EMPLOI & HANDICAP

L'INNOVATION INCLUSIVE AU SERVICE DE L'ENTREPRISE 4.0 é t

iMalika Bouchehioua,o d Présidente de l’Agefiph

Le monde de l’emploi, comme toutes les composantes de nos sociétés, subit de profondes transformations sous l’impulsion du numérique. Les aspirations des jeunes générations obligent le monde de l’emploi à se réinventer. Dans un contexte de bouleversement des usages et des règles d’organisation du travail par la technologie, les entreprises doivent repenser leur raison d’être, leurs engagements sociétaux, notamment pour consolider leur pérennité. Dans ce contexte de mutation, l’Agefiph a entrepris en 2018 une démarche prospective.

2 Pendant près de deux ans, nous avons muter d’une démarche globale et rassemblé de nombreuses forces segmentée, à une approche individuelle actives et nous sommes allés à la et personnalisée. S’emparer du rencontre de ceux qui bâtissent le sujet des collaborateurs présentant monde de l’emploi de demain. Lors de une situation de handicap dans tables-rondes organisées dans chaque l’organisation permet à l’entreprise de région de France, nous avons invité des s’interroger sur la prise en compte de talents, qui inventent une société plus leurs besoins individuels. Cette prise inclusive, à nous raconter leur vision du de conscience permet non seulement progrès. Vous retrouverez l’ensemble d’améliorer très largement le bien- des contributeurs à ces conférences être au travail pour tous, notion ô au sein de cette publication et je tiens combien importante aux yeux des à les remercier chaleureusement pour millenials, mais également d’accroître leur participation. À l’issue de ce tour les performances de l’entreprise 4.0 de France, nous avons également qui aura su remettre en question ses convié des experts de la prospective, process collaboratifs. des nouvelles technologies ou de Aborder un futur plus inclusif dans l’innovation à partager avec nous leur nos sociétés est une démarche vision sur le handicap dans le monde de qui peut sembler contraignante. l’emploi de demain. Chacun d’entre eux Changer de prisme et considérer que partage son opinion singulière et riche l’innovation permet à chaque individu, d’enseignement. Nul doute que chaque en situation de handicap ou non, dirigeant ou collaborateur trouvera d’exprimer son talent grâce à l’outil dans ce travail des pistes inspirantes de travail, transforme les contraintes pour transformer son organisation et en opportunités. C’est pourquoi nous la rendre plus apte à relever les défis souhaitons aller encore plus loin à du futur ; qu’il s’agisse de collaboration travers le lancement d’un grand appel homme-machine, de technologie à projet autour de l’innovation que universelle, de représentation de la vous pourrez découvrir dans ces pages. singularité de chaque individu dans nos Rejoignez, vous aussi, le mouvement, sociétés… autant de sujets au cœur de collaborons et inventons ensemble une l’entreprise inclusive 4.0. société plus juste et plus efficace pour Notre société est en effet en train de demain !

3

sommaire

CHAPITRE 1 CHAPITRE 2

5 contributions innovantes 7 La stratégie innovation de l'Agefiph 33 - Serge Tisseron 9 Une nouvelle étape avec le lancement Psychiatre, Docteur en psychologie, d’un ambitieux programme d’appels Membre de l’Académie des technologies, à projets 2020−2022 Président Fondateur de l’Institut pour l’Etude des Relations Homme-Robots (IERHR)

- Philippe Trotin 15 CHAPITRE 3 Directeur de la mission Handicap et E-Accessibilité, Accessibility Lead chez Remerciements 39 Microsoft France Ils ont participé au Conférence Tour de l'Agefi ph - Lambert Trenoras 19 PhD, CEO & co-fondateur Gyrolift

- Stéphane Martin 23 Directeur Général de l'Autorité de Régula- tion Professionnelle de la Publicité (ARPP)

- Andrée Deissenberg 29 Chief Creative Offi cer, Directeur général création & développement, Crazy Horse Paris 6 CHAPITRE 1

5 contributions innovantes

7 Serge Tisseron Psychiatre, Docteur en psychologie, Membre de l’Académie des technologies, Président Fondateur de l’Institut pour l’Etude des Relations Homme-Robots (IERHR)

8 Selon vous, en culture constitue un for- quoi la technologie midable vecteur d’éman- cipation et d’autonomie, et la robotique la pratique d’une activité pourraient-elles artistique ou culturelle est représenter des créatrice de lien social. En opportunités plus, ses effets bénéfiques d’innovations sont loin de se limiter aux seules personnes en inclusives dans le situation de handicap : monde professionnel, ils s’étendent à la société en particulier pour dans son ensemble. les personnes En second lieu, si les personnes dites « handicapées » sont handicapées ? en situation de handicap pérenne, toute personne non handicapée peut se retrouver en situation de handicap Les technologies de l’IA provisoire par rapport à une tâche particulière à un moment et de la robotique repré- donné de sa vie. Nous sommes en effet tous des « personnes sentent l’opportunité de handicapées potentielles » pour deux raisons. Tout d’abord, mieux inclure les personnes par rapport à des situations au-dessus de nos possibilités, handicapées dans le monde alors que d’autres que nous peuvent posséder les compé- professionnel. Mais cela tences physiques ou mentales requises qui nous manquent pose deux problèmes. pour une tâche spécifique. Et en second lieu, par rapport à la vieillesse, qui nous confronte chacun à la réduction Tout d’abord, il serait progressive et inéluctable de nos possibilités, aussi bien phy- dangereux de penser les siques que mentales. Le vieillissement de la population et le opportunités d’innovations développement des problèmes de santé chronique contri- inclusives dans le monde buent à accroître la proportion de personnes en situation de professionnel indépen- handicap partiel ou total au sein de nos sociétés. damment des opportunités d’inclusion culturelle. Pour Les technologies à développer doivent donc pouvoir être que les technologies d’aug- utilisées aussi bien par des personnes handicapées de façon mentation des personnes durable par rapport à la norme, que par des personnes en situation de handicap qui ont besoin d’être ne créent pas de nouvelles augmentées pour une formes de marginalisation, tâche déterminée. Au- il est essentiel qu’elles ne “les technologies trement dit, le mieux se limitent pas à l’accès proposées serait que les techno- aux métiers, mais incluent logies proposées pour aussi l’accès à la culture et devraient aider des personnes à la création. Outre que la être utilisables handicapées à leur par tous“

9 poste de travail soient également utilisables par tous pour d’augmenter sa perception augmenter leurs compétences. Les outils seraient seulement visuelle ou auditive, ou bien réglés différemment. De telles technologies ne seraient pas des sièges permettant à des seulement « inclusives » pour l’occupation d’un poste de personnes paraplégiques de travail par une personne handicapée, mais également passer de la position assise « inclusives » pour la représentation sociale du handicap. à la position debout en quelques secondes, exacte- En effet, si les outils technologiques utilisés par les uns et ment comme une personne par les autres sont identiques, les personnes en situation normale. L’entreprise serait de handicap durable seront non seulement intégrées par alors propriétaire de ces l’alignement de leurs possibilités sur celles des personnes technologies et elles ne dites « normales », mais elles se sentiront d’autant moins seraient utilisées par la marginalisées que ces mêmes personnes dites « normales » personne handicapée que pourront, elles aussi, bénéficier de technologies semblables dans son activité profes- ou proches pour réaliser certaines tâches. Par exemple, un sionnelle. Ce choix risquerait bras artificiel commandé par la pensée via un casque muni évidemment de provoquer de capteurs, pourrait être utilisé dans une activité profes- une souffrance lorsque la sionnelle aussi bien par une personne normale que par une personne quitterait son lieu personne handicapée, mais celle-ci pourrait l’utiliser égale- professionnel puisqu’elle ment pour simplifier la gestion de son quotidien. perdrait en même temps les bénéfices des technologies De quelle façon doit-on, selon vous, « asso- qui réduisent ses handicaps. cier » l’humain et le robot pour que ce « duo » Cette option présente des soit véritablement vecteur d’inclusion pour inconvénients qu’il convien- les personnes handicapées ? drait de prévenir.

Il existe trois possibilités d’associer un humain à des techno- Enfin, la troisième éventua- logies de telle façon que ce duo soit un vecteur d’inclusion lité est de prévoir les mêmes pour les personnes en situation de handicap. technologies de telle façon que les personnes souffrant La première est d’imaginer des technologies implémentées de handicap pérenne en dans le corps même, et cela de façon irréversible. Nous bénéficient à la fois dans écartons cette possibilité car elle ne peut se poser que par leur vie professionnelle et rapport à la vie sociale en général, et elle dépasse donc dans leur vie privée. C’est largement le cadre de la seule vie professionnelle. Elle pose alors l’usager lui-même en outre des questions graves sur les inégalités qu’elle pour- qui est propriétaire de ces rait générer. technologies.

La seconde éventualité est de concevoir une technologie Mais cela risque de donner extérieure à l’individu qu’il puisse utiliser ou non dans sa à la personne handicapée, vie professionnelle. Par exemple, des outils permettant dans sa vie personnelle et

10 Si on devait mettre en avant une idée “prendre en compte prioritaire qui met la technologie au service d'autres critères de l’inclusion, quelle serait-elle ? Pouvez- vous la décrire et en quoi elle vous parait comme prioritaire par rapport à d’autres ? le bonheur, la La priorité me semble être de procurer aux personnes handi- réussite sociale, capées les technologies qui leur permettent à la fois de créer l'épanouissement“ des liens et des situations d’interdépendance réciproque selon leurs désirs, et de les faire échapper à tout risque familiale, des performances de dépendance imposée. De telles technologies devraient supérieures à celles de ses notamment assurer la liberté de déplacement, la possibilité proches. Les conséquences de regarder ses interlocuteurs à hauteur de regard sans être peuvent être compliquées obligé de lever la tête et les yeux vers eux, dans une posture à gérer. Tout d’abord cela de soumission ; la possibilité de pouvoir les écouter et leur risque de donner à la per- répondre sans être obligé de les faire répéter ni de faire des sonne « handicapée-aug- efforts de voix démesurés, ainsi que la possibilité de se saisir mentée » un sentiment de des objets à proximité et de s’en servir. Si ces conditions toute-puissance probléma- étaient réunies, l’intégration des personnes handicapées tique et d’alimenter chez elle dans les espaces collectifs, aussi bien privés et familiaux des exigences narcissiques que publics, en serait considérablement favorisée, et cette plus grandes encore au ser- amélioration concernerait toutes les situations, qu’il s’agisse vice de son ego. Quant à ses de travail ou de loisirs. proches, la même situation peut encourager chez eux Qu’est-ce qui vous fait penser que cette une demande d’augmen- idée serait la plus importante en ordre de tation identique. Là aussi, priorité ? Avez-vous déjà confronté ou cette option présente donc des inconvénients qu’il testé cette idée/initiative auprès d’autres conviendrait de prévenir. personnes ?

En tous cas, si les modi- Depuis quelques années, les tâches répétitives, dange- fications proposées aux reuses, épuisantes et sales ont été largement automatisées, personnes handicapées notamment dans le secteur automobile, et elles le seront sont durables, elles doivent plus largement encore dans les années qui viennent. Mais prendre en compte d’autres la technologie ne doit pas seulement venir en aide aux critères que l’adaptation personnes désignées comme handicapées, mais aussi éviter professionnelle, comme le que des personnes normales ne le deviennent. Or certains bonheur, la réussite sociale, métiers sont producteurs de handicap, aussi bien physique l’épanouissement, etc. que mental.

11 J’ai travaillé une grande eux ce qu’ils faisaient auparavant sans eux, un effort parti- partie de ma vie comme culier doit être apporté aux exosquelettes et au différents médecin hospitalier et je me véhicules réduisant les efforts, la pénibilité et la surcharge suis rendu compte à quel sensorielle. Et cela à la fois en utilisant des technologies point les infirmiers et les extérieures au corps et disponibles tout autant dans la vie aides-soignants devaient privée que dans la vie professionnelle. Il est urgent de créer gérer des tensions psy- des exosquelettes légers, faciles à enfiler et à enlever, et qui chiques et émotionnelles puissent être utilisés tout autant par des personnes en si- dont ils partagent la charge tuation de handicap durable que par des personnes devant avec les médecins, mais accomplir ponctuellement des tâches pénibles. aussi accomplir des tâches physiquement pénibles et On ne peut jamais faire aboutir une idée/ susceptibles de devenir rapi- initiative seul. Quels ingrédients vous dement douloureuses, voire paraissent nécessaires pour réussir la mise de créer diverses formes en pratique de cette idée ? Que faudrait-il de handicaps durables. Faire la toilette de malades mobiliser pour la réaliser ? Sur quel type grabataires, par exemple, de personnes faudrait-il s’appuyer pour la ou les aider à passer du rendre concrète ? fauteuil au lit et du lit au fauteuil, oblige à des efforts Il faudrait mobiliser à la fois les structures de soin, les asso- considérables dont les effets ciations de professionnels et les ingénieurs, pour lesquels psychiques autant que phy- l’Académie des Technologies pourrait être un relais utile. siques sont très largement Mais n’oublions pas l’impact psychologique des techno- sous-estimés. À la différence logies. Si elles sont appelées à compenser les handicaps des métiers dangereux et à les prévenir, il est également important de veiller à ce et salissant évoqués plus qu’elles ne les suscitent pas ! À l’Institut pour l’Étude des Re- haut, il serait dangereux lations Hommes-Robots (IERHR), nous sommes très attentifs que ceux-ci soient confiés à aux relations perturbantes que certaines personnes, patients des machines. La présence ou soignants d’ailleurs, peuvent nouer avec les objets tech- humaine y est absolument nologiques. Si nous ne nous y intéressons pas dès mainte- indispensable mais elle im- nant, nous risquons plique en même temps des de laisser s’installer activités physiques pénibles une véritable bombe et à terme possiblement “nous ne voulons à retardement. C’était handicapantes. le sens de la mise en pas que les robots garde du de 2017 : Si nous ne voulons pas que « Robotique et santé les robots remplacent les remplacent les mentale, pour des soignants, mais qu’ils les soignants“ robots qui aident les aident à faire mieux avec malades à aller mieux

12 “ce n’est pas à ceux lise dans nos smartphones, à l’intimité et au qui fabriquent ces discours intérieur, à l’attente et à la solitude, au temps, à l’espace, au deuil, à la sexualité, machines de nous dire et même à la honte et à la culpabilité. Mais comment elles doivent les bouleversements les plus importants sont encore à venir. Avec la révolution de « l’intel- fonctionner, mais à ligence artificielle empathique », le produit le plus demandé risque d’être une « person- leurs utilisateurs “ nalité artificielle » avec laquelle interagir. Ces nouveaux usages auront évidemment un fort impact sur la manière de penser les émotions et ne rendent pas malades et même l’idée que nous nous faisons d’une « personne ». Le les bien portants ». comprendre, et réfléchir notamment à la manière dont les technologies devraient lutter contre l’isolement et générer La relation que l’être plus de socialisation, est pour moi un axe essentiel de la humain entretient avec ses cyberpsychologie. Et c’est dès aujourd’hui qu’il faut réfléchir objets technologiques n’est à ces logiques structurantes. pas seulement une ques- tion éthique. Elle oblige en Ce n’est pas à ceux qui fabriquent ces machines de nous dire effet à penser une nouvelle comment elles doivent fonctionner, mais à leurs utilisateurs. psychologie, qu’on peut ap- Il existe beaucoup de solutions technologiques, législatives peler « cyberpsychologie » et éducatives, mais toutes doivent commencer par préserver en hommage à Norbert la distinction entre humains et machines ; nous militons Wiener, le fondateur de la pour des robots qui ne remplacent pas les humains, mais cybernétique. Nous avons qui permettent à des humains de faire mieux, avec plus en effet pris un retard consi- d’efficacité et moins de fatigue, ce qu’ils faisaient jusque-là dérable dans la compré- sans robots. La visée du transfert doit se faire sur l’humain, hension des relations que pas sur la machine. Et pour cela, commençons par intro- l’homme entretient avec duire les robots comme des outils, c’est-à-dire ni comme des ses objets technologiques. animaux, ni comme des peluches. N’encourageons jamais Nous allons avoir besoin de les manifestations affectives face aux machines, comme « guides psychologiques » par exemple en incitant les personnes âgées à les embras- pour comprendre comment ser lorsqu’on les leur apporte ou qu’on les leur enlève. On considérer les machines n’incite pas les patients à embrasser leurs médicaments, ou les humains augmentés pourquoi les inciter à embrasser leur robot ? Il y a urgence à par elles, et nous allons poser autour de ces questions les bases d’un débat citoyen, devoir repenser ce qui fait et pas seulement pour des raisons éthiques. Il s’agit de pré- notre humanité et notre parer chacun à aborder dans de bonnes conditions psycho- dignité. Le numérique a déjà logiques la révolution des machines. bouleversé notre rapport à la mémoire qui s’externa-

13 Philippe Trotin Directeur de la mission Handicap et E-Accessibilité Accessibility Lead chez Microsoft France

Bonjour Sophie, que puis-je pour toi aujourd'hui ?

14 Selon vous, en d’un clavier (dyspraxie, quoi la technologie troubles moteurs…). Il est également possible et la robotique d’adapter les conditions pourraient-elles d’affichage sur les écrans, représenter des en utilisant par exemple opportunités des filtres de couleurs pour d’innovations gérer les problématiques de trouble de la vision inclusives dans le comme le daltonisme. Nos monde professionnel, solutions automatiques en particulier pour de sous-titrage incluant la les personnes traduction adressent non handicapées ? seulement les personnes souffrant de problèmes d’audition mais également les personnes ne maitrisant pas une langue.

La mission de Microsoft Ce ne sont que quelques exemples dans nos outils qui consiste à fournir à chaque permettent de s’adapter aux difficultés de chacun pour offrir individu et à chaque orga- un environnement de travail et de créativité le plus inclusif nisation sur la planète, les possible. moyens de réaliser leurs ambitions. De quelle manière Microsoft contribue à « associer » l’humain et la technologie pour Les évolutions technolo- que ce « duo » soit véritablement vecteur giques s’inscrivent tout naturellement dans cette d’inclusion pour les personnes handicapées ? démarche avec la mise à La société a trop longtemps mis de côté les personnes disposition de fonctionnali- « différentes » en prétextant des difficultés d’intégration ou tés inclusives au niveau des la nécessité d’effectuer des adaptations coûteuses pour un postes de travail bureau- petit nombre de personnes concernées. De très nombreux tiques dans nos outils talents peuvent souffrir d’un handicap et ces talents sont Windows 10 et Office 365. une richesse essentielle pour les entreprises. En réfléchis- Par exemple, il est désor- sant à proposer des solutions qui leur sont adaptées, nous mais possible d’utiliser une faisons évoluer les pratiques et la conception des solutions dictée vocale pour répondre technologiques au service de tous. aux difficultés d’utilisation Microsoft utilise pour le développement de ses produits une démarche de conception inclusive “nos outils [...] (https://www.microsoft.com/design/inclusive). Cette démarche permet de s’assurer que nos solu- permettent de tions technologiques répondent bien aux besoins s’adapter aux diffi cultés

de chacun“ 15 de tous nos utilisateurs en intégrant toute la richesse de leur et de moins en moins avec diversité. un clavier.

La technologie est, et doit rester, un outil au service de l’hu- Qu'est-ce qui vous main. La technologie permet en particulier d’augmenter les conduit à penser capacités humaines en associant deux éléments : d’une part, que ce sont les un volume de données collectées important (avec la généra- technologies liées à la lisation des objets connectés capturant les sons, les images, voix qui sont les plus les mouvements, …), d’autre part, une capacité de calculs prometteuses ? et d’analyse de ces données beaucoup plus importante que par le passé grâce à la puissance de calcul de notre Cloud Je positionne les tech- (dénommé Azure chez Microsoft). Ces technologies per- nologies liées à la voix mettent par exemple de pallier les difficultés à appréhender comme prioritaires car elles correctement l’environnement d’un individu. La technologie adressent un volume de devient ainsi la béquille, les oreilles, les yeux des personnes population gigantesque, en situation de handicap qu’elle soit atteinte d’un handicap ou non. Certaines Si on devait mettre en avant une idée personnes sourdes ne prioritaire qui met la technologie au service réussissent pas à se faire de l’inclusion, quelle serait-elle ? Pouvez- comprendre lorsqu’elles s'expriment verbalement et vous la décrire et en quoi elle vous parait c’est un facteur d’exclusion. prioritaire par rapport à d’autres ? La voix peut également répondre à de nombreuses Il est très difficile autres formes de handi- de prioriser dans cap (dyspraxie, personnes “hiérarchiser la mesure où nous atteintes de trouble de la essayons de ré- vision etc …). l’importance relative de pondre à une large diversité de cas de Nous avons par ailleurs diff érents handicaps ! figure et d’adresser avancé à grand pas sur C’est impossible“ le plus de handi- des solutions pour les caps possibles avec malvoyants comme par nos solutions. C’est exemple avec notre appli- un peu comme si cation Seeing AI qui devrait vous me demandiez de hiérarchiser l’importance relative de sortir prochainement différents handicaps ! C’est impossible. Néanmoins, je dirais en français. Si je devais que les avancées technologiques les plus prometteuses sont résumer, je dirais que cette celles qui sont relatives à la voix. J’imagine que, dans un application permet d’ac- future proche, nous allons de plus en plus utiliser notre voix compagner une personne via la technologie pour interagir avec notre environnement non voyante grâce à

16 l’intelligence artificielle dans sa vie quotidienne. Un assis- Que faudrait-il tant vocal, disponible à travers des lunettes connectées ou mobiliser pour la sur un smartphone, décrit précisément l’environnement de l’utilisateur qui l’interroge, lit des textes, analyse des images, réaliser ? Sur quel identifie des billets de banque et bien d’autres fonctionnali- type de personnes tés. « Seeing AI » est donc capable de convertir des données faudrait-il s’appuyer visuelles en feedback audio. L’intelligence artificielle ne se pour la rendre contente pas de décrire vaguement une image ; elle prend concrète ? le temps de détailler chaque élément et de les situer dans l’espace. L’application peut même décrire en temps réel Plus nous aurons de col- l’apparence physique des personnes, de l’environnement et laborations sur le terrain estimer leur humeur. C’est un vrai progrès pour les applica- avec des contributions de tions de l’intelligence artificielle. personnes en difficulté, plus nous serons en mesure En revanche, nous devons encore progresser face aux d’apporter des outils challenges du handicap auditif qui représente pratiquement efficaces. Par exemple, pour la moitié des personnes en situation de handicap en France l’amélioration des solutions (5,4 millions / 12 millions). Lors de nombreux évènements, d’analyse de la voix, il est j’ai été personnellement confronté à des personnes souhai- nécessaire de travailler avec tant poser des questions à l’issue de ma présentation. Il est des personnes présentant toujours très gênant de demander à la personne de répéter des troubles de l’élocution ce qu’elle vient de dire car on a été dans l’incapacité de la ou encore sur des personnes comprendre. Pouvoir s’exprimer et se comprendre est un ayant de forts accents. enjeu très important de l’inclusion L’Intelligence Artificielle permet aujourd’hui de On ne peut jamais faire aboutir une idée/ répondre à de nombreuses initiative seul. Quels ingrédients vous solutions mais l’important paraissent nécessaires pour réussir la mise en est de disposer des don- pratique de cette idée ? nées permettant de faire fonctionner les algorithmes Pour réussir cette recette, il faut mélanger des experts tech- d’apprentissage. Dispo- niques, des chercheurs, des startups mais aussi, bien enten- ser de nombreuses voix du, les principaux utilisateurs que peuvent être les personnes différentes avec différents en situation de handicap. types de difficultés per- mettra à des spécialistes Sur un autre registre, Microsoft a signé de nombreux par- de l’Intelligence Artificielle tenariats comme par exemple en France la collaboration de développer les solutions avec l’Association Valentin Haüy pour les tests d’usage et adaptées. de localisation de son application « Seeing AI ». Ce sont les utilisateurs qui font que la solution fonctionne et il faut donc bien travailler sur les usages.

17 Lambert Trenoras PhD CEO & co-fondateur Gyrolift

18 Selon vous, en entourage proche, je n’ai pas souhaité travailler quoi les nouvelles pour résoudre un problème technologies spécifique. Je voulais aller pourraient plus loin, travailler sur ce représenter une marché souvent jugé « de niche » pour le décloison- opportunité ner. C’est pourquoi j’ai fait d’innovation du produit Gyrolift le sujet inclusive dans le de ma thèse. Je me suis inté- monde professionnel, ressé au sujet de la mobilité au sens large, et j’ai voulu en particulier pour travailler pour adresser le les personnes plus de problématiques handicapées ? possibles ; de la sclérose en plaques aux personnes ayant eu un AVC… L’idée est simple : plus je pourrai cibler un marché J’ai une sensibilité technolo- large, plus je pourrai proposer des coûts accessibles pour une gique car j’ai suivi un cursus solution qui permettra de dé-stigmatiser le fauteuil roulant. d’ingénieur. Quand j’ai dû Pouvez-vous nous décrire Gyrolift ? Depuis choisir mon orientation, je me suis dit que le monde quand existez-vous ? Où êtes-vous implantés ? n’avait pas forcément besoin Avez-vous des concurrents etc... d’encore un nouvel ingénieur Gyrolift est une solution de mobilité inclusive. Basée sur une en aéronautique ou auto- technologie gyropodique (type Segway, OBW…), nous avons mobile, et qu’une spéciali- développé un module robotique afin de permettre à tout type sation sur la réhabilitation d’usager de se déplacer aussi bien assis que debout. Pour des et le handicap apporterait personnes à mobilité réduite, le Gyrolift apporte une solution quelque chose de réelle- moderne, design, dé-stigmatisante. Offrant une verticalisa- ment positif, d’autant que tion à des personnes en fauteuil roulant et ainsi des avan- le nombre d’étudiants dans tages physiologique (réduction des escarres, consolidation ces spécialités est beaucoup des os, circulation sanguine…), des avantages psychologiques moins important. C’est (être à la même hauteur qu’un interlocuteur, ne pas avoir le pour cela que j’ai choisi sentiment d’être vu de haut…) et des avantages en termes de rejoindre ce master à d’autonomie (accès aux objets en hauteur, plan de travail…). l’université Pierre et Marie Mais son design universel ouvre la porte aussi à des per- Curie à Paris, et que très ra- sonnes valides ! pidement je me suis orienté sur des travaux relatifs aux La société existe depuis 2017 mais le projet est né en 2011. handicap et à l’accessibilité Nous sommes implantés à Orléans et à Paris. Si nous devons dans le monde profession- nous comparer, il existe de nombreuses solutions de mobilité nel. Contrairement à des comme des scooters PMR, des fauteuils roulants manuels personnes qui sont touchées ou électriques, et même des fauteuils roulants, électriques, par le sujet du handicap verticalisateurs. Cependant, ce sont des solutions très stigma- dans leur famille ou leur tisantes, qui n’ont pas évolué depuis de nombreuses années ;

19 “la priorité était de développer coûteuses, lourdes et volumineuses et qui n’offrent pas les une solution possibilités qu’offrent un Gyrolift. Il existe des solutions basées sur un gyropode mais aucune n’offre la verticali- universelle“ sation. Selon vous, quelle est l’idée prioritaire/la rompre avec les clichés du handicap et du fauteuil vision qui vous a guidé dans la création de roulant. Gyrolift ? Pouvez-vous la décrire et en quoi elle Nous pensons que la vous parait prioritaire par rapport à d’autres ? conception universelle Si je devais résumer notre idée directrice, je dirais qu’il faut permet l’inclusivité et l’inté- proposer des solutions technologiques universelles ac- gration de tous. Rompre le cessibles à tous, aussi bien aux personnes en situation de stigmate visuel ou la barrière handicap qu’aux personnes valides. Qui se souvient que la du handicap pour se concen- télécommande était à l’origine un outil conçu pour simplifier trer sur l’humain. Pour une la vie des personnes à mobilité réduite face à leur téléviseur ? personne en situation de Concrètement, des technologies actuelles comme le SMS, le handicap, c’est permettre à mode vibreur des smartphones ou la commande vocale ont la personne une accessibilité, bien été développées pour des personnes handicapées à l’ori- une intégration sociale et gine, et pourtant personne ne saurait s’en passer aujourd’hui ! professionnelle, et pour une C’est la conviction qui nous guide chez Gyrolift. Pour nous, personne valide, de passer c’est ça la vraie inclusion ! Les personnes en situation de outre la barrière du matériel handicap veulent juste être comme tout le monde et arrêter médical... d’utiliser des solutions stigmatisantes. Qu’est-ce qui vous Deux situations récentes m’ont encore conforté dans cette vi- sion. Lors d’une démonstration sur le salon technologique VI- fait penser que VATECH, un jeune garçon m’a interpellé en me disant « il est cette idée serait la vraiment sympa votre nouveau Segway ! Ça coute combien ? plus importante ? Je pourrais l’acheter chez Darty ? » Quand nous lui avons Comment avez-vous expliqué qu’il s’agissait avant tout d’un nouveau type de fauteuil roulant, on a pu lire une vraie surprise sur son visage. confronté ou testé Même chose quand j’ai testé le Gyrollift dans un centre com- cette idée/initiative mercial, l’agent de sécurité qui m’avait laissé passer à l’entrée auprès d’autres me rattrape et me demande « c’est quoi cet engin ? », « c’est personnes ? un fauteuil roulant ! », « ah pardon monsieur… ». Si personne ne pense que c’est un fauteuil roulant, alors que c’en est un, et Les besoins des responsables qu’en plus des valides voudraient pouvoir l’utiliser, alors c’est handicap dans les entre- gagné ! Nous avons créé une technologie inclusive innovante. prises sont énormes et com- plexes, et leur apporter une C’est pour cela que pour nous la priorité était de développer solution simple et accessible une solution universelle. Cela devait nous mener à dévelop- va permettre de démocra- per une solution qui soit inclusive, qui réponde aux besoins tiser au plus grand nombre de tous sans oublier les personnes à mobilité réduite. Il faut des solutions technologiques

20 inclusives. C’est la taille du marché qui rend le concept si im- aller encore plus portant. Quand on s’adresse à des entreprises comme Thalès avec son « technopôle », ou Amazon avec ses entrepôts, on loin ? travaille pour des personnes qui doivent faire plus de 25 km Les principaux freins sont par jour, qui se déplacent toute la journée et qui subissent finalement de bonnes une vraie pénibilité du travail liée à une hypermobilité. Pour choses… Ce sont tous les autant, ces personnes n’utiliseront jamais un fauteuil roulant aspects règlementaires, pour se déplacer plus facilement. Des solutions comme le Se- homologation, et admi- gway par exemple ne sont pas non plus optimales ; après des nistratifs pour faire rentrer tests, les utilisateurs remontent des douleurs dans les jambes le dispositif sur la liste des au-delà de trente minutes d’utilisation par exemple. C’est produits et prestations rem- pourquoi le Gyrolift représente une solution intéressante. boursables par la sécurité Il adresse tous les besoins de ces entreprises, y compris les sociale. C’est un process personnes en charge des sujets d’employabilité et des coûts aussi compliqué que celui qui d’aménagement pour les employés en situation de handicap. consiste à lancer un médica- C’est pour cela qu’avec les missions handicap chez Enedis ou ment ! Tant que le dispositif Dassault systems, nous rencontrons de nombreuses entre- ne sera pas estampillé prises qui veulent en savoir plus sur la solution. CE, nous ne pourrons pas lancer des tests larges avec On ne peut jamais faire aboutir une idée/ de nombreux utilisateurs. initiative seul. Quels ingrédients et quels types Mais c’est prévu avant la fin de personnes vous paraissent nécessaires 2019. Alors oui c’est compli- qué, oui c’est un peu long… pour réussir le déploiement de votre projet ? Mais nous ne travaillons Il faut staffer une équipe solide, motivée et quelque part, pas sur un nouveau gadget investie par le projet et la philosophie de la société. Puis il faut connecté ou une nouvelle s’entourer de partenaires financiers, techniques et conseils qui application de services qui comprennent ce que vous cherchez à réaliser et qui vont vous se développe beaucoup plus faire progresser et gagner du temps. Mais dès le début, nous rapidement dans la Silicon avons travaillé en collaboration. En réalité, ce sont les associa- Valley. Nous sommes arrivés tions d’utilisateurs de fauteuils roulants avec lesquelles nous au bon moment, nous avons travaillions qui ont eu l’idée du Gyrolift. La collaboration avec toujours été soutenus par les médecins, ergothérapeutes et ergonomes nous a appor- différentes communautés té les « insights » quantitatifs dont nous avions besoin. Par et nous sommes conscients exemple, qu’il ne fallait pas dépasser les 70 degrés d’inclinai- qu’il faut tous ces aspects son dans la position debout pour ne pas créer de sensation de réglementaires pour contrô- chute potentielle. La collaboration avec les associations nous ler et sécuriser ce genre de apporte les « insights » qualitatifs complémentaires, avec des dispositif. Mais c’est vrai que usagers finaux de la solution. Et l’amélioration est perma- nous sommes très impa- nente ; par exemple, nous testons des optimisations via les tients de pouvoir offrir le réseaux sociaux auprès de nos communautés. dispositif aux usagers finaux et avoir pleinement leurs Quels sont les principaux freins au retours déploiement du projet et que faudrait-il pour

21 Stéphane Martin Directeur Général de l'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP)

222 Selon vous, en quoi tous ses messages, sens la publicité ouvre et sons, émis. Mettre au service de cette cause, des opportunités comme de toutes les en matière autres, les qualifications, d'innovation expertises, recherches inclusive, développées par et dans le monde pour les marques est en soi une contribution professionnel et légitime de la publicité en particulier pour à son environnement les personnes quotidien, pouvant aussi handicapées ? concourir à sa meilleure acceptation politique et sociétale. Par essence, la publicité a toute sa place dans De quelle manière l’ARPP contribue à faire la vie de la cité, s’expo- de la publicité un facteur d’inclusion pour sant aux citoyens dans leurs dimensions, certes les personnes handicapées ? de consommateurs, L’ARPP (dénommée BVP jusqu’en 2008) est, depuis sa mais aussi d’acteurs de fondation en 1935 en France, l’émanation de profes- l’économie, qu’ils soient sionnels ayant à cœur de pérenniser leur activité par entrepreneurs, salariés, un comportement économique responsable, favorable actionnaires, partenaires, à une concurrence saine et loyale, préservant la liberté académiques, inactifs… constitutionnelle d’entreprendre, et par conséquent de Le monde profession- communiquer commercialement auprès de clients et nel de la publicité n’y « prospectés » selon la qualification de l’époque. Pour échappe pas, qu’il soit en ce faire, les annonceurs, les agences, les moyens et sup- charge des marques, leurs ports de diffusion conseils et experts, ou des messages, diffuseurs, il se doit dou- établissent en- blement d’innover : en semble, après avis son sein d’abord, par ses et écoute forma- pratiques managériales lisés de la société en diversifiant les profils civile, leurs règles et opérant des recrute- professionnelles ments inclusifs, et par de bonnes pra- son expression créative tiques en matière et technologique dans de publicité, et les représentations de

233 chargent, en le finançant té » pour préserver la confiance des consommateurs ; par cotisation volontaire, bien au contraire, l’autorégulation complémente le leur organisme d’autoré- « droit dur », particulièrement sur les représentations gulation de les conseiller dans la publicité, qui ne peuvent être strictement nor- à leur application avant mées et régulées sans attenter aux libertés. diffusion, mais aussi de les contrôler par divers Les règles abordant la notion de handicap en publicité, moyens (autosaisines ad que la profession a fixé de longue date, tant au plan hoc, bilans et observa- mondial (Code de la Chambre de commerce interna- toires publiés, jury indé- tionale (ICC)) qu’en France (Recommandation ARPP pendant de traitement Image et respect de la personne – première version en des plaintes de consom- 1975), se font avant tout sous l’angle de la non-discri- mateurs, Organisations mination et de la notion de stéréotype. C’est encore Non Gouvernementales, aujourd’hui sous l’approche de « ne pas exclure » que concurrents, institutions plutôt « d’inclure », que le handicap et les personnes publiques…). handicapées sont appréhendés dans la publicité, ce qui est en soi une contribution à la juste représentation Ce dispositif de « droit des personnes handicapées. Mais de manière générale, souple », conçu et optimi- la règle déontologique fixe le terrain de jeu créatif, sé depuis plus d’un siècle, qui peut évoluer dans le temps, mais n’impose pas sa d’abord aux Etats-Unis nature, ni délivre des injonctions sociétales aux profes- (premier better business sionnels responsables in fine devant leurs audiences. bureau en 1914), même si la France a été pion- Si on devait mettre en avant une idée nière en Europe, est bien évidemment présent dans prioritaire qui met la publicité au service tous les marchés, au fur de l’inclusion, quelle serait-elle ? Pouvez- et à mesure de leur matu- vous la décrire rité, y compris dans le cas et en quoi elle d’économies plus politi- vous parait quement encadrées (ex. Russie). L’autorégulation prioritaire de la publicité ne s’op- par rapport à pose pas à la réglemen- d’autres tation, qui, par exemple, combat avec efficacité Souvent encore, les pratiques commer- les (trop) rares ciales mensongères ou campagnes repré- trompeuses, la démarche sentant le handi- originelle de nos aînés, la cap mettent, avec « vérité dans la publici- raison, en avant

24 la sensibilisation à la question, pour « dénon- cer », pour « interpeller » et non pour représen- ter des personnes tout simplement ; c’est notre démarche de progrès col- lective à avoir. Quelques annonceurs ont réussi, à notre sens, ce pas supplé- mentaire vers l’inclusion.

Par exemple, en valori- sant la personne (« avant j’étais timide »), le handi- cap moteur rendu acces- révèle qu’en fin de spot publicitaire, les premiers plans soire (Krys), en utilisant montrant simplement un jeune homme - de couleur l’humour de Jamel Deb- - cadré haut, visiblement heureux de ses vacances. bouze pour dédramatiser En la matière, les festivals mondiaux de publicité ne le sujet (Agefiph 2010), révèlent pas des pays plus avancés sur cette inclusion, en valorisant avant tout sauf quelques exceptions primées, parfois dans des la fonction profession- catégories ad hoc, révélant plus souvent le volume et la nelle du cuisinier « star » créativité reconnue des pays anglo-saxons en premier. (Grégory Cuilleron pour l’Agefiph), jusqu’à un Pour autant, si le Code du travail s’est sensiblement chanteur valide (Stro- renforcé, alternant pénalités (taxes, taux d’emploi mae) qui prend place seuil de 6 %…) et incitations (adaptation financée du dans un fauteuil roulant poste de travail, recours aux entreprises adaptées…), y et milite pour des festi- compris pour l’emploi public, les agendas associatifs et vals accessibles pour tous politiques n’ont pas la même urgence, qui se traduisent (« alors on danse ? »). dans la communication des entreprises devant ré- L’étape suivante dans les pondre à leurs parties prenantes. Aujourd’hui, la poli- représentations est pro- tique RSE s’est en cohérence calée sur l’accord de Paris posée par exemple par la sur le climat (COP 21, décembre 2015) et ses objectifs plateforme néerlandaise de développement durable déclinés nationalement. Le de tourisme (booking. « zéro exclusion » y côtoie bien les objectifs de neutra- com). Elle illustre en effet lité carbone ou de « zéro déchet », mais pour le vaste que l’accessibilité aux tissu de Petites et Moyennes Entreprises et Entreprises fauteuils roulants fait de Taille Intermédiaire, si les nécessités de l’emploi et partie de ses critères de du management sont réelles, l’attention, l’investisse- recherche, mais ne le ment, les ressources… sont davantage tournés vers

25 la question les normes ouvertes “impulser les environne- d’accessibilité numérique bonnes pratiques mentale et les existent et s’imposent de- transitions à puis 2005 aux services de managériales et opérer. communication publique de soutien à en ligne pour les adminis- Selon-vous, trations ; aux entreprises toutes les comment volontaires de s’en saisir agir pour pour des communications innovations” commerciales. donner plus de On ne peut jamais place aux personnes handicapées ? faire aboutir une idée seul. Sur nombre de sujets, il s’avère que le public est bien plus réceptif qu’on ne le pense généralement à cette Quels ingrédients approche par la représentation normale de la diversité vous paraissent de nos sociétés : ni invisibiliser, ni discriminer positive- nécessaires pour la ment. Cette approche inclusive trouve de plus en plus faire aboutir ? sa place dans les propositions adressées à la société. Mais là encore, la Commission développement durable Pour conforter les ini- de l'Association des Agences Conseil en Communica- tiatives inclusives dont tion s’est émue à l’été 2019 que les plus de 5 millions nous avons parlées, de téléspectateurs malentendants n’avaient toujours chaque contributeur doit, pas accès aux sous-titrages d’une grande majorité des dans sa spécificité, son films publicitaires diffusés sur les chaînes qui ont l’obli- secteur, son origine… se gation (à partir d’un seuil de part d’audience et de leur désinhiber et comprendre convention avec l’autorité administrative) de sous-ti- que c’est une démarche trer les programmes encadrant les écrans publicitaires. globale, collective, de Le législateur n’avait pas voulu contraindre la publi- toute une filière allant cité, laissant ainsi la profession s’engager volontaire- de l’avant, qui l’entoure ment dans cette démarche, dont on pourrait a minima et l’encourage. Il appar- penser optimiser chaque contact publicitaire pour un tient ainsi à chacun, par surcoût reconnu modeste : des marques systématisent exemple dans le respect le sous-titrage, des institutions aussi, mais l’annon- de la Charte d’engage- ceur public n’est lui-même pas toujours exemplaire. Et ments pour une commu- pour les près de 2 millions de personnes en situation nication responsable de de handicap visuel, l’effort d’audiodescription des 2008, dont le programme programmes est effectif, guère pour la publicité alors FAIRe de l’Union des que se sont multipliés les écrans de toute taille, encore marques est une nouvelle plus petite que l’écran de la pièce principale. Là encore, étape, associant leurs

26 Que faudrait-il mobiliser pour la réaliser ? Sur quel type de personnes faudrait-il s’appuyer pour la rendre concrète ? L’autorégulation de la publicité est bâtie justement pour réunir tous les acteurs soucieux du progrès économique via le respect de tous les publics et de leurs attentes à un moment donné de la société. Elle n’a cessé de se réformer : en renouvelant la commission de concer- tation avec les associations de consom- mateurs, bâtie au tournant des années 1980, transformée en 2008 en conseil paritaire de la publicité, et élargie aux associations environnementales et sociétales. Elle s’est réformée en 2008, le BVP devenant l’ARPP, et depuis 2005, elle se confronte au monde académique (avec le Conseil de l’Ethique Publicitaire, présidé par Dominique Wolton) et plus récemment en 2016, grâce aux appels conseils, de se remobili- à projets du Fonds de dotation de l’ARPP. C’est donc ser, parmi tant d’autres dans ses forces vives ouvertes aux parties prenantes initiatives, sur cette institutionnelles et associatives qu’il ne faut pas hésiter question de l’inclusion. à puiser, mais en gardant en tête que la représentation Le contrat de la filière aussi inclusive que souhaitée, doit aussi s’approprier communication, signé en tous les handicaps, en particulier les 85% qui sont invi- 2017 avec les deux minis- sibles (cognitifs, psychiques, sensoriels, invalidants…), tères, de l’Economie et acquis en grande majorité au cours de la vie. de la Culture, y associant aussi les représentants des salariés des branches concernées, est le lieu pour impulser les bonnes pratiques managériales et de soutien à toutes les innovations, notamment technologiques.

27 Andrée Deissenberg Chief Creative Officer Directeur général création & développement Crazy Horse Paris

28 Pouvez-vous nous les hôpitaux. À 20 ans, présenter le show après plusieurs opérations de la jambe, elle choisit de bionic girl que le subir une amputation sous Crazy Horse présente le genou pour s’épargner sur scène cette des douleurs, améliorer année ? sa mobilité et préserver sa santé future. Plutôt que Si je devais résumer, je de se considérer handica- dirais que c’est une « sci-fi pée, Viktoria a décidé de cabaret experience ». En transformer ses prothèses juin, nous avons proposé en objets d’art pour deve- une expérience futuriste nir selon ses termes, une pour immerger le public « artiste bionique ». dans l’univers d’une jeune artiste prénommée Viktoria Dix ans plus tard, cette transformation a libéré sa créativité, Modesta. Depuis plusieurs lui permettant d’assouvir sa passion pour la mode, et l’art années, nous invitons au underground, et de sculpter son image de femme accomplie, cabaret des artistes et loin des stéréotypes. Cela fait plusieurs années que je la suis créateurs. Nous avons sur la réseaux sociaux ; j’ai notamment été fascinée par sa ainsi déjà eu 12 guest-stars prestation « Ice Queen » lors de de la cérémonie de clôture comme Louboutin, Decouflé des Jeux paralympiques de Londres 2012. Il me semble que la ou encore Conchita Wurst. société évolue et est désormais prête à aller la découvrir sur Viktoria s’est illustrée dans scène. Elle danse avec une prothèse différente pour chaque le mannequinat dans ses tableau. Quand je vois l’attention portée par la presse sur jeunes années, mais a notre show et l’intérêt que suscite Viktoria, je me dis que toujours dû se battre pour nous avions vu juste. sa santé. Souffrante d’une malformation de la hanche En tant que responsable artistique, qu’est- et de la jambe gauche ce qui vous a motivé à sélectionner la depuis l’âge de huit ans, elle performance de cette jeune handicapée a passé son enfance dans dans votre programme ?

C’était le bon moment. La société se pose “plutôt que de se beaucoup de question sur la relation entre le corps et la technologie, ou les évolu- considérer handicapée, tions de l’intelligence artificielle… Person- Viktoria a décidé nellement, le sujet du handicap me touche car j’y ai été confrontée dans ma famille. de transformer Quand je vais rendre visite à ma mère aux ses prothèses en objets d’art“

29 “j’aimerais que la société ne voit plus Y a-t-il un message que vous souhaitez faire passer à des prothèses travers la promotion de ce ou du handicap, show ?

mais des personnalités“ Restons humbles ! Je ne suis qu’une pro- ductrice de spectacles ! Mais bien sûr que la société et ses évolutions m’intéressent. États Unis, je vois le regard Ce que nous souhaitons faire au Crazy, c’est ouvrir l’esprit des gens changer, notam- des gens, faire tomber des barrières, transcender les juge- ment sur les personnes ments. Si nous pouvons modestement contribuer à cela, eh blessées à la guerre : on ne bien tant mieux ! Donc il n’y a pas vraiment de « message » cache plus ses prothèses. mais une certaine vision du monde derrière ce que nous fai- On peut assumer sa beauté sons. J’aimerais que la société ne voit plus des prothèses ou malgré ce handicap. Je du handicap, mais des personnalités. Mais la vraie innova- ferais une comparaison avec tion dans cette posture, c’est Viktoria qui la porte. Nous ne certaines personnes LGBT sommes qu’un modeste porte-parole de son message. (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres) et leur com- Pensez-vous que l’art peut être un vecteur bat pour se faire accepter: la société change enfin pour d’inclusion ? s’intéresser à la personne, Bien sûr ! D’une certaine manière, je dirais que l’art contribue à l’humain derrière l’ap- à sauver l’humanité ! L’art ne peut rien contres des sujets parence ou ses choix. Il préoccupants comme les transformations climatiques par est temps que la société exemple, mais il peut participer à ouvrir les consciences, transcende le handicap pour à faire bouger les choses, à créer des réalités différentes. ne s’intéresser qu’à ce qui Quand il y a quatre ans, nous avons invité Conchita Wurst, compte : l’humain ! Viktoria on voulait dire qu’il existe différentes formes de féminités et a décidé de retourner le pa- casser les stéréotypes… C’est là que le Crazy Horse est légi- radigme, de se débarrasser time : nous sommes une maison qui fait la promotion de dif- de quelque chose qui l’em- férentes formes de création. Je suis consciente que le sujet du pêchait d’avancer, de chan- handicap n’a rien à voir, et je ne voudrais choquer personne. ger les perceptions. Ce qui Je ne suis pas suffisamment au contact de divers types de pouvait être perçu comme handicaps, notamment mentaux, pour prétendre connaitre un défaut, elle a décidé d’en le sujet ! Le handicap recouvre de très nombreuses réalités. faire une force. De notre Mais Viktoria a tout de même subi une grave amputation. rencontre est donc venue Malgré sa fragilité, elle a assumé son opération et a fait l’idée de produire le show, preuve d’une grande résilience. Ce qui peut choquer, c’est et la collaboration s’est faite qu’elle a décidé de faire de son handicap une force. Tout le tout naturellement. monde n’a pas forcément la possibilité de le faire, mais je

30 trouve que son exemple artistique est beau et inspirant pour un talent fou. C’est ça qui chacun d’entre nous. nous a intéressés. Nous sommes dans ce que nous Avez-vous la connaissance d’autres savons parfaitement faire. performances dans le monde artistique qui En tant que chef ont mis en scène le handicap de manière d’entreprise, quelles valorisante ? sont, selon vous, Elles ne sont pas encore nombreuses mais oui elles existent. les principales Il y a en a dans l’univers de la mode. Par exemple, dans les innovations qu’il années 80, Jean Paul Gaultier a fait défiler des personnes faudrait promouvoir handicapées. Alexander Mc Queen également. Aimee Mul- lins, amputée à l’âge de 1 an des deux jambes au-dessous dans le milieu du genou, a été élue parmi les cinquante plus belles femmes professionnel pour du monde, et est une égérie de la marque l’Oréal. Le sportif favoriser l’emploi Oscar Pistorius avait été choisi par Mugler comme égérie de personnes pour son parfum A*men en 2011. Sandrine Ciron, une jeune handicapées ? bloggeuse française ans a concouru à Varsovie à la première édition de l’élection de Miss Monde en fauteuil. Dans un Je travaille de concert registre différent, on pourrait aussi citer Matthew Barney, un avec le directeur général artiste américain contemporain, danseur et mannequin, qui délégué sur ces sujets et a beaucoup travaillé sur l’image extrême du corps, en pho- ce qui compte pour nous, tos et videos. Notamment son œuvre, La femme aux jambes c’est de mettre en avant la de cristal où on le voit photographié, en autoportrait, en compétence dans l’équipe, compagnie d’une femme, née sans pieds, mannequin et peu importe le genre, le championne d’athlétisme, ayant des prothèses en cristal. On handicap ou toute autre avance doucement, mais certains artistes s’emparent bien chose qu’on voudrait nous du sujet. imposer comme des quotas. Il faut donc promouvoir un Selon vous le cabaret prend-il un risque en état d’esprit ; pas des lois. faisant travailler une personne handicapée Nous sommes convaincus ou bien est-ce au contraire une opportunité ? que la richesse nait de la mixité culturelle, et rien ne On s’appelle le Crazy Horse, donc on aime prendre des pourra nous bloquer face à risques ! On ne peut pas proposer des choses convenues, cette certitude ! on doit être un peu décalés. Mais en l’occurrence, non, il n’a jamais été question de « risque ». Je n’ai eu aucun problème et toute l’équipe était enthousiaste. Comme je vous le disais, ce qui compte c’est la personne. Viktoria est une formidable showgirl. En plus d‘être belle et de danser, elle chante avec

31 32 CHAPITRE 2

La stratégie iontniova n de l’Agefiph Une nouvelle étape avec le lancement d’un ambitieux programme d’appels à projets 2020-2022.

33 Pour que chacun Une dotation de 10 millions d'euros récompensera les projets les plus prometteurs sur 3 années. puisse devenir Pour être sélectionnés, les projets devront respecter divers éléments : acteur de • Être en lien avec les entreprises progrès et de • Solliciter la participation des personnes handicapées transformation, (par des Labs notamment) • Être en capacité de s’appuyer sur les acteurs, les écosystèmes l’Agefiph inclut existants dans sa stratégie • Prendre en compte des sujets, problèmes ou publics peu ou suffisamment traités (TPE/PME, territoires particuliers, séniors, innovation un publics éloignés de l’emploi, jeunes en quête d’un premier emploi, ambitieux appel maladies chroniques …), ou à fort impact sur l’emploi à projets dont le • Viser l’effet de masse • Être facilement compréhensibles et avec un fort potentiel d’influence premier est lancé sur les politiques publiques pour le bénéfice début 2020. de toute la société. • Avoir un impact significatif sur l'emploi des personnes handicapées Deux appels à projets distincts mais portant sur une même thématique sont concernés ; l’un axé sur les actions innovantes / expérimentales et l’autre sur des travaux de recherche appliquée.

L’économie et nos sociétés sont impactées par des révolu- travail que dans les loisirs. tions dont l’ampleur et la vitesse n’ont pas de précédent L’accélération digitale dans dans l’histoire de l’humanité. Les progrès de la médecine le monde du travail oblige ont repoussé l’espérance de vie en bonne santé, entrainant à repenser les emplois dont des problématiques liées à l'évolution démographique nous aurons besoin dans exponentielle, des débats sur la durée de vie au travail et un monde ou les machines l’âge de la retraite. Les avancées des neurosciences nous ont ne cessent de prendre de fait prendre conscience de la nécessité de reconsidérer nos l’ampleur. Plusieurs études procédés d’apprentissage ; que là où on voyait auparavant démontrent qu’une grande un trouble cognitif, se trouvait peut-être un enseignement majorité des emplois de incontournable pour de nouvelles formes de pédagogie. 2030 n’existent même pas La révolution numérique a donné naissance à une nouvelle encore dans leur définition. ère d’accès à l’information mobile, une « hyperconnectivi- Comment alors repenser té » entrainant un décloisonnement de nos vies privées et les questions d'accès et de professionnelles, mais aussi un surcroit de stress au travail. maintien dans l'emploi des Cette connexion permanente bouleverse profondément le personnes en situation de rapport spatial à l’emploi ; les jeunes plébiscitant le télétra- handicap pour résorber le vail, une pratique qui a démontré son impact sur la produc- chômage et développer la tivité tout en étant plus respectueuse de l’environnement en qualité de l'emploi ? réduisant les déplacements inutiles. Les réseaux sociaux ont donné une dimension nouvelle aux communautés, à la par- Face à ces enjeux sociaux ticipation de chacun pour créer un collectif fort, aussi bien au majeurs, inventer l’en-

34 treprise 4.0 passe par deux incontournables : innovation Loin d’être cantonnée et inclusion. Le management et la manière d’organiser le aux laboratoires ou aux travail devront prendre en compte la vitesse d’adoption des technologies, l’innovation nouveaux usages. Les entreprises ne peuvent plus analyser peut s’exprimer dans bien le passé pour prévoir le futur. Celles qui réussiront doivent des domaines : nou- inventer leur futur, tester des pistes nouvelles et challenger veaux produits, procédés, leurs acquis. Ce mouvement d’innovation ne pourra pas être nouvelles techniques de « autocentré ». Les idées nouvelles viendront d’une ouver- commercialisation, d’or- ture aux profils atypiques, d’une intégration de toutes les ganisation, apport de diversités, d’un recrutement basé sur la motivation plus que connaissances nouvelles, sur l’expérience passée, d’un procédé « d’open innovation ». meilleure prise en compte Tout naturellement, la construction d’une société inclusive de l’environnement… Il faut pour tous trouve sa place dans ce mouvement résolument noter l’immense potentiel moderne. Depuis plusieurs années déjà, les personnes en si- qui réside dans l’innovation tuation de handicap revendiquent leur pleine participation à sociale, celle qui permet la construction d’une société qui embarque toutes ses forces notamment aux personnes vives pour inventer le monde de demain ; un monde plus res- concernées par le handicap pectueux des différences de chacun, conscient de la richesse de se constituer en collectif de la diversité, soucieux des nouvelles réalités écologiques… dans les territoires pour Cette ambition apparait indispensable aux yeux des jeunes inventer des formes origi- générations qui se montrent très attentives à l’écosystème nales d’accès à l’emploi et à de valeurs des entreprises, notamment leurs engagements l’information, respectueuses RSE, un critère de choix unanimement reconnu comme de de l’intégration du talent de plus en plus important pour les clients et consommateurs. tous les collaborateurs pour optimiser la productivité Pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de l’entreprise. Ces projets, de demain, l’Agefiph s’est structurée depuis initiés à l’origine en local, longtemps pour mettre au cœur de son ont souvent une capacité à devenir des succès au action une stratégie centrée sur l’innovation, niveau global ! avec un focus sur l’expérimentation et la recherche. Cette stratégie, nourrie par une réflexion prospective et “les idées partenariale, se veut orientée vers l’action : nous souhaitons transformer l’innovation en force de propositions, notam- nouvelles ment à travers sa contribution à l’élaboration des politiques viendront d’une publiques ou pour développer de nouveaux services en direction des personnes en situation de handicap en coopé- ouverture aux ration avec les pouvoirs publics, les acteurs de l'insertion, de la formation et du maintien dans l'emploi. profi ls atypiques“

35 1. Un dispositif Une approche spécifique sur la thématique « sécurisation des parcours professionnels » d’appels à projets « Action Des moments charnières particuliers peuvent constituer Innovante » des moments de fragilité dans l’emploi : passage de la fin de scolarité au premier emploi, retour au travail avec une maladie chronique évolutive ou après la survenue d’un handicap, succession d’emplois de courte durée ou secondes parties de carrière dans des contextes d’usure professionnelle... Parfois un changement de poste apparemment simple peut être à l’origine de difficultés majeures !

À défaut d’avoir été accompagnées, ces transitions professionnelles peuvent conduire à une dégradation plus ou moins progressive de la relation à l’emploi, jusqu’à une perte d’emploi ou d’activité, voire une désinsertion professionnelle.

Ces parcours professionnels sont marqués par une complexité résultant de l’interaction de multiples facteurs et que le seul handicap ne saurait expliquer.

Comment innover pour y répondre ?

Début 2020, puis en 2021 et 2022, un appel à projets sur cette thématique sera lancé. Il précisera l’angle de traitement et des cibles à prendre en compte dans les projets.

La durée maximale des projets pourra atteindre 2 ans - la dotation globale annuelle sera de deux millions d'euros - les projets pourront être cofinancés, le cas échéant, par des partenaires.

Une approche ouverte (open sourcing)

Un appel à projets permanent, dans une approche plus ouverte sans thématique prédéfi nie mais toujours en lien avec l’emploi des personnes handicapées et l’inclusion professionnelle. La dotation annuelle globale sera de 500.000 euros.

36 2. Un dispositif À travers la recherche appliquée sont attendus des modèles probatoires de produits, d’opérations ou de méthodes. Les d’appels à projets travaux entrepris doivent pouvoir combiner une approche de recherche utilisateur et l’élaboration de solutions concrètes. appliquée : Un appel à projets de recherche appliquée conjoint avec la FIRAH (Fondation internationale sur la recherche appliquée sur le handicap)

Sur un thème défini conjointement qui vient nourrir la problématique « Sécurisation des parcours professionnels » ; l’appel à projets repose sur un déroulé prévoyant une première phase d’appel à manifestation d’intérêt. Une dotation annuelle de 230.000 euros est prévue.

Une approche ouverte pour identifier et sélectionner des recherches et des études, en s’appuyant sur une large veille et sur le développement des partenariats. 160.000 euros annuels de dotation.

Pour participer aux appels à projet innovant et de recherche appliquée : rendez-vous début 2020 sur Agefi ph.fr.

37 38 CHAPITRE 3

remerciements Ils ont participé au Conférence Tour de l'Agefiph.

• 17 étapes de mars 2018 à décembre 2019 • 13 étapes en métropole et 4 dans les DOM • 69 intervenants • Près de 1500 participants

39 Lors des 2 années de tournée du Conférence Tour en métropole et dans les DOM, l'Agefiph a choisi de donner la parole à des personnalités de la société civile, parfois éloignées du monde du handicap. Au prisme de leur métier et de leur domaine d'expertise, elles contribuent à la réflexion sur l'inclusion dans l'entreprise. La confrontation des idées et des expériences a permis que de nouvelles voies soient ouvertes et défrichées.

Céline AIMETTI - Bordeaux

Déléguée générale de l’association Clubhouse France Céline Aimetti est engagée au sein de Clubhouse dont l'objectif est d'améliorer l'insertion sociale des personnes atteintes de troubles mentaux. L'association se consacre plus spécifique- ment à construire un pont entre l'hôpital et l'entreprise pour les personnes vivant avec un trouble psychique tel que la bipolarité, la schizophrénie et la dépression sévère.

Pierre ANCET - Dijon Boris ARMANCE - Saint-Denis

Maître de conférences de philosophie des sciences Président de l’association CLER à l’université de Bourgogne Président de l’association CLER (Club Pierre Ancet a notamment publié les ouvrages « Le de loisirs et d’entraide de la Réunion) handicap et l'altérité » et « Le corps vécu et l'expé- dont le siège social se trouve au CHU rience du handicap » Il réalise également des forma- de Tampon (centre de rééducation tions sur le handicap à l'université ou en entreprise fonctionnelle et de réadaptation). comme la formation « Handicap et proximité », Paraplégique depuis 2008 en raison organisée pour la Caisse d'Épargne. d’un accident de moto, il est égale- ment Intervenant Départemental de la Sécurité Routière (IDSR) et inter- Lucie BERTHRAND-LUTHEREAU - vient parfois en entreprise dans ce Aix-en- cadre.

Agrégée et Docteure en Lettres, Sciences Po Aix Référente Égalité Femmes/Hommes à Sciences Po, Hervé BERNARD - Lyon elle s’intéresse de très près aux problématiques liées Directeur social et inclusion de Handicap à la discrimination et aux inégalités. Parmi ses idées International pour faire avancer le débat, la création d’une journée « trans-genre » durant laquelle les étudiants Hervé Bernard est Directeur social et oublieraient les codes genrés de l’habillement. inclusion de Handicap International.

40 Dora BLASBERG - Orléans Joseph BLOMBO - Pointe-à-Pitre Psychologue du travail détachée auprès de l’association L’Hippocampe Directeur général de l’AGIPSAH (L'Association Guadeloupéenne pour Dora Blasberg travaille à la centrale nucléaire de l'insertion Professionnelle et Sociale Chinon dans le domaine du management des compé- des Adultes et Handicapés) tences. Elle est elle-même handicapée, et est détachée un jour par semaine pour travailler auprès de l’asso- Joseph Blombo est directeur général ciation L’Hippocampe, en faveur de l’inclusion des de l'Association Guadeloupéenne handicapés au plan social, culturel, professionnel. pour l'insertion Professionnelle et Sociale des Adultes et Handicapés Pierre BOUBY - Orléans (AGIPSAH) dont le but est d'aider les personnes en situation de handicap, Footballeur professionnel à l’US Orléans en difficultés sociales et en situation Pierre Bouby est footballeur, défenseur à l'USO. d'exclusion à trouver un travail Chroniqueur aux Grosses têtes, il est par ailleurs adapté. parrain de deux associations qui oeuvrent en faveur des enfants et des jeunes : les Apprentis d'Auteuil et Guimette BOULINVAL Un jour meilleur. - Fort-de-France

Nathalie BOY DE LA TOUR - Paris Directrice générale de l’AARPHA (Association d’Aide Présidente de la Ligue de Football Professionnel à la Réinsertion des Personnes Nathalie Boy de la Tour est la première femme présidente de la Handicapées suite à des Ligue de Football Professionnel et la première femme a avoir Accidents) intégré le conseil d’administration. Elle a été déléguée géné- Guimette Boulinval est rale du FondaCtion du football, fonds de dotation du football directrice de l'Association français, structure dont l’objet est de mieux intégrer et d'Aide à la Réinsertion des valoriser les notions de responsabilité sociale et environne- Personnes Handicapées mentale auprès des instances du football, des institutions, des suite à des Accidents en médias et du grand public. (AARPHA) et de l'ESAT Les Orchidées. Romain BRIFAULT - Rouen

Styliste-créateur et fondateur du mouvement « Pour une mode sans diff érences » Styliste français souffrant du syndrome d’Asperger, Romain Brifault a donné son nom à sa marque de luxe sur mesure en 2013. Dans sa première collection intitulée « Au commence- ment... », il propose ses modèles aux femmes valides et en fauteuil roulant. En parallèle, il fonde « Pour une mode sans différences », association qui a pour ambition de permettre la réalisation de vêtements sur mesure pour toutes les morphologies.

41 Fabrice CHANUT - Aix-en-Provence

Co-créateur, co-auteur et réalisateur pour la série « Vestiaires » Fabrice Chanut est acteur, réalisateur et scénariste de série télévisée. Sa série « Vestiaires » diffusée sur France 2 met en scène de manière humoristique et décomplexée deux nageurs en situation de handicap. Chris COMBETTE - Sandrine CHARPENTIER - Nantes Cayenne Fondatrice de Digitaly et directrice de 1Kubator Nantes Chanteur et guitariste Sandrine Charpentier a fondé Digitality, startup spécialisée Chris Combette est un dans le conseil et la formation en innovation sociale, en mixité chanteur emblématique de et en transformation numérique. Elle accompagne les entre- Guyane dont la musique prises pour les aider à créer de l'innovation inclusive en misant s'inspire à la fois du reggae, sur la mixité et la diversité des profils. de la bossa nova, du jazz, du Bastien CONFAIS - blues, ou encore la mazurka. Nantes Pascal CROCE - Bordeaux Ingénieur et docteur en informatique Chorégraphe et directeur de la Klaus Compagnie Bastien Confais a été diagnosti- Pascal Croce a créé une formation « corps différent et qué autiste Asperger à l'âge de entreprise » pour faire connaître l'approche de la danse huit ans, et a effectué toute sa inclusive aux entreprises. Le principe consiste à s'approprier scolarité en milieu ordinaire son corps et apprendre à s'exprimer avec pour améliorer les jusqu'à son doctorat en infor- rapports sociaux et favoriser l'inclusion professionnelle quel matique. Il est aujourd'hui sous que soit le handicap, physique ou psychique. contrat avec le laboratoire des sciences numériques de l'ingé- Caroline DESOMBRE - nieur. Muriel DARRAS - Sarah DA SILVA Maître de conférences - HDR en GOMES - Lyon Comédienne de la psychologie sociale à l’ESPE compagnie de théâtre du Lille-Nord Fondatrice de Constant & Grenier de Toulouse Zoé Caroline Desombre est Muriel Darras est comé- spécialiste des questions liées Fondatrice en 2015 de dienne et organise des au handicap et aux difficultés Constant & Zoé, une marque ateliers sur scène avec des d’apprentissages. Travaillant de vêtements qui conçoit des groupes de jeunes et des sur la notion de stéréotypes, vêtements adaptables aux personnes en situation de elle a écrit de nombreux articles personnes handicapées. handicap mental. universitaires sur ce sujet.

42 Christophe DEBARD - Toulouse Laetitia DEFOI - Fort-de-France Ingénieur et directeur du Fab Lab d’Airbus Co-fondatrice de l’application Drepacare Christophe Debard est ingénieur de formation et est aujourd'hui responsable du ProtoSpace Infirmière atteinte de drépanocytose, d'Airbus qui offre aux employés et aux équipes Laetitia Defoi a fondé la startup Drepa- du groupe un environnement stimulant et des care, une application à destination des outils de prototypage destinés à accélérer malades, des professionnels de santé et l'étude des idées nouvelles. Amputé d'une jambe, des associations qui luttent contre cette il a par ailleurs créé Print my leg, un outil maladie héréditaire. L’objectif est permettant de créer et personnaliser des d’accompagner le drépanocytaire dans prothèses de jambes grâce à une imprimante 3D. la gestion quotidienne de son traitement et de le rendre autonome. Chloé DURINDEL - Dijon Lima FABIEN - Cayenne Vice-présidente de l’AHSCuB Comédienne, marionnettiste et fondatrice de l’association Elle-même en situation de Je me rapproche de vous handicap et en recherche d’emploi, Chloé Durindel Lima Fabien est fondatrice de l’association « Je me mène avec son association rapproche de vous » qui travaille sur la langue des des actions pour sensibiliser signes, le théâtre et autres arts. Elle intervient à au handicap, améliorer l’Amapo, un centre d’accueil pour les enfants démunis l'acceptation des personnes situé à Cayenne, auprès de l’Association des parents handicapées et favoriser leur et amis des déficients auditifs de Guyane (Apadag) et intégration à la société. dans les Unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis) à l’école Edgard-Galliot et au collège Au- guste-Dédé à Rémire-Montjoly. Elle construit des marionnettes et monte un spectacle avec tous les Paulin FELIX - jeunes issus de ces différentes structures. Cayenne

Président du comité régional handisport de Vincent FERRY - Lille Guyane Entrepreneur Président du comité régional handisports et Entrepreneur devenu tétraplégique suite à un accident de moto, sport adapté de Guyane, Vincent Ferry a continué en dépit de son handicap à gérer et il est lui-même en développer son entreprise Clair de , spécialisée dans les situation de handicap. produits régionaux. Il a depuis revendu sa société.

43 Stéphane FRIMAT - Lille Mathieu FROIDURE - Lille

Directeur de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche Président de Compéthance et dirigant d’Urbilog Stéphane Frimat a dirigé la Compagnie de l’Oiseau Mouche, première troupe professionnelle au monde Mathieu Froidure est directeur composée intégralement de personnes en situation de associé de Urbilog, une entreprise handicap mental. La compagnie emploie 23 comé- digitale qui développe des solu- diens à plein temps et célèbre cette année ses 40 ans tions au service des personnes d’existence. handicapées. Il est aussi président de Compéthance, entreprise Jérôme GALLOIS - Lille adaptée dont l’objectif principal est de faciliter l’intégration des Directeur de l’association personnes en situation de handi- Un autre regard (CAFAU) cap dans les métiers du numé- Jérôme Gallois dirige l'Association « Un autre regard » rique. Il est président de la com- qui aide des personnes en situation de handicap mental mission NTIC de la CFPSAA ou psychique et les accompagne dans l'emploi en milieu (Confédération Française pour la ordinaire sur une longue durée pour que leur stage se Promotion Sociale des Aveugles et transforme en CDD puis en CDI. Amblyopes).

Rémi GARCIA - Toulouse Alexis HANQUINQUANT - Rouen

Gérant et Directeur de SO'lifes Champion du Monde, d’Europe Rémi Garcia a créé une société de et de France de paratriathlon service à la personne à Montpellier Victime d’un accident du travail en 2010, il porte qui accompagne humainement et aujourd’hui une prothèse à la jambe et s’est lancé techniquement les personnes lourde- dans le triathlon à très haut niveau. ment handicapées dans l’emploi. Il est lui-même tétraplégique. Hadda GUERCHOUCHE - Rennes Agnès GERBER-HAUPERT - Strasbourg Fondatrice de Impulsion Coaching Pro by Sport, vice-championne paralympique de natation Directrice générale d’Action & Compétence Hadda Guerchouche est une ancienne championne paralympique de natation. Après sa retraite sportive, Agnès Gerber-Haupert dirige l’associa- Hadda décide de se reconvertir dans le coaching profes- tion « Action et Compétence » qui sionnel par le biais du sport. Elle oriente tout d’abord son gère et met en réseaux différents coaching vers des personnes en situation de handicap, services qui œuvrent à l’emploi des puis, ouvre ses ateliers à des personnes valides afin de les personnes handicapées. aider à favoriser leur inclusion dans le monde du travail.

44 Pascale HABIC - Rennes Christine HUAULME - Dijon

Chargée de mission diversité chez Responsable diversité et égalité des chances chez APRR Groupama Loire Bretagne (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône) Pascale Habic est responsable de Christine Huaulme mène des actions en interne et en projets recrutement et chargée de externe pour promouvoir la diversité en entreprise, mission diversité au sein de Groupama elle a notamment créé une formation pour lutter Loire Bretagne. Mme Habic organise de contre les discriminations en entreprise qui a été manière régulière des opérations de généralisée à l’APRR sur l’ensemble du territoire sensibilisation et ateliers au sein de français. Groupama pour faciliter le maintien dans l'emploi de personnes en Sébastien JARICOT - Lyon situation de handicap. Fondateur de la startup SantéNet Gilles JEAN-BAPTISTE - Fort- Fondateur de la startup SantéNet et de l’application de-France MIA Confort, des outils numériques permettant aux personnes malades de mieux mesurer la douleur et Directeur de l’Urass d’adapter son traitement plus finement. Il a un (Union Régionale des Asso. du Secteur handicap à l'épaule. Social et Médico-Social) Gilles Jean-Baptiste dirige l'URASS dont la mission est de préparer aux Bachir KERROUMI - Paris diplômes d’État du travail social les futurs professionnels et ceux qui Chef de mission des études économiques à la Mairie de Paris sont déjà en poste, de contribuer à la formation continue et supérieure Aveugle de naissance, Bachir Kerroumi est économiste à des différents acteurs de l’interven- la mairie de Paris chargé de plusieurs missions concer- tion sociale, de participer à l’anima- nant la place des personnes handicapées dans la ville. tion régionale dans le domaine de Chercheur-associé CNAM, il est également responsable l’action sociale et d'aider à la du programme résilience urbaine inclusive à l'Ecole des décision les institutions en charge de Ingénieurs de la Ville de Paris. Auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet du handicap et de l'insertion, il est l’action sociale par des conseils, des e études et des recherches. par ailleurs ceinture noire 4 dan de Judo.

David KENNAUGH - Strasbourg

Entrepreneur, directeur de franchises SHIVA Entrepreneur et directeur de franchises Shiva, David Kennaugh a occupé précédemment le poste de responsable puis directeur Achats et Commercial au sein de différentes entreprises indus- trielles. Il est malvoyant.

45 Gilles LE DRUILLENNEC Corentin LE GUEN - Dijon - Rennes Joueur en équipe de France de Rugby fauteuil et président de Fondateur de l’association l’association Les Black Chairs « Barrez la diff érence » Il a fondé et dirige « les black chairs », club de rugby ou les Gilles Le Druillennec est le joueurs sont en fauteuil roulant. Corentin Le Guen intervient fondateur de l’association également dans les écoles et les collèges pour changer le bretonne « Barrez la diffé- regard que portent les gens sur le handicap. rence » qui permet, par le biais d’actions nautiques, pédagogiques, théâtrales et Dominique LERCH - Strasbourg, Orléans, éditoriales, de changer le Bordeaux regard sur le handicap mais aussi de permettre aux Historien personnes en situation de Parmi les thèmes d'étude de Dominique Lerch figurent handicap d’être mieux l’histoire religieuse, l’histoire rurale, l’histoire de la mutualité accueillies dans notre société ou encore l’histoire du handicap. De 1999 à 2007 il fut direc- par tous les biais d’inclusion teur du CNEFEI (ancien nom de l’Institut national supérieur de (emploi, scolarité, formation formation et de recherche pour l’éducation des jeunes loisirs, culture, sport...etc..). handicapés et les enseignements adaptés - INS HEA) en Son association intervient charge de la formation des enseignants exerçant dans le aujourd’hui en priorité par le domaine de la « difficulté scolaire » et du handicap. biais de spectacles de théâtre destinés à dédramatiser le handicap au sein de TPE et PME. Gilles le Druillennec est Stéphanie MAGY GATEAU - Bordeaux à ce jour la seule personne handicapée à être titulaire du Présidente du Cabinet International Strategy SC brevet d’État d’éducateur Stéphanie Magy Gateau est fondatrice et présidente du Cabinet sportif voile et du permis International Strategy SC, chef d’une entreprise de conseil en chauffeur de car. stratégie à l’international et porteuse d’un projet innovant digital (Handiroad). Elle est atteinte d’une maladie dégénéra- tive grave.

Christopher MAUBLANT - Orléans

Ebéniste professionnel fondateur de « Ebenist’art » Auto-entrepreneur dans l'ébénisterie, Christopher Maublant est déficient visuel de naissance avec un champ visuel très limité. Son projet « Ebenist'art » consiste à fabriquer des meubles sur mesure pour les personnes handicapées.

46 Samuel MARIE - Lyon Laurent MAURY - Nantes

Aventurier tétraplégique (Sam Fait Rouler) CEO de Smart Macadam Tétraplégique suite à un accident à Laurent Maury est fondateur d’une start-up qui l'âge de 20 ans, Samuel Marie est conçoit et développe des applications mobiles et entrepreneur et aventurier. Depuis des sites web pour améliorer le quotidien des 2017, il a son actif 75.000 km de personnes en perte d’autonomie (personnes conduite et 22 pays traversés au cours handicapées, âgées, malades). Il est atteint d’une de deux périples : la traversée du maladie rétinienne qui le rend quasiment aveugle. Canada et le tour des États-Unis entre juillet et décembre 2017 ; Raid Paris - Pékin - Istanbul entre juin et octobre Philippe MAZEREAU - Rouen 2018. Professeur émérite au CIRNEF Université Caen-Nor- mandie Éric MINH CUONG CASTAING - Aix-en-Provence Après avoir exercé pendant de nombreuses années en tant qu’enseignant spécialisé dans un institut de Chorégraphe et artiste visuel au ballet rééducation psychothérapeutique, puis avoir été national de Marseille directeur d’un institut médico-éducatif et d’un service d’éducation spécialisée et de soins à Éric Minh Cuong Castaing est choré- domicile, oriente aujourd’hui ses recherches sur la graphe et artiste visuel au ballet scolarisation des élèves handicapés, les formes de national de Marseille. Sa démarche coopération interprofessionnelle, et l’évolution des artistique s’exprime par le biais de politiques sociales du handicap. plusieurs disciplines : cinéma d’anima- tion, danse, et nouvelles technologies. Il est notamment à l’origine du projet Deza NGUEMBOCK - Paris « L’âge d’or », parcours composé d’un Fondatrice de E&H Lab film et d’une performance avec des enfants atteints de troubles moteurs Deza Nguembock est directrice générale et aux côtés de danseurs valides pour fondatrice de l'agence de communication E&H rendre un hommage à la diversité. Lab qui œuvre à impulser des changements sociaux à travers la création artistique. Deza est atteinte de poliomyélite depuis l'âge de 4 ans. Ophély MEZINO - Pointe-à-Pitre

Miss 2018 et Première Dauphine de 2019 Née de parents sourds, Ophély Mezino a placé la cause du handicap au coeur de ses engage- ments de Miss. Elle est marraine de l’association « Bébian un autre monde » dont la mission est de revaloriser l'oeuvre du Guadeloupéen Auguste Bébian, personnage important de l'histoire des Sourds en Guadeloupe, l'île qui l'a vu naître et mourir.

47 Sylvie MOIDSON-CHATAIGNIER - Chantal NALLET - Rouen Rennes Conseillère d’animation sportive à la Direction Maître de Conférences HDR à la faculté de droit Départementale de la Cohésion Sociale 76 de Rennes, co-responsable du Master 2 Chantal Nallet est très engagée dans la « Situations de handicap et participation promotion du sport comme levier d’inclusion sociale » sociale. Son département est le premier à Directrice-adjointe du Laboratoire IODE, avoir lancé un programme « Sport et dirigeante des recherches de la faculté de autisme », et présentera une étude sur ce droit et de sciences politiques de Rennes, sujet à la rentrée prochaine. Sylvie Moisdon-Chataigner est la référence en matière d’inclusion et de handicap dans Edwin OTHON - Fort-de-France le milieu universitaire breton. Elle pilote de manière régulière des doctorants sur les Référent qualité au sein de l’Association sujets de l'inclusion, du handicap ou de la Lakansyel santé. Edwin Othon a perdu la vue à l’âge de 18 ans et travaille dans une association de services Louis-Félix OZIER-LAFONTAINE - à la personne établie depuis plus de 15 ans à Fort-de-France la Martinique. Il a suivi un programme de formation et une intégration professionnelle Socio-anthropologue avec succès. Louis-Félix Ozier-Lafontaine se consacre depuis de nombreuses années à l’étude de l’évolu- tion des sociétés antillaises et à la recherche sur le fonds culturel martiniquais.

Anne-Marie PEREZ - Aix-en-Provence

Directrice générale de Capenergies Directrice générale du pôle de compétitivité Capenergies en PACA qui a pour mission de créer un écosystème solide, vecteur du développement économique et de la compétitivité des filières énergé- tiques en régions PACA, Corse, Guadeloupe, Île de la Réunion ainsi qu’en principauté de Monaco. Le pôle de compétitivité est leader de l’initiative HUGO, en partenariat avec une trentaine de grands groupes régionaux, qui ont créé en collaboration avec l’école d’ingénieurs Polytech Marseille un programme de formation et d’alternance professionnelle pour des étudiants en situation de handicap.

François POLVEREL - Orléans

Fondateur de la startup Axego François Polverel est le fondateur d'une start-up qui facilite l'accessibilité des personnes handica- pées au monde du tourisme et des loisirs.

48 Marion PEYRONNET - Toulouse Flavie PLANTE - Saint-Denis

Joueuse de rugby féminin au Stade Toulousain et Chercheuse associée à ICARE, Directrice générale exploitante dans une entreprise de transports adjointe de l’EMAP Marion Peyronnet évolue dans deux milieux Flavie Plante est chercheuse associée au traditionnellement masculins (le rugby et les laboratoire Icare de l’université de La Réunion transports) et est venue apporter un éclairage sur les thèmes de l’inclusion et de l’éthique. Ses intéressant sur l’inclusion des femmes dans ce recherches portent plus spécifiquement sur cadre. l’inclusion des personnes adultes en difficulté. Elle est également directrice à l’EMAP, centre Stéphanie PREVOT BOULARD - de formation en travail social mettant en Cayenne œuvre un dispositif pédagogique spécifique d’inclusion des personnes en difficulté. Directrice de Guyane Puissance Cours et présidente de l’APADAG Stéphanie Prevot-Boulard est directrice de Pierre REYNAUD - Saint-Denis Guyane Puissance Cours, centre de formation et Président AVH Réunion et expert en accessibilité de soutien scolaire. Elle est par ailleurs Prési- numérique dente de l’APADAG-Association des parents et amis des déficients auditifs de Guyane qui Président d’une association pour l’autonomie accompagne des personnes malentendantes ou des personnes mal-voyantes. Pierre Reynaud est sourdes, ainsi que des personnes atteintes de responsable d’un espace public numérique au troubles du langage (DYS). Elle est également sein du conseil général de la Réunion. Il est Vice-Présidente Trésorière de l’APEHG- Associa- lui-même aveugle et donne des conférences sur tion partenariale pour l’emploi des personnes le thème de l’accessibilité numérique, un enjeu handicapées de Guyane. majeur pour les personnes en situation de handicap.

Isabelle RICHEZ - Aix-en-Provence Odile ROHMER - Strasbourg Coach chez Avencod Professeur en psychologie sociale Vivant avec le syndrome d’Asperger, Isabelle Richez Odile Rohmer est professeure de psychologie sociale à l'Universi- travaille chez Avencod, une té de Strasbourg. Ses travaux sont fondés sur des expérimenta- start-up niçoise spécialisée tions concrètes sur le marché du travail (envoi de CV fictifs pour dans l’emploi des personnes analyser les réactions des employeurs). Ses recherches Asperger et autistes de haut concernent le handicap et le jugement social, les stéréotypes, niveau sur des postes préjugés et normes antidiscriminatoires, et la valeur sociale au d’analyste informatique. travail.

49 Marie-France ROY - Nantes Sandrine SCHERRIER - Saint-Denis Chorégraphe Responsable des ressources humaines Fondatrice de la compagnie Résonnances qui mélange des à la SHLMR danseurs de tous âges, professionnels ou amateurs, handi- capés ou valides. Responsable RH à la SHLMR, bailleur social engagé dans l’inser- Fabrice SAINT-LOUIS - Saint-Denis tion des personnes handicapées.

Chargé de mission handicap, paratriathlète et animateur d’émissions Fabrice Saint-Louis souffre d’un handicap à la main et au pied. Il anime l’émission « Papiyon volé » et partage une expérience intéressante sur l'adaptation des postes de travail aux personnes en situation de handicap. Hélène VAINQUEUR-CHRISTOPHE - Damien SEGUIN - Nantes Saint-Denis Skipper de haut niveau Députée de Guadeloupe, membre de la commission des Damien Seguin est né sans main Aff aires sociales gauche. Skipper, champion olym- Députée de Guadeloupe et membre de la commission pique et quatre fois champion du des Affaires sociales, Hélène Vainqueur-Christophe est monde en handisport. Il participé à venue débattre des freins qu'il reste à lever pour la Route du Rhum, et a pour projet favoriser l'inclusion dans le monde de l'emploi. de participer au Vendée Globe.

Marielle VALRAN - Lyon Frédéric SUDRAUD - Bordeaux

Docteure en sciences de l’éducation Fondateur de la startup Facil'iti Anthropologue à l'Université Lyon 2, Frédéric Sudraud est directeur général de l'agence Marielle Valran a réalisé une thèse ITI Communication et de sa filiale Facil'iti. Cette consacrée à la participation sociale. Elle start-up a développé un algorithme breveté dont est également organisatrice des Tro- l’objectif est d’adapter rapidement, facilement et sur phées Lumière de l'entreprise inclusive. mesure les site internet aux besoins spécifiques des personnes en situation de handicap ou aux séniors. Valérie WAROQUIER - Lille

Comédienne de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche Valérie Waroquier est venue témoigner de son expérience de comédienne à la Compagnie de l’Oiseau Mouche.

50 RETROUVEZ LE PREMIER RECUEIL QUI A INITIÉ LA DÉMARCHE DU CONFÉRENCE TOUR :

Contributeurs du recueil :

Gilles Babinet, multi entrepreneur et Digital Champion auprès de la Commission Européenne, Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue de Football Professionnel, Christian Chesnot, journaliste, Vincent Ferry, entrepreneur, Vanessa François, alpiniste, Inès de la Fressange, créatrice de mode, Étienne Klein,

Emploi & Handicap physicien, directeur de recherches au CEA et docteur en philosophie des sciences, INCLUSION Dominique Lerch, historien et docteur en lettres, Alain Passard, chef cuisinier, EXPLORER, Cédric Villani, mathématicien et député ALLER PLUS LOIN de l'Essonne. 10 personnalités partagent leurs expériences de l’inclusion

À télécharger : https://www.activateurdeprogres.fr/site/recueil - Edité par l’Agefiph - Crédit photo Droits réservés - Illustrateur Simon Bailly - DCOM - Décembre 2019.