« Allez petit ! Tu fais ce que tu sais faire. »

ux sources de la performance sportive, il y a Atoujours un coach. Quelles sont les qualités mentales d’un bon entraîneur ? Comment réussit- il cette alchimie entre émotionnel et rationnel qui mène à la victoire ? Quels sont les clés – ou les succès – qui lui permettent de nouer une relation e cace avec ses athlètes et de gérer leurs forces, leurs faiblesses, ce qu’ils ressentent au moment de vaincre, leur capacité à rebondir en cas d’échec ? Ce livre exceptionnel croise l’expérience de prestigieux coachs du sport individuel ou collectif, les résultats théoriques et pratiques fournis par la science du coaching, et le témoignage des sportifs eux-mêmes. Il montre à quel point la performance repose sur une aventure commune et des valeurs partagées : rigueur, travail, prise de responsabilité, équité, honnêteté, courage, écoute, confi ance, respect mutuel. Fondateur du premier laboratoire français de psychologie cognitive appliquée au sport, Hubert Ripoll est professeur émérite à la Faculté des sciences du sport de l’université d’Aix-Marseille. Il a travaillé auprès de plusieurs équipes de France et avec de nombreux champions olympiques et champions du monde. Il est l’auteur du Mental des champions. HUBERT RIPOLL AUX ÉDITIONS PAYOT

Le Mental des champions. Comprendre la réussite sportive Le Mental des coachs. Manager la réussite sportive Enquête sur le secret des créateurs Les Champions et leurs émotions Hubert Ripoll

Le mental des coachs Manager la réussite sportive Retrouvez l’ensemble des parutions des Éditions Payot & Rivages sur payot-­rivages.fr

Conception graphique : Sara Deux Illustration : © Yasmine Gateau

© Éditions Payot & Rivages, Paris, 2012 et 2020 pour l’édition de poche ISBN : 978-2-228-92662-1 Vingt et un tandems d’exception

Maurice Adrait : Entraîneur national de ski (1980‑­ 2009). Entraîneur de Didier Bouvet, médaille de bronze en slalom aux Jeux olympiques de Sarajevo (1984) ; Patricia Chauvet, médaille d’argent au sla‑ lom des championnats du monde (1996) ; Michel Vion, champion du monde de Combiné (1982) ; Franck Picard, champion olympique du Super G à Vancouver (1988). Coach de Carole Merle. Carole Merle : championne du monde de Géant (1993), médaille d’argent du Super G aux Jeux olympiques d’Albertville (1992), médaille d’argent de slalom Géant des championnats du monde (1989), médaille d’argent du Super G des cham‑ pionnats du monde (1991), vingt-deux victoires en Coupe du monde, six globes de cristal.

Denis Auguin : entraîneur de Franck Esposito (2002‑2004), de Boris Steimetz, champion du monde du relais 4 x 100 mètres nage libre (2010) ; 8 / Le mental des coachs

Mylène Lazare, championne d’Europe du relais 4 x 200 mètres nage libre (2008). Coach d’Alain Ber- nard. Alain Bernard : champion olympique du 100 mètres nage libre, médaille d’argent du 4 x 100 mètres nage libre, médaille de bronze au 50 mètres nage libre des Jeux olympiques de Pékin (2008), médaille de bronze du 4 x 100 mètres nage libre des championnats du monde (2007), médaille d’argent du 100 mètres nage libre et médaille de bronze du 4 x 100 mètres nage libre des cham‑ pionnats du monde (2009), médaille de bronze du 50 mètres nage libre des championnats du monde (2011), champion d’Europe du 4 x 100 mètres nage libre (2011).

Bruno Bini : coach de l’équipe de France féminine des moins de dix-neuf ans, championne d’Europe de football (2003), coach de l’équipe de France féminine, demi-finaliste de la Coupe du monde de football (2011). Nominé entraîneur d’équipe fémi‑ nine de l’année par la FIFA (2010 et 2011). Coach de Sandrine Soubeyrand. Sandrine Soubeyrand : capitaine de l’équipe de France, demi-finaliste de la Coupe du monde (2011).

Anne Capron : Entraîneur national de natation synchronisée. Coach de Virginie Dedieu (1994‑­ 1995 et 1997‑2000). Vingt et un tandems d’exception / 9

Virginie Dedieu : championne d’Europe de nata‑ tion synchronisée solo (2002, 2003, 2004), cham‑ pionne du monde (2003, 2005, 2007).

Claude Chapuis : entraîneur de Loïc Leferme (†), quintuple recordman du monde de plongée en apnée No Limit (1999‑2004). Coach de Guillaume Néry. Guillaume Néry : champion du monde d’apnée en poids constant (2011), quadruple recordman du monde d’apnée en poids constant (2002‑2008), champion du monde d’apnée par équipes (2008).

Daniel Costantini : sélectionneur de l’équipe de France de handball. Médaille d’argent au cham‑ pionnat du monde (1993), champion du monde (1995, 2001), médaille de bronze aux Jeux olym‑ piques de Barcelone (1992). Coach de Patrick Cazal. Patrick Cazal : champion du monde de handball (1995 et 2001).

Sébastien Darrigade : entraîneur national de gymnastique. Coach de Thomas Bouhail. Thomas Bouhail : médaille d’or de la Coupe du monde au saut de cheval (2008), médaille d’argent au saut de cheval des Jeux olympiques de Pékin (2008), champion d’Europe au saut de cheval (2009, 2011), champion du monde au saut de che‑ val (2010). 10 / Le mental des coachs

Serge Feist : entraîneur d’Angelo Parisi, champion d’Europe, champion olympique ; Benoît Camargue, champion d’Europe ; Bernard Tchoulayan, cham‑ pion du monde ; Djamel Bouras, champion d’Eu‑ rope, champion olympique ; Bruno Carabetta, champion d’Europe ; Laurent Crost, champion d’Europe ; Darcel Yandzi, champion d’Europe ; David Douillet, champion d’Europe, champion du monde, champion olympique ; Fabien Canu, cham‑ pion d’Europe, champion du monde ; Jean-Pierre Hansen, champion d’Europe ; Marc Alexandre, champion d’Europe, champion olympique ; Pascal Tayot, champion d’Europe ; Patrick Roux, cham‑ pion d’Europe ; Philippe Pradayrol, champion d’Europe ; Richard Mellilo, champion d’Europe ; Roger Vachon, champion d’Europe ; Thierry Rey, champion d’Europe, champion du monde, cham‑ pion olympique ; Yves Delvingt, champion d’Eu‑ rope ; Équipe de France, championne d’Europe par équipes, Coupe du monde. Coach de Stéphane Traineau. Stéphane Traineau : champion du monde de judo en moins de 100 kilos (1991), médaille de bronze aux Jeux olympiques d’Atlanta (1996) et de Sydney (2000), champion d’Europe (1990, 1992, 1993, 1999), champion d’Europe par équipes (1988, 1992, 1993).

Maurice Houvion : entraîneur d’Hervé d’En‑ causse, recordman d’Europe (1967, 1968) ; Fran‑ çois Tracanelli, champion d’Europe en salle (1970), Vingt et un tandems d’exception / 11 finaliste des Jeux olympiques de Munich (1972) ; Patrick Abada, médaille de bronze aux champion‑ nats d’Europe en salle (1980, 1983), quatrième aux Jeux olympiques de Montréal (1976) ; Philippe Houvion, recordman du monde (1980) ; Ferenc Salbert, médaille d’argent aux championnats d’Europe en salle (1987), médaille de bronze aux championnats du monde en salle (1991). Coach de Jean Galfione. Jean Galfione : champion du monde junior de saut à la perche (1990), vainqueur de la Coupe d’Europe des nations (1994), champion olym‑ pique à Atlanta (1996), champion du monde en salle (1999).

Patrice Hagelauer : entraîneur de Yannick Noah, Henri Leconte, Guy Forget et de nombreux autres joueurs français. Entraîneur pendant plus de vingt ans de l’équipe de France de Coupe Davis. Coupe Davis (1991) : Arnaud Boetsch, Olivier Delaitre, Guy Forget, Henri Leconte et Fabrice Santoro, Coupe Davis (1996) : Cédric Pioline, Arnaud Boetsch, Guy Forget et Guillaume Raoux. Directeur technique national de la Fédération française de tennis depuis 2009. Guy Forget : double vainqueur (en tant que joueur) de la Coupe Davis (1991 et 1996), capi‑ taine de l’équipe vainqueur de la Coupe Davis (2001), capitaine de l’équipe vainqueur de la Fed Cup (2003). 12 / Le mental des coachs

Marc Lièvremont : Sélectionneur de l’équipe de France de rugby, Grand chelem du Tournoi des Six Nations (2010), finaliste de la Coupe du monde (2011). Coach de Thierry Dusautoir. Thierry Dusautoir : capitaine de l’équipe de France vainqueur du Grand chelem du Tournoi des Six Nations (2010), capitaine de l’équipe de France finaliste de la Coupe du monde 2011, élu meilleur joueur de la Coupe et de l’année par l’International Jury Board (2011).

Yves Maréchal : entraîneur national senior et junior homme de biathlon (1987‑1995), dont les athlètes ont obtenu cinq podiums aux champion‑ nats du monde, dont une médaille d’or d’Olivier Niogret (1995). Entraîneur national de biathlon et fond Handisport (1997‑2006), dont les athlètes ont obtenu quinze podiums aux championnats du monde handisport, dont trois médailles d’or d’Anne Floriet (2003), vingt-trois podiums aux Jeux paralympiques, dont trois médailles d’or d’An‑ dré Favre (2003), deux médailles d’or d’Alexandre Brunet (2003), une médaille d’or d’Anne Floriet (2006). Coach de Didier Redlinger. Didier Redlinger : quadruple champion para‑ lympique du 5 kilomètres, 10 kilomètres, 15 kilo‑ mètres et biathlon à Lillehammer (1994). Médaille de bronze du 7,5 kilomètres biathlon individuel et relais par équipes des Jeux paralympiques de Nagano (1998). Vingt et un tandems d’exception / 13

Thierry Métais : entraîneur national d’escrime handisport, médaille d’or au championnat du monde handisport au sabre par équipes (2006). Coach de Ludovic Lemoine, champion du monde handisport au sabre par équipes (2006). Coach de Laurent François. Laurent François : vice-champion d’Europe au sabre individuel et champion d’Europe par équipes (2007), champion paralympique individuel au sabre et vice-champion individuel au fleuret à Pékin (2008), champion du monde individuel au sabre (2010), médaille d’argent au championnat d’Eu‑ rope individuel au fleuret, médaille d’or au cham‑ pionnat d’Europe au sabre par équipes, médaille d’argent au championnat du monde individuel en sabre (2011), champion du monde au sabre par équipes (2011).

Yves Narduzzi : entraîneur national de canoë- kayak. Entraîneur de l’équipe des États-Unis (2000‑2004), entraîneur de l’équipe de canoë championne du monde : Tony Estanguet, Pierre Labarelle, Hervé Chevrier (2007). Coach de Tony Estanguet. Tony Estanguet : champion olympique de canoë C1 à Sydney (2000), champion olympique de canoë C1 à Athènes (2004), champion du monde de canoë C1 (2006, 2009, 2010), champion du monde de canoë C1 par équipes (2005, 2007, 2009). 14 / Le mental des coachs

Michaël Nayrole : entraîneur national de l’équipe de France masculine de tir à l’arc (1983‑1996), directeur technique national (1997‑2001), médaille d’or des championnats du monde par équipes : Sébastien Flute, Lionel Torres et Éric Unbekand (1993). Sébastien Flute : champion du monde de tir à l’arc (1991), champion d’Europe (1992), cham‑ pion d’Europe par équipe (1992), champion olym‑ pique aux Jeux olympiques de Barcelone (1992), champion du monde par équipes (1993), médaille d’argent aux championnats d’Europe (1994), médaille d’argent aux championnats du monde (1995), médaille d’argent aux championnats du monde par équipes (1995), médaille de bronze aux championnats du monde (1997), médaille de bronze aux championnats d’Europe par équipes (1994, 1996, 1998).

Claude Onesta : sélectionneur de l’équipe de France de handball. Champion olympique (2008), champion du monde (2009, 2011), médaille de bronze (2003, 2005), champion d’Europe (2006, 2010), médaille de bronze aux championnats d’Europe (2008). Coach de Jérôme Fernandez. Jérôme Fernandez : champion olympique de handball (2008), champion du monde (2001, 2009, 2011), médaille de bronze aux champion‑ nats du monde (2003, 2005), champion d’Europe (2006, 2010), médaille de bronze aux champion‑ Vingt et un tandems d’exception / 15 nats d’Europe (2008). Capitaine de l’équipe de France.

Jacques Piasenta : entraîneur de Guy Drut, cham‑ pion olympique du 110 mètres haies aux Jeux de Montréal (1976) ; Marie-José Perec, championne olympique du 400 mètres à Barcelone (1992), championne olympique du 400 mètres et du 200 mètres à Atlanta (1996), championne du monde du 400 mètres (1991, 1995), Stéphane Caristan, champion d’Europe du 110 mètres haies (1986), recordman d’Europe, Monique Ewanjé- Épée, championne d’Europe du 100 mètres haies (1990), Christine Arron, championne et record‑ woman d’Europe du 100 mètres (1998). Coach de Philippe Tourret. Philippe Tourret : médaille de bronze du 110 mètres haies des championnats d’Europe en salle (1989), finaliste des championnats d’Europe 1990, finaliste des championnats du monde en salle (1991).

Gérard Quintyn : entraîneur national de poursuite (1977‑1992), puis de sprint (1993‑2006). Entraî‑ neur d’Alain Bondue, champion du monde de poursuite (1981, 1982), médaille d’argent aux Jeux olympiques de Moscou (1980), Francis Moreau, champion du monde de poursuite (1991), Frédéric Magné, champion du monde de sprint en tandem avec Fabrice Colas (1989, 1994), champion du 16 / Le mental des coachs monde de keirin (1995, 1997, 2000), Arnaud Tour‑ nant, champion olympique de vitesse par équipes à Sydney (2000), médaille d’argent du kilomètre et médaille de bronze de vitesse par équipes aux Jeux olympiques d’Athènes (2004), médaille d’argent de vitesse par équipes aux Jeux olympiques de Pékin (2008), champion du monde du kilomètre (1998, 1999, 2000, 2001), champion du monde de vitesse (2001), champion du monde de vitesse par équipes (1997, 1998, 1999, 2000, 2001, 2003, 2004, 2007, 2008), recordman du monde du kilo‑ mètre (2001), premier coureur à franchir la barre de la minute au kilomètre (en altitude). Coach de Florian Rousseau. Florian Rousseau : champion olympique du kilo‑ mètre départ arrêté à Atlanta (1996), champion olympique en keirin à Sydney (2000), champion olympique en vitesse par équipes à Sydney (2000), médaille d’argent de vitesse aux Jeux olympiques de Sydney (2000), champion du monde du kilo‑ mètre (1993, 1994), champion du monde de vitesse (1996, 1997, 1998), champion du monde de vitesse par équipes (1997, 1998, 1999, 2000, 2001).

Bruna Rossi : psychologue du sport italienne. Elle a travaillé avec les plus grands entraîneurs en charge des équipes italiennes : Ratko Rudic (water-polo), Julio Velasco (volley-ball), Alessandro Campa- gna (water-polo), Francesco De Angelis et Marco Vingt et un tandems d’exception / 17

Mercuriali (Coupe de l’America), Mauro Orlati (cyclisme sur piste), , , Luciano Castellini, , , , Hector Cuper, , (football). Psychologue du sport de : – L’équipe nationale italienne masculine de pen‑ tathlon moderne (1983‑1988), médaille d’or indi‑ viduel et par équipes aux Jeux olympiques de Los Angeles (1984), médaille d’or individuel et par équipes aux championnats du monde (1986), médaille d’argent individuel et par équipes aux Jeux olympiques de Séoul (1988). – L’équipe nationale italienne masculine de water- polo (1991‑1996, 1999, 2009‑2011), championne olympique à Barcelone (1992), médaille de bronze aux Jeux olympiques d’Atlanta (1996), cham‑ pionne d’Europe (1993, 1995), championne du monde (1994, 2011), Coupe du monde (1993), médaille d’argent aux Coupes du monde (1995, 1999), médaille d’argent en World League (2011), médaille d’argent aux championnats d’Europe (2010), médaille de bronze aux championnats d’Europe (1999). – L’équipe de football de l’Inter de Milan, Coupe UEFA (1998), Coupe d’Italie (2005, 2006), cham‑ pion d’Italie (2006, 2007, 2008). – L’équipe italienne pour la Coupe de l’America (2000‑2003). Consultante des équipes nationales italiennes de tennis (1983), escrime (1984), tir : trap & skeet 18 / Le mental des coachs

(1984), cyclisme sur piste (1985), tennis (1983, 1988, 1989), équitation de saut d’obstacle (1994‑­ 1995), volley-ball féminin (1997). – L’équipe nationale espagnole masculine de vol‑ ley-ball (2008). Alessandro Campagna (nationalité italienne) : en tant qu’athlète fut champion olympique de water- polo à Barcelone (1992), champion du monde (1994), médaille d’argent aux championnats du monde (1986), médaille d’or aux championnats d’Europe (2003, 2008), médaille de bronze aux championnats d’Europe (1987, 1989). Coach de l’équipe nationale grecque championne du monde (1986), coach de l’équipe nationale ita‑ lienne championne du monde (2011).

Michel Sicard : entraîneur national de l’épée mas‑ culine (1989‑2005) et directeur technique natio‑ nal d’escrime (2005‑2009). Coach d’Éric Srecki, champion olympique à Barcelone (1992) ; Fabrice Jeannet, champion du monde (2003), champion du monde par équipes (1999, 2002), champion olympique par équipes à Athènes (2004). Coach de Hugues Obry. Hugues Obry : champion olympique d’épée aux Jeux d’Athènes (2004), médaille d’argent indivi‑ duel et par équipes aux Jeux olympiques de Sydney (2000), champion d’Europe (1998), champion du monde (1998), champion du monde par équipes (1999). Vingt et un tandems d’exception / 19

Christian Target : psychologue du sport français. Coach mental de Franck Esposito, champion du monde de natation (1998, 1999) ; Ingrid Petitjean et Nadège Douroux, championnes du monde de voile (2002) ; équipe de France championne du monde de parachutisme en vol relatif à quatre (1999) ; Clara Sanchez, championne du monde de keirin (2008) ; équipe de France de basket, médaille d’argent au Jeux olympiques de Sydney (2000) ; préparateur de la Coupe de l’America demi-finaliste (1987, 1992). Coach de Jérôme David. Jérôme David : en tant qu’athlète : double cham‑ pion du monde de vol relatif à quatre (1991, 1993). En tant qu’entraîneur : champion du monde (1999, 2003, 2006, 2008, 2010).

AVANT-PROPOS Du miroir des sports au mental des coachs

Comme beaucoup d’adolescents, j’ai été pétri par le goût du sport, idolâtrant des icônes dont je suivais régulièrement les aventures dans Le Miroir des sports1 et Miroir Sprint 2. Trois images sont res- tées intactes dans ma mémoire : Louison Bobet3, arcbouté sur son guidon, dans la montée d’un des sommets alpins ou pyrénéens, le visage maculé de boue, grimaçant de douleur ; Al Oerter4, tournoyant

1. Hebdomadaire français d’illustrations photogra- phiques consacré au sport ayant cessé de paraître en 1968. 2. Hebdomadaire français consacré au sport ayant cessé de paraître en 1971. 3. Vainqueur de trois Tours de France (1953, 1954, 1955), champion du monde sur route (1954). 4. Alfred Adolf Oerter Jr. dit Al Oerter, quadruple cham- pion olympique du lancer du disque (1956, 1960, 1964, 1968). 22 / Le mental des coachs sur lui-même, torse puissant, bras longilignes, disque posé miraculeusement en équilibre sur la main ; Spartacus, regard volontaire, genoux rele- vés, perche vigoureusement tendue vers le butoir. « Spartacus » était le titre que Le Miroir des sports avait accolé à la photographie de Maurice Hou- vion1, en route vers un titre ou un record… Il faut dire que le film éponyme de Stanley Kubrick faisait alors la une des écrans. Maurice Houvion, perche en main, ressemblait étrangement à Kirk Douglas, alias Spartacus. Quelques années plus tard, ma passion pour le sport devait me mener à l’École normale supérieure d’éducation physique, située alors sur les mêmes lieux que l’Institut national du sport. Me destinant à être professeur d’éducation physique et entraî- neur, je n’ai cessé, dans ce temple du sport, de fré- quenter les stades et les gymnases pour y observer les prestigieux coachs de l’institut. Un après-midi de printemps, j’ai aperçu, ébahi, Spartacus près du sautoir du stade d’honneur. L’image de l’homme rejoignait soudain celle de l’icône qui m’avait exalté. Il était entouré de sa tribu de voltigeurs. Maurice, meneur d’hommes, donnait de la voix et du corps, mimant, démontrant à foison. Ce qui se passait sous mes yeux m’a pro- fondément marqué. Une impression de camarade- rie, de franche gaieté, de sérieux et de travail, la

1. Perchiste détenteur de sept records de France entre 1962 et 1964. Du miroir des sports au mental des coachs / 23 virtuosité et l’élégance en plus. J’ai pris l’habitude de revenir souvent près du sautoir pour regarder faire cette joyeuse troupe. J’y observais Sparta- cus devenu coach. Cette relation entre l’entraîneur – on ne disait pas coach à l’époque – et ses athlètes semblait reposer sur quelque chose qui me parais- sait aussi magique qu’indéfinissable. J’essayais pourtant d’en comprendre la trame au cours de mes observations assidues. Une fois professeur d’éducation physique et entraîneur, j’ai voulu poursuivre cette analyse en la croisant avec ce que m’apprenait le terrain. Devenu chercheur, j’ai poursuivi cette quête de sens cette fois-ci plus scientifiquement. Enfin, professeur, j’ai enseigné la psychologie du sport à mes étu- diants. Au cours de mes enseignements, j’ai souvent paraphrasé ce dicton africain : « Un vieillard qui dis- paraît est une bibliothèque qui brûle », le reprenant à ma manière : « Un entraîneur qui disparaît… » À chaque occasion, Spartacus et sa tribu me revenaient à l’esprit. C’est pour que toutes ces bibliothèques ne brûlent pas que j’ai entrepris ce livre. J’avais besoin de l’accord de Maurice pour démar- rer mon enquête, et c’est à lui que je me suis adressé en premier pour témoigner. Spartacus accepta. Puis, vingt autres coachs d’exception, parmi les plus titrés de France, et autant de leurs athlètes ont accepté de se joindre à mon enquête. Celle-ci repose sur des interviews conduites pen- dant des durées de deux heures environ, prolongées 24 / Le mental des coachs

à plusieurs reprises, pour certains, sur une période allant jusqu’à un an. J’ai complété celles-ci par d’autres, plus courtes, de l’un de leurs athlètes, afin d’avoir un regard extérieur sur leur façon d’être et de faire. J’ai essayé, au travers de leurs propos, et sans aucun voyeurisme, de faire rentrer les lecteurs dans l’intimité de ces coachs et de ces champions. Désirant dépasser l’anecdote, j’ai voulu aider à comprendre ce qui fonde la personnalité des grands coachs, ce qui les a conduits sur le difficile et complexe chemin de la victoire, quelles sont les relations qu’ils ont nouées avec leurs athlètes, com- ment ils ont géré leur mental, leurs forces, leurs faiblesses, leurs émotions au moment de la victoire et leur capacité à rebondir lors des échecs. Et sur- tout, j’ai voulu montrer ce que sont, humainement et psychologiquement, ces êtres d’exception. Et au-delà, expliquer leur méthode afin que d’autres coachs puissent la prolonger à leur manière. Ne souhaitant pas me limiter à un strict travail narratif, j’ai croisé ces expériences avec la science du coaching que j’enseigne à mes étudiants. Ai-je compris la magie de Spartacus et de ses confrères ? Ai-je réussi à expliquer leurs pratiques ? Si j’y suis parvenu, partiellement sans doute, c’est à eux, collègues pour certains, amis pour d’autres, que je le dois. Ils m’ont confié une part de leur mémoire et de leur expérience. Qu’ils en soient remerciés. 1 Une vocation

ENTRAÎNEUR, COACH, MANAGER ? Que signifie le glissement des mots qui fait que l’entraîneur des années 1980 soit devenu coach dans les années 2000 pour se transformer en mana- ger aujourd’hui ? Évolution du métier ? Effet de mode ? Américanisation d’une appellation ? Les plus anciens se perçoivent comme entraîneurs alors que leurs cadets se disent coachs et, parmi eux, ceux qui pilotent les grosses armadas que sont les équipes de sports collectifs se disent managers. Quant à leurs athlètes, ceux-ci les voient principa- lement coachs, oubliant volontiers l’entraîneur et le manager. Sur quoi reposent ce glissement séman- tique et cette perception qu’en ont les acteurs eux- mêmes ? À l’origine, l’entraîneur est celui qui instruit, qui apprend à son élève les gestes techniques et tactiques. C’est avant tout un technicien, une sorte 26 / Le mental des coachs d’orfèvre qui sait tout de son sport et de sa disci- pline dont il transmet les savoir-faire. Il connaît ses athlètes sur le « bout des doigts », par intuition, et parce que son « job » est d’abord une affaire d’« homme à homme ». Cet homme, cette femme, ils doivent en façonner la volonté, lui donner la « gnaque » qui est faite de « gagne » et de résis- tance à la pression. D’origine américaine, la notion de coach est née dans les années 1980 pour rendre compte d’une fonction plus complète de direction et de conduite d’un équipage qui, comme un cocher1, décide de la route, planifie le trajet qui permet d’arriver à bon port, soigne son équipage. Cela ne signifie pas que le coach soit moins technicien mais qu’il est capable d’une écoute attentive de son athlète ou de son équipe. Ainsi, le coaching installe la dimension psychologique au sein du couple entraî- neur-entraîné. « Le coaching, ce n’est jamais de la technique, dit Anne Capron, c’est toujours de la relation humaine. C’est savoir gérer les situations problèmes qui se posent et qui sont permanentes. »

« Le coach a en charge le côté vie alors que l’entraîneur est davantage sur les élé‑ ments techniques. Le coach amène l’athlète à faire les bons choix de vie, il utilise un dis‑ cours motivationnel. Une même personne

1. Marc Levêque, Psychologie du métier d’entraîneur, Paris, Vuibert, 2005. Une vocation / 27

peut faire les deux. Moi, j’ai l’impression de passer de l’un à l’autre mais j’ai l’impression que, souvent, je dois être davantage coach. » (Yves Narduzzi)

Le mental devient ainsi prépondérant, plus systé- matique, plus instrumentalisé, avec des méthodes, des techniques, et les moindres compartiments de l’individu sont perçus sous cet angle. C’est dans des sports d’équipe, et parce que s’ajoute une dimension collective à l’approche individuelle, que la notion de coaching va s’imposer. Le manager est directement issu du fonctionne- ment de l’entreprise. C’est celui qui coordonne un staff, qui fixe des objectifs, qui manie avec tact la conduite de projet, qui évalue les compétences, les coordonne. « Quand on dirige une équipe qui joue en Coupe du monde, on est un véritable P-DG de PME. Il faut coordonner le tout et c’est bien ce qui est le plus dur », dit Bruno Bini. Ainsi, le monde du sport a été chercher dans l’entreprise les règles du management humain alors que celui de l’entreprise est venu chercher dans le sport le regard du coach, ses méthodes et l’expérience de terrain. Apparaissent ainsi un nouveau métier et de nou- velles compétences qui sont celles de coach manager.

« Je me considère comme un coach mana‑ ger. Manager parce que je dirige un staff de dix-sept personnes que je responsabilise et à qui je délègue énormément. Coach dans 28 / Le mental des coachs

l’analyse, la stratégie, l’organisation de la semaine, la mise en place de l’entraînement. De moins en moins entraîneur car je délègue cet aspect. Dans ma fonction de sélec‑ tionneur de l’équipe de France, je délègue énormément tout en ayant besoin de tout contrôler. Il y a beaucoup de choses où je ne m’estime pas être compétent et où je fais appel à d’autres. J’ai construit mon staff et j’ai choisi les entraîneurs avec qui je travaille : Émile Ntamack et Didier Retière. Chaque personne du staff a sa mission. Il y a un aller et retour incessant entre mon staff et moi- même. Moi, je prends en charge le manage‑ ment collectif. » (Marc Lièvremont)

Pour ces hommes et ces femmes devenus « meneurs », la grande difficulté réside dans la transition du rôle d’athlète à celui d’entraîneur, puis à celui de coach et, enfin, à celui de manager. Il s’agit d’une véritable mutation, d’autant plus dif- ficile que la formation se fait sur le tas, par essais et erreurs, à partir d’intuitions, le tout dans un envi- ronnement social et médiatique exerçant une pres- sion permanente et souvent ravageuse.

« J’ai d’abord été un entraîneur préoccupé par les aspects techniques : appuis, équilibre, ligne de course, coordination… Tout cela a été très longtemps ma préoccupation prin‑ cipale. Depuis que j’ai commencé à travailler Une vocation / 29

en réseau et en staff, je joue beaucoup plus un rôle de manager. Je n’ai pas délaissé la par‑ tie technique mais je l’ai déléguée à d’autres pour me centrer sur les relations humaines. » (Claude Onesta)

Qu’ils se disent entraîneur, coach ou manager, tous doivent maîtriser la relation humaine pour que leurs athlètes acceptent d’encaisser des mil- liers d’heures d’entraînement sous leur direction, pour s’engager dans une véritable ascèse parsemée d’embûches, de doutes, de blessures, d’échecs… Quel est ce métier et sur quoi repose-t‑il ? Sur de l’intuition ? De la science ? N’est-il pas plutôt un art ? Et comment en ont-ils acquis les fonde- ments ? Cela pose la question centrale de ce livre. Sur quoi repose cet art et quelle est sa part de science ? Comment eux-mêmes ont-ils géré et assumé leur mutation ? Quelles sont leurs qualités intrinsèques et quelles sont celles qu’ils ont dû développer pour faire face à cet incroyable challenge : être porteurs des rêves de victoire d’une nation tout entière, concrétisés par un athlète ou une équipe qu’ils doivent conduire sur la plus haute marche du podium ? Et au-delà, quelles sont leurs méthodes ? Quarante-deux témoins d’exception, totalisant plus de deux cents titres olympiques ou mondiaux, m’ont fait confiance et m’ont accompagné pen- dant plus d’une année dans ma quête de sens, à la 30 / Le mental des coachs recherche de ce sur quoi repose leur mental et ce qui fonde leur méthode. Écoutons-les.

TOUT SE JOUE TRÈS TÔT Tenir, lorsque la victoire dont ils sont le vec- teur ne tient qu’à un fil, lorsque ceux qui leur demandent d’assouvir leurs rêves sont prêts à les dévorer s’ils viennent à faillir, lorsque leurs ath- lètes, doutant d’eux-mêmes, en viendront aussi à douter d’eux alors qu’ils leur sacrifient l’essentiel et que cet essentiel les ronge comme une passion. Endurer et durer, pour leurs athlètes comme pour eux. Endurer parce que la pression est extrême et parce que les tensions sont fortes. Durer parce que la victoire se construit de longue haleine. Ils y par- viennent parce que le « job » qu’ils font est celui de leur vie. Pourquoi et comment en sont-ils arrivés là ? Il faut remonter loin dans leurs histoires de vie pour le comprendre.

« Être entraîneur, j’ai toujours eu l’impres‑ sion que j’ai eu un peu ça dans le sang. J’avais envie de travailler dans le ski et surtout trans‑ mettre. » (Maurice Adrait)

« J’ai toujours voulu être entraîneur et, dès l’âge de treize ou quatorze ans, j’ai eu la Une vocation / 31

possibilité de chorégraphier. J’ai donc prati‑ qué cette gymnastique de l’esprit très jeune, d’abord dans mon club, à côté de Tours, puis, après mon arrêt de la compétition, pen‑ dant quatre années au club de Cergy-Pon‑ toise. C’est là qu’en toute liberté j’ai fait mes premières armes en tant que chorégraphe et éducateur. » (Anne Capron)

« Très tôt, j’ai su que mon métier devait être celui-là. J’ai un moment pensé faire médecine, peut-être avec le même ressort qui était de me mettre au service des autres, mais très vite le sport a fait partie intégrante de ma vie. » (Daniel Costantini)

« J’avais le besoin, que j’ai intact aujour­ d’hui, de transmettre quelque chose, de faire passer mes idées et de m’occuper d’autrui. » (Patrice Hagelauer)

« Il y a avant tout un plaisir à enseigner et à partager. Quelquefois, lorsque après une olympiade, je me demande si je vais encore continuer quatre ans au très haut niveau, je sais que je retournerai vers l’entraînement des petits. » (Denis Auguin)

Transmettre. D’où tirent-ils ce désir de partage ? On pense bien sûr à leur passé d’athlète, souvent de haut niveau. Cela ne suffit pas. La réponse est dans