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KOLWEZI : L’ESPACE HABITfi ET SES PROBL’ÈMES DANS LE PREMIER CENTRE MINIER DU ZAÏRE

Jean-Claude BRUNEAU et MANSILA Fu-Kiau Professeur ef Chef de frarraux à l’Université de (Zaire]

RÉsunrE Ville jeune, Kolrvezi fut créée en 1937 sur de très riches’gisements de cuivre et de cobalt, et reste le premier centre industriel et minier du Zaïre. La ville moyenne de l’époque coloniale, bien planifiée ef équipée, opposait les quartiers de cadres européens aux quartiers populaires africains (camps de la Société minière ef (1cifè indigène o), selon une struciure polynucléaire. Après un essor demographique et spafial impressionnant, est aujourd’hui une ville imporfante où les quartiers anciens sonf pris dans la marée de l’aufoconstruction qui envahit jusqu’aux concessions minières. Une part croissante de l’espace habité échappe à la GECAMINES, jadis Qproprièlaire o de la ville, et qui envisage de déplacer celle-ci pour exploiter les nouveaux gisements. Toul cela rend très nécessaire l’élaboration d’un schéma d’aménagement global de la ville de Kolwezi. MOTS-CL& : Zaïre - Centre minier - Croissance urbaine - Schéma d’aménagement. urbain.

ABSTRACT KOLWEZI :THE INHABITED SPACE AND ITS PROBLEMS IN THE MAJORMINING CENTRE IN ZAIRE A Young town, Kolwezi was seftled in 1937 on very rich copper and cobalt deposits. It is still the major industrial and mining centre in Zaïre. In a mid-sized well-planned and equiped colonial fown, one could distinguish rvhile collar european districts and african rvorkers areas i.e. mining company compounds and the “native fownship”, organized in a polynuclear structure. A fier an impressive demographic and spatial expansion, Kolwezi has become an important ciiy where the old neighbourhoods are surrounded by a iide of spontaneous seltlements that even encroach on the mining concessions. A growing part of the inhabited space is no longer controlled by GECAMINES, formerly ihe owner of the fown. The company plans fo move fhe town ifself in order to exploit new deposits. This makes fhe elaboration of a global City plan for Kolwezi very necessary. E(EYWoKDs : Zaïre - Mining centre - Urban growth - Urban planning pattern.

Introduction nomique : depuis sa création par l’ancienne Union Minière du Haut-Katanga, devenue la GECAMINES, Les (( événements )) qui ont gravement troublé Kolwezi est le principal foyer d’activité de la grande en 1977 et surtout en 1978 le sud-ouest de la région société, un des tout premiers centres d’extraction du Shaba ont attiré sur Kolwezi l’attention de minière et de métallurgie lourde du continent africain. l’opinion publique mondiale. C’est cependant à bien Ainsi s’explique la fortune d’une ville qui occupe d’autres titres que cette ville zaïroise peut intéresser l’extrémité nord-ouest. du pays du cuivre, zaïro- le chercheur. Elle n’a pas un demi-siècle d’existence, zambien, sur les hauts plateaux peu peuplés de mais sa population qui a connu depuis les débuts l’Afrique centre-australe (fig. 1). une croissance soutenue et presque ininterrompue, Le propos du présent article n’est pourtant pas dépasse aujourd’hui 230 000 âmes. Un tel essor de présenter l’activité économique de la ville : repose sur un extraordinaire développement éco- c’est la formation des espaces habités, leur évolution

Cah. Sci. Hum. 22 (2) 1986: 217-229. *J.-C. BRUNEAU, &lANSILA Fu-Kiau

Frontière d’états

- ROute importante

l Autre centre urbain

Localité importante

,e*** Limite appro@3tive de Parc cupnfere

FIG. 1. - Kolwezi dans l’arc cuprifére zaïro-zambien cont.emporaine, leurs perspectives d’avenir que vont. et résidentiel des quart.iers de cadres européens, essayer d’analyser les auteurs. Sur le premier point., flanqué au sud-est par le Centre Extra-Coutumier ils ont pu consuker l’étude fort documentee d’Alice destiné à la population (( indigéne )), et d’autre part CHAPELIER (1956) et. celle plus récent.e de J. Houyorrx par les cités ouvrières planifiées de 1’UMHK sit,uées et L. LOHLETIRT (1975). La situation actuelle a ét.e h proximité des carrières et: des usines. appréhendée sur le terrain, par enc@tes directes Cette structure polynucléaire était l’expression surt40utZ, niais aussi grhe aux facilités que nous d’un urbanisme colonial de type ségrégatif inspiré a accordées la GECAMINES. L’ébauche de réflexion de ce qui existait alors dans les autres villes du sur l’avenir, enfin, a, eu pour point de départ les Haut-Katanga, et à vrai dire dans tout,e l’Afrique travaux des urbanistes du Bureau d’I%udes d’Aména- centre-australe. La séparat,ion des quart.iers d’habi- gement J-Jrbain. tat était d’ailleurs facilitée ici par la dispersion remarquable des divers sites miniers et. industriels composant le centre de Kolwezi. Le centre minier à l’époque coloniale : une structure polynucléaire LE RÉGIME FONCIER ET IbfiXOBILIER Kolwezi est une ville jeune, puisqu’elle ne fut créée Comme dans les autres villes du Haut-Kat,anga qu’en 1937 pour être le Siège du Groupe des mines industriel, le role de maître d’ouvrage en matiére de l’ouest de l’Union Minikre du Haut-ICat.anga. de lotissement et de construction fut à Kolwezi Jusqu’en 1960, date de l’acc.ession du pays à l’indé- joué par quelques grands organismes paraétatiques, pendance, l’agglomérat.ion se présenta comme un liés a l’organisat,ion très particulière du système ensemble de ((villettes )), c’est-à-dire de divers colonial dans c.ette province du Congo belge. A la quartiers d’habitat éparpillés dans l’espace municipal. base, le patrimoine foncier était confié au Comité S’opposaient d’une part le double noyau directionnel Spécial du Katanga, organisme créé en 1900 et

Cah. Sri. Hum. 22 (2) 1986: 217-229. L’ESPACE HABITÉ DE KOLWEZI (ZAÏRE) 219 doté des pouvoirs les plus étendus en matière LES QUARTIERS ET LA STRUGTURE URBAINE (fig. 2) d’administration, de gestion et d’aliénation des ter- res urbaines, suburbaines et rurales. Cependant, la La t

Cuh. Sci. Hum. 22 (2) 1986: 217-228. J.-C. BRUNEAU, MANSILA Fu-Kiau

FIG. 2. - Les 6tapr.s de l’expansion de l’espace habité à Kolwezi

mais ces quartiers etaient distants par la rout,e de de ségrégation absolue allait présider aussi à l’ét.ablis- cinq j quinze kilomètres du centre ville. 11 en alla sement du Centre Ext.ra-Coutumier. Vers 1950, de mAme de la cité Kapata (90 ha), installée à partir l’ensemble des camps de l’Union Minière (auxquels de 191i2 prts des Car&res de Dikuluwe, Mashamba- on peut rattacher le petit camp du BCK, 5 ha), ouest et Kamoto, .G une dizaine de kilomètres au regroupait 6 000 personnes environ, un peu plus sud-ouest. du tiers de la population indigbne de Kolwezi. Rien qu’ils aient t.oujours été dénommés ici Gcités Les petites entreprises de la place n’étaient pas ouvrikres )), le principe de ces quartiers était celui à même de const,ruire des camps pour leurs t,ravail- des camps de trarlaillenrs édifiés & l’époque dans tout leurs. Beaucoup de ceux-ci purent s’installer au le Congo belge, mais plus spécialement au Katanga, (t camp de la Dilala n (plus tard camp Forrest), qui et qui faisaient pendant aux compounds des Rhodé- avait été en 1921 le premier lotissement créé pour sies et de l’Afrique du Sud. Quartiers ent,ièrement les Européens, sur la rout,e menant, à la mine de planif& et équipes (réseaux dispensaires, écoles, Ruwe. QuarGer de cases, ensuite désaffecté, puis loisirs, cantines, et.c.), que la Soc.iété avait voulus repeuplé et agrandi, mais toujours en matériaux multiples et de taille restreinte (400 a 3 000 parcelles) précaires car situé dans une aire d’extension prévue proches du lieu de travail mais nettement circ0nscrit.s des polygones miniers. Sur une t.rent,aine d’hectares, et isolés les uns des aut,res par des zones inhabitées ce (( camp 0 qui n’en était pas un regroupait, 1 400 per- de plusieurs c.entaines de mètres de large au mini- sonnes en 1950. mum. Motivé notamment par la crainte des epidémies Ce principe de la construction libre était dans le et d’éventuels troubles socio-politiques, ce principe nGme temps étendu et perfectionné g la

L’ah. Cci. Ifzznz. ?? (2) 198lj: S17’-229. L’ESPACE HABITÉ DE KOLWEZI IZAïRE) 221 de Manika, établie un peu plus au sud aux marges du pays, et la plus dynamique du Shaba. Le solde de la ville européenne, a partir de 1941. L’Adminis- naturel joue à l’évidenc,e un rOle accru mais la tration coloniale voulut y regrouper la population croissance urbaine repose encore en grande partie ne dépendant pas (ou plus) de l’Union Minière, sur l’apport migratoire. Cela est dû au developpement néo-citadins attirés par la prospérité économique c,ontinu des activiMs de la GECAMINES et des et déracinés de leurs milieux d’origine. Ces gens autres ent,reprises (sous-trait.ance, etc.) ainsi que s’étaient. au début installés non loin de la ville, surtout des services et de l’encadrement administratif dans les villages de Mwangezi, Djoni, et,c.., pour - autant d’éléments positifs qui font, de Kolwezi ne pas trop attirer I’attent,ion de l’Aut,orité. Les un cas exceptionnel, voire unique dans t,out le premiers lotissements de la c.ité découptrent, de Zaïre. Il faut certes rappeler l’effet st,imulant pour grandes parcelles (600 m2) qui furent attribuées aux l’exode rural de l’abolition des çontr«les sur les entreprises pour y ét.ahlir leurs t.ravailleurs, ainsi déplac.ements qui caract.Crisaient. l’époque coloniale, qu’aux missions religieuses. A partir de 1948, des mais aussi évoquer la dégradation générale des terrains plus pet,its (300 m2) furent attribués aux conditions de vie dans les rriilieux ruraux du Shaha particuliers qui y const.ruisirent leurs maisons occidental et du Iiasaï, d’où provient la quasi- selon la QFormule Katanga ». L’expansion de la totalité de la population kolwezienne. cit.é Manika fut rapide, puisqu’elle comptait déj& A contrario, il semble que la chute simultanée 5 500 habitants en 1950 et probablement. trois fois du niveau de vie en ville ait. moins joué ici qu’à plus (sur 175 hect,ares) en 1955. Dès 1952, elle avait. Lubumbashi ou par exemple ; de même les regu le statut de Centre E;ïtra-Coutumier, et regrou- t,roubles liés à l’indépendance puis à la sécession pait la majorité de la populat,ion de la ville. katangaise, et plus récemment aux deux conflits du Shaba (1977 et 1978), le dernier ayant. eu Kolwezi pour th&t.re principal, n’ont eu aucun effet durable La ville d’aujourd’hui : une agglomération complexe, sur la démographie de la ville. C’est d’ailleurs au en partie spontanée cours de ces toutes dernitres années que la GECA- MINES a développé de la fason la plus remarquable En 19S3, près d’un demi-siècle aprés sa fondation, ses installations de Kolwezi, mettant en service Kolwezi se présente comme une ville de 230 000 habi- deux nouvelles carri+res et deux nouveaus concentra- tank environ ; elle est. la troisième agglomération teurs parmi les plus modernes du monde. de la région du Shaba mais aussi une des plus Sur le plan de ~‘t?S~JaCe, l’essor économique et importantses du pays par sa population, son niveau démographique s’est, traduit. par un étalement d’équipement et surtout son r8le économique. considéra.ble du tissu urbain, puisque la superficie Kolwezi demeure en effet, et de loin, le premier des quartiers d’habitat a quadruplé en 25 ans, cent.re minier du Zaïre fournissant notamment les passant de 560 hectares en 1958 à 2.050 hectares deux tiers de la production nationale de cuivre ; en 1981. Mais les modes de production de cet espace c’est aussi le premier centre africain pour la pro- ont changé du tout au tout. depuis l’indépendance. duction de zinc, et même le premier du monde pour Si la GEC,1AlINES a étendu son périmétre d’exploi- le cobalt. Il n’est pas surprenant dans ces conditions tation, elle n’a en revanche créé aucune nouvelle que la société nat,ionale GECAMINES, hérit,ière cité ouvriére en 25 ans. , se bornant à construire de l’UMHK, y conserve un rôle dominant, non 410 logement,s supplhmentaires dans les cités exis- seulement sur le plan des activités mais dans tous tantes. Sa seule action not,ahle en matière d’habitat, les aspects de la vie urbaine. Une part croissante de a été l’extension vers l’est, sur 72 hectares, du l’espace kolwezien, et de ses habita&, échappe quartier Mutoshi pour c.adres, l’ancien quartier cependant désormais à l’emprise direct,e de la Ruwe du t,emps colonial. Issu de l’ancienne COFOKA, grande société, posant à cette ville dejà fort impor- le Département d’Archit,ecture et de Construation iiante des problèmes d’un type nouveau. (DAC) voit son rOle désormais limite ti l’étude des extensions, ti la rtliabilit.ation et à la c.onstruction des cités et quartiers d’habitat de la seule GECA- LB PROCESSUS CONTEMPORAIN DE L’EXPANSION MINES, à laquelle il est rattaché depuis 1973. SPATIALE TJRBAINE C’est donc, finalement I’Éfaf, et plus précisément La situation actuelle a pour cause essentielle le Service des Affaires FonciPres (Bureau du Cadastre), le maint.ien d’une vigoureuse c.roissance démogra- héritier de l’ancien CSK, qui contrcYe aujourd’hui phique depuis l’indépendance : si le rythme extra- directement l’essentiel de l’espace urbain et; urba- ordinaire des années 40 et 50 n’est plus d’actualité, nisable de Iiolwezi. La ville se trouve ainsi ramenée le croit annuel est demeuré entre 1958 et 19SO 3 la loi commune qui est celle de t.out.es les villes du voisin de 7 o/0, ce qui fait de Kolwezi, dont la popu- Zaïre : ici cormrw ailleurs le (( Cadastre u est devenu lation a quadrupl8, une des villes les plus dynamiques lotisseur, ce qui revient, R esploit,er plut.0t qU’A

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controler le spontaneisme qui est. devenu la règle trateurs, électromét~allurgie, etc.) traitant le cuivre, générale et à alimenter la spéculation foncière. La le cobalt, le zinc ; lignes à haute tension ; enfin procédure de l’autorisation de bâtir est rarement près de 300 km de voies ferrées électrifiées pour appliquée, le Bureau d’Urbanisme se bornant le relier les différentes unités qui fonctionnent jour et plus souvent à régulariser le fait acc,ompli. Dans nuit et composent un paysage de science-fiction. d’autres cas, c’est l’autorité politico-administrative Ces installations se répartissent en deux ensembles, elle-meme (chefs de quartiers, commissaires de correspondant aux deux (( polygones R principaux zones, et même un gouverneur de (t pr0vincet.e 1) de la GECAMINES : le premier, dit de Musonoïe, sous la première République) qui a procédé aux va du centre ville à la rivière de Luilu distante de pseudo-lot,issements jusque sur les concessions de 13 km, et occupe ainsi toute la moitié ouest, du site la GECAMINES, et au mépris des normes habituelles urbain. Le second forme Q 7 km au nord-est du d’aménagement, urbain. centre un noyau bien plus petit, et circ.onscrit autour Parallélement. au pouvoir de l’État., afirme sur de la carrière de Mutoshi (ex-Ruwe). t,outes les t,erres du Zaïre depuis la loi foncière de Quant à l’espace habité, 2 050 hectares en 1983, 1973, un pouvoir coutumier de fait subsiste à la il apparait presque marginal face aux inst,allations periphérie de l’agglomération, t,ant dans la zone minières et indust.rielles autour desquelles il s’orga- rurale de Mutshatsha qu’au sein méme des deux nise. On y discerne aujourd’hui deux types de zones urbaines de Dilala et Manika. Des notables localisation. D’une part un ensemble composite qualifiés de ((représentants u du chef Kazembe greffé sur le centre ville regroupe divers quartiers ont creé non loin de la ville, très souvent. en grains résident.iels et populaires, planifiés ou non ; il tend de chapelet au long des axes rayonnants, des (( ci% progressivement à occuper, par une expansion en périurbeines 0 portant. généralement leur nom : tache d’huile et largement, spont.anée, tout; le secteur morcellements sommaires où les terrains sont. cédés compris entre les deux polygones de la GECA- a bas prix et construits sur le modèle villageois. MINES. Ce bloc central représente déjà 85 y0 de Cependant, depuis la création en 1981 d’une ((zone l’espace habité en surface et 65 7; en population. Son annexe )) regroupant les divers villages, la parcelli- centre de gravité semble d’ailleurs glisser de (

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-a-- Réseau hydrographique - Axe routier important - Axe routier secondaire + Axe ferroviaire principal

1 Les quartiers de la ville moderne 3 Les quartiers populaires d’autoconstruction ggS Centre ville cl Quartier subspontané, semi équipé @j UBa uartier résidentiel planifié Ctuartier spontané m auartier industriel avec habitat m Village citadin m Grande emprise d équipement 4 Les aires d’activite de la GECAMINES rriere en exploitation (minerai de cuivre) p. 2 Les quartiers aménagés d’habitat populaire - Remblais stériles , étang de rejet d’usine a Camp de travailleurs des sociétés ou de l’armée (Faz~ H Aire industrielle El Ancienne cité / Limite dun polygone minier de la GECAMINES

FIG. 3. - Les quartiers de Kolwezi. L’organisation urbainr subdivisions en quartiers et cellules du Parti-État, pour l’agglomération de Lubumbashi, autre grande sont en effet soit insuffkamment homogènes soit ville industrielle et chef-lieu de la région du Shaba trop petites pour être vécues comme quartiers (J.-C. BRUNEAU, 1955). 0n présentera donc briève- véritables par leurs habitants. Notre définition des ment ici les quartiers de la Gville moderne )), les quartiers Ggéographiques 1) de Iiolwezi repose donc quartiers aménagés d’hahit.at populaire, enfin les sur d’autres critères : les paysages urbains, le mode quartiers populaires d’autoconstruction. de product.ion du bât,i évoqué plus haut, le contenu humain et notamment socio-économique, la pratique Les parfiers de In c ville rnnderne j) de la ville par les citadins. Un essai de typologie Il s’agit de l’ancienne ville européenne, augmentée de ces espaces a permis de retrouver pour l’essentiel de quartiers résident.iels nouveaux, soit au total les grandes catégories de quartiers déjà définies quelque 18 7; de la superficie habitée et 10 yo

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seulement de la population urbaine en 1983. Plusieurs Mut,oshi, construite initialement pour les cadres types d’espaces s’y individualisent. de la GECAMINES, est occupée depuis les evéne- ments de 1978 par les militaires des Forces Armées - le ce~ltrt, rrille s’etend sur une trent,aine d’hec.- Zaïroises et leurs familles. t.ares, B la charniére entre la (r ville GECAMINES u Hors du (( bloc central )), on ne trouve guère que de l’ouest, et l’ensemble des quartiers résidentiels deux petits quartiers pour cadres fort excentriques du (( bloc central )> à l’est.. A vrai dire, plut.ot qu’a car acc.roçhés l’un à la mine de Mutoshi à 7 km un pale tertiaire véritable, on a affaire à un centre au nord-est, l’autre à l’usine de zinc UZK, a une ville par défaut, quart.ier c.ommercial de niveau ét,on- distance comparable mais au nord-ouest, sur la nemrnent modeste pour une agglomération de cette route de Luilu. t.aille et. de cette puissance industrielle : 75 magasins environ bordant deux rues du quartier, et occupant - Les nouwlles banlieues. Ce t.ype d’habitat le rez-de-chaussée d’immeubles jointifs dont quel- pavillonnaire en autopromotion réalisé sur morcelle- ques-uns sont. Q étage ; aucun équipement direc- ments cadastraux, qui a connu depuis dix ans tionnel important., l’ensemble des bureaux, hôpit,aux, un important, développement à Lubumbashi par installat.ions récréatives et culturelles de la GECA- exemple, n’a encore fait qu’une apparition discréte MINES formant une sort.e de quartier séparé qui à Kolwezi : il occupe une petite extension de cinq flanque R l’ou&. le centre ville. Il faut attribuer hecttares environ au flanc sud du quartier Mutoshi, cette quasi-absence de centralité t.ertiaire au rôle a l’orée des cités méridionales. toujours écrasant. de la Sociéte qui fournit a ses agents, et indirectement. aux autres citadins, l’essen- Les quartiers amhagt;s cl’habifc~f populaire tiel des services urbains dans tous les domaines. L’aspec.t général du quartier fait penser a une ville C’est. l’ancienne ville africaine de l’époque c.oloniale coloniale assez bien entretenue, c.omme dans le reste et de l’époque de la sécession katangaise, puisque à de 0 Kolvïezi-ville u dont. notre pseudo centre ville part une extension fort limitée de la cité Luilu, ne constitue que la parlie sud. aucun nouveau quartier aménagé par la Sociét>é minière ou de 1’Éht n’a vu le jour a Kolwezi depuis - Les qrruriiers rèsidrniiels ancieJis ei récents sont. 1962. Expression d’un urbanisme ségrégatif et pour la plupart inclus dans le (i bloc. cent.ral )). Les volontariste, c.es quartiers étaient à l’origine séparés deux principaux sont Iiolwe&~ille avec 186 hectares de la ville européenne, mais aussi les uns des autres. et 8 500 habitants, et. plus à l’est le quartier Mufoshi Ils couvrent en 1983 36 l/n de l’espace habité en (l’ancien quartier Kuwe, mais dont les deux tiers surfaCe, mais regroupent, 61 O/” de sa population, sont. posterieurs a l’indépendance) avec 1’72 hectares leur densité démographique moyenne (180 habitants et 13 000 habitan&. La fonction résidentielle (de a l’hectare) ét.ant trois fois plus forte que c.elle des bon niveau) est largement dominant,e, mais on trouve quartiers résidentiels aisés. Deux types d’habitat ici un cert.ain nombre d’équipements collec.t.ifs, et. s’y opposent nettement, depuis les origines de la quelques localisations d’act.ivités. Outre le quartier ville, les c,amps de travailleurs d’un côté, la cité commercial cenlral déja évoqué (au sud-ouest,), un Manika de l’autre. petit. quart,ier (au nord) mele aux logements des usines de moyenne importance autour de la gare. - Les camps de fravailleurs composent un habitat. Enfin les serhces directionnels de la GECAMINES ent.ièrement planifié de type coron, lié à l’emploi (groupe ouest) $ont regroupes au nord-ouest., tandis et caractéristique des villes industrielles du Shaba que ceux de l’Administ.ration publique sont, plutot méridional. Totalisant quelque 570 hectares pour dispersés dans le tissu résident,iel. 95 000 habitants, ils regroupent donc encore près de L’habitat est. entiérement. planifié et pavillonnaire, la moitié de la populaiion de Kolwezi sur le quart de tres bonne qualit. en gtinéral, et. donne Q Iiolwezi de sa superficie habit.ée. Ils sont dispersés et de une allure carnctérist,ique de ((ville jardin )). La taille trés variable, mais presque tous sont des densité démographique est assez faible : 60 habit,ants (( cites ouvrières » de la GECAMINES loc.alisées a l’hect.arr en moyenne. On trouve là les couches a proximité du lieu de t,ravail, carrière ou mine, sociales les plus aisées, cadres logés par la GECA- dont elles portent. le nom. On a ainsi la (t cité Kolwezi R, MINES en grande majorite, avec 20 oh de population la plus ancienne, acc.olée au flanc ouest de (Kolwezi- europ6enne (et meme plus de 65 yh dans la partie ville 4 (21 000 habit.ant,s sur 102 ha) ; la grande cité ancienne du quartier Mutoshi), mais aussi dans de Alnsonoïe un peu plus à l’ouest (31 000 habitants 10 ?< des cas des (t privés j) propriét.aires de leur sur 189 ha) ; la cité de Kapafa, la plus récente et. la maison. Cependant les annexes au fond des parcelles plus isolée a 15 km au sud-ouest (15 000 habitants (fi boyeries )l) sont occ.upées par des familles plus sur BO ha) ; la cité de Lnilu a 15 km au nord-ouest modestes, en général celles des domest,iques. 11 faut. (13 000 habitants sur 110 ha) ; les cités plus petites remarquer que toute la part.ie récente du quartier de 1’lJZK au nord (4 500 habit.ants sur 34 ha) et --- L’ESPACE HABITÉ DE KOLWEZI (ZAIRE) 225

Mutoslti A 5 km au nord-est (2 200 habitants &r en matiGre- de titres fonciers, de réseaux, de voiries 32 ha). Relativement bien b,quipees (écoles, églises, m&ne. Ainsi l’expansion vraiment spontanée du stades, marchés, etc.), les cités ouvri&res présentent; début; fait-elle place aujourd’hui, jusque dans les un habitat assez convenable pour les plus récentes, quartiers semi-ruraux périphériques, à un t,issu net.tement plus exigu voire t,audifié pour les plus intermédiaire que l’on peut qualifier de szzbsponfané. anciennes. Elles sont d’ailleurs assez peu appréc&s L’absence d’équiperne& d’infrastructure et de par les citadins qui les quittent. volontiers pour superstructure est bien plus ressentie que la déficience aller vivre a la cité Manika ou clans les quartiers de l’habitat, certes souvent précaire (maisonnettes d’autoconst.ruction. Seule la cité Kolwezi, pourt.ant en briques adobes au toit de tales, ou plus rarement. vétuste et surpeuplée, semble faire exception du de paille), mais plus large que celui des cités amé- fait de sa proximit,é immédiate par rapport au nagées ou planifi&s, et. co~q.~ selon le genre de vie centre ville. Trois pet& camps enfin ne relévent pas des cit.adins kolweziens. Arbres fruitiers et cultures de la GECAMINES : c.elui de la SNCZ, au cceur intraparcellaires a bonden ta. Au t.otal, c’est pr&s du (res de la dans la marée de l’autoconstruction contemporaine. GECAMINES, pour Btre plus au large et chez eux. On t,rouve m&me ici UIIP minorit.6 de cadres moyens Les quartiers populaires d’autoconsirzzciion de la GEC,4MINES, des autres sociét.és ou de la fonction publique. Leur essor spectaculaire résulte & la fois de l’auto- nomie d’une part croissante de la population kolwe- - Les qnnrfiers spott fmzès sfricfo sensu rt%ult.ent zienne en matière d’emploi, et surtout de logement, en général de l’expansion en tache d’huile de divers par rapport. à la GECAMINES, et d’un véritable noyaux du <

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mundende et Tshiala. Ces anciens noyaux villageois les récupérer pour y étendre ses carrières et ses situés sur la route de Luilu, très étalés aujourd’hui, usines, ainsi que ses plateaux d’épandage de terres sont gonflés d’une population de néo-citadins venus stériles et ses étangs de rejet qui exigent des super- des milieux ruraux du pays lunda et t,shokwe (sous- ficies sans cesse croissantes. Non seulement aucune region du Lualaba). Leurs superficies respectives nouvelle const,ruction de cité ouvrière n’est. prévue att,eignent en 1983 70 et 60 hectares, et leurs efrectifs dans le périmètre géologique, mais les extensions 4 500 et 2.800 habitants. programmées contraindront à terme la Société CI - Les villages déjà citadins de la zone péri- d6placer certaines de ses installations, la plupart urbaine, créés par les représentants du chef Kazembe, de ses ci&, et mi!me une grande partie de Kolwezi- sont. au nombre d’une cinquantaine, disséminés ville (soit au total plus de 65 000 habitants), afin de autour de la ville dans un rayon d’une dizaine de pouvoir exploiter la t.otalité; du site dans les premières kilométrea. Ils sont pour la plupart de taille t.rés décennies du xxIe siécle. Dans ces conditions, le modeste et ne totalisent guere plus de 12 000 per- développement acçélére de l’autoconstruction n’est sonnes, en majorité: agriculteurs des ethnies locales pas de nature & simp1ifie.r le probléme. Chaque jour, Kaonde et Ndembo et leurs familles. Cependant le nombre des personnes promises au (( déguerpisse- un nombre croissant de ces villageois t,ravaille a la ment 0 augmente, avec toutes les conséquences GECAMINES et dans les petites ent.reprises de la financiéres, sociales, voire politiques que cela implique ville (bâtiment. et travaux publics notamment), pour l’avenir. Ce n’est pas là une des moindres ce qui nous ami?ne à qualifier de (1citadins )) ces raisons qui rendent nécessaire la remise CI jour du quartiers ruraux. Les villages les plus li6s à la ville schéma d’aménagement de la ville de Kolwezi. sont ceux du secteur nord-ouest, et bien sûr ceux qui sont les plus proches de la t.ac.he urbaine, tels Mzviln-Kidiata, Mcvangezi OU Ml/lusompo, ce dernier Pour un réaménagementglobal de Kolwesi de l’aéroport. ‘4 LE SCHÉMA DIRECTEUR DE I

LA GECAMINES FACE b L’AUTOCONSTRUCTION Le projet de (t déménagement 0 de Kolwezi a fait l’objet d’une étude sérieuse menée en 1972-1974 Comme on l’a dit plus haut, la GECAMINES par le Bureau d’Études d’Aménagement Urbain controle directement par ses installat.ions minières, (Antenne de Lubumbashi). Après une analyse ses usines et. ses quartiers d’habit,at la majeure approfondie du site de la ville au sens large, qui leur partie du site et du territoire municipal de Kolwezi. permit d’é.liminer les terrains impropres a l’urbani- Sur le plan foncier, l’emprise des (( polygones 1) sation (sit.es miniers et polygones prospectés, zones concédls 9 la Société est encore plus étendue. Si de pollution atmosphérique ou des cours d’eau, l’on considère les limites du périm&tre géologique terrains à forte pente), les techniciens du BEAU dit de Hoan (((sé,rie des mines )j), c.‘est dans la quasi- ont finalement proposé pour la reconstruction de t.ota1it.é de l’espace kolwezien que la GECAMINES la ville les espaces situés a l’est de la carrière de a vocation d’intervenir. Situation logique d’ailleurs, Mut,oshi, et, inclus dans le bassin-versant du lac puisque la ville même est ici née par et pour la mine. de retenue de Nzilo (sur le Lualaba). Ce plateau Le problkme est, qu’& l’heure actuelle, après un en Pent&e douce, bien drainé et faiblement, boisé, demi-siécle d’existence, cette ville échappe a son est ici constitué des formations du Kundelungu, créateur. Les cités ouvrières n’abritent même plus série peu minéralisée. Il semble tout à fait apte 30 ‘$$ de la population totale, et le tiers des travail- Q recevoir la ville nouvelle à vocation t,ertiaire qui leurs préfèrent vivre dans des quartiers indépendants pourrait acc.ueillir progressivement les habitant.? de de la Société. Surtout, une partie des cités d’auto- l’ancienne ville, laquelle deviendrait un site exclusi- construction s’est développée sur des t,errains inclus vement minier et industriel. dans les polygones miniers, et ce avec l’autorisation Intitulé (( Schéma directeur de Kolwezi II )), le des Autorités politiques, des chefs coutumiers, voire projet du BEAU propose une structure linéaire pour même parfois du Bureau du Cadast.re. On peut, la ville nouvelle. Au long d’un axe princ,ipal nord-est- estimer la population vivant. dans ces extensions sud-ouest, reliant le lac au c.entre minier doivent ;i plus de 20 000 personnes, près de 10 yo de tous s’inscrire un cent.re ville, des quartiers d’habitat, les citadins. Et Kasulo-Kamatete continue de populaires, des zones industrielles et un centre mordre sur le polygone de Manga, de même que lacustre de détente et de loisirs. Une voie ferrée Kanina, Tshiala et Tshiamundende sur celui de parallèle B l’axe principal doit permettre le transport Musonoïe. massif des travailleurs vers les mines et. les usines Or la GECAMINES, si elle n’occupe pas encore du centre anc

Cuh. $5. Hum. 22 (2) 1986: 317-229. L’ESPACE HABITE DE KOLWEZI (ZAIRE) 227

1 LA VILLE ACTUELLE (198S)t

o]m Espace habité - Route importante Axe ferroviaire I t. /

a Zone industrielle et minière 0 Zone d’habitat à maintenir/rénover m-wm “;- .’ . . a: : à réaliser à court terme

FIG. 4. - Principe d’aménagement proposé.pour Kolmezi

atteint qu’au terme de quatre phases successives ville non touchée par la GECAMINES et quelIe sera permett.ant la construct,ion de cités ouvriéres plani- sa place face Q la ville nouvelle? Et s’il est. kidem- fiées pour la GECAMINES, du centre tertiaire et ment prévu de reloger les agents de la Société dans des divers équipements, et le remplissage de lotisse- les nouvelles cités ouvrières, que deviendront, les ments d’habitat libre pour la population générale. (( déguerpis 1) des quartiers d’;rutc~const.ruct.ion, dont A long terme, une viIle sateI1ite est même envisagée le développement s’est amplifit: depuis l’élaboration de l’autre côté du lac Nzilo. du Schkna? Quelles mesures enfin pourraient être Ce Schéma directeur, dont le financement devrait prises, à tit.re conservatclire, pour détourner la être assuré par la BIRD, est rest,é sans suite concréte poussée actuelle de I’aut,ocoIlst.ruction des polygones jusqu’à ce jour. II a néanmoins des chances d’êt,re miniers, voire des zones d’urbanisat.ion future? De appliqué, dans la mesure où la délocalisation de telles questions ne peuvent rester sans réponse, et l’agglomérat,ion actuelle paraît inévitable & t,erme, les auteurs de cet, art.ic.le voudraient faire a cet dans l’intérêt de la GECAMIPJES et du pays lui- égard quelques suggest,ions à la lumière de la situa- même. Encore ce document nous semble-tri1 appeler tion act-uelle de l’agglomération et de sa dynamique. certaines critiques. L’analyse même sommaire du parti d’aménage- @sll%LQUES PROPOSITIONS D’ABIÉNAGEMENT (fig. 4) ment, l’examen des grilles d’équipement proposées, le discours même du rapport de présentation tra- Ch ne peut. concevoir à not.re sens le plan directeur hissent des conceptions peut-être admissibles sous d’une ville nouvelle de Kolwezi sans int,égrer celui-ci d’autres cieux, mais peu réaIist,es s’agissant d’un CIun schéma global de l’ensemble de l’agglomération pays sous-développé comme le Zaïre, et apparemment et de ses environs, compte tenu de la proximité ignorantes de ses réalités socio-culturelles. Fait de Kolwezi II (une vingtaine de kilomètres) par plus grave, le sort réservé à la ville actuelle est rapport au centre de gravité du périmétre minier. à peine évoqué. Que fera-t.-on de la partie de cette C’est en fait la {cmétropole 1)de Kolwezi qui doit être

Cnh. 5%. Hum. 22 (2) 1986: 217-229. 328 J.-C. RHUNEAU, MANSILA Fu-Kiau --_ ~-~. envisagée, d’aut.ant plus que quel que soit le rythme sagées. Par la suit.e, l’aménagement de Kolwezi II des o$rations de déménagement, ct si le t-aux de avec ses divers quartiers d’habitat,, ses équipements croissance des dernihres décennies se maintient, les collectifs, ses industries lé$res et, même son cent,re 400 (300 habitants devraient btre att.eint.s aus de loisirs nautiques devrait intervenir par tranches alentours de 1995, et le demi-million largement successives, en fonction du développement global dCpassé ?I l’horizon de l’an 2 000. Il serait donc de l’agglomération. souhaitable de définir un Schtbna méfropolitain de Il est logique enfin de penser que le Schéma Kckvezi, donnant les grandes orientations du dévelop- mktropolitain de liolwezi doit êt,re inséré dans le pement urbain à moyen et à long t.erme, et dans cadre plus général d’un schéma d’amknagement lequel pourraient, s’inscrire deux plans locaux d’ambna- régional, orient6 vers le renforc.ement des différents geme& l’un pour la ville art-uelle, l’autre pour la niveaux de l’armature urbaine du Shaba (en parti- ville nouvelle. c,ulier les villes moyennes), et un développement - des campagnes qui permettrait notamment de Le +rz local de Kolzvezi 1, réalisable à moyen réduire la dépendance aliment.aire de ces villes terme, devrait. comporter les diverses affectations par rapport ?I l’extérieur, tout en modérant l’exode des sols dans le périmt.tre municipal actuel. Dans les rural. polygones miniers, il faut impérativement, mettre fin à tout.e attribution de terrains a bâtir par les Aut.orit& coutumières ou urbaines, afin de limiter les implications humaines et financiéres des futurs Conclusion délogements. A l’extérieur de c.es polygones il faut. Dans les pages qui prkèdent, les auteurs se sont prévoir la réhabilitat,ion des quart..iers non voués efforcés de montrer comment Kolwezi, hier cent.re à la pioche du dklolisseur, en particulier la cité: minier et industriel sans tradition urbaine, fondé Manika et les cités ouvrières de Kapata, Luilu et et entièrement controlé par une grande sociét6 UZK. Les cit-6s d’aut.oconst.ruct.ion comme Kama- coloniale, est devenu en l’espace de deux générations nyola, Diur ou la ceinture de Manika devraient une ville africaine in1portant.e et dynamique qui Btre restructurées et équipées. Et comme il est échappe chaque jour davantage à son créateur. illusoire de croire que la croissame spontanke de L’agglomération de jadis n’était en effet que l’assem- l’espace urbain peut, être simplement arrêtée en blage assez disparat.e, quoique strictement planifié et att,endant, des jours meilleurs, des espaces doivent fort bien équipé, de multiples cités de travailleurs $t,re rec.herchés afin d’orienter cette croissance hors et de quelques quartiers de cadres autour des des secteurs B voc.ation minière, et d’y appliquer gigant.esques installations de l’Union Minié.re. La fin des formules d’autoconstruction guidée sur trames . . du système colonial et de ses contraint.es, le contexte assainies, garantie d’une qua1it.é de vie acceptable de crise économique du Zaïre contemporain, mais pour les citadins. De t.els espaces pourraient aisément aussi la poursuite de l’essor du centre minier g 6tre trouvés au sud-est. de l’agglomération actuelle, travers les vicissitudes de l’histoire rkente ont eu de la cité Diur à l’aéroport et. au-dela, le long de la pour conséquence une croissance démographique et route de. Lubumbashi. Prolongés vers l’est, ces spat,iale impressionnante. quartiers d’exi:,ension pourraient même servir de L’espace habité a presque quadruplé, et ce pour pont, le cas échbnnt, entre les deux grandes frac.tions l’essentiel du fait. de l’expansion spontanée des de la future mPtropole de Kolwezi. anciennes c.ités et des villages périurbains. Le poids - Le plan local de Kolwezi II, réalisable à long relatif des camps ouvriers de la GECAMINES, s’il terme, correspond & la créat.ion de la ville nouvelle reste bien plus important qu’à Lubumbashi par en liaison avec la libération totale mais progressive exemple, ne cesse de diminuer au profit des anciennes du site minier. Les grands principes énoncés par et nouvelles cités d’habitat. libre. Ce processus actuel le Schéma de 1974 pourraient en rester le fil conduc- d’autoconstruct.ion, dont, on a montré qu’il n’est pas t.eur, pour peu qu’ils soient réaménagés en fonction vraiment anarchique, ne répond pourtant guère des réalit.és zaïroises. Outre la crkation des nouvelles aux normes urbanistiyues, et, affecte désormais citks ouvrières de la GECAMINES, la mise en place jusqu’aux polygones réservés a l’ext.ract,ion minière. des grandes liaisons et d’un pôle minimal d’équipe- C’est. dire que Kolwezi correspond de moins en ments devraient intervenir en priorité. Ils constitue- moins & l’image que l’on s’en fait généralement raient. aut,ant. de facteurs pouvant inciter les délo$és de (( ville de la GECAMINES Q, ou de ville la mieux des quartiers spontanés dktruits à venir constrmre aménagée du Zaïre. leurs maisons sur des lotissements équipés d’habit.at L’élaboration d’un schéma d’aménagement global libre, insér6s dans le maillage de la nouvelle ville. de l’agglomération s’impose donc avec une nécessité Pour eux, des formules d’indemnisation reposant accrue. Il doit évidemment tenir c.ompte de la sur une aide à la construction devraient, être envi- perspective inéluctable du (( déménagement 1) de la L’ESPACE HABITÉ DE KOLWEZI (ZAïRE) 229 majeure partie de la ville actuelle, pour libérer les tirait-on à la fois la sécurité d’installation et une trés riches gisements de cuivre qui en ont parado- meilleure qualité de vie aux habitants de cette ville, xalement orienté la localisation initiale. Mais les dont le développement économique futur semble aménageurs doivent aussi penser à sauver ce qui en tout ét.at de cause assuré. doit l’être, et surtout a parer au plus pressé en guidant l’autoconstruction contemporaine sur des sites ou elle n’hypothéque pas l’avenir. Ainsi garan- Manuscrit accepté par le Comité de rkdacfion le 27janrlier 1980

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Cah. Sci. Hum. 22 (2) 19SG: 217-229.