e N° d’agrément P 801338 104 année TRIMESTRIEL Septembre 2017

PB- PP BELGIE(N) - BELGIQUE Bureau postal de dépôt 1030 Schaerbeek–Rogier

Périodique d’information et d’action de la Ligue Francophone et Wallonne de la Région de Bruxelles Diffusion de la Culture française/ promotion de la Francophonie internationale et de la communauté de destin entre la Wallonie et Bruxelles.

Editorial Wallonie-Bruxelles : ma patrie

En appelant le 19 juin dernier à constituer Wallonie-Bruxelles ». Il était suivi dans ce la scission de BHV, Daniel Ducarme préco- des gouvernements sans les socialistes, discours par des parlementaires (Christophe nisa la création d’une « Belgique française » Benoît Lutgen n’avait sans doute pas réfl échi Collignon, Pierre-Yves Dermagne et Nicolas unissant Bruxelles et Wallonie. aux risques institutionnels de sa manœuvre, Martin), par le secrétaire général de la FGTB et au cadeau qu’il faisait aux adversaires wallonne, Thierry Bodson, et bien sûr, par Toutefois, au MR, le vent semble tourner, de la Fédération Wallonie-Bruxelles tant ce grand régionaliste sous l’éternel qu’est à l’image des positions de ce parti envers la en Wallonie qu’à Bruxelles, mais aussi Jean-Claude Van Cauwenberghe. NVA. Fin 2015, on s’est surpris à entendre en Flandre. Didier Reynders rompre une lance en faveur … traditionnellement d’une approche régionaliste. Mais c’est Les développements de la crise qui s’en contesté par les libéraux surtout du MR wallon que sont venus les est suivie mettent à l’épreuve la solidarité plaidoyers les plus appuyés en faveur du entre Wallons et Bruxellois et risquent sacri- Les libéraux, en revanche, ont adopté déshabillage de la Communauté française. fi er leur communauté de destin à moins de longtemps des positions « communau- Après avoir annoncé, début juillet 2016, le deux ans d’un tournant dangereux dans taristes ». Un grand stratège, bien au fait schéma d’une Belgique à 4 régions, ce parti l’histoire de notre pays. En effet, la consti- du rapport des forces dans l’Etat belge, a fait une légère marche arrière, tout en ne tution de majorités différentes dans les Jean Gol, avait bien compris que face aux citant même pas la Fédération Wallonie- deux Régions risque de donner du com- 6 millions de Flamands, les Francophones Bruxelles. Jean-Luc Crucke, un porte-parole bustible aux tenants d’une disparition de la ne pouvaient se permettre de négocier en du courant régionaliste, expliquait dans La Fédération Wallonie-Bruxelles. Et le projet ordre dispersé. Il alla même jusqu’à évoquer Libre que ce n’était que partie remise et que, de suppression des provinces pourrait agir la « francophone ». d’ailleurs, le schéma des 4 Régions proposé de même, compte tenu de la nécessité de par le MR était « ce qui sied le mieux à nos recycler les compétences provinciales en A sa suite, le parti libéral, sous ses succes- alliés fl amands». matières culturelles et d’enseignement. sifs avatars, réaffi rma à plus d’une reprise son scénario d’une Communauté française Vous avez dit Un discours essentiellement forte et unie. « Communauté Wallonie- socialiste et wallon… Bruxelles » ? En 1986, Louis Michel et Serge Kubla Le dénigrement de la Communauté fran- déposèrent au Conseil régional wallon une Malgré nombre d’éléments partagés en çaise, rebaptisée Fédération Wallonie- proposition de décret visant à « fusionner » commun, personne ne nie les identités spé- Bruxelles, n’est pas une nouveauté. C’est Région wallonne et Communauté fran- cifi ques des deux Régions. traditionnellement dans les rangs socia- çaise, en énumérant tous les avantages de listes wallons que les voix ont été les plus cette simplifi cation politique, administrative C’est d’ailleurs le FDF qui fut le premier nombreuses et les plus vibrantes en ce et budgétaire. En 2006 et en 2007, Didier à proposer de rebaptiser la Communauté sens. Sans remonter aux grandes grèves Reynders, président du MR, préconisa lui française en « Wallonie-Bruxelles » : dès sep- de l’hiver 60 et aux Manifestes pour la aussi la superposition Région wallonne- tembre 1981, le sénateur André Lagasse culture wallonne, on rappellera les sorties Communauté française comme un moyen déposait au Conseil de la Communauté plus récentes de Jean-Claude Marcourt, de simplifi er les institutions et de susciter française une proposition de décret intitulée alors ministre à la Région wallonne et à la des économies d’échelle. L’idée se heurta « Proposition de décret portant constitution Communauté française, qui affi rmait en au véto socialiste. En novembre 2007, suite des Régions au sein de la Communauté 2012 qu’il fallait « déconstruire la Fédération au coup de force fl amand au Parlement sur Wallonie-Bruxelles ». Le 1er article stipulait : POLITIQUE

« La Communauté Wallonie-Bruxelles se des « ministères de la Culture », de 1958 à Wallonie-Bruxelles, il ne faudra pas attendre compose de deux Régions : la Wallonie 2017, sur les 27 titulaires du poste, 9 ont des instances de la Francophonie qu’elles et Bruxelles ». Mais aucune majorité ne se été bruxellois. Quant au poste de ministre accordent le même statut à la Wallonie et à dégagea au Conseil pour voter cette pro- de l’Education, depuis 1968, date de la la Commission communautaire française. position. séparation de fonctions autonomes par Le choix sera tout tracé : retour de toutes Communauté, 25 Wallons l’occupèrent, les compétences à la représentation de Le socle et les fantasmes pour seulement 2 Bruxellois ! l’autorité fédérale.

Le consensus majoritaire considère que Quant au sentiment prétendument uni- les Wallons non germanophones et les tariste des Bruxellois, on rappellera que Dans la Fédération Bruxellois partagent un patrimoine com- le FDF, porté sur les fonts baptismaux par Wallonie-Bruxelles, les mun, qui s’illustre par un socle de trois com- les 4 mouvements wallons, devint rapide- Wallons sont chez eux pétences majeures exercées de concert au ment le principal parti bruxellois, et fut le sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles : la premier à défendre à Bruxelles le schéma Non seulement les Wallons détiennent la culture, l’enseignement et l’audiovisuel. Et fédéral. S’il n’occupe plus la première place majorité de contrôle au sein de la Fédération c’est ce socle que certains, principalement aujourd’hui, ses principaux concurrents Wallonie-Bruxelles, mais l’autonomie en Wallonie, mais aussi, minoritairement à sont devenus fédéralistes. constitutive permet une composition du Bruxelles, voudraient dynamiter au nom gouvernement qui reflète et associe les de mobiles qui ressortissent davantage du On ajoutera que Bruxelles est la ville au sensibilités régionales. fantasme que de l’analyse rationnelle, voire monde qui compte le plus grand nombre historique ou politique. de Wallons d’origine ; une osmose naturelle Comme Daniel Ducarme et Didier existe, renforcée par le courant permanent Reynders (dans sa période « communau- Passons en revue les principaux de de Bruxellois qui choisissent de s’installer tariste ») le préconisaient, le gouvernement ces fantasmes. en Wallonie. de la Fédération Wallonie-Bruxelles peut être composé de tous les ministres fran- « Bruxelles a décidé » Bruxelles, porte ouverte cophones des deux Régions. sur l’Europe et le monde Malgré une présence wallonne historique L’avis des experts et et significative à Bruxelles, de nombreux Les Flamands ont bien compris l’impor- des politiques Wallons de toutes orientations politiques tance de Bruxelles comme vitrine et porte ont nourri et continuent à nourrir envers d’accès à l’Europe et au monde. De leur Les arguments rationnels visant à contrer Bruxelles un sentiment de circonspection, côté, les Francophones avaient toutes les les tendances régionalistes ont émané des voire d’allergie qui n’est pas sans rappeler raisons du monde pour faire de Bruxelles la économistes comme des juristes. Faute celui de nombreux citoyens des pays de capitale de la Communauté française. Les de place on ne mentionnera ici que les l’Union européenne envers « Bruxelles », 3 millions et demi de Wallons ont ainsi un conclusions de feu le Pr. Deschamps, de entendue au sens d’un lieu de pouvoir lointain accès au monde que beaucoup de régions l’Université de Namur, économiste reconnu, et bureaucratique. Il fut même des époques européennes leur envient, tout en tâchant de l’économiste Jean-François Thisse, des où aucun Bruxellois ne figurait dans le gou- d’y ouvrir des représentations. constitutionnalistes Francis Delperée et vernement belge et où les décisions étaient Hugues Dumont et de bien d’autres. prises exclusivement par des ministres fla- Vraiment, l’intérêt de la Wallonie n’est pas mands et wallons, navetteurs quotidiens, de se recroqueviller sur elle-même, sorte Du côté des politiques, on rappellera la mais imputées à « Bruxelles », origine de tous de Mongolie extérieure, coincée entre le réaction de Joëlle Milquet, alors ministre de les maux. Les Bruxellois ont aussi été accu- monde français et le monde germanique. l’Enseignement, aux sorties régionalistes sés de conservatisme unitariste, et d’être des députés wallons du MR, et pour qui la par ailleurs méprisants envers les Wallons. La Fédération Wallonie- scission de la Fédération Wallonie-Bruxelles Bruxelles, accès royal était « un suicide de l’unité francophone Les faits contredisent cette lubie. et un cadeau dangereux à la N-VA » (2). à la Francophonie On observera avec attention l’attitude du La Fédération Wallonie-Bruxelles dis- CDH devant les prurits régionalistes de son pose d’un Parlement composé de 75 élus Songeons également à la scène inter- nouvel allié au sein de l’attelage gouverne- wallons et de 19 élus bruxellois, soit un nationale : depuis 1987, la Francophonie a mental wallon. rapport de 80/20. En d’autres termes, les accordé à la Fédération Wallonie-Bruxelles Wallons sont largement dominants et l’on un statut à part entière, distinct de l’Etat Culture : les acteurs du comprend mal qu’ils se sentent mal servis belge. Aux sommets des chefs d’Etat et de terrain s’expriment par cette institution. gouvernement, la Communauté française siège à la lettre « C », et l’Etat belge à la lettre C’est parce qu’ils étaient conscients des Passons en revue l’origine des ministres « B ». Ce statut est exceptionnel et les pro- dangers pour les politiques culturelles que qui ont eu la culture et l’enseignement vinces canadiennes l’envient. Mais que sur- des acteurs du terrain ont signé il y a juste dans leurs attributions. Depuis la création vienne le démembrement de la Fédération un an dans La Libre une carte blanche

2 POLITIQUE mettant le monde politique en garde contre écrivains sur d’autres critères que pour politique : seule l’union des Bruxellois et les tentatives de division (voir encadré). les Bruxellois ? des Wallons peut leur permettre de traiter Ils ont été rejoints dans cette démarche sur pied d’égalité avec la Flandre. Solidarité par des représentants attitrés du monde Mais il faut aller au-delà de ce constat por- culturelle : parce qu’ils ont en partage la de l’enseignement. tant sur les seules compétences actuelles langue et la culture françaises. Solidarité de la Communauté française. Il faut antici- économique et financière : Bruxelles est Préparer 2019 per le nouveau dialogue communautaire un centre d’activités scientifiques, éco- qui s’annonce à partir de 2019. Face à l’Etat nomiques et de formation et une vitrine Si l’on veut prendre le temps de réflé- flamand en gestation, les francophones ne internationale pour la Wallonie. La Wallonie chir un instant, on constate que ce qui peuvent avoir comme projet de se disperser développe des pôles de compétitivité de unit les Wallons et les Bruxellois est plus en un « archipel » d’entités d’opérette. niveau mondial et dispose d’un patrimoine important que ce qui les distingue ; et que culturel, naturel et touristique unanimement ce qui les distingue n’est pas nécessaire- Nous terminons cet éditorial par un extrait reconnu. Cette solidarité s’impose dans ment lié à l’appartenance à l’une ou l’autre du Manifeste que la Ligue publiait il y a tous les scénarios du futur. » Région. Entre les villages de la province trois ans : du Luxembourg, le Brabant wallon et les Charles-Etienne Lagasse grandes villes industrielles, quelles sont « Tout impose de maintenir une solidarité les spécificités à ce point essentielles qu’il étroite entre Bruxelles et la Wallonie, qui 1 La Libre Belgique, 9 septembre 2016 faille exiger des diplômes différents, scin- traduit la convergence de leurs intérêts 2 http : //milquet.cfwb.be/gw_presse der la RTBF ou instaurer des aides aux et leur communauté de destin. Solidarité

CARTE BLANCHE La culture : socle commun des valeurs partagées par les Wallons et les Bruxellois 1

Au moment où les citoyens sont confron- compliquer encore la vie des artistes et Signataires : Jean-Luc OUTERS (écri- tés à d’importants défis de société, plu- des responsables des structures cultu- vain), Michel HUISMAN (artiste), Roger tôt qu’au besoin de se relancer dans de relles. Qu’on pense par exemple à tous DEHAYBE (ancien Commissaire général nouveaux chantiers institutionnels, nous les organes consultatifs comme les aux relations internationales de Wallonie- comprenons mal cette démarche. commissions d’avis, le Conseil du livre, Bruxelles), Bernard HENNEBERT (coor- la Commission de sélection des films, etc. donnateur de Consoloisirs), Martine LA La langue et la culture constituent un HAYE (ancienne Directrice adjointe du vecteur d’échanges et de dialogue entre Régionaliser la culture, c’est scinder cabinet de la ministre de la culture), Gaëtan Wallons et Bruxellois. Ils ont tant à gagner l’audiovisuel : veut-on multiplier les législa- VANDEPLAS (Guichet des Arts), Marc des synergies culturelles et créatrices tions sur cette matière en pleine évolution, WILMET (Professeur à l’ULB), Dominique qu’ils entendent nouer ensemble ! dédoubler la RTBF ? Même chose pour les SERRON (directrice de l’Infini Théâtre), aides à la presse écrite. Michel BAUDSON (ancien directeur de Certes, il faut pouvoir prendre en compte l’Académie des beaux-arts de Bruxelles et la dimension territoriale et économique Régionaliser la politique culturelle, c’est ancien président de la Commission des arts de la politique culturelle, mais ce n’est diluer la force de frappe des francophones plastiques de la FWB), Jean-Pierre DERU pas un argument suffisant pour régio- en Belgique et dans le monde. (directeur de l’Association Marcel Hicter naliser la culture car le clivage ne réside pour la Démocratie culturelle), Jean-Michel nullement en une différence entre régions, Régionaliser la culture, c’est aussi entra- D’HOOP (metteur en scène), Philippe mais plutôt entre les grandes villes et ver la dynamique qui permet aux Wallons GARCIA, président de la FNCD (Fédération les autres territoires. Il est donc fonda- et aux Bruxellois d’inscrire leurs enjeux Nationale des Compagnies Dramatiques), mental de tenir compte de cet élément. économiques et sociaux dans un horizon Jacques DE DECKER (Secrétaire perpé- Wallons et Bruxellois doivent pouvoir prometteur grâce à leur complémentarité. tuel de l’Académie royale de langue et de défendre ensemble les diversités et les littérature françaises), Bernard MARCELIS richesses locales. C’est pourquoi les signataires du présent (président de la Commission consultative texte en appellent au monde politique arts plastiques du ministère de la FWB), Régionaliser les compétences en de Wallonie-Bruxelles pour maintenir et Jacques DECK (conseiller culturel), Pierre matière culturelle, c’est multiplier les admi- renforcer la capacité de la Fédération MERTENS (écrivain), Jean-Louis COLINET nistrations et réduire les budgets, c’est Wallonie-Bruxelles en ces domaines. (directeur du Festival de Liège), Savina 1 La Libre, 9 septembre 2016. Cette carte blanche a répondu à une initiative du Centre d’études Jacques Georgin DELLICOUR (cinéaste).

3 POLITIQUE Enfin, un Bourgmestre de la Ville de Bruxelles d’origine wallonne

Chacun sait dans quelles conditions député régional PS au Parlement de la et laïque de la Ville de Bruxelles (en concur- Philippe Close a succédé, le 26 juin dernier, Région de Bruxelles-Capitale. rence depuis toujours avec le Lycée Emile à l’ancien bourgmestre de Bruxelles Yvan Jacqmain – aujourd’hui mixte malgré sa Mayeur, forcé à démissionner dans le cadre Le tout fait donc qu’en 2017, Philippe dénomination ancienne, l’Athénée Léon de l’affaire dite ’Samusocial’. Close avait plus de 16 ans d’expérience Lepage – dont est issu Freddy Thielemans, sur Bruxelles après avoir été, dans les ainsi que l’auteur du présent article). Il en Autant l’ancien bourgmestre Yvan Mayeur structures PS au niveau fédéral, un temps est renvoyé au bout de 4 ans… En révolte, avait un côté « cassant » dans ses rela- le porte-parole d’Elio Di Rupo et avoir Philippe ne supportait pas l’ambiance, tions avec des tiers qui n’approuvaient été juriste à l’Institut Emile Vandervelde, l’enseignement ultra-traditionnel de l’éta- pas ses décisions pour la Ville, voire un Centre d’études du PS et vivier de beau- blissement et son caractère terriblement entêtement s’il s’avérait que ses décisions coup de cadres d’Institutions publiques et strict. Il termine ses études secondaires au étaient contestées, autant Philippe Close d’hommes & femmes politiques après cette Lycée Charles Janssens à Ixelles. fait preuve de plus de convivialité, essayant expérience professionnelle. bien sûr de convaincre du bien-fondé de ses Ensuite, c’est la filière ULB (droit) qui décisions ou d’un choix en recherchant le La famille Close est namuroise d’origine. l’attend jusqu’en 1996 et un premier travail « consensus » au final… Ainsi, Philippe Close est né à Salzinnes comme juriste au Sénat engagé par feu le 18 mars 1971 avec un papa directeur Roger Lallemand, autre personnage fier commercial à Sofibanque (l’actuelle Record Parmi d’autres candidat (e) s à deve- d’être né Wallon. Bank… ainsi rebaptisée pour faire plaisir nir bourgmestre de la Ville de Bruxelles, à nos concitoyens flamands !). Il grandit à Philippe Close avait objectivement plusieurs Bref, nous avons, dans un contexte par- Liège au 78 rue Louvrex, devenu un resto avantages, d’abord celui de l’expérience. ticulier pour la Ville de Bruxelles, avec un italien excellent dans les caves duquel le Homme de confiance du bourgmestre PS Bruxellois très en difficulté, un nou- petit Philippe jouait. Sa maman, quant à Thielemans, il avait été en 2001 son chef veau bourgmestre qui connaît la Ville de elle, s’est investie pendant 20 ans dans Bruxelles comme gestionnaire, la Région de cabinet (il était, d’ailleurs, le successeur l’asbl Sesame, connue à Namur pour son désigné par ce dernier pour lui succéder de Bruxelles-Capitale comme élu et comme aide aux toxicomanes. Par ailleurs, elle citoyen y depuis quelques dizaines en 2012, ce qui ne fut pas le cas comme est la sœur du médecin Philippe Mahoux, chacun le sait). d’années, mais avec un ancrage senti- sénateur PS wallon, très actif dans les ques- mental wallon assumé comme étant l’une tions internationales. En 2006, aux élections communales, de ses identités et une attention comme il est élu comme conseiller communal Bruxellois francophone à la culture fran- Cet ancrage wallon est toujours revendi- çaise. et devient, dans la nouvelle majorité à qué par l’actuel bourgmestre, même si sa Bruxelles-Ville, l’échevin du Tourisme et famille a fini par déménager dans la Région Enfin, étant à ses heures joueur de Rugby, se surinvestit dans le secteur évènementiel de Bruxelles où Philippe termine ses études il a pris l’habitude d’encaisser des coups avec quelques initiatives réussies telles primaires à l’école communale de la Petite sans trop râler mais sachant, dit-on, « bot- l’organisation au Centre de Bruxelles du Suisse, à Ixelles. Famille de cadres, celle-ci ter » pour arriver au but qu’il s’est fixé avec Summer Festival– BSF, les Plaisirs d’hiver envoie le fiston à l’Athénée Robert Catteau, le sourire ! dans le quartier Sainte-Catherine, l’expo- école secondaire qui se veut être le « top » sition Harry Potter, etc. En 2009, il devient de l’enseignement secondaire communal Jacques Bourgaux

Le coin des amis Dans le dernier numéro du trimestriel ’Nouvelles de Flandre’dont plusieurs pages sont réservées à un dossier bien étayé sur le Laos, Anne-Françoise Counet souligne que la langue française y attire encore la nouvelle génération. Mais on l’aura compris, si la Francophonie veut conserver une tête de pont en Asie, elle devra continuer à soutenir l’enseignement du français. Si l’on n’y prend garde, la langue française aura tôt fait de disparaître de ce pays au profit de l’anglais et des langues des acteurs écono- miques voisins qui se bousculent pour prendre la place.

Dans le même numéro, Edgar Fonck consacre une page aux discriminations linguistiques en Flandre. Il rappelle qu’en matière du respect des droits de l’homme, la Belgique est passée, en une décennie, de la 20e à la 35e place sur les 167 pays examinés. Depuis 2014, année de l’entrée de la N-VA au gouvernement, notre pays n’est plus repris dans le groupe des « pleines démocra- ties » mais dans celui des « démocraties imparfaites ». Il est à la traîne des pays d’Europe occidentale !

4 POLITIQUE La construction de la nation flamande Bruno De Wever, Frans-Jos Verdoodt et ces pudeurs –, mais parce qu’il convient de Application à l’histoire du Antoon Vrindts, Les patriotes flamands et donner au nationalisme l’acception précise mouvement flamand la construction de la nation, Courrier heb- d’une doctrine selon laquelle chaque nation domadaire du CRISP n° 2316, mars 2017, « a droit à son propre État » (p. 9). Les auteurs divisent l’histoire du mou- 36 p., 6,90 €. vement flamand en trois périodes. La pre- La théorie évolutionniste mière, intitulée « les patriotes et le peuple » Le Centre de recherche et d’information de Hroch (1830-1914), illustre le passage des groupes socio-politiques (CRISP, 1A, place Quetelet, culturels à l’action revendicative. La deu- 1210 Bruxelles, www.crisp.be) vient de Pour Hroch – comme pour d’autres histo- xième, « les patriotes entre avant-garde et publier la version française d’un article paru riens marxistes (l’Anglais Eric Hobsbawm) démocratie » (1914-1945), est une phase en 2015 dans la revue d’histoire du mou- ou non, l’idée n’est pas originale –, la de politisation radicale de la lutte qui de vement flamand 1( ), dont le premier auteur construction de la nation est un phéno- linguistique devient institutionnelle et est n’est autre que le frère ainé du président de mène moderne apparu à la fin du XVIIIe marquée par l’apparition de partis et la la N-VA, historien comme lui mais qui s’est siècle, avec les prémices de la révolution double collaboration avec l’occupant alle- éloigné de l’engagement nationaliste de sa industrielle et la transformation de la société mand : les partis d’avant-garde tentent jeunesse. Son but est d’éclairer l’histoire d’ordres (aristocratie, clergé, tiers-état) en d’imposer leur volonté de manière antidé- de la formation de la nation flamande à la société de classes. mocratique contre une masse indifférente lumière de la théorie du politologue tchèque ou hostile à leur projet politique, ce qui se Miroslav Hroch sur l’émancipation des Horch distingue trois phases dans le déve- solde par un échec et accrédite le modèle « petites nations », éditée en allemand (1968) loppement national : un noyau d’intellectuels « désintégré ». La troisième, « le peuple pour puis en anglais (1985, 2015). exalte la culture de la petite nation (A) ; ce la patrie » (1945-2014), est marquée par la noyau se transforme en mouvement reven- massification du mouvement : à son terme, Nation, classes dicatif (B) ; « le mouvement national acquiert la « petite » nation devient « grande » et on sociales, nationalisme une dimension de masse et intègre la classe peut dire que le mouvement flamand a en ouvrière » (C). Ces phases correspondent définitive suivi le schéma du développe- Dans les limites de dimension de cet ou non à trois stades de transformation de ment « différé ». essai, court mais très dense, ni la nation ni la société : (1) la lutte contre l’Ancien régime, les classes sociales ne sont expressément En effet, même si elle ne s’est pas dotée les révolutions démocratiques-bourgeoises définies. Vu le lieu et l’époque d’où parle d’un État souverain, ce qui reste le projet et les débuts du capitalisme industriel ; (2) la Hroch, on peut considérer que sa concep- de la N-VA (et du ), la Flandre percée de la révolution industrielle et l’appa- tion des relations entre classes sociales est est désormais « grande » car elle a en fait rition d’une classe ouvrière organisée ; (3) le inspirée largement par le marxisme et que d’ores et déjà deux États à son service, le changement d’échelle de l’économie et la le trait principal de la nation est la pratique sien et la Belgique (ce que ne confessent d’une langue commune – ce qui est évident société de communication de masse. Les évidemment pas Bruno De Wever et Cie), dans le cas du mouvement flamand. Une caractéristiques et le destin des mouve- et aussi parce que le mouvement flamand a nation n’est pas « grande » ou « petite » en ments nationaux sont largement déterminés conquis l’hégémonie culturelle, notamment fonction de sa taille ou de son poids démo- par leur état d’avancement ou de retard sur à travers un parti de masse qui dispose à la graphique : elle est « petite » lorsqu’elle l’évolution socio-économique. fois d’un large soutien et d’une légitimité qui est en position de subordination par rap- ont manqué au port à une nation dominante. D’ailleurs, les En l’espèce, deux interprétations suc- (V.N.V.) d’avant-guerre et au Vlaams Blok/ Flamands et même les néerlandophones cessives sont possibles. Le mouvement Belang, et d’une cohérence idéologique ont toujours été majoritaires, ce qui est flamand est soit de type « différé » : le qui a manqué à la Volksunie, assemblage attesté dès le premier recensement de la passage à la phase revendicative (B) est hétéroclite de nostalgiques fascisants et Belgique indépendante (1846). intervenu après la révolution industrielle de « libéraux de gauche », de « patriotes » – (1-2) et le passage à la phase de masse « volksnationalisten » ou fédéralistes dont La « petite » nation sera « grande » (C) après l’émergence d’un mouvement l’horizon brumeux était une Europe des lorsqu’elle devient le bien commun de ouvrier et d’une société de communication Régions « aux cent peuples » – et de « natio- toutes les classes sociales et donc lorsque de masse (2-3) ; soit de type « désintégré » nalistes » – « staatnationalisten » pour qui « la classe ouvrière est intégrée au proces- si l’on considère que la phase C n’a jamais chaque nation a droit à son État et dont sus » (p. 7) ; elle peut alors se développer été atteinte. Hroch tient pour le modèle le but ultime est « une Flandre indépen- pleinement sans nécessairement accéder « désintégré » en 1985 avant d’opter pour le dante en Europe », comme l’exprimera en au statut d’État souverain. Ce n’est donc modèle « différé » en 2015, ce qui est égale- novembre 2015 le manifeste du groupe de pas par souci d’être « politiquement cor- ment la position de nos auteurs : le succès réflexion « In de Warande » (2). rect » que les militants de la nation sont qua- de la N-VA et l’évolution de l’État fédéral lifiés de patriotes et non de nationalistes – le belge confirment en effet le triomphe du Ce parti, la N-VA, qui d’ailleurs, de l’aveu mouvement flamand, contrairement à son mouvement flamand en termes à la fois de son président, suit une stratégie inspirée homologue wallon, ne s’embarrasse pas de subjectifs et objectifs. par la lecture de Hroch ; « Quelle dagacité !

5 POLITIQUE

Pour être couronné de succès, écrit Hroch, trielle ; d’ailleurs, ils « n’apportent aucune la Flandre et même la N-VA n’ont pas encore le nationalisme ne doit pas voir la nation contribution significative à la lutte pour la définitivement choisi, mais réussissent à comme un but. La nation doit être le moyen démocratisation du droit de vote » (p. 17), qui cumuler les avantages des deux positions, servant à aborder des thèmes qui vont tou- permettra pourtant à la Flandre d’exploiter à encouragés par des Francophones qui, cher de larges groupes : moins d’impôts, fond son avantage numérique. Remarquons comme le Premier ministre Charles Michel, une migration plus contrôlée, etc. » (De que, par un aveuglement symétrique, la paraissent prêts à tout pour sauver ce qu’ils Standaard, 27 août 2011, cité p. 34). bourgeoisie d’État francophone s’oppo- croient être « leur » Belgique. sera longtemps au suffrage universel et à La N-VA, qui est le plus GRAND commun l’instruction obligatoire, dont l’instauration Or, appliquons en simplifiant pour faire bref dénominateur ou, si l’on veut, le centre précoce et combinée aurait sans doute tué la théorie de Hroch aux Francophones. Les géométrique de la droite flamande : socio- dans l’œuf les aspirations flamandes. révolutions liégeoise et française font advenir logiquement catholique mais moins clérical le peuple wallon à la citoyenneté en même que CD&V, libéral mais moins que le VLD, La collaboration au cours des deux temps qu’elles le révèlent à lui-même et à populiste, autoritaire et eurosceptique mais guerres renforce l’hostilité des Bruxellois, son identité française, « montrant le carac- moins que le Vlaams Belang… La N-VA d’autant que ce sont les masses populaires tère inséparable des aspirations nationale qui pratique un nationalisme inclusif, mais des grandes villes qui souffrent le plus des et démocratique » (4). En 1830 encore, les à l’égard des seuls enfants d’immigrés qui privations imposées par l’occupant : les Wallons se tournent spontanément vers la ressemblent tellement à l’image que la recensements de 1920 et 1947 enregistrent France, mais le concert des Puissances en Flandre tient à donner d’elle-même : ceux et une forte progression de la francisation décide autrement. Ils se résignent dès lors celles qui étudient, qui travaillent dur et qui dans l’agglomération et les communes de peu à peu à devenir les citoyens d’un petit réussissent (Zuhal Demir, Nadia Sminate). la frontière linguistique comme Enghien (p. État qu’ils croient francophone et franco- 28). Les marches sur Bruxelles achèvent phile, et qu’ils ne dirigeront guère. Les élus Dans leur analyse sur Les électeurs de de les dégouter et entrainent enfin une constamment majoritaires des arrondis- la N-VA aux élections fédérales du 13 juin réaction identitaire francophone qui donne sements flamands, qu’ils parlent français 2010 (3), Marc Swyngedouw et Koen Abts naissance au F.D.F. ou non, leur imposent le plus souvent une concluaient déjà que « la N-VA est repré- politique qui n’est conforme ni à leurs intérêts sentative de la population flamande (…) Conclusion ni à leurs convictions laïques, démocratiques le parti qui transcende le plus fortement et sociales : que l’on songe aux trente ans de les clivages religieux et les piliers (…) En L’analyse sociale de Hroch développée gouvernement catholique homogène avant ce sens, elle peut être qualifiée de parti par Bruno De Wever, Verdoodt et Vrindts se la guerre de 1914, qui seront pour beau- populaire ». Néanmoins, et c’est un effet révèle féconde. Le vecteur principal du mou- coup dans l’essor du mouvement wallon. du modèle « différé » de développement vement flamand est bien la petite et moyenne Pourtant, un siècle après, ce mouvement du mouvement flamand, elle a pu « zap- bourgeoisie, qui a un intérêt économique et s’est étiolé sans atteindre son objectif : les per » la classe ouvrière, dont une partie a social au développement de la langue fla- Francophones de Wallonie et de Bruxelles abandonné le SP.A pour le Vlaams Belang : mande parce qu’elle exerce des métiers en ne savent pas où ils vont, comment se gou- la proportion d’électeurs affiliés aux deux contact avec le peuple (commerçants, fonc- verner, s’ils doivent rester ensemble ou se grands syndicats est d’ailleurs plus élevée tionnaires, médecins, avocats, bas-clergé). séparer, ni même en définitive comment ils au VB qu’ils ostracisent qu’à la N-VA. Au gré du développement économique et doivent s’appeler… Bref, un mouvement de ses victoires politiques, le mouvement national passé du type « révolutionnaire » Le noyau de l’électorat de la N-VA est agglomèrera une partie des nouvelles élites au type « désintégré » (p. 8). donc constitué de cadres supérieurs, et se dilatera aux dimensions d’une vaste spécialistes, employés et fonctionnaires, classe moyenne qui fonde son hégémonie, « C’est une accablante entreprise d’expli- auxquels s’agglomère une fraction non mais la classe ouvrière en restera le tiers quer au peuple, surtout quand il n’existe négligeable cependant d’indépendants et absent. Cette genèse explique son tropisme pas », soupirait le grand romancier suisse d’ouvriers embourgeoisés, représentant de droite, catholique conservateur au XIXe romand Charles-Ferdinand Ramuz, qui se la vaste classe moyenne, au sens anglo- siècle, tenté par le fascisme entre les deux revendiquait par ailleurs écrivain français. saxon du terme, d’une île prospère dans guerres, libéral conservateur aujourd’hui. Le l’archipel des gagnants de la mondialisa- passage des revendications linguistiques J.-F. G. tion économique. aux revendications institutionnelles sera à la source d’un dilemme présent jusqu’à nos Bruxelles jours : la Flandre doit-elle utiliser sa majo- 1 « De Vlaamse patriotten en de natievor- rité démographique pour dominer l’État ming. Hoe de Vlaamse natie ophield ’klein’te zijn (Comment la nation flamande cessa d’être ’petite’) », Nonobstant la sous-estimation probable belge ou poursuivre une autonomie toujours Wetenschappelijke Tijdingen. Tijdschrift over de de sa francisation déjà ancienne renforcée plus grande, jusqu’à l’indépendance ? Ce Geschiedenis van de Vlaamse Beweging, 2015, n°4. par l’immigration wallonne au XIXe siècle, dilemme opposera Frans Van Cauwelaert 2 Signé notamment par l’actuel ministre de l’Inté- rieur N-VA Jan Jambon, alors président du Vlaams les auteurs expliquent clairement l’échec à Gaston Eyskens – tenté par l’alliance avec Volksbeweging (V.V.B.), et par l’éphémère président du mouvement flamand à Bruxelles. Petits- le V.N.V. – dans le vieux parti catholique, Leo du Vlaams Belang Bruno Valkeniers… 3 Courrier hebdomadaire du CRISP n°2125, bourgeois, les premiers flamingants ne Tindemans à Wilfried Martens au sein du février 2012. comprennent pas les aspirations de la C.V.P., les adversaires et les partisans du car- 4 « Sur les traces du mouvement wallon et de la classe ouvrière d’une ville alors très indus- tel CD&V/N-VA. Force est de constater que Wallonie française », 4Millions7, février 2017, p. 5.

6 POLITIQUE DE LIJN, cette société de transports qui méprise ses voyageurs francophones sur le territoire bruxellois

La société De Lijn, appellation commer- direction Gare du Midi indiquent Zuidstation, s’agit d’accorder de nouveaux privilèges ciale de la Vlaamse Vervoermaatschapij, a la ligne Auderghem-Wavre est affichée à De Lijn. Et il est temps : De Lijn a confié été créée en 1990 suite à une loi de finan- Oudergem-Waver ; sur le site Internet de à la société GFK de Leuven une étude de cement qui rend les Régions compétentes la compagnie (version française), tous les marché auprès des Bruxellois pour définir pour les transports urbains et régionaux à arrêts bruxellois sont mentionnés dans les moyens d’intensifier ses activités dans l’exception du ferroviaire. La création de la l’appellation flamande de la commune ; si la capitale. STIB remonte, elle, à bien plus longtemps on clique sur l’option « montrer la carte », puisqu’elle date de 1954. Mais De Lijn n’a tous les noms de rues bruxelloises proches Au-delà de l’insulte faite à l’écrasante pas perdu son temps pour étendre ses des arrêts s’affichent en néerlandais… majorité des Bruxellois en les traitant activités sur le territoire bruxellois. comme des voyageurs de seconde zone, on - les conditions générales de voyage ne peut se poser la question de l’équilibre entre Aujourd’hui, plus de 60 lignes pénètrent la sont disponibles qu’en néerlandais sur le les intérêts de la STIB et de De Lijn dont à région bruxelloise jusqu’à son cœur : à titre site WEB peine une quinzaine de lignes débordent d’exemple, 32 lignes desservent la Gare légèrement (pour la majorité) les limites de du Nord ; plutôt que de faire descendre les - impossible de souscrire à un abonnement Bruxelles en territoire flamand. passagers à la première station de métro en ligne en français, seul le site en version rencontrée, elles poursuivent leur route en néerlandaise offrant ce service La collaboration avec les TEC semble chargeant des voyageurs bruxellois à de bien plus difficile à concrétiser puisqu’à nombreux arrêts jusqu’à la Gare du Nord. Cet été, l’Office des consommateurs peine 7 lignes relient Bruxelles à la Wallonie. francophones a déposé plusieurs plaintes L’Office des consommateurs francophones Or, De Lijn ne respecte pas la législa- à la Commission permanente de contrôle ne lâche rien pour défendre les intérêts tion linguistique sur le territoire bruxellois. linguistique pour dénoncer ces infractions des consommateurs francophones et, par Quelques exemples : à la législation linguistique. Mais l’Office corolaire, l’emploi des Wallons et Bruxellois. fera aussi pression auprès des manda- - le nom des arrêts (haltes) sont indiqués taires bruxellois francophones pour qu’ils Philippe Binet uniquement en néerlandais sur leurs bus ; freinent l’enthousiasme de l’éternel ministre Président de l’Office des consommateurs ainsi, toutes les lignes venant d’Anderlecht bruxellois flamand de la mobilité lorsqu’il francophones - Courriel : [email protected]

Et pourquoi pas un sommet de la Francophonie à Bruxelles ? Depuis 1986, des sommets de la Francophonie La Libre Belgique, dans un article daté de français. Certaines de nos universités feraient ont été organisés dans divers pays de langue 2014, rappelait que la capitale belge s’était d’ailleurs bien d’en prendre de la graine ! française ou, du moins, membres de l’Organi- une fois encore hissée à la première place sation Internationale de la Francophonie (OIF). du classement de l’Union des Associations Un tel sommet à Bruxelles devrait également Le premier fut organisé à Versailles, le deu- Internationales (UIA) qui répertorie les villes rappeler une certaine réalité aux trop nombreux xième à Québec et d’autres ensuite à Dakar, européennes les plus importantes en termes fonctionnaires européens qui, peu soucieux de Cotonou (Bénin), Moncton (Nouveau Brunswick), d’hébergement de congrès. ’Visit ’, s’intégrer dans la population bruxelloise, per- Beyrouth, Ouagadougou, Bucarest et Kinshasa. dans les mêmes colonnes, précisait qu’au sistent, Brexit ou non, à pratiquer le globish (un Certaines villes ont même été à plusieurs reprises niveau mondial, cette ville arrivait en deuxième anglais simplifié) non seulement dans leurs rela- les hôtes de ce sommet. Le prochain aura lieu position derrière Singapour. On ne peut qu’en tions professionnelles mais également avec les en 2018 à Erevan, en Arménie. Il y a tout lieu de déduire que l’infrastructure existe et qu’au plan Belges ! se réjouir d’une telle diversité. matériel, aucun obstacle ne peut être soulevé pour freiner une telle organisation. Tenant compte de ce qui précède, il est On ne peut cependant que s’étonner du fait demandé à nos gouvernants mais aussi à nos que jamais, au grand jamais, cet événement ne De nombreux citoyens d’origine tant nord- représentants politiques au parlement bruxel- se soit produit à Bruxelles. C’est d’autant plus africaine que subsaharienne vivent à Bruxelles. lois, notamment à ceux qui siègent au parlement surprenant que, même si d’autres langues y Un sommet de la Francophonie auquel il serait de la Fédération Wallonie/Bruxelles, de prendre cohabitent, Bruxelles reste considérée comme donné très largement écho ne manquerait pas toutes les mesures qu’ils jugeront utiles pour la troisième ville francophone de la planète. de souligner ce qui nous unit mutuellement et qu’un prochain sommet puisse avoir lieu à Qu’est-ce qui peut donc constituer un barrage contribuerait dans une mesure certaine à renfor- Bruxelles. Nous ne manquerons pas de relayer à une telle rencontre dans la capitale belge ? Un cer l’indispensable cohésion sociale dans nos leurs initiatives dans le présent journal afin de sommet des pays francophones à Bruxelles ne quartiers. On ne peut pas non plus ignorer la promouvoir leur action auprès de nos membres. léserait en rien les Flamands dans leurs droits. population en provenance de la Turquie, un pays Libre à eux d’y organiser, si bon leur semble, un où la présence francophone est remarquée : une Jean-Luc Robert événement similaire. Le français n’étant pas la partie significative de l’élite de ce pays a étudié seule langue parlée au Canada, cela n’a jamais au lycée de Galatasaray (*), un établissement empêché le Québec d’accueillir à deux reprise d’enseignement situé à Istanbul dont toutes *L’équipe de football du même nom fut fondée le sommet en question. les matières scientifiques sont dispensées en en 1905 par des étudiants de ce lycée.

7 LA VIE DE LA LIGUE

Comment la Ville de Bruxelles introduisit le français dans son administration Un incident linguistique sous Philippe le Bon Nous poursuivons notre série d’anecdotes capables de s’exprimer dans la langue d’un de la cour et des services administratifs consacrées à la présence du français à nombre croissant de ses administrés. Aussi, des ducs de Bourgogne. Par capillarité, Bruxelles tout au long de son histoire. quelques années plus tard, elle se décida des bourgeois de la Ville se piquaient de à lui adjoindre un « adjoint linguistique ». Le pratiquer cette langue, tel l’amman Jean de L’affaire se déroule à l’époque de Philippe règlement adopté le 6 mai 1465 lui imposa Kestergat, qui rédigea en français un recueil le Bon. La Ville de Bruxelles avait recruté en l’obligation de « savoir le latin, le wallon et le de nouvelles. L’antagonisme traditionnel 1434 un jeune et brillant ecclésiastique cam- thiois ». Outre la mention des trois langues, entre Bruxelles et le comté de Flandre (cf. pinois pour la représenter dans diverses l’ordre de l’énumération est significatif ; il la victoire de 1356 et le coup de main de affaires judiciaires et administratives. Mais reprend celui en vigueur dans les services T’Serclaes) constitua un terreau fertile pour ce haut fonctionnaire refusa de traiter les du duc de Bourgogne. la progression de cette langue dans les affaires de plus en plus nombreuses qui se siècles suivants. Nous y reviendrons… présentaient en français. La Ville constata Certes, une des causes du développe- les inconvénients de ne pas avoir des agents ment du français à Bruxelles fut la langue C-EL

Le coin des amis (*) Un testament wallon – Les vérités Les administrateurs dérangeantes. Éd. Mon Petit Editeur, Dans son numéro du deuxième tri- 70 p., 8 € de la Ligue mestre 2017, ’Wallonie Libre’fait la Voici le conseil d’administration de la Ligue promotion du dernier ouvrage de Jules *** francophone et wallonne de la région de Gheude intitulé « Un testament wal- Bruxelles tel qu’il a été élu lors de l’assemblée lon – Les vérités dérangeantes » (*). Il L’Association Wallonne de la générale du 16 juin dernier : y a dix ans déjà, la RTBF diffusait son Woluwe-Auderghem vous donne fameux docu-fiction Bye bye Belgium. rendez-vous le samedi 30 septembre MM. Jacques BOURGAUX, Marc FAUCON, Depuis, la mouvance nationaliste fla- prochain 2017 pour la visite guidée du Jean-François GOOSSE, Mme Françoise mande a fortement progressé. La N-VA château fort de Corroy-le-Château. Cette HECTOR, MM. Charles-Etienne LAGASSE, est devenue la première force politique visite sera suivie d’un repas gastrono- Jean-Luc ROBERT et Michel THEYS. en Flandre et a accédé au gouverne- mique et d’une autre visite de la ferme- ment fédéral belge, où elle gère d’impor- brasserie de Bertinchamp à Gembloux. tants portefeuilles (Intérieur, Défense, Dégustation et possibilités d’achat sont SOUTENEZ-NOUS Finances, Immigration). au programme. EN PARTICIPANT A Dans son essai, Jules Gheude explique Départ à 9h devant le Centre cultu- NOTRE COMBAT rel d’Auderghem. Participation aux comment la fiction pourrait devenir bien- Comment soutenir la Ligue et les causes tôt réalité et pourquoi tout cela était inscrit frais : 60 €. Renseignements : Francis qu’elle défend ? dans les astres. Il exhorte les Wallons à Thiry 02/672.53.96 Notamment en faisant un versement du voir les choses en face et à se préparer montant de votre choix sur le compte à l’après-Belgique. 145-0539031-61 de la LFWRB

Liste dons 11 (2016 et 2017): Devosse Watermael-Boitsfort : 18 € • N. Colsoulle Laeken : 3 € • J. Broux Evere : 3 € • M-C Daloze Etterbeek : 13 € • P. Lison Forest : 38€ • E. Chapelle Woluwe-Saint-Lambert : 8 € • R. Ghislain Woluwe-Saint-Lambert : 3 € • Ass. Wallonne de la Woluwe-Auderghem : 3 € • R. Quivron Houtain-Le- Val : 3 € • J-P Loth Montauban : 2 € • Darimont Namur : 8 € • L. Duvignaud Uccle : 6 € • Ch. Snakkers Koekelberg : 28 € • A. Jaumot Woluwe-Saint-Lambert : 8 € • J-P Hermans Rixensart : 3 € • V. Stas Braine-le-Comte : 8 € • R. Alewaeters Uccle : 13 € • GERFA Forest : 18 € • M. Hanchar Ixelles : 8 € • J. Claes Woluwe-Saint- Lambert : 8 € • G. Denis Léglise : 18 € • J.-Y. Bertrand Auderghem : 8 € • M. Blanpain Etterbeek : 8 € • C. Bertin-Leblois Ixelles : 3 € • J. Docquier : 3 € • Ph. Rassart Woluwe-Saint-Pierre : 3 € • Ch. Wart Woluwe-Saint-Pierre : 18 € • J. Dujardin Uccle : 3 € • M. Debailleul Waterloo : 38 € • M. Legrand Laeken : 18 € • M. Peetermans Bruxelles : 38 € • F. Dejehet Chaumont-Gistoux : 1 € • M. Perichon Uccle : 8 € • J-B Quicheron Wemmel : 32 € • L. Fraiture Watermael-Boitsfort : 13 € • M. Vandeputte Evere : 8 € • G. Abs Auderghem : 18 € • D. Houx Masnuy-Saint-Pierre : 3 € • Fr. Fievez Woluwe-Saint-Lambert : 3 € • M. Faucon Ixelles : 3 € • J. Melin Vilvorde : 3 € • A. Gosset Woluwe-Saint-Lambert : 8 €

LA LIGUE FRANCOPHONE ET WALLONNE DE LA RÉGION DE BRUXELLES. Éditeur responsable : Jean-Luc Robert, NOTRE JOURNAL « 4 Millions 7 ». Rue du Clocher 34, 1040 Etterbeek Adhésion : 12 € par an, 20 € pour l’étranger (10 numéros) ISSN 2033-740X à verser au compte IBAN BE62 1450 5390 3161 BIC GEBA BEBB Toute contribution au fonds de combat est bienvenue. de Ligue francophone et wallonne de la région de Bruxelles, Les articles signés n’engagent que leur auteur. 1000 Bruxelles.

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