La Révolution Française, 3
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La Révolution française Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française 3 | 2012 Les comités des assemblées révolutionnaires : des laboratoires de la loi Maria Betlem Castellà i Pujols et Guillaume Mazeau (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/lrf/673 DOI : 10.4000/lrf.673 ISSN : 2105-2557 Éditeur IHMC - Institut d'histoire moderne et contemporaine (UMR 8066) Référence électronique Maria Betlem Castellà i Pujols et Guillaume Mazeau (dir.), La Révolution française, 3 | 2012, « Les comités des assemblées révolutionnaires : des laboratoires de la loi » [En ligne], mis en ligne le 20 décembre 2012, consulté le 22 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/lrf/673 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lrf.673 Ce document a été généré automatiquement le 22 septembre 2020. © La Révolution française 1 A la fin du XVIIIe siècle, dans une France en Révolution, les députés des Assemblées successives ont tenté de changer le monde, un monde dorénavant transformé ni par la volonté du prince ni par la seule administration monarchique, mais par la volonté générale, s’exprimant sous la forme d’un texte : la loi. Soucieux de remonter aux sources de ce résultat matériel, les historiens se sont souvent focalisés sur l’aval du travail législatif. Les séances et enceintes successives de l’Assemblée sont ainsi devenues des lieux privilégiés pour étudier l’apprentissage de la politique : les discours et débats parlementaires forment encore souvent, jusqu’à l’excès, la matière première de l’histoire politique de la Révolution française. Pourtant, la fabrique de la loi, et à plus forte raison son application et sa réception, ne peuvent se réduire au moment du débat ni du vote. Pour saisir la vie prosaïque du politique dans toutes ses dimensions législatives, exécutives, administratives, juridiques et politiques, il faut renoncer aux séductions du spectacle donné quotidiennement aux Tuileries. Car ce qui se joue dans les salles du Manège et des Machines n’est que la partie visible d’un bien plus vaste appareil institutionnel, dont les comités sont les rouages essentiels. La Révolution française, 3 | 2012 2 SOMMAIRE Avant-propos Guillaume Mazeau Introduction. Que sait-on aujourd’hui des comités des assemblées parlementaires ? Maria Betlem Castellà i Pujols Note sur le Comité de division et quelques problèmes liés Serge Aberdam Le Comité de sûreté générale (1792-1795) Émilie Cadio Métamorphoses d’un comité : le Comité des pétitions et de correspondance sous la Convention nationale Maria Betlem Castellà i Pujols Le Comité des Inspecteurs de la salle : une institution au service de la Convention nationale (1792-1795) Alain Cohen Le Comité des colonies Une institution au service de la « famille coloniale » ? (1789-1793) Manuel Covo La Convention ou l’empire des lois Le Comité de législation et la commission de classification des lois Annie Jourdan Le Comité diplomatique : l’homicide par décret de la diplomatie (1790-1793) ? Virginie Martin Le Comité de salut public (6 avril 1793 - 4 brumaire an IV) Raphael Matta Duvignau Le Comité des décrets Martine Sin Blima Barru La Révolution française, 3 | 2012 3 Avant-propos Guillaume Mazeau 1 A la fin du XVIIIe siècle, dans une France en Révolution, les députés des Assemblées successives ont tenté de changer le monde, un monde dorénavant transformé ni par la volonté du prince ni par la seule administration monarchique, mais par la volonté générale, s’exprimant sous la forme d’un texte : la loi. Soucieux de remonter aux sources de ce résultat matériel, les historiens se sont souvent focalisés sur l’aval du travail législatif. Les séances et enceintes successives de l’Assemblée sont ainsi devenues des lieux privilégiés pour étudier l’apprentissage de la politique : les discours et débats parlementaires forment encore souvent, jusqu’à l’excès, la matière première de l’histoire politique de la Révolution française. Pourtant, la fabrique de la loi, et à plus forte raison son application et sa réception, ne peuvent se réduire au moment du débat ni du vote. Pour saisir la vie prosaïque du politique dans toutes ses dimensions législatives, exécutives, administratives, juridiques et politiques, il faut renoncer aux séductions du spectacle donné quotidiennement aux Tuileries. Car ce qui se joue dans les salles du Manège et des Machines n’est que la partie visible d’un bien plus vaste appareil institutionnel, dont les comités sont les rouages essentiels. 2 Groupes de députés chargés d’une fonction particulière, les comités des assemblées parlementaires, indispensables au travail législatif, tiers-lieux d’un exécutif de plus en plus fantôme et laboratoires d’une nouvelle administration publique, sont pourtant mal connus et peu étudiés. Si l’on excepte les deux fameux Comités de sûreté générale et de salut public, qui, par facilité, continuent de concentrer l’attention et d’induire en erreur les inventeurs de la « Terreur » et du « centralisme jacobin », que sait-on au juste des trente-trois autres comités de la Constituante, des vingt-deux de la Législative et des trente de la Convention, qui ont pourtant activement, mais dans l’ombre, tenté de changer la société ? Finalement peu de choses. En partie conservés dans la série D des Archives nationales, les importants fonds des comités, fourmillant d’informations sur la vie politique de la période révolutionnaire, restent sous-exploités. De récents travaux ont bien entendu été récemment menés par des historiens et juristes, dont certains ont d’ailleurs participé à ce numéro, mais ils n’ont pas toujours été publiés et, consacrés à un comité en particulier, n’offrent ni de vision globale ni croisée du phénomène. La Révolution française, 3 | 2012 4 3 C’est pour remédier à cette lacune que dans le cadre de l’ANR RevLoi, pilotée par Jean- Philippe Heurtin (Univ. De Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), Pierre Serna (IHRF, Univ. Paris-1 Panthéon-Sorbonne) et Anne Simonin (CNRS/IRICE, Univ. Paris-1 et Paris- IV), un atelier collectif a été organisé en 2011 à l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne par l’Institut d’Histoire de la Révolution française. Au cours de cette journée, dont ce numéro est le résultat, des archivistes, historiens et juristes, tous spécialistes d’un comité et « aidés » par des discutants1, se sont ainsi réunis, ont rassemblé et confronté le résultat de leurs recherches, esquissant une première topographie de la nébuleuse politique et bureaucratique des comités qui, trop souvent vus comme de simples annexes des principaux lieux du pouvoir, constituent en réalité les centres discrets des expérimentations politiques, administratives et juridiques du début de la période contemporaine. NOTES 1. Nous remercions particulièrement les rapporteurs Yann Arzel Durelle-Marc (Université de Bourgogne-Franche-Comté) et Anne Simonin (CNRS, IRICE, Université Paris-1 et Paris-IV) de leur contribution essentielle à cet atelier. Nous remercions également les membres des Archives Nationales qui ont activement participé à la richesse des débats, en particulier Denise Ogilvie, conservatrice du patrimoine en chef. AUTEUR GUILLAUME MAZEAU Maître de conférences à l'Institut d'Histoire de la Révolution française, IHMC/EA127/UMS 622, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. La Révolution française, 3 | 2012 5 Introduction. Que sait-on aujourd’hui des comités des assemblées parlementaires ? Maria Betlem Castellà i Pujols 1 Que sait-on aujourd’hui des comités des assemblées parlementaires qui aidèrent le corps législatif à préparer ses travaux et acheminèrent une partie importante de ses décisions ? On peut répondre immédiatement qu’on en sait suffisamment, étant donné le nombre non négligeable de références qu’on localise dans des monographies, des articles et des travaux inédits consacrés à la période révolutionnaire. Cependant, si l’on s’arrête un instant pour examiner les pages des publications parues depuis plus de deux cents ans, on constate que l’on n’a pas de connaissance approfondie sur les comités des assemblées parlementaires. 2 Après avoir consulté le catalogue de la Bibliothèque nationale de France (BN – OPALE PLUS)2 pour localiser des travaux consacrés aux comités des assemblées parlementaires et, dans le même but, le catalogue collectif de France (CCFR)3, le catalogue de la Hathi Trust Digital Library4, les portails des revues Persée et Revues.org, les tables analytiques de La Révolution française. Revue historique5, de La Révolution française. Revue d’histoire moderne et contemporaine6, des Annales Révolutionnaires7 et des Annales historiques de la Révolution française8, les revues et sites Revue historique de la Révolution française9 et Révolutionfrançaise.net10, le Répertoire des travaux universitaires inédits sur la période révolutionnaire11 et les listes des travaux inédits que la revue Annales historiques de la Révolution française a publiées depuis les années quatre-vingt-dix, on arrive à une première conclusion : la plupart du temps, les comités des assemblées parlementaires ne constituent pas un objet d’étude en eux-mêmes. 3 On a peu écrit en ce qui concerne leurs missions et compétences qui ont pourtant pu changer ou se modifier au cours d’un, de deux ou de trois mandats, en formant chaque fois, et sous le même nom, des comités ayant des missions et des objectifs à remplir quelque peu différents12. De même, peu a été écrit en ce qui concerne leur organisation interne —sections et bureaux—, leurs dynamiques de travail ou leurs contacts avec La Révolution française, 3 | 2012 6 d’autres comités ou commissions, ou même avec certains ministères et autorités administratives de toute la France. 4 Face à ce vide historiographique, l’objectif de l’atelier de travail « Les Comités des assemblées révolutionnaires : les laboratoires de la loi » qui a inspiré ce numéro monographique, a été double : d’une part, mettre en évidence cet écart, déjà mentionné dans certains travaux récents13, d’autre part, commencer à diminuer son ampleur, en invitant les participants de l’atelier à réfléchir, à discuter et à écrire sur la partie moins visible des comités auxquels ils consacrent une partie de leurs recherches.