Diana Damrau Soprano Jonas Kaufmann Ténor Helmut Deutsch Piano Hugo Wolf (1860–1903) Italienisches Liederbuch
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2018 20:00 20.02.Grand Auditorium Mardi / Dienstag / Tuesday Grandes voix Diana Damrau soprano Jonas Kaufmann ténor Helmut Deutsch piano Hugo Wolf (1860–1903) Italienisches Liederbuch. Volkstümliche italienische Liebesgedichte in der Übertragung von Paul Heyse (1890–1896) 1. «Auch kleine Dinge» 4. «Gesegnet sei, durch den die Welt entstund» 39. «Gesegnet sei das Grün» 3. «Ihr seid die Allerschönste» 21. «Man sagt mir, deine Mutter woll’ es nicht» 41. «Heut’ Nacht erhob ich mich um Mitternacht» 40. «O wär’ dein Haus durchsichtig wie ein Glas» 27. «Schon streckt’ ich aus im Bett die müden Glieder» 18. «Heb’ auf dein blondes Haupt» 20. «Mein Liebster singt» 22. «Ein Ständchen Euch zu bringen» 42. «Nicht länger kann ich singen» 43. «Schweig’ einmal still» 44. «O wüßtest du, wie viel ich deinetwegen» 6. «Wer rief dich denn?» 31. «Wie soll ich fröhlich sein» 10. «Du denkst mit einem Fädchen mich zu fangen» 14. «Geselle, woll’n wir uns in Kutten hüllen» 45. «Verschling’ der Abgrund» 8. «Nun laß uns Frieden schließen» 29. «Wohl kenn’ ich Euren Stand» 38. «Wenn du mich mit den Augen streifst» 36. «Wenn du, mein Liebster, steigst zum Himmel auf» ~40’ – 23. «Was für ein Lied soll dir gesungen werden» 19. «Wir haben beide» 34. «Und steht Ihr früh am Morgen auf» 16. «Ihr jungen Leute» 9. «Daß doch gemalt all deine Reize wären» 2. «Mir ward gesagt, du reisest in die Ferne» 17. «Und willst du deinen Liebsten sterben sehen» 33. «Sterb’ ich, so hüllt in Blumen meine Glieder» 15. «Mein Liebster ist so klein» 35. «Benedeit die sel’ge Mutter» 24. «Ich esse nun mein Brot nicht trocken mehr» 7. «Der Mond hat eine schwere Klag´ erhoben» 25. «Mein Liebster hat zu Tische mich geladen» 26. «Ich ließ mir sagen» 11. «Wie lange schon» 37. «Wie viele Zeit verlor’ ich» 32. «Was soll der Zorn» 5. «Selig ihr Blinden» 12. «Nein, junger Herr» 13. «Hoffärtig seid Ihr, schönes Kind» 28. «Du sagst mir, daß ich keine Fürstin sei» 30. «Laß sie nur geh’n» 46. «Ich hab’ in Penna einen Liebsten wohnen» ~45’ Engagée dans la défense de la culture depuis 1999, la Fondation Indépendance soutient de nombreux projets d’artistes luxembourgeois Pour les Arts et la Culture BIL_Ann_115x175_Independance_Violon.indd 1 24/07/2017 14:59 Voyage en Italie François-Gildas Tual Tel un Schlarafenland ou, en français, un pays de cocagne, ainsi apparut l’Italie au Romantique allemand, lui offrant tout à la fois ses majestueuses cimes et ses côtes dorées, ses palais et ses dômes, les tableaux et sculptures de ses innombrables musées, Vinci et Raphaël, l’épure de la Renaissance, la flamboyance du Baroque, les vestiges de la glorieuse Antiquité romaine. « À Rome je me suis tout d’abord trouvé moi-même », relatait Goethe dans son initiatique Voyage en Italie. « L’éclairage embrasé des régions supérieures, l’ombre fraîche et bleue des parties basses paraissaient plus splendides que je ne les avais jamais vus dans des peintures à l’huile ou à l’aquarelle ; je ne pou- vais me détacher du spectacle. » Mais l’Italie, c’était aussi un esprit solaire, une légèreté sans désinvolture, une conscience du carpe diem qui rappelait au poète, le temps du Carnaval Romain, « l’importance de chaque jouissance momentanée, souvent de peu d’apparence, que l’existence peut procurer. » Franchissant le col du Brenner, Goethe se remit « à croire en un dieu », jusqu’à trouver sa place dans le monde, « et non comme de passage ou en exil ». Bien d’autres lui emboitèrent le pas pour revenir les valises garnies de carnets et de souvenirs, de « tableaux » selon Heine. Mendelssohn par exemple : « Me voici donc en Italie ! Ce qui a été pour moi, depuis l’âge de raison, le plus beau rêve de la vie, se réalise enfin. » Pour Nietzsche, la Méditerranée fut une porte de sortie, seule issue possible pour fuir l’influence wagnérienne. Et sans doute Wolf y trouva-t-il un même apaisement lorsque, de retour de Bayreuth et venant d’achever sans entrain un projet sur Ibsen, il reprit les poésies populaires de l’Italienisches Liederbuch de Paul Heyse. 5 Après l’Espagne du Spanisches Liederbuch, l’Italie allait l’aider à renouer avec les muses et, au croisement du théâtre et du lied, à travers le savoureux dialogue de deux voix de Toscane et de Vénétie, se révélerait profondément imprégnée de l’âme alle- mande pour mieux la revivifier en retour. Et le musicien de confier à son ami Emil Kauffmann :« C’est bien un cœur chaleureux qui bat dans les jeunes corps de mes tout jeunes enfants méridionaux, qui, malgré les apparences, ne peuvent renier leurs origines allemandes. Oui, leur cœur bat en allemand même si le soleil brille pour eux en italien. » Poème de… mis en musique par… Avant d’être musique, le lied est poésie. « Une forme de poésie par- ticulièrement allemande », affirmait Bismarck aux nationalistes qui voulaient exclure Heine du Panthéon de la littérature germanique. Une forme de poésie à part entière, union parfaite du verbe et de la musique laissant les vers s’envoler « sur les ailes du chant ». De son piano, Wolf récitait souvent le poème avant de le reprendre avec le chanteur, et il tenait dans ses publications à nommer le poète avant de se nommer lui-même, précédant ses pièces d’un « Gedichte von… vertont von Hugo Wolf ». Quand Schubert s’empa- rait de vers un peu faibles, son amitié valait au poète d’échapper à l’anonymat tout en conférant aux mots une saveur particulière ; Wolf, au contraire, ne sélectionna que les plus grands : Heine, Goethe, Mörike, Eichendorff ou Kerner, non sans éviter les textes déjà honorés par ses pairs. À l’origine de l’Italienisches Liederbuch toutefois, un écrivain méconnu hors de son Allemagne natale, pourtant prix Nobel de littérature en 1910, formé aux langues classiques et traducteur de nombreux textes italiens et espagnols, notamment du Spanisches Liederbuch au côté d’Emmanuel Geibel. Si l’on cite encore parfois son très philosophique Enfants du monde, Paul Heyse – de son vrai nom Johann Ludwig von Heyse – rédigea aussi une thèse sur le chœur dans la poésie des troubadours, et pour cela partit en quête de manuscrits jusqu’au cœur de la bibliothèque du Vatican, dont il fut chassé pour avoir recopié sans autorisation certains inédits. Mais l’Italie s’était invitée très tôt dans son œuvre, dans sa première nouvelle déjà, dont l’action se situait entre Sorrente et Capri. Aussi était-il naturel pour lui d’adapter ces Rispetti toscans, vilotes vénitiennes, ballades et 6 Paul Heyse photographié par Franz Hanfstaengl vers1860 autres formes populaires, même s’il ne parvint pas toujours à éviter de les marquer de sa plume allemande, affectant un peu l’exquise simplicité dont témoignait la plupart des strophes caractéristiques de huit vers aux rimes successivement alternées puis jumelées. De cette somme, Wolf tira donc un grand livre, collection plutôt que cycle car la succession des tonalités s’y avé- rait aussi errante que la trame narrative, et parce que l’ensemble fut livré en deux volumes, le premier conçu entre septembre 1890 et novembre 1891, le second entre mars et avril 1896. Dès lors, rien n’interdisait aux chanteurs d’y piocher les confidences et humeurs à leur gré, dans l’ordre ou non de la publication, mais il était évident que le premier lied avait valeur de manifeste, pour le recueil comme pour tout l’art du lied en général. Les petites choses aussi « Même les petites choses peuvent nous être chères », nous dit le poète en ouverture, comme pour nous inviter à ne point bouder des pages qui pourraient nous paraître trop brèves. Si brèves mais si riches, par ailleurs agrémentée d’un prélude et d’un postlude. « Lentement, et très délicatement », indique la partition de « Auch kleine Dinge » : chaque notes exige la même prévention que celle dont on ferait preuve pour manipuler perles, olives, roses odorantes et autres miniatures. Pour matériau, de simples gammes descen- dantes superposées / emmêlées dans l’harmonie du piano. Écoulement irrésistible que ne perturbe nulle volonté de couleur locale. En l’absence de typicité folklorique dans les courbes mélodiques, la forme répétitive AABA, liant les vers deux à deux, ferait seule écho à la nature des textes. Mais déjà se devine une répartition étrange des rôles tant la voix semble extérieure au discours principal, ce que remarque aussi Stéphane Goldet dans le Guide de la mélodie et du lied : « Le poème donne naissance à une partition pour piano, à laquelle s’adapte, tout naturellement, la délivrance du texte poétique. Ce n’est pas le moindre paradoxe de l’œuvre de Wolf : le poème est primordial, la partie vocale de ses lieder secondaire. Le poème a déteint sur le piano, le texte venant seulement préciser l’image ou le climat créé par un instrument qui se révèle, à l’instar de celui de Chopin, l’un des tout grands de la littérature. » Plutôt que la petitesse des intervalles constatée par la même dans son importante monographie 9 consacrée à Hugo Wolf, on notera l’étroitesse de l’ambitus vocal, octave étendue à la neuvième le temps d’un bref point culminant. De même ne négligera-t-on pas la richesse des accords, donnant l’impression que chaque phrase n’est que la préparation de la suivante. Au cœur du lied, l’irruption discrète de nouvelles lignes en sens contraires sonne comme un trésor que le musicien aurait déterré de l’enchevêtrement polyphonique. Comme dans le Spanisches Liederbuch, quelques poèmes empruntent au religieux. « Gesegnet sei, durch den die Welt entstund » : grands sauts descendants au rythme ïambique du piano, envolées lyriques pour évoquer la création : le Lied, dans sa concision, rivalise avec l’immensité du monde, tend vers la majesté céleste autant qu’il plonge vers les abysses.