Université d’

École Normale Supérieure

Centre d’Étude et de Recherche

Histoire géographie

Mémoire de CAPEN

(Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’École normale)

CULTURES MARAÎCHÈRES ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN MILIEU RURAL DES HAUTES TERRES CENTRALES MALGACHES, CAS DE LA COMMUNE RURALE D’ANJEVA GARA

Présenté par : RANDRIABAHINY Jean Frédéric Université d’Antananarivo

École Normale Supérieure

Centre d’Étude et de Recherche

Histoire géographie

Mémoire de CAPEN

(Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’École normale)

CULTURES MARAÎCHÈRES ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN MILIEU RURAL DES HAUTES TERRES CENTRALES MALGACHES, CAS DE LA COMMUNE RURALE D’ANJEVA GARA

Président de Jury : ANDRIAMIHAMINA Mparany

Juge : RATOVONIRINA Bakoaly

Rapporteur : RANDRIANARISOA Josette Ratovo

Présenté par : RANDRIABAHINY Jean Frédéric Soutenu le 18/10/2008 REMERCIEMENT

En premier lieu, nous tenon à rendre grâce à Dieu tout puissant pour son indulgence et sa faveur.

Nous tenons à exprimer nos sincères sentiments de reconnaissances à tous ceux qui se sont impliqués et n’ont pas ménagé leurs efforts pour nous permettre de réaliser ce mémoire.

Parmi ceux qui n’ont pas compté leur peine, nous relevons :

 Monsieur ANDRIAMIHAMINA Mparany, Maître de Conférences à l’École Normale Supérieure, qui nous a fait le grand honneur de présider le jury de la présente soutenance

 Madame RATOVONIRINA Bakoaly, Assistant d’enseignement supérieur de recherche à l’École Normale Supérieure qui nous a conseillé lors de la rédaction de ce mémoire et qui a bien voulu siéger parmi les membres du jury en tant que juge.

 Madame RANDRIANARISOA Josette Ratovo, Maître de Conférences à l’École Normale Supérieure, qui nous a enseigné et nous a donné des conseils tout au long de notre formation et de la rédaction de ce mémoire et qui a accepté d’être notre rapporteur

Nous souhaitons aussi exprimer notre profonde reconnaissance aux personnes suivantes :

 Monsieur RAMANDIMBIARIJAONA, maire de la commune rurale d’Anjeva gara

 Monsieur RAZAFIMBELO Honoré, le maire adjoint de la commune rurale d’Anjeva gara

 Monsieur RAMBELOTSALAMANIRINA Jacqui, Administrateur délégué de la RNCFM

Aussi, nous gardons à adresser notre respectueuse gratitude et nos chaleureux remerciements à tous nous enseignants qui n’ont pas limité leurs efforts, durant les cinq années d’études dans la filière Histoire Géographie.

Je ne saurais oublier, mes parents, mon frère, ma sœur et toute ma famille pour leur amour, leur soutien et leurs encouragements durant mes longues années d’études.

Nos sincères remerciements

I Table des matières INTRODUCTION ...... 1 PREMIÈRE PARTIE : LA COMMUNE RURALE D’ANJEVA GARE ; UNE COMMUNE A VOCATION AGRICOLE ...... 8 PREMIER CHAPITRE : UN MILIEU PHYSIQUE NÉCESSITANT UN AMÉNAGEMENT ...... 8 I Un relief assez accidenté mais aménageable pour les activités agricoles ...... 8 I.1 Un relief caractéristique des Hautes Terres Centrales ...... 8 I.2 Un relief compatible aux aménagements agricoles ...... 9 II Des sols moyennement fertiles ...... 10 II.1 Les sols ferralitiques exploitables à l’agriculture ...... 10 II.2 Les sols d’origine alluviale fortement exploités ...... 11 II.3 Des sols hydromorphes ...... 11 III Un climat des Hautes Terres Malgaches ...... 13 III.1 Un climat à deux saisons bien tranchées ...... 13 III.1.1 Des températures relativement fraîches ...... 14 III.1.2 Des précipitations inégalement réparties ...... 14 III.2 Des légumes cultivés en fonction du climat ...... 16 III.2.1 Les exigences agro écologiques du chou pommé ...... 16 III.2.2 Les exigences agro écologiques des choux-fleurs ...... 1 III.2.3 Les exigences agro écologiques du chou de chine ...... 17 III.2.4 Les exigences agro écologiques des carottes ...... 17 III.2.5 Les exigences agro écologiques des tomates...... 17 III.2.6 Les exigences agro écologiques des poireaux ...... 17 IV Un réseau hydrographique peu suffisant ...... 18 IV.1 Ivovoka une rivière permanente à débit très varié 18 IV.2 Mauvaise maîtrise de l’eau 18 DEUXIÈME CHAPITRE : UNE POPULATION D’ORIGINE MERINA ...... 21 I Anjeva terre ancestrale des Vazimba ...... 21 I.1 Les Vazimba : primitifs d’Anjeva ...... 21 I.2 Ralambo à Imerinkasinina :...... 22 I.3 Andrianampoinimerina (1787-1810) à la conquête de Fandana et d’Imerinkasinina 23 II Des éléments caractéristiques de la population rurale malgache ...... 25 II.1 Une population relativement jeune majoritairement féminine ...... 25 II.1.1 Une population jeune ...... 25 I.1.2 Une population majoritairement féminine...... 27 I.2 Les particularités des facteurs démographiques de la région ...... 29 I.2.1 Un taux de natalité et un taux fécondité relativement élevé ...... 30 I.2.2 Un faible taux mortalité...... 32 un taux de mortalité infantile faible ...... 32 I.2.3 Un taux d’accroissement naturel relativement élevé ...... 33 CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE ...... 36 DEUXIÈME PARTIE : LA PRATIQUE DES CULTURES COMMERCIALES DE LÉ- GUMES : UNE MISE EN VALEUR FRUIT DU DÉSENCLAVEMENT ET UNE SUI- TE LOGIQUE DES MICRO PARCELLISATIONS DES RIZIÈRES ...... 38 PREMIER CHAPITRE : LE CHEMIN DE FER ET LA PRESSION DÉMOGRAPHI- QUE : DES AGENTS DE MISE EN VALEUR ...... 38 I La T.C.E : un agent de mise en valeur ...... 38 I.1 Bref historique de la T.C.E...... 38

II I.1.1 Le chemin de fer une nécessité coloniale...... 38 I.1.2 Le choix du tracé de la ligne T.C.E ...... 39 I.1.3 Le chemin de fer un transport de masse et quasi-permanent ...... 40 I.2 Toamasina un nouveau marché ...... 41 I.2.1 Un changement progressif de la destination des produits maraîchers en provenance d’Anjeva...... 42 I.2.2 Toamasina une région non favorable à la pratique agricole...... 42 II Les cultures commerciales : une suite logique de la microparcellisation des rizières ...... 44 II.1 Une riziculture devenue insuffisante...... 44 II.1.1 Une faible couverture annuelle du riz ...... 45 II.1.2 Le riz : un produit d’auto consommation ...... 47 II.2 Une riziculture en déclin ...... 48 II.2.1 Technique et équipement rudimentaires dans la riziculture ...... 48 II.2.2 Le calendrier agricole...... 51 II.2.3 Équipements agricoles rudimentaires ...... 52 II.3 La microparcellisation des terres : un obstacle à l’augmentation de la production rizi- cole...... 55 CHAPITRE II : LES CULTURES COMMERCIALES DE LÉGUMES, LA PREMIÈRE ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION...... 60 I Les cultures commerciales, principales activités économiques de la région...... 60 I.1 Les principales cultures commerciales pratiquées par les paysans ...... 60 I.2 Les déterminants relatifs au choix et aux successions des cultures...... 65 I.2.1 Les déterminants relatifs au choix des cultures...... 65 I.2.2 Les déterminants sur la succession des cultures ...... 66 I.2.2.1 Des raisons liées à des critères agronomiques...... 66 I.2.2.2 Critères liés aux paramètres climatiques ...... 67 I.2.2.3 Les critères liés au prix du marché...... 69 I.2.2.4 Critères liés à l’organisation de travail ...... 69 I.3 Les systèmes d’exploitation ...... 69 II Les apports des cultures commerciales de légumes...... 71 II.1 Le fonctionnement de la filière maraîchère...... 72 II.2 Les apports des cultures commerciales ...... 76 II.2.1 Les cultures commerciales : première source de revenu des ménages...... 76 II.2.2 Une place prépondérante des dépenses alimentaires ...... 78 II.3 Bilan budgétaire des ménages ...... 80 II.3.1 Un budget apparemment excédentaire...... 80 II.3.2 Un budget des ménages qui frôle le seuil de pauvreté ...... 81 CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE ...... 83 TROISIÈME PARTIE : LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE MA- RAÎCHÈRE ET LES SOLUTIONS PROPOSÉES ...... 85 PREMIER CHAPITRE : UNE MULTITUDE DE FREINS AU DÉVELOPPEMENT ...... 85 I Une économie rurale au détriment des agriculteurs ...... 85 I.1 La filière maraîchère au profit des collecteurs ...... 85 I.2 Détérioration du terme de l’échange ...... 86 I.3 Un accès difficile des paysans au microcrédit et au financement agricole ...... 87 II Les obstacles techniques et sociaux dans le développement des activités agricoles ...... 89 II.1 Manque d’encadrement et adoption en marge des techniques nouvelles ...... 89

III II.2 Des infrastructures publiques déficientes ...... 90 II.2.1 Un réseau routier interne difficilement praticable ...... 90 II.2.3 Des infrastructures déficientes ...... 92 II.2.3.1 Des scolarisations qui manquent de continuité ...... 92 II.2.3.2 Un service sanitaire très limité ...... 95 II.3 Les problèmes sociaux bloquant le développement économique de la zone .....96 II.3.1 Le litige foncier ...... 96 II.4 L’insécurité ...... 97 DEUXIÈME CHAPITRE : LES MESURES PRISES ET LES PROPOSITIONS DE SOLUTIONS ...... 99 I Les mesures prises et proposition de solutions...... 99 I.1 La création des organisations paysannes et amélioration des techniques agricoles ...... 99 I.1.1 La création des organisations paysannes ...... 99 I.2 Les mesures prises inhérentes aux obstacles techniques et sociaux de la zone étudiée...... 101 I.2.1 Nouvelle construction et réhabilitation des infrastructures agricoles et routières ...... 101 I.2.2 Amélioration de la santé publique et le système éducatif ...... 102 II Les propositions de solution du MAP...... 104 II.1 La sécurisation foncière ...... 104 II.2 Faciliter l’accès aux microcrédits ...... 105 II.3 Une révolution verte durable ...... 106 II.4 Orientation des produits agricoles vers le marché ...... 106 II.5 Diversifier les types d’emploi dans le monde rural ...... 107 II.6 Création d’une entreprise agro alimentaire ...... 107 CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE ...... 109 CONCLUSION GÉNÉRALE ...... 111

IV LISTE DES DOCUMENTS D’ILLUSTRATION Liste des Cartes Carte n° 1 : Les 22 régions...... 4 Carte n° 2 : La commune rurale d’Anjeva Gara dans le district d’Antanarivo ..... 5 Carte n° 3 : La Commune rurale d’Anjeva gara ...... 6 Carte n° 4 : Réseau hydrographique de la commune rurale Anjeva gara ...... 19 Carte n° 5 : Répartition des établissements scolaires dans la commune rurale Anjeva Gara ...... 94

Liste des figures Figure 1 Diagramme Ombro thermique D’Anjeva (p = 3 t)...... 16 Figure n° 2 : Pyramide des âges de la commune rurale Anjeva gara ...... 28 Figure n° 3 Part moyenne de chaque activité rurale dans le revenu mensuel des ménages, février 200 ...... 77 Figure n° 4 : Revenu des ménages par rapport au seuil ...... 81

Liste des Tableaux Tableau n° 01 Les régimes thermiques et pluviométriques de la commune rurale d’Anjeva durant les 40 dernières années ...... 15 Tableau n° 2 Répartition par grand groupe d’âge et par sexe ...... 29 Tableau n° 3 Répartition par groupe d’âge et par sexe ...... 29 Tableau n° 4 Répartition des naissances et des décès recensés au cours de l’année 2006 dans les cinq (5) Fokontany étudiés...... 30 Tableau n° 5 Répartition des ménages dans chaque fokontany ...... 35 Tableau n° 6 Statistique de la production rizicole par fokontany durant l’année 2006 ...... 45 Tableau n° 7 Taux de couverture alimentaire moyenne annuelle du riz par fokontany ...... 46 Tableau n° 8 Taux de couverture alimentaire moyenne annuelle du riz par ménage...... 47 Tableau n° 9 pourcentages de l’adoption des techniques rizicoles ...... 50 Tableau n°10 : Calendrier rizicole de la zone étudiée ...... 52 Tableau n° 11 Répartition des matériels agricoles par ménage ...... 53 Tableau n° 12 Utilisation d’engrais ...... 55 Tableau n° 13 Nombre et taille moyenne des parcelles rizicoles par fokontany étudiés ...... 56 Tableau n° 14 Nombre des rizières et la superficie médiane des rizières mises en culture par chaque ménage au niveau des fokontany ...... 57 Tableau n° 15 Répartition des superficies des rizières de chaque ménage...... 58 Tableau n° 16 productions et rendement de chaque espèce légumineuse (année 2006) ...... 64 Tableau n° 17 Caractéristiques de quelques espèces cultivées selon l’agriculteur ...... 66 Tableau n° 18 Mode d’exploitation des terres agricoles par fokontany ...... 70 Tableau n° 19 Taille médiane des parcelles de culture mises en valeur par Fokontany ...... 71 Tableau n° 20 Part moyenne de chaque activité rurale dans le revenu mensuel des ména- ges. (En Ariary) 77 Tableau n°21 Répartition des dépenses mensuelles moyenne des ménages

V selon ses besoins ...... 78 Tableau n° 22 Bilan des budgets mensuels des ménages ...... 80 Tableau n° 23 Niveau de scolarisation des chefs de ménage ...... 92 Tableau n° 24 Répartition des établissements scolaires, des élèves et des enseignants...... 93

VI INTRODUCTION Dans un contexte international caractérisé par la crise alimentaire, concentre ses efforts sur l’augmentation de la production agricole. Chaque paysan fait de son mieux pour ravitailler le marché local et d’assurer l’autosuffisance alimentaire. La culture commerciale tient une place de plus en plus importante dans l’économie nationale. Comme il s’agit ainsi d’un phénomène commercial, la vente s’effectue à des cours plus ou moins variables. Dans le cas de la grande variabilité des cours, le cultivateur peut spéculer sur le moment favorable. Le prix peut être fixé, faire l’objet d’un contrat ; la production peut être planifiée ou non.

De ce fait, la culture commerciale constitue la principale source de revenu des paysans et joue un rôle important dans le développement économique d’un pays lorsqu’il s’agit d’un pays comme Madagascar, dont 78 % de la population vivent en milieu rural en 2005 selon l’INSTAT.

La tendance des dirigeants actuels matérialisée par le MAP ou Madagascar Action Plan, met en valeur l’importance de la contribution du monde rural dans le développement de l’économie nationale. D’après le MAP le développement rural dynamique et l’effective réduction de la pauvreté sont à la base des efforts du gouvernement. Ainsi le développement du monde rural figure parmi les huit (8) engagements principaux de l’état malgache. Pour ce faire, l’état a fixé six (6) objectifs qui se rapportent à l’augmentation de la production agricole par le biais d’une révolution verte, afin de tourner la production vers un marché, local ou extérieur et de créer des centres d’agri business dans chaque région. Ainsi l’objectif ultime de l’État malgache concernant l’agriculture est la production qui a pour destination le marché.

La commune rurale d’Anjeva gara est une zone caractérisée par un essor remarquable des cultures commerciales de légumes (carottes, choux-fleurs, choux, poireaux, brèdes, tomates). Elle figure parmi les douze (12) communes rurales du district Avaradrano, un des huit (8) districts constituant la région . Elle se trouve à 25 km à l’est de Antananarivo la capitale de Madagascar et a comme coordonnées géographiques la longitude 47° 40’ est et la latitude 18° 56’ sud. Elle est limitée au Nord par la commune rurale d’, au sud par la commune de , à l’est par la commune rurale

1 et à l’ouest par la commune rurale d’. En 2005 la commune compte 7 548 habitants répartis sur une superficie de 25 km2, soit une densité de 301,92 hab/ km2. Elle est formée de dix (10) fokontany repartis dans 38 villages.

Comme toutes les communes rurales des Hautes Terres malgaches, la commune rurale d’Anjeva gara connaît une forte proportion d’agriculteurs ; 84,6 % de la population locale pratiquent l’agriculture notamment la culture de légumes qui fait la renommée de la région. En 2004, 4 500 t de légumes étaient produits par la région. 98 % de la production des légumes sont vendues soit sur place soit à soit à Moramanga soit à Toamasina soit dans la capitale. Il faut signaler que Toamasina reste la plus grande destination pour les légumes en provenance d’Anjeva, selon le Plan Communal de Développement de la commune rurale d’Anjeva, 80 % des légumes sur les marchés de Toamasina viennent d’Anjeva. Mais malgré l’ampleur de ce phénomène le niveau de vie des paysans reste apparemment statique et tend parfois vers une baisse considérable.

Le choix de cette zone pour effectuer notre travail de recherche est dans un premier temps le fruit d’une simple observation. En effet, lors d’un voyage d’étude que nous avons effectué à Ambatomanga en 2005, on ne pouvait pas ignorer l’aménagement du terroir de part et d’autre de la route dans cette commune, depuis nous avons mené notre propre étude sur ce phénomène.

D’autre part le MAP apparaît comme étant une solution au développement économique du monde rural. Ainsi tourner notre étude vers les cultures commerciales et ses effets sur le développement économique du monde rural est une occasion de confronter les réels remèdes pour le développement économique du monde rural et les solutions proposées par le MAP à travers le cas de la commune rurale d’Anjeva.

Mais pour arriver à cette fin il nous faut pencher sur des questions encore plus fondamentales concernant la culture commerciale de légume dans la commune rurale d’Anjeva et son propre développement économique. Les questions qui se posent sont donc les suivantes : quels sont les éléments explicatifs de l’essor des cultures commerciales de légumes dans la commune rurale d’Anjeva gare ? Les cultures

2 commerciales de légumes ont-elles contribué à l’amélioration du niveau de vie des ménages ruraux et peuvent-elles favoriser le développement économique de la région ?

D’abord trouver le pourquoi de l’essor des cultures commerciales de légumes dans la commune rurale d’Anjeva, c’est de fonder un modèle pour toutes les communes rurales des Hautes Terres Malgaches parce que le MAP veut qu’une grande partie de la production agricole soit acheminée vers le marché, que ce soit local ou extérieur.

D’autre part, faire l’étude de l’impact économique de ce phénomène sur le niveau de vie des agriculteurs et le développement économique de la région nous permet d’identifier quels sont les éléments qui constituent un frein au développement de ce phénomène afin d’en apporter des solutions adéquates.

En réponse à ces questions, nous avons établi deux hypothèses qui seront plus tard l’objet d’une justification. D’abord on pense que les cultures commerciales de légumes dans la commune rurale d’Anjeva gare seraient nées suite au désenclavement du milieu par la ligne de chemin de fer Tananarive Cote Est. Ensuite on pense que ces activités se présentent comme étant une suite logique de la microparcellisation des rizières fruit de l’augmentation de la population, dans le but de combler les besoins de la population durant la période de soudure.

Pour éclaircir la problématique, ainsi que pour vérifier ces hypothèses, nous avons établi un dispositif méthodologique ; dans un premier temps nous avons effectué des recherches bibliographiques se rapportant au sujet et à la zone d’étude dans les bibliothèques de la capitale : celle du CCAC, la bibliothèque nationale, la bibliothèque du Ministère de l’Agriculture, le C.I.T.E, la bibliothèque de l’École Normale Supérieure, la bibliothèque de l’Académie Nationale, l’Archive nationale, le centre de documentation de l’INSTAT, le centre de documentation du CIDST, la bibliothèque du CIRAD, la bibliothèque universitaire et d’autres bibliothèques.

En outre nous avons également réalisé des descentes sur terrain, lesquelles comprennent des entrevues auprès des différents responsables de la commune à savoir Messieurs le Maire de la commune rurale d’Anjeva et l’Adjoint au maire. Ce afin de pouvoir tirer des informations d’ordre général. Nous avons aussi interviewé les chefs quartier des dix fokontany et les présidents des groupements paysans du PSDR.

3 Carte n° 1 : Les 22 régions

Source : FTM

4 Carte n° 2 : La commune rurale d’Anjeva Gara dans le district d’Antanarivo

Source : Monographie d’Avaradrano

5 Carte n° 3 : La Commune rurale d’Anjeva gara

Source : Monographie de la commune rurale d’Anjeva gara

6 Par ailleurs on a procédé à des enquêtes par questionnaire. Sur les dix fokontany composant la Commune rurale d’Anjeva nous avons porté nos choix sur les fokontany les plus productrices de légumes à savoir : Ambatofolaka ; Ambohidrazana ; Ankadiefajoro ; Imerinkasinina et Morarano Faliary. Le choix de ces localités repose sur le fait que 98 % de la production en légume vient de ces cinq (05) fokontany. À cause de notre moyen limité, on a procédé à une enquête par sondage ; ainsi nous avons enquêté vingt (20) ménages par fokontany choisi, c’est-à-dire cent ménages (100) sur les sept cent quarante-neuf (749) ménages composant les cinq fokontany ; soit un taux de sondage de 1/7,49.

Pour que les résultats de l’enquête correspondent à nos attentes nous avons élaboré un questionnaire d’enquête qui comprend essentiellement cinq (05) rubriques : l’identification des ménages, renseignement sur les revenus des ménages, les systèmes d’exploitation agricoles, la propriété foncière et la destination des produits.

La présente étude comprend trois parties. La première partie sera consacrée à la présentation du cadre physique et humain de la région. La deuxième partie consistera à examiner la pratique des cultures commerciales, une mise en valeur suite à l’intervention du chemin de fer et une suite logique de la microparcellisation des rizières suite à l’augmentation de la population afin de combler les besoins de la population durant la période de soudure. Enfin, la troisième partie évoquera les freins au développement des cultures commerciales, les mesures prises et les propositions de solutions.

7 PREMIÈRE PARTIE : LA COMMUNE RURALE D’ANJEVA GARE ; UNE COMMUNE A VOCATION AGRICOLE

Avant de devenir un paysage agraire, le cadre physique doit être l’objet d’un aménagement effectué par l’homme. Ce qui veut dire que le cadre physique et l’acteur de l’aménagement, qui n’est autre que l’homme - influent beaucoup sur le type d’aménagement. Ainsi, il nous importe d’étudier en premier lieu le cadre physique et le facteur démographique de la zone étudiée.

PREMIER CHAPITRE : UN MILIEU PHYSIQUE NÉCESSITANT UN AMÉNAGEMENT

La commune rurale d’Anjeva gare est dotée d’un cadre physique compatible à la pratique des activités agricoles. D’une manière générale, l’élément physique tel que le relief, le climat, le sol et l’hydrographie constituent les premiers éléments qui déterminent le choix et la pratique d’une activité agricole.

I Un relief assez accidenté mais aménageable pour les activités agricoles Le relief dicte l’activité agricole qu’on doit entreprendre. Étant une partie des Hautes Terres Centrale Malgache, la zone d’étude revêt forcément les caractéristiques de cet ensemble régional sur la topographie.

I.1 Un relief caractéristique des Hautes Terres Centrales La zone étudiée se trouve sur le socle des Hautes Terres Centrales de

Madagascar.

Les aplanissements successifs du socle apparaissent à travers trois surfaces1 :

– La surface de niveau supérieur se trouvant à une altitude supérieure à 1 600 m correspond au niveau du Tampoketsa

– La surface de niveau intermédiaire repérable entre 1300 et 1 600 m d’altitude

1. BOURGEAT (F) & PETIT (M), 1969, Contribution à l’étude des surfaces d’aplanissement sur les Hautes Terres Centrales malgaches, Annales de géographie, p. 158-188

8 – La surface de niveau inférieur qui se trouve à une altitude inférieur à 1 300 m.

De même la zone étudiée est caractérisée par un relief assez accidenté. On y trouve :

– Un relief qui présente un degré de dissection assez marqué et se compose d’une association de lourdes collines d’interfluve convexes, souvent allongées, de niveau assez constant, se reliant à un système de bas-fonds peu développé et des versants très redressés à petite concavité de base (surface de niveau intermédiaire)

– Un relief (des plaines) qui semble être dû essentiellement à l’érosion différentielle (surface de niveau inférieur).1

Bref la zone étudiée qui se trouve entre 1200 et 1 500 m d’altitude est une succession de collines de fortes et de faibles pentes séparées par des bas-fonds étroits et des plaines. (cf. photo n° 1,)

Si telles sont donc les caractéristiques du relief, comment se présente l’aménagement agricole ?

I.2 Un relief compatible aux aménagements agricoles La faiblesse du taux de couvertures végétales et la raideur des pentes favorisent l’érosion, en particulier les Lavaka. Il s’agit d’une espèce de crevasse entaillée sur les flancs des collines dont l’ouverture à la base est plus étroite que celle d’en haut. Mais malgré l’importance de ce phénomène le relief est apparemment compatible aux aménagements agricoles.

En effet, les tanety et les hauts de versant sont utilisés essentiellement pour la culture de manioc et de patate douce ; les terrains situés en bas de pentes et les plaines sont destinés à la culture maraîchère et enfin les terrains situés sur les bas-fonds sont utilisés pour la riziculture et la culture de contre saison.

1. BOURGEAT (F) & PETIT (M), 1969, Contribution à l’étude des surfaces d’aplanissement sur les Hautes Terres Centrales malgaches, Annales de géographie, p. 158-188

9 Photo n°1 Relief typique de la zone d’étude

Au premier plan, se trouvent les rizières qui correspondent à la surface de niveau in- férieur localisées à une altitude inférieur à 1 300 m. Au second plan, se localise La sur- face de niveau intermédiaire repérable entre 1 300 et 1 600 m d'altitude. Au dernier plan on aperçoit la surface de niveau supérieur. Source : cliché de l’auteur

En somme, malgré la topographie favorable à l’érosion, la zone étudiée possède une superficie cultivable non négligeable. Pourtant, le relief n’est pas le seul facteur déterminant des aménagements agricoles, le sol joue aussi un rôle déterminant.

II Des sols moyennement fertiles Le sol est un élément du milieu naturel qui détermine les activités agricoles. Globalement on distingue trois types de sols dans la zone étudiée : les sols ferralitiques, les sols d’origine alluviale et les sols hydromorphes.

II.1 Les sols ferralitiques exploitables à l’agriculture Ce type de sol se localise en hauteur sur les pentes, c’est un sol épais de couleur rouge, de type argile ferralitique qui est le résultat de la décomposition de la roche mère cristalline (granité migmatique). Sa couleur rougeâtre résulte de sa composition en teneur de fer oxydé (IRAM, 1971, p. 8)

Ce sol d’une fertilité moyenne couvre une assez grande superficie. Les paysans y pratiquent sur 212,25 ha, des cultures sèches. Du point de vue chimique, malgré leur teneur

10 moyenne en carbone, ce sol se range parmi les sol pauvres et leur mise en culture nécessite une fumure de redressement et un système antiérosif1 L’érosion est très fréquente sur les collines. Elle laisse le sol nu et fait apparaître les roches mères.

II.2 Les sols d’origine alluviale fortement exploités Les sols d’origines alluviales se trouvent sur la zone inondable de la rivière Ivovoka. Ils sont d’une fertilité élevée parce que l’inondation en période pluvieuse y dépose des éléments fertilisants, ils bénéficient aussi du dépôt d’alluvions arrachées aux pentes. Ils sont normalement favorables à l’agriculture ; en un mot c’est la zone maraîchère par excellence. On y cultive de la tomate, des choux, des choux-fleurs, des carottes, des poireaux, des courgettes, des concombres, des petit pois, des brèdes, du haricot vert etc.. Les paysans profitent parfois de la fertilité de ces sols en cultivant deux espèces végétales en même temps, comme le maïs et le brède. (cf., photo n° 2)

D’après le Plan Communal de Développement de la zone d’étude, les légumes occupent 172 ha de ces sols.

L’utilisation de ces sols apparaît parfois saisonnière, à cause de l’inondation. On trouve une forte proportion de sol d’origine alluviale sur la plaine de Morarano Faliary.

II.3 Des sols hydromorphes Les sols hydromorphes se trouvent sur les bas-fonds, leur nature dépend des types de relief situé en amont2 Ce sont des sols dont la formation est liée à la présence d’une trop grande quantité d’eau ; cette présence est soit permanente, soit temporaire. Selon la quantité d’eau qu’il contient, leur matière organique est plus ou moins décomposée.3

L’érosion est le principal facteur qui enrichit ces zones ; par le biais des apports des particules fines et d’alluvion qu’elle entraîne. Ces sols dérivés des matériaux originels

1. N'DIENOR, 2002, Typologie des exploitations agricoles et constitution des systèmes de culture maraîchère dans les zones collinaires est d'Antananarivo, Université Paris VII, DEA environnement, 56p

2. RANDRIAMBOAVONJY, 1996, Les principaux pédo-paysages dans 4 zones testes de Madagascar, département des eaux et foret, Antananarivo 85p

3. ‘ ALLARD (M) AUBERT (JM), LACOSTE (P), 1970, Géologie de Madagascar, Edition de l’école de Paris, 42p

11 (granite, migmatite, gneiss) sont lourds et argileux. C’est une zone de riziculture par excellence mais depuis quelques années les paysans pratiquent l’agriculture de contre saison, qui n’est autre que la culture maraîchère après la récolte de riz.

.Photo n°2 Les sols d’origine alluviale

Les sols d’origine alluviale qui se trouvent sur la zone inondable de la rivière d’Ivovoka sont d’une fertilité élevée. La pluriculture y est fréquente. Source : cliché de l’auteur

Selon le Plan Communal de Développement, 277 ha de ce sol sont destinés à la riziculture. Ce type de sols est fréquent à Ambohidrazana, à Ambatofolaka, à Morarano Faliary et à Imerinkasinina

En somme, les sols ferralitiques, les sols alluviaux, et les sols hydromorphes constituent les zones cultivables de la région étudiée. La superficie cultivée est de 661,25 ha. Mais qu’en est-il du climat ?

12 III Un climat des Hautes Terres Malgaches L’existence au sein de Madagascar d’un ensemble de région d’altitude moyenne supérieure à 800e laisse facilement présager la présence dans l’intérieur de l’île d’un climat tropical d’altitude caractérisé avant tout, par rapport aux régions périphériques, par des conditions thermiques modérées.

L’ensemble climatique sous le vent de l’alizé, ainsi délimité vers l’est doit naturellement se subdiviser entre les régions basses à climat chaud et des régions élevées à climat plus frais.

Vers l’ouest ce sont toujours les seuils thermiques qui fondent la limite du climat des Hautes Terres Malgaches. D’ailleurs les seuils thermiques dérivent aussi de l’altitude. Ainsi, la limite du climat des Hautes Terres Malgaches vers l’ouest correspond avec la courbe de niveau des 800 m.

Vers le sud la limite de ce climat régional correspond à une frontière latitudinale. Elle se trouve sur le rebord manambien. Le seuil de Mandritsara constitue la limite nord du climat des

Hautes Terres Malgaches1.

« Le climat des Hautes Terres Malgaches règne donc sur un bon cinquième de Madagascar ; il occupe une longue bande de direction subméridienne, effilée à son extrémité septentrionale sur les hauts reliefs dépassant les 1 200 m, prenant sa plus grande ampleur en pays merina et dans une patrie du pays betsileo, n’occupe que les zones hautes du pays Bara, se terminant abruptement au sud » (DONQUE, 1971)

Comme la zone étudiée se trouve au cœur du pays merina, elle appartient à une région climatique appelée : le climat des Hautes Terres Malgaches ; qui a ses propres caractéristiques tant sur les températures que sur les précipitations.

III.1 Un climat à deux saisons bien tranchées En absence d’une station météorologique fonctionnelle dans la commune rurale d’Anjeva, nous nous sommes contentés des données thermiques de la station d’Antananarivo, dont on peut supposer les différences avec les températures de la zone étudiée peu

1. DONQUE, Contribution à l’étude climatique de Madagascar, 1971, Ed N.I.A.G Antananarivo 477 p.

13 importantes. En effet, les données thermiques que nous avons utilisées sont les températures moyennes enregistrées au cours des 40 dernières années.

En ce qui concerne la pluviométrie, l’A.P.I.P.A ou l’Autorité pour la Protection de l’Inondation de la Plaine d’Antananarivo nous a fourni les données sur les précipitations des trois dernières années, car la station pluviométrique de la région date seulement de l’année 2003.

III.1.1 Des températures relativement fraîches Compte tenu de la latitude, la radiation solaire demeure très forte dans son ensemble et occasionnerait des températures analogues à celles des régions périphériques si l’altitude n’intervenait pas.

À Antananarivo la température la plus chaude a été enregistrée le mois de Janvier en 2004, avec une température de 26,8 °C ; tandis que la température la plus froide au mois d’Août, avec une température moyenne de 11,2 °C ; ce qui nous donne une amplitude thermique peu significative de 15,6 °C.

Quant à la variation de la température moyenne d’un mois à l’autre, elle reste assez faible. La température moyenne la plus élevée, signalée au moi de Janvier est de 22,3 °C, tandis que la température moyenne la plus faible enregistrée au moi de juin est de 15,7 °C. soit une différence de 6,6 °C.

On peut dire alors, que du point de vue thermique le climat des Hautes Terres Malgaches paraît assez régulier, sans excès, avec des montées et des descentes de température adoucies dans l’année (DONQUE, 1971, P 362).

III.1.2 Des précipitations inégalement réparties Les précipitations annuelles de la station pluviométrique d’Anjeva durant ces trois dernières années sont de 1111,5 mm.

D’après le tableau numéro 1, on peut constater une mauvaise répartition des pluies tout au long de l’année. Le mois le plus pluvieux est le mois de Janvier avec 241,5 mm de précipitations. Le mois durant lequel on a enregistré les plus faibles précipitations est le mois de septembre avec seulement 1 mm de hauteur.

Les pluies divisent l’année en une saison sèche (mai à septembre inclus) et une saison pluvieuse (novembre à mai inclus). 999 mm d’eau soit 89,5I % des pluies, tombent au cours de

14 cette saison pluvieuse. Octobre et Avril sont à mettre à part, car selon DONQUE ces deux mois constituent les limites entre des semestres météorologiques.

Ainsi d’après de diagramme ombrothermique à la page 11, on peut diviser en deux saisons bien distinctes le climat d’Anjeva gare. D’abord une saison sèche qui débute en mi-Avril et se termine en mi-octobre et une saison pluvieuse qui débute en mi-octobre pour se terminer dans les 15 premiers jours du mois d’Avril (DONQUE, 1971, p 367)

Tableau n° 01 Les régimes thermiques et pluviométriques de la commune rurale d’Anjeva durant les 40 dernières années Mois/données Précipitations (en Températures Températures Températures mm) (maximum) (minimum) moyennes

Janvier 241,5 26,8 17,8 22,3

Février 92,0 26,0 17,5 21,75

Mars 234,5 24,5 17,0 20,75

Avril 26,5 25,8 15,5 20,65

Mai 11,5 23,0 13,2 18,1

Juin 13,0 20,1 11,3 15,7

Juillet 15,5 21,6 11,2 16,4

Août 6,5 22,5 11,2 16,85

Septembre 1,0 24,6 13,7 19,15

Octobre 42,5 26,4 15,6 21,0

Novembre 209,0 26,3 15,4 20,85

décembre 218,0 26,0 17,2 21,6

Source : Le service de la Météorologie nationale à Ampasampito et Autorité pour la protection de l’inondation de la plaine d’Antananarivo à Anosizato

Bref, la zone étudiée est dotée d’un climat tropical d’altitude, mais ce climat est-il en symbiose avec les cultures commerciales pratiquées dans cette zone

15 Figure 1 Diagramme Ombro thermique D’Anjeva (p = 3 t)

Précipitation Température Source : exploitation des données thermiques du service de la météorologie nationale durant les 40 dernières années et des données pluviométriques de l’Autorité pour la Pro- tection de l’Inondation de la Plaine d’Antananarivo des 4 dernières années.

III.2 Des légumes cultivés en fonction du climat Ainsi nous allons essayer de comparer les conditions climatiques exigées par les cultures commerciales pratiquées à Anjeva (les choux, les choux fleurs, les choux de chine, les carottes, les tomates et les poireaux) et les possibilités offertes par la région.

III.2.1 Les exigences agro écologiques du chou pommé Le chou pommé peut être cultivé sur une très large plage de température de 3 à 35 °C. Ce type de chou peut bien s’adapter aux conditions d’un climat doux et humide lui assurant une croissance régulière comme celui de la commune rurale d’Anjeva. La régularité de l’alimentation en eau est un facteur essentiel du meilleur rendement mais il faut éviter tout rationnement en eau temporaire.

III.2.2 Les exigences agro écologiques des choux­fleurs Le chou fleur se cultive à une température allant de 10 à 40 °C, c’est une condition que la zone étudiée peut satisfaire.

16 Mais sur l’alimentation hydrique, le chou fleur malgré son exigence en eau abondante, ne résiste pas à l’abondance de pluie. Ainsi sa culture est seulement pratiquée en saison sèche, c’est-à-dire entre le mois d’avril et le mois d’octobre. (CHAUX, 1994)

III.2.3 Les exigences agro écologiques du chou de chine Comme les autres variétés de brèdes (anamamy, petsay) le chou de chine a besoin d’une température moyenne de 18 °C pour développer ses feuilles.

Le chou de chine peut résister à des pluies plus ou moins abondantes. Ainsi on peut la cultiver tout au long de l’année de janvier à décembre. (CHAUX, 1994).

III.2.4 Les exigences agro écologiques des carottes La carotte végète à faible température. La température nécessaire pour le développement de ses racines est de 9 à 20 °C. Elle ne supporte pas la pluie donc elle est seulement cultivable durant la saison sèche (CHAUX, 1994).

III.2.5 Les exigences agro écologiques des tomates La tomate survit avec une température allant de 15 à 30 °C. C’est une espèce très sensible à l’asphyxie radiculaire due à l’excès de l’eau. En effet les tomates sont cultivées sur les plaines durant la saison sèche et sur les hauteurs durant la saison des pluies afin d’équilibrer son alimentation en eau (CHAUX, 1994).

III.2.6 Les exigences agro écologiques des poireaux D’une manière globale les poireaux donnent ses meilleurs qualitatifs et quantitatifs sous les climats doux et humides. S’ils ne manquent pas d’eau ils peuvent parfaitement supporter les fortes chaleurs et à l’inverse. Ainsi on peut dire que les poireaux peuvent être cultivés tout au long de l’année (CHAUX, 1994).

La liste des cultures commerciales pratiquées à Anjeva ne s’arrête pas là, ces six exemples nous ont démontré que le climat de la commune rurale d’Anjeva est compatible à la culture des légumes.

Bref, le climat de la région étudiée est donc caractérisé par une longue saison sèche, période considérée comme favorable aux cultures maraîchères mais nécessite le recours à l’irrigation. Ce qui nous amène à

17 les caractères du réseau hydrographique.

IV Un réseau hydrographique peu suffisant Notre zone d’étude fait partie du bassin-versant de l’Ikopa. Le principal cours d’eau de la région est la rivière d’Ivovoka : un affluent de l’Ikopa qui se trouve sur sa rive droite dont le confluent se trouve à Ambohimanambola

IV.1 Ivovoka une rivière permanente à débit très varié La rivière d’Ivovoka prend sa source au pied du massif de Carion. Différents ruisseaux traversant ; Ankadiefajoro, Manohisoa et Ambatofolaka se joignent pour grossir la rivière d’Ivovoka.

La rivière d’Ivovoka est caractérisée par des débits très variés au cours de l’année.

En effet, le débit maximum de 18 m3 par seconde est enregistré le mois de janvier en 2006 et le débit minimum de 0,10 m3par seconde est relevé au mois d’Août.

Le débit maximum correspond à la forte saison de pluies et le débit minimum quant à lui se situe durant la saison sèche où les précipitations sont presque nulles.

Ainsi l’Ivovoka connaît un étiage et une crue très contrastés. Mais vue à travers la carte n° 4, la commune rurale d’Anjeva gare est dotée d’un réseau hydrographique permanent qui est apparemment en mauvaise gestion.

IV.2 Mauvaise maîtrise de l’eau La non-maîtrise de l’hydrographie dans la commune rurale d’Anjeva se manifeste sous deux formes : la sécheresse et l’inondation.

Durant la saison sèche, l’eau est rare. La gestion de l’eau en amont est faite par des associations des communes avoisinantes, c’est-à-dire les communes qui se trouvent en amont de la zone, ce qui limite considérablement la quantité d’eau qui parvient jusqu’à Anjeva.

D’autre part le mauvais emplacement des barrages hydrauliques et la vétusté de ces infrastructures ne permettent pas d’épargner l’eau pour l’usage agricole d’autant plus que la plupart de ces infrastructures desservent les zones moins productives.

18 Carte n° 4 : Réseau hydrographique de la commune rurale Anjeva gara

Source : Monographie de la commune rurale Anjeva gara

19 De plus, pendant la fin de la saison sèche de septembre à octobre ; certaines sources tarissent, ce qui contraint certains agriculteurs d’abandonner les parcelles situées en hauteur.

Durant la saison pluvieuse, on rencontre encore des problèmes concernant l’eau : l’inondation. Ce problème est sûrement dû au mauvais emplacement des barrages et des pistes qui constituent un goulot d’étranglement de la circulation des eaux.

Bref le caractère plus ou moins saisonnier de la rivière d’Ivovoka nécessite l’installation des infrastructures qui servent à équilibrer le niveau de l’eau tout au long de l’année.

En somme le cadre physique de la commune rurale d’Anjeva n’est pas tout à fait d’emblée aux aménagements agricoles, ainsi l’homme entre en scène pour transformer ce cadre physique en un paysage agraire. Ce qui nous amène à voir le cadre humain.

20 DEUXIÈME CHAPITRE : UNE POPULATION D’ORIGINE MERINA L’occupation de la commune rurale d’Anjeva remonte à la période du royaume merina sous le règne de Ralambo

Anjeva est le berceau de deux collines historiques de l’Imerina. Elle fut peuplée dans un premier temps par des Vazimba qui étaient soumis par Ralambo et Andrianampoinimerina, par la suite. L’étude de l’histoire du peuplement et des facteurs démographiques est un élément capital pour comprendre la mise en valeur de l’espace.

I Anjeva terre ancestrale des Vazimba : Autrefois, le chef-lieu de la commune rurale d’Anjeva était connu sous le nom d’Ivovoka, qui n’est autre que la rivière qui passe à travers la commune. Selon le Plan communal de Développement de la commune rurale d’Anjeva gara (une sorte de monographie qui décrit les projets à faire dans la commune) la zone était envahie par des arbustes appelés « seva » qui produisent des poivres rouges ; c’est pour cette raison qu’on la dénommait « AN-TSEVA » qui est devenue actuellement Anjeva.

C’était le hameau d’Anjeva tanàna qui portait ce nom en premier ; ensuite ce nom est attribué à la gare ferroviaire qui venait de s’installer à Ivovoka. Le pourquoi de ce choix est expliqué par le fait que l’administration coloniale choisit toujours le nom de la localité la proche et la plus peuplée pour la gare.

Plus tard, à cause de la mise en place de la gare ferroviaire et de la tannerie d’Anjeva, une industrie de transformation de cuir, la localité est devenue chef-lieu de la commune rurale d’Anjeva.

Mais au point de vue historique, l’actuelle commune rurale d’Anjeva a connu plusieurs phases de peuplement.

I.1 Les Vazimba : primitifs d’Anjeva Au temps de Ralambo, Anjeva était encore le berceau des Vazimba. Ces Vazimba habitant sur le site défensif entouré de fossé d’Imerinkasinina étaient sous la direction d’un célèbre roitelet connue sous le nom d’Andrianafovaratra ou le prince de feu et de la foudre. Ce prince était réputé pour sa magie, son idolâtrie et son talent de manipuler les foudres1.

21 D’après Callet, dans son ouvrage Tantara ny Andriana ; ce prince n’avait pas besoin de hache pour abattre les arbres et découper les bois. Il utilisait seulement la foudre pour abattre et briser les arbres en mille morceaux ; d’où son nom le Prince du feu et de la foudre1.

Jusque là, le site défensif d’Imerinkasinina et les célèbres amulettes des Vazimba leur épargnaient de toute invasion extérieure, mais l’avènement de Ralambo va constituer un tournant majeur dans la construction de l’histoire de cette localité.

I.2 Ralambo à Imerinkasinina :

A la fin du XVIe siècle l’existence de la monarchie merina ne fut plus ignorée par ces voisins, par l’intermédiaire desquels les premiers fusils furent introduits dans le pays. Celui-ci éveilla même l’attention des populations limitrophes de l’est. Les Bezanozano, les Sihanaka, les Ontaiva l’attaquent à plusieurs reprises. Alasora fut leur objectif, Ralambo dut les contenir sur la ligne allant d’Ambohitrabiby à Ambohimanambola sans qu’à un moment les assaillants, puissent franchir l’Ikopa2.

L’idole du devin Andrianandritany et l’aide précieuse d’Andrianjaka, fils du roi Ralambo contribuaient à la victoire de ce dernier.

Tout en défendant le royaume contre les attaques venues de l’est, Ralambo ne perdit pas de vue l’action commencée par son père contre la polyarchie. À Imerinkasinina, localité à mi-chemin entre Ambohitrabiby et Alasora, régnait le roitelet Andrianafovaratra, celui qui comptait beaucoup sur ses amulettes et passait pour disposer de foudre. Ralambo décida de l’évincer.

Pour cela, Andrianandritany desservant de l’idole Ikelimalaza suggéra au roi d’attirer Andrianafovaratra hors d’Imerinkasinina. Tandis que celui-ci allait au devant Ralambo pour se faire battre, Andrianandritany mit le feu à son village. Plutôt que de revenir pour éteindre l’incendie, Andrianafovaratra préféra se réfugier dans le Vakiniadiana.

1. CALLET(p), Tantara ny Andriana, tome I, p. 278 1. CALLET(p), Tantara ny Andriana, tome I,p. 278 2. Labatut, Madagascar étude historique, 1969 Ed Nathan, 226 p

22 Ainsi le célèbre roitelet Andrianafovaratra et ses amulettes magiques déclinèrent devant la ruse d’Andrianandritany et de Ralambo. Cette victoire établit définitivement l’autorité de Ralambo au nord est d’Antananarivo.

Afin de marquer cet événement le roi Ralambo planta une pierre levée (orimbato) au lieu qu’il appela lui-même Analamahazo, symbolisant ainsi la prise de possession de tout le pays allant de l’Ikopa à Ambohitrabiby1.

Malgré la victoire de Ralambo sur Imerinkasinina, les Zafinadrianafovaratra ou les descendants d’Andrianafovaratra demeurent encore les habitants d’Imerinkasinina2.

Aujourd’hui encore selon Callet dans Tantara ny Andriana ces Zafinandrianafovaratra habitent toujours les lieux. En hommage à leur patriarche, ces descendants d’Andrianafovaratra ne font jamais entrer chez eux les

Zafinandrianandritany ou les descendants d’Andrianandritany3.

L’histoire de peuplement d’Anjeva ne s’achève pas là, d’autres événements historiques relatifs au peuplement de ce lieu se sont déroulés au temps d’Andrianampoinimerina.

I.3 Andrianampoinimerina (1787­1810) à la conquête de Fandana et d’Imerinkasinina Au début du règne d’Andrianampoinimerina, l’actuelle commune rurale d’Anjeva constituait encore un point stratégique pour le royaume merina. En effet, c’était encore la porte qui sépare le peuple merina des autres peuplades à l’est de l’île ; les Bezanozano et les Sihanaka.

Andrianampoinimerina a été connu pour son célèbre esprit de conquête. C’est lui qui a dit : « Ny ranomasina no valamparihako », ce qui signifie : la limite de mon royaume est la mer. Ainsi il fixa comme objectif de conquérir toute l’île. Mais avant de se lancer dans une telle conquête il décida d’abord, de renforcer son autorité au sein même de son royaume ; le royaume merina4.

1. Labatut, Op. cit, p. 89 2. Callet, Tantara ny Andriana, tome I, p. 89 3. Callet, Op. cit, p. 278

23 Pour ce faire, il faisait recours à la force si c’est nécessaire mais parfois négocier ou épouser une princesse locale est suffisant. C’est le cas de Fandana, une colline située dans la partie sud de l’actuelle commune rurale d’Anjeva et d’Imerinkasinina.

Ainsi en 1794, au lieu d’utiliser la force, Andrianampoinimerina épousa une princesse descendante de Ramisamanjaka frère d’Andriambelomasina qui s’appelle Rafotsirahisatra. Il l’avait placé à Fandana afin d’annexer cette localité. Andrianampoinimerina et Rafotsirahisatra ont eu un fils nommé Ratsararay qui est l’un des ancêtres de la population habitant l’actuel fokontany d’Ambatofolaka englobant en son sein le site défensif de Fandana1

La même année, Andrianampoinimerina se rendit à Imerinkasinina pour l’annexer2.

Comme le cas de Fandana, il s’agit aussi d’une annexion pacifique mais cette fois par le biais d’une négociation. Ainsi Andrianampoinimerina se rendit à Imerinkasinina pour réunir les habitant devant un « kabary » (un discours) dans lequel il disait qu’il allait réunir le Merina et que c’est autour d’Imerinkasinina de se soumettre et que Fandana, Ravaondriana, Tsaraonenana et Haramy avaient jadis accepté de se soumettre et que ce jour-là, il était venu pour les soumettre. Les habitants d’Imerinkasinina ont accepté de se soumettre mais ils ont pris la fuite et même si Andrianampoinimerina leur a dit de revenir à plusieurs reprises ils n’ont jamais tourné la tête pour regarder en arrière, c’est pour cela qu’Andrianampoinimerina a baptisé ce lieu ; Imerinkasinina3.

En quittant Imerinkasinina Andrianampoinimerina confia à quatre cent cinquante

(450) colons et un seigneur la garde de ce lieu4.

Ces 450 colons et ce seigneur vont constituer une des bases du peuplement de l’actuelle commune rurale d’Anjeva gare.

4. Labatut, Madagascar étude historique, 1969, Ed Nathan, 226p 1. Callet, 1974, Op. cit, tome III, p. 32 2. Labatut, 1969, Madagascar étude historique, Ed Nathan, 226 p 3. Callet, 1974, Tantara ny Andriana, tome II, p. 223 4. Labatut , 1969, Op. cit, Ed Nathan, 226 p

24 Bref, la population actuelle de la commune rurale d’Anjeva gare est donc le fruit d’une longue histoire jalonnée par deux annexions capitales ; l’annexion de Ralambo à la fin du XVIe siècle et l’annexion d’Andrianampoinimerina en 1794.

Ces deux annexions ont apporté chacune une nouvelle vague de peuplement qui est venue s’ajouter à la population primitive ; les descendants du roitelet vazimba Andrianafovaratra.

En un mot c’est une population d’origine merina.

Cette brève historique du peuplement explique les aspects démographiques de la population actuelle de cette zone.

II Des éléments caractéristiques de la population rurale malgache La population de la commune rurale d’Anjeva possède les aspects typiques des ménages ruraux malgaches. La quasi-totalité de la population vit de l’agriculture et de l’élevage. C’est une population relativement jeune, majoritairement masculine caractérisée par des ménages de taille moyenne

II.1 Une population relativement jeune majoritairement féminine L’âge et le sexe sont les caractères fondamentaux d’une population. Chaque population a une composition par âge et par sexe, différente. Le nombre ou la proportion d’homme et de femme de chaque tranche d’âge peut avoir des répercussions considérables sur la vie socio-économique d’une population donnée1.

II.1.1 Une population jeune La répartition de la population de la zone étudiée par grand groupe d’âge montre la prédominance de la population jeune ou l’effectif de moins de 15 ans. Ainsi sur les

3 859 habitants des 749 ménages de la zone étudiée, 1 574 ont moins de 15 ans, soit une proportion de 40,78 %.

Le groupe de 15 à 64 ans de sa part regroupe 2 229 personnes, soit 57,76 p % de la population totale. Enfin, la proportion des personnes âgées (65 ans et plus) est

1. FNUAP, Guide démographique, 2003

25 relativement basse. Elle ne compte que 56 personnes, soit une proportion de 1,45 % de la population totale.

Ces chiffres montrent très bien que le travail de la terre n’est pas fait pour les personnes âgées puisque c’est un travail qui nécessite beaucoup de force et d’endurance.

Ces données démographiques nous permettent de calculer le rapport de dépendance en fonction de l’âge. Ce rapport indique la charge économique que doit supporter le segment productif d’une population. (Guide démographique. 2003, p 13)

Le rapport de dépendance en fonction de l’âge est donc le résultat du calcul suivant :

Rapport de Dépendance en Fonction de l’Age = R.D.F.A

(Population moins de 15ans + Population de 65 ans et plus) x 100 R.D.F.A = Population âgée de 15 à 64 ans

1 574  56 x 100 R.D.F.A = 2 229

R.D.F.A = 73,72

Le rapport de dépendance en fonction de l’âge est de 73,12. En d’autre terme, il y a 73,12 personnes à charge par 100 personnes économiquement actives.

L’allure de la pyramide des âges qui présente une base large, un corps qui se rétrécit grossièrement vers le sommet et un sommet sensiblement étroit, exprime au premier coup d’œil une population en expansion, c’est-à-dire une population qui comporte plus de jeunes. Cependant la pyramide présente des anomalies dans les détails.

Au niveau des tranches d’âge de 20 à 24 ans correspondant aux enfants nés entre 1982 et 1986, on observe un gonflement considérable au niveau des deux sexes. C’est sûrement le fruit de l’amélioration des conditions sanitaires grâce à la mise en place du CSB II comportant une maternité au début des années 80. La mise en place de ce Centre de Santé de Base niveau II a contribué à la baisse de la mortalité infantile des deux sexes entre 1982 et 1986 qui se traduisent par le gonflement de la pyramide signalé plutôt.

On enregistre aussi un gonflement anormal chez le groupe d’âge de 0 à 4 ans, qui constitue la base de la pyramide des âges. Ces enfants de 0 à 4 ans sont vraisemblablement les

26 progénitures des personnes qui constituent le groupe d’âge de 20 à 25 ans qui sont aussi l’objet du gonflement précité.

Pour la tranche d’âge de 40 à 44 ans correspondant aux enfants nés entre 1962 et 1966, on observe un retrait anormal du côté masculin. Ces hommes appartenant au groupe d’âge des personnes extrêmement actives sont probablement à la conquête de travail dans la capitale qui est seulement à 25 km d’Anjeva.

Quoi qu’il en soit, la pyramide des âges à base large, caractéristique des pays en développement confirme la jeunesse des habitants de la zone étudiée1. les personnes qui ont moins de 15 ans représentent 40,78 % de la population de la zone étudiée. Outre la composition par âge, la composition par sexe peut avoir aussi des répercussions considérables sur la vie socio-économique de la région.

I.1.2 Une population majoritairement féminine. La population de la commune rurale d’Anjeva gare est caractérisée par la prédominance du sexe féminin.

Pour démontrer cette forte proportion des femmes, nous allons calculer le rapport de masculinité qui est le rapport entre le nombre d’homme et le nombre de femme dans une population donnée2.

Nombred’hommes x1 00 Rapport de masculinité = Nombre de femmes

1746 x1 00 Rapport de masculinité = 2 113

Rapport de masculinité = 82,63

En effet, sur 3 859 habitants 1 746 sont des hommes et 2 113 sont des femmes ; ce qui nous donne comme taux de masculinité de 82,63. En d’autres termes il y a 82,63 hommes pour 100 femmes.

1. FNUAP, Guide démographique, 2003 2. FNUAP, Guide démographique, 2003, p. 12

27 Figure n° 2 : Pyramide des âges de la commune rurale Anjeva gara

Source : Exploitation des données dans la monographie de la commune rurale Anjeva gara

28 Tableau n° 2 Répartition par grand groupe d’âge et par sexe Grand groupe d’âge Sexe masculin Sexe féminin pourcentage 0 à 14 ans 711 863 40,78 % 15 à 64 ans 1 011 1 218 57,76 % 65 ans et plus 24 32 1,45 % total 1 746 2 113 100 % Source : monographie de la commune rurale Anjeva (2006)

Tableau n° 3 Répartition par groupe d’âge et par sexe Groupe d’âge Sexe masculin Sexe féminin total 0 à 4 ans 303 373 676 5 à 9 ans 220 260 480 10 à 14 ans 188 230 418 15 à 19 ans 153 197 350 20 à 24 ans 225 266 491 25 à 29 ans 137 158 295 30 à 34 ans 118 145 263 35 à 39 ans 97 107 204 40 à 44 ans 71 95 166 45 à 49 ans 79 90 169 50 à 54 ans 60 78 138 55 à 59 ans 44 51 95 60 à 64 ans 27 31 58 65 ans et plus 24 32 54 total 1 746 2 113 3 859 Source : Monographie de la commune rurale d’Anjeva (2006)

D’après ce tableau le caractère féminin de la commune rurale d’Anjeva est indiscutable. Ce qui veut dire que les femmes participent activement, autant que les hommes dans la pratique de la culture de légumes.

Ces structures par âge et par sexe de la population actuelle sont les conséquences des facteurs démographiques dont il convient d’étudier les aspects.

I.2 Les particularités des facteurs démographiques de la région Le mouvement naturel de la population comporte deux éléments : les naissances et les morts. Au fur et à mesure que les gens naissent et meurent, les effectifs de la population d’une région peuvent changer1.

1. FNUAP, Guide démographique, 2003, p. 47

29 Des formules ont été mises au point afin d’obtenir des données statistiques sur certains phénomènes naturels (la mortalité et la natalité) ou appelés encore les facteurs démographiques.

Pour établir une statistique il nous faut connaître le nombre des naissances et le nombre de décès au cours d’une période donnée.

Le tableau suivant montre le nombre de naissances et de décès des cinq (5) Fokontany étudiés au cours de l’année 2006.

Tableau n° 4 Répartition des naissances et des décès recensés au cours de l’année 2006 dans les cinq (5) Fokontany étudiés. Fokontany Nombres des Nombre des enfants Nombre de décès Nombre de naissances ayant survécu moins d’enfants de moins décès d’un an d’un an Ambatofolaka 57 57 0 5 Faliary (m) 30 29 1 5 Ambohidrazana 41 41 0 4 Imerinkasinina 22 22 0 3 Ankadiefajoro 41 41 0 4 total 191 190 1 19 Source : Exploitation des données de la maternité et de la mairie février 2007

Ces données sur la natalité et la mortalité vont constituer les données de base de notre étude sur l’accroissement naturel de la population.

I.2.1 Un taux de natalité et un taux fécondité relativement élevé - le taux de natalité également appelé taux brut de natalité indique le nombre de naissances vivantes pour 1 000 habitants durant une année donnée. Cela signifie qu’il faut exclure de la statistique les morts nées1.

Le tableau numéro 4 nous indique que durant l’année 2006, on a enregistré 19 morts sur les 3 859 personnes reparties dans les 759 ménages des cinq (5) Fokontany étudiés.

Généralement le taux de natalité s’exprime en mille (1 000) habitants même si on peut également l’exprimer pour cent (100) habitants.

Voici la formule du taux de natalité (T. N).

1. FNUAP, Guide statistique, 2003, p 19

30 Nombre de naissance durant une année x1 000 T.N. = Nombre de la population totale de l’année donnée

191 x 1000 T.N. = 3859

T. N = 49,49 p mille

Ce taux de natalité en pour mille nous permet de conclure que le taux de natalité de la zone étudié est très élevé car il est largement supérieur au seuil 30 p mille1. D’ailleurs, comparer au taux de natalité de la province autonome d’Antananarivo (42,6 p mille), le taux de natalité de 49,49 p mille de la zone étudiée est encore plus très élevé.

Pour voir d’un autre angle l’ampleur de ce phénomène démographique, il nous faut calculer le Taux Général de Fécondité (également appelé Taux de Fécondité). C’est le nombre de naissance vivante par mille (1 000) femmes en âge de procréer ou entre l’âge de 15 à 45 ans durant une année.

Nombre de naissance durant une année donnée x 1000 Taux de Fécondité = Nombre de femmes en âge de procréer de cette année

190 x1 000 Taux de Fécondité = 1058

T. F = 179,2 p mille

En d’autres termes, pour 1000 femmes, il y a eu 179 naissances durant l’année 2006.

Comparé au seuil (120 p mille)2, le taux général de fécondité de la zone étudiée est fortement élevé. D’autre part, ce taux général de fécondité de la zone étudié est encore largement supérieur à celui de la Province autonome d’Antananarivo, qui est de 147,1 p mille3.

Ce taux de natalité et ce taux de mortalité élevé expliquent, en effet la forte proportion de la population jeune dans la zone étudiée. Ce phénomène est certainement dû à la nécessité de mains d’œuvre en milieu rurale et la mentalité des Malgaches qui considèrent les enfants comme une richesse.

1. Cours de géographie de population à l’ENS 2. Cours de géographie de population à l’ENS 3. MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, Monographie de la région d’Antananarivo, 2001, p. 38

31 I.2.2 Un faible taux mortalité On entend par mortalité les morts considérées. Comme mouvement de la population, la mortalité intervient dans l’équilibre de l’effectif de la population1.

Le taux de mortalité appelé également taux brut de mortalité est le nombre de décès par mille (1 000) habitants durant une année donnée.

Taux de Mortalité Taux de Mortalité = Population totale de l’année

19 x1 000 Taux de Mortalité = 3 859

T. M = 4,9 p 1 000

Cela veut dire que sur mille (1 000) habitants, il meurt environ 5 personnes chaque année. À l’échelle régionale, le taux de mortalité de la zone étudiée c’est-à-dire des cinq (5) fokontany choisis, est légèrement faible comparé à ceux de la province d’Antananarivo dont le taux de mortalité est de 6,3 p mille2. D’autre part ce taux de mortalité est largement inférieur au seuil faible qui est de 13 p mille (1 000)3.

Ce faible taux de mortalité est d’abord expliqué par la proximité de la zone étudiée par rapport à la capitale, ce qui facilite toutes évacuations sanitaires urgentes.

D’autre part la commune rurale d’Anjeva est desservie par un C.S.B II qui assure l’entretient sanitaire des paysans.

un taux de mortalité infantile faible Le taux de mortalité infantile est le nombre de morts, d’enfants moins d’un an par mille (1 000) naissances vivantes durant une année donnée4.

On estime que le taux de mortalité infantile est une bonne indication de la situation sanitaire d’une région (Guide démographique, 2003).

1. FNUAP, Guide démographique, 2003, p. 29 2. MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, Op. cit, 2001, p 30 3. Cours de géographie de population 4. FNUAP, Op. cit, 2003 p. 31

32 Nombre de décès de moins d’unan x 1000 Taux de Mortalité Infantile = Total des naissances vivantes

1 x1 000 Taux de Mortalité Infantile = 190

T.M.I = 5,2 p 1 000

En d’autre terme, pour 1000 enfants nés vivants il y a environ cinq (5) qui n’atteignent pas leurs premiers anniversaires. C’est un taux de mortalité infantile très faible comparé au seuil de 90 p mille (1 000). D’autre part par rapport à l’ensemble de la province d’Antananarivo dont le taux de mortalité infantile est de 80 p mille (1 000), ce taux demeure encore très faible1.

On peut en déduire ainsi que la situation sanitaire de la commune rurale d’Anjeva est de niveau relativement élevé. Le C.S.B II de la commune dispense à la population plusieurs services dont l’accouchement, vaccination de la mère et de l’enfant, les soins d’urgences. Ce centre fournit aussi des médicaments à la population.

L’ONG ADESELMA et les quatre (4) groupements SEECALINE s’occupent de la sensibilisation sur la nutrition alimentaire de la mère et de l’enfant et le suivi du poids de ce dernier deux (2) fois par semaine2.

La couverture vaccinale atteint la barre de 100 % dans les fokontany d’Ankadiefajoro et d’Ambohidrazana et avoisine les 95 p cent (100) dans les autres fokontany (Plan Communal de Développement, p. 12)

I.2.3 Un taux d’accroissement naturel relativement élevé Le taux d’accroissement naturel est le taux auquel une population augmente (ou diminue) pendant une année donnée en raison de l’excédent (ou du déficit) de la naissance par rapport aux décès. Il est exprimé en pourcentage de la population de base.

Ce taux ne tient pas compte des effets de l’immigration ou de l’émigration3

1. INSTAT, Enquête prioritaire auprés des ménages, 2002 2. PROVINCE AUTONOME D’ANTANARIVO, Plan Communal de Développement, 2006 3. FNUAP, Guide Démographique, 2003

33 Taux de natalité – taux de mortalité Taux d’Accroissement Naturel = 10

49,49 – 4,9 Taux d’Accroissement Naturel = 10

T.A.N = 4,45 %

En effet, le taux d’accroissement naturel de la zone étudiée est de 4,45 %. Cela signifie qu’une région habitant cent (100) personnes augmentera en moyenne quatre (4) habitants en une année.

De ce fait on peut dire que les cinq (5) fokontany étudiés de la commune rurale d’Anjeva gare accusent une croissance rapide vue que le taux d’accroissement naturel est supérieur à 2,5 % la moyenne1. Comparé au taux d’accroissement naturel de la province d’Antananarivo qui est de 3 p cent2 il demeure encore très élevé.

La croissance exprimée sous forme de pourcentage n’est pas toujours très révélatrice. Alors on se demande si un taux d’accroissement naturel de 4,45 p cent est-il rapide ou lent ? Parfois, une façon plus vivante d’indiquer la croissance de la population consiste à calculer combien de temps il faudrait, au rythme actuel pour qu’une population double ses effectifs3

Une méthode rapide pour estimer le temps de doublement consiste à diviser 72 par le taux d’accroissement naturel 724.

72 Temps de Doublement = 4, 45

Temps de Doublement = 16,17

Avec ce taux d’accroissement naturel de 4,45 % la zone étudiée composant les fokontany d’Ambatofolaka, Morarano Faliary, Ambohidrazana, Imerinkasinina et d’Ankadiefajoro va doubler sa population en 16 ans.

1. Cours de géographie de population 2. INSTAT 2003, Guide statistique de poche, n 1 3. FNUAP, Guide démographique, 2003 4. Cours de géographie de population

34 Cette croissance rapide de la population constitue d’une part une garantie pour l’avenir des mains d’œuvre agricole mais d’autre part, elle va encore entraîner la microparcellisation des superficies cultivables.

Cette population à forte croissance majoritairement féminine se répartit dans des ménages généralement de taille moyenne

Selon le dictionnaire Larousse, un ménage peut être défini comme étant une famille, une communauté domestique. Le mot ménage est donc : une personne ou l’ensemble de plusieurs personnes vivant sous le même toit.

Les tailles des ménages des cinq (5) fokontany ne sont pas égales (cf. tableau numéro 5). Elles varient de 4,2 à 6,15. Mais en moyenne, un ménage de la zone étudiée compte environ 5,15 personnes.

Ces ménages sont de taille moyenne mais ils constituent une très grande charge pour la population potentiellement active, qui constitue 57,76 p cent de la population totale.

En effet, la population moins de 15 ans, qui n’est pas encore économiquement active représente 40,78 p cent de la population totale. Ajouté à la proportion des personnes âgées qui représentent 1,45 p cent de la population totale, nous avons un rapport de dépendance en fonction de l’âge de 73,12 pour cent. Ce qui veut dire qu’il y a 73,12 personnes à la charge de cent (100) personnes économiquement actives.

Tableau n° 5 Répartition des ménages dans chaque fokontany Fokontany Nombre de population Nombre de ménage Taille des ménages Ambatofolaka 1 058 172 6,15 Morarano Faliary 710 148 4,79 Ambohidrazana 725 144 5,03 Imerinkasinina 501 119 4,21 Ankadiefajoro 865 166 5,12 Total 3 859 749 5,15 Sources : Monographie de la commune rurale d’Anjeva gare et enquête de d’auteur (février 2007)

35 Ainsi la taille moyenne des ménages de la zone étudiée est de 5,15 personnes en

20061, un chiffre approximativement égal à la taille moyenne des ménages ruraux malgaches en 2005, qui est de 4,72.

Ces ménages de taille moyenne constituent essentiellement une main-d’œuvre pour les activités agricoles. En effet femmes et hommes travaillent ensemble la terre et en période des vacances et des hautes saisons de culture les enfants eux aussi participent activement dans la vie économique de la région.

Parfois ces ménages de taille moyenne ne parviennent pas à travailler correctement la terre, ainsi le recours à des salariats agricoles est fréquent.

En somme ces ménages de taille moyenne très prolifiques jouent un rôle important dans l’augmentation de la production et l’amélioration de l’agriculture car ils constituent la principale force de travail dans la zone d’étude.

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE La commune rurale d’Anjeva gare est une zone typiquement merina. Elle regroupe les caractéristiques des Hautes Terres Centrales tant sur le cadre physique qu’humain.

Du point de vue physique, le relief est dominé par des collines de forme allongée séparée par des bas-fonds étroits très encaissés et de petites plaines. Ce relief très accidenté doté d’un sol à dominance ferralitique, hydromorphe et des sols d’origine alluviale ne constitue pas une véritable barrière pour la pratique des cultures maraîchères.

En plus, les conditions climatiques plus clémentes avec l’existence de deux saisons bien distinctes remplissent en partie les exigences agro écologiques des cultures commerciales pratiquées ; en effet la longue saison sèche constitue la période phare de la production maraîchère.

1. Enquête de l’auteur 2. INSTAT, Enquête au près des ménages, 2002

36 Durant cette période, le recours à l’irrigation est impératif. La rivière d’Ivovoka, une rivière quasi-permanente caractérisée par des débits contrastés et les sources offrent un réseau hydrographique sillonnant assez dense non maîtrisable mais qui peut satisfaire les besoins en eau des cultures commerciales de légumes

Bref, la commune rurale d’Anjeva est dotée d’un milieu physique aménageable pour la pratique agricole des produits maraîchers. D’autant plus que l’aspect historique et humain de la zone étudiée rendent encore plus favorable la promotion de cette activité économique.

Ce fut dans un premier temps la terre ancestrale des Vazimba, sous la direction du roitelet Andrianafovaratra siégeant à Imerinkasinina. Face à l’expansion territoriale du royaume merina, le petit royaume d’Andrianafovaratra se décline devant la ruse du roi Ralambo et son devin Andrianandritany en 1575.

Deux siècles plus tard, avant de se lancer dans la conquête de toute l’île, Andrianampoinimerina a procédé au renforcement de son pouvoir au sein de son royaume. Ainsi, il a mis 450 colons et un seigneur à la garde d’Imerinkasinina.

Actuellement, cette population constitue l’agent de mise en valeur de cet espace agricole.

Cette population, à forte proportion de population potentiellement active (57,76 %), caractérisée par un taux d’accroissement naturel très élevé (4,9 %), repartie dans des ménages de tailles moyenne (5,15 personnes par ménage), majoritairement féminine assure le fonctionnement de la filière maraîchère et prend en charge les besoins de la population jeune qui représente 40,78 % de la population totale de la zone d’étude.

Mais ces facteurs d’ordre physique et humain sont-ils suffisants au développement de la filière maraîchère ? Quels en sont les autres facteurs et comment se présente cette filière ?

37 DEUXIÈME PARTIE : LA PRATIQUE DES CULTURES COMMERCIALES DE LÉGUMES : UNE MISE EN VALEUR FRUIT DU DÉSENCLAVEMENT ET UNE SUITE LOGIQUE DES MICRO PARCELLISATIONS DES RIZIÈRES

À la fin du XIXème siècle la communication et le déplacement dans les Hautes Terres malgaches étaient encore difficiles, l’économie rurale se limitait seulement à une économie de subsistance. Le riz tenait encore une place incontestablement importante dans la pratique agricole des paysans. La zone étudiée n’est pas épargnée de cette réalité.

Cette économie de subsistance, a longtemps subsisté pour survivre encore aux changements apportés par le cours de l’histoire. La mise en place de la ligne de chemin de fer Antananarivo Côte Est au début du XXe siècle et l’augmentation progressive de la population vont faire apparaître une économie rurale basée sur la pratique des cultures maraîchères, qui seront l’objet d’étude de la présente partie.

PREMIER CHAPITRE : LE CHEMIN DE FER ET LA PRESSION DÉMOGRAPHIQUE : DES AGENTS DE MISE EN VALEUR Généralement, les voies de communication constituent un agent de mise en valeur ; c’est surtout dans les pays anciennement colonisés que la voie ferrée apporte des transformations radicales au point qu’on peut parler de la création d’une économie1.

La création de la ligne de chemin de fer Tananarive Côte Est constitue un événement décisif dans la construction de l’économie rurale de la commune d’Anjeva gara.

I La T.C.E : un agent de mise en valeur

I.1 Bref historique de la T.C.E.

I.1.1 Le chemin de fer une nécessité coloniale. L’idée de construction de chemin de fer destiné à relier Antananarivo et la côte, date de l’époque même où fut décidée l’expédition de Madagascar2. Avant l’instauration du chemin de fer, d’interminables porteurs, pliant sous le lourd fardeau se frayaient

1. Max DERRUAUX, Nouveau précis de géographie humaine, 1969, Ed Armand Colin, 569p 2. Gallieni, Madagascar de 1896 à 1905, Imprimerie nationale. Antananarivo 1905

38 péniblement un passage à travers les forêts et transportaient de la côte à la capitale tout ce qui était nécessaire aux besoins de la population des régions centrales1.

La principale attente de l’administration coloniale sur le chemin de fer s’apparente dans un premier temps sur le plan économique.

Les chantiers des chemins de fer constituent aussi, un centre de formation professionnelle de mains-d’œuvre en ouvrier d’art, qui retournant dans leur pays d’origine et utilisant les connaissances acquises, jouent eux-mêmes le rôle d’initiateurs vis-à-vis de leurs congénères.

« À un autre point de vue, il constituait un instrument de civilisation par excellence, non pas seulement en contribuant à l’éducation professionnelle de la population malgache, mais aussi en fournissant un précieux moyen de rapprochement aux diverses races qui la compose2 », ce qui favorisait sans doute la fusion des races et l’association des intérêts, et contribuera à la réalisation complète de l’unité politique et administrative de Madagascar.

Il faut signaler qu’au premier rang, les conséquences que doit avoir la construction du chemin de fer, se placent dans le fait que l’achèvement de cette entreprise ouvrira l’Imerina un débouché aussi indispensable à sa prospérité qu’à celle du reste de l’île3.

Bref, c’est pour un développement économique durable et une pacification coloniale progressive que le chemin de fer était instauré. Mais le tracé de la ligne de chemin de fer n’est pas fait par hasard, c’est le fruit d’une étude qui a pris en compte plusieurs facteurs.

I.1.2 Le choix du tracé de la ligne T.C.E Le tracé de la ligne de chemin de fer T.C.E est l’œuvre du colonel la Roque. Dans un premier temps, le tracé était un sentier indigène qui est d’abord perfectionné et rendu muletier pour faciliter la marche des cavaliers et des bêtes puis c’est une route

1. LYAUTEY, Gallieni, Gallimard. Paris 1959 2. LYAUTEY, Op. cit, p. 150

3. GALLIENI, Op. cit, p. 398

39 carrossable. Ensuite les transports par chevaux et par les voitures légères étaient substitués à son tour par le chemin de fer1.

Mais la voie ferrée exige l’aménagement d’une infrastructure coûteuse, alors il faut que son exploitation soit rationnelle2.

Ainsi, avant de proposer le tracé, l’administration coloniale a fait inventorier les ressources agricoles commerciales et industrielles des régions à desservir, évaluer leurs facultés de production et calculer les éléments divers du trafic futur3.

Ainsi, comme la zone étudiée possède une énorme potentialité agricole qui pourrait être l’objet d’une exploitation massive et une industrie de transformation de cuirs, elle faisait partie des heureuses localités desservies par le chemin de fer.

Bref, selon Gallieni le chemin de fer devrait assurer pour l’avenir « un trafic rémunérateur qui doit correspondre à la mise en valeur rationnelle et à un surcroît de développement agricole, industriel et commercial des circonscriptions de l’Imerina centrale et de la zone intermédiaire, parmi les produits susceptibles de faire dès le début, l’objet d’une sérieuse exploitation figure le riz, puis la soie, les fibres, les bétails, la cire, les peaux, les légumes, les volailles etc.4 ».

Si tels sont donc les objectifs attribués à la création de la ligne de chemin de fer T.C.E ; comment la commune rurale d’Anjeva en tirait profit ?

I.1.3 Le chemin de fer un transport de masse et quasi­permanent Le chemin de fer est le premier moyen de transport le moins aléatoire qui reliait Antananarivo et la côte est sur 371 km de rail. Comparé à la route il apparaissait comme une voie plus ou moins permanente et par rapport aux véhicules les trains sont dotés d’un tonnage extrêmement élevé.

La commune rurale d’Anjeva fait partie des zones, dont la mise en valeur est le fruit de l’intervention du chemin de fer. Depuis l’exploitation du deuxième tronçon de la

1. LYAUTEY, Gallieni, Gallimard. Paris p. 197 2. Max DERRUAUX, Nouveau précis de géographie humaine, 1969, Éd. Armand Colin, 439 p 3. GALLIENI, Madagascar de 1896 à 1905, Imprimerie nationale. Antananarivo 1905, p. 398 4. GALLIENI, Op. cit, p. 398

40 T.C.E (Brickaville Soanierana) au mois de mars 1909, le paysage rural de la zone étudiée va fortement changer.

L’attraction et la proximité de la ville d’Antananarivo (23 km sur le rail) font de cette zone un fournisseur de produits maraîcher pour la capitale. Le premier moyen pour l’évacuation de ces produits était le train des banlieues, un train qui assurait la liaison entre Antananarivo et Manjakandriana en 30 minutes.

Quotidiennement, il est assuré entre Antananarivo et Anjeva 10 passages de train (5 montants et 5 descendants) dont 6 trains de banlieue, 2 trains de marchandise et 2 trains voyageurs qui reliaient les deux terminus principaux de la T.C.E1.

Le train de banlieue a beaucoup contribué dans le développement de la culture maraîchère dans la zone étudiée. Les voyageurs des trains de banlieue bénéficient des envois de marchandises de 20 kg maximum à titre de colis accompagnés.

Selon RAKOTONARIVO Yvon, les légumes et les fruits entrants dans l’alimentation quotidienne des résidents de la capitale tiennent une large part dans le flux de marchandises des trains de banlieue. En 1985, ils constituent selon les estimations 70 à 75 % des colis transportés. Les produits sont transportés par des petites soubiques de 20 kg ou des caisses pour les tomates.

Bref, on peut dire que le train, le premier moyen de transport par excellence est l’agent de mise en valeur de la zone étudiée. Certes, il y avait d’autre moyen de transport, à savoir le transport par voie routière, mais ce dernier ne pouvait pas concurrencer le train tant sur le tonnage que sur la permanence.

I.2 Toamasina un nouveau marché Notons que Toamasina est actuellement la destination principale des produits maraîchers en provenance de la commune rurale d’Anjeva gare. Quelles sont donc les raisons de ce choix ?

1. RAKOTONARIVO Yvon, 1985, Influence de Tananarive sur sa périphérie sud et est à travers le trafic ferroviaire du train de banlieue, mémoire de CAPEN, ENS, filière histoire et géographie, 86 p

41 I.2.1 Un changement progressif de la destination des produits maraîchers en provenance d’Anjeva La commune rurale d’Anjeva gare se trouve seulement à 25 km de la capitale. La commune rurale d’Ambohimanambola, d’Alasora et d’ se trouvent en amont de la zone d’études par rapport à la capitale. Ces 3 communes constituent aussi un grenier en produits maraîchers pour la capitale. Ainsi la saturation du marché d’Antananarivo est la première raison pour laquelle la zone étudiée se lance dans la conquête de nouveau marché, la ville de Toamasina.

D’autre part la tarification des produits périssables (légumes) à bord du train semble favoriser la nouvelle destination ; Toamasina.

1 Selon RAMBELOTSALAMANIRINA Jacqui, administrateur délégué de la RNCFM ; le coût de transport d’une tonne de marchandises diminue en fonction de la longueur du trajet, plus la destination est lointaine plus le coût de transport par kilomètre diminue.

Un train de voyageur équipé d’un wagon spécial pour les produits périssables, appelé, fourgon route, reliant la ville d’Antananarivo et la ville de Toamasina desserte la zone étudiée 2 fois par jour (un aller et un retour).

Plus tard, d’après l’adjoint au maire et les collecteurs que nous avons enquêté, Il y avait un contrat entre la ville de Toamasina et la commune rurale d’Anjeva dans lequel, ce dernier s’engage à envoyer toute sa production de légumes à Toamasina.

Ce qui nous amène à se demander pourquoi la ville de Toamasina est-elle contrainte d’importer les légumes en provenance d’Anjeva ?

I.2.2 Toamasina une région non favorable à la pratique agricole Pour comprendre la raison de ce handicap pour l’agriculture il faut connaître les types de sol qui s’y trouve.

Les sols de la région de Toamasina correspondent chacun à une végétation spécifique. Il y existe 3 types de végétation : la prairie, le Savoka et les forêts vierges2

1. Réseau Nationale De Chemin De Fer malgache 2. ERHAHT, Influence de l’origine géologique et des facteurs extérieurs sur la formation et la valeur culturale des terres latéritiques de l’est de Madagascar, librairie la rose, Paris, 1926, p. 29

42 La prairie est la phase terminale de l’action du feu sur la végétation autochtone, caractérisée par la pauvreté en espèces. Les Savoka constituent une végétation spéciale qui s’installe sur les tavy ; c’est-à-dire là où les Malgaches ont abattu la forêt pour planter le riz. La récolte faite, le terrain est abandonné, le nombre d’espèces végétales occupant le Savoka est très réduite ; on distingue les Savoka à harongana, à dingadingana, à bambou, à ravinala etc. Les forêts vierges sont en effet une association excessivement complexe et hétérogène qui ne compte pas moins de 5 000 espèces persistantes correspondant à la flore au vent et d’autre à feuillage caduc correspond à la flore sous le vent.1

Comment se présentent alors les sols qui correspondent à ces trois types de végétations ?

Le sol des forêts vierges est très perméable, à structure grossière, il est meuble et serait sans aucun doute d’un travail facile, les phénomènes d’érosion y sont très réduits.

Le sol des prairies est un sol compact dur et imperméable, formé de grains très fins, il produit à la surface une mince pellicule glissante, les phénomènes d’érosion y sont excessivement très intense et ravinent le sol. Ces deux sols sont très peu fertiles et difficiles à travailler.

Les Savoka ont des caractères analogues aux sols forestiers. C’est sur ce type de sol qu’on peu pratiquer l’agriculture.2

Au point de vue, éléments fertilisants, ces sols sont des terres très pauvres, le sol de forêt est encore moins pourvu d’éléments fertilisants que les autres sols.3

Bref, on peut dire que « la valeur culturale de ces sols situés sous un climat tropical humide et soumis à un processus de latérisation dépend entièrement de la végétation. La végétation tropicale primitive intense et luxuriante s’est constituée par un

1. ERHAHT, Op. cit, p. 29 2. ERHAHT, Influence de l’origine géologique et des facteurs extérieurs sur la formation et la valeur culturale des terres latéritiques de l’est de Madagascar, librairie la rose, Paris 1926, p. 39 3. ERHAHT, Op. cit, p. 101

43 travail séculaire d’adaptation et de symbiose. Une fois détruite par le feu ou par la hache le sol devient au bout de très peu d’années stérile et infertile »1

Telle est donc la première raison du développement des cultures maraîchères dans la zone étudiée qui a fait de Toamasina sa destination principale, mais la pratique de ces cultures commerciales apparaît aussi comme étant une suite logique de la microparcellisation des rizières.

II Les cultures commerciales : une suite logique de la microparcellisation des rizières Pour Madagascar, le riz est un produit à la fois économique, social et politique. Produit de première nécessité, il a une place importante dans tous les domaines de la vie des Malgaches. Il constitue leur principal aliment de base. En 2003, 63 % des ménages malgaches ont cultivé le riz ; en milieu rural, 73 % des ménages sont des riziculteurs2.

La commune rurale d’Anjeva gara n’est pas épargnée de cette réalité. L’évolution de l’économie fruit de l’implantation de la ligne de chemin de fer Tananarive Côte Est, le premier facteur de mise en valeur de la zone étudiée était étouffée plus tard par la pression démographique qui a engendré sans doute la microparcellisation des rizières et le déclin de la riziculture. Ainsi la riziculture devenue insuffisante est renforcée par l’exploitation massive des cultures commerciales.

II.1 Une riziculture devenue insuffisante Les Malgaches sont parmi les plus gros consommateurs de riz dans le monde. En terme quantitatif, ils mangent, en moyenne 110 kg de riz par personne par an3. Cette céréale constitue le principal apport calorique des Malgaches. 85 % du repas des ménages urbains est constitué de riz. Malgré cette place prépondérante du riz dans la vie des Malgaches, Madagascar n’arrive toujours pas à s’auto suffire, en terme de production rizicole. Le riz importé constitue une part importante du marché national. C’est le reflet des déficits de la production rizicole dans plusieurs communes rurales de Madagascar.

1. ERHAHT, Op. cit, p. 102 2. Ministère de l’économie, des finances et du budget, Revue d’information économique, numéro 17. juillet 2004 3. INSTAT, 2000, Enquête auprès des ménages 1999 ; p 174

44 Nous allons voir à travers l’exemple de la commune rurale d’Anjeva gara que ce déficit est une réalité inquiétante.

II.1.1 Une faible couverture annuelle du riz Selon le PCD1, une sorte de monographie dans laquelle se trouve le projet de développement de chaque commune, le rendement en matière de riziculture de la zone étudiée figure parmi le plus élevé de Madagascar. Cette productivité par rapport à la terre est d’ordre de 2 tonnes par hectare, si les conditions climatiques et le système hydraulique sont favorables. Voici un tableau qui montre des statistiques sur la production rizicole des cinq fokontany étudiés durant l’année 2006

Tableau n° 6 Statistique de la production rizicole par fokontany durant l’année 2006 fokontany Surface en ha Rendement (t/ha) Production (ha) Ambatofolaka 60 1,5 90 Imerinkasinina 25 1 25 Ankadiefajoro 30 1 30 Ambohidrazana 45 2 90 Morarano Faliary 30 1,5 45 total 190 1,4 280 Source : Monographie de la commune rurale d’Anjeva Gara

Selon ce tableau, les cinq fokontany étudiés produisent environ 280 t de riz en 2006. Ce qui fait qu’une personne produit en moyenne 72,55 kg de riz par an. Pourtant, la consommation de riz par habitant en milieu rural malgache est chiffrée à 138 kg par an2. En effet, cette production est loin de pouvoir satisfaire les besoins réels en riz de la commune étudiée. Ainsi, chaque personne doit s’approvisionner 65,45 kg de riz au marché pour combler ces besoins annuels en riz.

Pour voir ce faible taux de couverture annuel en riz d’un autre angle, nous allons voir à travers le tableau suivant le taux de couverture alimentaire moyenne annuelle du riz qui montre que la zone étudiée est encore loin de l’autosuffisance en riz.

1. Plan Communal de développement 2. Ministère de l’économie des finances et du budget, Revue d’information économique, n° 17. juillet 2004

45 Tableau n° 7 Taux de couverture alimentaire moyenne annuelle du riz par fokontany Fokontany Auto suffisance alimentaire annuelle en riz Ambatofolaka 31,66 % Morarano faliary 39,16 % Ambohidrazana 40 % Imerinkasinina 54,58 % Ankadiefajoro 43,33 % Total 41,74 % Source : enquête de l’auteur, janvier 2007

D’après ce tableau, les besoins annuels en riz des agriculteurs de la zone étudiée ne sont pas toujours couverts par la production locale. Dans l’ensemble, on constate que le taux de couverture alimentaire annuelle en riz dans la zone étudiée est encore très faible (41,74 %). En moyenne, un ménage de la zone d’étude consomme sa production en riz durant 5 mois ; ce qui signifie que pour assurer son alimentation en riz le reste de l’année, chaque ménage doit s’approvisionner en riz au marché durant 7 mois environ.

Il existe pourtant des différences nettes entre chaque ménage, hameaux et même entre chaque fokontany. Ainsi le fokontany d’Imerinkasinina a le taux de couverture alimentaire annuelle le plus élevé, de l’ordre de 54,5 %. En deuxième position se trouve le fokontany d’Ankadiefajoro, avec un taux de couverture de 43,33 %. Le fokontany d’Ambatofolaka se trouve en dernier lieu avec un taux de 31,66 %. Cette hétérogénéité entre les taux de couverture alimentaire des cinq fokontany est le résultat des différences entre les tailles de ménages, les espaces cultivés et l’adoption des techniques agricoles. Plus un ménage est de grande taille, plus le taux de couverture alimentaire annuelle diminue.

Le taux de couverture alimentaire moyenne annuelle par ménage ne fait qu’accentuer cette différence. Le tableau suivant montre l’hétérogénéité des ménages en matière de production rizicole.

46 Tableau n° 8 Taux de couverture alimentaire moyenne annuelle du riz par ménage Couverture alimentaire moyenne annuelle du riz Pourcentage des ménages (en mois) 04 1 à 3 29 4 à 6 37 7 à 9 22 10 à 11 4 12 4 ensemble 100 Source : enquête de l’auteur, janvier 2007

D’après ce tableau, 37 % des ménages enquêtés arrivent à s’auto suffirent en riz durant seulement 4 à 6 mois. C’est seulement 4 % des ménages réunis à l’enquête qui arrivent à couvrir leurs besoins en riz tout au long de l’année. C’est-à-dire durant 12 mois. D’autre part 4 ménages sur les 100 enquêtés ne produisent pas du riz donc achètent tout au long de l’année.

En somme, on peut dire que malgré sa haute productivité par rapport à la terre en termes de production rizicole, la zone étudiée n’arrive pas encore à couvrir ses besoins en riz tout au long d’une année.

II.1.2 Le riz : un produit d’auto consommation Les ménages ruraux sont dotés de diverses sources de revenus : les activités agricoles, les activités salariées, d’autres activités principales ou secondaires (transformation des produits, artisanat, commerce) ainsi que les revenus fonciers et la vente des animaux ; ces revenus peuvent être sous forme monétaire ou en nature1.

Le riz constitue la part la plus importante des revenus d’exploitation des ménages ruraux. Pour ce qui est de la zone étudiée les revenus apportés par la riziculture sont notamment en nature.

Parmi les 100 ménages enquêtés, aucun foyer ne commercialise le riz. Il ne contribue pas dans l’alimentation des revenus mensuels des ménages en terme de monnaie.

1. Ministère de l’économie, des finances et du budget, Revu d’information économique, n° 17, juillet 2004

47 Le besoin en riz constitue même un manque à gagner pour certains ménages de la zone étudiée.

Bref, la production rizicole de la zone étudiée ne peut assurer que les besoins partiels annuels de la population de la zone (5 mois en moyenne). La filière riz n’est pas un secteur producteur de revenus financiers, notamment chez les ménages que nous avons enquêté. Toute la production est destinée à l’auto consommation.

On peut alors se demander les raisons pour lesquelles cette production n’arrive pas à couvrir les besoins annuels de la population et ne contribue pas à l’alimentation des revenus financiers de ménages.

II.2 Une riziculture en déclin À Madagascar, on trouve 3 grands modes de culture selon les caractéristiques du champ de culture ; la riziculture sur tavy, la riziculture aquatique et la riziculture sur tanety. Les modes de riziculture les plus pratiqués dans la zone étudiée sont : la riziculture aquatique inondée de la deuxième saison appelée « Vakiambiaty » (seconde saison de riz dont la récolte se fait en avril et juin où l’Ambiaty fleurit et tombe) et la riziculture sur tanety appelée encore riziculture pluviale. Mais malgré l’extension de la riziculture sur tanety, des difficultés qui entravent la production subsistent encore. Ces difficultés sont d’ordre technique, financier, matériel, foncier et même ceux relevant des conditions naturelles.

II.2.1 Technique et équipement rudimentaires dans la riziculture Généralement, les techniques de riziculture du riz dépendent de la topographie, c’est-à-dire le type de champ. Dans la zone étudiée on observe deux modes de culture de riz.

La riziculture aquatique qui englobe aussi bien les cultures irriguées que celle inondées de bas-fond ou de plaine. La riziculture irriguée est celle pour laquelle l’eau utilisée est drainée sur le terrain de culture par des réseaux artificiels suite à des aménagements plus ou moins importants qui donnent lieu aux projets de petits ou grands périmètres irrigués. 98 % des ménages pratiquent ce type riziculture.

48 La riziculture sur tanety ou encore la culture pluviale ; ce type de riziculture est pratiqué dans les régions où les rizières existantes n’offrent plus à la population locale ses besoins en riz. Il est caractérisé par le semis à sec, qui attend les premières pluies

pour que la jeune plante puisse pousser sur les sols des montagnes.1 c’est seulement 2 % des agriculteurs qui optent pour ce type de riziculture.

Photo n°3 La riziculture sur tanety

La rizicultue sur tanety ou la riziculture de montagne est l’extension des rizières inondées, devenues étroites suite à la pression démographique. Source : cliché de l’auteur

En ce qui concerne la technique, on distingue 3 techniques particulières adoptées de manière différente dans la zone étudiée.

1. Ministère de l’économie des finances et du budget, Revue d’information économique, n° 17. juillet 2004

49  Certains cultivateurs optent pour les techniques traditionnelles dont les caractéristiques se résument en sans labour ou labour à l’angady, semis direct, repiquage en foule et aléatoire, fumure organique, sans sarclage ou sarclage

manuel1

 D’autres ont été plus perméables aux techniques modernes ou en d’autres termes le Système de Riziculture Amélioré ou SRA caractérisé par un repiquage en ligne, utilisation de semences améliorées, adoption des jeunes plants, sarclage mécanisé et apport de fertilisants minéraux.

 Il y aussi ceux qui ont choisi le SRI ou le Système de Riziculture Intensive. C’est un ensemble de règle qui recommande aux utilisateurs de recourir à plusieurs techniques non conventionnelles, y compris le semis à sec, la transplantation des jeunes plants de riz de moins de 20 jours à raison d’un plant par trou, un espacement de 20 fois 20 centimètres, désherbage fréquent et contrôle de niveau de l’eau afin d’aérer les racines pendant la période de croissance du plant.

Le tableau suivant montre le taux d’adoption de chaque technique culturale dans la zone d’étude

Tableau n° 9 pourcentages de l’adoption des techniques rizicoles Système de riziculture traditionnelle SRA SRI Ne total Semis Riziculture Riziculture cultive direct de montagne aquatique pas du riz 5 % 2 % 33 % 49 % 7 % 4 % 100 % Source : enquête de l’auteur, janvier 2007

Parmi les 100 ménages enquêtés 4 ne cultivent pas le riz. D’après ce tableau, on constate la persistance des techniques traditionnelles, qui englobe à la fois la riziculture caractérisée par le semi-direct, la riziculture de montagne et la riziculture aquatique. 40 % des ménages enquêtés dont 33 % pratiquent la riziculture aquatique traditionnelle, 2 % pratiquant la riziculture de montagne et 5 % pratiquant le semi- direct optent encore pour ces techniques dites traditionnelles.

1. Ministère de l’économie des finances et du budget, Op. cit. p. 04

50 Cette forte proportion d’adoption de la riziculture traditionnelle est expliquée par le type de champs. La présence des vallées étroites allongées ne facilite pas le drainage et l’irrigation rationnelle des rivières la tradition, associée au manque de diffusion de s nouvelles techniques et aux problèmes de la vulgarisation et de diffusion de semence jouent aussi un très grand rôle dans la persistance des méthodes culturales traditionnelles.

Le taux d’adoption du SRA (49 %) qui vise à augmenter la productivité par rapport à la terre est déjà encourageant, mais dans tous les cas les paysans qui pratiquent cette technique cherchent à minimiser leur apport en travaux pour consacrer plus de temps aux produits maraîchers, ce qui entrave quelque peu l’application du système de riziculture intensive qui requiert un volume de travail énorme et une assiduité sans faille. Selon notre enquête, seulement 7 % des ménages pratiquent cette nouvelle technique.

Quelque soit le mode ou la technique utilisée par les paysans, la riziculture doit suivre plusieurs étapes conformément au calendrier agricole.

II.2.2 Le calendrier agricole Le travail commence par la préparation de la pépinière se situant souvent près des sources ou de la rivière d’Ivovoka. Tout d’abord, il s’agit de labourer, irriguer et aérer le sol avant les travaux de nivellement pour le semis. Ces travaux commencent au mois d’Août-septembre et octobre.

Entre-temps, après le semis dans les pépinières, l’on procède déjà à l’aménagement des parcelles de réception (rizières) pour le repiquage. Les travaux des rizières proprement dites se font comme suit : un mois après le labour, on entame la mise en eau des parcelles afin de faciliter l’émottage qui se fait généralement avec la bêche ou la herse pour les familles plus aisées. Une fois que les rizières sont bien préparées pour recevoir les plants de riz, on passe au repiquage qui peut se définir comme la transplantation des plantules de la pépinière à la rizière communément appelée surface de réception.

Dans notre zone d’étude cette opération s’effectue généralement durant les mois d’octobre et novembre.

51 Le repiquage peut se faire en foule aléatoire soit dispersement en ligne. En général pour les rizières difficilement irrigables on doit attendre la tombée des premières pluies pour ne pas étouffer les plantules.

Pour garantir le bon développement de ces plantules ainsi repiquées, et surtout pour avoir un bon rendement, la surveillance du niveau de l’eau et les travaux de sarclage s’avèrent indispensables. Du repiquage à la moisson, les parcelles rizicoles doivent au moins recevoir deux ou trois séries de sarclage ; espacé d’un mois chacun. Pour le repiquage traditionnel ils se feront manuellement et avec une sarcleuse mécanique ou artisanale dans le cas des SRI ou SRA.

Enfin, la saison des moissons arrive aux mois d’avril, mai et juin selon le cycle

végétatif et la variété du riz ainsi repiqué1.

Tableau n°10 : Calendrier rizicole de la zone étudiée mois semis Préparation repiquage sarclage récolte des rizières Juillet Août XXX Septembre XXX XXX Octobre XXX XXX XXX Novembre XXX Décembre XXX Janvier XXX Février XXX Mars Avril XXX Mai XXX juin XXX Source : enquête de l’auteur Outre la technique et le mode de culture, les intrants et les équipements agricoles contribuent aussi à l’obtention d’un meilleur rendement.

II.2.3 Équipements agricoles rudimentaires Les équipements agricoles de la zone étudiée sont encore qualifiés comme rudimentaires et se limitent souvent à la bêche. Ce sont seulement les familles aisées qui peuvent se procurer d’outils plus chers dont la charrue, la herse, le transport en charrette pour l’exécution des activités agricoles. Les ménages les plus équipés possèdent des pulvérisateurs pour le traitement phytosanitaire des plantations.

1. 120 jours pour les plus rapides et 180 jour pour les lents

52 Les matériels agricoles, que dispose chaque ménage varient d’un hameau à l’autre. Le tableau suivant montre la répartition des matériels agricoles par ménage.

Tableau n° 11 Répartition des matériels agricoles par ménage Nombre de matériels agricoles par ménage utilisateur Nombre de bêche sarcleuse charrue charrette pulvérisateur herse Hameaux Ambatofolaka 2/1 7/20 1/20 1/20 2/20 1/20 Morarano Faliary 2/1 11/20 0/20 0/20 5/20 0/20 Ambohidrazana 3/1 11/20 1/20 1/20 7/20 1/20 Imerinkasinina 3/1 4/5 3/20 3/20 2/5 3/20 Ankadiefajoro 3/1 15/20 1/10 1/10 15/20 1/10 MOYENNE 3/1 6/10 7/100 7/20 37/100 7/100 Source : Enquête de l’auteur janvier 2007

Selon ce tableau, on constate que les matériels agricoles les plus utilisés sont les équipements dits légers comme la bêche. La proportion des paysans propriétaires des matériels agricoles importants (charrettes, charrues, herses) reste faible de l’ordre de 21 %.

En général, les bêches constituent les principaux matériels des paysans, chaque ménage en possède plus d’une. En ce qui concerne l’utilisation des sarcleuses, près de 6/10 des ménages enquêtés ont à leur disposition ce matériel mécanique. Les paysans utilisent ces matériels en fonction de la technique utilisée dans la riziculture. Ainsi tous les ménages qui pratiquent la riziculture en ligne que ce soit le SRA ou le SRI, ont chacun une sarcleuse mécanique.

D’autre part, c’est seulement une petite proportion des ménages enquêtés qui a à sa disposition les matériels agricoles attelés (charrues, charrettes, herses). Ces types de matériels sont réservés aux ménages plus riches qui ont des zébus de tractions. Ils sont au nombre de 7 sur les 100 foyers enquêtés.

L’utilisation des pulvérisateurs pour le traitement phytosanitaire des produits agricoles, reste assez marginal ; c’est seulement dans les 37 % des ménages enquêtés que ce type de matériel figure parmi les outils indispensables à l’agriculture. Mais parmi ces foyers, c’est seulement une infime partie qui déclare avoir utilisé ce matériel dans la riziculture.

Malgré cette homogénéité apparente de l’insuffisance des matériels agricoles dans la zone étudiée, les nombres moyens des matériels agricoles par ménage

53 diffèrent d’un fokontany à un autre. Les ménages d’Ankadiefajoro sont plus équipés. Chaque ménage possède 3 bêches. 3/4 des foyers sont dotés de sarcleuses mécaniques et pulvérisateurs, mais c’est seulement 1/10 des ménages qui en possède des matériels attelés (charrue, charrette, herses).

Ensuite vient, en deuxième place le fokontany d’Ambohidrazana, dont chaque ménage dispose au moins 3 bêches. On y enregistre 11 sarcleuses, 1 charrue, 1 charrette et 1 herse sur les 20 ménages enquêtés. Ces deux premiers fokontany sont considérés comme les plus productrices en matière agricole par rapport aux restes.

Les ménages de Morarano Faliary et d’Ambatofolaka sont considérés comme les moins équipés, puisque les bêches sont essentiellement les principaux matériels qu’on y utilise. Les sarcleuses interviennent en deuxième lieu. L’utilisation des matériels agricoles attelés y est très marginale. Cette insuffisance des matériels agricoles fait que les habitants de ces deux fokontany sont plus ou moins pauvres et ne peuvent pas se procurer que des équipements rudimentaires faute de moyen.

Les prix élevés des matériels agricoles attelés constituent le premier obstacle à l’achat de ces matériels pour les ménages ruraux. L’absence des ces matériels freine tout renouvellement et amélioration des techniques agricoles. Une charrette et une charrue coûtent respectivement 700 000 et 70 000 Ariary. Ainsi l’accessibilité des paysans à ces matériels se trouve être difficile à cause de ces prix élevés.

Quoi qu’il en soit, les autres exploitants non-propriétaires peuvent emprunter les matériels nécessaires auprès de leurs familles ou louent quotidiennement une main-d’œuvre agricole. À titre d’exemple ; le coût journalier du labour à charrue se loue entre 10 000 à 15 000 Ariary. Une location qui n’est pas à la portée de tous

L’utilisation d’engrais se révèle aussi un facteur déterminant de la productivité par rapport à la terre. Dans la commune rurale d’Anjeva gara la riziculture se contente d’une fertilisation organique. Le tableau suivant montre un bref aperçu de l’utilisation d’engrais dans la zone étudiée

54 Tableau n° 12 Utilisation d’engrais Fokontany Pas d’engrais fumure compost Engrais chimique Ambatofolaka 7 13 0 0 Morarano Faliary 6 14 0 0 Ambohidrazana 3 17 0 0 Imerinkasinina 5 15 0 0 Ankadiefajoro 5 15 0 0 Ensemble 26 74 0 0 Source : enquête de l’auteur février 2007

D’après ce tableau, 26 % des ménages enquêtés n’utilisent pas d’engrais ; 74 % utilisent la fumure organique ou « zezimpahitra ». L’utilisation du compost (fumure animale composée de feuillage, d’eau et de terre qui favorisent la décomposition) et d’engrais chimique reste très marginale.

En matière d’intrants, les cultivateurs se contentent des fertilisations organiques traditionnelles.

Outre la technique, l’utilisation d’engrais et les équipements agricoles, la superficie des rizières influe beaucoup sur la production. Ce qui nous amène à voir la microparcellisation des rizières.

II.3 La microparcellisation des terres : un obstacle à l’augmentation de la production rizicole La totalité de production rizicole récoltée par chaque famille riziculteur varie en fonction de la superficie de ces terrains.

Comme nous avons vu dans la première partie, le comportement démographique de la zone d’étude, est caractérisé par un taux de natalité et un taux de fécondité relativement élevé (T. N 49,49 pour mille, T. F 179,2 pour mille) donc un taux d’accroissement naturel élevé (4,43 %) et un temps de dédoublement de l’ordre de 16 ans. Cet aspect démographique engendrera sans doute une pression démographique qui influe beaucoup sur la répartition des terres agricoles notamment les rizières. Plus les ménages sont de grande taille, plus le dividende des terres agricoles est grand. Il en résulte ainsi la microparcellisation des rizières qui veut dire diminution des superficies agricoles de chaque ménage.

55 Photo n°4 Micro parcellisation des rizières

Les diguettes constituent les limites de chaque rizière. Ces diguettes apparais- sent à chaque fois qu’on partage les rizières. Source : cliché de l’auteur

Le tableau suivant montre la taille moyenne de parcelle rizicole par fokontany étudiés.

Tableau n° 13 Nombre et taille moyenne des parcelles rizicoles par fokontany étudiés fokontany Nombre de rizière des Superficie totale des Superficie moyenne de 20 ménages enquêtés rizières des 20 ménages chaque rizière (en Are) (en Are) Ambatofolaka 38 164 4,31 Morarano 52 165 3,17 Ambohidrazana 58 207 3,56 Imerinkasinina 73 196 2,68 Ankadiefajoro 60 200 3,33 Total 281 932 3,41 Source : enquête de l’auteur février 2007

Le fokontany qui enregistre la plus grande superficie rizicole médiane est, ce d’Ambatofolaka, avec une moyenne de 4,31 ares. Le fokontany d’Imerinkasinina est celui dans lequel est signalée la plus petite superficie médiane. La topographie se trouve être le premier élément d’explication de l’étroitesse de ces rizières. En effet le fokontany d’Imerinkasinina qui se trouve sur un site défensif ne bénéficie que des rizières localisées dans des vallons étroits très encaissés qui nécessitent un aménagement en

56 terrasse. Il s’en suit que les rizières se limitent à des lopins de terre en forme de petits mouchoirs en terrasse.

Tandis que, dans le fokontany d’Ambatofolaka la vallée assez large apparentée à une plaine, offre la possibilité d’avoir une surface rizicole assez large. Malgré l’étroitesse des rizières, le nombre de ces superficies que chaque ménage possède à sa disposition est encore très restreint. Le tableau suivant montre un bref aperçu du nombre des rizières et la superficie médiane des rizières que chaque ménage met en culture au niveau des cinq fokontany.

Tableau n° 14 Nombre des rizières et la superficie médiane des rizières mises en culture par chaque ménage au niveau des fokontany Fokontany Nombre moyen des rizières mises Taille médiane des rizières mises en en culture par ménage culture par chaque ménage (en Are) Ambatofolaka 1,9 8,2 Morarano Faliary 2,6 8,25 Ambohidrazana 2,9 10,35 Imerinkasinina 3,65 9,8 Ankadiefajoro 3 10 Total 2,81 9,32 Source : enquête de d’auteur février 2007

Généralement, le nombre moyen des rizières mises en culture par chaque ménage de la zone d’étude est de 2,81 ; la superficie médiane de ces rizières est de 9,32 ares. Les familles du fokontany d’Ambohidrazana se révèlent être les premiers qui ont à leurs disposition plus de superficie rizicole à mettre en valeur, avec une moyenne de 10,35 ares.

57 Les ménages du fokontany d’Ambatofolaka tiennent la dernière place avec une superficie moyenne de 8,2 ares. Cette différence est issue de la densité de chaque fokontany, plus la population est nombreuse plus la part de chaque ménage en terme de superficie agricole diminue. D’après le tableau numéro 5 le fokontany d’Ambohidrazana est habité par 725 âmes, répartis dans 144 ménages tandis que ce d’Ambatofolaka abrite 1 058 personnes réparties dans 172 ménages. Cette différence ne se limite pas au niveau de chaque fokontany, elle est bien visible auprès de chaque ménage. Le tableau suivant montre la répartition des superficies rizières de chaque ménage.

Tableau n° 15 Répartition des superficies des rizières de chaque ménage Superficie des rizières (en are) fokontany 0 1-5 6-10 11-15 16-20 + de 20 Ambatofolaka 4 6 5 1 3 1 Morarano 0 5 11 1 2 1 Ambohidrazana 0 7 4 7 0 2 Imerinkasinina 0 4 12 0 3 1 Ankadiefajoro 0 6 7 4 2 1 Total 4 28 39 13 10 6 Source : enquête de l’auteur février 2007

On peut dire à partir du tableau, que 4 % des ménages enquêtés ne disposent pas de rizière, donc ne cultivent pas le riz. Pourtant, 6 ménages possèdent chacun à sa disposition plus de 20 ares, parmi ces 6 foyers, il y a même 3 qui disposent des rizières de 40 ares. 67 % des ménages mettent en valeur des rizières inférieures à 11 ares.

Quoi qu’il en soit, la surface rizicole médiane mise en valeur par chaque ménage reste à l’ordre de 9 ares, Une superficie assez étroite par rapport à la moyenne nationale qui est de 30 ares. Compte tenu de la productivité par rapport à la terre, de l’ordre de 4 tonnes par hectare chaque ménage produit en moyenne 400 kg de paddy

par an1. Pourtant, un malgache consomme en moyenne 110 kg2 de riz blanc par an. Ce qui fait qu’un ménage de la zone d’étude, composé de 5,15 personnes en moyenne devrait consommer au moins 550 kg de riz blanc par an ; un chiffre nettement supérieur à la production médiane des cinq fokontany étudiés en terme de riziculture.

1. Enquête de l’auteur 2. INSTAT, 2000, Enquête auprès des ménages, 1999 ; p.174

58 Ainsi, le riz aliment de base des Malgaches, constitue un manque à gagner pour la commune rurale d’Anjeva gara.

En somme, le chemin de fer, une nécessité coloniale est devenu l’agent de mise en valeur de la commune rurale d’Anjeva gara. À cause de ces potentialités agricoles, Anjeva gara est devenue un fournisseur de la ville d’Antananarivo en matière de produits maraîchers. Suite à la concurrence et à la saturation du marché de ce dernier, le chemin de fer faisait de Toamasina la destination finale de ces produits. Plus tard la culture commerciale des légumes qui était dans un premier temps le résultat de l’intervention du chemin de fer est devenue une suite logique de la microparcellisation des rizières conséquence de la pression démographique.

Ainsi, les besoins de la riziculture devenue insuffisante vont être comblés par les apports monétaires offerts par les cultures commerciales des légumes.

À cet effet, il convient d’étudier dans le chapitre qui suit les cultures commerciales pratiquées par les paysans, les systèmes d’exploitation relative à cette exploitation et enfin les apports de ces cultures en terme de monnaie.

59 CHAPITRE II : LES CULTURES COMMERCIALES DE LÉGUMES, LA PREMIÈRE ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION. Certes, les cultures vivrières tiennent une place importante dans la vie économique de la région, mais les cultures commerciales de légumes occupent une place de plus en plus prépondérante. Il convient de signaler ici qu’en aucun cas il ne s’agit pas des cultures commerciales dans lesquelles Madagascar se spécialise. Il s’agit en effet des cultures commerciales qui sont spécifiques à la région. Ces cultures commerciales marquent de plus en plus le calendrier agricole et deviennent la première source de revenu en terme de monnaie pour les paysans.

I Les cultures commerciales, principales activités économiques de la région. Nous avons déjà vu que les conditions physiques et humaines sont favorables aux cultures commerciales de légumes, on va voir aussi qu’elles répondent aux besoins du marché. Elles sont cultivées tout au long de l’année en fonction de ces conditions. Dans cette partie nous allons traiter les cultures commerciales pratiquées et développées par les paysans, leurs places dans le calendrier agricole, les systèmes d’exploitation et la part de cette activité dans le revenu des ménages.

I.1 Les principales cultures commerciales pratiquées par les paysans Les principales cultures commerciales dans la zone étudiée sont englobées dans ce qu’on appelle la culture maraîchère appelée aussi agriculture périurbaine, qui veut dire étymologiquement « ce qui se trouve à la périphérie de la ville quelle que soit la nature de la production ».

Selon, Larousse, la culture maraîchère se définit comme étant la culture de légume dans le jardin. Mais qu’appelle-t-on légume ?

« La réponse à cette question n’est pas aussi évidente qu’il soit de prime abord. Car le terme est porteur d’ambiguïté. Le nom légume est attribué à toutes les plantes potagères dont certaines parties peuvent entrer dans l’alimentation humaine sans avoir subi de transformation industrielle majeure mais éventuellement soumises à des procédés de conservation préalable »1. Le terme légume s’est échappé depuis longtemps de

1. CHAUX & FOURY (Cl), Production légumière, Lavoisier ; Paris 1994

60 l’hortus latin qui, généralement proche de la maison, était à la fois verger, potager et jardin de fleur. Il est dérivé du mot « légume », terme d’origine grecque désignant les végétaux dont on consomme essentiellement les graines, sèches ou fraîches ; les gousses

; les feuilles et les racines1.

Les principales cultures commerciales pratiquées dans la zone étudiée sont les suivantes :

Les brèdes

Les brèdes constitués généralement des « Petsay », « Anamamy », « Anatsonga » et le chou de chine, sont les plus pratiqués de la zone. 98 % des ménages enquêtés cultivent ces légumes. Ces légumes à feuilles sont caractérisés par un cycle végétatif court qui ne dépasse pas 3 mois. Elles n’ont pas besoin de transplantation, donc n’ont pas besoin de changer de terrain jusqu’à sa maturité. Cependant un arrosage et désherbage assez fréquent contribuent à la bonne santé et au développement rapide de ces plantes. Ces légumes constituent l’un des principaux légumes à feuilles produits par la région. En effet, 1 545 t de brèdes ont été acheminés vers le marché par la commune l’année 2006.

Les carottes

Les carottes trouvent son origine dans le centre asiatique et la Méditerranée. Elles ont un cycle végétatif assez long de 4 à 5 mois. Cette culture à tubercule n’a pas besoin de transplantation. Après le semis l’agriculteur doit assurer la bonne alimentation hydrique du plant sans pour autant l’asphyxier. Un désherbage fréquent et une nutrition en matière minérale équilibrée favorisent le développement de ses racines. En effet 75 % des ménages de la région étudiée investissent dans cette culture. Durant l’année 2006, la commune a produit 80 t de carotte.

Le chou

Le chou pour sa part, trouve son origine en Méditerranée et dans l’Euro- sibérien. Cette culture est pratiquée par 78 % des ménages enquêtés. Outre son cycle

végétatif de 145 à 165 jours2 la culture de chou nécessite plusieurs travaux

1. CHAUX & FOURY (Cl), Production légumière; Lavoisier, Paris1994

61 indispensables : l’adoption en pépinière, la transplantation sur la parcelle de réception, l’apport de fumure organique et d’engrais composant de phosphore, de potasse et d’azote et le traitement phytosanitaire. Durant l’année 2006, 795 t de chou ont été acheminés dans le marché par la commune.

Le chou-fleur

Il en est de même pour le chou-fleur qui trouve son origine dans l’Euro- Sibérien. Son cycle végétatif pourrait atteindre 5 mois. Comme le chou pommé, il est aussi cultivé en pépinière pour être transplanté en suite sur la parcelle de réception où il se développe jusqu’à sa maturité. À cause de la difficulté de son adoption, due à la fragilité de la plantule et de son besoin marquant en investissement financier, c’est seulement 53 % des ménages enquêtés qui investissent dans cette culture. 320 t de chou fleur ont été produits durant l’année 2006.

La tomate

L’origine de la tomate n’est pas encore certaine. On pense qu’elle vient soit de l’Amérique centrale soit de l’Amérique du sud1. Elle figure parmi les cultures les plus pratiquées par les paysans. 73 % des foyers enquêtés investissent dans cette culture. La culture de cette plante se fait aussi en pépinière. Après un mois en pépinière la tomate est transplantée sur la parcelle de réception où elle sera espacée de 50 à 70 cm par pied. Cette culture à graine est très sensible aux insectes et l’asphyxie d’eau. Elle a besoin d’un traitement phytosanitaire régulier. Quoi qu’il en soit, 230 t de tomate sont produits par la région l’année 2006.

Le poireau

Le Proche Orient et la Méditerranée sont désignés comme étant les lieux d’origine et le principal centre de diffusion le plus probable du poireau2. Le poireau peut pratiquement être produit toute l’année. La majeure partie de la production est assurée à partir des plants obtenus à partir des pépinières. Ce qui réduit l’occupation

2. CHAUX & FOURY (Cl), Op. cit, Lavoisier, Paris 1994 1. CHAUX Cl & FOURY Cl, Op. cit, Lavoisier ; Paris 1994, p.8 2. CHAUX Cl & FOURY Cl, Op. cit, Lavoisier. Paris 1994 ; p.8

62 de terrain d’environ 6 à 8 semaines. Cette culture à feuille est l’une des cultures les plus pratiquée de la région. 61 % des ménages investissent dans ce domaine. Ainsi, 238 t de poireau ont été produits par la commune l’année 2006.

Le concombre et la courgette

La courgette est originaire de l’Amérique centrale et de l’Amérique latine, le concombre d’Afrique tropicale. Ces deux cucurbitacées sont souvent associées à d’autre culture comme le maïs et le manioc. Elles ne nécessitent pas beaucoup de travail, sauf le semis, l’arrosage et la récolte. L’adoption de ces deux cucurbitacées par les paysans est assez marginale, 33 % des familles enquêtées seulement pratiquent ces cultures. Malgré ce taux d’adoption, 80 t de courgette et 310 t de concombre sortent de la zone l’année 2006.

Le haricot vert et le haricot grains

L’Amérique du sud est désignée comme le lieu d’origine et le principal centre de diffusion du haricot. Durant le semis, on ne place que deux ou trois graines par poquet distant de 20 à 30 cm du voisin. Les haricots verts sont cueillis avant que les tiges soient trop vieilles. Concernant les haricots à grains les paysans les laissent au champ jusqu’au moment où les feuilles, les tiges et les gousses sont plus ou moins sèches. Avant de les transporter au village, on sépare les gousses des tiges et le battage se fait du village. Cette culture occupe une place importante dans la zone d’étude. 57 % des paysans enquêtés la pratique. Pourtant 13 t de haricot seulement sont produits par la commune durant l’année 2006.

Telles sont donc les principales cultures commerciales pratiquées dans la zone d’étude. Certes, la liste des cultures commerciales pratiquées dans la région n’est pas encore fermée mais ces différentes cultures suffisent largement pour montrer qu’il s’agit des cultures maraîchères et qu’elles sont très variées.

Le tableau suivant va résumer cette diversité de culture et la production de chaque espèce cultivée.

63 Tableau n° 16 productions et rendement de chaque espèce légumineuse (année 2006) Désignation Production (tonne) Superficie (ha) Rendement (t/ha) brèdes 1 545 69 22,39 carotte 80 16 5 Chou 795 56 14 Chou fleur 320 27 11,85 tomate 230 23 10 Poireau 238 34 7 Concombre et courgette 310 26 15 haricot 13 8 1,5 Source : monographie de la commune rurale d’Anjeva Ce tableau ne rend compte que des cultures principales cultivées par les paysans, mais il y a encore des cultures secondaires comme le petit pois, le « vanjobory » et le soja. Seulement ces neuf variétés de légume suffisent largement à démontrer que la région se spécialise dans toute sorte de légumes, donc la culture maraîchère. Photo n°5 Traitement phytosanitaire des plantes

Le traitement phytosanitaire des plantes se révèle être indispensa- ble surtout en saison humide. Ce traitement constitue un élément clef pour la réussite des investissements agricoles, notamment la to- mate. Source : cliché de l’auteur

64 Dans l’ensemble la région peut produire plus de 3 000 t de légume par année. Cette production est cultivée sur un terrain de 172 ha, qui est successivement occupé par plusieurs cultures tout au long de l’année. La pluriculturel y est donc très fréquente sur ces terres. Ainsi il nous importe d’étudier : comment chaque ménage s’organise pour établir le calendrier agricole de ces différentes cultures ? Quels sont les déterminants relatifs au choix des cultures et de ses successions ?

I.2 Les déterminants relatifs au choix et aux successions des cultures

I.2.1 Les déterminants relatifs au choix des cultures Ces déterminants sont d’ordre financier. Ainsi on peut distinguer 3 types de système de culture :

Des cultures à fort revenu monétaire à cycle long, environ 4 à 5 mois, mais dont la conduite nécessite un investissement important, à la fois en capital financier et en main-d’œuvre. Ces cultures qu’on appelle intensives sont représentées par la tomate, les choux-fleurs, les choux pommés, la carotte, le poivron etc.

Des cultures à cycle plus court, environ 3 mois, mais qui ne nécessitent que peu d’investissement en main-d’œuvre et en capital financier. Si elles ne procurent qu’un revenu faible, elles permettent à l’agriculteur non seulement d’avoir un autre travail mais surtout d’avoir une entrée rapide d’argent. Les cultures présentant ces caractéristiques, appelées cultures secondaires sont le haricot et les brèdes (Petsay, Anamamy, Anatsonga et le chou de chine).

Enfin, il existe des cultures intermédiaires, telles que le petit pois, la courgette, le concombre et le poireau, ces cultures sont dites célibataires ou veuves selon les agriculteurs. En effet, elles sont considérées comme des cultures essentiellement pratiquées par ceux qui n’ont pas de moyen financier et surtout pour les débutants.

Bref, les moyens financiers et la disponibilité en main-d’œuvre influent fortement sur le choix des cultures dans l’exploitation agricole. En effet les agriculteurs nouvellement installés, à faible main-d’œuvre, ou disposant de peu de moyen financier, ont des choix de culture orientée principalement vers les cultures secondaires ou au mieux intermédiaires. Par contre, plus l’agriculteur est ancien dans son activité, plus les cultures secondaires et intermédiaires sont réduites dans son exploitation.

65 Les cultures étant choisies, voyons maintenant les éléments qui déterminent la succession des cultures.

I.2.2 Les déterminants sur la succession des cultures La succession des cultures se construit autour des cultures pivots ou prioritaires. L’agriculteur mobilise trois déterminants qui sont les moteurs de succession de ces cultures.

I.2.2.1 Des raisons liées à des critères agronomiques. La première raison est liée au traitement phytosanitaire des cultures. L’agriculteur se donne une limite maximale de deux ou trois cycles culturaux pour une même culture sur la même superficie ; ceci afin de limiter les attaques sur la culture. Le délai de retour est déterminé essentiellement par ces risques.

La deuxième raison liée à des critères agronomiques et des critères liés à la fertilité chimique et physique du sol. En effet, les espèces cultivées n’ont pas la même profondeur d’exploration de racine. Par conséquent, l’agriculteur mobilise un corps de règles lié aux caractéristiques des espèces cultivées. Le tableau numéro 17 présente les caractéristiques de quelques espèces cultivées.

Tableau n° 17 Caractéristiques de quelques espèces cultivées selon l’agriculteur tomate poireau brède choux Choux carotte Petit Haricot Haricot -fleurs pois vert grains Cultures à feuille XX XX Cultures à graines XX XX XX Cultures à tubercules XX Enracinement Profond (+++) (+++) Enracinement moyen (++) (+) (+) Enracinement faible (+-) (+-) (+-) Succession (+++) (+)(++) (+-) possible Choux ou choux-fleurs Tomate ou poireau ou H vert ou H grains ou Petit brèdes pois Source : N’DIENOR Moussa. Typologie des exploitations agricoles et constitution des systèmes de culture maraîchère dans la zone collinaires est d’Antananarivo. 2002, DEA.

66 On constate que ces règles ont un caractère général dans la région, plusieurs agriculteurs s’y réfèrent. Selon ces règles, les choux et les choux fleurs peuvent être des précédents de la tomate, poireau ou brèdes voire même du haricot vert et du haricot.

Bref, ce sont ces règles qui dictent la succession des plantes en fonction de son exploration des racines des plantes. Ainsi, ce sont toujours les espèces ayant un enracinement profond qui viennent en premier lieu, ensuite les cultures caractérisées par un enracinement moyen et enfin les plantes dotées d’un enracinement faible.

I.2.2.2 Critères liés aux paramètres climatiques La mise en culture de chaque espèce, c’est-à-dire leur succession dans le temps est fortement liée aux exigences des plantes par rapport aux facteurs climatiques, notamment la pluie et surtout la température. L’agriculteur tient compte de ces facteurs pour optimiser l’objectif de production qu’il s’est fixé. C’est ainsi qu’une observation générale des dates de plantation des cultures montre grosso modo que les cultures sont plantées en deux périodes :

– Le début et le milieu de la saison des pluies (octobre à janvier). Les parasites prolifèrent durant cette saison mais les températures chaudes sont favorables au développement des plantes. De ce fait, toutes cultures plantées à cette période verront sa production finale perturbée par les parasites (cf. photo n° 6). Mais, quoiqu’il en soit, beaucoup d’agriculteurs plantent certaines cultures durant cette saison dans le but de vendre la production à un meilleur prix. Étant donné que la demande sera supérieure à l’offre. (cf. photo n° 7).

67 Photo n°6 Culture de brèdes

Durant La saison chaude et humide, les attaques des parasites sont légions. De ce fait, toutes cultures plantées à cette période verront sa production finale per- turbée par les parasites. Source : cliché de l’auteur

– La fin de la saison de pluie et le début de la saison sèche (avril au mois de juin) La période fraîche, caractérisée par des attaques moindres et de températures relativement fraîches est considérée comme celle favorable aux cultures maraîchères. Cependant, les prix des produits n’atteignent pas ceux de la première période. Ce qui nous amène à voir les critères liés aux prix du marché Photo n°7 Culture de tomate

Ces tomates sont cultivées en dehors des paramètres climatiques favorables, c’est-à-dire durant la saison de pluie, mais c’est durant cette période que le prix est le plus intéressant. Source : cliché de l’auteur

68 I.2.2.3 Les critères liés au prix du marché. Ces critères dominent parmi ceux cités plus haut. En effet, les agriculteurs plantent très souvent des cultures qui sont en dehors des paramètres climatiques favorables malgré leur connaissance des préférences climatiques de ces cultures. On peut illustrer ce cas chez une de nos personnes ressources sur la plantation de haricot. Il dispose de la variété Daisy, qui n’est pas exigeante en eau et demande de températures ni trop chaudes ni trop fraîches. Ces paramètres climatiques sont remplis pendant le mois de mars. Mais, en pratique on constate que cette variété est souvent plantée en mi-juin et le début octobre pour être très intéressant.

Ainsi, on voit comment le prix de vente des produits influe sur la période de plantation donc sur la succession des cultures.

I.2.2.4 Critères liés à l’organisation de travail La succession des cultures peut être également influencée par l’organisation du travail. En effet, l’agriculteur ne veut pas mettre pendant la même période les cultures intensives dans toutes les parcelles d’exploitation, car cela exigera beaucoup de travaux.

Tels sont donc les déterminants relatifs aux choix des cultures et à leurs successions mais comment se présente le mode d’exploitation

I.3 Les systèmes d’exploitation En général, il existe deux modes de faire-valoir ; le mode de faire-valoir direct où le propriétaire met en valeur directement ses parcelles agricoles et le mode de faire- valoir indirect où l’exploitation des parcelles est confiée à une personne sous condition1. Dans la zone étudiée le mode faire valoir indirect le plus adopté est le fermage, défini par l’encyclopédie Encarta comme étant un mode d’exploitation agricole dans lequel l’agriculteur loue la terre qu’il met en culture. En effet, le fermage s’y présente sous deux formes. Soit l’agriculteur paie le loyer en avance soit, il paie après la récolte. Le paiement du loyer se fait souvent mensuellement ou annuellement.

1. Instat2002, Enquête auprès des ménages, 2001 ; p.120

69 Dans la zone qui nous intéresse, on trouve trois types d’exploitants : les paysans qui exploitent leurs propres terrains, les paysans qui adoptent le faire-valoir indirect et enfin ceux qui adoptent en même temps le faire-valoir direct et le faire-valoir indirect.

Le tableau numéro 18 montre l’adoption de ces trois modes d’exploitations agricole dans la zone étudiée

Tableau n° 18 Mode d’exploitation des terres agricoles par fokontany fokontany Faire valoir direct Faire valoir indirect Faire valoir direct fermage Métayage et indirect Ambatofolaka 4709 Morarano 11 6 0 3 Ambohidrazana 7607 Imerinkasinina 4709 Ankadiefajoro 43013 ensemble 30 29 0 41 Source : enquête de l’auteur février 2007

Le système d’exploitation le plus adopté est l’association du faire-valoir direct et indirect, 41 % des ménages enquêtés louent des terres agricoles tout en cultivant ses propres terres. On peut constater aussi, selon le résultat de notre enquête l’absence des paysans qui adoptent le métayage dans la production de cultures maraîchères. 29 % des foyers étudiés ne possédant pas des terres agricoles adoptent le fermage. C’est seulement 30 % des 100 ménages qui arrivent à se suffirent de ces terres agricoles destinées à la culture maraîchère.

La réalité est différente au niveau des fokontany. En effet, le fokontany d’Ankadiefajoro se trouve en premier lieu en termes de possession des champs de culture. Dans ce fokontany c’est seulement 3 ménages qui ne possèdent pas de terre destinée à la culture de légume. En dernier lieu se trouve sur le même pied d’égalité le fokontany d’Ambatofolaka et d’Imerinkasinina. Chaque fokontany compte chacun 7 ménages qui ne possèdent pas de champ de culture.

Les ménages qui adoptent le faire-valoir direct sont souvent ceux qui ont hérité des terres de leurs ancêtres ou ceux qui ont la possibilité d’acheter de nouvelle terre.

De leur part, les ménages qui combinent le mode de faire-valoir direct et indirect sont les paysans qui ont pour objectif d’augmenter leur exploitation mais qui n’ont pas encore la possibilité d’achat des terres, cas des ménages pauvres ou ceux qui ont le but

70 d’étendre leurs exploitations mais se heurtent au refus des propriétaires de vendre leurs terres.

Enfin, les ménages qui ne possèdent pas des terres agricoles sont parfois les nouveaux venus ou les personnes chargées de garder et de mettre en valeur les terres des personnes qui viennent s’installer en ville.

En résumé, le mode de faire-valoir des exploitations agricoles est dominé par le faire-valoir indirect. Pourtant on ne peut pas voir à travers des modes d’exploitation la productivité agricole et la taille moyenne des exploitations de chaque ménage. Le tableau suivant montre un bref aperçu des tailles moyennes des parcelles de culture de chaque fokontany.

Tableau n° 19 Taille médiane des parcelles de culture mises en valeur par Fokontany Fokontany Ambatofolaka Morarano Ambohidrazana Imerinkasinina Ankadiefajoro moyenne Taille médiane (en are) 13,35 14,8 18,3 26,65 16,7 17,96

Source : enquête de l’auteur février 2007

La taille moyenne des superficies agricoles des cinq fokontany étudiés est donc de 17,56 ares. Malgré cela des différences apparaissent au niveau de chaque fokontany. Ces différences sont toujours le fruit de la pression démographique. Plus la densité humaine de chaque fokontany est élevée plus la superficie agricole médiane diminue.

En résumé, la culture commerciale des légumes, apparut suite à la desserte du chemin de fer, est devenue plus tard une suite logique de la microparcellisation des rizières. De ce fait la filière maraîchère se doit combler le manque à gagner de cette riziculture devenue insuffisante. Les paragraphes suivants vont tenter d’analyser la contribution de la filière maraîchère dans le revenu des ménages.

II Les apports des cultures commerciales de légumes. La mise en valeur des productions agricoles comme celles des cultures commerciales de légumes exige nécessairement un large débouché. L’apport financier de ces cultures dépend entièrement des caractéristiques de son circuit. Plus le circuit est prometteur plus la somme provenant de la vente de ces produits tient une place

71 importante dans le revenu des agriculteurs. Comment ces produits envahissent-ils le marché et quelle est sa place dans le revenu des ménages ?

II.1 Le fonctionnement de la filière maraîchère Certes, les principaux acteurs de la filière maraîchère sont les paysans producteurs mais si l’étude d’une filière se veut être objective, elle devrait aborder l’ensemble des circuits de la production, depuis les producteurs jusqu’aux consommateurs en passant par les différents intermédiaires.

On distingue trois circuits probables pour l’évacuation de ces produits maraîchers. Le premier circuit a pour destination finale la ville de Toamasina. Notons que cette ville était et reste encore la destination principale des produits maraîchers des agriculteurs de la commune rurale d’Anjeva gara. Ce, depuis le moment où fonctionnait le train qui la reliait à la capitale. Mais depuis que le train n’assurait plus le transport dans cet axe, de nouveaux acteurs de la filière maraîchère se sont apparus ; les collecteurs. En effet, ce sont les principaux clients des agriculteurs ; « essentiellement des anciens chômeurs, au nombre d’une vingtaine originaires d’Anjeva »1.

C’est auprès d’eux que les agriculteurs vendent l’essentiel de leurs produits tous les jours, sauf le samedi. Le circuit des produits se déroule comme suit :

Tous les jours les agriculteurs du fokontany d’Ambatofolaka, de Morarano Faliary, d’Ambohidrazana et d’Imerinkasinina transportent leurs produits au marché de Morarano Faliary où les collecteurs les attendent (cf. photo n° 8). Ces produits sont souvent transportés à dos d’homme, soit par les producteurs eux-mêmes soit par d’autres agriculteurs qui pour lesquels le transport est une activité rémunérée. Le coût de transport pour un colis de 50 kg varie entre 400 et 600 Ariary. Ceux qui ont beaucoup de produit et ont les moyens, louent une charrette dont le voyage vaut 3 000 Ariary. De sa part, en raison de son éloignement par rapport au fokontany de Morarano Faliary, les agriculteurs du fokontany d’Ankadiefajoro Mavolamba attendent au bord de la route le passage des collecteurs.

1. UPEP Antananarivo 2006, Plan Communale de Développement de la Commune rurale Anjeva gara, 62 p

72 Une fois collectés, ces produits sont chargés dans des véhicules moyens (Peugeot 404 bâchée ou des Volkswagen fourgon) pour être transportés à Ambohimalaza sur la RN 2 où un camion y attend pour le transbordement des produits. Chaque soir, sauf le samedi, ce camion quitte Ambohimalaza pour rejoindre l’ouverture du marché de Bazary Kely de Toamasina le lendemain (cf. photo n° 9).

En ce qui concerne la fixation des prix des produits, elle se fait uniquement entre les agriculteurs et collecteurs. Chaque paysan négocie individuellement les prix avec les collecteurs qui connaissent parfaitement les circuits du marché. Cette négociation est parfois au détriment des agriculteurs. Mais de peur de voir leurs productions pourrir, ils sont contraints d’accepter les prix imposés par ces collecteurs. De leur part ces collecteurs, conscients de la périssabilité rapide de ces produits et du coût de transport très élevé sont aussi contraints d’éviter la perte.

Photo n°8 Le marché de Morarano faliary

Le marché de Morarano faliary est le rendez-vous quotidien des collecteurs et des agri- culteurs. C’est là, que les prix sont négociés. Une fois collectés, les produits sont char- gés dans des véhicules moyens (Peugeot 404 bâchée ou des Volkswagen fourgon). Source : cliché de l’auteur

73 Photo n°9 Transbordement des produits

Ce véhicule de grande taille ne peut pas accéder au cœur de la commune rurale d’Anjeva. Ainsi, il attend à côté de la RN 2 tous les jours, vers 15 heures pour le transbordement. Ce véhicule peut transporter jusqu’à 8 tonnes de légumes. Source : cliché de l’auteur

Notons que les collecteurs qui payent une taxe professionnelle à la mairie n’ont pas l’autorisation de vendre ces produits dans des autres localités que la ville de Toamasina. Selon ces collecteurs et d’après l’adjoint au maire de la commune rurale d’Anjeva gara, il avait un accord liant ces deux localités dans lequel la commune rurale d’Anjeva s’engage à exporter toute sa production maraîchère vers la ville de Toamasina (seulement on n’est pas en mesure de confirmer l’existence de cet accord car aucun document écrit inhérent à ce sujet ne nous a pas été présenté). Quoi qu’il en soit ce circuit est au détriment des agriculteurs de prime d’abord et aussi des collecteurs. C’est ainsi que le deuxième circuit a repris la route.

Le deuxième circuit a pour destination finale la ville d’Antananarivo. La crise politique de 2002 est à l’origine de la reprise de ce circuit. En effet, cette crise qui s’est manifestée entre autres, par l’installation des barrages et le dynamitage des ponts dans tout le pays, en particulier entre Toamasina et Antananarivo. Elle a entraîné le blocage de l’approvisionnement agricole vers Toamasina à partir de la date de 2 mars 2002. Dès lors, ce nouveau circuit a vu le jour de nouveau.

74 Au fur et à mesure que la crise s’enlisait, le circuit d’approvisionnement vers Toamasina a été remis en place par les collecteurs. Cependant même si le circuit de départ commençait à se rétablir, le flux de produits n’a pas atteint celui avant la crise. La hausse du coût de transport due à la crise, a augmenté le prix de revient de ces produits arrivant à Toamasina. De ce fait, les collecteurs devenus maîtres du circuit dictent le prix auquel ils veulent acheter les produits aux producteurs. Face à ces contraintes, des petits collecteurs ont décidé de garder clandestinement le nouveau circuit né de la crise. Pour ce faire, ils demandent aux producteurs de transporter leurs produits au bord de la route qui sépare la commune d’Anjeva gara à la commune d’Ambohimanambola à la fin de la journée voire tard dans la soirée. Dans cette situation, les collecteurs et les agriculteurs trouvent chacun leur compte.

Pour l’agriculteur, cela lui permet d’évacuer sa production sans beaucoup de difficulté et pour les collecteurs d’éviter de payer de taxe et de transporter ces produits à un coût très élevé.

Le troisième circuit vise à approvisionner les marchés locaux et les communes voisines qui ne produisent pas de légume. En effet les ménages qui ne possèdent pas une grande superficie agricole et qui ne veulent pas accepter les prix imposés par les collecteurs s’organisent chacun et se lancent à la conquête du marché des communes voisines. Ce procédé leur permet de vendre les produits aux prix des détaillants et d’avoir une entrée fréquente d’argent. Le mercredi ces producteurs se donnent rendez-vous au marché d’Alarobia Ambatomanga, le jeudi au marché local de la commune et le vendredi au marché d’Ambohimalaza. Les autres jours, ils se transforment en marchés ambulants et livrent ces produits, porte à porte et hameaux par hameaux dans les communes avoisinantes (Ambohimalaza, , Masindray)

Ce circuit prend beaucoup de temps et dépense beaucoup d’énergie, pour les marchands ambulants qui portent les produits à dos d’homme ou sur la tête des femmes, mais selon eux c’est le procédé qui rapporte le plus d’argent.

Bref, la filière maraîchère de région étudiée fonctionne selon trois circuits. Il faut noter tout de même que le premier circuit est le plus utilisé actuellement. 80 % des ménages enquêtés voient leurs productions agricoles exportées vers Toamasina. C’est seulement une infime partie de la population (11 %) qui approvisionne les marchés

75 locaux et se transforme en marchands ambulants. Les ménages qui commercialisent leurs productions dans la ville d’Antananarivo ne comptent que 9 % des ménages enquêtés.

Ainsi, fonctionne cette filière. La question qu’il nous reste à répondre est donc la suivante : quelle est la place que les cultures commerciales de légumes tiennent dans le revenu des ménages ?

II.2 Les apports des cultures commerciales Dans les cinq fokontany étudiés de la région, les cultures commerciales assurent une part importante dans le revenu de chaque ménage. Ce revenu est en général dépensé dans la vie quotidienne de ces foyers.

II.2.1 Les cultures commerciales : première source de revenu des ménages. Les cultures maraîchères contribuent beaucoup à l’alimentation du revenu des ménages. Parmi les autres sources de revenu, telle que la rémunération journalière des salariés agricoles, l’élevage et les autres activités comme la confection et l’exploitation minière elle se place en premier rang. Nous avons pu relever des données sur les revenus des ménages lors de l’enquête. Le tableau numéro 20 et la figure correspondante résume la part de chaque activité dans le revenu mensuel des ménages.

Une grande partie du revenu des ménages est issue des cultures commerciales. Elles apportent en moyenne 78 555 Ariary, soit 73,54 % du revenu mensuel des ménages. Après cette culture, se trouve en deuxième lieu l’élevage qui arrive à couvrir 19 050 Ariary, soit 17,83 % du revenu mensuel des ménages. En outre, les autres travaux en relation avec l’agriculture ont aussi leurs parts. Ainsi, la somme provenant des salaires journaliers dans le revenu moyen des ménages est de 6 190 Ariary, soit 5,79 % du total. D’autre part les autres activités, comme l’exploitation minière et la confection n’apportent que 3 020 Ariary dans le revenu moyen mensuel des ménages, soit 2,82

76 Figure n° 3 Part moyenne de chaque activité rurale dans le revenu mensuel des ménages, février 200

Source : Exploitation du tableau n° 20

Tableau n° 20 Part moyenne de chaque activité rurale dans le revenu mensuel des ménages. (En Ariary) Fokontany Salaire agricole Autres élevage Culture maraîchère Total Ambatofolaka 14 400 3 775 21 750 51 125 91 050 % 15,81 4,14 23,88 56,15 100 Morarano 12 000 3 500 19 975 65 516 100 991 % 11,88 3,46 19,77 64,87 100 Ambohidrazana 1 200 2 700 1 520 102 091 121 241 % 0,98 2,22 12,57 84,20 100 Imerinkasinina 1 550 750 18 250 101 220 121 770 % 1,27 0,61 14,98 83,12 100 Ankadiefajoro 1 800 4 375 20 025 72 825 99 025 % 1,81 4,41 20,22 73,54 100 total 6 190 3 020 19 050 78 555 106 815 % 5,79 2,82 17,83 73,54 100 Source : enquête de l’auteur, février 2007

Bref, les cultures commerciales, renforcées encore par l’élevage constituent les principales sources de revenu des ménages. Ils fournissent 91.37 % du revenu moyen mensuel des ménages. Mais comment est dépensé ce revenu ? Ce sera l’objet des paragraphes suivants.

77 II.2.2 Une place prépondérante des dépenses alimentaires L’utilisation du revenu diffère selon les besoins de chaque famille. Sur ce point, chaque ménage des cinq fokontany de la commune rurale d’Anjeva gara ont chacun leur particularité. Lors de notre enquête des données relatives à la répartition des dépenses de chaque ménage ont été relevées. Le tableau numéro 21 montre en effet, la répartition moyenne du revenu des ménages en fonction de ses besoins.

Tableau n°21 Répartition des dépenses mensuelles moyenne des ménages selon ses besoins Fokontany Alimentaires Agricoles Scolarisation Vêtements Transports Santé Autres Total Ambatofolaka 73385 13553 3728 3678 2972 1560 1886 100762 100% 72,83 13,45 3,69 3,65 2,94 1,54 1,87 100% Morarano 63855 14144 3640 5057 3049 2614 2705 95064 100% 67,17 14,87 3,82 5,31 3,20 2,74 2,84 100% Ambohidrazana 55817 28296 4706 6714 4374 3710 7132 110749 100% 50,39 25,54 4,24 6,06 3,94 3,34 6,43 100% Imerinkasinina 42864 29206 3120 4341 3346 2387 5187 90451 100% 47,38 32,29 3,44 4,79 3,69 2,63 5,73 100% Ankadiefajoro 47429 24979 6549 4155 3116 2168 1946 90342 100% 52,49 27,64 7,24 4,59 3,44 2,39 2,15 100% Ensemble 56670 22036 4348 4785 3375 2487 3771 97473 100% 58,13 22,60 4,46 4,90 3,46 2,55 3,86 100% Source : Enquête de l’auteur L’aliment est la première destination des dépenses mensuelles des ménages. Un ménage aurait dépensé en moyenne 56 670 Ariary, soit 58 % des dépenses mensuelles. Le pourcentage de cette dépense varie d’un ménage à un autre et d’un fokontany à un autre. Par exemple il s’élève jusqu’à 72,83 % à Ambatofolaka contre 47,38 % à Imerinkasinina. Ce taux élevé des dépenses en aliment s’explique par la pauvreté de la population, la grande taille des ménages et la faible couverture alimentaire du riz.

La somme nécessaire à l’entreprise des travaux agricoles, tel que le coût des intrants, les matériels agricoles, les semences, les salaires agricoles etc. vient au deuxième rang, avec une moyenne de 22 036 Ariary, soit 22,60 % des dépenses mensuelles des ménages. Pourtant des différences en pourcentage apparaissent au niveau de chaque fokontany. Ainsi, il atteint 32,29 % des dépenses moyennes mensuelles à Imerinkasinina contre 13,45 % à Ambatofolaka. Cette différence s’explique par les choix de culture que les paysans adoptent. En effet, à Imerinkasinina les cultures pratiquées par les paysans sont ceux dites intensives, donc qui nécessitent plus d’investissement financé. Par contre, à Ambatofolaka les paysans se spécialisent dans les cultures dites secondaires et intermédiaires.

78 Par ailleurs, les dépenses vestimentaires largement inférieures à ces deux premières dépenses occupent en troisième rang avec 4 750 Ariary, soit 4,90 % des dépenses totales mensuelles des ménages. Malgré cela, des différences en pourcentage par hameaux existent. Ils atteignent 6,6 % des dépenses moyennes mensuelles à Ambohidrazana contre 3,65 % à Ambatofolaka. Notons que dans plusieurs communes rurales malgaches, l’achat de vêtement se fait généralement chaque fête notamment la fête de fin d’année et du 26 juin.

Ensuite, viennent les dépenses destinées à la scolarisation des enfants et au transport. Elles ne représentent respectivement que 4 348 et 3 375 Ariary, soit 4,46 % et 3,46 % des dépenses totales. Les dépenses relatives à la scolarisation des enfants varient d’un ménage à un autre. Sa part assez considérable dans les dépenses des ménages s’explique par l’existence des écoles primaires privées dans la région. En effet, certains parents qui, décident d’envoyer leurs enfants dans ces écoles devraient inscrire dans leurs dépenses mensuelles les frais de scolarisation de leurs enfants.

Quant au transport, les dépenses sont faites en payant les personnes qui se chargent de transporter ces produits au marché de Morarano Faliary.

En ce qui est des dépenses relatives aux besoins sanitaires des paysans et les autres dépenses. Elles sont respectivement comme suit : 2 487 et 3 771 Ariary, soit 2,55 % et 3,86 % des dépenses totales. Cette part des dépenses inhérentes à la santé des paysans témoigne de la bonne situation sanitaire de la région. En effet, ce sont généralement les mères et les enfants qui consultent les médecins.

Il faut noter que les dépenses moyennes mensuelles des paysans sont de 97 473 Ariary. Pourtant ce chiffre cache la disparité des ménages. Elles atteignent 110 749 Ariary à Ambohidrazana contre 90 342 Ariary à Ankadiefajoro. Ces dépenses moyennes de chaque fokontany sont en effet, en fonction du revenu des ménages, de la taille des ménages et de sa disponibilité en riz.

Il est donc clair que les cultures commerciales de légumes, première source de revenus des ménages des cinq fokontany enquêtés servent à combler les besoins alimentaires de ces derniers. Mais par rapport au revenu ces dépenses sont-elles supérieures ou inférieures ?

79 II.3 Bilan budgétaire des ménages Ce bilan consistera à comparer la valeur moyenne des dépenses par rapport au revenu et au seuil de pauvreté.

II.3.1 Un budget apparemment excédentaire. Par définition, le budget est un acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses d’une année selon l’Encyclopédie Encarta. Le budget mensuel est donc l’état prévisionnel des recettes et les dépenses mensuelles d’un ménage. Un budget est dit excédentaire, lorsque le revenu mensuel est supérieur aux dépenses mensuelles. Par contre, il est dit déficitaire si les dépenses mensuelles sont supérieures au revenu au cours du même mois. Le tableau numéro 20 présente le bilan du budget des ménages de la zone étudiée

Tableau n° 22 Bilan des budgets mensuels des ménages Fokontany revenu dépenses déficit excèdent Ambatofolaka 91 050 100 760 9 710 Morarano 100 991 95 064 5 927 Ambohidrazana 121 241 110 746 10 492 Imerinkasinina 121 770 90 451 31 319 Ankadiefajoro 99 025 90 342 8 683 ensemble 106 815 97 473 9 342 Source : enquête de l’auteur février 2007

Ce tableau nous donne des renseignements sur le bilan budgétaire des ménages dans les localités étudiées. Dans l’ensemble, le budget mensuel des ménages est excédentaire de 9 342 Ariary. Pour les détails, des différences entre hameaux existent. Sur les cinq fokontany étudiées, 4 ont des budgets excédentaires. Il s’agit respectivement d’Imerinkasinina avec un excédent de 31 319 Ariary par mois, d’Ambohidrazana avec un excédent de 10 492 Ariary par mois, d’Ankadiefajoro avec un excédent de 8 683 Ariary par mois et de Morarano Faliary avec un excédent de 5 527 Ariary par mois.

Les raisons expliquant ces excédents sont légions. D’abord, la superficie moyenne de terres exploitées par familles est encore assez grande. Ensuite, comme l’on a déjà vu, les cultures commerciales y apportent une part importante dans le revenu des ménages ; plus de 76 % du revenu total.

D’autre part, le budget déficitaire du fokontany d’Ambatofolaka a pour cause la pression démographique qui entraîne la réduction des superficies cultivées par ménages. Par conséquent une part plus ou moins importante du revenu provient du salaire journalier des paysans.

80 Dans l’ensemble le budget des ménages est apparemment excédentaire. Mais le seuil de pauvreté est-il dépassé ?

II.3.2 Un budget des ménages qui frôle le seuil de pauvreté Selon l’encyclopédie encarta, la pauvreté est l’état d’une personne qui manque de moyen matériel, d’argent. Elle signifie aussi insuffisance de ressources.

La perception de la pauvreté revêt deux côtés. La pauvreté relative qui se manifeste par l’amplitude de l’inégalité et la pauvreté absolue se référant à un seuil1.

Ainsi pour pouvoir déterminer la situation de la zone d’étude par rapport à la pauvreté, il faut comparer le revenu de chaque habitant par rapport au seuil.

Dans les localités étudiées, le revenu moyen des ménages enquêtés est de 106 815 Ariary par mois, soit 1 281 780 Ariary par mois. Mais avec cinq personnes par ménage le revenu moyen est de 256 356 Ariary par personne par an. Ce taux de revenu est légèrement au-dessus du seuil de pauvreté parce qu’à Madagascar ce seuil de pauvreté a

été évalué approximativement à 234 760 Ariary en 20022 ce revenu moyen annuel permet de classifier le niveau de vie de la population.

Figure n° 4 : Revenu des ménages par rapport au seuil

Source : exploitation du tableau n° 20

1. INSTAT, 2003, Enquête prioritaire auprès des ménages, 2002 ; p.33 2. INSTAT, 2003, Op.cit, 2002. p.33

81 Les revenus moyens annuels par tête dans les fokontany sont portés sur l’axe des ordonnées. Ils sont obtenus à partir des revenus mensuels des ménages (cf. tableau n° 20). Les cinq fokontany se trouvent sur l’axe des abscisses. On peut constater à partir de cette figure que le fokontany d’Imerinkasinina, d’Ambohidrazana, de Morarano Faliary et d’Ankadiefajoro sont légèrement en dessus du seuil de pauvreté. C’est seulement le fokontany d’Ambatofolaka qui se trouve un peu en dessous du seuil.

82 CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE La création de la ligne de chemin de fer Tananarive côte est, une nécessité coloniale constitue un élément décisif dans la construction de l’économie de la zone étudiée. Ayant une énorme potentialité agricole qui pourrait être l’objet d’une exploitation massive, notre zone d’étude figure parmi les localités choisies par le Colonel La Roque pour être desservie par le chemin de fer. Ainsi, la mise en valeur de la zone étudiée résulte de l’intervention de ce dernier.

Depuis, l’exploitation du deuxième tronçon de la TCE au mois de mars 1908, le paysage rural de la zone étudiée a connu un changement remarquable. Seulement à 23 km de la capitale sur la voie ferrée, l’agriculture périurbaine s’y développait avec rapidité étonnante. Le train de banlieue constituait le moyen d’évacuation des produits vers la capitale. Face à la concurrence des communes rurales avoisinantes et de la saturation du marché de la ville, les produits maraîchers en provenance de l’Anjeva ont connu un changement de destination progressif. Cette destination n’est autre que la ville de Toamasina, une région non favorable à la production légumineuse. De plus, la tarification des produits périssables (légumes) à bord du train semble favoriser cette nouvelle destination.

D’autre part, les cultures commerciales apparaissent aussi comme étant une suite logique de la microparcellisation des rizières. La riziculture, devenue insuffisante suite à la pression démographique ne couvre plus que 47,74 % des besoins annuels de la zone étudiée. Ce déclin de la riziculture est expliqué par les techniques et les équipements dits rudimentaires.

Ainsi, la culture commerciale se doit de combler ces besoins en riz chroniques.

Ces cultures commerciales concernent tout ce qu’on appelle légume ou en d’autres termes la culture maraîchère. Elles sont cultivées tout au long de l’année suivant des critères agronomiques, des critères liés au prix du marché et des critères liés à l’organisation de travail.

Le système d’exploitation de ces cultures est caractérisé par la prédominance du faire-valoir direct. Chaque ménage met en culture une terre de 17,76 Ares en moyenne.

83 L’exploitation de ces produits agricoles constitue la première source de revenu des ménages, elle couvre 73,54 % du revenu mensuel moyen des ménages.

Ce revenu est notamment dépensé dans l’alimentation quotidienne et l’entreprise des travaux agricoles qui constituent plus de 80 % des dépenses.

Globalement, le budget de ces ménages est excédentaire. 4 fokontany sur les cinq étudiés ont un revenu légèrement en dessus du seuil de pauvreté.

Bref, le revenu apporté par ces cultures commerciales, n’arrive qu’à couvrir seulement les besoins fondamentaux de la population étudiée. Les premiers bénéficiaires de cette filière ne sont pas les agriculteurs, principaux acteurs de cette activité. La partie qui va suivre essayera de déceler les freins au développement de ce secteur et d’en apporter des solutions adéquates.

84 TROISIÈME PARTIE : LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE MARAÎCHÈRE ET LES SOLUTIONS PROPOSÉES Les chapitres précédents nous ont montré que malgré le cadre physique et humain favorable pour l’agriculture, les agriculteurs de la zone étudiée ne peuvent pas jouir des bénéfices offerts par les cultures commerciales. Entre autre l’instabilité de l’économie de la zone et les problèmes d’ordres techniques et sociaux, de nombreuses causes pourraient expliquer ces problèmes. Mais comme chaque problème a sa solution nous verrons que les collectivités locales ne tarderont pas à trouver des solutions conformes aux réalités locales

PREMIER CHAPITRE : UNE MULTITUDE DE FREINS AU DÉVELOPPEMENT Les facteurs qui font que la filière maraîchère n’est pas au profit des paysans ne diffèrent pas d’un ménage à l’autre ni d’un fokontany à un autre. À cet effet, on distingue deux groupes de facteurs principaux d’ordre technique et social.

I Une économie rurale au détriment des agriculteurs L’économie rurale doit se baser sur les activités agricoles, les cultures commerciales de légumes dans notre zone d’étude. Pourtant l’économie des ménages agricoles est fortement influencée par plusieurs facteurs relatifs à ce sujet, notamment des facteurs extérieurs. Parmi ces facteurs, on peut citer, le monopôle et la main mise des collecteurs sur la filière maraîchère, la détérioration du terme de l’échange, l’accès difficile des paysans aux micros crédits et aux financements agricoles.

I.1 La filière maraîchère au profit des collecteurs Comme nous avons mentionné dans la précédente partie, la plantation des différentes espèces de cultures maraîchères et leurs successions dans le temps sont fortement liées à leurs exigences par rapport aux facteurs climatiques. Ainsi la production légumière dépend de la saison de culture. Il s’ensuit la variation des prix en fonction cette production. En effet, durant la saison sèche considérée comme période phare de la filière maraîchère, les agriculteurs n’ont aucun pouvoir sur les prix des produits. Les collecteurs qui sont les clients principaux des agriculteurs se sont organisés en association pour défendre leurs intérêts de tout ordre.

85 Par contre, aucune organisation qu’elle soit associative ou coopérative, réunit les agriculteurs afin de défendre le prix des produits. Chacun négocie individuellement avec les collecteurs qui, maîtrisent parfaitement les circuits du marché et qui se sont mis d’accord sur le prix auquel ils vont acheter les produits livrés par les paysans.

Ces négociations sont souvent suivies de chantages auxquels les collecteurs menacent de laisser pourrir les produits des agricultures qui n’acceptent pas les prix imposés par eux. Ces menaces sont souvent mis en exécution, les agriculteurs mal organisés n’ayant pas d’autre choix, sont obligées de vendre leurs produits à un prix dérisoire au lieu de voir leurs productions pourrir.

Ainsi par exemple, le cageot (20 kg) de tomates plantées entre septembre et novembre, récoltés en janvier et février vaut 10 000 Ariary voir 15 000 Ariary au marché d’Anjeva. Par contre le cageot de tomates récoltées en mai ou juin ne coûte que 4 000 Ariary ; pourtant ce produit nécessite un investissement important tant financièrement qu’en travail.

En outre il arrive que les collecteurs ne payent pas au comptant toute la production achetée. Ils proposent verbalement aux agriculteurs de payer la moitié du prix de la production une fois qu’ils seront de retour de Toamasina. Mais à leur retour ces derniers expliquent aux agriculteurs que suite aux aléas climatiques et bien d’autres causes, une partie de la production a été abîmé. Ainsi, ils ne peuvent plus payer le reste de la somme. Encore une fois, les paysans se trouvent être les grands perdants de ce circuit.

Bref, l’instabilité des prix, le monopôle et la main mise des collecteurs sur le prix des produits et le non-payement des producteurs font de cette filière, une filière au profit des collecteurs. La détérioration du terme de l’échange en milieu rural ne fait qu’accentuer cette réalité.

I.2 Détérioration du terme de l’échange Outre les problèmes précités le terme de l’échange en milieu rural se détériore au détriment des agriculteurs. Comme nous avons vu, la vente des produits agricoles notamment les produits maraîchers fournissent le principal revenu que chaque ménage

86 doit gérer. Il est en général destiné aux achats des produits de première nécessité, comme le riz, le sucre, l’huile alimentaire, le savon, le sel et la bougie.

Pourtant, un déséquilibre apparaît entre le prix de ces produits de première nécessité et les produits agricoles, ces derniers coûtent largement moins chers que les PPN.

Ainsi, un kilo de sucre est acheté à 2 400 Ariary, alors que le kilogramme de haricot ne coûte que 600 Ariary. En d’autre terme, il faut 4 kg de haricot pour avoir 1 kg de sucre. De même, au moment de l’enquête (février 2007) un litre d’huile alimentaire vaut 3 600 Ariary tandis qu’un cageot de tomate se vend à 4 000 Ariary. Ce qui signifie qu’un litre d’huile alimentaire vaut en moyenne 20 kg de tomate.

Cet aspect du déséquilibre se manifeste entre prix des produits agricoles et celui des produits phytosanitaires et des matériaux agricoles.

En effet, le prix d’une charrette est aux environs de 700 000 Ariary, une somme largement supérieure au revenu annuel des ménages. Il en est de même pour les produits phytosanitaires. Les engrais chimiques (NPK) coûtent environ 1 200 Ariary. C’est la valeur de 20 kg de brèdes en saison fraîche.

On peut en déduire à partir de ces exemples que le déséquilibre entre le prix des PPN, des matériels agricoles, des produits phytosanitaires, des engrais chimiques et celui des produits agricoles confirme la détérioration du terme de l’échange.

Par conséquent, malgré un milieu rural propice à l’agriculture et les efforts des paysans, la détérioration du terme de l’échange en milieu rural représente un frein à l’amélioration du revenu des ménages et de l’économie rurale. Mais l’accès des paysans au microcrédit et au financement agricole en constitue un autre.

I.3 Un accès difficile des paysans au microcrédit et au financement agricole Étant donné que le revenu de chaque ménage est destiné généralement à acheter les produits de première nécessité, les paysans sont obligés de faire recours à des créanciers comme la banque, la CECAM (Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel) et l’OTIV (Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola) pour l’extension de leurs activités agricoles. Cependant la commune rurale d’Anjeva n’abrite en son sein aucun de

87 ces créanciers. Le seul et le plus proche des agriculteurs se trouve être l’OTIV d’Ambohimangakely localisé à une dizaine de kilomètres d’Anjeva.

Ainsi, chaque jeudi deux agents de l’OTIV véhiculés de moto descendent sur place pour sensibiliser les paysans de l’existence de cette institution, les motiver à s’y adhérer.

Pourtant les conditions de prêt imposé par l’OTIV constituent aussi un obstacle pour les agriculteurs.

Tout d’abord les paysans doivent être membres de l’OTIV. Pour être membre, ils doivent se munir d’une carte nationale d’identité, deux photos récentes et un droit de 2 700 Ariary. En contrepartie ils reçoivent un carnet. Pour pouvoir bénéficier d’un crédit, ils doivent encore fournir un dossier qui comprend deux photos, un certificat de résidence et, un certificat de travail et le dossier de faisabilité du projet en question. Le remboursement doit se faire au bout de 9 mois avec un taux d’intérêt de 12 %. La somme maximale que chaque paysan peut emprunter ne doit pas dépasser les 400 000 Ariary. De plus, chaque paysan doit mettre en gage une garantie de la somme prêtée. Ces conditions imposées par l’OTIV ne sont pas à la portée des paysans de la zone étudiée car la majorité d’entre eux n’arrivent même pas à trouver une garantie, encore moins élaborer un dossier de faisabilité d’un projet. Ainsi, la couche sociale paysanne ciblée par l’OTIV reste assez marginale, le plus souvent des agriculteurs riches et les paysans exerçant une profession libérale. Sur les 749 ménages de la zone étudiée 141 ménages seulement sont membres de l’OTIV, soit un pourcentage de 18,82 %. Parmi ces ménages 74,05 % sont des agriculteurs1

Outre le crédit de la CECAM, l’OTIV le PSDR (Projet de Soutient au Développement Rural, financé par la banque mondiale) constitue également un moyen d’obtention de financement pour les paysans, mais ce projet dispose aussi quelques critères d’octroi. D’abord les bénéficiaires doivent être un groupement de paysans constitué de 15 membres au minimum, légal vis-à-vis des échelons administratifs. C’est- à-dire, que ce groupement doit avoir un statut et des membres de bureau permanent. Pour bénéficier d’un financement, il doit posséder un compte bancaire et doit pouvoir assurer

1. Source : cahier de charge de l’OTIV d’Ambohimangakely, janvier 2007

88 15 % de la valeur du projet. Cette part peut se faire soit en argent ou en matériels. Et enfin pour être éligible le projet que chaque groupement va présenter doit être conforme avec le Plan Communal de Développement.

Le financement du PSDR est plus avantageux pour les paysans par rapport à celui de l’OTIV car il n’est pas remboursé pourtant chaque groupement doit réunir la somme correspondante au budget estimatif du projet après le délai d’exécution du projet afin qu’il y ait une continuité, sinon l’autorité administrative se charge de retirer l’agrément de l’association et bloque le compte bancaire.

Toutefois, le problème se pose d’abord au niveau de la lourdeur des procédures administratives sur la création du groupement et le choix des groupements, parce que le PSDR ne peut financer tous groupements qui se veulent être légaux. Dans le domaine de l’agriculture, la commune rurale d’Anjeva ne compte que 5 groupements financés par le PSDR, soit 75 familles.

Le système de microcrédit et le financement agricole sont réservés à une minorité dans la commune rurale d’Anjeva gara.

II Les obstacles techniques et sociaux dans le développement des activités agricoles Les problèmes qui freinent le développement de la filière maraîchère ne se limitent pas sur le plan financier et économique. Comme toutes régions rurales malgaches, de nombreux obstacles techniques et sociaux entravent le décollage économique de la région. Ces problèmes se manifestent par le manque d’encadrement, l’adoption marginale des techniques nouvelles, enfin l’insuffisance et l’état délabré des infrastructures publiques.

II.1 Manque d’encadrement et adoption en marge des techniques nouvelles On peut qualifier les techniques culturales des agriculteurs de cette zone de pseudo-intensive. Ces techniques sont utilisées aussi bien pour les cultures vivrières que pour les cultures de légumes. Pourtant l’introduction d’un système d’exploitation plus intensif reste quasiment inexistante parce qu’il n’y a pas encore des techniciens vulgarisateurs représentants du service de génie rural et du ministère de l’agriculture et

89 de l’élevage. Ainsi, de nombreux agriculteurs ignorent les techniques les plus productives. D’après les paysans que nous avons enquêtés, ce manque d’encadrement se manifeste d’abord par le problème de diffusion de semences améliorées qui s’adaptent à toute saison. Aucune organisation œuvrant dans la vulgarisation de différentes cultures de légumes et la distribution des semences n’est répertoriée dans la commune.

De plus, la lutte contre les parasites et les maladies s’avèrent indispensables tout au long de l’année. Pourtant aucun organisme ni branche du service décentralisé du Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage n’est présent sur les lieux afin d’aider les paysans à choisir les produits phytosanitaires adéquats à chaque maladie et parasites.

Concernant l’utilisation des engrais, presque la totalité des ménages que nous avons enquêté disent avoir utilisé de l’engrais chimique dans son exploitation agricole, c’est-à-dire dans la culture maraîchère. Pourtant les prix élevés de ces engrais limitent son utilisation. D’autre part sa composition chimique nuit la fertilité du sol. Ainsi plusieurs agriculteurs prétendent avoir diminué l’utilisation des fertilisants chimiques.

Le problème de manque d’encadrement et l’adoption en marge des techniques nouvelles se manifestent par le problème d’approvisionnement des paysans en intrants, semences améliorées et des produits phytosanitaires. Ce problème est lié à l’absence d’aides extérieures et le prix élevé de ces produits. Pourtant la liste des facteurs de blocage du développement des activités agricoles de la zone étudiée ne se termine pas là.

II.2 Des infrastructures publiques déficientes Les infrastructures publiques et le développement du monde rural sont deux choses inséparables. Dans le monde rural, les infrastructures publiques de base se limitent aux routes, écoles et les centres sanitaires. D’une manière directe ou indirecte, l’absence ou la présence de ces infrastructures administratives et sociales aura sans doute des conséquences sur la production agricole selon le cas. On va essayer de déceler les conséquences du mauvais état et l’insuffisance des routes, des écoles et les centres sanitaires sur le progrès économique de la zone étudiée.

II.2.1 Un réseau routier interne difficilement praticable Dans les pays en voie développement comme Madagascar, il n’y a pas de véritable réseau routier que dans les grandes villes. Les voies de communication se

90 limitent à des pistes en terre battue. Le réseau interne la commune rurale d’Anjeva enregistre 32,2 km de routes d’intérêt communal (PCD) ce sont toutes des pistes en terre. La circulation y est difficile en saison pluvieuse. Ainsi, il est difficile de collecter les produits au niveau de chaque fokontany. En effet, les paysans doivent transporter les produits à dos d’homme ou par charrette sur une distance pouvant aller jusqu’à 4 km.

Il en est de même pour la route reliant la commune de la capitale en passant par Ambohimanambola. Cette route est quasiment impraticable durant la saison pluvieuse.

Concernant les routes d’intérêt provincial, la commune en compte 4,2 km. Cette route reliant la commune d’Ambohimalaza est la seule bitumée. Pourtant elle est en mauvais état et très étroite. Ainsi le camion qui se charge de transporter les produits maraîchers jusqu’à Toamasina ne peut pas y circuler. Ce véhicule attend le transbordement à Ambohimalaza, sur la RN 2. On est donc obligé de mobiliser des véhicules moyens pour assurer le transport de ces produits agricoles d’Anjeva à Ambohimalaza. Ce qui ne fait qu’augmenter le frais de transport

Tout cela montre que les voies de communication sont à la base du développement du monde rural. Il n’y aura pas de commercialisation des produits possible sans voies de communication accessibles en permanence.

Alors, le réseau routier interne difficilement praticable n’est pas favorable aux paysans car les collecteurs ne peuvent pas pénétrer au cœur de chaque fokontany. Ainsi il appartient aux paysans de transporter les produits au marché de Morarano Faliary. Ensuite l’inaccessibilité des camions de grande taille au cœur de la commune ne fait qu’augmenter le frais de transport faute du transbordement.

En plus de cet enclavement relatif de la zone à chaque saison pluvieuse, la qualité des services offerts par les infrastructures sociales telles les établissements scolaires et centre sanitaire pourront également être parmi les obstacles du développement de la zone.

91 II.2.3 Des infrastructures déficientes

II.2.3.1 Des scolarisations qui manquent de continuité D’une manière générale, le niveau de scolarisation des habitants d’une région est déterminé par les infrastructures scolaires existantes. La perméabilité d’un paysan aux nouvelles techniques dépend souvent de son niveau de scolarisation. Ainsi le niveau de scolarisation des chefs de ménages pourrait avoir des conséquences sur la production agricole, donc sur le développement économique de la région. Le tableau suivant montre le niveau de scolarisation des chefs de ménages.

Tableau n° 23 Niveau de scolarisation des chefs de ménage fokontany Non Classe Secondaire Secondaire université Total scolarisés primaire 1re cycle 2ecycle Ambatofolaka 0 % 75 % 25 % 0 % 0 % 100 % Morarano 0 % 50 % 45 % 5 % 0 % 100 % Ambohidrazana 5 % 60 % 30 % 5 % 0 % 100 % Imerinkasinina 0 % 50 % 40 % 10 % 0 % 100 % Ankadiefajoro 0 % 35 % 60 % 5 % 0 % 100 % total 1 % 54 % 40 % 5 % 0 % 100 % Source : enquête de l’auteur février 2007

Selon ce tableau, 54 % des chefs de ménages enquêtés dans la localité n’ont fréquenté que les écoles primaires. Cependant, on observe de disparité d’un hameau à un autre. Ainsi 75 % des chefs de ménage enquêtés à Ambatofolaka se sont arrêtés au niveau primaire. C’est le fokontany qui enregistre le niveau de scolarisation plus bas. Par contre, c’est le fokontany d’Ankadiefajoro qui enregistre les chefs de ménages les plus instruits ; 60 % des pères de famille ont fréquenté l’établissement secondaire premier cycle.

Les chefs de ménages qui ont un niveau de scolarisation le plus élevé se sont arrêtés à la classe terminale, dans la zone étudiée on en compte 5. Ce bas niveau de scolarisation des chefs de ménage s’explique par plusieurs raisons.

D’abord, l’insuffisance des établissements scolaires en quantité et en qualité. Si nous revenons 10 années en arrière il n’y avait que 2 écoles publiques dans la commune, celle d’Anjeva Gara et d’Anjeva tanàna. Il n’est donc pas étonnant que le niveau de scolarisation des chefs de ménages est aussi bas. Ensuite, la cherté de la scolarisation, l’éloignement des écoles par rapport à chaque fokontany ne faisait qu’accentuer cette déperdition scolaire précoce. Actuellement, même si les infrastructures scolaires

92 commencent à couvrir la commune, des problèmes subsistent encore dans ce domaine. Le tableau numéro 22 résume l’effectif des établissements primaires et secondaires, les élèves et les enseignants.

D’après ce tableau, une part des enfants scolarisables n’est pas encore scolarisée. Malgré cela, on peut déduire qu’une commune rurale qui compte 16 écoles primaires est un modèle pour les communes rurales de Madagascar.

Un autre problème concerne le frais de scolarisation des élèves. Parmi ces 16 écoles primaires, 7 sont des écoles privées, donc la scolarisation y est payante. Pourtant, les 9 écoles publiques ne peuvent pas assurer l’éducation des enfants scolarisables de la commune. En outre, le nombre restreint des écoles secondaires, publiques ou privées constitue aussi une barrière pour l’ascension du niveau de scolarisation des paysans de la zone étudiée. Au total, il ne compte que 2 écoles secondaires dans la commune, or ces deux écoles ne peuvent en aucun cas absorber la totalité des élèves qui ont réussi le CEPE. Il s’ensuit l’abandon de l’école. Il en est de même pour les élèves ayant réussi le BEPC, l’absence de lycée dans la commune est une porte vers la déperdition scolaire de ces élèves.

Tableau n° 24 Répartition des établissements scolaires, des élèves et des enseignants Enseignement primaire (public et privé) Nombre Nombre de salles Effectif des Effectif des enfants d’établissements enseignants scolarisés EPP 09 26 20 760 Privé 07 18 23 665 Total 16 44 43 1 425 Nombre des enfants de 5 à 14 ans (scolarisables) 1 687 Enseignement secondaire (public et privé) Nombre Nombre de salles Nombre Effectif des enfants d’établissements d’enseignants scolarisés CEG 01 08 14 405 Privé 01 04 05 139 Total 02 12 19 544 Source : monographie de la commune rurale d’Anjeva gara 2006

Outre l’insuffisance des CEG et l’absence de lycée dans la commune un autre facteur convergent à la déperdition scolaire précoce des élèves dans la zone étudiée est la pauvreté.

93 Carte n° 5 : Répartition des établissements scolaires dans la commune rurale Anjeva Gara

Source : Monographie de la commune rurale Anjeva Gara

94 De nos jours l’enseignement est une socialisation sélective. En effet, plusieurs ménages de la zone étudiée connaissent des problèmes d’enseignement faute de moyen. La grande taille des ménages en est parfois la cause ; comme le revenu agricole des ménages est relativement faible, ils ne peuvent pas satisfaire les besoins vitaux des habitants. Ce problème lié étroitement à la pauvreté conduit les chefs de ménage à arrêter la scolarisation de leurs enfants au profit du travail précoce, ou de l’aide aux activités domestiques quotidiennes.

Bref, la pauvreté, l’éloignement, l’insuffisance des CEG et l’absence de lycée constituent les premiers facteurs qui expliquent la déperdition scolaire des élèves en milieu rural.

Si tels sont les problèmes dans le domaine de l’éducation, qu’en est-il de la santé ?

II.2.3.2 Un service sanitaire très limité La commune rurale d’Anjeva gara possède un Centre de Santé de Base niveau II qui se trouve dans le chef-lieu de la commune. Le service sanitaire y est assuré par un médecin fonctionnaire, une sage-femme, une infirmière et 3 employés. Ce CSB II a plusieurs services : consultations, accouchements, vaccinations de la mère et de l’enfant, soins d’urgence et dépistages du SIDA. Les maladies les plus fréquentes sont : le paludisme, la diarrhée, les maladies respiratoires, les maladies bucco-dentaires et la pneumonie. Ce centre est le seul fournisseur de médicaments pour la masse paysanne. Cependant le coût des médicaments y est très élevé et les 9 fokontany n’ont pas de point de vente de médicaments. De plus le transport des malades au CSB II est très difficile. Ainsi les guérisseurs traditionnels sont encore très actifs dans le fokontany d’Ambatofolaka et d’Ambohidrazana.

En outre, la tannerie d’Anjeva une usine de transformation de peau de zébus dispose d’un centre médical prenant en charge la santé de ses employés. L’état sanitaire des paysans est un facteur non négligeable pour le développement économique de la zone. Or la situation qui prévaut actuellement dans le CSB II d’Anjeva gara montre que ce centre n’accomplit pas toute sa mission. La vétusté des matériels, du bâtiment, le manque de personnel médical et des équipements sanitaires font que l’encadrement sanitaire des paysans est loin d’être parfait.

95 En somme, les quelques infrastructures publiques de base que la commune rurale d’Anjeva gara, dont 16 écoles primaires, deux écoles secondaires de premier cycle et un CSB II sont encore loin d’être suffisant. Le manque d’infrastructures publiques freine le développement de la zone. Mais les problèmes d’ordre social ne sont pas non plus favorables au développement de la zone étudiée.

II.3 Les problèmes sociaux bloquant le développement économique de la zone Parmi les problèmes touchant la vie en société et ayant des impacts directs ou indirects sur les activités économiques de la population, on peut citer les problèmes d’ordre foncier et d’insécurité publique.

II.3.1 Le litige foncier Actuellement, l’une des difficultés majeures de la zone réside dans l’étroitesse des terres cultivables. Ce problème est lié à la pression démographique de plus en plus intense. L’appropriation des terres agricoles apparaît comme un facteur déterminant de richesse. Dans la localité étudiée, la façon de s’approprier de terres pour la majorité des paysans reste en général l’acquisition traditionnelle. En effet ce mode d’appropriation de terre se fait soi par le biais de l’héritage soi par la mise en valeur.

En ce qui concerne l’héritage, tous les enfants, homme ou femme de la personne défunte, héritent de ces biens terriens. La répartition doit se faire bien avant la mort des parents afin d’éviter les litiges entre les héritiers. Pour certains cas les terres sont partagées dès que l’aîné se marie.

Pour ce qui est de la mise en valeur, le défrichement des parcelles et sa mise en valeur signifient déjà son appartenance à celui qui l’a aménagé, même si après il laisse cette parcelle en friche. Pourtant la mise en valeur de la zone étudiée date déjà de la colonisation, au fil des temps l’héritage se transmet de génération en génération par déclaration orale et dotation.

De ce fait la situation juridique des terrains cultivés par les paysans n’est pas conforme à la loi car la plupart d’entre eux ne possèdent ni titre ni cadastre. Alors, les lettrés ont profité de cette situation et procèdent à l‘expropriation illégitime des terrains de culture des autres paysans. Il s’ensuit des conflits administratifs sans cesse croissant. Selon

96 certains paysans de la commune, la lourdeur administrative ne fait que créer d’autres problèmes (manque de temps et d’argent pour aller et venir au tribunal de la capitale). Ainsi certains paysans abandonnent la lutte et laissent à l’adversaire ce qu’ils ont hérité.

Une autre facette du problème foncier de la région est la répartition des terrains domaniaux qui sont les propriétés de l’état. Quelques familles originaires d’Anjeva ont mis en valeur depuis longtemps de nombreux terrains domaniaux, tandis que la majorité des agriculteurs notamment les nouveaux venus ne possèdent qu’une petite parcelle à mettre en culture. Pourtant, certains de ces terrains domaniaux sont laissés en friche. Ce genre de problème débouche parfois sur des véritables conflits sociaux.

Outre les litiges fonciers, l’insécurité publique constitue aussi un grand problème pour les paysans producteurs de légumes.

II.4 L’insécurité L’insécurité dans la zone étudiée se manifeste par les vols sur pied. Étant donné que les champs de cultures se trouvent un peu éloignés des maisons d’habitation, les cultures commerciales notamment ceux dites intensives et les cultures vivrières sont l’objet des vols sur pieds.

Ces vols constituent un facteur de blocage des activités rurales. Ainsi le niveau de vie des familles victimes des vols se détériore rapidement. Ce qui signifie que l’économie de la région aussi est gravement touchée.

Des nombreuses raisons peuvent expliquer ces vols. En dehors du fait que les champs de culture sont éloignés des maisons d’habitation, les vols se produisent la nuit et les familles victimes ne s’en rendent compte que le matin. Ainsi poursuivre les malfaiteurs et récupérer les produits est improbable.

En plus, le poste de gendarmerie d’Anjeva est mal équipé aussi bien en personnel qu’en matériel. Ce poste est constitué de six agents. La gendarmerie ne possède ni téléphone pour assurer la communication ni moyens adéquats pour faire face aux besoins de sécurité des 10 fokontany. En outre le manque de motivation de ces agents constitue aussi un obstacle dans la réalisation de leurs fonctions. En effet, le poste ne répond pas aux normes, les agents ne sont pas logés. Ainsi la corruption est fréquente dans la région.

97 En ce qui concerne la collectivité locale, on a répertorié 39 agents de quartier mobile qui ont été formés, mais ils ne sont ni payés ni dotés de moyens adéquats pour assurer leurs missions quotidiennes. Sept fokontany sur dix ont un Dina. Mais ce dina, rarement appliqué ne pouvait pas empêcher ni les actes de banditisme ni les vols sur pied.

En résumé, les premiers éléments qui constituent un frein au développement de la culture maraîchère sont d’ordre économique. Les circuits des produits caractérisés par l’existence de plusieurs intermédiaires entre producteurs et consommateurs sont souvent au détriment des agriculteurs. Le déséquilibre entre prix des produits agricoles et celui des produits de premières nécessités ou équipement agricoles, ainsi que l’absence de microcrédit agricole déstabilisent la situation économique de la zone.

En deuxième lieu interviennent les blocages sociotechniques caractérisés par le manque d’encadrement, l’adoption marginale des techniques nouvelles, la déficience des infrastructures publiques et les problèmes sociaux. Ces problèmes expliquent également les échecs économiques. Les principales origines de la stagnation de l’économie de la commune rurale d’Anjeva sont donc l’affaiblissement de l’économie rurale et les problèmes sociotechniques.

Devant ces problèmes les responsables de la commune ne sont pas restés les bras croisés ; des mesures ont été prises pour sortir la zone de ces problèmes. D’autre part le MAP ou « Madagascar Action Plan » le programme de développement actuel offre des solutions qui se veulent être adéquates à ces problèmes.

98 DEUXIÈME CHAPITRE : LES MESURES PRISES ET LES PROPOSITIONS DE SOLUTIONS Les paysans ont cherché des solutions adaptées à leurs difficultés socio- économiques. La plupart du temps, ce sont des solutions à court terme. Mais entre-temps la commune rurale a fait élaborer le plan communal de développement, un document élaboré d’une façon à trouver des solutions qui pouvaient apporter une ère nouvelle pour l’économie rurale de la zone. Ainsi le présent chapitre fera l’objet des mesures prises par les autorités, les collectivités rurales et les propositions de solution pour un meilleur développement.

I Les mesures prises et proposition de solutions Les objectifs de la croissance économique et la réduction de la pauvreté sont tributaires des performances du secteur de développement rural1. C’est pour cette raison que les autorités et les collectivités rurales ont pris des mesures économiques et sociales pour avoir un résultat positif dans l’économie régionale.

I.1 La création des organisations paysannes et amélioration des techniques agricoles

I.1.1 La création des organisations paysannes Dans le but de valoriser les produits maraîchers, avec des prix plus rentables les autorités administratives ont mis au point un projet qui consiste à mettre en place des organisations paysannes assurant la commercialisation des produits, ce afin de créer un climat de concurrence entre les collecteurs et ces derniers. Pour réaliser ce projet, les autorités locales ont cherché des partenaires privés. Ainsi, la collaboration avec les organismes privés est nécessaire.

Les circuits actuels des produits caractérisés par un grand nombre d’intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs, à savoir les petits collecteurs, les grands collecteurs et les transporteurs réduit considérablement la part du bénéfice des producteurs. Parfois, les producteurs subissent même une perte. Le nouveau

1. République de Madagascar, 2003, Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté? 136 p

99 circuit envisagé par l’autorité publique pense pouvoir réduire le nombre de ces intermédiaires.

Le transport des produits jusqu’à la ville de Toamasina étant à la charge des partenaires privés, chaque organisation paysanne doit assurer le suivi du commerce des produits par ces membres.

De cette manière, les collecteurs sont substitués par chaque organisation. Le suivi des marchandises jusqu’à l’évacuation au marché de Toamasina est pris en charge par les membres de chaque organisation. Seulement, chacun des membres doit participer à la livraison des produits à Toamasina.

Ce nouveau circuit envisagé par les autorités locales enlève donc les collecteurs du circuit. Ainsi, les bénéfices que les collecteurs devaient jouir combleraient les revenus des paysans membres des organisations. Seulement, ce nouveau circuit rajoute encore de travail pour les agriculteurs de la zone.

I.1.2 Amélioration des techniques agricoles

Comme l’agriculture est la principale activité de la population, il est aussi urgent d’apporter de soutiens aux paysans en leur accordant certains matériels agricoles nécessaires tels que les intrants, les engrais, les pesticides qui leur permettraient d’augmenter la production, ainsi ils pourraient rembourser au moment des récoltes les prêts (matériels ou financiers) qu’ils devaient. C’est l’une des mesures qu’il faut prendre pour l’amélioration du niveau de vie des paysans.

Associés avec l’amélioration des techniques culturales (repiquage en ligne, utilisation d’engrais…), des systèmes de culture (pratique d’autres cultures sur les rizières après la récolte du riz : blé, pomme de terre, soja, tomates…)1, ainsi qu’avec l’encadrement périodique des paysans par des techniciens agricoles, ces soutiens seraient sûrement bénéfiques et la Commune pourrait peut-être s’auto suffire en riz et nous connaissons très bien le problème alimentaire que rencontre la population mondiale. Toutefois, il faut inciter les paysans à utiliser les techniques apprises.

1. Ces plantes ont, en effet la particularité de régénérer le sol en azote que les plants de riz ont précédemment épuisé;

100 Il faut vulgariser la pratique des cultures de contre-saison, qui présentent des avantages, l’enrichissement du sol en éléments chimiques permettant une amélioration de la production rizicole, l’apport de revenus supplémentaires et un complément d’aliment pour le paysan, surtout en période de soudure.

I.2 Les mesures prises inhérentes aux obstacles techniques et sociaux de la zone étudiée Les problèmes techniques se rapportant au manque d’encadrements techniques et sociaux qui se manifestent sur le plan sanitaire et éducatif ont des impacts sur l’économie. Pour y faire face, des solutions plus ou moins adaptées à la réalité locale ont été prises par la collectivité locale.

I.2.1 Nouvelle construction et réhabilitation des infrastructures agricoles et routières L’absence ou l’état délabré des infrastructures agricoles à savoir les barrages, les sources d’eau et les canalisations, réduisent considérablement la production agricole voir même les terres cultivables. Ainsi, la commune s’est fixée comme objectif de construire et de réhabiliter les barrages et les canaux, ce dans le but de renforcer la riziculture irriguée. De ce fait trois barrages qui se trouvent à Ambohidrazana sont l’objet d’une réhabilitation, un canal d’irrigation en béton de long de plusieurs centaines de mètres y est aussi construit.

D’autre part, pour assurer la survie du maraîchage la commune avec l’aide du

Président Marc RAVALOMANANA a pris une mesure pour la valorisation des tanety afin d’étendre les surfaces cultivables. Le Président de la République Malgache a doté de deux tracteurs motorisés à la disposition de la commune (cf. photo n° 10,). En effet, chaque habitant de la commune a le droit d’utiliser ces tracteurs. Mais pour que son utilisation soit rationnelle, chacun doit se plier à quelques conditions. Ainsi, pour bénéficier du service du tracteur on doit s’inscrire au responsable et c’est ce dernier qui dicte le jour auquel le paysan pourra se servir de la machine en fonction de sa disponibilité. Le paysan bénéficiant du service ne paye ni frais ni carburant, seulement il doit prendre en charge la ration alimentaire du conducteur durant sa prestation.

101 Photo n°10 : Valorisation des tanety

Afin de valoriser les tanety dans le but d’augmenter les surfaces cultivées, le président de la république, originaire de la zone d’étude a doté de ce tracteur à la commune. Source : cliché de l’auteur

En outre, des mesures afin d’assurer la bonne circulation des personnes, le développement des échanges commerciaux, le désenclavement de hameaux isolés et l’amélioration de la communication entre les dix fokontany ont été prises.

En effet, la commune s’investit à fond dans la réhabilitation des routes et des ponts, pour ce faire une association qui prend en charge l’entretien des routes et des ponts ont été mis en place.

De ce fait, les routes d’intérêt communales qui compte environ 32 km de long constituant le réseau interne reliant les 10 fokontany sont l’objet d’une réhabilitation massive. Ce sont des pistes en terres battues, mais actuellement le réaménagement fait de ces pistes moins saisonnières qu’avant. En ce qui concerne les problèmes sociaux des mesures ont été prises, notamment sur le plan sanitaire et éducatif.

I.2.2 Amélioration de la santé publique et le système éducatif En vue d’améliorer la santé de la population et d’obtenir une population en bonne santé, plus active et productive les autorités locales ont pris des mesures pour l’adduction de l’eau potable dans tous les hameaux et les Écoles Primaires Publiques. Pour ce faire,

102 la commune a dû faire appel au partenariat avec des organismes privés tels le PAEPAR (Projet d’Adduction d’Eau Potable et d’Assainissement Rural) et l’ANAE (Agence Nationale d’Appui Environnemental).

Actuellement la commune projette de construire une vingtaine de bornes- fontaines dans toute la commune.

Toujours dans le domaine sanitaire, la commune s’est fixée comme objectif de renforcer les services sanitaires de proximité. Durant l’année 2007, la commune projetait de réhabiliter le Centre de Santé de Base niveau II et de doter de ce centre des personnels médicaux, d’équipements adaptés et de médicaments suffisants. Le médecin a été doté d’une moto afin d’assurer le service sanitaire de proximité. La réserve pharmaceutique du CSB II a été aussi comblée et actuellement les autorités œuvrent pour la mise en place des points de vente de médicaments par fokontany.

Pour le développement de l’éducation, nous nous intéressons sur le développement de la scolarisation au profit de toute la population. Pour y parvenir, il faut d’abord partir de la sensibilisation des parents sur le bienfait de l’éducation. Cela pourrait être fait par une association réunissant des représentants du ministère, les responsables de la Commune, les responsables des collectivités locales, des enseignants, sans oublier les anciens élèves de la Commune qui peuvent en témoigner. L’amélioration du niveau de vie des paysans pour qu’ils puissent envoyer leurs enfants à l’école est aussi un facteur qui joue sur l’amélioration du domaine de l’éducation.

De sa part, la commune œuvre pour le travail de réhabilitation et d’extension de cinq EPP. Le CISCO intervient aussi pour l’approvisionnement des matériels didactiques de ces EPP. Pour ce faire, les autorités locales collaborent avec le Fond International pour le Développement dans le cadre du projet « École Pour Tous ».

Pour résoudre le plus grand problème de la commune sur plan éducatif qui n’est autre que le manque d’établissement secondaire. La commune projette d’étendre le CEG et d’ouvrir un lycée technique. Vers la fin de l’année 2008, 12 salles de classe combleraient les salles déjà existantes dans le CEG.

D’autre part, fruit du partenariat public et privé, le collège protestant d’Imerinkasinina vient d’ouvrir ses portes l’année scolaire 2007-2008. Ce collège assure

103 l’éducation fondamentale et l’éducation secondaire de premier cycle. Ce collège qualifié de pilote dans tout Madagascar par le Ministre de l’Éducation nationale va sûrement élever le niveau et la qualité d’éducation dispensée dans toute la commune.

Bref, les mesures prises par les autorités locales sont de prime abord des solutions à court terme. Dans un premier temps ces mesures consistent à structurer les paysans dans des organisations plus professionnelles afin d’endiguer la main mise des collecteurs sur les prix des produits maraîchers. En suite, ces mesures consistent à éviter les obstacles techniques et sociaux de la zone d’étude. En effet, les autorités locales s’investissent dans la construction et la réhabilitation des infrastructures agricoles et routières, l’amélioration de la santé publique et du système éducatif.

Malgré ces mesures des problèmes relatifs au développement du secteur maraîcher subsistent encore dans la zone étudiée. Ainsi, il nous incombe de trouver des propositions de solution afin de remédier à ces problèmes.

II Les propositions de solution du MAP Le développement du monde rural figure parmi les 8 engagements de l’état stipulés dans le programme du gouvernement actuel : Madagascar Action Plan. Le programme offre des propositions de solution plus ou moins adéquates aux handicaps du développement du monde rural malgache. Ce programme envisage d’entamer une révolution verte et durable qui vise à augmenter la production agricole afin de lutter contre la faim, combler nos propres besoins et d’exporter vers l’extérieur.

Pour assurer la réalisation de cette révolution verte le gouvernement a élaboré 6 volets de projet convergents au développement rural. Ces 6 volets de projet vont être l’objet d’étude des paragraphes qui vont suivre.

II.1 La sécurisation foncière Les problèmes fonciers de la zone étudiée qui se résument par le mode d’acquisition des terres, le litige foncier et la distribution des terres domaniales pourraient bien être remédiés par les propositions de solution par le MAP.

Le MAP projette en effet, la multiplication des guichets fonciers décentralisés, ces guichets ont le rôle d’inventorier et d’informatiser les documents inhérents aux

104 propriétés fonciers. Ces guichets de proximité vont avoir aussi comme devoir de répertorier et de distribuer d’une manière équitable les terrains domaniaux et de faciliter la procédure d’acquisition des titres fonciers1. Toutes ces activités vont dans le même sens ; le développement de l’agriculture. Elles mettent en sécurité le premier moyen de production qui n’est autre que la terre. L’acquisition du titre est dans un premier temps un stimulant de l’augmentation de la production. Ensuite, elle exempte les paysans des loyers des terrains qu’ils cultivent car désormais les paysans cultivent leurs propres terrains. Cette situation impliquera sans doute à l’amélioration des budgets des ménages.

Bref, la sécurisation foncière ne peut être que bénéfique pour les paysans de la zone et l’économie même de la région.

II.2 Faciliter l’accès aux microcrédits Actuellement Madagascar compte seulement sept institutions financières autorisées par l’état. La situation est plus chaotique dans notre zone d’étude, seule l’OTIV (Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola) qui dispense le service qui est le microcrédit. Ainsi, l’accès des paysans aux micros crédits se trouve être très limité dans la zone d’étude. Pourtant développement rural et crédit agricole sont deux choses inséparables, car vu le peu de bénéfice offert par l’agriculture les paysans devraient faire appel aux crédits agricoles pour qu’ils puissent élargir la taille de ces exploitations agricoles.

Dans le but de surpasser cet obstacle, l’état se fixe comme objectif d’augmenter les créanciers dans le monde rural. Ce, afin de favoriser la concurrence qui aboutira sans doute à la diminution des taux d’intérêt imposé par les créanciers.

Cette réduction des taux d’intérêt va certainement augmenter le nombre des adhérents de ces créanciers.

En outre, le MAP veut aussi alléger la valeur de la garantie du prêt, mais ne propose aucune stratégie pour y arriver2.

1. République de Madagascar, 2006, Madagascar Action Plan, P 64 2. République de Madagascar, 2006, Op. cit, P 65

105 Les propositions de solution offertes par le MAP ne s’achèvent pas là. Ce programme projette d’entamer aussi une révolution verte durable

II.3 Une révolution verte durable Le MAP entend par faire une révolution verte durable, équiper les paysans de matériels plus performants et utiliser des techniques plus modernes.

Ainsi, dans la réalisation de ce projet, le gouvernement projette de créer de nouveaux réseaux hydrauliques et de rénover les canaux déjà existants.

Ensuite, le ministère de l’agriculture prendra en charge la tâche de repartir des engrais et des semences améliorées. Ce, afin d’augmenter la production et pour que les plantes résistent mieux aux aléas climatiques.

Toujours, dans le but d’augmenter le rendement, des formations et des échanges de compétences entre les agriculteurs nationaux et internationaux et le regroupement des paysans dans des coopératives et organisations défendant leurs droits seront entrepris. Le défrichement des nouveaux terrains agricoles, l’exploitation des terres tout en conservant l’environnement et la diversification des cultures se trouvent être aussi inscrits dans ce projet.

Certes, ces mesures pourraient converger dans la réalisation d’une révolution verte et durable seulement il reste à savoir si ces projets auront les soutiens financiers et techniques nécessaires dans sa mise en œuvre1.

II.4 Orientation des produits agricoles vers le marché Sans débouché, l’augmentation de la production conduira sans doute à la surproduction. Il est donc impératif de chercher une des moyens d’écoulement pour ces produits.

De ce fait le MAP propose la production des cultures en fonction des besoins du marché. D’abord afin d’éviter la surproduction et de diversifier les produits.

Pour ce faire, l’état projette de créer un réseau de communication qui diffuserait les informations concernant les besoins du marché et les offres des produits.

1. République de Madagascar, 2006, Madagascar Action Plan, P 66

106 L’état envisage aussi d’élargir l’envergure des marchés des produits nationaux, sur le plan national qu’international. La condition primordiale de la réalisation de ce projet est l’amélioration des voies de communication qui assurera la libre circulation des biens et des personnes1. Ainsi, il est indispensable pour la commune étudiée d’améliorer les voies de communication notamment la route d’intérêt provincial qui très étroite, empêche les véhicules de grande taille de pénétrer au cœur de la commune.

II.5 Diversifier les types d’emploi dans le monde rural Les paysans à Madagascar se suffisent encore d’une seule culture pour survivre. Le manque de recherche sur l’agriculture constitue un obstacle pour la pratique des nouvelles cultures qualifiées de plus intensive qui pourraient sans doute rehausser le niveau de vie des paysans. Ainsi, le gouvernement se fixe comme objectif de diversifier les types de cultures présents dans le monde rural afin d’augmenter le niveau de vie des agriculteurs.

Pour ce faire, des rénovations sur recherches dans le domaine de l’agriculture seront entreprises, afin qu’on puisse adopter des nouvelles cultures plus productives. Ensuite, on va favoriser la polyculture pour éviter la surproduction et les pertes dues aux cataclysmes naturels. L’agriculture biologique sera diffusée dans le but de conserver la qualité du sol. Enfin, le MAP va tenter de diffuser les emplois ruraux indépendants de l’agriculture, comme l’artisanat et la couture2. Ces emplois indépendants de l’agriculture peuvent en effet fournir du travail aux paysans dépourvus de terres et de diminuer le vol sur pied souvent œuvre des chômeurs.

Parmi les 6 volets de projet l’état se fixe comme objectif ultime la création d’une entreprise agro industriel dans chaque région.

II.6 Création d’une entreprise agro alimentaire La surproduction des produits maraîchers durant la saison phare conduit sans doute à la chute des prix des produits donc à la perte des paysans.

1. République de Madagascar, 2006, Op. cit, P 67 2. République de Madagascar. 2006, Madagascar Action Plan, p 68

107 Ainsi, la création d’une entreprise agroalimentaire qui a pour objectif de conserver et de commercialiser les produits agricoles de la commune rurale d’Anjeva gara ne peut être que bénéfique pour la zone d’étude. Pour la mise en marche de cette unité agro-industrielle, il faut tenter de mettre au point des techniques qui permettent d’accroître la production, d’accroître leurs qualités, d’augmenter les rendements tout en maintenant la fertilité du sol, et de mettre en excellente condition de conservation ces produits pour leur commercialisation. Malgré l’instabilité de la production, le procédé de conservation permettrait à l’entreprise de régulariser la vente tout en évitant la contamination des produits alimentaires par les microbes. Les processus de fabrication et de conservation se présentent comme suit : la collecte ou la réception des produits frais, ensuite le triage et le pesage des produits frais, après le lavage, le séchage et enfin l’emballage et la conservation. L’ouverture de cette entreprise débouchera sans doute à la naissance d’un nouveau circuit. L’unité agro-industrielle sera le seul intermédiaire entre agriculteurs et consommateurs, elle assurera l’évacuation des produits transformés vers le marché.

En effet, elle rationalise les activités de tous les acteurs de la filière maraîchère, et assure l’évacuation des produits et exempte les producteurs du déplacement. Elle offre des emplois aux jeunes. Enfin, elle normalise et modernise le mode de production de la culture maraîchère.

108 CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE

Le contexte socio-économique de la zone étudiée est la principale origine de l’insuffisance du revenu des ménages. Malgré les efforts des paysans dans la pratique des cultures maraîchères, le monopole et la main mise des collecteurs sur les prix des produits agricoles constituent le premier obstacle au développement de cette filière. De plus, l’instabilité de la production en fonction de la saison de culture et l’absence d’organisation paysanne défendant les agriculteurs fait que cette filière soit au profit des collecteurs.

La détérioration du terme de l’échange caractérisée par la différence de prix entre les produits de première nécessité et les produits agricoles particulièrement les produits maraîchers n’améliore en aucun cas le revenu des ménages donc l’économie régionale. De plus le recours au microcrédit se trouve être réservé à une minorité.

Des problèmes d’ordre techniques et sociaux entravent aussi le décollage de l’économie de la zone d’étude. La zone connaît un manque d’encadrement technique qui se manifeste par le problème d’approvisionnement des paysans en intrants et en semences améliorées.

De sa part, les infrastructures publiques déficientes handicapent sérieusement la communication donc les échanges. Les routes d’intérêt communal sont saisonnièrement praticables.

Dans le domaine de l’éducation, l’insuffisance des infrastructures scolaires notamment les écoles secondaires et le coût élevé de l’enseignement expliquent le faible niveau de scolarisation de la plupart des paysans. Ce niveau de scolarisation empêche l’adoption des techniques nouvelles. De même, dans le domaine sanitaire, à part la vétusté des équipements existants, le manque de personnels médicaux réduit considérablement la qualité de l’encadrement sanitaire de la zone.

Outre les problèmes économiques et techniques, les contraintes sociales font partie aussi des éléments explicatifs du déficit budgétaire des ménages et du blocage du développement économique de la région. L’interruption des activités agricoles due aux litiges fonciers et le loyer élevé des terres agricoles ne permet pas l’amélioration du

109 revenu des ménages. En outre, les vols sur pied appauvrissant les familles victimes aggravent encore la situation.

Des solutions ont été prises par les autorités et les membres de collectivités locales pour résoudre ces problèmes.

Dans le but de valoriser les produits agricoles, les autorités administratives sont sur le point d’ériger des organisations paysannes assurant la commercialisation des produits afin de créer un environnement de concurrence entre ces derniers et les collecteurs déjà en place.

D’autre part, des projets de construction et de réhabilitation des infrastructures agricoles et routières sont déjà en cours. Ces projets sont mis en œuvre dans le but de créer un réseau hydrographique bien alimenté et pour assurer la libre circulation des biens et des personnes.

L’amélioration de la santé et de l’éducation publique ne se trouve pas en marge des projets. En effet, la commune va renforcer le service sanitaire de proximité et se fixe comme objectif de créer un EPP par fokontany, de combler les salles de classe de l’actuel CEG et d’ériger un lycée technique.

Au-delà de tous ces projets, il y a aussi les propositions de solution offertes par le MAP.

Dans un premier temps, il consacre une rubrique pour la sécurisation foncière matière première de l’agriculture. Ensuite il se fixe comme objectif de faciliter l’accès des paysans au microcrédit qui favorisera sans doute les investissements importants dans l’agriculture. Le MAP projette aussi l’approvisionnement du monde rural en matière d’engrais et de semences améliorées et se fixe comme objectif ultime d’orienter les produits agricoles vers le marché et de créer dans chaque région une entreprise agroalimentaire qui viserait à conserver les produits et à augmenter les prix des cultures maraîchères afin d’améliorer le niveau de vie des paysans.

110 CONCLUSION GÉNÉRALE

La commune rurale d’Anjeva gara, une des douze communes rurales de district Avaradrano, un des huit districts de la région Analamanga, est une région où la culture maraîchère connaît un essor remarquable.

La présente étude a essayé de mettre à jour dans un premier temps les éléments explicatifs de l’essor de ces cultures commerciales de légume dans la zone d’étude pour qu’on puisse fonder un modèle pour toutes les communes rurales de Madagascar qui se veulent être à vocation agricole. Ensuite, nous avons essayé de faire une analyse de la contribution de ces cultures dans l’amélioration du niveau de vie des ménages, voire le développement économique de la zone. Ce, afin d’identifier les freins au développement de ce secteur et d’en apporter des solutions adéquates.

Enfin, c’est une occasion de confronter les propositions de solutions du MAP et les réels remèdes pour le développement économique du monde rural.

En premier lieu, le facteur numéro un qui explique l’essor des cultures commerciales de légumes dans la région est le milieu physique. La zone d’étude présente un relief accidenté : des collines, des bas-fonds et des plaines aménageables pour les activités agricoles. Les sols locaux possèdent une fertilité moyenne. Les sols d’origines alluviales localisées en bas des pentes et sur la zone inondable de la rivière d’Ivovoka se trouvent être la zone de maraîchage par excellence donc fortement exploitée.

Le diagramme ombro thermique laisse apparaître deux saisons bien distinctes dans la localité étudiée ; une saison chaude et pluvieuse qui débute en mi-octobre pour se terminer en mi-avril et une saison fraîche et sèche qui occupe le reste de l’année. Cette saison est considérée comme la saison phare de la production maraîchère durant laquelle, les exigences agro écologiques des plantes sont satisfaites en grande partie, seulement l’irrigation et l’arrosage sont impératifs durant cette période.

En ce qui est du réseau hydrographique, la commune est desservie par la rivière d’Ivovoka, un affluant de l’Ikopa. Seulement la mauvaise gestion de l’eau laisse apparaître des problèmes : la sécheresse et l’inondation.

111 Telles sont donc les caractéristiques du cadre physique de cette zone à vocation agricole. Mais en ce qui est de l’occupation humaine, cette région a connu un long passé jalonné de plusieurs vagues de peuplement. Ce sont les Vazimba qui peuplaient en premier les lieux. À la fin du XVIe siècle Andrianafovaratra le roitelet vazimba a été soumis par le roi merina RALAMBO. Plus tard, vers la fin du XVIIIe siècle, le souci de sécurité intérieure du royaume merina pousse le célèbre Andrianampoinimerina à consolider son autorité à Fandana et à Imerinkasinina. Donc, les habitants de la zone d’étude sont donc d’origine merina, depuis les caractéristiques des habitants de la zone d’étude se sont apparentées à l’ensemble régionale ; la population rurale malgache.

La pyramide des âges à base large laisse apparaître une population relativement jeune avec un pourcentage des jeunes de moins de 15 ans de 40,78 %. C’est aussi une population majoritairement féminine. Dans les cinq fokontany étudiés, (Ambatofolaka, Morarano Faliary, Ambohidrazana, Imerinkasinina et Ankadiefajoro) 2113 sur les 3859 âmes sont de sexe féminin. La zone enregistre un taux d’accroissement naturellement très élevé (4,45 %) et temps de redoublement de l’ordre de 16 ans. Cette population jeune, majoritairement féminine, caractérisée par une croissance rapide est repartie dans des ménages de taille moyenne qui abritent environ 5 personnes. Bref, les jeunes et les femmes participent activement dans la bonne marche du fonctionnement de la filière maraîchère.

Mais le cadre physique et humain propice à l’agriculture ne suffisent pas pour que la culture commerciale de légumes connaisse un tel essor, la voie de communication notamment le chemin de fer constitue en effet le principal agent de mis en valeur de la zone. Certes, le chemin de fer était dans un premier temps construit pour assurer la pacification coloniale progressive mais il ne faut pas écarter sa vertu économique. Sa construction coûteuse fait que les localités à desservir devraient être l’objet d’une étude évaluative de ses facultés de production et les éléments divers du trafic futur. Dès lors, le chemin de fer, un transport quasiment permanent fait d’Anjeva un grenier des produits maraîchers pour la ville d’Antananarivo. Mais suite à la saturation du marché de la capitale, le chemin de fer avec la tarification exceptionnelle des produits maraîchers ouvre une nouvelle destination pour les légumes de la zone d’étude ; une région non favorable à la culture de légume : la ville de Toamasina.

112 D’un autre côté, les cultures commerciales de légumes apparaissent aussi comme étant une suite logique de microparcellisation des rizières fruit de la pression démographique. La couverture alimentaire annuelle du riz diminue en fonction de l’augmentation du nombre de la population totale. En effet, les 100 ménages enquêtés cultivent en moyenne une superficie de 3,41 ares pour ce qui est de rizière. Les techniques et les équipements utilisés dans la riziculture qui sont qualifiés de rudimentaires ne font qu’accentuer cette faible couverture alimentaire annuelle du riz. Dans les cinq fokontany étudiés cette couverture alimentaire est en moyenne de 41,74 % ou de 5 mois environ. La production rizicole devenue insuffisante, les paysans se doivent chercher une autre source de revenu pour combler ce besoin en riz chronique.

Depuis, la culture commerciale de légume est devenue indissociable à la vie des paysans dans la zone d’étude. Ces cultures (brède, carotte, choux, tomate, poireau, concombre, courgette, haricot et haricot vert) constituent la première activité économique de la région et occupent de plus en plus le calendrier agricole. Chaque paysan choisit les cultures pratiquées en fonction de sa disponibilité en main-d’œuvre et en capital financier. Ensuite la plantation des cultures choisies se construit autour des cultures pivots ou prioritaires selon les critères agronomiques (raisons liées aux traitements phytosanitaires et liées à la fertilité chimique et physique du sol), des critères liés aux paramètres climatiques et enfin les critères liés à l’organisation du travail.

Le système d’exploitation agricole y est dominé par le mode de faire-valoir indirect ; 29 % des ménages ne cultivent que les terrains des autres et 41 % adoptent en même temps le faire-valoir direct et le faire-valoir indirect. En moyenne un ménage met en culture une zone maraîchère de 17,96 ares. Ce chiffre varie selon le fokontany en fonction de la densité humaine. Les produits fruits de l’exploitation de ces terres suivent trois circuits principaux ; 80 % des ménages enquêtés voient leurs productions exportées vers Toamasina, 9 % des ménages approvisionnent les marchés locaux et se transforment en marché ambulant enfin, 11 % commercialisent ces produits vers la capitale. La somme apportée par ces cultures commerciales alimente 73,54 % du revenu moyen des ménages qui est de 106 815 Ariary par an. Malheureusement, la majeure partie de ce revenu, 58,13 % dans l’ensemble est dépensé pour l’achat des produits alimentaires. 22,60 % de ce revenu est consacré pour la continuité de l’exploitation agricole.

113 Dans l’ensemble, la différence entre dépense et revenu est positive ; cet excédent est la somme modique de 9 342 Ariary par an. Comparé au seuil de pauvreté relative (234 760 Ariary), le revenu annuel par personne (256 356 Ariary) est excédentaire de 21 596 Ariary.

Bref, le budget des ménages enquêtés est excédentaire mais le revenu apporté par la culture commerciale de légume n’arrive qu’à couvrir seulement les besoins fondamentaux de la population étudiée. Pourquoi la pratique de ces cultures n’arrive donc pas à élever le niveau de vie des paysans de la zone ?

Le premier facteur qui fait que les paysans de la zone n’arrivent pas à élever leurs niveaux de vie est la main mise des collecteurs, devenus maître des circuits commerciaux sur les prix des produits agricoles. Des fois, ces collecteurs ne payent même pas ce qui revient de droit aux paysans. L’absence d’organisation paysanne défendant les agriculteurs ne fait qu’accentuer cette dépendance vis-à-vis des collecteurs.

Ensuite, la détérioration du terme de l’échange en milieu rural qui se manifeste par le déséquilibre entre le prix des produites de première nécessité, des produits phytosanitaire pour l’agriculture, des matériels agricoles et les produits agricoles. Il se trouve aussi que la difficulté des paysans de la zone étudiée à accéder aux micros crédits en constitue un autre frein au développement de cette filière, étant donné que la majeure partie du revenu des ménages est destinée à l’approvisionnement en produits de première nécessité.

De plus, les encadrements techniques visant à améliorer les techniques culturales sont quasiment inexistants. L’accès des paysans aux semences améliorés aux produits phytosanitaires et aux intrants se trouve être très difficile sans aide extérieure.

D’autre part, les infrastructures publiques sont qualifiées de déficients. Lors de notre descente sur terrain le réseau routier interne est difficilement en saison de pluie et ces routes ne sont pas accessibles pour les véhicules poids lourd.

Sur le plan éducatif, le niveau de scolarisation des chefs de ménages témoigne le manque d’infrastructures scolaires et la cherté du frais de scolarité. Ce problème conduit les chefs de ménages à arrêter la scolarisation de ses enfants au profit du travail précoce. Il en est de même sur le plan sanitaire ; la vétusté du bâtiment, le manque de personnel

114 médical et d’équipement font que l’encadrement sanitaire des paysans est loin d’être parfait malgré les efforts des responsables. Une autre facette des problèmes relatifs à l’agriculture est le litige foncier et l’insécurité sociale. L’expropriation illégitime des terrains, la lourdeur des processus administratifs et l répartition des terres domaniales ralentissent les activités agricoles. D’un côté, les vols sur pied anéantissent l’économie des familles victimes.

Devant ces problèmes, les responsables de la commune n’ont pas tardé à prendre des mesures pour résoudre ces problèmes, d’autre part le MAP offre aussi les propositions de solution qui se veulent être adéquates aux problèmes du monde rural.

Primo, les autorités locales sont sur le point d’ériger des organisations paysannes assurant la commercialisation des produits maraîchers dans le but de créer un climat de concurrence entre les collecteurs et ces organisations. Ce, afin de valoriser les produits en question.

Ensuite, selon le PCD, la commune consacrera une somme colossale pour la construction et la réhabilitation des infrastructures agricoles et routières pour que la bonne circulation de personne et de bien soit assurée.

L’amélioration de la santé et de l’éducation publique ne se trouve pas non plus en marge. Renforcer le service sanitaire de proximité, assurer l’adduction de l’eau potable dans tous les hameaux, élargir le CEG, ériger un lycée technique sont les objectifs de la commune dans les deux ans à venir.

Secundo, en ce qui est de développement effectif du monde rural, le MAP offre six propositions de solution telles la sécurisation foncière, la facilitation de l’accès au microcrédit, la révolution verte durable, l’orientation des produits agricoles vers le marché, la diversification des emplois dans le monde rural et la création d’entreprise agroalimentaire qui vont être mises en exergue depuis le début 2008 jusqu’à la fin 2012.

Bref, doté d’un cadre physique propice à l’agriculture et d’une population nombreuse constituant la main-d’œuvre, la commune rurale d’Anjeva gara a connu un essor remarquable de la culture des légumes suite au désenclavement du milieu par la ligne de chemin de fer Tananarive Côte Est au début du XXe siècle. Plus tard, suite à la pression démographique qui a fait diminuer la productivité, suite logique de la

115 microparcellisation des rizières la culture commerciale de légume est devenue la première activité économique de la région, ce afin de combler le besoin chronique en riz de la zone.

Ainsi, c’est cette activité qui alimente plus de 73 % du revenu des ménages. Seulement, malgré la part importante de la somme procurée par la culture maraîchère dans le revenu des familles, le niveau de vie de paysans donc l’économie de la zone reste encore statique. Des problèmes freinant le développement économique de la zone subsistent toujours. Des mesures ont été prises et le MAP avance des propositions de solution pour remédier ces problèmes. Mais ces mesures sont-elles suffisantes et les propositions de solution offertes par le MAP seront-elles réalisées ?

116 Auteur : RANDRIAMBAHINY Jean Frédéric

TITRE : CULTURES MARAÎCHÈRES ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN MILIEU RURAL DES HAUTES TERRES CENTRALES MALGACHES, CAS DE LA COMMUNE RURALE D’ANJEVA GARA

Nombre de pages : 99

Nombre de tableaux : 22

Nombre de photos : 10

Nombre de figures : 4

Nombre de cartes : 5

La commune rurale d’Anjeva gara fait partie de la région des Hautes Terres Centrales merina. Elle est située à 25 km à l’est de Tananarive la capitale de Madagascar et se trouve sur le point d’interception de la longitude 47° 40’ est et la latitude 18° 56’ sud. Cette zone est dotée d’un cadre physique et humain propice à l’agriculture.

Le chemin de fer, une nécessité coloniale est devenue l’agent de mise en valeur de la zone étudiée. L’exploitation de la ligne T.C.E (Tananarive Cote Est) au mois de mars 1909 ouvre à la commune, une localité desserte par le chemin de fer un grand marché : la ville d'Antananarivo et celle de Toamasina. Quelques décennies plus tard, la production du riz par famille a connu une certaine régression à cause de nombreuses contraintes socio‐économiques. Désormais, les cultures commerciales des produits maraîchers, une mise en valeur suite à l’intervention du chemin de fer, sont devenues une suite logique des micro‐ parcellisations des rizières. Ainsi, les apports monétaires des cultures commerciales servent à combler ce besoin en riz croissant. Le budget des ménages reste statique et ne dépasse pas de très loin le seuil de pauvreté.

Pour remédier ces problèmes, des solutions ont été prises par les collectivités rurales et le pouvoir central.

Mots clés : cultures commerciales, produits maraîchers, T.C.E, riziculture

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TATA CHARMALY, 1993, Du non vivrier pour assurer le vivrier : l’importance de cultures commerciales dans le terroir d’Ankaraobato, E.N.S, mémoire CAPEN, C.E.R histoire et géographie, 100 p. ANNEXE I: Fiche questionnaire FANADIHADIHANA ISA-

TOKATRANO MOMBA NY TANTSAHA 1- Filazalazana momba ny tokatrano: A- Loham-pianakaviana: Lahy /_/ Vavy /_/ 1 - Adiresy: Fkt: Vohitra: 2- Taona sy toerana nahaterahana: Taona nahatongavana teto: 3- Kilasy nijanonana t@ fianarana: "Diplôme": Asa atao: Asa hafa: B- Momba ny vadinao: Taona nahatongavana teto: 1- Taona sy toerana nahaterahana: Asa atao: Asa 2- Kilasy nijanonana t@ fianarana: "Diplôme": hafa: C- Momba ny toka-trano: 1- Isan'ny zaza nateraka:/_/ Iza avy: Lahy/Vavy Taona sy toerana nahaterahana Asany na kilasy 2- Firy ny zaza teraka t@ Fev 2006 ka hatramin'ny Fev 2007: /_/ 3- Firy ny olona maty: /_/ Latsaky ny Itaona:/_/ 4- Inona ny andraikitra eo @ fiaraha-monina: eo @ fiangonana: II-Lafinv sosialy sv fidiram-bola: 1- Inona no f iram-bolanao: karama /_/ Vidim-bokatra /_/ Hofan-trano /_/ Hofan-tany /_/ Varotra /_/ Hafa /_/ 2- Fambolem-bary: Toerana misy azy Isany habe (ar, m2,ketsa) Vokatra (kg, sarety, Fanamarihana

vata) Lavitra na Akaiky mahavita taona? mivarotra?

ohatrinona?

3-Inona ny fambolena hafa mampidi-bola ankoatra ny vary: Vola miditra Fambolena Isan-kerinandro Isan-taona Poireau Brèdes Carotte Choux fleurs Choux Tomates

4- Fa maninona no ireo voly ireo no natao fa tsy hafa? 5- Hampiasaina @ inona ny vola azo @ireo? :-hividianana tany - hividianana omby sy kisoa - hividianana sarety, bisikileta - hanaovana trano - famadihana 6- Fandaniam-bola andavanandro: 7-Fitaovana misy ao an-trano: 8-Isan'ny biby fiompy: Vola lany Karazany Isa Isa Sakafo Radio Omby Kisoa Akoho Fitafiana Fanaka amam-borona Fianaran'ny ankizy Moto • Fitsaboana sy fanafody ' Bisikileta ^ Fitanterana Hafa Adidy (fiangonana, fokontany) Hofan-trano

9- Ampy ve ny vola azo @ fambolena? Eny /_/ . Tsia /_/ Raha Tsia, inona ny olana? Vary: Tomates: brèdes: carotte: Choux fleurs : choux : poireaux 10- Inona ny vahaolana harosonao? III- lafiny teknika eo @ fambolena: 1- Habetsahan'ny fambolena natao: a) Isan'ny fototra sakay novolena b) Isan'ny fototra paraky novolena c) Firy are, m2 ny tany voavly tsaramaso 2- Aiza no maka masomboly? tomates: carottes : choux: Choux fleurs: Brèdes : poireau :

3- Mampiasa zezika ve ianareo? Eny /_/. Tsia /_/ Raha Eny: Zezika simika /_/ Zezi-pahitra /_/ 4- Efa nisy mpiasan'ny fambolena nitsidika anareo ve? oviana? inona no nataony?

5- Irinareo ve ny hahatongavany aty? 6-Habetsahan'ny vokatra isan-taona (@gigoz, kg, 7- Fitaovam-pamokarana gony): hananana: Karazany Habetsahany poireau brèdes carottes Choux fleurs Choux tomates

8- Misy aretina mahazo ny voly ve?

Inona no natao?

9- Inona ny fanafody hampiasaina? 10- Hampiasaina @ ireo fambolena ireo ve ny omby? 11- Inona koa no ilana azy?

V- Nv fananan-tanv sv ny fitrandrahana ny tany: Sarety 1- Fananan-tany: Karazany Isa Angady Ary ohatrinona ny vidiny? Angadin'omby Eny /_/ Tsia /_/ Tanim-boly Tanimbary Tompony Mpanofa

a) Raha tompony: Lova /_/ Novidiana /_/ b) Hoan'ny mpandova: ahoana ny nahazoana ny lova? Rehefa hanambady /_/ Rehefa maty ny ray aman-dreny /_/ c) Raha mpanofa ahoana ny fifanarahana @ tompony? 2- Fitrandrahana ny tany: a) Mampiasa mpikarama isan'andro ve ianareo@ f arakarana _ • ireo voly keo? Eny /_/ Tsia /_/ b)Raha Eny, ohatrinona ny karama isan'andro? Lahy /_/ Vavy /_/ Inona ny asa ataony? c) Mbola manao ireny valin-tanana ireny ve ianareo? Eny /_/ Tsia /_/ Raha Eny, eo @ laf y inona? V- Fi va rota n a ny vokatra: 1 - Ampahafirin'ny vokatra no hamidy? Vary/_/ poireau/_/ brèdes/_/ choux /_/ choux fleurs/_/ Carottes /_/ Tomates /_/ • 2- Entina eny an-tsena /_/ (Aiza?) Alain'ny Mpiantoka /_/ 3-Vidim-bokatra: Poireau/_/ brèdes/_/ vary/_/ choux fleurs/_/ Choux /_/ Carottes /_/ Tomates /_/ 4- Iza no mamaritra ny vidin'ireo vokatra ireo? Tantsaha /_/ Mpividy /_/ 5- Misy olana ve eo @ famoahana ny vokatra? Eny /_/ Tsia /_/ 6- Ahoana ny fahitanao ny hoavin'ireo fambolena ireo?

7- Inona ny vahaolana sy soso-kevitra harosonao momba ny fambolena?

Auteur : RANDRIAMBAHINY Jean Frédéric

TITRE : CULTURES MARAÎCHÈRES ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN MILIEU RURAL DES HAUTES TERRES CENTRALES MALGACHES, CAS DE LA COMMUNE RURALE D’ANJEVA GARA

Nombre de pages :117

Nombre de tableaux : 22

Nombre de photos : 10

Nombre de figures : 4

Nombre de cartes : 5

La commune rurale d’Anjeva gara fait partie de la région des Hautes Terres Centrales merina. Elle est située à 25 km à l’est de Tananarive la capitale de Madagascar et se trouve sur le point d’interception de la longitude 47° 40’ est et la latitude 18° 56’ sud. Cette zone est dotée d’un cadre physique et humain propice à l’agriculture.

Le chemin de fer, une nécessité coloniale est devenue l’agent de mise en valeur de la zone étudiée. L’exploitation de la ligne T.C.E (Tananarive Cote Est) au mois de mars 1909 ouvre à la commune, une localité desserte par le chemin de fer un grand marché : la ville d'Antananarivo et celle de Toamasina. Quelques décennies plus tard, la production du riz par famille a connu une certaine régression à cause de nombreuses contraintes socio‐ économiques. Désormais, les cultures commerciales des produits maraîchers, une mise en valeur suite à l’intervention du chemin de fer, sont devenues une suite logique des micro‐ parcellisations des rizières. Ainsi, les apports monétaires des cultures commerciales servent à combler ce besoin en riz croissant. Le budget des ménages reste statique et ne dépasse pas de très loin le seuil de pauvreté.

Pour remédier ces problèmes, des solutions ont été prises par les collectivités rurales et le pouvoir central.

Mots clés : cultures commerciales, produits maraîchers, T.C.E, riziculture Auteur : RANDRIAMBAHINY Jean Frédéric

Président de Jury : ANDRIAMIHAMINA Mparany

Juge : RATOVONIRINA Bakoaly

Rapporteur : RANDRIANARISOA Josette Ratovo

TITRE : CULTURES MARAÎCHÈRES ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN MILIEU RURAL DES HAUTES TERRES CENTRALES MALGACHES, CAS DE LA COMMUNE RURALE D’ANJEVA GARA

Nombre de pages : 117

Nombre de tableaux : 22

Nombre de photos : 10

Nombre de figures : 4

Nombre de cartes : 5

La commune rurale d’Anjeva gara fait partie de la région des Hautes Terres Centrales merina. Elle est située à 25 km à l’est de Tananarive la capitale de Madagascar et se trouve sur le point d’interception de la longitude 47° 40’ est et la latitude 18° 56’ sud. Cette zone est dotée d’un cadre physique et humain propice à l’agriculture.

Le chemin de fer, une nécessité coloniale est devenue l’agent de mise en valeur de la zone étudiée. L’exploitation de la ligne T.C.E (Tananarive Cote Est) au mois de mars 1909 ouvre à la commune, une localité desserte par le chemin de fer un grand marché : la ville d'Antananarivo et celle de Toamasina. Quelques décennies plus tard, la production du riz par famille a connu une certaine régression à cause de nombreuses contraintes socio‐ économiques. Désormais, les cultures commerciales des produits maraîchers, une mise en valeur suite à l’intervention du chemin de fer, sont devenues une suite logique des micro‐ parcellisations des rizières. Ainsi, les apports monétaires des cultures commerciales servent à combler ce besoin en riz croissant. Le budget des ménages reste statique et ne dépasse pas de très loin le seuil de pauvreté.

Pour remédier ces problèmes, des solutions ont été prises par les collectivités rurales et le pouvoir central.

Mots clés : cultures commerciales, produits maraîchers, T.C.E, riziculture