UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS

Promotion AINA (2004-2009)

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES En vue de l’obtention du Diplôme d’Ingénieur Agronome Spécialisation Eaux et Forêts

Gouvernance des Aires Protégées à :

Cas de la Nouvelle Aire Protégée du Corridor Forestier Fandriana-Vondrozo

Etude de faisabilité de la structure de gouvernance partagée

Présenté par : RAMANOELINA Vonifanja Herimanitra Le 28 Avril 2009

Devant le Jury composé de: Président : Pr. RANDRIAMBOAVONJY Jean Chrysostome Encadreurs : Pr. RAMAMONJISOA Bruno Mme RAHARINJANAHARY Holy Examinateurs : M. RANJATSON Patrick M. RAZAFITSOTRA Jean

REMERCIEMENTS Nos remerciements s’adressent en premier lieu à DIEU sans qui rien n’a pu être accompli.

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à Monsieur le Professeur Jean Chrysostome RANDRIAMBOAVONJY, Enseignant - Chercheur à l’ESSA - Forêts qui nous fait le grand honneur de présider le Jury de ce mémoire.

Nous adressons nos vifs remerciements à Monsieur le Professeur Bruno RAMAMONJISOA, Chef du Département des Eaux et Forêts de l’ESSA, qui a dirigé ce travail avec toute sa bienveillance et sa compétence malgré ses nombreuses obligations.

Que Monsieur Jeannin RANAIVONASY et Madame Holy RAHARINJANAHARY, Assistants – Chercheurs à l’ESSA – Forêts, trouvent ici l’expression de notre grande reconnaissance de nous avoir proposé ce thème et pour l’encadrement intensif durant le stage et la réalisation de ce travail.

Nous remercions très vivement Monsieur Patrick RANJATSON, Assistant – Chercheur à l’ESSA – Forêts, d’avoir accepté de siéger parmi les membres de Jury et de donner ses critiques constructives et ses recommandations malgré ses multiples engagements.

Nous réitérons nos sincères remerciements à Monsieur Jean RAZAFITSOTRA, Regional Manager COFFAV, d’avoir accepté de siéger dans le Jury ainsi que pour l’intérêt que vous avez porté à ce travail.

Nous tenons également à adresser nos reconnaissances : Au Corps Enseignant et au Personnel Administratif et Technique de l’ESSA, pour les précieuses formations ainsi que pour leur aide inestimable. Aux différents responsables institutionnels, qui n’ont pas hésité à nous accueillir, à répondre à nos questions et à accepter de collaborer. Aux familles d’accueil de , d’Ambositra, d’ et d’Androy pour leur accueil et qui nous ont permis de réaliser pleinement les travaux de terrain. A notre grande famille, à nos amis et à ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation de ce mémoire, nous vous prions d’accepter notre vive reconnaissance.

Enfin et surtout, nous remercions Dada, Neny, Davida, Jane et Oli pour leur contribution, de quelque forme qu’elle soit, au bon déroulement de notre cursus ; qu’ils retrouvent, à travers ce Mémoire, l’expression de nos plus sincères reconnaissances.

RESUME

Le présent mémoire étudie la gouvernance partagée ou cogestion de la Nouvelle Aire Protégée du Corridor Fandriana-Vondrozo (NAP COFFAV), qui est le dernier vestige d’une vaste forêt qui couvrait autrefois une grande partie de l’ancienne province de Fianarantsoa à Madagascar. Ce mode de gouvernance n'est pour le moment qu'un concept théorique qui reste à confronter à la réalité et aux parties prenantes de la NAP COFFAV. Ainsi, dans quelle mesure cette structure de cogestion répond-t-elle aux attentes de toutes les parties prenantes ? L’hypothèse avancée suppose que cette structure de gouvernance répond à ces attentes lorsque l’implication effective et la participation active de toutes les parties prenantes sont constatées. L’objectif de l’étude consiste alors à analyser le contexte et dynamisme du mode de gouvernance actuel, ainsi que le type et les scénarii de gouvernance durable proposés pour le corridor afin d’en cerner les forces et les limites. Pour ce faire, la méthodologie adoptée a été basée sur une enquête auprès de toutes les parties prenantes afin de comprendre leur perception vis-à-vis de la création de la NAP, leurs intérêts et leurs responsabilités par rapport à la gouvernance partagée. Il apparaît qu’il existe au sein des parties prenantes de la conservation une vision globale commune de l’objectif des AP et de faire participer la population locale dans la gestion des ressources naturelles. Cependant, force est de constater que ces communautés locales manquent de moyens et de compétences pour assurer une gestion efficace des ressources, accentué par des problèmes au sein de l’administration forestière. En outre, vu la multitude d’acteurs, la gouvernance du site se heurte à des conflits de pouvoir ainsi qu’à une divergence d’intérêts difficilement conciliables. Ainsi, l’analyse des résultats a montré que cette cogestion serait faisable si tous les acteurs sont impliqués dans la gestion tout en prenant en considération les intérêts et les opinions des concernés; bref la cogestion doit assurer la cohérence des idées et des actions entre les parties prenantes.

Mots clés : Madagascar, Corridor Fandriana-Vondrozo, Gouvernance des Aires Protégées, Gouvernance partagée, Cogestion, Parties prenantes.

ABSTRACT

The present memoir focuses on the co-management of the New Protected Area of the Corridor Fandriana-Vondrozo, which is the last relic of the large forest that covered the biggest part of the farmer Fianarantsoa province in Madagascar. This governance is still a theoretical concept that should be faced with the reality and the protected area stakeholders. Therefore, on what conditions does this co-management structure live up to stakeholders’ expectations? The hypothesis proposed supposed that the governance with the participation of the stakeholders in the protected area’s creation and management, the consideration and the coherence of their interests; contribute to live up to these expectations. The study aims at analyzing the context and dynamism of the current management, and the kind and the sustainable governance structure proposed for the corridor. Then the study will lead to a deep knowledge of the forces and limits. The method opted to that end is based on socioeconomic investigations to stakeholders in order to understand their perception about the protected area creation, their interests and their responsibilities about the governance. The different parties enthuse over the creation of the new protected area; they strongly expect a development, while conserving the resources. They also have a common idea about taking into account the local communities as managers in base for the corridor. Nevertheless, these local communities don’t have enough means and competences to assure an effective management of the resources. Many problems remain to be solved in the forestry administration such as lack of control and follow-up. The great number of actors may bring to uneasily reconcilable power conflicts and contradictory interests about the governance. Thus, the analysis of the results shows that the feasibility of the co-management needs the implication of the different stakeholders while considering their interests and opinions. In a word, the co-management must assure the coherence of ideas and actions between the stakeholders.

Keywords: Madagascar, Corridor Fandriana-Vondrozo, Governance of Protected Areas, Co-management, Stakeholders. LISTE DES ACRONYMES AP : Aires Protégées CI : Conservation Internationale COAP : Code des Aires Protégées de Madagascar CMP : Comité Multi local de Planification COBA : Communauté locale de Base COFFAV : Corridor Forestier Fandriana-Vondrozo COS : Comité d’Orientation et de Suivi CR : Commune Rurale DREFT : Direction Régionale de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme DSAP : Direction du Système des Aires Protégées de Madagascar ERI : Programme Eco Régional Initiatives ESSA : Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques FIZAM : Fizahan-tany Ambohimahamasina GCF : Gestion Contractualisée des Forêts GELOSE : Gestion Locale Sécurisée IUCN : International Union for the Conservation of Nature and Natural Resources KASTI : Komitin’ny Ala sy ny Tontolo Iainana MAEP : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche MEFT : Ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme MNP : Madagascar National Parks (ex ANGAP ou Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées) NAP : Nouvelle Aire Protégée ONG : Organisation Non Gouvernementale OMS : Organisation Mondiale de la Santé OPCI : Organisme Public de Coopération Intercommunale PAG : Plan d’Aménagement et de Gestion PGESS : Plan de Gestion Environnementale et de Sauvegarde Sociale PAM : Programme Alimentaire Mondial PN : Parc National PTA : Plan de Travail Annuel RS : Réserve Spéciale RTM : Reggio Terzo Mondo SAPM : Système des Aires Protégées de Madagascar SIG : Système d’Information Géographique TG : Transfert de Gestion UE : Union Européenne UG : Unité de Gestion VOI : Vondron’ Olona Ifotony WCPA : World Commission of Protected Areas (Commission Mondiale des Aires protégées) WWF : World Wildlife Fund for Nature ZOC : Zone d’Occupation Contrôlée ZUC : Zone d’Utilisation Contrôlée

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ...... 1 Chapitre I : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE ...... 3 I-1- Problématique ...... 3 I-2- Rappels des hypothèses et objectifs ...... 3 I-3- Méthodologie ...... 4 I-3-1- Phase préparatoire ...... 5 I-3-2- Phase de collecte proprement dite ...... 5 A- Entretien ...... 5 B- Les personnes enquêtées ...... 6 I-3-3- Analyse et interprétations des données ...... 8 I-3-4- Difficultés et limites du travail ...... 9

RESULTATS ET INTERPRETATIONS ...... 11 Chapitre II : LA NOUVELLE AIRE PROTEGEE CORRIDOR FORESTIER FANDRIANA- VONDROZO (NAP - COFFAV) ...... 11 II-1- Cadre physique et biologique ...... 11 II-1-1- Localisation et superficie ...... 11 II-1-2- Relief et climat ...... 11 II-1-3- Pédologie ...... 12 II-1-4- Faune ...... 12 II-1-5- Flore ...... 13 II-2- Cadre socioéconomique ...... 17 II-2-1- Communautés locales ...... 17 II-2-2- Organisation sociale ...... 17 A- Organisation traditionnelle ...... 17 B- Organisation administrative ...... 19 II-2-3- Les facteurs socio culturels ...... 19 II-2-4- Les activités économiques ...... 20 II-3- COFFAV et Cadre institutionnel et juridique de la gouvernance des AP à Madagascar21 II-4- Processus de création de la NAP COFFAV ...... 23 II-4-1- Etape préliminaire de protection : Arrêté de protection temporaire ...... 23 II-4-2- Travaux pour l’obtention du statut définitif ...... 24 Chapitre III : CONCEPT DE GOUVERNANCE DES AIRES PROTEGEES ET MESURES DE GOUVERNANCE ...... 26 III-1- Le concept de Gouvernance des Aires Protégées ...... 26 III-2- Types de gouvernance pour les Aires Protégées ...... 26 III-3- Les critères de bonne gouvernance ...... 27 III-4- Concept de gouvernance partagée des AP ou AP cogérées ...... 28 III-5- Processus d’élaboration de la gouvernance de la NAP COFFAV ...... 29

Chapitre IV : PARTIES PRENANTES DANS LA NAP COFFAV ...... 32 IV-1- Typologie et responsabilités des parties prenantes ...... 32 IV-1-1- Administration forestière ...... 32 IV-1-2- Collectivités territoriales décentralisées ...... 33 IV-1-3- Organisations non gouvernementales (ONG) ...... 35 IV-1-4- Communautés locales ...... 36 IV-1-5- Comité Multi local de Planification ou CMP ...... 37 IV-2- Perception des parties prenantes de la création de la NAP ...... 39 IV-2-1- Administration forestière ...... 39 IV-2-2- Collectivités territoriales décentralisées (CTD) ...... 39 IV-2-3- Organisations non gouvernementales ...... 41 IV-2-4- Communautés locales ...... 42 IV-2-5- CMP ...... 43 IV-3- Intérêts et implications dans la gestion de la NAP COFFAV ...... 45 IV-3-1- Administration forestière ...... 45 IV-3-2- Collectivités territoriales décentralisées ...... 45 IV-3-3- Organisations non gouvernementales ...... 46 IV-3-4- Communautés locales ...... 47 IV-3-5- CMP ...... 48 IV-4- Synthèse ...... 49 IV-4-1- Rôles de l’AP pour toutes les parties prenantes ...... 49 IV-4-2- Synthèse des idées générales ...... 50

Chapitre V : ANALYSE ET RECOMMANDATIONS ...... 52 V-1- Analyse de faisabilité de la structure de gouvernance partagée ...... 52 V-1-1- Faisabilité par rapport aux critères de bonne gouvernance ...... 52 V-1-2- Faisabilité technique ...... 55 A- Atouts ...... 55 B- Contraintes ...... 55 V-1-3- Faisabilité institutionnelle ...... 57 A- Atouts ...... 57 B- Contraintes ...... 59 V-2- Recommandations ...... 61 V-2-1- Solutions face aux problèmes techniques ...... 61 V-2-2- Solutions face aux conflits institutionnels ...... 65 CONCLUSION ...... 67 BIBLIOGRAPHIE ...... 69

LISTE DES FIGURES Figure 1 : Résumé de la démarche méthodologique ...... 10 Figure 2 : Exemples de faune du corridor ...... 13 Figure 3 : Forêt du côté Betsileo et lisière de la forêt d’Ikongo côté Tanala ...... 14 Figure 4 : Carte de localisation de la NAP COFFAV ...... 15 Figure 5 : Carte de la NAP COFFAV ...... 16 Figure 6 : Structure de gouvernance partagée de la NAP COFFAV ...... 30

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Récapitulatif des personnes interviewées et du nombre des entretiens ...... 8 Tableau 2 : Récapitulatif de la richesse floristique du COFFAV ...... 12 Tableau 3 : Récapitulatif de la richesse faunistique du COFFAV ...... 14 Tableau 4 : Tableau récapitulatif des rôles et responsabilités par partie prenante ...... 38 Tableau 5 : Tableau récapitulatif des perceptions par parties prenantes ...... 44 Tableau 6 : Tableau récapitulatif des intérêts et implications par partie prenante ...... 49 Tableau 7 : Synthèse des idées générales ...... 51 Tableau 8 : Faisabilité par rapport à la bonne gouvernance ...... 52 Tableau 9 : Cadre logique n°1 ...... 63 Tableau 10 : Cadre logique n°2 ...... 64 Tableau 11 : Analyse de la délimitation de gestion ...... 64 Tableau 12 : Cadre logique n°3 ...... 66

LISTE DES ANNEXES Annexe 1 : Guide d’entretien ...... i Annexe 2 : Faune et flore ...... ii Annexe 3 : Catégories d'aires protégées de l' IUCN ...... iii Annexe 4 : Catégorie de gestion VI ...... v Annexe 5 : Type de gouvernance pour Madagascar ...... vii Annexe 6 : Classification des Aires Protégées à Madagascar par catégorie et type de gouvernance ...... ix Annexe 7 : Cadre d’évaluation environnementale pour la mise en place d’une NAP ...... x Annexe 8 : Scenarii de gouvernance ...... xiv Annexe 9 : Arrêté de mise en protection temporaire...... xv Annexe 10 : Arrêté de mise en protection temporaire globale des NAP ...... xx Introduction

INTRODUCTION

Les Aires Protégées (AP) constituent l’un des principaux outils pour assurer la conservation de la diversité biologique. Une AP est définie comme « une portion de terre et/ou de mer vouée spécialement à la protection et au maintien de la diversité biologique, ainsi que des ressources naturelles et culturelles associées, et gérée par des moyens efficaces, juridiques ou autres » (IUCN, 2005). Les AP sont au cœur des engagements politiques et économiques mondiaux pour cette conservation, et, à cet effet, elles constituent une composante majeure des politiques et pratiques officielles de conservation. En 2003, la liste des Nations Unies fait état de 102 102 AP dans le monde s`étendant sur 18,8 millions de km2 et couvrant 11,5% de la surface terrestre de la planète (IUCN, 2005). Madagascar est classé parmi les pays où la richesse et les taux d’endémicité en biodiversité floristique et faunistique sont les plus élevés : 85% de la flore, 39% des oiseaux, 91% des reptiles, 99% des amphibiens et 100% des lémuriens sont endémiques. Cette biodiversité est concentrée dans les écosystèmes forestiers dont le taux de représentation de l’habitat dans le système d’aires protégées est de 87% (MAP, 2007). De ce fait, lors du Vème Congrès Mondial des Parcs à Durban en Afrique du Sud en 2003, le gouvernement malgache s`est engagé à tripler la surface du réseau d`AP existantes pour contribuer à la conservation des ressources naturelles et pour apporter une nette amélioration sur leur gouvernance. Cet engagement s’inscrit dans l’engagement 7 du Madagascar Action Plan (MAP), et dont la concrétisation se fait à travers la mise en place du Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM). Le Corridor Forestier Fandriana-Vondrozo (COFFAV) fait partie de ces NAP à implanter dans le cadre du SAPM. Ce corridor abrite une faune et une flore riches et diversifiées qui lui confère le rôle de grand réservoir de la biodiversité de l`Est malgache. D’une superficie d'environ 500 000 ha, le COFFAV constitue une des plus grandes aires protégées de Madagascar. Cette forêt dense humide de basse, moyenne et haute altitude, contribue considérablement au développement socio-économique et culturel des communautés aux échelles locales, régionales et nationales (irrigation des bassins versants et bas fonds des terrains agricoles,…) (Randriambololona, 2007). Or, le COFFAV est fortement menacé par des pressions, en particulier l'agriculture sur brûlis, l'exploitation illicite pour le prélèvement de bois et de ressources minières, la chasse aux espèces menacées. Compte tenu de la croissance de la population et de la pauvreté autour des AP, l'adaptation des concepts, des approches et des actions à mettre en œuvre, notamment par l’implication des entités

1 Introduction concernées dans la création et dans la gestion même de l’AP, est devenu incontournable pour le succès de toute action de conservation. C’est dans ce contexte que la gouvernance des aires protégées a été étudiée. Suite à des réflexions réalisées entre les techniciens et les acteurs régionaux, une ébauche de structure de gouvernance partagée/cogestion a été élaborée. Cette structure comprend un comité de gestion partagée par unité de gestion, un comité directeur et enfin un organe d’orientation. Cependant, ce mode de gouvernance n'est pour le moment qu'un concept théorique qui reste à confronter à la réalité et aux parties prenantes de la Nouvelle AP COFFAV. Dans quelle mesure l’ébauche de structure de gouvernance qui est proposée par ses promoteurs répond-t-elle aux attentes de toutes les parties prenantes ? L’hypothèse émise suppose que cette gouvernance répond à ces attentes lorsqu’il existe une implication et une participation effective de toutes les parties prenantes dans la création et la gestion de la NAP. Afin de vérifier cette hypothèse et de répondre à cette question fondamentale, l’objectif de l’étude a consisté, ainsi, à analyser le contexte et le dynamisme du mode de gouvernance actuel aussi bien national, régional que local, de comprendre et d’analyser le type et les scénarii de gouvernance durable proposés pour le COFFAV afin d’en cerner les forces et les limites. Une méthodologie basée sur des enquêtes socioéconomiques auprès des différentes parties prenantes du COFFAV a été menée pour vérifier cette hypothèse. Les résultats obtenus par l'observation des faits et le sondage des opinions a permis de rédiger les trois parties que comportent cette étude de faisabilité de la structure de gouvernance partagée/cogestion de cette NAP/COFFAV: en premier lieu, une présentation de la problématique et de la méthodologie adoptée ; en second lieu, la présentation des résultats et leurs interprétations subdivisée en quatre chapitres à savoir la présentation de la NAP COFFAV, le concept et les mesures de gouvernance des Aires Protégées, les parties prenantes ainsi que l’analyse et les recommandations ; et en dernier lieu la partie conclusive.

2 Chapitre I: Problématique et Méthodologie

Chapitre I : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE

I-1- Problématique L’idée d’intégrer le Corridor Fandriana – Vondrozo dans le SAPM fait suite à la volonté du gouvernement d’augmenter la superficie des aires protégées pour la conservation et la valorisation de biodiversité terrestre, lacustre, côtier et marin de Madagascar. La Nouvelle Aire Protégée (NAP) Corridor Fandriana-Vondrozo (COFFAV) entre dans la phase de création en vue de la promulgation du décret définitif de classement. Etant donné sa spécificité (large étendue répartie sur plusieurs Régions, Districts et Communes…, multitudes d'acteurs : autorités administratives, technique et traditionnelle) et pour s'assurer d'une gestion efficace, le système de gouvernance à mettre en place mérite beaucoup de réflexion. Le dynamisme du mode de gouvernance actuel et la réalité sur le terrain à savoir l’engagement de diverses parties prenantes, la subdivision territoriale traditionnelle devraient être pris en compte…Afin de maintenir la vision corridor en tant qu’aire indissociable, la coordination des acteurs incluant la valorisation des structures existantes (Communautés locales, CMP, …) constitue une des principales conditions (ou facteur de réussite). Des séances de réflexions sur les structures de gouvernance potentielles pour le corridor ont été menées par les techniciens et les acteurs régionaux. Le type de gouvernance tend vers la structure de gouvernance partagée avec un comité de gestion partagée par unité de gestion, un comité directeur et enfin l’organe d’orientation. Cela suppose que des études doivent être entreprises pour analyser la faisabilité de cette structure de gouvernance. Se posent alors les questions : dans quelle mesure l’ébauche de structure de gouvernance qui est proposée par ses promoteurs répond-t- elle aux attentes de toutes les parties prenantes ? Quels sont les contraintes et les atouts auxquels est confrontée cette gouvernance en particulier ? Comment alors intervenir aux limites constatées? L’hypothèse de travail sera donnée pour atteindre les objectifs assignés.

I-2- Rappels des hypothèses et objectifs Pour apporter plus de lumière sur la problématique qui se pose, l’hypothèse suivante est avancée : H: L’ébauche de structure de gouvernance répond aux attentes de toutes les parties prenantes quand une implication effective et une participation active de toutes les parties prenantes sont constatées.

3 Chapitre I: Problématique et Méthodologie

L'objectif des aires protégées est de contribuer à faciliter la conservation sur site des espèces de faune et de flore. Or ces espèces font, souvent, l'objet de prélèvement pour des besoins économiques, sociaux et culturels d'un certain nombre d'acteurs qui ne sont pas forcément impliquées dans la gestion de l'usage des ressources. La non implication de ces acteurs équivaudrait à l'exclusion de parties prenantes qui sera préjudiciable au concept même de cogestion et à la survie sur site des espèces. La participation effective et active des parties prenantes est une condition sine qua none de réussite de la conservation d'espèces. La participation effective des acteurs ne peut être concrétisée que si on arrive à comprendre et à concilier les différents intérêts des parties prenantes. Leur participation active ne peut être envisagée que si les modes de gouvernance traditionnelles des ressources naturelles sont cohérentes avec les objectifs de conservation.

L’objectif général de cette étude est d’analyser le contexte et dynamisme du mode de gouvernance aussi bien national, régional que local, de comprendre et d’analyser le type et les scénarii de gouvernance durable proposés pour le COFFAV afin d’en cerner les forces et les limites. Les objectifs spécifiques dérivant de cet objectif global sont les suivants :  Effectuer une analyse institutionnelle au niveau de toutes les parties prenantes afin de comprendre leur perception quant à la gouvernance proposée.  Clarifier les rôles et responsabilités des diverses parties prenantes (services déconcentrés, collectivités décentralisées, communautés locales, ONG…) dans le système par rapport à l’AP.  Réaliser un état des lieux des pratiques et usages locaux des ressources forestières de la zone considérée, ainsi que de déterminer les parties prenantes de la gestion du site. Cela consiste à déterminer comment les ressources sont valorisées et les différents types d’acteurs sont impliqués dans la gestion du site.  Proposer des stratégies pour asseoir une structure de gouvernance simple et appropriée permettant de concilier les intérêts des différentes parties prenantes.

I-3- Méthodologie L’approche méthodologique globale a donc consisté à voir l’effectivité de la considération des différents intérêts et la cohérence de responsabilités de chaque partie prenante avec les objectifs de conservation. La méthodologie comprend trois phases : la phase

4 Chapitre I: Problématique et Méthodologie préparatoire, la deuxième phase basée sur les enquêtes et entretiens concrétisant la descente sur terrain, et finalement la phase d’analyse et de traitements des données. Il est à noter que la réalisation des collectes de données s’est effectuée avant le régime transitoire au sein du pays, alors nos informations ne tiennent pas encore compte des changements apportés par ce régime, surtout concernant la nouvelle structure au sein de l’Administration forestière.

I-3-1- Phase préparatoire La première étape de ce travail consistait d’abord à identifier les connaissances et les théories nécessaires pour cette étude. Cela concernait des discussions et des échanges tant avec les enseignants et les encadreurs des domaines dont il est question, notamment la « Gouvernance des Aires Protégées » qui se révèle assez complexe et ambiguë par rapport au contexte environnemental malgache. Les travaux bibliographiques axés spécifiquement sur le thème se sont déroulés tout au long de l’étude.

I-3-2- Phase de collecte proprement dite La collecte d’informations et données auprès des acteurs concernés permettant de mener à bien les recherches, des méthodes plus spécifiques s’avéraient indispensables à la vérification de l’hypothèse avancée. Différentes méthodes d’enquête ont été adoptées pour collecter les informations nécessaires notamment l’entretien structuré et l’entretien semi- structuré. L’adoption de chaque technique d’enquête spécifique était fonction des types de personnes à enquêter.

A- Entretien Pour des études qualitatives, la méthode la plus indiquée est l’entretien. L’entretien est un véritable échange au cours duquel l’interlocuteur du chercheur exprime ses perceptions d’un évènement ou d’une situation, ses interprétations ou ses expériences, tandis que, par ses questions ouvertes et ses réactions, le chercheur facilite cette expression (Blanchet, 1985 in Maminirina, 2006). Les moyens des entretiens peuvent varier selon les types de personnes à enquêter. Pour notre étude, deux types d’entretien ont été choisis pour collecter les informations, en l’occurrence l’entretien structuré et l’entretien semi-structuré.

5 Chapitre I: Problématique et Méthodologie

 Entretien structuré Pour ce type d’entretien, il s’agit de poser directement les questions essentielles et pertinentes après une brève mais intelligente entrée en matière. C’est une enquête directive se rapportant à une liste de questions clés déterminées à l’avance. Les personnes cibles sont constituées par les responsables locaux, régionaux et nationaux tant au niveau de l`AP, de l’organisme d’appui qu’au niveau des autorités locales. En général, les entretiens ont fourni des informations sur la perception des parties par rapport à la mise en place et la gouvernance de la NAP, leurs attentes et leurs rôles par rapport à la gestion des ressources naturelles, et la situation actuelle de la NAP COFFAV.

 Entretien semi-structuré Cette interview semi-directive concerne principalement les responsables au niveau des leaders d’opinions appartenant aux comités locaux de conservation et d’autres éventuelles associations, mais aussi au niveau des simples villageois du COFFAV. L’interview est basée sur l’utilisation d’un guide d’entretien (Cf. Annexe 1) préalablement établi. Ainsi, toutes les grandes lignes de l’entretien figurent dans ce guide, mais les résultats peuvent varier d’un enquêté à un autre sachant que plusieurs questions peuvent apparaître après chaque réponse de l’enquêté. En effet, « loin d’être simplement conçu pour obtenir de bonnes réponses, un entretien doit aussi permettre de formuler de nouvelles questions ou d’anciennes questions » (De Sardan, 1995 in Rakotozafiarison, 2008). Pour les villageois, il est clair que des interviews sous forme de discussion informelle sont plus conformes. Toujours basées sur un guide d’entretien, ces conversations sont menées avec des groupes de paysans réunis dans le but de se familiariser avec eux, de pouvoir gagner leur confiance et la véracité de leur témoignage, et de recueillir ainsi des données de base. Les personnes concernées ont été les autorités locales comme le chef fokontany, le président de VOI, les membres des associations… Les résultats de l’entretien ont surtout renseigné sur l’identité des acteurs, leurs implications dans la gestion de l’AP, leurs rapports avec les services techniques et les règles d’utilisations locales des ressources.

B- Les personnes enquêtées Etant donné que le travail consistait à étudier le contexte et le dynamisme du mode de gouvernance actuel aussi bien national, régional que local de la NAP COFFAV, la collecte

6 Chapitre I: Problématique et Méthodologie des données s’effectuait auprès des acteurs se trouvant aux différents échelons spatiaux du corridor.

 Au niveau national et régional Les responsables du SAPM au sein du MEFT à savoir le Directeur du SAPM et ses chefs de service, le Chef de Région et ses collaborateurs notamment les Régions et Amoron’i Mania, les chefs et leurs districts, les ONG travaillant dans la Région sur la conservation de la biodiversité et le développement rural. Les différentes parties prenantes du COFFAV enquêtées sont les suivantes : le responsable du SAPM, les chefs de région, certains chefs de district et de cantonnement des forêts, le Comité Multi local de Planification ou CMP, les Directeurs Régionaux de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme ou DREFT, les organismes de conservation et de développement tels que la Conservation International ou CI, le Programme Eco régional Initiatives ou ERI, le Reggio Terzo Mondo, Ny tanintsika.

 Au niveau local : Les maires et leurs communes, les présidents et leur fokontany, les doyens, les VOI et les différentes associations locales. Trois communes rurales (CR) ont été choisies pour obtenir les informations au niveau local. Il s’agit en premier lieu de la CR d’Ambohimahamasina dans la Région Haute Matsiatra par le fait qu’elle est potentiellement un site touristique et que les consultations locales effectuées dans cette CR sont anciennes. Et en second lieu, la CR d’Androy dans la Région Haute Matsiatra qui est choisie à cause de sa localisation à proximité du Parc National de Ranomafana qui nous a permis de voir les alternatives entreprises par Madagascar National Parks (MNP) et les VOI pour la gestion du PN de Ranomafana. Et en dernier lieu, la CR d’Antoetra dans le district d’Ambositra dans la Région Amoron’i Mania qui a une population très dépendante de la forêt, et où les consultations locales n’ont pas encore été réalisées.

En effet, lors des entretiens effectués avec ces personnes, les discussions ont surtout porté sur la création, la gestion et la gouvernance de la NAP (leurs perceptions, implications et participations), les responsabilités des entités et leurs attentes par rapport à la NAP.

7 Chapitre I: Problématique et Méthodologie

Tableau 1 : Récapitulatif des personnes interviewées et du nombre des entretiens Entretiens structurés Entretiens semi-structurés Responsables de DSAP : 3 Autorités locales Commune : 5 l’Administration DREFT : 2 Fokontany: 5 forestière Services des forêts : 3 COBA : 6 Responsables CTD Région : 4 Communautés locales Simple villageois : 11 District : 3 Membres associations : 13 Responsables ONG Ny Tanintsika, CI, ERI, RTM : 6 TOTAL 21 TOTAL 40

I-3-3- Analyse et interprétations des données

Les données recueillies dans les documents, de forme littéraire, sont des données textuelles basées sur des concepts, des terminologies et définitions qui servent à préciser la compréhension de l’étude. Aussi, elles n’ont pas été sujettes à des traitements particuliers à part le filtrage et la synthèse des données utiles à l’analyse des résultats. De ce fait, une synthèse de documents, c’est-à-dire des références bibliographiques et webiographiques, a été effectuée pour avoir une grande partie de la présentation du COFFAV et des généralités sur la gouvernance des Aires Protégées. Par ailleurs, l’analyse de contenus qui accompagne toujours les entretiens a permis d’expliciter les informations obtenues. Les informations qualitatives issues des entretiens ont été alors regroupées et saisies afin de faciliter leur exploitation, cela a permis de comprendre les différents intérêts des différents acteurs de la gouvernance de la NAP COFFAV. Cette analyse comprenait aussi l’analyse de la gouvernance de la NAP où l’on a confronté les différents intérêts et enjeux de la gouvernance proposée du COFFAV par rapport aux cadres et références existants ou potentiels comme le COAP. En tenant compte des informations et données issues des premières étapes, on a ensuite essayé d’identifier et de proposer des stratégies pour aider à asseoir une gouvernance de l’AP qui puisse respecter les principes. En somme, c’était une approche multi-acteurs et multi-niveaux, privilégiant les niveaux et parties prenantes les plus impliquées dans l’opérationnalisation du schéma de gouvernance (acteurs locaux+++, régionaux++, nationaux).

8 Chapitre I: Problématique et Méthodologie

I-3-4- Difficultés et limites du travail D’abord, le concept de gouvernance demeure très vague pour la majorité de la population. A cela s’ajoutent les structures et mécanismes non encore clairement établis. Ceci étant, l’analyse de l’efficacité de la gouvernance est encore aléatoire car le concept lui-même n’est pas compris par les communautés locales. Les acteurs, notamment les communautés locales s’égarent parfois à propos de la gouvernance. Ils le sont encore plus lorsqu’il s’agit de Gouvernance partagée, un concept encore mal assimilé par ces acteurs. Il a fallu des explications et des éclaircissements tant à propos de la Gouvernance qu’à propos de la gouvernance partagée. Puis, un autre problème se situe au niveau des zones ayant déjà fait l’objet d’enquêtes innombrables. Les interlocuteurs tendent à répondre évasivement, c’est-à-dire que les réponses qu’ils donnent s’éloignent de la réalité. On a pu constater une certaine lassitude quand les mêmes questions que celles des autres enquêteurs ont été posées. Cela s’est principalement produit dans les communes rurales d’Androy et d’Ambohimahamasina. En outre, la principale limite scientifique de ce mémoire réside dans la fiabilité des affirmations. Il faut dire que lors des enquêtes, il a été assez difficile d’avoir un échantillonnage respectant la représentativité exigée en statistique vu la grandeur du site. Quelques représentants des acteurs de chaque niveau oeuvrant dans le COFFAV seulement ont été consultés (40% des Chefs de Région et des responsables de l’Administration forestière, 8% des Maires et des communautés locales, et 50% des organismes d’appui et de développement). Enfin, les enquêtes ont été réalisées dans des zones très éloignées de la capitale. Ce qui a rendu la communication difficile. La majorité des personnes enquêtées parlaient un dialecte propre à leur région. Il a fallu parfois recourir aux gestes et descriptions imagées pour comprendre les réponses.

9 Chapitre I: Problématique et Méthodologie

Figure 1 : Résumé de la démarche méthodologique

Formulation de la problématique, des hypothèses et des objectifs

B Phase de collecte de données auprès des différentes parties prenantes: I Approche multi-acteurs et multi-niveaux B L Entretiens structurés I Entretiens semi structurés O G Synthèse des données de base: R - Concept, Mesures de Gouvernance A - La NAP COFFAV P H - Les parties prenantes I Analyse des données: Faisabilité de E structure de cogestion

Travaux de rédaction

10 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée - COFFAV

RESULTATS ET INTERPRETATIONS

Chapitre II : LA NOUVELLE AIRE PROTEGEE CORRIDOR FORESTIER FANDRIANA-VONDROZO (NAP - COFFAV)

Cette première partie des résultats présentera les généralités concernant la Nouvelle Aire Protégée étudiée. Les éléments suivants sont alors donnés ci-après : le cadre physique et biologique, le cadre socioéconomique, le cadre institutionnel et juridique, et le processus de la création de la NAP COFFAV.

II-1- Cadre physique et biologique

II-1-1- Localisation et superficie Le COFFAV se trouve dans la partie centre – Est de Madagascar, il s’étend entre les latitudes S 20°01’’14,26’ et S 23°10’’7,86’; et les longitudes E 46°37’’28,74’ et E 47°53’’02,9’. Le corridor est une bande forestière de formation primaire peu ou pas dégradée d’une longueur d’environ 200 km et d’une largeur variant entre 5 à 20 km. D’une superficie d'environ 500,000 ha, le COFFAV couvre cinq Régions : Haute Matsiatra, Amoron’i Mania, Vatovavy Fitovinany, Ihorombe et Atsimo Atsinanana, 11 districts et 66 communes, et constitue l’une des plus grandes aires protégées à Madagascar (Cf. Figure 3).

II-1-2- Relief et climat Le corridor forestier fait partie de l’écorégion de basse, moyenne et haute altitude qui longe la partie Est de Madagascar. Le climat du corridor est caractérisé par un climat tropical d’altitude au Nord et par un climat tropical de basse altitude au Sud. Le climat est plus frais et humide à l’Est et au Nord, chaud et relativement sec à l’Ouest et au Sud. Au centre, le corridor est caractérisé par la présence d’une falaise ou escarpement qui divise la partie forestière en deux zones bien distinctes : le côté Est où la pluviométrie est très élevée (plus de 3000 mm) dans une zone très montagneuse. Sur le côté Ouest, la pluviométrie est inférieure à 2000 mm et la zone Est moins accidentée.

11 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée - COFFAV

II-1-3- Pédologie La pédologie se présente en différents types de sols pour ce corridor : le sol est composé de sols ferralitiques sur le versant oriental, la formation dominante est constituée de sols ferralitiques jaunes/rouges ou rouges (et éventuellement faiblement ferralitiques et ferrisols). Sur le versant occidental, on rencontre soit des sols ferralitiques dégradés, soit des sols ferrugineux tropicaux, associés ou non avec des sols peu évolués, soit de sols faiblement ferralitiques et ferrisols. Et dans la partie Sud, il y a l’existence des sols ferrugineux tropicaux, des îlots d’associations de sols ferralitiques rouges et jaunes /rouges et des sols faiblement ferralitiques, ainsi que des sols noirs riches en éléments nutritifs lesquels permettent de développer les cultures vivrières et les produits de rente dans la région du Sud-Est.

II-1-4- Faune Ce corridor constitue l’habitat pour les espèces animales pouvant être utilisées comme caractéristiques des régions concernées. Il abrite 44 des 162 espèces de mammifères (soit 27%) connues à Madagascar et des espèces d’intérêt particulier dont la distribution est restreinte ou qui sont des espèces endémiques régionales ou encore menacées telles que Hapalemur simus, Hapalemur aureus, Eulemur fulvus albocollaris, Mantella bernhardi, Matoatoa spanrinngi. On y rencontre également un nombre très important d’espèces d’oiseaux, d’amphibiens et de reptiles. Et dans les zones humides, il y des espèces endémiques menacées comme les écrevisses et les amphibiens.

Tableau 2 : Récapitulatif de la richesse floristique du COFFAV Classe Nombre de taxa Ptéridophytes 230 Monocotylédones 75 Dicotylédones 579 Nombre total de taxa 884 Source : Dossier de création de la nouvelle Aire Protégée Fandriana-Vondrozo in Durbin et al, 2007.

12 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée - COFFAV

Hapalemur simus Hapalemur aureus

Sarothrura watersi Mantella bernhardi Figure 2 : Exemples de faune du corridor Source: http://www.parcs-madagascar.com

II-1-5- Flore Le site compte plusieurs habitats tels que les forêts humides de basse, moyenne et haute altitude, les forêts sclérophylles et les zones humides. La flore est riche en espèces endémiques, c’est le cas des orchidées dont plus d’une trentaine d’espèces ont été inventoriées dont Bulbophyllum hamelinii, Eulophiella roempleriana. La végétation est variée et étagée, allant d’une forêt humide de basse altitude : à 800m arbres de 25 à 30m comme le Canarium madagascariensis, Sloanea rhodantea ; ensuite à partir de 1200m, Podocarpus madagascariensis dans une forêt humide de montagne puis à 1600m, une forêt sclérophylle de montagne dominée par les brumes et nuages, ce qui entraîne la formation d’une canopée végétale basse de 5 à 10m. Dans les zones humides, on assiste à la présence de Pandanus et Cyperus dans les marais (Alliance Ecorégionale USAID, 2005). Les rochers sont

13 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée - COFFAV couverts de mousse et de lichens, de végétations herbacées et ligneuses. Le Corridor est également marqué par sa richesse en ressources telles que les bois de construction (cas de Kinangala, fontsy..) et de chauffage; les bambous (33 espèces dont 32 endémiques), les essences de bois précieux (palissandre et bois de rose) ainsi que les plantes médicinales.

Tableau 3 : Récapitulatif de la richesse faunistique du COFFAV Division Nombre de taxa Mammifères 44 Oiseaux 100 Reptiles 61 Amphibiens 98 Crustacés 4 Poissons 14 Lépidoptères 55 Total 376 Source : Dossier de création de la nouvelle Aire Protégée Fandriana-Vondrozo in Durbin et al, 2007.

Figure 3 : Forêt du côté Betsileo et lisière de la forêt d’Ikongo côté Tanala Source : ERI, 2005

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Figure 4 : Carte de localisation de la NAP COFFAV Source : LABO SIG ESSA Forêts, 2009

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Figure 5 : Carte de la NAP COFFAV

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II-2- Cadre socioéconomique Cette partie fait état de la population occupant le corridor avec ses activités. Seront présentées dans ce paragraphe la communauté locale, l’organisation sociale, et les activités économiques effectuées au sein du corridor.

II-2-1- Communautés locales La diversité des peuples habitant autour et dans le corridor est tout aussi complexe que son écologie. Les siècles de migration ont abouti à un amalgame riche de populations et de communautés d’origines différentes. Betsileo, Tanala et Bara sont les principales ethnies constituant les communautés locales du corridor. Celles rattachées à Fianarantsoa II ou dans le versant Ouest sont majoritairement peuplées de Betsileo, celles relevant des districts d’Ifanadiana et d’Ikongo c’est-à-dire dans le versant Est de Tanala et celles d’Ivohibe (ou le versant Sud) de Bara et certaines communes enregistrent une grande diversité en termes d’homogénéité ethnique (CMP et al, 2002). D’après les données issues des plans communaux de développement ou des monographies des communes en 2007, le corridor compte environ 600 000 habitants dont la densité varie entre 30 et 115 habitants par km2. La zone la plus densément peuplée se situe dans la partie centrale du corridor, aussi bien dans le versant oriental que le versant occidental. La densité de la population atteste une baisse progressive en allant vers le Sud où prédominent essentiellement les Betsileo et les Bara (Haonasoa, 2008).

II-2-2- Organisation sociale Comme dans toute société rurale malgache, deux structures de pouvoir coexistent au niveau local : la structure administrative et la structure traditionnelle. Ces deux structures de pouvoir jouent un rôle prépondérant dans le processus actuel d’intégration du Corridor au sein du SAPM.

A- Organisation traditionnelle L’organisation est spécifique pour chaque ethnie occupant le corridor. . Betsileo (sur le versant Ouest) L’organisation sociale des Betsileo est fondée sur l’appartenance clanique. Chaque clan ou « Fanahia » a son chef : le « Toteny » ou encore le « Mpandidy » qui est l’homme le

17 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée COFFAV plus âgé de la lignée paternelle. Le To-teny est responsable du « saotra » lors de la cérémonie religieuse faite dans le terroir de son clan. Il intervient aussi dans le règlement des différends entre membres, surtout ceux qui relèvent d’un conflit foncier. Le To-teny est informé quand des migrants s’installent dans le terroir du clan ou de la forêt ou quand il y a départ. Outre les Fanahia, la société betsileo est subdivisée en deux classes : - Les Raiaman-dreny qui prennent les décisions sur les activités villageoises et assurent l’hospitalité des hôtes lors des évènements sociaux. - Les Mahery regroupant les jeunes de plus de 16 ans. Ils assurent la réalisation des tâches courantes lors des évènements sociaux : information des proches lors d’un décès, organisation des accueils... L’entraide est une pratique courante dans la communauté Betsileo. Les grands travaux rizicoles : labour, piétinage, … font l’objet de recours au Haogna. Celui qui fait appel à une entraide doit honorer ses hôtes en leur servant un mets copieux (viande, haricot) et du « Toaka gasy ». A la récolte, on offre une partie de la récolte à titre de « Tamby ». Par contre celui qui n’est pas convié à une entraide doit se sentir exclu de la communauté (CMP et al, 2002). . Population Tanala (sur le versant Est) La société Tanala est une société fortement hiérarchisée. Les Tanala se regroupent autour d’un « tranobe » qui est l’ensemble de plusieurs familles issues d’un ancêtre commun : · L’ Ampanjaka habite dans le tranobe, jouit de la mise en valeur des terres. Il a le dernier mot sur tous les conflits sociaux. Le pouvoir de décision de l’Ampanjaka est absolu. · Les Anakandria sont les portes paroles du Fokonolona devant le roi. L’élection d’un Ankandria se fait au sein de sa communauté · Le vavatany est le porte parole des Anakandria. Il joue le rôle de porte parole de l’Ampanjaka et de son conseiller. · Le Raiaman-dreny a pour charge de siéger sur les incidents qui portent atteinte au bon fonctionnement de l’ordre social. · Le Fokonolona est constitué de la masse (CMP et al, 2002). . Bara (sur le versant Sud) La structuration de la communauté est type lignagère. Le lignage et le village apparaissent comme des éléments définissant l’organisation du groupe Bara. La structuration de la société Bara se présente comme suit : 1. L’Ampanjaka a comme attribution de gérer les relations entre les différents lignages. Son autorité sur les personnes et les patrimoines du groupe ethnique n’est que théorique. Le pouvoir de l’Ampanjaka est symbolique.

18 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée COFFAV

2. Les « Tohano » et les « Maindrano » sont les conseillers de l’Ampanjaka. Ils n’ont aucune influence sur le fonctionnement de la communauté. 3. Le Lonaka est l’aîné de la branche aînée du lignage. Il définit les règles d’accès sur un espace donné et répartit les tâches à effectuer sur un espace. Il est le garant du bon fonctionnement de la communauté. Son pouvoir s’exerce au travers des activités rituelles et religieuses. 4. Les Raiaman-dreny sont les chefs des grandes familles. Ils assistent les lonaka en cas de différends entre les membres. Chaque Ray aman-dreny est responsable des terres de la famille. 5. Le Fokonolona est l’assemblée villageoise au sein de laquelle sont prises les décisions concernant la vie de la communauté. Ses attributions relèvent de la justice pour le règlement de conflit et de l’organisation des travaux agricoles sous forme d’entraide (CMP et al, 2002).

B- Organisation administrative L’observation effectuée dans les communes rurales d’Ambohimahamasina et d’Androy pendant une semaine a permis de comprendre l'organisation administrative, à cette observation s’ajoutent des données issues de documentation. Actuellement, chaque commune rurale du corridor est subdivisée en plusieurs fokontany, regroupant eux-mêmes plusieurs villages. Le Maire et le Président du fokontany représentent respectivement la structure administrative au niveau local (Commune et Fokontany). Les Maires ayant participé aux différents ateliers d’information du Système d’Aires Protégées Malagasy (SAPM) sont/seront les principaux acteurs pour la phase de sensibilisation et de négociation du processus (Durbin et al, 2007). Chaque village est subdivisé en plusieurs hameaux. Des chefs de quartiers s’occupent directement de chaque hameau d’un village. Dans certains villages, les communautés s’érigent en association légale connue sous l’appellation de Communauté de Base (COBA) pour la gestion des ressources naturelles. Les autorités traditionnelles (Ampanjaka, Raiaman-dreny) détiennent un rôle important dans toute prise de décision de la vie socio-économique et culturelle de la communauté.

II-2-3- Les facteurs socio culturels La forêt a toujours occupé une place importante dans la culture et la tradition coutumière de ces populations. Aussi bien pour les Betsileo que pour les Tanala, la forêt est

19 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée COFFAV un espace sacré qui abrite le tombeau et l’esprit des ancêtres. Dans certaines zones, l’accès à la forêt pour les étrangers nécessite la bénédiction des Ampanjaka ou des Ray amandreny et impose le respect de certains interdits. Dans le pays Betsileo, l’espace forestier est réparti entre les Fagnahia, un ou plusieurs groupes de descendants d’un même ancêtre. Ce partage a toujours été respecté par les communautés Betsileo, sous peine de conflit entre les deux fagnahia antagonistes (Cas de Vinanitelo). L’importance du corridor forestier est si grande pour les Tanala et les Betsileo que les limites du territoire ont été concrétisées par des signes visibles (« Tavoahangy fotsy », des grandes stèles…). Actuellement, des signes d’affaiblissement de cette autorité du pouvoir traditionnel se font de plus en plus sentir, et qui se manifestent par l’occupation de plus en plus poussée à l’intérieur de la forêt et le non- respect des limites traditionnelles telles qu’elles sont définies au temps des ancêtres (cas d’Ambohimahamasina, Vinanitelo et ) (Haonasoa, 2008).

II-2-4- Les activités économiques Les forêts du corridor sont une composante vitale de l’économie locale. Elles apportent de nombreuses ressources pour la population : bois de construction et de chauffe, bambous, pandanus, plantes médicinales, zones de renouvellement et d’extension des parcelles agricoles (à travers la dynamique de la culture sur brûlis – régénération forestière et la conquête des bas fonds) les produits de cueillette (écrevisses, anguilles, miel, ignames sauvages…). Pour les zones périphériques, la diversité des conditions géographiques sur le côté Est et Ouest du corridor influe sur les activités économiques de la population. Dans la partie Betsileo, les vallées sont plus larges et mieux adaptées à la culture de riz irriguée et en terrasse, principales activités des paysans Betsileo. Les bordures et même l’intérieur du corridor sont utilisés comme pâturages par les riverains. Les Betsileo avancent dans le corridor pour rechercher des bas-fonds non exploités dans le but d’aménager et d’étendre leurs parcelles rizicoles. Les forêts de bordures sont exploitées pour des champs de cultures vivrières en saison ou contre saison. Le recensement au niveau des 13 communes a permis d’identifier 992 personnes qui occupent des terres dans la forêt (Haonasoa, 2008). Dans la partie Tanala, le climat est beaucoup plus pluvieux et les vallées sont étroites. Les activités prédominantes sont les cultures de rentes, principalement le café et l’arboriculture associées à des cultures sur brûlis. L’exiguïté des vallées ne favorise pas l’extension de la riziculture. En revanche, la culture de riz sur brûlis trouve son domaine de prédilection sur ces terrains forestiers bien fertiles et ensoleillés. Le tavy est aussi pratiqué.

20 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée COFFAV

De tous temps, les échanges entre Tanala et Betsileo ont toujours été entretenus autour du riz et du café. D’autres produits viennent s’ajouter à ces flux, entre autre le tabac, le rhum local, le porc et même le zébu. Dans d’autres domaines, le corridor a également attiré les exploitants forestiers et miniers grâce à ces ressources innombrables en bois d’œuvre et en gisements miniers (fer, or, corindon, émeraude, cristal…). D’après les informations reçues au niveau du bureau de cadastre minier de Fianarantsoa, 58 permis totalisant 4265 carrés miniers ont été délivrés et qui touchent le corridor forestier. La majorité de ces permis sont des permis réservés aux petits exploitants (PRE) ou des permis de recherches (Haonasoa, 2008). Certains de ces permis se superposent à la NAP, cette superposition touche différentes zones de l’AP, mais la majeure partie se situe au niveau de la zone potentielle de conservation. Les activités écotouristiques ne sont pas en reste avec la présence des deux parcs nationaux (Ranomafana et Andringitra) et le développement incessant des tourismes communautaires et solidaires le long de certains axes (chemin de fer Fianarantsoa Côte Est - FCE) et des sites à fort potentiel d’attraction (Ambohimahamasina…).

II-3- COFFAV et Cadre institutionnel et juridique de la gouvernance des AP à Madagascar Comme toutes les AP à Madagascar, le COFFAV est compris dans le réseau du SAPM et il est régi par le COAP ou Code de gestion des Aires Protégées de Madagascar.

 Le SAPM Le Système d’Aires Protégées de Madagascar (SAPM) est conçu pour mettre en œuvre la Vision Durban en 2003 qui consiste à porter la surface des aires protégées de 1,7 million d’hectares à 6 millions d’hectares, conformément aux catégories des aires protégées de l’IUCN (MAP, 2007). Par définition, SAPM est un ensemble représentatif qui comprend tous les habitats majeurs du pays, des habitats assez larges capables de soutenir des populations viables de flore et de faune. Aussi, le système comprend des habitats bien connectés pour permettre les échanges génétiques nécessaires à la stabilité des espèces. Le SAPM comprend trois grands objectifs comme la conservation de l’ensemble de la biodiversité unique de Madagascar et du patrimoine culturel malgache ainsi que le maintien des services écologiques pour l’utilisation durable des ressources naturelles. Ces objectifs ont pour finalité la réduction de la pauvreté et de développement durable.

21 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée COFFAV

Il faut rappeler que le cadre du SAPM a été approuvé en conseil des ministres conformément au décret n° 2005/848 du 13 décembre 2005 appliquant l’article 2 alinéa 2 de la loi 2001/15 portant Code des Aires Protégées (COAP).

 La nouvelle loi COAP

Toutes les aires protégées à Madagascar sont régies par la Loi Nº 2001/05 du 11 février 2003 portant Code de Gestion des Aires Protégées (COAP) et ses décrets d’application (Décret Nº 2005-013 du 11 janvier 2005 et Décret Nº 2005-848 du 13 décembre 2005). En octobre 2008, ce COAP faisait l’objet de projet de loi n°028/2008 portant refonte du Code de Gestion des Aires protégées et a été soumis à l’Assemblée Nationale. A cet effet, cette loi énonce les nouveaux statuts d’AP à Madagascar.

Le COAP définit une AP comme un territoire délimité, terrestre, marin, côtier, aquatique dont les composantes présentent une valeur particulière notamment biologique, naturelle, esthétique, morphologique, historique, archéologique, cultuelle ou culturelle, et qui nécessite, dans l’intérêt général, une préservation multiforme ; elle est gérée en vue de la protection et du maintien de la diversité biologique, de la conservation des valeurs particulières du patrimoine naturel et culturel et de l’utilisation durable des ressources naturelles contribuant à la réduction de la pauvreté. Et une Aire protégée est classée en fonction de sa vocation et des objectifs de gestion selon les statuts auxquels elle appartient.

Se référant aux catégories d’AP de l’IUCN (Cf. Annexe 3) et compte tenu de la biodiversité existante, six types d’aire protégée ont été préconisés par le COAP ; il s’agit de: I- Réserve Naturelle Intégrale (RNI) II- Parc National (PN) et Parc Naturel (PNAT) III- Réserve Spéciale (RS) IV- Monument Naturel (MONAT), V- Paysage Harmonieux Protégé (PHP), VI- Réserve de Ressources Naturelles (RRN).

Concernant le cas du COFFAV, c’est un corridor forestier de Catégorie VI : Réserve de ressources naturelles c’est-à-dire une aire gérée principalement à des fins d’utilisation durable des écosystèmes naturels (Cf. Annexe 4). A ce titre, le tiers au plus de sa superficie totale est affecté à des activités d’utilisation durable des ressources naturelles.

22 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée COFFAV

De ce fait, elle vise à : (i) assurer la protection et le maintien à long terme de la diversité biologique et des autres valeurs naturelles du site, (ii) à protéger les ressources naturelles contre toutes formes d’utilisation susceptibles de porter préjudice à la diversité biologique et (iii) à utiliser les ressources naturelles renouvelables dans l’intérêt de la population locale. Pour cela, toute forme d’utilisation du feu et tout défrichement sauf ceux décidés conformément aux objectifs de gestion, sont interdits sur toute l’étendue d’une Réserve de Ressources Naturelles. De plus, les prélèvements de ressources naturelles selon les prescriptions du plan d’aménagement et de gestion qui intègrent les règles traditionnelles de gestion et celles de la gestion durable, sont règlementés dans cette AP.

II-4- Processus de création de la NAP COFFAV Etant une AP en cours de création, le COFFAV requiert plusieurs procédés jusqu’à l’obtention de son statut définitif. La première étape déjà franchie a consistée à la mise en protection temporaire du site selon l’arrêté interministériel n°16 071-2006/ MINENVEF/MEM. Et actuellement, les travaux pour l’obtention du statut définitif sont en cours.

II-4-1- Etape préliminaire de protection : Arrêté de protection temporaire En 2004, la délimitation de ce corridor concernait encore Ranomafana-Andringitra- Ivohibe. Conformément à l’arrêté interministériel n° 19560/2004 entre le MEFT et celui des mines, cette AP est un site de conservation, c’est-à-dire l’octroi de permis minier et de permis forestier dans les zones réservées comme "sites de conservation" est suspendu. Puis depuis la Vision Durban, suite à la proposition de plusieurs scénarii, le corridor défini finalement est le COFFAV et figure parmi les Nouvelles AP du SAPM. A cet effet, un arrêté ministériel portant mise en protection temporaire a été établi pour déclarer chaque aire protégée nouvellement créée. Ainsi, le COFFAV est doté d’une protection temporaire (n°16 071-2006/ MINENVEF/MEM) depuis le 15 septembre 2006 (Cf. Annexe 9). Ce statut vise à donner une large publicité sur l’initiative de création d’une Aire Protégée, à confirmer l’existence d’une diversité biologique à conserver et du caractère représentatif du site et à y limiter le risque d’augmentation de la pression anthropique et des dégradations naturelles jusqu’à la création proprement dite de l’aire protégée. La protection temporaire est prononcée pour une période d’un (1) an renouvelable une fois. Le décret de création de l’Aire Protégée

23 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée COFFAV concernée devra intervenir avant la fin de cette période. Cependant, compte tenu des diverses contraintes en termes de temps et de ressources (humaines et financières), l’arrêté de protection temporaire a expiré en 2008 alors que les travaux n’ont pas encore abouti jusqu’à la fin. Comme plusieurs sites se trouvent dans la même situation que le COFFAV, afin d’assurer la protection des NAP actuelles, un nouvel arrêté interministériel N°18633/ 2008 / MEFT/ MEM a été sorti pour que les sites des NAP en cours de création et les sites jugés comme prioritaires pour la Préservation de la Biodiversité, ainsi que pour la Gestion Durable Forestière bénéficient de la protection temporaire jusqu’à la publication du décret de classement en Aire protégée. Ainsi, le COFFAV figure parmi les AP régies par ce nouvel arrêté (Cf. Annexe 10).

II-4-2- Travaux pour l’obtention du statut définitif Différentes actions ont été déjà réalisées et sont encore à mener pour la mise en place définitive de la NAP, c’est-à-dire jusqu’à l’obtention de son statut définitif de la NAP.

 Consultations publiques Les populations concernées par l’initiative de création de l’AP sont consultées pour que le plan d’aménagement et de gestion prenne leurs intérêts en compte. Cela consiste à mener une réunion informative et argumentaire, discussions sur les enjeux ou préoccupations et les options auprès des populations concernées surtout les personnes vulnérables et affectées par l’initiative de création de l’aire protégée pour que les plans d’aménagement et de gestion prennent leurs intérêts en compte. Cette consultation s’adresse tout d’abord aux représentants des communes (conseils communaux et / ou maires), aux autorités régionales et aux services techniques déconcentrés. Si elle est positive, un procès-verbal recueillera l’engagement de ces responsables à soutenir la création de l’aire protégée et à laisser poursuivre le processus par la consultation de la population au niveau des communautés de base, des villages et des hameaux. Le promoteur doit poursuivre le processus par des consultations et négociations au niveau des Communes, villages et hameaux tout en tenant compte de l’aspect foncier et du droit coutumier pour arriver aux délimitations et plan d’aménagement définitif. La consultation doit être menée selon une vision d’aménagement de territoire de manière à concilier la conservation de l’aire protégée avec le développement socio-économique de la zone concernée. Jusqu’à maintenant 50 sur les 66 communes ont déjà été consultées, et les communes restantes dans la Région d’Amoron’i Mania sont encore à consulter en 2009.

24 Chapitre II : La Nouvelle Aire Protégée COFFAV

 Elaboration du Plan d’aménagement et de Gestion (PAG)

Selon l’organisation du secrétariat technique (ensemble des techniciens et acteurs travaillant pour la mise en place du COFFAV siégeant à Fianarantsoa) de la NAP COFFAV, il existe deux types de PAG à élaborer : PAG détaillé par secteur et PAG global d’aménagement pour tout le corridor. Le Schéma et plan d’aménagement doivent comprendre un plan de zonage. Le plan de zonage comprend une description de chaque zone : les noyaux durs et les zones tampons (zones de services, ZUC et ZOC). Il délimite aussi les zones potentielles de développement dans les terroirs en dehors de l’aire protégée comme les bas- fonds, vallées. Le plan d’aménagement définitif précise donc le zonage, les règles et objectifs de gestion, les types de gouvernance, et les responsabilités des futurs gestionnaires. Dans la mesure du possible, la délimitation de la NAP et le zonage de gestion doivent être faits de façon à éviter le plus possible les restrictions des droits d’accès acquis par la population riveraine. Le canevas est actuellement disponible pour ce corridor.

 Elaboration du Plan de gestion environnementale et de sauvegarde sociale (PGESS) L’élaboration du PGESS est intégrée dans la phase de création et est imposée par la Banque Mondiale qui est le bailleur pour la création de ce corridor. Cette phase étudie l’impact des AP, fournit de plus amples précisions sur les enjeux ou préoccupations, les impacts et les mesures identifiées lors de la partie préliminaire, et elle doit être approfondie avec la participation des parties prenantes dans la phase de création. Ce PGESS fait office de Cahier des Charges Environnementales (CCE), partie intégrante du Permis Environnemental délivré par l’Office National pour l’Environnement. Ce plan est encore en cours de réalisation par des consultants mandatés avec l’appui de la Banque mondiale.

 Mise en place de la structure de Gouvernance du site Comme il sera présenté plus loin, l’élaboration du schéma de gouvernance a fait l’objet de divers travaux et concertations. Ce schéma de gouvernance reste encore à affiner, afin d’aboutir à une structure de gouvernance souple, flexible et moins coûteuse.

25 Chapitre III : Concept, Mesures de Gouvernance des AP

Chapitre III : CONCEPT DE GOUVERNANCE DES AIRES PROTEGEES ET MESURES DE GOUVERNANCE

Afin de bien cerner l’étude, les données issues des synthèses bibliographiques concernant la gouvernance des AP seront données ci-après avant d’analyser les données obtenues après les enquêtes.

III-1- Le concept de Gouvernance des Aires Protégées L’origine étymologique et historique de la gouvernance est le mot gouverner qui signifie exercer le pouvoir politique. Elle désigne le siège du gouverneur d’une région et/ou l’ensemble des services administratifs placés immédiatement sous son autorité (Ravaoarilala, 2002 in Rasolofoniaina, 2005). La « gouvernance des Aires Protégées » n’est pas un concept nouveau dans le domaine de la conservation, mais n’a été mise en avant que récemment, en particulier à Madagascar, qui ne l’a « découvert » que dans le cadre de la mise en place du SAPM, suite au Congrès de Durban en 2003. La Gouvernance est une question de pouvoir, de relation, de responsabilité et d’imputabilité. Certains la définissent comme « les interactions entre les structures, les processus et les traditions qui déterminent comment le pouvoir est exercé, les décisions sur les questions intéressant le public sont prises, et comment les citoyens et autres parties prenantes y participent » (Borrini-Feyerabend et al, 2004). Il s’agit donc à la fois de pouvoir, de relation et de responsabilité. Le type de gouvernance adopté définit les cadres de gestion appropriée d’une aire protégée. De ce fait, la gouvernance a une forte influence sur la réalisation des objectifs de gestion et sur la pérennité des ressources naturelles (Rakotondrazafy, 2007). Cette étude s’intéresse surtout aux parties prenantes impliquées dans la gestion de l’AP, leurs responsabilités dans la gestion et la relation entre ces intervenants et la conservation. Diverses options de gouvernance sont applicables à Madagascar.

III-2- Types de gouvernance pour les Aires Protégées Une distinction principale entre les types de gouvernance peut être faite sur la base de celui qui détient l’autorité de gestion et la responsabilité, et qui est tenue de rendre compte des

26 Chapitre III : Concept, Mesures de Gouvernance des AP résultats achevés par rapport aux objectifs. Ainsi, quatre types de gouvernance sont énumérés par l’IUCN, à savoir :  AP gérées par l’Etat dont la gestion est assurée par un organe gouvernemental ou par une organisation parapublique qui détient le pouvoir, l’autorité, la responsabilité et l’imputabilité.  AP cogérées qui inclut plusieurs parties, l’autorité et la responsabilité de gestion sont partagées entre la pluralité des acteurs, allant des autorités gouvernementales aux représentants des communautés locales et autochtones.  AP privées dont la gestion est assurée par les propriétaires de la terre et des ressources protégées.  AP conservées par les communautés qui sont des aires gérées directement par les communautés locales et autochtones concernées à travers une variété de forme de gouvernance ou des organisations et des règles convenues localement (Borrini- Feyerabend et al, 2004).

III-3- Les critères de bonne gouvernance L’IUCN a développé une série de principes de « bonne gouvernance » pour les AP, afin d’évaluer l’efficacité et la qualité de la gouvernance, dont :  « Légitimité et droit à l’opinion » : s’assurer de la capacité des hommes et des femmes à influencer les décisions sur la base de la liberté d’association et d’expression ;

 « Responsabilité » : attribuer la responsabilité et l’autorité de gestion aux institutions qui sont les plus près des ressources en question ;

 « Justice » : partager équitablement les coûts et les pertes causés par la conservation et fournir un système de recours à un jugement impartial en cas de conflit ;

 « Ne pas causer du tort » : s’assurer que les coûts et les bénéfices de la conservation ne « tombent » pas sur certains acteurs sociaux faibles sans aucune forme de compensation ;

 « Direction » : établir des objectifs de conservation à long terme reposant sur une appréciation des complexités écologiques, historiques, sociales et culturelles ;

 « Performance » : répondre aux besoins et soucis de toutes les parties prenantes tout en utilisant raisonnablement les ressources ;

27 Chapitre III : Concept, Mesures de Gouvernance des AP

 « Imputabilité » : avoir des lignes de responsabilités claires et assurer un flux transparent des informations sur les processus et les institutions.

Le respect de ces critères est très important par le fait que cela permettra de rendre efficace la gestion d’une AP et pourra équilibrer la conservation au développement local. Néanmoins, la concrétisation nécessite une bonne volonté de la part de toutes les parties prenantes.

III-4- Concept de gouvernance partagée des AP ou AP cogérées Les « Aires Protégées Cogérées » sont définies comme « des sites où l’autorité et la responsabilité de la gestion sont partagées entre deux acteurs au moins, par exemple entre des organismes gouvernementaux et d’autres parties prenantes, en particulier des populations autochtones et des communautés locales et mobiles qui dépendent du site pour leur identité culturelle ou pour leur moyen de subsistance ». Les Aires Protégées en Gouvernance Partagée (aussi appelée en gouvernance participative, en cogestion, ou en gestion participative, collaborative ou conjointe) sont des aires protégées désignées par le gouvernement pour lesquelles l’autorité, la responsabilité et le devoir de compte rendu sont partagés entre des agences gouvernementales et d’autres parties prenantes, en particulier les peuples autochtones et les communautés locales (sédentaires ou mobiles) qui dépendent des ressources naturelles pour leurs modes de vie et leurs identités culturelles. Autrement dit, l’agence gouvernementale au niveau national, régional ou local, qui a officiellement déclaré une aire sous protection, collabore avec d’autres unités, et en particulier les populations autochtones et locales, pour développer et mettre en œuvre des plans de gestion des ressources à protéger. En effet, le fait que les communautés locales qui ont traditionnellement possédé, occupé ou utilisé les terres et ressources dans les AP peuvent prétendre le droit coutumier et/ou juridique aux terres et ressources, sur la base d’une possession historique, d’une relation de continuité, de liens historiques ou culturels ou de dépendance directe sur ces ressources, est d’une importance cruciale (Borrini-Feyerabend et al, 2004). La cogestion est ainsi mise en place quand plusieurs parties s’adonnent à une forme de négociation autour d’un plan de gestion. Le plan de gestion fait généralement partie d’un accord plus large, comprenant des initiatives complémentaires, un règlement intérieur, des incitations et des compensations. Ces derniers sont négociés avec le plan et, souvent, font toute la différence pour certains acteurs dans la négociation. En plus de l’accord (plan de cogestion et mesures complémentaires), le processus aboutit souvent à l’établissement d’une

28 Chapitre III : Concept, Mesures de Gouvernance des AP ou plusieurs organisations de gestion multipartite, avec des mandats de conseil, de développement de propositions techniques ou carrément de prise de décision. Ces parties prenantes reconnaissent la légitimité de leurs droits respectifs, négocient, garantissent et mettent en œuvre un partage de fonctions, de droits et de responsabilités pour l’AP entière ou pour une unité de gestion à l’intérieur de l’AP ou dans sa périphérie.

Les organes pluralistes de gouvernance associés à la gouvernance partagée peuvent être de types différents : o de prise de décisions—responsables de la gestion de l’AP o consultatifs —responsables de donner des avis aux décideurs; parfois responsables de l’élaboration des propositions techniques complexes o exécutifs— responsables de l’interprétation et l’application des décisions o mixtes— chargés d’une combinaison de responsabilités (par ex., décision et avis pour des sous- zones différentes de l’AP).

La forme de gouvernance partagée est soit collaborative, soit conjointe. o Collaborative avec deux niveaux d’implication des parties prenantes : Le premier niveau consiste pour le principal responsable à informer et consulter les parties prenantes ; le second niveau implique qu’un organe multipartite développe et approuve par consensus des propositions techniques pour la réglementation et la gestion de l’aire protégée, propositions qui sont par la suite transmises à l’autorité de décision. o Conjointe c’est-à-dire les parties prenantes siègent dans un organe de gestion ayant l’autorité de décision, la responsabilité et la redevabilité.

III-5- Processus d’élaboration de la gouvernance de la NAP COFFAV L’ébauche du schéma de gouvernance a été élaborée lors de l’atelier d’échange en 2007 organisé par le secrétariat technique. Pour le COFFAV, la gouvernance partagée ou la cogestion est le type de gouvernance proposée dans la mesure où, d’une part, les communautés de base ont déjà pris part à la gestion des ressources forestières, et, d’autre part, l’étendue du site de conservation et son envergure intercommunale et inter régionale nécessite d’impliquer systématiquement ces acteurs sur tout le processus de prise de décision et ses modalités d’exécution. La structure de gouvernance partagée est constituée par trois organes :

29 Chapitre III : Concept, Mesures de Gouvernance des AP un comité de gestion partagée par unité de gestion, un comité directeur et enfin un organe d’orientation.

Historique et processus de la définition du schéma de gouvernance  En mai 2007 et en juillet 2007 à Manakara, des réflexions avec les acteurs régionaux - staff régions, représentants des maires, représentants des communautés locales ont été réalisées pour l’élaboration de la structure de gouvernance qui pourrait être durable pour le COFFAV (Cf. Figure 5).

STRUCTURE DE GOUVERNANCE PARTAGÉE DE LA NAP COFFAV (DRAFT)

Mission : Orientation Pour l’ensemble Organe d’orientation - Mise en cohérence des - Rep. Région (Ensemble du COFFAV) orientations - Rep. DIREEF ou 5 DREEF - Suivi de la mise en œuvre des - Rep. CMP - Rep. Secrétariat Technique orientations - Rep. CIMF - Cadrage stratégique de la - Rep. Bailleurs de fonds gestion du corridor en entier - Recherche de financement

Mission : Décision et coordination Par région COMITE COMITE COMITE COMITE COMITE DIRECTEUR DIRECTEUR DIRECTEUR DIRECTEUR DIRECTEUR - Compilation affinage / - REGION Vatovavy - Haute Amoron’i validation et approbation du PTA - OPCI Fitovinany Matsiatra Mania Sud Est Ihorombe venant des unités de gestion - Services déconcentrés : EE&F, MPRDAT, MAEP… - Prise de décision - Opérateurs économiques - Recherche de financement - Rep. organismes d’appui - Suivi de l’exécution - Rep. Fédération de COBA

Mission : proposition et exécution Niveau Local - Communes ?? UG xx UG = 1 UG : 1 UG : 1 UG : 1 UG : Comités De Gestion Partagée OPCI Fandriana Ambositra Vondrozo Ivohibe - Rep. COBA, communauté locale - Propose les éléments techniques - Autorités traditionnelles de gestion pour son unité : mise - Rep. Organismes d’appui en œuvre du plan d’aménagement - Rep. Service de l’EE&F et de gestion à travers la - Autorité traditionnelle préparation / exécution du PTA - Suivi des réalisations sur terrain

Figure 6 : Structure de gouvernance partagée de la NAP COFFAV

- Au niveau de l'ensemble du COFFAV : les Régions, la Direction Régionale de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme (DREFT), le Comité Multi-local de Planification

30 Chapitre III : Concept, Mesures de Gouvernance des AP

(CMP), le Secrétariat Technique, la Commission Interministérielle Mines Forêts (CIMF), les Bailleurs de fonds auront une mission d’orientation. Cet organe veillera à la mise en cohérence des orientations, au suivi de la mise en oeuvre de ces orientations, au cadrage stratégique de la gestion du corridor en entier et à la recherche de financements. - Au niveau de chaque Région : la Région, les OPCI, les services déconcentrés des Ministères de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme (MEFT), de la Réforme Foncière, des Domaines et de l’Aménagement du Territoire (MRFDAT), de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), de l’Energie et des Mines (MEM)…, …, les opérateurs économiques, les organismes d’appui et les fédérations des COBA auront une mission de prise de décision et de coordination. Ce rôle consisterait à compiler, affiner, valider et approuver le PTA venant des unités de gestion, à prendre des décisions, à rechercher des financements et à assurer le suivi de l’exécution. - Au niveau local : les Communes, les COBA, les communautés locales, les autorités traditionnelles, les organismes d’appui, le Service de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme seront représentés au niveau d’un Comité de Gestion Partagée. Ce dernier aura pour mission de proposer les éléments techniques de gestion selon les unités de gestion, de mettre en oeuvre le plan d’aménagement et de gestion à travers la préparation / exécution du PTA et de suivre les réalisations sur le terrain. Cette ébauche confirme la tendance vers la cogestion et plus précisément la gestion conjointe étant donné que l’organe de décision est composé des différentes parties prenantes concernées par l’AP.

 En octobre 2008 à Fianarantsoa, suite aux réflexions précédentes, un atelier d’échange / réflexion sur la gouvernance de la NAP COFFAV a été organisé par le secrétariat technique dans le but de partage d’information et de réflexion sur la gouvernance future du COFFAV, un atelier avec la participation des 5 DREFT et les autres acteurs. Suite à cela, deux scenarii de gouvernance sont sortis (Cf. Annexe 8).

Actuellement, le schéma de gouvernance est encore à affiner, même si le principe de base reste la cogestion. Une des raisons de cette étude est de contribuer à cet affinage. Pour cela, la structure opérationnelle ne devrait pas être trop lourde. Par ailleurs, l’unité opérationnelle à la base est encore à clarifier.

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Chapitre IV : PARTIES PRENANTES DANS LA NAP COFFAV

Dans cette partie, on parlera surtout de la typologie et responsabilités des parties prenantes, leurs perceptions par rapport à la création de la NAP, ainsi que leurs intérêts et implications dans la gestion de la NAP COFFAV. Par rapport à ces informations, on pourra déterminer dans le chapitre suivant les atouts et contraintes de la gouvernance partagée. Pour bien suivre cette partie, ces acteurs seront regroupés selon leur type de structure à savoir l’Administration forestière, les Collectivités territoriales décentralisées (CTD), les Communautés locales, les Organisations non gouvernementales (ONG) et le Comité Multi- local de Planification (CMP).

IV-1- Typologie et responsabilités des parties prenantes

IV-1-1- Administration forestière Dans la réalité, l’Administration forestière gère les affaires de l’Etat dans le domaine forestier, en l’occurrence, le suivi et le contrôle des activités au sein des forêts, l’élaboration et le suivi des procès verbaux, la gestion des fonds forestiers et des documents. Au niveau national, le MEFT s’occupe de l’Administration forestière, et c’est la DSAP, une direction au sein du MEFT qui assure la création des AP à Madagascar. Au niveau régional, cette Administration est assurée par la DREFT, le Circonscription forestière et le Cantonnement des Forêts.

Ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme (MEFT), et Direction du Système des Aires Protégées (DSAP) Le MEFT est le premier responsable de la mise en place et de la gestion de toutes les AP à Madagascar. Pour la création de l’AP du COFFAV, il s’appuie sur différents partenaires techniques et financiers. Pour cela, le MEFT a pour rôles de définir le cadre légal et le processus de la mise en place de l’AP. Il s’occupe également de l’administration, effectue le suivi et l’évaluation des travaux. A travers la DSAP donc, le MEFT supervise techniquement les activités au sein de la NAP.

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Direction Régionale de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme (DREFT) Chaque DREFT aide les services techniques locaux dans l’amélioration de la sensibilisation de la population. Elle les aide techniquement, les encadre et renforce leurs capacités. Les DREFT effectuent également le contrôle et le suivi au niveau de leur région. La DREFT Haute Matsiatra pilote le secrétariat technique dans les activités de sauvegarde et de la mise en œuvre de la création de la NAP. Elle est donc le leader de mise en place de l’AP car c’est le premier responsable de la gestion des ressources naturelles au niveau régional : elle assure les modalités techniques, et le rôle d’administrateur de la démarche et des conflits entre les services des mines et de la forêt. Dans ce cadre, il a pour attributions de compiler les données existantes, de collecter de nouvelles données et de compléter les propositions de sites.

Cantonnement Forêt (CANFOR) Le cantonnement joue un rôle de cadrage juridique pour l’application de la législation environnementale et forestière ; il applique les réglementations en vigueur et travaille donc en collaboration avec la justice et les forces de l’ordre. Il constate les délits forestiers et surveille la circulation des produits forestiers. Les agents des Forêts sont en effet les seuls habilités à verbaliser légalement les délits forestiers (en mettant à part les officiers de police judiciaire issus d’autres corps – comme la police ou la gendarmerie - mais qui ne sont pas impliqués car non informés sur cette prérogative légale). Ce service fait donc de l’investigation et de constat sur les lieux des délits et infractions relatifs à la bonne gestion de la NAP. Il appuie techniquement et conseille les COBA.

IV-1-2- Collectivités territoriales décentralisées Actuellement, il existe quatre niveaux de divisions à Madagascar : Région, District, Commune et Fokontany, dont leurs rôles par rapport à la gestion de la NAP COFFAV sont donnés ci-dessous.

Région Chaque région a pour rôles de coordonner les activités de tous les intervenants effectuées au sein de la région, de faciliter l’implication de toutes les parties prenantes et d’appuyer ces dernières dans la gestion du corridor. La région essaye aussi de cadrer et d’orienter la gestion du corridor par rapport à la politique de développement régional.

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 Région Haute Matsiatra La région appuie les communes en matière de campagne de communication et d’information sur la mise en place de la NAP. Elle effectue aussi des suivis et évaluations. Avec le CMP, la Région est une structure de concertation compte tenu de l’interrégionalité ; à travers cela, la NAP sera intégrée dans un cadre global de schéma régional d’aménagement du territoire. Le comité de pilotage est présidé par la Région, ainsi les rubriques suivantes sont validées au niveau de la Région : - Toutes les études (ex : consultation publique…) - Toutes les grandes décisions par rapport au corridor - Tous les PTA et les activités sont d’abord concertés à partir d’un atelier de concertation.

 Région Amoron’i Mania Pour cette région, le rôle majeur consiste à assurer l’équilibre entre conservation et intérêts de la population. De ce fait, elle définit les plans d’action dans la NAP, effectue le rôle de suivi, d’exécution et de supervision. Pour cela, la Région travaille avec le service de la forêt pour une nouvelle délimitation de la forêt dans laquelle les paysans peuvent prendre du bois. Ces deux entités font ainsi un accord pour déterminer la densité de bois qu’on peut prélever. La Région met en œuvre l’arrêté et la réglementation à travers le service de la forêt. Certes, la Région se doit d’essayer d’harmoniser les actions de développement et de préservation.

District Le district a pour rôle de contrôler la légalité et le suivi des activités forestières. Il forme également la population, et renforce la capacité des techniciens et des COBA. Il appuie et conseille les communes en matière de communication et d’information sur la mise en place de la NAP. En matière de gestion de la NAP, le district n’est pas directement impliqué dans la gestion de la forêt, mais il travaille en collaboration avec le service de la forêt tel que le cantonnement des forêts. Selon le district, la gestion appartient aux COBA, mais à côté d’eux, l’Etat doit conseiller et appuyer, faire le suivi et évaluation à travers les fokontany, communes et districts.

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Commune et Fokontany Le Maire et le Président du fokontany représentent respectivement la structure administrative au niveau local (Commune et Fokontany). Les Maires ayant participé aux différents ateliers d’information du Système d’Aires Protégées Malagasy (SAPM) sont les principaux acteurs pour la phase de sensibilisation et de négociation du processus. Les autorités traditionnelles (Mpanjaka) tiennent un rôle important dans toute prise de décision de la vie socio- économique et culturelle de la communauté. Ces deux structures de pouvoir jouent un rôle prépondérant dans le processus actuel d’intégration du Corridor au sein du SAPM (Durbin et al. 2007). La commune et les fokontany ont pour responsabilités de superviser et de contrôler les activités des COBA et le respect des cahiers de charge. La commune et les fokontany font le recensement des populations qui résident à l’intérieur de la NAP. Ces acteurs partagent les informations et éduquent la population locale sur le projet et pour la conservation des ressources. La commune établit aussi les comptes-rendus auprès du district, de la Région et du service de la forêt.

IV-1-3- Organisations non gouvernementales (ONG) Ces organisations sont les entités qui travaillent dans certaines zones du corridor, et elles participent à la création ou à la gestion de la NAP. On peut citer entre autre la Conservation Internationale (CI), l’Ecorégionale Initiatives (ERI), l’ONG Tanintsika, et le Reggio Terzo Mondo (RTM).

CI et ERI Le CI est une organisation internationale qui apporte une contribution technique et financière dans le processus d’intégration du Corridor au sein du SAPM. Il a ainsi financé les ateliers scientifiques (janvier 2005) et de valorisation socio-économique (avril 2005) du Corridor ainsi que les ateliers d’information sur le SAPM (octobre et novembre 2005) (Durbin et al. 2007). L’ERI est un Programme de conservation des espaces naturels et de développement rural à Madagascar. Le Programme Ecoregional Initiatives (ERI) contribue à la mise en oeuvre du Programme Environnemental III (PEIII) du Gouvernement malgache. Financé par l’USAID Madagascar, le programme ERI promeut avec ses partenaires la bonne gestion de la biodiversité des écosystèmes forestiers prioritaires du PEIII et contribue à la réduction de la pauvreté des populations riveraines. ERI intervient dans les écorégions de basse, moyenne et haute altitude autour du COFFAV.

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Ces deux ONG sont membres du secrétariat technique de la NAP COFFAV qui travaille exactement pour la création de la NAP. Ce sont donc des éléments moteurs pour la mise en place de la NAP. Ils mobilisent les partenaires et jouent le rôle d’appui technique et financier.

Tanintsika L’ONG Tanintsika est une association malgache qui contribue au développement rural en oeuvrant dans des domaines très variés. Il est également membre du Secrétariat technique de la NAP COFFAV. Ses rôles et activités consistent à appuyer la population locale dans le développement et la conservation de la forêt, à réaliser des projets générateurs de revenus de la population comme l’apiculture, la vannerie.

Reggio Terzo Mondo (RTM) RTM est un ONG agréé par l’Etat italien, à la fin des années 60. Il est rattaché au diocèse Reggio Emilien en Italie. Dès 1967, les volontaires du RTM se sont investis à Madagascar dans plusieurs domaines : santé, développement rural, formation, sécurité alimentaire, artisanat. Ils travaillent auprès des communes locales : diocèses, groupements ruraux et urbains. Les activités du RTM à Madagascar s’inscrivent actuellement dans le cadre d’un accord de siège conclu avec le gouvernement malagasy et comprennent, entre autre, des relations de collaboration avec plusieurs organismes internationaux (UE, OMS, PAM) (Rabetsimamanga, 2006). Dans la Région Amoron’i Mania, le RTM travaille dans la Commune Rurale de Vohidahy, avec surtout pour principal rôle de renforcer la capacité des COBA dans cette commune. Pour ce faire, cette ONG appuie les COBA pour leur faire connaître l’importance de la forêt et surtout leur responsabilité par rapport à cette dernière.

IV-1-4- Communautés locales Les COBA assurent la gestion des ressources transférées dans les fokontany à proximité du corridor. Les transferts de gestion constituent déjà une forme de co-gestion entre les communautés locales et l’Etat. Ce sont les gestionnaires de proximité pour gérer durablement les lots forestiers transférés. Dans la commune rurale d’Ambohimahamasiana, on rencontre quatre COBA opérationnelles depuis 2003. Dans la commune rurale d’Androy, toute la population riveraine de la forêt est membre de la COBA. Et le « dina » est un outil bien valorisé pour gérer les conflits dans cette

36 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV commune. Les gens hors COBA vivent loin des forêts, achètent les ressources forestières auprès des COBA. Comme responsabilités, ces COBA surveillent et contrôlent les ressources forestières, respectent l’application des contrats et du cahier de charge. Ce sont les COBA avec la police forestière qui contrôlent les mouvements de la population dans la NAP et interpellent les instances compétentes.

IV-1-5- Comité Multi local de Planification ou CMP Le CMP est un Comité institué par l’Arrêté n°47/99 – DS/FAR/CAB/CMP du 26 Août 1999 de la province de Fianarantsoa. Il s’agit d’une structure de concertation, de négociation, de décision et de planification regroupant toutes les parties prenantes à multi-niveau pour le développement et la gestion durable des ressources naturelles. Elle vise la problématique de la gestion des ressources naturelles et de la biodiversité en particulier, pour asseoir une politique de développement régional durable. Ce CMP est une plate-forme qui regroupe plusieurs membres : directions et services techniques (Direction de la Population, DREFT, Direction Régionale pour le Développement Rural…), ONG et Associations (Haonasoa, Ny Tanintsika, Centre VALBIO, SAGE…), Projets et Programmes (CI, Pact Madagascar, WWF, ERI…) Le CMP coordonne les actions au sein du COFFAV, mais il n’a pas de rôle exécutif. Etant donné que c’est une plate forme de concertation, il facilite la coordination et l’implication de l’ensemble des cinq régions dans la gestion du COFFAV.

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Tableau 4 : Tableau récapitulatif des rôles et responsabilités par partie prenante Parties prenantes Rôles et responsabilités Administration MEFT, - Premier responsable de la mise en place et gestion des AP à Madagascar forestière DSAP - Définit le cadre légal et le processus de la mise en place du COFFAV - Effectue le suivi-évaluation DREFT - Aide les services techniques locaux : appui technique, encadrement et renforcement de capacité - Contrôle et suivi - Premier responsable de gestion des ressources naturelles CANFOR - Cadrage juridique : application de la législation environnementale et forestière - Surveille et contrôle les produits forestiers - Constate les délits forestiers - Appuie techniquement les communautés locales CTD Régions - Coordonne les activités au sein du corridor - Effectue des suivis et évaluations - Rôle d’arbitrage et de décision - Cadre et oriente la gestion par rapport à la politique de développement régional - Valide les activités à réaliser District - Contrôle la légalité et le suivi des activités forestières - Travaille en collaboration avec le service de la forêt - Conseille et renforce la capacité des techniciens et des COBA Communes - Partage les informations - Gestionnaire de proximité et - Elabore les comptes-rendus auprès - Surveille et contrôle la structure de Fokontany du district, de la région et de service gestion existante (COBA) de la forêt - Fait le rapport des activités de gestion et utilisation des ressources naturelles envers la Commune Tanintsika - Appuie la population locale dans le développement et la conservation de la forêt ONG CI et ERI - Rôle d’appui technique et financier RTM - Renforce la capacité des COBA COBA - Gestionnaire de proximité : gère les lots forestiers transférés - Surveille et contrôle les ressources forestières CMP - Coordonne les activités au sein du COFFAV avec les régions - Facilite la coordination et l’implication des cinq régions dans la gestion du COFFAV Source : Haonasoa, 2008 ; Auteur, 2009

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IV-2- Perception des parties prenantes de la création de la NAP

IV-2-1- Administration forestière DREFT (Direction Régionale de l’Environnement et du Tourisme)  DREFT Haute Matsiatra La création de la NAP COFFAV assure le maintien des fonctions de la forêt telles que la production, la régulation, la protection et le rôle social. Ainsi, la gouvernance doit être adéquate par rapport à la gestion existante et à l’exploitation de la forêt. De plus, vu le nombre des parties prenantes, il pourrait y avoir des conflits d’intérêts. Il ne devrait pas y avoir de conflit dans le fonctionnement actuel et futur de la NAP.

 DREFT Amoron’i Mania La NAP COFFAV est un grand réservoir d’eau : les cinq régions dépendent fortement de l’eau fournie par l’AP. Elle sert également de circuit écotouristique surtout pour les Zafimaniry étant donné que cette Région recouvre 90 000 ha de forêts de ce corridor. La NAP COFFAV doit avoir un statut particulier car elle est interrégionale ; donc il serait intéressant de créer un organisme qui va le gérer tel que le comité d’orientation et de suivi qui devrait siéger à Fianarantsoa car c’est le centre de toutes les régions. Néanmoins, la mise en place de la NAP pose un problème pour les paysans qui vivent et dépendent de la forêt ; par conséquent, il faudrait trouver des alternatives qu’on pourrait leur apporter.

IV-2-2- Collectivités territoriales décentralisées (CTD) Régions  Région Haute Matsiatra Actuellement, les autorités de la Région constatent une évolution positive dans la création de la NAP car la communauté locale perçoit sa grandeur et son importance. Cette communauté a le courage d’avouer leurs besoins. Cependant, il faut voir de près la conservation qui est obligatoire étant donné que l’AP joue divers rôles non seulement pour la communauté locale mais aussi pour toute la région. Cette NAP COFFAV assure une fonction hydrologique. Elle sert d’habitat pour la biodiversité, et conserve leur endémicité, le corridor assure aussi le flux génétique.

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L’écotourisme est également très développé dans cette NAP. Certes, le corridor est un outil pour faire savoir l’importance de la forêt et de l’environnement aux gens.

 Région Amoron’i Mania La Région connaît un problème avec la communauté de base qui vit aux dépens de la forêt car il faudrait leur trouver la solution pour que cette forêt ait le statut d’une AP et qu’elle garantisse la survie de la population en même temps. Des consultations locales doivent être menées auprès des communautés de base de cette Région pour aboutir à un plan d’aménagement qui prend en considération leurs intérêts. Par ailleurs, les transferts de gestion ont été déjà appliqués dans cette région. Cependant, malgré l’existence des transferts de gestion, la population locale exploite le noyau dur. La NAP COFFAV conserve la forêt ainsi que les reliquats de forêts dans cette région. C’est un grand réservoir d’eau pour cette région. De ce fait, elle a une potentialité hydroéléctrique. Elle est également une source de matières premières pour la population, notamment pour les Zafimaniry, qui font l’objet de l’écotourisme écologique et culturel qui se développe dans cette NAP.

Communes et Fokontany Les autorités locales des communes et des fokontany voient d’abord les bénéfices apportés par des nouvelles aires protégées pour leurs administrés, notamment l’assurance des divers services écologiques (en particulier pour la régulation des ressources hydriques, la protection des bassins versants, l’irrigation) et l’amélioration des conditions de vie. A ce titre, il est beaucoup attendu de l’écotourisme et de la création d’emplois.

 Commune Rurale d’Ambohimahamasina (dans le District d’, Région Haute Matsiatra) Depuis la connaissance de la création de la NAP en 2007, pour la commune, la politique de l’Etat pour augmenter la surface des AP intéresse beaucoup la commune car cela contribuerait à diminuer le « tavy » dans la commune ainsi que de l’aider à développer l’écotourisme et à conserver la biodiversité. Cependant, il faut voir de près les impacts sur les paysans et surtout leurs avantages. Cette NAP joue plusieurs rôles pour la commune tels que : la fonction hydrologique, la conservation de la biodiversité, un lieu de pâturage et une source de revenus pour la commune grâce à l’écotourisme.

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 Commune Rurale d’Androy (dans le District de , Région Haute Matsiatra) La population connaît la création de l’AP depuis l’année 2007. La population a participé à un atelier où il y avait eu une discussion sur les intérêts de la population quant à la création de la NAP. Suite à cet atelier : le message perçu et retenu par la population est le suivant : étant donné qu’il existe déjà des GCF, on apporte seulement de l’amélioration dans la gestion, mais c’est seulement le nom qui change en AP. Depuis la mise en œuvre de la création de l’AP, la commune ne constate pas encore de conséquence directe sur la population, c’est-à-dire qu’il n’y a pas beaucoup de changement concret. La NAP est une source d’eau pour la population et pour l’irrigation des rizières, la suffisance d’eau est un atout. La NAP est également une source de moyens de subsistance (chasse et prélèvement : oiseau, écrevisse ; bois ; bambous…) pour la population. Cependant, le problème de la commune se situe au niveau des personnes vivant dans la forêt, parce que lorsque la NAP sera créée, il faudrait trouver des solutions pour ces personnes.

 Commune Rurale d’Antoetra (dans le district d’Ambositra, Région Amoron’i Mania) La population a connu la création de l’AP par des approches à travers la consultation directe. Les Zafimaniry sont enthousiastes pour la NAP car ils sont conscients de la dégradation de la forêt, de ce fait, ils veulent un développement sous une autre forme. Pour eux, il est important de conserver la forêt ; néanmoins, la population doit survivre, car la NAP leur permet de faire l’écotourisme pour voir leur culture, leur art particulier, et le paysage de la région. La forêt est également une source de bois pour la sculpture et une source d’eau pour la région. Il existe une contradiction à Ambositra car ce district est en même temps :  Un Patrimoine mondial pour la promotion de l’écotourisme des Zafimaniry (vivant dans la forêt et dépendant de bois)  Le COFFAV devenu une NAP pour atteindre la Vision Durban.

IV-2-3- Organisations non gouvernementales  CI et ERI La mise en place de la NAP les aide dans l’atteinte de leur objectif qui consiste en la conservation de la biodiversité. Cela leur permet également de réaliser des programmes de recherche. Ainsi, il faudrait une effectivité de la gestion pour atteindre ces objectifs. Par ailleurs, d’après les consultations déjà réalisées, les COBA veulent gérer les territoires qui leur ont été transférés.

41 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV

 L’ONG Tanintsika Pour cet ONG, la création de la NAP est très ambitieuse car l’Etat manque de ressources dans sa réalisation. L’Etat devrait voir de près ces ressources tant matérielles qu'humaines. Dans plusieurs communes, des consultations locales ont déjà été effectuées, mais les propositions ne sont pas encore validées faute de moyens humains et temporels. Après la consultation, devrait s’effectuer un suivi contrôle mais il ne peut pas être assuré.

 Reggio Terzo Mondo (RTM) Cet ONG travaille dans la commune rurale de Vohidahy, dans la Région Amoron’i Mania. Aidant les COBA de cette commune qui sont les fokontany avoisinant la forêt, l’ONG se demande ce que deviennent les transferts de gestion après la mise en place de la NAP. Selon l’ONG, les COBA ne connaissent pas encore l’existence de la NAP ; d’ailleurs, elles ne sont pas motivées pour la gestion de la forêt, et laissent l’Etat gérer la forêt.

IV-2-4- Communautés locales Les communautés locales, regroupées ou non au sein des COBA, s’accordent en général sur l’importance des bénéfices potentiels issus de la mise en place des nouvelles aires protégées : maintien de la « proximité » de la forêt et des services écologiques qu’elle rend, ouverture sur de nouvelles opportunités économiques, meilleure protection de la forêt considérée comme patrimoine de la communauté contre les agissements / « invasions » externes (immigrants). En contrepartie de la « «perte » d’accès à certaines ressources de la forêt, les communautés locales elles ressentent les bénéfices potentiels que l’aire protégée peut leur apporter ou leur apporte déjà. Sur certains sites, elles ont beaucoup appris des bénéfices économiques concrets générés par d’autres secteurs (écotourisme, autres retombées économiques) et veulent dupliquer l’expérience pour leur forêt (Andrianarisata et al, 2007).

Notamment pour les COBA de la commune rurale d’Ambohimahamasina, les COBA trouvent que la création de la NAP considère l’avenir de la génération future. Depuis la connaissance de la création de la NAP, la dégradation a diminué car les COBA ont peur que l’Etat va reprendre la gestion de la forêt et qu’ils n’auront plus le droit de l’utiliser. Ils se demandent si la mise en place de la NAP signifie fermeture de la forêt et c’est devenu un souci pour eux étant donné qu’ils dépendent fortement de la forêt. Ils utilisent les produits de la forêt et la

42 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV

NAP est une source d’eau et de revenus pour eux. Les consultations ont été effectuées mais ils attendent les résultats ainsi que la suite des consultations.

IV-2-5- CMP La création de l’AP doit impliquer toutes les autorités administratives : région, district, commune, fokontany. Il doit exister une collaboration entre les intervenants et l’administration locale, et le service de la forêt doit appuyer techniquement cette dernière et aussi dans le transfert de gestion. La NAP est un moteur pour le développement. Elle a plusieurs fonctions : écotourisme culturel, habitat de la biodiversité génétique et source d’eau. Le corridor assure également la connectivité entre plusieurs AP (PN Ranomafana, PN Andringitra, RS Ivohibe, Réserve forestière Vondrozo), le corridor forestier fait office de pont biologique entre les AP.

43 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV

Tableau 5 : Tableau récapitulatif des perceptions par parties prenantes Parties prenantes Perceptions Administration forestière - NAP assure les fonctions de la forêt (production, régulation, protection, rôle social) - NAP doit avoir un statut particulier car c’est interrégional - Existence de plusieurs parties prenantes pouvant causer des conflits d’intérêts - Nécessité d’une gouvernance adéquate par rapport à la gestion existante et à l’exploitation de la forêt, évitant les conflits d’intérêts CTD Régions - NAP joue divers rôles régionaux : fonction hydrologique, habitat de la biodiversité, source de matières premières - Constatation d’une évolution positive dans la création de l’AP - Statut de l’AP et survie garantie de la population en même temps Communes - NAP intéressante pour les communes : contribue à la diminution du « tavy », aide à développer l’écotourisme et à conserver la biodiversité - Important : conservation de la forêt et survie de la population Tanintsika - Création de la NAP très ambitieuse car manque de ressources humaines et ONG matérielles - Manque de suivi dans la forêt CI et RI - NAP : aide à atteindre l’objectif de conservation - Il faudrait une effectivité de la gestion RTM - Les COBA travaillant avec cette entité ne connaissent pas encore l’existence de la NAP, non motivées - Avenir des transferts de gestion incertain après la mise en place de la NAP. COBA - NAP : considère l’avenir des générations futures - Création de la NAP produisant une certaine crainte car les communautés ne comprennent pas si la mise en place de la NAP signifie fermeture de la forêt CMP - Création NAP doit impliquer toutes les autorités administratives - Nécessite collaboration entre les intervenants et l’administration locale - NAP : moteur de développement, joue plusieurs fonctions (écotourisme, habitat de la biodiversité, source d’eau) Source : Auteur, 2009

44 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV

IV-3- Intérêts et implications dans la gestion de la NAP COFFAV

IV-3-1- Administration forestière MEFT ET DSAP Le MEFT cherche surtout à ce qu’il y ait une bonne structure de gestion afin que les objectifs du SAPM soient pertinents. Par rapport à cela, le MEFT serait un comité d’orientation qui supervise le suivi, le PAG, et les cahiers de charge à travers les DREFT qui sont les gestionnaires de proximité.

DREFT La DREFT Haute Matsiatra cherche surtout le développement rural, la gestion de la faune et flore. Par rapport à la gouvernance, il ne devrait pas y avoir de conflit dans le fonctionnement actuel et futur. La DREFT Amoron’i Mania a pour but de développer la Région, c’est-à-dire la conservation de la forêt en même temps que le développement de la population. Cette entité cherche l’équilibre entre la subsistance de la population et la conservation.

IV-3-2- Collectivités territoriales décentralisées Régions La Région Haute Matsiatra cherche surtout un équilibre entre activités de développement en zone périphérique et activités de conservation. La Région Amoron’i Mania vise surtout la conservation de la forêt et, en même temps, le développement de la population.

Commune et Fokontany Les autorités locales interviewées pensent fermement que les communautés de base et les élus doivent faire partie des gestionnaires des nouvelles aires protégées. Cependant, ces autorités locales constatent aussi de nouvelles contraintes, à travers de nouvelles obligations et charges, alors qu’ils doivent faire face à « une paupérisation profonde ». D’autres évoquent les risques de conflits sociaux suite à l’application des lois et des dina, mais également l’érosion des valeurs traditionnelles avec l’arrivée d’étrangers (touristes).

45 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV

 Commune Rurale d’Ambohimahamasina (dans le District d’Ambalavao, Région Haute Matsiatra) La mise en place de la NAP doit aider au développement de l’écotourisme qui pourrait augmenter l’économie de la CR et de la région. La commune a besoin de ressources humaines bien formées et compétentes. Et après mise en place de la NAP, la commune tient à garder le droit d’usage traditionnel dans les parties transférées pour leurs COBA. La commune veut participer dans la gestion de la NAP avec les COBA et FIZAM qui est une association villageoise car le souci de la commune concerne les COBA ; en effet, des COBA reçoivent le transfert de gestion, or, ils ne se soucient pas de la forêt, et ils abusent de cette gestion car ils se sentent libres d’utiliser la forêt. La commune va faire le suivi et le contrôle de la forêt avec le fokontany et les ONG car le suivi fait par le service de la forêt est insuffisant.

 Commune Rurale d’Androy (dans le District de Lalangina, Région Haute Matsiatra) Pour cette commune, la mise en place de la NAP devrait apporter des avantages pour la population locale en vue de leur développement, par exemple, aider techniquement les paysans ou subventionner les engrais comme le NPK. En outre, la population attend qu’il y ait diminution de la dégradation de l’environnement, ainsi que des mesures de compensation venant de l’Etat pour leur développement (ex. : Construction de barrage, Ecole). Et lorsque l’AP est mise en place, il faudrait toujours penser à son amélioration et à sa pérennisation positive.

 Commune Rurale d’Antoetra (dans le district d’Ambositra, Région Amoron’i Mania) La commune cherche un développement surtout en agriculture suite à la conservation du corridor, c’est-à-dire construction de barrage hydroagricole, amélioration de l’irrigation ou du calendrier cultural, subvention de semences et engrais… La population veut que la mise en place du COFFAV leur apporte plus de bénéfice et de subsistance mais non pas de régression. Les COBA veulent considérer le droit d’usage traditionnel dans une partie transférée de la forêt pour maintenir leur activité.

IV-3-3- Organisations non gouvernementales Pour les organismes d’appui, la co-gestion devrait permettre la participation directe des communautés dans la gestion des aires protégées. Le profil du gestionnaire proposé varie

46 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV selon les cas. En effet, les grandes institutions (CI et ERI) s’impliquent sur l’ensemble du corridor et sont les promoteurs de la NAP. En revanche, les autres institutions ont une vision plus localisée (cas de Tanintsika et RTM) en oeuvrant pour la conservation de sites locaux faisant partie de corridors protégés sur lesquels elles concentrent (voire limitent) leurs activités.

 CI et ERI Leur plus grand intérêt par rapport à la NAP est la mise en place de l’AP pour la conservation de la biodiversité. Ils s’attendent donc à ce que la gestion soit effective pour atteindre l’objectif de conservation de la biodiversité.

 Tanintsika Cet ONG attend surtout que la forêt soit conservée. Il veut donc que les avantages de la population riveraine soient considérés. L’ONG veut l’intervention de l’administration forestière et de la commune pour diminuer les pressions dans la forêt, car bien qu’il existe des transferts de gestion, il y a toujours la pratique de tavy et de culture en forêt, car les prises de mesures des COBA sont encore insuffisantes, et certains COBA manquent de capacité et doivent ainsi être renforcés.

 Reggio Terzo Mondo (RTM) La formation et l’éducation des COBA ne sont pas un travail facile surtout dans la réalisation d’un travail donné. RTM voudrait que la mise en place de la NAP fasse distinguer les travaux des COBA, et il devrait y avoir une collaboration avec d’autres ministères (ex : MAEP).

IV-3-4- Communautés locales Les COBA veulent que l’Etat prenne la responsabilité de les appuyer et de positiver leurs faiblesses. Ils ont besoin d’un appui financier pour l’amélioration de l’école et de la route. Par rapport à la NAP, les COBA veulent rester les gestionnaires malgré leurs contraintes étant donné qu’ils sont les plus proches de la forêt. Ils veulent garder l’usage traditionnel dans les parties qui leur ont déjà été transférées pour leur source de revenus et leur subsistance. Mais, le noyau dur doit rester une zone à préserver. Le niveau de projection et d’implication des communautés dans la gestion des AP, bien qu’elles aient contribué aux consultations locales pour la mise en place de la NAP, se limite à

47 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV leur localité, c’est-à-dire à leur zone de transfert de gestion et d’autres forêts gérées. Au niveau des contraintes opérationnelles, les communautés locales constatent le «manque à gagner » occasionné par les activités de gestion (ex. journées consacrées aux activités de surveillance) sur l’économie du ménage.

Ces COBA rencontrent certains problèmes, à savoir : - Absence de transparence au sein de leur bureau exécutif, et pas de compte rendu par les présidents. - Ils manquent de compétence car le service de la forêt a seulement transféré la gestion et non la compétence. - Non application de « dina » : on constate notamment l’existence de coupes illicites, exploitation et vente illicite, acquisition de nouvelles terres dans la forêt. - Le suivi-évaluation des services de la forêt est insuffisant ; de ce fait, il existe des vols dans la forêt ainsi que la violation des règles et lois.

IV-3-5- CMP Pour le CMP, la NAP doit conserver les fonctions du corridor, entres autres la protection et le développement. Pour la gestion, il serait intéressant de faire des concertations au niveau du CMP. Pour cela, toutes les entités y participeront : autorité administrative et locale, ONG, association, service technique de l’Etat.

48 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV

Tableau 6 : Tableau récapitulatif des intérêts et implications par partie prenante Parties prenantes Intérêts et implications Administration MEFT, - Bonne structure de gestion, pertinence des objectifs du SAP forestière DAP - MEFT : comité d’orientation supervisant le PAG et les cahiers de charges. DREFT - Equilibre entre subsistance de la population et conservation - Arbitrage et résolution de conflit dans le fonctionnement actuel et futur CTD Régions - Equilibre entre activités de développement et de conservation - Conservation de la forêt et développement de la population Communes - Développement de l’écotourisme, de l’agriculture - NAP devant apporter des avantages pour la population locale - Suivi et contrôle de la forêt avec les COBA et les ONG Tanintsika - Conservation de la forêt ONG - Considération des avantages de la population riveraine CI et RI - Conservation de la biodiversité - Gestion effective RTM - Amélioration des activités des COBA - Collaboration avec d’autres ministères COBA - Besoin d’appuis techniques et financiers - Restent les gestionnaires de proximité CMP - NAP doit conserver les fonctions du corridor - Concertation au niveau du CMP avec la participation de toutes les entités Source : Auteur, 2009

IV-4- Synthèse

IV-4-1- Rôles de l’AP pour toutes les parties prenantes La NAP COFFAV assure des fonctions écologiques et économiques capitales pour l’écosystème régional et la population qui vit aux alentours. Le corridor est le château d’eau qui alimente les fleuves et les sources, irriguant les bas fonds des zones environnantes et assurant l’eau potable pour les grandes villes telles que Fianarantsoa. Il assure aussi la connectivité et le flux génétique, indispensable à la survie des espèces faunistiques et floristiques, entre les quatre aires protégées qui en font partie (Ranomafana, Andringitra, Ivohibe et Vondrozo). Le corridor Fandriana-Vondrozo n’est pas seulement une ressource et un écosystème qu’il faut préserver, il est également une opportunité de taille pour les communes et régions concernées, compte tenu des préoccupations environnementales tant au niveau régional,

49 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV national que sur le plan international. La convention sur la diversité biologique (Sommet de Rio, 2002 in Haonasoa, 2008) a défini « l’utilisation durable » comme étant l’usage des éléments constitutifs de la diversité biologique d’une manière et à un rythme qui n’entraîne pas leur appauvrissement à long terme, et sauvegarde ainsi leur potentiel pour satisfaire les besoins et les aspirations des générations présentes et futures. En effet, outre le service écologique nécessaire pour la préservation des habitats et la survie des espèces endémiques, le corridor offre de nombreux biens et services aussi bien dans la vie quotidienne des communautés riveraines, que pour le développement économique durable des régions concernées. Il constitue une réserve de ressources pour les activités de subsistance des communautés locales : le corridor est cultivé en tant qu’espace agricole pour le haricot, le riz, le maïs, le manioc sur tavy ou sur bas fonds. Il est également utilisé pour la collecte des produits forestiers primaires ou secondaires (miel, écrevisse, vakoa…) qui sont destinés à l’autoconsommation ou à la vente. Pour les Betsileo, le corridor est un lieu de pâturage et de parcage des zébus. Il génère des intérêts économiques non négligeables à cause de ses différentes ressources renouvelables, potentiellement exploitables d’une manière durable : site d’attraction en écotourisme et de recherche, de nombreuses chutes à valoriser pour la production d’énergie, lieu d’excellence pour la séquestration de carbone (Haonasoa, 2008).

IV-4-2- Synthèse des idées générales Le tableau suivant résume les idées communes de toutes les parties prenantes concernant la NAP et sa gouvernance. En général, tous les acteurs œuvrant dans la zone du corridor partagent la même compréhension de l’objectif général de la nouvelle aire protégée c’est-à-dire la conservation de la biodiversité, l’utilisation durable des ressources naturelles. Quant à la gouvernance, il est nécessaire de renforcer la synergie entre toutes les entités, et la plupart mettent l’accent sur la nécessité de faire participer les communautés locales dans la gestion de l’aire protégée.

50 Chapitre IV : Parties prenantes dans la NAP-COFFAV

Tableau 7 : Synthèse des idées générales Perception de la Rôles de la NAP Attentes par rapport à Idées concernant la création de la NAP la NAP gouvernance - Fonction - Développement de la La zone d’intervention est très La NAP est intéressante hydrologique région, de la population large, c’est interrégional donc la dans le but de - Conservation des cogestion est intéressante dans conserver les reliquats de forêts, - Equilibre entre la laquelle tous les intervenants ressources. habitat de la subsistance de la sont des gestionnaires se biodiversité, et de leur population et de la trouvant au même pied endémicité. conservation d’égalité. - Ecotourisme La gouvernance nécessite une écologique et culturel synergie entre les parties - Source de matières prenantes. premières Il faudrait un renforcement de collégialité et un bon système de gestion. Il est nécessaire de considérer les communautés locales. Source : Auteur, 2009

51 Chapitre V : Analyse et Recommandations

Chapitre V : ANALYSE ET RECOMMANDATIONS

V-1- Analyse de faisabilité de la structure de gouvernance partagée Dans les paragraphes qui suivent, les contextes déterminant la faisabilité technique, institutionnelle et surtout la faisabilité par rapport aux critères de bonne gouvernance donnés par l’IUCN font l’objet d’analyses, en se rapportant aux intérêts et responsabilités des parties prenantes afin de vérifier l’hypothèse présumée. Puis, dans la partie recommandations sont données des propositions des éléments pour pallier aux lacunes et surmonter les obstacles pour l’implémentation de la gouvernance partagée.

V-1-1- Faisabilité par rapport aux critères de bonne gouvernance Cette analyse se base sur les principes de « bonne gouvernance » par l’IUCN. Ainsi, afin d’évaluer l’efficacité de cette structure de gouvernance pour la NAP COFFAV, on va en dégager les forces, les faiblesses par rapport à la bonne gouvernance ainsi que les défis pour remédier à ces faiblesses afin qu’il y ait une gestion efficace de l’AP.

Tableau 8 : Faisabilité par rapport à la bonne gouvernance Critères de Forces Faiblesses Défis bonne gouvernance Légitimité et Toutes les entités ont leur La prise de décision au Il faudrait pousser les droit à l’opinion représentant au sein du comité niveau des communautés communautés locales à directeur, cela signifie que tout locales dans la structure est exprimer leurs idées. le monde est libre d’exprimer marginale vu qu’elles ne sont (Cf. Partie V-2, Tab.9 et ses idées et ses décisions. représentées que par un Tab.11) représentant dans le comité directeur, or étant donné qu’elles sont parmi les premières gestionnaires, il ne faudrait pas négliger leur opinion.

Même représentées, les entités ne sont pas

52 Chapitre V : Analyse et Recommandations

nécessairement pesantes dans les prises de décision, ceci étant fonction de leur nombre dans les organes. Responsabilité Les parties prenantes Il existe un conflit de pouvoir Les institutions qui ont reconnaissent leurs entre ces deux gestionnaires obtenues l’autorité de responsabilités et qui sont bien dans certaines communes. gestion doivent trouver un éclairées. terrain d’entente en se Les communautés locales et les communiquant et en communes sont représentées déterminant clairement les parmi les gestionnaires à la responsabilités et les base, elles sont donc les pouvoirs de chacune. premières responsables de la (Cf. Partie V-2-1, Tab.11) gestion de la forêt à leur proximité. Les processus de transfert de gestion sont déjà mis en œuvre dans les communes rurales affectées par le corridor. Justice Toutes les parties cherchent les Il est difficile de faire Le partage équitable des moyens de satisfaire à leurs exactement des partages coûts et des pertes doit être besoins fondamentaux. équitables vu la pluralité des vu de près. Pour cela, il De plus, la structure de acteurs et la différence entre serait intéressant gouvernance assure que toutes leur implication dans la d’inventorier les avantages les entités ont tous les mêmes gestion du site. et les pertes. droits fondamentaux. (Cf. Partie V-2-2, Tab.11) Ne pas causer Un plan de sauvegarde est Le projet de la création de la Dans le plan de sauvegarde du tort imposé au promoteur en vue de NAP engendre une certaine doivent être proposées des la sauvegarde et conservation restriction aux ressources alternatives pour la des ressources à l’intérieur de la pour les communautés pérennisation du projet et NAP. locales. l’utilisation durable des ressources de la NAP. Direction La majorité des parties Les communautés locales Les objectifs de cherchent à conserver le n’ont pas vraiment pour conservation doivent être corridor pour pérenniser les priorité l’objectif de la compris par les villageois. ressources. Pour cela, des conservation, cela n’est pas Il faut les inciter à ne pas

53 Chapitre V : Analyse et Recommandations

objectifs de gestion à long priorisé dans leur intérêt qui trop dégrader pour leurs terme sont élaborés dans le plan se concentre à la recherche de besoins quotidiens, les d’aménagement du COFFAV. la subsistance. informer sur l’importance Et plus exactement, les régions du corridor. Il faudrait veulent relier la conservation au également leur suggérer de développement. nouvelles sources de revenus et de les appuyer. (Cf. Partie V-2-1, Tab.9) Performance Par rapport aux attentes de La pluralité du nombre Il faut trouver un toutes les parties prenantes, d’acteurs peut causer un compromis entre les cette structure de gouvernance conflit d’intérêts, ce qui peut activités des différentes considère les intérêts de tous les être une limite pour répondre parties afin d’éviter un intervenants du fait que le à leurs besoins et à utiliser conflit. comité directeur regroupant les raisonnablement les (Cf. Partie V-2-2, Tab.11) différentes entités au niveau ressources pour atteindre régional essaie d’affiner tous l’objectif de conservation. les PTA avant de les valider. Imputabilité Les lignes de responsabilités Parfois, les responsabilités Les responsabilités restent à sont déjà claires pour chaque sont justes des travaux écrits être renforcées et il faut partie prenante suite aux sur papier surtout pour les s’assurer qu’il n’y ait pas différents ateliers pour la services étatiques (par de conflit de responsabilités définition de la structure de exemple les CANFOR). entre les parties. gouvernance du COFFAV. Mais, leur concrétisation et (Cf. Partie V-2-2, Tab.11) Certaines de ces responsabilités leur résultat ne sont pas sont déjà reconnues et vraiment palpables. entreprises par les institutions. Source : Auteur, 2009

Bref, bien qu’il est encore difficile d’évaluer l’application réelle des critères de bonne gouvernance au niveau des AP, l’analyse de la cogestion de la NAP par rapport à ces critères a montré que la gouvernance partagée élaborée prend déjà en considération tous les critères de bonne gouvernance vu les atouts sortis de cette analyse. Néanmoins, certains points négatifs méritent d’être soulevés d’où les défis proposés pour améliorer la gouvernance. Les cadres logiques énoncés plus loin dans ce document apportent des actions concrètes pour aboutir à ces défis. Notamment, le développement des structures de concertation pour résoudre les conflits, et où les parties prenantes essentiellement les communautés locales peuvent exprimer

54 Chapitre V : Analyse et Recommandations leurs opinions et participer à la prise de décision ; le renforcement de capacités de ces communautés et des services administratifs et techniques de l’Etat ; et la création de demande de fondation pour la pérennisation de cette gouvernance.

V-1-2- Faisabilité technique Cette partie étudie les différentes techniques quant à l’opérationnalité de cette gouvernance partagée. Ainsi, on va d’abord voir les atouts de cette cogestion et ensuite les contraintes de la gouvernance compte tenu des moyens tant matériels, financiers et humains.

A- Atouts Les parties prenantes sont enthousiastes pour la création de la NAP parce que la NAP assure différents rôles reconnus par tous les intervenants, ce qui favorise sa mise en place. La NAP apporte des avantages communs pour eux, ainsi ils sont énergiquement impliqués dans leurs activités. La mise en place de l’AP est actuellement assurée par des techniciens compétents regroupés dans le secrétariat technique du COFFAV siégeant à Fianarantsoa. Ce secrétariat composé par différents membres étatiques et ONG travaillant dans le corridor est activement impliqué dans les actions touchant le corridor, c’est donc un avantage pour le projet. Le financement de sa création est pris en charge par MIARO (fonds de la CI, WWF, WCS et ERI) et la Banque mondiale, donc il existe des moyens financiers déjà en place pour la réussite de la mise en place de la NAP.

B- Contraintes

 Problèmes de moyens et de compétences Au niveau des communautés locales de base Les COBA qui sont supposées les premiers gestionnaires de la forêt, manquent de compétence et de capacité, cela contraint à la gestion efficace de la NAP. En effet, les COBA déjà mises en place jusqu’à l’heure actuelle et ayant obtenus la gestion des ressources se heurtent à certains obstacles. Notamment dans la commune rurale d’Ambohimahamasina, l’Etat leur a seulement transféré la gestion mais non la compétence et les techniques. Les formations spécifiques tournées vers la gestion n’existaient pas. Les paysans se sentent lésés car ils doivent consacrer une partie de leur temps de travail aux activités relatives à la

55 Chapitre V : Analyse et Recommandations protection de la forêt en faisant par exemple les patrouilles, alors qu’ils sont non indemnisés. D’autre part, chez certains bureaux exécutifs des COBA, il n’existe pas de transparence, alors aucun compte rendu n’est parvenu jusqu’aux responsables des services forestiers. Par ailleurs, comme le cas de la commune rurale d’Androy se situant dans une zone assez enclavée dans la région Haute Matsiatra, la conjugaison politique de conservation et de développement rural est insuffisante dans sa déclinaison locale.

Au niveau de l’administration forestière Le manque de moyens se traduit par l’insuffisance de suivi et d’évaluation qui devaient être effectués par le service forestier. En effet, les agents du service forestier sont peu nombreux malheureusement il manque de moyens entraînant des prélèvements illicites en forêt. Toutefois, l’impact est immense puisque sans contrôles la dégradation des ressources ne s’arrêtera pas. En outre, les engagements de l’administration forestière sont insuffisamment honorés. Les suivis sur le terrain se font irréguliers tandis que le traitement des dossiers sur les affaires illicites accuse une lenteur si bien que les COBA sont insécurisés et démotivés. Il n’est donc pas rare que certains dossiers telles que les plaintes sur les exploitations illicites n’aboutissent pas. Dans biens de cas, cela est probablement lié à l’éloignement du service forestier par rapport aux sites. Ainsi, vu son personnel limité en effectif et l'immensité de la zone d'action, le cantonnement de l’environnement et des forêts (CEF) arrive mal à effectuer des contrôles ou des suivis dans les zones reculées ni assurer des appuis techniques pour les communautés locales de base. C’est notamment le cas de celui d’Ikongo qui s’occupe de 28 contrats de gestion répartis sur 12 communes (Andrianandrasana et al, 2008).

Au niveau du financement du corridor Bien que la mise en place de la NAP soit cofinancée par deux bailleurs (MIARO et Banque Mondiale), le financement pour l’opérationnalisation de la structure de gouvernance n’est pas encore déterminé. Ainsi, il n’existe pas encore de fonds pour gérer convenablement la NAP et pour son fonctionnement dans le futur. Ce manque de financement pourrait entraver une gestion efficace et pérenne pour la NAP. Une autre contrainte se situe au niveau des ressources qui dépendent largement des projets. Or ces ressources sont réparties sur une durée bien déterminée, surtout le financement MIARO qui prend fin en 2009. Par ailleurs, suite aux événements politiques actuels, cela pourrait

56 Chapitre V : Analyse et Recommandations remettre en cause les stratégies y afférentes et les acquis; un gros problème se présentant actuellement.

 Unité de gestion non définie La délimitation de gestion n’est pas encore décidée si elle sera administrative ou écologique ou traditionnelle, donc ces points méritent d’être analysés pour éviter un conflit de gestion. L’unité de gestion est non encore définie dans l’ébauche de structure. Des possibilités d’unité de gestion sont proposées, mais la plus appropriée reste encore à définir. Ces suppositions sont les suivantes :  L’UG est formée par les COBA et les ONG, l’Etat reste un organe de suivi. Dans cette UG peuvent être regroupées plusieurs COBA.  L’UG se situe au niveau local, donc composée par les communautés de base avec un représentant d’ONG oeuvrant dans leur commune et un responsable de service de la forêt.

V-1-3- Faisabilité institutionnelle Cette partie analyse les différentes parties prenantes, leurs responsabilités et leur synergie. Les parties prenantes primaires qui sont les comités de gestion partagée se situent au niveau local, elles sont impliquées dans la proposition des éléments techniques de gestion pour son unité et dans la mise en œuvre de leur PTA. Les parties prenantes secondaires, quant à elles sont les comités directeurs par région, elles ont pour mission de décider et de coordonner les activités proposées par comité de gestion partagée. Finalement, il y a l’organe d’orientation qui regroupe l’ensemble des éléments du COFFAV, l’organe qui assure la mise en cohérence des orientations et le suivi de la mise en œuvre de ces dernières.

A- Atouts Etant donné que c’est une cogestion, tous les acteurs sont représentés dans l’organigramme, et ils sont impliqués dans leurs actions. Plus précisément, toutes les entités figurent dans le comité directeur où la prise de décision et les responsabilités sont bien partagées. Cela signifie que toutes les parties prenantes se situent au même pied d’égalité et ont le même pouvoir dans la prise de décision et dans le partage des responsabilités. Il existe, à travers la gamme des acteurs, une bonne compréhension du principe de partage des rôles et

57 Chapitre V : Analyse et Recommandations responsabilités dans la gouvernance de l’aire protégée, avec toutefois des variantes quant aux rôles et degré d’implication des uns et des autres dans la prise de décision. D’autre part, les différentes responsabilités entreprises ont été données par chaque acteur, les parties reconnaissent donc leur responsabilité par rapport à la gestion de la NAP. Et selon la structure élaborée, chaque partie prenante à chaque niveau possède ses rôles définis. En confrontant les responsabilités énoncées par les acteurs interviewés et leurs rôles proposés par la structure de gouvernance partagée, il est remarqué que ces fonctions sont cohérentes et de ce fait, l’effectivité de chaque responsabilité aboutit à la bonne mise en marche de la structure. Cependant, pour atteindre une gestion efficace répondant aux attentes de toutes les parties prenantes, particulièrement la population locale qui est à la base même de la structure de gestion, il ne suffit pas de lui donner une responsabilité quelconque pour qu’elle se sente concernée, il faut surtout accroître sa capacité d’agir et de prendre des initiatives face aux problèmes quotidiens auxquels elle doit faire face.

La reconnaissance de collégialité a été énoncée, notamment il y a l’organe d’orientation qui regroupe les membres représentatifs des cinq régions ainsi que les différents promoteurs du projet, cela signifie qu’il existe une concertation pour la mise en cohérence des orientations, le suivi de la mise en œuvre des orientations et dans le cadrage stratégique de la gestion du corridor en entier. Grâce à cette concertation, les informations peuvent bien circuler et des discussions s’effectuer, les acteurs peuvent ainsi se parler entre eux et développer de nouvelles idées de manière articulée et négociée. Effectivement il existe un partage effectif du pouvoir. La prise de décision collégiale permet d'assurer la recherche de financement et facilite la négociation grâce à l'implication de plusieurs autorités

Les promoteurs de la NAP, les autorités gouvernementales locales et régionales (DREFT, CEF, Maires), et les communautés locales ont une même compréhension et une même vision de ce que les nouvelles aires protégées devraient apporter et de leurs objectifs à savoir, assurer le maintien de la biodiversité et améliorer la gestion des ressources naturelles. Dans tous les cas, ces parties prenantes manifestent leur intérêt de conserver la biodiversité et/ou les habitats naturels. Les raisons derrière cet intérêt diffèrent quelque peu d’un groupe à l’autre, mais en général elles convergent toutes vers un but partagé de conservation. On constate également une bonne convergence d’opinions sur la nécessité d’allier conservation et développement surtout local et une volonté du côté des promoteurs d’impliquer les acteurs locaux et de les faire bénéficier de la conservation et du côté des

58 Chapitre V : Analyse et Recommandations acteurs de s’impliquer (plutôt que de subir) activement dans la conservation et d’en tirer des bénéfices.

D’après ces analyses, on peut en déduire que, le mode de gouvernance étudié cadre bien avec le principe de bonne gouvernance, où l’on évoque une implication de toutes les parties prenantes tout en amont du projet de création. Par ailleurs, les séances de consultation et de concertation ont fait sentir aux communautés locales et autochtones qu’elles ont de la valeur et que leurs idées sont essentielles pour la mise en œuvre des actions de conservation. De plus, il est essentiel pour les parties prenantes, surtout les communautés locales que les générations futures puissent encore profiter longtemps de ces ressources. De par ces discussions, nous pouvons dire que l’hypothèse, relative à la nécessité de l’implication et la participation de toutes les parties prenantes dans la gestion de la NAP, est confirmée.

B- Contraintes Les contraintes constatées sont surtout des problèmes conflictuels entre deux parties ou plusieurs acteurs concernant le pouvoir et les intérêts.

 Conflits de pouvoir Entre deux parties prenantes peut exister un conflit de pouvoir, notamment, entre la COBA et la commune. Etant des gestionnaires au niveau local, ces deux entités ne veulent pas travailler ensemble comme gestionnaire mais chacune veut garder seule la gestion de la forêt. En effet, la commune critique la mauvaise gestion faite par les COBA, alors elle veut prendre la gestion de la forêt qui a été transférée pour les communautés locales. Or, les COBA pensent que la commune devrait seulement s’occuper de l’administration, un fait observé dans la commune d’Ambohimahamasina. En effet, la commune rurale est absente dans la mesure où le contrat de gestion est bipartite entre la COBA et le service des Forêts, la commune rurale n’étant pas, comme dans le transfert de gestion, un partenaire. En outre, le transfert de gestion repose sur un contrat entre l’administration forestière et la communauté de base, et il arrive que ce n’est pas entre ces deux partenaires de la « gestion locale des ressources naturelles renouvelables » que se nouent des conflits mais entre membres d’une même communauté (appartenant à des lignages différents), entre nouveaux venus et autochtones, entre communautés rurales voisines et même entre organismes d’appui et prestataires de services adoptant des dispositifs différents (Pamard, 2008).

59 Chapitre V : Analyse et Recommandations

 Divergence d’intérêts difficilement conciliables Il peut exister un conflit d’intérêt entre toutes les parties prenantes parce que leurs intérêts et leurs attentes sont différents, parfois ces derniers ne sont pas compatibles voire même contradictoires. A Madagascar, les ressources naturelles et forestières font l’objet de différents usages et intéressent une multitude d’acteurs qui sont mus par des intérêts divers et souvent conflictuels (Andriananja et al, 2004). Si les promoteurs mettent en avant la conservation de la faune, de la flore, d’habitats et écosystèmes et services écologiques avec ce qu’elle entraîne comme bénéfices socio- économiques potentiels, il est clair que les acteurs locaux (autorités, communautés, projets) mettent davantage l’accent sur l’AP comme moyens de développement apportant des bénéfices comme l’eau et le maintien de la qualité du sol pour l’agriculture, l’utilisation des ressources ligneuses ou non ligneuses, la possibilité de s’ouvrir à l’écotourisme et d’en générer des revenus, la formation, la création d’emploi, l’attraction de bailleurs de fonds et de projets de développement dans leurs zones. Cette préoccupation première pour leur développement et l’amélioration de leurs conditions de vie est bien renforcée par les activités économiques que les communautés et autres acteurs aimeraient entreprendre s’ils en avaient les moyens (agriculture, artisanat, infrastructures agricoles, etc.). Les autorités locales, en plus d’être soucieuses du développement de leurs administrés, montrent aussi un certain souci de vouloir être ―au volant‖ dans le processus de mise en place de l’AP et de gestion des ressources naturelles en général (Andrianarisata, 2007).

Par ailleurs, dans la Région Amoron’i Mania, il est difficile de combiner les deux politiques de l’Etat qui consistent à définir le district d’Ambositra en un patrimoine mondial pour la promotion de l’écotourisme en pays Zafimaniry (vivant dans la forêt et dépendant du bois) et à rendre le corridor Fandriana-Vondrozo en une NAP pour atteindre la Vision Durban. En effet, les Zafimaniry se distinguent par leur talent unique en sculpture de bois, de ce fait cette population dépend de bois et le prélève en forêt pour conserver et développer leur culture. Ainsi, plus les Zafimaniry prélèvent du bois, plus les ressources forestières diminuent, or l’intégration du COFFAV dans une structure de NAP a pour objectif la conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles.

La mise en place de la NAP crée également un conflit avec le service des mines parce que des exploitants miniers font leur extraction dans certaines zones de ce COFFAV, cependant une

60 Chapitre V : Analyse et Recommandations fois que la NAP ait son statut définitif et même depuis qu’il existait le statut de protection temporaire (Cf. Annexe 9), il ne peut plus y avoir l’octroi de permis minier. Cela entraîne donc l’empiétement de carré minier.

Certes, les différents intervenants de la NAP ont chacun ses propres intérêts, de ce fait il faut trouver la coordination nécessaire entre ces derniers. Car il faudrait assurer la disponibilité des ressources pour l’ensemble des usages concurrents sans remettre en cause la conservation de l’écosystème. Toutes ces contraintes indiquées vont à l’encontre des objectifs de bonne gouvernance particulièrement aux critères de performance et de justice. Performance car les conflits d’intérêts constituent une limite pour répondre aux besoins de toutes les parties prenantes et à l’utilisation raisonnable des ressources pour atteindre l’objectif de conservation. Justice car la présence de conflits ne permet pas de partager équitablement les coûts et les pertes causés par la conservation. Ainsi, comment éviter les conflits d’usage, et quels mécanismes institutionnels envisager pour réaliser des arbitrages dans les cas où des conflits seraient avérés ? (Andriananja et al, 2004). Des recommandations seront données dans la partie qui va suivre afin de solutionner les problèmes susmentionnés.

V-2- Recommandations Si on se réfère aux analyses précédentes. On peut en retenir que même si la gouvernance partagée se trouve au stade d’ébauche actuellement, des atouts pour son opérationnalisation ont déjà été remarqués. Cependant, cette gouvernance fait encore face à des problèmes au niveau des moyens techniques ainsi qu’à certaines divergences entre les différentes parties. Cette partie essaiera donc d’apporter des solutions pour que cette cogestion soit effectivement applicable.

V-2-1- Solutions face aux problèmes techniques Pour juguler les contraintes susmentionnées dans la faisabilité technique, les actions suivantes sont à entreprendre :

61 Chapitre V : Analyse et Recommandations

 Améliorer l’administration des ressources Par rapport aux problèmes des communautés locales, il serait judicieux de renforcer leur capacité en leur apportant des appuis techniques. Autrement dit, bien organiser les COBA, et les appuyer techniquement et matériellement, comme effectue l’ONG RTM qui travaille dans la commune rurale de Vohidahy dans la Région Amoron’i Mania, les différents ONG qui travaillent sur le projet pourraient prendre en charge et aider les COBA les moins pertinents dans leur gestion. On peut également tenir compte des relations sociales et les rapports de force préexistants dans les communautés locales. Le renforcement des capacités administratives, techniques et relationnelles des acteurs locaux constitue alors une composante essentielle de toute politique durable de soutien à la gouvernance environnementale. En d’autres termes, il s’agirait de renforcement des communautés à travers un processus d’analyse des problèmes pertinents, qui permettrait d’aboutir à une auto organisation et un renforcement de leur capacité à prendre des initiatives, à exprimer leurs préoccupations et à se faire entendre des décideurs. Toujours en relation avec cette proposition, aider les communautés locales à s’organiser et à renforcer leurs capacités comme elles le ressentent. Dans ce sens, il serait utile d’aider les populations locales à se réunir, à discuter des problèmes de façon à ce que tout le monde soit concerné, à décider des priorités et une stratégie subséquente, et à faciliter la participation de tous les membres et non membres des comités de surveillance et des autres associations existantes (Rakotozafiarison, 2008). Les structures locales ne fonctionneront jamais sans le renforcement des capacités d’intervention. Il faut alors fournir aux décideurs locaux et aux membres des communautés locales les outils appropriés d’aide à la prise de décisions dans la planification et la conduite des activités de développement local. Ainsi, il serait logique d’initier des activités relatives à la conservation et au développement, qui non seulement aideraient à rehausser le niveau de vie de la population locale, mais également à accentuer son niveau de responsabilité.

Par rapport aux problèmes des services forestiers, renforcer les moyens du service des forêts dans la réalisation des activités de contrôle et de suivi. Pour ce faire, augmenter les ressources humaines en engageant plus d’agents et en les motivant, pas forcément par une augmentation de salaire, fort peu probable dans le contexte actuel. Comme souligné par Jacques Weber «il n'y a pas de gestion sans contrôle et que tout contrôle a un coût. Et qu'il n'y a pas non plus de gestion sans sanction, et sans application de ces sanctions » (Weber, 2006 in Randrianarison, 2008). En outre, dans le contexte de la décentralisation de l’Etat et des plus grandes

62 Chapitre V : Analyse et Recommandations

responsabilités accordées aux CTD (communes et régions), ces nouveaux échelons peuvent et doivent jouer un rôle fort dans le contrôle forestier, sans que les prérogatives des agents de l’Etat ne soient mises de côté. Permettre un contrôle optimal des flux par un dispositif associant Administration, CTD et VOI : tel est l’enjeu d’une action complémentaire de la gouvernance absolument nécessaire à la pérennité de la gestion efficace des ressources. Ce contrôle forestier décentralisé nécessite des moyens humains mais surtout financiers (Randrianarison, 2008).

Le tableau suivant résume les actions à entreprendre pour assurer une bonne gestion des ressources : Tableau 9 : Cadre logique n°1 Objectif: Améliorer l’administration des ressources (Communauté locale, Service forestier) Résultats Actions Acteurs Indicateurs Echéance attendus Les capacités des Former les acteurs Service forestier, Personnes Court terme personnes locaux et renforcer ONG, formées ressources les stratégies Communauté (COBA, d’Information locale, COBA Nombre de Communauté Education formations locale, Personnel Communication acquises par les des services membres des forestiers) sont instances de renforcées recours Les suivis et les Engager des Service forestier, Personnes Court terme contrôles sont personnels ONG, COBA et engagées multipliés Communauté Intensifier les locale Nombre de Long terme contrôles et les suivis contrôles et de suivis effectués Des règlements Elaborer des Service forestier, Règlements Court terme internes sont règlements internes COBA, ONG, élaborés appliqués Mettre en pratique Exploitant externe les règlements définis Règlements en Long terme (dina, lois…) vigueur

63 Chapitre V : Analyse et Recommandations

 Promouvoir l’autonomie financière de la gouvernance Quant au financement, l’idée de créer une demande de fondation pour le fonctionnement global est proposée. Par ailleurs, comme chaque Région possède son comité directeur, ce dernier pourrait rechercher du financement pour la gestion de la forêt comprise dans leur limite. D’autre part, chaque unité de gestion pourrait être indépendante dans sa recherche de fondation en fonction de la spécificité de son site. Le cadre logique des actions à entreprendre est résumé ci-après :

Tableau 10 : Cadre logique n°2 Objectif : Promouvoir l’autonomie financière du projet Résultats Actions Acteurs Indicateurs Echéance attendus Une demande de Formuler un projet de COBA, ONG, Service Nombre de Court terme fondation est développement technique et projets formulés créée économique administratif de l’Etat

Mettre en place une Demande de Court terme demande de fondation mise fondation en place

 Délimiter et définir une unité de gestion adaptée L’analyse de la délimitation de gestion de la NAP ci-dessous fera sortir les points positifs et négatifs de chaque délimitation, et de par cela, on pourrait procéder une délimitation appropriée à la gestion de la NAP.

Tableau 11 : Analyse de la délimitation de gestion Délimitation Points positifs Points négatifs Administrative Gestionnaire régionale et communale bien Non continuité de l’écosystème définie Certains villages se trouvent lésés Possibilité de suivi grâce à l’administration car leurs terroirs traditionnels dépassent ces délimitations Ecologique Continuité écologique Conflit de gestion entre deux régions ou deux communes Traditionnelle Gestionnaire à la base bien déterminée Problème de territoire avec Possibilité de suivi grâce à l’administration l’administration

64 Chapitre V : Analyse et Recommandations

D’après cette analyse, chaque délimitation pose des problèmes qui doivent être dénoués pour qu’il n’y ait pas de conflit de gestion et pour que l’écologie ne soit pas affectée. Puisque l’objectif de la création de la NAP consiste à conserver les ressources, donc si l’écosystème est compris entre deux limites administratives ou traditionnelles, il faudrait en premier lieu assurer la continuité de l’écologie, on ne pourrait pas diviser sa gestion. Donc, il est intéressant de faire gérer l’écosystème donné par une seule unité de gestion, c’est-à-dire le faire gérer par la commune ou la région dans laquelle le site est le plus étendu. Il en résulte que plusieurs unités de gestion se forment dans cette NAP vue la diversité d’écosystèmes particuliers dans ce corridor. Défis pour la définition de l’unité de gestion : mettre une UG dans laquelle sont représentés la communauté locale qui est à la base de la structure de gestion, l’organisme œuvrant dans la zone appuyant la communauté locale, et le service technique et administratif de l’Etat. Cette UG est regroupée selon la délimitation énoncée ci-dessus et elle a pour mission de réaliser les activités selon le PAG et le PTA élaborés.

V-2-2- Solutions face aux conflits institutionnels

 Développer des plates-formes de concertation Pour trouver un compromis entre les différentes parties prenantes, cela nécessite un consensus issu de la concertation. La concertation entraîne, sous différentes modalités, à la construction des décisions. Elle conduit les acteurs à s’engager dans un processus de réflexion collective et à se positionner vis à vis des actions de gestion et/ou des projets de développement. Elle permet de jouer simultanément sur l’accord, dans le processus de négociation entre acteurs, d’un maximum d’attention aux divergences d’opinion et d’intérêts, afin d’atteindre des meilleurs compromis. Étant un moyen d’échanger sur un territoire et les enjeux qui s’y rattachent, l’identification et la création des conditions d’un dialogue constructif entre les parties prenantes s’avèrent dans ce cas indispensables. Cela signifie que les décisions seront prises ensemble, et que chacun sera responsable des résultats obtenus (Rakotozafiarison, 2008). D’autant plus que l’incompatibilité des intérêts et des attentes des parties prenantes non seulement heurte l’efficience des politiques de conservation développées, mais elle peut surtout engendrer une précarité inquiétante. La communication de toutes les informations nécessaires à la compréhension du projet et à la gestion apparaît ici comme un moyen

65 Chapitre V : Analyse et Recommandations privilégié pour faciliter l’adhésion des parties prenantes et réduire les risques ultérieurs de contentieux.

Le tableau suivant résume les actions pour cette stratégie : Tableau 12 : Cadre logique n°3 Objectif : Résoudre les conflits en développant des plates-formes de concertation Résultats Actions Acteurs Indicateurs Echéance attendus Des plates formes Installer des CMP, Service Plates formes de Court à moyen de concertation plates formes de technique et concertation terme sont développées concertation à administratif de installées chaque UG l’Etat, ONG, Renforcer la Communauté concertation pour locale l’ensemble de la NAP

66 Conclusion

CONCLUSION

Le corridor forestier Fandriana-Vondrozo constitue une ressource d’une importance vitale pour la survie des communautés riveraines, ainsi que pour le développement de la région. Par ailleurs, la mise en place et la gestion de la future NAP mobilisent une multitude d’acteurs, dont la coordination, l’interaction constituent un enjeu majeur aux vus des expériences ultérieures sur la gestion participative des ressources naturelles. Il en est de même pour le mécanisme de concertation et de prise de décision, ainsi que le système permettant de suivre et d’apprécier l’état des ressources et les conditions de vie des communautés locales, en tant que principal acteur affecté par le projet. Pour le COFFAV, la cogestion est le type de gouvernance proposée et la plus adéquate dans la mesure où d’une part les communautés de base ont déjà participé à la gestion des ressources forestières, et d’autre part l’étendue de site de conservation et son envergure intercommunale et inter régionale nécessite d’impliquer systématiquement ces acteurs sur tout le processus de prise de décision et ses modalités d’exécution. Ce travail a donc permis d’étudier la faisabilité de cette gouvernance partagée ou cogestion de la NAP COFFAV. Par conséquent, l’analyse des résultats a montré que la cogestion présente certes des défis mais également des opportunités. Cette NAP a le mérite de rallier les diverses parties prenantes autour d’une volonté et d’un objectif commun de gestion durable des ressources naturelles et conciliation entre conservation et développement. Effectivement, les parties prenantes participent activement dans la création ainsi que dans la gestion de la NAP par le fait que chacune d’elles possède ses propres intérêts à couvrir dans sa zone d’intervention au sein du corridor. Actuellement, leur participation dans la gestion des ressources forestières a contribué à la diminution des pressions au sein de la NAP. Il a été constaté que l’implication de la population locale est bien considérée dans cette structure de gouvernance, mais il faut qu’elle dispose de toutes les capacités nécessaires. On peut en déduire que l’hypothèse supposant que la structure de gouvernance répond aux attentes de toutes les parties prenantes quand il y a existe une implication et une participation effective et active de toutes les parties prenantes, a été confirmée. Néanmoins, les conflits entre ces parties prenantes de quelle forme qu’il soit limitent la bonne gouvernance de la NAP. Dans ce cas, il s’avère difficile d’assurer la performance et la justice. Cela amène à dire que la considération des différents intérêts et la cohérence des responsabilités de chaque partie prenante avec les objectifs de conservation contribuent à la

67 Conclusion réussite d`une gestion efficace de l`AP. Il est donc important de développer des plates-formes de concertation afin que toutes les parties prenantes puissent exprimer leurs opinions, ou pour résoudre les conflits qui se présentent à travers des échanges et dialogues. Cette cogestion serait faisable si tous les acteurs seront impliqués dans la gestion tout en prenant en considération les intérêts et les opinions des concernés, bref la cogestion doit assurer la cohérence des idées et des actions entre les parties prenantes. Surtout, il ne faut pas négliger la population locale qui doit constituer le centre de préoccupation des promoteurs car elle conditionne la viabilité et l’utilisation durable des ressources. Toutefois, la mise en place de la NAP ne doit pas porter préjudice à la population locale. Cela doit tenir compte de leur besoin et de leur mode de vie puisque cette population cherche à ce que l’AP contribue à réduire la pauvreté et à promouvoir le développement local. Néanmoins, cette étude a été limitée au niveau de la perception des acteurs œuvrant dans la NAP COFFAV, alors la comparaison de cette perception par rapport aux réalités vécues par la population locale serait une piste d’ouverture pour poursuivre ce travail. La création de la NAP COFFAV avec la politique de gouvernance partagée n’est encore qu’en phase d’apprentissage. Cette étape pourrait ainsi constituer un élément indispensable dans la réforme des AP et devenir une référence permettant à l’Etat d’aboutir de manière concrète à une gouvernance améliorée et efficace des AP. Les recommandations avancées n’étant que spéculatives, leur mise en œuvre pratique mérite alors d’être appuyée par d’autres recherches plus approfondies et multidisciplinaires, par le biais de diagnostic lucide et des séries d’interventions efficaces au sein des AP.

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71 Annexes

Annexe 1 : Guide d’entretien Pour toutes les parties prenantes  Création de l'AP: Connaissance de sa création, comment (quel processus) Participation ou implication, Perception, points de vue Processus historique, ce qui s’est passé depuis le commencement jusqu’à maintenant, problèmes rencontrés et solutions

 Responsabilités : Leurs rôles par rapport à la gestion des ressources naturelles avant et particulièrement depuis la consultation locale Responsabilité dans la gestion Les perceptions par rapport à leurs rôles Organisation pour assurer les rôles et les responsabilités, les contraintes Dynamisme pour assurer la responsabilité Pertinence de la responsabilité actuelle Ce qu’ils attendent (rôles) des autres entités

 Structure de gouvernance partagée Perception de la nouvelle ébauche : pertinence, praticabilité Vision sur l’ébauche de structure Vision par rapport au COFFAV

 Attentes Attentes par rapport à la NAP Attentes par rapport à la structure de gouvernance

Pour la communauté locale  Utilisation des ressources Types de ressources Mode d'exploitation Intérêts de la population locale Impliqué dans l’utilisation des ressources, conservation des ressources Dépendant des ressources

 Création de l'AP: Connaissance de sa création, Participation ou implication, Perception paysanne, points de vue et vision paysanne

 Gouvernance : Membres des comités, Type d’organisation sociale et de structure de pouvoir local, Impacts de l’organisation sociale et des structures de pouvoir et de gouvernance sur l’utilisation des ressources naturelles, Processus de prise de décisions dans la gestion traditionnelle des ressources naturelles, Organisation locale, Dina (problèmes et résolutions, application, outil bien valorisé ?), Mesure de suivi et de contrôle d'exécution

i Annexes

Annexe 2 : Faune et flore Par rapport aux espèces floristiques et faunistiques d’intérêt particulier : distribution restreinte, endémiques régionales…. Les espèces suivantes sont caractéristiques du corridor. Cette liste n’est pas exhaustive mais celle-ci illustre la grande richesse floristique et faunistique du corridor forestier.

Forêts de basse altitude - Schizolaena turkii (SARCOLAENACEAE, spéciale au PN Ranomafana) - Schizolaena gerrarkii (SARCOLAENACEAE) - Bulbophyllum hamelinii (ORCHIDACEAE) - Cyathea melleri (PTERIDOPHYTE) - Pachypodium densiflorum (APOCYNACEAE, Andringitra)

Forêts de moyenne et de haute altitude - Bulbophyllum ranomafanae (ORCHIDACEAE) - Bulbophyllum hamelinii (ORCHIDACEAE) - Eulophiella roempleriana (ORCHIDACEAE, sur Pandanus) - Cyathea melleri (PTERIDOPHYTE) - Pachypodium densiflorum (APOCYNACEAE,Andringitra) - Rhopalocarpus crassinervius (SPHAEROSEPALACEAE) - Xiphopteris sp. Fougères spéciales à Andrombovato et Vinanitelo - Diplazium sp. Fougères spéciales à Andrombovato et Vinanitelo

Formations de très haute altitude - Cynorkis angustipetala (ORCHIDACEAE)

Espèces faunistiques localisées seulement au niveau du corridor. Ces espèces marquent l’identité du corridor forestier, à titre indicatif on peut citer les espèces suivantes :

MAMMIFERES - Brachyuromus ramirohitra (RONGEUR) - Eliurus penicillatus (RONGEUR) - Eulemur albocollaris (LEMURIEN) - Hapalemur aureus (LEMURIEN) - Hapalemus simus (LEMURIEN) - Propithecus edwardsii (LEMURIEN)

REPTILE - Matoatoa spanrinngi

AMPHIBIENS - Anodonthyla montana - Boophis laurentii - Boophis majori - Boophis schuboaea - Mantidactylus enki - Mantidactylus madecassus - Mantidactylus tschenki - Plethodontohyla brevipes - Scaphiophryne madagascariensis

ii Annexes

Annexe 3 : Catégories d'aires protégées de l’IUCN

Catégorie de l'UICN Caractéristiques Objectifs ou pratiques de gestion 1. a) Réserve naturelle Aire comportant des écosystèmes, des caractéristiques Gérée principalement à des fins de géologiques ou physiographiques ou des espèces remarquable recherche scientifique ou de surveillance ou représentatif continue de l'environnement

1. b) Zone de nature sauvage Vaste espace, intact ou peu modifié, ayant conservé son Préserver l'état naturel des lieux caractère et son influence naturel, dépourvu d'établissements permanents ou importants

2. Parc national ou provincial ou Aire désignée pour protéger l'intégrité écologique d'un ou Protéger les écosystèmes et offrir des équivalent territorial plusieurs écosystèmes, pour exclure toute exploitation ou activités récréatives occupation intensive et pour offrir des possibilités de visite à des fins scientifiques, éducative, récréatives et touristiques.

3. Monument naturel Aire contenant un ou plusieurs éléments naturels ou culturels Protéger des éléments naturels d'importance exceptionnelle ou uniques, méritant d'être protégée particuliers, offrir des possibilités de du fait de sa rareté, de sa représentativité, de ses qualités recherche et d'éducation et prévenir esthétiques ou de son importance culturelle intrinsèque l'exploitation ou l'occupation

iii Annexes

4. Aire de gestion des habitats ou Aire importante visant à garantir le maintien des habitats ou à Garantir et maintenir les conditions des espèces satisfaire les exigences d'espèces particulières d'habitat nécessaires à la préservation d'espèces et d'éléments physiques des écosystèmes, lorsqu’une intervention humaine s'impose pour optimiser la gestion

5. Paysage terrestre ou marin Zone où l'interaction entre l'homme et la nature a modelé un Mener des activités de conservation, protégé paysage aux qualités esthétiques, écologique ou culturelles d'éducation, et de loisirs, et offrir des particulières et exceptionnelles, et présentant souvent une grande produits naturels afin de maintenir les diversité biologique interactions harmonieuses entre la nature et la culture

6. Aire protégée de ressources Aire renfermant des systèmes naturels en grande partie non Assurer une protection à long terme et le naturelles gérées modifiés et suffisamment vaste pour permettre une utilisation maintien de la biodiversité et d'autres durable des ressources sans préjudice pour le maintien à long valeurs naturelles, et promouvoir des terme de la biodiversité pratiques de gestion rationnelles afin d'assurer une productivité durable

Source : IUCN, 1994

iv Annexes

Annexe 4 : Catégorie de gestion VI

CATEGORIE VI : Aire protégée de ressources naturelles gérée: aire protégée gérée principalement à des fins d'utilisation durable des écosystèmes naturels

Définition Aire contenant des systèmes naturels, en grande partie non modifiés, gérée aux fins d'assurer la protection et le maintien à long terme de la diversité biologique, tout en garantissant la durabilité des fonctions et produits naturels nécessaires au bien-être de la communauté.

Particularité : AP comprenant une parcelle équivalente à 1/3 au plus de sa superficie totale, réservée à des activités d’utilisation durable des ressources naturelles.

Objectifs de gestion  assurer la protection et le maintien à long terme de la diversité biologique et des autres valeurs naturelles du site;  promouvoir des pratiques rationnelles de gestion afin d'assurer une productivité durable;  protéger le capital de ressources naturelles contre toute forme d'aliénation engendrée par d'autres formes d'utilisations du sol susceptibles de porter préjudice à la diversité biologique de la région; et  contribuer au développement régional et national.

Responsabilité administrative La gestion est assurée par des services publics dotés d'un mandat précis quant à la conservation de l'aire, dont ils s'acquittent en collaboration avec la communauté locale; elle peut aussi s'appuyer sur des coutumes locales, avec le soutien et les conseils d'organismes gouvernementaux ou non gouvernementaux. L'aire peut être la propriété du gouvernement central ou local, de la communauté, de personnes privées ou de plusieurs de ces entités.

Règles minimales d’utilisation :  Prélèvements de produits forestiers (ligneux et non ligneux) et de pêche autorisée selon les prescriptions du plan d’aménagement (activités destinées aux communautés locales) ;

v Annexes

 Evaluation de stock disponible/productivité et de la biodiversité exigée. Bien distinguer cette activité de celle menée pour un site à vocation de production ;  Respect des règles de gestion traditionnelle compatibles avec la durabilité des ressources exigé ;  Maintien d’au moins 2/3 de l’aire à l’état naturel mais peut contenir des écosystèmes modifiés de superficie limitée ;  Tourisme respectueux de l’environnement autorisé ;  Aire suffisamment vaste pour assurer l’utilisation durable des ressources naturelles et sans porter préjudice à long terme à la qualité naturelle de l’aire ;  Toutes formes d’utilisation de feu et défrichement prohibé ;  Exploitation minière interdite.

Spécificités malagasy : Exigence sur l’évaluation de stock ; Disponible / productivité et de la biodiversité ; Interdiction de l’exploitation minière.

Exemples : Corridor Zahamena- Ankeniheny, Corridor Fandriana-Vondrozo

vi Annexes

Annexe 5 : Type de gouvernance pour Madagascar Type de gouvernance Options pour Madagascar A. Aires Protégées Un organe gouvernemental (Ministère ou Agence qui rend compte directement au gouvernement) détient l’autorité, la Gérées par l’Etat responsabilité et l’imputabilité pour la gestion des aires protégées, détermine leurs objectifs de conservation (comme ceux qui distinguent les catégories de l’UICN), les soumet au régime de gestion, et est souvent propriétaire de la terre, de l’eau et des ressources associées.

Les aires protégées du Réseau National à Madagascar sont gérées par l’Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées (ANGAP). D’autres aires protégées pourraient être gérées par l’Etat à travers la Direction Générale des Eaux et Forêts et la Direction de la Pêche.

Dans le cadre de la décentralisation en cours, les aires protégées pourraient être aussi gérées par les collectivités territoriales décentralisées individuelles (Provinces, Régions, Communes) ou regroupées (par exemple au sein d’un Organe Public de Coopération Inter-Communale ou OPCI).

Une autre option est la délégation de gestion de l’autorité nationale ou régionale vers une autre entité, par exemple un organisme non gouvernemental (ONG), tout en gardant l’autorité du représentant du ministère concerné. B. Aires Protégées co- L’autorité et la responsabilité de gestion sont partagées entre une pluralité d’acteurs allant des autorités publiques aux gérées représentants des communautés locales, ONG, secteur privé et propriétaires fonciers. Deux sous-types de co-gestion existent :

- La gestion collaborative : L’autorité formelle de décision, la responsabilité et l’imputabilité résident entre les mains d’une seule agence (souvent une agence publique) mais qui doit collaborer avec d’autres parties prenantes. Les parties prenantes pourraient être informées et consultées ou bien former un organe multipartite qui développe et approuve par consensus des propositions techniques pour la règlementation et la gestion de l’aire protégée. Ces propositions sont ensuite transmises à l’autorité de décision. Ce modèle de gestion est déjà pratiqué pour certaines Aires Protégées gérées par l’ANGAP à travers le Comité d’Appui aux Aires Protégées (COSAP).

- La gestion conjointe : différents acteurs siègent dans un organe de gestion détenant de façon formelle l’autorité de décision, la responsabilité et l’imputabilité. Ceci pourrait être le modèle pour les nouvelles aires protégées, établies et gérées par une variété d’acteurs.

vii Annexes

C. Aires Protégées Il s’agit des aires protégées déclarées par leurs propres propriétaires fonciers. Privées (APP) Les APP pourraient êtreintégrées dans les Systèmes d’Aires Protégées de Madagasacar avec comme implication le respect des normes et des règles de gestion des aires protégées. Il est important de considérer que l’appellation « aire protégée » ne se réfère qu’à des territoires et des ressources consacrées en priorité à la conservation de la biodiversité. Donc, les propriétaires devraient engager les terroirs et ressources concernées à ce but, c’est-à-dire que la vocation de conservation devrait être inscrite sur le titre de propriété même et être contraignant non seulement pour le propriétaire actuel mais aussi pour les autres à venir. Il faudrait aussi s’assurer que les déclarations des propriétaires se traduisent en pratiques efficaces de gestion.

En contrepartie de la déclaration de mise en défens en tant qu’aire protégée, l’Etat pourrait attribuer aux propriétaires des incitations telles qu’un rabais ou une réduction des impôts ou autres. D. Aires Protégées Ce type de gouvernance implique une gestion par les communautés locales. Dans les APC, l’autorité et la responsabilité sont Communautaires (APC) entre les mains des communautés à travers une variété de formes de gouvernance, comprenant des organisations et des règles convenues localement. Par exemple, la terre et/ou certaines ressources pourraient appartenir ou être gérées individuellement ou par des lignages.

Certaine communautés sont organisées pour gérer leurs ressources sous des formes légales comme des ONG. Si ces ONG représentent effectivement la communauté et ont le devoir de compte-rendu à la communauté, on peut encore considérer cette forme de gouvernance comme faisant partie des APC.

A Madagascar les forêts, lacs, grottes ou autres éléments naturels sacrés gérés par les communautés et les autres petites forêts ou éléments naturels qui ne possèdent pas des valeurs culturelles mais sont toujours gérées par les fokonolona pourraient faire partie des APC.

viii Annexes

Annexe 6 : Classification des Aires Protégées à Madagascar par catégorie et type de gouvernance

ix Annexes

Annexe 7 : Cadre d’évaluation environnementale pour la mise en place d’une NAP

x Annexes

xi Annexes

Source : Guide pour la réalisation d’une EIES pour la création de NAP, MINENVEF, 2006

xii Annexes

Source : Guide pour la réalisation d’une EIES pour la création de NAP, MINENVEF, 2006

xiii Annexes

Annexe 8 : Scenarii de gouvernance

Scénario 1 Scénario 2 MEFT OPERATIONNEL DSAP

Décision ORGANE D’ORIENTATION (CA) STRUCTURE DE GESTION Orientation stratégique Coordination des interventions OPERATIONNELLE INTER- Ressources : financière, humaines, REGIONALE matérielles

COFAV Manager

STRUCTURE DE STRUCTURE DE Directive GESTION STRUCTURE DE GESTION STRUCTURE DE STRUCTURE DE COMITE DIRECTEUR OPERATIONNELLE PAR REGION GESTION OPERATIONNELLE GESTION GESTION REGIONALE OPERATIONNELLE REGIONALE OPERATIONNELLE OPERATIONNELLE SRF base au niveau REGIONALE REGIONALE REGIONALE DREFT COS COS COS COS COS

UG UG = OPCI 1 UG : 1 UG : 1 UG : 1 UG : Fandriana Ambositra Vondrozo Ivohibe

Compte Gestion rendu •Commune •Communauté

Ces deux scénarii comprennent chacun :  une structure de gestion ou gestionnaires de la NAP, GAP ou COFFAV manager,  une structure exécutive par région c’est-à-dire ils mettent en place une antenne régionale  une plate forme de consultation régionale (où il y a les régions, tous les services techniques, les ONG, ..) où l’antenne régionale d'exécution soutire des idées  et finalement une structure de gestion par unité.

xiv Annexes

Annexe 9 : Arrêté de mise en protection temporaire

REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA Tanindrazana – Fahafahana - Fandrosoana ------Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts Ministère de l’Energie et des Mines

Arrêté interministériel n° 16 071-2006/ MINENVEF/MEM Portant protection temporaire de l’aire protégée en création dénommée « Corridor forestier Fandriana-Vondrozo »

Districts d’ Ifanadiana, Ikongo, Manakara (Région Vatovavy/Fitovinany), District de Vondrozo (Région Sud-Est) District d’ Ivohibe (Région Ihorombe) Districts de Fianarantsoa II, , Ambalavao (Region Haute Matsiatra) Districts de Fandriana, Ambositra (Région Amoron’i Mania) Province autonome de Fianarantsoa

Le Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts, et Le Ministre de l’Energie et des Mines

- Vu la Constitution ; - Vu la loi 80-001 du 06 Juin 1980, rectifiée par la loi 82-036 du 11 Novembre 1982 modifiée par la loi n°96-018 du 04 septembre 1996 portant code pétrolier ; - Vu la loi modifiée n° 90-033 du 21 Décembre 1990 portant Charte de l’Environnement ; - Vu la loi n°97-017 du 08 Août 1997 portant révision de la législation forestière ; - Vu la loi n°2001-004 du 25 Octobre 2001 portant réglementation générale des Dina en matière de sécurité publique ; - Vu la loi n°2001-005 du 11 Février 2003 portant Code de Gestion des Aires Protégées ; - Vu la loi n°2004-01 du 17 Juin 2004 relative aux Régions ; - Vu la loi n° 2005-021 du 17 octobre 2005 portant modification de certaines dispositions de la loi n°99-022 du 19 Août 1999 portant code minier ;

- Vu l’Ordonnance n°60-099 modifiée le 21 Septembre 1960 réglementant le domaine public ;

- Vu le décret n°99-954 du 15 Décembre 1999 modifié relatif à la mise en compatibilité des investissements avec l’environnement ; - Vu le décret n°2000-170 du 20 février 2000 portant application du Code Minier ; - Vu le décret n°2003-007 du 12 Janvier 2003 portant nomination du Premier Ministre, Chef du Gouvernement ; - Vu le décret 2003-008 du 16 Janvier 2003 modifiée par les décrets n° 2004-001 du 05 Janvier 2004, n°2004-680 du 05 Juillet 2004, n°2004-1076 du 07 Décembre 2004, n°2005-144 du 17 Mars 2005, n°2005-700 du 19 Octobre 2005 et n°2005-827 du 28 Novembre 2005 portant remaniement des membres du Gouvernement ; - Vu le décret n°2003-100 du 11 Février 2003 modifié et complété par les décrets n°2004-178 du 10 février 2004, n°2004-452 du 06 avril 2004, n°2005-334 du 31 mars 2005 fixant les attributions du Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts ainsi que l’organisation générale de son Département ;

xv Annexes

- Vu le décret n°2004-847 du 02 Septembre 2004 modifié portant nomination des Chefs de Régions ; - Vu le décret n°2004-859 du 17 Septembre 2004 fixant les règles relatives à l’organisation, au fonctionnement et aux attributions des Régions en application des dispositions transitoires de la loi n°2004-001 du 17 Juin 2004 relative aux Régions ; - Vu le décret n°2005-338 du 31 mai 2005 fixant les attributions du Ministre de l’Energie et des Mines ainsi que l’organisation générale de son ministère ; - Vu le décret n°2005-848 du 13 Décembre 2005 appliquant les articles 2 alinéa 2, 4, 17, 20 et 28 de la loi n°2001-005 du 11 février 2003 portant Code des Aires Protégées ;

- Vu l’arrêté n°18 177-04 du 27 Septembre 2004 portant définition des zones forestières sensibles ; - Vu l’arrêté interministériel n°19560-2004 du 18 Octobre 2004 portant suspension de l’octroi des permis miniers et de permis forestiers dans les zones réservées comme Sites de Conservation ; - Vu l’arrêté n°21694-2004 du 11 Novembre 2004 relatif à la suspension de toute activité extractive de ressources ligneuses dans les zones réservées comme Sites de Conservation ; - Vu le dossier présenté par les promoteurs (DIREEF Fianarantsoa, MIARO, CMP, ERI, ONG Ny Tanintsika ; CCD Namana, SAGE) justifiant la création de l’Aire Protégée dénommée « Corridor forestier Fandriana-Vondrozo »

ARRETENT :

Article premier : Le site dénommé « Corridor forestier Fandriana- Vondrozo », est un ensemble des massifs et des bosquets forestiers, situé dans les 66 communes rurales suivantes : - Ranomafana, Tsaratanana, Ambohimiera, Analapasina, Fasintsara, Maroharatra, Ambohimanga du sud, Kianjavato, Antaretra du District d’Ifanadiana, Ikongo, Ambolomadinika,Antodinga, Ikalafotsy, Ankarimbelo, Ambatofotsy, Maromiandra, Tolongoina, Ambohimisafy, Ambinanitromby du District d’Ikongo, Ambila, Mizilo Gara, Ambahatrazo du District de Manakara, Région Vatovavy/Fitovinany, - Vohimary, Vondrozo, Anandravy, Manambidala, Mahazoarivo, Ivato, Vohiboreka, Ambohimana, Moroteza du District de Vondrozo, Région Atsimo- Atsinanana, - Ivohibe, Tambohobe, Ivongo, Maropaika du District d’Ivohibe, Région d’Ihorombe, - Androy, Mahasoabe,,Andranomiditra, Vinanitelo, , , , du District de Fianarantsoa II, Fiadanana, , , , , Morafeno , du District d’Ambohimahasoa, Ambohimahamasina,Miarinarivo, , du District d’Ambalavao, Région Haute Matsiatra , - Ankarinoro, Betsimisotra, Mahazoarivo, Miarinavaratra, Fiadanana, Alakamisy, Ambohimahazo du District de Fandriana, Vohidahy,Ambohimitombo I, Ambohimitombo II, Ambinanindrano, Antoetra, Ambalamanakana, Ambatofitorahana du District d’Ambositra, Région Amoron’i Mania, dans la Province Autonome de Fianarantsoa est admis au bénéfice de la protection

xvi Annexes

temporaire durant la période précédant le classement du site en Aire protégée par décret définitive.

La superficie de l’Aire protégée en création dénommée «Corridor Fandriana-Vondrozo» est de 499.598 Ha environ. En général, les terrains concernés sont de nature domaniale. Une carte comportant les délimitations approximatives du site avec des indications géoréférencées est annexée au présent arrêté (annexe 1).

Art 2 : La protection temporaire est prononcée pour une période d’un (1) an renouvelable une fois. Le décret de création de l’Aire Protégée concernée devra intervenir avant la fin de cette période.

Art 3 : La Direction Inter-Régionale de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Fianarantsoa avec la Circonscription de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Fianarantsoa, et le Service de l’Energie et des Mines sont désignés gestionnaires de l’Aire protégée en création. Leur mission sera précisée dans des instructions écrites spécifiques. Ils peuvent, toutefois, déléguer la gestion à une entité publique ou privée selon un contrat de délégation de gestion qui comportera un cahier de charge déterminant les termes de la délégation, les droits et obligations des parties.

Le principe de gestion de l’aire protégée en création est celui de la cogestion, type de gestion participative, tel que défini par l’article 24 dernier alinéa du décret no 2005-848 du 13 décembre 2005 appliquant les articles 2 alinéa 2, 4, 17, 20 et 28 de la loi no 2001/005 du 11 février 2003 portant Code de gestion des Aires Protégées.

Art 4 : Un comité d’orientation et d’évaluation, dont les membres seront nommés par décision conjointe du Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts et du Ministre de l’Energie et des Mines assure le suivi de l’exécution des actions découlant du présent arrêté. Il est présidé conjointement par le Directeur Inter-Régional de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Fianarantsoa et comprend notamment des représentants des Régions, des Services déconcentrés des ministères intéressés, des Communes et des propriétaires privés, ainsi que toute personne ou organisme choisi pour ses compétences particulières

Art 5 : Les objectifs principaux de gestion poursuivis sur le site du « Corridor Fandriana- Vondrozo » sont la conservation de la biodiversité, le maintien des services écologiques ainsi que l’utilisation durable des ressources naturelles.

Les objectifs spécifiques de gestion comprennent le maintien de la couverture forestière et de la connectivité entre les blocs forestiers, la restauration forestière, la protection des populations viables des espèces endémiques et menacées de faune et flore ainsi que la valorisation du tourisme écologique.

Art 6 : L’Aire Protégée en création comprend les unités d’aménagement suivantes : un noyau dur d’environ 206 157 Ha et une zone tampon d’environ 293.441 Ha. Le zonage global de l’Aire protégée en création est indiqué dans le schéma global d’aménagement annexé au présent arrêté (annexe2).

Art 7 : Un « Plan d’Aménagement et de Gestion » sera élaboré par le gestionnaire de manière participative, dans le cadre des opérations préalables à la création définitive de l’Aire protégée par décret.

xvii Annexes

Toute activité incompatible avec les objectifs sus-mentionnés est interdite à l’intérieur de l’Aire protégée en création, notamment :

- le défrichement, l’extension des périmètres de culture existants qu’après l’élaboration du plan d’aménagement et de gestion simplifié qui définira les règles d’utilisation et de gestion des différentes unités d’aménagement ; - l’autorisation, la délivrance de permis d’exploitation (pêche, chasse, coupe) dans le noyau dur - l’autorisation, la délivrance de permis, à des fins d’exploitation ou d’exploration de carrières ou de mines ou de bloc/concession pétrolier(e) à l’intérieur de l’Aire protégée; - l’autorisation d’accès au noyau dur sauf pour des activités liées à la recherche scientifique autorisées par l’Administration compétente.

Toutefois, sont notamment autorisés, conformément au schéma global d’aménagement :

- les travaux d’aménagement en faveur du tourisme écologique ; - les activités liées aux recherches scientifiques ; - les activités liées à la conservation : suivi écologique, restauration, contrôle et surveillance ; - l’utilisation piétonnière sur les principaux sentiers de liaison existants ; - l’accès aux sites cultuels par les sentiers y menant et la pratique des activités cultuelles ;

Art 8 : Les activités ci-après liées au droit d’usage ou la commercialisation sont réglementées conformément au schéma global d’aménagement, à la législation en vigueur et aux principes de l’utilisation durable et doivent faire l’objet d’une autorisation délivrée par les gestionnaires responsables à l’intérieur de la zone tampon de l’Aire Protégée en création :

- le pâturage ainsi que le parcage de troupeau de bovidés ; - le prélèvement d’espèces végétales, la récolte de miel et de cire, des plantes médicinales, des fruits et des plantes comestibles et autres produits accessoires des forêts respectant les principes de l’utilisation durable - la chasse aux animaux nuisibles et gibiers - le prélèvement des produits accessoires des forêts respectant les principes de l’utilisation durable ;

Art 9 : Les permis miniers octroyés antérieurement à l’arrêté n°19560-2004 du 18 octobre 2004 constituent des droits acquis et demeurent valables. L’administration doit veiller à ce que la protection temporaire de l’Aire protégée n’empêche les titulaires de mener dans les règles de l’art les activités découlant desdits droits miniers.

En cas de renonciation par les titulaires de ces permis miniers les périmètres concernés s’ajouteront d’office à la superficie de protection temporaire définie par le présent arrêté, et de nouvel octroi n’y sera plus possible.

xviii Annexes

Néanmoins, une Etude d’Impact Environnemental (EIE) ou une mise en conformité environnementale doit être initiée par l’initiateur du projet avant la sortie du décret portant création définitive de l’Aire protégée.

Art 10: Pendant la période de protection temporaire,

- les Régions de Vatovavy/Fitovinany, Sud-Est, Ihorombe, Haute Matsiatra, Amoron’ i Mania - la commune rurale mentionnée dans l’article 1 ; - les services déconcentrés chargés de l’Environnement, des Eaux et Forêts et ceux des Mines autour du « Corridor Fandriana-Vondrozo »; - les brigades de la Gendarmerie de la zone concernée. sont chargés, chacun en ce qui lui concerne, de la surveillance et contrôle de proximité du site de l’Aire protégée en création, en coopération avec le gestionnaire désigné et conformément aux règles de gestion conjointe instaurées au titre de la protection temporaire.

Par ailleurs, des DINA pourront être conclus entre les membres des collectivités selon les dispositions légales en vigueur.

Art 11 : Les infractions au présent arrêté sont constatées et réprimées conformément à la législation en vigueur.

Art 12 : Le présent arrêté sera publié partout où besoin sera.

Fait à Antananarivo, le 15 septembre 2006

Le Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts Charles Sylvain RABOTOARISON

Le Ministre de l’Energie et des Mines Donat Olivier ANDRIAMAHEFAMPARANY

xix Annexes

Annexe 10 : Arrêté de mise en protection temporaire globale des NAP

REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA Tanindrazana – Fahafahana – Fandrosoana ______MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT, DES FORETS ET DU TOURISME MINISTERE DE L’ENERGIE ET DES MINES ______Arrêté Interministériel n°18633/ 2008 / MEFT/ MEM portant mise en protection temporaire globale des sites visés par l’Arrêté interministériel n° 17914 du 18 octobre 2006 et levant la suspension de l’octroi des permis miniers et forestiers pour certains sites

Le Ministre de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme, Le Ministre de l’Energie et des Mines,

- Vu la Constitution ; - Vu la Loi n° 90-033 du 21 décembre 1990 portant Charte de l’Environnement, modifiée et complétée par les lois n° 97-012 du 06 juin 1997 et n° 2004-015 du 19 août 2004 ; - Vu la loi n° 97-017 du 08 août 1997 portant révision de la législation forestière ; - Vu la loi n°2001-004 du 25 octobre 2001 portant règlementation générale des Dina en matière de sécurité publique ; - Vu la loi n° 2001-005 du 11 février 2003 portant Code de Gestion des Aires Protégées ; - Vu la loi n°2004-001 du 17 Juin 2004 relative aux Régions ; - Vu la loi n° 2005-019 du 17 octobre 2005 fixant les principes régissant les statuts des terres ; - Vu la loi n° 2005-021 du 17 octobre 2005 portant modification de certaines dispositions de la loi n° 99-022 du 19 août 1999 portant Code Minier ; - Vu la loi n°2008-013 du 03 juillet 2008 relative au domaine public ; - Vu la loi n°2008-014 du 03 juillet 2008 sur le domaine privé de l’Etat, des Collectivités Décentralisées et des personnes morales de Droit public ; - Vu l’Ordonnance n° 60-099 du 21 septembre 1960 règlementant le Domaine Public ; - Vu le décret n° 99-954 du 15 décembre 1999 relatif à la mise en compatibilité des investissements avec l’environnement (MECIE), modifié par décret n° 2004-167 du 03 février 2004 ; - Vu le décret n°2004-847 du 02 septembre 2004 modifié portant nomination des Chefs de Régions ; - Vu le décret n°2004-859 du 17 septembre 2004 fixant les règles relatives à l’organisation, au fonctionnement et aux attributions des Régions en application des dispositions transitoires de la loi n°2004-001 du 17 Juin 2004 relative aux Régions ; - Vu le décret n° 2005-013 du 11 janvier 2005 organisant l’application de la loi n° 2001-005 du 11 février 2003 portant Code de gestion des Aires Protégées ; - Vu le décret n°2005-848 du 13 décembre 2005 appliquant les articles 2 alinéa 2, 4, 17, 20 et 28 de la loi n°2001-005 du 11 février 2003 portant Code des Aires Protégées ; - Vu le décret n°2006-910 du 19 décembre 2006 fixant les modalités d’application de la loi n° 99-022 du 19 Août 1999 portant Code minier modifié par la loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 - Vu le décret n° 2007-022 du 25 janvier 2007 portant nomination du Premier Ministre, Chef du Gouvernement ; - Vu le décret n°2007-986 du 29 novembre 2007, fixant les attributions du Ministre de l’Energie et des Mines ainsi que l’organisation générale de son Ministère ;

xx Annexes

- Vu le décret n°2008-427 du 30 avril 2008 modifié et complété par les décrets 2008-596 du 23 juin 2008 et 2008-766 du 25 juillet 2008 portant nomination des membres du Gouvernement ; - Vu le décret n°2008-838 du 03 septembre 2008 fixant les attributions du Ministre de l’Environnement, des Forêts, et du Tourisme ainsi que l’organisation générale de son Ministère ; - Vu l’Arrêté Interministériel n° 4355/1997 du 13 mai 1997 portant définition et délimitation des zones sensibles ; - Vu l’Arrêté n°18177/04 du 27 septembre 2004 portant définition et délimitation des zones forestières sensibles, - Vu l’Arrêté n° 21694/2004 du 11 novembre 2004 relatif à la suspension de toute activité extractive des ressources ligneuses dans les zones réservées comme Sites de Conservation.

ARRETENT : Article premier : En application de l’article 20 de la loi n° 2001-005 du 11 février 2003 portant Code de Gestion des Aires Protégées, bénéficient de la protection temporaire jusqu’à la publication du décret de classement en Aire protégée, les sites d’intérêt biologique et écologique ci après: - les Sites des Nouvelles Aires Protégées en cours de création - les Sites jugées comme prioritaires pour la Préservation de la Biodiversité, ainsi que pour la Gestion Durable Forestière. Ces sites sont visés en annexe 1 du présent arrêté.

Article 2 : Les superficies de ces sites en création sont décrites dans l’annexe 2. Les terrains concernés sont de nature domaniale et maritime.

Article 3 : La Direction Régionale chargée de l’Environnement de la circonscription concernée est désignée gestionnaire des Aires protégées en création. La délégation de gestion temporaire, jusqu’à parution du décret définitif, peut toutefois être accordée par Décision ministérielle à une ou des personnes publiques ou privées, laquelle Décision déterminera les termes de la délégation, les droits et obligations des parties. Le principe de gestion des Aires protégées en création est celui de co-gestion, type conjointe ou type de gestion collaborative, tel que défini par l’article 24 dernier alinéa du décret n° 2005 –848 du 13 décembre 2005 appliquant les articles 2 alinéa 2, 4, 17, 20 et 28 de la loi n° 2001- 005 du 11 février 2003 portant Code de Gestion des Aires Protégées.

Article 4 : Un Comité d’orientation et d’évaluation, dont les membres sont prévus par l’arrêté interministériel n° 13802/2007 / MINENVEF/MDM/MDE/MAEP assure le suivi de l’exécution des actions découlant du présent arrêté. Il est présidé par le Directeur Régional chargé de l’Environnement de la circonscription concernée et comprend notamment la Région, des représentants des services déconcentrés des ministères intéressés, des Communes, ainsi que toute personne ou organisme choisi pour ses compétences particulières.

Article 5 : Les objectifs principaux de gestion poursuivis sur les sites d’intérêt biologique et écologique sont d’assurer à long terme la conservation de l’intégrité de la biodiversité, la durabilité des fonctions écologiques et la maintenance de la productivité des écosystèmes nécessaires au bien être des communautés riveraines, ainsi que l’utilisation durable des ressources naturelles. Les objectifs spécifiques de gestion comprennent le maintien de l’écosystème des zones marines, côtières et humides (lacs et marais), la protection des populations viables d’espèces

xxi Annexes endémiques et menacées de faune et flore, ainsi que la valorisation du tourisme écologique et l’utilisation durable des ressources naturelles pour contribuer à la réduction de la pauvreté.

Article 6 : Seront autorisés, conformément au schéma global d’aménagement : - les travaux d’aménagement en faveur du tourisme écologique ayant obtenu un permis d’implantation et un permis environnemental; - les activités liées aux recherches scientifiques ; - les activités liées à la conservation : suivi écologique, restauration, contrôle et surveillance ; - l’utilisation piétonnière sur les principaux sentiers existants ; - l’accès aux sites culturels par les sentiers y menant et la pratique des activités cultuelles. Toute activité incompatible avec les objectifs susmentionnés est interdite à l’intérieur des Aires protégées en création, notamment : - le défrichement et l’extension des périmètres de culture existant après l’élaboration du plan d’aménagement et de gestion simplifiée qui définira les règles d’utilisation et de gestion des différentes unités d’aménagement ; - toute forme de pêche industrielle, artisanale hormis le cas de survie lors d’un accident ou cataclysme naturel - tout type d’aquacultures - la chasse, la consommation et la vente des mammifères marines, les tortues marines, les oiseaux d’eau, - le prélèvement d’espèces marines autres que la recherche - la fabrication des charbons de bois ; - l’autorisation, la délivrance de permis d’exploitation, chasse, coupe dans le noyau dur ; - l’autorisation, la délivrance de nouveaux permis miniers, à des fins d’exploration ou d’exploitation de carrière ou de mines, ou de bloc/concession pétrolier(e), et orpaillage à l’intérieur de l’Aire Protégée ; - l’autorisation d’accès au noyau dur sauf pour des activités liées à la recherche scientifique autorisées par l’administration compétente ; - et de manière générale tout acte de nature à apporter des perturbations à la faune et à la flore ainsi qu’à l’aspect original du milieu naturel. Des « Plans d’Aménagement et de Gestion » seront élaborés par les gestionnaires respectifs de manière participative, dans le cadre des opérations préalables à la création définitive par décret des Aires protégées en voie de création.

Article 7 : les activités ci-après, liées au droit d’usage sont règlementées conformément au schéma global d’aménagement, aux règles internes de gestion, au Dina, à la législation en vigueur et aux principes d’utilisation durable, et doivent faire l’objet d’une autorisation délivrée par le gestionnaire du futur AP (promoteurs) responsable à l’intérieur de la zone tampon de l’AP en création. Ces activités sont : - les pâturages ainsi que les pacages de troupeau des bovidés ; - la récolte de miel et de cire, des plantes médicinales, des fruits et des plantes comestibles et autres produits accessoires des forets respectant les principes d’utilisation durable ; - la pêche, la pisciculture en cage ou en enclos ; - la chasse aux animaux, gibiers et nuisibles ; - le prélèvement de produits accessoires de marais respectant les principes de l’utilisation durable.

Article 8 : La suspension d’octroi des permis miniers et forestiers prévue par l’arrêté interministériel n° 17914 du 18 octobre 2006 est levée pour certains sites considérés comme potentiels pour la préservation de la biodiversité et certains sites de gestion forestière durable

xxii Annexes qui sont fixés en annexe 3. Toutefois, les activités minières et forestières exercées sur ces sites nécessitent l’application des conditions et exigences spécifiques prévues par les réglementations en vigueur.

Article 9 : L’Administration chargée de l’Environnement doit veiller à ce que la protection temporaire des Aires Protégées n’empêche les titulaires des permis miniers bénéficiant des droits acquis de mener dans les règles de l’art et dans le respect de la réglementation environnementale en vigueur les activités découlant desdits droits miniers. En cas de renonciation par les titulaires de ces permis miniers, les périmètres concernés s’ajoutent d’office à la superficie de protection temporaire définie par le présent arrêté, et de nouvel octroi n’y sera plus possible. Néanmoins, une Etude d’Impact Environnemental (EIE) ou une Mise en Conformité Environnementale doit être initiée par le promoteur du projet minier avant la sortie du décret portant la création définitive de l’Aire Protégée.

Article 10 : Pendant la période de la protection temporaire, - les Régions et les Communes rurales concernées, - les Services Déconcentrés chargés de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme concernés, - les Services Déconcentrés de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche concernés, - les Services Déconcentrés de l’Energie et des Mines concernés, - les Services Déconcentrés chargé des domaines et de l’Aménagement du territoire concernés, - les brigades de la gendarmerie compétentes et les détachements marines dans les zones entourant les Aires Protégées concernés, sont chargés, chacun en ce qui lui concerne, de la surveillance et du contrôle de proximité des Aires Protégées en création, en collaboration avec les gestionnaires désignés et conformément aux règles de gestion participative instaurées au titre de la protection temporaire. Par ailleurs, des Dina pourront être conclus entre les membres de la collectivité selon les dispositions légales en vigueur.

Article 11 : Les infractions au présent arrêté sont constatées et réprimées conformément à la législation en vigueur.

Article 12 : Le présent arrêté interministériel entre en vigueur dès sa signature indépendamment de sa publication au Journal Officiel et est communiqué par tous les moyens sur l’ensemble du territoire.

Fait à Antananarivo, le 17 octobre 2008

Le Ministre de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme RANDRIARIMANANA Harison

Le Ministre de l’Energie et des Mines RAZAKA Elisé

xxiii Annexes

xxiv