REPUBLIQUE DU

…………………….. SYNERGIE PAYSANNE SYNDICAT NATIONAL DES PAYSANS DU BENIN

………………………. AGRICULTURES FAMILIALES ET SOCIETES FACE AUX INVESTISSEMENTS MASSIFS DANS LES TERRES

…………………………. ETUDE SUR LE CAS SPECIFIQUE DE

RAPPORT DE LA MISSION D’ENQUÊTE SUR LE FONCIER A DJIDJA : accaparement des terres

« L’éradication du phénomène d’accaparement des terres est un Décembre 2009 fondamental pour relever le défi de la souveraineté alimentaire des populations rurales »

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TABLE DES MATIERES

N° TITRE PAGES I- Introduction ……………………………………………………………………... 3 II- Description de la commune de Djidja ……………………………………… 4-11 III- Contexte et justification de la mission ……………………………………. 12-13 IV- Méthodologie adoptée pour l’étude ………………………………………… 14-20 Echantillonnage……………………………..……………………………… …... Conception des outils de collecte des données ……………………………… Déroulement de la mission …………………………………………………….. Difficultés rencontrées ………………………………………………….………. V- Acteurs rencontrés dans le cadre de l’étude ……………………………... 20 Les élus locaux…………………………………………………………………… Les vendeurs de terres………………………………………………………….. Les acquéreurs………………………………………………………...... VI- Analyse descriptive des données Statistiques ………………………… 21-28 Analyse descriptive des données VII- Analyse d’impact …………………………………………. ………………… 29-30 VIII- Recommandations …………………………………………………………….. 31-32 IX- Conclusion…………………………………. ………………………………….. 33 Annexes ………………….…………………………………………………… 34

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I. INTRODUCTION

Le Bénin est un pays à faible niveau de développement humain dont l’IDH calculé en 2006 est de 0,471. Il s’étend sur 114763 Km2 de superficie pour une population de près de huit millions (8.000.000) d’habitants. Parmi les contraintes à une forte expansion de l’agriculture figure la question cruciale de l’accès difficile à la terre. Les terres sont de plus en plus confrontées au phénomène d’accaparement par des personnes physiques et morales nanties ; ce qui entame la sécurité alimentaire des populations béninoises majoritairement paysanne et analphabète. Dans le département du ZOU, Djidja est une commune qui dispose du patrimoine le plus important en ressources naturelles ; Djidja est le grenier du Département du Zou. Cependant, elle constitue la commune la plus enclavée et la plus pauvre en infrastructures socio- communautaires du département. C’est un engagement pour les acteurs de la vie socio économique de Djidja de relever le défi de la croissance basée sur la création de richesses pour la réduction de la pauvreté. Ce défi a été exprimé dans la vision que la commune de Djidja s’est donnée à l’horizon 2015.

D’ici à 2015, Djidja sera une commune de bonne gouvernance, désenclavée et électrifiée, dont la population accède facilement à l’eau potable, aux soins de santé et à l’éducation. Elle maintient sa place de grenier du Zou tout en conservant son patrimoine naturel et améliorant le niveau de vie des producteurs. Elle est assainie et la paix et la sécurité y règnent, favorisant le développement des activités commerciales sportives, culturelles et touristiques.

Le phénomène d’accaparement des terres qui envahit la commune de Djidja constitue une contrainte majeure pour accomplir la vision déclinée. C’est pour cela que la société civile sentant le chaos, anticipe pour freiner l’hémorragie foncière qui planifie l’insécurité alimentaire, l’extrême pauvreté et la faim dans la commune de Djidja. La présente étude initiée par la Synergie Paysanne est un exemple vivant.

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II. DESCRIPTION DE LA COMMUNE DE DJIDJA

2.1- Localisation, superficie et organisation administrative La commune de Djidja est la plus vaste des neuf (9) communes du Département du Zou dans la partie centrale de la République du Bénin (voir carte1 et 2). Elle couvre 41,66% de la superficie totale du Département. La commune de Djidja est située au nord- ouest du Département et est limitée au sud par les communes d’ et de , au sud- ouest par le Département du Couffo (commune d’Aplahoué), à l’est par la commune de Za- et au nord par le Département des Collines ( communes de Dassa et ). La commune est subdivisée en soixante dix neuf (79) villages regroupés en douze (12) arrondissements qui sont : Djidja, , Dan, , Oungbègamè, , , Zounkon, , Dohouimè, et Gobaix.

2.2- Climat, relief, sols et hydrographie La commune de Djidja jouit d’un climat de type sub- équatorial tendant vers le soudano- guinéen dans les parties septentrionales. Aussi remarque- t- on que dans ces parties les deux saisons pluvieuses deviennent pratiquement une seule. Le relief est constitué de plateaux avec des dépressions, mais aussi des affleurements granitiques (Lô, Lalo…) atteignant 100 m d’altitude. Deux substrata géologiques portent les sols de la commune. Il s’agit du continental terminal qui porte les sols ferralitiques du Sud et du socle cristallin du crétacé qui porte les sols ferrugineux. On observe des sols hydromorphes et des sols noirs par endroits. S’agissant de l’hydrographie, la commune est drainée par 145 km de cours d’eau dont deux (2) fleuves, à savoir le Zou et le Couffo. Les autres cours d’eau sont des rivières saisonnières qui se jètent dans l’un ou l’autre fleuve.

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2.3- Etat des ressources

L’état des ressources de la commune est fortement lié à l’état des ressources naturelles, car il s’agit d’une commune rurale à vocation agricole. Or, l’état des ressources naturelles se présente diversement dans les différentes zones agro- écologiques de la commune.

2.3.1- Les zones agro- écologiques de la commune On distingue trois zones agro- écologiques dans la commune de Djidja. . Zone 1 : la palmeraie. Il s’agit de la zone la plus au Sud (dans la pointe), regroupant les arrondissements d’Agondji, Mougnon, Dohouimè, Oungbègamè et une partie de Zounkon. C’est une zone de palmeraie sur des sols ferrallitiques du continental terminal, exploités par une forte densité de population à majorité Fon. Les sols sont très dégradés et les cultures pratiquées sont le maïs, le niébé, l’arachide et le manioc. La production du coton est faible et celle de l’igname réduite à quelques buttes. Le palmier à huile et le petit élevage constituent les principales sources de revenus des paysans de cette zone. . Zone 2 : la savane arbustive. C’est la zone de la savane arbustive portée par des sols ferrugineux tropicaux sur socle précambrien. Elle s’étend le long des deux axes moyennement dégradés (Zinkanmè- Lô et Dan- Setto). Les populations Fon, Agou et Adja qui habitent cette zone cultivent les vivriers (maïs, le sorgho, l’arachide, niébé, manioc…). L’igname était assez cultivée mais sa production est en chute avec la baisse de la fertilité des sols, cédant ainsi la place au coton qui a chuté lui aussi. Il y a aussi des palmiers qui subsistent et qui se développent actuellement. . Zone 3 : la savane arborée. C’est la zone de savane arborée sur sols ferrugineux tropicaux moins exploités que les deux autres zones. C’est une zone de faible densité, habitée surtout par les Fon et les Agou, qui y pratiquent les cultures d’igname, de coton, de maïs, de niébé et

5 Cabinet Sublime Excellence, 02BP501 Cotonou Tél. 95066459/ 21040147 email : [email protected] d’arachide…La plus grande production d’igname vient de cette zone. L’élevage du gros bétail et des petits ruminants contribue pour une part importante au revenu des ménages. 2.3.2- Les ressources humaines La population de la commune de Djidja est de 84.590 hbts selon les données du recensement de 2002, occupant ainsi la troisième place dans le rang des communes les plus peuplées du Zou. La commune de Djidja fait ainsi partie de celles qui disposent du capital humain le plus important. Cependant, la pression foncière n’y est pas aussi forte que dans les autres communes, compte tenu de la superficie importante de Djidja. La densité de population est d’environ 39 hbts/km2, ce qui représente la plus faible densité du Zou. Il faut aussi remarquer que cette importante population est en majorité jeune et féminine.. Les femmes représentent 52,41% de la population. De même, 58,69% de cette population ont moins de 20 ans. Les femmes et les jeunes constituent alors la majeure partie des ressources humaines de la commune. Cette population est inégalement répartie dans les douze (12) arrondissements de la commune. On observe une forte concentration de population dans l’arrondissement de Djidja qui dépasse tous les autres arrondissements. Cela s’explique par le fait que c’est le chef- lieu de la commune avec une concentration des activités commerciales et des services. Dohouimè et Zounkon sont les arrondissements les moins peuplés à cause des nombreux cas d’émigration dus à la pauvreté des sols. Mougnon et Oungbègamè sont proches de cette situation, mais présentent quelques attraits sur le plan commercial, ce qui entraîne des cas d’immigration non négligeables.

L’effet conjugué de la natalité, de la mortalité et des mouvements migratoires entraîne un accroissement. Le taux de mortalité est passé de 16,42% en 1992 à 12,1% en 2002. Ce taux est en conformité avec la moyenne départementale qui est exactement de 12,1%. Cela signifie que les efforts qui sont faits en matière de couverture sanitaire ont des effets positifs sur la santé des populations, même s’il reste beaucoup à faire.

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L’analyse de l’évolution de la population des communes du Zou à partir des données des recensements de 1979, 1992 et 2002 montre que Djidja fait partie des communes où la population augmente rapidement. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il y a encore dans la commune des ressources naturelles dont l’exploitation permet aux populations de vivre et de se reproduire. Mais cette tendance observée au niveau communal n’est pas vérifiée dans tous les arrondissements. Il y a des arrondissements où on a noté plutôt une baisse de la population. C’est le cas des arrondissements de Dohouimè et de Zounkon. Cette situation peut s’expliquer par la dégradation des ressources naturelles de production dans ces arrondissements provoquant de nombreux départs de population vers des zones où les terres sont plus fertiles. 2.3.3- Les ressources naturelles de production. Par « ressources naturelles de production », il faut entendre ici les sols, les cours d’eau et les ressources forestières. . Les sols. La commune de Djidja dispose d’une variété de sols à savoir, les sols ferralitiques, les sols ferrugineux tropicaux, les vertisols et les sols hydromorphes, comme annoncé dans la présentation des zones agro- écologiques. . Les cours d’eau. La Commune de Djidja dispose d’un réseau hydrographique assez riche avec 38 cours d’eau, bras de fleuve et ruisseaux dont seul le fleuve Zou possède un régime permanent en toute saison. Les autres cours d’eau, ruisseaux et rivières sont le Couffo avec ses multiples bras, les rivières Dra, Honvè, Logodo, Akpalo, Amakpa, Agbla, Ouèdo, Akpinya , etc. Ces cours d’eau sont pour la plupart menacés de comblement, ce qui réduit de façon considérable, leur capacité à fournir de l’eau aux populations. Ces dernières adoptent parfois des pratiques qui dégradent sérieusement les berges des cours d’eau, à

7 Cabinet Sublime Excellence, 02BP501 Cotonou Tél. 95066459/ 21040147 email : [email protected] savoir le labour des berges et même des lits. Ce phénomène est observé dans la périphérie de Djidja- centre. . Les ressources forestières. o Les palmeraies Elles ont remplacé la forêt originelle au sud de la commune, sur les terres de barre fortement dégradées. Elles occupent les localités de Mougnon, Oungbègamé et de Dohouimè. Il s’agit de palmeraies destinées à la production de noix de palme pour la préparation de l’huile de palme. Ces palmeraies ont été installées suite aux défrichements de la forêt à des fins de cultures annuelles. ZOGO (1991) a montré que les cultures et jachères ont augmenté de plus de 25% en moins de dix (10) ans à Dohouimè. Ce processus qui se poursuit, expose les sols à l’érosion et à la baisse de fertilité. Les producteurs sont alors obligés de pratiquer la jachère, mais n’ayant pas d’autres terres, ils occupent les terres avec les palmeraies. On observe ainsi des palmeraies- jachères ayant plusieurs dizaines d’années d’âge. Des reliques forestières sont observées par endroits. Il s’agit essentiellement des forêts fétiches (« VODOUZOU »). o La savane arbustive. C’est la zone moyennement dégradée de la savane, portée par des sols ferrugineux tropicaux aussi dégradés. Elle s’étend le long des deux axes Zinkanmè- Lô et Dan- Setto. On y observe des essences forestières telles que le Prosopis africana, le Pterocarpus erinaceus, l’Isoberlina doka, Daniellia oliveri…quelques pieds de palmiers y subsistent également. C’est dans cette zone que sont installées les forêts classées de Dan et d’Atchérigbé. Il s’agit de plantations de Techtona grandis (tecks) et de Cassia siamea. o La zone de savane arborée. La savane arborée est la zone la moins dégradée de la commune. Elle est portée par trois types de sols, à savoir les sols ferrugineux tropicaux, les vertisols et les sols

8 Cabinet Sublime Excellence, 02BP501 Cotonou Tél. 95066459/ 21040147 email : [email protected] hydromorphes. Les essences citées plus haut se retrouvent dans cette zone qui subit la pression des champs d’igname et des pâturages. Il s’agit de la zone septentrionale et celle du Sud- Ouest de la commune. La zone de Gbadagba est une vaste zone de savane où il n’y a ni champ, ni habitation. Cette zone est devenue le champ de prédilection pour le pâturage des troupeaux bovins qui s’y installent progressivement. o Les îlots forestiers et galeries. Des îlots forestiers sont observés dans toutes les zones et comportent des essences telles que l’Iroko, le fromager, le chêne, etc. Ces essences forestières sont menacées par la carbonisation et les prélèvements de bois d’œuvre et de services. On rencontre également des forêts fétiches surtout dans la zone sud d’Agouna. Il s’agit des forêts du fétiche Monlou dont les cérémonies se font dans la forêt. Les galeries, le long des cours d’eau, présentent encore des reliques forestières non négligeables, surtout aux abords du fleuve Zou o La faune. La zone de Djidja était vraiment giboyeuse et on y trouvait plusieurs espèces telles que le cobb de buffon, le phacochère, mais actuellement, avec la chasse avec des fusils modernes, on y trouve plus que les singes, le lièvre et parfois le phacochère.

. Les ressources minières Les ressources minières disponibles dans la commune sont essentiellement des carrières dont la plupart sont non ou mal exploitées. Il s’agit des carrières suivantes : - la latérite et le calcaire : Les carrières de latérite existent dans la commune de Djidja et sont réparties dans les arrondissements, notamment Agondji, où on observe également des gisements de calcaires, Agouna et Dan. La latérite sert dans la construction des pistes et le calcaire dans la fabrication du ciment, de la chaux et de la craie

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- le granite : Des affleurements granitiques sont observés dans la commune, notamment dans les arrondissements d’Agouna, de Dan, Outto et de Monsourou. Le granite est utilisé dans la construction des routes et des maisons. - le sable : Des carrières de sables existent dans les arrondissements de Djidja, Dohouimè, Gobaix, Oungbègamè, Setto et de Zounkon. Le sable sert dans la construction des maisons et des infrastructures - le gravier : La commune de Djidja dispose de plusieurs carrières de gravier. Ces carrières sont localisées dans les arrondissements de Outto et de Setto - l’argile : Des carrières d’argile sont observées dans les arrondissements de Mougnon, Zounkon, Gobaix et de Outto. L’argile sert dans l’artisanat à savoir la poterie et la fabrication des tuiles.

2.3.4- Les ressources non ou sous- exploitées. Certaines ressources de la commune sont sous- exploitées ou pas du tout exploitées. Il s’agit des bas- fonds, des carrières et des attractions touristiques. . Les bas- fonds. Comme présenté plus haut, la commune de Djidja dispose de plusieurs bas-fonds dont la plupart ne sont pas aménagés, même si certains sont exploités. Ceux qui sont exploités le sont par les Adja qui maîtrisent mieux les techniques de culture de bas- fonds. Il s’agit de techniques rudimentaires qui méritent d’être améliorées par des aménagements appropriés. Par ces aménagements, les revenus des producteurs pourraient être améliorés et la période de soudure pourrait être réduite avec les cultures de contre saison et la riziculture. Une étude technique des bas-fonds est nécessaire pour évaluer leur potentiel et les possibilités d’aménagements. . Les carrières Plusieurs carrières de ressources minières ne sont pas exploitées comme c’est le cas du granite, de la latérite et de l’argile à Dohouimè, granite et gravillons à Monsourou,

10 Cabinet Sublime Excellence, 02BP501 Cotonou Tél. 95066459/ 21040147 email : [email protected] sable et latérite à Mougnon, etc. Le Tableau 1 présente les ressources minières non exploitées par arrondissement :

Tableau 1: Ressources minières non exploitées selon les arrondissements concernés

Arrondissements Gobaix Monsourou Mougnon Oungbègamè Setto

Ressources Gravier à Granite et Sable Sable blanc Granite, minières non Gobaix gravillons blanc et gravier et exploitées latérite collines.

Source : Enquêtes de terrain (2004).

L’exploitation de ces carrières ainsi que l’amélioration de la gestion de celles qui sont déjà exploitées permettraient une diversification des sources de revenus des populations et de la commune. . Les attractions touristiques Deux sites présentent des attractions touristiques dans la commune et qui ne sont pas jusqu’à présent, valorisées. Il s’agit des affleurements rocheux de Lô dans l’Arrondissement de Monsourou et Lakpo dans celui de Gobaix. Ces affleurements rocheux sont très intéressants à regarder et l’aménagement de leurs sites créerait des lieux de repos et de loisirs aux touristes qui voudraient rester en contact avec la nature. Le site de Lô représenterait une facette de l’histoire du Bénin, la colline porte un ouvrage qui y aurait été déposé par le Roi Béhanzin. Des études de faisabilité méritent d’être faites sur l’utilisation de ces sites à des fins touristiques, notamment dans les circuits de tourisme durable. Les questions relatives au désenclavement et la sécurisation de ces sites devront être résolues dans ce cadre.

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III- Contexte et justification

3.1- Contexte

Globalement, le Bénin dispose des ressources en terres importantes pour son agriculture. Cet avantage en dotation naturelle à l’échelle du pays cache cependant beaucoup de disparités qui sont relevées entre les départements et à l’intérieur des départements. Dans les départements du Nord, il existe encore d’énormes potentialités en terres à l’exception de certaines communes de l’Atacora et de la Donga où le seuil critique de charge agro-démographique des terres est dépassé. Dans le département du Zou, presque toutes les communes ont dépassé le seuil critique de charge agro- démographique des terres. La situation est moins alarmante dans le département des Collines. Dans tous les départements du Sud, le seuil critique est atteint et même dépassé, sauf dans les communes de Kétou et Aplahoué. Dans ces départements du Sud où les problèmes de terres se posent avec acuité, il existe des grands domaines non mis en valeur et appartenant à des tiers qui les destinent à des fins spéculatives. Dans le même temps, les paysans sans terre végètent dans la misère en se transformant en ouvriers agricoles. A ces situations se greffent les problèmes liés à :

- la forte densité des populations dans le Sud du Bénin ;

- aux mouvements migratoires de paysans des zones appauvries en terres vers des zones à potentialités en terres encore disponibles (colonisation des terres du département des Collines par des migrants venus de l’Atacora et du Zou) ;

- au fait que toutes les transactions foncières en milieu rural ne sont pas régies par des mesures législatives et réglementaires modernes mais basées sur des pratiques coutumières qui entres autres, excluent la femme et sa fille du droit d’héritage de la terre

- aux modes d’accès à la terre, caractérisés surtout en milieu rural par l’héritage, la donation, l’achat, la vente, le métayage, la location, la mise en gage et le prêt.

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Le secteur rural ne saurait se développer réellement et permettre véritablement la réduction de la pauvreté sans le règlement préalable des problèmes liés au foncier. Les problèmes fonciers sont une des principales causes de la pauvreté des populations.

La Synergie Paysanne (SYNPA), un syndicat béninois du monde paysan, a identifié de nombreux cas d’accaparement des terres par des investisseurs qui ont été décrits dans un document envoyé au Comité Catholique Contre la Faim et le Développement (CCFD) en octobre 2009. Dans le cadre du travail commun SYNPA-CCFD, un cas en particulier devait être choisi pour illustrer en détail la problématique au Bénin. C’est ainsi que SYNPA a porté son choix sur la commune de DJIDJA. Le problème identifié est l’achat massif des terres agricoles par des intermédiaires béninois au profit d’intérêts particuliers dont les sociétés étrangères.

3.2- Objectifs et résultats attendus

Les objectifs visés par la mission d’enquête sur le foncier à Djidja sont :

. décrire avec le plus de précision possible la situation dans la commune de Djidja en terme d’accaparement des terres : importance du phénomène, mécanisme (juridique, financier, corruption etc.) d’accaparement, acteurs impliqués et finalité des processus d’accaparement, . étudier l’impact actuel ou attendu de ces projets d’investissement dans la commune de Djidja

A travers ces objectifs, les résultats ci-après sont attendus :

. recueil d’information de terrain . traitement et analyse des données . élaboration d’une base de données . proposition de stratégies pour freiner le phénomène . rapport d’étude

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IV. METHODOLOGIE ADOPTEE POUR L’ETUDE

Les principales phases de réalisation de l’étude sont les suivantes :

- L’analyse des termes de référence de l’étude ; - La préparation des outils de collecte des données ; - La formation de l’équipe de collecte - La collecte des données; - Le traitement et l’analyse des données ; - La rédaction du rapport.

4.1- Conception des outils de collecte des données

Pour conduire les travaux de terrain, des outils de collecte des données ont été conçus et utilisés. Il s’agit de six outils présentés comme suit :

- un guide d’entretien semi structuré ayant pour objet de pré identifier les institutions à enquêter ; - un fiche de collecte des données du registre foncier - une fiche de collecte des documents et articles nécessaires au niveau de la commune

4.2- la formation de l’équipe de collecte de données et le test

La mission a exploité les ressources humaines du Cabinet Sublime Excellence appuyées. L’équipe a suivi une formation sur l’administration du questionnaire et la compréhension de l’échantillonnage et l’a ensuite testé puis l’a amélioré Elle est composée de :

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N° Nom et prénoms Qualité Rôles

01 Léopold TOTON Expert Formateur- Master Finance Coordination de la Analyste, DG/Cabinet Sublime mission Excellence

02 DOSSOU-YOVO DESS en Droit des Affaires, spécialiste Chef de mission Ferdinand des questions foncières

03 DEGBOE Viwossin Ingénieur des Travaux Statistiques Collecte Traitement et Gildas analyse des données

04 SOGLO Fortune Diplôme de Technicien Supérieur en Collecte de données Administration Financière

05 AZONDEKON Richard Diplôme de Technicien Supérieur en Collecte de données Banque et Finance

06 SETOUNKPATIN Jean Agent de Maîtrise du Cabinet Sublime Collecte de données Claude Excellence

Cette équipe a été fortement soutenue par le Secrétaire Exécutif de SYNPA à travers la fourniture de toutes informations disponibles au niveau de la SYNPA, l’introduction de l’équipe de collecte auprès des autorités communales et la mise à la disposition de cette équipe de BADGES pour la réalisation de l’étude. L’intéressé a par ailleurs effectué un premier voyage avec le Chef de mission afin d’amener les élus locaux à bien accueillir la mission.

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4.3- l’échantillonnage

Définition de l’échantillon L’enquête sur le phénomène d’accaparement des terres a porté sur la commune de Djidja. Globalement le nombre de cas notés à la Mairie est de 300 cas d’accaparement de terres (300 conventions de vente non classées). L’échantillon enquêté représente 10% du nombre de cas global, soit 30 cas d’accaparement de terres à tirer dans les arrondissements à fort taux de pression d’accaparement de terres. Le tirage consiste à tirer 30 fois un arrondissement quelconque avec remise parmi les arrondissements sélectionnés à savoir Djidja, Dan, Monsourou, Mougnon et Setto qui couvrent près de 80% de la superficie globale de la commune de DJIDJA (voir la carte géographique de la commune : PDC). Notons qu’en tirant un arrondissement, on entend s’informer sur un cas d’accaparement dans ledit arrondissement Cette expérience a été témoignée par un extrait du registre foncier (60 cas : 60 conventions dont les superficie sont importantes) de la commune doublé d’éléments renseignés par les élus locaux et des vendeurs sur les zones dominantes de pressions exercées par les acquéreurs de terres dans la commune de Djidja. Au regard de ce qui précède, cet échantillon est bien représentatif pour toute extrapolation sur la commune.

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Encadré : estimation à partir de l’échantillon A partir des données de l’échantillon, une estimation de la superficie totale des terres accaparées donne environ 45,82% de toutes les terres cultivables dans la commune de Djidja. La formule utilisée se présente comme suit :

avec τ : part estimée de la superficie totale des terres accaparées dans la superficie totale des terres cultivables de la commune. s : superficie totale des terres cultivables au niveau de l’échantillon. S : superficie totale des terres cultivables au niveau de la commune. T : part de la superficie totale des arrondissements sélectionnés dans la superficie totale de la commune. t : taux de sondage appliqué sur les cas globaux pour obtenir l’échantillon. Dans le cadre de notre échantillon, τ = (36 * 100) / (982 * 0.8 * 0,1) = 45,82%

Méthodologie de détermination des arrondissements à forte dominance de pression d’accaparement

Démarche Réalisation de focus group à la Mairie avec les cadres de la Mairie et un autre avec la population. C’est une démarche participative.

Justification Le registre foncier n’est pas tenu correctement ; tout d’abord il est tenu manuellement et aucun classement n’est fait et plus est beaucoup de conventions de vente n’ont pas encore été notées. D’où il se pose un problème de disponibilité d’un registre foncier complet régulier et fiable. En effet, puisque les vendeurs sont taxés à 5,6% sur la valeur de cession à la déclaration de leur vente suivant la procédure d’enregistrement en cours de validité dans la commune de Djidja, ces derniers ont la réticence de faire enregistrer les conventions de vente à la Mairie ; ainsi on assiste à la non apparition des cas de

17 Cabinet Sublime Excellence, 02BP501 Cotonou Tél. 95066459/ 21040147 email : [email protected] superficies élevées dans le registre (1000ha et plus). C’est ce qui justifie l’utilisation d’une démarche participative pour identifier les zones à fort taux d’accaparement de terres et la constitution un extrait de registre foncier en fouillant les archives de conventions par le truchement des deux (02) focus group.

Focus group 1er Focus group : à la Mairie de Djidja (le 1er adjoint au Maire de Djidja, le 2ième adjoint au Maire, la Secrétaire administratif, Chef service développement local et prospective, chef service des affaires domaniales = 5)

2ième Focus group : population (3chefs de village, 6 vendeurs, 1 collectivité de 17 membres, 1 opérateur économique = 27) Les préoccupations principales qui ont dominé les échanges du focus group s’articulent autour de : - Les conseils pratiques pour la réussite de la mission, - Les zones de forte pression d’accaparement des terres : classement des arrondissement qui font objet de convoitise des accapareurs, - Diverses questions d’orientations et de guide

Résultats - La liste des arrondissements prioritaires qui sont sous pression d’accaparement de terres. Il s’agit de 7 arrondissements sur les 12 de la commune : Djidja, Setto, Dan, Agouna, Mougnon, Monsourou et Agondji. Ces arrondissements font partie des 9 premiers arrondissements à bon niveau de prospérité (voir Plan de Développement de la Commune). Le choix a été porté sur les 5 premiers arrondissements pour effectuer le tirage de 30 terres correspondant à 10% des cas globaux et 50% des cas notés dans l’extrait du registre. Il s’agit de : Djidja, Setto, Dan, Monsourou et Mougnon. .

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- A titre témoin et au regard du poids en superficie des conventions de vente retrouvées dans les archives, un extrait de registre foncier a été constitué contenant 60 cas soit 20% des cas globaux.

4.4- la collecte des données

La mission s’est déroulée du 03 au 04 puis du 07 au 10 décembre 2009 dans la commune de Djidja du département du ZOU.

Du 03 au 04 décembre 2009

Il s’est agit d’une séance de travail avec les autorités communales et les cadres techniques de la Mairie afin de leur présenter les tenants et aboutissants de la mission pour avoir leur adhésion et leur franchise quant à la qualité des données à collecter. Ainsi le Chef de mission a été introduit auprès du conseil communal par le Secrétaire Exécutif de SYNPA. Cette prise de contact a permis au Chef de mission de collecter les documents disponibles tels que : le plan de Développement communal de Djidja en cours de révision, quelques éléments du registre foncier de la commune.

Du 07au 10 décembre 2009

La collecte des données sur la base des outils conçus a été couplée à la recherche documentaire portant surtout sur les cas d’accaparement des terres suivant le questionnaire en annexe.

La méthode de collecte utilisée a été principalement les entretiens individuels avec les élus locaux, les cadres de la Mairie, les vendeurs, les collectivités qui sont des personnes par excellence susceptibles de fournir des informations fiables sur les cas d’accaparement de terres dans leurs milieux de vie.

Il s’agit aussi de focus group, des entretiens ayant connu la participation de plus d’une personne dans une approche participative.

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2.5 Difficultés rencontrées

Les difficultés rencontrées au cours de l’étude concernent essentiellement les problèmes liés aux phénomènes ci après :

- Le caractère assez dégradé des pistes de désertes au sein de la commune ;

- Les arrondissements sont relativement éloignés les uns des autres ;

- L’impossibilité de rencontrer les acheteurs ; cet état de chose est causé par le fait de leur non résidence au sein de la commune ;

- Les vendeurs étaient au départ réticents à répondre aux questions ;

- Les régistres fonciers ne sont pas effectivement tenus au sein de la commune ; et

- La non actualisation du Programme de Développement Communale (PDC) de DJIDJA.

V. ACTEURS RENCONTRES DANS LE CADRE DE L’ENQUÊTE

Les acteurs rencontrés dans le cadre de l’enquête sont subdivisés en trois grands groupes résumés dans le tableau ci après :

Type d’acteur Listing des personnes rencontrées Observation

Elus locaux 1er adjoint au maire de la commune, 2ème adjoint au maire de la commune, Chef service affaires domaniales de la commune, Secrétaire administratif de la commune, chef du village de Monsourou, chef du village de Djidja, Chef du village de Setto, Chef du village de Amankpa, Secrétaire administratif de Dan et de Mougnon

Vendeurs Une collectivité, un démarcheur, des vendeurs

Acquéreurs Un acquéreur Aucun acquéreur n’a été rencontré

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VI- ANALYSE DESCRIPTIVE DES DONNEES

5.1- Description des terres

La superficie totale des terres enquêtées est de 3600 ha (36 km2) soit 3,7% de la superficie cultivable de Djidja qui est de 982 km2. Trois (3) terres sur cinq (5) sont des plantations et seulement un (1) sur cinq (5) est une friche. Moins d’une (1) terre sur dix (10) est un bas fonds. Il faut noter que 13% des terres sont un mélange de bas fonds, plantations, friches et forêts. Au moment de l’achat, étaient cultivés en grande majorité sur ces terres des cultures vivrières ; en effet, sur huit (8) terres sur dix (10), étaient cultivées uniquement des cultures vivrières au moment de l’achat. La superficie des terres achetées présente des disparités allant de 10 hectares à 1000 hectares. Un peu moins de la moitié (40%) des terres achetés ont une superficie de 100 hectares, un peu plus de la moitié (53,3%) des terres achetés ont une superficie d’au moins 100 hectares. Un acquéreur achète en moyenne 120 ha de terres. Presque toutes les terres (93,3%) étaient à l’origine des terres communautaires.

Tableau : Répartition des terres selon la particularité agricole, les cultures produites au moment de l’achat, la superficie en ha et la situation du terre à l’origine.

Variables Effectifs Fréquence (%) Particularité agricole du terrain Bas fonds 2 6,7 Plantations 18 60,0 Friches 6 20,0 Bas fonds + plantations + 4 13,3 friches + forêts Total 30 100,0

Cultures produites au moment de l'achat Cultures vivrières 24 80 Cultures vivrières et 2 6,7 culture de forêt Aucune culture 4 13,3

Total 30 100,0

Superficie en ha

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10 5 16,7 20 2 6,7 50 4 13,3 70 3 10,0 100 12 40,0 200 2 6,7 500 1 3,3 1000 1 3,3 Total 30 100,0

Situation de la terres l'origine Terre communautaire 28 93,3 Particulier 2 6,7 Total 30 100,0

5.2- Description des acquéreurs

Plus de quatre (4) acquéreurs sur cinq (5) (83,3%) sont des acquéreurs individuels, un (1) acquéreur sur dix (10) est un groupement de fait et un peu moins d’un (1) acquéreur sur dix (10) (6,7%) est une société commerciale. Tous les acquéreurs sont de nationalité béninoise et résident au Bénin, ce sont pratiquement tous des hommes (96,7%). Parmi les acquéreurs, 76% sont des fonctionnaires et 20% d’entre eux exercent des professions libérales. Notons que près de la moitié (43,5%) des acquéreurs sont des groupes religieux et plus d’un (1) acquéreur sur trois (3) est une personnalité politique. Les entreprises multinationales représentent 21,7% des acquéreurs. Quatre (4) acquéreurs sur cinq (5) utilisent les services d’un démarcheur pour acquérir les terres. Cette acquisition est faite en majorité par une approche directe des vendeurs. 34,6 % des terres ont été acquis en contactant les chefs traditionnels et 15,4% ont été acquis en contactant les autorités communales. Les acquéreurs désignent pour la plupart des gérants pour la gestion des terres.

Tableau : Répartition des terres selon le type d’acquéreur, le sexe, la profession de l’acquéreur, le mode de gestion du terrain, le mode d’achat du terrain, les autres spécificités de l’acquéreur et la stratégie utilisée pour acquérir le terrain.

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Variables Effectifs Fréquence (%) Type d'acquéreur Acquéreur individuel 25 83,3 Groupement de fait 3 10,0 Société commerciale 2 6,7 Total 30 100,0

Sexe de l'acquéreur Masculin 29 96,7 Féminin 1 3,3 Total 30 100,0

Profession de l'acquéreur Fonctionnaire 19 76,0 Profession libérale 5 20,0 Commerçant 1 4,0 Total 25 100,0

Gestion du terrain Gérant 23 79,3 Acquéreur 6 20,7 Total 29 100,0

Mode d'achat du terrain Direct 6 20,0 Démarché 24 80,0 Total 30 100,0

Autre spécificité de l'acquéreur Entreprise multinationale 5 21,7 Groupe religieux 10 43,5 Personnalité politique 8 34,8 Total 23 100,0

Stratégie utilisée pour acquérir le terrain Communiqué à l'endroit 13 50,0 des vendeurs Approches via les chefs 9 34,6 traditionnels Approches via les 4 15,4 autorités communales Total 26 100,0

5.3- Procédures d’acquisition des terres

Les terres acquis subissent tous une opération d’achat, aucune terre acquise n’a été donc loué. Les coûts d’achat des terres connaissent de grandes disparités allant de 50.000 FCFA par hectare à 300.000 FCFA par hectare. En moyenne, un terre coûte

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128.000 FCFA par hectare. Il est plus fréquent de voir une terre achetée à 80.000 FCFA l’hectare (27,6% des terrains) ; le nombre de terres achetées à 150.000 FCFA l’hectare est non négligeable (17,2% des terres). Presque tous les acquéreurs (90%) achètent les terres en établissant uniquement des conventions de vente.

Tableau : Répartition des terres selon le coût de l’achat par ha, l’aspect juridique de l’opération d’achat.

Variables Effectifs Fréquence (%) Cout de l'achat par ha en fcfa 50000 1 3,4 60000 2 6,9 70000 2 6,9 80000 8 27,6 90000 1 3,4 100000 2 6,9 120000 2 6,9 125000 1 3,4 150000 5 17,2 160000 1 3,4 300000 4 13,8 Total 29 100,0

Aspects juridiques de l'opération d’achat Acte notarié seul 1 3,3 Respect de a loi foncière 2 6,7 seul Convention de vente 27 90,0 Total 30 100,0

5.4- Mécanisme d’exploitation des terres

La majorité (75,9%) des acquéreurs n’utilise pas de machines agricoles, seulement un (1) acquéreur sur quatre (4) exprime des idées de projet d’exploitation des terres avec des machines agricoles. La grande majorité (93,1%) des acquéreurs envisage utiliser des engrais dans leurs projets, ces engrais sont à 70% des engrais chimique ; des moyens de luttes contre les insectes sont également envisagés par la plupart (82,1%)

24 Cabinet Sublime Excellence, 02BP501 Cotonou Tél. 95066459/ 21040147 email : [email protected] des acquéreurs. Dans la localité, le bassin de l’emploi occupe les hommes et les femmes de façon temporaire et peu rémunérée. Un ouvrier gagne en moyenne 1750 FCFA par jour mais le salaire le plus fréquent est de 1500 FCFA par jour . Une ouvrière gagne en moyenne 935 FCFA par jour alors le salaire le plus fréquent chez les ouvrières est de 500 FCFA. Pour la plupart des cas, les ouvriers travaillant pour les acquéreurs sont originaires de Djidja et vivent dans la localité et 75% des ouvrières sont originaires et vivant dans la localité. Il faut noter que le travail d’ouvriers agricoles n’est continu et durable

Tableau : Répartition des terres selon l’utilisation des machines agricoles, l’utilisation d’engrais, le type d’engrais utilisé, l’utilisation de moyen de luttes contre les insectes, le moyen de luttes contre les insectes, le nombre d’ouvriers de sexe masculin, le salaire moyen d’un ouvrier par jour, le nombre d’ouvriers de sexe féminin et le salaire moyen d’une ouvrière par jour.

Variables Effectifs Fréquence (%) Utilisation de machines agricoles Oui 7 24,1 Non 22 75,9 Total 29 100,0

Utilisation d'engrais Oui 27 93,1 Non 2 6,9 Total 29 100,0

Type d'engrais utilisé Naturel 6 21,4 Chimique 20 71,4 Naturel et chimique 2 7,1 Total 28 100,0

Utilisation de moyen de luttes contre les insectes Oui 23 82,1 Non 5 17,9 Total 28 100,0

Moyen de luttes contre les insectes utilisé Insecticides / pesticides 21 95,5

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Autre 1 4,5 Total 22 100,0

Nombre d'ouvriers de sexe masculin 10 1 4,5 15 1 4,5 20 17 77,3 30 1 4,5 50 1 4,5 60 1 4,5 Total 22 100,0

Salaire moyen d'un ouvrier par jour 1200 3 12,5 1500 15 62,5 2000 1 4,2 2500 2 8,3 3000 3 12,5 Total 24 100,0

Nombre d'ouvriers de sexe féminin 10 2 12,5 15 3 18,8 20 7 43,8 25 2 12,5 30 2 12,5 Total 16 100,0

Salaire moyen d'une ouvrière par jour 500 7 35,0 800 1 5,0 1000 6 30,0 1200 2 10,0 1500 4 20,0 Total 20 100,0

5.5- Productions des acquéreurs

Toutes les terres sur lesquels ont portés l’enquête n’ont pas été exploitées après leur acquisition. Ainsi on peut conclure que les acquéreurs ne valorisent pas les terres (esprit spéculatif et de marchandisation des terres)

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Ce graphique présente les types de cultures produites sur les terres acquises. Il compare la situation au moment de l’achat et après l’achat. Le constat fait est que les terres, bien qu’étant exploitées au moment de l’achat, subissent un abandon de la part des acquéreurs. Ceci laisse soupçonner que les acheteurs de terres thésaurisent les terres en vue de revente plus tard et plus chère : c’est la marchandisation des terres. Cette situation n’arrange guère la commune de Djidja qui risque de perdre à long terme son titre de grenier du département du Zou.

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Ce graphique présente la répartition des terres acquises selon les superficies en hectares et les arrondissements prospères hiérarchisés. La prospérité des arrondissements a été définie en fonction du niveau de viabilisation des terres et / ou la fertilité du sol. Ce graphique exprime la forte pression que subissent premièrement les terres agricoles fertiles et les zones en début d’urbanisation. Le phénomène d’accaparement s’appesanti alors fortement sur les terres fertiles et réduit considérablement les chances des populations à assurer leurs souveraineté alimentaire par la culture céréalière.

Ce graphique présente la répartition des terres acquises selon le coût d’acquisition et les arrondissements prospères hiérarchisés. Ce graphique permet de faire ressortir les coûts d’acquisitions des zones à fortes pressions foncières. Il ressort de l’analyse de ce graphique que les terres acquises au sein des zones de fortes pressions foncières ont été cédées à un coût relativement bas par rapport à la moyenne. Ceci ne répond pas aux normes d’un marché ; en effet, l’augmentation de la demande de terres devrait entraîner une augmentation du coût d’acquisition. Ce qui n’est pas le cas, nous pouvons donc dire que les vendeurs ne cèdent leurs terres que pour des besoins de subsistances.

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VII- ANALYSE D’IMPACT

5.1- Impact des accaparements de terres sur les générations futures de Djidja

Ce graphique est une projection à l’horizon 2025 de la superficie des terres accaparées et de la superficie des terres disponibles dans la commune de Djidja. Avec cette tendance, il n’existera plus de terres agricoles non accaparées entre 2056 et 2057. La population de Djidja est fortement menacée d’extrême pauvreté et de faim si rien n’est fait pour arrêter le phénomène d’accaparement des terres. A long terme alors, les générations futures seront condamnées à l’exode rural et à une exploitation esclavagiste (ouvriers agricoles). En revanche, si les accapareurs sont contraints à une exploitation industrielle des terres, Djidja a des chances d’urbanisation et la mairie améliorera ses recettes fiscales, mais ce type de développement se réalise en faveur de l’appauvrissement des populations de Djidja. Cette situation engendrera des conflits sociaux graves dans la commune.

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5.2- Impact des accaparements de terres sur la vie des vendeurs et la localité de Djidja

Ce graphique présente les points de vue sur l’impact de la vente de terres sur la vie des vendeurs. En effet, 90% des personnes enquêtées pensent que la vente des terres à un impact négatif sur la vie des vendeurs dont 43,3% estiment cet impact positif à court terme : cette dernière allégation est une illusion de richesse que se font les vendeurs de terres généralement analphabètes. A court terme, la plupart des vendeurs de terres utilisent les gains issus de ce commerce pour acquérir des biens matériels (moto, toiture, téléphone portables etc.) et par suite peuvent se livrer à des activités comme conducteur de taxi-moto et autres activités d’économie précaires, d’où la nécessité de mettre en place une alternative permettant aux vendeurs d’exploiter des terres à des fins de production pour se prendre en charge.

De façon globale, la vente des terres ne fait qu’aggraver la pauvreté dans la commune de Djidja avec un enrichissement apparent des collectivités locales en recettes fiscales qui ne peut rien face aux besoins sans cesse croissants de

30 Cabinet Sublime Excellence, 02BP501 Cotonou Tél. 95066459/ 21040147 email : [email protected] développement de la population en matière d’accès à l’éducation, à l’eau potable, à la santé, à la nutrition de qualité, à un habitat décent et à des emplois durables.

VIII- RECOMMANDATIONS

Au regard de ce qui précède, les recommandations ci-dessous sont formulées :

1. La mise en place d’un plan actif de plaidoyer pour lutter contre le phénomène d’accaparement des terres : information et sensibilisation des vendeurs sur les dangers qu’ils courent, implication des élus locaux pour prendre des arrêtés communaux et des mesures de répression, implication des députés de la localités pour introduire des proposition de lois foncières au parlement, utilisation des organes de presse (journalistes économistes) pour dénoncer le phénomène, mobilisation des acteurs de la société civiles notamment les réseau d’OSC et la Maison de la Société Civile ;

2. La présentation du présent rapport au cours d’un atelier technique de sensibilisation des acteurs concernés par le plaidoyer ;

3. La mise en place d’un système d’appui au développement des micros petites et moyennes entreprises dans la commune de Djidja : à ce sujet l’institution ZFD en partenariat avec la SYNPA pourra installer un Centre d’Appui au développement de l’Economie Locale (CADEL) à Djidja,

4. La nécessité d’informatiser l’enregistrement systématique des cas cession de terres pour une tenue régulière du registre foncier afin d’éviter des conflits à moyen terme.

5. L’anticipation sur le phénomène en utilisant des verroux juridiques axé sur un mode spécifique de cession : signature de convention de vente devant les autorités locales (villageoises) et communales. Pour les terres appartenant aux

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collectivités ou familles avec un ou des représentants, s’assurer que les représentants de la collectivité le sont vraiment et que les terres ne soient préalablement pas immatriculées ou enregistrées (plan foncier rural ou certificat foncier rural : PFR ou CFR).

6. proposition de textes au niveau de la commune moins laxiste et favorables aux acheteurs de terres en exigeant:

- Les demandes d’achat motivées par les acquéreurs ; - Les motifs de la vente par les vendeurs ; - La destination du gain issu de la vente (projet) par les vendeurs ; - La limite de la superficie à vendre - Le transfert à la charge de l’acheteur de la taxe 5,6% du prix d’achat afin de les décourager sinon cela appauvri les vendeurs qui sont des paysans à faible revenu, - L’imposition parallèle du vendeur dans le sens de le décourager à continuer la vente des terres, - La proposition de garanties aux vendeurs, sachant que préalablement les terres sont immatriculées suivant la loi 2007 sur le Foncier Rural (PFR et CFR) 7. la nécessité de faire enregistrer toutes les terres de Djidja à un taux forfaitaire et délimitation des centres à urbaniser des terres à emblaver. 8. la recherche des partenariats pour le développement des infrastructures sociocommunautaires (routes), piste de déserte rurale, industries agricoles, d’élevage, de pêche, d’agriculture bio en vue d’un réel renforcer les capacités entrepreneuriales des populations. 9. la mise en place au profit de la jeunesse de Djidja en la mettant au travail à travers une vraie politique de formation, d’insertion, de développement des centres de formations, et de loisirs.

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IX- CONCLUSION

Le phénomène d’accaparement des terres dans la commune de Djidja favorise l’insécurité socio économique des populations majoritairement rurales. La présente étude s’est penchée sur le phénomène de l’accaparement des terres dans la commune de Djidja. Elle a été menée à bout grâce à une enquête par sondage. L’étude à révélé que le phénomène d’accaparement des terres est un phénomène bien réel et en pleine expansion à Djidja. Cet accaparement est dû au fait que les populations autochtones n’ont en réalité pas les moyens de mettre en valeur les terres. Cet état de chose conduit à la vente des terres par les autochtones afin de subvenir tant soit peu à leurs besoins. Malheureusement la vente des terres n’a qu’un impact positif très éphémère sur la population qui à la longue retombe dans la misère, et de manière plus prononcées, car n’étant même plus en possession de leur terres qui pourraient leur permettre de pratiquer l’agriculture de subsistance tout au moins. Au niveau communal, l’accaparement des terres n’a aucun impact durable sur l’économie de la localité en ce sens que les acheteurs de terrains ne mettent pas en valeur les terres afin de contribuer à la sécurité alimentaire de la commune.

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ANNEXES

- le questionnaire

- la carte de la commune de Djidja

- procédure d’établissement de convention de vente

- convention de vente de parcelle de terrain

- la base de données

- l’extrait de registre foncier

-

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Djidja

Djidja

Carte 1 : Situation de la commune de Djidja

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Za- Kpota

COMMUNE DE DJIDJA

Carte 2 : Carte administrative de la Commune de Djidja

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Carte 3 : Carte d’occupation du sol de la commune de Djida

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