Livraisons De L'histoire De L'architecture, 30
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Livraisons de l'histoire de l'architecture 30 | 2015 Le dessin d'architecture : œuvre/outil des architectes ? Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/lha/437 DOI : 10.4000/lha.437 ISSN : 1960-5994 Éditeur Association Livraisons d’histoire de l’architecture - LHA Édition imprimée Date de publication : 30 décembre 2015 ISSN : 1627-4970 Référence électronique Livraisons de l'histoire de l'architecture, 30 | 2015, « Le dessin d'architecture : œuvre/outil des architectes ? » [En ligne], mis en ligne le 30 décembre 2017, consulté le 03 juillet 2020. URL : http:// journals.openedition.org/lha/437 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lha.437 Ce document a été généré automatiquement le 3 juillet 2020. Tous droits réservés à l'Association LHA 1 NOTE DE LA RÉDACTION Ces travaux ont été réalisés avec le soutien du Laboratoire d'Excellence Création, Arts, Patrimoines, portrant la référence ANR-10-LABX-82. Ils ont bénéficié d'une aide de l'État gérée par l'Agence Nationale de la recherche. Ouvrage publié avec le concours de l'École Pratique des Hautes Études. Livraisons de l'histoire de l'architecture, 30 | 2015 2 SOMMAIRE Noir sur blanc Jean-Michel Leniaud Avant-propos Christine Phal Fantômes et revenants : les dessins français d’architecture gothique Étienne Hamon Les relevés du Louvre et des Tuileries sous l’Ancien Régime Guillaume Fonkenell L’Europe architecturale du second XVIIIe siècle : analyse des dessins Basile Baudez Des frontispices aux « éléments analytiques », les compositions graphiques d’architecture à l’École des beaux-arts Jean-Philippe Garric La machine optique de l’architecture : desseins et dessins de Jean-Paul Jungmann Agnès Callu Dessins et design : représenter l’espace mental de l’architecture : les dessins déconstructivistes de Daniel Libeskind : Micromegas Antonella Tufano Le dessin de l’architecture et la genèse de l’œuvre Pierre-Marc de Biasi La querelle du décor : aspects et évolutions de l’architecture intérieure des musées Yannick Le Pape Aujourd’hui à Chlef le centre Larbi Tebessi, hier à Orléansville le centre Albert-Camus (1955-1961), (architectes Louis Miquel et Roland Simounet) Soraya Bertaud du Chazaud Authenticité ou décorativité ? Marques d’imprimeur comme ornements architecturaux Melinda Simon Livraisons de l'histoire de l'architecture, 30 | 2015 3 Noir sur blanc Jean-Michel Leniaud 1 On n’aime guère le dessin d’architecture, pas plus qu’on n’aime l’histoire de l’architecture comme discipline universitaire : on les trouve l’un et l’autre austères, rigoureux, difficiles. Le marché lui-même privilégie les dessins de peintre et de sculpteur, plus immédiatement séduisants. Tout se passe comme si l’intérêt qu’il y porte, quand il lui en donne, résulte de la pénurie de marchandise à vendre. Bref, le dessin d’architecture tient du parent pauvre. Et pourtant, il se distingue par son ancienneté comme le prouve le peu qui subsiste du Moyen Âge. Par ses caractéristiques formelles : la précision du trait, l’ingéniosité des perspectives, la beauté d’un poché, la virtuosité d’un lavis. Par le rapport qu’il institue entre l’imaginaire et la réalité dans ses manipulations de l’espace, multiples et raisonnées. Par le caractère pionnier de ses expérimentations dans la fabrication du dessin : l’usage des boîtes optiques, de la photographie, voire de la photogrammétrie, de la programmation assistée par ordinateur ne donnent que quelques exemples qui s’inscrivent sur une longue liste. Il se distingue plus encore par la relation que la forme entretient avec l’idée : d’avantage que son homologue en peinture et en sculpture, il s’implique dans un dialogue avec un tiers auquel il doit communiquer les différentes phases dans l’élaboration du projet. Depuis l’esquisse, jusqu’aux plans d’exécution que le corps d’état doivent lire à l’appui du dossier de consultation des entreprises (DCE), son auteur lui assigne pour but de transposer, de façon de plus en plus précise selon les conventions du bidimensionnel et le cas échéant de l’axonométrique, l’idée plastique que le cerveau créateur conçoit. Plus que tout autre, le dessin d’architecture donne la trace du travail de conception qui s’effectue depuis la cosa mentale jusqu’à l’immeuble construit. 2 Il ne faudrait pas en déduire que le dessin d’architecture, à quelque phase qu’il se trouve, ne vaudrait que par sa capacité documentaire et n’intéresserait que les « archéologues » du projet. Il possède en soi une valeur d’art et range nécessairement l’architecte, aux yeux même de ceux qui en douteraient, dans la catégorie des plasticiens, des artistes, des créateurs. L’ancienne discipline des Beaux-Arts, celle qui s’est constituée lorsque, sous Napoléon, on entreprit de rassembler en un lieu unique, l’École des beaux-arts, l’enseignement de la peinture, de la sculpture et de l’architecture, l’initiait aux techniques d’expression plastique et, plus encore, lui faisait Livraisons de l'histoire de l'architecture, 30 | 2015 4 comprendre que ces trois arts s’unissaient sous l’empire du dessin, qu’ils cédaient même de celui-ci. Aujourd’hui, le jeune architecte, éloigné de la création plastique depuis les réformes de son art entreprises après 1968 dans des écoles d’architecture généralement peu versées dans des techniques de ce genre, réinvente avec son appareil photographique et son ordinateur de nouveaux modes de mission de la pensée architecturale mais plus d’un se met, dans le secret de son emploi du temps et de son agence, à l’étude du lavis, de la peinture, de la gravure, du modelé. C’est ce à quoi l’École d’architecture de Paris-Belleville incite ses élèves. 3 Car le dessin d’architecture tient de l’instrument de communication : non seulement avec le tiers exécutant, mais avec le client qu’il faut séduire. Pendant longtemps, la beauté graphique et picturale du projet a facilité cet objectif : dans les années 1830, l’austère dessin en géométral cède le pas devant le lavis romantique et ses couleurs suggestives. Un peu plus tard, Viollet-le-Duc qui veut faire entrer ses clients dans la compréhension des volumes déclare ne pas se satisfaire des ombres à 45 degrés que Boullée et la fin du XVIIIe siècle avaient mises au point et introduit des perspectives cavalières et axonométriques. Le Corbusier reprend les mêmes voies en laissant de côté, lui le cathare adonné au noir sur blanc, les artifices trop séducteurs de la couleur. Pour généraliser le propos, on pourrait énoncer que, chaque fois que sont apparues des architectures de formes et de fonctions inédites, il a fallu inventer de nouveaux modes d’expression graphique, ou autres, de plus en plus précis et évocateurs, de façon à faciliter la compréhension des clients désormais dépourvus de la possibilité de tenter des raisonnements analogiques avec l’existant. 4 Au regard des évolutions de l’architecture et de son enseignement, existe-t-il encore un avenir pour le dessin d’architecture ? La main, dont le présocratique Anaxagore affirmait que c’était grâce à elle que l’homme est intelligent, va-t-elle disparaître de ce mode d’expression ? Les deux questions sont disjointes car le dessin d’architecture n’est pas impérativement lié à l’usage de la main. On sent confusément pourtant qu’elles sont unies par un destin commun : non plus seulement celui de former l’œil du client et informer l’entrepreneur, mais prolonger le plaisir de concevoir et de construire par un acte bien propre de « consommation de masse » ne possède rien de choquant, bien au contraire : elle contribue à l’appropriation sociale de l’œuvre et à la mise en valeur de son concepteur. Gageons que le dessin d’architecture possède encore de beaux jours devant lui. Livraisons de l'histoire de l'architecture, 30 | 2015 5 Avant-propos Opening speech Vorwort Christine Phal 1 Introduire ce colloque en ce lieu prestigieux est pour moi un très très grand honneur et je remercie Agnès Callu de m’y avoir invitée. En tant que présidente fondatrice de Drawing Now Paris, Le Salon du dessin contemporain, ce colloque m’apparaît important pour mettre en lumière une forme de dessin transversale dans les siècles : le dessin d’architecte. Dessein et dessin une réalité pour le dessin d’architecte 2 Il est toujours important pour le dessin contemporain de trouver ses racines dans l’histoire du dessin et dans l’historique de toutes les formes et de toutes les définitions qui lui ont été attribuées au cours des siècles. Les apports historiques que vous allez faire par vos contributions au cours de cette journée autour du dessin d’architecture vont permettre d’aborder une des représentations du dessin qui, pour certains, est une représentation fonctionnelle du dessin. 3 En effet, pour le béotien, un dessin d’architecte a l’avantage d’être représentatif d’un projet, d’une idée, d’une future réalisation d’un dessein au sens premier de la terminologie. Il est précieux en ce sens car il permet de revenir aux origines du mot dessin qui s’est longtemps confondu avec celui de dessein. Qui mieux que l’architecte va savoir d’un trait de crayon nous faire rentrer dans son « dessein » ? Nous avons tous en mémoire le geste merveilleux d’Oscar Niemeyer qui, d’un trait, fait surgir Brasilia d’une feuille blanche ! 4 Si les architectes contemporains ont pour certains perdu cette magie du crayon en le remplaçant par l’ordinateur, n’oublions pas que cette technologie, si elle nous prive de l’imaginaire, nous permet à sa façon de pénétrer dans le « dessein/dessin » du concepteur qui, par son trait numérique, nous facilite l’entrée et la visualisation du Livraisons de l'histoire de l'architecture, 30 | 2015 6 projet.