Dictionnaire Biographique Des Frères Prêcheurs , Notices Biographiques PHILIPPE Thomas 2
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Dictionnaire biographique des frères prêcheurs Dominicains des provinces françaises (XIXe-XXe siècles) Notices biographiques PHILIPPE Thomas PHILIPPE Jean Marie Joseph à l’état civil ; PHILIPPE Thomas en religion Étienne Fouilloux Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/dominicains/1475 ISSN : 2431-8736 Éditeur : IMM-EHESS - Institut Marcel Mauss, Centre d'études des mouvements sociaux Référence électronique Étienne Fouilloux, « PHILIPPE Thomas », Dictionnaire biographique des frères prêcheurs [En ligne], Notices biographiques, P, mis en ligne le 25 mars 2019, consulté le 12 mai 2020. URL : http:// journals.openedition.org/dominicains/1475 Ce document a été généré automatiquement le 12 mai 2020. © CEMS / IMM-EHESS PHILIPPE Thomas 1 PHILIPPE Thomas PHILIPPE Jean Marie Joseph à l’état civil ; PHILIPPE Thomas en religion Étienne Fouilloux NOTE DE L’ÉDITEUR Notice mise en ligne le 25/03/2019 • Vestition pour la Province de France : 30 novembre 1923 à Amiens • Profession simple : 1er décembre 1924 à Amiens • Profession solennelle : 6 décembre 1927 au Saulchoir à Kain (Belgique) • Ordination sacerdotale : 25 juillet 1929 au Saulchoir à Kain (Belgique) 1 S’il est des dominicains pour lesquels la famille selon la chair importe peu, tel n’est pas le cas du père Thomas Philippe. Né le 18 mars 1905 au domicile de ses parents, il est le troisième enfant d’Henri Philippe, notaire à Cysoing (Nord) et d’Élisabeth Dehau, qui en aura douze entre 1902 et 1922. Ascendance maternelle surtout. Jean Philippe est le petit-fils de Félix Dehau (1846-1934), grand notable agrarien de Pévèle, monarchiste rallié et catholique social conservateur, père d’une famille de dix enfants, dont un dominicain, une fille de la Charité et Élisabeth, née en 1878, la septième de la fratrie. Bienfaiteur de son village de Bouvines-la-bataille dont il fut élu maire en 1872 et le resta jusqu’à sa mort en 1934, date à laquelle il était le doyen des maires de France, il fut aussi oblat de l’abbaye bénédictine de Ligugé et bienfaiteur de l’Église : quinze de ses cinquante-trois petits-enfants sont entrés dans les ordres, dont huit pour la seule famille Philippe : quatre dominicains de la province de France (Thomas, Marie- Dominique, Réginald et Pierre), une moniale dominicaine et trois bénédictines de l’abbaye Notre-Dame de Wisques. 2 Jean Philippe est aussi le neveu de Pierre Dehau, fils aîné de Félix et dominicain de la province de France sous le nom de Thomas (1870-1956), sans l’influence duquel une telle multiplication de vocations religieuses au sein du foyer Philippe serait incompréhensible. Il est le parrain de sa sœur Élisabeth, dont il a béni le mariage en Dictionnaire biographique des frères prêcheurs , Notices biographiques PHILIPPE Thomas 2 1901. Il est le directeur de conscience de Jean, qui lui voue une piété filiale, et dans lequel il voit très tôt son « héritier spirituel » (Carnets Maritain, 1948). De plus en plus handicapé par sa quasi-cécité, ce thomiste spéculatif et mystique d’une grande dévotion mariale est assigné à Paris, mais il vient souvent se reposer chez ses parents, au « château » de Bouvines, où ses neveux et nièces lui font la lecture. Il en profite pour veiller sur leur vie spirituelle. « Patriarche caché » (Jean Vanier), il fuit la notoriété, ce qui ne l’empêche pas de jouir d’une aura considérable, tant dans sa famille qu’auprès de ses dirigés. C’est sous l’influence de ce maître spirituel et dans ce climat de ferveur, marqué entre autres par la consécration du foyer Philippe au Sacré-Cœur, que sont écloses les vocations des enfants et l’orientation dominante de celles-ci vers la famille dominicaine. En famille Thomas Philippe, tout jeune dominicain, avec ses frères qui le suivront dans l’Ordre (debout, de gauche à droite : Évrard/Réginald, Henri/Marie-Dominique, Pierre, vêtus respectivement en 1929, 1930, 1933). Archives dominicaines de la Province de France/Tangi Cavalin, Nathalie Viet-Depaule (dir.), Dictionnaire biographique des frères prêcheurs en ligne. 3 La vocation de Jean, baptisé le jour de sa naissance, serait apparue très tôt : dès sa sixième année, selon son témoignage. Elle fut encouragée par l’atmosphère féminine dans laquelle baigna une partie de son enfance. Malgré ses neuf enfants, plus un dixième à naître, et ses trente-neuf ans, Henri Philippe répond en 1914 à l’appel du drapeau : mobilisé comme officier dans les services de santé militaire, il est coupé trois ans et demi de sa famille, restée à Cysoing en zone occupée par les Allemands. Aussi sa femme se réfugie-t-elle souvent chez ses parents, pour nourrir ses enfants et pour conjurer l’absence de son mari, Cysoing n’étant séparé de Bouvines que par trois kilomètres. Jusqu’à ce que la dégradation des conditions de vie en zone occupée la Dictionnaire biographique des frères prêcheurs , Notices biographiques PHILIPPE Thomas 3 pousse, au début de 1918, à un long exode à travers la Belgique, l’Allemagne et la Suisse : accueillie chez des amis en Normandie, elle retrouve enfin son mari. Aussi le jeune Jean commence-t-il ses études secondaires au collège jésuite Saint-François de Sales d’Évreux, avant de rallier à l’automne 1918 le collège lillois de la Compagnie, Saint-Joseph, établissement de prédilection des familles de la bonne société locale. On ne sait pas grand-chose de sa scolarité, sauf qu’elle ne fut pas exemplaire et qu’il eut du mal à obtenir son baccalauréat. Ses études secondaires terminées, il entre en octobre 1923 au grand séminaire du diocèse de Paris avant de bifurquer quelques semaines plus tard vers le noviciat de la province dominicaine de France. On s’interroge sur ce bref intermède : pourquoi n’est-il pas venu directement au noviciat comme devait le lui conseiller son oncle et directeur de conscience ? Pour le convaincre que sa vocation était bien dans l’Ordre plutôt que dans le clergé séculier ? Au noviciat d’Amiens Debout, second (à droite), légèrement de profil, Thomas Philippe pose au couvent d’Amiens au cours de l’année 1923-1924 pour la photo du noviciat. Le maître des novices, Réginald Berger, est, comme il convient, assis au premier rang, au centre. À sa droite, Marie-André Martigny, sous-prieur du couvent. À sa gauche, un novice : Jean Courtois. Les autres novices du second rang sont, en partant de la gauche : Marie-Joseph Cadart, Marie-Dominique Motte, Réginald Simonin, Michel de Suremain, François Le Breton et, sur la gauche de Thomas Philippe, Jean-Marie Piat. Archives dominicaines de la Province de France/Tangi Cavalin, Nathalie Viet-Depaule (dir.), Dictionnaire biographique des frères prêcheurs en ligne. 4 Renommé Thomas, comme le père Dehau, et vêtu de l’habit dominicain le 31 novembre 1923, il fait son année de noviciat à Amiens dans un groupe nombreux, caractéristique des hautes eaux du recrutement de l’entre-deux-guerres, mais dépourvu de forte personnalité. Il accomplit ensuite au Saulchoir de Kain ses trois années de philosophie et ses quatre années de théologie, ponctuées par la profession solennelle en 1927 et par l’ordination sacerdotale en 1929, mais sans pâtir, semble-t-il de l’interruption du service militaire. Le régent des études est alors le père Antoine Lemonnyer, introducteur au Saulchoir de la méthode historique dans l’approche de saint Thomas et des théologiens médiévaux. Si l’on en croit Marie-Joseph Congar, avec lequel il se lie Dictionnaire biographique des frères prêcheurs , Notices biographiques PHILIPPE Thomas 4 d’amitié durant ses études, telle n’est pas la tasse de thé du jeune Philippe : « Avec le P. Thomas Philippe, comme avec le P. Dorange, ce qui nous rapprochait le plus était la métaphysique […] et, pour tout dire d’un mot, l’esprit de Jean de Saint-Thomas » (« Mon témoignage », Journal d’un théologien, p. 52). Le père Philippe termine ses études en 1931 par une thèse de lectorat qui lui ouvre le corps des professeurs, le studium ayant un besoin urgent de sang neuf. « Après mon lectorat, il fut entendu que je resterais dans l’équipe du Saulchoir avec les Pères Motte, Thomas Philippe et Robilliard qui étaient de la même promotion que moi », indique Congar (« Mon témoignage », p. 23). « Tandis que mes confrères les PP. Motte et Robilliard allaient faire une année de spécialité, le premier à Strasbourg, le second à Louvain, le père Thomas Philippe dut enseigner de suite la philosophie », et Congar dut remplacer le père Chenu en voyage au Canada (« Mon témoignage », p. 24). Rien sur la proposition, que Philippe aurait déclinée, d’un biennium en Allemagne pour étudier la phénoménologie, à laquelle la Société thomiste consacre une journée d’études, au Saulchoir en septembre 1932. « J’espère que vous ne serez pas comme votre oncle » (Carnets Maritain, 25 avril 1948), aurait déduit Lemonnyer de l’incident, signalant un clivage ancien dans la province de France qui ne va pas faciliter sa gestion de la descendance Dehau : Thomas et ses trois frères, qui y entrent à sa suite, ou leurs cousins André et Jourdain Bonduelle, deux des quatorze enfants de Marie-Madeleine Dehau, vouent au père Dehau une obéissance filiale qui peut nuire à l’autorité de leurs supérieurs. 5 Thomas Philippe enseigne cinq ans la psychologie, la logique et la métaphysique au Saulchoir, entre 1931 et 1936. Son enseignement est suffisamment ardu pour que son frère et filleul Henri, entré dans la province de France en 1930 sous le nom de Marie- Dominique, n’y comprenne rien, car il n’est pas fait pour un débutant comme lui (Les trois sagesses, p. 46). Au père Congar qui lui reconnaît « une sève intellectuelle et spirituelle puissante », tout en lui reprochant un certain dilettantisme, il aurait répondu : « Moi, je ne travaille pas, je vis » (« Mon témoignage », p.