Femmes De Président
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FEMMES DE PRÉSIDENT DELPHINE LE GUAY Femmes de président ÉDITIONS FRANCE-EMPIRE 13, rue Le Sueur, 75116 Paris Vous intéresse-t-il d'être au courant des livres publiés par l'éditeur de cet ouvrage? Envoyez simplement votre carte de visite aux ÉDITIONS FRANCE-EMPIRE Service « Vient de paraître » 13, rue Le Sueur, 75116 Paris Et vous recevrez régulièrement, et sans engagement de votre part, nos bulletins d'information qui présentent nos différentes collections que vous trouverez chez votre libraire. © Éditions France-Empire, 1995. ISBN 2-7048-0757-4 Tous droits de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. IMPRIMÉ EN FRANCE INTRODUCTION L'épouse du chef de l'État est traditionnellement appe- lée « première dame » et même « présidente » selon une règle ancienne qui veut qu'une femme mariée occupe le même rang que son époux; elle est la dame du premier homme de France, le président de la République. Depuis la V République, la première dame est exposée sur la scène publique et fait l'objet d'une attention média- tique très diverse. L'intérêt qu'on lui porte est surtout lié à l'aura, au prestige du président, issus des pouvoirs consi- dérables que lui attribue la Constitution de 1958. La per- sonnalisation du pouvoir est telle que tout dans son inti- mité s'expose : son âge, son état de santé, sa vie de famille, son épouse et même ses animaux domestiques... Ces éléments sont autant d'indices où domaine public et domaine privé se donnent en spectacle. Yvonne de Gaulle, Claude Pompidou, Anne-Aymone Giscard d'Estaing et Danielle Mitterrand ont humanisé l'image potentiellement désincarnée du chef de l'État; mais, même révélant leur personnalité en sortant de l'ombre, elles sont souvent regardées superficiellement. On les montre, selon une mise en scène stéréotypée, sur les photos officielles, serrant la main de dignitaires étran- gers ou dans la presse, avec leur mari, entourées de leurs enfants... Ainsi, elles deviennent l'emblème, le modèle de la vie privée du président, préposées, bon gré, mal gré, à jouer les assistantes fidèles, dévouées et attentives. Si ces quatre destins de femmes donnent l'impression d'être faciles à cerner, rien n'est moins trompeur ici que les apparences. Toutes ont eu, à leur façon, un rôle important dans la carrière de l'homme qu'elles ont épousé. S'interroger sur leur rôle discret, caché, voire occulte, c'est regarder le président sous l'angle de son couple, de son intimité, le ramener à une dimension humaine qui, souvent, échappe à l'Histoire; c'est évoquer la petite his- toire dans la grande. Le décalage entre l'humain et le politique, entre l'histoire intime d'un individu et l'image nationale à laquelle il est identifié par ses fonctions, est au cœur de notre réflexion. Devenir l'épouse d'une institution n'est pas chose aisée pour ces femmes, habituées durant des années à mener une existence, somme toute, relativement tranquille. Comment faire face aux ironies habituelles sur les infidé- lités notoires de tel ou tel président, aux rumeurs de salon qui vont bon train sur les prétendus divorces imminents, sur les séparations de fait?... Mais là n'est pas la question. Comment gérer, quand on ne l'a pas choisi et que rien ne vous y oblige, le rôle difficile et contraignant de « pre- mière dame de France »? Aucune ne semble manifester un enthousiasme débordant face à la vie qui l'attend... Et pourtant, leur rôle ne se fonde sur aucun texte officiel; constitutionnellement, elles n'ont droit à aucune faveur et n'ont aucune attribution spécifique. Néanmoins, au titre de « première dame de France» sont liées des « obligations » coutumières de représenta- tion. On comprend qu'une reine ou une princesse s'accommode parfaitement de ces devoirs protocolaires; elle a été éduquée, préparée à cette perspective. Par contre, quel bouleversement dans la vie d'une citoyenne « normale », de devoir s'adapter à de telles responsabili- tés! Dans ce sens, la France républicaine a conservé cer- tains signes de son passé monarchique. Les premières dames de France seraient-elles les nouvelles « reines éphémères de notre démocratie moderne » ? L'étendue de leurs « fonctions » le laisse présager. Malgré les contraintes, les obligations, les devoirs aux- quels elles doivent faire face, les premières dames sont loin d'être reléguées au rang de simples potiches. La place qu'elles occupent reflète la complémentarité, la complicité, comme les dissemblances existant au sein de leur couple. Effacées, discrètes, avenantes ou engagées, elles ont existé différemment au côté de leur mari. Au cours des quatre présidences, leur rôle a évolué, marqué par l'empreinte de leur personnalité mais aussi de leur époque. Au fil des années aussi, l'opinion publique est devenue plus tolérante quant à l'autonomie d'action, aux velléités d'indépendance de la « présidente ». Le fait qu'aujourd'hui le modèle de la femme active, ambitieuse, prenne le pas sur celui de la femme au foyer accroît la marge de manœuvre d'une première dame potentielle- ment « émancipée ». Autant l'effacement volontaire d'Yvonne de Gaulle souligne l'acceptation de la préé- minence masculine dans la société, autant les engage- ments parfois controversés de Danielle Mitterrand reflètent une libération de la condition d'une « pré- sidente »... Observer les premières dames de France, c'est allier une réflexion sur la société française et son évolution en même temps qu'on entre au cœur d'une intimité, au plus profond du mystère qui lie une femme au destin d'un homme... PREMIÈRE PARTIE Le destin exceptionnel d'Yvonne de Gaulle, de Claude Pompidou, d'Anne-Aymone Giscard d'Estaing et de Danielle Mitterrand, est avant tout lié aux hasards d'une rencontre. Rencontre avec un officier prometteur, un brillant professeur de lettres, un ambitieux inspecteur des finances et un jeune résistant qui allaient devenir leur mari, puis le président de tous les Français. Épouses d'exception pour hommes hors du commun? Pourquoi se choisit-on? Une logique intime, des raisons qui n'en sont pas. Impossible ici de théoriser, même si toutes les excuses sont bonnes pour justifier l'union de deux personnes. Si les partenaires sont différents, on dit : « Ils vont bien se compléter. » S'ils sont du même genre, on dit : « Ils sont faits pour s'entendre. » En ce qui concerne les hommes d'État, on peut suppo- ser que le tempérament de ces hommes d'autorité et d'action ne ferait sans doute pas bon ménage avec celui d'une femme exubérante, dominatrice et ambitieuse : on imagine mal, par exemple, le général de Gaulle marié à une femme légère et frivole ! Ainsi, ce n'est pas un hasard si tous les futurs présidents ont été séduits par des jeunes filles au départ plutôt timides, aspirant à une vie retirée et paisible. Cependant, de Charles de Gaulle à François Mitter- rand, chacun, dans le choix de son épouse, a plus ou moins été conditionné par son éducation, son origine sociale, son caractère. De même, la place que leurs femmes ont tenue dans le couple est aussi tributaire de la personnalité de chacune d'entre elles, comme de leur appartenance à un milieu, une époque. Dans quelle mesure la femme est-elle associée au destin d'un homme amené à devenir président de la Répu- blique? Quel rôle occupe-t-elle durant la longue ascen- sion au pouvoir de son mari ? Enfin, comment exister aux côtés d'un homme très ambitieux pour qui la carrière passe souvent avant la vie privée et familiale ? Car on ne s'improvise pas président de la République! Le parcours de ces hommes pour arriver au poste suprême est géné- ralement difficile et semé d'embûches, de conflits de toutes sortes, de luttes d'influence pour se détacher du lot, s'imposer au sein de son parti ou de ses pairs. Pour arriver au sommet, il n'y a pas de temps pour penser à autre chose qu'à soi-même ; il n'y a souvent pas de place pour une vie équilibrée et harmonieuse. Compagnes fidèles et solidaires, confidentes ou effa- cées, les épouses des présidents ont partagé les déceptions et les heures de gloire de leur illustre « moitié ». A la dif- férence de leurs maris entraînés à donner et recevoir des coups, elles ont dû faire face, sans broncher, aux accusa- tions parfois malveillantes, aux campagnes calomnieuses, aux affaires compromettantes orchestrées par leurs adversaires. Qui d'autres que ces femmes, présentes aux premières loges comme dans les coulisses de la scène publique, pourraient prétendre connaître mieux les aléas et contraintes de la conquête du pouvoir? A travers leur tempérament, la façon dont elles se sont plus ou moins impliquées dans la vie publique, elles laissent entrevoir les degrés divers de la relation qui les unit à leur mari : complémentarité, connivence, compli- cité. Car l'aventure du pouvoir s'associe d'abord à l'his- toire d'un couple : à un tel degré d'ambition, il n'y a plus de dissociation possible. De Gaulle l'a reconnu en préam- bule dans ses Mémoires, rendant hommage à sa femme : « Sans elle, rien de ce qui a été n'aurait pu l'être. » YVONNE DE GAULLE : LA DISCRÈTE À L'OMBRE DU GÉANT La rencontre d'Yvonne Vendroux avec Charles de Gaulle, inscrite dorénavant dans la légende romantique du héros de la Seconde Guerre mondiale, semble sortir d'un roman rose pour jeunes filles. La scène se passe à Paris, un après-midi de novembre 1920, à l'heure du thé. Ils sont présentés l'un à l'autre par les parents Vendroux; le capitaine, qui parle stratégie avec passion, semble ne prêter que peu d'attention à la petite provinciale assise près de lui.