El Watan - Mercredi 16 Mars 2016 - 2 L’ACTUALITÉ SMAÏL GOUMEZIANE
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UNPEF SIT-IN DES ADJOINTS DE L’ÉDUCATION LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Mercredi 16 mars 2016 À ALGER N°7743 - Vingt-sixième année - Prix : Algérie : 20 DA. France : 1 €. USA : 2,15 $. LIRE L’ARTICLE DE F. A.-ARAB EN PAGE 24 ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com ÉDITION DU CENTRE SMAÏL GOUMEZIANE. Ancien ministre du Commerce «Il faut s’engager dans un processus de changement réel» ■ Une des figures de l’ancien gouvernement Hamrouche en charge de l’organisation du commerce, Smaïl Goumeziane, analyse la crise économique dans laquelle s’enferre le pays. Il préconise à ce titre des «solutions durables» en privilégiant «les mesures structurelles à long terme». LIRE L’ENTRETIEN RÉALISÉ PAR HACEN OUALI EN PAGE 2 PHOTO : SAMI K. SAMI : PHOTO APRÈS LE DÉCÈS DE DEUX STAGIAIRES SOURCES DE FINANCEMENT CRI DE COLÈRE BENKHALFA DÉFEND DES INTERNES EN MÉDECINE L’ENDETTEMENT ■ Les rassemblements et les sit-in des internes se multiplient depuis le grand débrayage déclenché à Sétif suite au décès de deux étudiants, d’un ambulancier et d’un bébé de deux mois, dans le grave accident survenu la semaine dernière sur l’autoroute Est-Ouest. LIRE L’ARTICLE DE DJAMILA KOURTA EN PAGE 5 TAHAR HADJAR MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PHOTO : H. LYES PHOTO «La majorité des epuis quelques semaines, alors que le retour à d’une telle opération. Selon le ministre des Finances, «la D l’endettement extérieur se précisait avec l’option dette n’est pas un risque, mais c’est son usage qui en est enseignants n’ont de faire financer certains projets d’équipement par le un. Une dette bien utilisée est un levier de croissance». moyen d’une levée de fonds sur le marché international, Lire les articles de Ali Titouche, Zhor Hadjam économistes et politiques se déchirent… sur les risques et Melissa Roumadi en page 3 qu’une licence» L’ENSEIGNEMENT, LA FORMATION CONFLIT DU SAHARA OCCIDENTAL ET LA RECHERCHE La quête du LA COLÈRE NOIRE DE BAN renouveau agricole KI-MOON CONTRE LE MAROC RETROUVEZ VOTRE SUPPLÉMENT EN LIRE L’ARTICLE DE ZINE CHERFAOUI EN PAGE 9 PAGES 11, 12, 13, 14, 15 ET 16 El Watan - Mercredi 16 mars 2016 - 2 L’ACTUALITÉ SMAÏL GOUMEZIANE. Ancien ministre du Commerce «Il faut s’engager dans un processus de changement réel» Entretien réalisé par Hacen Ouali Comment jugez-vous les réponses gouver- son histoire, l’Algérie n’a-t-elle pas su relever nementales contenues dans la loi de finances des défis autrement plus improbables et dans des Depuis plusieurs mois, l’Algérie fait face à 2016 ? Sont-elles efficaces ou bien ne sont-elles conditions beaucoup plus incertaines ? une grave crise économique. La chute des prix qu’un ravalement de façade ? Vous soutenez la thèse selon laquelle le déve- du pétrole sur le marché international est-elle Bien entendu, quand une crise éclate, il faut loppement économique ne peut s’accommoder l’unique raison de cette crise ou s’agit-il seu- d’abord y apporter des solutions immédiates. d’un autoritarisme doublé d’un modèle ren- lement d’un élément révélateur d’une crise Celles de la loi de finances pour 2016 sont là pour tier. Dès lors, comment réunir les conditions de structurelle encore plus profonde ? amortir le choc en situation de brutale raréfac- suppression de la rente ? La crise s’est en effet aggravée. La chute des tion des ressources financières. Cependant, ces En effet, lors d’un débat organisé par votre prix du pétrole, après une longue période d’em- mesures risquent d’avoir pour effets secondaires quotidien en 2013, j’indiquais que l’autorita- bellie, n’a fait que confirmer le diagnostic établi de fragiliser davantage les couches sociales les risme, en soi, ne conduit pas forcément au mal- depuis plusieurs années sur l’extrême fragilité de plus défavorisées, de réduire sensiblement leur développement. Plusieurs pays, dont la Chine, l’économie nationale du fait de sa dépendance pouvoir d’achat et d’accroître le niveau du chô- la Corée du Sud ou même la Turquie, ont montré chronique au secteur pétrolier et au-delà au mage. Il en est ainsi des restrictions aux impor- qu’on pouvait réussir le développement, en tout système rentier. A ce titre, l’embellie pétrolière tations, de la baisse des subventions de certains cas s’y engager favorablement, à condition qu’il et ses flux financiers n’étaient que l’arbre qui produits et des impacts sur la croissance par se conjugue avec un système productif. Avec, par- cachait la forêt des signaux d’alarme qui s’étaient arrêts de chantiers ou baisses de la production, au fois et sous certaines conditions, la possibilité de multipliés depuis longtemps. Divers experts, profit, une fois encore, de l’économie informelle déboucher sur une réelle transition démocratique. et des réseaux de la spéculation. Avec, si cela Ce n’est historiquement jamais le cas lorsque think tanks et autres spécialistes, nationaux et K. SAMI : PHOTO internationaux, avaient, de façon récurrente, devait durer, un retour possible à l’économie de l’autoritarisme se combine à un système rentier. pénuries et ses pratiques clientélistes. La dérive attiré l’attention sur le caractère structurel de cette diverses rentes spéculatives, s’est propagé à tous En l’absence d’un système productif national du dinar sur le marché parallèle de la devise en crise. Mais on le sait : «Il n’est de pire sourd que les niveaux de l’économie nationale, et au-delà suffisamment dense et efficace, l’autoritarisme est le symbole le plus frappant. Qu’on se rappelle, celui qui ne veut pas entendre.» de la société, pour en gangrener tous les secteurs ne débouche jamais sur une économie prospère, là aussi, qu’au début des années 1990, on avait Pensez-vous que le gouvernement avait la et ruiner l’économie productive et ses couches encore moins sur une transition démocratique. programmé la libéralisation du taux de change possibilité d’éviter cette crise au regard de sociales les plus représentatives : les travailleurs Dans ce cas, les tenants de la rente veillent en du dinar, ou sa convertibilité, pour le milieu de la la manne financière dont disposait le pays et les entrepreneurs productifs, publics et privés. permanence au grain. Y compris par le recours à décennie, à l’équivalent de quelque 35 DA pour durant la décennie écoulée ? Pour autant, avec le temps, plusieurs éléments différentes formes de pression, de manipulation un euro. Vingt ans plus tard, on est désormais à La manne financière, toute relative et conjonc- différencient ces deux crises. Depuis la fin des et de violence. C’est pourquoi toute transition 120 DA pour un euro pour le change administré turelle qu’elle ait été, aurait pu servir à modifier années 1980, on sait que l’économie nationale est démocratique est délicate et risquée. Surtout et à 200 DA pour un euro sur le marché parallèle le «système économique» pour passer à une extrêmement sensible à toute variation des prix quand le souffle du terrorisme international est à ! Quel indicateur plus significatif de la dévalo- économie productive moins dépendante du pétroliers du fait de la fragilité et de l’ineffica- nos frontières et que d’aucuns rêvent d’y impli- risation de l’économie nationale ? Plus fonda- pétrole, de ses exportations et de ses rentes. Une cité de son appareil de production hors hydrocar- quer l’Algérie. Sans succès jusque-là. Raison de mentalement, de même que faire baisser la fièvre telle tentative, il faut se le rappeler, avait été, bures, et de la prééminence des activités spécula- plus pour renforcer la vigilance de tous sans pour ne guérit pas le malade, les mesures ponctuelles courageusement et autoritairement il est vrai, tives et rentières sur les activités productives. autant délaisser l’objectif d’assécher, pacifique- ne peuvent contribuer à préserver durablement menée par le tandem Boumediène-Abdeslam Tirant les leçons de la crise de 1986, les cadres ment et progressivement, les sources de la rente à l’économie nationale du «virus rentier» qu’à dans les années 1970, avant d’être phagocytée par nationaux ont mis au point divers remèdes tous les niveaux : économique, politique, social, condition de les combiner à des remèdes en me- le système rentier, son économie de pénuries et structurels qu’il fallait appliquer à l’économie culturel et même cultuel. Cela étant l’affaire du sure de traiter le mal à la racine. Les antibiotiques ses réseaux corrupteurs. Aujourd’hui, bien qu’on nationale pour neutraliser ce virus, engager sa plus grand nombre, il faut pouvoir s’appuyer sur contre ce virus sont bien connus. En termes éco- ait instauré des mécanismes de sauvegarde et de convalescence et retrouver son dynamisme et toutes les forces démocratiques du pays, notam- nomiques, l’antibiotique s’appelle réhabilitation sauvetage des ressources excédentaires tirées du son efficacité. A la fin des années 1980 et au ment celles présentes au sein des institutions de et diversification de l’économie productive natio- pétrole (réserves de change et FRR), celles-ci, début des années 1990, la mise en œuvre de ces la République, jalouses tout à la fois de la sécurité nale. En termes politiques, transition progressive en l’absence d’une économie productive, ont remèdes s’avéra périlleuse. Tout se joua princi- et des valeurs nationales, comme de la liberté des et pacifique vers un système démocratique. vite fondu comme neige au soleil dès la première palement sur la question de la dette externe. Les Algériennes et des Algériens. Si cette tendance n’est pas inversée, le pays bourrasque, bien rude j’en conviens, sur le mar- pressions des institutions internationales pour Pensez-vous que l’équipe gouvernementale ne court-il pas le risque d’une cessation de ché pétrolier.