Il Giardino Armonico Giovanni Antonini Flûte À Bec, Chalumeau Ténor, Direction Tindaro Capuano Chalumeau Alto Stefano Barnesc
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2017 20:00 08.12.Salle de Musique de Chambre Vendredi / Freitag / Friday Voyage dans le temps Il Giardino Armonico Giovanni Antonini flûte à bec, chalumeau ténor, direction Tindaro Capuano chalumeau alto Stefano Barneschi, Marco Bianchi, Liana Mosca violon Liana Mosca alto Marcello Scandelli violoncelle Giancarlo De Frenza violone Maria Evangelina Mascardi théorbe Riccardo Doni clavecin résonances 19:30 Salle de Musique de Chambre Artist talk: Giovanni Antonini in conversation with Matthew Studdert-Kennedy (E) Georg Philipp Telemann (1681–1767) Suite a-moll (la mineur) TWV 55:a2 (1725) 1. Ouverture 2. Les plaisirs 3. Air à l‘italien 4. Minuet I & II 5. Réjouissance 6. Passepied I & II 7. Polonaise 28’ Antonio Vivaldi (1678–1741) Sonate pour deux violons et basse continue en ré mineur (d-moll) op. 1 N° 12 RV 63 «La Follia» (d‘après / nach Arcangelo Corelli: Sonate op. 5 N° 12) (1705) Adagio – Andante – Allegro –- (volti) (sans indication de mouvement) – Adagio – Vivace – Allegro – Larghetto – Allegro – (volti) Adagio – Allegro 9’ — Georg Philipp Telemann Konzert für Chalumeau, Streicher und Basso continuo d-moll (ré mineur) TWV 52:d1 (1750) Largo Allegro Adagio (sans indication de mouvement) 12’ Antonio Vivaldi Concerto pour violoncelle, cordes et basse continue en ut mineur (c-moll) RV 401 (1720–1724) Allegro non molto Adagio Allegro ma non molto 10’ Concerto pour piccolo, cordes et basse continue en ut majeur (C-Dur) RV 443 (1728/29) Allegro Largo Allegro molto 10’ L’apogée du baroque Gilles Cantagrel Trois années seulement séparent Georg Philipp Telemann d’Antonio Vivaldi, figures dominantes de leurs patries respectives. Et tous deux appartiennent à cette extraordinaire génération de 1685 qui allait marquer la fin de l’âge baroque et préparer l’avè- nement du classicisme européen. Qu’il suffise de citer, nés en dix ans de temps (1778–1788), à côté de Telemann, Bach, Händel, Heinichen ou Graupner pour les terres germaniques, et en Italie, à côté de Vivaldi, Domenico Scarlatti, Benedetto Marcello, Durante ou Geminiani, et encore Rameau en France, et puis le bohémien Zelenka, actif à Dresde, pour ne mentionner que les plus connus. Actifs durant la première moitié du 18e siècle, tous œuvrèrent à cette « réunion des goûts » qu’appelait de ses vœux François Couperin. Avec eux se cristallise peu à peu ce langage européen qui sera celui de Haydn et de Mozart, avant les boule- versements du romantisme. Au milieu du 18e siècle, la musique allemande va conquérir avec lui la suprématie européenne qui mènera à la « grosse Musik », la « grande musique », et au style classique international. Telemann et Vivaldi ont déployé toute leur vie une extraordinaire activité, écrivant quantité d’œuvres, très rapidement, et les faisant publier, ce qui accrut considérablement leur notoriété euro- péenne. Parlant de Vivaldi qu’il rencontre à Venise au cours de son voyage en Italie, le président de Brosses écrit à un ami qu’il a « une furie de composition prodigieuse ». Et d’ajouter : « Je l’ai ouï se faire fort de composer un concerto, avec toutes ses parties, plus promptement qu’un copiste ne le pourrait copier. » Quant à Telemann, il se souvient d’avoir, dans sa jeunesse, « en deux ans écrit près de deux cents ouvertures » ! Les deux musiciens ne se sont pas rencontrés. 5 Travaillant dans le nord de l’Allemagne, Telemann a fait un long séjour à Paris. Et Vivaldi, parcourant la péninsule italique, s’en est allé mourir à Vienne. Dommage… Mais chacun connaissait la musique de l’autre, par les éditions. Vivaldi avait fait publier deux recueils de sonates en 1705 et 1708. Et l’on sait que son recueil de concertos op. 3, L’Estro armonico, imprimé à Amsterdam en 1711, devait provoquer une vogue qui déferla sur l’Europe entière. Telemann, lui, entreprend dès 1715, en plus de toutes ses tâches, une activité d’éditeur de musique qu’il pratiquera durant un quart de siècle, publiant non seulement ses propres ouvrages mais aussi des compositions de ses confrères. L’année 2017 marquant les deux-cent-cinquante ans de la mort de Telemann, le prétexte est excellent pour lui consacrer concerts et enregistrements. Et pour beaucoup d’auditeurs, c’est une révé- lation. Non qu’on l’ait ignoré jusqu’alors, mais sans doute ne le jouait-on pas dans l’éclat des couleurs et des rythmes que permet aujourd’hui le renouveau de l’interprétation de la musique baroque, en lui insufflant une vie nouvelle. Des trois grands Allemands contemporains, il n’est certes ni Händel, ni Bach, mais néanmoins une personnalité de première grandeur. Une œuvre comme la Suite pour flûte à bec, cordes et basse continue en la mineur TWV 55:a2, dite « Les plaisirs », le réhabilite assurément. Ne nous y trompons pas : les deux termes d’ouverture et de suite désignent le même genre musical. La suite de danses stylisées, comme on la pratique abondamment à l’époque baroque, admet une introduction que l’on appelle ouverture. Telemann lui-même parle de ses « ouvertures avec leur suite ». Et l’on reconnaîtra à Telemann d’avoir acclimaté l’ouverture, ou suite, en Allemagne. Ainsi, le critique Johann Adolf Scheibe peut-il écrire : « Le feu raisonnable d’un Telemann a fait connaître et aimer en Allemagne ce genre musical étranger, mais les Français ont aussi à le remercier des grands perfectionnements qu’il a apportés à leur propre musique. » 6 Portrait de Georg Philipp Telemann Dans son Essai d’une Méthode pour apprendre à jouer de la flûte tra- versière, publié à Berlin en 1752 en allemand et en français, le vir- tuose et théoricien Johann Joachim Quantz parle en ces termes de l’Ouverture : « Une Ouverture […] doit avoir une entrée majestueuse et grave, un sujet brillant et bien travaillé […]. Elle doit son origine aux Français. Lully en a donné de bons modèles ; mais quelques compositeurs allemands, et surtout Händel et Telemann, l’ont surpassé de beaucoup […]. Il est seulement à regretter, que les Ouvertures, faisant un si bon effet, ne soient plus à la mode en Allemagne. » Quelque nom qu’on leur donne, le musicien n’en a pas moins honoré le genre à 7 profusion. Il parle des quelque deux cents ouvertures composées en deux années, alors qu’à vingt-cinq ans il se trouvait à la petite cour de Sorau. Et il continua toute sa vie, jusqu’à l’année précé- dant sa mort à l’âge de 86 ans, à composer des ouvertures. Dans une lettre en 1751, il raconte : « Pendant de nombreuses années, je me suis épuisé à inventer des mélodies, je me suis copié moi-même des milliers de fois, comme d’autres l’ont fait avec moi… » Il ne savait plus combien d’œuvres il avait bien pu écrire. Les musicologues du Centre Telemann de Magdeburg, sa ville natale, parlent de trois mille, peut-être, dont quelque six cents ouvertures… Mais le musicien se renouvelle sans cesse. On remarque toujours ici ou là une trouvaille pittoresque, une instrumentation originale, un propos inédit. Si la musique de Telemann ne recherche pas la profondeur, elle regorge d’idées et déborde d’imagination. Le musicien, ainsi qu’il le répète, veut tout à la fois plaire et émouvoir, tout en étant utile, en s’adressant à tous. Doté d’un génie inventif exceptionnel, il aime la variété et les contrastes. Sa veine est par- ticulièrement heureuse dans les mouvements lents et chantants, mais il aime aussi plaire par le pittoresque, piquer l’attention des interprètes et exciter leur intérêt, tout en leur permettant de briller et de séduire leur auditoire. Il suffit d’observer la diversité des titres et le nombre de sous-titres évocateurs qu’il place en tête de ses œuvres, comme d’ailleurs des mouvements de ses suites. Tel est bien le cas de cette Ouverture « Les plaisirs ». Elle compte sept morceaux, l’ouverture proprement dite suivie de six pièces diverses, pour la plupart des danses. Le premier morceau est donc une Ouverture à la française, qui ne répond qu’imparfaitement à la définition de l’ouverture lulliste que donne Quantz à la même époque. Si l’entrée est bien « grave et majestueuse », dans les rythmes pointés caractéristiques de l’ouverture versaillaise, elle débouche sur un épisode central en fugato où la flûte se livre à de brillants solos à la façon d’un concerto, avant de revenir au mouvement grave et majestueux. En trois sections, le mouvement intitulé Les plaisirs est introduit par un tutti énergique, que suit un épisode médian pour la flûte accompagnée des seuls violons, extrêmement virtuose et volubile, avant la reprise de la première 8 Portrait présumé d’Antonio Vivaldi section. Charmant et mélancolique, et construit comme une aria à da capo italienne, l’Air à l’italien s’ouvre sur un Largo marqué gracieusement, suivi d’un épisode médian Allegro. Retour vers la France avec les deux Menuets alternés, le second étant le seul avec la participation délicieusement humoristique de la flûte. Suit une Réjouissance virtuose, marquée vite, avant deux Passepieds, le premier sans la flûte, le second, joyeux et en majeur, avec la flûte sur le seul soutien de la basse continue. La suite se conclut par une Polonaise bien balancée, hommage à ces musiques que, dans sa jeunesse, Telemann avait découvertes et qu’il avait tant aimées. En 1705, l’éditeur Giuseppe Sala, de Venise, publiait un recueil de douze sonates opera prima, la première œuvre éditée d’Antonio Vivaldi. À 27 ans, le musicien est déjà considéré comme le plus célèbre compositeur de la Sérénissime République, ce qui lui vaut, cette année même, d’être nommé professeur à l’Ospedale della Pietà, l’institution pour jeunes filles musiciennes dont l’or- chestre connut une renommée considérable.