Chronique Politique De La Rdc, 2009-2010
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99 CHRONIQUE POLITIQUE DE LA RDC, 2009-2010 par Noël Obotela Rashidi et Jean Otemikongo Mandefu Yahisule Abstract Since the 2006 elections, the search for stability and good governance has remained a constant preoccupation in DRC. The evaluation of the mid-way review of the presidential term indicates a mixed outcome. This study is aimed at scrutinizing different aspects: security, diplomatic, institutional as well as administrative, economic, and financial management. In the light of this study, it appears that DRC has lots of challenges to meet before and after the coming elections. First and foremost, it must reduce the problem of weapons on the populations, and ensure the integrity of the country in matters regarding peace and sovereignty. Next, it is essential that the normalization of the diplomatic relations consider the best interests of the Congo. The central and local administrative institutions should also find a working system that conforms to norms. The achievement of the Heavily Indebted Poor Countries Initiative and the possible constitutional revision finally concern the Congolese government. 1. INTRODUCTION La pacification et la bonne gouvernance figurent en bonne place dans la mise en œuvre des chantiers et programmes du régime de Joseph Kabila. Dans son discours d’investiture du 6 décembre 2006, le Président de la République s’était fixé comme objectifs la paix et la bonne gouvernance, parce que la bonne gouvernance est absolument essentielle pour atteindre un développement durable, une croissance économique soutenue et l’éradication de la pauvreté. Ces objectifs sont repris dans le programme des Gouvernements Gizenga, puis Muzito. En 2010, le pouvoir issu des élections de 2006 a déjà consommé plus de la moitié du temps de son mandat. Pourtant, de nombreuses voix stigmatisent le bilan mitigé de la gestion de l’État congolais. L’action du gouvernement est fort critiquée par l’opposition, qui relève son « immobilisme ». Certains ténors de la majorité présidentielle ont également exprimé leur exaspération face à cet état de choses. Par ailleurs, les efforts de pacification du pays et de normalisation des relations diplomatiques avec les États voisins et l’ancienne métropole ont été contredits par les faits inhérents notamment à la dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est. La mauvaise gouvernance semble avoir la peau dure et entraîne l’enlisement de la démocratie. Le présent article s’articule autour de cinq préoccupations. D’abord, la quête de sécurité, un domaine qui parait chaque fois remis en cause par le cours des événements. Ensuite, le plan diplomatique : la RDC a réalisé des progrès dans ses relations avec le Rwanda et la Belgique. Mais la brouille avec l’allié angolais persiste ; il y a l’odeur du pétrole qui se cacherait derrière le différend frontalier. En troisième lieu, les institutions nationales et provinciales qui ont du mal à consolider et coordonner leurs actions. La préoccupation suivante porte sur le « fléau » qui ne cesse de ronger la gestion des finances, à savoir 100 L’AFRIQUE DES GRANDS LACS . ANNUAIRE 2009-2010 l’absence de gouvernance. Enfin, en dépit de l’optimisme qu’affiche le Président Kabila, il s’agira de scruter les perspectives 2010 à travers l’avenir de la RDC, la décentralisation, la sécurité et l’atteinte du point d’achèvement. 2. LA QUÊTE PERSISTANTE DE SÉCURITÉ 2.1. La décomposition du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) pour la paix ? En dépit du cessez-le-feu signé le 23 janvier 2008 à Goma appelant à l’arrêt total et immédiat des hostilités sur toute l’étendue de la province du Nord-Kivu, la conflictualité est restée vive en 2009. Mais la donne va changer. En effet, le 5 janvier 2009, Bosco Ntaganda, chef d’état-major du CNDP, prend l’audacieuse initiative de démettre 1 son chef Laurent Nkundabatware pour « mauvaise gestion » du mouvement rebelle ! Bien que sous le coup d’un mandat d’arrêt international, Ntaganda déclare la fin de la guerre au Nord-Kivu et se dit prêt à réaliser l’intégration des troupes du CNDP au sein des FARDC. Un arrangement interne avec le gouvernement congolais qui n’est pas du goût de la Cour pénale internationale (CPI), laquelle, le 7 janvier 2009, publie la lettre n° ICC-01/04-02/06 du 22 août 2006 sur la situation en RDC et l’affaire « le Procureur contre Ntaganda ». Joseph Kabila donne la position officielle du gouvernement lors de sa conférence de presse du 31 janvier 2009. Livrer de Ntaganda à la CPI ne semble guère envisageable. Mais Nkundabatware, lui, fait l’objet de tractations entre le Rwanda et la RDC pour son extradition à Kinshasa. Une aile du CNDP sous la direction de Désiré Kamanzi sollicite le 4 février l’amnistie pour faits d’insurrection et de guerre perpétrés jusqu’au 16 janvier 2009. Le même mois, Kinshasa et le CNDP concluent un pré-accord consécutif aux pourparlers commencés à Goma, concertations qui aboutissent le 23 mars 2009 à la signature d’un accord de paix entre le CNDP et le gouvernement congolais. Les modalités d’intégration des éléments du CNDP au sein des FARDC sont également fixées. Pourtant, des éléments du CNDP vont continuer à percevoir des taxes dans le territoire de Masisi, qu’ils contrôlent. La crise au sein du CNDP a trois effets immédiats : la décomposition du groupe par sa décapitation, la relative stabilisation de la situation militaire et la reprise des relations diplomatiques entre la RDC et les pays de la CPGL dont 1 Crisis Group rapporte que, fin 2008, l’Inspecteur général de la police congolaise a été envoyé secrètement au Rwanda pour négocier l’éviction de Laurent Nkunda de la direction du CNDP et le lancement d’une opération militaire des deux pays contre les FDLR. Le chef d’État-Major des Fardc n’aurait été informé de l’opération militaire que quelques jours avant son lancement en janvier 2009. Lire CRISIS GROUP , “Congo : l’enlisement du projet démocratique”, Briefing Afrique , n° 73, 8 avril 2010, p. 7. Ce limogeage de Nkundabatware est une des conséquences de l’onde du choc provoqué par les massacres des civils à Kiwanja (Nord-Kivu) entre le 4 et le 6 novembre 2008 et à Buramba (Rutshuru, Nord-Kivu) en mars 2007 par les troupes du CNDP ainsi que de leurs répercussions pour toutes les personnes physiques ou morales impliquées aux côtés du CNDP. Car le Rwanda, accusé de fournir troupes, armes, minutions et finances au mouvement rebelle, ne pouvait plus continuer à assurer la couverture de cet allié devenu trop encombrant. Et ce d’autant plus que les bailleurs de fonds allaient fermer les robinets à l’instar de la Suède et de la Hollande qui ont suspendu leurs aides au régime de Kigali. CHRONIQUE POLITIQUE DE LA RDC, 2009-2010 101 le Rwanda. En effet, le limogeage de Nkundabatware suivi de son « arrestation- protection » par le Rwanda – accusé 2 au temps fort de la crise d’appuyer le CNDP en hommes, armes et munitions sous prétexte de combattre les FDLR que le gouvernement aurait armés et de protéger des rwandophones – a contribué à la décomposition de ce groupe désormais privé de son mentor. On a assisté également à une détente grâce au cessez-le-feu observé par toutes les parties belligérantes sur les anciennes lignes de front du Nord-Kivu jadis sous contrôle du groupe rebelle. Dans son discours sur l’état de la nation devant le Congrès, Kabila s’était félicité d’indiquer que sur le plan sécuritaire, le drapeau congolais, symbole de l’unité nationale, flottait à nouveau sur toute l’étendue du territoire national et à tous les postes frontaliers des provinces du Nord et du Sud-Kivu placées toutes deux sous le contrôle des autorités régulières du pays. « On n’avait pas connu cela pendant pratiquement quinze ans ! », a déclaré le Chef de l’État qui a ensuite indiqué que « depuis bientôt douze mois, il n’y a plus de guerre à l’Est, sinon celle que nous faisons aux Fdlr. Comme conséquence, les camps des personnes déplacées ont commencé à se vid er ». Kabila reconnaît que ces avancées ont été rendues possibles grâce au concours appréciable de la communauté internationale. Comme lors des élections de 2006, celle-ci a appuyé la tenue de la Conférence sur la sécurité, la paix et le développement des provinces du Nord et Sud-Kivu, sanctionnée par l’Acte d’engagement de Goma. Elle a également fourni une importante contribution financière aux Programme Amani et Amani Leo dans le cadre de la mise en œuvre de l’Acte d’engagement de Goma. Le satisfecit officiel au sujet de la restauration de l’autorité de l’État est souvent contredit par l’insécurité persistante et les conflits localisés dans le Kivu, la Province Orientale et l’Équateur. Dans l’Est particulièrement, cette insécurité provient des groupes armés nationaux et étrangers, soit les FARDC 3, soit les « forces négatives ». Le CNDP et les autres groupes armés, plus que jamais virulents, ne sont pas éradiqués et restent, en dépit des accords signés et des progrès accomplis au chapitre de la paix et de l’exercice de l’autorité de l’État, et ce toujours avec l’appui de la Communauté internationale, une menace pour la réunification du territoire et la paix dans l’Est de la RDC. 2 Selon le laboratoire de recherche sur la défense de l’Institut français des relations internationales (IFRI), cité par F. Misser, la plupart des armes dont dispose le CNDP ont été prises aux FARDC, et bien que, en octobre 2008, les services de sécurité rwandais à l’aéroport de Kanombe aient saisi des uniformes destinés au CNDP et arrêté un individu mêlé à ce trafic, les experts affirment détenir des preuves de livraisons d’uniformes au CNDP par Kigali.