N° 19 – 11e année Décembre 2017 ISSN 1993-3134

ÀÀ HH כֿכֿ HH כֿכֿ

REVUE DE GEOGRAPHIE DU LARDYMES

Laboratoire de Recherche sur la Dynamique des Milieux et des Sociétés Faculté des Sciences de l’Homme et de la Société

UUnniivveerrssiittéé ddee LLoomméé À H כֿ H כֿ Revue de Géographie de Lomé publiée par le Laboratoire de Recherche sur la Dynamique des Milieux et des Sociétés (LARDYMES) du Département de Géographie de la Faculté des Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université de Lomé. Directeur : Koffi Ayéchoro AKIBODE, Professeur à l’Université de Lomé Secrétariat de Rédaction : - Koudzo SOKEMAWU, Maître de Conférences à l’Université de Lomé - Martin Dossou GBENOUGA, Professeur à l’Université de Lomé Secrétariat administratif : - Koudzo SOKEMAWU, Maître de Conférences à l’Université de Lomé Comité Scientifique : - Antoine Asseypo HAUHOUOT, Professeur Honoraire à l’Institut de Géographie Tropicale – Université de Félix Houphouët-Boigny – Abidjan - Francis AKINDES, Professeur à l’Université Alassane Ouattara, Bouaké - Jérôme ALOKO-N’GUESSAN, Directeur de Recherche à l’Institut de Géographie Tropicale, Université de Félix Houphouët-Boigny – Abidjan, Côte d’Ivoire - Maurice Bonaventure MENGHO, Professeur à l’Université Marien N’Gouabi de Brazzaville - Koffi Ayéchoro AKIBODE, Professeur à l’Université de Lomé - Benoît N’BESSA, Professeur à l’Université d’-Calavi, Bénin - Mamadou SALL, Professeur à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar, Sénégal - Joseph-Marie SAMBA-KIMBATA, Professeur à l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville - Yolande OFOUEME-BERTON, Professeur à l’Université Marien Ngouabi, Brazzaville - Oumar DIOP, Professeur à l’Université Gaston Berger Saint-Louis, Sénégal - Henri MONTCHO, Professeur à l’Université Zinder, Niger - Arsène DJAKO, Professeur à l’Université Alassane Ouattara, Bouaké - Tchégnon ABOTCHI, Professeur à l’Université de Lomé - Wonou OLADOKOUN, Professeur à l’Université de Lomé - KLASSOU Komi Sélom, Maître de Conférences à l’Université de Lomé - ZINSOU-KLASSOU Kossiwa, Maître de Conférences à l’Université de Lomé

A ces membres du comité scientifique, s’ajoutent d’autres personnes ressources consultées occasionnellement en fonction des articles à évaluer

Photo couverture : Vue partielle d’une berge de la lagune Gbaga à Aného au Togo (Crédit M. FIAGAN) Copyright © reserved « Revue À H כֿ H כֿ » AVIS AUX AUTEURS

1. Les textes proposés à la rédaction de la revue doivent être saisi à interligne simple et accompagnés de leur éventuelle illustration. Le volume des articles ne doit pas dépasser 20 pages, illustrations comprises. Il est recommandé aux auteurs d’adopter, dans la forme de leur texte (titres, numérotation décimale des sous-titres, interligne 1,5, etc.), la présentation habituelle de la revue et de limiter au maximum le nombre et la dimension des illustrations (tableaux, photos, cartes, graphiques, etc.). 2. Les articles en français ou anglais doivent être accompagnés impérativement d’un résumé de quelques lignes en français et de sa traduction en anglais avec des mots clés qui doivent couvrir le champ thématique et le champ géographique. 3. Le comité de rédaction demande aux auteurs de mettre sous le titre de leur article, leurs nom et prénoms, leur grade universitaire, l’Institution d’attache ainsi que leurs adresses électroniques. 4. Le texte devra être saisi avec le logiciel Word et enregistré sous version 2007 puis envoyé par courriel à : [email protected] du 1er mars au 31 juillet. 5. Les tableaux et figures – la taille des croquis est définie par le module 25 x 18 cm représentant une pleine page fractionnable par colonne de 6,5 cm / 13,5 cm toutes les illustrations seront accompagnées de légendes. 6. Les cartes, les fichiers informatiques de dessin (cartes ou graphiques) réalisés avec les logiciels adobe avec sélection sur couches, donnent à l’impression les meilleurs résultats. Il est préférable de les fournir en P.C. Tous les fichiers en pixels (Bitmap) sont exclus à l’exception de photos ou fons gris légers. 7. La Bibliographie – l’article doit être suivi obligatoirement d’une bibliographie qui prend en compte non seulement les ouvrages cités dans le texte mais aussi d’autres ouvrages dont l’auteur s’est inspiré ou qui ont un rapport avec le sujet traité. La bibliographie doit être présentée selon le modèle suivant : - les ouvrages : Nom et initial de ou des prénoms de l’auteur, Année de publication (entre parenthèses), Titre de l’ouvrage, Editeur, lieu de publication, Année d’édition, Nombre de pages ; - les articles : Nom et initial de ou des prénoms de l’auteur, Année de publication (entre parenthèses), Nom de la revue (en italique), Numéro du volume, Editeur, Lieu d'éditions, Pages de début et de fin de l’article. Il convient de classer les ouvrages par ordre alphabétique des noms de leurs auteurs. Pour des ouvrages d’un même auteur, il faut les classer par ordre chronologique de leur date de publication. 8. Le Tiré à part – les auteurs d’articles recevront gratuitement 2 (deux) tiré à part en version imprimée ou sa version numérique. Pour cela, les adresses électroniques des auteurs sont indispensables. La revue pourra leur être fournie à titre onéreux. L’envoi d’un manuscrit proposé à la publication vaut acceptation, par son auteur, des conditions ci-dessus indiquées.

N. D. L. R. Sommaire

Hervé A. KOMBIENI Tendances, déterminants et implications socio-économiques de la migration des nigériens à Parakou …………………………………………………………………………………………….. p. 1-14

Péga TUO, Paul Kouassi ANOH, Cinthia Amoin KOUAKOU Impact de la dégradation de l’environnement sur la santé de la population à Abidjan : cas des quartiers Avocatier, Agbékoi et Abobo-Té dans la commune d’Abobo (Abidjan, Côte d’Ivoire) ………………. p. 15-25

Felix Grah BECHI, Arsène Kouassi DONGO Éclairage public et risques d’insécurité dans la ville de Bouaké ..………………………………. p. 26-37

Hubert Bonayi DABIRE L’innovation économique et sociale introduite par les migrants de retour dans la zone frontalière du Burkina Faso d’avec la Côte d’Ivoire .…………………………………………… p. 38- 51

Tatongueba SOUSSOU Faidherbia albida (del.) chev., un arbre aux trésors caches en pays kabye au nord du Togo .…. p. 52-60

Siaka DOUMBIA, Lanzéni YEO, Yolande Céline KOFFIE-BIKPO L’impact de l’accroissement de la population sur la disponibilité des surfaces agricoles dans le cercle de Dioïla au Mali ………………………………………………………….……………… p. 61-72

Yaya COULIBALY, Abou DIABAGATE, Amadou COULIBALY L’apport de la « ferraille » dans l’essor d’Abobo à Abidjan (Côte d’Ivoire) …………...………. p. 73-82

Patrice MOUNDZA Origines et évolution des quartiers des «quinze ans» à Brazzaville ……………………………. p. 83-91

Azizou SABI YO BONI, Moussa GIBIGAYE Mutation des terres rurales autour de la ville Tanguiéta au …….……………………….. p. 92-100

Follygan HETCHELI, Iléri DANDONOUGBO, Komivi AMOUZOUKPO Promotion immobilière informelle à Agoenyivé : pluralité des acteurs et difficultés de gestion du cadre de vie ……………………………..…………………………………………………..... p. 101-113

Yerima ADAMOU, Justin Issa LAOUGUE Production et commercialisation des produits maraichers dans la ville de N'djamena au Tchad ……………………………………………………………………………………………. p. 114-126

Sotondji ALLAGBE Benjamin, Calice Sèdodé TOFFOHOSSOU, Alfred Dossa AICHEOU Production et commercialisation des produits vivriers agricoles dans la commune de Banté ….. p. 127-143

Mathieu Nambahigué BAKARY, Francis Desmos Guissa DAKOURI, Marcel Kamenan BROU, Paul Kouassi ANOH Impacts socio-économiques et environnementaux de l’agriculture urbaine dans la ville de Katiola …………………………………………………………………………………………... p. 144-155

Sani MAMAN ISSA, Romaric OGOUWALE, Cyr Gervais ETENE, Expédit W. VISSIN, Florent GNIMASSOU Variation spatiale des pluies et érosion hydrique dans le bassin versant de Hla .……………….. p. 156-166

Adrien Coffi DOSSOU-YOVO Le secteur informel face aux mobilités intra-urbaines forcées : éclairage à partir des opérations p. 167-180 de déguerpissement dans la ville de Cotonou ..………………………………………………….. Remi N’DAHOULE-YAO Influences des types d’habitat sur la durabilité du cadre de vie résidentiel d’Abidjan .………… p. 181-190

VARIATION SPATIALE DES PLUIES ET Abstract: The Hlan catchment area, with an area EROSION HYDRIQUE DANS LE BASSIN of about 500 ha, experiences a spatial variation in VERSANT DE HLA rainfall that induces several environmental problems. The present research aims to analyze the MAMAN ISSA Sani 2, OGOUWALE Romaric 2, effects of the spatial variation of rainfall on the ETENE Gervais Cyr 2, VISSIN W. Expédit 2, Hlan catchment, in particular soil erosion. The GNIMASSOU Florent 1 interpretation of LANDSAT ETM + satellite 2Laboratoire Pierre Pagney, Climat, Eau, Ecosystème imagery by GIS, the RUSLE empirical model, et Développement (LACEEDE) based on the Wischmeier universal soil loss 1 equation and socio-anthropological investigations Département de la Géographie, Faculté des Arts, allowed to analyze the erosion impacts in the Sciences Humaines et Sociales (FASHS), Université catchment of Hlan. d’Abomey-Calavi (République du Bénin) Email : [email protected], [email protected] The results show that annual rainfall heights vary from 300 mm to 1140 mm. This precipitation Résumé : Le bassin versant de Hlan, d’une induces water erosion in the basin, which is superficie d’environ 500 ha, connait une variation essentially a function of slope gradients which vary spatiale des pluies qui induit plusieurs problèmes between 0-2% and + 15%. The potential erosion environnementaux. La présente recherche vise à values (t / ha / yr) obtained at the basin level were analyser les incidences de la variation spatiale des then grouped into 4 classes of values according to pluies sur le bassin versant de Hlan en particulier slope gradients in the following basin, a first class l’érosion hydrique des sols. L’interprétation des that groups eroded areas potentially less than 67 t images satellitaires LANDSAT et ETM+ par le / ha/ year, a second class that includes areas with SIG, le modèle empirique RUSLE, basé sur potential erosion of between 67 and 172 t / ha / l’équation universelle des pertes de sols de year, and a third grouping of potential erosion Wischmeier et les investigations socio- zones between 172 and 301 t / ha / yr and a fourth anthropologiques ont permis d’analyser les class that groups areas with potential erosion incidences d’érosion dans le bassin versant de greater than 301 t / ha / yr. This situation is Hlan. amplified by runoff and human activities. In addition, local perceptions on the enhancing Les résultats obtenus révèlent que les hauteurs de elements of erosion damage in the Hlan catchment pluies annuelles varient de 300 mm à 1140 mm. area and seriously affecting human settlements in Cet apport pluviométrique induit les érosions the basin were apprehended. hydriques dans le bassin, qui sont essentiellement fonction des gradients de pente qui varient entre 0- Keywords: Hlan watershed, GIS, RUSLE model, 2 % et + 15 %. Les valeurs de l’érosion potentielle water erosion, erosion impacts and variability (t/ha/an) obtenues à l’échelle du bassin ont ensuite été regroupées en 4 classes de valeurs suivant les Introduction gradients des pentes dans le bassin suivant, une Depuis les années 1970, les dégâts liés à première classe qui regroupe les zones avec une l’érosion hydrique des sols cultivés ont érosion potentielle inférieure à 67 t/ha/an, une augmenté progressivement (BOARDMAN J. deuxième classe qui regroupe les zones avec une érosion potentielle comprise entre 67 et 172 et POESEN J., 2006, p. 98). Ces dégâts sont t/ha/an, une troisième qui regroupe les zones avec majoritairement causés par la mauvaise une érosion potentielle comprise entre 172 et 301 répartition quantitative de la pluie dans le t/ha/an et une quatrième classe qui regroupe les secteur urbain et périurbain. Ceux-ci résultent zones avec une érosion potentielle supérieure à de la formation de ruissellement érosif sur les 301 t/ha/an. Cette situation est amplifiée par les parcelles agricoles situées plus à l’amont dans eaux de ruissellement et les activités humaines. le bassin versant. Par ailleurs, les perceptions locales sur les éléments amplificateurs des dégâts de l’érosion dans le bassin versant de Hlan et qui affectent gravement les établissements humains du bassin ont été appréhendées. Mots-clés : Bassin versant de Hlan, SIG, modèle RUSLE, érosion hydrique, incidences d’érosion et variabilité

156 Sani MAMAN ISSA, Romaric OGOUWALE, Cyr Gervais ETENE, Expédit W. VISSIN, Florent GNIMASSOU

En effet, les incidences causées par le Bénin, cette dynamique se traduit par une ruissellement formé sur les terres agricoles régression significative des formations sont multiples et affectent les territoires naturelles au profit des formations agricoles mais également les secteurs anthropiques à l’échelle de tout le pays, avec urbanisés situés en aval (ARMAND R., 2009, une biodiversité en proie à de nombreuses p. 19). En climat tropical, l'érosion pose menaces. Il est donc impérieux d’évaluer les toujours de problèmes dès lors qu'on intensifie ampleurs de la dynamique environnementale et les pratiques agricoles. Elle constitue donc un ces incidences sur l’érosion hydrique en vue problème environnemental mondial qui d’apporter des réponses appropriées. En effet, dégrade les sols. Les ressources naturelles de « la télédétection et les systèmes d’information l’Afrique occidentale enregistrent des géographiques (SIG) sont des outils adéquats mutations perceptibles aussi bien à l’échelle pour appréhender ces différents changements locale que régionale. « Elles subsistent dans un en particulier dans l’occupation du sol et de la environnement très diversifié et fragile, un couverture végétale (LAMBIN E., 1988, p. 39 rythme effréné et inquiétant, des et AMADOU B., 2016, p. 27) ». transformations rapides aux niveaux L’évaluation des quantités de terres perdues du climatique, agronomique, démographique, fait de l’érosion hydrique à l’aide de l’équation politique et socio-économique (AMADOU B., universelle de perte des sols (USLE) a permis 2016)». d’identifier d’une part les facteurs favorables à Pour OREKAN V. et al. (2009, p. 52), l’érosion pluviale et d’autre part les dégâts « l’exploitation sans contrôle des écosystèmes causés par celle-ci sur les infrastructures forestiers à des fins agricoles et d’urbanisation, socioéconomiques. Ainsi, l’érosion pluviale imprime une forte dynamique de l’occupation est le résultat de la combinaison des facteurs du sol et de l’utilisation des terres ». La mise à naturels et humains (ETENE G. C., 2005, nu des sols par surpâturage ou culture p. 66). intensive entraîne une augmentation de Au Bénin et en particulier dans le bassin l’albédo dont l’élévation perturbe les versant de Hlan, l’effet de la variation spatiale processus thermo-convectifs à l’origine des des pluies sur les établissements humains pluies. « Cette modification du paysage peut s’exprime par l’érosion des sols qui touche les ainsi avoir une incidence sur les régimes de habitations, les champs et la baisse de la flux de convections et les régimes quantité et de la qualité d’eau dans la rivière pluviométriques à l’échelle locale (AUZET A. Hlan. V., 1987)». La dynamique spatiale des pluies dans le Pour l’érosion hydrique sur les versants de bassin versant de Hlan et les incidences de pente faible ou moyenne, c’est l’énergie des l’érosion hydrique sur l’environnement et les gouttes des pluies qui déclenche le processus établissements humains, sont les fondements de destruction des agrégats du sol tandis que de cette recherche. Elle s’articule autour de : l’écoulement des eaux pluviales n’assure que le transport des particules détachées. - la dynamique spatio-temporelle des « L'érosion ainsi causée par les eaux de hauteurs pluviométriques dans le bassin ; ruissellement est un processus - les incidences érosives sur géomorphologique très important donc un l’environnement et les établissements facteur de la dynamique du relief (KEKE E., humains dans le bassin de Hlan; 2002, p. 62). - les perceptions paysannes des dégâts Par ailleurs, la dynamique de l’occupation et de d’érosion sur les composantes dans le l’utilisation des terres joue un rôle majeur dans bassin. les changements environnementaux globaux, en ce sens qu’elle conduit à d’énormes 1. Approche méthodologique modifications dans les interactions entre la Les données utilisées dans le cadre de cette terre et l’atmosphère (REYNOLD S. et al., étude sont les données pluviométriques (1983- 2007, p. 45 ; TURNER et al., 2007, p. 57). Au 2013) et celles cartographiques. Les données

157 Àhכֿhכֿ – Décembre 2017 recueillies sont dépouillées manuellement et prédictions à long terme (›20 ans) et codifiées. Ces données sont traduites en concernant l’érosion en nappe et en rigole des tableaux, en figures ou en carte afin de faciliter parcelles agricoles. Il s’agit d’un modèle leur explication. Le traitement statistique des empirique qui réunit les facteurs ayant une données collectées est fait à l’aide des incidence sur la vitesse de l’érosion par l’eau, protocoles statistiques descriptifs. Pour à savoir l’énergie cinétique des pluies intenses, déterminer la dynamique spatio-temporelle des les propriétés du sol, les caractéristiques du pluies du bassin versant, le calcul de la terrain, la protection du sol par la couverture moyenne a été fait grâce à la formule végétale et les pratiques anthropiques. suivante : L’équation s’exprime au niveau d’une parcelle ; Avec : M = la Moyenne, n = ou d’un versant par la relation suivante : (1) A=R*K*LS*C*P Où : A : est le taux annuel le nombre d’années sur la normale et xi = la de perte en sol en t/ha/an , R : le facteur somme des hauteurs pluviométriques. d’érosivité des pluies exprimées en Pour estimer la quantité de perte de terre dans MegaJoul.mm / ha. le bassin de Hlan, le modèle empirique USLE Par ailleurs, le traitement cartographique est RUSLE basé sur l’équation universelle des fait au moyen du logiciel MapInfo et du pertes de sols de Wischmeier est utilisé. Cette logiciel Surfer. Ce traitement a permis de équation révisée, est combinée avec les réaliser les différentes cartes thématiques pour techniques des SIG pour analyser, le taux de en faire une analyse objective. Pour analyser perte de sol brute et pour évaluer la l’inclinaison de la pente, la classification des distribution spatiale des taux de perte de sol gradients de pente selon SALEY M. et al. sur les différentes occupations des sols (2005), est utilisée (Tableau n°1). (HYEON SIK KIM Y., 2006). Elle permet d’estimer les pertes en terres pour des Tableau n°1 : Classification des gradients de pente dans bassin le versant Valeur de gradient en % Mention 0-2% Faible 2-5% Modérée 5-15% Fort + 15% Plus fort Source : SALEY M.et al. (2005). 2. Résultats et Discutions 7°20’ de latitude nord au sud du Bénin. D’une superficie de 8853 km², le bassin versant de 2.1. Situation géographique et Hlan est à cheval sur huit Communes du Bénin géomorphologique du bassin versant de à savoir , Toffo, , , Hlan : relief er syst-me de pente Za-, Zè, Abomey et Agbangnizou (Carte Le bassin versant de Hlan est localisé entre n°1). 2°0’ et 2° 21’ de longitude est et entre 6°5’ et

158 Sani MAMAN ISSA, Romaric OGOUWALE, Cyr Gervais ETENE, Expédit W. VISSIN, Florent GNIMASSOU

Carte n°1 : Situation géographique du bassin de Hlan.

Source: Fond topographique, IGN, 1992. Ce bassin versant est drainé par plusieurs Les aspects pédologiques du bassin sont entre cours d’eau et le principal, est la rivière Hlan, autres facteurs qui exposent les établissements qui constitue la source d’approvisionnement humains aux incidences érosives de la en eau et d’activités économiques. variation spatiale des pluies. Ainsi, le bassin versant de Hlan dispose d’une diversité de 2.2. Aspects pédologiques du bassin versant sols, dominé par les sols ferralitiques. La carte de Hlan n°2 présente les différents sols dans le bassin versant de Hlan.

159 Àhכֿhכֿ – Décembre 2017

Carte n°2 : Aspects pédologique du bassin versant de Hlan

Source: ORSTOM, 1976 De l’analyse de la carte n°2, il ressort que le 2.3. Variation spatiale des pluies dans le bassin de Hlan est constitué des sols bassin versant de Hlan ferrugineux, ferralitiques, hydromorphes et L’étude de la répartition spatiale des pluies minéraux. Les sols ferralitiques sont les plus dans le bassin versant de Hlan est faite grâce répandus dans le bassin et très sensibles à aux isohyètes. Ils permettent de faire le zonage l’érosion hydrique tandis que les sols minéraux pluviométrique et de caractériser les secteurs bruts moins représentés sont plus résistants à les plus arrosés en considérant les hauteurs de l’érosion hydrique dans le secteur d’étude. pluie par stations dans le bassin versant de Ainsi, les aspects pédologiques du bassin Hlan. La carte n°3 présente l’isohyète versant de Hlan favorisent les incidences pluviométrique annuelle du bassin versant érosives fréquentes dans le bassin versant. pour la période 1963-2013 et suivant les stations du bassin.

160 Sani MAMAN ISSA, Romaric OGOUWALE, Cyr Gervais ETENE, Expédit W. VISSIN, Florent GNIMASSOU

Carte n°3 : Isohyète pluviométrique annuelle dans le bassin versant de Hlan

Source: Fond topographique, 1992 et ASECNA, octobre, 2013. De la carte n°3, il ressort que la partie Est oscillant entre 1070 à 1100 mm. De nos (Zogbodomey, Abomey, Djidja) du bassin est enquêtes de terrain, les zones les plus arrosées plus arrosée que la partie Ouest (Toffo, Zè) du étant les zones de haute altitude et parfois de bassin. Ceci montre une inégale répartition forte pente, le processus érosif y est spatiale de la pluviométrie au niveau du bassin permanent. La carte n°4 et la carte n°5 Hlan Ainsi, les fluctuations des isohyètes sur présentent respectivement le gradient de pente l'ensemble du bassin sur la période (1983- et l’altimétrie du bassin versant de Hlan. 2013), montrent globalement des isohyètes

161 Àhכֿhכֿ – Décembre 2017

Carte n°4 : Gradient de pente du bassin versant de Hlan

Source: Fond topographique, 1992. Carte n°5: Altimétrie du bassin versant de Hlan

Source: Fond topographique, 1992.

162 Sani MAMAN ISSA, Romaric OGOUWALE, Cyr Gervais ETENE, Expédit W. VISSIN, Florent GNIMASSOU

Considérant, la classification de SALEY M. et 2.4. Estimation du taux d’érosion et types al. (2005), il ressort de la carte n°4 que le d’érosion hydrique dans le bassin de Hlan gradient de pente dans le bassin versant est Le taux de l’érosion résulte de la combinaison relativement faible au Nord-Ouest et au Sud des facteurs du modèle RUSLE, notamment (, Kpassagon, , Mougnon, l’agressivité climatique R (ou érosivité des Ougbégamé, Zèko, , etc.). Cependant, précipitations), l’érodibilité des sols K et les zones de pentes fortes (5% à 15%) et plus l’effet combiné du degré et de la longueur de fortes pente (+ 15%) couvrent la majeure la pente LS, la couverture végétale C et les partie du centre du bassin. Ces zones induisent pratiques antiérosives P. Sa détermination une forte cinétique de l’eau. Sur le plan permet de connaître la répartition des altimétrique (carte n°5), le bassin versant de incidences érosives dues aux seuls effets des Hlan présente deux formes de relief. Une zone facteurs naturels. Les valeurs de l’érosion de haute altitude au Nord et au sud du bassin potentielle (t/ha/an) obtenues à l’échelle du caractérisé par des valeurs d’altitude variant bassin ont ensuite été regroupées en 4 classes entre 115, 25 m et des versants abrupts de valeurs comme suit : Une première classe (Agondji, Kpassagon, Assalin, Mougnon, qui regroupe les zones avec une érosion Ougbégamé, Zèko, Kpozoun etc.) dont la potentielle inférieure à 67 t/ha/an. Elle pente est comprise entre 5 et 48%. Les zones constitue 35 % de la superficie du bassin de de faibles altitudes (Kana1, Avlamè, Kotokpa, Hlan ; une deuxième classe qui regroupe les Tanhoué-Hessou, , Massi, etc.) se zones avec une érosion potentielle comprise situent au centre du bassin et correspondent à entre 67 et 172 t/ha/an. Elle constitue 21% de des valeurs d’altitudes évoluant de 115 m à 4 la superficie du bassin ; une troisième qui m. Dans ces zones, les pentes sont fortes et regroupe les zones avec une érosion potentielle induisent une forte cinétique de l’eau. Ainsi, comprise entre 172 et 301 t/ha/an. Elle les zones à fort gradient de pente sont représente 14% de la superficie du bassin exposées au risque d’érosion du fait de la étudié et une quatrième classe qui regroupe les vitesse élevée de l’écoulement des eaux. Par zones avec une érosion potentielle supérieure à ailleurs, dans le bassin versant de Hlan toutes 301 t/ha/an. Ces différentes estimations ont les eaux pluviales de haute altitude permis d’identifier les types d’érosion (Ougbégamè, Agondji, Kpassagon, Mougnon, hydrique. La planche n°1 présente des cas Assanlin, Zèko, Kana 1, Kana 2, Lissezoun, d’érosion. Avlamè, Sèhouè, etc.) sont drainées vers la basse altitude (Massi, Kpomè). Planche n°1 : Formes d’érosion à ravins à Kpomè (à gauche) et de berge à Hlanzounkpa (à droite) dans le bassin versant de Hlan

Source : OWOLABI, vue prise en octobre 2013.

163 Àhכֿhכֿ – Décembre 2017

Erosion à ravins à Yokon

Source : OWOLABI, vue prise en octobre, 2013. La planche n°1 présente deux cas d’érosion en canaux préférentiels qui se creusent. Enfin, ravins à Kpomè et à Yokon. Tandis que la l’érosion des berges se manifeste par photo de Hlanzounkpa présente l’érosion de l’écoulement de l’eau qui érode les berges berge. De la planche n°1, il est identifié les instables. types d’érosion à savoir : l’érosion en nappes, 2.5. Perceptions sur les éléments l’érosion en rigoles, l’érosion en ravins ou par amplificateurs d’érosion hydrique dans le ravinement et l’érosion des berges. L’érosion bassin versant de Hlan en nappes se manifeste par le déplacement des particules de sol provoqué par le choc des L’érosion hydrique est un processus naturel de gouttes de pluie et l’écoulement des eaux détachement et d’entrainement des particules pluviales (ruissellement). Elle se produit sur par la pluie (érosion hydrique). Elle entraine la une pente uniforme dont le sol fertile est dégradation des terres cultivées et la détaché, transporté et déposé au bas de la destruction des sols (MARZOUKY., 2012). pente ou dans les terres basses. S’agissant de Les paysans perçoivent les processus l’érosion en rigoles, elle est l’enlèvement du d’érosions hydriques à travers les fondements sol par ruissellement concentré créant de petits et les éléments amplificateurs tels que : la canaux ou rigoles. Tandis que l’érosion en pluie, l’eau de ruissellement, la qualité des ravins ou par ravinement est un stade avancé sols, la pente topographique et l’homme dans de l’érosion en rigoles dont le ravinement est toutes ces dimensions (Figure n°1). lié à la concentration du ruissellement dans des Figure n°1 : Perceptions locales des éléments amplificateurs d’érosion hydrique

Source : Enquête de terrain, octobre 2013.

164 Sani MAMAN ISSA, Romaric OGOUWALE, Cyr Gervais ETENE, Expédit W. VISSIN, Florent GNIMASSOU

L’observation de la figure n°1 illustre les nature pédologique du bassin, les pentes et les composantes environnementales qui d’après activités humaines sont des éléments de la les populations interrogées constituent des nature qui accentuent les différents types éléments d’appréciation de la perception locale d’érosion hydrique dans le bassin versant de du risque d’érosion dans le bassin de Hlan. Hlan. Selon 51% des personnes interrogées, la pluie Bibliographie est le facteur déterminant des risques ADAM K. S. et BOKO M., (1993) : Le Bénin. d’érosion. Elles estiment que les gouttes de Manuel de géographie, EDICEF/Flamboyant, pluie colmatent les eaux de ruissellement sur 2e Edition 1993, Cotonou, 95 p. les terrains en pente qui détachent et entrainent les particules de terres. Ainsi, l’eau de AGBON A. C., (2010) : Un outil de gestion ruissellement est conditionnée par la gravité de intégrée de l’espace urbain Aplahoué-Azovè: l’érosion d’après 81% des paysans la cartographie par le Système d’Information interviewés. La pente topographique est aussi Géographique (SIG). Mémoire de DEA, Ecole un facteur déterminant dans le processus Doctorale Pluridisciplinaire, Université d’érosion ; pour les 87,54% des personnes d’Abomey-Calavi, 105 p. interviewées, l’homme est le principal AMANDOU B., (2016) : Etats de surface et responsable dont les activités conditionnent risques d’érosion hydrique dans le sous bassin l’intensité de l’érosion. En effet, les pentes ont versant de la Terou au Bénin. Mémoire de une forte influence sur la cinétique des eaux de Master en Gestion des Risques et Catastrophe, pluie mais les défrichements que l’homme MIRD, 70 p. opère sur les forêts et les parcours naturels, le surpâturage, la mise en cultures sans ARMAND R., (2009) : Etude des états de précaution des terres tendres, et la non surface du sol et de leur dynamique pour restitution du sol et de ses éléments nutritifs différentes pratiques de travail du sol. Mise au enlevés par les cultures facilitent encore plus point d’un indicateur de ruissellement. Thèse la vitesse du ruissellement et par conséquent de docteur, Université de Strasbourg, l’érosion et ses effets indésirables pour Strasbourg, 210 p. l’environnement et pour l’économie. En AUZET A. V., (1987) : L’érosion des sols par définitive, les paysans perçoivent localement l’eau dans les régions de grande culture : les risques d’érosion à travers les éléments de aspects agronomiques. Min Env/Min Agr, la nature. CEREG-URA 95, CNRS, Strasbourg, 60 p. Conclusion BOARDMAN J. et POESEN J., (2006): Soil Cette étude consacrée à la variation spatiale erosion in Europe. Wiley, 872 p. des pluies et l’érosion hydrique dans le bassin ETENE G. C., (2005) : Hydrologie urbaine versant de Hlan, nous a permis de caractériser d'Allada : Impacts sur les infrastructures socio- la variation spatiale des pluies dans le bassin à économiques. Mémoire de DEA, l’aide de l’isohyète annuel des hauteurs de EDP/FLASH, Université d'Abomey-Calavi, pluies et d’appréhender les incidences de 77 p. l’érosion hydrique. Ainsi, les facteurs ampliateurs des érosions hydriques dans le GNIMASSOU F. O., (2016) : Variation bassin versant de Hlan sont entre autres la spatiale de la pluviométrie et écoulement des variation spatiale des pluies, la pente eaux pluviales dans le bassin versant de Hlan. topographique, la nature du sol. La Mémoire de Maîtrise de Géographie, FLASH, géomorphologie du bassin révèle qu’il est UAC, 70 p. caractérisé par les zones de haute altitude KEKE E., (2002) : L’érosion pluviale en (Nord-Ouest et Sud-Ouest) et les zones de milieu urbain : Cas de la commune d’Abomey- basse altitude (Centre, Sud-Est) qui Calavi. Aspects, impacts et moyens de lutte. influencent les risques d’érosions dans le Mémoire de maîtrise de Géographie, DGAT, bassin. En outre, la métamorphose temporelle FLASH, UNB, 83 p. des unités d’occupation dans le bassin, la

165 Àhכֿhכֿ – Décembre 2017

LAMBIN E., (1988) : Apport de la perspectives pour une utilisation durable. In : télédétection satellitaire pour l’étude des Rev. Spe. Jour. Sci. FLASH/UAC, pp. 70-83. systèmes agraires et la gestion des terroirs en SALEY M., KOUAME F., PENVEN M., Afrique occidentale. Exemple au Burkina BIEMI J. et KOUADIO H., (2005) : Faso. Thèse de Doctorat, Université Cartographie des zones à risque d’inondation Catholique de Louvain, 239 p. dans la région semi-montagneuse à l’ouest de OREKAN V., ABDOULAYE D., la Côte d’Ivoire: apports des MNA et de HOUNDAGBA C. J. et SINSIN B., (2009) : l’imagerie satellitaire. In : Revue Dynamique prospective des écosystèmes Télédétection, 2005, Vol 5, n°s1-2-3, forestiers classés au Bénin : quelles pp. 53-67.

166

Àhכֿhכֿ

Àhכֿhכֿ : que signifie ce vocable et pourquoi l’avoir choisi pour désigner une revue scientifique ? Le mot ahכֿhכֿ prononcé àhכֿhכֿ, à ne pas confondre avec ahכֿhlõ, désigne en éwé le cerveau, au propre et au figuré, et aussi la cervelle. Il appartient au champ analogique de súsú "pensée″, "idée" ; anyásã " intelligence" " connaissance". Anyásã désigne également la bronche du poisson. Dans les textes bibliques, anyásã est mis en rapport synonymique avec núnya " savoir". Mais pour exprimer le savoir scientifique, et la pensée profonde profane, on utiliserait Àhכֿhכֿ. Voilà pourquoi le vocable a été retenu pour nommer cette Revue de Géographie que le Laboratoire de Recherche sur la Dynamique des Milieux et des Sociétés (LARDYMES) du Département de Géographie se propose de faire paraître annuellement. La naissance de cette revue scientifique s’explique par le besoin pressant de pallier le déficit d’organes de publication spécialisés en géographie dans les universités francophones de l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde de concurrence et d’évaluation et le milieu de la recherche scientifique n’est pas épargné par ce phénomène : certains pays africains à l’instar des pays développés, évaluent la qualité de leurs universités et organismes de recherche, ainsi que leurs chercheurs et enseignants universitaires sur la base de résultats mesurables et prennent des décisions budgétaires en conséquence. Les publications scientifiques sont l’un de ces résultats mesurables. La publication des résultats de la recherche (ou la transmission de l’information ou du savoir est la pierre angulaire du développement de la culture technologique de l’humanité depuis des millénaires : depuis les peintures rupestres d’animaux (destinées peut-être à la formation des futurs chasseurs ou à honorer un projet de chasse) en passant par les hiéroglyphes des Egyptiens jusqu’aux dessins et écrits de Léonard de Vinci (les premiers rapports techniques). L’apparition de techniques d’impression bon marché a induit une croissance explosive des publications, et une certaine évaluation de la qualité était devenue nécessaire. Les sociétés savantes ont commencé à critiquer les publications, qui étaient souvent sous forme manuscrite et lues en public ; ce procédé est la version ancestrale de l’évaluation que nous pratiquons de nos jours. Aujourd’hui, une publication électronique multimédia accessible par un hyperlien, comportant un code exécutable et des données associées, peut être évaluée par toute personne au moyen d’un commentaire en ligne. Le fait d’extérioriser les concepts de l’esprit des chercheurs et enseignants universitaires, de les consigner par écrit (avec les résultats et observations qui y sont associés), permet une conservation posthume des travaux de ceux-ci et rend leurs résultats reproductibles et diffusables. Certains estiment que cette « conservation externe de la mémoire » est le signe distinctif de l’humanité. C’est précisément pour parvenir à cette vision holistique de la recherche (et non seulement de ses résultats, dont les plus évidents sont les publications, mais aussi de son contexte), que nous éditons depuis 2007 la revue Ahכֿhכֿ afin que chaque géographe trouve désormais un espace pour diffuser les résultats de ses travaux de recherche et puisse se faire évaluer pour son inscription sur les différentes listes d’aptitudes des grades académiques de son université. Puisse sa parution être transmise au sein des enseignants et chercheurs du LARDYMES de génération en génération.

Professeur Koffi A. AKIBODE