Souvenirs D'un Militant Liberal
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1 SOUVENIRS D'UN MILITANT LIBERAL. 2 Coordonnées Nom: VAN UFFELEN Jacques Lieu et date de naissance: Tirlemont, 5 janvier 1929 Adresse: Avenue Christophe Plantin, 2 1340 Ottignies Profession: Traducteur - directeur retraité au Secrétariat général de l'Union économique Benelux et à la Cour de Justice Benelux. 3 Préface de Louis Michel. C'est avec beaucoup de plaisir et d'intérêt que je me suis plongé dans la lecture de l'ouvrage de Jacques Van Uffelen. Homme de plume, militant convaincu, libéral non conformiste, Jacques Van Uffelen a mis au service du libéralisme tout son talent, toute son intelligence, toute sa créativité pour défendre avec ardeur et chaleur dans les feuilles libérales les vertus du libéralisme. Il a mis son art au service du libéralisme pour convaincre l'opinion publique que le "parti libéral est foncièrement social, qu'il prône non pas la lutte des classes comme le socialisme, mais la solidarité des classes". Jacques Van Uffelen a retracé avec une rare précision l'évolution du libéralisme. Il rappelle que, même avant la création du parti libéral, les idées libérales étaient déjà largement diffusées car tous les Belges sont attachés aux libertés constitutionnelles. Jacques Van Uffelen nous fait revivre les grands courants de la pensée libérale, la rénovation du parti, les combats d'idées, les réflexions de grandes personnalités comme Maurice Allais, Salvador de Madariaga, Albert Devèze, Roger Motz, Paul Hymans, Omer Vanoudenhove, Jean Rey. Ces derniers et bien d'autres ont fait évoluer le libéralisme, du libéralisme manchestérien ou laissez-fairisme au néo- libéralisme ou libéralisme humaniste. Ces hommes ont eu le mérite de clarifier la position des libéraux par rapport à la notion d'Etat qui garantit les bienfaits de la liberté. Jacques Van Uffelen a très bien traduit l'importance du rôle de l'Etat qui assume pleinement, avec justice et équité, ses missions naturelles; un "juste Etat" qui concilie la nécessaire organisation sociale avec les libertés individuelles; doté d'instruments capables de définir des règles égales pour tous; capable d'organiser une redistribution équitable de la richesse créée; capable de garantir l'accès impartial des citoyens à tous les droits fondamentaux sans lesquels ils ne peuvent vivre dans la dignité (comme l'accès à l'éducation, la santé, la justice, la culture, l'administration et les besoins primaires vitaux). La liberté ne peut être garantie que par le droit et c'est l'Etat, puissance publique collective d'intérêt général, qui seul peut l'assurer. La liberté sans le droit, sans la justice sociale, sans une redistribution équitable, sans la justice garantie par l'Etat impartial, ne resterait qu'une liberté virtuelle. Les libéraux veulent un Etat qui épanouit, et non un Etat qui étouffe, qui impose, qui contraint arbitrairement. Le libéralisme a pour objectif de garantir des libertés réelles dont doit disposer chacune et chacun quelle que soit son origine sociale, quelle que soit son appartenance philosophique ou religieuse. Un être humain n'est libre que s'il dispose concrètement des moyens pour l'être. Il n'est libre que s'il peut se nourrir, se loger, se déplacer, travailler, se cultiver..., s'il a le droit à la dignité, au respect, que comme le dit Jean Rey, s'il est libre dans son jugement, dans ses actes, dans le choix de ses idées, de ses lectures et de ses amitiés tout en usant de cette liberté dans un sens 4 conforme au bien social de la société. Et c'est à la démocratie qu'il revient d'assurer l'exercice authentique de ces libertés. "Libéral" ne veut pas dire moins d'Etat mais mieux d'Etat. Tout est question de mesure et d’opportunité comme le dit Jacques Van Uffelen. Le politique ne peut pas placer toute sa confiance dans la "main invisible", sous peine d'être en contradiction avec l'exercice de la liberté qu'il revendique pour lui et pour les autres. Il n'y a pas de développement sans croissance économique. Mais la croissance ne garantit pas le développement ou le progrès humain sans une puissance publique impartiale. Seule une économie de marché performante et un Etat juste, capable d'assurer ses grandes missions au service de la population, permettent au libéralisme de ne laisser personne au bord du chemin. L'égalité des chances, la justice sociale et le droit à la différence sont les principes fondateurs de la philosophie libérale. L'Etat libéral a pris cet engagement en faveur des citoyens, en particulier des laissés pour compte, les "perdants" de l'économie de marché. Non pour en faire des assistés mais pour leur donner les moyens d'assumer leur vie et leur responsabilité d'homme. Non pour en faire des sujets dépendants et dociles mais pour en faire des citoyens libres et vigilants. Le droit est la condition nécessaire du libéralisme ; sa méthode est la capacité de transformer les règles et de les faire évoluer pour le bien de tous. Le libéralisme est une force de progrès, qui anticipe le futur, qui est ouverte aux changements et aux réformes. Le libéralisme est selon moi la seule doctrine politique à proposer une conception globale du bien commun, à créer les conditions du bien-être pour tous, et c'est en cela qu'il a inspiré les plus belles pages de l'Histoire des hommes parce que cette pensée se fonde sur une conception optimiste de l'homme. Je remercie Jacques Van Uffelen qui a consacré sa vie à faire vivre et évoluer la pensée libérale, à la rendre accessible à tous. Ce livre mérite sa place dans toutes les bibliothèques et dans tous les foyers de militants mais aussi chez ceux et celles qui se posent les questions existentielles sur le sens du politique. 5 SOUVENIRS D'UN MILITANT LIBERAL. Le devoir est de vivre, de vivre Rompre avec les choses réelles, pour servir, de vivre pour son parti, cela n'est rien; mais rompre pour ses idées, pour son pays. avec les souvenirs! Paul Hymans Chateaubriand Pages libérales Mémoires d'outre-tombe AVANT-PROPOS Militant libéral depuis le début des années cinquante, j'ai aujourd'hui atteint un âge où l'on se plaît à évoquer ses souvenirs, voire à les écrire comme je l'ai fait ici. Mais parler de soi, de son action militante est un exercice délicat, car on risque, si l'on n'y prend garde, de manquer à la modestie. Aussi est-ce sans prétention mais en toute franchise que j'ai relaté ci-après mes activités politiques et notamment l'action que j'ai menée par la plume pour les causes qui me tenaient à cœur: le libéralisme, l'égalité scolaire, la laïcité, l'unité belge et la déconfessionnalisation du Parti libéral. Si les déceptions ne me furent pas épargnées, j'ai cependant éprouvé- et j'éprouve encore- l'immense satisfaction d'avoir vu adopter par les dirigeants du Parti les idées qu'en libéral non-conformiste je m'étais attaché à défendre et à promouvoir. D'avoir pu ainsi contribuer à la pacification scolaire et au renouveau libéral dans notre pays restera pour moi le plus heureux de mes souvenirs de militant. 6 La passion de la politique. Je n'avais pas vingt ans quand je fus pris par la passion de la politique, et j'en avais vingt-deux quand je me suis mis à écrire quelques réflexions sur le sujet. Ce n'était pas avec l'idée de les publier mais par goût de l'écriture et par intérêt pour la politique. (1) Ma dissertation s'avéra finalement utile car je fus invité à exposer mes réflexions devant les routiers de la troupe scoute (2) dont j'avais fait partie. Mon exposé fut suivi d'une discussion au cours de laquelle je pus me rendre compte, à la lumière des questions posées par l'assistance, de l'intérêt que mon sujet avait suscité parmi celle-ci. Le chef de clan (3) avait eu la bonne idée d'organiser des débats sur des sujets qui avaient trait au scoutisme. Or, la politique n'est pas étrangère à l'éducation civique qui, elle, fait partie intégrante et de la formation scoute, et de l'éducation politique, ce sur quoi portaient en partie mes réflexions. J'y déplorais le manque d'éducation politique et l'indifférence que témoignait une bonne partie de l'opinion publique à l'égard de la politique. "Et pourtant, écrivais-je, dans une démocratie, dans un régime politique basé sur la représentation des opinions, il faut - comme l'a écrit M. Marcel Grégoire (4) pour qu'il soit vivace, que l'opinion s'intéresse activement aux choses de la politique". Déconvenue libérale. J'ai commencé à m'intéresser à la vie politique en 1946, l'année où eurent lieu les premières élections de l'après-guerre. Les électeurs avaient été appelés aux urnes le 17 février pour renouveler la Chambre des représentants, le Sénat et les conseillers provinciaux, et le 24 novembre pour élire de nouveaux conseillers communaux. Alors que nous avions été privé de liberté pendant quatre ans, le Parti libéral - parti de la liberté par excellence - sortait affaibli du scrutin législatif ; il n'obtenait que 16 sièges à la Chambre et 4 (élus directs) au Sénat, contre respectivement 33 et 16 en 1939. Au Congrès du Centenaire du Parti qui se tint à Bruxelles quatre mois après les élections - les 14, 15 et 16 juin - Roger Motz (1), président du Parti, fit la constatation suivante: "Au cours des derniers mois, des élections ont eu lieu dans bon nombre de pays. Le système électoral de la représentation proportionnelle, qui s'est étendu à presque toutes les nations démocratiques du Continent, nous permet de comparer les résultats de ces récentes consultations électorales.