Introduction
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Introduction Histoire mouvementée d'un fonds d'archives exceptionnel. Les archives de l'Agence d'architecture du Louvre et des Tuileries constituent un fonds exceptionnel dont l'intérêt s'est encore accru depuis les imposants travaux menés depuis 1982 sous l'égide de l'établissement public du grand Louvre (EPGL) dans l'ensemble de l'un des domaines les plus prestigieux du patrimoine français. Les fouilles archéologiques effectuées parallèlement à l'agrandissement et à la modernisation du musée du Louvre et de ses abords, les nombreuses publications et expositions concernant l'histoire des lieux et des hommes qui y ont joué un rôle, ont réveillé la sensibilité toujours manifeste du public à l'égard du Louvre et des Tuileries. Plusieurs historiens du Louvre ont utilisé ce fonds, alors peu connu, avant son versement aux Archives nationales, en particulier Louis Hautecœur, Yvan Christ et Christiane Aulanier. Le présent travail recense l'ensemble des documents émanant de l'Agence d'architecture constituée en décembre 1848, versés en plusieurs fois aux Archives nationales de 1971 à 1997. Il couvre une période s'étendant de 1848 à 1968. Il n'aurait pu voir le jour sans la ténacité des uns ni la bonne volonté des autres, conservateurs et membres du personnel des Archives nationales, de l'Agence d'architecture, du musée du Louvre... La majeure partie de ces documents concerne l'activité des architectes du Louvre et des Tuileries depuis le début des restaurations du Louvre par Duban, en 1848. Presque tout le fonds antérieur a disparu lors du pillage des bureaux de Fontaine, le 24 février 1848, et dans l'incendie de la bibliothèque du Louvre, le 24 mai 1871. Cet ensemble constitue, dans sa partie la plus ancienne, un remarquable panorama de l'art officiel du Second Empire, à travers les études, plans, dessins, photographies, réalisés pendant les travaux de restauration et d'achèvement du Louvre, menés par Duban, Visconti et Lefuel. Il représente aussi un précieux témoignage sur plusieurs importants bâtiments disparus : la partie occidentale de la Grande Galerie et les anciens pavillons de Flore et de Marsan, le château des Tuileries, la bibliothèque du Louvre. Postérieurement à 1871, il s'agit tout d'abord pour l'Agence d'effectuer des réparations partielles après l'incendie, d'étudier une éventuelle reconstruction des Tuileries, puis d'approprier les parties restaurées ou reconstruites — pavillon et aile de Flore, pavillon de Marsan et aile Rivoli, pavillon de la bibliothèque — à de nouvelles affectations provisoires ou définitives : ministère des Finances, Cour des comptes, préfecture de la Seine et conseil municipal de Paris, ministère des Colonies, ou seulement envisagées, comme celles du Sénat et de la Chambre des députés. Après la mort de Lefuel, en décembre 1880, et la démolition des ruines des Tuileries en 1883, l'essentiel de l'activité de l'Agence du Louvre fut d'assurer les travaux courants d'entretien et de modernisation des bâtiments et des jardins, et surtout, de réaliser l'agencement muséographique de locaux devant présenter des collections toujours plus importantes, dans des conditions toujours plus contraignantes : transformation des salles des États et des Sessions, achèvement des escaliers Mollien et Daru, installation du musée des Arts décoratifs, aménagement de l'Orangerie, appropriation des combles de la Colin carrée pour l'administration du musée, et de la cour du Sphinx pour l'École du Louvre et la sculpture antique, mise en place progressive à partir de 1927 du regroupement des collections dans le cadre du « plan Verne », aménagements successifs des jardins du Carrousel, restructuration du pavillon de Flore après le départ des annexes du ministère des Finances en 1961, etc. Enfin, les deux guerres mondiales posèrent aux architectes du Louvre des problèmes de protection dont les difficultés apparaissent dans nombre de dossiers. Un premier versement aux Archives nationales des archives de l'Agence d'architecture du Louvre, décidé par le ministère de la Culture, fut effectué en 1971 et complété en 1986 et 1987 et de 1991 à 1995 par des apports partiels plus ou moins importants. Avec les derniers versements de 1997 (photographies), les Archives nationales conservent désormais la totalité des documents d'architecture du Louvre et des Tuileries antérieurs à 1968 (fin du mandat de l'architecte Lahalle). La partie du fonds postérieure à cette date a été transférée aux Archives nationales, centre des archives contemporaines (CAC), à Fontainebleau. Le rangement et le classement d'une telle masse d'archives (environ 70 000 pièces), déjà rendus difficiles par la diversité des documents, furent encore compliqués par le nombre des versements successifs que l'on devait intégrer, plus ou moins heureusement, au fonds déjà en place, parfois au détriment de la chronologie ou de la topographie. Il en résulte une certaine hétérogénéité, que le sommaire, la liste des cotes et les index, permettent d'atténuer. Le classement adopté a été autant que possible respectueux de la chronologie des travaux et des classements en usage à l'Agence avant les versements aux Archives nationales. Enfin, une révision méticuleuse de l'ensemble du fonds permettant d'éliminer bien des inexactitudes a été assurée par Geneviève Bresc-Bautier, conservateur général, chef du département des sculptures du musée du Louvre, en charge de la section « Histoire du Louvre ». Le fonds se présente en trois parties distinctes : • une partie administrative, constituée de registres et de cartons (1 à 262 et 801 à 922) comprenant inventaires, états de personnel, correspondance, rapports, études, devis, mémoires, attachements. La partie versée en 1971 fut classée par Perrine Ramin-Canavaggio et mise à jouir et augmentée par Pierre Jugie, avec intégration de nouveaux versements en 1987. L'inventaire complet de ces dossiers administratifs fut achevé lors des derniers apports de l'agence en 1997 ; • une partie iconographique, intimement liée à la précédente, très important ensemble de portefeuilles de plans, dessins, croquis, études, sur papier ou sur calque, souvent de grande qualité, qui constitue l'intérêt tout particulier du fonds (287 à 735). Un inventaire sommaire, datant de 1943, reprenant mie classification ancienne des portefeuilles, elle-même issue de registres établis par les collaborateurs de Duban, Visconti et Lefuel, a permis de garder l'essentiel du classement antérieur pour les documents établis jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. La suite (1944-1968) a été classée en suivant au plus près des localisations et une chronologie qu'il a fallu très souvent rétablir à partir de séries de pièces parfois très mélangées ; • un ensemble de photographies – plus de 5 000 – pour la plus grande partie réalisées par l'atelier d’Édouard Baldus pendant les travaux du Second Empire, relatives à la décoration sculptée du nouveau Louvre et des appartements privés des Tuileries. D'autres séries concernent les ruines des Tuileries après 1871, et les projets de reconstruction de Lefuel. Plus récentes, de nombreuses photographies se rapportent aux restaurations des sculptures et à des travaux effectués au Louvre depuis mie soixantaine d'aimées (263 à 286). Cet ensemble, d'un intérêt documentaire et artistique considérable, fut répertorié, pour ce qui remontait à l'époque de Lefuel, par Anne-Marie Joly à partir de 1971, avec le concours d'Hélène Servant à partir de 1997. Les photographies postérieures font partie, pour la plupart, des plus récents versements. D'importantes lacunes apparaissent cependant dans ce fonds que l'on pourrait croire complet. Sont ainsi introuvables : les journaux de chantier du Louvre pour la période 1854-1857., ceux des nouveaux appartements privés des Tuileries de 1856 à 1861, la correspondance de Guillaume en 1888-1889, ainsi que les dossiers de Lefèvre concernant l'Orangerie dans les années 1920. On peut d'ailleurs espérer que ces documents, actuellement « égarés », feront un jour retour au fonds de l'Agence à la faveur d'une recherche ou d'un reclassement. On pourra également relever dans un certain nombre de portefeuilles des déficits imputables à l'usage constant des archives comme instruments de travail pendant des décennies (Guillaume travaillant sur les documents de Lefuel, Redon sur ceux de Guillaume, Ferrait sur ceux de Blavette), ce qui explique également que de nombreux portefeuilles renferment sous une même cote des études et projets relatifs à plusieurs campagnes de travaux de construction, d'aménagement ou de restauration effectués à des périodes différentes : reconstruction puis restauration du pavillon et de l'aile de Flore, aménagements successifs de la salle des États, des escaliers Daru et Mollien, etc. Par ailleurs, Lefuel, architecte de l'Empereur, supervisait toutes les constructions entreprises pour la Liste civile, ce qui explique la présence clans le fonds de documents concernant les résidences impériales de Marseille et de Biarritz, les écuries du Quai d'Orsay, ou la chapelle de l'hospice de Vincennes. Autre présence insolite, celle des cotes 701 à 713 bis qui concernent le Palais-Royal et la Comédie-Française, et proviennent du service départemental de l'architecture dont dépend administrativement l'Agence d'architecture du Louvre. D'autre part, quelques incertitudes demeurent quant aux auteurs de certains dessins du fonds, qui ne peuvent être attribués à des collaborateurs de l'agence. Durban, Visconti, Lefuel, et leurs successeurs ont évidemment réalisé eux-mêmes de nombreux dessins, esquisses et études qui se retrouvent