Le Radicalisme Tory À Travers Le Prisme Du Montreal Herald Et La Mobilisation Des Milices Dans Le District De Montréal (1834-1837)
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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL LE RADICALISME TORY À TRAVERS LE PRISME DU MONTREAL HERALD ET LA MOBILISATION DES MILICES DANS LE DISTRICT DE MONTRÉAL (1834-1837) MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN HISTOIRE PAR FRANÇOIS DESCHAMPS JUIN 2011 UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Service des bibliothèques Avertissement La diffusion de ce mémoire se fait dans le" respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522 - Rév.01-200G). Cette autorisation stipule que «conformément à l'article 11 dU Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de publication ,de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise l'Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf ententé contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.» REMERCIEMENTS Mes remerciements vont d'abord à ceux qui m'ont communiqué le goût de l'histoire: Maurice Séguin, en tout premier lieu, lors de la session d'automne 1978 à l'Université de Montréal, puis, plus tard, à l'Uqàm, Jean-Paul Bernard, Michel Grenon et Stanley Bréhaut-Ryerson. Mais, pour ce qui est de la réalisation de ce mémoire, j'aimerais exprimer tout particulièrement ma reconnaissance envers mon directeur, Jean-Marie Fecteau, sans les conseils et la critique de qui ce projet n'aurait pas pris la forme actuelle. Soucieux de respecter le caractère propre de ma démarche, il a su restreindre judicieusement la fougue parfois débridée de mes élans et tirer de moi plus et mieux que ce à quoi je serais parvenu moi-même par mes seuls efforts. J'aimerais remercier également ma fidèle amie Diane Amatuzio, dont l'écoute, le dévouement et l'humeur souriante ont allégé considérablement ma tâche. AVANT-PROPOS La première idée de ce mémoire m'est venue il y a plus de vingt ans en consultant à la Rare Books Division de l'université McGill les découpures du Montreal Herald que contient le gros cahier de Charles Kadwell. Je ne me souviens plus quelle boussole m'avait aiguillonné vers le rez-de-chaussée du pavillon McLennan, mais, dès ce moment-là, la thèse que défendait E. K. Senior! à propos du ralliement de dernière minute des forces loyales à Montréal en novembre 1837 apparaissait contestable. Elle se base sur deux présuppositions: a) les autorités connaissaient d'avance l'ampleur de la résistance populaire ; b) dans sa réponse à la requête d'annement du président de l'association constitutionnelle, le gouverneur Gosford a finalement consenti à l'enrôlement des citoyens d'origine britannique. Le compte rendu du banquet offert en mai 1838 en l'honneur de Sir John Colborne suggérait une version diamétralement opposée. Dans l'allocution vibrante qu'il y livre, J. S. McCord - agent de liaison à Montréal entre la police, le procureur général, l'état major et les corps de miliciens volontaires regroupés soit dans la cavalerie, l'artillerie et les corps de carabiniers ou les organisations de quartiers -, y affinne en particulier que le gouverneur non seulement a refusé de recourir aux services des loyalistes, mais aurait même menacé de frapper d'interdit toute tentative illégale d'enrôlement. Un concours de circonstances m'a contraint de suspendre ces recherches, réactivées seulement en 2007 pour le simple plaisir d'abord. Plus aguerri, j'ai pu alors avoir l'impression d'un second début et d'être en mesure de mener à tenne mon proj et. On peut appeler ça, si l'on veut, une illusion propulsive. Il aura fallu passer par une première version assez indigeste avant de parvenir à fonnuler toutes les compo~antes du problème que je désirais traiter: l'unité d'action du gouvernement au moment de l'irruption de la violence année en novembre 1837. 1 Redcoats & Patriotes. The Rebellions in Lower Canada, 1837-1838, StittsviIle, Ottawa, Canada's Wings, Ine., 1985. IV La considération de l'ensemble des productions récentes sur le sujet a confirmé mon intuition de départ. Le faux pas originel remonte à R. Christie lui-même, qui produit la réponse du gouverneur mais prend pour acquis, sans la passer au crible, qu'elle scelle le ralliement de dernière minute des forces loyales au gouvernement. Or cette réponse laisse voir clairement que loin de prohiber la mobilisation des civils britanniques à Montréal, Gosford souhaitait plutôt qu'elle se fasse à l'intérieur de paramètres qu'il avait lui-même fixés, muselant du même coup les ardeurs des militants radicaux tory. Le mémoire qu'on va lire s'articule et se développe autour de cette cellule initiale. Même s'il n'aborde pas directement cette question, la lecture de S. Watt m'a grandement aidé à cibler les objectifs politiques que la faction ultra-tory à Montréal est parvenue à réaliser à travers (ou sous le couvert de) ses menées anti insurrectionnelles. Bien au-delà de l'éblouissement initial, le contact avec une source documentaire permet, par ailleurs, une familiarisation progressive qui agit en retour sur le type de questions opératoires que le chercheur est amené à lui poser. Le premier pas, certes, a consisté à prendre connaissance une première fois de l'ensemble de la production de la version hebdomadaire du Montreal Herald - organe de diffusion de la coterie ultra-tory. Rien ne garantissait pourtant à ce stade une saine mise à distance, qui ne s'acquiert qu'au prix d'un effort soutenu contre ses propres inclinations. À l'instar du champ dont parle Caton l'Ancien qu'on ne cesse de tourner et retourner dans son esprit, ce n'est qu'à force de tâtonnements, de rectifications et d'un va-et-vient incessant que le chercheur parvient à rassembler en un seul faisceau des connexions congruentes à partir d'informations parcellaires et éparpillées. Au fil d'arrivée, la reconfiguration partielle du point de vue radical tory à partir de cette source documentaire interdit toutefois de confondre la singularité du témoignage qu'apporte ce journal avec l'illusion d'avoir prise, selon la formule classique de Ranke, sur «ce qui s'est effectivement passé ». Plus on avance dans la recherche, plus la sensation v d'insunnontable opacité prédomine même. Toute recherche historique est soumise, à vrai dire, à des limites inhérentes. Le foisonnement des infonnations recueillies et colligées dans les éditoriaux du Montreal Herald a nécessité ainsi une phase assez prolongée de distillation; mais au bout de l'exercice, on est parvenu à établir, de manière satisfaisante, une perspective à double focalisation: l'une qui se concentre sur les traces événementielles les plus fuyantes au moment de l'éclosion de la violence année en octobre et novembre 1837, l'autre qui restitue le contexte global sur l'ensemble de la période 1834-1840. Pour bien comprendre comment les rédacteurs de ce journal ont décrit le passage à la violence année en novembre 1837 dans le district de Montréal, la connaissance de la ligne éditoriale tout au long des années 1834-1840 constitue en fait un pré-requis indispensable. Une telle mise en perspective pennet non seulement de rassembler les infonnations éparses sur un même thème, mais de relever les variations significatives (sinon les retournements) et les constantes. Le mode d'exposition auquel je suis parvenu, bon gré mal gré, a pris ainsi la fonne d'une spirale couvrant l'ensemble de la période mais dont la pointe inversée, comme une vrille, perce en direction de 2 l'épicentre du séisme en novembre 1837 . En vue de faire ressOliir la singularité de la ligne éditoriale du Montreal Herald, il m'a semblé approprié de dégager d'abord les deux angles d'approche de ses éditorialistes: l'un, assez connu, axé sur la dimension bi-ethnique du conflit colonial, l'autre, méconnu, portant sur la dimension proprement politique qui réserve quelques surprises de taille, notamment l'opposition systématique de la faction ultra-tory à la politique de conciliation du cabinet Melbourne, ainsi que le schisme survenu dans l'association constitutionnelle en mai 1836 qui fragilise la position minoritaire des tories jusqu'à l'émeute du 6 novembre 1837 et même au-delà. L'examen du Herald 2 La symbolisation du «déroulement du travail historique» peut être aussi représentée «par une courbe du type de la parabole, l'appui sur les «faits» intervenant au milieu du processus [...] » ; cf., H.-I. Manou, De la connaissance historique, p. 303-304. VI révèle en effet que la mobilisation générale des civils ne survient en fait que dans une réaction de panique après la reculade de l'armée à Saint-Denis. Si l'explosion de novembre 1837 est incompréhensible sans l'hypothèse d'une lente gestation du conflit depuis l'élection tumultueuse de 1834, le fil conducteur axé sur l'opposition des rédacteurs du Montreal Herald et des magistrats tory aux patrouilles urbaines ne m'est apparu que tardivement à la lecture des travaux de Donald Fyson. De manière tout à fait inattendue, cette thématique a rebondi jusqu'au point central de ma démonstration: la réponse du gouverneur le 15 novembre 1837 à la requête d'armement soumise par Peter McGill y comporte en effet une référence directe.