georges Louis), précipitera sa pièce La Femme et le pantin. A tou- Fayard, 1 316 p., 45 ¤. déchéance physique, intellectuelle, tes ses cordes, il convient donc de et sa ruine matérielle. Devenu cocaï- lui ajouter celle d’un remarquable DOSSIER SECRET PIERRE nomane, il passa la fin de sa vie dans épistolier tant il a l’art de faire du LOUŸS-MARIE DE RÉGNIER « la basse débauche » selon le mot moindre de ses billets un objet de Commenté par Jean-Paul de Régnier (dont Louÿs s’était jadis curiosité en soi. (Déplorons en pas- Goujon avec la collaboration vengé en faisant un enfant à sa fem- sant l’oubli d’un index. Il vaudrait la de ThierryBodin. me : « Tigre » de Régnier, né le jour peine dans l’avenir de publier aussi Ed. Christian Bourgois, de l’Immaculée-Conception). les réponses de Georges et les let- 192 p., 20 ¤. On imagine facilement à quel tres capitales écrites à la suite de la point cet épisode d’un Dallas àla mort de Tinan.) ’il est un adjectif qui aurait mode symboliste a pu titiller l’imagi- irrité au plus haut point Pier- nation de nos esprits gaulois ! Pour-    re Louÿs, c’est bien celui de tant la figure de Louÿs et l’étude de En mai 1916 s’opère une véritable « balzacien » que Jean-Paul son œuvre furent inexplicablement révolution : l’inspiration et la con- SGoujon dans ses récentes publica- négligées jusqu’à ce qu’au terme de fiance reviennent à Louÿs sans rai- tions n’hésite pas à lui appliquer ; patientes recherches et de savantes son apparente (la rupture de ton car Louÿs détestait l’auteur de La rééditions, Jean-Paul Goujon réunis- dans les lettres est brutale et toute la Comédie humaine et il s’est amusé à se cette abondante moisson de docu- correspondance vient se focaliser peindre dans une de ses nouvelles le ments qu’il nous livre aujourd’hui en sur la littérature). Cet état de grâce triste sort d’une authentique Esther trois volumes. accompagne la composition de sa Gobseck subissant l’implacable fata- Un Louÿs méconnu paraît à nos Poëtique,d’Isthi et de Pervigilium mor- .   lité du suicide que ce « bar- yeux. Nous connaissions le parnas- Pierre Louÿs et Marie de Régnier en Hollande (1898) tis, une déclaration de principes sui- sien attardé d’Astarté, le vie de deux poèmes (symptomati- a Pascal Mercier héraut de la décadence hellé- vrai bedon large de partout », ou Ajoutons que les Mille lettres inédi- simultanément agiter cent projets quement, un texte publié dès 1916 nistique des Chansons de Bili- encore Valéry, dans ce rapide cro- tes à Georges Louis permettent d’ac- de romans ou de pièces, écrire à jet sous son nom, un autre la même bouilleur » de Balzac lui imposait tis ou d’Aphrodite, l’hispanisant sub- quis en marge d’une lettre de 1915 : céder au plus intime de Pierre continu poèmes macaroniques ou année anonymement et le dernier dans La Torpille. jugué par les Gitanes dans La Fem- « Pierre éléphantesque, vraiment le Louÿs, dans la mesure où Georges textes de la main gauche et enfin trente ans plus tard par les soins C’est, à l’évidence, la vie agitée de me et le pantin, l’obsédé du coït anal gros bonhomme, plutôt soufflé que fut tout à la fois son guide, son élaborer d’improbables hypothèses d’Yves-Gérard Le Dantec). Ce sur- Louÿs, avec ses hauts et ses bas, qui révélé par ses innombrables éroti- gras, le gras qui n’était pas fait pour confident et son bailleur de fonds. d’histoire littéraire (dont la plus con- saut intellectuel de quelques mois justifie l’emploi de ce qualificatif ques posthumes et nous le décou- l’être. » (Les amis de jeunesse ne Certes, on supposera que le cadet nue tient au fait que, selon lui, la est aussi un chant du cygne. Toute- commode. Plus Rastignac que vrons, au fil de nouveaux chapitres vous passent rien !) De la même ne disait pas tout à l’aîné et l’on plupart des pièces de Molière fois, un heureux hasard veut que cet- Rubempré, il s’est appliqué, ajoutés par Goujon à sa précédente manière, en reliant les indications regrettera que les codes qu’ils utili- auraient été écrites par Corneille), te période corresponde à celle où entre 1892 et 1896, à poursuivre biographie (parue en 1988 chez glanées dans des lettres et des souve- saient n’aient pas encore livré tous mais tout cela sans parvenir à rien son ami Valérycommence à éprou- méthodiquement la gloire littéraire Seghers/Jean-Jacques Pauvert), en nirs, on peut mieux cerner aujour- les secrets qui rendraient plus limpi- publier de nouveau. Il survivait ver des doutes qui l’empêchent et fut favorisé par le foudroyant suc- musicien averti, en « amoureux hors d’hui un caractère plus noir que ne des leurs messages cryptés, mais il alors difficilement grâce à ses réédi- d’achever sa Jeune Parque et cherche cès d’Aphrodite à l’âge de 25 ans. série », en humoriste décapant, en laisseraient supposer ses écrits : s’ymontre sans souci excessif de tions et à des avances de divers un lecteur idéal qui saura le réconfor- Entre-temps, il subit un échec, aussi peintre amateur et, même, en adep- « précieux, hésitant, fugace et fébri- mise en scène. En outre, si l’on éditeurs. ter et lui donner l’impulsion nécessai- social que sentimental, quand Henri te de l’espéranto, pour ne mention- le », pour Mauclair, « timide et prend en considération que la On pouvait craindre que l’intérêt re pour mener son poème à son ter- de Régnier lui souffla la deuxième ner ici que quelques-uns de ses multi- maniéré », d’après Tinan, « quinteux, majeure partie de cet ensemble cou- de cette correspondance n’en soit me. L’on découvrira bientôt de quel- des sœurs Heredia, Marie, qu’il cour- ples avatars. Il en va de même pour fantasque, autoritaire », selon Gide, vre la période 1901-1916 où l’inspi- atteint, or il n’en est rien car elle est le manière Louÿs lui vint en aide, tisait, mais n’avait pas osé, par impé- son physique, qui se modifie sensi- « le caprice même, agité, brusque, ration littéraire semble l’avoir déser- aussi un passionnant révélateur des mais cela est une autre histoire… cuniosité, demander en mariage. blement sous nos yeux, habitués, en très à parti pris, têtu et changeant, très té, c’est aussi un étonnant « docu- arrière-plans politiques, diplomati- Toutefois, enrichi par son étude des fait d’images, au jeune homme svel- amusant, jamais de retour, pointilleux ment sur l’impuissance de publier » ques et sociologiques du temps. On e Universitaire, Pascal Mercier prépa- « mœurs antiques », Louÿs épousa te des années 1890. Au fil du temps, parfois, excessivement social, pouvant (pour parodier Tinan). La longue yrelèvera que cet « avant 1914 » se re, avec Peter Fawcett, la publication en 1899 la troisième fille du poète Ariel devint père Ubu, si l’on en croit être très violent et très méchant et pen- panne traversée par Louÿs ne signi- présente ici loin de l’image par trop prochaine aux éditions Gallimard des des Trophées, Louise, après que Léautaud, qui le jugeait en 1908 dant longtemps », dans ce portrait- fiait pas pour autant une pause de policée dans laquelle on l’enferme correspondances de Pierre Louÿs l’aînée, Hélène, fut venue en vain « grossi, empâté, bedonnant déjà, le charge des Cahiers de Valéry. sa graphomanie puisqu’on le voit souvent : scandales à répétition, rui- avec André Gide et Paul Valéry.

LIVRAISONS a LE PIED DE FANCHETTE, LE PAYSAN PERVERTI, etc., de Restif Pétrus Borel, la gloire du vaincu de La Bretonne Restif (ou Rétif) de La Bretonne (1734-1806), a écrit – selon Pierre Tes- tud, son meilleur spécialiste, qui présente cette édition – 57 000 pages Avec un grand d’authenticité, Jean-Luc Steinmetz ressuscite ce « révolté mineur », réparties en 44 titres et 187 volumes. Obsédé d’érotisme autant que son ennemi littéraire, « l’infâme de Sade », grand autobiographe devant romantique oublié (1809-1859), dit le Lycanthrope, auteur de « Madame Putiphar » l’Eternel (on l’appela le « Jean-Jacques du ruisseau »), paysan égaré dans les nuits de Paris (le rapprochement avec Louis-Sébastien Mer- PÉTRUS BOREL d’hui bouleversants d’audace. le seront ses Contes immoraux tard, naît son second fils, Aldé- cier n’est pas en sa faveur), romancier intarissable et inégal, auteur de de Jean-Luc Steinmetz. Madame Putiphar (1839) est un (1833) qui firent scandale. Il tra- ran. Dès lors, il vit du produit de multiples projets de réforme sur la prostitution, le statut des fem- Fayard, 434 p., 35 ¤. pseudo-roman noir qui se clôt en duit Robinson Crusoé (1836). Le ses terres. Le 17 juillet 1859, il mes… il reste l’un des grands témoins de son époque et un cas littérai- apothéose symbolique sur la jour- succès public ne confirme pas la meurt subitement, alors qu’il par- re passionnant. Ces deux volumes donnent un aperçu cohérent de sa CHAMPAVERT née du 14 juillet 1789. Les éditions haute estime où le tiennent ses courait sa propriété. Il a 50 ans. production romanesque, d’imagination et autobiographique, avec le CONTES IMMORAUX Phébus ont pris l’initiative d’une pairs. Jean-Luc Steinmetz a suivi avec sexe comme mesure universelle (Laffont, « Bouquins », 992 p., de Pétrus Borel. judicieuse réédition de son Cham- Retiré dans un sinistre hameau passion et un très grand souci 29,95 ¤ et 864 p., 27,95 ¤). Pierre Testud a également établi l’édition Préface de Jean-Luc Steinmetz, pavert. Contes immoraux (1833), de Haute-Marne pour cause de d’authenticité le destin de ce du Journal d’une impardonnable folie, chapitre d’un gros roman datant Phébus, 308 p., 20 ¤. remarquable mystification du lec- misère, avec sa concubine et son « révolté mineur », un homme qui de 1779, La Malédiction paternelle (éd. Desjonquères, 126 p., 15,25 ¤). teur : six nouvelles cruelles et trucu- fils, Justus, il travaille sur un passa comme un météore lumi- La même maison, sans laquelle nous ignorerions de larges chapitres étrus Borel a marqué de lentes qui mettent en scène de cyni- roman d’amour : Madame Puti- neux parmi ses contemporains du siècle des Lumières, proposent aussi un court roman de l’Anglais son aura aussi bien Baude- ques bourgeois, dans des récits au phar, qui sera brocardé par le criti- illustres, mais dont l’ambition se (qui écrivait en français) Antoine Hamilton, Les Quatre Facardins (édi- laire, Aragon, Eluard que dénouement atroce. De noirs chefs- que Jules Janin. Il continue à écri- tarit brusquement. tion Georges May[158 p., 15,25 ¤]). Toujours chez Desjonquères, des Flaubert… Sans doute par- d’œuvre. re des nouvelles historiques et col- Lettres édifiantes et curieuses des jésuites en Chine, 1702-1776 (édition Pce que son destin littéraire incarna labore à plusieurs revues. Il amor-  Isabelle et Jean-Louis Vissière [254 p., 19,50 ¤]). P.K.ce qui hante tout artiste, le vertige « ’  » ce l’écriture de deux romans : Le biographe s’est attaché à de l’échec, la paradoxale attirance Pétrus est son vrai prénom. Son Madame Hélène et Mon ami Partu- « l’obscurité de ce personnage », pour l’autodestruction, tant pour surnom, le Lycanthrope : « l’hom- rier. Projets avortés : sa carrière intrigué par l’intérêt qu’il suscita certains, effrayés par la gloire, le me-loup », il le choisit lui-même, littéraire est quasiment terminée. chez les écrivains de son temps génie est-il difficile à avouer, écarte- soulignant de manière sarcasti- Il a un peu plus de 30 ans. et, plus tard, chez les surréalis- lés qu’ils sont entre doute et peur. que qu’il se devina sauvage, diffé- Il obtient un poste en Algérie : tes : « Une double cause explique – Ardent défenseur d’Hernani, per- rent et s’en délecta. Il est né à secrétaire du maréchal Bugeaud, semble-t-il – la séduction qu’il put sonnage flamboyant du Petit Céna- Lyon, le 29 juin 1809, mais à puis inspecteur de la colonisation exercer : la teneur de son œuvre, cle proche de Victor Hugo, il fut, 11 ans, il vient vivre à Paris. Avec à Mostaganem, où il est rejoint mince et dispersée ; la densité de en son temps, une haute figure ses camarades, il s’insurge déjà par sa maîtresse et sa belle-fille sa vie, en partie replongée dans la romantique des marges, violent contre l’enseignement néoclassi- Gabrielle. Il épouse Gabrielle plus amère clandestinité. Plus que partisan des révolutions, et bientôt que. A 22 ans, il publie des poé- Clayes (1847) alors qu’elle a tout, il sera question, en pareil cas, réfugié dans un mythique et déce- sies et croit encore à un avenir lit- 18 ans, et forme ainsi une famille de la liaison qui rapproche l’une vant exil. téraire. Jean-Luc Steinmetz écrit : équivoque avec la jeune femme, de l’autre, non que l’œuvre refléte- Jean-Luc Steinmetz, auteur de « Borel poète est un être plein de son ancienne maîtresse, rait la vie ; plutôt, parce que la vie subtiles biographies de Rimbaud et fougue, qui connaît la misère, mais Mme Clayes, devenue sa belle- en est le prolongement, au point de Mallarmé, a été lui aussi fasciné ne doute pas de triompher un jour mère, et son fils Justus. A Mosta- peut-être de compter davantage et par ce génial réfractaire, ce rebelle ou l’autre de tous les obstacles. ganem, il se fait construire une de former ainsi une manière de au cœur tendre, spécialiste du rata- Engagé dans l’action de son temps, maison avec tour, son « Castel de création artistique par une série ge, qui crut quelque temps à ses dans son bouillonnement et sa fré- Haute-Pensée ». Il écrit encore d’actes où se lit, du reste, une appa- utopies. Sans complaisance, au nésie, il jette ses vers comme un vol- un peu, adapte d’anciens récits, rente fatalité. Si la vie de Rimbaud plus juste d’une réalité étayée par can jette sa lave. La préface outrée traverse de nombreux déboires fut parfois conçue comme double : de précis documents, mais avec la de ses Rhapsodies, rédigée en professionnels, destitué de ses activité poétique, d’une part, par- généreuse sympathie du biographe novembre 1831, ne recule pas fonctions après la révolution de cours de l’aventurier, de l’autre – pour son élu, Steinmetz retrace devant l’emploi de telles images et 1848, puis réintégré loin de sa alors qu’elle est profonde d’unité l’histoire d’un poète qui organisa place son œuvre sous le signe de la famille dans le département de par la force égale du désir qui l’ani- lui-même son effacement, après démesure et de la liberté. En quoi Constantine. En 1851, il retourne ma –, si celle de Mallarmé, en avoir vénéré et épaulé ses collè- se lit déjà une volonté de “changer à Mostaganem, dénonce le sous- revanche, apparaît comme toute gues en littérature et en subver- le monde”, sans toutefois consentir préfet et le préfet d’Oran qu’il reployée sur la visée littéraire, celle sion. aux méthodes directives de la politi- accuse de malversation, ce qui lui de Borel se donne surtout comme Pétrus Borel a laissé quelques que, mais en se fiant plutôt au bon vaudra pour récompense d’être une velléité, une sorte de projet ouvrages atypiques, d’un étonnant instinct de la spontanéité. » Il livre révoqué définitivement le 27 août indéfini. » foisonnement linguistique, aujour- ainsi une œuvre précoce comme 1855. Il a 46 ans. Deux ans plus Hugo Marsan LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/III HISTOIRE LITTÉRAIRE Claude Cahun, l’inclassable Depuis qu’elle a été découverte comme l’une des photographes majeures de l’autoportrait et du photomontage au XXe siècle, Claude Cahun ne cesse de gagner en attrait et en mystère. Ses écrits, réunis dans leur quasi-totalité, révèlent une praticienne libertaire du langage poétique et de l’autobiographie

ÉCRITS bourgeoisie intellectuelle de provin- François Leperlier, qui est aussi le moyens de prolonger cette aliénation, de Claude Cahun. ce, meilleure éducation en Angleter- biographe de Claude Cahun (2), a voilà qui peut en effet servir la poésie Edition présentée et établie re, à Oxford, études de lettres et de inclus dans ce volume des articles de qui garde son secret, mais non pas la par François Leperlier, philosophie à la Sorbonne… Très mode signés « M », publiés dans nôtre, celle qui délivre l’homme ». éd. Jean-Michel Place, jeune, elle décide de vivre avec son Le Phare de la Loire, puis des articles Dans sa réponse à l’enquête de 786 p., 43 ¤. amie d’enfance, Suzanne Malherbe, plus sûrement attribuables, parus Commune, « Pour qui écrivez- qui devient sa compagne pour le res- dans Le Mercure de France, La Gerbe vous ? », en décembre 1933, elle st-ce que le rassemblement te de ses jours et, par une circonstan- (pas celle de la Collaboration !), Phi- manifeste la même détermination de tous les écrits de Claude ce extraordinaire, également sa losophies, L’Amitié, Le Disque vert, La révolutionnaire (elle est alors proche Cahun – soit 780 pages de « sœur » : le père de Lucy et la mère Ligne de cœur (la petite revue littérai- du surréalisme d’André Breton, qui ses textes journalistiques, de Suzanne, divorcé et veuve, se re de Julien Lanoë, publiée à Nantes lui trouve « un pouvoir magique très pamphlétaires,E poétiques, autobio- sont en effet remariés ensemble. de 1925 à 1928). Il nous donne enco- étendu » et membre du groupe Con- graphiques, épistolaires rédigés Claude Cahun meurt en 1954 à re à lire plusieurs textes inédits, sou- tre-Attaque, seul engagement politi- entre 1914 et 1947 – suffit à percer Jersey, son île d’adoption, sans que vent inachevés, dont Amor amicitiae, que officiel et non individuel auquel son énigme ? Depuis qu’elle a été l’on sache très bien de quoi elle a des récits de rêves, des pages de elle s’est soumise au cours de sa vie) : découverte comme l’une des photo- vécu, en tout cas pas de ses écrits, scrapbook, deux gigantesques lettres « C’est contre tous ceux qui savent graphes majeures de l’autoportrait restés très confidentiels, ni de ses à Gaston Ferdière et à Paul Lévy, lire qu’il faut écrire, car j’estime qu’un et du photomontage au XXe siècle photographies, qu’elle ne montrait directeur du périodique Aux écoutes, progrès n’est jamais obtenu que par (1), Claude Cahun ne cesse de guère… et d’autres « confidences au miroir », opposition. Aux lecteurs de tirer profit gagner en attrait et, paradoxale- souvent fragmentaires, évoquant ses de ce que l’écrivain a pensé contre leur ment, en mystère… C’est que ses «   » souvenirs, et en particulier ses passé, contre le sien propre. C’est assez photographies, comme ses écrits, En 1914, Le Mercure de France années de guerre pendant lesquelles dire que j’écris, que je souhaite écrire relèvent d’une entreprise autobio- publie le premier texte de Lucy elle a considérablement agacé la Ges- avant tout contre moi.» graphique protéiforme, mais contra- Schwob, Vues et visions, qu’elle signe tapo à Jersey. Ses provocations ont Amie de Philippe Soupault, qui lui dictoire, fragmentaire même, dans Claude Courlis, mais, dès 1917, elle d’ailleurs failli lui valoir le poteau proposa de publier dans Littérature laquelle on aimerait assurément choisit de s’appeler Claude Cahun. d’exécution… (ce qu’elle refusa), et de Robert Des- déceler une des formes de la moder- Sa compagne, peintre et illustratrice, nos, proche également de Henri nité. prend, elle, le pseudonyme de Mar-   Michaux, dont elle fit la connaissan- Pour tenter d’y voir un peu plus cel Moore, ou celui de Moore. Mais le registre dans lequel Claude ce en 1924, et de Pierre Albert-Birot, clair, il faut redonner à Claude Claude Cahun s’exerce à rédiger de Cahun a véritablement exercé son dont elle rejoignit le Théâtre de Cahun ce qu’elle semble avoir rejeté petites « vies imaginaires » de fem- esprit aigu, c’est le pamphlet… Initia- recherches dramatiques en 1929, d’emblée : le cadre d’un milieu, les mes mythiques (Eve, Salomé, Cen- lement conçu comme un rapport sur Claude Cahun demeure intellectuel- réseaux d’une filiation multiple, des drillon…) au début des années 1920, l’état de la poésie destiné à la section lement inclassable. Dans son rapport choix et des refus… Née à Nantes en qui ne seront pas toutes publiées par littéraire de l’Association des écri- à la littérature que ce volume permet 1894, elle s’appelle en réalité Lucy Le Mercure de France et le Journal lit- vains et artistes révolutionnaires d’appréhender dans sa quasi-totali- Renée Schwob (elle déteste l’affecta- téraire. Suit un volume ambitieux et (AEAR), dont elle fut membre dans té, elle se révèle plus une praticienne tion du « y » de Lucy, oublie le « e » crypté qui ne livre que par éclats de les années 1930, Les Paris sont ouverts libertaire du langage poétique et de féminin de Renée) : elle est la petite- miroir des Aveux non avenus : publié (José Corti, mai 1934), écrit en jan- l’autobiographie qu’un véritable écri- fille de Georges Isaac Schwob, direc- à compte d’auteur aux éditions du vier-février 1933, est une percutante vain ayant trouvé le secret d’un style .  teur du journal républicain, Le Phare Carrefour, en 1930, avec une typogra- Claude Cahun, autoportrait 1927 charge, sous l’égide de Trotski, con- qui serait « contre soi ». de la Loire, et la petite-nièce de Léon phie conçue par Claude Cahun et tre la poésie mise au service de « l’exi- Claire Paulhan Cahun, conservateur de la bibliothè- des héliogravures de Moore, il est sur une grève sans décor, une grève mour noir, la provocation, le défi – de gence révolutionnaire », contre la pro- que Mazarine. Elle est la fille de Mau- précédé d’une préface – pas si mal plus nue qu’une table d’opération, faire sortir [ses] contemporains de pagande du Parti communiste et con- (1) Expositions particulières depuis rice Schwob, qui succéda à son père venue – de Pierre Mac Orlan : qu’un cadavre féminin poli comme leur conformisme béat, de leur com- tre l’Aragon de Persécuté persécuteur 1980, en particulier à la galerie Zabris- à la direction du Phare de la Loire. « Claude Cahun est un écrivain une statue de marbre et tout auprès, placency ». En vain. Il faut reconnaî- (1931) ou de Chant des pêcheurs de kie, puis rétrospective au Musée d’art Son oncle est l’écrivain Marcel errant. Elle progresse irrésistiblement comme évadé d’une poitrine inutile, tre que la lecture n’en est pas deve- perles (1933) : « La poésie a été dans moderne de Paris en 1995. Schwob, fascinante figure du symbo- dans la nuit, une nuit pleine de lumiè- un cœur, ferme et mobile, un cœur net- nue, avec le temps, plus facile, mais tout le cours de l’histoire l’expression (2) François Leperlier, Claude Cahun, lisme finissant, par laquelle se glisse res auxquelles elle donne des noms tement vivant avec toute sa machine- sa fantaisie donne à ce long texte des différents stades de l’aliénation l’écart et la métamorphose, Jean- peut-être, bien qu’elle l’ait peu con- d’hommes, des noms de plantes, des rie compliquée. » Silence de la criti- étrangement distribué en chapitres humaine, énonce Claude Cahun, et Michel Place, 1992, et Claude Cahun nu, l’excentricité qui la caractérisa. noms de coquillages. (…) A l’aube, tout que. Quelques injures… Claude codés, une valeur de singulier témoi- qu’au seuil de la révolution prolétarien- photographe, Paris-Musées / éd. Jean- Donc, influente famille de la grande cela disparaîtra. Et il ne restera plus Cahun s’était efforcée – « par l’hu- gnage d’époque. ne il ne soit question que de nouveaux Michel Place, 1995.

Le souffle LIVRAISONS Pierre Minet ou le débordement du passé a CRÉBILLON FILS, le libertin moraliste, de Jean Sgard Jean Sgard, qui a dirigé l’édition des œuvres complètes de Crébillon d’Abdelmajid (1704-1770) – quatre volumes chez Garnier –, a reconstitué la vie de cet Le Journal inédit de l’auteur de « La Défaite », qui fut proche du Grand Jeu, homme discret qui laissa, hors de ses livres, peu de traces, ce qui autori- sa toutes les mythifications. Jean Sgard, avec beaucoup d’élégance et de révèle un autoanalyste farouche et un portraitiste de talent Benjelloun probité, s’emploie à les dénoncer (un auteur libertin devenu censeur du roi est forcément un hypocrite !) et à rétablir un peu de justice (éd. Des- EN MAL D’AURORE tutive ». Le riche et intéressant s’éprend de Lilian Fisk, peintre MAMA jonquères, 312 p., 22 ¤). De Crébillon, Ernest Sturm présente le dernier Journal 1932-1975 Journal inédit publié par Patrick américaine, de 25 ans son aînée. d’Abdelmajid Benjelloun. roman (1771), Lettres athéniennes, un foisonnant récit épistolaire (éd. de Pierre Minet. Krémer permet d’affiner la figure Puis, il tombe malade et passe plu- Anatolia/Editions du Rocher A.-G. Nizet, 468 p., 30,50 ¤). Edition, préface singulière de ce mémorialiste sieurs années à l’hôpital de Berck. 198 p., 15 ¤. a FLORIAN LE FABULISTE (1755-1794), de Jean-Luc Gourdin et notes de Patrick Krémer, impitoyable à l’égard de lui- Lorsque le couple se sépare, Après La Fontaine, mais tout de même loin derrière, Jean-Pierre de Claris éd. Le Bois d’Orion même et plein d’une indéfectible Minet écrit : « Guéri, je suis bdelmajid Benjelloun de Florian est l’autre grand fabuliste de la littérature française. Auteur d’airs (62, rue Denfert-Rochereau, admiration pour ceux qui furent mort. » est marocain et patrio- connus (comme Plaisir d’amour), il fut un modéré qui se méfiait des grands 84800 L’Isle-sur-la-Sorgue), ses amis, au premier rang des- La littérature et la poésie ? Mal- te. Né à Fès en 1944, il échauffements humains, tels que son temps lui en offrit plusieurs exem- 440 p., 29,50 ¤. quels se détache le beau visage gré deux romans autobiographi- vit à Rabat où il est pro- ples… (éd. Ramsay, 428 p., 24 ¤). glorieux et foudroyé de Roger Gil- ques et un recueil de poèmes Afesseur d’histoire des institutions a NOUVELLES DU XVIIIe siècle ierre Minet était un hom- bert-Lecomte. publiés en 1928 et 1930, il en nour- et des faits sociaux à l’université. Henri Coulet propose un choix de récits courts, genre très prisé au siècle me du passé. Il l’était « Ma double honte. D’avoir tué rira surtout le rêve, s’accusant Il est marié et père de famille. des Lumières, généralement publiés dans des périodiques puis repris en même passionnément. en moi le poète et de n’être qu’un sans cesse, dans son journal qu’il Depuis vingt-cinq ans, il écrit (en volume. A côté de Sade, Prévost ou Diderot, beaucoup d’auteurs oubliés La Défaite, ce grand livre homme ordinaire. Avec cette cir- tiendra avec constance jusqu’à sa français) et publie des aphoris- et d’anonymes (Gallimard, « Pléiade », 1 616 p., 59,90 ¤). Pde la mémoire qu’il publia en constance atténuante que j’avais mort, d’être velléitaire et pares- mes et des poèmes (ou des apho- a LE XVIIIe SIÈCLE FRANÇAIS AU QUOTIDIEN, de Roland Mortier 1947, à l’âge de 38 ans (1), est le courage, la probité de le recon- seux – «… ma lâcheté devant le tra- rismes poétiques), en livres ou en Roland Mortier a établi et présenté cette anthologie de textes tirés des moins l’expression d’un congé naître. » Cette « honte » est le vail, ma haine honteuse du tra- petites plaquettes qu’il distribue Mémoires, journaux et correspondances du XVIIIe siècle. Sous forme de dic- donné aux années et aux figures véritable sujet et l’enjeu du Jour- vail ». Sans égards pour lui- à ses visiteurs. « Que dire tionnaire – sur les prisons et l’hygiène, la police, la prostitution et la santé aimées de sa jeunesse que le nal de Pierre Minet, comme de même, il rapporte ce propos d’An- d’autre ? Je suis d’une sensibilité si publique… –, une plongée dans une époque qui, comme d’autres, est regar- témoignage de cette passion qui toute sa vie. Lucide jusqu’à l’auto- tonin Artaud (un autre de ses extrême que j’ai des tendances dée à travers quelques poncifs commodes (éd. Complexe, 700 p., 22,90 ¤). l’anima jusqu’à sa mort en 1975. flagellation, il ne sut jamais par- dieux) à la terrasse des Deux marquées à l’insomnie. Je suis un P.K. En février 1967, revenant une ler des autres et du monde qui Magots : « Minet, vous me faites amoureux fou des femmes, qui n’a nouvelle fois sur ce que représen- l’entourait enchaîné à sa doulou- pitié (…) car vous ne savez pas ce jamais trompé et ne trompera tèrent pour lui l’écriture et la reuse subjectivité. « Comment que vous voulez. » Mais il y a enco- jamais sa femme. J’ai aussi de peti- publication de ce livre – la seule oses-tu t’en prendre à ton époque re un autre obstacle à ce « devenir tes tentations mystiques. (…) œuvre qui installera son nom et la condamner, quand il ne s’agit poète » qu’on lui prédisait et dont J’aime la musique jusqu’à la pani- dans l’histoire littéraire du siècle que de toi-même ? », écrit-il ainsi il ressasse l’empêchement : que. » C’est William Cliff qui cite –, il écrivait : «… Lorsque sonna en 1941. l’amour, la passion des femmes. ces lignes, dans la belle et juste DOSSIERS&DOCUMENTS l’heure du choix et que se posa la L’autre face du Journal de Pier- préface qu’il a donnée au livre de LITTÉRAIRES question de savoir ce que j’allais «   » re Minet, celle du témoignage Benjelloun. devenir, je m’empressai de rejoin- En 1925 à Reims, René Daumal d’époque, n’est cependant nulle- De cet homme curieux et dre le campdu passé,d’où je tire- et Roger Gilbert-Lecomte remar- ment négligeable. Le style de enthousiaste, à l’aise dans sa dou- rais à volonté contre mes deux quent Pierre Minet, qui joue les l’écrivain trouve ses meilleurs ble culture française et arabe, on ennemis mortels : le présent et provocateurs en vendant L’Action moments dans l’art du portrait, pourrait dire qu’il écrit comme il l’avenir. » française au passage d’un défilé principalement lorsque celui-ci respire. Cependant, la forme frag- L’enfant et l’écrivain Ce sentiment farouche et déses- ouvrier. Les deux jeunes aînés se est irrigué par un sentiment fort, mentaire n’est nullement chez lui péré que Minet éleva au rang de prennent d’affection pour cet ado- amour et admiration ou, parfois, le signe d’un souffle court ou philosophie personnelle de l’exis- lescent de 16 ans ; ils prophétisent haine et ressentiment (2). Le deuil haché. Et l’on perdrait beaucoup Paradis recomposé, l’enfance tence alimente toutes les pages même un futur « voyant », un nou- accentue encore l’émotion. Les à isoler une phrase, une pensée. de La Défaite, en définit la valeur veau Rimbaud. Aux côtés des pages sur Roger Gilbert-Lecomte, Le lecteur doit au contraire est pour l’écrivain une matrice capitale : en même temps que la limite. Car deux autres « simplistes », Robert René Daumal, Max Jacob, Arthur retrouver le mouvement vital et ce récit autobiographique – que Meyrat ou Roger Vailland, Minet Adamov, Antonin Artaud ou Mar- comme perpétuel de l’écriture. Il école sensible du bonheur, temps l’on peut rapprocher du Sabbat devient « phrère phluet ».Le cel Jouhandeau (et bien d’autres) mesurera alors, dans ce « tom- de violence et de ruptures aussi. de Maurice Sachs et de L’Homme Grand Jeu va bientôt naître, mais en sont, plusieurs fois, comme illu- beau » de la mère morte, qui est et l’enfant d’Arthur Adamov – le jeune révolté cherche surtout à minées. bien plus qu’un livre de deuil et Très souvent, un creuset autobiographique n’est pas seulement une recons- rompre avec sa famille bourgeoi- Patrick Kéchichian de lamentation, combien la litté- truction qui éclaire l’époque du se, à fuir la douillette et insuppor- rature est un art imprévisible décisif. Grand Jeu et celle d’un certain table province pour Paris. Là, il vit (1) Réédité chez Allia en 1994. ouvert à la connaissance du mon- Paris littéraire, mais une création entre Montparnasse et Montmar- (2) Voir la reprise de textes, notam- de. Il saura aussi qu’un très pur à part entière, excessive et pas- tre, avec tous les attributs, les pri- ment publiés à La NRF, sous le titre écrivain œuvre en ce sens, avec sionnelle. Le critique italien vilèges et les contraintes de la Les Hérauts du Grand Jeu et quel- jubilation, de l’autre côté de la Roberto Balzen en soulignait jus- bohème, entre un bordel et un ques proches (éd. Les Amis des Méditerranée. Juillet 2002 - 8 pages - 2,10 € tement « l’intolérance (…) consti- bon ami argenté. Bientôt, il livres, 1997). P. K. IV/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 LITTÉRATURES

LIVRAISONS La réussite d’une volonté a LOU, histoire d’une femme libre, de Françoise Giroud Françoise Giroud aime écrire des portraits de femmes. Après Marie Curie, Alma Mahler, Jenny Marx et Cosima Wagner, voici la Au théâtre, sa passion, comme dans ses romans, Françoise Dorin, c’est un regard porté avec humour très singulière Lou Andreas-Salomé, séductrice mystérieuse, dont furent épris, entre autres, Nietzsche, Rilke et Freud. Mais ce qui sur la vie. Et aussi l’énergie d’une femme secrète, mystérieuse comme tous ceux qui ont vécu avec gourmandise est toujours le plus intéressant dans le regard de Françoise Giroud sur ces femmes, c’est qu’elle ne parvient pas vraiment à les n a généralement sur Après un premier mariage qui aimer. Le cas d’Alma Mahler était le plus évident. Certainement, Françoise Dorin, qu’on ne dure que trois ans – « C’était un Françoise Giroud la détestait. Lou, avec « son implacable refus de l’aime ou non, des intellectuel de gauche et nous étions toute relation intime », qui, évidemment, la rend encore plus atti- idées simples. Il suffit des gosses d’à peine 20 ans, on nous rante pour les hommes auxquels elle se dérobe, suscite chez Fran- Ode lui demander de lire quelques avait vus nous embrasser, il fallait çoise Giroud, non seulement de la perplexité, mais un désir d’en phrases prises au hasard dans soit se marier, soit se quitter, c’était finir avec ce secret, qualifié par Nietzsche « d’atrophie sexuel- l’abondant courrier qu’elle reçoit encore ça au début des années le ». Lou était-elle vraiment la « Messaline asexuée » décrite par pour comprendre ce qui réconfor- 1950 » –, Françoise Dorin rencon- H.F. Peters ? Françoise Giroud risque « une tentative d’explica- te ses nombreux lecteurs. En pre- tre Jean Poiret, avec lequel elle tion »… (Fayard, 160 p., 14 ¤). Jo. S. mier lieu, son énergie. Et puis sa vivra de nombreuses années, et, manière de les faire sourire de leur en secret, commence à écrire. a HELL, de Lolita Pille vie quotidienne, pas nécessai- « J’ai été publiée par René Julliard Dans cette histoire d’une « pétasse », enfant gâtée de l’Ouest rement gaie, de les amuser en en 1957 et 1958. Deux romans qui parisien, en dépit de clichés agaçants, Lolita Pille, 19 ans, a une pointant les avatars de la société n’ont laissé aucune trace, Virginie voix qui retient l’attention. Alors que ses copines, « accrochées à contemporaine, de leur donner et Paul et La Seconde dans leur sac Fendi comme si leur équilibre en dépendait », traînent leur envie de résister : à l’âge, à la fati- Rome. René Julliard m’avait dit : ennui en faisant des overdoses ou des tentatives de suicide, son gue, aux problèmes matériels, “Décidément, le prénom Françoise héroïne, Hell, se fait avorter. Ce qu’elle croyait n’être qu’une expé- sexuels, moraux. C’est la même me porte chance, j’ai Françoise rience de plus se révèle suffisamment traumatisant pour que, chose qu’ils aiment dans son théâ- Sagan, Françoise Mallet-Joris et je aidée par sa lucidité, elle prenne brutalement conscience de la tre : son sens des répliques, ses dia- vais avoir Françoise Dorin.” Mais vacuité de son existence. Si Lolita Pille fait probablement partie de logues enlevés, nerveux, un personne n’a lu ces deux cette génération dopée à Bret Easton Ellis et à Frédéric Beigbeder, moment d’oubli et de pur divertis- livres. René Julliard m’a simple- cela ne l’empêche pas de relire « Harmonie du soir », de Baudelai- sement. ment, pour me consoler, cité en re. Et, derrière l’insolence exaspérante, on devine une jeune fem-  exemple un écrivain qui en était à me assez douée et assez lucide pour déjouer les pièges et les men- son onzième livre et était toujours songes d’un tout petit monde médiocre (Grasset, 224 p., 15 ¤). obscur. Je suis partie en disant : “Je E.G.J’aimerais (...) qu’on n’en ferai certainement pas onze !” » Françoise Dorin ne a LADY VIRUS, d’Alexandre Najjar m’accorde, outre le reviendra au roman qu’en 1976 Après Percy Kemp (voir « Le Monde des livres » du 5 juillet) les avec un très gros succès public, Va attentats du 11 septembre ont inspiré un autre romancier libanais, pouvoir de dire les choses voir maman, papa travaille ! Alexandre Najjar, qui s’est distingué par des romans historiques de (éd. Robert Laffont). belle facture et une biographie d’Ernest Pinard, procureur de avec légèreté, celui de Entre-temps, toujours en cachet- Flaubert et de Baudelaire (Balland). Cette fois, c’est l’actualité te de Jean Poiret, elle a commencé immédiate que cet écrivain francophone et avocat de profession les dire autrement. à écrire du théâtre. « Un jour, embrasse dans un récit où les rebondissements n’ont d’égal que la Michel Roux a appelé Jean Poiret précision documentaire concernant les armes chimiques, le bioter- pour savoir s’il avait une pièce à lui rorisme et ses filières. Balançant entre politique-fiction et récit d’es- D’autres, bien sûr, ne prennent donner. Dépité qu’il n’en ait pas, il pionnage, Alexandre Najjar nous entraîne ainsi de New York, tou- guère de plaisir à ce genre de théâ- m’a demandé si par hasard j’en ché par les premiers cas de contamination par le bacille du char- tre, qu’on ne verra jamais dans la avais une. A la stupeur générale j’ai    «   » bon, à Bagdad au côté d’un informaticien libanais en mal d’amour Cour d’honneur du Palais des Françoise Dorin, une lucidité tranquille dit oui. C’était Comme au théâtre, et de deux chercheurs – l’une américaine et l’autre français – qui, papes d’Avignon, et répugnent de qu’on a montée en 1967. La critique sous couverture de l’ONU, vont jouer les apprentis espions pour le la même façon à la littérature pourtant secrète. Elle est heureuse exemple. Ce que j’ai fait. Mais je ne a été unanime. Après mes échecs compte de la CIA. Leur mission : détecter les sites irakiens suspec- populaire. Mais dès qu’on men- d’être encore, bien que grand- parviens pas à la faire jouer : elle ne c’était vraiment agréable. Dans Le tés de produire de l’anthrax et mettre ainsi un terme aux agisse- tionne le nom de Françoise Dorin mère, cette petite fille joueuse qui correspond pas à ce qu’on attend de Monde, Robert Kemp a même con- ments de Leyla Husni, alias Lady Virus, cerveau du programme bac- s’impose une forme de respect se « crée des jeux », se « raconte moi. Toutefois je n’ai pas dit mon clu : “Pourvu que ça ne lui tourne tériologique. Au-delà de l’intrigue habilement conduite, c’est bien pour cette professionnelle qui, pré- sans cesse des histoires », comme dernier mot. Je suis très entêtée. » pas la tête.” » ici le « jeu des princes » qui est stigmatisé à travers les manipula- cisément, se respecte et respecte celles qu’elle vient de rassembler C’est en effet l’histoire d’une Il n’y avait aucun risque, la tête tions pour le moins funestes des mouvements intégristes (Balland, son public. Qui affiche une lucidi- dans La Rêve-party, d’inattendus obstination, de la réussite d’une de Françoise Dorin est solide sur 220 p., 19 ¤). Ch. R. té tranquille face aux agités qui contes de fées pour adultes, volonté secrète et inflexible qu’el- les épaules, et la réussite la veulent tout avoir : vendre 400 000 menés par Mary Christmas, fille le raconte, avec un réel sens du dope. Elle est donc allée ensuite a LE DERNIER AMOUR D’AUGUSTE, d’Elise Fischer exemplaires, être reconnus com- du Père Noël et d’une femme qui y récit – elle est précise et drôle, elle de succès en succès : La Facture Auguste connut bien des deuils. Il écrit le récit de sa vie « pour me de « grands écrivains », obte- a trop cru (1)… parle comme elle écrit du théâtre. (jouée 1 000 fois), Le Tournant narguer Dame-la-Mort, lui faire un bras d’honneur ». A 86 ans, il fut nir la « une » du « Monde des Françoise Dorin peut sourire de Fille d’un grand chansonnier, (900 fois), Un sale égoïste, Le amoureux de Juliette, une « jeunesse » de 66 ans. Est-ce raisonna- livres », de Libération,duFigaro, tout, n’a aucun ressentiment, mais René Dorin, la jeune Françoise a Tube… Le théâtre, c’est sûrement ble ? Quel mystère, inscrit dans le passé, le reliait à cette ancienne des ouvertures dans tous les heb- déplore « cette manie de coller des appris très tôt, sans même s’en la vraie passion de Françoise comédienne qui succédait à Marouchka – « rien d’autre que la sexua- domadaires. Françoise Dorin, elle, étiquettes sur les gens ».«On pense apercevoir peut-être, à regarder la Dorin (elle y va beaucoup). Elle lité » – et à Sarah, l’épouse tant et bien aimée ? Y a-t-il un âge limite sait ce qu’elle fait, où elle est. Et que je suis là pour faire sourire, société, à chercher ce qui peut sus- écrit ses romans en « scènes », pour l’amour, ses plaisirs, ses chagrins ? D’un tel sujet, rarement elle est certainement plus mysté- pour faire des choses faciles. C’est citer l’humour. « Je suis une dévo- pose le décor « comme au théâ- traité, situations et personnages se prêtent au sentimentalisme dou- rieuse qu’on ne l’imagine, comme vrai. Mais j’aimerais qu’on recon- reuse de journaux, de radio, de télé- tre ». C’est pourquoi il faut atten- cereux, à la caricature, aux clichés des évocations de la sexualité, à tous ceux qui ont vécu avec naisse que la facilité n’est pas facile, vision aussi, surtout pour les infor- dre, avec curiosité, cette tragédie la banalité de la dénonciation des tabous. Elise Fischer évite ces piè- gourmandise. et ensuite qu’on m’accorde, outre le mations et les magazines de société, qu’on lui refuse… ges de la facilité. Sans chercher l’effet, elle réussit un récit qui, saga Dès qu’on la rencontre, on en pouvoir de dire les choses avec légè- pour voir comment tout ça bouge, Josyane Savigneau bien maîtrisée, est un peu plus qu’un roman d’amour (Fayard, est immédiatement convaincu – reté, celui de les dire autre- pour entendre le vocabulaire, repé- 256 p., 17 ¤). P.-R. L. elle demeure courtoise, diserte, et ment. D’écrire une tragédie par rer les expressions à la mode. » (1) Plon, 260 p., 18 ¤. Femme des cavernes Un Liban convoité Un nouvel opus de la saga préhistorique de Dans une grande fresque épique aux allures de thriller historique, Carole Dagher dépeint Jean Auel placé sous le signe des retrouvailles l’âpre combat d’un pays et d’un peuple contre la Sublime Porte

u début de ce quatrième nologie, j’ai suivi des travaux pra- LE COUVENTDE LA LUNE Nous sommes en 1804 ; le san- à être attirée par le Liban. Les qu’un jour elle gouvernerait ce volet du cycle « Enfants tiques : des stages d’initiation à la de Carole Dagher. glant Ahmed Jazzar qui gouver- sujets britanniques espionnaient, pays qui attirait depuis plus de de la terre », saga consa- survie en milieu naturel, des cours de Plon, 376 p., 19 ¤. nait Acre vient de mourir, au apprenaient l’arabe, créaient des deux siècles les historiens, les écri- crée aux hommes préhis- botanique médicinale, j’ai appris à grand soulagement des wallis de écoles et des imprimeries. Ils dis- vains et les peintres français ? Atoriques du paléolithique, les deux tanner des peaux, à tailler des silex. » es réticences éventuelles à Damas, de Saîda et de Tripoli qu’il posaient des fonds nécessaires Refermé ce livre pétri de violen- protagonistes principaux, Ayla et Mais l’intérêt de l’ouvrage de voir l’histoire enrobée de n’avait cessé de dresser l’un con- pour acheter les terres et les hom- ce, de passions et de fureur, la con- son compagnon Jondalar, arrivent Jean Auel provient surtout des romanesque s’évanouis- tre l’autre. Débarrassé de son pire mes. clusion s’impose d’elle-même : le au terme du voyage qui les a con- deux mouvements qui sous-ten- sent après lecture de cet ennemi, l’émir Béchir Chéhab II L’émir Chéhab, avouons-le, Liban continue à être un objet de duits des steppes russes aux vallées dent la trame fictionnelle. Le pre- Louvrage terriblement bien docu- croit pouvoir régner en paix sur la était prêt à s’allier avec le diable convoitises. L’évêque de l’époque du Sud-Ouest français, jusqu’à mier, évident, c’est l’intégration menté. Pas de racolage ni de mélo, montagne, ignorant l’avidité des pour sauvegarder son trône. de Béchir Chéhab fut le premier à l’abri sous roche qui abrite la tribu d’Ayla au sein de la tribu de mais un souci constant de faire grandes puissances qui lorgnent L’homme qui régna sur la monta- dénoncer la mainmise de l’Empire à laquelle appartient Jondalar : les l’homme qu’elle aime, son accepta- cohabiter personnages historiques son coin de paradis. La France gne libanaise était un mélange de ottoman sur le Liban. Il y a un an, Zelandonii. Cette arrivée ne passe tion par les cavernes avoisinantes, et personnages fictifs. Généra- veut rivaliser avec l’Angleterre cruauté et de ruse, de méfiance et le chef de l’Eglise maronite entou- pas inaperçue car Jondalar rentre malgré les objections de quelques teurs d’émotion et de rêve, ces der- dans le cœur des Libanais. Arrivée de diplomatie. L’histoire nous ré d’une poignée de nationalistes accompagné d’une belle étrangère, malveillants. Le second, plus dis- niers ne nous distraient jamais de en Syrie, Lady Stanhope s’est fait apprit qu’il assassina tous ceux qui exigea lui aussi l’évacuation des de deux chevaux et d’un loup appri- cret, est celui qui la conduira in fine l’histoire bien réelle. couronner reine de Palmyre avant pouvaient lui porter de l’ombre, soldats étrangers stationnés au voisés, alors que les Zelandonii à reconnaître que ses dons et ses Dans Le Couvent de la Lune,ilya de s’implanter dans le village allant jusqu’à énucléer ses neveux Liban. n’ont jamais vu encore d’animaux connaissances la prédisposent à des tyrans assoiffés de sang et des côtier du Joun à quelques kilomè- susceptibles de s’emparer du On a si souvent annoncé la mort domestiques. occuper une position sociale éle- princesses mélancoliques qui ont pouvoir. du roman historique, qui pourtant Les Refuges de pierre ne regorge vée. « Je pense que l’homme préhisto- renoncé à l’amour, des notables a Vénus Khoury-Ghata Carole Dagher nous en refait sans cesse surface et a ses pas de péripéties. Pourtant, le récit rique était très semblable à l’homme qui se rendent à Constantinople donne un portrait plus lecteurs, si nombreux. Dépayse- des retrouvailles de Jondalar avec moderne », dit Jean Auel. Là réside comme en pèlerinage pour qué- tres du palais de Beiteddine, rési- humain ; despote mais grand bâtis- ment garanti avec Le Couvent de la son peuple et des premiers mois de sans doute la clé de sa réussite : mander un regard du sultan et des dence de l’émir qui, diplomatie seur, tyran mais si fin diplomate Lune. L’histoire éclaire une épo- sa vie avec Ayla à la neuvième nous avoir rendu proche l’homme traîtres, des veuves dépouillées de oblige, la reçoit en grande pompe. puisqu’il réussit à régner pendant que qui comporte pas mal de caverne intéresse, puis passionne. (et la femme) de CroMagnon. leurs biens après l’assassinat de « Entourée d’une trentaine de per- plus d’un demi-siècle. Il déjoua zones d’ombre, la fiction nous fait Sans doute, en premier lieu, parce Jacques Baudou leur époux et des chevaliers qui sonnes, précédée de gardes noirs et tous les complots, s’exila avec une pénétrer au cœur des maisons à que l’auteur apporte un soin parti- affrontent la mort sans ciller. de courriers, suivie de porteurs grande dignité pendant quatre ans trois arcades « qui découpent un culier à la description de la vie quo- e Les Refuges de pierre (The Shelters Dans ce roman épique, ce thriller d’eau, Lady Stanhope fit une entrée après la perte de la bataille qui pas de ciel bleu ». L’auteur nous tidienne des Zelandonii. « Quand of Stone), de Jean Auel (traduit de historique, il y a surtout Kémal, remarquée. Montée en amazone l’opposa à l’armée de Mohamed invite à la table des seigneurs et on situe un roman dans la préhis- l’anglais [Etats-Unis] par Jacques chef de cavalerie de l’émir Béchir sur une superbe jument, son drog- Ali, sûr de revenir et de reprendre des paysans, nous fait entendre le toire, précise Jean Auel, on est obligé Martinache, Presses de la Cité, Chéhab, un frère arabe des Trois man et son médecin caracolant der- les rênes du pays. Pendant que les bruit des sabots martelant les de donner toutes sortes de détails : 648 p., 22,70 ¤). Mousquetaires. Kémal se confond rière elle, elle portait un costume Anglais cherchaient à se fondre pavés des cours et des ruelles. comment s’est-il procuré la nourri- – Les Enfants de la terre, de Jean Auel avec la projection de nos rêves… oriental. Pelisse mauve rattachée dans le paysage, la France, qui Celui qui passe sous la fenêtre, est- ture (en chassant), comment la pré- (tome I : Le clan de l’ours des caver- Epoque âpre d’un Liban qui refu- par une boucle cramoisie, tunique avait coupé les têtes de ses évê- ce un porteur de bonne nouvelle pare-t-on, avec quels outils ? On doit nes, La vallée des chevaux, Les se de se laisser engloutir par la rayée brodée d’or, babouches de ques lors de la Convention, dépê- ou un ennemi ? L’époque était à la porter une attention constante à tous chasseurs de mammouths ; tome II : Sublime Porte, d’un peuple écrasé cuir mauve, turban blanc, son équi- chait au Liban le clergé qu’elle méfiance. Il a fallu attendre la les aspects de la vie de tous les jours. Le grand voyage, suivi du « Monde par les impôts et d’une poignée de page fit forte impression dans la avait pourchassé, extradé, en lui mort de l’« homme malade », cette Pour écrire Les Enfants de la terre, des enfants de la terre », de Jean- courageux qui continuent à se cour du palais. » recommandant de faire respecter Sublime Porte qui n’avait plus rien je n’ai pas seulement lu des ouvrages Philippe Rigaud, Omnibus, 1 470 p. et rebeller malgré la perte de leurs Nièce du premier ministre Pitt, le catholicisme condamné sur son de sublime pour que le Liban d’archéologie, de préhistoire, d’eth- 874 p., 23,80 ¤ et 22,20 ¤). illusions. Lady Stanhope n’était pas la seule sol. La France se doutait-elle connaisse la paix. LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/V LITTÉRATURES

Le dernier des Mohicans LIVRAISONS a INGRID CAVEN, de Jean-Jacques Schuhl En 2000, après vingt-cinq ans de silence, Jean-Jacques Schuhl reve- René-Nicolas Ehni a écrit sa guerre d’Algérie : une vérité sans appel, nait sur le devant de la scène littéraire avec Ingrid Caven. Retour surpri- se, magistral, en tout point puisque à l’enthousiasme quasi général de illuminée d’un cri d’amour la critique succéda celui du jury Goncourt qui couronnait une somp- tueuse et émouvante évocation de la chanteuse et actrice allemande, ALGÉRIE ROMAN désosser les comportements sca- égérie et épouse de Fassbinder avant d’être celle du romancier. Et sur- de René-Nicolas Ehni. breux et les arguties politiques, sa tout une gageure : celle d’avoir su mettre des mots sur une « voix Denoël, 156 p., 13,50 ¤. connaissance obsessionnelle des d’or » et d’entourer dans l’étoffe de la fiction un corps meurtri puis mythes, l’interrogation permanen- dompté, devenu un « corps-musique ». Roman d’amour, roman d’une ené-Nicolas Ehni a écrit te de ses origines. vie à la partition chahuteuse, roman-collage où se télescopent le pré- une vingtaine de romans sent et le passé, le burlesque et le sacré, la féerie et le tragique, Ingrid et de pièces de théâtre.  Caven, qui reparaît en poche dans une édition augmentée – notam- Toujours réfractaire, tou- L’Algérie est le révélateur d’une ment du récit d’un des premiers concerts donné à Munich –, est aussi joursR révolté, l’auteur de La Gloire énième confrontation avec lui- le roman d’une époque. Celle d’une « exubérance baroque », d’un cer- du vaurien poursuit une œuvre même, dense, dans une écriture en tain « art de vivre » incarné, entre autres, par Rainer Werner Fassbin- impitoyable, ressassant les thè- pâte dure aux arêtes de diamant, der, Andy Warhol, le producteur de cinéma Jean-Pierre Rassam (ici mes majeurs de l’expérience cette débandade de la pensée qui sous les traits de Mazar) ou encore Charles, double du romancier. Une humaine et fustigeant une civilisa- toujours retombe sur ses pieds. faille dans le temps vite engloutie sous l’argent, l’ennui et le conformis- tion européenne à son déclin. La Sur son cœur, car si ce grand me (Gallimard, « Folio », 384 p., 6,3 ¤). Ch. R. guerre reste le sujet le plus sca- enfant est toujours animé par le breux. Surtout quand il s’agit de goût de la transgression, il est aus- a YVES SAINT LAURENT, de Laurence Benaïm celle que l’on a faite, il y a quaran- si rattrapé par le désir mystique de C’est Yves Saint Laurent qui a taillé, sur le corps d’Ingrid Caven, sa te ans, honteuse mais toujours fraternité chrétienne. Il y a donc robe de scène. Un épisode magnifiquement raconté dans le roman de présente, la guerre d’Algérie que ces pages magnifiques sur la ten- Jean-Jacques Schuhl. Yves Saint Laurent est évidemment plus qu’un l’on a voulu occulter, ou du moins dresse des corps en contrepoint de couturier. C’est l’un des grands artistes du XXe siècle, auquel toutes les justifier. En dépit de son grand-pi l’abomination. René-Nicolas lave femmes aimant un certain type de vêtement – aux lignes pures –, et qui prônait le « Tu ne tueras avec dévotion le beau et grand avant tout le noir, doivent quelque chose, même si elles n’ont jamais pas », et interdisait que l’on « tou- corps du jeune « margi » tant eu les moyens de s’offrir un vêtement griffé Saint Laurent. En 1994, la chât » une arme, René-Nicolas aimé, le récure jusqu’à la caresse, biographie de notre collaboratrice Laurence Benaïm était la première Ehni s’inclinera : « Et voilà que je halte sublime de pureté dans la sur cet homme singulier, né à Oran en 1936. Elle reparaît aujourd’hui, “touche” à mon tour et me pestilence ambiante. Un éblouisse- augmentée, car le 7 janvier 2002, alors qu’il fêtait les quarante ans de souille. » ment avant la mort du spahi. La sa maison de couture, Yves Saint Laurent a donné la première confé- Il a 22 ans : l’un de ces soldats guerre c’est aussi, pour ceux que le rence de presse de sa vie pour annoncer… son départ. Pour beaucoup du contingent, égarés, propulsés corps masculin exalte, la sensuelle de femmes, un rêve se termine, le bonheur de s’imaginer un jour dans une aventure que leur enfan- expérience d’un monde de jeunes habillée en Saint Laurent. Laurence Benaïm le dit avec sobriété et ce (rescapée du choc des deux hommes. Pour ceux-là particulière- émotion (Grasset, 552 p., 23,90 ¤). Jo. S. guerres mondiales) ne pouvait ment (Ehni l’exprime parfaite- laisser présager. De quel épais ment), il n’y a pas d’ennemi, pas a STALLONE, d’Emmanuèle Bernheim camouflage a-t-on dû affubler cet- de patrie, et l’étranger c’est soi- Emmanuèle Bernheim est à son meilleur lorsqu’elle décrit, avec sa te guerre, désordonnée et perdue même, dans une fulgurante échap- minutie implacable, une obsession. A l’été de 2001, Le Monde lui a pro- d’avance, pour la faire accepter pée belle, sans frontières et sans posé d’écrire une nouvelle. Elle a imaginé ce Stallone, devenu aujour- par un peuple hanté par l’holo- tabous, loin de tout racisme et d’hui un bref livre, l’histoire étrange d’une sorte de possession. Une causte… Eternelle histoire du xénophobie. Après Genet, Ehni jeune femme décide que « désormais elle irait voir tous les films de « plus jamais ça », toujours trahi. dresse un autel au corps christique Stallone », en salle, en payant sa place. Et les Rocky (I, II, III…) vont Ehni raconte l’essentiel innom- de l’homme fragile sous sa peau changer sa vie… (Gallimard, 54 p., 7 ¤). Jo. S.  / mable : la torture infligée par l’ar- René-Nicolas Ehni, toujours réfractaire, toujours révolté dure, supplicié dans une apothéo- mée française, sous les yeux de se de volupté. a ALTER EGO, de Laurent Flieder jeunes appelés – encadrés par les n’est pas une expérience froide, té, il implique la totalité de son L’innocent Ehni reparaît, géné- Le clonage humain n’est encore qu’une fiction, mais une fiction bien vieux routards de toutes les guer- elle révèle les perversions profon- être, en écho lyrique à l’histoire reux et foncièrement brutal parce ancrée dans la réalité. Partant de ce constat, Laurent Flieder raconte, res et de toutes les nostalgies – des de chacun (et il fallait bien les des hommes : les guerres colonia- que blessé dans ses utopies : «La dans ce premier roman, l’histoire d’Alex, clone d’Axel Gentil qui part à qui assistent et participent à l’im- trouver, ceux qui la prati- les, la mémoire des répressions piin (peine) du damné c’est d’avoir la quête de ses origines et se trouve entraîné dans un complot biotech- pensable horreur. Le noyau dur quaient !). subies par le monde tsigane éternellement son kant-à-soi sans le nologique. A travers l’enquête menée par deux journalistes et les diffé- d’Algérie roman, c’est donc cela auquel il appartient. Ehni le rebel- moindre amour. C’est de ça que j’ai rents éléments qu’ils ont réussi à rassembler avant de trouver la mort, seul qu’il faut dire : oui, on tortu-  «  »   le travaille ici la matière romanes- peur. Si je pouvais croire que le les pièces de ce puzzle éthique et scientifique se mettent en place. Mais rait jusqu’à l’abomination les fella- Ehni décrit une réalité glaciale. que comme il l’a toujours fait dans néant existe, je ne chercherai pas la principale, le corps d’Alex, finit par se dérober, laissant le lecteur face ghas prisonniers et les « bicots » Mais il n’est pas anodin que le titre ses autres livres. Il malaxe un texte l’amour de Dieu. Hélas, il n’y a pas à une énigme insoluble. Même si le procédé est un peu convenu, la suspects, sous couvert de leur soit : Algérie roman. Celui qui regar- violent où s’entremêlent son moi rien. Il y a éternellement un feu dévo- démonstration n’est pas inutile et ce récit, construit comme un polar, arracher les renseignements qui de est un écrivain. Il prend des exalté, son enfance, sa sexualité, rant qui ne rencontre jamais se lit avec un réel plaisir (HB éditions, 202 p., 18 ¤). St. L. sauveraient la vie de « petits gars notes sur des carnets, d’accord, son histoire et celle de sa famille, l’amour. » de cheznous » . Mais la torture mais au-delà de l’exercice de lucidi- son anarchique besoin de toujours Hugo Marsan a ŒUVRES POÉTIQUES COMPLÈTES et L’IVRAIE EN ORDRE (poèmes et textes retrouvés), d’Olivier Larronde On n’attendait pas Jacques Roubaud pour préfacer l’édition des œuvres de ce poète réputé météorique – c’est-à-dire qu’il mourut jeune, en 1965, à 38 ans. Il le fait avec précision, situant l’auteur des Bar- ricades mystérieuses (1947, la même année que Les Epiphanies d’Henri Pichette) et de Rien voilà l’ordre (1959) dans cette atmosphère particu- Le pétomane et les courtisanes Cinq ans de lière de l’immédiat après-guerre parisien où Larronde, jeune garçon beau comme René Crevel, fut salué et encouragé par Jean Cocteau et Jean Genet. Roubaud a raison de souligner « l’impressionnante maî- Quand l’érotisme japonais marie avec bonheur trise » de ce manieur d’anagrammes et de formes contraignantes. Artis- bonheur gay tement façonnée, souvent hardie, la poésie de Larronde laisse cepen- plaisir des sens et truculence dant un peu froid (édition due à Jean-Pierre Lacloche, avec le concours de Patrick Mauriès pour L’Ivraie en ordre, Le Promeneur-Gallimard, HISTOIRE D’UN PET : au Japon plus qu’ailleurs, note et où l’amateur éclairé polissait un KINSEY 6 384 p. et 124 p., 29 ¤ et 16 ¤). la déconfiture de Fukutomi Donald Richie, on lui reconnaît sa dandysme qui faisait de la retenue Journal des années 80 P.K. Traduit du japonais « dimension humaine ». l’une des voies vers le plaisir. de Didier Lestrade. a MANIFESTE SENSUALISTE, de R.C. Vaudey et présenté par Jacqueline Le héros de l’historiette traduite Pour faire entrer le lecteur au tré- Denoël, 360 p., 21,50 ¤. Ceux qui n’ont aucun humour et détestent le plaisir doivent passer Pigeot et Keiko Kosugi ici, Hidetake, a le talent d’émettre fonds charnel d’Edo, Jean Cholley a au large de ce petit livre d’un inconnu se présentant comme « Libertin- avec la collaboration des pets divertissants. Et c’est la choisi la « voie joyeuse » des senryu, es années 1980 furent des idyllique et gentilhomme de fortune ». Les autres devraient s’empresser d’Akihiro Satake, réussite exceptionnelle de cet hom- ces tercets à la spontanéité teintée années de grande exulta- de l’emporter à la plage ou sur leur bicyclette (c’est peu encombrant) éd. Philippe Picquier, me, pauvre au départ, et la déconfi- d’une ironie mordante où se concen- tion. Le Palace en fut le fleu- et se moquer des journaux, y compris Le Monde, qui n’ont pas accordé 78 p., 17,50 ¤. ture de son rival auquel, sous prétex- tre le rire acerbe du petit peuple. ron mythique. L’homosexua- à ce texte la place qu’il méritait. Quoi de meilleur pour l’été que cette te de l’instruire des recettes de son Licencieux, certes, Yoshiwara n’en Llité rompait avec son image téné- incitation : « Consacreztoute votre vie à l’amour, au merveilleux, faites COURTISANES DU JAPON art, il a fait ingurgiter un purgatif, avait pas moins ses règles, ses rituels breuse pour devenir le ferment d’un de cette vie un voyage ayant tout son sens en lui-même (…) retirezle voile Textes traduits du japonais qui est le thème de cette histoire édi- et ses usages, et sa pompe : le chemi- renouveau culturel hédoniste : le gris et laissezbriller le monde tel qu’il brillait pour vous tout d’abord, et présentés par Jean Cholley, fiante. Plus que d’un récit propre- nement pour s’y rendre en suivant disco, les photographies de Pierre et redevenezbeaux, bons vrais. » On n’est pas sûr d’y arriver, mais, grâce éd. Philippe Picquier, ment dit, il s’agit d’une peinture sur une rivière, le franchissement de la Gilles côtoyaient les créations de à Vaudey, on peut toujours rêver (Gallimard, « L’Infini », 126 p., 206 p., 20 ¤. rouleau. Le rouleau narratif, genre Grande Porte, le cérémonial des Jean Paul Gaultier. L’effervescence 9,50 ¤). Jo. S. qui remonte au Xe siècle, est un pro- « trois rencontres » avec la courtisane fut de courte durée. L’AUBE AU PRINTEMPS totype de la bande dessinée moder- de haut vol, qui imposaient la patien- Didier Lestrade est un témoin pri- a MADRAS, note book, Ramanujan, d’Eric Nonn Livre d’estampes ne. L’histoire de Hidetake, qui date ce. On ne fréquentait pas l’« encein- vilégié de cette période, fort bien res- A défaut de partir pour Madras, on peut s’embarquer avec Eric Traduit du japonais et présenté du XVe siècle, est présentée ici dans te » sans être initié et avoir en particu- tituée par le Journal qu’il rédigea de Nonn et Ramanujan (1887-1920), un mathématicien originaire du sud par André Geymond, une copie d’excellente facture du lier consulté ses catalogues annotés 1981 à 1986. Il est surtout connu de l’Inde. Eric Nonn, dont, après six romans, le style est de plus en éd. Philippe Picquier, XIXe siècle, conservée à la Bibliothè- et publiés deux fois l’an : les clients y pour avoir été un des fondateurs en plus abouti, a été fasciné par ce savant autodidacte, non seulement à 124 p., 14 ¤. que nationale de France. choisissaient l’établissement et les 1989 de l’association de lutte contre cause de son génie mathématique, mais aussi par sa magnifique histoi- C’est également sur le registre de courtisanes classées conformément le sida Act Up-Paris. Mais aupara- re d’amour « interrompue par la maladie, la mort, jeune, ces ingrédients i l’on connaît la dimension la truculence que se place Jean Chol- à une stricte hiérarchie. Le jeu des vant, il dirigeait Magazine, un pério- de roman, normalement » (éd. Verticales, 152 p., 14 ¤). Jo. S. érotique de la littérature et ley pour nous offrir une nouvelle filles, les tours et détours de la séduc- dique gay résolument esthète. Cette de l’iconographie classiques facette d’une tradition érotique tion employés avec les clients, leur revue (1980 -1986) accompagna a ISMAËLA, de Catherine Weinzaepflen japonaises, leur veine scato- qu’il explore depuis les Haiku éroti- sort, tragique le plus souvent, lors- l’émergence de la visibilité gay. Le Romancière (sept romans aux éditions Des femmes et chez Flamma- Slogique est en revanche plus mécon- ques et Le Manuel de l’oreiller que, vers 27 ans, elles retrouvaient Journal relate une foule de rencon- rion où elle a obtenu le prix France-Culture 1983 pour le très beau Por- nue. Elle est présente dans nombre publiés antérieurement chez le leur liberté ou les sanctions des tres avec des créateurs, malheureuse- trait et un rêve), poète (5 recueils), Catherine Weinzaepflen n’avait pas d’histoires drolatiques, de récits même éditeur. Cette fois, Jean Chol- clients insolvables sont d’autres thè- ment transcrites avec une désespé- donné de ses nouvelles depuis un certain temps. Elle revient avec un anecdotiques, des proverbes ou des ley présente ce qui fut sans doute le mes abordés à travers le prisme des rante platitude. Elles donnent néan- roman étrange comme elle les aime, écrit avec la précision qu’elle romans contemporains. Le pet y a plus grand quartier de plaisir que le senryu. moins une juste idée de l’ébullition affectionne, portant attention aux détails quotidiens, traquant le mys- une place de choix : de La Bataille monde ait porté où le sordide et les Avec L’Aube au printemps, récit de la scène gay parisienne, aussi bien tère des rencontres, des amours, des disparitions. Ismaëla, c’est une de pets, peinture sur rouleau du turpitudes côtoyaient les sommets anonyme de la fin du XVIIIe siècle, est que de sa superficialité et de ses pré- histoire de fuite et de menace, le destin d’un personnage très singu- XVIIe siècle, aux célèbres scènes de de l’esthétique de la galanterie : présentée une autre veine de la galan- jugés : ceux de l’auteur, ceux d’une lier, qu’on perd dans le désert, qu’on retrouve sur la Côte ouest des pets en famille du film de Yasujiro Yoshiwara, la « cité sans nuit » terie. L’Aube au printemps a la particu- époque qui se voulait tellement inno- Etats-Unis ; un destin dont on comprend peu à peu le sens, quand se Ozu, Ohayo (1959), les exemples ne d’Edo (ancien nom de Tokyo), qui larité de parodier la construction vante qu’elle se croyait sans passé. remet en place une chronologie savamment brouillée par Catherine manquent pas. Comme le note Jac- ferma ses portes en 1958 après trois d’une grande œuvre classique, Notes Louis Aragon et Raymond Voinquel, Weinzaepflen (éd. L’Atelier des brisants, « Comme » [1, boulevard de queline Pigeot dans son commentai- siècles d’activité. de chevet (Gallimard), de Sei Shona- interviewés pour Magazine,se Candau, 40000 Mont-de-Marsan], 152 p., 21 ¤). Jo. S. re, Hiraga Gennai (1728-1779), un Autrefois à la périphérie de la vil- gon, dame de la cour du XIe siècle. Il voient expédiés en quelques lignes… érudit quelque peu excentrique il le, Yoshiwara était un monde en soi brode sur 34 illustrations érotiques. C’est dans l’évocation de la vie a 28 RAISONS DE SE FAIRE DÉTESTER, de Marc Weitzmann est vrai, tour à tour naturaliste, – ou plutôt un contre-monde : un Salaces, les histoires contiennent aus- intime de son auteur que ce Journal Sous ce titre humoristique se cachent 28 témoignages d’une passion inventeur, poète et auteur dramati- envers de la société policée placée si cette ironie qui est une caractéristi- est le plus touchant. En filigrane se que Marc Weitzmann, journaliste et écrivain, décrit dans une courte que, lui consacra même en 1774 une sous la férule des shoguns qui échap- que de la littérature érotique nippo- dessine le portrait d’un jeune provin- préface. « Lire était – et reste – une activité asociale intime susceptible somme pleine de verve, Traité du pait à l’emprise du pouvoir. Ce quar- ne dans laquelle le plaisir sexuel est cial – Didier Lestrade a 23 ans en de sauver la vie (…). Je ne sais où je serais aujourd’hui sans Julio Corta- lâcher du pet, inspiré par un célèbre tier de plaisir fut au cœur de la un divertissement qui, dans une 1981 – fasciné par tout ce que Paris zar, sans Philip Roth, sans Clarice Lispector, sans Kafka, Danilo Kis et les spectacle forain de l’époque. Par- culture d’Edo : un lieu où les artistes société qui n’a jamais condamné la peut offrir de liberté, mais que cette autres (…). Je ne suis même pas certain que je trouverais de l’intérêt à tout dans le monde, par son caractè- (auteurs dramatiques ou maîtres de chair, se doit d’être joyeux liberté laisse insatisfait. l’existence. » Une lecture indispensable pour tous ceux qui souscrivent re inopiné, le pet suscite le rire mais l’estampe) puisaient leur inspiration Philippe Pons Eric Lamien à ces propos (Stock, 320 p., 19,15 ¤). Jo. S. VI/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 ESSAIS-UN MONDE EN DÉSORDRE Philosopher à l’ère des catastrophes A partir des attentats du 11 septembre et de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse, Jean-Pierre Dupuy, mettant à bas les théories de la précaution et de la prévention, propose de penser et de gérer les risques de façon nouvelle

POUR UN CATASTROPHISME de la catastrophe revêt une portée té renversée, portant avec elle la ÉCLAIRÉ heuristique aussi déterminante mémoire de l’avenir tout en autori- Quand l’impossible est certain que l’heuristique de la peur (dont sant le futur à envoyer des signaux de Jean-Pierre Dupuy. la philosophie de Thomas Hobbes au présent, reçoit le nom de Seuil « La couleur des idées », figure un antécédent) à l’œuvre « temps du projet ».Laboucle avec 218 p., 19 ¤. dans la pensée de Hans Jonas : à rétroaction du futur sur le passé, qui l’instar de la peur chez Jonas, et schématise le temps du projet, rem- ommes-nous entrés dans le loin de se confondre avec du senti- place du coup la figure du jardin temps des catastrophes iné- mentalisme irrationaliste, la certitu- aux sentiers qui bifurquent, propre luctables ? L’homme peut-il de de la catastrophe est une simula- au temps de l’histoire. Quand les échapper à la destinée apo- tion intellectuelle qui fonctionne théories communes de la préven- Scalyptique qui l’attend, dont pour- sur le registre de la méthode desti- tion et de la précaution s’inscrivent tant il a lui-même fabriqué les née à l’éviter. La démarche de Jean- dans la métaphysique du temps de conditions ? Deux événements Pierre Dupuy s’accorde parfaite- l’histoire, le catastrophisme éclairé récents – les attentats contre les ment à ce propos de Jonas : «La s’inscrit, lui, dans la métaphysique Twin Towers de New York, puis prophétie du malheur est faite pour du temps du projet. l’explosion de l’usine AZF de Tou- éviter qu’elle ne se réalise. » Opposi- louse – illustrent l’actualité de la tion au principe de précaution :   ’  réflexion du philosophe Jean-Pier- selon ce dernier, il importe d’agir L’époque dans laquelle nous re Dupuy ; ils forment la toile de sans délai parce qu’on ne connaît venons d’entrer – et dont les désas- fond d’où émerge le « catastrophis- pas l’impact dans le futur d’une tres des Twin Towers et de Toulou- me éclairé » que ce livre s’essaie à action ou d’une technique, tandis se dessinent le blason – nous lance fonder. que selon le catastrophisme éclai- son glacial défi. Il en va de la survie Ces deux catastrophes en appel- ré, c’est au contraire parce que exis- de l’espèce humaine, menacée par lent d’autres, liées au réchauffe- te la certitude de l’événement les dangers dont elle est elle-même ment climatique, à l’épuisement de catastrophique futur qu’il faut agir le principal auteur et devant les- l’énergie fossile, aux effondre- pour qu’il n’ait pas lieu. Si l’incerti- quels, faute d’une métaphysique ments économiques, à la proliféra- tude est le pivot du principe de pré- appropriée, elle ne manque pas de tion des armes de destruction, aux caution, la certitude heuristique de s’aveugler. Cet ouvrage joue sur transports, à la maladie de la vache l’inéluctabilité du pire caractérise deux registres : il se présente à la folle. Les sociétés contemporaines le catastrophisme éclairé. fois comme un traité philosophi- envisagent l’évitement du pire grâ- La pensée catastrophiste, axée que de grande précision concep-  / ce aux théories de la prévention et New York, 11 septembre 2001 sur le savoir méthodologique et tuelle exhibant l’armature argu- de la précaution. Et si, face aux heuristique du pire, suppose un mentative du « catastrophisme catastrophes à venir, nos préven- pement technique de la modernité possibilité gît dans la réalité, Berg- du catastrophisme éclairé peut renversement de la métaphysique éclairé » qu’il essaie de bâtir et tions et précautions de l’heure a ouvert le champ). Ainsi, le « catas- son suggère que la possibilité, qui alors présenter sa stratégie : se pro- du temps : regarder notre présent comme un manifeste suggérant n’étaient que rassurante illusion ? trophisme éclairé » proposé dans n’est pas antérieure à la réalité, le jeter dans le futur, dans le temps depuis le point de vue de l’avenir. une réorientation des politiques en L’auteur démonte froidement le ce livre se révèle nécessaire du fait devient après-coup, dès que la réa- de l’après-catastrophe pour la Ce décentrement temporel permet matière de gestion des risques. Mal- « principe de précaution », duquel des insuffisances des autres attitu- lité est apparue. Avant son déclen- considérer rétrospectivement – ce de donner au présent un signal gré son allure paradoxale – les nous attendons abri et assurance, des devant les désastres destinés à chement, écrivit Bergson, la guerre qui la change en un événement aus- venu du futur. Par la vertu de ce catastrophes ne se produiront pas dont il démasque les illusions. Ce surgir. Sur les ruines des théories de 14-18 lui apparaissait aussi pro- si nécessaire qu’improbable. saut méthodologique dans le futur, si nous agissons selon la certitude principe ne nous protège pas de la de la précaution et de la préven- bable qu’impossible. Autrement le souvenir d’une catastrophe qui qu’elles se produiront fatale- catastrophe dans la mesure où, tion, l’auteur propose de penser de dit : le possible ne préexiste pas au   ’ n’a pas encore eu lieu assure sa pré- ment –, la lucide et stimulante une fois appliqué, il l’efface des façon nouvelle, avec de nouveaux surgissement de l’événement dans Nous sommes alors fort éloignés vention. Il s’agit là d’un renverse- réflexion de Jean-Pierre Dupuy, ins- champs du possible et du proba- concepts et de nouvelles appro- le temps, il se constitue après- des théories communément admi- ment métaphysique : tenir, à crite dans une galaxie philosophi- ble. De même Jean-Pierre Dupuy ches, les catastrophes. coup, après l’événement. Le possi- ses pour prévenir les catastrophes l’inverse du temps de l’histoire (ce que dont Ivan Illich et Hans Jonas dissèque-t-il, jusqu’à ce qu’il n’en Il fonde sa démarche sur la philo- ble s’insère dans le passé depuis le – prudence, prévention et précau- « jardin aux sentiers qui bifur- forment les noyaux durs, ouvre reste rien, la bien connue « théorie sophie bergsonienne : contraire- futur. Les catastrophes de New tion – dans la mesure même où, quent » dont parlait Borges), l’ave- d’étonnantes perspectives pour la de la prévention » (elle s’avère ment à la métaphysique dominan- York et de Toulouse ne deviennent étant assurés que la catastrophe nir pour fixe et le passé (qui au pensée et pour l’action qu’il serait incommensurable avec l’ampleur te des sociétés modernes, qui pos- possibles qu’après qu’elles ont eu aura lieu, nous conservons le regard de cet avenir est notre pré- dangereux d’ignorer. des catastrophes dont le dévelop- tule dans la traîne de Leibniz que la lieu. Fort de ces bases la démarche regard fixé sur elle. Cette certitude sent) pour ouvert. Cette temporali- Robert Redeker L’imposture démontée Pour mieux conjurer notre destin Deux journalistes renversent la thèse selon Croisant les disciplines, Thierry de Montbrial analyse les ressorts laquelle aucun avion ne se serait écrasé sur le Pentagone de l’action humaine dans la perspective d’un rationalisme prudent mais radicalement optimiste

L’EFFROYABLE MENSONGE ges visuels de l’attentat, et la possibi- L’ACTION ET LE SYSTÈME désarroi de 2002, ce livre vient en gies par le petit groupe des écono- l’expérience du diplomate et l’ori- de Guillaume Dasquié lité technique de celui-ci. Les DU MONDE son temps pour prendre de plus mistes « révisionnistes » polonais ginalité absolument stendhalien- et Jean Guisnel. auteurs ont retrouvé et directement De Thierry de Montbrial. haut les ressorts de l’action humai- – Oskar Lange, Michael Kalecki – ne du libéral anticonformiste : il La Découverte, 132 p., 11 ¤. approché nombre de témoins, qui PUF, 472 p., 25 ¤. ne, les démonter puis les remon- d’origine socialo-démocrate, qui établit une axiomatique rigoureu- leur ont redit ce qu’ils avaient vu : ter dans une perspective d’un prirent quelques années le pou- se de sujets actifs dont l’interven- LE PENTAGATE l’arrivée de l’avion de ligne, sa chute e choc du 11 septembre rationalisme prudent, mais radica- voir à Varsovie aux côtés de tion réglée permet d’unifier les de Thierry Meyssan. sur le Pentagone. Dasquié et 2001 n’a pas fini de susci- lement optimiste. L’objet de Gomulka en 1956 : désormais la champs de l’économie, de la Ed. Carnot, 208 p., 12 ¤. Guisnel précisent, en recourant à ter en nous des interroga- Thierry de Montbrial, c’est en planification s’inscrira dans des stratégie et du politique : ce sont un spécialiste de l’accidentologie tions fondamentales. Déjà effet de mettre en scène l’action modèles mathématiques qui peu- les unités actives qui constituent etraite en bon ordre : c’est aéronautique, la façon dont le choc Lun certain nombre d’ouvrages, de sujets les plus divers – de l’en- vent être soumis à l’analyse et à des systèmes stables (c’est-à-dire le mouvement implicite de l’avion a pu produire les destruc- parus ces derniers mois, évoquent trepreneur au général, du diplo- l’expérimentation sérieuse (métho- des ensembles dont la structure de l’ouvrage de Thierry tions particulières du Pentagone. tel ou tel aspect encore mal éclai- mate au leader politique – qui ins- de génétique), mais surtout, com- résiste aux transformations) à Meyssan, auteur de la thè- La question échappe ici au sens ré du grand drame mondial que crivent leur volonté de puissance me cherchera à le démontrer Lan- l’intérieur desquels se règlent les seR selon laquelle aucun avion ne commun, et relève de l’expertise. nous vivons en ce moment même. dans un système déjà constitué de ge, l’action économique rationnel- conflits. Vient ensuite une applica- s’est écrasé sur le Pentagone le Mais, en l’absence des données pré- Le traité magistral que Thierry de déterminants (un système de prix, le s’inscrit elle-même dans un pro- tion passionnante de ces interac- 11 septembre 2001. Exprimée dans cises détenues par les autorités judi- Montbrial a intitulé L’Action et le d’échanges, de territoires, d’arme- jet plus vaste, celui d’une science tions à notre monde. un livre fantaisiste qui connut un ciaires américaines, on ne peut que système du monde a certes été pen- ments, de données idéologiques). de l’action, une praxéologie qui Rien d’abstrait dans ce propos. impressionnant succès public, L’Ef- reconstituer un scénario physique sé et conçu pendant de nombreu- Une fois cette problématique englobe la stratégie militaire, et Après la chute du marxisme, après froyable Imposture (éd. Carnot), la d’accident. Il serait du plus haut inté- ses années de méditation origina- acceptée, il s’agira de penser la pourquoi pas ? l’action politique. les bégaiements du libéralisme le thèse s’élaborait sur la base de vrai- rêt que soient rendues publiques les le, et il était sans aucun doute lar- meilleure solution (optimum On comprend le scandale intel- plus idéologique, une grande voix semblances, en écartant les témoi- données officielles ou l’analyse de gement prêt le soir du 10 septem- qu’on a pu définir en économie) lectuel d’une telle position : réins- qui n’est jamais tombée dans gnages visuels de l’attentat. C’est cet accident, soit au terme de l’en- bre 2001. Et pourtant, avec le qui peut se dégager d’une telle crire les décisions du pouvoir – de l’une ou l’autre de ces solutions leur rejet qu’ont pointé les contre- quête judiciaire menée aux Etats- recul théorique qu’il entend se interaction. tous les pouvoirs – dans un dis- magiques, nous dit à sa manière : enquêtes du Monde, puis de Libéra- Unis, soit par une commission d’en- donner, l’ouvrage est sans doute cours qui doit rendre compte de n’ayez pas peur de la grande lueur tion et Paris Match notamment, quête du Congrès réclamée par plu- la meilleure préparation intellec-     ses fondements, sortir en particu- méphitique du 11 septembre montrant que de solides témoigna- sieurs élus démocrates. tuelle possible à l’intelligence de Que le lecteur se rassure, tout lier l’économie de l’idéologie et de 2001 : l’homme a, en lui, des ges attestent du choc de l’aéronef. Les deux journalistes éclairent la grande et dramatique mutation cela est fait sans le moindre dog- la stratégique du militaire. Il y moyens rationnels de mieux agir Dans Le Pentagate, Thierry Meyssan par ailleurs utilement les accointan- que nous vivons. Ici nous ne réflé- matisme, et surtout sans le moin- avait là de quoi faire donner la gar- et de conjurer le destin. Comme s’y intéresse enfin, et tente d’impo- ces et relations de Thierry Meyssan, chissons plus sur les audaces et dre ennui : l’auteur a l’exception- de impériale de l’idéocratie (en Machiavel rédigeait le Bréviaire ser une version raffinée de sa thèse observant « une proximité étonnante les misères du fanatisme contem- nel talent de nous faire toucher du France, Maurice Godelier et Char- des républicains, Thierry de Mont- – ce serait un missile renforcé à l’ura- entre [ses] thèses et celles de conspira- porain, la puissance et les rêves doigt l’ampleur des problèmes les Bettelheim qu’influenceront brial vient de nous fournir un nium appauvri qui aurait atteint le tionnistes d’extrême droite », et mon- de la Grande Amérique, les titu- théoriques en nous amusant durablement Althusser et la géné- manuel de démocratie pour sai- Pentagone… trant que sur bien des points il a bances de l’Europe ou le réveil sis- d’exemples limpides, de plaisante- ration de 1968), contre une telle son des tempêtes. « Le problème, avec ce genre de las- copié ou « puisé son inspiration » mique de l’Asie orientale, mais ries très anglo-saxonnes, d’aper- irruption de rationalisme qui cons- Alexandre Adler car, écrivent Jean Guisnel et Guillau- dans ces réseaux conspirationnistes sur des modèles beaucoup plus çus voltairiens sur notre monde pirait ainsi en rétablissement de la me Dasquié, c’est qu’ils ont générale- qui prolifèrent outre-Atlantique. Il réduits et pourtant plus ambi- comme il va. Bref, on ne s’ennuie liberté. e Thierry de Montbrial est éditoria- ment une capacité assez stupéfiante reste à en comprendre le succès. tieux, de l’action humaine contem- jamais, mais on s’instruit d’un pro- Car il y a un lien mystique qui liste associé au Monde à vous assommer sous un déluge d’in- « Ces théories diffusées sans raison ni poraine, exactement comme il pos pourtant bien grave. rattache l’extrême machiavélisme formations enchaînées et toutes plus contrôle ont d’autant plus de succès faut, en science, passer par l’ambi- Car il s’agit ici avant tout d’un et l’extrême démocratie : rendre à fausses les unes que les autres, qu’il qu’elles se nourrissent des failles et fai- tion de mathématiques puissan- enjeu de liberté, né dans le marxis- l’action sa dynamique en la démys- devient rapidement impossible de blesses de la démocratie française, tes et paradoxales, pour débou- me occidental : le premier, le tifiant signifie aussi laisser aux for- contrer, sauf à les prendre une à une écrivent Guisnel et Dasquié : nom- cher sur notre monde, avec son grand économiste agricole ces populaires un champ laïcisé et et les décortiquer. » Il s’agit donc de bre d’observateurs l’ont remarqué à big bang, ses supernovae, ses qu’était Nikolaï Kondratiev avait aléatoire à leur action ; la messe trouver l’équilibre entre la discus- juste titre, la percée de Le Pen au pre- quanta neuroniques ou tout sim- tenté d’inscrire le volontarisme n’est pas dite, elle ne l’est jamais. sion de la thèse, qu’il n’y a pas lieu mier tour des élections présidentielles plement la tectonique des plaques bolchevique – qu’il conseillait loya- Un peu de mathématiques peut de refuser a priori, et le refus de s’en- du printemps 2002 s’explique large- ou le réchauffement du climat. lement jusqu’à ce que Staline le intimider les amis de la liberté gluer dans la rhétorique inextingui- ment par le mépris du peuple et l’opa- C’est cette ambition polytechni- mît à mort en 1930 – dans une per- humaine, beaucoup y ramènent, ble de la paranoïa conspirationnis- cité dont s’accommode trop volon- cienne héritière de Cournot et ception adéquate des données car la mathématique moderne est te. C’est en gros ce que réussissent à tiers une partie des élites quelle que d’Henri Poincaré qui anima en objectives. Sans nier l’intérêt de la quantique, elle éclaire le choix en faire Guisnel et Dasquié, l’un journa- soit leur couleur politique (et cela est effet Thierry de Montbrial à planification, il le voulait « généti- le renvoyant à sa précarité, à sa liste au Point, l’autre à Intelligence encore plus vrai, bien sûr, aux Etats- l’égard de nos « sciences nobles » que », partant des données de l’ex- finitude. OnLine, un journal spécialisé en géo- Unis, devenus de ce fait le paradis des de l’activité humaine, économie, périence. Ces idées, devenues C’est cette grande querelle que politique. Ils confortent deux points conspirationnistes). » stratégie, relations politiques et taboues sous la tyrannie stalinien- reprend Thierry de Montbrial, essentiels : la validité des témoigna- Hervé Kempf symboliques. Et dans le grand ne, avaient été recueillies et élar- avec l’intuition du mathématicien, LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002/VII ESSAIS

LIVRAISONS

Savants et spirites à la même table a LE PETIT MANUEL DU FRANÇAIS MALTRAITÉ, de Pierre Bénard Les plus anciens lecteurs du Monde s’en souviennent peut-être : aux origines du journal, ils lisaient chaque semaine, sous les plumes succes- Des travaux de Charcot sur l’hypnose et l’hystérie à l’adhésion de Flammarion au spiritisme, sives d’Albert Dauzat et de Robert Le Bidois, une chronique relative à un problème de langue souvent suggéré par les « fidèles lecteurs » de quelques épisodes sur ce que fut l’engouement des scientifiques pour le paranormal la rubrique. Comme Le Monde, les quotidiens ont renoncé à cette rubri- que. Sauf Le Figaro, qui la confie depuis quatre ans à Pierre Bénard. DES SAVANTS FACE À L’OCCULTE blée la communauté scientifique, ne contribuent à l’intégration des qu’à définir –, désigne un ajuste- Sous la forme d’un joli petit livre illustré par Benoît Jacques, il publie 1870-1940 mais au tournant du siècle une con- phénomènes occultes dans le ment de la pensée à ses objets une bonne part de ses brefs articles, alertement écrits, le plus souvent Sous la direction de Bernadette figuration inédite se met en place, champ de la recherche scientifi- dont les modalités varient d’une lucides, et généralement dépourvus de la morgue puriste qui déparait Bensaude-Vincent associant d’un côté des scientifi- que. discipline à l’autre, les leçons parfois les propos de ses prédécesseurs. Il a même un sourire d’appro- et Christine Blondel. ques et de l’autre des médiums, Un espace d’investigation et de tirées de cet épisode singulier de bation à l’égard d’un néologisme « libérateur », par exemple malbouf- La Découverte, 232 p., 17,5 ¤. des somnambules, des voyantes et discussion se constitue, où se croi- l’histoire des sciences seraient fe. L’évolution de la langue, par les temps qui courent, s’accélère. Les des sourciers. Convaincus d’avoir sent les intérêts de la culture popu- recevables. Mais pourquoi préten- observations de Pierre Bénard prendront leur place, modeste, mais réel- AINSI S’ACHÈVENT découvert un nouvel état de la laire et de la culture savante. Cet dre que le désintérêt de nombreux le, dans la description de cette évolution (Seuil, 240 p., 15 ¤). M. Ar. LES EXPÉRIENCES matière, nourris de l’espoir d’une ouvrage collectif présente quel- scientifiques pour l’occultisme La place des expériences réconciliation de la science et de la ques épisodes marquants de ce après la Première guerre mondiale a LE JOUR OÙ LACAN M’A ADOPTÉ, de Gérard Haddad dans la physique du xxe siècle religion, les spirites proposent une phénomène culturel, des travaux exprime un durcissement dogmati- Sous-titré « récit », ce livre raconte l’histoire d’une analyse et d’une de Peter Galison. approche expérimentale de la com- de Charcot sur l’hypnose et l’hys- que de la science ? Fondée en passion confondue. Juif né en Tunisie, ingénieur agronome de forma- Traduit de l’anglais munication entre les esprits. térie à l’adhésion de Camille Flam- 1930, l’Union rationaliste, ironise tion et versé dans l’étude du Talmud, Gérard Haddad a commencé par Bertrand Nicquevert, marion au spiritisme, de l’examen Bernadette Bensaude-Vincent, une cure avec Jacques Lacan en 1969. Puis il est devenu lui-même psy- La Découverte, 332 p., 30 ¤.    du somnambule Alexis Didier par dénonce les fausses sciences avec chanalyste. C’est donc ce parcours, marqué par un puissant transfert A l’époque, la science ne man- l’illusionniste Jean-Eugène Robert- la passion que mettent les radies- sur la personne de l’auteur des Ecrits, qu’il détaille jusqu’à la mort du a scène se passe à la Villa que pas de mystère, en particulier Houdin à celui des prouesses thésistes à faire reconnaître leurs maître en 1981 et sa rupture avec le gendre et légataire de celui-ci, Carmen, à Alger, au domi- dans le domaine des relations d’Eusapia Palladino, médium ita- croyances. Le parallèle entre les Jacques-Alain Miller. Ce récit vivant et bien mené aurait beaucoup cile du général Noël, en entre la matière et les rayonne- lienne à effets physiques, par la modes de fonctionnement des gagné à ne pas comporter quelques considérations déplaisantes gui- 1905. Le physiologiste ments. Baptisés « rayons X » par le docte assemblée des membres de scientifiques et ceux des spirites dées par le ressentiment – notamment envers la biographe de Lacan, LCharles Richet, qui obtiendra le physicien allemand Rœntgen – l’Institut général psychologique. ne peut pourtant être maintenu notre collaboratrice Elisabeth Roudinesco. Ce comportement semble prix Nobel en 1913, séjourne pour qui les découvrit tout en ignorant Les fraudes éhontées et les expé- jusqu’au bout, pour la simple rai- hélas fréquent dans le milieu analytique (Grasset, 374 p., 20 ¤). P.K. la seconde fois à Alger, invité par leur nature –, des rayons étranges riences troublantes se succèdent, son que les sciences, et en particu- le général et par son épouse, qui se traversent la matière. En marge puis, dans les années 1910-1930, lier la physique, progressent à un a HISTOIRE DES ANTILLES FRANÇAISES (XVIIe-XXe siècle), de Paul Butel fait appeler Carmen ou Carmenci- de l’exposition universelle de le phénomène culturel s’étiole, et rythme soutenu au cours du pre- La vogue des commémorations reste curieusement sélective. On ta. La générale est férue de spiritis- 1900, Pierre et Marie Curie présen- le spiritisme se scinde en deux mier tiers du XXe siècle, contri- ne peut pas dire que la catastrophe qui détruisit Saint-Pierre, capita- me. Elle se croit la réincarnation tent une intense lueur jaillie d’un branches, « rejetant dans le domai- buant ainsi à la marginalisation le commerciale de la Martinique, par l’éruption de la montagne Pelée d’une princesse hindoue dont, il y sel de radium. Intrigué par le spiri- ne du parareligieux la communica- théorique de ce qui peut alors, légi- le 8 mai 1902, ait beaucoup mobilisé jusqu’ici ; et que dire du bicente- a trois cents ans, le prince Bien- tisme, Pierre Curie adhère au tion avec les esprits, et dans le timement, être tenu pour une faus- naire de la reddition du héros noir Toussaint Louverture, qui fit voter Boâ était tombé follement amou- Groupe d’étude des phénomènes domaine de ce qu’on commence à se science. la Constitution autonomiste de Saint-Domingue avant de céder à la reux. L’esprit du prince apparaît psychiques, et entend examiner appeler la “parapsychologie”, l’étu- Dans sa monumentale et érudi- remise au pas consulaire (6 mai 1802), ou, plus terrible encore, celui régulièrement à la générale grâce à scientifiquement les médiums. de scientifique des phénomènes psy- te analyse de la place des expérien- du rétablissement de l’esclavage aux colonies par Bonaparte le Marthe Béraud, la médium favori- « La magie sort des laboratoires », chiques tels que la télépathie. » ces dans la physique du XXe siècle, 17 mai 1802 ? Loin de tout opportunisme, Paul Butel livre avec bon- te de la Villa, Bien-Boâ se « maté- assurent Bernadette Bensaude- Peter Galison s’interroge sur heur une synthèse dense et pertinente sur les Antilles françaises rialise », et Carmen peut toucher Vincent et Christine Blondel. Les   ’ l’achèvement des expériences. – Saint-Domingue comprise donc jusqu’à la naissance d’Haïti, en son fantôme et se laisser embras- frontières de l’impossible recu- Quelles leçons tirer de cet efface- Comment la décision de mettre 1804 – où ces épisodes peu célébrés trouvent une juste place. Conçu ser presque à chaque séance… Le lent. « Trois sciences, écrivent- ment ? Les perspectives épistémo- un terme à une recherche inter- avec la rigueur d’un cours, cet essai qui s’achève à l’âge de la départe- 26 août 1905, Richet tend la main elles, jouent un rôle déterminant logiques ouvertes par les auteurs vient-elle ? L’exemple du muon, mentalisation (1946) est indispensable pour comprendre sans simplis- vers le rideau qui le sépare du cabi- dans le déclenchement de la vague ne sont pas toutes convaincantes. une particule dont la masse est me un destin historique à réévaluer (Perrin, « Pour l’histoire », net à matérialisations. Bien-Boâ d’investigations de phénomènes Pour Bernadette Bensaude-Vin- intermédiaire entre celle de l’élec- 440 p., 23 ¤). Ph.-J. C. saisit sa main et la serre avec force. extraordinaires : la psychologie, la cent et Christine Blondel, l’intérêt tron et celle du proton, lui permet Richet est convaincu. Le 9 octobre physiologie et la physique. » La psy- des scientifiques pour les phéno- de décrire le moment de conver- a À L’ENSEIGNE DU GRAND SALON, de Gilles Ragache 1905, dans un article du Figaro,il chologie expérimentale naissante mènes occultes est une marque gence des chercheurs qui con- Enquête sur la Maison Ragache, maison de restauration et de divertis- écrit : « Au risque d’être regardé étudie le sommeil, le rêve, l’hypno- d’ouverture et d’esprit critique. En cluent en 1937 à l’existence d’une sement, spécialisée dans les « noces et festins », sise à la barrière de par mes contemporains comme un se et l’hystérie. Le somnambulis- saluant ainsi la liberté d’esprit des nouvelle particule, rendant du Sèvres, aux confins du village de Vaugirard, depuis le XVIIIe siècle (Fra- insensé, je crois qu’il y a des fantô- me et les facultés excentriques savants engagés dans le dialogue même coup « un verdict sur les ins- gonard fête son mariage comme tant d’autres au Grand Salon), jusqu’à mes. » des médiums entrent logique- avec les médiums, les auteurs fusti- truments, sur les expériences, sur 1885, date à laquelle l’énorme bâtisse fut rasée pour percer la rue des Si la crédulité de Richet est ment dans son champ d’étude. La gent l’étroitesse d’esprit de ceux les théories de haut niveau et sur Volontaires, entre les rues Blomet et Lecourbe. Tentative d’archéologie exceptionnelle, son intérêt pour physique et les techniques nouvel- qui prennent leurs distances. S’il les modèles spécifiques. » A des milieux urbains disparus sans laisser de trace visible, ce court travail les phénomènes métapsychiques les de transmission à distance des s’agissait seulement de rappeler, l’inverse, les amateurs de siences célèbre un point de ralliement des maîtres imprimeurs et ouvriers typo- est partagé par de nombreux paroles et des pensées par le télé- après Thomas Kuhn, que les prati- occultes répètent compulsive- graphes dès 1843 (la statue de Gutenberg, due au ciseau de David d’An- savants. Le mouvement spirite phone et la télégraphie sans fil dis- ques scientifiques ne sont pas ment des expériences cocasses et gers trôna au Grand Salon à l’heure des banquets républicains) dont la français, fondé par Allan Kardec posent à l’examen de la sugges- dénuées de conservatisme, ou de peu probantes. Les tables tour- vogue ne résista qu’un temps à l’absorption par la ville de ses faubourgs en 1857, a connu un immense suc- tion mentale et de la tépépathie. relever que la démarche expéri- nent sans fin. dès le Second Empire. Précieux (éd. Charles Hérissey[15, rue Saint-Tho- cès populaire sans interpeller d’em- Enfin, la physiologie et la médeci- mentale – plus aisée à invoquer Jean-Paul Thomas mas 27000 Evreux], « Mémoire de Paris », 180 p., 18 ¤). Ph.-J. C. Le discours Ces Français du Japon Salles des ventes, côté coulisses comme objet A travers quelques figures célèbres, Christian Après avoir décodé les us et coutumes des ventes aux enchères, scientifique Polak retrace 50 ans d’échanges franco-japonais Vincent Noce revient sur quelques affaires qui ont défrayé la chronique

DICTIONNAIRE D’ANALYSE SOIE ET LUMIÈRES élan de desperado, va résister aux for- DESCENTE AUX ENCHÈRES du le fil des différents rebondisse- l’auteur nous semble relever de la DU DISCOURS L’âge d’or des échanges ces réformatrices et se lancer dans le Les coulisses du marché de l’art ments auxquels elles ont souvent catégorie des moralistes. Si les Sous la direction franco-japonais des origines projet voué à l’échec de création de Vincent Noce. donné lieu. En particulier, avec erreurs, parfois grossières, des de Patrick Charaudeau aux années 1950 d’une république à Hakodate (Hok- Ed. J.-C. Lattès, 432 p., 20 ¤. l’entrée en scène de la justice et commissaires-priseurs, experts ou et Dominique Maingueneau. de Christian Polak. kaido). Ce sont encore le téméraire de longues procédures, assez fré- marchands – quand ce n’est pas Seuil, 666 p., 30 ¤. Hachette/Fujingaho, diplomate Léon Roches, le juriste epuis toujours, l’opaci- quemment émaillées de décisions leur franche malhonnêteté – sont 226 p., 35 ¤. Boissonade, les entrepreneurs – té des transactions contradictoires, il est souvent crûment mises en lumière au cours ela se passait il ya une bon- Léonce Vernyqui, à la demande des constitue un trait bien difficile de retenir le fil des des affaires rapportées au fil des ne quarantaine d’années : ichement illustré de repro- Japonais, va fonder les premiers majeur du marché de événements. Les synthèses, clai- pages, l’indignation est toujours la linguistique découvrait ductions d’estampes, de chantiers navals, l’obstiné ingénieur Dl’art. Parmi les différents modes res et pédagogiques, mais égale- retenue, mêlée d’humanisme, et qu’au-delà de la phrase il y photographies anciennes François Coignet, qui sera à l’origine d’échange, les ventes aux enchè- ment pleines d’humour, que pré- elle prête à sourire. Les débats d’ex- Ca le « discours », c’est-à-dire cette et de documents d’époque de l’industrie minière… res, publiques, se caractérisent sente Vincent Noce sont donc par- perts sont ainsi rendus avec une face productive du langage, qui, à inédits,R ce livre traite d’un sujet peu D’amusantes estampes dues à des toutefois par une transparence ticulièrement bien venues et dissi- plume gourmande. Le lecteur sera tout instant, construit et reconstruit connu : le rôle de la France dans la artistes japonais de l’époque nous qui tranche avec les ventes pri- pent le brouillard qui a bien sou- sans doute frappé par l’extrême le sens et le lien social. Cette décou- modernisation du Japon depuis le restituent l’image qu’offraient les vées. Pourtant, même dans le cas vent fini par recouvrir certaines bienveillance de la justice envers verte, bien sûr, n’était pas une nou- milieu du XIXe siècle. Fruit d’un Français aux autochtones. Le carica- des premières, l’information n’est affaires, quand elles ne tordent les commissaires-priseurs plus veauté absolue. Mais la rhétorique a patient travail de collection de docu- turiste George Bigot (1860-1927) a jamais parfaite et l’accès privilé- pas le cou aux idées reçues. La qu’envers tout autre type d’acteurs souffert à la fois de son aspect pres- ments, de journaux de voyage, de pour sa part épinglé avec un talent gié à celle-ci constitue une res- meilleure illustration de cette qui ont été associés aux différentes criptif et de sa limitation à certains vieilles lettres, d’albums de photogra- éblouissant les traits – et les travers – source déterminante pour les démarche est sans doute l’affaire affaires ayant touché le marché de types de discours. Quant aux avertis- phies jaunies et d’ouvrages, amassés des Japonais. Victime de la censure acteurs. du Jardin à Auvers, de Vincent l’art. sements de Saussure, pour qui «la au cours de longues années de impériale, il quitta en 1899 le Japon Si l’ouvrage constitue en partie Van Gogh, dont l’authenticité L’ouvrage relève, en effet, de langue n’est créée qu’en vue du dis- recherche érudite qui font de après yavoir résidé près de vingt ans. une initiation à l’univers des ven- s’est trouvée gravement entachée multiples cas de manquements aux cours », ils étaient très bizarrement l’auteur le meilleur spécialiste de cet- Presque inconnu en France, Bigot tes aux enchères, puisqu’il présen- par une campagne de presse dont règles professionnelles les plus élé- occultés par une doxa qui ne jurait te question, Christian Polak sait faire est immortalisé par les manuels sco- te tout d’abord celui de l’hôtel Vincent Noce fait apparaître les mentaires et même à la loi qui que par la langue et son système. revivre une époque oubliée à travers laires nippons dans lesquels sont Drouot, ses acteurs et les usages faiblesses. n’ont été sanctionnés ni par les A partir de la fin des années 1950, quelques figures, célèbres ou non, reproduites ses caricatures. qui yont cours, il vient également A l’issue de la lecture du chapi- chambres de discipline ni par les tri- le mouvement d’extension est enclen- parmi ceux qui formèrent la premiè- A la fin de cette promenade très utilement révéler le dessous des tre consacré à cette affaire, il res- bunaux, comme, pour donner un ché. L’article fondateur de Zellig re communauté française d’un Japon visuelle à travers le Japon suranné cartes en revenant sur certains épi- sort que les jugements négatifs seul exemple, le faux en écritures S. Harris sur « L’analyse du dis- qui s’ouvrait à l’étranger après deux des premiers Français, le lecteur ne sodes qui ont défrayé la chroni- qui ont été émis sur cette œuvre publiques. Toutefois, le livre ne cours » paraît dès 1952. En 1959, Ben- siècles et demi de fermeture. peut que s’interroger sur l’itinéraire que. Journaliste au quotidien Libé- ont été pour le moins hâtifs et dis- dérive jamais vers la dénonciation veniste met le concept d’énonciation Ce sont bien sûr d’abord des mis- de ces hommes et de ces femmes par- ration depuis de nombreuses cutables, même si toute l’agita- de l’ensemble des professionnels. au centre de sa réflexion, notamment sionnaires : le père Forcade, qui tis à « l’autre bout » du monde. En années, spécialiste du marché de tion qui s’est manifestée fait Si certains noms ont été associés à dans l’illustre distinction des deux débarqua en 1844 à Okinawa, au sud évoquant ces vies aventureuses pour l’art, Vincent Noce a suivi les affai- qu’aujourd’hui encore bien des des affaires suffisamment graves « registres » de l’histoire et du dis- de l’archipel encore fermé, sur les bri- leur époque, Christan Polak ouvre res de la toute fin du XXe siècle, familiers du marché de l’art tien- pour que le lecteur avisé soit bien cours. En 1966 paraissent la Sémanti- sées d’un autre missionnaire, Guillau- une page peu connue de l’histoire lorsqu’il n’a pas été lui-même à nent, très vraisemblablement à inspiré de s’abstenir de recourir à que structurale de Greimas et Les me Courtet, le premier Français à nationale dont son extraordinaire l’origine de certaines des plus tort comme le fait apparaître leurs services, il est également nota- Mots et les choses, de Michel Foucault, avoir foulé le sol nippon et qui y bibliothèque, qui contient la collec- retentissantes d’entre elles en s’ins- l’auteur, le tableau pour douteux. ble que d’autres professionnels ont avant L’ordre du discours, en 1971. De avait été martyrisé en 1637. Mais ce tion la plus complète d’ouvrages et crivant dans la grande tradition du su éviter ces écueils. L’éclairage ain- son côté Michel Pêcheux cherche obs- sont aussi les soyeux de Lyon qui d’œuvres iconographiques sur le thè- journalisme d’investigation.  si donné sur les coulisses du mar- tinément à articuler analyse du dis- ouvrirent les échanges commerciaux me des premiers voyageurs au L’un des principaux intérêts de Constitué de trente-quatre ché de l’art est donc salutaire et il cours et théorie du discours. avec la France. C’est encore le capitai- Japon, recèle encore bien des l’ouvrage tient en ce qu’est courts chapitres qui se lisent avec apportera autant à l’amateur déjà On se trouve aujourd’hui au sein ne Brunet qui, avec une poignée d’of- trésors. reconstitué le cours d’affaires facilité et plaisir, l’ouvrage est par bien introduit dans cet univers d’une « discipline carrefour » qui ficiers français et des soldats du sho- Philippe Pons dont les échos se sont très sou- ailleurs parfaitement édifiant. qu’au simple curieux désireux d’en intègre des dimensions sociolo- gun dont le régime s’effondre, vent répercutés sur de nombreu- Caché derrière un amusement et savoir davantage sur les dessous giques, psychologiques, anthropo- répond à l’appel de ses anciens élè- e Edition bilingue, française et ses années, donnant parfois un détachement apparents face des ventes aux enchères. logiques, etc. Un dictionnaire s’impo- ves de la première mission militaire japonaise, Soie et Lumières est matière à des interprétations con- aux faiblesses humaines, dont le Alain Quemin sait donc, en dépit de l’ inévitable française au Japon (arrivée à la disponible à Paris à la librairie Oriens, tradictoires des commentateurs, marché de l’art constitue une effet de patchwork. demande du gouvernement pour 10, boulevard Arago, 73013. tant et si bien que le lecteur ama- remarquable arène et qui apparais- Alain Quemin enseigne à l’université Michel Arrivé moderniser son armée) et, dans un [email protected] teur d’art aura le plus souvent per- sent constamment dans l’ouvrage, de Marne-la-Vallée LATTS (CNRS) VIII/LE MONDE/VENDREDI 26 JUILLET 2002 SUR LA PISTE DE DUMAS

Dernier volet de notre série : En 1860, Alexandre Dumas arrive à Naples avec Garibaldi. Il vit comme un prince et travaille Alexandre, comme un forcené à son dernier grand roman et à un journal au titre qui lui va bien : « L’Indipendente » roi de Naples

palmier qui se hisse au-dessus des plombe un jardin. C’est sans doute avec l’un des écrivains qui en a le comprendra un article de fond, les mois, en expliquant à ses lecteurs murailles. De ce lieu, il va faire sur- cette maison décrite par Dumas, mieux parlé ? Après le séjour nouvelles étrangères, les dépêches qu’il est rentré en France pour gir son dernier grand roman, La « communément appelée à Naples réjouissant de 1835, l’installation télégraphiques transmises par agen- « faire de nouveaux romans pour San Felice, un monument «à la la Maison du palmier, parce que, de Dumas en 1860 a été plutôt diffi- ce, une correspondance française et payer les dettes des journaux ». gloire du patriotisme napolitain et à dans le jardin de cette maison, un élé- cile. La ville regarde avec méfiance une italienne. » Il promet des arti- Mais le journal lui sert aussi à pré- la honte de la tyrannie bourbonien- gant individu de cette famille pana- cet étranger qui bénéficie de tant cles de mode et bien sûr la publica- parer ses romans, et surtout La lexandre Dumas ne », évoquant la République de che au-dessus d’un dôme d’oran- d’honneurs. On le traite pour se tion de ses œuvres en feuilleton. Il San Felice. Il publie de nombreu- sort sur la terrasse du palais de 1799, quand le souffle de la Révolu- gers, tout constellés de leurs fruits moquer de « roi de Naples ». « Cet- annonce aussi des lettres qu’il rece- ses lettres historiques du roi, de la AChiatamonte. Il est chez lui. Il tion française arrive à Naples. Il d’or, et qu’il domine des deux tiers te décision produisit un grand scan- vra de Lamartine, Hugo, Michelet, reine, de Nelson, qui sont les per- contemple la baie. « J’étais là, au commence à écrire le jour de son de sa hauteur ». L’auteur du livre, dale à Naples. Les journaux se récriè- etc. (« Je n’ai pas de secrets pour sonnages de sa grande fresque, centre du golfe de Naples, au cratè- anniversaire, le 24 juillet. Giancarlo Alisio, l’identifie comme rent ; un d’eux me reprocha de me mes lecteurs »). Mais ce n’est pas un qui se met en place. Ce sont de re d’or, au milieu des grenadiers, La maison a disparu. Pas de tra- le palais Caracciolo. C’est là que le faire garder comme un roi par la journal à la gloire de l’auteur. véritables scoops (« Un des grands des orangers et des lauriers-roses, ces de palmier entre le Casino du héros du roman Salvato, blessé par Garde nationale. » Pis encore, il a le Dumas affiche des ambitions de défauts de la presse contemporaine ayant devant ma porte une terrasse roi et la Fontaine du lion, où les sbires de la reine Marie-Caroli- droit de chasse dans les jardins journaliste. Il veut « contribuer à est d’accorder trop d’importance d’où mon regard embrassait tout ce Dumas situe précisément le jar- ne, est recueilli par la San Felice et royaux de Capodimonte, le grand l’embellissement, l’agrandissement aux événements de chaque jour et golfe merveilleux depuis le cap Misè- din. De nouveaux immeubles, de que va se nouer l’histoire d’amour. parc qui domine la ville. De bonnes et la salubrité de la ville, et à la pro- de ne pas voir assez d’où vient le ne jusqu’au cap Campanella ; c’est nouvelles rues. Le palais et son pal- Deux cents ans plus tard, il y a enco- âmes s’en inquiètent auprès de gression de l’instruction, de l’art et passé et où va l’avenir. ») Il rencon- que j’avais devant moi, au milieu de re un attroupement noctur- Garibaldi : « On vint lui dire que du bien-être public. Nous ne ferons tre les survivants de cette période. ce miroir bleu de la Méditerranée, a Alain Salles ne, sur Mergellina, avec j’avais chassé deux fois à Capodimon- Capri, comme une tache sombre, au carabiniers et gyrophares, te, que j’avais emporté mon gibier sommet de laquelle il me semblait, mier ont été sacrifiés, comme le mais c’est un accident de Vespa. dans une charrette et que j’avais tout « Le journal que va fonder mon ami Dumas la nuit, voir errer le spectre du vieux palais de Chiatamonte, aux pro- Historien de l’architecture, Gian- tué, poules et poussins. » (3) Tibère ; c’est que j’avais à ma gau- grammes de rénovations immobi- carlo Alisio connaît Naples par Dumas n’est pas seulement venu portera le beau titre d’“Indépendant”, che le Vésuve fumant toujours, en lières. Main basse sur la ville. Il cœur. Homme d’un certain âge, élé- pour la dolce vita mais pour se met- flammes quelquefois (…) ; c’est que faut remonter le temps ou penser gant, il n’a rien d’un rat de biblio- tre au service de Garibaldi. Les qua- et il méritera d’autant mieux ce titre j’avais à ma droite Mergellina, Pau- que le lieu où Dumas fait vivre thèque, mais plutôt d’un flâneur de tre années passées à Naples sont silippe. » (1) son héroïne, Luisa San Felice, est la ville, qui se promène dans l’espa- peu connues. Dumas travaille. qu’il frappera sur moi tout le premier, Il connaît la ville par cœur, ses purement imaginaire. Heureuse- ce et dans le temps, capable de Tous les jours, comme un forcené, dédales, son histoire. Il l’a visitée ment, comme le remarque situer le moindre palais sur une car- qui sait aussi profiter de la bonne si je m’écarte de mes devoirs d’enfant en passager clandestin en 1835. En Raffaele La Capria, « on ne trouve te. Il s’engage dans la minuscule chère, de la chair d’Emilie Cordier, quelques semaines, il sillonne dans aucune autre ville que Naples rue Alexandre-Dumas et déniche puis de celle de la cantatrice Fanny du peuple et de soldat humanitaire. » Naples en corricolo – de nos jours, un culte aussi obsessionnel du pas- derrière un immeuble d’apparence Gordosa. Sans négliger les il voyagerait en Vespa – et en sé. Une littérature florissante lui est anodine et plutôt délabrée deux gazouillis de sa dernière fille Garibaldi revient avec un récit de voyage du consacrée (…) nourrie par une colonnes néoclassiques, dernier Micaëlla. Il est rivé à son quotidien même nom, qui reste aujourd’hui armée de rats de bibliothèques et vestige du palais de Chiatamone. qu’il écrit aux trois quarts. La collec- aucune opposition systématique, Il fait ainsi la nécrologie de Niccoli- encore un excellent guide (éd. Des- de librairie, presque plus nombreu- La via Alessandro Dumas semble tion complète est conservée à la nous n’accuserons qu’avec suffisam- no Caracciolo, qui est l’un des pro- jonquères). Vingt-cinq ans après, se que celle qui fréquente les sous- bien petite quand on songe aux mil- Bibliothèque de Naples. Le 11 octo- ment de preuves ». tagonistes du livre : « Il habitait au il n’a pas besoin de se cacher de la sols de la ville » (2). lions de mots que l’écrivain a consa- bre 1860, paraît le premier numéro L’Indipendente aura une influen- Pausilippe où nous sommes allés police. Il arrive en 1860 avec Gari- Et voilà que la maison du palmier crés à la ville. La seule enseigne de L’Indipendente. Dumas met en ce sur la presse italienne. Au siège l’interroger sur le temps passé. » baldi qui l’installe dans un palais surgit d’un livre. Une gravure du lumineuse de la rue annonce un exergue une citation de Garibaldi : du Corriere della sera, à Milan, le Progressivement, il met en pla- royal, en tant que directeur des peintre russe Tchedrine montre le Sexy Club Femina, comme un clin « Le journal que va fonder mon ami visiteur est accueilli par le buste du ce ce roman, qui lui tient à cœur. musées et des fouilles. Il crée un quartier de Mergellina avec l’église d’œil et un hommage au roman et Dumas portera le beau titre d’Indé- fondateur, Eugenio Torelli Violler, La San Felice est un hommage à quotidien au titre qui lui va bien : Santa Maria del Parto et au milieu aux amours de Lady Hamilton pendant, et il méritera d’autant un Napolitain, qui a commencé sa son père. Le général Dumas ren- L’Indipendente. de l’image, un magnifi- avec la reine Marie- mieux ce titre qu’il frappera sur moi carrière à L’Indipendente. Le philo- trait d’Egypte quand il a été fait Sous les chênes verts de sa ter- que palmier Caroline. Naples tout le premier, si je m’écarte de mes sophe et historien Benedetto Croce prisonnier par les Bourbons, au rasse, il regarde, à sa droite, au qui sur- est-elle ingrate devoirs d’enfant du peuple et de sol- estime que « le journal traitait de moment où se déroule le livre. Il loin vers le quartier de pêcheurs dat humanitaire. » façon brillante de toutes les ques- est rentré très affaibli en France. de Mergellina. C’est l’été 1863. Il Alexandre Dumas fixe le pro- tions qui concernaient l’Italie méri- Cela ne l’empêche pas de donner va bientôt avoir 61 ans, il entre gramme dans son premier édito- dionale ». Il rend hommage à ce la vie à Alexandre Dumas, avant dans « l’adolescence de la vieilles- rial : « Sa devise politique sera : journal, certes « plus garibaldien de mourir, trois ans après. Il y a se ». Là, il rêve en contemplant Italia una ; Rome et Venise que Garibaldi », mais avant tout dans les 1 600 pages de ce roman, un beau palais, en contrebas réunis à l’Italie ; Victor- « écrit par un étranger et un roman- dans cet amour pour Naples, une de l’église Santa Maria del Emmanuel et Garibal- cier, qui ne représentait aucun façon de rendre justice à son père. Parto, dressée face à la di ». Le menu : groupe ou force politique et aucun Dumas se sent vieillir. Il s’est fait mer. Il en distingue sur- « Chaque jour, courant d’intérêts » (4). berner par un escroc qui se présen- tout le jardin et le grand notre journal Le bouclage est parfois difficile. tait comme le prince Skanderberg. Les premiers numéros paraissent, Il était déjà prêt à prendre les avec les trois N de Indipendente, armes, comme à la grande époque placés à l’envers. Le journal est de Garibaldi. Il rentre à Paris. écrit en français, puis traduit instan- Avec La San Felice, il pense repar- tanément. Ce qui pose quelques tir à la conquête de la capitale. La problèmes. Le numéro 3 comporte parution est bien accueillie, mais un magnifique Erratum : « Quand le temps du feuilleton est révolu. j’écris dans un journal français, j’ai Il n’oublie pas son journal. Il un ennemi, mon prote. Quand j’écris envoie quelques dépêches de dans un journal italien, j’en ai deux, Paris. L’Indipendente porte la mon prote et mon traducteur. » Plus mention « Journal d’Alexandre tard il expliquera que les coquilles Dumas » jusqu’à sa mort. En sont dues aux délais de traduction, décembre 1870, les rédacteurs qui font que « le journal est corrigé signent collectivement un dernier à deux heures du matin, quand les hommage : « Notre grand et cher correcteurs et les compositeurs s’en- maître, le créateur et le fidèle et dorment sur la table de montage ». constant inspirateur de L’Indepen- Il revendique 6 000 exemplaires. Il dente a cessé de vivre. » A Naples, offre à ses abonnés une sélection Dumas a connu le bonheur et la de ses romans. tristesse du roi. Il bataille, ferraille avec sa plu- me : « Je viens d’un pays où ce nom (1) Histoire d’un lézard (Mercure de d’indépendant serait un titre de pros- France), préface de Claude Schopp cription. La liberté de la presse avec qui a réalisé, entre autres, l’édition de tous ses excès vaut mieux que la cen- La San Felice (Gallimard, « Quarto »). sure avec toutes ses répressions. » Il Fayard vient de publier une version dénonce les fléaux de Naples. « S’il augmentée de son Alexandre Dumas est un pays où les assassinats sont fré- (630 p., 30 ¤). quents, c’est Naples. S’il est un pays (2) L’Harmonie perdue (éd. L’Inven- où ils restent impunis, c’est Naples. » taire, 2001). Il explique un jour qu’il a reçu deux (3) Viva Garibaldi ! (Fayard, voir « Le menaces, l’une du parti Bourbon, Monde des livres »du 21 juin). l’autre, « on ne sait de quel parti ». (4) Croce consacre un chapitre à Les Bourbons laissent entendre « Dumas a Napoli », dans Uomini e que « si on continue l’histoire des cose della vecchia Italia (Laterza). Bourbons, ils ne nous laisseront pas la peau ». L’autre parti qui ne dit pas son nom, la Camorra, fait com- a À NOS LECTEURS prendre que « si on continue à « Le Monde des Livres »s’inter- publier les assassinats qui se commet- rompt jusqu’au 23 août. Chaque tent à Naples, nous pourrons par jeudi, les lecteurs pourront retrou- anticipation annoncer le nôtre ».Un ver une sélection de critiques sur journal l’accuse de « dilapidation www.lemonde.fr/livres d’argent public ». Il reproduit l’arti- cle tout en annonçant un procès a RECTIFICATIF pour diffamation et calomnie et en Le romancier Miklos Banffy a demandant « une réparation person- été ministre de la Hongrie et non nelle par la voie des armes ». Peu de de l’Empire austro-hongrois, temps après, il est sous la menace comme nous l’indiquions dans la d’une arrestation à cause d’une loi légende accompagnant son por- contre les duels. trait dans « Le Monde des livres » Il interrompt le journal quelques du 19 juillet. . .-. 