La Commune D'entrechaux (Vaucluse). Étude Géographique
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LA COMMUNE D'ENTRECHAUX COMTE EMILE, F. A. de l'Académie de Vaucluse LA COMMUNE D ENTRECHAUX (VAUCLUSE) ÉTUDE GÉOGRAPHIQUE, ÉCONOMIQME, GÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DE LA PRÉHISTOIRE AU DÉBUT DE L'ÉPOQUE CONTEMPORAINE 4 Edition de 1967, à tirage limité, suivie de documents justificatifs. IMPRIMERIE MEFFRE VAISON-LA-ROMAINE (VAUCLUSE) Je dédie ce livre à mes petits-enfants Bernard et Geneviève ARLAUD (C'est pour eux que j'ai étudié et écrit l'histoire du pays de « Mamy » pour mettre en lumière une commune dont le très intéressant passé ne pourra plus, à l'avenir, être ni oublié ni méconnu). E. COMTE. (Traduction et reproduction interdites) L'histoire d'ENTRECHAUX est fort difficile à écrire en raison de la rareté des documents d'archives et de leur grande dispersion ; de ce fait elle était très peu connue. Seuls, quelques « dictionnaires des communes du Vaucluse » dont les auteurs d'ailleurs n'ont nullement la prétention d'avoir présenté un ouvrage complet (travail presque impossible pour tout un département), ont résumé les faits saillants du passé (1). Le but de cette étude monographique est de faire connaître l'essentiel — l'abrégé plus exactement — de ce qui se rapporte à ce magnifique pays pittoresque et aux riches diversités d'as- pect qui en constituent tout le charme. Après avoir défini en détail la position géographique d'ENTRECHAUX, fait l'exposé de ses ressources et étudié la constitution de son sol, j'ai abordé les grandes lignes de son histoire pour piquer la curiosité du lecteur et retenir son attention sans jamais avoir recours à de faciles légendes qui ne sont, au fond, que la poésie de l'histoire si parfois cependant elles lui servent de prélude. J'ai estimé qu'il était indispensable de consacrer un para- graphe spécial au Mont-Ventoux qui ne fait pas partie de la commune mais dont la majestueuse silhouette, se détachant dans un horizon assez proche, a toujours intéressé la population d'ENTRECHAUX. Les pages inédites qui vont suivre sont le fruit de travaux personnels, de très nombreuses recherches dans les bibliothè- ques, les musées, les archives départementales, locales ou privées, les livres ou manuscrits régionaux et aussi de minutieuses vi- (1) Le dernier en date est le très méritoire ouvrage dû à M. Robert BAILLY (Edition Jean-Yves BAUD, Avignon, juin 1960) intitulé : « Vaucluse », ouvrage très complet, fort bien présenté et muni d'une carte du département dressée par M. LOGUINENKO, professeur au Lycée Mistral. sites sur le terrain toutes les fois que celui-ci peut rendre témoignage du passé.. J'ai fait appel à des sources indiscutables, et lorsque des faits pouvaient donner lieu à critiques ou contestations ils ont été sérieusement vérifiés par de judicieux recoupements. Dans le texte ou en renvoi, je cite le nom des auteurs (et de leurs ouvrages) à qui j'ai emprunté des citations ou des informations directes. Il n'y aura donc pas de bibliographie d'ensemble. Assez souvent j'ai dû entrer dans des considérations géné- rales jugées indispensables pour éclairer l'exposé et éviter la sécheresse d'une monographie trop squelettique, car j'ai voulu sortir des « sentiers battus » et si possible instruire. Aurai-je réussi ? Je n'ai pas hésité non plus à jeter un regard sur les pays voisins — surtout ceux qui nous sont limitrophes — chaque fois que ce petit tour d'horizon : incursion amicale extra-muros, pouvait aider à la compréhension de faits strictement locaux. D'avance, je remercie de tout cœur les amis lecteurs qui voudront bien parcourir ce livre et je voudrais surtout que les habitants d'ENTRECHAUX prennent conscience de la réelle beauté de leur pays, qu'ils s'efforcent d'en conserver les curio- sités et les sites pittoresques et qu'ils contribuent à les faire connaître. Je suis certain que plus d'une personne trouvera dans mon livre bien des choses à apprendre. Je rappelle à ce sujet la célèbre phrase de Félix GRAS, poète provençal (2) : « Ame moun vilage mai que toun vilage, ame ma Prouvènço mai que ta prouvinço ame la France mai que tout ». « J'aime mon village plus que ton village, j'aime ma Pro- vence plus que ta province, j'aime la France plus que tout ». Et également celle de Jules MICHELET (3) : « Tel le nid, tel l'oiseau. Telle la patrie, tel l'homme ». Emile COMTE. (2) Né à Malemort en 1844, mort à Avignon en 1901, Félix GRAS était capoulié du Félibrige. C'était le beau-frère de ROUMANILLE Joseph (1818-1891), également poète et prosateur du Comtat, véri- table chantre de la langue d'Oc. (3) Ecrivain et historien français (1798-1874) dans préface du tome I à Histoire de France. ABREVIATIONS : (A.D. ) - d'après recherches aux archives départementales. (A.L.) - d'après recherches aux archives locales. (A.P.) - d'après des recherches dans des archives ou livres de raison privés, communiqués. (D.A. N° 6) - Se reporter au document annexe N° 6 à la fin de l'ouvrage. Les ruines du château féodal ; à droite, la vieille église paroissiale — Remarquez l'entrée du château avec ses mâchicoulis — En avant, l'empla- cement du vieux pays. Photo au télé-objectif de M. Jacques Plagnol, auteur à Vaison (Entrechaux, Décembre 1966) Les ruines du château féodal ; à gauche une partie des remparts l'ancien presbytère devenu propriété privée de M. D'Argencé (Auberge). Remarquez l'entrée du château avec ses mâchicoulis — En avant, l'empla- cement du vieux pays avec quelques maisons conservés — Photo au télé-objectif de M. Jacques Plagnol, auteur à Vaison (Entrechaux, Décembre 1966) Le château féodal d'Entrechaux (Vaucluse) à la fin de 1907, avec encore une partie du vieux pays et de belles olivaies. (Reconstitution et agrandissement par M. Comte d'un vieux cliché). PREMIÈRE PARTIE I. — NOM - SITUATION - LIMITES - SUPERFICIE POPULATION Bien que l'étymologie soit souvent une science confuse, plusieurs auteurs (et parmi eux le poète Frédéric Mistral) s'accordent pour dire que le nom « ENTRECHAUX » vient du latin « Intercallis » bas latin « Intercalles » ou carrefour de sentiers. Dans le passé on a orthographié « Entrechaus » (langue d'Oc) et aussi « ANTRECHAUX », nous le verrons au paragraphe histoire (4) (D.A. n" 1). Il faut noter qu'en Provence beaucoup de noms de lieux ont donné naissance à des noms de personnes, exemples : Les (4) J'ai relevé sur une carte éditée à Amsterdam en 1627, une autre orthographe ; nous figurons sous le nom « Entrecham » ! avec indi- cation de notre Château. J'ai tenu à signaler ce détail curieux puisque, tout au long de cette étude, je porterai un intérêt attentif au vieilles choses. La carte en question figurait en janvier 1954 à la belle exposition organisée à Avignon par « Connaissance de Vaucluse » à l'occasion du 160 anniversaire de la réunion du Comtat à la France. Les mon- tagnes ont, sur cette carte, une représentation fort originale. L'orien- tation n'est nullement respectée. N'oublions pas que les cartes anciennes étaient excessivement rares et que celles dues aux géographes du moyen-âge en particulier tra- hissent — d'après le Général de Fontanges, dans son livre « Topo- graphie » — la plus naïve ignorance. En 1699, le J ésuite BONFA a dressé une carte officielle du Comtat. Les planches de cette carte (cuivres) sont à la bibliothèque de Car- pentras. Les pays y sont figurés par leurs châteaux dont la silhouette est d'ailleurs fantaisiste. d'Antrechaux, au Barroux, les Dubarroux, à Roaix, Les Rouaix, à Malaucène, Malozun. La commune fait partie de la Provence telle qu'on la dé- limite actuellement car sa circonscription a varié bien souvent suivant les âges depuis la « Provincia » romaine ; elle est située dans le département de Vaucluse qui doit son nom à la célèbre fontaine de Vaucluse. Entrechaux est rattaché au canton de Malaucène et à l'arrondissement de Carpentras. Le poète Mistral fait commencer la Provence à Pont-Saint-Esprit. Lors de la formation des communes, ENTRECHAUX avait été rattaché à l'arrondissement d'Orange, ce qui n'a jamais donné satisfaction aux habitants. A maintes reprises des vœux ont été formés par les conseils municipaux pour demander le rattachement à Carpentras. Les plus curieuses délibérations à ce sujet sont celles de 1831 et mai 1832 où les élus sollicitent cette modification « d'un gouvernement juste et paternel» (A.L.). C'était le règne de Louis-Philippe.. Les conseillers faisaient notamment valoir que Carpentras était éloigné de nous d'un myriamètre deux kilomètres seule- ment « alors qu'Orange était à une distance double, sans che- mins praticables (A.L.). Satisfaction a été donnée bien tardi- vement. Le nom ENTRECHAUX ,dont il semble impossible de donner, avec un peu de précision, la date de naissance, est mentionné dès le début du VI siècle sous le brillant épiscopat de l'évêque vénéré SAINT-QUENIN (5) 15 évêque de Vaison, lorsqu'il par- courait son diocèse. A cette époque il figurait sous son origine latine « Intercallis ». Après les bien sombres années des invasions barbares, le nom « Intercallis » reparaît dans divers actes aux environs de l'an mille et ce n'est qu'en 1464 que nous trouvons l'ortho- (5) Il fut sacré en 556 environ. Son diocèse allait jusqu'à Buis. Saint Quenin passait parfois par Entrechaux. Le Révérend Père Boyer (Bi- bliothèque d'Inguimbert) dit à son sujet : « Pour édifier son diocèse « par ses prédications, il allait chercher ses frères sur les montagnes, « dans les vallées, sans que le froid, la chaleur, les pluies, la neige, « les précipices, les forêts, les bêtes sauvages dont le pays était « plein, fussent capables de ralentir son zèle ». graphe ENTRECHAUX. (Voir documents annexes à la fin de l'ouvrage).