UNIVERSITE D'ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS WWzXX

Mémoire pour l'obtention du

DIPLOME D'ETUDES APPROFONDIES EN SCIENCES FORESTIERES

Présenté par : RALISOA Noroseheno

devant le jury composé de :

Pr. RAKOTOZANDRINY Jean de Neupomuscène, Président Dr. Marc HUFTY, Membre Mr RAMANANARIVO Sylvain, Membre Dr. RAMAMONJISOA Bruno Salomon, Tuteur

Septembre 2000 RESUME L’incursion dans les aires protégées associée à la déforestation est un phénomène fréquent. Les facteurs entrant dans le mécanisme de la déforestation varie selon le contexte dans la zone limitrophe de ces aires protégées. Depuis les dix dernières années, la Réserve Spéciale de Manongarivo enregistre une extension rapide du défrichement notamment pour l’implantation de cultures. Dans cette zone, le café et le cacao sont les cultures les plus adoptées par la population, ces cultures sont actuellement implantées même en zone forestière, c’est la raison pour laquelle cette étude a eu pour objectif de contribuer à déterminer le rôle de l’économie de rente dans la déforestation. Pour cela, nous avons fait des enquêtes socio-économiques entrant à la fois dans l’étude de filière de ces deux produits mais également pour apprécier l’extension de la déforestation pour l’implantation des cultures caféières et cacaoyères. La description de la filière café et cacao a montré d’une part que par rapport au prix F.O.B., les marges monétaires des différents acteurs de la filière s’avère équitable. D’autre part, cela a révélé la faible capacité d décision des producteurs dans cette filière, qui, faute d’encadrement technique et en raison du manque de terrain en plaine trouvent en l’extension de leur parcelles en zone forestière le moyen le plus sûr d’augmenter leur revenu. Une enquête basée sur l’historique des exploitations dans la forêt qui a été étudiée en corrélation avec l’évolution du prix des produits a montré que la tendance du prix des café et cacao est un des facteurs incitant l’extension des parcelles. Le revenu apporté par ces deux cultures, le rôle en tant que marqueur de terre sont encore deux autres facteurs plus importantes. Pour au moins essayer de freiner la déforestation dans cette zone, nous avons proposé quelques solutions basées sur l’organisation des producteurs, la prise de responsabilité de l’Etat dans l’amélioration des techniques de production des paysans et l’appui des pays importateurs dans leur mode de fixation de prix.

Mots-clés : Manongarivo , filière, café, cacao, prix, déforestation.

2 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Normales de température (°C) : moyenne de 1951-1980 pour la station d’………….7 Tableau 2 : Précipitations (mm) moyenne de 1951-1980 pour la station d’Ambanja………………………7 Tableau 3 : Humidité relative (en %) moyenne de 1951-1980 dans la région d’Ambanja…………………7 Tableau 4 : Données démographiques pour Antanambao et ………………………………11 Tableau 5 : Production agricole dans la sous-préfecture d’Ambanja (1998)………………………………12 Tableau 6 : Superficies par producteur (ha)………………………………………………………………..30 Tableau 7 : Superficies des principales cultures à ……………………………………………33 Tableau 8 : Les normes de classement du cacao…………………………………………………………..37 Tableau 9 : Les différentes qualités de café………………………………………………………………..38 Tableau 10 : Caractéristiques des différents types de producteurs………………………………………….42 Tableau 11 : Quantités de café et cacao collectés par les sociétés exportatrices d’Ambanja (kg)………….46 Tableau 12 : Evolution des exportations de cacao (fèves)…………………………………………………. 47 Tableau 13 : Evolution des exportations de café vert………………………………………………………..47 Tableau 14: Les différents acteurs et leurs fonctions respectives…………………………………………. 51 Tableau 15 : Evolution des prix d’achat du cacao et café au collecteur de 1994 à 1998……………………53 Tableau 16: Récapitulatif des coûts de commercialisation du cacao sec d’Antanambao à Ambanja………55 Tableau 17 : Récapitulatif des coûts de commercialisation du café vert d’Antanambao à Ambanja……….56 Tableau 18 : Rapport du prix au producteur et du prix à l’exportation………………………………………57 Tableau 19 : Revenus moyens (Fmg) issus du café et cacao pour chaque type de producteur………………59 Tableau 20 : Dynamique des installations en zone forestière………………………………………………..60 Tableau 21 : Répartition des exploitants en zone forestière………………………………………………… 62 Tableau 22 : Evolution de la déforestation dans la vallée d’Ambahatra (ha)………………………………. 64

LISTE DES FIGURES Figure 1 : Courbe ombrothermique d’Ambanja………………………………………………………. 8 Figure 2 : Schéma descriptif de la méthodologie adoptée…………………………………………….. 24 Figure 3 : Evolution de la quantité de cacao vendue issue d’une cacaoyère de 300 pieds……………. 39 Figure 4 : Répartition de la vente de cacao chez un grand producteur……………………………….. 40 Figure 5 : Structure générale des filières café et cacao dans la zone d’étude…………………………. 49 Figure 6 : Evolution du prix du cacao frais durant la campagne 1997-1998………………………….. 52 Figure 7 : Evolution des installations caféières et cacaoyères en fonction des prix…………………... 63

3 LISTE DES ANNEXES ANNEXE I- Grille d’entretien pour les producteurs ANNEXE II- Grille d’entretien pour les collecteurs ANNEXE III- Grille d’entretien pour les sociétés exportatrices ANNEXE IV- Décret relatif à la collecte des produits locaux ANNEXE V- Exemple de croquis d’une exploitation en zone forestière ANNEXE VI- Structure d’un carnet de vente

4 INTRODUCTION

Dans la littérature et les études portant sur la déforestation, les facteurs identifiés comme déterminants sont essentiellement l’agriculture de subsistance ou l’exploitation en vue de la transformation des ligneux en charbon ou en bois d’œuvre. Selon les statistiques officielles, la ressource forestière disponible (forêt naturelle et reboisements) aurait régressé durant ces 15 dernières années à un rythme annuel de 200000 à 300000ha à cause de défrichements, de feux de forêts de l’exploitation inconsidérée des forêts pour les besoins de la construction et l’ameublement mais aussi et surtout pour la satisfaction des besoins énergétiques (RAMAMONJISOA, 1993). Le défrichement pour le riz de tavy, est la principale menace pour la forêt de l’Est, dans le Sud c’est la fabrication de charbon et à l’Ouest c’est le feu pour le pâturage des animaux (GALLEGOS, 1997). L’agriculture de rente représente-t-elle une variable significative pour expliquer la déforestation ? Plus spécifiquement, peut-on établir une relation entre les prix des cultures de rente, la variation de l’offre et le rythme de déforestation dans une zone « pionnière » (où il existe une réserve de zones forestières exploitables) ?

Cette question se pose avec acuité dans le cas de la partie de la Réserve spéciale de Manongarivo, située dans la partie Nord Ouest de Madagascar, qui jouxte la vallée du Sambirano, une des plus importantes régions de production de café et cacao de Madagascar.

La réponse à ces interrogations est importante car l’orientation des interventions en matière de conservation pourrait en dépendre. Pour une action plus efficace dans la planification des diverses actions de conservation, un bon diagnostic est nécessaire.

Il est évident que de nombreux facteurs interviennent dans la relation entre l’économie de rente et la déforestation : intermédiaires économiques, agences gouvernementales, structures sociales, structure de la propriété foncière, migrations …

Nous avons alors entrepris l'étude des filières de ces deux produits agricoles. Elle s'intitule : " La zone périphérique Nord Est de la réserve spéciale de Manongarivo

5 et la filière café et cacao". L’objectif de cette étude est exactement d’identifier ces facteurs et d’en démêler les interactions.

Il faut cependant noter que notre étude s’inscrit dans un programme de recherche plus vaste, celui du Projet Ecologie politique et Biodiversité (subside 5001-44784 du Fonds national suisse pour la recherche scientifique). Un des objectifs de ce projet de recherche environnemental est de contribuer à développer une méthode, pratique et reproductible, d’utilisation des ressources de la biodiversité qui lie la conservation au respect des conditions sociales et économiques locales et nationales. Il va donc de soi que notre étude se déroule en parallèle avec d’autres travaux de recherche qui lui sont complémentaires.

Nous nous limiterons donc aux objectifs suivants :

- de décrire des filières café et cacao dans cette partie du Haut Sambirano

- d'analyser l’influence des variations des prix des produits de rente sur le rythme de déforestation à partir d’une étude de corrélation.

Cette étude comprend cinq parties :

• la première partie est consacrée à la présentation de la zone d’étude. Après la localisation de la zone d’étude, nous avons décrit les caractéristiques physiques du milieu pour situer le cadre naturel de l’étude, cela est suivi de la présentation du milieu humain et des activités économiques de la région.

• La méthodologie adoptée est développée dans la seconde partie. Nous présentons dans cette partie les indicateurs et les modes de vérification des hypothèses de recherche constitués notamment par une étude de filière, associée à des observations des pratiques et des mécanismes d’installation des cultures en zone forestière.

• En troisième lieu sont présentés les résultats de l’analyse de filière et l’étude de corrélation entre le prix et l’extension des cultures. Les acteurs et leurs rôles ainsi que les impacts de la filière constituent l’essentiel de cette partie.

• En quatrième partie sont énoncés les points forts et les handicaps de la filière.

• Enfin, des propositions visant une amélioration de la filière au niveau de la zone d’étude afin d’avoir une meilleure gestion des ressources seront émises dans la dernière partie. traite les filières café et cacao dans la zone d'étude. Enfin, les

6 handicaps de la filière ainsi que des propositions d'amélioration seront émises dans la troisième partie.

7 I- PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

I-1- Localisation

I.1.1- Situation géographique

L'étude a été conduite dans le Haut Sambirano, dans la zone périphérique Nord Est de la Réserve Spéciale de Manongarivo qui est située entre 13°53' et 14°07' latitude sud et 48°13' et 48°32' de longitude Nord. La zone d'étude est centrée particulièrement dans la commune d'Ambohimarina sur la rive gauche du Sambirano, à une quarantaine de kilomètres au sud Est d'Ambanja sur la route inter provinciale N°13.

I.1.2- Les sites d'étude et leur situation administrative Compte tenu du rapport de reconnaissance effectué par l'équipe EPB en mai 1998, deux sur les quatre fokontany de la commune rurale d'Ambohimarina ont été choisis comme zone principale d'étude : les fokontany d'Ambohimarina et Antanambao. Ce choix repose sur le fait que ce sont principalement les habitants de ces deux fokontany qui exploitent dans la zone forestière en bordure et à l'intérieur de la réserve. Pour les besoins de cette étude, les zones habitées dans la forêt : , Befalafa et Bemahaleny ont été intégrés dans notre zone d'étude. Du point de vue administratif, ces trois localités : Bemahaleny, Befalafa et Anketrakabe, ont été définis comme des cantonnements reliés directement à la commune rurale d'Ambohimarina. Cette dernière fait partie du Fivondronana d'Ambanja de la province d'.

I.2 - Milieu physique

I.2.1-Topographie Les chefs lieu des fokontany Ambohimarina et Antanambao se situent dans la plaine du Sambirano et présentent une pente faible. D'après la carte des pentes, les zones directement en bordure de la réserve spéciale de Manongarivo ont des pentes supérieures à 10%. Les pentes deviennent de plus en plus fortes en entrant à l'intérieur de la forêt. Manongarivo est un gros massif montagneux de 20km de long sur 10 à 15km de large culminant à 1876m, il représente le contrefort Nord occidental de la zone de montagnes centrales du Nord de l'île. Il est connecté au massif de Tsaratanana par une crête d'altitude toujours supérieure à 1000m qui constitue la limite des bassins versants du Sambirano et de la Sandrakota (GAUTIER et al., 1997).

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9 I.2.2- Sol D'après TERCINIER (1953), dans cette partie du Haut Sambirano sur les fortes pentes, on a du gneiss squelettique à la limite sud ouest de la plaine, latérite sur grès de l'Isalo au Nord, latérites sur roche cristalline à la limite nord ouest de la zone alluviale et sous forme de massifs plus ou moins isolés au centre et au sud. Sur les plaines de la rive gauche du Sambirano, les colluvions de bas de pente prédominent. Il y a les colluvions provenant de gneiss qui, malgré leur texture sableuse ou même graveleuse, peuvent fournir grâce aux minéraux en voie de décomposition qu'ils contiennent des sols fréquemment bien pourvus en matière organique. Le long de la rivière Ambahatra par contre sont présents des alluvions et colluvions mélangées.

Les alluvions du Sambirano présentent des caractéristiques minérales remarquables avec une capacité d'échange (CE) élevé, CAS bien saturé, chaux et magnésie surabondantes, potassium déplaçable convenable, seul le phosphore est un peu faible ; en somme, il s'agit d'un sol très riche.

Les caféiers Robusta et Kouilou plantés dans cette zone se plaisent particulièrement dans les sols limoneux profonds et frais, relativement bien drainés, modérément acides et riches en potassium et en matière azotée. C'est encore sur les alluvions proprement dites du Sambirano qu'ils viennent le mieux. Le cacaoyer est assez sensible aux mauvaises conditions de drainage. L'évolution pédologique rend quelque peu dangereux l'établissement de plantations caféières sur ces plaines. En effet actuellement, vu la couverture végétale, la conduite de la culture et la fréquence des inondations dans cette zone, les éléments minéraux sont lessivés ce qui se répercute sur la production.

La figure suivante montre les caractéristiques pédologiques de la zone d'étude, la plaine en particulier.

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11 I.2.3- Climat Le climat du Sambirano est de type tropical chaud et humide. Les données de la station d'Ambanja montrent les caractéristiques du domaine climatique du Sambirano.

Tableau1: Normales de température (°C) : moyenne de 1951-1980 pour la station d'Ambanja

Mois Janv. Fév. Mars AvrilMai Juin Juill. Août Sept Oct. Nov.Déc.

T° min. 22,1 22,3 22,4 21,8 20,4 18,4 17,4 17,2 18,8 20,4 21,7 22,2

T°max 31,5 31,6 31,9 32,1 31,7 30,6 30,5 30,9 31,6 32,6 32,3 32,1

moyennes 26,8 27 27,2 27 26 24,5 23,9 24 25,2 26,5 27 27,1

Source : Service de la météorologie d’Ampandrianomby

Tableau2: Précipitations (mm) moyenne de 1951 - 1980 pour la station d'Ambanja

Mois J F M A M J J A S O N D

P (mm) 513,8 441,4 283,5 1467 47,7 27,9 29,6 29,7 36,7 67,4 162,4 308,6

Nb jours 20 19 16 11 4 4 5 5 5 6 11 17

Source : Service de la météorologie d’Ampandrianomby

Tableau3: Humidité relative (en %) moyenne de 1951-1980 dans la station d'Ambanja

Mois J F M A M J J A S O N D Moyenne/an

Normale 81,6 81,6 81,6 80,1 78,8 77,7 73,6 72,1 70,6 71,2 75,8 79,4 77,06

Source: Service de la météorologie Ampandrianomby

Les moyennes de température et de précipitations de 1951 à 1980 nous donne la courbe ombrothermique suivante :

12 T° P 300 600 280 260 240 500 220 200 400 180 160 140 300 120 100 200 80 60 40 100 20 0 0

bre rier Juin Août o év Avril Oct F Décembre Mois

T° moyenne Pluie

Figure1 : Courbe ombrothermique d’Ambanja

D'après cette courbe, on distingue dans cette zone deux saisons bien distinctes :

- la saison chaude et sèche, de juin à mi-octobre, correspondant à la période où la courbe ombrique est au-dessous de la courbe thermique et

- une saison chaude et pluvieuse qui va de mi-octobre au mois de mai.

Avec des totaux pluviométriques compris entre 1500mm et 2000mm, la région est bien arrosée, mais la présence ou l'absence d'une saison sèche marquée durant laquelle les réserves en eau du sol sont épuisées joue un rôle fondamental. En effet, le cacao par exemple ne supporte pas une saison sèche prolongée. Seulement, malgré une saison sèche assez nette, la forêt humide se maintient dans la zone car la présence de la nappe phréatique à quelques mètres au-dessous des sols argilo-sableux permettent une alimentation en eau correcte durant la saison théoriquement sèche.

L'humidité atmosphérique moyenne annuelle est de 77,68% à Ambanja, ce qui est assez élevé. Ceci constitue un point commun avec la côte est et différencie la région d'Ambanja du domaine occidentale (DONQUE 1971). A part les facteurs pédologiques, cette particularité du climat, la présence à Ambanja d’un port d’embarquement et la présence des sociétés exportatrices expliquent que c'est la seule zone du pays où la culture du cacao a été effectivement développée.

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14 I.2.4- Hydrographie La plaine est principalement arrosée par le fleuve Sambirano. La partie Nord-est du massif est tributaire de l'Ambahatra, affluent du Sambirano. Les fokontany d'Ambohimarina et d’Antanambao se trouvent ainsi entourés par ces deux rivières. Comme le montre la carte hydrographique de Manongarivo, plusieurs autres affluents sont rencontrés à mesure que l'on rentre dans la zone forestière. Cette zone est riche en eau, si bien que pendant la saison des pluies, plusieurs rizières et plantations de cacao se trouvent inondées.

I.2.5- Végétation La Réserve spéciale de Manongarivo s'étend dans la zone de végétation du Sambirano, une zone avec un endémisme marqué et considéré parmi les plus riches du point de vue floristique (GUILLAUMET, 1984). Manongarivo est une forêt humide à caractère ombrophile. La photo satellite de 1998 montre une couverture forestière encore assez dense. Toutefois, la présence des savoka et forêt secondaire témoigne le passage de l'homme et la dégradation progressive de la zone forestière. Actuellement, entre 50m et 200m d'altitude, la plupart des forêts sont dégradées. La bordure de la forêt se caractérise même par des étendues de formations graminéenne ou des savoka à Harungana madagascariensis remplaçant la forêt primaire (G. ROSSI, 1976). En plaine, la végétation est dominée par les caféiers et cacaoyers sous ombrage d'albizzia et d'Inga dulcis.

I.3 - Le milieu humain La population est cosmopolite. En effet, elle se compose de Sakalava et de migrants venant de plusieurs régions de Madagascar.

Les Sakalava sont éleveurs et riziculteurs par tradition. Ils représentent la majorité des propriétaires des terres en plaine.

L'attraction des immigrés vers cette région résulte des facilités d'emploi créées par la présence des compagnies européennes et de la fertilité du sol (RAKOTOMAHARO, 1978). Les anciens colons européens ont fait appel à la main d'œuvre du Sud : Antandroy, Antaisaka et Antaimoro entre autres. C'est ainsi qu'actuellement dans le fokontany d'Antanambao par exemple, ils occupent les

15 anciennes terres des colons (dans les hameaux de Mahasoa et Betangoaka). Les Tsimihety venus de régions environnantes : Antsohihy, Port Bergé et Bealanana, sont attirés par la richesse du sol.

En 1998, d’après l’entretien avec les responsables des Fokontany d’Ambohimarina et d’Antanambao : avec respectivement un effectif total de 849 et 1241, la population autochtone représente les 70% des habitants de ces deux Fokontany.

Tableau 4 : Données démographiques pour Antanambao et Ambohimarina

Ambohimarina Antanambao Age Masculin féminin Masculin Féminin 0-5 ans 81 71 107 116 6-17 ans 188 157 240 261 18-59 ans 156 148 214 247 60 ans et + 32 16 34 22 Total 457 392 595 646 Source: Commune rurale Ambohimarina, 1998

La population d’Ambohimarina et Antanambao est jeune. Elle présente également une grande proportion de population active : 38% et l'on peut dire que le problème de main d'oeuvre ne se pose pas dans ce cas. En ce qui concerne les exploitants de la zone forestière, 20% sont des immigrants venus des régions environnantes, selon la liste détenue par les responsables de ces cantonnements. D'après les responsables de la mairie, une affluence de migrants temporaires est observée pendant la période de semis du riz de tavy, ces immigrants repartent après la récolte et reviennent à la prochaine campagne. Ces derniers ne sont pas recensés.

La famille regroupant les parents et leurs descendances, jusqu’aux petits enfants est l'unité de base dans l'organisation sociale. En général, ceux qui disposent des terrains contigus ont un lien de parenté. Les anciens ; ceux qui ont créé le village, sont très influents dans la société. En effet, Ils sont consultés et écoutés dans les règlements de litiges et toute prise de décision au village au même titre que le président du comité local de sécurité (CLS) et le Maire de la commune.

Des formes d’entraide existent pour les travaux agricoles notamment la récolte du riz : d’abord, il y a le « soro-kariva » lors duquel voisins et parents offrent leur aide pour un après-midi contre du rhum ou du betsa. Ensuite il y a le « tambirô », dans ce cas

16 l’entraide dure une journée et le repas est à la charge de celui qui a demandé de l’aide (BOUTEMY, 1985)

I.4 - Economie Comme dans tout le Haut Sambirano, l'agriculture est le pilier de l'économie de notre zone d'étude. Les cultures riches héritées des compagnies coloniales, le cacao et le café, ont pris une large place dans cette économie. Les rizières bordent le Sambirano, ce qui témoigne de l'importance accordée au riz malgré la pratique importante de cultures commerciales.

Les chiffres montrant la production agricole dans la sous préfecture d'Ambanja décrit bien la répartition de la production agricole dans notre zone d'étude.

Tableau 5 : Production agricole dans la sous-préfecture d’Ambanja (1998)

Produit Superficie (Ha) Production (tonne)

Café 7539 2472

Cacao 5308 3999

Poivre 554 222

Vanille 351 78

Riz 12925 19766

Manioc 904 5261

Patate douce 427 1359

Maïs 775 303

Arachide 23 10

Source: Annuaire des statistiques agricoles, Ministère de l’agriculture 1998

Après le riz, le café et ensuite le cacao occupent les plus vastes superficies cultivées. Ces trois cultures sont à la base de l'économie de notre zone d'étude. Le cacao d'Ambanja représente 90% de la production nationale.

L'élevage bovin est présent mais à petite échelle. Avec un cheptel d’environ 220 bovins dans le fokontany d'Antanambao, on peut dire que l'élevage n'y tient plus une grande place contrairement à jadis où Antanambao disposait les prairies d'Ambohimarina pour faire pâturer leurs animaux. Actuellement les grands propriétaires

17 bovins doivent envoyer leur troupeau à Sandrakota. Les bœufs servent surtout comme animaux de trait pour les charrettes ; principal moyen de transport dans les villages et à l'occasion pour les charrues.

Le succès des cultures cacaoyère et caféière dan cette zone du Haut Sambirano est donc dû à différents facteurs favorables. Tout d’abord, ces cultures se trouvent dans une région dont le climat convient éminemment à ces plantes introduites et disposant du moins au tout début des plaines favorable à leurs cultures. En outre, située assez proche d’Ambanja, notre zone d’étude dispose d’un grand atout pour la commercialisation. De plus, le café et le cacao entre autres produits d’exportation dans cette partie nord-ouest de Madagascar ont entraîné l’afflux d’une population à l’esprit pionnier désirant à tout prix profiter de ces produits qui se vendent facilement. Seulement, les conditions du milieu commencent à changer à cause de la destruction progressive de la forêt qui maintient ces conditions particulières.

18 II- Méthodologie

2.1- Problématique Devant la menace accrue d'un épuisement progressif des ressources naturelles, l'environnement acquiert une place de choix parmi les priorités nationales. Cette situation prévaut à la constitution d'aires protégées, qui, du fait même de la dénomination, deviennent inaccessible à tout type d'exploitation. Mais pour les populations des zones périphériques à ces sites, la réalité est tout autre : les problèmes de production, de terrain de culture, de nourriture ; de survie l'emportent le plus souvent sur les considérations environnementales. De fortes pressions destructrices s'exercent alors sur ces aires protégées (Abel RATOVO, juillet 1996). Un exemple parmi tant d'autres est le cas de la Réserve Spéciale de Manongarivo.

Comme il a été énoncé dans la paragraphe de transition, la Réserve spéciale de Manongarivo a un rôle important car elle est le garant de la stabilité du climat chaud et humide qui permet à la région du Sambirano sa spécialisation dans les cultures de rente devenues principales ressources des habitants.

Dans le delta et le fossé du Sambirano, la végétation naturelle a presque entièrement disparu au profit des cultures, essentiellement le café et le cacao ( G. ROSSI, 1976). La tendance actuelle des agriculteurs dans cette zone périphérique de la Réserve est l’extension de la culture dans la forêt. La ressource forestière s’en trouve menacée car la pression est de plus en plus forte. La forêt de Manongarivo a reculé de 4km en moyenne le long de la limite ouest. Avec le riz de tavy, le café et le cacao sont parmi les cultures dont la pratique menace la réserve (NICOLL et LANGRAND, 1989).

La déforestation ne peut pas être stoppée par des mesures de conservation uniquement. Concilier les impératifs de protection avec les intérêts de la population figure d’ailleurs parmi les objectifs des organismes de conservation. Mais pour ce faire, il faudrait envisager un changement profond des systèmes de production.

Il est nécessaire de connaître les causes du problème : quel est réellement le facteur incitateur à l’extension des cultures caféières et cacaoyères en zone forestière ? Comme le marché est un facteur susceptible d'inciter des modifications dans l'utilisation des terres (B. GHIMIRE, 1993), il est justifié de faire une étude des filières de ces deux principaux produits et analyser ainsi les stratégies des différents acteurs impliqués dans la dynamique socio-économique de ces filières. Notre étude permettra de savoir alors

19 comment est organisée la filière de ces deux produits dans la région pour pousser les premiers acteurs à défricher même en forêt ?

2.2-Hypothèses Pour répondre à ces questions dans la problématique, nous posons les hypothèses de recherche suivantes :

- L'extension des défrichements pour la culture de café et cacao est fonction de la variation du prix de ces deux produits. Cette hypothèse repose d’une part sur la thèse traditionnelle selon laquelle l’offre agricole réagit, toujours et dans toutes circonstances, favorablement aux hausses des prix de vente et d’autre part, dans les pays en développement comme Madagascar, des théories économiques supposent qu'il y a bien des liens entre le marché et la dégradation de la ressource ( D. PEARCE, R. TURNER, 1990). Dans le cas d’une hausse de prix, une extension est donc envisageable et cela en zone forestière car selon la carte d’occupation du sol et selon la reconnaissance que nous avions effectué, en plaine, les terrains de cultures sont devenus rares.

La seconde hypothèse porte sur l’organisation de la filière. Il n’est plus à démontrer l’effet de la pauvreté sur la dégradation des ressources naturelles et dans notre zone d’étude, la déforestation est constatée. A Madagascar, les résultats de nombreuses études classent les régions disposant des cultures d'exportation comme notre zone d'étude parmi les plus riches de l'île. Nous avons constaté également la présence de différents collecteurs dans cette zone, il serait possible alors que les producteurs ne profitent pas des véritables bénéfices procurées par ces cultures au profit des différents intermédiaires. C’est ainsi que nous arrivons alors à la deuxième hypothèse :

- Dans cette zone, le système de collecte actuelle favorise principalement les intermédiaires. En raison de l'insuffisance des moyens de communication et de transports, les paysans malgaches sont à la merci des collecteurs et intermédiaires de tous genres... qui les exploitent au moyen de pratiques frauduleuses, dont l'usure, et accaparent le surplus que pourrait engendrer toute augmentation agricole (R.ANDRIAMBELOMIADANA, 1996).

20 2.3- Méthodologie proprement dite La vérification de ces hypothèses nécessite la combinaison de plusieurs techniques de collecte de données. En effet, Il y a plusieurs techniques possibles pour les études socio-économiques en milieu rural malgache. Le choix de la méthode dépend d'une part des questions principales qui doivent être traitées et d'autre part, du contexte existant dans la zone d'étude.

D’après les hypothèses énoncées précédemment, nous avons formulé le cadre d’analyse suivant :

Variables Indicateurs Mode de vérification

- Extension des cultures - Evolution de la superficie de - Comparaison sur carte pour deux l’exploitation au cours de périodes différentes plusieurs années - Enquête sur l’évolution de la - Augmentation du nombre de superficie cultivée : année de paysans cultivant le café et le plantation ou de conversion en cacao une autre culture pérenne

-Prix -Prix au producteur - Statistiques des prix des produits agricoles

- Relevés des prix sur le marché local

- Enquête sur le prix des produits

- Consultation de carnets de vente

- Système de collecte - relation entre les acteurs - Entretiens sur le rôle des acteurs

- Répartition des rôles - Observation directe

- Circuit de commercialisation

- Faveur des intermédiaires - marges obtenue par chacun des acteurs - Répartition des bénéfices du commerce des produits - Autres bénéfices non de rente monétarisés

Notre démarche a comporté deux phases : la phase préparatoire et la collecte de données.

21 2.3.1- Phase préparatoire Après la détermination du thème de recherche, une étude bibliographique a été faite pour voir l'état de connaissance sur le thème et sur la zone. Cela nous a donné une vue générale sur la problématique. Pour avoir des données actuelles spécifiques aux filières café et cacao dans la zone, des travaux de terrain ont été nécessaires. En effet, quatre descentes sur terrain ont été faites aux mois de juin 1998, août 1998, octobre 1998 et juin 1999.

Les deux premières descentes font partie de la phase préparatoire. Elles ont consisté en une prise de contact avec le milieu d'étude et une reconnaissance pour établir la méthode de collecte de données.

Lors de la phase préparatoire, l'objectif a été de préciser le contexte général du milieu d'étude. Ainsi, des observations directes consistant en des tours de zone ont été faites pour nous rendre compte de l'extension actuelle de l'incursion des cultures et des modes de collecte des produits de rente. La plaine est dominée par la riziculture irriguée d'une part et les plantations de café et cacao d'autre part. Le riz pluvial de tavy suivi du café et cacao sont les principaux produits agricoles dans la zone forestière en bordure et à l'intérieur de la réserve. C'est pourquoi nous avons décidé d'inclure dans notre site d'étude (pour la collecte de données) les différents cantonnements dans la zone forestière autour des fokontany d'Ambohimarina et Antanambao.

Les contacts avec les personnes ressources, sous forme d'interviews non structurées, nous ont aidé à définir les contours de la filière et les différents acteurs de la filière. Cela nous a donné une typologie générale des producteurs et les différentes catégories de collecteurs dans la zone. Comme personnes ressources, nous avons : les Ray aman-dReny des villages, le Maire de la commune, les PCLS (Président du comité local de sécurité) et vice-PCLS ainsi que les instituteurs de l'école primaire publique. D'après les entretiens avec ces personnes ressources, il y a deux classes de collecteurs : les grands collecteurs et les sous-collecteurs, de même les producteurs ont été classés en grands et petits producteurs selon qu'ils avaient plus de 1000 pieds de caféiers ou cacaoyers ou non. C'est à partir de ces données générales que nous avons établi une première stratification pour la collecte des données. Après ces entretiens, nous avons identifié les personnes ayant un rôle clef dans ces filières : les grands collecteurs, et des sous-collecteurs ainsi que les compagnies travaillant dans la zone. Notons cependant que, vu l'éloignement de la zone d'étude et le temps à notre disposition, pour les quatre

22 descentes, nous avons essayé de recueillir les données spécifiques à chaque période de descente (prix, rendement, frais de transport...).

2.3.2- Collecte de données 2.3.2.1) Analyse de l’influence des variations des prix des produits de rente sur le rythme de l’extension des cultures en zone forestière

a) Evaluation de l’extension des cultures de café et cacao

Pour cela, on peut procéder à un inventaire à deux périodes différentes des superficies couvertes par le cacao et le café en zone forestière. Cela donnerait alors un résultat exhaustif sur l’état de la ressource. Cela demande cependant du temps vu que les exploitations en zone forestière sont assez éloignées les unes des autres.

Dans la littérature, plusieurs méthodes d'approche sont actuellement proposées. Elles sont basées notamment sur des observations.

En effet, l'étude diachronique de l'évolution de l'espace alloué à une culture peut se faire actuellement en utilisant des outils tels que :

** Photographie aérienne et cartographie

Les photographies aériennes permettent de visualiser la structure globale d'une zone d'étude ou d'un espace donné. L'étude comparative de photographies prises à différentes dates permet d'apprécier la dynamique évolutive. Dans le domaine social, la photographie aérienne peut aider à réaliser les principales observations concernant :

- la dynamique des types d'espace ;

- la modification des infrastructures ;

- la délimitation des terroirs et leur évolution.

Lorsque les prises de vue sont disponibles, leur utilisation est relativement facile et permet de recueillir toute une gamme de données descriptives sur les activités des acteurs, sans toutefois expliquer les raisons du changement des activités et des faits socio-économiques observés (Cahiers Terre – Tany N°1). Cette méthode présente l’avantage de couvrir toute la zone d’étude et d’être assez précise sur les données fournies.

** Les photos aériennes sur la zone de Manongarivo existantes datent de 1992 et, à part cela des images satellites de 1987, 1993, 1995 et 1998 sont disponibles.

23 Seulement elles ne permettent pas de distinguer les plantations de café ou cacao des surfaces arborées non cultivées. Les classes déterminées jusqu'à maintenant pour ces photos ne le permettent pas encore étant donné que se sont des cultures de sous-bois.

** Pour notre part, nous avons établi un guide d'entretien (cf. subsidiaire annexe 1) qui permet de retracer l'historique des exploitations agricoles en zone forestière visitées et en particulier de déterminer l'année d'installation des caféières et cacaoyères et des extensions futures prévues par l'exploitant, les circonstances de leur installation en zone forestière et le choix de la dynamique du système de production adopté.

Pour aider à la compréhension de l’évolution de l’exploitation, un dessin participatif de l'évolution de l'exploitation des parcelles en zone forestière a été fait avec des exploitants. Selon l'indication des paysans, l'évolution de l'exploitation a été dessinée : les différentes parcelles exploitées avec les types de cultures dessus, les habitations (exemple en annexe V). Cela a été complété par une observation directe des parcelles pour le recoupement des informations recueillies.

Pour cela, nous n'avions pas établi un échantillonnage mais nous nous sommes efforcés de visiter le maximum de campement possible. Nous avions alors pu nous entretenir avec 10 exploitants qui disposent tous de plantations de café ou cacao à Anketrakabe, Befalafa et Bemahaleny c’est à dire en zone forestière.

Les informations concernant l’extension des exploitations ont été ensuite corrélées avec l’évolution des prix des produits pour la vérification de la première hypothèse.

b) Prix des produits

Pour avoir des données concernant le prix du café et cacao, nous avons fait des enquêtes auprès des producteurs et des collecteurs. De même, des relevés de prix ont été effectués lors des jours de marché dans les deux villages. Il s’agit ici principalement du prix au producteur pour pouvoir expliquer les stratégies des producteurs.

Les carnets de vente ont servi pour recouper ces informations et surtout pour suivre l’évolution pendant différentes périodes de l’année notamment pour le cacao qui se vend tout le long de l’année. La structure d’un carnet de vente est présenté en annexe VI.

24 Des données statistiques ont été recueillies également pour les prix à l’exportation.

2.3.2.2) Diagnostic du système de collecte des produits

Pour la vérification de l'hypothèse relative au système de collecte, il y a la méthode de l'analyse par approche filière. Le concept de filière exprime en terme économique le cheminement de produit de l'amont vers l'aval, selon des étapes techniques ou technologiques donnant lieu à chaque fois des interventions d'agents ou d'acteurs économiques. Pierre FABRE et al. (1997) proposent ces quelques points de repères permettant de situer le champ des analyses de filière :

* Les techniques qui jalonnent la production et les transformations successives du produit- flux matériels, procédés - dans un environnement naturel et économique donné.

* L'organisation de la filière et, en particulier, les institutions et les règles de fonctionnement dont elle se dote, sans oublier l'origine et la circulation des capitaux.

* Les coûts à tous les niveaux de la filière : ressources mises à contribution, coût global du produit final.

* Le prix du produit final et la capacité de la filière : ressources mises à contribution, coût global du produit final.

* Le prix du produit et la capacité de la filière à influer sur la formation du prix : structure de l'offre et de la demande, taux de change, organisation de marché.

* La dynamique des relations de toute nature, y compris les échanges d'informations entre les agents et les interactions entre ces relations.

* L'articulation entre les activités des agents à l'intérieur et à l'extérieur de la filière, en particulier pour les paysans.

* L'insertion spatiale des filières : géographie des flux, ressources naturelles, infrastructures économiques, bassins de production.

Chacun de ces points de repère constitue une catégorie d'analyse propre, demandant l'emploi d'outils méthodologiques particuliers. L'approche filière peut se faire de deux façons :

25 - l'utilisation de données statistiques existantes qui ne demandent pas trop de temps mais présente l’inconvénient d’être peu fiable et limité du point de vue informations concernant par exemple l’aspect social et interrelation entre acteurs, et/ ou

- investigation empirique par enquête au niveau de chaque acteur qui permet cependant une meilleure compréhension des réalités commerciales locales (ANDRIAMIHAJA R., 1998).

A cause de l'insuffisance des données statistiques notamment concernant les prix au producteurs, le manque de données sur les marges bénéficiaires des différents acteurs et pour avoir plus de fiabilité dans les données produites, nous avons procédé par des entretiens auprès des différents acteurs de la filière pour voir l'organisation de ces filières. L'étude a été menée sur un ensemble regroupant des producteurs des fokontany d'Antanambao et Ambohimarina. Les entretiens ont été réalisés auprès des opérateurs économiques et des enquêtes stratifiées auprès des producteurs.

a) Identification des acteurs et du flux de produits

Pour l'identification des flux et des opérations, nous avons suivi le produit en aval au travers des divers circuits de commercialisation et divers stades de transformation jusqu'aux marchés de réalisation. Les différents flux des produits ont été estimés par des pesées faites soit au champ pour les exploitations particulières soit lors des ventes aux collecteurs. Le suivi de la productivité est ponctuel et cela ne donne pas d'une manière précise la production effective d'une plantation notamment pour le cacao qui produit petit à petit tout au long de l'année. Nous avons alors dû recouper plusieurs informations issues des entretiens auprès des producteurs et collecteurs, des carnets de vente avec l'estimation théorique issus de l'extrapolation des données lors des pesées.

L'absence de documents de base sur la population des deux fokontany était un problème pour nous. C'est pourquoi, nous avons eu recours aux personnes ressources dans la filière c'est à dire les grands collecteurs et les responsables des sociétés qui opèrent dans la zone. En effet, cette méthode permet d'obtenir rapidement des informations précises et d'appréhender les composantes socioculturelles et économiques de la société ainsi que la compréhension et l'explication des activités et des stratégies paysannes (Cahiers Terre-Tany n°1). Des entretiens non structuré ont alors été faits auprès des sous-collecteurs et collecteurs aux villages. De même, nous avons pris

26 contact avec les opérateurs économiques de la zone d'étude, les sociétés exportatrices d'Ambanja qui ont été identifiées lors des phases de reconnaissance.

b) Stratification des producteurs

Pour les producteurs, le premier critère de stratification a été la disposition de plantation de caféiers ou cacaoyers. Des discussions avec des représentants des sociétés présents sur place lors de la d'information nous a permis de formuler une stratification des producteurs. En effet, dans la zone, sur une surface donnée le nombre de pieds de café ou cacao diffère grandement selon la superficie dont les producteurs disposent, dans le cas où ils disposeraient de grandes surfaces, ils gardent la distance entre pieds de 4 mètres pour les cacaoyers et 3m pour les caféiers, tandis que pour ceux qui en ont moins la densité des plants sera élevée. Pour avoir une typologie, nous avons classé les producteurs d'après la superficie de caféiers ou cacaoyers à leur disposition. Nous avons distingué trois classes de producteurs :

* les petits producteurs : ceux qui disposent une superficie cacaoyère ou caféière comprise entre 0,01ha et 0,5ha.

* Producteurs moyens : avec une superficie comprise entre 0,51ha et 2ha.

* Les grands producteurs : ayant des cacaoyères plus de 2,01ha

Les distinguer de cette façon permet de montrer effectivement leur potentialité de production et de ce fait leur revenu. Nous avons essayé autant que possible de représenter les trois catégories de producteurs dans notre échantillon pour la collecte de données. Pour chaque catégorie de producteurs, nous avons travaillé auprès des producteurs disposés à ce que leur production soit estimée soit au champ soit aux collecteurs. Ainsi, en plaine le nombre de ménages consultés se répartissent comme suit :

Nombre de ménages consultés Grands producteurs 5 Producteurs moyens 18 Petits producteurs 7

27

Les enquêtes réalisées ont été axées sur l'exploitation, les ménages et leurs membres. Elles ont été formalisées par des entretiens semi-directifs individuels pour obtenir les données générales sur l'environnement socio-économique de la production de café et cacao. Cependant, pour les données chiffrées tels que la production ou la fréquence de vente, les différentes charges de production, nous avons établi un questionnaire ( cf. annexe I et II). A part les exploitants dans la zone forestière et les personnes ressources, 30 ménages de producteurs, 10 collecteurs dont deux grands collecteurs ont été consultés.

c) Evaluation des faveurs des intermédiaires

Le bénéfice des différents acteurs dans la filière peut être sous forme monétaire ou non. L’analyse du rôle de chacun des acteurs par l’approche filière nous a aidés à avoir les informations relatives à cela. Pour apprécier ces faveurs, nous avions pris en compte le revenu monétaire obtenu à chaque opération de vente et également les facilités qu’un échange pourrait entraîner : possibilité de crédit, protection, accès à d’autres services : électricité, travail au sein d’une exploitation…

L'étude bibliographique a continué tout au long de la recherche. Nous avons consulté différents centres de documentation tels que la bibliothèque de l'ESSA, le CIC de l'ESSA Forêts, la bibliothèque nationale, CITE, CIDST, CIRAD, documentation du Ministère de l'Agriculture à Antananarivo ainsi que la documentation de la FOFIFA et CIRAGRI Ambanja.

28 Le schéma ci-après montre le cheminement méthodologique suivi.

THEME DE RECHERCHE

BIBLIOGRAPHIE

Problématique

RECONNAISSANCE Personnes ressources Acteurs filière et catégories Indicateurs Guide d’entretien Ajusteme

COLLECTE DE DONNEES

ENTRETIENS auprès des RELEVES DES PRIX SUIVI DES PRODUITS Producteurs Collecteurs Compagnies Visites de parcelles de production

différents circuits formation des prix Stratégie des producteurs BIBLIOGRAPHIE

TRAITEMENT DES

Description des filières / circuits Analyse des blocages et impacts sur la Réserve spéciale

Figure 2 : Schéma du cheminement méthodologique

29 2.4- Limites et avantages de la méthode L'étude que nous avons réalisée décrit les réalités sur une partie de la zone périphérique de la réserve spéciale de Manongarivo et en partie dans les zones habitées de la Réserve.

Lors de la conduite de cette étude, nous avons rencontré quelques limites méthodologiques. La première est reliée à l’absence de données de base sur le milieu d’étude et ses habitants.

La réticence de certaines personnes à répondre à nos questions, notamment les exploitants en zone forestière a limité les données obtenues. En effet, plusieurs descentes des représentants de l’ORGASYS ; l’organisme gestionnaire de la réserve au moment de l’étude, ont eu lieu peu de temps avant notre passage et il a fallu alors une période de mise en confiance avant de pouvoir travailler. La vue de personnes entrer dans la réserve et poser des questions quelqu’en soit l’objet éveille la méfiance des exploitants dans la forêt car ils craignent d’être expulsés de leurs campement.

Une autre limite de l’étude se situe au niveau de la quantification exacte des espaces mises en cultures. A part le fait que l’on n’a pas pu évaluer sur carte l’évolution des parcelles caféières et cacaoyères, du fait que ce soient des cultures de sous-bois, l’accès aux différentes parcelles mises en cultures pour une mesure et surtout la répartition dans les parcelles d’une exploitation est assez difficile dans la zone forestière. Il est vrai que nous avions identifié la stratégie générale adoptée pour l’installation des cultures en zone forestière ; la succession de la plantation caféière au tavy et la proportion moyenne allouée aux cultures de rente au bout de 2 à 3 ans. Cependant, ce n’est pas suffisant pour avoir des précisions sur le rythme de l’extension des cultures de rente. Cela nous a amené à effectuer des enquêtes socio-économiques et des compilations des données disponibles. Ceci explique que nous n’ayons pu voir l’évolution de la déforestation que pour les grandes périodes de l’économies malgache.

Concentrés sur la problématique du café, du cacao et la réserve, nous n’avons mentionné que superficiellement les conditions de vie dans les villages ainsi que les majeurs extérieurs à cela. Cela fait partie d’une des limites de l’approche filière liées à la linéarité à laquelle nous avons essayé de remédier en prenant en compte chaque segment de la filière dans son environnement, de repérer les contraintes subies et les effets induits. Et d’un autre côté, nous tenons à rappeler que cette étude a été effectuée dans le cadre d’un projet programmant des recherches pluridisciplinaires.

30 Néanmoins, nous pouvons dire que en ce qui concerne la filière café et cacao, la méthode adoptée a été assez complète et a permis de diagnostiquer la filière. L’approche filière a été choisie car il permet d’offrir une représentation concrète, simplifiée de la réalité.

La méthodologie adoptée tient compte de l’objectif de l’étude et du contexte existant dans la zone d’étude.

Divers outils: enquête auprès de personnes ressources, suivi des produits, compilation de données statistiques, dessins participatifs, ont été en même temps utilisés de façon à pouvoir recouper les informations. Ici, nous avons fait la collecte de données qualitatives.

Pour le traitement de données, nous n’avions pas fait d’analyse statistique vue la proportion des ménages enquêté (30 ménages en tout ont été consultés dans les deux fokontany mis à part ceux dans la zone forestière). Cependant, des recoupements ont été faits en consultant plusieurs personnes de la même catégorie. Des documents tels que les carnets de vente et les quantités vendues pendant une longue période, l’observation directe nous a aidés également. Nous avons fait l’approche par étude de cas ; en identifiant l’exemple qui permettait d’avoir le maximum de variables (qualitatives) à étudier à chaque niveau.

Pour mieux conduire une telle étude, nous proposons une étude diachronique fondée sur l'analyse de photographies aériennes ou interprétation de photo satellite, prises à des périodes à intervalles régulières ( 1 ou deux ans tout au plus), associée à des relevés sur terrain (en utilisant un GPS si possible) car cela aurait permis d’avoir des informations sur l’ensemble de la zone forestière et aurait mieux complété d'une manière plus précise les données sur l'extension des aires cultivées dans la réserve spéciale. Des passages à différentes périodes de l’année aurait permis en plus de voir la dynamique de la filière pour au moins une campagne entière. Le suivi du système de production d’un exploitant de chaque type de producteurs permet à notre avis de mieux voir la stratégie des producteurs.

31 III-RESULTATS ET INTERPRETATIONS

3.1 Présentation générale des filières café et cacao dans la zone d'étude Les filières de produits de rente à Madagascar sont passées par trois périodes distinctes : avant la nationalisation , entre 1975 et 1990 et la période de libéralisation.

3.1.1- Historique Le café

Le café a été introduit à Madagascar vers le 19è siècle dans la côte Est. Après les Réunionnais, les paysans malgaches ont adopté la culture. Le Nord-Ouest a vu l'entrée de la culture peu de temps après cette introduction du café à Madagascar. En 1953, en constatant la régression de la production de café, le fonds de soutien du café est créé pour renforcer l'appareil de vulgarisation des techniques culturales, les anciennes plantations européennes ont systématiquement été remplacées par du matériel végétal à base de Kouilou et de Robusta. En 1961, l'IFCC (Institut Français du café et du cacao) et la caisse de stabilisation prennent le relais, mais à part l'assistance technique pour la production caféière, l'Etat, par l'intermédiaire de la caisse, est seul propriétaire du café. Le stockage se fait soit chez les sociétés d'Etat, soit chez les conditionneurs stockeurs qui perçoivent une rémunération. C'est la caisse qui fixe, avec le concours du ministère de tutelle, le prix plancher au producteur au début de chaque campagne quel que soit le prix de réalisation à l'extérieur. La caisse de stabilisation se charge également de faciliter l'évacuation des produits du lieu de la production jusqu'au port d'embarquement, pour cela, elle a ouvert les routes de dessertes caféières. Toutes les opérations d'embarquement sont en ce moment le monopole des sociétés d'Etat et celles- ci sont rémunérées sur la base de 10% de la valeur F.O.B (Free on board) du café exporté. En 1964, l’Opération café a eu pour activité de produire de plants sélectionnés et de diffuser ces plants en milieu paysannal et de régénérer les anciennes plantations. Actuellement, le café prédomine encore la vallée du Sambirano même si la monoculture n’est plus caractéristique du paysage après l’introduction du cacao dans cette zone. Ensuite, jusqu’à la politique de libéralisation en 1988, les 5 sociétés d’Etat : ROSO, COROI, SOMACODIS, SICE, SINPA assuraient exclusivement l'exportation (RAMILISON, 1985 ; BLANC PAMARD, 1992).

32

Le cacao

L’entrée de la culture cacaoyère dans la zone du Sambirano coïncide avec l’implantation des premières exploitations européennes de cacao à Madagascar vers 1900. Cette implantation des compagnies a créé des emplois et entraîné une grande vague d’immigration dans la zone. Ensuite en 1956 débute la culture paysanne grâce à la station centrale de cacao appartenant à l’IFCC. Le CEAMP (Centrale d’Equipement Agricole et de Modernisation Paysannale) se chargeait de la promotion des cultures en milieu paysan de cacao et de l’achat au producteur des fèves fraîches. La première transformation du cacao, fermentation et séchage, s'effectuait uniquement aux établissements de cet organisme. Les immigrés commençaient également de s’installer pour leur propre compte. Une requête des paysans était de pouvoir traiter eux-mêmes leur produit, cette requête a été accordée et l'achat de fèves sèches a commencé mais toujours auprès du CEAMP. En 1973, après la disparition de la CEAMP, l’action sur la culture de cacao est confiée à l’OCPGC (Opération café poivre girofle cacao) et dont l’action principale est axée sur la caféiculture. La préparation, le conditionnement et la commercialisation sont assurés par les Chinois et les sociétés coloniales. A la période de la nationalisation (après 1975), une société d'Etat a pris en main le traitement du cacao venant des producteurs et l’exportation.

3.1.2 - Cadre actuel Après la libéralisation, en 1988, les compagnies et d'autres opérateurs économiques pouvaient entreprendre l'achat aux producteurs et l'exportation. Les sociétés d'Etat n'ont plus le monopole des activités de collecte et de commercialisation notamment pour le café (BLANC PAMARD, 1992). L'interprofession du café a créé en 1988, un Comité National du Commerce de Café (CNCC). L'objectif de ce comité est la gestion administrative de la commercialisation du café tant sur le plan intérieur qu'extérieur, le suivi des relations avec les organisations internationales. Il n'existe plus comme auparavant de prix de référence minimum pour l'exportation mais un prix de référence indicatif (depuis Octobre 1998). Cette interprofession reçoit l'appui du FED (Fond Européen pour le Développement) à travers la cellule d'appui Stabex. Dans le cadre de la libéralisation du commerce extérieur, tous les droits et taxes sur les

33 exportations sont supprimés (Akon’i Madagasikara, 19). A partir de 1990, après la disparition de l’OCPGC, l’action sur la culture de cacao est confiée au service d’agriculture, cependant celui-ci considère les actions pour la culture de cacao et café non prioritaires.

3.2 - Les acteurs et leurs rôles La filière unit des acteurs par des flux d'échange de biens et de services et par d'autres modes de relation sous forme d'accord, d'organisation, de convention. Les pratiques et les stratégies de ces acteurs sont déterminées à la fois par leur appartenance à la filière et par des facteurs extérieurs (FAAKI, 1996). Dans la zone d'étude, il y a une grande similarité en ce qui concerne les acteurs de la filière café et ceux du cacao. Les paragraphes qui suivent décrivent les acteurs et leurs rôles respectifs au sein des filières café et cacao en même temps.

3.2.1- Les producteurs 3.2.1.1- Les différentes catégories de producteurs

Après avoir confronté les diverses données concernant les producteurs et observé les modes de production, les producteurs de la zone sont de trois types:

- Les grands producteurs regroupent ceux qui disposent des cacaoyères de plus de 2,00ha. Ils récoltent le cacao au moins une fois par semaine 50kg de fèves fraîches. En plus du cacao, ces grands producteurs font au moins une autre culture et même jusqu’à 7ha de caféiers. Pour cette année, chaque grand producteur a récolté en moyenne 500kg de café coques vendues en deux à trois fois c’est à dire de 100 à 300kg par vente. Ces données sont basées sur les déclarations des producteurs et recoupés avec les données des carnets de vente et des observations faites auprès des collecteurs et sous collecteurs. Ce sont surtout des propriétaires terriens depuis la création du village (vers 1920 pour Antanambao) ou qui ont acquis leur terrain par héritage. Des immigrants sont également de grands propriétaires suite à un morcellement des parcelles des grandes sociétés coloniales.

Les parcelles des grands producteurs se situent majoritairement en plaine, cependant nous avons pu nous entretenir avec deux grands producteurs qui ont installé des plantations dans la forêt: du côté de Biromba depuis près de 15 ans. Leur but est d’ assurer une récolte suffisante pour subvenir à leurs besoins et marquer des terrains pour leurs enfants plus tard .

34 Nous avons identifié 10 grands producteurs à Antanambao et 5 grands producteurs à Ambohimarina.

- Les producteurs moyens : avec une superficie comprise entre 0,51ha et 2ha. La récolte de cacao a également lieu par semaine, la quantité va de 4kg à 50kg de fèves fraîches par récolte. Ils peuvent disposer ou non de café. La production moyenne de café pour les producteurs moyens a été de 100kg à 500kg coques en 1998. Leurs parcelles se trouvent aux alentours des villages: à Antanambao, Analaganika, Betaingoaka, Mosoro, Ambahatra, Ankonaka et quelques-uns ont également une exploitation dans la zone forestière: à Biromba, Anketrakabe . 14 sur les 18 producteurs moyens de notre enquête ont acquis leur terrain par héritage.

- Les petits producteurs ont reçu leur terrain d’exploitation par héritage ou plus rarement par achat. Une exploitation se compose en moyenne de : 0,01ha à 0,5ha de cacao ; 1 à 2ha de caféière. Les habitants d’Ambohimarina disposent en plus de rizières. Ils récoltent au maximum 20kg de cacao frais par récolte (par semaine).

Leurs parcelles de production se trouvent dans la plaine et dans la zone forestière. Ceux qui ont leur exploitation dans la forêt sont surtout des immigrés ; en particulier d’anciens salariés agricoles n’ayant pas pu s’approprier de terrain dans la plaine et des jeunes qui, pour avoir plus de terrain de culture font des extensions dans la forêt.

Ceux qui habitent Betangoaka et Mahasoa ne disposent que de plantations caféières. Le caractère du sol figure parmi les critères de choix. En effet, dans cette partie du fokontany d'Antanambao, le sol a un caractère sableuse et c'est le café qui y vient le mieux. De même, dans la zone forestière les sols meubles estimés plus riches par les paysans sont réservés au cacao. Mais en général, quand les producteurs font les deux cultures à la fois, la superficie caféière est deux à trois fois plus élevée que la cacaoyère. Cela vient probablement du fait que le café est entré plus tôt dans les plantations paysannes; de plus, l’opération café dans cette zone du Haut Sambirano a coïncidé avec une chute des prix du cacao.

Tableau 6 : Superficies par producteur (ha)

Café Cacao

Antanambao Ambohimarina Antanambao Ambohimarina

35 Superficie médiane 2,8 1,42 1,5 1,01

Superficie moyenne 0,84 1,3 1,2 0,8

source: Entretiens et estimations lors des visites des parcelles

A Antanambao, on observe une valeur médiane plus élevé qu’à Ambohimarina en ce qui concerne la superficie des plantations ; les grands producteurs sont plus nombreux . Cela vient du fait que pour Ambohimarina, les habitants sont en quelque sorte des immigrants eux aussi. Ces derniers viennent de Bezono une zone forestière dans la région d’où l’Etat les a fait partir et Ambohimarina qui faisait alors partie d’Antanambao servait de lieu d’accueil. Ils ont eu droit à 2ha de terrain chacun. Il y a une nette différence entre la valeur médiane et moyenne pour les producteurs d’Antanambao, cela montre la présence d’un plus grand nombre de producteurs moyens et de petits producteurs que de grands producteurs dans ce village.

3.2.1.2- Eléments sur le fonctionnement du système de production

a)- Mode de production

Après plus de 30 ans de culture de cacao et café; on constate une certaine habitude des paysans pour ces deux cultures, cependant les techniques ne sont plus appliquées comme pour l’installation des anciennes plantation lors des différentes Opérations mais seulement selon les moyens à la disposition des producteurs.

Le café

Les modes de plantation sont actuellement devenus extensifs. Après la préparation du terrain consistant en un débroussaillement a lieu le semis des graines pour l'ombrage d'albizzia ensuite le piquetage et la trouaison ; l'écartement entre pieds est de 3m X3m en général. Les plants sont des rejets dans les anciennes plantations. Il n'y a pas de fumure minérale et l’entretien se résume par un nettoyage des plantations avant la période de récolte et un égourmandage. En moyenne, en plaine les plantations sont âgées de 20 ans. Pour les plus vieilles caféraies, les recépages sont fréquentes vu que les plants ne sont plus rentables. Rappelons que la floraison et par la suite la production des caféiers atteint son maximum d'intensité vers la cinquième année. Mais on peut rencontrer des caféiers qui commencent à donner des fleurs à partir de 4 ans. On peut avoir une floraison acceptable pendant 20 ans mais au-delà, le caféier vieillit et sa culture n'est plus rentable. Renouveler une caféraie demande un investissement et

36 surtout du temps pour permettre les pieds renouvelés ou recepés de reprendre à produire. Les travaux d’installation des plantations sont effectués par les membres de la famille même. Le nettoyage de 10 ares de caféiers coûte 50000Fmg. Dans les plantations, une entraide entre voisins peut également s’observer mais rarement.

La maturation des fruits s'obtient après une période de 9 à 11mois pour le robusta. Par conséquent, on ne peut avoir qu'une récolte par an, elle a lieu entre les mois de juin et août. Le rendement moyen est de 1 tonne de café coque par ha soit environ 500kg de café marchand.

Le cacao

Dans la plaine, les plantations sont âgées de 20 à 30 ans en moyenne et sont installées sous ombrage de bonara gasy et bonara vazaha avec un écartement moyen de 4mX 4m soit en moyenne 625 pieds à l'hectare. L’entretien se résume en un égourmandage et nettoyage en enlevant les branches mortes qui serviront par la suite de bois de chauffe.

Les plantations sont assez hétérogènes (variétés et âges des plants) avec des plants issus de semis notamment ceux de la zone forestière.

Dans la forêt, le café ou le cacao sont installés après deux à trois années de riz de tavy. Les graines de bonara pour l'ombrage sont semés en même temps que le riz.

Voici le calendrier cultural pour les deux cultures dans la zone:

Mois J F M A M J J A S O N D Cacao * * * * ** ** * * * *** *** *** R R R R RR RR R R R RRR RRR RRR PPP PPP PP PP ======Café * * ** *** ** * * * RR RRR RRR RR R ======*: Transformation, usinage

R: récolte

P: plantation ou semis

===: entretien

37 Tableau 8: Superficie des principales cultures à Madagascar

93 94 95 96 97 98 Cacao 4520 4500 4600 4650 4650 4650 Café 211000 168000 204300 209600 192000 193000 Source: Statistiques agricoles 1998

Sur le plan national, on assiste à une stagnation des superficies exploitées ce qui témoigne une saturation des terrains exploitables pour ces cultures. La superficie productive en café connaît une réduction peu perceptible à cause de la réaction des producteurs face à la diminution notable du rendement pendant ces dernières années et également face au prix dans une moindre mesure.

b) Production : nature et variation

* Espèces botaniques et types commerciaux du café et cacao dans la zone

Pour le café, l'espèce dont la culture est la plus répandue dans la zone c'est le Coffea canephora. En effet, c'est l'espèce adaptée pour les zones de basses altitude avec un climat équatorial, une température moyenne de 24 à 26°C, ainsi que des saisons sèches et pluvieuses moins contrastées comme cette région. La variété Kouilou, celle à petites graines appelées couramment dans la zone "kafé vary", et la variété robusta sont celles produites et commercialisées. A Madagascar, elles représentent 95% de la production totale. Le café kouilou est le plus répandu dans les parcelles paysannes, notons que cette variété de caféier se montre assez fructifère et sa résistance à l'Hemileia vastatrix, un prédateur très nuisible pour les caféières malgaches, parait suffisante.

Pour le cacao, dans le Sambirano, les variétés criollo, forastero et trinitario ont été vulgarisées dans la zone. La troisième étant un hybride des deux premières variétés, Trinitario est réputée être à la fois productive et résistante aux maladies. Ces trois variétés se distinguent par la couleur, la forme et la dimension de leurs cabosses. La couleur des fèves et leur dimension distinguent également les trois variétés. Dans les plantations paysannes, ces trois variétés sont présentes en même temps. Madagascar se caractérise par la casse claire de son cacao, une qualité demandée sur le marché international.

38

* Variation de la production

Le cacao peut être récolté au fur et à mesure que les fruits mûrissent. Cela est favorisé par l’hétérogénéité de la plantation. La récolte s’échelonne pendant toute l’année avec deux périodes de pointe; en mi-avril - Mai-Juin et en Octobre-Novembre. La plus importante production se situe à ce dernier mois. Le mois d’Août est une saison morte pour le cacao.

Le rendement moyen est de 630kg de cacao marchand par hectare par an, soit 1250kg de fèves fraîches.

En général, chaque exploitant fait une récolte par semaine coïncidant avec le jour du marché du cacao: le mardi et jeudi pour Antanambao et le jeudi à Ambohimarina.

Les données sur la production dans la sous préfecture d'Ambanja montrent une baisse concernant le café et le cacao par rapport aux autres années. Cela est plus ressenti par les producteurs dans notre zone d'étude et confirmé par les collecteurs de la région. Cette baisse est surtout imputable au déficit pluviométrique pendant la phase de floraison du café et, vu que le cacao ne supporte pas non plus une saison sèche prolongée, la production s'en ressent.

* La première transformation des deux produits

Le cacao

Entre la récolte et l'exportation, les graines du cacaoyer subissent plusieurs transformations qui vont façonner les particularités dues aux origines génétiques et géographiques du cacao.

* La récolte:

La maturité des fruits a une grande importance sur plusieurs aspects de la qualité. Elle s'apprécie par le changement de couleur des cabosses: du vert au jaune, du rouge à l'orange. Les cabosses mûres sont récoltées à l'aide d'un "lagafo" ou un "gory". L'écabossage se fait souvent au champ pour l'exploitant en zone forestière et les petits

39 producteurs notamment. Les grands producteurs transportent les cabosses en charrettes et n'écabossent qu'une fois à la maison. La récolte du cacao est une tâche qui implique tous les membres de la famille (enfants, femmes ou hommes).

Après l’écabossage, on obtient les fèves fraîches de cacao qui peuvent déjà être vendus en tant que telles. Pour ceux qui préfèrent conserver le cacao, il faut passer par la fermentation et le séchage des fèves.

* La fermentation:

La fermentation du cacao est une des opérations capitales. En effet, elle permet d'éliminer le mucilage extérieur par une action pectinolytique des microorganismes. Elle supprime aussi le pouvoir germinatif et surtout, elle rend possible le développement des précurseurs de l'arôme chocolat au sein des cotylédons. Pour cela, les fèves fraîches sont mises dans des caisses en bois et recouvertes de feuilles de bananier ou des sacs de jute. D'autres fermentent le cacao dans de sacs de jutes qu'ils retournent de temps en temps. Chez les grands collecteurs, les bacs sont des caisses en bois avec une dimension de 1m*1,5m*0,8m, tandis que chez les producteurs ces bacs sont confectionnés avec des troncs de kapokier et ont une capacité maximum de 15kg de fèves fraîches. La fermentation dure plus ou moins longtemps selon les variétés, les conditions climatiques et aussi les habitudes : en général elle se fait entre 2 à 5 jours. Les fèves fermentées ont une teneur en eau de 50 à 60%, le cacao est ensuite séché jusqu'à une teneur en eau de 7% qui permet sa conservation.

Vers le mois de juin, la durée de fermentation du cacao est réduite à une journée. Les producteurs disent que la fermentation est activée par la chaleur ; de plus, la teneur en eau est encore élevée à cette période.

* Le séchage est fait à l'air libre au soleil sur des aires en ciment aménagées dans la cour des maisons ou sur des nattes pendant 2 à 4 jours selon l'ensoleillement. Après le séchage, on a du cacao marchand.

Ainsi, le cacao peut être vendu sous deux formes: en fèves fraîches ou sec c'est-à-dire ayant été fermenté puis séché.

Le rendement technologique du cacao sec/ cacao frais est de 0.40 à 0.44.

Transformation du café

40 Le traitement du café après la récolte se fait par voie sèche. Il consiste à sécher et à décortiquer les cerises.

* Le séchage

Les cerises de café sont placées sur des aires bétonnées ou sur une natte en couche de 5 à 8cm d'épaisseur et remuées plusieurs fois par jour. En milieu paysan, les cerises sont mises à sécher pendant environ 1 à 2 semaines. Après 10 jours de séchage, les cerises contiennent encore jusqu'à 32% d'humidité. Il faut les sécher à nouveau jusqu'à ce qu'ils ne contiennent plus que 12% d'humidité. On a alors du café en coque. On reconnaît que les cerises sont séchées lorsqu'en secouant une poignée de café, on entend les graines ballotter à l'intérieur, les enveloppes deviennent brunes foncées et se durcissent.

* Le décorticage

Le café peut également être vendu décortiqué. Les cerises sèches sont décortiquées au pilon. Il n'y a pas de machine décortiqueuse dans les deux fokontany. Habituellement, les cerises sèches sont stockées plusieurs semaines avant d'être décortiquées. Le rendement cerise sèche - fève verte est de 50% et le rendement cerises rouges fève verte non usiné, pour le robusta est de 21% théoriquement.

Jusqu'à l'obtention du café marchand, destiné à l'exportation, il faut encore que les conditionneurs stockeurs fassent un certain nombre d'opérations: le triage ou nettoyage, séparation magnétique, déparchage ou décorticage, séparation du non décortiqué ensuite, triage granulométrique et triage densimétrique pour éliminer les débris de coques et déchets et enfin pour séparer les grains noirs du café commercialisable, le triage colorimétrique.

* Les différentes classes de produits

Pour le cacao, notons d'abord que les collecteurs ne font pas de distinction entre les différentes variétés ni de la dimension des graines lors de l'achat aux producteurs. Les classes de produits que nous énonçons ci-après sont celles que les sociétés exportatrices tiennent en compte lors de l'expédition des produits à l'extérieur.

Madagascar n'exporte que le cacao supérieur dit "Sambirano N°1" avec les tolérances suivantes:

41

Tableau 9 : Les normes de classement du cacao

Défauts Qualité Supérieur Cacao courant fèves moisies 3% 4% fèves fermentées ou ardoisées 3% 8% fèves plates, germées et attaquées 3% 6% par des insectes fèves brisées 5% 5% fragments de corps étrangers 0,1% 0,1% Source : Ingénieurs de la vie N°448 Nov. –Déc. 1998

Les qualités brisure et courante alimentent le marché intérieur pour environ 15% de la production nationale (BEANJARA , 1995).

Pour le café, les collecteurs achètent le café tout venant, sans distinction, pourvu qu'il soit sec. Toutefois, nous allons mentionner ci-après les caractéristiques des café exporté par Madagascar. Il y a cinq grades de café: ces différents grades se distinguent par la teneur en grains noirs, le pourcentage de déchets, et surtout la granulométrie du café. Nous avons mentionné auparavant que le café kouilou est surtout présent dans la zone, ce qui pourrait être un handicap car les grades supérieures regroupent ceux qui sont à grosses graines.

Les normes du café vert marchand

Le classement des lots de café à Madagascar se fait suivant les normes fixées par le décret n°65-066 su 2 mars 1965.

Ce classement dépend:

* de l'origine botanique du café : Arabica: A

Kouillou-Robusta: K R

Liberica: L...

• Du calibre des grains (grades)

Tableau 10 : Les différentes qualités de café

42 Grade 0 grains retenus par le crible N°18 : trous de 7mm Grade I grains traversant le crible N°18 et retenus par le crible N°16 (trous de 16mm) Grade II grains traversant le crible 16 et retenus par le crible 14 (trous de 5,5mm) Grade III grains traversant le crible 14 et retenus par le crible 12 (trous de 4,7mm) Grade IV grains traversant le crible 12 et retenus par le crible 10 (trous de 4mm) Source : Plantation recherche et développement Vol 5 N3

Ce sont les produits classés en grades 0, I et II sont commercialisés.

* de la qualité moyenne des lots

Suivant le nombre de défauts, les lots de café sont répartis en :

Gragé-choix: (Arabica seulement) et ne comportant que le grade I.

Extra-prima: comportant les grades I et II

Prima: comportant les grades II et III

Supérieur: comportant les grades I et II

Courant: comportant les grades II et III.

Limite: ne comportant que le grade IV.

* Organisation pour la vente des produits

La décision pour la vente des produits vient en premier lieu du chef de ménage et ensuite de la mère de famille.

Pour le cacao

Les petits producteurs vendent au fur et à mesure qu’ils récoltent le cacao. La figure suivante montre le cas d’une plantation d’un producteur moyen , la production et la vente de cacao par ce producteur. Comme le producteur en question vend tout ce qu’il récolte sous forme de cacao frais, la quantité récoltée correspond à celle vendue.

43 35 30 25 20 15 10 poids (kg) 5 0

rs il ai in et pt pt ct v éc éc a vr ju ll e e o o d d m a m s ui s s s n s s s s s 1 j 1s 4s 3 2s 1 4 3 2 2 1s Dates

3s mars : 3è semaine du mois de mars

Figure 3 : Evolution de la quantité vendue issue d’une cacaoyère de 300pieds durant la campagne 1997-1998

La période de récolte dépend de la région de culture mais en général, elle connaît une période de récolte principale et une secondaire. Ce graphe met en évidence ces deux périodes de pointe dans notre zone d’étude : la principale se situe vers le mois d’octobre et la période de récolte secondaire vers la mi-juin. Le cacao est surtout vendu en fèves fraîches et en petites quantités: 10kg en moyenne en deux fois par semaine pendant les périodes de pointe et une fois par semaine le reste de l'année. Au mois d'Août, la récolte est rare. Les grands producteurs font de même quant à la fréquence, cependant avec 15 à 20kg de fèves fraîches par vente. En plus, pendant les périodes de pointe, ces derniers vendent sous forme de cacao sec. Les données des carnets de ménages d’un grand producteur montre la répartition de sa vente de cacao pendant les mois de mai et juin.

44 250 200 150 cacao sec 100 cacao frais Poids (kg) 50 0

n ui -juin 3-mai -mai -mai 7 -juin 10-mai 17 24-mai 31 14 21-j dates

Figure 4 : Répartition de la vente de cacao (mois de mai et juin) chez un grand producteur

A l’approche des jours de fête, qui correspond à la période de pointe, ce grand producteur transforme une grande partie de sa récolte de cacao.

Les producteurs ayant des plantations en zone forestière vendent également leur produit sous forme sèche car ces derniers limitent leur passage au village à une fois par semaine au maximum, il y a également le frais de portage qu’ils évitent.

De cela ressort que pour un producteur moyen et un petit producteur, il n'y a pas de stratégie particulière pour l'écoulement des produits. Cela peut être expliqué par la quasi-stabilité du prix au producteur. Le fait de produire du cacao permet d’acheter au fur et à mesure les produits de première nécessité ce qui a son importance dans la vie quotidienne de ces catégories de producteur.

Pour le café, la récolte s'effectue entre le mois de juin et le mois de septembre. Les producteurs vendent leur produit pendant cette même période. En effet, pour le café le taux de dessiccation qui augmente au cours du temps, est annoncé comme la principale raison de la vente presque immédiate du produit. Une faible partie de la récolte est cependant destinée à l'autoconsommation. Le café est vendu en majorité en coques, la vente sous forme de café décortiqué est rare et ne représente que 40 % des produits vendus chez les collecteurs. Lors de nos entretiens avec les producteurs, la vente sous forme de café marchand ne dépend pas cette fois-ci de la quantité récoltée mais plutôt de la taille du ménage. Le décorticage demande en effet des travaux en plus. C'est pour l'autoconsommation qu'ils décortiquent surtout leur café.

45 * Les objectifs paysans

Pour les paysans producteurs, le café et le cacao sont destinés à la vente à part une faible quantité de café qui est autoconsommée . Leur vente permet d'abord d'assurer la quasi-totalité des dépenses des ménages. En effet, pour les ménages des grands producteurs plus de 75% des revenus viennent de ces deux cultures de rente, 70 % pour les producteurs moyens et 68% pour les petits producteurs. En plus, en plaine, ni les grands ni les petits producteurs ne sont autosuffisants en riz et autres produits vivriers. Ils commencent à contracter un crédit auprès des boutiques des grands collecteurs dès le mois de décembre jusqu'à la prochaine saison de récolte, vers le mois de mai. Dans la zone forestière par contre, les ménages n'achètent pratiquement pas de riz, notamment ceux de Bemahaleny et Befalafa, rappelons que ces derniers ne disposent pas encore effectivement de revenus issus du café ou du cacao.

Ainsi, étant donné que le cacaoyer et le caféier sont des plantes pérennes, leur production croît jusqu'à la dixième ou même jusqu'à la quinzième année d'installation. Ces deux produits pourraient servir de supplément au riz en ce qui concerne l'occupation des sols et aussi dans les revenus. Cela est assez favorable dans le sens que son extension se fera sur une plus faible superficie que le riz de tavy. Le cacao est favorable pour la protection des sols.

La vente de cacao et du café est échelonnée naturellement de par leur cycle de production. Celui du cacao présente une période de pointe proche de la fête nationale et l’hétérogénéité de la plantation fait que cette production continue un peu toute l’année pour assurer les dépenses quotidiennes des ménages. La vente de café vers le mois d’Août assure alors les dépenses programmées à moyen terme.

Tableau 10 : Caractéristiques des différents types de producteurs

Superficies des Mode Emplacement Fréquence de Quantité cacaoyères d’acquisition des parcelles vente de vendue et/ou caféraies des terrains cacao

Grands Plus de 2ha Héritage et En plaine 2fois/semaine 30 à 50kg secs producteurs achat

Producteurs 0.51 à 2ha Morcellement, En plaine 1 à 2 fois / 10 à 50kg moyens héritage semaine fraîche

46 rarement sec

Petits Moins de 0.5ha Héritage, En plaine et 1 fois/ 4 à 20kg fraîche producteurs défrichement en zone semaine forestière

3.2.2-Les collecteurs

3.2.2.1- Réglementation pour la collecte

L'opération de collecte de produits locaux et d'exportation est réglementée par le décret 65 046 du 20/02/1965 . D'après ce décret, les collecteurs sont toutes personnes, agréés par l'état titulaire de la carte professionnelle, procédant au ramassage des produits de nature agricole, élevage et pêche en tant qu'ambulant ou à poste fixe, à titre lucratif, pour son propre compte ou pour le compte d'autrui.

3.2.2.2- Les différentes catégories de collecteurs

La typologie des collecteurs nous permettra de saisir le flux des produits dans notre zone d'étude. On distingue deux types de collecteurs qui se différencient par leur mode de collecte, leur source de financement et aussi par le montant de leur chiffre d'affaires:

a) Les sous-collecteurs

On désigne par sous-collecteurs des collecteurs qui dépendent des grands collecteurs.

* Source de financement

Pour les sous-collecteurs, la source de financement dépend du contrat de collecte.

** Les collecteurs salariés

Leur rémunération principale est un salaire fixe ou commission fixée proportionnellement au produit collecté. Les grands collecteurs ne contractent un salaire qu'avec des sous-collecteurs ayant déjà travaillé pour eux pendant un certain temps.

** Les collecteurs non-salariés

47 Ils sont indépendants mais toutefois liés aux conditionneurs-stockeurs par l'avance de fond. Une commission fixe déterminée à l'avance par produit leur est accordée à chaque livraison en fonction toujours de la quantité du produit collecté.

Ils achètent les produits pour le compte des grands collecteurs. Ils reçoivent en même temps que le fond des sacs ou des bidons dans lesquels ils vont livrer les produits frais ou secs. De même, le sous-collecteur peut recevoir, s'il n'en dispose pas, le matériel de pesage. A Antanambao, il y a 9 sous collecteurs qui ont soit des contrats avec les deux grands collecteurs d’Antanambao soit avec des grands collecteurs de Bemanevika. Certains sous collecteurs sont également des commerçants ou des hôteliers.

* Mode de collecte

Les sous-collecteurs achètent auprès des producteurs des deux fokontany en premier lieu mais comme Antanambao est un centre de ralliement sur cette partie de la rive gauche, des producteurs venant du fokontany d'Ambahatra y vendent également leurs produits, de même, les sous-collecteurs se déplacent en charrettes aux villages voisins lors des jours de marché dans ces villages. Les sous-collecteurs livrent soit aux grands collecteurs d'Antanambao et Ambohimarina soit à des collecteurs des villages voisins tels que Antsamala ou surtout Bemanevika. Ces derniers peuvent encore être des sous- collecteurs livrant chez d'autres grands collecteurs de Bemanevika ou des sociétés de conditionnement à Ambanja. Pour le cacao, la livraison s'effectue par semaine ou moins car généralement les sous-collecteurs achètent du cacao frais et les vendent en tant que tels aux grands collecteurs qui se chargent de la première transformation: fermentation et séchage. Le café est livré quand l'avance de fond allouée est dépensée. En période de pointe, un sous collecteur peut amasser 25 à 100kg de cacao frais et entre-temps 5 à 15kg par jour de marché. Le grand collecteur peut interrompre le contrat avec le sous- collecteur pendant la saison morte.

b)- Les grands collecteurs

* Source de financement

Ils sont en relation directe avec les sociétés exportatrices. Ces dernières leur avance des fonds pour l’achat des produits. Selon leur contrat, le transport et le

48 prélèvement de la commune peuvent être remboursés par les sociétés. Le montant varie selon la quantité et la qualité de produit livré par le grand collecteur durant la campagne précédente, la société d'exportation ou de conditionnement effectue parfois des études concernant la potentialité de chaque zone où travaille le grand collecteur et, en fonction de cela également, le grand collecteur peut avoir à sa disposition un moyen de transport (tracteur).

* Mode de collecte

Les grands collecteurs prennent les produits venant des producteurs et des sous- collecteurs. Leur aire de collecte s'étend sur plusieurs communes rurales: d'Ambohimarina jusqu'à Marotolana . Pour les deux grands collecteurs du village, cette étendue varie en fonction des moyens financiers et de transport à leur disposition.

2 grands collecteurs ont été identifiés à Antanambao ( dont l’un un Chinois et l’autre un Arabe) et 1 à Ambohimarina. Les grands collecteurs sont toujours des commerçants des villages et ils vont dans les villages voisins également pour la collecte ou bien ils y ont des sous-collecteurs.

* Période de collecte

La saison de collecte pour le café coïncide avec la saison de récolte: de juillet au début octobre. Les collecteurs livrent aussi fréquemment que possible pour éviter le taux de dessiccation du café qui augmente rapidement. De plus, la période de récolte est courte contrairement à celle du cacao. Ainsi, pendant cette période de collecte, le grand collecteur peut avoir en moyenne 2,5T de café coques par semaine, en début de campagne la quantité est faible et elle augmente au fur et à mesure pour rediminuer en fin de campagne .

Toute l'année, le cacao peut se vendre, un grand collecteur peut collecter en moyenne 500kg par jour de marché pendant la période de pointe et 70kg par jour en période normale soit le septième de la quantité en période de pointe. Cette quantité ne comprend pas celles livrées par les sous collecteurs en contrat avec le grand collecteur.

c)- Les sociétés exportatrices

49 Les exportateurs sont des collecteurs qui entreposent, transforment, conditionnent et livrent les produits à l'étranger. Dans la zone d'Ambanja, 5 grandes sociétés exportent du cacao. Il y a cependant d'autres sociétés qui restent des conditionneurs -stockeurs, elles sont plus nombreuses. Elles ont toutes leur siège à Ambanja. Ce sont les destinataires finaux des produits avant leur exportation. Ces sociétés collectent du café en coques et décortiqué, et uniquement du cacao marchand. Ils disposent de camions et tracteurs pour la collecte des produits aux centrales d’achat sur la rive gauche du Sambirano. 3 d’entre eux sont les plus en vue: les Etablissements Millot, la société RAMANANDRAIBE Exportation et la Société Yvon SOAMIANGY. Les grands collecteurs d’Antanambao y livrent leurs produits.

Les sociétés exportatrices de cacao disposent toute une usine de traitement c'est à dire des bacs de fermentation, une aire de séchage. Cela conditionne d'une certaine façon la collecte de cacao.

Pour le café, chaque société exportatrice dispose d'une unité de traitement du café: décorticage et triage.

Vu l'état de la route de desserte dans cette partie du Haut Sambirano qui est impraticable pendant la saison des pluies, les sociétés exportatrices appuient les grands collecteurs pour l'aménagement des pistes en fournissant les engins nécessaires. Le carburant est à la charge du grand collecteur.

* Financement de la collecte pour les sociétés

En général, pour la collecte les sociétés de collecte ont trois alternatives pour financer la collecte. Pour les trois opérations, un passage par la banque est nécessaire(BLANC PAMARD, 1992).

** Financement par fond propre de la maison mère.

Quelques-unes de ces sociétés exportatrices comme Ets Millot et RAMAEX ont des maisons mères à l'étranger, en France notamment. Ces sociétés peuvent travailler par rapatriement de devises de la maison mère. La banque recevra un virement de l'étranger libellé en monnaie étrangère et le taux de couverture suit le cours du jour (BLANC PAMARD, 1992).

** Mobilisation de créances à l'étranger: le règlement est crédité après quelques jours et la société négocie les documents d'exportation à la banque.

50 ** Avance sur produit

C'est le type du financement le plus répandu dans la région du Sambirano. Elle nécessite la fixation d'un quantum c'est à dire le prix minimal au kilo évalué par la banque sur tous les lots en gage quel que soit la fluctuation du prix.

Par exemple: Stock en magasin (gage)= 100T de cacao

Quantum fixé par la banque = 3000Fmg/kg

Valeur minimale estimée = 300 000 000Fmg quelle que soit la conjoncture économique, la banque pense que le prix de ces produits mis en gage ne peut descendre au dessous de cette valeur. Le montant octroyé ne sera jamais supérieur au quantum de stock mis en gage.

Tableau 11 : Quantités de café et cacao collectés par les sociétés exportatrices d’Ambanja (kg)

Société Produit 1997 1998

Ets Millot Café Kouilou 2100000 1500000

Tanora Café Kouilou 285000 285000

Cacao fèves 200720 137995

Ets RAMAEX Café Kouilou 735000 780000

Cacao fèves 150000 250000

SAGI (Ex SOMIA) Cacao fèves 175387 150540

Berger Ardouin Café Kouilou 30000 0

Bemiray Café Kouilou 135000 780000

Yvon SOAMIANGY Café Kouilou 618423 233364

Cacao sec 812714 71439

Source :Service du conditionnement d’Ambanja, 1999

Les quantités exportées par chacune de ces sociétés varient en fonction de la quantité collectée et de la demande reçue par chacune d’elles. A partir de ces données, nous pouvons dire également que la production ne connaît plus de hausse depuis quelques années, en effet, pour le cacao qui est totalement exportée, la quantité produite transparaît dans la quantité vendue à l’exportation.

51 Seul le groupe RAMANANDRAIBE, dont RAMAEX fait partie vend localement du cacao ; il approvisionne la Chocolaterie Robert (qui est encore du groupe RAMANANDRAIBE) à raison de 20 à 30 tonnes de cacao marchand par mois selon la saison.

Tableau 12: Evolution des exportations de cacao (fèves)

1994 1995 1996 1997 1998 Poids net (T) 2838 2464 2133 656 1231 Valeur F.O.B 10981 12123 9666 3897 8581 en Millions fmg Source : Situation économique au 1er Janvier 1999, INSTAT

Les exportations de cacao malgache sont en baisse: de 4080tonnes en 1993, elles sont passées à 2838t en 1994, 2464 en 1995 et même 656t en 1997. Cette baisse de l'exportation provient de la mise en veilleuse relative de cette culture après que la privatisation de la société d'Etat qui s'en occupait ait été annoncée (BILLAN, 1985).

Pour le cacao malgache, les principaux clients sont le Royaume-Uni et la France suivis des Pays Bas et l'Allemagne.

Tableau 13: Evolution des exportations de café vert

1994 1995 1996 1997 1998 Poids net (T) 36500 35240 40112 25896 30276 Valeur F.O.B 109813 346300 232242 168397 218921 en millions fmg Source : Situation économique au 1er Janvier 1999, INSTAT

La commercialisation du café vert de Madagascar s'effectue avec divers pays, notamment avec des pays européens: la France tient la première place avec 16697tonnes en 1996 ensuite vient l'Italie avec 5267 tonnes , l'Allemagne et l'Espagne. Madagascar se trouve en troisième position au sein de l'Organisation Africaine et Malgache du Café, une organisation regroupant les pays francophones producteurs de Robusta.

52 3.3- Les circuits de commercialisation Les produits de rente sont transportés des parcelles de production jusqu’à Antanambao et Ambohimarina, là où sont présents en permanence les collecteurs. Le café est principalement vendu sous forme de café coques, le cacao à l’état sec ou frais. Tous les grands et la plupart des moyens producteurs ont leur « patron » fixe dans ces deux villages. Les grands producteurs livrent une grande de leur produit au « patron » qui est souvent le grand collecteur et une petite une petite partie chez le sous-collecteur qui est soit un ami, soit un parent. Les petits producteurs n’ont pas de « patron » fixe, ils ne sont pas encore sollicités par les grands collecteurs, leur production n’offre pas de garantie pour les collecteurs quant au remboursement des crédits qu’ils pourraient demander.

Le choix du collecteur chez qui vont être livrés les produits se fait d’abord par besoin ; les producteurs préfèrent les grands collecteurs qui disposent une grande variété de PPN et qui permet un crédit, ensuite ce choix dépend de la réunion qu’un producteur a avec le collecteur.

La destination finale de tous les produits c’est ver les sociétés d’Ambanja, en passant parfois aux grands collecteurs de Bemanevika.

Depuis les producteurs, il y a deux grands circuits commerciaux pour le café et le cacao. Le passage par les collecteurs est inévitable pour les producteurs. Les conditionneurs stockeurs et les sociétés exportatrices ne veulent pas non plus s’aventurer à collecter auprès de chaque producteur qui, depuis l’arrêt des activités de la coopérative initiée par le CEAMP dans la zone pour la collecte et l’achat des intrants agricoles tels que les jeunes plants et les engrais, vendent individuellement leur produit et d’une façon atomisée : en petites quantités.

En somme voici un schéma simplifié de la filière café et cacao dans notre zone d'étude:

53

AMBANJA EXPORTATEURS

GRANDS BEMANEVIKA COLLECTEURS

GRANDS COLLECTEURS

ANTANAMBAO SOUS-COLLECTEURS

AMBOHIMARINA (2) (1) PRODUCTEURS

Figure 5 : Structure générale des filières café et cacao dans notre zone d’étude

3.3.1- Circuit n°1 : Vente directe aux grands collecteurs Le premier circuit part des producteurs et passe au grand collecteur du village, les produits seront expédiés ensuite aux sociétés exportatrices d'Ambanja. Ce circuit est le plus dominant dans notre zone d'étude , 18 des 30 producteurs enquêtés procèdent ainsi pour la vente du cacao et café. D'après les grands collecteurs 60% de leurs produits viennent de la vente directe des producteurs chez eux. Cette proportion étant la moyenne pour les deux grands collecteurs du village; le nombre de sous-collecteurs employés par les deux grands collecteurs ne sont pas identiques, l'un malgré l'étendue de sa zone de collecte n'utilise à Antanambao et Ambohimarina que 2 sous-collecteurs ,

54 tandis que l'autre fait un contrat avec 4 à 5 cela à cause des différences des moyens à leur disposition.

3.3.2- Circuit n°2 : passage par les sous-collecteurs Les produits de rente peuvent suivre également un autre circuit par l'intervention des sous collecteurs. 40% des produits vendus suivent ce second circuit. Pour le second circuit, les grands collecteurs destinataires peuvent être également des grands collecteurs en dehors des villages : Bemanevika ou Antsamala. 15% des produits sont vendus en dehors de villages par ces sous collecteurs qui sont au nombre de 5 dans les deux villages.

Un grand collecteur utilise au moins deux sous-collecteurs et ces sous- collecteurs font également appel à d’autres personnes pour la collecte (des sous-sous- collecteurs), la commission est dans ce cas répartie entre les sous-collecteurs. La présence de plusieurs intermédiaires indiquent souvent un marché libre. Chacun des collecteurs essaye d’obtenir le maximum de produits en proposant un prix aussi incitateur que possible. De cela ressort que pour pouvoir utiliser de nombreux intermédiaires, il y a un manque à gagner pour les producteurs le long de ces circuits. Ce manque à gagner ne sera cependant pas facile à récupérer sans une bonne organisation des producteurs en groupements par exemple pour faciliter la collecte de leur produits sur place directement par les conditionneurs stockeurs ou par les sociétés exportatrices ou encore pour transporter directement les produits à Ambanja.

Deux variantes de ces deux circuit peuvent exister en différenciant la forme sous lequel le produit est vendu : frais ou sec pour le cacao, en coques ou marchand pour le café.

Ainsi, 13% des cacaos collectés par un sous-collecteur est vendu sous forme sèche.

Chez le grand collecteur, 30% des produits collectés a subi une première transformation.

Les autres circuits diffèrent des deux premiers par le passage ou non à des sociétés conditionneurs stockeurs avant d'aboutir aux grands collecteurs et aussi par le fait que la vente soit effectuée aux grands collecteurs du village ou non.

55 L’organisation de la filière se présente schématiquement comme suit :

N° Production Première Commercialisat Transport Usinage Exportatio circui transformatio ion n t n

1a Producteu Producteu Grand Exportate Ex portate Ex portate collecteur 1b Producteu Grand Grand Exportate Exportate Exportate collecteur collecteur

2a Producteu Producteu Sous- collecteurs

Grand Exportate Exportate Exportate collecteur ur ur ur

2b Producteu Sous- Sous- collecteurs collecteurs

Grand Exportate Exportate Exportate

collecteur ur ur ur b : vente de produit n’ayant pas subi une première transformation (décorticage pour le café et fermentation et séchage pour le cacao)

Le tableau suivant résume les rôles de chaque acteur dans ces filières café et cacao.

Tableau 14: Les différents acteurs et leurs fonctions respectives

Stade filière Fonction Agent Produit

Production Approvisionnement Producteurs Plants de café et cacao Encadrement néant

Culture petits producteurs cacao frais Producteurs moyens

Grands producteurs café coques

Première Fermentation En majorité les grands Cacao sec, café transformation Séchage producteurs coques

56 Décorticage Café marchand

Commercialisation Commercialisation Grands collecteurs cacao frais et cacao marchand, café Sous collecteurs coques et café Transport Grands collecteurs marchand tout venant Sociétés exportatrices

Aménagement piste Grands collecteurs

Sociétés exportatrices

Usinage Triage Sociétés exportatrices cacao marchand, café

Conditionnement coques et café marchand calibré

Exportation Transport Sociétés exportatrices

Exportation

3.4- Le prix

2.3.1-Tendances des prix Pour le cacao, l'évolution du prix au producteur a été observé en deux temps, d'abord sur une campagne, ensuite pour les 5 dernières années. Il est d'abord à remarquer que le prix ne diffère pas significativement dans les deux villages étudiés, ceci vient du fait que ce sont les mêmes grands collecteurs d'Antanambao qui collectent à Ambohimarina et malgré la présence de nombreux sous collecteurs , ce sont ces deux grands collecteurs qui ont le plus d'influence sur la décision concernant le prix au producteur au village.

La figure suivante montre le prix du cacao frais pendant la campagne de 1998.

2500 2300 2100 1900 Prix (fmg) 1700 1500

c l ov é ev ars Juil D Jan F Mai Juin Juil N M Avri 57 Figure 6 : Evolution du prix du cacao frais durant la campagne 1997-1998

Durant la campagne, nous pouvons observer le prix maximum au mois de novembre. Cela correspondant à la fin de la seconde période de pointe pendant laquelle les collecteurs achètent le maximum de produit car non seulement la fructification du cacao baisse après cette grande récolte mais la saison des pluies n'est pas favorable non plus pour la collecte et le séchage. En effet, ces opérations ne peuvent pas se faire correctement et la route de desserte est souvent impraticable ; c’est ainsi qu’au mois de novembre 1998, le prix atteint 2400Fmg/kg. Cette période est suivi d'une baisse très rapide du prix jusqu'à 1950Fmg pendant la saison des pluies (de décembre à mars). Le prix recommence à monter ensuite mais cette fois ci la hausse se fait progressivement. En observant l'évolution du prix au cours de 1997, le même cas de figure apparaît. C'est donc un phénomène assez stable.

Nous avions vu précédemment que les producteurs n'adoptent pas de stratégie pour la vente de leur produits. Il n'y a pas de tendance au stockage des produits sauf lorsque la famille projette de faire une dépense assez importante pour l'achat d'immobiliers ou pour une fête familiale.

Tableau 15: Evolution des prix d’achats du cacao et café au collecteur de 1994 à 1998

Prix (Fmg/kg) 1994 1995 1996 1997 1998

Min (cacao) de 775 de 3500 de 2500 de 4000 de 5500

Max (cacao) à 4000 à 4500 à 4750 à 7000 à 6750

Min (café) 5000 4000 2750 4500 5500

Max(café marchand) 12500 8000 3750 6500 6500

Source : Enquêtes personnelles

La grande différence entre le prix minimum et le prix maximum pour une même campagne démontre encore une fois l’instabilité du prix au collecteur et au producteur. Cela apparaît comme une lame à double tranchant pour les producteurs qui pourraient jouer sur le prix selon la période mais cela demande une grande adresse pour éviter une perte énorme en cas de baisse spectaculaire du prix.

58 Durant les 5 dernières années, les prix médians au producteur n'ont pas subi de changement significatif à la hausse ou à la baisse.

En observant les prix à l’exportation dans les magazines économiques, on voit une fluctuation incessante. En effet, cela suit le cours mondial ainsi que la valeur du fmg entre autres facteurs.

En observant les prix à l’exportation dans les magazines économiques, on voit une fluctuation incessante. En effet, cela suit le cours mondial ainsi que la valeur du fmg entre autres facteurs.

Pour le café, on observe une tendance à la baisse du prix international sauf en 1993- 1994 et 1995 suite au plan de rétention des pays producteurs de café et des gelées brésiliennes. Cette tendance est en étroite corrélation avec les prix à l'exportation. Ce dernier n'enregistre qu'un très léger décalage par rapport au prix international.

Sur le plan national, on observe une nette hausse de prix correspondant à cette période du fait du début du flottement du fmg vers le mois de mars 1994 et la forte inflation à Madagascar durant cette année.

Il faut noter que les exportateurs malgaches ne jouent ni sur le marché à terme ni sur le marché à anticipation, ce qui diminue leur risque sur le prix. Les exportateurs n'achètent les produits qu'après avoir fixé un prix avec leur clients. Ils connaissent donc par avance le prix plafond au delà duquel ils ne peuvent plus acheter. Cependant, dans la pratique, vu que les collecteurs sont difficilement joignables et pour faciliter la collecte auprès des producteurs, les prix restent stables jusqu'à ce qu'ils soient informés d'un changement à la hausse ou une baisse de prix.

3.4.2-Formation de prix A partir du prix sur le marché international, les sociétés exportatrices fixent les prix auquel ils achètent aux grands collecteurs et ces derniers spéculent à partir de ce prix pour fixer le prix au producteur. L'Etat ne fixe plus le prix plancher au producteur pour ces produits de rente depuis 1988.

A part les autres charges fixes des grands collecteurs, le frais de transport, la commission des sous-collecteurs et le coût de transformation des produits déterminent alors le prix au producteurs.

59 En ce qui concerne la commission pour les sous-collecteurs, elle varie en fonction de la personne chez qui va être livré le produit. En moyenne les sous collecteurs travaillent sous commission qui varie entre 100 et 300 Fmg /kg.

Pour les grands collecteurs

Notre zone d'étude se situe sur la rive gauche du Sambirano, les tracteurs des sociétés et grands collecteurs y parviennent sans difficulté en saison sèche et les produits y sont ainsi transportés. Le frais de transport en tracteur ou camion est de 50fmg/kg quelle que soit la distance depuis Ambanja. En saison des pluies, les tracteurs ou camions relayent les charrettes et chalands ou pirogues. Notons que les deux grands collecteurs du village disposent tous deux de chaland, cela ne leur pose pas de problème.

Pour les sous-collecteurs qui livrent chez des grands collecteurs de Bemanevika et Antsamalà , le frais de transport est alors ajouté du frais du chaland ou de la pirogue, les collecteurs disposant en général tous de charrettes, ce coût s'élève à 100fmg / sac de 50kg pour la pirogue. Ainsi, dans le second circuit, il y a une baisse des marges des sous-collecteurs pendant la saison des pluies.

Tableau 16 : Récapitulatif des coûts de commercialisation du cacao sec à Antanambao jusqu’à Ambanja

Prix et coûts (en fmg par kg de Vente passant par de sous Vente directe au grand fèves) collecteurs (1) collecteur (2)

Unité Fmg/kg % Fmg/kg %

Prix de vente par les grands 6500 à 6750 100 6500 à 6750 100 collecteurs aux exportateurs

Marge nette du grand collecteur 190 à 440 2.8 à 6.7 410 à 640 6 à 9.5

Coûts totaux 6310 à 6410 93 à 97 6110 90 à 94

Coût de transport 50 0.76 50 0.76

Taxe versée à Antanambao 60 0.9 60 0.9

Prix d’achat au grand collecteur 6200 à 6300 91 à 96 6000 88 à 92

Coût de collecte 200 à 300

Marge du sous-collecteur 200 à 300 2.9 à 4.6

Prix au producteur à Antanambao 6000 88 à 92 6000 88 à 92

60 ou Ambohimarina

Le prix du cacao frais correspond en moyenne au tiers de celui du cacao sec, le rendement technologique du cacao frais /cacao sec = 0.4. La vente de cacao à l’état frais occasionne donc en moyenne 11% de manque à gagner pour le producteur, si on ne considère pas le frais de ressechage chez le grand collecteur. En passant par le sous- collecteur, la commission de celui-ci est deux fois moins dans le cas de la livraison de produit non encore préparé chez le grand collecteur. C’est ainsi que les grands collecteurs préfèrent les produits à l’état frais. Ainsi, ils recommandent aux sous- collecteurs non patentés de leur livrer uniquement du cacao frais.

Tableau 17 : Récapitulatif des coûts de commercialisation du café vert à Antanambao jusqu’à Ambanja

1 2

Unité Fmg/kg % Fmg/kg %

Prix rendu usine (Ambanja) 6000 100 6000 100

Marge nette du grand collecteur 180 3 380 6.33

Coûts totaux 120 2 120 2

Coût de transport 50 0.83 50 0.83

Taxe versée à Antanambao 70 1.16 70 1.16

Prix d’achat au grand collecteur 5700-5800 95 5500 91.6

Coût de collecte 200-300 3.33 - 5 - -

Marge du sous-collecteur 200-300 3.33 - 5 - -

Prix au producteur 5500 91.66 5500 91.66

Concernant le café, le prix du café coque est deux fois celui du café marchand, ce qui correspond au rendement technologique du café coque/café marchand, la part perçue par le producteur ne change donc pas qu’il soit vendu en coques ou décortiqué.

Tant pour le café que pour le cacao, les producteurs gagnent la même somme que la vente s’effectue chez le grand collecteur ou chez le sous-collecteur. C’est la marge obtenue par le grand collecteur qui diminue lorsqu’il fait appel à un sous-collecteur ; c’est pourquoi un grand collecteur préfère utiliser le moins possible les sous-collecteurs.

61 Dans le cas où le grand collecteur se trouverait dans les villages voisins : Antsamalà ou Bemanevika, c’est le sous-collecteur qui se charge du frais de transport : charrette et pirogue, le frais du taxi-brousse Antsamalà – Bemanevika est de 2500Fmg/sac de 50kg. La commission du sous-collecteur augmente alors à 350Fmg par kg.

Tableau 18: Rapport du prix au producteur et du prix à l’exportation Année Café Cacao Prix au Prix FOB % prix au prod Prix au Prix FOB % prix au prod producteur * par rapport au producteur* par rapport au FOB FOB 1989 950 1997,1 47,56 1280 1514 84,6 1990 950 1212,1 78,37 1105 1410 78,42 1991 1000 1269,6 78,76 1330 1702 78,18 1992 500 1190 42 1100 1707 64,49 1993 500 1548,3 32,29 1550 1685 92,04 1994 8200 7189,8 114,05 3270 3615,5 90,46 1995 6000 9661,6 62,10 3480 4820,5 72,2 1996 4750 5789,9 82,03 3390 4531,6 74,84 1997 5500 6502,9 84,58 5775 5941,9 97,19 1998 5750 7230 79,52 6096 8580,8 71,04

Source: Bulletin d'information et de statistique de la Banque centrale de Madagascar, 1998

* enquêtes personnelles

Le tableau ci-dessus montre le rapport entre le prix à l’exportation et le prix au producteur. Pour le café, nous constatons après la libéralisation de la filière, une hausse de la part perçue par les producteurs . En 1994, le prix offert aux producteurs est nettement supérieur au prix de référence à l'exportation. Cela vient du fait du flottement du fmg vers mars 1994 et une forte inflation à part les circonstances économiques internationales.

Pour le cacao, d’après les prix relevés sur place comparés aux prix de référence à l’exportation, les producteurs sont assez avantageux : leur part atteint 97% du prix à l’exportateur en 1997. Il faut cependant noter que le prix FOB affiché ci dessus est un prix de référence donné par ICCO mais selon le client et la destination du produit et

62 surtout la qualité offert par l’exportateur, ce prix peut avoir changé. Le prix présenté ci- dessus regroupe toutes les qualités confondues.

Les agents économiques agissent sur la quantité collectée et exportée et sur la qualité pour obtenir le maximum de bénéfice. La quantité collectée par les collecteurs varie en fonction de la demande et la disponibilité du produit. D’après les données recueillies auprès du service de conditionnement d’Ambanja, une société collecte en moyenne 300 tonnes de cacao et 650 tonnes de café avec un maxima de 812 tonnes pour le cacao et 2100 tonnes pour le café. Un grand collecteur peut collecter entre 25 et 150 tonnes de café en une campagne. Cela explique les diverses techniques de fidélisation des producteurs : crédit, aides sociaux, proposition de collecte à domicile des produits notamment en période de pointe pour le café.

3.5 - Impacts de la filière

3.5.1- Place du café et cacao dans la ressource du ménage: revenu, crédit, terre Le cacao et le café sont deux produits apportant un revenu appréciable. La valeur économique potentiel de ces deux produits au sein des ménages ajoutée à la rareté de terres en plaine fait que les ménages jeunes et les petits producteurs notamment s’installent dans la zone forestière et étendent leur culture. L’importance de la production caféière et cacaoyère est plus nette sur le revenu monétaire. Voici un exemple montrant la structure de dépense d’un ménage de grand producteur pendant les mois de mai et juin ; Catégories Mai Juin Dépenses Recettes Dépenses Recettes Produits de première nécessité 42 200 39 500 Vestimentaire 170 000 Dépense d’exploitation 6 000 Vente de cacao 78 000 470 500 Total 48 200 78 000 209 500 470 500 Pendant les deux mois, la vente de cacao seul reste la source de revenu monétaire du ménage. On voit que vers le mois de juin, malgré les dépenses vestimentaires, il y a uun surplus de revenu. Les dépenses d’exploitation, ici ont servi pour la récolte du riz. Comme il s’agit ici d’un grand producteur, il a pu attendre les 5 jours de fermentation et

63 séchage du cacao avant de les vendre sans avoir à manquer d’argent, en effet, à part la vente du cacao sec prévu pour l’achat vestimentaire, ce producteur a également vendu du cacao frais pour les autres dépenses du ménage. C’est un exemple assez représentatif des grands producteurs avec lesquels nous avions pu nous entretenir, l’étendue de son exploitation est dans la moyenne de celle de tous les exploitants du même type. Nous avions également pris comme référence les ménages enquêtés pour connaître les revenus issus du café et cacao à partir du prix moyen des deux produits pour la campagne, de la production moyenne de chaque type de producteur. Ces calculs sont basés sur les déclarations des producteurs, les données dans les carnets de vente ainsi que l’estimation lors des visites de parcelles. Tableau 19 : Revenus moyens (Fmg) issus du café et cacao pour chaque type de producteur en 1998 Café Cacao Grands producteurs 1 500 000 5 000 000 Producteurs moyens 750 000 1 960 000 Petits producteurs 250 000 1 456 000

Ces revenus sont calculés à partir du prix de production ôté des frais d’entretien et les frais de récolte qui est estimé au prix du tiers de la production totale : le « toko telo » est le système de salariat le plus fréquent. La superficie moyenne pour le café est 2 à 3 fois supérieur à celle réservée au cacao cependant ce dernier produit procure deux fois plus de revenu au même type de producteur. En effet, la charge de production du café est supérieur à celui du cacao à cause de l’entretien effectué pour cette culture : le nettoyage et la taille des caféiers. Le frais de nettoyage d’une parcelle de 50 ares est de 50 000 Fmg en moyenne. Il y a également la vétusté des plantations de caféier aggravée par la sécheresse prolongée durant la période de fructification des caféiers depuis les trois dernières années qui réduit grandement la production de café, qui, en plaine est installé sur du sol sablo-limoneux et est plus exposé à cette sécheresse. Cela peut être avancé comme un autre argument pour expliquer l’orientation vers le cacao actuellement. D’après ces données, par rapport à la moyenne nationale, on peut dire que les paysans producteurs de café ou cacao dans cette zone ont un revenu élevé.

64 Il est à remarquer cependant que pour un producteur dans la zone forestière, les frais de transport des produits depuis les parcelles de production jusqu’au collecteur du village entraîne une charge de production supplémentaire.

65 Tableau 20 : Frais de portage des produits de la forêt jus qu’au village en 1998 Trajet Transport de 50kg de café Transport de 30kg de cacao Anketrakabe –Antanambao 8000 Fmg 6000 Fmg Biromba –Antanambao 8000 Fmg 6000 Fmg Befalafa- Antanambao 25000 fmg 15 000Fmg Source : enquêtes personnelles Pour un producteur moyen, cela occasionnerait donc une charge entre 100000 et 420000Fmg, cette charge augmente à mesure que l’exploitation rentre en zone forestière, et pourtant on constate depuis ces dernières années une augmentation de nouvelles parcelles, cela montre encore une fois le manque de terrain de culture en plaine.

En zone forestière, la première étape de l’appropriation de la terre, aux yeux des autres exploitants seulement mais pas d’une manière légale, repose sur son défrichement. Habituellement, le riz est installé tout de suite après le défrichement et ensuite les cultures pérennes. Dans les exploitations que nous ayons observées, la culture pérenne sert également à marquer le terrain. Les nouveaux venus ne s’installent pas sur un terrain où est déjà installé une culture pérenne. Après son installation sur un nouveau campement, un exploitant peut revenir à chaque récolte sur son ancienne plantation et il fait sa récolte. Tableau 21 : Dynamique des installations en zone forestière

Exploitant Numéro du Emplacement des Cultures installées sur Emplacement campement actuel campements ces campements actuel précédents précédents Jaosolo 2 Befalafa Cacao Befalafa Norbert 1 2 Befalafa Cacao Befalafa Doara 3 Masomamangy Anacarde Bemahaleny Bemahaleny Cacao, café Soalehy 2 Bemahaleny Café Bemahaleny Jean-Louis 2 Bekirintsana Anacarde Befalafa Rasoa 2 Biromba Café Befalafa Joro 2 Befalafa Cacao Bemahaleny Source : Enquête personnelle

66 Dans le cas d’un prêt de terrain, en vertu du droit d’usage selon lequel l’arbre planté est perçu comme la preuve de l’appropriation du sol par le planteur, il est interdit de planter ou de semer toute plante dont la récolte des fruits ne peut pas s’effectuer au cours de l’année qui suit la mise en culture. Ce principe exclut donc les plantes ligneuses pouvant produire des fruits exploitables.

Crédit D'après la structure de dépense des ménages, la vente du café ou cacao sert notamment à assurer l'achat de PPN et en particulier du riz. Pour les trois types de producteurs, c'est à partir du mois de décembre que les producteurs commencent à contracter du crédit auprès des collecteurs. Tableau 22: Répartition crédits contractés auprès des grands collecteurs Grand producteur Producteur moyen Riz ou paddy 19% 80% Location tracteur 51% Espèces et marchandises 30% 20% Source : Enquête personnelle, livre de crédit Le remboursement du crédit se fait en majorité vers le mois de juillet et août, période de récolte du café. Un producteur n’a accès au crédit chez un grand collecteur que s’il livre es produits chez ce grand collecteur ou chez le sous-collecteur qui est en contrat avec le grand collecteur. La disposition de plantations de café ou de cacao constitue une garantie pour les commerçants pour accorder ou non un prêt. On retrouve là un autre objet pour l'installation de plantations. Les petits producteur n’ont pas encore de « patron » fixe. Indirectement, le crédit alloué aux producteurs sous forme de paddy pendant la période de soudure procure aux grands collecteurs le fond de collecte pour la prochaine campagne et une marge bénéficiaire qui résulte de la différence de prix du riz en période de soudure et en période de récolte. En 1998, le prix du daba de paddy (équivalent à 20kg) était de 15000Fmg à la période de récolte et il a atteint les 25000Fmg pendant la période de soudure, soit une différence de 60% durant la même campagne.

67 3.5. 2 - Intérêts de la commune Ces deux produits représentent également des sources de revenu pour la commune. 3% du prix d'achat des produits est prélevé par la commune dont 1% destiné à la commune, 1% au fivondronana et 1% pour la province. Ces prélèvements sont à la charge des sociétés exportatrices ou des conditionneurs – stockeurs. En 1998, ce prélèvement a destiné à la commune atteint 5 720 000Fmg, ce qui représente 39% du budget de la commune. Rappelons que à part les prélèvement sur le café et le cacao, la commune a comme source de financement une subvention de l ‘Etat , les prélèvement sur l’abattage et la vente de bovin et les taxes sur les charrettes.

3.5.3 - impacts sur la réserve spéciale Extension de l'exploitation dans la zone forestière

Tant pour le caféier que pour le cacaoyer ; actuellement il ne reste plus de terrain disponible pour étendre les cultures en plaine. L’extension des cultures vers la zone forestière a alors débuté depuis les versants aux pentes moyennes vers l’intérieur de la zone forestière.

Tableau 23 : Répartition des exploitants en zone forestière

Date de début d’installation Nombre d’exploitants identifiés Anketrakabe 20 ans 5 Befalafa 10 ans 15 Bemahaleny 5ans 20

Source : enquête personnelle

L'âge du chef de ménage semble être en relation avec la disposition de terrain et donc de plantation. Les grands producteurs sont surtout les personnes âgées de plus de 50 ans et les jeunes surtout des petits producteurs. Afin d’assurer leur subsistance, une réaction de ces jeunes est alors d'aller exploiter dans la zone forestière où l'âge moyen des chefs d'exploitation est de 31 ans.

A Anketrakabe, les plantations sont déjà en pleine production. Befalafa est à une demi- heure d’Anketrakabe les plantations y sont en début de production. A Bemahaleny ; à deux heures de Befalafa ; les caféiers commencent à fructifier tandis que les cacaoyers ne sont pas encore entrés en phase de production.

68 35 9000

30 8000 7000 25 6000 café 20 5000 cacao 15 4000 P( c af é) Prix (fmg) 3000 P( c ac ao) 10 installations en ans 2000 Pourcentage des nouvelles 5 1000 0 0

6 7 95 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 19 199 199 Années

Figure 7 : Evolution des installations de caféraies et cacaoyères parallèlement à celle du prix du café et du cacao

Ce graphique montre la tendance de 10 producteurs en zone forestière à l’installation de parcelles caféières et cacaoyères en 10 ans. L’enquête n’a pas été exhaustive pour les installations en zone forestière ce qui explique les périodes où l’on n’a pas enregistré de nouvelles installations, cependant la tendance générale est retracée dans ce graphe. Ainsi, parmi l’ensemble des parcelles des exploitations visitées, c’est à partir de l’année 1992, période suivant la libéralisation des filières que les nouvelles installations des caféières et cacaoyères sont importantes. C’est en 1995 que la majorité, (plus du tiers des exploitants consultés) des caféières ont été installées, rappelons qu’ en 1994, le prix du café est monté de 800fmg à 8000fmg. Les données manquantes ne permettent, en effet, pas de conclure à une existence de corrélation mais la tendance est là.

L'extension de la culture de café et cacao est fonction de la superficie défrichée pour le tavy. Chaque exploitant défriche pour le riz de tavy en moyenne 50 ares par an. En effet, dans 80% des cas, le café ou le cacao n'est installé qu'après 2 ou 3 saisons de riz. Ensuite, 50 à 60% de ces superficies sont transformées en cacaoyères ou caféières et le reste laissé en jachère pour revenir sur le riz après quelques années. Ainsi, tenant compte de cette pratique paysanne, nous pouvons voir encore cette tendance en observant à partir des données cartographiques les superficies défrichées.

69 Tableau 24 : Evolution de la déforestation dans la vallée d’Ambahatra (ha)

Année 1954 1987 1995

Intérieur de la réserve 0.0 198.6 169.5

Extérieur de la réserve 132.4 438.2 626.0

Source : Déforestation, altitude, pente et aires protégées ; GAUTIER L. et Al.

Le tableau 24 montre qu’entre 1987 et 1995, le taux de défrichement annuel a triplé. En tenant compte de la pratique paysanne citée ci-dessus, on peut estimer que la transformation de ces surfaces défrichées en parcelles cacaoyères et caféières soient proportionnelle à cela.

L’hypothèse concernant la relation entre prix et extension des plantations en zone forestière est en partie vérifiée. 8/15 des producteurs en zone forestière se sont lancés à la production de café en 1995, juste après la hausse spectaculaire du prix au producteur. Lors des entretiens avec les exploitants dans la réserve, pour le choix des cultures, l’exploitant tient compte également d’autres facteurs que le prix des produits ; la vitesse d’entrée en production (3 à 5 ans pour le café tandis que 5 à 7 ans pour le cacao), la tolérance de sols peu fertiles pour le café sont souvent évoqués comme raisons d'adopter cette culture au lieu de celle du cacao.

Actuellement, nous assistons à une baisse tendancielle du prix du café et en même temps à une conversion des plantations caféières en cacaoyères, nous l’avions remarqué sur 9 parcelles visitées en zone forestière et cela s’observe également en plaine. Mais cela ne permet pas d’affirmer que c’est ce phénomène de hausse de prix qui a entrainé cet engouement pour le café en 1995, il faut tenir compte d’abord des caractères agroécologiques des parcelles (nature du sol en particulier), ensuite, il ne faut pas non plus oublier un critère mentionné par tous ceux qui ont planté du café en zone forestière c’est la rapidité du café à entrer en production (4 à 6 ans contre 5 à 9 ans pour le cacao). C’est une stratégie dans leur système de production de se lancer d’abord dans la production de café pour avoir au plus vite un revenu après le riz et peu à peu, les cacaoyers sont plantés, ce dernier est préféré par le fait qu’il produit quasiment toute l’année et peut aider pour les dépenses quotidiennes. La sensibilité des producteurs au prix du produit se manifeste donc au niveau du choix entre les deux cultures mais on ne peut pas dire que cela soit la cause de l’incursion en zone forestière.

70 4-Potentialités et handicaps des filières café et cacao Pour que ces cultures s’installent et entrent dans la pratique quotidienne des habitants dans cette zone, les facteurs favorables sont présents. La filière café et cacao n’est cependant pas sans faille.

4.1- Potentialités Le café et le cacao sont à leur place dans cette zone du Haut Sambirano : en effet, ils sont installés dans une région à climat chaud et humide sur des sols de plaines alluvionnaires. D’autre part, ces deux produits de rente sont issus de cultures pérennes demandant après installation de faibles dépenses de production. Le marché tant au niveau national qu’international offre un potentiel considérable. D’après des responsables de sociétés exportatrices, pour le cas du cacao, même si la quantité de production double, il y a encore du marché. Vu la demande en ces produits, et la qualité du cacao malgache, les sociétés de collecte et d’exportation dépendent de la production paysanne. Cela laisse envisager une meilleure collaboration entre les entités. La présence en permanence de plusieurs collecteurs assure le débouché des produits des paysans. Les analyses montrent également que les marges de commercialisation et les divers coûts de collecte sont assez faibles par rapport au prix au producteur. Ces conditions favorisent l’incitation des producteurs à l’extension de leurs cultures.

4.2- Les handicaps de la filière Des handicaps existent à plusieurs niveaux : tant sur le facteur de production ; la terre principalement, que sur les moyens techniques et financiers à la disposition des producteurs, sur la commercialisation et il faut noter également le problème du changement du climat dans la région.

4.2.1- les facteurs de production

Un des points faibles de ces filières est la limitation des possibilité d’extension de la culture en plaine. Actuellement, plus de 90% des plantations se trouvent encore en plaine mais une étude diachronique de la déforestation de la réserve spéciale de Manongarivo et sa zone limitrophe a permis d’estimer la surface défrichée depuis les

71 dix dernières années à 121ha/an. Et en plaine, il n’y a pas autant de surfaces disponibles pour une installation de cultures. La solution actuelle adoptée par les paysans consiste donc à défricher, toujours plus loin et toujours plus à l’intérieur de la forêt. Il y a en effet une réglementation sévère qui interdit ces exploitations en zone forestière mais cela n’empêche pas les petits producteurs et immigrants à y installer leur plantation au risque de devenir des hors la loi.

4.2.2 l’âge des plantations et les moyens techniques à la disposition des producteurs

Non seulement dans la zone d’étude mais dans tout Madagascar, la vétusté des plantations de café entraîne la baisse de la production. 15 sur les 65 parcelles des producteurs enquêtés ont été installés il y a plus de 25 ans. Cela est une des principales causes de la faible production des plantations paysannes. Nous constatons actuellement dans quelques parcelles des producteurs qui effectuent le recépage de leur caféiers et ils y placent en attendant la prochaine récolte du riz pluvial. Il est également à remarquer que la décision de renouveler la plantation ou de recéper ne vient qu’après une récolte quasi-nulle sur une parcelle. Plus d'assistance technique quant à la programmation du renouvellement progressif ou des recépages des plants est nécessaire. Cela nous amène à un autre handicap de la filière car après l'opération café - poivre - cacao, qui mettait à la disposition des producteurs des agents techniques pour les aider aux recepages des caféiers et au renouvellement des plants de cacaoyers, il n'y a plus d'encadrement spécifique axé dans le développement de ces deux cultures. L’extension des parcelles reste la solution pour augmenter la production.

4.2.3- Au niveau de la première transformation des produits

L'absence d'une décortiquerie dans ces villages contraignent les producteurs à vendre le café en coques. Cela limite la possibilité de transport dans d'autres points de vente vu le frais de transport des produits. Une atomisation de la production comme on l’a constaté au niveau des petits producteurs ne permet pas d’obtenir une bonne et rapide fermentation des fèves de cacao, pourtant vendre du cacao sec permet d’avoir un meilleur prix.

72

4.2.4- Au niveau de la commercialisation

- Le problème de la route de desserte reste permanente, les grandes sociétés de collecte , pour pouvoir continuer à collecter s'occupent de la réhabilitation périodique de ces routes. - Les producteurs, par le crédit qu'ils contractent en période de soudure sont reliés à des collecteurs fixes jusqu'au paiement de ces crédits. Après la libéralisation , la présence de plusieurs grands collecteurs donne un aspect libre du marché, cependant cela ne joue pas en faveur des producteurs car la concurrence n'est pas vraiment établie. - L'atomisation de la production est un problème car avec des petites quantités de produits, les premiers acteurs de la filière ne sont pas en position de réclamer quoi que ce soit. - Les prix sont fixés par les collecteurs, ils présentent de nombreuses fluctuations du fait que ce sont des produits d'exportation. Les producteurs pallient alors leur manque à gagner en essayant d'augmenter leur offre sur le marché. Le manque de terrain en plaine constitue une contrainte pour eux. La production de café et cacao dans cette zone limitrophe de la réserve spéciale intéresse une partie importante de la population, les responsables du fokontany estiment les producteurs de café et cacao à de 80% de la population. Cette dernière en tire profit par autoconsommation , pour le café et surtout par la vente des deux produits. En effet, outre les bénéfices très estimés par les producteurs, ces deux cultures sont une garantie aux yeux des collecteurs - commerçants pour obtenir des prêts soit sous forme de paddy ou riz blanc soit en espèces lors de la période de soudure. L'obligation du passage par les collecteurs du fait de l'atomisation des produits et le mauvais état de la route figure parmi les contraintes pour les producteurs. Cependant, les collecteurs rendent le débouché sûr pour les producteurs.

D’après ce qu’on a vu auparavant, l’hypothèse concernant l’organisation de la collecte n’est vérifiée qu’en partie. En effet, par rapport aux marges obtenus par les différents intermédiaires, les producteurs en obtiennent une part acceptable notamment pour le cacao. Cependant, l’organisation de la filière fait qu’en l’absence de ces intermédiaires, plusieurs difficultés interviendraient à cause de l’atomisation des produits entre autres. La moyenne des ventes en période de pointe est de 20kg par producteur et 5kg en période intermédiaire, il faut qu’il y ait des intermédiaires pour les amasser et les

73 transporter aux sociétés de conditionnement et, vu l’état de la route notamment en période de pluie, les producteurs perdraient toute une journée pour la vente de cette petite quantité de produit à Ambanja, en plus de cela, le frais de transport réduirait encore la marge espérée : 7000fmg*2 plus de 100fmg/kg de produit en saison sèche en plus du frais de la pirogue en saison des pluies et cela si les taxi-brousse arrivent à passer par la route depuis Ambanja jusqu’à Antsamalà. Par ailleurs, il est plus facile pour les sociétés exportatrices et de conditionnement de collecter en une seule fois un camion de café ou de cacao au lieu de plusieurs petit sacs ce qui ferait perdre du temps.

4.2.5- Changement progressif du climat

Malgré l’absence de données climatiques sur notre zone d’étude, nos différents passages dans la zone et l’affirmation unanime des habitants nous ont permis d’observer la prolongation de la période sèche dans la zone, une conséquence de la déforestation sans doute, la forêt ayant joué un rôle de tampon écologique. Cela coïncide avec la période de fructification du café et cela a un impact non négligeable sur la production.

74 5-Suggestions L'ensemble des blocages du développement socio-économique de la filière impliquent indirectement des problèmes à la gestion de la ressource forestière . Face à cela et d'après les handicaps de la filière qui ont été identifiés précédemment, nous avons mis en évidence un certain nombre d'axes prioritaires, sur lequel pourrait porter une action de développement.

* Axes d'intervention

- Formation des producteurs

- Création de groupements d'intérêt économique

- Mise en place de politique de facilitation

accès au crédit

réhabilitation des voies de dessertes

sécurisation foncière

* Esquisses de solution

La première hypothèse relative au prix au producteur et l’extensions des cultures nous amène à penser que pour préserver les ressources forestières, il ne faudrait alors pas augmenter les prix des produits de rente. Il est à remarquer cependant que contrairement aux producteurs des pays industrialisés une réponse positive à une hausse de prix ne se vérifie pas automatiquement dans les pays africains notamment parce que l’agriculteur a un objectif de revenu minimum permanent et, par conséquent si le prix s’accroît, l production d’une faible quantité de produit suffira à fournir le revenu requis. Il aurait même dans ce cas une relation négative entre le prix et l’offre commercialisée. L’amélioration des revenus des habitants avec les facteurs de production disponibles actuellement contribuerait à freiner l’avancée de la déforestation. Ainsi, les solutions proposées ci-après sont orientées dans ce sens.

- la seconde hypothèse dans laquelle nous avions supposé que le système de collecte actuel favorise principalement les intermédiaires a été vérifiée en partie. Compte tenu de cela ; une meilleure organisation des producteurs leur permettrait de gagner plus. D’après les enquêtes, du temps du CEAMP, une coopérative regroupait les producteurs pour la vente des produits, ce mode d’écoulement des produits est préféré à celui

75 d’aujourd’hui par les producteurs qui ont vécu cette période. Cela permettrait en effet le regroupement des produits et permet de raccourcir le circuit de commercialisation. Le regroupement des produits est bénéfique également pour la qualité notamment pour le cacao, cela permet une continuité du traitement des produits (fermentation et séchage) et donnera alors une qualité de produit constante. Ceci est un plus à avancer auprès des sociétés pour avoir une bonne position face à eux. Les sociétés auront plus de confiance à un groupe de personnes qu’à un producteur individuel. Cela permettrait d'entreprendre des actions d'envergure telles que la certification de l'ensemble des parcelles des paysans en tant que parcelles biologiques comme ce qui est déjà en train de se faire par l'intermédiaire des grands collecteurs. Cette solution nous parait intéressante pour cette zone étant donné que les producteurs n'ont pas les moyens d'acheter des produits chimiques pour la fertilisation ou le traitement, mieux vaut les valoriser en tant que tels. Plus d'information aux paysans sur ce point leur permettrait de prendre les dispositions nécessaires, les produits biologiques ayant des prix plus élevés que les produits "conventionnels". Mais pour cela, la confiance mutuelle entre les producteurs est indispensable.

- Compte tenu du résultat montrant le faible capacité de décision des producteurs, et même de tous les acteurs locaux à agir sur le prix, une organisation entre pays producteurs s’avère nécessaire afin de pouvoir reconsidérer le prix de ces produits sur le marché international, des associations des pays producteurs existent et elles pourraient mener des actions pour balancer l’offre et la demande afin d’en tirer le meilleur prix.

- La transformation des méthodes culturales dans le sens de l’intensification peut aider la population à obtenir un revenu permettant de subvenir à leurs besoins et de limiter ainsi l’extension des défrichements forestiers. Pour cela, la relance de la vulgarisation des techniques agricoles telle la proposition des nouvelles variétés de cacao et café ainsi que des variétés d’arbres d’ombrage adapté au changement climatique actuel lors du renouvellement du verger permettrait à moyen terme d'augmenter la production de chaque exploitation. D’après le responsable de la FOFIFA Ambanja, le bonara gasy qui est l’arbre d’ ombrage le plus utilisé pour le café dans la zone, perd ses feuilles pendant

76 la période de grande sécheresse. La réhabilitation de l'ancienne pépinière d'Antanambao et la collaboration entre organismes de recherche (la FO.FI.FA en l'occurrence) et l'organisme agissant sur place faciliterait cette action . Ces améliorations techniques ne suffiront souvent pas et les producteurs devront s’adapter au fait que le renouvellement ne peut plus être gratuit, c’est à dire spontané, sans dépenses. Une telle évolution entraînera nécessairement une monétarisation progressive et de ce fait, l’apparition d’activités non agricoles complémentaires dans l’activité des ménages.

- Pour compenser l'impossibilité de conquérir de nouveaux espaces, il faut pouvoir proposer aux cultivateurs une meilleure mise en valeur des régions défrichées (GAUTIER L. et al.) hors réserve en y installant des cultures adaptées, la "rente foncière" de la forêt n'étant pas inépuisable. A part le café ou le cacao, l'anacardier s'adapte bien aux sols pauvres , la relance de la pipériculture serait également favorable à notre avis étant donné qu’elle ne demande pas de terrain supplémentaire et que le poivre ne manque pas de débouché sur place.

- Comme il a été fait dans la partie sud de la réserve spéciale, un programme de sensibilisation des riverains quant à la valeur des ressources naturelles: plantes médicinales et autres est nécessaire suivi d'une application dans le dispensaire du village. Ainsi, l’action des forestiers ne devrait plus être un facteur néfaste qui applique leur mandat de façon réductrice et répressive, mais ils devraient tenir plutôt un rôle de conciliateur.

77 CONCLUSION

Depuis quelques années, on observe de plus en plus la progression de l'aire de culture dans la forêt limitrophe et dans la réserve spéciale de Manongarivo. A part le riz pluvial de tavy, les cultures de rente tels que le cacao et le café remplacent peu à peu la forêt.

Cette étude a eu pour objectif de voir les facteurs incitateurs de l’installation de ces cultures en zone forestière et de leur impact sur la réserve. Nos hypothèses concernent en premier lieu la relation entre le prix et l'installation des cultures de rente en zone forestière et en second lieu l'organisation de la filière de ces produits de rente.

Il apparaît que le prix est en partie un facteur incitateur de l'extension des cultures de café et cacao en forêt. Une étude a essayé de montrer la corrélation entre prix et extension de cultures en forêt. On a observé que la tendance d’évolution du nombre de nouvelles installations en zone forestière est de suivre les courbes de variation des prix au producteurs . L’étendue du défrichement en zone forestière suit également cette variation du prix.

La première hypothèse stipulant que l’extension des cultures en zone forestière est fonction du prix au producteur est alors vérifiée.

Il faut cependant tenir compte de la limite de ce résultat ; l’enquête effectuée auprès des exploitants en zone forestière n’étant pas exhaustive.

Selon les producteurs, le choix de ces cultures et de leur installation en zone forestière repose sur d’autres facteurs également :

D’abord, ce sont ces cultures qui permettent à la majorité des ménages de subvenir à leurs besoins. Pour les grands producteurs en particulier, elles permettent d’avoir deux fois plus que le revenu moyen des ménages ruraux malgaches.

Ces cultures servent de capital garantie aux yeux des collecteurs pour pouvoir contracter un crédit pour le riz pendant la période de soudure.

Ensuite, comme l’entrée en zone forestière occasionne de plus en plus de dépenses pour le transport, et d’après GAUTIER et al., l’altitude se présente comme une limite

78 naturelle au défrichement en ces zones montagneuses, les premiers venus se servent de ces cultures pérennes comme marqueur de terre avant de changer de campement.

L'étude de filière a montré que chaque acteur de la filière joue son rôle mais qu'aucune fonction facilitante n'existe dans cette filière: pas d'encadrement, pas d'accès au crédit à part celui alloué par les collecteurs, et même la réhabilitation des pistes de desserte sont laissés aux collecteurs. En 1988, il y a eu la libéralisation de la filière des produits d’exportation, après quoi, la part reçue par les producteurs ont augmenté de plus de 40%. Sur le plan monétaire, le prix au producteur est assez acceptable, il représente en effet 91% du prix F.O.B indicatif. Dans ce cas, l’hypothèse mentionnant que ce soient les intermédiaires qui sont les plus favorisés par l’organisation actuelle de la filière est invalidée.

Mais si on tient compte des bénéfices liés indirectement à la commercialisation du café et cacao prises par les collecteurs (bénéfice induit par le crédit du riz contracté en période de soudure et payé à la récolte de café et cacao)ainsi que la capacité de décision dont les collecteurs disposent sur la fixation du prix au producteur qui peut être considéré comme une faveur, cette hypothèse serait alors vérifiée en partie.

En plus de cela, étant des produits d'exportations, le prix de ces produits est fixé depuis l'aval de la filière et celui qui prend le maximum de risque reste le producteur. Par ailleurs, le fait que la route ne soit praticable que pendant la période de pluie renforce le monopole des collecteurs.

On peut conclure alors que le prix peut jouer un rôle dans l’orientation des habitants riverains de la réserve dans le choix de la culture qu’ils entreprennent. Ainsi, il faut en tenir compte lors de la sensibilisation pour l’aménagement du terroir. Les organismes gestionnaires des aires protégées situées dans les zones productrices de produits d’exportation devraient tenir compte des moyens techniques et financières à la disposition des producteurs riverains d’atteindre leur minimum de revenu sans l’extension des aires de cultures en zone forestière. Il restera encore le problème de ceux qui sont issus de famille nombreuse.

Mais à part le prix, d’autres facteurs tels que l’organisation de la filière et l’environnement de la filière d’un produit jouent également un rôle dan l’utilisation du sol. En effet, les paysans planteurs qui recherchent la sécurité dans une agriculture

79 présentant les risques économiques (prix bas et fluctuant, vols) font le choix de systèmes de production extensifs.

Actuellement, ces producteurs n’ont pas des moyens leur permettant de mieux travailler et profiter de leur culture.

Préserver les ressources naturelles en freinant l’extension des cultures, mais alors laisser les habitants riverains de la réserve sans moyens de subsistance ? tel est le dilemme qui se pose dans notre zone d’étude. Le défrichement entraîne une perte en biodiversité mais, ces cultures de rente pourraient contribuer à la conservation de la biodiversité aussi. En effet, on ne sait pas encore leur impact positif ou négatif sur le sol, seulement, il s’agit ici de plantes arbustives ayant des racines pouvant limiter l’érosion et elles restent les seules ressources sûres et permanentes des ménages et qu’elles ne demandent pas d’être renouvelées annuellement.

Dans le programme des organismes d’appui au développement, la responsabilisation des habitants est actuellement demandé mais parallèlement, il faudrait que l’Etat joue son rôle en protégeant les avantages des premiers acteurs de la filières au niveau de l’association des pays producteurs, en établissant une politique agricole adaptée à chaque région et en améliorant les infrastructures routières.

80 BIBLIOGRAPHIE

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TABLE DES MATIERES INTRODUCTION………………………………………………………………………………4 I- PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ...... 8 I-1- Localisation...... 8 I.1.1- Situation géographique...... 8 I.1.2- Les sites d'étude et leur situation administrative ...... 8 I.2 - Milieu physique...... 8 I.2.1-Topographie ...... 8 I.2.2- Sol ...... 10 I.2.4- Hydrographie...... 15 I.2.5- Végétation ...... 15 I.3 - Le milieu humain ...... 15 I.4 - Economie ...... 17 II- Méthodologie...... 19 2.1- Problématique...... 19 2.2-Hypothèses ...... 20 2.3- Méthodologie proprement dite ...... 21 2.3.1- Phase préparatoire...... 22 2.3.2- Collecte de données...... 23 Indicateurs...... 29 2.4- Limites et avantages de la méthode...... 30 III-RESULTATS ET INTERPRETATIONS ...... 32 3.1 Présentation générale des filières café et cacao dans la zone d'étude ...... 32 3.1.1- Historique ...... 32 3.1.2 - Cadre actuel...... 33 3.2 - Les acteurs et leurs rôles...... 34 3.2.1- Les producteurs...... 34 3.2.2-Les collecteurs...... 47 3.3- Les circuits de commercialisation ...... 53 3.3.1- Circuit n°1 : Vente directe aux grands collecteurs...... 54 3.3.2- Circuit n°2 : passage par les sous-collecteurs...... 55 3.4- Le prix ...... 57 2.3.1-Tendances des prix ...... 57 3.4.2-Formation de prix ...... 59 3.5 - Impacts de la filière ...... 63 3.5.1- Place du café et cacao dans la ressource du ménage: revenu, crédit, terre ...... 63 3.5. 2 - Intérêts de la commune...... 68 3.5.3 - impacts sur la réserve spéciale...... 68 4-Potentialités et handicaps des filières café et cacao ...... 71 4.1- Potentialités ...... 71 4.2- Les handicaps de la filière ...... 71 4.2.1- les facteurs de production ...... 71 4.2.2 l’âge des plantations et les moyens techniques à la disposition des producteurs ...... 72 4.2.3- Au niveau de la première transformation des produits ...... 72 4.2.4- Au niveau de la commercialisation...... 73 4.2.5- Changement progressif du climat ...... 74 5-Suggestions ...... 75 CONCLUSION...... 78 BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

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ANNEXES

84 ANNEXE I Guide d’entretien pour les Producteurs 1) Information concernant le ménage enquêté Taille du ménage Age du chef de ménage Village 2) Activités 3) Concernant l’exploitation agricole : Cultures Parcelles en plaine : nombre, emplacement, superficie Parcelles en zone forestière : Date d’installation, nombre, emplacement, superficie Mode d’acquisition du terrain Prévision d’extension ? 4) Les différents travaux dans une plantation de café et cacao Les charges de production Main d’œuvre pour chaque type de tache : famille, entraide, salarié Types d’intrants Provenance Stratégie d’approvisionnement (quantité, prix) - graines - plants - fumure - produits de traitements Production par type de culture Pour le café et le cacao : fréquence de récolte, quantité récoltée Destination des produits 5) Commercialisation du cacao et du café A quel moment a lieu la vente des produits Où s’effectue la vente Sous quelle forme sont vendus les produits Fréquence de vente du cacao et du café et quantité vendue 6) Destination du revenu du café et du cacao : Investissement Dépenses ménagères Autres Proportion de ce revenu par rapport au revenu total du ménage 7) Contraintes concernant la production de café et de cacao

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Subsidiaire pour ceux qui ont une exploitation en zone forestière 1) Date d’installation en zone forestière 2) Raisons de l’installation des parcelles en zone forestière 3) Choix de l’emplacement 4) Nombre de parcelles, taille des parcelles, périodes d’installation de chaque parcelles, cultures et leurs successions sur la même parcelle, projet d’extension Raisons du choix des cultures 5) Destination des produits 6) Destination du revenu des cultures

ANNEXE II Guide d’entretien pour les Collecteurs 1) identité et village d’origine 2) Raisons du choix d’Antanambao ou Ambohimarina 3) Activités 4) Concernant la collecte des produits : Type de produits collectés, forme Traitement avant vente aux autres collecteurs ou sociétés 5) Aire de collecte Mode de collecte : directe ou emploie d’autres personnes pour la collecte Arrangement avec ces personnes collecteurs : salaire, avance de fonds, commission, autre 6) période de collecte du café et cacao 7) D’où sont les principaux producteurs livrant chez vous 8) Quantité collectée par campagne, par mois, par producteur. Eolution de cette quantité depuis les cinq dernières années. 9) Période de pointe 10) Qui fixe le prix au producteur 11) Destination des produits collectés 12) Fréquence de livraison chez l’acheteur, quantité moyenne livrée 13) Qui s’occupe du transport depuis les producteurs, jusqu’aux sociétés ou autres collecteurs 14) Comment évolue le prix de ces deux produits pendant une campagne 15) Facteurs limitant le développement de ces deux filières.

86 ANNEXE III Guide d’entretien pour les sociétés exportatrices

1) Activités de la société 2) Type de produits collectés, pour le cacao et le café : forme (marchande, fraiche…) 3) Aire de collecte 4) Mode de collecte : points de collecte en brousse ou collecteurs Arrangements avec les collecteurs : avance de fonds, transport, fréquence de livraison, commission, autre 5) Tonnage annuel des produits collectés, proportion de celui collecté dans le haut Sambirano 6) Destination des produits, qualité demandée pour les produits 7) Cette quantité couvre-t-elle la demande ? 8) De quel marché dépend le prix du café, du cacao 9) Qui fixe le prix aux collecteurs, aux producteurs ? 10) Quelles sont les charges depuis la collecte des produits jusqu’à l’exportation ? 11) Problèmes de la filière café et cacao

87 ANNEXE IV DECRET N° 65-046 du 10 Février 1965 concernant la collecte de produits locaux TITRE PREMIER Dispositions générales Article premier :- La collecte consiste dans l’achat aux producteurs, en ambulance ou à poste fixe, et dans un but commercial, de produits de nature agricole, ou de produits de l’élevage ou la pêche, énumérés par arrêtés ministériel ou provinciaux.

Art. 2- Les opérations de collecte sont exclusives de toute transformation du produit acheté, à l’exception toutefois du calibrage, du dépoussiérage, du triage. La collecte et la transformation du produit sont deux activités professionnel distinctes. En conséquence, lorsqu’une même personne ou entreprise cumule ces deux activités, elle est assujettie aux obligations spéciales et distinctes afférentes à chacune d’elles.

Art.3- La collecte ne peut être effectuée que par des collecteurs agréés. L’agrément à la qualité de collecteur est donné à titre exclusivement personnel. En aucun cas, un « peseur », un « commissionnaire » par exemple, ou tout autre intermédiaire, ne peut se livrer à des opérations de collecte sur le produit, à moins d’être lui-même agréé comme collecteur.

Art.4- Le collecteur agréé achète directement au producteur, soit pour son propre compte, soit pour le compte d’autrui. Même en ce dernier cas, il doit être personnellement agréé, quelle que soit la nature de la convention en vertu de laquelle il livre les produits à celui pour le compte duquel il collecte. Sont en particulier considérés comme collecteurs et assujettis à l’ensemble des dispositions concernant le collectage : - tous les commerçants procédant à des achats directs au producteur, - les sociétés coopératives achetant aux producteurs usagers (non membres).

TITRE II De l’agrément du collecteur

Art.5- L’agrément du collecteur est donné dans les conditions indiquées à l’article 41 nouveau de l’ordonnance n°60-129 L’agrément du collecteur agissant pour le compte d’autrui doit être demandé par l’entreprise ou la personne dont l’intéressé relève. Il n’y a pas toutefois, dans ce cas, substitution de la responsabilité de l’entreprise à celle du collecteur : l’entreprise et le collecteur sont l’un et l’autre responsables pour leur part, dans les conditions prévues à l’article 48 de l’ordonnance n°60-130 du 3 octobre 1960 modifiée par l’ordonnance n°62-060 du 25 septembre 1962.

Art. 6- Toute personne sollicitant son agrément en qualité de collecteur doit satisfaire aux conditions suivantes : 1. En vue de pouvoir tenir des registres, documents comptables, et de contrôle du mouvement des achats et de vente de produits, assurer l’établissement de tous documents administratifs ou comptables qui pourraient être exigés : savoir lire, écrire et parler le malgache ou le français, ou à défaut justifier à tout moment d’un employé majeur remplissant ces conditions ; 2. Justifier d’antécédents professionnels suffisants, concrétisés par le volume des produits traités au cours des campagnes précédentes. Ces conditions seront

88 remplacées, pour les nouveaux candidats collecteurs par la justification de moyens professionnels ainsi que de moyens financiers ou de crédit, correspondant à l’activité escomptée ; 3. Etre en possession d’au moins un instrument légal de pesée adapté aux nécessités des activités ; 4. Disposer d’emballages en bon état et en quantité suffisante ; 5. Disposer ou justifier des moyens de transport ; 6. Disposer, soit en propriété, soit en location, de locaux de stockage spécialement affectés aux produits de collecte et préalablement agréés par le service du conditionnement ou son représentant ; 7. Remplir les conditions supplémentaires qui pourraient être éventuellement fixées par les autorités provinciales. TITRE III Des obligations du collecteur

Art.7- le collecteur doit acquitter dans les délais réglementaires la patente correspondant à son activité. La délivrance de la patente est subordonnée à la présentation de la justification de la décision d’agrément pour l’année en cause. Le collecteur agréé doit, dans un délai minimum de deux mois après notification de cet agrément se fait inscrire au registre de commerce tenu au greffe du tribunal compétent et obtenir un numéro d’identification auprès de l’institut national de la statistique à Tananarive, sauf s’il s’agit d’un collecteur employé auquel cas ces deux obligations sont à remplir par son employeur.

Art. 8- En application notamment de l’article 24 nouveau de l’ordonnance 60-129, sont interdits au collecteur : - l’achat de récolte sur pied ou toute pratique équivalente ; - la commercialisation avant la date d’ouverture fixée pour la campagne ; - l’emmagasinage des produits avant achat.

Art.9- tout achat au producteur doit être effectué nu-bascule et payé en espèces. Le collecteur doit à cette occasion délivrer un bulletin de réception, comportant ses nom et numéro d’identification statistique, détaché d’un carnet à souche folioté dont il conservera la souche, et où il indiquera : - le lieu et la date d’achat ; - la nature et la qualité du produit acheté ; - Son poids ; - Les prix payés - Les lieux de destination ou stockage. Ce carnet à souche peut tenir lieu de carnet ou registre du producteur prévu par l’article 7 de l’arrêté n°1950-ECO/PX du 6 août 1963.

Art.10- Jusqu’à la pesée, les manutentions sont à la charge du producteur, après la pesée à la charge du collecteur.

Art.11- Le collecteur doit : 1. Respecter les règlements en vigueur, tant pour les achats que les ventes, la préparation, le transport, le stockage ou le conditionnement des produits ;

89 2. Ne pas mélanger les produits de qualités différentes ; 3. Constituer des lots homogènes et de qualité saine, loyale et marchande ; se soumettre, le cas échéant, aux normes fixées par le service du conditionnement en liaison avec les services qualifiés du ministère chargé de l’économie nationale ; 4. Assurer ou faire assurer, après acquisition, le transport des produits avec le soin et la diligence qu’implique la nécessité d’en éviter la détérioration ; 5. Entreposer, conserver ou stocker les produits en des locaux ou lieux spécialement aménagés, distincts de ceux réservés à tout autre commerce ou industrie, maintenus en état de propreté, et offrant toutes garanties contre la pollution, la souillure et la contamination par tout corps étranger , ou la détérioration, notamment par les rongeurs, les insectes parasites ou l’humidité ; 6. Etre toujours en mesure de justifier de sa qualité à première réquisition, notamment des fonctionnaires et agents habilités à la constatation des infractions au régime des prix et à la réglementation économique.

Art. 12- Les collecteurs agréés sont tenus d’afficher aux différents lieux de collecte, à l’extérieur et à l’intérieur de leurs locaux commerciaux, un panneau indiquant leur nom ou raison sociale, leur numéro d’agrément à la collecte, ainsi que par ailleurs leur numéro d’inscription au régistre du commerce et leur numéro d’identification statistique, ou s’il s’agit de collecteurs employés, les numéros correspondants de la personne ou de l’entreprise qui les emploie.

Les prix d’achat pratiqués au kilo devront être affichés aux mêmes endroits. Le collecteur, comme d’une manière plus générale tous acheteurs de produits locaux peut acheter à un prix supérieur, mais ne peut en aucun cas acheter à un prix inférieur au juste prix découlant, soit des décisions administratives, soit à défaut de celles-ci, des cours commerciaux.

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TITRE IV TENUE DES DOCUMENTS COMMERCIAUX Art. 13- outre le bulletin de réception remis au vendeur conformément à l’article 9 ci-dessus, le collecteur devra tenir un état permanent de ses stocks (fiches de stock). Un bulletin de livraison, comportant l’indication de ses noms, adresse et numéro d’identification statistique, détaché d’un carnet à souche folioté dont il conservera la souche, sera délivré à tout acheteur par le collecteur qui y mentionnera : - le lieu et la date de la vente ; - les noms, prénom et domicile e l’acheteur ainsi que le numéro d’identification statistique de celui-ci ; - les poids et qualités du produit vendu ; - le prix unitaires et total payés ; - les lieux de destination. Tout transport sera accompagné d’un exemplaire du bulletin de livraison. Le carnet à souche des bulletins de livraison peut tenir lieu de carnet ou registre de ventes prévu par l’article 7 de l’arrêté n°1950-ECO/PX du 6 août 1963. Ces documents seront du même modèle que ceux en usage dans les sociétés coopératives agréées.

TITRE V DISPOSITIONS TRANSITOIRES Art.14- Les collecteurs déjà agréés pour l’année en cours ne pourront se voir retirer le bénéfice de l’agrément ainsi accordé, motif pris de ce qu’il ne remplissent pas les conditions énoncées à l’article 6. Ils devront néanmoins se conformer à toutes les obligations du collecteur telles qu’elles l’objet des titres III et IV (art.7 à 13 inclus). Ils disposeront à cet effet d’un délai de deux mois à compter de la parution du présent texte pour se mettre en règle vis à vis de ces obligations qui s’avèrent nouvelles.

TITRE VI DISPOSITIONS DIVERSES Art. 15- Délégation de pouvoirs est donnée aux Chefs de province à l’effet de l’application du présent décret. En ce sens également, des dispositions particulières peuvent être prises pour certains produits, sous réserve de l’accord préalable du Ministère d’Etat chargé de l’économie nationale et du Ministre de l’agriculture et du paysannat. Les arrêtés provinciaux déjà pris en la matière demeurent valables en leurs dispositions non contraires à celles du présent décret.

Art. 16- Sauf en ce qui concerne les conditions de l ‘agrément, dont l’absence est sanctionnée par le refus ou le retrait de celui-ci, les peines prévues pour les infractions au présent décret sont celles édictées par les articles 37 et suivants de l’ordonnance n°60-130 du 03 octobre 1960, modifiée par l’ordonnance n° 62-060 du 25 septembre 1962.

Art. 17- L’arrêté N°2488-SEP du 6 novembre 1956 concernant la collecte des produits locaux est abrogé .

Art. 18- Le Ministre d’Etat chargé de l’économie nationale, le Ministre de l’agriculture et du paysannat, le Garde des sceaux, Ministre de la justice, ainsi que les chefs de province, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret qui sera publié au journal officiel de la République Malgache.

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92 ANNEXE VI

STRUCUTRE D’UN CARNET DE VENTE

Nom du producteur : Village : Nombre de pieds de plants (café ou cacao) : Date Produit Quantité Prix unitaire Montant

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