Les Trois Monts Consacrés À Saint Michel
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Les trois monts consacrés à saint Michel, LES TROIS MONTS CONSACRÉS À SAINT MICHEL Histoire et iconographie Les trois monts consacrés à saint Michel, histoire et iconographie LE MONT SAINT-MICHEL (Manche) Le Mont-Saint-Michel, abbaye bénédictine et forteresse imprenable, campée sur un rocher dominant l’océan, a toujours fasciné les hommes. Le texte de la Revelatio rapporte comment Aubert, évêque d’Avranches, fonda une église au sommet du Mont-Tombe. Consacrée le 16 octobre 708, elle a été érigée en abbaye en 966 et a connu une grande célébrité au Moyen Âge. Après Rome, Jérusalem et avec Saint-Jacques de Compostelle, ce fut l’un des plus grands centres de pèlerinage d’Occident. Le premier pèlerin connu par les textes est un moine franc nommé Bernard qui, au retour d’un voyage au Monte Gargano, à Rome et Jérusalem, y vint en pèlerinage en 867-868. Avec l’installation des moines bénédictins au Xe siècle et la diffusion des récits de miracles, les pèlerins se firent plus nombreux et c’est à cette époque qu’apparut la première mention des chemins montais (1025). Avec les ducs de Normandie, les rois de France ont été nombreux à venir vénérer l’Archange, protecteur traditionnel du royaume. Les textes signalent aussi la venue des « pastoureaux », ces bandes d’enfants venues de France, des Flandres et d’Allemagne. Assiégé en vain par les Anglais pendant plus de trente ans, le Mont-Saint-Michel fut durant la Guerre de Cent ans considéré comme le symbole de l’héroïque résistance nationale. Mais à partir du milieu du XVIe siècle, le Mont perdit de son intérêt militaire et religieux. En 1790, la Révolution chassa les derniers moines et en fit une prison jusqu’en 1863. Le retour de religieux permit alors la relance du pèlerinage. L’ensemble, avec la baie, est aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Vincent JUHEL Association Les Chemins du Mont-Saint-Michel Apparition à saint Aubert Cartulaire du Mont Saint-Michel, Avranches, Lieu de conservation : Avranches, Bibliothèque municipale, ms 210, fol. 4v. Le manuscrit 210 est le Cartulaire rédigé au milieu du XIIe siècle (vers 1149-1155), sous l’abbatiat de Geoffroi ou de Robert de Torigni : il contient quatre dessins en pleine page dont le premier est rehaussé d’or. L’archange apparaît à l’évêque d’Avranches, Aubert, pour l’inviter à édifier sur le Mont Tombe un sanctuaire consacré à son culte : après deux visites demeurées sans effet, l’archange intervient une troisième fois et manifeste son impatience en touchant le front de l’évêque. Celui-ci repose sur un lit, les yeux ouverts et la tête appuyée sur sa main, réveillé peut-être par le vacarme des cors et des trompettes qui retentissent à toutes les fenêtres du palais épiscopal d’Avranches. La découverte, au début du XIe siècle, d’un crâne présentant le trou régulier d’une perforation fit aussitôt penser au texte de la Revelatio ecclesiae sancti Michaelis racontant les trois interventions de l’archange auprès d’Aubert : on imagina alors que l’orifice du crâne avait été causé par le doigt de l’archange lors de sa troisième visite. Bibliographie : Monique Dosdat, L’enluminure romane au Mont Saint-Michel (Xe-XIIe s.), Rennes, 2006, p. 112-113. Voyage des clercs envoyés par saint Aubert au Monte Gargano Bréviaire de Salisbury, dit du duc de Bedford (Paris, 1424-1435), Lieu de conservation : Paris, Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits, ms lat. 17294 fol. 609v . Ce manuscrit, exécuté à Paris vers 1424 pour Jean de Lancastre, duc de Bedford et régent de France (mort en 1435), possède une très riche iconographie avec 46 peintures à demi- page et 4300 petites images. Après avoir présenté la fondation du sanctuaire du Monte Gargano, l’artiste illustre par de petites enluminures les origines du Mont Saint-Michel autour du texte de la Revelatio ecclesiae sancti Michaelis. L’ensemble occupe quatre pages soit seize médaillons, à raison de quatre images par page. Sont ainsi représentés successivement, du folio 608 au folio 610 : des pèlerins en route vers le Mont entouré d’arbres, l’apparition de saint Michel à saint Aubert, saint Michel montre la grotte où se trouve l’animal dérobé à saint Aubert, l’archange demandant à l’évêque d’Avranches de fonder un édifice à cet endroit, le chantier de construction du Mont, son arrêt par la présence d’énormes rocher et l’intervention miraculeuse de l’archange pour résoudre ces difficultés, saint Aubert surveillant la conduite du chantier. Le folio reproduit illustre le voyage des deux clercs au Monte Gargano pour aller demander des reliques de l’archange au sanctuaire des Pouilles, avec successivement: l’archange invitant saint Aubert à envoyer des clercs au Monte Gargano, leur arrivée au sanctuaire du Gargano, l’évêque de Siponto et l’abbé leur donnant des reliques et enfin leur retour au Mont, rapportant à saint Aubert les précieuses reliques de l’archange Au dernier folio (non représenté), saint Aubert accueille les premiers pèlerins, il frappe le rocher pour faire jaillir une source au Mont où l’eau manquait, avant de conclure avec deux vues du Mont (abbaye et clerc au travail dans le scriptorium). Bibliographie : chanoine Leroquais, Bréviaires, t. III, 1934, p. 271-348, pl. LIV-LXV ; Yves Delaporte, Les origines du sanctuaire du Mont-Saint-Michel racontées et illustrées dans le bréviaire du duc de Bedford, Rennes, Impr. Simon, 1958, 27 p. ; Millard Mess, French painting in the time of Jean de Berry, The Limbourgs and their contemporaries, New York, Morgan Pierpont Library, t. I, p. 365 (notice avec bibliographie) ; Charles Sterling, La peinture médiévale à Paris, t. I,, Paris, Bib des arts, 1987, n° 60, p. 435- 449 ; François Avril, Nicole Reynaud, Les manuscrits à peinture en France, 1440-1520, cat exp., Paris, 1994, n° 2, p. 24 Saint Michel et le Mont-Saint-Michel au milieu du XVe siècle, livre d’heure du duc Pierre II de Bretagne (1455-1457), Lieu de conservation : Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits, ms lat. 1159, fol. 160v Cette miniature représente l’archange saint Michel vêtu d’une cuirasse et d’un manteau pourpre : de sa main droite il brandit son épée tandis que de son autre main il tient fermement le dragon à forme mi-humaine mi animale. Dans le bas de la page est figuré le Mont Saint-Michel avec son rempart, son village et l’abbaye. Sur les grèves des voyageurs et des pèlerins se dirigent vers l’entrée du Mont. Cette image est l’une des premières représentations du Mont, mais, à la différence des Très Riches Heures du duc de Berry, antérieures de quelques années, il ne s’agit pas d’une représentation réaliste mais de la transcription en image d’une description topographique du site. L’évocation des pèlerins traversant la grève à pied, leur bourdon à la main ou sur l’épaule, ou en chariot pour les amener au sanctuaire, est particulièrement intéressante. Le Mont-Saint-Michel vers 1400, Très Riches Heures du duc de Berry, frères Limbourg, (Paris, c. 1410-1416) Lieu de conservation : Chantilly, Musée Condé, ms 65, fol 195 Jean de France, duc de Berry, était le fils du roi Jean le Bon et frère de Charles V. Il était venu par deux fois en pèlerinage au Mont en accompagnant son neveu le roi Charles VI en 1393 et 1394. La peinture du Mont Saint-Michel est l’œuvre d’un des trois frères de Limbourg : c’est la dernière de l’ouvrage qui évoque le combat de saint Michel et du dragon de l’Apocalypse de Jean. Le Mont est représenté avec le village et les remparts. L’abbatiale a encore son chœur roman et toute sa nef avec les deux tours de façade. À l’arrière plan est figurée l’île de Tombelaine sur laquelle se dresse le prieuré montois du même nom, objet d’un important pèlerinage marial . L’ensemble a entièrement disparu depuis le XVIIe siècle. Bibliographie : Millard Mess, French painting in the time of Jean de Berry, The Limbourgs and their contemporaries, New York, Morgan Pierpont Library, t. I, p. 308-324 ; Les Très Riches Heurs du duc de Berry et l’enluminure en France au début du XVe siècle, cat. exp. Musée Condé à Chantilly, Paris, Somogy, 2004. Collier de l’ordre de saint Michel Collier réalisé par Jean Mellerio en 1877-1878, en argent doré. J. Mellerio se serait inspiré d'un dessin de Corroyer, dont le modèle provenait d'un bas-relief du XVe siècle. Selon les Statuts de l'Ordre, il "estoit composé de doubles coquilles d'or, liées et noüées en lacs d'amour". Au bout du collier se trouvait un ovale en or, sur lequel était représenté saint Michel terrassant le dragon : il levait son épée flamboyante, prêt à frapper, les ailes largement développées, vêtu d'une cuirasse et du manteau de l'ordre parsemé de fleurs de lys. En dessous était gravé la devise Immensi tremor Oceani "La terreur de l'immense Océan". Bibliographie : Représentations de saint Michel dans le département de la Manche, Catalogue de l'exposition de Saint-Hilaire du Harcouët (avril-octobre 2001), p. 10. Procession des habitants de Camembert au Mont Saint-Michel , 1772, Peinture sur bois, 1772, Lieu de conservation : église de Camembert (Orne) Œuvre populaire représentant les pèlerins de Camembert arrivant en pèlerinage au Mont Saint-Michel le 21 septembre 1772. Les participants s’avancent en procession sur la grève avec le nom de chacun d’entre eux inscrit à côté de lui. Dans les airs, saint Michel brandit une épée de la main droite et de la main gauche traîne un démon enchaîné.