Projet de Parc naturel régional du Mont-Ventoux

DIAGNOSTIC DU TERRITOIRE Juin 2014

URBICAND SOBERCO ENVIRONNEMENT JAM CONSULTING SOMMAIRE

Diagnostic environnemental ...... 3 Diagnostic socioéconomique ...... 70 1 Le territoire dans ses limites physiques ...... 4 1 Dynamiques sociodémographiques ...... 71 1.1 Un territoire de contraste topographique ...... 4 2.1. La population : caractéristiques et grandes tendances ...... 71 1.2 Contexte géologique ...... 4 2.2. La croissance résidentielle : dynamiques à l’œuvre ...... 77 2 Une ressource en eau en déséquilibre quantitatif et qualitatif ...... 7 2.3. L’armature urbaine et l’organisation des déplacements ...... 80 2.1 Des masses d'eaux souterraines stratégiques ...... 7 2.4. Politiques en cours : acteurs et actions ...... 83 2.2 Des eaux superficielles souvent dégradées ...... 9 2 Patrimoines culturels ...... 85 2.3 La gestion de l’eau potable : un équilibre fragile ...... 16 2.1. Les composantes des patrimoines culturels ...... 85 2.4 Une gestion des eaux usées qui s'est améliorée ...... 19 2.2. Les pressions sur les patrimoines culturels ...... 89 2.5 Les politiques publiques en cours ...... 20 2.3. Politiques en cours : acteurs et actions ...... 90 3 Une richesse écologique exceptionnelle, mais menacée localement ...... 23 3 Dynamiques économiques...... 92 3.1 Une très grande diversité d'habitats naturels ...... 25 3.1. Portrait du territoire : emploi et secteurs d’activités ...... 92 3.2 Une diversité faunistique et floristique remarquable...... 32 3.2. Le secteur primaire ...... 94 3.3 Inventaires et protections au titre de la biodiversité ...... 39 3.3. Le secteur secondaire ...... 101 3.4 Les fonctionnalités écologiques...... 45 3.4. Le secteur tertiaire ...... 102 3.5 La connaissance de la biodiversité ...... 53 3.5. Politiques en cours ...... 108 4 Climat - Air - Energie ...... 54 4. Synthèse des enjeux socio-économiques ...... 109 4.1 Le climat et ses évolutions ...... 54 4.2 La qualité de l’air ...... 55

4.3 Les consommations et la production d'énergie ...... 56 Diagnostic paysager et urbain ...... 112 5 Les risques naturels et l’impact des activités humaines ...... 60 1 Caractérisation des paysages ...... 113 5.1 Les risques naturels ...... 60 1.1 Les unités paysagères ...... 113 5.2 Les risques technologiques ...... 63 1.2 Analyse des paysages urbains ...... 121 5.3 Les sols : pollution et exploitation ...... 63 1.3 Analyse des grands équilibres spatiaux ...... 123 5.4 Les nuisances acoustiques ...... 64 2 Evolution des paysages ...... 127 5.5 La gestion des déchets ...... 64 2.1 Evolution des paysages urbains ...... 127 6 Synthèse des sensibilités environnementales et des enjeux ...... 66 2.2 Evolution des paysages agricoles et forestiers ...... 129 6.1 Sensibilités environnementales ...... 66 3 Synthèse des enjeux paysagers : remarquabilité et vulnérabilité ...... 133 6.2 Synthèse des enjeux environnementaux pour le projet de PNR ...... 69

Synthèse générale des enjeux ...... 135

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PRESENTATION DU TERRITOIRE Situé au nord du département du , le périmètre actuel du projet de Parc Naturel Régional du Mont-Ventoux s’étend sur une superficie totale de 987 km². Ses limites sont définies au nord par le département de la Drôme, à l’est par le département des Alpes-de-Haute-, au sud par la limite du Parc Naturel Régional du Luberon et la crête des Monts de Vaucluse et enfin à l’ouest, par les Dentelles de Montmirail et la plaine comtadine. Le projet de Parc Naturel Régional du concerne actuellement 40 communes : , Aurel, , , Beaumont-du-Ventoux, Bédoin, , , , , Crillon-le-Brave, , Faucon, , Le , Loriol-du-Comtat, Malaucène, Malemort-du-Comtat, , Méthamis, Modène, , , Pernes-les-Fontaines, Puyméras, La Roque-sur-Pernes, St-Christol-d’Albion, St- Didier, St-Hippolyte-le-Graveyron, St-Léger-du-Ventoux, St- Marcellin-lès-Vaison, St-Pierre-de-Vassols, St-Romain-en- Viennois, St-Trinit, Sault, , Vaison-la-Romaine, , et Villes-sur-. Ces communes sont regroupées dans 4 intercommunalités différentes : la Communauté d’Agglomération Ventoux , la Communauté de Communes Ventoux Sud, la Communauté de Communes Pays Vaison Ventoux, la Communauté de Communes du Comtat (une seule commune concernée) et la Communauté d’Agglomération du Grand (une seule commune concernée). Ces communes accueillent une population d’environ 90500 habitants. Le projet de Parc Naturel Régional est porté par le Syndicat Mixte d’Aménagement et d’Equipement du Mont Ventoux (SMAEMV), structure publique créée en 1965.

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Diagnostic environnemental

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1 LE TERRITOIRE DANS SES LIMITES PHYSIQUES

1.1 Un territoire de contraste topographique 1.2 Contexte géologique Le périmètre du projet PNR du Mont Ventoux est doté d’un étonnant contraste topographique, entre les reliefs 1.2.1 Une formation très singulière accidentés des Monts de Vaucluse, des piémonts des Dentelles de Montmirail et du Mont Ventoux et les vastes Le Mont Ventoux résulte de l’affrontement et du mouvement des plaques tectoniques africaine et eurasiatique, à étendues relativement uniformes de la plaine Comtadine et du plateau de Sault. Comme tirés depuis le ciel, les reliefs l’origine de l'émergence des Pyrénées et des Alpes. montagnards du pays du Ventoux offrent des paysages remarquables, forgeant l’identité vauclusienne. Entre - 200 et - 100 millions d’années, la zone Ventoux - Baronnies - Lure est en domaine marin peu profond. C’est 1.1.1 De la vaste plaine Comtadine... entre - 95 et - 40 millions d’années que le massif se structure. Les premières déformations sont liées à la formation des Pyrénées (phase de compression nord-sud), qui engendrent des plis de direction est-ouest et forment ainsi le La partie sud-ouest du territoire est marquée par un relief particulièrement doux, correspondant à la vaste plaine Ventoux. Les Alpes n’existent pas encore. Entre - 40 et - 20 millions d’années, ce sont les fossés d’effondrement qui alluviale du Rhône et de la , qui expire face au relief naissant du massif du Ventoux. Situé entre 10 et sont créés, individualisant le Mont Ventoux. Sa structure actuelle résulte de la formation des Alpes, entre - 20 et - 2 200 mètres d’altitude, la plaine Comtadine s’efface peu à peu au profit de l’arc Comtadin, vaste amphithéâtre dont millions d’années. l’altitude est comprise entre 200 et 400 mètres environ. Entre 150 et 200 mètres d’altitude, ce bassin est entrecoupé par une ligne discontinue de collines orientées nord-sud et culminant à près de 400 mètres d’altitude. Ces divers épisodes géologiques ont donc construit ce haut relief calcaire et créé cette dissymétrie entre un versant sud en pente douce et un versant nord abrupt. Au nord du périmètre, le Pays Voconces se caractérise par son propre contraste de relief. L’immensité de la vaste plaine alluviale du Rhône se distingue des collines de Vaison-la-Romaine, de ses vallons, combes et petits reliefs isolés. 1.2.2 De grandes unités géologiques D’une altitude moyenne comprise entre 150 et 400 mètres, cette région se situe dans la continuité topographique de l’arc Comtadin. Le Mont Ventoux appartient entièrement à une même formation géologique et se trouve à l’extrémité nord-ouest d’une unité géologique datant du Crétacé. Il s’agit d’une dalle sédimentaire, rigide, d’environ 400 mètres d’épaisseur, Ces deux territoires sont toutefois séparés par l’émergence des Dentelles de Montmirail, point de repère composée de calcaires urgoniens et de calcaires barrémiens plus marneux. Elle représente la majeure partie du caractéristique de la région, culminant à environ 720 mètres d’altitude. Ces reliefs très abrupts, composés de paysage du Ventoux et s’étend également à l’est, sur le plateau de Sault. nombreuses crêtes, vallons et falaises, s’inscrivent dans la continuité du massif du Ventoux, d’est en ouest. Lors du Crétacé inférieur, les processus de sédimentation ont en effet formé un récif calcaire, emporté dans le massif, 1.1.2 ...Au Mont Ventoux, dernier ressaut de la chaîne des Alpes suite aux différents mouvements géologiques et qui affleure aujourd’hui. Il est caractérisé par sa teinte très claire, souvent blanche et sa grande solidité. Le sommet dénudé du Mont Ventoux laisse ainsi apparaitre la roche Les Monts de Vaucluse correspondent à un massif orienté est-ouest, limité au nord par le Toulourenc et le Jabron, au désagrégée, du fait du gel et du vent. sud par la vallée du Calavon et au-delà le Luberon, à l'ouest et au nord-ouest par la plaine du Comtat Venaissin et à l'est pratiquement jusqu'à la Durance. La partie septentrionale est formée par les chaînons du Ventoux et de Lure A l’ouest, l’arc Comtadin est constitué de dépôts superficiels du Quaternaire reposant sur la dalle calcaire du Crétacé. (1 827 m), séparés par le plateau d'Albion (1 393 m). La partie orientale est un plateau d'altitude moyenne qui oscille Ces dépôts sont essentiellement constitués de sables, graviers et galets, surmontés par une épaisseur très variable de entre 800 et 1 000 mètres et culmine au Signal de Saint-Pierre à 1 256 mètres d'altitude. limons. Le Mont Ventoux est le point phare de la région, dont le sommet culmine à 1912 mètres d’altitude. Il s'étire sur Les collines de Mormoiron et Malemort-du-Comtat sont quant à elles façonnées dans la molasse et les formations environ 24 kilomètres d'ouest en est (de Malaucène à Aurel) et sur 15 kilomètres du nord au sud (de Saint-Léger-du- calcaires apparaissent partiellement. Des affleurements de sable, liés aux altérations du Secondaire sont à l'origine de Ventoux aux gorges de la Nesque). la présence d'ocres, de sables blancs et d’argiles autour des communes de Mormoiron, Flassan et Bédoin. A noter qu’au Tertiaire, un bassin d'effondrement a formé un lac près de Mazan et Mormoiron et suite à son assèchement, ce Son versant sud dessine un large arc de cercle qui encadre le bassin de Carpentras. Il est prolongé par les Monts de bassin est devenu la réserve de gypse exploitable la plus importante d'Europe. Vaucluse au sud et séparé par les gorges de la Nesque. Sur ce versant, la pente du Ventoux est régulière, longue et étirée à l’horizon. Il faut ainsi parcourir 10 kilomètres depuis le sommet du Ventoux pour perdre 1600 mètres La plaine Comtadine, plus au sud-ouest, est constituée de sédiments du Tertiaire recouverts d’alluvions récentes. d’altitude. A l’ouest, il plonge brusquement dans la plaine et se termine près du village de Malaucène. Ces sédiments gréseux du Comtat Venaissin, les sables ocreux (issus du Crétacé), les sols évolués sur Oligocène complètent la nature des sols des alentours du Mont Ventoux. Les terres sont limoneuses, riches et favorables au Le versant nord est particulièrement abrupt et s’ouvre sur la vallée du Toulourenc, affluent de l’Ouvèze. Cette vallée développement de l’agriculture. étroite et encaissée est ainsi marquée par ce versant très raide du Mont Ventoux, qui présente un dénivelé de près de 1500 mètres pour 3 kilomètres. Le contraste est donc fortement marqué entre le versant septentrional, aux parois Au nord-ouest du territoire, dans le Vaisonnais actuel, des masses considérables de sédiments se sont accumulées inégales, abruptes et escarpées et la pente plus douce du versant méridional. durant le Secondaire, où la mer était très profonde. A la fin de cette période, un calcaire très fin, argileux, s'est ainsi constitué. De nombreux affleurements de molasse (datant du Miocène) ou de sable marneux sont présents. Vers l’est, le Mont Ventoux s’ouvre sur le plateau d’Albion, vaste étendue à 900 mètres d’altitude en moyenne. Le plateau de Sault est délimité par les Monts de Vaucluse (1256 mètres au sud de St-Christol) au sud et à l’ouest, le Mont Ventoux et la montagne d’Albion (1414 mètres) à l’ouest et au nord. Il se continue enfin à l’est avec la montagne de Lure, qui se prolonge jusqu’à Sisteron, dans les Alpes de Haute Provence.

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2 UNE RESSOURCE EN EAU EN DESEQUILIBRE QUANTITATIF ET QUALITATIF b. Etat et qualité des eaux L’état chimique de cette masse d’eau souterraine est considéré comme globalement moyen. Les teneurs en nitrates 2.1 Des masses d'eaux souterraines stratégiques dans le bassin de Vaison ne dépassent pas les seuils pour l’alimentation en eau potable et les eaux sont de très bonne qualité. Cependant, dans le bassin de Carpentras, près de 15% des prélèvements montrent des indices de Le territoire d’étude est caractérisé par la présence de 5 masses d’eau souterraines, situées à différentes profondeurs. contaminations ponctuelles pour les nitrates et parfois de dépassement des normes pour l’alimentation en eau Ainsi, il est possible de distinguer les masses d’eau souterraines affleurantes des masses d’eau souterraines profondes. potable (source : Eau , Fiche de caractérisation - Masse d'eau souterraine n°6218 ; SDAGE RMC 2010-2015). Les activités agricoles (vignes, céréales) sont les principales sources de production des nitrates et l’affleurement de la

2.1.1 Les masses d’eau souterraines affleurantes nappe libre, à l’est, permet également d’expliquer ces contaminations ponctuelles, par l’arrivée directe des eaux superficielles chargées en polluants. La qualité des eaux selon les teneurs en pesticides est qualifiée de moyenne et 2.1.1.1 Calcaires urgoniens du plateau d’Albion et de la Montagne de Lure les tendances sont à la hausse. Les objectifs d’atteinte du bon état chimique des eaux ont été fixés à 2021 par la a. Caractéristiques Directive Cadre sur l’Eau. D’une superficie estimée à 1330 km², cette masse d’eau souterraine s’étend sous le vaste plateau d’Albion et est On notera toutefois que de nombreuses initiatives ont été mises en place afin de limiter l’impact des activités délimitée au nord par la vallée du Toulourenc, au sud par le Calavon et à l’est par le Ventoux. Cette masse d’eau libre agricoles sur la qualité de l’eau. Par exemple, une charte de Production Fruitière Intégrée (PFI) a été mise en place en et karstique présente toutefois deux sous-systèmes : 2009 pour les productions de raisin de table et de cerise de bouche. Cette charte vise à donner la priorité aux méthodes écologiquement plus sûres afin d’améliorer la protection de l’environnement et la santé humaine.  Un système karstique de la Fontaine de Vaucluse, qui est la plus importante résurgence de France. Sa superficie totale est d’environ 1115 km². Ce système se recharge naturellement par infiltration des eaux pluviales. La quasi- c. Pressions et usages totalité des infiltrations de surface s’écoulent dans cette nappe, qui possède ainsi une aire d’alimentation très Le Comtat est une région agricole très active où le maraîchage et la viticulture sont les principales orientations étendue. L’exutoire de Fontaine de Vaucluse donne naissance à la . A noter que la Fontaine de Vaucluse et productives. Dans les bassins de Vaison et de Carpentras, on dénombre environ dix captages destinés à l’alimentation son bassin hydrogéologique sont classés « aquifère patrimonial ». en eau potable et les forages agricoles sont très nombreux. La part des forages privés est importante sur le bassin de  Le petit système karstique nord Ventoux, d’une superficie d’environ 200 km², est situé à l'extrémité Nord du Mont vie du Comtat et difficile à évaluer précisément (tous ne sont pas déclarés). Ces forages constituent une menace pour Ventoux. Plusieurs exutoires sont localisés de part et d'autre du Toulourenc (sources de Notre-Dame-des-Anges, les nappes souterraines tant sur le plan quantitatif que qualitatif (risques de contamination). Font Marin, source du Groseau). L’ensemble des volumes estimés prélevés dans les eaux souterraines pour l’irrigation représente environ 705 000 m3 b. Etat et qualité des eaux annuels. Les prélèvements industriels représentent un volume d’environ 200 000 m3 par an. Ces volumes sont prélevés principalement pour un usage agroalimentaire (entreprise Faraud à ). La nappe du Miocène est de D’un point de vue quantitatif, la réserve est importante et le volume moyen serait d'environ 100 millions de m3. La loin la ressource la plus sollicitée sur le territoire. qualité de l’eau est globalement bonne, de type bicarbonaté calcique et d'une température de l'ordre de 12°C au niveau des différentes sources. Les délais d’atteinte du bon état quantitatif et chimique sont fixés à 2015, au titre de Il semblerait que les prélèvements actuels réalisés sur cette nappe soient supérieurs à son potentiel de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). réalimentation, bien que les données sur l’état quantitatif de cette masse d’eau soient faibles. Il n'existe en effet aucune donnée globale permettant de définir les volumes prélevés précisément (l’étude sur les volumes prélevables c. Pressions et usages est en cours de finalisation). Dès 1992, des études évaluaient les prélèvements à 26 millions de m3 par an, alors que La pression en azote d'origine agricole est considérée comme faible sur l'ensemble de la masse d'eau et aucune les données de l'Agence de l'Eau plafonnent à 4,2 millions de m3 par an. pollution aux nitrates n’a été observée, en raison de la présence d’élevages porcin et ovin extensifs. Malgré une Cette masse d'eau, classée « ressource stratégique » dans le SDAGE Rhône Méditerranée, est l'un des plus grands certaine vulnérabilité liée à la structure karstique de l'aquifère, les eaux de l'aquifère urgonien sont de bonne qualité réservoirs d'eau souterraine de la région PACA, constituant de fait une ressource essentielle pour la recherche d’une chimique et d'assez bonne qualité bactériologique. alternative aux prélèvements actuels dans les alluvions. L’aquifère calcaire urgonien est considéré comme une ressource majeure (volume disponible dans la zone dénoyée de l’ordre de 100 millions de m3 et réserves permanentes dans la zone noyée de l’ordre de 150 millions de m3), 2.1.1.3 Formations marno-calcaires et gréseuses dans le bassin versant Drôme Roubion, Eygues, Ouvèze pouvant répondre à des besoins en eau potable. Depuis 1995, les prélèvements dans la nappe sont uniquement a. Caractéristiques destinés à l’alimentation en eau potable. 43 sources sont identifiées sur cet ensemble karstique et les prélèvements actuels sont de l’ordre de 700 000 à 800 000 m3 par an. Cette grande masse d’eau correspond à un vaste domaine de 70 km de long entre le Vercors au Nord et le mont Ventoux au sud, de 40 km de large depuis les vallées du Buech et de la Durance à l'Est jusqu'à la dépression 2.1.1.2 Molasses miocènes du Comtat rhodanienne à l'Ouest. Elle englobe les bassins versants de la Drôme, qui traverse sur une centaine de kilomètres les montagnes du Diois, ainsi que ceux de l'Eygues et de l'Ouvèze. Cette formation composée de divers matériaux inclut a. Caractéristiques les sables de Bédoin et Mormoiron. Les recharges naturelles sont d’origine pluviale et les 4 rivières principales qui se Cette masse d’eau souterraine couvre une surface de 1000 km², dont 560 km² est à l’affleurement et moins de jettent dans le Rhône (Drôme, Eygues, Lez, Ouvèze) constituent les exutoires conséquents. 400 km² sous couverture. Cette nappe à la fois libre et captive est délimitée à l’est par le Ventoux, à l’ouest par le b. Etat et qualité des eaux Rhône et au sud par la Durance. La qualité des eaux de cette nappe souterraine est considérée comme bonne, bien que l’état de la sous entité des Cette nappe est rechargée naturellement par l'infiltration des eaux de pluie, mais également par drainage en « Sables blancs de Mormoiron » soit inconnue (source : Eau France, Fiche de caractérisation - Masse d'eau souterraine profondeur et latéralement par du karst urgonien sous-jacent. Les volumes estimés de cette nappe sont d’environ n°6508 ; SDAGE RMC 2010-2015). Bien que les pressions en azote et nitrates d'origine agricole soient faibles, une 630 millions de m3 (nappe captive) et 12 milliards de m3 (nappe libre). pollution aux pesticides est avérée (Lindane essentiellement). Les délais d’atteinte du bon état chimique des eaux sont fixés à 2015 par la DCE.

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c. Pressions et usages c. Pressions et usages Les terres agricoles occupent la majorité de la surface de la nappe et sont principalement représentés par des L’agriculture occupe une part majoritaire de la surface des sols, principalement la viticulture, les céréales, oléagineux vignobles, cultures céréalières et vergers. Cette agriculture constitue ainsi la principale pression exercée sur la nappe, et protéagineux. La concentration de produits phytosanitaires dans ce secteur constitue ainsi la pression principale en raison des nombreux traitements phytosanitaires appliqués. qui affecte la nappe alluviale. La Chambre d’agriculture du Vaucluse est impliquée dans la mise en œuvre du plan Ecophyto et de ses différentes Près de 350 forages sont identifiés sur cette nappe et sont destinés à l’alimentation en eau potable, à l’irrigation ou à actions (9 axes stratégiques). Le plan Ecophyto 2018 vise à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires de 50% l’industrie. De nombreux captages traversent également la nappe alluviale pour atteindre en profondeur la nappe du tout en maintenant un niveau de production agricole élevé. Miocène, beaucoup plus productive. Les prélèvements industriels représentent environ 60% des volumes prélevés, mais se situent hors du périmètre d'étude (principalement à Courthezon). Le petit aquifère des "sables blancs de Bédouin Mormoiron", d’une superficie de 52 km², situé au pied du Mont Ventoux et du Plateau de Vaucluse, fournit à des débits exploitables une eau de bonne qualité. Sous-entité de la Les « Alluvions des plaines du Comtat et des Sorgues », qui intègrent la plaine de l’Ouvèze, sont vulnérables aux masse d'eau souterraine « formations marno-calcaires et gréseuses dans le bassin versant de la Drôme Roubion, éventuelles pollutions de surface. Avec la nappe de l’Aygues, elle constitue la principale ressource en eau du secteur Eygues, Ouvèze », il permet d’alimenter en eau potable 11 communes (Syndicat Rhône-Ventoux), via le prélèvement ouest du territoire, exploitée pour l’eau potable et par des captages industriels et agricoles. du Sablon (source et forage) situé sur la commune de Mormoiron. Cet aquifère a un grand intérêt économique. 40% des volumes prélevés sur le bassin versant du Sud-Ouest Mont-Ventoux sont issus de la nappe de cet aquifère (environ 1,5 million de m3 annuellement). Il est également exploité pour l’agriculture et l’industrie, portant à près de 2 millions de m3 les prélèvements annuels de cette masse d’eau. Les types d’industries concernées par ces prélèvements sont principalement liés aux activités de plâtreries et aux activités de carrière et d’extraction.

2.1.1.4 Alluvions des plaines du Comtat et des Sorgues a. Caractéristiques Cette petite masse d’eau souterraine s’étend sur environ 550 km². Sa limite nord est représentée approximativement par la limite départementale de la Drôme et du Vaucluse, à l’ouest par la rive gauche du Rhône, à l’est par les Monts de Vaucluse et au sud par la vallée de la Durance. Cette masse d’eau libre est de type sédimentaire et se recharge grâce aux infiltrations d’eaux de pluie, mais également par l’Aigues, l’Ouvèze, l’Auzon et les Sorgues. Le canal de Carpentras et les surfaces en irrigation gravitaire peuvent potentiellement contribuer à réalimenter la nappe artificiellement. Cette masse d'eau est drainée par plusieurs cours d'eau qui constituent donc les points bas, ce qui est un facteur de vulnérabilité, d’autant plus que son épaisseur est assez faible (moins de 15 mètres environ). b. Etat et qualité des eaux La qualité des eaux est globalement moyenne et les teneurs en nitrates et pesticides sont à l’origine du déclassement de la qualité des eaux (source : Eau France, Fiche de caractérisation - Masse d'eau souterraine n°6508 ; SDAGE RMC 2010-2015). Dans la plaine du Comtat, plus de 50 % des points qualifiés ont présenté des indices de contamination aux nitrates (supérieur à 25 mg/l), 35 % présentent des teneurs supérieures à 40 mg/l et 25 % présentent des teneurs supérieures à 50 mg/l. Les teneurs en nitrates peuvent même localement dépasser les 200 mg/l et assez régulièrement les 100 mg/l. La présence de nitrates est due à une activité agricole intensive avec en particulier du maraîchage sous serres. La qualité des eaux est ainsi très détériorée dans ce secteur. Au niveau de la Sorgue et du bassin de Vaison, la qualité est toutefois très bonne. Concernant les pesticides, la qualité des eaux est affectée. Des dépassements de la norme pour l’alimentation en eau potable sur 20 à 40% des prélèvements sont observés, notamment en raison des traitements appliqués à la vigne. La Directive Cadre sur l’Eau fixe à 2021 le délai d’atteinte de l’objectif de bon état chimique des eaux.

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2.1.2 Les masses d’eau souterraines profondes

L’unique masse d’eau souterraine profonde située sur le territoire est la nappe calcaire sous couverture Tertiaire de la plaine du Comtat. Le Comtat Venaissin est impacté par les pollutions diffuses aux nitrates d'origine agricole (Source : Eau France : "Fiche de synthèse de sous bassins : Rivières Sud-Ouest Mont Ventoux). Une zone a été délimitée par arrêté D’une surface estimée à plus de 600 km², cette nappe captive s’étend depuis le Ventoux jusqu’au Rhône, près préfectoral (le 18 décembre 2012) et concerne 4 communes (Carpentras, Aubignan, Mazan et Pernes-les-Fontaines). d’Orange. Il existe un phénomène de drainage entre ces calcaires et la couverture Tertiaire. Cette dernière reçoit une Les communes de Caromb, Malemort-du-Comtat, Modène, Saint Didier, Saint Hippolyte-le-Graveyron, Saint-Pierre- alimentation ponctuelle par le karst en faveur d'accidents tectoniques. D’une manière générale, l’infiltration est de-Vassols et Venasque ont été déclassées. Un programme d'action règlementaire est mis en œuvre pour adapter les d’origine pluviale au droit des zones d’affleurement ponctuelles. pratiques agricoles et réduire les pollutions et un 5ème programme d’action régional est en cours de préparation Très peu d’informations sont disponibles concernant cette masse d’eau souterraine, en raison de sa profondeur et de (arrêté prévu fin 2013). l’absence de prélèvements. De plus, cette ressource profonde, qui peut se révéler intéressante sur le plan quantitatif, Les problèmes récurrents identifiés sont liés à la présence de pesticides et phosphores d’origine agricole, d’une ne constitue pas une masse d’eau de fort intérêt économique dans la mesure où l'exploitation des formations de pollution domestique et industrielle importante, d’une dégradation morphologique des cours d’eau (artificialisation couvertures (Miocène du Comtat) suffit pour l’instant à répondre aux besoins du secteur. endiguement, déconnexion des annexes, dégradation de la ripisylve...), d’une altération des continuités aquatiques La Directive Cadre sur l’Eau fixe l’atteinte du bon état chimique et quantitatif de cette masse d’eau souterraine à (nombreux obstacles et ouvrages) et d’un déséquilibre quantitatif important (notamment en raison d’assecs à 2015. L’état général est considéré comme bon. répétition et de prélèvements sur l’Auzon, la Mède, le Grand Lévadé et le Long Vallat) (Source :Eau France : "Fiche de synthèse de sous bassins : Rivières Sud-Ouest Mont Ventoux). Des pollutions ponctuelles par les substances 2.2 Des eaux superficielles souvent dégradées dangereuses hors pesticides (PCB, HAP...) sont également à l'origine d'un risque de non atteinte du bon état des masses d'eau. Le bassin sud-ouest du Mont Ventoux a d'ailleurs été classé comme prioritaire pour la lutte contre la Le réseau hydrographique du territoire est réparti de manière assez hétérogène, sur 4 sous bassins versants. La pollution par les substances dangereuses. Des campagnes ont été lancées pour rechercher ces substances auprès de longueur totale du réseau hydrographique s’élève à environ 600 kilomètres. certains industriels et les stations d'épuration. 2.2.1 Le bassin versant des rivières sud-ouest du Mont Ventoux Etats et objectifs de la Directive Cadre sur l'Eau 2.2.1.1 Réseau hydrographique Cours d'eau Etat écologique Délai Etat chimique Délai D’une surface d’environ 450 km², ce sous bassin versant présente un linéaire de 160 km de cours d’eau, réparti sur 12 d'atteinte du d'atteinte du rivières et ruisseaux. Il est principalement caractérisé par l’Auzon (2 km), la Mède (27 km) et le Brégoux (20 km). Ces Bon état Bon état cours d’eau s’écoulent d’est en ouest et traversent la plaine du Comtat. A l’aval, la Mède et le Brégoux se rejoignent L'Auzon de sa source au seuil du Etat médiocre 2021 Inconnu 2015 pour former le Grand Lévadé. pont de la RD 974 Le réseau hydrographique du bassin sud-ouest du Mont Ventoux présente la particularité d’être mi-naturel, mi- L'Auzon du pont de la RD 974 à la Etat moyen 2021 Mauvais état 2021 artificiel. Cette particularité se caractérise par un profil des rivières qui se différencie d’amont en aval : confluence avec la Sorgue de - À l’amont, le relief calcaire entraine de fortes infiltrations, les rivières ont une morphologie de rivières Velleron torrentielles avec un lit encaissé et localement endigué, Mède amont Etat médiocre 2021 Inconnu 2015 - En aval, les rivières sont endiguées, « perchées » au-dessus des terrains riverains et souvent réduites à leur Mède aval Etat médiocre 2021 Inconnu 2015 seul lit mineur. Ce phénomène entraîne l’existence de zones déconnectées des cours d’eau voire «non Le Grand Lévadé et le Long Vallat Mauvais état 2021 Mauvais état 2021 contributives» aux échanges sur le bassin versant. Ruisseau des Arnauds Etat moyen 2015 Inconnu 2015

2.2.1.2 Qualité des eaux Combe de Clare Bon état 2015 Bon état 2015 La qualité écologique et chimique générale des cours d’eau de ce bassin versant est moyenne à mauvaise. En effet, Rivière le Brégoux Etat moyen 2021 Inconnu 2015 50% des cours d’eau présentent une qualité écologique moyenne (principalement les ruisseaux, comme celui des Ruisseau des Espérelles Etat moyen 2015 Inconnu 2015 Espérelles, et la rivière du Brégoux), 25% de qualité médiocre (l’Auzon et la Mède), 16.7% de mauvaise qualité (La Grande Lévadé et le Long Vallat) et seulement 8.3% de bonne qualité. Le délai d’atteinte des objectifs de bon état Ruisseau de Saint-Laurent Etat moyen 2015 Inconnu 2015 écologique des eaux est fixé à 2021 pour 58% des cours d’eau, à 2015 pour 33% et 2027 pour 8% des cours d’eau. Ruisseau le Retoir Etat moyen 2021 Inconnu 2015 Concernant l’état chimique des cours d’eau, il est inconnu pour 75% des cours d’eau. L’Auzon, le Grand Lévadé et le Mayre de Malpass Etat moyen 2027 Inconnu 2015 Long Vallat présentent une mauvaise qualité chimique de leurs eaux et seule la combe de Clare présente un bon état.

Toutefois, il envisageable que la qualité chimique générale des cours d’eau dont l’état est actuellement inconnu soit moyen à mauvais, aux vues des différentes pressions qui pèsent sur les milieux et leur caractère artificialisé en plaine, notamment en aval. L’objectif d’atteinte du bon état chimique des eaux est fixé à 2015 pour 83% des cours d’eau et 2021 pour les 7% restant.

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2.2.1.3 Pressions et usages Le bassin versant du sud-ouest du Mont-Ventoux connait de nombreuses pressions sur la ressource, dues aux usages agricoles, domestiques ou industriels et à des périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes. Ce constat a amené le classement du bassin versant comme déficitaire vis-à-vis de la ressource et la réalisation, début 2011, d’une étude d’estimation des volumes maximums prélévables. Les usages de l’eau identifiés sur le bassin versant sont l’agriculture (63%), la distribution publique d’eau potable (27%), l’industrie (8%) et les usages domestiques (2%). Cependant, si l’irrigation est principalement assurée par le canal de Carpentras, il existe aussi des prélèvements agricoles sur les ressources souterraines et superficielles du bassin versant du sud-ouest Mont Ventoux. L’ensemble des volumes estimés prélevés dans les eaux superficielles pour l’irrigation représente en moyenne 470 000 m3 annuels. Bien que les prélèvements en cours d’eau soient moins nombreux que les prélèvements dans les eaux souterraines, ils sont surtout concentrés à l’aval des grands cours d’eau et sur leurs affluents avals : L’Auzon, La Mède et Le Brégoux. Les prélèvements directs en rivière sont particulièrement importants sur l’Auzon, où ils représentent plus de 38 % des volumes annuels prélevés dans les eaux superficielles. Sur l'ensemble des rivières principales du bassin (Auzon, Mède et Brégoux), les étiages sont sévères, avec parfois des assecs. Un équilibre s'est toutefois installé entre les irrigants de l'amont et ceux de l'aval, avec une rotation forcée des prélèvements. Cependant, cet équilibre s'établit souvent aux dépens des débits des rivières.

Toutefois, les conclusions issues de l’étude de détermination des volumes maximums prélevables (janvier 2013) montrent que l’essentiel des besoins actuels est comblé grâce à des prélèvements dans les nappes et des transferts d’eau provenant d’autres bassins (canal de Carpentras, réseau du SMERV, STEP…). Cela entraine des débits influencés supérieurs aux débits naturellement présents dans les cours d’eau de l’Auzon, du Brégoux et de la Mède. Les restitutions sont ainsi supérieures aux prélèvements. Les influences anthropiques sont donc a priori bénéfiques aux eaux superficielles. Toutefois, les surverses du canal ne peuvent pas être jugées pérennes (aucune contractualisation avec le Canal de Carpentras pour que celui-ci déverse de l’eau dans les rivières, excepté avec la ville de Carpentras pour la dilution des rejets de sa station d’épuration dans l’Auzon). La stratégie proposée (mais pas encore arrêtée) est alors de ne pas prélever plus que les restitutions actuelles sans tenir compte des rejets du canal de Carpentras. Les débits maximums prélevables ont alors été calculés sur ces Source : Etude de détermination des volumes maximums prélevables sur le bassin versant du Sud Ouest Mont Ventoux principaux cours d’eau, afin de répondre aux conditions suivantes : - Agence de l’eau 2011.  Ils correspondent à des volumes prélevables dans le milieu en moyenne 8 années sur 10, afin de satisfaire les usages (débit d’objectif d’étiage supérieur à la quinquennale sèche mensuelle influencée)  Ces volumes doivent également être prélevables dans le respect des débits biologiques.

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2.2.2 Le canal de Carpentras

Cet ouvrage servant à l'irrigation est long d’environ 70 km, auxquels s'ajoutent 725 km de canaux secondaires et tertiaires. La majorité de l’irrigation des terres agricoles sur le territoire s’effectue par le biais de l’association collective du Canal de Carpentras. L’eau provient en grande partie de la prise de Mallemort (Bouches-du-Rhône) sur la Durance. Le canal traverse le territoire d’étude du sud au nord, à travers les villes de Pernes-les-Fontaines, Carpentras, Loriol-du-Comtat et Aubignan. Il dessert en eau plusieurs bassins versants dont la Nesque, le sud-ouest du Mont Ventoux, l’Ouvèze et l’Aygues. Il dessert au total près de 11 000 ha sur 34 communes. 3 Environ 35 millions de m d’eau sont transférés de la Durance vers le bassin versant des rivières sud-ouest du Mont Ventoux. 11% de ce volume serait consommé sur le bassin versant (par la végétation), 9% serait restitué à la nappe souterraine et 80% aux masses d’eaux superficielles. Le canal de Carpentras joue un rôle majeur sur la partie aval du bassin versant, en raison des nombreuses surverses qui fournissent une alimentation artificielle aux cours d’eau du bassin. Cinq zones de décharges du canal principal sont identifiées, sur le bassin versant du sud-ouest Mont Ventoux, dans le Brégoux, la Salette, l’Auzon et la Mède.

Toutefois, la plus grande partie des restitutions aux cours d’eau et eaux souterraines est réalisée par les exutoires du réseau secondaire et du secteur gravitaire. Sans les transferts du Canal de Carpentras de 34,4 millions de m3 (apport net 30 millions de m3), la ressource en eau du bassin présenterait un bilan annuel négatif de 1,6 Mm3. Bilan des prélèvements et des restitutions à l’échelle du bassin versant du Sud Ouest Mont Ventoux. Source : Etude de détermination des volumes maximums prélevables sur le bassin versant du Sud Ouest Mont Ventoux - Agence de l’eau 2011.

2.2.3 Le bassin versant de la Sorgue

2.2.3.1 Réseau hydrographique Le bassin versant de la Sorgue couvre une superficie d’environ 270 km² et se caractérise par 3 cours d’eau principaux : La Sorgue, la Sorguette et le canal de Vaucluse (bien qu’artificiel, le canal de Vaucluse représente une masse d’eau importante sur le bassin). Le linéaire aquatique s’élève à 84 km environ. La Sorgue, principal cours d’eau du sous-bassin, surgit à Fontaine-de-Vaucluse. Autrefois, la plaine de la Sorgue était un vaste marécage. Drainé par l’homme au cours du temps, cette plaine a donné naissance à un vaste réseau de petits cours d’eau : le réseau des Sorgues. Ce cours d’eau se sépare en deux bras au niveau de Velleron, qui se rejoignent à nouveau à Entraigue.

2.2.3.2 Qualité des eaux (source : SDAGE RMC 2010-2015) La qualité globale des cours d’eau de ce sous bassin est bonne, tant du point de vue de la qualité chimique qu’écologique. Les délais d’atteinte des objectifs de bon état écologique et chimique sont fixés à 2015 pour tous les cours d’eau, excepté l’objectif d’atteinte du bon état écologique de la Sorguette, fixé à 2021. En effet, certains problèmes de qualité des eaux sont observés sur la Sorguette, affluent de la Sorgue, notamment en raison des pressions agricoles (pesticides), domestiques et industrielles. Des dégradations morphologiques du cours d’eau sont également avérées (artificialisation et altération des berges). Ce cours d’eau présente en effet un débit et une oxygénation plus faible que la Sorgue et donc un potentiel auto-épuratoire plus faible. La Sorgue présente une température faible et constante et un débit toujours régulier, ce qui lui confère une très bonne oxygénation. Des pollutions ponctuelles aux matières phosphorées sont toutefois observées à l’aval.

Source : Etude de détermination des volumes maximums prélevables sur le bassin versant du Sud Ouest Mont Ventoux - Agence de l’eau 2011.

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Etats et objectifs de la Directive Cadre sur l'Eau Etats et objectifs de la Directive Cadre sur l'Eau Cours d'eau Etat écologique Délai d'atteinte Etat chimique Délai d'atteinte Cours d'eau Etat écologique Délai d'atteinte du Bon Etat chimique Délai d'atteinte du Bon du Bon état du Bon état état état La Nesque du vallat de Etat moyen 2015 Inconnu 2015 La Sorgue amont Bon état 2015 bon état 2015 Saume Morte à la confluence avec la Sorgue de La Sorgue de Velleron de la Bon état 2015 bon état 2015 Velleron source au Sorgue d'Entraigue La Nesque de sa source au Etat moyen 2021 Inconnu 2015 Canal de Vaucluse Etat médiocre 2015 bon état 2015 vallat de Saume Morte Rivière la Sorguette Etat moyen 2021 inconnu 2015 Ravin de la Greppe Bon état 2015 Bon état 2015 Ruisseau de Fontanille Bon état 2015 Bon état 2015 2.2.3.3 Pressions et usages Ruisseau de Buan Etat moyen 2021 Inconnu 2015 Les principales menaces et pressions qui pèsent sur les cours d’eau de ce bassin versant sont liées à l’urbanisation et Ruisseau le Rieu Très bon état 2015 Bon état 2015 l’artificialisation à proximité des milieux aquatiques (aménagement du lit majeur, altération des berges, rejets Combe Dembarde Bon état 2015 Bon état 2015 domestiques, activités de loisir...). Bien que l’agriculture soit très présente (maraichage et grandes cultures irriguées), les seuils de pesticides, nitrates et phosphores dans le milieu sont en dessous des normes. Le bassin versant est toutefois classé en zone vulnérable aux nitrates. Les enjeux concernent ainsi principalement la surfréquentation 2.2.4.3 Pressions et usages touristique, qui peut entraîner à terme une pollution organique de l’eau et des abords de la Sorgue. Les activités humaines exercent peu de pression sur les milieux aquatiques du bassin de la Nesque. Seules les D’un point de vue quantitatif, aucun problème n’est observé sur ce bassin. activités agricoles du plateau de Sault et du plateau d’Albion présentent d’éventuelles menaces, bien que l’agriculture pratiquée soit principalement de l’élevage extensif, la culture de lavande et de céréales. Une partie du sous-bassin 2.2.4 Le sous-bassin versant de la Nesque versant de la Nesque est classée en zone vulnérable aux nitrates : communes de St-Didier, Malemort du Comtat, Venasque, Mazan. (Source : Révision de la délimitation des zones vulnérables dans le bassin Rhône - Méditerranée - 2.2.4.1 Réseau hydrographique Comité de bassin Rhône méditerranée 2012). Le projet « Ventoux versant Bio » lancé en 2010 par la Chambre d’Agriculture sur le bassin de la Nesque a permis la conversion en agriculture biologique (AB) de près de 1000 Le bassin versant de la Nesque couvre près de 400 km² et les 6 cours d’eau principaux qui le caractérisent hectares de vignes. représentent un linéaire d’environ 120 km. La Nesque traverse d’est en ouest les Monts de Vaucluse. Elle arpente ainsi sur plus de 50 km les plateaux de Vaucluse, en partie au fond d’un canyon aux flans escarpés de près de 400 m Les activités touristiques peuvent représenter des menaces, notamment sur la faune et la flore particulière des gorges par endroits. de la Nesque, mais les activités aquatiques ne sont pas rendues possibles en raison du débit trop faible du cours d’eau ou de l’absence d’eau. La rivière prend sa source à 740 m d’altitude, dans le fossé d’effondrement d’Aurel et se jette dans l’un des bras des Sorgues, dans la plaine comtadine. Le vaste impluvium karstique des plateaux de Vaucluse permettent la recharge 2.2.5 Le bassin versant de l’Ouvèze Vauclusienne naturelle de la rivière, dont l’exutoire principal se situe à Fontaine de Vaucluse. Toutefois, de larges et profondes fissures drainent les précipitations, ainsi qu’une partie des écoulements du cours d’eau, ce qui explique les pertes de 2.2.5.1 Réseau hydrographique la Nesque, conduisant à un assèchement sur quelques portions de la rivière. En revanche, en amont des gorges, la présence d’argiles assurent la pérennité du cours d’eau. La rivière réapparaît ensuite après Saint-Didier. Le bassin de l’Ouvèze vauclusienne s’étend sur une surface d’environ 800 km² et est caractérisé par 15 cours d’eau principaux, totalisant un linéaire d’environ 260 km. Sur le territoire, les cours d’eau principaux sont l’Ouvèze, le 2.2.4.2 Qualité des eaux Toulourenc, le ruisseau de Groseau et le Lauzon. L’Ouvèze, affluent du Rhône, s’écoule sur environ 13 km sur le territoire, depuis sa confluence avec le Toulourenc. Ce cours d’eau tressé présente un lit majeur très large et présente La qualité chimique des eaux du bassin de la Nesque est bonne et les objectifs d’atteinte du bon état chimique des un régime torrentiel de type méditerranéen. Il est d’ailleurs affecté régulièrement par des crues et l’étiage peut cours d’eau est fixé à 2015. Sur le plateau de Sault, des épisodes ponctuels de pollution aux pesticides d’origine également être assez réduit, jusqu'à rendre l’écoulement inexistant. agricole sont constatés. Le Toulourenc, au nord du Mont Ventoux, se jette dans l’Ouvèze à hauteur d’Entrechaux. Ce cours d’eau au caractère La Nesque possède un état écologique moyen et le délai d’atteinte de l’objectif du bon état écologique est fixé à torrentiel prononcé se fraye un passage au fond de la vallée du versant nord du Ventoux. Au même titre que l’Ouvèze, 2015 dans sa partie aval (au-delà de la confluence avec le ruisseau de Buan) et 2021 en amont. La différence le Toulourenc dépend d’un régime méditerranéen et est donc sujet à de fortes crues et un étiage important. concernant l’état écologique du cours d’eau réside principalement dans l’état de la végétation rivulaire et de la présence plus faible de groupes faunistiques indicateurs. Le régime hydrobiologique en amont, liés aux nombreuses 2.2.5.2 Qualité des eaux pertes de la Nesque, engendre des assecs de longue durée. Le bassin de l’Ouvèze vauclusienne présente une qualité de ses cours d’eau assez hétérogène, bien que globalement Les affluents de la Nesque disposent d’un état écologique bon à très bon, excepté le ruisseau du Buant, pour lequel bonne à très bonne. L’état chimique des eaux du Toulourenc et du Groseau est bon et celui de l’Ouvèze et du Lauzon l’état écologique est considéré moyen, en raison de paramètres physico - chimiques non satisfaisants et d’une flore est inconnu. Toutefois, il est envisageable qu’au même titre que le Toulourenc, les eaux de l’Ouvèze et du Lauzon aquatique assez pauvre. soient de bonne qualité chimique. Les délais d’objectifs d’atteinte du bon état chimique des eaux est fixé à 2015 pour ces cours d’eau. La commune de est toutefois inscrite à la directive nitrate, car vulnérable à ces pollutions d’origine agricole. Des pollutions aux pesticides sont ponctuellement observées sur le Lauzon et l’Ouvèze, en raison de la présence d’une viticulture abondante, notamment à l’aval de l’Ouvèze.

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Enfin, bien que peu habitée, la vallée du Toulourenc est sensible aux pollutions bactériennes qui contaminent souvent Le débit influencé du Toulourenc entre Brantes et Malaucène est actuellement de -201 000 m3/an. Les débits de façon temporaire les sources des affluents du cours d’eau. Ce problème de qualité bactériologique se retrouve d’étiages du cours d’eau sont en effet faibles et le milieu est naturellement contraint les mois de juillet, aout et dans les eaux de surface et peut porter un préjudice grave aux activités nautiques de loisirs. Il semble que le mauvais septembre. fonctionnement des STEP des communes en amont soit mis en cause. L’Ouvèze, depuis Entrechaux jusqu’à Vaison-la-Romaine présente également un déficit. Le bilan des prélèvements et La qualité écologique de ces cours d’eau est bonne à moyenne, principalement déclassée par les altérations des des restitutions sur l’Ouvèze entre Entrechaux et Faucon montre un déficit de 3 497 000 m3/an (soit un surcroit de continuités écologiques (montaison et dévalaison) et des secteurs urbanisés à proximité des cours (détérioration des prélèvements d’environ 390 m3/h). A Vaison-la-Romaine, ce déficit atteint 2 110 000 m3/an (soit un surcroit de berges, pollution par ruissellement...). Les modifications réalisées sur ces cours d’eau ont altéré leur potentiel érosif et prélèvements d’environ 240 m3/h). ces rivières, déjà fortement sujettes aux crues, connaissent régulièrement des phases de destruction de leur Aussi, les scenarios de répartition des volumes prélevables (issues des études de détermination des volumes végétation rivulaire et ne peuvent ainsi jamais évoluer vers des formations matures. maximum prélevables sur le bassin versant de l’Ouvèze) mettent en avant la nécessité de réduire les prélèvements de L’échéance des objectifs d’atteinte du bon état écologique de ces cours d’eau est fixée à 2021, hormis pour le 20 à 30%, voire 50%, pour bénéficier d’un gain significatif sur le milieu. Les principaux efforts seraient alors à Toulourenc, pour lequel le délai est fixé à 2015. concentrer sur une zone comprise entre Vercoiran (nord-est de Buis-les-Baronnies) et Entrechaux. Les décisions concernant la réduction des prélèvements ne sont pas encore arrêtées.

Cours d'eau Etat écologique Délai Etat chimique Délai d'atteinte d'atteinte du Bon état du Bon état L'Ouvèze du ruisseau de Toulourenc à la Sorgue Etat moyen 2021 Inconnu 2015 Le Toulourenc Bon état 2015 Bon état 2015

Ruisseau le Groseau Etat moyen 2021 Bon état 2015

Ruisseau le Lauzon Etat moyen 2021 Inconnu 2015

2.2.5.3 Pressions et usages Le drainage et la reconversion des prairies humides en cultures, l’arasement des ripisylves, le comblement ou l'assèchement des annexes, les altérations ponctuelles du lit mineur (extraction de matériaux, décharges sauvages, remblais...) et le développement de plantes envahissantes sont les principales menaces pesant sur l’état écologique des masses d’eau de ce bassin (principalement l’Ouvèze, le Lauzon et le Groseau). Les pollutions d’origine agricole sont également à surveiller, particulièrement les pesticides et les substances dangereuses hors pesticides (polluants d’origine industrielle ou liés au transport). De plus, des pressions émergentes sont liées aux activités de loisirs qui affectent la qualité des berges et le développement de la faune. Ces pressions émergentes concernent principalement le Toulourenc, qui présente de fortes fréquentations touristiques en été (randonnées et baignades notamment).

Les principales problématiques avérées sur ce bassin sont d’ordre quantitatif. En effet, des déséquilibres sont Bilan des prélèvements et des restitutions à l’échelle du bassin versant de l’Ouvèze Vauclusienne. Source : Etude de observés en raison des prélèvements destinés à l’alimentation en eau potable, à l’irrigation et dans une moindre détermination des volumes maximums prélevables sur le bassin versant de l’Ouvèze Vauclusienne - Agence de l’eau mesure à l’industrie. Ces pressions sont particulièrement fortes sur l’Ouvèze. 2011. Sur la partie vauclusienne du bassin versant de l’Ouvèze, 23 prélèvements sont réalisés dans les eaux superficielles. Les prélèvements se situent principalement sur la Seille et sur l’aval de l’Ouvèze (soit 80 % du volume global). Le bilan des apports et des prélèvements, conduit dans le cadre de l’étude de détermination des volumes maximums prélevables sur le bassin versant de l’Ouvèze Vauclusienne, souligne la prédominance des prélèvements pour l’agriculture. Le Canal de Carpentras effectue un apport majeur depuis la Durance et bien que ces apports n’interviennent qu’en extrême aval du bassin versant, il s’avère que sans eux, le bilan global du bassin versant ferait apparaitre un déficit de 4.5 millions de m3. L’apport annuel du canal de Carpentras est de l’ordre de 11,2 millions de m3. Les conclusions issues de l’étude de détermination des volumes maximums prélevables sur le bassin versant de l’Ouvèze Vauclusienne mettent en lumière le statut déficitaire des cours d’eau, en raison de prélèvements supérieurs aux restitutions.

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Pour le Syndicat Rhône-Aygues-Ouvèze : La ressource en eau prélevée par le syndicat Rhône Aygues Ouvèze provient principalement des eaux souterraines. Les nappes alluviales du Rhône, de l’Aygue et de l’Ouvèze sont particulièrement sollicitées. Le captage de

permet de prélever en nappe alluviale du Rhône entre 63 et 70% des volumes totaux exploités par le syndicat.

Au total, le syndicat Rhône Aygues Ouvèze dispose de 8 stations de production. 3 sont utilisées pour alimenter les communes de Vaison-la-Romaine, Crestet, Entrechaux, Faucon, St-Romain-en-Viennois, Puyméras et St-Marcelin-les- Vaison. Enfin, les deux syndicats projettent de s’orienter vers la nappe Miocène pour la diversification et la sécurisation de l’alimentation en eau potable des communes adhérentes.

Les procédures de protection des captages sont terminées pour 84% des sites. Seuls les 3 points de captages en eau potable de Brantes et St-Leger-du-Ventoux ne bénéficient pas encore d’une protection. La procédure est actuellement en cours pour le captage de Malaucène. 2.3.2 L'organisation de la distribution de l'eau potable Sur le territoire, l’alimentation en eau potable est gérée par 4 collectivités et 6 communes (en régie). Le syndicat Rhône Ventoux est le plus représenté sur le territoire et intègre 22 des 40 communes concernées par le périmètre du PNR. Le syndicat de la région de Sault en intègre 4 et le syndicat Rhône Aygue Ouvèze 7. La commune de Velleron est

l’unique représentante du Syndicat Durance Ventoux sur le territoire.

2.3.2.1 Syndicat des eaux de la région Rhône Ventoux

L’alimentation en eau potable des communes du bassin versant des rivières sud-ouest Ventoux est assurée par le

syndicat mixte des eaux de la région Rhône Ventoux. Sur le bassin versant, l’origine de la ressource en eau est répartie pour : Source : Etude de détermination des volumes maximums prélevables sur le bassin versant de l’Ouvèze - Agence de  40 % dans la nappe des sables blancs (formations marno-calcaires et gréseuses dans le bassin versant Drôme l’eau 2011. Roubion, Eygues, Ouvèze)  22 % dans la nappe des sables d’ocre (formations marno-calcaires et gréseuses dans le bassin versant Drôme 2.3 La gestion de l’eau potable : un équilibre fragile Roubion, Eygues, Ouvèze)  16 % dans la nappe du Miocène 2.3.1 La ressource en eau potable  9 % dans les nappes alluviales 27 captages publics sont présents sur le territoire, dont la majorité se situe dans l’arc comtadin ou la vallée du  13 % dans la nappe d’origine calcaire Toulourenc. Actuellement, la nappe alluviale du Rhône est la ressource principale pour l’alimentation en eau potable des deux plus gros syndicats du territoire : Les volumes moyens, destinés à l’eau potable, prélevés annuellement sur le bassin versant du sud-ouest Mont Ventoux sont évalués à environ 3 800 000 m3. Sur ce bassin, les prélèvements annuels totaux sont estimés à près de Pour le Syndicat Rhône-Ventoux : 5,9 millions de m3. L’eau potable représente 68 % des prélèvements en moyenne. Les captages principaux se situent en nappe alluviale du Rhône (notamment en rive gauche, 12 forages au lieu-dit A l’échelle du syndicat Rhône Ventoux, les volumes prélevés et mis en distribution représentent environ 14.3 millions « la Jouve ») et dans les nappes sédimentaires dites « profondes », établies dans des réservoirs de sable ou de calcaire de m3. L’usine de la Jouve (10.6 millions de m3 en 2001) est située hors du bassin versant des rivières sud-ouest fracturé (11 sur le territoire, répartis sur principalement sur les communes de Bédoin, Mormoiron, Pernes-les- Ventoux. Le syndicat Rhône Ventoux dessert ainsi près de 180 000 habitants, grâce à 19 points de captage. Le Fontaines ou Venasque). Les captages représentent environ 96% des volumes prélevés, dont 70% proviennent de la rendement moyen du réseau de distribution d’eau potable est de 67%. nappe alluviale du Rhône (au droit du captage de la Jouve). Toutes les communes adhérentes au syndicat sont interconnectées et peuvent être secourues par l’usine de la Jouve, La productivité des sources est directement dépendante de la pluviométrie sur les bassins versants. Elles se situent à Sorgue (nappe alluviale du Rhône), sauf Beaumont-du-Ventoux et le Mont-Serein (mais qui disposent toutefois de notamment dans les zones « accidentées », de colline et de montagne. Les six sources sont situées sur les communes ressources multiples : deux sources et deux forages). de Bédoin, Mormoiron, Le Barroux, Pernes-les-Fontaines ou Beaumont-de-Ventoux. La ressource provenant des sources représente toutefois une faible part des volumes prélevés (inférieur à 5%). La stratégie à adopter, suite aux préconisations décrites dans l’étude des volumes prélévables, semble principalement mettre en avant une non-restriction des prélèvements. L’objectif final consiste à maintenir les débits naturels des cours d’eau en limitant les volumes prélevés à hauteur des volumes restitués hors canal de Carpentras. En effet, il n’existe aucune contractualisation avec le Canal de Carpentras pour que celui-ci déverse de l’eau dans les rivières (hormis pour l’Auzon).

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Enfin, en 2011, le Syndicat Mixte des Eaux de la Région Rhône-Ventoux a décidé de déléguer à la SDEI, par voie 2.3.2.2 Syndicat des eaux de la région de Sault concessive, l'exploitation du service d’eau potable du Mont Serein. Le complexe touristique du Mont Serein est constitué d’environ 180 chalets et des équipements publics et commerciaux de la station de ski du Mont-Ventoux, 4 captages sont gérés par la SIAEP de Sault, dont deux sont des captages prioritaires grenelle (à Aurel et Sault). En situé sur le territoire de la commune de Beaumont du Ventoux. 2012, environ 200 000 m3 ont été prélevés dans les eaux souterraines et permettent de desservir près de 2200 habitants. Le rendement moyen du réseau de distribution est de 47,5%. Les problématiques dominantes sur les Depuis la création du complexe, la gestion du service de l’eau du Mont Serein est de la compétence du syndicat mixte aires d’alimentation de captages grenelle sont liées à différents métabolites de désherbants utilisés par l’agriculture. d’aménagement et d’équipement du Mont Ventoux (SMAEMV) propriétaire des installations et exploitant du service La délimitation de l'aire d'alimentation et le diagnostic des pressions ont été réalisés pour les deux captages public. La ressource en eau potable provient de la source de la Gillarde, à Saint-léger-du-Ventoux. Deux stations de prioritaires. Les plans d'actions ont été validés et engagés sur les aires d'alimentation. reprise à Saint-léger-du-Ventoux et Beaumont-du-Ventoux permettent un stockage de la ressource dans deux réservoirs de 100 m3 chacun, situés au Mont Serein. Près de 18 000 m3 ont été produits et mis en distribution en La ressource en eau est prélevée dans l’aquifère des calcaires Urgoniens. Toutefois, différentes études ont mis en 2011. Toutefois, seulement 5500 m3 ont été consommés. Des problématiques liées au rendement du réseau sont ainsi évidence une ressource aux réserves importantes dans cette nappe, bien que les débits d'exhaure ne soient pas très constatés sur la station (31% de rendement en 2011). élevés. Son intérêt n'est donc pas négligeable. La ressource, encore mal connue, est vraisemblablement considérable et pourrait répondre à des besoins en eau potable communaux.

Les ressources locales en eau sur ce territoire connaissent en effet des diminutions importantes de leur débit en

période d’étiage. Afin de pallier au manque d’eau, une alimentation complémentaire est donc effectuée par la conduite dite « d’Albion », gérée par le syndicat intercommunal Durance – Plateau d’Albion. La société des eaux de (SEM), gestionnaire du réseau du syndicat Durance – Plateau d’Albion, vend ainsi au SIAEP de Sault la ressource en eau située en nappe alluviale de la Durance (dans le département Alpes-de-Haute-Provence), transitant par cette conduite. Cette alimentation est considérée fragile, notamment en raison de la longueur du réseau (60 km). D’importantes restrictions de consommation d’eau ont été mises en place en août 2012. Des investigations récentes des spéléologues dans les avens du Plateau d’Albion montrent qu’un recours au karst profond est envisageable, notamment sur la Commune de St Christol. Sur le territoire, seul le syndicat de la région de Sault réalise une importation significative d’eau depuis la SEM (eau de la Durance par la conduite d’Albion), le syndicat du pays d’Apt et depuis la commune du Revest du Bion. La SEM fournit 99% des volumes importés par le syndicat des eaux de la région de Sault, soit 145 000 m3 par an. Ce volume correspond à 41% des volumes distribués par la collectivité, témoignant de la dépendance forte de cette région. L’eau fournie par la SEM provient de la Durance (conduite d’Albion). D’autre part, le SIAEP de la région de Sault fournit en eau potable le SIE de la région Durance Ventoux (commune de St-Saturnin-les-Apt) à hauteur de 150 m3/jour maximum et le syndicat des eaux de Barret-de-Lioure, Montbrun les

bains, Reilhanette, à hauteur de 600 m3/jour maximum. Ces rachats d’eau par les communes voisines au SIEAP de la région de Sault témoignent également de la situation critique dans laquelle se trouvent les communes du plateau de Sault.

2.3.2.3 Syndicat des eaux de la région Rhône Aygues Ouvèze Le syndicat des eaux de la région Rhône Aygues Ouvèze (RAO) gère l'alimentation en eau potable pour les 7 communes situées sur ce bassin versant (Vaison-la-Romaine, Crestet, Entrechaux, Faucon, St-Romain-en-Viennois, Puyméras et St-Marcelin-les-Vaison). Au total, ce syndicat regroupe 37 communes.

Les communes de Crestet, Entrechaux, Faucon, Puyméras et St-Marcellin-les-Vaison sont alimentées par le captage de Mollans 3 rivières (nappe alluviale de l’Ouvèze). Vaison-la-Romaine est alimenté par le captage de Mornas (nappe alluviale du Rhône) et le captage de Séguret (nappe de l‘Ouvèze). Enfin, la commune de St-Romain-en-Viennois est alimentée par le captage de Mollans les trois rivières et de Mornas.

Les prélèvements moyens en eau potable, à l’échelle du syndicat Rhône Aygues Ouvèze, sont de l’ordre de 6 millions de m3. Aucune importation n’est réalisée. Le syndicat Rhône Aygues Ouvèze dessert ainsi plus de 10 000 habitants sur les communes adhérentes au projet de PNR, grâce à 3 unités de production : la station de production de / Séguret, Mornas et Mollans les trois rivières. Le rendement moyen du réseau de distribution d’eau potable est de 76%.

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2.3.2.4 La gestion en régie par les communes Les services d’alimentation en eau potable des communes de Caromb, Brantes, Savoillan, St-Léger-du-Ventoux et Malaucène sont gérés en régie ou affermage. L’alimentation en eau potable se fait à partir de sources et forages communaux et les prélèvements effectués grâce à leurs points de captages respectifs permettent aux communes de subvenir à leur besoins, sans interconnexion avec d’autres ressources. La commune de Malaucène dispose de ressources multiples (3 sources et un forage prélevant dans les aquifères karstiques). Les communes de Brantes, Savoillan et St-Léger-du-Ventoux sont alimentées en eau potable par les sources et forages situés dans la nappe profonde des calcaires Urgoniens et dans les formations marno-calcaires du bassin versant Drôme Roubion Aygues Ouvèze. La base militaire de St-Christol est gérée par le syndicat Durance Albion et alimentée par les eaux de la Durance (conduite d’Albion). L’alimentation en eau potable des communes de Brantes, Savoillan et Saint-Léger-du-Ventoux n’est pas sécurisée, alors même que la qualité des eaux distribuées présente des faibles taux de conformités bactériologiques.

2.4 Une gestion des eaux usées qui s'est améliorée

2.4.1 Assainissement collectif L’assainissement collectif est géré par les différents syndicats intercommunaux de gestion des eaux sur le territoire, à savoir le syndicat Rhône Ventoux et le syndicat de la région de Sault. De nombreuses communes fonctionnent également en régie directe. Le taux de raccordement au réseau d'assainissement collectif est variable selon les communes et la dispersion de l'habitat. Par exemple, ce taux est de l'ordre de 60% pour la région de Sault. Le traitement des eaux usées est réalisé au travers de 40 stations d'épuration : 27 sur le territoire de la COVE, 1 à Velleron (territoire COGA), 7 sur le territoire de la SIAEP de la région de Sault et 5 sur le territoire du pays Voconces. La capacité nominale totale du territoire s’élève à environ 147 250 équivalent habitant. Aucun problème de saturation particulier n’a été mis en évidence. Seule la commune de St-léger-du-Ventoux n'est pas raccordée à un dispositif de traitement collectif. Le fonctionnement des stations est satisfaisant et le rendement est particulièrement bon (rendement moyen sur le territoire de Sault de 87%, 99% pour les stations du territoire Rhône Ventoux et 96% sur le territoire Voconces). Néanmoins, quelques problématiques sont observées et concernent notamment : - le dispositif de filtration de la step de Sault (filtration insuffisante) à améliorer, - le réseau d’assainissement de Loriol-du-Comtat, Pernes-les-Fontaines, St-Trinit et Aurel à améliorer (réduction des eaux parasites), - les step de Blauvac et de Malaucène à réhabiliter, - des problèmes de surverses aux stations de Saint-Didier, Mormoiron et Pernes-les-Fontaines, entraînant des rejets polluants dans la Nesque ou l’Auzon, - le réseau pluvial à Caromb à améliorer - le raccordement de certains secteurs de Venasque à réaliser, - d'importantes charges polluantes liées aux activités viticoles sur les stations d'Aubignan et de Saint-Didier. La création de nouvelles stations d'épuration sur Beaumont-du-Ventoux et sur Flassan est projetée, tout comme la réhabilitation de la station d’épuration de Méthamis.

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2.4.2 Assainissement non collectif 2.5.2 Le SAGE et le contrat de rivière du Calavon Le service public d’assainissement non collectif (SPANC) est assuré par le syndicat Rhône Ventoux pour 23 communes Le SAGE du Calavon, approuvé en 2001, a été révisé en 2011. Il est porté par le Parc Naturel Régional du Luberon. Le du territoire, par la communauté de communes du pays Vaison Ventoux pour 10 communes (toutes les communes périmètre du SAGE du Calavon-Coulon a été approuvé par arrêté inter-préfectoral en septembre 1996. Le périmètre adhérentes ont transféré la compétence à la communauté de communes), par le SIAEP de la région de Sault pour 5 couvre les 36 communes du bassin hydrographique, dont 28 communes dans le département de Vaucluse et 8 dans communes (toutes les communes adhérentes à la communauté de communes), en régie directe pour 2 communes les Alpes-de-Hautes Provence. (Caromb et Mormoiron). Un premier contrat de rivière Calavon-Coulon a été signé en 2003, suite aux préconisations du SAGE du Cavalon. En L’Assainissement Non Collectif (ANC) représente environ 11500 installations sur le territoire d’étude : 8000 2008, il a été révisé et un avenant de 2 ans a été convenu. Enfin, suite à la révision du SAGE en 2011, un second installations sur le territoire du syndicat Rhône Ventoux, 2800 pour le territoire de la COPAVO et environ 700 dans la contrat de rivière a été signé, porté par Syndicat de Rivière Calavon-Coulon. région de Sault (40% des résidences sont équipées en ANC et non raccordées à l’assainissement collectif). Le nombre total d’usagers desservis par un assainissement non collectif est estimé à 27 600. Le taux de conformité des Le bassin versant du Calavon est ciblé par le SDAGE pour la mise en œuvre d’actions destinées à résorber le installations est en moyenne de 33% : 21% pour la région de Sault, 28% pour celui du syndicat Rhône Ventoux et déséquilibre quantitatif. Le secteur karstique au nord du territoire est identifié comme prioritaire pour la mise en environ 50 % sur le territoire de la COPAVO. œuvre d’une gestion concertée de la ressource. Dans le cadre de l’assainissement non collectif, les enjeux consistent essentiellement à poursuivre la réalisation des Les mesures complémentaires du SDAGE sur les eaux superficielles visent à déterminer et suivre l’état quantitatif des diagnostics et le suivi du contrôle de l’existant, raccorder les résidences situées dans les secteurs de l’assainissement cours d’eau et des nappes, établir et adopter des protocoles de partage de l’eau et améliorer les équipements de collectif. La remise aux normes des équipements doit également être réalisée, de manière prioritaire. En effet, en prélèvements et de distribution et leur utilisation. Enfin, la reconnexion des annexes aquatiques et des milieux région de Sault, 10% des installations présentent des risques pour la santé ou / et l’environnement. Sur le territoire du humides du lit majeur doit permettre de rendre une fonctionnalité à ces espaces. syndicat Rhône Ventoux, 9% des installations comportent un rejet présentant un risque sanitaire ou / et De plus, le bassin versant est soumis à des crues soudaines et importantes du Calavon, mais aussi de quelques environnemental. Enfin, sur le territoire de la COPAVO, le diagnostic de l’équipement SPANC n’est pas encore finalisé, affluents. Le SAGE prévoit ainsi des mesures visant à : ce qui témoigne de l’urgence de mise en œuvre d’une connaissance accrue en matière d’assainissement non collectif. - Préserver les zones d’expansion des crues, 2.5 Les politiques publiques en cours - Limiter les ruissellements à la source,

2.5.1 Le SDAGE Rhône Méditerranée - Favoriser le transit des crues (espace de mobilité, gestion équilibrée du transit sédimentaire, de la ripisylve), - Mettre en place un Plan de Prévention des Risques Naturels d'Inondation (PPRNi) sur la partie Vauclusienne. Entré en vigueur le 17 décembre 2009, le SDAGE Rhône-Méditerranée 2010-2015 fixe pour une période de 6 ans les orientations fondamentales d’une gestion équilibrée de la ressource en eau. La déclinaison opérationnelle des prescriptions du SAGE du Calavon, à travers le contrat de rivière, s’est traduite par la mise en œuvre de 118 actions sur 140 prévues initialement. Ces réalisations ont concerné principalement Sur le territoire « rive gauche du Rhône aval », auquel appartiennent les bassins de la Nesque, de la Sorgue, de l’amélioration de la qualité des eaux (16 nouvelles stations d’épuration ont été créées, la qualité des cours d’eau est l’Ouvèze et du sud-ouest Ventoux, plusieurs problématiques ont été mises en évidence. En effet, des mesures de lutte suivie sur 16 sites...), l’amélioration des connaissances sur les ressources et les prélèvements (mise en place d’un suivi contre les pollutions diffuses sont prescrites sur tout le territoire et contre les pollutions ponctuelles pour les bassins des étiages, inventaire des prélèvements, sensibilisation auprès des agriculteurs...), gestion des eaux pluviales de la Sorgue et du sud-ouest Ventoux. Des mesures complémentaires sont à mettre en œuvre sur les bassins de (création de bassins de rétention des eaux pluviales...) et entretiens et travaux en rivière (restauration des berges, l’Ouvèze et du sud-ouest Ventoux concernant l’amélioration de la gestion quantitative de la ressource en eau et des cartographie et inventaire des habitats naturels et des zones humides, acquisition foncière, valorisation écologique...). restaurations de la fonctionnalité des milieux aquatiques (continuité, zones humides, espèces et morphologie) sont nécessaires sur les bassins de la Sorgue, de l’Ouvèze et du sud-ouest Ventoux. 2.5.3 Les contrats de rivière

Problématiques Sorg Nesq Ouvèze Rivières sud ouest Mont 2.5.3.1 Le contrat de rivière "les Sorgues" ue ue vauclusienne Ventoux Le Contrat de rivière « Les Sorgues », porté par le Syndicat Mixte du Bassin des Sorgues, a été signé en 2004 pour une Pollutions domestiques et industrielles hors x x durée de 5 ans. Il représentait un aboutissement de la volonté locale de mener une gestion globale, cohérente et substances dangereuses durable du réseau des Sorgues. Les communes de Velleron et Pernes-les-Fontaines sont concernées par ce contrat de Pollutions par les pesticides x x x x rivière. Dégradation morphologique x x x L’objectif principal du premier contrat de rivière « Les Sorgues » 2004-2008 était la reconquête et la préservation des Altération de la continuité écologique x x milieux aquatiques. L'objectif du deuxième contrat 2010-2015 est le même et se traduit par la mise en place d’actions Menace sur le maintien de la biodiversité x ciblées, notamment l’amélioration et l’extension du réseau d’assainissement de Velleron, le recensement et la

Déséquilibre quantitatif x x réhabilitation des installations d'assainissement autonome sur la commune de Pernes-les-Fontaines, le suivi annuel de

Perturbation du fonctionnement hydraulique x la qualité des eaux et l’évaluation de la vulnérabilité de la ressource karstique ou la valorisation les espaces de rivière en milieu rural.

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Programme du contrat de rivières du bassin sud-ouest du Mont Ventoux (SIBSOMV) 2.5.3.2 Le contrat de rivières du bassin sud-ouest du Mont Ventoux Volet Objectif Orientation Enjeux Opération Le contrat de rivière du bassin sud-ouest du Mont Ventoux est l’aboutissement d’une démarche engagée en 2001. Le Amélioration de la Elimination des points noirs contrat de rivière a été signé en 2008 et concerne la totalité du bassin sud-ouest du Mont Ventoux, soit 22 communes Volet A : Lutte collecte et/ou du Réduction de l’impact des rejets sur les milieux 15 actions incluses dans le périmètre de PNR. Les principales rivières concernées par ce contrat de rivière sont l’Auzon, la Mède, contre la Améliorer la traitement des aquatiques le Brégoux et d’une manière générale, tous les cours d’eau situés en aval du bassin versant, dans la plaine du Comtat. pollution et qualité de eaux usées En effet, ces rivières sont particulièrement vulnérables en raison de pressions polluantes d’origine urbaines et restauration l’eau des Identification agricoles plus importantes dans ce secteur. de la qualité cours d’eau et/ou élimination Résorption des sources de pollution 8 actions Le programme du contrat de rivière du bassin sud-ouest du Mont Ventoux s’articule autour de 5 grands objectifs de l'eau des pollutions déclinés en 57 actions (voir tableau page suivante). L’objectif prioritaire reste la protection et la prévention de la diffuses population au risque d'inondation avec 14 actions. 8 de ces 14 actions sont issues de la convention relative au Pérennisation de Maintien du libre écoulement des eaux l’entretien et Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI). Préserver et poursuite de la 4 actions Un premier rapport sur l’état d’avancement début 2013 du contrat de rivière a permis de dresser un bilan des actions Volet B1 : protéger les Gestion de la végétation rivulaire restauration des réalisées. En février 2013, 20 actions sur 57 étaient achevées (notamment l’entretien de 100 km de cours d’eau, la Restauration, milieux cours d’eau restauration des berges de l’Auzon à Carpentras ou la restauration de la berge rive droite de l’Auzon à Mazan, le entretien et aquatiques Conservation du Préservation des milieux humides confortement et réparation des digues fluviales classées). valorisation et les patrimoine des milieux milieux Une étude de la répartition de la Cistude d’Europe sur le bassin versant sud-ouest du Mont Ventoux a également été naturel et des aquatique terrestres 4 actions programmée en 2013, en accord avec le plan national d’action Cistude pour la période 2011 - 2015. paysages liés aux Valorisation des sites remarquables associés milieux

aquatiques 2.5.3.3 Le contrat de rivière de l'Ouvèze provençale Protection du Evacuation des crues sans aggravation des bassin versant conditions d’écoulement 8 actions Le contrat de rivière est en cours d’élaboration depuis 2009 sur le bassin de l’Ouvèze et porté par le Syndicat Mixte de Protéger et contre les crues Maîtrise des débordements des crues l’Ouvèze Provençale. Ce contrat de rivière cible principalement les enjeux liés à l’assainissement, aux inondations et à Volet B2 : prévenir la Développement Limitation des apports et ralentissement des la gestion quantitative de la ressource en eau. Il s’agit d’un programme d’actions visant l’amélioration la qualité des Gestion du population d'une démarche écoulements eaux de l’Ouvèze et de ses affluents, une meilleure gestion de la ressource en eau sur le territoire et la mise en place risque du risque de prévention et de mesures de prévention face au risque d’inondation. inondation 6 actions inondation de prévision Mise en cohérence de l’occupation des sols et de Concernant les enjeux d’amélioration de la qualité des eaux superficielles, notamment en lien avec les usages contre les son utilisation avec la gestion globale des eaux (baignade) et la vie aquatique et la qualité des eaux souterraines en lien avec les usages AEP, les principaux objectifs inondations identifiés sont : Garantie des besoins et  Réduire les pollutions domestiques et urbaines. Les rejets des stations d’épuration sont sources d’altération Concilier les protection de la Sécurisation de l’alimentation en eau potable 4 actions de la qualité de l’Ouvèze, bien que les principales pressions soient situées en amont (Buis-les-Baronnies, Volet B3 : usages et la ressource Montbrun, Mollans...), la contamination bactérienne des eaux superficielles reste une problématique majeure Gestion de la protection (quantitative) sur l’essentiel du cours de l’Ouvèze et sur ses affluents (Rieufroid, Groseau, Lauzon et Seille). A noter toutefois ressource en de la Recherche d’un Maintien de l’irrigation que les rejets liés à l’ANC, qui participent à l’altération de la qualité des eaux, représentent de faibles eau ressource en optimum fondé volumes. Les principaux enjeux sont liés aux STEP présentant des dysfonctionnements, bien que eau 2 actions sur les usages l’assainissement collectif se soit sensiblement amélioré depuis 2008 (nouvelles STEP à Malaucène, Buis-les- Préservation des eaux superficielles (qualitatif) Baronnies, Aurel...) Pérennisation du syndicat et de ses missions Animation, suivi  Réduire les pollutions agricoles. Bien que globalement peu affectées, les eaux superficielles et souterraines Réduction de l’impact des rejets sur les milieux 4 actions Volet C : Suivi Retrouver la et coordination sont toutefois polluées ponctuellement. Certains secteurs à l’aval du bassin versant présentent une forte aquatiques du contrat de culture de concentration de cultures céréalières, maraîchage ou vignes, susceptibles de générer le plus d’apports en Réappropriation Sensibilisation et éducation des nouvelles rivières l’eau engrais. La pollution des eaux par les produits phytosanitaires affecte l’ensemble du bassin versant. Elle des milieux générations 2 actions résulte principalement d’un lessivage des sols et d’une infiltration des différents intrants apportés aux aquatiques Information et responsabilisation de la population cultures.

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Les objectifs de prévention des risques d’inondation sont liés aux crues torrentielles de l’Ouvèze et de ses affluents (caractéristiques d’un régime méditerranéen), aux inondations de ruissellement et aux inondations de plaine (principalement des débordements de l’Ouvèze et de la Seille). Environ 80 kilomètres de digues sont recensés (dont

77 kilomètres sur l’Ouvèze). Les principaux objectifs du contrat de rivière sont d’améliorer les systèmes de prévision des crues et la gestion de crise, de préserver et restaurer la dynamique naturelle des cours d’eau et d’améliorer la connaissance générale liée à ces risques (fonctionnement hydromorphologique des rivières, risques d’inondation par ruissellement...). Ces objectifs seront notamment mis en œuvre par la réalisation de travaux (bassins, digues, champs d’expansion de crues...), la restauration et l’entretien de la ripisylve et la réalisation d’un PAPI sur l’Ouvèze afin de mettre en œuvre les actions préconisées par le contrat de rivière. Enfin, concernant les milieux naturels aquatiques et terrestres, les objectifs sont nombreux. Ils sont liés à la présence de nombreux ouvrages hydrauliques en travers du lit pouvant faire obstacle à la continuité piscicole, aux débits d’étiages particulièrement sévères sur l’amont du bassin versant ou à la pollution et au réchauffement des eaux. De plus, certains prélèvements ponctuels (notamment agricoles) sont à l’origine de court-circuitage de tronçons de cours d’eau, en raison des restitutions faites à l’aval des prélèvements. Ces phénomènes sont accentués par des débits naturellement faibles, et un drainage par la nappe important (notamment en aval de Vaison-la-Romaine). Les objectifs principaux sont :  Restaurer et préserver la dynamique naturelle des cours d’eau.  Améliorer et restaurer la continuité écologique (piscicole et sédimentaire).  Préserver la qualité et les fonctionnalités de la ripisylve.  Préserver les zones humides.  Préserver les habitats et espèces à enjeux.

2.5.3.4 Le Syndicat intercommunal d’aménagement de la Nesque Le syndicat intercommunal d'aménagement de la Nesque a été créé par arrêté préfectoral le 31 janvier 2001 et regroupe 11 communes du bassin versant de la Nesque. Il a pour objet, dans le respect du Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux Rhône Méditerranée Corse ( SDAGE RMC ), l'étude et la coordination des aménagements et de l'entretien du bassin versant de la Nesque, dont notamment : la lutte contre les inondations et la gestion du risque inondation ( sur l'ensemble du lit majeur de la Nesque ), la protection de la qualité des eaux ( superficielles et souterraines ) et la lutte contre la pollution, la préservation, la restauration et la valorisation des milieux naturels (milieux aquatiques et milieux terrestres), la gestion des sites remarquables en liaison avec la Nesque (système karstique de Vaucluse, Gorges de la Nesque ), l'entretien des berges et du lit de la Nesque et de ses affluents.

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3 UNE RICHESSE ECOLOGIQUE EXCEPTIONNELLE, MAIS MENACEE LOCALEMENT Le territoire du Ventoux est le lieu d’une biodiversité exceptionnelle. Les processus géologiques ont donné naissance à une entité surprenante, contraste de reliefs, de milieux et de paysages. Ce territoire accueille une grande diversité d’habitats naturels, liée à un contexte bioclimatique et géomorphologique unique. De la plaine Comtadine au sommet du Ventoux, de l’adret à l’ubac, les forêts, éboulis, landes, crêtes, prairies ou rochers escarpés sont autant de milieux qui s’étagent et se succèdent. Le territoire du projet du Parc Naturel Régional du Mont Ventoux se distingue par plusieurs entités naturelles homogènes qui se caractérisent par plusieurs aspects : urbanisation, couverture végétale, altitude ou relief. Ainsi, six entités peuvent être distinguées : le pays Vaisonnais, les piémonts des Dentelles de Montmirail, l’arc Comtadin, le massif du Ventoux, le plateau d’Albion et les Monts de Vaucluse. Un contraste flagrant est observé en ce qui concerne l’occupation générale des sols sur le territoire. En effet, les terres agricoles (principalement vignes, vergers, céréales) et les forêts (principalement forêt de feuillus, avec de nombreux patchs de forêts mélangées ou forêts de conifères) se partagent le territoire suivant une limite nord/sud établie selon le relief montagnard du Ventoux. Ainsi, environ 57,7 % du territoire est occupé par des milieux forestiers et semis-naturels, particulièrement autour du massif du Ventoux et des Monts de Vaucluse. 33,7 % est occupé par les terres agricoles, principalement la vigne, à l’ouest du territoire. Enfin, 8,6 % du territoire est artificialisé, principalement dans l’aire urbaine de Carpentras et de Vaison-la-Romaine. Le Vaisonnais et l’arc Comtadin sont ainsi des secteurs principalement occupés par les vignes, vergers et autres systèmes parcellaires complexes. Au-delà de la limite topographique que représente le Mont Ventoux, où les terrains non propices à l’agriculture n’ont pas été déboisés, l’occupation du sol est majoritairement forestière. Le plateau d’Albion, dans la région de Sault, est toutefois partagé entre espaces boisés et cultivés (principalement des cultures de plantes aromatiques comme la lavande, les céréales et les pâturages naturels).

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3.1 Une très grande diversité d'habitats naturels 3.1.1.2 Etat actuel des peuplements forestiers a. Répartition 3.1.1 Des milieux forestiers prédominants Les milieux forestiers représentent aujourd’hui environ 58 % du territoire. Ils sont répartis de manière assez 3.1.1.1 Histoire d’une forêt hétérogène sur les différentes entités du territoire, selon un facteur altitudinal. En effet, il s’avère que le territoire urbain et agricole de la plaine du Comtat Venaissin et du pays vaisonnais ne laisse que peu de place aux milieux A l’époque de l’Holocène, le sommet du Ventoux était occupé par un peuplement forestier très important, constitué forestiers. Seuls quelques patchs de forêts subsistent, au niveau des affleurements calcaires au pied des Dentelles de principalement de conifères (sapins, pins) et d’érables. La chênaie caducifoliée lui succédait graduellement à plus Montmirail, de manière éparse dans la plaine comtadine et sur les collines du pays vaisonnais. A partir d’environ basse altitude, en fonction des conditions topographiques et de l’exposition. La couverture végétale s’est différenciée 400 mètres d’altitude, les forêts s’installent sur les versants du Ventoux et sur les Monts de Vaucluse. A l’est, les au cours des siècles et l‘état actuel des forêts est le résultat d’une longue évolution. Les facteurs ayant influencés terres agricoles (lavandes et céréales) prennent toutefois l’ascendant sur les forêts, qui se confinent aux reliefs. cette différenciation sont nombreux : climat, substrat, activité humaine... Aujourd’hui, sur le territoire, peu d’espaces sont susceptibles d’être colonisés par les forêts, tant la politique de ème Vers le milieu du XIX siècle, le surpâturage, le défrichement au profit des cultures et le prélèvement de bois ont eu reboisement a été menée avec vigueur et a dynamisé les processus d’évolution naturelle des forêts. Ces dix dernières raison des forêts du Ventoux, depuis la plaine comtadine, au sud, jusqu’au plateau de Sault, sans épargner le versant années, aucune évolution significative des superficies forestières n’a été observée, seule la maturation des forêts et nord. Ravagées par les activités humaines, les forêts du Ventoux ont fait l’objet d’un large programme de leur composition ont évolué. Toutefois, des stades primordiaux de colonisation forestière sont constatés et reboisement, dès 1861, à la suite du vote d’une loi destinée au Reboisement des Terrains de Montagne (RTM). permettent d’anticiper une augmentation des surfaces boisées dans les 5 à 10 prochaines années, en l’absence de Ainsi, chênes verts, chênes pubescents, aulnes cordés, hêtres et trembles ont été largement replantés, ainsi que de gestion de ces milieux arbustifs en formation. nombreux pins, cèdres, sapins et mélèzes (source : « les espaces boisés du mont Ventoux, de nos jours » Aubert 2007). b. La forêt du Ventoux Ces plantations se sont poursuivies au XXème siècle, dans un premier temps pour assurer et compléter les travaux entrepris en 1861, dans un but de restauration forestière et de lutte contre l’érosion des sols, puis dans un second Du haut de ses 1912 mètres, le Mont Ventoux surplombe la plaine du Comtat située à moins de 200 mètres d’altitude. temps, dans un objectif de production ligneuse. Le reboisement a ainsi concerné des espèces telles que le pin noir ou Cette grande amplitude altitudinale est ainsi le théâtre d’un étagement bioclimatique surprenant. 5 étages se le cèdre de l’Atlas. succèdent ainsi, caractérisés par les facteurs abiotiques déterminant les populations végétales observées et dont les dynamiques d’évolution particulières façonnent les entités naturelles du Ventoux.  L’étage méso-méditerranéen est caractérisé par des moyennes thermiques annuelles comprises entre 11,5°C et 15°C. Cet étage est réparti en adret de la base du Ventoux à 750 m et à l’ubac jusqu’à 450 m. Il supporte des peuplements spontanés, purs ou mixtes de chênes verts, de chênes pubescents et de pins d’Alep, typiques des forêts méditerranéennes.  L’étage supra-méditerranéen correspond à des moyennes de températures annuelles de l’ordre de 10 à 11,5°C. Il se positionne ainsi entre 750 et 1000 mètres d’altitude en adret et entre 450 et 800 mètres en ubac. Cet étage est caractérisé par la présence du chêne pubescent, qui s’épanouit dans des milieux plus frais et humides que le chêne vert. Le buis accompagne la présence du chêne pubescent, ainsi que le pin sylvestre qui se substitue progressivement au pin d’Alep et dont la présence se renforce avec l’altitude. Des hêtraies sont également présentes, dans les milieux plus humides. Enfin, le cèdre a été introduit lors des campagnes de reforestation, entre 800 et 1000 mètres d’altitude. Ces plantations représentent la plus grande cédraie de France.  L’étage montagnard, différencié par des moyennes thermiques situées entre 6 et 10°C, est présent entre 1000 à 1700 mètres en adret et entre 800 à 1500 mètres en ubac. Surnommé « étage du hêtre », il est accompagné par le pin sylvestre, qui constitue des peuplements spontanés et par les pins à crochets en plus hautes altitudes.  L’étage subalpin occupe les altitudes supérieures à 1700 mètres en adret et 1500 mètres en ubac. Il est ainsi présent sur un dénivelé d’environ 200 mètres sur le versant sud et 400 mètres sur le versant nord. Il est colonisé principalement par le pin à crochets, mêlé avec le pin sylvestre en basse altitude. Les peuplements s’éclaircissent près de la calotte sommitale. Les pins sont alors épars et de petites tailles et ponctuent les sols calcaires pierreux dénudés de toute végétation permanente. On appelle cette limite la zone de combat des forêts.  Enfin, l’étage pseudo-alpin, asylvatique, correspond au sommet du mont Ventoux (au-delà de 1800 mètres d’altitude). Il est associé à une flore alpine qui occupe les pierriers et les pelouses sommitales.

Le versant nord du Ventoux - avril 1902 (Photo RTM) et août 2004 (Photo D. Huguenin)

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L’évolution forestière du Mont Ventoux est conforme aux observations menées sur d’autres massifs méditerranéens Ces espèces occupent une place primordiale dans les écosystèmes forestiers. Elles permettent notamment une et confirme le caractère complexe de ces processus : dissémination efficace des graines (indispensable dans ce contexte de changement climatique) et des invertébrés, une gestion naturelle de la végétation, un entretien d’espaces ouverts... Le retour des forêts sur ce territoire, qui s’est - Les principales dynamiques forestières observées sur le territoire sont liées à la maturation des espèces donc naturellement accompagné d’un retour des grands ongulés (aidée par des réintroductions dans les années 50 et colonisant l’étage montagnard, notamment les pins, hêtres et sapins, entre 1000 et 1600 mètres environ. La 60, à l’initiative des gestionnaires), a permis une dynamisation de ces écosystèmes. La présence de ces espèces répartition de ces essences au sein d’une même formation est très finement étudiée, notamment parce permet le maintien des écosystèmes en bon état, tant d’un point de vue de la diversité faunistique, floristique et de la qu’elle compromet les plans sylvicoles mis en place par les gestionnaires forestiers, particulièrement face aux structure des forêts. enjeux de régression du pin noir. En effet, cette essence de production fait face au potentiel de régénération supérieur d’autres essences. La régénération naturelle du pin noir est ainsi en conflit avec celle d’essences Toutefois, un équilibre démographique de ces populations est nécessaire, en relation avec la capacité d’accueil des locales et au retour d’essences autochtones, telles que le hêtre. milieux forestiers. En effet, l’augmentation incontrôlée de ces populations peut avoir des impacts sur les peuplements, la diversité floristique et les terres agricoles. Aujourd’hui se pose une réelle question des densités de - L’extension du pin à crochets aux plus hautes altitudes, sur les zones de combat, est également observée, ces espèces au sein de ces milieux forestiers. Depuis plusieurs années, une augmentation très forte des plans de créant des habitats très clairs de pins à crochets sur la calotte sommitale (habitat communautaire des chasse est en effet observée (attributions triplées pour le cerf entre 1999 et 2013). Des impacts négatifs sur la pineraies subalpines calcicoles de pin à crochets). Ce phénomène induit une forte concurrence avec les régénération des peuplements, nuisant potentiellement à la gestion sylvicole, peuvent ainsi être attendus. Le groupements d’éboulis calcaires également d’intérêt communautaire et porteurs d’une flore exceptionnelle. territoire est d’ailleurs concerné par les objectifs de maitrise de la croissance des populations d’ongulés de montagne - L’extension du cèdre dans les formations à chênes pubescents : le cèdre de l’Atlas, introduit lors de la identifiés dans les ORGFH de la région PACA. Ces objectifs sont également déclinés pour les milieux de plaines et campagne de reboisement, a suivi une évolution rapide et s’est largement introduit dans les formations collines, où les populations de sangliers sont particulièrement importantes. homogènes de chênes des moyennes altitudes.

- Les populations de pin sylvestre et de pin à crochets dépérissent en raison des sécheresses estivales (source : Les forêts du plateau de Vaucluse « Les dynamiques en cours et l’impact des pratiques sylvicoles » Dreyfus 2007). Les vieux arbres sont principalement touchés, mais les jeunes essences de pins sont potentiellement affectées par le climat très sec de l’adret du Ventoux. Les hêtres sont également impactés, ainsi que les pins noirs. Toutefois, les conclusions

quant à l’évolution de ces populations sont controversées, notamment en raison des nombreux facteurs qui influencent les prédictions. - Enfin, la fermeture des milieux, ou accrus forestiers, sont des phénomènes suivis de près par les gestionnaires de forêts. Les pins (notamment le pin sylvestre), qui présentent une forte régénération naturelle et un potentiel d’extension important, sont les principales essences mises en cause dans ces processus de fermeture des espaces ouverts. c. Les forêts des Monts de Vaucluse Au sud du Ventoux, les monts de Vaucluse présentent également un taux de boisement très important. Composés principalement de feuillus, ces espaces forestiers tendent néanmoins vers des formations plus claires et fragmentées par les terres agricoles à l’est, sur le plateau de Sault. Situés dans l’étage méditerranéen, ils sont essentiellement composés de chênes pubescents. Des pins d’Alep et pins sylvestres se mélangent également à ces forêts, notamment b. La trame de vieux bois à l’est du territoire. Les versants de basse altitude sont quant à eux recouverts de chênes verts. L’étude des forêts naturelles anciennes et plus généralement des écosystèmes forestiers primordiaux, montre que la d. Les forêts des plaines et collines présence de nombreux arbres âgés est un indicateur de bonne santé de ces milieux. En effet, les arbres morts et les arbres à cavités représentent des habitats essentiels pour un grand nombre d’espèces, notamment d’oiseaux, de Présents de manière plus ponctuelle dans l’arc comtadin, les milieux forestiers sont principalement situés aux abords champignons, de lichens, d’insectes ou de chauves-souris (environ 25% de la biodiversité forestière). Ils constituent des reliefs, sur la commune de Mormoiron notamment. Ils présentent une grande hétérogénéité dans leur également un support favorable à la régénération de l’écosystème. composition forestière. Aussi, des forêts de conifères sont associées à des forêts de feuillus et des forêts mélangées. En 2009, le partenariat entre l’Office National des Forêts, le SMAEMV et le WWF a permis de définir les ilots de Dans le pays vaisonnais, les forêts de conifères sont majoritaires, notamment sur les collines à l’est de Vaison-la- sénescence comme permettant de conserver l’ambiance forestière et les populations d’espèces de faune et de flore Romaine. Les piémonts des Dentelles de Montmirail présentent également un fort taux de boisement. Les essences inféodées aux vieux peuplements. Des mesures visant la conservation d’arbres à haute valeur biologique et d’un principalement représentées sont le pin d’Alep, le chêne vert et le chêne pubescent. volume conséquent de bois mort au sol sont mises en place. Dans le Ventoux, la création d’un réseau d’îlots de sénescence et de vieillissement reliés par des corridors est actuellement en projet. En 2011, la naturalité des 3.1.1.3 L’intérêt écologique des milieux forestiers peuplements et leur potentialité d’évolution ont été étudiées, dans le but de préciser les conditions de mise en œuvre a. Les interactions entre la forêt et les ongulés de Contrats Natura 2000 forestiers, favorisant le développement de bois sénescents. Le Ventoux, grâce aux campagnes de reboisement, sa situation bioclimatique, ses versants contrastés, ses étages de Cette réflexion est articulée avec le programme Qualigouv mis en œuvre par l’ONF. En 2012, la révision de végétation variés et sa mosaïque d’habitats, constitue désormais une excellente niche écologique pour les ongulés l’aménagement de la forêt domaniale du Ventouret a permis la mise en place des quatre premiers îlots, dont un a été sauvages : le cerf élaphe, le chevreuil, le sanglier, le mouflon de Corse, le chamois. financé par Natura 2000. Au cours de l’année 2014, huit nouveaux îlots devraient voir le jour. Faisant également l’objet de Contrats Natura 2000, tous se situent en forêt domaniale du Ventouret, à l’exception d’un seul, localisé en forêt communale de Beaumont-du-Ventoux.

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3.1.1.4 Menaces et problématiques a. Le changement climatique Ces milieux sont observés de manière assez homogène à l’est de la plaine comtadine et du pays Voconces. En De nombreuses études menées sur les forêts méditerranéennes et sur les milieux forestiers du Ventoux montrent que revanche, ils parsèment les milieux forestiers du Mont Ventoux et des Monts de Vaucluse et s’intercalent entre les les dynamiques complexes des forêts mélangées sont déterminées par les conditions stationnelles (éclairement, parcelles cultivées du plateau de Sault. Ils sont également bien représentés au nord du Mont Ventoux, dans la vallée nature des sols, disponibilité en eau...), mais qu’elles peuvent être orientées par l’action sylvicole. du Toulourenc et ses coteaux. Sur le territoire du Ventoux, une des évolutions les plus marquantes observée est la maturation des écosystèmes En termes de typologie de milieux, des distinctions sont faites entre les pelouses et les prairies naturelles, les landes forestiers : installation du chêne pubescent dans les formations de pin noir ou le pin sylvestre, retour du hêtre sous et la végétation sclérophylle et la végétation arbustive en mutation, qui représente un milieu ouvert sous forte ces pins ou dans les chênaies et installation du sapin pectiné sous le pin sylvestre ou le mélèze. L’extension de la pression forestière. Les pelouses et prairies naturelles sont très peu représentées sur le territoire. Seuls quelques cédraie, qui tend à coloniser spontanément les taillis de chêne, est également observée. Les pins et sapins subissent habitats sont observés en périphérie du Mont Ventoux. Les landes et végétations sclérophylles sont particulièrement des dépérissements, qui sont directement corrélés aux variations constantes du climat et conjointement à une présentes sur le Mont Ventoux et sur les rebords du plateau de Sault, tandis que les milieux arbustifs occupent en plus augmentation de la fréquence des évènements extrêmes. Toutefois, certains chercheurs voient en ces phénomènes grande partie l’étage supra-méditerranéen et montagnard, sur les versants sud du Mont Ventoux et sur les Monts de de dépérissement un processus évolutif d’adaptation, comme une réponse au changement climatique et une Vaucluse. Ainsi, près de 7000 hectares de végétation arbustive en mutation ou milieux pré-forestiers sont recensés sélection naturelle des espèces résistantes. sur le périmètre d’étude, 1500 hectares de pelouses et prairies naturelles et environ 2500 hectares de végétation sclérophylle. b. La gestion des forêts Le Ventoux est une zone forestière dominée par les forêts publiques, relevant du régime forestier et gérées par 3.1.2.2 Dynamique et menaces l’Office National des Forêts. Toutefois, sur le territoire du projet de Parc, environ 55% de la surface forestière (soit Ces milieux ouverts tendent naturellement vers une densification de leur végétation et une fermeture progressive des environ 30000 hectares) relève d’un régime privé et sont situées en périphérie du massif, aux abords des zones espaces. Les phénomènes observés ces dernières décennies montrent une évolution progressive des milieux arbustifs habitées et cultivées, sur le bas des versants et dans les piémonts ouest. A l’est du territoire, les propriétés sont de en mutation, au détriment des pelouses et des prairies. grandes surfaces, majoritairement supérieures à 25 hectares. Au contraire, à l’ouest, dans le Comtat Venaissin, les forêts privées sont de petites tailles et très morcelées, peu favorable à la gestion sylvicole. En effet, la régénération naturelle des essences forestières peuplant les forêts du Ventoux engendre une régression de ces milieux ouverts. Ces milieux, lorsque les actions de fauche ou de pâturage sont abandonnées, tendent ainsi à Le Mont Ventoux accueille également une réserve biologique intégrale, d’une superficie de 906 hectares, établie se refermer naturellement et plus ou moins rapidement, par retour des espèces fruticées (noisetiers, prunelliers, dans les forêts domaniales du Mont Ventoux et du Toulourenc, en versant nord du massif. Véritable laboratoire, elle aubépines, genévriers, bourdaines, cornouillers etc.), puis des espèces forestières. D’une manière générale, il est permet de tirer des enseignements sur la dynamique cyclique des forêts naturelles et leur pouvoir d'auto observé que les pins à crochets gagnent les plus hautes altitudes, tandis que le pin sylvestre s’étend sur les plus basses régénération face à une perturbation. Elle est également le support de nombreuses actions pour la biodiversité. altitudes. Ces milieux sont également impactés par les destructions volontaires (reboisement, transformation en Les enjeux de gestion sylvicole de ces espaces sont très forts, d’autant plus que ces écosystèmes forestiers sont praires temporaires...). complexes et en forte interaction avec les gestions forestières. Concilier une exploitation des forêts avec la Cette évolution fait peser de lourds enjeux sur les populations de faune et de flore inféodés à ces milieux ouverts sauvegarde de ces écosystèmes est le principal défi d’une gestion durable des forêts. L’amélioration de l’état des (notamment la vipère d’Orsini, dont les populations sont déjà dans une phase de déclin). Environ 400 hectares des connaissances sur les peuplements et leur évolution, afin d’orienter et d’adapter la gestion vers des méthodes landes subalpines présentes sur le territoire dans les années 2000 sont aujourd’hui occupés par une végétation anticipatives constitue le point clef de la sauvegarde de ces jeunes forêts. arbustive (principalement de fruticées) ou de pelouses pré-forestières. De nombreux dispositifs scientifiques sont mis en place pour suivre par exemple l’évolution des pinèdes pionnières La régression des milieux ouverts du fait de la reconquête naturelle des landes et des forêts, du déclin des cultures et (ECOFOR), la gestion des forêts mélangées (ECOGER), tout comme la vulnérabilité des peuplements au changement du pastoralisme en montagne et de la multiplication des aménagements touristiques fait ainsi l’objet d’une fiche climatique en cours (DRYADE). spécifique dans les Orientations Régionales de Gestion de la Faune sauvage et d’amélioration de la gestion de ses Habitats de PACA (ORGFH). L’objectif étant de préserver et restaurer ces milieux ouverts en altitude et d’accroitre leur 3.1.2 Les milieux ouverts, à végétation arbustive ou herbacée fonctionnalité.

3.1.2.1 Répartition 3.1.3 Les milieux rocheux, falaises et éboulis Les milieux ouverts, à végétation herbacée ou arbustive, sont particulièrement importants pour la biodiversité du 3.1.3.1 Répartition géographique territoire, en offrant des habitats indispensables au cycle de vie de nombreuses espèces, notamment les reptiles (vipère Associés au relief du Mont Ventoux, ces milieux rocheux constituent des espaces de grand intérêt écologique et d’Orsini, lézard ocellé...), les insectes (paon du jour, grand paysager. Ils accueillent une biodiversité très particulière et très diversifiée selon la situation et les conditions de ces apollon, nombreux orthoptères...), mais aussi l’avifaune. Ces milieux (pente, ensoleillement, humidité...). De nombreuses espèces végétales rupicoles sont ainsi présentes sur le milieux abritent également une flore caractéristique très territoire et la faune caractéristique associée à ces milieux présente des enjeux de conservation importants. diversifiée, qu’il convient de protéger. Ces milieux sont Les Dentelles de Montmirail, le Mont Ventoux, la vallée du Toulourenc, les Monts de Vaucluse, les rebords des Monts relativement fragmentés et sous fortes pressions sur le de Vaucluse et les Gorges de la Nesque constituent des milieux remarquables, très différents, mais partageant un territoire. caractère rocheux, escarpé et naturel indéniable. Chacune de ces entités naturelles abrite un patrimoine remarquable Les pelouses d’altitude qui forme l’horizon vauclusien. Les éboulis calcaires du sommet du Mont Ventoux, caractéristiques par leur couleur blanche et leur grande ampleur, s’enfoncent largement dans les forêts.

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Au sud, la vallée de la Nesque entaille profondément les Monts de Vaucluse, 3.1.4 Ocre, sable, gypse et argile des piémonts sud-ouest du Mont Ventoux en créant des gorges érodées par l’action de l’eau au cours du temps et de nombreuses grottes abritant une faune très particulière. Les rebords des Entre Blauvac, Mormoiron et Villes-sur-Auzon, le calcaire cède ponctuellement la place à d’autres formations plateaux de Vaucluse laissent également affleurer le socle calcaire, ceinturant géologiques : ocre, sable, argile ou gypse surgissent alors pour donner un paysage coloré, où tout un cortège ainsi le massif du Ventoux depuis la Nesque jusqu’à la vallée du Toulourenc. d’espèces a trouvé refuge. Cette dernière, au pied du versant nord du Mont Ventoux, est très escarpée La végétation des ocres est constituée principalement d’une chênaie blanche et d’une pinède de pin maritime, le tout et présente de nombreuses corniches. Enfin, les dentelles de Montmirail piqueté de châtaigniers. Sous ces formations arborescentes, c’est la lande à balai, callune et ciste à feuilles de sauge disposent d’un relief très accidenté et très abrupt, contrastant avec la vaste qui s’est implantée. Mais ce sont les pelouses, souvent très réduites en surface et formées de petites plantes plaine comtadine. annuelles strictement silicoles, qui constituent l’exceptionnelle biodiversité de ces sites. 3.1.3.2 Intérêt écologique Dans les sables, se trouve la bassie à fleurs laineuses et sur le gypse, le chou allongé à feuilles entières. Ces deux L’évolution naturelle des grands escarpements rocheux paraît extrêmement espèces ne se rencontrent en France que dans le Vaucluse. lente à l’échelle humaine. Cette évolution résulte de la fracturation des roches Plus de 10 espèces de chiroptères fréquentent le secteur et hibernent dans les galeries souterraines issues de et de leur fragmentation sous l’action du gel et du dégel et de l’érosion. l’exploitation de l’ocre ou du gypse : petit rhinolophe, grand rhinolophe, oreillards, murins,… L’instabilité du substrat favorise toutefois le développement de communautés Les Gorges de la végétales spécialisées (communautés d’éboulis, forêts de pente). Les éboulis Nesque Ces milieux abritent également des amphibiens et notamment le pélobate cultripède. D’autres espèces fréquentent du Mont Ventoux représentent ainsi des milieux remarquables, associés à une biodiversité particulière et exigeante. également ce secteur particulier : le guêpier d’Europe, la Diane (papillon), le lézard vert, la couleuvre à échelons,…

Les falaises et escarpements rocheux naturels nécessitent une attention particulière pour garantir le maintien des 3.1.5 Les espaces agricoles communautés végétales qui leur sont associées. Sur le territoire, ces milieux sont particulièrement bien représentés et constituent des milieux de vie pour de nombreux organismes spécialisés. En raison de leurs exigences écologiques 3.1.5.1 Répartition et habitats particulières, les espèces rupicoles sont relativement rares, et les espèces végétales particulières telles que les lichens, les mousses, ou les fougères sont observés dans ces milieux et plus particulièrement dans les milieux forestiers ou Le contraste flagrant de l’occupation du sol permet de distinguer les grandes entités du territoire sur lesquelles pré-forestiers de pente. De nombreuses graminées apprécient les conditions assez rudes de ces milieux (éboulis et l’agriculture occupe une proportion importante. Les types de cultures ainsi que leur répartition est ainsi homogène et escarpements rocheux), offrant un enjeu de protection supplémentaire à ces milieux qui abritent ainsi des espèces facilement identifiable dans le paysage vauclusien. très particulières. La végétation clairsemée, intercalée entre les éboulis, ou dans les pentes rocheuses, associée au Il est ainsi possible d’identifier à l’ouest du Ventoux un territoire principalement occupé par les vignobles. La plaine du gradient altitudinal important du territoire, permet ainsi de voir se développer une diversité floristique exceptionnelle Comtat et le pays vaisonnais présentent une agriculture largement prédominante, qui s’étend plus à l’ouest en plaine et rare. Sur les éboulis du Ventoux poussent notamment l’épilobe à feuilles de romarin, la campanule carillon, la alluviale du Rhône. Les vignobles sont accompagnés de vergers de cerisiers et d’oliviers qui s’intercalent entre les scabieuse à fleurs blanches, la gueule de loup à larges feuilles. Sur les falaises sont observés la campanule à feuilles vignes sur un ou deux rangs ou occupent des parcelles entières. La proportion des surfaces cultivées a pourtant rondes, la potentille caulescente, la rue des murailles, le capillaire de Montpellier. considérablement changé en 10 ans. Les friches se sont multipliées, particulièrement dans la région de Carpentras, De nombreux insectes, reptiles et oiseaux apprécient ces milieux. En effet, de nombreux oiseaux viennent se alors que certaines cultures se sont développées. C’est le cas de pépinières viticoles, des truffières et des vergers. reproduire et nourrir dans ces milieux, tels que le martinet alpin, l’hirondelle de rochers et le merle de roche. Des Un large réseau de haies s’organise dans la plaine, principalement de cyprès ou peupliers, jouant un rôle de brise- espèces telles que le tichodrome échelette ou l’accenteur alpin s’établissent en milieux rupestres. Les chiroptères vent important dans ce secteur soumis à un mistral parfois violent. sont également associés aux escarpements rocheux, grottes et falaises, en tant que gîtes, mais aussi en tant que terrain de chasse. Les falaises abritent également les aires de nidification de nombreux rapaces tels que le vautour A l’est du Ventoux, le plateau de Sault présente une agriculture profondément différente de celle observée en plaine. percnoptère, l’aigle royal et le faucon pèlerin. L’arboriculture et la viticulture s’efface au profit d’une culture des plantes aromatiques, identité de ce territoire. Les vastes prairies et les cultures de céréales occupent toutefois la majeure partie du territoire. Les milieux forestiers, 3.1.3.3 Menaces également très présents dans ces reliefs de plateaux, offrent des zones d’interface forêt / culture assez importantes, permettant ainsi une plus grande expression de la biodiversité sur ce territoire. S’ils peuvent sembler peu menacés, les escarpements rocheux sont toutefois susceptibles d’être dégradés ou détruits par diverses activités humaines (carrières, infrastructure de transport...), mais également par les activités de loisirs (escalade, via ferrata, VTT freeride...). Ces activités de loisirs exercent également des pressions sur les gîtes potentiels de rapaces ou de chiroptères. D’une manière générale, la surfréquentation touristique occasionne un dérangement fort pour ces espèces, notamment au sommet du Ventoux. Ces sites peuvent également être impactés par le survol d’hélicoptères, fréquent en raison de la proximité de la base aérienne militaire d’Orange.

Les collines du Vaisonnais

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En 2008, dans le cadre du projet Agrifaune, la Fédération Départementale des Chasseurs du Vaucluse, la Chambre 3.1.5.3 Menaces et enjeux d’Agriculture du Vaucluse et l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage ont signé une convention a. Sur le pays vaisonnais départementale afin de collaborer sur des enjeux caractéristiques du département : la viticulture et l’arboriculture. Le Sur les espaces de plaine, la problématique est fortement liée à l’évolution croissante des territoires urbains. En réseau Agrifaune est un réseau national d’échanges, d’expérimentation et de démonstration. Son objectif est de effet, l’aire urbaine de Vaison-la-Romaine s’étend sur les cultures de plaines et risque d’enclaver ou de fragmenter faciliter la prise en compte de la faune sauvage et du petit gibier dans une agriculture performante. certaines parcelles. La préservation des secteurs sensibles en frange urbaine et la sauvegarde des bosquets et L’un des projets vauclusiens concerne les zones agricoles du pays de Sault, connues pour abriter une importante boisements résiduels constituent sans doute les principaux enjeux de préservation du patrimoine agricole de la biodiversité. Le principal enjeu de cette zone d’environ 900 hectares est de mettre en évidence l’intérêt écologique de région, et indirectement de la biodiversité associée à ces milieux. ces espaces agricoles afin de motiver leur maintien ainsi que l’installation d’infrastructures agro-écologiques, à la fois Concernant les milieux agricoles de relief, notamment aux pieds des collines et sur les premiers reliefs des Dentelles favorables à la biodiversité et au maintien de ces structures agricoles. Des inventaires faunistiques et floristiques ont de Montmirail, la problématique est différente. Ces reliefs isolés abritent en effet une végétation assez homogène et été réalisés respectivement par le CEN PACA et le CBNMP, qui ont notamment pu montrer la diversité remarquable ponctuée par les affleurements rocheux, qui leur offrent un caractère remarquable parmi les petites parcelles de de l’avifaune (63 espèces contactées) et de la flore (695 espèces recensées). cultures agricoles et l’urbanisation dispersée.

La mosaïque de milieux ainsi représentés (vergers, oliveraies, amandaies, cultures de céréales, vignes, haies, forêts...) Espaces agricoles du plateau de Sault constitue une identité forte du territoire, favorable à la biodiversité. Les menaces liées à la fragmentation des forêts par les terres cultivées, la simplification des cultures et l’évolution erratique du territoire urbain mettent en péril ces entités naturelles remarquables.

b. Sur l'arc comtadin

Véritable centre agricole du territoire, l’arc comtadin concilie agriculture et territoire urbain sous l’influence du patrimoine naturel du Ventoux. Ces vastes terres cultivées, dominées par les vignes et les vergers à l’est, la céréaliculture et le maraichage sous serres à l’ouest, structurent le paysage comtadin, en périphérie de l’aire urbaine de Carpentras et de Mazan.

Les menaces liées à l’évolution de l’urbanisation au détriment des cultures font peser de lourds enjeux quant à la cohérence du territoire agricole et le potentiel de déplacement des espèces. L’enclavement et la fragmentation de certaines parcelles et la spéculation foncière sont alors des phénomènes venant perturber les terres agricoles. Le bocage est alors fortement menacé (principalement les haies de cyprès) et donc la biodiversité associée aux milieux agricoles. Le mitage urbain représente ainsi la principale menace pour ces vastes milieux ouverts. 3.1.5.2 Intérêt écologique c. Sur le plateau de Sault Les larges parcelles viticoles de la plaine comtadine et du pays vaisonnais ne présentent que peu d’intérêt pour la Depuis ces 30 dernières années, une diminution des surfaces toujours en herbe, des prairies et fourrages biodiversité, notamment en raison des pratiques agricoles assez intensives qui ne permettent pas la présence temporaires est observée, au détriment des cultures de blé dur et d’épeautre. Les cultures de lavande ont également d’habitats très favorables. régressé entre 1999 et 2006. Cependant, le réseau de haies brise-vent entre et au sein des parcelles et aux abords des canaux d’irrigation La simplification de la mosaïque agricole est alors une problématique actuelle, pesant sur la diversité du paysage et secondaires permet un maillage arboré assez homogène sur le territoire. Ce maillage est également construit autour de la faune et la flore associée. Sur le plateau de Sault, l’agriculture joue également un rôle primordial dans les des vergers qui occupent une grande partie du territoire agricole. La trame arborée présente un intérêt écologique continuités écologiques. important pour le déplacement des espèces terrestres, mais également pour les espèces aériennes. 3.1.6 Les milieux aquatiques et humides Les vergers peuvent potentiellement représenter des habitats favorables pour de nombreux oiseaux, notamment la chouette chevêche présente en plaine ou d’autres adaptés à ces milieux (pie grièche, tarier, linotte, alouette...), et des 3.1.6.1 Les cours d’eau insectes. Plus ils sont âgés (vergers traditionnels de hautes tiges), plus leur intérêt écologique et patrimonial s’accroit. Ces vergers traditionnels sont également intéressants car ils se caractérisent souvent par la présence d’une prairie de a. Intérêt écologique fauche gérée de manière non intensive, où la flore peut être diversifiée. La qualité écologique des cours d’eau sur le territoire est très inégale. La ripisylve joue un rôle écologique primordial, A l’est du Mont Ventoux, l’agriculture du plateau de Sault s’est adaptée à la rigueur du climat et l'absence d'eau liée tant au niveau des continuités écologiques qu’elle permet, que des habitats très favorables qu’elle offre. Ces cordons aux phénomènes karstiques. Cette situation a contribué à la culture de lavandes et de céréales. Ces terres assez rivulaires sont toutefois répartis inégalement sur le territoire. Aussi, une ripisylve de qualité (relativement dense et pauvres sont également mises en valeur par l'élevage ovin, et les pelouses et pâturages naturels sont bien continue) est observée le long de l’Ouvèze, du Toulourenc, de l’Auzon ou en amont de la Nesque. Toutefois, les représentés. Associée aux vastes milieux forestiers ceinturant le Ventoux, cette mosaïque agricole présente de activités humaines ont engendré une forte réduction de ces milieux et les cours d’eau de l’arc Comtadin sont donc nombreux intérêts pour la biodiversité. Aussi, le réseau de haies, de bosquets et autres petits massifs boisés au sein majoritairement dépourvus de ripisylve. du parcellaire agricole constitue une trame arborée extrêmement favorable au libre déplacement des espèces. Les Globalement, les cours d’eau du bassin des rivières sud-ouest du Mont Ventoux présentent un intérêt écologique piémonts est du massif du Ventoux et le plateau de Sault offrent des milieux très favorable à la présence de lièvres, moyen. Toutefois, certains cours d’eau présentent un caractère patrimonial, lié à la présence d’espèces de poissons bécasses et grands turdidés. et de crustacés protégées au niveau national et européen (anguille, barbeau méridional, blageon, brochet, chabot, toxostome, truite fario et écrevisse à pieds blancs).

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3.1.6.2 Les plans d’eau et les zones humides Fortement segmenté, l’Auzon est régulièrement asséché en raison de sévères étiages accentués par les prélèvements a. Répartition d’eau (« Etude de détermination des volumes maximum prélevables sur le bassin versant du Sud Ouest Mont Ventoux » 2010). Cependant, en amont de Ville-sur-Auzon, le cours d’eau est considéré comme un réservoir Les zones humides sur le territoire sont principalement représentées par les bordures de cours d’eau et les zones biologique en raison d’invertébrés polluo-sensibles régulièrement échantillonnés. Bien que le peuplement piscicole humides de tête de bassin (principalement en amont de la Nesque, du vallat du Maupas et des Oumettes). La plaine soit assez dégradé, on note la présence d’espèces patrimoniales telles que le barbeau méridional, la truite fario, alluviale comtadine est également considérée comme une zone humide, au-delà des communes d’Aubignan et de l’anguille et le blageon. Parmi les affluents de l’Auzon, le ruisseau de St-Laurent présente également de fortes Loriol-du-Comtat. Enfin, de nombreuses zones humides ponctuelles, artificielles ou naturelles, sont présentes dans potentialités écologiques et un intérêt patrimonial élevé. Il est classé en réservoir biologique par le SDAGE et l’arc comtadin et autour de la commune de Sault. Ces milieux humides sont principalement caractérisés par la l’écrevisse à pied blanc colonise certains petits affluents (Vallat de Maupas, ruisseau de Vacquière...). présence d’une mare, d’un étang, ou d’une ancienne carrière. Le Brégoux présente également un fort intérêt patrimonial, bien que dégradé par les perturbations anthropiques L’inventaire des zones humides du département, réalisé par le CEN PACA sur la période 2011-2013, a permis (prélèvements d’eau, rejets polluants, artificialisation totale en aval de la RD7). En effet, l’anguille et le blageon sont d’attribuer une note à la valeur patrimoniale de ces espaces, basé sur le nombre d’espèces de flore, de vertébrés, présents dans ce cours d’eau en partie aval (« Etude de détermination des volumes maximum prélevables sur le bassin d’invertébrés et d’habitats patrimoniaux présents. Ainsi, les zones humides de tête de bassin situées en amont de la versant du Sud Ouest Mont Ventoux » 2010). Enfin, la Salette est classée en réservoir biologique en raison de la Nesque, sur les communes de Sault, Monieux et Aurel ont été identifiées comme présentant un patrimoine biologique présence de la truite fario, du blageon et du barbeau méridional. très important et devant faire l’objet d’actions de restauration (notamment les prairies humides en amont des Dans le bassin versant de l’Ouvèze, la qualité écologique des cours d’eau ainsi que les populations piscicoles Gorges). présentent un intérêt écologique plus important. Certains cours d’eau, comme l’Ouvèze, ont gardé un caractère assez naturel, avec un profil en tresse propice à la diversité des habitats naturels. Les ripisylves à saule blanc et peuplier blanc sont bien représentées le long de ces cours d’eau (Ouvèze, Sorgue ou Auzon), bien que parfois très réduites en largeur. Malgré la sévérité des étiages, les cours d’eau amont de l’Ouvèze présentent un caractère patrimonial important, et les populations piscicoles présentes sont conformes à celle attendue (présence de truite fario, écrevisse à pied blanc, blageon). Cependant, l’Ouvèze est très dégradée à partir de Vaison-la-Romaine jusqu’à Sorgues (perturbations anthropiques), et le blageon est la seule espèce L’Ouvèze patrimoniale présente, bien que l’anguille soit observée près de Sorgues. Malgré de fortes contraintes naturelles (crues et étiages violents), le Toulourenc est considéré comme un réservoir biologique et abrite de nombreuses espèces de poissons, dont plusieurs présentent un intérêt patrimonial (chabot, barbeau méridional, blageon, toxostome). Parmi les affluents du Toulourenc, le torrent d’Anary et le ravin de Briançon ont également un bon état écologique. b. Menaces et enjeux Riche d’un réseau hydrographique de plus de 600 km, le territoire d’étude fait pourtant face à de nombreuses problématiques liées à la rareté de cette ressource et à la qualité de ces cours d’eau. Les faibles écoulements ne permettent généralement pas d’entretenir une ripisylve de qualité et les nombreux prélèvements agricoles impactent de manière importante les connexions entre les différents cours d’eau et les nappes aquifères. Les pressions qui pèsent sur ces cours d’eau sont particulièrement fortes, notamment sur ceux en plaine (la Mède, l’Auzon et la Nesque). Ces pressions urbaines (rejets d'eaux résiduaires urbaines), agricoles (rejet de matières azotées et phosphorées, pompages...) et physiques (artificialisation, urbanisation, infrastructures de communication, lutte contre les crues...) affectent ainsi l’ensemble du territoire (Sources : Etude de détermination des volumes maximum prélevables sur le bassin versant du SOMV 2013 ; Etude de détermination des volumes maximum prélevables sur le bassin versant de l’Ouvèze 2013, SDAGE RMC). La faune associée à ces milieux aquatiques et rivulaires est très diversifiée et abrite diverses espèces patrimoniales, dont plusieurs espèces d'intérêt communautaire (chauves-souris, poissons, odonates, lépidoptères, amphibiens...). Toutefois, des problématiques importantes ont été identifiées concernant les continuités piscicoles, et plus de 100 ouvrages transversaux ont été identifiés sur les bassins de l’Ouvèze et des rivières sud-ouest du Mont Ventoux, dont au moins 3 sont considérés prioritaires au titre de la continuité biologique et de priorité 1 (cf. chapitre 3.4.3.2). Extraction cartographique des zones humides situées sur les communes de Monieux et de Sault. Inventaire des zones humides du département du Vaucluse 2011-2013 - CEN PACA - Système d’Information Territorial des PNR PACA

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De plus, les types de zones humides « bordures de cours d’eau » et « plaines alluviales » (type SDAGE 5 et 6) Surface Nombre de Zones Surface Nombre de Zones Commune Commune concentrent de tels enjeux fonctionnels, de biodiversité, et une telle priorité d’intervention qu’ils participent pour (Ha) Humides (Ha) Humides près de 60% en nombre et 93% en surface des 30 premières zones humides à émerger de la hiérarchisation appliquée AUBIGNAN 101,56 11 METHAMIS 7,47 2 à l’inventaire départemental. Ces deux types de zones humides appellent donc à faire l’objet d’une considération AUREL 27,71 4 MODENE 2,39 1 prioritaire dans les politiques susceptibles d’impacter ces milieux. Il s’agit notamment des zones humides associées BARROUX 3,18 3 MONIEUX 120,05 4 aux bords de l’Ouvèze, la Mède, l’Auzon, la Nesque, le Toulourenc et le Rieufroid. BEAUMONT-DU- 6,36 2 MORMOIRON 31,25 9 VENTOUX PERNES-LES- BEDOIN 11,96 3 63,11 7 FONTAINES

BLAUVAC 8,33 1 PUYMERAS 9,18 4 BRANTES 23,37 1 SAINT-CHRISTOL 0,25 1 CAROMB 19,88 5 SAINT-DIDIER 2,14 1 SAINT-LEGER-DU- CARPENTRAS 53,33 6 38,78 1 VENTOUX SAINT-MARCELLIN-LES- CRESTET 36,47 3 14,98 2 VAISON SAINT-PIERRE-DE- CRILLON-LE-BRAVE 5,74 1 2,71 1 VASSOLS SAINT-ROMAIN-EN- ENTRECHAUX 67,01 5 14,18 2 VIENNOIS FAUCON 24,04 6 SAINT-TRINIT 0 0 FLASSAN 0,82 1 SAULT 141,75 14 LA ROQUE SUR 0 0 SAVOILLAN 10,3 1 PERNES ST-HYPPOLYTE-LE- LE BEAUCET 0 0 0 0 GRAVEYRON LORIOL-DU- 186,76 7 VAISON-LA-ROMAINE 67,1 2 COMTAT MALAUCENE 20,82 6 VELLERON 44,07 3 MALEMORT-DU- 4,26 1 VENASQUE 13 2 COMTAT MAZAN 30,07 2 VILLES-SUR-AUZON 4,57 2 1218,95 Territoire PNR 127 (1.2%) Inventaire des zones humides du département du Vaucluse 2011-2013 - CEN PACA b. Menaces et enjeux Les zones humides jouent le rôle de véritables réservoirs de biodiversité et à ce titre, représentent des milieux dont les enjeux de conservation sont très importants. Ces milieux assurent d’une part les connexions entre les différents linéaires aquatiques et humides du territoire, en constituant des zones relais dans le déplacement d’espèces associées aux continuums des milieux aquatiques et humides, mais assurent également un rôle de gestion qualitative et quantitative de la ressource en eau. En effet, les zones humides contrôlent les flux d’eau (effet d’éponge dans le bassin versant, étalement des crues en bord de cours d’eau, soutien d’étiage en été...) et de polluants qui y transitent (épuration de l’eau, dénitrification, absorption par les végétaux...). Pourtant, ces milieux restent encore menacés par des pratiques inappropriées qui détruisent leurs fonctionnalités (remblaiement, drainage, urbanisation, exploitation agricole...) ou par des menaces d’ordre naturel, telles que l’atterrissement ou la lignification. Le recours au remblaiement des zones humides est également fréquent pour la réalisation de projets urbains, d’infrastructures linéaires ou de loisirs.

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3.2 Une diversité faunistique et floristique remarquable...

3.2.1 Une faune très diversifiée

3.2.1.1 Les mammifères a. La grande faune forestière (sources : ONF, ONCFS, FDC84) La France représente un cas exceptionnel, en Europe, de reconstitution d’une population de loups (réapparus de ème Les populations d'ongulés sauvages (cerfs, chevreuils, mouflons, sanglier, chamois) possèdent une histoire fortement façon naturelle dans le massif du Mercantour) à l’échelle d’un pays où il avait disparu au début du XX siècle. A la fin ème corrélée aux dynamiques forestières du Mont Ventoux. Nombreuses de ces espèces, disparues du territoire il y deux du 18 siècle, les populations de loups en France étaient estimées entre 3 et 7000. La France présente en effet un ou trois siècles en raison de la déforestation, des activités humaines, de la chasse ou de la concurrence pour la important potentiel d’expansion pour cette espèce en Europe de l’Ouest. Actuellement, les zones de présence nourriture, sont réapparues dans le massif du Ventoux. Les campagnes de reboisement et les réintroductions ont ainsi permanentes du loup (ZPP) sont identifiées au nombre de 31 en France. Les populations actuelles sont estimées entre permis la constitution de grandes populations d’ongulés sauvages. 150 et 180 loups. Les ZPP sont réparties de manière assez homogène dans les alpes et s’étendent ponctuellement vers l’ouest, jusqu'à atteindre la région Lure-Ventoux. Des déplacements d’individus sont d’ailleurs avérés entre les - Le sanglier est une espèce indigène qui peuple le Ventoux depuis de nombreux siècles. Il est d’ailleurs présent populations alpines et pyrénéennes. Des individus auraient également été observés sur le territoire. sur la quasi-totalité du territoire. C’est un animal sédentaire dont l’aire du domaine vital varie entre 2000 à 15000 hectares. L’accroissement annuel des populations est très important et celles-ci ont eu tendance à b. Les petits mammifères augmenter depuis les dernières campagnes de reboisement, en 1980 (elles ont doublé jusqu’en 2003). Cette Les petits mammifères sont très abondants sur le territoire. Ils occupent des niches écologiques très diversifiées et espèce est abondamment chassée, dans un objectif de régulation des populations et d’atteinte d’un équilibre peuplent ainsi tous les habitats présents sur le territoire. Le hérisson et le lérot régulièrement observés restent agro-cynégétique. Les sangliers sont souvent à l’origine de dégâts sur les cultures. Entre 6000 et 10000 cantonnés en plaine ou dans les piémonts du Ventoux, près des habitations. Les écureuils habitent les forêts, en sangliers ont été prélevés lors de la saison de chasse 2012 - 2013, sur le département du Vaucluse. compagnie des blaireaux ou des renards. Les loirs, mulots, genettes, musaraignes et autres rongeurs, ainsi que les - Réintroduit dans le massif du Ventoux au cours des années 1954, 1956 et 1958, le cerf élaphe est aujourd’hui lièvres ou les campagnols sont omniprésents sur le territoire, jusqu’en altitude. Le lapin de garenne, qui a échappé à abondant dans les forêts du Ventoux. Les populations estimées de cerfs élaphes sont de 500 à 600 individus. une disparition en 1956, est aujourd’hui en phase de recolonisation des milieux ouverts et agricoles. Cette espèce est particulièrement présente aux étages collinéens et montagnards. En moyenne, 120 cerfs Les 34 espèces de chiroptères présentes en France sont protégées et concernées par le Plan National d’Actions sont prélevés annuellement par les chasseurs, sur le département. Chiroptères (Pérols et Villeneuve-lès-Maguelone concernées sur le territoire). Toutes ces espèces sont inscrites en - Disparu du massif depuis plus de 4 siècles environ, le chevreuil a recolonisé le Mont-Ventoux à la suite de annexe II de la Directive Habitats-Faune-Flore. Les chiroptères ont subi un très fort déclin ces dernières décennies, réintroductions réalisées en 1988 et 1995 (200 individus relâchés à proximité des Monts de Vaucluse et du justifiant leur protection à l’échelon européen. Luberon). Aujourd’hui, on estime la densité de chevreuils entre 4 et 6 individus pour 100 hectares. Cet ongulé La région du Ventoux est un territoire d’accueil exceptionnel de 20 espèces de chauves-souris, dont au moins 16 ont peut occasionner d’importants dégâts forestiers et agricoles, si bien que le plan de chasse prévoit entre 300 et été contactées sur le territoire (petit et grand murin, petit et grand rhinolophe, minioptère de Schreiber, pipistrelles 400 prélèvements par an. Les populations actuelles de ce cervidé sont aujourd’hui assez stables et de Kuhl, pipistrelle commune, vespère de Savi...). La mosaïque d’habitats et la présence abondante de gîtes potentiels relativement petites. En effet, les populations de chevreuils du Vaucluse sont parmi les plus petites de France (falaises, grottes, vieux arbres, habitations rurales...) sont à l’origine de cette diversité de chiroptères. Ils sont (environ 2500 individus). indicateurs d’une bonne qualité des milieux et témoignent de la recolonisation réussie des forêts et milieux associés - Le mouflon a été introduit dans le Mont Ventoux dans les années 1961 et 1962, suite à l’introduction de 17 par la faune. individus. On dénombre aujourd’hui au moins 400 mouflons sur le Mont Ventoux, ce qui témoigne de De nombreux gîtes majeurs à chiroptères ont été identifiés sur le territoire, notamment au sommet du Ventoux, dans l’augmentation assez rapide des populations. Un quota de prélèvement de 70 bêtes est attribué sur le massif les gorges de la Nesque, la vallée du Toulourenc, les forêts du Ventoux, le plateau de Sault, mais également près des par an. carrières de Mormoiron. Une colonie d’hibernation de Petit Murin s'est installée sur le Ventoux (deux gîtes localisés - Observé dans le Mont Ventoux jusqu’aux années 1950, le chamois est réapparu dans le Ventoux dans les près du sommet du Ventoux, entre les limites communales de Bédoin et St-Léger-du-Ventoux). Le petit rhinolophe est années 80. Il est observé de manière récurrente sur le versant nord du Ventoux, qui correspond davantage au lui aussi représenté autour du massif par la plus grande colonie du Vaucluse (au sud-ouest de la commune de Villes- biotope recherché par l’espèce (falaises, forte pente, terrains escarpés...). Ils sont également observés dans sur-Auzon) et un gîte de minioptère de Schreiber présentant un fort intérêt a été identifié au sud de Beaumont-de- les Monts de Vaucluse, sur les plateaux et jusqu’à la plaine comtadine. Les campagnes d’inventaire et de Ventoux. comptage ont permis d’estimer les populations actuelles du Ventoux à environ 110 à 180 individus. Le plan de Trois grandes menaces pour les chiroptères ont été identifiées : chasse prévoit environ 20 animaux par an.  La mortalité routière par collision et la dégradation des habitats de reproduction. En Europe, le loup est protégé par la Convention de Berne. Il est inscrit dans les annexes II et IV de la directive Habitats-Faune-Flore et fait partie des espèces prioritaires. En France, l’espèce est protégée par l’arrêté ministériel du  La fragmentation du paysage, dont certaines espèces sont très sensibles (le petit rhinolophe et le murin à 22 juillet 1993. Ce statut implique donc pour la France de veiller à la conservation de l’espèce et de ses habitats. Le oreilles échancrées sont particulièrement sensibles à l’altération des continuités écologiques, la réduction des loup est classé vulnérable sur la liste rouge UICN des espèces menacées en France. Un plan national d’action pour la aires vitales, la disparition des structures bocagères ou l’extension des surfaces artificialisées). conservation du loup a été mis en place pour la période 2013-2017, visant à concilier une conservation de l’espèce  La mortalité éolienne et les dégradations, dérangements et destructions des habitats de chasse et corridors de avec les activités humaines. L’objectif principal consiste à « accompagner l’expansion de la population de loups en déplacements associés. limitant les impacts de la présence de l’espèce sur les activités humaines, notamment sur l’élevage » (source : Plan National d’Action Loup 2013 - 2017).

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3.2.1.2 Les oiseaux

L’avifaune du Ventoux est exceptionnelle, de par sa diversité (plus de 130 espèces différentes peuplent le massif et les plaines et plateaux environnants) et de par son évolution. En effet, la genèse des populations d’oiseaux sur le massif est largement dépendante du passé forestier de la région. Les campagnes de reboisement ont eu des effets considérables sur les populations d’oiseaux, jusqu’alors ponctuelles ou absentes du territoire. Ils ont permis de recréer une avifaune forestière, mais également de grandes populations d’insectes, ressource indispensable pour l’avifaune. Le Ventoux accueille une centaine d’espèces d’oiseaux nicheurs et le cortège d’espèces migratrices et hivernantes est également très important (de nombreuses espèces transsahariennes telles que le rossignol philomèle, la fauvette passerinette ou le gobe-mouche noir sont présentes dans le Mont Ventoux). Cette richesse est en partie due à la situation géographique du Ventoux et à sa structure. En effet, l’orientation est-ouest du massif permet l’implantation d’une avifaune méditerranéenne en adret (fauvette méditerranéennes...) et montagnarde en ubac (pic noir, pic épeiche, chouette de Tengmalm, merle à plastron, pipit spioncelle...). Les sommets et falaises escarpés constituent enfin des milieux extrêmement favorables aux espèces rupicoles et à la faune xérophile (merle de roche, le bruant fou, le traquet oreillard...). La mosaïque des habitats présents sur le territoire est particulièrement favorable à l’accueil d’une grande richesse spécifique d’oiseaux. Les niches écologiques sont donc nombreuses et distribuées sur un gradient altitudinal, permettant d’observer des oiseaux de plaine, de forêts, ou de milieux rocheux, associées à des climats et régions biogéographiques très différentes. Pic épeiche Dans les étages du chêne vert, les fauvettes méditerranéennes sont particulièrement bien représentées. Cet étage accueille également de nombreuses espèces ubiquistes et la proximité avec les terres agricoles et les milieux ouverts en font un étage très riche. Le circaète Jean-le-blanc ou l’alouette lulu peuplent cet étage. À l’étage du chêne blanc, c’est la diversité d’essences forestières et la présence de la cédraie qui sont à l’origine d’une grande diversité spécifique. En effet, les pics, merles et grives apprécient ces milieux, qui constituent des sites de nidification importants. Dans les forêts de pins et jusqu’au sommet du Ventoux, de nombreuses espèces de milieux ouverts fragmentés se satisfont de ces habitats, tels que le venturon, le bec-croisé des sapins, le bruant fou, le traquet motteux, la linotte mélodieuse, le pipit rousseline ou le pipit spioncelle. La caille des blés est présente sur le plateau de Sault. Parmi ces nombreuses espèces, plusieurs bénéficient d’une protection nationale ou européenne. Plus de 50 figurent sur la liste rouge de PACA (bondrée apivore, alouette lulu, fauvette orphée, pipit rousseline...) et près de 40 sur la liste rouge nationale (circaète Jean-le-blanc, huppe fasciée, pie grièche écorcheur, bruant ortolan...). Enfin, plus de 20 espèces figurent en annexe I ou II de la directive oiseaux. La présence (régulière ou sporadique) d’espèces comme la gélinotte des bois, l’aigle royal ou le blongios nain est particulièrement remarquable (INPN, ONCFS).

Gélinotte des bois Les enjeux liés à la protection de cette grande richesse dépendent principalement des mesures de gestion et de protection des habitats. En effet, la fermeture des milieux, la simplification de la composition forestière, l’embroussaillement et la fragmentation générale des habitats font peser de lourdes menaces sur les populations actuelles. Ces menaces sont couplées avec l’évolution incertaine du climat et de son impact sur les populations aviennes. Les populations qui semblent plus particulièrement affectées sont les espèces des paysages agricoles ouverts et les migrateurs transsahariens, qui présentent un sérieux déclin de leurs populations.

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ZOOM sur... la Chevêche d’Athéna ZOOM sur ...le Vautour percnoptère Cette espèce affectionne particulièrement les prairies, vergers ou vignobles, qui sont devenus son habitat de Le Vautour percnoptère occupe essentiellement les zones rocheuses qui jouent un rôle fondamental dans la substitution et apprécie donc les milieux ouverts et enherbés. nidification. Il niche en effet dans les cavités rocheuses ou autres milieux très escarpés. Cette espèce se nourrit toutefois dans les milieux ouverts de plaine, steppes, landes et pelouses. Les milieux très boisés étant peu Ce rapace à subit un très fort déclin ces 40 dernières années et les populations actuelles françaises sont favorables à la chasse. estimées entre 10000 et 30000 individus, contre 10000 à 100 000 en 1976. En 2000, un plan national de restauration a été lancé pour une durée de 10 ans et en 2012, sur le territoire du Luberon, Sainte-Victoire, En Europe, le Vautour percnoptère est inscrit à l’annexe I de la Directive Oiseaux relative à la conservation des Verdon, Alpilles et Ventoux, un programme de conservation des populations a été mis en place. La Chevêche oiseaux sauvages. Il fait donc partie des espèces devant faire l’objet de mesures spéciales de conservation. Le d’Athéna se rencontre dans toute la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais des effectifs plus grands sont Vautour percnoptère est également inscrit à l’annexe II de la Convention de Berne dont l’objectif est d’assurer la observés dans les plaines agricoles du Vaucluse. L’effectif régional est estimé entre 900 et 1 500 couples, ce qui conservation des espèces sauvages végétales et animales et de leurs habitats en Europe. En France, l’espèce est justifie la responsabilité de la région PACA dans la restauration de cette espèce. protégée par la loi du 10 juillet 1976 (arrêté d’application du 17 avril 1981), comme toutes les autres espèces de rapaces. Elle est inscrite à la liste rouge de la faune menacée de France dans la catégorie "vulnérable". Sur l’arc Comtadin, territoire viticole, la présence de vieux arbres creux et de vergers favorise la présence de la Chevêche d’Athéna. Les populations estimées dans la plaine comtadine sont d’environ 150 à 200 individus. Les effectifs français sont estimés à environ 80 individus et la population de Vautours dans le sud de la France est particulièrement vulnérable, en raison de sa petite taille (une quinzaine de couples). Cette population s’étend du La chouette chevêche est aujourd’hui très liée aux activités humaines et notamment agricoles. Les vergers et département de l’Hérault jusqu’aux Alpes de Haute Provence. L’espèce est régulièrement observée sur le vignobles que cette espèce affectionne sont toutefois menacés. En effet, de grandes surfaces de terres agricoles territoire depuis 2005, notamment à Monieux. sont colonisées par la forêt ou par des territoires urbains chaque année. La fragmentation de ces cultures ou leur destruction constitue une menace importante pour la conservation de cette espèce. De même que les Le déclin de l’espèce peut être expliqué par plusieurs arguments, qui sont pour la plupart d’actualité. Dans un pratiques agricoles intensives ou la disparition progressive du réseau bocager nuit fortement aux populations premier temps, la destruction de l’habitat et les dynamiques de recolonisations forestières ont largement impacté de chevêche. Enfin, cette espèce est menacée par la disparition progressive des cavités naturelles et des la répartition de l’espèce, qui s’est alors réfugiée principalement vers les massif rocheux des Pyrénées. cabanons agricoles qu'elle utilise pour sa nidification et la rénovation du bâti rural ancien est souvent synonyme L’aménagement du territoire et la disparition de la ressource sont directement corrélés au déclin de l’espèce. de perte de cavités discrètes. En effet, le changement des pratiques pastorales ont entrainé une diminution des ressources et la régression, Si la situation de cette espèce peut paraitre satisfaisante en PACA, il apparait que les menaces qui pèsent sur voire l’abandon des pratiques traditionnelles d’élevage et particulièrement d’ovins et de caprins, est en partie son habitat sont toujours d’actualité. L’espèce est classée en liste rouge dans de nombreux département et est responsable de la régression de l’aire de répartition de l’espèce. très dépendante des actions menées pour assurer la pérennité de ses populations. En 2010, un inventaire de la Le Vautour percnoptère est une espèce globalement menacée sur l’ensemble de son aire de répartition et plus LPO PACA a permis de mettre en évidence la présence de 54 mâles chanteurs sur la commune de Mazan. Ces encore sur son territoire en Europe. Ce statut a suscité l’élaboration d’un plan national d’action en faveur du inventaires issus de la déclinaison du PNA en région PACA permettent d’améliorer les connaissances sur la percnoptère, sur une durée de 5 ans de 2002 à 2007. Depuis 2010, le CEN PACA assure la coordination Sud-Est du répartition de l’espèce et d’élaborer des actions concrètes, telles que la contractualisation de mesures-agri- Plan National d’Actions afin de créer une dynamique d’échange et de collaboration entre les différentes environnementales avec les exploitants agricoles en activité sur les différents sites identifiés ou la pose de structures qui travaillent à la conservation de l’espèce, en lien étroit avec le coordinateur national et le nichoir et la sensibilisation des propriétaires aux enjeux de conservation de la Chevêche. coordinateur du massif pyrénéen.

Les objectifs principaux étant d’enrayer le déclin de l’espèce, de stabiliser les populations et de les accroitre. La gestion, la conservation et la restauration des habitats et des sites de nidification sont nécessaires dans ce but. Dans le département du Vaucluse, ces objectifs se sont notamment traduits par l’installation de placettes d’alimentation pour le vautour par le CEN PACA, dont une sur le Ventoux (Tête des mines), et d’un suivi des individus. Ces programmes ont permis de faire passer cette population de 8 à 16 couples de 2002 à 2008.

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ZOOM sur ... la vipère d'Orsini 3.2.1.3 Les reptiles La vipère d’Orsini est observée sur le territoire national au droit de différents habitats d'intérêt communautaire. Il Les reptiles sont très bien représentés sur le territoire du Mont Ventoux, de l’arc comtadin et des plateaux de s’agit principalement de landes et de pelouses situées en altitude, aux étages supra-méditerranéens, Vaucluse. 14 espèces sont ainsi recensées (8 serpents et 6 lézards), dont la vipère d’Orsini, espèce emblématique du Montagnards et subalpins. Ce sont des milieux singuliers et fragiles, reconnus pour leur originalité biologique tels Ventoux et en danger d’extinction en France. que les fourrés à genévriers nains, les landes épineuses franco-ibériques, les landes épineuses à astragales, les fruticées à buis, les matorrals arborescents à genévrier, steppes méditerranéo-montagnardes et subcontinentales, De nombreux serpents ont peuplé les pelouses subalpines du Ventoux, se nourrissant de criquets et de sauterelles. pelouses calcaires subatlantiques semi-arides ou prairies calcaires subatlantiques très sèches. Ces habitats Les zones de moyenne altitude (entre 200 et 1000 m) sont également privilégiées par de nombreuses espèces, communautaires sont ainsi retrouvés ponctuellement sur le massif du Ventoux ou les plateaux de Vaucluse. Les comme la vipère aspic ou la couleuvre verte et jaune, évoluant dans la vallée du Toulourenc principalement. Les éboulis du sommet du Ventoux constituent également des habitats appréciés par cette espèce. milieux rocheux sont très favorables à des espèces comme la couleuvre de Montpellier, tandis que les milieux forestiers accueillent la couleuvre d’Esculape. Enfin, les milieux aquatiques et humides sont des habitats de Menacée d’extinction à l’échelle internationale, cette espèce est aujourd’hui protégée par de nombreuses prédilection pour la couleuvre à collier ou la couleuvre vipérine. Une large palette d’habitat est ainsi colonisée par ces conventions et directives. La vipère d’Orsini est classée “en danger” dans la liste rouge mondiale de l’Union reptiles. Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), en annexes II et IV de la Directive Habitats-Faune-Flore, en annexe II de la Convention de Berne et est classée vulnérable dans l'inventaire de la Faune menacée en France. Les lézards sont également présents dans ces milieux ouverts et secs. Les principales espèces présentant un intérêt particulier sont le lézard vert et le lézard ocellé, vivant sur les contreforts du Ventoux. Ils sont accompagnés par le L’état des populations a justifié l’élaboration d’un programme d’actions en 2005, mis en place lors du programme lézard des murailles, présent sur tout le territoire, ainsi que l’orvet fragile et le seps strié, présents dans les vallons et LIFE de 2006 à 2011. Ce programme permettait ainsi d’estimer, en 2010, les populations de vipères d’Orsini à les Dentelles de Montmirail. environ 600 individus sur le Mont-Ventoux. De plus, treize populations sont actuellement identifiées dans la région PACA, représentant au moins huit entités évolutives distinctes (grande différenciation génétique), devant Ces espèces sont menacées par la régression des milieux ouverts d’une manière générale et par la fragmentation des donc chacune être conservée. habitats naturels. Bien que les activités humaines soient plutôt absentes des territoires de prédilection de la vipère d’Orsini, hormis les chasseurs, bergers ou randonneurs, les menaces qui pèsent sur l’espèce et ses habitats sont bien réelles. A ZOOM sur ... le Lézard ocellé court terme, les menaces qui pèsent sur sa conservation sont plutôt ponctuelles, telles que les feux de forêts ou Le Lézard ocellé occupe la plupart des milieux secs de type méditerranéen en dehors des forêts denses et des de broussailles ou les feux pastoraux. Le développement d’aménagements touristiques et les fortes zones de grandes cultures dépourvues d’abris. Cette espèce est également observée dans des milieux secs et fréquentations humaines sont des facteurs de dérangement importants. ouverts comme les pelouses sèches calcicoles. Ce reptile apprécie particulièrement les formations ouvertes plus Inféodés aux pelouses et landes, la vipère d’Orsini est menacée par les phénomènes de fermeture des milieux, à ou moins steppiques avec peu de relief et des accumulations rocheuses. Sur le Mont Ventoux, les habitats présents moyen et long terme. La fragmentation et la régression de ces habitats par la progression des forêts ou représentent des milieux très favorables à cette espèce et les vergers et vignes peuvent également représenter des l’embroussaillement est également associée à l’apparition de prédateurs naturels de l’espèce (sangliers, milieux potentiellement accueillants pour cette espèce. couleuvres verte et jaune...). À l’échelle Européenne, l’espèce est inscrite à l’annexe II de la Convention de Berne, relative à la conservation de la Enfin, à long terme, le changement climatique attendu engendrerait une réduction importante de l’aire de vie sauvage et du milieu. En France, l’espèce est protégée sur l’ensemble du territoire par l’arrêté ministériel du 19 distribution de l’espèce. En effet, la hausse de température attendue serait associée à une augmentation en novembre 2007. Son habitat n’est quant à lui pas protégé. altitude des habitats de la vipère d’Orsini et donc une réduction de leur superficie. La fragmentation des populations en limite de leur aire de distribution montre que le lézard ocellé est en phase de Les deux populations présentes au Mont Ventoux sont menacées et particulièrement la population de la plaine déclin en France. Le déclin des populations françaises justifie ainsi la mise en place de mesures de conservation et de Choa (environ 30 individus). La population présente sur le Mont Serein abrite plus de 500 individus, toutefois, l’élaboration d’un plan national d’actions en 2012, pour une durée de 4 ans. la station de ski, la fréquentation touristique importante, la réduction des activités pastorales sont autant de L'espèce est particulièrement sensible aux dynamiques de colonisation forestière et à la fermeture des milieux. menaces à prendre en considération. L’évolution des paysages est l’une des causes principales du déclin de l’espèce en France. Enfin, la fragmentation des habitats engendrée par les divers projets d’aménagements provoque des pressions fortes sur les populations de lézards ocellés.

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3.2.1.4 Les amphibiens Sur le territoire, huit espèces d'amphibiens sont observées. Il s’agit de la salamandre tachetée, le crapaud commun, le 3.2.1.5 Les insectes crapaud calamite, la rainette méridionale, le pélodyte ponctué, l'alyte accoucheur et la grenouille rieuse. Une Il s’agit certainement de la diversité spécifique la plus importante du territoire. En effet, d’après les données du attention particulière est portée par le département pour le pélobate cultripède, espèce rarissime, dont le Vaucluse SMAEMV, on dénombre 1425 espèces de papillons, 92 d’orthoptères, 800 de coléoptères, 72 de diptères et est l'un des derniers refuges. d’hyménoptères et 45 de libellules sur le Mont-Ventoux, les plateaux de Vaucluse ou les plaines comtadines. Cette Ces amphibiens ont su trouver des milieux favorables, constitués des espaces forestiers à proximité des cours d’eau diversité exceptionnelle est en partie due à la situation bioclimatique du Ventoux, à la diversité floristique et zones humides du territoire. Le milieu humide du lac de Monieux favorise la présence du pélodyte ponctué et de la remarquable et à la mosaïque d’habitats présents. Ces espèces se sont ainsi développées dans tous les milieux : grenouille rousse. L’alyte accoucheur, très commun sur le territoire, est présent jusqu’à 1400 m d’altitude ainsi que la forêts, landes, pelouses, prairies, milieux rocheux, friches et terres agricoles. salamandre tachetée qui remonte jusque vers 1100 m. Il est important de souligner le caractère patrimonial et le statut de protection dont bénéficient certaines espèces. De Ils sont toutefois menacés par la régression de ces milieux humides, l’évolution des territoires agricoles et la plus, certaines sont endémiques, justifiant l’intérêt particulier qui leur est porté. Il s’agit notamment de l'échiquier de fragmentation des milieux. l'Occitanie (papillon diurne), l’Orenaia ventosalis (papillon nocturne) et l'arcyptère provençale (criquet). De plus, plusieurs espèces sont inscrites en annexe II et IV de la directive Habitat-Faune-Flore. Il s‘agit des espèces suivantes : écaille chinée, damier de la succise, grand capricorne, lucane cerf-volant, rosalie des alpes, laineuse du

prunellier, agrion de mercure, osmoderme, diane, magicienne dentelée, apollon, alexanor, semi-apollon, azuré du ZOOM sur ... le pélobate cultripède serpolet et sphinx de l'argousie. Le pélobate cultripède est une espèce assez exigeante en termes d’habitat, elle fréquente principalement les Le sommet du Ventoux accueille une densité assez importante de ces espèces emblématiques, plus particulièrement terrains meubles et sablonneux, à proximité de mares. Ce crapaud est également observé dans les anciennes l’apollon, le demi-deuil, l’élaphe occidental, le colostygie et le carabe doré. Toutefois, l’état actuel des connaissances carrières ou en milieu agricole lorsqu’il présente un caractère humide très prononcé. Elle reste toutefois inféodée est très incomplet et mérite d’être enrichi (notamment sur les localisations précises et l’état des populations). aux habitats ouverts, zones sableuses et dégagées... En milieu agricole, ils sont un bon indicateur de biodiversité (orthoptères, coléoptères...), en milieux rivulaire, les Le pélobate cultripède est en déclin sur l’ensemble de son aire de répartition. Il est protégé en Europe et inscrit à odonates témoignent de la bonne qualité de la ripisylve et dans les espaces ouverts, une grande diversité de l’annexe IV de la directive Habitat Faune Flore et à l’annexe II de la convention de Berne. rhopalocères est également un signe de qualité des milieux naturels. L’espèce est considérée vulnérable dans le livre rouge des vertébrés de France et est protégée sur l’ensemble du territoire. Situés à la base de la chaine alimentaire, les insectes sont également à l’origine de la diversité d’amphibiens, de reptiles, d’oiseaux ou de chiroptères sur le territoire. L’entomofaune joue ainsi un rôle primordial dans le réseau La distribution géographique française de cette espèce demeure restreinte à la région méditerranéenne. La limite trophique de chacun des écosystèmes identifiés sur le territoire. nord se situe dans la région de Montélimar. Le Ventoux se situe ainsi en limite de l’aire de répartition de cette espèce, bien qu’elle soit relativement peu fréquente sur le territoire. Des observations de l’espèce ont été faites Toutefois, malgré l’abondance de ces espèces, elles restent menacées par la fragmentation des habitats naturels, les sur les communes de Bédoin et Mormoiron. Les ocres, sables, gypses et argiles des piémonts sud-ouest du mont pratiques agricoles intensives, le remembrement parcellaire ou le drainage des milieux humides. Ventoux constituent un site de reproduction remarquable de cette espèce et représentent à ce titre un site de fort enjeu pour l’espèce.

Le pélobate cultripède reste toutefois menacé par les projets urbains qui détruisent ses habitats et les infrastructures de transport qui engendrent une fort mortalité lié au trafic.

Deux papillons emblématiques de la région : l’alexanor (gauche) et l’apollon (droite).

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ZOOM sur ... les odonates 3.2.1.6 Les poissons

Les odonates, demoiselles et libellules, sont largement représentés sur le territoire et de nombreux documents de Les espèces présentes dans les cours d’eau de plaine, avec des courants faibles et des débits d’étiages importants en gestion concernent plusieurs espèces dont l’état de conservation est jugé préoccupant. Le plan national d’actions aval, sont plutôt communes, bien que des espèces remarquables puissent être observées. Ces milieux accueillent en faveur des odonates concerne 18 espèces et le Plan Régional d’Actions en faveur des Odonates de Provence- notamment le barbeau méridional et fluviatile, la loche franche, le goujon, le chevaine, le blageon ou le toxostome. Alpes-Côte d’Azur (PRA) cible 8 espèces particulières, inscrites sur la liste des espèces de cohérence Trame Verte et Bleue : le leste à grands stigmas, l’agrion de Mercure, le leste enfant, le gomphe de Graslin, le gomphe à pattes En amont, les cours d’eau aux eaux plus fraiches, plus oxygénées, au courant rapide et au substrat grossier abritent jaunes, l'ophiogomphe serpentin, la cordulie à corps fin et le Sympetrum à corps déprimé. 5 espèces d’intérêt une diversité piscicole plus importante, avec notamment la présence de la truite fario, le vairon ou le chabot. Ces régional sont également adjointes : l’agrion bleuissant, le cordulégastre bidenté, la cordulie de teintes rivières sont notamment le Groseau, le Rieufroid, le Toulourenc, la Nesque de sa source (à Aurel) jusqu’au plan d’eau métalliques, la cordulie des Alpes et la cordulie arctique. Au total, 13 espèces sont ciblées en PACA, dont 2 sont de Monieux ou l’Auzon de sa source (vers Flassan) jusqu’à Mazan. À noter que les reproductions de truites fario sont présentes de manière certaine sur le territoire : l’agrion de Mercure et la gomphe de Graslin. excellentes dans la Sorgue.

Chacune des espèces ciblées par les documents de gestion ont été précisément étudiées et il s’avère que les habitats de ces espèces sont tous plus ou moins différents, caractérisés par de micro-habitats. Toutefois, d’une ZOOM sur ... l'anguille manière générale, ces espèces sont inféodées aux milieux aquatiques. Il peut s’agir de cours d’eau de différentes tailles et plus ou moins calmes, d’eaux stagnantes (lacs, retenus d’eau..), de zones humides ou de marais. L’anguille européenne compte parmi les plus grands migrateurs que l’on rencontre dans les eaux douces ou salées plus ou moins partout en Europe. L’espèce a cependant une prédilection pour les eaux stagnantes de faible La diversité et l’abondance des odonates dans le département du Vaucluse et sur le territoire d’étude sont profondeur, où elle s'enfouit dans les fonds vaseux. Elle est également retrouvée dans les rivières à saumons et à particulièrement importantes. On estime entre 40 et 50 le nombre d’espèces différentes présentes sur le truites, malgré le courant vif et des températures plus froides. territoire. Après avoir subi un brusque effondrement dans les années 80, la population d’anguilles européennes poursuit son Les principales menaces identifiées pour l’odonatofaune sont : déclin, à tel point qu’on la considère aujourd’hui en danger critique d’extinction. Selon différentes études, les  La rectification des cours d’eau, des berges ou tout autre aménagement provoquant la disparition des populations d’anguilles régressent d’environ 8% chaque année. Evaluée « en danger critique d’extinction » au micro-habitats larvaires niveau mondial et en France, l’anguille européenne a été classée en 2008 en annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Autrefois déclarée  L’arrêt de l’alimentation en eau de la zone de micro-habitats nuisible dans les cours d’eau de 1ère catégorie et ce jusqu’en 1984, elle bénéficie désormais d’un plan de gestion  L’eutrophisation du milieu aquatique et la pollution des eaux dans tous les pays de l’Union européenne visant à réduire toutes les causes de sa mortalité.  L’intensification de l’utilisation de l’espace en périphérie du cours d’eau L’Ouvèze, le Toulourenc, l’Auzon, la Mède et la Sorgue sont identifiés par le plan national d’action pour l’anguille comme zones d’actions prioritaires pour la restauration de ces habitats et des continuités écologiques.  Le développement d’une strate arborée importante au niveau des sites de développement larvaire Le Brégoux accueille également l’espèce, mais n’est pas identifié comme cours d’eau prioritaire.  La présence de populations d’écrevisses invasives Les causes de la forte régression de cette espèce depuis les années 1980 sont multiples. L’anguille européenne est  L’abaissement de la nappe phréatique associée par drainage. victime de la surpêche dans la plupart des grands bassins versants, aggravée par le braconnage ciblant ses alevins. De plus, elle se heurte à de nombreux obstacles freinant sa migration vers les cours d’eau (barrages, bouchons Ces menaces touchent particulièrement les cours d’eau et plans d’eau de plaine, au cœur des activités agricoles et vaseux…) et se trouve parfois prise au piège dans des turbines. L’espèce est également exposée à de nombreux urbaines de l’arc Comtadin et du pays Voconces. Les actions de gestion et de protection visent à déterminer les polluants et pesticides, qui fragilisent fortement ses défenses immunitaires et favorisent l’infestation par les priorités spatiales pour la gestion des métapopulations et élaborer et réaliser des projets concernant la gestion parasites. La dégradation de ses habitats et de la qualité des eaux est également source de régression des des espèces prioritaires régionales. La mise en place d’un suivi national et régional de l’odonatofaune est populations. primordiale. Les actions mises en place visent par exemple la restauration des habitats rivulaires et la valorisation de certain milieux, ou la création de milieux favorables (mares...).

Agrion de Mercure Gomphe de Graslin

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Les formations végétales de cet étage sont très diversifiées, particulièrement en raison des nombreuses combes et 3.2.2 La grande richesse floristique vauclusienne petits reliefs. On retrouve ainsi des populations de clandestines écailleuses, d’aristoloches jaunes, de sauge d’Ethiopie, ou d’ophrys de la Drôme. De vastes formations de genêts de Villars sont également présentes sur les 3.2.2.1 Un étagement bioclimatique remarquable versants exposés aux vents. Le Mont Ventoux est une montagne isolée qui s’élève brusquement d’une plaine dont la température moyenne est Dans les pelouses méditerranéo-montagnardes, les formations de potentilles caulescentes sont bien développées et semblable à celle des villes du pourtour méditerranéen et dont le sommet offre un climat semblable à la Suède les éboulis offrent des conditions particulièrement favorables à la présence de sablines capillaires, mais également au septentrionale, limitrophe de la Laponie. Ainsi, monter au Ventoux, c’est climatologiquement comme si l’on se pâturin mou et à la passerage aux feuilles de Serpolet. Ces couloirs d’éboulis permettent également la présence de déplaçait de 19 degrés en latitude. l’ibéris nain et on y observe régulièrement le pavot des Alpes rhétiques. La présence relictuelle de quelques milieux L’étagement bioclimatique du Mont Ventoux a permis la création d’un lieu privilégié, où à chacun des climats ouverts favorise enfin le développement de la buplèvre de Toulon ou de la gagée des prés. correspondent nécessairement une flore différente. Le Ventoux est alors devenu un laboratoire d’étude sur 3.2.2.3 L’étage montagnard l’influence de l’altitude sur la végétation. Bien que très élevé, le sommet du Ventoux n’atteint pas la limite des neiges éternelles, mais il permet toutefois aux plantes appartenant à la région alpine d’y vivre et de s’y propager (ibéris de A l’étage montagnard, les hêtraies sèches et hêtraies-sapinières mésophiles, bien qu’appauvries au niveau de la Candolle, alysson à feuilles en coin, doronic à grandes feuilles, euphorbe de Loiseleur, pavot orangé, pensée du Mont biodiversité, offrent tout de même des conditions favorables à l’installation de quelques espèces caractéristiques Cenis...). comme l’androsace de Chaix, ou la renoncule laineuse. Les hêtraies associent également le buis, le lys Martagon, le La diversité floristique du Ventoux se traduit par la présence de plus de 1500 chèvrefeuille des Alpes, le framboisier ou l’églantier, régulièrement observés à l’ubac. Le versant sud abrite toutefois espèces végétales, soit plus d’un quart de la flore totale de France. Parmi ces une diversité floristique plus faible en sous-bois. On retrouve par exemple la renoncule de montagne, la néottie ou espèces, plus d’une centaine disposent d’un statut de protection local, national ou l’euphorbe douce. européen, comme l’ancolie de Bertoloni, fleur des Alpes et pré-Alpes, présente A cet étage également, la diversité floristique se manifeste grâce à la présence ponctuelle de milieux ouverts et dans les pierriers du Mont Ventoux (espèce protégée sur le territoire français, en rupestres. Malgré les phénomènes de fermeture des milieux et l’embuissonnement, ces milieux abritent également liste rouge nationale, à l’annexe II et IV de la Directive Habitat-Faune-Flore et des formations à genets de Villars (présentes jusqu’à 1200 mètres d’altitude), ainsi que de nombreuses espèces inscrite à la convention de Berne). caractéristiques des milieux rocheux. Plusieurs espèces présentent un intérêt écologique et patrimonial particulier, en La prairie du Mont Serein, à environ 1400 mètres d’altitude, est particulièrement riche en gentianes jaune, printanière raison de leur caractère endémique du territoire dans la région PACA. Il s’agit Ancolie de Bertoloni et des champs. À partir d’environ 1500 mètres d’altitude, les pinèdes de pins à crochets indigènes se développent et notamment de la nivéole de Fabre, l’alysson (ou passerage) à feuilles en coin, l’alysson à feuilles de serpolet et le les milieux rocheux abritent alors de nombreuses espèces, dont la potentille des neiges. L’ancolie de Bertoloni est muflier à feuilles de pâquerette. La conservation de ces espèces est toutefois menacée par la surfréquentation également observée de manière ponctuelle. humaine de certains secteurs, la fermeture des milieux ouverts, ou la progression des forêts en altitude. Enfin, c’est à partir de 1 600 mètres environ que la lande à genévrier nain occupe une place importante, surtout en Toutefois, cet étagement bioclimatique remarquable est également le lieu d’un important développement de plantes versant sud du Ventoux. invasives (mimosa d’hiver, ailante glanduleux, buddleia, renouée du Japon...). La prolifération d’espèces invasives est considérée comme la deuxième cause d'extinction d'espèces et d'appauvrissement de la diversité biologique, juste 3.2.2.4 L’étage subalpin - sommet du Ventoux après la destruction des habitats naturels. L’étage subalpin prend le relais de l’étage montagnard et se prolonge sur toute la partie sommitale du Mont Ventoux 3.2.2.2 L’étage méso et supra-méditerranéen par des groupements asylvatiques caractéristiques du Mont Ventoux par leur composition floristique. Dans les étages méso et supra-méditerranéens, c'est-à-dire jusqu’à environ 1000 mètres d’altitude, la diversité Dans les clairières il est possible d’observer le panicaut épine blanche, espèce protégée. floristique s’exprime principalement grâce à la présence de milieux ouverts au sein des grands ensembles forestiers. Les éboulis calcaires offrent un riche cortège d’espèces endémiques des Alpes sud-occidentales, telles que l’ibéris de Ces étages abritent de rares populations de nivéoles de Fabre et de spéculaires de Castille, espèces endémiques du De Candolle, la berce naine, le gaillet des rochers, ou la lunetière à tige courte. C’est à cet étage que l’on rencontre Vaucluse. Les forêts de pins d’Alep, chêne kermès, genévriers de Phénicie et cade, nerprun alaterne, pistachier de nombreuses espèces rares, dont la valeur patrimoniale a fait la renommée du Ventoux. Il s’agit notamment du térébinthe se mêlent aux garrigues et pelouses à brachypode rameux. pavot des Alpes rhétiques, la passerage à feuilles en coin, ou l’euphorbe de Loiseleur. Ces espèces, rares dans les Dans les milieux rupestres des gorges de la Nesque, une flore discrète et remarquable peut être observée. L’épilobe à Préalpes méridionales, prennent un développement important et ce, en raison d’une moindre concurrence végétale. feuilles de romarin, la campanule carillon, la scabieuse à fleurs blanches ou la gueule de loup à larges feuilles Toutefois, il s’avère également que de nombreuses espèces végétales typiques des régions alpines soient présentes s’accrochent aux falaises et éboulis, accompagnées notamment de la campanule à feuilles rondes, la potentille en faibles effectifs. caulescente, la rue des murailles ou le capillaire de Montpellier. C’est sur la partie sommitale asylvatique du Mont Ventoux que s’exprime Dans le versant nord et nord-ouest du Ventoux, la hêtraie mésophile et toute l’exceptionnelle biodiversité du territoire. Sur les deux versants, Euphorbe de Loiseleur la hêtraie sapinière sont très bien développées et accompagnées d’un l’avancement des pinèdes de pin à crochets est limité dans les secteurs cortège floristique remarquable. On y retrouve ainsi les dernières extrêmement ventés, qui sont majoritairement occupés par les pelouses populations d’ancolie de Bertoloni ou d’androsace de chaix, situées en de crêtes et les pierriers calcaires. Ces milieux abritent de nombreuses limite de leur aire de répartition. Les formations forestières de l’étage espèces à forte valeur patrimoniales, telles que silène du Valais, espèce méditerranéen sont régulièrement entrecoupées par des couloirs considérée depuis peu comme une endémique du Mont Ventoux (sous d’éboulis qui permettent à des espèces de la partie sommitale de se le nom de silène de Pétrarque), mais également l’ibéris de De Candolle, la retrouver à des altitudes très basses. C’est le cas notamment du gaillet doronic à grandes feuilles, l’euphorbe de Loiseleur, le pavot orangé ou la des rochers, de la berce naine ou de la sabline capillaire. pensée du Mont Cenis. Nivéole de Fabre 38

Les trois types de zones interdépendantes d'une Réserve de Biosphère 3.3 Inventaires et protections au titre de la biodiversité Une ou plusieurs aires centrales bénéficiant d'un statut de protection légal, consacrées à la protection à long terme Sur le territoire d’étude, de nombreux périmètres de gestion, de protection et d’inventaire sont présents. Ils conformément aux objectifs de conservation de la réserve et d'une taille suffisante pour remplir ces objectifs. Ces témoignent ainsi de la grande richesse du patrimoine naturel du secteur. La superficie des aires d’inventaire, de aires sont normalement soustraites aux activités humaines à l'exception des activités de recherche et de surveillance protection ou de gestion couvre environ la moitié du territoire. D’une manière générale, les secteurs de Carpentras et continue, voire des activités de collecte exercées par les populations locales. Pernes-les-Fontaines et le nord du pays vaisonnais sont assez peu concernés par ces périmètres. Une ou plusieurs zones tampons clairement identifiées entourant l'aire ou les aires centrales ou contiguës à celles-ci. 3.3.1 Les périmètres de protection réglementaire Seules des activités compatibles avec les objectifs de conservation peuvent y avoir lieu. Elles peuvent être le lieu de recherches expérimentales destinées, par exemple, à la mise au point de méthodes de gestion des ressources naturelles. Les expérimentations peuvent également porter sur la réhabilitation des zones dégradées. Des Nom Nombre Surface (ha) % installations d'éducation, de formation, de tourisme et de loisirs peuvent y être effectuées. L'accent est mis sur Reserve de Biosphère 1 82240 83,0 l'utilisation durable des ressources naturelles au profit des communautés locales. Réserve Biologique Intégrale (RBI) 1 906 0,9 Une aire de transition extérieure où des pratiques d'exploitation durable des ressources sont favorisées et Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB) 6 2126 2,1 développées. Les populations locales, les organismes chargés de la conservation, les scientifiques, les associations, les groupes culturels, les entreprises privées et autres partenaires doivent y œuvrer ensemble pour gérer et développer 3.3.1.1 La Réserve de Biosphère du Mont-Ventoux les ressources de la région de façon durable, au profit des populations qui vivent sur place. La réserve de biosphère recouvre la quasi-totalité du territoire et permet d’apprécier les enjeux forts liés au 3.3.1.2 Les arrêtés préfectoraux de protection de biotope patrimoine naturel du territoire. Créée en 1990, la réserve est gérée par le Syndicat Mixte d’Aménagement du Mont Ventoux. Elle se décline en trois périmètres : Six secteurs bénéficient d'une protection règlementaire :  Les aires centrales, 2126 ha pour le Ventoux, représentent des écosystèmes représentatifs de l’originalité APPB Surface (ha) Principal intérêt écologique de la Réserve de Biosphère et dispose d’enjeux de protection associés. Elles font l’objet d’un Hêtraie du Mont Ventoux 98 Vaste hêtraie arrêté préfectoral de protection de biotope. Au total, six zones ont été délimitées : Partie sommitale du Mont Ventoux 963 Floristique - Partie sommitale du Mont Ventoux (963 hectares) Tête de l'Emine 81 Floristique - Le plateau du Mont Serein (409 hectares) Série de cèdres de Rolland 58 Vaste cédraie Gorges de la Nesque 517 Avifaunistique - La Hêtraie du Mont Ventoux (98 hectares) Plateau du Mont Serein 409 Faunistique (Vipère d'Orsini, Carabe doré) - Série de cèdres de Rolland (58 hectares) - La Tête de l’Emine (81 hectares) 3.3.1.3 La réserve biologique intégrale du Mont Ventoux - Les Gorges de la Nesque (517 hectares) La Reserve Biologique Intégrale du Mont Ventoux (RBI), établie en forêt domaniale du Ventoux et du Toulourenc en versant nord du massif, est marquée par une pente très forte (40 à 80%), entrecoupée de combes et de barres  La zone tampon, d’une superficie de 26830 ha, correspond à l’espace forestier du Mont Ventoux. rocheuses. Ce site présente des enjeux écologiques particulièrement importants, liés à sa grande diversité faunistique  La zone de coopération couvre au total 90 000 ha (dont 82 240 ha sur le territoire de projet du PNR). et floristique, ainsi qu’à la grande variété d’habitats et de peuplements qui le constitue. Aussi, la présence importante de bois morts (20 m3 par hectare) permet d’apprécier la naturalité du site et sa forte valeur écologique. La réserve se Les principales actions menées dans les aires centrales, intégrées au sein du réseau de sites Natura 2000 et associées trouve à un stade charnière entre forêt gérée et forêt subnaturelle qui marque le commencement d’une évolution au à un arrêté préfectoral de protection de biotope, visent à préserver les milieux ouverts, accompagner la dynamique cours de laquelle l’intérêt écologique du site devrait sensiblement s’accroître. forestière dans les zones d’interventions sylvicoles ou améliorer l’accueil et la sensibilisation du public. Les principaux enjeux liés à la création de la RBI sont : Des actions précises sont alors mises en œuvre, telles que la réouverture de milieux par débroussaillage, broyage, brulage dirigé ou coupe d’arbres, l’entretien de milieux ouverts par du pastoralisme (au Mont Serein par exemple), la - L’intégration de forêts âgées très intéressantes pour la diversité biologique création d’îlots de vieillissement et/ou de sénescence, le suivis d’habitats et d’espèces, la conservation d’un réseau de - L’incorporation de forêts issues des reboisements de restauration des terrains en montagne, dont le suivi gîtes pour les chauves-souris et de nombreuses actions de sensibilisation et de communication (« Ecocitoyenneté et scientifique permettra d’envisager le devenir Solidarité à l’Ecole », charte des entreprises...). - L’intérêt du site, du fait de l’étagement altitudinal, pour l’observation des effets des modifications climatiques en cours sur la végétation - La conservation génétique du sapin pectiné en région méditerranéenne en limite de son aire de répartition De nombreuses études et suivis scientifiques sont réalisés par l’ONF, le CEN PACA et le CBNPM au sein de la réserve biologique intégrale du Ventoux (étude des peuplements, suivis ornithologiques, études phytosociologiques...), permettant entre autres de comprendre le fonctionnement général des écosystèmes et d'en déduire des applications pour des espaces écologiquement comparables situés dans des secteurs en gestion.

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3.3.3 Les périmètres de gestion contractuelle

3.3.2 Les périmètres d’inventaires a. Les sites Natura 2000 Le territoire accueille de nombreuses espèces inscrites à la Directive Habitat Faune Flore ou à la Directive Oiseaux : 4 Plus de 50% du territoire de projet de PNR est couvert par une zone naturelle d’intérêt écologique floristique et espèces d’amphibiens, 15 d’invertébrés, 19 de mammifères, 45 d’oiseaux, 7 de reptiles et 5 de poissons. faunistique. Ces périmètres couvrent globalement le massif du Ventoux, les plateaux de Vaucluse et les piémonts est des dentelles de Montmirail. Deux ZNIEFF de type 1 sont également situées dans l’arc comtadin, sur les communes de 4 sites Natura 2000 (3 Zones spéciales de conservation et un site d’intérêt communautaire) couvrent plus de 5800 ha : Mormoiron, Blauvac, Bédoin et Crillon-le-Brave.

Natura 2000 Surface (ha) Avancement Structure porteuse Date du DOCOB Nom Nombre Surface (ha) % L'Ouvèze et le Toulourenc 1247 ZSC SMAEMV 2012 ZNIEFF I 15 20171 20,4 Mont Ventoux 3140 ZSC SMAEMV 2000 ZNIEFF II 7 45778 46,2 Gorges de la Nesque 1233 ZSC SMAEMV 2010 Syndicat Mixte du La Sorgue et L'Auzon 233 SIC 2006 ZNIEFF I Surface Surface sur le territoire Bassin des Sorgues (Ha) (Ha) Toutes ces sites possèdent un Document d’Objectifs (DOCOB) et sont en phase d’animation. Sur le Mont Ventoux, les Pelouses du Mont Serein 59,9 59,9 principales actions menées visent à préserver les milieux ouverts, accompagner la dynamique forestière dans les Les Sorgues 409,2 60,9 zones d’interventions sylvicoles ou améliorer l’accueil et la sensibilisation du public. Gypses de Mormoiron/Blauvac 114,4 114,4 Des actions précises sont alors mises en œuvre, telles que la réouverture de milieux par débroussaillage, broyage, Saint-Amand et Arfuyen 298,2 199,6 brulage dirigé ou coupe d’arbres, l’entretien de milieux ouverts par du pastoralisme (au Mont Serein par exemple), la Pinède à pin à crochets des Costières du mont Ventoux 1288,6 235,6 création d’îlots de vieillissement et/ou de sénescence, le suivis d’habitats et d’espèces, la conservation d’un réseau de Crêtes des monts de Vaucluse, du col de Murs au col de la Ligne 555,1 238,7 gîtes pour les chauves-souris et de nombreuses actions de sensibilisation et de communication… Ocres de Bédoin/Mormoiron 446,2 446,2 Orienté principalement vers la non-intervention induite par la haute naturalité du site, le DOCOB préconise Crêtes du mont Ventoux 723,1 723,1 néanmoins des actions telles que la restauration des milieux ouverts et leur entretien par le pastoralisme, d’assurer le bon état de conservation des peuplements forestiers d’intérêt communautaire, améliorer les conditions d’accueil Pelouses et combes du flanc occidental du mont Ventoux 824,3 824,3 pour les chiroptères ou encore assurer la compatibilité entre les activités récréatives et les objectifs du site. Combes septentrionales des Monts de Vaucluse, de Vaulongue à Saint- 1575,6 1489,2 Gens Ainsi, plusieurs actions ont été entreprises dans ce sens, notamment l’établissement d’une convention tripartite Hêtraie sapinière et hêtraie mésophile du mont Ventoux 1664,5 1664,3 autorisant l’escalade selon certaines modalités environnementales. Egalement, sur près de 2 ha de terrain, un milieu ouvert est en cours de restauration, bénéficiant ainsi aux espèces inféodées à ce milieu, à l’habitat d’intérêt La Nesque 1804,7 1804,7 communautaire concerné et à terme, au pastoralisme. Hêtraie sèche du mont Ventoux 1843,9 1838,5 L’objectif principal du Document d’Objectifs du site Natura 2000 de l’Ouvèze et du Toulourenc est de restaurer la Hauts plateaux des Monts de Vaucluse 7699,2 3745,0 dynamique naturelle en tresse de la rivière, ce qui conditionne la présence d’habitats et d’espèces inféodés à ce type Plateau d'Albion 6728,7 6711,9 de milieu. Un travail d’animation et de médiation est réalisé auprès des différents gestionnaires des milieux aquatiques, disposant de moyens d’actions adaptés aux rivières, afin que les objectifs Natura 2000 soient pris en considération et réalisés. Un travail d’animation est mis en œuvre avec les différents acteurs afin de réduire les différents risques et dégradations induits par la surfréquentation estivale des Gorges du Toulourenc. ZNIEFF II Surface (Ha) Surface sur le territoire (Ha) b. Les Espaces Naturels Sensibles Bassin de Monieux/Sault 1640,4 1640,4 Bluye et Geine 1993,3 1976,6 Les 5 Espaces Naturels Sensibles, situés à Caromb, Venasque, Malaucène et Aubignan, sont principalement de nature forestière ou humide. Ces sites présentent un intérêt écologique significatif au droit des habitats qui les constituent et Dentelles de Montmirail 4884,9 1843,4 des espèces qu’ils abritent. Ils jouent également un rôle social important en offrant des espaces de nature de Le Toulourenc 573,1 553,5 proximité aux riverains. L'Ouvèze 687,8 162,1

Mont Ventoux 23908,7 23902,8 ENS Surface (ha) Gestionnaire Monts de Vaucluse 38492,5 15699,6 Le lac du Paty 264 Commune La forêt départementale de Venasque 10 CG 84 La pérégrine et le ravin du défend 111 Commune ; ONF La zone humide de belle île 25 CEN

La forêt départementale du Groseau 24 CG 84

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c. Les plans nationaux d’actions 31 espèces présentes sur le territoire sont concernées par un plan national d’action : La trame verte et bleue est un outil d'aménagement du territoire qui permet de créer des continuités territoriales.  Oiseaux : Aigle de Bonelli, Outarde canepetière, Pie-grièche à tête rousse, Pie-grièche écorcheur, Pie-grièche Elle regroupe l’ensemble des continuités écologiques avec : grise, Pie-grièche méridionale, Vautour percnoptère, Chouette chevêche - une composante « verte » correspondant aux corridors écologiques constitués des espaces naturels ou semi-  Mammifères : Barbastelle d'Europe, Grand murin, Grand rhinolophe, Minioptère de Schreiber, Molosse de naturels, ainsi que des formations végétales linéaires ou ponctuelles, permettant de relier les espaces. Cestoni, Murin à oreilles échancrées, Murin de Capaccini, Murin de Daubenton, Murin de Natterer, Noctule de - une composante « bleue », correspondant aux milieux aquatiques (cours d'eau, parties de cours d'eau ou Leisler, Oreillard roux, Oreillard gris, Petit murin, Petit rhinolophe, Pipistrelle commune, Pipistrelle de Kuhl, canaux, zones humides). Sérotine commune, Vespère de Savi, Vipère d'Orsini Le Schéma Régional de Cohérence Ecologique de PACA définit la trame verte et bleue à l'échelle de la Région. Il  Insectes : Agrion de Mercure, Gomphe de Graslin (à cercoïdes fourchus) identifie les corridors écologiques et les réservoirs de biodiversité auxquels il assigne des objectifs de remise en état  Reptiles : Lézard ocellé ou de préservation.  Poissons : Anguille européenne 3.4.2 Les enjeux trame verte et bleue issus du SRCE 3.4 Les fonctionnalités écologiques Le territoire s’insère au sein d’une vaste continuité écologique interrégionale reliant les massifs et territoires des Baronnies, du Luberon, du Verdon et des Préalpes d’Azur à l’arc alpin. Ces vastes milieux naturels représentent en effet un enjeu fort dans la constitution du réseau écologique national, notamment en raison de la richesse de la 3.4.1 Le réseau écologique, la trame verte et bleue et le SRCE biodiversité qu’ils accueillent. Le territoire du Mont-Ventoux constitue ainsi un maillon écologique primordial entre le Un réseau écologique est constitué par l’ensemble des éléments structurant le paysage et permettant d’assurer le massif des Baronnies et celui du Luberon. déplacement des espèces entre les différents habitats qui le compose. Il constitue une vaste entité naturelle, associé au massif du Luberon et aux Monts de Vaucluse, relativement Les deux constituants principaux d’un réseau écologique sont les réservoirs de biodiversité et les corridors. Il est homogène et fonctionnelle. Cette entité s’ouvre ainsi à l’est, par le plateau d’Albion, sur les pré-Alpes du sud. Des également composé de zones d’extension et de zones relais. continuités écologiques interrégionales sont également identifiées par le SRCE de la région Rhône Alpes, entre le sud des Baronnies et le nord du Vaucluse, au droit de la vallée du Toulourenc et le plateau d’Albion. On définit un réservoir de biodiversité, ou zone nodale, par les territoires ou habitats vitaux aux populations, ou métapopulations, dans lesquels ils réalisent tout, ou la plupart de leur cycle de vie. Ces zones riches en biodiversité Près de 57% du territoire étudié est concerné par des espaces identifiés comme réservoirs de biodiversité à l'échelle peuvent être proches ou éloignées et peuvent être reliées par des corridors écologiques, ou couloirs de vie. régionale. Il s’agit principalement des milieux forestiers du Ventoux, des Monts de Vaucluse et d’une partie des Dentelles de Montmirail, des milieux ouverts et semi-ouverts du plateau de Sault, des Gorges de la Nesque, mais Ces corridors permettent la circulation et les échanges entre zones nodales. Ce sont les voies de déplacement de la également les cours d’eau et les zones humides : l’Ouvèze, la Nesque, l’Auzon et les zones humides qui leur sont faune et de la flore, pouvant être ponctuelles, linéaires (haies, chemins, ripisylves, cours d’eau), en pas japonais associées (notamment à l’amont de la Nesque). (espaces relais), ou une matrice paysagère, ou agricole. Des corridors écologiques relient ces différents réservoirs de biodiversité et l'ensemble enserre l'arc comtadin, tout en Les zones d’extension (ou zone de développement, tampon...) sont les espaces de déplacement des espèces en structurant un axe nord-sud de fort intérêt écologique. Les connexions écologiques entre les différentes entités dehors de zones nodales. Ces zones peuvent être plus ou moins fragmentées et plus ou moins franchissable, mais naturelles du territoire semblent assurées. peuvent accueillir différentes espèces. L'intérêt écologique, à l'échelle régionale, de la plaine du Comtat et du Vaisonnais se traduit essentiellement au Le terme de continuum écologique est employé pour parler de l’ensemble des milieux contigus et favorables qui travers des milieux humides et aquatiques. Seule la partie ouest de la plaine comtadine est identifiée comme représentent l’aire potentielle de déplacement d’un groupe d’espèces. Ces continuums incluent plusieurs zones réservoir de biodiversité de la trame verte. nodales, zones d’extension et corridors, qu’ils soient aquatiques ou terrestres. Sur le territoire, 16 espèces de cohérence trame verte et bleue ont été identifiées : alouette lulu, azuré du serpolet,

bruant ortolan, cerf élaphe, chouette chevêche, chouette de Tengmalm, couleuvre d'esculape, fauvette orphée, fauvette passerinette, fauvette pitchou, pélodyte ponctué, petit rhinolophe, pie-grièche à poitrine rose, pie-grièche écorcheur, pie-grièche méridionale et venturon montagnard (Source : SRCE s’appuyant sur la base de données SILENE).

Les objectifs de remise en état de la trame verte et bleue définis par le SRCE concernent essentiellement :

- Un réservoir de biodiversité de milieux semi-ouverts à proximité des Gorges de la Nesque vers Monieux : 9 espèces de cohérence trame verte et bleue recensées (alouette lulu, bruant ortolan, chouette chevêche, fauvette orphée, fauvette passerinette, fauvette pitchou, pie-grièche à poitrine rose, pie-grièche écorcheur, pie-grièche méridionale). Le réservoir est principalement composé de landes (66%) et de forêts de feuillus (20%).

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- Un réservoir de biodiversité de milieux semi-ouverts au droit du plateau de Sault près de Saint-Jean Ces milieux abritent plusieurs espèces patrimoniales, notamment des chiroptères, qui fréquentent les ripisylves de (commune de Sault) : le milieu composé de landes à près de 70% accueille 2 espèces de cohérence TVB l’Ouvèze et du Toulourenc pour chasser. 6 espèces de chiroptères sont rencontrées et une colonie d’importance (alouette lulu et pie-grièche méridionale). Dans ce secteur présentant une mosaïque d’habitats (zones régionale de murins à oreilles échancrées a été identifiée sur la commune de Sarrians. L’Ouvèze représente un site de humides, cours d’eau, forêts, landes...), les enjeux de remise en état sont principalement issus des pressions chasse très important pour cette espèce, au même titre que le petit rhinolophe, fréquemment observé en chasse au- anthropiques et de la fragmentation par le réseau routier. La fermeture des milieux ouverts est également un dessus des prairies et des ripisylves associées à ces cours d’eau. phénomène observable sur ce secteur. La présence de l’anguille et du castor est également avérée dans l’Ouvèze et le Toulourenc. Ces espèces sont en effet - Le corridor écologique forestier entre les massifs de Bédoin et de Malaucène (connexion entre les dentelles de en phase de recolonisation des milieux. De nombreuses espèces de poissons sont présentes dans ces cours d’eau, Montmirail et le Mont Ventoux). Le corridor écologique est principalement constitué de forêt de feuillus dont le barbeau méridional, le blageon, le toxostome (en faible effectifs) et le chabot, présent uniquement dans le (35%) et de vignobles (20%). Les pressions qui pèsent sur ce corridor sont essentiellement liées au trafic Toulourenc. routier entre les aires urbaines de Vaison et de Carpentras, au droit de la D938. Les ripisylves et les milieux ouverts associés accueillent enfin une très grande diversité d’invertébrés, dont plusieurs - Le réservoir de biodiversité situé au nord-ouest de la commune de Bédoin, à proximité de la tête de l’Emine. espèces présentent une forte valeur patrimoniale. Il s’agit notamment de l’agrion de mercure et de la Cordulie à Ce réservoir essentiellement constitué de milieux semi-ouverts (steppes, pelouses, végétation clairsemée) et corps fin, espèces inscrites au plan national d’action odonates, le damier de la succise et l’écaille chinée, lépidoptères de vignobles et accueillent une grande biodiversité. Les pressions anthropiques importantes aux abords de ce inscrits à l’annexe II de la Directive Habitat-Faune-Flore ou le grand capricorne et le lucane cerf-volant. réservoir et la fragmentation et la fermeture des milieux ont justifié l’objectif de remise en état. c. Gorges de la Nesque : 3.4.3 Les fonctionnalités écologiques à l’échelle du territoire Les gorges de la Nesque représentent un réservoir de biodiversité important à l’échelle du territoire. La Nesque a créé un véritable canyon, avec des falaises atteignant parfois plus de 400 mètres de hauteur, qui accueillent une diversité 3.4.3.1 Les réservoirs de biodiversité incroyable. La mosaïque de milieux humides et rocheux, associée aux forêts de feuillus et de résineux favorisent la présence d’un large cortège d’espèces patrimoniales. a. Le Mont Ventoux : Environ 400 hectares de forêt à Quercus ilex et Quercus rotundifolia occupent les versants en pente douce et les Le Mont Ventoux accueille une grande diversité de milieux naturels ainsi que d’espèces d’intérêt communautaire plateaux, tandis que quelques forêts de pentes, éboulis, ravins du Tilio-Acerion ponctuent les escarpements rocheux (lépidoptères, amphibiens, chiroptères, reptiles...). La végétation est particulièrement diversifiée, en raison du site et le fond des gorges. Cet habitat relictuel a pu se maintenir uniquement grâce à l’existence d’un microclimat notamment de l’étagement bioclimatique du Ventoux, et 15 habitats d'intérêt communautaire sont recensés. En frais et humide, répondant parfaitement à ses exigences écologiques. milieu forestier, les hêtraies et hêtraies-sapinières xerothermophiles sont majoritairement représentées (près de 640 ha), notamment sur le versant nord du Ventoux. Les pelouses du Xérobromium erecti, landes à Genévrier nain et Les forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior accompagnent la Nesque et ses petits affluents sur près de hémisphérique, landes hérisson à Genêt de Villars et fourrés pré-forestiers d'affinités médio-européennes occupent 4 km (dont 3 km où l’habitat est plutôt dégradé). Cet habitat communautaire désigné comme prioritaire est ainsi une surface totale d’environ 900 hectares sur le Mont Ventoux. particulièrement bien représenté dans les gorges de la Nesque. Ces milieux ouverts sont très riches et accueillent une faune et une flore remarquable, également associée aux Les milieux ouverts sont en forte régression sur le site, et leur répartition est très discontinue. Les pelouses sèches éboulis sommitaux du Ventoux. L’ancolie de Bertoloni et la gentiane jaune sont notamment des fleurs d’intérêt calcicoles (pelouses semi-naturelles et faciès d’embuissonnement sur calcaires festuco- brometalia et parcours communautaire présentes sur le Ventoux, témoignant de l’incroyable situation bioclimatique de ce site. substeppiques de graminées et annuelles du Thero-Brachypodietea) représentent en effet une surface de 3 à 4 ha seulement. Pas moins de 13 espèces de chiroptères sont observées sur le Mont Ventoux, indicateur de la très grande qualité écologique du site. La vipère d’Orsini est également retranchée dans les milieux ouverts du Ventoux, où les Les gorges de la Nesque constituent un site particulièrement important pour les chiroptères, avec la présence de 17 populations représentent un noyau génétique primordial pour l’espèce. 5 autres espèces de reptiles sont observées espèces dont 6 inscrites à l’annexe II de la directive habitat. Il s’agit certainement d’un des sites majeurs en Vaucluse au Mont Ventoux, ainsi que l’alyte accoucheur, amphibien inscrit à l’annexe IV de la directive habitat. et en PACA du point de vue de sa diversité chiroptérologique, et notamment en raison de l’existence de reliefs karstiques accueillant des chiroptères en gîte. Deux grandes colonies de petits rhinolophes sont recensées. De plus, la Enfin, une attention particulière doit être portée à la rosalie des Alpes, coléoptère protégé et désigné comme espèce proximité des gorges de la Nesque avec le Mont Ventoux, où 13 espèces de chiroptères sont présentes, renforcent prioritaire en raison de son état de conservation préoccupant. De nombreux autres lépidoptères et coléoptères l’intérêt écologique du site. peuplent les pelouses et landes du Ventoux, dont le grand capricorne, le lucane cerf-volant, l’alexanor et l’apollon. 20 espèces d’amphibiens et de reptiles sont recensées sur le site et 6 figurent sur l’annexe IV de la Directive Habitats. b. L'Ouvèze et le Toulourenc : Le pélodyte ponctué et le lézard ocellé sont présents dans les gorges de la Nesque et classés vulnérables sur la liste Les lits mineurs et les espaces de mobilité de l’Ouvèze et du Toulourenc, ainsi que la ripisylve associée à ces milieux rouge nationale. aquatiques présentent un très grand intérêt écologique. Ces sites naturels disposent d’une grande palette de milieux Concernant l’entomofaune, les données sont incomplètes, mais il est d’ores et déjà établi que le site des gorges de la naturels et sont remarquables par la diversité floristique qu’ils abritent. L’Ouvèze et le Toulourenc représentent un Nesque présente un enjeu majeur pour les coléoptères saproxylophages d’intérêt communautaire, dont le Lucane bel exemple de cours d’eau tressé, associé à une ripisylve riche d’aulnes, de saules et de peupliers. Les forêts galeries cerf-volant et le Grand Capricorne. La présence de Cordulégastre annelé et de Sympetrum du piémont démontre à Salix alba et Populus alba, habitats d'intérêt communautaire, sont d’ailleurs très bien représentées. Les rivières également l’intérêt du site pour les communautés d’insectes inféodées aux habitats humides. alpines avec végétation ripicole ligneuse à Salix elaeagnos, également d'intérêt communautaire, sont caractéristiques du Toulourenc. L’Ouvèze est principalement représenté par l’habitat communautaire inscrit à l’annexe I de la L’avifaune est très diversifiée sur le site des gorges de la Nesque, où plus de 125 espèces ont été observées. 80 Directive Habitat-Faune-Flore : les rivières permanentes méditerranéennes à Glaucium Flavum. Ces différents habitats espèces hivernantes et/ou nicheuses bénéficient d’une protection nationale, 50 sont inscrites sur la liste rouge PACA présentent une très forte valeur patrimoniale. et 37 sur la liste rouge nationale. 24 espèces sont également inscrites à l’annexe 1 de la Directive Oiseaux (vautour fauve, percnoptère, alouette lulu...), dont 11 espèces nicheuses certaines (pie grièche écorcheur, grand-duc d’Europe,

pic noir, circaète Jean-le-blanc...).

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Etudes préalables à la trame verte et bleue du Vaucluse CG84 - 2012 47

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La richesse ornithologique du site est renforcée par la nidification de l’aigle royal, du vautour percnoptère et du Enfin, les Sorgues représentent un site remarquable pour les invertébrés associés aux milieux humides. De nombreux faucon pèlerin, extrêmement rares à l’échelle du département de Vaucluse. odonates (agrion de mercure), lépidoptères (azuré du serpolet, écaille chinée, damier de la succise), coléoptères (grand capricorne et lucane cerf-volant) ou orthoptères (magicienne dentelée) sont régulièrement observés, dont Bien qu’aucune espèce végétale inscrite à la directive habitat faune flore n’ait été observée dans les gorges de la plusieurs espèces présentent un intérêt communautaire. Nesque, la flore présente sur le site est très riche et plusieurs espèces disposent d’un statut de protection à l’échelle nationale ou régionale. Il s’agit notamment de la nivéole de Fabre, espèce endémique du versant sud du Ventoux 3.4.3.2 Les continuums écologiques et les obstacles (présente à Méthamis et Villes-sur-Auzon), la clandestine écailleuse, le cerfeuil noueux ou le cléistogène tardif. Les grandes continuités écologiques du territoire peuvent être rattachées à 3 grands types de milieux : les milieux Enfin, la Nesque n’est toutefois pas une rivière d’intérêt particulier pour les espèces piscicoles, en raison des forestiers, les milieux ouverts et semi-ouverts et les milieux aquatiques et humides. phénomènes d’infiltration karstique qui engendrent un assèchement d’une grande partie du lit de la Nesque la majeure partie de l’année. a. Les milieux forestiers d. La Sorgue et L'Auzon : Les surfaces forestières représentent près de 40% de l’occupation du sol du territoire (données Ocsol 2006). Les forêts du Mont Ventoux, des plateaux de Vaucluse et de Sault et les boisements associés à la vallée du Toulourenc et aux Issue de la résurgence de Fontaine-de-Vaucluse, la Sorgue est un cours d’eau exceptionnel en région collines du pays Vaisonnais forment une entité naturelle boisée très homogène. Ces ensembles peu fragmentés méditerranéenne, en raison de l’absence d’étiage et d’une température des eaux comprise entre 11 et 15°C. Le site constituent un large continuum boisé au sein duquel on retrouve les réservoirs de biodiversité. est un véritable réservoir de biodiversité, au sens où il abrite des habitats prioritaires très bien représentés (notamment associés aux milieux aquatiques, rivulaires et associés) et des nombreuses espèces communautaires (la Aussi, cette zone immense et compacte constitue un macro-réservoir de biodiversité potentiel pour les espèces à Sorgue abrite l’une des rares populations de Lamproie de Planer de la Région). La présence de très nombreux affinité forestière. Le triangle formé par les collines vaisonnaises au nord-ouest, l’extrémité sud-ouest des plateaux de ouvrages (canaux d’irrigation, seuil...) a permis de transformer la rivière en un vaste réseau de cours d’eau de plus de Vaucluse et les Monts de Vaucluse au sud-est représente ainsi une entité boisée à l’intérieur de laquelle les 500 km : le réseau des Sorgues. continuités écologiques semblent fonctionnelles. Les piémonts est des dentelles de Montmirail semblent légèrement déconnectés de ce macro-réservoir, notamment en raison d'une couverture forestière plus faible et de la RD 938. Les forêts riveraines sont très développées dans le réseau des Sorgues. On peut noter la présence d’une forêt-galerie à peuplier blanc qui a évolué vers des stades plus matures à orme et à frêne (avec un faciès à aulne glutineux) et Sur le plateau de Sault, la couverture forestière est moins importante mais suffisante pour assurer un continuum quelques formations relictuelles de chênaie pédonculée-ormaie, stade ultime d’une dynamique qui rapproche cet forestier relativement favorable aux espèces caractéristiques de ces milieux. En effet, le plateau de Sault est très peu habitat de ceux qui sont observés sur les grands fleuves médio-européens. fragmenté et présente de vastes espaces boisés (tels que le bois des Fayettes à Sault, le Grand Bois à St-Christol, la vaste forêt domaniale d’Aurel...) entrecoupés d'espaces agricoles (lavandes, céréales, oléagineux ou prairies), qui De vastes prairies humides sont observées sur les terrains traversés par le réseau hydrographique et les prairies de restent perméables aux déplacements de la faune. fauche extensives planitaires à submontagnardes couvrent plus de 550 ha (habitat communautaire). Le continuum forestier est en revanche plus restreint et fragmenté dans l'arc comtadin, qui présente néanmoins des Dans le réseau des Sorgues et ses environs, 14 espèces de chiroptères ont été recensées, dont 6 sont inscrites à espaces boisés relativement continus entre Crillon-le-Brave, Mormoiron, Blauvac et Venasque. Ce continuum est l’annexe 2 de la directive habitats. L’intérêt chiroptérologique du site est renforcé par la présence de sites de fragmenté par un réseau d'infrastructure au trafic modéré, un tissu bâti en augmentation et un parcellaire de vignes, reproduction du murin à oreilles échancrées. pouvant quelques fois faire obstacle au déplacement de certaines espèces. La plaine comtadine est quant à elle 15 espèces de reptiles ont été recensées sur l’ensemble du site des Sorgues, avec parmi elles trois espèces figurant à dépourvue de continuum forestier. l’annexe IV de la directive habitats. La présence du lézard ocellé est avérée sur le site, représentant le principal enjeu b. Les milieux ouverts et semi-ouverts concernant le groupe des reptiles. 7 espèces de batraciens ont également été observées. Le triton palmé, en limite d’aire de répartition et le pélodyte ponctué ont été observés à l’est de Pernes-les-Fontaines. De grandes populations Les pelouses, les landes, les végétations herbacées ou clairsemées représentent environ 18% de l’occupation du sol de rainettes méridionales sont également avérées. sur le territoire. Les secteurs présentant la plus forte densité de milieux ouverts et semi-ouverts sont principalement le versant sud et le sommet du Ventoux et le plateau de Sault. Ces espaces sont relativement restreints et isolés soit Le peuplement piscicole est relativement important dans le réseau des Sorgues et la présence d’espèces par les forêts alentours, soit par des espaces cultivés, pouvant constituer des obstacles importants pour la faune patrimoniales renforce l’intérêt de ces cours d’eau. À noter la présence particulière du chabot présent à Velleron et associée à ces milieux. Pernes-les-Fontaines, du blageon, du toxostome, de la lamproie de planer, de la bouvière, de la truite fario et de l’ombre commun. La plaine comtadine et l'arc comtadin présentent des milieux ouverts ou semi-ouverts essentiellement cultivés, qui peuvent constituer des obstacles au déplacement de certaines espèces (insectes, batraciens,...). En outre, le Le réseau des Sorgues constitue un réservoir de biodiversité primordial pour le castor, à partir duquel de développement de l'urbanisation et du réseau d'infrastructures associé, même s'il reste modéré, fragmente nombreuses colonisations ont eu lieu. progressivement cette large plaine, au sein de laquelle le réseau hydrographique (et son accompagnement végétal) Bien que non retenu au titre de zone de protection spéciale pour les oiseaux, la Sorgue et l’Auzon accueillent une constitue le support le plus important pour le déplacement de la faune. Les SCOT de la COVE et du Pays Vaison diversité ornithologique très impressionnante. Plus de 150 espèces sont régulièrement observées, avec 25 inscrites à Ventoux identifient une trame verte et bleue qui devrait permettre d’assurer les échanges écologiques entre les l’annexe I de la Directive « Oiseaux », dont 14 espèces nicheuses. 40 espèces figurent sur la liste rouge nationale, 17 différentes entités naturelles de la plaine. espèces inscrites à la liste rouge des espèces nicheuses de la région PACA, 25 espèces des listes d’espèces c. Les milieux aquatiques et humides patrimoniales ZNIEFF régionales et 23 espèces inscrites à la liste rouge des espèces nicheuses du département du Vaucluse. Les principales rivières que sont l'Ouvèze, la Mède, l'Auzon, la Nesque, le Toulourenc, le Brégoux et la Sorgue, accompagnées de leurs zones humides associées en fond de vallée, constituent des continuums linéaires, mais Les ripisylves importantes et les vastes prairies humides sont déterminantes dans l’appréciation d’une telle étroits, assurant le déplacement d'une faune et d'une flore caractéristiques de ces milieux. Ces continuums biodiversité et particulièrement attractif pour les espèces en halte migratoire. Le martin pêcheur d’Europe et le cincle deviennent plus importants entre Sault et Monieux, mais également dans la plaine comtadine où le réseau plongeur sont fréquemment observés sur le site. hydrographique est plus dense.

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Les cours d’eau amont sont souvent déconnectés du réseau hydrographique aval, bien que leur qualité intrinsèque 3.5 La connaissance de la biodiversité (chimique et biologique) soit généralement supérieure. Près de 76 ouvrages faisant obstacle à l’écoulement ont été L’étude préalable à la Trame Verte et Bleue menée par le Conseil Général du Vaucluse en 2012 met en évidence un identifiés sur le territoire (d’après le référentiel des obstacles à l’écoulement - ROE). La plupart des seuils et petits haut degré de connaissance de la biodiversité vauclusienne. En effet, depuis les années 2000, environ 150 000 barrages rencontrés sur les cours d’eau ont une vocation agricole. Ils permettent de maintenir un niveau d’eau observations ponctuelles ont été signalées et environ 800 espèces faunistiques ont été observées sur le département. suffisant pour la dérivation d’une partie du débit dans un canal d’irrigation ou l’immersion d’une pompe, et ne Concernant la flore du département, près de 2 500 espèces floristiques ont été identifiées et environ 230 000 constituent pas forcément un obstacle aux continuités piscicoles. Ainsi, 18 ouvrages sont dénombrés sur l’Auzon, 13 observations ont été faites. Les principaux fournisseurs de ces données sont la LPO et la base de données Silène. sur la Mède et ses affluents, 8 sur le Brégoux, 7 sur la Nesque, 11 sur la Sorgue, 6 sur le Groseau, 7 sur l’Ouvèze, 3 sur le Toulourenc et 3 sur l’Auzon. Les zones les plus prospectées sont principalement situées autour du mont Ventoux, qu’il s’agisse de relevés floristiques ou faunistiques. Aussi, plus de 2000 observations floristiques ont été réalisées depuis les années 2000 sur Toutefois, certains ouvrages constituent un obstacle infranchissable pour les espèces piscicoles. Parmi les 76 les communes du plateau de Sault (Aurel, Sault, Monieux...) jusqu’aux communes de la plaine du comtat (Carpentras, ouvrages référencés, plusieurs sont considérés comme faisant obstacle aux continuités piscicoles sur le territoire. Crillon-le-Brave, Caromb, Mazan, Mormoiron...), en passant par le mont Ventoux (Bédoin, Beaumont-du-Ventoux, L’Ouvèze est équipée de 3 seuils jouant ce rôle d’obstacles à la libre-circulation des poissons (le seuil du pont St- Brantes, Flassan...). Les communes plus éloignées du Ventoux présentent un degré de connaissance plus faible, avec Michel à Entrechaux, le seuil de Vaison-la-Romaine - canal de Séguret et canal de Roaix et le seuil du passage en parfois moins de 500 observations floristiques depuis les années 2000 (notamment autours de Vaison-la-Romaine). siphon du canal de Carpentras). L’Auzon présente également 2 seuils (seuil de Brissac et le seuil du moulin de Ste- Concernant les données faunistiques, elles sont réparties de manières plus aléatoires sur le territoire, avec toutefois croix) considérés comme faisant obstacle à la continuité piscicole par les services de l’ONEMA. Les deux rivières sont une pression de prospection plus importante sur les communes se partageant le mont Ventoux et le plateau de Sault. ainsi menacées par les modifications de leur lit suite à l’implantation de certains aménagements. Enfin, le barrage de Les principales zones d’ombre se situent également dans l’aire urbaine de Vaison-la-Romaine. Saint-léger-du-Ventoux sur le Toulourenc et 3 petits seuils sur le Groseau perturbent la libre circulation des poissons. D’une manière générale, le degré de connaissance naturaliste est relativement important sur le Mont Ventoux. Le Sur le territoire, aucun cours d’eau n’est classé en liste 2 au titre de l'article L214-17 du Code de l'Environnement. En plateau de Sault, la plaine du comtat et le pays vaisonnais disposent d’un état de connaissance globalement assez revanche, de nombreux cours d’eau ou tronçons de cours d’eau sont classés en liste 1 (sur lesquels aucune faible et quelques zones d’ombre peuvent être observées dans les forêts du Ventoux, en versant sud. autorisation ou concession ne peut être accordée pour la construction de nouveaux ouvrages s'ils constituent un obstacle à la continuité écologique) : l’Auzon, le Vallat du Maupas, la Mède, la Salette, le Groseau, l’Eglantine, le De plus, de nombreux lieux d’inventaire, associés aux zonages naturels (Natura 2000, APPB, ZNIEFF...) offrent un Sublon, l’Ouvèze, le Derboux et ses affluents, le Toulourenc et ses affluents (excepté les affluents du ruisseau de degré de connaissance supplémentaire, et permettent de disposer de relevés abondants sur des secteurs d’intérêt l’Anary et du ravin de Briançon), le Rieu, la combe Dembarde et ses affluents, la Nesque (de sa source à Monieux), le particulier (le mont Ventoux, les gorges de la Nesque, les zones humides du plateau de Sault...). Crau, le Curni, le Barules et le Jacquet. De plus, au-delà du rôle de continuité écologique des milieux aquatiques qu’assurent les cours d’eau, le réseau hydrographique du territoire permet un vaste maillage écologique des différents réservoirs de biodiversité identifiés.

Lorsqu’ils sont accompagnés d’une végétation rivulaire relativement dense et continue, ces cours d’eau et zones humides associées forment un couloir de déplacement emprunté par de nombreuses espèces (amphibiens, oiseaux, chiroptères, mammifères terrestres, insectes...). d. Les corridors aériens Chaque année, à l'automne, des dizaines de millions d’oiseaux migrateurs quittent leurs lieux de reproduction et entament un long vol vers leurs zones d’hivernage, parfois situées à plusieurs milliers de kilomètres. En février, ils effectuent le voyage en sens inverse. La France est alors abordée par deux voies principales : le littoral atlantique et le littoral méditerranéen. Ces deux voies sont empruntées par les oiseaux migrateurs au printemps, lorsqu’ils remontent d’Afrique vers l’Europe pour s’y reproduire et en automne pour les oiseaux s’étant reproduit en Europe et redescendant vers l’Afrique. Le Ventoux se situe alors sur un axe migratoire important, identifié à l’échelle nationale par le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN). Cet axe migratoire relie la péninsule ibérique et la frontière franco-allemande par la Méditerranée, le couloir rhodanien et les contreforts du Jura. Aussi, de très nombreux passereaux (hirondelles, pinson, martinet, tarins, étourneaux, alouettes, …), de nombreux rapaces (buses, busards, …) ainsi que des espèces telles que le pigeon ramier, la cigogne blanche et noire, les grues cendrées en trajet prénuptial, ou certains oiseaux d’eau transitent par le Mont Ventoux. La mosaïque d’habitats de ce territoire, associée à la position biogéographique très particulière du Ventoux permet d’offrir un site favorable aux haltes migratoires d’un grand nombre d’espèces.

Un cortège impressionnant d’espèces migratrices et hivernantes peuplent alors le massif du Ventoux (pigeons, martinets, passereaux, guêpiers, rapaces, hirondelles, bergeronnettes, chardonnerets...). Synthèse de la connaissance naturaliste dans le département du Vaucluse. Source : CG 84 - Etudes préalables à la trame verte et bleue - 2012

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4 CLIMAT - AIR - ENERGIE La moyenne annuelle des précipitations varie énormément selon l’altitude et l’exposition aux vents : - On retrouve ainsi des moyennes de précipitation annuelle de 700 mm d’eau au pied du Ventoux, dans la 4.1 Le climat et ses évolutions plaine Comtadine, pour environ 90 jours de pluie par an. - Environ 900 à 950 mm d’eau annuellement pour les altitudes variant entre 650 et 750 mètres. 4.1.1 Une mosaïque de climats et de températures - A 1400 mètres d’altitude, le versant sud reçoit environ 1000 à 1150 mm d’eau par an, tandis que le versant En raison de sa situation géographique et de ses différences d’altitude, le territoire du Ventoux est doté d’un régime nord reçoit en moyenne 1600 mm d’eau par an. climatique très particulier et constitue une entité biogéographique spécifique. Au carrefour des influences médio- européennes et méditerranéennes, le territoire présente une mosaïque de microclimats. - Enfin, le sommet du Mont Ventoux reçoit environ 800 et 900 mm d’eau par an. La pluviométrie est donc plus faible, notamment en raison des vents forts et réguliers qui soufflent 2 jours sur trois en moyenne. Bien que le Vaucluse soit globalement méditerranéen, le Ventoux se situe en effet à un carrefour climatique. Situé en limite d’aire méditerranéenne, il subit des influences continentales (au nord) et alpines (à l’est). De ce fait, on peut Lors des fortes averses, les pentes escarpées et ravins deviennent des torrents temporaires qui se précipitent vers la recenser 3 climats suivant l’orientation des versants : méditerranéen au sud et à l’ouest, montagnard à l’est et base du Ventoux et inondent périodiquement les campagnes comprises entre les collines et la montagne. continental au nord. 4.1.4 Le changement climatique Les variations de températures sont très importantes entre les saisons. La station du Mont Serein, situé à l’étage du climat montagnard, présente des températures hivernales pouvant atteindre -30°C et des températures estivales Le changement climatique est une certitude et les prévisions les plus alarmistes des modèles climatiques semblent se caniculaires (très faible albédo en raison des sols calcaires très claires et forte réverbération des rayonnements). A confirmer en région méditerranéenne. Plus de vingt modèles différents de simulation s’accordent pour prédire, au noter que la neige se maintient au sommet du Mont Ventoux en moyenne 140 jours par an. cours de ce siècle, un accroissement de la température moyenne, un accroissement des températures maximales, une baisse des précipitations annuelles et des risques de sécheresse plus importants. Les risques d’incendie sont donc Les amplitudes thermiques sont donc très grandes. En moyenne, le gradient de diminution de la température est de particulièrement présents et leur fréquence est prévue à la hausse. 0.6°C pour une élévation d’altitude de 100 mètres. La température annuelle moyenne à 1400 mètres d’altitude est ainsi de 6°C et elle est de 11°C à 700 mètres d’altitude. Il reste toutefois de grandes incertitudes sur le climat futur. L’accroissement attendu de la température moyenne varie de 1,5 à 6,5°C selon les différents scénarios. Des incertitudes résident également à propos de la capacité de Le taux d'ensoleillement est toutefois assez important, notamment sur les versants sud et la plaine Comtadine, qui réponse des espèces à ces variations et des mécanismes d’interactions entre les espèces. reçoit en moyenne 2 800 heures de rayonnement direct par an. Dans les plus hautes altitudes, la situation est différente, particulièrement en raison du brouillard qui est régulièrement présent. Toutefois, de nombreux organismes à travers le monde font état d’un réchauffement sans équivoque, quel que soit le scénario d’émission de gaz à effet de serre (GES) retenu. Les évolutions climatiques attendues, dont certaines sont 4.1.2 Un territoire soumis au vent déjà constatées, se répercuteront sur l’ensemble des systèmes naturels et humains : D’une manière générale, le territoire est fortement soumis aux vents, réguliers et particulièrement violents. Le vent  Le bouleversement des écosystèmes : migration d’espèces, extinction d’espèces végétales et animales est supérieur à 90 km/h les deux tiers de l'année et en haute altitude, il souffle en moyenne pendant 240 jours par an. menacées... On distingue trois types de vent sur le territoire du Ventoux :  Dans le secteur agricole, des modifications des rendements (à la hausse ou à la baisse selon les régions) et une possible relocalisation de certaines productions - Le mistral s’engouffre entre les Alpes et les Cévennes et descend la vallée du Rhône jusqu’à la mer méditerranée en balayant toute la partie ouest du département. C’est un vent froid qui souffle en toute  Des répercussions sur la santé : mortalité due aux fortes chaleurs, redistribution géographique de certaines saison, plus de 150 jours par an en moyenne et sa plus grande vitesse enregistrée est 313Km/h. pathologies, risque sanitaires liés à la ressource en eau... - Le « marin » est un vent particulièrement fort. Il provient de la méditerranée et apporte la chaleur et  Accroissement des inégalités régionales concernant la disponibilité de la ressource en eau, au détriment des l’humidité. Ce vent régulier apporte souvent des précipitations abondantes et les nuages bas. Ce vent détient territoires déjà sous tension. le record de vitesse enregistré au sommet du Mont Ventoux : 320 Km/h. En PACA, selon le modèle de Météo-France à 2050 pour le scénario A1B, dit « médian », une hausse des températures - Enfin, la brise du Ventoux est un vent plus local, froid et sec, qui descend des Alpes du Sud et souffle jusqu'en annuelles moyennes entre 2,2 et 2,4°C est attendue. Selon le même scénario, on observera une diminution de la Camargue. moyenne annuelle des précipitations pouvant aller jusqu’à -10%. Enfin, 30 à 50% du temps sera caractérisé par un état de sécheresse (sur une période de 30 ans). 4.1.3 La pluviométrie Dans un contexte de hausse globale des températures et de diminution des précipitations en période estivale, on peut Sur le territoire du Ventoux, le régime des précipitations est méditerranéen. Le rythme pluviométrique à quatre s’attendre à une diminution des ressources en eau, avec des conséquences en premier lieu sur l’équilibre des temps est caractéristique de ces régions, avec deux saisons sèches (hiver et été) et deux saisons humides et écosystèmes mais aussi sur les capacités d’irrigation, la production hydroélectrique et l’approvisionnement en eau pluvieuses (automne et printemps). La saison sèche estivale est particulièrement longue et est suivie d’un automne potable. Les régions les plus affectées seraient celles qui sont d’ores et déjà confrontées à des déficits structurels et à très pluvieux. des pollutions, comme c’est le cas dans le Vaucluse actuellement.

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COVNM : Composé organique volatil non méthanique

Le changement climatique exercera également de manière évidente une pression importante sur les espèces vivantes et le fonctionnement des écosystèmes terrestres et aquatiques. À ce jour, de nombreux impacts potentiels ont été identifiés tels que :

 La modification de la répartition des espèces, avec des déplacements et migrations en altitude et latitude  La disparition de certaines espèces animales et végétales  La dégradation des milieux naturels et la fragmentation des habitats  L’apparition d’espèces envahissantes dans certains écosystèmes Enfin, le lien entre le changement climatique et l’évolution des risques naturels, bien qu’encore incertain, semble montrer une influence du changement climatique sur l’évolution de l’intensité et de la fréquence d’événements climatiques extrêmes. Les risques d’incendies, d’inondations et de retrait gonflement d’argiles, déjà très présents, seront particulièrement inquiétants. D’autres conséquences peuvent également être attendues dans le domaine de l’économie avec des interactions importantes sur le déplacement des marchandises, l’approvisionnement des matières premières, ….

4.2 La qualité de l’air

4.2.1 Les émissions de polluants

Le trafic routier constitue la principale source de pollution de la qualité de l’air sur le territoire qui ne présente que très peu d’industries. Le réseau d’infrastructures routières est relativement dense dans la partie ouest du territoire, qui concentre alors les principales émissions de polluants. Les secteurs de Carpentras et de Vaison-la-Romaine présentent alors les émissions de polluants les plus importantes, sans que celles-ci ne soient encore problématiques. La qualité de l’air est relativement bonne sur l’ensemble du territoire et les conditions climatiques (vent) sont favorables à la dispersion des polluants.

Ventoux Pernes-les- Territoire Velleron COPAVO COVE sud Fontaines PNR

% % % % t t % PACA t t t Total %PACA Emission PACA PACA PACA PACA

NOx (t) 128 0,13 104 0,1 44 0,04 183 0,18 620 0,6 1079 1,05

PM10 (t) 69 0,36 46 0,26 16 0,09 83 0,44 258 1 472 2,15 PM2.5 5 (t) 46 0,36 31 0,24 10 0,08 58 0,45 166 1 311 2,13

CO (t) 538 0,19 371 0,13 130 0,05 650 0,23 2000 0,71 3689 1,31 SO2 (t) 9 0,02 6 0,01 1792 0 15 0,03 114 0,169 1936 0,229 COVNM (t) 2136 1,16 484 0,26 168 0,09 1424 0,77 3000 2 7212 4,28 Tonnage des polluants et part des émissions du territoire en région PACA. (Source : Air PACA)

NOx : Oxyde d’azote PM : Particules en suspension CO : Monoxyde de carbone SO2 : Dioxyde de souffre

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4.2.2 Les gaz à effet de serre 4.2.3 Le Schéma Régional Climat Air Energie Le secteur des transports routiers constitue la principale source des émissions de gaz à effet de serre, même si le La loi Grenelle 2, promulguée le 12 juillet 2010, prévoit que le préfet de région et le président du conseil régional résidentiel et le tertiaire représentent des postes fortement émetteurs. L’industrie, peu présente sur le territoire, ne élaborent conjointement un Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE). Ce schéma vise à élaborer une stratégie et à représente qu’une faible part des émissions, tandis que l’agriculture contribue de manière non négligeable aux définir des orientations régionales aux horizons 2020 –2030 dans chacune des trois thématiques, climat, air et émissions (20%). énergie, en prenant en compte les possibles interactions entre elles. Ce schéma a été adopté en juin 2013. Pour atteindre les objectifs fixés, quarante-cinq orientations ont été définies. Les principaux objectifs concernant la qualité de l’air, qui constituent la déclinaison régionale des objectifs nationaux, sont les suivants :  Diminution de 18% des émissions de GES en 2020 par rapport à 2007 et 33% en 2030. (La Cove s’est fixée une diminution des GES de 20% d’ici 2020, à travers son PCET).  Une baisse de 30% des émissions de PM2,5 d’ici 2015.  Diminution de 40% des émissions de NOx d’ici 2020.

4.3 Les consommations et la production d'énergie

4.3.1 Les consommations d’énergie Sur le territoire, la consommation énergétique moyenne est de l'ordre de 2,52 tep par habitant, consommation comparable à la moyenne française (environ 2,6 tep), mais légèrement inférieure à celle du Vaucluse (2,9 tep/habitant). Le secteur résidentiel contribue à près de 43% des consommations énergétiques du territoire, il s’agit de la première source de consommation d’énergie. A l’échelle départementale, ce secteur ne représente que 36% des consommations énergétiques totales. Plusieurs facteurs expliquent l'importance du secteur résidentiel dans les consommations énergétiques du territoire. En premier lieu, le parc de logement du territoire est relativement ancien : 54% du parc a été construit avant les années 1975 et ne présente donc pas les mêmes performances énergétiques que les logements récents, bien que les rénovations thermiques de logements anciens se développent depuis quelques années. En second lieu, 76% des logements sont des maisons individuelles qui présente une moins bonne performance énergétique que les logements groupés ou collectifs (Source : INSEE 2012). Les secteurs de l’industrie, du transport et du tertiaire occupent les rangs suivants, avec en moyenne 15% à 18% des consommations totales du territoire. Enfin, le secteur agricole, bien que très représenté sur le territoire, ne représente qu’environ 5% des consommations énergétiques totales. Ce pourcentage est cependant deux fois supérieur à la part qu’occupe l’agriculture dans les dépenses énergétiques du département (2.7%). Les secteurs du transport représentent près de 18% des consommations énergétiques sur le territoire. Il est marqué par une offre de transport en commun relativement faible (qui sera amenée à être renforcée au cours des prochaines années). Dans la plaine du Comtat, la ligne Avignon-Carpentras propose 35 allers-retours par jour, dont 24 omnibus, mais la desserte des communes de Vaison, Malaucène, Sault ou Méthamis est plus limitée avec une fréquence allant de 2 à 11 allers retours par jour selon les axes. La dépendance à la voiture individuelle est par conséquent assez importante et les territoires les plus éloignés de l’axe de la plaine présentent une vulnérabilité énergétique plus importante.

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La contribution des différents secteurs aux consommations énergétiques du territoire sont ainsi légèrement différentes de la moyenne départementale. Le transport routier et non routier occupe en effet une place secondaire dans ce bilan des consommations énergétiques annuelles, au profit d’un secteur résidentiel beaucoup plus représenté. L’électricité est la première source d’énergie sur le territoire (54%) et le département (49.5%). En seconde place, les produits pétroliers représentent environ 30% à 35% de la source d’énergie annuellement consommée. Les produits pétroliers sont l’unique source d’énergie du secteur du transport, sur le territoire. Le gaz naturel représente une part très faible : environ 11,5%. Le défi de développement des énergies renouvelables et de transition énergétique pose, à travers le SRCAE, l’objectif régional de porter la part des énergies renouvelables à 18% de la consommation énergétique en 2020 (27% en 2030). A l’échelle de la région, les consommations d’énergies renouvelables représentent 9% de la consommation totale (en 2007). Elles sont d’environ 8% à l’échelle du territoire. Les énergies solaires thermiques représentent moins de 0.1% des sources d’énergies consommées. Enfin, l’énergie issue des déchets assimilés et de la biomasse (méthanisation, incinération, bois-énergie...) représente près de 5% des énergies consommées, principalement dans le secteur résidentiel (10% des consommations totales).

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4.3.2 La production d’énergie et le potentiel de production d’énergies renouvelables

4.3.2.1 La production d’énergie La région PACA produit environ 1500 Ktep (énergies électrique et thermique) chaque année, soit 11% de sa consommation finale. La moitié de cette production est issue des énergies renouvelables. Toutefois, la moitié de la production totale d’énergie provient du département des Bouches-du- Rhône où sont présentes, entre autres, les deux centrales thermiques de la région. Actuellement, la production d’énergie renouvelable sur le territoire représente moins de 1% de sa consommation totale. Cependant, sur le territoire, 100% des énergies produites sont renouvelables. Le territoire produit près de 1900 tep annuellement, dont la majeure partie est produite sur le territoire de la communauté de communes du Comtat Ventoux Comtat Venaissin (90% de l’énergie produite). Le pays de Sault produit environ 7% de l’énergie, contre 3% pour le Pays Voconces. Les origines de cette énergie renouvelable sont multiples : électriques, thermiques ou combustibles. Toutefois, la production de biogaz, exclusivement dans le Ventoux- Comtat- Venaissin, représente 73% de l’énergie produite sur le territoire. L’énergie éolienne représente moins de 1.2% des énergies renouvelables produites et la production d’énergie solaire thermique, dans le Comtat et le pays Voconces, occupe 12% de la part de production d’énergie renouvelable du territoire. Enfin, l’énergie photovoltaïque produite principalement dans l’arc Comtadin et les plateaux de Sault représente 15% de la part d’énergie produite.

4.3.2.2 Les filières d'énergies renouvelables et leur potentiel de développement a. L'éolien D’une manière générale, le Schéma Régional Eolien fait apparaitre un potentiel éolien peu important sur le territoire. Des zones préférentielles au petit et grand éolien, compte tenu des contraintes (environnementales et urbaines), ont toutefois été identifiées sur le territoire.  Les secteurs favorables au grand éolien (hors des zones d’exclusion identifiées et avec des vents mesurés à plus de 5,5 m/s) correspondent à l’Est et au Sud du plateau de Sault (au sud des communes de Monieux et Méthamis) et à la région située en versant nord du Ventoux.  Les secteurs favorables au petit éolien sont plus vastes, car soumis à moins de contraintes environnementales et urbaines. Ils sont identifiés sur la quasi-totalité du Pays Vaisonnais ainsi que sur la plaine du Comtat. L’est du plateau de Sault est également favorable à l’implantation du petit éolien en raison de vents supérieurs à 3,5 m/s). Des objectifs de production d’énergie éolienne sont fixés par le Schéma Régional Eolien pour le plateau d’Albion : 40 MW d’ici 2020 et 190 MW d’ici 2030.

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c. La géothermie

L’aquifère de la molasse miocène du Comtat semble être favorable au développement de la géothermie en nappe. Les débits sont en général suffisants pour que les prélèvements à des fins géothermiques puissent être intéressants. Le potentiel géothermique est important mais les installations ne semblent pas être très développées.

b. Le bois-énergie Le bois énergie est actuellement l’énergie non fossile la plus consommée sur le territoire (majoritairement dans le secteur résidentiel, où cette source d’énergie représente environ 10% de l’énergie consommée par an). Toutefois, cette énergie est globalement peu utilisée et le bois utilisé ne provient généralement pas de la région PACA. En effet, la valorisation du bois issu des forêts du Ventoux est aujourd’hui principalement tournée vers la fabrication de pâte à papier. De plus, aucune usine de production de granulés n’est présente sur le territoire, ce qui réduit considérablement le potentiel d’utilisation de cette énergie. Le gisement est assez peu connu pour l’instant et la filière encore peu structurée (cf. partie 3.2.2 du diagnostic socio-économique).

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d. Le solaire 5 LES RISQUES NATURELS ET L’IMPACT DES ACTIVITES HUMAINES Sur le territoire, le bon niveau d’ensoleillement permet un potentiel photovoltaïque et thermique élevé. Un parc solaire au sol est situé sur le plateau de Sault (sur une ancienne zone militaire de lancement). Il fournit 5.1 Les risques naturels l’intégralité de l’énergie photovoltaïque de la région de Sault, soit environ 123 tep / an. La puissance installée est de L’exposition du territoire aux risques naturels est directement associée au caractère « extrême » du climat 1,2MWc (600 foyers alimentés par an). A Carpentras, une centrale solaire intégrée au bâti (installée sur le toit des méditerranéen, dont la sécheresse estivale et la violence des précipitations automnales favorisent alternativement entrepôts « Relais Vert ») développe une puissance totale de 677 kWc. Enfin, la centrale solaire au sol de Blauvac feux de forêt, mouvements de terrain et inondations. La présence de reliefs abrupts contribue au caractère torrentiel dispose d’une puissance installée de 2,6MWc. des écoulements et à la fréquence des mouvements de terrain. De plus, le territoire est également le plus sismique de Sur le territoire du pays Voconces, l’énergie photovoltaïque produite représente 10 tep/an en moyenne et elle France métropolitaine. représente plus de 140 tep / an dans l’arc Comtadin (installations de Carpentras et Blauvac). 5.1.1 Les risque d’inondation En région PACA, les objectifs de développement retenus par le SRCAE pour cette filière sont une puissance installée annuellement, en moyenne sur la période 2009 – 2020, de 100 MWc/an et de 110 MWc/an sur la période 2020 – Différents types d'inondations peuvent se produire selon la nature même du cours d'eau, l'urbanisation et les 2030, soit respectivement de 800 000 m² à 880 000 m² de toiture mobilisée annuellement. Ces objectifs visent à aménagements effectués par l'homme, tant dans le cours d'eau lui-même, que dans l'ensemble du bassin versant. En exploiter plus de 90% du potentiel à 2030. règle générale, dans le Vaucluse, toutes les crues de rivière sont des crues torrentielles, sauf le Rhône, le bassin des Sorgues et la Durance. Dans le cas de cours d'eau endigués, l’inondation peut survenir brutalement soit par surverse Les objectifs de développement retenus par le SRCAE pour la filière photovoltaïque au sol sont une puissance installée (débordement au-dessus de la digue), soit par rupture de la digue. annuellement, en moyenne sur la période 2009 – 2030 de 100 MWc/an, soit 140 ha de terrains mobilisés annuellement en région. Ces objectifs visent à exploiter plus de 40% du potentiel à 2030. Les rivières torrentielles sont en effet très dangereuses sur le territoire et de nombreuses crues font état de référence, notamment sur l’Ouvèze et l’Auzon. De plus, les vallats, ces petits talwegs à sec en temps normal, peuvent se transformer en torrents dévastateurs après un gros orage. C’est notamment le cas des affluents de la Mède, de l’Auzon ou du Brégoux. Le territoire dispose de deux documents de prévention des risques d'inondations : le PPRI de l’Ouvèze (11 communes) a été approuvé en 2009 et celui des rivières sud-ouest du Mont Ventoux (17 communes) en 2007. La Sorgue et la Nesque ne sont pas dotées d’un PPRI. Ainsi, sur le territoire, 28 communes sont concernées par un PPRI approuvé.

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La surface des zones inondables sur le territoire s’élève à plus de 4500 ha, soit environ 4.6% du territoire. Elles sont ainsi localisées principalement sur les territoires de plaine, dans l’arc Comtadin et dans le pays Voconces. Le Plateau de Sault est épargné par ces risques, bien que la Nesque et ses affluents, au régime torrentiel, puissent constituer un

risque dans un périmètre immédiat.

Les zones urbanisées qui présentent une plus grande vulnérabilité face à ces risques sont situées aux abords directs des cours d’eau de plaine (Auzon et Mède). Il s’agit principalement des communes d’Aubignan, Loriol-du-Comtat, Carpentras, Pernes-les-Fontaines, Caromb, Modène et Mazan. Les zones urbaines situées le long de l’Ouvèze et de ses affluents (particulièrement le Groseau et le Rieufroid) présentent également une vulnérabilité plus importante. Il s’agit notamment des zones urbanisées de Malaucène, Entrechaux et Vaison-la-Romaine. Le Programme d'Actions de Prévention des Inondations (PAPI) des rivières sud-ouest du mont Ventoux a été approuvé en 2004 et était animé par l’EPAGE (syndicat de rivières sud-ouest mont Ventoux) jusqu’en 2009. Un second PAPI est en cours d’élaboration et une première version est attendue courant 2014. Le premier PAPI comprenait 11 opérations de protection contre les crues (restauration de la digue de l’Auzon et de la Mède, aménagement d’une zone d’expansion de crues, création d’un bassin de rétention...).

5.1.2 Les risques de feux de forêts

Avec environ 50 000 ha de forêts et végétation arbustive, le territoire est particulièrement enclin aux feux de forêts. Les communes de Velleron, Pernes-les-Fontaines, La-Roque-sur-Pernes, Le Beaucet et St-Didier ont prescrit la réalisation d'un Plan de Prévention des Risques Incendie de Forêts (PPRIF) en 2006, du fait des enjeux humains

importants, liés à la proximité entre les zones bâties et les zones boisées.

De plus, lors des périodes estivales, des mesures de surveillance et de prévention sont quotidiennement mises en œuvre par les autorités (communes, ONF, DDT, Syndicat mixte de défense et de valorisation forestières, Comités communaux feux de forêts et Services Prévision de Météo France). Les massifs sensibles sont surveillés par des vigies et des patrouilles terrestres et aériennes (une vigie est présente sur le Mont Ventoux).

Le Plan Départemental de Protection des Forêts contre les Incendies (PDPFCI) du Vaucluse, approuvé par arrêté préfectoral le 31 décembre 2008 pour une durée de 6 ans, comprend un volet « état des lieux et diagnostic » ainsi qu’une liste des actions de prévention arrêtées par le préfet. Il intègre également des mesures de prévention telles que le brûlage dirigé ou le débroussaillement le long des voies ouvertes à la circulation publique. En effet, pour cloisonner les massifs et réduire le risque de propagation du feu, des coupures représentées par de larges bandes débroussaillées sont réalisées, tandis que les zones agricoles (champs, oliviers, vigne…) jouent le rôle de barrières. Ces zones de coupure pastorales ont été identifiées sur les monts de Vaucluse (12 zones) et le Mont Ventoux (2 zones).

Sur le territoire, les monts de Vaucluse, le Mont Ventoux et le massif des Dentelles de Montmirail font l’objet d’une attention particulière. Les principales actions à mettre en œuvre sur ces secteurs sont d’une manière générale de limiter la fréquentation à l'intérieur des massifs en période à risque, d'aménager des coupures de combustibles pour limiter le développement des feux, favoriser les projets à caractère agro-sylvo-pastoral offrant un intérêt DFCI,

coordonner les acteurs et les moyens opérationnels afin de limiter le risque de départ de feu et faciliter les interventions, mettre en place une politique d'urbanisation intégrant le risque feu de forêt, obliger les particuliers à débroussailler dans les secteurs sensibles.

Zoom secteur sur les zones urbaines de Vaison-la-Romaine (gauche) et Carpentras (droite) face aux zones inondables.

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5.1.4 Les risques de mouvements de terrain

Les phénomènes de mouvements de terrain se manifestent par les effondrements de cavités souterraines, les aléas liés au retrait gonflement d’argiles, le tassement et affaissement des sols, les glissements de terrain par rupture d’un versant instable, par écroulement ou chute de blocs, ou les coulées boueuses. Un plan de prévention des risques liés aux mouvements de terrain a été prescrit en 2000 sur la commune de Mormoiron (relatif à l’exploitation de matière première en galerie ainsi qu’aux tassements dus aux mouvements des argiles, zone d’aléa fort sur la commune). De plus, l’arrêté du 29 juillet 2013 reconnaît l'état de catastrophe naturelle sur la commune de Malaucène, en raison du retrait gonflement des argiles.

Le territoire entier est toutefois concerné par les risques liés au retrait et gonflement d’argiles, a minima faible. La présence de carrières et de cavités (notamment en raison de la nature en grande partie karstique du sous-sol du territoire) est également susceptible d’engendrer des risques de mouvement de terrain.

5.1.3 Les risques sismiques La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la plus soumise au risque sismique de toute la France métropolitaine. La totalité des 151 communes de Vaucluse est concernée par ce risque et la totalité des communes situées sur le territoire d’étude est concernée par un risque sismique modéré. Pour ce zonage de sismicité modéré, les règles de construction parasismique sont applicables pour les bâtiments de la classe dite « à risque normal ». Cette classe est attribuée aux bâtiments dont la défaillance présente un risque moyen ou élevé pour les personnes et pour lesquelles un fonctionnement est primordial pour la sécurité civile, pour la défense ou pour le maintien de l'ordre public et qui se situent en zone sismique à risque modéré à fort. Sur le territoire, des règles de constructions s’appliquent alors aux bâtiments nouveaux des catégories d’importance III et IV (défaillance présentant un risque élevé à la personne ou bon fonctionnement primordial). Ces règles sont celles des normes européennes, dites « règles Eurocode 8 ».

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5.2 Les risques technologiques

5.2.1 Le risque industriel 5.2.3 Le risque lié au transport de matières dangereuses Le risque industriel majeur est un événement accidentel dans une installation localisée et fixe, qui met en jeu des Les communes situées sur les grands axes de transport ou à proximité de sites industriels sont les plus concernées par produits ou des procédés industriels dangereux et qui entraîne des conséquences immédiates graves pour les le risque lié au transport de matières dangereuses. Cependant, toute zone urbanisée y est potentiellement exposée populations et l’environnement. en raison des approvisionnements qui s’y effectuent en permanence. Le territoire est assez peu concerné par ce Le territoire d'étude n'est pas concerné par ce risque et n'abrite aucun établissement "SEVESO". Il accueille risque. néanmoins plus de 40 Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) soumises à autorisation, Seules les communes situées dans l’aire urbaine de Vaison-la-Romaine et Carpentras, ou situées entre ces deux villes mais dont les risques ou les nuisances varient en fonction des produits utilisés ou d’autres facteurs extérieurs. sont potentiellement concernées par ces risques. Les communes concernées par le transport de matières dangereuses par voie routières sont Loriol-du-Comtat, Malaucène, Mazan, Pernes-les-Fontaines, St-Hyppolite-le- Commune Quantité autorisée (t) Nature matériaux Échéance de l'autorisation de prélèvement Graveyron, Saint-Pierre-de-Vassols, Vaison-la-Romaine, Velleron, Carpentras, Caromb, Le-Crestet et Crillon-le-Brave. Ces risques sont liés à la RD938, RD31, RD538 et la RD942. Bédoin 825 000 Sable 2036 Les communes de Carpentras et Loriol-du-Comtat sont également traversées par une canalisation de gaz, Bédoin 100 000 Sable 2022 représentant un risque potentiel pour les populations, bien que le transport par canalisation soit en principe le plus sûr. Crillon-le-Brave 2 500 Pierre 2030 5.3 Les sols : pollution et exploitation Crillon-le-Brave 4 000 Pierre de taille 2030 5.3.1 Les activités de carrière Crillon-le-Brave 100 000 Sable 2022 Le Vaucluse bénéficie d'importantes ressources géologiques et minérales très diversifiées. Dans le bassin de Mormoiron affleure la zone de sables blancs siliceux la plus importante de tout le sud-est de la France (90 hectares) et Mazan 800 000 Gypse 2017 à Mazan se situe le plus important gisement de gypse d’Europe. Il s’agit de la carrière à ciel ouvert Siniat (anciennement Lafarge), qui s’étend sur 45 ha (diamètre 2 km et 126 m de profondeur). Les alluvions quaternaires Mormoiron 4 000 Sable siliceux en renouvellement sont exploitées en découverture comme tout-venant. Les sables servent essentiellement en verrerie et en fonderie et le gypse sert pour 90% à la fabrication du plâtre. Mormoiron 3000 Argile smectique 2030 Sur le territoire, 11 carrières sont actuellement en activité. Pernes-les-Fontaines 100000 Alluvions 2022 Vaison-la-Romaine 200000 Graviers / calcaires 2013

Le Beaucet 11000 Pierre de taille 2029

5.2.2 Le risque lié à la rupture de barrage Plusieurs communes du Vaucluse peuvent être concernées par la rupture de barrages situés en amont du département (Serre-Ponçon sur la Durance, Sainte-Croix, Gréoux et Quinson sur le Verdon) ainsi que ceux situés dans le département du Vaucluse et gérés par la Compagnie Nationale du Rhône (Bollène, , Avignon et Vallabrègues sur le Rhône). Des barrages de taille plus modeste (7 m à 20 m de hauteur) ont également été construits, notamment à Caromb (barrage du Paty), , Saint-Saturnin-lès-Apt et Apt (plan d’eau de la Riaille).

Toutefois, le territoire d’étude, de par sa topologie, serait épargné par l’onde de submersion issue de la rupture d’un barrage. Seule la rupture du barrage de Serre-Ponçon pourrait éventuellement affecter les communes situées au sud des communes de Velleron et Pernes-les-Fontaines. Les enjeux principaux sont toutefois liés aux risques de rupture de digues, ou de petits barrages. Carrière de gypse Siniat, à Mazan.

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L'ensemble du territoire est classé en zone de catégorie 2 en particulier au regard de l'activité agricole, de la

vulnérabilité du système aquifère et de la richesse écologique et paysagère. Les Dentelles de Montmirail, le sommet du Ventoux, le Mont Serein, ainsi que quelques zones ponctuelles du territoire sont classées en catégorie 3.

5.3.2 La pollution des sols

D'après la base de données BASOL, 4 sites présentant une pollution des sols sont recensés sur les communes de Carpentras (une usine de fabrication de gaz à partir de houille et une usine de fabrication de pâtes de fruit), de Loriol- du-Comtat (activité de destruction d’artifices) et de Malaucène (papeterie). A préciser.

De nombreux anciens sites industriels, susceptibles d'être à l'origine de pollution des sols, sont recensés sur le territoire (572), notamment dans les villes les plus importantes (plus de 200 à Carpentras, 45 à Vaison-la-Romaine).

5.4 Les nuisances acoustiques

Le transport routier constitue la principale source de bruit sur le territoire. Néanmoins, en l'absence d'un réseau

d'infrastructures structurantes, le territoire est relativement peu soumis à ces nuisances acoustiques. Seule la partie ouest (13 communes) est concernée par des infrastructures classées au titre des infrastructures bruyantes.

Le reste du territoire bénéficie d'une ambiance acoustique calme, même si le survol des hélicoptères et des avions de chasse peut générer certaines nuisances sur le plateau d'Albion et le mont Ventoux en lien avec les activités militaires.

5.5 La gestion des déchets 5.5.1 La collecte des déchets La collecte des ordures ménagères est assurée par les différentes intercommunalités. La collecte sélective est également assurée par ces intercommunalités ainsi que par le Syndicat Intercommunal de Ramassage et de Traitement des Ordures Ménagères (SIRTOM) de la région d’Apt pour le Pays de Sault.

La COVE a développé récemment la collecte sélective à domicile (bac jaune pour les emballages et les journaux) et en apport volontaire pour le verre. Sur le reste du territoire, plus de 350 points d’apport volontaires (équipés de bacs jaune, bleu et vert) sont recensés. La collecte séparative des déchets recyclables s’appuie également sur la présence de différents équipements sur le territoire :

- 8 déchetteries à Caromb, Aubignan, Malaucène, Pernes-les-Fontaines, Vaison-la-Romaine, Velleron, Villes sur Auzon et Sault - 2 mini-déchetteries à Bédoin et Venasque La quantité de matériaux prélevables autorisés est de plus de 2 millions de tonnes sur le territoire (source : schéma - une composterie de déchets verts de Loriol du Comtat départemental des carrières). Dans le pays vaisonnais, des problèmes de capacité dans les centres de collecte et de stockage ont été résolus Les impacts posés par les carrières peuvent être importants : bruit (tirs de mine..), circulation des engins, poussières dernièrement par la réhabilitation de la déchetterie de Vaison-la-Romaine qui permet dorénavant de prendre en avec l’accentuation des problèmes par les conditions climatiques (vents), ou encore atteinte sensible aux paysages… charge le tonnage de déchets et la fréquentation qui ont fortement évolués ces dernières années. Le Schéma Départemental des Carrières du Vaucluse a été approuvé en 1996 pour une durée de validité de 10 ans. Il a fait l'objet d'une actualisation en 2003 et 2011. Le Schéma Départemental des Carrières du Vaucluse comporte entre 5.5.2 Le traitement des déchets autres une carte de synthèse et hiérarchisation des contraintes environnementales. Ce niveau de contraintes est Le traitement des déchets ménagers n’est pas homogène sur l’ensemble du territoire : défini à partir d'une analyse des milieux à laquelle un coefficient de pondération est attribué (en fonction du type de gisement). Trois catégories de zones sont ainsi déterminées : - Les déchets issus du pays vaisonnais sont dirigés dans le centre de stockage (ISDND) d’Orange.  Catégorie 1 : zones peu ou non soumises à des contraintes environnementales - Une partie des déchets issus de la Cove part en incinération à l’Usine d’Incinération des Ordures Ménagères (UIOM) d’Avignon (située à Vedène) et l’autre partie est stockée à l’ISDND d’Entraigues. Les déchets collectés  Catégorie 2 : zones soumises à des contraintes environnementales notables mais modifiables passent préalablement par le centre de tri de Loriol-du-Comtat (unité de prétraitement mécanique et de  Catégorie 3 : zones soumises à des contraintes environnementales fortes à très fortes et/ou non modifiables. stabilisation biologique).

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- La gestion et le traitement des déchets de la communauté de communes du Ventoux sud, récemment fusionnée, est actuellement en cours de réorganisation afin de rendre cohérent le fonctionnement à l’échelle de la communauté de communes. Le lancement d’une étude devrait alors permettre d’orienter le choix du fonctionnement de cette gestion des déchets, à savoir, soit étendre les compétences actuelles du SIRTOM d’Apt à la totalité de la communauté de communes, soit lancer un appel d’offre et faire appel à un prestataire privé. Les communes ont pour le moment conservé le fonctionnement qui avait été mis en place par les communautés de communes du pays de Sault et des terrasses du Ventoux avant la fusion. o Sur le territoire de l’ancienne communauté de communes du Pays de Sault, les déchets sont collectés par le SIRTOM de la région d’Apt puis envoyés à l’UIOM d’Avignon. o Sur le territoire de l’ancienne communauté de communes des Terrasses du Ventoux, les déchets sont collectés et gérés par des prestataires privés (société SITA Sud). Ils sont acheminés à l’unité de prétraitement mécanique et de stabilisation biologique de Loriol-du-Comtat, puis envoyés à l’UIOM d’Avignon à Vedène ou stockés à l’ISDND d’Entraigues. Plusieurs sites de stockage des déchets inertes (ISDI) sont localisés sur le territoire : Vaison-la-Romaine, Caromb (2 sites), Saint-Christol, Pernes-les-Fontaines (2 sites).

5.5.3 Vers une optimisation du traitement des déchets Le Grenelle de l’environnement a proposé des objectifs ambitieux relatifs à la prévention de la production de déchets : - Réduire la production d’ordures ménagères et assimilées par habitant de 7% à l’horizon de 5 ans - Orienter 45% des déchets ménagers et assimilés vers le recyclage d’ici 2015 - Recycler 75% des déchets d’emballages ménagers en 2012 - Réduire de 15% la quantité des déchets non dangereux stockés et incinérés d’ici 2012 - Recycler 70% des déchets du BTP d’ici 2020 Depuis 1997, le département est doté d’un plan départemental des déchets ménagers et assimilés, révisé et approuvé une seconde fois en 2002. Le département s’est engagé pour une gestion durable des déchets, à travers 2 objectifs : - Réduire la production des déchets ménagers grâce au compostage individuel. - Améliorer la collecte et le traitement des divers types de déchets.

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6 SYNTHESE DES SENSIBILITES ENVIRONNEMENTALES ET DES ENJEUX

6.1 Sensibilités environnementales Cette diversité d’habitats naturels entraîne nécessairement une grande diversité d’espèces animales et végétales, 6.1.1 Une ressource en eau en déséquilibre quantitatif et qualitatif dont certaines présentent un caractère endémique à l’échelle de la région (silène de Pétrarque, ibéris nain, berce Le territoire d'étude couvre en partie les bassins versants des rivières sud-ouest du Mont Ventoux, de l'Ouvèze et de naine, nivéole de Fabre,…) et d’autres font l’objet d’un plan national d’actions (PNA). Les grands mammifères sont la Nesque. Sur ce territoire aux caractéristiques karstiques, la ressource en eau est un bien précieux difficile à gérer présents et le loup fait même quelques apparitions sur le territoire. Les milieux karstiques favorisent la présence des autant d'un point de vue qualitatif que quantitatif. chauves-souris pour lesquelles plus de 20 espèces sont présentes. De même, de nombreuses espèces d’oiseaux (plus de 130 espèces) colonisent les différents habitats présents : chouette chevêche, vautour percnoptère, aigle royal, Ainsi, la situation quantitative est relativement critique et risque de s'accroître dans les prochaines années. Les circaète jean-le-blanc, alouette lulu, traquet motteux,… Les pelouses d’altitude du Ventoux abritent la vipère d’Orsini, sècheresses estivales et les assecs des cours d'eau sont de plus en plus fréquents et le changement climatique en espèce emblématique du secteur, même si d’autres espèces de reptiles sont également présentes dans les milieux cours pourrait accentuer ces phénomènes. ouverts secs. Des enjeux importants liés aux espèces inféodées aux milieux humides notamment en amont des Les besoins en eau sont croissants avec un fort développement résidentiel et touristique, alors qu'un important gorges de la Nesque (amphibiens tels que: pélobate cultripède, pélodyte ponctué, salamandre tachetée, alyte gaspillage est observé dans la distribution de l'eau potable. Les prélèvements d'eau pour l'irrigation des terres accoucheur…) et aux insectes (échiquier de l’Occitanie, arcyptère provençale, écaille chinée,…) existent également. agricoles, déjà importants, sont également en augmentation et risquent d’être accrus par les effets du changement Enfin, certains cours d’eau du territoire (Ouvèze, Toulourenc, Auzon, Mède) sont identifiés comme zones prioritaires climatique. pour la restauration des continuités écologiques de l’anguille. Les besoins sont ainsi croissants alors que les ressources sont limitées et vulnérables. Les bassins versants des rivières Les menaces qui s’exercent sur cette diversité écologique sont diverses et d’importance variable selon les secteurs. Il sud-ouest du Mont-Ventoux et de l'Ouvèze, et la masse d'eau souterraine "molasses miocènes du Comtat" sont apparaît clairement que les pressions touristiques sont relativement fortes sur le sommet du mont Ventoux soumis à un déséquilibre quantitatif lié aux prélèvements d'eau. Les molasses miocènes du Comtat et les calcaires (700 000 visiteurs par an), mais que les activités de pleine nature engendrent également quelques désagréments urgoniens du plateau de Sault constituent des ressources stratégiques pour l'alimentation en eau potable, mais sont (dérangement des espèces, dégradation des habitats) dans les gorges de la Nesque et la vallée du Toulourenc. Sur les vulnérables et fragiles. espaces agricoles, les principales menaces concernent à la fois la fermeture des milieux ouverts sur les franges de l’arc comtadin, mais également la simplification des structures agricoles (agrandissement des parcelles, réduction des En outre, des problématiques de pollutions diffuses (nitrates, pesticides) sont observées pour certaines masses éléments végétaux,…) et l’intensification des pratiques. Les pressions urbaines sont importantes, notamment dans la d'eaux souterraines (alluvions des plaines du Comtat et des Sorgues et les molasses miocènes du Comtat) et certains plaine comtadine, sur les milieux de nature ordinaire qui constituent des supports pour le déplacement de la captages à Aurel et Sault. Des problématiques de pollutions diffuses (agro-alimentaires et domestiques) sont biodiversité, mais elles sont relativement limitées (extraction matériaux, installations de dispositifs de production également recensées pour la plupart des masses d'eaux superficielles : bassins versants de la Nesque, de l'Ouvèze, des d’énergie,…) sur les milieux naturels remarquables identifiés. La diversité floristique du territoire est également rivières sud-ouest Mont Ventoux. menacée par le développement et la prolifération de plantes invasives, considérée en France comme la deuxième Certains programmes de réduction de l’utilisation des intrants et des phytosanitaires ont été mis en place sur le cause d'extinction d'espèces et d'appauvrissement de la diversité biologique. Enfin, le changement climatique, dont territoire : ventoux versant bio, plan écophyto, recherche variétale,… De nombreux projets visant une meilleure les effets sont déjà observables, constitue également un facteur de modification de la répartition des espèces et de la gestion de l’eau par et pour l’agriculture sont également en cours de réflexion : organisation des prélèvements par typologie des habitats présents. bassin versant, mobilisation de l’eau du Rhône, développement des retenues collinaires et modernisation et extension Au sein de la Réserve de Biosphère du Mont-Ventoux qui couvre presque l’intégralité du territoire d’étude (à des réseaux existants, évolution des techniques d’irrigation et des variétés. l’exception d’une partie du vaisonnais et de l’agglomération de Carpentras), certains espaces naturels bénéficient En outre, des contrats de rivière sont présents sur une bonne partie du territoire, excepté sur la Nesque amont. La d’une protection règlementaire (partie sommitale du Mont Ventoux, gorges de la Nesque, plateau du Mont Serein,…) gouvernance autour de la ressource en eau s'organise progressivement, même si la nécessité de mieux partager la ou d’une gestion contractuelle au travers de Natura 2000 (pour le Toulourenc, l’Ouvèze, le massif du Ventoux et les ressource entre les différents usagers apparaît face aux besoins croissants et à la raréfaction de la ressource. Une gorges de la Nesque). Néanmoins, la superficie protégée ou gérée est relativement faible au regard des enjeux qui vision globale de la gestion qualitative et quantitative de la ressource est nécessaire. ne se concentrent pas uniquement sur le sommet du Ventoux, sur lequel se focalisent toutes les attentions. En effet, plus de la moitié du territoire est identifié comme réservoir de biodiversité à l’échelle régionale. Il s’inscrit 6.1.2 Une richesse écologique exceptionnelle mais menacée localement au sein d’une vaste continuité écologique interrégionale et constitue ainsi un maillon écologique primordial entre le Le territoire accueille une grande diversité d’habitats naturels liée à un contexte bioclimatique et géomorphologique massif des Baronnies et celui du Luberon. En raison des vastes continuums forestiers, les enjeux de continuités unique. De la plaine comtadine au sommet du Ventoux, les forêts, landes, prairies, falaises, éboulis, pelouses sont écologiques sont modérés, mais concernent notamment les échanges entre les Dentelles de Montmirail et le massif autant de milieux qui s’étagent et se succèdent, abritant des cortèges d’espèces spécifiques à chacun de ces habitats. du Ventoux. Les enjeux concernent plutôt la préservation des milieux ouverts dans la partie sud du plateau de Sault et Les milieux forestiers sont néanmoins prédominants et présentent des peuplements relativement jeunes, mais très l’amélioration des continuités écologiques des cours d’eau et de la fonctionnalité des zones humides. variés en fonction de l’étage altitudinal. Ils abritent alors de nombreux ongulés sauvages. Les milieux ouverts tels que les pelouses, prairies ou landes sont peu représentés et ont même tendance à se refermer du fait de l’abandon du pastoralisme notamment, alors que certaines espèces y trouvent refuge. D’autres milieux tels que les falaises, éboulis, anciennes carrières d’ocre ou d’argile abritent également une grande diversité d’espèces. Les espaces agricoles sont également support d’une grande biodiversité, notamment sur le plateau de Sault, qui présente des pratiques extensives et une mosaïque de cultures. La plaine comtadine, plus intensive, présente néanmoins des espèces en lien avec le réseau de haies et la ponctuation des petits boisements et des zones humides. L’enjeu lié aux zones humides est très important en amont de la Nesque et certains cours d’eau sont qualifiés de réservoirs biologiques (Ouvèze, Toulourenc, Auzon, Brégoux). 66

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- Par une amélioration de la gestion des flux touristiques et des activités de pleine nature : l’organisation de 6.1.3 Une forte vulnérabilité énergétique sur un territoire au potentiel d'énergies renouvelables l’accueil du public est primordiale pour garantir la richesse écologique des sites, mais également pour important maintenir leur attractivité touristique sur le long terme. L’aménagement de ces sites, et notamment du sommet du Ventoux, tout comme le développement d’une large concertation avec l’ensemble des En raison d’une assez grande dispersion de l’habitat, d’un parc de logement assez ancien et d’une desserte acteurs/utilisateurs, semblent être des moyens pour tendre vers cet équilibre fragile entre activités et majoritairement automobile, le territoire présente une certaine vulnérabilité énergétique qui risque de s’accentuer biodiversité. du fait de la raréfaction des énergies fossiles et de l’augmentation du prix de l’énergie. Cette situation de dépendance est également renforcée par la prégnance des activités touristiques fortement liées aux déplacements routiers. Le - Par une amélioration des connaissances et surtout la nécessité de faire connaître la biodiversité. La territoire présente également une certaine vulnérabilité face au changement climatique en raison de la raréfaction de connaissance naturaliste est assez bonne, mais se concentre sur certains sites emblématiques. L’amélioration la ressource en eau, de l’évolution des écosystèmes forestiers, de l’aggravation des risques naturels… en interaction de la connaissance, au travers du large réseau d’acteurs présents et motivés, permettra de mieux cibler les directe avec l’économie agricole et forestière, mais également touristique. Des adaptations sont à développer dans actions de protection et de gestion sur l’ensemble du territoire. L’apport de connaissance auprès des ces différents domaines. différents usagers de l’espace est indispensable pour une meilleure prise en compte de la biodiversité dans les projets et les pratiques. Ainsi, d’importantes économies d’énergie sont à mettre en place (la CoVe s’est déjà engagée dans cette démarche au travers de son PCET) aussi bien dans l’habitat que dans le domaine touristique. Les mobilités alternatives sont à Concernant la ressource en eau, en l’absence d’une gestion collective, les problématiques identifiées incitent à développer pour apporter des réponses aux difficultés de déplacement en milieu rural, mais pas seulement. développer et améliorer la gestion quantitative et qualitative avec : Un retard important semble être pris vis-à-vis de la production d’énergie renouvelable, alors que les gisements sont - Une ambition, pour ce territoire où la ressource en eau est précieuse, de devenir exemplaire en matière importants : la filière solaire n’est que timidement développée, tandis que le potentiel lié au bois énergie est encore d’économie et de gestion de la ressource : les nombreux usages de la ressource (agriculture, eau potable, peu connu. Certains secteurs pourraient également être favorables au grand éolien sur le plateau de Sault milieu naturel) sont à concilier dans un contexte de changement climatique qui risque d’aggraver les notamment, ou au petit éolien également dans la plaine du Comtat. Un effort important est à produire pour réduire la sécheresses déjà observées ou la dépendance de certaines parties du territoire vis-à-vis de l’eau potable. Des dépendance du territoire aux énergies fossiles. Néanmoins, le caractère patrimonial et la sensibilité paysagère du adaptations et des innovations, aussi bien dans les pratiques (agricoles ou autres) que dans les territoire incite à un encadrement rigoureux pour l’aménagement de ces dispositifs. aménagements, sont à mettre en place. L’évolution climatique et ses conséquences sur la ressource devront être pris en considération afin d’appréhender le devenir des activités touristiques et sportives liées à l’eau 6.1.4 Des risques et des nuisances qui suivent une dichotomie est/ouest (stations de sport d’hiver notamment). Les risques naturels sont les plus prégnants sur le territoire et notamment dans la partie ouest où se cumulent les - La définition d’une politique locale plus respectueuse de la qualité de l’eau à travers des pratiques agricoles risques liés aux inondations dans la plaine comtadine et le pays vaisonnais (crues torrentielles) et les risques liés au limitant les intrants et les traitements (venant renforcer les programmes existants tels que Ecophyto, Ventoux retrait-gonflement des argiles dans l’arc comtadin. Les risques liés aux feux de forêt sont assez forts sur le massif, mais versant bio,…), une gestion irréprochable de l’assainissement des eaux usées, rendue difficile par font l’objet d’une attention particulière sur les communes du sud-ouest. l’augmentation des flux touristiques,… Le territoire est assez peu concerné par les risques technologiques qui se limitent aux risques liés au transport de Enfin, le renforcement de l’efficacité énergétique du territoire constitue une ambition à part entière qui nécessitera : matières dangereuses (axes routiers ou canalisations) dans la partie urbanisée à l’ouest. - Un accompagnement dynamique permettant le développement d’actions de réduction des déperditions ou La moitié est du territoire est ainsi globalement préservée des activités générant des nuisances (réseau consommations énergétiques des constructions. d’infrastructures, activités de carrières, pollution lumineuse, émissions de polluants, nuisances acoustiques) favorisant - La définition d’une stratégie locale de développement des énergies renouvelables pour rattraper le retard ainsi son caractère patrimonial exceptionnel. pris et pour assurer un développement cohérent et respectueux des qualités écologiques et paysagères. 6.2 Synthèse des enjeux environnementaux pour le projet de PNR - La poursuite des réflexions sur le développement des mobilités alternatives, notamment pour les sites touristiques, mais pas seulement. Les principaux enjeux environnementaux du territoire concernent essentiellement l’eau, la biodiversité et l’énergie, même si la réduction de la vulnérabilité aux risques ou la gestion durable des ressources (matériaux, déchets) sont des préoccupations à prendre en compte. Diagnostic environnemental : les grands enjeux à retenir…  L’adaptation des outils de protection et de gestion aux enjeux pour mieux préserver la richesse Concernant la biodiversité, il apparaît la nécessité de mieux préserver la richesse écologique du territoire et cela sous différents aspects : écologique  La définition et la mise en œuvre de la Trame Verte et Bleue à l’échelle locale - Par le développement d’outils de protection et de gestion plus adaptés et plus étendus que ceux existants : les sites à protéger méritent d’être réévalués et hiérarchisés en fonction des espèces à enjeu et des pressions  Le renforcement des pratiques agricoles et sylvicoles favorables à la biodiversité exercées, une réflexion sur la reconnexion des sites naturels est à engager.  La gestion des flux touristiques et des activités de pleine nature dans les sites sensibles - Par la définition locale de la Trame Verte et Bleue et sa mise en œuvre : les fonctionnalités écologiques du  L’amélioration et la diffusion des connaissances liées à la biodiversité territoire doivent être identifiées puis traduites dans les documents d’urbanisme.  L’économie et la gestion exemplaire de la ressource en eau, dans un contexte de raréfaction et - Par le soutien et le développement de pratiques agricoles et sylvicoles favorables à la biodiversité : les d’augmentation des pressions liées au développement caractéristiques écologiques nécessitent la mise en place ou le maintien de pratiques adaptées pour préserver  La limitation des pressions qualitatives sur la ressource en eau, via la maîtrise des pratiques les équilibres instaurés, la gestion de la forêt vieillissante du Ventoux est à encadrer et la définition d’une agricoles et la gestion de l’assainissement des eaux usées politique pastorale est souhaitable pour veiller au maintien des milieux ouverts favorables à certaines espèces  Le renforcement de l’efficacité énergétique, via l‘amélioration des performances énergétiques des mais également aux coupures de combustible (appui à la DFCI). bâtiments, le développement des énergies renouvelables et des mobilités alternatives 69

Diagnostic socioéconomique

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1 DYNAMIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES

2.1. La population : caractéristiques et grandes tendances 1.1.1 L’évolution de la population Le territoire d’étude connait un contexte de croissance démographique particulièrement favorable par rapport aux moyennes départementale et régionale. En 2010, la population s’élevait à environ 90 000 habitants, répartis pour les deux tiers dans la plaine du Comtat, en particulier à Carpentras (30 000 habitants) et Pernes-les-Fontaines (10 000 habitants). Variation annuelle de la population entre 1990 et 2010 1990-1999 1999-2010 Part de la Population Population Population Variation liée au solde liée au solde Variation liée au solde liée au solde population Entre 1999 et 2010, la population a augmenté de 13% contre une hausse de 9% à l’échelle du Vaucluse. Les pressions 1990 1999 2010 sont fortes dans les villages de la plaine du Comtat et de l’arc Comtadin, et depuis peu sur le plateau de Sault qui annuelle naturel migratoire annuelle naturel migratoire 2010 accueille nettement plus d’habitants qu’il y a dix ans : Plaine du Comtat 48009 53737 1,26 0,25 1,00 59945 0,99 0,29 0,70 66% Dont Carpentras 24212 26084 0,83 0,17 0,66 29278 1,06 0,36 0,68 32%  La croissance démographique dans la plaine du Dont Pernes-les- 8304 10160 2,26 0,43 1,83 10405 0,22 0,26 -0,05 11% Comtat est globalement régulière depuis la fin des Fontaines années 1960. Le secteur reste dynamique et a Arc Comtadin 9786 11526 1,83 -0,01 1,83 13721 1,58 0,04 1,54 15% Collines de Vaison- gagné 12% de population entre 1999 et 2010. Le 11648 12590 0,87 -0,17 1,03 13577 0,69 -0,40 1,08 15% Malaucène desserrement de Carpentras se ressent en Dont Vaison-la- 5663 5899 0,45 -0,24 0,69 6169 0,41 -0,57 0,98 7% première couronne : la croissance a été importante Romaine entre 1999 et 2010 à Mazan (+17%), Modène Dont Malaucène 2172 2537 1,74 -0,43 2,17 2665 0,45 -1,01 1,46 3% (+53%), Loriol-du-Comtat (+28%), Aubignan Plateau de Sault et (+27%). La ville de Carpentras conserve toutefois vallée du 2357 2403 0,21 -0,57 0,78 3566 3,54 -0,47 4,01 4% un bon dynamisme démographique avec 12% Toulourenc d’habitants supplémentaires entre 1999 et 2010. Dont Sault 1206 1174 -0,30 -0,26 -0,04 1362 1,36 -0,16 1,51 1% TOTAL 71800 80256 1,24 0,12 1,12 90809 1,12 0,12 1,00 100%  L’arc comtadin, qui accueillait moins d’habitants Vaucluse 467075 499665 0,75 0,34 0,41 543105 0,76 0,35 0,40 - jusqu’à 1975, connait depuis cette époque une PACA 4257907 4506253 0,63 0,19 0,44 4899155 0,76 0,23 0,53 - progression démographique forte, plus forte que celle de la plaine proprement dite (+19% entre 1999 et 2010). France 56615156 58520688 0,40 0,40 0,00 62765236 0,60 0,40 0,20 - On constate un desserrement des agglomérations d’Avignon et de Carpentras vers ce secteur qui reste toutefois métropolitaine plus rural (seulement 14 000 habitants en 2010). La croissance démographique est plus forte sur le piémont du Source : INSEE - RGP10 Ventoux (Bédoin, Flassan, Villes-sur-Auzon, Mormoiron…) que du côté des monts du Vaucluse.  Le secteur des collines de Vaison – Malaucène est dynamique sur le plan démographique, mais la pression y est moins forte qu’ailleurs, avec seulement 8% de population gagnée entre 1999 et 2010. Certains villages gagnent toutefois beaucoup d’habitants à proximité de Vaison-la-Romaine : Saint Romain en Viennois, Saint Marcellin les Vaison, Entrechaux principalement. La croissance démographique la plus modérée se retrouve à Vaison et à Malaucène (environ 5% d’habitants gagnés entre 1999 et 2010.  Le plateau de Sault et la vallée du Toulourenc, qui sont moins peuplés et qui étaient peu dynamiques jusqu’à la fin des années 1990, ont connu une croissance forte entre 1999 et 2010. La population y est passée de 2400 à 3550 habitants, soit une hausse de 50%. L’ensemble des villages connaissent une pression résidentielle, et c’est la centralité du plateau, Sault, qui s’est développée le moins entre 1999 et 2010 (+16% de population). En conclusion, le territoire connait une pression démographique importante qui s’est intensifiée depuis la fin des années 1990, et progresse vers l’est. Cette croissance concerne majoritairement les villages, les polarités urbaines du territoire s’affaiblissant en proportion (tout en restant relativement dynamiques : aucune polarité ne perd d’habitants). En termes de perspectives, il y a fort à parier que le contexte démographique va rester largement positif sur le territoire, le Vaucluse étant attractif et le devenant de plus en plus à l’horizon 2040 selon les perspectives de l’INSEE. En outre, le développement de la ligne ferrée Avignon Centre – Carpentras et de la liaison Avignon TGV – Avignon

Centre va probablement accroitre l’attractivité résidentielle de la plaine du Comtat et du massif dans son ensemble au cours des prochaines décennies.

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1.1.2 Les migrations résidentielles 72

Un territoire attractif bien au-delà des échelles départementale et régionale Un desserrement de l’unité urbaine d’Avignon qui se ressent fortement sur le territoire Entre 2003 et 2008, les migrations résidentielles ont bénéficié au territoire avec un cumul de 13 203 entrées pour Le territoire est concerné par un phénomène de « desserrement » de l’unité urbaine d’Avignon, qui s’étend d’ailleurs seulement 10 994 sorties du territoire (sur 90 000 habitants). L’attractivité résidentielle s’explique à des échelles jusqu’aux communes de Carpentras et de Pernes-les-Fontaines. multiples : La carte ci-dessous illustre ce phénomène de desserrement qui se traduit par l’emménagement d’habitants de l’unité  Les échanges démographiques avec le reste du Vaucluse sont très importants et largement bénéficiaires au urbaine dans les secteurs périphériques. Le territoire d’étude est concerné par ces emménagements, en particulier périmètre d’étude : entre 2003 et 2008, le différentiel entrées/sorties à l’échelle départementale a dépassé les dans la plaine du Comtat, l’Arc Comtadin et le secteur de Vaison-la-Romaine. Entre 2003 et 2008, ce sont des 750 habitants. centaines d’habitants de l’unité urbaine qui ont emménagé dans des villes et villages comme Mormoiron, Mazan,  Le territoire est également très attractif par rapport à la région PACA dans son ensemble (différentiel Bédoin, Malaucène, et Vaison-la-Romaine. entrées/sorties de plus de 950 habitants) et plus largement à l’échelle nationale : forte attractivité par rapport à Le plateau de Sault est également touché par le desserrement, ce qui explique l’attractivité que le secteur a connu au la région parisienne (différentiel de plus de 700 habitants), la région Rhône-Alpes (différentiel de plus de 350 cours de la dernière décennie. Les villages de la vallée du Toulourenc, quant à eux, sont relativement peu touchés par habitants), la région Nord Pas de Calais (différentiel de plus de 250 habitants). le desserrement (c’est le seul secteur qui n’est pas concerné).  L’attractivité « rurale » du territoire se ressent fortement étant donné que ce dernier accueille un nombre important de résidents en provenance des grandes unités urbaines nationales, alors que peu de résidents du territoire migrent vers les grandes villes : 4400 entrées depuis l’unité urbaine d’Avignon entre 2003 et 2008, 1063 entrées depuis l’unité urbaine de Paris, 739 entrées depuis l’unité urbaine de Marseille, 360 entrées depuis l’unité urbaine de Lyon… L’attractivité est également forte vis-à-vis des unités urbaines de Nice, Toulon, Grenoble et Lille.  Le territoire attire un nombre important de résidents venant de l’étranger. Entre 2003 et 2008, environ 1280 personnes étrangères s’y sont installées.  Enfin, on note que le territoire perd des résidents au profit de migrations vers la région Languedoc-Rousillon, les villes de Nîmes et de Montpellier, ce qui montre l’attractivité « encore plus forte » de cette région.

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1.1.3 Les caractéristiques de la population

Les catégories socioprofessionnelles des habitants

Par rapport aux moyennes départementale et régionale, le territoire d’étude accueille une part élevée de retraités (30% des habitants de plus de 15 ans en 2010), qui tend à augmenter rapidement au détriment des autres catégories socio-professionnelles (les retraités ne représentaient que 26% des habitants de plus de 15 ans en 1999). Il accueille également plus d’agriculteurs et d’artisans, ce qui est fréquent dans les territoires à dominante rurale. Toutefois, ces catégories socio-professionnelles restent peu représentées en nombre, et de moins en moins (respectivement 2% et 6% des habitants de plus de 15 ans). En termes d’équilibres internes, on note des spécificités des différents secteurs du périmètre d’étude :  Le plateau de Sault accueille une proportion plus importante de cadres, employés et représentants des professions intellectuelles supérieures et intermédiaires. Cela peut s’expliquer par l’éloignement du secteur par rapport aux pôles d’emplois, une part plus forte des habitants ayant « les moyens » d’aller travailler à une distance importante, sans outils de transport en commun adaptés.  Le secteur de Vaison Malaucène est le plus concerné par la présence d’habitants retraités.  La plaine du Comtat, à l’inverse, tend à accueillir plus d’actifs et une population plus forte d’ouvriers, ce qui peut s’expliquer par la présence d’emplois locaux, une plus forte proximité d’Avignon et par la présence d’une offre

d’habitat plus abordable.

Catégories socio-professionnelles 1999 et 2010 Total Total artisans, Total cadres et Total professions agriculteurs commerçants, professions Total employés Total ouvriers Total retraités Total intermédiaires exploitants chefs d'entr. intellect. Sup 1999 2010 1999 2010 1999 2010 1999 2010 1999 2010 1999 2010 1999 2010 1999 2010 Plaine du Comtat 1035 585 1905 2463 2081 2967 4809 6121 6072 7238 6974 6985 10359 13784 33235 40143 Dont Carpentras 256 57 810 1020 936 1239 2121 2677 3014 3510 3551 3852 5238 6622 17310 17595 Dont Pernes-les-Fontaines 228 150 456 498 408 682 1124 1207 1120 1372 1240 990 1716 2430 7006 6617 Arc Comtadin 424 320 480 823 436 614 1036 1496 1192 1530 1096 1311 2576 3521 7240 9615 Collines de Vaison-Malaucène 472 342 624 736 384 505 948 1202 1305 1835 1328 1303 3136 4119 8197 10042 Dont Vaison-la-Romaine 120 100 244 296 192 212 372 571 585 827 652 520 1628 2139 4304 4153 Dont Malaucène 80 64 128 140 64 76 176 208 256 360 296 313 588 756 1756 1749 Plateau de Sault et vallée du Toulourenc 112 153 92 133 72 245 128 453 368 609 192 219 552 1010 1516 2822 Dont Sault 52 85 72 81 24 37 56 101 156 139 100 93 292 472 932 829 TOTAL 2043 1400 3101 4155 2973 4330 6921 9272 8937 11212 9590 9818 16623 22434 50188 62622 Vaucluse 7244 5294 17465 20799 19403 26761 44072 55429 63808 72318 59229 61075 92917 124370 304138 366046 PACA 24689 20154 154493 171197 218699 310625 427996 542318 640357 689595 420847 428534 887174 1150600 2774255 3313023 France métropolitaine 642138 479954 1658959 1705485 3165233 4525266 5762661 7156229 7808333 8492277 7060891 6859775 10634443 13553388 36732658 42772374 source : INSEE 2010

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La taille et la composition des ménages L’âge des habitants La taille des ménages diminue rapidement sur le territoire. En 2010, elle s’élevait à 2,29 personnes par ménage, La population du territoire est contre 2,53 en 1990 et plus de 3 en 1970. Cette taille des ménages est proche de la moyenne à l’échelle particulièrement âgée par rapport aux départementale, et la diminution constatée à l’échelle du territoire est également une réalité dans le Vaucluse. La moyennes départementale et régionale. Les taille des ménages est légèrement plus faible dans les secteurs du Plateau de Sault et de Vaison – Malaucène (2,15 habitants de plus de 50 ans sont personnes par ménage), et plus élevée dans la plaine du Comtat, qui accueille plus de couples avec enfants. relativement nombreux en proportion, alors que la part de jeunes actifs (20 à 50 ans) est La diminution de la taille des ménages s’explique par une évolution de la composition des ménages liée à la fois au plus faible qu’ailleurs dans le Vaucluse. Ce vieillissement de la population et à l’évolution des modes de vie des habitants. Entre 1999 et 2010, la part des couples constat peut s’expliquer par la typologie du avec enfants a diminué de 5%, au profit d’une augmentation des plus petits ménages (ménages d’une personne en territoire qui semble moins adaptée pour premier lieu). les ménages aux moyens limités (coût du foncier, des déplacements pour se déplacer vers les pôles d’emploi), et pour les ménages recherchant un cadre de vie plus urbain. La part des personnes âgées est particulièrement importante dans le secteur de Vaison – Malaucène. Le territoire connait en outre un phénomène de vieillissement de la population qui accentue la tendance décrite ci- dessus. Le nombre d’habitants de plus de 50 ans a fortement augmenté entre 1999 et 2010, alors que le nombre d’habitants plus jeunes reste globalement stable. Ce constat suppose, en termes de perspectives, une croissance à venir des besoins en logements et en services adaptés par rapport aux populations âgées sur le territoire. Il pose également la question de la viabilité du modèle de développement résidentiel dans les villages, la mobilité des habitants ayant vocation à diminuer et à générer des Du fait de ces évolutions, la croissance du nombre de ménages sur le territoire est sensiblement plus forte que celle conditions d’isolement pour une partie des habitants (les personnes les plus âgées). de la population (+ 19,5 % contre +13 % entre 99 et 2010), ce qui ce qui n’est pas sans incidence sur les besoins en logement. Evolution de la taille des ménages 1999-2010 1999 2010 1999-2010 Variation du Nbre Population Taille Nbre Population Taille Evolution du nbre de mén ménages des mén. ménages ménages des mén. ménages nbre de mén. en % Plaine du Comtat 21364 52872 2,47 25258 58989 2,34 3894 18,2% Dont Carpentras 10877 25516 2,35 12663 28572 2,26 1786 16,4% Dont Pernes-les- 3871 10112 2,61 4333 10350 2,39 462 11,9% Fontaines Arc Comtadin 4580 11182 2,44 5870 13324 2,27 1290 28,2% Collines de Vaison- 5288 12198 2,31 6096 13146 2,16 808 15,3% Malaucène Dont Vaison-la- 2625 5754 2,19 2921 5937 2,03 296 11,3% Romaine Dont Malaucène 975 2402 2,46 1124 2546 2,27 149 15,3% Plateau de Sault et vallée du 984 2268 2,30 1282 2757 2,15 298 30,3% Toulourenc Dont Sault 510 1137 2,23 621 1319 2,12 111 21,7% TOTAL 32216 78520 2,44 38507 88215 2,29 6291 19,5% Vaucluse 200149 488876 2,44 232793 531807 2,28 32644 16,3% PACA 1896302 4401368 2,32 2161998 4779865 2,21 265696 14,0% France 23808072 57220124 2,40 27106516 61297896 2,26 3298444 13,9% métropolitaine Source : INSEE - RGP10

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Les revenus des ménages Le revenu médian sur le territoire d’étude est d’environ 16 532 € par an, soit un revenu médian inférieur à celui du Vaucluse (16 966 € / an) et à celui de la Région PACA (18 636 € / an). Le revenu médian varie suivant les secteurs étudiés. Il est plus important dans le secteur de l’Arc Comtadin (17 622 € / an), certains villages accueillant des populations plus aisées. Il est plus faible sur le plateau de Sault et dans la vallée du Toulourenc, mais il reste « correct » par rapport à d’autres secteurs ruraux du Département (16 116 € / an). Les populations ont donc, globalement, des revenus modérés par rapport aux tendances départementale et régionale. Cette situation pose plusieurs questions pour l’aménagement et le développement futurs du territoire :  Les besoins en services et en logements « abordables » sont et seront importants à l’avenir, en particulier dans un contexte où les revenus des ménages stagnent. La pression immobilière et foncière étant particulièrement importante sur le territoire, les prix immobiliers à l’achat deviennent inabordables pour un nombre croissant de ménages, et accentuent les demandes de logements locatifs ou d’accession aidés.  La vulnérabilité des ménages face à l’augmentation du coût de l’énergie représente un double enjeu. D’une part, les performances énergétiques du bâti ancien sont à optimiser, les réhabilitations étant souvent coûteuses et difficiles à mettre en œuvre. D’autre part, les coûts liés aux déplacements individuels (en voiture) vont augmenter et fragiliser les ménages, en particulier dans les secteurs où l’accessibilité par rapport aux polarités de services et d’équipement est limitée.

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2.2. La croissance résidentielle : dynamiques à l’œuvre 1.2.1 Le parc de logements et son évolution On dénombre, en 2010, environ 48 500 logements sur le territoire, dont 79% de résidences principales. Par rapport à la moyenne du Vaucluse, on remarque un taux de résidences secondaires légèrement élevé (12% contre 7% à l’échelle départementale). Le taux de logements vacants, qui atteint 9%, est similaire à celui du Département. Depuis la fin des années 1960, la croissance du nombre de logements a été plus forte sur le territoire qu’à l’échelle départementale, ce qui est cohérent avec les dynamiques démographiques. Entre 1999 et 2010, près de 8 500 logements ont été produits. En proportion par rapport au nombre de logements existants, la croissance a été la plus forte dans l’arc comtadin, où 30% de logements supplémentaires ont été produits par rapport à 1999. En termes d’équilibres entre résidences principales, secondaires et logements vacants, on distingue très nettement le secteur de la plaine du Comtat, qui accueille peu de résidences secondaires (4%) et une grande majorité de résidences principales (87%). Le plateau de Sault accueille à l’inverse une proportion forte de résidences secondaires (35%), et seulement 55% de résidences principales. Toutefois, la part de résidences secondaires a fortement chuté entre 1999 et 2010 du fait d’une attractivité renforcée pour les résidents permanents.

Evolution et nature des logements entre 1990 et 2010

Total Résidences principales Résidences secondaires et logements occasionnels Logements vacants

Evol Evol Evol Evol Evol Evol Evol Evol 2010 2010 Part 2010 Part 2010 Part 90-99 99-10 90-99 99-10 90-99 99-10 90-99 99-10 Plaine du Comtat 29030 2926 4701 25258 2932 3894 87% 1201 -1 180 4,1% 2571 -5 627 8,9% Dont Carpentras 14621 903 2122 12663 973 1786 86,6% 246 -28 -75 1,7% 1713 -42 412 11,7% Dont Pernes-les-Fontaines 4813 826 543 4333 854 462 90% 222 -7 44 4,6% 259 -21 38 5,4% Arc Comtadin 8513 901 1986 5870 813 1290 69% 2062 152 525 24,2% 581 -64 171 6,8% Collines de Vaison-Malaucène 8675 827 1554 6096 541 808 70,3% 1785 197 461 20,6% 793 89 284 9,1% Dont Vaison-la-Romaine 3849 215 631 2921 167 296 75,9% 538 12 205 14% 391 36 131 10,2% Dont Malaucène 1679 292 230 1124 144 149 66,9% 363 99 16 21,6% 192 49 65 11,4% Plateau de Sault et vallée du Toulourenc 2275 -45 336 1282 21 298 56,4% 783 26 9 34,4% 210 -92 29 9,2% Dont Sault 1046 -24 158 621 19 111 59,3% 308 -2 15 29,4% 118 -41 33 11,3% TOTAL 48493 -3091 16277 38507 4307 6291 79,4% 5831 374 1175 12% 4155 -72 1111 8,6% Vaucluse 24946 22817 43302 232793 22156 32644 - 20094 44 3720 - 24946 617 6938 - PACA 203997 252430 338782 2161998 201840 265696 - 494442 35940 61514 - 203997 14650 11572 - France métropolitaine 32520024 2462772 3818012 27106997 2269682 3296836 - 3108606 83284 206513 - 2304421 109806 314663 - source : INSEE 2010

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1.2.2 Caractéristiques des résidences principales

Occupation des résidences principales Le territoire se démarque par rapport aux moyennes départementales par une part importante de propriétaires (59% contre 55,5% dans le Vaucluse), ce qui est souvent le cas dans les secteurs à dominante rurale. Cette proportion de propriétaires tend à augmenter progressivement (+3% entre 1999 et 2010), mais on retrouve la même tendance à l’échelle départementale. L’offre locative, privée ou publique, est plus fortement représentée dans la plaine du Comtat et polarisée dans les principales villes du territoire : Carpentras (59% de locatif), Vaison-la- Romaine (51%), Sault (40%) et Saint Christol (48%) sur le plateau. Ce sont les polarités urbaines qui offrent donc la diversité de logements pour répondre aux besoins des ménages n’accédant pas à la propriété. Ce constat est à relativiser car la majorité des villages accueillent des locataires dans des proportions modérées (entre 15 et 30% des ménages). Toutefois, l’évolution de l’occupation des résidences principales entre 1999 et 2010 montre un renforcement particulièrement important de la propriété dans les villages, au détriment de l’occupation locative. Typologie des résidences principales Les résidences principales sont majoritairement des maisons individuelles (75% des résidences principales). On retrouve des appartements majoritairement à Carpentras et Vaison-la-Romaine, du fait d’une typologie urbaine différente. Toutefois, on constate que l’installation des ménages en appartement se développe bien dans les villages en périphérie de Carpentras (Aubignan, Caromb, Mazan, Mormoiron, Bédoin, Saint-Didier, Pernes, Velleron,…). L’offre en appartement reste très limitée dans les autres secteurs et en particulier sur le plateau de Sault. En termes de taille, la grande majorité des résidences principales sont grandes (T4 ou plus, environ 70% du parc de résidences principales). L’offre de petits logements (T1, T2, T3) est majoritairement localisée dans les polarités urbaines, en particulier Carpentras et Vaison-la-Romaine.

Ce constat pose la question de l’adaptation du parc de résidences principales par rapport aux besoins des ménages, en particulier dans un contexte où la taille moyenne des ménages est proche de 2 personnes. Evolution du statut d'occupation des résidences principales entre 1999 et 2010 Résidences principales Propriétaires Locataires logement non HLM Locataires logement HLM logé gratuitement Evol Evol Evol Evol Evol 2010 2010 Part 2010 Part 2010 Part 2010 Part 99-10 99-10 99-10 99-10 99-10 Plaine du Comtat 25258 18,2% 14309 23,8% 56,7% 8120 21,3% 32,1% 2132 9,4% 8,4% 697 -40% 2,8%

Dont Carpentras 12663 16,4% 5643 25,5% 44,6% 5000 20,3% 39,5% 1746 2,7% 13,8% 274 -47,8% 2,2% Dont Pernes-les-Fontaines 4333 11,9% 2888 14,8% 66,7% 1073 7% 24,8% 249 83,1% 5,7% 123 -43,2% 2,8% Arc Comtadin 5870 28,2% 3975 33,3% 67,7% 1533 39,1% 26,1% 42 -53,8% 0,7% 321 -20,8% 5,5%

Collines de Vaison-Malaucène 6096 15,3% 3579 21,3% 58,7% 1894 19,8% 31,1% 344 8,5% 5,6% 280 -36,5% 4,6%

Dont Vaison-la-Romaine 2921 11,3% 1491 21,7% 51,1% 1052 10,7% 36% 289 4,4% 9,9% 88 -48,8% 3% Dont Malaucène 1124 15,3% 690 15,6% 61,4% 346 37,3% 30,8% 42 23,5% 3,7% 46 -50% 4,1% Plateau de Sault et vallée du Toulourenc 1282 30,3% 796 39,6% 62% 347 45,1% 27% 84 -2,4% 6,5% 56 -37,1% 4,4%

Dont Sault 621 21,7% 374 30,9% 60,3% 171 18,2% 27,6% 49 43,2% 7,8% 26 -41,4% 4,2%

TOTAL 38507 19,5% 22659 25,4% 58,8% 11893 23,7% 30,9% 2601 6,6% 6,8% 1354 -35,4% 3,5% Vaucluse 232793 16,3% 129217 22,1% 55,5% 68440 21,1% 29,4% 27745 4,4% 11,9% 7390 -34,3% 3,2% PACA 2161998 14,0% 1179642 19,9% 54,6% 659989 14,7% 30,5% 243712 6,8% 11,3% 78655 -27,9% 3,6% France métropolitaine 27106997 13,8% 15658182 20,1% 57,8% 6814140 15,9% 25,1% 3944275 3,7% 14,6% 690399 -36,6% 2,5% source : INSEE 2010 78

1.2.3 Dynamiques de construction et consommation foncière Consommation foncière Dynamiques de construction neuve Les données disponibles pour analyser la consommation foncière sont limitées sur le territoire, mais l’analyse des Les dynamiques de constructions neuves ont été importantes SCOT existants et des données d’occupation du sol à l’échelle régionale permettent d’estimer les rythmes au cours des années 2000, avec environ 4560 permis de d’artificialisation : construire délivrés entre 2002 et 2011, soit une moyenne de plus de 450 constructions nouvelles par an.  Entre 1990 et 2005, la consommation foncière peut être estimée à environ 150 ha / an, localisée en majorité dans la plaine du Comtat et l’arc Comtadin. La majorité de ces logements (63%) ont été construits dans la plaine du Comtat qui accueille la majorité de la population du  Le SCOT de l’Arc Comtat Ventoux, plus récent que celui de la COPAVO, a mis en évidence un phénomène de territoire. Les constructions sont, en nombre, assez limitées ralentissement des rythmes de consommation foncière entre 2000 et 2005 par rapport aux années 1990, lié à un sur le plateau de Sault et dans la vallée du Toulourenc (3% des renforcement des politiques urbaines à ce niveau. On peut supposer que les consommations foncières ont ralenti constructions totales). Toutefois, le rythme de construction depuis 2005 du fait de la mise en œuvre des deux principaux SCOT (à confirmer dans le cadre de leur révision dans ce secteur est le plus important en comparaison avec le future). parc total de résidences principales : les constructions neuves (2002-2010) représentent environ 15% du parc de résidences principales de 2010. TERRITOIRE Rythme estimé d’artificialisation annuelle moyenne entre 1990 et 2005 En termes de diversité des formes de logements produites entre 2002 et 2011, on note la production d’environ 50% SCOT arc comtat Ventoux + Velleron et Pernes les 120 ha / an de formes individuelles pures, 20% de formes individuelles groupées et 25% de logements collectifs / en résidence. Fontaines Cette diversité est répartie de manière très hétérogène sur le territoire : SCOT COPAVO (communes du périmètre d’étude) 15 ha / an  Les polarités urbaines portent la production des formes groupées / collectives sur le territoire : Carpentras (70% Plateau de Sault et vallée du Toulourenc (absence 15 ha / an des logements produits), Aubignan (64%), Malaucène (58%), Sault (54%). C’est dans ces communes que l’on de SCOT) retrouve la majorité des formes urbaines les plus denses, et la diversité de logements pour répondre aux attentes TOTAL 150 ha / an des ménages aux moyens modérés (petits logements, logements locatifs).

 Dans les villages, la construction neuve est majoritairement orientée vers des formes individuelles pures (villas, pavillons). Dans plus de la moitié des communes du périmètre d’étude, ces formes représentent plus de 75% de la production totale de nouveaux logements. Secteurs de pression par rapport à l’artificialisation entre 1990 et 2005

Source : occupation du sol PACA 1988 – 2006, SCOT COVE, SCOT COPAVO 79

1.2.4 Le marché foncier et de l’immobilier 2.3. L’armature urbaine et l’organisation des déplacements Le marché de la vente 1.3.1 Des polarités urbaines qui fondent l’organisation des bassins de vie Du fait de l’attractivité résidentielle importante du territoire, le marché de la vente est caractérisé par des prix Plusieurs polarités structurent l’offre d’équipements et de services à l’échelle du territoire d’étude : globalement élevés par rapport aux budgets des ménages, ce qui engendre une problématique importante d’accès à la propriété pour les habitants :  La ville de Carpentras offre une gamme importante de services et d’équipements et rayonne à l’échelle de tout le massif. Toutefois, elle ne se substitue pas à Avignon, pôle d’équipement bien supérieur qui est attractif dans un  Les prix des terrains comptent parmi les plus élevés du Département, juste en dessous de ceux du Lubéron et du bassin de vie très large (aujourd’hui, les habitants de la plaine du Comtat vont aussi bien chercher les services à Pays d’Apt. Le prix moyen d’un terrain à bâtir est d’environ 100 k€, pour un prix du m² constructible compris entre Avignon qu’à Carpentras). Compte tenu du contexte démographique très favorable qui caractérise la plaine du 100 et 150€. Globalement, les prix des terrains tendent à augmenter du fait de la pression foncière. Le prix au m² Comtat, le dynamisme de Carpentras en termes d’offre d’équipements et de services représente un enjeu fort. augmente également du fait d’une diminution progressive des surfaces moyennes des terrains constructibles. Les prix des terrains sont les plus élevés dans la plaine de Carpentras, et les plus bas dans le secteur du plateau de  L’arrivée de populations dans la plaine du Comtat, en partie sous l’effet du desserrement démographique Sault. d’Avignon, a généré une croissance diffuse de l’offre en services dans ce secteur. Ainsi, les villes et villages autour de Carpentras disposent très souvent d’une offre de services assez importante (à Pernes-les-Fontaine, Bédoin, Surface constructible < 600 m² 600 - 900 m² > 900 m² Mazan,…). L’Isle-sur-la-Sorgue, localisée en-dehors du périmètre d’étude, offre également une offre de services Prix au m² 120 - 180 k€ 110 - 170 k€ 80 - 150 k€ importante et la ville est attractive pour une partie des ménages du territoire. Source : Immoprix  On retrouve sur le périmètre d’étude ou à proximité directe plusieurs bassins de vie structurés qui fonctionnent  Concernant l’achat de maisons, les 2/3 des ventes concernent des maisons anciennes (reventes). Les prix de vente « moins » sous l’influence du pôle d’Avignon : Vaison-la-Romaine, Malaucène, Sault, Apt et Buis-les-Baronnies. sont relativement stables depuis les années 2007-2008, mais ils restent élevés : les prix moyens vont de 170 k€ Chacun de ces bassins de vie est organisé autour d’un pôle plus ou moins important, qui apporte services et pour une maison T3 à 240 k€ pour une maison T6. L’offre de vente de maisons anciennes est diffuse sur le équipements pour des besoins de fréquence quotidienne ou hebdomadaire. Le maintien du bon fonctionnement territoire (villes et villages). des bourgs ruraux (Buis les Baronnies, Malaucène, Sault en particulier) est important afin de limiter les besoins en déplacements des habitants vers les « grandes villes » de la plaine. T3 T4 T5 T6 Ensemble

Prix d'achat d'une maison ancienne 170 k€ 200 k€ 235 k€ 240 k€ 220 k€ Source : Immoprix  L’offre de vente d’appartements est concentrée sur les principales villes du territoire (Carpentras, Pernes-les- Fontaines, Vaison-la-Romaine) et dans les bourgs (Malaucène, Sault). Le prix moyen d’achat est d’environ 1900 € / m² pour les appartements anciens et de 3500 € / m² pour les appartements neufs. Ces prix ont augmenté rapidement au début des années 2000 pour se stabiliser à partir de 2007-2008.

Le marché locatif L’offre locative est localisée principalement dans les villes (Carpentras, Vaison-la-Romaine) et les bourgs (Malaucène, Sault), et est majoritairement représentée par des appartements. On note toutefois la présence d’une offre de location de villas, diffuse sur le territoire (y compris dans les villages). Globalement, les prix de location sont élevés par rapport aux moyens des ménages. Les analyses menées dans le cadre de la réalisation du SCOT de l’arc Comtat Ventoux ont montré que les prix de location d’un T3/T4 variaient de 400 à 1000 €/mois sur le territoire, les prix de location de maisons de ville et de villas dépassant régulièrement les 1000 €/mois. On constate une variabilité assez forte des loyers sur le territoire, qui s’explique par des écarts qualitatifs important dans l’offre existante. Une partie des appartements présentent une qualité très modeste, en particulier dans les centres historiques des villes.

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1.3.2 Des infrastructures structurantes qui maillent le territoire 1.3.3 Des besoins en déplacement qui sont importants Le territoire est maillé par un réseau d’infrastructures routières qui relient entre elles les polarités de services et Les besoins en déplacement sont importants et restent, à ce jour, très majoritairement effectués en voiture d’équipement. L’accessibilité routière du territoire est globalement bonne, mais des nuances sont à formuler au individuelle : regard de ce constat général :  L’accès à l’emploi constitue un des principaux motifs de déplacements. L’analyse des migrations domicile-travail  L’accessibilité au plateau de Sault reste limitée depuis la plaine du Comtat, en particulier du fait de la distance à montrent que, chaque jour, plus de 12 000 habitants (plus du tiers des actifs) quittent le territoire pour aller parcourir et du contexte topographique qui limite les vitesses de circulation des usagers. Ce constat renforce travailler à l’extérieur, en particulier dans l’unité urbaine d’Avignon (9 000 sorties) mais également dans le reste l’importance du maintien d’une offre de services et d’équipements suffisamment polyvalente sur le plateau, afin de la région et dans les régions limitrophes (PACA hors Avignon : 2000 sorties, Rhône Alpes : 550 sorties, de limiter les besoins en déplacement vers la plaine. En-dehors de la période estivale, on peut noter que les axes Languedoc Roussillon : 330 sorties). Des actifs provenant de l’extérieur viennent aussi travailler sur le territoire de liaison sont modérément fréquentés et que leur sécurisation est satisfaisante. (7900 actifs environ), en particulier depuis l’unité urbaine d’Avignon (5000 entrées chaque jour). Les  Les trafics routiers dans la plaine sont plus importants et peuvent générer à la fois un allongement des temps de déplacements internes pour l’accès à l’emploi sont également importants, la part des actifs travaillant dans leur parcours ainsi qu’une remise en question (modérée à ce jour) des conditions de sécurité des principaux axes. On commune de résidence étant de plus en plus limitée. notera, en particulier, des trafics très importants sur l’axe Avignon – Carpentras (35 000 véhicules / jour en  L’accès aux services génère également des besoins en déplacement, en particulier pour accéder aux pôles de moyenne). Cette situation génère régulièrement un engorgement du trafic aux heures de pointes, en particulier à services du territoire et au pôle de services d’Avignon. l’entrée de Carpentras. Afin de désengorger le centre-ville, la poursuite de la rocade est programmée au sud de la ville, le contournement ouest et nord étant déjà existant. Les dynamiques constatées de croissance démographique dans les petites communes (villages) entrainent une croissance des déplacements individuels pour l’accès aux services et à l’emploi. On peut estimer que les deux Aucune ligne ferrée voyageurs n’est présente pour le moment sur le territoire. On notera toutefois le projet principales sources de déplacements sur le territoire sont les déplacements courts (mais nombreux) internes au d’ouverture de la ligne TER Avignon – Carpentras (ouverture prévue fin 2014), cette nouvelle infrastructure territoire d’une part, et les déplacements de plus longue distance vers et depuis l’unité urbaine d’Avignon, qui sont représentant un atout majeur pour le territoire. Sa mise en service devrait en particulier limiter les déplacements également nombreux. automobiles entre Avignon et Carpentras, et réduire les trafics à l’entrée de Carpentras. Un effet d’aspiration est toutefois à anticiper, l’ouverture de la ligne pouvant renforcer l’attractivité de Carpentras et de ses proches couronnes pour des actifs travaillant à Avignon (et inversement).

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Les lignes routières et leur fonctionnement 1.3.4 Les modes de déplacement alternatifs à la voiture Plusieurs lignes routières (cars) offrent actuellement une alternative à la voiture individuelle pour les habitants qui le Une offre de transport en commun existe sur le territoire et va être amenée à être renforcée au cours des prochaines souhaitent. Ces lignes ne sont pas toutes compétitives et ne répondent pas toutes aux mêmes attentes : années, ce qui devrait permettre de favoriser un report modal pour une partie des déplacements des habitants :  La ligne Avignon Carpentras est très compétitive, avec 35 allers retours par jour dont 24 omnibus. Cette ligne, qui Les lignes ferrées et leur fonctionnement est amenée à évoluer avec la création de la liaison ferrée, peut répondre à des attentes diversifiées : Actuellement, aucune gare ferrée n’est présente sur le territoire. Les habitants profitent toutefois de la présence de déplacements domicile travail, accès aux services, liaison vers les autres lignes ferrées et la gare TGV (via la lignes structurantes organisées autour d’Avignon : navette Avignon Centre – Avignon TGV). C’est un outil important pour le territoire.  La gare TGV d’Avignon permet de rejoindre rapidement les principales villes du Sud et de l’Est de la France :  Les autres lignes routières sur le territoire sont moins compétitives, avec des cadencements variant de 2 à 11 Marseille, Nice, Valence, Lyon, Paris, Strasbourg,… Les cadencements sont compétitifs. allers retours par jour. Ces lignes sont intéressantes surtout pour favoriser la mobilité des personnes qui n’ont pas les moyens d’utiliser une voiture individuelle (habitants « captifs »). Via un schéma « en étoile » autour de  La gare TER d’Avignon Centre est rattachée à deux principales lignes : la grande ligne Paris-Lyon-Marseille - et la Carpentras, elles permettent un certain « rabattement » des habitants vers cette polarité pour l’accès aux ligne TER Avignon – – Marseille. Les cadencements sont bons sur ces deux axes (environ 25 allers retours équipements et aux services : accès facilité depuis Vaison, Malaucène, Sault, Méthamis,… Les habitants de Vaison- par jour). Les habitants du périmètre d’étude peuvent être enclins à utiliser la ligne TER Avignon – Cavaillon – la-Romaine ont également la possibilité de rejoindre Orange et Bollène ; les habitants de Sault peuvent quant à Marseille qui passe dans des gares relativement proches (, L’Isle sur la Sorgue en particulier). Toutefois, les eux rejoindre Apt plutôt que Carpentras. trains sur cette ligne sont moins nombreux et plus lents que sur la « grande ligne » Avignon-Marseille.

Le territoire est concerné par un projet structurant de création d’une ligne TER Avignon – Carpentras, qui devrait être ouverte fin 2014. Ce projet est particulièrement important pour le territoire et devrait permettre un report modal considérable pour les habitants se déplaçant de manière régulière vers Avignon et ses proches couronnes.

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2.4. Politiques en cours : acteurs et actions 1.4.1 Des documents d’urbanisme qui encadrent le développement

Les SCOT Le territoire est concerné par 3 SCOT qui encadrent le développement urbain à l’échelle intercommunale :  23 communes sont couvertes par le SCOT de l’Arc Comtat Ventoux, approuvé en juin 2013, qui s’étendra aux 5 communes du plateau de Sault ;  7 communes sont couvertes par le SCOT du Pays Voconces, approuvé en juillet 2010, qui s’étendra aux communnes de la vallée du Toulourenc ;  2 communes sont couvertes par le SCOT du bassin de vie d’Avignon, approuvé en décembre 2011. L’élaboration des SCOT et leur mise en œuvre a permis, entre autres, de renforcer les politiques urbaines pour les adapter aux attentes des habitants et pour mieux maîtriser les impacts du développement urbain sur le territoire, dans un contexte de pression importante. Des objectifs ont en particulier été définis dans les SCOT pour limiter la consommation foncière, renforcer la densité et la mixité des opérations de construction, favoriser le renouvellement urbain plutôt que les extensions sur des terres agricoles… Ces trois SCOT vont devoir être révisés prochainement pour se mettre en compatibilité avec les dispositions de la loi Grenelle II de juillet 2010 (SCOT « Grenelle »). Celui de l’Arc Comtat Ventoux sera étendu à l’ensemble des communes de l’ex communauté de communes du pays de Sault qui a fusionné avec celle de Terrasses du Ventoux comprise dans le SCOT donnant ainsi naissance à la communauté de communes Ventoux Sud

Les documents d’urbanisme communaux La couverture du territoire en documents d’urbanisme est assez bonne actuellement et est en cours de renforcement. Les communes devraient, de ce fait, maîtriser de mieux en mieux les impacts du développement urbain à leur échelle, tout en répondant aux besoins de leurs habitants et en traduisant localement les objectifs des SCOT :  Actuellement, seules 8 communes sont dotées d’un PLU, mais 22 communes sont en train d’élaborer un PLU (nouveau document ou passage de POS en PLU). Une fois ces élaboration concrétisées, la couverture du territoire en PLU concernerait 31 communes sur 40, ce qui est assez important.

 4 communes sont dotées d’une carte communale. Cet outil reste peu efficace pour optimiser le projet urbain des communes, et leur pertinence pose question en particulier dans les secteurs de forte pression urbaine (Mormoiron, Blauvac qui révisent actuellement leur carte communale).  4 communes sont aujourd’hui démunies de documents d’urbanisme et sont donc soumises au Règlement National d’Urbanisme (RNU). Elles sont toutes les quatre en phase d’élaboration d’un document communal (3 PLU et une carte communale).

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1.4.2 Les politiques intercommunales : urbanisme et habitat Le PAS du Pays Vaison Ventoux Les outils développés par la COVE : PLH, OPAH, PIG La Région PACA a accompagné la Communauté de Communes Pays Vaison Ventoux dans le cadre d’un Programme La Communauté d’Agglomération Ventoux – Comtat Venaissin (COVE) a développé plusieurs plans et programmes d’Aménagement Solidaire (PAS) dans le cadre d’une convention triennale 2009-2011. dans le domaine de l’habitat : Le PAS a permis à la communauté de communes de structurer un projet urbain communautaire, et un programme  Elle est doté d’un Programme Local de l’Habitat (PLH) depuis 2007, un second PLH étant en cours d’élaboration d’action a été développé. Ce programme comprenait en particulier : en 2013. Plusieurs objectifs prioritaires ont été définis dans le cadre du PLH :  Des actions pour l’aménagement des villes et villages : études et travaux pour les traversées de villes, o Le développement de l’offre existante de logements sociaux ; l’aménagement d’espaces publics, plans de stationnement et de circulation. o La mise en place d’une stratégie foncière intercommunale pour accompagner les politiques urbaines ; o La valorisation des logements existants avec en particulier un objectif de lutte contre le logement indigne  Des actions pour le renforcement du niveau d’équipements : création / réhabilitation d’équipements d’intérêt et de résorption de la vacance ; communautaire ; o La promotion de la qualité urbaine des villes et villages, dans une optique de développement durable.  Des actions liées à l’habitat et au foncier : réhabilitation de patrimoine ancien, production de logements sociaux, Via le subventionnement de projets d’habitat (communes ou bailleurs) et le développement de garanties étude pour la réalisation d’une OPAH à Vaison-la-Romaine, soutien pour les acquisitions foncières. Une réflexion a d’emprunts pour soutenir les projets, le premier PLH a permis la production de plus de 200 logements à prix également été engagée concernant la réalisation d’un Programme Local de l’Habitat à l’échelle de maîtrisés sur le territoire intercommunal. l’intercommunalité.  Un Programme National de Rénovation des Quartiers Anciens et Dégradés (PNRQAD) est en place à Carpentras depuis 2011. Ce programme a permis de développer, en particulier, des actions de requalification d’ilots urbains Les autres EPCI dégradés, et de mettre en place une Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat « Renouvellement Urbain » (OPAH-RU) dans le centre ancien de Les politiques intercommunales en termes d’habitat et d’urbanisme restent peu développées à l’échelle des Carpentras. Cette OPAH vise à accompagner communautés de communes Ventoux Sud et Sorgues du Comtat, qui sont des EPCI d’une taille plus modeste. les propriétaires privés (bailleurs ou La commune de Velleron, quant à elle, fait partie de la Communauté d’Agglomération du Grand Avignon et est donc occupants) pour la réhabilitation de leurs concernée, à ce titre, par le PLH de l’agglomération. logements, avec une priorité sur les logements vacants, la lutte contre l’habitat dégradé et indigne, la résorption de la Action départementale pour le logement des personnes défavorisées : PDALPD, PIG/PST précarité énergétique, le maintien à domicile des personnes à ressources réduites et à Le Département du Vaucluse a mis en place plusieurs dispositifs pour accompagner les collectivités et les propriétaires mobilité réduite. privés au niveau de l’accès au logement :  une OPAH multi-sites est en vigueur jusqu’à  Un Plan Départemental d’Actions pour le Logement des Personnes Défavorisées (PDALPD) a été mis en œuvre 2015, afin d’accompagner la rénovation des entre 2009 et 2013. Ce programme visait à la fois à faciliter l’accès au logement ou le maintien dans le logement logements privés sur l’ensemble du territoire des personnes défavorisées, et à produire une offre de logements spécifique pour répondre aux besoins de ces intercommunal (en-dehors du centre ancien personnes. Le PDALPD comprenait également un volet sur la lutte contre l’habitat indigne. de Carpentras concerné par l’OPAH-RU).  En lien avec le PDALPD, un Programme Social Thématique (PST) / Programme d’Intérêt Général (PIG) a été mis Cette OPAH, qui s’adresse aux propriétaires en place en 2010, en cours de renouvellement. Le PST / PIG vise principalement à développer une offre de bailleurs (sous condition de loyers maîtrisés) logements conventionnés sociaux / très sociaux, avec des objectifs quantitatifs annuels, avec une priorité donnée et aux propriétaires occupants (sous à la résorption de la vacance et à la lutte contre l’habitat indigne. Il comprend un volet destiné spécifiquement condition de ressources) vise prioritairement aux bailleurs sociaux, ainsi qu’un volet destiné aux propriétaires occupants. Le PIG définit une règle d’intervention à faciliter les mises aux normes des logements prioritaire dans les communes du département où le marché de l’habitat est « très tendu ». Plusieurs communes (lutte contre la précarité énergétique, contre du périmètre d’étude sont concernées : Aubignan, Carpentras, Loriol-du-Comtat, Pernes-les-Fontaines et Velleron l’habitat indigne), l’amélioration des (priorité de niveau 1), ainsi que la majorité des communes en première couronne de Carpentras (priorité de performances énergétiques et le maintien niveau 2). dans leurs logements des personnes

défavorisées ou à mobilité réduite.  Un Programme d’Intérêt Général expérimental (PIG) est également développé depuis 2010 à l’échelle de l’intercommunalité pour faciliter le logement des saisonniers agricoles, cette problématique étant importante sur le territoire (vendanges, cueillettes des fruits…). Le PIG vise à accompagner spécifiquement des exploitants agricoles pour la construction ou l’amélioration de logements saisonniers. Il ne devrait pas être renouvelé du fait de son statut expérimental à l’échelle nationale.

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2 PATRIMOINES CULTURELS

2.1. Les composantes des patrimoines culturels 2.1.1 Un patrimoine matériel riche Monuments classés et inscrits On dénombre sur le territoire 105 monuments historiques, dont 44 monuments classés et 61 monuments inscrits :  Les monuments historiques sont généralement, dans les villages, des églises ou chapelles de périodes de construction variables (11ème au 18ème siècle). On retrouve quelques ensembles moyenâgeux ou romains remarquables (château du Barroux, enceinte romaine de Venasque).  Trois villes (Carpentras, Vaison la Romaine, Pernes les Fontaines) présentent une quantité plus importante de monuments protégés plus diversifiés : o Le patrimoine urbain protégé de Carpentras est un patrimoine globalement plutôt récent, avec des éléments architecturaux du 16ème au 18ème siècle : patrimoine juif, hôtels et couvents,… On retrouve également quelques éléments de patrimoine romain et moyenâgeux encore préservés. o A Pernes-les-Fontaines, on retrouve un patrimoine protégé datant du moyen-âge (période des comtes de Toulouse et périodes plus récentes) particulièrement bien préservés, ainsi que des éléments de patrimoine plus contemporains (16ème – 20ème siècle). o Enfin, à Vaison-la-Romaine, on retrouve des éléments de patrimoine protégés liés à la période gallo- romaine et à l’antiquité, la ville étant riche de patrimoine historique lié à cette époque (théâtre romain, thermes,…), ainsi que quelques éléments de patrimoine moyenâgeux.

Jardins remarquables Cinq jardins remarquables sont identifiés au niveau national dans la ville de Carpentras : le jardin de la villa de la Roseraie, le parc du château Le Martinet, le jardin du musée Calvet, la cour du jardin du Couvent des Carmélites ainsi qu’un jardin privé dans le centre ancien. Ces jardins ne font toutefois l’objet d’aucune protection particulière.

Parc du château Le Martinet Bâtiments historiques : ancienne cathédrale et immeuble classé (Carpentras), Fontaine du Cormoran à Pernes-les- Fontaine, site archéologique de Vaison-la-Romaine

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Petit patrimoine matériel Patrimoine bâti non protégé Au-delà du patrimoine architectural, on retrouve une densité très importante de petit patrimoine matériel sur le Le territoire d’étude présente une richesse importante de patrimoine architectural provençal « ordinaire », non territoire, avec des spécificités suivant les secteurs considérés. On relèvera en particulier deux types de patrimoines protégé par des mesures réglementaires : remarquables et caractéristiques du territoire :  La majorité des centres historiques des villages regorgent de bâtiments patrimoniaux qui font la qualité du cadre  Dans la plaine du Comtat, on retrouve un petit patrimoine lié à l’eau très important, lié aux systèmes d’irrigation de vie et de visite offert aux habitants et aux touristes. Ces bâtiments peuvent dater de plusieurs époques et de dérivation qui irriguent la plaine depuis le canal de Carpentras. On retrouve également, dans les villages, différentes, généralement du 16ème – 17ème siècle à l’époque moderne. une présence importante et particulière de l’eau du fait des compositions moyenâgeuses (remparts entourés de douves) et de la présence de nombreux ouvrages d’alimentation réalisés sous la souveraineté papale (fontaines,  De nombreux bâtiments ou hameaux isolés présentent des caractéristiques architecturales remarquables, que ce lavoirs, ponts, sources). soit dans la plaine du Comtat (villas et mas provençaux, grandes demeures bourgeoises et châteaux de l’époque classique à moderne), dans la vallée du Toulourenc, les collines de Vaison ou sur le plateau (corps de fermes et  Sur le massif, le plateau de Sault mais également dans la plaine, on retrouve un important petit patrimoine en villas provençales). pierres sèches hérité des activités agricoles et en particulier des activités pastorales : murets, bergeries et « jas », bories, aiguiers…  De multiples ruines, disséminées ici où là, constituent des vestiges très intéressants

Ce patrimoine ne fait pas l’objet, à ce jour, d’un recensement exhaustif.

A noter que le village de Venasque est classé parmi les « plus beaux villages de France ».

Petit patrimoine bâti : aiguier et bergerie sur le versant Sud du Ventoux (en haut), pont sur le canal de Carpentras (en bas à gauche), lavoir provençal au Barroux (en bas à droite)

Une densité forte de patrimoine architectural provençal : Le Crestet (en haut à gauche), Malemort du Comtat (en haut à droite), Sault (en bas à droite), Saint-Didier (en bas à droite)

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Patrimoine mobilier et objets remarquables 2.1.2 Des patrimoines immatériels identitaires On recense un patrimoine mobilier riche lié à l’histoire du territoire de l’époque paléolithique à l’époque moderne. Ce L’histoire du Comtat Venaissin patrimoine peut prendre des formes variées suivant l’époque considérée : Une large partie du territoire d’étude (cf. carte ci-contre) était intégrée dans le Comtat Venaissin, pays historique  Les peintures et gravures représentant le Mont Ventoux et la plaine du Comtat sont nombreuses et de différentes distinct du comté d’Avignon. Possession des comtes de Provence puis des comtes de Toulouse aux 12ème et 13ème époques, avec une densité importante de représentations renommées datant du 15ème siècle (peintures siècles, le Comtat Venaissin passe sous l’autorité papale entre la fin du 13ème siècle et la fin du 18ème siècle, et d’Enguerrand Quarton) puis du 18ème au 20ème siècle (Vernet, Hackert, Bidault, Laurens, Grivolas,…). connait une « histoire » particulière qui justifie d’être mentionnée ici :  Le Comtat Venaissin, en tant que possession papale, formait un état distinct du comté d’Avignon, qui frappait monnaie et battait pavillon. De nombreux éléments matériels illustrent cette identité historique qui constitue un patrimoine immatériel à part entière (histoire du Comtat).  En particulier, le Comtat est riche de patrimoines liés à l’histoire des Juifs de France, de nombreux Juifs s’étant installés sur le territoire où les politiques papales étaient plus tolérantes que les politiques du Royaume de France (persécutions du 14ème siècle en particulier). Cette particularité historique justifie également la présence d’un patrimoine matériel particulier : on retrouve, à  Le Mont Ventoux a été un objet de photographies d’art, en particulier au cours du 20ème siècle, les deux principaux Carpentras, la plus photographes à retenir étant Charles Bartésago (1878-1973) et Firmin Meyer (1899-1976), sans oublier la campagne photo lié au RTM en 1900 ancienne synagogue de France ainsi qu’un  Le Mont Ventoux a également été l’objet d’ouvrages littéraires et poétiques, dont les principaux peuvent être cimetière juif du 14ème cités : L’ascension du Mont Ventoux par Pétrarque (1336), la première Flore du Ventoux écrite en 1598 et suivie siècle. de nombreux autres ouvrages naturalistes, le récit de l’ascension du Ventoux par Frédéric Mistral en 1906 (Mes  origines, mémoires et récits). De nombreux ouvrages sont également imputés à Jean-Henri Fabre, naturaliste L’histoire du Comtat a été marquée par des périodes chevronné ayant effectué 25 ascensions. de trouble marquantes,  Le patrimoine mobilier lié à l’histoire de Carpentras et du avec en particulier des Comtat Venaissin est également très important. On retrouve conflits liés au de nombreux éléments décoratifs, des monnaies et des objets rattachement du comtat du moyen-âge au 20ème siècle classés au titre de l’inventaire au domaine papal : général du patrimoine. affrontements réguliers  Le patrimoine mobilier lié à l’époque gallo-romaine est avec le royaume de France important, en particulier dans la plaine du Comtat où l’on et périodes d’occupation au cours des 17ème et retrouve de nombreux vestiges romains (Vaison-la-Romaine, ème Carpentras en premier lieu). 18 siècles, guerre entre Avignon et Carpentras en  Le Mont Ventoux rassemblant plusieurs sites amont du rattachement à paléontologiques, de nombreux éléments matériels anciens ont été mis à jour. A noter en particulier la la République Française. découverte de nombreux ossements d’animaux (ours brun, fouines, chamois,…) des époques néolithique et de

l’âge de bronze. Des fragments de trompettes en terre cuite ont également été découverts au sommet du Ventoux, attestant de la présence d’antiques civilisations pastorales sur le massif.

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L’histoire de la « Montagne » et de sa conquête Le « massif » du Mont Ventoux constitue une source importante de patrimoines immatériels liés à l’histoire des La langue Provençale, un patrimoine vivant rapports entre l’homme et la montagne. Suivant les époques considérées, les rapports entre l’homme et la montagne La langue Provençale correspond à un des ont évolué : dialectes occitans du Sud de la France, parlé  La montagne a constitué un objet de crainte à l’époque du moyen âge, où la nature était dominante par rapport à historiquement et encore aujourd’hui sur le l’homme. L’ascension du Mont Ventoux par Pétrarque en 1336 est restée dans les mémoires et constitue un territoire, mais de manière confidentielle (la patrimoine historique important, symbole de la « maîtrise » d’une montagne indomptable. transmission vers les nouvelles générations est peu développée).  Entre le 18ème et le 19ème siècle, la montagne est un objet de découvertes, la « peur » faisant place à la curiosité. Le massif est notamment fréquenté de manière importante par des scientifiques développant, au siècle des Le Mont Ventoux et la montagne de Lure lumières, les connaissances naturalistes, géologiques et physiques liées au Mont Ventoux et à sa richesse. marquent une frontière linguistique entre deux grandes typologies de la langue  Le massif présente également une histoire particulière liée au pastoralisme, à la foresterie et aux équilibres entre occitane : le Sud-Occitan (incluant le ces deux pratiques productives. La déforestation progressive du massif, concomitante d’un développement des Provençal) et le Nord-Occitan (Vivaro-alpin, activités pastorales, a laissé la place à une campagne de reboisement à partir de la fin du 19ème siècle. Cette Auvergnat et Limousin). Le Provençal parlé reforestation, qui ne s’est pas faite sans heurts avec les populations locales (nombreuses acquisitions par l’Etat, dans le Vaucluse est également différent du fermeture d’une partie des espaces de pâture), a constitué une véritable activité économique pour ces dernières, Languedocien, plus commun dans le et a permis le développement de nouvelles activités (foresterie, truffe). Languedoc-Roussillon.  Enfin, l’histoire de la montagne est également riche sur le plan des activités touristiques, l’ascension du Mont ème Chacun des dialectes occitans présente des Ventoux représentant un « défi » recherché par les visiteurs dès le 18 siècle (premières ascensions touristiques différences notables de prononciation et de « organisées »). Les records enregistrées, courses réalisées à pieds ou à vélo représentent un patrimoine toponymie. La langue provençale constitue un patrimoine immatériel important pour le territoire, largement connu et historique important pour le territoire. partagé par les habitants jusqu’à la seconde guerre mondiale mais moins transmis depuis lors.

Des savoir-faire traditionnels, artisanaux ou agricoles On recense sur le territoire des savoir-faire particuliers liés aux activités locales, qui constituent des patrimoines à part entière. Certains savoir-faire importants méritent d’être cités ici :  Des savoir-faire agricoles existent sur le territoire en lien avec les activités maraîchères et arboricoles historiques et avec les réseaux d’irrigation qui structurent la plaine du Comtat et qui ont porté son développement économique. Le principal canal d’irrigation sur le territoire est le canal de Carpentras, dont l’ouverture remonte à 1857. La gestion des réseaux d’irrigation depuis les canaux principaux vers les parcelles particulières s’effectue via de multiples petits canaux d’approvisionnement, les « filioles », qui permettent d’irriguer une grande majorité des parcelles de la plaine. Les surfaces irrigables liées au canal de Carpentras représentent près de 11 000 hectares, et les réseaux d’irrigation sont gérés par une ASA (Association Syndicale Autorisée) regroupant quelques 14 000 adhérents. La gestion des réseaux d’irrigation est remise en question par une partie des adhérents qui n’utilisent plus les systèmes d’irrigation du fait des mutations des activités agricoles dans la plaine (enfrichement, changements de cultures).

Petit canal d’irrigation (filiole) à Monteux

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 La gestion bioclimatique de la plaine de Carpentras repose également sur des savoir-faire agricoles traditionnels, avec en particulier la présence d’un réseau dense de haies « coupe-vent » qui permettent de limiter l’impact 2.2. Les pressions sur les patrimoines culturels éolien sur les parcelles agricoles. L’entretien de ces réseaux de haies est aujourd’hui complexifié par l’évolution des pratiques agricoles 2.2.1 Des pressions fortes sur le patrimoine matériel non protégé (enfrichement, cultures différentes) qui génère une remise en question de Différentes pressions sont ressenties et visibles localement sur le patrimoine matériel « non protégé » : l’utilité d’une partie des haies.  Le patrimoine bâti traditionnel « commun », caractérisé principalement par l’architecture provençale des 19ème  La reforestation du Mont Ventoux à partir de la fin du 19ème siècle a été et 20ème siècles, est globalement peu protégé par les mesures réglementaires existantes (monuments classés / associée avec le développement de cultures truffières. Actuellement, on inscrits). Les pressions liées au développement urbain mettent en péril ce patrimoine à plusieurs niveaux : estime qu’environ les deux-tiers des truffes françaises sont produites dans o D’une part, les requalifications de bâti existant sont régulièrement en discordance par rapport aux techniques le Vaucluse et dans le Sud de la Drôme. Le Comtat Venaissin est une architecturales traditionnelles, en particulier en termes de matériaux utilisés (usage de plus en plus fréquent région productrice importante (production sur le versant Sud du Mont du ciment en substitution à la chaux). Cette problématique est liée à des questions de coûts pour les Ventoux en particulier), où se tient notamment le marché truffier de restaurations (coûts élevés pour mettre en œuvre les techniques traditionnelles), mais également à des Carpentras, de renommée nationale. questions de qualification des entreprises du BTP intervenant sur les chantiers (peu ou pas de qualification  Les savoir-faire viticoles constituent également un patrimoine local spécifique par rapport aux techniques traditionnelles). important. On notera en particulier un savoir-faire historique lié à la o D’autre part, le développement urbain autour des espaces bâtis remarquables dénature la valeur patrimoniale production de « greffés soudés », ensembles de greffons et porte-greffes de ces espaces : nouvelles constructions « banalisées », aménagements urbains discordants par rapport aux « prêts à planter » développés massivement dans la plaine du Comtat pour faire face à la crise du Phylloxéra. Les modèles urbaines historiques. pépinières viticoles sont encore présentes sur le territoire, bien que cette activité ait perdu en proportion par rapport à la place qu’elle pouvait tenir au début du 20ème siècle.  Certains éléments de petit patrimoine tendent également à se dégrader sous l’effet d’une perte d’usage : o Dégradation du petit patrimoine en pierre sèche sur le massif mais également sur le piémont, suite au recul des activités pastorales et à la mutation des pratiques agricoles (usage de clôtures qui se généralise en substitution). o Dégradation des éléments de patrimoines liés à l’eau et en particulier de canaux d’irrigation du fait d’une diminution des usages agricoles (changements de cultures) et de la mise en place d’un réseau « pressurisé »

2.2.2 Des patrimoines immatériels peu transmis, qui se perdent La transmission des patrimoines immatériels constitue un enjeu important, certains de ces patrimoines pouvant être « en péril » à moyen terme :  La transmission de la langue provençale est actuellement remise en question sur le territoire. La langue est encore parlée par les anciennes générations, connue par une part des ménages de plus de 60 ans, mais largement méconnue par les jeunes vers qui la transmission de connaissance n’est pas opérée. Le manque de transmission peut générer, à terme, une disparition de l’usage de la langue et des traditions orales.

 La transmission de certains savoir-faire agricoles et artisanaux n’est pas garantie à long terme, du fait des mutations des pratiques agricoles et de la perte d’usage de certains savoir-faire (entretien des haies coupe-vent et  Enfin, au-delà des savoir-faire agricoles et viticoles, on retrouve sur le territoire des savoir-faire artisanaux des réseaux historiques d’irrigation par exemple). Le danger n’est pas encore grave, mais mérite qu’on le typiques des activités traditionnelles provençales: savoir-faire liés à l’architecture provençale (conception, prévienne. Concernant plus spécifiquement les activités agricoles, on notera que la perte des savoir-faire est restauration), à la ferronnerie, à la pierre de taille (carrières de Beaumont-du-Ventoux, Saint-Didier), à l’extraction également liée au manque de temps et de moyens des agriculteurs, et aux difficultés de renouvellement des d’ocre (entre Mormoiron et Villes-sur-Auzon). Les activités carrières sont historiquement présentes sur le générations. territoire et ont même été utilisées au service de la viticulture dans le cadre de la conception de cuves vinaires rupestres mises à jour dans les monts du Vaucluse (secteur de Venasque, Le Beaucet, Saint-Didier).  La transmission de l’histoire du territoire est assurée par des associations et groupes actifs, mais reste encore trop sélective (cf. 2.2.3.). 

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2.2.3 Une mobilisation difficile des habitants et des visiteurs autour des patrimoines 2.3. Politiques en cours : acteurs et actions La diffusion des patrimoines auprès des habitants constitue un enjeu important pour les prochaines décennies : 2.3.1 L’accompagnement pour la protection et l’entretien du patrimoine matériel  Les patrimoines culturels sont globalement méconnus par une partie de la population, en particulier les jeunes (transmission intergénérationnelle difficile) et les nouveaux arrivants, qui sont nombreux sur le territoire (du fait Des politiques sont actuellement portées par les d’une attractivité démographique forte à l’échelle départementale comme locale). acteurs locaux pour entretenir le patrimoine matériel non protégé et pour améliorer la qualité  Les politiques de découverte des patrimoines portées par les collectivités sont hétérogènes suivant les territoires des restaurations : concernés : chaque commune, chaque EPCI porte ses politiques patrimoniales et l’offre de découverte est répartie de manière inégale sur le territoire (concentration dans les pôles urbains : Carpentras, Vaison-la-Romaine en  Toutes les communes interviennent dans la particulier). restauration du patrimoine bâti, mais de manière hétérogène, et principalement sur le  Les politiques de découverte des patrimoines sont également hétérogènes suivant les patrimoines considérés : patrimoine communal (peu d’intervention certains patrimoines sont bien appréhendés par les populations et les visiteurs, d’autres sont largement auprès des propriétaires privés). méconnus.  Deux communes, Carpentras et Pernes-les-  Le fonctionnement des réseaux associatifs liés aux patrimoines locaux (garants de la transmission d’une partie Fontaines, ont mis en place des Aires de Mise des patrimoines) est actuellement peu coordonné, chaque association fonctionnant de manière individuelle. Les en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine associations ont en outre des difficultés à mobiliser de nouveaux bénévoles afin de garantir la diffusion des (AMVAP) afin de protéger le patrimoine bâti patrimoines. Enfin, la coordination entre les réseaux associatifs et les politiques des collectivités n’est pas toujours dans les centralités historiques des deux garantie, ce qui pénalise la visibilité des travaux de certaines associations (insuffisance de la mobilisation des villes. Cet outil permet notamment de mieux acteurs associatifs dans les politiques culturelles). maîtriser les constructions et réhabilitations réalisées.  La Communauté d’Agglomération Ventoux – Comtat Venaissin, dotée du label « Pays d’Art et d’Histoire », soutient le développement de chantiers de restauration du petit patrimoine bâti. Ce type d’intervention n’existe pas à l’échelle des autres EPCI.  Plusieurs associations communales interviennent dans le domaine du recensement et de l’entretien du patrimoine bâti, à de petites échelles.  Quelques associations interviennent ponctuellement à l’échelle intercommunale : l’APARE (Association pour la participation à l’action régionale – association de sauvegarde des patrimoines de pierre sèche), l’association « pierre sèche en Vaucluse », la Fondation du Patrimoine, les « Jardiniers du Ventoux »,... Ces associations portent des actions de réhabilitation ponctuelles. L’APARE propose en particulier des formations techniques de maçonnerie en pierre sèche.

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2.3.2 La diffusion des patrimoines culturels auprès des habitants

Les actions de médiation des publics Le schéma d’interprétation du Mont Ventoux Des actions de médiation des publics sont nombreuses sur le territoire, portées par différents acteurs, à différentes Le SMAEMV a mis en place en 2012 un schéma d’interprétation des patrimoines du Mont Ventoux, dont la mise en échelles afin de « faire connaitre » les patrimoines culturels : œuvre est envisagée pour les prochaines années. Le périmètre d’application du schéma d’interprétation est limité au  Des interventions auprès des scolaires sont organisées de manière régulière sur le territoire, à plusieurs échelles. « massif », au plateau de Sault et aux villages du Piémont (plaine de Carpentras non intégrée dans le périmètre). La Le SMAEMV accompagne les établissements scolaires pour le développement d’interventions pédagogiques, sous mise en œuvre du schéma d’interprétation devrait permettre de diversifier l’offre de découverte et d’interprétation la forme d’un appel à projets lancé annuellement. En outre, les EPCI portent des actions spécifiques, hétérogènes des patrimoines, via le développement de l’offre existante : suivant les structures considérées. En particulier, la Communauté d’agglomération Ventoux Comtat Venaissin  Création d’une offre thématique autour d’« unités d’interprétation » présentant chacune une vision différente de intervient directement auprès des scolaires via une équipe d’animateurs fonctionnant « en régie ». Ce type la montagne , en s’appuyant à la fois sur des éléments de patrimoine matériels / immatériels et sur des outils d’interventions n’est pas développé sur les autres territoires. d’interprétation (itinéraires, lieux).  Création d’une offre globale permettant de découvrir la montagne dans son intégralité (exemples : circuit  Des interventions auprès des visiteurs (tourisme, loisirs) sont également développées pour renforcer d’interprétation « Gens du Ventoux », découverte des « routes de la montagne », création d’un lieu l’appropriation des patrimoines : d’interprétation à Malaucène (plâtrières), production de supports pédagogiques o Les communes portent des actions de sensibilisation et proposent une offre de découverte en fonction des  Création d’une offre spécialisée à plusieurs niveaux : développement d’une offre pour les jeunes (découverte de patrimoines qui les concernent. L’offre reste majoritairement orientée vers la découverte des villages la montagne sous forme d’énigmes), d’une offre pour le public handicapé, d’une offre pour le public « engagé » provençaux, le Mont Ventoux et les activités de pleine nature (APN), avec une offre spécifique à Carpentras (inventaire, restauration de patrimoine, contribution directe pour la préservation et la valorisation). (découverte historique, patrimoine juif) et à Vaison-la-Romaine (patrimoine gallo-romain). Cette offre est hétérogène, plus importante dans les communes à forte attractivité touristique (Vaison-la-Romaine, Carpentras, Bédoin, Malaucène,…). Certaines communes s’appuient sur des offices de tourisme pour orienter les visiteurs vers l’offre de découverte (10 offices de tourisme recensés sur le territoire). o Les EPCI sont également impliquées dans les politiques de sensibilisation des visiteurs. La COVE met en place, dans le cadre du Pays d’Art et d’Histoire, des animations spécifiques autour des patrimoines (visites commentées, centre d’interprétation de Carpentras en particulier). La COPAVO intervient également dans les politiques de découverte des patrimoines via l’office de tourisme intercommunal de Vaison-la-Romaine.  Les outils d’interprétation « structurants » restent peu nombreux sur le territoire. La COVE a récemment mis en place un CIAP (Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine) à Carpentras, incluant des salles d’exposition, des ateliers éducatifs du patrimoine et un centre de documentation du patrimoine. Un projet d’espace d’interprétation structurant est également envisagé à Malaucène, sur le site d’anciennes plâtrières (objectif de création d’espaces d’exposition et d’animations pédagogiques). Quelques musées sont présents sur le territoire mais dont la fréquentation reste modérée : o Musée Comtadin – Duplessis et musée Sobirats à Carpentras (offre de découverte des patrimoines artistiques en premier lieu) ; o Musée des traditions comtadines, musée du costume comtadin, musée du cycle à Pernes-les-Fontaines ; o Musée archéologique de Vaison-la-Romaine ; o Musée de la truffe du Ventoux à Monieux ; o Musée géologique du bassin du Ventoux à Mormoiron ; o Musées municipaux divers (Sault, Malaucène, Mazan,…).  La médiation des publics passe également par des itinéraires de découverte et d’interprétation des patrimoines, en particulier sur le massif où la randonnée est bien développée (touristes et habitants). Actuellement, l’offre d’interprétation liée aux itinéraires de découverte est majoritairement orientée vers les patrimoines naturels et la botanique. Une diversification est envisagée dans le schéma d’interprétation du Mont Ventoux (cf. ci-après).  La médiation des publics passe également, et largement, par les acteurs du monde associatif. Plusieurs associations interviennent directement pour sensibiliser les habitants et les visiteurs sur des thématiques plus ou moins ciblées : Carnets du Ventoux (découverte multi-thématique des patrimoines via publication d’un périodique), CPIE des Pays du Vaucluse (basé à l’Isle sur la Sorgue), Toulourenc Horizon (développement touristique), ADTHV (Association pour le Développement Touristique du Haut Vaucluse), association « Apprendre des Anciens » (sauvegarde du patrimoine oral),…

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3 DYNAMIQUES ECONOMIQUES

3.1. Portrait du territoire : emploi et secteurs d’activités 3.1.1. L’emploi sur place et son évolution On dénombre, en 2010, environ 30 000 emplois sur le territoire d’étude, concentrés en bonne partie dans les polarités urbaines et villageoises (Carpentras / Pernes les Fontaines, Vaison-la-Romaine, Malaucène, Sault, Bédoin principalement).

Le territoire présente un ratio emplois / actifs de 0,9, assez proche de l’équilibre. Ce qui n’empêche pas des migrations domicile – travail importante des habitants du territoire vers le pôle d’emploi d’Avignon, en bonnes parties compensées par des mouvements migratoires vers les pôles d’emplois internes de Carpentras-Pernes-les-Fontaines et de Vaison-la-Romaine. Le territoire a une vocation résidentielle pour les actifs résidents travaillant à Avignon, mais il a une vocation d’activité pour les actifs résidents dans et à l’extérieur du territoire et venant y travailler. Il faut toutefois noter des différences :  La majorité des petits villages du territoire ont une vocation plutôt résidentielle, en particulier dans le secteur de l’Arc Comtadin où le ratio emplois / actifs est de 0,6.  Le secteur du plateau de Sault conserve aujourd’hui une vocation d’activité (ratio de 0,9), en forte baisse depuis 1999, où le ratio emplois / actifs atteignait 1,5, du fait du départ des militaires.  Les pôles de Vaison-la-Romaine s’affirme comme pôle d’emploi, Carpentras maintient un ratio positif, surtout en nombre. En termes d’évolutions de l’emploi sur place, le territoire est assez dynamique avec une croissance de 18% entre 1999 et 2010, supérieure à celle du Vaucluse et de la France. La croissance des emplois sur place suit celle de la population active, comme l’indique la stabilité du ratio entre 1999 et 2010, à 0,9. Les secteurs où l’emploi croît le plus sont ceux les moins peuplés mais les plus dynamiques en termes d’accueil de population : l’arc comtadin (+30% d’emplois sur place entre 1999 et 2010) et le plateau de Sault (+25%).

Evolution de l'emploi sur place entre 1999 et 2010

Part des Ratio emplois Ratio emplois Emploi sur Emploi sur Solde Evolution emplois / actifs / actifs place 1999 place 2010 1999-2010 1999-2010 2010 occupés 1999 occupés 2010

Plaine du Comtat 16953 19728 2775 16,4% 65,8% 0,9 0,9 Dont Carpentras 11280 12888 1608 14,3% 43% 1,3 1,3 Dont Pernes-les-Fontaines 2205 2731 526 23,8% 9,1% 0,6 0,6 Arc Comtadin 2330 3026 696 29,8% 10,1% 0,6 0,6 Collines de Vaison-Malaucène 4801 5653 852 17,7% 18,9% 1,1 1,1 Dont Vaison-la-Romaine 2832 3578 746 26,4% 11,9% 1,5 1,7 Dont Malaucène 920 823 -97 -10,6% 2,7% 1 0,8 Plateau de Sault et vallée du Toulourenc 1245 1560 315 25,3% 5% 1,5 0,9 Dont Sault 410 467 57 13,9% 1,6% 1 0,9 TOTAL 25329 29967 4638 18,3% 100% 0,9 0,9 Vaucluse 184705 214885 30180 16,3% - 1 1 PACA 1576085 1882067 305982 19,4% - 1 1 France métropolitaine 22774306 25770649 2996343 13,2% - 1 1 source : INSEE 2010

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3.1.2. Les secteurs d’activité Le principal secteur d’activité est le secteur tertiaire qui regroupe environ les trois quarts de l’emploi sur place. Par rapport aux moyennes départementales, le territoire se distingue par une proportion plus importante d’emploi tertiaire non marchand (services aux personnes) et d’emploi agricole, ce qui est cohérent par rapport à sa vocation plutôt « rurale ». Le territoire connait un phénomène de tertiarisation de l’emploi sur place, avec de fortes hausses des secteurs tertiaire marchand (+29% entre 1999 et 2010) et tertiaire non marchand (+35%). Cette tertiarisation est cohérente avec les tendances nationales et régionales, mais elle est accentuée ici par l’attractivité démographique du territoire qui augmente les besoins en services. Le secteur de la construction, qui représente moins d’emplois en valeur absolue, est également très dynamique en cohérence avec l’attractivité démographique (besoins croissants). L’emploi dans ce secteur a cru de plus de 50% entre 1999 et 2010. Les secteurs de l’industrie et de l’agriculture sont, à l’inverse, moins dynamiques, conformément aux tendances nationales et régionales. Toutefois, on notera les nuances suivantes qui sont importantes :  La baisse des emplois industriels est limitée sur le territoire en comparaison avec l’échelle départementale (seulement 3,5% de baisse entre 1999 et 2010).  L’emploi agricole a chuté de manière particulièrement importante sur le même pas de temps, plus rapidement qu’à l’échelle départementale (baisse de 25% de l’emploi sur place).

Nombre et évolution des emplois par secteurs d'activité entre 1999 et 2010 Administration publique, enseignement, Agriculture Industrie Construction Commerce, Transports, Services divers santé humaine et action sociale Total 2010 1999 2010 Evol 99-10 Part 10 1999 2010 Evol 99-10 Part 10 1999 2010 Evol 99-10 Part 10 1999 2010 Evol 99-10 Part 10 1999 2010 Evol 99-10 Part 10 Plaine du Comtat 1926 1215 -711 6,1% 1799 1745 -54 8,8% 1179 1912 733 9,6% 6554 8120 1566 40,8% 5474 6893 733 34,7% 19886 Dont Carpentras 492 327 -165 2,6% 1159 1097 -62 8,6% 518 848 330 6,7% 4526 5338 812 42% 4336 5085 330 40,1% 12696 Dont Pernes-les-Fontaines 430 241 -189 8,5% 235 237 2 8,3% 211 384 173 13,5% 846 1331 485 46,7% 429 657 173 23,1% 2849 Arc Comtadin 534 483 -51 14,8% 261 362 101 11,1% 222 364 142 11,1% 817 1222 405 37,5% 510 831 142 25,5% 3262 Collines de Vaison-Malaucène 600 515 -85 8,9% 601 449 -152 7,8% 389 477 88 8,3% 2071 2865 794 49,8% 1095 1448 88 25,2% 5754 Dont Vaison-la-Romaine 188 161 -27 4,3% 220 254 34 6,9% 188 257 69 7% 1249 1932 683 52,3% 794 1093 69 29,6% 3696 Dont Malaucène 76 104 28 12,9% 297 98 -199 12,1% 73 115 42 14,2% 333 319 -14 39,3% 144 175 42 21,5% 812 Plateau de Sault et vallée du Toulourenc 112 161 49 10,1% 28 42 14 2,6% 56 67 11 4,2% 266 299 33 18,8% 489 1021 11 64,2% 1590 Dont Sault 56 97 41 20,7% 4 28 24 6% 48 26 -22 5,6% 165 147 -18 31,1% 132 172 -22 36,6% 471 TOTAL 3172 2374 -798 7,8% 2689 2598 -91 8,5% 1846 2820 974 9,2% 9708 12506 2798 41% 7568 10194 974 33,4% 30492 Vaucluse 13605 10534 -3071 4,9% 23152 21999 -1153 10,2% 12190 17670 5480 8,2% 81264 97913 16649 45,5% 55004 67202 5480 31,2% 215317 PACA 45732 35313 -10419 1,9% 177122 167998 -9124 8,9% 98419 141808 43389 7,5% 729888 899986 170098 47,8% 525647 636631 43389 33,8% 1881737 France métropolitaine 909021 740272 -168749 2,9% 4091040 3490700 -600340 13,5% 1351421 1789553 438132 6,9% 9820019 11811717 1991698 45,8% 6629230 7938882 438132 30,8% 25771125 source : INSEE 2010

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volumes produits au sein de la filière viticole « AOC Ventoux » entrainant un ralentissement des plantations, 3.2. Le secteur primaire voire des non-replantations. 3.2.1. Les activités agricoles  Le secteur de Vaison – Malaucène est caractérisé par une présence importante de la culture de la vigne (75% de PORTRAIT AGRICOLE DU TERRITOIRE : CONSTATS la SAU), avec une orientation majoritaire vers le raisin de cuve. Environ 85% des surfaces sont cultivées au sein de deux périmètres AOC : l’AOC « Ventoux » (secteur de Malaucène où la vigne cohabite avec les cultures fruitières) Quatre secteurs de production aux caractéristiques différentes et l’AOC « Côtes du Rhône » (secteur de Vaison-la-Romaine plus au Nord, où la vigne est très dominante). Les Le territoire d’étude se caractérise par une diversité importante de productions agricoles, liée à la présence de surfaces agricoles sont moins irriguées que dans la plaine de Carpentras : on retrouve seulement 10% de surfaces différents terroirs au fonctionnement très différents qui s’inscrivent sur les différents « versants » du massif. Le irriguées dans la SAU. Les exploitations de ce secteur sont en moyenne les plus petites du territoire (10 hectare de portrait agricole du territoire peut ainsi se dessiner autour des quatre sous-secteurs d’étude précédemment utilisés : SAU moyenne), ce qui s’explique par l’orientation des exploitations (viticulture). Le tissu agricole se réduit avec une chute de 24% du nombre d’exploitations entre 2000 et 2010, et une forte baisse de la SAU : -20%. Cette  La plaine du Comtat correspond au secteur le plus diversifié en termes de productions, avec environ 50% de situation s’explique par une tendance à la déprise agricole (pour les filières non viticoles) et, dans une moindre vignes dans la SAU (raisin de table et de cuve, dont 50% de la surface classée en AOC), 30% de légumes et fruits et mesure, par les politiques des coopératives visant à maîtriser les volumes produits en raisin de cuve (phénomènes 20% en céréales et prairies. Les activités d’élevage ovin / caprin sont également présentent dans la plaine, avec de surproduction constatés entre 2004 et 2007 au niveau de l’AOC Ventoux – la tendance s’est inversée ces environ 30% des exploitations du territoire. Le poids économique des filières présentes est important, la moitié de dernières années avec une situation de sous-production). la production brute standard (PBS) du territoire étant issue de ce secteur qui bénéficie de la présence d’un réseau structurant d’irrigation (30% de la SAU irriguée en 2010). Les cultures légumières et fruitières sont,  Le secteur du plateau de Sault et de la vallée du Toulourenc est particulier sur le plan agricole par rapport au historiquement, majoritairement localisées à l’Ouest du canal de Carpentras, ce qui s’explique également par le reste du périmètre d’étude. Les activités sont orientées vers la polyculture et l’élevage : moutons, contexte pédologique, géologique et topographique de la plaine. Les activités agricoles ont fortement évolué dans chèvres, céréales, prairies permanentes et temporaires, lavande en particulier. Ce secteur pèse moins sur le plan la plaine entre 2000 et 2010 : le nombre d’exploitations a chuté de 34% et l’équilibre entre les différentes filières économique en comparaison avec le reste du territoire : les productions de ce secteur représentent environ 4% change progressivement. Toutefois, la baisse de SAU reste modérée, avec environ 8% de surfaces perdues, ce qui du PBS total du périmètre d’étude, alors qu’on y retrouve 30% de la SAU totale. Les exploitations sont plus montre que la pression urbaine, qui était très forte dans les années 1990, tend à se tasser (bien que la diminution grandes en surface (SAU moyenne de 67 hectares) et le tissu d’exploitation est moins sensible aux mutations de des espaces agricoles reste problématique). l’économie agricole (baisse du nombre d’exploitations limitée à 20% entre 2000 et 2010). La baisse des surfaces cultivées a été également limitée entre 2000 et 2010 (-7% de SAU). Toutefois, on constate une baisse des  Dans le secteur de l’Arc Comtadin, au pied du Ventoux, la vigne est majoritaire (environ 65% de la SAU totale), superficies en prairies permanentes (surfaces toujours en herbe), liée à une diminution des prairies de pâture mais les productions sont réparties entre raisin de table et raisin de cuve (seulement la moitié des plantations extensive sur le plateau et sur le massif en lui-même. Les productions céréalières sont dynamiques et on note la sont dans le périmètre AOC présence d’une production de petit épeautre, variété traditionnelle adaptée aux sols pauvres et arides « Ventoux »). L’irrigation est bien (production en partie sous IGP « Petit Epeautre de Haute Provence »). La culture de lavande se maintient, bien développée, et environ 25% de la que le contexte économique de la filière reste fragile. Dans la vallée du Toulourenc, les surfaces agricoles SAU est irriguée actuellement. La diminuent rapidement (pâtures de pentes peu mécanisables), d’où un enfrichement important et une fermeture part des surfaces en vigne dans la des paysages. SAU augmente, sous l’effet d’un phénomène de « déprise » qui touche les autres productions dans Exploitations et surface agricole utile en 2000 et 2010 ce secteur, moins propice au Nombre Nombre 2010/2000 2010/2000 SAU en SAU en 2012/2 2010/2000 développement arboricole / d'expl.en d'expl. en nb % 2000 2010 000 % maraîcher en termes de géologie, de 2000 2010 pédologie et de topographie. Les Plaine du Comtat 910 601 -309 -34,0 8055 7403 -652 -8,10 activités d’élevage et d’arboriculture Dont Carpentras 168 102 -66 -39,3 1038 915 -123 -11,81 de coteau qui étaient présentes Dont Pernes-les-Fontaines 187 120 -67 -35,8 1618 2234 616 38,08 autrefois sur le piémont ont Arc Comtadin 513 374 -139 -27,1 4816 4158 -657 -13,65 régressé en surface. La diminution Collines de Vaison - Malaucène 532 403 -129 -24,2 5104 4102 -1002 -19,63 du nombre d’exploitations dans ce secteur entre 2000 et 2010 Dont Vaison-la-Romaine 115 93 -22 -19,1 1243 1048 -194 -15,65 correspond à la moyenne du Dont Malaucène 110 80 -30 -27,3 1098 743 -355 -32,32 territoire, avec une baisse d’environ Plateau de Sault et communes de montagne 112 90 -22 -19,6 6440 6002 -438 -6,80 27% liée à l’évolution des tissus Dont Sault 56 46 -10 -17,9 3053 2782 -271 -8,88 d’exploitation – les exploitations TOTAL 2067 1468 -599 -29,0 24414 21665 -2749 -11,26 restent petites avec une SAU Source : RGA 2010 moyenne de 11 hectares. En termes de surfaces de production, la SAU a fortement diminué entre 2000 et 2010 (-14 %). Cette baisse peut s’expliquer par plusieurs facteurs : pression urbaine, enfrichement lié à la déprise agricole (perte de dynamisme des filières présentes il y a dix ans, en particulier les filières d’élevage et arboricoles sur les coteaux en pied de massif), politiques de maîtrise des

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SYNTHESE DES PRINCIPAUX CONSTATS

 Cœur productif avec une diversité de productions spécialisées : vigne, légumes, fruits  Equipements d’irrigation structurants – 30% de SAU irriguée Plaine du Comtat  Mutations importantes des tissus d’exploitation : - 35% d’exploitations entre 2000 et 2010  Pressions foncières « urbaines » mais baisse modérée de SAU (-8% entre 2000 et 2010)

 Territoire à dominante viticole (65% de la SAU, raisin de cuve + raisin de table), peu de terres labourables mais 25% de surfaces irriguées  Diminution de -27 % du nombre d’exploitants entre 2000 et 2010 Arc Comtadin  Baisse importante de SAU (-15% entre 2000 et 2010) liée à l’urbanisation, à la déprise et à la maîtrise des plantations viticoles  Croissance de la vigne dans la part des surfaces agricoles, la part des autres productions allant en diminuant

 Territoire à dominante viticole « raisin de cuve » (75% de la SAU – 85% en AOC) – surfaces irriguées limitées à 10% de la SAU Collines de Vaison –  Chute importante du nombre d’exploitation entre 2000 et 2010 : -25% Malaucène  Petites exploitations (10 ha de SAU moyenne), et forte baisse de la SAU entre 2000 et 2010 (- 20%) liée aux politiques viticoles (maîtrise des surfaces) et à la déprise qui touche les filières moins représentées (arboriculture, polyculture élevage)

 Activités orientées vers la polyculture et l’élevage ovin / caprin sur un terroir moins adapté aux cultures spécialisées (terres moins qualitatives, irrigation limitée) Plateau de Sault et  Baisse modérée du nombre d’exploitations (-20%) et de la SAU (-7%) entre 2000 et 2010 vallée du Toulourenc  Régression des surfaces toujours en herbe dans la SAU (prairies permanentes valorisées pour la pâture)

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Des filières à l’avenir incertain Un appui croissant sur les signes de qualité et les labels Le territoire a la particularité de rassembler un grand nombre de filières agricoles, qui ont des enjeux propres qui ne La reconnaissance qualitative des productions agricoles via des signes de qualité est de plus en plus courante sur le peuvent être « généralisés ». Toutefois, on peut dresser le bilan synthétique suivant pour chacune d’entre elle : territoire d’étude, cette reconnaissance permettant aux producteurs de mieux valoriser leurs productions (valeur ajoutée plus forte, fidélisation des consommateurs,…).  Les filières de polyculture élevage, présentes surtout sur le plateau de Sault mais également dans la plaine de On notera par exemple les Carpentras, sont relativement fragiles malgré un bon dynamisme des exploitations en place. Sur un plan efforts de développement structurel, la filière d’élevage ovin dépend d’équipements structurants (abattoirs) qui sont relativement éloignés engagés pour les et dont la pérennité est incertaine : abattoirs de Carpentras et de Sisteron (60km) principalement. La productions viticoles (AOC commercialisation des produits d’élevage s’appuie sur les circuits de distribution régionaux et nationaux, et la « Ventoux » et AOP « Côtes demande est inégalement répartie sur l’année en termes de volumes. Les producteurs sont donc dépendants des du Rhône)), les productions circuits de commercialisation. Toutefois, en termes de reconnaissance qualitative, la filière ovine a fait des de raisin de table (AOP progrès considérables au cours des dernières années avec des productions de plus en plus reconnues autour des signes de qualité « label rouge » et « IGP Agneau de Sisteron ». Cette stratégie permet d’améliorer la valorisation « Muscat du Ventoux »), les productions d’élevage (IGP des produits sous réserve d’une demande suffisante en volumes dans les circuits de distribution en place. Côté « Agneau de Sisteron » en polyculture, le maintien de l’autonomie fourragère du territoire, la diversification des cultures (céréales, lavandes) complément d’une et le renforcement de l’économie circulaire constituent des enjeux importants afin d’optimiser la viabilité valorisation de la marque économique des exploitations. « label rouge », AOC  Les filières maraîchères et arboricoles, principalement localisées dans la « Banon »), les productions plaine du Comtat et dans l’Arc Comtadin connaissent des difficultés en grandes cultures (IGP importantes. La majorité des productions, très saisonnières (cerises, raisin Petit Epeautre du Pays de Sault, AOC huile essentielle de lavande de Haute Provence). Des signes de qualité de table, asperge,…) sont écoulées en filières longues et difficiles à stocker départementaux / régionaux sont également utilisés pour l’huile d’olive (Huile d’olive de Provence) et le miel (IGP sur des périodes importantes, ce qui fait que les productions sont Miel de Provence). A noter également la labellisation en cours de l’IGP « Cerise des Monts de Venasque ». insuffisamment valorisées alors que leur prix de revient est relativement L’agriculture biologique est également bien développée sur le territoire, avec environ 180 exploitations recensées. Ce élevé. L’ensemble laisse peu de marges de manœuvre aux producteurs sur nombre est en augmentation depuis le début des années 2000, en particulier du fait du développement rapide des les prix de vente. L’accès à une main d’œuvre saisonnière suffisamment surfaces viticoles labellisées. Les productions légumières (et fruitières dans une moindre mesure) labellisées dans la qualifiée représente un enjeu majeur pour les exploitations, les besoins Plaine de Carpentras sont également non négligeables. Pour les filières céréalières et d’élevage, l’agriculture étant cumulés sur de courtes périodes et les conditions d’accueil des saisonniers étant difficiles (accès au biologique est moins déployée mais des exploitants développent cette activité, en particulier sur le plateau de Sault. logement très complexe). En sus, les productions spécialisées sont souvent fragiles vis-à-vis des aléas climatiques, ce qui fragilise énormément les exploitations en place. Le cas de la filière cerise, largement présente dans la plaine, est un « cas d’école » vis-à-vis des problématiques précitées. La diversification des productions constitue une piste de réflexion pour maintenir le dynamisme des productions dans les secteurs de plaine, en s’appuyant sur le réseau d’irrigation structurant. Cette diversification est toutefois lourde à mettre en œuvre et suppose une évolution importante des tissus agricoles qui ont eu plutôt tendance à se spécialiser au cours des dernières décennies. En particulier, certaines productions « locales », à valeur ajoutée moins importante mais moins fragiles sur le plan climatique ont vu leur représentation diminuer progressivement : olive, amandes par exemple.  La filière viticole (raisin de cuve) présente également des signes de fragilité, mais sa situation est globalement satisfaisante par rapport au début des années 2000. Des travaux importants ont permis d’améliorer la reconnaissance qualitative et la valorisation économique de l’AOC « Ventoux » : développement de la vente directe et de l’oenotourisme, réflexions pour l’adaptation des surfaces plantées par rapport aux marchés, communication autour de l’AOC. Toutefois, la viabilité économique des exploitations reste incertaine. L’organisation de la production est dispersée : 80% des volumes sont produits dans 15 coopératives (nombre important compte tenu des volumes), et 20% par des viticulteurs indépendants (130 caves environ). Certaines structures sont plus fragiles que d’autres sur le plan économique. A noter également que les productions viticoles sont sensibles aux aléas climatiques, ce qui risque de fragiliser « de plus en plus » la filière en rendant les volumes produits plus irréguliers. Les producteurs ont recours à l’irrigation de manière ponctuelle pour compenser les stress hydriques qui sont de plus en plus fréquents, mais les pratiques d’irrigation sont limitées par le cahier des charges de l’AOC (régime dérogatoire). LE MAINTIEN DU DYNAMISME AGRICOLE : UN ENJEU MAJEUR La valorisation locale des produits : une solution efficace pour certaines filières 96

Le développement de la valorisation locale des productions constitue une solution intéressante pour renforcer le  Dans les secteurs de l’Arc Comtadin et de Vaison – Malaucène, on constate une diminution importante des dynamisme économique des filières agricoles, via une augmentation de la valeur ajoutée des productions. Toutefois, surfaces cultivées du fait d’un recul des activités, ce qui génère de l’enfrichement : recul des cultures de coteaux elle reste limitée sur le territoire : « traditionnelles » (arboriculture, élevage), compensation non systématique par des plantations viticoles. En proportion, ces secteurs sont de plus en plus orientés vers la vigne.  Le développement de la vente directe est structuré de manière significative pour la filière viticole, qui porte une politique collective volontariste dont les résultats sont satisfaisants. En-dehors de cette filière, la vente directe est  Enfin, sur le « massif », on constate une régression des surfaces de pâture extensive et un enfrichement des zones développée de manière plus morcelée et rassemble des producteurs indépendants qui s’organisent de manière ouvertes qui génère une fermeture des paysages. La diminution de la mise en pâture est liée aux mutations des plus locale : AMAP, magasins de producteurs, marchés,… Les collectivités apportent leur soutien à ces réseaux de pratiques d’élevage mais également à un enfrichement « volontaire » de certaines parcelles pour augmenter leur vente directe, en particulier via l’organisation d’évènements et la mise en réseau des producteurs (exemple des attractivité pour la chasse (choix des propriétaires). actions mises en place dans le cadre du programme « Ventoux Saveurs » porté par le SMAEMV). Les filières arboricoles, maraîchères, ovines sont à ce jour insuffisamment structurées pour porter des politiques collectives de vente directe « à grande échelle ». L’enjeu structurel est important pour permettre le développement de la vente directe dans ces filières. En effet, les besoins en équipements structurants sont importants (stockage, réfrigération, livraison,…), ce qui suppose une organisation lourde avec des investissements importants à l’échelle des filières.  En termes de potentialités de développement, des marges de manœuvre existent pour renforcer la valorisation locale des produits. Plusieurs études ont été réalisées au niveau du bassin de consommation de Carpentras pour estimer ce potentiel de développement. D’une part, du fait de la demande locale, les productions actuelles pourraient être vendues localement de manière plus importante (fruits et légumes en particulier), même s’il est évident que les volumes produits ne peuvent pas être écoulés intégralement en filières courtes. D’autre part, une diversification des productions locales et une organisation des producteurs en réseaux pour proposer une offre diversifiée constituent des pistes de réflexion importantes pour augmenter les volumes en vente directe, les habitants étant demandeurs de cette diversité qu’ils ne trouvent pas partout actuellement.  Les publics cibles pour la valorisation locale sont diversifiés sur le territoire, d’où un potentiel de développement intéressant : habitants consommateurs, restauration scolaire et d’entreprise, prestataires touristiques (restaurateurs, hébergeurs,…) en particulier. A ce jour, l’agritourisme reste assez peu développé en-dehors de la filière viticole. La valorisation des produits locaux peut se faire sur le territoire mais également à proximité, le bassin de consommation d’Avignon représentant notamment un potentiel important.

L’adaptation des activités agricoles face aux enjeux environnementaux : une question importante L’adaptation des pratiques agricoles aux enjeux environnementaux constitue un point important qui conditionne la viabilité économique des tissus d’exploitations et des systèmes productifs locaux :  La gestion de la ressource en eau constitue une thématique complexe sur le territoire. La limitation des pressions sur la qualité de l’eau suppose, déjà aujourd’hui, des investissements de plus en plus importants pour les exploitations (équipements, mises aux normes, adaptation des pratiques culturales). En outre, les exploitations consomment une quantité importante de ressource, en particulier dans la plaine et l’Arc Comtadin qui sont équipés de réseaux d’irrigation structurants. Même si la disponibilité à court terme est importante dans ces secteurs (aujourd’hui, le manque de disponibilité concerne principalement le plateau de Sault où la ressource est moins présente), la rationalisation des prélèvements constitue un enjeu à l’échelle plus globale du bassin versant du Rhône. Elle pourra nécessiter des investissements spécifiques au cours des prochaines décennies, à anticiper. Le maintien des surfaces agricoles : un enjeu majeur pour le territoire  L’adaptation au changement climatique constitue également une question importante pour les prochaines décennies. Les productions locales sont particulièrement sensibles aux aléas climatiques (cultures spécialisées en Le maintien des surfaces agricoles constitue un enjeu important pour les prochaines décennies (enjeu économique, premier lieu). Les évolutions climatiques (accroissement des aléas et des périodes de stress hydrique) impactent paysager, environnemental). déjà et devraient impacter de plus en plus les volumes de production, fragilisant des exploitations aux équilibres  Sur tout le territoire mais surtout dans la plaine de Carpentras et l’Arc Comtadin, on constate un enfrichement économiques déjà incertains. localisé à proximité des zones urbaines, dans des secteurs où la rétention foncière (spéculation) joue un rôle  L’évolution des conditions climatiques peut générer localement une croissance du risque incendie, qui représente important et où la fonctionnalité des exploitations agricoles est compromise (difficultés de déplacement, une menace pour les zones d’habitat mais également pour les zones agricoles. Or, les phénomènes croissance des conflits d’usage, morcellement et enclavement des parcelles agricoles dans les tissus urbains). d’enfrichement constatés sur le territoire (massif, piémont de l’arc comtadin) augmentent la sensibilité du territoire vis-à-vis du risque incendie.

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« RTM » (Restauration des Terrains en Montagne). Globalement, les peuplements les plus âgés aujourd’hui datent des 3.2.2. Les activités forestières1 années 1940 – 1950. Leur exploitation, lorsqu’elle est réalisée, se fait aux alentours de 40 à 60 ans pour les forêts PORTRAIT FORESTIER DU TERRITOIRE privées, plus tard pour les forêts publiques. Des peuplements diversifiés Les surfaces forestières « globales » ont eu tendance à progresser au cours des dernières décennies. La progression est estimée à environ 10% entre la fin des années 1970 et le début des années 2000. On compte environ 55 000 hectares de forêts sur le territoire d’étude, soit environ 55% de la superficie totale. Une filière bois encore peu développée sur le territoire Les peuplements forestiers sont assez diversifiés, avec une dominance assez Les entreprises d’exploitation et de transformation forestière sont assez peu nombreuses sur le territoire : nette des forêts de feuillus (42% de la surface forestière totale).  On recense deux entreprises d’exploitation (bucheronnage, débardage, commercialisation) de taille modeste Les forêts de résineux sont tout de même bien représentées, surtout sur la partie (entreprises familiales). supérieure du massif du Ventoux (pourtour du sommet dénudé). A noter la  Une scierie d’envergure est installée à Carpentras, et on trouve des plus petites scieries à Perne-les-Fontaines, présence de la plus grande forêt de cèdre d’Atlas d’Europe, qui atteint près de Malaucène. 800 hectares. Quelques entreprises industrielles de transformation du bois existent mais elles n’utilisent pas la ressource locale (bois importé de France ou de l’étranger, valorisation de bois exotiques,…). La rentabilité économique de ces entreprises « structurantes » pour la filière reste fragile, du fait des difficultés d’approvisionnement et des difficultés de valorisation. Les entreprises d’exploitation ont également du mal à faire face aux contraintes réglementaires et aux procédures administratives liées à l’exploitation, qu’elles appréhendent avec difficulté.

Scierie Pelissier à Carpentras

Une majorité de forêts privées, avec des spécificités par secteurs

A l’échelle du périmètre d’étude, on compte environ 30 000 hectares de forêts privées, contre 26 000 hectares de La forêt du Mont Ventoux est assez récente, elle a remplacé les forêts publiques. La forêt est donc majoritairement privée, mais la forêt publique est largement représentée, en espaces agricoles voués à la pâture entre la fin du XIXème siècle particulier sur le massif. et la moitié du XXème. Les plantations forestières ont, à cette Les forêts publiques sont en grande partie gérées par l’Office National des Forêts, soit de manière directe dans le cas époque, été réalisées dans un objectif principal de stabilisation et des forêts domaniales (6 000 hectares environ), soit via un conventionnement au cas par cas pour les forêts de restauration des sols de pentes, via le dispositif national communales (18 000 hectares environ). On notera en particulier la présence de la plus grande forêt communale de France, la forêt de Bedoin qui s’étend entre 350 m et 1912 m d’altitude sur une superficie de 6300 ha. En termes de répartition géographique, une première distinction spatiale peut être faite entre le massif (qui 1 Le diagnostic des activités forestières s’appuie en partie sur des contributions (données et analyses) du Centre Régional de la Propriété concentre l’essentiel de la forêt publique) et les piémonts et la plaine (avec surtout des forêts privées) : cf. carte ci- Forestière (CRPF) et de l’Office National des Forêts (ONF), ainsi que sur l’article de la revue Forêt Méditerranéenne de décembre 2007 « Au après. début du XXIème siècle : quels enjeux pour la forêt privée du Ventoux ? », par Michel Rolland. 98

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Les forêts privées sont gérées « directement » par les propriétaires forestiers, qui peuvent être soit des grands Est Nord Ouest propriétaires, soit des petits voire très petits propriétaires. Globalement, on dénombre sur le territoire une majorité St-Léger-du Ventoux, Brantes, Blauvac, Villes-sur-Auzon, Flassan, de propriétaires de petites surfaces (15 000 propriétaires de moins d’un hectare) qui ne possèdent qu’environ 3000 Exemple de Aurel, Sault, Savoillan Bedoin, Crillon-le-Brave, Modène, hectares en cumulé. Une petite moitié (13 000 hectares) des forêts privées appartiennent à des propriétaires qui communes Monieux + Nord de Entrechaux et Caromb, Le Barroux, Beaumont du possèdent plus de 25 hectares. La carte ci-contre présente la localisation des propriétés par surfaces. concernées Malaucène Ventoux, Entrechaux et Malaucène On notera que les typologies des forêts privées sont différentes suivant où l’on se place sur le territoire. La problématique de gestion de la forêt privée est très différente entre les plateaux du Vaucluse et la Haute-Vallée du Futaies résineuses pures ou en Taillis feuillus Taillis de chêne vert Toulourenc où se concentrent les grandes propriétés forestières et les autres secteurs avec une forêt morcelée ou mélanges (chênes, hêtre) (dominant au Sud) bien des boisements épars. Le tableau ci-contre distingue les particularités des forêts privées suivant 3 sous-secteurs Peuplements Taillis restreint Futaies résineuses et Futaie de Pin d'Alep pur ou en plus précis, aux enjeux de gestion particuliers. (même essence qu'à l'Est sauf le (Pins, Cèdres) mélande (Au Nord) Cèdre) Les enjeux de valorisation de la ressource forestière privée ne s’appréhendent pas de manière homogène sur l'ensemble du périmètre d'étude. Le morcellement de la propriété forestière tout d'abord, les conditions Faible Morcellement Moyen Fort d'exploitation, les impacts des prélèvements sur le paysage, la biodiversité ou le risque d'incendie sont des critères à (+60%>25ha, de la propriété (+50%>25ha, +75%>10ha) (-10%>25ha, 40%>10ha) prendre en compte. Aussi la stratégie de gestion durable de la forêt privée sera nécessairement différenciée entre +80%>10ha) l'Est, l'Ouest ou le Nord périmètre d'étude. C'est sans doute sur l'Est et le Nord que les efforts devront être Difficile concentrés. Exploitabilité facile Difficile (problème d'accès)

Impact des certain Tableau de caractérisation des espaces forestiers privés, sur la base de l’article « Au début du XXIème siècle : quels enjeux prélèvements limité certain (mais pas systématique) pour la forêt privée du Ventoux ? » par Michel Rolland - Forêt méditerranéenne, décembre 2007 sur le paysage Risque incendie Réel mais modéré Réel mais modéré Elevé 99

accompagnement pour le développement). Un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) a été mis en place en ENJEUX DE GESTION ET DE VALORISATION FORESTIERES 2013 afin de démarcher les propriétaires pour une mobilisation plus importante du bois, à l’initiative des Une bonne gestion / valorisation des forêts publiques, avec une priorité environnementale et de gestion des risques Papeteries de Tarascon. Le GIE fonctionne à ce jour sur deux sites « pilotes » : le Lubéron et le Ventoux. La grande majorité des forêts publiques sont gérées par l’ONF, via un plan de gestion dans le cas des forêts  La gestion forestière est assez limitée à ce jour, avec seulement 10% des forêts privées qui sont dotées d’un Plan communales. Les forêts publiques sont, globalement, gérées de manière satisfaisante : Simple de Gestion (PSG). La marge de progrès est très importante étant donné que 43% des surfaces forestières  Elles remplissent leur rôle de limitation des risques mouvement de terrain, rôle pour lequel elles ont été mises en privées correspondent à des propriétés de plus de 25 hectares (et devraient donc être couvertes par des PSG). place au début du siècle dernier (politique RTM). Le développement de la sylviculture peut constituer une opportunité économique pour le territoire, dans un  La couverture forestière est diversifiée et l’évolution des peuplements tend vers un renforcement de cette contexte local et régional de tension sur le marché du bois, générant une demande croissante de matière première. diversité. Les peuplements sont renouvelés à maturité depuis une trentaine d’année. Plusieurs acteurs œuvrent d’ores et déjà à accroitre cette mobilisation, en particulier le CRPF et la coopérative forestière « Provence Forêt » qui est active sur le territoire.  Les problématiques sanitaires connues à ce jour restent limitées dans les milieux forestiers. On note toutefois le Les efforts de mobilisation doivent être accompagnés d’actions visant à pérenniser la disponibilité et la qualité de la développement de populations invasives en lien avec les évolutions climatiques (chenilles processionnaires, ressource : renforcement de la culture forestière, qualification des pratiques sylvicoles, développement des tordeuse du chêne). documents de gestion. La gestion vise en priorité à préserver les qualités écologiques des massifs forestiers, les forêts publiques accueillant des espaces remarquables sur le plan écologique. Ces espaces, dont certains sont protégés (Arrêtés de protection du biotope, zones Natura 2000, Réserve de Biosphère, ZNIEFF,…), sont soumis à des pressions non négligeables, en Un potentiel de développement des filières bois pour valoriser localement la ressource particulier liées aux fréquentations touristiques et de loisirs (VTT, engins à moteurs). Si le développement de la sylviculture représente un enjeu local, il en va de même pour les tissus d’entreprises L’ONF porte dans les forêts publiques une politique de diversification des essences et de valorisation des espèces pouvant valoriser la ressource locale. L’essentiel de la ressource forestière actuellement mobilisée est valorisée dans endogènes, qui se redéveloppent dans certains secteurs du massif (développement de feuillus sous les pins en en les filières de papeterie / trituration et pour le bois de chauffage. La filière bois génère un nombre limité d’emplois sur particulier dans les secteurs où les résineux ont été fortement développés par le passé). L’ONF est en outre impliqué le territoire (175 emplois en 2010), en bonne partie à Carpentras. dans les programmes NATURA 2000 du massif, et accompagne les éleveurs pour le développement du pastoralisme, Des marges de progrès existent pour développer une production de bois de qualité valorisée localement. Ce afin d’éviter que la forêt progresse sur les espaces de pâture (toutefois, les surfaces de pâture continuent de diminuer développement suppose une politique de développement « intégré » de la filière bois : exploitation, transformation progressivement). primaire, voire transformation secondaire. Les forêts publiques sont valorisées pour la production, dans une juste mesure par rapport à la disponibilité de la Plusieurs filières locales pourraient être développées, en particulier les filières de construction-bois et de bois- ressource et au « potentiel » des boisements du territoire. La valorisation pourrait toutefois être plus importante : énergie. Actuellement, les projets restent peu nombreux y compris du côté des collectivités. Des projets publics  Actuellement, environ 15 000 à 20 000 mètres cubes de « démonstratifs » de valorisation de la ressource locale peuvent être développés pour encourager le développement bois sont valorisés annuellement, principalement pour de de ces filières. la papeterie, de la trituration, du bois de feu.

 Les niveaux de productivité restent assez faibles, autour Des enjeux communs pour les prochaines décennies de 3 à 4 m3/ha/an, ce qui s’explique par la nature des peuplements et par la qualité des sols. Au-delà des enjeux de valorisation économique de la ressource, plusieurs enjeux pour l’avenir des massifs forestiers, qui concernent les forêts publiques comme les forêts privées, méritent d’être cités :

 La connaissance de la forêt et de son fonctionnement gagnerait à être développée auprès des propriétaires mais Des forêts privées peu gérées et sous-valorisées également des habitants : histoire de la forêt RTM, statut des forêts (domaniales, communales, privées, ...), Du côté des forêts privées, on constate sur le territoire une usages de la forêt (chasse, production de bois, pastoralisme, ...), gestion forestière (exploitation, plantation, ...). sous-valorisation des produits forestiers qui peut s’expliquer  L’amélioration de la gestion forestière constitue un enjeu majeur, pour améliorer la mobilisation économique de par plusieurs éléments : la ressource, pour préserver la richesse environnementale des massifs (adaptation au changement climatique,  La culture forestière des propriétaires est peu organisation de la biodiversité,…), mais également pour améliorer les conditions de découverte des massifs développée, ce qui s’explique par la relative « jeunesse » forestiers (gestion des itinéraires). Cet enjeu concerne principalement les forêts privées. des massifs forestiers du territoire. Les propriétaires  La conservation de la mosaïque écologique existante entre espaces boisés et espaces ouverts est un enjeu connaissent peu la localisation des propriétés important en termes de biodiversité et de paysages. Cette mosaïque tend à disparaitre du fait du recul progressif (délimitation), ils sont peu mobilisés dans la gestion et ne des espaces de pâture sur le massif. connaissent pas les opportunités existantes de valorisation économique. Les forêts privées sont majoritairement peu  L’anticipation des effets du changement climatique et l’adaptation du territoire à ce niveau représente une ou pas productives parce que les propriétaires les gèrent souvent ces espaces comme des réserves foncières ou question importante. Certaines essences pourront être fortement affectées par les effets du changement patrimoniales. climatique, et le maintien d’une diversité végétale n’est pas évident à moyen / long terme. Certains effets sont d’ores et déjà connus sur le territoire : séchage du sapin en versant nord et dans les sols pauvres, mortalité accrue  La mobilisation de la ressource privée est limitée par rapport au potentiel existant (à ce jour, aucune donnée des chênes pubescents, jaunissement de la cédraie. précise n’est disponible concernant les volumes mobilisés). Des actions sont portées par les acteurs de la filière pour accroître cette mobilisation du bois, en visant principalement les propriétaires (communication,

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 Le maintien des équilibres cynégétiques dans les forêts représente également un enjeu pour l’avenir. Actuellement, la tendance semble être à un développement des populations de grands ongulés, en particulier

dans les forêts privées, d’où des impacts sur les espaces agricoles à proximité des massifs. 3.3.2. L’artisanat, un secteur dynamique porté par l’emploi lié au bâtiment  Enfin, la maîtrise des activités de loisirs ne doit pas être négligée, les activités de pleine nature tendant à se développement dans les massifs forestiers (VTT, quad,…), ce qui peut générer des conflits d’usage voire des En 2011, environ 2350 entreprises artisanales sont dénombrées sur le territoire. problèmes de sécurité. Les trois quarts des entreprises artisanales sont des entreprises du secteur secondaire, dont principalement des Le traitement de ces problématiques « communes » nécessitera un travail de concert structuré entre les gestionnaires entreprises du bâtiment (50% des entreprises). La grande majorité des artisans sont installés dans les principales villes des forêts publiques (ONF) et ceux des forêts privées (CRPF, coopératives). du territoire : Carpentras, Pernes-les-Fontaines et Vaison-la-Romaine. Le secteur du bâtiment est particulièrement dynamique sur le territoire. Entre 1999 et 2010, le nombre d’emplois liés à la construction a augmenté de plus de 50%. Cette tendance joue un rôle important dans le dynamisme des activités 3.3. Le secteur secondaire artisanales locales. 3.3.1. Un secteur industriel en difficulté relative Environ un quart des artisans sont catégorisés dans le secteur tertiaire (services aux personnes et aux entreprises). Le territoire accueille des activités industrielles dans une proportion modeste par rapport aux échelles départementale et régionale, ces activités représentant environ 9% de l’emploi total. Avec une centaine d’emplois sur place perdus entre 1999 et 2010, le secteur industriel est le secteur le moins dynamique après le secteur agricole : -3,4% en 11 ans, suivant –en moins accentuées- les tendances départementale (-5%) et régionale (-5,2%). L’emploi industriel est porté par plusieurs secteurs d’activité représentatifs :  Le secteur agroalimentaire joue un rôle important en comparaison avec les territoires voisins, avec environ 1/3 de l’emploi industriel total. Ce constat est lié, en partie, à la présence d’importantes productions agricoles sur le territoire, même si la transformation locale n’est pas le schéma de valorisation classique de ces productions.  Les activités manufacturières lourdes représentent environ la moitié de l’emploi industriel local, avec en particulier la production plastique / métallurgique, les entreprises de machinerie.  En dehors de l’agroalimentaire, on notera la présence d’activités industrielles liées à l’exploitation des ressources locales, avec en particulier des emplois liés à une filière bois peu développée mais présente, ainsi que des activités extractives (carrières). La filière bois représente moins de 200 emplois localisés à Carpentras, Malaucène, Pernes- les-Fontaines (scieries et industries de Carpentras) et à Vaison-la-Romaine (entreprise de fabrication de terrasses en bois).

SECTEUR D'ACTIVITE (INDUSTRIE) Emplois en 2010 CA : Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac 868 CG : Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique ainsi que d'autres produits minéraux non métalliques 368 CM : Autres industries manufacturières ; réparation et installation de machines et d'équipements 366 CH : Métallurgie et fabrication de produits métalliques à l'exception des machines et des équipements 189 EZ : Production et distribution d'eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution 175 CC : Travail du bois, industries du papier et imprimerie 175 BZ : Industries extractives 92 CE : Industrie chimique 87 CB : Fabrication de textiles, industries de l'habillement, industrie du cuir et de la chaussure 71 DZ : Production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné 67 CK : Fabrication de machines et équipements (non compris ailleurs) 63 CF : Industrie pharmaceutique 35 CJ : Fabrication d'équipements électriques 27 CL : Fabrication de matériels de transport 11 CI : Fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques 4 CD : Cokéfaction et raffinage 0 TOTAL emploi industriel 2598 Source : INSEE 2010

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3.4.2. Des activités commerciales dynamiques mais limitées par la proximité du pôle d’Avignon 3.4. Le secteur tertiaire L’activité commerciale du territoire est organisée autour de deux principaux pôles (agglomérations) : Carpentras et 3.4.1. Le « boom » des services aux personnes et aux entreprises Vaison-la-Romaine, le pôle de Carpentras étant le plus important en termes de chiffre d’affaires (en considérant La hausse de l’emploi dans le secteur des services a été très forte sur le territoire entre 1999 et 2010 : les emplois l’agglomération qui regroupe Carpentras et ses proches couronnes, avec en particulier la commune de Pernes-les- tertiaires marchands ont progressé de 29% environ (contre 20% dans le Vaucluse et 23% en PACA), et les emplois Fontaines). tertiaires non marchands ont progressé de 35% environ (contre 22% dans le Vaucluse et 21% en PACA). L’offre commerciale est répartie entre 60% d’offre « alimentaire » et 40% d’offre « non alimentaire ». L’évasion Parmi les secteurs « porteurs » de ce développement, il convient en particulier de citer : commerciale en termes de commerce non alimentaire est importante sur le territoire et se justifie par la proximité du pôle d’Avignon où l’offre est diversifiée et très concurrentielle. Le pôle de Carpentras n’est pas forcément en  Les activités commerciales et les services commerciaux qui en 2010 représentent 20% de l’emploi tertiaire, soit le concurrence avec celui d’Avignon mais s’inscrit plutôt en complémentarité. poste le plus important. En termes d’emploi lié aux activités commerciales, on retrouve les trois quarts de l’emploi dans les pôles urbains (47%  Les services liés à l’administration et aux services administratifs représentent également environ 20% de l’emploi à Carpentras, 14% à Vaison-la-Romaine, 13% à Pernes-les-Fontaines). tertiaire, ce secteur jouant donc un rôle important. Le reste de l’emploi est réparti dans les plus petites communes, avec quelques pôles secondaires qui se distinguent :  Les services liés à la santé et à l’action sociale sont également bien représentés avec 18% de l’emploi tertiaire. Loriol-du-Comtat, Malaucène, Saint-Romain-en-Viennois, Saint-Didier, Caromb, Sault, Mazan. Les activités  Le secteur de l’enseignement à lui seul représente environ 12% de l’emploi tertiaire. commerciales dans les villages (épiceries, boulangeries, presse,…) connaissent des difficultés, et leur maintien constitue un enjeu fort pour les communes afin de maintenir la qualité des cadres de vie « villageois ».  Enfin, il convient de noter une représentation assez importante des activités d’hébergement et de restauration en lien avec l’économie touristique du territoire (6% de l’emploi tertiaire). En définitive, on constate donc que le poids du secteur tertiaire repose aujourd’hui en grande partie sur des services aux personnes « non marchands » en grande partie gérés ou subventionnés par le secteur public : services administratifs, services médicaux et médicaux-sociaux, enseignement (50% de l’emploi tertiaire en cumulé).

SECTEUR D'ACTIVITE (SERVICES) Emplois en 2010 GZ : Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles 4630 OZ : Administration publique 3326 PZ : Enseignement 2704 QB : Hébergement médico-social et social et action sociale sans hébergement 2299 QA : Activités pour la santé humaine 1865 NZ : Activités de services administratifs et de soutien 1344 SZ : Autres activités de services 1288 IZ : Hébergement et restauration 1285 HZ : Transports et entreposage 795 MA : Activités juridiques, comptables, de gestion, d'architecture, d'ingénierie, de contrôle et d'analyses techniques 769 KZ : Activités financières et d'assurance 747 RZ : Arts, spectacles et activités récréatives 440 MC : Autres activités spécialisées, scientifiques et techniques 403 LZ : Activités immobilières 363 JA : Edition, audiovisuel et diffusion 115 JC : Activités informatiques et services d'information 96 JB : Télécommunications 58 MB : Recherche-développement scientifique 42 TOTAL Services 22568 Source : INSEE 2010

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Compte tenu du contexte économique national / européen, les fréquentations de la destination « Mont Ventoux » tendent à diminuer depuis plusieurs années, en particulier les fréquentations hôtelières. Plusieurs facteurs peuvent 3.4.3. Une économie touristique « de cueillette » avec un fort potentiel de développement expliquer cette diminution, dont le repli des clientèles françaises et la diminution de la consommation touristique qui LA FREQUENTATION TOURISTIQUE DU TERRITOIRE impactent plus lourdement la Destination Ventoux puiqu’elle dépend en premier lieu d’une fréquentation régionale et nationale. Le périmètre du projet de PNR s’inscrit sur deux destinations touristiques différentes : Les données disponibles pour 2013 témoignent d’un regain d’activité pour les hôtels du Ventoux (effets Tour de  La Destination Touristique « Mont Ventoux Comtat Venaissin Pays de Sault », intégrée en quasi-totalité dans le France + bon positionnement prix-qualité-services) périmètre d’étude ; A noter que cette fréquentation ne prend pas en compte les visiteurs non considérés comme des touristes (habitants  La Destination Touristique « Haut Vaucluse », avec uniquement le secteur de Vaison-la-Romaine qui est intégré du territoire ou de proximité en particulier). La fréquentation de certains sites en elle-même dépasse la fréquentation dans le périmètre d’étude. touristique. Le sommet du Mont Ventoux, en particulier, accueille un nombre de visiteurs plus important que le Du fait de cette situation particulière, l’analyse ci-après fera référence à la fois à des données et informations propres nombre de touristes total de la destination (estimation à 700 000 visiteurs/Etude fréquentation sommet Ventoux, à la destination « Mont Ventoux » d’une part, et au secteur de Vaison-la-Romaine d’autre part. Certaines données jusqu’à plusieurs millions suivant les sources). proviennent quant à elles d’études réalisées par le Comité de Bassin d’Emploi « Ventoux » dont le périmètre Une saisonnalité importante des fréquentations correspond peu ou prou à celui du projet de Parc. L’analyse est complexifiée par l’absence d’observatoire structuré de la fréquentation touristique à l’échelle du territoire. Les fréquentations du Mont Ventoux sont hétérogènes sur l’année, avec une fréquentation importante en été (60% des nuitées annuelles), moins importantes le reste de l’année. Les années où l’enneigement du massif est bon, la Les analyses de fréquentation réalisées dans le cadre de l’enquête « autour du Ventoux » par le Comité de Bassin fréquentation hivernale peut représenter jusqu’à 15% des fréquentations annuelles (en nombre de nuitées) avec la d’Emploi en 2009 montrent que le Mont Ventoux et la ville de Vaison-la-Romaine sont deux unités touristiques qui présence des deux stations de ski du Ventoux (Chalet Reynard et Mont Serein) qui constitue un facteur de tendent à fonctionner indépendamment (en particulier, Vaison-la-Romaine n’est pas un point d’hébergement fréquentation supplémentaire. identifié par les visiteurs du massif qui fréquentent plutôt les villages de Bédoin, Malaucène, Sault). L’activité économique touristique du territoire se définit « en 2 temps », avec une activité forte au printemps et en été (surtout en été) et une activité "au point mort" d'octobre à mars.

Une majorité de touristes français, mais une attractivité internationale pour le cyclotourisme et le tourisme culturel La Destination touristique du Mont Ventoux accueille une majorité de touristes français, dans une proportion (75% environ) plus forte que les moyennes constatées à l’échelle départementale. En 2012, les régions les plus représentées sont l’Ile de France, Rhône Alpes, PACA, le Nord Pas de Calais et les Pays de la Loire. La clientèle étrangère représente environ 25% des visiteurs, en provenance principalement de Belgique, d’Allemagne, de Suisse, du Royaume Uni, des Pays Bas, des Etats Unis, d’Italie. Une fréquentation importante mais qui tend à diminuer A noter que le tourisme culturel est plus attractif pour les populations étrangères, avec en particulier la ville de La fréquentation globale de la Destination « Mont Ventoux Comtat Venaissin et Pays de Sault » est estimée à plus de Vaison-la-Romaine qui accueille beaucoup de touristes étrangers (non comptabilisé dans les statistiques de la 475 000 touristes en 2012 (14% des touristes du Vaucluse), pour un nombre de nuitées dépassant les 2 ,75 millions et destination « Mont Ventoux »). un PIB approchant les 150 millions d’euros. Cette situation fait du territoire la 4ème et avant-dernière destination La typologie des visiteurs met également en évidence une représentation importante des familles avec enfants, et une touristique du Vaucluse après le Lubéron, Avignon et le Haut Vaucluse. population de visiteurs plutôt jeune par rapport aux moyennes départementales (environ 45 ans en moyenne). Les Toutefois, le périmètre d’étude du projet de PNR inclut la ville de Vaison-la-Romaine (Destination touristique du Haut visiteurs sont, en outre, relativement « fidèles » : on dénombrait seulement 20% de primo-séjournants en 2012 à Vaucluse) qui, à elle seule, attire environ 440 000 visiteurs par an pour une fréquentation d’environ 3 millions de l’échelle de la destination. nuitées.

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moyenne départementale (1064 €/famille et par séjour). La gestion des flux touristiques, une problématique importante concentrée dans certains sites « surfréquentés » Les fréquentations touristiques génèrent des problématiques de gestion des flux sur le territoire, du fait d’une concentration des flux sur une courte période (beaucoup de monde sur peu de temps), conjuguée à une concentration de cette fréquentation estivale sur quelques sites emblématiques (beaucoup de monde sur peu d’endroits) :  Impacts relatifs à la sécurité : circulations importantes sur les grands axes (Carpentras-Bédoin, Bédoin- Malaucène,…), cohabitation entre voitures et cycles générant des conflits d’usage, inadaptation des équipements « vélo ».  Impacts sur l’environnement et les paysages : sur-fréquentation de sites remarquables, insuffisance des aménagements de protection, pollution et consommations d’énergie, génération de déchets.  Impact lié aux conflits d’usage (entre visiteurs en voiture et à vélo, entre visiteurs et habitants, entre visiteurs et agriculteurs, « ras-le-bol » des habitants,…). A ce jour, les problématiques de fréquentation sont bien identifiées sur le territoire, mais il n’existe pas de politique « structurée » de gestion des flux. Plusieurs sites sont concernés :  Le sommet du Mont Ventoux, avec des fréquentations annuelles variant de 700 000 à plusieurs millions de personnes suivant les sources – la surfréquentation du sommet concerne le site en lui-même, mais également les principales voies d’accès ainsi que les villages et hameaux avoisinants.  la vallée du Toulourenc, qui accueille des visiteurs mais également de plus en plus de visiteurs « locaux » dans le

cadre de leurs loisirs (baignade en été en particulier ou escalade). Origine des visiteurs étrangers à l’échelle du CBE, source CBE Ventoux  Les gorges de la Nesque, également bien fréquentées. Des dépenses journalières moyennes assez faibles Un projet d’aménagement du sommet a été défini par les collectivités (étude réalisée en 2012-2013). L’étude a Les Véhicules Terrestres à Moteurs (VTM) à l’échelle du projet de Parc identifié une problématique d’aménagement du site (protection des espaces remarquables, aménagement de Les touristes dépensent relativement commerces et services, accueil, propreté,…) et d’organisation du partage de l’espace entre les différentes catégories L’impact des circulations de VTM à l’échelle du massif peuvent être peu à l’échelle de la destination d’usagers (voitures, vélos, piétons, motos), pour plus de sécurité et de confort. Plusieurs principes fonctionnels ont perçus à deux niveaux distincts : touristique du Mont Ventoux. En été proposés et restent à concrétiser, en particulier les principes suivants : moyenne, la dépense journalière  D’une part, on retrouve une fréquentation notable de VTM sur les  Limitation du stationnement « sauvage » au sommet, par des aménagements physiques, en concentrant le s’élève à environ 53 €/jour, contre 70 routes d’accès aux sommets, en particulier la RD 974 sur les versants stationnement sur les aires de stationnement existantes (parking Vendran en premier lieu). €/jour à l’échelle départementale. C’est Nord et Sud du massif. La circulation des véhicules (voitures, motos) la dépense touristique journalière est particulièrement dense en période estivale. Ces circulations  Organisation de la découverte à pieds du sommet en s’appuyant sur le stationnement de Vendran (point de moyenne la plus faible du peuvent générer des impacts en termes de cadre de vie et de « départ ») et sur une boucle autour du sommet (avec département. Cette situation découverte sur le massif (mauvaises conditions de déplacement, outils d’interprétation et signalétique adaptée). s’explique en particulier par la cohabitations difficiles entre les usagers), mais aussi en termes de  Renforcement des services pour les visiteurs : boutique de présence d’une offre touristique pollution de l’air et de nuisances sonores. L’impact des circulations souvenirs, sanitaires, restauration,… majoritairement non-marchande, sur les milieux naturels du sommet gagnerait à être analysé plus l’offre marchande étant peu finement, et considéré dans le cadre du projet d’aménagement du Au-delà des problématiques de concentration des flux de développée par rapport aux tendances sommet. visiteurs, la question des flux diffus est également importante. départementale et régionale. Les activités de pleine nature (APN) sont nombreuses sur le  D’autre part, les fréquentations de véhicules à moteur sont Toutefois, la durée moyenne des territoire, et peu maîtrisées, d’où des impacts potentiels sur la importantes dans la vallée du Toulourenc (RD 40) et dans les gorges séjours est importante, estimée entre 5 biodiversité. (enjeu particulier pour les loisirs motorisés et les de la Nesque (RD 942), qui sont particulièrement prisées par les et 6 jours. Les visiteurs dépensent peu évènements occasionnels). Des conflits d’usage peuvent visiteurs en moto. L’impact des nuisances sonores occasionnées à la journée mais restent plus également exister entre pratiquants des APN (randonneurs, peuvent poser question au regard du fonctionnement longtemps sur le territoire, ce qui VTTistes, chasseurs) et les loisirs motorisés (quads, moto-cross ou trial, en particulier) topographique des sites (vallées encaissées). augmente les retombées économiques « par touriste ». La dépense moyenne  Enfin, on notera l’existence de fréquentations de véhicules à moteur par famille et par séjour est donc, à « tous terrains » en dehors des axes routiers, principalement dans l’échelle de la destination touristique, les massifs forestiers (chemins d’exploitation et chemins de de 1075€, ce qui est supérieur à la randonnée balisés). Ce type de circulation peut impacter le fonctionnement écologique des milieux forestiers, mais également dégrader l’état des cheminements et générer des conflits entre usagers (avec les randonneurs en particulier). Ces conflits restent 104 relativement peu importants sur le territoire.

Les fréquentations liées à la découverte des patrimoines culturel et naturel sont peu quantifiées sur le territoire car LES FACTEURS D’ATTRACTIVITE TOURISTIQUE DU TERRITOIRE elles sont relativement diffuses : Synthèse des principaux motifs de fréquentation  Dans le secteur de Carpentras et sur le plateau de Sault, l’attractivité liée aux patrimoines culturels concerne en Les motifs des fréquentations touristiques sont diversifiés à l’échelle de la destination touristique « Mont Ventoux » grande partie le patrimoine architectural et urbain, les visiteurs venant découvrir les villes et les villages et se distinguent des tendances observées à l’échelle départementale : provençaux du territoire sous la forme de visites « itinérantes », généralement en voiture. L’offre culturelle est  53% des visiteurs viennent découvrir les patrimoines culturel et naturel du territoire, ce taux étant supérieur à la diffuse dans le bassin de vie de Carpentras, et si aucun site ou évènement « phare » n’attire un nombre important moyenne du Département (42%). La principale source d’attractivité est le patrimoine urbain et villageois qui de visiteurs (cf. tableau ci-dessous), le Pays d’Art et d’Histoire -à l’échelle de la COVE- coordonne et promeut les constitue le principal intérêt du territoire pour plus d’un tiers des visiteurs. Les visiteurs viennent également offres locales. découvrir dans le Ventoux les patrimoines naturels et espaces protégés. A noter que cette proportion est  Dans le secteur de Vaison-la-Romaine, les flux sont, à l’inverse, concentrés sur les sites antiques et des probablement sous-estimée par rapport au périmètre d’étude qui comprend la ville de Vaison-la-Romaine, très évènements culturels « moteurs » (les Choralies au premier plan). Ces facteurs d’attractivité bien identifiés par les attractive sur ce plan. visiteurs constituent des atouts majeurs pour le territoire.  Les activités sportives et de pleine nature constituent le motif de fréquentation principal d’environ 32% des visiteurs. Cette proportion est modeste mais significativement plus importante qu’à l’échelle départementale où SITE / EVENEMENT ATTRACTIF FREQUENTATION ANNUELLE ESTIMEE ce motif de fréquentation ne concerne que 19% des visiteurs. C’est une des spécificités du territoire. Sites antiques de Vaison-la-Romaine 75 000 personnes  Le tourisme « commercial » lié à la gastronomie, à l’artisanat et aux produits locaux est assez peu développé sur le territoire : ce n’est un motif prioritaire de fréquentation que pour 10% des visiteurs, contre 18% à l’échelle Baptistère de Venasque 11 650 personnes départementale. Pourtant, les activités socio-économiques des acteurs du territoire constituent un facteur Hôtel Dieu de Carpentras 3 560 personnes d’attractivité pour les visiteurs, en particulier dans la plaine de Carpentras (diagnostic touristique de la COVE, 2007). Musée de Mazan 1 840 personnes Musées de Carpentras 3 700 personnes Synagogue de Carpentras 3 300 personnes Choralies (Vaison-la-Romaine) 170 000 personnes Estivales de Carpentras 10 000 personnes Festival de musique juive 1 000 personnes

Source : diagnostic stratégique de la situation touristique de la CoVe, 2007  L’attractivité liée aux patrimoines naturels est également diffuse sur le territoire mais concentrée sur les grands ensembles d’intérêt naturel et paysager : le « massif » du Ventoux, la vallée du Toulourenc, les gorges de la Nesque. L’offre de découverte des patrimoines naturels est orientée principalement vers le grand public (sentiers d’interprétation, panneaux d’information,…), et draine finalement assez peu, en proportion, le public des « connaisseurs ». La fréquentation des sites est relativement diffuse, son organisation est assez peu structurée à l’échelle intercommunale (aménagements ponctuels de sentiers de découverte portés par les communes, manque de cohérence de la signalétique, interventions « en cas de problème » pour réguler les fréquentations). Le cyclotourisme et les activités de « pleine nature » Un tiers des visiteurs viennent sur le territoire pour exercer des activités sportives et de pleine nature. Le cyclotourisme constitue un facteur d’attractivité bien identifié. L’étude de fréquentation réalisée par le CBE en 2009 montre qu’environ 1/3 des visiteurs du Ventoux et de ses périphéries (Carpentras, Vaison-la-Romaine) a pratiqué le vélo durant son séjour sur le territoire (sans que cela soit forcément l’intérêt principal du visiteur). Le passage régulier du Tour de France par le Mont Ventoux a donné au territoire une notoriété importante (internationale) qui se ressent dans les fréquentations touristiques et de loisirs. A chaque passage du Tour sur le territoire, c’est plusieurs centaines de milliers de spectateurs qui sont recensés. L’offre touristique « vélo » a fait l’objet d’un travail de structuration avec la création de 14 circuits vélo pour plus de 400 km cumulés et la qualification d'une centaine d'hébergeurs, restaurateurs, loueurs, accompagnateurs, transporteurs, lieux de visite, producteurs et caves. Ces acteurs sont fédérés à travers une marque collective "La Provence à vélo" portée sur le plan départemental par l'ADT et localement par l'association de professionnels ADTMV (Association de Développement touristique du Mont Ventoux) avec le soutien de la COVE et du SMAEMV. La marge de progrès pour valoriser encore plus l’image et l’attractivité du territoire autour du vélo est encore importante, les visiteurs étant nombreux à venir « gravir le Ventoux ». La découverte des patrimoines culturel et naturel 105

En-dehors du cyclotourisme, une offre complémentaire d’activités de pleine nature « APN » est proposée sur le Les achats ne constituent le motif principal des visiteurs que dans 10% des cas, ce qui est inférieur à la moyenne du territoire : Vaucluse. Toutefois, selon l’enquête réalisée en 2009 par le CBE, 46% des visiteurs ont déclaré être allés dans une cave ou un caveau au cours de leur visite, ce qui montre l’intérêt porté par les touristes à la filière oenotouristique.  Les activités de randonnée pédestre sont bien développées, avec une offre orientée « nature » sur le massif ou « patrimoine » dans les villages. La question de sa structuration reste toutefois entière, des circuits étant Les visiteurs profitent aussi de leur présence sur le territoire pour aller sur les marchés, rencontrer des producteurs ou développés avec un maillage important (PDIP, GRP, GR…à plusieurs échelles sans mise en cohérence systématique des artisans locaux. Cette valorisation des productions du territoire reste toutefois peu structurée en-dehors des produits viticoles :  Des activités de sport d’hiver sont proposées sur le territoire, autour de deux stations du Mont Serein et du Chalet Reynard. Ces stations jouent un rôle populaire important et les pratiquants vauclusiens sont assez  L’offre de découverte des produits artisanaux locaux existe mais n’est pas coordonnée sur le territoire (offre nombreux à venir « skier sur le Ventoux ». La fréquentation et l’activité touristique liée aux stations est individuelle diffuse). relativement importante. La station du Mont Serein accueille ainsi jusqu’à 380 000 visiteurs en hiver (10 000 à  L’agritourisme est assez peu développé et l’achat de produits agricoles (fruits, légumes, produits transformés 12 000 skieurs par jour en cas d’enneigement et de beau temps), et environ 100 000 personnes pratiquent chaque comme le nougat, l’huile d’olive) repose beaucoup sur une offre diffuse et sur la fréquentation des marchés année les activités d’été développées par la station. L’emploi lié à la station du Mont Serein représente de 100 à locaux destinés aux habitants comme aux visiteurs. L’offre est peu structurée. 150 emplois directs et indirects. Des réflexions ont été engagées concernant la stratégie économique à développer pour assurer la diversification de l’offre de loisirs des stations, du fait d’une trop grande dépendance  La seule filière locale ayant structuré une politique à l’échelle du territoire est la filière viticole. La filière de la rentabilité des structures à la saisonnalité et aux conditions climatiques. L’absence de coordination entre les oenotourisme est en plein développement autour de l’AOC Ventoux avec plus de 30 caves qualifiées tourisme deux stations (en particulier sur la gestion de l’offre) représente un enjeu important pour le développement futur proposant des prestations de découverte du vin et du vignoble jusqu’à des séjours packagés. L’AOC Ventoux est des activités. l’appellation qui compte le plus grand nombre de caves/domaines certifiées bio à l’échelle du Département. Ceci démontre une forte volonté des producteurs locaux d’associer qualité de production et préservation  D’autres activités sportives et de loisirs « de pleine nature » existent sur le territoire : VTT, accrobranche, environnementale. équitation, spéléologie (site spéléologique d’envergure nationale sur le plateau d’Albion), escalade, vol libre… Les filières touristiques et de loisirs associées sont peu structurées. Un projet de structuration de la filière « VTT » est en cours, avec la création de « la grande traversée du Vaucluse », d’un « Bike Park » au Chalet Reynard, d’un pôle L’OFFRE D’HEBERGEMENT TOURISTIQUE VTT porté par un village de vacances de Bédoin. L’offre à l’échelle de la destination « Mont Ventoux Comtat Venaissin Pays de Sault »

On dénombre à l’échelle de la Destination « Mont Ventoux » (sans compter l’offre de Vaison la Romaine) environ 15 000 lits touristiques marchands réunis dans 800 hébergements. Environ 55% des nuitées enregistrées sont réalisées en hébergement marchand, ce qui est assez important par rapport aux moyennes départementale et régionale.  L’hébergement en plein air constitue la première offre d’hébergement (près de la moitié des lits à l’échelle de la destination), particulièrement attractive pour les visiteurs étrangers (67% des nuitées enregistrées). Les visiteurs en provenance des Pays-Bas sont les premiers utilisateurs.  L’offre hôtelière est assez bien représentée, avec plus d’un millier de lits. L’offre est importante à Carpentras et dans les villages les plus touristiques aux abords du massif (Malaucène, Bédoin, Sault). Elle est particulièrement attractive pour les visiteurs français (60% des nuitées).  L’offre en meublés labellisés (Gîtes de France, Clévacance) est importante par rapport à la moyenne départementale, avec 626 hébergements recensés en 2012. Cela s’explique en partie par l’importance des locations saisonnières sur le territoire. La commune de Bédoin est la première commune de résidence touristique de la destination, avec 4 000 lits marchands : 6 campings (3 375 lits), 103 meublés (426 lits), 3 villages / résidences (198 lits). D’un point de vue plus qualitatif, l’offre d’hébergement peut être encore optimisée par rapport aux attentes des visiteurs. L’hébergement « haut de gamme » ou de groupes, en particulier, sont peu mis en avant.

Le tourisme « commercial » lié à la gastronomie et aux produits locaux

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Offre d’hébergement à l’échelle de la destination « Mont Ventoux » ENJEUX DE DEVELOPPEMENT TOURISTIQUE (2012, source ADT) Plusieurs problématiques de territoire, identifiées avec les acteurs locaux, méritent d’être mises en avant en conclusion de ces analyses :  L’absence de gestion des flux touristiques estivaux constitue une problématique importante, sur les principaux axes de circulation du périmètre d’étude et plus particulièrement dans les sites où les flux touristiques tendent à se « concentrer » : sommet du Ventoux, vallée du Toulourenc, gorges de la Nesque en premier lieu. Les trafics importants en période estivale et la cohabitation entre les modes de déplacement (voitures et vélo surtout) posent des questions en termes de sécurité, d’impacts sur l’environnement et les paysages. La situation génère également des conflits entre usagers et une insatisfaction (relative) des touristes comme des habitants. La problématique est identifiée depuis plusieurs années et constitue une source d’insatisfaction croissante (visiteurs, habitants) qui appelle à trouver des solutions rapidement. Des actions, qui peinent à voir le jour, sont envisagées par le territoire pour mieux gérer les flux touristiques : aménagement du sommet du Ventoux, mise en place d’une Opération Grand Site (OGS). Des actions expérimentales sont d’ores et déjà menées pour encourager l’usage de modes de déplacement collectifs en substitution à la voiture individuelle (mise en place de navettes L’offre d’hébergement à Vaison-la-Romaine, « porte d’entrée » de la destination pour aller jusqu’aux stations et au sommet). Vaison-la-Romaine, qui n’est pas dans la destination touristique « Mont Ventoux » mais qui est dans le périmètre  La structuration de l’économie touristique locale est insuffisante, d’où des retombées économiques du tourisme d’étude, propose une offre d’hébergement importante et complémentaire (« porte d’entrée » de la destination), avec qui pourraient être beaucoup plus importantes (la dépense moyenne journalière d’un visiteur est la plus faible du environ 3 000 lits marchands répartis sur 150 hébergements environ. Département). Aujourd’hui, deux filières ont fait l’objet d’un travail de structuration impliquant les partenaires et A l’échelle du périmètre d’étude (destination « Mont Ventoux » + secteur de Vaison-la-Romaine), on estime l’offre prestataires touristiques : la filière « vélotourisme » et la filière oenotouristique autour de l’AOC Ventoux. Ces d’hébergement touristique entre 18 000 et 20 000 lits marchands. efforts de structuration gagneront à être confortés à l’avenir (en particulier pour les filières cyclosportives et VTT pour laquelle le potentiel de développement économique reste sous-exploité). Ces deux filières structurées pourront constituer des « locomotives » pour le développement des autres filières qui ont besoin d’être structurées : tourisme culturel et patrimonial, activités de pleine nature, agritourisme,… Dans ces secteurs, l’offre est actuellement peu lisible et peu compétitive par rapport à d’autres territoires. L’objectif de structuration de l’offre touristique peut également concerner l’hébergement, avec des efforts à fournir en termes de diversification et de qualification. L’hébergement en résidences secondaires  Enfin, l’image touristique de la destination « Mont Ventoux » gagnerait à être clarifiée et partagée par les Les 5 831 résidences secondaires recensées en 2010 sur le territoire représente une très forte capacités d’accueil acteurs touristiques. Cette image est actuellement relativement distante de l’identité du territoire (focalisation (équivalent 29 155 lits), et un mode de fréquentation touristique du territoire différent : présence plus régulère, sur le vélo, le vin) ou, en tout cas, ne reflète pas sa diversité. Actuellement, on note un déficit de stratégie personnes connaisseuses et aguerries, « consommateur » des offres culturelles (spectacles, …) et d’Activités de Pleine commune à l’échelle de cette destination « Mont Ventoux » qui pèse sur la cohérence de l’image du territoire Nature. renvoyée aux visiteurs, et qui renforce l’isolement des acteurs touristiques. La clarification d’une stratégie commune constitue un préalable Résidences secondaires en 2010 Nombre % du parc de important à la structuration de l’offre logement et à la mise en tourisme du territoire, Plateau de Sault, vallée du Toulourenc 783 34.4 pour sortir d’une économie « de cueillette ». L’organisation des Arc comtadin 2 062 24.2 acteurs est actuellement très Collines de Vaison-la-R. et Malaucène 1 785 20.6 dispersée (on dénombre en tout 10 offices de tourisme sur le territoire), Plaine du Comtat 1 201 4.1 ce qui ne favorise pas la cohérence TOTAL 5 831 12 de la stratégie touristique et la mutualisation des moyens entre les

acteurs. La gestion des offices de Les retombées économiques sont différentes, mais importantes pour le secteur du bâtiment (rénovation et entretien tourisme est majoritairement du patrimoine), du commerce alimentaire (marchés, commerce traditionnel et de grande surface) et non alimentaire communale, en-dehors de la (équipement de la maison, de la personne, soins divers, automobile et vélos), en particulier dans les 3 secteurs où COPAVO qui a mis en place un OT elles sont très présentes en proportion du nombre d’habitants (plateau de Sault, vallée du Toulourenc) ou en nombre intercommunal. La COVE porte (arc comtadin, collines de Vaison-la-Romaine et de Malaucène) depuis plusieurs années un projet d’OT intercommunal, mais qui a du mal à voir le jour.

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3.5. Politiques en cours

Les politiques d’accueil d’entreprises : les intercommunalités en tête de file  Plusieurs autres partenaires d’échelle départementale accompagnent les EPCI dans leurs politiques de Les intercommunalités portent toutes des politiques de développement économique afin d’accompagner l’accueil développement : missions locales, chambres consulaires en particulier. d’entreprises et d’emplois sur le territoire. Les EPCI sont compétentes à plusieurs niveaux : Le développement rural et le programme LEADER  La création, l’aménagement, l’entretien et la gestion de Zones d'Activités Economiques (ZAE), tous secteurs d’activité confondus (industrie, commerce, tertiaire, artisanat, tourisme,…). La question du développement économique « rural » est moins investie par les EPCI qui restent globalement en retrait. Le SMAEMV porte un programme européen LEADER (2007-2013) impliquant de multiples partenaires (EPCI,  La mise en place de structures d’accueil des entreprises (pépinières, hôtels d’entreprise…). Département, Région, chambres consulaires, …) rassemblés dans un Groupe d’Actions Locales (GAL « Ventoux »). Il fait suite au premier programme LEADER+ (2000-2006).  Le soutien au développement de réseaux de télécommunication (développement des TIC, généralement en lien avec l’aménagement des ZAE). Le programme LEADER a pour objectif de développer des actions de plusieurs ordres :

 La COVE intervient spécifiquement sur la gestion « directe » d’équipements industriels, agricoles ou artisanaux  Soutien de projets agricoles et paysagers : diversification en lien avec la valorisation des patrimoines d’intérêt communautaire. environnementaux et paysagers, développement du sylvo-pastoralisme et des pratiques agricoles peu agressives vis-à-vis des milieux, projet de territoire autour de la lavande sur le plateau de Sault, création de MAE paysagères Les intercommunalités interviennent également, de manière indirecte, dans les politiques de développement territorialisées sur les côtes du Ventoux, aménagement de restanques pour l’aménagement de cultures touristique, en soutenant le développement des offices de tourisme (seules la COPAVO et Ventoux Sud disposent anciennes, développement du pâturage de coteaux, facilitation du débardage, études de faisabilité pour le d’un office de tourisme géré directement à l’échelle intercommunale), l’aménagement d’équipements touristiques développement de filières innovantes, développement de la restauration collective, promotion des produits (structures d’hébergement, bâtiments de services touristiques,…), la promotion touristique (informations, outils en locaux (festival « Ventoux Saveurs »)… L’ensemble des actions menées dans le domaine agricole sont construites ligne, édition de guides,…). et mises en œuvre en lien étroit avec la chambre d’agriculture et le GDA « Ventoux ». Les outils et acteurs du développement économique à plus grande échelle  Gestion des fréquentations au sommet du Ventoux : renforcement de la connaissance des fréquentations au sommet, mise en œuvre d’un projet de gestion partagé, implication des stations, développement des Les EPCI travaillent en lien étroit avec des partenaires du développement économique et ont développé des outils méthodologies « Grand Site avec l’expérimentation de navettes entre les piémonts, les stations et le sommet ». d’échelle supra-communautaire qu’il convient de mettre en exergue :  Structuration de l’éco-tourisme à l’échelle de la Destination Ventoux : structuration des filières touristiques APN  Un Comité de Bassin d’Emploi (CBE) « Ventoux Comtat Venaissin » propose, à l’échelle du projet de Parc, un (activités de pleine nature), des filières éducatives et culturelles (valorisation des patrimoines), des filières de accompagnement des entreprises du territoire, en place ou souhaitant s'installer. Plusieurs prestations sont valorisation des produits touristiques, de la filière vélo, développement de l’hébergement touristique, mise en proposées : conseil de gestion (ressources humaines, statuts juridiques,…), réalisation d’études de marché, tourisme d’itinéraires, renforcement de l’accessibilité de l’offre touristique pour les publics handicapés,… mobilisation de financements,... Le CBE a également mis en place plusieurs outils pour faciliter le développement : pépinière d’entreprise, observatoire économique en particulier. La politique actuelle du CBE est d’encourager plus  Maintien des services en milieu rural : organisation des services à la personne, mutualisation de l’offre existante. spécifiquement le développement de l’économie sociale et solidaire sur le territoire, en lien avec le fonctionnement du bassin d’emploi d’Avignon.  Développement des énergies renouvelables : réalisation d’études pour estimer le potentiel de développement de la production énergétique et la viabilité économique des projets.  A l’initiative de la ville de Carpentras, une association locale « Initiative Ventoux » a été créée en 1999 pour développer une plateforme d’initiative locale intervenant spécifiquement sur l’accompagnement de porteurs de projets pour la création ou la reprise d’entreprises. Le périmètre d’intervention de la plateforme concerne, aujourd’hui, les EPCI de la COVE et Ventoux Sud.

 Une agence de développement économique (Vaucluse Développement) a été développée à l’échelle départementale, à l’initiative du Conseil Général. L’agence se mobilise spécifiquement pour encourager l’implantation d’entreprises sur le territoire : promotion du Département, identification de l’offre foncière, mobilisation d’aides financières, accompagnement des salariés pour leur installation,…

 Dans le domaine du développement touristique, les collectivités travaillent en lien étroit avec l’Agence Départementale de Développement et de Réservation Touristiques (ADT Vaucluse) qui contribue à la promotion et à la commercialisation de produits touristiques à l’échelle départementale : accompagnement des offices de tourisme, des prestataires, réalisation d’études et capitalisation de données statistiques, organisation des réservations,…

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pour respecter les structures paysagères qui fondent l’identité et l’originalité de ce territoire (abords de villes et 4. SYNTHESE DES ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES villages, préservation des coupures vertes, valorisation des silhouettes de villages, recommandations architecturales et urbaines par exemple). Les périmètres des SCOT ‘’Arc Comtat Ventoux’’ et ‘’COPAVO’’ seront élargis à cette Une attractivité démographique et économique importante, insuffisamment maîtrisée occasion et l’ensemble du territoire de projet du PNR du Mont-Ventoux sera couvert par ce document d’urbanisme stratégique. Depuis les années 1960, le territoire est en situation de croissance démographique, plus rapide que les moyennes Depuis les années 1960, le territoire est en situation de croissance démographique, plus rapide que les moyennes Une vulnérabilité des ménages face aux coûts de l’énergie et du logement constatées aux échelles départementale et régionale (+13% d’habitants entre 1999 et 2010). L’attractivité du territoire est liée, en particulier, au cadre de vie et à la proximité du pôle d’Avignon (gare TGV, emplois, commerces, La vulnérabilité économique des ménages constitue un enjeu majeur qui va prendre de l’ampleur au cours des services,…). Seul le secteur de la vallée du Toulourenc connait des dynamiques modérées. prochaines décennies et qui appelle au développement de politiques spécifiques du côté des collectivités :

Les dynamiques démographiques génèrent un rythme élevé de construction de nouveaux logements, en particulier  La pression résidentielle croissante s’est traduit au cours des années 1990 et 2000 par une augmentation des dans les villages. Certains villages ont, en vingt ans, multiplié par deux leur parc de logements pour accueillir toujours tensions sur les marchés foncier et immobilier, d’où des coûts élevés d’accès au logement, en particulier pour plus d’habitants. L’accès aux services publics reste garanti par un maillage de polarités urbaines (Carpentras / Pernes, l’accès à la propriété. Les prix sont trop élevés par rapport aux revenus moyens des ménages, et l’accès au Vaison-la-Romaine, Malaucène, Sault en particulier). logement constitue une problématique forte pour les habitants. Les politiques de l’habitat méritent d’être musclées pour faciliter l’accès au logement et reconquérir les centralités urbaines et villageoises. À ce jour, seule L’attractivité démographique est une source de développement économique (services aux personnes, construction) la CoVe a développé des politiques de l’habitat structurées (PLH, OPAH). et constitue un atout pour le territoire qui ne devient pas un territoire dortoir du fait d’une création d’emplois importante (+18% d’emplois entre 1999 et 2010, croissance plus rapide qu’à l’échelle départementale).  Le renchérissement des énergies fossiles représente une pression sur l’équilibre budgétaire des ménages. Les habitants sont dépendants de modes de déplacement individuels coûteux, ce qui risque de générer des Cette attractivité pour les habitants et les entreprises devrait être confirmée au cours des prochaines décennies, en situations d’isolement, en particulier à distance des pôles d’emplois et de services (secteurs plus ruraux comme le particulier du fait du renforcement de l’accessibilité d’Avignon avec la réouverture de l’axe TER Avignon – Carpentras. plateau de Sault et la vallée du Toulourenc).La question de la vulnérabilité énergétique liée au logement va être centrale au cours des prochaines décennies, les performances énergétiques des bâtiments anciens étant trop L’attractivité résidentielle et économique du territoire, en particulier dans la plaine de Carpentras et l’arc Comtadin, souvent de faible qualité. Les collectivités locales ont engagé des actions pour limiter cette vulnérabilité génère des pressions importantes : énergétique : développement de l’offre de transport en commun par le Département et la Région, lancement  Les paysages sont marqués par l’étalement urbain des dernières décennies, qui a généré de nombreuses d’OPAH (Département, CoVe), développement de conseils aux habitants via les Espaces Info-Energie. Toutefois, pollutions visuelles : mitage, dégradation des entrées de villes et de village, développement « anarchique » de ces outils méritent d’être largement renforcés. l’affichage publicitaire… Des patrimoines culturels riches, mais « sous pression »  L’étalement urbain fait pression sur la biodiversité et les fonctionnalités écologiques (remise en question de corridors locaux), notamment dans la plaine qui abrite des milieux naturels « ordinaires ». L’accueil croissant Les patrimoines culturels du Mont Ventoux sont diversifiés : bâti remarquable protégé et non protégé, petits d’habitants pèse également sur les prélèvements effectués sur la ressource en eau, qui augmentent. patrimoines matériels liés aux activités locales et à l’histoire, patrimoines artistiques et littéraires, patrimoines « historiques » de la préhistoire à l’époque moderne (en passant par la souveraineté papale qui a marqué l’histoire du  La pression urbaine s’exerce majoritairement aux dépens des terres agricoles (consommation d’espace, Comtat Venaissin), savoir-faire liés aux activités locales, us et coutumes, langue provençale,… La diversité des morcellement des terres, isolement de parcelles,…). La consommation foncière entre 1990 et 2005 est estimée à patrimoines est aussi territoriale, avec des patrimoines différents suivant que l’on se situe dans la plaine de environ 150 hectares par an, concentrée dans la plaine de Carpentras qui accueille de très bonnes terres Carpentras, sur le « massif » du Mont Ventoux, sur le plateau de Sault ou à Vaison-la-Romaine. irrigables, support des activités spécialisées maraîchères et arboricoles. Ces patrimoines culturels font face à des « pressions » importantes, de deux ordres :

 L’état du patrimoine bâti non protégé et du petit patrimoine tend à se dégrader. Les rénovations d’habitations « provençales » sont d’une qualité trop souvent insuffisante (usage de nouveaux matériaux, perte de typicité architecturale), et les nouvelles constructions et les aménagements urbains « détonnent » avec les caractéristiques architecturales et urbaines historiques. En sus, les éléments de petit patrimoine matériel (murets en pierres sèches, réseaux d’irrigation) tendent à perdre leur usage économique (agricole principalement), d’où un abandon et une dégradation progressive.

 Une partie des patrimoines immatériels du territoire risque de disparaître du fait d’une transmission insuffisante. C’est le cas pour les us et coutumes, la langue provençale (de moins en moins parlée), mais également certains Les collectivités locales ont engagé des réflexions pour mieux maîtriser les impacts du développement urbain, avec en savoir-faire artisanaux ou agricoles. Le brassage des ménages joue un rôle important dans ce phénomène : les particulier trois Schémas de Cohérence Territoriale approuvés (sur les territoires de la CoVe élargi à l’ancienne ménages qui s’installent viennent de plus en plus d’ailleurs, une partie des jeunes issus du territoire le quittent communauté de communes des Terrasses du Ventoux, sur le territoire de la COPAVO et sur le territoire du Bassin de pour partie et la transmission générationnelle des « patrimoines locaux » est mal assurée. En sus, les mutations vie d’Avignon). Toutefois, des efforts restent à faire. Les volets environnementaux, paysagers et fonciers des SCOT des activités économiques au cours des dernières décennies ont rendu certains savoir-faire « locaux » désuets, peuvent être largement renforcés, et le seront obligatoirement lors des révisions prochaines du fait des nouvelles d’où un abandon de la transmission pour des vocations économiques. mesures législatives concernant les SCOT (loi Grenelle 2 en particulier). La définition locale de la Trame Verte et Bleue reste à réaliser et à traduire dans les documents d’urbanisme, et des objectifs de qualité devront être développés

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Une économie touristique désorganisée, qui reste à structurer

L’attractivité touristique de la destination « Mont Ventoux » est importante, avec des fréquentations de plusieurs centaines de milliers de touristes chaque année (475 000 à l’échelle de la destination « Mont Ventoux », 440 000 à Vaison-la-Romaine), auxquels s’ajoutent bon nombre de visiteurs locaux (habitants du territoire ou de proximité). Cette attractivité est une source importante de production de richesse, l’activité économique liée au tourisme étant importante dans les villes comme dans les villages. Mais les activités touristiques sont très peu structurées, d’où une sous-exploitation du potentiel de création de richesses :

 L’économie touristique reste une économie « de cueillette », et le potentiel économique associé est largement sous- exploité. Les filières touristiques ne sont que peu structurées (structuration partielle pour le vélo et structuration récente de la filière oenotouristique), ce qui explique les faibles retombées économiques pour le territoire (à ce jour, la dépense journalière moyenne d’un touriste de la destination « Mont Ventoux » est la plus faible du département, mais les séjours sont marqués par des durées moyennes plus longues et une fidélité des visiteurs).

 L’économie touristique ne valorise pas tous les patrimoines. La communication et la diversification des produits constituent des enjeux importants pour faire connaitre et valoriser ces patrimoines (bâti, paysages, histoire, biodiversité, savoir-faire et productions,…). Cette diversification pourrait favoriser l’étalement des fréquentations sur l’année, le Un déficit d’appropriation des patrimoines par les habitants et les visiteurs territoire souffrant d’une économie « à deux vitesses » (fréquentations estivales très fortes, fréquentations faibles le reste L’appropriation des patrimoines par les habitants comme par les visiteurs est difficile du fait de politiques de de l’année), ainsi qu’une meilleure répartition spatiale des flux sensibilisation insuffisamment coordonnées :  En outre, les fréquentations touristiques estivales sont peu  La sensibilisation des habitants sur les patrimoines est assurée principalement au niveau des publics jeunes, en maîtrisées, d’où un mécontentement croissant des habitants et des particulier via des interventions pédagogiques dans les écoles primaires. Les adolescents et les adultes restent visiteurs et des impacts sur les patrimoines naturels. Les peu mobilisés. aménagements des sites les plus fréquentés semblent inadaptés, et la conjonction de flux touristiques multiples (piétons, voitures,  L’offre culturelle de découverte des patrimoines est assez inégale et dépend des patrimoines que l’on considère. vélos) sur des axes de déplacement non aménagés à cet effet pose question en termes de sécurité et de confort pour les usagers. La Certains patrimoines sont très peu valorisés, et les politiques sont différentes d’une commune à une autre et d’un gestion des fréquentations au sommet du Ventoux constitue un EPCI à un autre. En outre, l’accès à cette offre de découverte est plus difficile dans les secteurs éloignés des enjeu prioritaire, identifié par les acteurs locaux pour lequel l’étude principales polarités (plateau de Sault, vallée du Toulourenc en particulier). conduite en 2013 doit servir de support..

 Les tissus associatifs qui regroupent la connaissance des patrimoines et qui pourraient agir pour sensibiliser les L’organisation des activités touristiques suppose d’engager une publics sont peu coordonnés, et ils sont vieillissants du fait d’un renouvellement quasiment inexistant des réflexion concertée à l’échelle de l’ensemble du territoire d’étude, qui aboutisse à une véritable stratégie, à une membres bénévoles. identité commune et à un programme d’action qui n’apparaissent pas clairement aujourd’hui.

 L’absence de projet territorial structuré impliquant collectivités et associations à l’échelle du territoire constitue un paramètre important qui explique en partie les difficultés rencontrées pour sensibiliser les habitants (qui doit passer par la définition d’une stratégie commune).

Des activités agricoles en mutation, fragiles et insuffisamment valorisées 110

Les mutations de l’économie agricole au cours des dernières décennies ont généré un certain nombre de Si les forêts publiques font l’objet d’une gestion importante, le patrimoine forestier privé, qui représente environ la problématiques territoriales, d’ordre économique mais également paysager et environnemental : moitié des surfaces forestières, est aujourd’hui méconnu (y compris par les propriétaires), très peu géré et sous- valorisé. La mobilisation de cette ressource « dormante » constitue une opportunité de développement économique  L’évolution de l’économie et des pratiques agricoles sur le territoire a entraîné une spécialisation des exploitations considérable dans un contexte de tension sur le marché du bois (la demande est importante et devrait croître à (sur plusieurs décennies) et, parallèlement, l’abandon d’une partie des espaces agricoles historiquement cultivés l’échelle départementale). (enfrichement sur les piémonts, sur le massif). Le recul de l’agriculture a par ailleurs des impacts paysagers et environnementaux. Cette mobilisation nécessite un travail de sensibilisation des propriétaires, mais également un travail parallèle de structuration de la filière bois sur le territoire afin de valoriser la ressource localement. Actuellement, les entreprises  Aujourd’hui, les filières agricoles du territoire sont économiquement fragiles, en particulier les filières d’exploitation et de transformation sont peu nombreuses et plutôt fragiles sur le plan économique. Le développement légumières et fruitières de la plaine de Carpentras qui sont très spécialisées. Ces filières sont sensibles aux aléas de filières porteuses comme le bois énergie ou la construction bois serait tout à fait envisageable, les collectivités climatiques, font face à une concurrence sur les circuits de commercialisation, et ont des difficultés à mobiliser la pouvant accompagner ce développement en lançant des projets « pilote » sur les bâtiments publics (chaufferies bois, main d’œuvre saisonnière nécessaire. Cette fragilité pose question concernant l’avenir du territoire, l’agriculture ossature bois), ce qu’elles n’ont que très peu fait jusqu’alors. étant un des socles de l’économie locale et de l’entretien des paysages. Les exploitations très spécialisées (monoculture) sont particulièrement fragiles mais ne sont pas majoritaires (associations cerise – viticulture Le développement des pratiques de gestion durable semble indispensable parallèlement aux efforts de mobilisation répandues par exemple). de la ressource, en particulier pour assurer  Pour faire face aux fragilités économiques, il semble fondamental que les activités agricoles continuent d’évoluer. la pérennité de la forêt La structuration des filières, la valorisation locale des produits, la diversification des exploitations, la et de ses fonctions qui valorisation touristique des productions sont autant de pistes de réflexion pour renforcer les filières en place, sont multiples permettre le développement de nouvelles filières et valoriser des activités locales malmenées au cours des (productive, dernières années. En outre, un travail spécifique, déjà engagé, doit être renforcé pour limiter la pression foncière environnementale, de de l’urbanisation sur les espaces agricoles et favoriser l’installation de jeunes actifs agricoles. Concernant la loisirs,…). L’adaptation reconnaissance qualitative des produits, des marges de progrès existent mais des progrès importants ont été aux impacts du réalisés au cours des dernières décennies (en particulier sur la viticulture avec la consolidation de l’AOC Côtes du changement climatique Ventoux et le développement du label AB). représente en outre un enjeu de gestion  Le changement climatique représente un risque considérable pour les activités agricoles. Les cultures spécialisées important. Ces impacts sont les premières à être concernées : vignes, vergers, légumes. Le changement climatique génère un vont venir bouleverser accroissement des aléas climatiques qui représente un risque majeur pour ces cultures, déjà ressenti localement. les équilibres forestiers Enfin, les pratiques agricoles sont questionnées quant à leur impact environnemental et paysager. L’intensification et sont déjà ressentis localement : séchage et la spécialisation ont généré une simplification de la structure des espaces agricoles (agrandissement des parcelles, du sapin, mortalité des réduction des éléments végétaux). En outre, le développement agricole est fortement dépendant d’une ressource en chênes pubescents, eau qui s’amenuise de plus en plus. A noter qu’un Pôle « or vert » est en cours de structuration sur Carpentras, pour jaunissement de la travailler notamment sur le développement des pratiques agro environnementales et sur la valorisation du végétal. cédraie,…

Diagnostic socio-économique : les grands enjeux à retenir…  La maîtrise qualitative et quantitative du développement, pour limiter les impacts sur les paysages, l’environnement et les terres agricoles  La maîtrise de la vulnérabilité économique des ménages, liée au coût du logement et de l’énergie  La préservation et la diffusion des patrimoines culturels du territoire (auprès des habitants et des visiteurs)  La structuration de l’économie touristique, pour plus d’efficacité économique, en allant vers une meilleure valorisation des patrimoines et une maîtrise des fréquentations  Le maintien et le développement des activités agricoles, dans un contexte de fragilité, en maîtrisant leurs impacts environnementaux et paysagers  La valorisation et la gestion des ressources forestières, notamment privées

Un potentiel de valorisation des ressources forestières

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Diagnostic paysager et urbain

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1 CARACTERISATION DES PAYSAGES 1.1.1 La Plaine du Comtat La Convention Européenne du Paysage adoptée par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe le 19 Juillet 2000 Comme l’identifie le bloc-diagramme ci-contre, l’unité paysagère de la Plaine Comtadine présente une géographie définit, dans son premier article, le paysage comme « une partie de territoire telle que perçue par les populations, plane. La structure paysagère de cette entité est liée à la contrainte du vent. C’est un maillage de haies qui organisent 2 dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations » l’espace. Principalement Est-Ouest, cette trame bocagère permet de protéger les cultures du Mistral. Le parcellaire En ce sens, cette Convention reconnaît le paysage comme un patrimoine commun et culturel, partagé par une société. agricole est souligné par un vaste réseau d’irrigation. Un paysage ne se définit donc pas comme la somme des conditions géographiques réunies sur un territoire, mais bien « Les parcelles, de taille moyenne ou modeste, étirées en longueur sont structurées par le réseau de canaux, de comme la transcription, par un observateur, d’émotions que le territoire procure. Cette définition revient à l’origine “maïres, filioles ou roubines” suivant leur taille, leur fonction et l’appellation locale. Utilisés pour l’irrigation, ils même de l’usage de ce mot par Prétarque lors de son ascension du Mont-Ventoux. Le paysage est un objet infinément servent également au drainage des parcelles. Des cannes de Provence poussent sur les talus et marquent leur subjectif, qui interroge aujourd’hui le cadre de vie des acteurs d’un territoire et l’insertion qualitative des projets présence. »5 territoriaux dans l’epace. Les paysages du Mont-Ventoux sont uniques, puisqu’ils offrent une diversité bien illustrée par les nombreuses représentations artistiques. Villages perchés en surplomb du paysage, relief escarpé des Dentelles de Montmirail, douceur de l’Arc du Mont-Ventoux, rudesse et séchèresse du Plateau d’Albion, autant de situation et d’ambiances diverses, transcrites dans la littérature et la peinture. Ils sont, en outre, marqués par la présence d’ensembles paysagers « exceptionnels » : le massif du Ventoux, les gorges du Toulourenc et de la Nesque en particulier.

1.1 Les unités paysagères L’étude des unités paysagères fait apparaître cette diversité de situation et d’ambiance au sein du territoire d’étude. Les limites de ces entités sont tirées de l’atlas des paysages du département du Vaucluse. Le territoire est concerné par 7 de ces unités départementales (cf. carte des entités paysagères, ci-après). Nous nous reposons sur la définition proposée par l’atlas des paysages du Vaucluse : « une unité paysagère correspond à un ensemble de composants spatiaux, de perceptions sociales et de dynamiques paysagères qui, par leurs caractères, procurent une singularité à la partie de territoire concernée. Elle se distingue des unités voisines par une différence de présence, d’organisation ou de formes de ces caractères. »3 Il s’agit d’une description à un temps t, un diagnostic figé, qui permet d’identifier pour chaque entité une structuration paysagère singulière. En effet, « chaque paysage est composé d'éléments et de structures conjuguant des formes du territoire, des systèmes de perceptions sociales et des dynamiques, naturelles, sociales et économiques qui évoluent en permanence. »4

Bloc-diagramme unité paysagère Plaine Comtadine6

2Convention Européenne du Paysage, adoptée par le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe le 19 juillet 2000 et ouverte à la signature de ses Etats membres à Florence, le 20 octobre 2000, p. 9 3 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 148 5 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 81 4 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 148 6 Tiré de l’étude Les Paysages de l’Appellation Côtes du Ventoux, p. 18 113

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Historiquement, les villages se sont implantés et regroupés, comme à Velleron, sur un petit promontoire. Mais, on 1.1.2 L’Arc Comtadin retrouve aussi des modes d’urbanisation plus disparates dans la plaine agricole, comme le Mas. Le flanc ouest du Mont Ventoux définit l’unité paysagère de l’Arc Comtadin. Elle se structure autour d’un vaste plan « Il s’agit souvent d’unités isolées combinant habitation et bâtiments agricoles (granges, hangars…), s’apparentant à incliné en pente douce, aux paysages globalement ouverts et encadrés par la présence de la montagne boisée. La du mitage, présentent dans les plaines agricoles bocagères de maraîchage, céréale ou verger. Aussi, elles sont présence de la vigne participe à la structuration de l’espace : elle a gagné la majorité des terres cultivables. L’image de présentes essentiellement dans le Vaucluse. Ces mas sont généralement implantés au bord et perpendiculairement cette entité est une vaste étendue de vigne à perte de vue, surplombée par la silhouette du Ventoux. aux routes qui irriguent la plaine agricole. Mais parfois, ils sont aussi situés au bout d’un chemin planté de platanes, au milieu des champs cultivés. Parfois plusieurs mas sont regroupés et alignés le long d’une route, implantés en bande ou mitoyens. Leur forme architecturale traditionnelle est simple : un toit à deux pentes, un volume simple de forme rectangulaire ou cubique, formant un bloc, sur plusieurs étages. La façade nord ne dispose que de petites ouvertures pour se protéger du mistral. La façade sud possède des plus grandes ouvertures et donne sur une cours ou un jardin planté de platanes. »7 Depuis ce secteur, les relations visuelles avec les reliefs sont importantes. Le Mont Ventoux, les Dentelles de Montmirail et les Monts du Vaucluse se détachent fréquemment et constituent les horizons de cette unité paysagère.

Arc Comtadin - Panorama depuis les vignobles entre Caromb et Mazan Toutefois, la structure paysagère de l’Arc Comtadin apparaît plus hétérogène. De nombreuses collines découpent le paysage. Elles se distinguent par un sommet boisé et offrent des coteaux visuellement exposés. La vigne n’est pas la seule occupation agraire du sol. Des vergers de cerisiers, d’amandiers ou d’oliviers ponctuent le paysage et apportent une diversité. Plaine du Comtat - Panorama sur l’unité

Arc Comtadin - Panorama sur une colline secondaire depuis la plaine

7 Rapport de Présentation, SCOT Bassin de Vie d’Avignon, Partie 1, p. 117 115

En fonction du rapport entre la vigne et les vergers et de la typologie du relief, on arrive à distinguer deux sous unités. Les Terrasses du Ventoux présentent une très grande majorité de vignes et occupent la majeure partie de la plaine. Cette sous unité se comprend entre Caromb et Malemort-du-Comtat. Le Piedmont du Ventoux est compris entre les premiers boisements du Mont-Ventoux et un ensemble de collines secondaires constituant un arc entre Crillon-le- Brave, Mormoiron et Blauvac.

Unité « Arc Comtadin » - Bloc-diagrammes sous-unités Terrasses du Ventoux (à gauche) et Piedmont du Ventoux8 (à droite)

8 Tiré de l’étude Les Paysages de l’Appellation Côtes du Ventoux, p. 26 et p.42 116

1.1.3 La Vallée du Toulourenc L’unité paysagère de l’Arc Comtadin comprend le massif du Mont-Ventoux à proprement parlé. Il est composé L’unité paysagère de la Vallée du Toulourenc se structure autour du Toulourenc. «L’affluent de l’Ouvèze, a creusé de essentiellement de boisement. « Le sommet dénudé se donne à voir de très loin par sa blancheur : la roche y est petites gorges dans cette vallée étroite et encaissée, marquée au Sud par le versant très raide du Mont Ventoux désagrégée du fait du gel et du vent. »9 (dénivelé de 1500 m) et au Nord par les montagnes des Baronnies (montagne de Bluye, collines autour de

Brantes). »10 « Le territoire agricole est très limité. Seul le fond de vallée est exploité, à proximité des villages, par une polyculture : élevage, céréales, chênes truffiers, lavandes… Cette présence minimale maintient l’ouverture du paysage et apporte un caractère jardiné qui contraste avec les versants boisés. »11

Bloc-diagramme du massif du Mont-Ventoux

Unité « Vallée du Toulourenc » - Bloc-diagramme de l’unité

Unité « Vallée du Toulourenc » - Panorama sur le fond de vallée depuis la RD40

10Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 43 9Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 61 11 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 44 117

1.1.4 Les Monts du Vaucluse L’unité paysagère des Monts du Vaucluse vient border l’unité de l’Arc Comtadin dans sa partie Sud. C’est un massif La bordure sud de cette entité constituée par les coteaux de la Nesque offre une transition entre les paysages de calcaire présentant des pentes régulières, peu parcouru par un système hydrographique et majoritairement boisé. Il l’unité de l’Arc Contadim et les ambiances arides des Monts du Vaucluse. La présence de vergers de cerisiers est est entaillé par des gorges et des ravins, comme les gorges de la Nesque qui constitue un ensemble très remarquable. importante et s’accompagne de vignes. C’est un paysage refermé et très diversifié. Les villages présents sur cette bordure sont bâtis sur des sites défensifs.

Unité « Monts du Vaucluse » - Panorama sur les gorges de la Nesque Unité « Monts du Vaucluse » - Panorama sur les coteaux de la Nesque

Unité « Monts du Vaucluse » - Bloc-diagramme sur les gorges de la Nesque

Unité « Monts du Vaucluse » - Bloc-diagramme sur les coteaux de la Nesque12

12 Tiré de l’étude Les Paysages de l’Appellation Côtes du Ventoux, p. 50 118

1.1.5 Le Plateau de Sault

« Cette unité paysagère se caractérise par sa forte cohérence spatiale. Dominé par le Mont-Ventoux et la montagne d'Albion (1414 m) au Nord, limité par les Monts de Vaucluse (1256 m) au Sud et à l'Ouest, le plateau de Sault correspond à une vaste étendue de calcaires urgoniens à 900m d'altitude moyenne. »13

« Le plateau apparaît comme un espace isolé : à l'écart des principaux axes de communication et des principales zones habitées. Les routes d'accès sont étroites et sinueuses, hormis les portions autrefois aménagées pour accéder aux zones militaires : elles doivent franchir les contreforts du Mont-Ventoux ou des Monts de Vaucluse ou longer les gorges de la Nesque. Sur le plateau lui-même, la présence des cultures crée un paysage très ouvert. »14

Unité « Plateau de Sault » - Panorama sur le Plateau de Sault

Unité « Plateau de Sault » - Bloc-diagramme de l’unité

13 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 67 14 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 67 119

1.1.6 Les Collines de Vaison L’unité des Collines de Vaison se situe entre le massif du Mont Ventoux et les Dentelles de Montmirail. Elle se structure autour d’un système de collines au relief doux. L’occupation agraire est très variée (boisement au sommet, coteaux occupés par des vergers et de la vigne) et s’agence sur un petit parcellaire. Cette structure paysagère offre des vues et des ambiances très diversifiées. Cette unité se caractérise aussi pour une présence de nombreux petits villages.

Unité « Collines de Vaison » - Panorama sur l’unité depuis la Colline d’Entrechaux

1.1.7 Les Dentelles de Montmirail

L’unité des Dentelles de Montmirail ne concerne qu’une petite partie du territoire d’étude. Pour autant, ce massif est très présent visuellement depuis de nombreux points du territoire. Cette unité participe entièrement à la définition des paysages du Mont Ventoux et garantie la cohérence paysagère du territoire d’étude. Son caractère remarquable se tire des imposantes falaises rocheuses qui se distinguent dans le lointain. L’unité se structure au travers d’une répartition indiquée dans le bloc-diagramme suivant. Les unités d’urbanisation s’accrochent au relief comme à Crestet et offrent des larges panoramas. 15 Unité « Collines de Vaison » - Bloc-diagramme de l’unité

Unité « Dentelles de Montmirail » - Les Dentelles bien présentes depuis le territoire d’étude 15 Tiré de l’étude Les Paysages de l’Appellation Côtes du Ventoux, p. 34 120

1.2 Analyse des paysages urbains Les paysages du Mont-Ventoux se caractérisent aussi par la présence de l’urbanisation, qui ponctue l’espace de la présence humaine. Les villages historiques constituent des éléments singuliers dans les paysages et ont de forts impacts. Leur diversité de forme et de situation par rapport à la géographie sont autant de possibilité d’accroches avec le paysage : situations en promontoire, en pied de coteau, au bord de l’eau,… Les villages de plaine sont des villages qui se sont développés horizontalement. Ces villages sont présents dans le paysage, mais leur figure reste discrète. « L’urbanisation se fait plus facilement que sur les reliefs du fait d’une topographie plus favorable. La tache urbaine s’inscrit en continuité des centres originels de façon contiguë et resserrée pour certains, ou de façon plus lâche pour d’autres. »16 Les centres historiques se sont parfois constitués sur des promontoires, comme à Bédoin, mais globalement le développement de l’urbanisation se fait de manière plane. Les centres historiques de ces villages sont très singuliers. Ils se sont généralement organisés autour d’un système circulaire, très rarement de manière linéaire. Les villages inscrits dans le relief comprennent des villages accrochés au coteau ou des villages perchés. Les villages de coteau s’insèrent à la pente et se tournent vers le paysage. Les villages perchés s’implantent sur un promontoire et dominent l’ensemble du paysage. Dans les deux cas, la figure de ces villages sont très présentes dans le paysage et constitue une silhouette urbaine remarquable. On ne retrouve pas de caractère circulaire pour les centres historiques Panorama sur le centre historique circulaire de Malaucène, un village de plaine de ces villages, la topographique ne permettant pas un développement aisé. Généralement, le cœur historique s’adapte à la pente et se présente de manière quasi circulaire lorsqu’il est accroché à un coteau ou linéaire lorsqu’il est perché. Si les villages de plaine n’ont pas un lien avec le grand paysage aussi évident que peuvent avoir les villages inscrits dans le relief, certains de ces villages ont conservé dans leur tracé de faubourg des grands alignements d’arbres (souvent des platanes) de très grande qualité. Notons à titre d’exemple, les alignements de Villes-Sur-Auzon, Caromb ou Malaucène. Ces alignements composent les entrées de ville et créent de véritables liens entre la partie agglomérée (le paysage des espaces publics) avec l’espace agricole et le grand paysage. Pour un automobiliste, ces alignements offrent un point focal très fort vers l’intérieur des villages et vers le grand paysage.

La silhouette urbaine de Crillon-le-Brave, un village perché

Panorama sur la silhouette de Brantes, un village accroché au coteau 16 Rapport de Présentation, SCOT COVE, p. 107 121

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1.3 Analyse des grands équilibres spatiaux L’occupation du sol et la configuration géographique conditionnent les vues et les perceptions que l’on peut avoir d’un territoire. Le territoire d’étude a ses caractéristiques propres et se distingue par des grands équilibres spatiaux, résultant d’une adéquation entre relief, aménagement du territoire et occupation des sols. Ces équilibres spatiaux sont à l’origine d’une découverte singulière du territoire d’étude. Sur l’ensemble du territoire, on constate une très forte diversité des cultures : cultures maraichères dans un paysage de haie brise vent dans la plaine Comtadine ; culture mixte entre vignes, vergers et petits céréales dans l’arc Comtadin et à proximité de Vaison-la-Romaine ; lavande, céréale et élevage sur le plateau de Sault. Ces diverses occupations des sols garantissent une infinité d’ambiances paysagères, qui s’expriment tout au long des saisons. L’ensemble de ces ambiances est inscrit dans un cadre géographique. En effet, le relief constitue un caractère fédérateur à l’ensemble des paysages du Mont-Ventoux. Les grands massifs en offrant des lignes d’horizons aux paysages, confèrent une cohérence paysagère à l’ensemble du territoire d’étude. Ils sont des points focaux et de reconnaissance dans le paysage. En cela, ils participent pleinement à la structuration des paysages du Mont-Ventoux. Ces grands horizons géographiques sont : les trois falaises des Dentelles de Montmirail, l’arc produit par la ligne de Panorama sur une colline boisée depuis Méthamis crête du Mont-Ventoux, la ligne des Monts du Vaucluse. D’autres lignes participent aussi à la structuration des paysages et des vues. Ces lignes de relief sont considérées comme secondaires dans la mesure où elles n’interviennent pas à l’échelle du territoire d’étude. Elles sont toutefois importantes à l’échelle d’une unité paysagère. Néanmoins, le territoire d’étude n’est pas seulement composé que de grands massifs. De nombreuses collines viennent ponctuer le territoire en offrant une diversité paysagère notable. Ces collines constituent des lignes bien présentes dans le paysage, puisque ces reliefs sont boisés. Leurs coteaux sont visuellement exposés. Les activités sur ces coteaux ont donc de forts impacts paysagers : on y retrouve une marqueterie de vignes et de vergers garantissant une belle diversité paysagère. A l’intérieur du territoire d’étude, il existe de nombreuses relations de co-visibilité entre villages. Les paysages sont globalement ouverts. Les points de vue sont nombreux. Depuis la route, de grandes ouvertures paysagères permettent de lire facilement un paysage très bien structuré. Ces ouvertures garantissent la découverte du territoire.

Panorama depuis le RD 943

Panorama depuis Le Crestet, en relation de co-visibilité avec Entrechaux

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Conclusion : les qualités des paysages du Mont-Ventoux L’analyse combinée des paysages urbains et des grands équilibres spatiaux permet de dégager des qualités aux paysages du Mont-Ventoux. Tout d’abord, ces paysages sont contrastés et diversifiés. Les relations entre les différentes occupations du sol et les conditions de relief expriment des ambiances variées. Chaque ambiance identifie une identité géographique : plateau de Sault, Monts du Vaucluse, Arc Comtadin, Plaine Comtadine, Dentelles de Montmirail, vallée de Toulourenc et collines de Vaison. Les lignes de relief créent des cadres fédérateurs, qui organisent les vues et les paysages du territoire d’étude. Au sommet du Mont-Ventoux, une lecture à 360° de ces paysages est possible. L’urbain fait partie intégrante de ces paysages. Il en est d’ailleurs une composante forte, puisqu’il forme des marqueurs architecturés dans le territoire. En fonction de son positionnement par rapport au relief, les impacts ne sont pas les mêmes. En secteur de plaine, les alignements d’arbres le long des routes offrent une transition entre la partie agglomérée et la campagne le long des paysages des routes. Lorsque l’urbain s’inscrit dans le relief, les villages historiques offrent des silhouettes urbaines qui se démarquent dans le paysage. Certains villages perchés se Panorama depuis le Mont Ventoux composent comme des continuités du sol. Les paysages du Mont-Ventoux sont majoritairement ouverts. Les relations de co-visibilité sont importantes. Les impacts d’une activité sur le territoire sont forts.

Panorama sur la silhouette de Venasque, un village perché qui fait corps avec la roche

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les cœurs historiques. Dans l’unité paysagère des collines de Vaison, l’urbanisation « est d'autant plus sensible que 2 EVOLUTION DES PAYSAGES dans ce pays de collines, de nombreuses constructions neuves s'implantent en position fortement visible sur les versants ou les crêtes. L'urbanisation diffuse tend à déstructurer les villages anciens groupés et entraîne une large Le paysage est un objet profondément dynamique. Au gré des saisons, les paysages changent. Ils subissent aussi des consommation de l'espace agricole. »19 pressions d’évolution, liées au développement des activités sur le territoire. L’objectif de l’anlayse qui suit est de caractériser ces pressions d’évolution sur le territoire d’étude et voir en quoi ces pressions modifient les paysages du Mont-Ventoux. Cette approche complète l’anlayse descriptive qui a pu mettre en avant des qualités paysagères. Assurément, l’urbain est une des pièces maîtresses des paysages du Mont-Ventoux. Les ponctualités historiques formées par les villages inscrits dans le relief constituent la grandiose et la superbe de ces paysages. Néanmoins, le développement urbain contemporain est une pression forte, qui perturbe la lecture globale des paysages.

2.1 Evolution des paysages urbains Le développement urbain des dernières décennies s’est fait suivant une logique d’« étalement » peu intégré dans le paysage. La qualité des nouvelles constructions est médiocre et s’inspire peu de l’architecture provençale et des modèles urbains historiques, qui perdent en lisibilité : habitat pavillonnaire banalisé pour les constructions résidentielles, zones d’activités économiques.

Un étalement très impactant dans la plaine de Carpentras et sur les piémonts Paysage de plaine mité par l’urbanisation, Bédoin L’étalement est particulièrement impactant dans les secteurs de plaine et de piémonts (Arc Comtadin, plaine de Carpentras, abords de Vaison-la-Romaine), et en particulier dans la plaine de Carpentras :  Les quartiers résidentiels en secteur de plaine s’étirent dans la campagne. La présence bâtie prend de plus en plus d’ampleur et ne constitue plus une ponctualité paysagère comme celle des cœurs historiques. « La pression d'urbanisation est forte du fait de la proximité de Carpentras et du nouveau contournement routier de cette ville. Des lotissements sont construits en périphérie de villages et un habitat dispersé s'est fortement développé. Ces constructions nouvelles se signalent souvent par leur architecture banalisée »17  L’étalement urbain a entrainé un mitage du paysage, avec des transitions floues entre les espaces agricoles et les espaces urbains, et un morcellement de l’espace par l’apparition de constructions nouvelles.  L’étalement a fait disparaitre ou fait pression sur les coupures vertes entre les villes et villages. En effet, « l’étalement urbain conduit à créer un continuum urbain entre certains bourgs, effaçant des frontières historiques et paysagères. Entre Caromb, Modène, Saint-Pierre-de-Vassols par exemple, les limites sont très tenues. »18

 L’étalement a généré une dégradation des entrées de villes et de villages. Les zones commerciales et les zones d’activités périphériques se sont développées rapidement au cours des dernières décennies, sous la forme d’une Développement urbain à Méthamis qui perturbe la lecture de la silhouette urbaine historique accumulation anarchique de bâtiments, sans considération. Sur certaines parties du territoire, la pression est tellement forte que les paysages sont altérés voire illisibles.  Enfin, on a constaté parallèlement au développement urbain, un développement fort des pollutions visuelles liées à la publicité. Les enseignes publicitaires sont nombreuses dans le secteur de plaine, sans traitement paysager homogène, ce qui nuit fortement à la lisibilité des paysages. La pollution publicitaire est particulièrement forte dans la plaine de Carpentras. Un développement plus ponctuel mais peu qualitatif sur les collines (Vaison, Malaucène) et les plateaux En secteur de relief, l’urbanisation contemporaine est plus ponctuelle. La pression urbaine est moins intense. Toutefois, cette pression se ressent qualitativement dans la lecture des paysages. Les silhouettes urbaines des cœurs historiques sont perturbées par l’apparition de maisons individuelles. Les impacts paysagers sont forts, puisque ces habitations sont installées sur des lignes de relief. L’urbanisation actuelle apparaît alors comme en concurrence avec Paysage altéré à la limite entre Vaison-la-Romaine et St-Romain-en-Viennois

17 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 65 18 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 65 19 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 41 127

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2.2 Evolution des paysages agricoles et forestiers Les paysages du Mont-Ventoux se caractérisent par un équilibre subtil d’occupation du sol. « Une diversité agricole a réussi à se maintenir malgré une forte extension des surfaces de vignobles. Des vergers d’amandiers ont été replantés. »20 La diversité des paysages agricoles se lit à grande échelle, avec des secteurs aux spécificités particulières et qui évoluent différemment. Autour de Carpentras : des mutations rapides Dans la plaine de Carpentras, « l’évolution des pratiques agricoles tend à modifier le réseau des haies traditionnelles et le système d’irrigation. L’avenir des canaux est un enjeu fort : de nombreux tronçons sont busés. Les haies coupe- vent dépérissent, beaucoup ont été supprimées. Du fait de la propagation d’une maladie des cyprès, le peuplier se substitue dans les haies. L’implantation de serres et de nouveaux bâtiments agricoles, notamment pour le conditionnement des fruits, contribue à la transformation du paysage agricole. »21 L’évolution des paysages est relativement rapide, liée aux mutations des pratiques agricoles (intensification, modification des modes de culture, abandon d’une partie des réseaux d’irrigation…). Ces mutations sont fortement liées aux évolutions techniques des exploitations recherchant des augmentations de rendement : mécanisation Homogénéisation des paysages liés à la monoculture de vignes croissante, évolution des techniques d’irrigation. Le plateau de Sault : des paysages marqués par les grandes cultures et les plantes à parfum Plaine Comtadine, Arc Comtadin, collines de Vaison-la-Romaine : des paysages marqués par la vigne, avec des Sur le plateau de Sault, « après une période de récession, l’activité agricole est aujourd’hui dynamique. L'abandon de problématiques d’enfrichement certaines parcelles agricoles avait entrainé un enfrichement et un reboisement naturel. Des risques de fermeture du Les vignes sont largement présentes dans le paysage sur les terrasses du Ventoux, dans l’Arc Comtadin et dans les paysage s’étaient faits sentir, liés aussi à des plantations de résineux et de chênes truffiers etc... Ces dernières années 22 collines de Malaucène et de Vaison-la-Romaine. Au cours des dernières décennies, le développement viticole a été au contraire, des défrichements ont eu lieu ainsi que la suppression de pâturages au profit du blé, et du lavandin. » important, concomitant d’un recul des autres activités agricoles (élevage, arboriculture de coteau) sous l’effet des L’évolution des paysages est marquée par la croissance des grandes cultures et des lavandins, qui viennent mutations des pratiques agricoles (intensification, spécialisation). Suivant les secteurs concernés, les problématiques « combler » les zones d’enfrichement des anciennes pâtures. Le caractère agricole des paysages ressort plus générant l’évolution des paysages sont différentes mais les grandes tendances d’évolution paysagère sont similaires. fortement, et les paysages sont très ouverts. Les paysages agricoles de ces secteurs s’orientent de plus en plus vers des paysages de « monoculture viticole », bien qu’une diversité subsiste par endroits (Bédoin, Beaumont-du-Ventoux). L’impression de monoculture est forte sur les terrasses du Ventoux et autour de Vaison-la-Romaine, où le développement a été plus important. Le recul des activités agricoles non viticoles dans ces secteurs tend à se poursuivre, sans qu’il y ait toujours des replantations viticoles en compensations. On constate, de ce fait, des phénomènes d’enfrichement qui modifient la perception des paysages et qui peuvent constituer une pression importante à plus ou moins long terme (perte de lisibilité des paysages, fermeture visuelle). On constate, en lien avec le recul des activités agricoles de coteaux, une progression des lisières boisées sur les flancs du Mont-Ventoux et des Monts du Vaucluse, qui fait évoluer fortement les paysages dans des secteurs de « transition ». Enfin, des carrières sont présentes dans ces secteurs. Si la grande majorité d’entre elles sont très peu perceptibles, certaines constituent de véritables éventrements du sol. Les impacts paysagers de ces carrières sont forts, puisqu’elles perturbent totalement la lecture des paysages et la définition des horizons. Zone de reconquête agricole sur le plateau de Sault La vallée du Toulourenc : une fermeture rapide des paysages Dans la vallée du Toulourenc, « le maintien de l’agriculture et l’ouverture du fond de la vallée est un enjeu fort : on note des friches agricoles et des plantations d’arbres (chênes truffiers etc.). La gestion de cet espace s'avère particulièrement sensible du fait de la configuration étroite et encaissée de la vallée. Le risque d’une fermeture et d’une perte de diversité paysagère existe. Des nouvelles vocations ou orientations sont possibles : un élevage de truite s’était installé il y a de nombreuses années, du maraîchage se développe. »23 Impacts paysagers très fort d’une carrière à proximité de Malemort-du-Comtat

20 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 65 22 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 71 21 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 83 23 Atlas des Paysages du Vaucluse, p. 46 129

Evolution des paysages agricoles et forestiers

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homogènes, en particulier sur le plateau de Sault où les grandes cultures et les lavandins se sont développés Conclusion : les pressions sur les paysages du Mont-Ventoux rapidement ces dix dernières années. Le parcellaire agricole dans la plaine de Carpentras reste complexe et L’analyse des dynamiques évolutives des paysages du Mont-Ventoux fait apparaître des pressions, liées à deux diversifié, mais les éléments structurants végétaux sont de moins en moins présents. L’évolution des pratiques a principaux phénomènes : le développement urbain d’une part, et l’évolution des pratiques agricoles d’autre part. également engendré un recul des activités d’élevage et arboricoles « de coteaux » sur les piémonts du Ventoux, Des pressions urbaines importantes, en particulier dans la plaine de Carpentras laissant la place à un développement viticole important. La qualité de l’urbanisation, quel que soit le secteur considéré, reste très modeste : zones pavillonnaires « mal  L’enfrichement des espaces agricoles constitue une pression importante, en particulier dans l’Arc Comtadin et intégrées » dans le paysage, perte de typicité architecturale de l’habitat, absence d’intégration paysagère des zones dans les environs de Malaucène. Le ralentissement du développement viticole (en surfaces) et le recul des d’activité économique. Plusieurs types de pressions sont identifiables : activités traditionnelles pose question quant au maintien de la qualité des paysages agricoles dans ces secteurs (perte de lisibilité, fermeture des paysages, impression de monoculture viticole, progression des lisières sur les  L’étalement résidentiel ou économique en périphérie des villes et villages génère une dégradation des entrées de piémonts du Ventoux). ville et villages, d’où une perte de lisibilité des paysages urbains et villageois historiques qui fondent la qualité du territoire et son identité paysagère.  Enfin, le recul important des activités agricoles dans la vallée du Toulourenc a généré une progression des surfaces boisées et une fermeture des paysages dans ce secteur.  Le développement résidentiel « diffus » sur les lignes de crête et les coteaux génère des impacts visuels importants sur les grands paysages. Les pressions du développement : zoom sur l’impact des activités extractives  Le développement urbain prend peu en compte la qualité des transitions paysagères entre ville et espaces agricoles. Les relations visuelles qu’entretient le tissu urbain contemporain avec sa proche campagne sont de l’ordre de la juxtaposition. Un effet de rupture se fait ressentir dans le paysage, exprimant l’absence de dialogue On retrouve sur le territoire des activités d’extraction de matériaux (carrières) ayant un impact localisé mais et l’étanchéité entre les deux mondes. important sur les paysages. Les principales carrières identifiées dans le cadre du diagnostic (impact le plus fort) Les pressions du développement : zoom sur l’impact de la  Le développement de la publicité (enseignes sont recensées sur la carte ci-après. publicité publicitaires) trouble beaucoup la lisibilité L’enjeu paysager au niveau des carrières peut être considéré à deux niveaux : des paysages, du fait d’un manque de cohérence et d’une abondance trop  L’amélioration de l’intégration paysagère des sites d’extraction, pour limiter leur visibilité depuis les axes de Concernant le développement de la publicité sur le territoire et importante des éléments publicitaires. découverte en particulier – cette amélioration peut passer par des aménagements spécifiques sur les sites son impact sur les paysages, on peut noter deux niveaux d’exploitation ou à proximité. d’enjeux qui méritent d’être abordés dans le cadre du projet Les pressions urbaines sont plus ou moins fortes de Parc : suivant les secteurs considérés. Elles sont  Le développement des « bonnes pratiques » paysagères en termes d’exploitation, avec en particulier les particulièrement importantes dans la plaine de réflexions sur le stockage des matériaux, le traitement post-exploitation des sites,…  D’une part, on retrouve dans la plaine du Comtat des Carpentras, où les constructions nouvelles ont secteurs fortement impactés par la publicité du fait d’un été nombreuses et dispersées, morcelant développement en grande quantité, et sans cohérence. l’espace agricole et portant atteinte à la Sont concernées, en particulier, les entrées de villes de cohérence et à la lisibilité des paysages. Dans les Carpentras (RD942, RD950, RD938, RD7, RD974, RD4), et autres secteurs, la pression est moins importante les tronçons d’infrastructures fortement fréquentés entre mais on note tout de même des pressions Pernes-les-Fontaines et Carpentras (RD938), entre résidentielles dans la grande majorité des Carpentras et Sarrians (RD950), entre Monteux et villages de l’arc comtadin et des collines de Carpentras (RD942), entre Carpentras et Aubignan (RD7). Vaison – Malaucène. Lorsque le développement est trop important, les paysages peuvent être considérés comme altérés (cf. carte ci-après- Des mutations agricoles qui font évoluer les ). On notera également, dans le secteur de Vaison-la- paysages Romaine, un tronçon d’infrastructure fortement impacté Plusieurs grandes mutations des activités par le développement urbain et publicitaire (RD938 entre agricoles ont fait évoluer les paysages au cours Vaison-la-Romaine et Saint-Romain en Viennois). des dernières décennies et pourront faire  D’autre part, on retrouve dans la majorité des villages de évoluer les paysages à l’avenir si elles se plaine ou de piémont un développement publicitaire diffus poursuivent : (tourisme, artisanat,…), moins impactant par la quantité  L’évolution des pratiques a généré, ces mais troublant la lecture des paysages villageois. On dernières décennies, une augmentation des retrouve, dans ce cas, des enjeux de mise en cohérence de tailles moyennes des parcelles et une l’affichage très hétérogène, et de mise en compatibilité suppression d’éléments structurants (haies avec le Règlement National de Publicité (la majorité des coupe-vent dans la plaine de Carpentras en Malemort du Comtat, Carrière à fort impact paysager panneaux publicitaires étant en situation d’infraction pour particulier). Cette évolution tend à rendre les des questions de format ou d’implantation). paysages agricoles plus ouverts et plus

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3 SYNTHESE DES ENJEUX PAYSAGERS : REMARQUABILITE ET VULNERABILITE

Des paysages remarquables Les paysages du Mont-Ventoux sont remarquables. Les massifs que sont le Mont-Ventoux, les Dentelles de Montmirail ou les Monts de Vaucluse sont autant d’horizons qui fédèrent le territoire. Ce sont des éléments forts qui structurent les paysages et proposent un cadre géographique à la définition d’unités paysagères. Le Mont Ventoux tient une place très particulière dans le paysage « vécu » des habitants des territoires alentours. C’est à la fois un point de repère, un symbole identitaire affirmé dans le paysage. En fonction de la localisation dans le territoire d’étude, les ambiances sont différentes. La diversité d’occupation du sol entretient cette complexité : lavandes sur le plateau de Sault, vignes et vergers dans l’arc comtadin, bocage méditerranéen dans la plaine comtadine etc. Les paysages du Mont-Ventoux se distinguent également par la qualité architecturale et urbaine des villes et villages. Rapport de frange de ville, entre agriculture et urbanisation Les cœurs historiques des villages sont des éléments qui font partie intégrante de l’identité paysagère du territoire d’étude. Ce sont des éléments de patrimoine, qui occupent deux positions selon la géographie : de plaine ou inscrit dans le relief. Les silhouettes urbaines remarquables sont nombreuses, inscrites dans le relief et dans les paysages naturels et agricoles spécifiques du territoire.

Des pressions importantes, liées à l’urbanisation et à l’évolution des pratiques agricoles Toutefois, les paysages du Mont-Ventoux sont vulnérables. Les paysages étant ouverts, les relations de co-visibilité sont très importantes : tout se voit. Les équilibres spatiaux qui déterminent la structure des paysages évoluent rapidement sous l’effet de pressions majeures :  Les pressions urbaines sont fortes et peu maîtrisées, en particulier dans la plaine de Carpentras mais également dans l’Arc Comtadin et le secteur des collines de Vaison – Malaucène. Les constructions neuves sont nombreuses, mal intégrées dans le paysage, que ce soit les habitations nouvelles ou les bâtiments d’activité économique. La publicité n’est pas régulée et trop importante, brouillant la lecture des paysages. Les extensions urbaines dans la plaine se développent sous forme de mitage et le long des principales voies. En conséquence, la découverte des paysages du Mont-Ventoux depuis la plaine est de moins en moins qualitative. La pression urbaine ferme des Entrée de ville à Mazan points de vue et coupures vertes entre les villages, dégrade les entrées de villes et de villages, nuit à la lisibilité des patrimoines paysagers du territoire. Les transitions ville/campagne sont peu qualitatives et peu lisibles, et nuisent également à l’appréciation des paysages. En ligne de crête ou sur les coteaux, l’urbanisation menace directement les silhouettes urbaines des villages historiques. Diagnostic paysager : les grands enjeux à retenir…   Les paysages agricoles évoluent sous l’effet de la mutation des filières et des pratiques. Les secteurs de l’Arc La maîtrise des impacts de l’urbanisation (constructions neuves, zones d’habitat ou d’activité) sur les grands Comtadin et des collines de Vaison-Malaucène sont marqués par la monoculture de la vigne, les autres cultures paysages, voire la reconquête des grands paysages dans des secteurs particulièrement dégradés (plaine de ayant tendance à fortement décliner. Dans la plaine, les éléments structurant des espaces agricoles tendent à Carpentras en particulier) disparaitre (haies coupe-vent en particulier). Sur le plateau, le recul des pâtures extensives se traduit à la fois par  La maîtrise quantitative et qualitative du développement de la publicité, en particulier dans la plaine du des phénomènes d’enfrichement et par une croissance des espaces de grandes culture. Comtat Globalement, le premier enjeu reste la préservation des paysages face aux pressions urbaines importantes. Compte  La préservation et la mise en valeur des patrimoines urbains et villageois remarquables : patrimoine bâti, tenu des rythmes de construction dans la plaine et, depuis quelques années, sur le plateau, la dégradation des silhouettes, entrées de villes et de villages,… paysages est importante et rapide. Le travail de maîtrise qualitative et quantitative du développement urbain doit  Le maintien des éléments structurants des paysages agricoles (haies coupe-vent, diversité d’occupation du être renforcé pour préserver les qualités paysagères du Ventoux et de la Plaine du Comtat (qualité du grand paysage, sol,…), dans un contexte d’évolution des pratiques qualité urbaine des villes et des villages).

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Synthèse générale des enjeux

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UN TERRITOIRE VIVANT, RICHE DE PATRIMOINES

Des patrimoines environnementaux et paysagers remarquables Des patrimoines vivants associés à une histoire et à des activités économiques Le Mont-Ventoux présente également une valeur paysagère de premier ordre, liée Le Mont-Ventoux n’est pas qu’un « cadre » environnemental et paysager, mais constitue bien un territoire vivant, d’abord à la présence importante du massif dans les paysages du sud et sud-est riche d’une histoire particulière. L’histoire du Ventoux, de la préhistoire à l’époque moderne, constitue le support français. Le Mont-Ventoux marque le paysage et représente un élément identitaire d’une diversité de patrimoines : petits patrimoines matériels, patrimoines littéraires et artistiques, us et coutumes, important du cadre de vie des habitants des bassins de vie alentours. La structure langue provençale,… géographique du massif et de ses piémonts génère une diversité d’ambiances paysagères, selon ses versants : vallée sauvage et encaissée du Toulourenc au nord, Cette diversité se lit également avec une approche territoriale : patrimoines liés à la longue présence Papale en collines vallonnées de Malaucène à Vaison-la-Romaine, piémont doux et continus de Avignon et à leur Comtat Venaissin où Carpentras a joué un rôle central (patrimoine bâti et juif remarquable), l’arc comtadin, plateau ouvert de Sault. La plaine de Carpentras, forme un vaste parvis patrimoine gallo-romain à Vaison-la-Romaine, patrimoines immatériels liés au massif et à sa perception au fil des devant ce monument naturel et l’offre au regard, avec la douce continuité vers la siècles, patrimoines plus récents liés à l’histoire de la forêt RTM et au vélo par exemple. silhouette des Dentelles de Montmirail. Chaque typologie de paysage se construit L’ensemble a été forgé par des savoir-faire agricoles importants, attachés à des activités identitaires qui ont autour d’un terroir agricole et forestier différent. véritablement construit le territoire tel qu’on le connait aujourd’hui : maraîchage et arboriculture dans la plaine de Le patrimoine urbain et villageois riche de tous ces secteurs est extrêmement Carpentras, viticulture sur les piémonts et coteaux, pastoralisme et trufficulture sur le massif. On retrouve également représentatif du patrimoine provençal, avec ses villages perchés, ou accrochés aux des savoir-faire artisanaux qui, si leur caractère unique est moins évident, sont représentatif de l’histoire et des coteaux, pour beaucoup circulaires. Ils constituent d’ailleurs un facteur d’attractivité traditions provençales. touristique et résidentielle très important.

Le territoire d’étude présente une richesse écologique exceptionnelle, liée à un contexte bioclimatique et géomorphologique unique, qui mérite d’être reconnue et préservée à long terme. Les milieux naturels du territoire (forêts, falaises, éboulis, cours d’eau et zones humides en particulier), très étagés et successifs, abritent une biodiversité importante, à la fois floristique et faunistique. Cette biodiversité s’illustre dans les faits par la présence d’un nombre important d’espèces remarquables, dont certaines à caractère endémique (silène de Pétrarque, ibéris nain, berce naine, nivéole de Fabre,…) et d’autres concernées par un Plan National d’Actions. La valeur écologique du territoire est reconnue à l’échelle régionale, plus de la moitié du périmètre d’étude étant identifié comme un réservoir de biodiversité. Le Mont-Ventoux constitue une continuité interrégionale structurante entre le massif des Baronnies et celui du Luberon, cette chaîne des Préalpes se poursuivant jusqu’aux portes de Lyon

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UN TERRITOIRE SOUMIS A UNE TRIPLE DYNAMIQUE

Trois dynamiques de croissance sont à l’œuvre concomitamment sur le territoire, ce qui est assez rare : économique, résidentielle et touristique. Elles sont liées à une attractivité très forte du secteur, très bien desservi en transport :  Le vaste carrefour économique d’Avignon, entre l’axe nord-sud rhodanien et l’axe est-ouest méditerranéen, est en pleine croissance. Ces couloirs de développement saturant quelque peu, l’urbanisation pour l’accueil d’activités se développe en épaisseur, dans les sites propices comme la plaine de Carpentras (+ 18 % d’emplois entre 99 et 2010, pour +13 % au niveau national, et un rythme supérieur à la croissance démographique)  Tropisme du sud pour les français - et les européens - qui viennent chercher le climat et la « douceur de vivre provençale » en s’installant sur place (+ 1,24 % de population par an entre 99 et 2010, dû essentiellement au solde migratoire positif, soit trois fois le rythme moyen national +0,4 %)  Notoriété internationale de la Provence, d’Avignon et du Mont-Ventoux qui attire les touristes du monde entier : entre 500 000 et 1 million de visiteurs par an au sommet, 170 000 au Choralies de Vaison-la- Romaine,… Ces trois dynamiques s’entretiennent entre elles : l’augmentation de population suscite des emplois de services et dans le bâtiment, le tourisme de même, les résidents secondaires deviennent des résidents principaux, ou des chefs d’entreprises qui installent leur activité sur place, etc. Elles vont se poursuivre sous l’effet de :  la poursuite du report des zones de développement autour du couloir rhodanien de plus en plus saturé ;  la poursuite du tropisme du sud pour les ménages retraités en particulier, pour encore une vingtaine d’années avant le tassement du papy-boom ;  le développement de la société de loisirs grâce au niveau de vie élevé d’une bonne partie des européens, de l’accroissement du nombre de retraités, de l’attrait croissant pour les sports de nature et remise en forme – dont le vélo. Elles concernent le sud de la France en général, depuis l’arc méditerranéen jusqu’au nord de la vallée du Rhône, et motivent les politiques régionales de Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Rhône-Alpes en faveur des PNR : en multipliant leur présence le long de ces couloirs de développement, les Régions cherchent à en limiter les impacts négatifs sur les grands espaces remarquables qui les bordent (Préalpes du sud, versant oriental du Massif Central), à soutenir des modes de développement ruraux plus adaptés à ces contextes semi-montagnards et à assurer les grands fonctionnements écologiques d’intérêt national.

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UNE PRESSION TROP FORTE SUR LES PATRIMOINES ET LE CADRE DE VIE QUOTIDIEN Non seulement les dynamiques à l’œuvre vont se poursuivre sur le territoire, mais la mise en service fin 2014 d’une ligne TER -au bon cadencement- entre les gares TGV et centrale d’Avignon et Carpentras, risque fort de les accentuer. Chefs d’entreprises, ménages travaillant dans l’agglomération avignonnaise ou touristes parisien ou nord-européen vont apprécier chacun à leur niveau ce raccourcissement du temps et ce confort de déplacement : les aéroports internationaux, les grands pôles d’emplois seront encore plus aisément accessibles depuis les communes de la plaine, et surtout de l’arc comtadin et du plateau de Sault. On pourra passer de la vie trépidante des métropoles à la sérénité d’un cadre de vie rural ensoleillé… Si le développement est souhaitable, et souhaité, toute la question ici est dans sa mesure et son bon équilibre. Le présent diagnostic en démontre bien les limites ou quelques effets pervers :  l’étalement urbain des dernières décennies, dégrade la qualité paysagère globale du territoire. Dans la plaine de Carpentras, l’Arc Comtadin, et les collines de Vaison-Malaucène, les entrées de villes et de village sont trop souvent dégradées par des zones d’activité ou des zones pavillonnaires peu qualitatives et mal intégrées dans les paysages existants, et par le développement « anarchique » de l’affichage publicitaire. Il fait également pression sur la biodiversité et les fonctionnalités écologiques (remise en question de corridors locaux) dans ces mêmes secteurs qui abritent des milieux naturels « ordinaires ». L’accroissement de population génère des pressions quantitatives et qualitatives sur la ressource en eau, déjà fortement sollicitée par l’agriculture et le tourisme. En particulier, le plateau de Sault, qui a connu une croissance de près de 50 % en 10 ans (sur un petit nombre, soit +1 163habitants) peut-il continuer à ce rythme compte tenu de la faible ressource en eau ?  le développement touristique, porteurs d’activités et d’emplois multiples, génère une surfréquentation sur des sites naturels remarquables et non adaptés à de tels flux : sommet du Ventoux d’abord, vallée du Toulourenc et gorges de la Nesque ensuite, massif boisé dans son ensemble pour finir. Les cohabitations, non gérées, en particulier sur les routes prisées des cyclistes et dans les villages, deviennent difficiles. Le manque de coordination entre tous les intervenants publics et privés autour des différents versants du massif n’a pas permis à ce jour d’élaborer une stratégie d’accompagnement efficace.  le développement urbain et touristique tire à la hausse les prix fonciers et immobiliers, générant le paradoxe habituel en zone tendue : des prix trop élevés pour la plupart des ménages voulant accéder au logement, mais toujours proposés à la hausse par les vendeurs, propriétaires locaux, qui autoalimentent une spirale nuisible à l’ensemble.  la pression urbaine et les difficultés des filières agricoles fragilisent le foncier agricole. La SAU globale a diminué de 2 750 ha en dix ans (2000-2010), soit -11 % ce qui est particulièrement élevé (- 3 % en France) avec une concentration de la problématique dans les collines de Vaison-Malaucène (-1000 ha, soit 20 % de la SAU), l’arc comtadin (-657 ha, 14% de la SAU), et, dans une moindre mesure, la plaine de Carpentras (-650 ha, soit 8 % de la SAU) qui accueille de très bonnes terres irriguées, support des activités spécialisées maraîchères et arboricoles.  l’augmentation des publics exogènes (les « nouveaux arrivants », les touristes urbains) combinée à la diminution des pratiques rurales traditionnelles (individuelles ou collectives) et à une exigence générale de confort matériel (abondance d’eau, de climatisation…), éloignent de plus en plus de publics des savoir-faire et savoir-vivre qui font et entretiennent les patrimoines provençaux : rythme de vie, gestion de l’eau économe, connaissances constructives locales et bioclimatisme, connaissances de la nature (espèces végétales, entretien des fossés et propriétés, etc). Ce phénomène soulève la question de l’appropriation des patrimoines et de la transmission des savoir-faire qui restent très difficile à assurer. Globalement, deux questions de fond indissociables se posent sur l’accueil de nouveaux habitants. Quelle croissance est-elle souhaitable / soutenable ? Comment accueillir cette croissance (besoins fonciers nécessaires au développement urbain à inscrire dans les SCOT et les PLU notamment). A la lecture des éléments ci-dessus, il est évident que les pressions sont trop fortes et irréversibles sur les patrimoines communs, naturels, paysagers et culturels et que des choix clairs devront être faits pour enrayer ces phénomènes aujourd’hui largement subis. Elle a atteint tout l’arc comtadin, les collines de Vaison-Malaucène et le plateau de Sault. Ces secteurs, de très grande qualité rurale et paysagère sont en danger. Ce risque était souligné dans l’étude d’opportunité sur le PNR en 2005 (Rapport Phase 3, page 16), et ne fait que s’amplifier, comme le confirme toute l’analyse ci-dessus.

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DES RICHESSES ENDOGENES A VALORISER MIEUX ET PLUS UNE FORTE VULNERABILITE DU TERRITOIRE PAR RAPPORT AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ET AU Les forces exogènes de développement, qui prédominent, ne doivent pas faire oublier les richesses économiques RENCHERISSEMENT DES ENERGIES FOSSILES locales. Pour garder la main sur le devenir du territoire, il paraît indispensable, vital, de booster et valoriser les productions locales. C’est une question d’équilibre des rapports de forces exogènes/endogènes : le territoire a intérêt à accroître sa propre valeur ajoutée, pour exister par lui-même, et non pas seulement dans une économie de service (touristique, résidentielle) qui le rend inévitablement dépendant d’autres. Les secteurs agricoles et forestiers, mais aussi les carrières, constituent des sources d’activités et d’emplois majeurs dans cette dynamique. Les fragilités, mais aussi les marges de progrès identifiées ci-avant dans chacun de ces secteurs, méritent la plus grande attention et des efforts constants pour soutenir les professionnels et leurs organisations :  La valorisation des produits agricoles locaux peut être améliorée, en relocalisant en partie la commercialisation, en valorisant les produits locaux dans les différents circuits de commercialisation, et en s’appuyant davantage sur une qualité « locale » des produits créatrice de valeur ajoutée. Cet accroissement de la valorisation peut supposer une évolution progressive des filières agricoles (structuration, création de filières) mais également des pratiques agricoles pour préserver le cadre paysager et environnemental local (vendre une qualité suppose de plus en plus de vendre un terroir, une image).  Le développement de la valorisation économique des forêts constitue également une piste de réflexion, les marges de manœuvre étant importantes pour créer de la richesse : développement de la mobilisation de la ressource privée, structuration de la filière bois, renforcement de la valorisation locale de la ressource (construction, énergie en particulier).  L’exploitation des ressources énergétiques solaires et éoliennes pourrait permettre d’accroître les productions locales tout en renforçant l’autonomie énergétique du territoire. Le changement climatique affecte déjà le territoire et devrait l’affecter de manière croissante au cours des  Enfin, une meilleure organisation et professionnalisation touristique, à l’échelle du territoire, des filières prochaines décennies. jusqu’à l’échelle individuelle du « prestataire », devrait permettre de dégager plus de retombées économiques (même si on retrouve là un développement de nature exogène) tout en maîtrisant mieux  En termes de biodiversité, on constate des modifications progressives dans la répartition des espèces et dans la l’impact des fréquentations touristiques sur le territoire. typologie des habitats du territoire.  Ces évolutions sont particulièrement flagrantes pour les milieux forestiers : séchage du sapin, mortalité des chênes pubescents, jaunissement de la cédraie. Le changement climatique va bouleverser les équilibres forestiers et par là même le fonctionnement économique comme écologique des forêts.  L’accroissement des aléas climatiques représente un risque majeur pour les cultures agricoles spécialisées (vignes, vergers, légumes), déjà ressenti localement. En outre, la raréfaction de la ressource en eau, liée au changement climatique, va venir questionner la pérennité des modèles de production actuels. Des actions ont été développées par les acteurs agricoles pour compenser les effets de la raréfaction : mobilisation de l’eau du Rhône, développement des retenues collinaires, modernisation et extension des réseaux existants, évolution des pratiques d’irrigation,… Le renchérissement des énergies fossiles représente une pression sur le fonctionnement du territoire et en particulier sur l’équilibre budgétaire des ménages.  les habitants sont largement dépendants de modes de déplacement individuels qui coûtent de plus en plus cher, ce qui risque de générer des situations d’isolement de plus en plus fréquentes, en particulier à distance des pôles d’emplois et de services (secteurs plus ruraux comme le plateau de Sault et la vallée du Toulourenc).  Les performances énergétiques médiocres des bâtiments anciens, cumulées aux habitudes prises sur la climatisation l’été, génèrent des consommations énergétiques croissantes qui pèsent directement sur le budget des ménages.  Les collectivités locales ont engagé des actions pour limiter cette vulnérabilité énergétique : développement de l’offre de transport en commun par le Département et la Région, conseils aux habitants via les Espaces Info- Energie, lancement d’OPAH à l’échelle départementale et à l’échelle intercommunale (CoVe). Toutefois, ces outils méritent d’être encore renforcés pour anticiper beaucoup plus des enjeux d’une ampleur considérable. Enfin, le potentiel de développement des énergies renouvelables est sous valorisé alors que les gisements sont importants : solaire, bois énergie, éolien le cas échéant. Les actions mises en place sur le territoire pour favoriser la transition énergétique restent trop peu nombreuses, en particulier en comparaison avec les territoires voisins.

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LE VIVRE ENSEMBLE Affirmer la volonté de mieux maîtriser le rythme et la qualité de son développement, d’améliorer la production de richesse locale, tout en anticipant les bouleversements à venir, concoure à l’affirmation d’une meilleure prise en main d’un destin collectif. Cette dimension sociale et psychologique est vitale : de très nombreux participants aux travaux de définition des orientations d’un projet de PNR insistent sur la dégradation du « vivre ensemble » pour reprendre une expression entendue. Qui vient en partie de ce sentiment de dépossession de biens communs (la terre, le paysage, les villages devenus inabordables en prix, la nature qui se privatise, les grands sites surfréquentés, … et même les routes que les vélos envahissent !), et qui touche chacun dans son quotidien : le logement trop cher, le conflit d’usages en forêt ou nature, le bruit … mais aussi de la tendance générale à l’individuation marquée de la société et à l’évolution des modes de vie de tous. Les aspirations à un mieux vivre ensemble se sont très fortement exprimées, et les actions conduites en ce sens par tous (associations, collectivités, artistes, sportifs…) rencontrent d’ailleurs toujours un franc succès. Et l’ensemble des patrimoines historiques, techniques, collectifs connus, constituent un gisement quasi-infini à exploiter pour relancer ou faire mieux partager des savoir-faire, savoir-être, cultures et idées,… Cela passe par la qualité des ambiances et aménagements villageois, pensés avec et pour les habitants ; comme la multiplication de marchés de producteurs locaux, l’organisation de chantiers participatifs, etc…

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GLOSSAIRE SMAEMV : Syndicat Mixte d’Aménagement et d’Equipement du Mont Ventoux

Step : Station d’épuration ADT Vaucluse : Agence Départementale de Développement et de réservation Touristiques SRCAE : Schéma régional Climat Air Energie AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne SRCE : Schéma Régional de Cohérence Ecologique AOC : Appellation d’Origine Contrôlée STH : Surface Toujours en Herbe AOP : Appellation d’Origine Protégée tep : tonne équivalent pétrole APPB : Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope UU : Unité Urbaine AMVAP : Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et des Patrimoines ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique CA : Communauté d’Agglomération ZPPAUP : Zone de Protection du Patrimoine Architecturale, Urbain et Paysager CBE : Comité de Bassin d’Emploi

CC : Communautés de Communes BIBLIOGRAPHIE COVE : Comnunauté d’agglomération Ventoux Comtat Venaissin

COPAVO : Communauté de communes Pays Vaison Ventoux Programme Life Orsini CSP : Catégories Socio-Professionnelles Syndicat de Rivière Sud Ouest Mont Ventoux, contrat de rivière EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale Syndicat de Rivière Ouvèze Toulourenc, contrat de rivière FDC 84 : Fédération Départementale des Chasseurs de Vaucluse SMAEMV, Schéma d’Interprétation des Patrimoines du Mont Ventoux IGP : Indication Géographique de Provenance Agriculture et biodiversité : valoriser les synergies. Synthèse du rapport d'expertise. INRA (2008) INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques Atlas des paysages de Vaucluse - CG84 (2013) ONF : Office National des Forêts Atlas du gisement solaire en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Centre Energétique et Procédés (CEP), laboratoire de ONCFS : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage recherche commun MINES ParisTech / ARMINES. (2011) OPAH : Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat Bilan 2011 de la qualité de l’eau destiné à la consommation humaine dans le Vaucluse - ARS PACA (2012) Bilan des connaissances de la biodiversité vauclusienne et réflexion préalable à la trame verte et bleue - CG84, Indigo PACA : Provence Alpes Côte d’Azur (2012) PAH : Pays d’Art et d’Histoire Cahier Agriculture et Oiseaux : document guide permettant d’identifier les espèces focales d’oiseaux en France pour PAS : Programme d’Aménagement Solidaire les grandes cultures, l’arboriculture, la vigne et les cultures légumières. Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) (2012) PCET : Plan Climat Energie Territorial Cartes d’alerte relatives aux chiroptères en Provence-Alpes-Côte-D’azur - Groupe Chiroptère de Provence (2009) PBS : Production Brute Standard Cartographie et mesure de la biodiversité du Mont Ventoux Approche par Système d’Information Géographique et PIG : Programme d’Intérêt Général Télédétection, préconisations méthodologiques et application pour l’aménagement forestier. I.MAFHOUD (2006) PLH : Programme Local de l’Habitat Chambre d’agriculture du Vaucluse : bilan de Mandature 2007-2012 - Chambre d’agriculture du Vaucluse (2012) Constitution d'une trame de vieux bois en foret publique l'exemple du Ventouret - E.Cateau, ONF, SMAEMV (2012) PLU : Plan Local d’Urbanisme Contrat d’objectifs et de performance état-ONF-FNCOFOR 2012-2016 - ONF 2012) PNR : Parc Naturel Régional Contrat de Canal de Carpentras - Association Syndicale Autorisée du canal de Carpentras (2011) POS : Plan d’Occupation des Sols Contrat de rivière « Les Sorgues » 2010-2015 - Syndicat mixte du bassin des Sorgues (2010) RBI : Réserve Biologique Intégrale Contrat de rivière de l'Ouvèze provençale (dossier de candidature) - Syndicat mixte de l’Ouvèze provençale (2009) RGA : Recensement Général de l’Agriculture Contrat de rivières du bassin sud-ouest du mont Ventoux (dossier définitif) - Syndicat intercommunal du bassin sud- ouest du mont Ventoux (2007) RGP : Recensement Général de la Population De prévention du bruit dans l'environnement des grandes infrastructures nationales de transport (PPBE) - DDT (2013) RNU : Règlement National d’Urbanisme Délimitation des zones vulnérables dans le bassin Rhône Méditerranée - Comité de bassin Rhône Méditerranée (2012) SCOT : Schéma de Cohérence Territoriale Document d’objectifs du site des Gorges de la Nesque - SMAEMV (2010) SAU : Surface Agricole Utile Document d’objectifs du site N2000 : L’Ouvèze et le Toulourenc - Naturalia (2011)

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Document d’objectifs du site N2000 : Mont Ventoux - SMAEMV (2000) Rapport annuel du délégataire - Mont Serein 2011 - Mixte des Eaux de la Région Rhône-Ventoux (2012) Document d’objectifs du Site Natura 2000 : Les Sorgues - Syndicat mixte du bassin des Sorgues (2006) Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public d’élimination de déchets 2012 - CoVe (2012) Dossier Départemental sur les risques majeurs dans le Vaucluse. DDT 84 (2010) Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public de l’assainissement collectif 2011 - Syndicat Mixte des Eaux Dynamique des forêts mélangées sur le Mont-Ventoux : effets de l’altitude et de la gestion - RDV techniques n°27-28 - de la Région Rhône-Ventoux (2012) hiver-printemps 2010 - ONF (2010) Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public de l’assainissement non collectif 2011 - Syndicat Mixte des Espace naturel sensible du Paty : plan de gestion 2011-2016 - SMAEMV, ONF (2011) Eaux de la Région Rhône-Ventoux (2012) Etude de détermination des volumes maximum prélevables sur le bassin versant de l’Ouvèze - Agence de l'eau Rhône Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public de l’assainissement non collectif 2012 - Syndicat Méditerranée (2010-2013) intercommunal d’alimentation d’eau potable et d’assainissement de la région de Sault (2013). Etude de détermination des volumes maximum prélevables sur le bassin versant du Sud Ouest Mont Ventoux - Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public de l’eau potable 2011 - Syndicat Intercommunal des Eaux Agence de l'eau Rhône Méditerranée (2010-2013) Rhône Aygues Ouvèze (2013) Etude de fréquentation du Mont Ventoux - SMAEMV (2012) Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public de l’eau potable 2011 - Syndicat Mixte des Eaux de la Région Rhône-Ventoux (2012) Etude de positionnement stratégique du sommet et des stations du mont Ventoux - SMAEMV (2010) Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public de l’eau potable 2012 - Syndicat intercommunal Etude de réhabilitation du sommet du Ventoux et du col des tempêtes - SMAEMV (2001) d’alimentation d’eau potable et d’assainissement de la région de Sault (2013). Etude de structuration du tourisme durable autour du Ventoux. La grande découverte du Ventoux - Sud Initiative Reserve biologique intégrale du Ventoux : Inventaire des peuplements. Phase initiale 2007-2008 - INRA, ONF (2008) Environnement (2011.) Schéma d’aménagement et de gestion des eaux du bassin Rhône-Méditerranée 2010-2015 - Comité de bassin Rhône Etude préalable trame Verte et Bleue, Département de Vaucluse - CG84, Indigo (2012) Méditerranée (2009) Expertise des sites favorables à la Chevêche d’Athéna sur la commune de Mazan - SMAEMV (2011) Schéma d’interprétation du mont Ventoux - SMAEMV (2012) Fiche de caractérisation des masses d'eau souterraine Schéma de cohérence territorial de l’arc Comtat Ventoux - Syndicat mixte Comtat Ventoux (2013) Forêt méditerranéenne t. XXVIII, n° 4 - (2007) Schéma de cohérence territorial du Pays Voconces - Communauté de communes du Pays Voconces (2010) Impacts du changement climatique sur l’agriculture à l’échelle nationale. S.Bernard INRA Avignon (2010) Schéma départemental des carrières de Vaucluse - DDT (2011) Inventaires des zones humides du département de Vaucluse - 2011/2013. Rapport méthodologique et premiers Schéma régional climat-air-énergie PACA - Région PACA (2013) éléments de synthèse - CEN PACA (2013) Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) PACA (projet) - Région PACA (2013) Le plan de gestion des déchets du BTP du département de Vaucluse - DDT (2002) Schéma régional éolien PACA - Région PACA (2012) Observatoire de la Chevêche d’Athéna en Région Provence- Alpes-Côte d’Azur - SMAEMV, PNR Alpilles, PNR Lubéron, PNR Verdon (2012) Stratégie régionale d’hydraulique agricole du Vaucluse - Chambre d’agriculture du Vaucluse (2013) Plan de gestion anguille de la France - ONEMA (2010) Vers une méthodologie de mise en place d’un réseau d’îlots à haute naturalité. Application dans le massif forestier du Mont Ventoux - M.Parot, ONF, SMAEMV (2011) Plan de prévention des risques d’inondation bassin sud-ouest du mont Ventoux - DDT (2007) Plan de prévention des risques naturels inondation : bassin versant de l’Ouvèze et de ses affluents - DDT (2009) Plan de restauration de la vipère d'Orsini 2005-2010 - MEDDE, CEEP (2012) Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés de Vaucluse - DRIRE (2002) Plan départemental de protection des forêts contre les incendies 2008-2014 du Vaucluse - DDT (2008) Plan énergie climat territorial de la CoVe - CoVe (2012) Plan National d’Actions en Faveur de la Loutre d’Europe Lutra lutra, 2010-2015. Déclinaison en région Provence-Alpes- Côte d’Azur, bilan 2012 - LPO PACA (2012). Plan national d’actions Lézard ocellé 2012 - 2016 - Association Objectifs Biodiversités (2012) Plan national d'actions en faveur de l'aigle de Bonelli (2014-2023), 6ème projet - CEN LR, CEN PACA (2013) Plan national de restauration du vautour percnoptère en France 2002-2007 - - LPO mission rapace (2002) Plan Régional d’Actions en faveur des Odonates de Provence-Alpes-Côte d’Azur (2011-2015) - LAMBRET, P. (coord.), Amis des Marais du Vigueirat, Arles, 86 pp (2011) Prendre en compte la biodiversité et la trame verte et bleue dans les documents d’urbanisme - CG84, Indigo (2013) Programme de Surveillance de la Qualité de l’Air en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PSQA PACA) Période 2010- 2015 - ATMO PACA (2010) Programme LIFE « Restauration du Vautour percnoptère dans le Sud Est de la France » - CEEP (2008) Programme régional de développement durable et solidaire des activités de pleine nature - SMAEMV (2009) Rapport annuel 2012 sur le développement durable - CoVe (2012)

142 Projet de Parc naturel régional du Mont-Ventoux