Cahiers D'ethnomusicologie, 4
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Cahiers d’ethnomusicologie Anciennement Cahiers de musiques traditionnelles 4 | 1991 Voix Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/ethnomusicologie/1557 ISSN : 2235-7688 Éditeur ADEM - Ateliers d’ethnomusicologie Édition imprimée Date de publication : 1 octobre 1991 ISBN : 978-2-8257-0431-8 ISSN : 1662-372X Référence électronique Cahiers d’ethnomusicologie, 4 | 1991, « Voix » [En ligne], mis en ligne le 16 novembre 2011, consulté le 06 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/ethnomusicologie/1557 Ce document a été généré automatiquement le 6 mai 2019. Tous droits réservés 1 Le thème de ce quatrième volume est celui de la Voix dans les musiques traditionnelles. Chantée ou parlée, celle-ci est l’organe essentiel de la communication. Dans de nombreuses civilisations, elle constitue en outre la référence suprême de la musique instrumentale, dont les critères d’excellence reposent justement sur son aptitude à imiter la voix, à en reproduire le timbre et les inflexions. La notion d’esthétique musicale est éminemment culturelle, et l’existence d’innombrables techniques vocales relativise la conception occidentale de pureté de la voix. Une telle diversité suscite aujourd’hui des recherches de plus en plus approfondies, sur les plans tant sémantique et anthropologique que musicologique. Les contributions à ce Cahier en fournissent un large panorama. Cahiers d’ethnomusicologie, 4 | 1991 2 SOMMAIRE Éditorial La Rédaction Dossier : Voix La technique vocale du nô et son esthétique Akira Tamba Chine : le xiao, ou souffle sonorisé François Picard Recherches expérimentales sur le chant diphonique Hugo Zemp et Trân Quang Hai Mantra. Les principes du langage et de la musique selon la cosmologie hindoue Alain Daniélou La voix et les techniques vocales chez les Arabes Amnon Shiloah Les techniques du chant villageois dans les Alpes dinariques (Yougoslavie) Ankica Petrović La voix claire. Conceptions esthétiques et valeurs sociales des chanteurs de la Gruyère (Suisse) Sylvie Bolle-Zemp Le kan ha diskan. À propos d’une technique vocale en Basse-Bretagne Yves Defrance Continuité, rupture, ornementation. Ou les bons usages de la transition entre deux modes d’émission vocale Michèle Castellengo La technique du jodel chez les Pygmées Aka (Centrafrique). Étude phonétique et acoustique Susanne Fürniß Un microcosme musical. Les chants des Xetá du Brésil Desidèrio Aytai Exactitude d’intonation et précision de l’ensemble dans la musique de l’Australie centrale Catherine J. Ellis Entretiens Du folklore musical à l’ethnomusicologie. Entretien avec Diego Carpitella Propos recueillis par Maurizio Agamennone Maurizio Agamennone et Diego Carpitella Voir la voix. L’Orient et l’Occident de sœur Marie Keyrouz Propos recueillis par Laurent Aubert Laurent Aubert et Marie Keyrouz Cahiers d’ethnomusicologie, 4 | 1991 3 Le pèlerinage aux sources. Mohamed Reza Shadjarian au Tadjikistan Propos recueillis le 21 avril 1990 à Douchanbé (Tadjikistan) par Sorour Kasmaï et Henri Lecomte Mohamed Reza Shadjarian, Sorour Kasmaï et Henri Lecomte L’essence du cante flamenco. Entretien avec Calixto Sanchez Propos recueillis et traduits de l’espagnol par Laurent Aubert Calixto Sanchez et Laurent Aubert Comptes rendus Livres Ethnomusicology and the Historical Dimension. Papers Presented at the European Seminar in Ethnomusicology, London, 20-23 May 1986 Edited by Margot Lieth Philipp. Ludwigsburg : Philipp Verlag Veit Erlmann Anthony SEEGER. Why Suyà Sing. A Musical Anthropology of an Amazonian People Cambridge : Cambridge University Press, 1987 Riccardo Canzio Horacio SALAS. Le tango Essai traduit de l’espagnol par Annie Morvan. Arles : Actes Sud, 1989 Michel Plisson Ruth M. STONE. Dried Millet Breaking. Time, Words, and Song in the Woi Epic of the Kpelle Bloomington/Indianapolis : Indiana University Press Veit Erlmann Bernard LORTAT-JACOB. Chroniques sardes Paris : Julliard, 1990 Laurent Aubert John BAILY. Music of Afghanistan. Professional Musicians in the City of Herat Cambridge : Cambridge University Press, 1988 Jean During Keith HOWARD. Korean Musical Instruments : A Practical Guide Seoul : Se-Kwang Music Publishing Co., 1988 Lucie Rault-Leyrat Keith HOWARD. Bands, Songs and Shamanistic Rituals : Folk Music in Korean Society Seoul : Royal Asiatic Society, Korea Branch, 1989 François Picard Disques Brésil : le monde sonore des Bororo | Brésil central : chants et danses des Indiens Kaiapó Jean-Michel Beaudet ASPIC : une collection de disques de musiques sud-américaines Michel Plisson Cahiers d’ethnomusicologie, 4 | 1991 4 Polyphonies vocales des aborigènes de Taïwan : Ami, Bunun, Païwan, Rukaï Lucie Rault-Leyrat Films Jüüzli du Muotatal. Quatre films de Hugo Zemp John Baily Rectificatifs Cahiers d’ethnomusicologie, 4 | 1991 5 Éditorial La Rédaction 1 Chantée ou parlée, la voix est l’organe essentiel de la communication. Support du Verbe dans la cantillation rituelle, véhicule de la mémoire collective à travers l’énoncé des mythes, elle est un agent identitaire puissant, dont les effets se mesurent, par exemple, dans la pratique du chant communautaire. La voix est aussi le vecteur des sentiments : la berceuse de la mère tranquillise le bébé ; le chant de l’amoureux séduit la bien-aimée. Relevons également que la voix peut accompagner les actions les plus diverses, comme en témoigne la distribution quasi universelle des chants de travail. 2 Dans de nombreuses traditions, la voix constitue la référence suprême de la musique instrumentale, dont les critères d’excellence reposent justement sur son aptitude à imiter la voix, à en reproduire le timbre et les inflexions. Et pourtant, afin de devenir « musical », le son de la voix est parfois altéré au point de se confondre avec celui d’un instrument, car la parole chantée n’a pas le même rôle que la parole parlée ; elle doit donc s’en distinguer déjà par son mode d’émission. 3 La notion d’esthétique vocale est éminemment culturelle, et l’existence d’innombrables techniques vocales relativise la conception occidentale de pureté de la voix. Ailleurs, c’est au contraire sa stridence, sa raucité ou son caractère nasillard qui l’emporte. Parfois même, c’est l’émission des harmoniques qui prévaut, la fondamentale étant alors réduite à une sorte de bourdon. Une diversité comparable peut être observée dans les procédés de combinaison polyphonique ou d’ornementation vocale. 4 Un tel foisonnement suscite des recherches de plus en plus approfondies, tant sur le plan sémantique que musicologique. Il faut aussi souligner le succès grandissant d’instruments d’analyse sophistiqués comme le sonagraphe et l’échantillonneur, dont les ressources ont orienté plusieurs des contributions à ce Cahier. Dans un tel domaine, la complémentarité des méthodes de l’anthropologie sociale et de celles de l’analyse musicale s’avère particulièrement fructueuse, car elle permet de dégager les traits constitutifs du principal moyen d’expression de toute culture. Cahiers d’ethnomusicologie, 4 | 1991 6 Dossier : Voix Cahiers d’ethnomusicologie, 4 | 1991 7 La technique vocale du nô et son esthétique Akira Tamba 1 L’usage de la voix dans la musique traditionnelle japonaise est extrêmement riche, comme l’atteste le grand nombre de genres musicaux fondés sur la voix avec accompagnement instrumental. Ainsi peut-on citer le shômyô, chant liturgique bouddhique ; le Heikyoku, chant narratif de l’épopée de Heike avec accompagnement de biwa ; le nô, théâtre du XIVe siècle ; le jôruri, chant narratif accompagné de shamisen que miment les marionnettes ; le kabuki, théâtre du XVIIe siècle, chanté et dansé ; le jiuta, chant accompagné de shamisen ; le sekkyôbushi, récit et chant accompagné de shamisen ; le satsuma-biwa, chant épique accompagné de biwa. 2 Tous ces genres musicaux, qu’ils soient d’origine continentale, comme le shômyô, ou autochtone, se sont perpétués jusqu’à nos jours en subissant des modifications au fur et à mesure de leur assimilation par les Japonais. Aussi ces différents genres, tout en se distinguant par des traits spécifiques, présentent-ils certaines constantes caractéristiques de la technique vocale japonaise, telles que l’attaque d’une note glissante par en-dessous, les vibratos larges et irréguliers utilisés comme broderies, les fluctuations descendantes et ascendantes (meri et kari) ou l’ondulation d’une note (yuri), la recherche de timbres assombris, bref, autant de propriétés qui permettent d’opposer globalement la technique vocale japonaise à celle de la musique occidentale. 3 Nous nous proposons donc, dans le présent article, d’étudier les principaux caractères de la technique vocale de la musique japonaise à partir d’un seul genre musical, le théâtre nô. 4 Forme théâtrale traditionnelle du Japon dont l’origine remonte au XIe siècle, le nô se compose d’une suite de dialogues, de monologues, de chants ou de récitatifs répartis entre les acteurs et le chœur, de gestes stylisés et de danses, avec accompagnement instrumental. Comme le montre cette seule définition, la voix y prend une importance considérable en tant que constituant musical, aux côtés des éléments chorégraphiques (danse, gestes), littéraires (texte) et théâtraux (costumes, masques, accessoires et mise en scène). Cahiers d’ethnomusicologie, 4 | 1991 8 Émission vocale du nô 5 La voix résulte du fonctionnement simultané des poumons, du larynx et des trois cavités : nasale, buccale et pharyngienne. Chaque technique vocale se constitue en exploitant diversement ces trois organes vocaux. C’est ainsi que le nô doit sa spécificité à la prépondérance accordée à la cavité pharyngienne