Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized SOMMAIRE A E uclar e nat el u 27 26 25 PA RERaucalvairedesenfantsdelarue RETRAIT ETRÉINSERTION DESENFANTS DELARUE SI LESICSN’ÉTAIENT PAS ENCRISE... CONJONCTURE ÉCONOMIQUEDUSÉNÉGAL 24 La nébuleusedel’aideofficielle REVUE DESDÉPENSESPUBLIQUES 20 Les marispartis,lesfemmesveulentretenirenfants VISITE DANSLENORDDUSÉNÉGAL LES OPÉRATIONS 16 « I’masoldierforthedevelopmentofAfrica» CHAIRMAN, MICROSOFT- CHEICK MODIBODIARRA, « Jesuisunsoldatdudéveloppementdel’Afrique» 13 PRÉSIDENT DEMICROSOFTAFRIQUE CHEICK MODIBODIARRA, L’INVITÉ Dernières évolutions,problèmesetperspectives 10 LE CAPITAL INVESTISSEMENTENAFRIQUE 7 5 Promouvoir l'entreprise,c'estpromouvoirledéveloppement ENVIRONNEMENT DUSECTEURPRIVÉ 3 Prise deconsciencedupotentielmicrofinancement SERVICES BANCAIRESPOURLESPAUVRES 3 DOSSIER S’assurer quel’argentarriveàbonport GOUVERNANCE ETCORRUPTION Ensure thatfundsreachthebeneficiaries GOVERNANCE ANDANTI-CORRUPTION L’ÉVÉNEMENT Era ofgoodgovernance Ère debonnegouvernance L’ÉDITORAL esinu e rcdrs 29 Le seigneurdesprocédures 28 BOURAMA DIAITE VIE DUBUREAU La position«avant-gardiste»delaBanquemondiale LUTTE CONTRELAFRAUDEETCORRUPTION BANK INSIDE THE R / THE GUEST / THE / THE EDITORIAL / THE / THE EVENT / THE . 4 L’EDITORIAL ÈRE DE BONNE GOUVERNANCE

avons consulté des entités représentatives de la surtout plus accessible éprouvé par des société sénégalaise afin de recueillir leurs entrepreneurs dotés de très faibles points de vue sur cette nouvelle stratégie. La ressources propres, comme la plupart de ces conclusion la plus largement partagée est que 741 000 Sénégalais qui ont déposé 140 si des élections transparentes et régulières sont millions de dollars dans les institutions de une condition nécessaire à la bonne microfinance en 2006 et ont bénéficié de gouvernance, elles sont loin d’être suffisantes. 167 millions de dollars de prêts ! Il est donc normal, ici et maintenant, que la Ces entrepreneurs dynamiques, nous Banque mondiale s’engage à apporter un les avons rencontrés récemment dans la soutien vigilant à toute mesure et pratique région Nord du Sénégal, dans le Matam, visant à améliorer la gouvernance au Sénégal et où nous avons vu les femmes de notamment dans la gestion des ressources Bokidiawé mettre toute leur énergie et leur budgétaires dont la revue annuelle par la enthousiasme à produire des cultures à Banque mondiale est un exercice toujours haute valeur ajoutée. Certes pour gagner instructif sur le chemin restant à parcourir. de l’argent ! Mais, plus important encore, Cet appui à la bonne gouvernance vaut pour retenir leurs enfants dans le terroir. Oui, tout autant pour le secteur privé ; le ces femmes, ont, pour la plupart, vu leur Madani M. Tall président du Groupe Bank of Africa décrit mari émigrer vers l’Europe ou les États-Unis Directeur des Opérations dans ce numéro la place qui lui a été et elles veulent prouver à leur progéniture accordée par les États et les partenaires au qu’il est possible d’être gagnant au Sénégal. Banque mondiale développement depuis 1960. Il ne se contente pas d’une description ; c’est au fil Ces femmes de Bokidiawé ont un avocat Au moment de la préparation de ce d’un véritable bréviaire, hors du de poids en la personne de Cheick Modibo septième numéro du magazine Echos de la «politiquement correct» que ce banquier Diarra qui est l’invité de notre magazine ! Cet Banque mondiale, le Sénégal se préparait à assène « ses » vérités à toute personne astrophysicien de Ségou (), ancien de la son scrutin présidentiel. Malgré leur confiance désireuse de gagner sa vie et de participer à NASA, aujourd’hui président de Microsoft en dans le système démocratique qui a déjà fait la croissance économique de son pays en Afrique, porte sa conviction en bandoulière : ses preuves, les Sénégalais, nous a-t-il semblé, investissant dans le secteur privé. on peut réussir en Afrique ! Clamée haut et étaient quelque peu inquiets quant au fort, sans louvoiement ni langue de bois. Les déroulement du scrutin. Au final, tous les Évidemment, ces paroles de banquier, premiers à pâtir de cette absence de observateurs indépendants, notamment de la pour appropriées qu’elles soient, ne font circonvolutions, devenez qui ? Nous, qui lui CEDEAO, ont estimé que, mis à part quelques pas oublier le difficile chemin qui mène au avons ouvert la page de notre magazine… « couacs », ces élections ont été populaires et crédit bancaire. D’où la pertinence de la puisqu’il taxe la Banque mondiale de transparentes. Ainsi, le Sénégal s’ouvre sur une microfinance qui vient, d’ailleurs, d’être « voleuse de cerveaux africains » ! Non, non, nouvelle ère qui, coïncidence heureuse, arrive mise à l’honneur avec l’attribution du Prix ne vous méprenez pas. EBM n’est pas fâché au moment où la Banque mondiale élabore Nobel à Muhammad Yunus. Le développement contre le frère malien. Au contraire, nous une stratégie pour renforcer la Gouvernance et de ce secteur en dit long sur le besoin d’un espérons que vous savourerez les propos de la lutte contre la corruption. Pour ce faire, nous financement alternatif, moins coûteux et ce navigateur interplanétaire ! ERA OF GOOD GOVERNANCE As this seventh issue of the magazine Echos budgetary resources, whose annual review by of Senegal. There, Bokidiawé women de la Banque Mondiale was being the World Bank always sheds light on work energetically and enthusiastically throw prepared, Senegal was gearing up for its that remains to be done. themselves into the production of crops that presidential elections. Despite their This support for good governance also applies to offer a high degree of value added. While confidence in the reliability of the the private sector, something acknowledged by they are certainly doing so to earn money: democratic system, which has already been the Chairman of the Bank of Africa (BOA), in more importantly, they wish to keep their demonstrated, it was our impression that describing the role accorded to this sector by children on native soil. Indeed, the the Senegalese people were feeling some States and development partners since 1960. husbands of the majority of these women angst over the voting process. In the end, Beyond this description, this banker, unfettered have migrated to Europe or the United all independent observers, in particular by political correctness, delivers “his” truth in the States, and the women want to demonstrate ECOWAS, expressed the view that, a few form of a veritable sermon to anyone wishing to to their children that it is possible to earn a glitches notwithstanding, the voting process earn a living and participate in economic growth living in Senegal. was inclusive and transparent. Senegal is by investing in the private sector. therefore ushering in a new era, which Clearly, this banker’s advice, though relevant, These Bokidiawé women have a powerful serendipitously coincides with the does not obscure the fact that the path to bank advocate in Cheik Modibo Diarra, the guest formulation by the Bank of a strategy to credit is fraught with difficulty. Hence the of our magazine. This astrophysicist from strengthen governance and combat need for microfinance, the virtues of which Ségou, Mali, is a former NASA employee and corruption. With this in mind, we polled have just been extolled with the awarding of currently the President of Microsoft in Africa. representative groups in Senegal in order to the Nobel Prize to Muhammad Yunus. The He wears his convictions on his sleeve – gather their views on this new strategy. The development of this sector speaks volumes success can be achieved in Africa! He most widely shared conclusion is that while about the need for alternative financing that is makes this point forcefully and unreservedly. transparent and legitimate elections are a less costly and in particular more accessible to We turned out to be his first victims by necessary condition for good governance, entrepreneurs with scant resources of their opening the doors of our magazine to him, they fall well short of being a sufficient own, as is the case with the majority of the given that he accuses the World Bank of condition. It is therefore logical, at this point, 741,000 Senegalese who, in 2006, deposited “poaching African intellectuals!” Echos de la for the World Bank to pledge support, in a US$140 million to receive US$167 million in Banque Mondiale bears no animosity toward context of vigilance, for any measures and loans from microfinance institutions! the Malian brother, but leaves it up to the practices that seek to improve governance We recently met with these dynamic readers to gain insight from the words of this in Senegal, in particular the management of entrepreneurs in Matam, the northern region space traveler!

3 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar THE EVENT

GOVERNANCE AND ANTI-CORRUPTION CONSULTATIONS ENSURE THAT FUNDS REACH THE BENEFICIARIES

critical of “the confidentiality requirement,” Bissau), local officials, and members of holding the view that “public the Council of the Republic and of the acknowledgment of problems” should be National Commission against Non- standard practice for the World Bank in Transparency and Corruption any country, instead of “hiding behind a [Commission nationale de lutte contre la wall of silence that conceals the failings of corruption et la non transparence] all borrower countries.” participated in the same consultation World Bank colleagues who attended session held on January 23, 2007. These this meeting took advantage of the elected officials who pass laws and opportunity to point out the availability of authorities responsible for their Question: How can the Bank ensure information and documents as important enforcement quickly arrived at a that its grant and loan proceeds are used as credit agreements that, with the consensus on the need to standardize the for their intended purposes, while helping exception of such documents as the usual definition of “Governance,” “Ethics,” and countries build their own systems and project evaluations, are now public “Corruption,” in order to ensure across- capacities? On the one hand, a strong domain. While the journalists seem to the-board understanding, irrespective of warning has been issued: “The World have welcomed this, they “are excluded as political and national affiliation. This is Bank must stop providing budgetary the World Bank only provides information especially important for the international support if it wants to ensure that funds in English,” and have communicated this community which also has a responsibility allocated to Senegal will effectively meet sentiment in the recommendations sent to to ensure that the application of the objective of poverty reduction.” On Mr. José Juan Daboub, World Bank international treaties does not provide the other hand, the desire is equally Managing Director with responsibility for States with an opportunity to distort these strong: “The World Bank must increase its overseeing the formulation of the treaties when they are being incorporated budgetary support and have confidence in strengthened GAC strategy. into their domestic legislation. the country’s budgetary control system to Acutely aware of the supply-demand ensure that funds allocated to Senegal will Politically motivated decisions relationship, the private sector effectively help to reduce poverty.” These Recommendations from another entity. immediately identified transparency in two opposing theories are, nevertheless, of During the consultation meeting held on public procurement processes as a key equal importance to the World Bank. December 27, 2006, the Project factor in the establishment of a world- Senegal was one of nine African nations Management Unit (PMU) Coordinators class business environment, which is selected to host intense Governance and seized the opportunity to underscore the desired by any country wishing to attract Anti-Corruption (GAC) consultations. This effectiveness of Bank regulations designed direct private investment. These national proved to be a stimulating exercise, as to ensure that loans and subsidies reach investors were also of the view that each of the 110 persons consulted from their intended destinations, adding the regular audits, particularly through six different entities in Senegal clearly had proviso “if properly implemented.” satisfaction surveys, should be conducted an opinion on what the World Bank’s role Indeed, they wasted no time in focusing to measure administrative efficiency. should be with respect to strengthening on the issue of the responsibility of Bank Civil society, the first group consulted good governance and combating Task Team Leaders, who in their view did on December 14, 2006, has fulfilled its corruption in Senegal and throughout the not always comply with Bank regulations. role as watchdog. Its representatives world. These consultations were Weighing in on the discussion about were particularly adamant that citizens specifically organized because the World whether PMUs should be maintained or exercise control over the use of World Bank itself realized that it was not doing eliminated, the Coordinators predictably Bank funds. They appealed for their enough in these areas. It immediately argued in favor of preserving these Units inclusion, along with the media, in the took steps to strengthen its GAC strategy and providing better protection for staff project cycle, in order to gain a better within a fixed timeframe, because States against political authorities who sometimes understanding of its mechanisms, thereby are expected to discuss this strategy at the abuse their authority and impose allowing them to provide more upcoming World Bank/IMF Spring politically motivated decisions that are constructive criticism of the work of the Meetings (April 2007). technically at odds with sound World Bank and governments. However, A review of the questions to which the management practices regarding public civil society representatives also World Bank sought responses (see box) and funds, namely, World Bank financing. They acknowledged the need for capacity- of the results of the consultations reveals are nevertheless not averse to PMU reform. building, if only to understand the line that the institution’s positioning on the In collaboration with the National Good items for which States request assistance! national landscape greatly influences the Governance Program (PNBG), civil The World Bank gathered suggestions perception of the role of the World Bank. servants meeting a few days later on that were presented not only to its Board The journalists who gathered together January 24 posed the following rather bold of Executive Directors, but also to the on January 12, 2007 in collaboration with question: “Why is the Bank suddenly entire world on its website.* While there the Association of Economic Journalists of concerned about the risk of is no guarantee that the GAC will Senegal [Collectif des journalistes misappropriation of its funds after more henceforth be taken into account in the économiques du Sénégal COJES] clearly than 40 years in our countries?” This human development index, as hoped for focused on “transparency that must go served as a good starting point for by the Senegalese private sector, it is hand in hand with capacity-building of discussions and led to the conclusion that evident that, when dealing with member journalists to enable them to better the World Bank must make better use of States who alone can change certain Bank understand budgetary challenges.” The local development instruments and regulations, the Bank’s senior management media acknowledged the efforts made by national networks to execute its projects. can make a case that good governance and the Dakar office in the area of Deputies from Senegal (and two the fight against corruption are core communication, but were nonetheless colleagues from the Gambia and Guinea- missions of the institution.

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 4 L’EVENEMENT

CONSULTATIONS SUR LA GOUVERNANCE ET LA CORRUPTION

Il n’est pas un jour sans que le «Service de déontologie institutionnelle» de la Banque mondiale enquête sur la corruption dans les projets. Le personnel de la BM n’échappe pas à son investigation et la sanction tombe en cas de détournement avéré de fonds. La Banque mondiale jouait donc en terrain connu lorsqu’elle a lancé entre décembre 2006 et janvier 2007, dans plusieurs pays et sur son site Web, une grande consultation dans le but d’élaborer une stratégie renforcée pour ses interventions dans les domaines de la gouvernance et de la lutte contre la corruption. Les États membres accepteront-ils une remise en cause de certaines de leurs pratiques en matière de gouvernance ? L’avenir le dira. S’ASSURER QUE L’ARGENT ARRIVE A BON PORT

Par Mademba Ndiaye

de constater que le positionnement dans le paysage national de l’entité consultée influe énormément sur la perception du rôle de la Banque mondiale. Les journalistes réunis le 12 janvier dernier avec le concours du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (COJES), ont mis l’accent sur «la transparence indissociable du renforcement de leurs capacités pour mieux appréhender les enjeux budgétaires». Tout en reconnaissant les efforts faits par le bureau de Dakar dans le domaine de la communication, ils se sont montrés très critiques vis-à- vis des «obligations de réserve» ; les médias représentés ont considéré que dire «publiquement ce qui ne va pas» doit être la pratique normale du bureau de la BM dans un pays donné en lieu et place de «se réfugier derrière un silence qui masque les errements du pays emprunteur». Évidemment, les collègues de la BM ayant assisté à cette rencontre n’ont pas manqué de souligner la disponibilité d’informations et de documents aussi Lors des consultations sur la gouvernance et la corruption, il a été beaucoup question de la importants que les accords juridiques nécessité d’inclure le secteur privé et la société civile dans le cycle du projet. de crédit qui sont désormais du domaine public sans parler des traditionnels rapports d’évaluation des Question : Comment la Banque peut- Gouvernance et l’anti-corruption (GAC), projets et autres études. Une vérité que elle veiller à ce que les ressources un exercice, au final, plein n’ont pas niée les journalistes tout en fournies par ses soins à titre de don ou d’enseignements ; appartenant à six entités mentionnant que « comme la Banque de prêt soient utilisées aux fins voulues, différentes, les 110 personnes mondiale ne communique qu’en tout en aidant les pays à renforcer leurs consultées au Sénégal, ont, en effet, anglais, nous sommes exclus». Et ils ont capacités et leurs systèmes nationaux ? affiché, chacune, une appréciation sur ce tenu à le faire ressortir dans les D’un côté, une recommandation radicale : que doit être le rôle de la Banque mondiale recommandations transmises à M. Juan «La Banque mondiale doit éviter les dans le renforcement de la bonne Jose Daboub, Directeur général de la appuis budgétaires si elle veut s’assurer gouvernance et la lutte contre la corruption BM qui supervise l’élaboration de la que les fonds mis à la disposition du dans leur pays et dans le monde. stratégie GAC renforcée. Sénégal servent effectivement ses La principale motivation de ces Autre entité, autres recommandations. objectifs de réduction de la pauvreté». consultations réside dans la prise de Les coordonnateurs des Unités de De l’autre, une opinion sans ambages : conscience par la Banque mondiale de gestion des projets (UGP) se sont faits «La Banque mondiale doit renforcer ses ses insuffisances dans ce domaine et fort, lors de la consultation du 27 appuis budgétaires et faire confiance au dans sa volonté de renforcer, sans décembre 2006, de mettre en exergue système national de contrôle budgétaire délais, sa stratégie de GAC. Et ce, selon l’efficacité des règles de la BM visant à pour s’assurer que les fonds mis à la un calendrier précis car dès la prochaine surveiller la bonne destination des crédits disposition du Sénégal servent réunion annuelle BM / FMI (en avril et subventions. Ajoutant toutefois : «Si effectivement à réduire la pauvreté». Deux 2007) les États membres auront à se celles-ci sont effectivement appliquées» ! thèses antagonistes, mais que la BM prononcer sur cette stratégie. Ils n’ont, en effet, pas hésité à pointer le accueille avec le même intérêt. À l’examen des questions auxquelles doigt sur la responsabilité des chargés Le Sénégal figure parmi les neuf pays la Banque mondiale cherchait des de programme de la Banque mondiale africains choisis pour cette campagne réponses (voir encadré) et au vu des qui, selon eux, ne suivent pas toujours de consultations intensives sur la conclusions des consultations, force est les règles édictées par leur institution.

5 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar L’EVENEMENT

Quand le débat s’est porté sur le Conseil de la République et ceux de la caractérisé sa mission de « vigile ». Ses maintien ou la suppression des UGP, les Commission nationale de lutte contre la représentants ont singulièrement insisté coordonnateurs ont, sans surprise, corruption et la non-transparence. Entre sur le contrôle que doivent exercer les plaidé en faveur de leur maintien et ces élus qui votent la loi et ces citoyens sur l’usage des fonds de la d’une meilleure protection du personnel personnalités chargées de pourvoir à Banque mondiale. Ils ont revendiqué vis-à-vis des autorités politiques qui son application, un consensus s’est vite un rôle à jouer aux côtés des médias parfois abusent de leur tutelle aux fins dégagé sur la nécessité d’harmoniser dans le cycle des projets pour mieux d’imposer des décisions politiquement l’acception des termes «Gouvernance», en comprendre les mécanismes et être orientées et techniquement contraires «Éthique», et «Corruption» pour en mesure d’émettre des critiques plus aux normes de la bonne gestion des qu’ils recouvrent la même réalité, objectives sur le travail de la Banque deniers publics que sont les crédits de indépendamment des contingences mondiale et des gouvernements. La la Banque mondiale. Mais ils ne politiques et nationales. Et ce, notamment société civile a parallèlement reconnu la rechignent pas pour autant à une dans la communauté internationale, nécessité de bénéficier d’un réforme des UGP. entre autres chargée de veiller à ce que renforcement de ses capacités, ne Quelques jours plus tard, le 24 l’internalisation des traités internationaux serait-ce que pour mieux interpréter la janvier, c’était au tour des fonctionnaires ne soit pas une occasion, pour les États, signification des lignes budgétaires pour de l’État, d’être réunis sous la houlette de travestir ces concepts quand ils les lesquelles les États réclament des appuis ! du Programme national de bonne intègrent dans leur droit national. La Banque mondiale a, de fait, récolté gouvernance (PNBG). De leur part, une toute une panoplie de suggestions question malicieuse : «Pourquoi la Très sensible aux jeux de l’offre et de la portées à la connaissance de son Banque se soucie-t-elle, aujourd’hui, demande, le secteur privé a rapidement Conseil d’Administration et accessibles des risques de détournement de ses mis le doigt sur la transparence des au monde entier grâce à leur publication crédits après plus de 40 ans de processus d’attribution des marchés sur le site Web de l’Institution présence dans nos pays»? Une publics comme élément clef de (www.worldbank.org). S’il est impossible apostrophe qui a eu le mérite l’émergence d’un environnement des de garantir aujourd’hui que la GAC sera d’aiguillonner les discussions et d’aboutir affaires de classe internationale dont désormais intégrée dans l’indice de à la conclusion que la BM doit mieux tout pays veut se doter pour attirer les développement humain, comme le utiliser les instruments de développement investissements privés directs. Aux yeux souhaite le secteur privé sénégalais, au local ainsi que les circuits nationaux dans de ces investisseurs nationaux, procéder moins, à l’évidence, la Direction aura-t- l’exécution de ses projets. à un audit régulier de l’efficience de elle des arguments à faire valoir auprès Les députés sénégalais (plus deux de l’administration, notamment par des des États membres de la Banque – qui, leurs collègues de Gambie et de Guinée- enquêtes de satisfaction, est également seuls, peuvent changer certaines règles Bissau) et les élus locaux ont partagé la considéré comme un impératif. de la BM – afin que la bonne gouvernance même session de consultation, le 23 Premier groupe consulté, dès le 14 et la lutte contre la corruption s’ancrent au janvier 2007, avec les membres du décembre 2007, la société civile a cœur de l’Institution.

HUIT QUESTIONS, UNE RÉPONSE POUR L’EXEMPLE

1. Défis les plus urgents à relever par le 4. Y a-t-il des circonstances dans lesquelles 7. Comment les partenaires au Sénégal dans le domaine de la la Banque devrait limiter ou suspendre développement peuvent-ils conduire gouvernance ? ses activités de financement ? des interventions complémentaires à • Secteur privé : Réduire l’abus qu’il est • Ensemble des groupes consultés : l’appui de la réforme de la fait des procédures exceptionnelles La BM ne devrait en aucun cas cesser gouvernance ? Comment traiter la dans la gestion des ressources son intervention dans un pays. question du rôle des multinationales financières publiques, notamment par Elle doit détecter des mécanismes pour des pays industrialisés dans la une multiplication des agences s’appuyer sur les organisations de la corruption ? directement rattachées à la Présidence société civile afin de poursuivre son • Parlementaires : Susciter un de la République. assistance aux populations les moins dialogue pour harmoniser les favorisées. stratégies et politiques en faveur 2. Principaux points d’entrée et d’une bonne gouvernance et de la obstacles pour engager des réformes 5. Comment la BM peut-il associer lutte contre la corruption dans en vue d’une meilleure gouvernance davantage les entités ne relevant pas l’optique d’aboutir à une Charte au Sénégal ? de la sphère gouvernementale ? internationale sur l’éthique et les • État :le Programme national de bonne • Parlementaires : Les États doivent finances. gouvernance est un bon point de clairement démontrer leur engagement départ. vis-à-vis de la GAC en affichant leur 8. Comment utiliser des indicateurs • Société civile : la prééminence de volonté de travailler avec la société pour observer les progrès à l’exécutif sur le législatif et le judiciaire civile, les médias et le secteur privé. l’échelon national ? constitue un obstacle majeur. • Parlementaires : Élaborer les 6. Comment la Banque peut-elle s’assurer indicateurs quantitatifs et qualitatifs 3. Quelles actions jugez-vous que les ressources fournies par ses à même de mesurer les résultats et incontournables dans la stratégie soins sont utilisées aux fins voulues ? l’impact de la GAC sur les politiques renforcée de la BM ? • Secteur privé : Renforcer les capacités du sectorielles (transports, justice, • Médias : Conforter la mission de «vigile» secteur privé et des médias à surveiller santé, etc.). des médias et de la société civile. l’utilisation faite des deniers publics.

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 6 DOSSIER

SERVICES BANCAIRES POUR LES PAUVRES

Le microfinancement devient maintenant l’un des secteurs de plus forte croissance et entre de plain-pied dans le monde de la finance. Quelles en sont les implications sur le développement ? PRISE DE CONSCIENCE DU POTENTIEL DU MICROFINANCEMENT

Par Samer Badawi et Jennifer Isern*

Le nombre d’institutions de microfinancement et de leurs clients a augmenté de manière impressionnante au cours de la dernière décennie. D’après une récente étude conduite par le CGAP (Groupe consultatif d’assistance aux plus pauvres), le taux annuel de croissance cumulé des principaux fournisseurs mondiaux de microfinancement a atteint, en moyenne, 15 %, cinq années de suite. Ces institutions florissantes trouvent également leur vitesse de croisière plus rapidement et prêtent leur concours financier sur une base permanente à un nombre croissant de personnes à faibles revenus.

Il s’agit là d’une tendance nouvelle. En fait, au fil de la dernière décennie, le microfinancement s’est avéré, sur les marchés émergents, une activité plus stable que les opérations bancaires commerciales. Pendant la crise financière indonésienne de 1997, par La microfinance compte près d’un million de clients au Sénégal, notamment dans le exemple, les portefeuilles des banques commerce (ici le marché Tilène de Dakar). commerciales sont partis en fumée tandis que les remboursements de prêt internationales d’information financière un défi…malgré tout en voie d’être par les clients (plus de trois millions de – IFRS). En quoi, dans ces conditions, relevé. De nombreuses institutions, petits emprunteurs) de la Banque la microfinance se démarque-t-elle ? dans des pays aussi différents que la indonésienne Rakyat (BRI) n’ont pour Tanzanie et le Sénégal, innovent avec ainsi dire pas fléchi. De plus, de Des services bancaires pour les pauvres l’utilisation de cartes de paiement – nombreux clients se sont rués sur la certaines recourant à la technologie de BRI, comme lieu sûr pour y déposer Au-delà d’une croissance notable, le la puce – et implantent, un peu leur argent. Lors des crises financières microfinancement se positionne sur un partout, des terminaux points de vente plus récentes en Bolivie et Colombie, les marché inexploité de clients fiables. (TPV) transformant les caisses portefeuilles de microfinancement ont Dans un monde comptant plus de 3 enregistreuses des boutiquiers en été légèrement mis à mal, mais sont milliards de personnes à faibles revenus agences bancaires virtuelles. D’autres restés en bien meilleure santé que les n’ayant pas accès à des services institutions, dans des contrées comme portefeuilles des banques commerciales ; financiers, la microfinance est en train la Zambie et le , exploitent et les institutions de microfinance sont de forger les services bancaires des l’explosion de la téléphonie portable demeurées plus rentables. particuliers du futur. pour offrir la possibilité de retirer, déposer ou transférer de l’argent à Rien de surprenant à cela. Le En Afrique, on assiste à une véritable partir de « SMS ». Les institutions de microfinancement est le marché floraison de fournisseurs de microfinance en Afrique commencent à bancaire par excellence des particuliers microfinancement aux reins solides, qu’il se constituer en réseaux nationaux de à faibles revenus… une population s’agisse d’organisations financières guichets automatiques bancaires digne de confiance, composée de coopératives, d’ONG, de banques. (GAB) ou installent des systèmes à consommateurs avisés qui paient des Certains maillons faibles persistent, mais piles, à faible fonctionnalité, pour services financiers dont ils font grand les institutions chefs de file s’implantent atteindre les zones rurales. cas. Les services sont identiques à ceux sur de nouveaux marchés à une vitesse proposés par les banques commerciales : étonnante. L’Equity Bank, au Kenya, par Avec autant de nouveaux clients prêts, comptes de dépôt, transferts exemple, a ouvert près de 200 000 potentiels, la plupart de ces fournisseurs financiers. Une normalisation s’effectue comptes d’épargne en tout juste un an. prennent, peu à peu, conscience des de plus en plus (les résultats des économies d’échelle et de la pérennité récipiendaires du Prix CGAP de la La population africaine comptant qu’offrent les marchés les plus transparence financière sont en quelque 60 % de ruraux pauvres, le densément peuplés d’Asie du Sud et conformité avec les Normes franchissement du dernier jalon reste d’Amérique latine.

7 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar DOSSIER

Une récente enquête conduite par le millions d’Africains que l’on estime vivre Ouganda, par exemple, les institutions Microfinance Information eXchange avec moins de 2 dollars par jour. De financières non bancaires sont maintenant (MIX) – le Bloomberg de la microfinance surcroît, le marché est entre les mains autorisées à accepter les dépôts. Et au – révèle qu’en Afrique du Sud, 136 d’un petit nombre d’institutions de pointe. Kenya, K-Rep, désormais convertie en fournisseurs de microfinancement Les 10 organisations qui en Afrique banque commerciale, au plein sens du présentent des rapports financiers au soumettent leurs états financiers sur le terme, figure parmi les plus florissantes dans MIX. Ces institutions touchent plus de MIX Market, satisfont 57 % des clients. le pays. Les actifs de K-Rep sont passés de 3,6 millions d’emprunteurs et plus de 5 500 millions à 2,9 milliards de shillings en millions d’épargnants. La part de La question n’est plus de savoir si les moins de 6 ans. portefeuille à risque est en moyenne de pauvres réclament des services 4 %, un ordre de grandeur similaire à financiers (les nombres parlent d’eux- Et maintenant ? celui des opérations de mêmes) mais plutôt : comment impulser microfinancement à l’échelon mondial. davantage d’institutions ? Les meilleures Le programme anti-pauvreté qui a Qu’elles appartiennent à des pays pratiques en termes de savoir-faire et de donné naissance au microfinancement d’Afrique de l’Est ou de l’Ouest ou technologie dans le microfinancement, motive toujours autant les intervenants encore à des contrées en situation de tels que l’évaluation du crédit à partir et institutions apportant la plus grosse post-conflit comme le Mozambique, la des flux de trésorerie, les prêts non part des services financiers aux République démocratique du Congo et garantis et le recours à des substituts de populations à faibles revenus. Ces la Sierra Leone, les institutions bien garantie, sont aujourd’hui bien connues. prestataires reconnaissent, toutefois, la gérées affichent les mêmes niveaux de L’échange d’informations dans le secteur nécessité d’attirer davantage solidité de leur portefeuille que les de la microfinance se fait maintenant au d’investissements commerciaux, en marchés les plus stables. travers de nouvelles technologies et de particulier d’origine nationale. partenariats scellés avec des banques et Pour y parvenir, les acteurs du monde Une montée en puissance autres organismes du secteur formel. financier, y compris les décideurs politiques, Les banques commerciales, gouvernées doivent se départir de l’idée que le Les pauvres ont besoin de services par la concurrence et la recherche de microfinancement est de la sous-finance. financiers et y attachent beaucoup parts de marché, et aiguillonnées par les Ce pourrait bien plutôt être l’inverse ! C’est d’importance, voire même plus que les actuels résultats de la microfinance aussi en s’employant à combler le fossé entre le affiliés bancaires ordinaires. Ils apprécient bien que par l’émergence de technologies système bancaire à vocation commerciale et les services d’épargne qui leur offrent une laissant entrevoir une réduction du coût le microfinancement, en aidant les certaine sécurité ainsi que l’espoir de se des prestations, voient une bonne institutions de microfinance à exploiter la constituer un patrimoine et de faire face occasion de faire effet de levier sur leur demande dans leurs pays tout en mettant à aux imprévus. Ils sont intéressés par les infrastructure existante pour atteindre une l’abri les actifs des populations à faibles prêts, si minimes soient-ils, qui les aident nouvelle clientèle. revenus, que les responsables politiques à développer leur activité commerciale ou aideront à ce que les services financiers économique. Enfin, ils accordent de la Il arrive que certaines banques, soient accessibles à plus en plus de monde. valeur aux moyens sûrs d’envoyer et de comme la Financial Bank au Bénin, recevoir de l’argent, corde de sécurité ouvrent des filiales spécialisées se entre eux et les membres de leur famille concentrant sur les clients à faibles * Samer Badawi est conseiller en travaillant au loin. revenus. D’autres forment des communication tandis que Jennifer Isern partenariats avec des prestataires de est spécialiste financier en chef au sein Le bénéfice que retirent les populations microfinancement existants. Ces du Groupe consultatif d’assistance aux à faibles revenus ne fait plus l’ombre d’un partenariats vont du simple partage plus pauvres. www.cgap.org doute. Le problème aujourd’hui est une d’une agence à l’offre d’opérations question d’échelle. Les milliers de d'appui au niveau des bureaux coopératives, d’ONG, d’associations et (opérations de backoffice) en passant CAPAF: Le renforcement des capacités d’institutions financières plus formelles par l’octroi de fonds de rétrocession. des institutions de microfinance d’Afrique – y compris les chèques La Banque nationale de postaux, les banques étatisées, rurales et développement agricole (BNDA) au Le CAPAF est le Programme du CGAP certaines banques commerciales – ne Mali, par exemple, a une longue histoire de renforcement des capacités des s’adressent qu’à une fraction des 560 de prêts accordés aux institutions de IMF pour l’Afrique francophone ; il est microfinance pour permettre à ces basé à Dakar et s’étend à 15 pays dernières de mieux servir leurs clients. africains ainsi qu’à Haïti. Depuis son La microfinance au Sénégal Chaque organisme peut, de la sorte, lancement en janvier 2000, le CAPAF a aviver son avantage comparatif et développé des partenariats avec une Selon les chiffres communiqués en juin maximiser sa part de marché tout en vingtaine d’organisations (entreprises 2006 par la BCEAO, la Banque conservant de faibles coûts et des taux de formation ou de conseil appartenant centrale de l’Afrique de l’Ouest, le de remboursement élevés. au secteur privé et associations Sénégal compte plus de 741 000 Les fournisseurs de microfinancement professionnelles ou ONG) qui ont clients de la microfinance représentant profitent de plus en plus des opportunités formé un total de 5 632 personnes plus de 161,7 millions de dollars de offertes par un environnement réglementaire (dont 1 189 – 21 % – l’ont été au prêts et 140 millions de dollars de habilitant. Au sein de l’Union monétaire de Sénégal) émanant de 777 différentes dépôts. Les institutions offrant leurs l’Afrique de l’Ouest, la Banque centrale institutions (IMF, ONG, bailleurs de services à ces clients font état, d’une régionale (BCEAO) fut l’une des premières fonds, organes de contrôle). Dans ce manière systématique, d’une part de du continent africain à élaborer une loi sur réseau, travaillent 62 formateurs agréés portefeuille à risque à plus de 90 jours les institutions de microfinancement, loi en dont 8 basés au Sénégal. d’arriérés de 4,4 %. cours d’actualisation pour prendre en Pour plus d’information, voir www.capaf.org compte l’évolution de la situation. En

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MICROFINANCEMENT UN CONTINENT, UNE MULTITUDE DE SOLUTIONS

En moyenne, moins d’un foyer africain Banque mondiale Doing Business conclut Activités des financeurs sur cinq a accès au financement. La prise que 9 des 10 contextes les plus par niveau de ce problème à bras le corps n’est pas défavorables aux affaires sont situés en (pourcentage des engagements une mince affaire. L’Afrique Afrique subsaharienne. Au nombre des totaux de financement) subsaharienne est le théâtre de toute une points noirs figurent la lenteur et la panoplie de contextes sociaux, longueur des procédures, les exigences Environnement de économiques et politiques imposant aux excessives en fonds propres, politique économique 13% Institutions de base financeurs de préserver cette diversité et l’affaiblissement des droits, l’absence Infrastructure 63% d’indices de crédit pour les propriétaires financière cette polyvalence. C’est en conduisant un 24% travail stratégique de concert avec les d’entreprises. Bien sûr, tous les pays de gouvernements et le secteur privé que les la région ne sont pas confrontés à des financeurs pourront satisfaire la demande situations aussi difficiles et les financeurs d’accès étendu aux services financiers. se doivent de définir leurs programmes Pour mieux comprendre l’activité des en fonction précise du contexte de agences de développement en Afrique, le chaque contrée. De surcroît, il est CGAP a procédé, l’an dernier, à une étude indispensable que les fonctionnaires, les sur 16 d’entre elles* . On trouve dans le acteurs du secteur privé et les financeurs compte-rendu de cette enquête régionale travaillent de manière bien coordonnée tous les programmes d’appui à l’accès au pour que les bonnes pratiques de financement que ces agences ont en politique économique soient encouragées cours – programmes ayant trait à la et préservées. politique et à la réglementation financière ; FIGURE : 2 au renforcement de l’ossature du secteur L’argent est là financier ; aux fonds propres, à la formation ou à l’assistance technique des L’enquête régionale en question révèle institutions de microfinance -. que plus de 2,5 milliards de dollars sont consacrés à étendre l’accès aux services Appui à l’accès au financement financiers en Afrique subsaharienne où les financeurs sont à l’œuvre dans

Les résultats montrent que les agences l’ensemble des 47 pays la constituant ; Élevé (plus de 75 m dollars) de développement préfèrent s’attaquer mais on note une forte incohérence Élevé (plus de 75 m dollars) aux problèmes de l’accès au financement dans la distribution des fonds parmi les Moyen (25-74 m dollars) à la racine, essentiellement en accordant pays recevant des subsides. Les six Faible (moins de 25 m dollars) des subventions et prêts aux institutions pays les plus largement financés – le de microfinance, banques commerciales Ghana, le Kenya, Madagascar, la et autres organismes associatifs. Plus de Tanzanie, le Mali et l ‘Ouganda – 60 % des fonds visant l’accès au représentent plus de 40 % des financement servent à financer les fonds financements accordés à la région dans propres, l’assistance technique et la son entier. D’un autre côté, les 20 pays formation afin de permettre une recevant le moins de fonds, comptent augmentation des capacités des pour moins de 2 % des ressources Un engagement à développer établissements dédiés aux particuliers et attribuées à l’ensemble de la région. des systèmes viables leur ouverture à un plus grand nombre de clients (voir graphique). Les résultats varient considérablement Les financeurs s’engagent résolument à d’un pays à l’autre ; les financements sont promouvoir l’accès au financement en Une autre fraction de ces fonds, 24 %, principalement concentrés en Afrique de Afrique comme le montrent le volume de est destinée à l’infrastructure financière, l’Est (comme l’indique la figure 2) où les fonds et le nombre de programmes. Ceux avec un accent mis sur la transparence et programmes mentionnés excèdent qui réussissent se concentrent sur leurs la responsabilisation car toute amélioration constamment 75 millions de dollars par avantages comparatifs, s’entourent du dans ce domaine concourt à accroître pays. En contraste, les financements en personnel technique adéquat et jouent la l’efficience et l’expansion potentielles des Afrique centrale atteignent en moyenne carte de la coordination avec d’autres. Le établissements dédiés aux particuliers. Le 16,5 millions de dollars par pays. dernier défi à relever est d’améliorer développement des systèmes de l’efficacité de l’aide afin de bâtir des paiement, de meilleures pratiques Les niveaux de financement en systèmes financiers viables pour les comptables et d’audit, le renforcement Afrique subsaharienne sont en hausse populations à faibles revenus. des associations régionales et nationales tout comme le niveau de coordination de cette branche d’activité constituent entre les financeurs. Dans plusieurs pays S. Badawi et J. Isern autant d’initiatives essentielles. comme l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya, Les 13 % restants des programmes le Sénégal, le Mali, la République * Les bailleurs de fonds ayant participé à cités sont consacrés à favoriser les démocratique du Congo et Madagascar, l’enquête régionale 2006 sont : l’AFD, la réformes, tant juridiques que les financeurs s’emploient activement à BAD, l’ACDI, le DFID, la Dutch Platform, la règlementaires, le contrôle des institutions partager l’information, et, dans un BEI, l’UE, la FIRST, le FIDA, le KfW, MCC, financières et à améliorer l’environnement nombre grandissant de cas, à co- l’ASDI, la SNV, le PNUD/FENU, l’USAID, le des affaires. Le rapport 2006 de la financer les programmes. Groupe de la Banque mondiale.

9 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar DOSSIER

ENVIRONNEMENT DU SECTEUR PRIVÉ

Est-il politiquement correct, pour un banquier, de mettre en garde contre le « tout privé » ? En tout cas, M. Paul Derreumaux, Président du Groupe Bank Of Africa, le fait dans ce texte où il analyse l’environnement dans lequel évolue le secteur privé et formule quelques recommandations qui visent essentiellement l'entreprise privée, formelle, évoluant en Afrique francophone. PROMOUVOIR L'ENTREPRISE, C'EST PROMOUVOIR LE DÉVELOPPEMENT

Par Paul Derreumaux*

Le chemin est donc clair. Promouvoir l'entreprise c'est promouvoir le développement. Définir les politiques et instruments stimulant l'entreprenariat revient à inventorier les facteurs exogènes et endogènes propres à favoriser l'entreprise, autrement dit, d'un côté, ce que l'entreprise est en droit d'attendre de son environnement et, de l'autre, les devoirs qu’elle doit respecter pour assumer la mission qui est la sienne. Ce sont ces deux points que je voudrais développer, en soulignant à la fois que les recommandations prônées dans cette présentation viseront essentiellement l'entreprise privée, formelle, évoluant en Afrique francophone. La création d'un environnement La Chambre de commerce (ici celle de Dakar), un des instruments dans le dialogue favorable à l'entreprenariat, ainsi défini, entre l’État et le secteur privé. En médaillon, M. Paul Derreumaux , Président du me paraît requérir, au minimum les six Groupe Bank Of Africa composantes suivantes en termes de politique. Concourant toutes à réduire les Il aura fallu près de 40 ans pour voir, États et les grands bailleurs. Ceux-ci incertitudes du chef d'entreprise et, donc, en Afrique et notamment en Afrique décident de ce que pourraient ou à l'inciter à investir davantage. francophone, de l'Ouest comme du devraient faire les entreprises, en D'abord, une réelle facilitation de la Centre, l'entreprise et l'entrepreneur n’intégrant, à la rigueur, dans la création d’entreprises formelles. La création considérés comme le centre effectif du concertation que les institutions censées d'une entreprise dans nos pays est devenue processus de développement représenter le monde entrepreneurial, un peu plus facile, depuis près d'une économique. Depuis les indépendances, telles les chambres de commerce ou les décennie, avec la généralisation des ce processus était surtout le fait d'un organisations patronales. Mais ces «guichets uniques» dont la dénomination dialogue entre les États et dernières manquent de moyens. Elles reste, cependant, souvent inappropriée. administrations, d'un côté, et les n’ont donc, pas la possibilité, malgré leurs Mais les études récentes de la Banque institutions internationales et bilatérales efforts, d’apporter une réponse adéquate mondiale sur le «Business Climate» de financement, de l'autre, qui écartaient aux problèmes considérables à régler. montrent tous les progrès restant à les entreprises et leurs dirigeants des Face à ce nouvel échec, les États et les accomplir. Il faut donc encore et beaucoup décisions majeures. On distingue bailleurs de fonds sont contraints simplifier, accélérer, unifier. clairement trois phases : d'évoluer vers une troisième étape, qui En termes d'instruments, ceci prédomine de plus en plus depuis la fin implique, des dispositions légales La première, qui s'étend jusqu'aux des années 90 : celle de la clairement favorables à l'entreprise en années 1970, est celle de la méfiance, reconnaissance de la primauté du rôle matière de capital minimum et de voire de la confrontation. Les des entreprises dans le développement et formalités requises ; une grande gouvernements s’estiment alors seuls du dialogue direct avec elles. modernisation de l'administration pour capables d'assurer le décollage L’instauration, dans certains pays, d'un qu'un point de contact véritablement économique de leur pays, essentiellement Conseil présidentiel pour l’investissement unitaire prenne en charge toutes les par le canal de grandes sociétés d'État. Les ou d’États généraux des entreprises traduit questions à régler ; une lutte déterminée partenaires au développement appuient cette volonté de rencontre régulière avec contre les freins liés à la corruption. La souvent cette thèse dominante. L'entreprise les entrepreneurs. contrepartie doit être une politique plus privée est, dans le meilleur des cas, tolérée Malgré ses limites, la nouvelle approche coercitive de disparition obligatoire des à petite échelle, mais quasiment jamais semble effectivement mieux à même entreprises moribondes dont la présence encouragée, souvent combattue. d'accélérer le développement économique pollue le fonctionnement de l'économie. Les échecs nés de cette stratégie en Afrique. Elle place, en effet, l'entreprise conduisent dans les années 1980 à la au cœur du débat, c'est-à-dire un homme La seconde voie est celle de deuxième phase, celle de la tolérance, ou un groupe d'hommes qui investit, en l'amélioration maximale des mais aussi de l'intermédiation. Certes, le partie avec son argent, dans l’optique de infrastructures ayant un poids décisif sur rôle de l'entreprise et du secteur privé vendre des produits ou des services le coût et la qualité des facteurs de national est peu à peu réhabilité, mais le répondant à des besoins, et de vivre de production : énergie certes, mais aussi dialogue se poursuit seulement entre les cette activité. moyens de transport, télécommunications,

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modalités de dédouanement des La quatrième politique est celle de pesant sur son environnement, marchandises, etc. L'impact des l’utilisation optimale de l’incitation fiscale. l'entrepreneur n’en a pas moins de améliorations est rapide et sensible Pour de nombreux pays avancés ou nombreux devoirs à respecter, mais, là comme le montrent les exemples de émergents, l’incitation par la fiscalité est encore, il peut bénéficier de l'appui de construction de routes sur la production exploitée à plein pour encourager des politiques gouvernementales adaptées. de riz à Madagascar ou l'existence de secteurs ou des comportements. En Donnons cinq exemples. deux licences de téléphonie mobile sur le Afrique, cette voie est restée jusqu’ici coût des télécommunications au Mali. Les quasiment ignorée. Pourtant, elle peut Le premier concerne la formation des répercussions d'une crise énergétique s’appliquer par de nombreux canaux : entrepreneurs eux-mêmes, et sévère entraînent, toutefois, parallèlement • celui de la modulation des taux et des particulièrement des plus jeunes. Le des effets pervers immédiats sur la assiettes pour donner un coup de fouet métier de chef d'entreprise ne s'apprend production et les prix, à l'instar des aux entreprises de certains secteurs pas sur les bancs de l‘école, même la situations que l’on rencontre actuellement jugés prioritaires, accélérer la meilleure d'entre toutes ; sans doute est- au Sénégal, en Ouganda ou en Tanzanie. bancarisation de l’épargne, développer la ce à la source de nombreux échecs En la matière, la politique à suivre est très formation professionnelle, par exemple ; rencontrés lors de la reconversion certainement celle de la mobilisation • celui de l’amélioration des relations systématiques des «déflatés» de la maximale autour d'objectifs ambitieux. entre l’entreprise et l’État en mettant un fonction publique en chefs d'entreprise. Des autorités de tutelle soucieuses terme au harcèlement régulier sociétés Un entrepreneur a inévitablement d'efficacité, des sociétés ou administrations du secteur formel et en appuyant, au l'obligation d'apprendre et de suivre de performantes en charge de ces contraire, selon des modalités à définir, nombreuses règles de gestion ; l' État se infrastructures et des stratégies courageuses les entreprises citoyennes respectueuses doit de l'aider à les connaître et à les d'investissement et de modernisation sont de leurs obligations. maîtriser. Les outils de cette politique sont autant d’instruments auxquels recourir pour encore embryonnaires, mais ils se prémunir. Une cinquième ligne d’action salutaire s’intensifient avec la prise de conscience est celle de la formation adéquate des récente de cette nécessité première. Ils La troisième composante est la définition, femmes et des hommes aux besoins des vont des institutions d'encadrement des par les États, d'axes prioritaires du entreprises. Il est essentiel que ces PME aux programmes de mise à niveau développement économique national dernières trouvent le personnel capable en passant par les BDS, les « business bénéficiant, dès lors, de soutiens de remplir efficacement toutes les angels » ou les mentors. importants et diversifiés, susceptibles fonctions requises pour la bonne marche d'inciter les entreprises à investir fortement et le développement des sociétés, à une Le second exemple vise la mise en place dans les secteurs concernés et de parvenir époque où les nouvelles technologies, la de fonds propres suffisants pour le à en faire des moteurs de la croissance concurrence forcenée généralisée, les démarrage et la croissance de l'entreprise. nationale. Des choix variés et évolutifs demandes évolutives de consommateurs Encore trop souvent, les promoteurs s’offrent : 1'île Maurice est ainsi passée de avisés posent des exigences de plus en refusent ou sont dans l’incapacité l'industrie sucrière à l'industrie textile et vise plus pressantes. Les instruments d'apporter l'autofinancement nécessaire à aujourd'hui à se muer en place forte de possibles recouvrent, en particulier, l’octroi la viabilité de leur projet ou à l’obtention services, notamment financiers. Mais les d’une claire priorité à une formation de d'un compte d'exploitation crédible. Cet axes retenus doivent être suffisamment base étendue au plus grand nombre, objectif est pourtant essentiel à la bonne précis et bien fondés afin de devenir une d’une part, et, surtout, une formation bien santé de toute entreprise. Les politiques marque incontestable de reconnaissance, ciblée, vivement encouragée et gouvernementales peuvent aider les et les moyens mis en œuvre suffisamment soigneusement contrôlée au niveau de sa entrepreneurs à respecter cette obligation : convaincants pour assurer le succès du qualité, d’autre part. pays. Ainsi le tourisme peut se décliner en • en incitant au regroupement tourisme de masse au Kenya ou au Enfin, une sixième réforme indispensable d'actionnaires au sein de sociétés ; Sénégal, en tourisme élitiste en Tanzanie ou porte sur la crédibilité du système • en encourageant la création ou le en tourisme basé sur un produit très judiciaire. Malgré les améliorations notables renforcement de sociétés de capital- spécifique, comme les gorilles, au Rwanda. introduites par l’OHADA, la justice reste risque capables d'accroître les mises De plus, le libéralisme absolu prôné par l’une des faiblesses les plus criardes des de fonds initiales. certaines institutions internationales doit pays africains alors que l'état de droit est être banni car il est souvent synonyme de l’une des premières quêtes de l'entreprise. Troisième point : l'accès aux mort rapide de certaines entreprises. L’ancrage de la corruption – qui amène si financements nécessaires pour le Celui-ci ne peut, en effet, s’appliquer souvent à condamner le plus riche et non fonctionnement et le développement des qu’entre acteurs de puissance égale, ce le plus fautif – explique que l'entreprise a activités. Nos pays sont coutumiers d'une qui n’est pas le cas ; il arrive même que peu de chance de gagner contre ses insatisfaction réciproque permanente de les acteurs les plus puissants n’en salariés et que la banque, à vrai dire une la part des entreprises et des banques qui, respectent pas les règles, comme le entreprise comme les autres, perd le plus pourtant, devraient agir en partenaires : montrent les exemples du coton, du riz souvent contre ses clients. aux yeux des banques, les entreprises ne ou du textile. Même si ce chantier paraît visiblement sont pas suffisamment crédibles ; de l’avis Les instruments peuvent donc être l'un des plus difficiles à entreprendre, il des entrepreneurs, les banques ne jouent divers : des protections tarifaires – est indispensable de l'engager pas leur rôle vis-à-vis d'eux. nécessairement dégressives toutefois – vigoureusement en mettant en place des Ici, comme souvent, la vérité est sans pour obliger les entreprises à accomplir les dispositions légales, réglementaires, doute à mi-chemin de ces deux thèses et efforts nécessaires ; une vigilance contre la procédurales raffermissant la sécurité la politique à suivre consiste à les fraude ; un appui à la veille technologique juridique des entreprises et rapprocher au maximum. Côté pour intégrer au mieux et au plus vite les raccourcissant la durée des procès. entreprises, cela implique notamment les nouvelles filières dans les standards Si des réformes appropriées viennent efforts déjà signalés en matière de internationaux des secteurs concernés. réduire notoirement les incertitudes capacité de gestion et d'apport

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d'autofinancement. Du côté des administratives, par des incitations modestement, et de grandir ensuite. Il est financiers, de nouveaux instruments diverses, par un apprentissage du «travail très rare qu’une entreprise naisse grande méritent d’être mis en place. Outre en commun» grâce aux institutions et puissante : c'est un état qu'elle certaines incitations fiscales possibles, d'encadrement. conquiert, éventuellement, avec le temps déjà évoquées, citons notamment et les difficultés. Bill Gates a démarré l'amélioration des capacités d'analyse et Pour conclure, provisoirement car le Microsoft dans un garage au fond de la de suivi des dossiers de financement des sujet est loin d’être tari, je me contenterai Silicon Valley ; Peugeot et Michelin n'ont PME qui requièrent une approche et des de souligner trois points. longtemps été que des artisans compétences mal possédées par nombre consciencieux et travailleurs. Il vous faut de banques. Mentionnons également le D'abord, la réussite possible de donc, avant tout, être sérieux, patients, partage souhaitable du risque entre l'entreprenariat en Afrique. Malgré toutes travailler dur et résistants aux nombreux banques et bailleurs étrangers, au moins les difficultés énoncées ici et si souvent coups qu'on vous donnera. dans la phase de jeunesse des citées. Permettez-moi à cet égard de citer entreprises, la plus fragile, afin d'inciter l'exemple du réseau BANK OF AFRICA * Président du Groupe Bank Of Africa les banques locales à s'investir davantage dans lequel nous avons tenté d'appliquer, dans ce secteur. autant que faire se peut, les règles que je viens de développer. Le quatrième volet est l'obligation d'investir massivement. Il est frappant de Né il y a 25 ans au Mali d’une initiative voir, en Afrique, le patrimoine initial de entièrement privée, notre Groupe est l'entreprise – qu'il s'agisse d'immobilier maintenant présent dans 9 pays, compte ou d'équipement industriel – souvent se une vingtaine de sociétés dans les dégrader ou devenir obsolète faute secteurs de la banque, de la finance et de d'investissements de renouvellement ou l'assurance ; il a encore sous le coude de BRÈVES de modernisation. Une fois son entreprise nombreux projets d'expansion. Nos créée, le promoteur ne paraît pas avoir le performances ne sont certes pas parfaites souci prioritaire de faire de celle-ci le et de nombreuses améliorations restent à Don de sang premier et principal bénéficiaire des apporter. Mais nous avons su, entre résultats positifs dégagés par son activité. autres, faire évoluer rapidement, grâce à À l’occasion de la Journée Or, les principes actuels de concurrence d'importants investissements, nos outils internationale du SIDA célébrée le 1er et l'évolution rapide des technologies de travail, nos procédures, nos produits et décembre de chaque année, l’Amicale imposent à l'entreprise d’être un nos services pour nous adapter à nos du personnel de la Banque mondiale a investisseur permanent, sous peine de environnements légaux et techniques en tenu à marquer cet événement en disparaître rapidement du marché. Le mutation rapide, pour répondre aux organisant une journée « don du sang ». refus de cette évidence explique d'ailleurs besoins évolutifs de la clientèle, pour Le choix n’était pas fortuit car ce liquide la courte espérance de vie de accéder à de nouvelles ambitions. Deux précieux est rare durant le ramadan et nombreuses sociétés africaines. de nos banques sont cotées en Bourse et dans les jours qui suivent, les donneurs notre Groupe compte 1 500 salariés et étant peu nombreux en cette période. Pour susciter un changement de plus de 3 000 actionnaires. Les uns et les comportement de la part des autres ont bénéficié de notre Pour des raisons de calendrier, cette entrepreneurs, l’État doit conduire une développement puisque la totalité de nos journée a finalement eu lieu le 11 politique d'encouragement systématique sociétés dégagent, en moyenne, une décembre dernier. Plus d’un membre de ces investissements productifs, par rentabilité suffisante pour assurer les du personnel sur trois a fait don de son le biais d’incitations fiscales, d’un appui évolutions salariales aussi bien que la sang, Un pourcentage appréciable à la mobilisation de ressources à moyen distribution de dividendes. dans un bureau où une partie de et long termes pour le financement de l’équipe est toujours en mission, qui à ces investissements, de la mise en place Ensuite, la nécessité, pour le secteur l’étranger qui dans les régions du de structures financières ad hoc. privé, d'être pleinement à la hauteur de pays. Pourcentage d’autant plus la mission qui lui est enfin reconnue, appréciable que quelques volontaires Enfin, le cinquième axe est celui de mais de parallèlement refuser l'espèce étaient inaptes ce jour là pour avoir l'incitation par l'État au regroupement de dogme du « tout privé » qui tend oublié de respecter certaines d'investisseurs pour la création aujourd’hui à devenir la nouvelle pensée consignes de base, notamment celle d'entreprises communes. Curieusement, unique. Oui, l'entreprise est bien au de venir à jeun au bureau ! ce continent marqué par une entraide cœur du développement et sans elle sociale sans doute caractéristique, est point de salut. Elle n’est pas seule en jeu ; Ainsi, le bureau a concrètement fait aussi celui où l'initiative entrepreneuriale tous les autres acteurs ont aussi leur rôle preuve de sa solidarité envers les reste la plus réticente à s'exercer dans un à jouer et, s'ils ne le font pas, l’objectif patients qui ont besoin de sang. Ce don cadre sociétaire. Le promoteur africain est ne pourra être atteint. Rejeter cette a également permis d’identifier particulièrement individualiste, ce qui le responsabilité partagée, c'est courir le certaines personnes possédant un rend plus vulnérable aux différents risque d'un nouvel échec qui, par un groupe sanguin assez rare, O- par handicaps signalés ci-dessus, notamment effet classique de balancier souvent exemple, et prêtes à donner leur sang en termes de contraintes répété dans l'Histoire, sera imputé au autant que nécessaire. d'autofinancement et d'investissement. secteur privé. Ce que nous devons de Pour obtenir les changements nécessaires, toute force refuser. Merci donc aux collègues de la BM et les instruments à utiliser doivent du service « Voyage » d’avoir assuré le encourager une mutation des mentalités ; Enfin, et c'est aux jeunes succès de cette manifestation. il faut favoriser les regroupements entrepreneurs, que je m'adresse, n'ayez d'initiatives par des dispositions légales ou pas peur de commencer petitement et

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 12 DOSSIER

LE CAPITAL INVESTISSEMENT EN AFRIQUE DERNIÈRES ÉVOLUTIONS, PROBLÈMES ET PERSPECTIVES

Mohamadou Diop*

Afrique subsaharienne, en raison des d’actions au sein d’une société anonyme contraintes et obstacles plus importants (SA) privée, non cotée ; tout comme elles émanant de contextes macro- peuvent être beaucoup plus complexes, économiques plus difficiles. impliquant différentes transactions de capital et/ou des restructurations (par Le concept de capital investissement exemple, émission de nouvelles actions Les notions de « fonds de capital pour une augmentation de capital, vente investissement » et de « fonds de entre actionnaires, exercice des droits de capital risque », utilisées à tour de rôle, préemption, diminution de capital – recouvrent plusieurs concepts ; on a pertes passées en pertes et profits –, tendance à les amalgamer, en opérations de fusion/absorption, etc.). De particulier, aux fonds généraux telles transactions internes, bien que d’investissement, aux fonds communs privées par nature, sont néanmoins, en de placement, aux holdings financières, principe, assujetties à un contrôle aux banques d’affaires, etc. Ces deux réglementé, généralement exercé par un dernières catégories sont souvent, en organisme officiel. Et ce, notamment, si la fait, à proprement parler, les société concernée est cotée en bourse ; investisseurs en capital investissement. dans ce cas, toutes les transactions de ce On a tout pareillement tendance à type sont soumises à des règles assimiler les gestionnaires de fonds particulières, audit indépendant, devoir d’investissement/capital fixe à des d’information aux autorités boursières et En novembre dernier, Dakar a, pour la opérateurs boursiers, courtiers et autres fiscales, lesquelles exercent également première fois, accueilli les 92 membres intermédiaires. Bien qu’ils opèrent tous une surveillance. de l’AVCA à l’occasion de la 6ème sur les marchés financiers dans leur Quel que soit le cas, ces autorités de Conférence annuelle de l’Association ensemble, ils ont des rôles et activités contrôle ont pour vocation de protéger les africaine de capital investissement. Le bien distincts, soumis à des dispositions investisseurs, en particulier les petits nombre croissant de ses adhérents réglementaires différentes. Il faut donc actionnaires, en garantissant la atteste de l’audience grandissante de se garder de telles confusions eu égard transparence, la fiabilité et la publicité l’AVCA et, par voie de conséquence, de la à des investisseurs et sociétés des transactions financières ainsi que la popularité qu’est en train d’acquérir le financières potentiels non initiés. présentation des états financiers (c’est-à- capital investissement sur tout le Le terme « capital risque » est, lui dire les règles de diffusion de continent. Ce segment particulier du aussi, générique dans la mesure où ce l’information ). Les fonds de patrimoine marché financier, qui a trouvé naissance type de capital peut être constitué de privé peuvent entrer en jeu, en tant dans la Silicon Valley californienne fin des différentes valeurs, y compris, entre qu’investisseurs, dans de telles années 70/début des années 80, a pris autres, d’actions ordinaires, d’actions transactions. Ils ne sont, toutefois, son envol et gagné ses lettres de noblesse privilégiées, de prêts participatifs, généralement, que des véhicules de dans le courant des années 80 tout en d’obligations convertibles, d’obligations placement indépendants, assortis de faisant tache d’huile en Europe (au non garanties, de warrants, etc. Le leurs propres principes, dispositions et Royaume-Uni, notamment), Amérique remboursement de ces valeurs, aussi règles de prudence (par exemple, latine et Asie du Sud-est. La création des appelées instruments mezzanine ou limitations individuelles ou d’ensemble, premiers fonds de capital investissement quasi-capital, étant subordonné à la géographiques, sectorielles des montants dans les pays d’Afrique subsaharienne et dette normale, elles consolident, engagés, parmi d’autres). Un fonds peut du Nord s’est faite sous l’égide effectivement, la base du capital des être soit en circuit fermé, c’est-à-dire sans d’institutions financières internationales et sociétés émettrices et accroissent leur vente de parts à des acteurs extérieurs, régionales de développement (IFID et capacité d’emprunt. Il n’y a, donc, aucun soit à composition non limitée autorisant IFRD) telles que la SFI du Groupe de la doute ; les fonds de capital de nouvelles entrées et sorties en tant Banque mondiale, la Société néerlandaise investissement peuvent jouer un rôle très que de besoins. Leur durée n’excède de développement (FMO), Proparco (une important dans le développement, en généralement pas entre 10 et 12 ans ; antenne de l’Agence française de Afrique subsaharienne, du secteur de parvenus à leur terme, ces fonds doivent développement (AFD), la Banque l’entreprise privée disposant de peu de être liquidés. Les actionnaires reçoivent, européenne d’investissement (BEI) et fonds propres. donc, usuellement, leur capital initial et Commonwealth Development Corporation Parlant de fonds d’investissement ou presque tous les dividendes accumulés (CDC). Ces IFID, escortées par des IFRD de capital risqué, la vraie terminologie à ajoutés aux plus-values éventuelles, au comme la Banque Ouest africaine de employer serait « fonds de capital non cours des dernières années de vie du développement (BOAD) et la BAfD, ont coté » attendu que de tels fonds opèrent fonds. Pour être sûr que le fonds sera insufflé l’élan nécessaire en tant en dehors des marchés financiers dans la capacité de liquider ses qu’investisseurs, promoteurs et réglementés où les actions négociables investissements à la fin de sa vie (et que prestataires d’assistance technique. Alors sont publiquement émises et échangées les investisseurs seront en mesure de qu’elle s’avérait assez productive en sur un marché secondaire disposant de récupérer leur mise et bénéfices), il est Afrique du Nord, l’émergence des fonds liquidités suffisantes. Les transactions essentiel que des mécanismes de sortie de capital investissement a eu du mal à d’actions non cotées peuvent se faire aient été négociés dès le départ, lesquels décoller, plus lente et coûteuse, en aussi simplement qu’un échange constituent une condition requise

13 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar DOSSIER

préalable pour chaque opération financée Au sommet de la structure de gestion dépositaire peuvent être très sur la base d’instruments participatifs. des fonds, le Conseil d’administration et pénalisantes. En ce qui concerne les (Les instruments de dette sont moins un Comité d’investissement (CI) fonds de moindre taille, ces marges préoccupants car la plupart s’auto assurent une supervision, valident et/ou d’administration varient de 2 % à 2,5 % éliminent). Dans les sociétés cotées, la approuvent chacune des décisions des ressources engagées ; et la plupart sortie d’investissement n’est pas un d’investissement, recommandent une des administrateurs réclament problème car elle se fait affectation des actifs, entérinent les également un intéressement qui peut automatiquement, au travers de résultats annuels (c’est-à-dire les aller jusqu’à 20 % des plus-values transactions ouvertes aux deuxièmes politiques de dividendes, les plus- nettes au terme de la durée de vie du guichets des marchés boursiers. En ce values) et déterminent régulièrement la fonds. De plus, selon les dispositifs qui concerne les sociétés non cotées, des valeur d’actif nette (VAN) du fonds, etc. contractuels existants, les marges et options de vente spéciales doivent être L’administrateur est chargé de la coûts de l’administrateur, du signées avec des co-investisseurs gestion au quotidien du fonds. Selon la fidéicommissaire et des conseillers pouvant disposer de moyens financiers et taille du portefeuille d’investissement, le juridiques risquent de réduire encore les de références solides pour garantir une risque géographique encouru et les ressources et profits du fonds de 1 % sortie en douceur, selon des termes et marchés ciblés, la plupart des supplémentaire. Ces coûts et marges conditions préalablement négociés. administrateurs de fonds ont pour peuvent être payés séparément ou, habitude d’instaurer un petit groupe de dans certains cas, partagés avec Réglementation et gestion conseillers composé d’analystes l’administrateur du fonds. Compte tenu La caractéristique essentielle des fonds financiers pointus et d’autres de ces frais généraux, tout un chacun d’investissement réside dans le fait que, à spécialistes de l’investissement qui peut déduire de ce qui précède que les la différence de la plupart des sociétés et assurent, au jour le jour, l’identification, fonds d’investissement de petite institutions financières, ils ne sont pas la promotion et la commercialisation du envergure opérant dans des pays directement gérés et supervisés par les projet, sa pré évaluation, son évaluation émergents à fiscalité défavorable, dotés actionnaires , mais plutôt par des ainsi que la supervision du portefeuille. de faibles opportunités d’investissement administrateurs de fonds spécialisés, et, Ce qui constitue le « back office ». et d’un environnement d’affaires peu ce, dans le cadre de dispositions Inutile de préciser que les autorités de propice, ont du mal à être viables. contractuelles et réglementaires contrôle réclament généralement que En règle générale, la plupart des spécifiques. Les conditions et toutes les parties en jeu et le personnel sources bien informées du monde du compétences requises dans l’univers de impliqué soient passés au peigne fin et capital investissement ainsi que les la gestion des fonds d’investissement sont accrédités, y compris les investisseurs, leçons de l’expérience laissent entendre nombreuses et on n’entre pas ce monde les administrateurs, les membres du que la taille critique des fonds comme dans un moulin. Dans les pays de Conseil et ceux du CI. Côté investisseurs d’investissement viables oscille entre 30 l’OCDE, par exemple, des contraintes en capital investissement, les autorités et 40 millions de dollars (c’est-à-dire 15 légales et réglementaires rigoureuses sont de surveillance s’attachent à 20 milliards de FCFA). D’autres en vigueur. Certains paradis fiscaux, tels essentiellement à l’origine des fonds estiment qu’une taille nettement que Maurice, ont, eux, adopté un cadre apportés ; le respect total des supérieure est indispensable. Ce souci juridique et réglementaire plus simple et réglementations en matière de de viabilité conduit à une spécialisation dans une certaine mesure plus souple. blanchiment de l’argent est impératif. croissante des fonds d’investissement Dans la plupart des pays de l’Afrique En Afrique, il existe plusieurs fonds afin d’atténuer les divers risques et subsaharienne, le cadre juridique et d’investissement de moindre taille, d’amortir le coût élevé de la gestion réglementaire des marchés financiers en parrainés localement ou par des contractuelle par le biais d’économies est à ses prémices, bien qu’évoluant institutions régionales de d’échelle. Ainsi les fonds rapidement ; ce cadre s’adapte peu à peu développement ; ils sont autogérés de d’infrastructure, de plus large aux besoins en fonds d’investissement, manière à limiter ou supprimer les envergure, entrent dans cette catégorie. fonds communs de placement et autres dispositifs contractuels ainsi que les Pour couvrir les charges et les coûts types d’investissements collectifs. règlements de surveillance complexes et tout en distribuant des dividendes de Les règles et règlements complexes coûteux, mentionnés plus haut. Ce l’ordre de 10 à 15 %, il faudrait que les liés aux fonds d’investissement ont pour mode de fonctionnement s’avère investissements soient en mesure de vocation de filtrer et de protéger les toutefois aussi onéreux, si ce n’est plus, générer des taux de rentabilité investisseurs, et de garantir une et n’est pas toujours viable. De surcroît, financière (IFRR) d’au moins 20 à 25 %. transparence totale des transactions. ces fonds, appelés fonds PME sont Des IFID telles que la SFI sont Des règles fortement inspirées de la souvent auto réglementés ; ils ne font susceptibles d’exiger, au-delà de cet structuration des marchés boursiers l’objet que d’une surveillance externe objectif, des taux de rentabilité s’appliquent à la gestion contractuelle limitée. De ce fait, ils ont progressé économique interne (TREI) d’au moins ainsi qu’aux opérations des fonds cahin-caha, quand ce n’est 10 % . De tels objectifs impliquent non d’investissement. Ces règles sont médiocrement, et leur performance n’a seulement une très forte sélectivité dans beaucoup plus contraignantes et rien de comparable à celle des fonds le choix des projets et des entreprises coûteuses, dans la mesure où elles sont d’investissement gérés par des financés, mais, aussi, la nécessité de susceptibles d’imposer, en plus d’un administrateurs agréés et plus qualifiés, proposer un éventail de produits gestionnaire de fonds agréé, sélectionné dotés de crédibilité et d’expérience. financiers conçus de manière à abaisser sur la base de critères spécifiques, un le délai de remboursement à 5 ans administrateur et un fidéicommissaire, Problèmes et coûts de gestion d’un fonds maximum, en règle générale, et à tout aussi triés sur le volet, ainsi qu’un Selon la taille, la localisation du maximiser la rentabilité. auditeur externe et un conseiller siège du fonds, le champ et la portée juridique. Chacun de ces intervenants des conditions réglementaires requises L’offshore dans les paradis fiscaux doit être rémunéré sur les ressources et susmentionnées, les marges de Pour minimiser les coûts de gestion et revenus du fonds. l’administration de fonds et de banque de surveillance, et restreindre les

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charges fiscales, la plupart des fonds bancaires ou non bancaires locales, ainsi que d’avoir un siège aux conseils d’investissement installent, de plus en contrarie la mobilisation de ressources d’administration des sociétés émettrices. plus, leur base dans lesdits paradis supplémentaires permettant d’atteindre Les propriétaires de PME africaines fiscaux, des pays attribuant des licences le seuil de viabilité nécessaire. rechignent généralement à ces exigences, de banque offshore. Ces derniers Un fort volume de risques globaux – Un ce qui fait échouer la négociation, au saisissent l’opportunité d’élaborer des autre obstacle à l’obtention de ressources moins en ce qui concerne les options de règles plus ou moins complexes pour supplémentaires réside dans le volume vente alternatives difficiles à obtenir ; attirer des fonds d’investissement. Autre sans cesse accru des montants engagés lesquelles doivent, dès lors, être avantage des paradis fiscaux : la des IFID et IFRD qui sont, depuis toujours, négociées avec un partenaire possibilité de conserver les ressources les plus gros investisseurs individuels. international d’une compétence certaine. des fonds en monnaies convertibles Compte tenu de la longue période de Un cadre réglementaire défavorable – fortes, d’offrir une meilleure couverture gestation des fonds d’investissement, ces Une autre voie à explorer pour accroître des risques pesant sur les monnaies et institutions atteignent rapidement leurs la taille des fonds PME serait, quand elle les transactions, et de garder sous limites statutaires. n’a pas encore été envisagée, de réviser contrôle la valeur réelle des actifs Capacité d’investissement limitée – Les et d’adapter les cadres réglementaires financiers. En conséquence, la plupart fonds PME n’engagent généralement pas des institutions bancaires (BCEAO), non des pays d’Afrique subsaharienne, avec plus de 20 % de leurs fonds propres, bancaires (assurance CIMA et fonds de leurs monnaies non convertibles et leurs c’est-à-dire entre 400 000 et 500 000 pension) et des marchés financiers législations n’autorisant pas l’offshore, dollars (200 à 250 millions de francs (CREPFM). Ces réformes mériteraient ne peuvent espérer, à ce jour, attirer, en CFA). En conséquence, ils doivent d’être plus étroitement coordonnées pour leur sein, des fonds d’investissement. pouvoir jouer un rôle de catalyseur en permettre, entre autres, un Comme mentionné précédemment, les favorisant l’entrée d’investisseurs accroissement prudent des risques fonds de capital investissement établis étrangers et en rassurant les banques autorisés et encourus par les institutions localement auront des difficultés à locales au travers de prises de financières locales, une réglementation couvrir et atténuer ces risques.. participation plus importantes et d’une plus appropriée et fiable de la gestion des implication stratégique dans les sociétés fonds d’investissement, des incitations Conclusions et recommandations émettrices finançant des PME. Les fiscales plus fortes, etc. Les divers cadres De ce qui précède, il ressort que, mis administrateurs de fonds réglementaires ayant actuellement un à part le cas de l’Afrique du Sud, la internationalement reconnus jouent, impact sur le développement du capital plupart des fonds « PME » africains, actuellement, mieux et plus aisément ce investissement et sur d’autres fonds gérés localement ou par des rôle de catalyseur. En attendant de voir d’investissement collectif nécessitent administrateurs de fonds agréés évoluer les choses, il faut que les d’être mieux coordonnés, modernisés et réputés, ont des défis impressionnants à autorités juridiques et fiscales fournissent harmonisés. relever pour réussir. L’intérêt, des incitations au développement de Dans l’UEMOA, les principales actuellement grandissant, porté aux fonds sociétés localement créées, spécialisées réformes des marchés financiers, des d’investissement en tant que panacée pour dans la gestion de fonds. institutions financières non bancaires résoudre les difficultés financières des Coûts de gestion – En s’abstenant de (fonds de pension et de sécurité sociale) PME est comparable aux perspectives très recourir à des gestionnaires de fonds de et des organismes bancaires ont été encourageantes dégagées par les pointure internationale et coûteux, et en faites à l’initiative des autorités de institutions de micro finance (IMF). On créant, localement, des structures de surveillance et de réglementation les assiste à une tendance croissante, gestion dotées de conseils chapeautant, y compris les encouragée par les politiciens à voir les d’administration et de CI solides ou en gouvernements en ce qui concerne les IMF cibler les PME et y accroître leur établissant leur siège dans certains aspects fiscaux. Au nombre des présence ; une orientation pour laquelle paradis du offshore disposant de problèmes rencontrés par le CREPFM et elles ne sont ni préparées, ni suffisamment réglementations plus souples, il est alors la Bourse régionale des valeurs pourvues. Dans ce contexte, la solution la possible de partiellement juguler cette mobilières (BRVM) de l'Afrique de plus viable consiste à ce que des réseaux entrave. Le « back office » du fonds, l’Ouest figurent les coûts élevés de d’IFM plus solides et expérimentées ainsi autogéré, est dès lors constitué de fonctionnement de ces deux institutions mettent en commun et investissent leurs son personnel et de son équipe de engendrant d’importants frais de surplus de liquidités non productives dans gestion, dont il n’est pas toujours courtage et commissions liés aux des filiales bancaires spécialisées PME , possible d’aligner la rémunération sur transactions boursières effectuées à séparant et complétant ainsi leurs deux celle des administrateurs de pointure Abidjan. Ces frais qui ne manqueront activités. S’agissant de fonds internationale. Ce peut être la porte pas, dans l’avenir, d’affecter les fonds d’investissement, le problème est différent. ouverte à un affaiblissement des back d’investissement, doivent être révisés à Outre le peu d’opportunités offices et à des pratiques indésirables. la baisse. L’absence d’agences de d’investissement viables déjà cité, Des possibilités de sortie limitées – La cotation capables d’atténuer les besoins régime fiscal défavorable et cadre plupart des PME africaines (et en garantie de titres et autres juridique et réglementaire n’inspirant pas asiatiques) sont entre les mains de instruments de libération de la dette la confiance, les fonds d’investissement familles qui en détiennent le capital et émis à la BVM constitue un problème souffrent d’autres carences. en assurent la gestion ; elles ne sont supplémentaire. Les problèmes Masse critique - La plupart des fonds généralement pas constituées en précédemment cités, auxquels viennent PME oscillent entre 20 et 25 millions de société. Pour faciliter la supervision et la s’en ajouter d’autres, ainsi que les dollars (10 à 12,5 milliards de francs sortie, les fonds n’investissent, contraintes pesant sur le développement CFA), juste au seuil ou en dessous de la généralement, que dans des sociétés des fonds de capital investissement masse critique réellement viable. Le constituées ou des SA et posent comme devraient également entrer en ligne de faible nombre d’investisseurs locaux ou conditions d’assujettir la société compte dans les réformes à venir. le manque de confiance en ceux-ci, émettrice au respect d’une charte ajouté à la réticence des institutions conforme au code local des entreprises * Conseiller en Investissement et Banque

15 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar L’INVITE

CHEICK MODIBO DIARRA, PRÉSIDENT DE MICROSOFT AFRIQUE

C’est à 60 minutes de l’inauguration des bureaux de Microsoft au Sénégal, le 5 février dernier, que Cheick Modibo Diarra a reçu « Echos de la Banque mondiale ». C’était le seul créneau horaire possible dont disposait ce Malien de 55 ans que le regroupement de la NASA et de Microsoft à Ségou comblerait ! Sentir l’odeur de sa terre natale sous la pluie vaut tout l’or du monde pour cet astrophysicien qui s’est lancé un défi finalement plus ardu que de faire naviguer une sonde de la Terre vers Mars ou Vénus : participer au développement de l’Afrique par le biais des TIC. Dans cette interview, il explique pourquoi l’Africain peut être gagnant dans un monde désormais régi non plus seulement par le savoir acquis à l’école, mais aussi par le savoir tacite dans lequel il excelle. Un savoir tacite que recherchent aujourd’hui toutes les grandes sociétés comme la NASA et Microsoft. Et celui qui se définit comme un « soldat du développement de l’Afrique » égratigne au passage toutes les organisations internationales qui s’émeuvent de la fuite des cerveaux tout « en volant les cerveaux africains » ! « JE SUIS UN SOLDAT DU DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE »

Propos recueillis par Mademba NDIAYE

M. Diarra, on parle de retard de l’Afrique dans le champ du numérique. Comment ce retard se manifeste-t-il et dans quelles conditions, à vos yeux, le continent peut-il rattraper son retard sur les pays développés ou émergents dans le domaine des technologies de l’information et de la communication ?

Pour moi, les technologies de l’information et de la communication sont simplement des outils permettant aux retardataires de faire un bon qualitatif et même de prendre de l’avance. En effet, les sociétés actuellement les plus avancées ont effectué des investissements initiaux dans les infrastructures et, s’agissant d’une technologie qui bouge très rapidement, de nouvelles formes de cette technologie se manifestent bien avant que ces investissements ne soient amortis. De ce fait, ces pays sont de plus qualifiée, malheureusement pas en jamais atteint l’étape consistant à en plus obligés de créer des systèmes mesure, en Afrique, de faire valoir ses procéder à un recensement des hybrides, en construisant sur la base compétences…désoeuvrée, en quelque compétences susceptibles de les aider à existante et ajoutant un peu de neuf ; sorte. Ces jeunes tournent en rond ou le concrétiser, à transformer leur vision leurs infrastructures n’étant pas amorties, finissent par aller travailler en dehors du en projets, puis à identifier, à l’échelon leur démantèlement total n’est pas, en continent. C’est donc bien d’un retard mondial, des entités capables de effet, envisageable. Dans ces conditions, infrastructurel dont nous souffrons. En s’associer à la réalisation de ces projets. nous qui n’avons pas encore bâti nos revanche, sur le plan des ressources On en reste au chapitre de l’idée et des infrastructures, nous avons, d’entrée de humaines, nous possédons les experts discours sans entrevoir la connexion à jeu, la possibilité de gagner du terrain en nécessaires pour former nos populations. établir entre le politique, maître de la instaurant immédiatement le «dernier cri». décision, et le technicien habilité à Et comme il s’agit d’une technologie Comment jugez-vous l’engagement transposer l’idée en réalité. Faites le transversale, on peut l’appliquer au des dirigeants africains eu égard au tour des institutions africaines, de commerce, à l’agriculture, faire de la développement des technologies de l’Union africaine à l’UEMOA en passant télémédecine ou de l’E-gouvernement. l’information et de la communication sur par la CEDEAO. Vous n’y trouverez pas Ces technologies sont incontestablement le continent ? Estimez-vous que des une seule banque de données des accélérateurs potentiels du actions stratégiques sont entreprises, comportant les noms et contacts de développement. au-delà des discours sur la nécessité de l’ensemble des compétences africaines Quand on parle de retard, il faut donc réduire l’écart numérique ? en Afrique et dans la diaspora. considérer deux aspects : technologie et ressources humaines. L’Afrique dispose Je pense que nos dirigeants sont de Puis-je vous faire remarquer que aujourd’hui de nombreux jeunes très bonne foi, mais rencontrent une Me Wade, dans le premier numéro de ce compétents, tout à fait capables difficulté : pour une raison que j’ignore, magazine, se plaignait de la rareté des d’utiliser ces technologies comme leurs quand ils sont détenteurs d’une idée, ils ressources humaines sur le sol africain ? homologues du monde entier ; mais ils ne savent pas la transférer aux mains vivent dans une région où les d’experts pour la transformer en projets Je crois qu’il voulait mentionner investissements n’ont pas suivi, ni dans finançables. Le NEPAD, une idée l’absence de lieux où trouver la liste de les infrastructures, ni dans les merveilleuse, illustre parfaitement cet ce type de ressources humaines. Et programmes de recherche. Ainsi, nous état de fait. Nos dirigeants promènent pourtant, la mise en place d’une telle bénéficions d’une jeune génération ce concept de NEPAD, mais n’ont base de données ne prendrait pas plus

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de six mois et ne coûterait pas plus d’un ressources financières – sous forme de prêts d’un million d’unités en ont fait l’objet – demi-million de dollars ! Il nous faut ou de dons selon les cas –, l’impact de cet dans lesquels nous insérons gratuitement nous départir de l’idée que tout est appoint que constitue l’aide extérieure serait nos logiciels avant de les mettre question d’argent, car le coût d’un tel plus important et quasi immédiat. Cela gracieusement à la disposition des outil est dérisoire tandis que son apport donnerait une autre dimension à la écoles. Et nous formons parallèlement est considérable non seulement pour le coopération. les enseignants. Concernant les coûts, la NEPAD, mais aussi pour tous les projets Les gouvernements posent parfois des structure de prix de Microsoft varie selon les de développement dans chaque pays. problèmes de transparence. Et quoi qu’il revenus des pays. À qualité égale, nous en soit, les procédures sont plus longues vendons nos produits à des prix différents Au-delà de cette banque de données et les gouvernants sont sensibles aux selon le niveau de développement du pays. des ressources humaines, quelles autres échéances électorales. Regardez les Mais l’accès relève également de la actions stratégiques à court terme problèmes de l’éducation en Afrique. Les responsabilité de l’État : fourniture préconisez-vous ? enfants ne votant pas, on ne se soucie d’électricité, sociétés de télécommunication pas vraiment de ce qui les concerne ; on pour la connectivité, etc. Nous travaillons Vous savez, il est inutile de réinventer la donne la priorité aux électeurs ! C’est la sur tous ces aspects et sommes d’ailleurs roue ! Dans les années 20, les États-Unis stratégie des politiques. Mais sur l’autre impliqués dans le programme E-School du étaient dans un marasme économique et bord, il y a la société civile, désireuse de NEPAD visant à doter 600 000 écoles, intellectuel incroyable. Ce à quoi le mettre en valeur ce que l’Afrique a urbaines comme villageoises, Président Roosevelt a répondu par le « New comme avantage compétitif, c’est-à-dire d’ordinateurs…même là où l’électricité n’est Deal », en expliquant aux citoyens la sa jeunesse. Et développer cette pas distribuée. Et ce, au travers d’un nécessité de bâtir des infrastructures pour jeunesse devient la responsabilité de la consortium ; 16 pays, dont le Sénégal, ont donner du travail aux Américains. Et société civile. Or cette dernière n’a pas déjà été choisis pour la phase pilote. aujourd’hui encore, les États-Unis accès aux ressources et elle ne bénéficient de ces ponts, routes, écoles… comprend même pas la langue dans N’est-ce pas un moyen pour Microsoft construits à cette époque. Il nous faut donc, laquelle ces institutions communiquent. d’instaurer son monopole sur le continent ? en Afrique, un décideur porteur de cette vision, capable d’y faire adhérer les Revenons à vos fonctions de président Nous sommes plus de dix compagnies populations. Cette adhésion est capitale en de Microsoft en Afrique. Envisagez-vous différentes dans ce consortium ! Et c’est le ce qu’elle protège la vision des de rendre plus accessible l’ordinateur NEPAD qui a fait appel à nous, sur une changements de régime et plus aux Africains à faible pouvoir d’achat ? base de volontariat. Nous, Microsoft, nous généralement des aléas politiques ; et les ne cessons de répéter aux États et aux projets à mettre sur pied seront de Il faut d’abord préciser que Microsoft ne entreprises d’Afrique que la neutralité dimension nationale ou continentale, à fabrique pas des ordinateurs, nous technologique est la meilleure des moyen ou à long terme et non des initiatives n’écrivons que des logiciels. Cela dit, stratégies ; qu’il ne faut jamais choisir, de circonstanciées aux calendriers électoraux. l’accès n’est pas qu’une question de coût, façon exclusive, une firme car la magie de c’est aussi le langage dans lequel ce la technologie se trouve dans le logiciel ; et Mais les dirigeants actuels ont-ils un logiciel fonctionne. Il y a six mois, j’ai qu’il est impossible de prévoir quel logiciel calendrier autre qu’électoral ? présenté au Président de la République du rendra le meilleur service tant que le Sénégal, ici même à Dakar, le projet de service attendu n’a pas été strictement Moi, je sens que ce continent est dans traduire notre système d’exploitation défini. En fait, notre discours est que les une période de mutation. En tout cas, Windows et notre paquet Office en Wolof États africains devraient plutôt revendiquer partout en Afrique, les populations (une des principales langues nationales du une compatibilité totale entre tous les subodorent que quelque chose va se Sénégal). Nous avons déjà réalisé ces logiciels ; c’est cette interopérabilité qui est passer dans les prochaines années, avec traductions en Zulu, en Swahili et nous importante. Ainsi un gouvernement pourra de nouveaux leaders émergeant de la travaillons sur dix autres langues africaines. choisir la plateforme Microsoft pour des sphère politique comme de la société Notre firme joue donc bel et bien sa projets spécifiques et utiliser d’autres civile. De plus en plus, on se rend partition dans le domaine de l’accès. plateformes dans d’autres projets ; mais il compte que la seule façon de nous en Au-delà du langage, intervient la faut qu’on lui garantisse que les deux sortir, c’est de nous prendre en charge et capacité d’utiliser l’outil. Dans ce cas systèmes sont en mesure de que l’aide extérieure ne peut être qu’un précis, Bill Gates, le président de communiquer. Microsoft n’est, en aucun appoint pour accélérer le développement. Microsoft, m’a confié, en juillet 2006, la cas, à la recherche d’un quelconque On voit bien d’ailleurs que l’Afrique responsabilité de former 45 millions monopole., Notre seul intérêt est de s’organise autour d’ONG, de fondations, d’Africains d’ici à 2010. Et nous nous y produire le meilleur logiciel, en termes de d’entités civiques locales dans les attelons partout avec « Partners in prix, de qualité et de service rendu. Nous quartiers et c’est cela qui va constituer Learning », un programme destiné à souhaitons juste que la qualité prime dans l’ossature de ce mouvement en gestation. donner aux enseignants du primaire et le schéma concurrentiel, avec la possibilité du secondaire les capacités de former donnée aux acheteurs de changer les Dans cette dynamique, comment leurs élèves dans le domaine des TIC. produits sans avoir à changer toute leur percevez-vous le rôle la Banque Existe également notre programme « plateforme. C’est cela notre propos quand mondiale ? Unlimited Potential » qui nous permettra nous plaidons pour l’interopérabilité. de créer et d’équiper des centres de TIC Ce qui me désole en réalité, c’est que afin de former les personnes dans leur On dit de vous que pour exprimer vos des agences de développement comme communauté de base. sentiments vous parlez le Bambara, que la Banque mondiale ont tendance à Bien que ne fabriquant pas pour procéder à un travail analytique travailler avec les gouvernements plutôt d’ordinateurs, nous investissons de l’argent vous recourez au Français et que vous qu’avec la société civile. Si ces en Afrique dans le domaine de l’éducation utilisez l’Anglais pour vos entreprises institutions donnaient aux gouvernements en finançant le reconditionnement professionnelles. Est-ce à dire qu’en et à la société civile le même accès aux d’ordinateurs de seconde main – déjà plus dehors de l’Anglais point de salut pour

17 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar L’INVITE

s’approprier véritablement les TIC ? Faisons la part des choses. Ces connaissances –, de mettre ce savoir Quelle place entendez-vous donner aux écoles créées en Amérique et en Asie acquis au service de l’amélioration de langues locales dans les TIC ? notamment, l’ont été par la Fondation leurs conditions de vie et de celles de Bill et Melinda Gates, laquelle est leurs concitoyens. Qui est fou au point En fait, c’est à Bernard Pivot que je totalement indépendante de Microsoft. de rester dans un endroit où l’odeur de disais, dans son émission « Double Je », Nous, personnel de Microsoft, n’avons la terre mouillée par la pluie ne lui qu’il s’agissait pour moi d’un « triple Je » aucune communication avec la inspire rien ? Pour rien au monde je ne car je suis Africain, avec une culture Fondation ; cela risquerait de laisser serais parti ailleurs si j’avais trouvé dans francophone ; j’ai, en effet, étudié en supposer que Bill Gates utilise sa ma ville de Ségou les moyens de Français en France ; et également en Fondation pour donner de l’essor à sa travailler ! Anglais aux États-Unis. Et toutes ces compagnie. Aux côtés d’autres, il est langues me servent, ayant découvert que actionnaire de Microsoft et propriétaire, Aujourd’hui, nous vivons dans un le Français est une langue très avec sa femme, de sa Fondation. Les monde où l’accumulation du savoir est analytique permettant de disséquer les deux structures n’ont rien à voir. extraordinaire et progresse très vite. Si problèmes ; cependant, quand je dois vous êtes débranché de ce circuit de la passer à l’action, je réfléchis en anglais. Ce qui nous importe, en tant que connaissance pendant un laps de Mais, lorsqu’il s’agit de leadership, de compagnie, c’est d’avoir un impact sur temps, tout l’investissement placé sur gestion des ressources humaines, de l’éducation en Afrique. Pour ce faire, vous devient obsolète. C’est pourquoi il travail avec mon équipe, alors je pense nous avons développé un logiciel est primordial de se tenir informé et de en Africain, car, là,, le but est d’inclure «Windows Starter Edition» pour guider sauvegarder le savoir acquis en restant des gens, de leur faire sentir que le une personne utilisant un ordinateur connecté à d’autres collègues et patron est concerné par leur bien-être. pour la première fois, depuis la d’autres laboratoires grâce aux TIC, Quant aux langues des logiciels, présentation de la souris jusqu'à la dans l’attente que nos décideurs créent Anglais, Chinois ou Français ne font rien création d’un site Web personnel ! cette banque de données dont je parlais à l’affaire, c’est toujours le même logiciel. ainsi que les projets concrets valorisant Nous avons bien compris que les jeunes Avec 45 millions de personnes le savoir et le savoir-faire acquis par ces travaillant à l’écriture des logiciels dans formées au TIC, 600 000 ordinateurs ressortissants. Il faut comprendre que nos pays manquent de moyens pour dans les écoles, c’est une révolution les gens doivent gagner leur vie, cela n’a investir. C’est pourquoi nous avons créé dans la manière d’acquérir le savoir ? rien de sentimental. des interfaces téléchargeables gratuitement dans nos sites et traduisant Encore une fois, nous ne produisons Ne refuse-t-on pas à l’intellectuel automatiquement votre écran dans la que des outils et les utilisateurs en font africain ce que l’on autorise aux autres, langue choisie. Nous avons opté pour ce ce qu’ils veulent. L’outil s’adapte à un autrement dit le droit de quitter son pays ? choix,..et je me répète… parce que nous système d’éducation traditionnel tout disposons de jeunes très compétents comme il est efficient dans le contexte de Ils en ont le droit ! Certains cherchent dans le domaine de l’écriture des systèmes éducatifs plus modernes. Notre simplement à laisser croire que logiciels. Imaginez que ces jeunes rôle n’est pas d’influencer la manière l’intellectuel africain ne veut pas rester prennent nos plateformes et d’enseigner, mais de permettre aux chez lui. C’est faux ;, aller ailleurs n’est commencent à produire localement des formateurs d’enseigner selon leur pas nécessairement la préférence de logiciels, des applications adaptées aux méthode. La plupart des gens voient l’intellectuel africain. En fait, il y a eu besoins spécifiques de leurs dans la technologie de l’information et de faillite sur toute la ligne, tant au sein des communautés ! Par exemple, le coût de la communication une finalité qui institutions de développement, que des l’alphabétisation des adultes dans les dépasse l’outil ! L’outil n’est pas le pays qui prennent les décisions. Ils ne villages les plus reculés est, aujourd’hui, déterminant de ce que l’on veut faire, créent aucune condition pour que les élevé, dans la mesure où il faut leur mais une aide à la réalisation d’un projet. gens restent chez eux. Regardez les envoyer des enseignants de partout. institutions internationales : combien de J’imagine volontiers de jeunes africains Vous interviewant, il est impensable cerveaux africains sont volés par la créant un logiciel associant la voix et de ne pas invoquer ce que certains Banque mondiale ou par l’Unesco dont l’image pour alphabétiser des adultes dénomment la « fuite » des cerveaux. À je suis l’Ambassadeur ? Regardez ce qui dans les villages les plus reculés. Ces votre avis, les TIC ne favorisent-elles passe dans toutes les institutions de jeunes feraient alors des affaires, ne pas, parallèlement un accroissement du l’ONU. Il faut cesser de prôner une serait-ce qu’en vendant ces logiciels au nombre des intellectuels qui, bien que chose et son contraire. ministère de l’Éducation de leur pays, présents physiquement en Afrique, sont sans parler d’une utilisation des continuellement dans des réseaux Depuis le 20 février 2006, vous êtes interfaces de traduction pour les vendre internationaux n’œuvrant pas pour des Président de Microsoft en Afrique. Quels en zulu ou en haoussa dans d’autres priorités africaines ? rapports entretenez-vous avec Bill Gates ? pays. On peut, dès lors, résoudre le Quelle est votre appréciation de sa vision problème de l’alphabétisation des adultes Pour ma part, je récuse ce terme de de l’Afrique ? dans les zones rurales. La langue n’est « fuite » des cerveaux. Un cerveau fuit pour pas un barrage dans la mondialisation. aller où ? C’est une notion issue des salons J’ai de très bons rapports avec Bill ou des grandes institutions onusiennes. La Gates. Quand j’ai organisé le Forum Il semble que la Fondation Gates réalité est que personne ne désire quitter régional pour l’Afrique, il est non s’investisse, actuellement, aux États-Unis son chez soi car rien ne peut remplacer seulement venu en personne, mais pour changer la manière dont les l’odeur du quartier dans lequel on est né ! accompagné de Bill Clinton (l’ancien étudiants accèdent à la connaissance Il faut créer en Afrique les conditions président des États-Unis) ; pendant trois afin de mieux préparer l’avenir. La permettant aux gens – une fois de jours, nous avons discuté avec des chefs société Microsoft a-t-elle le même objectif retour, après avoir investi les ressources d’États africains des problèmes sévissant en Afrique ? de leur famille pour aller acquérir des en Afrique pour, notamment, déterminer

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 18 L’INVITE

le rôle que nous pouvions jouer. Bill est recherche de cette connaissance tacite, suis engagé auprès de Bill Gates dans un passionné de l’Afrique. Depuis la j’ai donc pu travailler avec elles. Microsoft avec la conviction que mon création de sa Fondation, il n’a de cesse «enrôlement» pouvait servir le d’investir 800 à 900 millions de dollars Cheick Modibo Diarra, Président du développement de mon continent. Il par an dans la lutte contre des maladies Mali ? La politique vous tente-t-elle ? m’est, dès lors, plus facile de parler aux qui concernent au premier chef dirigeants africains. Mon conseil sera de l’Afrique, comme le paludisme, la Pas vraiment. Moi je fais partie de ces ne jamais se lier à une compagnie pour tuberculose ou le VIH. Et je crois savoir personnes qui disent aux Africains qu’il l’éternité et de toujours choisir celle leur qu’il va également investir dans le y a des milliers de façons de servir son offrant le meilleur produit pour un besoin secteur de l’eau potable. Mais une fois continent. On peut le faire par le biais de déterminé…tout en sachant que nous, encore, ce sont des initiatives la politique, de la science ou en étant Microsoft, nous présentons le meilleur personnelles de Bill Gates. simplement un leader d’opinion dans sa produit dans la plupart des domaines. communauté. En même temps, je suis Quand vous regardez votre parcours Modibo, humble fils du Mali, tel un personnel, vous dites-vous que vous avez soldat. Je suis un soldat de l’Afrique et je eu de la chance et que ce parcours est me rendrai, sans hésitation, sur tout BRÈVES atypique ? Ou estimez-vous : « Finalement, front où on pense que je suis utile. Mais, n’importe quel jeune Africain aurait pu faire a priori, si j’ai le choix, je préfère donner Arrivées comme moi » ? l’exemple, par la conduite de ma vie en contribuant au développement de mon Maria Arvestrom a rejoint le bureau de C’est un mélange des deux ! Je définis continent, sans nécessairement faire de WSP-Africa de Dakar, Sénégal, comme la chance comme le fait de travailler dur la politique. Je suis tout simplement à la Junior Professional Officer. Envoyée par pour profiter des opportunités qui se disposition du développement de mon l’Agence Suédoise de Développement présentent. Il y a deux chances : celle de pays et de l’Afrique. Autant je suis International (ASDI), Maria vient appuyer rencontrer l’opportunité, puis celle passionné par la politique au sens le Partenariat Public-Privé pour le Lavage d’avoir la capacité de la saisir. C’est une étymologique du terme, celle qui a la des Mains au Savon au Sénégal, les question de discipline et de travail. Je finalité de résoudre les problèmes de la opérations au Burkina Faso, et l’Equipe cumule ces deux chances ; j’ai suivi de cité, autant la «politique politicienne» ne Rurale de l’Afrique de l’ouest. solides études dans mon pays, le Mali, m’intéresse pas. grâce à un système d’éducation qui n’a Pierre Boulenger a rejoint le plus rien à voir avec le système actuel et, À propos du guidage de la sonde Programme Eau et Assainissement de tout temps tourné vers l’extérieur Pathfinder vers la planète Mars, vous (WSP) comme Spécialiste Sénior en grâce à mes différents contacts, j’ai aviez dit au Nouvel Observateur : « C'est Eau Assainissement, suite à une toujours été informé des opportunités comme si vous tiriez à la carabine affectation spéciale du ministère qui se présentaient. Une voie ouverte à depuis le sommet du Mont Blanc sur français des Affaires Etrangères. Cet tous les jeunes africains, à condition une pièce de 1 franc posée sur la ingénieur en génie civil, il va assurer le toutefois que nous mettions en place un couronne de la statue de la liberté à renforcement des capacités des clients système d’éducation robuste. New York et que vous fassiez mouche ». pour améliorer la fourniture des Est-il plus facile de faire mouche avec services aux communautés urbaines Vous avez travaillé dans la plus grande Pathfinder sur Mars qu’avec Microsoft défavorisées. agence spatiale du monde, la NASA, en Afrique ? puis dans la plus grande entreprise Saidou Diop vient à la Banque informatique internationale. Faut-il en C’est un peu plus facile car la mondiale comme Consultant en déduire que Cheikh Modibo Diarra n’est navigation interplanétaire ne dépend Gestion Financière en remplacement attiré que par le « gigantesque » ? que de lois physiques ! Quand je dois de Fily Sissoko qui a rejoint le siège. lancer une sonde, une fois dépassé le Saidou est un Expert Comptable Pas vraiment ! Ces compagnies sont débat au Congrès américain pour ivoirien avec 6 années d’expérience devenues gigantesques parce qu’elles disposer du budget, je ne suis confronté en audit dans des cabinets ont toujours été en avance sur la qu’à des lois physiques pour lancer la internationaux. réflexion. Grâce à cette avance, elles sonde, assurer sa navigation, etc. C’est réalisent la valeur de la connaissance une affaire d’ingénierie et non de Thomas Fugelsnes a débuté sa carrière tacite… qui ne s’apprend pas à l’école ! sentiment. à la BM comme Junior Professional C’est elle qui permet d’identifier les Officer, basé d’abord à Washington au opportunités d’utiliser le savoir, de Faire mouche avec Microsoft en département des « Operations Policy l’optimiser. Ce sont les grandes sociétés Afrique, c’est différent car il y a des Country Services » , puis à Nairobi. Il qui sont informées de cette considérations politiques, sociales. Par a rejoint le bureau de Dakar en 2006 connaissance tacite et partent en quête exemple, le Sénégal est président de l’E- comme Spécialiste en Finances. des gens la possèdent. Et personne au Africa Commission et vous avez un Chef monde ne détient une connaissance d’État que la chose intéresse. Mais il y a Abdoulaye Keita, lui aussi, connaissait tacite plus développée que celle de des pays en Afrique où les dirigeants les procédures de la Banque avant de l’Africain. Quand une agence spatiale vont jusqu’à ignorer qu’il s’agit d’une rejoindre le bureau comme Spécialiste comme la NASA veut « faire plus avec technologie de l’information. Faire en passation de marché en décembre moins », ce qui était sa philosophie à mouche dans ces conditions est donc dernier. Il vient du Programme de l’époque, elle ne peut trouver mieux plus complexe ; il n’existe pas de lois renforcement nutrition du Sénégal qu’un Africain. Nous avons toujours su guidant le développement des TIC ! appuyé par la Banque mondiale. que la créativité et l’innovation peuvent Mais comme je ne suis pas un se substituer aux ressources financières ! besogneux – j’ai les moyens de nourrir Welcome ! Les « grosses boîtes » étant à la ma famille avec mon champ –, je me

19 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar THE GUEST

CHEICK MODIBO DIARRA, CHAIRMAN, MICROSOFT-AFRICA

Just 60 minutes to go before the ribbon-cutting at the Senegal offices of Microsoft on February 5, 2007, and Cheick Modibo Diarra was being interviewed by journalists from “Echos de la Banque mondiale” [the magazine of the World Bank’s regional office in Dakar]. This was the only available time slot for this 55-year-old Malian, who would have been delighted if NASA and Microsoft could have had offices in Ségou! There’s nothing like the smell of his native earth after rain for this astrophysicist who has set himself a much more difficult challenge than guiding a space probe from Earth to Mars or : i.e., that of helping to develop Africa through Information and Communications Technologies (ICTs). In this interview, he explains why Africans can be winners in a world that will henceforth be governed not only by book learning, but also by the “tacit knowledge” that they possess in abundance. Indeed, these tacit skills are the ones being sought by all large enterprises, including NASA and Microsoft. Our interviewee, who describes himself as a “soldier for the development of Africa”, also takes a passing swipe at all the international organizations that lament the brain drain while at the same time “stealing African brains”! « I’M A SOLDIER FOR THE DEVELOPMENT OF AFRICA »

Interview conducted by Mademba NDIAYE

Mr. Diarra, Africa is said to be lagging behind in the field of digital technologies. How does this backwardness manifest itself, and how do you think Africa can catch up with the developed or emerging countries in the area of information and communication technologies?

For me, information and communication technologies are simply tools that enable those who are behind to make a qualitative leap forward and even pull into the lead. Indeed, those societies that are currently ahead made initial investments in infrastructure and, since this is a technology that changes very quickly, new forms of the technology emerge well before these investments are amortized. it in infrastructure or in research NEPAD but they have never reached This means that such countries are programs, has not kept up. Thus, we the stage of conducting an inventory of increasingly forced to create hybrid have a competent young generation in the skills that would help them to systems, building on the Africa that is idle because it doesn’t implement it, to transform their vision foundations of what they already know what to do with its skills. These into projects, and then to identify, out in have and adding some new things, young people either “spin their wheels” the world, the entities capable of since they cannot dismantle their or else end up seeking work outside of helping implement these projects. We systems completely if their Africa. Therefore, there is a lag with are still stuck in the idea and speech infrastructure are not yet amortized. respect to infrastructure, but in terms of phase, and people fail to see the link In such a situation, we who have not human resources, we do have experts that has to be made between yet built infrastructure can quickly available to train people. politicians, who are the decision get a jump on things by immediately makers, and the technicians who can installing the cutting edge How committed do you think African make ideas become reality. Go look technology. Also, since ICTs are leaders are to the development of around at the various African agencies, crosscutting technologies, they can information and communications from the African Union to ECOWAS to be applied to trade or agriculture, technologies in Africa? Do think that, WAEMU; you will not find a single and can be used for telemedicine or beyond the speeches, strategic action is database containing the names and e-government. These are truly being taken to reduce the digital gap? contact information of all the skilled technologies that can accelerate Africans in Africa and in the Diaspora. development. I think that our leaders are sincere, I should point out to you that Mr. but they have a problem: when they Wade complained, in the premiere So when we speak about being have an idea, for some reason that I issue of this magazine, about the behind, we need to consider two cannot explain, they cannot seem to scarcity of human resources in Africa. aspects: technology and human make the transition to putting this idea resources. Africa now has many in the hands of experts so that it can be I think he meant that there is no place highly skilled young people who are transformed into bankable projects. where one can find a roster of these able to use these technologies as NEPAD, which is a marvelous idea, is a human resources. Yet the creation of well as their counterparts perfect illustration of this. Our leaders such a database would only take six throughout the world do, but they are walking around with the idea of months and would cost no more than a live in a region where investment, be half million dollars! We must get away

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 20 THE GUEST

from the notion that everything is an With governments, though, there are issue of money, since the cost of such a sometimes problems of transparency, As for costs, Microsoft has a pricing tool is negligible, whereas its and in any case the procedures are structure that varies depending on a contribution would be considerable, not more time-consuming and elected country’s income. Assuming equivalent only for NEPAD, but for all development officials are geared to election quality, we sell our products at different projects in every country. schedules. Look at the problems of prices depending on a country’s level of education in Africa: since children don’t development. Regarding access, Apart from this human resources vote, there is no real concern with their however, it is the responsibility of the database, what other short-term issues. Priority goes to those who vote! government to provide electricity, strategic measures do you recommend? This is the politicians’ strategy, but at telecommunications companies to the same time there is a civil society that handle connectivity, etc. We are There’s no point in reinventing the wants to harness the competitive working on all of those aspects, and we wheel, you know! In the 1920s, the advantage of Africa, which is its youth. are also involved in the NEPAD e-school United States experienced an The responsibility for developing Africa’s program to put computers in 600,000 extraordinary economic and intellectual youth is becoming the responsibility of schools in cities, villages, and even in stagnation. The response of President civil society, but civil society does not places without electricity. This is being Roosevelt was to introduce the so-called have access to the resources and does done through a consortium with other “New Deal” and to explain to citizens not even understand the language companies and we have already chosen the need to build infrastructure as a way spoken by these institutions. 16 countries, including Senegal, to to create jobs for Americans. To this participate in the pilot phase. day, the United States continues to Let’s get back to your responsibilities benefit from the bridges, roads, schools, as Chairman of Microsoft Africa. Are Isn’t this a way for Microsoft to etc., that were built during that era. We you planning to make computers more establish its monopoly over the continent? therefore need someone in Africa with widely available to low-income Africans? that kind of vision, someone who can There are over ten different garner popular support. This support is I first need to point out that Microsoft companies involved in the consortium! crucial, since it protects the vision from does not manufacture computers; we And NEPAD sought out these regime changes and the vagaries of just produce software. That said, companies to participate on a volunteer politics. What we need are medium- or access is not only a cost issue, it’s also basis. At Microsoft, we always tell long-term projects of national or an issue of the language in which the African governments and African continental scope, and not projects that software is written. Six months ago, enterprises that technological neutrality follow the electoral schedules. right here in Dakar, I presented to the is the best way to go. One should never President of the Republic of Senegal our choose one company exclusively, since But do current leaders have a timetable plan for translating our Windows the magic of the technology is in the other than their electoral calendars? operating system and Microsoft Office software and one can never predict package into Wolof [one of the main which software will perform best as long I personally feel that Africa is in a national languages of Senegal]. We as one has not yet defined the service period of change. In any case, people have already produced translations into one wants. Indeed, we say that African all over Africa have the feeling that Zulu and Swahili, and we are working on governments should lobby for complete something is going to happen in the next ten other African languages. Our compatibility among all software. It is few years, with new leaders emerging in company is therefore doing its part in this interoperability that is important. the political sphere and in civil society. the area of access. Thus, a government can choose the People are increasingly aware that the Microsoft platform for specific projects only way out of our predicament is to Beyond language, there is also the and use other platforms in other take charge of things ourselves, and that issue of the ability to use the tool. In projects, but they need a guarantee that external aid can only provide extra help this particular instance, Bill Gates, CEO the two systems will be able to to accelerate development. One can of Microsoft, assigned me the task in communicate. Microsoft is absolutely clearly see that Africa is organizing itself July 2006 of training 45 million Africans not seeking any monopoly. What we’re around NGOs, foundations, and local by the year 2010. We are tackling this interested in is producing the best neighborhood civic entities, and that is job on all fronts, with “Partners in software in terms of price, quality, and what will constitute the framework of Learning”, a program to enable service. Our only wish is for quality to this budding movement. elementary and secondary school be paramount in competition, but those teachers to provide ICT training to their who buy products also need to be able What role do you see for the World pupils, and also through our “Unlimited to change them without having to Bank in this process? Potential” program, which is going to change their entire platform. That’s enable us to create and equip ICT what we want when we lobby in favor of A thing that I actually find very centers so that people can be trained in interoperability. regrettable is that development agencies their grassroots communities. like the World Bank tend to work with You have been quoted as saying that governments rather than with civil Although we do not manufacture you speak Bambara to express feelings, society. If these institutions gave computers, we invest money in education French when you need to analyze governments and civil society the same in Africa by financing the refurbishment something, and English for your access to financial resources—in the of second-hand computers—we have professional dealings. Does this mean form of loans or grants, depending on already reconditioned over one million that, unless one speaks English, there is the case—the impact of this additional units—in which we install our software no hope of really assimilating the external aid would be greater and nearly for free before donating them to schools. information and communication immediate. This would lend another At the same time, we are training technologies? What room is there for local dimension to development cooperation. teachers. languages in the world of ICTs?

21 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar THE GUEST

Indeed, it was Bernard Pivot I was Gates Foundation, which is totally have left it for anything in the world! speaking to, on his “Double Je” separate from Microsoft. We at Today, we live in a world where the television program, when I said that it Microsoft do not even communicate with accumulation of knowledge is was a “Triple Je” in my case, since I am the Foundation because we must extraordinary and is going very fast. If an African with a francophone culture absolutely avoid any perception that Bill you get disconnected from this who then studied in France in the Gates is using his foundation to further knowledge circuit for just a moment, French language and in English in the the interests of his company. He is a everything invested in you becomes United States. All of these languages stockholder of Microsoft along with other obsolete. This is why it is crucial to stay were useful to me since I discovered people, and co-owns his foundation with informed and to preserve the knowledge that French is a highly analytical his wife. The two entities have nothing to acquired by staying connected, through language for dissecting problems. When I do with one another. ICTs, to other colleagues and other want to move to the action phase, The important thing to us, as a company, laboratories, until our policymakers though, I start to think in English. is having an impact on education in Africa. create that database I was talking about However, when it’s a question of For that purpose, we have developed a earlier and until they design concrete leadership, human resource “Windows Starter Education” software projects that can make use of the management, or the team with which I package to guide a first-time computer user knowledge and expertise acquired by work, I think like an African, because in from the use of the mouse to the creation of these people. One must understand this area, there is a need to be inclusive, a personal website! that people have to make a living; and to make people feel that the boss is sentiment has nothing to do with it. concerned about their well-being. Forty-five million people trained in ICTs, and 600,000 computers in Are African intellectuals being As for languages in software schools: is this a revolution in the way of reproached for doing what others have packages, it should be pointed out that acquiring knowledge? the right to do, i.e., to leave home? the software is the same whether it’s in English, Chinese, or French. We have Once again, we only produce the They have that right! People point to decided that young software developers tools; the users do what they want with that, though, just to give the impression in our countries do not have enough them. If the educational system is that African intellectuals do not want to resources to invest. So we have created traditional, the tool adapts to that, just remain in their homelands. This is not interfaces that can be downloaded free as it can be used for more modern true. African intellectuals do not of charge from our websites and that educational systems. Our role is not to necessarily prefer to go elsewhere. automatically translate the screen into influence the manner of teaching but to The problem is that there have been the chosen language. We chose to do enable people to teach in the way they failures all along the line, at the level of this because, as I said, we have some want. Most people see information and the institutions that finance highly skilled young software communication technologies as development and at the level of the developers. Imagine that these young something that transcends the tool! The countries making the decisions. They people take our platforms and begin to tool does not determine what one wants are not creating the conditions in which produce, locally, software and to do, but simply helps with the people could stay put. Look at the applications adapted to the specific implementation of the plan. international institutions: how many needs of their communities! Today, for African brains are stolen by the World example, the cost of literacy training for When one looks at you, it’s hard to Bank or by UNESCO, of which I am an adults in the most remote villages is refrain from invoking what some people ambassador? Look at what happens in high, since teachers need to be sent in denounce as the “brain drain”. In your all the UN institutions. They need to from everywhere. I can easily imagine opinion, don’t the ICTs also foster an stop recommending one thing and its some young Africans creating software increase in the number of intellectuals opposite at the same time. combining voice and image to teach who, although physically present in adults in remote areas to read and write. Africa, are continually caught up in You have been the Chairman of This would enable these young people international networks that are not Microsoft in Africa since February 20, to do some business, if only by selling working on African priorities? 2006. What kind of relationship do you their software to the education ministries have with Bill Gates? What do you think of their respective countries and, using I personally reject the term “brain of his vision of Africa? the translation interfaces, selling drain”. Where does a brain run away software in Zulu or Hausa in other to? Those are notions that come out of I get along very well with Bill Gates. countries. In this way, the problem of the salons or the big UN agencies. The When I organized the Regional Forum adult illiteracy in rural areas can be reality is that nobody wants to leave his on Africa, he not only attended but also solved. Language is not a barrier in the home, since nothing can replace the brought along [former US President] Bill context of globalization. smell of the neighborhood in which that Clinton, and for three days we talked person was born! with African heads of state about The Gates Foundation, in order to lay We must create conditions in Africa Africa’s problems and especially about better foundations for the future, is said such that people, after having invested the role that we should play. to be working in the United States to the resources of their families to acquire Bill is fascinated with Africa. Since the change the way in which students knowledge, can use this knowledge creation of his foundation he has acquire knowledge. Does Microsoft when they return to improve their own consistently invested 800 to 900 million have the same goal in Africa? lives and the living conditions of their dollars each year to combat diseases— fellow citizens. Who is crazy enough to such as malaria, tuberculosis, or HIV— Allow me to clarify a couple of things. remain in a place where the smell of the that primarily affect Africa. And I believe These schools, which have been created rain-dampened earth doesn’t remind him he is also going to invest in safe water in America and Asia in particular, were of anything at all? If I’d been able to work supplies. There again, however, those established by the Bill and Melinda in my hometown of Ségou, I wouldn’t are personal initiatives of Bill Gates.

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 22 THE GUEST

Looking back on your own career, do and have set out in search of people who Referring to the guidance of the space you say to yourself that you’ve been have them. And there are no people in probe Pathfinder to Mars, you said in an lucky and that this life path is atypical, the world with a more highly developed interview with the Nouvel Observateur: or do you say to yourself, “When it tacit knowledge base than Africans. When “It’s as if you fired a rifle from the comes down to it, any young African a space agency like NASA wants to “do summit of Mont Blanc at a one-franc could have done what I’ve done”? more with less”, which was its philosophy coin on the crown of the Statue of at the time, there’s no better person for the Liberty in New York and scored a bull’s It’s a combination of both! I define job than an African. We have always eye”. Is it easier to score a bull’s eye luck as the fact of working hard so as to known that creativity and innovation can with Pathfinder on Mars than with be able to take advantage of substitute for financial resources! The big Microsoft in Africa? opportunities that come up. There are companies are on the lookout for this tacit two kinds of luck: the luck that comes knowledge, which explains how I was able It is a bit easier, since interplanetary from getting an opportunity and the luck to work with them. navigation depends only on the laws of that consists of having the ability to physics! When I need to launch a space exploit that opportunity. It is also a “Cheick Modibo Diarra, President of probe, once the US Congress has matter of discipline and work. I’ve had Mali”? Are you interested in a political finished debating the funding, I only both kinds of luck: a solid education career? need to deal with physical laws to back home in Mali—thanks to an launch and steer it. This is a matter of educational system that was totally unlike Not really. I’m one of those people engineering, not feelings. the current system there—and I have who tell Africans that there are always been interested in others and thousands of ways to serve one’s Hitting the target with Microsoft in have cultivated contacts. Thus, whenever continent. One can do it through Africa is different, since there are political an opportunity comes along, you find out politics, through science, or simply by and social considerations. For example, about it. This is possible for all young being an opinion leader in one’s Senegal chairs the E-Africa Commission Africans, provided that we also establish community. At the same time, I am and you have a head of state who is a robust educational system. Modibo, a humble son of Mali, and a interested in those things. Some sort of soldier. countries in Africa have leaders who don’t You have worked for the largest space even know what information technology agency in the world, and then in the I am a soldier for Africa, and I will go is. It’s more complex also because there largest information technology company. without hesitation to any front where I are no laws governing the development of Is it fair to say that Cheikh Modibo can make myself useful. A priori, ICTs. However, since I am not needy and Diarra is only attracted to hugeness? however, and given the choice, I prefer can provide for my family with what I to hold my life up as an example of how already have, I only became involved with Not really! The huge companies got one can contribute to development of Bill Gates and Microsoft out of a that way by being forward thinking. Due the continent without necessarily being conviction that it could serve the to their progressiveness, they realize the in politics. development of my continent. This value of tacit knowledge. This is not the makes it easier for me to talk to African kind of knowledge acquired in school, I am simply available for the leaders, but I’d also advise them not to tie but rather the kind that enables a development of my country and that of themselves down to one company forever, person to identify opportunities in which Africa. I am fascinated by politics in the but instead to continually choose the one knowledge can be used, and to deploy root sense of the word, which is that of offering the best product for a specific knowledge advantageously. The big solving the problems of public life, but need. In any case, we at Microsoft do companies are aware of these tacit skills I’m not interested in “politicking”. have the best product in most areas.

BRÈVES Le PIC s’ouvre au public

Près de 150 visiteurs d’origines diverses niveau planétaire ainsi que sur les visites des (universités, médias, secteur privé, ONG, dirigeants de l’Institution en terre sénégalaise. etc.) ont arpenté, les 12 et 13 décembre Des exposés suivis de débats tant sur 2006, les couloirs du Bureau à l’organisation et le fonctionnement de la BM l’occasion des « Journées portes que sur les projets en cours d’exécution au ouvertes » du Centre d’information du Sénégal ont aussi permis des échanges public, le PIC de la Banque mondiale à directs entre le public et la Banque mondiale. Dakar. Le prétexte de ces journées était Ces journées portes ouvertes ont été clôturées le transfert du PIC désormais situé au 6e le 14 décembre par une rencontre du étage de l’immeuble SDIH, un étage plus personnel dans les nouveaux locaux du PIC. haut qu’auparavant. À cette occasion, Sambagor Guèye, Au-delà de l’accès à la documentation responsable du Centre, a exposé à ses écrite – des centaines de publications de collègues le système de classement adopté, la BM ont été distribuées –, les visiteurs les différents types de documents composant ont pu visionner des films sur les le fonds documentaire et l’organisation des Les étudiants ont bien apprécié la réalisations de la Banque mondiale au documents concernant les projets. documentation offerte par le PIC

23 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar LES OPERATIONS

VISITE DANS LE NORD DU SÉNÉGAL

Dans la région de Matam, l’émigration est une tradition. Difficile, en effet, d’y trouver une famille ne comptant pas, en son sein, des membres émigrés en Europe. Pourtant, assurent les femmes de Bokidiawé, il est possible de s’en sortir et de retenir les enfants sur place. LES MARIS PARTIS, LES FEMMES VEULENT RETENIR LES ENFANTS

utiliser leur Plan local de développement comme outil de planification du développement. Le Directeur des opérations a exprimé sa satisfaction devant l’appréciation positive des populations sur l’appui apporté par le PSAOP et le PRODAM qui ont produit des résultats significatifs en matière de fourniture de services et d’infrastructures de base (périmètres hydro-agricoles, infrastructures sociales, etc.) Le second volet de cette « tournée » a rendu possible une rencontre et un échange de vues avec le syndicat d’initiative de Saint-Louis ainsi que le conservateur du Fort de Podor. Il faut, en Le rêve des femmes de Bokidiawé dont les époux, pour la plupart, ont émigré en Europe, est de effet, savoir que, outre ses ressources retenir leur progéniture sur le terroir (Mme Aissata Tirera, présidente du groupement des agro-sylvo-pastorales, cette zone dispose femmes Soninké de Bokidiawé). d’un potentiel touristique et culturel important ne demandant qu’à être valorisé Dans sa volonté de s’enquérir maraîcher de 5 hectares doté d’un davantage, avec des sites comme le fort régulièrement de l’état d’avancement des système d’irrigation au goutte à goutte mis de Podor construit en 1854 sous la opérations de la Banque et en même en place avec l’appui du PRODAM. Ces direction du Capitaine de génie Faidherbe ; temps s’imprégner des réalités socio- femmes ont décidé de s’investir dans la devenu Gouverneur du Sénégal, celui-ci a économiques régionales, le Directeur des production de cultures à haute valeur conforté le rôle joué à l’époque dans la opérations de la Banque mondiale, ajoutée comme le gombo, le melon et la traite des esclaves par Podor qui s’est, du Madani M. Tall, avait choisi, en décembre pastèque pour générer des revenus, coup, progressivement urbanisé. Ce fort dernier, de visiter le Nord du Sénégal en améliorer l’état nutritionnel des familles et restauré grâce à la Coopération française, se rendant dans la région de Matam – une créer des emplois au niveau local. En garde toute son élégance et témoigne région enclavée marquée par l’émigration effet, précise Mme Aissata Tirera, encore du potentiel touristique de cette massive de sa population active – et le présidente du groupement, « malgré des ville, malgré les difficultés financières département de Podor (région de Saint- moyens encore insuffisants, nous auxquelles fait face le Conservateur pour Louis). En fait, une mission conjointe réalisons quand même un chiffre l’entretien et la maintenance du site. Les puisque le Fonds international pour le d’affaires de 30 millions de francs CFA par professionnels du tourisme ont bien développement agricole (FIDA) était de la an avec trois campagnes de production compris les enjeux du secteur et ont une partie en ;la personne de son représentant car, grâce à l’irrigation par goutte-à-goutte, vision claire de la promotion et du au Sénégal, M. Mamadou Kane. nous sommes moins à la merci des aléas développement du tourisme intégré dans Évidemment, il est revenu aux spécialistes climatiques ». En fait, le rêve des ces cette zone Nord. du bureau de la BM, Maniével Sène femmes dont les époux, pour la plupart, Sur le chemin du retour, la délégation a (Développement rural) et Demba Baldé ont émigré en Europe, est de retenir leur visité la chaîne de production de sucre (Développement social) de guider le progéniture sur le terroir en leur offrant (périmètres de canne et usines) de la Directeur dans cette région. une voie autre que celle de l’expatriation. Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) à Après les 600 kilomètres séparant « Aujourd’hui, nous démontrons que nos Richard-Toll. La CSS joue un rôle Dakar de Matam, sur des routes mettant enfants peuvent trouver ici ce que nos important dans le développement souvent à rude épreuve la mécanique, la maris sont partis chercher ailleurs », a économique et social de la région Nord, mission a pris le pouls des opérations de déclaré Mme Tirera s’adressant aux notamment en termes de création développement appuyées par la BM dans représentants du FIDA et de la BM. d’emplois (environ 6500 emplois) qui le cadre du Projet de services agricoles et La délégation a estimé à leur juste pourrait, d’ailleurs, connaître une nouvelle organisations des producteurs (PSAOP) et valeur les réalisations en matière de vigueur car la compagnie a entrepris de par le FIDA avec son Programme de maîtrise de l’eau par le système d’irrigation gros investissements pour la diversification développement agricole de Matam au goutte à goutte, tout en notant que ces de ses activités. (PRODAM 2). dynamiques endogènes «porteuses de Au cours de cette équipée à travers le Elle a pu noter le dynamisme de la progrès» demandent à être coordonnées Nord du Sénégal, le Directeur du bureau population, en particulier des femmes et et consolidées dans le cadre d’une de Dakar n’a sans doute pas vécu un total des immigrés qui prennent nombre meilleure planification ; ainsi pourrait dépaysement. C’est, historiquement, en d’initiatives pour le développement de naître une synergie avec le Programme effet, à partir de ce territoire que les leurs communautés. Pour exemple, le national de développement local (PNDL) familles Tall ont essaimé dans toute la Groupement des femmes Soninké de soutenu par la BM pour aider les région ouest-africaine. Bokidiawé qui exploite un périmètre collectivités locales de la région à mieux Demba Baldé et Maniével Sène

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 24 LES OPERATIONS

REVUE DES DÉPENSES PUBLIQUES

Avec l’objectif de mieux comprendre les dépenses publiques et d’améliorer leur efficacité, le Gouvernement sénégalais et la Banque mondiale ont travaillé de concert à la réalisation de trois études successives, en 2004, 2005, et 2006. Ces études ont respectivement porté sur la nécessité d’améliorer les procédures administratives et financières de l’État, sur l’examen du budget d’investissement et sur les sources de financement du Budget de l’État. Cet article résume quelques morceaux choisis de la dernière revue publiée en septembre 2006, mais l’ensemble de ces études est disponible sur le site Internet de la Banque mondiale ou au bureau de Dakar. LA NÉBULEUSE DE L’AIDE OFFICIELLE

La croissance économique est, au • L’aide officielle n’était qu’imparfaitement dans le principe, la bonne issue, il Sénégal, largement tributaire de alignée sur les priorités de la Stratégie de demeure encore enrayé par au moins l’efficacité de la politique budgétaire développement (DSRP-II) formulée par le deux freins fondamentaux au Sénégal. Le poursuivie par l’État. En effet, celui-ci joue Gouvernement. Les bailleurs privilégiaient premier a trait aux carences associées au un rôle prédominant dans de nombreux le premier pilier (la création de richesse) budget d’investissement, qui empêchent secteurs économiques jugés comme au détriment du troisième (la protection une optimisation des dépenses étant les piliers d’une croissance saine et des groupes vulnérables). Moins de 4 % publiques. Non seulement la préparation équilibrée, à savoir l’infrastructure, la de l’aide, selon les estimations, étaient du budget est source de problèmes justice et les services sociaux (la santé et affectés à des projets visant à supporter (comme cela avait été relevé dans l’éducation). Le budget de l’État les groupes les plus défavorisés. l’examen des dépenses publiques publié sénégalais a d’ailleurs pratiquement en 2005), mais son exécution mérite des doublé entre 2000 et 2006. De son côté, Ce premier résultat ne peut manquer de améliorations, notamment en ce qui l’efficacité de la politique budgétaire est surprendre, mais ne se limite pas au concerne la transparence des procédures fortement influencée par l’aide officielle Sénégal. Il apparaît, en effet, très difficile utilisées pour la passation des marchés en provenance des bailleurs de fonds, de suivre le fil des flux d’aide étrangère publics. À titre d’exemple, il était apparu, puisque celle-ci compte pour environ 1/4 dans la plupart des pays africains. Cette en 2005, que près des 2/3 des marchés du budget total de l’État ou presque la lacune se doit d’être résolue de toute sous-jacents à des projets financés sur moitié de son budget d’investissement. urgence car il est impératif de comprendre ressources internes (et qui passaient par la Pour cette raison, la Banque mondiale s’est où va l’argent de l’aide. Si celui-ci ne passe Commission nationale) étaient attribués de penchée, dans sa dernière revue des pas par les caisses du Trésor, il convient, gré à gré, c’est-à- dire sans aucun dépenses publiques, sur la question de la alors, d’identifier les mains dans lesquelles mécanisme concurrentiel. Il semble que la contribution de l’aide officielle à la politique il tombe (collectivités locales, ONG, etc.). situation se soit encore aggravée en 2006, budgétaire au Sénégal. Or, il s’est avéré, Cet effort est en train d’être mené mettant ainsi en évidence l’urgence de se d’entrée, assez complexe d’appréhender les conjointement avec les autorités fonder sur un nouveau cadre réglementaire flux d’aide officielle, tant dans les comptes sénégalaises car le phénomène accroche et institutionnel (fort heureusement le de l’État que dans ceux des partenaires au autant l’attention du Gouvernement que nouveau Code des marchés a déjà été développement. L’aide officielle est apparue celle des bailleurs. adopté, sans toutefois avoir été promulgué comme un concept flou, qui à l’instar d’une Les seconde et troisième conclusions à l’heure où nous mettons sous presse). nébuleuse dans une galaxie, était composée traduisent le manque de conjugaison au Le deuxième achoppement souligne la d’une multitude de projets rendant la vision sein de la communauté des bailleurs, et quasi-absence de vérification sur la manière d’ensemble presque impossible. entre ceux-ci et les autorités. L’enquête dont l’argent public est dépensé. S’il existe Sur la base de ce constat, somme toute, révèle que la majorité des bailleurs sont un débat ouvert sur l’adoption d’un budget étonnant, la Banque mondiale, en étroite satisfaits de leur coopération avec les au Sénégal, notamment au sein de collaboration avec les autorités sénégalaise, autorités (pratiquement 2/3 d’entre eux la l’Assemblée nationale et de ses a entrepris une enquête auprès des bailleurs considèrent bonne ou très bonne), alors commissions, les pouvoirs judicaire et de fonds, laquelle ayant non seulement pour qu’ils sont beaucoup plus critiques sur législatif n’exercent qu’un contrôle incomplet objectif d’identifier les montants de l’aide leur collaboration entre eux. sur l’exécution du budget. La Cour des officielle versée à destination du Sénégal, À la suite de ce bilan, les autorités comptes n’a vérifié, ex post, que les comptes mais encore de cerner leur affectation et sénégalaises ont lancé un plaidoyer en de l’État central jusqu’en 1999. Au niveau leurs modalités de décaissement. Voici les faveur d’une aide sous forme d’appui des collectivités locales, la situation est pire principaux résultats dégagés de cette étude. budgétaire (autrement dit, une aide se encore puisque celles-ci ne sont même plus • Les montants d’aide déboursés par les fondant directement dans le budget, en en mesure d’envoyer leurs comptes à la bailleurs sont largement supérieurs à utilisant les procédures nationales plutôt cour des Comptes. La récente catastrophe ceux inscrits dans le Tableau des que celles des bailleurs), notamment financière au sein des ICS illustre également opérations financières de l’État (TOFE). dans le nouveau DSRP-II présenté en la faillite du système de contrôle dans les Cet écart atteignait, par exemple, 360 septembre 2006. Il est vrai que fin 2005, entreprises paraétatiques. millions de dollars au cours de l’année cette forme de contribution ne Pour qu’une politique budgétaire soit 2005, soit pratiquement la moitié de représentait que 5 % de l’ensemble de efficace, il ne suffit pas de dépenser plus ; l’aide décaissée par les bailleurs au l’aide versée au Sénégal, contre plus de encore faut-il dépenser mieux, y compris cours de cette année. 30 % dans des pays comme le Ghana ou l’argent de l’aide. C’est parce que les • Fin 2005, il était dénombré plus de 474 le Mozambique. L’appui budgétaire est autorités sénégalaises ont compris cet projets en cours d’exécution au Sénégal, généralement perçu comme le meilleur enjeu qu’elles ont entrepris un vaste pour un portefeuille de 2,45 milliards de instrument pour encourager la chantier de réformes visant à s’attaquer dollars. Cette multitude de projets trahit coordination entre les bailleurs de fonds aux problèmes exposés ici et consolider un manque de coopération entre bailleurs et les autorités, et assurer un alignement de la sorte la confiance des partenaires (seul 1 projet sur 4 était cofinancé) qui, de de l’aide sur les objectifs prioritaires du au développement et de la population surcroît, complique la tâche des autorités pays. Il favorise également la sénégalaise dans son ensemble. confrontées, de ce fait, à la gestion d’un responsabilisation mutuelle. nombre incalculable de requêtes. Si le passage à l’appui budgétaire est, Jacques MORISSET

25 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar LES OPERATIONS

CONJONCTURE ÉCONOMIQUE DU SÉNÉGAL SI LES ICS N’ÉTAIENT PAS EN CRISE...

La situation économique du Sénégal est de la forte augmentation de la facture l’éducation, de la santé et des marquée, ces cinq dernières années, par pétrolière accentuée par l’arrêt de infrastructures dans les dépenses une croissance soutenue de 5 % l’an en l’activité de production de la SAR. totales, les dépenses effectuées dans moyenne, dans un contexte de maîtrise de • La situation monétaire resterait les régions, en milieu rural et au profit l’inflation (inférieure à 2 %) et deviabilite caractérisée par une hausse limitée de des groupes vulnérables des finances publiques (déficit budgétaire : la masse monétaire (7,8 %) et une (principalement les plus pauvres) 3 % environ, taux d’endettement extérieur forte augmentation du crédit au sein demeurent faibles. public : 43 %). de l’économie (12,8 %). • Le renforcement de la coordination de En ce début d’année 2007, il est l'heure l’appui extérieur par une augmentation de faire un premier bilan de l’année Résolutions pour l’année 2007 de l’aide extérieure sous forme d’appui écoulée et d'exprimer les premières budgétaire qui reste faible, malgré les résolutions pour l'année courante. L'année Les performances enregistrées au plan initiatives PPTE et IADM, et/ou une 2006 a été difficile pour l'économie macroéconomique contrastent avec celles meilleure adaptation des projets aux sénégalaise. Le taux de croissance s'est observées au plan social. En effet, la priorités nationales. éloigné de sa tendance historique de 5-6 % situation sociale reste marquée par une • L’amélioration de l’accès des PME et pour certainement tomber aux alentours de forte incidence de la pauvreté (57,1 % lors des plus pauvres au crédit par un 3 % avec une détérioration des soldes de la dernière enquête auprès des ménages, développement de moyens de budgétaires et extérieurs. 2002) et une amélioration limitée de l’accès financement adapté. aux services sociaux. • La croissance économique devrait se Ce manque d’efficacité de l’économie Toutefois, l’équilibre des grands agrégats situer à 3,3 % contre 5,5 % en 2005, dans la lutte contre la pauvreté appelle à des macroéconomiques reste maintenu. En essentiellement portée par le secteur réformes indispensables visant à accélérer effet, l’inflation a été modérée malgré la des télécommunications et celui de la la croissance, à améliorer l’efficacité de persistance de la hausse du cours du construction tiré par les l’action publique et à atteindre effectivement baril de pétrole, et la dette extérieure investissements publics en matière les populations les plus pauvres. Ainsi, au demeure soutenable (le taux d’infrastructures. Les performances cours des douze mois de l’année 2007, le d’endettement extérieur baisserait pour des autres secteurs ont été étouffées Sénégal se doit de faire des avancées passer de 43 % en 2005 à 17,1 % en significatives dans les domaines ci-après : par le niveau relativement élevé du 2006 avec la mise en œuvre de l’IADM). prix du pétrole et ses répercussions L’économie devrait retrouver son niveau sur la qualité de la fourniture d’énergie • L’accroissement de la productivité et l’amélioration de la compétitivité pour de croissance tendanciel en 2007 si la électrique, le secteur de la chimie crise des ICS qui représente plus de 10 % traversant une crise profonde. une relance des investissements (y compris IDE) et des exportations ; des exportations est résolue et si les • Le déficit budgétaire se creuserait en finances publiques se tiennent mieux. passant de 3,0 % en 2006 à près de relance indispensable au relèvement 5,7 % du PIB en 2006, reflétant en de la croissance à moyen terme par une amélioration significative de Les perspectives pour 2007 prévoient partie les subventions accordées au une croissance économique de plus de 5,6 secteur énergétique (2,1 % du PIB à l’environnement des affaires . Celui-ci reste peu attractif et caractérisé par % avec un taux d’inflation moyen de 1,8 % la SENELEC et à la SAR). La hausse ainsi que des déficits budgétaire et des prix du pétrole s’est traduite par des lourdeurs administratives persistantes, des coûts des facteurs de extérieur courant de 4,3 % et 10,7 % du une augmentation des tensions de PIB, respectivement, le taux d’endettement trésorerie qui engendreraient un écart production élevés et des possibilités de financement limitées. étant maintenu dans les limites de la de financement de l’ordre de 1,2 % du soutenabilité. Dans tous ces domaines, des PIB, nonobstant la mise en œuvre de • L’amélioration de l’efficacité de la dépense publique en comblant les perspectives favorables se dessinent, l’Initiative d’allègement de la dette notamment avec l’engagement pris par les multilatérale (IADM). déficits en matière de gouvernance, de planification et d’allocation des plus hautes autorités dans le Document • Le déficit extérieur courant (dons stratégique de réduction de la pauvreté compris) est attendu à près de 12 % ressources, de transparence dans l’attribution des marchés publics et de (DSRP II), la Stratégie de croissance du PIB, contre 8,1 % en 2005, du fait accélérée (SCA) et le Conseil présidentiel de la baisse des exportations de contrôle externe. En dépit de l’augmentation globale de la part de de l’investissement (CPI). produits halieutiques et chimiques et La finalisation et la mise en œuvre effective, en temps et avec succès, de ces Indicateurs macroéconomiques clés (Sources : FMI et autorités) initiatives devraient permettre au Sénégal de lutter plus efficacement contre la pauvreté et 2006 2007 2003 2004 2005 (e) d’avancer plus rapidement vers la Proj Nov 06 Proj Nov 06 concrétisation des OMD. Croissance PIB en % 6,7 5,6 5,5 3,3 5,6 Ce succès requiert, au-delà de la mise à niveau urgente des facteurs de production Solde budgétaire (% du PIB) -1,3 -3,1 -3,0 -5,7 -4,3 tels que l’électricité, une forte appropriation Inflation (variation annelle %) 0,0 0,5 1,7 2,2 1,8 de ces stratégies par les acteurs ainsi que la promotion des principes et valeurs Solde extérieur courant (% du PIB) -6,2 -6,1 -8,1 -120 -10,7 universels de transparence, de responsabilisation, de justice et d’équité. Taux endettement public (% du PIB) 46,3 44,4 43,0 17,1 18,4

Réserves officielles brutes (en mois d’importations) 4,5 4,8 4,2 2,7 2,4 Mamadou NDIONE

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 26 LES OPERATIONS

PARTENARIAT POUR LE RETRAIT ET LA RÉINSERTION DES ENFANTS DE LA RUE

524 jours après la première réunion convoquée au bureau de la Banque mondiale à Dakar, le Partenariat pour le retrait et la réinsertion des enfants de la rue s’est mué en structure associative le 22 février 2007, de par la volonté d’une assemblée générale représentative des principaux acteurs. Cette assemblée a élu l’écrivain Cheikh Hamidou Kane à la tête de la nouvelle association. PA RERR AU CALVAIRE DES ENFANTS DE LA RUE

Le 22 février 2007 fera date dans la mobilisation en faveur des enfants défavorisés ; ce jour-là est officiellement née l’association « Partenariat pour le retrait et la réinsertion des enfants de la rue » (PARRER). Cette association a été mise en place par une assemblée générale constitutive caractérisée par la présence des représentants de la société civile, des familles religieuses, du gouvernement, des partenaires au développement, etc. Deux moments forts ont marqué ces assises : l’adoption des statuts du PARRER et l’élection, à l’unanimité, du président de l’association, M. Cheikh Hamidou Kane, écrivain, ancien ministre du Sénégal et surtout personnage fermement engagé dans la défense des droits de l’enfant. En effet, depuis la genèse du processus qui a conduit à la création du PARRER, Le PARRER veut apporter sa contribution pour en finir avec ce spectacle dans les rues. M. Kane, en sa qualité de président du Comité des parrains mis en place par le missions concrètes, celles de « soutenir, réinsertion des enfants de la rue ». Cette comité de pilotage de l’initiative, a participé promouvoir et encourager toute action dernière est le fruit d’un partenariat actif à toutes les activités ; mettant son préventive permettant d’éradiquer le entre les différents acteurs du problème expérience et sa notoriété au service de la phénomène des enfants de la rue » mais qu’avait suscité, par l’organisation d’une mobilisation de ses pairs pour donner le aussi d’ « inciter les pouvoirs publics à réunion organisée le 16 septembre 2005 , maximum de crédibilité au partenariat. appliquer, effectivement, les lois relatives M. Madani M. Tall, Directeur des Sa contribution et celle de Makhtar Mbow, à la protection de l’enfance » tout en opérations de la Banque mondiale au autre figure emblématique du Sénégal, menant des « activités de plaidoyer aux Sénégal.. L’embryon du PARRER venait ancien Directeur général de l’Unesco, ont niveaux national, sous-régional et d’être conçu. été déterminantes dans l’orientation de la international pour que tous les acteurs La nouvelle association sera dirigée par nouvelle association. N’omettons, toutefois assument leurs obligations et un Conseil d’administration composé de pas, de citer le concours de tant d’autres responsabilités ». Le PARRER se veut aussi 15 membres dont 11 élus par personnes comme Rawane Mbaye, ancien une association qui développera la l’Assemblée générale de l’association et directeur de l’Institut islamique et Imam de recherche en encourageant « une quatre désignés par la Présidence de la la Mosquée du Plateau, Moustapha Guèye, meilleure connaissance du phénomène République, l’Assemblée nationale, le président de l’Association des imams et des enfants de la rue par le développement pouvoir judiciaire et le ministère chargé oulémas du Sénégal, les représentants de d’actions efficaces (recherches, analyses, de l’enfance. Pour assurer ses fonctions Imam Hassan Cissé ou de Mgr Theodore études, enquêtes…) ». au quotidien, le PARRER va se doter Adrien Sarr, Archevêque de Dakar, pour ne d’une direction exécutive avec des se limiter qu’aux religieux. En créant le PARRER, ses initiateurs ressources humaines, financières et n’ont fait qu’appliquer une techniques nécessaires à l’exécution des De par ses statuts, le PARRER est une recommandation du Conseil présidentiel programmes auxquels figurent, pour association ouverte à toute personne du 10 octobre 2006, lors duquel le commencer, les activités déjà définies physique ou morale désireuse d’investir Président du Sénégal, Me Abdoulaye par le Comité de pilotage ayant conduit le son savoir-faire et/ou ses moyens pour Wade, devant 200 personnes invitées, processus de septembre 2005 jusqu'à participer à baisser définitivement le avait préconisé la création d’une structure l’assemblée générale constitutive du 22 rideau sur le triste spectacle, tant décrié, privée, indépendante et autonome pour novembre 2006. des enfants mendiants et des enfants prendre en charge, au moins en partie, la La Banque mondiale, l’Unicef, l’Unesco, vivant dans les rues du Sénégal. C’est ce question des enfants de la rue. Il s’était la Banque africaine de développement, la que stipule les statuts qui précisent que personnellement engagé à affecter une Coopération française, entre autres le PARRER « a pour objet, dans une partie du budget national à cette structure partenaires au développement, ont déjà logique de partenariat entre acteurs privée pour la soutenir dans sa politique pris l’engagement de soutenir les activités publics et privés (état, société civile et en faveur des enfants de la rue. Ce du PARRER dont le Président a pour individus, partenaires au développement, Conseil a été suivi du lancement première tâche d’assurer une secteur privé), de soutenir et populaire, le 31 octobre 2006 sur la place reconnaissance légale à la toute nouvelle d’accompagner la mobilisation nationale de l’Indépendance à Dakar, en présence association. pour le retrait et la réinsertion des enfants d’un représentant du Premier ministre, de de la rue ». L’association s’est fixé des l’Initiative « Partenariat pour le retrait et la M. NDIAYE

27 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar INSIDE THE BANK

LUTTE CONTRE LA FRAUDE ET LA CORRUPTION

La Banque mondiale continue de jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre les pratiques de fraude et de corruption. Au cours des deux dernières années, elle a réalisé des enquêtes sur plus de 400 cas intéressant des projets qu’elle finance et sanctionné plus de 100 entités engagées dans des actes illicites dans les projets, selon un nouveau rapport. LA POSITION «AVANT-GARDISTE» DE LA BANQUE MONDIALE

pour conflit d’intérêt ou autres violations. Les 24 fonctionnaires restants se sont conformés à leurs obligations juridiques suite à l’intervention de INT. Photo : © PAMU Photo : © PAMU Le rapport précise que le nombre d’allégations graves impliquant les membres du personnel de la Banque représente moins de 1 % de l’effectif total de l’institution. Le Service de déontologie institutionnelle a été créé en 2001 en tant qu’organe d’enquête indépendant de la Banque. INT enquête sur les allégations de pratiques de fraude et de corruption dans les projets financés par La nouvelle Avenue de l’ancienne piste d’envol à Dakar réalisée avec des fonds de la BM. la Banque, ainsi que sur les allégations de fautes professionnelles éventuelles « Plus d’un milliard de personnes à annoncées au public. La Banque commises par les fonctionnaires de travers le monde vivent avec un dollar mondiale est la seule banque l’institution, et soumet ses conclusions par jour, et la corruption menace leur multilatérale de développement qui pour suite à donner à des entités de espoir d’une vie de meilleure qualité et publie les noms des entreprises qu’elle prise de décision telles que le Conseil d’un avenir plus prometteur, » déclare a sanctionnées pour pratiques de des sanctions de la Banque (pour les le Président de la Banque mondiale, M. corruption — un moyen efficace de cas extérieurs) et le Vice-président Paul Wolfowitz. « Quand nous décourager les actes illicites. chargé des Services des ressources découvrons que l’aide au Le rapport indique également que le humaines (pour les cas de fautes développement déjà insuffisante, est Service de déontologie institutionnelle a professionnelles commises par le détournée de l'objectif visé, celui de conduit, au cours des deux derniers personnel). Le cas échéant, INT profiter aux pauvres, nous avons le exercices, 227 enquêtes internes communique les conclusions de ses devoir d’agir. Les activités de INT nous portant sur les fautes professionnelles enquêtes pour suite à donner aux aident à nous acquitter de ce devoir commises par les membres du autorités des pays membres concernés. envers les pauvres, qui sont nos clients personnel de la Banque. INT a établi le en dernière analyse, en décelant et en bien-fondé de 77 de ces cas impliquant décourageant les pratiques de fraude et 78 membres du personnel. Tout aussi de corruption, et en œuvrant de concert important, à l’issue des enquêtes sur les avec d’autres services à travers la allégations, INT a blanchi les membres Banque pour limiter les risques dans les du personnel de toute faute opérations futures ». professionnelle dans 44 cas internes. Au cours des deux derniers exercices, le Les allégations restantes ont été soit Service de déontologie institutionnelle jugées non fondées (46 cas), ce qui (INT) du Groupe de la Banque mondiale signifie que les éléments de preuve a engagé et mené à bien près de 441 n’ont pas été concluants, soit renvoyées enquêtes extérieures sur des cas de (60 cas) à d’autres instances au sein de fraude et de corruption dans les projets l’institution aux fins de règlement. Dans financés par la Banque, selon le rapport le cas des allégations jugées fondées, la intitulé Integrity Report of the World Banque a licencié et/ou exclu de toute Bank Group, Fiscal Years 2005 – 2006 nouvelle réembauche 22 membres du (Rapport sur l’intégrité du Groupe de la personnel et imposé des sanctions Banque mondiale, exercices 50-06). disciplinaires à 11 autres pour pratiques Suite à ces enquêtes, la Banque a exclu de fraude et de corruption ; licencié de ses marchés 58 entreprises et 54 et/ou exclu de toute nouvelle particuliers en raison des pratiques de réembauche 5 membres du personnel Photo : © Kevin Kellems / BM fraude et de corruption au cours de la pour harcèlement sexuel ; imposé des période visée par le rapport, faisant en sanctions disciplinaires à 5 autres pour sorte qu’ils ne soient plus admis à avoir manqué de se conformer aux 6 mars 2007 - Le président de la BM, participer à des projets qu’elle finance. obligations personnelles ; licencié et/ou Paul Wolfowitz, s’est joint aux Depuis 1999, la Banque mondiale a exclu de toute nouvelle réembauche 7 célébrations du Cinquantenaire de sanctionné 338 entreprises et des membres du personnel pour conflit l'indépendance du Ghana avec la particuliers et toutes les sanctions ont d’intérêt ou autres violations ; et imposé jeunesse lors du concert de reggae été publiées sur son site Web et ont été des sanctions disciplinaires à 4 autres organisé à la Pleasure Beach.

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 28 LA VIE DU BUREAU

BOURAMA DIAITE

On l’appelle le « King of Afrinia ». Et il revendique ce surnom. Pourtant, plus gentil que Bourama Diaité, c’est difficile à trouver. Sauf quand on veut violer les procédures de la Banque mondiale lors de la passation de marchés de biens et services pour un pays donné. Bourama est capable de travailler 24 heures sur 24, simplement pour s’assurer que le dollar qui va servir à acheter un stylo n’est pas destiné à faire l’emplette d’un bâton de craie ! Beaucoup plus fondamental, s’assurer surtout que le marché n’est pas abusivement attribué de gré à gré. Et tout cela en Anglais, quand c’est mercredi ! LE SEIGNEUR DES PROCÉDURES

Par Mademba Ndiaye

malgré la forte pression de son ministre de tutelle d’alors, il démissionna de son poste de directeur de l’Entretien routier pour rejoindre le secteur privé. Une décision motivée, non seulement, par le besoin de se remettre professionnellement en cause, mais également par le souci de ne pas risquer de succomber au diable de la corruption sous le coup de tentations personnelles ou de pressions politiques et familiales. En tant qu’être humain, il est, en effet, bien conscient de la tentation qui se cache derrière chaque parcelle de pouvoir, chaque marché à attribuer, surtout avec le très bas niveau de rémunération dans la fonction publique. Une nouvelle vie s’ouvre alors. Bourama qui savait faire des routes et des bâtiments, crée un cabinet privé de consultation en génie civil.

Chaque mercredi, la seule langue renoncé à rejoindre le Prytanée militaire Parallèlement, comme il savait aussi admise au bureau de la Banque dont il avait réussi le concours d’entrée. acquérir des produits de qualité au mondiale de Dakar est l’Anglais. Cette La vie en caserne n’était, d’ailleurs, que moindre coût, il commence à travailler « loi » ne figure dans aucun protocole de partie remise car il effectuera sa avec la Banque mondiale comme la Banque mondiale, mais il s’agit d’un formation d’officier de réserve en 1980 à consultant en passation de marchés. Il oukase de son Altesse l’Empereur Kaolack après l’obtention de son diplôme fait le saut l’intégrant au personnel de la d’Afrinia, plus prosaïquement connu d’ingénieur. Serait-ce cette attirance pour Banque mondiale en septembre 2000, à dans l’organigramme de la Banque l’armée qui fait de lui cet homme si la suite d’un avis de vacance de poste mondiale comme « Bourama Diaité, rigoureux qu’il prit unilatéralement la lancé par le bureau de Dakar. Adieu Spécialiste principal en passation de surprenante mesure, une fois nommé, en donc le secteur privé. Le voilà marchés ». Fonction surprenante a priori 1989, directeur de l’Entretien routier, de fonctionnaire de la BM travaillant sur le pour cet ingénieur du génie civil, ancien réduire – du moins au Sénégal – tous les Sénégal, la Gambie, le Cap-Vert et la directeur de l’Entretien routier du avantages liés à cette fonction. D’un coup Guinée-Bissau, assumant l’énorme Sénégal, formé à l’École polytechnique de plume, il changea les règles en vigueur, responsabilité de garantir que l’argent de de Thiès comme quatre autres de ses faisant passer sa dotation en carburant de la Banque mondiale est utilisé de façon collègues de la BM. En fait, l’explication 1 500 à 500 litres et restreignant le légale et efficiente. En effet, de par sa est simple. Bourama Diaité a passé 11 nombre de ses voitures de fonction à une position, le spécialiste principal en ans dans l’administration sénégalaise, au lieu de trois ! Et ce n’est pas sans une passation de marchés est un rouage après sa sortie de l’EPT en 1980, plus pointe de fierté qu’il dit « aucun membre essentiel du processus de délivrance de précisément au ministère de de mon entourage privé n’est jamais entré la fameuse « Non objection » qui permet l’Équipement qu’il a représenté de 1984 dans une voiture de l’administration à la Banque mondiale de s’assurer qu’un à 1990 au sein de la Commission m’ayant été attribuée pour les besoins du État emprunteur dépense tout ou partie nationale des contrats de l’administration service » ! Il va jusqu’à reconnaître que sa de l’argent mis à sa disposition pour (CNCA) chargée de vérifier la conformité famille « a subi les affres de ma acquérir des biens et services dans le à la réglementation en vigueur de la conception personnelle de la chose respect des principes de transparence procédure de passation et d’attribution publique qui, en aucune manière, ne doit Il faut dire que, contrairement à des marchés publics. servir à des fins privées ». certaines figures déjà présentées dans cette rubrique de notre magazine, Cet homme originaire du département Un beau jour de 1991, Bourama Bourama Diaité n’a nullement été surpris de Vélingara (Sud-est du Sénégal) est décida de quitter la fonction publique, par le travail à la BM. Il s’était déjà venu très jeune à Dakar où il a fait une tirant bénéfice du dispositif de départ « frotté », en plusieurs occasions, aux partie de son primaire ainsi que tout son volontaire mis en place par le fonctionnaires de l’Institution quand, secondaire au Lycée Van Vollenhoven Gouvernement dans le cadre des depuis le ministère de l’Équipement, il (aujourd’hui Lamine Gueye) après avoir politiques d’ajustement structurel ; participait à l’exécution des IVe et Ve

29 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar VIE DU BUREAU

projets routiers et concevait le volet Bourama ne dit que du bien du bureau s’est rétréci. L’empereur et son équipe « Entretien routier » qui devait devenir de Dakar et de l’atmosphère de travail « d’intégristes » de la procédure sont plus tard le Projet sectoriel des transports qui y règne, si bien que pour lui, le maintenant limités au fond, à droite. Mais du Sénégal financé par la BM. Ainsi peut- terrain vaut mieux que le siège pour une peu importe l’espace occupé, l’œil de il affirmer : « Contrairement à ce que les question de proximité avec nos Bourama Diaité darde tout le portefeuille gens pensent, la Banque mondiale emprunteurs. Mais, dit ce Juste, « il y a de la Banque mondiale géré au Sénégal, n’interfère pas dans les décisions des une discrimination injustifiée dans le en Gambie, en Guinée-Bissau et au Cap- États si elle a en face d’elle des traitement du personnel qui va au Vert ! Et gare aux amateurs de raccourcis interlocuteurs techniquement préparés à détriment du personnel hors-siège, procéduraux ! défendre le dossier de leur pays ». notamment en ce qui concerne la prise Très à cheval sur les procédures – en charge de l’éducation des enfants Bourama vu par…. parfois draconiennes – de la Banque ainsi que le système de promotion ». mondiale, Bourama Diaité dit Ce père de 5 enfants, dont deux Madani M. Tall (Directeur des opérations) : «viscéralement abhorrer les marchés de garçons (étudiants dans des universités « C'est le Clint Eastwood du bureau : gré à gré qui doivent être une procédure françaises), est aussi grand amateur de l'homme qui fait régner la loi....Le doyen très exceptionnelle». Il ne peut ballon rond pour avoir siégé dans les craint et respecté. Mieux vaut ne pas s’empêcher de soupçonner des zones instances de direction d’un grand club l'avoir sur sa route ! Sous ses airs de dur, d’ombre dans tout marché ne faisant pas dakarois de football dont il est quasi- c'est un homme affable et généreux. » l’objet d’un appel d’offres ouvert en fanatique ! D’ailleurs quand Bourama bonne et due forme. Car «c’est la discute avec les collègues en dehors du Moctar Thiam (Spécialiste principal procédure qui permet d’avoir le meilleur travail, il ne parle que de foot et de… Transport) : « Gros, très gros travailleur. rapport qualité-prix» dit-il souvent aux politique ! Discuter politique après avoir Professionnel jusqu'au bout des ongles, centaines de ressortissants des secteurs dévoré toutes les pages des journaux Bourama a conservé toute sa capacité privé et public sénégalais qu’il forme faisant état de cas avérés, ou non, de d'indignation et de questionnement et, ce, régulièrement aux techniques de détournement des deniers publics, ça, il sans langue de bois. Ce qu’il est très passation des marchés depuis 1996. adore. Et comme dans le bureau, certains rafraîchissant de voir de la part d’un membre Quand on lui fait remarquer qu’il « sème collègues se font le malin plaisir de du personnel de la Banque mondiale ». la terreur » chez les chefs d’équipe de toujours le prendre à contre-pied, projet, il sourit en répondant qu’il s’agit Bourama ne manque pas d’interlocuteurs Ndèye Aissatou Diagne Diouf «d’une fausse impression car je recherche avec qui engager des joutes orales sur des (Assistante de programme) : « Derrière toujours avant tout la solution aux histoires de but et d’affaires publiques. son masque de chahuteur hors pair, problèmes pour aider le chargé de «King» dégage le profil type du programme à produire des Non-Objection Au fait,, nous allions oublier de préciser fonctionnaire de la Banque mondiale fondés sur une utilisation efficiente des notre propos du premier paragraphe ! avec toute sa rigueur dans l’examen des deniers prêtés à un État ». D’ailleurs, si L’anglais du mercredi ! Bourama l’a dossiers. Bourama force l’admiration ». Bourama était à la place de Paul imposé après avoir noté avec satisfaction Wolfowitz, le président de la BM, il mettrait qu’une expérience de « English Speaking Rokhaya Niane (Assistante de «encore plus la pression sur les états en Day » était instaurée à l’Agence de programme) : "C’est un collègue spécial et matière de lutte contre la corruption pour promotion des exportations (APIX, dont la un frère, adoré par mon défunt fils Racine. que l’argent qu’ils empruntent à la BM ne directrice, Aminata Niane, a fait la Une de Bourama est un être humble, très "social" soit ni mal utilisé ni tout bonnement EBM 3). Et pour corser les choses, avec la et jovial, jamais fâché… sauf quand il détourné au détriment des populations». complicité de Madani M. Tall, le Directeur flaire un "misprocurement". Alors là, on Mieux, il ne jugerait plus les performances des opérations, ce qui n’était qu’un l'entend parlait tout seul dans son bureau, «en mettant en exergue le montant des «parler» est devenu «Speaking and entouré de documents ! Bourreau du décaissements qui peut atteindre des Writing day» ! Il estime que pour un travail, il n’hésite pas à sacrifier ses week- niveaux appréciables sans avoir, pour francophone dont plus de 75 % des ends pour aider à faire respecter les autant, d’impact sur les réalisations». communications écrites le sont en procédures de la Banque mondiale !" Anglais, c’est le seul moyen de maintenir Cette méticulosité dans le respect des les acquis dans cette langue. Et ce Meskerem Mulatu (Education procédures est « la conséquence de moustachu de Bourama met une ardeur specialist) : “Monogamous, he may notre position » dit Bourama qui affirme « dictatoriale » à faire respecter « sa » be...but he has a demanding mistress «que tout retard de la part d’un règle, apostrophant publiquement ceux et that keeps him out late at night -- the spécialiste des marchés a des celles qu’il considère – évidemment à tort ! World Bank! As serious as Bourama is retentissements immédiats sur toute la – comme des « rebelles »…ne citons que about his work, he can be found at his chaîne». Cela explique-il le fait que … l’auteur de ces lignes et « surtout desk every night, weekend or holiday at Bourama ne quitte jamais le bureau Moctar Thiam » ! 8:00 pm without fail, and often even avant 21 heures et qu’il travaille toujours later. He has even gone so far as to une partie du week-end ? « Oui, assure- Bourama, c’est aussi l’Empereur transfer this workaholic behavior to us, t-il. Nous sommes trop peu nombreux – d’Afrinia, ce pays fictif avec hymne et the other Afrinia residents, none of whom même avec la présence de Christian drapeau connu de toute la BM grâce aux now leave the building when the working Diou, spécialiste du développement cours « Bank Operations » que l’ensemble day is supposed to end! But with such a urbain et de Matar Fall spécialiste du du personnel suit au moins une fois dans shining example of unfailing commitment secteur de l’eau et de l’assainissement, sa vie professionnelle… tout comme un among us, how can we do any less?! tous deux chargés de programme musulman est tenu d’aller au moins une Seriously, though, Bourama is one of habilités et qui donc n’ont pas besoin de fois dans sa vie à la Mecque ! Eh bien, those colleagues who brings humor and nos services –, pour assurer le suivi du Afrinia, c’est la zone à droite en entrant humanity in addition to professionalism portefeuille des opérations dans les pays dans le bureau de Dakar, le territoire de to the job, and who makes it a pleasure couverts par le bureau, sauf le Niger ». Bourama, qui, les déménagements aidant, to come to work every day”.

Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar - N° 7 - Mars 2007- 30 FONDS D’APPUI AUX PARTENARIATS PUBLIC-PRIVE DANS LE SECTEUR ECHOS DE LA BANQUE MONDIALE DES INFRASTRUCTURES (PPIAF) Magazine trimestriel du Bureau Créé en juillet 1999 à l’initiative conjointe de la Banque mondiale et des Régional de Dakar (Sénégal, Cap-Vert, gouvernements japonais et britannique, le PPIAF est un fonds d’assistance technique Gambie, Guinée-Bissau, Niger) financé par différents donateurs. Il regroupe aujourd’hui 15 bailleurs de fonds, au nombre desquels des agences de développement bilatérales et multilatérales. Directeur de publication : Les interventions financées par le PPIAF, assistance technique et diffusion des Madani M. Tall – Directeur des connaissances, aident les décideurs, les organisations non gouvernementales, les Opérations institutions de recherche et autres organismes à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies visant à mettre pleinement à profit la participation du secteur privé dans Rédacteur en chef : l’univers des infrastructures. Mademba Ndiaye – Coordonnateur de la Le PPIAF est dirigé par un Conseil des programmes constitué de représentants de Communication et de la Formation ses bailleurs de fonds. Ses activités sont dirigées par une Cellule de gestion des programmes (CGP) abritée au siège de la Banque mondiale à Washington et Ont contribué à la rédaction de ce déployant des antennes à Dakar, Manille, Nairobi et New Delhi. numéro : • Madani M. Tall Activités financées par le PPIAF Directeur des Opérations L’assistance du PPIAF ambitionne de permettre au secteur privé de s’impliquer • Jacques Morisset dans le financement, l’acquisition, le fonctionnement, la réhabilitation, l’entretien ou Economiste Principal pour Sénégal la gestion des services d’infrastructures variés que sont la production, la transmission (Washington) et la distribution d’électricité, le transport et la distribution du gaz, la distribution d’eau • Demba Baldé et l’assainissement, la collecte et le traitement des déchets solides, les Spécialiste en Développement télécommunications, les chemins de fer, les ports, les aéroports et les routes. Social/Post-Conflit Seuls les pays en développement et les pays à économie en transition – figurant • Mamadou Ndione sur la liste des pays bénéficiaires de l’Aide publique au développement (APD) établie Economiste national par le Comité d’aide au développement de l’OCDE – sont éligibles au PPIAF. Les • Maniével Sène projets d’aide de ce fonds sont exécutés soit au niveau national soit dans plusieurs Spécialiste en Développement rural pays à la fois. Chaque projet est coordonné avec le concours de l’ensemble des • Sambagor Guèye bailleurs de fonds participants. Responsable du Centre d’Information du Public Domaines d’intervention du PPIAF • Fatim Diop - Bathily De par sa mission, le PPIAF intervient dans deux domaines principaux, à savoir Assistante de Direction l’assistance technique et la diffusion des meilleures pratiques. • Mademba Ndiaye En matière d’assistance technique, il aide les gouvernements à définir des stratégies Coordonnateur de la Communication et politiques de mobilisation facilitant la participation du privé au secteur des et de la Formation infrastructures. Les activités typiques conduites dans le cadre du PPIAF recouvrent : • Jennifer Isern Spécialiste financier (CGAP) • les stratégies de PPP — Définition de stratégies de développement des • Candy JONES infrastructures destinées à tirer pleinement parti de l’implication du secteur privé. Assistante de programme (PPIAF) • l’élaboration d’un consensus — Contribution à l’élaboration d’un consensus sur • Eric Yves Dacosta les réformes politiques, réglementaires et institutionnelles. Assistant de bureau (WSP) • les réformes Sectorielles — Élaboration et mise en œuvre de réformes • Samer Badawi sectorielles, réglementaires et institutionnelles. Conseiller en communication (CGAP) • les transactions de PPP — Appui à l’élaboration et à la mise en œuvre de projets • M. Paul Derreumaux pilotes et de transactions. Président du Groupe Bank Of Africa • le renforcement des capacités — Appui au renforcement des capacités des • Mohamadou Diop gouvernements à élaborer et mettre en œuvre des partenariats public-privé dans Conseiller en Investissement et Banque le secteur des infrastructures ainsi que des mécanismes voués à réglementer les prestataires de services. Relecture : • Hedwige Jullien-Mercier Pour ce qui est de la diffusion des meilleures pratiques, le PPIAF aide à identifier et à promouvoir les meilleures pratiques émergentes dans le domaine de la Adresse : participation du secteur privé au monde des infrastructures. Les interventions 3 place de l’Indépendance Dakar / Sénégal mentionnées ci-dessus sont le plus souvent coordonnées dans une approche Téléphone : 849 50 00 d’ensemble qui donne lieu à des activités telles qu’études sectorielles, jeux d’outils Fax : 849 50 27 pour des réformes sectorielles et études de cas de meilleures pratiques. BP : 3296 Email : [email protected] Pour plus d’informations et des mises à jour périodiques sur les résultats des activités du Sites Internet : PPIAF, veuillez consulter le site web du PPIAF (www.ppiaf.org) ou contacter son Bureau www.banquemondiale.org/senegal régional de coordination pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord 15, avenue Nelson Mandela. Boîte postale 475, Dakar, Sénégal. Tél. : (+221) 849.46.90 – Fax. (+221) 823.24.47 – Email : [email protected] Impression : Versus Studio

31 - Mars 2007 - N° 7 - Magazine du bureau régional de la Banque mondiale à Dakar LA BM FAIT LA FÊTE AVEC LES ENFANTS

Un arbre de Noël a été organisé le 8 janvier 2007 pour une cinquantaine d’orphelins et enfants vulnérables (OEV) dans le cadre de l’initiative de la Banque mondiale «VIH/SIDA sur le lieu de travail». Le comité du bureau de Dakar était représenté par Astou Diaw Ba, chargée de l’initiative, Éric Dacosta, président de l’Association du personnel du bureau et Ndèye Magatte F. Seck.

Comme dans la plupart des pays du monde, la pandémie du SIDA laisse non seulement des victimes qui finissent souvent par être stigmatisées, mais aussi des orphelins, arrachés à la tendresse de leurs parents et généralement rejetés par la société. En plus des soins que certains reçoivent, ces enfants ont besoin d’amour et d’affection. Le moment ne pouvait être mieux choisi pour le leur donner. La fête a été belle. Un vrai moment d’allégresse pour ces enfants. Ils ont certes reçu des cadeaux, mais ont, aussi, pu danser au rythme de leurs idoles et rire à gorge déployée aux facéties des artistes invités.

Un appel est lancé à toutes les bonnes volontés pour aider à organiser cette fête tous les ans, en l’étendant à un plus grand Un petit garçon recevant son cadeau des mains de Mme Astou Diaw-Ba, nombre d’enfants, car il serait dommage de Responsable du programme « VIH/SIDA sur le lieu de travail » au bureau s’arrêter en si bon chemin. de Dakar.

même la montagne russe (ou s’agissait-il seulement d'un prétexte !), d'autres décidèrent de se laisser aller, tout simplement, au climat de fête, comme les plus jeunes. Profitant pleinement de la prestation très remarquée et appréciée de Bintou Badji qui ne se lassa pas de se faire désarçonner par le gros buffle.

La fête s’est terminée par le goûter à proprement parler, particulièrement apprécié car, en plus des friandises, les enfants ont reçu, chacun, un carnet de tickets qui leur permettra de revenir au parc gratuitement. La nuit tombant, notre joyeux groupe s’est séparé, qui avec des cadeaux sous le bras, qui avec des chérubins endormis sur l’épaule, preuve qu'aucune énergie n'aura été épargnée.

Le 16 décembre 2006 a été pour les enfants du personnel de la Banque un Au final, les enfants ont ri, dansé, joué et jour de plus à marquer d'une pierre blanche. En effet, c'est dans le cadre mangé. Mais mieux encore, ils ont partagé féerique de « Magic Land » qu'a eu lieu le traditionnel goûter de Noël. Au avec leurs parents un vrai moment familial, programme de l'événement festif figurait l'accès à tous les jeux du parc chose que chaque membre du bureau de la pendant une heure non-stop. Vint ensuite le moment du spectacle animé Banque vous dira savourer au plus au point. par des clowns et enfin celui, tant attendu, vers 18 h, de la distribution des Normal quand on connait le rythme de travail cadeaux par le Père Noël. de cette institution ! Évidemment les enfants en redemandent ; Si certains parents, soucieux de la sécurité de leurs enfants, n'ont pas hésité mais comme Noël n’arrive qu’une fois l’an, à accompagner leur progéniture sur la grande roue, le train fantôme ou force leur est de s’armer de patience !