Le Chant, La Cheikha
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Kabareh Cheikhats et la constitution d’un art mineur en patrimoine Johara Radi To cite this version: Johara Radi. Kabareh Cheikhats et la constitution d’un art mineur en patrimoine. Anthropologie sociale et ethnologie. 2019. dumas-02300439 HAL Id: dumas-02300439 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02300439 Submitted on 29 Sep 2019 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. UFR ALLSH, Département d’anthropologie Master 1 d’anthropologie, Spécialité : Anthropologie sociale et culturelle, ethnologie Kabareh Cheikhats et la constitution d’un art mineur en patrimoine © Mariem Naciri Présenté par : RADI Johara Sous la direction de : Mme. BOISSEVAIN Katia 2019 UFR ALLSH, Département d’anthropologie Master 1 d’anthropologie, Spécialité : Anthropologie sociale et culturelle, ethnologie Kabareh Cheikhats et la constitution d’un art mineur en patrimoine © Mariem Naciri Présenté par : RADI Johara Sous la direction de : Mme. BOISSEVAIN Katia 2019 Remerciements : Je tenais à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé de près de loin pour que je puisse faire ce travail. Tout d’abord, merci à Madame Katia Boissevain pour ses conseils, son soutien mais surtout sa patiente malgré mon grand manque d’organisation et parfois même mon manque de sérieux. Merci à Youssef sans qui tout ce travail n’aurait pas été possible. Merci à Kabareh Cheikhats de m’avoir aussi bien accueillie et d’avoir fait de moi une amie aujourd’hui. Un grand merci à mes amis qui ont toujours été présents pour moi. Et enfin, le plus grand des mercis à ma famille, particulièrement mes parents, qui me soutiennent depuis toujours et sans qui je n’aurai jamais pu avancer tous les jours. Ce travail ne rend justice à aucun de vous vu tout le soutien que vous m’avez apporté mais je vous souhaite une bonne lecture quand même ! Table des matières Introduction ............................................................................................................................................ 1 Partie 1 : l’Aïta comme ressource de soi ? ............................................................................................. 5 Chapitre 1 : Le chant, la cheikha : une place sociale qui évolue…………………………………………………………12 Origine de l’Aïta……………………………………………………………………………………………………………………12 Polysémie du mot « cheikha »………………………………………………………………………………………………15 Les sujets de l’Aïta………………………………………………………………………………………………………………..16 L’indépendante cheikha……………………………………………………………………………………………………….21 Les enregistrements « sauvetage »………………………………………………………………………………………22 Chapitre 2 : Des hommes habillés en femmes : se jouer des catégories rigides ................................... 24 Le rôle du déguisement ……………………………………………………………………………………………………..24 Le choix d’incarner une cheikha………………………………………………………………………………………….28 Perceptions internes et externes du spectacle…………………………………………………………………….30 La mise en énigme………………………………………………………………………………………………………………35 Partie 2 : les métamorphoses lors de l’Aïta………………………………………………………………………………….36 Chapitre 1 : choisir et incarner sa cheikha…………………………………………………………………………………………40 Avoir sa cheikha …………………………………………………………………………………………………………………40 Jouer sur les actions de Kabareh Cheikhats…………………………………………………………………………41 Répercussion sur le comportement de Kabareh Cheikhats…………………………………………………42 L’aita : l’élément déclencheur……………………………………………………………………………………………45 Une cheikha perdue……………………………………………………………………………………………………………46 Chapitre 2 : Rupture avec le personnage, retour à soi………………………………………………………………………48 Préparation à la sortie du personnage………………………………………………………………………………….48 Sortie totale du personnage…………………………………………………………………………………………………53 Conclusion……………………………………………………………………………………………………………………………………57 Bibliographie ......................................................................................................................................... 60 Introduction : Le Maroc est l’un des pays du Maghreb où les festivals de musique ne cessent de fleurirent et qui par ailleurs connaissent une renommée internationale. Le festival des musiques sacrées de Fès par exemple qui fait de la ville un centre de rencontres interculturelles ou encore le festival Mawazine « rythmes du monde » de Rabat qui propose sur différentes scènes un mélange de styles musicaux venant des quatre coins de la terre, allant du moderne au populaire en passant par le traditionnel. Quant à Casablanca, depuis les années 90, a toujours été LA scène underground du pays. C’est elle qui a fait naître la Fédération des Œuvres Laïques de Casablanca (la FOL) qui deviendra « le centre de la scène alternative casablancaise » ou encore L’Boulevard qui devient en 2003 le symbole de la « mouvance laïque » après sa mobilisation contre le procès des quatorze jeunes fans de métal les accusant de sataniques. (Caubet : 2017) Mais avant d’être connue pour sa musique urbaine, de la région de Casablanca est née l’Aïta, une musique populaire qui a été récemment remise au goût du jour grâce à Kabareh Cheikhats. Aujourd’hui, la FOL comme plusieurs autres scènes casablancaises accueille Kabareh Cheikhats. Ce sont un groupe de onze jeunes comédiens casablancais âgés entre 19 et 35 ans qui existe depuis 2016. Ghassan El Hakim en est le fondateur et le metteur en scène. Quasiment tous membres de Jouk Attamtil ALbidaoui (JAA), ils ont un point en commun : leur amour pour l’Aïta. « L’Aïta est une qacida dans le style nomade, d'origine bédouine : elle l'est aussi bien dans le style du langage que dans la musique. Elle est surtout répandue dans les villes d'origine campagnarde comme Casablanca ou Marrakech » (Khayat 2011). Elle est principalement chantée par des femmes qu’on appelle les cheikhat, appréciées pour leur liberté de parole puis marginalisées à cause de leur indépendance voyant ainsi, de la même manière que leur réputation, leur répertoire victime de dénigrement et accablé de médisances. « Les cheikhat sont des artistes féminines de la société marocaine dont les chants et les danses sont au cœur de toutes les fêtes, y compris les rites de passage comme les cérémonies de mariage et les célébrations de naissance et de circoncision. Malgré leur centralité, les cheikhat sont socialement marginalisées en raison de l’exhibition dont elles font preuve tant dans leurs performances que dans leurs vies "hors-scène"1 » (Kapchan 1994). 1 (Traduit par mes soins) Ainsi, Kabareh Cheikhats présentent un spectacle mêlant patrimoine matériel et immatériel. Et pour cela, ils se déguisent en femme mais pas n’importe laquelle, seulement la cheikha. Place alors aux caftans traditionnels, au maquillage et aux instruments de musiques à côté des rythmes, des chansons et des textes oraux, au niveau national comme sur les planches de la scène de L’boulevard, de la salle du Ministère de la culture à Rabat ou à la Conserverie à Marrakech, mais aussi à l’international, en ayant présenté leur spectacle à Marseille pour les 20 ans des Bancs Publics, Bruxelles pour le Moussem Cities, à Madrid pour Noches de Ramadàn et même Londres prochainement, pour le Shubbak Festival sans oublier le rendez-vous habituel et très récurrent au Vertigo à Casablanca. Pour parler de ce que sont les Kabareh Cheikhats, on commencera par énoncer une hypothèse : la présence du mot cheikha implique l’exclusion morale et sociale par reste de la société et de ce fait, ce sera une manifestation avec pour vocation de créer un espace pour la représentation d’un ensemble de personnes qui ressentent que leur place au sein de la société leur est contestée. C’est une inscription, aussi ponctuelle peut-elle être, dans l’espace public. Quant à la présence du mot Kabareh ou cabaret cela laisse à penser à une célébration, un moment de partage et de « vivre-ensemble ». Ainsi face à ses aspects de réjouissance et de fête on retrouve de la subversion, de la contestation et des revendications. Ce serait alors la célébration du résultat des revendications de ces femmes marginalisées. On peut donc en premier lieu établir que les Kabareh Cheikhats permettent d’exprimer la relation entre les cheikhat et la société environnante. Mais les enjeux autour de Kabareh Cheikhats sont encore plus importants. Cette étude propose une observation du 05 février 2019 au 05 mars 2019 de la troupe de Kabareh Cheikhats, incluant quatre spectacles qui sont représentatifs des différents déroulements que peut connaitre le spectacle de Kabareh Cheikhats. La grande majorité de l’observation s’est faire à l’école d’art La Parallèle à Casablanca. Une école fondée par Ghassan El Hakim et sa femme Fanny Dalmau dans laquelle se sont faites toutes les répétitions. Cette ancienne maison devenue école est un espace de créativité, particulièrement l’espace dans lequel Kabareh Cheikhats répètent. Il y a une grande table en bois sur laquelle sont posés des jeux de sociétés autour de laquelle les comédiens se regroupe pour répéter, des peintures et des dessins accrochés aux murs, un piano, un buste de mannequin et un lecteur de vinyles dans lequel se trouve un disque de Georges Brassens, sans oublier deux flippers, un qui semble ne pas marcher et l’autre,