Fraterna Et La Ramification Des Familles Du Patriciat Vénitien, Xve-Xviiie Siècles
La fraterna et la ramification des familles du patriciat vénitien, XVe-XVIIIe siècles Dorit RAINES Le double sens de la fraterna vénitienne Le monde vénitien a pu formuler seulement au cours du XVIIIe siècle une nette définition du terme fraterna. Le juriste Marco Ferro définit la fraterna dans son Dictionnaire du droit commun de la Vénétie comme « une compagnie de frères, qui après la mort du père commun1, ne divisent pas les biens. Cette compagnie continue aussi avec les neveux, petits-fils, toujours mâles, jusqu’à la décision de diviser les biens »2. Mais Ferro nous ne fournit pas de détails concernant l’histoire de la fraterna, son développement et son rôle à l’intérieur du groupe dirigeant vénitien – le patriciat. Par contre, l’historien Frederic Lane situe la propagation de ce type de rapport, qu’il ne considère qu’en termes strictement commerciaux, au XVe siècle, et davantage encore au XVIe siècle, car, explique-t-il, au Moyen Age, le type d’entreprise commerciale pratiqué à Venise avait besoin d’énormes investissements, et donc de plus d’une famille. A partir du XVe siècle, continue Lane, le type d’investissement dans le commerce change, et apparaissent les sociétés de famille, et, avec elles, les premiers livres comptables (comme celui de la famille Soranzo, rédigé entre 1406 et 1436 par quatre frères travaillant dans l’importation du coton)3. Lane relève aussi quelques cas où on trouve, au moins dans la première moitié du XVe siècle, des fraterne entre frères qui ne cohabitent pas4. Des études plus récentes ont établi que le phénomène de la fraterna, fondée dans le 1 En effet, tant que le père était en vie, il exerçait la patria potestas.
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