FEMMES DE PRÉSIDENT

DELPHINE LE GUAY

Femmes de président

ÉDITIONS -EMPIRE 13, rue Le Sueur, 75116 Vous intéresse-t-il d'être au courant des livres publiés par l'éditeur de cet ouvrage? Envoyez simplement votre carte de visite aux ÉDITIONS FRANCE-EMPIRE Service « Vient de paraître » 13, rue Le Sueur, 75116 Paris Et vous recevrez régulièrement, et sans engagement de votre part, nos bulletins d'information qui présentent nos différentes collections que vous trouverez chez votre libraire.

© Éditions France-Empire, 1995. ISBN 2-7048-0757-4 Tous droits de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. IMPRIMÉ EN FRANCE INTRODUCTION

L'épouse du chef de l'État est traditionnellement appe- lée « première dame » et même « présidente » selon une règle ancienne qui veut qu'une femme mariée occupe le même rang que son époux; elle est la dame du premier homme de France, le président de la République. Depuis la V République, la première dame est exposée sur la scène publique et fait l'objet d'une attention média- tique très diverse. L'intérêt qu'on lui porte est surtout lié à l'aura, au prestige du président, issus des pouvoirs consi- dérables que lui attribue la Constitution de 1958. La per- sonnalisation du pouvoir est telle que tout dans son inti- mité s'expose : son âge, son état de santé, sa vie de famille, son épouse et même ses animaux domestiques... Ces éléments sont autant d'indices où domaine public et domaine privé se donnent en spectacle. Yvonne de Gaulle, , Anne-Aymone Giscard d'Estaing et Danielle Mitterrand ont humanisé l'image potentiellement désincarnée du chef de l'État; mais, même révélant leur personnalité en sortant de l'ombre, elles sont souvent regardées superficiellement. On les montre, selon une mise en scène stéréotypée, sur les photos officielles, serrant la main de dignitaires étran- gers ou dans la presse, avec leur mari, entourées de leurs enfants... Ainsi, elles deviennent l'emblème, le modèle de la vie privée du président, préposées, bon gré, mal gré, à jouer les assistantes fidèles, dévouées et attentives. Si ces quatre destins de femmes donnent l'impression d'être faciles à cerner, rien n'est moins trompeur ici que les apparences. Toutes ont eu, à leur façon, un rôle important dans la carrière de l'homme qu'elles ont épousé. S'interroger sur leur rôle discret, caché, voire occulte, c'est regarder le président sous l'angle de son couple, de son intimité, le ramener à une dimension humaine qui, souvent, échappe à l'Histoire; c'est évoquer la petite his- toire dans la grande. Le décalage entre l'humain et le politique, entre l'histoire intime d'un individu et l'image nationale à laquelle il est identifié par ses fonctions, est au cœur de notre réflexion. Devenir l'épouse d'une institution n'est pas chose aisée pour ces femmes, habituées durant des années à mener une existence, somme toute, relativement tranquille. Comment faire face aux ironies habituelles sur les infidé- lités notoires de tel ou tel président, aux rumeurs de salon qui vont bon train sur les prétendus divorces imminents, sur les séparations de fait?... Mais là n'est pas la question. Comment gérer, quand on ne l'a pas choisi et que rien ne vous y oblige, le rôle difficile et contraignant de « pre- mière dame de France »? Aucune ne semble manifester un enthousiasme débordant face à la vie qui l'attend... Et pourtant, leur rôle ne se fonde sur aucun texte officiel; constitutionnellement, elles n'ont droit à aucune faveur et n'ont aucune attribution spécifique. Néanmoins, au titre de « première dame de France» sont liées des « obligations » coutumières de représenta- tion. On comprend qu'une reine ou une princesse s'accommode parfaitement de ces devoirs protocolaires; elle a été éduquée, préparée à cette perspective. Par contre, quel bouleversement dans la vie d'une citoyenne « normale », de devoir s'adapter à de telles responsabili- tés! Dans ce sens, la France républicaine a conservé cer- tains signes de son passé monarchique. Les premières dames de France seraient-elles les nouvelles « reines éphémères de notre démocratie moderne » ? L'étendue de leurs « fonctions » le laisse présager. Malgré les contraintes, les obligations, les devoirs aux- quels elles doivent faire face, les premières dames sont loin d'être reléguées au rang de simples potiches. La place qu'elles occupent reflète la complémentarité, la complicité, comme les dissemblances existant au sein de leur couple. Effacées, discrètes, avenantes ou engagées, elles ont existé différemment au côté de leur mari. Au cours des quatre présidences, leur rôle a évolué, marqué par l'empreinte de leur personnalité mais aussi de leur époque. Au fil des années aussi, l'opinion publique est devenue plus tolérante quant à l'autonomie d'action, aux velléités d'indépendance de la « présidente ». Le fait qu'aujourd'hui le modèle de la femme active, ambitieuse, prenne le pas sur celui de la femme au foyer accroît la marge de manœuvre d'une première dame potentielle- ment « émancipée ». Autant l'effacement volontaire d'Yvonne de Gaulle souligne l'acceptation de la préé- minence masculine dans la société, autant les engage- ments parfois controversés de Danielle Mitterrand reflètent une libération de la condition d'une « pré- sidente »... Observer les premières dames de France, c'est allier une réflexion sur la société française et son évolution en même temps qu'on entre au cœur d'une intimité, au plus profond du mystère qui lie une femme au destin d'un homme... PREMIÈRE PARTIE

Le destin exceptionnel d'Yvonne de Gaulle, de Claude Pompidou, d'Anne-Aymone Giscard d'Estaing et de Danielle Mitterrand, est avant tout lié aux hasards d'une rencontre. Rencontre avec un officier prometteur, un brillant professeur de lettres, un ambitieux inspecteur des finances et un jeune résistant qui allaient devenir leur mari, puis le président de tous les Français. Épouses d'exception pour hommes hors du commun? Pourquoi se choisit-on? Une logique intime, des raisons qui n'en sont pas. Impossible ici de théoriser, même si toutes les excuses sont bonnes pour justifier l'union de deux personnes. Si les partenaires sont différents, on dit : « Ils vont bien se compléter. » S'ils sont du même genre, on dit : « Ils sont faits pour s'entendre. » En ce qui concerne les hommes d'État, on peut suppo- ser que le tempérament de ces hommes d'autorité et d'action ne ferait sans doute pas bon ménage avec celui d'une femme exubérante, dominatrice et ambitieuse : on imagine mal, par exemple, le général de Gaulle marié à une femme légère et frivole ! Ainsi, ce n'est pas un hasard si tous les futurs présidents ont été séduits par des jeunes filles au départ plutôt timides, aspirant à une vie retirée et paisible. Cependant, de à François Mitter- rand, chacun, dans le choix de son épouse, a plus ou moins été conditionné par son éducation, son origine sociale, son caractère. De même, la place que leurs femmes ont tenue dans le couple est aussi tributaire de la personnalité de chacune d'entre elles, comme de leur appartenance à un milieu, une époque. Dans quelle mesure la femme est-elle associée au destin d'un homme amené à devenir président de la Répu- blique? Quel rôle occupe-t-elle durant la longue ascen- sion au pouvoir de son mari ? Enfin, comment exister aux côtés d'un homme très ambitieux pour qui la carrière passe souvent avant la vie privée et familiale ? Car on ne s'improvise pas président de la République! Le parcours de ces hommes pour arriver au poste suprême est géné- ralement difficile et semé d'embûches, de conflits de toutes sortes, de luttes d'influence pour se détacher du lot, s'imposer au sein de son parti ou de ses pairs. Pour arriver au sommet, il n'y a pas de temps pour penser à autre chose qu'à soi-même ; il n'y a souvent pas de place pour une vie équilibrée et harmonieuse. Compagnes fidèles et solidaires, confidentes ou effa- cées, les épouses des présidents ont partagé les déceptions et les heures de gloire de leur illustre « moitié ». A la dif- férence de leurs maris entraînés à donner et recevoir des coups, elles ont dû faire face, sans broncher, aux accusa- tions parfois malveillantes, aux campagnes calomnieuses, aux affaires compromettantes orchestrées par leurs adversaires. Qui d'autres que ces femmes, présentes aux premières loges comme dans les coulisses de la scène publique, pourraient prétendre connaître mieux les aléas et contraintes de la conquête du pouvoir? A travers leur tempérament, la façon dont elles se sont plus ou moins impliquées dans la vie publique, elles laissent entrevoir les degrés divers de la relation qui les unit à leur mari : complémentarité, connivence, compli- cité. Car l'aventure du pouvoir s'associe d'abord à l'his- toire d'un couple : à un tel degré d'ambition, il n'y a plus de dissociation possible. De Gaulle l'a reconnu en préam- bule dans ses Mémoires, rendant hommage à sa femme : « Sans elle, rien de ce qui a été n'aurait pu l'être. »

YVONNE DE GAULLE : LA DISCRÈTE À L'OMBRE DU GÉANT

La rencontre d'Yvonne Vendroux avec Charles de Gaulle, inscrite dorénavant dans la légende romantique du héros de la Seconde Guerre mondiale, semble sortir d'un roman rose pour jeunes filles. La scène se passe à Paris, un après-midi de novembre 1920, à l'heure du thé. Ils sont présentés l'un à l'autre par les parents Vendroux; le capitaine, qui parle stratégie avec passion, semble ne prêter que peu d'attention à la petite provinciale assise près de lui. Soudain, en rejetant l'ennemi d'un revers de main, le capitaine, du même coup, renverse sa tasse sur la robe de Mlle Vendroux. Malencontreuse occasion pour se remarquer et ne plus s'oublier! Le coup de foudre est immédiat ! Interrogée par son frère, Yvonne répond: « C'est à lui de se déclarer. » Et ajoute songeuse : « Il a quarante centimètres de plus que moi. » Quelques jours plus tard, ils se retrouvent à la Grande Nuit de l'École Polytechnique à Versailles. De Gaulle vint s'incliner devant Mme Vendroux, et lui demande la per- mission de danser avec sa fille. A la sixième valse, Yvonne vient trouver sa mère et lui dit : « Le capitaine de Gaulle vient de me demander en mariage et j'ai accepté. » « Toi qui ne voulais pas épouser un militaire », lui dit une amie. « C'est vrai, répond-elle, mais Charles de Gaulle n'est pas comme les autres. » Troisième d'une famille de cinq enfants, Charles de Gaulle, né en 1890, est issu de la bourgeoisie lilloise. Son père est un enseignant érudit, traditionaliste, qui s'engage dans la guerre franco-allemande de 1870. Sa mère est une femme pieuse et patriote. De ses parents, il apprendra « avec l'amour de Dieu, l'amour de la patrie, le sens du devoir et des responsabilités, la volonté de " servir " 1 ». De Gaulle passe une partie de sa scolarité chez les jésuites. Il acquiert de son éducation comme de son enga- gement militaire, des valeurs d'ordre, de rigueur et de discipline. Très tôt, il se révèle ambitieux et prometteur. A un camarade saint-cyrien qui lui dit un jour : « J'ai l'intuition que vous êtes promis à une grande destinée », il répond, après une longue minute de silence : « Moi aussi. » Ses supérieurs disent déjà de lui, jeune homme : « Orgueil, froideur, ambition, envol spatial »... Rentré de Varsovie à la veille de Noël 1920, il écrit à M. et Mme Vendroux : « Je me sens pénétré à votre égard d'une immense reconnaissance en pensant au trésor que vous acceptez de me donner.» Le mariage est célébré le 6 avril 1921. Le couple s'installe à Paris où Charles de Gaulle enseigne l'histoire aux saint-cyriens. Il rédige son pre- mier livre (La Discorde chez l'ennemi), entre à l'École de guerre et pénètre le saint des saints, le cabinet du maré- chal Pétain. Yvonne de Gaulle est née à , le 22 mai 1900. Son père est notable, propriétaire d'une fabrique de biscuits, sa mère issue d'une famille de notaires et d'industriels. Élevée dans « les règles strictes de la civilité puérile et honnête son enfance « a le parfum des livres de la comtesse de Ségur » et se déroule entre Calais et la pro- priété familiale près de Charleville, dans un univers extrêmement protégé, à l'abri des tourmentes; elle est stable, immuable. Yvonne est la petite fille modèle, choyée par ses parents qui lui inculquent les bonnes manières et les bons principes du savoir-vivre. Le dimanche, toute la famille assiste à la grand-messe à Notre-Dame de Calais où elle a son banc; les demoiselles, jusqu'à leur mariage, ne sortent qu'escortées de leur « nurse », devenue « gouver- nante », qu'on appelle Mademoiselle. Un instituteur vient à domicile lui apprendre à lire et « en jeune fille accomplie, elle est initiée à l'aquarelle, à l'art des bou- quets et, accessoirement, à l'anglais et à l'allemand. Elle apprend aussi la cuisine et les ouvrages de dames : cou- ture, tricot, broderie, dentelle au fuseau3 ». Adolescente, elle suit ses études secondaires à l'institu- tion Sainte-Agnès, à Asnières, chez les sœurs domini- caines puis est envoyée au couvent des visitandines de Périgueux. A dix-sept ans, un examen graphologique révèle « de l'énergie, de la stabilité. Le cœur domine mais sans aucune impulsivité ni coquetterie. Elle se refuse, par modestie, le plaisir de briller. Elle a le sens de ses respon- sabilités. Maîtresse d'elle-même à un point rare chez une adolescente. Pleine d'idéal et de droiture, de caractère régulier et consciencieuse ». Déjà très jeune, Yvonne Vendroux n'aime pas ce qui est « voyant » et peut attirer l'attention. Pour elle, la distinction suprême consiste à passer inaperçue. Très peu coquette, elle n'a que deux robes de toile, « l'une qu'on porte tandis que l'autre est au lavage ». Les mêmes mots reviennent toujours pour caractériser Mme de Gaulle : modestie, discrétion, souci d'effacement, dévouement, abnégation. Pour Claude Pompidou, elle est « une femme d'une autre génération; modèle parfait d'un certain type de femme, dans un certain type de famille, inscrite dans une certaine France ». En effet, au début du siècle, le système familial patriar- cal perdure et « la vie repose encore sur l'idée que la femme mineure dépend de son père et la femme adulte de son mari ». Dans la bourgeoisie catholique de cette époque, le mariage reste le seul principe de régulation et de reproduction. Comme le décrit Hélène Béranger, « on flatte chez la jeune fille la soif innée de la maternité, on lui répète que l'homme est par nature le chef du foyer ». Éduquée dans la perspective de se marier un jour et de se dévouer à son mari, son foyer, Yvonne de Gaulle est une femme de devoir. « Près de son père, capitaine pen- dant la guerre 14-18, et de sa mère infimière-major à l'hôpital de Calais, elle a pris, sans presque s'en rendre compte, le pli des hautes vertus de celles qui doivent vivre, dans l'ombre de leurs maris, les servitudes et la grandeur militaire : sens de l'obéissance, du silence, de l'effacement » Tous les proches du général s'accordent à dire qu'il n'aurait jamais supporté qu'on lui tienne tête. Il est de cette génération ou plutôt de cette époque où les femmes tiennent une place à part et ne doivent pas interférer dans les « affaires » du maître de maison. A l'effacement, la dévotion de Mme de Gaulle correspondent l'autorité, l'ambition de son mari. André Malraux décrit bien cette complémentarité : « Lui, rigide, volontaire, ambiteux, altier, imprévisible ; elle, pudique, stoïque, pleine de bon sens, refusant l'apparat et ne se départissant jamais d'une rectitude et d'une honnêteté scrupuleuses. » Néanmoins, ils ont en commun une éducation stricte et traditionnelle, une grande pratique religieuse, une rigueur et une droi- ture d'esprit, un mépris du « superflu » et du monde de l'argent. Ainsi, le couple de Gaulle constitue un tout dans le sens où « socialement et même psychologiquement, l'un est incomplet sans l'autre ». Le partage des tâches est de mise. Charles de Gaulle, chef de famille, a le monopole de l'autorité et de la profession; Yvonne de Gaulle, femme au foyer, assume le triple rôle de maîtresse de maison, épouse et mère. L'année de son mariage, elle donne nais- sance à Philippe, puis à Élisabeth en 1924. Les vacances, paisibles, se passent en famille dans la propriété des Vendroux, au cœur de la forêt des Ardennes. Yvonne de Gaulle pouponne, tricote, jardine; Charles de Gaulle monte à cheval, joue au badminton. Promu chef de bataillon, il doit accomplir deux ans de commandement. En septembre 1927, il est nommé à la tête du 19 bataillon des chasseurs à Trèves. L'année sui- vante, en 1928, naît sa fille Anne, trisomique. « Aucun portrait du général de Gaulle, écrit Jean Lacouture, ne peut être fidèle qui ne dise ce que fut la souffrance éprou- vée par ce couple » Rapports touchants que ceux de cet homme et de cette femme avec « la pauvre petite Anne » comme de Gaulle la nomme. « Celui qui n'a pas vu le général de Gaulle avec sa fille malade sur les genoux, en train de lui chanter des chansons, n'a pas connu le vrai Charles de Gaulle », écrit le général de Boissieu Yvonne de Gaulle confie un jour à un proche : « Charles et moi donnerions tout, santé, fortune, avancement, car- rière, pourvu qu'Anne soit une petite fille normale. » L'infirmité de la petite Anne est parfaitement assumée. Jamais ses parents n'ont envisagé de la confier à un éta- blissement spécialisé. Partout, elle les accompagne. Après Trèves, de Gaulle est affecté au Liban puis en Syrie. Dans cette vie itinérante plutôt austère, Yvonne de Gaulle doit assumer la condition de femme de militaire : les hasards des garnisons, le déracinement chronique, l'appartenance à une grande famille en uniforme. Elle occupe la place et le rang qui lui reviennent : l'unique paire de gants blancs de son mari est lavé chaque soir ; les cantines où s'entassent le bric-à-brac des souvenirs et des layettes, le tricot ou la broderie trompent l'attente et l'ennui. En 1931, c'est le retour à Paris où de Gaulle est nommé à la 3 section du secrétariat général de la Défense natio- nale. Il publie Le Fil de l'épée suivi de Vers l'armée de métier. En 1937, on l'envoie au 507e régiment de chars cantonné à Metz. Vient juin 1940. De Gaulle reste onze jours au sous-secrétariat d'État à la Guerre. A son épouse réfugiée à Carantec avec ses filles et qu'il rejoint, il dit : « Ça va très mal. Je pars pour Londres. Peut-être allons- nous continuer le combat en Afrique. Mais je crois plutôt que tout va s'effondrer. Je vous préviens pour que vous soyez prête à partir au premier signal. » C'est la clandesti- nité, l'aventure, qui commence. Le 17 juin 1940, Yvonne de Gaulle charge toute sa mai- sonnée dans une vieille Traction et prend la route. Faute de place, elle a dû laisser à Carantec toutes ses valises et n'a emporté qu'un cabas. Elle a réservé des places pour elle et ses enfants sur le bateau de 13 h 30 qui joint Brest à Londres. A mi-chemin, la voiture tombe en panne et le temps de la réparer, elle rate le départ du bateau. Elle réussit à attraper celui qui part à 21 heures. En arrivant à Londres, elle apprend que le chalutier parti de Brest à 13 h 30 n'est jamais arrivé en Angleterre. Il a été torpillé et a coulé à pic au large des îles britanniques. Tous les passagers, à l'exception d'une dizaine, ont été noyés... Une fois les de Gaulle à Londres, l'irréparable est fait. Le 24 juin, de Gaulle est déchu de la nationalité française et ses biens sont confisqués. Le 2 août, sous l'inculpation de désertion en temps de guerre, Yvonne de Gaulle a désormais pour mari un général condamné à mort par un tribunal militaire. La vie sévère continue. Au début, le couple n'a rien : pas d'argent, pas de vêtements. Il s'ins- talle dans un petit pavillon de l'agglomération londo- nienne, à Pettswood. Le 31 août, de Gaulle avec deux cents hommes embarquent à Liverpool sur le Western- land pour tenter de rallier Dakar et l'Afrique occidentale à la France. Durant trois mois, sa femme reste seule à Londres avec Anne et son infirmière. Au début du Blitz, en septembre, elle déménage à nouveau à Shrewsbury; puis un an plus tard à Hampstead. Yvonne de Gaulle fait face aux longues absences de son mari : « Jamais nous ne l'avons surprise triste ou abattue, écrit Georges Reyer. Jamais nous ne l'avons entendue récriminer ou se plaindre - ni quand son fils s'est engagé ni quand le Géné- ral est parti pour sa randonnée africaine. S'il a pu s'en aller l'esprit libre - lui tellement attaché aux siens - c'est qu'il savait qu'avec elle rien ne pouvait arriver. » En 1943, elle rejoint le Général à Alger et mène une existence aussi fruste qu'en Angleterre. De Gaulle assigne à sa famille le rôle qu'elle doit tenir tant qu'il mène le combat : une place digne et lointaine. « On ne mêle pas les femmes aux affaires de sang », dit-il. « A lui la guerre et l'histoire. A elle la garde du foyer et l'attente », constate Marcel Jullian. A la Libération, de Gaulle est accueilli en héros natio- nal. Il devient chef du gouvernement provisoire de la République française puis démissionne de son poste en janvier 1946. Commence alors la longue traversée du désert. Au printemps, sa femme et lui sont invités par son ami le général Vanier, ambassadeur du Canada à faire un long séjour au Québec. Mme de Gaulle aimerait que son mari prenne définitivement sa retraite pour le garder pour elle toute seule. Ses plaidoyers finissent par agacer de Gaulle qui lui déclare un jour : « Je vous accorde que ce serait follement bucolique!... Nous vivrions dans une cabane de rondins, au bord d'un lac... Je chasserais le caribou et j'apprivoiserais des rennes. Je pêcherais des poissons, et vous, Yvonne, vous les feriez cuire... Et puis, un jour où j'aurais bu trop d'eau de feu, je me ficherais dans le lac! 11 » Pour l'heure, à défaut du Québec, les de Gaulle sont retranchés à la Boisserie, leur maison de campagne ache- tée en 1934 et située dans un petit village, Colombey-les- Deux-Églises. Après les années de tourmente et de démé- nagements, Yvonne de Gaulle retrouve enfin une vie stable. Fini les meublés et les installations de fortune. La Boisserie est avant tout son domaine; elle fait elle-même les courses au volant de sa 2 CV, cultive les fleurs et le jar- din, s'occupe du potager et de la basse-cour, passe ses soi- rées à tricoter. Par ailleurs, elle accompagne régulièrement son mari à Paris, à l'hôtel de la Pérouse, où se réunissent les mili- tants du RPF. Elle s'esquive pour faire des courses ou rendre des visites. Elle participe également aux voyages du Général lors de ses déplacements en province où des manifestations en son honneur sont organisées. Ils sont toujours hébergés chez d'anciens résistants et, pendant le dîner, « Mme de Gaulle a l'art de s'intéresser à la santé et aux études des enfants, aux cuisines régionales, aux humbles tâches quotidiennes 12 ». Pendant douze ans, Charles de Gaulle et sa femme vont vivre à Colombey-les-Deux-Églises les heures les plus fécondes de leur vie. Le Général commence la rédaction de ses Mémoires d'espoir. Sa principale distraction : les patiences auxquelles il s'est mis, pour occuper ses mains après que son médecin lui a interdit de fumer. Dans sa retraite, il continue à suivre l'actualité de près, se tenant informé par les fidèles, tels Pompidou, Malraux, Palew- ski, Debré... qui viennent régulièrement le voir. L'enfant qu'elle a perdue, Anne, morte en 1948, Mme de Gaulle la retrouve dans toutes celles qu'elle recueille et soigne dans la maison pour enfants qu'elle a fondée et que le Général finance avec ses droits d'auteur. Détestant être reconnus et suivis par les journalistes, les de Gaulle quittent rarement la Boisserie : vacances à Calais chez les Vendroux, dans le Var à l'abbaye de La Celle, en Bretagne. Puis, en mai 1958, face à la tournure que prennent les événements en Algérie, de Gaulle fait savoir : « Je me tiens prêt à assumer les pouvoirs de la République. » Un soir, à Colombey-les-Deux-Églises, quand on voit Mme de Gaulle au côté de son mari dans la 15 CV noire, on a compris avant Paris que cette fois, ça y est ! Le Géné- ral a cette phrase : « Eh bien, ma chère, voilà : nous repartons. » « Par la force des choses et avec sa discrétion coutu- mière, elle aura été, sinon l'associée de l'aventure poli- tique de son mari, du moins son témoin admis aux pre- mières loges », résume Marcel Jullian. CLAUDE POMPIDOU : UNE VIE DE BOHÈME AUX CÔTÉS D'UN BRILLANT PROFESSEUR

Lorsqu'elle épouse , en 1935, dans la petite chapelle de l'hospice Saint-Joseph de Château- Gonthier, Claude Cahour est à mille lieux d'imaginer le destin qui l'attend. Georges Pompidou est peut-être un des rares hommes d'État à n'avoir jamais eu, durant sa jeunesse, la moindre tentation de faire carrière dans la politique. A l'inverse d'un Giscard d'Estaing, il n'a cer- tainement pas planifié sa vie pour devenir président de la République. La politique, c'est un peu l'élément perturba- teur et inattendu qui s'est immiscé dans l'harmonie d'un couple fondée avant tout sur une vie décontractée, mon- daine et insouciante. L'idée d'entamer une carrière poli- tique l'a d'autant moins effleuré, qu'au départ Georges Pompidou ne s'y intéresse que de très loin. C'est sa ren- contre avec le Général qui va tout déclencher. Quand il naît en 1911, à Montboudif (Cantal), sa famille paternelle est un exemple d'évolution sociale. Comme Georges Pompidou le dira lui-même, « du côté de mon père, tout le monde était pauvre mais n'était pas misé- rable 13 ». Son arrière-grand-père, métayer, ne sait ni lire ni écrire. Son père, Léon, né à la ferme, passe son certificat avec la mention « Très bien » et entre premier à l'École nor- male de Murat puis à l'école des maîtres d'Aurillac. Il obtient un diplôme de professeur d'espagnol dans l'ensei- gnement primaire supérieur. Il sera, plus tard, l'auteur d'un dictionnaire franco-espagnol. Sa mère est également professeur; elle enseigne les sciences à Albi. Les parents de Georges Pompidou sont laïcs. Léon Pompidou est un homme de gauche, fasciné par le prestige de Jean Jaurès qu'il rencontre plusieurs fois ; bien qu'il n'ait pas d'ambi- tion politique, il s'inscrit en 1912 à la section locale du parti socialiste d'Albi. Georges Pompidou aura toujours beaucoup d'admiration pour l'humanisme et l'insatiable curiosité intellectuelle de son père. « Mon père attachait aux études une telle importance, qu'il faisait, à mes yeux, figure de persécuteur », raconte- t-il En troisième, au lycée d'Albi où il effectue sa scola- rité, il tombe amoureux d'une jeune Parisienne âgée de dix-sept ans et lui propose de l'épouser. Réponse du père: « Tu es folle! Ce garçon est paresseux et il n'a aucun avenir 15 » Pourtant, la même année, il obtient le premier prix de version grecque au concours général. Cependant, Georges Pompidou n'apparaît pas comme une bête de travail. Selon ses dires, il pense avant tout à s'amuser et fait preuve d'une certaine nonchalance dans les études : « Je venais de passer une dernière année au milieu de mes amis et des jeunes filles, en course sur les collines, en promenades, en danses le soir, en découvertes amicales et sentimentales 16 » Après son baccalauréat, il obtient une bourse et entre en hypokhâgne à Toulouse puis en khâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris ; il est de la même promotion que Léopold Sédar Senghor qui devient son ami. La seule rai- son valable qu'il trouve à l'engagement politique est de s'opposer, à sa manière, à la montée du fascisme. En 1930, Georges Pompidou a le cœur à gauche. Il s'inscrit un an aux Étudiants socialistes et milite dans les rangs de la Ligue d'action universitaire républicaine et socialiste, organisation antifasciste créée par Pierre Mendès France. Il reste trois années à l'École normale supérieure où il est reçu premier à l'agrégation de lettres. Il gardera de cette période un souvenir impérissable : « Je ne connais pas de milieu où, mieux qu'à l'École dans les années 30, se soit donné libre cours la liberté de l'esprit (...) Nous étions libres, au-delà des entraves du travail, libres comme nous ne le serons jamais plus : nous avions en commun les distractions, les jeux, les loisirs, les études, l'argent, les logis (...). » En 1934, il présente et obtient le diplôme de Science-Po qui lui permet d'acquérir les outils pour aborder les affaires publiques. Dans ses Mémoires, il note : « Les femmes tenaient beaucoup de place dans ma vie, et je reste convaincu qu'un visage de jeune fille et qu'un jeune corps souple et doux sont parmi ce qu'il y a de plus émouvant au monde, avec la poésie. » Lors d'une promenade dans les jardins du Luxembourg, il est présenté à Claude Cahour. « J'ai eu un coup de foudre dans ma vie, dira-t-il plus tard. Un seul. Le jour où j'ai rencontré ma femme. A partir de quoi, toute ma vie fut changée. » Tous les témoignages s'accordent à dire que Georges Pompidou aura pour sa femme une réelle adoration tout au long de sa vie. Fille d'un médecin exerçant à Château-Gonthier, Claude Cahour est issue de la bourgeoisie bretonne. Elle perd sa mère très jeune et est élevée par des gouver- nantes. Son père étant souvent absent, elle s'occupe de sa sœur cadette et apprend très jeune à se suffire à elle- même. « J'ai eu une enfance banale, moyennement heu- reuse », dit-elle aujourd'hui. Son père - dont elle ne parle jamais - a la réputation d'être un homme dur, autoritaire. « Il exerçait un empire absolu sur ses filles et sa clientèle à laquelle il inspirait une sainte terreur », souligne Bertrand Meyer 17 D'après son ancienne secrétaire à l'Élysée, Denise Esnous, Claude Pompidou ne garde pas de sa ville natale, Château- Gonthier, un très bon souvenir. Elle n'y est d'ailleurs jamais retournée. Elle ne se sent pas à l'aise dans cette petite ville de province au milieu fermé où tout le monde se connaît et où l'on se livre à des commérages sur les uns et les autres. Elle passe son baccalauréat à Rennes et entre en première année de droit à Paris : elle a besoin du souffle de la grande ville, de l'ambiance de la ville étu- diante. Cependant, elle ne se destine pas à un métier en particulier. Elle a choisi le droit, « parce que cela se fai- sait à l'époque ». Elle se retrouve seule à Paris avant que sa sœur ne la rejoigne. Au moment où elle rencontre Georges Pompidou, elle mène donc une vie autonome et plutôt non conformiste par rapport aux jeunes filles cha- peronnées de son époque. Tous ceux qui la connaissent retiennent de Claude Pompidou sa simplicité directe, la curiosité amusée qu'elle porte aux êtres et aux choses, sa gaieté et sa spon- tanéité. « Je suis très indépendante, reconnaît-elle, tout en étant capable d'être très dépendante. Je crois être quelqu'un d'authentique. En fait, j'ai absolument besoin d'être naturelle. Je parle ainsi trop vite et je ne peux pas m'empêcher de dire ce que je pense. » C'est la gentillesse de Georges Pompidou qui séduit d'abord Claude Cahour. Leur union est un modèle d'échange et de connivence. Ce qui forme le couple Pom- pidou, c'est une totale identité de goûts pour la poésie, l'art, la musique. Elle apprécie particulièrement la littéra- ture russe et anglaise; lui est plus porté vers Saint-John Perse, Aragon, Baudelaire, Malraux, Cocteau. Claude Pompidou n'est pas, dans l'intimité, une épouse soumise et effacée comme l'était Mme de Gaulle. Il y a entre eux un besoin de partager leurs passions, leurs centres d'inté- rêt : « Nous avions, mon mari et moi, une véritable pas- sion pour l'art contemporain. Si je lui ai fait découvrir la musique qu'il connaissait mal, c'est lui qui m'a initiée à l'art. Il avait le bon œil. Je l'ai moins que lui. De même, c'est lui qui m'a initiée à la poésie. » Tous deux ont un mépris de gens qui se prennent au sérieux et manifestent une réelle soif de vivre. Mme Pom- pidou est très sportive : elle pratique l'équitation, la nata- tion, le ski. Au début de leur mariage, Georges Pompidou prend ses fonctions au lycée Saint-Charles de Marseille où il enseigne les lettres. Le métier de professeur lui laisse beaucoup de loisirs puisqu'il dispose de deux, voire trois jours par semaine, de temps libre, sans compter les vacances. Il se forge rapidement la réputation d'un professeur décontracté, soucieux de ne pas ennuyer ses élèves et entretient avec eux des relations plutôt fraternelles. Loin de se laisser absorber par le travail, sa femme vient souvent le rejoindre à la sortie des cours. Un de ses élèves se souvient : « Nous avions remarqué cette grande femme, élégante et fardée. Ils avaient l'air très amoureux. » Ensemble, ils aiment déambuler dans les rues. Ils achètent rapidement une voiture et emploient leurs week- ends à flâner, à découvrir la Provence et la région envi- ronnante. Ils apprécient particulièrement Arles, la vallée des Baux, Martigues, Cassis. Ils font les antiquaires, visitent les églises, arpentent Saint-Tropez et les Calanques, montent à cheval dans la région d'Aix. Leur ouverture d'esprit, leur non-conformisme, leur curiosité les amènent à côtoyer les artistes, les personnalités du show-business, acteurs, actrices... Durant trois années, ils privilégient le seul plaisir des jours qui passent sous le soleil méditerranéen. Bien qu'il ait voté pour le Front populaire, Georges Pompidou ne semble particulièrement pas attiré par la politique combattante. Il est avant tout épicurien, gour- mand de la vie. En compagnie de sa femme et de leurs amis, ils se grisent des bords de mer, de concerts, de dis- cussions littéraires. Bref, la vie de bohème! Par soif de culture, les Pompidou aimeraient malgré tout rejoindre Paris. Georges Pompidou entreprend les démarches nécessaires pour obtenir une mutation. En 1938, il est affecté à Henri-IV, un des plus prestigieux lycées de France. A vingt-sept ans, il est le plus jeune titu- laire des lycées parisiens. Le couple s'installe dans un trois-pièces, près de l'École militaire. La vie s'organise presque comme avant : théâtre, cinéma, musées, exposi- tions... Puis, la guerre éclate. Georges Pompidou est mobilisé à Grasse dans un régi- ment cantonné en réserve de l'armée des Alpes. Il y connaît la drôle de guerre. Après sa démobilisation, en 1940, il rentre à Paris où il retrouve sa femme et reprend ses cours à Henri-IV. Durant l'Occupation, Georges Pom- pidou cultive la distance. Bien qu'il trouve le régime de Vichy détestable, il n'entrera pas dans la Résistance. « Je me trouvais cantonné dans notre petit appartement et dans mon lycée parisien, écrit-il, ne dissimulant pas mes opinions mais incapable de les traduire en actes (...) Je ne trouvais pas la porte qui conduisait à l'action. » En 1942, les Pompidou ont un fils, Alain. Il restera très peu connu de la presse et du public, ce qui permet à sa mère d'affir- mer : « Quand on veut vraiment protéger quelqu'un des médias, on le peut. » Pendant quelque temps, tous leurs centres d'intérêt vont à cet enfant tant désiré. A la Libération, Georges Pompidou ne veut pas être absent de la reconstruction du pays. Il écrit à René 1958-1995, quatre présidents appelés par le suffrage universel à l'Elysée, mais aussi quatre femmes, devenues du jour au lendemain «première dame» de France! Yvonne de Gaulle, Claude Pompidou, Anne-Aymone Giscard d'Estaing, Danielle Mitterrand sont-elles des épouses d'exception pour des hommes hors du commun ? Peuvent- elles se réduire à des images destinées à offrir aux médias le spectacle du couple présidentiel? S'agit-il, au contraire, de femmes à la recherche de leur propre identité, d'une existence personnelle ? Des confidences, des anecdotes, des témoignages accompagnent leurs parcours : maîtresse de maison à l'Elysée, ambassadrice de la mode française à l'étranger, animatrice d'œuvres sociales et de fondations... Comment ont-elles vécu, une fois projetées sur la scène publique, cette étape imprévisible, alors que, très jeunes, elles épousaient un homme que rien ne prédestinait, en apparence, à devenir le président de la République ? Chacune, selon sa personnalité et son époque, a animé sa fonction : de l'effacée omniprésente (Yvonne de Gaulle) à la complice discrète (Claude Pompidou), de la partenaire gagnée à la cause de son mari (Anne-Aymone Giscard d'Estaing) à la militante passionnée (Danielle Mitterrand). Ce livre est né de la volonté d'aller au-delà d'une galerie de portraits pour entrer au cœur de cette intimité mystérieuse qui unit une femme au destin d'un homme. Delphine Le Guay, 26 ans, est titulaire d'un DEA de science politique. Dans le cadre de ses études, elle a rencontré Mesdames Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand, qui ont accepté de se confier.

Photo © Marie-Pierre Morel

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