La Construction De L'europe Du Football
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Université de Strasbourg INSTITUT D'ÉTUDES POLITIQUES DE STRASBOURG LA CONSTRUCTION DE L’EUROPE DU FOOTBALL Antoine Maumon de Longevialle Sous la direction de M me Justine Faure Mémoire de 4 e année d’I.E.P. Juin 2009 Avertissement L’Université de Strasbourg n’entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur. 2 Remerciements Je tiens à remercier en premier lieu M me Justine Faure pour m’avoir guidé et encouragé dans mes recherches, ainsi que M. Sylvain Schirmann pour avoir accepté d’évaluer ce travail en qualité de membre du jury, en plus de m’avoir délivré de précieux conseils. Mes remerciements vont également à M. Paul Dietschy qui a su m’orienter dans mes recherches ainsi qu’à Mmes Christa Bühler et Elisabeth Bühlmann et M. Thomas Junod pour leur disponibilité et l’attention qu’ils ont portée à mon étude. Ce travail de recherche n’aurait pu aboutir sans l’aide des personnes que j’ai eu l’occasion d'interviewer. Je tiens ainsi à saluer la gentillesse de MM. Marcel Benz, Jérôme Champagne, William Gaillard, Jonathan Hill, Alex Phillips, Frédéric Potet, Richard Porret et Jean-Louis Valentin. Les interroger a représenté un privilège. Je tiens enfin à adresser un remerciement particulier à M. Jacques Ferran dont la rencontre, d’une valeur inestimable pour ce mémoire, a constitué pour l’auteur de ces lignes un véritable honneur. 3 Sommaire Introduction …………………………………………………………………………………………….p. 5 1ère Partie – Le Rideau de fer s’efface devant le football …………………………………………....p. 12 Chapitre 1 – La création d’une Europe du football ………………………………………....p. 15 I. La naissance d’un groupe de pression européen en matière de football : l’UEFA…………………..p. 16 II . L’Europe devient une réalité avec la création de la Coupe des clubs champions européens……………………………………………………………………………………………….p. 23 III . Une Europe unie qui met sur la touche ses différends politiques………………………………….p. 37 Chapitre 2 – Une Europe vraiment unie ?…………………………………………………...p. 50 I. L’UEFA, l’autre Europe des blocs …………………………………………………………………..p. 51 II . Les crises politiques traversées par l’UEFA………………………………………………………...p. 64 2e partie – Une Europe qui s’étend des Féroé au Kazakhstan ……………………………………...p. 74 Chapitre 3 – Une Europe qui empiète sur l’Asie ………………………………………….....p. 76 I. Turquie et Chypre, deux pays « appartenant au continent asiatique », pourtant membres de l’UEFA……………………………………………………………………………………………….…p. 78 II . L’UEFA s’ouvre sur de nouveaux territoires avec la dissolution de l’URSS………………………p. 84 III . Israël entre à l’UEFA au terme de vingt ans de négociations……………………………………...p. 92 Chapitre 4 – Intégrer les micro-États à l’Europe du football ?……………………...…….p. 104 I. Une FIFA accueillante dans les années 1950…………………………………………………….…p. 107 II . Un durcissement de la FIFA dans les années 1970………………………………………………..p. 111 III . Des adhésions en douceur de Saint-Marin et des Féroé, avec l’aide de la FIFA……………………………………………………………………………………….…………..p. 118 IV . La question de Gibraltar au centre de la politique d’affiliation actuelle de la FIFA et de l’UEFA…………………………………………………………………………………….…………..p. 125 Conclusion ………………………………………………………………………………...……….…p. 135 Sources ……………………………………………………………………………………………..…p. 139 Bibliographie …………………………………………………………………………………………p. 142 4 Introduction « Oui, l’Europe a 50 ans », titre en Une le supplément du journal L’Équipe paru le 15 décembre 2004. Entendez par là « Europe du football ». Les journalistes de L’Équipe ayant été les principaux promoteurs de la Coupe des clubs champions européens, le quotidien sportif tient ici à saluer une œuvre à laquelle il n’est pas étranger, sans oublier de faire un pied de nez à une Europe politique qui, lorsque ce supplément sort, doit attendre trois ans de plus que l’Europe du football pour célébrer son demi-siècle d’existence. Par « Europe du football », il faut entendre la réunion de l’ensemble des pays du continent en vue d’organiser et de pratiquer conjointement ce sport. Ce sont en 2009 cinquante-trois États 1 représentés via leur association nationale de football qui se regroupent au sein d’une organisation, l’Union des associations européennes de football 2. Ce chiffre interpelle : c’est plus que pour l’Europe politique, l’Union européenne, qui ne comporte actuellement que vingt-sept membres, et que « l’Europe des droits de l’homme », composée des quarante-sept membres du Conseil de l’Europe. Dans un continent qui cherche toujours ses frontières, l’Europe du football est donc une Europe au sens large. Et pourtant, son extension aurait pu être limitée par les confédérations voisines. Chaque continent en possède en effet une pour organiser et développer le football sur son territoire, ainsi que pour le représenter au sein de la 1 États auxquels on peut ajouter Monaco qui, bien que non membre de l’UEFA, est très présent sur la scène européenne comme en témoigne ses deux finales de coupes d’Europe par l’intermédiaire de l’AS Monaco. Voir chapitre 4. 2 Désignée plus communément sous les sigles UEFA. 5 fédération internationale. Au nombre de six 3, ces confédérations regroupent en leur sein toutes les fédérations nationales de leur continent. Elles se trouvent sous la tutelle de la fédération internationale, la FIFA 4, et forment un maillage qui n’oublie aucune fédération à travers le globe 5. Ainsi, alors qu’un pays situé géographiquement sur le continent asiatique pourrait intégrer l’Union européenne sans qu’une autre organisation s’en voie dépourvue, il n’en est pas de même en matière de football. L’intégration du Kazakhstan à l’UEFA en 2002 a, par exemple, nécessité le départ de sa fédération de football de la confédération asiatique. Ce facteur aurait donc pu limiter l’extension de l’Europe du football. Cela n’a pas été le cas. L’étude de l’Europe du football revêt deux intérêts majeurs. Le premier se limite au domaine du football, mais sans se cantonner au terrain. Alors que de très nombreux ouvrages ont été écrits sur les compétitions européennes, leurs équipes phares, leurs stars et leur lot d’émotions, très peu l’ont été sur les institutions sportives, relativement méconnues du grand public. Or, l’histoire du sport est également celle qui se déroule en dehors du terrain de jeu. L’UEFA et la FIFA, basées toutes deux en Suisse 6, sont les instances gérant aux niveaux mondial et européen le sport le plus populaire, déchaînant le plus de passion et aux enjeux économiques les plus forts. Pourtant, la littérature les concernant est très réduite. Il nous a paru pertinent de rétablir un certain nombre de vérités sur l’UEFA, en particulier au sujet de sa naissance. Les relations de pouvoir entre les deux organisations, traitées ici en filigrane 7, sont également indissociables de l’histoire de l’UEFA. Le second intérêt d’un sujet tournant autour de l’Europe du football tient à l’importance de ce sport dans les sociétés modernes et plus particulièrement dans le jeu politique. Le mythe de l’apolitisme du sport a vécu au regard de la récupération des succès sportifs par les gouvernements et de son utilisation à des fins diplomatiques. 3 L’UEFA, la confédération africaine (CAF), la confédération asiatique (AFC), la confédération sud- américaine (CONMEBOL), la confédération d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF) et la confédération océanienne (OFC). 4 Fédération Internationale de Football Association. 5 Nous verrons dans le chapitre 3 que ce présupposé peut être contredit par la pratique, comme le montre le cas d’Israël, privée de confédération de son exclusion de l’AFC (initiales d’ Asian Football Confederation ) en 1974 à son intégration à l’UEFA en 1994 comme membre permanent. 6 Respectivement à Nyon et à Zurich. 7 Pour des études spécifiques à cette question, voir les livres de John SUDGEN et Alan TOMLINSON, parmi lesquelles on se contentera de citer FIFA and the contest for world football, who rules the peoples’ game ?, Cambridge, Polity Press, 1998. 6 Comme nous le confiait Jérôme Champagne – directeur des relations internationales de la FIFA – faire de la diplomatie par le football a l’avantage de nécessiter « des processus de décision beaucoup plus simples et rapides que la diplomatie classique »8. En outre « en football, le droit de veto d’un pays n’existe pas »9. Que ce soit au sein de la FIFA ou de l’UEFA, l’adoption des décisions au sein des congrès 10 suit la règle « une association = une voix », ce qui place tous les pays sur un même pied d’égalité au moment du vote. La diplomatie est inhérente au football international. Pour s’en convaincre, il suffit de constater que dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, en septembre 2008, trois jours avant une rencontre mettant aux prises les deux Corée, un match réunissait l’Arménie et la Turquie. Comme il y eut une « diplomatie du ping-pong » dans les années 1960, il existe bel et bien une « diplomatie du football » permettant de rapprocher les États. Celle-ci se pratique « tous les jours »11 dans les organisations gérant le football international. Elle peut être évidente, lorsqu’il s’agit de tenir compte des positions géopolitiques de chaque pays. Par exemple, lorsque des parties opposent des Géorgiens à des Russes ou des Arméniens à leurs voisins turcs ou azéris. Mais aussi « plus subtile, complexe », comme au sujet de la participation d’une équipe britannique aux Jeux olympiques 12 . Pour la réaliser, l’UEFA n’est pas dotée de structures particulières. « On fait tous de la diplomatie ici » 13 nous a ainsi confié William Gaillard. Un bureau à Bruxelles – composé d’une demi-douzaine de personnes 14 – a quand même été ouvert en 2003 pour mieux coordonner les relations 8 Entretien avec Jérôme CHAMPAGNE, directeur des relations internationales de la FIFA, par téléphone, 03/03/09.