La Robe Sans Couture
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MUSEUM LESSIANUM - SECTION THËOLOGIQUE LA ROBE SANS COUTURE Erat autem tunica inconsutilis. (Jo. 19.23.) tin essai de Luthéranisme catholique LA HAUTE IGL1SE ALLEMANDE 1918-1923 PAR PIERRE CHARLES, S. J. Pro`esseur de Théologie CHARLES BEYAERT, Ed. Pont. BRUGES. Dépc t a Paris : A. GIRAUDON, 22, Rue Jacob, A DEwIT, 53, Rue Royale, Bruxelles 1923 LA ROBE SANS COUTURE MUSEUM LESSIANUM PUBLICATIONS dirigées par des Pères de la Compagnie de Jésus LOUVAIN SECTION ASCÉTIQUE ET MYSTIQUE SECTION THÉOLOGIQUE SECTION PHILOSOPHIQUE --,4..--+ 4..-«.<,..- Pour la Rédaction s'adresser au Secrétariat, 11, Rue des Récollets, Louvain. Pour i'Administration s'adresser a la Firme Charles BEYAERT, Ed. Pont. 6, Rue Notre-Dame, Bruges. Voir à la fin du livre la liste des publications du Lessianum. MUSEUM LESSIANUM - SECTION TH1OLOOIQUE LA ROBE SANS COUTURE Erat auteur tunica inconsutilis. (Jo. 19.23.) Un essai de Luthéranisme catholique LA HAUTE ÉGLISE ALLEMANDE 1918-1923 PAR PIERRE CHARLES, S. J. Professeur de Théologie CHARLES BEYAERT, Ed. Pont. BRUGES. Dépót à Paris : A. GIRAUDON, 22, Rue Jacob, A. DEWIT, 53, Rue Royale, Bruxelles. 1923 De Licentia Superior= Ordinis. IMPRIMATUR Mechliniae, die 12 Junii 1923. E. VAN ROEY, vic. gen. ABRÉVIATIONS Malgré tous nos efforts nous n'avons pu nous procurer les pre- miers numéros de la revue Die Hochkirche. On ne les trouve ni à la bibliothèque du British Museum ni a la Bibliothèque Nationale de Paris. Les libraires allemands ont uniformément répondu que ces numéros étaient hors d'atteinte. Nous aurions été heureux de pouvoir les consulter au siège même de la Hochkirchliche Vereini- gung mais jusqu'à présent ce voyage est resté pour nous impra- ticable. Voici la liste des principales abréviations lont nous avons fait usage. Les autres se comprendront sans peine. COLLECT. LAC. = Acta et Decreta sacrorum Conciliorum recen- tiorum, Collectio Lacensis, auctoribus S. J., Fri- burgi, 1870 sq. CORP. VINDOB. = Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum... Vindobonae, 1866 sq. ERL. = Edition des oeuvres de Luther, appelée édition d'Erlangen-Francfort. Nous avons cité la série latine D. Martini Lutheri opera Latina d'après la première édition ; la série allemande Dr Martin Luther's sammtliche Werke d'après la deuxième édition. H. K. = Die Hochkirche, Monatsschrift der Hochkirch- lichen Vereinigung, Heckelberg, Kreis Oberbar- nim, Brandenburg. VIII H. V. = Die Hochkirchliche Vereinigung. M. G. -- M/GNE, Patrologiae Cursus completus, Series Graeca. M. L. --- MIGNE, Patrologiae Cursus completus, Series latina. R. E. ---- Realencyklopiidie fiir protestantische Theologie und Kirche, 3' éd. (HAucK), Leipzig, 1896-1913, 24 volumes. W. = D. Martin Luthers Werke, kritische Ausgabe. Weimar, 136hlau. INTRODUCTION Sacramento vestis et signo declaravit Ecclesiae unitatem. (S. Cypr. De Imitate Ecclesiae. 7. M. L. 4, 504). De!puis l'antiquité la robe sans couture lont parle le quatrième évangile au récit de la Passion a été considérée comme un sym- bole révélateur. Cette tunique d'un seul tenant et qu'il n'est pas permis de déchi- rer, c'est la Société Sainte, tissée par Dieu — desuper -- et qui ne connait pas les rapiécages. S. Cyrille d'Alexandrie y avait vu l'image de 1'Eucharistie, revue intégralement par tous les fidèles au mystère de la Cène liturgique (1). Mais avant S. Cyrille, le vieil évêque de Carthage, Cyprien, dé- couvrait déjà dans la tunique du Rédempteur la figure de l'Eglise indéchirable, et it concluait qu'on ne peut pas posséder le vêtement de la foi par lambeaux ni scinder l'unité voulue par Dieu (2). Dans les commentaires faussement attribués à Rufin, on retrouve la même idée (3). Peut-être Origène l'avait-il exprimée dans ses tomes sur S. Jean, malheureusement perdus depuis le trente- troisième (4). , Mais c'est S. Augustin qui dans ses Tractatus in Joannem, donne à cette pensée sa forme définitive; c'est grace à lui surtout (1) M. G. 74, 659. (2) M. L. 4, 504. « Possidere non potest indumentum Christi qui scin- dit et dividit Ecclesiam Christi ». (3) M. L. 21, 723. Ce commentaire est probablement l'ceuvre d'un prêtre gaulois du Vine siècle: Vincentius. (4) M. G. 14, 829. X que le moyen age chrétien la méditera. « La robe du Christ est sans couture afro que jamais elle ne se défasse. Elle se termine tout entière par une seule maille, parce qu'elle ramène tout l'en- semble à un seul terme... Elle est l'Eglise catholique » (1). Cette exégèse ancienne ne parait pas inexacte aux critiques par ailleurs les plus émancipés. Loisy déclare que les Pères qui ont vu l'Eglise dans la robe sans couture ont probablement rencontré la pensée de l'auteur (2),, et Walter Bauer trouve que rien n'a plus de chance d'être vrai (3). Toute la doctrine catholique de l'Eglise, avec son intransigeance d'aspect si rigoureux, est déjà résumée dans ce vieux symbole. On ne peut pas se rattacher au Christ par des sutures artificielles. I1 faut être de la trame. Et les compartiments et les autonomies et les indépendances ne signifient rien dans l'unité parfaite du Christ indivisible. Ces principes on les trouvera très amplement exposés dans tous les traités théologiques (4). Le but de ces pages n'est nullement d'en établir à nouveau le système. Mais au moment oft la question de l'unité des chrétiens prend une place prépondérante dans les soucis de tous les croyants; alors que dans une encyclique solennelle le Souverain Pontife parle de l'éventualité d'un concile cecuménique; quand la détresse mérne de l'Europe semble inviter à réfléchir sur toutes les causes des divisions qui la ruinent, peut-être n'est-t-il pas inutile d'examiner les efforts que tentent nos frères séparés pour se raccrocher à l'Eglise catholique et pour se retrouver dans l'ancienne famille. Tout effort vers le bien mérite une estime infinie; tout front tourné vers la lumière est orienté vers Dieu. Et si nous voulons qu'un jour le bercail du Christ soit au complet, c'est une charité sans limites que nous devons témoigner à tous les errants, à tous ceux qui tátonnent et qui cherchent. (1) M. L. 35:1949. « Inconsutilis ne aliquando dissuatur, et ad unum pervenit quia in unum omnes colligit. Haec est... catholica Ecclesia ». (2) Le Quatrième Evangile, 1903, p. 876. (3) Das Johannesevangelium, dans Handbuch zum Neuen Testament, Band II, 2, p. 173. (4) P. 'ex. pour ne citer que le plus récent parmi les meilleurs, cfr. M. D' HERBIGNY, Theologica de Ecclesia, 2'ne édition, 2 vol., Paris, Beau- chesne, 1920, 1921. X1 Damais peut-être notre vieille, notre sainte Europe ne fut plus divisée. Les ponts sont coupés partout. Il semble qu'on ne puisse plus considérer que des ennemis ou des alliés, et que la guerre des times soit devenue une institution permanente. Lorsque le Souverain Pontife parle de la paix, les sourcils se froncent ou les lèvres se serrent. Beaucoup, sans oser le dire tout haut, murmurent tout bas que ces paroles sont inopportunes. Et pourtant le pape est dans son role et dans son droit quand it rappelle aux homines, saturés de misère, que Jésus-Christ est leur Maitre a tous, qu'il est le Rédempteur commun, et que, plus pro- fondément que ce qui divise, it faut chercher ce qui relie entre eux les fils d'Adam. L'Eglise en Europe et dans le monde est sans doute aujourd'hui la seule force internationale organisée. Rien qu'à ce titre, elle mérite qu'on l'étudie, et qu'on examine aussi tout ce qui gravite autour d'elle. Depuis que Thureau-Dangin a publié son oeuvre magistrale, tout le monde, sur le continent, peut savoir ce que représentait dans l'Eglise anglicane le mouvement d'Oxford et quels résultats sont sortis des efforts de Newman et de son groupe. Le luthéranisme allemand passe aujourd'hui par une crise inté- rieure très grave. Nous ne voulons en étudier qu'un aspect: la con- stitution et les débuts d'une Haute Eglise, ressemblant par certains cótés a la High Church anglaise, et lont le but avoué est de catho- liciser le protestantisme (1). On trouvera peut-être que cette Haute Eglise est encore bien jeune et qu'elle n'a pas donné des preuves suffisantes de vitalité. Mais pourquoi l'intérêt ne s'attacherait-il qu'aux oeuvres achevées et aux procès conclus ? Les questions débattues par la J-laute Eglise sont des questions fondamentales. Toutes les divisions religieuses de l'Europe en sont sorties. Puisque la-bas on vent les étudier a nouveau, nous ne pouvons pas rester indifférents a cet examen. Un mot encore -- ce sera le dernier de cette préface. -- II est possible que ces pages soient, quelque jour, lues par des parti- (1) Les Slimmen der Zeit ont publié sur cette crise des articles fort bien documentés et très judicieux, p. ex. juin 1919, déc. 1920, mars 1921, sept. 1921 etc, (éd. Herder, Fribourg-en-Brisgau). XII sans de la Haute Eglise allemande, it est possible aussi que, malgré toutes les precautions prises, une expression leg attriste ou les blesse, et leur fasse croire qu'un catholique romain ne peut pas aimer profondément, estimer loyalement, tous ceux qui cher- chent, suivant l'antique formule d'Ignace d'Antioche, à prendre le Christ -- Christum consequi (1). On voudrait qu'il fut bien entendu qu'un seul désir a dicté tout ce volume, non celui de confondre, ni même celui de convaincre impérieusement, mais dans le respect de toutes les sincérités, le désir de rendre témoignage à l'unique Pasteur de l'unique bercail... In unum convenientibus una sit oratio, una precatio, una mens, una spes in caritate, in gaudio sancto, quod est Jesus Christus quo nihil praestantius est..