L'assemblée Wallonne 1912-2012, Premier Parlement
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
L’Assemblée wallonne 1912-1923 Premier Parlement de la Wallonie ? Volume publié avec le soutien du Parlement wallon Que soient remerciés celles et ceux qui ont contribué à l’aboutissement de cette recherche : Philippe Destatte, Marie Dewez, Micheline Libon, Fabrice Meurant- Pailhe, Vinciane Pirenne, Gérald Purnelle. À propos de la couverture e L’Assemblée wallonne à l’issue de sa VII session, à l’hôtel de ville de Liège (27 avril 1919) – Photo Immel – Coll. Musée de la Vie wallonne. Au pied de l’escalier de la cour intérieure, à l’arrière de la « Violette », on reconnaît, assis, à gauche Jules Destrée, à droite, Joseph-Maurice Remouchamps. Entre les deux, Auguste Doutrepont et Charles Magnette. À la gauche de Destrée, Richard Dupierreux. Derrière, debout, on trouve de droite à gauche, Max Pastur, X, Charles Gheude, peut-être François André, Fernand Mallieux, Jean Roger, X. On reconnaît encore Émile Jennissen, debout devant l’escalier, et Léon Troclet, juste au-dessus, appuyé sur la rampe. Tout en haut de l’escalier, Edmond Schoonbroodt et, peut-être, devant lui Émile Buisset. Paul DELFORGE L’Assemblée wallonne 1912-1923 Premier Parlement de la Wallonie ? Institut Destrée Namur – Wallonie 2013 Préface Aux racines de la démocratie wallonne En cette fin d’année 2012, un siècle précisément après la naissance de l’Assemblée wallonne, la mise en œuvre d’une sixième réforme de l’État est en cours et un important transfert de compétences va renforcer signi- ficativement le poids des régions au sein de l’État belge. Avec le concours de tous les partis francophones, l’aspiration à un ré- el pouvoir régional se concrétise donc progressivement et les compéten- ces du Parlement wallon seront demain plus importantes qu’aujourd’hui et sans doute moins qu’après demain. L’accueil de ces compétences nouvelles constitue pour la Wallonie un véritable défi qui s’inscrit dans les pas de ses accroissements successifs d’autonomie depuis la reconnaissance institutionnelle de l’existence des Régions en 1970 et via les réformes de l’État de 1980, 1988 et surtout 1993. Fondamentalement, il s’agit de mettre en place une société wallonne correspondant davantage aux vœux de ses habitants et nous ne pouvons réduire ce défi à de froides questions institutionnelles. Au contraire, ce transfert de compétences prend son sens dans la mesure où il permet de répondre mieux aux enjeux de notre temps, de partager durablement une prospérité à réinventer, de réveiller l’espoir en donnant toute sa place à la participation démocratique… Dans cette perspective, l’élection directe des députés wallons depuis mai 1995 a réduit la distance entre le citoyen et la prise de décisions mais, face au gouvernement, face aux instances de l’Europe, face aux institutions financières, face aux multinationales…, chacun est en droit de s’interroger sur le rôle moteur des Parlements, dont celui qui se situe à Namur, et plus largement, sur la vitalité de la démocratie parlementaire et sa capacité à faire participer les citoyens à un ensemble de valeurs et de projets communs. Si ces questions se posent aujourd’hui avec une acuité particulière, elles n’en sont pas moins séculaires. Il y a un siècle, Jules Destrée publiait sa retentissante Lettre au roi dont on ne retient généralement que la formule : « Sire, il n’y a pas de Belges ! ». Mais le titre complet de la lettre adressée au jeune Albert Ier 8 Préface était en soi tout un programme : Lettre au roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre. Les modalités de cette « séparation administrative » n’étaient pas fixées et Jules Destrée confia le soin de définir le projet des Wallons à une assemblée représentative de toutes les composantes politiques et géographiques de la Wallonie. L’initiative inédite témoigne notamment du fait que l’on aurait tort de croire que les revendications d’ordre insti- tutionnel sont récentes et le seul fait des partis politiques flamands. Cette Assemblée wallonne dut affronter les critiques de son temps, avant d’émerger et de se concrétiser. D’autres que Jules Destrée ont présenté, tout au long du XXe siècle, divers projets d’organisation fédéra- le de la Belgique, où, toujours, une région wallonne disposait de son propre gouvernement et de son propre parlement. Aucun de leurs projets ne correspond à la situation exacte que nous connaissons aujourd’hui, mais tous ont contribué au changement, à l’émancipation politique, économique, sociale de la Wallonie, à la prise de responsabilités par les Wallonnes et les Wallons, au profit des Wallonnes et des Wallons. Les nouvelles compétences qui seront bientôt transférées s’inscrivent dans la continuation de cette aspiration à plus d’autonomie et déplaceront davantage le centre de gravité de la prise de décision du Parlement fédéral vers le Parlement wallon. De nouveaux défis nous attendent donc qui ne doivent pas nous effrayer, mais, au contraire, nous porter à mieux définir ce que, collectivement, nous voulons faire de la Wallonie au XXIe siècle. Notre passé éclaire le chemin à venir, et nos racines irriguent notre action présente. À l’heure où se profilent ces nouveaux chantiers, il n’est pas inutile de nous souvenir des premiers combats, des revendications initiales et des débats qui animaient déjà l’Assemblée wallonne de 1912. De manière frappante d’ailleurs, les enjeux d’hier et les arguments des uns et des autres ne sont pas si éloignés de ceux d’aujourd’hui et les questions politiques les plus essentielles touchent aux notions de ci- toyenneté et de solidarité. Il est tout aussi significatif de constater qu’en 1912, à l’heure où le suffrage universel n’est que masculin et encore tempéré par le vote plural, la première démarche entreprise pour construire un projet wallon commun a été de convoquer des représentants de tous les arrondisse- ments wallons, afin de former une Assemblée, la plus représentative de tout le territoire et de toutes les sensibilités. Cette sorte de Parlement informel devait constituer le cœur de la démocratie wallonne naissante, le lieu des débats, des échanges et de la construction d’un vivre ensemble librement choisi et il me plaît de rappeler que ses initiateurs avaient choisi d’y associer des citoyens non-élus susceptibles d’élargir sa repré- sentativité. Ce n’est pas qu’un souvenir propice à commémoration : les cent ans de l’Assemblée wallonne peuvent être l’occasion d’un appel aux dépu- Préface 9 tés wallons pour que leur Parlement soit plus que jamais le centre principal des décisions et des choix de la société de demain ; qu’il soit le creuset où mature une identité de projet à l’échelle de notre territoire, une identité positive, non excluante, ouverte sur le monde, dans laquel- le tous les habitants de Wallonie puisse se reconnaître et dont ils puis- sent se sentir co-responsables. À cette fin, il est évident que notre démocratie parlementaire doit aujourd’hui s’approfondir et se renforcer en s’ouvrant à des démarches de participation et d’implication citoyen- ne innovantes. Car les femmes et les hommes de Wallonie ont ensemble une com- munauté de destin et doivent construire ensemble une communauté de projet nourrie, par-dessus tout, par le sens du bien commun et de l’intérêt collectif. Il n’y a pas d’avenir wallon sans une citoyenneté wallonne forte, qui ne s’oppose à rien, mais s’affirme autour de ce que nous vou- lons faire ensemble, femmes et hommes de Wallonie, et avec les autres, femmes et hommes de Bruxelles, nécessairement, de Belgique, d’Europe et du monde. Nous n’avons aucun chemin à suivre. Nous avons à le tracer ensem- ble. L’avenir n’est pas devant nous, il est en nous et il s’enracine dans un passé dont la richesse mérite d’être éclairée sinon révélée au plus grand nombre. Il me reste donc à adresser mes remerciements et à féliciter l’auteur de cet ouvrage, l’historien Paul Delforge, directeur de recherche à l’Institut Destrée et responsable du Centre interuniversitaire d’Histoire de la Wallonie et du Mouvement wallon. Avec toutes les qualités criti- ques qui lui ont été déjà reconnues dans ses précédents ouvrages, Paul Delforge a pu faire resurgir dans ce livre les efforts de pionniers de la Wallonie politique dont l’action lointaine honore aujourd’hui encore la démocratie wallonne. Patrick Dupriez Président du Parlement wallon Introduction Prétendre que le Parlement wallon fête ses cent ans le 20 octobre 2012 est une affirmation qui peut étonner. Traditionnellement, on se dispute entre deux dates. Le 26 novembre 1974 et le 15 octobre 1980. En 1974, s’est réuni à Namur le Conseil régional wallon, dans la phase dite préparatoire de régionalisation, en application des dispositions de la loi du 1er août 1974, dite loi Perin-Vandekerckhove. Mais comme la loi du 20 juillet 1977 a purement et simplement supprimé l’existence de cette pre- mière assemblée, la réunion au Sofitel de Namur, le 15 octobre 1980, soit quelques jours après l’adoption des lois d’août 1980, est retenue comme la date de naissance officielle d’un Conseil régional wallon rebaptisé, à partir de 1993, « Parlement wallon ». Tant en 1974 qu’en 1980, les discours des deux parlementaires élevés à la présidence de l’assemblée ont fait référence à la contribution du Mouvement wallon dans l’émergence des institutions régionales. L’expression « Assemblée wallonne » (avec la majuscule à Assemblée) se retrouve dans plusieurs interventions pour désigner le nouveau Conseil régional wallon, mais personne ne mentionne la démarche entre- prise par Jules Destrée1, le 20 octobre 1912, de convoquer, à Charleroi, tous les députés et sénateurs élus dans les arrondissements wallons.