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Code Sport • n°12 • août - septembre 2014 LE JUMPING LA FOULÉEDESGÉANTS HERCULIS Le magazinedesportlaprincipauté A MISLABARRE TRÈS HAUT

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18 26 42

GOLF ATHLÉTISME BEACH-VOLLEY • CHALLENGE • LES CHRONOS ONT VALSÉ AU MEETING HERCULIS • LE BEACH À L'ASSAUT INTER-ENTREPRISES : • INTERVIEW : MARTINOT-LAGARDE, LE FRANÇAIS QUI MONTE DU LARVOTTO UN "PAR 3" RÉUSSI • FRASER-PRYCE : L'AUTRE VISAGE DE LA JAMAÏQUE • ENTRETIEN AVEC L'ÉQUIPE DE

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YACHT CLUB BOXE ANGLAISE GYM ACRO RUGBY DE MONACO • 4E MONTE-CARLO BOXING • FEMINA SPORTS À LA • 600 ENFANTS POUR • VISITE GUIDÉE DU BONANZA AU CASINO DÉCOUVERTE DU MONDE LES 50 ANS DE L'ASM VAISSEAU AMIRAL • QUELQUES INSTANTS • LA FORMATION AU • INAUGURATION AVANT LE SHOW CŒUR DU CLUB • 22E CHALLENGE • UNE JOURNÉE AVEC DOUDOU • INTERVIEW DE INTER-BANQUES NGUMBU YANNICK JAUZION, • SEADVENTURES : PARRAIN DU TOURNOI LES PITCHOUNS PRENNENT LE LARGE

8 PLEIN CADRE 14 TENNIS 36 BOXE THAÏ • LE SPORT EN IMAGES • UN TOURNOI EN MODE VINTAGE • CATAPULTÉS À GRAND FORMAT 16 CULTURE SPORT 48 EQUITATION 12 LES MOTS DU SPORT • MICHEL AUBERY • JUMPING : "SAUT" CHIC • NOS CONSEILS LECTURE S'EST ESSAYÉ À L'ART CAR • INTERVIEW DE MAXIME ZEGERIUS 13 FESTIVITÉS 22 TIR • DU CÔTÉ DES ÉCURIES • LES CARABINIERS DU PRINCE, • CHALLENGE DE TIR ALBERT II : 76 JO DE LA JEUNESSE MEN IN WHITE FRÈRES D'ARMES • NICOLAS GRINDA EN PRÉPARATION POUR LA CHINE

4 MONACO PRIV 230X280-2_Mise en page 1 21/07/14 14:49 Page1

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São sport

Pendant que la Coupe du monde de football battait son plein au Brésil, notre Principauté vibrait aussi, au gré de ses événements sportifs. Et ne croyez surtout Edito pas que les températures estivales altèrent en quoi que ce soit la cadence et le rendement de ceux-ci. Le Mondial a refermé ses portes sur la victoire de la Mannschaft mais à Monaco, les portes du sport sont éternellement ouvertes. Comme à l'accoutumée, Code Sport Monaco vous fait vivre ou revivre, dans sa grande diversité, tous ces rendez-vous et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y en a pour tous les goûts. Du golf au tir, du Jumping à l’athlétisme, de la boxe thaï au beach-volley en passant par le rugby ou encore la boxe anglaise. Nous avons voulu vous faire visiter le nouveau siège ultra select du Yacht Club de Monaco. Si la perfection est le but recherché par tous, elle est souhaitée, voire exigée en Principauté. Après trois ans de travaux, ce joyau a ouvert ses portes en exposant au monde entier et à ses sociétaires que yachting et excellence ne font qu’un. L’attractivité de la Principauté est saluée par le reste du monde, et nul doute que les futurs "attirés" sauront y trouver de quoi assouvir leurs passions sportives. Qui s’en plaindra ? Pas nous..

Jean-Marc Moreno

CODE SPORT MONACO • Edité par SAM EDICOM "Le Roqueville" Bat C - 20 Bd Princesse Charlotte - 98000 MONACO Tél : (+377) 97 97 06 27 - Fax : (+377) 97 97 06 28 - [email protected] • Editeur & Directeur de la publication : Jean-Marc MORENO - [email protected] • Journalistes : Jimmy BOURSICOT - [email protected] & Chris BERTOLDI - [email protected] • Comité de rédaction : Sabine TOESCA, Marc TOESCA, Jean-Marc MORENO • Secrétaire de rédaction : Cathy MORENO [email protected] • Publicité : Jean-Marc MORENO [email protected] [email protected] • Graphisme, photogravure & illustrations : Anthony HOUAL • Impression : Groupe Riccobono • Reproduction, même partielle, interdite sans l'autorisation de CODE SPORT MONACO

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PO_SM14_23x28CM.indd 1 10/07/2014 09:25 Monte-Carlo Cup Monte-Carlo

Solar1 Entrée dans l'ère solaire La Solar1 Monte-Carlo Cup, programmée du 10 au 12 juillet, a constitué la première course de bateaux propulsés à l'énergie solaire en mer Méditerranée. 25 équipages issus d’universités internationales venant essentiellement du nord de l’Europe et des Etats-Unis ont participé. Ces petites embarcations, concentrés de technologie, imaginées et conçues par de jeunes ingénieurs, se sont affrontées dans des courses en flotte, en slalom et en duels. Deux équipages hollandais se sont imposés. En Open Class (catégorie la plus innovante avec pour seule restriction une longueur limitée à 8 m), le Clafis Private Energy Solar Boat Team II est arrivé premier, et en Class A (6 m de long maximum), ce fut le Dutch Solar Boat Team. Les Russes du Team Beluga Powered by Synergy se sont emparés de l’épreuve en V20 (conçus pour planer sur foils) tandis que les Monégasques, seule équipe du bassin méditerranéen en lice, ont obtenu une 3e place dans cette catégorie sur Nakhimov Racing. © Franck Terlin Rolex Cup Rolex

Giraglia e 62

Première arrivée à Monaco La Giraglia Rolex Cup est plus qu'une simple course de voiliers. Elle est un symbole de l'amitié entre pays, marins et yacht clubs. Du 13 au au 21 juin, 242 navires sont partis de San Remo, passés par Saint-Tropez et arrivés en Principauté. Le fait le plus marquant de cette 62e édition est sans conteste son arrivée à Monaco. Une première puisque depuis 1953, date de la première Giraglia Cup, la régate se déroule entre la France et l'Italie et inversement. Mais l'inauguration du nouveau siège du Yacht Club de Monaco était l'occasion de casser les habitudes. Cerise sur le gâteau, le premier voilier à avoir franchi la ligne d'arrivée était Esimit Europa 2 avec à son bord Pierre Casiraghi, sociétaire du YCM. L'embarcation slovène d'Igor Simcic est arrivée première en temps réel. La victoire en temps compensé est revenue à Tixwave de Bernard Vananty et son équipage franco-russe. © Carlo Borlenghi LES MOTS DU SPORT

"SPORT, "CLASSE PHOTO- MONDIALE" GRAPHIER Par Jean-Louis L'EXPLOIT" Bischoff - Hachette Par Gilbert éditions - 14,90 Grellet - euros Editions En brossant le Armand Collin portrait de 30 - 19,90 euros immenses joueurs Coupe du d'hier, Jean- monde, Jeux Louis Bischoff ne olympiques, se contente pas Tour de France, de nous narrer Dakar. Ils leurs exploits arpentent la planète pour capturer ces instants de footballistiques. L'auteur tente de montrer les liens grâce, ces heures de gloire qui traversent le temps, qui, au fil du temps, se sont tissés entre le ballon les failles et les échecs de certains mythes aussi. et l'ensemble de la société, que ce soit sous l'angle Eux, ce sont les photographes de sport. Dans cet politique, culturel ou social. Si vous avez toujours ouvrage, quatre d'entre eux, qui travaillent pour eu envie de savoir pourquoi l'équipe d'Italie était l'Agence France Presse, ont réuni une sélection surnommée la "Squadra Azzura", de connaître la marquante de clichés. Des clichés étonnants, symbolique qui se cache derrière le chiffre 7, porté émouvants, stupéfiants. En un mot, toujours par tant de joueurs de talent, ou de découvrir marquants. le "Mozart du football", l'Autrichien Matthias Sindelar, ce livre est fait pour vous. "PHIL JACKSON, UN COACH, ONZE TITRES NBA" "VÉLOS DE Par Phil Jackson, en collaboration avec COURSE, "NOUVELLES CHRONIQUES DES HAUTEURS" CONCEP- Hugh Delehanty - Éditions Talent sport - TEURS DE Par Jean-Michel Asselin - Editions Glénat - GÉNIE, 22 euros 19,99 euros MACHINES Fort du DE LÉGENDE" Certains courent après toute leur vie, en succès de ses Par R. Moore décrochent une, ou pas. Phil Jackson, lui, "Chroniques et D. Benson. himalayennes", Traduit de compte onze bagues de champion NBA à Jean-Michel l'anglais par son actif. Un record. Celui qui fut le chef Asselin s'est Laura Orsal - replongé dans Editions Dunod d'orchestre des Chicago Bulls de Michael ses carnets de - 29,90 euros Jordan, puis l'architecte des succès de la voyages pour Voilà un livre mettre au jour qui devrait bande à Kobe Bryant aux Los Angeles les coulisses de ravir les fondus de technique, capables de Lakers, évoque ses secrets de management ses aventures disséquer le moindre objet pour en comprendre en haute le fonctionnement. Derrière des marques comme et pioche dans son imposante armoire à montagne. Des Bianchi, Campagnolo, Look, Gitane, Pinarello, souvenirs. aventures sans Shimano ou Trek, il y a toujours des hommes héros ni record à inventifs et audacieux qui ont su à la fois concevoir Aujourd'hui président de la franchise des battre, mais où le risque d'y laisser sa vie est réel. les vélos les plus performants de leur époque et New York Knicks, le "Maître zen" revient À travers une vingtaine de récits philosophiques, fonder des entreprises de renom. charnels, graves et légers, Jean-Michel Asselin, qui Associés à ces marques, il y a aussi des coureurs aussi sur sa carrière de joueur et explique arpente le Népal depuis 32 ans et qui fut rédacteur qui, toujours à la recherche du vélo idéal, poussent les étapes qui lui ont permis de mettre au en chef de Montagnes magazine, transporte ses les constructeurs à sans cesse innover. "Vélos de lecteurs dans un environnement encore plein de point une formule presque infaillible pour course", c'est la passionnante histoire de tous ces mystères. visionnaires dans leur quête de la perfection sur remporter les plus belles victoires. deux roues. FESTIVITÉS

SOIRÉE BLANCHE DES CARABINIERS DU PRINCE MEN IN WHITE Le 20 juin, il nous aura fallu nous transformer en Arturo Brachetti. Après l'inauguration du magnifique nouveau siège du Yacht Club de Monaco, nous nous sommes rendus à la soirée des Carabiniers du Prince section motorisée. Par Jean-Marc Moreno - Photos : Tamara M

e la soirée du Yacht Club où la te- nue du yachtman était de rigueur, nous nous sommes rendus à la désormais célèbre soirée blanche D des Carabiniers du Prince, où en revanche, la tenue "barclaysienne" était vivement souhaitée.

Deux soirées, deux lieux, avec pour dénomi- nateur commun l'excellence de l'organisation. Parmi les quelque 200 convives sur le toit de la caserne, on trouvait encore une fois des sportifs renommés à l'image de Victoria Ravva (vol- leyeuse du RC Cannes), Aubin Hueber et Be- noît August (anciens rugbymen) qui ont animé la soirée jusqu'aux premières lueurs du jour.

Ambiance festive et humeur joviale étaient au rendez-vous, surtout que durant cette même soirée, l'équipe de France de football étrillait celle de Suisse à 10 000 kilomètres de notre Principauté.

12 13 MONTE-CARLO COUNTRY CLUB LE COUNTRY VERSION VINTAGE Le temps d'une journée, le Monte-Carlo Country Club (MCCC) s'est transporté plusieurs décennies en arrière, à l'occasion de la première édition du Monte-Carlo classic vintage tennis tournament, qui a rassemblé 70 participants. Photos : Erika Tanaka

imanche 15 juin, le Monte- Tenues vintage de rigueur, bandeau à la Borg Carlo Country Club a accueilli et utilisation de balles blanches : l'illusion la première édition du Monte- était totale. Pour l'occasion, le juge arbitre Carlo classic vintage tennis du tournoi se nommait Jacques Dorfmann, D tournament. Le principe de ce ancien juge arbitre international de 1954 à tournoi, mis sur pied par Jérôme Séguin, est 1988 (notamment de Roland-Garros). de faire revivre d'anciennes raquettes qui ont marqué l’histoire du tennis mondial. "Roger" Couillard Ainsi, après avoir remis à neuf plus de 70 contre "Pat" Bosio en finale modèles datant de 1960 à 2000, il s’agissait Pour renforcer le côté ludique de ce tournoi, pour les participants de s’affronter en simple chaque participant s’est vu attribuer le pré- ou en double avec du matériel plus ou moins nom d’une star du tennis actuel ou ancien. ancien en fonction de leur niveau (les plus Ainsi, en finale, "Roger" (Guillaume) Couil- faibles avaient droit à des raquettes récentes). lard a disposé de "Pat" (Christophe) Bosio. TENNIS

À l'occasion de cette jour- née, la Fattoria Lavacchio a offert les vins, 24 K s'est chargé du champagne. Pour sa part, Strateco invest a remis des casquettes et des t-shirts aux participants. Tandis que la conception des flyers et affiches a été assurée par Federall.

Grâce à sa victoire, le premier a remporté un week-end à la Ferme des Lombardes, à La Clusaz. Le second a gagné un déjeuner et un bain de soleil à Nikki beach (Saint-Tropez). À noter la présence des joueurs monégasques de Coupe Davis, de Zeljko Franulovic (fina- liste de Roland-Garros, ancien vainqueur des Masters de Monte-Carlo et directeur actuel du tournoi), de l'homme d'affaires Jean-Luc Allavena, de la Baronne Elizabeth-Ann de Massy et de sa fille, Mélanie-Antoinette et du directeur du MCCC, Francis Truchi.

14 15 CULTURE SPORT

EXPOSITION AUBERY SORT DU CADRE Le peintre et président de la section amateur de l'AS Monaco football club a exposé ses œuvres à Saint-Jean-Cap-Ferrat, du 15 au 31 juillet. La nouveauté ? Le fan de sport et de culture s'est essayé à l'"art-car" sur un capot de Nissan en carbone. Par Chris Bertoldi - Photos : Michel Aubery

e dois aller chercher une quarantaine de chevalets à Nice, puis de la moquette noire aussi", expliquait l'homme, dé- bordé à une semaine du vernissage. JMichel Aubéry s'apprêtait à prendre ses quartiers dans les 300 m2 du salon Neptune pour y exposer quarante œuvres parmi lesquelles quinze inédites, réalisées dans l'année qui vient de s'écouler. Du stress ? "Non", grogne-t-il. Et d'ajouter : "Pas à mon âge", dans un sourire malin. Pourtant, l'homme de 68 ans a vécu une première. Il a appliqué les couleurs et les formes issues de son imaginaire au capot d'une voiture destinée à courir les 24 Heures du Mans.

"On appelle cela du covering" "Mon cousin, Jacques Nicolet, est patron de Oak Racing, seule écurie française des 24 Heures du Mans. L'année dernière, il avait fait une art-car, une voiture d'art, qui a eu un succès fou. Cette année, il m'a offert de peindre le capot d'une Nissan. J'étais ravi qu'il me le propose avant que je le lui demande", raconte- t-il, amusé.

La première étape passait par le choix de l'œuvre. Un an et demi de préparation L'heureuse élue était "L'adorateur" (voir photo). "Cela fait un an et demi que je prépare cette expo- Et puis un jour… "L'artiste Philippe Pastor Mais Michel Aubéry n'a pas réellement peint sition", explique Michel Aubery. "En ce moment, est venu dîner chez moi et a vu un tableau le capot de carbone noir. "Ça n'existe plus ça. je progresse. J'ai de nouvelles idées", confie-t-il. qui me restait de l'époque. Il m'a demandé de On ne peint plus directement les voitures. J'ai À croire qu'une pause de 45 ans dans l'exercice qui c'était. J'ai répondu que c'était de moi, il travaillé en collaboration avec la société Mul- d'une passion peut avoir du bon. Ce diplômé de ne me croyait pas. Je lui ai ressorti de vieilles lygraphe. Ce sont des films que l'on appose sur l'école d'art de Nice a réalisé sa première exposi- coupures de presse des années 60. Il est resté la carrosserie. On appelle cela du "covering". tion à l'âge de 15 ans et demi. "J'avais notamment scié. Il m'a proposé de faire une trentaine de Ils se sont servis de l'effet miroir pour répartir rencontré Jean Cocteau qui me prédisait un bel tableaux. Ce que j'ai fait, en un an et demi, et l'œuvre et ont accentué des parties du tableau. avenir." Mais l'armée et dix ans d'enseignement j'ai recommencé à exposer en 2009." Par exemple, il y a deux gros yeux sur le dessus en qualité de professeur d'arts à la Famous Artists Au soir du vernissage, en présence de nom- et deux grosses mains que l'on imagine tenir International de Monaco ont accaparé le temps breuses personnalités et visiteurs, Michel Au- le volant. La cervelle est représentée par tout et l'esprit de l'artiste. "Ensuite je me suis occupé bery affichait un large sourire. Tout comme ses un tas de formes géométriques", explique le de la boutique de l'AS Monaco et je n'ai plus eu invités, ravis de découvrir, ou de redécouvrir, peintre. "Ça a de la gueule", affirme-t-il. le temps de travailler ma peinture." les œuvres de l’artiste.

16 UNDER THE PATRONAGE OF H.S.H. PRINCE ALBERT II OF MONACO

230x280.indd 1 03/06/14 19:17 CHALLENGE INTER-ENTREPRISES

UN "PAR 3" RÉUSSI L'équipe du Monte-Carlo Golf Club souhaitait instaurer une tradition. On dirait que c'est chose faite. Le 20 juin, la troisième édition du Challenge inter-entreprises, imaginé par Frédéric Ruffier-Meray, professeur de golf, et validé par le président Maître Henry Rey, a été partagée par treize équipes. Ce 18 trous semble désormais incontournable en Principauté. Par Chris Bertoldi - Photos : Erika Tanaka, Ayona Recher GOLF

L'équipe Xan, troisième résultat brut.

omme à l'accoutumée, les convives part. Les treize équipes engagées se retrouvaient fait plusieurs années que nous l'agrandissons. avaient rendez-vous à 9 heures pour devant les escaliers. L'effet de groupe créait un Il fait désormais 6 008 mètres. Le but est mul- le départ. Pour ces sociétés de Mona- peu de dissipation. On se mettait à parler fort tiple. Maître Henry Rey souhaitait que le golf co, c'était l'opportunité de se revoir et à laisser éclater quelques rires. "Le départ soit plus compétitif et attrayant. Il le connaît Cou de se rencontrer tout en tapant la se fera dans 10 minutes", annonçait le direc- comme sa poche et ne se lasse jamais de le boni- balle lors d'une compétition amicale. teur. "Oh non, non !", répondait un plaisantin. fier. Aussi, nous voulions qu'il soit homologué Aux alentours de 8 h 15, on savourait encore Ça ne décourageait pas Charles Houtart, qui par l'association internationale de golf, de façon le profond silence des hauteurs du mont Agel. s'empressait de poursuivre l'énumération des à accueillir à nouveau des compétitions de haut Seuls les ronronnements des bolides de luxe consignes. "Au trou numéro 15, vous taperez niveau. Pour cela, le parcours devait faire au venaient couvrir, l'espace d'un instant, le chant une seconde balle qui ne comptera pas pour la moins 6 000 mètres." des oiseaux. C'est aussi pour cela que l'on affec- compétition. Vous testerez les clubs Honma lors tionne le golf. Pour ces moments de tranquil- d'un concours de drive", s'égosillait-il. Frédé- "Eh, j'essaie professeur !" lité et de contact avec une nature épanouie et ric Ruffier-Meray entamait la distribution des Alors que les compétiteurs bûchaient pour res- vivace. cartes de score derrière lesquelles était inscrit pecter le par, nous nous dirigions du côté mer. le trou de départ de chaque équipe. "De cette Les joueurs matinaux ne se faisaient pas at- manière, ils débutent et terminent la compé- tendre. Ils arrivaient en avance pour la plupart, tition à peu près tous en même temps", expli- et se préparaient tranquillement. Ils enfilaient quait-il. Alors que chacun cherchait le nom leurs chaussures de golf et disparaissaient dans de son équipe sur les voiturettes, le directeur le club house. On y dégustait un café et une rappelait tout le monde à l'ordre. "Ne partez légère collation, avant de venir régler sa tech- pas, on voudrait faire une photo de groupe." nique sur l'herbe humide du trou numéro 1. L'occasion de réaliser le réveil musculaire Un parcours international indispensable avant de s'embarquer pour une La chance était du côté du mont Agel ce ma- compétition de quatre heures, mais aussi de tin-là. Le brouillard avait passé son tour et le saluer les camarades qui arrivaient par vagues. soleil s'affairait à caresser chaque parcelle de terrain. La maison Façonnable avait prévu le "Ne partez pas, coup et distribuait ses panamas à tous les com- on voudrait faire une photo" pétiteurs. "Nous avons rallongé le parcours", Tout à coup, coup de klaxon. Charles Houtart, lançait Frédéric, tout en préparant la voiturette directeur du golf, signalait l'imminence du dé- dans laquelle nous allions embarquer. "Cela

18 19 PHOTOS VIDÉOS DE REPORTAGES CODESPORTMONACO.COM

Au trou numéro 5, il y a environ 145 mètres à celles du club et la nôtre, se concentraient sur jouer avec pour vue la Méditerranée, quelques leurs mouvements. "À ce rythme, on va deve- voiliers et une partie de Monaco. À 900 mètres nir connus", lançait l'un d'eux. Puis un autre d'altitude, on peut dire que ça en jette. questionnait : "Vous avez photographié en rafale ?" "Eh oui, c'est pour ça que la balle est C'est l'équipe Weihenstephan que l'on voyait partie loin", balançait Frédéric Ruffier-Meray, débarquer en premier. Patrick Jean, membre qui n'en manque pas une. "Il faut avoir de la de l'équipe première du Monte-Carlo Golf répartie dans ce milieu", se justifiait-il, devant Club au caractère bien trempé, râlait déjà en nos têtes amusées. observant sa balle dans le bunker. Matthieu Louppe, également joueur de l'équipe 1 et Au même endroit, nous croisions le groupe président de l'ASM rugby, arrivait détendu, Veolia eau. Henri Adonto, président du Siecl comme à son habitude. "Matthieu, mais qu'est- (Syndicat intercommunal des eaux des cor- ce que je t'ai appris ?", plaisantait Frédéric, niches et du littoral) un pain aux raisins à la voyant que la balle partait trop à droite. "Eh, main, était ravi de nous annoncer que pour sa j'essaie professeur !", lui répondait Louppe. Ils troisième participation, cela se passait "mieux poursuivaient leur route avec Italo Bazzoli et que les fois précédentes". Serge Bailleux, leurs coéquipiers. alors ce n'est pas facile de garder le niveau. Mais ça va, je me débrouille", souriait le jeune C'était au tour de l'équipe Weihenstephan de De manière sportive homme. Les deux garçons, accompagnés de manger un croissant. "Je viens de me réveiller. Peu après, on croisait le clan WMI, composé Jean-Claude Rasch et Jean-Pierre Crochat, C'est pas la forme aujourd'hui", déclarait Ita- de deux garçons membres de l'équipe jeune poursuivaient leur route de manière sportive, lo Bazzoli. Lorsqu'on questionnait Matthieu du club, Nicolas Noaro et Damien Flachaire. à pied et en portant leur sac sur le dos. Louppe sur le déroulé du parcours, il répondait "Nicolas a bien amélioré son index. En un an, en se marrant : "Ça ne se passe pas bien parce il est passé de 24 à 12", glissait son professeur, "C'est pour ça que les seniors n'en mettent pas une ! Non, je notre guide pour la matinée. Quant à Damien que la balle est partie loin" plaisante… Heureusement qu'on a l'urgentiste Flachaire, il est parti étudier aux États-Unis, à Près du ravitaillement, côté vestiaires du club qui nous sauve", déclarait-il, montrant Serge l'université de l'Indiana. "Maintenant, j'étudie house, nous croisions l'équipe estampillée Bailleux. Patrick Jean, de son côté, continuait seulement. Je ne fais plus que quelques com- Société monégasque des eaux. Ignace Zito, d'être contrarié. "Ça se passe pas très bien", pétitions lorsque je reviens à Monaco. Je joue Alain Laurent, Manuel Nardi et Alain Vitali articulait-il rapidement, avant de saisir une surtout pour le plaisir. Je ne suis ici que l'été, étaient un peu intimidés. Deux photographes, boisson fraîche et de se détourner de nous. GOLF

Marfin n'était constituée que de Suisses, prêts HONMA à recevoir un tacle verbal… L'équipe de foot- LE FITTING ball helvète devait affronter la France lors de la PERSONNALISÉ Coupe du monde, le soir même. "Alors, alors ?", Le concours de drive se déroulait au trou n°15. taquinait Frédéric. "Rendez-vous ce soir oui, on Antoine Ménard, responsable fitting chez va gagner !" L'histoire a voulu que la Suisse ins- Honma France, attendait les golfeurs avec une crive deux buts, certes, mais qu'elle s'en prenne pleine collection de drivers de luxe, fabriqués cinq de la part des Français. Au golf, l'équipe à la main et composés de fibres de graphite et au pingouin aura tout de même remporté le de résine haute densité. "J'ai jamais eu un club cinquième prix au classement des résultats net. de cette qualité entre les mains", s'exclamait Richard Ciocchetti, de Veolia eau. Alors qu'il Pas tous les Suisses ne sont repartis bredouilles allait tenter d'établir le record de longueur de la ce jour-là. journée et qu'il simulait le geste avant de l'ac- Au trou numéro 17, nous attendions l'équipe complir, une petite machine au sol attirait notre "Rendez-vous Mics. Gilles Panizzi, Richard Borfiga, Stéphane attention. "C'est un flight score", indiquait ce soir oui, on va gagner !" Clementi et Stéphane Valsamidis arrivaient Antoine Ménard. "Il nous permet de trouver le Alors que nous reprenions la route pour at- prudemment. Ils cherchaient à déterminer la bon shaft, avec le poids et la résistance idéale teindre le côté montagne du Monte-Carlo Golf position exacte de leur balle par rapport au par rapport à l'utilisateur. De cette manière, le fitting est plus précis. L'appareil mesure, Club, nous croisions une équipe dont les quatre green à l'aide de jumelles laser afin d'ajuster leur entre autres, la vitesse de la balle, du club sur compères portaient un polo floqué d'un animal geste. Panizzi tapait un peu court. Il souriait : la balle, son vol, sa distance et son inclination à plumes. "On est le team des pingouins, pas des "Je fais plus de vélo que de golf… Je viens ici vers la droite ou la gauche." manchots, hein", avançait l'un d'eux. L'équipe pour m'amuser."

RÉSULTATS NET 1er prix : Adriano Vittone

2e prix : Aachen Resonance

3e prix : Logicalgolf

4e prix : Veolia

5e prix : Marfin Management

6e prix : Société monégasque des eaux RÉSULTATS BRUT 1er prix : Weihenstephan

2e prix : Mics

3e prix : Xan

4e prix : LCL

5e prix : Andbank

6e prix : WMI

7e prix : Compagnie monégasque de banque

LE PLUS LONG DRIVE MESSIEURS

Stéphane Valsamidis, 254 mètres

LE PLUS LONG DRIVE DAMES

Danielle Zoubossky, 195 m

LE PLUS PRÈS DU TROU

Patrick Jean, 2,54 m

20 21 CHALLENGE DE TIR ALBERT II

FRÈRES D'ARMES Une soixantaine d'hommes en uniformes ont participé à la deuxième édition internationale du Challenge de tir Albert II, les 26 et 27 juin. À l'initiative de la Compagnie des carabiniers du Prince et de la Sûreté publique, le rendez-vous avait pour but de rapprocher différentes forces de l'ordre. Par Chris Bertoldi - Photos : Mc-Clic

ans la salle de déjeuner de la en binômes. Avec trois sites différents pour six binômes. Mais avec davantage de participants, le Carabine de Monaco, certains épreuves et un rendez-vous 100 % monégasque, rendez-vous a pu être étiré sur deux jours. "Nous prenaient une pause. Regroupés cette escapade offrait un savant mélange de tir nous sommes rendu compte qu'une journée, ce dans l'immeuble "Le Triton", 5 sportif corsé et de visite de la Principauté. n'est pas assez pour créer des liens. Cette fois, D rue du Gabian, ils venaient de dix L'an passé, à la même époque, le Challenge de nous prenons en charge les binômes du mercredi nations européennes et représentaient leur unité tir n'occupait qu'une journée et regroupait 21 soir au samedi. Ils ont plus de temps ensemble TIR SPORTIF

PHOTOS VIDÉOS DE REPORTAGES CODESPORTMONACO.COM L'AUTRICHE A BRILLÉ 1er : L'unité Cobra, Autriche 2e : Le 17e RGP, France 3e : Les Carabiniers du Prince 1, Monaco

pour apprendre les uns des autres", expliquait Découverte du tir sportif Mélanie-Antoinette de Massy, marraine de Un duo de Carabiniers du Prince s'apprêtait à l'événement. "Cela nous permet de diviser les tester l'atelier pistolet à air comprimé. "Pendant participants en deux groupes. Pendant que l'un trois minutes, ils ont droit à un nombre de coups visite la Principauté, l'autre fait la compétition. illimités pour se familiariser avec l'arme. Ce sont Ils ont pu voir le musée océanographique, ils des pistolets de compétition et ils n'en ont pas ont visité le palais, assisté à la relève de la garde l'habitude. Mais globalement, ils s'adaptent vite et découvert les caves de l'Hôtel de Paris ainsi et se débrouillent bien", expliquait Cynthia, la que le Casino." monitrice. "Une fois que le chronomètre est lancé, ils ont cinq minutes pour tirer un plomb dans On ne taillait pas la bavette trop longtemps. Juste chacun des cinq cartons." Les Carabiniers lâchent le temps d'échanger quelques paroles et de boire quelques blagues puis se concentrent et font le une lampée d'eau, puis direction le pas de tir. job, avant de passer à l'atelier de la carabine à air comprimé, du côté opposé de la grande salle.

"Ici, ils ont une passe d'essai et une passe de match. Ils auront deux minutes pour tirer un plomb dans cinq cibles", raconte la moni- trice. "Ça n'a rien à voir avec un fusil d'assaut ou de police. Là, on leur fait découvrir le tir sportif." Un défi que les hommes prenaient au sérieux. Derrière une face souriante, on décelait un stress bien présent. "C'est quand tu le sens, hein", taquinait l'un des carabiniers pendant que l'autre se concentrait. "Mets-toi en position", lui intimait Fabienne Pasetti (10 participations aux JO). "Laisse bien tom- ber tes épaules, calme-toi." Il souffle un bon coup et vise méticuleusement les petites cibles, n'accordant le sursis qu'à l'une d'elles. Pendant ce temps, l'équipe d'Allemagne, le GSG 9 Kameradschaft, prenait leur suite et se collait au pistolet.

22 23 Parcours du combattant Le coup du fusil d'assaut Un parcours alliant vitesse et précision avait Casque anti-bruit accroché au bras, chacun avait été réalisé un étage plus bas, au stand de tir où l'œil fixé sur le prochain tireur. La pièce donnait s'entraînent les Carabiniers et la Sûreté publique. sur l'extérieur où étaient disposées cinq cibles "Ici, le but, c'est d'aller vite et de tirer juste. Les de forme humaine, à 25 mètres. Des membres participants ont affaire à des cibles fixes mais de la Douane française reconvertis en instruc- aussi mouvantes et doivent s'adapter à différentes teurs d'un jour dispensaient les consignes. "Ils positions de tir", explique Jean-Noël, moniteur doivent tirer une balle dans chaque cible en dix de la police. secondes. Ils effectuent ensuite le même travail en huit secondes et enfin en six. Plus on tire La lumière de la grande pièce climatisée était près du centre, plus on cumule de points." Puis assez faible, afin de ne pas rendre l'exercice s'adressant à un Suisse du binôme Edelweiss : trop facile. Les murs étaient recouverts d'une "Entre chaque série, je te demanderai si tu es protection insonorisante. Des planches de bois prêt avant de lancer le chrono". cibles civiles et celles menaçantes. On entrait verticales permettaient d'avancer d'un point à Ici, il n'y avait pas de tir d'essai. On intégrait au moment où un Carabinier, couché au sol, un autre sans être à découvert. les explications et on agissait. Les balles réelles s'apprêtait à endosser le rôle du sniper avec un Les hommes avaient le droit de repérer le che- diffusaient un bruit bien plus impressionnant fusil d'assaut. "Casque", criait-on. "Reculez, min une seule fois avant de se lancer dans du que le plomb du premier stand. Les douilles vous risquez d'être très surpris", indiquait un tir au fusil et au Glock à 25 mètres, debout, tombaient au sol et l'odeur de poudre titillait les organisateur. Les deux coups coupaient littéra- penchés ou carrément allongés. "Pour l'instant, narines. "C'est l'odeur qu'on aime", commen- lement le souffle et faisaient s'emballer le cœur. les meilleurs ont mis une minute quarante pour tait le moniteur, tout sourire. Un stand offrait tirer les 28 cartouches. Il faut être précis, il n'y la possibilité de tester différentes armes de la Explosions et agresseurs en faction a pas de notion de rattrapage. Si c'est raté, c'est marque Smith and Wesson. Piloté par la société Direction une villa désaffectée, boulevard Rai- raté. L'idée est de les mettre en condition réelle", STE (Sécurité tir équipement), qui fournit les nier-III, pour un exercice d'intervention. Il fal- commentait le moniteur. Carabiniers du Prince depuis cinq ans, l'exercice lait descendre des escaliers poussiéreux pour On nous informait qu'à l'étage le plus haut de attirait les concurrents qui s'octroyaient volon- rejoindre la zone d'où provenaient les coups la Carabine de Monaco, plusieurs binômes arri- tiers une pause découverte. de feu. À l'entrée, on croisait deux gaillards en vaient au stand de tir de vitesse. On accélérait Dans la pièce voisine, on abandonnait le tir sta- tenues de camouflage. Peu loquace, la Légion le pas pour les voir réaliser l'exercice bruyant. tique pour un parcours où il fallait discerner les étrangère était sur le point d'entrer dans l'arène TIR SPORTIF

et attendait son heure. "Il nous aura fallu environ terroristes en faction attendaient désormais la ces mêmes images sur les cibles. Entre temps, ils deux semaines pour préparer la villa", soulignait Légion étrangère. À l'extérieur, on retrouvait auront eu d'autres exercices physiques à réaliser, un organisateur. les policiers couverts de poussière, de tâches de de quoi oublier le symbole découvert plus tôt. "Vous visitez toutes les pièces, ouvrez tous les peinture et un peu claqués. "C'est du sérieux", Il y a dix postes de tir et on ne peut tirer qu'une placards. Si vous voyez un piège, vous ne cher- lançaient-ils, avant de se retirer. cartouche par cible. Il faut savoir se calmer, res- chez pas à le désamorcer, vous l'évitez", détaillait "Ils ont droit à un Glock et un G36 (arme pirer et marquer les points car ils comptent plus un Carabinier auprès des hommes déjà enfermés d'épaule). Ils tirent des UTM, ce sont de grosses que le chrono", expliquait le moniteur après s'être dans leurs casques. billes de peinture qui font assez mal", expliquait livré lui-même à une démonstration, sous l'œil Au-dessus, ça ne plaisantait pas. La Police fran- l'instructeur. attentif de la marraine de l'événement. çaise était sur le coup. Explosions, cris, ça cla- La Légion étrangère avait une dizaine de pièces quait dans tous les sens. Puis grand silence. Ef- à visiter et devait distinguer les cibles hostiles "Je tire depuis l'âge de 14 ans", racontait Méla- fluves de poudre, douilles au sol, gravats et autres des cibles civiles. Ils disposaient de 20 minutes nie-Antoinette de Massy, alors que nous quit- pour sécuriser deux étages plongés dans le noir. tions l'école Bosio. Présente dès le mercredi soir pour accueillir la foule de participants, elle a En plus du physique, passé les deux jours suivants à s'assurer du bon la concentration déroulement du Challenge. Le dernier atelier se trouvait à deux pas de la "Il m'arrive de m'entraîner avec les Carabiniers. caserne des Carabiniers, dans l'école Bosio. Il Nous aimons les armes dans la famille. Le tir est demandait un certain nombre de ressources une discipline peu connue. Beaucoup de gens telles que de solides capacités physiques ainsi ne savent même pas qu'il y a un stand de tir si qu'un pouvoir d'attention et de concentration bien équipé à Monaco, avec des installations accru. intérieures et extérieures. J'espère que grâce au "C'est un parcours sportif intense pendant lequel Challenge, les gens apprendront que l'on peut les tireurs devront mémoriser des images et viser profiter d'initiations au tir."

24 25 MEETING HERCULIS LA VALSE DES

out au long de la dixième manche faut dire que depuis plusieurs semaines, cer- de la Diamond league, les chronos tains avaient fait monter la sauce. À voix haute, références de 2014 ont valdingué, de nombreux observateurs espéraient voir le emportés par la fougue des athlètes record du 1 500 m tomber. Le Kenyan Asbel T engagés à Monaco. Alors que les Kiprop avait annoncé la couleur la veille : il spectateurs (ils étaient 16 600) rejoignaient à rêvait de faire vaciller le chrono d'Hicham El peine leur siège, c'est la Colombienne Caterine Guerrouj (3'26"00). Ibarguen qui a ouvert le bal lors du concours du triple saut en atterrissant à 15,31 m sur son Sur le tartan monégasque, Kiprop n'a pas réussi dernier essai. Loin devant la Russe Yekaterina son coup. Il n'a pas non plus remporté la course, Koneva (14,89 m), qui venait juste de lui ravir dépassé dans la dernière ligne droite par son sa meilleure performance mondiale (MPM) compatriote Silas Kiplagat. Le temps affiché sur de l'année. le tableau : 3'27"64. La meilleure performance mondiale de l'année. De quoi ouvrir l'appétit Puis l'attention s'est portée sur le 1 500 m. Un du vainqueur du soir : "C'est ma troisième fois rendez-vous qui en faisait saliver plus d'un. Il ici, ça se passe toujours bien. Là, c'était une ATHLÉTISME

LA VALSE DES CHRONOS Le 18 juillet, un véritable feu d'artifice a eu lieu au stade Louis-II. À l'occasion du meeting Herculis, pas moins de sept meilleures performances mondiales de l'année ont été établies. Pascal Martinot-Lagarde, sur 110 m haies, et Pierre- Ambroise Bosse, sur 800 m, ont battu le record de France. Dossier réalisé par Jimmy Boursicot Photos : Roland Macri - Charly Gallo/Centre de presse Realis/Stéphane Danna - Jimmy Boursicot

course au top. Je ne suis pas surpris par cette 7 MPM AU LOUIS-II victoire, je savais que je pouvais le faire. Cela va Comme l'an dernier, sept meilleures performances mondiales de l'année ont été me donner de la confiance pour les prochaines établies au stade Louis-II. Au triple saut féminin, sur les 200 m, 800 m et 1 500 m masculins ainsi qu'à la hauteur masculine, le record du meeting a été battu années, les Mondiaux et les JO. Pourquoi ne (meilleures performances de tous les temps en Diamond league pour le triple saut pas s'attaquer au record du monde… Je suis et le 1 500 m). Par ailleurs, un record du monde junior a également été battu sur encore jeune et prêt à m'entraîner pour cela." 1 500 m (3'28"81 pour le Kenyan Ronald Kwemoi). Deux 800 mètres de feu TRIPLE SAUT FÉMININ 100 M FÉMININ Caterine Ibarguen (Colombie), 15,31 m Tori Bowie (Etats-Unis), 10"80 Quelques minutes avant, presque dans l'ano- nymat, la Néo-Zélandaise Valerie Adams avait 800 M MASCULIN 5 000 M FÉMININ Amos Nigel (Botswana), 1'42"45 Genzebe Dibaba (Kenya), 14'28"88 décroché sa 53e victoire de rang au lancer de poids (20,38 m). Mais dans ce stade Louis-II 800 M FÉMININ 200 M HOMMES où les conditions sont idéales, il suffit d'une Wilson Ajee (États-Unis), 1'57"67 Justin Gatlin (États-Unis), 19"68 étincelle pour que la nuit s'affole. Cette étin- 1 500 M MASCULIN celle, c'était le 800 m masculin et ses cinq Silas Kiplagat (Kenya), 3'27"64 hommes qui en terminaient en moins d'1'43".

26 27 Dans ce train d'enfer, le champion olympique, HERCULIS David Rudisha devait se contenter du wagon EN TÊTE DU de queue (5e, 1'42"98), alors que la locomo- CLASSEMENT MONDIAL tive se nommait Nijel Amos. Le Botswanais En attendant les résultats de Zurich (le franchissait la ligne après 1'42"45, se plaçait 28 août) et de Bruxelles (le 5 septembre), en tête des bilans annuels et battait le record l'événement monégasque se place en tête du meeting. Au prix d'un superbe effort final, du classement des meilleurs meetings de la planète avec un score de 95 486 Pierre-Ambroise Bosse bouclait le double tour points, devant Eugene, Paris, Lausanne, le plus rapide jamais réalisé par un Français Glasgow ou Rome. Le score est obtenu (2e en 1'42"53). Rigolard en conférence de en additionnant deux éléments : la qualité presse la veille, le successeur de Mehdi Baala des participants (8 170 pts) et les résultats (1'43"15) a su répondre présent. "J'ai eu un (87 316 pts, deuxième résultat de tous les gros revers après le meeting de Paris, j'espérais temps après Zürich 2001). Concernant la participation, la présence d'un champion vraiment battre le record national là-bas. Tout du monde ou olympique rapporte 120 le monde l'espérait et on m'a mis beaucoup points, celle d'un médaillé d'argent 70 et de pression. Même si j'ai appris à la gérer, ce celle d'un médaille de bronze 40. Dans n'était pas une situation facile pour moi. Cette Bondarenko à 2,40 m, ce domaine, Monaco est au troisième fois, j'avais décidé de changer de stratégie, de Gatlin ressuscité sur 200 mètres rang, derrière Eugene et Paris. Au niveau ne pas penser à ce record. Je finis deuxième, Tout en suivant attentivement les épreuves de des performances, le calcul est un peu complexe. On utilise une table de cotation ce n'est pas si mal. Amos est particulièrement sprint et de demi-fond, le public, familial et qui permet de "mesurer" les résultats fort sur la dernière ligne droite. Je peux être festif, ne pouvait s'empêcher de jeter un œil du sous forme de points. Un chrono de 10 fier, le record est tombé, c'est bien", assurait-il côté des grandes tiges du saut en hauteur. Là secondes sur 100 m masculin vaut par en zone mixte, heureux. aussi, "on" espérait assister à des fulgurances exemple 1 206 points. Un temps de 9"70 de la part de Bohdan Bondarenko et de Mutaz en rapporte 1 312. Précision supplémen- Sur la même distance, chez les dames, le sus- Barshim. L'Ukrainien a ajouté un nouveau taire : ce sont les cinq meilleurs perfs des douze meilleures épreuves (sur les 17 au pense a été au rendez-vous. Malgré un palmarès succès à son compteur, il l'a emporté après programme d'Herculis) qui ont été prises encore vierge dans les grands championnats, avoir effacé une barre à 2,40 m, échouant à en compte (plus les 12 meilleures perfor- l'Américaine Ajee Wilson a tenu tête à la Ken- trois reprises à 2,43 m. Le Qatarien, de son mances suivantes quelle que soit l’épreuve yane Eunice Sum (1'57"67 contre 1'57"92), en côté, en est resté à 2,37 m. Le vieux record de pour arriver à un total de 72 résultats). dépit de la bagarre initiée par celle-ci après le Javier Sotomayor (2,45 m en 1993) demeure. Selon ces critères, les Monégasques ont devancé tout le monde. dernier virage. Justin Gatlin, lui, tient toujours debout. En ATHLÉTISME

28 29 l'absence d'Usain Bolt, l'Américain a déjà repris la main sur 100 m. A 32 ans, celui qui fut éloigné des pistes de 2006 à 2010, puni pour dopage, a réussi pour la première fois de sa carrière à descendre sous les 20 secondes sur 200 m (19"68). "J'ai démarré comme si c'était un 100 m, ce qui est supposé être mon point fort. Après le virage, j'ai couru aussi vite que possible dans la ligne droite. Ça a encore mieux fonctionné que ce que j'imaginais. Dans les derniers mètres, j'étais surpris de ne voir personne à côté de moi. J'ai prouvé que je pouvais m'aligner sur 100 m et 200 m au plus haut niveau, je suis prêt à affronter les Jamaïcains sur les deux distances l'an prochain. Pour le moment, je veux rester invaincu sur 100 m en Diamond league", a déclaré l'Américain.

Martinot-Lagarde dans le club des 12, Bowie en 10"80 me concentrer sur mon objectif numéro 1, les Chouchou de la foule, Pascal Martinot-La- championnats d'Europe. À Zurich, je ne veux garde a pu partager sa joie avec elle. Accla- pas faire la même erreur qu'aux championnats mé avant le départ, le Français l'a été encore du monde en salle. J'irai un pas après l'autre." plus après son 110 m haies bouclé en 12"95. Dans son "rétroviseur", Martinot-Lagarde a Nouveau détenteur du record de France (il pu apercevoir le champion olympique Aries appartenait à Ladji Doucouré depuis 2005, Merritt (7e en 13"47 pour sa deuxième course 12"97), passé pour la première fois sous les 13 de l'année), le champion du monde David secondes, le facétieux jeune homme de 22 ans Oliver (6e, 13"38). À moins d'un mois des (lire interview en pages suivantes) n'a pas pu championnats d'Europe, le Tricolore a frappé retenir ses larmes sur le podium. un grand coup. "Hier, je parlais d'entrer dans le club des cou- reurs sous la barre des 13 secondes. J'en fais en- Du côté du 100 m féminin, l'Américaine Tori fin partie. C'est magique, Monaco est magique. Bowie (10"80, MPM) a également réussi un Mon but ce soir, c'était de courir aussi détendu joli tour de force en grillant la politesse aux que possible et ça a fait une énorme différence. Jamaïcaines Veronica Campbell-Brown (2e, C'était génial d'avoir Daniel Ortega (le Cubain 10"96) et Shelly-Ann Fraser-Pryce (6e, 11"01), qui a terminé 2e en 13"01) à côté de moi, on a les ou encore à Allyson Felix, l'autre Yankee en mêmes caractéristiques. Maintenant, je veux lice (5e, 11"01).

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SMEG - Label E+ Code Sport 230x280.indd 1 23/09/13 17:19 PASCAL MARTINOT-LAGARDE "ON NE CRAINT PAS LES FRANÇAIS Nouveau recordman de France sur 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde a franchi un palier cette saison. Aussi décontracté au quotidien que déterminé sur la piste, le hurdler a le potentiel pour se faufiler régulièrement parmi les références mondiales de sa discipline.

la veille d'Herculis, la grande tige âgée de 22 ans a fait le show en conférence de presse, où il est arrivé coiffé À d'un chapeau rose à paillettes et d'un collier hawaïen, avec ses potes Pierre-Ambroise Bosse et Christophe Lemaitre. À l'aise comme un poisson dans l'eau, la nouvelle sensation française a fait le point sur une carrière dont le rythme commence à s'emballer.

Ce chapeau, ce collier… Expliquez-nous ! (Il se marre) Ah, ça sert à rien. Y'a rien à expli- quer. On a trouvé ça dans les couloirs et on a décidé de se pointer avec. Quand tu abordes une compétition, tu as le temps pour stresser. C'est demain qu'il faudra faire monter l'adrénaline. Là, c'est relax, on rigole, on se lâche.

Vous ne pensez pas que certains peuvent croire que vous vous la jouez un peu en arrivant déguisés en conférence de presse ? Honnêtement, j'en ai rien à péter. Je suis pas là pour me la raconter. J'essaye de rester simple, de me faire petit. Il y a tellement de mecs qui ont interview donnée au Comité natio- en avoir (il a été sacré champion plus d'expérience, qui ont des records ou des nal olympique français, vous disiez de France senior pour la première médailles internationales. Dans une chambre n'avoir pas toujours été excellent fois le 13 juillet), il est difficile de s'en d'appel, je ne vais pas essayer d'impressionner dans ce domaine… passer ? les autres, de lancer de mauvais regards. Non, je suis carré là-dessus. J'essaie de dormir Ah ouais, un peu (il sourit de cette transition tôt, de bien manger, de ne pas faire d'excès. En bancale). Pour le moment, j'ai des titres en salle, Vous semblez faire preuve cadets ou juniors, je ne faisais pas attention à mais pas beaucoup en plein air, alors j'ai très de beaucoup de décontraction au tout ça. C'est quand j'ai commencé à m'entraîner faim. Aux championnats de France, on n'avait quotidien. C'est une des clés de la avec Patricia Girard, fin 2011, que j'ai réglé ce pas des conditions exceptionnelles, mais ça reste réussite ? problème. Sans ça, c'est impossible de durer au une bonne course. Pour se surpasser, il faut un À mon avis, beaucoup de grands champions plus haut niveau. Le mec qui a un potentiel, lièvre ou de la bagarre. Là, j'ai fait 13"10 vrai- ont la capacité de se transformer. Ils sont là au mais qui ne fait pas gaffe, il va perfer. Mais pas ment tout seul. moment où il faut être performant, où il faut longtemps. Il va tuer son corps. Ne pas faire être concentré. Ils font le vide en eux et ils font d'excès, je ne le vis pas comme un sacrifice. Le Désormais, vous vous alignez leur course. Une fois qu'ils sortent du stade, ils soda, si tu commences à en boire un peu, t'en parmi les meilleurs spécialistes s'amusent. voudras beaucoup. mondiaux du 110 m haies. Cela fait longtemps que vous vous sentez Ils doivent néanmoins avoir une C'est un peu la même chose avec capable de rivaliser avec eux ? bonne hygiène de vie. Dans une les titres. Quand on commence à Non, c'est depuis l'année dernière. À Paris, j'avais ATHLÉTISME

MAIS ÇA VA CHANGER"

mal à revenir. Malgré ça, j'avais fait 13"30, avec +2,1 mètres/seconde de vent favorable (la limite est fixée à 2 m/s pour la validation d'un temps, ndlr) alors que les minima étaient à 13"40. Par la suite, en conditions régulières, j'étais à 13"41. C'est comme s'il y avait eu des signes pour me dire : "C'est pas ton année, laisse les autres s'amu- ser". Pourtant, j'avais déjà le niveau pour être finaliste aux Jeux. Avec les autres jeunes qui brillent Cette saison, vous avez modifié en équipe de France, avez-vous des éléments techniques (passage de l'impression d'apporter un vent de 8 à 7 foulées avant la première haie) fraîcheur sur l'athlé tricolore ? et décidé de quitter Patricia Girard Je pense qu'on refait un peu la même chose que pour rejoindre le groupe de Giscard par le passé, quand il y avait une belle équipe Samba-Koundy. Était-ce un risque ? de France, il y a une dizaine d'années ou même Dans mon ancien groupe, j'étais le seul à ce avant, du temps de Pérec. On a une bonne géné- niveau. Là, en retrouvant mon frère (Thomas, ration et on en a bien besoin. Quand tu vois 26 ans, finaliste des Mondiaux 2013 sur 110 m une start list avec des Américains, tu sais que ce haies), je sais qu'il y aura du combat tous les jours. sera dur. J'ai envie que ça fasse la même chose C'est quelque chose d'excellent. À l'intérieur du avec nous. On ne craint pas les Français, mais groupe, il y en a qui vont plus vite que moi sur ça va changer. certains points. Aux championnats d'Europe Que vous reste-t-il à améliorer ? (du 12 au 17 août à Zurich), J'ai le meilleur chrono, mais je ne suis pas le vous serez favori… meilleur dans chaque secteur. Mon point fort, Ça, c'est une pression, pas un avantage. Cet couru en 13"12 pour la première fois en exté- c'est la fréquence entre les haies. Mon frère a hiver, je suis arrivé avec le statut de leader aux rieur. Un chrono qui aurait pu me permettre de une meilleure technique. Dimitri Bascou, qui Mondiaux en salle et je suis reparti avec la deu- faire des médailles dans un grand championnat. est aussi dans le groupe, a un départ de feu. Si xième place… Il y a le papier et la réalité, où tu Malheureusement, je me suis blessé au dos et j'ai vous combinez mes qualités avec les leurs, vous vas te taper avec les autres. Là, ce n'est pas parce raté les Mondiaux de Moscou. avez le record du monde… que j'arriverai avec l'étiquette de leader européen que j'aurai course gagnée. Comment avez-vous Entendre votre ancienne coach enchaîné après ce forfait ? parler de vous comme d'un membre Êtes-vous conscient des erreurs Quand j'ai repris, j'étais toujours sur ma lan- d'une "génération qui ne respecte commises pendant cée. J'avais un repère, j'avais l'impression de rien", cela a été dur ? ces Mondiaux en salle ? reprendre ma saison là où je l'avais arrêtée. Mon C'est toujours délicat de changer de coach. Oui, c'est plus dans l'approche mentale… 13"12 à Eugene cette année (le 31 mai) est dans Maintenant, elle a compris qu'on ne peut pas (Il marque une pause) C'est un condensé de la continuité de ça. Je suis sur une bonne voie, lutter contre une fratrie. Patricia, elle savait que merde. Je m'attendais à être champion du en progression constante. je voulais m'entraîner avec mon frère. Elle ne monde, je finis deuxième. C'est fait, c'est der- s'attendait peut-être pas à ce que je franchisse le rière moi. Je ne ferai pas deux fois la même Le fait d'avoir raté pas. Je vais être honnête avec vous, je n'ai même erreur. À chaque fois que j'arriverai en favori, les JO de Londres, ça vous a… pas envie de parler de mon ancien coach. Il n'y a il faudra que je fasse comme si je n'avais jamais (Il coupe). Ça m'a fait chier ! Cette année-là, je pas eu de manque de respect. Quand quelqu'un couru de ma vie. me suis blessé dès ma première sortie et j'ai eu du est blessé, il va pondre n'importe quoi.

32 33 SHELLY-ANN FRASER-PRYCE L'AUTRE VISAGE DE LA JAMAÏQUE À 27 ans, ce petit bout de femme d'1,52 m règne sur le monde du sprint féminin. Shelly-Ann Fraser-Pryce, la gamine du ghetto, est devenue la reine de la piste. Elle a réussi à changer son destin et rêve maintenant de changer celui des jeunes défavorisés de son pays.

tout la volonté de travailler dur pour arriver à quelque chose. Pour récompenser un jour ma mère de tout ce qu’elle a fait pour moi."

L'explosion de Pocket Rocket Pas née sous une bonne étoile, la môme es- piègle (ceux qui l'ont connue à cette époque évoquent une version féminine de "Denis la malice") a tout de même quelque chose qui peut l'aider à sortir de ce marasme. Ses jambes sont petites, certes, mais elles mou- linent à une cadence d'enfer. À 10 ans, Shelly- Ann termine deuxième d'une course scolaire sur 100 mètres, pieds nus. Elle passe à la vitesse supérieure en entrant à la Wolmer's high school for girls, où elle est aiguillée par le coach Michael Carr. "C'est le point de départ de tout ça. C'est là où je suis devenue celle que je suis aujourd'hui."

Malgré un départ canon et un gros poten- tiel, Shelly-Ann Fraser ne fait pas du tout partie des favorites lors des séléctions jamaï- caines, à quelques mois des Jeux de Pékin. À 21 ans, "Pocket rocket" n'a qu'une médaille de bronze aux Carifta games (une compéti- tion caribéenne de jeunes) et une médaille d'argent mondiale du 4x100 m par procura- tion (en 2007 à Osaka, elle n'avait été alignée

l y a des quartiers qu'on évoque unique- Maxine, son héroïne ment pour de sombres raisons. Wate- Dans ce décor à la Ken Loach sauce rasta, l'ado- rhouse fait partie de ceux-là. Dans ce lescente est toujours restée dans le bon couloir. ghetto où les amas de tôle font office de Maxine lui interdisait de répondre aux membres Imaisons, c'est toujours la même chanson, des gangs qui l'interpellaient sur le chemin. sans good vibes. Des histoires de came, de guns S'ils revenaient à la charge, Maxine allait direc- qui claquent, de vies qui s'envolent. tement leur dire deux mots. Elle, l'ancienne C'est là, à une cinquantaine de kilomètres de sprinteuse qui avait dû ranger les pointes au Kingston, qu'a grandi Shelly-Ann Fraser. Le placard lorsqu'elle est tombée enceinte d'Omar, père n'est plus dans les parages, la mère, Maxine, son premier fils. Elle, l'héroïne de Shelly-Ann se démène comme vendeuse de rue pour remplir encore aujourd'hui. le frigo. Pendant un temps, elle est obligée de "C’est grâce à elle si je cours. Elle m'a toujours placer ses trois enfants dans une autre famille. énormément encouragée. Avec ma mère et mes Shelly-Ann a alors 14 ans. "La pire époque de deux frères, nous partagions le même lit. Je ma vie", avouera-t-elle au Telegraph, en 2009. pense que cela m’a enseigné l’humilité et sur- ATHLÉTISME

SES GRANDES DATES 27 DÉCEMBRE 1986 Naissance à Kingston. 2005 Médaille de bronze aux Carifta games (11"73). Lors de cette compétition réservée aux U20, elle réalise son premier podium international. 2007 qu'en séries) à mettre sur le tapis. Elle parvient stadium pour assister aux Boys and girls athle- Alignée en séries, elle décroche la médaille pourtant à décrocher sa sélection pour les JO tics championship, une importante compétition d'argent avec le relais 4x100 m lors des cham- sur 100 m, à l'inverse de Veronica Campbell- de jeunes suivie par toute l’île, elle peine à suivre pionnats du monde à Osaka. Brown. une course, assaillie par les fans. 2008 En 10"78, elle s'adjuge le titre olympique du En Chine, elle surclasse toutes ses concurrentes Briser le "cycle infernal" 100 m à Pékin devant deux autres Jamaïcaines, (10"78) et s'offre le sacre olympique, avec deux Sa popularité dans les Caraïbes, Shelly-Ann Sherone Simpson et Kerron Stewart. dixièmes d'avance sur ses compatriotes Sherone Fraser-Pryce (le patronyme Pryce est celui de 2009 Simpson et Kerron Stewart. Même barré par Jason, son mari depuis 2011) la doit évidem- Durant les Mondiaux de Berlin, elle s'impose un appareil dentaire, le sourire de Shelly-Ann ment à ses performances de haut vol. Mais c'est sur 100 m et avec le relais 4x100 m. est radieux. Elle vient de s'élancer sur un long aussi son implication dans le domaine social 2010 chemin pavé d'or (lire encadré). qui a fait grimper sa cote d'amour. Avec sa Contrôlée positive à l'oxycodone, un analgé- fondation, nommée Pocket Rocket, elle vient sique très puissant qu'elle aurait utilisé pour "J'ai l'attention que je mérite" en aide aux enfants défavorisés, en leur offrant soigner une rage de dents sans en avertir les instances, elle est suspendue pour six mois. Après son triplé aux Mondiaux 2013 (100 m, de bonnes conditions de scolarité. "La pire 200 m et relais 4x100 m), Fraser a été élue athlète chose que j'ai vue à Waterhouse, c'était ces 2012 féminine de l'année pour la première fois. Le filles de mon âge que leurs mères poussaient À Londres, Fraser-Pryce devient la troisième femme à conserver son titre olympique sur même soir, Usain Bolt recevait son cinquième à coucher avec des hommes plus âgés pour de 100 m, après les Américaines Wyomia Tyus trophée. Fêtard flamboyant, bête de com', re- l'argent. Elles n'avaient pas d'éducation, elles (1964 et 1968) et Gail Devers (1992 et 1996). Elle cordman du monde et showman averti, celui-ci tombaient enceintes et restaient coincées dans prend l'argent sur 200 m et sur 4x100 m. Un accapare presque toute la lumière sur la scène la même situation que leurs parents. C'est juste mois avant, elle avait réalisé le meilleur chrono internationale. De quoi contrarier Fraser-Pry- un cycle infernal." de sa carrière (10"70) pendant les sélections ce ? Même pas. "Ce qu'il fait est merveilleux. Il jamaïcaines. mérite tout ce qui lui arrive. Je ne me dis jamais Diplômée en sciences du développement des 2013 que je vis dans son ombre. Non, je pense que enfants et des adolescents à l'University of Après un formidable triplé 100 m-200 m-relais j'ai l'attention que je mérite, ça va." technology, Fraser-Pryce ne se contente pas 4x100 m aux championnats du monde à Mos- cou, elle est élue athlète de l'année par l'IAAF. de jouer les têtes de gondole et de signer des Il faut dire qu'au pays, son aura est aussi grande chèques. Sur ce terrain autrement plus tor- 2014 que celle de Bolt l'éclair, de Yohan Blake ou tueux qu'une piste en tartan, elle s'engage à Elle devient championne du monde en salle à Sopot sur 60 m (6"98). d'Asafa Powell. Lorsqu'elle se pointe au National fond. Comme une évidence.

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BOXE THAÏ

MONTE-CARLO FIGHTING MASTERS CATAPULTÉS À BANGKOK Le deuxième volet du Monte-Carlo Fighting Masters, placé sous le signe de la boxe thaïlandaise, promettait son lot de spectacle avec sept championnats du monde. Organisé par l'Académie de self-defense et sports de combat de Monaco, l'événement avait convié sur le ring les meilleurs de la discipline, parmi lesquels le champion thaïlandais Buakaw Banchamek ainsi que plusieurs Tricolores. Par Chris Bertoldi - Photos : Académie de self-defense et sports de combat de Monaco

a boxe thaï a réalisé son baptême du caméramen et photographes avaient été dépê- feu en Principauté. Accompagné de chés autour du ring rouge central. On montait CE QU'IL FAUT SAVOIR sa panoplie traditionnelle, le sport le volume de la sono, tamisait la lumière et SUR LA BOXE THAÏ phare de Thaïlande s'était installé lâchait une dose de "fumée d'ambiance". Aux La boxe thaï, ou muay-thaï, fut adoptée par e dans la salle Gaston-Médecin, typi- alentours de 20 h 30, les amateurs de boxe les militaires thaïlandais dès le XV siècle. L Très codifiée, elle trouve son origine dans des quement réservée aux disciplines où le ballon pieds-poings pénétraient par vagues. pratiques martiales ancestrales. Avant chaque est roi. combat, le nak-muay - ou boxeur - effectue une Tambour, cymbale et hautbois danse rituelle appelée ram-muay. Il porte à ce En mars 2013, l'Académie avait amené un Déjà gagnés par l'excitation, ils faisaient moment-là le mongkon, genre de serre-tête en peu de Vegas sur le Rocher en donnant à voir entendre quelques éclats de voix. Il faut dire tissu, censé marquer la tradition, témoigner du kick-boxing. Les huit championnats du que l'affiche de la soirée était alléchante. On du respect à son entraîneur et optimiser sa perception mentale. monde proposés avait coupé le souffle d'une annonçait la venue de 14 excellents boxeurs, salle bondée. Le 14 juin 2014, un tout autre tous sacrés mondialement au moins une fois. Chez les professionnels, le duel se déroule univers aparaissait, le temps d'une soirée. Ils venaient de Thaïlande, de France, de Tur- en cinq rounds de trois minutes, rythmés par quie, de Russie, d'Ukraine, d'Australie, de la musique d'un orchestre thaï. Les boxeurs "Allez, on y va", indiquait Claude Pouget à Biélorussie et de Suède. distribuent des coups de poing, de coude, de genou et de pied. Des coups de tibia visent la ses troupes. L'organisateur de l'événement, Deux écrans géants s'apprêtaient à diffuser les face, les flancs et les jambes (high kick, middle suivi de près par la Baronne Cécile de Massy, combats en temps réel, pour donner encore kick et low kick). Les projections et corps- membre d'honneur du comité d'organisation, plus de relief à ce sport. à-corps font partie du "jeu". Les nak-muay fignolaient les derniers détails. Une pléiade de Ce que les néophytes ne s'attendaient proba- portent des gants, des protège-dents et une coquille.

blement pas à voir, c'est l'ampleur symbolique qui accompagne la discipline. Une musique puissante et aigüe se faisait entendre depuis les tribunes. C'étaient les derniers échauffements du petit orchestre thaï dédié à ce genre de rendez-vous. On entendait un tambour, une cymbale et un hautbois nasillard. Un son du genre de ceux qui font se dresser les serpents à sonnettes.

Un peu de calme avant la tempête "Le monde entier nous jalouse", annonçait le speaker. "Monaco est la capitale mondiale de la boxe pieds-poings pour un soir", poursui- vait-il. C'est alors que les ring-girls faisaient leur apparition, déclenchant les réactions de

36 37 la foule. Perchées sur des talons écarlates, LES VAINQUEURS elles avaient revêtu un mince shorty ainsi SONT… qu'un tee-shirt court, mettant en lumière leur -61,24 kilos : Pakorn Sakyothin (Thaïlande) plastique attrayante. sur Yetkin Ozkul (Turquie) aux points -63,5 kilos : Ekkarit (Thaïlande) sur Dylan Il était temps de passer au plat de résistance Salvador (France) aux points et de laisser les bêtes arpenter le ring. -69,85 kilos : Buakaw Banchamek (Thaïlande) sur Djimé Coulibaly (France) aux points Chaque combattant faisait une entrée plus ou -72,58 kilos : Beurneung (Thaïlande) sur moins théâtrale sous les douches de lumière et Abdallah Mabel (France) par arrêt médical au les projections de fumée. Une fois les hymnes 3e round écoutés avec respect, ils entamaient le fameux -76,20 kilos : Alex Harris (Suède) sur Yohan ram-muay, la danse rituelle des boxeurs, au Lidon (France) aux points rythme de l'orchestre. Ils parcouraient le ring -95 kilos : Artem Vakhitov (Russie) sur Dzianis en suivant les cordes et marquaient une pause xième combat, la tendance s'inversait. Chez Hancharonak (Biélorussie) aux points à chaque coin, s'agenouillant au sol ou joi- les super légers, le Français Dylan Salvador gnant les poings en signe de recueillement. allait affronter le tenant du titre WMC, Ekka- +95 kilos : Paul Slowinski (Australie) sur Tsone Rogava (Ukraine) aux points Le tenant du titre se plaçait ensuite au centre, rit (Thaïlande). Après une Marseillaise relayée devant le challenger resté au coin, et réalisait dans la salle, on entendait des "Allez, Dylan !". une danse plus aboutie avec des mouvements précis. Une manière, il paraît, de s'attirer la Dès le premier round, le Tricolore de 21 ans bonne grâce des esprits, mais aussi d'intimi- n'hésitait pas à attaquer un Thaïlandais au der l'adversaire. Une fois la musique typique regard noir et au visage bougon. A la deuxième lancée, elle ne s'arrêtait qu'entre les rounds. reprise, Dylan semblait avoir l'avantage. Il marquait des points en déjouant la garde Du soutien d'Ekkarit. Son partenaire au club, Yohan au Tricolore Salvador Lidon, regardait attentivement et silencieu- A voir les drapeaux brandis et à entendre le sement. Puis il finissait accroupi près du ring chant national repris en chœur, on notait à balancer des conseils : "Le corps !", puis "en que les spectateurs étaient majoritairement bas !" et "avant lui, avant lui", encourageant acquis à la cause thaïlandaise. Lors du deu- le jeune homme - rincé en fin de combat - à BOXE THAÏ

QU'EST-CE QUE LE WMC ? Le World Muaythai Council, couramment appelé WMC, est la fédération professionnelle mondiale de référence concernant la boxe thaï. Créée en 1995, elle est composée de 120 pays et est présidée par le général Chetta Thanajaro, ex-ministre de la Défense en Thaïlande.

ne pas perdre la main. A l'issue de la cin- quième reprise, les deux levaient le poing en signe de victoire. Le suspense se faisait pesant sur les épaules des juges. L'arbitre saisissait finalement le bras d'Ekkarit, vainqueur aux points (deux juges sur trois), sous les huées d'un public nettement désaprobateur.

Buakaw s'est amusé En milieu de soirée, le stade Louis-II accueil- lait le combat phare. Celui pour lequel tout le monde frétillait d'impatience. Le Thaï- landais Buakaw Banchamek, dit le Lotus blanc, 6 fois champion du monde chez les poids moyens (-69,85 kilos) dont 3 fois en WMC et star incontournable de l'univers de la boxe thaï, s'apprêtait à rencontrer le Fran- çais Djimé Coulibaly, champion du monde WMC 2013. Sur son passage, les spectateurs se tenaient debout, prononçant des louanges à grand renfort de smartphones tremblotants afin d'immortaliser l'instant.

Coulibaly avait déjà goûté au muay-thaï de Buakaw en 2011, à Cannes. Un mauvais souvenir. L'heure d'une revanche ? Le public français aimait y croire, en tout cas.

Les fans buvaient la gestuelle cérémoniale de Buakaw comme du petit lait. L'homme de 31 ans faisait durer le plaisir, exhibant ses muscles

38 39 PHOTOS VIDÉOS DE REPORTAGES CODESPORTMONACO.COM secs et effectuant une danse d'intimidation face à son opposant. Il tapait du pied dans sa direction à plusieurs reprises, épousant la musique.

Le gong rententissait et les corps huilés au camphre commençaient à se torde, à feindre l'action, à se jauger. Dans le premier round, Buakaw souriait beaucoup, comme ont cou- tume de le faire les Thaïlandais lorsque c'est facile, lorsque ce n'est qu'une danse pour eux. Lors de la troisième reprise, ça commençait à frapper fort, à claquer sur la peau en sueur. Buakaw parvenait toujours à cogner le flanc de Coulibaly avec son genou, dans n'importe quel corps-à-corps. Il laissait peu de répit au Français et finissait par le projeter lourdement au sol. A la quatrième reprise, le Thaïlandais décidait qu'il fallait en finir. Il tombait le sou- rire et planter un regard infaillible dans celui de son adversaire. Buakaw démontrait l'éten- due de sa technique avec une foule de coups de pied et coups de coude retournés. Djimé Coulibaly encaissait mais ne parvenait plus à attaquer. Le Thaïlandais de 31 ans récoltait une 209e victoire ainsi que la Coupe du Prince Albert II, remise au vainqueur par ce dernier.

La machine Slowinski La soirée s'est achevée sur une note…dif- férente. C'en était terminé des Thaï et des Français svelts. On attendait deux poids lourds (au sens propre) de la discipline sur le ring : l'Australien Paul Slowinski, 114 kilos, et l'Ukrainien Tsotne Rogava, 102 kilos. Déjà, alors qu'on traînait dans les vestiaires, on avait eu notre petit coup de frayeur. Peu après avoir croisé le chemin d'un golgoth ca- mouflé dans un peignoir rouge et respirant comme un buffle, on avait entendu des cris. Certainement que Slowinski lâchait un peu de pression…

Une fois sur le ring, il poussait un nouveau hurlement qui ne manquait pas de faire rire les spectateurs, surpris. Le gaillard se montrait assez vif pour son poids et parvenait même à lancer quelques high kicks dans le crâne de l'Ukrainien. Lorsque son adversaire parvenait à esquiver son coup de pied, l'Australien se faisait entraîner par sa propre force et réalisait presque un tour sur lui-même. Rogava, touché à la jambe droite, parvenait tout de même à fendre l'arcade du grand blond, épuisé, mais unanimement donné vainqueur par les juges.

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FXPRO MONTE-CARLO BEACH-VOLLEY BEACH-VOLLEY

FXPRO MONTE-CARLO BEACH-VOLLEY

CLASSEMENT 1. Espagne 2. Portugal LE BEACH À 3. République tchèque 4. Grèce 5. Estonie 6. Slovénie 7. France L'HONNEUR 8. Danemark Une semaine de beach-volley sur le sable du Larvotto, c'est ce qu'avait organisé la Fédération monégasque de volley-ball, du 11 au 15 juin, pour que le public se familiarise avec cette discipline olympique. Le week-end était réservé au tournoi professionnel, disputé par huit équipes féminines internationales. Par Chris Bertoldi - Photos : FxPro Monte-Carlo beach-volley et CB

n grand ballon orange griffé Fx- Le beach, très différent de l'indoor vait, sous l'œil bienveillant d'Axel Le Meur et Pro flottait dans le ciel. Des tentes La particularité du beach-volley, hormis que cela de Christian Palmaro, président de la Fédération blanches avaient été dressées, ac- se dispute sur une surface sablonneuse, c'est que de volley-ball. "Va ratisser le sable, vite", s'écriait compagnées par une haute tribune chaque équipe n'est composée que de deux per- Le Meur, un barbajuan à moitié grignoté dans la U pour ne pas en perdre une miette. Le sonnes. "En salle, on a besoin de combinaisons, main. "Les bénévoles ont un rôle crucial lors de bruit des claques sur le ballon et les cris d'effort c'est un jeu collectif", expliquait Victoria Ravva, ce rendez-vous de "beach", commentait-il. On poussés par les longues demoiselles ne laissaient joueuse du Racing club de Cannes. "Ici, le jeu est compte beaucoup sur l'entraide parce qu'on ne aucun doute, le spectacle se déroulait ici. Alors beaucoup plus individuel. Moi, je suis centrale peut pas les rémunérer. Ils nous aident à monter forcément, on jetait un coup d'œil, puis on venait et par exemple, la beauté de ma place c'est de et démonter les tentes, à ravitailler le buffet et à s'asseoir pour profiter de la vue. savoir effectuer des combinaisons. C'est tout maintenir le terrain nickel." Elles venaient de France, d'Espagne, du Portu- ce que je ne peux pas faire sur le sable", décla- gal, de République tchèque, de Grèce, d'Estonie, rait la grande blonde accompagnée de ses deux Pourquoi pas du beach masculin ? de Slovénie et du Danemark. La veille, samedi, filles, venue apporter son soutien à l'événement, Les Portugaises Juliana Rosas et Ana Freches, elles avaient disputé les matches de qualification. comme chaque année. "Après, il faut tout autant invaincues lors des matches de poule, s'apprê- "On a dû faire des aménagements de dernière de condition physique et de technique. J'ai eu taient à affronter l'équipe de République tchèque minute", déclarait Axel Le Meur, manager de la possibilité de disputer pas mal de tournois et composée de Karolina Rehackova et de Mag- l'AS Monaco volley-ball. "L'une des filles de ça me plaît beaucoup mais ce n'est pas du tout dalena Dostlova. Alors qu'elles se mettaient en l'équipe d'Autriche s'est blessée vendredi. Le le même sport que l'indoor." place, Christian Palamaro s'approchait. "Ce Danemark a dû les remplacer au pied levé. Une qui est bien cette année, c'est qu'elles ont toutes des joueuses est arrivée vendredi soir, l'autre est Sollicitée de toutes parts, elle se saisissait d'un un niveau un peu équivalent, ce qui fait que arrivée samedi matin à 10 heures alors qu'elle gâteau au buffet. Il était midi et les demi-finales les matches sont serrés et intéressants. Hier, les devait jouer à 11 h 30", racontait-il, ravi que tout n'allaient pas tarder à débuter, sous un soleil matches de qualification étaient très animés. ait finalement fonctionné. puissant. La cinquantaine de bénévoles s'acti- Chez les filles, on utilise plus les échanges que la

42 43 Crédit Agricole, DU CÔTÉ DES AMATEURS à votre service autrement puissance. Elles sont très précises dans leur façon Les jours précédant le tournoi pro, de tirer. Toutefois, on espère, un jour, avoir un plusieurs compétitions amateurs sont partenaire supplémentaire qui nous permettra venues donner le ton. La semaine de faire venir des garçons. Ils ont un autre style commençait avec le deuxième tour- Plus de 100 ans de jeu, plus rapide, plus en force et tout aussi noi de la jeunesse, organisé en parte- nariat avec la Direction de l'Éducation intéressant à voir." nationale. 35 jeunes de 11 à 13 ans des écoles et collèges de Monaco se d’expertise et de loyauté, Alors que le Portugal venait de l'emporter en sont affrontés. La victoire est revenue deux sets et se qualifiait pour la finale, c'était au au collège Charles-III. Dans le cadre à votre service tour de l'Espagne et de la Grèce d'aller tester le du Beach-volley Trophy Albert II, sable monégasque pour la deuxième demi-finale. tournoi inter-entreprise qui s'étire du 15 avril au 30 juin, plusieurs matches amicaux se sont déroulés le jeudi. Pour faire patienter le public de la manière la plus Le grand vainqueur était l'équipe de agréable, le speaker annonçait au micro l'entrée l'Administration. Vendredi soir, une de jeunes danseuses venues tout droit des Îles quinzaine d'étudiants se sont affron- Canaries. Sur une musique pleine d'entrain, elles tés lors du 3e tournoi des Grandes faisaient valser leurs crinières et réalisaient des écoles. La faculté des sciences de Nice a remporté la compétition. chorégraphies des plus attractives. Enfin, samedi, après les matches qualificatifs du tournoi pro, ce sont Le DJ baissait le son et le speaker poursuivait les partenaires du FxPro Monte-Carlo en annonçant l'arrivée en piste d'Ester Ribera et beach-volley qui ont foulé le sable. d'Amaranta Fernandez pour l'Espagne, puis de L'équipe BSI est montée sur la pre- mière marche du podium. Karagkouni Panagiota et de Christou Evangelia pour la Grèce. On assistait à une véritable course- poursuite entre les deux formations. L'Espagne parvenait à s'attribuer le premier set. La Grèce tentait de se refaire dans la deuxième partie du match, notamment avec les smashes puissants d'Evangelia. Mais l'Espagne était décidément au-dessus et empochait ce dernier set, s'offrant sa place en face du Portugal pour jouer le titre.

Premier set portugais, finale espagnole Avant la finale et avant que le soleil ne décide de se retirer, quatre matches de classement accrochés ont animé le terrain de beach. Ils se déroulaient en 2 sets gagnants de 21 points avec 2 points d'écart. photo. thinkstock photo. Flanquées de visières, pour certaines, et de lu- nettes de soleil, elles avaient tressé leurs cheve- lures et arboraient fièrement leurs vêtements de beach. Comprenez, brassières et bas de maillot. des quatre beach-volleyeuses était sensiblement À l'heure de se départager via un tie-break en 15 Une tenue qui reste l'un des charmes imparables le même. À l'image de leur combativité. Les points, les quatre sportives tentaient de donner de la discipline, il faut bien l'avouer… Portugaises entamaient proprement le premier le meilleur d'elles-mêmes. Les scores se suivaient set et parvenaient à mettre sept points dans la mais les beach-volleyeuses espagnoles ont su La France l'emportait sur le Danemark et prenait vue de leurs adversaires (10-3). Les Espagnoles, faire bloc et décrocher la victoire (15-12) avec la 7e place, quant à l'Estonie, elle prenait la 5e qui enchaînaient les fautes au départ, recollaient un score final de 2-1. place et laissait la 6e à la Slovénie. Aux alentours finalement au score (18-18) puis se laissaient de 16 h 30, la République tchèque s'offrait la 3e dépasser par leurs adversaires (25-23). Après ce Ester Ribera et Amaranta Fernandez étaient 23, Boulevard Princesse Charlotte place du podium contre la Grèce. premier set (initialement en 21 points) concédé, récompensées par la coupe du Prince Albert II 00.377.93.10.53.53 Ribera et Fernandez étaient bien décidées à reve- ainsi que par un sympathique chèque de 10 000 C'est sous un ciel gris et épais, rafraîchi par la nir. Les échanges étaient longs et travaillés, le dollars, remis par Christian Palmaro. brise, que les Portugaises et les Espagnoles se jeu était tactique, et l'Espagne s'attribuait la retrouvaient pour le rendez-vous final. Le niveau deuxième manche (21-15). Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel Provence Côte d’Azur, société coopérative à capital variable, agréée en tant qu’établissement de crédit, dont le siège social est situé Avenue Paul Arène à 83002 Draguignan Cedex, immatriculée au RCS de Draguignan sous le n° 415 176 072. Société de courtage d’assurance immatriculée au Registre des Intermédiaires en Assurance sous le n° 07 005 753. COM6 - 03/13 44

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Insertion_CodeSport_CA_Monaco_230X280.indd 1 06/03/13 15:18 ÉQUIPE DE FRANCE DUO À PLEIN TEMPS Elles se fréquentent quotidiennement depuis mars. Vanessa Bonacossi et Zoé Cazalet sont membres du pôle France de Montpellier et représentent leur pays à l'international. Si leurs parcours sont différents, elles ont la même vision de la vie : beach, beach et encore beach.

lles viennent de remporter le match pour la septième place face aux Danoises (2- 1) et affichent un sourire radieux. Elles posent leurs fessiers musclés près de Enous. "On était un peu frustrées hier. Il y avait une poule de quatre et on a perdu nos trois matches. Ce qui est rageant, c'est que les trois étaient à notre portée. C'était hyper serré, ça ne tenait qu'à notre régularité et un peu de "niaque". On s'en voulait et ça nous tenait à coeur de terminer sur une bonne note", déclarait Vanessa Bonacossi (à gauche sur la photo). "On sera bien dans notre tête pour jeudi. On participe au tournoi européen à Montpellier", complétait Zoé Cazalet. Toutefois, le binôme en formation n'était pas pleinement satisfait de cette dernière rencontre. "On aurait pu se rendre le match facile si on avait été plus propres. Ça ne tenait qu'à nous encore une fois. On communique bien, il nous faut un peu plus de stabilité dans notre jeu, mais ça se construit", commentait Vanessa.

Volleyeuse, un rêve de gosse Brassière et serre-tête rose fluo, elle avait arrangé sa coiffure en deux petits chignons plantés sur le haut du crâne. Une dégaine qui collait parfaite- ment à son attitude dynamique et à ses éclats de rire explosifs. La jeune femme de 28 ans a déjà un bout de carrière pro derrière elle. "Ça fait un an que je suis à Montpellier, que je pratique le beach à temps plein et que je m'entraîne régulièrement dans le groupe France. Mais ça fait 20 ans que je fais du volley-ball." Elle a décidé d'en faire son métier à l'âge de huit ans, après avoir assisté à l'entraînement de sa meilleure amie. "La suite m'a semblé logique. Je me souviens qu'à l'école primaire, lorsqu'on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je disais volleyeuse professionnelle", elle se marre. Cela fait une dizaine d'années que Vanessa Bonacossi possède ce statut. "J'ai intégré le centre de formation de Nancy, après je suis allée au pôle France de et j'ai été contactée par des clubs professionnels." La réceptionneuse- attaquante a évolué au plus haut niveau national (Ligue A) avec Terville (Moselle) pendant plu- sieurs saisons et a glané une sélection en équipe BEACH-VOLLEY

PHOTOS VIDÉOS DE REPORTAGES CODESPORTMONACO.COM de France. "C'était une fierté de porter ce maillot. Pour moi, un rêve s'est réalisé ce jour-là."

"Besoin de toucher du ballon" De son côté, Zoé Cazalet termine ses études d'ingénieur. La jeune femme de 22 ans, moins extravertie que sa coéquipière, se définit comme "timide dans la vie mais pas sur le terrain". Zoé pratique le beach depuis "seulement" neuf ans, mais elle baigne dans le volley-ball depuis dix- sept ans. "Maintenant, j'aimerais m'y consacrer complètement." Lorsqu'on demande pourquoi elle a opté pour le jeu sur sable, elle répond du tac au tac : "J'ai besoin de toucher du ballon. Au volley en salle, on est six. Parfois, on ne touche pas la balle. Là, c'est toi qui décides du sort du match. Ce n'est pas du tout le même sport. Physiquement c'est très différent, on ne travaille pas les mêmes appuis. Il y a le vent, le soleil, il faut tout prendre en compte." Avant d'intégrer l'équipe de France senior, la demoiselle a fait ses preuves en équipe de France des moins de 20 ans, moins de 21 et moins de 23 ans. Elle a notamment été quatre fois championne de France jeune en beach-volley, trois

fois championne de France des clubs senior et a participé à plusieurs championnats du monde et d'Europe jeune.

"On vit d'autres choses fortes" "Ça représente beaucoup de sacrifices, mais on s'y fait. Les amis ne comprennent pas forcé- ment qu'on ne puisse pas sortir autant qu'eux lorsqu'on a un match le lendemain. C'est notre métier, il faut qu'on soit en pleine forme. On vit d'autres choses fortes sur le terrain, qu'eux ne connaissent pas", explique Vanessa Bonacossi. "On s'entraîne deux fois par jour. Le matin, on fait deux ou trois heures de beach-volley. L'après-midi, on fait de la musculation ou des exercices cardio dans le sable" Vanessa emploie le "on" parce que Zoé suit le même rythme depuis la fin de son année scolaire. "J'avais le statut de sportive de haut niveau à l'école, donc on me libérait pour que je puisse faire mes entraîne- ments, mais le rythme n'était pas aussi sou- tenu", raconte-t-elle en souriant. "C'est comme n'importe quel travail, on continue d'y penser en dehors. Après, j'évite d'en parler. J'ai envie de voir autre chose quand je peux", poursuit Vanessa. Pour l'heure, elles ont le nez dans le guidon, et ce n'est pas près de s'arrêter. "Notre but ultime, c'est de nous qualifier pour les JO de Rio. Ça n'aura rien de facile, mais on va travailler pour", glissait Bonacossi.

46 47 JUMPING DE MONTE-CARLO

DEUX MOTS SUR LE GLOBAL CHAMPIONS TOUR Le Global Champions Tour, dont le principal partenaire est l'horlogerie suisse Longines, a été mis sur pied par Jan Tops, ancien cava- lier international néerlandais, en 2006. C'est un circuit prestigieux qui tend à réunir les trente meilleurs cavaliers de la planète lors de concours de saut internationaux cinq étoiles (CSI5*), soit la plus haute classification de ce sport établie par la Fédération équestre internationale. Il se présente sous la forme de quatorze Grand Prix en extérieur, organisés dans douze pays, de mai à novembre. C'est le Britannique Scott Brash, numéro 1 mondial, qui a remporté le GCT 2013. ÉQUITATION "SAUT" CHIC Le sable s'était emparé du port Hercule, l'espace de quelques jours. L'objectif n'était pas d'y bronzer mais de vibrer au rythme des foulées de superbes équidés engagés dans la 9e édition du Jumping de Monte-Carlo. Un événement teinté d'Histoire puisque pour la première fois, un Qatari, Bassem Hassan Mohammed, s'est imposé lors d'un Grand Prix cinq étoiles. Par Chris Bertoldi - Photos : RBpresse, Stefano Grasso, Longines Global Champions Tour et C.B.

omme chaque année depuis bien- tôt une décennie, le rendez-vous a touché Monaco en plein cœur. Il a conquis son port et capté l'attention. C Du 26 au 28 juin, les sabots ferrés des destriers ont claqué sur le terrain sablonneux. Quatre-vingts cavaliers professionnels et ama- teurs sont venus s'essayer à une ou plusieurs des quinze épreuves organisées sur la piste la plus exiguë du championnat. À l'instar du circuit de Formule 1, Monaco propose l'épreuve la plus étroite du Longines Global Champions Tour (LGCT) et en constitue la sixième étape.

Les écuries avaient établi leurs quartiers autour du stade nautique Rainier-III. Les effluves de foin et les hennissements puissants de ces nouveaux colocataires ne gênaient en rien les baigneurs, en quête de fraîcheur sous un soleil de plomb. Les équidés, eux, devaient s'habituer à plusieurs facteurs de bruit. Les klaxons des bateaux, des voitures et le public admiratif, accoudé aux bords de piste et dont les applaudissements allaient direct à leurs oreilles. Chaque participant avait droit à deux montures, afin de ne pas abuser du tonus du cheval, ce qui faisait grimper le nombre d'individus à crinière à plus de 200.

48 49 parfois les tribunes, avant de plonger sur le prochain obstacle. Les bouches des cavaliers articulaient quelques paroles pour eux-mêmes ou pour leur compagnon. Ils tapotaient l'enco- lure de la bête pour lui insuffler de la force. Au onzième passage, l'Anglaise Yasmin Pinchen sur Ashkari réalisait le deuxième sans-faute en 66"21, avec un compromis concentration/ vitesse idéal et gagnait sa place pour la suite.

Les meilleurs passaient à côté À chaque entrée d'un binôme, la foule se taisait religieusement. Au bout de 23 passages, il fallait refaire une beauté à la piste afin que les concurrents suivants se voient offrir les mêmes conditions. L'équipe du LGCT débarquait à toute blinde, l'un en tracteur pour aérer et lisser le sable, les autres pour vérifier la dis- position de chaque obstacle. À l'issue de ce premier round, on notait plu-

Le foot en première partie du Grand Prix C'est samedi, à 18 h 30, que se déroulait le Grand Prix du Prince de Monaco, retransmis le soir même sur Eurosport. 46 couples allaient s'élan- cer sur un parcours composé de 12 obstacles d'1,60 m. Dès 16 h 30, on voyait débouler les hautes mon- tures sur la route de la piscine - fermée à cet effet La Monégasque Dietlinde Thomel a remporté - d'un pas flegmatique. Les grooms les condui- une course amateur avec Roberto de Siju. saient au paddock, leur site d'échauffement, afin de faire bosser les articulations deux heures avant le suivant, il fallait aller le plus rapidement pos- l'instant T. Aux alentours de 18 h 15, la foule sible en commettant le moins de fautes. Libre au commençait à se masser. Un groupe de policiers cavalier d'établir une stratégie selon l'humeur était agglutiné devant les grands écrans de la de sa monture. Il pouvait choisir de miser sur le Brasserie de Monaco. Dix-huit minutes déjà que sans-faute en s'attachant moins au chrono, tout le Brésil affrontait le Chili en huitièmes de finale en ne dépassant pas le temps accordé qui était de la Coupe du monde de football… de 70 secondes. Certains patientaient le dernier quart d'heure La cloche retentissait, le jeu était lancé. "C'est dans le coin shopping du Jumping, composé de donc possible !", s'égosillait le speaker après que boutiques Massimo Dutti et Longines. "Douze le Qatari Bassem Hassan Mohammed, 3e parti- minutes avant la mise en piste", s'exclamait une cipant à s'essayer au parcours, réalise le premier voix au micro. Au même moment, quelques sans-faute et s'empare du sésame le conduisant au "hourras" se faisaient entendre. "Déjà un but deuxième tour. Peu après, la fille du Boss, Jessica du Brésil", commentait-on. Springsteen, sur Lisona, établissait un chrono Puis, "Bienvenue à l'un des Grands Prix les plus intéressant à 65"85 mais faisait tomber une barre difficiles du monde", annonçait le speaker. sur le dernier obstacle. "C'est dommage ! Il est encore trop tôt pour dire si elle fera partie des 18 rescapés au premier round 18 (elle en fit partie)." La tension grimpait d'un coup, dans le public comme dans le paddock. Durant le premier On entendait, avec une empathie certaine, le râle round, seuls 18 rescapés allaient décrocher leur profond des chevaux qui retombent sur leurs ap- ticket pour la deuxième manche. L'objectif était puis après le saut. Leurs grands yeux balayaient ÉQUITATION

Le chef de piste et son orchestre Avant le deuxième round, les duos avaient trente minutes pour souffler. Le temps, pour le chef de piste Luc Musette, de donner vie à sa création. Un 4x4 avec remorque amenait en quatrième vitesse de nouveaux obstacles et repartait avec les anciens. Pendant ce temps-là, le tracteur se chargeait d'arranger le sable. On courrait, on assemblait les barres verticales et horizontales, on les mesurait, les dépoussiérait et agrémentait sieurs surprises. L'Australienne Edwina Tops- sa glorieuse lancée. Après avoir pris le meilleur Alexander, 22e mondiale et leader du LGCT sur 35 compétiteurs lors du CSI5* de l'après- 2014, loupait de peu la qualification. Il en midi, le garçon de vingt ans se glissait parmi était de même pour le Britannique Scott Brash les sélectionnés. Pour représenter la France, le (numéro 1 mondial, victorieux sur le Grand 9e mondial, Kevin Staut, parvenait à se qua- Prix de Cannes et champion olympique par lifier malgré une faute, tout en réalisant le 4e équipe en 2012) ainsi que pour le numéro 2, meilleur temps sur le cheval en formation Oh Ben Maher. Quant au jeune cavalier belge d'Eole. Constant Van Paesschen, il poursuivait sur

le tout avec de petites jardinières fleuries. Le maître de cérémonie contrôlait méticuleuse- ment chaque montage. "Le chef de piste a une grosse responsabilité. Il est censé avoir étudié les aptitudes des cavaliers et de leurs montures afin de réaliser un parcours adéquat en terme de difficulté. Il doit être assez compliqué pour qu'il y ait un barrage à la suite de la deuxième manche. Ça fait partie du spectacle d'un Jum- ping", expliquait Diane Fissore, présidente de la Fédération équestre de Monaco et organisatrice du Jumping de Monte-Carlo. Les "pilotes" venaient ensuite reconnaître la piste. Ils disposaient de trente minutes pour évaluer à coup d'enjambées les distances entre les sauts, en vue d'établir le nombre de foulées qu'ils demanderaient à leur monture. Aux alentour de 21 heures, le speaker s'autorisait un point football et annonçait la victoire du Brésil sur le Chili. "Il faudra soutenir le cavalier chilien (Samuel Parot) qui vient de prendre un petit coup au moral."

50 51 Un prénom aux allures de présage la bonne stratégie ! Je devais partir le premier La nuit tombait sur le Grand Prix du Prince, et j'ai été trop prudent, je n'ai pas pris tous rendant les équidés encore plus flamboyants. les risques." L'Irlandais Cameron Hanley, sur Sur leur trente-et-un, ils arboraient tous de Living The Dream, complétait le podium avec belles tresses enroulées. Mais l'œil allait sur- deux sans-faute mais un point de pénalité pour tout vers la musculature saillante et sèche avoir dépassé le temps réglementaire. des bêtes.

Dans cette deuxième manche, le jury accor- CHARLOTTE CASIRAGHI dait 76 secondes maximum aux couples. Huit AU "TOPS" participants sur 18 détenaient déjà 4 points de DE LA PRO AM CUP pénalité amassés au premier round, qui s'ajou- Quinze duos composés d'un cavalier amateur teraient à ceux pris ici, rendant finalement L'outsider a saisi sa chance et d'un cavalier professionnel se sont affrontés chaque faute quasiment éliminatoire. Mohammed signait un chrono de 37 secondes, sur un parcours spécialement conçu pour l'oc- prenant le meilleur sur Bengtsson (37"77). casion, vendredi soir. Les amateurs ont ouvert Les dix autres visaient un deuxième sans-faute. Pour la première fois dans l'histoire du sport le bal sur des obstacles à 1,10 m avant de pas- Le premier à atteindre l'objectif était le Sué- équestre, un cavalier qatari remportait une ser le relais à leur partenaire pour un parcours dois Rolf-Göran Bengtsson (double médaillé telle épreuve. "Je suis très content de gagner à 1,30 m. La première manche permettait de d'argent aux JO d'Athènes et de Pékin) sur mon premier Grand Prix. Je tiens à féliciter le qualifier les huit meilleures équipes. Casall, quinze ans, l'un des chevaux les plus Qatar pour cette victoire, ainsi que la Fédéra- titrés de ce Jumping. Il ne tardait pas à être tion équestre qatarie, ma famille et notre grand Seulement trois ont réalisé deux passages rejoint par le Qatari Bassem Hassan Moham- frère Jan Tops", déclarait-il, ivre de bonheur. sans-faute. Les exercices les plus rapides ont med, sur Victoria, un prénom aux allures de Bassem Hassan Mohammed a réalisé sa plus été réalisés par le couple formé par l'Austra- présage. L'homme explosait de joie, se dressant belle performance depuis ses 4es places des lienne Edwina Tops-Alexander et Charlotte sur sa monture et levant les poings. Seul à avoir Grands Prix LGCT d'Anvers et de Cannes la Casiraghi. Une véritable victoire d'équipe signé deux parcours parfaits, l'outsider qatari saison dernière. à domicile pour ces deux cavalières qui se (111e mondial) allait affronter l'un des couples Quant au Suédois, il tirait les leçons de cette connaissent très bien. les plus expérimentés de la compétition. soirée. "Je n'ai apparemment pas opté pour

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MAXIME ZEGERIUS "IL N'Y A QUE ÇA QUE J'AIME, MONTER À CHEVAL" Le jeune homme aux vastes yeux océan venait de terminer sa deuxième épreuve amateur. Pour sa première sortie internationale, il terminé cinquième. Il y avait de quoi jubiler, et de quoi rendre fier son sponsor Façonnable.

bientôt 17 ans, Maxime Où t'entraînes-tu ? Zegerius, licencié à la A Avignon, avec mon coach Aurélien Silvestre. Il Fédération équestre de est d'ailleurs venu me soutenir pour le Jumping. Monaco, pratique l'équitation Je n'ai pas de groom, je m'occupe moi-même de A depuis cinq années. Une mon cheval. passion dévorante dont il compte bien faire son métier. Le Jumping de Monte- Comment as-tu Carlo était l'occasion, pour ce natif de rencontré ta jument ? la Principauté, de s'essayer à un premier Elle était dans l'écurie où je pratique. Mon entraî- concours amateur international à 1,20 m. neur me l'a faite beaucoup monter un été. Dans un premier temps, ça ne se passait pas très bien. Que penses-tu de ton premier Puis j'ai commencé à trouver les "boutons", à Jumping de Monte-carlo ? voir comment elle fonctionnait, et maintenant, Je suis vraiment heureux. J'ai terminé cinquième nous avons une très bonne relation. J'ai d'ailleurs aujourd'hui, avec ma jument Radieuse de Carolles. fini par l'acheter. On a énormément progressé Le jury classait six cavaliers et on a réussi à en faire tous les deux cette année. Lors de nos premiers partie. Tout s'est très bien déroulé. Pourtant, hier, concours, en septembre, on ne sautait qu'1,05 m. ma jument était un peu stressée et elle a refusé de Aujourd'hui, on saute 1,20 m. sauter un obstacle (ils avaient terminé 16es). Elle est jeune, elle n'a que neuf ans et c'est notre premier Penses-tu que l'animal concours international à tous les deux. a conscience de l'enjeu ? Oui, bien sûr. Les chevaux sentent qu'ils sont en Comment as-tu trouvé concours. Ils sont parfois stressés et ça se voit dans semaine. Je me suis dit que je n'y arriverais pas la piste monégasque ? leurs yeux, par exemple. Ils tranpirent beaucoup avec ce rythme, donc j'ai arrêté l'école préma- Elle est très difficile. C'est la première fois que je et peuvent avoir la diarrhée aussi. Ils ont une turément pour m'entraîner chaque jour pendant me trouve sur une piste si étroite. C'est assez com- volonté plus forte alors qu'à la maison ils sont un mois et demi. Je voulais être au point et faire pliqué de savoir où passer et de bien appréhender parfois moins concentrés. Mais ils s'amusent tout de bons résultats. les obstacles et les virages avec cette exiguité, mais de même. Ils aiment bien sauter. On s'en rend elle s'en est très bien sortie. compte lorsqu'on fait le tour d'honneur. Tous Comment se déroulent les chevaux tournent les uns derrière les autres, tes entraînements au quotidien ? Comment es-tu venu ils sont excités et c'est une très bonne sensation. Je monte différents chevaux parce qu'on ne peut à pratiquer l'équitation ? pas apprendre que sur un cheval. J'en monte Ça m'est venu comme ça, en en faisant un peu l'été, Comment t'es-tu entraîné quatre à cinq tous les jours. De cette façon, en balade. C'est mon petit frère qui a commencé. pour cette compétition ? j'apprends beaucoup sur moi, sur ma position, J'ai essayé, ça m'a plu assez pour que je prenne des Quand j'habitais à Monaco et que ma jument sur la gestion des différents tempéraments. Voir cours et j'ai rapidement pris goût au saut d'obstacles. était à Avignon, je ne montais qu'une fois par tous les types de chevaux, c'est la seule façon ÉQUITATION

d'avoir une équitation très complète. On côtoie Comment vas-tu procéder ? seconde et je passe en première scientifique. ceux qui tirent, ceux qui n'avancent pas, ceux Cela fait trois étés que je pars en stage chez Mais je voulais vraiment travailler dans le qui font tomber… Je suis tombé un paquet de Ingrid Van Der Weiden, un très bon entraî- domaine des chevaux, quitte à gagner moins fois de ma jument. neur. Je lui ai fait part de mon envie de pra- bien ma vie, parce qu'il n'y a que ça que j'aime, tiquer l'équitation au plus haut niveau et elle monter à cheval. Tu comptes poursuivre m'a proposé de me former pour m'aider à entrer dans cette voie ? dans une grosse écurie de concours. Qu'en ont dit tes parents ? Bien sûr. J'espère sauter un jour le 1,60 m avec Si je leur avais dit ça il y a deux ans, ils m'au- les meilleurs et participer aux JO. D'ailleurs, Ta passion s'est donc raient dit non, je pense. Mais ils se sont rendus je pars m'entraîner en Hollande pour deux ans transformée en vocation… compte que ça allait très vite et que je progres- afin de passer professionnel. Je vais suivre des Je me suis posé beaucoup de questions mais je sais beaucoup. Ils se sont mis à 100 % avec cours par correspondance l'année prochaine me voyais mal faire autre chose. Je me voyais moi et ont tout fait pour m'aider à trouver un pour pouvoir monter tous les jours et en faire mal faire des études, pourtant je travaille bien bon entraîneur en Hollande. mon métier. en cours et j'ai de bons résultats. Je suis en

54 55 DU CÔTÉ DES ÉCURIES CAROLINE MARTIN GROOM SERVICE L'une des particularités du Jumping de Monte-Carlo, c'est tout de même cette puissante odeur de foin diffusée en plein cœur de la ville. Des écuries d'un autre genre prennent la place des F1 rutilantes avec des montures tout aussi exceptionnelles, auxquelles une personne dédiée, le groom, ici Caroline Martin, accorde une attention de chaque instant.

peine arrivé sur le port Hercule, cela saisit et intrigue. Malgré l'agitation due aux trois jours de compétition, l'attention du visiteur se porte im- A médiatement sur les hautes grilles bâchées. Derrière, les coulisses du Jumping s'or- ganisent, odorants malgré eux. Tracteur, meules de foin, containers de copeaux et autres brouettes de crottins plantent le décor des écuries éphé- mères. On est catapulté à la campagne. Les boxes des équidés sont alignés sous de vastes tentes blanches. De grandes têtes aux yeux sombres et curieux sortent, çà et là, puis rentrent. Nez collé à un ventilateur, ils patientent. De temps en temps, l'horloge tarde trop à faire tourner ses aiguilles alors on tape du pied et on hennit bruyamment. Histoire d'attirer l'attention de son groom, jamais très loin. Dédié à l'entretien des montures d'un cavalier, le palefrenier - en français - est au petit soin.

Crème et couverture de massage "Tu veux une douche ?", plaisante Caroline Mar- tin avec une collègue. Entortillée dans un tuyau jaune, elle rafraîchit Little Lady Z, somptueuse jument de 13 ans. "On la sèche avec un couteau ÉQUITATION

"Incompatible chevaux qui valent des millions. D'ailleurs, c'est avec une vie de famille" la route le plus difficile. Par exemple, il faut La jeune femme n'arrête pas une seconde. "On qu'on soit partis de Monaco avant 4 heures du a l'impression qu'on fait les choses comme ça matin. Donc après la journée, il faudra ranger vient, mais en fait on respecte un ordre et un ti- et rouler toute la nuit. On va faire 24 heures ming très stricts." Avec dix ans ans de grooming non-stop. Nous avons le Grand Prix de Paris dans les jambes, elle peut en parler. "Notre la semaine prochaine", explique celle qui était travail prend 95 % de notre temps. On n'a pas debout à 5 h 30 pour longer les cheveux à 6 de congés, on est toujours sur la route et c'est heures, lorsqu'il fait encore frais. incompatible avec une vie de famille, mais c'est passionnant", explique-t-elle, le regard droit. "Ce qui nous tient, "J'ai toujours eu la passion des chevaux, mais c'est la passion" je n'étais pas assez bonne cavalière. C'était le "Chaque année, certains arrêtent, épuisés. Ce de chaleur", explique-t-elle. C'est une sorte de meilleur moyen de rester proche d'eux et du qui nous tient, c'est la passion du cheval et de petite raclette pour cheval. Toutes sortes d'outils milieu de la compétition." Pour acquérir les la compétition. Il y a aussi un côté famille entre adéquats sont suspendus aux barreaux des boxes. compétences nécessaires, il n'y a pas d'école ou grooms. Puis on a la chance de vivre des cham- "Je suis un peu pressée, là", glisse-t-elle, essuyant de formation. "On apprend sur le terrain avec pionnats du monde et des Jeux olympiques. son front en sueur d'un coup de revers de main. les grooms plus expérimentés. À ce niveau-là, Avec ça, on oublie tout le mauvais." La jeune femme de 29 ans travaille pour le cava- il faut beaucoup de rigueur et de profession- Une heure avant le début du Grand Prix, le lier allemand Christian Ahlmann. Avant de le nalisme. Dans nos camions, on transporte des rythme s'intensifie encore pour la jeune femme. rejoindre, elle a passé plusieurs années auprès "Je vais le natter maintenant." Elle se saisit d'Edwina Tops-Alexander, longtemps restée d'un peigne, grimpe sur un escabeau et com- dans le top 10 mondial. mence à séparer les crins en mèches. "Ça va Après la douche, elle appose des bandes de glace me prendre environ une demi-heure", indique- sur le bas des jambes de l'animal afin d'aider t-elle, mâchouillant quelque chose. "Je vais muscles et tendons à récupérer. Little Lady Z se attacher les nattes avec les élastiques qui sont laisse ensuite brosser et profite d'une quarantaine dans ma bouche", elle rigole. "Ça paraît bizarre, de minutes sous une couverture de massage. mais c'est un truc de groom. Je peux pas les tenir La jument vient de prendre la deuxième place avec mes mains, et les prendre dans ma poche sur un CSI5*, elle a bien mérité d'être dorlotée. me prendrait trop de temps", explique Caroline. Dans le box en face, Cornado, 9 ans, se tord le "Je sais qu'il passe 33e(1) alors j'ai encore cou pour zieuter le stade nautique Rainier-III. une heure devant moi." "Les gens qui se baignent, ça l'intéresse beau- On note que Christian Ahlmann n'est pas là. coup", raconte Caroline. Il affiche une mine "Le cavalier ne reste jamais aux boxes. Il est au détendue. Pourtant, il s'apprête à participer à carré VIP avec ses sponsors. Il s'occupe de la son premier Grand Prix du Prince. Elle lui bar- communication et moi des chevaux. Chacun bouille de crème les commissures des lèvres. "Il sa place et ça marche très bien comme ça." a tendance à être vite irrité. S'il a des douleurs, 1. Christian Ahlmann et Cornado ne sont pas ça peut le pousser à la faute." parvenus à se qualifier pour le deuxième round.

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NAUTISME

VISITE GUIDÉE MONUMENTAL VAISSEAU AMIRAL Vaste et recouvert de pavés, le quai Louis-II accueille le visiteur avec classe. Cela donne l'impression d'arriver dans un coin inconnu de Monaco. Les nouveaux locaux du Yacht Club se tiennent là, monumentaux, dressés sous forme de navire, logés tout contre la grande bleue. Par Chris Bertoldi - Photos : Carlo Borlenghi, Eric Mathon, Gaetan Luci, Nigel Young, Sydney Guillemin, Guillaume Plisson, Franck Terlin/YCM et Palais princier

58 59 es yachtmen ne sont pas seuls à arpenter la nouvelle promenade. Les flâneurs et les vacanciers ouvrent de grands yeux et s'appliquent à faire entrer le grand L gréement dans l'objectif de leur numé- rique. Amarré, sage et silencieux avec sa voile méticuleusement pliée, Tuiga. On ne peut pas s'y tromper, c'est bien ici. En face, sur le quai Antoine-1er, l'ancienne demeure du yachting monégasque repose, surplombée par le Rocher et le palais princier. D'en bas, déjà, la vue n'est pas mal du tout. Et d'en haut ? Le regard doit grimper de 22 mètres pour at- teindre la cime du bâtiment, de 30 si l'on vise la pointe des deux mâts. Sacrée curiosité qu'un édifice à l'apparence de paquebot massif. Une réalisation tout droit sortie de l'esprit af- fûté de l'architecte britannique Norman Foster (photo ci-dessus) et minutieusement réalisée avec ses équipes d'ingénieurs venus de tous hori- zons. Créateur du Viaduc de Millau ou encore du Millenium Bridge de Londres, l'homme de 79 printemps est précédé par sa notoriété. À Monaco, il a notamment œuvré aux côtés de l'architecte monégasque Alexandre Giraldi, du Français Nelson Wilmotte ainsi que du décora- teur Jacques Grange. Le bâtiment s'étire sur 204 m, sans compter les nouveaux locaux de la Société nautique, dont les avirons prennent la mer à partir du ponton Kelly. NAUTISME

L'art de vivre le yachting sion, dont le but était de donner forme à l'art de Les portes s'ouvrent sur un large hall, avec en vivre le yachting en Principauté. Les fauteuils son centre, la base de l'atrium qui dessert les et canapés de cuir ivoire ou beige se marient cinq niveaux du Yacht club et constitue la pièce parfaitement avec le sol latté de chêne dont les maîtresse de l'ouvrage, certifié Haute qualité joints imitent l'aspect des planchers des bateaux. environnementale. Près des premières marches de l'escalier hélicoïdal, une grande maquette de Ponctué de maquettes voilier donne le ton. de gréements Dans cet écrin de lumière, deux écrans plats Avant d'entamer la visite, on nous invite à ainsi qu'une horloge Rolex achèvent d'orner prendre place autour du bar du club house dédié les murs décorés d'anciennes cartes mises sous aux 1 300 sociétaires, au deuxième niveau. La verre. musique d'ambiance et les notes parfumées du Les photos d'événements nautiques d'époque lieu invitent à la détente. Le pan de la pièce ainsi que les maquettes de gréements sont l'un qui donne sur l'extérieur est entièrement vitré. des fils conducteurs des multiples pièces compo- Il donne accès à la terrasse qui court d'un bout sant cet édifice de 9 000 m2 dont la réalisation à l'autre du bateau - un extrait des 4 000 m2 a coûté 114 millions d'euros. On en retrouve extérieurs - ainsi qu'à une vue imprenable sur la beaucoup d'autres dans les salons du club house. marina, ses voiliers et ses super-yachts. L'un des points forts de cet espace de vie est la collection de plus de 1 600 ouvrages consul- On découvre avec plaisir les choix décoratifs de tables dans la bibliothèque nautique. Si l'on Jacques Grange, allié à Fendi Casa pour l'occa- est d'humeur plus joueuse, on peut s'adonner à

60 61 quelques parties de billard ou de backgammon du nautisme et autres rendez-vous tels que les luxe éponyme. L'Aquarama est d'ailleurs l'une sur des tables dédiées. mariages. On peut y recevoir environ 350 per- des embarcations emblématique de Riva. Ici, il Durant l'été, les cours de fitness sont dispen- sonnes attablées. La salle est surmontée d'une se transforme en lieu de vie terreste et respecte les sés sur le pont du cinquième étage, histoire de mezzanine pouvant accueillir un cocktail avant codes couleurs ainsi que les designs affectionnés profiter de l'air iodé et d'une vue des plus pri- un dîner pris dans l'espace du bas. Un espace par le créateur. vilégiées. Le reste de l'année, une salle de sport de réception ultra lumineux, d'une capacité de et un sauna sont à la disposition des membres. 500 convives assis, se trouve au premier niveau C'est également à ce niveau que se trouve le Toujours à l'étage des sociétaires du club, à est idéal pour débuter l'événement en grande Sunrise restaurant, ouvert uniquement l'été, l'opposé des salons, on découvre le restaurant pompe. auquel seuls les membres du club ont accès, les où les yachtmen ont déjà pris leurs habitudes. La Pour accéder à la fameuse mezzanine, il faut chanceux. L'occasion de profiter d'un repas sur pièce donne sur une large terrasse en bois exo- gravir un étage supplémentaire. Dans ce hall-là, le pont d'un bateau grand luxe qui ne risque pas tique - l'Elondo - sur lequel se fond parfaitement on a affaire à deux espaces lounge, un Fendi et de donner le mal de mer. le mobilier et ses coussins blancs estempillés un Maserati. Lorsque l'on se trouve dos à l'esca- de l’emblème du Yacht club en rouge. Une fois lier, sur la gauche, on accède à cinq chambres passé le bar Moët Hennessy créé par Nelson semblables à de confortables cabines de bateaux Wilmotte, plein cadre sur le must to see : la destinées à accueillir les hôtes en escale, à la piscine avec vue mer baignée de lumière, au manière d'un hôtel nautique. fond ajustable. Alors que l'on pensait avoir tout vu, on met L'Aquarama style Carlo Riva un pied au cinquième et dernier niveau, sur En empruntant à nouveau l'escalier central, on l'"Observatory deck", où l'on est saisi par une grimpe jusqu'au troisième niveau. Le hall prend vue entièrement dégagée sur la baie de Monaco la forme d'un coin salon ivoire très accueillant. et le Rocher. S'éterniser ici est une gourman- En se dirigeant sur la droite, derrière de hautes dise que l'on déguste dans l'Aquarama Riva, portes noires, on accède à la "balroom", un confectionné en hommage à l'Italien Carlo espace privatisable réservé aux divers meetings Riva, fondateur de la marque de bateaux de NAUTISME

INAUGURATION

Norman Foster, "Free of spirit" "C’est un bâtiment entièrement ouvert sur la mer, au cœur du port, pour communiquer avec la ville, on a voulu conserver un esprit traditionnel qui est cher à la Principauté. Ce bâtiment, je l’appelle- rais Free of Spirit (libre d’esprit)", a déclaré Lord Norman Foster, le célèbre architecte britannique connu pour ses partis-pris technologiques et ses choix environnementaux.

Capitale mondiale du yachting La Principauté bénéficie désormais d’un outil de développement et de promotion qui renforce NOUVELLE DIMENSION sa position de "capitale mondiale du yachting". La création d’un cluster (pôle de compétitivité dédié au yachting monégasque) la mise en place POUR LE YACHTING d’un centre de formation nautique, qui délivrera des brevets professionnels homologués au plan Vendredi 20 juin, 4 000 privilégiés ont pu assister, en présence international et l’intensification des régates et de S.A.S. le Prince Albert II, événements nautiques vont dans ce sens. à l'inauguration de ce bâtiment hors du commun. Les festivités se sont poursuivies tout au long du week-end, avec la remise des prix de la Giraglia Rolex Cup, remportée notamment par Pierre ntouré de toute la famille princière, "L’identité Casiraghi en temps réel sur "Esimit Europa 2". de Lord Norman Foster et des auto- du Yachting monégasque " rités monégasques, le Prince Albert "Le pavillon que je viens d’envoyer flotte fièrement II a inauguré le nouveau bâtiment du au sommet de notre nouveau siège. Il s’agit d’une E YCM, qu’il préside depuis 30 ans. étape importante pour la vie de notre Club, pour le port Hercule et pour la Principauté". C’est ainsi Le Souverain a procédé à la traditionnelle coupure que le souverain monégasque a solennellement de ruban, avant que Monseigneur Bernard Barsi, déclaré ouvert le nouveau vaisseau amiral du port archevêque de Monaco, prononce une bénédic- de Monaco, siège du Yacht Club de Monaco et tion. Après cela, le Prince Albert a symbolique- de la Société Nautique. ment fermé les portes de l’ancien siège du quai Antoine-1er, en affalant les couleurs. C'est à bord Et de poursuivre : "Nous affirmons l’identité du d’un pointu, en compagnie de Bernard d’Ales- Yachting monégasque et nous avons voulu la mar- sandri, secrétaire général du Yacht club, que le quer par ce geste architectural dont l’ambition est Souverain a fait son retour vers le quai Louis-II. de continuer à orienter notre pays vers la mer".

62 63 CHALLENGE INTER-BANQUES LE COMPTE EST BON Ils étaient une soixantaine au départ de ce 22e Challenge inter-banques, en baie de Monaco. Douze équipages se sont appliqués à porter haut les couleurs de leurs établissements bancaires, à bord de monotypes J/24. C'est finalement le clan UBS qui a eu le dernier mot.

La deuxième manche consistait en un parcours retour vers la baie de Monaco, histoire de digérer le repas. Samedi soir, à l'occasion d'un dîner de gala, les hôtes découvraient avec ravissement la nouvelle base du Yachting en Principauté, dressée dans le port Hercule, avec une vue sans pareil sur les vaisseaux luxueux qui l'habitent.

Après le brunch, le dénouement Une fois revenus sur Terre et après un généreux brunch, les participants s'engageaient dans une ultime manche en baie de Monaco. À l'heure du bilan, on admettait que les régates avaient été disputées dans des conditions très techniques, typiques de la Côte d’Azur où le vent - dont l'humeur méditerranéenne fait tout le charme - va et vient sans s'encombrer du qu'en-dira-t-on. Dans l'après-midi du dimanche, la bataille pour la première place était très serrée. Les trois pre- miers équipages - UBS, Itaù Bank dont c'était la première participation et Barclays Wealth and Investment Management - cumulaient sept points chacun. C'est finalement UBS qui a grim- pé sur la plus haute marche du podium. Absent depuis 2007, l’établissement suisse, habitué à figurer dans le haut du tableau, a su mêler le plaisir de la navigation à l’esprit d’équipe pour décrocher le trophée ERI.

CLASSEMENT e ciel gris et bas annonçait Nautisme et camaraderie 1er : UBS des régates accrochées. Les douze équipages se sont illustrés sur trois e Les lignes de départ étaient courses, entre Monaco et Cap d'Ail. Après un 2 : Itaù Bank serrées et les bonnes places premier briefing, aux alentours de neuf heures, 3e : Barclays Wealth L difficiles à conserver lors des marins très enthousiastes ont pris possession and Investment Management de cette compétition qui s'étirait de ce qui allait être leur embarcation, l'espace 4e : Tyrus Capital sur deux jours, du 28 au 29 juin. d'un week-end. 5e : CFM Ils s'engageaient ensuite sur un parcours côtier 6e : BSI Incontournable en Principauté depuis plus de 20 en direction de la plage de la Mala, où ils allaient 7e : Julius Baer Wealth ans, le rendez-vous bénéficie du soutien de ERI, prendre le déjeuner tous ensemble. société leader dans le domaine des progiciels Comme à l'accoutumée, les régatiers se sont 8e : EFG Bank bancaires. Amarrés sur le ponton du nouveau montrés séduits par ce programme sur mesure où 9e : Julius Baer Bank Sam bâtiment du Yacht club de Monaco, inauguré l'activité sportive fait corps avec la camaraderie. 10e : BNP Paribas Wealth Managment Monaco une semaine plus tôt, les voiliers J/24, gracieuse- C'est une des raisons du succès annuel de cet 11e : Caisse d'Épargne Côte d'Azur ment mis à disposition par les membres du club, événement. Certains équipages avaient fait le 12e : Gestion Edmond de Rothschild ont assuré le spectacle en Principauté. déplacement depuis Zurich pour y prendre part. NAUTISME

SEADVENTURES LES PITCHOUNS PRENNENT LE LARGE Depuis la semaine du 7 juillet, les jeunes marins sont attendus de pied ferme à la section sportive du Yacht club. Chaque jour, les moniteurs leur proposent d'apprendre et de peaufiner leur technique en voile, kayak, stand up paddle ou encore plongée.

espère fidéliser un certain nombre d'enfants qui resteront au club à l'année", intervient Thierry Leret. Au moment de créer les équipages, branle-bas de combat. "Moi et Matteo, moi et Matteo", crie l'un d'eux, le bras autour du cou de son copain. On ne tient plus en place.

Naviguer d'un point à l'autre Chacun se saisit d'un gilet de sauvetage. Mar- gaux Meslin vérifie qu'ils sont bien attachés. On repère quelques timides qui tordent leurs La voile d'abord pieds et angoissent un peu à l'idée de se jeter à "On s'adapte aux conditions météo. On privi- l'eau. Puis il y a ceux qui montrent d'emblée un légie la voile. S'il y a trop de mer ou de vent, on débit de paroles assez impressionnant. "Vous leur fait faire du kayak ou du paddle", explique êtes prêts les loulous ?", demande le moniteur. Thierry Leret. "S'il pleut, on les emmène au Tous acquiescent, en route vers le ponton. A musée océanographique ou on leur dispense côté de Tuiga, la joyeuse bande prépare ses des cours théoriques. Ils doivent comprendre le Optimist. "Il faut un gouvernail, une dérive vent et savoir comment fonctionne un bateau. et une voile", explique Guillaume Dubos. Une On leur enseigne les termes marins ainsi que fois sur l'eau, chaque moniteur se trouve sur un différentes sortes de nœuds. Nous disposons semi-rigide, éloigné de son homologue de plu- aussi d'un simulateur de navigation sur lequel sieurs dizaines de mètres. Les petits binômes ils peuvent découvrir beaucoup de sensations." ont pour mission de naviguer de l'un à l'autre. Pour l'heure, direction la salle de cours où En une heure et demie, les progrès sont déjà fla- les moniteurs Margaux Meslin et Guillaume grants. "En une semaine, les plus débrouillards Dubos attendent les petites têtes blondes pour parviennent à bien naviguer seuls et à faire de faire l'appel. "Re-bonjour", insistent ceux qui petits circuits", commente la monitrice. étaient là le matin, en en profitant pour crâ- ner un peu devant les autres. Les 17 élèves flanqués de hauts en lycra, de shorts et de n mardi, à 14 h 30. Une chaussons de bain tapent des pieds, jouent avec première pour beaucoup leurs casquettes et bavardent généreusement. de "matelots" de 8 à 12 ans. "Pour ceux qui n'étaient pas là ce matin, on Les mamans les déposent va expliquer les bases de l'Optimist", déclare U dans le hall d'accueil et les Guillaume Dubos. laissent entre les mains de Thierry Leret, directeur sportif, et ses cinq moniteurs. L'apprentissage en binôme "Vous allez être deux dans l'embarcation. Les jeunes sportifs peuvent choisir de vivre l'aven- Que fait le barreur ?" Aussitôt, les mains se ture durant la journée entière ou seulement l'après- lèvent et s'agitent. "Il dirige le bateau avec le midi. Histoire d'en apprendre un maximum sur gouvernail !" "Et que fait son coéquipier ?" "Il les rudiments de la vie maritime. Ceux qui ont équilibre et dresse la voile." La leçon a correcte- débuté la journée à 9 h 30 ont côtoyé le groupe des ment été intégrée. Il faut dire qu'à Monaco, les "moussaillons", les 6-7 ans. Quant aux plus de 12 scolaires profitent de la mer et sont générale- ans, le groupe des "Summer camp", ils embarquent ment initiés très tôt à la voile. "C'est d'ailleurs pour la journée entière, de 9 h 30 à 17 heures. l'un de nos objectifs avec le SeAdventures. On

64 65 MONTE-CARLO BOXING BONANZA BOXE L'ANGLAISE AVAIT TABLÉ SUR LE CASINO Pour la quatrième fois en deux ans, le noble art a rendu visite à la Principauté. Mais cette fois, il a délaissé le Sporting d'été au profit du Casino de Monte-Carlo. Du jamais vu. Une manière, s'il en fallait une, de rendre ce rendez-vous du 21 juin encore plus exceptionnel. Par Chris Bertoldi - Photos : Philip Ducap/Fine Art Photography, CB

dieu, promenade du Larvotto. La niers tests. Bientôt 19 heures, le combat amateur nouvelle édition du Monte-Carlo n'allait pas tarder à débuter, chauffant une salle Boxing Bonanza avait trouvé sa trop calme avant quatre combats d'envergure. place au cœur de Monaco, dans son A prestigieux Casino. Qui dit mieux ? Micallef a pris de la graine à Cuba On ne pouvait pas faire plus symbolique pour Le duel qui opposait les jeunes Hugo Micallef et signaler l'importance de la boxe anglaise en Pratt était tout sauf un jeu d'enfants. En Principauté. rouge, le Monégasque se prenait quelques belles Dans la salle François-Médecin, 400 hôtes torgnoles. Il parvenait à toucher le casque bleu étaient accueillis par la Société des bains de mer, qui ne le lâchait pas d'une semelle. Lors de la alliée, comme les fois précédentes, au promoteur deuxième reprise, les deux garçons ne retenaient sud-africain Golden Gloves Limited. pas leurs coups et cela rendait la rencontre assez prenante. Durant le troisième et dernier round, On posait ses souliers sur une moquette moel- il était difficile de déterminer qui avait marqué leuse et laissait aller son regard vers le ciel. Les le plus de points. "Allez Milan, travaille, tu l'as hauts plafonds, couverts de dorures et de pein- touché", criait le coach de Rosny-sous-Bois. tures, conféraient un aspect historique à la soirée. À l'issue du combat, Hugo assurait le show et Les vastes lustres étincelaient et se reflétaient tenait son poing mi-levé, avant même que le dans les miroirs incrustés dans les murs. Au speaker ne le déclare vainqueur. Une technique milieu de la pièce, un ring flamboyant attendait, inspirée des Cubains… patient. Tout autour de lui, on allait et venait "Il était plus difficile à toucher que le précédent près des sièges rouges. Les caméramen et les pho- adversaire que j'ai eu à Monaco. Il était plus tech- tographes réglaient leurs engins, cherchaient le nicien. Mais j'ai connu plus dur en championnat meilleur point de vue. La régie effectuait les der- de France cadets (il a décroché le titre en mars)",

66 67 racontait Hugo, assez loquace malgré l'effort fourni. "Je suis récemment parti en stage à Cuba et j'ai vraiment progressé. J'ai par exemple appris à convaincre les juges", il souriait. "Tout est dans l'attitude. Il faut montrer au public et aux juges qu'on va gagner. Il faut arriver en vainqueur."

Ngumbu, l'expérience a parlé Dans le combat suivant, deux mi-lourds avaient dix rounds pour se départager lors d'un duel international. Le Français Doudou Ngumbu (que nous avons suivi pendant une journée, à lire p 74-75), 32 ans, rencontrait le Sud-Africain Johnny Muller, 23 ans. Dès le premier round, le jeune Muller attaquait et cherchait à coincer Ngumbu dans les cordes. Mais le Français ne se laissait pas avoir et allait direct au corps-à-corps pour se sortir rapidement du piège, ce qui ne plaisait pas à son rival. Il le lui faisait comprendre en plaçant plusieurs coups vicieux derrière son crâne. Le Tricolore répliquait en lui fendant l'arcade avec une droite puissante. Deux profils bien distincts se dégageaient. Le Sud-Africain était massif et lent, alors que le Français était rapide et mobile. Le jeu de jambes efficace de Ngumbu lui per- mettait d'esquiver plusieurs frappes de Muller destinées à s'abattre sur le coin de sa mâchoire. "Provoque-le", lançait son coach. La tactique de Doudou Ngumbu était de laisser venir son opposant, de l'éviter et de le punir. Une tactique BOXE

visiblement rôdée, mais qui ne l'a pas empê- ché d'accuser des allonges bien senties. Lors de la quatrième reprise, Ngumbu assénait deux droites sans appel à Muller. "Là, il a marqué des points !", entendait-on. Plus le combat avan- çait, plus les frappes claquaient sur les peaux mouillées. Le dixième round terminé, Doudou Ngumbu se signait, et se signait encore, le regard vide. Une fois déclaré vainqueur, il tombait à genou sur le ring. "Je remercie mon adversaire. Pour faire un bon combat, il faut être deux. J'ai fait ce que j'ai pu. Ce n'était pas facile. À la fin, il n'avait plus d'espoir et ne faisait que taper lourd. Il est jeune et a un bel avenir devant lui", déclarait le Fran- çais, essoufflé.

Budler s'est payé le KO de la soirée Lorsque le Sud-Africain Hekkie Budler, dit "The Hexecutioner", a fait son entrée sur l'estrade, il semblait déjà au summum de son énergie. Plus petit combattant d'Afrique du Sud avec son mètre 50, il en est aussi le numéro 1. À 26 ans, le garçon aux cheveux bleus totalisait 26 combats dont 25 victoires. Mais cela allait-il suffire face au Thaïlandais Pigmy Kokietgym ? À 32 ans, il était nettement plus expérimenté avec ses 60 combats et 52 victoires. Les deux poids mouches allaient s'affronter pour le titre mondial WBA/IBO. Une fois la première reprise lancée, le Sud-Afri- cain n'allait plus laisser de répit au Thaïlandais. À chaque fois qu'il touchait son adversaire, de fervents soutiens hurlaient dans le public. De quoi avoir envie de poursuivre. Kokietgym par- venait à se montrer agile et sûr de lui, même. À la fin des quatre premiers rounds, il levait les poings en signe de domination, pour faire illusion. Mais l'autre était tenace, les échanges de coups appuyés et le rythme très soutenu. Budler poursuivait méticuleusement son tra- vail d'épuisement sur son rival et finissait par le faire reculer. Il l'enchaînait dans les cordes et le faisait tomber une première fois à la fin de la septième reprise. Dès le début de la huitième, il lui tombait dessus et lui administrait une série de coups, obtenant le seul KO de la soirée. Hommes de coin et médecins se précipitaient sur le ring. Pigmy Kokietgym ne parvenait pas à se relever. Hekkie Budler, entre deux exultations, aidait son opposant à regagner son siège. On lui observait les pupilles avec une petite lampe. Humilié, le Thaïlandais quittait la salle rapidement. Pendant ce temps, le Prince Albert II félicitait le jeune homme en personne.

68 69 "El toro", ivre de coups Il ne fallait pas patienter longtemps pour se voir s'illustrait dans un combat laborieux, face à un offrir encore plus de spectacle. Un championnat adversaire qui ne cessait de provoquer le corps- du monde WBA par intérim des poids louds-lé- à-corps, profitant de sa position pour glisser des gers mettait face à face le Français Youri Kalenga, coups en douce. Murray, lorsqu'il pouvait boxer, dit "El toro", et le Polonais Mateusz Masternak. se montrait très technique. Il développait tout Short noir estampillé d'une croix rouge paille- un panel de coups. Bursak, lui, visait surtout le tée, crête peroxydée au sommet du crâne, "El visage et dès qu'il se retrouvait en difficulté, figeait toro" levait déjà le poing. Son adversaire épais le combat. "Go Martin !", criait-on en chœur, le affichait des traits durs, imperméables aux pro- drapeau de l'Angleterre porté aux nues. À la neu- vocations du Français. Au départ, ça sentait le vième reprise, il parvenait à distribuer une sévère KO. Kalenga et ses bras musculeux cherchaient droite qui faisait vaciller l'Ukrainien. La salle se à taper sans relâche. Le Polonais était rapidement levait comme un seul homme. "Martin's gonna criblé de marques rouges sur les flancs, jusqu'au kill you !" Échaudé par les coups bas et le jeu dos. Quand il reculait, le Français le poursuivait. pénible de son adversaire, l'Anglais se dégageait "El toro" désirait sa victoire si fort qu'il harcelait et frappait plusieurs fois, faisant gicler la salive de son adversaire, un véritable roc. Il encaissait et la bouche de l'Ukrainien. Vainqueur aux points, parvenait à cogner la face du Français à plusieurs Martin Murray était plus acclamé que jamais par reprises. Youri Kalenga continuait de le pousser les fans qui avaient fait le déplacement. dans les cordes pour le frapper à volonté. Les "Come on Youri !" et les "Go on !" pleuvaient. Ce combat de gros bras plaisait au public qui se faisait de plus en plus entendre. Si "El toro" fonçait toujours à la septième reprise, il commençait à avoir la face tuméfiée. Ses arcades étaient gonflées et il affichait de très nets signes d'épuisement. Le suspense grimpait car en terme de points, il était devant Masternak. Mais s'il tombait de fatigue, le travail était fichu. Au round huit, il balançait des frappes assassines qui faisaient reculer le Polonais. Il y allait de tout son buste pour atteindre sa cible. "Encore ! Encore Youri !"

La salle exultait lorsque le gong final retentissait. Kelenga, complètement sonné, titubait sur le ring et calait une grosse casquette de la marque du rappeur La Fouine sur sa crête. Déclaré vainqueur, il ne parvenait plus à maintenir son poing en l'air. Il finissait par trouver la force de soulever sa ceinture devant des spectateurs euphoriques. Dans son ivresse, "El toro" flanquait sa ceinture sur l'épaule du Prince Albert II, amusé, en signe de remerciement.

Murray superstar L'ultime combat était aussi le plus attendu. Les deux têtes d'affiche allaient se disputer la cein- ture d'argent WBC des poids moyens. L'Anglais Martin Murray, 31 ans, avait affaire à l'Ukrainien Max Bursak, 28 ans. "There's only one Martin Murray", chantaient à tue-tête les supporters du natif de Saint-Helens (près de Liverpool), venus en masse. Ils criaient des encouragements avec un accent à couper au couteau. L'homme au dos entièrement tatoué

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HORS-CHAMP

FLASHES AVANT CLASHES Quand on pense boxe, on pense muscles, cuir et chocs. On imagine les arcades fendues, les cris des hommes de coin et les protège-dents qui sautent. Le moment est quand même particulièrement violent. De quoi appréhender. Quelques instants avant le grand rendez-vous, la température grimpait de plusieurs crans dans les coulisses.

n couloir étroit et lumineux. Un on est dans un endroit prestigieux." Pratt a Les staffs déambulent, à la recherche d'in- premier golgoth en costard. Puis les traits crispés. Son coach lui fait répéter formations. "Doudou, 19 h 30", lance l'un un deuxième. Les loges sont tout quelques gammes. Il souffle : "ch-ch-ch". Ses d'eux. Les préparateurs physiques palpent près. Sous le regard lourd de ces coups vont mourir dans les pao. "On essaie les muscles une dernière fois. L'odeur de U cerbères, on traîne devant celles de lui donner un peu d'influx, un peu d'adré- camphre emplit la pièce. On y est presque. de Martin Murray et de Max Bursak, les stars naline avant le combat", glisse l'entraîneur à de la soirée. Les portes sont entrebâillées, on l'un des hommes qui gardent le périmètre. Derrière la porte voisine, les Sud-Africains scrute, dans l'espoir de voir se préparer les Johnny Muller et Hekkie Budler patientent bêtes. Les deux salles sont désertes pour le "Wanted love" tant bien que mal. Il n'y a pas écrit "Défense moment. Déception. Plus loin, dans le couloir aux hauts murs d'entrer", mais c'est tout comme. Muller blancs, de l'animation, une salle bondée. Les donne l'impression d'avoir envie de mordre Ailleurs, ça discute. C'est la voix du coach Français Youri Kalenga et Doudou Ngumbu quiconque pénétrerait sur son territoire. de Milan Pratt, l'adversaire du jeune Moné- vont et viennent en caleçon, frappent l'air. Budler, minuscule personnage blafard aux gasque, Hugo Micaleff. "Attention aux têtes, Sur le sous-vêtement de Kalenga, l'inscrip- cheveux bleus, affiche un air hilare encore aux accrochages. Quand je dis stop, on s'ar- tion "Wanted love", en noir sur fond blanc. plus effrayant. Courage, fuyons. rête. Ok ? Des questions ? Allez, amuse-toi, Un peu de douceur dans un monde de brutes. BOXE

Panique dans le labyrinthe Dans le couloir, un conciliabule d'hommes en noir, les commissaires. Ils viennent vérifier les bandages et y apposent une large signa- ture. Le sceau de la justice. Impossible pour les boxeurs de truander. Mais le problème n'est pas là. Il y a réunion parce qu'il y a incompréhension. Un homme a lunettes explique en anglais : "Lorsque les premiers boxeurs sortiront, les suivants en- fileront leurs gants sous notre contrôle. Il faudra deux personnes pour rester avec eux durant tout le combat. Vous comprenez ?" Pas sûr. Il manque du monde. Panique dans le labyrinthe. De notre côté, on poursuit la visite des vestiaires tortueux aux allures de loges de stars. Quelques marches plus bas, un couloir désert. Au loin, des éclats de voix aux intonations hispaniques. Sur la piste du petit Micallef…

Ça sent déjà la sueur Alors que l'on croyait se trouver seul, un type de la régie flanqué d'un casque et d'un micro nous dépasse. "Ten minutes", lance- t-il avec un accent british à travers la pièce. On met les pieds dans un grand salon. Ça sent déjà la sueur. L'air est moite. Le coach cubain Juan Gonzalez Gonzalez administre des claques sèches sur les bras d'Hugo, tout en lui dispensant une salve de conseils. "Oui, ok", acquiesce le boxeur. Le grand homme enfile les pattes d'ours et fait frapper Hugo. Un, deux, trois. Un, deux, trois. "C'est bon, assieds-toi. Non, pas comme ça", il replace ses jambes. "Tu te concentres bien sur le combat. Tu donnes les coups intelligemment."

On lâche les bêtes De retour dans le couloir du haut, on croise son adversaire. Il souffle toujours, a le regard bas et probablement le stress au ventre. Dans quelques minutes, il devra relever la tête et faire face. Le compte à rebours est lancé. La pression monte nettement. L'homme de la régie déboule à nouveau. Le cœur tape. Le coach plante un caméscope sur sa main pour ne pas en perdre une miette. "C'est l'heure. Vous marchez derrière moi."

72 73 EN IMMERSION PROTECTION RAPPROCHÉE Trois jours avant son combat contre le Sud-Africain Johnny Muller, nous avons suivi le pensionnaire du Boxing club de Blagnac, Doudou Ngumbu. Un peu de préparation physique, une dose de discussion et une pincée de détente, le Toulousain d'adoption détenait la bonne recette.

"Je continue ?", les yeux de Doudou demandent autant que sa voix. "Non, arrête. Passe à la corde", répond Junior, toujours concentré sur son boxeur.

7 h 20 Le coach, survêt' et claquettes, est assis. Silen- cieux, pensif. Junior Serege est aux aguets, debout, chrono en main. "La corde à sauter brûle plus de calories que le tapis", indique-t-il. Le boxeur porte des vêtements adaptés, dont la texture ressemble à du plastique, pour transpirer au maximum. "Pour lui, le régime n'a pas été trop difficile. C'est quelqu'un de rigoureux, qui a de l'expérience." Avec ses 36 combats, 31 victoires dont 11 KO et ses 5 défaites, le natif de Kinshasa (République démocratique du Congo) connaît la musique. "Stop, fais une pause. On va faire les étirements." Le bonhomme tombe la veste, de grosses gouttes de sueur s'échouent au sol.

7 h 48 "Encore un peu d'élastique et on fait la leçon", annonce Junior. "Muller est droitier. Il a une boxe classique et est à peu près de sa taille. Va falloir aller le chercher. On va pas lui faire de

ors de la conférence de presse pointer en survêtement noir. On prend quelques au Casino, la veille, on établissait minutes pour discuter. "C'est comment, ici, à Mo- le contact avec Doudou. Sympa, naco ? Moi, ce que j'aime à Toulouse, c'est qu'il y souriant et ouvert, le boxeur de 32 a de la vie, des repas de quartiers. J'aime les gens, Lans nous conviait sans hésiter à j'aime les odeurs, j'aime que ça bouge", raconte passer le jeudi avec lui. "L'entraînement l'homme, calme et curieux. "On y va parce qu'ils commence à 7 heures", lançait-il, excité doivent nous attendre." comme un gosse. Pas de grasse mat' pour les combattants visiblement. 7 h 05 "Ils", c'est son coach Mohamed Bennama, et son 6 h 55 préparateur physique, Junior Serege. "Au tapis ?", On débarque au Novotel, QG des cogneurs pendant propose ce dernier. "Je suis aussi préparateur mental quelques jours. Dans le hall, on croise déjà le Thaï- à plein temps", sourit Junior. "C'est quelqu'un de landais Pigmy Kokietgym qui fait les cent pas. Un très psychique, donc on a commencé la préparation coach, flanqué d'une veste Adidas, navigue sur son très tôt pour le mettre dans les conditions les plus smartphone, enfoncé dans un canapé. On n'attend favorables. Il faut qu'il gagne samedi. Ce combat pas longtemps avant de voir Doudou Ngumbu se peut l'amener à beaucoup plus intéressant." BOXE

13 heures "Allez, 15 minutes de cardio", lance Junior. Pendant Le boxeur a mangé des légumes, du saumon et des que l'élève transpire, les deux profs discutent des fruits. Maintenant, il parle foot. "Mon père voulait conditions de vie des boxeurs et rêvent en parlant que je sois footballeur. Je l'ai déçu en faisant de la de Floyd Mayweather, sportif le mieux payé du boxe", confie-t-il, le regard bas. "Moi je suis heureux monde (105 million de dollars en 2014). de ce que je fais. Je vis quelque chose que tout le Doudou remonte et travaille ses bras avec les élas- monde ne vit pas." Il change de sujet. "Ce soir, je tiques. regarde Côte d'Ivoire-Colombie ! Je dormirai après", se régale-t-il. 16 h 30 cadeau", raconte tranquillement le coach. Il enfile On passe à la technique. Il ruisselle à nouveau. un pao sur chaque main. "Tu n'appuies que sur les 14 heures "Essaie de feinter Mohamed", intime Junior. Dou- coups importants", commande Junior. Mohamed Alors que Mohamed s'est retiré dans sa chambre dou rajoute du jeu de jambes sur la demande de lui fournit des indications à voix basse. Les gants pour profiter d'une sieste au frais, le préparateur Bennama. "T'es bien là, t'as du punch", commente de boxe rouges tranchent sur le tee-shirt jaune physique et le boxeur louchent sur la piscine. "L'en- le préparateur physique. Doudou manque d'embar- fluo, trempé de sueur. "Allez, récupère", autorise traînement est à 16 heures ?", demande Doudou, quer le nez de Mohamed. "C'est bon, là. Tu peux Mohamed. Le garçon se désape et monte sur la d'un air entendu. "Jusque là, je serai à la piscine", faire un peu de "shadow" (frappes dans le vide) pour balance. Les deux hommes viennent autour de lui, lâche-t-il dans un large sourire. détendre les muscles." sollennels. "80, 900 kilos, c'est bien", déclare Junior à l'attention d'un Doudou au regard interrogateur. 16 heures "Ce qui est valorisant, c'est la ceinture nationale, Direction les vestiaires pour la douche. Doudou se pèse. 81,400 kilos. "Ca va ?", demande- la ceinture européenne, la WBA, WBC et IBF. Le t-il. "Oui, demain ça sera bien (il devait être à 79 reste, c'est rien. Mais ça permet de se faire voir. Ce 8 h 30 kg pour la pesée). Il faut pas faire comme tous ces combat international va permettre à Doudou de L'heure du petit déjeuner. "C'est quelqu'un de très boxeurs qui s'affament et sont au poids trop tôt", mieux se classer et de se voir proposer quelque chose affectif. Il a besoin de se sentir entouré", glisse Junior répond Junior. "Le poids, c'est l'ennemi numéro 1 de mieux. Voilà à quoi ça sert", explique l'entraîneur. pendant que Doudou compose son assiette. Ce sera du boxeur", commente Mohamed. Discret, il a pourtant de la bouteille et un avis bien champignons, œufs brouillés, concombres et jus tranché. Il forme du boxeur depuis 1992. de fruits. "Je fais déjà un sport de confrontation. Je peux pas travailler avec quelqu'un qui m'agresse. 17 heures "Ben" est très doux et c'est ce qu'il me faut." On Doudou se pèse, il a perdu un kilo (80,300 kg). "De rigole parce que Mohamed choisit la même table toute façon, tu le sentiras "Dou". Fais ce que tu sais bancale, chaque matin. Pas de stress ? "Non. Je suis faire. La victoire vient dans la difficulté", relativise détendu parce que j'ai souffert à l'entraînement. Junior. "Dès la première minute, on Le premier combat, c'est déjà de s'entraîner cor- aura de réels éléments pour te donner des conseils", rectement", explique Doudou. "Il a un temps de conclut Bennama. réaction supérieur à l'adversaire", articule Mohamed en mangeant un yaourt, lunettes de vue campées sur le haut du crâne. De gauche à droite, 9 h 30 le coach Mohamed "Je vous laisse. A tout à l'heure", annonce le coach. Bennama, Puis dans une œillade, il poursuit : "Hammam !" Doudou Ngumbu "Lui, il sait pourquoi il est venu", s'esclaffe Junior. et le préparateur Doudou fait le tour des tables et salue coaches et physique Junior Serege. boxeurs. "Un bon réveil musculaire, c'est impor- tant. Maintenant je vais aller me reposer jusqu'à l'heure du déjeuner."

Midi On retrouve tout le monde dans le hall de l'hôtel, installés dans les fauteuils et canapés. Le coach du Français Youri Kalenga est présent. La discussion est animée. "On parle de politique", indique Doudou. Chacun défend son avis sur l'ancien président de la République démocratique du Congo (ex Zaïre, de 1971 à 1997), Mobutu, et sur son successeur, Kabila.

74 75 JUDO LA GRINTA DE GRINDA À 17 ans, ce membre du Judo club de Monaco (JCM) va prendre part aux JO de la jeunesse (JOJ), à Nanjing, à partir du 16 août. En Chine, sur une scène internationale encore un peu grande pour lui, Nicolas Grinda tentera de bien figurer et de tout donner. Comme toujours. Par Jimmy Boursicot - Photos : Michael Alesi, archive COM et DR JO DE LA JEUNESSE

PHOTOS VIDÉOS DE REPORTAGES CODESPORTMONACO.COM n le retrouve devant l'entrée du stade lors de la cérémonie d'ouverture. "J'avais déjà Louis-II, pas loin du dojo où il a eu l'occasion de porter le drapeau l'an dernier, pris goût à ce sport exigeant. "Un à Utrecht (Pays-Bas) pour le Festival olympique sport qui te donne des leçons de de la jeunesse européenne (Foje). Quand je l'ai O vie", complète Nicolas Grinda. "Je agité, des gens se sont mis à applaudir dans les sais que je dois beaucoup de choses au judo. Les tribunes. C'était fort, parce qu'on était la plus notions d'entraide, de respect, de persévérance… petite délégation. Et parce que je suis attaché à Tout ça me suivra plus tard, quoi que je fasse." mes origines aussi." Plus tard, Nicolas ne fera certainement pas du judo son métier. Alors qu'il entrera en terminale Europe express scientifique en septembre, il sait qu'il va rapide- Début juillet, Nicolas a eu droit à un aperçu ment devoir réduire la cadence sur les tatamis. de ce qui l'attendait en Chine, à l'occasion des Une autre voie l'attend, si tout se passe comme championnats d'Europe cadets. À Athènes, pour prévu. Un tour en prépa, avec une entrée à HEC sa première participation à une compétition aussi en ligne de mire. Voilà de quoi devrait être fait relevée, l'élève de Marcel Pietri et François Bick l'avenir de l'ado, qui se verrait bien "travailler s'est heurté à un mur, d'entrée. dans une banque, aller voir autre autre chose à "J'ai perdu au premier tour contre un Monténé- l'étranger et ne pas forcément rester coincé ici." grin (défaite par ippon contre Lazar Cupic). C'est NANJING compliqué de se préparer pour un tel événement ET LES JOJ EN BREF "Attaché à mes origines" et de ne disputer qu'un combat. Mais en judo, - Nanjing est la capitale de la province du En attendant, ses vacances scolaires ne ressem- ça peut aller très vite. J'étais face à un adversaire bleront pas vraiment à celles de ses amis du hyper costaud des bras. Sur le côté, François me Jiangsu. Le nom de la ville se traduit par lycée Albert-1er. En dehors d'une escapade de disait de le déplacer le plus possible, mais je n'ai "la capitale du Nord". On y compte envi- dix jours à Malaga, mi-juillet, Nicolas Grinda pas réussi à trouver la clé." ron 8 millions d'habitants. va devoir intensifier ses efforts pour préparer ce Celui qui évolue dans la catégorie des moins qui s'annonce sans doute comme le sommet de de 81 kg abordait pourtant sereinement cette - 27 sites seront utilisés pour les différentes sa carrière. première expérience dans un "nouveau monde". épreuves. La cérémonie d'ouverture À Nanjing (ou Nankin) le judoka sera le seul re- "Dans ma tête, je suis toujours tranquille, que ce aura lieu au stade du Centre du sport présentant de la principauté. Il aura donc l'hon- soit pour le judo ou pour les études. Là, c'était olympique. Une arène qui peut accueillir neur de défiler avec la bannière rouge et blanche pareil. On pourrait croire que je suis stressé jusqu'à 60 000 spectateurs.

- 28 sports, 222 compétitions disputées par 3 808 athlètes, âgés de 15 à 18 ans, issus de 204 comités nationaux différents : l'événement aura de l'allure.

- Légende de la natation, quatre fois médail- lé d'or aux Jeux, le Russe Alexander Popov est le président du comité de coordination des JOJ.

- Lors de la première édition des Jeux de la jeunesse, en 2010 à Singapour, Monaco comptait quatre représentants : Massimo Mazzolini (voile), Christopher Deleage (taekwondo), Amélie Trinquier (natation) et Pauline Ducruet (plongeon), qui était porte-drapeau de la délégation.

- Si le palmarès de la principauté est vierge lors des JOJ d'été, elle a remporté une médaille de bronze en bobsleigh. Elle a été récoltée par Jérémy Torre et Rudy Rinaldi en 2012, à Innsbruck.

76 77 FRANÇOIS BICK : "UN GARÇON TRÈS MATURE" Le coach du JCM, qui encadrera Nicolas Grinda en Asie, en dit plus sur la personnalité du jeune homme.

quand je rentre sur le tapis, parce qu'il m'arrive "Ça va me faire un choc" Quel regard de transpirer avant. Mais ce n'est pas le cas." Nicolas Grinda, qui fera son entrée en lice le 18 portez-vous sur votre élève ? août, arrivera le 12 sur place. Le temps de prendre C'est un garçon qui a une histoire particu- Pietri, Siccardi, Bessi, ses marques et de s'adapter à la chaleur. Dans lière. Il a démarré le judo assez tôt, mais il a dû "des modèles à suivre" cette ville du sud de la Chine, la température arrêter à cause d'importants soucis familiaux. L'air détendu du garçon au regard bleu clair, peut allègrement dépasser les 30 degrés. Nicolas est quelqu'un de très mature. Il est short en jean et t-shirt aux motifs géométriques, Relativement satisfait de sa saison, durant la- à l'écoute, il applique les consignes qu'on lui pourrait presque passer pour de la nonchalance. quelle il a obtenu une cinquième place lors du donne. Fausse piste. Dans son discours, c'est la déter- tournoi de France, le Monégasque est conscient mination qui transparaît. de l'ampleur du défi qui l'attend. "Les infras- Sur le plan du judo, tructures ont l'air énormes, je les ai vues sur le comment le jugez-vous ? "Je m'entraîne tous les soirs, à Monaco ou au compte Instagram des JOJ. Quand je vais me Il a repris le judo à l'adolescence. C'était un Parc impérial deux fois par semaine. Je n'ai pas retrouver là-bas, ça va me faire un choc. Mais peu tard, donc il avait des lacunes techniques. d'horaires aménagés, donc ce n'est pas toujours une fois que le tournoi aura commencé, je ferai On ne l'aurait pas imaginé faire ce genre de simple. Mais c'est moi qui ai choisi de ne pas abstraction de tout ça. Heureusement, parce que compétitions. Même au niveau régional, il entrer au Pôle espoir de Nice quand j'en ai eu sinon…", sourit Nicolas. avait des difficultés. Mais il s'est beaucoup la possibilité. À l'école, le niveau n'aurait pas impliqué et il est dans une phase de progres- été le même. Ça ne m'empêche pas de me don- sion vraiment intéressante. Mentalement, il ner à fond. Quand je combats en compétition gère toujours très bien. internationale, je sais que je ne suis pas forcé- ment le meilleur, mais j'essaie de saisir toutes Quel travail allez-vous accomplir les opportunités." avant le départ pour les JOJ ? On va participer à un stage international très Avant lui, d'autres membres du Judo club de relevé à Sophia-Antipolis et on fera égale- Monaco comme Yann Siccardi ou Cédric Bessi ment des séances plus techniques au club, ont connu les mêmes écueils. Avec Loïc Pietri, avec Marcel Pietri et moi. Même si Nicolas le plus fameux des "produits" maison (il a été n'est pas encore aussi développé physique- sacré champion du monde 2013 en moins de ment que certains adversaires, des pays de 81 kg). "On n'est pas de la même génération, l'Est notamment, il a le potentiel pour passer mais ce sont forcément des modèles à suivre", plusieurs aux JOJ. Après, tout dépendra estime Nicolas. du tirage au sort…

78 MAGNUS KONOW A/S

OSLO COMPÉTITION MONDIALE PAR GROUPE D'ÂGES A LA DÉCOUVERTE DU MONDE LES FILLES DE FEMINA SPORT ÉTAIENT ONZE À SE RENDRE DANS LES HAUTS-DE-SEINE, À LEVALLOIS- PERRET, POUR SE FROTTER AUX MEILLEURES JUNIORS DU MONDE. DU 30 JUIN AU 5 JUILLET, QUATRE FORMATIONS ONT PRIS PART À LA COMPÉTITION MONDIALE PAR GROUPE D'ÂGES. Par Chris Bertoldi - Photos : Marc Biancheri et Joël Olivier

près une échéance mondiale Les championnats du monde de gymnastique on ne pratique la gym acro que depuis six ans franchie la tête haute, les jeunes acrobatique ont lieu tous les deux ans. Pour y alors que les nations pré-citées cultivent la dis- gymnastes du Rocher avaient bien participer, il faut être senior. Ce qui n'est pas cipline depuis plus d'une trentaine d'années. mérité un peu de repos. On les a encore le cas des gymnastes du Rocher. Alors A tout de même sorties de leur grasse la troupe des onze a pris part à la compétition Une première mat' peu après leur retour, histoire de faire mondiale par groupe d'âges, divisée en trois pour les Monégasques le point. catégories : celle des 11-16 ans, des 12-18 ans et Accompagnées de Kimberly et des coaches Yanis des 13-19 ans. Odru et Rémi Chal Debeauvais, deux équipes Kimberly Arnulf, manager général du club, avait Pour les jeunes femmes, c'était l'occasion de monégasques ont mis les pieds à Levallois pour amené avec elle une gym de chaque formation se tester à l'international et de terminer la sai- une première compétition à ce niveau. Le duo ayant participé à l'événement. Eva Arnulf, Péné- son en beauté. Car si elles n'ont pas accédé aux composé de Milla Fabre et Pénélope Fresko s'est lope Fresko, Éléonore Ré et Andressa-Marie finales, réservées au top du top venant souvent de classé 30e sur 38 dans la catégorie 11-16 ans. Lopez prenaient timidement place autour de la Grande-Bretagne, de Russie ou encore du Por- Alors qu'elles avaient réalisé un passage très grande table de réunion, située au 9e sous-sol de tugal, elles ont tout de même donné le meilleur propre en statique (il s'agit de maintenir une la gare, où se trouvent les gymnases. d'elles-mêmes lors des qualifications. À Monaco, position durant trois secondes), les demoiselles GYMNASTIQUE ACROBATIQUE

ont fait une "micro boulette", comme l'explique la prochaine édition en Chine, en 2016", déclare- Kimberly, en dynamique, ce qui leur a coûté un t-elle. Quant à Maeva Desplat, Maud Voituret peu en terme de points. et Andressa-Marie Lopez, elles ont croqué la Du côté du trio d'Ilona Chiabaut, Emma Levail- cerise sur le gâteau de ces mondiaux juniors lant et Eva Arnulf - qui n'évoluent ensemble en prenant la 16e place sur les 35 trios de la que depuis neuf mois - on note une nette évolu- catégorie 12-18 ans. Les filles ont su tirer profit tion. Les demoiselles engagées dans la catégorie de l'expérience d'Andressa-Marie et de Maud, 12-18 ans ont amélioré de plus d'un point leur déjà présentes lors de la compétition mondiale résultat par rapport aux championnats d'Europe de 2012 à Orlando. au Portugal, en octobre. Et ce, malgré le rem- Pour cette fois-ci, l'objectif semble atteint. "Ce placement d'Anastasia Sangiorgio, occupée à que l'on voulait, c'est que les quatre équipes se passer son baccalauréat, par Emma Levaillant. sélectionnent pour les "monde" lors des derniers Les gymnastes ont accompli leur mission en pré- championnats de France. On l'envisageait vrai- sentant deux mouvements sans fautes majeures ment comme une aventure de groupe." et se sont classées 23es sur 35. En plus d'avoir décroché son ticket, le collectif "Une aventure de groupe" a su gérer la pression comme il faut. "Certaines Du côté des Françaises de Femina sports, la com- stressent plus que d'autres", affirme Andressa- pétition a également pris une tournure agréable. Marie. "Moi, je n'étais pas trop stressée parce Le trio de Julia Galati, Chiara Galati et Éléonore c'était ma deuxième compétition à ce niveau Ré a terminé à la 22e place sur 34 dans la catégo- et globalement, je ne stresse pas. Je me donne rie 11-16 ans. "Ce groupe a un avenir prometteur. à fond lors des entraînements alors je pars du Je pense que d'ici deux ans, il pourra aspirer à principe que je n'ai pas de raison de m'en faire." entrer en finale", annonce l'entraîneur. "Elles devront progresser en technique pour arriver à Pression sous contrôle ce niveau", tempère-t-elle. Lorsque l'on demande aux filles si ce rendez- La coach explique qu'une telle compétition se vous était vraiment différent des autres, elles prépare sur une longue période. "On pense déjà à tordent leurs mains, se montrent réservées. "Il y avait plus de pays, des groupes plus forts, plus de juges et chaque détail devait être respecté", entame Pénélope. "Oui, par exemple, si on devait passer à 15 h 01, c'était pas 15 heures ni 15 h 02", complète Andressa-Marie. Kimberly enchaîne : "Moi j'ai suivi les Moné- gasques. Les Françaises étaient avec Yanis et Rémi. Avant leur passage, je leur demandais si elles craignaient quelque chose. Souvent, elles me disaient avoir peur de louper tel ou tel élé- ment. Eva, par exemple, a toujours peur du endo (bras tendus en appui, les jambes partent du sol et doivent monter lentement à la perpendiculaire ou à la verticale)", taquine-t-elle dans une œillade pour la jeune fille. "Quand c'est comme ça, on en parle et je reviens toujours sur les réussites observées à l'entraînement. Je leur rappelle que leur technique est bonne et qu'il y a beaucoup de chance pour que tout se passe bien." Certaines sont prises d'une telle peur qu'elles fondent en larmes quelques minutes avant leur entrée sur le praticable. "Je les connais, je sais qu'elles se reprennent. De toute façon, je ne leur laisse pas le choix. Je les rassure tout en étant ferme. Le doute, ce sont elles qui l'ont, pas moi", tranche Kimberly. Elle poursuit : "Ce sont de jeunes personnes à qui on apprend que lorsqu'on

80 81 tombe, on se relève tout de suite et on continue Une fois les vacances passées, un programme nous sera d'une aide précieuse puisqu'il a passé d'avancer sans pleurer. C'est une des exigences costaud semble à nouveau attendre les jeunes dix ans au Cirque du soleil. Nous aurons aussi de notre activité. Il faut aller jusqu'au bout de ce gyms. "Il faut qu'elles nous reviennent très très l'honneur de faire la fermeture de l'événement. qu'on fait." Éléonore Ré écoute, ses cils maquillés motivées au mois d'août. On a une très grosse Les costumes et la musique sont en train d'être papillonnent. "J'ai fait une erreur lors de mon échéance en février", glisse Kimberly. "La prin- élaborés spécialement pour Monaco. Je ne peux passage et ça m'a un peu blasée, mais ça ne m'a cesse Stéphanie nous a demandé de composer pas en dire plus pour l'instant", conclut Kim- pas empêchée de faire le reste", dévoile-t-elle avec un numéro très fort pour la New generation", berly, un sourire malicieux aux lèvres. une voix fluette. Les jeunes filles s'entraident et explique-t-elle. La 4e New generation est une établissent leur propre communication durant compétition de cirque pour jeunes artistes. Elle l'exercice. "Maud ne parle pas trop. Mais à aura lieu les 31 janvier et 1er février dans le cha- chaque pyramide, je lui dis ce qu'elle doit faire piteau de Fontvieille. pour être sûre que nous sommes sur la même Les filles auront la chance de s'entraîner avec longueur d'ondes. Elle a pris l'habitude de répé- le coach russe Serguei Tretyakov. "D'habitude, ter après moi", raconte Andressa-Marie, amusée. elles travaillent à deux et à trois. Là, elles vont travailler à quatre et à cinq. Elles vont faire des Un avenir "New generation" pyramides plus compliquées." Puis s'adressant Autour de la table, les filles affichent de pe- aux filles : "Je ne l'ai pas encore dit aux autres. tites mines. "Elles vont être en vacances sept Vous avez les informations en avant-première." semaines", indique Kimberly. Avant d'ajouter, Elles ouvrent de grands yeux ravis et se regardent devant leurs larges sourires réjouis : "C'est ex- les unes les autres, bouches ouvertes. On dirait ceptionnel. D'habitude, c'est beaucoup moins. qu'on vient de leur faire un excellent cadeau. Quatre ou cinq semaines. Mais nous avons "Tu vas t'envoler toi, petite comme tu es !", lance compté et depuis août 2013, elles ont passé 43 Andressa-Marie à Éléonore. "Non !", répond- nuits à l'extérieur pour des compétitions. Il faut elle, le regard coquin. "Le club Femina sports bien lâcher à un moment. Il faut que leurs corps fera l'ouverture avec les filles de la gymnastique grandissent et qu'elles se réparent physiquement artistique. Le numéro important incluera de la parce qu'elle ont tenu un sacré rythme." gym acro et du cirque. Rémi Chal Debeauvais

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LA FIÈVRE DE L'OVALIE À l'occasion de ses 50 printemps, l'AS Monaco rugby avait organisé un grand tournoi pour les pitchouns. Les 14 et 15 juin, la pelouse du stade Louis-II s'est retrouvée assaillie par plusieurs centaines de petits joueurs venant d'une dizaine de villes de France et d'Italie. Par Chris Bertoldi Photos : Valentina De Gaspari - www.valentinadegaspari.com, Laurent Thareau, ASM rugby et DR RUGBY

as trop de répit pour les petits, et Jauzion pour arbitre gorie d'âge avait un temps de jeu différent. encore moins pour les éducateurs. La journée du samedi était consacrée aux U7 et Par exemple, lors des matches de poule, les Avec 600 gamins en crampons à aux U15. Le rendez-vous était fixé aux alentours moins de neuf ans jouaient des parties de six gérer sur le terrain monégasque en de neuf heures. Pour les plus jeunes, il n'y avait minutes, alors que l'après-midi, en phase finale, P un week-end, il fallait être à l'affût. pas de classement, seulement des gagnants. Ils il jouaient deux fois quatre minutes. Le but : Ils avaient entre 6 et 14 ans et étaient bien décidés disputaient de petits matches entre 10 heures et inscrire un maximum d'essais durant le temps à en découdre sous un soleil carabiné, motivés midi, savouraient leur remise de récompenses, imparti. par les éclats de voix de leurs coaches. puis filaient visiter la Principauté. LA FIÈVRE DE On croisait Matthieu Louppe, président de Aux environs de 10 heures, on commençait à l'ASM rugby, sur un bord de terrain. "C'est Pour les plus grands, ça plaisantait moins. faire le tour des équipes, pour prendre la tem- la première fois qu'on organise ce tournoi des Dans la matinée, deux poules de quatre équipes pérature. "Pour l'instant, on perd 1-0", com- jeunes. Le but, c'est que tous les enfants de devaient se départager durant des matches de mente Richard Henri, l'un des coaches des U13 l'école de rugby puissent jouer et se confron- dix minutes. L'après-midi, on jouait la finale et de Monaco, sans quitter le terrain des yeux. ter", expliquait-il. "Nous nous sommes organisés la consolante en deux fois sept minutes, sous "Personne ne couvre les ailes", puis s'adressant pour loger les clubs qui viennent de loin comme le regard pour le moins expérimenté de Yan- à son collectif : "Y a personne là, les gars !" Saint-Savin (dans la Vienne), Bourgoin (Isère) nick Jauzion, ancien rugbyman professionnel C'était une compétition amicale, certes, mais et Milan, afin que ce soit plus confortable. Les (à lire en pages suivantes) et arbitre d'un jour. ça restait une compétition. De l'autre côté du jeunes de Saint-Savin sont hébergés chez des Les Dracénois s'illustraient brillamment et terrain, on rencontrait Fabien Camin et Pascal familles de joueurs. Cela fait partie d'un échange remportaient la partie. Lors de la petite finale, Rambaud, les deux autres éducateurs. "Hier, que nous faisons avec la ville." c'est l'équipe de Cassis qui a sauvé l'honneur. ils ont fait les fous à jouer et courir avec des De ce qu'on entendait, les éducateurs étaient Monaco terminait à la quatrième place sur huit ballons pleins d'eau. Alors ce matin, pour leur satisfaits de l'organisation. Le grand terrain avait engagées, pas peu fière de s'être donnée à fond. premier match, ils étaient un peu endormis. été proprement découpé en plusieurs zones de Mais ça semble monter crescendo. Ils se mon- jeu, le vaste écran du stade annonçait les scores On est compétiteur traient un peu plus vifs dans le deuxième… On des équipes en action et une buvette bien four- ou on ne l'est pas attend le troisième avec impatience", racontait nie avait pour mission de nourrir tout ce petit Dimanche, c'était au tour des U9, des U11 Fabien, amusé. monde. et des U13 de faire leur entrée. Chaque caté-

84 85 Quand on perd un derby, ça fait mal À quelques mètres de là, on observait les U13 de Saint-Savin. Les petits gars essuyaient pénible- ment une défaite contre Bourgoin-Jallieu (3-1) et revenaient, l'air dépité, vers Cédric Budin, leur coach. L'un d'eux versait de chaudes larmes de déception et vociférait de colère.

"On n'est pas venus là pour le résultat", relati- visait l'entraîneur. "On vise plus une notion de plaisir", lançait-il à l'attention de ses joueurs. "Le match était plus à notre niveau que contre Milan, par exemple", remarquait Arthur, l'un des rugbymen. "Ils sont déçus parce qu'avec Bourgoin, c'est un peu le derby. On a l'habitude de jouer contre eux", expliquait l'éducateur. "Et on les gagne souvent !", signalait un petit bonhomme. "Aujourd'hui, on a amené les plus assidus aux entraînements. On essaie vraiment de valoriser la culture club. Alors certains dont le niveau était meilleur sont restés à la maison car ils ne remplissaient pas bien ce critère", argumentait Cédric Budin.

"C'est pas gagné, hein…" Chez les U9, Monaco 1 rencontrait Monaco 2. On était curieux de savoir ce que tiraient les gâteau. Les organisateurs avaient placé tout le Il fallait les voir, avec leurs protège-dents qui jeunes joueurs de ce remontage de bretelles en monde en tribunes, hormis les équipes prêtes gonflaient leurs visages fins. "Ils ont un peu peur règle. On tentait : "Que s'est-il passé ?" "On à jouer des coudes sur le gazon. du placage à cet âge-là", indiquait Éric Ferret, n'est pas venus à l'aide du porteur de ballon", leur entraîneur. "Mathieu, donne le ballon ! Tu expliquait l'un. "On aime mieux quand notre Les joueurs montaient par l'escalier emprunté ne dois pas engager à chaque fois", commandait- coach nous dit que c'est bien", s'aventurait un par les professionnels du football, accompa- il. "Replace-toi au lieu de râler." autre. "Ca dépend", glissait une tête brune. gnés par une musique forte, et vivaient ainsi "C'est pas gagné, hein…", commentait un bam- "S'il nous dit que c'est bien à chaque fois, on une première entrée solennelle sur un ter- bin rouge et blanc en bord de terrain. "On ne refait les mêmes erreurs. Quand il nous crie rain. Frissons garantis chez les rugbymen en tire pas les jambes vers le haut ! C'est interdit, dessus, ça nous motive." culottes courtes, et petite larme dans l'œil ça", intervenait l'arbitre. "U9, dernière action", des éducateurs. "Chacun a eu son moment de informait Matthieu Louppe au micro. Des finales gloire au stade Louis-II. C'était exceptionnel comme chez les grands pour eux", commentait Christophe Milaret, Le RCT, l'ovalie sinon rien L'après-midi, à l'occasion des finales de chaque responsable de l'école de rugby de Monaco. Chez les U11, on assistait à un Toulon-Grasse catégorie, les petits grignotaient la cerise sur le très accroché. Les Grassois menaient, mais lors de la mi-temps, le coach ne les ménageait pas pour autant. "Vous avez vu ? Eux, ils se battent. LES RÉSULTATS Ils ne sont pas venus là pour prendre des photos." U9 U11 U13 U15 L'équipe du 06 l'emportait sur Toulon, mettant 1) Bourgoin-Jallieu 1) Perpignan 1) Bourgoin-Jallieu 1) Draguignan à mal sa fierté. "On s'assoie !", criait le coach 2) Saint-Savin 2) Grasse 2) Milan 2) Perpignan 3) Perpignan du RCT. "Je suis pas content du tout. Y en a 3) Monaco 3) Bourgoin-Jallieu 3) Milan 4) Grasse 4) RC Toulon 4) Imperia 4) Monaco qui dorment. Honte à vous, les enfants. Honte 5) 5) Saint-Savin 5) Saint-Savin 5) Saint-Savin à vous. J'avais demandé des placages ! Le jeu, 6) Monaco ll 6) Imperia 6) Monaco 6) Cassis c'est du placage. Et en placage, vous avez été 7) Monaco 7) Bourgoin-Jallieu nases", assénait-il à sa tribu de joueurs, silencieux 8) Monaco ll 8) Imperia comme à la messe. Et de conclure : "Vous êtes Vainqueur du trophée du meilleur club (résultats cumulés sur toutes les catégories) : Bourgoin proches de zéro". RUGBY

ÉCOLE DE RUGBY L'ACCENT SUR LA FORMATION Christophe Milaret est à la tête de l'école de rugby de l'AS Monaco depuis une saison. Ancien joueur professionnel et membre de l'équipe première de Monaco, il s'occupe maintenant à plein temps de la formation des jeunes, des U7 jusqu'aux U19.

n le retrouve assis à la table de marque, février. Ensuite, il y a toujours des contre-temps à super clubs." Il y a trois ans, Matthieu Louppe est en bordure de terrain. L'homme gérer. On compte bien pérenniser ce rendez-vous." entré en contact avec Christophe Milaret et lui a brun et trapu a le nez plongé dans fait part de son désir de développer la formation à une flopée de feuilles. Il remplit des De Carqueiranne à Monaco Monaco. "Les pourparlers ont duré un an et demi, O cases, jette un œil au chronomètre, Avec son gabarit massif, on se doute qu'il n'est pas mais je suis venu parce que le projet m'intéressait." s'empare du micro pour communiquer une info nouveau dans le monde de l'ovalie. "J'ai été pro- Marié et papa de deux demoiselles, l'homme de 38 à la foule de joueurs et répond aux questions des fessionnel, j'ai fait ma carrière. Maintenant, c'est ans, qui évolue au poste de centre, a été séduit par éducateurs. On dirait bien que l'organisation, le tour des jeunes", affirme-t-il, tout en notant un la perspective de continuer à jouer - à un niveau c'est lui. Lorsqu'il constate que l'on va noter son score et en donnant le top départ d'une rencontre. plus bas, certes - dans l'équipe senior engagée nom, il décline son identité sur un ton sérieux : Formé à Toulon, il a obtenu deux fois le titre de en Promotion Honneur, tout en ayant un rôle "Milaret, Christophe". On se croirait à l'armée. champion de France junior en Reichel (élite des intéressant au sein du club. "Avant, j'entraînais On le taquine et détend un peu l'atmosphère. Il se juniors). "J'avais 17 et 19 ans", se souvient-il. "J'ai un peu les jeunes et je jouais beaucoup. En début fend d'un sourire, s'acquitte d'une dernière tâche ensuite joué dans l'équipe première de Toulon, en d'année, je suis devenu responsable de l'école de et nous accorde son attention. "On met sur pied ProD2, de 2002 à 2004, puis en Fédérale 1 à Car- rugby et je n'aime pas faire les choses à moitié. ce tournoi depuis qu'on a obtenu les accords en queiranne. C'était une expérience géniale, dans de Alors, je m'investis avec les enfants."

Des stages pour la technique "À mon arrivée, nous avions 120 enfants. Au- jourd'hui, nous en avons 180. Le rugby paraît très violent, mais les parents ont vu qui nous sommes. Ils ont compris que les éducateurs sont là pour former correctement les débutants, afin qu'ils prennent du plaisir à jouer. Les résultats sont importants, mais la formation prime. Ce cadre met les parents en confiance", explique Christophe Milaret. "On avait une dizaine d'éducateurs au départ, maintenant on en a vingt. Cela fait trois par catégorie. Mon rôle, c'est de vérifier qu'ils sont carrés et qu'ils respectent les règles dédiées à chaque classe d'âge. Maintenant, chacun com- mence à être bien rôdé et sait ce qu'il a à faire." "J'avais aussi remarqué qu'il y avait beaucoup de déchet au niveau de la technique individuelle. Alors on a mis en place des stages durant les vacances scolaires pour que les jeunes puissent se perfectionner. Récemment, cinquante enfants ont répondu présent. On avait fait venir Sébastien Bruno (talonneur du XV de France et du RC Toulon) pendant une journée. En trois jours de stages, certains prennent vraiment une dimension supplémentaire", assure l'éducateur. "En juillet, on a refait un stage de trois jours pour appuyer sur la formation avant de les laisser partir en vacances. On est conscients qu'il nous reste du travail pour rivaliser avec certaines belles équipes que l'on a reçues lors du tournoi."

86 87 YANNICK JAUZION "TRANSPOSER LE SPORT DANS LE MONDE DU TRAVAIL" Alors qu'un papa-supporter d'Imperia hurlait des encouragements à son équipe fanion, nous nous installions dans les tribunes avec Yannick Jauzion. L'ancien trois-quarts centre aux 73 sélections en équipe de France, retraité depuis 2013, était le parrain de la journée, et ça lui a plu.

ampé sur des crampons, un ballon sous le bras depuis l'âge de 7 ans, le gaillard d'1,93 m se souvient que tout Ccommence là, entre copains. Formé à l'école de Graulhet (Tharn), il passe deux saisons à Colomiers (Haute- Garonne) avant d'intégrer le Stade toulousain avec lequel il remportera trois fois la Coupe d'Europe (2003, 2005, 2010) ainsi que le Top 14 (2008, 2011, 2012).

Les enfants vous reconnaissent-ils ? Oui, un peu (il sourit timidement). Forcé- ment, plus le temps passera, moins les jeunes me reconnaîtront. Certains savent qui je suis par l'intermédiaire de leurs parents et savent que j'ai évolué en équipe de France, alors ça les intéresse. L'équipe de France fait rêver.

Maintenant que vous avez arrêté, que faites-vous ? Je fais du courtage en assurances pour les entre- prises. Ça n'a pas grand-chose à voir avec le milieu du sport, mais je reste en contact avec mon club (Graulhet) qui sera en Fédérale 1 l'année prochaine.

Comment passe-t-on de rugbyman à courtier en assurances ? J'ai fait ce choix parce que c'est une façon d'avoir une certaine liberté. Nous sommes quatre associés et avons créé Excellium assu- rances, à Blagnac, en début d'année. Ça me correspond plus que de faire partie d'un groupe important où il serait peut-être difficile de trou- ver sa place.

Vous aviez projeté d'être entraîneur, non ? RUGBY

d'Europe en 2005, contre le Stade français. La charisme et un énorme pouvoir de conviction victoire de 2008, contre Clermont-Ferrand, parce auprès des joueurs. C'est ce qui fait qu'on ap- que c'était notre premier titre de champion de prend à leur contact. Des affinités se créent sur France depuis 2002, mon arrivée au club. Voilà le terrain. C'est très particulier et difficile à pour les grands souvenirs. Mais après, il y a un retrouver ailleurs. C'est un sentiment à part et tas de moments importants au cours de l'année, ça, je ne l'oublie pas. pas seulement lors des victoires. Que pensez-vous Vous pensez à quoi ? du XV de France actuel ? Il y a la façon dont on y arrive. On vit des mo- Disons que c'est un peu irrégulier. Ils sont ments où on est au creux de la vague, on capables de faire des matches au niveau des prend sur soi pour revenir, on cherche le moyen meilleurs puis capables de se relâcher un peu. À d'être plus performant. On apprend beaucoup haut niveau, dès qu'il y a un peu de relâchement, Pour l'instant, j'ai envie de couper un peu, d'une carrière. Je dirais que ce n'est pas une on encaisse des points. Mais ils commencent à de profiter de la famille, des week-ends. Être formation reconnue et diplômée, mais si on faire preuve de rigueur au niveau défensif. S'ils entraîneur, c'est quand même contraignant en arrive à s'en servir dans le monde du travail, ça arrivent à y greffer un peu d'efficacité en attaque, terme d'emploi du temps. Donc peut-être plus peut être très intéressant. ils pourraient battre n'importe qui. Il faut arri- tard, mais pas dans l'immédiat. ver à être constant. Pour la Coupe du monde Certains coaches qui arrive (en 2015, en Angleterre), ce serait Comment s'est déroulée vous ont marqué ? bien qu'ils soient aussi performants que pour votre transition ? J'ai eu la chance d'avoir trois entraîneurs impor- les précédentes. En 2011, ils sont quand même Elle s'est faite lentement. On a quand même tants. Serge Milhas à Colomiers, Guy Novès au arrivés en finale. Ce sera forcément compliqué. conscience qu'on reviendra dans le monde du Stade toulousain et Bernard Laporte en équipe Mais quand l'équipe de France se prépare bien, travail à la fin de sa carrière, donc je m'y suis de France. Ce sont trois hommes qui ont du je dirais que c'est dur de la sortir. préparé (il a obtenu un diplôme d'ingénieur agronome en 2003). Ça reste un bouleverse- ment, notamment dans la façon d'organiser le temps. Ce qui est difficile, c'est de trouver la motivation nécessaire, un challenge à relever, par rapport à ce qu'on a vécu sur le terrain. Mais je crois qu'il y a pas mal à faire dans le monde du travail. Ce qu'on a aimé dans le sport, il faut réussir à le transposer dans cet autre univers. Après une belle carrière internationale (élu meilleur centre du monde par l'IRB en 2005), se retrouver avec les petits, ce n'est pas en- nuyeux ? Non, c'est ça le rugby. Il faut de la proximité, des relations avec les jeunes joueurs parce que pour eux, l'équipe de France, c'est un peu la vitrine du rugby. Il faut que nous, les joueurs, on vienne les motiver. Et puis on est tous plus ou moins sortis de là. On se souvient de nos premiers pas sur les terrains.

Quels sont les grands moments que vous avez envie de retenir ? On a vécu de bons moments en club parce que c'est particulier, on est ensemble toute l'année. C'est différent de l'équipe de France où on a davantage un challenge sportif ponctuel à rele- ver. Il y a eu de très grands moments, contre les All Blacks en quart de finale de la Coupe du monde, en 2007. Avec le club, je pense à la Coupe

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*CSP+ : dirigeants, décideurs, cadres, professions libérales et professions intellectuelles supérieures. Étude Médiamétrie AD HOC, réalisée du 21 mai au 18 juin 2012, sur 512 personnes résidentes à MONACO, âgées de 13 ans et +. © iPad, iPhone, App Store, Android, Google Play, Radio Monaco, marques et logos déposés - tous droits réservés. FACONNABLE.COM MEUBLES LUMINAIRES ACCESSOIRES TAPIS RIDEAUX LINGEDE MAISON 137, Boulevard J.F Kennedy, 06160 Capd’Antibes tel.:+33(0)4929025 fax: +33(0)493672085 e-mail: [email protected] www.home-capdantibes.com Site Web :www.hotelstrato.com -Email:[email protected] le strato Tél. :0033(0)479415160 - Fax :0033(0)479415170 Courchevel hotel 1850-Luxury ✯✯✯✯✯

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