Yvonne de Gaulle

Yvonne Charlotte Anne Marie Vendroux.

En 1920, elle rencontre , alors capitaine revenant d'une mission en Pologne. La rencontre est en fait arrangée en secret par la famille Vendroux; leur première sortie est au , au salon d'automne, pour voir la toile «La Femme en bleu» de . Revenus ensuite prendre le thé, Charles aurait renversé sa tasse sur la robe de la jeune femme, qui l'aurait pris avec humour. Leur première soirée est le bal de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, à l'hôtel des Réservoirs, à Versailles (l'établissement où Charles de Gaulle avait fait ses études de 1908 à 1912, était alors basé dans la ville voisine de Saint-Cyr- l'École). Deux jours après, elle déclare à ses parents: «Ce sera lui, ou personne». Ils se fiancent le 11 novembre, avant la fin de la permission du capitaine de Gaulle et se marient le 7 avril 1921, en l’église Notre-Dame de . De Gaulle est conscient d'épouser un beau parti, écrivant à l'un de ses amis: «J'épouse les biscuits Vendroux». Leur lune de miel se passe dans le nord de l’Italie. De cette union naîtront trois enfants, un garçon et deux filles (dont la benjamine, Anne, était porteuse d’une trisomie):

«Désormais il va nous falloir vivre en meublé», s'exclame Yvonne de Gaulle, devenue «première dame de », le 21 décembre 1958, lors de la victoire du général. Le couple arrive au palais de l'Élysée en Citroën Traction Avant 15 chevaux.

Pendant la présidence de son mari, de 1959 à 1969, Yvonne de Gaulle mène au palais de l'Élysée, avec son époux, un train de vie simple et mesuré. Discrète sur la scène publique, elle est surnommée par les journalistes «Tante Yvonne». Catholique pratiquante, elle influe sur le conservatisme de son mari en matière de morale, et veille même à ce que l'on tînt à l'écart des gouvernements les personnes divorcées ou coupables d'adultère. Une des premières choses qu'elle demande après être arrivée au palais est une pietà, que lui fournit le musée du . Le général, qui invita l'actrice , faillit décommander après les protestations de sa femme: en effet, elle refusait de recevoir au palais des personnes divorcées. Selon Bertrand Meyer-Stabley, elle «incarne la tradition, le respect des valeurs morales et le sens du devoir». Ceci ne l'empêchera pas, cependant, d'intervenir auprès de son époux en faveur de la future loi Neuwirth, autorisant la contraception orale (la pilule). Son couturier attitré est Jacques Heim.

Une journée type d'Yvonne de Gaulle se décrit par les trois repas pris en tête à tête avec son époux. Au petit-déjeuner, elle lit . Ils regardent ensemble la télévision jusqu'à 23 heures. Le dimanche matin, ils vont ensemble à la messe célébrée dans la chapelle du palais. Du palais de l'Élysée, elle dit au président des États-Unis Eisenhower «Tout le monde y est chez soi, sauf nous». En 1960, elle est la marraine du paquebot France, qu'elle baptise.

Elle est l'une des premières dames à véritablement jouer un rôle médiatique: en 1961, alors que le couple présidentiel américain John et Jackie Kennedy est convié par le général de Gaulle, elle prend l'initiative de tisser des liens avec la première dame américaine en l'emmenant visiter l'école de puériculture située boulevard Brune (14e arrondissement de ). Deux ans plus tard, après l'assassinat de son époux, Jackie est conviée par Yvonne de Gaulle à venir se reposer et s'éloigner de la pression médiatique qui pèse alors sur elle.

En 1962, elle est, avec son mari, la cible de l'attentat du Petit-. Sauvé, le général lui dit: «Vous êtes brave Yvonne». Cet événement lui inspire cette seule phrase, restée célèbre: «J'espère que les poulets n'ont rien eu». Cependant elle parlait pas des policiers mais des volailles transportées dans le coffre de la DS. Le fait, entre autres, que le commanditaire de la tentative d’assassinat, le lieutenant- colonel Bastien-Thiry, ait cherché à attenter à la vie d'une femme sans prendre de risques lui-même, et ait mis en danger des personnes innocentes (dont trois enfants et leurs parents) incite le général de Gaulle à considérer cela comme une circonstance aggravante et à refuser d'accorder la grâce présidentielle à Bastien- Thiry qui avait été condamné à mort par la Cour militaire de justice. L'officier sera fusillé huit mois plus tard au Fort d'Ivry.

Pendant les évènements de mai 1968, elle accompagne son mari dans son déplacement à Baden-Baden. Elle déclare: «Que les communistes usent de la rue pour arriver à leurs fins, je m'y oppose».

Son époux Charles ayant démissionné de la présidence de la République en 1969, elle l'accompagne dans sa retraite, notamment dans son voyage en Irlande, célèbre pour les photos du couple et de l'aide de camp du général, François Flohic, prises sur la plage.

Veuve en 1970, elle vit discrètement jusqu'en 1978, avant d'entrer dans la maison de retraite des sœurs de l'Immaculée Conception, à Paris. Elle meurt à l'hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, à l'âge de 79 ans, le 8 novembre 1979, à la veille du neuvième anniversaire du décès de son mari. Elle repose dans le cimetière de Colombey aux côtés de son époux et de leur fille Anne.