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58 ANNÉE – Nº 17735 – 1,20 ¤ – MÉTROPOLITAINE --- VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

 0123 DES LIVRES Schuller : les révélations d’un fugitif Jean Rolin aux portes de Paris Notre envoyé spécial à Saint-Domingue a recueilli la confession de l’ex-conseiller général RPR en fuite depuis 1995 DIDIER SCHULLER est « déci- f Dossier politique dé à rentrer » en France. Dans un Didier Schuller entretien au Monde, l’ancien con- veut s’expliquer UNION EUROPÉENNE seiller général de Clichy-la-Garen- ne, sous le coup d’un mandat d’ar- devant la justice Coût de l’élargissement rêt international depuis 1995 dans française p. 5, et notre éditorial p. 17 le cadre de l’affaire des marchés de l’office HLM des Hauts-de-Sei- DÉCENTRALISATION ne, affirme que sa « décision est pri- f Il dénonce se » : « Il y a trop longtemps que je Le Point de vue porte le chapeau pour tout le mon- le « système » de, je veux maintenant m’expli- de Pierre Richard p. 16 quer. » de financement Notre envoyé spécial a rencon- du RPR CHÔMAGE tré l’ancien élu RPR dans une villa des faubourgs de Saint-Domin- Hausse en 2001 p. 7 gue, dont il ne sort pas. Sa liberté f « Je porte VIOLENCES SCOLAIRES n’est toutefois aucunement entra- vée, contrairement aux informa- le chapeau tions faisant état de son place- pour tout le monde » Premiers chiffres p. 10 ment en résidence surveillée. S’il assure que son retour est International...... 2 Marchés...... 22 f « Je ne voudrais pas Union européenne.... 5 Carnet...... 24 « une question de jour, peut-être de France...... 6 Abonnements...... 24 semaines », M. Schuller dit ne pas contribuer à la défaite Société ...... 10 Aujourd’hui...... 25 vouloir « contribuer à la défaite de entretien, l’ancien directeur géné- détaille aussi le trucage des mar- me conçu au-dessus de [lui] », Régions...... 13 Météorologie...... 29 Jacques Chirac : je ne suis pas resté ral de l’office HLM des Hauts-de- chés qui est au cœur de l’enquête « celui d’un parti – le RPR – et celui de Jacques Chirac » Horizons...... 14 Jeux...... 29 sept ans en exil pour nuire au prési- Seine revient sur les raisons de sa judiciaire dans laquelle il a été mis d’un département – les Hauts-de- Entreprises ...... 18 Culture...... 31 Communication...... 21 Radio-Télévision...... 35 dent de la République ». Dans cet fuite à l’étranger en 1995. Il en examen, en évoquant « un systè- Seine ». Lire page 6 Casinos, CNRS : l’enquête de la Cour des comptes  LA COUR des comptes, présidée tion et des incertitudes de sa politi- La Cour des comptes consacre par François Logerot (photo), a ren- que scientifique. La Cour note que une partie importante de son rap- Marilu Marini, du public, jeudi 31 janvier, son rap- le ministère de la culture ne con- port aux casinos qui, avec l’arrivée port d’enquête annuel. Dans ce naît pas très bien l’étendue de son des machines à sous, sont en plein le cœur fauve de l’Argentine document de 800 pages, les magis- parc immobilier. Le ministère l’esti- essor. trats financiers s’intéressent, me à 6 millions de mètres carrés, Les magistrats recommandent à notamment, au patrimoine immo- alors que la Cour n’en trouve que l’Etat de s’intéresser au plus près bilier du ministère de la culture, 4,6 millions. au phénomène des machines à aux emplois-jeunes, à la gestion Les magistrats s’étonnent aussi sous clandestines. Ils demandent des aides européennes à l’agricul- de la « méconnaissance », au minis- aux pouvoirs publics de choisir ture, au CNRS, aux casinos et à la tère, de la valeur des immeubles. entre une répression accrue, vente du patrimoine immobilier Ils remarquent que le chantier de conforme à la loi, ou l’autorisa- du GAN, dont le plan de sauvetage rénovation du Grand Palais, à tion des bandits manchots dans a coûté 2,8 milliards d’euros. Paris, est en panne depuis huit ans des lieux publics autres que les Ils dénoncent l’absence de straté- et que des études qui ont coûté casinos. gie globale du CNRS, s’inquiètent plus de 5 millions d’euros sont du vieillissement de son organisa- « demeurées sans suite ». Lire page 8  / « Dany » a du mal à mobiliser ses « amis intellos » pour le candidat Mamère

LA LETTRE d’invitation de « Dany » avait juste mais il faudra qu’il arrête de dire des conneries. » Boutang. Les Verts ne sont porteurs de rien de ce qu’il faut d’impertinence pour ne pas rebuter La troisième gauche, comme a tenté de la nom- fort. Aujourd’hui, râler efficacement et dire merde ELLE EST NÉE à Buenos Aires il y a un peu plus d’un demi-siècle ses amis « intellos ». Si le président du groupe mer sans succès Daniel Cohn-Bendit, en veut en au premier tour, c’est voter Chevènement. » Joël et elle vit à Paris depuis un quart de siècle. Mais Marilu Marini, l’ac- Vert au Parlement européen avait convié ses effet à Noël Mamère, surtout parce que, un jour Roman, d’Esprit, confirme le diagnostic. «Ily a trice fétiche d’Alfredo Arias et du groupe TSE, demeure argentine, anciens soutiens de 1999, mercredi soir 30 jan- de novembre 2001, alors que la bataille interne quelque chose qui grippe dans la campagne. On totalement. Le désarroi qui frappe une fois de plus son pays la bou- vier, boulevard Saint-Germain, ce n’était pas des Verts battait son plein, il a déclaré que les n’a pas envie d’aller derrière Mamère. » leverse. Comédienne à l’instinct de fauve, alliant magnifiquement pour leur dire qu’il « soutien(t) Noël Mamère »,ni frappes en Afghanistan étaient « un acte de Romain Goupil lit à voix haute Vert contact, douceur et démesure, elle joue à Paris, jusqu’au 30 mars, un mono- « répéter qu’[il] est convaincu que Noël est le guerre contre le peuple afghan ». l’hebdomaire interne du parti. « Les Verts, ce ne logue drôle et cruel de Christian Siméon. Lire page 34

meilleur candidat vert pour cette campagne ». André Glucksmann, par exemple, ne sera pas sont plus que des lieux communs à la con. Qu’est-    Daniel Cohn-Bendit voulait comprendre la cette fois du comité de soutien : « Mamère, il est ce que c’est que ces positions sur l’exception cultu- méfiance qu’il devine de la part de ceux qui très bien sur la Tchétchénie, très bon sur le Tibet, relle, et ces pèlerinages à Porto Alegre – un ramas- l’avaient aidé lors des élections européennes, en mais très con sur les bombardements en Afghanis- sis de consensus ? J’étais de ceux qui disaient qu’il 1999. Et tenter – en l’absence de l’intéressé qui tan. » Au passage, le philosophe déplore fallait prendre la mairie de Paris, lancer Dany dans était à Porto Alegre – de ranimer ses réseaux l’« erreur technique » du candidat, qui a déjà évo- la présidentielle, et puis liquider les Verts. Je ne me pour les mettre au service du maire de Bègles. qué son ralliement à Lionel Jospin. « Jean-Pierre vois pas du tout dans un comité de soutien à Autour d’une table et d’un verre de vin rouge, Chevènement nous donne une leçon. Il joue le pre- Mamère. Je voterai Mamère, mais contre Chevène- la trentaine d’intellectuels qui ont accepté ce ren- mier tour. Il pourra dire : combien vous m’ache- ment », résume-t-il. « Si on change de candidat, est- dez-vous ne tardent pas à étaler leur immense tez ? Combien de circonscriptions ? » ce que t’es prêt à être candidat, Dany ? », lance le désarroi. Dany sourit, faussement modeste, lors- Chevènement, le mot est dans toutes les bou- Vert Jean Desessard, pour détendre l’atmosphère. que Betty Mialet, sa copine éditrice, s’agace tout ches. « Dans mon travail, il y a un nombre incroya- Vite, il rassure : « Non non, c’était une blague…» haut : « C’est énervant. Dany, il aurait eu un bou- ble de gens qui me disent qu’ils vont voter pour levard devant lui. On votera peut-être Mamère, lui», raconte le réalisateur d’Arte , Pierre-André Ariane Chemin  a  Perte record Jacques Chirac à contre-emploi

LE MOUVEMENT sied à Jacques ce. Images d’autant plus inédites et cours rad-soc. L’effet de surprise pour Alcatel Chirac. Question de tempéra- paradoxales que Jacques Chirac joue à plein, Jacques Chirac est élu. ment ? C’est possible. De culture n’aime rien tant, dit-on, que le con- En 1974, il met son talent d’inlassa- en 2001 politique ? Probable. De physi- tact avec les « vraies gens »,leter- ble manœuvrier au service de Valé- que ? Pourquoi pas. Question de rain, le « cul des vaches ». Son ry Giscard d’Estaing, qu’il contri- stratégie plus sûrement. Depuis le adversaire, Lionel Jospin, qui se bue à faire élire en sacrifiant au pas- PERTES RECORDS début de son itinéraire politique, produit, lui, au même moment et sage Jacques Chaban-Delmas. Résultat net, en milliards d'€ l’homme s’est toujours plu dans les en pleine lumière à la Mutualité, Deux ans plus tard, la geste chira- démonstrations d’énergie. Et le voi- lieu symbolique de la gauche, a quienne s’enrichit d’un nouvel épi- Alcatel - 4,96 ci obligé aujourd’hui de ne pas bou- alors beau jeu d’ironiser sur « le bal- sode : les portes claquent à Mati- ger, prisonnier d’un Elysée qui, let des grilles qui s’ouvrent et se fer- gnon, et Jacques Chirac prend con- Motorola - 4,5 croit-il, le protège, recevant entre ment, des voitures qui arrivent et gé de VGE. La création dans la fou- chien et loup tout ce que la droite repartent ». L’occasion était trop lée du RPR constitue une séquence Ericsson - 2,29 compte d’élus, de ténors et de lieu- belle. de choix pour illustrer, s’il en était tenants. Quand, dans le noir et blanc des encore besoin, la propension de Nokia + 2,2 Les images prises samedi soir au années 1960, Georges Pompidou le l’homme à surprendre... l’adversai- Source : sociétés téléobjectif depuis le trottoir du 55 repère et l’envoie se frotter, avec re et ses partenaires. de la rue du Faubourg-Saint-Hono- d’autres, à la rudesse des paysages LE GROUPE français de ré pourraient être celles d’une acti- corréziens et du suffrage universel, Philippe Ridet télécommunications a subi ve veillée d’armes. Mais elles pour- Jacques Chirac ne fera pas que de plein fouet la crise du sec- raient aussi, hélas pour lui, dans gagner un siège. Il gagnera aussi Lire la suite page 17, teur, même s’il résiste mieux leur grain un peu flou, illustrer un une réputation : celle d’un hussard. nos informations p. 9, que ses rivaux américains. conclave clandestin, une réunion Et une technique jamais prise en et le portrait Lire page 18 secrète, bref une campagne en dou- défaut : abattage, proximité et dis- de la famille Chirac p. 14

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 14 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. 2/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 INTERNATIONAL afghanistan

Dans un discours prononcé, le 30 janvier, devant le    opposent des chefs de guerre le soit déployée dans les principales villes du discours de George Bush sur l’état de l’Union. ’- Conseil de sécurité des  , le dirigeant locaux et la sécurité des grands axes de communica- pays.   embarrasse l’ONU, plusieurs   ne cache plus la forte détérioration intérimaire de l’Afghanistan, Hamid Karzaï, a souli- tion n’est pas assurée. M. Karzaï souhaite que la for- Etats redoutant un enlisement sur le terrain. Plu- de ses relations avec Washington, tandis que l’ gné le besoin grandissant de sécurité dans son pays. ce internationale voit ses effectifs renforcés et qu’el- sieurs pays ont, par ailleurs, très vivement réagi au dénonce la « volonté d’hégémonie » des Etats-Unis. Les Afghans veulent un renforcement de la force internationale Au moment où l’insécurité et les conflits locaux se multiplient, Hamid Karzaï a plaidé, le 30 janvier devant le conseil de sécurité de l’ONU, pour un déploiement de troupes dans les villes du pays. Etats-Unis et Européens ne le souhaitent pas, redoutant un enlisement durable

NEW YORK (Nations unies) gations auxquelles personne n’a de désormais « persuadé de la nécessi- la fin du mois. Le secrétariat de quie prenne la tête de l’Isaf. Mais nement et l’équipement d’une de notre correspondante réponses pour l’instant mais le té d’une revision du mandat de l’ONU lui tient à rappeler que l’Isaf serait-elle prête à le faire avec un armée et d’une force de police Le passage, mercredi 30 janvier, débat est lancé. l’Isaf ». est « une force multinationale et mandat élargi ? « Notre offre de diri- afghane. Recevant Hamid Karzaï à d’Hamid Karzaï à l’ONU a mis le « Je ne m’attendais pas à ce que Des diplomates disent que la non pas une force de l’ONU ». «Il ger l’Isaf a été faite dans le contexte la Maison Blanche, lundi, le prési- Conseil de sécurité dans l’embar- M. Karzaï fasse une demande officiel- demande afghane de prolonger au revient donc en premier lieu aux du mandat actuel, explique l’ambas- dent Bush l’a assuré de la volonté ras. Lors d’une réunion en coup de le au Conseil de sécurité, disait un delà de six mois le mandat de l’Isaf Etats membres d’apporter des répon- sadeur turc Mehmet Umit Pamir. Si américaine de « rester solidaire vent (25 minutes), avec les mem- diplomate américain en sortant de « est une demande légitime qui ses », explique le Français Jean- le mandat devait changer, il est évi- avec l’Afghanistan ». Le départ pré- bres du Conseil, le président du la réunion du Conseil. Il avait déjà serait sans doute, le moment venu Marie Guehenno, chef des opéra- dent que la Turquie devra revoir son vu des Britanniques et des Français gouvernement intérimaire de lancé un ballon d’essai pour sonder acceptée ». Mais c’est l’extension tions de maintien de la paix. Mais offre. Quel sera le mandat, dans quel- en avril « ne sera pas un retrait l’Afghanistan a demandé aux les réactions et, au bout de trois jours des missions de cette force qui d’ores et déjà, des diplomates com- les conditions militaires et quels total », selon certaines sources, une Nations Unies une révision substan- à Washington, il s’est rendu compte pose des problèmes. « Il faut sérieu- partie des contingents des deux tielle du mandat et des effectifs de qu’elles étaient négatives. Cela dit, il sement réfléchir avant de donner des pays pourrait rester en Afghanis- la force multinationale en Afghanis- l’a demandé, nous avons compris ses illusions aux Afghans, explique l’am- 2 500 soldats de 13 pays arrivés pour l’instant tan. Les Américains aussi, même tan. Notant que tous ses interlocu- bassadeur français Jean-David Plus de la moitié des effectifs prévus de la Force internationale d’assis- s’ils ne font pas partie de l’Isaf, se teurs afghans faisaient de la sécuri- « La sécurité est Levitte. Nous sommes tous conscient tance à la sécurité (ISAF) sont déjà sur le sol afghan. Depuis la réouverture sont engagés à aider le gouverne- té « la question clé et le fondement la question clé et le du dérapage assez important de l’or- de l’aéroport de Kaboul, le 16 janvier, les arrivées se sont accélérées. ment afin de créer une armée natio- de la paix, de la stabilité et de la fondement de la paix, dre en Afghanistan mais la première Le dernier pointage des effectifs présents en Afghanistan est de 2 542 sol- nale. reconstruction de l’Afghanistan », et de la reconstruction question qui se pose est de savoir, si dats venant : d’Allemagne (241), d’Autriche (4), du Danemark (11), d’Espagne De retour d’Afghanistan, Barnet- M. Karzai a lancé un défi à la com- de l’Afghanistan » l’Isaf sort de Kaboul, dans combien (37), des Etats-Unis (36), de Finlande (15), de France (519), de Grande-Breta- te Rubin, spécialiste du pays et con- munauté internationale en ajou-   de villes devrait-elle se déployer ? Et gne (1 166), d’Italie (189), de Norvège (43), des Pays-Bas (243), de Suède (29) seiller de M. Brahimi, confirme la tant : « Nous espérons que vous auto-  si on assure la sécurité des villes pour- et de Turquie (9). Au total, quelque 4 500 soldats de 17 pays doivent partici- nécessité d’une présence en dehors riserez une extension du mandat de quoi pas celle des axes et des achemi- per à la force. Le gouvernement intérimaire afghan, qui avait accepté du de Kaboul mais il comprend les la force à d’autres villes ». préoccupations qui sont aussi les nements de l’aide humanitaire ? Et bout des lèvres la présence d’un millier de soldats étrangers, s’est ravisé, au hésitations des Occidentaux. « Il est Cette force (Isaf), essentielle- nôtres ». pour combien de temps ? Quels sont point de demander aujourd’hui le renforcement de leurs effectifs. évident que pendant cette période ment britannique et française, a Pour l’instant le secrétaire géné- les pays prêts à y aller ? Ont-ils la de transition, une présence militaire pour six mois un mandat qui se limi- ral Kofi Annan et son représentant capacité ? L’argent ? Et enfin com- crédible devient de plus en plus une te strictement à assurer la sécurité spécial à Kaboul, Lakhdar Brahimi, bien d’hommes faut-il pour une telle mencent à parler de la possibilité seront les moyens de financements ? nécessité, estime-t-il. Ce sont les de Kaboul et de ses environs. Tout n’ont pas ajouté leur voix à celles extension de la force ? ». de « combiner » des Casques bleus Il faut voir à quel point nos amis occi- Afghans eux-mêmes qui la deman- le monde est aussi pleinement des Afghans à ce sujet mais, à en Les chiffres évoqués sur la taille de l’ONU avec des troupes de l’Isaf. dentaux sont prêt à nos aider ». dent. L’Isaf est très populaire et elle conscient du dérapage sécuritaire croire une source bien informée, de la force avec un mandat révisé La question reste entière : quels Pour l’instant, les Américains, apporte un sentiment de sécurité en dehors de Kaboul, de la multipli- cela ne saurait tarder. Selon cette vont de 10 000 à plus de pays seraient prêts à envoyer des qui l’ont dit publiquement, et les que les Afghans n’ont jamais connu. cation des combats entre factions source, M. Brahimi qui au début 35 000 hommes. Cette évaluation a soldats dans « ce qui peut devenir le Européens, qui le disent en privé, Mais sera-t-elle encore populaire et ethnies, et donc de la nécessité n’avait pas d’enthousiasme particu- été faite, à l’irritation de beaucoup, bourbier afghan », et qui va les refusent de s’engager dans une vas- dans six mois ? C’est loin d’être cer- d’une extension du mandat de lier pour une présence étrangère par le diplomate espagnol Francesc financer ? te opération militaire en dehors de tain ». l’Isaf. Les occidentaux et l’ONU en Afghanistan et prônait la créa- Vendrell qui quitte son poste de Il est question qu’après le départ Kaboul. Ils sont en revanche pleine- sont ainsi confrontés à des interro- tion d’une armée afghane, serait numéro deux de l’ONU à Kaboul à des Britanniques, en avril, la Tur- ment disposés à accélérer l’entraî- Afsané Bassir Pour Le « chic » de la nouvelle coqueluche des Américains Violents combats entre des chefs de guerre pachtounes

NEW YORK (Nations unies) déclaration de Tom Ford, leurs ventes monter en flè- DE VIOLENTS combats entre faits prisonniers, a affirmé jeudi té à Kandahar, mercredi 30 janvier. de notre correspondante che. « Depuis quelques semaines j’ai dû vendre des deux chefs de guerre pachtounes un autre frère de Padsha Khan, Selon la même source, Abdul A la fin de son dernier défilé de mode à Milan, le dizaines de chapans que j’ai dû épousseter et sortir du ont éclaté, mercredi 30 janvier, dans Wazer Khan. Ces luttes pourraient Qadoos accomplissait, au moment styliste de Gucci, Tom Ford, a déclaré Hamid Karzaï fond de mes tiroirs », dit M. Nostrati dans sa boutique, la province de Paktia (sud-est de mettre en difficulté les opérations de l’attaque, une mission officielle « l’homme le plus chic de la planète ». Pour le grand dans le West village. l’Afghanistan), où ils se poursui- américaines dans la province de visant à collecter des armes et à per- gourou de la mode, « il n’y a rien de plus beau et Malgré son emploi du temps très chargé, Hamid vaient jeudi. Ces affrontements fra- Paktia, où s’étaient regroupés des suader des chefs pachtounes locaux noble que le “style Karzaï” ». Et M. Ford d’admirer Karzaï, qui, avec son anglais parfait teinté légère- tricides sont les plus importants membres d’Al-Qaida. Selon de se rallier au nouveau pouvoir de « ses costumes italiens impeccablement coupés, por- ment d’un accent indien, évoque l’acteur britanni- depuis l’intronisation de l’administra- Padsha Khan, quelque 1 200 com- Kaboul. Après que Washington avait tés sous des capes brodées d’or de couleurs étincelan- que Ben Kingsley, est devenu la coqueluche des tion dirigée par Hamid Karzaï. L’en- battants de l’organisation terroris- indiqué que l’attaque s’était soldée tes et ses chapeaux en astrakan ». médias américains. Issu d’une vieille famille pach- jeu concerne le poste de gouverneur te pourraient encore s’y trouver. par la mort d’une quinzaine de com- Dans des soirées chic de New York, désormais, toune, le dirigeant afghan parle aussi six autres lan- de la province, qui a été attribué par battants talibans et la destruction les femmes arrivent avec leurs capes brodées, des gues, dont le français. Il a été accueilli comme une M. Karzaï à un commandant lié à l’Al-   d’une cache d’armes, le secrétaire « chapans » en dari, sur leurs ensembles Prada et véritable rock star politique. Reçu avec une ovation liance du Nord, Padsha Khan, dont Dans le sud-ouest du pays, par américain à la défense, Donald Gucci, et les hommes portent leurs chapeaux en debout des parlementaires américains réunis pour l’un des frères est ministre des fron- ailleurs, des forces américaines pour- Rumsfeld, avait annoncé l’ouverture astrakan, que les Afghans disent « kolah poosti ». le discours du président Bush sur l’état de l’Union, tières au sein du nouveau gouverne- raient avoir tué dernièrement par d’une enquête. Habillé, lui aussi, en cape verte et coiffé d’un kolah logé à Blair House, la résidence des invités présiden- ment. Mais le poste de gouverneur erreur 18 combattants anti-talibans, Enfin, les forces de sécurité pakis- poosti en astrakan noir, Jack Norton, jeune finan- tiels, accompagné d’un cortège motorisé de dix- est brigué par un autre chef pachtou- sur la base d’informations biaisées tanaises ont arrêté mercredi, dans cier de Wall Street, declare avoir trouvé son style neuf véhicules, Hamid Karzaï a enchaîné des dizai- ne, Saif Ullah, un partisan de l’ancien fournies par un groupe tribal rival. des villages proches de Quetta « bien avant que Tom Ford en parle », et il ajoute : nes de rendez-vous à Washington, mais aussi à New président Burhanuddin Rabbani qui « Le commandant Abdul Qadoos a (Baloutchistan), deux anciens res- « Ce qui m’étonne le plus dans cette histoire est que York, au Conseil de sécurité de l’ONU et à « Ground avait repris le contrôle de la capitale été tué avec 17 autres personnes lors- ponsables talibans, le vice-ministre Tom Ford sache qui est Hamid Karzaï ! C’est dire à Zero », le site des tours jumelles détruites le 11 sep- provinciale, Gardez. que les troupes américaines ont atta- des affaires étrangères, Abdul Reh- quel point le monde a changé… » tembre 2001. Au moins 40 moudjahidins de qué la semaine dernière le district de man Zahid, et le chef de la Cour Le « chic Karzaï » a aussi fait le bonheur des mar- Padsha Khan ont été tués dans les Kharz, dans la province d’Uruzgan », suprême de justice, Noor Moham- chands afghans à New York, qui ont vu, depuis la A. B. P. combats, et environ 300 ont été a déclaré un responsable de la sécuri- mad Saqib. – (AFP, AP, Reuters.) L’Arabie saoudite dénonce l’arrogance de Washington et son soutien inconditionnel à Israël Le discours sur l’état de l’Union de George Bush a été perçu comme un nouveau signe de la forte dégradation des relations entre les deux pays

RIYAD mes tuées (…). Ce sont des images très ington après les attentats antiaméri- ment détenus à la base américaine et Riyad « est le résultat de la campa- Ramallah. « C’est une chose étrange, de notre envoyée spéciale douloureuses. Nous sommes inquiets cains n’ont fait que l’amplifier. De de Guantanamo à Cuba. Mais les gne menée par certains organes de très étrange, a commenté l’autre Dans un pays déjà outré par ce de ce qui pousse des gens à la violence nombreuses voix se sont en effet Saoudiens sont convaincus que le presse et quelques membres du Con- jour le prince Abdallah devant un qui est perçu comme l’alignement au point de commettre des opérations- élevées, aux Etats-Unis, pour criti- harcèlement auquel est soumis leur grès » américain. visiteur étranger. Un dirigeant ainsi pur et simple des Etats-Unis sur les suicides », a ajouté l’émir. quer l’Arabie saoudite, tant en ce pays est principalement le prix que emprisonné ! C’est du jamais vu… » positions d’Israël, le discours sur Ces images, les téléspectateurs qui concerne la « tiédeur » dont elle les Etats-Unis veulent faire payer au «   … » Les autorités saoudiennes ont l’état de l’Union prononcé, mardi saoudiens peuvent les voir plu- fait preuve en matière de lutte con- royaume pour son soutien à l’Inti- Chacun, à Riyad, rappelle qu’au déjà fait savoir, par ailleurs, qu’elles 29 janvier, par le président améri- sieurs fois par jour sur un nombre tre le financement du terrorisme, fada. printemps 2001 l’émir Abdallah avait étaient hostiles à toute attaque con- cain George W. Bush a jeté de l’hui- incalculable de chaînes de télévi- que pour son rigorisme musulman, Derrière ce tir de barrage, notent- décliné une invitation à se rendre tre l’Irak. Quant aux relations du le sur le feu. De l’Irak à l’Iran en pas- sion par satellite. Il n’est pas un(e) voire l’enseignement qu’elle prodi- ils, se profilent les partisans d’Israël, aux Etats-Unis aussi longtemps que royaume avec l’Iran, avec lequel il a sant par le Hezbollah libanais, le seul(e) Saoudien ou Saoudienne gue à ses jeunes, et qui conduit, qui, à la suite des attentats du Washington ne reprendrait pas son conclu, en 2001, un traité de sécurité Mouvement de la résistance islami- qui ne ramène la conversation sur rôle d’honnête courtier dans le pro- après vingt années de tensions bila- que (Hamas) et le Djihad islamique « le terrorisme d’Etat pratiqué par cessus de paix israélo-palestinien. térales extrêmes, elles vont s’amélio- palestiniens, tous qualifiés sans Israël », dans l’indifférence quasi Rien d’imminent, selon Washington Dans une lettre au président Bush, il rant considérablement. Le voisin ira- nuance de terroristes, M. Bush a générale du monde, soulignent-ils, Les Etats-Unis ont indiqué, mercredi 30 janvier, qu’ils n’avaient pas de avait souligné que l’attitude américai- nien avait déjà été à l’origine de accentué l’image que l’on se fait ici alors que les Etats-Unis s’arrogent plans imminents contre l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord, malgré la mise en ne était « inacceptable pour l’Arabie tiraillements entre Riyad et Wash- d’une Amérique arrogante et résolu- le droit de traiter de « terroristes » garde très ferme adressée par le président George W. Bush à ces trois pays, saoudite et les pays arabes et musul- ington à propos d’un attentat qui, ment partisane. des Palestiniens qui mènent une la veille, lors de son discours sur l’état de l’Union. « Ce serait une erreur de mans ». Et d’ajouter : « Désormais, en juin 1996, avait tué dix-neuf mili- C’est principalement la « tragé- « lutte de libération nationale » con- penser que le président a dit qu’il allait répéter la campagne d’Afghanistan vous avez vos intérêts, et nous les taires américains à Khodar, dans le die » dont la Palestine est le théâtre tre « la dernière puissance occupan- partout dans le monde », a déclaré un haut responsable américain en com- nôtres. » Dans sa réponse, le prési- nord-est du pays. Les Etats-Unis ont qui met les nerfs à fleur de peau. Le te au monde ». mentant le discours prononcé mardi soir par M. Bush au Congrès. «Jene dent américain indiquait notam- régulièrement distillé des informa- prince héritier saoudien, Abdallah pense pas qu’il faille voir les prochaines étapes de la guerre dans les noms ment qu’il annoncerait, dans son dis- tions imputant à Téhéran la respon- Ben Abdel Aziz, l’a dit sans détour    qu’il a prononcés », a ajouté le même haut responsable sous couvert d’ano- cours devant l’Assemblée générale sabilité de l’attentat, ce que l’Iran et dans un entretien au New York Tout le monde estime ici, du plus nymat. Le président Bush effectue une tournée électorale de deux jours de l’ONU, prévue fin septembre à l’Arabie saoudite ont démenti. Times et au Washington Post. « Com- haut au plus bas de l’échelle politi- dans le sud-est du pays, au lendemain d’un discours jugé impressionnant New York, que les Etats-Unis étaient En juin 2001, l’attorney général ment voulez-vous, s’interroge le prin- que et sociale, que l’extrémisme, y par les médias américains. disposés à reconnaître un Etat pales- américain, John Ashcroft, avait à ce, qui détient les rênes du pouvoir compris des partisans, « abusés » La Caroline du Nord est un Etat-clé pour les républicains dans leurs tinien indépendant. nouveau pointé l’Iran et annoncé en raison de la maladie du roi Fahd, disent certains, de l’organisation ter- espoirs de reconquête du Sénat, passé l'été dernier sous le contrôle des M. Bush a certes tenu parole, en l’inculpation de quatorze person- que je prenne la défense des Etats- roriste Al-Qaida, se nourrit de la démocrates avec une seule voix de majorité. – (AFP.) annonçant, en novembre, devant nes, dont treize Saoudiens. Les accu- Unis dans les circonstances actuel- « tragédie » palestinienne, en les Nations unies, que les Etats-Unis sés, à l’exception de trois qui sont les ? » « Pensez-vous que ce qui se pas- même temps que du rejet de reconnaissaient le droit palestinien en fuite, sont détenus en Arabie se en Palestine peut être justifié ? (…) l’« hyperpuissance américaine ».Et selon certains aux Etats-Unis, à «la 11 septembre, veulent amener le à un Etat. Mais, depuis, les choses saoudite. Les Etats-Unis n’ont pas le Il ne s’agit pas d’une guerre entre deux il ne se passe pratiquement pas de haine » et à l’extrémisme. royaume à résipiscence. L’émir sont allées se dégradant en Palesti- droit de « prendre une quelconque armées, mais d’une armée dotée d’avi- jour sans qu’un ou plusieurs édito- De nombreux Saoudiens sont Abdallah l’a lui-même laissé enten- ne, où les Etats-Unis, s’indigne-t-on décision les concernant », s’était indi- ons, de chars, d’hélicoptères, qui com- rialistes de la presse ne critiquent la impliqués dans l’organisation d’Ous- dre, dans son entretien au New York ici, laissent les coudées franches au gné le prince sultan Ben Abdel Aziz, bat un peuple muni de pierres. (…) politique des Etats-Unis dans les ter- sama Ben Laden : quinze ont partici- Times et au Washington Post : premier ministre israélien, Ariel Sha- ministre de la défense, pourtant Des enfants sont la cible de tirs, les mes les plus virulents. pé aux attentats antiaméricains du « D’aucuns tentent d’exploiter la ron, et exercent des pressions gra- réputé très proche de Washington. habitations sont détruites, des arbres Ce ressentiment ne date pas 11 septembre 2001, cent autres, arrê- situation », a-t-il dit. La tension ves sur le président palestinien, Yas- déracinés, un peuple assiégé, des fem- d’hier, et le comportement de Wash- tés en Afghanistan, sont actuelle- dans les relations entre Washington ser Arafat, en réclusion forcée à Mouna Naïm LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/3 INTERNATIONAL L’économie américaine a connu une croissance Les ruines d’un bâtiment susceptible d’avoir servi de dépôt inattendue de 0,2 % au dernier trimestre d’armes dans la province d’Uruzgan après Si on s’en tient à la définition stricte – deux trimestres consécutifs de contraction du PIB –, un bombardement il n’y a donc pas eu de récession en 2001. Sur l’année, la croissance a atteint 1,1 % américain, la semaine dernière. NEW YORK même temps, les investissements nomie américaine sort plus vite que Dans un premier de notre correspondant des entreprises continuaient à CROISSANCE AMÉRICAINE prévu de la récession, la prospérité temps, le Pentagone Pour accueillir à New York com- dégringoler de 12,8 % et le gouverne- PIB en %, en rythme annuel n’est pas encore au coin de la rue. annonçait s’être me il se doit les participants du ment a accru de 9,6 % ses dépenses, Sans les ventes d’automobiles, le attaqué à un groupe World Economic Forum, l’économie essentiellement pour financer l’ef- PIB se serait contracté de 2,3 % au de combattants américaine leur a réservé une surpri- fort de sécurité intérieure et la dernier trimestre 2001. La rentabili- 5,7 talibans, ce que se mercredi 30 janvier. L’annonce guerre en Afghanistan. té des entreprises continue à plon- démentent des inattendue d’une croissance de Tout se passe pour l’économie ger et le chômage augmente rapide- responsables de 0,2 % au quatrième trimestre de américaine comme si, une fois effa- ment. Le nombre de personnes à la la ville. Ils assurent 2001. Le National Bureau of Econo- cée la parenthèse du 11 septembre, recherche d’un emploi s’est accru de que 18 combattants mic Research (NBER) date le début elle se retrouvait exactement dans 1,4 million l’an dernier et cela ne antitalibans ont été 2,3 de la récession aux Etats-Unis en sa situation antérieure : la vigueur 1,9 devrait pas s’arrêter. 1,3 tués par erreur sur la mars 2001, mais en s’en tenant à sa de la consommation, les deux tiers 1,3 Selon une étude publiée le 28 jan- base d’informations définition stricte – deux trimestres de l’activité économique, empê- vier par l’Institut de politique écono- 0,3 fournies aux consécutifs de contraction de l’activi- chant de sombrer dans une réces- 0 0,2 mique de Washington, le rebond de Américains par té – il n’y en aura tout simplement sion créée par les difficultés des l’activité ne sera pas suffisant cette un groupe rival. pas eu l’an dernier. Au-delà de ce entreprises et l’éclatement de la bul- année pour enrayer la montée des débat pour théoriciens, ce chiffre le autour de la nouvelle économie. licenciements. Le taux de chômage, – 1,3

  /   étonnant confirme le diagnostic fait aujourd’hui de 5,8 %, devrait attein- par Alan Greenspan la semaine der- 11      F T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 dre 6,5 % à la fin 2002 et commencer nière. « Nous sommes à la croisée des Les achats de biens durables par 2000 2001 seulement à diminuer légèrement chemins, très proches d’une variation les ménages, essentiellement des Source : Department of commerce news l’année prochaine. Les annonces de L’Iran réplique vertement nulle du produit intérieur brut », automobiles à la suite de promo- faillites se succèdent dont celles avait déclaré le 24 janvier le prési- tions massives, se sont envolés de onze reprises le loyer de l’argent au spectaculaires du groupe énergéti- aux accusations de George Bush dent de la Réserve fédérale (Fed) 38,4 % à la fin de l’année dernière ! jour le jour, le ramenant de 6,50 % à que Enron et du numéro trois de la devant la commission budgétaire du Les ventes de logements neufs ont 1,75 %, son plus bas niveau depuis distribution Kmart. L’endettement RIYAD l’Union, a placé Téhéran dans le Sénat. Pour l’ensemble de l’an- atteint un niveau historique l’an der- quarante ans, le comité de politique des entreprises et des ménages de notre envoyée spéciale camp des Etats qui représentent un née 2001, la croissance américaine nier, plus de 900 000, selon le dépar- monétaire de la Fed a décidé mercre- atteint des niveaux records. Il paraît loin ce mois de septem- danger pour la sécurité nationale ressort à 1,1 %. En 2000, elle avait tement du commerce. L’indice de di de laisser ses taux d’intérêt inchan- Si la situation s’améliore, l’eupho- bre 2001, lorsque les Etats-Unis américaine. été de 4,1 %. confiance des consommateurs du gés. « Les forces qui pèsent sur l’activi- rie de la fin des années 1990 devrait s’étaient félicités de la réaction de Certes, l’Iran a régulièrement figu- Après une contraction de l’activi- Conference Board a augmenté en té commençant à s’affaiblir, les pers- rester longtemps un souvenir. Voi- Téhéran aux attentats antiaméri- ré sur la liste des pays terroristes ou té de 1,3 % en rythme annuel au troi- janvier à 97,3, contre 94,6 en décem- pectives d’une reprise économique là pourquoi George Bush tient tant cains du 11 du même mois. Les soutenant le terrorisme, annuelle- sième trimestre de 2001, les écono- bre. « La confiance des ménages sont plus prometteuses », a annoncé à son plan de relance budgétaire. autorités iraniennes, singulière- ment publiée par le département mistes s’attendaient à un nouveau dans l’avenir est à son plus haut la Fed dans un communiqué. Le président a encore demandé ment le président Mohammad Kha- d’Etat américain. L’Irak et la Corée recul de l’ordre de 1 % lors des trois niveau depuis plus d’un an », souli- Mais la banque centrale a aussi mercredi au Congrès de voter «un tami, avaient alors condamné les du Nord – que le président américain derniers mois de l’année. L’insatia- gne l’économiste Lynn Brando. insisté sur « la persistance de risque programme de sécurité économi- attentats dans les termes les plus a également désignés mardi – aussi. ble consommateur américain en a Dans ce contexte, la Réserve fédé- de plus grande faiblesse économique que » pour « le bien des travailleurs sévères. Des députés de la majorité Mais ils ne sont pas les seuls. La décidé autrement. Ces achats ont rale a trouvé des raisons supplémen- en raison des incertitudes pesant sur américains ». réformatrice étaient allés signer le Syrie, le Soudan et le Yémen, pour ne augmenté à un rythme annuel de taires pour ne plus soutenir l’activi- les investissements des entreprises et registre de condoléances à l’ambas- parler que du Proche-Orient, figu- 5,4 % d’octobre à décembre. Dans le té. Après avoir abaissé l’an dernier à les dépenses des ménages ». Si l’éco- Eric Leser sade de Suisse à Téhéran, chargés rent eux aussi tout aussi régulière- des intérêts américains en Républi- ment à ce palmarès américain. que islamique. Ce qui est donc grave pour les De jeunes Iraniens avaient organi- autorités iraniennes aujourd’hui est Ouafa Idriss, la kamikaze dont les Palestiniennes sont « fières » sé une veillée aux bougies à Téhéran de voir leur pays ainsi singularisé en mémoire des victimes du World par le président américain dans son Rien ne laissait prévoir son geste, revendiqué par les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa Trade Center et du Pentagone. Téhé- intervention devant le Congrès. ran avait enfin autorisé le survol de Elles y voient les prémices d’un AL-AMARI (RAMALLAH) l’école dans le camp, mais elle a arrêté tifada d’en contrôler la détention et La maison dans laquelle s’est instal- son territoire par les avions améri- retour à la politique du « double de notre envoyé spécial ses études avant l’université. C’était l’usage, mais elle a rapidement dû lée la vieille femme n’est cependant cains transportant de l’aide humani- endiguement » de leur pays et de Un groupe d’hommes armés, les pendant la première Intifada, et elle baisser pavillon devant des éléments pas la maison familiale. Celle-ci a été taire destinée aux Afghans. Le secré- l’Irak, politique à laquelle l’adminis- visages masqués par des cagoules participait au comité des femmes qui radicaux prêts à s’engager dans une évacuée de peur de représailles israé- taire d’Etat américain, Colin Powell, tration américaine démocrate de noires, remontent silencieusement avait été créé dans le camp et qui orga- épreuve de force incertaine. liennes. Située au coin d’une ruelle Bill Clinton avait fini par renoncer  nisait des opérations de protestations sans grâce, noyée par endroits sous la depuis au moins cinq ans. non violentes. Ensuite, elle s’est     boue, le bâtiment accueillait jusqu’à La Corée du Nord mariée. Mais elle a divorcé au bout de Le dédale des rues étroites con- dimanche matin les quatre enfants et    Infirmière de 27 ans, quelques années. Elle n’avait pas eu duit à la maison modeste dans leur mère. Quelques meubles remplis- parle d’« agression » Le ministre iranien des affaires d’enfants et elle est revenue vivre dans laquelle la mère de la victime, Ouas- sent la chambre principale. Des pous- La Corée du Nord a accusé, jeudi étrangères, Kamal Kharazi, a vive- « elle était la maison familiale. En 1999, elle a sui- fiya, originaire de Ralma et veuve sins oubliés pépient dans un coin. Sur 31 janvier, George W. Bush de « pour- ment réagi et a condamné les accusa- vi une formation d’infirmière spéciali- depuis quinze ans, reçoit les condo- les murs, des photos de la jeune fem- suivre sa politique d’agression », tions américaines. « Le monde n’ac- très libre et très sée dans les premiers soins et elle a tra- léances des femmes du quartier. me égaient des diplômes encadrés après les propos du président améri- cepte plus d’hégémonie et M. Bush vaillé ensuite pour le Croissant-Rouge Assise sur un matelas de mousse, qui attestent de son assiduité et de cain désignant Pyongyang comme doit fournir les preuves de ce qu’il indépendante » en tant que bénévole. Elle était très les cheveux blancs masqués par un son sérieux auprès du Croissant-Rou- un pôle de « l’axe du mal » avec avance. Ses déclarations révèlent le libre et très indépendante », raconte keffieh à damier noir et blanc, elle ge. D’autres montrent une jeune fem- l’Iran et l’Irak. « Les remarques (de vrai visage du gouvernement améri- le jeune homme. presse contre son sein un portrait me souriante, les cheveux libres, M. Bush) n’étaient qu’une manœu- cain, qui veut étendre sa toute-puis- la route principale du camp Al-Ama- Le camp d’Al-Amari n’a pas bonne de sa fille. Celle-ci pose en toge, un maquillée et vêtue de couleurs vives. vre destinée à poursuivre sa politique sance au monde entier », a commen- ri, à l’entrée de Ramallah, accompa- réputation. Les armes y circuleraient rouleau de papier à la main : le diplô- Dans le quartier, les femmes se d’agression contre nous », affirme té le chef de la diplomatie iranienne. gnés par des grappes d’enfants. De assez librement. L’Autorité palesti- me obtenu à l’issue de son stage au disent « fières » d’Ouafa. « C’était l’agence de presse nord-coréenne « Les accusations américaines ne loin en loin, l’un d’entre eux s’age- nienne s’est essayée au début de l’In- Croissant-Rouge. mon amie, assure une jeune fille de KCNA captée à Séoul. « Ses remar- modifieront pas notre position et nouille près d’un mur et agite une seize ans, Aya. Je me souviens qu’elle ques étaient également destinées à notre politique », a renchéri le prési- bombe de peinture avant de tracer était allée un jour devant une maison justifier le stationnement de troupes dent du Parlement, Mehdi Karroubi, en arabe l’hommage des Brigades Sharon regrette de ne pas avoir « liquidé » Arafat que les Israéliens démolissaient. Elle américaines (en Corée du Sud) et la devant les participants à une confé- des martyrs d’Al-Aqsa, un groupus- Dans un entretien qui sera publié, vendredi 1er février, dans le quotidien avait été battue par un soldat et elle poursuite de sa politique hostile et rence de soutien au peuple palesti- cule militaire non officiel du Fatah, Maariv, Ariel Sharon déplore de ne pas avoir pu « liquider » le président m’avait dit qu’elle se vengerait. » Du agressive », poursuit l’agence offi- nien qui se tient dans la capitale à la responsable de « l’opération de palestinien, Yasser Arafat, lors de la guerre du Liban. « Il y avait un accord fait de son bénévolat au Croissant- cielle du régime de Pyongyang. iranienne. Jérusalem ». Quelques heures aupa- aux termes duquel il ne fallait pas le liquider et en fin de compte je le regret- Rouge, la jeune femme avait vécu de La Corée du Nord a suspendu ses Au cours des dernières semaines, ravant, l’identité de la porteuse de te », affirme le premier ministre. Israël avait envahi le Liban en 1982 et fait près le second soulèvement palesti- contacts avec Washington et Séoul Washington a multiplié les mises en bombe de la rue de Jaffa, rapide- le siège de Beyrouth pendant plusieurs mois contraignant Yasser Arafat et nien. « Elle avait même été blessée par en 2001, après le durcissement de la cause de la République islamique, ment décrite comme la première les Palestiniens à l’exil. Ariel Sharon était alors ministre de la défense. Ce une balle en caoutchouc reçue à la position américaine souhaité par accusée d’avoir donné asile à cer- kamikaze palestinienne, a été révé- dernier souligne toutefois que, si Yasser Arafat « prend toutes les mesures tête au cours d’une de ces missions », George Bush, notamment sur la tains responsables de l’organisation lée. Ouafa Idriss, morte dans l’explo- que nous exigeons de lui, il redeviendra un partenaire pour les négociations ». confirme le cousin Khalid. Dans les question des armements. Dans son terrosite Al-Qaida qui ont fui l’Afgha- sion du 27 janvier, qui a fait une vic- D’autre part, la France a proposé « deux nouvelles idées » pour sortir de la rues du camp, le groupe de miliciens discours sur l’état de l’Union, mardi, nistan, puis de chercher à déstabili- time israélienne et des dizaines de crise au Proche-Orient. Celles-ci prévoient « l’organisation d’élections cen- continue de couvrir les murs d’ins- le président américain a classé la ser M. Karzaï en s’immiscant dans blessés, n’était pas une étudiante de trées sur le thème de la paix » et « la reconnaissance de l’Etat palestinien, criptions à la gloire de la disparue. Corée du Nord au rang des pays les affaires intérieures afghanes. Des Naplouse ou de Bethléem, mais une point de départ d’un processus de négociation ». Le texte ne précise pas les possédant « les régimes les plus dan- accusations que les autorités iranien- réfugiée de ce camp. frontières de cet Etat. – (AFP.) Gilles Paris gereux du monde » qui cherchent nes ont formellement démenti. Cer- Dans la cour de la maison du peu- « à se doter d’armes de destruction taines sources européennes n’ex- ple, non loin de là, des chaises ont massive ». – (AFP.) cluent pas toutefois que, contre espè- été disposées en carré. Une vingtai- ces sonnantes et trébuchantes, des ne d’hommes sont assis, autour de responsables des corps paramilitai- deux frères de la disparue. Le res- ne pouvait alors que se réjouir d’une res iraniens, qui assurent la sécurité ponsable du Fatah pour la Cisjorda- attitude jugée constructive et éven- dans la région limitrophe de l’Afgha- nie, Marouan Barghouti, est venu tuellement porteuse d’avenir. nistan, aient laissé au moins transiter lui aussi présenter ses condoléan- La République islamique d’Iran par leur territoire des responsables ces. « Il est encore trop tôt pour par- partageait alors avec Washington – d’Al-Qaida. ler d’opération-suicide. Je ne sais une fois n’est pas coutume – un Les mêmes sources font état de pas si cette jeune femme avait l’inten- ennemi commun : le régime afghan l’envoi d’armes et d’argent dans la tion de périr dans cette opération où des talibans. Mais il en fallait bien région afghane d’Herat, proche de la si elle devait simplement acheminer plus pour une amorce de détente frontière iranienne, et reprochent une bombe. Les Israéliens eux- véritable entre les deux pays, en rai- aux autorités de Téhéran d’avoir mêmes ne savent pas trop quoi en son d’un contentieux bilatéral très transporté leurs divisions et rivalités penser. Tout ce qu’on peut dire, c’est lourd. La neutralité bienveillante internes à l’intérieur de l’Afghanis- constater dans quelle état la politi- réciproque, qui s’était alors instau- tan, où la République islamique a tou- que d’agression du gouvernement rée, ne devait durer qu’un temps. Le jours exercé une influence certaine. israélien plonge les Palestiniens. déclenchement des bombarde- Enfin, Washington a jugé crédi- Pour qu’une jeune femme en vienne ments américains en Afghanistan a bles les preuves apportées par à une telle extrémité, il faut que la en effet été régulièrement dénoncé Israël, impliquant l’Iran dans un tra- situation soit particulièrement terri- par l’Iran comme une guerre dirigée fic d’armes destinées aux Palesti- ble », glisse-t-il. contre des musulmans. niens, après la récente saisie par la L’un des deux frères, Khaled, C’est toutefois seulement après la marine israélienne, en mer Rouge, raconte sa stupéfaction à la nouvelle mise en place à Kaboul d’une autori- d’un lot important d’armement qui de la mort de sa jeune sœur. « Qui té provisoire sous la présidence de aurait été chargé sur l’île iranienne aurait pu se douter ? Comment Hamid Karzaï que les accusations de Kish. D’après l’Etat juif, le Hezbol- aurions-nous pu deviner ? », assu- américaines contre Téhéran sont lah libanais et de hauts responsables re-t-il, comme absent, tout à son allées crescendo, pour atteindre leur au sein de l’Autorité palestinienne deuil. Son cousin Khalid présent à point d’orgue mardi 29 janvier, lors- seraient mouillés dans cette affaire. ses côtés dresse, lui, le portrait d’une que le président George W. Bush, jeune femme de vingt-sept ans à la dans son discours sur l’Etat de M. Na. forte personnalité. « Elle est allée à 4/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 INTERNATIONAL Carla del Ponte n’a pas convaincu le TPI de juger Slobodan Milosevic en une seule fois Vers une action en justice contre la Maison Blanche La chambre d’appel de La Haye n’a pas encore tranché si les trois actes d’accusation WASHINGTON. Le General Accounting Office (GAO), organisme feront l’objet d’un unique procès comme le souhaite la procureur du Tribunal pénal international chargé de vérifier les comptes publics et qui dépend du Congrès améri- cain, a annoncé, mercredi 30 janvier, qu’il va engager une action en SLOBODAN MILOSEVIC sera- notamment que tous les actes incri- que Mme del Ponte n’avait à s’en sisté en revanche sur le tort que justice contre la Maison Blanche pour obtenir les noms de personnes t-il jugé une fois ou deux fois minés relèvent du « comportement prendre qu’à elle-même. causerait à l’accusation l’obligation consultées par le groupe de travail sur la politique énergétique qui devant le TPI à La Haye ? Une fois global de l’accusé Milosevic visant à De fait, l’inculpation sur le Koso- de convoquer à deux reprises à était dirigé par le vice-président Richard Cheney. Selon le contrôleur pour ses responsabilités présu- créer une “Grande Serbie” ». vo a été lancée au printemps 1999, La Haye une vingtaine de témoins général du GAO, David Walker, cette action pourrait être engagée mées dans les crimes commis au Dans sa réponse du 13 décem- pendant l’intervention de l’OTAN, politiques, qui faisaient partie, dit- « dans les deux ou trois semaines ». Kosovo en 1999 ; une autre pour bre, la chambre, contestant cette et les deux autres seulement à la fin elle, de l’entourage de Milosevic, et La Maison Blanche a reconnu que des membres du groupe de travail celles qui lui sont imputées en approche, faisait remarquer notam- de l’automne dernier. La procureur, qui – ne serait-ce que pour des rai- de M. Cheney avaient rencontré à six reprises des représentants du Croatie (1991) et en Bosnie où les ment que le terme de « Grande Ser- que l’on interrogeait, il y a quelques sons de sécurité – ne reviendront courtier en énergie Enron, qui a depuis fait faillite dans des conditions crimes commis de 1992 à 1995 lui mois, sur la lenteur des enquêtes sans doute pas deux fois. La pro- douteuses. Le président américain refuse de livrer ces informations au valent l’accusation de « génoci- relatives à la Croatie et à la Bosnie, cureur a fait droit cependant à la nom de sa capacité à recevoir des avis fiables et indépendants. Son de » ? Ou bien une seule fois pour Carla del Ponte expliquait que Milosevic y a exercé ferme détermination des juges porte-parole Ari Fleischer a indiqué, mercredi, qu’il « se battra pour toutes ? La chambre d’appel s’est des « responsabilités indirectes », d’ouvrir l’audience sans plus atten- défendre ses droits et celui des futurs présidents ». Le GAO avait entamé séparée après l’audience publique a développé l’idée de contrairement aux « responsabilités dre et suggéré un compromis : com- des recherches sur les activités du groupe de travail au printemps qu’elle a tenue mercredi 30 janvier, directes » que lui conférait au Koso- mencer par l’audience sur le Ko- 2001, à la demande de deux députés démocrates.– (Reuters, AP.) sans encore trancher. On est pour- l’unicité de l’entreprise vo sa fonction de président yougo- sovo et poursuivre avec les autres, tant à moins de deux semaines du slave, et que les preuves étaient par mais « dans le même procès ». jour « J » : en toute hypothèse, menée par Milosevic conséquent plus difficiles à établir. Quant à l’accusé, dûment consul- L’ancien tortionnaire argentin jonction des actes d’accusation ou « Mes prédécesseurs, disait-elle aus- té aux divers stades de cette affai- pas, l’audience relative au Kosovo si, n’y ont sans doute pas travaillé re, il semble n’en avoir pas grand- Alfredo Astiz remis en liberté doit en effet commencer le bie » ne figure pas dans l’acte d’ac- avec l’assiduité qu’ils y auraient mise chose à faire. En décembre, il avait 12 février. cusation relatif au Kosovo, que s’ils avaient prévu ce qui allait se pas- estimé que la demande du procu- BUENOS AIRES. Alfredo Au regard de l’Histoire et pour le trois années séparent les événe- ser à Belgrade », à savoir le renver- reur ne visait qu’« à faire passer à Astiz (à droite sur la photo), bon sens commun, ces questions ments de Bosnie de ceux du Ko- sement de Milosevic à l’automne l’arrière-plan l’inculpation relative considéré comme l’un des peuvent paraître vaines ratiocina- sovo, que le nombre total des 2000, son arrestation à Belgrade au Kosovo, parce qu’elle posera iné- plus grands tortionnaires tions : un homme a incarné le pou- témoins que l’accusation envisage en avril 2001, enfin son transfert à vitablement la question de la coopé- de la dictature argentine voir à Belgrade durant dix années de citer, même réduit par rapport La Haye deux mois plus tard. ration de l’administration Clinton (1976-1983), a été remis en tragiques de l’histoire des Balkans, au nombre initialement avancé Ne s’avouant pas vaincue, Carla avec les terroristes du Kosovo, y com- liberté après le rejet, par le on attend qu’il rende compte glo- (380 au lieu de 600), entraînerait un del Ponte a fait appel le 15 janvier pris l’organisation de Ben Laden ». gouvernement argentin, de balement. Mais les choses ne sont procès trop long s’il devait être uni- de la décision des juges de premiè- « Il s’agit avant tout de protéger la demande d’extradition pas si simples au TPI. que. Les juges acceptaient la jonc- re instance. Argumentant longue- ceux qui ont commis des crimes con- déposée à son encontre C’est la procureur Carla del tion des inculpations portant sur la ment contre le principe de deux pro- tre mon pays », disait-il. Mercredi, par la Suède. La justice sué- Ponte qui, le 27 novembre 2001, a Croatie et la Bosnie, mais refu- cès distincts, elle a développé l’idée il n’a pas développé spécifique- doise entendait le juger demandé la jonction des trois saient d’y mêler celles qui portent de l’unicité de l’entreprise menée ment cette thèse sur les motifs du pour l’enlèvement, la tortu- actes d’accusation qu’elle a pro- sur le Kosovo. Contrairement aux par Slobodan Milosevic dans les procureur, mais estimé que « l’ad- re et le meurtre, en 1977, duits contre Milosevic, afin de le deux autres, l’acte d’accusation sur diverses fonctions qu’il a occupées dition de trois mensonges ne fait pas d’une de ses ressortissan- juger en un unique procès. Dans sa le Kosovo est « prêt pour le procès » à Belgrade. Elle a fait valoir que la la vérité ». tes, alors agée de 17 ans,  requête devant la chambre de pre- et sera donc jugé d’abord, avaient- jonction en un seul procès ne serait Dagmar Hagelin. L’ancien mière instance, elle avait fait valoir ils décidé, ce qui sous-entendait pas préjudiciable à l’accusé et in- Claire Tréan capitaine de frégate, âgé de 51 ans, avait été arrêté le 27 décembre 2001. « Si Astiz a bien été relâché, cela signifie que le meurtre est pres- crit », a commenté le procureur en chef suédois Thomas Lindstrand, mercredi. En liberté et amnistié – sauf pour la disparition de bébés – « Un complot diabolique pour transformer les victimes en coupables » dans son pays, Alfredo Astiz ne peut en sortir, sous peine de tomber sous le coup de plusieurs mandats internationaux. Déjà interpellé en LA HAYE verbe haut et le débit rapide, croate, d’atteintes aux droits de la des troupes d’occupation, complices juillet 2001 à la suite de demandes de la France et de l’Italie, il avait été correspondance l’homme accusé d’avoir mis l’ex- minorité serbe et de la « reconnais- des terroristes. Tout ce bruit autour libéré en août. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement d’Eduar- Rompant avec la stratégie de Yougoslavie à feu et à sang pour réa- sance prématurée » de l’indépen- de la Grande Serbie n’a qu’un but : do Duhalde se refuse à toute extradition au nom du principe de terri- Richard May, qui dirige les débats liser son rêve de Grande Serbie a, dance croate. Cette question avait cacher le fait que nous assistons à torialité de la justice. de la chambre de première ins- pendant une trentaine de minutes, fait débat lorsque l’Union euro- la création d’une Grande Albanie  tance, Claude Jorda, qui préside la péenne avait entériné cette indépen- comme celle voulue par Hitler et Mus- a chambre d’appel du Tribunal pour « Nous demandions un dance sous la pression de l’Alle- solini. » PHILIPPINES : les opérations militaires conjointes des Etats- l’ex-Yougoslavie (TPIY), a donné, traitement d’égalité. magne, en janvier 1992. Le juge Jorda a interrompu l’accu- Unis avec les forces de Manille contre les rebelles musulmans du sud mercredi 30 janvier, à Slobodan Nous avons sauvé La guerre en Bosnie, avec sa puri- sé : « La discussion d’aujourd’hui a de l’archipel, ont commencé jeudi 31 janvier. Le chef d’état major Milosevic l’occasion de s’exprimer, vos soldats fication ethnique, ses massacres, pour seul objectif l’organisation d’un général de Manille, le général Diomedio Villanueva, a officiellement même lorsque ce dernier ne répon- et vos pilotes » viols et pillages ? « Combien d’initia- bon procès. » Milosevic a repris le fil lancé, à Zamboanga, grande ville du Sud philippin, l’opération de six dait pas directement à ses ques-   tives de paix n’avons-nous pas soute- de ses arguments, avant de recon- mois contre le groupe Abu Sayyaf – des preneurs d’otages accusés par

tions. Ceci a permis à l’ancien prési-  nues ? La seule chose que nous naître : « C’est la première fois que Washington de relations avec le réseau d’Oussama Ben Laden – à dent d’exposer les grandes lignes de demandions, nous les Serbes, était un j’ai l’opportunité de parler. » Selon laquelle quelques 600 soldats américains doivent participer. Les Amé- sa défense, et de confirmer que les avancé ses arguments. Le thème traitement d’égalité. Nous avons sau- l’ancien président, « la logique serait ricains doivent entraîner 3 800 soldats philippins aux opérations anti- juges et l’accusé ne parlent décidé- général est connu : « Le procès qui vé vos soldats et vos pilotes », a-t-il de me libérer immédiatement. Je ne terroristes et ne seront en principe pas engagés directement contre le ment pas le même langage. m’est fait n’est qu’un complot diabo- lancé aux cinq magistrats de la fuirai pas. Je viendrai à toutes les groupe islamiste. C’est le plus important déploiement de troupes US La cour d’appel avait été convo- lique pour transformer des victimes chambre d’appel. audiences. Ceci est une bataille, et depuis le début de la campagne d’Afghanistan contre le réseau quée à la demande de la procureur, en coupables. Les victimes, ce sont Le Kosovo ? « Nous avons pro- j’ai l’intention de la gagner. » Al-Qaïda d’OUssama Ben Laden.– (AFP.) Carla del Ponte, qui conteste la déci- mon pays, mon peuple et moi- tégé les Albanais. Puis [l’émissaire Au terme de cette audience, il a ALGÉRIE / UNION EUROPÉENNE : l’accord d’association entre sion de la chambre de première ins- même. » En revanche, sa vision sur américain] Richard Holbrooke est apparaît que S. Milosevic veut un l’Algérie et l’Union européenne (UE) connaît son premier raté, un peu tance de ne pas joindre en un seul les trois conflits a, pour la première arrivé pour trouver un prétexte afin procès politique, alors que les juges plus d’un mois après sa signature. L’Algérie a refusé d’accorder un procès les trois actes d’accusation : fois, été exposée en audience. d’attaquer la Yougoslavie. Les mai- ont avant tout le souci d’un procès visa à deux fonctionnaires de Bruxelles qui devaient se rendre fin jan- crimes contre l’humanité au Ko- Pour Slobodan Milosevic, la sons et les églises des Serbes ont été respectueux des droits de toutes les vier à Alger pour y rencontrer les représentants de la société civile en sovo et en Croatie, et génocide en guerre en Croatie n’est que le ré- brûlées, les soi-disant forces de protec- parties. préalable à l’octroi d’aides financières, a-t-on appris, mercredi 30 jan- Bosnie-Herzégovine. sultat de la politique agressive de tion internationales censées assurer vier. Cette procédure est appliquée à tous les pays signataires d’un A l’aide de phrases courtes, le Franjo Tudjman, l’ancien président la sauvegarde des habitants ont été Alain Franco accord d’association avec Bruxelles. Le pape plaide l’objection de conscience des juges et des avocats En Italie, l’Olivier fait taire ses divisions

LE TRIBUNAL DE LA ROTE remonte à la papauté d’une fraction de l’Alliance nationale, scandalisées par Francesco Rutelli à la tête de la coalition de gauche jusqu’à l’automne d’Avignon. Ce curieux nom désigne l’instance d’appel, les propos de Jean Paul II. Plusieurs députés DS (Démo- constituée de douze juges ecclésiastiques qui siègent crates de gauche), principale formation de l’opposi- ROME mais ne fut pas explicitement évo- européen. Surtout il va lui falloir à tour de rôle (d’où le nom de ruota, roue), chargée de tion, en parlent comme d’« une ingérence directe dans de notre correspondante quée. La goutte qui a fait déborder compter avec sa minorité, plus à gau- statuer sur les causes de nullité de mariage. C’est les affaires de la justice » et d’« une atteinte à la laïcité Francesco Rutelli, ancien maire de le vase a été le rejet, la semaine pas- che, comme avec son besoin de devant la Rote qu’à l’ouverture de l’année judiciaire, de l’Etat ». Ils y voient un appel à la « désobéissance Rome et leader de la coalition de sée, de la candidature pour l’opposi- s’élargir à Refondation Communiste lundi 28 janvier au Vatican, le pape a fait l’un de ses civile » des juges et des avocats. « Préparons-nous », l’Olivier (centre gauche) depuis la tion du député Massimo D’Alema, (extrême gauche) qui a refusé jus- discours les plus violents contre le divorce, qualifié de écrit l’éditorialiste de La Repubblica, à une « Républi- campagne législative conclue par ancien premier ministre et président qu’à maintenant d’entrer dans la « fléau » et de « plaie dans le corps social ». La polémi- que fondamentalisée ou talibanisée », si les principes l’arrivée en juin 2001 du gouverne- des démocrates de gauche, à la Con- coalition, et l’Italie des Valeurs (cen- que a aussitôt éclaté en Italie où le mot de divorce fait de la religion se transforment en lois de l’Etat et si ment Berlusconi, va rester à la tête vention européenne, au profit de triste) de l’ancien procureur de partie de ceux qui fâchent, depuis les furieuses tout « péché » pour l’Eglise devient « délit » pour le tri- de l’opposition jusqu’à la conven- Lamberto Dini, ancien ministre des Mains Propres, Antonio Di Pietro batailles qui ont précédé la loi sur le divorce de 1971 et bunal civil. Si les magistrats et les avocats font de tion prévue de l’Olivier à l’automne. tenu à l’écart jusque-là et qui se rap- le référendum de 1974 en vue de l’abroger, marqué l’« objection de conscience » au divorce, la solution Chef fondateur de la formation de la proche des DS en ce moment. Si l’on par une lourde défaite de l’Eglise catholique et de la plus expéditive du notaire s’imposera, estime Anna Marguerite, il devra choisir entre la L’implosion de l’Olivier additionne les suffrages aux législati- Démocratie chrétienne. Finocchiaro, responsable des questions de justice direction de son parti et la candidatu- ves dernières de tous ces mouve- Le pape va plus loin et presse les avocats et les dans l’opposition de centre-gauche, qui suggère déjà re à celle de la coalition : ces deux avait été annoncée ments, on obtient alors un score vir- juges civils de faire jouer la clause de conscience dans d’en venir là pour les couples sans enfants ou avec charges ne pourront plus être cumu- tuel qui aurait dépassé celui obtenu tous les dossiers de divorce. Aux avocats, libres de enfants majeurs qui veulent se séparer. lées. Jusque-là, il va être assisté d’un comme probable ; par Silvio Berlusconi et sa coalition choisir les causes à défendre, il demande de « refuser directoire composé des secrétaires de centre-droit. La réalité est restée d’exercer leur profession pour une finalité contraire à la   généraux des partis qui appartien- elle a été évitée en deçà. Comment trouver un pro- justice ». Il leur faut éviter, ajoute Jean Paul II, de deve- Si en France les réactions sont limitées, l’Italie se nent à l’Olivier (Verts et Communis- gramme commun entre le réformis- nir « de simples techniciens au service d’une cause quel- demande comment le pape a pu prendre le risque de tes compris). Ainsi cette dernière me des uns et le jusqu’au-boutisme conque ». Quant aux juges, chargés d’appliquer la loi, rallumer une guerre civile sur un tel sujet. Sans doute évolue-t-elle vers une fédération, affaires étrangères et membre de la des autres ? Cette tâche de recompo- ils ne peuvent certes pas invoquer une objection de a t-il voulu marquer un coup d’arrêt à la banalisation comme le souhaitait son principal Marguerite, un centriste qui plaît sition est au menu de l’opposition conscience, mais ils doivent tout faire pour convaincre du divorce et rappeler l’indissolubilité du mariage, qui parti-membre, les Démocrates de davantage aux présidents du Parle- pour les prochains mois. les conjoints séparés d’en passer par un « travail de est l’un des piliers de la morale catholique. Mais une gauche (DS) dont le secrétaire géné- ment issus de la majorité au pou- La base risque de peser sur ces conciliation » sérieusement mené et, dans leurs sen- telle pression sur les juges et les avocats – après celle ral Piero Fassino abandonne donc voir. Francesco Rutelli accusé choix : depuis une semaine, les syndi- tences, pour sauver les mariages. exercée sur les médecins confrontés à des demandes son rôle de numéro deux auprès de d’avoir « roulé » pour sa formation cats autour de la puissante CGIL ont Simple pression morale ? Ou retour à l’« intransi- d’interruption de grossesse – relève d’une doctrine M. Rutelli. s’en est défendu en ouvrant le som- mené une grève unitaire réussie con- geance » catholique d’hier par rapport aux lois civi- constamment réaffirmée par le pape : tout ce qui est Telles sont les décisions annon- met de mercredi. Il a également tre les projets du gouvernement en les ? L’Italie s’est immédiatement divisée. D’un côté, légal n’est pas forcément moral. L’indissolubilité du cées à l’issue d’un sommet de cinq posé les règles du jeu de ce que doit matière de travail et de retraite. l’épiscopat, le Parti populaire italien (PPI), héritier de mariage – comme l’IVG ou l’euthanasie active – ne heures tenu à Rome mercredi 30 jan- être l’union dans l’Olivier pour deve- 600 000 manifesrants ont ainsi défilé la gauche de la Démocratie chrétienne, et Roberto Cas- saurait être considérée comme une simple affaire pri- vier. L’implosion de l’Olivier avait nir une alternative crédible à la majo- mardi 29 janvier dans six régions du telli, garde des sceaux du gouvernement de centre- vée, puisqu’elle peut avoir des conséquences sociales été annoncée comme probable ; elle rité arrivée au pouvoir pour cinq Nord et du Centre et deux du Sud, droit, tentent de dédramatiser l’affaire. Pour eux, le graves. La loi morale s’impose donc, dans certains cas, a été évitée. Depuis la percée électo- ans. soit la moitié de la péninsule, pour pape est dans son rôle de défenseur des liens du sur la loi civile. rale de la Marguerite, arrivée aux Il est urgent d’attendre pour protester contre des atteintes graves mariage. Il éclaire la conscience des professionnels Un tel discours contraste toutefois avec la capacité législatives à un point des démocra- régler ce conflit de rivalité difficile à au droit du travail en matière de chargés de juger des causes matrimoniales. Pour les des responsables de l’Eglise – et de ce pape en particu- tes de gauche jusque-là dominants à nier, entre un centre de gauche et licenciement et de retraites et dénon- juristes catholiques, en Italie comme en France, ce tex- lier – à se montrer plus sensibles aux épreuves subies gauche, la question de la rivalité aussi de culture démocratie-chré- cer le fait que le gouvernement pré- te n’est qu’« un appel à la retenue » (Me Thierry Mas- par des hommes et des femmes, dont l’échec conjugal pour la direction de la coalition se tienne, la Marguerite, et la gauche fère agir par décrets lois plutôt sis), dans deux pays où les divorces prononcés ont aug- est la plus fréquente, qu’au respect absolu de normes. posait, mais à demi-voix. Au con- DS post-communiste. Un projet les qu’en concertation. menté de plus de 20 % en dix ans. Ce n’est pas du grès des démocrates de gauche à unit, celui d’un réformisme libéral tout l’avis de la gauche laïque italienne, et même Henri Tincq Pesaro en novembre, elle se sentait, mais soucieux de parité sociale et Danielle Rouard LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/5 UNION EUROPÉENNE Berlin légalise l’importation Conflit autour des propositions ÉCHOS a CONVENTION : La France a de cellules souches notifié officiellement mercredi de financement de l’élargissement 30 janvier la liste de ses représen- Leur production en Allemagne tants à la Convention sur la réfor- me de l’Union présidée par Valéry reste interdite, a décidé mercredi le Bundestag Varsovie et Prague regrettent une politique d’aide à deux vitesses Giscard d’Estaing. Le représentant de l’exécutif sera Pierre Moscovici BERLIN La discussion a traversé tous les BRUXELLES mission ne soient pas estimées à leur Franz Fischler a présenté sa vision (PS) — suppléant Pierre Vimont, de notre correspondant groupes parlementaires, recréant de notre bureau européen juste valeur et que la Pologne ne réus- de la politique agricole commune représentant permanent à Bruxel- Avec pour toile de fond l’éthi- une fracture comparable à celle Plusieurs des pays candidats d’Eu- sisse pas la grande percée dans les (PAC) : elle doit faciliter la moderni- les. Alain Barrau (PS, Hérault) que médicale, la morale religieuse, apparue dans les discussions sur rope de l’est, dont la Pologne et la négociations », a menacé Günter sation de l’agriculture de ces pays. représentera l’Assemblée nationa- le développement de la science, la l’avortement. Aux partisans, mino- République tchèque, ont rejeté les Verheugen, commissaire allemand Cette restructuration doit s’organi- le -suppléant : Anne-Marie Idrac préservation des intérêts économi- ritaires, d’une importation large- propositions faites mercredi 30 jan- chargé de l’élargissement. Il s’en est ser de manière « socialement respon- (UDF, Yvelines), Hubert Haenel ques et, aussi, l’Histoire, l’Allema- ment libéralisée, se sont opposés vier par Bruxelles pour financer pris vivement aux « forces irrespon- sable » et ne pas créer des centai- (RPR, Haut-Rhin) le Sénat -sup- gne s’est finalement prononcée, ceux qui, soutenus par les églises l’élargissement de l’Union à vingt- sables » de ce pays, qui ont « nourri nes de milliers de chômeurs, en pléant : Robert Badinter (PS, mercredi 30 janvier, en faveur de protestantes et catholiques et évo- cinq membres sur la période l’idée que la Pologne pourrait avoir Pologne notamment. Il convient Hauts de Seine). Les représentants l’importation de cellules souches quant souvent l’eugénisme nazi, 2004-2006. La Commission a annon- dès son adhésion des paiements donc de trouver un équilibre entre français du Parlement européen embryonnaires humaines à des prônent le refus total de tout ce cé une enveloppe de 40 milliards directs équivalents à 100 % ». aides au revenu et incitations à la sont : titulaires : Alain Lamassour- fins scientifiques. Près de cinq heu- qui pourrait apparaître comme d’euros. « Raconter cela à la population polo- modernisation. Les aides doivent re (UDF) et Olivier Duhamel (PS) ; res de débats, de multiples réu- une atteinte à la vie humaine. Le conflit porte sur les aides direc- naise est criminel », a prévenu favoriser le développement rural. suppléants : Pervenche Béres (PS) nions préparatoires et des mois de C’est finalement la motion de tes allouées aux agriculteurs, ver- M. Verheugen, rappelant que le Tout cela doit se faire dans les con- et William Abitbol (ex-RPF). discussions préalables ont été compromis, avec le soutien du sées à l’ouest pour compenser la plan budgétaire 2000-2006 établi traintes budgétaires fixées à Berlin. a « CIEL OUVERT » : les accords nécessaires pour que le Bundestag chancelier Schröder et d’Angela baisse des prix agricoles. La Com- par les Quinze en 1999 ne prévoyait Mais, en disant qu’en 2013, les agri- bilatéraux dits de « ciel ouvert » accepte, mercredi 30 janvier, par mission prévoit qu’en 2004, 2 005 et pas d’aides directes pour les futurs culteurs auront droit aux mêmes conclus entre certains pays euro- 340 voix contre 275, l’importation 2006, les agriculteurs des nouveaux adhérents. aides que ceux de l’est, la Commis- péens et les Etats-Unis dans le de cellules que l’Allemagne s’inter- La fabrication membres toucheront 25 %, 30 % et sion signifie aux Etats-membre domaine du transport aérien, déro- dit de fabriquer elle-même. 35 % des aides allouées à leurs collè-  actuels qu’il n’y aura pas de PAC à gent aux règles européennes, a esti- Le débat découlait de la pres- d’embryons in vitro gues de l’ouest. Il faudra attendre Le président de la Commission deux vitesses. mé jeudi 31 janvier à Luxembourg sion des milieux scientifiques, sou- 2 013 pour avoir partout les mêmes Romano Prodi a estimé que ses pro- La Commission affirme que cette l’avocat général de la Cour de jus- cieux de ne pas être absents du n’est permise qu’à droits. « Le niveau initial proposé est positions étaient un équilibre entre égalisation ne préjuge pas du tice de l’Union, Antonio Tizzano. domaine des nouvelles voies de largement insatisfaisant. La proposi- les souhaits des candidats et les con- niveau qu’auront ces aides dans dix Selon lui, ils violent la répartition recherche ouvertes par la généti- des fins de reproduction tion d’une période de 10 ans avant traintes des Etats-membres. Les ans. Ce sujet sera tranché lors de la des compétences entre la Commu- que moderne, et des contraintes d’atteindre 100 % des compensations fonds doivent aider les pays candi- réforme de la PAC pour l’après nauté, censée être l’autorité com- imposées par la loi de 1991 qui ne peut être acceptée », a protesté le dats à améliorer le fonctionnement 2006. Mais Bruxelles refuse de lier pétente pour signer des accords interdit toute manipulation sur Merkel, chef de l’opposition chré- porte-parole du gouvernement de leur administration, permettre cette réforme avec l’élargissement : internationaux, et les Etats-mem- l’embryon humain — précoce- tienne démocrate, qui l’a empor- polonais. la fermeture de centrales nucléaires avec la France et l’Allemagne en bres. Il donne ainsi raison à la Com- ment défini comme le produit de té. Tous deux ont plaidé la nécessi- La Commission s’est agacée de en Lituanie et en Slovaquie, mais le campagne électorale, ce serait aller mission qui, en 1998, avait intenté la réunion d’un ovule et d’un sper- té, pour la science — et l’industrie ces protestations. « Les premières gros morceau reste la politique droit au blocage de l’élargissement. une action à l’encontre de sept matozoïde « dès la fusion des deux pharmaceutique — du pays, de réactions en Pologne me font crain- structurelle et l’agriculture. pays ayant signé individuellement noyaux ». Selon ce même texte, la rester présent dans un domaine dre que les propositions de la Com- Le commissaire à l’agriculture Arnaud Leparmentier de tels accords. fabrication d’embryons in vitro d’avenir. n’est permise qu’à des fins de Plusieurs députés ont évoqué reproduction ; aucun prélèvement l’arrivée prochaine de nouveaux de cellules issues de ces embryons médicaments issus de la recherche n’est autorisé pour d’autres buts sur cellules souches et produits à que la procréation. l’étranger, estimant, selon la for- Non sans tartuferie, certains mule de l’un d’eux, « qu’à ce milieux scientifiques, dont les tra- moment, aucun hôpital, même vaux font appel à ces cellules évangélique ou catholique, ne pour- riches de potentialités, avaient cru ra se permettre de ne pas les utili- pouvoir tourner la difficulté en ser ». important des cellules issues d’em- La motion votée mercredi inter- bryons conçus hors d’Allemagne, dit toujours, « en principe », l’im- solution que la loi allemande, qui portation de cellules souches ne l’a pas prévu, n’interdit pas for- embryonnaires humaines mais, en mellement. Des liens avaient été pratique, l’autorise « sous strictes tissés avec des laboratoires aux conditions » s’il n’existe pas Etats-Unis et en Israël notam- d’autre alternative à un projet pré- ment, où de telles cellules sont cis de recherche scientifique. L’im- légalement produites. C’est finale- portation est notamment limitée ment la Société des chercheurs aux colonies de cellules souches allemands, sollicitée par divers déjà existantes le jour du vote de scientifiques entendant utiliser la motion. des cellules souches importées, qui a saisi le Bundestag. Georges Marion Paris hostile à des exportations de cellules embryonnaires

LE FEU VERT donné, mercredi proposition, Roger-Gérard Schwar- 30 janvier, par l’Allemagne à l’im- tzenberg, ministre de la recherche, portation de cellules souches a été très critique. « L’idée formulée issues d’embryons humains mar- par le professeur Sicard n’engage en que une nouvelle et importante aucune manière le gouvernement étape dans les rapports existant français, a déclaré au Monde le entre la réflexion éthique et les ministre de la recherche. Exporter décisions politiques au sein des en Allemagne des embryons conçus pays de l’Union européenne. Elle en France et destinés à la recherche survient quelques jours après le conduirait concrètement ce pays à vote, en première lecture, par les externaliser les problèmes éthiques députés français d’une disposition auxquels il est aujourd’hui confron- autorisant la constitution de cellu- té. Ce n’est pas acceptable. La Fran- les souches à partir de certains ce vient de faire un effort important embryons. pour ouvrir, dans son droit, la voie à En Europe, seul le Royaume Uni la recherche sur l’embryon humain. s’est doté d’une législation autori- il revient à l’Allemagne de fournir le sant, sans ambiguïté, l’utilisation même effort ». d’embryons humains à des fins thé- S’il est vrai, pour M. Schwartzen- rapeutiques. Pour sa part, le gou- berg, que « la recherche scientifique vernement suédois vient d’annon- n’a pas de frontières », l’éthique cer une modification de la législa- « gagnerait à être plus communé- tion pour autoriser la pratique du ment partagée au sein de l’Union clonage humain à des fins théra- européenne ». Interrogé sur la pos- peutiques. sible importation, en France, de lignées de cellules souches issues   d’embryons humains, M. Schwart- La décision du Bundestag relan- zenberg a indiqué qu’il saisirait pro- ce le débat en France sur l’exporta- chainement Lionel Jospin de cette tion d’embryons conçus in vitro et question. « Le projet de loi de bioé- destinés à la recherche scienti- thique a été adopté à une large majo- fique. Le professeur Didier Sicard, rité à l’Assemblée nationale en pre- président du Comité national fran- mière lecture. Cependant, les délais çais d’éthique, avait proposé le nécessaires au vote définitif de cette dimanche 13 janvier, lors d’un col- loi et à la prise de ses décrets d’appli- loque organisé à Genshagen, près cation devraient faire que les cher- de Berlin, sous l’égide de la Fonda- cheurs français ne pourront pas, en tion Robert-Schuman, d’autoriser pratique, travailler sur des cellules de telles exportations vers l’Allema- embryonnaires avant 2003 », a-t-il gne. « A partir de l’embryon expliqué. Le ministre de la recher- humain, des collaborations d’un nou- che souligne que la France dispose veau type sont possibles dans le d’une base législative et réglemen- champ des sciences cognitives, avait taire – avec la loi du 1er juillet 1998 expliqué le président du Comité et le décret du 23 février 2000 – qui national d’éthique français. Grâce lui permettent d’autoriser l’impor- à la nouvelle collaboration depuis tation de lignées de cellules. peu ouverte entre l’Allemagne et la « Maintenant que le consensus a été France et exprimée notamment lors obtenu, souligne M. Schwartzem- du dernier sommet franco-allemand berg, le gouvernement serait très légi- de Nantes, nous allons pouvoir avan- timement fondé à utiliser la loi de cer de nouvelle manière ». 1998 et le décret de février 2000. » Interrogé sur la position du gou- vernement français face à une telle Jean-Yves Nau 6/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 FRANCE AFFAIRES

Dans un entretien exclusif recueilli à Saint-Domingue « J’en ai assez de vivre   , de pas- transmise aux autorités dominicaines jeudi, M. Schul- Seine, à l’origine de son exil, il reconnaît l’ par Le Monde, Didier Schuller, ancien conseiller général ser pour un politicien corrompu sans pouvoir me défen- ler affirme être « libre de ses mouvements », contraire- ’ «  » de trucage des marchés, « conçu des Hauts-de-Seine en fuite depuis 1995, annonce qu’il dre », dit-il. Visé par un mandat d’arrêt international et ment aux rumeurs sur la surveillance dont il serait l’ob- au-dessus de [lui] » : « celui d’un parti – le RPR – et d’un a « décidé de rentrer » en France pour « [s’]expliquer ». alors qu’une  ’ devait être jet. Concernant le dossier de l’Office HLM des Hauts-de- département – les Hauts-de-Seine ». A Saint-Domingue, Didier Schuller se dit « décidé à rentrer » en France Dans un entretien recueilli sur l’île des Caraïbes, où il se dit « libre de ses mouvements », l’ancien élu des Hauts-de-Seine, en fuite depuis 1995, explique les raisons et les conditions de son exil. Il souhaite aujourd’hui « sortir du piège dans lequel [il s’est] enfermé depuis sept ans »

SAINT-DOMINGUE mercredi 30 janvier, l’envoyé spé- mandat d’arrêt international que Ranch, la résidence huppée où il que, explique-t-il, je me rendais L’ancien élu affirme, de son de notre envoyé spécial cial du Monde, loin de toute présen- la justice française vient de réacti- s’était installé avec sa famille, près déjà régulièrement en République côté, qu’il ne cherche pas à gagner Une semaine après avoir été loca- ce policière et dans une apparente ver, le fugitif dispose de plusieurs de Cabarete, sur la côte nord de dominicaine. » Après avoir été du temps, mais simplement à orga- lisé en République dominicaine grâ- quiétude qui contredit rumeurs et téléphones cellulaires pour com- l’île, où M. Schuller était connu découvert, une première fois, fin niser son retour. Il indique avoir ce aux déclarations publiques de informations officieuses sur la sur- muniquer. Selon M. Schuller, seu- – et apprécié – sous le nom de 1997, sur son île bahamienne, pris « des contacts » à cet effet, ces son fils, Didier Schuller est devenu veillance, voire l’assignation à rési- les « une dizaine de personnes » Jean Wiser, citoyen belge. Ils ont, M. Schuller avait naturellement derniers jours, à Paris et à Saint- une célébrité locale, mais il ne se dence dont il serait l’objet. savaient depuis plusieurs années depuis, changé d’adresse à au mis le cap sur la République domi- Domingue. Déclarant avoir « pas- montre plus. Alors que son nom et « Je suis libre de mes mouve- qu’il se trouvait en République moins deux reprises. nicaine toute proche. sé dans ce pays les plus belles son portrait s’étalent dans les jour- ments », nous a déclaré l’ancien dominicaine. Les révélations subi- Le président dominicain, Hipoli- années de [sa] vie », il assure qu’il naux du pays, l’ancien conseiller élu, qui annonce avoir « décidé de tes de son fils ont provoqué son to Mejia, ayant affirmé, dimanche «   »   a été « particulièrement choqué général (RPR) de Clichy-La Garen- rentrer » en France. Visé par un départ précipité de Sea Horse 27 janvier, que l’ancien élu séjour- Quatre ans plus tard, l’exilé de par les attaques de [son] fils » con- ne, qui avait fui la France au début nait légalement dans ce pays, l’inté- Saint-Domingue retient à nou- tre la République dominicaine. de 1995, sous la pression de l’enquê- ressé en produit volontiers la preu- veau l’attention des autorités fran- « J’ai rencontré ici des gens formida- te sur les marchés de l’Office HLM Une demande d’extradition transmise jeudi ve matérielle : une cedula de identi- çaises, sans que le gouvernement blement accueillants et généreux, des Hauts-de-Seine, a trouvé refu- Le dossier d’extradition de Didier Schuller devait être « bouclé en fin de dad (carte d’identité) rose et blan- dominicain ait paru, jusqu’ici, con- dit-il. Mes filles sont aujourd’hui ge, avec sa compagne et leurs deux journée », mercredi 30 janvier, et transmis officiellement jeudi matin aux che, établie à son véritable nom, sidérer son interpellation comme plus dominicaines que françaises. fillettes, dans une villa dont il ne autorités de Saint-Domingue, a annoncé, mercredi, la ministre de la justice, en date du 27 mai 1998, et ornée une priorité. « Si la France réclame Lorsque tout sera fini, je reviendrai sort pas, mais où sa liberté n’est Marylise Lebranchu, interrogée dans la cour de l’Elysée à l’issue du conseil de sa photo. A la rubrique : « pro- l’extradition de Didier Schuller, ce vivre dans ce pays. » Dans l’inter- aucunement entravée. Située dans des ministres. « Après, pour les délais, je n’ai aucune information à donner fession », le document mentionne : sera à la République dominicaine valle, la prochaine étape de Didier les faubourgs de Saint-Domingue, parce que ça ne dépend pas, bien sûr, uniquement de moi », a-t-elle répondu « commerçant ». d’en étudier les motivations, expli- Schuller sera le tribunal de Créteil la maison est sans luxe ni piscine. au sujet de la date du retour en France de l’ancien conseiller général des C’est en 1995 que le titre de rési- quait mercredi, dans le quotidien (Val-de-Marne), où le juge Philip- Expliquant avoir été conduit sur pla- Hauts-de-Seine. dent avait été initialement délivré El Caribe, le ministre des affaires pe Vandingenen instruit, depuis ce « il y a quelques jours » par des Emise par le tribunal de Créteil, la demande d’extradition, après avoir tran- à l’ex-conseiller général, alors qu’il étrangères, Hugo Tolentino Dipp. sept ans, l’affaire des HLM des « amis » dominicains sur lesquels il sité par la chancellerie, devait être transmise par le ministère des affaires vivait encore aux Bahamas – son Parce qu’il ne suffit pas d’une Hauts-de-Seine. ne souhaite livrer aucun détail, étrangères aux autorités dominicaines. Elle sera ensuite examinée par la premier lieu d’exil caraïbe après demande pour que l’extradition soit M. Schuller y a reçu, mardi 29 et justice de l’île caraïbe. son départ de France. « A cette épo- automatiquement accordée. » H. G.

Didier Schuller, ancien conseiller général (RPR) des Hauts-de-Seine « Il y a trop longtemps que je porte le chapeau pour tout le monde. Je veux maintenant m’expliquer »

Depuis que votre fils a publi- Le climat était complètement fou : drait le gendre. Et qu’il était visible- quement dévoilé le lieu de votre j’étais devenu l’objet d’un affronte- ment devenu prioritaire d’arrêter exil, la rumeur vous a dit réfugié ment entre le pouvoir et la justice. ce juge parce qu’il menaçait des aux Bahamas, voire en Haïti, Mon erreur a été de céder à cette Une semaine après avoir été intérêts qui me dépassaient de très avant que le président domini- panique provoquée et de m’enfuir. localisé en République loin. Lorsque la cour d’appel a cain ne déclare, lundi, que vous Si j’étais resté en France, l’affaire dominicaine à la suite annulé la procédure contre le doc- n’aviez pas quitté la République des HLM des Hauts-de-Seine des déclarations de son fils, teur Maréchal en me présentant dominicaine. Mardi, des sources serait finie depuis des années. Didier Schuller a trouvé refuge comme un « manipulateur » et un gouvernementales du pays ont Mon départ l’a transformée en dans une villa dont « provocateur », je me suis retrou- laissé entendre que vous vous affaire Schuller. Ce qui est quand il ne sort pas, mais où sa liberté vé seul, en première ligne. Patrick trouviez « sous surveillance policiè- même me faire beaucoup d’hon- n’est pas entravée. Balkany m’a dit qu’il n’était pas sou- re ». Quelle est aujourd’hui votre neur, quand on connaît la réalité... C’est là qu’il a accordé haitable que l’on nous voie ensem- situation précise ? Vous considé- Vous évoquez la campagne un entretien au « Monde ». ble pour quelque temps. Au même rez-vous toujours en liberté ? présidentielle. Voulez-vous sug- « Est-ce que j’ai l’air d’un moment sont arrivées les menaces. Est-ce que j’ai l’air d’un prison- gérer que votre reddition pour- prisonnier ? Regardez autour Le juge Halphen lui-même a préve- nier ? Regardez autour de vous : rait influer sur le cours de l’élec- de vous : voyez-vous des nu mon avocat que des « menaces voyez-vous des gardiens ? Des poli- tion, comme votre fuite l’avait gardiens ? Des policiers ? de mort » étaient proférées contre ciers ? Ma porte est-elle fermée à fait sur le résultat de 1995, en pro- Ma porte est-elle fermée à clé ? moi. C’est dans ce contexte que je clé ? Bien sûr que non. Je suis rési- voquant – au moins en partie – Bien sûr que non. suis parti. Parce que j’étais convain- dent dominicain depuis 1995 et la chute d’Edouard Balladur ? Je suis résident dominicain cu que les juges voulaient se ven- libre de mes mouvements. Le prési- Involontairement, j’ai peut-être depuis 1995 et libre de mes ger de moi, et parce que j’ai eu dent Mejia a dit lui-même que les contribué à la défaite d’Edouard Bal- mouvements », affirme-t-il. peur pour ma sécurité. Depuis, j’ai

conditions de mon séjour ici ladur. Je ne voudrais pas, demain,   eu sept ans pour comprendre que étaient parfaitement légales et contribuer à celle de Jacques Chi- j’aurais dû rester. qu’Interpol n’avait pas le pouvoir rac. Je suis un homme de fidélité et conquérir ce fief de gauche – l’un gation de pouvoir à cet effet, exer- de, il y a plus de quatre ans ; mais Lorsque vous vous étiez confié d’interpeller qui que ce soit sur son de principes ; je ne suis pas resté des derniers du département –, çaient la tutelle sur les marchés. ça n’a provoqué aucune réaction au Monde, aux Bahamas, en territoire sans l’accord des autori- sept ans en exil pour nuire au prési- parce qu’il constituait une réserve J’ajoute qu’au moment où l’affaire des juges... Pourquoi ? 1997, vous évoquiez déjà vos tés. J’ai toujours respecté les lois dent de la République. Ce que je de voix potentielle pour le RPR, en a éclaté, j’avais quitté la direction Vous connaissez la réponse : regrets. Pourquoi n’être pas ren- de ce pays, et les infractions pour souhaite, c’est pouvoir enfin être en même temps que la dernière réser- générale de l’office depuis un an. parce que vos déclarations tré dès ce moment ? lesquelles je suis recherché par les mesure de m’expliquer devant une ve foncière à la lisière de l’Ouest Ce « système » que vous décri- étaient celles d’un homme qui Tous mes proches, Patrick et Isa- juges français – l’abus de biens justice sereine. Je le ferai peut-être parisien. Autrement dit : un enjeu vez présente des similitudes avait fui la justice. belle Balkany en tête, m’ont tou- sociaux et le trafic d’influence – plus tôt que je ne l’avais prévu, mais politique et financier colossal. avec celui décrit par Jean-Claude C’est en effet le piège dans lequel jours dit de ne pas bouger. On n’ont pas cours ici. C’est dire que j’espère pouvoir le faire dans un cli- Pour réussir, il fallait mobiliser des Méry, l’ex-financier occulte du je suis enfermé depuis sept ans. Et m’avait d’abord dit : « Attends je pourrais rester ici encore un cer- mat apaisé, pas dans la tempête ni moyens à la hauteur de l’enjeu. RPR, dans sa fameuse cassette. c’est bien de cette situation que je l’élection de Balladur, tout s’arran- tain temps. Ou me mettre une nou- dans l’irrationnel. Un trésor de guerre ? Avez-vous eu connaissance de la veux maintenant sortir. Je veux que gera ensuite. » Après la défaite velle fois hors de portée de la jus- Vous contestez l’existence On peut le dire comme cela. Pen- teneur de son témoignage pos- chacun comprenne pour quelles rai- d’Edouard Balladur, on m’a dit : tice, comme je l’avais fait en 1997, d’une « affaire Schuller » ; vous dant des années, les entreprises thume ? Vous a-t-il paru confor- sons précises j’ai quitté la France, « Laisse le jeu se calmer. » Plu- lorsque j’avais été dénoncé, une invoquez « un affolement qui qui obtenaient des marchés me à ce que vous saviez ? et comment a éclaté l’affaire Schul- sieurs fois, j’ai manifesté mon première fois, alors que j’étais aux n’était pas seulement le [vôtre] ». publics de l’office HLM ou qui vou- Oui. J’ai moi-même fait la ler-Maréchal, dont je reste, aujour- envie de revenir. On m’a toujours Bahamas... J’en aurais les moyens, Que voulez-vous dire ? laient en obtenir ont versé des connaissance de Jean-Claude d’hui encore, la seule véritable victi- répondu : « Ce n’est pas ton intérêt. mais je n’en ai plus l’envie. Cette contributions – officielles ou non – Méry en 1986, deux mois avant me. Pourquoi suis-je passé pour le Ta carrière politique est finie. En fois, j’ai décidé de rentrer. à cet effort. Ces sommes alimen- d’être officiellement nommé direc- responsable d’un coup monté con- France, tu es grillé. Refais-toi une Quand serez-vous en France ? « J’ai peut-être taient les caisses du RPR national teur général de l’office HLM des tre le juge Halphen ? Parce que j’ai vie ailleurs. » C’est ce que j’ai C’est une question de jours, et celles de la fédération des Hauts- Hauts-de-Seine. C’était au congrès obéi à l’ordre de Charles Pasqua de essayé de faire à Saint-Domingue. peut-être de semaines, mais pas contribué à la défaite de-Seine, qui en reversait une part national des HLM, à Cannes, où déposer plainte contre le beau- En rentrant, après sept ans davantage. J’ai fait savoir aux auto- importante à la section de Clichy, Patrick Balkany m’avait emmené père du juge, le docteur Maréchal. d’exil, vous devez être conscient rités dominicaines que je n’enten- d’Edouard Balladur. pour financer mes campagnes. avec lui. Il m’y avait présenté Geor- Pourquoi cet ordre, pourquoi à ce que vous risquez la détention. Y dais pas être la cause de difficultés Nous n’avons pas lésiné. Face à un ges Pérol, qui était alors directeur moment-là ? Evidemment pas êtes-vous prêt ? entre leur pays et la France et que Je ne voudrais pas, adversaire [le socialiste Gilles général de l’OPAC de Paris ; Pérol pour me protéger moi. La preuve C’est une épreuve que je n’ex- je me tenais à leur disposition. Il Catoire] qui disposait de toutes les m’avait ensuite présenté Méry, en en est que deux mois plus tôt, lors- clus pas, dans l’hypothèse où le res- me reste quelques détails à régler demain, ressources de la municipalité, le décrivant comme un personna- que M. Maréchal m’avait proposé sentiment l’emporterait sur la séré- ici avant de me présenter au juge j’avais mis en place une sorte de ge incontournable au sein du RPR d’intervenir auprès de son gendre nité. Ceux qui, dans le système d’instruction français. Mais ma contribuer à celle mairie parallèle, avec ses aides en matière de relations avec les pour freiner les investigations qui dont nous avons parlé, exerçaient décision est prise depuis long- sociales, ses colonies de vacances, entreprises travaillant pour les offi- visaient le RPR, tous mes amis les responsabilités que je n’avais temps. J’en ai assez de vivre com- de Jacques Chirac » ses arbres de Noël et ses goûters ces HLM. m’avaient dit de ne pas bouger. pas ont été mis en examen, il y a me un proscrit, de passer pour un de personnes âgées. Tout cela coû- Votre affaire débute cepen- Moi-même, j’étais partisan de ne deux ans, sans le moindre contrôle politicien corrompu sans pouvoir tait des millions. L’argent dégagé dant avec l’interpellation, en fla- rien faire. Charles Pasqua m’a dit : judiciaire. Dès lors que j’ai choisi me défendre. Il y a trop longtemps Je veux dire que le système sur en marge des marchés de l’office grant délit, de votre ami Jean- « Si on achète un juge, on finira tous de me présenter spontanément que je porte le chapeau pour tout lequel enquêtent les juges depuis HLM n’est pas tombé dans ma Paul Schimpf, le 1er février 1995, aux assises ! » Mais lorsque le juge devant le juge, pourquoi devrais-je le monde. Je veux maintenant 1995 n’est pas celui du conseiller poche ; il a notamment servi à cela. au moment où il se fait remettre Halphen a perquisitionné ma per- forcément subir un autre sort ? De m’expliquer. général Didier Schuller. C’est celui Vous en étiez donc un bénéfi- une enveloppe d’argent liquide manence, tout a subitement chan- toute façon, j’ai pris ma décision. Pourquoi ne l’avez-vous pas d’un parti – le RPR – et celui d’un ciaire potentiel... par la dirigeante d’une société gé. Le directeur du cabinet de Char- Je veux tourner cette page. Et pou- fait plus tôt ? Vous apparaissez département – les Hauts-de-Seine. ...Au sein d’un système conçu sous contrat avec l’office. Et celle- les Pasqua m’a prévenu que la voir mettre définitivement ma comme réagissant à une menace Donc, une organisation dans au-dessus de moi ! C’est l’éviden- ci évoque un système de « com- plainte était prête ; Patrick Balka- famille à l’abri de cette affaire. La qui se rapproche... laquelle les décisions étaient prises ce : je n’aurais jamais eu le pou- missions » occultes en marge ny, qui se trouvait à ses côtés, m’a terrible manipulation dont mon Encore une fois, mon choix est à un niveau bien supérieur au voir, même si j’en avais eu l’inten- des marchés de l’office HLM. dit : « La décision est prise. » Pas- fils, Antoine, a été le jouet pour en fait depuis longtemps. J’ai simple- mien. En 1986, alors que j’espérais tion, de mettre sur pied une telle Mais je n’ai jamais rencontré cet- qua en a parlé à Balladur et m’a dit, arriver à me dénoncer au milieu ment souhaité, jusqu’à présent, du ministre de l’intérieur, Charles organisation. Je n’avais ni l’autori- te femme ! Quant à Jean-Paul la veille du jour où la police devait d’un tissu de mensonges et de déli- éviter d’être à nouveau pris au piè- Pasqua, un poste de sous-préfet té pour décider de répartir les Schimpf, ce n’est pas parce qu’il est surprendre le docteur Maréchal : res, m’a fait comprendre qu’il fal- ge de l’élection présidentielle. Il y en Alsace, Patrick Balkany m’a financements au sein du RPR, ni le mon ami qu’il serait mon complice. « Le premier ministre vous souhaite lait d’urgence que je m’occupe de a sept ans, j’ai été victime de ce convoqué pour m’apprendre que pouvoir d’attribuer les marchés de Ses agendas, saisis par la police, bonne chance pour demain. » D’un lui. Je ne peux pas le laisser entre contexte électoral qui, en France, j’allais être nommé directeur géné- l’office HLM. Je rappelle que je montraient qu’il avait eu beaucoup seul coup, tout le monde voulait les mains de personnages qui sont, est propice à toutes les manœu- ral de l’office HLM des Hauts-de- n’ai jamais siégé au sein de la com- de rendez-vous, cette semaine-là, que je dépose plainte. Tout ça pour au mieux, les représentants d’une vres, à tous les coups bas, à toutes Seine. L’année suivante, le même mission des marchés ni signé dont certains avec Pierre Bourgoin m’éviter des désagréments judiciai- secte, au pire, des maîtres-chan- les trahisons. Je suis bien placé Patrick Balkany m’a annoncé qu’il aucun marché. Seuls le président – qui m’a succédé à la direction de res à moi, à cause des publicités de teurs, des trafiquants d’âmes. pour le savoir ! En 1995, je me suis avait été décidé que je serais candi- de l’office, Patrick Balkany, et le l’office HLM, en mars 1994. Moi, je mon journal électoral ? Bien sûr laissé gagner par un affolement dat aux élections municipales à Cli- directeur général adjoint, Pierre n’avais plus aucune fonction. J’ai que non. Parce qu’en piégeant le Propos recueillis par qui n’était pas seulement le mien. chy. L’objectif était clair : je devais Bourgoin, qui disposait d’une délé- déjà soulevé ce point dans Le Mon- beau-père, on pensait qu’on attein- Hervé Gattegno LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/7 FRANCE Le gouvernement enregistre en 2001 son premier Vers un allégement bilan négatif en matière de chômage depuis juin 1997 de l’agenda parlementaire Le nombre de demandeurs d’emploi a progressé 47 300 sur l’ensemble de l’année (+ 2,2 %) La réforme du statut pénal du chef de l’Etat et de 11 300 en décembre (+ 0,5 %). La hausse devrait se poursuivre encore quelques mois ne sera pas examinée au Sénat

CE CHIFFRE du chômage, le point bas du cycle économique. PLUS L’ÉCHÉANCE de l’élec- tents du spectacle. Le gouverne- Lionel Jospin avait pris l’habitude LE NOMBRE DE CHÔMEURS CONTINUE D'AUGMENTER Le PS adopte un ton mesuré pour tion présidentielle approche, plus ment n’est pas sûr, en revanche, de le savourer mois après mois Catégorie 1+6 Chômeurs Les demandeurs d'emploi commenter ces chiffres. Son pre- l’ordre du jour du Parlement est de faire aboutir deux réformes depuis sa nomination à Matignon de longue durée données CVS en millions mier secrétaire, François Hollan- ciblé. Jeudi 31 janvier, à Matignon, qu’il juge importantes : la proposi- et la droite de l’avaler comme une Chômeurs qui ont Chômeurs qui ont de, a estimé, jeudi, sur France 2, la réunion des ministres, autour de tion de loi retouchant la loi sur la travaillé + 78 h/mois travaillé + 78 h/mois Nouvelle Ancienne potion amère. Quatre ans de courbe courbe que cette remontée est « légère Lionel Jospin, sera en partie consa- présomption d’innocence, adop- baisse quasi ininterrompue et un mais déjà insupportable ». L’un des crée aux dernières réformes que le tée en première lecture par les

bilan positif en 1997, 1998, 1999 et 3,552 2,6 points forts du projet socialiste gouvernement veut mener à leur députés, mardi 29 janvier ; et la 2000 ! Aucun premier ministre défendu pendant la campagne terme avant la suspension des tra- réforme des retraites des salariés n’avait connu une telle fortune sera, selon lui, un « grand program- vaux parlementaires, le 22 février, agricoles, que les députés « ven-

2,613 +0,2% depuis bien longtemps. Le plaisir a 2,4 sur 1 an 2 613,70 me de formation et de requalifica- pour cause de campagne électora- dent » bien en milieu rural. pris fin en mai 2001, quand la ten- tion des salariés » afin de répondre le. Il faut trier entre les projets de Une troisième catégorie de tex- dance s’est inversée : l’année 2001 àl’« inadaptation » entre la qualifi- loi électoralement rentables… et tes ne finira pas la navette parle- 2,2 s’est terminée sur une progression 1,088 cation de certains salariés et les ceux qui peuvent attendre. mentaire. Votés en première lectu-

du chômage de 2,2 % (+ 47 300), 0,655 postes offerts dans des secteurs en Les jeux sont – presque – déjà re à l’Assemblée, les trois projets selon les données publiées, jeudi +2,2% mal d’employés qualifiés. Après la faits. Six projets de loi devraient de loi sur les tribunaux de commer- 2,0 2 212,10 31 janvier, par le ministère de sur 1 an publication, lundi, des chiffres de être définitivement adoptés : les ce devraient faire l’objet d’une dis- l’emploi et de la solidarité. juin déc. juin déc. la délinquance en 2001, le RPR a « droits des malades », examinés cussion au Sénat, ainsi que la réfor- 1997 2001 1997 2001 Le nombre de demandeurs d’em- 1,8 souligné, dès mercredi soir, que en première lecture au Sénat, mer- me du divorce et celle relative au ploi a progressé en décembre Le taux de chômage s'élèveà9% « les mauvais résultats de Jospin credi 30 janvier ; la réforme sur la « nom patronymique ». Enfin, plu- (+ 11 300) pour le huitième mois de la population active. FM A MJAJONDS s’égrènent jour après jour ». démocratie de proximité, qui a fait sieurs textes ne seront pas inscrits 2001 consécutif, ce qui le porte à 2 212,1 Sources : ministère de l’emploi, ANPE et Insee De nombreux experts publics ou l’objet d’un compromis entre le à l’ordre du jour du Sénat. Un seul (+ 0,5 %) en données corrigées des privés s’accordent sur une reprise Sénat et l’Assemblée, lors de la vote aura eu lieu à l’Assemblée, variations saisonnières. Si l’on y (- 9,1 %), et plus encore depuis de décembre, que le taux de chô- du marché de l’emploi au second commission mixte paritaire, mardi comme un signal adressé à l’opi- ajoute les personnes ayant tra- juin 1997, puisque les fichiers de mage se stabilisera à 9,2 % en juin. semestre 2002, quand l’activité 29 janvier ; le projet de loi autori- nion : réforme de la bioéthique, loi vaillé plus de soixante-dix-huit l’ANPE se sont vidés de plus La ministre de l’emploi n’avait aura retrouvé un rythme de crois- sant la publication des sondages sur l’eau, protection des données à heures dans le mois mais quand 400 000 chômeurs de longue pas caché, mardi, que le ralentisse- sance plus soutenu. Le vainqueur électoraux jusqu’au vendredi soir caractère personnel et… réforme même inscrites à l’ANPE, ce nom- durée. Le bilan annuel est moins ment de l’économie mondiale de la présidentielle devrait ainsi précédant le scrutin, consensuel du statut pénal du chef de l’Etat, bre atteint 2 613,7 (- 0,3 % en un flatteur pour les jeunes de moins pèserait encore quelques mois sur commencer son quinquennat dans entre le président de la Républi- examinée au printemps. Premier mois et + 0,2 % sur un an). Le taux de 25 ans (+ 8,9 %, et même les statistiques du chômage ; et un environnement économique et que et le premier ministre ; le texte ministre jusqu’au bout, M. Jospin de chômage calculé selon les critè- + 18,2 % pour les hommes). que le gouvernement ferait «le social favorable. sur l’autorité parentale, la conven- ménage aussi la cohabitation. res du Bureau international du Le gouvernement n’a que peu maximum » pour amortir ses effets tion sur les professions de santé travail (BIT) reste inchangé (9 %). de motif de satisfaction, si ce n’est sur l’emploi. Mme Guigou, qui s’est Jean-Michel Bezat et, enfin, le régime des intermit- Clarisse Fabre battue à l’automne pour obtenir de Laurent Fabius des crédits sup- Les Français critiques sur la politique économique plémentaires en faveur de certains L’opinion des Français sur la politique économique du gouvernement contrats aidés (CES, CEC, stages), s’est à nouveau dégradée en janvier, en raison du mécontentement de ceux juge donc « inadmissible que des qui ne se réclament ni de la majorité plurielle ni de la droite, selon le emplois-jeunes ou des contrats baromètre de l’institut BVA pour la chaîne LCI : 57 % des sondés portent un emploi-solidarité ne soient pas pour- jugement défavorable (contre 52 % en décembre 2001), tandis que 36 % en vus ». Elle a annoncé, mercredi, à ont une bonne opinion (contre 37 %). l’Assemblée nationale, que « deux En revanche, un tiers seulement des personnes interrogées (36 %) a une mille demandeurs d’emploi se ver- bonne opinion de la politique sociale de M. Jospin (34 % en décembre 2001), ront proposer une rémunération et ils sont aussi nombreux qu’il y a un an à la désapprouver (57 %). publique de formation pour pouvoir L’enquête téléphonique a été réalisée les 25 et 26 janvier auprès d’un poursuivre leurs études d’infirmiè- échantillon représentatif de 963 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la res » dans les régions où la pénurie méthode des quotas. est particulièrement forte.     L’évolution du marché du travail que la hausse de décembre a été Le candidat Jospin pourra, cer- continue de favoriser les femmes, trois fois plus faible que celle de tes, afficher un bilan somme toute dont le chômage a baissé de 1,6 % novembre (+ 33 000) et que les très positif sur le front du chôma- sur un an, alors que celui des hom- licenciements économiques ont ge : 925 400 chômeurs de moins mes augmentait de 6,3 %. Cette été un peu moins nombreux fin décembre par rapport à situation s’explique par leur plus (- 1 200) qu’en novembre, même juin 1997 (- 29,5 %) et la création forte présence dans le tertiaire, un s’ils se sont multipliés dans l’année de 1,7 million de postes de travail, secteur où l’emploi a mieux résisté (+ 38,2 %). La ministre de l’emploi, un dynamisme que peu de pays que dans l’industrie. Ceux qui sont Elisabeth Guigou, met aussi en européens ont connu ces cinq der- sans emploi depuis plus d’un an avant le léger regain de confiance nières années. Mais il sait aussi ont vu leur nombre progresser de des industriels (Le Monde du qu’il va officiellement entrer en 0,5 % en décembre, mais le bilan 31 janvier), tandis que l’Insee pré- campagne, début mars, au reste largement positif sur l’année voit, dans sa note de conjoncture moment où la France aura atteint Les agents hospitaliers dénoncent la mise en péril de la santé publique Ils manifestent contre les conditions du passage aux 35 heures

DEMAIN sera-t-il meilleur, avec santé publique » est par ailleurs en la salle du conseil, munis de boules les 35 heures ? Pour nombre circulation. puantes, d’œufs et de farine, ils ont d’agents hospitaliers – soignants, En dépit de ce climat de tension, vivement interpellé l’ancien minis- ouvriers ou administratifs –, le dou- la ministre de l’emploi et de la tre de la santé, soutenant que, face te est permis. D’un établissement solidarité, Elisabeth Guigou, n’en- àun« service public dégradé, à l’autre revient la même ques- visage pas de reporter la date [c’était] aux élus de réagir ». L’ébau- tion : « Comment pourra-t-on faire butoir, prévue fin février, pour la che de discussion entre les manifes- en 35 heures ce que l’on n’arrive pas signature des accords locaux. Elle tants et le député a rapidement à faire en 39 ? » Et de décrire les encourage, au contraire, les direc- tourné court : pour se protéger des conditions d’accueil dégradées des teurs des agences régionales de jets d’œufs, plusieurs élus se sont patients : brancards dans les cou- l’hospitalisation (ARH) à en accélé- réfugiés sous les tables… L’avant- loirs, yaourts en guise de repas, toi- rer la conclusion. Et faisait état, à veille, une manifestation régionale lettes bâclées… Car, si la réduction la veille de la journée d’action du avait réuni près de 5 000 partici- du temps de travail dans les hôpi- 31 janvier, de près de 160 accords, pants dans les rues de la ville, à l’ap- taux doit permettre d’attribuer le plus souvent minoritaires, con- pel des syndicats non signataires aux salariés des jours de repos sup- tre à peine 60, dix jours plus tôt. de l’accord national, mais égale- plémentaires, les créations d’em- Les trois quarts des 780 000 agents ment de la CFDT de Bretagne, bien plois prévues sont loin de compen- hospitaliers ne sont toujours pas que sa fédération nationale ait ser les besoins en effectifs (Le Mon- couverts par ces nouvelles disposi- approuvé le protocole. de du 22 janvier). Aussi, les mouve- tions. De plus, on assiste, dans des Des dizaines de manifestations ments de protestation, sous diffé- établissements où un accord est locales ont ponctué, ailleurs, ces rentes formes, ne cessent de s’éten- entré en application, à une recru- dix derniers jours. Au total, la dre, et l’appel à la grève lancé le descence des griefs. Les person- fédération SUD-santé-sociaux, en 21 janvier par quatre syndicats nels dénoncent « une gestion à flux pointe dans la mobilisation, recen- non signataires du protocole na- tendu des temps de travail » et se se « environ deux cents établisse- tional – CGT, FO, SUD, CFTC – plaignent de ne plus pouvoir effec- ments » touchés par des actions, de rencontrer un écho croissant. tuer correctement leurs tâches. une quarantaine étant en grève Qui devait se traduire, jeudi 31, Certains responsables d’établisse- reconductible. Selon Irène Legay, par d’importantes manifestations ment conviennent eux-mêmes la secrétaire fédérale de SUD, régionales, à Paris ainsi qu’à Bor- que les moyens dont ils disposent « l’entêtement du ministère risque deaux, Marseille et Strasbourg. ne leur permettent pas de faire d’entraîner une radicalisation des A Lille, c’est un front commun face à une situation de plus en conflits, les personnels ayant le senti- syndical réunissant la CFDT, la plus précaire. ment de ne pas être entendus ». CGT, les autonomes et le comité Les syndicats contestant le pro- de grève de l’établissement public    tocole national n’ont pas plus ob- de santé mentale qui est à l’initia- Cette multitude de conflits tenu de réponse à la demande de tive de la manifestation régionale locaux a revêtu des formes diver- rendez-vous qu’ils ont adressée à appelée jeudi 31. Une mobilisation ses. Ainsi, le 24 janvier, les person- Matignon qu’ils n’en avaient eu du que les syndicalistes du centre hos- nels en grève du centre hospitalier ministère de la santé pour la réou- pitalier spécialisé de Lommelet, régional de Rennes se sont-ils invi- verture des négociations. A l’issue dans l’agglomération lilloise, où la tés au conseil d’agglomération de de la manifestation parisienne, grève dure depuis cinquante jours, Rennes Métropole, présidé par le une nouvelle rencontre intersyndi- veulent interprofessionnelle. Un maire (PS) de la ville, Edmond cale devait déterminer les suites appel de personnalités, de syndica- Hervé, également président du du mouvement. listes et de militants associatifs ou conseil d’administration de l’hôpi- politiques pour la « défense de la tal. Après avoir fait irruption dans Patrick Roger 8/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 FRANCE

La Cour des comptes réclame des contrôles plus stricts des casinos

Dans leur rapport pour l’année 2001, les magistrats financiers examinent la gestion du patrimoine du ministère de la culture, dénoncent l’absence de stratégie du CNRS et les conditions de sauvetage du GAN, et demandent à l’Etat d’appliquer la loi sur les bandits manchots

UN RECUEIL de plus de mouvement de concentration des d’environ 300 000 euros au PBJ d’origine étrangère) ». « Les vérifica- ces publics participant « au dévelop- conseils municipaux se distinguent 800 pages et une note de synthèse sociétés exploitantes (Partouche, réel : « Cet écart allant croissant tions des comptes des délégataires pement des stations touristiques et aussi par une série d’« incertitu- « pour faciliter la lecture », la Cour Barrière, Accor…). La Cour consa- depuis plusieurs années représente de casino, précisent les magistrats, balnéaires ». Confirmée en 1987 et des » dans leur contenu. Ainsi, la des comptes a rendu public, jeudi cre un long chapitre de son rapport un manque à gagner non négligea- ont ainsi montré l’importance des 1994 , cette jurisprudence adminis- durée de la convention liant une 31 janvier, son Rapport public aux contrôles de treize Chambres ble pour les collectivités publiques. » mouvements financiers entre les trative « n’est pas comprise par un municipalité à un exploitant est 2001, où « les observations » sur régionales des comptes qui ont exa- Il ressort en outre des contrôles, sociétés exploitantes et la société- grand nombre d’élus locaux et d’ex- supérieure à dix ans dans 90 % des « l’opacité des textes » renvoient à miné les relations entre les commu- que les communes n’appliquent mère ou d’autre sociétés du groupe ploitants », relèvent les enquêteurs, cas « sans que les motifs de cette des « recommandations de clarifica- nes et une soixantaine d’établisse- que dans 40 % des cas le prélève- affectant parfois les comptes propres qui déplorent « de fréquents man- durée ne soient jamais explicités tion ». Pour cette dernière édition, ments. ment maximum de 15 % autorisé de la délégation. » quements aux règles » très strictes dans les cahiers des charges ».La les magistrats financiers se sont Pour les communes, l’implanta- sur le PBJ, ce qui représentait, en applicables à toutes les délégations plupart des documents examinés intéressés aux emplois-jeunes, au tion d’un établissement est « une 1999, un manque à gagner de  «  » de service public, notamment en ne contiennent par ailleurs aucune patrimoine immobilier du ministè- source de recettes financières non 35 millions d’euros pour la centai- La Cour des comptes juge matière de concurrence et de pro- disposition sur les modalités de re de la culture, à la gestion des négligeables », notamment avec les ne de communes concernées. « nécessaire » de mieux traiter le cédures de passation de conven- contrôle du casino par la commu- aides européennes pour l’agricultu- prélévements sur le produit brut Le rapport de la Cour observe phénomène des machines à sous tion : or dans 90 % des cas exami- ne, alors même que la « quasi-tota- re, au CNRS et encore aux casinos. des jeux (PBJ). Mais ce « jack-pot » que les contrôles des services de clandestines et préconise de « choi- nés, la commune n’avait reçu lité » des établissements de jeux ne S’il y a une activité qui ne con- n’est pas aussi rentable qu’il le l’Etat, « généralement précis et sir » entre une répression plus for- qu’une seule candidature, celle de prennent jamais la peine de fournir naît pas la crise, c’est bien le jeu. devrait. Les magistrats constatent, rigoureux », portent « sur des te conforme à la législation de l’exploitant en place, qui a « pres- aux municipalités le rapport En quelques années, avec l’arrivée en s’appuyant sur les estimations aspects secondaires de l’activité des 1907 ou leur autorisation dans des que toujours » été retenue lorsqu’il annuel du délégataire sur les comp- massive des bandits manchots, ce des ministères de l’intérieur et des casinos » et ne prennent pas « suffi- lieux publics autres que les casinos. y avait plusieurs candidats. tes et la qualité du service rendu. secteur a pris son envol : ouverture finances, que le PBJ national théori- samment en compte l’appartenance Elle s’interroge enfin sur le statut Préalables nécessaires à l’autori- de nombreux lieux, très forte aug- que, assiette pour le calcul des pré- des sociétés exploitantes à des grou- juridique « atypique » des casinos, sation d’exploiter les jeux, les Bruno Caussé mentation de fréquentation et lèvements publics, serait inférieur pes (dont les capitaux sont parfois assimilés depuis 1966 à des servi- cahiers des charges adoptés par les et Alexandre Garcia

   Le ministère de la culture surestime son parc immobilier de 1,4 million de mètres carrés a AGRICULTURE : la Cour des comptes relève que, en l’absence QUELLE EST l’étendue du parc tier lancé a été arrêté. Il en a déjà de comptabilisation nationale des immobilier de l’Etat géré par le coûté 10,67 millions d’euros et les aides européennes et nationales ministère de la culture ? La ques- économies perdues se montent à versées à l’agriculture, aucun orga- tion peut paraître simple. La répon- L’affaissement 30,49 millions d’euros. Enfin, des nisme ne dispose d’une vision glo- se l’est moins avec des variations progressif irrégularités qui ont touché les pro- bale de la politique agricole com- de l’ordre de 40 %. En janvier 2000, des infrastructures cédures d’urbanisme ont obligé à mune (PAC), malgré l’importance la Rue de Valois, interrogée par la du Grand Palais reprendre toute la procédure et des sommes en jeu (plus de Cour des comptes, jugeait que son a entraîné ont entraîné des « pertes irrépara- 10,67 milliards d’euros par an). Elle patrimoine et celui de ses établisse- sa désaffection. bles de droits à construire (environ relève que de moins en moins d’ex- ments publics totalisaient environ La grande nef, 4 000 m2) qui représentent une perte ploitants touchent des sommes 6 millions de mètres carrés. La où sont entreposées de valeur marchande estimée à plus importantes. Et estime que la Cour des comptes, de son côté, des statues 12,2 millions d’euros ». Les travaux régularité du versement des aides aboutit à des estimations, « qui équestres en cours devraient enfin démarrer au directes et le bon emploi des fonds n’ont pas été contestées », de l’or- de réfection, reste printemps 2002. publics ne sont pas garantis. dre de 4,6 millions de mètres car- vide dans l’attente Comme ceux du Grand Palais, a EMPLOIS-JEUNES : « les objec- rés. Cette ignorance des surfaces de réparations en panne depuis huit ans. Sa gran- tifs dévolus aux emplois-jeunes se double, souligne la Cour, différées depuis de nef est vide dans l’attente de étaient ambitieux. Ils ont entraîné la « d’une méconnaissance de la plusieurs années. réparations sans cesse différées. mobilisation de moyens financiers valeur des immeubles ». « Malgré de très nombreux rapports importants (le total des budgets votés Sans doute est-il difficile d’esti- soulignant l’aggravation des risques de 1997 à 2000 est de 7,7 milliards mer le prix de Notre-Dame de et l’augmentation des coûts poten- d’euros et le total des dépenses de Paris ou du château de Chambord tiels, des études dont le coût s’est 6,76 milliards d’euros). Mais ils n’ont mais, souligne le rapporteur, «à   élevé à 5,03 millions d’euros sont pas été totalement atteints », juge la l’exception de quelques centaines de demeurées sans suite », indique la Cour des comptes. 248 289 emplois- monuments historiques, dont la la restauration des bâtiments les ques (lire ci-contre) et égratigne de chantiers importants de premier Cour des comptes. Celle-ci note jeunes ont été créés entre 1997 et valeur marchande (…) ne présente- sommes nécessaires et d’éviter l’ag- celui des vérificateurs des Monu- investissement » auxquels il doit également les incertitudes qui ont 2000, alors que le gouvernement rait guère d’intérêt pratique, la con- gravation exponentielle des coûts ». ments historiques – ils sont quinze faire face. longtemps entouré le Palais de voulait créer 350 000 emplois-jeu- naissance de la valeur des autres Cette méconnaissance et la mé- en France – chargés d’assumer des Certains de ces chantiers sont Tokyo. Cet ancien Musée national nes dans les trois ans. La participa- édifices constituerait un élément diocre gestion d’un parc immobi- tâches administratives liées à la très précisément épinglés par la d’art moderne a été voué aux tion du secteur associatif est restée d’appréciation qui (…) permettrait lier considérable sont dues à des maîtrise d’œuvre, l’étude des Cour des comptes. Comme celui métiers de l’image et du son, avant en deçà des attentes gouvernemen- de hiérarchiser les efforts et les outils de contrôle inadaptés, indi- devis, l’analyse des offres, la vérifi- de l’immeuble de la rue des Bons- de devenir (en partie) un centre tales. Les volets relatifs à la profes- moyens budgétaires, humains et que la Cour. Le ministère avoue cation de la facturation… Enfants dont le dysfonctionne- d’art – 4,57 millions d’euros. Mais sionnalisation et à la pérennisation techniques à affecter à chaque élé- d’ailleurs la faiblesse de ses instru- ment appartient autant – sinon il aura fallu auparavant solder le des emplois-jeunes sont « fragi- ment du patrimoine ». Or ces ments informatiques de gestion et      plus – à Bercy qu’à la Rue de projet avorté, soit 4,76 millions les », poursuit la Cour. efforts et ces moyens sont considé- annonce la création d’un bureau Une proposition de modifica- Valois. Depuis 1989, le bâtiment d’euros. a TOXICOMANIE : la Cour accor- rables : entre 1994 et 1998, ils ont de la politique immobilière au sein tion de leur statut a été récem- appartenant au ministère des Pour clore le chapitre immobi- de plutôt un satisfecit à la Mission représenté, chaque année, en de la direction de son administra- ment soumise à Bercy, indique la finances est vide. Bercy a tenté de lier, la Cour des comptes évoque le interministérielle de lutte contre la fonctionnement comme en inves- tion générale. Après avoir relevé culture. Qui défend avec plus de le vendre. Le ministère de la millier de logements de fonction drogue et la toxicomanie (Mildt), tissement, « entre le cinquième et les faiblesses structurelles de la conviction l’organisation de la maî- culture veut y regrouper ses servi- gérés par le ministère de la culture qu’elle avait critiquée sévèrement le quart du budget total du minis- Rue de Valois, la Cour des comp- trise d’ouvrage au ministère et en ces administratifs éparpillés à tra- dans une grande confusion. La en 1998. Les magistrats n’en poin- tère ». tes est entrée dans le détail. Elle particulier la décision d’avoir créé vers quinze adresses parisiennes. Rue de Valois a promis d’y mettre tent pas moins des déficiences La Cour relève enfin un « man- s’élève contre le statut exorbitant un établissement public de maîtri- En dépit de multiples arbitrages de l’ordre. « en matière de prévention », des que de stratégie immobilière permet- du droit commun des architectes se d’ouvrage des travaux culturels du premier ministre, les finances limites aux progrès accomplis dans tant de consacrer à l’entretien et à en chef des Monuments histori- (EPMOTC), « en raison du nombre ont fait la sourde oreille. Le chan- Emmanuel de Roux « la formation des personnels du secteur sanitaire et social et le traite- ment des personnes toxicomanes incarcérées ». Le CNRS sévèrement mis en cause Le sauvetage du GAN a coûté à l’Etat a FOOTBALL : la Cour s’étonne que la Fédération française de foot- pour son « absence de stratégie » environ 4,3 milliards d’euros ball (FFF) passe des contrats avec la société France football promo- « VIEILLISSEMENT de l’organisa- chercheurs et des laboratoires, qui LA COUR des comptes avait déjà des pertes et « a conduit à une port, l’ancien président d’UIC- tion (FFP), filiale du groupe Dar- tion » ; « défaut de pilotage stratégi- « détermine largement la politique consacré, en décembre 2000, un rap- découverte tardive de [leur] Sofal. mon, qui exploite l’image de la FFF que » ; « insuffisances de la gestion scientifique de l’établissement ». port public particulier à « l’interven- ampleur ». Une ampleur qui coûte- La politique de cession d’actifs et de l’équipe de France, sans appel budgétaire et comptable » ; « incerti- « Les évolutions fondamentales tion de l’Etat dans la crise du secteur ra cher à l’Etat, obligé, en 1997, d’ap- est également pointée. Un immeu- à la concurrence. Par ailleurs, la tudes de la politique scientifique »… pour l’avenir à moyen et long terme financier ». Elle n’avait toutefois porter sa garantie aux structures de ble d’habitation du 7e a ainsi été société dirigée par Jean-Claude Les termes du rapport de la Cour du CNRS que constituent l’émergen- pas tout à fait bouclé l’examen du défaisance et de les séparer du cédé en 1997 pour 2 287 euros du Darmon a opéré diverses retenues des comptes à l’adresse du Centre ce d’un espace européen de la sauvetage de la compagnie d’assu- GAN, pour pouvoir sauver puis mètre carré, alors que des biens du correspondant notamment à des national de la recherche scientifi- recherche et la constitution de pôles rance publique GAN, à travers une céder (à Groupama) cette société. même type pouvaient atteindre commissions « qui paraissent con- que (CNRS) ne sont pas tendres. régionaux n’ont guère été anticipées structure dite de « défaisance »,et 4 573 euros. Les ventes d’actifs par testables ». La sévérité du jugement vise le prin- ni suffisamment accompagnées », revient donc sur ce sujet.    bloc ont entraîné des décotes enco- a MONUMENTS HISTORIQUES : cipal organisme public de recher- poursuivent les rapporteurs. Pour La structure de défaisance du Tout au long du processus, le rap- re plus considérables, relève le rap- la Cour dénonce le statut des archi- che français (26 000 agents, 2,4 mil- eux, « c’est toute la stratégie et l’or- GAN a, pour l’essentiel, récupéré port stigmatise « les carences du con- port, citant « un bien situé à Paris tectes en chef des Monuments his- liards d’euros de budget), dont la ganisation scientifiques du CNRS les créances immobilières d’une des trôle » : contrôle interne du GAN, 16e, cédé 0,74 million d’euros par toriques : architectes libéraux, ils marche influence la vie scientifique qui doivent être repensées ». filiales bancaires de l’assureur, UIC- audits insuffisamment objectifs, sur- Bâticrédit en décembre 1997 à un ont le monopole de la maîtrise nationale. Sofal, dont les créanciers étaient veillance trop lointaine de l’Etat. marchand de biens, et revendu par d’œuvre de tous les gros travaux L’organisation du CNRS « n’a     devenus insolvables après le retour- Entrant dans le détail de la conduite celui-ci 1,56 million d’euros un mois concernant les monuments histori- pas véritablement changé depuis un Ils relèvent encore que l’équipe nement du marché de l’immobilier. des opérations par les sociétés de plus tard ». ques classés, qu’ils sont chargés quart de siècle », la seule innova- de direction ne dispose ni des Ces dettes ont été logées dans une défaisance, le rapport donne quel- Le bilan est donc lourd pour les par ailleurs de surveiller. Ce sont tion récente étant la création – «à outils de contrôle de gestion ni des société ad hoc, Bâticrédit, financée ques exemples saisissants des rela- finances publiques. La perte de la eux qui proposent également à l’ad- la demande expresse de l’ancien procédures budgétaires adaptés. par une autre société ad hoc Bâticré- tions entre promoteurs immobiliers défaisance est estimée par la Cour ministration les travaux qu’ils con- ministre de la recherche » Claude Ils pointent enfin des déficiences dit Finances et compagnie (BFC), et sociétés de défaisance publiques. des comptes à 2,5 milliards d’euros, duiront ensuite. La Cour estime à Allègre, notent les rapporteurs – touchant à la gestion des person- elle-même refinancée par diverses « Pour permettre l’appropriation par en valeur courante, soit 2,88 mil- environ 16,77 millions d’euros les d’un département des sciences et nels. entités du GAN. Bâticrédit d’un bien dont elle avait liards d’euros, en valeur actualisée honoraires versés aux cinquante technologies de l’information et de Ces critiques ne mettent pas en Bâticrédit et BFC, créées par un financé l’acquisition (situé sur l’une au 31 décembre 2000, dont 1,4 mil- ACMH entre 1995 et 1999, soit, en la communication. Cet immobilis- cause la valeur de la production protocole du 16 décembre 1994, des avenues les plus prestigieuses du liard à la charge de l’Etat. A celle-ci moyenne, 320 000 euros par archi- me s’explique par une « absence de scientifique du CNRS, soulignent ont la particularité d’être « détenues 16e arrondissement de Paris), la Sofal s’ajoute le coût des recapitalisa- tecte et par an. direction stratégique ». Les rappor- ses dirigeants dans leur réponse. par une cascades de trusts établis à a fait verser par Bâticrédit une indem- tions. « Le traitement de la crise, a PLAN : même s’il reste teurs voient plusieurs explications Les enquêtes menées durant l’an- Jersey, ce qui permet leur déconsoli- nité d’éviction de 490 000 euros envi- hors garantie des pertes de la structu- beaucoup à faire, la sécurité des à cette défaillance : une capacité de née 2000 ne prennent pas en comp- dation comptable », rappelle le rap- ron à l’épouse du marchand de biens re de défaisance, a donc coûté riverains a été améliorée entre manœuvre de la direction générale te les changements intervenus port. L’intérêt du montage, lors de concerné, au motif que celle-ci bénéfi- 1,33 milliard d’euros en valeur cou- 1994 et 1999, constate la Cour. « très faible » ; une organisation depuis dix-huit mois. Une nouvelle sa mise en place, n’était pas de sor- ciait d’une convention – non datée – rante », soit 2,44 milliards en actuali- Mais elle critique l’abandon par « particulièrement éclatée » entraî- directrice générale et un nouveau tir les pertes du périmètre du GAN, d’occupation gracieuse des lieux », sé, ainsi que 460 millions d’euros de l’Etat de la construction des deux nant « une déconnexion entre des président ont été nommés. Une mais de permettre à l’assureur d’éta- relève le rapport. garanties. Même en tenant compte barrages de Serre-de-La Fare (Hau- orientations très générales au niveau réforme des statuts est entrée en ler dans le temps les provisions. Si La stratégie de récupération de des recettes de privatisation du te-Loire) et de Chambonchard de l’établissement et des pratiques vigueur. Surtout, le CNRS se prépa- la technique a été validée par les créances ou d’actifs à l’amiable était GAN (3,9 milliards d’euros), le sol- (Creuse). « Les solutions alternatives très autonomes de la part des unités re à adopter, dans quelques jours, commissaires aux comptes de la toutefois la seule possible dans un de serait négatif pour les finances retenues par l’Etat ne garantissent de recherche » ; enfin, le rôle pré- un schéma stratégique qui arrive à compagnie, la Cour des comptes en contexte où UIC-Sofal était mena- publiques. Bercy conteste toutefois pas une efficacité équivalente pour pondérant du comité national de la point nommé. conteste certains aspects. Elle mon- cée en permanence d’être accusée ce dernier point. la sécurité des populations » face recherche scientifique, l’instance tre, en particulier, qu’elle a contri- de soutien abusif de ses créanciers, aux risques d’inondation comme de recrutement et d’évaluation des Pierre Le Hir bué à retarder l’évaluation réelle explique, dans sa réponse au rap- Sophie Fay de sécheresse, prévient la Cour. LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/9 FRANCE Lionel Jospin accélère et confie à Bertrand Delanoë M. Chirac pourrait retarder la présidence de ses comités de soutien l’annonce de sa candidature Le premier ministre devrait se déclarer officiellement au début de la dernière semaine de février. La parution du livre du juge Halphen, Le calendrier de ses principaux meetings est arrêté : le premier aura lieu le 7 mars à Lille début mars, incite l’Elysée à attendre encore

LÉGER coup d’accélérateur : Lio- trois ans d’adhésion, être membre du comité de campagne se tenant grammé pour le 2 mai à Toulouse. C’EST un souci pour bon nom- tion tournera autour de l’enquête nel Jospin devrait être investi candi- du conseil national ou parrainé par dès l’après-midi, au siège du candi- En dehors du calendrier, l’équipe bre de chiraquiens. Jacques Chirac qu’il a menée contre le clan chira- dat du Parti socialiste à l’élection cinq titulaires de cette instance ou dat, au 325, rue Saint-Martin, dans se dessine également. Le choix de doit-il vraiment attendre le début quien et des pressions de l’Elysée présidentielle dimanche 3 mars au par une fédération. Deux aspirants le 3e arrondissement de Paris, avec M. Glavany comme directeur de du mois de mars pour déclarer sa dont il se dit victime ? Ou alors au matin, lors d’un congrès extraordi- candidats, Eric Hintermann et Zou- trois cents participants. campagne semble acquis. Il en est candidature ? Car il va falloir non lendemain de la grand-messe que naire. « C’est sûr à 95 % », dit-on heir Ali, ne peuvent pas se présen- de même pour celui de Bertrand seulement occuper le mois de prépare la droite à Toulouse, le au siège du PS, rue de Solferino. ter. Le troisième, Claude Escarguel,      Delanoë, le maire de Paris, pour février, en attendant que le prési- 23 février ? Mercredi matin, le Pour l’heure, le premier secrétaire, un biologiste hospitalier du Var, Avec ce calendrier, M. Jospin présider le comité national de sou- dent de la République se lance, petit groupe d’élus de droite – par- François Hollande, s’en tient à la adepte de la « socialisation du capi- tiendrait son premier meeting na- tien. Mme Aubry et M. Strauss- mais aussi choisir la date propice à mi lesquels Alain Juppé, Philippe date initiale d’investiture, le tal », séduit par le discours de tional le 7 mars à Lille, sur les ter- Kahn devraient être, avec d’autres, sa déclaration de candidature. Douste-Blazy, Jean-Pierre Raffa- 10 mars, mais il reconnaît que le Dominique Strauss-Kahn à la con- res de Martine Aubry, et partici- porte-parole, et Alain Claeys, tréso- Tous les cas de figure ont été étu- rin, Jean-François Copé, Jean-Fran- calendrier interne doit être appli- vention du PS et par un bref con- perait en candidat au meeting des rier du PS et proche de Laurent diés. Le mois de février est d’abord çois Mattei, Jacques Barrot – qui qué avec « souplesse ». Quant au tact avec M. Jospin, a décidé de reti- clubs « 2002 femmes », le 8 mars, à Fabius, mandataire financier. largement occupé par les vacances se réunit régulièrement autour de candidat « disponible », il a fait rer sa candidature. Paris. Avant le premier tour, un Après les clubs « 2002 femmes » scolaires : du 3 février au 3 mars, il Jérôme Monod s’est retrouvé à savoir qu’il ne voulait pas être Le premier ministre n’a pas enco- meeting national, pouvant rassem- destinés à mobiliser l’électorat y aura toujours une partie de la l’Elysée pour mettre la dernière « enfermé dans un calendrier ».Le re choisi la date de sa déclaration bler entre 5 000 et 20 000 person- féminin, 2 002 jeunes devaient lan- France en congé. main à la préparation de ce rendez- 26 janvier, à l’issue de la conven- officielle, qui peut varier en fonc- nes, est prévu chaque jeudi. Limo- cer, jeudi 31 janvier, un appel à la La première semaine de mars a vous. Mais, lorsque le chef de tion nationale sur le projet 2002, tion de celle de… Jacques Chirac. ges, Dijon, Bordeaux, Marseille et candidature de M. Jospin, « parce donc été envisagée. Las, c’est juste- l’Etat a reçu, comme il le fait cha- en présence de M. Hollande et de La session parlementaire s’ache- Rennes sont au programme, ainsi qu’il a su rassembler tous ceux qui ment à ce moment que paraîtra le que semaine, une douzaine de par- Jean Glavany, le futur directeur de vant le 22 février et le premier qu’un rassemblement des élus so- veulent que la société bouge ». Pour livre du juge Halphen… à grands lementaires RPR-UDF-DL à déjeu- campagne, François Rebsamen, a ministre participant à un « sommet cialistes, juste avant Pâques. Le le Mouvement des jeunes socialis- renforts médiatiques. Dès le ner, il a semblé repousser cette enjoint les premiers secrétaires des modernisateurs » le 23 février, à candidat devrait effectuer aussi tes, présidé par Charlotte Brun, à 5 février, le juge dessaisi du dos- hypothèse. Mieux, il a paru songer fédéraux du PS d’être « disponibles Stockholm (Suède), la première des déplacements thématiques con- l’origine de cette initiative relayée sier des HLM de la Ville de Paris à reporter sa déclaration de candi- et réactifs entre le 22 février et le fenêtre de tir serait une déclaration clus par des réunions publiques de sur le Web (www.2002jeunes.org), ira « vendre » son livre sur tous les dature à la mi-mars, après le som- 6 mars ». télévisée au soir du 23 février ou, moindre importance, comme le « Lionel Jospin est le meilleur candi- médias nationaux. Journal de met européen de Barcelone, les 15 Une circulaire interne précise plus probablement, le 25 ou le 3 mai à Nantes. dat pour l’élection à venir, le candi- 20 heures de France 2, invitation et 16 mars. « Vous imaginez l’effet que c’est à partir du 18 février et 26 février. Dans cette hypothèse, le Pour la campagne entre les deux dat qui portera le mieux notre idéal de RTL le lendemain, puis des produit si le premier ministre et moi jusqu’à la « fin février » que les can- bureau national arrêterait la liste tours, M. Jospin tiendrait un mee- de justice sociale ». Le premier autres radios nationales, « bonnes sommes tous deux candidats ? »,a didats à la primaire devant permet- des candidats à la primaire le ting la première semaine à Lyon, ministre, et candidat « disponi- feuilles » dans les journaux : une expliqué le président. Il resterait tre aux militants du PS de choisir 26 février au soir, et les militants réservant Paris, en fonction de la ble », semble plus que jamais prêt vraie déferlante. Comment, dans alors un gros mois de campagne leur champion devront faire acte voteraient le 28 février ou le date de l’éventuel duel télévisé, à se laisser convaincre. ces conditions, lancer la candidatu- avant le premier tour. de candidature. A condition qu’ils 1er mars. Le congrès du 3 mars clô- pour la seconde semaine. Le re chiraquienne face à un juge remplissent les conditions : avoir turerait le processus, une réunion dernier grand meeting est pro- Michel Noblecourt dont toute la campagne de promo- Raphaëlle Bacqué

ECHOS DE CAMPAGNE aArlette Laguiller (Lutte ouvrière) a indiqué qu’elle « n’avait pas envie de se retrouver avec tous ces ministres [du gouvernement Jospin] qui sont au Forum social à Porto Alegre pendant que d’autres ministres sont au même moment à New York pour le Forum économique mondial". "Un petit tour à Porto Alegre pour séduire les électeurs hostiles à la mondialisation et un voyage à New York pour rendre hommage à la domination du grand capital sur le mon- de. Je ne veux pas participer à cette mascarade", a-t-elle ajou- té.(BFM) Olivir Besancenot (Candidat de la LCR) Contestant implicitement la légitimité de Jean-Pierre Chevènement à Porto Alegre et affirmant qu’il ne lui avait pas « adressé la parole« alors qu’il se trouvait dans le même avion lors du déplacement dans la ville brésilienne, M. Besancenot à déclaré, du candidat MDC : « Lui qui a trouvé de la démocratie dans la dictature de Ben Ali, je lui souhaite bien du coura- ge quand il rencontrera les militants tunisiens d’ATTAC ». Porto Ale- gre « ne se résumera pas à une photo de famille, a-t-il ajouté, c’est un lieu de résistance ». (RTL) a Alain Madelin (candidat de Démcratie libérale): "Je ne me sens pas l’envie d’aller communier" à Porto Alegre ». (Conférence de presse) OLivier Besancenot (LCR) « On a décidé de ne pas donner de consi- gne de vote pour le deuxième tour », a déclaré Olivier Besancenot, candidat LCR à la présidentielle, indiquant qu’il voterait personelle- ment « à gauche » car « il y a une différence entre la droite et la gau- che » (RTL). a François Hollande (premier secrétaire du PS) : "S’il y a des informa- tions à donner, nous sommes toujours prêts à les livrer. Donner la vérité n’est jamais un handicap », a-t-il souligné au lendemain du Conseil des ministres qui a autorisé l’audition comme témoin du ministre de l’Agriculture Jean Glavany dans l’affaire Destrade. "Cha- que fois qu’il y a une demande d’un juge pour entendre qui que ce soit, nous nous y rendons et ce sera vrai pour Jean Glavany comme pour tout autre", a-t-il ajouté. Jean Glavany est souvent présenté comme le futur directeur de campagne de Lionel Jospin. a François Bayrou (UDF): "La seule question qui compte: est-ce qu’on continue avec les mêmes ou est-ce qu’on change?".(rencontre avec les étudiants de l’ESSEC) a Jean-Marie Le Pen (FN) : si « Jacques Chirac maintenait son attitu- de hostile au Front national, il serait battu au second tour avant même d’y être". Cela "va le conduire à la retraite, puis sans doute à la Santé ». "M. Jospin est un homme de gauche qui fait une politique de gauche, détestable, haîssable que je combats, mais il n’y a rien d’immoral dans sa position tandis que je trouve que la position de M. Chirac est non seulement stupide mais qu’elle est profondément immorale", a-t-il ajouté.(France Inter) aRobert Hue (PCF) : On "voudrait escamoter le débat démocrati- que" en répétant "que l’élection se réduit à un seul choix : ou bien le retour en arrière avec Jacques Chirac, ou bien la simple poursuite de la politique actuelle avec Lionel Jospin". (adresse aux Français) Le premier ministre pour une aide aux pays émergents

LIONEL JOSPIN s’est prononcé, mercredi 30 janvier, en faveur de la création d’un « conseil de sécurité économique et social » au sein des Nations unies, en souhaitant que la France dépose, lors de la prochai- ne assemblée générale de l’organisation, « un projet de résolution » dans ce sens. S’exprimant devant le Conseil économique et social (CES), le premier ministre a, aussi, proposé l’attribution aux pays en voie de développement d’une « allocation exceptionnelle de droits de tirage spéciaux », en souhaitant que cette suggestion soit étudiée « rapidement » par le Fonds monétaire international (FMI). Une telle solution, selon M. Jospin, « permettrait aux pays concernés d’augmen- ter leurs réserves de changes » et « soutiendrait efficacement leur crois- sance ». Pour venir en aide aux pays émergents tels que l’Equateur, la Turquie ou l’Argentine, le premier ministre a proposé la création d’une « commission de surendettement ».  a PRÉSIDENTIELLE : Jacques Chirac arriverait en tête du premier tour de l’élection, le 21 avril, avec 26 % des voix contre 22 % à Lio- nel Jospin et l’emporterait au second tour avec 52 % des suffrages, selon un sondage Ipsos paru dans Le Point, jeudi 31 janvier, réalisé les 25 et 26 janvier par téléphone auprès de 962 personnes. Au premier tour, Jean- Pierre Chevènement arriverait en troisième position avec 12 % des voix, suivi de Jean-Marie Le Pen (9 %) et d’Arlette Laguiller (7 %). 10/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 SOCIÉTÉ ÉDUCATION

Le ministère de l’éducation nationale a rendu publi-    ont été signalés par les chefs tembre et octobres 2001. Ces statistiques, qui ont maire.   ’ les plus concernées se ques, mercredi 30 janvier, les premières données sur d’établissement dans les écoles, collèges et lycées, été commentées au cours d’une conférence de pres- situent entre 15 et 17 ans. A l’Assemblée nationale, la les violences scolaires recueillies par   soit 3,5 actes pour 1000 élèves dans le secondaire et se par MM.Jospin et Lang,  ’ ’ droite a contesté le « triomphalisme indécent » du  . Elles montrent que près de 17 000 un acte pour 10 000 élèves dans le primaire, en sep-  massif de la violence à l’école pri- gouvernement. Le premier recensement national relativise les violences scolaires Le nouveau logiciel Signa, dont les premières données ont été détaillées, mercredi 30 janvier, par Lionel Jospin et Jack Lang, permet de mieux connaître la nature des actes signalés dans les établissements scolaires. L’opposition a violemment contesté le « tromphalisme » du gouvernement

« JE REFUSE toute fatalité de la pour 1 000 élèves dans le secondai- dans le primaire, contre 79 % dans violence. » Deux jours après la publi- re et 1 acte pour 10 000 élèves dans le secondaire. 31 % des incidents 16 382 AGRESSIONS EN DEUX MOIS LIEUX DES INCIDENTS cation des chiffres sur les infractions le primaire. Au total, 41 % des éta- sont le fait de membres de la famille Nombre d'actes signalés dans le second degré en septembre/octobre 2001 en %, dans le second degré constatées en France en 2001, Lio- blissements n’ont déclaré aucun fait de la victime dans le primaire (1,6 % nel Jospin s’est de nouveau exprimé grave, et 15 % un seul. Ces données seulement dans les collèges et 75,9 % dans l'établissement Violences physiques sans arme 4 985 sur le sujet, mercredi 30 janvier, au confirment les statistiques déjà lycées). Quant aux victimes, le recen- Salle ministère de l’éducation nationale, publiées dans Le Monde du sement montre que ce sont d’abord Insultes ou menaces graves 3 790 de cours lors d’une cérémonie consacrée à 22 décembre 2001. Elles infirment les élèves eux-mêmes. Dans l’ensei- Cour de Circulations (couloirs) « la bataille pour le respect à l’éco- l’idée d’un accroissement massif de gnement secondaire, les victimes Vol ou tentative de vol 1 707 récréation le ». Entouré de deux lycéennes, de la violence à l’école primaire. « Tout sont à 65 % des élèves (29 % sont Racket ou tentative, extorsion 19,4 583 Jack Lang, ministre de l’éducation ce qui a été dit sur l’augmentation de des personnels). Dans le primaire, de fonds 10,3 nationale, de Jean-Luc Mélenchon, la violence dans le premier degré est 48 % des victimes sont des person- Dommages aux locaux 517 ministre délégué à l’enseignement plutôt contredit par ces premiers élé- nels et 36 % des élèves. 28,2 professionnel, et de Sonia Henrich, ments », souligne Sonia Henrich. En Autres faits graves 479 18 présidente du Comité national de deux mois, 586 incidents ont été «    » Intrusion de personnes 475 lutte contre la violence scolaire, le signalés ; seules 420 écoles sur La mesure apportée par Signa, étrangères à l'établissement Autres premier ministre a commenté les 53 000 ont eu à connaître un ou plu- outil destiné à mieux prévenir la vio- Jet de pierres ou autre project. 6,2 10 441 4,1 premières données recueillies par le sieurs incidents. L’enquête relativise lence, a encore des limites. Locale- nouveau logiciel Signa élaboré par l’idée que les auteurs de violences ment, elle n’échappe pas soit à une Tags 441 Autres l’éducation nationale. seraient de plus en plus jeunes. Les surdéclaration, soit à une sous- Violences physiques avec arme 372 Installations Ces statistiques globales, les pre- tranches d’âge les plus concernées déclaration des établissements sco- ou arme par destination sportives Abords de l'établissement mières considérées comme fiables, se situent en fin de collège et au laires. De plus, elle ne traite pas la Injures à caractère raciste 303 portent sur deux mois, septembre et début du lycée, entre 15 et 17 ans. question des « incivilités », très sensi- Violences physiques à 20,3 % hors établissement octobre 2001. Près de 17 000 actes Le portrait-robot des auteurs d’ac- ble chez les enseignants. « Le para- caractère sexuel 269 de violence ont été signalés par les tes de violence distingue le primaire doxe des statistiques sur le crime est Source : ministère de l'éducation nationale Tentatives de suicide 91 chefs d’établissement dans les éco- et le secondaire. 41 % des actes vio- bien connu : elles mesurent surtout les, collèges et lycées, soit 3,5 actes lents sont commis par des élèves l’état de mobilisation des services Autres 1 929 physique ont diminué de 4,5 %. A publics », analyse Eric Debarbieux Paris, ils ont baissé de 16,8 %. Ces (Violence à l’école et politiques publi- Source : ministère de l'éducation nationale chiffres « montrent que, depuis qua- LES ÉLÈVES EN PREMIÈRE LIGNE AU COLLÈGE ET AU LYCÉE ques, éd. ESF , octobre 2001). « Cela tre mois, les faits d’incivilité ont une Les auteurs des actes recensés...... et leurs victimes, en % ne veut pas dire qu’elles soient sans Seuls une poignée de départements Se fondant sur des éléments par- tendance à décroître globalement valeur, mais elles doivent être compa- étaient en mesure de fournir un sui- cellaires tirés de l’étude de deux aca- dans le pays, et notamment dans la Élève ou groupe d'élèves Élève ou groupe d'élèves rées à des enquêtes produites par des vi des violences sur plusieurs démies et de trois départements par- région parisienne », a ainsi déclaré institutions indépendantes. » En tout années. Au plan national, en 2001, mi les plus sensibles, le ministère a Jack Lang à la sortie du conseil des état de cause, a insisté Mme Henrich, le ministère ne pouvait publier que néanmoins fourni, mercredi, une ministres. 79,1 54,4 « les données de Signa devront tou- les chiffres, controversés, de l’année analyse globale sur la « régression » A l’Assemblée nationale, dans jours être croisées avec d’autres sour- scolaire 1998-1999 : 240 000 inci- des actes de violence. Dans les Bou- l’après-midi, cette déclaration a ces d’information ». dents recensés par trimestre (4 % de ches-du-Rhône, au premier trimes- conduit la droite à réclamer la Ces premiers résultats ne permet- la population scolaire), soit tre de l’année scolaire 2001-2002, la démission de M. Lang. Pierre-André 24,5 tent pas, non plus, « d’établir de 6 240 faits graves. De son côté, le diminution a atteint 18 % par rap- Périssol, secrétaire national à l’édu- 11,6 0,2 comparaisons » dans le temps, a pré- Comité national de lutte contre la port à l’année précédente. En Seine- cation du RPR, a dénoncé cette 7,1 Famille Personnel 17 cisé Sonia Henrich, puisqu’il n’exis- violence avait donné, en 2001, quel- Saint-Denis, le nombre d’incidents « étrange affirmation quand on sait Inconnu d'élève tait pas de statistiques comparables ques tendances régionales tout en a baissé de 12,5 %, alors que l’ensem- que ces premières données ont été Autre 0,6 Autre Famille d'élève Personne ext. Personne 2,5 dans le passé. Jusqu’alors, la violen- reconnaissant ne pas pouvoir livrer ble de l’académie de Créteil connais- recueillies sur une base encore très 1,6 ext. 1,4 Sans objet ce scolaire était éclairée par des don- de panorama national faute de sait une stabilisation. Dans l’acadé- partielle » et accusé le premier minis- Source : ministère de l'éducation nationale nées nombreuses, mais partielles. remontées « fiables ». mie de Lille, les actes de violence tre de « triomphalisme indécent ». Pour Claude Goasguen, porte-paro- le de Démocratie Libérale, le gouver- nement pratique la « désinforma- Céline, Hervé et Emmanuel : de jeunes enseignants regroupés pour déjouer l’isolement tion ». Rue de Grenelle, un peu plus tard, EN MAI 2001, cinq copains futurs ensei- d’avoir permis de déjouer l’isolement dans rentrée » – « l’accueil » de ses nouveaux col- mes de discipline en début de cours avec une Lionel Jospin leur a répondu longue- gnants, qui achèvent leur formation en Bre- lequel est plongé « tout Provincial qui débar- lègues, « faciliter leur adaptation » et classe ». Pour ces jeunes enseignants, la vio- ment : « Si les statistiques grimpent, il tagne, formulent une candidature groupée que à Paris ». « Le groupe rassure, avoue Céli- « répondre à leurs questions et à leurs lence est plus latente que réelle. « J’ai été faut le reconnaître et essayer d’en pour un collège de la banlieue sud de Paris ne, 25 ans. C’est beaucoup plus facile d’aller besoins ». agréablement surprise par les élèves, se rap- tirer les conclusions. Mais là où elles (Le Monde du 17 mai 2001), en vertu du nou- vers les autres », même si leur situation reste pelle Céline. Il y a un décalage entre l’image baissent, il faut admettre qu’elles bais- veau dispositif dit « PEP 4 » (pour « poste à atypique puisque seules 3 % des « candidatu- «      » tellement négative qui est véhiculée et la réali- sent, y voir un facteur d’encourage- exigences particulières 4e version ») que Jack res PEP4 » étaient des demandes groupées. « Quand on arrive ici, on ne connaît rien : té. » Sans pour autant verser dans l’angélis- ment et de mobilisation », a souligné Lang vient de mettre en place en Ile-de-Fran- « Se retrouver le soir permet de décompresser, ni les mentalités, ni le langage, ni les codes », me. « Il ne faut pas grand-chose pour que ça le premier ministre. « Que veut-on ?, ce dans le cadre de la lutte contre la violen- analyse Emmanuel, 28 ans. Parce que, même atteste Lionel, qui « aurait bien aimé que parte. D’où la nécessité de ne pas donner de s’est-il interrogé. Dire que la violen- ce, pour stabiliser les équipes pédagogiques si cela se passe bien pour nous, c’est quand quelqu’un l’aide, il y a deux ans ». De façon prise à l’agressivité », résume Hervé. ce se répand et qu’on ne peut pas lut- dans certains collèges difficiles : les volontai- même dur, reconnaît le jeune enseignant au informelle, « pendant les pauses ou à l’heure Après cinq mois sur le terrain, le trio se dit ter ? Si à chaque fois qu’il y a un éta- res, qui s’engagent à rester cinq années dans physique de basketteur. L’ambiance est du déjeuner », il décode pour ses collègues toujours aussi « motivé », « content de cette blissement qui réussit, un départe- l’établissement, voient leur emploi du temps pesante. Quand l’un de nous a eu un clash les mots de la cité (« c’est chim’» pour dire expérience fatigante mais riche ». « On peut ment qui progresse, une méthode qui allégé, disposent d’un tuteur et d’une forma- pendant un cours, on peut en parler tout de « c’est nul »), donne des trucs pour consti- faire des choses géniales, s’enthousiasme Her- permet d’avancer, qu’elle est objecti- tion complémentaire, et bénéficient d’un suite. » tuer rapidement des équipes ou distribuer vé. Et faire découvrir aux élèves des activités vement reconnue dans ses résultats, bonus de points pour leur mutation. Dans leur établissement, la quasi-totalité du matériel sans se laisser déborder, insiste qu’ils n’ont pas l’habitude de pratiquer, com- on nie, on dénature, alors on va Janvier 2002 : Céline, Hervé et Emmanuel, de l’équipe d’EPS s’est renouvelée à la ren- sur l’importance de ne jamais hausser le ton. me du cirque ou même de la danse. » décourager tout le monde. » Dix ans qui, contrairement à leurs deux autres amis, trée. Sur les sept profs de sport, cinq ont pris « On est avide de conseils, estime Hervé, Les propos les plus durs sont pour cer- après avoir quitté le poste de minis- ont obtenu les postes demandés, habitent leur premier poste et un est remplaçant . Le 25 ans. Parce que le métier qu’on exerce ici tains modules de leur formation, « qui est tre de l’éducation, Lionel Jospin ensemble dans une grande maison en bordu- dernier, Lionel, 28 ans, avec ses deux années est différent de celui qu’on nous a enseigné ». intervenue trop tard dans le trimestre et n’est était venu « rendre hommage » à re de forêt, à une quinzaine de kilomètres d’ancienneté, incarne l’expérience. A ce « Je leur raconte mes échecs et, modestement, pas toujours adaptée à ce qu’on vit ». « Par- tous ceux qui sont « engagés dans la du collège où ils enseignent l’éducation phy- titre, il a été désigné « pair référent » pour j’essaie de leur apporter quelques solutions », fois, lâche Emmanuel, je préférerais avoir bataille pour le respect à l’école ». sique et sportive (EPS). Pour le trio, qui habi- les six autres. Contre une rémunération souligne Lionel. cours avec des élèves. » te pour la première fois en région parisien- annuelle de 550 ¤, il doit assurer – selon la Ce matin, il a assisté en observateur à un Luc Bronner ne, la grande vertu du dispositif PEP 4 est circulaire qu’on lui a distribuée « après la cours de Céline, qui rencontre « des problè- Marie-Laure Phélippeau et Nathalie Guibert Une « priorité absolue » devenue « question politique à part entière »

LA COMMUNICATION ministé- neux dossier. C’est lors d’une qui sera le troisième plan anti-vio- cation affichait le « zéro tolérance » « Les phénomènes de violence inac- rielle sur la violence scolaire fait « séquence » solennellement orga- lence en trois ans – mais le premier à l’école primaire. Nouveauté, le ceptables se produisent dans deux depuis une dizaine d’années l’ob- nisée en présence du premier de la gauche –, il s’agissait officielle- thème de la justice scolaire arrivait ou trois académies de la région pari- jet d’attentions particulières. La lut- ministre et de représentants du ter- ment de rompre avec le passé : sur le devant de la scène : une refon- sienne. Ailleurs, la violence a dispa- te contre ce phénomène n’a-t-elle rain qu’ont été présentés, mercredi concentration des moyens sur te complète des textes régissant la ru ou elle a reculé très sensible-  à la presse, les nouveaux chiffres 9 zones expérimentales et 412 collè- discipline et les sanctions dans les ment. » Avec le premier ministre, sur la violence scolaire. ges et lycées « pour en finir avec le établissements était engagée. Le Jack Lang investit la première con- En mars 1996, les mesures du saupoudrage », renforcement mas- ministre annonçait qu’un nouveau férence mondiale organisée par Tous les ministres second plan Bayrou avaient été sif de la présence des adultes sur le logiciel de saisie des déclarations des chercheurs à l’Unesco sur le dévoilées après une table ronde terrain avec quelque 5 000 emplois- d’incidents « est en cours de dévelop- thème : « Violences à l’école et poli- ont souhaité montrer réunissant six ministres et des jeunes. Claude Allègre voulait atti- pement et sera implanté dans tous les tiques publiques ». M. Lang y appel- représentants du « terrain » à Mati- rer des personnels volontaires en établissements ». Enfin, il promettait le à restaurer « cette belle notion qu’ils prenaient gnon : pénalisation des intrusions contrepartie d’une meilleure évolu- que l’évaluation du plan serait ren- d’autorité ». Lionel Jospin, qui dans les établissements scolaires, tion de carrière. Il disait aussi vou- due publique à l’issue de chaque tri- n’avait pas prononcé de discours le sujet à cœur affectation de 2 200 appelés du loir renforcer la coopération police- mestre. Une annonce restée lettre politique de fond sur l’école contingent, « revitalisation » de justice et développer l’éducation morte. depuis les assises nationales des l’instruction civique, circulaire de civique. Le ministre de l’éducation ZEP (zones d’éducation prioritai- pas été élevée par le président de coopération éducation-police-jus- jugeait le sujet « grave ». «   ’ » re), en juin 1998, clôt les débats en la République, dès son élection, en tice, bonifications pour les person- En janvier 2000, alors que de nom- En février 2001, la saisonnalité affirmant que « la violence en 1995, au rang de « priorité abso- nels des établissements sensibles… breux faits de violence étaient rap- du phénomène des violences en milieu scolaire est devenue une ques- lue » ? Depuis, les ministres de A la fin de l’année, une première portés dans la presse, M. Allègre milieu scolaire est respectée, tion politique à part entière ». l’éducation successifs ont tous sou- campagne nationale sur le thème annonçait la deuxième phase du l’attention des médias de nouveau Mercredi 30 janvier, avant que haité montrer qu’ils prenaient le « plus fort que la violence, le res- plan anti-violence. Une évaluation mobilisée. Le Comité national de les premiers chiffres ministériels sujet à cœur. François Bayrou a pect » était lancée. L’éducation de la première étape avait mis en lutte contre la violence avoue ne issus du nouveau logiciel Signa engagé deux plans anti-violence. nationale n’était, alors, pas capable évidence une stabilisation globale pas pouvoir délivrer de panorama soient rendus publics, la cause était Claude Allègre aussi. Jack Lang a de fournir un recensement natio- des violences mais une aggravation national, les statistiques n’étant entendue, déjà annoncée dans plu- changé de tactique – il ne parle nal des faits de violence. en région parisienne. Quatre nou- pas fiables. Le ministre de l’éduca- sieurs médias : il y aurait tasse- plus de « plan » – mais n’a pas En novembre 1997, quand sept veaux sites violence, sur lesquels tion se veut néanmoins positif. Il ment des faits de violence à l’école. dérogé aux règles de l’art pour ministres du gouvernement Jospin sont concentrés les moyens, s’ajou- affirme quelques jours plus tard communiquer autour de cet épi- détaillaient, en grande pompe, ce taient à la liste. Le ministre de l’édu- (Le Monde du 27 février 2001) : N. G. 12/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 SOCIÉTÉ Françoise Castro interrogée Deux Français figurent parmi Jugé pour viols, un dans l’affaire de la FNMF psychopédagogue les détenus de Guantanamo raconte son La brigade financière enquête sur les marges dégagées par la société de production de l’épouse de M. Fabius La confusion demeure sur le nombre d’autres prisonniers des Américains « passé aberrant »

FRANÇOISE CASTRO, l’épouse prestations fournies et l’ampleur DEUX FRANÇAIS figurent parmi sulaire, ni avocat, indique une sour- M. Gérin a écrit au président de la du ministre de l’économie et des des marges dégagées par certaines les 158 détenus à la base américaine ce proche de la mission. Les deux République, M. Jacques Chirac, et Cour Finances, Laurent Fabius, a été de ces sociétés de communica- de Guantanamo (Cuba). Ce chiffre hommes peuvent communiquer au premier ministre, M. Lionel Jos- d’assises interrogée en qualité de témoin, tion, qui ont au total perçu définitif, obtenu mercredi 30 jan- avec leurs familles par l’intermédiai- pin, afin de leur demander de de l’Eure mercredi 30 janvier, à la sous- 97,3 millions de francs de la vier auprès du ministère des affai- re du Comité international de la « réclamer aux autorité américaines direction des affaires économi- Mutualité française entre 1994 et res étrangères, ne met pas pour Croix-Rouge, qui avait informé l’audition des détenus français ». ques et financières de la préfectu- 1998. autant un terme à la confusion qui Paris de l’existence de prisonniers « Je veux que les autorités françaises ROUEN re de police de Paris. Mme Castro La société BFC Productions, que règne autour de leur identité et du « parlant français ». Les membres prennent une initiative afin que le de notre correspondant avait été convoquée par la brigade dirige Mme Castro, a perçu, entre nombre total d’hommes arrêtés en de la mission devaient atterrir à procès ait lieu en France. S’il y a des La cour d’assises de l’Eure a financière dans le cadre de l’ins- 1995 et 1998, près de 4 millions de Afghanistan ou au Pakistan se Paris jeudi 31 janvier dans la mati- réseaux et des têtes pensantes, il fau- ouvert, mercredi 30 janvier, à truction visant la Fédération natio- francs de la FNMF, pour la réalisa- disant de nationalité française. Le née et entrer rapidement en contact dra prendre des décisions exemplai- Evreux, le procès de deux pédophi- nale de la mutualité française tion de six films vidéo destinés à Quai d’Orsay se refuse de communi- avec les familles des deux Français. res », a-t-il déclaré. les dont un psycho-pédagogue, (FNMF), ouverte pour « abus de promouvoir l’image de la Mutuali- quer des informations sur les deux D’autres prisonniers des Améri- L’homme, originaire de Vénis- ancien assesseur au tribunal pour confiance et recel » en novembre té française. Lors de son audition, prisonniers de Guantanamo avant cains n’ayant pas encore été transfé- sieux, qui figurerait sur la liste trans- enfants d’Evreux. Avec son co-accu- 1999. Confiée aux juges parisiens Mme Castro a assuré avoir dégagé que les familles n’aient été infor- rés à la base de Guantanamo, sont mise par la CIA, s’appelle Nizar Sas- sé, animateur théâtral, ils répon- Philippe Courroye et Françoise mées des détails de leur condition. détenteurs de documents français si. Agé de 22 ans, titulaire d’un CAP dent d’une série de viols aggravés Néher, l’enquête porte – notam- « J’ai apporté De source diplomatique, on «ne ou bien se disent de nationalité fran- de plasturgie, il a travaillé entre et de diffusion et recel d’images de ment – sur certaines dépenses, toutes les réponses confirme pas » une information de çaise. Leur nombre est fluctuant, en novembre 2000 et juillet 2001 com- mineurs à caractère pornographi- effectuées par le principal mouve- aux interrogations l’AFP selon laquelle les deux prison- fonction des vérifications en cours ; me agent de médiation sociale char- que. Agé de 40 ans, Gérard Walsser ment mutualiste français – il ras- des enquêteurs » niers n’apparaîtraient pas sur une pour l’heure, il ne dépasse pas la gé de la surveillance d’un parking était connu à Evreux pour ses activi- semble environ 3 000 mutuelles liste de six noms fournie aux servi- dizaine, indique une source au situé sur le plateau des Minguettes, tés au sein de l’association de lutte adhérentes, soit un total de 15 mil-   ces de renseignement français, le ministère des affaires étrangères. un quartier réputé difficile de Vénis- contre les violences familiales et la

lions de cotisants –, qui auraient   /  17 janvier, par leurs homologues Cette présence française dans les sieux. Le jeune homme n’était pas délinquance sexuelle. A ses côtés pu donner lieu à des surfactura- américains de la CIA. Ces six hom- rangs des Talibans ou d’Al-Qaida connu des services de police et dans le box, Eric Voinson, un éduca- tions. Interrogée par Le Monde jeu- une marge de 29,91 % qui serait mes se trouveraient aux mains des n’a rien de surprenant : la direction n’aurait commis aucun acte de teur de 36 ans, originaire d’Arras di matin, Mme Castro, qui a été conforme aux marges habituel- Américains, sans précision géogra- de la surveillance du territoire délinquance. (Pas-de-Calais), est accusé de viols. entendue pendant 10 heures, a les. Dans un communiqué publié phique. Les autorités françaises (DST) et la direction centrale des D’après l’un des responsable de Il lui est reproché notamment déclaré qu’elle pensait « avoir le 19 septembre 2000, Mme Castro font donc assaut de prudence, afin renseignements généraux (DCRG) la régie de médiation, il était « cal- d’avoir mis en relation de jeunes apporté toutes les réponses aux avait indiqué que les six films que de recouper cette liste avec les travaillent depuis des années sur les me et réservé », ne témoignant victimes avec le principal accusé. interrogations des enquêteurs ». sa société avait produits avaient informations fournies par le Comi- réseaux islamistes en France et d’aucun engagement religieux radi- En décembre 1998, Gérard Wals- « Je crois avoir établi que ma socié- été « facturés 3 774 000 francs ». té international de la Croix-Rouge, s’alarment du recrutement de jeu- cal. Il avait simplement demandé ser est interpellé par la gendarme- té de production a dégagé des mar- « Les films (…) ont été tournés en ainsi qu’avec les propres informa- nes hommes dans les quartiers sen- l’aménagement de ses horaires de rie dans le cadre d’une opération ges conformes au marché », France et à l’étranger et ont été dif- tions des services de renseigne- sibles des grandes agglomérations. travail afin de pouvoir effectuer ses nationale visant un réseau pédophi- a-t-elle ajouté. fusés à l’occasion de la prépara- ment français. Ainsi, en 1998, quelques semaines prières. En juillet 2001, M. Sassi le. A son domicile d’Evreux, les gen- Les enquêteurs s’intéressent à tion des congrès des fédérations Les deux détenus français de avant la Coupe du monde de avait quitté son travail sans préve- darmes découvrent plusieurs cen- des contrats passés par la direc- mutualistes, des divers cycles de Guantanamo sont connus des servi- football, un vaste coup de filet avait nir ses employeurs, qui ont décidé taines de photos, des cassettes tion de la communication de la formation et de présentation de ces de police. C’est grâce à cela que eu lieu en France et dans d’autres d’engager une procédure de licen- vidéo et un CD-Rom à caractère FNMF : au total, sept sociétés, qui leurs activités », avait assuré Mme la mission technique dépêchée par pays. ciement. La famille du jeune hom- pédophile et pornographique. Au ont réalisé, dans les années 1990, Castro. L’épouse du ministre de le ministère des affaires étrangères me, d’origine tunisienne, qui vit cours de sa garde à vue, il reconnait des opérations visant à valoriser l’économie et des finances avait à Cuba a pu les identifier rapide-     dans le quartier de la Darnaise à avoir entretenu des rapports l’image de la FNMF, sont visées ajouté que les « prix pratiqués ment. La mission, dirigée par un Avant même de nouer le moindre Vénissieux, aurait expliqué qu’il sexuels avec des mineurs. Avec l’un par l’enquête. Parmi celles-ci, BFC [étaient] ceux du marché ». fonctionnaire du Quai d’Orsay, com- contact avec le ministère des affai- était parti en Tunisie. Mercredi d’entre eux, il dit avoir eu une rela- Productions, que dirige Mme Cas- « L’ensemble de ces opérations, prenait en outre un agent de la res étrangères et de s’enquérir des après-midi, le maire de Vénissieux, tion suivie pendant dix années. L’in- tro. Elles avaient toutes fait l’objet totalement transparent, a donc été direction de surveillance du territoi- résultats de la mission, le maire M. Gérin, a reçu les parents de terrogatoire de Gérard Walsser par de perquisitions, à l’automne parfaitement régulier et ne saurait re (DST) et un agent de la direction (PCF) de Vénissieux, André Gérin, Nizar Sassi, qu’il a trouvé « effon- le président, Robert Cardon, a révé- 2000 (Le Monde du 29 septembre prêter à une quelconque interpré- générale de la sécurité extérieure convaincu sur la foi d’articles de drés ». Ils seraient sans nouvelles de lé une personnalité ambivalente, 2000). La FNMF avait elle-même tation malveillante », avait conclu (DGSE). Entre le samedi 26 et le presse qu’un des détenus français leur fils depuis six mois. totalement consciente de la gravité été visée par une perquisition, en Mme Castro. mardi 29 janvier, elle a interrogé à de Guantanamo était originaire de des faits qui lui sont reprochés, novembre 1999. Les policiers sem- deux reprises les prisonniers fran- sa ville, a tenu une conférence de Piotr Smolar capable de les détailler avec préci- blent s’interroger sur la réalité des Fabrice Lhomme çais, qui n’ont demandé ni aide con- presse mercredi 30 janvier. et Sophie Landrin (à Lyon) sion et franchise. L’avocate généra- le, Clarisse Grillon, comme les avo- cats de la partie civile n’ont cepen- dant pas manqué de laisser planer « 60 millions de consommateurs » le doute sur la sincérité de ses regrets. évalue le goudron inhalé en fumant «     » Le récit de la relation vécue avec LE MENSUEL 60 millions de consommateurs propose, dans son numéro sa principale victime, l’enfant d’une de février, un « nuancier » permettant aux fumeurs d’évaluer les quanti- voisine, est étrange. Dans le cadre tés de goudrons qu’ils inhalent. A l’aide d’un petit carton comprenant de son travail, M. Walsser l’avait des orifices correspondant à différentes concentrations de goudrons, le pris en charge pour suppléer à la fumeur compare la tache colorée qui s’est formée sur le filtre de la ciga- carence éducative de la mère, adep- rette qu’il vient de fumer. « Les mentions des teneurs en nicotine et en gou- te de la secte Krishna. Les premiè- drons inscrites sur les paquets de cigarettes ne reflètent en rien les risques res agressions et viols ont été perpé- que court un fumeur », font valoir les responsables de la revue. Selon eux, trés alors que l’enfant avait neuf la coloration du filtre constitue un bon révélateur de la façon dont une ans. C’est alors le début d’un sem- cigarette a été fumée. blant de vie commune, qui cesse lorsque la victime a dix-huit ans. « Parce qu’il avait trouvé une L’Etat français primé au palmarès amie », se souvient Gérard Wals- ser. « Je ne me permettrais pas de des Big Brother Awards parler d’amour, aujourd’hui. Je dirai que c’était viscéral », explique l’ac- UNE DIZAINE D’ASSOCIATIONS françaises ont remis, lundi 28 jan- cusé, qui fut, dit-il, « le confident de vier, les Big Brother Awards, prix sanctionnant les institutions suspec- l’enfant devenu adolescent puis adul- tées de porter atteinte à la vie privée. Mandatées par l’organisation non te ». « Etait-il consentant ? », inter- gouvernementale Privacy International (Le Monde du 29 janvier), les roge le président. « Aujourd’hui, je associations ont décerné un prix à l’administration pénitentiaire, dans ne le pense pas », réfléchit Gérard la catégorie service public, pour la « dégradation de la sphère privée des Walsser, qui évoque ce « passé aber- détenus dans les prisons françaises ». Navigo, le futur ticket électronique rant », en opposition à un « aujour- testé par la RATP, a été primé dans la catégorie produits, accusé de per- d’hui où [il] a envie de dire ce que mettre un suivi « à la trace » des usagers. La municipalité de Mantes-la- s’est passé ». Et il rassure la cour : Jolie (Yvelines) a été élue pour « la mise sous surveillance des commerces « Je suis là pour dire la vérité. » de la seule place publique » du quartier du Val-Fourré. Le gouvernement Gérard Walsser conserve toute a reçu le prix spécial du jury pour « l’ensemble de son œuvre », en particu- sa maîtrise lorsqu’il est interrogé lier la loi sur la sécurité quotidienne. sur les à-côtés d’une liaison qui  n’avait rien d’exclusif. Car il a eu, aussi, une relation avec « un copain a JUSTICE : Me Gilles-William Goldnadel, l’avocat de l’homme d’af- de football » de sa première victi- faires Arcadi Gaydamak, visé par un mandat d’arrêt international me, des adolescents venus avec son dans l’enquête sur les ventes d’armes vers l’Angola, a déposé plainte, complice Voinson, des relations mardi 29 janvier, devant la Cour de justice de la République (CJR) con- occasionnelles, ce qui altère l’ima- tre le ministre de la défense, Alain Richard, pour « dénonciation calom- ge construite d’une tranche de vie à nieuse, dénonciation de délit imaginaire et recel de violation du secret de deux. « Si j’avais eu conscience de l’instruction ». M. Richard avait saisi la justice, le 25 janvier 2001, afin cela à l’époque, je ne serais pas là qu’elle lance des poursuites contre M. Gaydamak pour « commerce d’ar- aujourd’hui. Trois ans de détention, mes illicite ». où je me suis trouvé entre des murs, a La condamnation de Xavier Dugoin à un an de prison ferme et avec des psychologues, des gens qui 37 500 ¤ d’amende pour le vol de bouteilles dans les caves du con- m’ont soutenu, m’ont fait réfléchir. » seil général de l’Essonne a été confirmée, mercredi 30 janvier, par la Les experts évoquent « des troubles cour d’appel de Paris. La peine de son fils Jean-Philippe, condamné à psycho-sexuels en relation avec une 4 mois avec sursis, a été confirmée mais non l’amende de 4 573 ¤. structuration névrotique » et «une a Anne Denis, une proche de l’homme d’affaires Iskandar Safa composante perverse associée ». – visé par un mandat d’arrêt depuis le 28 décembre 2001 dans l’affai- Interrogé par la cour sur sa sexuali- re dite des otages du Liban – a été remise en liberté mercredi 30 jan- té, Gérard Walsser raconte ses rela- vier. Mme Denis avait été placée en garde à vue mardi matin à la brigade tions homosexuelles dès l’âge de financière, à Paris (Le Monde du 31 janvier). huit ans, le « fiasco » de ses rap- a Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, mardi 29 janvier, ports avec les femmes, une homo- le détective privé Roger-Marc Moreau et l’animateur Christophe sexualité « honteuse ». « Aujour- Dechavanne à des peines d’amende de 5 000 ¤ et 2 000 ¤ pour diffa- d’hui », il affirme trouver « normal mation à l’encontre de Christian Veilleux, le fils de Ghislaine Marchal, d’avoir des relations sexuelles à un assassinée en 1991. Chargé d’une contre-enquête par Me Jacques Ver- moment normal dans des conditions gès, l’avocat du jardinier marocain Omar Raddad condamné pour l’as- normales ». sassinat de Mme Marchal en 1994, M. Moreau avait mis en cause le fils de L’audience devait se poursuivre la victime dans l’émission « Ciel mon mardi ! » animée par M. Dechavan- jusqu’au vendredi 1er février. ne (Le Monde du 13 décembre 2001). Etienne Banzet LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/13 RÉGIONS

 a TRANSPORTS : Jean-Claude Gayssot, ministre de l’équipe- Entre hiver et été, deux visions du tourisme dans les Pyrénées ment et des transports, a signé, mercredi 30 janvier, à Paris, une charte pour développer le vélo en Pour maintenir l’emploi, le massif mise sur l’économie des loisirs. Les stations de ski, déjà endettées, améliorent ville avec sept agglomérations : Annecy, Grenoble, Lille, Lorient, leur équipement. Contre cette course au modèle alpin, certaines communes veulent privilégier l’essor des activités estivales Nantes, Strasbourg et Toulouse. Sur un total de 6 millions d’euros BAGNÈRES-DE-LUCHON turations de stations de ski (une des communes qui les gèrent (seu- çu comme un atout. « Le potentiel jours la solution ? Pierre Torrente, investis en 2002 pour le dévelop- (Haute-Garonne) quinzaine depuis dix ans), les infras- les Saint-Lary et Superbagnères ont de développement réside moins dans directeur du Centre international de pement des pistes cyclables, de notre envoyée spéciale tructures nouvelles, bien que très été rachetées par des opérateurs pri- les stations que dans les espaces formation au tourisme et à l’hôtelle- l’Etat contribuera à hauteur de Le développement durable ? L’ex- encadrées par la loi montagne de vés). Entre 1998 et 2008, 1 milliard ruraux de montagne, note un repré- rie à l’université de Toulouse, est 35 %. Le ministère des transports pression agace le directeur de l’offi- 1985, font également l’objet d’une de francs (152,4 millions d’euros) sentant de l’Etat. Tout l’enjeu est l’un des rares à tenir ce discours. table sur la réalisation de 200 km ce du tourisme de Bagnères-de- vigoureuse opposition. devrait être investi dans le domaine d’arriver à étaler la fréquentation sur « Si on ne regarde que la demande, de pistes cyclables Luchon. « Je n’ai pas l’impression Pour les écologistes, « la logique skiable. Or un tiers seulement des tout le territoire montagnard en fonc- on fera du tourisme partout. Il peut a RÉGIONALISATION : la d’œuvrer pour un développement d’exploitation de la montagne » est à stations sont rentables. tion de seuils de tolérance. » Les avoir trop d’impact sur la population, région Rhône-Alpes va engager éphémère », assure Jean-Paul Vas- l’œuvre : « Le développement dura- « Dans le contexte concurrentiel en créant du travail saisonnier et pré- un recours gracieux auprès du sort. La recherche de l’équilibre ble existe beaucoup dans les discours, actuel, les stations sont condamnées caire, ou sur les paysages, soutient-il. premier ministre pour contester entre l’économie, l’environnement mais pas dans les faits », résume à investir. Il faut réaliser le minimum « Le potentiel Il faut trouver une réponse aux atten- le montant de la dotation de et le progrès social, M. Vassort Marc Maillet, responsable de la mis- pour accueillir les touristes français et tes de la clientèle, et en faire un levier l’Etat aux régions dans le cadre connaît. Mais il a aussi sa mission sion montagne à France nature envi- étrangers », plaide Gérard Boudon, de développement de développement, pas une fin en des transferts de compétences quotidienne : garantir la bonne san- ronnement (FNE). directeur de la Confédération pyré- soi. » Il cite le village de Gavarnie, liés aux trains express régionaux té économique de la station touristi- Mais les élus veulent aussi se néenne du tourisme, qui regroupe réside moins dans 150 habitants, piégé par son suc- (TER). Contestant également ce que, qui fait vivre les 6 000 habi- mobiliser pour les créations d’em- les stations de loisirs du massif. cès : le million de visiteurs annuel montant, le Nord - Pas-de-Calais tants du canton. plois, dont le tourisme est le princi- « Les Pyrénées ne représentent que les stations que dans crée des nuisances sans les bénéfi- et la Picardie ont engagé un « Toute notre économie a long- pal vecteur, quitte à rogner sur le 8,5 % des parts de marché national ces correspondants pour la petite recours devant le Conseil d’Etat temps reposé sur le thermalisme et, patrimoine naturel ou bâti. en termes de chiffre d’affaires des les espaces ruraux économie locale. Ce chercheur prô- (Le Monde du 29 janvier). Six aujourd’hui, sur le tourisme vert, Les Pyrénées sont à un tournant remontées mécaniques. Il ne faut pas ne une sanctuarisation des espaces régions ont voté la convention, et explique-t-il. Nous sommes donc de leur histoire. En 1999, laisser croire que notre territoire est de montagne » les plus remarquables et aussi les cinq sont sur le point de intéressés au premier chef à la préser- 474 000 habitants vivaient dans le trop fréquenté », poursuit-il. plus fragiles. Cette option va à l’en- l’adopter. vation de l’environnement. Mais, si massif. Mille ont été perdus en vingt Les chiffres de fréquentation mar-    ’ contre de la volonté de l’Etat et des a PARIS : les élus de droite qui nous n’avions pas des canons à neige ans, avec de fortes disparités selon quent pourtant une érosion, com- élus de développer un tourisme siègent à la commission d’attri- et des télécabines récentes à la sta- les territoires. Seules les franges au me si le tourisme classique d’hiver accessible au plus grand nombre. bution des logements sociaux, tion de ski, des dizaines de gens contact du littoral, à la périphérie avait fait son temps. Sur les 16 mil- séjours dans les 25 stations therma- « Ne nous faisons pas d’illusions, mise en place en juin 2001 par la seraient au chômage. » Les canons à des agglomérations et des plus dyna- lions de nuitées comptabilisées cha- les, à la baisse, ne reposent que sur se console René-Marc Willemot, nouvelle municipalité de gauche neige (2 000 dans l’ensemble du miques stations de ski gagnent de la que année dans le massif, deux tiers le remboursement des cures par la président de l’agence régionale plurielle à Paris, ont annoncé, massif) et les équipements sont les population. Or les 46 stations ont sont enregistrés durant le semestre Sécurité sociale : or ce dispositif est pour l’environnement de Midi-Pyré- mercredi 30 janvier, qu’ils en cibles des écologistes, qui accusent été construites il y a trente ans. Des d’été. L’environnement préservé en sursis. Une réorientation vers le nées. Le développement durable n’en démissionnaient, pour « ne pas les uns d’épuiser les ressources en investissements considérables sont des Pyrénées, conséquence du concept de remise en forme pour- est qu’à ses balbutiements. » cautionner une instance présentée eau et les autres de défigurer les nécessaires à leur restructuration, retard pris sur le modèle alpin, long- rait être une activité de relance. faussement comme un modèle de paysages. Les extensions ou restruc- quitte à perpétuer l’endettement temps mythifié, est désormais per- Et si le tourisme n’était pas tou- Gaëlle Dupont transparence ».

2002, Année internationale des montagnes Vendredi 1er février, à Chambéry, sera officiellement ouverte en France l’Année internationale des montagnes (AIM). Cette opération est une initia- tive de l’ONU qui a pour objet d’encourager les gouvernements à « promou- voir la prise de conscience quant à l’importance du développement durable de la montagne ». Selon le comité national de l’AIM, présidé par le député (PS) de l’Ariège Augustin Bonrepaux, il s’agit de mettre en valeur le « rôle social, économique, environnemental et patrimonial des différents massifs montagneux de la planète ». Un appel à projets a été lancé dans tous les massifs français, afin de faire « émerger des initiatives innovantes ou exem- plaires » : plus de cent d’entre eux (organisation de colloques, expositions, festivals, fêtes de la transhumance…) ont été labellisés. Ils ne donneront lieu à aucun financement spécifique. Arêches-Beaufort (Savoie) cultive une image d’authenticité éloignée des stations bétonnées

CHAMBÉRY Car l’or blanc n’est pas, tant de notre correspondant s’en faut, le seul atout d’Arêches- Février 1993 : nombre de sta- Beaufort, où les touristes sont tions de ski des Alpes souffraient d’ailleurs plus nombreux l’été que de manque de neige. Sauf Arêches- l’hiver. Formée en réalité de deux Beaufort (Savoie). Ses responsa- villages dominés par les clochers bles n’avaient pas hésité à sollici- de belles églises baroques – la sta- ter le concours d’un huissier pour tion d’Arêches et le chef-lieu de faire constater le bon état du Beaufort –, la commune recèle qua- domaine skiable. « Nous étions les torze hameaux, dont celui de Bou- premiers à avoir une pareille idée, din, sites classés accrochés à la pen- ce qui nous a valu une certaine no- te. Comptant 2 000 habitants, elle toriété », se souvient avec amu- abrite encore une centaine d’agri- sement Frédéric Blanc-Mappaz, culteurs. Ces derniers produisent directeur de l’office de tourisme. le lait servant à fabriquer le beau- Sur le coup, la démarche prêtait en fort, fromage classé en appellation effet à sourire. Mais, depuis, per- d’origine contrôlée (AOC). La coo- sonne ne se risque à émettre des pérative, où sont produites annuel- doutes sur les informations com- lement 1 000 tonnes de beaufort, muniquées par cette station de est devenue un des lieux les plus 6 000 lits à laquelle la proximité du visités de Savoie, accueillant près massif du Mont-Blanc garantit un de 60 000 personnes par an. Une enneigement correct bien qu’elle aubaine pour les commerces et ne soit qu’à 1 000 m d’altitude. hôtels-restaurants alentour, ou- Ici, on cultive en effet une ima- verts pendant l’intersaison. ge d’authenticité, témoignage d’un art de vivre et d’une qualité d’accueil dépourvue d’artifices. La coopérative, où Le mensuel Montagnes magazine, dans son édition de novembre on produit le beaufort, 2001, après avoir testé cent trente- quatre stations de ski françaises, est l’un des lieux les a placé en tête de son palmarès Arêches-Beaufort, décrite comme plus visités de Savoie « un village de caractère ayant su conserver un équilibre entre agri- culture, artisanat, industrie et C’est au fromage également que tourisme ». le massif du Beaufortain doit son Située à une vingtaine de kilomè- image de pays des mille chalets, tres d’Albertville au pied du barra- vestiges des « remues » des hom- ge et du col de Roselend, Arêches- mes et des troupeaux qui ga- Beaufort bénéficie du label « villa- gnaient de l’altitude en alpage au ge de montagne ». Créée en 1995, fur et à mesure que l’été appro- une association regroupe aujour- chait, désormais convoités par des d’hui une quarantaine de com- citadins fortunés. munes touristiques des Alpes, des Amateur de courses en monta- Pyrénées, du Jura et du Massif cen- gne, Hubert Beuve-Méry venait tral, autour d’une charte de qua- très régulièrement séjourner à lité, en leur offrant la possibilité Arêches-Beaufort. « Il faut se gar- d’une commercialisation commu- der d’ambitions trop vastes, cause ne. Toutes ont comme caractéris- probable de déceptions. Chamonix, tiques de vivre toute l’année – et Courchevel ont leurs données pro- pas seulement en période de pres. Le Beaufortain aussi, mais ce vacances –, d’être situées à proxi- ne sont pas les mêmes », avait écrit mité d’espaces naturels, d’offrir un en 1963 le fondateur du Monde, hébergement de qualité et un cer- sollicité pour donner son avis sur tain nombre de services de proxi- le développement touristique envi- mité, enfin de présenter une archi- sagé par la commune. tecture traditionnelle utilisant le bois ou la pierre du pays. Philippe Révil 14/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 HORIZONS

NE simple voix sur un conseillers ont débattu des bénéfices ou répondeur téléphoni- des désastres supposés de son influence. que. Une voix au phra- Bernadette et Claude ne sont pas seulement l’épouse Tous ceux qui s’en sont ouverts à Jacques sé un peu lent, mais Chirac ont été irrémédiablement écartés. reconnaissable entre L’ancien maître en communication de toutes, qui surprit et la fille du président, mais ses collaboratrices l’Elysée, Jacques Pilhan, aujourd’hui décé- tout d’abord l’épouse dé, avait trouvé, dès 1995, l’expression U de Michel Roussin. clouant le bec aux méchantes langues : Depuis longtemps, la famille de l’ancien « Elle connaît bien son produit, non ? » C’est directeur de cabinet de Jacques Chirac à la officielles dans le combat pour le pouvoir sans doute mieux que cela. Le président de Mairie de Paris n’avait plus reçu un signe la région Poitou-Charentes, Jean-Pierre Raf- du président de la République. Pas un farin (DL), qui fut, lui aussi, spécialiste de mot, pas une lettre, rien. Michel Roussin communication politique, assure : « Elle est se débattait dans l’incroyable chronique la seule qui puisse mettre un doigt devant sa des affaires politico-judiciaires touchant la bouche pour signifier à Chirac qu’il doit se tai- ville et le RPR, le chef de l’Etat ne bougeait re. Un homme de pouvoir ne peut accepter pas. Le 30 novembre 2000, pourtant, une d’être ainsi momentanément castré que par nouvelle offensive des juges provoqua quelqu’un dont il est sûr qu’il partage à comme un vent de panique à l’Elysée. Les 100 % ses intérêts. Or Claude partage les inté- juges Riberolles et Brisset-Foucault, rêts de son père. » Aucun autre conseiller convaincus de tenir le personnage central n’y a jamais trouvé remède. Dominique de du financement occulte des campagnes Villepin lui-même, qui, de son poste de passées de Jacques Chirac, venaient de secrétaire général de l’Elysée, a un temps l’écrouer à la Santé. Et c’est alors que l’an- nourri l’ambition de diriger seul la commu- cien ministre achevait sa première nuit en nication présidentielle, a dû composer. prison que Mme Roussin entendit la voix si particulière de Bernadette Chirac. U fur et à mesure que Ce n’était pas la première fois que l’épou- l’échéance présidentielle se du chef de l’Etat accomplissait les indis- approche, les Chirac ont pensables gestes que son mari ne veut pas cependant sophistiqué leur faire. Depuis plus de quarante ans qu’elle dispositif politique et s’atta- accompagne sa carrière, elle a suivi, parfois chentA à gommer les aspects les plus dérou- à marche forcée, sa dévorante ambition. tants de leur vie familiale. Bernadette Chi- Des années durant, à la mairie de Paris, rac, qui a maintes fois regimbé devant des elle a multiplié les inaugurations, représen- conseillers inquiets – « Ah ! ma fille vous tant son époux retenu ailleurs, assistant à fait peur, à vous aussi » –, s’attache désor- ces premières d’opéra qu’il déteste, rece- mais à ne plus exposer en public les ten- vant des alliés politiques qui se sentaient sions qui nourrissent la relation complexe délaissés. En 1979, lorsque le RPR manqua qu’elle entretient avec sa fille. De son côté, de candidats pour tenir la Corrèze, elle se Claude a assoupli les règles de communica- dévoua pour se présenter aux cantonales. tion qu’elle imposait à sa mère. En 1997, C’est elle qui y perpétue, aujourd’hui, le les premiers reportages autorisés des nom des Chirac. Rares sont ceux qui résis- vacances familiales, à la Réunion puis au   tent à cette étonnante épouse de prési- Tyrol, n’avaient offert que l’image d’un dent. Deux fois, en 1998 et en 2001, Berna- Bain de foule tête à tête complice entre Jacques Chirac, dette Chirac a ainsi obtenu que le Tour de à Saint-Quay-Portrieux sa fille et son petit-fils Martin. Sur les pho- France passe à Sarran, ce village de moins le 10 septembre 2001 : tos sélectionnées avant publication par de 300 habitants dont elle est l’élue et où le président Claude, Bernadette était systématique- elle a fait construire le Musée du septen- est accompagné ment absente. Désormais, la jeune femme, nat. En mars 2001, lors des élections muni- de Claude Chirac longtemps obsédée par l’apparence et la cipales, on l’a vu battre la campagne, (ci-dessus). « modernité », a dû se ranger aux notes élo- du Havre à Avignon. Les villes avaient été Nice le 27 janvier : gieuses qu’ont faites les sondeurs sur l’im- soigneusement choisies par les spécialistes Bernadette Chirac pact politique et médiatique de sa mère. Et électoraux de l’Elysée pour leur situation lors d’une opération elle accepte d’écouter le conseiller politi- politique favorable à la droite. Une Chirac « Pièces jaunes » que du président, Jérôme Monod, lorsqu’il ne peut être créditée que de victoires. Ou (ci-contre). soutient : « Bernadette représente, elle aus- presque. Car c’est aussi elle qui s’en alla si, des permanences dans l’imaginaire des soutenir publiquement la candidature de Français : la ténacité, la fidélité, la province, Philippe Séguin à Paris, alors que bon nom- la distance à l’égard de l’Europe. » bre des conseillers de son mari plaidaient Le chef de l’Etat, au bénéfice duquel se contre lui. A la veille de l’échéance prési- nouent ces combats, a replacé sa femme dentielle, c’est encore la première dame de sur les clichés officiels. Il peut bien repren- France qui mène l’une des campagnes les dre son ancien thème de la fracture socia- mieux maîtrisées, les plus politiques et les le, s’inquiéter des effets de la mondialisa- plus médiatisées, en faveur du chef de tion ou appeler à une écologie humaniste, l’Etat. son épouse sera toujours là pour dénoncer //  le PACS, évoquer les méfaits du divorce ou la dilution des identités nationales dans l’Europe. De cette façon exemplaire, les Chirac ratissent aujourd’hui sur tout l’échi- quier politique. Mais c’est Claude qui gar- de la haute main sur l’image du président. Du choix des costumes que portera son père au déroulement du prompteur qui lui sert à dire ses discours en regardant son public, des thèmes symboliques de ses déplacements au choix des mots qu’il devra prononcer, elle veille à tout. La LES jeune femme peut récuser un lieu, déniché dans le 16e arrondissement de Paris, pour CHIRAC servir de QG de campagne, au motif que « cela fait trop bourgeois. Ce n’est pas l’ima- ge de Chirac ». C’est aussi elle qui donne le signal afin que la désignation d’Antoine Rufenacht comme directeur de campagne du président fasse l’objet de fuites dans la presse. Les barons qui se sont pressés à l’Elysée, le week-end dernier, ne s’y sont pas trompés. Ils ont parlé stratégie, investi- tures législatives, offensive contre les EN CAMPAGNE socialistes. « Nous sommes là pour labourer le terrain de la droite, assure l’un d’entre A cet égard, sa plus belle réussite reste palais présidentiel trône, depuis le 15 jan- Miller, et du « cher docteur » à Philippe Gel- phe, occupa longtemps, et de façon contes- eux. Pour la campagne personnelle du prési- sans conteste l’opération « pièces jaunes », vier, une énorme boîte en carton aux cou- luck, chroniqueurs de l’émission, avec «un tée, un poste de conseiller aux affaires afri- dent ? Voyez avec Claude. » Nicolas Sarko- une collecte visant à améliorer la vie quoti- leurs de l’opération « pièces jaunes ». Et le professionnalisme presque aussi grand que caines à l’Elysée. Son fils cadet, Gilbert est zy, qui se pique de bien connaître le père dienne des enfants hospitalisés et dont TF1 chef de l’Etat reçoit lui-même, avec le souri- celui de Drucker », assure Gérard Miller, toujours député socialiste de Gironde. et la fille, balaie de son côté toutes les relaie chaque jour, en fin de journal télévi- re, lors de ses déplacements, les petites tire- qui s’y connaît. Mazarine a longtemps habité un des appar- interrogations : « Ne cherchez pas un quel- sé, la progression dans toute la France. Les lires qu’on lui donne et qu’il promet de On aurait tort, cependant, de ne s’arrêter tements mis à la disposition du président conque mystère dans leur relation. Les cho- élus socialistes des villes où s’arrête désor- remettre « à Bernadette ». Les ventes de qu’aux anecdotes du couple présidentiel. par l’Etat. Mais les Mitterrand, s’ils bénéfi- ses sont simples : elle n’aime que lui et il mais l’incontournable « TGV pièces jau- Conversations, le livre de l’épouse du chef Car rarement une famille de chef d’Etat cièrent parfois des avantages et prébendes n’aime qu’elle. » nes », lancé pour la 13e édition de l’opéra- de l’Etat, publié le 22 octobre 2001 et ven- s’est jetée avec autant de ferveur dans le que peut donner l’Elysée, ne participèrent La communion entre le président et sa tion, peuvent bien s’agacer, ils ne peuvent du depuis, selon son éditeur, Plon, à plus combat pour le pouvoir. Dans ces condi- que très indirectement à l’ascension, puis fille tient parfois du mimétisme. Lors du rien faire contre cette locomotive médiati- de 300 000 exemplaires, sont suivies pas à tions, démêler ce qui relève de la vie publi- au maintien au pouvoir, du chef de l’Etat. dernier déplacement du chef de l’Etat à que, qui provoque invariablement mouve- pas. Un mois après l’émission que Michel que et de la vie privée des Chirac est une Les Chirac, eux, sont, chacun à sa place, les Auxerre, le 17 janvier, ceux qui ont gardé ments de foule et ballets de caméras. Qu’el- éléments actifs et essentiels d’une ambition la mémoire du chiraquisme en eurent ainsi le se présente ou non accompagnée du par- présidentielle, à l’exception de Laurence, la une étonnante illustration. La jeune fem- rain de l’opération, le champion David fille aînée, tombée malade lorsque son père me assistait, dans la coulisse d’une salle Douillet – deuxième personnage favori des « Claude est la seule qui puisse mettre était premier ministre, en 1975, qui se tient, polyvalente, au discours du président Français derrière l’abbé Pierre –, Mme Chirac depuis, volontairement éloignée du milieu devant des travailleurs sociaux. Il faisait est devenue incontournable. « Certes, il y a un doigt devant sa bouche pour signifier politique. sombre et Claude avait abandonné les ver- des femmes de président qui ne fichent rien !, Lorsqu’il est arrivé à Matignon, Lionel Jos- res fumés qui lui tiennent le plus souvent explique-t-elle franchement dans le magazi- à Chirac qu’il doit se taire » pin s’est pris à observer avec un regard d’en- lieu de protection face à des supporteurs ne Gala, mais c’est une question de tempéra- tomologiste ce qui est, pour les chiraquiens avides de découvrir « LA fille ».Au ment. Moi je l’ai voulu. » Et lorsqu’on vou- - ,     - eux-mêmes, un objet de curiosité depuis moment de jeter un œil sur le texte que drait la reléguer dans un pur rôle de dame plusieurs années : l’exceptionnelle relation lisait le chef de l’Etat, elle chaussa alors sur patronnesse, c’est encore elle qui revient à qui unit Jacques Chirac à sa fille cadette, son nez une paire de lunettes carrées à la politique en affirmant que son mari suit Drucker lui consacra sur France 2, la veille affaire compliquée. Bernadette et Claude Claude. Le premier ministre avait bien monture noire. Semblables à s’y mépren- ses activités de très près. « Vous comprenez, de la sortie du livre, toute l’équipe de télévi- Chirac ne sont plus seulement l’épouse et la observé, lors de leurs premiers sommets dre à celles que porta longtemps son père, pour certaines personnes, sourit-elle, Chirac, sion a ainsi été invitée à déjeuner à l’Ely- fille cadette du président. Elles sont aussi européens communs, la façon qu’avait le avant que le souci d’adoucir son « look » c’est le mari de Madame Pièces-Jaunes »… sée. Une centaine de personnes, « des offi- ses plus évidents relais, ses collaboratrices président de chercher sans cesse le regard ne le pousse à les abandonner. Le prési- La petite équipe des conseillers du prési- ciers de sécurité aux animateurs de l’émis- officielles, ses indéfectibles alliées. Certes, de celle qui est sa conseillère en communi- dent pouvait bien continuer de parler, à la dent, qui, un temps, a voulu écarter cette sion », explique la production de « Vive- de nombreux diplomates se souviennent cation. Il n’est pas certain qu’il ait immé- tribune. Dans la coulisse, une silhouette épouse dont même sa fille Claude jugeait ment dimanche », ont été accueillies puis encore avec angoisse des positions radica- diatement mesuré la force politique de ce studieuse continuait de porter le visage sévèrement le « look mémère », a bien com- photographiées en compagnie du couple les qu’a pu prendre Danièle Mitterrand à la lien. Dieu sait, depuis maintenant plus de des Chirac. pris, aujourd’hui, tout le bénéfice à tirer présidentiel. Jacques Chirac donna du tête de sa Fondation France-Libertés. Le fils dix ans qu’elle s’occupe de la communica- d’une figure si populaire. Dans l’entrée du « cher maître » au psychanalyste Gérard aîné de l’ancien chef de l’Etat, Jean-Christo- tion de son père, combien d’amis et de Raphaëlle Bacqué LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/15 HORIZONS KIOSQUE DANS LA PRESSE FRANÇAISE La justice tchèque rattrape les anciens apparatchiks a LE NOUVEL OBSERVATEUR Jean Daniel Qu’est-ce qui, au fond, nous a oppo- Douze ans après la chute du régime communiste, les anciens dirigeants du PCT sés à ce grand esprit [Bourdieu] ? Pour moi, et en dépit de nos compli- doivent répondre devant les juges pragois de leurs crimes passés. Le quotidien « Lidove Noviny » a enquêté cités algériennes, je ne pouvais qu’être impatienté par l’arrogance PLUS PERSONNE à Prague des solutions possibles. Il a dit qu’il si le mutisme en se réfugiant dans avec laquelle il jugeait Mendès Fran- n’osait encore y croire : juger, dou- partait pour Moscou et ramènerait sa maison de campagne loin de la ce et le mépris qu’il professait pour ze ans après la « révolution de les camarades internés. Ce qui s’est capitale. Il est poursuivi pour avoir Camus. L’auteur de L’Etranger velours », les responsables de mil- passé. Nous accuser d’avoir trahi le couvert l’assassinat de trois oppo- devait d’ailleurs lui poser un problè- liers d’assassinats, de dizaines de socialisme est une injure. » sants par des membres de la police me puisque, fils d’une femme de milliers de vies brisées et de l’émi- Cet ancien ouvrier du chausseur politique lorsqu’il était ministre de ménage et parvenu au prix Nobel, gration d’un demi-million de Tchè- Bata qui a toujours vécu simple- l’intérieur, ce dont il se défend. Il ne Camus échappait aux analyses de la ques en quarante ans semblait deve- d’éclaircir les circonstances de la pri- « insensée » son inculpation pour ment n’a « jamais douté de la jus- fréquente plus ses anciens camara- reproduction. Mais pourquoi Bour- nu une gageure. C’était sans comp- se de pouvoir par les fidèles de Leo- haute trahison. Accusé d’avoir pré- tesse des idéaux du communisme. Ce des, et surtout pas son ancien minis- dieu s’est-il opposé à nous (avant ter avec l’entêtement et la persévé- nid Brejnev. paré le 22 août 1968 avec l’ambassa- qui se passe aujourd’hui me confirme tre Jaromir Obzina, l’un de ses suc- de s’opposer à nos confrères du rance de quelques magistrats et Le quotidien Lidove Noviny a deur soviétique à Prague un « gou- que ce que nous avons fait était juste, cesseurs à l’intérieur au moment de Monde) avec une ténacité si vigilan- enquêteurs de l’Office d’investiga- enquêté sur ces anciens apparat- vernement ouvrier-paysan » pour malgré les problèmes et les imperfec- la répression la plus dure contre les te ? Il y a eu sans doute des compéti- tion des crimes du communisme. chiks qui ont vécu ces douze derniè- remplacer le cabinet légal alors tions ». Ce stalinien, qui, selon le dissidents signataires de la Char- tions de statut et des rivalités univer- Depuis décembre 2001, plusieurs res années à l’écart des feux de la interné à Moscou et légitimer l’in- journal, peut « effrayer les esprits fra- te 77. « Je respectais la légalité socia- sitaires entre nos amis et les siens dirigeants de premier plan de l’an- rampe en paisibles retraités. Ces tervention du pacte de Varsovie, il giles et faire rire les autres », n’aime liste », s’est-il justifié en défendant (…). Les critiques contre le capitalis- cien régime défilent devant les tribu- derniers étant généralement peu livre sa version des événements : ni Nikita Khrouchtchev – « il a pro- à la barre l’opération d’intimidation me nous paraissent aussi fondées naux. Après dix ans d’enquête, les diserts avec la presse nationale, il a « Le présidium voulait avant tout la voqué le début de la déstabilisation baptisée « Assainissement », desti- après l’implosion du socialisme principaux leaders communistes dû puiser dans les rares entretiens libération des camarades retenus. du socialisme » – ni son ancien née à contraindre les opposants à qu’auparavant. Mais, privées du tchèques et slovaques à l’origine de distribués aux journaux étrangers Comme nous n’y parvenions pas, camarade d’études à l’école politi- l’exil. Peu intimidé par le tribunal, il support d’une contre-société exem- la chute d’Alexandre Dubcek, lors et interroger les proches prêts à nous avons voulu restaurer l’activité que du PC soviétique, Mikhaïl Gor- continuera de vivre tranquillement plaire ou d’une foi dans une société de l’écrasement du « printemps de faire quelques confidences. du gouvernement et du présidium batchev, dont « l’amour-propre, la dans le bourg de Golcuv Jenikov, en différente, nos révoltes relèvent du Prague » en août 1968, ont été sans la participation provisoire de soif de gloire et les reculades devant attendant son jugement. symbole. Or un Bourdieu a eu la pré- inculpés de haute trahison. Ce pro-   Dubcek et Cerny (le premier minis- les Américains l’ont conduit de somption de donner à ce symbole cès, tant attendu car sabordé à A 79 ans, Milous Jakes, dernier tre). Après cette discussion à l’ambas- l’autre côté » de la barricade. Martin Plichta la dimension d’une nouvelle espé- deux reprises avant même d’avoir secrétaire général du Parti commu- sade, nous sommes allés voir le prési- Lubomir Strougal, 77 ans, pre- rance. Mais c’est précisément en commencé, pourrait permettre niste tchécoslovaque (PCT), estime dent Ludvik Svoboda pour discuter mier ministre de 1970 à 1988, a choi- e www.lidovki.cz cela que les démarches fondamenta- les du sociologue de la distinction SUR LE NET semblent à la fois faibles et pathéti- ques. N’arrivant pas, au fond, à Les « cadavres exquis » vus par la presse polonaise renoncer explicitement à toute espé- Les documents cités dans cette rance de révolution, il est contraint chronique sont accessibles de nous inviter à combattre déses- directement à l’adresse Des services de pompes funèbres auraient offert des pots-de-vin pour achever des mourants pérément pour une radicalité extrê- www.lemonde.fr/surlenet me des réformes. a Le bureau des statistiques britan- POUR LE QUOTIDIEN de Varso- chaque “peau” – c’est l’euphé- médecins et les standardistes des 400 000 personnes décèdent chaque niques montre dans une étude réali- vie Gazeta Wyborcza, le scandale misme que les acteurs de ce maca- urgences travaillaient parallèle- année, ce qui représente un marché a LA CROIX sée entre 1972 et 1999 que la classe est énorme et implique les services bre trafic utilisaient pour parler ment pour les pompes funèbres ». de 2 milliards de zlotys [560 mil- Guillaume Goubert sociale est toujours un élément de santé du pays. La police de des cadavres – l’informateur rece- La direction des urgences de la vil- lions d’euros] ». La société de lingerie Triumph a influençant fortement l’espérance Lodz, la deuxième ville de Polo- vait de 1 200 à 1 800 zlotys [de 335 à le ainsi que les autorités locales Cette sordide affaire met désor- décidé de cesser ses activités de de vie en Grande-Bretagne. gne, enquête sur un trafic de cada- 500 euros] », affirme Gazeta ont été alertées dès 1996, « mais mais en péril l’aide médicale d’ur- production en Birmanie « en rai- www.statistics.gov.uk/whatsnew.asp vres sans précédent. Depuis une Wyborcza. Pis, certains urgentis- personne à l’époque n’a bougé le gence en Pologne. « En attendant son du débat public » que suscitent a Le Centre de contrôle des mala- dizaine d’années, les employés des tes auraient « aidé » à mourir les petit doigt ». le dénouement de l’enquête, les les conditions de travail dans ce dies (CDC) compare, dans une note urgences seraient grassement rétri- malades les plus mal en point en urgentistes ont du mal à travailler, pays. Cette petite information, statistique, l’état de santé des diffé- bués par des entreprises locales de leur injectant du Pavulon, un cura-    leurs voitures essuient des jets de parue mardi dans nos colonnes, rents « groupes éthniques » aux pompes funèbres engagées dans re synthétique. Une rapide enquê- En fait, l’affaire a commencé pierres, les familles des malades mérite l’attention. Elle montre que Etats-Unis entre 1990 et 1998. une guerre commerciale dans te dans les services d’urgences de « au début des années 1990, avec la refusent qu’un médecin s’occupe de le débat sur la mondialisation n’est www.cdc.gov/nchs/ laquelle tous les coups sont per- Lodz a permis à la police de consta- privatisation des services, raconte leur proche sans leur expliquer pas que théorique. En éveillant la a Insee première publie une analyse mis. Dans le cas des urgences, ces ter une surconsommation de ce l’hebdomadaire Polityka. Dès ce exactement ce qu’il fait, quels mé- conscience de l’opinion publique, des inégalités des conditions de vie sociétés récupéraient les informa- produit utilisé exclusivement en moment, des pompes funèbres pri- dicaments il prescrit… », conclut il peut aboutir à des effets. Le dans la zone euro. tions sur les patients défunts : bloc opératoire. vées se sont développées et ont com- Polityka. deuxième Forum social mondial www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ Untel est mort, il s’agit d’un hom- Rzeczpospolita va beaucoup mencé à grignoter le monopole qui s’ouvre [jeudi] à Porto Alegre IP822.pdf me, il habite à tel endroit… Muni plus loin : selon le quotidien, ce tra- municipal. (…) Certains ont essayé courrierinternational.com (Brésil) contribuera sans doute à a L’Assemblée nationale diffuse les de ces éléments, rien de plus facile fic sordide s’est propagé à toute la d’interdire la présence de ces servi- pour Le Monde amplifier ce phénomène. données du recensement de la popu- que de contacter la famille du Pologne. Dans la région d’Olsztyn, ces funéraires dans les hôpitaux et lation française de 1999 pour cha- mort et de proposer des services au nord-est du pays, « tout le mon- aux urgences, mais en vain. Dans que circonscription de métropole et défiant toute concurrence. «Pour de savait depuis des années que les des cas très isolés, des employés, pris des départements d’outre-mer. en flagrant délit, ont été licenciés. www.assemblee-nationale.fr « OBCHTCHAïA GAZETA » (Russie) Mais, en fait, le trafic a continué a Le bureau des recensements des sans entrave ». Etats-Unis propose sur son site une Cela dit, ajoute Wprost, «le « horloge démographique » four- commerce d’informations sur les nissant en temps réel une estima- cadavres n’est pas une spécialité tion de la population mondiale et polonaise. Il y a deux ans, le même américaine. scandale a éclaté en Hongrie. La www.census.gov/ipc/www/ seule différence était le prix : l’infor- a Le bureau des enregistrements mation rapportait trois fois moins publics britannique (PRO) avait qu’en Pologne ». D’après l’hebdo- mis en ligne début janvier les don- madaire, d’autres pays sont nées du recensement national de atteints par ce « nécro-business » : 1901. Devant l’afflux de visiteurs, le « L’Allemagne, par exemple, où, PRO a dû fermer son site et promet dans les nouveaux Länder, les pom- régulièrement une prochaine remi- pes funèbres payent leurs informa- se en service. teurs entre 100 et 200 marks [de 50 www.census.pro.gov.uk à 100 euros] par cadavre. » En fait, a L’Agence de renseignement amé- « dans tous les pays où le marché ricaine, la CIA, a ouvert une « salle des pompes funèbres a été libéralisé de lecture électronique » où elle don- – comme en Lituanie, en Slovaquie ne accès à ses documents « déclassi- mais aussi en Italie, en Belgique ou fiés ». On y trouve notamment une au Danemark –, l’information mor- section consacrée aux objets tuaire est devenue une marchandi- volants non identifiés (OVNI). se ». Evidemment, écrit avec dépit www.foia.cia.gov Solitude. Mis de fait en résidence surveillée par Israël, lâché Wprost, « pour qu’un tel trafic puis- par Washington, Yasser Arafat vit-il ses dernières heures politiques ? se se maintenir, il faut qu’il soit ren- [email protected] Dessin de Zoudine. (« Courrier international » pour « Le Monde ») table. Et il l’est : en Pologne, plus de

AU COURRIER gner quand les enfants sont tués, prisés à Cordoue : Averroès s’étei- cette comptabilité glaciale, sinon, d’être immigré pour hurler quand gnit en disgrâce à Marrakech. Sa à partir de combien de morts la DES LECTEURS on incendie un foyer. A une épo- pensée, d’ailleurs, influença beau- « communauté internationale » que pas très éloignée, la profana- coup plus l’Occident qu’un islam estime-t-elle qu’un génocide est en    tion d’un cimetière juif faisait la déjà sclérosé, qui l’ignora. cours ou a eu lieu ? A quelques jours d’intervalle, le une du Monde et avait fait descen- Les Almoravides, ces puritains Melekper Toussoun préfet Bonnet a été condamné à dre un président dans la rue. venus du « ribât » saharien, Paris trois ans de prison (dont un ferme) Max Gorins étaient rien moins que tolérants pour avoir fait brûler une paillote, Lésigny (Seine-et-Marne) (…), et pourtant les mythes ont la     et un individu à trois mois avec vie dure. M. Loyrette nous explique calme- sursis pour avoir incendié une ’    Paule Samuel ment (Le Monde du 19 janvier), me synagogue. Admiratrice de l’œuvre de Michel Lyon semble-t-il, et avec des précisions Le rapprochement de ces deux del Castillo, je ne discuterai pas intéressantes, les raisons des dys- faits divers m’a poussé à effectuer son « Je suis un musulman »     fonctionnements que tous les visi- un calcul rapide, plus simple (Le Monde du 18 janvier), expres- Evoquant la situation en Tchétché- teurs peuvent constater au Louvre qu’une conversion en euros : sion d’une sensibilité d’écorché vif. nie, vous écrivez que sa population depuis des années, et il demande 1 paillote = 12 synagogues. Je souhaite seulement nuancer sa est passée de 1,2 million, en 1989, plus d’autonomie pour son musée. Certes, la paillote était située en vision idyllique d’une Andalousie à 400 000 aujourd’hui (Le Monde Je n’y ai vu aucune attaque contre bord de mer, mais je trouve que musulmane uniformément toléran- du 24 janvier). De leur côté, les la ministre de la culture. Or ces temps-ci le prix des synago- te pendant les cinq siècles de son organisations humanitaires recen- Mme Tasca semble en faire une atta- gues se dévalorise dangereuse- existence. sent 250 000 à 300 000 réfugiés en que personnelle et répond avec ment dans notre beau pays. C’est Deux exemples : Maïmonide et Ibn Ingouchie et, je crois, une centaine une étrange virulence (Le Monde sans doute pour cela que la couver- Rushd (notre Averroès). Tous deux de mille dispersés dans la Fédéra- du 26 janvier). La vérité la dérange- ture médiatique fut bien plus gran- ont vécu au XIIe siècle, sous les tion de Russie et ailleurs. Au total rait-elle à ce point ? Réjouissons- de autour de l’incendie de la paillo- dynasties almoravide et almohade. nous arriverions ainsi à une popula- nous qu’un haut fonctionnaire te qu’autour de celui de la synago- Maïmonide, le philosophe et méde- tion tchétchène vivante de renonce à la langue de bois et gue, non-événement apparenté à cin juif, fut contraint de se conver- 800 000 personnes. Il y aurait donc fasse un accroc à ce sacro-saint l’incendie rituel d’une voiture le tir à l’islam. Il finit par fuir Cor- eu, depuis 1989, 400 000 morts ou « devoir de réserve », si commode samedi soir. (…) doue pour se réfugier au Caire et disparus (c’est-à-dire morts selon pour les autorités et si nocif pour Je ne crois pas qu’il soit nécessaire revenir à la foi de ses pères. Il y toutes probabilités), soit environ la société. d’être juif pour s’inquiéter de ce cli- mourut. Même musulmans, les 35 % des habitants de ce pays. (…) Christine Vermont mat, d’être musulman pour s’indi- esprits libres n’étaient guère plus Je souhaite m’être trompée dans Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) 16/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 HORIZONS DÉBATS

La France avance : et l’Etat ? par Pierre Richard

ERTES l’heu- citoyen et pourrait être axé sur deux la logique de l’action publique plus pendantes et une transparence des de vie remet en question l’ancrage opaque et inégalitaire sous couvert re est plutôt à valeurs clés de la société actuelle : le accessible aux citoyens. décisions comme des résultats, tant dans un lieu unique conduisant à la d’uniformité. Les parents en sont la morosité, droit à la différence, la prise de Cela ne signifie pas pourtant que au niveau des collectivités locales perte de sens des découpages admi- souvent exclus et les principaux mais il ne fau- responsabilité. la question de la réforme de l’Etat que du fonctionnement de l’Etat nistratifs actuels dans des domaines acteurs ne maîtrisent pas eux- drait pas Pourquoi, malgré l’inadaptation soit insoluble : nos partenaires euro- central, n’est pas seulement un gage comme l’environnement, les trans- mêmes les conditions d’exercice de qu’ a v eu glés flagrante des structures publiques, péens ont, depuis une trentaine d’efficacité, mais une nécessité pour ports, ou encore l’activité économi- leur métier. Sans bouleverser le sta- par l’actualité, sommes-nous restés jusqu’ici inca- d’années, mené à bien d’importan- la démocratie. que : il faudra donc bien imaginer tut des enseignants, il est essentiel C nous méju- pables de réformer l’Etat ? Est-ce là tes réformes de décentralisation. Le Cette vision n’est pas utopique : il une recomposition du territoire, par de replacer le chef d’établissement gions la situation réelle de notre encore une exception française ? dynamisme des districts italiens, le existe déjà dans l’Hexagone des des fusions et des coopérations de au cœur du dispositif et de donner pays et ses perspectives d’avenir. Non, car tous nos voisins européens système des autonomies en Espa- applications du principe de différen- à l’établissement scolaire un statut Car la France possède de nombreux sont confrontés à la même nécessité gne, la dévolution des pouvoirs en ciation des territoires, comme le     autonome. Doté de la plus grande atouts et a prouvé ces derniers d’évoluer. Oui, à cause du poids con- Grande-Bretagne ou la réduction droit local en Alsace-Moselle. Et l’ex-  . liberté d’action, le proviseur serait temps de quel dynamisme elle était sidérable de l’Etat en France, com- drastique du nombre de communes périence de la décentralisation a responsable de son projet d’établis- capable. me employeur et gestionnaire, et en en Belgique attestent d’une volonté montré que la prise de responsabili- sement devant un conseil d’adminis- Un tel dynamisme, par contraste, raison du fort attachement des de reconnaître la diversité des terri- té se traduisait massivement par collectivités locales, de manière à tration représentatif de tous les fait apparaître encore plus claire- citoyens à cette figure séculaire pro- toires et de favoriser la prise de une meilleure prise en compte des disposer, sur un point donné du ter- acteurs concernés (Etat, collectivi- ment le principal handicap de notre tectrice. Il y a bien eu deux projets responsabilité. coûts et de l’efficacité. ritoire, selon les cas d’un, deux, ou tés locales, enseignants, parents et pays. Pour n’être pas nouveau, le Les lois Defferre ont vingt ans ; plusieurs échelons administratifs élèves) et bénéficierait de l’autono- malaise profond de l’Etat n’en est d’ici vingt ans, les grands équilibres pertinents. En Alsace, par exemple, mie budgétaire. pas moins préoccupant. Les lour- mondiaux se seront recomposés, fai- il serait possible de fusionner en En matière de sécurité, le main- deurs de la gestion étatique et le fos- Les lourdeurs de la gestion étatique sant une large part sans doute à une une seule collectivité locale la tien au quotidien de l’ordre public sé croissant entre les citoyens et les Europe élargie et à de grandes puis- région et les deux départements. et la sanction immédiate des infrac- pouvoirs publics – rendu manifeste et le fossé croissant entre les citoyens sances émergentes comme la Chine. Il conviendrait que les collectivi- tions mineures sont des tâches par la hausse des taux d’abstention C’est en gardant à l’esprit l’ampleur tés locales ainsi recomposées dispo- qu’un maire peut organiser s’il est aux élections – participent de la et les pouvoirs publics des mutations prévisibles que l’on sent d’une véritable liberté d’action bien secondé par des personnels mise en place d’une véritable fractu- doit imaginer une architecture con- grâce à un pouvoir d’adaptation qualifiés. Il est aussi crucial qu’il ait re publique. Et celle-ci s’accroît à participent de la mise en place crète des pouvoirs publics français réglementaire, dans le respect de le pouvoir de mobiliser les forces de mesure que l’histoire avance. en 2020, plus simple et plus souple. lois-cadres et une fiscalité renfor- l’ordre pour répondre à l’urgence. Il Les prochaines échéances électo- d’une véritable fracture publique Comment exercer l’action publi- cée, simplifiée et spécifique à cha- est enfin le mieux placé pour super- rales sont une occasion idéale pour que ? Selon quelles règles ? Avec que type de collectivités. On ne viser le travail de médiation et de enclencher une réforme ample et quelles ressources ? Qui décide et pourra réellement identifier à leur prévention, dans le cadre d’un cohérente de l’Etat. Allons même remarquables par leur ambition et Accorder plus d’autonomie aux dans quelles conditions ? Avec tête de responsables sans mettre en conseil de sécurité de proximité qui plus loin : la fracture publique ne leur sens de l’avenir : le référendum collectivités locales permet d’appor- quels mécanismes de solidarité ? place un véritable statut des élus réunirait tous les acteurs concernés sera vraiment réduite que si cette voulu par le général de Gaulle en ter des réponses locales aux problè- Les seules structures-pivots suffi- intégrant un non-cumul strict des (parquet, services sociaux, services réforme dépasse le seul cadre de 1969 et les lois Defferre. Le premier, mes locaux, réduisant de ce fait le samment fortes pour organiser la mandats. de police, éducation). En revanche, l’organisation stricto sensu des pou- déjà régionaliste, avorta en raison nombre de conflits. La diversité qui vie sociale et économique ainsi que Enfin, développer la péréquation répondre aux formes de délinquan- voirs publics – Etat et collectivités de l’actualité ; les secondes, qui ont en découle est avant tout un gage pour concourir et dialoguer avec financière entre et au sein des ce les plus graves et les plus mobi- locales. Elle ne prendra tout son effectué l’indispensable premier de dynamisme et de progrès. Favori- leurs partenaires européens sont régions permettrait de résorber une les, comme les trafics illicites, sens que si elle formule un véritable pas, se sont cantonnées au plan ser les comportements responsa- des régions et des agglomérations partie des inégalités. Cette vision à incombe aux représentants de projet de société qui parle au administratif et n’ont pas su rendre bles, grâce à des évaluations indé- puissantes. L’évolution des modes vingt ans de la France pourrait dès l’Etat. lors être proposée aux Français sous Pour ce qui concerne la solidarité, forme d’un projet de loi référendai- il faudrait œuvrer à l’avènement re, entérinant le principe d’une nou- d’une véritable citoyenneté locale velle répartition des tâches : à l’Etat en associant l’ensemble des popula- Datar pas morte par Jean-Louis Guigou les fonctions de stratège et de tions résidentes, nationales ou garant de la solidarité nationale, aux étrangères, à la vie de la cité. En sus faire de l’amé- de dépôts de bilan, les pouvoirs de l’aménagement du territoire, le d’organisation à l’échelle de nos collectivités locales la gestion quoti- de cette recherche d’une citoyenne- nagement du publics ont pour mission d’assurer « rural » ne peut être réduit à la seu- bassins d’emploi constitue une véri- dienne de l’ensemble des services té locale encore à inventer se pose territoire le un environnement favorable pour le gestion des filières et des équipe- table révolution entérinée par les collectifs, aux citoyens la charge de la question des inégalités. Elles sont filet de sécuri- optimiser ces mutations. ments agricoles, comme au bon lois de 1999 sur l’aménagement du veiller de manière plus active à la toujours spécifiques, à échelle loca- té de crises Le déploiement des capacités de vieux temps des années 1960. Et ce territoire et sur l’intercommunalité. conception et à l’évaluation des poli- le ; qu’il s’agisse de parcours de vie localisées, on recherche et des structures de trans- n’est pas réduire nos belles monta- Bien sûr, la politique d’aménage- tiques publiques. Ce référendum atypiques ou de situations de fragili- a beau jeu fert technologique, le soutien aux gnes à un « résidu » auquel on ment du territoire n’exclut en rien déboucherait sur une réforme de la té, c’est au niveau local que l’on A d’en dénon- porteurs de projets au sein d’incu- ferait l’aumône que de rappeler les interventions « à chaud » que Constitution, officialisant durable- peut trouver des réponses adap- cer la maille trop lâche. Et ce n’est bateurs, l’accès aux hauts débits, la que la vie économique et sociale de l’Etat se doit d’assurer dans les ment le droit à l’expérimentation et tées. Comment comparer les pas faire injure à la situation sou- qualité des dispositifs de formation nos terroirs est intrinsèquement à la diversité territoriale. besoins d’une ville nouvelle où l’af- vent dramatique des personnels de dans lesquels l’Etat et les collectivi- urbaine, au sens propre du mot. -    Pourquoi ne pas lancer, à l’image flux de populations jeunes conduit Moulinex ou des populations tou- tés investissent massivement, com- Peuplées d’agriculteurs mais aus-  ’   de la Convention sur l’avenir de l’Eu- à un manque de crèches avec celle lousaines sinistrées par l’explosion me en témoignent les sommes con- si de fonctionnaires, d’artisans, d’in-   ’ . rope décidée au Sommet de Laeken, de départements frappés par l’exo- d’AZF que de refuser d’en faire la tractualisées dans les contrats de dustriels, de cadres, nos campa- une convention générale chargée de de rural ? mesure d’une politique publique, plan Etat-Région, vont donc bien gnes ont radicalement changé. consulter les principaux acteurs, Notre pays ne manque ni de res- sous prétexte d’actualité. Ces exem- au-delà du simple « colmatage de Favoriser la qualité de vie et la contextes de crise comme il a su le puis d’opérer une synthèse suscepti- sources ni de forces vives : reste à ples montrent, au contraire, que le brèche ». Des contrats de plan Etat- diversité des activités, qu’elles faire après les tempêtes de l’hiver ble de servir de base à l’élaboration savoir comment les mobiliser au territoire a changé et son aménage- région (2000-2006) qui portent sur soient touristiques, industrielles, de 1999 et le naufrage de l’Erika à l’oc- du projet de loi référendaire ? Après mieux, dans le dialogue et le respect ment avec. plus de 45,73 milliards d’euros et services ou… agricoles, constitue casion d’un comité interministériel le référendum, des réformes ciblées, des compétences de chacun. Il est Les restructurations industrielles d’aménagement du territoire dont on dresserait périodiquement permis d’espérer, à l’occasion de qui secouent encore périodique- (CIADT) spécifique, ou, plus récem- le bilan, pourraient alors être pro- l’élection présidentielle, voir enfin ment certaines villes ne sont plus ment, au sujet de grandes filières gressivement lancées. On citera ici à posés les fondements d’un nouveau celles de l’après-choc pétrolier, où Désormais, il s’agit autant agricoles en difficulté ou dans les titre d’illustration quelques domai- contrat social susceptible de fédé- des régions et des générations bassins d’emploi qui devaient faire nes clés, parmi d’autres. rer, par-delà les clivages partisans, entières étaient déclarées sinistrées de ménager que d’aménager face à des plans sociaux comme à Le système éducatif français reste l’ensemble des Français. et, incidemment, l’action de la Délé- Givet dans les Ardennes ou en Bas- gation à l’aménagement du territoi- le territoire dans une stratégie se-Normandie au moment de la cri- re et à l’action régionale (Datar) se Moulinex. Mais il ne s’agit pas dénoncée comme celle d’un pom- de développement durable pour autant de dédaigner l’effort pier accaparé par la seule urgence. de prospective que conduisent cer- Parfois très brutales, les muta- taines administrations. tions constituent le quotidien des qu’accompagne la programmation désormais le défi central des Cette réflexion alimente ainsi la entreprises, tenues de s’adapter concertée des fonds structurels années à venir. relance de la planification, qui per- constamment aux impératifs, sou- européens dans les bassins en Une politique active de la monta- met d’anticiper les opportunités et vent mondiaux, des marchés, des difficulté. gne, l’extension du réseau dynami- les difficultés des prochaines décen- produits, des consommateurs. La même approche globale est que des parcs naturels régionaux, nies : développement du fret ferro- Tout en accompagnant les territoi- mise en œuvre pour les territoires l’appui financier de l’Etat aux con- viaire, maîtrise de la démographie res fragilisés par une accumulation ruraux. Cœur de cible traditionnel trats de pays, le déploiement des médicale, préservation de la biodi- maisons de services publics, l’achè- versité… Autant de défis pour notre vement de la couverture des zones pays que préparent les neuf sché- rurales en téléphonie mobile, la mas de services collectifs. modernisation des équipements et Ainsi, si l’aménagement du terri- services touristiques… tout cela toire gaullien a vécu, c’est normal atteste du soutien actif de l’Etat et c’est tant mieux. L’aménage- aux territoires, notamment de fai- ment du territoire est aujourd’hui ble densité. une œuvre partagée, une polypho- Parce que ce qui est en jeu nie qui nécessite de conjuguer l’ac- aujourd’hui, pour l’aménagement tion de nombreux partenaires : du territoire, c’est bien la préven- Etat, collectivités locales et territo- tion des risques et l’anticipation riales, Europe, acteurs privés… à la pour tous les territoires, bien recherche d’une vision commune. au-delà de simples procédures de Ses finalités politiques ont égale- zonage et de plans sectoriels, de ment profondément changé pour situations, économiques, sociales tenir compte des mutations du ter- ou environnementales dramatique- ritoire français et des nouvelles ment irréversibles. attentes de la société. Il ne s’agit L’explosion toulousaine est ainsi plus de faire de l’aménagement exemplaire de l’impérieuse nécessi- « volontaire » en bétonnant nos lit- té d’une veille et d’un contrôle per- toraux, en favorisant les grands manent des situations à risque. ensembles ou en multipliant les Mais celles-ci ne peuvent être pure- complexes industriels. ment évacuées par quelque décret Ce constat réaliste signifie-t-il ministériel. Elles relèvent effective- pour autant une perte d’ambition ment d’un débat citoyen, où inter- en matière de politique d’aménage- viennent non seulement l’Etat mais ment du territoire ? Désormais, il les collectivités territoriales – en s’agit autant de ménager que rappelant que nous sommes dans d’aménager le territoire dans une un pays décentralisé –, les sociopro- stratégie de développement dura- fessionnels, les associations, les ble. Depuis quatre ans, un nou- habitants. veau souffle a été donné par un Dans ces conditions, le rôle de considérable travail législatif l’Etat revient à favoriser des lieux accompagné d’un effort de pro- de débats et de projets. La recom- grammation financière pluriannuel position de nos territoires incarnée sans précédent. par 2 000 communautés de commu- Et tant pis pour les nostalgiques, nes ou d’agglomérations instituées si ce sont les années 1960 qu’il faut et 300 pays organisés ou en cours enterrer et non la Datar. LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/17 HORIZONS ANALYSES 0123 Le retour de l’Amérique aux Philippines 

EN DÉPÊCHANT quelques centaines de con- encore difficiles à jauger, ce qui est en fait, du tos est davantage à l’écart que la baie de Subic seillers militaires pour lutter contre le groupe point de vue des Américains, le maillon faible de la mer de Chine du Sud, des eaux qui sont L’Europe à vingt-cinq islamiste Abou Sayyaf aux Philippines, les Etats- de la lutte antiterroriste dans la région. Les l’objet d’une querelle ouverte, notamment Unis font un retour dans un pays qu’ils Etats-Unis ont également des appétits stratégi- entre la Chine, le Vietnam et les Philippines, et L’EUROPE vient de connaître leur laissent MM. Chirac et Jos- connaissent bien. ques dans cette partie de l’Asie dont ils ont sem- dont les Etats-Unis ne paraissent pas vouloir se une révolution, celle de l’euro. pin, ou une Europe capable un Voilà une douzaine d’années, l’armée améri- blé se désintéresser ces dernières années. mêler. Elle s’apprête à en vivre une nou- jour d’avancer, mais où les déci- caine a évacué son complexe aéroportuaire de Le deuxième intérêt est de disposer en Asie velle, celle de l’élargissement. sions se prennent à la majorité Subic-Clark dans ce pays. En 1991, dans une   de l’Est, en cas de conflit en Extrême-Orient, L’Union va passer de quinze à qualifiée. bouffée de nationalisme, une mince majorité Disposer à nouveau de bases aux Philippines d’un point d’appui solide à l’extérieur du Japon vingt-cinq membres. Sauf rebon- La nouvelle Europe sera plus de sénateurs philippins – « douze magnifi- présente, à leurs yeux, un double intérêt. Le pre- et de la Corée du Sud. Le complexe de Subic et dissement, dix pays auront clos pauvre – et demain plus riche. ques », dit-on ici, contre onze – a voté contre le mier est le relais entre les océans Pacifique et Clark remplissait autrefois cette fonction. Les leurs négociations d’adhésion à Les candidats ont un PIB par stationnement de troupes étrangères dans l’ar- Indien, lequel n’est assuré aujourd’hui que par Philippines pourraient de nouveau le faire si les la fin de l’année. Vers 2007, vien- habitant ne dépassant pas 40 % chipel. Cet amendement de la Constitution n’a Singapour, où un personnel d’un millier d’hom- « manœuvres conjointes » en cours, qui peuvent dra le tour de la Roumanie et de de la moyenne de l’Union. Cela toutefois pas abrogé un traité de défense mes s’occupe du ravitaillement et de l’entretien s’étaler de six mois à un an, débouchent sur un la Bulgarie. La superficie et la implique de repenser la solidari- mutuelle signé en 1951 et, ces dernières années, des bâtiments et avions américains. Mais Singa- engagement plus durable. Cette possibilité ne population de l’Union auront té en Europe si l’on ne veut pas Washington a exercé des pressions croissantes pour est une petite île aux capacités limitées et peut être exclue si l’on s’en tient aux pressions alors augmenté d’un tiers ; sa que celle-ci se réduise à une vas- sur Manille en faveur d’un resserrement des qui se trouve à l’entrée du détroit engorgé de constantes des Américains sur les Philippins richesse aura crû de 10 % seule- te zone de libre-échange. Pour liens militaires. En 1998, à la fin de la présiden- Malacca. Les Américains lorgnent donc le pour aboutir à une « normalisation » des rela- ment. Pour les Européens de ne pas bloquer l’élargissement, ce de Fidel Ramos, les Philippines ont accordé complexe aéroportuaire de General-Santos tions militaires qui ferait du vote de 1991 un l’Ouest, cet élargissement est à on a décidé de ne pas discuter aux forces américaines un « droit de visite », qu’ils ont récemment aménagé, loin des accident de l’histoire. la fois un devoir moral – il faut immédiatement de la réforme cadre légal de l’intervention américaine actuel- regards indiscrets, dans une baie bien abritée achever la réunification de l’Eu- des finances européennes pour le. Un accord supplémentaire, sur l’appui logisti- de l’île philippine de Mindanao. General-San- Jean-Claude Pomonti rope et accueillir les populations l’après-2006. Mais les enjeux que et le ravitaillement, est en gestation. restées quarante ans sous le sont connus : les dirigeants fran- L’intérêt des Etats-Unis pour leur ancienne joug communiste – et une néces- çais doivent expliquer à leurs colonie ne se limite pas à l’éradication du grou- sité stratégique : on ne peut lais- agriculteurs qu’ils ne peuvent pe islamiste Abu Sayyaf, qui détient un couple Apprentissage    ser à l’abandon ces pays sans pas continuer à faire financer d’Américains sur l’île méridionale de Basilan. courir le risque de revivre une notre agriculture par Bruxelles Même si Abu Sayyaf a eu des liens avec Al-Qai- crise yougoslave. comme il y a trente ans, quand da au début des années 1990, rien ne prouve Cet élargissement serait aus- la PAC était censée compenser que ceux-ci perdurent. Surtout, ce mouvement si une chance si l’Europe était la force industrielle de l’Allema- traqué n’a qu’une influence locale. Il ne joue prête à accepter les nouveaux gne. Celle-ci doit cesser d’avoir pas et n’a jamais joué les relais avec les moudja- membres. Ce n’est pas le cas. Ce une approche comptable de l’Eu- hidins d’une Indonésie située à trois brassées secret de Polichinelle explique le rope et accepter que l’Union est de mer. Il est, en grande partie, le produit extrê- silence de la classe politique aussi une communauté solidai- me d’un héritage de boucaniers et de l’indiffé- française sur le sujet, à commen- re, ce qui implique d’avoir un rence dont Manille a fait preuve à l’égard de sa cer par Jacques Chirac et Lionel débat sur le niveau du budget minorité musulmane. Entre 1985 et 1997, à la Jospin. Il est trop tard pour avoir européen, aujourd’hui plafonné veille donc de la crise asiatique, la pauvreté a la nostalgie des vertus suppo- à 1,27 %. Faute de quoi, le budget fait un bond de 3,3 % dans la région autonome sées d’une Europe des Six. Il est sera exclusivement consacré à musulmane du Sud alors qu’elle reculait, de temps d’avoir un discours de des transferts financiers d’Ouest 41 % à 25 %, à l’échelle nationale. Tant que vérité et de prendre à bras-le- en Est, ce qui polarisera les ten- cette misère prévaudra, les insurrections de corps les problèmes, pour que sions entre riches – las de musulmans, citoyens de seconde zone, se l’élargissement ne tourne pas à payer – et pauvres. Les candi- poursuivront. la Berezina. dats doivent comprendre qu’ils Le premier objectif américain semble d’empê- Jusqu’à présent, les Quinze ont des droits, mais aussi des cher que la partie islamisée de l’Asie du Sud-Est ont été incapables de réformer devoirs. La Pologne exaspère la devienne un refuge pour Al-Qaida après le les institutions. Les Européens Commission en demandant démantèlement au moins partiel de ses réseaux n’ont pas le droit de manquer la tout, tout de suite. Elle devra en Asie centrale. La vigilance des services de session de rattrapage que consti- être au rendez-vous : si elle n’est sécurité singapouriens a en effet permis, ces tue la Convention présidée par pas prête, elle se mettra en dan- dernières semaines, de découvrir des réseaux Valéry Giscard d’Estaing. Les ger, et l’Union avec elle. qui s’étendent de la Malaisie aux Philippines et Français doivent choisir : l’Euro- Institutions, finances, vérité dont des Indonésiens figurent parmi les pe bloquée, avec un droit de envers la Pologne. Voilà ce dont animateurs. veto illusoire pour la France, que il faut débattre.    Aux Philippines, allié jugé fiable, les Améri- 0123 cains ont donc décidé de former des Philippins Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani à la lutte anti-terroriste, de leur donner un Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; coup de main sur le terrain, de leur fournir un Noël-Jean Bergeroux. Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel équipement plus adéquat, de l’hélicoptère au Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain transporteur aérien et à la vedette rapide en passant par des armes adaptées au combat noc- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel turne. Plus de 80 millions d’euros d’aide militai- Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau re ont été accordés par Washington et rien ne Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin dit qu’on en restera là. Directeur artistique : François Lolichon Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard Il s’agit également de renforcer la pression Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer sur l’ensemble de la région et, notamment, sur Rédaction en chef centrale : une Indonésie où le pouvoir central ne s’est pas Alain Debove, Eric Fottorino, Alain Frachon, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, remis de la chute de Suharto en 1998. Un gou- Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre vernement affaibli y a choisi de ne pas croiser le Rédaction en chef : François Bonnet (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; fer avec des mouvements islamistes dont Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; l’audience est, certes, limitée mais qui ont été Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Franck Nouchi (Culture) ; créés ou soutenus par des généraux, ou des poli- Josyane Savigneau (Le Monde des Livres) ; Serge Marti (Le Monde Economie) ciers, quand les forces de sécurité étaient, voilà Médiateur : Robert Solé deux ou trois ans, sur la défensive. L’Indonésie traverse également une phase de désorganisa- Directrice des projets éditoriaux : Dominique Roynette tion et d’inertie dont la durée et les effets sont Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directrice de la coordination des publications : Anne Chaussebourg Directeur des relations internationales : Daniel Vernet

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président les sondages a fini par imposer tard. Du coup, voilà Jacques Chi- de commun avec les turfistes et Jacques Chirac définitivement la posture sympa- rac, que l’on avait vu jusqu’alors les joueurs qu’ils croient aux mar- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) thique du guerrier perclus de bles- suivre une stratégie adaptée à son tingales. Celle de 1988 était à contre-emploi sures, rapiécé de toutes parts, tra- image (et vice versa), prisonnier gagnante. Les experts qui entou- Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde (SAS) hi mille fois, traître lui-même en de la tactique de son adversaire rent le président, formés à l’école Durée de la société : quatre-vingt dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 145 473 550 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Asso- Suite de la première page certaines circonstances, mais tou- direct. Et d’un calendrier : celui du de Jacques Pilhan, le mentor de ciés, Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés du jours prêt à « reprendre son sac » Parti socialiste. Mais il y a plus François Mitterrand, l’ont dissé- Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Les gaullistes apprécient en con- pour refaire le chemin perdu : ennuyeux encore. La stratégie d’at- quée point par point pour en arri- Société des Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, naisseurs ce mélange inédit de Don Quichotte et Sisyphe. Jac- tente choisie par le futur président- ver à cette conclusion : en 1988, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Société des Personnels du Monde. culot et de rouerie. L’année suivan- ques Chirac y a gagné une forme candidat – et dont le profit n’est Chirac en avait été la victime ; www.lemonde.fr édité par Le Monde Interactif. te, ils applaudissent encore lors- de solidité personnelle, à défaut pas assuré – est celle d’un autre. cette fois, elle en fera le Président du conseil d’administration : Jean-Marie Colombani. Directeur général : Bruno Patino qu’il met au défi le président Gis- d’une cohérence idéologique. vainqueur. card d’Estaing en présentant sa Entre l’homme tel que l’ont donné   Ces stratèges oublient quelque candidature à la mairie de Paris à voir ses biographes, et tel que Le modèle est à chercher du chose au passage : l’adéquation RECTIFICATIF 16 décembre 2001), les médecins contre le candidat de l’Elysée. Cet- ses proches l’ont complaisam- côté de son prédécesseur à l’Ely- nécessaire entre un candidat et sa SYLVIE GUILLEM. Dans l’article de l’hôpital des armées du Val-de- te déclaration de guerre était enco- ment décrit, et la stratégie, pas sée, François Mitterrand. En 1988, démarche, la cohérence intitulé « Les Parades amoureuses Grâce qui avaient soigné l’ancien re à son image. Toujours à l’affût, l’ombre d’une contradiction. ne s’était-il pas déclaré un mois et indispensable entre l’homme et de Sylvie Guillem » (Le Monde daté ministre de l’intérieur, c’est en rai- vibrionnant et méthodique, il se A cet égard, l’élection de une semaine seulement avant le son action. A cet égard, Lionel Jos- 27-28 janvier), le danseur présenté son d’un « agenda très chargé » : place sur orbite présidentielle dès mai 2002 revêt pour le président premier tour ? Cette démarche- pin – à qui l’on peut adresser le sur la photographie du ballet Mar- « Dès que m’a été présentée la de- le mois d’octobre 1980. Au passa- sortant les allures d’une première. éclair semble hanter encore l’es- même reproche de dissimuler guerite et Armand, transmise par mande de levée de l’obligation de ré- ge, il fait preuve de ses qualités de Avec le lot d’incertitudes que véhi- prit des conseillers élyséens et du inutilement une ambition Covent Garden, n’est pas Anthony serve, j’ai donné mon autorisation. » puncheur : « Si l’on veut changer cule ce mot quand il est pris dans président lui-même. Elle est deve- présidentielle dont plus personne Dowell, mais David Drew. de politique, il faut changer de son sens théâtral. Habitué à nue la référence indépassable. ne doute – agit avec plus de clar- GUERRE D’ALGÉRIE. Wladyslas président. » précéder ou à créer l’événement, Qu’importe qu’à l’époque le prési- té. Candidat « probable » à la télé- PRÉCISIONS Marek, président de la Fédération En 1988, il semble prendre son à déjouer les pronostics, le voilà dent Mitterrand pesât 58 % dans vision, « disponible » devant ses nationale des anciens combattants temps en n’annonçant sa candida- conduit par son rôle de président les intentions de votes au second militants, à la Mutualité, il fran- ALAIN RICHARD. Après la paru- en Algérie, Maroc et Tunisie (Fna- ture qu’à la mi-janvier, mais, sept sortant à échanger la casaque de tour, alors que le président sor- chit chaque palier sous les tion de l’article « Venus de Mati- ca), qualifiée de « proche de la gau- ans plus tard, au fond du trou des l’outsider qu’il aimerait pourtant tant ne peut, au mieux des sonda- regards, conformément à l’image gnon, petits coups bas entre amis » che » dans Le Monde du 24 janvier, sondages et après une longue bien garder contre celle du favori. ges, se prévaloir que de 53 %. de franchise et de responsabilité (Le Monde du 12 janvier), le ministre nous prie de préciser que les sta- « traversée du désert », il s’élance Premier changement. Autre dif- Qu’importe que la ruse dont pro- qu’il veut incarner. En recevant, à de la défense nous demande de tuts de cette organisation affir- dès le 4 novembre à l’assaut de ficulté : Jacques Chirac, qui jus- cède cette stratégie soit davanta- la nuit tombée, son comité de préciser que, s’il a tardé à donner à ment « son indépendance à l’égard l’Elysée. Longtemps, cette élec- qu’alors est toujours parti de loin ge en harmonie avec l’homme de campagne, Jacques Chirac rompt Jean-Pierre Chevènement l’autori- des pouvoirs publics (civils ou militai- tion servira de référence aux chira- dans la course à l’Elysée, est Latché. On objectera que le chef brutalement avec sa pratique et sation d’inviter, sur le plateau de res) et de tout parti, groupement poli- quiens comme à Jacques Chirac contraint d’attendre et de se pré- de l’Etat est en campagne perma- encourt le reproche de « Vivement dimanche » (diffusée le tique, philosophique ou religieux ». lui-même. senter le dernier au nom de la loi nente depuis la dissolution ratée dissimulation, voire d’un brin de A chacune de ces élections, il a des sondages qui prévoit une bais- de 1997. Mais cette soudaine len- machiavélisme. 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sans su mener une guerre de mouve- se de popularité consécutive à teur à abattre ses cartes, cette réti- Ces supporters souhaitent le l’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437 ment pour s’imposer et faire pen- l’annonce d’une candidature. cence à dévoiler ce que tout le voir le plus vite en campagne. Là ISSN 0395-2037 cher la balance médiatique en sa Mais, en choisissant d’apparaî- monde sait et attend mettent à où, selon eux, il est le meilleur. Imprimerie du Monde faveur, bref rattraper son retard. tre le dernier au banquet des mal l’image soigneusement peaufi- Cette attente serait un moindre 12, rue Maurice-Gunsbourg Président-directeur général : Dominique Alduy Qu’importe s’il s’est agi parfois candidats, le chef de l’Etat se trou- née de combattant de longue mal si elle ne trahissait pas aussi 94852 Ivry cedex Directeur général : Stéphane Corre d’une stratégie perdante. La victoi- ve de facto impliqué dans la straté- haleine que Jacques Chirac a su un sentiment d’absence. 21 bis, rue Claude-Bernard - BP218 re de 1995, si chèrement acquise, gie de son adversaire. Lionel Jos- imposer. 75226 PARIS CEDEX 05 PRINTED IN FRANCE Tél : 01-42-17-39-00 - Fax : 01-42-17-39-26 contre une partie de son camp et pin a lui aussi décidé de partir Les politiques ont parfois ceci Philippe Ridet 18/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 ENTREPRISES télécommunications

Alcatel détient désormais le triste record de la plus  s’explique par le retournement de conjoncture te des plus fragiles, les industriels ont vu le sol se des plans de fermeture d’usines et de licenciements. forte perte de l’histoire de l’industrie française. Le brutal qui a frappé les entreprises de télécommunica- dérober sous leurs pieds. Les ardoises laissées par les Maigre consolation, la part d’Alcatel dans  lui groupe a annoncé, jeudi 31 janvier, une perte de tions. Confrontés à la    opérateurs pèsent sur les comptes, tout comme la permet de jouer un rôle charnière dans la recomposi- 4,96 milliards d’euros pour 2001. Cette  -  de leurs clients opérateurs, voire à la failli-     et le coût tion de l’industrie aéronautique et de défense. Alcatel solde 2001 sur une perte historique de 5 milliards d’euros Recentré sur les télécommunications, le groupe français a subi de plein fouet la crise du secteur. Même s’il résiste mieux que ses concurrents et gagne des parts de marché, il subit les conséquences des acquisitions surpayées, des stocks invendus et des restructurations massives

ALCATEL détient désormais un Packet Engines ou Internet Devi- une filiale spécialisée dans les câ- ment, le groupe français a poursui- triste record. Serge Tchuruk, PDG NOKIA SEUL BÉNÉFICIAIRE en 2001 ces, plombent aujourd’hui les bles. Fin 2001, les effectifs d’Alca- vi la cession de ses participations. de l’équipementier de télécommu- En milliards d'euros comptes. Alcatel a décidé de provi- tel sont passés pour la première La vente de 10 % des parts du capi- nications français, a annoncé jeudi sionner 1,5 milliard d’euros pour fois sous la barre des 100 000 per- tal de Thales, de quelques pour- 31 janvier, un perte de 4,96 mil- Chiffre d'affaires Résultat net tenir compte de leur dévalorisa- sonnes, à 99 314. Mais sur les cents dans Thomson Multimedia, liards d’euros pour 2001, soit la tion. 10 000 suppressions d’emplois pré- et du reliquat détenu dans Alstom 34,2* perte la plus importante de l’histoi- Motorola - 4,5 Mais la majeure partie des per- vues en Europe, seules 2 000 ont a généré 900 millions d’euros de re de l’industrie française. Après tes (près de 2 milliards d’euros) été réalisées en 2001. plus-values. une année 2000 euphorique, 2001 31,19 provient des charges liées aux res- Nokia + 2,2 restera dans les annales comme tructurations. Au fil des mois, Alca- Des survaleurs aux conséquences réelles une année noire pour l’industrie 25,35 tel a dévoilé des plans qui, addi- des télécommunications en géné- Alcatel - 4,96 tionnés, se sont soldés par l’annon- Conséquence de l’effondrement boursier et de l’éclatement de la bulle ral, et pour Alcatel en particulier. ce de 34 500 suppressions d’em- Internet, les survaleurs s’annonçent comme un des grands sujets compta- La mauvaise nouvelle était atten- 25,09 plois. Les filiales américaines ont bles de l’exercice 2001. Alcatel a dû provisionner 1,5 milliard d’euros, pour due. Le groupe français avait pré- Ericsson - 2,29 été les premières touchées. Les ef- tenir compte de la dépréciation de valeur de ses investissements dans de paré le terrain au fil des mois. En fectifs sont vite passés de 16 000 à 24,2 jeunes sociétés travaillant dans le secteur des hautes technologies. mai 2001, le jour de l’annonce de Lucent - 18,2 10 000 personnes. En France, l’usi- Officiellement, il ne s’agit que de pertes comptables qui ne traduisent en la rupture de ses fiancailles avec ne de téléphonie mobile de Laval rien la performance de l’entreprise. La réalité est un peu différente. Les son concurrent américain Lucent, 19,8 (Mayenne) a été cédée au groupe dépréciations d’actifs, y compris aux Etats-Unis depuis le changement de Alcatel publie un communiqué où Nortel -31 américano-singapourien Flextro- méthodes comptables, font fondre les fonds propres de l’entreprise. Le bilan il évoque une perte massive de nics. du groupe, son ratio d’endettement, voire sa note de confiance auprès des 3 milliards d’euros pour le seul Source : sociétés *dont 27,5 milliards dans les télécommunications agences de notation s’en trouvent directement affectées. De même, le deuxième trimestre. Six mois plus «    » cours de Bourse prennent souvent en compte les mauvais résultats compta- tard, le chiffre de 5 milliards d’eu- ont vu le sol se dérober sous leurs de l’opérateur 360Networks a coû- Le 26 juin 2001, M. Tchuruk crée bles, les investisseurs estimant à juste titre qu’ils traduisent l’incapacité des ros est lâché. Une prévision confor- pieds. Alors qu’ils s’interrogeaient té à elle seule la bagatelle de un choc en évoquant son projet dirigeants des entreprises à savoir bien acheter. me au résultat définitif. en 2000 sur la manière de répon- 830 millions d’euros au groupe « d’entreprise sans usine ». Il préci- Cette perte abyssale s’explique dre à l’afflux de commandes, les français. D’autres opérateurs com- se par la suite qu’il souhaite accélé- par le retournement de conjonctu- annulations se sont multipliées en me l’américain Global Crossing rer les cessions d’usines et chiffre à Cette restructuration accélérée Même si les ventes n’affichent, re brutal qui a frappé les entrepri- 2001. Résultat, stocks et impayés ont laissé des additions et des une cinquantaine le nombre de répond au nouvel impératif que sur l’ensemble de l’année écoulée, ses de télécommunications. Con- se sont accumulés. invendus qui se chiffrent au total à sites susceptibles d’être externali- s’est fixé Alcatel : restaurer sa si- qu’un recul de 5 %, à 25,353 mil- fronté à l’éclatement de la bulle Comme ses concurrents , Alca- 850 millions d’euros. Une partie sés. Alcatel a également réussi à cé- tuation financière. Les pertes opé- liards d’euros, l’impact de la crise Internet, à la réduction drastique tel a dû payer la facture de la pério- du déficit colossal s’explique aussi der au fond d’investissement amé- rationnelles, 368 millions d’euros s’est surtout fait sentir au second des dépenses de leurs clients opé- de d’euphorie. Les ardoises lais- par la dépréciation d’actifs. Les ricain Platinum Equity, sa filiale de en 2001, ont été plus importantes semestre. « Le chiffre d’affaires n’a rateurs, voire à la faillite des plus sées par les opérateurs exsangues start-up californiennes acquises à distribution de réseaux d’entrepri- que prévues. Pour améliorer sa tré- diminué que de 5 % grâce à une aug- fragiles d’entre eux, les industriels pèsent sur les comptes. La faillite prix d’or, parmi lesquelles Xylan, se, et à placer en bourse Nexans, sorerie et réduire son endette- mentation de 60 % de nos activités en Asie-Pacifique et à une augmen- tation significative des parts de mar- ché d’Alcatel dans les réseaux fixes Serge Tchuruk, le patron redresseur d’entreprises, est mis à l’épreuve et mobiles », se félicite M. Tchu- ruk. Mais sur le seul quatrième tri- mestre 2001, le chiffre d’affaires tionnelles. Six ans plus tard, Serge de haute lutte au capital du grou- propose à son concurrent français est en baisse de 20 % par rapport à L’HISTOIRE se répète-t-elle ? Tchuruk clôt une année noire et pe de défense Thales et fait le pari de nouer une alliance transatlanti- la même période en 2000. Lorsque, en 1995, Serge Tchuruk solde les comptes 2001 sur une de mieux s’ancrer sur le marché que. Au dernier moment, d’ulti- Et Alcatel ne prévoit pas une accepte la succession de Pierre perte de 5 milliards d’euros américain. mes exigences américaines font ca- embellie très rapide. « 2002 devrait Suard à la tête d’Alcatel, le groupe (32,8 milliards de francs), un poter le projet. La fibre patrioti- encore être difficile. Nous prévoyons     record pour une société française. que de ce fils d’immigrés armé- une décroissance des ventes de 30 % Ce triste record n’est guère du Le courant passe entre ce poly- niens a une fois de plus guidé son au premier trimestre 2002 par rap- goût de ce patron emblématique, technicien qui a fait sien le monde choix. Pas question de courir le ris- port au dernier trimestre 2001 », Ce fils d’immigrés qui s’est forgé au long de sa carriè- des télécommunications, pourtant que de voir Alcatel passer sous précise M. Tchuruk, dans un com- re une réputation sans faille de si éloigné de ses amours pétroliè- contrôle américain. muniqué, qui prévoit « à partir du arméniens a refusé redresseur d’entreprises. D’abord res, et les investisseurs séduits par A la suite de l’échec de cette second semestre une augmentation au sein du groupe Rhône-Pou- cette musique du recentrage très fusion, les mauvaises nouvelles séquentielle de nos ventes trimestriel- l’américanisation lenc, puis à la tête de CDF Chimie douce à leurs oreilles. Mais, le s’égrènent. Les plans de restruc- les avec un résultat opérationnel et enfin chez Total. Auréolé de ces 17 septembre 1998, le pacte de turation s’alourdissent, les pertes positif pour l’ensemble de 2002 ». totale de son groupe faits d’armes, il accède à la direc- confiance se rompt. Une révision se creusent, le titre s’effondre et Le groupe français ne manque tion d’Alcatel, accompagné de ses à la baisse des résultats provoque affiche la plus mauvaise perfor- pas de relativiser sa situation en se   fidèles. Il entreprend alors une res- un séisme boursier. En deux jours, mance du CAC 40 en 2001. Plus comparant à ses grands concur- traverse une passe difficile. Se- tructuration à marche forcée de le titre Alcatel perd 40 % de sa Bourse. En 2000, Serge Tchuruk que jamais sur le pont, M. Tchu- rents nord-américains Nortel et coué par les affaires de surfactura- l’ex-Compagnie générale d’électri- valeur. est nommé manager de l’année ruk s’efforce de donner tort aux Lucent. Les pertes affichées par tion, affaibli par une érosion de cité, qui, au gré des tocades d’Am- Le choc est rude pour M. Tchu- par Le Nouvel Economiste. critiques, que cet homme très sus- ces deux géants sont sans commu- ses ventes et de ses résultats, l’un broise Roux, a multiplié les diversi- ruk, dont la crédibilité est mise en Un répit de courte durée. Le ceptible n’accepte guère. A ne mesure avec celles d’Alcatel. De des fleurons de l’industrie françai- fications, créant autant de baron- cause. Le groupe soigne sa commu- groupe français a à peine le temps 64 ans, alors que le temps ne sem- plus, les restructurations encore se est aux abois. Le nouveau PDG nies au sein du groupe centenaire. nication financière et, les mois pas- de cueillir les fruits de son recen- ble pas avoir de prise sur lui, cet plus massives entreprises par ces choisit la manière forte et crée la Les ventes se succèdent : la pres- sant, profite de la fièvre qui s’em- trage qu’un retournement de con- amateur de Bach fera tout pour deux sociétés, ont permis à Alcatel surprise, trois mois après son arri- se, le cru Château Gruault-Larose pare du marché des télécommuni- joncture sans précédent secoue le ne pas terminer sa carrière sur de les dépasser en terme de chiffre vée, en annonçant une perte de ou la participation dans l’opéra- cations. Cette fois, les promesses marché des télécommunications. une fausse note. d’affaires en 2001. 25,6 milliards de francs, dont teur de téléphonie mobile SFR, sont non seulement tenues, mais Au plus fort de la tempête, le 24 milliards de provisions excep- sont cédés. En parallèle, il entre dépassées, et le cours s’envole en géant américain Lucent, fragilisé, L. Gi Laurence Girard Le groupe dispose d’un dernier joker dans l’aéronautique et la défense européenne Avec ses 15,8 % dans Thales, Alcatel dispose d’un strapontin stratégique, objet de toutes les convoitises

EN mettant le cap en avant tou- finalement choisi par le gouverne- comparer aux 10 milliards d’euros siles – mais il refuse de jouer les du groupe Lagardère dans cette désormais un tel schéma. La proie te dans les télécommunications, ment Jospin, c’est d’un rêve tron- du géant aéronautique franco- béquilles du groupe européen. mission, le gouvernement pourrait deviendrait alors le chasseur. De là Serge Tchuruk a un regret. Celui qué qu’hérite M. Tchuruk. Au nom allemand EADS – témoigne de la « EADS coule, et ils veulent qu’on s’appuyer sur Thales – et donc indi- à penser qu’Alcatel puisse jouer de de n’avoir pas pu occuper toute la de la préservation des intérêts stra- confiance que lui portent les inves- coule avec eux », explique un pro- rectement sur Alcatel – et lui de- nouveau un rôle charnière dans la place qu’il espérait dans l’industrie tégiques et du maintien du rôle de tisseurs et encourage M. Tchuruk che du dossier. mander de jouer les actionnaires restructuration du secteur, il n’y a  l’Etat actionnaire – un dogme à bien monnayer son désengage- M. Tchuruk, qui, grâce à ses de référence de l’industrie aéro- qu’un pas, que Serge Tchuruk abandonné par la suite lors de la ment programmé. 15,8 %, verrouille les évolutions du nautique et de défense française. pourrait franchir sans déplaisir… fusion avec Aerospatiale au profit capital grâce au pacte d’actionnai- Les valorisations boursières respec- L’industriel du groupe Lagardère –, Alcatel   res, attend des contreparties à un tives des deux groupes autorisent Christophe Jakubyszyn n’est autorisé à racheter que 16 % Les prétendants sont nombreux. éventuel accord avec Lagardère. a l’intention de Thomson-CSF, rebaptisé Tha- Les avances les plus pressantes Marier sa filiale Alcatel Space à les par la suite. Un goût de « trop viennent du groupe Lagardère, son concurrent Astrium, filiale de bien monnayer ou trop peu » que le PDG d’Alcatel principal actionnaire privé fran- d’EADS, pourrait en être une. De n’aura de cesse de faire évoluer. çais d’EADS, qui, en imitant la stra- la même manière, le rachat de la son désengagement A la hausse d’abord, pour mieux tégie verticale de son concurrent branche Technologies de l’informa- faire jouer les synergies entre les britannique BAE Systems (qui a tion de Thales pourrait faire partie deux groupes. A la baisse ensuite, racheté GEC), souhaiterait marier d’un accord global. d’aéronautique et de défense fran- après avoir fait le constat de l’ab- l’électronique et l’aéronautique et Mais M. Tchuruk fait aussi l’ob- çaise et européenne. L’électroni- sence de véritable coopération et parachever la consolidation euro- jet de sollicitations appuyées de que de défense avait toute sa rai- avoir choisi de se centrer sur les péenne. Les arrière-pensées de l’Etat, qui détient encore 30 % du son d’être au sein du portefeuille activités spatiales en rachetant la l’équipe Lagardère sont nombreu- capital de Thales. Le Trésor, qui es- du groupe, aujourd’hui fortement part minoritaire de Thales. ses : augmentation de la part fran- time que la restructuration du sec- dépendant de la conjoncture des Avec aujourd’hui 15,8 % du capi- çaise au détriment des allemands, teur n’est pas achevée, ne souhaite télécommunications civiles, et, par tal de Thales, M. Tchuruk n’a pour- renforcement de la valeur bour- pas un départ précipité d’Alcatel. là même – les effets de la crise tant pas dit son dernier mot. Cer- sière d’EADS… Il exige que Jean-Luc Lagardère, actuelle le prouvent – vulnérable. tes, pur acteur des télécommunica- L’équipe dirigeante de Thales ré- qui détient 15 % d’EADS, soit la En 1997, le groupe avait postulé tions, il a fait définitivement une siste et explique aux nombreux moitié de la participation fran- à la privatisation de Thomson, croix sur ses ambitions dans la dé- « Lagardère boys » venus en éclai- çaise, parachève l’intégration du avec des visées à la fois sur la bran- fense. Mais il apprécie sincère- reurs que Thales ne voit pas l’inté- groupe aéronautique – en en modi- che d’électronique grand public de ment le travail réalisé par Denis rêt stratégique et financier de fu- fiant l’organisation ou, au besoin, Thomson Multimédia et sur la Ranque, le PDG de Thales, et il ne sionner avec EADS. M. Ranque en marginalisant les Allemands – branche d’électronique de défense rate jamais l’occasion de rappeler n’est pas disposé à des coopéra- avant de passer les commandes à de Thomson-CSF. Recalé par le que c’est lui qui l’a imposé. tions ou à des modifications de son fils Arnaud, nettement plus gouvernement Juppé, repêché par La valorisation boursière de Tha- frontières avec EADS – il aimerait intéressé par la branche médias. la commission de privatisation et les – plus de 6 milliards d’euros, à bien notamment récupérer les mis- En cas de défaillance ou d’échec LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/19 ENTREPRISES Les chemins de fer italiens ont atteint Des policiers russes l’équilibre financier plus tôt que prévu au Crédit agricole Indosuez Les Ferrovie dello Stato ont dégagé en 2001 le premier bénéfice de leur histoire. L’Italie n’est pas La Banque nationale russe de réserve accuse pressée de privatiser, mais poursuit l’ouverture du réseau à la concurrence, réclamée par Bruxelles la banque française de soustraction de fonds

MILAN gères. Quant à Rail Traction Compa- UNE DIZAINE de policiers se la société dans cette affaire ». correspondance ny (RTC), contrôlée en grande par- sont rendus, mercredi 30 janvier, Selon CAI, les vérifications Pour la première fois de leur his- tie par la société des autoroutes du au siège de Crédit agricole Indo- menées par les enquêteurs toire, les Ferrovie dello Stato (FS), Brenner et qui a débuté en octobre, suez (CAI), filiale du Crédit agrico- devraient mettre un terme aux les chemins de fer italiens, ont elle achemine des marchandises de le, pour interroger plusieurs res- accusations « infondées » portées conclu l’année 2001 avec un très Vérone à Munich (directement jus- ponsables de la banque, dont le à son encontre par NRB et ouvrir léger bénéfice. Les chiffres ne qu’au Brenner, ensuite par l’intermé- président du directoire, Marc- la voie à une résolution du conflit seront rendus publics que dans quel- diaire de la société allemande Loco- Antoine Autheman, dans le cadre qui oppose, depuis 1999, la ban- ques jours, mais l’administrateur motion). « Nous voudrions nous éten- d’une enquête ouverte en Russie que russe, filiale du numéro un délégué du groupe, Giancarlo Cimo- dre en Italie au-delà de Vérone, mais sur des irrégularités intervenues mondial de la production de gaz, li, peut d’ores et déjà s’enorgueillir cela dépendra de la demande », lors d’opérations financières entre Gazprom, première puissance éco- d’avoir ramené la compagnie à explique Giuseppe Sciarrone, admi- l’établissement français et la Ban- nomique russe, et le Crédit agrico- l’équilibre financier un an avant la nistrateur délégué de RTC, qui table que nationale russe de réserve le (Le Monde du 9 janvier). date prévue, après des pertes de sur un chiffre d’affaires d’environ (NRB). La discorde porte sur 14 contrats 1,54 milliard d’euros en 2000 et de 10 millions d’euros en 2002. La pro- Accompagnés de policiers rus- de change à terme, conclus entre 3,6 milliards d’euros en 1997. L’assai- cédure pour obtenir le certificat de ses, les enquêteurs français ont septembre 1997 et mai 1998, d’un nissement financier des FS coïncide sécurité, délivré par RFI suivant des exécuté une commission rogatoire montant estimé à 110 millions de avec les débuts de la concurrence : critères fixés par la loi, étant longue internationale délivrée par un juge dollars. En août 1998, lorsque la cri- 22 licences de transport de marchan- et complexe, il faudra attendre russe saisi d’une plainte du prési- se économique a contraint le gou- dises et passagers ont été attribuées avant que les FS puissent être mena- dent de NRB ; ce dernier affirme vernement russe à décréter un par le ministère des transports, et cées par leurs concurrents italiens. que CAI aurait falsifié des contrats moratoire sur la dette du pays et à les deux premières sociétés privées Une libéralisation européenne, à terme sur les devises afin de dévaluer le rouble de plus de en possession du « certificat de permettant aux autres compagnies soustraire des fonds à sa société. 300 %, l’ensemble des accords pas- sécurité » (qui autorise l’activité sur européennes d’investir les rails de la Au terme des auditions, les enquê- sés entre des établissements ban- une ligne donnée) opèrent déjà péninsule, aurait un impact bien teurs ont emporté les copies des caires du pays et des banques dans le fret. plus important. documents relatifs aux opérations étrangères ont été gelés. CAI a Le retour à l’équilibre des FS est ont renoué avec une politique d’in- par la région Lombardie – est active Et pour ce qui concerne la privati- visées par la plainte. négocié avec ses débiteurs une res- le fruit du patient travail de vestissements massifs essentielle- depuis septembre dans le transport sation de Trenitalia, possible depuis Sollicité jeudi 31 janvier dans la tructuration des dettes. Après M. Cimoli, appelé aux commandes ment destinés au réseau : environ de marchandises entre la banlieue que la société est bénéficiaire, l’Ita- matinée, Crédit agricole Indosuez s’être, par écrit, engagé à « honorer à la fin de 1996 alors que la direction 4,64 milliards d’euros en 2001, et de Milan et le col du Simplon. Le lie, échaudée par l’exemple anglais, a indiqué au Monde que les explica- ses dettes », NRB a contesté précédente venait d’être décapitée 5,16 milliards d’euros prévus pour fret prend ensuite la direction du n’est pas pressée. tions et les documents fournis aux l’authenticité des contrats. par l’opération Mains propres. Il 2002. La construction de lignes à port belge de Zeebruge à travers policiers allaient permettre de s’est attelé à abaisser le coût du tra- grande vitesse a enfin commencé, des accords avec des sociétés étran- Marie-Noëlle Terrisse démontrer « la totale bonne foi de Jacques Follorou vail, passé de 7,4 milliards d’euros et la ligne Turin-Naples devrait en 1996 à environ 4,5 milliards entrer en fonctions en 2006. Les FS d’euros en 2001. Malgré l’opposi- ont en outre entrepris un important tion des puissants syndicats autono- programme de rénovation des mes, M. Cimoli a réduit les effectifs, gares, avec la contribution d’entre- passés pour la première fois à la fin prises privées : la société Grandi Sta- de 2001 à moins de 100 000 salariés zioni, qui regroupe les treize gares (contre 200 000 en 1990). Aujour- italiennes les plus importantes, est d’hui, c’est la mise sur pied d’une détenue à 40 % par un consortium convention collective du secteur, où dominent les groupes Benetton applicable à toutes les sociétés de et Pirelli. Une part équivalente de transport sur rail, ainsi que celle de Medie Stazioni (plus de cent gares la convention interne des FS, qui moyennes) a été cédée en décembre représentent le plus important dos- à un consortium mené par la Save, sier social : les négociations, en la société qui gère l’aéroport de cours depuis près de deux ans, pour- Venise. raient aboutir dans les prochains mois.     Parallèlement, le groupe est réor- L’ouverture du réseau ferré aux ganisé : la holding FS SpA contrôle opérateurs privés n’inquiète pas les différentes sociétés, notamment outre mesure les FS. Les Ferrovie Trenitalia – pour le transport – et Nord Milano – une société qui pos- Rete Ferroviaria Italiana (RFI) sède son propre réseau de chemins – pour les infrastructures. Les FS de fer régionaux et qui est contrôlée Eurostar reste déficitaire malgré son succès face à l’avion

LONDRES les charges fixes importantes, d’autre de notre correspondant à la City part, celle d’assurer une recette Eurostar Groupe, qui exploite les moyenne suffisante pour nous per- liaisons TGV Londres-Paris-Bruxel- mettre de couvrir les charges varia- les, a annoncé mercredi 30 janvier bles importantes liées au système de un chiffre d’affaires pour 2001 de tarification d’Eurotunnel. » Le diri- 699,7 millions d’euros, en baisse de geant ne se fait pas d’illusions : plus 0,7 %, mais prévoit une améliora- que d’une entreprise véritable tion en 2002. L’entreprise, exploi- dotée d’une autonomie financière, tée conjointement par la SNCF, la il est à la tête d’une sorte de compa- SNCB belge et Eurostar UK, et qui gnie virtuelle, privée de compte détermine les orientations commer- d’exploitation et ne disposant que ciales d’Eurostar, a porté à 64,6 % d’une faible maîtrise des moyens de sa part de marché par rapport à production. La cherté des péages l’avion sur la liaison Londres-Paris. du tunnel sous la Manche explique Epizootie de fièvre aphteuse, en partie qu’Eurostar ne soit tou- ralentissement général aggravé par jours pas bénéficiaire, malgré sa les conséquences des attentats du réussite commerciale. 11 septembre, surévaluation de la livre sterling, renforcement des con-   - trôles contre l’immigration clandes- En dépit de ces aléas, Eurostar tine : en 2001, Eurostar a cumulé les garde le moral pour 2002. Le regrou- difficultés. Le nombre de passagers pement des sites Internet des trois a souffert en outre de nombreuses compagnies actionnaires devrait grèves de cheminots dans les trois faciliter les réservations. Le succès pays d’opération. Occasionnés des plates-formes de correspondan- notamment par des problèmes tech- ce de Lille, reliée au réseau de TGV niques et des ralentissements dus français, et de Bruxelles (vers Colo- aux inondations sur le tronçon Lille- gne et Amsterdam) est un atout Paris, de gros retards ont fait chuter non négligeable contre le duo Air la ponctualité au niveau de l’aérien, France-British Airways. gonflant les frais de compensation. L’ouverture à l’été de cette année Par ailleurs, Eurostar a souffert d’une liaison directe Londres-Avi- du succès des compagnies aérien- gnon devrait attirer la clientèle bri- nes à bas prix, qui détournent la tannique friande du Midi. L’installa- clientèle vers d’autres destinations tion de nouveaux salons d’attente, européennes. De surcroît, la compa- l’amélioration du service personna- gnie ferroviaire souffre de l’impossi- lisé devraient permettre d’accroître bilité de moduler le nombre de l’attrait de la classe business, qui rames pour optimiser le remplissa- génère un bon tiers des revenus de ge des trains, pour des raisons de la compagnie. Au printemps, une sécurité. Enfin, la clientèle (affaires vaste campagne publicitaire tente- comme loisirs) voyageant entre ra de mieux « vendre » Londres Londres, Paris et Bruxelles est dif- aux jeunes Français et Belges. ficile à déplacer vers les heures Enfin, M. Azema se déclare encou- creuses. ragé par la promesse de Louis Gal- Pour redresser la situation, les lois, PDG de la SNCF, d’une simpli- analystes préconisent une réduc- fication des structures de la compa- tion des coûts d’exploitation. gnie. Ces réformes devraient porter « Nous sommes confrontés à deux leurs fruits, en attendant la redéco- objectifs contradictoires, se défend ration complète des rames par Phi- David Azema, président d’Euros- lippe Starck, prévue pour 2003. tar Groupe, d’une part, la nécessité de stimuler les volumes pour amortir Marc Roche 20/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 ENTREPRISES

Pechiney, en panne de stratégie, La Deutsche Bank ne parvient pas à remotiver ses troupes américanise sa direction Le groupe français d’aluminium ne se remet pas de l’échec de sa fusion tentée avec Alcan JEUDI 31 janvier, la Deutsche Bank a affiché un bénéfice imposable de VOLATILITÉ et Algroup. Il a perdu en 2001 sa troisième place mondiale au profit du norvégien Norsk Hydro 1,8 milliard d’euros pour 2001, en bais- Action Deutsche Bank se de 74 % par rapport à 2000. La ban- en euros PECHINEY a tout lieu d’être échec, M. Rodier semble hésiter redonner une place et une vision à la que allemande a, par ailleurs, annoncé 85 Le 30 janvier 69,48 satisfait. Alors que ses deux grands SOUTENUE PAR LE DOLLAR sur la ligne de conduite à tenir. Un maîtrise et aux salariés », avoue une vaste refonte de ses organes de concurrents nord-américains, Action Pechiney, en euros à Paris jour, il évoque des grands projets, M. Labastire. Auprès des salariés, direction. Il s’agit de donner davantage Alcoa et Alcan, ont plongé dans le des alliances, des acquisitions, le la défiance est très grande. Les de pouvoirs au futur numéro un de l’éta- 75 rouge depuis plusieurs mois, le Le 30 janvier 60,1 lendemain, il ne parle plus que de démissions de cadres dans certai- blissement, le Suisse Josef Ackermann, groupe français d’aluminium et 65 réduction de coûts. nes branches comme l’emballage qui remplacera Rolf Breuer, en mai. Le 65 d’emballage résiste. En dépit du A entendre des cadres, des sala- avaient atteint jusqu’à 25 % à 30 % directoire doit être allégé au profit d’un ralentissement économique et de 60 riés, des syndicats, des analystes, en 2000. Beaucoup ont le senti- comité exécutif à l’américaine en char- 55 la chute des prix de l’aluminium, des banquiers, le malaise dans le ment que leur parole, leur experti- ge des affaires quotidiennes. ses activités, notamment dans l’aé- 55 groupe est plus profond que celui se est niée. Dernière preuve, selon Cette refonte a suscité de vives tensions 45 ronautique jusqu’au 11 septembre toujours provoqué par l’échec eux : pour la première fois dans entre les principaux dirigeants de la pre- AS ONDJ 2001, et dans l’emballage aux Etats- 50 d’une fusion. Pechiney ne se remet l’histoire du groupe, la direction de mière banque allemande. Mercredi 2001 2002 Unis, ont continué à croître. Aidé pas du plan Challenge, lancé en 30 janvier, le contrôleur en chef, Tho- Source : Bloomberg par un cours favorable du dollar, il 45 1997. Plutôt abstrait et théorique, mas Fischer, a démissionné de ses fonc- a enregistré en 2001 un résultat net ce programme de réduction de Les démissions tions, en raison de « conceptions divergentes sur la nouvelle structure directionnelle ». de 233 millions d’euros, en baisse 40 coûts, visant à économiser plus de de 26 % par rapport à l’exercice pré- 300 millions d’euros, a été appliqué de cadres cédent. brutalement, sans tenir compte des 35 Pourtant, l’exercice 2001 sonne réalités du groupe. Maintenance, F J A ODJ dans certaines La justice confirme l’accord aussi comme une défaite pour A qualification technique, habitudes 2001 2002 Pechiney. C’est l’année où le grou- Source : Bloomberg industrielles ont été cassées pour branches comme sur les 35 heures chez Michelin pe a laissé sa place, acquise de lon- l’obtention rapide de chiffres. Il gue date, de numéro trois mondial l’achat d’une usine de laminés en s’en est suivi une désorganisation l’emballage LE TRIBUNAL de grande instance de Clermont-Ferrand a confirmé, de l’aluminium au norvégien Belgique et au Luxembourg, une peti- industrielle totale. Le groupe y a mercredi, l’accord sur les 35 heures signé chez le fabricant de pneuma- Norsk Hydro, après que celui-ci a te société d’emballage, un renforce- perdu d’importants savoir-faire et ont atteint tiques Michelin. Ce jugement rejette la demande d’annulation dépo- repris les activités de l’allemand ment de sa participation dans l’usine fait face dans certaines usines, à de sée par la CGT. Le syndicat estimait que certaines dispositions com- Vaw pour 3,1 milliards d’euros. Un australienne de Tomago… » graves problèmes de gestion de de 25 % à 30 % portaient des violations de textes ou des omissions qui l’entachaient dossier sur lequel Pechiney s’est Avec un endettement équivalent l’outil industriel, qui minent sa ren- de nullité. « Michelin est satisfait de cette décision, qui confirme la validi- montré peu présent, même s’il à 0,42 % des fonds propres, des pos- tabilité. en 2000 té de cet accord, approuvé par une large majorité du personnel », a indi- annonce, jeudi 31 janvier, être inté- sibilités financières estimées par le « Le groupe n’a pas été assez vigi- qué le directeur des relations sociales de Michelin, Yves Blanchet. ressé par la division packaging de groupe à 500 millions d’euros par lant sur les savoir -faire. Nous avons L’accord, signé par la CFDT et entré en application le 1er mai 2001, Vaw. Il s’est aussi fait souffler le an, l’entreprise présidée par Jean- perdu des compétences », reconnaît Pechiney a décidé que sa nouvelle avait été approuvé par la majorité du personnel lors d’un référendum. projet d’une usine d’alumine en Pierre Rodier a les moyens de se Jean-Yves Labastire, directeur technologie dans la fusion d’alumi- Les catégories ouvriers et employés de Michelin s’étaient prononcées Chine, considéré pourtant comme montrer plus agressive. « Depuis le embauché il y a six mois pour met- nium, AP 50, ne serait pas testée en contre. La CGT, qui qualifie la décision de justice de « jugement oppor- stratégique par Alcoa. Ce dernier veto de Bruxelles à la fusion avec tre en place un programme dit de France, là où elle a été conçue. tuniste », réfléchit à la possibilité de faire appel. lui a aussi coupé l’herbe sous le Alcan et Algroup [en avril 2000], tout progrès continu pour remédier à la Les malentendus peuvent-ils pied en Australie, en lançant un élan semble brisé. Il n’y a plus aucu- situation. De premières améliora- être effacés ? De la volonté de la projet de rapprochement avec le ne dynamique dans le groupe », tions ont été enregistrées dans la direction de reprendre la main et Euler et Hermès forme groupe WMC, qui avortera finale- observe un syndicaliste qui souhai- transformation, dans l’usine améri- de corriger certaines erreurs avec ment. te garder l’anonymat. De fait, la caine de produits pour l’aéronauti- le programme de progrès continu, le premier assureur crédit « Pechiney est présent sur tous les direction paraît avoir du mal à se que – en perte depuis son rachat en de nombreux salariés n’ont retenu grands dossiers de son secteur, mais remettre de cet échec. Une atmo- 1999 —, ou dans l’emballage plasti- que le projet d’une nouvelle réduc- LE GÉANT de l’assurance allemand ses propositions financières sont tel- sphère pesante s’est installée en que notamment aux Etats-Unis. tion de coûts de 450 millions Allianz devait annoncer, jeudi, le rappro- STABILISATION les qu’il se fait exclure du jeu rapide- interne. Quelques dirigeants sont Mais beaucoup reste à faire dans d’euros d’ici à la fin de 2004. chement des deux assureurs crédit qu’il Action Euler ment, explique un observateur. partis, les autres se sont isolés pour toutes les activités de l’entreprise. contrôle, Hermès, sa filiale à 97,3 %, et en euros Alors il se rabat sur des petits projets, oublier l’épreuve. Depuis son « Un de nos enjeux majeurs est de Martine Orange Euler, détenu à 63,2 % par sa filiale fran- Le 30 janvier 43,49 çaise AGF. Annoncée dès septem- 55 bre 2001, cette opération verra le rachat d’Hermès par Euler, pour 550 millions 50 L’homme d’affaires Iskandar Safa attendu comme un sauveur à Cherbourg d’euros, soit une fois et demie la valeur de l’actif net réévalué d’Hermès. Elle 45 CHERBOURG mi-mars, « comme c’est quasiment sûr », affir- vent suivre leur cours, la voie est donc étroite, sera financée par augmentation de capi- de notre envoyé spécial me M. Balmer, représentera plus de 1 milliard le temps compté, et la marge de manœuvre tal (170 millions d’euros), par endette- 40 Reviendra-t-il ? Quand ? Et dans quelles cir- d’euros, y compris le système armes extrême- fluctuante. L’année 2001 n’aura pas été bon- ment (100 millions) et par la cession constances, notamment vis-à-vis des autori- ment sophistiqué. Sur ce total, plus de 25 % ne pour les CMN, puisque les dernières livrai- d’une partie du capital autocontrôlé 35 tés judiciaires qui ont lancé contre lui un man- se transformeront directement en chiffre d’af- sons de huit patrouilleurs pour le Koweït – d’Euler (2 % sur un total de 5 %). AS ONDJ dat d’arrêt international ? « Il », c’est Iskan- faires pour CMN ; pour le reste, un accord qua- qui avaient abondamment alimenté la tréso- La nouvelle entité, Euler-Hermès, sera 2001 2002 dar Safa, 46 ans, citoyen d’origine libanaise si politique de transfert de technologie a été rerie – remontent à 2000. La salle de prières détenue à 56 % au moins par les AGF, Source : Bloomberg naturalisé français en 1999, et soupçonné signé en 2001 entre l’entreprise de Cherbourg spécialement aménagée pour les équipages qui se félicitaient, jeudi, par la voix de d’avoir tiré anormalement profit de son rôle, et le chantier naval privé d’Abou Dhabi. musulmans en formation n’est plus fréquen- leur patron Jean-Philippe Thierry, d’avoir réalisé « une opération stra- en 1988, pour la libération des otages du tée depuis deux ans. Alors, les CMN tra- tégique, créant le premier assureur crédit mondial incontesté », avec Liban.     vaillent en sous-traitance pour les paquebots 36 % du marché. Le retour de M. Safa est particulièrement Connu des experts navals militaires sous le du carnet de commandes des chantiers de  attendu à Cherbourg (Manche), aux Construc- nom de programme Baynunah (une île du gol- l’Atlantique, construisent des barges flu- tions mécaniques de Normandie (CMN). Par fe Persique), ce contrat est attendu comme viales, se positionnent pour proposer des a ELCO-BRANDT : Bruno Vendroux, 55 ans, jusqu’ici directeur l’intermédiaire de sa société Soffia, l’homme un pont d’or par les quelque 500 ouvriers et remorqueurs de haute mer, et se sont même général d’Electrolux France-Produits blancs, a annoncé, mercredi, d’affaires est l’actionnaire de référence du ingénieurs qui, depuis deux ans, n’ont plus diversifiés dans… la sculpture décorative sa démission pour prendre la présidence du directoire d’Elco Brandt. chantier naval du Nord-Cotentin, qui défraya travaillé une seule tôle pour un client mili- monumentale sous forme de pétales, en Brandt, numéro un national du gros électroménager, a été repris la chronique dans la rocambolesque histoire taire. « Ce contrat est vital pour notre entre- alliage d’aluminium. mi-janvier par l’israélien Elco après sa mise en redressement judiciaire. des vedettes de Cherbourg, il y a trente ans. prise », analyse M. Balmer, qui veut voir dans M. Balmer met aussi de grands espoirs a TYCO : le PDG du conglomérat industriel, Dennis Kozlowski, et C’est en 1992 que M. Safa rachète au groupe la remise en liberté d’un de ses chauffeurs un dans les luxueux yachts de grande plaisance, son directeur financier ont annoncé, mercredi, qu’ils achetaient cha- Rosario l’entreprise, alors dans une mauvaise signe de desserrement de l’étau judiciaire un marché en plein boom où les construc- cun 500 000 actions du groupe sur le marché, pour réaffirmer leur con- passe, le PDG, André Ravier, prenant de son autour de M. Safa dans l’affaire des otages. teurs italiens et néerlandais, redoutables fiance dans l’entreprise. côté 34 % des actions, qu’il conserve encore Mais le dilemme, tel qu’il est décrit ici à Cher- concurrents, excellent, mais où les CMN ont a PHILIP MORRIS : le conglomérat américain (cigarettes, ali- aujourd’hui. bourg, est délicat. Ou bien M. Safa revient déjà enregistré quelques succès qui font de ments, bières) a réalisé un bénéfice net de 8,9 milliards de dollars « Il reviendra dans quelques semaines, je maintenant en France, avec le risque d’être bonnes références. Dans les bureaux d’étu- en 2001, en hausse de 0,6 %. Louis Camilleri, l’actuel directeur finan- vous l’assure, affirme Pierre Balmer, qui a suc- immédiatement incarcéré avant la signature des, les ingénieurs travaillent d’arrache-pied, cier, a été désigné, mercredi, à la succession du PDG, Geoffrey Bible. cédé en octobre 2001 à André Ravier comme finale du contrat, et toutes les conséquences par exemple à un projet de mini-paquebot de a MICRON : le fabricant américain de semi-conducteurs a, après PDG du chantier. Et il ne reviendra pas sans économiques et sociales que cela implique à plus de 80 m pour un membre éminent de la deux mois de négociations, renoncé à racheter le coréen Hynix pour une bonne nouvelle. » Selon lui, M. Safa est un moment crucial ; ou bien son éloignement famille de l’émir du Qatar. Qu’il s’agisse de former le numéro un mondial des mémoires DRAM. actuellement à Abou Dhabi, où il négocie prolongé hors de France accrédite l’idée qu’il yachts avec salon Louis XVI, jacuzzi et marbre  avec le ministre de la défense des Emirats veut fuir la justice en gagnant du temps, ce de Carrare ou de patrouilleurs de combat les derniers arrangements financiers d’un qui serait très préjudiciable à sa société en ter- équipés de missiles, c’est en tout cas toujours a AOL TIME WARNER : le numéro un mondial des médias et de contrat considérable portant sur la construc- mes commerciaux et politiques, et braquerait vers les pays du golfe Arabique que les métal- l’Internet AOL Time Warner a creusé ses pertes au quatrième tri- tion de six frégates légères de 68 m. Un les juges. los de Cherbourg, anxieux, ont les yeux fixés. mestre 2001 en raison de la chute des recettes publicitaires, à contrat dont les prémisses remontent à 1998, Entre le contrat mirobolant presque en 1,822 milliard de dollars. et qui, s’il est signé définitivement avant la poche et les procédures judiciaires qui doi- François Grosrichard a CORA : le distributeur a gagné en appel, mercredi, contre Casino, en obtenant le versement d’une garantie bancaire de 61 millions d’euros dans le litige qui oppose les deux sociétés sur leur centrale d’achats commune, Opéra, a indiqué Cora mercredi. De la désobéissance comme vertu managériale a VIRGIN EXPRESS-DAT : la compagnie aérienne britannique Vir- gin Express a confirmé, mercredi, négocier une fusion avec la DAT, Un psychiatre se penche sur les rigidités des entreprises, qui inhibent les cadres l’ancienne filiale rescapée de la faillite de la compagnie belge Sabena. a LA POSTE : l’entreprise publique n’exclut pas d’entrer au capital  tes, qui, malheureusement, s’étei- N’obéissez plus !. Les deux auteurs, Les salariés, en quête de sens, de la société de transport et logistique Geodis, contrôlée à 43,3 % par gnent souvent une fois intégrées Eric Albert, psychiatre et fonda- n’ont jamais été aussi exigeants. la SNCF, a indiqué mercredi Paul-Marie Chavanne, président de Geo- N’obéissez plus ! dans la grande entreprise. teur de l’Institut français de l’anxié- Certains théoriciens du manage- Post, holding colis et logistique de La Poste. de Eric Albert et D’autres sociétés font appel à des té et du stress (IFAS), et Daniel ment, comme Peter Drucker, esti- a P & O PRINCESS : le croisiériste britannique a été l’objet, mercre- Daniel Nguyen Nohn consultants ou des intervenants en Nguyen Nhon, son collaborateur, ment qu’il faut repenser totale- di, d’une nouvelle surenchère hostile de la part de son concurrent Car- Editions d’organisation, 2001, 212 p., 20 ¤ tous genres, de préférence « atypi- possèdent un avantage de taille : ment la façon de gérer les person- nival, à deux semaines du vote des actionnaires de P & O Princess sur ques », pour tenter d’instiller l’in- en tant que consultants, ils sont en nes. « Nous sommes en train d’ap- la fusion de 4,2 milliards de livres avec Royal Caribbean. LES ENTREPRISES sont sou- novation à tous les niveaux. contact incessant avec des cadres prendre », déclarait-il dans nos  vent dans une situation paradoxa- Mais, au lieu d’aller chercher à et sont donc témoins des dysfonc- colonnes (Le Monde du 8 janvier le : d’un côté, elles veulent être l’extérieur des solutions, les entre- tionnements des entreprises. 2000). Un sujet vaste, prospectif, a EXECUTIVE LIFE : le financier américain Leon Black, et trois de compétitives et avoir en leur sein prises ne devraient-elles pas se Cependant, ils ne sont pas réelle- très peu abordé par les livres de ses associés ont été inculpés, mercredi, par le procureur général de des personnes motivées et inno- remettre en question ? Les modè- ment dans le « jeu économique », management. Californie, dans l’affaire du rachat de l’assureur Executive Life. La jus- vantes ; de l’autre, comme toute les d’organisation humaine, pen- ce qui leur donne une vraie liberté Pertinent, donc souvent déran- tice les soupçonne d’avoir participé à « une conspiration internationale organisation humaine, qui plus est sés au siècle dernier, sont-ils enco- de ton. Leur livre, pratique, décrit geant, N’obéissez plus ! recomman- visant à acquérir illégalement des actifs publics et dérober des milliards de grande taille, elles cherchent re efficaces alors que le rythme tout d’abord les dérives dans l’en- de à tous « de sortir de sa mission de dollars à l’Etat de Californie et aux assurés ». avant tout la cohésion et l’obéis- économique s’est accéléré ? Alors treprise (rôle caché des courriers de base, de résister, autrement dit a EURONEXT : tous les actionnaires de la Bolsa de Valores de Lis- sance de leurs troupes. que les nouvelles technologies per- électroniques, dérives du télépho- de sortir de l’obéissance ». Alors boa e Porto (BVLP), la Bourse du Portugal, ont accepté l’offre de Une quadrature du cercle qui mettent de diffuser l’information, ne mobile, information comme que les sociétés n’ont jamais été rachat d’Euronext, le marché franco-belgo-néerlandais. La BVLP sera explique, pour partie, les usages qui était jusqu’à présent source de enjeu de pouvoir). Il montre ensui- aussi exigeantes avec leurs collabo- intégrée au système Euronext au premier trimestre 2003 pour les actuels. Dans certains grands sec- pouvoir et de territoire, ne faut-il te comment, dans ce type d’organi- rateurs, cet ouvrage aide, en tout actions, et au troisième trimestre 2003 pour les produits dérivés. teurs (pharmacie, informatique…), pas imaginer de nouvelles rela- sation, l’individu « piégé » ne peut cas, à prendre de la distance pour a FIMATEX : la filiale de courtage en ligne de la Société générale a les groupes achètent tout bonne- tions entre manageurs et collabo- plus collaborer efficacement et mieux cheminer. enregistré une baisse de 21,5 % de son produit d’exploitation en ment des idées en faisant l’acquisi- rateurs ? donc « contribuer » à la valeur à 2001, à 63,6 millions d’euros, a-t-elle annoncé mercredi. tion de petites start-up innovan- C’est ce que propose l’ouvrage l’entreprise. Laure Belot LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/21 COMMUNICATION Le groupe Dassault entre dans le capital de la Socpresse, la maison mère du quotidien « Le Figaro » L’avionneur, éconduit en 1999, a réussi à devenir l’un des actionnaires de référence du groupe de presse de Robert Hersant. Cette première opération capitalistique désendettera l’entreprise et devrait lui permettre de racheter les parts de Carlyle dans Figaro Holding

C’ÉTAIT SON RÊVE depuis des la Socpresse, en annonçant aux vier. L’ensemble des héritiers de la ses suppléments et sa régie publici- au-dessus dans l’organigramme du Journal des finances et de Spectacle années. La deuxième tentative, participants l’imminence de cer- famille de Robert Hersant a conclu taire. C’est une revanche d’autant groupe Hersant. Son entrée dans du monde. Malgré sa première après un essai infructueux en 1999, tains changements. Depuis des une cession d’actions de la Socpres- plus importante que l’avionneur le capital va permettre de désendet- déconvenue, ses liens avec le grou- sera la bonne. Avant l’élection pré- mois, l’ouverture du capital de la se et au terme d’une augmentation n’avait pas réussi à entrer dans cet- ter le groupe de presse et surtout pe Hersant étaient restés suffi- sidentielle, l’avionneur Serge Das- Socpresse était à l’ordre du jour, de capital, le Groupe international te structure en 1999. Les actionnai- de procéder à des investissements sants pour que Philippe Hersant, sault entre dans la presse quoti- étayée par l’importance de l’endet- Marcel Dassault (GIMD) détiendra res de la Socpresse lui avaient très attendus notamment dans le patron de France Antilles, dienne par la grande porte, en pre- tement du groupe (estimé par le 30 % de la Socpresse. La famille alors préféré l’offre du fonds d’in- l’imprimerie en province. l’autre grande branche du groupe, nant 30 % du capital de la Socpres- cabinet d’audit Secafi-Alpha à Hersant conserve les 70 % et par vestissements Carlyle. Ce dernier Dans les prochains jours, Carlyle lui cède en juillet 2001 trois hebdo- se, la maison mère du Figaro. Le 2,2 milliards de francs), les pres- conséquent « le contrôle absolu de pourrait également céder sa partici- madaires régionaux en région pari- maire RPR de Corbeil-Essonnes et sions politiques ou encore la fragili- la société » affirme jeudi la direc- pation à la Socpresse. Le fonds sienne (Le Républicain de l’Esson- président du Groupe industriel té de son actionnariat (Le Monde tion du groupe, dans les pages sau- Les différentes d’investissement a de toutes ne, Toutes les nouvelles de Versailles Marcel Dassault (GIMD) entre au du 17 juillet 2001). Certains héri- mon du Figaro. façons vocation à rétrocéder sa et La Gazette du Val-d’Oise). conseil de surveillance du groupe tiers Hersant (de trois mariages, La Socpresse sera transformée et épineuses participation, même si elle est La famille Dassault et la presse, de presse qui contrôle, outre Le Robert Hersant a eu huit enfants, en société à conseil de surveillance aujourd’hui moins valorisée – la c’est une longue histoire. Fonda- Figaro, une kyrielle de quotidiens dont deux sont décédés) souhai- et directoire. Le premier, présidé successions sont conjoncture publicitaire ayant été teur du groupe spécialisé dans régionaux comme Presse-Océan, taient trouver un acquéreur pour par Philippe Hersant, est composé beaucoup moins favorable en l’aviation militaire, Marcel Das- Le Maine Libre, Le Progrès, Le Dau- céder leur participation. Le trio des de six membres choisis de la « désormais 2001 qu’en 2000 –. M. de Chaise- sault, le père de Serge, avait lancé phiné libéré ou, de façon indirecte, prétendants en « ault », François famille Hersant (Isabelle, Michel et martin a récemment précisé au Jours de France. Il en était lui- La Voix du Nord. Selon une solide Pinault, Bernard Arnault ou Serge Michèle Hersant, le mari d’une toutes réglées » Monde que Carlyle n’a pas le droit même rédacteur en chef et mettait tradition de secret, le prix de la Dassault, aurait sondé les éven- petite-fille de Robert Hersant, Lau- de sortir avant fin juin 2003 et un soin extrême à en sélectionner transaction n’a pas été dévoilé par tuels vendeurs cet été. M. de Chai- rent Guthmann et l’ancienne secré- qu’après cette date, jusqu’au les photos. En 1997, Serge Das- la direction du groupe. semartin a récemment indiqué au taire de « R.H », Joëlle Stchouroff) détient depuis juin 1999 4,9 % de 30 juin 2006, il dispose d’un droit sault avait été l’un des candidats Le microcosme bruissait de Monde que les différentes – et épi- et trois du groupe Dassault. Yves cette holding, et des obligations de préemption sur ces actions. Ce éconduits à la reprise de L’Express. rumeurs d’un réaménagament neuses – successions, notamment de Chaisemartin préside le directoi- convertibles qui lui permettent départ sera accéléré. Ses déclarations sur la chaîne LCI capitalistique depuis le 22 janvier, après le décès de Nadine Hersant, re qui rassemble quatre barons du d’atteindre 40 %. Serge Dassault, Ce nouveau statut de Serge Das- avaient quelque peu refroidi. Il date à laquelle Yves de Chaise- veuve du « papivore », « étaient groupe, Christian Grimaldi, Cyrille qui avait alors proposé 1,6 milliard sault lui permettra aussi d’acqué- avait déclaré « vouloir avoir un jour- martin, PDG du Figaro, avait repor- désormais toutes réglées ». Duval, Michel Senamaud et Denis de francs de liquidités pour pren- rir, avant l’élection présidentielle, nal ou un hebdomdaire pour expri- té de plusieurs semaines la tenue Finalement, l’accord capitalisti- Huertas, qui a été récemment nom- dre 40 % de la Figaro Holding, un rôle fondamental dans l’échi- mer [son] opinion et pour (…) répon- du comité de groupe bi-annuel de que a été scellé mercredi 30 jan- mé directeur général adjoint de la avait mal digéré que l’offre concur- quier de la presse quotidienne dre à quelques journalistes qui ont Socpresse. A titre personnel, Serge rente, pourtant moins-disante nationale. Son groupe industriel écrit de façon pas très agréable. »      Dassault prend la présidence du financièrement, ait été retenue. est déjà présent dans la radio et Cette fois, il change son discours. conseil de surveillance de Figaro Dans le nouveau schéma, le propriétaire de l’hebdomadaire Holding, qui chapeaute Le Figaro, groupe Dassault se situe un cran très libéral Valeurs actuelles, du Nicole Vulser En entrant dans le capital de la vous investir rapidement dans les 1 Socpresse, comptez-vous modi- imprimeries de province, réduire fier la ligne éditoriale du Figaro ? l’endettement ou encore envisager Non, il n’y a rien à changer dans des synergies avec vos propres Le Figaro. C’est un très bon journal. titres de presse ? Ce sera à la Socpresse d’en déci- Pensez-vous acquérir la partici- der. Les investissements, dans ce 2 pation de 4,9 % du fonds d’in- groupe de presse, sont permanents, vestissement américain Carlyle il n’y a pas de programmes particu- dans Figaro Holding, la structure liers de rénovation des imprimeries. qui chapeaute, le quotidien, ses sup- J’ai appris ainsi en entrant dans la pléments et sa régie publicitaire ? Socpresse qu’elle imprimait aussi Le groupe Dassault n’est pas des journaux comme L’Humanité. directement concerné par une telle Ca m’amuse, mais c’est bien. opération. Avec l’arrivée de Groupe Quant à l’état du groupe de pres- Industriel Marcel Dassault (GIMD) se, l’endettement a été considéra- dans la Socpresse, nous allons don- blement réduit grâce à l’excellente ner à cette dernière les moyens gestion d’Yves de Chaisemartin. d’acheter la participation de Carly- Enfin, à propos des différents maga- le. Une telle opération permettrait zines du groupe Valmonde, l’édi- à la Socpresse de retrouver 100 % teur de Valeurs actuelles, le Journal du capital de Figaro Holding, ce des Finances, Spectacle du monde et qu’elle avait avant juin 1999. Cette Jours de chasse, c’est mon fils Oli- opération, qui dépend aussi du vier qui s’en occupe. Il y aura sans fonds d’investissements Carlyle, va doute des synergies avec la Socpres- se faire. se, mais pour l’instant, Valmonde restera indépendant. Quelles seront les priorités du 3 groupe Socpresse ? Comptez- Propos recueillis par N. V. Dominique Farruggia pressenti pour diriger Canal+

DANS les prochains jours, Pierre il s’est imposé depuis l’éclatement Lescure, PDG de Groupe Canal+, de cette bande d’humoristes devrait annoncer des changements comme un producteur de films et à la direction de la chaîne cryptée. un éditeur de chaîne thématique La première victime de ces modifi- (Comédie). Ami personnel, lui aus- cations devrait être Alexandre Dru- si, de Pierre Lescure, il serait «le bigny, le directeur des program- genre de personne que Canal+ mes de la chaîne cryptée, qui, selon attend ». Notamment pour faire toute vraisemblance, n’a plus sa revenir les talents vers la chaîne place dans la nouvelle direction. cryptée, comme il a déjà su le faire, Son départ devrait s’accompagner dit-on, en favorisant le retour à d’une redéfinition des fonctions de l’antenne d’Alain Chabat dans Michel Denisot, actuel directeur l’émission-jeu « Burger Quizz ». A général délégué de la chaîne. Mal- Canal+, ses fonctions seront élar- gré un budget placé sous le signe gies. Outre la direction de l’an- des économies, ce dernier a réussi tenne, il devra définir la nouvelle à relancer la grille en clair de stratégie de la chaîne cryptée pour Canal+. Ami de longue date de regagner des abonnés et créer des Pierre Lescure, membre historique programmes attractifs qui vien- de Canal+, Michel Denisot pourrait dront diminuer l’impact financier se voir proposer de prendre la tête du football et du cinéma. du projet de chaîne sportive que Groupe Canal+ veut développer.    Alexandre Drubigny parti, Canal+ remanié ne devrait pas Michel Denisot écarté, Pierre Les- être vendu, notamment au groupe cure compte désormais s’appuyer Lagardère. Ce dernier a démenti sur un nouveau trio pour dévelop- « catégoriquement être en discus- per Canal+. Bibiane Godfroid, sion avec Vivendi pour le rachat de directrice générale adjointe de Canal+ ». Lagardère s’apprête Groupe Canal+, chargée des chaî- même à dénouer un des liens qui nes et des services, que l’on disait le rattachent au Groupe Canal+. en conflit larvé avec M. Denisot S’il conserve sa minorité de bloca- pour le contrôle de la chaîne cryp- ge (34 %) dans CanalSatellite, sa tée, la récupérerait dans son péri- sortie du capital de l’éditeur euro- mètre d’activités. Pascal Somar- péen Multithématiques, où il riba, directeur de l’antenne, débau- détient 27,4 %, est « quasiment ché il y a peu de la chaîne 13ème Rue bouclée ». pour apporter son savoir-faire mar- Deux possibilités de paiement keting à Canal+, sera confirmé. s’offraient à Lagardère : partir Toutefois, Pierre Lescure cher- avec trois des principales chaînes che encore le futur grand patron de Multithématiques (Planète, de la chaîne cryptée. Celui qui sau- Canal Jimmy et Seasons) ou rece- ra « retrouver l’ambiance des voir un gros chèque de Vivendi débuts et amener de la légèreté » à Universal. Lagardère aurait choisi Canal+. Cette perle rare devrait cette dernière solution, pour finan- avoir pour nom Dominique Farrug- cer son développement sur le gia. Animateur historique des numérique hertzien. Nuls, aux côtés d’Alain Chabat, Bruno Carette et Chantale Lauby, Guy Dutheil 22/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 LA TENDANCE financière

Les Bourses européennes La croissance américaine poignarde l’euro en perte de vitesse

L’ENSEMBLE des Bourses euro- tion de la Deutsche Bank, dont l’ac- CHRONIQUE DES MARCHÉS péennes a clôturé la séance du mer- tion a abandonné 3,48 %, à credi 30 janvier en repli après 70,70 euros. La Commerzbank a avoir, dans la journée, touché des reculé pour sa part de 1,73 %, à LE DOLLAR a bondi, mercredi 30 janvier, à la alors que le National Bureau of Economic niveaux très faibles. Cette baisse 19,28 euros. Elle avait gagné du ter- vue des données américaines sur la croissance LE COURS DE L'EURO DEPUIS 6 MOIS Research (NBER) a daté le début de la récession ne s’est pas poursuivie à Wall rain la veille en raison de rumeurs au quatrième trimestre 2001, envoyant du même en dollar américaine à mars 2001. Ces deux définitions ne Street, où les marchés ont enregis- concernant une montée en puis- coup l’euro dans ses retranchements. A 0,93 sont pas pour autant incompatibles et, par le pas- Le 31 janvier 0,86 $ tré des gains sensibles (+ 1,50 % sance du réassureur Munich Ré 0,8602 dollar au plus bas, mercredi, la monnaie 0,91 sé, c’est le diagnostic du NBER qui a été officielle- pour le Dow Jones, à dans son capital. Les analystes de unique s’est ainsi rapprochée d’un niveau qu’elle ment retenu. 9 762,86 points, et + 1,08 % pour le Fortis, qui rappellent que la ban- n’avait pas revu depuis juillet 2001. Jeudi, à 0,89 Dans une étude de décembre 2001, les écono- Nasdaq, à 1 913,44 points), ni à que va publier ses résultats prélimi- l’ouverture, l’euro s’échangeait à 0,8625 dollar. 0,87 mistes d’Exane avaient analysé les deux Tokyo (+ 0,79 %, à 9 997,80 points, naires de 2001 lundi 4 février, con- concepts. Depuis 1854, le NBER est l’organisme pour le Nikkei). seillent à leurs clients de réduire    0,85 officiel de datation des cycles économiques. Grâ- La Bourse de Francfort a été leur position sur le titre en pré- A la grande surprise de la communauté finan- AS O ND Jce à quatre critères principaux (production indus- 2001 02 l’une des plus malmenées en cours voyant sur le long terme une cière, qui prévoyait une contraction de près de Source : Bloomberg trielle, emploi, ventes réelles, revenus réels), il de séance. Son indice vedette, le retombée du cours à 18,50 euros. 1 % du produit intérieur brut aux Etats-Unis, le identifie le mois où l’activité a atteint un point DAX, est descendu à la mi-journée A la Bourse de Paris, qui s’est PIB a progressé de 0,2 % en rythme annuel, haut et celui où elle a atteint un creux. « L’avan- en dessous du seuil de 5 000 points repliée de 1,54 %, à après avoir reculé de 1,3 % les trois mois précé- tage du concept NBER est de situer avec plus de (– 1,95 %, à 4 985,42 points), avant 4 407,27 points, une grande partie dents. Appuyant le discours optimiste qu’avait      souplesse et de précision les cycles, estiment les de se rattraper pour finir à du mouvement a été provoqué par prononcé une semaine auparavant le président Moins surprenante, en revanche, a été la déci- experts d’Exane. La définition usuelle se révèle sou- 5 052,20 points, avec une perte de la chute de 5,25 %, à 36,1 euros, du de la Réserve fédérale (Fed), Alan Greenspan, sion de la Fed de ne pas modifier ses taux d’inté- vent excessivement rigide. Un trimestre de baisse seulement 0,64 %. Le marché a été cours de France Télécom, plus for- devant le Sénat, cette première estimation rêt à l’issue de la réunion de son comité monétai- du PIB suivi d’un simple rebond technique, puis à secoué par les valeurs bancaires, te baisse des valeurs du CAC 40. Le publiée mercredi par le département du com- re, mercredi. Dans un communiqué, la banque nouveau d’une contraction, ne correspond pas à après l’annonce de la réorganisa- marché a mal accepté la découver- merce a relancé l’espoir d’un redressement de centrale a indiqué : « Alors que les forces restrei- cette définition formelle d’une récession. Par exem- te d’une option de vente conclue l’économie aux Etats-Unis. Sur l’ensemble de gnant l’économie commencent à diminuer, que ple en 1960, il y eut une baisse du PIB au deuxième avec E.ON sur une partie du capi- l’année 2001, le PIB a néanmoins enregistré sa les perspectives à long terme de croissance de la trimestre, un chiffre légèrement positif au troisième INDICE DAX tal d’Orange, qui pourrait lui coû- plus faible progression depuis 1991, avec une productivité restent favorables et que la politique trimestre, puis une nouvelle baisse au quatrième tri- Depuis un mois ter à terme 1 milliard d’euros. hausse de 1,1 %. La fermeté de l’économie au monétaire est souple, les perspectives de reprise mestre. Il n’y a donc pas eu formellement de réces- Les valeurs des médias ont elles quatrième trimestre a en fait résulté de la pro- économique sont devenues plus prometteuses. » sion. Le NBER, quant à lui, a retenu une récession 5 350 Le 30 janv. 5 052 aussi été chahutées : TF1 a été la gression des dépenses de consommation et des La Fed a néanmoins relevé la persistance de ris- de dix mois (entre avril 1960 et février 1961). » seconde plus forte baisse de l’indi- administrations publiques, qui a permis de com- ques à court terme « en raison des incertitudes De façon identique, relève Exane, en 1974, où 5 250 ce avec une chute de 5,23 %, à penser la liquidation record des stocks des entre- pesant sur le degré de fermeté des investissements la définition formelle ne retient que trois trimes- 26,28 euros, à la suite de l’annonce prises et la faiblesse de leurs investissements, a des entreprises et des dépenses des ménages », tres de récession (entre le troisième de 1974 et le d’une baisse de 16 % de son résul- précisé le département du commerce. Au qua- indiquant ainsi qu’elle n’exclut pas d’avoir premier de 1975), le NBER retient une période 5 150 tat net provisoire en 2001 et en trième trimestre, les dépenses publiques ont aug- recours à une baisse des taux pour donner un plus longue : « En fait, les tendances récessives l’absence de prévisions pour 2002. menté de 9,2 % – leur plus forte hausse depuis le dernier coup de pouce à la croissance. avaient commencé dès le troisième trimestre 1974, M6, qui affiche une hausse de troisième trimestre 1986 –, et la consommation mais elles avaient été par la suite entrecoupées de 5 050 12,2 % de son résultat net provisoi- a crû de 5,4 %, un gain inégalé depuis les trois      rebonds ou reprises éphémères, constatent ces éco- re en 2001, a perdu de son côté premiers mois de 2000 qui s’explique par une La récession américaine a-t-elle été évitée ? nomistes. Le NBER a donc opté pour une récession 4 950 2 %, à 27,88 euros. progression des ventes automobiles encoura- Les Etats-Unis n’ont pas connu deux trimestres de seize mois (entre novembre 1973 et avril 1975). » 271015 18 23 28 30 gées par les crédits à taux zéro proposés par les consécutifs de contraction du PIB, qui est la défi- Janvier 2002 Source : Bloomberg C. Pme constructeurs. nition technique de ce phénomène économique, Cécile Prudhomme

Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER LES BOURSES DANS LE MONDE 31/1, 9h40 cours 2002 2002 cours 2002 2002 Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER ROYAUME-UNI FTSE 100 index 5113,80 31/1 0,48 5323,80 4/1 5089,30 30/1 19,07 cours 2002 2002 ASIE-OCÉANIE FTSE techMark 100 index 1332,70 31/1 1,05 1552,00 4/1 1318,90 30/1 AUSTRALIE All ordinaries 3404,00 31/1 0,88 3404,00 31/1 3331,20 18/1 18,39 SUÈDE OMX 764,35 31/1 1,24 869,45 4/1 754,97 30/1 UNION EUROPÉENNE CHINE ShanghaÏ B 142,71 31/1 9,84 169,02 4/1 126,23 28/1 ALLEMAGNE DAX Index 5080,72 31/1 0,56 5318,73 4/1 4984,20 16/1 13,55 EUROPE Shenzhen B 1342,01 31/1 10,04 1553,20 7/1 1209,13 28/1 15,92 Euro Neu Markt Price IX 1101,53 31/1 1,00 1205,43 9/1 1090,62 30/1 13,01 HONGRIE Bux 7884,66 30/1 -0,27 8096,88 25/1 7123,33 2/1 CORÉE DU SUD Composite 748,07 31/1 -0,18 780,24 28/1 708,47 18/1 AUTRICHE Austria traded 1163,01 31/1 -0,15 1165,62 29/1 1114,42 9/1 11,02 ISLANDE ICEX 15 1248,37 31/1 0,00 1255,17 18/1 1148,47 3/1 HONGKONG Hang Seng 10725,30 31/1 -0,29 11892,64 7/1 10741,46 24/1 16,10 BELGIQUE Bel 20 2754,30 31/1 0,59 2810,67 24/1 2622,36 14/1 12,69 POLOGNE WSE Wig 15748,80 30/1 -1,28 16311,60 25/1 13995,24 2/1 7,65 All ordinaries 4670,91 31/1 -0,29 5097,20 7/1 4665,50 24/1 DANEMARK Horsens Bnex 258,75 31/1 0,74 272,94 3/1 256,84 30/1 12,77 RÉP. TCHÈQUE Exchange PX 50 418,80 31/1 0,82 422,10 28/1 387,80 2/1 10,56 INDE Bombay SE 30 3329,51 31/1 0,93 3437,78 8/1 3246,15 1/1 13,73 ESPAGNE Ibex 35 8097,40 31/1 0,97 8554,70 3/1 7800,30 14/1 15,79 RUSSIE RTS 283,68 30/1 -3,58 301,45 22/1 267,70 3/1 12,05 ISRAËL Tel Aviv 100 433,76 31/1 0,95 470,05 6/1 427,83 28/1 FINLANDE Hex General 8477,13 31/1 2,31 9036,08 4/1 7902,93 21/1 15,95 SUISSE Swiss market 6245,70 31/1 0,54 6416,40 11/1 6212,40 30/1 16,80 JAPON Nikkei 225 9997,80 31/1 0,79 10942,36 7/1 9919,48 30/1 20,70 FRANCE CAC 40 4439,58 31/1 0,73 4682,79 4/1 4407,27 30/1 17,37 TURQUIE National 100 12781,31 31/1 1,93 14999,51 7/1 12514,98 29/1 Topix 971,77 31/1 0,73 1055,14 7/1 964,75 30/1 Mid CAC 2027,81 30/1 -0,76 2051,78 11/1 1939,27 2/1 15,12 AMÉRIQUES MALAISIE KL composite 714,60 31/1 0,65 710,00 30/1 682,83 2/1 SBF 120 3075,50 31/1 0,72 3224,08 4/1 3053,50 30/1 17,38 ARGENTINE Merval 454,26 30/1 6,86 470,55 21/1 323,69 2/1 8,57 NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 764,32 31/1 0,01 764,47 25/1 742,00 3/1 SBF 250 2877,81 30/1 -1,41 3028,35 4/1 2877,81 30/1 16,85 BRÉSIL Bovespa 12532,33 30/1 0,25 14378,59 7/1 12501,06 29/1 6,62 SINGAPOUR Straits Times 1779,00 31/1 1,33 1772,90 28/1 1625,69 2/1 12,79 Indice second marché 2362,97 30/1 -0,26 2377,35 11/1 2299,52 2/1 17,26 CANADA TSE 300 7548,83 30/1 -0,24 7870,25 7/1 7548,83 30/1 13,80 TAÏWAN Weighted 5872,14 31/1 1,02 6007,33 28/1 5488,33 16/1 Indice nouveau marché 1102,16 31/1 1,23 1170,00 7/1 1086,98 21/1 CHILI Ipsa 97,14 30/1 -0,50 101,71 4/1 96,18 16/1 13,66 THAÏLANDE Thaï SE 343,44 31/1 0,89 340,40 30/1 305,19 2/1 GRÈCE ASE Général 2595,87 30/1 -1,12 2646,38 4/1 2502,18 16/1 11,59 ÉTATS-UNIS Dow Jones ind. 9762,86 30/1 1,50 10259,74 4/1 9618,24 29/1 26,82 AFRIQUE IRLANDE Irish Overall 5294,73 31/1 1,32 5665,18 7/1 5225,75 30/1 14,45 Nasdaq composite 1913,44 30/1 1,08 2059,38 4/1 1882,53 22/1 AFRIQUE DU SUD All shares 10258,10 31/1 0,47 10900,30 11/1 10210,20 30/1 11,37 ITALIE Milan Mib30 32153,00 31/1 0,78 32622,00 3/1 31244,00 16/1 15,47 Nasdaq 100 1538,94 30/1 1,29 1675,03 4/1 1501,78 22/1 50,53 CÔTE D'IVOIRE BVRM 73,14 30/1 -0,58 77,39 2/1 73,14 30/1 LUXEMBOURG LuxX Index 1129,04 30/1 -0,20 1169,48 14/1 1115,25 3/1 8,45 Wilshire 5000 10425,43 29/1 -1,48 10932,32 4/1 10317,71 29/1 PAYS-BAS Amster. Exc. Index 498,60 31/1 0,68 507,64 28/1 487,96 14/1 13,97 Standard & Poor's 500 1113,57 30/1 1,17 1172,51 4/1 1100,64 29/1 23,66 PER - Price Earning Ratio (ou ratio cours/bénéfice) : cours de cloture divisé par les bénéfices (dernières don- nées connues, sur douze mois). PORTUGAL PSI 20 7653,90 30/1 -1,00 7958,46 4/1 7606,60 14/1 8,77 MEXIQUE IPC 6750,80 30/1 -0,63 6872,44 28/1 6388,27 14/1 n/d : valeur non disponible.

EUROPE JEUDI 31 JANVIER 9h40 FRANCFORT TOKYO NEW YORK INDICES CARREFOUR...... FR...... 56,35...... 0,45 30/1 : 123 millions de titres échangés 31/1 : 672 millions de titres échangés Séance du 30/1 Philip Morris ...... 49,57 ...... -0,44 SECTEURS EURO STOXX DAIMLERCHRYSLER...... AL...... 47,53 .....-0,04 Valeur Cours de clôture %var. Valeur Cours de clôture %var. NYSE Procter & Gamble...... 78,29...... 0,99 Indice % var. DEUTSCHE BANK N ...... AL...... 70,86...... 0,23 SBC Comm...... 36,30...... 0,55 Meilleures performances Meilleures performances 1 966 millions de titres échangés AUTOMOBILE ...... 222,45...... 0,27 DT TELEKOM N...... AL...... 16,72...... 0,00 MICROLOGICA...... 0,25 ...... 19,05 CECILE CO LTD...... 1580,00 ...... 14,49 Valeur Cours de clôture %var. Rexas Instruments...... 30,72...... 2,54 BANQUES...... 360,29...... 0,35 E.ON AG...... AL...... 58,40...... 0,29 United Technologies ...... 65,96 ...... -0,06 PULSION MEDIC SYST...... 2,36 ...... 15,12 TEIJIN SEIKI ...... 248,00 ...... 13,24 3M ...... 109,87...... 1,12 PRODUITS DE BASE ...... 260,78...... 0,77 ENDESA...... ES...... 17,16...... 1,18 Wal Mart Stores...... 59,75...... 3,18 WIZCOM TECHNOL...... 0,58 ...... 11,54 ASHIKAGA BANK...... 133,00 ...... 12,71 AIG...... 71,29 ...... -2,13 CHIMIE...... 284,45 .....-0,19 ENEL ...... IT ...... 6,60...... 0,78 Walt Disney ...... 21,40 ...... -1,61 CARRIER ONE ...... 1,10...... 5,77 FUJI KOSAN...... 103,00 ...... 11,96 ALCOA ...... 34,25 ...... -1,47 TÉLÉCOMMUNICATIONS ...... 305,61...... 1,25 ENI ...... IT...... 15,09...... 0,46 SUNWAYS...... 4,19...... 4,75 JANOME SEWING...... 69,00 ...... 11,29 America Online ...... 26,40 ...... -1,12 NASDAQ CONSTRUCTION...... 203,19...... 0,39 FORTIS ...... NL...... 26,75...... 0,94 ORAD HI-TEC SYS ...... 3,55...... 4,72 FUJI KIKO...... 208,00...... 9,47 America Express...... 35,30...... 2,50 2 067 millions de titres échangés CONSOMMATION CYCLIQUE...... 148,38...... 0,58 FRANCE TELECOM...... FR...... 36,65...... 1,52 MEDIASCAPE COMM ...... 3,33...... 4,06 CANON SYSTEM...... 658,00...... 8,40 ATT ...... 17,45 ...... -2,02 Valeur Cours de clôture %var. PHARMACIE...... 430,11...... 0,64 DANONE ...... FR...... 131,80...... 0,38 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances Boeing...... 40,00 ...... -0,57 Altera Corporation...... 25,48...... 5,68 ÉNERGIE ...... 338,70...... 0,50 ING GROEP...... NL...... 29,03...... 0,83 P & T TECHNOLOGY...... 8,35 ...... -9,24 FUJITA CORP ...... 20,00 ...... -9,09 Bristol Myers...... 44,93 ...... -0,42 Amazon.com Inc...... 13,90 ...... -2,25 SERVICES FINANCIERS...... 277,90...... 0,22 L OREAL...... FR...... 78,75...... 0,38 CAMELOT ...... 0,91 ...... -8,08 OPTEC DAIICH DEN...... 41,00 ...... -8,89 Caterpillar ...... 50,20...... 1,01 Amgen Inc...... 55,04...... 0,99 ALIMENTATION ET BOISSON ...... 240,55...... 0,34 L.V.M.H...... FR...... 45,52 .....-0,59 IFCO SYSTEMS...... 0,86 ...... -7,53 KOMATSU CONST...... 105,00 ...... -8,70 Citigroup...... 47,50...... 1,69 Applied Materials Inc...... 43,16...... 4,48 BIENS D'ÉQUIPEMENT ...... 232,57...... 0,84 MUENCH. RUECK N ...... AL...... 275,70...... 0,92 NEUE SENTIME FILM...... 3,10 ...... -7,46 UEKIGUMI ...... 164,00 ...... -7,87 Coca Cola...... 43,85 ...... -0,34 Bed Bath & Beyond...... 33,68...... 3,22 ASSURANCES...... 305,23...... 0,58 NOKIA ...... FI...... 26,77...... 3,24 PROSIEBEN SAT 1 ...... 4,60 ...... -7,44 ARABIAN OIL...... 672,00 ...... -7,82 Colgate ...... 56,10...... 1,04 Cisco Systems, Inc...... 19,34...... 1,74 MEDIAS ...... 283,44...... 0,66 PHILIPS KON ...... NL...... 31,65...... 1,12 POET HOLDINGS A ...... 1,33 ...... -6,99 OKK CORP...... 63,00 ...... -7,35 Compaq ...... 11,99...... 6,86 Comcast Corporation ...... 35,46 ...... -0,06 BIENS DE CONSOMMATION...... 280,10...... 0,17 PINAULT-PR RED...... FR...... 120,70 .....-0,17 VECTRON SYSTEMS AG ...... 1,47 ...... -6,96 MARUWN...... 177,00 ...... -7,33 Dow Chemical ...... 28,44...... 1,39 Concord EFS, Inc...... 28,36...... 2,35 COMMERCE ET DISTRIBUTION.....242,36...... 0,65 REPSOL YPF ...... ES...... 13,82...... 0,73 Du Pont...... 43,11...... 1,72 Dell Computer Corporation ...... 27,57...... 1,40 HAUTE TECHNOLOGIE ...... 407,00...... 2,44 ROYAL DUTCH...... NL...... 56,75...... 0,62 Eastman Kodak ...... 28,52...... 3,26 eBay Inc...... 57,70 ...... -2,73 SERVICES COLLECTIFS ...... 272,79...... 0,25 RWE ST A...... AL...... 42,72...... 0,16 Endesa...... 14,82 ...... -0,07 Flextronics Inter. Ltd ...... 21,99 ...... -2,09 SAINT-GOBAIN ...... FR...... 164,40...... 1,23 LONDRES PARIS Exxon Mobil...... 38,69...... 1,95 Gemstar...... 19,14...... 3,40 SAN PAOLO-IMI...... IT...... 11,32...... 0,36 LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXX 30/1 : 1440 millions de titres échangés 30/1 : 152 millions de titres échangés Ford Motor...... 14,87 ...... -0,34 Genzyme general...... 44,46 ...... -2,26 SANOFI-SYNTHELAB ...... FR...... 77,75...... 1,17 Code Cours % var. Valeur Cours de clôture %var. Valeur Cours de clôture %var. General Electric ...... 26,84...... 2,99 Immunex Corporation ...... 27,68...... 1,43 SIEMENS N ...... AL...... 70,70...... 1,43 pays /préc. Meilleures performances Meilleures performances General Motors ...... 50,36...... 1,92 Intel Corporation ...... 33,86...... 3,61 SOCIETE GENERALE...... FR...... 66,65...... 0,76 ABN AMRO HLDGS...... NL...... 19,81...... 0,35 INNOGY HOLDINGS ...... 2,02...... 1,89 BAINS MER MONACO ...... 179,40...... 5,65 Gillette...... 32,62...... 2,74 Intuit Inc...... 39,41...... 0,36 SUEZ...... FR...... 33,05 .....-0,42 AEGON NV...... NL...... 27,42...... 0,62 BAA PLC...... 6,22...... 1,88 CS COMM & SYS ...... 8,40...... 5,26 Hewlett Packard ...... 21,96...... 4,87 JDS Uniphase Corporation ...... 6,98...... 0,29 TELECOM ITALIA...... IT ...... 9,32...... 0,40 AHOLD KON...... NL...... 29,34...... 0,20 HANSON PLC...... 4,49...... 1,87 MAUREL ET PROM...... 18,80...... 3,28 Home Depot ...... 49,07...... 4,40 Linear Technology...... 41,91...... 5,49 TELEFONICA...... ES...... 13,69...... 1,41 AIR LIQUIDE...... FR...... 156,00...... 0,77 REUTERS GROUP...... 5,77...... 1,84 VICAT...... 60,70...... 4,03 Honeywell ...... 32,96...... 6,67 Maxim Int. Products, Inc...... 56,76...... 4,53 TIM ...... IT ...... 5,77...... 0,63 ALCATEL...... FR...... 17,90...... 4,07 GALLAHER GROUP PLC ...... 4,95...... 1,23 ALTADIS SA ``A``...... 18,69...... 2,86 IBM...... 105,55...... 2,48 Microsoft Corporation ...... 62,85...... 0,85 TOTAL FINA ELF ...... FR...... 161,60...... 1,57 ALLIANZ AG...... AL...... 260,75...... 0,50 MARKS AND SPENCER...... 3,75...... 1,22 NORBERT DENTRES...... 24,50...... 2,64 Int. Paper...... 41,35...... 0,85 Oracle Corporation...... 16,62...... 0,73 UNICREDITO...... IT ...... 4,52...... 0,16 GENERALI ASS...... IT...... 30,55...... 0,26 BOC GROUP...... 10...... 1,21 AIR LIQUIDE ...... 154,90...... 2,45 Johnson&Johnson ...... 57,20...... 0,03 Paychex ...... 35,89...... 5,43 UNILEVER CER ...... NL...... 64,20...... 0,39 AVENTIS...... FR...... 79,70...... 0,82 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances JP Morgan ...... 33,06...... 3,15 PeopleSoft, Inc...... 32,15 ...... -3,80 VIVENDI UNIVERS ...... FR...... 51,50...... 0,68 AXA...... FR...... 21,60 .....-1,06 CABLE WIRELESS UK ...... 2,67 ...... -7,77 ETABL. ADT...... 10,00 ...... -9,09 Lucent...... 6,55...... 1,24 Qualcomm Inc...... 44,69...... 3,50 VOLKSWAGEN AG...... AL...... 54,57...... 0,59 BASF AG...... AL...... 44,68...... 0,40 ROLLS-ROYCE PLC...... 1,57 ...... -5,42 USINOR ...... 12,82 ...... -4,86 McDonalds ...... 26,99...... 2,78 Siebel ...... 35,66...... 2,09 BAYER AG ...... AL...... 36,85 .....-0,14 ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa- ICI LTD ...... 3,71 ...... -4,48 FRANCE TELECOM...... 36,10 ...... -5,25 Merck ...... 58,84...... 2,29 Sun Microsystems, Inc...... 10,87...... 2,16 HYPOVEREINSBANK...... AL...... 35,27 .....-0,37 gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem- MMO2...... 0,77 ...... -3,77 TF1...... 26,28 ...... -5,23 Motorola...... 13,40 ...... -0,37 Veritas Software Corporation .....43,11 ...... -6,59 bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE BBVA ...... ES...... 13,34...... 1,06 (Belgique), GR (Grèce). FRIENDS PROVIDENT ...... 1,97 ...... -3,74 OBERTHUR CRD SYS...... 7,34 ...... -5,90 Nortel...... 11,20...... 0,54 WorldCom, Inc...... 9,85 ...... -5,29 BSCH...... ES ...... 9,18...... 1,27 HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE INVENSYS PLC ...... 1,11 ...... -3,7 VIVENDI UNIVERS ...... 51,10 ...... -4,93 Pepsico...... 48,67...... 2,36 Xilinc, Inc...... 44,46...... 5,73 BNP PARIBAS ...... FR...... 105,30...... 0,76 (Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark). ROYAL AND SUN ALLI...... 3,42 ...... -3,66 ALLIANZ N ...... 258,90 ...... -4,92 Pfizer ...... 41,25...... 0,66 Yahoo ! Inc...... 17,19 ...... -5,45

MARCHÉ DES CHANGES 31/1, 9h40 TAUX TAUX COURANTS OR MÉTAUX Cours % var. Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S. TAUX D’INTÉRÊT LE 31/1 Taux de base bancaire...... 6,60 % JEUDI 31 JANVIER 9h40 JEUDI 31 JANVIER 9h40 Cours Taux Taux Taux Taux Taux des oblig. des sociétés privées ...... 5,05 % % var. LONDRES($) j. le j. 3 mois 10 ans 30 ans NEW YORK Taux d’intérêt légal ...... 4,26 % OR FIN KILO BARRE ...... 10400,00...... 0,78 ALUMINIUM COMPTANT...... 1335,00...... -0,84 ($) 0,75200 0,86270 1,41230 0,58580  TOKYO 3,32 3,31 5,03 5,32 OR FIN LINGOT...... 10470,00...... 1,16 ALUMINIUM À 3 MOIS...... 1363,50...... 0,04 (¥) 132,95000 114,65000 187,75000 77,83000 - 3,62 3,97 4,95 4,62 Crédit immobilier à taux fixe ONCE D’OR EN DOLLAR...... 281,50...... 1,30 CUIVRE COMPTANT...... 1501,50...... -0,29  PARIS ¤ 3,32 3,31 5,22 5,59 taux effectif moyen ...... 6,29 % PIÈCE 20 FR. FRANÇAIS...... 59,10...... 0,34 CUIVRE À 3 MOIS...... 1532,75...... 0,11 ( ) 1,15900 0,87140 1,63710 0,67880  usure ...... 8,39 % LONDRES 3,32 3,32 4,95 5,25 PIÈCE 20 FR. SUISSE ...... 59,50...... 1,02 ÉTAIN COMPTANT ...... 3817,50...... -0,69 (£) 0,70770 0,53220 0,61070 0,41450  0,01 0,04 1,48 2,67 Crédit immobilier à taux variable PIÈCE UNION LAT. 20...... 59,10...... 0,85 ÉTAIN À 3 MOIS ...... 3877,50...... -0,32 - effectif moyen...... 6,25 % ZURICH (FR. S.) 1,70680 1,28330 1,47270 2,41080 1,85 1,81 5,01 5,50 PIÈCE 10 US$...... 204,50...... 0,00 NICKEL COMPTANT...... 6025,00...... -1,07  1,08 1,52 3,56 4,03 usure ...... 8,33 % PIÈCE 20 US$...... 378,75...... 0,00 NICKEL À 3 MOIS ...... 5961,25...... 0,36 Crédit consommation (- de 10 000 francs) PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS...... 387,25...... 1,11 PLOMB COMPTANT...... 479,50...... -0,37 taux effectif moyen ...... 15,67 % PLOMB À 3 MOIS...... 491,00...... -0,20 LE COURS DE L'EURO EURO à 6 mois EURO à 5 jours usure...... 20,89 % ZINC COMPTANT...... 765,25...... -0,75 MARCHÉS À TERME LE 31/1, 9h40 Crédit renouvelable, découverts Achat Vente Echéance Premier Dernier Contrats ZINC À 3 MOIS...... 788,50...... -0,44 taux effectif moyen ...... 12,71 % 0.8772 0.8614 prix prix ouverts DENRÉES NEW YORK($)  ...... 7,4280...... 7,4285  usure...... 16,95 % 0.92 JEUDI 31 JANVIER 9h40 Cours % var. ARGENT À TERME...... 428,60...... 0,00  ...... 7,8255...... 7,8305  40 . 31/1 4440,00 4443,00 442858 Crédit consommation (+ 10 000 francs) 0.8740 PLATINE À TERME...... 450,00...... -1,25  ...... 9,1740...... 9,1790 0.91  . 18/3 88,68 88,80 3341 taux effectif moyen ...... 8,49 % BLÉ ($ CHICAGO) ...... 286,25...... 0,35    . 50 ...... 31,9370...... 31,9670 0.89 0.8709 15/3 3698,00 3679,00 769719 usure...... 11,32 % CACAO ($ NEW YORK) ...... 1367,00...... 1,79  ...... 1,6995...... 1,7010  CAFE (£ LONDRES)...... 380,00...... 5,26 0.88 0.8677 Crédit aux entreprises (+ de 2 ans)  ...... 1,3669...... 1,3688  10  7/3 107,47 107,47 704346 COLZA (¤ PARIS) ...... 243,25...... -1,12    moyenne taux variable ...... 5,95 % PÉTROLE ...... 6,7275...... 6,7295 0.87 0.8646 MAÏS ($ CHICAGO)...... 206,25...... 0,12 usure taux variable ...... 7,93 % Cours % var.  -...... 2,0796...... 2,0823  3 . 18/2 17707 ORGE (£ LONDRES)...... 65,90...... 5,44 JEUDI 31 JANVIER 9h40 0.86 0.8614 moyenne taux fixe ...... 6,31 %   ...... 243,3700 ...... 243,8700   JUS D’ORANGE ($ NEW YORK)...... 86,05...... -0,46 BRENT Dtd ...... 19,18...... 0,79 usure taux fixe...... 8,41 %  ...... 27740,0000..27821,0000 JAOON J J 24 30   14/3 9775,00 9759,00 26708 SUCRE BLANC (£ LONDRES)...... 229,10...... -0,39 WTI Cushing...... 19,08...... -0,99 ...... 26,5000...... 26,5200 2002 Janvier .  ' 14/3 1115,50 1115,50 476089 (Taux de l’usure : taux maximum légal) SOJA TOURT. ($ CHICAGO)...... 429,50...... 0,41 LIGHT SWEET CRUDE (futures) .....19,20...... 0,63 LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/23 MARCHÉS FRANÇAIS

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code PREMIER MARCHÉ cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam F.F.P...... ◗...... 97,00...... 97,10...... -0,10 ...... 0,05...... 129,00...... 71,00 .....1,80...... 6478 SALVEPAR ...... 55,40...... 55,00 ...... 0,73 ...... 9,45 ...... 68,90...... 47,00 .....3,05 ...12435 VALEURS FRANÇAISES FAURECIA ...... ◗...... 58,55...... 58,80...... -0,34...... -0,34 ...... 69,10...... 32,30 .....0,91 ...12114 SANOFI-SYNTHELAB...... ◗...... 78,10...... 76,90 ...... 1,43...... -8,23 ...... 86,50...... 52,60 .....0,44 ...12057 JEUDI 31 JANVIER 10h38 FIMALAC SA (L.Bo ...... ◗...... 42,80...... 43,00...... -0,47 ...... 6,70 ...... 45,90...... 30,00 .....0,90...... 3794 SCHNEIDER ELECTR ...... ◗...... 52,00...... 51,35 ...... 1,27...... -4,91 ...... 79,20...... 38,10 .....1,60 ...12197 Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code FINAXA ...... 76,00...... 79,00...... -3,80...... -0,19...... 130,00...... 60,00 .....2,20...... 3313 SCOR S.A...... ◗...... 35,00...... 34,90 ...... 0,29...... -1,44 ...... 58,20...... 24,47 .....1,70 ...13030 cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam FONC.LYONNAISE ...... 26,80...... 26,80...... n/d ...... 0,37 ...... 33,70...... 22,65 .....0,85...... 3340 SEB ...... ◗...... 73,00...... 74,00...... -1,35 .....18,12 ...... 75,50...... 39,11 .....1,90 ...12170 ACCOR ...... ◗...... 40,73...... 40,62...... n/d...... -0,51 ...... 52,40...... 25,72 .....1,00 ...12040 FONCIERE PIM NV ...... n/d...... 68,00...... n/d...... n/d ...... 70,00...... 56,00 .....2,06...... 7368 SEITA ...... 48,26...... 48,50...... n/d ...... 0,62 ...... 48,80...... 39,77 .....2,65 ...13230 AFFINE ...... n/d...... 37,15...... n/d...... n/d ...... 39,76...... 29,16 .....4,02...... 3610 FRANCE TELECOM ...... ◗...... 36,82...... 36,10...... n/d....-19,60...... 101,60...... 27,00 .....1,00 ...13330 SELECTIBAIL ...... n/d...... 16,05...... n/d...... n/d ...... 16,60...... 13,45 .....1,56 ...12599 AGF ...... ◗...... 52,70...... 52,25 ...... 0,86...... -3,06 ...... 72,79...... 41,70 .....2,00 ...12592 FROMAGERIES BEL ...... n/d...... 96,20...... n/d...... n/d...... 111,00...... 74,48 .....2,22 ...12185 SIDEL ...... 31,50...... 32,00...... -1,56....-36,00 ...... 53,00...... 30,25 .....1,00 ...13060 AIR FRANCE ...... ◗...... 17,95...... 17,87 ...... 0,50 ...... 8,70 ...... 27,01...... 8,70 .....0,22...... 3112 GALER.LAFAYETTE ...... ◗ ....141,00.....140,90...... -0,28...... -7,85...... 215,00 ....105,50 .....0,60 ...12124 SILIC ...... 156,20.....156,00 ...... 0,13...... -0,51...... 175,00 ....149,13 .....6,68...... 5091 AIR LIQUIDE ...... ◗ ....156,70.....154,90 ...... 1,10...... -1,59...... 177,00 ....130,10 .....3,00 ...12007 GAUMONT ...... 39,99...... 39,90 ...... 0,23...... -3,16 ...... 56,60...... 22,90 .....0,57...... 3489 SIMCO ...... ◗...... 77,45...... 77,45...... -0,06...... -0,06 ...... 82,05...... 67,60 .....2,60 ...12180 ALCATEL ...... ◗...... 17,93...... 17,20 ...... 4,07....-10,42 ...... 72,35...... 11,34 .....0,48 ...13000 GECINA ...... ◗...... 92,30...... 91,80 ...... 0,54 ...... 0,33...... 107,00...... 80,00 .....3,34 ...13151 SKIS ROSSIGNOL ...... 14,10...... 14,00...... n/d...... -3,31 ...... 16,87...... 12,00 .....0,28 ...12041 ALCATEL OPTRONIC ...... 8,10 ...... 7,85 ...... 3,18 ...... 1,68 ...... 65,00...... 4,50 .....0,10 ...13015 GENERALE SANTE ...... 15,80...... 15,70 ...... 0,64 ...... 9,33 ...... 20,59...... 13,20...... n/d...... 4447 SOC IM DE FRANCE ...... n/d...... 22,10...... n/d...... n/d ...... 24,40...... 19,25 .....0,30 ...12037 ALSTOM ...... ◗...... 13,21...... 13,24...... -0,23 ...... 6,00 ...... 36,00...... 11,46 .....0,55 ...12019 GEOPHYSIQUE ...... ◗...... 38,95...... 39,30...... -0,87 .....11,49 ...... 82,50...... 30,80 .....1,06 ...12016 SOCIETE GENERALE ...... ◗...... 67,35...... 66,15 ...... 1,44 ...... 5,25 ...... 75,50...... 42,30 .....2,10 ...13080 ALTRAN TECHNOLOG...... ◗...... 52,30...... 51,80 ...... 0,97 ...... 2,07 ...... 82,47...... 34,10 .....0,14...... 3463 GFI INFORMATIQUE ...... ◗...... 12,00...... 12,00 ...... 0,00...... -0,41 ...... 31,50...... 8,00 .....0,15...... 6337 SODEXHO ALLIANCE ...... ◗...... 45,72...... 45,60 ...... 0,44...... -5,02 ...... 60,10...... 41,00 .....0,55 ...12122 ARBEL ...... 4,00 ...... 3,85 ...... 3,90 .....24,19 ...... 11,00...... 2,60 .....0,53...... 3588 GRANDVISION ...... ◗...... 17,90...... 17,30...... n/d .....13,44 ...... 24,00...... 12,76 .....0,25...... 5297 SOPHIA ...... ◗...... 31,06...... 31,75...... -0,16 ...... 5,20 ...... 33,99...... 28,10 .....1,52 ...12077 ATOS ORIGIN ...... ◗...... 84,45...... 83,50 ...... 0,90 .....13,53...... 112,70...... 56,20 .....1,83...... 5173 Groupe GASCOGNE ...... n/d...... 77,00...... n/d...... n/d ...... 93,00...... 65,00 .....3,00 ...12441 SOPRA GROUP ...... ◗...... 47,24...... 46,57 ...... 1,57 .....20,15 ...... 86,80...... 24,50 .....0,62...... 5080 AVENTIS ...... ◗...... 80,80...... 79,00 ...... 2,28...... -0,94 ...... 94,75...... 65,20 .....0,50 ...13046 GROUPE PARTOUCHE ...... 65,50...... 65,05...... n/d....-12,39 ...... 83,50...... 45,15 .....1,68...... 5354 SR.TELEPERFORMAN...... ◗...... 26,60...... 26,40...... n/d .....12,34 ...... 42,69...... 11,80 .....0,15...... 5180 AXA ...... ◗...... 21,55...... 21,80...... n/d...... -7,12 ...... 39,80...... 16,40 .....0,55 ...12062 GROUPE ZANNIER ...... n/d...... 79,95...... n/d...... n/d ...... 96,23...... 57,64 .....0,73 ...12472 SUCR.PITHIVIERS ...... n/d.....385,00...... n/d...... n/d...... 444,69 ....280,53...12,00...... 3331 B.T.P. (LA CIE) ...... n/d ...... 1,16...... n/d...... n/d...... n/d ...... n/d...... n/d...... 3360 GUYENNE ET GASC...... ◗...... 85,50...... 85,90...... -0,47 ...... 1,06 ...... 94,15...... 66,40 .....1,30 ...12028 SUEZ ...... ◗...... 33,36...... 33,19...... n/d...... -2,38 ...... 39,28...... 29,46 .....0,66 ...12052 BACOU-DALLOZ ...... 87,00...... 86,40 ...... 0,64...... -1,82...... 119,10...... 64,20 .....0,90...... 6089 HAVAS ADVERTISIN ...... ◗...... 8,48 ...... 8,30 ...... 2,17 ...... 2,09 ...... 18,50...... 5,30 .....0,17 ...12188 TAITTINGER ...... n/d.....134,00...... n/d...... n/d...... 182,45 ....116,50 .....2,32...... 3720 BAIL INVESTISSEM...... 128,90.....128,30...... n/d ...... 5,95...... 134,00 ....108,10 .....7,16 ...12018 IMERYS EX IMETAL ...... ◗ ....116,70.....114,20...... n/d ...... 5,94...... 127,00...... 84,05 .....3,60 ...12085 TECHNIP-COFLEXIP...... ◗ ....140,90.....139,40 ...... 1,15...... -7,07...... 187,00...... 95,90 .....3,30 ...13170 BAZAR LHOTEL VIL ...... n/d.....137,80...... n/d...... n/d...... 152,80 ....105,00 .....3,00 ...12547 IMMOB.MARSEILL...... n/d ..3357,00...... n/d...... n/d...... 3545,00 ..2350,00...63,12...... 3770 TF1 ...... ◗...... 27,00...... 26,28 ...... 2,93...... -7,43 ...... 62,73...... 18,51 .....0,65...... 5490 BEGHIN-SAY ...... ◗...... 43,01...... 43,00 ...... 0,09 ...... 5,39 ...... 43,95...... 29,70...... n/d...... 4455 IMMOBANQUE ...... n/d.....124,00...... n/d...... n/d...... 155,00 ....102,50...10,67...... 3517 THALES ex TH-CSF ...... ◗...... 37,08...... 37,30 ...... 0,40...... -3,74 ...... 55,00...... 36,35 .....0,62 ...12132 BIC ...... ◗...... 39,20...... 39,26...... -0,15 ...... 2,35 ...... 47,60...... 32,20 .....0,58 ...12096 INFOGRAMES ENTER...... ◗...... 14,10...... 13,66 ...... 3,29 ...... 5,51 ...... 23,04...... 4,96...... n/d...... 5257 THOMSON MULTIMED .....◗...... 34,31...... 34,22...... n/d...... -0,81 ...... 58,90...... 17,25...... n/d ...18453 BNP PARIBAS ...... ◗ ....105,70.....104,70 ...... 0,86 ...... 4,18...... 109,70...... 72,80 .....2,25 ...13110 INGENICO ...... ◗...... 25,43...... 24,90...... n/d .....10,18 ...... 36,75...... 18,53 .....0,10 ...12534 THOMSON S.A. PAR ...... n/d.....155,00...... n/d...... n/d...... 157,00 ....142,65...10,28 ...14004 BOLLORE ...... ◗ ....240,00.....240,90...... -0,37 ...... 0,29...... 259,69 ....178,14...11,00 ...12585 ISIS ...... n/d.....149,50...... n/d...... n/d...... 179,90...... 75,95 .....2,40 ...12000 TOTAL FINA ELF...... ◗ ....161,60.....159,10 ...... 1,45...... -0,81...... 179,80 ....126,00 .....3,30 ...12027 BOLLORE INVEST ...... 52,00...... 51,60...... n/d ...... 0,49 ...... 56,75...... 39,90 .....0,20...... 3929 JC DECAUX SA ...... ◗...... 12,30...... 12,25 ...... 0,41...... -2,39 ...... 17,20...... 5,20...... n/d...... 7791 TRANSICIEL ...... ◗...... 35,67...... 34,00 ...... 4,91...... -1,99 ...... 61,60...... 21,61 .....0,50...... 6271 BONGRAIN ...... n/d...... 45,11...... n/d...... n/d ...... 46,90...... 32,50 .....1,40 ...12010 KAUFMAN & BROAD ...... 18,19...... 18,00 ...... 1,06 ...... 9,09 ...... 24,10...... 12,76 .....0,82 ...12105 UBI SOFT ENTERT...... ◗...... 37,78...... 36,95 ...... 2,25...... -1,47 ...... 49,00...... 22,20...... n/d...... 5447 BOUYGUES ...... ◗...... 34,40...... 34,11 ...... 0,91...... -7,31 ...... 59,50...... 23,00 .....0,36 ...12050 KLEPIERRE ...... ◗ ....111,00.....111,50...... -0,45 ...... 3,91...... 111,50...... 95,00 .....2,75 ...12196 UNIBAIL ...... ◗...... 56,30...... 56,60...... -0,53...... -0,79 ...... 66,00...... 48,71 .....1,67 ...12471 BOUYGUES OFFSHOR...... ◗...... 41,70...... 40,60 ...... 2,71 ...... 1,37 ...... 62,80...... 31,80 .....1,10 ...13070 L OREAL ...... ◗...... 78,95...... 78,55 ...... 0,51...... -2,90 ...... 92,10...... 64,00 .....0,44 ...12032 UNILOG S.A...... ◗...... 74,65...... 73,00 ...... 2,26 ...... 6,80...... 119,45...... 45,40 .....0,39...... 3466 BULL ...... ◗...... 1,10 ...... 1,07...... n/d....-13,01 ...... 4,98...... 0,49...... n/d...... 5260 L.V.M.H...... ◗...... 45,38...... 45,79...... -1,03 ...... 0,20 ...... 75,50...... 28,40 .....0,75 ...12101 USINOR ...... 12,90...... 12,82 ...... 0,62...... -6,15 ...... 15,72...... 7,27 .....0,56...... 4513 BURELLE ...... n/d...... 57,10...... n/d...... n/d ...... 79,90...... 47,42 .....0,50...... 6113 LAFARGE ...... ◗...... 99,60...... 98,05 ...... 1,58...... -6,53...... 114,00...... 74,00 .....2,20 ...12053 VALEO ...... ◗...... 47,53...... 47,33 ...... 0,42 ...... 5,65 ...... 58,31...... 30,02 .....1,35 ...13033 BUSINESS OBJECTS...... ◗...... 45,35...... 43,55 ...... 4,13 .....15,98 ...... 59,43...... 18,86...... n/d ...12074 LAGARDERE ...... ◗...... 44,57...... 44,12...... n/d...... -6,13 ...... 72,00...... 29,40 .....0,78 ...13021 VALLOUREC ...... ◗...... 57,00...... 56,00 ...... 1,70 ...... 5,16 ...... 74,00...... 38,15 .....1,30 ...12035 C.E.G.I.D...... 83,80...... 83,10 ...... 0,84 ...... 6,06...... 123,60...... 65,60 .....2,00 ...12470 LAPEYRE ...... ◗ ...... n/d...... 51,10...... n/d...... n/d ...... 64,65...... 31,50 .....1,08 ...13051 VICAT ...... 60,55...... 60,10 ...... 0,75 ...... 1,86 ...... 70,23...... 47,90 .....0,95...... 3177 C.F.F.RECYCLING...... 42,05...... 42,90...... -1,98 ...... 7,25 ...... 50,00...... 32,01 .....1,30...... 3905 LEBON ...... 51,45...... 50,00 ...... 2,90...... -0,40 ...... 61,65...... 42,50 .....2,30 ...12129 VINCI ...... ◗...... 68,00...... 68,00 ...... 0,00 ...... 3,26 ...... 75,90...... 55,03 .....1,65 ...12548 C.G.I.P...... ◗...... 37,31...... 37,71...... -1,06 ...... 0,56 ...... 60,99...... 22,70 .....1,00 ...12102 LEGRAND ...... 167,00.....170,00...... -1,76 .....18,06...... 262,00 ....115,00 .....1,87 ...12061 VIVARTE ...... 135,00.....134,00 ...... 0,75 ...... 4,28...... 139,90 ....110,00 .....1,98 ...13041 CANAL + ...... ◗...... 3,70 ...... 3,70 ...... 0,00 ...... 3,35 ...... 4,05...... 3,15 .....0,15 ...12546 LEGRIS INDUSTRIE ...... ◗...... 20,50...... 20,00 ...... 2,50...... -9,09 ...... 57,50...... 17,20...20,20 ...12590 VIVENDI ENVIR ...... ◗...... 38,00...... 37,99 ...... 0,03 ...... 1,41 ...... 50,75...... 35,27 .....0,55 ...12414 CAP GEMINI ...... ◗...... 79,00...... 77,50 ...... 2,06...... -4,44...... 209,80...... 49,00 .....1,20 ...12533 LIBERTY SURF ...... 3,30 ...... 3,40...... -2,94 .....19,30 ...... 10,15...... 1,76...... n/d...... 7508 VIVENDI UNIVERS ...... ◗...... 51,35...... 51,10 ...... 0,29....-16,91 ...... 82,00...... 40,22 .....1,00 ...12777 CARBONE-LORRAINE ...... ◗...... 30,05...... 29,85 ...... 0,67...... -0,50 ...... 51,84...... 23,50 .....1,06...... 3962 LOCINDUS ...... 127,00.....127,00 ...... 0,00 ...... 0,79...... 135,00 ....103,50...10,18 ...12135 WANADOO ...... ◗...... 6,18 ...... 6,18...... -0,16 ...... 9,77 ...... 10,50...... 3,58...... n/d ...12415 CARREFOUR ...... ◗...... 56,85...... 56,10 ...... 1,34...... -3,94 ...... 70,35...... 42,32 .....0,50 ...12017 LOUVRE(STE DU) ...... 61,50...... 61,90...... n/d...... -1,43...... 108,51...... 49,80 .....1,24...... 3311 WORMS &CIE ...... 19,40...... 19,50...... -0,51 ...... 0,00 ...... 22,42...... 14,41 .....0,50...... 6336 CASINO ...... ◗...... 79,40...... 79,20...... -0,38...... -8,60...... 111,61...... 74,60 .....1,33 ...12558 LUCIA ...... n/d...... 11,07...... n/d...... n/d ...... 15,00...... 10,35...... n/d...... 3630 ZODIAC ...... ◗...... 22,10...... 21,79...... -0,18 ...... 9,37 ...... 29,30...... 11,72 .....0,52 ...12568 CASTORAMA DUBOIS ...... ◗...... 57,90...... 57,75 ...... 0,17...... -0,17 ...... 72,10...... 41,50 .....0,71 ...12420 MARINE-WENDEL ...... ◗...... 68,20...... 69,00...... -1,16 ...... 1,47...... 112,00...... 38,00 .....2,20 ...12120 ...... CEREOL ...... ◗...... 28,94...... 28,88 ...... 0,31 ...... 1,51 ...... 31,65...... 20,15...... n/d...... 4456 MATUSSIERE&FORES ...... 8,90 ...... 9,01...... -1,22 ...... 1,35 ...... 9,85...... 6,01 .....0,10...... 6057 ...... CERESTAR ...... ◗...... 32,41...... 32,40 ...... 0,00 ...... 5,19 ...... 34,00...... 18,70...... n/d...... 4457 MAUREL ET PROM ...... 19,20...... 18,90 ...... 1,59 .....21,94 ...... 19,50...... 9,81 .....0,91...... 5107 ...... CHARGEURS ...... 67,85...... 67,55 ...... 0,44...... -9,87 ...... 86,40...... 60,00 .....2,13 ...13069 METALEUROP ...... 4,45 ...... 4,33 ...... 2,77 .....40,58 ...... 6,75...... 2,48...... n/d ...12038 CHRISTIAN DIOR ...... ◗...... 34,70...... 34,92...... -0,60 ...... 1,31 ...... 52,90...... 20,50 .....0,78 ...13040 MICHELIN ...... ◗...... 41,25...... 41,00 ...... 0,61 .....10,66 ...... 43,50...... 23,84 .....0,80 ...12126 VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO ALTADIS SA ``A`` ...... ◗...... 18,66...... 18,69...... -0,16...... -2,04 ...... 19,75...... 12,91 .....0,56 ...12975 CIC ...... 122,00.....122,50...... -0,41 ...... 1,66...... 126,50 ....108,00 .....2,29 ...12005 MONTUPET S.A...... 14,43...... 14,43 ...... 0,00 .....38,35 ...... 24,12...... 8,61 .....0,17...... 3704 ◗ CIMENTS FRANCAIS...... ◗...... 47,99...... 47,97...... -0,35...... -0,06 ...... 54,90...... 37,00 .....1,40 ...12098 NATEXIS BQ POP ...... ◗...... 90,30...... 90,50...... -0,22...... -6,60...... 102,00...... 86,00 .....2,50 ...12068 AMADEUS GLOBAL ...... 7,27 ...... 7,18 ...... 1,25 ...... 9,28 ...... 9,27...... 4,01 .....0,09 ...12823 ◗ ◗ BASF ...... ◗ ...... n/d...... 44,16...... n/d...... n/d ...... 50,15...... 28,81 .....1,30 ...12807 CLARINS ...... 63,30...... 63,75...... -0,16 ...... 0,55 ...... 80,90...... 55,10 .....0,98 ...13029 NEOPOST ...... 36,00...... 36,05...... -0,14 .....10,18 ...... 37,00...... 22,10...... n/d ...12056 ◗ CLUB MEDITERRANE ...... ◗...... 47,80...... 47,52 ...... 0,48 .....15,90...... 106,56...... 25,77 .....1,00 ...12156 NEXANS ...... ◗...... 18,91...... 18,85 ...... 0,32 .....16,29 ...... 30,50...... 12,60...... n/d...... 4444 BAYER ...... 36,84...... 36,65 ...... 0,52 ...... 4,39 ...... 56,45...... 23,62 .....1,40 ...12806 ◗ COMPLETEL EUROPE ...... ◗...... 1,05 ...... 1,05 ...... 0,00...... -9,48 ...... 7,88...... 0,47...... n/d...... 5728 CNP ASSURANCE ...... 34,17...... 34,02 ...... 0,44...... -4,71 ...... 43,65...... 29,70 .....1,08 ...12022 NORBERT DENTRES ...... 24,70...... 24,50...... n/d ...... 9,62 ...... 24,85...... 15,00 .....0,40...... 5287 ◗ COFACE ...... ◗...... 48,60...... 47,50 ...... 1,89 ...... 0,21...... 116,90...... 38,05 .....1,75 ...12099 NORD-EST ...... n/d...... 27,00...... n/d...... n/d ...... 29,38...... 23,23 .....0,94 ...12055 DEUTSCHE BANK ...... 70,95...... 70,80 ...... 0,21....-10,78...... 103,93...... 43,32 .....1,30 ...12804 ◗ DEXIA ...... ◗...... 16,75...... 16,40 ...... 2,13 ...... 1,23 ...... 19,20...... 13,12 .....0,32 ...12822 COFLEXIP ...... 151,70.....154,50...... n/d...... -2,83...... 198,00 ....130,00 .....1,16 ...13064 NRJ GROUP ...... 20,39...... 19,85 ...... 3,22...... -5,21 ...... 33,98...... 11,16 .....0,15 ...12169 ◗ COLAS ...... n/d...... 63,05...... n/d...... n/d ...... 70,85...... 55,00 .....2,13 ...12163 OBERTHUR CRD SYS...... ◗...... 7,70 ...... 7,40 ...... 4,05....-17,32 ...... 21,50...... 3,95...... n/d ...12413 EADS ...... 12,89...... 12,85 ...... 0,31...... -5,79 ...... 25,07...... 9,14 .....0,38...... 5730 ◗ EQUANT ...... ◗...... 13,60...... 13,30 ...... 2,26...... -1,19 ...... 22,39...... 8,10...... n/d ...12701 CONTINENTAL DENT...... 44,50...... 44,50 ...... 0,00...... -0,45 ...... 51,00...... 35,06 .....2,00...... 3664 ORANGE ...... 8,43 ...... 8,32...... n/d....-18,27 ...... 12,00...... 6,10...... n/d...... 7919 ◗ CREDIT AGRICOLE ...... ◗...... 18,65...... 18,60 ...... 0,43 ...... 4,55 ...... 18,99...... 17,50...... n/d...... 4507 OXYGENE EXT.ORIE...... n/d.....360,00...... n/d...... n/d...... 437,50 ....305,00...14,68...... 3117 EURONEXT ...... 20,78...... 20,63 ...... 0,73...... -2,92 ...... 23,10...... 12,70...... n/d...... 5777 ◗ ◗ GEMPLUS INTL ...... ◗...... 2,59 ...... 2,54 ...... 1,97....-10,56 ...... 9,90...... 1,93...... n/d...... 5768 CREDIT LYONNAIS ...... 37,17...... 37,24...... -0,19...... -0,69 ...... 46,33...... 33,35 .....0,65 ...18420 PECHINEY A ...... 59,15...... 60,10...... n/d ...... 3,80 ...... 68,65...... 30,04 .....0,81 ...13290 ◗ CREDIT.FONCIER F ...... 14,93...... 14,75...... n/d ...... 1,44 ...... 15,50...... 8,58 .....0,58 ...12081 PECHINEY B ...... n/d...... 55,00...... n/d...... n/d ...... 65,10...... 30,10 .....3,31...... 3640 NOKIA AB ...... 26,85...... 25,91 ...... 3,63...... -9,72 ...... 47,90...... 13,55 .....0,28...... 5838 ◗ PHILIPS ROYAL ...... ◗...... 31,68...... 31,06 ...... 2,00...... -6,11 ...... 45,40...... 16,75 .....0,36 ...13955 CS COMM & SYS ...... n/d ...... 8,40...... n/d...... n/d ...... 30,03...... 4,43 .....0,84...... 7896 PENAUILLE POLYSV...... 44,85...... 43,85 ...... 2,28 .....11,01 ...... 77,67...... 23,40 .....0,28...... 5338 ◗ DAMART S.A...... n/d...... 80,90...... n/d...... n/d ...... 86,95...... 72,10 .....3,80 ...12049 PERNOD RICARD ...... ◗...... 85,05...... 84,70 ...... 0,41...... -1,72 ...... 88,12...... 65,89 .....1,60 ...12069 ROYAL DUTCH ...... 57,10...... 55,90 ...... 1,61...... -1,32 ...... 72,68...... 43,80 .....1,62 ...13950 ◗ ◗ SIEMENS AG ...... ◗...... 70,15...... 69,30 ...... 1,23...... -5,49...... 103,79...... 34,37 .....1,00 ...12805 DANONE ...... 132,10.....131,30 ...... 0,61...... -4,16...... 163,30 ....124,90 .....1,90 ...12064 PEUGEOT S.A...... 45,40...... 45,20 ...... 0,44...... -5,34 ...... 58,27...... 35,40 .....0,83 ...12150 ◗ DASSAULT AVIATIO...... 313,10.....315,00...... -0,60...... -0,63...... 325,00 ....208,50 .....6,20 ...12172 PINAULT-PR RED ...... ◗ ....120,70.....120,90...... -0,33....-16,39...... 235,30...... 97,05 .....2,18 ...12148 STMICROELECTRON...... 36,05...... 35,32 ...... 2,07...... -2,02 ...... 52,41...... 18,88...... n/d ...12970 ◗ TELEFONICA ...... ◗...... 13,73...... 13,57 ...... 1,18...... -8,75 ...... 20,91...... 9,41 .....0,18 ...12811 DASSAULT SYSTEME...... 54,10...... 53,70...... n/d...... -0,56 ...... 76,95...... 29,50 .....0,31 ...13065 PLASTIC OMNIUM ...... 70,15...... 70,00 ...... 0,21 .....18,64...... 122,00...... 52,25 .....2,00 ...12457 ◗ DEV REG NORD PDC ...... n/d...... 14,80...... n/d...... n/d ...... 15,50...... 13,50 .....0,55 ...12423 PROVIMI ...... ◗...... 22,00...... 22,01...... n/d ...... 3,24 ...... 23,78...... 10,21...... n/d...... 4458 UNILEVER NV ...... 64,30...... 63,60 ...... 1,10...... -3,49 ...... 70,87...... 53,29 .....1,45 ...13953 DEVEAUX S.A...... 69,40...... 69,70...... -0,43....-13,42 ...... 89,20...... 50,30 .....4,20...... 6100 PSB INDUST...... n/d...... 86,85...... n/d...... n/d ...... 90,00...... 67,22 .....3,50...... 6032 ◗ VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EURO DMC ...... 7,70 ...... 7,78...... -1,03 ...... 3,87 ...... 17,90...... 4,09 .....0,46 ...12133 PUBLICIS GPESA ...... 28,65...... 28,25 ...... 1,24...... -5,04 ...... 39,27...... 15,83 .....0,20 ...13057 ERICSSON...... ◗...... 4,85 ...... 4,79 ...... 1,25....-20,96 ...... 13,60...... 3,21 .....0,16 ...12905 ◗ DYNACTION ...... 28,56...... 28,60...... -0,14 ...... 6,32 ...... 30,80...... 17,30 .....0,50 ...13035 REMY COINTREAU ...... 26,90...... 26,80 ...... 0,19 ...... 7,76 ...... 44,40...... 18,36 .....0,90 ...13039 GENERAL ELECTR...... ◗...... 42,87...... 40,70 ...... 5,33....-11,79 ...... 61,01...... 29,99 .....1,19 ...12943 ◗ ◗ EIFFAGE ...... 79,25...... 78,45 ...... 1,72 .....14,69 ...... 79,47...... 55,00 .....2,09 ...13045 RENAULT ...... 44,25...... 43,75 ...... 1,03 .....10,45 ...... 64,00...... 26,01 .....0,91 ...13190 HSBC HOLDING...... ◗...... 12,89...... 12,71 ...... 1,97...... -4,58 ...... 16,72...... 9,03 .....0,00 ...12976 ◗ ELECT & EAUX MAD...... 24,35...... 24,00 ...... 1,46 ...... 6,67 ...... 24,90...... 18,18 .....2,91...... 3571 REXEL ...... 61,00...... 60,30 ...... 1,16...... -8,57 ...... 91,00...... 46,01 .....1,61 ...12595 IBM...... ◗ ....122,70.....118,80 ...... 3,28....-15,02...... 141,90...... 86,87 .....0,28 ...12964 ◗ ◗ ELIOR ...... 9,39 ...... 9,20 ...... 2,17 .....14,14 ...... 15,91...... 5,73 .....0,07 ...12127 RHODIA ...... 10,28...... 10,20...... n/d .....13,59 ...... 17,00...... 5,01 .....0,40 ...12013 KINGFISHER ...... ◗...... 6,43 ...... 6,43 ...... 0,00 ...... 2,39 ...... 6,83...... 3,86 .....0,00 ...22046 ENTENIAL ...... 29,20...... 29,00...... n/d .....14,40 ...... 37,80...... 24,00 .....0,40 ...12093 ROCHETTE (LA) ...... n/d...... 11,90...... n/d...... n/d ...... 12,35...... 5,70 .....0,18 ...12580 MERCK & COMPANY...... ◗...... 68,20...... 67,65 ...... 1,11...... -0,22 ...... 98,31...... 55,14 .....0,91 ...12909 ERAMET ...... n/d...... 32,10...... n/d...... n/d ...... 47,80...... 22,00 .....1,30 ...13175 ROUGIER ...... n/d...... 57,15...... n/d...... n/d ...... 71,90...... 50,00 .....3,05...... 3764 NESTLE SA NOM...... ◗ ....249,60.....249,20 ...... 0,40 ...... 4,27...... 253,00 ....200,50...15,52 ...13911 ◗ ◗ ESSILOR INTERNAT ...... 34,29...... 33,20 ...... 3,28...... -2,21 ...... 35,80...... 25,00 .....0,39 ...12166 ROYAL CANIN ...... 141,80.....141,80 ...... 0,00 ...... 5,43...... 143,50...... 90,40 .....1,10...... 3153 PHILIP MORRIS ...... ◗...... 57,40...... 58,10...... -1,03 .....10,67 ...... 59,14...... 39,86 .....1,19 ...12928 ESSO ...... 83,00...... 83,50...... -0,60 ...... 4,11 ...... 89,60...... 61,31 .....8,25 ...12066 RUE IMP DE LYON ...... 1602,00 ..1605,00...... -0,19 ...... 3,55...... 1970,00 ..1260,00...21,19 ...12400 SCHLUMBERGER ...... ◗...... 62,65...... 60,80 ...... 3,04...... -4,85 ...... 87,10...... 44,59 .....0,55 ...12936 ◗ ◗ EULER ...... 45,55...... 43,49 ...... 4,74 ...... 2,33 ...... 60,00...... 35,00 .....1,40 ...12130 S.P.I.R. COMMUN...... 78,30...... 78,40...... n/d ...... 0,51 ...... 90,20...... 42,65 .....3,00 ...13173 SONY CORP...... ◗...... 50,90...... 50,45 ...... 1,68...... -2,23 ...... 97,90...... 35,17 .....0,00 ...12903 EURAZEO ...... ◗...... 59,75...... 60,00...... -0,42...... -6,18 ...... 83,60...... 44,20 .....0,48 ...12112 SADE ...... n/d...... 46,80...... n/d...... n/d ...... 50,60...... 44,21 .....2,15 ...12431 ◗ ◗ Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection. EURO DISNEY SCA ...... 1,17 ...... 1,16 ...... 0,00 .....31,82 ...... 1,21...... 0,51 .....0,04 ...12587 SAGEM ...... 70,00...... 70,20...... -0,28 ...... 2,11...... 157,90...... 28,33 .....0,60...... 7327 ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). EUROTUNNEL SA ...... ◗...... 1,05 ...... 1,03 ...... 1,94...... -8,85 ...... 1,39...... 0,55...... n/d ...12537 SAINT-GOBAIN ...... ◗ ....165,40.....163,00 ...... 1,23...... -3,83...... 180,00 ....128,20 .....4,30 ...12500 Plus haut et plus bas : cours maximum et minimum depuis le 1/1/2001. n/d : valeur non disponible.

Fi System #...... 1,70 ...... -9,09 Info Realite # ...... 1,01 ...... -5,61 NOUVEAU MARCHÉ La tete ds nuages...... 1,05 ...... -8,70 SECOND MARCHÉ Union Tech.Infor...... 1,40 ...... -4,76 Titus Inter.BS99...... 1,03 ...... -8,04 Stallergenes ...... 19,05 ...... -4,75 30/1 : 20,43 millions d'euros échangés Ixo...... 0,48 ...... -7,69 30/1 : 29,74 millions d'euros échangés Assystem #...... 20,00 ...... -4,72 Valeur Cours de clôture %var. Staci # ...... 1,17 ...... -7,14 Valeur Cours de clôture %var. ICOM Informatique...... 3,90 ...... -4,65 Meilleures performances IB Group.Com ...... 2,42 ...... -6,56 Meilleures performances Pinguely Haulotte...... 11,57 ...... -4,22 Alpha Mos bon sous...... 0,40 ...... 42,86 Dalet # ...... 2,17 ...... -5,65 Tonna Electro.Ny#...... 7,45 ...... 19,97 PCAS #...... 22,05 ...... -4,13 Ipsos bs00...... 1,36 ...... 23,64 Plus forts volumes d'échange Netra Systems ...... 3,45 ...... 15,00 Plus forts volumes d'échange Guyanor Action B...... 0,22 ...... 15,79 Avenir Telecom # ...... 1,51 ...... -3,21 Petit Bateau...... 15,70 ...... 13,77 Algeco # ...... 1,40...... 0,97 Orchestra Kazibao...... 1,00 ...... 14,94 Belvedere...... 23,50...... 0,00 Cora Industries #...... 16,78 ...... 11,13 Alten (SVN) #...... 16,61 ...... -0,54 Intercall Reduct...... 14,70 ...... 14,84 Brime Techno. # ...... 31,50 ...... -3,82 Cocoon nom...... 0,62...... 8,77 Bonduelle ...... 49,23...... 1,30 Net2S # ...... 3,17 ...... 12,41 Cerep...... 18,40 ...... -0,27 Sasa Industrie # ...... 25,83...... 8,35 Cegedim # ...... 55,00...... 0,00 Cybersearch...... 1,93...... 6,63 Devoteam # ...... 18,59...... 5,93 Sport Elec SA...... 16,85...... 7,39 Fininfo...... 32,00 ...... -1,20 Coheris Atix...... 9,95...... 6,08 Direkt Anlage Bk...... 13,00 ...... -5,45 Hotels de Paris...... 9,60...... 6,67 GFI Industries #...... 21,00...... 0,00 Devoteam # ...... 18,59...... 5,93 Genesys #...... 12,00...... 1,69 Ales Gpe ex.Phyto# ...... 25,50...... 6,03 Gifi...... 20,70...... 2,99 Bac Majestic...... 3,06...... 5,15 Highwave optical...... 2,92 ...... -1,35 Louis Dreyfus Cit#...... 14,50...... 5,76 Hermes intl...... 176,80...... 2,26 Consors France ...... 2,59...... 4,02 Ilog # ...... 16,29 ...... -5,29 XRT SA#...... 1,12...... 5,66 Ioltech...... 136,20...... 0,29 Barbara Bui #...... 13,00...... 4,00 Info Vista ...... 4,50 ...... -1,10 Augros CP.#...... 7,50...... 5,63 Labeyrie ...... 61,40 ...... -0,97 DMS # ...... 13,49...... 3,69 Ipsos #...... 68,30...... 0,15 Solving #...... 34,65...... 5,00 LVL Medical Gpe ...... 32,50...... 3,54 Olitec...... 10,93...... 3,60 Medidep #...... 24,05 ...... -0,41 Parcours ...... 7,24...... 4,93 M6-Metr.TV act.div ...... 27,88 ...... -2,00 Plus mauvaises performances Net2S # ...... 3,17 ...... 12,41 Plus mauvaises performances Manitou # ...... 72,20 ...... -2,43 IDP ...... 1,75...... -41,47 Nicox #...... 48,00 ...... -1,01 Ermo ...... 6,21 ...... -9,87 Manutan Inter...... 32,00...... 0,00 Telecom City #...... 1,80...... -30,50 Prosodie # ...... 27,36...... 0,59 CGF Gallet # ...... 9,03 ...... -8,70 Pierre Vacances #...... 70,00...... 0,86 Soft Computing # ...... 4,50...... -16,36 Rigiflex Intl. # ...... 20,60 ...... -2,55 IEC Profes.Media #...... 1,30 ...... -7,80 Pinguely Haulotte...... 11,57 ...... -4,22 High bon de sous...... 4,00...... -15,79 Soi Tec Silicon # ...... 23,40 ...... -2,17 Supervox (B)...... 0,62 ...... -7,46 Rallye (Ly)...... 50,30 ...... -1,37 Aufeminin.Com ...... 1,16...... -14,71 Telecom City #...... 1,80...... -30,50 Cider Sante SA # ...... 22,00 ...... -6,78 Rodriguez Group # ...... 64,65 ...... -1,60 Gpe Enverg.Conseil...... 0,60...... -11,76 Valtech...... 2,33 ...... -0,85 Leon Bruxelles ...... 1,50 ...... -6,25 Sasa Industrie # ...... 25,83...... 8,35 Acteos...... 2,27...... -11,67 Wavecom #...... 36,15...... 1,54 Cibox Inter. nom...... 0,33 ...... -5,71 Solving #...... 34,65...... 5,00

ÉCUR. INVESTISS. D...... 52,48....0,81.....-0,40 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 17,29....0,23.....-0,91 CIC OBLI. CT TERME C...... 34,36....0,03...... 0,11 ST-HONORÉ CONVERT...... 339,20....0,25.....-0,26 POSTE PREMIÈRE 2-3...... 9198,54...-0,07.....-0,31 SICAV ET FCP ÉCUR. MONÉTAIRE C ...... 225,08....0,00...... 0,21 OPTALIS ÉQUILIB. C ...... 18,70....0,05.....-0,58 CIC OBLI. CT TERME D...... 26,36....0,04.....-2,87 ST-HONORÉ FRANCE...... 55,51...-1,94.....-1,06 PRIMIEL EURO C...... 55,26....0,22...... 3,47 ÉCUR. MONÉTAIRE D ...... 187,49....0,01...... 0,21 OPTALIS ÉQUILIB. D...... 17,01....0,41.....-0,64 CIC OBLI. LG TERME C...... 15,47...-0,06...... 0,06 ST-HONORÉ PACIFIQUE...... 74,30...-1,42.....-5,50 REVENUS TRIMESTR...... 786,75...-0,08.....-0,24 SÉLECTION ÉCUR. OBLI. INTER. D...... 178,49...-0,04...... 1,17 OPTALIS EXPANSION C ...... 14,64...-0,14.....-1,54 CIC OBLI. LG TERME D...... 15,28...-0,07...... 0,06 ST-HON. TECH. MEDIA ...... 108,60...-3,50.....-0,73 SOLSTICE D ...... 361,81...-0,03.....-0,19 Dernier cours connu le 30/1 à 23h ÉCUR. TECHNOLOGIES C .....39,12...-0,03...... 0,23 OPTALIS EXPANSION D...... 14,29...-0,07.....-1,51 CIC OBLI. MONDE...... 136,47....0,03.....-0,07 ST-HONORÉ VIE SANTÉ .....371,48...-1,33.....-1,72 THÉSORA C ...... 188,86...-0,13.....-0,35 Valeur Cours % var. % var. en euro /préc. 31/12 ÉCUR. TRIMESTRIEL D...... 272,86....0,07.....-0,28 OPTALIS SÉRÉNITÉ C...... 17,91...-0,06.....-0,22 CIC OR ET MAT ...... 116,29....1,25...... 8,33 ST-HON. WORLD LEAD...... 92,09...-2,66.....-1,45 THÉSORA D...... 157,66...-0,13.....-0,35 ÉPARCOURT-SICAV D ...... 28,44...-0,14.....-0,21 OPTALIS SÉRÉNITÉ D ...... 15,73...-0,06.....-0,25 CIC ORIENT ...... 168,38...-2,21...... 8,82 Fonds communs de placements TRÉSORYS C ...... 47828,31....0,01...... 0,30 GÉOPTIM C...... 2341,21....0,07.....-0,04 PACTE SOL. LOGEM...... 76,78...-0,29.....-0,24 CIC PIERRE...... 34,09...-0,32...... 0,61 WEB INTERNATIONAL...... 27,30....0,11...... 4,59 Fonds communs de placements Fonds communs de placements PACTE SOL. TIERS MOND. ...81,78...-0,28.....-0,24 UNION AMERIQUE ...... 381,16 -13,06.....-1,14 DÉDIALYS FINANCE ...... 84,03....0,89...... 1,49 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 25,76...-2,87 ....-0,67 ÉCUR. ÉQUILIBRE C...... 37,61....0,19.....-0,18 Fonds communs de placements DÉDIALYS MULTI-SECT...... 63,74....0,60...... 0,14 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 25,44...-0,43...... 0,51 ÉCUR. PRUDENCE C...... 34,59...-0,03.....-0,05 CIC EURO OPPORTUN...... 31,48....0,38...... 1,58 DÉDIALYS SANTÉ...... 90,14...-1,70.....-0,41 ÉCUREUIL VITALITÉ C ...... 40,92....0,37...... 0,24 CIC EUROPEA C ...... 10,12...-2,50.....-2,07 DÉDIALYS TECHNOLOGIES ..34,41....0,15.....-2,58 CIC EUROPEA D ...... 9,86...-2,57.....-2,03 STRAT. IND. EUROPE...... 197,98...-1,48.....-1,73 DÉDIALYS TÉLÉCOM ...... 41,59...-5,22.....-7,62 EURCO SOLIDARITÉ ...... 225,06...-0,19.....-0,15 CIC FRANCEVALOR C...... 36,26...-2,26.....-1,09 Fonds communs de placements OBLITYS INSTITUTION. C.....98,54...-0,19.....-0,29 MONELION JOUR C ...... 493,72....0,01...... 0,24 CIC FRANCEVALOR D...... 36,26...-2,26.....-1,09 STRATÉGIE CAC...... 5760,02...-1,43.....-1,91 POSTE EUROPE C ...... 92,60...-0,18.....-0,16 ANTIN OBLI. MT C...... 153,95....0,01 ....-0,39 MONELION JOUR D...... 415,79....0,01...... 0,24 CIC GLOBAL C...... 240,13...-1,42.....-0,91 STRATÉGIE INDICE USA...9266,25...-3,60...... 1,55 POSTE EUROPE D...... 88,32...-0,18.....-0,15 ANTIN OBLI. MT D ...... 141,30....0,01 ....-0,39 Multi-promoteurs SICAV 5000...... 155,33...-2,28.....-1,13 CIC GLOBAL D ...... 240,13...-1,42.....-0,91 POSTE GISEMENT C...... 198,42...-0,02.....-0,40 ANTIN OBLI. SPR. C...... 186,97...-0,05 ....-0,03 LIVR. BOURSE INVEST...... 182,68....0,94.....-0,17 SLIVAFRANCE ...... 266,78...-2,32.....-0,92 CIC HIGH YIELD...... 404,82...-0,46...... 0,28 POSTE GISEMENT D ...... 178,88...-0,02.....-0,40 BNP MONÉ CT TERME.....2514,76....0,01...... 0,26 NORS SUD DÉVELOP. C .....522,20...-0,05...... 0,83 SLIVARENTE ...... 39,62....0,25...... 0,05 CIC JAPON ...... 7,35...-1,61.....-4,59 REMUNYS PLUS ...... 103,66....0,01...... 0,21 BNP MONÉ PLACEM. C.13782,52....0,01...... 0,24 NORD SUD DÉVELOP. D ....403,00...-0,05...... 0,84 SLIVINTER...... 150,34...-3,04.....-0,42 CIC MARCHÉS ÉMERG...... 111,11....1,75...... 0,11 BNP MONÉ PLACEM. D 11588,13....0,01 ....-3,46 TRILION ...... 741,37....0,10.....-0,96 CIC NOUVEAU MARCHÉ ...... 5,45...-1,27...... 0,36 ADDILYS C...... 107,80....0,01...... 0,26 BNP MONÉ TRÉSOR...... 78609,29....0,01...... 0,27 Fonds communs de placements CIC PEA SÉRÉNITÉ...... 170,43....0,02...... 0,23 ADDILYS D ...... 104,60....0,01.....-1,94 BNP OBLI. CT...... 166,42...-0,01 ....-0,18 ACTILION DYNAM. C...... 182,75....0,26...... 0,25 CIC PROFIL DYNAM...... 23,42....0,82.....-1,06 AMPLITUDE AMÉRIQUE C ...26,14...-0,83...... 0,95 BNP OBLI. LT...... 34,27...-0,09 ....-0,31 ATOUT CROISSANCE D...... 348,77....0,27...... 1,66 ACTILION DYNAM. D ...... 172,14....0,26...... 0,25 CIC PROFIL ÉQUILIBRE...... 18,59....0,49.....-1,01 AMPLITUDE AMÉRIQUE D...25,32...-0,82...... 0,94 CADENCE 1 D ...... 154,41....0,21.....-1,64 KLEBER EURO SOUV. C ...1970,30...-0,04 ....-0,16 ATOUT EUROPE C...... 508,80....0,74.....-1,93 ACTILION ÉQUILIBRE C ...... 178,28....0,24...... 2,10 CIC PROFIL TEMPÉRÉ...... 135,98....0,20.....-0,06 AMPLITUDE EUROPE C...... 31,52...-2,87...... 0,34 CADENCE 2 D ...... 154,08....0,20.....-0,49 Fonds communs de placements ATOUT FRANCE ASIE D...... 76,03....0,45.....-2,00 ACTILION ÉQUILIBRE D...... 166,69....0,25...... 2,09 CIC TAUX VARIABLES...... 196,03...-0,61.....-0,15 AMPLITUDE EUROPE D ...... 30,19...-2,86...... 0,32 CADENCE 3 D ...... 152,40....0,20.....-0,49 BNP MONÉ ASSOC...... 1841,54....0,01...... 0,24 ATOUT FRANCE C ...... 194,26....0,96.....-2,29 ACTILION PEA DYNAM...... 66,47....0,54.....-0,40 CIC TECHNO. COM...... 78,81...-2,44...... 0,02 AMPLITUDE FRANCE ...... 83,59....0,82...... 1,11 CONVERTIS C...... 225,95...-0,30.....-0,75 ATOUT FRANCE D...... 172,76....0,96.....-2,28 ACTILION PEA ÉQUIL...... 165,86....0,36.....-0,40 CIC USA ...... 17,98...-3,44.....-0,32 AMPLITUDE MONDE C ...... 228,02...-0,28...... 0,87 INTEROBLIG C...... 59,61....0,10...... 0,33 ATOUT FR. EUROPE D...... 175,81....0,86.....-2,06 ACTILION PRUDENCE C .....173,57....0,01...... 0,12 CIC VAL. NOUVELLES ...... 281,54...-1,28...... 0,33 AMPLITUDE MONDE D...... 204,53...-0,27...... 0,87 INTERSÉLECTION FR. D ...... 72,52...-1,99.....-1,16 ATOUT FR. MONDE D ...... 44,24....0,64.....-2,20 ACTILION PRUDENCE D.....161,74....0,01...... 0,11 AMPLITUDE PACIFIQUE C....15,89....2,45...... 5,09 SÉLECT DÉFENSIF C ...... 192,85...-0,13...... 0,22 ATOUT MONDE C ...... 52,67....0,08.....-0,81 INTERLION ...... 235,76....0,05...... 0,20 AMPLITUDE PACIFIQUE D ...15,18...-0,07...... 5,05 SÉLECT DYNAMIQUE C ...... 241,44...-0,24...... 1,39 BP OBLI. EUROPE ...... 52,41....0,21...... 0,11 ATOUT SÉLECTION D ...... 103,67....1,08.....-2,16 LION ACTION EURO...... 88,12...-2,28.....-0,25 ÉLANCIEL EURO D PEA...... 98,96....0,90...... 0,30 SÉLECT ÉQUILIBRE 2...... 169,79...-0,04...... 1,03 BP SÉCURITÉ ...... 103957,95....0,01...... 0,29 CAPITOP EUROBLIG C ...... 101,25....0,02.....-0,18 LION PEA EURO...... 88,77...-2,17.....-0,81 ÉLANCIEL FR. D PEA...... 40,20....0,93...... 0,02 SÉLECT PEA 1...... 207,28....0,28...... 0,84 FRUCTIFRANCE C ...... 79,79...-2,22...... 0,92 CAPITOP EUROBLIG D...... 83,53....0,02.....-0,20 CM EUROPE TECHNOL...... 4,36....0,46.....-2,02 ÉMERG. E. POST. D PEA ...... 30,43....0,76.....-0,22 SÉLECT PEA DYNAM...... 143,68....0,47...... 0,85 Fonds communs de placements CAPITOP MONDOBLIG C .....45,27...-0,09...... 0,42 CM EURO PEA...... 21,66....0,88.....-1,82 ETHICIEL C...... 106,56....0,72...... 3,30 SG FRANCE OPPORT. C...... 423,02...-1,55...... 1,48 CYCLEO EUR. CROIS...... 108,80...-2,22.....-6,06 CAPITOP REVENUS D ...... 170,90...-0,06.....-1,34 CM FRANCE ACTIONS ...... 34,23....0,82.....-2,10 GÉOBILYS C...... 122,08...-0,06...... 0,20 SG FRANCE OPPORT. D...... 396,09...-1,55...... 1,48 CYCLEO EUROPE CYCL...... 109,83...-1,37...... 1,01 DIÈZE C...... 433,21....0,06.....-1,88 CIC AMÉRIQUE LATINE ...... 112,04...-2,72...... 0,18 CM MID. ACT. FRANCE ...... 31,19....0,35...... 2,03 GÉOBILYS D ...... 111,30...-0,06...... 0,20 SOGENFRANCE C ...... 450,38...-2,47.....-0,84 CYCLEO EUR. DÉFENS...... 99,70...-0,68.....-1,47 INDICIA EUROLAND D ...... 111,97....0,85.....-1,79 CIC CAPIRENTE MT C...... 35,83....0,14.....-0,33 CM MONDE ACTIONS...... 316,42....0,02.....-1,21 INTENSYS C...... 20,75...-0,05.....-0,04 SOGENFRANCE D...... 403,94...-2,47.....-1,30 BP MÉDITERRAN. DÉV...... 53,64...-0,32.....-3,60 INDICIA FRANCE D ...... 366,17....0,96.....-2,90 CIC CAPIRENTE MT D ...... 26,62....0,15.....-0,26 CM OBLIG. CT TERME ...... 165,19....0,08.....-0,24 INTENSYS D ...... 17,63...-0,06.....-0,05 SOGEOBLIG C ...... 113,24....0,26.....-0,41 BP NOUV. ÉCONOMIE...... 87,59...-1,95.....-5,40 INDOCAM AMÉRIQUE C ...... 40,82...-0,27.....-1,01 CIC CONVERTIBLES ...... 5,41...-0,92.....-0,36 CM OBLIG. LG TERME ...... 103,99....0,19.....-0,18 KALEIS DYN. FR. C PEA...... 79,04....0,52.....-0,44 SOGÉPARGNE D ...... 44,32....0,16.....-0,33 BP OBLI. HAUT REND...... 111,15...-0,10...... 2,46 INDOCAM ASIE C...... 17,87...-0,39...... 1,29 CIC COURT TERME C ...... 34,36....0,03...... 0,11 CM OBLIG. MOY. TERME...341,00....0,19.....-0,34 KALEIS DYNAMISME C...... 220,87....0,18...... 0,11 SOGEPEA EUROPE ...... 216,20...-2,66.....-0,43 EUROACTION MIDCAP...... 128,71...-0,87...... 2,77 INDOCAM FRANCE C ...... 333,57....0,83.....-1,79 CIC COURT TERME D...... 26,36....0,04.....-2,87 CM OBLIG. QUATRE ...... 163,73....0,17.....-0,37 KALEIS DYNAMISME D ...... 213,41....0,18...... 0,11 SOGINTER C ...... 51,55...-3,19...... 0,66 FRUCTI EURO 50 ...... 94,52...-2,73.....-1,28 INDOCAM FRANCE D...... 274,19....0,83.....-1,79 CIC DOLLAR CASH ...... 1427,50....0,00...... 0,12 CM OPTION DYNAM...... 30,84....0,62.....-1,15 KALEIS ÉQUILIBRE C ...... 203,54....0,02...... 0,02 Fonds communs de placements FRUCTIFONDS FR. NM ...... 184,38...-2,10...... 5,31 INDOC. MULTI OBLIG. C....190,76...-0,21...... 1,86 CIC EGOCIC...... 367,40....0,38.....-1,35 CM OPTION ÉQUIL...... 53,58....0,32.....-0,35 KALEIS ÉQUILIBRE D...... 195,85....0,02...... 0,02 DÉCLIC ACT. EUROPE...... 15,52....0,78.....-0,70 Fonds communs de placements CIC ÉLITE EUROPE...... 126,30...-3,11.....-1,23 Fonds communs de placements KALEIS SÉRÉNITÉ C ...... 192,47...-0,03...... 0,07 DÉCLIC ACTIONS FR...... 52,95....0,86...... 0,26 ATOUT VALEUR D ...... 77,14....1,00.....-1,33 CIC ÉPARGNE DYNAM. C 2074,67....0,06.....-0,13 CM OPTION MODÉRAT...... 19,31....0,10.....-0,20 KALEIS SÉRÉNITÉ D...... 184,83...-0,02...... 0,07 DÉCLIC ACT. INTER...... 33,56...-2,87...... 0,64 CAPITOP MONÉTAIRE C.....193,22....0,01...... 0,22 CIC ÉPARGNE DYNAM. D1636,39....0,06.....-0,13 KALEIS TONUS C PEA ...... 69,24....0,80.....-0,39 DÉCLIC BOURSE ÉQUIL...... 16,65....0,18...... 0,36 ÉCUR. 1,2,3… FUTUR D ...... 51,53....0,64...... 1,00 CAPITOP MONÉTAIRE D ....183,18....0,01...... 0,22 CIC EUROLEADERS...... 377,13...-3,01.....-1,22 LIBERTÉS ET SOLIDAR...... 100,75....0,07.....-0,83 DÉCLIC BOURSE PEA...... 51,03....0,61.....-0,62 ÉCUR. ACTIONS EUR. C...... 17,64....0,63...... 0,17 INDOCAM FONCIER...... 94,10....0,94...... 1,03 CIC FINUNION...... 177,63....0,02...... 0,07 OBLITYS C ...... 113,45...-0,19.....-0,35 DÉCLIC OBLI. EUROPE ...... 16,58....0,06.....-5,15 ÉCUR. ACTIONS FUT. D...... 64,11....0,91.....-0,20 INDOC. VAL. RESTR. C...... 271,95....0,70...... 2,02 CIC FRANCE C ...... 34,07...-2,52.....-1,74 OBLITYS D ...... 111,67...-0,20.....-0,34 DÉCLIC PEA EUROPE...... 24,03....0,92.....-0,62 ÉCUR. CAPITALIS. C...... 44,09....0,11.....-0,45 MASTER ACTIONS C ...... 40,92....0,22.....-0,65 CIC FRANCE D...... 34,07...-2,52.....-1,74 AMÉRIQUE 2000...... 125,43...-3,12...... 0,31 PLÉNITUDE D PEA ...... 42,40....0,55...... 0,00 DÉCLIC SOGENFR. TEMP...... 58,93....0,98.....-0,96 ÉCUR. DYNAM.+ D PEA...... 42,93....0,82.....-0,07 MASTER DUO C...... 14,11....0,36.....-0,56 CIC HORIZON C ...... 68,33...-0,04...... 0,24 ASIE 2000...... 85,43...-2,24....10,39 POSTE GESTION C ...... 2635,58....0,01...... 0,26 FAVOR ...... 306,87...-0,30.....-1,13 ÉCUR. ÉNERGIE D PEA...... 43,92....0,73.....-0,11 MASTER OBLIG. C ...... 30,87...-0,23...... 0,06 CIC HORIZON D...... 65,90...-0,05...... 0,22 NOUVELLE EUROPE ...... 212,99...-2,54.....-0,28 POSTE GESTION D...... 2336,40....0,01...... 0,26 SOGESTION C ...... 48,00....0,42.....-0,06 ÉCUR. EXPANSION C .....14877,14....0,01...... 0,29 MASTER PEA D ...... 12,28...-0,08.....-1,20 CIC MENSUEL...... 1428,32....0,11.....-0,28 ST-HONORÉ CAPITAL C ...3631,27....0,18.....-0,04 POSTE PREMIÈRE...... 7158,34....0,01...... 0,25 SOGINDEX FRANCE C ...... 514,09....0,92.....-2,34 ÉCUR. EXPANSION+ C...... 42,64....0,02...... 0,58 OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 18,44....0,22.....-0,91 CIC MONDE PEA...... 27,77...-1,98...... 1,10 ST-HONORÉ CAPITAL D...3290,38....0,18.....-0,04 POSTE PREMIÈRE 1 AN..42618,11...-0,01.....-0,07 ...... 24/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » –Mme Jacques Pignot, née Roselyne –Mme Muguette Zerhat, Communications diverses Harraca, M. et Mme Jean Zerhat, me Naissances son épouse, M. et M Guy Zerhat, – L'université Paris-III - Sorbonne M. et Mme Hugues Pignot Et leurs familles, nouvelle organise des Assises de la ont la douleur de faire part du décès de Alain Vanzo Catherine et Eric ROSENBAUM, et leurs enfants, recherche le mardi 5 février 2002, en Françoise et Francis MOUGEOT Sorbonne (amphithéâtre Louis-Liard), M. Martin Pignot, sont heureux d'annoncer la naissance de Mme Marie ZERHAT, pour valoriser la formation à la Une des gloires lyriques de l’après-guerre M. et Mme Christophe Pignot recherche, la politique des écoles Axel, et leurs enfants, survenu le 25 janvier 2002. doctorales, le devenir des étudiants, M. et Mme Daniel Toussaint les perspectives internationales, les partenariats, les ressources documentaires ALAIN VANZO, célèbre ténor chez et leurs enfants, Les obsèques ont eu lieu dans la plus Cécile et Nicolas, stricte intimité le 28 janvier. et patrimoniales, les nouveaux médias, français d’ascendance italienne, est En union avec Liselotte Pignot, les grandes aires géographiques et mort à Paris, lundi 28 janvier, à décédée le 1er juin 2000, culturelles et ses projets-phares (Fonds le 30 janvier 2002. 39, rue Hérold, l’âge de 73 ans. littéraire Jacques-Doucet et Institut des ses enfants et petits-enfants, 06000 Nice. Né le 2 avril 1928 à Monaco, il Toute sa famille et ses proches, Amériques). Carole RAMOUSSET Entrée sur invitation. fut l’une de ces gloires lyriques et ont la tristesse de faire part du décès de françaises qui, après guerre, s’illus- Didier MONCHABLON Anniversaires de décès trèrent notamment dans le réper- ont l'immense joie d'annoncer la M. Jacques PIGNOT, – Le 30 janvier 1999, LE COLLÈGE e naissance de leur fille DES ÉTUDES JUIVES toire français et italien du XIX siè- de l'Alliance israélite universelle cle. Reconnu comme le digne le 14 janvier 2002, dans sa quatre-vingt- Françoise LEVY, Marie, successeur de José Luccioni (1903- unième année. née BERTRAND, symposium 1978), héritier du grand Duprez le 23 janvier 2002. (qui « inventa » le contre-ut de poi- nous laissait désemparés. « La Bible et ses interprètes », Les obsèques religieuses ont eu lieu avec Mary Balmary, Jean Bollack, trine), Alain Vanzo fait partie de Marie souhaite un très bon dans l'intimité à Lourmarin (Vaucluse). F. Boyer, D. Banon, A. Chouraqui, ces chanteurs-nés qui possèdent anniversaire à son papa. Nous n'imaginions pas à quel point il P. Judet de la Combe, F. Kaufmann, une voix naturelle, tels un Roberto serait difficile de vivre sans elle. S. Mosès, B. Rojtman, - Une messe sera célébrée à son Alagna ou un Jean-Philippe Lafont. intention en l'église de Tazilly, le P. Simon-Nahum, S. Trigano, C. Vigée, Anniversaires de naissance J.-P. Winter, H. Wizmann. A 5 ans, il étonne ses proches en Covent Garden en 1961 (Lucia avec Jean-Louis. Hello Mélo. dimanche 3 février, à 9 heures. reproduisant de mémoire sur un Joan Sutherland), au Carnegie Hall Samedi 9, piano tous les airs qu’il connaît. de New York dans Lucrèce Borgia, Bon anniversaire, Ponay, Conférences dimanche 10 et lundi 11 février. C’est alors qu’il fait ses premières de Donizetti, avec Montserrat Ca- 58170 Tazilly. Vendredi 1er février, 20 h 15 à 21 h 30, armes comme soprano, notam- ballé (1965). Sans parler du Liceu Mélodie. Samedi 9 (20 h 30-22 h 30) « Karma et l'art de l'action juste ». et dimanche 10 février ment à l’église Saint-Charles de Mo- de Barcelone, du Sao Carlos de Lis- Déjà un an de bonheur. Le monde – Jean-Louis Laborie, Loge unie des théosophes, (9 h 30-18 heures), naco. A 18 ans, pour gagner sa vie, bonne, de Bruxelles, Liège, Franc- amphi Descartes de la Sorbonne, t'appartient. président, e ce passionné autodidacte fonde un fort, du Wiener Staatsoper, des Fes- 11 bis, rue Kepler, Paris-16 . 17, rue de la Sorbonne, Paris-5e, Emmanuel Fraisse, petit orchestre de variétés, Le Bas- tivals de Glyndebourne et d’Edim- Ton grand-père. Entrée libre et gratuite. lundi 11 février (18 heures-22 heures), directeur général, au siège de l'Alliance, tringue, puis entre dans l’orchestre bourg, Montréal, San Francisco et Le conseil d'administration, Tél. : 01-47-20-42-87. 45, rue La Bruyère, Paris-9e. (PAF.) Vinitsky. Il se produit dans les bras- Monte Carlo, où il aborde en 1968 Jean-Claude Cheval, 42, rue de la Py, Les membres du comité scientifique, www.theosophie.asso.fr Renseignements : 01-53-32-88-55 series, les bals, les cabarets, joue Werther, un rôle dont il partagea 75020 Paris. Et l'ensemble du personnel du Centre aussi, entre autres instruments, du avec Alfredo Kraus la primeur d'étude des supports de publicité (CESP), Jeudi 31 janvier 2002, piano et de l’accordéon, chante des d’une reconnaissance mondiale. Concours ont la tristesse de faire part du décès de à 18 h 30, entrée libre. Décès CONCOURS DE POÉSIE chansons à voix, de l’opérette. La En 1973, il chante à Naples pour le Conférence de Jean Baudrillard. rencontre avec le professeur de centenaire de la naissance du légen- –Mme Claudine Bollack, née M. René DUBOIS, Concours du meilleur recueil « La violence du mondial (de 20 à 60 pages). chant Madame Audouard va chan- daire Caruso (1873-1921). En 1977 Goetschel, fondateur et directeur général du CESP son épouse, après les événements Concours du meilleur poème ger le cours de sa vie : pendant qua- enfin, il fait ses débuts au Metro- de 1957 à 1977, du 11 septembre 2001 ». (de 1 à 3 poèmes). ses enfants et petits-enfants, fondateur de l'EMRO tre ans, il perfectionne avec elle sa politan Opera de New York, dans France et Nicolas Weill, Sarah, Institut du monde arabe, Prix et publication des œuvres primées. Pour obtenir le règlement, technique vocale, apprend à pré- Faust, de Gounod, lors d’une tour- Myriam, Dvorah et Tirzah, (European Media 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Association 1001 jours, server cette voix qui monte facile- née de l’Opéra de Paris aux Etats- Yves et Laurence Bollack, Simon et Research Organization), Paris-5e. Ariane, BP 70, ment et possède un timbre à la fois Unis. Sa voix s’est renforcée, qui lui Tél. : 01-40-51-38-38 92340 Bourg-la-Reine puissant et velouté. permet d’aborder sans danger des Josée Bollack et Silvio Korich, survenu le 27 janvier 2002, à l'âge de Et les familles parentes et alliées, quatre-vingt-treize ans. 1951-1952 : il se fait remarquer rôles plus lourds. En 1985, il triom- ont la profonde tristesse de faire part du Dimanche 3 février, 17 h 30 à 19 h 30, comme doublure de Luis Mariano phe au Palais Garnier dans le rôle décès du « Expériences de mort approchée - dans Le Chanteur de Mexico,au principal de Robert le Diable,de – Janine Letrosne, Châtelet. En 1954, apprenant qu’un Meyerbeer. Insurpassable dans Lak- professeur Claude BOLLACK, Le général et Françoise Daeschner, quelles leçons pour les vivants ? » Yves et Anne Letrosne, concours de ténors est organisé à mé, Manon, Traviata, Werther, il fut professeur honoraire des universités, Loge unie des théosophes, ancien chef de service de chirurgie Alain et Martine Rocton, e Cannes l’année suivante, il travaille aussi un remarquable interprète du urologique du CHU de Strasbourg, ses enfants, 11 bis, rue Kepler, Paris-16 . avec acharnement pendant un an Benvenuto Cellini de Berlioz. officier dans l'ordre Thierry Daeschner, Laurence Entrée libre et gratuite. avec Rolande Darcœur avant d’em- Depuis les années 1990, Alain des Palmes académiques, Daeschner et Stéphane Godefroy, Arnaud Tél. : 01-47-20-42-87. porter haut la main un premier Vanzo avait pris un peu de distance Daeschner, Etienne et Aurore de La www.theosophie.asso.fr prix qui le voit aussitôt engagé à avec la scène internationale. Mais il survenu le 24 janvier 2002, à l'âge de Boulaye, Charles Letrosne, Delphine soixante-seize ans. l’Opéra de Paris. continuait à enseigner, à chanter : Letrosne, le 19 avril 1993, à Paris, il avait par- Les obsèques ont eu lieu le 26 janvier, ses petits-enfants, Cours    ticipé à un concert exceptionnel au à Strasbourg. ont la tristesse de faire part du rappel à Dieu de Formations informatiques à domicile Dès lors, sa carrière ne sera plus profit des enfants séropositifs et (prise en main matériel, Internet, qu’ascensionnelle. Dès 1957, il malades du sida, en compagnie de 12, rue d'Offendorf, 67000 Strasbourg. Mme Guillaume LETROSNE, multimédia, bureautique), aborde Ottavio (Don Giovanni), le Leontina Vaduva, Eliane Lubin et née Jeanne CHABRIER, dépannage micro. Duc de Mantoue (Rigoletto), Gérald Roberto Alagna. Le 28 octobre Une équipe de formateurs (Lakmé), Rodolphe de La Traviata 2001, l’inauguration d’une salle à – Stéphane Martin, président-directeur général, à Montrichard, le 28 janvier 2002, dans et de techniciens à votre service et La Bohème, Des Grieux (de Mas- son nom dans la petite ville de Jacques Friedmann, sa quatre-vingt-douzième année. en Ile-de-France. senet puis de Puccini). Dans Nadir Gournay-sur-Marne, où il résidait, président du conseil d'orientation du ALDISA des Pêcheurs de perles, de Bizet, qui avait une fois encore, nous dit-on, Musée du quai Branly, Les obsèques ont eu lieu dans la plus Pour toute information, contactez le restera l’un de ses rôles fétiches, il témoigné de son exceptionnelle Germain Viatte, stricte intimité familiale. 01-46-67-18-90. est exemplaire (ce dont témoi- vitalité vocale. « Avec lui, conclut directeur du projet muséologique, Emmanuel Desveaux, gnent deux enregistrements : le pre- Mady Mesplé, c’est toute une page Un culte d'action de grâce sera célébré directeur du projet pour l'enseignement le samedi 2 février, à 15 heures, en CARNET DU MONDE mier de 1959, avec Jeanine de l’histoire lyrique française qui dis- et la recherche, l'église réformée de Neuilly-sur-Seine, TARIFS ANNÉE 2001-2002 - TARIF à la ligne Micheau en Leïla, sous la direction paraît. » Compositeur de mélodies, Isabelle Lemesle, 18, boulevard d'Inkermann. de Manuel Rosenthal ; le second en Alain Vanzo est aussi l’auteur secrétaire générale, 1977, avec Ileana Cotrubas, sous la d’une opérette, Le Pêcheur d’étoi- Ses collègues, Et l'ensemble de l'équipe du Musée du « Dans ma détresse, j'ai invoqué DÉCÈS, REMERCIEMENTS, 22 E - 144,31 F TTC direction de Georges Prêtre chez les, créée à Lille en 1972, puis à quai Branly, l'Eternel, et il m'a exaucé. » AVIS DE MESSE, ... EMI). Il sera aussi un Edgardo hors l’Opéra-Comique, et d’un opéra, ont la tristesse de faire part de la Jonas 2. 3. ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS ... pair dans Lucia di Lammermoor. Les Chouans, joué à Avignon en disparition de TARIF ABONNÉS 18,50 E - 121,35 F TTC Mady Mesplé, l’une de ses partenai- 1982. – Ses parents, res privilégiées, se souvient avec Vincent BOULORÉ. Sa famille, Et ses amis, NAISSANCES, ANNIV. DE NAISS., émotion : « C’est une partie de moi- Marie-Aude Roux Leurs condoléances et leur amical ont la douleur de faire part du décès de MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS même qui s’en va avec lui. Nous soutien vont à sa famille. FORFAIT 10 LIGNES : 120 E - 787,15 F TTC avons pratiquement débuté ensem- Guillaume de VANNOISE. La ligne suppl. : 12 E - 78,71 F TTC a TARIF ABONNÉS 100 E - 655,96 F TTC ble. 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Né en 1910 à Goerlitz, Une messe sera célébrée le samedi COLLOQUES - CONFÉRENCES : Nous consulter chant français, une voix saine qui en Silésie, ancien élève de l’école décès de 2 février, à 10 h 30, en l'église de Saint- m 01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 Fax : 01.42.17.21.36 Mars-la-Brière (Sarthe). vient du cœur, une musicalité géné- du Bauhaus à Dessau et à Berlin Roger, Jacques CORDIER, e-mail: [email protected] reuse et sensible, une vraie présence (1930-1933), Hirche avait collaboré Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de deux lignes. Jacques SINCLAIR 3, rue Henri-Amiard, Les lignes en blanc sont obligatoires et facturées. scénique. On travaillait beaucoup et au travail de Mies van der Rohe de en littérature, 50000 Saint-Lô. on s’amusait beaucoup. C’était, de 1934 à 1938, date de départ du plus, un beau garçon. Il avait sur scè- grand maître pour Chicago. Desi- qui a publié des recueils de poèmes et un important roman, Le Voyageur, à la Table ne un irrésistible pouvoir de séduc- gner plus qu’architecte, Hirche ronde. par tion. Dans le fameux duo de Lucia, avait, après la guerre, enseigné à Abonnez-vous au pour 26,35 e (172,84 F) mois que j’ai beaucoup chanté avec lui, l’Académie des beaux-arts de –Mme A. de Fontenay, Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : j’ai parfois eu des étincelles. Je pen- Stuttgart, de 1952 à 1975, en tant née Thérèse Chardin, LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex sais que les femmes dans la salle que professeur d’architecture inté- son épouse, Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 26,35a (172,84 F) par mois par prélèvement automatique. me devaient en être jalouses ! » rieure et de design mobilier. Le M Olivia de Fontenay, ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : A partir de 1960, la carrière téléviseur qu’il avait dessiné pour sa fille, Adresse : d’Alain Vanzo devient véritable- la firme Braun, en 1958, fait partie Ses petits-fils, ont la tristesse de faire part du rappel à Code postal : Localité : ment internationale : il se produit à des objets-icônes du XXe siècle. Dieu de Offre valable jusqu’au 30/06/2002 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 201MQPAE Antoine de FONTENAY, Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR Organisme créancier : Société Editrice du Monde A LIRE EN LIGNE croix de la Résistance, N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de à Paris, le 25 janvier 2002. mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER Retrouvez, sur le site Internet du Ville de Nantes, a été nommé délé- les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... Monde (www.lemonde.fr/carnet), le gué général à la modernisation à la La cérémonie religieuse aura lieu le au journal Le Monde. Prénom ...... détail des nominations, l’essentiel Ville de Paris. samedi 2 février, à 9 h 30, en l'église N° ...... rue ...... des lois, décrets et décorations parus Saint-Léon, 1, place du Cardinal-Amette, Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... e au Journal officiel, ainsi que les DOCUMENTS OFFICIELS Paris-15 . ment ou d’interrompre mon abonnement à tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT adresses des sites publiant des docu- Le Sénat a mis en ligne le rapport Que tous ceux et toutes celles qui l'ont DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) ments significatifs. de Philippe Richert sur la proposi- connu et aimé n'hésitent pas à se joindre Date :...... tion de loi autorisant la restitution à la famille. Signature : ...... JOURNAL OFFICIEL par la France de la dépouille mor- Cet avis tient lieu de faire-part. N° ...... rue ...... Au Journal officiel du mercredi telle de Saartjie Baartman, dite Code postal Ville ...... 30 janvier est publié : « Vénus hottentote », à l’Afrique b Accord international : un du Sud. IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER CARNET DU MONDE d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB décret portant publication du trai- www.senat.fr/rap/l01-177/l01-177.html Fax : 01-42-17-21-36 té d’extradition entre la France et Le ministère de la fonction publi- tion. Il y en a un dans votre chéquier. Téléphone : les Etats-Unis d’Amérique, signé à que et de la réforme de l’Etat diffu- Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : Paris le 23 avril 1996. se le Livre blanc de Jacques Four- 01-42-17-39-80 Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. nier sur le dialogue social dans la 01-42-17-38-42 Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 825 022 021 (0,15 e TTC/min) NOMINATIONS fonction publique. “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at 01-42-17-29-96 Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 Jean-Antoine Mathys, jusqu’alors http://lesrapports.ladocfrancaise. Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 e-mail:[email protected] directeur général des services de la gouv.fr/BRP/024000051/0000.pdf LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/25 AUJOURD’HUI sports

 La 23  ’  , qui a com- construction de nouveaux stades, d’aéroports, de ment de ce budget atteindrait les 100 %. Les - qui a dû se contenter de la . Une maigre mencé le 19 janvier, est organisée par le Mali, un des routes, amélioration du réseau téléphonique. Le coût   sont faibles. La gestion des consolation quand on connaît le prix des places dix     du monde. Et pour- de l’opération atteint officiellement 60  droits télévisés et celle de la publicité sur les stades (1 000 francs CFA au maximum, soit 1,52 euro) et le tant, l’Etat malien n’a reculé devant aucun sacrifice :    (91,4 millions d’euros). Le dépasse- n’ont pas été attribuées au comité d’organisation, faible taux de remplissage lors du premier tour. Très faible retour sur investissement pour la Coupe d’Afrique des nations

Le Mali, l’un des dix pays les plus pauvres au monde, a injecté 91,4 millions d’euros pour organiser la compétition. Il ne bénéficie d’aucune retombée sur les droits télévisés ni sur les espaces publicitaires vendus dans les six stades accueillant les rencontres

BAMAKO (Mali), ball), à l’exception de quelques de notre envoyé spécial emplacements qui ont été offerts Le pilote de l’ATR 42 de la compa- aux organisateurs. gnie d’aviation algérienne Khalifa Que le Mali soit un pays particu- Airways se souviendra longtemps Les supporteurs du lièrement pauvre n’a, en l’occurren- de son arrivée à l’aéroport de Mop- Cameroun peuvent ce, rien changé : la solidarité est ti, ou plutôt de ce qui fait office exulter : leur sélection venue de gouvernements étrangers d’« aéroport » dans cette ville fait pour l’instant un – l’Afrique du Sud a fait don de située à 600 km au nord-est de parcours sans fautes 1 million de dollars (0,84 million Bamako. Mis gracieusement à la dans la Coupe d’euros) –, et non pas du mouve- disposition du comité d’organisa- d’Afrique ment sportif ou de ses acteurs éco- tion de la Coupe d’Afrique des des nations, nomiques. Le comité d’organisa- nations (CAN), l’appareil transpor- organisée au Mali. tion a même très peu apprécié les tait, ce jour-là, l’équipe du Ghana Avec trois victoires exigences démesurées de la CAF, et une poignée de journalistes. en trois matches, le qui a réclamé 156 véhicules pour L’homme en tremble encore : Cameroun s’impose ses officiels ainsi que des « défraie- « Le système qui permet de guider en favori, alors que ments » journaliers de 500 dollars les avions depuis le sol ne fonction- des « poids lourds » (424 euros) pour chaque membre nait pas, raconte-t-il. Impossible de du continent, comme de son comité exécutif. capter le signal. Heureusement que le Maroc, la Côte La CAF a, par ailleurs, commis je connaissais un peu le coin et que d’Ivoire ou la Tunisie une jolie bévue en lançant une invi- mon avion est équipé d’un système (pourtant qualifiée tation à l’ex-dirigeant congolais satellitaire, qui m’a permis de me pour le prochain Jean-Claude Ganga. Ce dernier a poser, car la visibilité était très mau- Mondial), sont été exclu du Comité international vaise. Je n’ai vu la piste que 200 m éliminés. Le public olympique (CIO) il y a deux ans en avant d’atterrir, et encore. Lorsque malien est heureux, raison de son implication dans le je me suis posé, les pompiers lui aussi : son équipe scandale de corruption des Jeux de n’avaient pas fini d’installer les jouera un quart Salt Lake City. Voyant le nom de lumières qui balisent la piste. Si de finale contre M. Ganga sur la liste des invités, le j’avais dû appliquer à la lettre la l’Afrique du Sud. président du CIO, Jacques Rogge, a réglementation internationale, préféré ne pas venir à Bamako. j’aurais dû faire demi-tour. Mais Un seul secteur synonyme de ren- nous sommes au Mali et à la CAN, tabilité a été entièrement confié au alors… » / Mal : la billeterie. Mais il s’agit-là Ce périple aérien illustre à lui de bénéfices bien maigres dans un seul ce qu’il convient d’appeler le nier mandat, d’ici quelques mois, pli de vivres achetés à Johannes- (mais il fallait faire plaisir à toutes lement injecté 60 milliards de pays où le PIB par habitant ne « miracle malien » : comment un sur un succès personnel. Lorsque, burg. Les Bafana Bafana se sont les régions du pays) ; il s’est engagé francs CFA (91,4 millions d’euros) dépasse pas 700 euros. pays, classé parmi les dix plus pau- en février 1998, la Confédération même entraînés à huis clos, ce qui dans un programme de grands tra- dans l’ensemble du projet, mais un Le prix des places a été fixé volon- vres Etats du monde, est-il capable africaine de football (CAF) a dési- a soulevé la colère des populations vaux en province (construction chiffre plus proche du double est tairement bas – entre 500 et d’organiser le plus grand événe- gné le Mali comme pays organisa- locales. Que penser, enfin, de l’in- d’aéroports, goudronnage de rou- d’ores et déjà évoqué. Car, si les 1 000 francs CFA (0,76 et ment sportif du continent afri- teur, le scepticisme était pourtant vraisemblable escapade de l’atta- tes, amélioration du réseau télépho- frais ont été nombreux, les retom- 1,52 euro) – pour remplir les sta- cain ? Si le système D ici n’a pas de mise. Ce sentiment de défiance quant congolais Shabani Nonda, nique) ; il a également lancé plu- bées directes devraient être pro- des. Cela n’a pas suffi. A Kayes, son égal et si tout n’est pas parfait n’a jamais fléchi pendant les quatre qui, en pleine compétition, a préfé- sieurs campagnes d’intérêt public, ches du néant. Segou, Sikasso et Mpoti, les rencon- – notamment la qualité des pelou- années de préparation et s’est pro- ré effectuer un aller-retour jusqu’à comme cette campagne contre le Où qu’elle se déroule, cette com- tres ont rarement fait le plein. Que ses – aucun incident majeur n’a per- longé lors de l’installation de certai- Monaco afin de guérir une grippe sida dont le slogan – « abstinence, pétition laisse peu de chances aux deviendront, après la CAN, ces turbé le déroulement de cette nes sélections. qu’il ne voulait pas soigner sur fidélité, préservatif » – apparaît en organisateurs de récupérer leur petits stades de province, tous 23e CAN depuis le match d’ouvertu- C’est ainsi que l’on vit débarquer place ? grosses lettres sur l’écran géant du mise. Les droits télévisés appartien- construits sur le même modèle par re, le 19 janvier à Bamako. Les l’équipe du Sénégal, avec, dans son Stade du 26-Mars à la mi-temps nent à l’intermédiaire français Jean- une entreprise chinoise qui a laissé Aigles – surnom donné à l’équipe sillage, pas moins de onze policiers    des matches de l’équipe nationale. Claude Darmon, qui les revend aux des inscriptions en mandarin sur nationale – se sont même qualifiés de la brigade d’intervention polyva- Le Mali aura tout fait pour rele- Si le pays a incontestablement chaînes les plus offrantes, sans con- les poteaux des buts ? L’harmattan pour les quarts de finale. Principal lente (BIP), l’équivalent du RAID ver le défi, ne lésinant pas sur les « utilisé » l’événement pour déve- trepartie au niveau local. Les pan- et le chiendent s’en chargeront, artisan de la CAN au Mali, le prési- sénégalais. L’Afrique du Sud, elle, dépenses : il s’est doté de six sta- lopper ses infrastructures, il n’en neaux publicitaires sont directe- probablement. dent Alpha Oumar Konaré, élu en est arrivée à Segou avec un cuisi- des, dont cinq entièrement neuf, reste pas moins que la CAN est une ment commercialisés par la CAF 1992, va pouvoir achever son der- nier et un camion frigorifique rem- alors que quatre étaient suffisants affaire coûteuse. Le Mali a officiel- (Confédération africaine de foot- Frédéric Potet

 a AUTOMOBILISME : l’Allemand Pour son plus grand plaisir, Marseille construit des châteaux en Espagne Michael Schumacher et le Brési- lien Rubens Barichello (Ferrari) MARSEILLE plus étonnant : le onze marseillais mois, soupire Etienne Ceccaldi, le nistratif et ses deux adjoints, et Mais, franchement, m’en prendre ont été victimes de sorties de piste, de notre envoyé spécial avait même un semblant de cohéren- tout nouveau directeur général du essaie tant bien que mal de mettre plein la tronche pour un club qui ne mercredi 30 janvier, alors qu’ils Sur l’air de Et viva Espana !, scan- ce, avec une touche technique qui club. Ça fait beaucoup. Mais le sec- de l’ordre : « Quand je suis arrivé, sur m’appartient même pas ! Je suis maso effectuaient des essais privés au dé par un public aux anges, l’Olympi- lui faisait sérieusement défaut teur sportif, c’est Tapie. » 32 joueurs présents, 19 n’étaient pas mais pas con à ce point. » L’actuel volant de leurs monoplaces sur le cir- que de Marseille, qui n’avait plus depuis quelques mois. Il semble, au L’ancien magistrat, mis en place à déclarés à la Sécurité sociale, alors directeur sportif de l’OM va partir, cuit de Montmelo (Espagne). Les gagné en championnat de France de vu de ce match, que Bernard Tapie l’automne 2001 par Robert Louis- qu’ils étaient présents depuis deux mais pas dans l’immédiat. « Seule- deux pilotes sont sortis indemnes de division 1 depuis le 8 décembre ait retrouvé un peu de son flair de Dreyfus, le président de l’OM, com- mois et demi. Cinq joueurs se retrou- ment quand le club sera vraiment ces accidents. 2001, a renoué avec la victoire. La recruteur, porté disparu en 2001. Les mence à trouver ses marques. En vaient même en situation irréguliè- d’aplomb, affirme-t-il. De toute a FOOTBALL : Strasbourg (D2) troupe de Bernard Tapie a disposé, deux Espagnols, Pérez Alfonso et trois mois, il a bloqué quatre dos- re. » La répartition des rôles a été façon, l’OM, c’est comme une femme s’est qualifié pour les 8es de finale de mercredi 30 janvier, lors de la 23e Alberto Rivera, arrivés lors du mer- siers de recrutement soumis par Ber- voulue par Robert Louis-Dreyfus. dont tu divorces, avec qui tu as eu la Coupe de France en battant journée, de l’équipe de Sedan, grâce cato, de même que le gaucher brési- nard Tapie, dont le dernier en date, Bernard Tapie et Etienne Ceccaldi trois enfants. Tu ne te casses pas com- Troyes (1-0, sur penalty, après pro- à deux coups de patte de son avant- lien André Luis, apportent beau- celui du Français Laurent Charvet semblent s’y tenir. Problème : Ber- me ça, avec ta brosse à dents. » longation), mercredi 30 janvier, à centre, l’international espagnol coup à l’OM. Et même si la défense (Bolton). Il vient de lancer un audit nard Tapie s’ennuie : « Je suis venu domicile. C’est Teddy Bertin qui a Pérez Alfonso, un vrai teigneux celui- laisse à désirer, voilà une équipe de interne, a licencié le directeur admi- ici pour éviter que le club ne sombre. Gérard Davet inscrit le but à la 111e minute. là, prêté par le FC Barcelone. A l’arri- nouveau armée pour quitter une a Le Groupe Sud-Ouest (GSO) a vée, une victoire (2-1), le jeune peu flatteuse 11e place au classement e annoncé, mercredi 30 janvier, avoir Julien Poueys réduisant le score de la division 1. CHAMPIONNAT DE FRANCE DE FOOTBALL DE D1 (23 JOURNÉE) cédé à la chaîne de télévision privée pour les Ardennais. Cartons Spectateurs M6 la totalité de ses parts dans la L’OM a donc gagné, et c’est déjà « ’    » Les résultats Le classement Points Joués GagnésNuls Perdus MarquésEncais. Diff. J R société M6 Foot, qui contrôle le club un petit exploit, tant l’équipe n’avait De quoi rassurer Bernard Tapie, Monaco31 Bordeaux 1 Lens 48 22 14 6 2 39 15 +24 41 1 des Girondins de Bordeaux (D1). plus rien à voir avec celle qui avait qui commençait à trouver le temps Prso (15e p, 24e) Pauleta (43e) 2 Lyon 40 22 12 4 6 41 23 +18 25 1

e 4 500 Cette cession, conclue en décembre débuté la saison 2001-2002. Encore long : « J’ai fait quelques erreurs. Par Eloi (35 ) 3 Paris-SG 38 23 9 11 3 31 17 +14 56 2 2001, porte à près de 100 % la partici- exemple, je me suis planté avec Ibra- 4 Auxerre 38 21 10 8 3 29 20 +9 35 3 pation de M6 dans le club. En 1999, him Ba. Mais quand nous sommes Sochaux02 Lens Sud-Ouest avait acquis 10 % de LA FICHE TECHNIQUE arrivés, l’an dernier, cela faisait deux Raschke (22e csc) 5 Lille 35 22 9 8 5 27 22 +5 39 3 e M6 Foot, pour 1,83 million d’euros. MARSEILLE-SEDAN 2-1 ans de suite que l’équipe se retrouvait Sibierski (45 ) 16 475 6 Troyes 34 21 10 4 7 27 21 +6 41 1 a HANDBALL : l’équipe de Fran- Division1-23e journée barragiste, avec douze joueurs qui Auxerre10 Bastia 7 Bordeaux 32 22 8 8 6 20 17 +3 44 4 ce, championne du monde en titre, nous coûtaient chacun plus de Stade Vélodrome, à Marseille ; D. Cissé (75e) 8 Sochaux 31 23 8 7 8 29 28 +1 51 7 en s’inclinant, mercredi 30 janvier, 800 000 francs par mois, assène le 5000 bon terrain; temps doux ; 9 Montpellier 30 22 7 9 6 21 18 +3 55 6 face à l’Espagne (24-27), a perdu qua- 40 000 spectateurs directeur sportif de l’OM. On les a 10 Monaco 30 23 8 6 9 26 27 -1 65 3 siment toute chance de participer arbitre : M. Khendek tous virés, il n’en reste plus qu’un. Et je Marseille21 Sedan e e e Marseille 37 3 aux demi-finales du championnat BUTS vous garantis qu’on ne finira pas la sai- Alfonso (4 et 67 ) Poueys (79 ) 11 27 23 6 9 8 21 25 -4

46 285 12 Nantes 26 23 7 5 11 21 28 -7 47 4 d’Europe messieurs en Suède. e e son barragiste. » o MARSEILLE : Alfonso (4 ,67 ) a LOTO : résultats des tirages n 9 Durant le mercato, qui se termi- Metz Guingamp 13 Bastia 24 23 7 3 13 23 34 -11 42 4 SEDAN :Poeuys (79e). 24 effectués mercredi 30 janvier. Pre- nait jeudi 31 janvier à minuit, c’est Toyes (7e) Drogba (48e) 14 Guingamp 24 23 6 6 11 22 39 -17 44 5 mier tirage : 1, 5, 21, 22, 25, 46 ; AVERTISSEMENTS bel et bien l’OM qui a animé la chro- Meyrieu (69e) Guillaume (56e) Saci (62e et 90e) 15 Sedan 23 21 5 8 8 23 24 -1 42 1 complémentaire : 33. Rapports nique des transferts. En quelques 13 830 MARSEILLE : Jurietti (82e) 16 Rennes 23 23 6 5 12 22 35 -13 49 4 pour 6 numéros : 1 292 019,00 ¤ ; jours, Zoumana Camara, Philippe Paris-SG50 Lorient 5 numéros et complémentaire : e e Brunel, Bruno Ngotty ou encore 17 Metz 20 20 6 2 12 13 25 -12 45 2 SEDAN : Léoni (17 );Bourgeois (26 ); Déhu (4e) e e 13 595,50 ¤ ; 5 numéros : 939,00 ¤ ; Capron (71 );Satorra (76 ) Daniel Montenegro ont changé Fiorèse (13e) 18 Lorient 20 22 5 5 13 32 49 -17 41 1 4 numéros et complémentaire : d’air. Pascal Nouma, qui fait ban- Ronaldinho (41e) 37 681 LES ÉQUIPES e e 39,00 ¤ ; 4 numéros : 19,50 ¤ ; 3 nu- quette malgré un très gros salaire, J. Leroy (56 et70 ) La phrase : « C'est pas comme ça qu'on va fair revenir le public dans les méros et complémentaire : 4,00 ¤ ; MARSEILLE (entraîneur : A. Emon) : pourrait bientôt les imiter. Sont Rennes20 Montpellier stades » Runje - Jurietti, Van Buyten, Dimas, Dos 3 numéros : 2,00 ¤. Second tirage : donc arrivés Pérez Alfonso, Alberto Le Roux (18e et 36e) (Robert Nouzaret, entraîneur de Bastia)

Santos - Delfim, Rivera, Fernando 12 166 10, 14, 19, 21, 26, 40 ; complémen- Rivera, mais aussi Cyrille Chapuis ou e (Hemdani, 49e), Andre Luiz (cap.) - 24 journée Les buteurs taire : 37. 6 numéros : 8 000 000 ¤ ; encore Lamine Sakho. Un grand Nantes Lyon Alfonso, Sakho (Chapuis, 60e). 30 5 numéros et complémentaire : ménage à la marseillaise. Et voilà M. Vahirua (29e et 45e) Samedi 2 février Lyon-Metz 1. Pauleta (Bordeaux) , e 8 013,00 ¤ ; 5 numéros : 891,20 ¤ ; SEDAN (entraîneur : H. Stambouli) : l’OM, dont le budget déficitaire ris- 32 000 15 buts. e Moldovan (55 ) Montpellier-Paris-SG Sedan-Sochaux 4 numéros et complémentaire : Regnault - Capron, Jezierski (Léoni, 11 ), que encore d’être montré du doigt Lens-Monaco Troyes-Rennes 2. D. Cissé (Auxerre), Satorra (cap.), Montero (Noro, 73e)- 39,80 ¤ ; 4 numéros : 19,90 ¤ ; 3 nu- par la DNCG, nanti de 42 joueurs Lille-- Troyes Bastia-Lille Dimanche 3 février Darcheville (Lorient), Mbami, Di Tommaso, Asuar, Elzéard - Bordeaux-Lorient Nantes-Marseille 13 buts. méros et complémentaire : 4,20 ¤ ; e sous contrat. « La masse salariale Peyrelade, Bourgeois (Poueys, 54 ) A été remis Guingamp-Auxerre 3 numéros : 2,10 ¤. dépasse les 3,3 millions d’euros par 26/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 AUJOURD’HUI sciences

Les conduites animales sous les regards croisés des humains

Pour beaucoup, l’éthologie reste associée aux oies cendrées de Konrad Lorenz et aux abeilles de Karl von Frisch. En plein renouveau dans la plupart des pays, sauf en France, cette discipline élargit ses recherches grâce aux outils de la biologie et de l’écologie modernes

L’ÉTHOLOGIE est morte ? Vive nent plus floues, les analogies plus voir avec ce que je connaissais en l’éthologie ! N’en déplaise à ses troublantes, au point que l’on s’in- Allemagne, où les différentes appro- détracteurs, cette discipline au terroge désormais sur ce qui fait ches se rejoignent dans une recher- nom un peu désuet, qui entend étu- réellement le « propre de l’hom- che multidisciplinaire », confirme dier scientifiquement les fonde- me ». Après avoir connu de multi- Le mode Martin Giurfa, spécialiste de l’ap- ments naturels du comportement ples crises d’adolescence au cours de communication prentissage chez les insectes so- animal, est en train de revenir sur du siècle dernier, l’éthologie attein- du manchot ciaux. Lui qui, tout récemment, a le devant de la scène des sciences drait-elle l’âge adulte ? empereur a été quitté l’Institut de biologie de Ber- du vivant. Sous d’autres termes, Des instructions génétiques au longuement étudié lin pour diriger, à Toulouse, le souvent, et de manière inégale- développement du système ner- par Pierre Jouventin. Laboratoire de cognition animale ment répartie selon les pays. Ainsi veux, de l’apprentissage aux straté- Chercheur de l’université Paul-Sabatier, est son enseignement reste-t-il, en gies résultant de la sélection natu- de réputation particulièrement bien placé pour le France, remarquablement absent relle, le champ de recherche est en internationale, constater : l’étude du comporte- des cursus universitaires et des tout cas immense, et c’est là sa il est un des rares ment animal a quasiment disparu manuels de biologie. Mais il n’en richesse ! Plutôt que de tenter de spécialistes français de la recherche française, tandis va pas de même chez nos voisins, classer les comportements entre de l’éthologie, une qu’elle est en plein développement notamment anglo-saxons, où orni- « innés » et « acquis », on admet discipline selon lui à l’étranger. thologues, entomologistes, prima- désormais qu’hérédité et environ- trop négligée. « Environ 200 étudiants m’ont con- tologues et autres spécialistes du nement les façonnent les uns et les Contrairement tacté cette année, alors que je ne pou- règne animal profitent avec le à ce qui se passe vais leur offrir qu’une seule place de même bonheur des avancées de la dans les pays stage », ajoute Pierre Jouventin, neurobiologie et de la génétique, On s’interroge anglo-saxons. qui déplore que crédits et postes de l’écologie et des sciences de soient si inégalement répartis. l’évolution. sur ce qui fait « Pour 1 000 étudiants en maîtrise Sur quelle information les fauvet-  /.   de biologie, 100 seront acceptés en tes décident-elles du cap à mainte- réellement le « propre me, ou le moins possible. Les enre- dix ans le Centre d’études biologi- vivant] : les anciens sont partis à la DEA (diplôme d’étude approfondie) nir lors de leur migration ? Pour- gistrements numérisés (vidéo ou ques de Chizé (Deux-Sèvres), ce retraite sans que la relève soit assu- d’éthologie, 10 bénéficieront d’une quoi, chez les campagnols, les de l’homme » audio) ont en effet grandement chercheur de réputation internatio- rée », explique-t-il. Faut-il l’im- bourse de thèse, et un seul trouvera mâles se débrouillent-ils mieux que aidé les spécialistes à ne plus inter- nale, fin connaisseur – entre autres puter, comme il le suggère, à « l’es- un poste de chercheur dans ce les femelles pour sortir d’un laby- préter les conduites animales à l’au- – de la communication chez les prit cartésien de la recherche fran- domaine ! » Pour offrir à nos futurs rinthe ? Par quel mécanisme un autres. De même, psychologie et ne de leurs propres motivations, manchots, travaille désormais à çaise », qui a joué à fond, depuis chercheurs ne serait-ce qu’une idée seul gène, situé dans une région neurophysiologie ne sont plus et à s’en tenir seulement à des Montpellier, où il est responsable trente ans, la carte de la biologie de ce qu’est cette discipline, la donnée du génome de la fourmi, considérées comme deux appro- faits mesurables, dont l’observa- d’une équipe dite d’« écologie com- moléculaire, sans se soucier dans le Société française pour l’étude du détermine-t-il le nombre de reines ches ennemies, mais complémen- tion peut être reproduite selon les portementale ». Une manière com- même temps de renouveler ses comportement animal (Sfeca) sou- entretenues par les ouvrières ? taires. Du scorpion au kangourou règles de la démarche scientifique. me une autre d’exercer son métier naturalistes ? Aux dérives idéologi- haiterait pour sa part, sous réserve Qu’il s’agisse des insectes sociaux, en passant par l’étourneau et les Etats-Unis, Grande-Bretagne, d’éthologiste, mais sans tout à fait ques auxquelles ont donné lieu cer- de l’accord de l’éducation natio- des oiseaux ou des mammifères, poissons colorés, on décrypte les Allemagne, Pays-Bas : dans la plu- le dire. taines théories issues de l’observa- nale, proposer « dix leçons “clés en les lois et les principes qui régissent mille et un modes de communica- part des pays, la discipline est en Son jugement est sans appel : au tion des sociétés animales ? A la main” aux enseignants du primaire les activités animales – locomotri- tion exploités par les uns et les plein essor. Sauf en France. «Au cours des trente dernières années, coupure, très marquée en France, et du secondaire » par le biais d’In- ces, alimentaires, reproductrices, autres, sans pour autant exclure début de ma carrière, il y a avait l’éthologie française a été « sinis- entre sciences humaines et scien- ternet. Une goutte d’eau dans le parentales ou sociales – révèlent que les plus évolués d’entre eux environ 200 éthologistes français. trée ». Pour quelle raison ? « Chez ces du vivant ? désert… qui, peut-être, en amènera chaque jour un peu plus l’étendue soient animés d’intentions et Aujourd’hui, il en reste peut-être une nous, cette discipline souffre du « Les cloisonnements que je décou- d’autres. de leur complexité. Les frontières d’émotions, voire de sentiments. Et vingtaine ! », constate Pierre Jou- même mal que la systématique vre dans l’éthologie française me sur- avec notre propre espèce devien- tout cela sans anthropomorphis- ventin. Après avoir dirigé pendant [science de la classification du prennent beaucoup. Cela n’a rien à Catherine Vincent

Boris Cyrulnik, spécialiste d’éthologie humaine Un siècle et demi de dogmes et de controverses

« Notre chrysalide à nous, c’est la parole » LE COMPORTEMENT animal est-il soluble dans four why’s ») – l’étude des mécanismes, de la valeur de l’idéologie ? Jean-Luc Renck et Véronique Servais, res- survie, de l’évolution et de l’ontogenèse du comporte- Vous êtes neuropsychiatre, expérimentaux et des hypothèses vaux de l’Américain Edward Wilson, pectivement chercheurs aux universités de Neuchâtel ment – qui, aujourd’hui encore, constituent le point familier de la psychanalyse, et issues de la théorie de l’évolution. spécialiste des fourmis et l’un des (Suisse) et de Liège (Belgique), résument la question d’entrée privilégié des meilleurs manuels d’éthologie. vous enseignez l’éthologie humai- On sait par exemple qu’il existe fondateurs de la sociobiologie dans d’une phrase. « Même si, écrivent-ils dans un récent Longtemps florissants en Europe, c’est aux Etats-Unis ne à l’université de Toulon. Com- chez les oiseaux des différences de les années 1970. Ses études sur les essai destiné au grand public, on souhaite l’éthologie que se sont développés par la suite, avec plus ou moins ment êtes-vous venu à cette disci- chant liées non pas à l’espèce mais pools génétiques dans les popula- très ouverte, elle reste une branche de la biologie, d’inspira- de bonheur, les grands courants d’étude du comporte- pline ? au groupe (la trille du pinson tions d’insectes sont parfaitement tion darwinienne, avec toutes les implications idéologiques ment animal. Dans les années 1970, Edward Wilson se Je me suis passionné, durant mes anglais n’est pas tout à fait la même transposables à l’homme, comme qu’on voudra bien y mettre, ou y trouver. » fit le chantre de la sociobiologie, théorie scientifique- études de médecine, pour les expé- que la trille du pinson français), qui on peut le voir avec la géographie Avant Darwin, il y eut Aristote, dont l’Histoire des ani- ment réductrice – et idéologiquement dangereuse – riences d’Harry Harlow sur les maca- s’expliquent par une adaptation à des maladies génétiques. En revan- maux illustre l’intérêt qu’il portait à la comparaison selon laquelle le déterminisme génétique jouerait un ques. Cet Américain avait montré, des milieux particuliers. On peut che, appliquer cette grille d’analyse entre comportement animal et humain. « Dans l’histoire rôle prépondérant dans les comportements animaux et en 1958, comment les nouveau-nés, penser que de tels phénomènes à la condition humaine et expliquer de la pensée biologique, l’idée aristotélicienne d’une échel- humains. lorsqu’ils étaient soumis à un stress, d’adaptation sont encore plus nets le comportement humain par la le des êtres, qui présuppose une continuité entre les plantes Dans le même temps se développait une voie de se réfugiaient contre un leurre chez les humains, dont les apprentis- génétique est une absurdité. « végétatives », les animaux « sensibles » et les hommes recherche totalement différente, qui n’a cessé depuis maternel en feutre plutôt que con- sages cognitifs se poursuivent tout Vous définissez l’homme com- « pensants » (…) a surtout marqué le courant naturaliste lors de gagner en importance dans les pays anglo- tre un leurre en fil de fer portant un au long de la vie. Aujourd’hui, me « le seul animal capable auquel toute la recherche comparative et les théories évolu- saxons : l’écologie comportementale, qui vise à peser les biberon. Cela prouvait que ce n’est l’éthologie humaine a pris son auto- d’échapper à la condition anima- tives de Lamarck (1809) et Darwin (1856) se rattachent », bénéfices et les coûts associés aux activités animales – pas l’alimentation qui fonde l’atta- nomie. le ». Qu’est-ce qui fonde sa singu- rappellent Raymond Campan (université Paul-Sabatier, que ce soit sous la forme de calories consommées ou chement à la mère, mais le contact Qu’a apporté cette discipline à larité ? Toulouse) et Felicita Scapini (université de Florence, Ita- acquises, de partenaires conquis ou manqués, de descen- physique doux et sécurisant. Ma la connaissance de l’homme ? Ce qui distingue l’homme de l’ani- lie), auteurs d’un ouvrage plus technique. dants engendrés, élevés ou perdus. voie de recherche était trouvée. J’ai La grande révolution a été la mise mal, c’est la parole. Non pas le lan- Une fois bâti le cadre de la théorie de l’évolution, la alors commencé, non pas à extrapo- en évidence des interactions préco- gage, car les animaux aussi ont un science prit un autre cours. Ainsi s’épanouirent, dans les   ’ ler aux hommes les conclusions des ces. C’est-à-dire la façon dont le langage. Mais l’aptitude à créer un années 1930, les observations sur le terrain, qui valurent A mesure qu’elle s’enrichissait de nouvelles facettes, observations sur les animaux – ce bébé, dans les dernières semaines monde spécifiquement humain par aux Autrichiens Konrad Lorenz et Karl von Frisch et au l’étude du comportement s’est ainsi développée selon serait l’opposé de l’éthologie humai- de la grossesse et les premiers mois des représentations verbales : le Néerlandais Nikolaas Tinbergen de recevoir en 1973 – deux directions : l’une privilégiant l’approche physiologi- ne –, mais à appliquer les méthodes de sa vie, est façonné, structuré par monde des mots. Darwin, dès ses soit près de quarante ans plus tard – le prix Nobel de que, l’autre l’approche évolutive. La première tente d’ex- éthologiques à cette étrange espèce les interactions sensorielles, affecti- premiers travaux, a parlé du « mur médecine et de physiologie. pliquer le comportement par « l’intérieur », à l’aide de la que sont les humains. ves et verbales avec son environne- du langage ». Cette métaphore Du premier, on a surtout retenu les oies cendrées qui neurobiologie ou de la génétique. La seconde se réfère à Quelles sont ces méthodes ? ment. Celui-ci forme pour le bébé exprimait bien que la parole méta- partageaient son quotidien, et ses positions ambiguës « l’extérieur », par le biais de l’écologie et de l’évolution. L’éthologie est une méthode expé- comme des structures biologiques morphose la condition d’être pendant la période nazie. Avec le recul, la plupart des Mais ces lignes de force ne s’opposent pas ; au contraire, rimentale d’observation extérieure, périphériques, des tuteurs de déve- vivant. J’utiliserai une autre méta- spécialistes s’accordent pourtant à reconnaître l’impor- elles se complètent. A mesure que les outils s’affinent, une sémiologie du comportement, loppement, enracinés dans la repré- phore : la chenille vit dans un mon- tance de ses travaux. « De ses heures innombrables d’inti- les esprits s’apaisent. Et l’on commence du même coup qui ne s’oppose nullement à l’obser- sentation verbale que les parents se de terrestre d’ombre et d’humidité, mité avec ses oiseaux et ses poissons – entre autres ani- à admettre que Darwin avait peut-être raison, qui affir- vation de l’intérieur par le travail de font de leur enfant. La psychanalyse le papillon dans un monde aérien maux –, Lorenz a tiré, dès 1935, d’ambitieuses construc- mait qu’il n’y a pas entre l’homme et l’animal de différen- la psychanalyse. Darwin en avait du nourrisson y a trouvé une impul- de lumière, et l’un et l’autre sont tions théoriques », résument Jean-Luc Renck et Véroni- ce de nature, mais seulement de degré. posé les bases dès le milieu du sion nouvelle. pourtant en continuité biologique. que Servais. XIXe siècle, en proposant un raison- N’y a-t-il pas un danger à trans- Notre chrysalide à nous, c’est la Moins controversés, les deux autres Nobel ont laissé à C. V. nement évolutionniste. Cette poser les méthodes d’étude de parole. Nous vivons dans un monde la science une contribution plus essentielle encore. Von notion de « devenir », reprise par l’animal à l’homme, au risque de biologique mais aussi, comme le Frisch, zoologiste, est resté mondialement connu pour e L’Ethologie/Histoire naturelle du comportement, de Freud, a changé le regard porté sur réduire celui-ci à sa dimension papillon, dans le monde aérien de la ses travaux sur la danse symbolique des abeilles, considé- Jean-Luc Renck et Véronique Servais. « Points-Sciences », l’homme, notamment en psychia- biologique ? parole. rée depuis lors comme l’un des sommets de la communi- Editions du Seuil, 336 p., 7,95 ¤. trie. Au départ, ce sont les spécialis- Le danger, c’est la généralisation cation animale. Quant à Tinbergen, qui étudiait avec le Ethologie/Approche systémique du comportement, de tes animaliers qui ont apporté à abusive qui rend une vérité partielle Propos recueillis par même talent la guêpe et l’épinoche, on lui doit une Raymond Campan et Felicita Scapini. De Boeck Universi- l’éthologie humaine des dispositifs totalement fausse. Prenons les tra- Pierre Le Hir « grille » de pensée fondée sur quatre questions (« The té, 740 p., 73,10 ¤.

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   - 16  - 2Û LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/27 AUJOURD’HUI sciences Une nouvelle méthode de diagnostic prénatal utilise les cellules fœtales issues du sang de la mère Séquençage de la bactérie « Ralstonia solanacearum » Cette technique permettrait de détecter l’ensemble des anomalies génétiques du fœtus TROIS ÉQUIPES de recherche du en offrant une alternative à l’amniocentèse et au prélèvement de membranes externes de l’œuf CNRS, de l’INRA et du Centre national de séquençage Génosco- LES MÉTHODES de diagnostic en avoir les inconvénients. Et cela, ne fœtale, l’équipe de l’Inserm a permettre la comparaison ultérieu- pe à Evry viennent de réaliser le prénatal des anomalies génétiques si possible, le plus rapidement par complété cette identification sur re. Les microsatellites de la cellule séquençage complet de Ralstonia vont peut-être, grâce aux travaux rapport au terme de la grossesse. un critère physique par une analy- présumée d’origine fœtale ont été solanacearum. Cette redoutable de l’équipe de Patrizia Paterlini- Depuis plusieurs années, les cher- se moléculaire. amplifiés à leur tour par la métho- bactérie, difficile à combattre et Bréchot (Inserm U 370, Paris) et cheurs se sont intéressés aux cellu- L’ADN des cellules sélection- de de la PCR. La présence d’un allè- présente dans les sols des zones de l’hôpital Necker-Enfants mala- les fœtales passant dans le sang nées pour leur plus grande taille a le d’origine paternelle et d’un allè- tropicales et subtropicales, ravage des (Paris), s’enrichir d’une métho- périphérique de la femme encein- été ainsi extrait individuellement, le d’origine maternelle dans les de nombreuses cultures (bana- de fiable et non invasive permet- te par le biais des vaisseaux du cor- puis amplifié. Dans un troisième microsatellites signe avec certitu- niers, tomates, aubergines, pom- tant l’examen des cellules fœtales don ombilical. temps, les chercheurs ont travaillé de l’origine fœtale de la cellule, mes de terre). A l’occasion de leurs circulant dans le sang maternel. Entre la cinquième et la septiè- sur des séquences particulières de puisque les microsatellites de la travaux, présentés dans la revue Jusqu’ici, le diagnostic prénatal me semaine de grossesse, il est en cet ADN, appelées microsatellites. femme enceinte possèdent des Nature du 31 janvier, ces cher- faisait appel à deux techniques : effet possible de retrouver dans le allèles différents. cheurs ont eu la surprise de découvrir que le génome de la bactérie soit pratiquer une amniocentèse sang maternel de l’ADN du chro- La fiabilité de la méthode a été comportait plus de deux cents gènes potentiellement impliqués dans consistant à ponctionner du liqui- mosome Y qui, par définition, ne Les examens évaluée sur des échantillons de la manifestation de sa virulence. Cette découverte devrait permettre de amniotique ; soit effectuer une peut-être celui de la femme. Les sang prélevés chez treize femmes de mieux comprendre les mécanismes moléculaires du pouvoir patho- biopsie de villosités choriales per- études menées ont permis de cons- de dépistage actuels, enceintes, à 11 ou 12 semaines de gène de la bactérie, et donc de mieux lutter contre elle. L’analyse de la mettant de prélever des membra- tater qu’il y avait en moyenne une grossesse. La recherche de chro- structure du génome suggère aussi que cette bactérie présente un fort nes externes de l’œuf. Ces deux cellule masculine par millilitre de par amniocentèse ou mosome Y, pour les fœtus de sexe potentiel évolutif. Ce qui pourrait expliquer pourquoi elle est capable procédés, dont la spécificité est de sang maternel en présence d’un masculin, et l’analyse des microsa- d’infecter un très grand nombre de plantes de familles botaniques très 100 %, donnent lieu à un nombre fœtus n’ayant pas de chromosome biopsie, provoquent tellites, pour ceux des deux sexes, diverses. non négligeable d’accidents, puis- surnuméraire et que ce chiffre ont permis de confirmer l’origine qu’on dénombre environ 1 % de était multiplié par six lorsque l’en- environ 1 % fœtale des cellules sélectionnées. fausses couches provoquées lors fant est porteur d’une trisomie 21. La méthode permet donc, théori- Une puce-laboratoire pour de la réalisation de l’examen. De Cependant, les cellules fœtales ne de fausses couches quement, d’effectuer tous les tests plus, elles ne peuvent être prati- circulent qu’en petit nombre dans génétiques actuellement réalisés réaliser des analyses chimiques quées qu’aux environs de la quin- le sang maternel, ce qui a rendu après amniocentèse ou biopsie zième semaine de grossesse. jusqu’ici cette méthode peu prati- Ces microsatellites sont caractéri- des villosités choriales, car un cin- LA MISE AU POINT d’un laboratoire d’analyse miniaturisé tenant sur Les tests sanguins proposés cable pour les tests de diagnostic sés par des répétitions de bases quième seulement de l’ADN d’une une puce de 1 centimètre carré permettrait d’analyser des quantités actuellement, pour le dépistage prénatal. variables selon qu’il s’agit de la ver- cellule est nécessaire pour s’assu- infimes d’échantillons allant du picolitre (10-12) au nanolitre (10-9)en d’anomalies génétiques comme la Patrizia Paterlini-Bréchot et ses sion de la séquence chromosomi- rer de son origine fœtale. Le reste quelques minutes. Une telle miniaturisation permettrait d’économiser trisomie 21, consistent à doser des collaborateurs ont donc eu l’idée que héritée du père (allèle pater- est disponible pour d’autres analy- la place d’une ou deux pièces dans un laboratoire. Ce rêve de chimiste marqueurs sériques qui ne sont de développer une méthode de tri, nel) ou de celle transmise par la ses, sans risque de confusion avec a commencé à prendre corps avec les travaux présentés dans la revue que des indicateurs du risque qui s’appuie sur le fait que les cellu- mère (allèle maternel), chaque de l’ADN issu d’une autre cellule. Science du 25 janvier par des chercheurs de l’université Harvard (Etats- d’existence de telles anomalies. les épithéliales d’origine fœtale se individu possédant l’une et l’autre. Cette nouvelle technique va fai- Unis) et du CNRS. Ils ont en effet élaboré une méthode performante Au nombre de ces marqueurs figu- distinguent des cellules sanguines Un frottis buccal a permis de re l’objet d’une étude pour la vali- pour associer rapidement et efficacement des échantillons et des réac- rent les dosages de l’alpha-fœto- maternelles par leur taille supé- repérer les microsatellites concer- der dans le diagnostic prénatal de tifs à des échelles microscopiques. La technique utilisée consiste, à par- protéine, de l’hormone gonadotro- rieure. Afin de s’assurer que les cel- nés chez le père et chez la mère, trois pathologies liées à des ano- tir de microstructures, à mélanger l’échantillon à différents réactifs, et phique chorionique, d’une frac- lules retenues étaient bien d’origi- en identifiant leurs allèles pour malies génétiques : la trisomie 21, ensuite à isoler, trier et détecter les produits obtenus. tion de celle-ci (la sous-unité bêta) la mucoviscidose et l’amyotrophie et de l’œstriol libre. Si ces dosages spinale (dégénérescence des neu- présentent un risque élevé, une A travers le cordon ombilical rones moteurs de la moelle épi- Climatologie : les précipitations amniocentèse est proposée qui, en On retrouve dans le sang maternel circulant différentes cellules de gran- nière). recueillant des cellules fœtales, va de taille, certaines d’origine fœtale et d’autres d’origine maternelle. Parmi Une seconde étude est envisa- vont fortement s’intensifier permettre la réalisation d’un caryo- les cellules provenant du fœtus et passées dans la circulation maternelle à gée afin de quantifier à différents type et l’examen morphologique travers le cordon ombilical, se trouvent des cellules mononucléées et polynu- stades de la grossesse le nombre SELON DE NOMBREUX SPÉCIALISTES, l’augmentation des gaz à des chromosomes. Cependant, le cléées, essentiellement des cellules du trophoblaste, la partie de l’envelop- de cellules fœtales dans le sang effet de serre (méthane et gaz carbonique) dans l’atmosphère terres- e dosage des marqueurs sériques ne pe de l’œuf par laquelle s’effectue son implantation dans la cavité utérine. maternel circulant. Les cellules du tre devrait se traduire au XXI siècle par un réchauffement global détecte pas tous les fœtus présen- Les grandes cellules non fœtales sont des lymphocytes ou des myélocytes. fœtus pourraient alors être déce- moyen du climat. L’analyse de dix-neuf modèles climatiques a permis tant une anomalie génétique. Il est possible de distinguer l’origine de ces différentes cellules par une lées dans le sang maternel bien à deux scientifiques européens (Nature du 31 janvier) d’avancer que le e Toute la question est donc de méthode immunologique utilisant des antigènes, mais sans atteindre le avant la onzième semaine de gesta- nord et le centre de l’Europe connaîtraient au XXI siècle des hivers trouver le moyen de disposer de degré de certitude que confère le recours à une méthode d’identification tion, ce qui permettrait un diagnos- cinq fois plus humides qu’aujourd’hui. Pour l’Asie des moussons, les cellules fœtales (et non de cellules génétique. De plus, certains précurseurs des cellules fœtales, mais pas les tic plus précoce des anomalies étés seraient cinq fois plus pluvieux. Dans un autre article, ces phéno- e maternelles), de manière aussi fia- cellules du trophoblaste, peuvent persister dans le sang maternel après la génétiques. mènes se sont déjà manifestés au XX siècle et ont donné lieu, selon ble qu’avec l’amniocentèse ou la grossesse. Les cellules du trophoblaste sont donc bien indiquées pour l’étu- deux chercheurs américains, à d’importantes inondations dans les biopsie de villosités choriales sans de de grossesse en cours. Paul Benkimoun grands bassins fluviaux. Eingana va proposer une exploration virtuelle de la Terre grâce aux images satellite

si croiser plus d’une centaines d’animaux différents. « Sur l’ensemble de la planète Ein- gana, la précision est de 1 kilomè- Un atlas tre, explique Philippe Campion. en 3D de Cela signifie que tous les kilomètres, la planète, il y a un objet, une montagne, une accessible colline ou un champ qui correspon- à tous, dent à la réalité. Cette précision a a pu être été affinée à 200 mètres pour l’Eu- développé rope de l’Ouest et les Etats-Unis. grâce aux Notre but n’est pas de concurrencer compétences les atlas encyclopédiques car nous d’une firme n’avons pas toutes la base docu- de jeux mentaire, mais bien d’emmener les vidéo gens au plus près des détails de la et d’une Terre. » Concernant les villes, seu- société les les quarante plus grandes spécialisée métropoles mondiales sont présen- dans les tes avec des niveaux de précision images qui oscillent entre 10 et 30 mètres. satellites. Avec Eingana, il est aussi possi- ble de devenir propriétaire d’un lopin de terre virtuel. Pour cela, il 0123 le maximum de réalisme : topogra- suffit de choisir un coin du globe, INTERACTIF phie, hydrographie, météorologie, d’en relever les coordonnées avec noms des lieux, répartitions de la le logiciel et de s’inscrire ensuite SURVOLER les continents à la faune et de la flore, et fonds sur le site Internet eingana.com. manière d’un astronome. Décou- marins. Une fois enregistré, et après vérifi- verte des forêts tropicales. Nager « Pour le moment, la numérisa- cation que l’espace est bien libre, en compagnie des dauphins. tion de la Terre entière ne tient pas le lopin de terre donne droit à un Autant d’explorations rendues pos- sur un cédérom, explique Philippe titre de propriété virtuel. Avec ce sibles par Eingana, un nouveau Campion, directeur technique prolongement du cédérom sur la logiciel de cartographie qui tire d’EMG. Le logiciel Scaper extrapole Toile, EMG espère ainsi mettre en son nom de la déesse créatrice du à partir des bases de données exis- place une communauté en ligne. monde dans la mythologie aborigè- tantes et recrée en temps réel des Pour EMG, cette première mou- ne. A mi-chemin entre l’atlas inter- paysages virtuels aussi réalistes que ture d’Eingana, qui sera commer- actif et le jeu vidéo, Eingana offre possible. Toutes les règles définies cialisée à partir de mi-février, n’est une réplique de la Terre en trois dans les bases de données sont res- qu’une étape. Une nouvelle ver- dimensions sur ordinateur multi- pectées. Le logiciel ne met pas de la sion plus précise devrait ainsi voir média. Tout y est, ou presque. neige au Sahara, ni des lions dans le jour à la fin de l’année. « Par la A l’origine de ce projet, deux la campagne normande ! » suite, nous souhaitons utiliser notre sociétés françaises. EMG, studio Le résultat est surprenant. Il don- technologie et nos bases de données indépendant spécialisé dans les ne naissance au plus vaste cyber- pour produire de nouveaux jeux technologies 3D pour le jeu vidéo, monde jamais réalisé sur cédérom. vidéo, comme des simulateurs de vol et M-Sat, spécialiste des bases Un environnement virtuel dont la ou des courses de voitures, affirme d’images satellite de la Terre. La conception a nécessité, selon EMG Philippe Campion. Nous pourrons première a apporté sa technologie « 9 000 milliards de polygones aussi réaliser des développements à Scaper. Ce logiciel, développé [unité de base qui sert à créer des la demande pour le monde scientifi- depuis 1997, crée des mondes en images de synthèse] et des dizaines que, par exemple dans l’étude de la trois dimensions en temps réel à de milliards d’objets en trois dimen- migration des oiseaux.» partir de données préétablies (car- sions ». La position des astres, les tes topographiques, relevés météo- saisons et le déroulement des heu- Guillaume Fraissard rologiques…). Le second a fourni res sont respectés. Au cours d’une ses huit bases de données de vues balade sur différentes parties du e Eingana, cédérom pour PC, EMG, satellitaire pour donner à Eingana globe, les utilisateurs pourront aus- 59,90 ¤. 28/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 AUJOURD’HUI consommation

Les recettes d’un goûter A savoir b Visite-atelier. A l’Union nationale des arts décoratifs qui regroupe les Musées des arts décoratifs, du textile d’anniversaire réussi et de la publicité (107, rue de Rivoli, 75001, Paris ; tél : 01-44-55-59-25/75 ou 31). Deux Inviter les amis de son enfant formules : visite guidée ludique (1 heure) ou visite-atelier (2 heures) à célébrer l’événement représente à la fois suivies d’une location de salle pour goûter. Le musée fournit la vaisselle un plaisir et une initiation à la vie sociale. et les boissons, les parents apportent le gâteau et assurent la surveillance. Conseils aux parents pour surmonter l’épreuve Groupes de 10 à 15 enfants. Prix : 10,80 ou 13,90 ¤ par enfant, selon la FÊTER son anniversaire avec l’enfant veut que tous ses copains formule. Site : www.ucad.fr, rubrique ses amis est un rituel obligé chez soient déguisés en Harry Potter, on artdécojeunes. Thèmes proposés : les enfants, dès qu’ils fréquentent peut répondre que c’est une bonne chapeaux au Moyen Age, animaux l’école maternelle. Occasion de idée, mais comment faire ? Ses fantastiques. Réserver 3 semaines à réjouissance et d’exubérance amis possèdent-ils déjà le costu- l’avance. pour les bambins, le goûter d’anni- me ? L’idée leur plaira-t-elle ? » b Découverte ludique. Au Musée versaire suscite parfois l’appréhen- La négociation se révèle parfois Jacquemart-André (158, boulevard sion des mères qui craignent dis- difficile. Un enfant avait ainsi libel- Exemples de panoplies Haussmann, 75008 Paris), découverte putes et turbulences. Il faut savoir lé son invitation : « Venez à mon . . que l’on peut trouver chez des lieux à l’aide d’un livre de jeux, limiter le nombre des partici- anniversaire, apportez plein de Tutti Fiesta. exercices d’observation, puis goûter pants. A 4 ans, deux ou trois suffi- cadeaux, on va bien s’amuser et au Café Jacquemart-André, et pêche ront. Plus tard, tout dépendra des papa va faire un beau gâteau au Restent les aspects matériels : truction. Une abondante bibliogra- me (espace, pirates) avec « plein à la ligne pour les 4-6 ans ou chasse relations de l’enfant et… de la chocolat pas raté. » Après avoir décoration, gâteau, animation. phie aidera les parents à cours de sucreries différentes en petites au trésor pour les 6-12 ans, taille du logement, si on ne possè- vainement tenté de lui expliquer Ballons, guirlandes, cotillons, cha- d’imagination. Prévoir des lots qui quantités ». récompensées par un cadeau de pas de jardin ou que la fête a qu’il était impoli de réclamer des peaux et, éventuellement, déguise- récompenseront les gagnants. Enfin, les parents devront gérer culturel. Durée : 2 h 30 pour les lieu en hiver. « Au début, Louis invi- cadeaux, ses parents ont pris le ris- ments sont de rigueur. On peut le moment délicat de l’ouverture 4-6 ans, 3 heures pour les plus âgés. tait ses deux meilleurs copains. que d’envoyer ce texte, tel quel. Il acheter de la vaisselle en carton    des cadeaux. Certains le font à l’ar- Mercredi et samedi après-midi ; Maintenant, il s’entoure de sept ou a beaucoup réjoui ses camarades décorée, ou préférer des assiettes Le gâteau ne doit pas forcément rivée de chaque invité. « Les 10 enfants minimum, 30 maximum ; huit camarades », constate et leurs familles. et gobelets empilables en plasti- être sophistiqué (un simple quatre- enfants déballent les cadeaux et 16 ¤ par enfant. Réservation : Sophie. Il faut expliquer à l’enfant que coloré, réutilisables d’année quart suffira), mais il doit être tout le monde joue avec, sauf l’inté- 01-45-62-39-94. que l’appartement n’est pas exten- «  ’ » en année. spectaculaire. On peut jouer sur la ressé. Ils se disputent et la pagaille b Jeu de piste. Au Musée en herbe, sible et qu’on doit opérer des La fête sera d’autant plus réus- Pour l’animation, il faut prévoir forme (ours, train, château, cœur, s’installe rapidement», constate un Jardin d’acclimatation (Bois de choix. sie que l’enfant sera associé à sa des jeux. A cet effet, on aménage- fleur), le glaçage, et la décoration : grand-père. On peut éviter cet Boulogne, 75016, Paris ; tél : C’est aussi l’occasion de l’initier préparation pour rédiger les car- ra une pièce en ôtant les objets fra- figurines, cierges magiques. Mais écueil en procédant à la remise au 01-40-67-97-66), exposition avec jeu aux règles du savoir-vivre : « Ren- tons d’invitation, participer à la giles et les tapis. On se fera aider les enfants ne le finiront pas forcé- moment où l’on souffle les bou- de piste et atelier d’arts plastiques. dre la politesse aux copains qui décoration, au choix du dessin ani- de la baby-sitter, des grands frères ment, car ils se seront gavés de bis- gies. On veillera à placer sur cha- Mercredi, samedi, dimanche, de 14 à vous ont déjà invité, et éviter de mé, à la confection du gâteau. et sœurs adolescents ou des cuits et de bonbons (à prévoir en que paquet une étiquette avec le 17 heures ; 228 ¤ pour 10 enfants vexer un camarade qui n’est pas « C’est l’occasion de responsabili- grands-parents. Au hit-parade des abondance). nom de l’enfant qui l’a offert, de maximum + 2,30 ¤ par enfant pour convié, en sollicitant d’autres ser l’enfant qui grandit. On décide classiques : la pêche à la ligne, l’ob- Le Livre de la fête (Fleurus) manière à ce qu’il n’y ait pas de l’entrée au Jardin d’acclimatation. enfants en sa présence », dit Sylvia- que ce jour-là, il aura un certain jet à mémoriser, les chaises musi- recommande de jouer sur la varié- don anonyme. Age : 6-11 ans. Site : ne Giampino, psychanalyste et nombre de prérogatives, tout en cales, le concours de jeux de cons- té : par exemple, un buffet à thè- Nombre de parents expriment www.musee-en-herbe.com. psychologue pour enfants, auteur fixant leurs limites », souligne Ser- leur embarras : comment éviter la Réservations : 01-40-67-97-66. du livre Les mères qui travaillent ge Tisseron. surenchère ? « Si l’enfant est invité b Scientifique. A l’Explor@dome, un sont-elles coupables ? (Albin Par exemple, il pourra passer Déguisements en stock à dix reprises et qu’il faut débourser atelier scientifique ou multimédia. Michel). Autre problème à résou- sur le magnétoscope des program- Boas à plumes, chapeaux pointus, langues de belle-mère, déguisements, à chaque fois 30 ¤, cela devient vite 20 ¤ par enfant (18 si le groupe dre, le dosage des filles et des gar- mes qu’il ne regarde pas habituel- vaisselle estampillée Barbie ou Harry Potter sont des accessoires en vogue. onéreux et toutes les familles ne peu- dépasse 10 enfants). Mercredi, çons. « Depuis qu’ils ont dépassé lement, mais il devra recourir à un Au lieu de courir plusieurs magasins, les mères pressées pourront se les pro- vent pas faire face », estime une samedi, 15 heures-18 heures, ou l’âge de 7 ans, ils n’invitent plus de adulte pour manipuler l’appareil. curer chez Tutti Fiesta à Paris, à l’unité ou par lots, avec les bonbons (les gui- mère qui, pour mettre les autres brunch le dimanche (23 ¤ par enfant), filles », remarque Annie, mère de Procéder ainsi contribuera à évi- mauves en forme de dentier font fureur !), cotillons, cornets-surprises. Aupa- parents à l’aise, annonce d’emblée tél. : 01-53-64-90-40. Au Musée deux garçons. ter les dérapages (parquet ravagé, ravant, elles pourront, visionner sur Internet les 6 000 références. Et, si elles une limite de 15 ¤ à ne pas dépas- EDF-Electropolis à Mulhouse, pour les Certains parents s’y résignent. magnétoscope démoli) et les dis- résident au loin ou n’ont pas envie de se déplacer, rien ne les empêche de ser. Plusieurs invités peuvent se 7-12 ans, suivi d’un jeu D’autres tentent d’obtenir un putes. L’enfant est le roi de la fête, commander à distance. Les plus créatives y trouveront aussi leur compte : regrouper pour offrir un présent (électropoursuite). Mercredi et minimum de mixité et aident l’en- mais il ne doit pas pour autant papier, tissu, patrons, plumes. A partir de février, des ateliers hebdomadai- plus conséquent. On peut enfin samedi après-midi. Forfait de 90 ¤ fant à choisir des jeux qui convien- être le gagnant de tous les jeux, res de coupe-couture et maquillage leur seront proposés. suivre l’exemple d’Annie, qui inter- pour 10 enfants et 2 adultes. Réserver nent à tous. Enfin, les parents sous peine de se retrouver à son e Tutti Fiesta. Deux magasins : 32, rue des Vignoles, 75020 Paris ; tél : dit tout cadeau. un mois à l’avance. 55, rue Pâturage, devront renoncer à la tentation tour éternel perdant à l’anniversai- 01-43-70-21-00, du lundi au samedi, 10-19 heures ; 47, rue Saint-Ferdinand, 68200 Mulhouse ; tél : d’influencer leur enfant en fonc- re de ses amis. 75017 Paris ; du mardi au samedi, 10-19 heures. Site : www.tuttifiesta.com. Michaëla Bobasch 03-89-32-48-50. Internet : tion de leurs propres affinités : www.electropolis.tm.fr par exemple, préférer les copains b A la ferme. Six fermes de la région du club de sport ou ceux dont on Hors de la maison : McDo ou salon de thé ? de Grenoble proposent des goûters fréquente la famille, aux camara- avec des produits de leur des de classe. exploitation (tartes, confiture de lait, « Ramener des copains chez soi, PLUSIEURS RAISONS peuvent inciter à orga- Françoise. « Au-delà d’une heure et demie, c’est La représentation est suivie d’une visite dans pain d’épices) et découverte des c’est leur présenter son intimité niser le goûter d’anniversaire à l’extérieur : man- trop difficile à gérer », répond Cécile Jolly, porte- le « laboratoire », la cuisine où sont confection- activités ; 5,34 ¤ par enfant, 7,62 ¤ familiale, montrer sa maison et ses que de place, souci d’originalité ou demande parole de McDonald’s. Elle rappelle que « le nées les pâtisseries. Après le gâteau accom- par adulte. Association pour le jouets, mais aussi l’ordinateur de des enfants. « Après avoir assisté à un anniver- goûter d’anniversaire n’est pas une spécialité de pagné d’un chocolat chaud, les enfants découvri- développement de l’agriculture dans papa. Il joue son prestige ; aussi, saire chez McDo, Théodore (5 ans) a voulu faire l’enseigne, mais un service supplémentaire pro- ront la fève de cacao et la fabrication d’animaux l’Y grenoblois, 40, avenue Marcellin- faut-il l’aider à réussir sa fête », de même », explique Françoise. Armée de son posé aux familles pour leur faciliter la vie ». en chocolat. « Des amis nous avaient offert un Berthelot, 38036 Grenoble ; tél : explique Sylviane Giampino. Il y a caméscope, elle est ravie de n’avoir rien d’autre petit théâtre bleu avec ses rideaux rouges, lorsque 04-76-20-68-30 et là pour les parents deux écueils à à faire que de fixer le souvenir sur la pellicule.   j’avais 8 ans ; mes parents l’ont rendu au magasin, www.adayg-agriculture.asso.fr éviter : s’occuper soi-même de Au McDonald’s de la rue Traversière, à Paris, Bien différente est l’atmosphère de la Char- explique Sylvie Lenglet. Alors, le jour où j’ai b A lire. Fêtes d’enfants de Nicola tout (sauf si l’enfant est trop petit) les dix invités sont accueillis par deux hôtesses. lotte de l’Isle, rue Saint-Louis, à Paris, avec sa découvert dans mon salon de thé un castelet, j’ai Adamson : les préparatifs de la fête, ou tout refuser sous prétexte que L’une s’occupe du maquillage (facultatif), et devanture vieux rose au charme désuet. La ressorti des marionnettes qui attendaient depuis l’organisation et les jeux (Fleurus, c’est impossible à réaliser. Réussir l’autre propose un premier jeu. De nouvelles dis- porte franchie, c’est dans un univers enchanté vingt ans et j’ai inventé des histoires. » Les person- 120 p., 13,55 ¤). Le Livre de la fête la fête ne signifie pas forcément tractions s’enchaînent jusqu’à la première colla- que pénètrent Juliette et ses amis, conviés à nages portent les noms des spécialités de la mai- d’Isabelle Bochot : 150 idées pour les recourir à des prestatations oné- tion. Les enfants ont opté pour le menu salé : écouter des histoires. Le texte est fantaisiste, les son : la Tartarien, aux amandes, s’oppose à la enfants de 5 à 10 ans, déguisements, reuses clés en main (clowns, magi- hamburger ou nuggets, Coca ou jus d’orange, fri- marionnettes chantent, dansent, interpellent Tartatout, débordante de fruits. accessoires, maquillage, décors, ciens, spécialistes de l’animation). tes pour tout le monde. Ils passeront ensuite l’auditoire : « Il n’est pas joli mon dessin ? », recettes gourmandes, jeux (Fleurus, Mais cela ne consiste pas non plus vingt minutes dans le « Playland », avant le demande Tartarien en secouant ses cheveux de M. B. 191 p., 15,10 ¤). Le Paris des tout-petits à se plier aux quatre volontés du gâteau et les cadeaux. Fred, l’animatrice, aide laine bleue. « Non ! », interrompt un grand-père et Le Paris des juniors : au chapitre chérubin. « Le goûter d’anniversai- Théodore à déballer ses présents, en procla- facétieux. « Je demande que les enfants soient e McDonald’s : de 5,34 ¤ à6¤ par enfant (gratuit « fête », des idées pour la décoration re est l’occasion pour l’enfant d’ex- mant à chaque fois le nom du donateur. Après accompagnés d’adultes pendant le spectacle et le pour celui qui fête son anniversaire) ; délais de et l’animation, ainsi que des adresses primer ses rêves et ses désirs et de les remerciements, chaque invité reçoit une goûter », dit Sylvie Lenglet, maîtresse de céans, réservation variables. La Charlotte de l’Isle : 8 ¤ pour faire la fête « clés en mains », les confronter à la réalité, analyse pochette surprise offerte par McDo. créatrice des marionnettes et auteur des contes, par participant ; 24, rue Saint-Louis-en-l’Ile, 75004 ou hors de chez soi Serge Tisseron, psychanalyste. Si « C’est trop court et surchargé », commente assistée de la comédienne Josette Stein. Paris ; tél. : 01-43-54-25-83. (Mango, 600 p., 21,19 ¤). 0123456 CONCOURS DU NOUVEAU MONDE

er L’INDICE DU JOUR 10.L’ÉNIGME DU JOUR “LIVRES“ : 10. Bulletin réponse du vendredi 1 février INSCRIVEZ ICI VOTRE RÉPONSE À L’ÉNIGME DU JOUR : Un étrange auteur venu d’ailleurs

qui secoue le monde des lettres. Votre nom Prénom

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Oslo Stockholm 01 FÉV. 2002 PRÉVISIONS 01 février 01 février prévisions vers 12h prévisions vers 12h Moscou Doux, nuageux Ville par ville, les minima/maxima de Riga température et l’état du ciel. S : ensoleillé; Lille et venteux N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige. Le Havre Minsk FRANCE  Madrid...... -1/12 S Belfast Copenhague Reims Ajaccio ...... 6/14 S Milan ...... 0/8 S Dublin Liverpool au nord Brest Paris Varsovie Kiev ...... 8/18 S ...... -12/-11 * Biarritz Moscou Strasbourg 7/16 S ...... 3/9 S Berlin  31  Bordeaux ...... Munich Rennes Troyes Amsterdam ...... 6/14 S ...... 8/14 C Londres Bourges Naples Orléans Bruxelles Lever du soleil à Paris : 8 h 24 ...... 9/12 P ...... -9/-1 C Brest Oslo Nantes Prague ...... 8/13 P .... 5/17 S Tours Coucher du soleil à Paris : 17 h 45 Caen Palma de M. Mulhouse ...... 9/12 P 2/10 S Odessa Cherbourg Prague ...... Bourges Strasbourg Dijon Vienne 4/13 S ...... 5/14 S Paris Clermont-F. .... Rome Munich Budapest ...... 4/9 N ...... 6/18 S Les hautes pressions se situent sur l’Espa- Dijon Séville Poitiers Nantes Clermont- gne et le bassin méditerranéen. Une pro- Grenoble ...... -1/9 S Sofia ...... 1/9 C Limoges Berne Ferrand Bucarest ...... 8/12 C -14/-11 C fonde dépression se situe au sud de l’Is- Lille St-Pétersb...... Chamonix Lyon Lyon Milan lande et le flux perturbé circule des îles ...... 5/12 S -3/3 C Belgrade Limoges Stockholm ...... Grenoble Sofia 2/10 S ...... 16/22 S Britanniques à la Scandinavie. La France Lyon ...... Ténérife Bordeaux Toulouse Istanbul se trouve dans un flux de sud-ouest très Marseille...... 5/14 S Varsovie ...... 3/6 C Aurillac doux, venteux et un peu perturbé sur le ...... 5/10 C 2/9 S Montélimar Nancy Venise ...... Rome nord du pays. Nantes...... 10/14 N Vienne...... 4/10 S Barcelone Naples ...... 6/14 S Madrid Nice Nice 8/14 C AMÉRIQUES Biarritz Montpellier Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor- Paris...... Toulouse Marseille Lisbonne ...... 20/30 C Athènes Pau ...... 3/16 S Brasilia mandie. Le ciel sera couvert, avec des 16/27 S Tarbes Perpignan...... 5/15 S Buenos Aires Perpignan pluies plus soutenues sur le sud de la Bre- 23/28 C Séville Rennes...... 9/13 C Caracas ...... tagne. Le vent de sud-ouest souffle très ...... -9/-2 C ...... -1/10 S Chicago Tunis fort autour de 100 à 110 km/ heure sur les St-Etienne Alger 5/11 C ...... 19/24 P Ajaccio côtes et 90 km/h dans l’intérieur. Il fait Strasbourg...... Lima .... 7/14 S Rabat Toulouse...... 4/12 S Los Angeles très doux, entre 12 et 14 degrés...... 9/21 S Tours ...... 8/13 C Mexico -11/-9 * Montréal...... Soleil Peu nuageux Couvert Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen- FRANCE - New York ...... 7/18 P 5/11 S tre, Haute-Normandie, Ardennes. Le Cayenne ...... 24/27 P San Francisco Brèves éclaircies Averses Pluie . 14/34 S ciel est souvent nuageux, avec quelques Fort-de-Fr...... 25/27 C Santiago Ch. 26/30 P ...... -7/-3 * Orage Neige Brouillard Vent fort gouttes sur le Nord-Picardie. Le vent de Nouméa...... Toronto 7/23 S sud-ouest atteint 100 km/h sur les côtes Papeete...... 25/31 S Washingt. DC et 80 km/h dans l’intérieur. Pointe-à-P...... 22/29 C AFRIQUE St Denis Réu.. 23/29 P Alger...... 4/17 S ...... 20/27 S Champagne, Lorraine, Alsace, Bour- EUROPE Dakar 21/30 S gogne, Franche-Comté. Le ciel sera sou- Kinshasa...... Amsterdam.... 8/13 C vent nuageux, avec quelques timides Le Caire...... 10/19 S ...... 8/17 S Athènes ...... 16/26 S éclaircies. Il fera doux, entre 9 et 6/13 S Nairobi Barcelone ...... 12 degrés. Pretoria...... 17/24 P Belfast...... 5/13 P Rabat ...... 8/20 S ...... 3/7 C Belgrade 10/17 S Tunis ...... Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi- Berlin ...... 5/10 C Vendredi 1 février : Pyrénées. Après quelques brumes le Berne...... 3/7 S ASIE-OCÉANIE 8/14 C ...... 23/33 S la journée sera matin au sud de la Garonne, le temps ...... Bruxelles Bangkok dans l'ensemble ...... -1/9 C ...... 12/18 S sera bien ensoleillé. Les températures Bucarest Beyrouth très ensoleillée...... 3/9 C ...... 20/31 S seront très douces, entre 13 et 15 degrés. Budapest Bombay Deux exceptions : Copenhague.. 2/8 C Djakarta ...... 26/28 C la Bretagne et ...... 5/14 P ...... 12/23 S Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. Dublin Dubaï le Cotentin, où ...... 4/10 C ...... 12/19 P la pluie arrivera La journée va être très agréable avec du Francfort Hanoï 1/11 S ...... 14/20 S dans l’après-midi, soleil et des températures comprises Genève ...... Hongkong ...... -14/-11 S ...... 3/16 S et le Languedoc, entre 7 et 12 degrés. Helsinki Jérusalem avec des entrées ...... 10/13 S ...... 7/22 S Istanbul New Delhi maritimes...... 2/5 S ...... -3/7 S Kiev Pékin La douceur Languedoc-Roussillon, Provence- Lisbonne...... 8/15 S Séoul ...... -3/5 S s'accentue avec 8/12 P ...... 25/30 S Alpes-Côte-d'Azur, Corse. Le soleil va Liverpool ...... Singapour 22 degrés au pied briller largement et les températures Londres...... 9/14 C Sydney ...... 22/24 C des Pyrénées. PRÉVISIONS POUR LE 2 FÉVRIER SITUATION LE 31 JANVIER À 0 HEURE TU PRÉVISIONS POUR LE 2 FÉVRIER À 0 HEURE TU seront comprises entre 12 et 16 degrés. Luxembourg . 4/9 C Tokyo ...... 1/8 S Lettres, manuscrits et autographes de Talleyrand sont dispersés à Vendôme  tant les biens de l’Eglise à la dis- léon, il écrit Le Moniteur secret,un quand celui-ci arrive en France, vous depuis tant d’années… » tres sont suffisamment indisposés position de la nation, mais prend album avec cahiers et registres des- signée « Talleyrand, évêque (200 ¤). Représentant de par le vin pour annuler la session Tous les jeudis position contre les émissions abu- tiné à son « cabinet noir »,oùil d’Autun » (300 ¤ à 400 ¤). Louis XVIII au premier congrès de de la matinée. datés vendredi, sives d’assignats. donne un tableau de la cour de Vienne en 1814, il veut ajourner la Ses positions au congrès de Vien- l’agenda du chineur En 1790, il prononce à l’Assem- Napoléon, de son caractère et de «     » séance du lendemain matin pour la ne n’empêchent pas Talleyrand de blée un Discours sur l’inflation, qui celui de ses agents, leurs goûts per- Après la chute de l’Empire en repousser à l’après-midi, dans l’at- se rallier à Napoléon pendant les SPÉCIALISTE du retournement est publié dans un opuscule (35 ¤). sonnels, leurs défauts, la manière avril 1814, il constitue un gouverne- tente d’informations. « Servez du Cent Jours, ni d’être nommé prési- politique, Charles-Maurice de Tal- A la même époque, il écrit une let- de les approcher (100 ¤). ment provisoire à la demande des vin aigre », écrit-il à son sommelier dent du conseil en 1815, à la deuxiè- leyrand-Périgord (1754-1838) a tre sur à la traite des Noirs, où il se Partisan du déplacement du alliés et fait imprimer une affiche sur un des menus du dîner où sont me restauration des Bourbon. Vers fasciné un collectionneur qui lui a prononce pour l’abolition de l’es- pape Pie VII pour le sacre de l’em- destinée aux armées françaises : conviés les représentants de plu- 1820, il écrit Mémoires tirés des consacré 36 mètres de rayonna- clavage (90 ¤). Devenu ministre pereur en 1802, il envoie une lettre « Soldats, la France vient de briser sieurs trônes d’Europe (30 ¤). Le papiers d’un homme d’Etat…,un ges dans sa bibliothèque. Près de des affaires étrangères de Napo- d’accueil au souverain pontife, le joug sous lequel elle gémit avec stratagème réussit, rois et minis- manuscrit relié avec notes et fiches 1 500 volumes, des lettres, auto- (80 ¤) où il décrit les causes secrè- graphes, manuscrits, médailles, tes qui ont déterminé la politique gravures, affiches illustrent la car- Calendrier des guerres de la Révolution. Extrê- rière rebondissante de ce person- ANTIQUITÉS-BROCANTES dimanche 3 février, 3 février, tél. : 02-33-95-40-50. dimanche 3 février, mement bien informé, il a toujours nage hors du commun. Un ensem- b Andelnans (Territoire-de-Belfort), tél. : 03-27-72-02-22. b Niort (Deux-Sèvres), samedi 2 et tél. : 04-66-22-79-51. su anticiper sur l’avenir, et prévoir ble dispersé à Vendôme (Loir-et- samedi 2 et dimanche 3 février, b Couzon-au-Mont-d’Or (Rhône), dimanche 3 février, COLLECTIONS une solution de rechange pour cha- Cher) lundi 4 février. tél. : 03-84-29-81-89. samedi 2 et dimanche 3 février, tél. : 05-57-43-97-93. b La Couture (Pas-de-Calais), livres que événement. Tour à tour républicain, bona- b Antony (Hauts-de-Seine), samedi 2 tél. : 06-08-81-54-00. b Paris Parc des Princes, samedi 2 et et bandes dessinées, samedi 2 et partiste puis royaliste, Talleyrand et dimanche 3 février, b Grenoble (Isère), du jeudi dimanche 3 février, 400 exposants, dimanche 3 février, Catherine Bedel a participé à tous les gouverne- tél. : 01-40-71-07-63. 31 janvier au lundi 4 février, tél. : 01-44-88-52-60. tél. : 03-21-26-79-23. ments, sans interruption, de l’An- b Bordeaux-lac (Gironde), jusqu’au tél. : 04-76-39-66-00. b Paris Parc floral de Vincennes, b Paris Porte-de-Bercy, Numicarta, e Hôtel des ventes de Vendôme, cien Régime à Louis-Philippe. Des- dimanche 3 février, b Mesnières-en-Bray jusqu’au dimanche 3 février, vendredi 1er et samedi 2 février, 6lundi 4 février. Exposition samedi tiné à la prêtrise, il devient évê- tél. : 01-40-71-90-22. (Seine-Maritime), samedi 2 et tél. : 02-33-47-56-57. tél. : 01-43-36-23-01. 2 février de 9 à 12 heures et de 14 heu- que d’Autun en 1788, puis député b Bourges (Cher), du vendredi 1er au dimanche 3 février, b Paris Richard-Lenoir, vendredi 1er et b Pont-à-Marq (Nord), chemins de res à 17 heures, conférence sur place du clergé aux Etats généraux en dimanche 3 février, tél. : 06-77-58-49-03. samedi 2 février, fer et modélisme, samedi 2 et samedi 2 à 15 heures. Etude Rouillac, 1789. Gagné aux idées de la Révo- tél. : 02-48-70-11-22. b Montebourg (Manche), tél. : 01-45-89-32-07. dimanche 3 février, tél. : 02-54-80-24-24. Les lots sur lution, il fait voter le décret met- b Cambrais (Nord), du vendredi 1er au du vendredi 1er au dimanche b Uzès (Gard), samedi 2 et tél. : 03-20-92-96-77. Internet : www.rouillac.com.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 02 - 028 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION N˚ 259 En collaboration avec la

123456789101112 3. Un peu secoué. Ile. Conjonc- tion. - 4. Dangereux rayons. Un généreux I Peuvent vous faire gagner du souffle. - 5. Pour reprendre son II souffle. A moitié usée. - 6. professeur Prend au passage pour plus Jean Auguste Dominique III tard. - 7. Dans les comptes et CHARLES-ANTOINE ROUGEOT Ingres (1780-1867), les décomptes des salariés. Sur (1740-1797), fils d’un maître tapis- « Jeune homme triste », IV les bornes. Homme ou femme sier parisien, s’installe à Tours vers encre de Chine d’affaires ? - 8. Fait le ménage à 1760, où il fonde une famille. Deve- et encre brune, V l’intérieur. Des bulles dans les nu archiviste à partir de 1767, il déci- crayon graphite images. - 9. Mauvaises habitu- de d’ouvrir à ses frais une école de sur papier vergé blanc VI des. Fait du bien. - 10. De cette dessin et reçoit, trois fois par semai- 12,8 × 9,6 cm. façon. Conjonction. - 11. Pro- ne, une quarantaine d’élèves. Très Actuellement présenté VII tégée par les huiles. Vent du vite, il souhaite associer son école à l’exposition large. - 12. Fera du propre. aux manufactures de soierie de la « Dessins XVe-XXe siècle – VIII ville. Des rapports élogieux sur son la collection du Musée Philippe Dupuis enseignement vont lui permettre de Tours » au Musée IX d’obtenir, pour son établissement, des beaux-arts de Tours, SOLUTION DU N° 02 - 027 le 12 avril 1781, le titre d’Ecole aca-

  -   jusqu’au 4 mars 2002. X démique de peinture, sculpture, Horizontalement architecture et arts analogues. sins, dont 94 ont été sélectionnés et conversation des œuvres sur I. Remonte-pente. - II. Emotion. Nommé directeur perpétuel, Rou- restaurés pour cette exposition. papier ? HORIZONTALEMENT passer à l’action. - VIII. Article. Houx. - III. Tuyautés. Brt. - IV. Olé. geot se fait envoyer des dessins La conservation des œuvres d’art b17 ˚C Attention à l’équilibre quand Oreille. - V. Usnée. Videur. - VI. Ci. pour servir de modèles à ses élèves. exige de respecter des normes con- b20 ˚C I. Insupportable reproche. - II. elle tourne. Point de départ. - Ascèse. Pi. - VII. Hop. Cl. Médie. - Ce sont pour la plupart des études cernant l’humidité, la température b24 ˚C Une passe qui ne passe pas sur IX. Vierges ou Marquises. Ou- VIII. En. Arôme. ONU. - IX. Brode. exécutées par les élèves de l’Acadé- et la lumière. Quelle est la tempéra- Réponse dans Le Monde du le terrain. Petit coin de para- vre ou ferme d’un geste. - X. Puer. - X. Réaccoutumés. mie, futurs peintres, sculpteurs et ture recommandée pour la bonne 8 février. pluie. - III. Bavardages repris en Impeccable. Reçoit les messa- graveurs du roi. musique. Dérangeant à fleur de ges des neurones. Verticalement Pendant une centaine d’années, peau. - IV. Bande organisée. 1. Retoucheur. - 2. Emulsion. - 3. Rougeot et ses successeurs vont Réponse du jeu n˚ 258 paru dans Le Monde du 25 janvier Discret pour appeler. - V. Note. VERTICALEMENT Moyen. BA. - 4. Ota. EA. Arc. - 5. administrer l’école des beaux-arts C’est Alexandre Balthazar Laurent Grimod de La Reynière qui a écrit Bande organisée. Tout neuf. - Niu (uni). Escroc. - 6. Toto. Clodo. - et le musée, enrichissant la collec- L’Almanach des gourmands et le Manuel des Amphitryons. Brillat-Savarin, VI. Fait un tour dans la Botte. 1. Bouffait autour des belles 7. Enervé. Meu (ému). - 8. Séisme. - tion de dessins, qui comporte, en chroniqueur gastronomique, est l’auteur de La Physiologie du goût,et Enfants du Fils du Soleil. - VII. avant d’aller au jardin. - 2. 9. Eh. Idée. Pu. - 10. Noble. Doum. 1801, un millier de feuilles. Aujour- Baptiste Adolphe Duval est le père du célèbre restaurant populaire pari- Tranchants. Réfléchit avant de Bouffé et incompréhensible. - - 11. Turlupinée. - 12. Extérieurs. d’hui, elle est riche de 4 500 des- sien le Bouillon Duval. LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/31 CULTURE reportage

Fermé de 1995 à 2000, le TNA retrouve, avec la nomination de Ziani-Chérif Ayad à sa tête, en décembre 2001, la volonté de lancer des projets et de populariser le patrimoine artistique national Le théâtre remonte sur scène à Alger

ALGER années ont disloqué la vie artistique organiser la programmation théâtra- de notre envoyée spéciale et atteint plus particulièrement le le de l’Année de l’Algérie en France, Square Port-Saïd, au cœur de la spectacle vivant », observe le nou- prévue pour 2003, et diriger le TNA. capitale algérienne, des centaines veau directeur. Au fil de ces années de couvre-feu de spectateurs se pressent aux por- D’une manière tragiquement et de violences, le public a déserté tes, enfin rouvertes, du Théâtre directe, lorsque des artistes furent la les salles de spectacle. Aujourd’hui national d’Alger (TNA), l’ancien cible des meurtriers. D’une façon encore, les Algérois sortent peu le Opéra d’Alger, construit en 1853. En indirecte, lorsque ces premiers assas- soir, et cette métropole méditerra- ce samedi soir de janvier, ils vien- sinats incitèrent d’autres auteurs, néenne connaît, à la nuit tombée, nent retrouver Sonia, la grande comédiens et metteurs en scène, des rues désertées. Au cinéma et au dame du théâtre algérien, dans Mau- parmi les plus connus, à se résoudre théâtre, les séances nocturnes ont dits à Vérone, libre adaptation du à l’exil, tels Fellag, Sid Ahmed Agou- été supprimées. Même au TNA, les Roméo et Juliette de Shakespeare. La mi ou Slimane Benaïssa. représentations ont lieu en matinée pièce, mise en scène par le Français ou à 19 heures car la peur rôde et Dominique Touzé, est interprétée retient les amateurs de spectacles. en arabe classique par des comé- « Je publie le plus possible de criti- /.  diens du Maghreb et de France. A Sous l’étiquette de ques pour donner aux gens l’envie de « Maudits à Vérone » (une libre adaptation de « Roméo et Juliette » de Shakespeare) est une l’entrée, des vigiles et des détecteurs retrouver ou de découvrir le plaisir pièce mise en scène par le Français Dominique Touzé et interprétée en arabe classique. de métaux rappellent la tension qui théâtre indépendant, d’aller au théâtre », explique Samir demeure, après dix années de violen- Benmalek, journaliste au quotidien ces, dans la capitale algérienne. voire amateur Le Matin, frère du romancier C’est ici, sur les marches du théâ- Anouar Benmalek. création a changé de camp, émanant du théâtre. Du 2 au 10 février, une Sonnets de William Shakespeare, tre, que le comédien Azzedine Med- ou universitaire, Lucide, Ziani-Chérif Ayad consta- des compagnies indépendantes et vingtaine de troupes venues de tout mis en scène par Eric Lacascade, joubi avait été abattu en février te l’ampleur des dégâts après les non plus des théâtres publics ». le pays vont présenter des pièces en sont au programme en mars. La 1995. Agé de 48 ans, il venait d’être se dessine une relève années de parti unique et celles de Car, malgré les années sombres, majorité algériennes. Ziani-Chérif renaissance de l’Orchestre sympho- nommé à la tête du TNA deux la guerre civile larvée. « Du temps de les envies d’agir et de créer sont Ayad prête à de jeunes compagnies nique national, interrompu lui aussi semaines plus tôt. A la suite de cette encore fragile qui la maison d’édition unique, celle-ci bien présentes. A l’image de ce qui les belles salles de répétition du théâ- depuis les années 1990, permet au tragédie, l’institution nationale a été ne publiait qu’en français et en arabe se passe dans toute la société algé- tre – une initiative qui connaît un tel TNA de renouer avec ses traditions fermée. Cinq ans plus tard, et après prend ses distances classique. Or la plupart des auteurs rienne, les initiatives artistiques, sou- succès que les locaux sont occupés de concerts et d’opéras. d’importants travaux de restaura- de théâtre avaient opté pour la lan- vent portées par des jeunes ou par dès 8 heures du matin. Certaines Grâce à l’aide financière d’associa- tion, comme ceux dont ont bénéfi- avec le théâtre gue populaire [l’arabe algérien] et des femmes, foisonnent loin des ins- sont accueillies en résidence, com- tions caritatives algériennes, le théâ- cié la demi-douzaine de théâtres n’étaient pas publiés. » Aujourd’hui, titutions du pouvoir. Sous l’éti- me la troupe Arc-en-ciel, de jeunes tre aménage deux nouveaux espa- publics des principales villes du fortement politisé des estime-t-il, les jeunes comédiens quette de théâtre indépendant, voi- comédiens récemment sortis de ces. Au niveau du deuxième balcon, pays, le théâtre national a rouvert, ignorent le patrimoine que représen- re amateur ou universitaire, se dessi- l’Institut national d’art dramatique, le Cercle El-Adjouad devrait en avril 2000. Mais, en l’absence de années Boumediène tent les pièces de Mohamed Dib, ne une relève encore fragile, qui qui ont donné plusieurs représenta- accueillir des lectures-rencontres projet et de direction véritables, la Abdelkader Alloula ou Abderrahma- prend ses distances avec le théâtre tions au début janvier. d’auteurs contemporains. La premiè- salle a d’abord servi de lieu d’accueil ne Kaki. « Souvent, ils n’ont même fortement politisé des années Bou- Sans budget de production – les re séance, le 14 février, sera consa- pour des spectacles invités par des Ziani-Chérif Ayad s’est, lui aussi, pas eu l’occasion de voir une seule piè- mediène. crédits du TNA ne financent que les crée aux textes de la poétesse Zineb centres culturels étrangers, des fêtes réfugié en France. Ancien membre ce de Kateb Yacine. » Les ateliers d’écriture théâtrale salaires, maigres, du personnel –, le Laouedj. Plus tard, une librairie doit associatives ou même des réunions de la troupe permanente du TNA, il Avec l’enfermement des dix der- animés par deux auteurs venus de directeur ne peut organiser de vraie être installée dans le hall pour que le politiques. avait fondé l’une de premières com- nières années, « il n’y a plus d’auteur France, Olivier Py et Mohamed Kaci- programmation. Après Maudits à théâtre soit ouvert et accueillant tou- Depuis décembre 2001, la nomi- pagnies indépendantes en 1989, de théâtre ». La troupe du TNA est mi, ont fait le plein cet automne. Vérone, il présente sa propre mise te la journée. nation d’un professionnel à la tête Masrah El Kalaa (La Citadelle), qui a presque démantelée, ce que Ziani- Pour que le public et les profession- en scène, Un été de cendres,un « Partout où je vais, je rencontre du TNA, le metteur en scène Ziani- été souvent invitée en France et Chérif Ayad ne regrette pas – « cer- nels découvrent ces créations, le monologue adapté du roman du une forte demande », constate Ziani- Chérif Ayad, 53 ans, marque une dans les festivals internationaux. A tains permanents ne montaient sur les nouveau directeur du TNA a organi- même titre d’Abdelkader Djemaï, Chérif Ayad. A l’issue de la pièce vraie tentative de relancer la vie la demande des responsables algé- planches qu’une fois tous les dix sé dans ses murs la première édition un auteur exilé en France. Avec l’ap- Maudits à Vérone , plus d’une centai- théâtrale. « Ces dix dernières riens, il est de retour à Alger pour ans ». Mais, pendant ce temps, «la d’un festival, la Rencontre nationale pui du centre culturel français, les ne de spectateurs sont restés au débat proposé par Dominique Touzé. Après une discussion pas- sionnée sur le choix de l’arabe classi- que comme langue du spectacle, un Des galeries pour l’avenir Sonia, plus forte que la tragédie jeune spectateur a pu poser sa ques- tion aux deux comédiens qui ALGER des rues algéroises. La rue de Karim ALGER pièces d’auteurs contemporains Généreux, d’Abdelkader Alloula, jouaient Roméo (Mohammed de notre envoyée spéciale Sergoua est une mémoire : il a instal- de notre envoyée spéciale algériens et les traductions de clas- mis en scène par Jean-Yves Lazen- Marouazi) et Juliette (Houda Alors que le marché de l’art est au lé un petit bazar ambulant intitulé Épaules nues, longue robe du siques européens. Les tournées de nec, ou Les Fils de l’amertume,de Hamaoui) : « Quand vous vous point mort en Algérie, une architec- « Hommage à A. B. Nadjim, ven- soir, la comédienne entre en scène. cette institution officielle sont nom- Slimane Benaïssa, monté par Jean- embrassez sur scène, faites-vous sem- te d’intérieur, Imane Boukaila-Stam- deur de cigarettes, et à Rachid, ven- De sa voix grave, elle donne un breuses en Europe et dans les pays Louis Hourdin. blant ou est-ce un vrai baiser ? » bouli, a ouvert en 2001 une galerie deur de cacahuètes, décédés en cours de séduction à une jeune arabes. Dix ans plus tard, la comé- En 1999, Sonia se lance dans la consacrée aux plasticiens contempo- juillet 1996 à côté du Bar universel fille, jouant les gestes et les ryth- dienne abandonne son poste et ten- mise en scène. Presque tous ceux Catherine Bédarida rains. Dans les rues escarpées (voiture piégée) ». Le frère du ven- mes de l’approche, roulant et te l’aventure du théâtre indépen- avec qui elle a travaillé sont en exil, d’Hydra, quartier résidentiel d’Al- deur de cigarettes y a collé un Post- déroulant les mains et les mots. Le dant qui émerge alors. et elle brûle de jouer à nouveau ger, la galerie Zehira dispose de it avec son numéro de téléphone. public applaudit, comme il le fera à dans son pays. « Pour une première deux vastes pièces, l’une baignée de chacune de ses tirades, tout au pièce après toutes ces années, je ne     « Pendant cinq ans, je lumière naturelle, l’autre plongée long de la représentation de Mau- ne suis plus montée sur savais pas quoi choisir. Il y avait eu dans une pénombre confortable Entre tendresse et dérision, l’œu- dits à Vérone. Grande dame du théâ- les planches en Algérie. tant de drames qu’une pièce légère pour visionner photos et vidéos. vre d’Ammar Bouras, Hommage à tre algérien, Sonia – on ne lui con- J’y vivais, mais je était impossible. Avec un comédien « Les goûts algériens vont vers la pein- un hittiste, invite le visiteur à repro- naît que ce nom de scène – est travaillais en France » et quelques amis, nous avons com- ture figurative. J’ai ouvert cette galerie duire la principale activité du « hittis- aimée, admirée. Malgré les années  mencé à écrire nos propres textes. »

car je veux montrer de l’art contempo- te », le nom par lequel les Algériens étouffantes du parti unique, mal- /.  Le spectacle tournera dans tout le rain », explique Imane désignent les jeunes hommes au chô- gré les violences des fanatiques isla- pays, pour une centaine de repré- Boukaila-Stambouli. mage qui passent leur journée dans mistes, Sonia est restée une grande « Je n’ai jamais voulu vivre en sentations. « Le fait d’aborder cette En janvier, elle a invité les huit la rue. « Mode d’emploi : s’adosser au comédienne, une femme debout, France », affirme-t-elle fièrement. réalité a été thérapeutique pour les plasticiens âgés de trente à quarante mur, mettre le pied sur le mur et regar- une de ces artistes qui ont aidé les Au début des années 1990, alors spectateurs et aussi pour moi. Par la ans du collectif Essebaghine – « les der bien en face la vidéo. » A l’écran Algériens à tenir. que les assassins commencent à suite, j’ai pu mettre en scène Nuit de badigeonneurs, les peintres en bâti- défilent des mollets nus de jeunes « Elle possède un tempérament de viser des personnalités du specta- divorce, de Mohamed Bouchibi, une ment ». Ils se sont formés à l’école filles, objet de fantasme dans ces tragédienne », observe le metteur cle, celle dont le visage est connu farce sur les relations entre hommes des beaux-arts d’Alger et se définis- rues où les femmes sont absentes. en scène français de Maudits à Véro- de tout le pays continuera de jouer et femmes, qui égratignait quelque sent volontiers comme des « plaisan- Alger compte peu de collection- ne, Dominique Touzé. En dehors et de tourner dans les principales peu le code de la famille. » tins ». Plaisantins qui ont exposé neurs privés ; les musées font de de la scène, l’actrice promène un villes algériennes. En décembre, Sonia a été nom- dans plusieurs biennales internatio- rares acquisitions. Hormis quelques regard espiègle sur le monde, grille Mais la situation s’aggrave. En mée directrice de l’Institut national nales (La Havane, Helsinki, Johan- particuliers, dont des diplomates cigarette sur cigarette et savoure 1994, après le meurtre du dramatur- d’art dramatique et chorégraphi- nesburg) et multiplié les interven- étrangers, les acheteurs sont peu un verre après le spectacle. Formée ge Abdelkader Alloula, suivi de l’as- que, l’équivalent algérien du Con- tions à Sarajevo, dans les prisons nombreux. « Les nouveaux riches à l’Institut national d’art dramati- sassinat du directeur du Théâtre servatoire supérieur, qui forme algériennes et en Kabylie, avec de auraient les moyens d’acheter, affir- que et chorégraphique d’Alger, national d’Alger, Azzedine Medjou- acteurs, techniciens et metteurs en vieilles femmes qui peignent les mai- me Imane Boukaila-Stambouli, mais dont elle est sortie en 1973, Sonia a bi, le TNA et de nombreux théâtres scène. L’institution était en som- sons et dessinent les tapis. ils ne s’intéressent pas à l’art, encore mené une carrière à l’image du ferment. « Pendant cinq ans, je ne meil depuis les années 1990. «Je Meriem Aït El Hara, la plus jeune, moins à l’art contemporain, qui n’est théâtre algérien. suis plus montée sur les planches en n’y trouve qu’une montagne de pro- travaille les matériaux naturels et les jamais consensuel. Cette galerie est là A la fin des années 1970, elle Algérie. Je vivais ici, mais je tra- blèmes, mais j’ai appris au fil des ans objets du quotidien. Ses Vendeurs de pour parier sur l’avenir. » entre dans la troupe permanente vaillais en France », se souvient la à gravir des sommets difficiles. » dessous s’inspirent des stands éton- du Théâtre national d’Alger (TNA). comédienne. Elle joue le répertoire nants de sous-vêtements féminins C. Ba. et joue les premiers rôles dans les algérien au festival d’Avignon, Les C. Ba. 32/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 CULTURE

Académiques, exotiques ou d’avant-garde, les pavillons universitaires du boulevard Jourdan,  b Jean-Marie Villégier et William Christie à Paris, sont remis en valeur par un grand programme de restauration et de développement réunis par l’œuvre de Haendel au Châtelet La Cité internationale rénove sa collection La belle Rodelinda, cernée par l’amour et la mort dans d’architectures un monde hors du temps

UN MUSÉE vivant de l’architectu- listes » des années 1950 – dont la ILS ONT été le couple de l’année of the Age of enlightenment a elle re. C’est en substance le rôle que façade est découpée en loggias. 1987, Jean-Marie Villégier et aussi adopté le parti de la sensa- veut jouer la Cité internationale uni- Autres manifestes modernes, le Col- William Christie, avec cet Atys tion contre celui du sentiment. versitaire de Paris, qui a lancé un lège néerlandais (également inscrit) fameux à l’Opéra-Comique qui Chaleureux et vivant comme ces ambitieux programme de rénova- composé dans un esprit cubiste par marqua d’une pierre blanche les pierres au soleil, chaudes à la main tion et de développement. La pre- Willem Marinus Dudok et inauguré épousailles de l’opéra baroque une fois la nuit venue. Quant aux mière phase de l’opération de res- en 1938, tout de volumes géométri- avec son public. Délices et craintes chanteurs, ils forment une pléiade tauration vient de s’achever, avec la ques blancs imbriqués, et la résiden- que de les retrouver dans cette de premier ordre, scéniquement réouverture de deux pavillons : la ce Avicenne (ex-Maison de l’Iran), Rodelinda de Haendel montée en beaux comme des stars de cinéma. Maison du Brésil signée Le Corbu- édifiée entre 1961 et 1969 sous la 1998 au Festival de Glyndebourne. A la très belle Rodelinda d’Anna sier (1959) et le Collège franco-bri- houlette de Claude Parent, dont les Car le Châtelet a décidé d’ac- Caterina Antonacci, la palme de la tannique, construit en 1937 par Pier- étages suspendus à trois portiques cueillir, outre l’hexagonal Festival plasticité scénique, elle dont rama- re Martin et Maurice Vieu sur le d’acier répondent aux pilotis de Le des régions – cette année la Lucie ge et plumage sont à l’unisson : modèle des collèges anglais. Deux Corbusier. .  /     /  de Lammermoor récemment mon- une voix au timbre parfois monoli- édifices radicalement différents, à « Il y a ici une collection d’architec- La Fondation suisse, construite par Le Corbusier en 1932, classée tée à l’Opéra de Lyon –, le plus célè- thique, mais rompue à toutes les l’image d’une Cité disparate. Edifiés tures à mettre en valeur, après des monument historique, prototype de ses futures « cités radieuses ». bre des festivals anglais avec deux exigences vocales. Royale. En pré- entre 1925 et 1969 dans un parc de années d’inaction », affirme Claude productions en alternance, Rodelin- tendant prédateur, le Grimoaldo 34 hectares au sud du 14e arrondisse- Ronceray, délégué général de la expérimentale. » « On peut même XXIe siècle, apporter des réponses for- da et le Fidelio beethovenien. de Kurt Streit s’améliore de bout ment, les trente-sept pavillons où Cité internationale. Constatant la dire que les bâtiments médiocres ont melles innovantes », prévient Claude Comme dans beaucoup d’opé- en bout : un peu vert de timbre et logent les étudiants font alterner dégradation de nombreux bâti- trouvé leur place dans l’image généra- Ronceray. « Plus que les stars actuel- ras, le synopsis est d’autant plus dur de ligne dans les vocalises au académisme et inspiration régiona- ments et l’aspect délabré du parc, le, écrit Bernard Reichen dans l’in- les, nous espérons faire travailler les compliqué que l’histoire est sim- premier acte, il ne cessera de liste, pastiche exotique et premières les responsables de la Cité ont élabo- troduction du schéma directeur. grands architectes de demain. » ple. Il suffit de savoir qu’autour de gagner en prestance, en acuité, en manifestations de l’architecture ré en 1998, avec l’Etat, la région et la Pour eux, le temps de la démolition L’Egypte, la Turquie et la Russie ont Rodelinda, épouse fidèle et femme profondeur. moderne. Ville, un schéma directeur architec- n’est pas encore venu. » déjà manifesté leur souhait de finan- salvatrice (une Andromaque dou- Magnifique bête de scène, le sédi- Le promeneur voit ainsi défiler, tural, urbain et paysager. Confié L’année 2002 verra la mise en cer un pavillon national. blée d’une Fidelio avant la lettre), tieux Garibaldo d’Umberto Chium- en quelques enjambées, un château aux architectes Reichen et Robert, chantier des maisons du Cambodge Parallèlement, le schéma direc- convergent les enjeux d’amour, de mo, cynique et joueur, affirme une néo-Louis XIII inspiré de Fontaine- associés au cabinet Ingénieurs et (1957), de Monaco (1937) et de la teur prévoit l’aménagement d’un pouvoir ou de mort, sous les traits vraie superbe vocale et un timbre bleau (Maison internationale), une paysages, il fixe le cadre de la renais- Maison internationale (1936), dont vrai parc paysager, dans lequel d’une galerie de personnages. idoine. L’Eduige de Jean Rigby, scé- façade flamande (Fondation Bier- sance de cet ensemble remarqua- le Grand Théâtre est déjà en cours zones boisées, prairies et équipe- Epoux banni présumé défunt à la niquement parfaite en mondaine mans-Lapôtre), un portique ble. Au programme, la rénovation de rénovation. Les travaux des mai- ments sportifs cohabiteront sur le reconquête de son royaume (Berta- de luxe, manque cependant un peu évoquant l’Acropole (Fondation hel- du patrimoine architectural, pour sons des Provinces de France (1933) modèle des parcs anglais. Une réor- rido), tyran usurpateur briguant la d’abattage et souffre d’une projec- lénique), des éléments japonais, un montant de 150 millions d’euros et du Maroc (1953) sont pour leur ganisation qui ambitionne de rédui- couche nuptiale (Grimoaldo), l’un tion parfois insuffisante dans le africains, cubains ou arméniens. On sur dix ans, la construction de nou- part bloqués par l’occupation de ces re la circulation automobile dans le flanqué d’Unulfo, l’autre de Gari- medium. Quant aux deux compar- croise aussi quelques fleurons de veaux pavillons nationaux, le réamé- résidences par des étudiants sans baldo – amis intègres et conseillers ses contre-ténors, on saluera la très l’avant-garde architecturale du nagement du parc et l’ouverture sur logement. plus ou moins vertueux ; Eduige sensible interprétation d’Artur Ste- XXe siècle, telle la Fondation suisse la ville. Confrontée à la pénurie de loge- Une utopie pacifiste (la femme antidote), sœur aimante fanowicz en Unulfo, ange gardien (classée monument historique) ments étudiants et désireuse d’enri- de l’ancien roi, amante du nou- du malheureux roi Bertarido incar- construite par Le Corbusier en «   » chir sa « collection », la Cité interna- dans la ville veau roi vainqueur, aux deux, fidè- né par un Andreas Scholl lumineux 1932 : une barre sur pilotis, fermée « Une dizaine de bâtiments nécessi- tionale souhaite mettre en œuvre un Le projet de la Cité internationale le et félone à la fois. et tragique à la fois. par une façade en mur-rideau et tent de gros travaux, estime Claude programme de construction de naît au lendemain de la première Vocalises à couper le souffle, coiffée d’un toit-jardin. Ronceray. Nous avons adopté une 1 000 chambres d’ici cinq ans. guerre mondiale. Animés par un   legato de rêve, éblouissement de En 1959, Le Corbusier signe égale- rénovation respectueuse de ce patri- « Nous ne voulons pas un mode uni- idéal pacifiste et universaliste, le De cette spirale où s’entremêlent couleurs, de dynamiques, d’inten- ment la Maison du Brésil (inscrite à moine, car nous considérons comme que pour tous les nouveaux bâtiments. ministre de l’instruction publique, appétits de pouvoir et appétences tions, le roi Scholl n’a jamais quitté l’inventaire supplémentaire) – repré- une chance les contraintes liées à Il faudra continuer à expérimenter, André Honnorat, et le recteur de sexuelles, Villégier a donné une un instant sa couronne. Moment sentative de ses réalisations « bruta- cette architecture disparate, souvent réfléchir à comment on habite au l’Université de Paris, Paul Appell, sou- vision hors du temps. « Mythi- magique, le duo d’adieu qui l’unit à haitent créer une résidence universi- que », à l’image du cinéma améri- Rodelinda à l’acte II et passe dans taire où les futures élites du monde cain de l’entre-deux guerres, entre un souffle, à l’instar de ces trois entier apprendront à vivre en paix, Italie mussolinienne et Hollywood heures de musique écoutées com- selon des principes hygiénistes et « autrichien » – Stroheim, Stern- me en rêve. paternalistes. L’industriel alsacien berg. Un monde intemporel quoi- Emile Deutsch de la Meurthe finance que daté, qui a vu la bascule du Marie-Aude Roux la construction de la première mai- théâtre dans l’abstraction de l’ima- son, sur le terrain des fortifications, ge et de l’ombre, de la parole dans , opéra de Georg Frie- ARGENTINE en 1925. La vaste fondation de style le mime articulé du cinéma muet drich Haendel, d’après la tragédie oxfordien qui porte son nom est – où la musique de Haendel fait ici de Corneille Pertharite, roi des Lom- La police accusée aujourd’hui inscrite à l’inventaire office de discours. Raffinement dis- bards. Avec Anna Caterina Anto- supplémentaire des monuments his- cret des décors en noir et blanc, élé- nacci (Rodelinda), Kurt Streit (Gri- ) ,68 FF E (19 gance sophistiquée des costumes, 002 - 3 toriques. De nombreux pays se moaldo), Umberto Chiummo (Gari- évrier 2 r au 6 f janvie du 31 N° 587 dotent de pavillons nationaux pour dramaturgie des corps à la gestuel- baldo), Jean Rigby (Eduige), en faire leur vitrine, choisissant libre- le expressionniste, dont la musique Andreas Scholl (Bertarido), Artur www.courrierinternational.com ment style et architectes, et permet- serait la vraie, la seule part vivante. Stefanowicz (Unulfo), Aaron Ful- tent l’afflux d’étudiants du monde Qu’on se rassure, il y a bien un thorpe (Flavio), Nicolas de Lajartre entier. La Cité s’efforce encore de spectacle dans la salle, mais il agit et Pascale Cazalès (décors), Patrice satisfaire cet idéal de brassage : les par distanciation, séduit par Cauchetier (costumes), Bruno rencontres entre les 5 000 étudiants détours. Jusque dans le traitement Boyer (lumières), Jean-Marie Villé- de 130 nationalités sont encouragées comique, irrésistiblement décalé (mise en scène), Orchestra of par leur dispersion au sein de chaque (un peu à la Buster Keaton) qui the Age of Enlightenment, maison et par l’importance accordée affleure çà et là : ainsi le roi exilé William Christie (direction). aux équipements collectifs. reprenant la situation en main   , place du Châte- sous l’habit d’un Arsène Lupin let, Paris-1er.Mo Châtelet. Le 29 jan- mâtiné de Zorro ! Qu’on se rassu- vier à 19 h 30. Prochaines représen- parc, et notamment d’enfouir et de re, il y a aussi un orchestre dans la tations les 1er, 4 et 7 février à couvrir l’avenue David-Weill, qui fosse, des chanteurs sur la scène. 19h30. Places de 11 ¤ à 106 ¤. Tél. : coupe la Cité en deux, pour créer La direction de William Christie à 01-40-28-28-40. www.chatelet- sur cette voie devenue souterraine la tête du remarquable Orchestra theatre.com/ une place piétonne entourée d’équi- pements collectifs. Le délégué géné- ral annonce enfin sa volonté d’ouvrir la Cité vers Paris au nord et Histoires européennes vers Gentilly et Montrouge au sud, et d’en faire le point de passage obli- e gé d’une future « coulée verte » au 52 Festival de Berlin entre la capitale et sa banlieue. Car ne manquent à cette exposi- LA FRACTION ARMÉE ROUGE, le dimanche sanglant de Belfast, la tion en plein air que… des visiteurs. deuxième guerre mondiale vue de France, l’aveuglement de l’Eglise Pour les guider dans cette promena- catholique et du monde face au génocide des juifs : la sélection offi- de architecturale, une nouvelle cielle du 52e Festival de Berlin est en grande part tournée vers le passé signalétique a été commandée au européen. Baader, de l’Allemand Christopher Roth, Bloody Sunday, du graphiste Ruedi Baur et au designer Britannique Paul Greengrass, Laissez passer, de Bertrand Tavernier et Eric Jourdan. Leur mobilier, à base Amen de Costa-Gavras (adapté du Vicaire, de Rolf Hochhuth) seront de béton moulé peint, d’acier et de projetés du 6 au 17 février. Viennent s’ajouter deux productions hol- voiles, sera installé courant 2002. lywoodiennes, La Famille Tenenbaum, de Wes Anderson, avec Gene Surtout, la Cité organise des actions Hackman et Gwyneth Paltrow, et Terre-Neuve, de Lasse Hallström, de découverte et de sensibilisation à avec Kevin Spacey, Julianne Moore et Kate Blanchett. La France sera l’architecture, par le biais de CitéCul- également représentée par Huit femmes, de François Ozon, dont la dis- ture, organisme créé en janvier 2000 tribution au complet devrait faire le voyage de Berlin. Le jury sera pré- pour développer et promouvoir la sidé par la réalisatrice indienne Mira Naïr et comptera dans ses rangs E ■ vie culturelle de la Cité internatio- les cinéastes Lucrecia Martel et Raoul Peck ainsi que l’actrice italienne 3 nale. CitéCulture utilise ainsi l’archi- Nicola Braschi. tecture pour rapprocher les  étudiants étrangers, formés à l’ani- mation de visites guidées, et les Pari- a CINÉMA : le grand prix du jury du festival Premiers plans, qui a AFRIQUE DU SUD Enfin un grand musée de l’apartheid siens, dans l’esprit d’ouverture qui a eu lieu du 18 au 27 janvier à Angers, est allé au film belge Strass, de présidé à la naissance de la Cité, il y Vincent Lannoo. Le jury, présidé par Nathalie Baye, a distingué ce a plus de soixante-seize ans. faux documentaire satirique, réalisé selon les principes du dogme. Le PORTO ALEGRE Les “antimondialisation” changent de stratégie prix du public est allé à My Brother Tom, de l’Anglais Dom Rotheroe. Grégoire Allix a DANSE : la représentation de Clavigo, de Roland Petit, prévue le MUSIQUE Eminem le rappeur, un poète incompris ? 31 janvier à l’Opéra-Garnier, est annulée. Les syndicats CGT et CitéCulture, 19, boulevard Jourdan, CFDT ont déposé un préavis de grève en raison de la modification du Paris-14e. Tél. : 01-44-16-64-38. Visites certificat d’aptitude de professeur de danse par le ministère de la Et chaque jour : www.courrierinternational.com guidées de la Cité internationale le culture. Des renseignements pour les échanges de billets peuvent être premier dimanche de chaque mois, à obtenus au 01-44-61-59-63. 15 heures. 7,60 ¤ ou 2,30 ¤ (étudiants). LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/33 CULTURE agenda

 b De « Ce n’est rien » à « Mélissa », Performance Tsuneko Taniuchi, mariée à vendre un concert misant sur la variété des ambiances ble les défier de lui passer la bague idéal de croisement de l’art et de la vie, sait que au doigt ? De qui ou de quoi se le temps est le paramètre nécessaire à l’expé- moque-t-elle ? Dans une société où rience pour qu’elle prenne son goût et son sens. Julien Clerc peaufine tout désormais se vend et s’achète - « Il s’agit pour moi d’une histoire de résistance, jusqu’aux êtres humains ? -, quelle assure-t-elle. Je n’ai jamais vécu une communica- ironie presque douloureuse est la tion avec le public aussi directe qu’à travers la au Zénith de Paris sienne ? « Mon travail aujourd’hui vitre. On ne se touche pas, et le contact par le consiste à affronter, de par ma seule regard est très fort. Il est quasiment impossible présence, la réalité de la société, expli- de s’abriter à l’intérieur de soi dans cette situa- son grand show de tournée que cette dynamiteuse de clichés pas- tion. On est presque dans la rue sans l’être com- sée à la performance depuis 1995. Je plètement, à la fois privée et surtout publique. » AVANT sa tournée dans l’Hexa- Mélissa en terres caraïbes. Le chan- repère les dysfonctionnements du Dans la série « Cherche quelqu’un désespéré- gone, Julien Clerc a pris Paris pour teur prend un plaisir évident à ce monde social ou culturel en partant ment », Tsuneko Taniuchi a prévu trois autres terrain d’échauffement, d’expéri- répertoire de tournée. de questions relatives à mon identité épisodes. Elle a tenté, toujours en robe de mentation même. Il a commencé A la faveur d’intermèdes parlés, de femme, mon statut d’artiste et mariée, de rencontrer l’âme sœur à la galerie par le Bataclan (Le Monde du il s’autorise une pointe de coquet- d’étrangère. Je me pose ici comme un Jennifer Flay le 26 janvier en chantonnant à qui 22 janvier) et l’Européen en forma- terie – « Avec le temps qui passe, les pur objet de consommation, une mar- veut Love me tender avant de se faire prendre tion acoustique et arrangements cheveux blanchissent », dit-il, immé-  chandise offerte aux gens jusque dans en photo. Elle s’installera à nouveau en premier légers ; puis il s’est installé au diatement coupé par un « Julien, tu Sur la vitrine, on pouvait lire : « Future le plus petit détail. Je me laisse vampiriser. C’est plan chez Rougier et Plé avec le visage entière- Zénith, favorisant, comme au Casi- es toujours le plus beau ! On épouse aime faire de la peinture ». Derrière la très impressionnant car on est d’une certaine ment maquillé en noir. Au Batofar, une « Soirée no de Paris, la densité orchestrale t’aime ! » –, égratigne de récentes vitrine de ce magasin de fournitures pour le des- manière en danger, moralement et physique- de mariage Funny Valentine », avec gâteau et et les jeux de lumières. Un parti dérives – « J’ai bien retenu la leçon sin du 3e arrondissement, à Paris, une mariée ment. J’aime cette sensation. A travers cette fiesta à gogo, rassemblera tous les prétendants. pris « spectaculaire », en somme, de Pop Stars. Happy Face », dit-il japonaise en grand tralala glisse un pinceau dis- épreuve, je me construis moi-même. » Son conseil de pro, avec ou sans jarretière : tel qu’il sera offert en tournée. en arborant un sourire de comman- trait sur une toile vierge. De temps en temps, Pour sa première expérience en vitrine, Tsu- « Please, enjoy yourself ! » Spectaculaire ? Avec Julien de –, rend hommage aux musi- les yeux agiles de la performeuse Tsuneko neko Taniuchi restera exposée pendant deux Clerc, le terme est disproportion- ciens – « Je vais faire ce qui n’a Taniuchi (c’est elle la mariée) se faufilent parmi heures. Tranquille et déterminée à savourer jus- Rosita Boisseau né. Pas d’artifices ni de projecteurs jamais été fait à l’échelle planétai- la foule attroupée, comme pour en apprendre qu’à l’os sa décision. Qu’il s’agisse de s’enfer- aveuglants. Pas d’animations sur re… Vous présenter les musiciens dès davantage sur les badauds, ces voyeurs en train mer dans une bulle transparente et d’y vivre Rougier et Plé, les 2 et 13 février, de 17 h 30 à 19 h 30. Dans grand écran, d’apparitions surpri- le deuxième morceau. » De petits de la grignoter du regard. comme si de rien n’était pendant des heures le cadre de Art et vitrine, 13-15, boulevard des Filles-du-Cal- ses ou de surpuissance phonique. riens qui font les belles soirées. Harponnera-t-elle parmi eux un futur mari, pour l’exposition « Paris pour escale » vaire, Paris-3e. Au Batofar, quai François-Mauriac, Paris-13e, Compositeur de mélodies à fredon- Comme, au final, Laissons entrer le soucieux d’attacher à son chevalet une femme (2000-2001) au Musée d’art moderne ou de s’ac- le 14 février, de 22 heures à 23 heures. Tél. : ner pour accompagner au mieux soleil, hymne à la liberté des corps peut-être un peu trop sage pour être honnête ? coutrer en Heidi nipponne pour tenir son stand 01-56-29-10-10. Video de la performance « Love me ten- les mots des autres, ciselés pour sa et des esprits, version française de Les passants sont muets, visiblement partagés Tsuneko troc (prends ce qu’il te plaît et laisse ce der », le 2 mars, à partir de 17 heures, galerie Jennifer Flay, belle voix, il valorise l’art du tour Let The Sunshine In, tiré de Hair, entre perplexité et admiration. que tu veux) au Palais de Tokyo (2001), Tsuneko 20, rue Louise-Weiss, Paris-13e, tél. : 01-44-06-73-60. de chant. Le genre nécessite une comédie musicale pop-rock de la Que veut-elle vraiment, cette mariée qui sem- Taniuchi, pour qui la performance est l’espace Photo : © Gilles Magnin. certaine élégance dans le mouve- fin des années 1960 qui tient la ment, les saluts ou le maniement distance. du micro – ce que Julien Clerc per- Pour les fans, signalons que Galerie Georges-Verney-Carron, Tél. : 02-31-30-48-00. Les 1er et 2 février, pétue avec naturel. Le rapport voix- Julien Clerc se tient plus à jardin Théâtre Expositions 99, cours Emile-Zola, Villeurbanne. Tél. : à 20 heures. De 6 ¤ à18¤. orchestre doit être légèrement qu’à cour. Le son, les éclairages, les 04-72-69-08-20. Du lundi au vendredi, favorable au chanteur sans réduire musiciens en bonne place (le guita-     de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à les musiciens à une troupe anony- riste Hervé Braut, les frères D’An- 18 h 30. Jusqu’au 7 avril. Entrée libre. me – le travail du sonorisateur gelo…) se suffisent à eux-mêmes. L’Homme mauvais Gérard Traquandi Blues Andy Scott est de ce point de vue On pouvait donc se passer de ces Où l’on rencontre Le Surmené, En trois expositions, voici  remarquable. Enfin, il n’est pas de deux couples invités pour une L’Irremplaçable, sa femme et son Traquandi dans toutes ses bon tour de chant sans un synopsis vague lambada « chorégraphiée » fils, Costume gris, Elisée Reclus, des techniques, de la peinture à la Danse Ana Popovic aux ambiances variées. Une ques- par Mia Frye, puis de la chanteuse animaux et des fantômes… tous photo en passant par le dessin et la  Née à Belgrade il y a un peu plus de tion musicale qui a peu à voir avec Assia pour un duo patatras. La pre- personnages inventés par Emilie gravure. Et le voici confronté à des vingt-cinq ans, la guitariste et le tout-image. mière ignore ce qu’est un corps de Valantin. La marionnettiste qui motifs réputés impossibles, tels « Charmes », chanteuse Ana Popovic vient de danseur ; la seconde a l’accent avait mis en scène Le Cid avec des que la montagne, le froid, la glace. rejoindre le club, assez restreint,     impersonnel et pseudo américain figurines de glace (à Avignon !), Dès ses débuts, dans les années de Karine Saporta des jeunes femmes du blues. Plus En près de deux heures, avec, en des gloires fugitives de la chanson. 1980, il suivait ses désirs, servi par attirée par le son afro-américain et fondant au fur et à mesure de la Créé en mars 2000 à Palerme, puis fond, un voile qui vire du pourpre Il faut souhaiter que seul Paris ait une vertigineuse dextérité. Ses électrique du genre que par les représentation, récidive avec de présenté en ouverture du Festival au blanc crémeux, sur lequel les droit à ces extras. œuvres les plus récentes le traditions de son pays d’origine, nouvelles créatures d’eau congelée. de films de femmes de Créteil, lumières dessinent nuages et montrent toujours aussi épris de Ana Popovic se distingue par une Charmes est une ovation à toutes roses, Julien Clerc explore l’ancien Sylvain Siclier Celles-ci vont raconter l’histoire de risque et de liberté, capable de voix assez affirmée, une approche les figures ensorcelantes de la et le nouveau. Partir, pour débuter L’Homme mauvais, inspiré par une sortir des toiles puissantes et d’une tranchante et vive du jeu à six mythologie grecque, de Médée à la soirée, en version un peu soul,    , lecture très personnelle d’un court grande richesse de sensations. cordes comme le laisse entendre le 25 janvier. Antigone. Créatures passionnées et La Fille de l’été dernier, reprise paragraphe du Criticon, de Baltazar Le Rectangle, place Bellecour, Lyon son album Hush (Ruf Records). Sur Prochains concerts : au Zénith, cruelles permettent à la country plus que rock’n’roll, ou les e o Gracian. Une exposition, intitulée (Rhône). Tél. : 04-72-41-88-80. Du mardi scène, son énergie est décuplée. Parc de La Villette, Paris-19 .M chorégraphe Karine Saporta une er « Excès de fabrication », au dimanche, de 12 heures à 19 heures. « Une tuerie totale », comme l’a arrangements d’origine de La Cava- Porte-de-Pantin. Les 1 et 2 février, accompagne le spectacle. Jusqu’au 7 avril. Entrée libre. descente au fond de l’inconscient, précisé récemment Paul Personne. lerie lui permettent de dire d’où il à 20 h 30. A L’Européen, du 5 au Théâtre national de Chaillot, 2, place Galerie Confluence(s), 5, rue Anselme, une errance dans l’âme féminime New Morning, 7-9, rue vient musicalement. Avec Poisson- 9 février (complet). En tournée : le e o du Trocadéro, Paris-16 .M Trocadéro. Lyon. Tél. : 04-72-07-30-74. Du mardi au telles qu’elle les affectionne. Une des Petites-Ecuries, Paris-10e. mort, Ce n’est rien ou Je sais que Summun de Grenoble (27 février) ; Tél. : 01-53-65-31-00. Du mardi au vendredi, de 10 heures à 18 heures, le œuvre « saportissima ». Mo Château-d’Eau. Tél. : 01-45-23-56-39. c’est elle, le séducteur reprend ses le Zénith de Montpellier (28) ; le er samedi, à 20 h 30 ; dimanche à 15 heures. samedi de 14 heures à 18 heures. Théâtre de Caen, 135, boulevard Le 1er février, à 21 heures. droits. Une certaine part de tristes- Zénith de Pau (1 mars) ; le Scénic Jusqu’au 24 février. De 11 ¤ à23¤. Jusqu’au 8 mars. Entrée libre. du Maréchal-Leclerc, Caen (Calvados). De 16,50 ¤ à20¤. se émane de Jaloux ou d’Horizon d’Albi (2) ; le Zénith de Toulouse chimérique. Et puis vient l’espiègle- (5) ; le Stadium d’Agen (6)… Cin- Sélection DVD musique rie voyageuse d’Assez assez ou de quante-sept villes, jusqu’au 8 juin.    tres, ce concert de la chanteuse taire, cette rétrospective propose Les Avant-scènes placent canadienne Joni Mitchell bénéficie pour chaque morceau des commen- Wingspan, Le Tour de M d’un bon transfert sur support DVD, taires du groupe et du metteur en L’univers ludique de Matthieu Che- essentiellement du point de vue du scène, illustrés du making of du clip les élèves du Conservatoire an Intimate did, la cohérence quasi graphique son (Dolby 5.1). Joni Mitchell entrete- correspondant. – S. D. de son répertoire et de son look se nait alors de précieuses relations 1 DVD Hut-Delabel. Distribué par Virgin. Portrait prêtent facilement aux déclinaisons Wingspan, dou- artistiques avec le jazz-rock, s’éloi-   en orbite professionnelle visuelles. En concert, le trio qu’il for- ble CD paru en gnant de son statut d’égérie folk. me avec la rythmique excentrique 2001, retraçait Michael Brecker au saxophone An All-Star Tribute LIDIJA BIZJAK est pianiste, de disques peut donner à cet instan- le parcours de Vincent Segal (basse, violoncelle) ténor, Pat Metheny à la guitare, Lyle Erwan Fagant, saxophoniste et tané un plus grand impact. Le dix- post - Beatles et Cyril Atef (batterie) – sans comp- May aux claviers, Don Alias à la bat-   Sébastien van Kuijk, violoncelliste. A huitième volume de la collection de Paul McCar- ter les présences épisodiques de terie et surtout Jaco Pastorius à la    respectivement 25, 24 et 20 ans, ils « Jeunes solistes », prise en charge tney, en s’at- Shalom (DJ) et Magic Malik (flûte) – basse électrique ont toute latitude ont fait des débuts remarqués avec depuis l’origine, il y a trois ans, par la tachant à dé- aime planter sur scène un décor gen- pour accompagner cette voix de cris- A Tribute orchestre le 23 janvier à la Cité de la Fondation Meyer, vient de paraître montrer qu’au timent surréaliste. Réalisé par Emilie tal. Une courte biographie accompa- Les Américains sont particulière- musique en interprétant chacun un et va servir de carte de visite à la pia- cœur d’une Chedid, la sœur du chanteur (déjà gne ce document de soixante minu- ment friands des shows en homma- concerto en tant que lauréats de la niste Ying Feng, lauréate de la précé- d i s c ographie responsable de ses clips), ce pen- tes. – S. Si. ge aux légendes de leur chanson 6e édition des Avant-scènes. Ce con- dente édition des Avant-scènes. erratique et dant DVD du récent album en 1 DVD Warner Home Video. populaire. Parmi les figures récem- cours, parrainé par le Mécénat musi- L’enregistrement d’un CD sous sans l’urgence du gang, le bassiste public de M rend compte d’un spec-    ment célébrées : Brian Wilson, l’an- cal Société générale, s’adresse aux l’égide du CNSMDP est d’ailleurs britannique avait su préserver un tacle en phase avec la douce folie de cien leader des Beach Boys, et Burt étudiants du Conservatoire national ouvert à tous les étudiants du cycle Bacharach et Hal David, composi- talent d’artisan surdoué. Ce DVD con- chansons rock et funky. Parmi les supérieur de musique et de danse de de perfectionnement. Le bénéfice 1991-2000 teur et auteur de quantité de classi- tient quelques ancêtres du clip et surprises offertes en bonus, une Paris (CNSMDP) inscrits en cycle de est grand puisque, sur les 800 exem- une galerie d’une centaine de photo- leçon de guitare avec tablatures et ques pop. Ces deux « tribute » se Greatest Hits caractérisent surtout par leur perfectionnement. plaires gravés, 300 sont donnés à l’in- graphies, souvent rares. Mais l’essen- partitions, et une volée de moments « Nous accordons beaucoup d’im- terprète et presque autant sont tiel de l’objet est consacré à un docu- saisis en caméra DV dans les coulis- ambiance compassée. Autre handi- Video Collection cap, une distribution qui fait surtout portance à ce cycle de deux ans qui envoyés aux principaux représen- mentaire, hymne tendre à Linda ses de la tournée. Trop brèves, ces Pendant du CD Greatest Hits venu la part belle aux poids lourds de la fait suite aux quatre ans du cycle supé- tants du circuit professionnel. Dans McCartney, l’épouse disparue, plus cartes postales ne captiveront que récemment conclure la carrière des variété internationale, plutôt que de rieur, souligne le directeur Alain Poi- une même logique non commerciale qu’historique de la carrière des les fans. – S. D. Smashing Pumpkins, ce DVD rassem- faire entendre l’influence prépondé- rier, car il s’agit d’une période où le sont organisées plus de deux cent Wings, groupe fondé après les Beat- 1 DVD Delabel. Distribué par Virgin. ble une vingtaine de clips parmi les rante de ces auteurs-compositeurs musicien est déjà professionnel sans cinquante manifestations (specta- les. Interrogé par sa fille cadette, Sir plus réussis du rock de la dernière   dans la création d’aujourd’hui. Avan- pourtant être totalement entré dans la cles et concerts) par an qui partici- Paul se confie (en anglais non sous- décennie. Dès sa naissance, en 1988, tage au show Brian Wilson, filmé au vie active. » En effet, Lidija Bizjak et pent à l’accompagnement des étu- titrés) sans céder au mélo. Beaucoup le groupe de Chicago s’est distingué Radio City Hall de New York. Il faut d’humour, de multiples anecdotes et Shadows and Light par sa finesse mélodique autant Sébastien van Kuijk se sont déjà pro- diants vers la vie professionnelle. supporter deux tiers d’inepties duits dans divers festivals et Erwan La direction d’orchestre connaîtra d’archives familiales (souvent tour- Filmé au County Bowl de Santa Bar- que par sa façon de mettre en ima- avant de pouvoir entendre pour de Fagant est apparu au sein de forma- enfin une innovation de taille en nées en Super-8) en prime. – S. D. bara en septembre 1979, indisponi- ge le charisme neurasthénique du bon Burt Bacharach accompagné 1 DVD MPL-Capitol. Distribué par EMI. ble en cassette vidéo depuis des lus- leader Billy Corgan. Ces vidéos véhi- d’Elvis Costello et surtout de l’inéga- tions aussi prestigieuses que l’En- avril prochain avec une convention culent encore de jolies doses d’étran- lable Dionne Warwick. – S. D. semble InterContemporain et l’en- passée entre le Conservatoire et l’Or- geté et de raffinement. En plus d’iné- 2 DVD Image entertainment. Distribué semble Court-circuit. chestre philharmonique de Radio dits et d’un court-métrage documen- par Warner Vision France. Sur les 80 instrumentistes actuelle- France pour désigner, lors de la pre- ment en cycle de perfectionnement, mière édition du concours, un 12 ont été retenus pour l’ultime adjoint à son chef et directeur musi- sélection qui a eu lieu en novembre, cal, Myung-Whun Chung. avec une majorité de pianistes, mais aussi un claveciniste. Le panel des Pierre Gervasoni instruments représentés au plus haut niveau devrait encore s’élargir Jeunes solistes. Concerts les 31 janvier, puisque, fait historique, l’accordéon 1er et 2 février à 15 heures et 19 heures. sera enfin admis au CNSMDP à Conservatoire, 209, avenue Jean-Jau- compter de la rentrée prochaine. rès, Paris-19e.Mo Porte-de-Pantin. Selon Alain Poirier, « les opéra- Entrée libre sur réservation. Tél. : tions de type Avant-scènes constituent 01-40-40-46-46. Concert des Avant- un arrêt sur image très intéressant scènes diffusé sur France-Culture le pour les interprètes ». La publication 10 février à 20 h 30. 34/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 CULTURE PORTRAIT

LES GENS DU MONDE

a L’éditeur Hubert Nyssen, le Argentine au chanteur Jean Ferrat, l’homme Marilu Marini, d’affaires Pierre Bergé et plu- sieurs porte-parole du monde du cinéma (comme Pascal Thomas, Jean-Henri Roger, de la Société des réalisateurs de films, et Daniel Toscan du Plantier, président cœur fauve d’Unifrance) veulent élargir à l’en- semble du monde culturel les pro- testations soulevées par les déclara- tions du président de Vivendi-Uni- Bouleversée par le désarroi qui frappe son pays, versal Jean-Marie Messier sur la « mort de l’exception culturelle ». la comédienne joue, à la Pépinière-Opéra, un Une rencontre publique est organi- sée au cinéma Max Linder, 24, bou- monologue drôle et cruel de Christian Siméon levard Poissonnière, à Paris, le samedi 2 février à 14 h 30. a Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, se SI ELLE devait réécrire l’une ou l’autre  rend à Pékin et à Shanghaï, du 1er page de sa vie, il n’est pas certain que Marilu au 5 février, pour préparer les Marini y changerait un traître mot. A peine années culturelles croisées France- f ajouterait-elle une pointe d’humour au carac- 1945 Chine (2003) et Chine-France tère trempé de sa mère, Prussienne qui, à Naissance (2004). Plusieurs réunions de tra- Mar del Plata, importante station balnéaire vail sont prévues avec le coprési- d’Argentine, se préparait chaque année à l’hi- à Buenos Aires. dent de ces événements, Jean-Pier- ver comme s’il ressemblait à ceux de sa loin- re Angremy, président de la Biblio- taine Allemagne ; peut-être demanderait- f 1975 thèque nationale de France, et elle aussi à son père d’alerter les siens, à quel- Michel Legras, commissaire géné- ques jours de sa disparition ; au beau milieu Rejoint, à Paris, ral, côté français ; et, côté chinois, d’une fête, il a choisi de déserter ce monde le groupe TSE Li Lanqing, vice-premier ministre, en dansant. Coup du sort magnifique pour Sun Jiazheng, ministre de la cet Italien des Marches converti au tango ; d’Alfredo Arias. culture, et Xu Guangchun, direc- moment cruel pour ses proches. teur du bureau d’Etat de la radio, Comme sa biographie l’indique, l’égérie f 1984 du cinéma et de la télévision. Plu- d’Alfredo Arias et du groupe TSE, Beauty, Prix de la meilleure sieurs visites sont inscrites au pro- personnage légendaire des Peines de cœur gramme de la ministre française : d’une chatte anglaise, est argentine, totale- comédienne du la Cité interdite et le Temple du ment. Et à l’évidence bouleversée de l’être syndicat de la critique. ciel à Pékin, le marché aux antiqui- encore aujourd’hui, vingt-six ans après son tés de Panjiayuan, puis la Grande installation définitive à Paris. Là-bas, un pays f 2002 Muraille. entier, le sien, se délite. Téléphone et jour- a Jacques Weber et Patrick Bruel naux sont depuis des semaines ses compa- Crée « La Priapée des joueront Le Limier, sous la direc- gnons d’inquiétude. Il arrive ces jours-ci que tion de Gildas Bourdet, au Théâtre les médias la sollicitent pour dire son mot, écrevisses » à Paris. de la Madeleine, à Paris, à l’autom- exercice auquel elle se livre sans barguigner. ne. Ils reprendront les rôles tenus « La crise actuelle a permis de mobiliser la clas-    par Laurence Olivier et Michael se moyenne qui était toujours restée en dehors Caine dans le film que réalisa des conflits. C’est la seule chose positive pour le Joseph Mankiewicz en 1972, à par- pays. Le reste est très douloureux. Les gens sont l’amie de plusieurs grands témoins du long qui se produisaient dans les jardins du Palais- On peut le vérifier ces jours-ci à la Pépiniè- tir de la pièce d’Anthony Schaffer. en plein désarroi : ils n’ont plus aucune con- martyre de son pays, comme Adolfo Bioy Royal. Pour faire monter les prix, l’ancien pro- re-Opéra où la comédienne s’est installée, a Ryan Philippe, blondinet en fiance dans les instances qui sont censées les Casares et sa femme, Silvina Ocampo. Mais priétaire a affirmé que la chambre qui donne seule en scène, pour servir le monologue vogue à Hollywood, devrait être représenter. » on n’a pas assez écouté ces figures d’un pays sur la rue de Richelieu a abrité les amours de d’un nouvel auteur, Christian Siméon, décou- ordonné pour un nouvel Exorciste. Une situation qu’elle explique par les lâche- « où, en raison de ses racines et de son éloigne- Napoléon avec quelque Inc’oyable… Pour grap- vert il y a deux ans à Avignon, à la faveur Le réalisateur John Frankenhei- tés passées : « Aujourd’hui, tu peux t’asseoir ment, il y a une densité créative, des personnali- piller encore quelques milliers de francs, il a d’une lecture organisée par Jean-Michel mer prépare en ce moment un épi- dans un café et te retrouver à côté d’Astiz tés, un caractère, un imaginaire qu’on ne peut même soutenu que l’épisode de Madame Sans- Ribes. Elle est Marguerite Steinheil, ultime sode de la série qui a donné ses let- [libéré en août 2001, cet ex-capitaine de fré- pas soupçonner. Toutes ont été élevées dans le Gêne se serait passé ici… » Joli refuge, et juste maîtresse du président Félix Faure, femme tres de noblesse cinématographi- gate est considéré comme l’un des symboles culte de l’“autre côté”, Mona Lisa, les châ- reflet de la vie de cette comédienne qui s’est intelligente, cruelle et mystérieuse. Tout en ques à la purée de pois. Situé de la répression illégale pendant la dictature teaux, les forêts hantées par les druides, les souvent offerte aux textes macérés dans le préparant des écrevisses à la sauce rouge, 25 ans avant l’action du film de militaire (1976-1983)]. Les militaires n’ont sagas finlandaises, tous ces mythes lointains sulfure. Il n’est que de se souvenir de La Fem- elle se souvient d’une vie de scandale. Une William Friedkin, ce nouveau jamais été sérieusement jugés pour les atrocités que nous n’avons cessé de réinventer. L’éloigne- me assise, emblématique de son compagnon- vie d’artiste ? film racontera la première rencon- commises sous la dictature. Le peuple n’a pas ment nous a permis de créer ces grandes pla- nage avec l’un des auteurs les plus considéra- Se promenant un après-midi dans les tre entre le Père Merrin (Max von fait le deuil des 30 000 disparus ; un voile de ges d’imaginaire, de rêve, tout ce qui a consti- bles du demi-siècle, Copi, argentin lui aussi, allées du zoo de Palmero, à Buenos Aires, Jor- Sydow chez Friedkin, Liam Nee- silence a recouvert ces atrocités, parce que les tué le baroque latino-américain et le caractère l’ami, l’auteur majuscule, dont Marilu Marini ge Luis Borges se réjouissait qu’il en émane son chez Frankenheimer) et le dia- gens avaient peur ou parce que c’était conforta- fantastique de notre littérature. Malheureuse- a su donner la poésie, la démesure et le « une odeur de caramel et de tigre ». Com- ble, sous les yeux horrifiés d’un ble. La parole commence enfin à reprendre ses ment, ces richesses n’ont pu être capitalisées génie. ment dire mieux la douceur du visage de jeune prêtre (Philippe). droits. » par le peuple argentin, pour des raisons évi- Pourtant, au commencement de sa carriè- Marilu Marini et son instinct de fauve, dès a Le ministre délégué à la santé, Pourtant, intellectuels et artistes n’ont demment politiques : le pouvoir a tout fait pour re, elle fut danseuse. Ce qui lui a valu un lors qu’elle entre en scène ? Bernard Kouchner, a inauguré, jamais baissé les bras ; ils ont tenté sans relâ- qu’elles ne soient pas diffusées. » détour par New York où alors s’inventaient mardi soir, sa statue de cire du che d’alerter leurs concitoyens sur les dan- les formes les plus audacieuses. Elle a suivi Olivier Schmitt Musée Grévin de Paris. « Je suis gers qui les guettaient. Au risque, souvent,       là-bas les cours de Martha Graham et de Mer- très fier d’entrer au Grévin. Il fut un de leur sécurité. Ainsi Marilu Marini a-t-elle Aussi, ce matin-là, dans les ardoises qui ce Cunningham avant de regagner Buenos « La Priapée des écrevisses ou l’affaire Stein- temps où la Reine Christine ne pou- connu la censure et l’enfermement. Vingt- viennent mourir aux fenêtres de son apparte- Aires et d’y développer son goût de la recher- heil », de Christian Siméon. Mise en scène : vait m’appeler Sire : elle pourra cinq jours de détention à Buenos Aires pour ment parisien, espace exquis perché à che chorégraphique. Tout, dans son port Jean-Michel Ribes, avec Marilu Marini. désormais le faire », a-t-il ironisé, « incitation de mineurs à la débauche » alors l’aplomb du Théâtre du Palais-Royal, ver- d’aujourd’hui, dit ces années de formation, La Pépinière-Opéra, 7, rue Louis-le-Grand, faisant allusion au surnom de son qu’elle travaillait, lors de la préparation d’un ra-t-elle les réminiscences des toits de Bue- la souplesse du corps, la rectitude de la postu- Paris-2e.Mo Opéra. Tél. : 01-42-61-44-16. De 18 ¤ épouse Christine Ockrent, qui spectacle, à la constitution d’un chœur d’ado- nos Aires. « Je vis dans la partie la moins noble re, la précision du geste, en un mot sa grâce. à30¤. Du mardi au vendredi, à 21 heures ; le comptait parmi les pensionnaires lescents. Lectrice invétérée – elle connaît son d’un hôtel particulier construit au début du Marilu Marini est belle, simplement, de cette samedi, à 18 heures et 21 heures. Jusqu’au du musée à l’époque où elle présen- e Borges sur le bout des ongles –, elle fut XVIII siècle pour accueillir les gens de cirque beauté qui s’offre en partage. 30 mars. tait le « 20 heures » de France 2.   TÉLÉVISION RADIO

f Globalisation : dialogue VENDREDI 1ER FÉVRIER Un mélo arrosé ou violence ? Petit écran sur court 22 h 20 Arte f Jazz Story IL EST beaucoup question que de l’eau… Toute la ville en Les mots globalisation et 9 h 30, 16 h 30 et 1 h 00, TSF d’eau dans le téléfilm Toute la vil- parle appartient donc à une La 24e édition du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, premier mondialisation sont utilisés un peu Après Roger Guérin, Ornette le en parle diffusé hier soir sur espèce cinématographique assez rendez-vous international du genre, ouvre aujourd’hui ses portes jusqu’au à tort ou à raison, depuis que le Coleman, Rhoda Scott et Michel France 2 : l’eau de l’étang au fond rare : le mélo arrosé. On y fait aus- 9 février. Parmi les émissions qui s’accordent à l’événement, « Histoires sommet de Seattle, en novembre Denis, Jean-Michel Proust évoque duquel on retrouve le corps d’une si de la politique. M. le Maire est courtes » d’Alain Gauvreau (la plus ancienne du PAF, lancée sur France 2 en 1999, leur a donné une forte sur TSF, jusqu’au 3 février, le femme qui s’y trouvait depuis également député, dans le genre 1979) ouvre le ban avec quatre films préachetés par la chaîne et retenus en visibilité médiatique et politique. producteur de concerts et de trente-cinq ans ; et surtout l’eau conservateur pourri mais social. sélection officielle du festival 2002. En ouverture ce 1er février, Comme un Patrice Barrat revient dans son disques de jazz Norman Granz, mise à la disposition de ses conci- Les élections approchent. Les éco- seul homme, essai étonnant de Jean-Louis Gonnet (réalisateur de sujets pho- film diffusé dans le cadre de « La disparu en novembre 2001. Norman toyens par le maire de Kerville, logistes lui opposent une jeune et to pour le magazine « Metropolis » d’Arte), avec les rugbymen du Racing vie en face » sur les origines et Granz a lancé les jam-sessions et en Bretagne. Elle est polluée par jolie candidate, jouée par Valérie Club de Vichy. Huis-clos des vestiaires, rituels préparatoires, étranges choré- l’histoire de cette mondialisation, fondé plusieurs labels (Clef, les nitrates, mais M. le Maire n’en Kaprisky, qui porte admirable- graphies. Malaxages et chocs des corps, recueillements, injonctions… Quin- pour mieux éclairer les rapports Norgran), fut le manager d’Ella a rien à faire, car il est pieds et ment le tailleur-pantalon gris sou- ze minutes superbement filmées, également en compétition au Cinéma du entre les défenseurs (FMI, Banque Fitzgerald et créa la marque Verve, poings liés à la société qui la ris. Elle est la fille naturelle et réel (9-17 mars). mondiale, multinationales, qui accueillit Franck Zappa ou Le vend, de plus en plus cher secrète du maire et de la morte Lui succède La Fosse rouge, de Sylvain Labrosse, sur la thématique de la sommet des pays riches…) et les Velvet Underground, et qui reste, d’ailleurs. Il a une raison supplé- de l’étang. C’est la femme du mai- culpabilité, réalisé avec le concours de jeunes adolescents. En diffusion le opposants, palette d’associations avec Blue Note, l’une des mentaire de laisser couler cette re qui a tué jadis sa maman. Tout 8 février, On est venu me chercher, d’Ilana Navaro, jolie fable campée à et de mouvements. Le compagnies vedettes du jazz eau douteuse : sa famille est pro- cela coule de source. Istanbul, qui met en scène une grand-mère et sa petite fille avant leur documentariste a aussi filmé contemporain. priétaire d’une source qui fournit Il n’est pas question ici de se départ pour Tel-Aviv, et Le Corbeau, de Frédéric Pelle, lauréat du Grand Prix un débat entre Davos et Porto f Secrets de femmes la plus grande partie des bou- moquer. Ce mélo arrosé et politi- national de Clermont, en 2001, pour Des morceaux de ma femme. – Val. C. Alegre. Cela donne pour la 18 h 00 Radio Nova teilles d’eau minérale achetées quement correct (les écolos sont « Histoires courtes », les vendredis 1er et 8 février, 0 h 40, France 2. première fois un film rigoureux, Pendant deux heures, chaque dans la région. évidemment sympas, les ven- très pédagogique dont on vendredi, Edouar Baer reçoit Mais ce n’est pas le seul liquide deurs d’eau polluée forcément regrettera seulement qu’il ne différents invités du monde culturel, – outre une larme versée ici ou odieux) se consomme plutôt VENDREDI 1ER FÉVRIER f Thalassa : escale aux Canaries donne pas une vision intégrale de avec qui il échange souvenirs, là – qui coulait hier soir sur Fran- agréablement. On ne croit pas 20 h 55 France 3 la diversité du mouvement projets, confidences. Aujourd’hui, ce 2. Pour un oui, pour un non, beaucoup à Valérie Kaprisky en f Arthur C. Clarke, écrivain Le sud de Tenerife, principale île antiglobalisation. Ludivine Sagnier, Fanny Ardant, chacun des protagonistes s’en- militante écologiste, mais Guy visionnaire de l’archipel des Canaries, est f « La Revue » : John Malkovich actrices dans le film 8 Femmes, de voie un petit remontant. Curieu- Marchand est parfait en vieux 20 h 45 Planète Future dévasté par le tourisme et ses 23 h 15 Arte François Ozon, la chanteuse de fado sement, c’est généralement un routier de la politique, qui sait Courrier électronique, satellites, adeptes. Dix millions d’entre eux, De ce portrait d’un acteur très Bevinda (au Casino de Paris, à partir calva, qui n’est pourtant pas la offrir une tournée générale au clonage, vidéophonie : l’auteur majoritairement venus d’Europe littéraire, qui affiche un registre du 4 février) et une jeune guitariste boisson la plus répandue en Bre- bistrot. « J’ai dégueulasse, moyen du mythique roman 2001, l’Odyssée du Nord, débarquent chaque très éclectique et haut de gamme d’origine yougoslave, Anna tagne. Mais il n’y a pas d’exclusi- et vieux », dit une serveuse de de l’espace, semble année dans ce royaume du « time (des Ames fortes de Raul Ruiz à Popovik, sont ses invitées. ve : pastis au bistrot, champagne café en proposant ses diverses avoir tout prévu. Entretien avec sharing » (une semaine de La Ménagerie de verre, de Paul f La partie continue aux réceptions de la mairie, et jus- sortes de calva. Ce téléfilm corres- cet écrivain né en 1917, atteint vacances achetée en partage pour Newman), le réalisateur Jérôme 18 h 17, France-Inter qu’à une étrange liqueur verte pond plutôt à la seconde catégo- d’une poliomyélite à retardement, 20 à 99 ans). L’archipel est aussi le de Missolz a retenu les silences, Albert Algoud reçoit l’acteur Claude absorbée par l’épouse du maire. rie. En tout cas, il ne donne pas qui vit dorénavant au Sri Lanka lieu d’un important trafic de les déambulations, et cette Brasseur et le DJ Dimitri Fromparis, Bref, à Kerville, on ne boit pas mal à la tête. et qui n’a rien perdu de sa clandestins entre l’Afrique et voix à la parole paradoxalement artiste du mix et de la musique curiosité. l’Europe. parcimonieuse. électronique. LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002/35 radio-télévision JEUDI 31 JANVIER TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

14.45 Un joli petit coin de paradis Téléfilm. 16.50 Un livre 16.55 Des chiffres et des lettres 16.30 MNK 17.35 A toi l’actu@ 17.50 C’est pas 17.25 Dudley Do-Right Film. H. Wilson. Comé- 17.05 Fenêtre sur Le Portugal. Documentaire 17.30 Malcolm Série 17.55 Largo Winch 16.30 17.30 18.05 18.55 18.20 f 18.40 17.35 18.05 18.55 Bill L. Norton (EU, 1995). Alerte à Mali- Qui est qui ? Friends Série sorcier Questions pour un champion die (EU, 1999) En clair jusqu'à 20.45 Daria 100 % question C dans l’air Maga- Rédemption. Série The Sentinel Erreur bu Tombés du ciel. Série 17.25 Melrose Place On a tout essayé 19.50 Un gars, une fille 18.45 La Santé d’abord 18.50 Le 19-20 de l’in- Série 19.05 Le Journal 19.20 + de cinéma zine 19.00 Voyages, voyages Aéropostale. de jeunesse. Série 19.54 Le Six Minutes, L’accident. Série 18.15 Exclusif Magazine Série 20.00 Journal 20.30 Election 2002 formation, Météo 20.15 Tout le sport 20.25 19.40 + de sport 19.50 Le Zapping 19.55 Documentaire 19.45 Arte info, Météo 20.15 Météo 20.05 Notre belle famille Anniversaire 18.55 Le Bigdil 19.55 Météo, Journal, Météo. Invité : Alain Madelin 20.50 Météo. C’est mon choix... ce soir. Les Guignols de l’info 20.05 Burger Quiz. Reportage La Mort blanche. Documentaire. de mariage. Série 20.40 Caméra Café Série.

20.55 N 21.00 E  20.55 L D  F 3 : 20.45 L C   20.50 T - M 20.50 S   Avec les loups. Magazine L S  ,  a Le pouvoir ’ Série. Avec Roger Hanin, Christian Rauth, présenté par Françoise Joly. Sommaire : Film. I. Duran Cohen. Avec Pascal Greggory, et La Mecque Documentaire. Chema Mauvaises fréquenta-  a Daniel Rialet. 1687141 Patrice Alègre : un tueur en série oublié ; Le Syndrome chinois Film. N. Richard. Comédie (Fr., 2000) ? 118580 Sarmiento, T. Celal et Youssef Seddik. 8123580 tions Film. Jean-Pierre Améris. Avec Maud Le cadavre d’une fillette violée puis Chine : la maladie des six amours ; Alerta à James Bridges. Avec Jane Fonda, Jack Alain, jeune avocat, multiplie les Solidement établi dans la péninsule Forget, Lou Doillon, Robinson Stévenin. étranglée est découvert par deux lou- la dioxine ; P-S. : La guerre des roses (première Lemmon, Michael Douglas. Suspense aventures avec des partenaires des arabique, le prophète Mahomet défie Drame (France, 1999) ? 968073 bards dans les égouts d’une cité pro- diffusion le 14 décembre 2000). 7606257 (Etats-Unis, 1979). 8861344 deux sexes. Jusqu’au jour où il décide les puissances rivales. Des lycéens contraignent leurs petites che du domicile de Navarro ; l’inspec- Une journaliste découvre qu’une de se marier. Une radioscopie des 21.30 Thema (suite) - Mahomet [5/5]. amies à se prostituer. Une évocation teur ne peut laisser ce crime impuni. centrale nucléaire a échappé de peu désordres amoureux transportée par Le Coran. Documentaire. Chema Sarmiento, convenue des affres de l’adolescence. à une catastrophe majeure. l’interprétation. T. Celal et Youssef Seddik. 22.45 L’E    23.10 C,    23.00 L D  F 3 : 22.20 V L V  22.35 P  22.40 S   Téléfilm. ’ () L S  ,  Viva Un jour sans ’ Walter Kleinhard. Avec Josie Bissett, La bande dessinée. Magazine présen-  Las Vegas ! Documentaire. Pascal Mercier soleil Film. Bent Hamer. Avec Eric Ados : amour et Jason Beghe, Barbara Tyson (Etats-Unis, té par Guillaume Durand. Invités : Anne Débats en régions. Thème : (2001). 4981561 Magnusson, Nicholas Hope, Ingrid Rubio sexualité. Magazine présenté par Laurent 1998) % 6422621 Goscinny, Tardi, Marjane Satrapi, Alain Les sites à risques, danger partout. 99702 23.20 Schizopolis a Film. Steven Soderbergh. (Fr. - Dan. - Norv., 1998, v.o.). 8357967 Delahousse 7485832 La vengeance d’une femme trompée. Chabat, Dominique Strauss-Kahn, etc. 2519275 Avec Steven Soderbergh. Essai (EU, 1996, v.o.) %

0.25 Les Coulisses de l’économie 1.15 Mode in 0.45 Journal, Météo 1.15 La Femme Nikita 0.00 Météo 0.05 Soir 3 0.30 En route pour 0.50 Viva Las Vegas ! 1.00 Hockey sur glace 0.10 Salomon et la reine de Saba aaFilm. 0.20 E = M6 spécial Les colères de l’hiver. France 2.15 Exclusif 2.50 Le Droit de savoir Aimer, honorer et chérir. Série 1.50 Y’a un Salt Lake Historique des JO d’hiver et présen- Championnat de la NHL. 3.00 La Preuve par King Vidor. Avec Yul Brynner, Gina Lollobrigi- Magazine 2.14 Météo 2.15  4.05 M6 Music Magazine % 3.55 Reportages Le temps des début à tout 3.30 24 heures d’info 3.50 L’Art tation des épreuves de cette olympiade 1.25 la mort Téléfilm. Charlie Haskell (NZ, 2000) da. Aventures (EU, 1959) & 2.25 Court-circuit 2.30 Fréquenstar Magazine. Isabelle Boulay - bouilleurs de cru 4.20 Histoires naturelles dans les capitales Budapest. Documentaire Espace francophone Magazine 1.50 Ombre % 4.40 La Belle Espionne aaaFilm. Raoul L’Artiste du souffle Court métrage. Marco Linda Lemay & 3.15 Jazz 6 Magazine. Gill Les hommes poissons 4.50 Musique (15 min). 4.20 Météo 4.25 Pyramide Jeu (30 min). et lumière Invité : Louis Schweitzer (30 min). Walsh. Aventures (EU, 1953, v.o., 90 min) &. Kreuzpaintner (All., 2000, v.o., 25 min). Scott-Heron : précurseur du rap (50 min). CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS MAGAZINES 19.01 Momentino. La mousson. Odyssée MUSIQUE 13.40 La Lettre aaWilliam Wyler (Etats-Unis, 1940, 17.00 Les Lumières du music-hall. Marcel Amont. 19.15 Les Splendeurs naturelles de l’Afrique. [12/12]. 19.50 Beethoven. Triple concerto et Fantaisie pour piano 20.30 De mémoire d’ondes. N., v.m., 95 min). TCM Carlos. Paris Première Les géants. Planète en ut majeur, opus 56. Enregistré en 1995. Avec Daniel 21.00 Le Gai Savoir. Bernard Lehmann. 14.00 L’Âme des guerriers aaLee Tamahori 18.50 Rive droite, rive gauche. Invités : Pierre Dumayet ; 19.30 De bien robustes canards. Odyssée Barenboïm (piano), Itzhak Perlman (violon), Yo-Yo Ma 22.00 Journal. (Nouvelle-Zélande, 1994, 105 min) ! Cinéfaz Benoît Delepine. Paris Première 20.00 Un monde, des mondes. Le Japon. Voyage (violoncelle). Par l’Orchestre philharmonique de Berlin 22.10 Multipistes. 15.05 Rocco et ses frères aaaLuchino Visconti 19.00 Explorer. Le trésor perdu de Cuba. Créatures 20.00 Le Gorille. National Geographic et le Cœur du Staatsoper, dir. Daniel Barenboïm. Mezzo 22.30 Surpris par la nuit. (Italie, 1960, N., v.o., 170 min) & Cinétoile de la mer. L’aigle et le serpent. National Geographic 20.15 Hollywood Stories. Audrey Hepburn. Paris Première 21.00 Vladimir Ashkenazy interprète Chopin 0.05 Du jour au lendemain. Pierre Brunel. 15.20 aa 20.05 20.55 Les Vestiges du jour James Ivory Temps présent. Mondialisation : Le dialogue Histoire de France. « Dormir » avec et Schumann. Enregistré en 1983 et en 1985. Mezzo FRANCE-MUSIQUES (Etats-Unis, 1993, 130 min) & Cinéstar 1 impossible ? TSR l’ennemi. La Chaîne Histoire 22.30 Brahms. Concerto pour piano n˚1. 16.40 La Croisée des destins aaGeorge Cukor 22.35 Boléro. Invité : Jean-Marie Perier. Monte-Carlo TMC 21.00 Les Plus Belles Routes du monde. Japon, la route Enregistré en 1973. Avec Arthur Rubinstein (piano). Mezzo 20.00 Concert. Par l’Orchestre national (Etats-Unis, 1956, 110 min). TCM 22.40 Recto Verso. Invitée : Mimie Mathy. Paris Première du Tokaïdo. Voyage 23.45 L’Enlèvement au sérail. Opéra de Mozart. Enregistré de France, dir. Shao-Chia Lü : Œuvres 17.30 Hôtel de France aaPatrice Chéreau (France, 22.55 La Route. Invités : Clémentine Célarié et Boris 21.30 Des grenouilles fragiles. National Geographic en 1980. Par le Chœur et l’Orchestre de l’opéra d’Etat de Stravinsky, Chopin, Sibelius. 1987, 95 min) & Cinéfaz Cyrulnik. Canal Jimmy 21.45 Biographie. Le Général Custer. La Chaîne Histoire de Bavière, dir. Karl Böhm. Mezzo 22.00 En attendant la nuit. Michaël Levinas. 17.45 Personne ne parlera de nous quand nous DOCUMENTAIRES 22.30 Les Gorges du Tsangpo. National Geographic TÉLÉFILMS 23.00 Jazz, suivez le thème. serons mortes aaAgustín Díaz Yanes (Espagne, 23.00 Baleines ! National Geographic 0.00 Extérieur nuit. & 17.00 23.05 19.30 1995, v.o., 105 min) Cinéstar 2 Bali, le chef-d’œuvre des dieux. National Geographic Pilot Guides. L’Afrique australe. Voyage Chéri Bibi. Jean Pignol. [4/6]. Festival RADIO CLASSIQUE 20.45 Veillées d’armes : Histoire du journalisme en 17.05 Dalaï-lama, le sourire et la conscience. [2/2]. 23.40 Les Mystères de l’Histoire. Dossiers secrets 20.50 Les Enragés. Sidney J. Furie ? TF 6 temps de guerre - Premier voyage aaMarcel Fragments d’un enseignement. Histoire de John Edgar Hoover. La Chaîne Histoire 0.30 Cinq-Mars. Jean-Claude Brialy. Festival 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres Ophuls (France, 1994, 100 min) & Planète 17.30 Transsibérie. La voie des rennes. Voyage 1.00 L’Ecosse en train. Voyage SÉRIES de Hellendaal, Bach, CPE Bach. 21.00 Les Arnaqueurs aaaStephen Frears 17.35 La Poussière et la Gloire. Planète SPORTS EN DIRECT 20.40 Concert. Par l’Orchestre national (Etats-Unis, 1990, 110 min) % Téva 18.00 La Guerre en couleurs. Remagen. La Chaîne Histoire 22.25 The Practice. Sans rime ni raison. Série Club philharmonique de Hongrie : Œuvres 22.25 Veillées d’armes : Histoire du journalisme en 18.05 Jacques Lacarrière, l’Ulysse des temps modernes. 14.00 Tennis. Tournoi messieurs de Milan. Eurosport 22.30 L’Instit. Une seconde chance. TV 5 de Beethoven, Liszt, Bartok. temps de guerre - Deuxième voyage aaMarcel [3/4]. Histoire 18.00 Handball. Euro 2002 (2e phase, groupe F) : 0.05 Six Feet Under. Crossroads (v.o.). % Canal Jimmy 22.10 Les Rendez-Vous du soir (suite). Ophüls (France, 1994, 90 min) & Planète 18.35 Taureau sauvage. Odyssée France - Slovénie. Eurosport 0.10 Deux flics à Miami. Le sauvage (v.o.). 13ème RUE Œuvres de Schubert, Schumann, 0.00 Mogambo aaJohn Ford (Etats-Unis, 1953, 19.00 Biographie. Le destin de Laszlo Rajk. Chaîne Histoire 20.30 Basket. Euroligue (groupe C) : 0.20 Ally McBeal. La fibre paternelle (v.o.). & Téva Mendelssohn, Sibelius. v.m., 115 min). TCM 19.00 Pilot Guides. Le Japon. Voyage Budocnost - Pau-Orthez. Pathé Sport 3.45 NYPD Blue. Faux semblants (v.o.) % Canal Jimmy 0.00 Les Nuits de Radio Classique.

VENDREDI 1er FÉVRIER TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

13.00 Journal, Météo 13.53 Trafic infos 13.55 13.00 Journal, Météo 13.50 Derrick L’aveu. 13.50 Keno 13.55 C’est mon choix Magazine 14.00 D’un rêve à l’autre Film. Alain Berliner. 13.45 Le Journal de la santé 14.05 Les Guer- 13.35 Le Vœu de toute une vie Téléfilm. Mike Les Feux de l’amour Feuilleton 14.45 Coup de Série 14.55 Un cas pour deux Ecart fatal. 15.00 Jessie, à la vie à la mort Téléfilm. Glenn Comédie dramatique (EU, 2000) & 15.45  riers de la nuit Documentaire 15.05 La Transa- Robe. Avec Joanna Kerns (EU, 1998) & 15.15 foudre postal Téléfilm. Ron Lagomarsino. Série 16.00 Commissaire Lea Sommer Jordan. Avec Lee Remick (EU, 1988). 16.35 19.20 + de cinéma 16.00 Les Rois du désert mazonienne Documentaire 16.05 Yves Par- Destins croisés Acte deux. Série 16.10 M6 Avec John Stamos, Annabeth Gish (EU, 1999) Tempo funèbre. Série 16.50 Un livre Magazi- MNK 17.35 A toi l’actu@ Magazine 17.50 Film. David O. Russell. Aventures (EU, 1999) lier, seul au monde Documentaire 17.05 Les Music 17.00 Le Pire du Morning 17.30 Mal- & 16.30 Alerte à Malibu Trois morts pour un ne 16.55 Des chiffres et des lettres 17.25 Qui C’est pas sorcier Les bâtisseurs de cathédra- ? 17.50 Star Hunter Le chant des sirènes. Refrains de la mémoire Puisque vous partez colm Hal démissionne. Série 17.55 Largo 17.25 18.00 18.05 18.15 18.20 18.40 17.35 18.55 squelette. Série Melrose Place Douche est qui ? CD’aujourd’hui Friends les. Magazine Un livre, un jour Série f En clair jusqu'à 21.00 Daria Série en voyage, 1936. Documentaire 100 % Winch Sous le charme. Série The Senti- froide. Série 18.15  2.05 Exclusif 18.50 L’euro Série 19.00 On a tout essayé Divertissement Questions pour un champion 18.50 Le 19-20 19.05 Le Journal 19.40 + de sport 19.50 Le question 18.05 C dans l’air 19.00 Tracks 19.45 nel La mort blanche. Série 19.54 Le Six Minu- ça compte 18.55 Le Bigdil 19.50 Vivre com ça 19.50 Un gars, une fille Série 20.00 Journal, de l’information, Météo 20.15 Tout le sport Zapping 19.55 La Semaine des Guignols Arte info, Météo 20.15 Reportage. Le Cirque tes, Météo 20.05 Notre belle famille Entrepri- 19.55 Météo, Journal, Météo. Météo, Point route. Magazine 20.25 C’est mon choix... ce soir. 20.05 Burger Quiz 20.45 Encore + de cinéma. des petits pauvres. Documentaire. ses familiales. Série 20.40 Caméra Café.

20.50 120    20.55 U   Maigret. Série. 20.55 T Magazine présenté par 21.00 S K Film. Tom Dey. 20.40 M   20.50 G   Divertisse- Divertissement présenté par Arthur et Maigret chez le ministre. Avec Bruno Georges Pernoud. Escale aux Canaries. Avec Jackie Chan, Owen Wilson, Lucy Liu Téléfilm. Christian Görlitz. Avec Hannelore ment présenté par Laurent Boyer. Invités : Stéphane Courbit. Invités : Gad Elmaleh, Cremer, Alexandre Brasseur. 7090352 Au sommaire : Les îles Canaries et le (Etats-Unis, 1999) % 4586994 Hoger, Ben Becker (Allemagne, 1999). 579062 Britney Spears, Cécilia Cara, Florent Pagny, Sophie Favier, Kad & Olivier. 32409807 Sur la demande d’un ministre le célè- tourisme ; Une position statégique ; Les Le bondissant Chinois (Jackie Chan) Dans sa bonne ville de Hambourg, L5, Bruno Salomone. Au sommaire : Graines Les invités d’Arthur commenteront bre commissaire de police Maigret clandestins ; Les pêches aux murènes ; se retrouve au Far West et fait équipe la célèbre Bella Block mène l’enquête de chanteur ; ... de danseur ; ... de doubleur ; des séquences triées par toute l’équi- doit retrouver un dossier compromet- De l’eau pour les îles ; Les dockers ; avec un laborieux comique local. Wes- sur une série de meurtres, perpétrés Visuel. 31888623 pe de « 120 minutes de bonheur » tant pour bien des politiciens et des Les filles du vent. 243826 tern parodique mêlant karaté et comi- sans motif apparent. Mais le commis- parfois les mettant en scène, entrecou- notables. 22.25 Météo 22.30 Soir 3. que de situation. saire sait bien que l’on ne tue pas sans pés d’un bêtisier. 22.30 Bouche à oreille Magazine. 22.45 Encore + de cinéma Magazine. raison...

23.10 S   Magazine 22.35 N Y 911 Réunion de 22.50 O     23.00 L L  Film. Frank 22.20 L V   Globalisation. 23.25 P         % présenté par Julien Courbet. 8767197 famille % 7168449. Un passé trouble & Magazine présenté Darabont. Avec Tom Hanks, David Morse, Violence ou dialogue ? Documentaire. Série. Cartes sur table 284517. Série. Avec Kim Raver, Marisa Ryan, par Marc-Olivier Fogiel, avec la participation Bonnie Hunt, Michael Clarke Duncan. Fantas- Patrice Barrat (France, 2001). 3780246 4113555 ; Ultime sacrifice % 2281685. Anne Twomey. de Stéphane Blakowski, Ariane Massenet, tique (Etats-Unis, 1999) ? 43450710 Pointé du doigt depuis le 11 septem- Avec Derek De Lint, Martin Cummins, Dans Réunion de famille, un mem- Alexis Trégarot. 4435739 Le chef des gardiens du couloir de la bre, le mouvement contre la mondiali- Robbi Chong. bre de l’équipe, partagé entre ses sou- mort (Tom Hanks) découvre qu’un de sation libérale semble cantonné au Dans Cartes sur table, un étrange jeu cis professionnels et personnels, tente ses « pensionnaires », un véritable rôle d’adversaire et non d’interlocu- de cartes, permettant à la fois de de se rapprocher de sa famille. colosse (Michael Clarke Duncan), est teur valable. prédire l’avenir et de se projeter dans 0.10 Journal de la nuit 0.30 Météo 0.35 capable de réaliser des miracles. 23.20 La Revue Magazine. Invité : John Malko- le passé, arrive à la fondation. CD’aujourd’hui. D’après le roman de Stephen King. vich.

1.30 Les Coups d’humour Invités : Les Wrig- 0.40 Histoires courtes. Spécial Clermont- 0.55 Ombre et lumière Magazine présenté 2.00 Une vie volée Film. James Mangold. 0.40 Le Dessous des cartes Magazine 0.50 1.05  4.40 M6 Music 2.30 Fréquenstar gles 2.40 Reportages Quelques privés bien Ferrand. Comme un seul homme. Jean-Louis par Philippe Labro. Invitée : Michèle Laroque Avec Winona Ryder. Drame (EU, 1999, v.o.) % Aguirre, la colère de Dieu aaa Film. Magazine présenté par Laurent Boyer. tranquilles. Documentaire 3.10 Très pêche Gonnet & ; La Fosse rouge. Sylvain Labrosse & 1.30 Toute la musique qu’ils aiment Magazi- 4.05 On fait un beau sourire Film. Anna Di Werner Herzog. Avec Klaus Kinski. Drame Spécial Axelle Red 3.20 Boyzone Live by Brocard en battue à l’arc & 4.05 Musique 1.25 Envoyé spécial 3.25 Campus, le magazi- ne. Invité : François-Eric Gendron (55 min). Francisca. Avec Giustino Durano. Comédie (Allemagne, 1972, v.o.) % 2.20 Premiers comi- Request. Concert 4.15 E=M6 Magazine 4.20 Confessions intimes Magazine (40 min). ne de l’écrit 4.55 Pyramide (30 min). (It. - Fr. - Gré., 2000, 86 min) &. ques allemands Drôle de ciné (25 min). (25 min). CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS MAGAZINES 19.50 Les Mystères de l’histoire. Les Pères pélerins, MUSIQUE 15.05 14 juillet aaRené Clair (France, 1932, N., 14.15 Boléro. Invité : Jean-Marie Périer. Monte-Carlo TMC du mythe à la réalité. La Chaîne Histoire 17.45  20.35, 23.30 Mozart. Sonate pour piano en ut 20.30 Black and Blue. 90 min) & Cinétoile 16.05 Recto Verso. Invitée : Mimie Mathy. Paris Première 20.00 Carnet de route. Chili norte, un ami chilien. Voyage majeur KV 545. Enregistré en 1990. Daniel Barenboïm 21.30 Cultures d’Islam. Invité : André Miquel. 16.35 L’Île de la violence aaLeslie Stevens 17.00 Les Lumières du music-hall. Jacques Brel. 20.00 Vivre avec les chimpanzés. National Geographic (piano). Mezzo 22.00 Journal. (Etats-Unis, 1962, v.o., 90 min) & Cinétoile Yves Simon. Paris Première 20.00 Le nandou rencontre le manchot. Odyssée 19.30 Classic Archive. Enregistré en 1963 et 1969. Avec 22.10 Multipistes. 17.10 La Toile d’araignée aaaVincente Minnelli 19.00 Explorer. Guerriers de la vague. Défier les glaces. 20.05 Ron Howard. CineCinemas 1 Nathan Milstein (violon). Mezzo 22.30 Surpris par la nuit. (Etats-Unis, 1955, v.m., 120 min). TCM La vie ne tient qu’à un fil. National Geographic 20.15 Hollywood Stories. Pee Wee Herman. Paris Première 22.25 Chris Isaak. New York 1995. Canal Jimmy 0.05 Du jour au lendemain. 17.50 21.05 20.45 22.35 Veillées d’armes : Histoire du journalisme en Mise au point. La malbouffe au boulot. Le retour Les Cent Jours de la Somme. Odyssée Beethoven. Sonate pour piano n˚32, opus 111. FRANCE-MUSIQUES temps de guerre : Premier voyage aaMarcel de la syphilis. TV 5 21.00 Soweto, histoire d’un ghetto. [1/6]. Les premiers Enregistré en 1998. Zoltan Kocsis (piano). Mezzo Ophuls (France, 1994, 85 min) & Planète 21.25 Rock Press Club. Le rock sudiste. Canal Jimmy « townships ».[2/6]. Diviser pour mieux régner Histoire 23.00 Mozart. Sonate pour violon et piano en si bémol 20.05 Concert franco-allemand. 20.45 Comme un torrent aaVincente Minnelli 21.50 Des livres et moi. Pierre Combescot (Lansquenet); 21.00 République dominicaine, berceau du nouveau majeur K 454. Enregistré en 1974. David Oïstrakh (violon), Par l’Orchestre symphonique de la Radio (Etats-Unis, 1958, v.m., 135 min). TCM Florian Zeller (Neiges artificielles). Paris Première monde. Voyage Paul Badura-Skoda (piano). Mezzo de Sarrebruck, dir. Reinhard Goebel. 21.00 La Charge de la brigade légère aaMichael 22.55 Si j’ose écrire. Invités : Noëlle Châtelet (La Tête en 21.00 Le Coyote de Yellowstone. National Geographic 23.45 L’Or du Rhin. Opéra de Wagner. Enregistré en 1981. Œuvres de Gluck, Myslivecek, Mozart, Salieri. Curtiz (Etats-Unis, 1936, N., v.o., 120 min) & Cinétoile bas) ; Patrick Graille (Les Hermaphrodites du XVIIe siècle et 21.35 Seconde Guerre mondiale. Pearl Harbor, Par l’Orchestre philharmonique de Berlin, sous la 22.30 Alla breve (rediff.). 22.35 Accident aaaJoseph Losey du XVIIIe siècle). RTBF 1 sept rescapés témoignent. La Chaîne Histoire direction de Herbert von Karajan. Mezzo 22.45 Jazz-club. Le trio de J.-Philippe Viret. & 22.00 (Grande-Bretagne, 1967, v.o., 105 min) CineClassics DOCUMENTAIRES Volcans ! National Geographic TÉLÉFILMS RADIO CLASSIQUE 22.40 Monsieur Hire aaPatrice Leconte (France, 22.45 La Fusée Ariane, un succès de l’Europe. Odyssée 1989, 80 min) & Cinéfaz 17.00 Baleines ! National Geographic 23.00 A la recherche du sous-marin I-52. Nat. Geographic 19.05 Savant en herbe. Rod Daniel & Disney Channel 20.00 Les Rendez-Vous du soir. 23.00 Témoin à charge aaBilly Wilder 17.05 Une terre, des hommes. [1/3]. Les cheminées 1.00 L’Islam en questions. Les Etats-Unis. Chaîne Histoire 19.30 Chéri Bibi. Jean Pignol [5/6]. Festival Œuvre de Gade, Grieg, Nielsen. (Etats-Unis, 1957, N., v.o., 115 min) & Cinétoile fumantes. [2/3]. Des bras pour les usines. [3/3]. Les SPORTS EN DIRECT SÉRIES 20.40 Johann Strauss et la tradition 23.20 La Rivière aaMark Rydell (Etats-Unis, 1984, nouveaux horizons. Histoire austro-hongroise. Œuvres de Haydn, v.m., 115 min) % CineCinemas 2 17.15 Super Bowl, un rêve américain. Odyssée 14.00 Tennis. Tournoi messieurs de Milan (It.). Eurosport 19.50 La Vie de famille. Adieu rondeurs ! RTL 9 Schubert, Beethoven, Lanner, Schubert et 0.35 La Haine aaMathieu Kassovitz (France, 1995, 18.30 Histoires marines. Le secret des tortues 20.15 Volley-ball. Pro A : Paris Volley - Tours. Eurosport 20.00 Le Caméléon. Le père et le fils. Série Club Webern, J. Strauss fils et Berg, N., 95 min) & Cinéstar 1 caouanes. National Geographic DANSE 20.50 Farscape. Naissance d’un vortex. Série Club J. Strauss fils, J. Strauss fils et Dohnanyl, 0.50 Outland, loin de la Terre aaPeter Hyams 18.35 A la découverte des récifs sous-marins. [4/7]. 20.55 Les jumelles s’en mêlent. La boum. Canal J Lehar, Sieczynsky, Brahms. (Etats-Unis, 1981, v.m., 110 min) & TCM Les épaves de la mer Rouge. Odyssée 21.00 Grande fugue. Chorégraphie de Hans Van Manen. 20.55 Cadfael. L’Apprenti du diable. Monte-Carlo TMC 22.45 Les Rendez-Vous du soir (suite). 1.30 Les Légions de Cléopâtre aaVittorio 19.00 Pilot Guides. Républiques d’Asie centrale. Voyage Musique de Beethoven. Enregistré en 1984. Par 22.25 Au cœur du temps. Rendez-vous avec hier. Série Club Musique traditionnelle. Cottafavi. Avec Georges Marchal (It. - Fr. - Esp., 1959, 19.00 Biographie. Alexandre Ier de Russie. La Chaîne Histoire le Quartetto italiano. Avec le ballet national 23.15 Les Chemins de l’étrange. Tout est dans Œuvre traditionnelle de l’Inde du Nord : v.o., 100 min) & CineClassics 19.15 L’Hippocampe, petite merveille des océans. Planète hollandais. Mezzo la tête. 13ème RUE Improvisation sur des ragas.

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir aaA ne pas manquer aaaChef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants. 36/LE MONDE/VENDREDI 1er FÉVRIER 2002

CARNET DE ROUTE   La cassette Schuller Les touristes américains reviennent par milliers à Cuba

EN SOMME, il est passé par dition de « proscrit », après sept ici, il est repassé par là, le voici, le ans d’exil, plutôt confortable voilà : Didier Schuller , le fugitif, d’ailleurs – tant la fuite peut être LA HAVANE l’Ecole latino-américaine de méde- le proscrit, notre furet préféré, lui- notablement plus douce au soleil de notre envoyé spécial cine, l’une des réalisations dont le même, personnellement. Dans des îles et comptes bancaires – va L’accent traînant ne trompe pas. Commandante en jefe est le plus une petite villa des faubourgs de déranger. Ni britannique ni canadien, c’est fier. « Nous avons 37 étudiants en Saint-Domingue. Ni en résidence En fuite, et comme dépositaire bien le drawl du sud des Etats-Unis. médecine qui bénéficient d’une très surveillée. Ni serré de près sous son large chapeau de toutes Armé de caméras et d’appareils bourse complète de Cuba », souli- par quelques vigilants policiers les turpitudes d’un système de photo, le groupe mitraille les per- gne le docteur Sloan. dominicains couleur de barbou- financement du RPR des Hauts- sonnages de carnaval posant sur A la Bodeguita del Medio et à ze. Là, simplement là, dans une de-Seine et alentours, larges alen- des échasses devant la cathédrale l’hôtel Ambos Mundos, l’ombre de maison amie et préparant, mora- tours, Didier Schuller arrangeait de La Havane. Malgré l’embargo et Hemingway plane sur le Floridita, lement en tout cas, ses bagages, tout le monde. Comme une sorte l’interdiction de voyager à Cuba tou- haut lieu du tourisme havanais. pour rentrer en France et y répon- de fugitif de fixation, espèce justi- jours en vigueur, on entend de plus Des photos du Nobel de littératu- dre aux questions des juges. ciable bien commode pour limi- en plus parler américain dans les re avec Fidel Castro ou Gary Coo- Didier Schuller est là. Et l’en- ter les affaires, la curiosité et les ruelles de la vieille ville. Munis per ornent les murs, des tee-shirts voyé spécial du Monde Hervé Gat- questions. d’autorisations dûment délivrées à son effigie sont en vente au bar. tegno aussi, qui a réussi à établir De retour, évidemment, le par le département du Trésor améri- « Depuis novembre 2001, j’ai noté le contact et à obtenir une inter- même homme auquel, et avec cain ou enfreignant la loi, les visi- un afflux de clients américains. Ils view. Joli coup, joli scoop, moins quelle sollicitude désintéressée, teurs venus des Etats-Unis, simples veulent connaître notre culture. Le sensationnel que passionnant et ses amis de toujours lui con- touristes, membres du Congrès ou jour où ils vont lever l’embargo, ce

dont on imagine volontiers qu’il seillaient de surtout ne pas reve- vedettes, comme le boxeur Mike JB/SYGMA sera une avalanche », anticipe va provoquer quelques inquiétu- nir en France – « Tu es grillé, ta Tyson ou Kevin Richardson des De plus en plus de « Yankis » défient l’embargo pour visiter l’île. Orlando Blanco, le maître d’hôtel des, quelques fureurs, et quel- carrière politique est finie, refais- Backstreet Boys, font le bonheur du célèbre restaurant. Au bar, un ques suées dans son landerneau toi une vie ailleurs » –, retrouve des chauffeurs de taxi et des grooms des hôtels « Nous sommes couple sirote l’inévitable daïquiri. Avocate à San- politique d’origine. droit à la parole. Et ne se prive de La Havane. débordés par les ta Barbara, en Californie, Marguerite Amer est Car c’est un fait : Didier Schul- pas de l’utiliser. Les « Yankis » qui transgressent l’embargo ont réservations », nous républicaine et a voté pour George W. Bush. ler semble bien décidé à rentrer à Là encore, on se doute bien le pourboire plus généreux que les Européens confie-t-il dans son Avant de venir à Cuba, elle était plutôt favorable la maison France. Bien décidé à, que, dans ce qu’a confié Didier des tours organisés, constatent avec plaisir les petit bureau du La Havane à l’embargo. « Je suis toujours anticommuniste, si l’on peut utiliser cette expres- Schuller à notre envoyé spécial, Cubains souvent bardés de diplômes qui se sont Vedado, calculant mais je vois que cet embargo est obsolète, et qu’il sion, re-défaire sa vie après tout n’est pas parole d’évangile. recyclés dans le tourisme afin d’accéder aux bou- qu’en un an son affecte surtout la population », constate-t-elle au l’avoir refaite. Vraiment décidé à Bien plus, on imagine que tout ce tiques en dollars. Cette soudaine affluence de chiffre d’affaires a terme d’un séjour culturel organisé, dans les parler ? Là c’est une autre histoi- qu’il raconte a été soigneuse- voyageurs venus du Nord est une bénédiction été multiplié par règles, par le Musée d’art moderne de Santa re. En tout cas, il n’a plus l’envie ment pesé, soupesé au trébuchet pour l’île communiste qui, comme ses voisines trois. CUBA Barbara. de fuir encore et toujours la jus- très précautionneux de ce qui des Caraïbes, a été durement touchée par la crise Stanley Dorn, gui- Les deux tiers des 160 000 détenteurs de pas- tice ; même s’il le dit, il en aurait pouvait, devait être dit. Et, du tourisme et du transport aérien après le 11 sep- tariste classique qui seport américain qui ont visité Cuba en 2001 sont parfaitement les moyens. même, on peut supposer que tembre. Au point que Fidel Castro, recevant enseigne à la New d’origine cubaine. Rencontré à l’aéroport de Le fugitif Schuller veut mettre dans cet entretien le cher homme 768 étudiants et professeurs de l’université de School University La Havane, José Ramon Menéndez a quitté son fin à l’affaire Schuller. Poser son fait passer quelques salubres mes- Pittsburgh arrivés en bateau de croisière, lançait de New York, se définit, lui, comme un « Améri- île natale il y a tout juste quarante ans, à l’âge de sac. Solder son compte, ce qui ne sages subliminaux à la compa- récemment : « Ce mois de janvier devrait s’appe- cain à l’esprit ouvert ». « Je voulais voir le socialis- 11 ans. C’est un « Pedro Pan », l’un de ces veut pas dire nécessairement gnie des compagnons et amis. ler le mois des Nord-Américains. » me. Chez nous, on enseigne l’égalitarisme dans les 14 000 enfants envoyés, seuls, par leurs parents régler ses comptes, s’expliquer Il n’empêche. Didier Schuller « C’est le moment idéal pour se rendre à Cuba, écoles mais on nous dit que le socialisme est mau- aux Etats-Unis entre Noël 1960 et octo- devant la justice, être jugé si parle. Il parle d’un monde étran- pays bien connu pour avoir les rues les plus sûres vais. » Il hésite un moment puis reconnaît qu’il bre 1962 pour échapper au régime communiste. nécessaire et purger son éventuel ge, et à lui familier jadis : celui de tout l’hémisphère et échapper au climat est venu sans autorisation, par la Jamaïque. Cinéaste à Los Angeles, il avait coupé les ponts passif pénal. Avant que de s’en des pompes à finances RPR, des d’anxiété et de tension » créé par les attentats du Quant au docteur Don Sloan, il revendique ouver- avec son passé insulaire. Jusqu’au jour où un ami retourner, lorsque « tout sera jeux d’ombre et des enjeux politi- 11 septembre, souligne Philip Agee, ancien agent tement ses sympathies pour l’île castriste, qu’il a d’enfance, le musicien Edmundo Dina, en tour- fini », vivre avec les siens le reste ques, de ce juge Halphen effecti- de la CIA qui a ouvert à La Havane la première visitée pour la première fois en 1975. Il raconte née en Californie avec son groupe, Los Van Van, de son âge à Saint-Domingue. vement à écarter. Il parle, et cela agence de voyages virtuelle visant le marché que lors de sa dernière rencontre avec Fidel Cas- l’a convaincu de revenir. « Je reviendrai, et j’espère On se doutera bien que cette ressemble déjà à une cassette nord-américain. Sur son site Internet www.cuba- tro, le Lider Maximo confiait qu’il ne pouvait pren- que ce sera pour travailler », dit-il, en jetant un der- urgence nouvelle du fugitif à ne Schuller-Méry. Sauf que lui est linda.com, Philip Agee incite ses compatriotes à dre sa retraite avant la levée de l’embargo améri- nier coup d’œil à La Havane par le hublot. plus fuir et à rompre avec sa con- vivant. ne pas se laisser intimider par les menaces de cain. Il est membre du jury qui envoie de jeunes sanctions et explique comment y échapper. Américains issus de milieux défavorisés étudier à Jean-Michel Caroit

IL Y A 50 ANS, DANS 0123 CONTACTS EN LIGNE SUR lemonde.fr f RÉDACTION Guide culturel : http://aden.lemonde.fr a Le testament 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris Marché de l'emploi : Le « hero » et le « villain » de Jean- Cedex 05. Tél : 01-42-17-20-20 ; http://emploi.lemonde.fr Site éducation : http://educ.lemonde.fr télécopieur : 01-42-17-21-21 ; Claude Méry. Marché de l'immobilier : OÙ SONT NOS VIEUX amateurs qui rapporte de substantiels bénéfi- lutte entre le hero et le villain, pas- Lemonde.fr dif- télex : 202 806 F http://immo.lemonde.fr de « gréco-romaine » et le parfum ces. La philosophie du catch est sionnent toujours les foules améri- fuse des extraits f ABONNEMENTS f TÉLÉMATIQUE 1900 qui entoure les joutes à la len- simple et repose sur deux données caines, qui ne sont pas loin de con- du témoignage Par téléphone : 01-42-17-32-90 3615 lemonde f teur savante de ces athlètes un peu fondamentales de la mentalité de sidérer le conflit Est-Ouest comme enregistré avant Sur Internet : http://abo.lemonde.fr DOCUMENTATION Par courrier : bulletin p. 24 Sur Internet : http://archives.lemonde.fr empâtés, le torse avantageux bien l’Américain moyen. Première- un gigantesque match de pancrace sa mort par le f COLLECTION moulé dans un maillot serré, la ment, le monde est divisé en deux où le méchant, c’est-à-dire le Rou- promoteur qui confirme l’existence d’un sys- Changement d'adresse et suspension : 0-825-022-021 (0,15 euro TTC/min) Le Monde sur CD-ROM : moustache agressive ? Aux Etats- groupes bien déterminés : les bons ge, succombera finalement, en tème de financement occulte du RPR. f INTERNET 01-44-88-46-60 Le Monde sur microfilms Unis, des managers astucieux ont et les méchants. Deuxièmement, si dépit de sa supériorité physique et www.lemonde.fr/chirac-affaires Site d'information : www.lemonde.fr a 03-88-71-42-30 habilement su associer l’ancien et les forces brutales peuvent un de sa traîtrise, devant le généreux, Un autre Net est possible. L’envoyé spé- Site finances : http://finances.lemonde.fr f LE MONDE 2 noble sport de la lutte à une mise moment mettre en péril les courageux et loyal Américain. cial du Monde interactif à Porto Alegre rela- Site nouvelles technologies : Abonnements : 01-42-17-32-90 en scène bien étudiée. Le catch « bons », ceux-ci l’emportent fina- te les efforts du Forum social mondial pour http ://interactif.lemonde.fr En vente : « Histoires d'euros ». devient alors un spectacle parfaite- lement. L’épopée des films muets, Henri Pierre réformer la société de l’information. ment accessible aux non-initiés, et le vieux mélo illustré par l’éternelle (1er février 1952.) http://interactif.lemonde.fr a Tirage du Monde daté jeudi 31 janvier 2002 : 506 415 exemplaires. 1-3

Samedi avec 0123 daté dimanche/lundi - Dossier spécial 8 pages La démocratie à la loupe VENDREDI 1er FÉVRIER 2002

ÉCRIVAINS EN FICTION POLITIQUE Michel Rio, Alain Veinstein, A l’approche de la Christian Garcin, présidentielle, récits, Yasmina Khadra, analyses, biographies se Didier Decoin, Francine Prose, multiplient. Principaux Daniel Oster... NAZIM HIKMET COLETTE sujets : MM. Chirac et Jospin LE FESTIN DE BOTTÉRO pages II et III page IV page V pages VI et VII page VIII Mystère de Paris De la porte de Saint-Ouen à celle d’Aubervilliers,

epuis vingt ans Jean Rolin a arpenté maintenant, parallèlement à des pendant des mois Dreportages au long cours, Jean Rolin s’est fait le romancier précis et minutieux d’une réalité qu’on cette zone frontière aux préfère souvent ignorer, qu’elle soit dans des régions lointaines ou abords du boulevard au coin de la rue. Il a eu 51 ans – il le dit dans son roman, La Clô- Ney. Mêlant au récit ture – la dernière année du XXe siè- cle, le 17 juin 2000, et il est français. de ses rencontres Ce n’est pas une chance, car, dans son pays, les écrivains contempo- l’évocation du maréchal GÉRARD RONDEAU POUR « LE MONDE » rains qui observent, décrivent et cri- tiquent la société comme elle va napoléonien, il livre une même (au moins sous le rapport de payé, au McDonald’s de la porte de n’éprouvait aucune fascination mor- sont généralement combattus ou l’ampleur et de la confusion), d’écrire Clignancourt. Il y a des gamins aus- bide pour leur destin, juste le désir LA CLÔTURE ignorés. Et la situation semble s’ag- singulière ethnographie. sur le boulevard (…) mais du point de si, bien sûr. Vite sortis de l’école, ils de montrer cette zone frontière à de Jean Rolin. graver en ce début de 2002, où quel- vue présumé du maréchal Ney ». trouvent de la drogue dans tout le ceux qui la traversent vitres fermées POL, 248 p., ques critiques très sûrs de posséder Un magnifique roman Waterloo… c’est bien à ce champ quartier (leurs aînés préfèrent le pas- et voitures verrouillées. 16,50 ¤. la vérité nous expliquent, à l’occa- de défaite que ressemble ce quartier tis, jusqu’au coma éthylique) – « sur sion d’un livre d’entretiens publiés fin de siècle arpenté pendant des mois par le nar- le trottoir qui longe l’hôpital [Bichat] par Julien Gracq, que celui-ci serait rateur. Les femmes… quelques on a disposé une borne pour l’échan- le plus grand écrivain français de l’Observatoire, dont témoigne sa vieilles dames seules et beaucoup ge des seringues usagées contre des vivant, jetant ainsi aux oubliettes statue, « sur le parvis de la Closerie de prostituées, jeunes, venues d’Afri- seringues propres ». Evidemment, ils Claude Simon et quelques autres des Lilas », où sont passés tant d’ar- que ou de l’Est, comme Ginka Trifo- ne partent jamais en vacances. Un ayant eu le tort – outre leurs recher- tistes… les surréalistes, Sartre et ses nova, 19 ans, bulgare, assassinée été, deux plasticiennes leur propo- amis, Samuel Beckett… dans la nuit du 21 au 22 novembre sent, sans doute dans une louable jusqu’à Jean Rolin : «Je 1999, « sur le talus qui borde du côté intention, de réaliser une fresque, Josyane Savigneau l’ai côtoyée [la statue de nord la rue de la Clôture, là où elle sur- comme dans neuf autres pays. En Ney] si souvent, dans les plombe de plusieurs mètres les voies France cela devient, selon Rolin, ches stylistiques – de regarder se années soixante-dix et quatre-vingt, et de la gare de l’Est ». Du côté des « une histoire de bruit et de fureur, convulser le XXe siècle, d’y faire sur- dans des états de conscience parfois si hommes, il y a ceux qui ont encore réécrite par deux idiotes » (lire l’ex- gir des femmes et des révoltes. Le altérés, qu’il faut peut-être aussi cher- « un domicile fixe », comme Robert, trait ci-dessous). XXe siècle ne doit pas avoir existé, il cher de ce côté l’une des sources de que Rolin appelle « Lepieux » pour Jean Rolin ne tient pas un journal n’y aurait donc pas de littérature ma prédilection pour le joueur de flû- préserver son anonymat et les de voyage, ne mène pas une analyse française après Gracq, mais comme te. » Cet « enfant que guide le son de autres, comme Roger, qui fait la sociologique, il ne fait pas de mora- l’écrit Jean Rolin à propos de l’histoi- la flûte, précise Jean Rolin, l’homme manche, Gérard, l’un des héros du le, n’exprime ni dégoût ni pitié. Il ne re de la France, « la haine de soi ne faible qui le dernier franchit le Nie- récit, qui a installé sa caravane dans juge pas, ne glorifie pas. Très subtile- dispose pas à la générosité envers les men, au terme de la retraite de Rus- un pilier soutenant le périphérique ment, il entraîne son lecteur, en autres ». Ce qui lui vaut, malgré trei- sie, avec une cohorte de spectres, ou Monsieur Z, l’anachorète qui vit plongée, dans le mystère de Paris, ze livres et plusieurs prix, dont le celui qui le soir de Waterloo arpente dans une « armoire électrique au toit inaccessible à tous ceux qui ont une Médicis 1996 pour L’Organisation le champ de bataille dans un unifor- planté d’iris et de divers totems, dont vie rangée, qu’elle soit modeste ou (Gallimard), de demeurer trop me déchiré, le visage noirci par la pou- un chien noir en peluche ». Saïd Fer- aisée. En alternance avec une évoca- méconnu. dre, telles étaient les images qui me di, lui, ne se remettra jamais de l’Al- tion du destin de Michel Ney, lui aus- Cette ethnographie singulière guidaient (…) dans le projet assez vas- gérie, qu’il a dû quitter en 1962. Lito si, finalement, une personne dépla- mêlée à une évocation historique te et confus d’écrire sur le maréchal n’est arrivé du Congo qu’en 2000, et cée. Le narrateur de La Clôture con- qu’est La Clôture demeurera pour- Ney du point de vue du boulevard qui d’un travail d’agent de sécurité sous- vie ceux qui le suivent à avoir un tant comme un magnifique roman porte son nom. Ou, ce qui revient au payé passe à un autre boulot sous- regard sans préjugés sur ce quartier, « fin de siècle » qu’on pourra lire lieu géométrique de tous les échecs, dans très longtemps pour savoir b habité non par des épaves, mais des « comment c’était » en l’an 2000 et gens « défaits » : « Par la suite, il dans les quelques années qui l’ont extrait apparaîtra que Robert Lepieux a pos- précédé, dans ce coin perdu de sédé autrefois des chevaux de course « Les plasticiennes ont présidé elles-mêmes à la réalisation de la fres- Paris, entre la porte de Saint-Ouen et séjourné à plusieurs reprises en pri- que (…). Le thème choisi, ou plus vraisemblablement suggéré (…) : “Le et celle d’Aubervilliers, aux abords son, que Byblos a travaillé pendant la métissage en France à travers l’espace et le temps”. En quoi ce thème du boulevard portant le nom d’un guerre du Liban comme agent de ren- du métissage est-il historiquement pertinent, et pourquoi, s’il s’agis- maréchal né la même année que seignement d’une milice chrétienne, sait d’illustrer la diversité culturelle et ethnique de la France, a-t-il été Napoléon Bonaparte, 1769, dans un que Gérard a possédé une petite entre- retenu de préférence à celui de la formation démographique, par village de la Sarre, vainqueur à la prise et tenté sans succès de s’expa- exemple ? Les immigrants d’origine polonaise, russe, arménienne, Moskova, défait à Waterloo, exécu- trier en Australie. Mais cela n’apparaî- italienne, espagnole ou portugaise compteraient-ils pour du beurre ? té le 7 décembre 1815 : Michel Ney. tra que peu à peu, par bribes, par La vérité, c’est que cette obsession du métissage, envisagé non plus Drôle de personnage : fils de ton- recoupements de récits parfois contra- comme une option mais comme une obligation – un impératif moral nelier, de langue maternelle alleman- dictoires, avec une marge relative- et biologique – n’est que le reflet inversé de l’obsession de la pureté de, finalement déloyal à l’empereur ment élevée d’incertitude. » raciale. Manipulé par les deux plasticiennes, il permet d’autre et traître à la monarchie restaurée, Il faut préciser que le romancier a part – mais n’importe quel autre thème aurait aussi bien fait jouant de la flûte à la Conciergerie, agi avec ses personnages à visage l’affaire – d’exprimer une haine et une honte maladive de l’histoire de peu de temps avant son exécution, découvert, prenant des notes. Ils ce pays » (pp. 156-157). le 7 décembre 1815, dans le quartier ont certainement compris qu’il II / LE MONDE / VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 dossier b

La littérature offre d’étranges effets de miroir. L’écrivain Ecrivains en fiction est parfois la source d’inspiration de l’écrivain, confronté Mise L’écriture ou la vie aux rebonds de la Dans un court roman, où l’humour le dispute au débat philosophique, Michel Rio milite création. Romancier en en garde pour la radicalité de l’engagement du créateur. Quintessence de la fiction panne d’inspiration 1985 et Points Seuil P666). Et Lau- séquences élégance et légèreté (de sentiel : l’intransigeance du créa- MÉFIEZ-VOUS LA REMISE AU MONDE ra était déjà le prénom de l’héroïne la plaisante confusion entre la créa- teur. L’un comme l’autre tenteront chez Michel Rio, DES ÉCRIVAINS de Michel Rio. de Tlacuilo (Seuil, 1992), dont le tion artistique et la peinture du d’en finir, conscients qu’ils ne par- de Lionel Duroy. Seuil, 144 p., 13,50 ¤. nom de famille tout wildien, Savi- mur aveugle d’un garage à l’inven- viendront pas à concilier leur exi- Francine Prose Julliard, 288 p., 18,10 ¤. le, était aussi celui de Jane, la lady tion d’un cocktail hors de prix réali- gence, émouvante utopie, et la vie ans Le Principe d’incerti- des Jungles pensives… sé en exclusivité et en quantité limi- « réelle ». Victimes d’un jeu dont ou Didier Decoin, éfiez-vous des écrivains. tude (Seuil, 1993), deux Sans doute ces retours subtils tée par un Avalon qui n’assume un Dieu ennuyé fixe les règles pour Le titre s'entend com- hommes dissertent face jouent-ils leur rôle dans les varia- plus de signer quoi que ce soit se distraire : «“Sois un créateur ! auteur traqué par me une mise en garde. à la mer, dans un cadre tions virtuoses d’un Rio toujours d’autre), le nouveau roman de Sois comme moi ! Vas-y ! Crée !” Et Mais de qui faut-il se méditerranéenD stylisé, hortus con- plus cohérent – de la geste arthu- Michel Rio atteint une autre gravi- toi, qui trouves l’idée bonne et flat- ses propres personnages défierM ? De Luc Esline, ce romancier clusus en retrait du monde. Si le rienne qu’il revisita en un triptyque té. Sur la partition prétendument teuse, d’autant plus qu’elle ne t’est qui de livre en livre ne parvient pas à plus jeune a pénétré indûment fameux (1), le romancier tire d’une dilettante qu’il réserve d’ordinaire pas suggérée par n’importe qui, tu et par son double chez oublier Hélène, qui l'a quitté juste- dans le domaine du second, la jou- bataille mythique de 490 le nom de à ses faux polars, il traite de la travailles comme une bête pendant ment en raison du viol de leur intimi- te verbale se fait très vite dialogue Badon, vrai patronyme de Brush. séduction et de la vénalité, mettant des années, et tu crées, des mots, des Yasmina Khadra, poètes té, ou de Lionel Duroy lui-même, si philosophique, déroutant une part Mais par-delà ces plaisirs d’érudit, à nu la vanité du marché de l’art où images, des sons, du savoir… Et habile à exposer les règles, scrupuleu- des fidèles de Michel Rio, pertur- la fable de La Remise au monde a le cynisme de mise augure du quand, après en avoir bavé comme soumis aux questions sement respectées, d'un vampirisme bés par une fiction si épurée qu’el- une tout autre portée. pire… Même si l’auteur nous épar- ce n’est pas possible, tu crois que ça transformé en sport de haut niveau ? le semblait se réduire à l’économie Si l’on ne résiste pas à la fatale gne le dénouement logique qui rui- marche, il te déclare : “Surprise ! des journalistes Les fidèles de Duroy reconnaîtront d’une portée musicale, dont l’inter- séduction de Laura, déesse et sor- nerait l’optimisme de mise dans ce Surprise ! Tu n’es pas un créateur ! la patte de l'écrivain, son sens de la prétation restait à la charge du lec- cière dont la grâce illumine les conte moral. Il n’y a qu’un Créateur, avec une chez Alain Veinstein peinture de mœurs, la tendresse – teur. L’intrus, Jérôme Avalon, hési- échanges entre Jérôme et Brush, Car le dialogue entre l’écrivain et majuscule. C’est un nom propre. Ce jamais mièvre – dont il entoure ses te à se reconnaître écrivain (« J’ai comme à l’humour inattendu qui le peintre, sous son apparente Créateur, c’est moi !” Ça, c’est son ou Christian Garcin… personnages, écorchés souvent, sai- tendance à penser qu’on est écrivain donne à chacune des courtes désinvolture ne traite que de l’es- tour le plus magnifique, et un des sis en plein doute, sans qu'aucune au moment où on écrit. Ça résout la pires. » Histoires de ruptures issue confortable ne se dessine... contradiction entre être et faire »), Mais, s’il est un autre « préda- Dans ce nouvel opus cependant, le pour ne plus s’admettre que « per- teur », dont les coquilles, plus ou et de jeux dangereux schéma est plus complexe. Esline plexe ». moins efficaces, de nos deux ber- aménage dans un petit immeuble de Figure récurrente des romans de nard-l’ermite ne protègent pas tou- avec les mots qui nous Ménilmontant, fabrique réhabilitée Rio, un autre duo masculin anime jours – « le monde », synthétise en appartements dont les occupants La Remise au monde, même si les Jérôme –, le pire ennemi reste soi- entraînent dans les vont devenir les modèles de sa nou- comparses y sont plus nombreux, même. « Ecrire ou peindre, j’imagi- velle fiction. Peintre au travail qui ne plus pittoresques aussi, table de ne qu’on ressent la même chose, bibliothèques (Daniel dévoile qu'en dernier recours ses luxe et cénacle sélect des arts de la c’est prendre un risque maximum intentions vampiriques, l'écrivain côte californienne oblige. Là enco- vis-à-vis de soi. Il n’y a pas de Oster), les librairies alterne les pages de son carnet, vérita- re un homme mûr, Brush, peintre coquille contre ça. Sauf pour ceux ble journal d'une création littéraire patient et secret, recueille un jeune qui confondent création et communi- (Katherine Pancol), et en cours, et les chapitres résultant de naufragé, sportman émérite dont cation, et qui pondent d’emblée son observation d'entomologiste. Le le corps a refusé de finir noyé, et pour les autres, donc qui mentent, même à l’Académie résultat est vite vertigineux, les pistes qui s’avère à nouveau un écrivain par définition, qu’ils soient militants esquissées, corrigées au fil des rebon- en rupture de création. Lui aussi se ou commerçants ou les deux. » française, où dissements (un couple au bord de la nomme Jérôme Avalon, même s’il Malgré le charme de la fable, et crise conjugale, une star du JT tra- joue d’abord d’une amnésie tempo- l’irréelle facilité avec laquelle les Henri-Fréderic Blanc quant un patron de presse rattrapé raire pour se soustraire à l’identité obstacles se lèvent devant les deux par son activisme maoïste – car dans que lui renvoient ses livres. Certes, compagnons, figures complémen- imagine un discours ce roman à clé, le personnage de Lan- Rio est familier de ces réemplois, taires sinon gémellaires de l’artis- zmann masque mal Serge July), qui ne garantissent pas de recoupe- te, La Remise au monde milite pour de réception prononcé livrant le fascinant dialogue de la fic- ments probants d’un livre à une radicalité de la création qu’on tion et du réel, dont le lecteur peine à l’autre – ici Avalon est démasqué craint illusoire... sinon fictive. par le diable admettre qu'il ne continue pas lors- par un exemplaire défraîchi de Jun- Philippe-Jean Catinchi que Duroy relaie Esline. La virtuosité gles, un opus qu’il a commis naguè- en personne… ne dissipe pas le malaise. Ecrire n'a re et où le lecteur entend comme (1) Merlin (1989, Points Seuil P504), heureusement rien d'innocent. un écho des Jungles pensives de Morgane (1999, Points Seuil P944, qui Ph.-J. C. Michel Rio lui-même (Balland, vient de paraître) et Arthur (2001). ISABELLE LEVY

livraisons

b DISCOURS DE RÉCEPTION DU DIABLE À L’ACADÉMIE FRANÇAISE, de Henri-Frédéric Blanc Epreuves orales « Posture et imposture » Pas de risque que la gloire posthume de Gervais Raptor fasse de l’ombre au maître des ténèbres, puisque le hasard des successions offre à la 157e réincarnation du Grand Lucifer son fauteuil sous la Sous la forme d’un journal de bord romancé, Derrière la comédie sociale, l’écrivain de Christian Coupole. Le diable en personne parmi les Immortels, voilà de quoi déranger l’auguste assemblée, d’autant que le discours du récipien- Alain Veinstein relate son expérience d’« Intervieweur » Garcin n’est pas éloigné de l’anachorète de « Sortilège » daire est une descente en flammes... Aspirant diablotin chargé pour son apprentissage d’une mission qui lui pèse d’abord (« La lit- stein, tout soutien. Il a derrière lui, livres inutiles. » La seule compagnie térature est une potiche fêlée, mais elle peut encore contenir du poi- L’INTERVIEWEUR qu’il ne voit donc pas, une grande DU BRUIT DANS LES ARBRES que supporte le vieux misanthrope, son, réduisez-la en poudre »), même si le pire lui est épargné d’Alain Veinstein. vitre qui donne sur la cabine des tech- de Christian Garcin. c’est celle de Laurie, une jeune handi- (« Vous n’aurez pas de manuscrits à lire, je ne suis pas si méchant »), Calmann-Lévy, 308 p., 17 ¤. niciens, mais Alain Veinstein la voit, Gallimard, 110 p., 11,50 ¤. capée au regard intense. Car ce l’orateur expose cyniquement le jour de son triomphe comment il lui, cette cabine – une pantomime de roman ironique est traversé de souf- a mérité son sacre, encourageant comme éditeur la mauvaise litté- n une vingtaine d’années secours à laquelle le pauvre écrivain SORTILÈGE frances et du souvenir de morts rature et sa « vertu crétinisante de premier ordre », démoralisatrice d’« exercice illégal de l’inter- n’a pas droit. Et, de la première à la de Christian Garcin. violentes… jusqu’à l’écœurement, avant de sacrifier lui-même à l’écriture, à la view », Alain Veinstein, dernière page du livre qu’il publie à Ed. Champ Vallon, 126 p., 13 ¤. Le grand écrivain déchu, obèse, sollicitation de jurys prêts à couronner n’importe quel « objet tex- dans son bloc opératoire de son tour, l’intervieweur raconte, n’est-il pas « tout entier dans [ses] tuel » qui fût de lui. Ce sera Rien c’est trop dire, répertoire du bluff France-Culture,E n’a pas torturé moins décrit, avant tout, ce qu’il voit : les énial, implacablement livres », dans les fragments de son tex- en vogue, pause audacieuse sans risque réel, « bref, les mille façons de 3 850 écrivains (des deux sexes)… yeux, les lèvres, le front, des 3 850 génial (…) Hélas ! » Tel te – Sale hiver –, dans cette « parole de grimper dans l’estime du lecteur sans jamais lui élever l’esprit ». Ces victimes, conduites là, à leur impétrants : « Le visage, tout y est apparaît Norwich Restin- différée » qu’il adresse aux absents, à Amorcée comme une galéjade, cette satire acerbe ne pouvait corps défendant, par les éditeurs et écrit », dit Alain Veinstein, qui, cepen- ghale, monstre sacré, écri- sa sœur Denver, dont la mort l’a qu’être l’œuvre d’un malin (éd. du Rocher, 144 p., 12 ¤). Ph.-J.C. leurs attachées de presse, Alain Vein- dant, reste « à l’affût des mots insensés Gvain mythique, qui vit reclus dans autrefois plongé dans le mutisme ? b UN HOMME À DISTANCE, de Katherine Pancol stein nous raconte leurs paniques ou qui portent l’accent de la vie », dit-il, une tour, en un paysage de neige. Dans l’amour des arbres et de l’obs- Ce ne serait qu’une histoire bien ficelée et un peu trop pathétique leurs forfanteries dans un journal de mais, selon lui, ces mots sont rares, Lorsque, après dix ans de silence, Res- curité, l’ancien mondain, élégant et d’amour-passion, sous forme de roman épistolaire, si ce n’était pla- bord qui vous laissera groggy. et, tout en n’en perdant pas une miet- tinghale publie une mince plaquette, cynique, cherche à se protéger du cé sous le signe de la littérature. La relation mystérieuse entre Kay Il faut avant tout bien se dire qu’un te, Alain Veinstein se requinque au c’est un événement : deux journalis- monde, « cristal ébréché, éblouis- Bartholdi, libraire à Fécamp, et un client qu’elle n’a jamais vu, Jona- écrivain, venant se montrer chez Ber- spectacle du réalisateur et de ses assis- tes viennent recueillir propos et pho- sant ». Loin de l’éparpillement qui, than Shields – sur laquelle il faut préserver le suspense de la lecture nard Pivot et ses successeurs, peut tants qui, de l’autre côté de la vitre, tos, pour une revue luxueuse. Cha- pour les autres, constitue la vie, il – se joue dans les méandres d’une vingtaine de livres, des Carnets avoir le trac, bien sûr, mais il n’est pas fument, téléphonent, se bagarrent ou cun des deux aurait des raisons de le veut retrouver, dans sa « niche de de Malte Laurids Brigge, de Rilke, à Confidence africaine, de Martin seul, c’est gentil, c’est « bonne socié- pouffent de rire. haïr : il les a reconnus, l’un, Georges, nuit », la sensation d’être dense. du Gard, que ce roman, Un homme à distance, donne une singuliè- té », il y a de l’allant, la maîtresse de Ce livre se reçoit comme un rêve. le « thésard avorté » qu’il n’a jamais Derrière la comédie sociale, que re envie de lire, si ce n’est déjà fait, en passant par Les Palmiers sau- maison fait défiler les nouveaux titres Aucun nom propre n’est prononcé, accepté de rencontrer, l’autre, Paul, met brillamment en jeu une construc- vages, de Faulkner (réédité sous son titre premier, Si je t’oublie Jéru- plus ou moins comme des petits aucun titre de livre n’est donné, aucu- le « fils éploré » dont il a peut-être tion polyphonique, reparaît la tenta- salem), que Kay a choisi comme nom pour sa librairie. Qui est fours, avec des airs gourmands. Dans ne phrase dite par les auteurs n’est jadis poussé la mère au suicide. tion de la solitude et du silence donc ce client, invisible et grand lecteur ? Qui est cette libraire, lui la cabine spatiale d’Alain Veinstein, rapportée. Et vous avez le cœur en Georges n’ignore « rien, absolu- qu’éprouvent souvent les personna- écrivant de manière tantôt lointaine, tantôt intime ? Pour le savoir étroite, sombre, fermée par une suspens, parce qu’Alain Veinstein, ment » rien de l’œuvre de Restingha- ges de Christian Garcin. Et l’homme vraiment, il faut sans doute lire non seulement Katherine Pancol, « lourde » aussi épaisse et cadenas- écrivain et poète lui-même à ses heu- le. Que l’auteur ne ressemble pas à de lettres n’est peut-être pas si éloi- mais tous les livres qui parcourent son récit (Albin Michel, 176 p., sée que la porte des coffres d’une ban- res libres (il a eu cette année le prix ses poèmes sublimes, qu’au lieu gné de cet anachorète qui, dans un 14,90 ¤. site : www.katherine-pancol.com). Jo. S. que d’Etat, ce n’est plus cela du tout : Mallarmé), donne à tout ce qu’il fait d’être contemplatif, généreux, il soit beau récit insolite, Sortilège, finit par le candidat n’en mène pas large. Il une charge d’énergie spirituelle d’une odieux, destructeur, c’est, selon Geor- oublier le son de sa propre voix – s’assied devant une bille noire. Un intensité rare. Au point que ce livre ges, navrant. « Tout cela n’est que pos- Ezra Bembo, qu’une vision a jeté haut-parleur lui dicte : « Essai de d’apparence modeste vous touche ture : posture et imposture. » Paul, lui, vers la « folie purificatrice des voix ! ». Le candidat n’ose pas dire : comme le font les plus grands esprits. n’est pas si certain de l’importance déserts », et qui devenu troglodyte se « Une, deux, trois, quatre, Poitiers, Quand Veinstein se rebelle, en silen- de la sincérité en littérature. Mais il a nourrit de geckos et de fruits de cac- Saint-Pierre-des-Corps », comme le ce, contre la faconde d’un beau pu juger, enfant, de « l’incroyable féro- tus, en compagnie d’un squelette. fait Alain Veinstein pour lui donner parleur qui se grise de mots, dont cité » de l’homme qui a fait souffrir Dans ces deux livres ressurgissent courage. Il n’ose même pas répéter, « les mots dévalent la pente comme un sa mère, et dont le vieil artiste ne doit des hantises singulières : « la sensa- faute de mieux, ce qu’il vient pour la caillou la montagne », vous croyez plus être qu’une « pâle copie ». tion vive et brûlante de l’à-quoi-bon de millième fois d’entendre dans le entendre la voix de Blaise Pascal : En attendant cette rencontre l’existence », la tentation du mutisme métro : « En raison d’un mouvement « Qu’il s’en saoule et qu’il y crève ! » vouée à la déception, Restinghale et l’obsédant désir de disparaître. social, tout trafic est interrompu sur la Mais Alain Veinstein, interrogé par anticipe les « questions débiles » Plus loin que les Maldives, dans un ligne 8 », non, le voilà, d’entrée de Alain Veinstein dans son cagibi de la qu’ils vont lui poser sur un sujet qui rêve éveillé pour Ezra Bembo. Pour jeu, bloqué, et Alain Veinstein se trou- maison ronde, ne perdrait-il pas, à ne l’intéresse plus. « Je suis un hom- Restinghale, dans le souvenir écrit, ve « plongeur en eaux profondes dans son tour, la parole, lui qui ose me malade et je vais bientôt mourir. Je plus vrai que le souvenir vécu, où fré- un bassin à sec ». avouer : « Parle-t-on jamais de ce n’ai rien fait de ma vie, sauf grimper mit le « chuchotis infini » du vent Bien, l’auteur ose dire enfin trois qu’on écrit ? ». dans les arbres, étiqueter des bocaux dans les arbres. mots. Il a en face de lui Alain Vein- Michel Cournot remplis d’animaux morts et écrire des Monique Petillon dossier LE MONDE / VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 / III b Revers de médaille Entre songe et réalité Avec « L’Ecrivain », Yasmina Khadra dévoilait son passé de militaire, ignorant ce que produirait cette révélation : Lui a perdu le goût d’écrire, elle de vivre. De leur rencontre, suspicion, tentatives de manipulation ou de récupération. Histoire d’une désillusion et d’une reconquête Didier Decoin tisse une émouvante histoire

Outre la peinture de mœurs klyn Heights. La maison d’en face L’IMPOSTURE DES MOTS qu’offre ce témoignage à vif sur Mme SEYERLING est occupée par une femme noire, de Yasmina Khadra. les « festivités » des belles lettres de Didier Decoin. Mme Seyerling, dont la fille, Laura, Julliard, 178 p., 16,60 ¤. parisiennes, la mécanique de cer- Seuil, 284 p., 20 ¤. avait été condamnée à mort et exé- taines interviews transformées en cutée. Et lui qui a toujours eu la fas- es gens sont méchants. interrogatoires, l’hostilité de com- ntoine Dessangles, cination, l’obsession de l’après – Constat que Yasmina patriotes jaloux et vipérins, la romancier très connu, quand l’événement est épuisé, que Khadra exprime plus joli- malignité des démons qui cher- voit, une nuit, sur Arte, le décor est retiré, qu’il n’y a plus ment : « Si la rose savait chent à le manipuler, le récupérer dans un film finlandais, rien à voir – il trouve un après queL sa grâce et sa beauté la condui- ou le crucifier, L’Imposture des Aun canard qui, décapité par une fer- idéal : il se demande, en l’observant sent droit dans un vase, elle serait mots prouve de manière éclatante mière, va se cogner partout en cher- de loin avec ses jumelles, comment la première à se trancher la gorge aux incrédules que Yasmina chant une issue. Il s’identifie aussi- Mme Seyerling réussit à mener une avec sa propre épine. Mais elle Khadra est un écrivain de belle tôt au canard : sa propre tête lui existence à peu près cohérente mal- l’ignore, et c’est dans cette poche trempe, pas seulement par son paraît fripée, sèche et vide. Il décide gré ce qui lui est arrivé. Alors naît d’ombre qu’elle puise la sève de sa style inspiré, mais aussi par sa d’arrêter d’écrire, se laisserait bien un merveilleux personnage de fem- survivance. » En termes moins dextérité à évoquer autour de lui glisser vers une « oisiveté invisible ». me à la fois indomptable et perdue, fleuris : le jour où il décida de quit- un ballet de fantômes et de spec- Simplement, il y a les autres. Sa implacable et désorientée, rigide et ter son poste d’officier supérieur tres. Ses maîtres, en effet, de femme, Isabelle, qui surveille, mine effritée. de l’armée algérienne pour dévoi- Kateb Yacine à Nazim Hikmet en de rien, ses récoltes romanesques ; Le grand talent de Decoin vient ler son identité véritable et se passant par Nietzsche, lui appa- son éditeur surtout, excité d’avance d’une alliance d’improbable (dans vouer corps et âme à la seule raissent pour le mettre en garde par les ventes. l’atmosphère) et de minutie (dans vocation qui comptait pour lui, la ou l’encourager. Ses propres per- Antoine invente qu’il est en train la narration). Il scrute, entre songe littérature, Mohammed Moulesse- sonnages, de Zane de Ghachi- d’écrire un roman sur la rencontre et réalité, le lien qui se noue entre houl ignorait qu’il basculait dans mat, le nain pervers des Agneaux d’Anna (Karénine) et d’Emma Mme Seyerling, qui se délivre peu à un cauchemar. L’Imposture des du seigneur, à haj Maurice, l’oc- (Bovary) qui, miraculées et descen- peu de son appréhension d’être à mots est le récit des angoisses togénaire débonnaire égorgé par dant de deux trains parallèles blo- nouveau un objet de spectacle, et le générées par sa décision, en 1999, un jeune intégriste dans le même qués par une énorme tempête de narrateur, qui lui offre un regard de réaliser son rêve, et du même livre, de Salah l’Indochine, le neige, boivent ensemble un choco- attentif, protecteur, presque incons- coup de choisir l’exil, partir à la monstrueux recruteur du GIA lat chaud au buffet de la gare de cient de ce besoin d’histoire qui ANTOINE D’AGATA/VU recherche de cet autre lui-même dans A quoi rêvent les loups,au Vienne ; elles sont « veuves et déli- revient en lui. Il y a un lyrisme déli- qu’il était depuis toujours, mais le troisième millénaire sera pari- effet terni par l’irruption de la fameux commissaire Lob : un vrées », le champ des hypothèses cat dans le dernier mouvement du secrètement : l’écrivain Yasmina sien ou ne sera pas. » A Mexico, polémique sur le rôle présumé obsédant chœur de sarcasmes. est infini… Didier Decoin se mon- livre quand Mme Seyerling, gagnant Khadra. Une réflexion sur son il a croisé Edouard Glissant et de certains éléments de l’armée L’un l’accuse de fuir sa patrie, tre, dans ce début, drôle, pétillant le gros lot de la tombola du centre nouveau statut, distillateur de piè- Alvaro Mutis. Quoique inquiet, dans les massacres qui ensanglan- l’autre de s’obstiner à défendre de malice, s’offre le luxe de pasti- commercial Cimderella, part en sa ges, de doutes et de trahisons. « malade comme un chaton », tent l’Algérie depuis dix ans. Kha- l’armée, le troisième lui explique cher un roman se déroulant à la fin compagnie pour l’Angleterre, le jar- L’histoire d’une désillusion passa- amaigri, flanqué d’une mousta- dra (qui a décrit dans ses romans l’art de retourner sa veste. Kha- du XIXe, de se moquer de lui-même, din blanc de l’ancien domaine de la gère, et d’une reconquête. che pour cacher ses boutons de les mécanismes de l’horreur isla- dra est même confronté à son de son « imagination giboyeuse » romancière Vita Sackville-West, Il avait raconté dans L’Ecri- fièvre, alerté sur le destin des miste et des réseaux politico- double, le commandant Moules- comme l’aurait jadis écrit un criti- qu’elle rêvait de visiter. vain (1), autobiographie de sa « martyrs de la culture », prévenu financiers fossoyeurs du pays) est sehoul : poignant face-à-face, lu- que. L’auteur la laisse là, dans le jardin jeunesse, comment il avait été qu’il risque de n’être qu’un « apa- sommé de rendre des comptes cide examen de conscience. Un Antoine veut revoir New York où délabré par l’hiver, en train de ten- embrigadé, gamin, dans une car- tride du verbe » de plus, une curio- sur l’honnêteté du témoignage violent règlement de comptes à il a situé quelques-uns de ses dre « ses longues mains noires pour rière militaire et comment il avait sité « sans papiers », il est encore du commandant Moulessehoul. l’issue duquel Khadra, traité de anciens romans. Il y a ici un formi- attirer vers son visage en larmes la vécu ses longues années de matri- sur un nuage. Il a la rage d’écrire Les questions sceptiques, insidieu- « scribouillard illuminé », se re- dable portrait de l’évolution, multitude des fleurs invisibles ».Etle cule 129 comme « un oiseau en au ventre, il a le sentiment que les ses, agressives de certains journa- trouve seul avec ses blessures depuis les années 1960, de la ville lecteur a envie de lui inventer un cage », avide de livres et piaffant humiliations (les rejets des comi- listes soupçonnant anguille sous d’enfant mal aimé. A l’issue de ce où seul reste éternel le pont de après. Didier Decoin a beau multi- d’être un jour reconnu comme un tés de lecture) sont derrière lui, il roche se heurtent à son « inébran- douloureux parcours qui l’aura Brooklyn. Grâce à Carol, qui res- plier les pirouettes ironiques, cette homme de plume. Dans L’Impos- veut vivre son vrai destin, dire sa lable sincérité », mais lui « vicient cahoté de la candeur à la terreur, semble à Mariel Hemingway, il se ironie renforce paradoxalement la ture des mots, on le retrouve en vérité, profiter pleinement de son les tripes ». Khadra veut être aimé il retrouve sa sérénité sans rien croit dans le Manhattan de Woody fiction, aiguise l’émotion de ce janvier 2001, s’envolant du Mexi- succès. Il déchante. par tout le monde : « La plus renier, persiste et signe. Allen (il a avec elle une relation gaf- beau roman empreint d’une imagi- que, où il était réfugié avec sa L’accueil chaleureux que reçoit insignifiante éraflure suffit à me Jean-Luc Douin feuse, aérienne, farfelue, à demi nation exacte. femme et ses trois enfants, pour Yasmina Khadra, venu en France disqualifier. » Son bonheur est rêvée) et trouve une maison à Broo- Jean-Noël Pancrazi débarquer en France : « Pour moi, se « regarder en face », est en gâché. (1) Julliard, 2001. Aux enfers du puritanisme Fictions intimes Francine Prose fustige l’enseignement universitaire vicié Avant de mourir, Daniel Oster avait procédé à quelques par le « politiquement correct ». Corrosif et troublant « rangements » dans sa bibliothèque. Impitoyable Jusqu’au jour où débarque, etc. » Entreprise gigantesque et BLUE ANGEL dans cette vie somnolente, Ange- RANGEMENTS interminable, pathétique et risible. de Francine Prose. la Argo, une étudiante anorexi- de Daniel Oster. Inutile peut-être. Dès que l’on Traduit de l’anglais (Etats-Unis) que, à crinière rousse et verte, POL, 280 p., 20 ¤. s’avise d’écrire, et plus encore lors- par Cécile Nelson. bardée de tatouages et autres qu’on cède, d’une manière ou Ed. Métailié, 336 p., 19,50 ¤. piercings faciaux. Rien donc pour aniel Oster est mort en d’une autre, à la séduction autobio- séduire Swenson, sauf le talent avril 1999, à l’âge de graphique, la fiction nous menace, bien y regarder, Blue qu’il décèle très vite chez cette soixante ans. Homme nous guette, frappant d’inanité ce Angel pourrait se lire jeune femme qui, de surcroît, ne d’une grande érudition, pauvre « je » qui prétendait dire sa comme la suite de ces manque ni d’audace ni d’ambi- auteurD discret de romans et d’es- vérité. Aucun chemin de vérité, Visites guidées de l’En- tion. Ainsi, autour des chapitres sais, il s’était longuement, en toute d’ailleurs, ne peut être tracé, pense Afer (1) que Francine Prose nous d’Œufs, le roman qu’elle écrit et indépendance, intéressé à Stépha- Daniel Oster, entre les lignes des offrit il y a deux ans. A ceci près qui relate l’étrange relation entre ne Mallarmé et à Paul Valéry. Quel- livres. Le choix est simple : la vérité qu’il ne s’agit plus ici de longues une adolescente et… son profes- ques semaines avant son décès, il ou la littérature. « Ecrire, c’est nouvelles mais d’un roman – gen- seur, se dessine peu à peu un jeu publiait une surprenante et magni- engendrer un homme factice », pro- re où la romancière se montre troublant entre les deux protago- fique petite suite de récits : Apoca- fessait déjà Valéry, le maître iné- plus convaincante –, et plus préci- nistes. lypse (POL 1999). Rangements est puisable d’Oster, toujours repris, sément d’une satire des plus mor- D’autant plus inquiétant qu’il donc un livre posthume. A-t-il été toujours cité. dantes des mœurs universitaires se développe dans un climat de préparé, voulu sous cette forme Ce résumé ne rend que très en proie « à la censure et à la suspicion généralisée alourdi par par l’auteur ? L’éditeur ne le préci- imparfaitement justice de l’intel- répression morale ». Ainsi pas- la suspension récente, à quelques se pas. Le caractère fragmentaire ligence impitoyable et des intui- se-t-on d’une simple « visite » à lieues de là, d’un enseignant de ce journal éclaté – qui était déjà tions extrêmement dérangeantes une véritable descente aux enfers d’histoire de l’art qui avait expri- celui d’un ouvrage précédent (La de Daniel Oster. Sans pitié, il l’est à où l’humour cocasse et la fantai- mé un malheureux « miam, Gloire, POL, 1997) –, la maladie l’égard de tout discours qui pré- sie, qui sont les marques de la miam » devant une statue grec- fatale qui se dessine constamment tend regarder au-delà de lui- romancière américaine, se parent que. Vampé, pour ne pas dire à l’horizon du propos, auraient même, de toute parole qui se laisse- d’une lumière troublante, inquié- vampirisé, Swenson, non content pourtant rendu cette précision en- rait aller à ce qu’Adorno nommait tante. de répondre à toutes les sollicita- core plus néces- le « jargon de l’authenticité ». Pour cam- tions de son étudiante, va remet- saire. « Rien de plus répugnant que cet per cette ver- tre en question son couple et sa Il serait heideggerianisme qui sacre le poète sion moderne famille. cependant comme gardien du temple », tem- et personnelle Avant que l’intrusion « diaboli- dommage que pête-t-il. Maurice Blanchot est le de L’Ange que » de cette jeune fille ne ce livre passe lieu géométrique où la détestation bleu, Francine dévoile paradoxalement son inaperçu, car d’Oster se concentre : les prestiges Prose a choisi caractère providentiel, que le l’nter- de la littérature seraient, chez l’au- Euston, univer- sens véritable de cette traversée rogation sur teur du Livre à venir, pleinement sité de secon- du purgatoire ne se découvre, la littérature, célébrés – même si la messe est de zone sise « au cœur du cœur Francine Prose aura pris soin de et principalement sur le journal noire ! de pierre de la Nouvelle-Angleter- mettre au jour, subtilement, la intime se fait ici littérature, tout en Mais il y a mieux à faire que s’ar- re puritaine ». C’est dans ce cadre véritable perversité de ce petit laissant peu de place à l’imagina- rêter trop longtemps sur cette har- aux dehors bucoliques que Ted monde : une gent estudiantine tion gratuite, au loisir. Sa lecture gne, ou la retenir à charge contre Swenson, écrivain en panne d’ins- agitée de névroses au point de n’éloigne pas du plaisir du texte l’auteur. Elle a sa raison d’être, sa piration et chargé d’un atelier détecter dans la prose d’un Dic- mais donne à celui-ci une dimen- cohérence. Livre de hâte et de d’écriture, végète depuis quel- kens des allusions homosexuelles sion tragique, et cependant ironi- désordre – malgré son titre –, mais ques années. Pris entre la rédac- ou, plus encore, de déceler chez que. Ces notations, souvent non en même temps de profonde tion d’un hypothétique troisième Edgar Allan Poe les propos d’un datées, pourraient avoir été rédi- réflexion, Rangements comporte roman, Le Noir et le noir – met- pédophile ; un corps professoral gées en marge d’un autre travail des pages fulgurantes sur cette tant en scène un Julien Sorel tétanisé par le diktat moral dont d’écriture. Mais non : elles sont « ancienne et très vague mais jalou- moderne, « fils d’un militant des l’enseignement n’est plus qu’une devenues, dans l’urgence du se pratique » dont Mallarmé disait Black Panthers et d’une mère parodie et qui ne tardera pas à se moment et de la tâche dérisoire à que « gît le sens au mystère du vivant de l’aide sociale » –, des muer en force répressive et inqui- accomplir – ranger les livres, les cœur ». Mais Oster n’aime pas les cours à haute tension où les dis- sitoriale. Et, plus généralement, cahiers, les vieux dossiers, élaguer, célébrations, les sacralisations. Ce cussions littéraires ont des allu- celui d’une société gangrenée par jeter, résister à la tentation de « mystère » est « dans les lettres » ; res de jeux de massacre et son le poison puritain qui est parve- « l’archivage généralisé de son exis- il ne relève d’aucune religion. foyer déstabilisé par le départ de nu à s’immiscer jusque dans le tence »… – ce travail même. « Sceptique en littérature », Oster sa fille Ruby, ce séduisant quadra- lieu même de la pensée et de la « Mon unique question aura été ne cède jamais à la « mystique de génaire glisse dans l’indolence et raison. de soupeser la masse véritable de la l’intime ». L’approche de la mort le doute : sur lui-même et sur le Christine Rousseau littérature, d’en estimer les limites, qui forme la trame du livre n’en est couple qu’il forme avec la d’en considérer les moyens, de dres- que plus émouvante. sémillante Sherry. (1) Métailié, 2000. ser la liste de ses rites, croyances, P. K. IV / LE MONDE / VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 littératures b ROMANS POLICIERS b par Gérard Meudal La longue marche de Nazim Hikmet Le romancier turc Nedim Gürsel retrace la vie et l’œuvre du grand poète turc, Tempête Irlandaise dont un colloque vient de célèbrer, à Istanbul, le centenaire de la naissance

é à Salonique dans une 1935 d’abord, puis de 1938 à Nazim Hikmet fut avant tout un suivons les aventures d’hommes NOIR DESSEIN vieille famille de digni- 1950 pour avoir « incité la marine grand novateur de la poésie tur- qui vivent cette histoire commu- (Eager to please) taires ottomans, à l’insurrection ». Cette condamna- que contemporaine. Il s’exprima ne, et dont le statut est étroite- de Julie Parsons. Nazim Hikmet aurait tion prononcée au terme d’un en vers libre en faisant table rase ment corrélé à la configuration de Traduit de l’anglais (Irlande) Ncent ans en ce début de siècle s’il long procès monté de toutes piè- des formes fixes traditionnelles. la lutte des classes en Turquie. Le par Isabelle Maillet. Calmann-Lévy, « Suspense », 390 p., 20 ¤. n’était pas mort en 1963 en exil à ces lui permettra de renouer avec Sous l’influence du futurisme rus- poète veut montrer la Turquie en Moscou, « ville blanche de ses la littérature populaire d’Anatolie se et de son avatar le constructivis- deux coupes transversales : l’une eckett, voilà un nom qui n’est pas facile à porter pour une adoles- rêves ». « La vie est peut-être plus au travers des détenus paysans me, il chanta la nouvelle société, sociale, rassemblant dans un espa- cente irlandaise au point que la jeune Amy Beckett a décidé courte qu’il ne faut/ peut-être plus qu’il rencontrera en prison. En mais aussi le combat des hommes ce donné des hommes venant de désormais de se faire appeler Williams : « Et le seul Beckett dont je longue », disait-il dans un poème 1950, il entame une grève de la épris de justice sociale et de liber- divers milieux, l’autre historique, reconnaîtrai jamais l’existence, affirme-t-elle, c’est Samuel ! » Il écrit à la prison de Bursa, où il pas- faim, soutenue par un comité d’or- té. Il évolua plus tard vers une syn- en s’appuyant sur leurs passés, fautB dire que l’affaire Beckett a défrayé la chronique quelques années plus sa les plus belles années de sa vie. ganisation international pour sa thèse moderne de la tradition épi- leurs biographies. Son but est de tôt dans la bourgeoisie dublinoise. Rachel Beckett, une jeune architecte Par rapport à l’engagement politi- libération, et, une fois la liberté que en composant L’Epopée du présenter au lecteur « un rassem- accusée du meurtre de son mari, a été condamnée à la prison à perpétuité. que de sa jeunesse, auquel il resta recouvrée, quitte clandestine- cheik Bedreddine (3) et Paysages blement où grouille une multitu- Depuis, Amy, qui a grandi dans une famille d’accueil, ne veut plus entendre fidèle jusqu’au bout (rappelons ment la Turquie, laissant derrière humains (4). Dans le premier de », il voudrait que son livre se parler de sa mère. Quand, au bout de douze ans, Rachel est remise en liber- les vers qui ponctuent la fin de lui son fils nouveau-né et son ouvrage, il utilisa à merveille les fasse l’écho de « la situation socia- té conditionnelle, elle a deux idées en tête : tenter de rétablir le dialogue son roman autobiographique, Les épouse. Il s’installe à Moscou et sonorités de la poésie ottomane le de la Turquie à une époque histo- avec sa fille et se venger du meurtrier véritable, son beau-frère Daniel. Romantiques : « Je suis écrit des pièces de théâtre ainsi pour décrire une révolte paysanne rique définie ». Celui-ci a plutôt bien profité de son crime, il a hérité de l’entreprise fami- communiste/ je suis amour des que des poèmes nostalgiques du XVe siècle à caractère religieux Nazim Hikmet est un poète uni- liale et coule des jours paisibles dans une magnifique villa du bord de mer pieds à la tête ! »)(1), on peut dire imprégnés de l’angoisse de la et à visée communautaire prô- versel dans la mesure où son au sein d’une charmante petite famille dans laquelle Rachel va s’introduire qu’il n’a pas vécu plus qu’il ne œuvre, enracinée dans une tradi- subrepticement. Tout porte à croire qu’elle va appliquer la loi du talion, faut. Il est mort six ans avant le Lettres de prison (extrait) tion poétique nationale, s’adresse mais ce serait trop simple et trop prévisible. printemps de Prague, vingt-six « Vivre, que je sois en prison ou en liberté, que par son contenu moderne et révo- Le plan de Rachel est plus subtil, tout comme l’intrigue de ce troisième ans avant la chute du mur de Ber- je contemple le clair de lune, la main de ma lutionnaire à l’humanité tout roman de Julie Parsons, avec qui il va falloir décidément compter dans la lin. Et dans son fameux poème bien-aimée dans la mienne, ou la punaise qui entière. « Je n’ai jamais regretté catégorie des reines du crime. Si le portrait de Rachel, à la fois brisée par « Autobiographie », il n’hésita marche au plafond de ma chambre de prison, d’être venu trop tôt au monde/ Je l’injustice dont elle a été victime et aguerrie par son séjour en prison, est au pas à dire haut et fort : « On s’est vivre est un bonheur, je crois même que c’est suis du vingtième siècle/ Et j’en suis cœur du roman, on peut à peine parler de personnages secondaires tant ils efforcé de me détacher de mon par- votre serviteur qui, la première fois, dans la lit- fier », écrivait-il dans un poème. ont tous de cohérence. De multiples intrigues s’entremêlent ainsi donnant ti, ça n’a pas marché/ Je n’ai pas térature turque, a dit « qu’il fait bon de vivre » Lors d’un voyage récent en Rus- au récit une consistance réelle : l’histoire d’Andrew Bowen, l’agent de pro- été écrasé sous les idoles qui tom- (lettre envoyée en 1948 de la prison de Bursa à sie, je me suis rendu au cimetière bation responsable de la réinsertion de Rachel, celle de Jack Donnelly, le bent. » (2) Valâ Nurettin, Revue Europe, nov/déc 1974) de Novodivitchié pour visiter la policier, celle du docteur Hill, dont la fille Judith est retrouvée violée et Nazim Hikmet, comme la plu- tombe de Nazim Hikmet. Elle assassinée dans un terrain vague. Une telle profusion donne parfois au lec- part des grands poètes de sa géné- mort. Il parcourt le monde (de nant l’abolition de la propriété pri- était taillée dans un bloc de pier- teur l’impression qu’on le mène en bateau, mais c’est précisément le but de ration, fut marqué par la révolu- nombreux séjours dans des villes vée et des discriminations religieu- re. Dessus, le profil du poète se l’opération. L’essentiel de l’intrigue a lieu d’ailleurs au bord de la mer, entre tion d’Octobre. En 1922, il est à européennes, asiatiques, africai- ses. penchait en avant, comme s’il don- le port de Dun Laoghaire, dans lequel on repêche trop souvent des cada- Moscou, où il s’inscrit à l’Universi- nes, mais aussi à La Havane) pour Dans Paysages humains, son nait l’assaut pour échapper aux vres, et Bray Head, lieu de villégiature des Dublinois aisés. Et comme Julie té des peuples de l’Orient pour défendre la cause de la paix : «Au chef-d’œuvre, l’histoire d’une ténèbres. On aurait dit qu’il allait Parsons excelle aussi bien à décrire les noirceurs de l’âme humaine qu’à étudier le marxisme. Il y rencon- cours de ma trente-sixième année, société s’incarne dans des indivi- partir pour une longue marche. Il évoquer le vent du large, son livre y gagne une atmosphère très singulière tre aussi les futuristes, se lie d’ami- j’ai parcouru en six mois quatre dus qui la rendent compréhensi- y avait tant de robustesse dans entre l’analyse en huis clos des relations familiales et le souffle des naviga- tié avec Maïakovski, qui aura une mètres carrés de béton/ Dans ma ble et transparente, tant diachroni- son corps, de détermination dans tions hasardeuses en mer d’Irlande. grande influence sur ses poèmes cinquante-neuvième année, j’ai quement que synchroniquement. son regard. Plus bas, sur le socle, b FROID COMME LA TOMBE, de Peter Robinson inspirés de l’industrialisation et de volé de Prague à La Havane en dix- L’histoire subjective des personna- étaient inscrites les dates de sa On lui a souvent dit qu’il avait beaucoup en commun avec le commis- la construction du socialisme en huit heures. » A sa soixante et uniè- ges recoupe l’histoire objective de naissance et de sa mort. J’ai saire Maigret. Pourtant, l’inspecteur Alan Banks n’aime pas particulière- URSS, monte la garde devant le me année, il meurt en exil d’une la société dans laquelle ils vivent. étreint le roc avant de déposer sur ment les romans policiers et s’il se décide exceptionnellement à lire un catafalque de Lénine. De retour crise cardiaque, laissant un poè- En outre, le passage du niveau la neige un œillet rouge, en guise Simenon c’est parce qu’il a promis d’emmener sa fille passer un week-end en Turquie, il milite dans les rangs me testament : « Enterrez-moi en turc au plan mondial, de la partie d’adieu au siècle passé, avec ses à Paris. Ce qu’il aime, c’est la musique, jazz et classique, et le whisky du Parti communiste clandestin, Anatolie, dans un cimetière de vers le tout, ainsi que la fusion du zones d’ombre et de lumière. Laphroaig ; ce qu’il déteste : son supérieur hiérarchique Jeremy Riddle, qui séjourne de nouveau à Moscou village/ Et si possible, un platane passé et du présent, retiennent Nedim Gürsel l’a collé dans un placard. Banks s’est même résigné à demander sa muta- (1925-1928) et profite d’une au-dessus de moi suffit. » Après l’attention. Selon une trajectoire tion et à quitter le cottage qu’il vient d’acheter dans le Yorkshire. On peut amnistie pour rentrer au pays, où une longue période d’interdiction, qui va de la deuxième période (1) Scandéditions-Temps actuels 1982 comprendre sa surprise lorsque Riddle lui téléphone un soir à la maison il publiera jusqu’en 1932 cinq ses livres sont de nouveau publiés constitutionnelle sous l’Empire (2) Il neige dans la nuit et autres poè- pour lui demander comme un service personnel de récupérer sa fille recueils de poèmes qui connaî- en Turquie, mais la démarche qui ottoman à la seconde guerre mon- mes, Gallimard 1999. fugueuse. L’affaire est délicate à cause de l’antagonisme entre les deux poli- tront un grand succès. Arrêté a été faite par sa famille pour rapa- diale, en passant par la guerre des (3) Un Etrange voyage, La Découverte ciers, du scandale prévisible (on a retrouvé des photos de la gamine sur un pour « complot contre l’Etat »,il trier sa dépouille n’a toujours pas Balkans, la Grande Guerre et la 1980. site pornographique d’Internet) mais surtout parce que la fugue apparem- sera emprisonné à Bursa, jusqu’en abouti. guerre de l’indépendance, nous (4) La Découverte 1987. ment banale cache une machination qui prend ses racines dans le passé de la famille Riddle. L’intrigue est impeccable et surtout le personnage de Banks est aussi attachant que le Morse de Colin Dexter ou le Charles Res- nik de John Harvey. C’est ici sa onzième enquête. La précédente, Saison sèche, a obtenu le grand prix de Littérature policière l’an dernier (traduit de l’anglais par Valérie Malfoy, Albin Michel, « Spécial suspense », 454 p., 19,90 ¤). Djian paie ses dettes b LE MYSTÉRIEUX TABLEAU ANCIEN, de He Jiahong Un an avec Hugo : Si le titre semble évoquer la Chine classique, on est au contraire, et c’est bien le principal intérêt du livre, dans un décor tout ce qu’il y a de plus con- Salinger, Joyce, Céline, Cendrars… Quand l’auteur temporain que l’on n’est pas accoutumé à retrouver dans les romans poli- o ciers. Hong Jun est une sorte de Sherlock Holmes pékinois qui utilise quoti- 1823 de « 37 2 » rend hommage à ceux qui l’ont constitué diennement l’ordinateur et le courrier électronique. C’est d’ailleurs une astuce informatique qui lui donnera le fin mot de l’énigme. Tong Wenge, L’Histoire me que pose cet irrécupérable. chercheur dans une société pharmaceutique du sud de la Chine, est brus- ARDOISE A l’origine, Jerome David Salinger quement atteint d’un virus qui réduit ses cellules grises à l’état de sauce I de Philippe Djian. et L’Attrape-cœurs : « D’une certaine blanche. Quand on a mis au point pour la firme Dasheng un célèbre forti- Julliard, 128 p., 15,10 ¤. manière, je ne me souviens pas de ce fiant de la mémoire, c’est une contre-publicité fâcheuse mais peut-être pas e sort des nations, comme une mer profonde, qu’il y a avant L’Attrape- cœurs.» une coïncidence. Les méthodes de l’entreprise Dasheng sont assez louches A ses écueils cachés et ses gouffres mouvants. ls sont américains (Salinger, Kerouac, celui qui possède « une et les luttes de pouvoir en son sein sont sans merci. Mais Hong Jun ne man- Aveugle qui ne voit, dans les destins du monde, Kerouac, Melville, Miller, écriture qui vous marque physique- que pas de ressources, d’autant qu’il est secondé par une secrétaire char- L Que le combat des flots sous la lutte des vents ! Faulkner, Hemingway, Brauti- ment, qui laisse son empreinte indélé- mante et drôlement débrouillarde. La transposition du roman de déduc- gan, Carver), français (Céline, bile sur votre corps » et dont la route Un souffle immense et fort domine ces tempêtes. tion dans le décor de la Chine du XXIe siècle offre un effet de dépaysement Cendrars),I sans oublier le génial n’est pas si éloignée de celle que Un rayon du ciel plonge à travers cette nuit saisissant. L’auteur, né en 1953, est spécialiste de procédure pénale et ensei- auteur d'Ulysse, James Joyce : Melville, un siècle plus tôt, assignait Quand l’homme aux cris de mort mêle le cri des fêtes, gne à l’Université du peuple de Pékin. Ce mystère du tableau ancien est le « Quand, se prélassant dans un pala- au capitaine Achab. Henry Miller, Une secrète voix parle dans ce vain bruit. premier volume traduit d’une série qui paraît prometteuse (traduit du chi- ce des bords du Léman, entre deux qui a sûrement « représenté un point nois et annoté par Marie-Claude Cantournet-Jacquet et Xiamin Giafferi- Les siècles tour à tour, ces gigantesques frères, chasses aux papillons, écrit Djian, de non-retour » dans la décision de Huang, Editions de l’Aube, 320 p., 19,95 ¤). Différents par leur sort, semblables dans leurs vœux, Nabokov déclarait que le monologue Djian de devenir écrivain. Faulkner, b LE LOUP DANS LA BERGERIE, de Gunnar Staalesen Trouvent un but pareil par des routes contraires, de Molly Bloom était la grand faibles- l’envoûteur suprême, Hemingway Réédition de la première aventure de Varg Veum, le privé de Bergen, Et leurs fanaux divers brillent des mêmes feux. se de Joyce (mais Lolita est une telle en « grand professeur », Richard parue en 1994 aux éditions du Rocher et qui inaugure une nouvelle collec- merveille!…), j'étais encore trop jeune Brautigan, auquel Djian doit peut- tion policière chez Gaïa. Varg Veum est une espèce de Marlowe norvégien pour lui sauter à la gorge et l'étran- être encore plus qu’il ne le dit. qui carbure à l’aquavit et dont tous les exploits se déroulent dans la même gler de mes propres mains. Je me suis Et enfin, Raymond Carver (1), ville de Bergen sous la pluie froide de la côte ouest de Norvège. Dans ce pre- promené pendant vingt ans avec la celui dont il a sans doute le plus de mier épisode, Varg Veum est engagé par de soi-disant bons samaritains qui dernière page d’Ulysse pliée dans mal à parler, tant il lui semble déli- viennent en aide aux drogués. Il ne sait pas que l’enquête qu’on lui deman- mon portefeuille et cette autre blessu- cat de « dire d’un écrivain qu’il est de plutôt deux fois qu’une sur la disparition d’une femme est un complot re ne se refermera jamais. » tout ce qu’on aime ». Carver, mort dans lequel il doit jouer le rôle de l’alibi, mais ses commanditaires ne Philippe Djian, auteur de quinze trop tôt, œuvre inachevée laissant savent pas qu’en faisant appel à lui ils viennent d’introduire le loup dans la romans, dont plusieurs succès, au une déchirure, œuvre qui va au plus bergerie (traduit du norvégien par Olivier Gouchet, éd. Gaïa, 208 p., 15 ¤). premier rang desquels 37º2 le près de « la simplicité – l’économie, b LE SERIN DE MONSIEUR CRAPELET, de Gilles Bornais matin, a décidé de leur payer sa det- la sécheresse », Carver, pour lequel On pense évidemment au chat de Simenon et à l’adaptation de Granier- te, tout en sachant qu’il n’en aurait il faudra batailler encore longtemps Deferre avec Gabin et Signoret, sauf qu’ici, dans cette histoire de vieux cou- jamais fini puisqu’il leur doit ce qu’il avant qu’on lui donne sa vraie pla- ple recuit dans l’amertume, c’est un serin qui joue le rôle de la progéniture II est devenu, à ces inconnus si pro- ce. manquante et le chat se contente de lui couper le sifflet en le terrorisant. Muse, il n’est point de temps que tes regards n’embrassent ; ches, à ces morts si vivants qui Jo. S. Depuis que son oiseau s’est fait clouer le bec, M. Crapelet rêve de repartir Tu suis dans l’avenir leur cercle solennel ; l’émeuvent comme lorsqu’il les a sur de nouvelles bases et quitte la place Clichy pour retourner vers ses Car les jours, et les ans, et les siècles ne tracent découverts, mais pour lesquels il pei- (1) Vient de paraître Deux Audacieux, anciennes amours, dans son village du Limousin. Le livre vient d’obtenir le Qu’un sillon passager dans le fleuve éternel. ne à faire partager son émo- auprès de Raymond Carver, témoignage prix du festival Polar dans la ville, de Saint-Quentin-en-Yvelines (éd. Atout, tion. Peut-être parce qu’il est trop de Tess Gallagher (traduit de l’anglais – 230 p., 11 ¤). Bourreaux, n’en doutez pas ; n’en doutez pas victimes ! dans l’admiration et l’empathie. Etats-Unis – par Christine Rinoldy, Elle porte en tous lieux son immortel flambeau, Sur Céline, il est d’une justesse éd. Arléa, 120 p. 12 ¤). Plane au sommet des monts, plonge au fond des abîmes, – « il représente pour moi le styliste Et souvent fonde un temple où manquait un tombeau. absolu » – alliée à une naïveté désar- Elle apporte leur palme aux héros qui succombent, mante : « Je ne savais pas qu’il était Du char des conquérants brise le frêle essieu, le salopard dont on me dresserait le Marche en rêvant au bruit des empires qui tombent, portrait par la suite. Et c’est un peu Et dans tous les chemins montre les pas de Dieu ! mon problème avec lui car je l’ai LITTERAIRES immédiatement aimé et n’ai pu me Du vieux palais des temps elle pose le faîte ; défaire de ce sentiment, malgré que Les siècles à sa voix viennent se réunir ; j’en eusse. » C’était peut-être une Sa main, comme un captif honteux de sa défaite, occasion de s’interroger un peu plus Samuel Beckett Traîne tout le passé jusque dans l’avenir. avant sur le mystère Céline, sur cet- te « fabuleuse puissance incantatoi- Cueillant les débris du monde en ses naufrages, b re », sur le Céline scandale dont a Son œil de mers en mers suit le vaste vaisseau, parlé Henri Godard (Gallimard), au Et sait tout voir ensemble, aux deux bornes des âges, lieu de s’imaginer que « tout le mon- Et la première tombe et le dernier berceau ! de sait qu’il y a deux Céline », maniè- La tragédie classique (Odes et Ballades, livre II, disponible en diverses éditions de poche). re trop commode de fuir le problè- littératures LE MONDE / VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 / V b Julia Kristeva, Colette, les femmes et la créativité b L’écrivain et psychanalyste a étudié la biographie et l’œuvre de trois pionnières de génie. Après Hannah Arendt et Melanie Klein, l’auteur de « Chéri » est le sujet du dernier volume du triptyque. b Pour Claude Pichois l’un des maîtres d’œuvre de la « Pléiade », elle est « populaire et inclassable »

siècle après sa mort on voit encore LE GÉNIE FÉMININ, ŒUVRES (tome IV) surgir des inédits. TOME III : COLETTE de Colette. de Julia Kristeva. Edition publiée sous la direction – Pensez-vous que Colette soit à sa Fayard, 372 p., 24,30 ¤. de Claude Pichois place dans l’histoire littéraire de ce En librairie le 5 février et d’Alain Brunet siècle ? Est-elle encore sous-évaluée ? Gallimard, « Bibliothèque – J’espère que Colette n’aura es trois tomes de l’essai de de la Pléiade » jamais sa place dans l’histoire litté- Julia Kristeva Le Génie 1 664 p., 68,50 ¤. raire. Les Français ont la manie de féminin composent une rançois Mauriac, très admi- placer/classer. Colette échappe à somme inédite et révolu- ratif d’ailleurs de son intelli- tout emprisonnement. Elle est Ltionnaire. A travers l’étude méthodi- gence, avait identifié Colet- actuellement sous-estimée et com- que de leur biographie et de leurs te à une « ogresse ». Com- mence seulement à connaître un écrits, Julia Kristeva analyse l’émer- meF si l’admiration ne pouvait aller purgatoire dans lequel les autres gence du désir de liberté et du pou- sans un léger mouvement de recul, écrivains entrent peu après les der- voir créateur chez trois femmes qui sans une réticence dont le motif nières bénédictions. Le livre de Julia se sont imposées dans le monde n’était jamais avoué. La grande édi- Kristeva peut lui donner une nouvel- par la singularité de leur recherche, tion en quatre volumes que Claude le vie, en accordant à ses vues et la puissance novatrice de leur Pichois et Alain Brunet viennent remarques sur les choses du sexe réflexion et la cohérence intellec- d’achever, enrichie d’un appareil cri- une certaine noblesse. Colette n’a tuelle de leur œuvre. La philosophe tique exemplaire – et, pour cette rai- jamais appartenu à un parti, n’a allemande Hannah Arendt son indispensable –, permettra de jamais été féministe. C’est l’un des (1906-1975), qui s’exila pour échap- débarrasser l’écrivain des clichés rares auteurs populaires en France. per au nazisme, explora les boule- qui l’encombrent. Du moins on Tout le monde peut s’accorder à versements historiques majeurs du peut le souhaiter. Claude Pichois l’aimer. XXe siècle. Melanie Klein apporte ici quelques précisions sur (1882-1960), britannique d’origine cette édition qu’il a codirigée, et sur – Après avoir été le biographe et hongroise, psychanalyste de réputa- son propre itinéraire de chercheur. l’éditeur de Baudelaire, vous avez tion internationale, ouvrit un suivi le même itinéraire pour Colet- champ nouveau à l’investigation « Vous êtes l’un des maîtres d’œuvre te (1). Pouvez-vous tirer un ensei- analytique. Colette (1873-1954), de cette édition de Colette dans “La gnement de ce passage, et préciser romancière française, créa un per- Pléiade”. Pouvez-vous préciser les réflexions qu’il vous inspire ? sonnage de femme authentique- quels étaient les problèmes spécifi- – J’ai édité des recueils de lettres MUSEUM FOLWANG ESSEN ment subversive dans ses choix de Colette en 1930 par Germaine Krull ques que vous avez rencontrés pour de Colette avant d’être l’éditeur et le vie. Dans trois domaines différents son établissement ainsi que les prin- biographe de Baudelaire. J’ai tou- mais complémentaires, elles ont le ». Les trois personnalités qu’elle Elle divorça d’Arthur Klein et quitta miroir, écho jaloux de l’amour cipes qui vous ont guidé ? jours eu trois passions : Baudelaire, été pionnières et singulières, cher- étudie sont « en phase avec les cou- ses trois enfants, connut d’autres (incestueux ?) de Sido pour son fils – J’ai été le seul maître d’œuvre Nerval, Colette. Celle-ci me proté- chant, chacune, la vérité des com- ches profondes de l’inconscient fémi- passions. Achille. De ce condensé de désirs, pour les deux premiers volumes de geait des sortilèges nervaliens. Le pre- portements humains, sans renier nin [et] contribuant à la réalisation Colette, le troisième tome du déposé dans une enfance jamais Colette de « La Pléiade ». Les mier est pour moi au sommet du l’interaction, parfois douloureuse, d’une œuvre que nous recevons, de Génie féminin, vient de paraître. Pas- oubliée, naîtront toutes les autres tomes III et IV ont deux responsa- triangle et il est la source de ce que la entre création et vie privée. ce fait, comme authentique : la pas- sionnant comme les deux premiers, relations amoureuses, et une forme bles : Alain Brunet et moi. Il y a une poésie a de vraiment vivant en ce sion pour la vérité inconsciente étant il apporte ce « plus » envoûtant très particulière de bisexualité grande différence entre l’édition début de XXIe siècle. » « L’AVENIR DE L’HUMANITÉ » la marque indélébile et de l’homme qu’est la littérature. Colette cher- triangulaire (Sido-Achille-Colette). d’un écrivain du XIXe siècle et celle Propos recueillis Selon Arendt, Klein, Colette et… et de la femme de génie ». che sa vérité dans la fiction, et l’im- Outre ses trois maris, Colette aime- d’un écrivain du XXe : Baudelaire n’a par Patrick Kéchichian Kristeva – qui les a auscultées pour Arendt, Klein et Colette se com- plication du lecteur est d’autant ra ou désirera des jeunes hommes pas d’ayants droit. Colette a des nous avec tant de rigueur, d’intelli- plètent, en quête d’une femme qui plus forte que l’écriture, riche, et des femmes : Missy, la lesbienne ayants droit qui héritent donc de ses (1) Colette, de Claude Pichois et gence et de sympathie –, les fem- aurait récupéré la totalité de son savoureuse, comestible, séduit célèbre, les femmes partagées avec droits d’auteur et qui doivent aussi Alain Brunet, éd. de Fallois, 1999. mes pourraient être l’avenir de l’hu- être. Hannah Arendt s’est projetée d’abord les sens. La vie et les livres Willy, Bertrand de Jouvenel son défendre sa mémoire. De plus, à for- manité. C’est Eurydice-Orphée qui dans les événements capitaux de de Colette sont – parfois en creux – beau-fils de dix-sept ans (elle en a ce de faire des recherches, on peut e Signalons également le porte- cesse de mourir à elle-même et notre temps. Elève de Heidegger, l’illustration vivante des études cinquante)… La jeunesse, la beauté, établir l’inventaire des écrits et des folio consacré à Colette par les édi- abandonne la division des rôles aux de Husserl et de Jaspers (sous sa d’Arendt et de Klein. Colette fut la fragile impudence des jeunes manuscrits d’un auteur du XIXe siè- tions Tana (12, Villa de Loursine, enfers de la tradition. Pour les trois direction, elle soutint sa thèse de d’une prudence extrême en politi- hommes, la connivence véritable cle. Colette a tant écrit qu’un demi- 75014 Paris, 21,19¤). héroïnes de Julia Kristeva, la vie est philosophie sur le concept que. Son troisième et dernier mari, avec des femmes : tout fut possible, le bien ultime. En sage contrepoint d’amour chez saint Augustin [2]), Maurice Goudeket, était juif. Est-ce mais l’écriture restait la maîtresse des oukases masculins, elles ont elle quitta l’Allemagne nazie, s’exi- pour le préserver qu’elle pactisa principale. Le seul interdit (ne pas entrepris un mouvement de subli- la en France puis aux Etats-Unis, avec l’occupant allemand ? A con- s’engloutir dans la maternité ?) fut mation qui, de l’écoute d’elles- dont elle devint citoyenne. Jusqu’à trario, elle se montra grande patrio- sa fille, élevée loin d’elle. mêmes à la compréhension des son livre posthume, La Vie de l’es- te lors de la guerre de 1914 : amou- Julia Kristeva a parfaitement autres, les a conduites à reconsidé- prit, retour à la philosophie pure, reuse, elle rejoignait au front son montré la double urgence de la fic- rer la place assignée aux femmes et elle mêla dans son œuvre la médi- deuxième mari, Henry de Jouvenel. tion chez Colette, qui est affine- à méditer sur les fondements des tation philosophique, la théorie ment progressif de l’écriture et structures sociales. « Le siècle pro- politique, l’expérience et l’action UNE VIE SANS ENTRAVES musique des mots, mais aussi réha- chain, écrivait Julia Kristeva en personnelles. Juive, déracinée, elle Mais Colette fut avant tout une bilitation permanente de soi, dans 1999 (1), sera féminin pour le résista, certes meurtrie mais luci- tenace égotiste. Séduite ou séductri- un constant travail de rééquilibrage meilleur et pour le pire. Le génie fémi- de, à l’impardonnable mal du tota- ce, elle s’éloigna des hommes et des hédoniste entre la passion, la jouis- nin, tel qu’il nous apparaît ici, laisse litarisme. Son chef-d’œuvre, Les femmes, aimés ou désirés, lorsque sance et la solitude créatrice. espérer qu’il y a une chance pour que Origines du totalitarisme, reste une le plaisir devenait servitude. Le cou- Arendt et Klein ont déterré les raci- ce ne soit pas pour le pire. » approche remarquable de notre ple tumultueux qu’elle forma avec nes du mal-être des femmes et mis Les œuvres d’Arendt, de Klein et Histoire récente. Melanie Klein a Willy lui apprit, très jeune, à se au jour les implications sociales et de Colette s’inscrivent dans l’Histoi- décrypté la complexité du psychis- méfier du masochisme féminin. politiques de leur destin. Colette re du XXe siècle : deux guerres mon- me infantile, explorant plus avant Julia Kristeva note que les analyses est l’incarnation littéraire d’une vic- diales, le nazisme, la Shoah, le fas- les découvertes freudiennes. Dans de Melanie Klein éclairent particu- toire sur la fatalité féminine. Il n’y a cisme, le stalinisme, mais aussi La Psychanalyse de l’enfant, elle lièrement le « cas » Colette : « C’est pas d’égalité face à la création, con- l’émancipation des femmes et les ébranle le monolithique complexe l’inceste qui semble intéresser fonda- clut Julia Kristeva, sans que soient fluctuations du féminisme. A la dif- d’Œdipe. La sexualité du bébé mentalement notre auteur : après renversés les stéréotypes masculins férence des hommes qui sous- – de la fille tout autant sinon plus Chéri et Le Blé en herbe, elle l’avoue et féminins : « Attentive à la différen- traient leur « carrière » aux pesan- que du garçon – se focalise très presque dans La Naissance du jour. ce sexuelle, notre enquête sur le génie teurs domestiques, elles n’ont pu précocement sur le sein de la Faut-il rappeler l’arrière-plan de ces féminin nous a conduite, en somme, ignorer l’inégalité des sexes. Les mère. Dès la naissance (et avant textes, tel qu’il a été reconstitué par à dépasser la dichotomie des sexes, à « génies féminins » choisis par Kris- que le père intervienne), se joue Bertrand de Jouvenel lui-même. » Le nous écarter du présupposé initial teva assument sans s’y perdre le l’antagonisme des pulsions de vie Colette de Julia Kristeva fait explo- qui pose un système sexuel binaire. » masculin et le féminin, hors de la et de mort. ser la biographie traditionnelle. Elle Hugo Marsan fatalité des schémas traditionnels. Arendt et Klein se détournèrent étudie l’écriture de Colette, sa Julia Kristeva rend hommage à des structures familiales classiques. richesse imaginative et sa densité (1) Les deux premiers tomes du Génie Simone de Beauvoir, mais, cinquan- Si les hommes jouèrent un rôle charnelle « entre Balzac et Proust ». féminin – Hannah Arendt (1999) et te ans plus tard, nuance les révéla- important – la passion de Hannah Elle observe les répercussions créa- Melanie Klein (2000) – sont édités chez tions du Deuxième Sexe en souli- Arendt pour Heidegger –, il fallait trices d’une vie sans entraves. Son Fayard. gnant les « éléments essentiels de s’écarter de leur emprise. Melanie étude devient fascinante lorsqu’elle (2) Le Concept d’amour chez Augustin, l’expérience féminine qui correspon- Klein perdit très tôt son frère décrypte la relation entre Sido et de Hannah Arendt, Payot & Rivages, dent à leur différence psycho-sexuel- Emmanuel, qui fut son seul amour. Colette, cet amour mère-fille en 1997. Une vie d’écrivain Judith Thurman, féministe américaine, pose un nouveau regard, partisan mais minutieux, sur le destin de Colette

daleuse (apparente) féministe, puis re de Sido pour sa fille qui aurait ne la préoccupent vraiment que lors- SECRETS DE LA CHAIR, en une vieille dame rusée, invalide marqué du sceau de la répétition les qu’ils interfèrent dans sa vie privée. UNE VIE DE COLETTE et couverte d’honneurs. Judith Thur- liaisons de Colette qui « a du mal à Judith Thurman le souligne, comme (Secrets of the Flesh, man redonne vie aux étapes d’une considérer l’intimité avec un être elle a très bien cerné la bisexualité A Life of Colette) existence dont la véritable cohéren- humain autrement que comme un (ambiguë ?) de Colette. La biogra- de Judith Thurman. ce fut la littérature. Elle porte un éternel balancement entre soumission phe brosse aussi un panorama pré- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) regard neuf sur ce qui excite notre et domination ». La passion de Colet- cis de la société française au début par Hélène Collon, curiosité : les liaisons passionnelles, te (cinquante ans) pour Bertrand de du XXe siècle : la licence des mœurs, Calmann-Lévy, 620 p., 32 ¤. utiles ou revanchardes (Mathilde de Jouvenel (dix-sept ans), le fils d’un la quête du plaisir favorisées et ali- Morny, les amantes partagées avec mari qui s’éloigne, et la distance mentées par le paupérisme endémi- e nombreuses études Willy, les trois maris, les fidèles ami- sévère qu’elle maintient entre elle et que. sur Colette (1873-1954) tiés féminines, les jeunes amants sa propre fille révéleraient les stig- Le personnage principal de la bio- se sont succédé, de comestibles). Elle explique avec sub- mates d’une fixation incestueuse. graphie de Judith Thurman est l’œu- mieux en mieux docu- tilité l’émergence de la femme libre Colette se recrée dans l’écriture, y vre de Colette, enracinée dans sa vie mentées.D Judith Thurman se nourrit et de l’écrivain qui créa un univers et exalte sa féminité et son désir d’affir- concrète de femme, mais qui trans- de ces travaux et prend parti. Une un style dense, réaliste et sensuel, mation. Elle aime, elle mange, elle gresse les tabous et annonce une vie de Colette raconte l’émancipa- progressivement épuré de ses gratui- écrit. Elle dévore la vie et en fixe la humanité en mutation. Une vie de tion d’un écrivain atypique qui tes arabesques. jubilation et les souffrances sur la Colette, c’est d’abord une vie d’écri- mena sa vie de créateur au pas accé- Judith Thurman a fait le choix de page bleue de ses manuscrits. Indif- vain, proche de l’esclavage, « niée, léré de sa vie de femme. La jeune l’exhaustivité (parfois jusqu’à satura- férente à la politique, voire conven- puis déjouée, finalement acceptée, mais solide disciple du décadent tion). Retenons le décryptage minu- tionnelle, le nazisme et ses horreurs car écrire ne conduit qu’à écrire ». Willy se métamorphosa en une scan- tieux de l’amour vorace et légendai- antisémites, l’occupation allemande H. Ma. VI / LE MONDE / VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 dossier b A quatre-vingts jours du premier tour Jacques Chirac, le pouvoir de l’ambition de la présidentielle, A quelques mois de l’élection présidentielle, Raphaëlle Bacqué analyse, les livres politiques sans complaisance, les ressorts intimes du président de la République

(analyses, récits L’épisode de la dissolution, qui plongé dans la tourmente de l’affaire CHIRAC OU LE DÉMON marquera durablement le septennat Lewinsky. ou biographies) DU POUVOIR de Chirac et dont l’auteur attribue la Tout comme l’essence de la politi- de Raphaëlle Bacqué responsabilité au désir de maintenir que semble disparaître derrière les se multiplient. Albin Michel, 298 p., 18,90 ¤. Alain Juppé coûte que coûte à son détails personnels, les « affaires » poste, est traité ici au plus près des publiques et privées paraissent se Effet provisoire acques Chirac habite la scène acteurs : Bernadette Chirac, son diluer dans les manœuvres visant à ou tendance lourde ? politique française depuis plus épouse qui s’angoisse à l’idée que en gérer, au mieux, les effets. Tous les J de trente ans maintenant. « son mari devienne un René Coty », éléments du scandale sont réunis. D’abord en protégé de Pompi- et leur fille Claude, efficace conseillè- Comme c’est souvent le cas – et pas Leur parution dou, puis en rénovateur du mouve- re en communication. L’occasion de seulement en France –, rien n’est véri- ment gaulliste, en éternel candidat, en mettre en lumière à quel point le chef tablement caché, mais rien n’est expo- simultanée traduit, président enfin. Mais qui a le senti- de l’Etat a su se servir de sa famille. sé non plus ni réellement exploité. En ment de bien le connaître ? Dans le irait-il autrement aux au minimum, portrait sans complaisance qu’elle tra- Etats-Unis ? La vie politi- ce de lui, Raphaëlle Bacqué ne cher- Flora Lewis que n’est pas plus relui- un appétit. Principaux che pas à le simplifier ou à le caricatu- sante outre-Atlantique. rer : « Tout homme est deux hommes, « Il respecte l’une et aime l’autre », Mais les acteurs ont pris l’habitude sujets d’intérêt : et le plus vrai est l’autre », écrit-elle écrit pertinemment Raphaëlle Bac- de se battre bien plus férocement et citant Jorge Luis Borges. A moins de qué qui raconte les sacrifices que ces le public a moins d’indulgence. On Jacques Chirac trois mois du premier tour de l’élec- femmes ont dû endurer pour servir verra, au printemps, si cela est deve- tion présidentielle, il est naturel qu’on l’image personnelle d’un mari et nu le cas en France, ou si Jacques Chi- et Lionel Jospin, cherche de nouveau à percer le mystè- l’image politique d’un père. Exemple rac, « bateleur de son propre théâ- re de ce qui le fait agir, à le raconter, à le plus marquant : l’acharnement de tre », réussit à imposer à nouveau qui se taillent le définir. A analyser la marque qu’il Bernadette à dresser le cordon infran- « son formidable personnage »… laissera dans l’histoire si, en mai, les chissable de la vie privée pour proté- la part du lion, Français l’autorisent à signer un nou- ger son mari, quand bien même les e Flora Lewis est journaliste américai- veau bail, de cinq ans, pour l’Elysée. frasques sexuelles de ce dernier cou- ne, chroniqueuse régulière à l’Interna- comme si La chose n’est pas facile. Pour y par- raient tout Paris. Une endurance tional Herald Tribune venir, Raphaëlle Bacqué a consulté dont elle aurait donné la recette à leur confrontation, un à un les acteurs, les vedettes et les Hillary Clinton elle-même lorsque le Raphaëlle Bacqué est journaliste seconds couteaux, les amis comme couple présidentiel américain fut au Monde pourtant très attendue, les rivaux du chef de l’Etat, jusqu’à ses électeurs qui, à chacun de ses déplace- suscitait une curiosité ments en province, se disputent ses poignées de main et ses sourires. De encore neuve. Viennent tout cela, l’auteur a fait une grande récolte, additionnant détails significa- ensuite les ouvrages sur tifs et inattendus. « Son » Chirac, on le voit à l’œuvre, dans ses ressorts inti- l’agonie de la droite mes, dans son acharnement à paraî- tre « sympathique ». Ce tableau ou la chronique vivant, montre d’abord un animal poli- tique tout occupé de tactique pour se des escarmouches maintenir au pouvoir. La question se pose : M. Chirac est-il un homme poli- de la cohabitation. tique sans politique identifiée ? «En quinze ans, résume l’auteur, il a été Autant de livres tour à tour libéral, social, fédéraliste, libre-échangiste, travailliste et reaga- et autant de repères nien, contre la monnaie unique puis militant exemplaire de l’Europe, contre possibles pour le quinquennat puis pour la réduction du mandat présidentiel. » Si l’on un lecteur-citoyen s’étonne de ces changements perma- nents de cap, de cette navigation à vue, il répond en affirmant que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis ! Le Démon du pouvoir est un titre tout à fait approprié. Tout dans la vie du président doit servir cette ambi- tion. Mais rien ne vient illuminer et transcender cet appétit. Pourtant, Jac- ques Chirac a su faire siennes quel- ques grandes idées depuis qu’il est à l’Elysée. Mais a minima. PHLIPPE WOJAZER/REUTER

livraisons b POUR OU CONTRE JACQUES CHIRAC, Bové l’insoumis de Joseph Macé-Scarron et François Taillandier Ce livre tient-il vraiment les promesses du débat qu’il annonce ? A première vue tout devrait opposer Joseph Macé-Scarron, respon- Première biographie du porte-parole sable des pages débats et opinion du Figaro et François Taillan- dier, romancier, qui ne craint pas d’avouer un gros faible pour international de la Confédération paysanne Jean-Pierre Chevènement. Le problème : que ce soit dans la ten- dresse hyperbolique du premier (« Chirac est chevaleresque dans spectaculaires telles que ce fameux un monde bourgeois ») ou dans la récrimination amère de son con- LA LONGUE MARCHE démontage du McDo de Millau ou tradicteur (« Chirac a fini par se claquemurer dans son bureau et DE JOSÉ BOVÉ les raids très médiatiques contre les quand il en sort c’est pour partir en voyage ») perce la même désillu- de Denis Pingaud. plantations de maïs transgénique. sion. Macé-Scarron admet que la France ait perdu sa grandeur et Seuil, 248 p., 18 ¤. « Jacques Séguéla ne pouvait pas s’arrange d’un président bonhomme et sympathique comme un rêver mieux, conclut ironiquement roitelet de principauté ; Taillandier, plus réactionnaire, ne s’en osé Bové n’est pas né en 1999 Pingaud. Quoi ? Un type dont tout le remet pas et tient Chirac pour l’un des artisans de cet affaiblisse- lors du démontage du McDo monde connaît la gueule (…), moder- ment. Dans les deux cas, il s’agit du même point de vue, admis de Millau (Aveyron). Son itiné- ne et traditionnel à la fois : ce serait un pour Macé-Scarron, combattu pour Taillandier. Le premier aime J raire militant a commencé formidable candidat à l’élection prési- Chirac parce qu’il est devenu petit, le second feint de le détester bien avant même que le lea- dentielle. » parce qu’il n’est pas assez grand (Bayard, 94 p., 13 ¤). der de la Confédération paysanne se Ph. R. b JACQUES ET LIONEL SONT DANS UN BATEAU, fasse pousser les moustaches à la de Jacques Michel Tondre gauloises, en 1976 comme le révèle Journaliste à l’AFP, et correspondant à l’Elysée depuis 1993, l’auteur l’auteur par un de ces détails qui font s’est fait pour spécialité de compiler des extraits de discours. Son le charme des vraies biographies. Le précédent ouvrage, Jacques Chirac dans le texte, ne cachait rien de symbole français de l’antiglobalisa- cette activité. Un index par thème permettait aux lecteurs de navi- tion n’est alors qu’un militant antimi- guer entre « Mondialisation » et « illettrisme », « Cambodge » et litariste occupant avec quelques « Afrique du Sud ». Parce qu’on ne change pas une méthode qui autres les fermes et les terres délais- gagne, Jacques Michel Tondre récidive en doublant la mise en quel- sées du plateau du Larzac, à Montre- que sorte puisque cette fois aux interventions du président de la don, que l’armée française voudrait République s’ajoutent celles de Lionel Jospin. Ces citations croisées s’approprier. ont pour objet, selon l’auteur, de jeter la lumière « sans parti pris » Si l’on remonte encore plus avant et avec « recul » sur cinq ans de cohabitation. Sont particulièrement dans le temps, comme Pingaud nous mis en valeur, les épisodes explosifs : affaires, vache folle, paillotes, y invite, José Bové apparaît alors Moyen-Orient. D’accord sur rien (ou presque) Jospin et Chirac par- sous les traits d’un jeune homme lent encore le langage policé par les règles de la « cohabitation cons- idéaliste. Ses racines ne sont pas tructive » telle que l’a voulue le chef de l’Etat. Quand la campagne révolutionnaires.« Je n’ai jamais cru présidentielle entrera dans sa phase active et radicalement polémi- à l’armée révolutionnaire ou à ce qui que, il sera intéressant de s’y reporter... (Ramsay, 310 p., 19 ¤). s’en approchait », dit-il encore. Dans b EN BASSE CAMPAGNE, les années 1970, réputées pour leur de Claude Angeli et Stéphanie Messier effervescence gauchiste, Bové pré- La campagne de 2002 se jouera-t-elle en partie sur les affaires ? fère la lecture du pacifiste Lanza del C’est ce que semblent croire Claude Angeli, rédacteur en chef du Vasto. Ses goûts le portent vers Canard enchaîné, et Stéphanie Messier. Et la quatrième de couvertu- Henry David Thoreau, l’un des inspi- re d’annoncer en toute discrétion : « Voici les aspects les plus violents rateurs du mouvement beatnik, et les plus inattendus du combat Chirac-Jospin ». Effectivement le Gandhi, chez qui il admire l’utilisa- livre tient ses promesses et se lit sans ennui : comptes de campagne tion politique de la non-violence, et « truqués », affaire Halphen, affaire des HLM de Paris et des Hauts- le sociologue bordelais Jacques Ellul, de-Seine, emplois fictifs, il ne manque rien au rapport. Les person- où il puise les fondements de sa criti- nages (Juppé, le couple Tiberi, Michel Roussin) sont dignes d’un que de « l’illusion technique ». roman noir de la République. Un seul inconvénient toutefois, mais La suite est plus connue. Toujours de taille : les auteurs font abondemment référence à des sources, méfiant vis-à-vis de la politique et de policières et politiques, toutes anonymes. (Grasset, 176 p., 17,50 ¤). ses représentants, José Bové pour- Ph. R. suit sa route en menant des actions dossier LE MONDE / VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 / VII b Jospin et sa « petite entreprise » François Hollande, Cécile Amar et Ariane Chemin retracent la délicate construction de la gauche l’homme plus que plurielle à partir d’« une somme d’intérêts bien compris et bien partagés » le politique secrets, désistements électoraux, su construire les règles qui auraient JOSPIN ET CIE escamotages sémantiques –, l’acces- pu légitimement faire pièce au phé- FRANÇOIS HOLLANDE, Histoire de la gauche plurielle sion au pouvoir a constitué un résul- nomène. UN DESTIN TRANQUILLE 1993-2002 tat qui semblait au-delà du possible. Et donc, tandis que la gauche ita- de François Bachy. de Cécile Amar Dans le même temps, en Italie, la lienne est engagée dans une funeste Plon, 238 p., 18 ¤. et Ariane Chemin. gauche réussissait dans l’entreprise opération centrifuge, la gauche fran- Seuil, 286 p., 19,50 ¤. inverse. çaise se crispe dans une opération ude défi qu’a relevé Fran- Au cours de ces années-là, l’his- centripète. Même le mot « synthè- çois Bachy, journaliste poli- l se pourrait qu’une histoire uni- toire de la gauche italienne est par- se », aimé de Mitterrand (« la synthè- tique à TF1, en consacrant que soit en train de se termi- courue d’une tendance à séparer, se est gouvernementale ») mais honni R une biographie, la premiè- ner, et qu’il n’y ait plus de divi- exalter et multiplier les différences. des communistes, a été utilisé par re, à François Hollande, l’homme I dendes à tirer de la « joyeuse » Et, finalement, à se perdre. A cela Lionel Jospin le 30 août 1998 sans qui préside depuis plus de quatre aventure qui, commencée en 1993, des raisons très sérieuses qui ne se soulever, cette fois, de protesta- ans aux destinées du Parti socialis- s’est épanouie en 1997 dans la limitent pas à la dissipation et à la tions : « Cette synthèse, c’est l’ensem- te. A 47 ans, le maire de Tulle, qui conquête du gouvernement. Il se bêtise tactique. ble de la gauche qui l’élabore (…) en n’a jamais été ministre, est en posi- pourrait qu’une partie de la société La gauche italienne n’est pas (et mariant ses diverses sensibilités (…) tion de favori pour succéder à Lio- civile de gauche se soit éloignée, et n’a jamais été) majoritaire. Elle s’est dans un projet commun, en tirant nel Jospin si celui-ci devient prési- qu’à présent le bilan paraisse incer- trouvée obligée de nouer des allian- parti de sa diversité, tout en affirmant dent de la République. Bachy prend tain au moment où la conjoncture et ces avec des partenaires centristes son unité. » peu en compte cette hypothèse et il l’économétrie renversent et remet- choisit, dans François Hollande, un tent en question les résultats d’une Extrait destin tranquille, de raconter l’hom- mesure symbole comme les 35 heu- « C’est l’histoire d’un homme qui voulait deve- me. C’est là où l’exercice devient dif- res. Il se pourrait, en fait, que cette nir président de la République et qui, oublié par ficile : François Hollande est plus gauche plurielle ne résiste pas au beaucoup, avait senti que, pour revenir à la vie tourbillonnant que tranquille, son double choc électoral du printemps. politique et devenir chef de la gauche, il lui fal- passé recèle peu d’ombres, son pro- En lisant avec des yeux d’Italien la lait une société. Epuisé par les manœuvres et les fil est dénué d’aspérités. Et si ses reconstruction documentée et pas- guerres de courants socialistes, il lui fallait une concurrents sont légion, ses enne- sionnante qu’ont faite Cécile Amar autre raison sociale. Une nouvelle union de la mis sont peu nombreux. et Ariane Chemin de cet épisode, on gauche, sans programme, reliftée en vert, et L’homme est brillant. En réunion croirait voir le film de la politique de dont l’actionnaire majoritaire resterait le Parti publique, son humour fait des rava- la gauche italienne se refléter dans socialiste. » (Prologue, p. 9). ges même s’il peut lui jouer des un miroir : mêmes images, mêmes tours. L’auteur le présente sous un processus, mais, à l’envers. issus de la dissolution de la démo- Amar et Chemin révèlent que par- jour sympathique, avantageux. Il Ici, en France, une tendance à cratie chrétienne. Ce parti a régné mi les parlementaires de gauche il y décortique bien ses relations, plutôt construire, unir, conjuguer et ensuite sur la vie politique de l’après-guerre, avait vraiment une sorte de vade- complexes, avec François Mit- dépasser les différences, trouver un et notamment cette frange de l’ex- mecum « pluriel » imaginé par Oli- terrand, dont il copie de plus en langage commun, donner un corps DC qui, en 1994 (après s’être subite- vier Faure, conseiller de Martine plus les attitudes, avec Jacques (sinon une âme) au résultat électo- ment alliée avec les ex-fascistes du Aubry : « Pour permettre à chacune Delors et, bien sûr, Lionel Jospin, en ral, traduire en action le sentiment Mouvement social, devenu aujour- des composantes de la majorité de se relevant le caractère plus politique exprimé par les Français à travers les d’hui Alliance nationale), avait choisi sentir à l’aise, il est nécessaire de per- que personnel de leur relation privi- urnes. Et que cela ait été (comme de regarder à gauche. Un assem- mettre à chacune d’exister. » légiée. Il s’aventure aussi à explorer, l’écrivent malicieusement Amar et blage instable, soupçonneux et mé- En France, l’histoire du slogan au risque de flirter avec la psychana- Chemin) la conséquence d’« une fiant envers ses alliés les Démocrates « gauche plurielle » a été la méta- lyse, ses rapports avec ses parents, somme d’intérêts bien compris et bien de gauche (héritiers du vieux PCI), le phore d’un succès politique et la notamment son père, un médecin partagés » tirée d’un projet de « peti- parti le plus fort de la coalition. synthèse d’un programme. Une per- rouennais bien à droite, ou encore te entreprise », le tout combiné à L’Olivier (la nouvelle équipe de formance atteinte grâce à un bri- sa compagne, Ségolène Royal. froid par Lionel Jospin, n’ôte en rien centre-gauche), sous la direction de colage d’appareils de partis qui a Il en résulte un portrait attachant, sa valeur à l’heureux résultat. Un Romano Prodi, un économiste mo- résisté à son artificialité intrinsèque ; qui donne des clefs utiles pour com- résultat d’autant plus important si déré de culture démocrate-chrétien- mais elle paraît désormais épuisée, prendre un homme promis à un bel on l’observe depuis son point de ne, fut à la fois une contrainte et un selon Cécile Amar et Ariane Chemin. avenir, comme le devinait Max Gal- départ : socialistes en déroute électo- malentendu : cinq années de pou- La « petite entreprise » a besoin lo quand le futur député de Corrèze rale et divisés en courants ennemis, voir jalonnées par quatre gouverne- d’une nouvelle « raison sociale », était son directeur de cabinet. Mais Verts flottants dans un impuissant ments et trois premiers ministres, et parce qu’en politique les paroles peu pour décrypter le politique. Le « ni-ni », communistes sous le poids un énorme échec face à l’ascension sont aussi importantes que les faits livre fourmille d’anecdotes, souvent d’une histoire que la chute du mur résistible de Berlusconi. Si aujour- et les précédent. amusantes, mais relègue à l’arrière- de Berlin avait rendue encore plus d’hui l’Italie court un risque démo- Cesare Martinetti plan la pensée politique du premier intenable (le récit des derniers jours cratique, il n’est pas imputable à la secrétaire du PS. Au point qu’on se de Georges Marchais et de ses em- droite du gouvernement (légitime e Correspondant de La Stampa à demande pourquoi celui qui, dès barrassantes funérailles est d’ailleurs dans un régime d’alternance), mais à Paris. son accession à ce poste, fustigeait très émouvant). On dit que la poli- la nature du pouvoir de Berlusconi, le « social-libéralisme », croit tant tique est « l’art du possible ».Vula médiatique, financier et politique. Ariane Chemin est journaliste en la force du politique. façon dont elle fut menée – accords La gauche au gouvernement n’a pas au Monde Michel Noblecourt Bataille rangée Cohabiter selon Matignon Jérôme Cathala et Jean-Baptiste Prédali retracent Sylvie Maligorne raconte comment Lionel Jospin depuis 1995 les luttes fratricides qui divisent la droite vit et agit sous l’œil de plus en plus critique de L’Elysée

sidentielle de 1995 qui a vu Chirac de « feutrine », les petits mots que NOUS NOUS SOMMES accéder au pouvoir jusqu’aux pre- DUEL AU SOMMET s’échangent les patrons, le dis- TANT HAÏS : VOYAGE miers coups de canon annonçant la de Sylvie Maligorne. cours « parcellaire » de Lionel Jos- AU CENTRE DE LA DROITE, campagne de 2002, les auteurs sem- Seuil, « L’épreuve des faits », pin qui sera remis à Jean Gandois, 1997-2002 blent relever les morts d’un champ 283 p., 19 ¤. alors président du CNPF, après la de Jérôme Cathala de bataille. Batailles perdues pour la pause du déjeuner, dans lequel le et Jean-Baptiste Prédali. plupart (législatives de 1997 et euro- orrespondante de l’AFP premier ministre n’évoquerait Seuil, 178 p., 15 ¤. péennes de 1999) ou fratricides à Matignon, depuis 1991, qu’« une loi d’incitation et d’orien- (régionales de 1998 et municipales Sylvie Maligorne raconte tation » sur les 35 heures, et non l ne faut pas croire les images. de 2001). Exemple, ce tableau digne C les années de Lionel Jos- la date-butoir du 1er janvier 2000, Celles qui montrent complai- du Radeau de la Méduse que Cathala pin au pouvoir, rue de Varenne, qui fâche tant les patrons… samment les hommes et les et Prédali tracent de la situation en sous l’œil de plus en plus critique Trois jours plus tard, Jean Gan- I femmes politiques, main dans 1999 : « La droite peut-elle aller plus de Jacques Chirac. De 1997 à dois claquait la porte du CNPF la main, debout à la même tribune. Il loin ou plutôt descendre plus bas ? 2002, les deux têtes de l’exécutif pour protester contre l’annonce ne faut pas croire davantage les dis- Depuis la dissolution, Jacques Chirac ont « inventé un quinquennat des « 35 heures ». Le patron des cours, les faux serments d’unité, et a perdu la main. Philippe Séguin, lui, avant l’heure », analyse la journa- patrons était pourtant persuadé, parfois même d’amitié. A l’heure où a perdu pied. Les autres sont embour- liste. De la victoire surprise de la démontre la journaliste, que l’opposition essaie laborieusement bés dans des stratégies de survie. Déjà gauche plurielle, en juin 1997 – M. Jospin renoncerait à une loi de mettre ses forces au pot commun Edouard Balladur a disparu, dans l’at- « La chance fait partie du jeu », dit autoritaire. Le 22 septembre, lors de l’Union en mouvement, le livre tente d’un retour perdant à Paris. alors Lionel Jospin – au livre d’Oli- d’un rendez-vous discret à Mati- de Jérôme Cathala et Jean-Baptsite Comme toujours, Nicolas Sarkozy vier Schrameck, directeur de cabi- gnon – M. Gandois emprunte, Prédali vient rappeler aux naïfs et à croit en ses chances et intrigue pour net du premier ministre, Mati- nous dit-on, « le sous-sol qui mène ceux qui feindraient de l’être que la revenir en grâce auprès des militants, gnon, Rive gauche 1997-2001 aux cuisines » – n’avait-il pas pré- politique est d’abord un théâtre où des partenaires du RPR, de Jacques (Seuil), qui dénonce la cohabita- venu l’hôte des lieux : « Si nous tout le monde, à des degrés divers, Chirac. Charles Pasqua prend la pose tion, en octobre 2001, l’auteur fait nous trouvons dans cette situation se hait. et guette l’appel de la République. Et le récit linéaire de la tension qui [les 35 heures obligatoires],je A ce petit jeu, les victimes sont Alain Juppé soigne son impopularité à monte entre les deux hommes : le démissionne ! ». « J’ai été sensible nombreuses. En choisissant d’appor- Bordeaux. Du côté de la famille néo- mouvement des chômeurs, les à vos arguments. Envoyez-moi le ter leur expertise à la droite, les gaulliste, les héros sont recrus d’épreu- élections régionales de mars 1998, projet qui pourrait se substituer au auteurs ne manquent pas d’exem- ves. » la vache folle… Chaque chapitre dispositif prévu », avait fini par ples. Retraçant, avec alacrité, la saga Au fil des pages les portes cla- est sous-titré d’une phrase signifi- lâcher M. Jospin. La suite est con- de l’opposition lors de l’élection pré- quent, les mots doux fusent, les hom- cative du premier ministre. La nue. mes se déchirent. De cette course journaliste, qui a subi la colère de Sur le dossier corse, Sylvie Mali- haletante et indiscrète dans les cou- Lionel Jospin, de retour d’un voya- gorne montre comment Mati- lisses du monde politique, on sort ge à Rio, au lendemain des munici- gnon a soutenu le préfet Bernard éberlué et un peu amer. Les auteurs pales de mars 2001, pour avoir Bonnet jusqu’à l’« affaire des aussi du reste, qui, comme à regret, rapporté dans une dépêche ses paillottes ». « A l’époque, quicon- notent : « On aurait aimé écrire des propos selon lesquels « la droite a que émettait la moindre critique batailles d’idées, des affrontements de plutôt gagné » les élections, com- sur le préfet se voyait immédiate- principes, des joutes autour d’options mence son ouvrage sur cet épiso- ment rabroué par Alain Christ- ardemment discutées. » Leur constat de. nacht [conseiller aux affaires inté- final manque peut-être un peu de Mais ce sont deux autres chapi- rieures du premier ministre] », nuance : « La gauche s’est métamor- tres qui retiennent l’attention. On écrit la journaliste. On est bien phosée au pouvoir, la droite s’est déli- revit comme si l’on y était le loin de la version d’Olivier Schra- tée dans l’opposition. » Nul doute 10 octobre 1997, jour où le pre- meck dans Matignon, Rive gauche, qu’un travail similaire sur la gauche mier ministre reçoit, à Matignon, lequel fait porter la responsabilité plurielle révélerait les mêmes tra- les grands patrons et les syndicats de la nomination de Bernard Bon- vers. La haine en politique est de pour discuter, notamment, de la net à… Jean-Pierre Chevènement, tous les camps. réduction du temps de travail : la alors ministre de l’intérieur. Philippe Ridet grande table «enU» recouverte Clarisse Fabre VIII / LE MONDE / VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 essais b Si l’histoire ancienne est soudain à la fête Le festin de Jean Bottéro Mourir en témoin dans un monde Un essai de philologie gourmande mitonné par le grand assyriologue. A partir de textes anciens, Glen W. Bowersock analyse éditorial qui sait La civilisation par la table ? Un régal la spécifité du martyre chrétien dans la Rome antique ne pas se cantonner tiens qui recrutent d’abondance et LA PLUS VIEILLE ROME ET LE MARTYRE mettent en péril l’ordre établi. Fruit aux figures CUISINE DU MONDE (Martyrdom and Rome) des structures de l’Etat romain, le de Jean Bottéro. de Glen W. Bowersock. martyre est aussi la conséquence d’Alexandre, Ed. Louis Audibert, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) d’une valorisation de la mort volon- 212 p., 22,80 ¤. par Pierre-Emmanuel Dauzat, taire popularisée par les milieux stoï- Cléopâtre Flammarion, 160 p., 14 ¤. ciens. Mais il s’inscrit aussi dans une out est question d’origine, sociabilité urbaine organisée autour et autres Césars, sitôt qu’on aborde le mon- alvaudé par d’abusifs du spectacle. Les chrétiens prennent c’est qu’on traduit de babylonien. A l’origine emplois, le martyr a per- part au débat civique non seulement T donc, un projet de « vie quo- du depuis longtemps son en argumentant mais en participant enfin l’Américain tidienne » pour la vénérable collec- G sens premier de au spectacle. Soucieux de toucher le tion d’Hachette dont Louis Audibert « témoin ». Certes, les enfants plus grand nombre, ils recherchent passe commande au grand assyriolo- « martyrs » témoignent de façon le martyre dans les plus grandes vil- Glen W. Bowersock, gue Jean Bottéro, pour remplacer involontaire de la cruauté de leurs les, lors des fêtes auxquelles on vient l’antique présentation de Georges parents ; et les « fous de Dieu » qui assister de loin. Pas de martyre dans que Jean Bottéro Contenau (1950). Depuis, l’éditeur a se transforment en bombe humaine les campagnes ou dans les lieux écar- quitté la vieille maison et inaugure sa témoignent, volontairement cette tés : où serait alors l’efficacité du renouvelle à 87 ans propre enseigne avec ce texte, qui lui fois, de la haine née de leur déses- « témoignage » ? est du reste explicitement dédié, et poir. Mais, dans la tradition chrétien- Glen Bowersock s’appuie tout au l’art classique de que l’historien a pensé entièrement ne, ni les uns ni les autres n’auraient long de sa démonstration rigoureu- autour de l’alimentation et de la gas- droit à l’appellation « martyr », les se sur quelques textes essentiels, les la « vie quotidienne », tronomie. premiers parce qu’ils n’ont rien à Actes des martyres de Polycarpe et de On ne s’étonnera pas de l’intérêt prouver et ne demanderaient pas Pionios à Smyrne, ceux de Perpétue croisant méthodes de Bottéro pour le sujet, lui qui, le mieux que d’être épargnés, les et de Cyprien à Carthage (car d’Asie premier, avec précaution, approcha seconds parce que leur mort s’appa- Mineure, le martyre s’est rapide- philologique, dès 1982 en anthropologue la signifi- rente à un suicide. ment répandu dans toute la chrétien- cation du manger et du boire en Ainsi, au terme d’une passionnan- té), dont il montre qu’en dépit des anthropologique MAGNUM Mésopotamie, avant de livrer, photo- Détail d’un bas-relief provenant du palais de Ashurbanipal (Irak) te enquête à travers les textes les enjolivements postérieurs, ils conser- graphié, transcrit du cunéiforme et plus anciens, Glen Bowersock, de vent des éléments historiques précis et historique, traduit, le texte de trois tablettes près une réalité vieille de près de qua- « naturelles », eau et lait, aux fermen- façon prémonitoire (sa phrase finale (comme les interrogatoires devant découvertes dans la collection de tre mille ans. tées, la bière plutôt que les vins de figure telle quelle dans l’édition le gouverneur), sans doute mis par et que Walter Burkert, l’université de Yale et des trente-cinq Avec un sens didactique sans faille, fruits, le fruit de la vigne venu des anglaise de 1995), marque claire- écrit en partie par le martyr lui- recettes de cuisine qu’on y décou- Bottéro présente d’abord le pays, le hauteurs syro-arméniennes étant ment la différence entre le martyre même avant son exécution, puis par comme Christine vrait (Textes culinaires mésopota- milieu et les hommes – jusqu’à un tenu pour « un étranger, tard venu chrétien et ses prolongements des témoins oculaires. Bien loin miens, 1996). Mais aujourd’hui Bot- récapitulatif chronologique des (…) et comme naturalisé ». musulmans. Mais avant d’en arriver d’être de pieuses légendes sans fon- Dumas-Reungoat, téro va plus loin. Pour mieux établir « époques » successives qui n’a rien Mais plus encore que cette minu- à cette conclusion, il établit que dement historique, les Actes des mar- qu’on tient là la plus ancienne trace de superflu –, les sources employées, tieuse et passionnante revue de l’Eglise fut longue à trouver un tyres les plus anciens (ceux des IIe et rend sensible explicite d’une pratique culinaire, précises jusqu’à la correction des détail, c’est le sens du repas en com- moyen terme entre les nécessités de IIIe siècles), rédigés pour servir d’en- bien distincte des énumérations d’in- coquilles des scribes, le rôle civilisa- mun, marque de la nécessaire convi- la survie des communautés et le seignement à ceux qui restent, cons- le dialogue fécond grédients et des rappels d’usage, pres- teur du feu et de la cuisson des ali- vialité d’une portée tant sociale que besoin de tenir bon face aux atta- tituent de remarquables témoigna- criptions et interdits, qu’on rencon- ments, jusqu’à repérer le goût méso- politique, mais qui développe aussi ques des païens et aux tentations de ges sur la société de leur temps pour entre le Proche-Orient tre ailleurs mais pas forcément plus potamien du rôti et du bouillon. mieux qu’un savoir-faire, une science l’apostasie. qui sait les décrypter. tôt, l’assyriologue construit son essai On ne se dispensera pas d’un tour spécifique, prémices d’un premier Le martyre a une histoire et celle- Du martyre subi avec joie à la et la Grèce classique. de philologie gourmande sur la table en cuisine, même si la matérialité du culte du « beau ». Dès lors conclure ci est chrétienne. Contrairement à mort recherchée, il n’y avait évidem- babylonienne. Certes, ce n’est pas cel- lieu appelle commentaire, pour en s’invitant à la table des dieux, quo- une opinion répandue, il n’existe nul- ment qu’un pas franchi pour quel- Vertu du comparatisme le des humbles, qui n’a pas laissé de recenser les viandes (gazelle, cabri, tidiennement abreuvés et sustentés, le tradition juive en ce domaine, et ques-uns. Ainsi ces foules de chré- trace (L’Epopée de Gilgamesh révèle chevreau, agneau, oiseaux aussi, tour- puis à celle des morts, n’a rien que de l’Eglise primitive elle-même l’ignore. tiens qui tiennent à subir le martyre que les bergers n’ont guère à offrir au terelle, canard, pigeon), poissons, très évident, la vie comme l’au-delà Certes, les hagiographes transformè- à la suite de leur évêque Cyprien, à voyageur que du pain et de la bière), légumes et céréales ; les condiments s’inscrivant en Mésopotamie antique rent les premiers chrétiens persécu- Carthage. Ou ceux qui, vers 180, se mais celle des Grands, avec son rituel aussi, essentiels pour la saveur (ail, dans la logique du partage. Puisque tés en martyrs, et Etienne, lapidé à précipitent au tribunal du proconsul et sa symbolique, aussi déterminants oignon et poireau assurent l’omnipré- c’est avec la question de l’alimenta- Jérusalem après la mort de Jésus, en d’Asie en se dénonçant eux-mêmes que les mets eux-mêmes aux yeux de sence des alliacées) ; sans oublier les tion que les hommes trouvèrent la « protomartyr », mais c’est là une comme chrétiens. Devant de tels l’essayiste pour atteindre au plus boissons qui les accompagnent, des réponse à la question essentielle : réécriture postérieure. En réalité, le égarements, les évêques réagirent. « Pourquoi ils vivaient et pourquoi ils « martyre » naît dans le monde des Ne risquait-on pas de voir les com- ne vivaient pas sans fin. » cités grecques d’Asie Mineure dans munautés décimées aux deux Ph.-J. C. la première moitié du IIe siècle, lors- « extrémités », par la mort des plus que les chrétiens poursuivis pour convaincus, et l’apostasie des plus e La Mésopotamie bénéficie d’un refus de sacrifier à l’empereur accep- craintifs ? Or, précisément, dans le net regain d’intérêt dans l’édition. tent la mort comme un témoignage courant du IIIe siècle, le stoïcisme Après l’utile et synthétique manuel public de leur foi. Loin de subir, ils recule face au néoplatonisme, qui de Francis Joannès, La Mésopotamie transforment leur mort en argu- considère le suicide comme un auto- au Ier millénaire av. J.-C. (Colin, « U », ment dans la controverse qui les assassinat. Les responsables chré- 2000), et le copieux Dictionnaire de la oppose aux païens. Le concept tiens s’engouffrent volontiers dans civilisation mésopotamienne, dirigé même de martyr ne pouvait naître la brèche pour conseiller leurs par le même (Laffont, « Bouquins », que dans ce contexte particulier des ouailles : on doit accepter le martyre lire « Le Monde des livres » du cités grecques de l’Empire romain. Il si l’on ne peut faire autrement (mais 7 décembre 2001), paraît un « guide y fallait d’abord une communauté la fuite est permise), mais il devient Belles Lettres des civilisations » de chrétienne bien intégrée dans la cité, condamnable de rechercher la mort. La Mésopotamie, de Jean-Jacques non des marginaux. Ainsi, les juifs, Après les persécutions généralisées Glassner, naguère éditeur-traduc- qui refusent comme les chrétiens de du milieu du IIIe siècle et des premiè- teur de Chroniques mésopotamiennes sacrifier à l’empereur et de manger res années du IVe, la Paix de l’Eglise (Belles Lettres, « La Roue à livres », les viandes impures, ne sont jamais imposait de toute façon d’autres 1993). Quatre pages du chapitre « Loi- inquiétés. Considérés souvent com- manières de témoigner de la foi sirs » sont là consacrées aux repas et me étrangers, ils ne cherchent pas à dans le Christ ressuscité. banquets (336 p., 14,5 ¤). convaincre, à la différence des chré- Maurice Sartre Grèce et Orient : du génie en partage Deux remarquables essais attestent de l’incessant dialogue entre ces civilisations

Gladstone comparait Océan et part minimisent ou nient toute possi- LA TRADITION ORIENTALE Téthys dans L’Iliade avec le couple bilité d’influence inverse. Les Grecs DANS LA CULTURE GRECQUE Apsû et Tiamat dans l’Enuma Elish, seraient restés imperméables ? La (Da Omero ai magi) au grand scandale des philologues. mention explicite des « mages » de Walter Burkert. Or l’archéologie prouve la réalité et dans le papyrus de Derveni prouve Traduit de l’italien l’intensité des contacts entre les évidemment le contraire et l’on peut par Bernadette Leclercq-Neveu, Grecs et le Proche-Orient dès le tenir pour assuré que « des doctrines Macula, 152 p., 15 ¤. IXe siècle. On ne peut donc s’étonner authentiquement iraniennes ont fini de voir Burkert aligner avec un soin par s’amalgamer à une matrice LA FIN DU MONDE méticuleux des parallèles quant au d’idées présocratiques ». Enquête sur l’origine d’un mythe caractère formulaire des descrip- Rien de cela ne diminue les mérites de Christine Dumas-Reungoat. tions, entre la liste des maîtresses de des penseurs grecs, comme le mesu- Les Belles Lettres, 402 p., 23 ¤. Zeus et celle des amants d’Ishtar, le re le lecteur de Christine Dumas- tirage au sort de l’Univers entre les Reungoat. Les conceptions de la fin ans le livre très contesta- dieux, ou la description des chars de du monde évoluent parallèlement au ble de Martin Bernal, combats. Que les Grecs aient connu Proche-Orient, et dans le monde Black Athena, une idée au les grands textes mésopotamiens ne grec. Longtemps l’on n’envisagea D moins méritait attention : fait aucun doute : Eudèmos, élève que la fin du monde pour laisser pla- l’insistance avec laquelle nombre de d’Aristote, fait une paraphrase exac- ce à un monde meilleur. Les mythes spécialistes du monde grec cherchent te des premiers vers de l’Enuma Elish du Déluge, en Mésopotamie comme à rendre celui-ci le moins redevable babylonien ! Et comment ne pas voir en Grèce, ne conduisent jamais à la possible aux civilisations du Proche- que les Grecs qui empruntaient au disparition du vivant. Au contraire, Orient. Certes, personne ne nie l’em- Proche-Orient son écriture, ses durant l’époque hellénistique com- prunt de l’alphabet aux Phéniciens, notions de mathématiques et d’astro- mence la spéculation sur la fin du mais la tendance reste, observe Bur- nomie pouvaient tout aussi bien monde, le retour au chaos original, kert, de minimiser la dette, de maniè- entrer en contact avec ses concep- l’embrasement définitif. Or la concep- re à préserver l’originalité du « mira- tions cosmogoniques. D’Homère à tion grecque du temps s’oppose à cle grec ». Hésiode et aux orphiques, les une telle vision, dont l’origine se trou- Aux antipodes méthodologiques emprunts paraissent continus, non ve plutôt dans le monde sémitique. d’un Bernal, c’est-à-dire en s’ap- seulement aux mythes mésopota- Ainsi, d’Homère à l’époque impéria- puyant toujours sur des faits indiscu- miens, mais aussi égyptiens, hittites le, se suit le fil rouge d’échanges inces- tables, Walter Burkert jette quatre ou phéniciens. Il exista sans doute sants avec le Proche-Orient, dont les coups de projecteur sur des domai- assez de traductions ou de transposi- Grecs tirent des matériaux sans cesse nes où la marque des civilisations du tions en araméen pour que la con- remodelés et adaptés à leurs propres Proche-Orient ne peut être récusée : naissance en devienne accessible. Si conceptions. Rappel salutaire Homère, les cosmogonies grecques, les spécialistes ont multiplié les étu- qu’aucun peuple n’a le monopole du l’orphisme et les mages. Pour l’épo- des pour montrer tout ce que la Per- génie et ne vit à l’écart des autres. pée grecque par excellence, déjà se achéménide doit aux Grecs, la plu- M. Sa. essais LE MONDE / VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 / IX b Et la famille ? Pas finie De l’état des lieux que dressent les sociologues Claudine Attias-Donfut, Nicole Lapierre et Martine Segalen, il ressort que la fin d’une forme de famille n’est ni celle de ses liens ni celle de son esprit

te sans être évidemment une défen- représentants de la génération Les univers familiaux restent, LE NOUVEL ESPRIT se nostalgique de la famille classi- « pivot » appartenant à des lignées mais autrement, des formations DE FAMILLE que. Bien au contraire, si cette der- sélectionnées. Des éléments de sentimentales. Ils sont encore pro- de Claudine Attias-Donfut, nière disparaît, la parenté et ses généalogie, des fragments de récit pices à la transmission et à la soli- Nicole Lapierre réseaux se renforcent et exercent de vie, des apports de la mémoire darité, certes avec des réticences, et Martine Segalen. un effet de compensation, si l’esprit révélant le travail de la transmission des résistances, des conflits. Dans Ed. Odile Jacob, 280 p., 22 ¤. de famille a pu être autrefois un d’une génération aux autres sont la transmission du patrimoine et moyen du conservatisme, il est ainsi rassemblés. Les résultats de la des objets de famille, l’intérêt e l’effacement de la aujourd’hui accordé à la modernité. double enquête sont ensuite repris, devient cependant moins primor- famille, les uns assurent Il « s’accommode de la célébration interprétés, en replaçant les lignées dial et la représentation de la la célébration – il libère de l’individu et de la promotion de dans leur relation aux environne- famille elle-même « comme bien » D en brisant la clôture fami- l’autonomie… tout en assurant liens ments, aux événements, aux acci- contribue à ce moindre intéresse- liale –, les autres le déplorent – il et continuités ». dents biographiques. On le voit, cet- ment. Les solidarités matérielles ruine les fondations mêmes de tou- C’est le paradoxe apparent de cet- te recherche ne joue en rien sur des s’exercent toujours, mais elles relè- te société. Sur la famille, sur ses te recherche qui recourt à ce qui a effets faciles du genre nouvelle vent plus de la volonté des pour- transformations se reportent nom- été le propre des ethnologues et des famille ou nouvelle vague. Elle dit voyeurs d’aide que de l’astreinte à bre des incertitudes actuelles. Il est historiens de la ruralité : la parenté ce qui importe : la continuité main- une obligation, et les jeunes plus bien vrai que l’histoire de celle-ci et plutôt que la famille-institution, les tenant les liens de famille et la force que les aînés résistent à la « dictatu- celle de la société en son entier sont lignées plutôt que les groupes fami- de l’« esprit » qui les entretient. re de l’altruisme ». La qualité de liées. La recherche historienne et la liaux, les liens entre les personnes et Donc, si les changements conti- l’univers familial s’apprécie selon recherche anthropologique l’ont la mémoire partagée plutôt que les nuels ne conduisent pas à la rupture les accomplissements et les posi- montré : les sociologues ont fait de rapports aux lieux. Tout se passe des liens familiaux, et la revendica- tions sociales dont il assure le servi- la famille et de l’école les instru- comme si le travail d’invention et de tion de l’autonomie à la perte du ce. Il se valorise aussi en tant que ments de la reproduction sociale. construction constante des univers sentiment familial, il n’en résulte lieu de mémoire. Nicole Lapierre a Mais cette continuité est trompeuse consacré des recherches antérieu- si elle reste traitée de façon statique, La famille n’est plus l’enclos du conservatisme et du conformisme res aux manifestations de la la continuité qui se réalise par les qu’elle fut au temps de la famille bourgeoise, en changeant de géomé- mémoire sociale. Ici, ce qui se trou- groupes familiaux n’implique pas trie elle est devenue, selon les trois auteurs « une famille entourage, un ve mis en évidence, c’est à la fois la nécessairement celle de ces groupes “front de parenté”, un “entre-nous” qui enrobe le nous-couple. (...) La demande de la génération jeune, sur une période relativement lon- famille moderne est inscrite sur un socle fondamentalement affectif et provocatrice des remontées de la gue. Ceux-ci sont aujourd’hui, plus revendiqué comme tel ; si on ne dit pas qu’on “s’aime”, on se dit au mémoire, et le recours aux souve- vite que dans le passé, les produits moins “très attaché” ou “très proche” ». nirs, aux figures de la saga familia- d’une création et d’une négociation le, afin de « donner sens à la lignée continues. Le mouvement général familiaux actuels retrouvait les con- pas moins que ces permanences ne au présent ». de l’actuelle modernité s’impose à ditions premières, des conditions se réalisent que dans « un cadre nor- Au terme de l’exploration effec- eux. Tout y contribue : les condi- nécessaires à de nouveaux commen- matif négocié ». D’une négociation tuée conjointement par C. Attias- tions démographiques et économi- cements. La méthode d’enquête qui implique les rapports de sexes et Donfut, N. Lapierre et M. Segalen, ques, la mobilité des personnes et relève à la fois de la sociologie, par de générations autant que les rap- l’esprit de famille n’est plus un les aléas de l’histoire individuelle, la le recours aux données quantitati- ports de couples, et surtout ceux-ci objet sociologique mal identifié. Il « révolution » des mœurs et la nou- ves, et de l’ethnologie, par le rassem- exposés à une croissante vulnérabili- est « le fonds d’idées et de senti- velle économie des passions et, par- blement de données qualitatives. té. L’enquête quantitative dirigée ments, plus ou moins dense, qui pas- dessus tout, la généralisation de l’in- La première a permis de traiter par Claudine Attias-Donfut permet se d’une génération à l’autre et d’où dividualisme. Dans ce grand cham- un échantillon représentatif de de définir les formes de cette négo- procède une nouvelle culture familia- bardement, la famille semblait en familles françaises à trois généra- ciation et les effets opérant au servi- le de solidarité ». Cet esprit souffle voie d’effacement sinon finie. tions, celle en position médiane ce de la continuité. Malgré les rata- sur ce qui n’est pas ruine de la Trois sociologues, Claudine – génération dite « pivot » – est ges de la communication intrafami- famille étendue, pas restes déla- Attias-Donfut, Nicole Lapierre, Mar- née entre 1939 et 1943. Elle est consi- liale, les affrontements engendrés brés des lignées et des générations. tine Segalen, ont associé leurs diffé- dérée comme « pivot » dans le sens par l’appartenance de chaque géné- Il invite à réviser les conceptions rences et lié leurs intérêts scientifi- où elle parvient à maturité peu ration à une culture familiale diffé- trop étroites de la famille, à ne pas ques communs pour proposer une avant le mouvement soixante-hui- rente, malgré les dissensions concer- s’encombrer des formulations idéo- sorte d’« état des lieux » et surtout tard, qui « a fait entrer le vent frais nant à la fois les couples et les géné- logiques qui voudraient la figer. montrer que la fin d’une forme de de la liberté dans les familles ».La rations, la fragmentation des vies et Georges Balandier famille n’est ni celle des liens fami- seconde inspiration méthodolo- la dispersion des lignées, les forces liaux ni celle de l’esprit de famille. gique conduit à la pratique des pro- de maintien dans l’innovation l’em- Nicole Lapierre collabore au Leur démonstration est convaincan- cédés de l’entretien, mené avec des portent. « Monde des livres » Les combats de l’édition De Diderot aux collections bon marché, comment l’édition a changé ses modes de production pour toucher un public plus large

teurs, les passages de ponts et autres vendu meilleur marché. Diderot atta- Duruy et bien sûr Jules Ferry, font LETTRE SUR LE COMMERCE objets relatifs à la police littéraire. que la contrefaçon au nom de la qua- des livres scolaires « les premiers best- DE LIBRAIRIE C’est un texte de circonstance. lité et du risque pris par l’éditeur. sellers de l’histoire mondiale », diffu- de Denis Diderot. L’écrivain, en 1761, met sa plume au L’édition dont parle Diderot n’est sés à plusieurs millions d’exemplai- Ed. Parangon service des libraires qui sont à la fois pas celle d’aujourd’hui, mais il pose res et qui sont souvent les premiers (87, rue de la Verrerie, libraires et éditeurs – et qui sont les questions qui prévalent encore livres à pénétrer dans les foyers. Le 75004 Paris), 94 p., 7,5 ¤. pourtant loin de l’avoir traité royale- pour montrer que le livre n’est pas XIXe est « le siècle des dictionnaires », ment ! – pour défendre ce qu’on un produit comme les autres. Au pas- selon Pierre Larousse qui se lance, LA LECTURE ET SES PUBLICS appellerait aujourd’hui « l’exception sage il montre l’absurdité de la cen- seul ou presque, dans une nouvelle À L’ÉPOQUE aventure de l’Encyclopédie. CONTEMPORAINE Diderot et les marchands d’étoffes Mollier décrit bien l’émergence du Essais d’histoire culturelle « Une bévue que je vois commettre sans cesse à ceux qui se laissent roman-feuilleton, l’influence de l’es- de Jean-Yves Mollier. mener par des maximes générales, c’est d’appliquer les principes sor de la presse et ses répercussions PUF, « Le Nœud gordien », d’une manufacture d’étoffe à l’édition d’un livre. Ils raisonnent com- sur la littérature et l’édition. Sans 186 p., 21 ¤. me si le libraire pouvait ne fabriquer qu’à proportion de son débit et oublier les critiques sur leur indus- qu’il n’eût de risque à courir que la bizarrerie du goût et le caprice de trialisation. Les prix baissent de LE COMBAT la mode ; ils oublient ou ignorent, ce qui pourrait bien être au moins, façon vertigineuse, le tirage s’ac- DU DROIT D’AUTEUR qu’il serait impossible de débiter un ouvrage à un prix raisonnable croît, mais Mollier fait un bilan miti- Textes réunis et présentés sans le tirer à un certain nombre. Ce qui reste d’une étoffe surannée gé de ces expériences qui n’est pas par Jan Baetens. dans les magasins de soierie a quelques valeurs. Ce qui reste d’un mau- sans rappeler les débats sur le livre à Ed. Les Impressions nouvelles vais ouvrage dans un magasin de librairie n’en a nulle. Ajoutez que, de 10 francs. C’est la vertu des analyses (diff. : Alterna, compte fait, sur dix entreprises il y en a une, et c’est beaucoup, qui de Mollier de nous éclairer sur les 5, rue du Maréchal-Leclerc, réussit, quatre dont on recouvre ses frais à la longue, et cinq où l’on mutations du livre aujourd’hui. 28600 Luisant), 192 p., 21,13 ¤. reste en perte. » (Diderot : Lettre sur le commerce de la librairie, 1763.) L’essor économique de l’édition s’est accompagné d’un long combat l n’est pas courant de voir les culturelle » des métiers du livre. Il y a sure : « La proscription, plus elle est pour la reconnaissance du droit grands écrivains se mêler des quelque paradoxe à voir Diderot sévère, plus elle hausse le prix du livre, d’auteur. L’anthologie proposée par conditions, matérielles et com- défendre un « privilège ». Le terme plus elle excite la curiosité de le lire, Jan Beetens montre que, de Voltaire I merciales, de la vie des livres. d’ailleurs le gêne. Le libraire-éditeur plus il est acheté, plus il est lu. » Dide- à Hugo, en passant par Diderot, Le texte de Diderot est un moment devait demander un privilège au roi, rot théorisait le marketing du scan- Beaumarchais, Balzac ou Lamartine, important de l’histoire de l’édition. pour publier un ouvrage dont il dale. ce sont des écrivains qui ont pris la Le titre complet est savoureux : Let- avait acheté le manuscrit. Cela lui C’est au XIXe siècle que l’on passe parole pour faire avancer un dossier tre historique et politique adressée à permettait d’avoir en contrepartie du libraire à l’éditeur. C’est précisé- qui n’est pas resté entre les seules un magistrat sur le commerce de la l’exclusivité sur sa publication. En ment Charles-Joseph Panckoucke, mains des juristes. On peut regretter librairie, son état ancien et actuel, ses fait, sitôt publié, le livre était aussitôt l’éditeur de L’Encyclopédie, qui fait la qu’aujourd’hui, alors que les débats, règlements, ses privilèges, les permis- copié par d’autres libraires et impri- transition entre ces deux figures du avec l’arrivée des nouvelles technolo- sions tacites, les censeurs, les colpor- meurs en province et à l’étranger et métier. L’historien Jean-Yves Mollier gies, semblent de plus en plus techni- propose un nouveau voyage dans ce ques, la voix des écrivains se fasse siècle qui est son terrain privilégié moins entendre. d’investigation historique. La Lectu- Alain Salles re et ses publics est un recueil d’arti- cles parus de 1989 à 2000. Cela pro- e Signalons également : Jean-Yves voque quelques redites, d’un chapi- Mollier a coordonné avec Jacques tre à l’autre, mais cela n’enlève rien à Michon les actes d’un colloque sur la cohérence de l’ensemble. Jean- Les Mutations du livre et de l’édition Yves Mollier montre comment les dans le monde, du XVIIIe siècle à l’an progrès de moyens techniques, en 2000 (L’Harmattan/Presses de l’uni- permettant de plus gros tirages, versité Laval [Canada], 598 p., vont favoriser l’accès des livres à un 44,25 ¤). Jean-Pierre Gérault, avec la plus grand nombre. collaboration d’Alain Pierrot, s’ap- Cette propagation aura trois vec- puie sur l’histoire pour s’interroger teurs : le livre scolaire, les dictionnai- sur l’avenir du livre, dans Le Monde res et encyclopédies, le roman- du livre en question, Au commence- feuilleton et les livres à 4 sous. Les ment était la lettre (Actes Sud, 260 p., réformes successives de Guizot, 19,67 ¤). X / LE MONDE / VENDREDI 1er FÉVRIER 2002 actualités b

L’EDITION FRANÇAISE Jean Mauriac et son « pauvre Malagar » b Le Clézio au Renaudot. J.M.G. Le fils de l’écrivain s’inquiète de la situation du Centre François-Mauriac, où, selon lui, son père serait aujourd’hui un étranger. Le Clézio a été élu membre du jury Renaudot, mercredi 29 janvier, Le directeur du centre rappelle qu’il doit perpétuer le souvenir du romancier et assurer une programmation culturelle de proximité par six voix sur huit. L’écrivain a accepté de rejoindre le jury qui l’a ’est « une terre qui respi- exploitant en bois et en vin – que le chés. L’âme de Malagar s’en est politique des élus pour Malagar, logue rassemblant notamment son rendu célèbre en le couronnant en re », disait Mauriac. A jeune Mauriac passait ses étés, jus- allée. » souligne l’importance de son bud- œuvre journalistique considérable 1963 pour son premier roman, Le Langon, il faut passer la qu’à ce qu’il hérite de la propriété, Cyprès malades pour la moitié get annuel (457 000 ¤). Bernard et l’aménagement du deuxième Procès-Verbal, paru chez Galli- Garonne, traverser les en 1927. Inutile de dire son attache- d’entre eux, peupliers abîmés, serin- Cocula en convient : les cyprès dépé- chai pour étendre les possibilités mard, comme l’essentiel de son Cvignes et, sur la hauteur, dans la ment à ce lieu : du Bloc notes aux gas disparus, vitrines d’exposition rissent à cause de la toxicité des trai- d’accueil de Malagar. œuvre. Le deuxième siège vacant – chaude lumière du Sud-Ouest, on Mémoires, Malagar est partout, aus- surchauffées où « gondolent » les tements de la vigne. Mais il assure Reste à espérer que celui-ci sera après les décès de José Cabanis et l’aperçoit enfin : Malagar. Dans la si cher qu’« une personne » (1). originaux de l’écrivain : pour Jean que la décision a été prise d’acquérir moins froid et conceptuel que le de Jacques Brenner – n’a pû être région, on dit « le château » – au Mauriac, ces maux seraient imputa- la bande de terrain des cyprès (qui « chai du rouge », dont l’architectu- pourvu. Les délibérations ont été sens bordelais de propriété vitico- LES CYPRÈS SE MEURENT bles à la structure même du Centre. ne faisait pas partie de la donation) re intérieure est bien éloignée, en particulièrement tendues au sein le. En réalité, c’est plutôt d’une élé- Or c’est justement la bonne santé Cette association loi de 1901 est cer- et de remplacer les arbres morts. effet, de l’âme des lieux ; que le par- du jury ces dernières années, lors gante demeure bourgeoise qu’il de cet être aimé qui est en cause. tes dirigée par d’éminents mauria- Reste à vaincre les pesanteurs admi- king ne dénaturera en rien ce havre de l’attribution des dernières s’agit. Tout y suggère l’harmonie : Dans une lettre ouverte intitulée ciens, mais, dit-il, ces universitaires nistratives, car la décision d’acquisi- de paix où firent halte tant d’écri- récompenses. Patrick Rambaud et la symétrie des bâtiments, la terras- « Pauvre Malagar », Jean Mauriac, ne sont ni formés ni sensibilisés aux tion date déjà de 1999… vains, d’André Gide à Philippe Sol- Patrick Besson ont obtenu quatre se et son imposant tilleul de Hollan- le fils cadet de l’écrivain, fait part de problèmes de conservation d’un Quant aux animations, M. Cocula lers ; que les cyprès retrouveront voix, mais n’ont pu réunir la majo- de, les charmilles taillées au cor- son inquiétude devant le devenir de patrimoine. « Ce qui [les] intéresse, admet qu’elles ont « une fréquenta- vite leur majesté d’antan… rité des huit suffrages. De son deau, les chais aux tuiles roses, ce lieu de mémoire – qui a fait l’ob- c’est de tenir des colloques », juge tion inégale », mais sont « en aug- En attendant, fait nouveau, un côté, le jury de l’Interallié n’a pas l’étable où trône encore un vieux jet, en 1986, d’une donation par ses Jean Mauriac pour qui les « anima- mentation constante ». Il rappelle Château Malagar, « appellation con- non plus réussi à s’entendre mer- collier de cuir… héritiers, à la région Aquitaine, et tions » de Malagar, trop spéciali- que l’association a certes pour mis- trôlée premières côtes de Bordeaux », credi pour trouver un successeur à Une terre qui respire, oui. Com- est devenu le Centre François-Mau- sées ou trop éloignées de l’univers sion de perpétuer le souvenir de a refait son apparition sur les tables Jean Couvreur. me y respire le souvenir de Fran- riac de Malagar. « Mon père revien- de Mauriac, n’ont rien à voir avec Mauriac, mais aussi de faire vivre de la région. De cela, en tout cas, b Michel Tournier et les droits çois Mauriac. En plissant les yeux, drait aujourd’hui à Malagar qu’il ne l’esprit du lieu. les lieux grâce à une programma- l’auteur de Thérèse Desqueyroux, d’auteur. Dans une lettre à Livres on verrait presque passer l’hôte reconnaîtrait plus le paysage qu’il a Ce jour-là, il flotte une odeur tion culturelle « de proximité ». mort en 1970, se réjouirait probable- Hebdo du 25 janvier, qui prend la des lieux, l’auteur de Genitrix, avec (…) créé de ses propres mains », expli- d’herbe coupée à Malagar. Un archi- C’est pourquoi, à côté d’événe- ment. défense du jury Goncourt attaqué son chapeau à large ruban noir, glis- que Jean Mauriac. Les actuels diri- tecte des bâtiments de France est ments nationaux tels que les « Ven- Florence Noiville par Françoise Nyssen, PDG d’Ac- sant entre les vignes, respirant ses geants du vieux domaine n’ont pas venu étudier la possibilité d’un par- danges de Malagar » – qui auront tes Sud, Michel Tournier en profi- roses – on dit qu’en mai il se faisait rempli ce qui aurait dû être leur pre- king supplémentaire. Une équipe de lieu cette année les 13 et 14 septem- (1) Cet attachement est superbement te dans une note pour critiquer la envoyer par la poste, à Paris, les mière mission : sauvegarder la gloire France 3 est attendue qui viendra bre sur le thème « Mauriac, Montai- décrit dans l’entretien de Jean Mauriac part prélevée par les éditeurs dans premières roses de Malagar – ou de Malagar (…) ». « Rien de ce qui se prendre des images à l’occasion de gne, Montesquieu et l’altruisme » –, avec Eric des Garets, Malagar (éd. les droits annexes (droits audiovi- bien rêvant sur ce banc, devant la fait à Malagar ne correspond aux pro- l’acquisition par la région du chalet l’association a bâti un programme Sables, 1998). Il transparaît aussi suels, droits étrangers, etc.) : plaine de la Garonne. Indissociable fondeurs de ce grand écrivain. Moi, de Saint-Symphorien, autre lieu destiné aux scolaires, ainsi que des dans les souvenirs de Lucienne Sin- « L’usage veut que dans les contrats de Mauriac et de son œuvre, Mala- son dernier fils vivant, je me sens (…) inséparable de Mauriac. « Vous manifestations très diverses (con- zelle, Mon Malagar (Gallimard, français l’éditeur gère également les gar constitue le décor de plusieurs triste à mourir. Je pense que mon voyez, chaque fois qu’il y a un investis- certs, après-midi philosophiques…). « Haute enfance », 2001). droits annexes et se réserve sur eux romans dont La Chair et le Sang ou père est un étranger dans ce Malagar sement à faire, la région suit, remar- Les projets d’avenir ? Une exposi- une part de 50 %. Cette part est exor- Le Nœud de vipères. C’est dans ce où ne règnent plus aujourd’hui que que Bernard Cocula, président du tion pour l’anniversaire du prix e Centre François-Mauriac de Mala- bitante et ne se justifie pas. Les domaine – acquis en 1843 par son les philosophes, les universitaires et Centre François-Mauriac de Mala- Nobel de Mauriac (en 1952), le réta- gar, 33490 Saint-Maixant. Tél : auteurs – et pourquoi pas la Société grand-père, Jacques Mauriac, les administrateurs aux cœurs dessé- gar, qui notant l’intérêt et la volonté blissement du prix Mauriac, un cata- 05-57-98-17-17. des gens de lettres ? – devraient exi- ger des éditeurs qu’ils se contentent de la commission de 10 % des agents littéraires, dont ils jouent le rôle en l’occurrence. » b Bonne fréquentation pour la A L’ETRANGER BNF. Le président de la Bibliothè- Crise au Salon du livre de Bordeaux b que nationale de France (BNF), ÉTATS-UNIS : de la copie comme l’un des beaux-arts Jean-Pierre Angremy, s’est félicité, Olaf Olafsson, vice-président de Time Warner Digital Media, est vendredi 25 janvier, de la hausse uel est l’avenir du Salon du livre de Bor- envoyé à son conseil d’administration sa lettre de aussi romancier. Dans son dernier roman, The Journey Home,ila de la fréquentation de l’établisse- deaux ? Le Hangar 14 où avait lieu la mani- démission. « Quand vous n’avez plus que des ennuis, « rendu hommage » à M.F.K. Fisher, une critique gastronomique, ment. « La BNF accueille un public festation depuis 1999, va-t-il être abandon- qu’il faut négocier avec tout le monde, discuter avec les décédée en 1993 (« Le Monde des livres » du 28 décembre), en nouveau. Le haut-de-jardin, désor- Q né pour d’autres lieux ? Depuis quelques collectivités territoriales [principales pourvoyeuses empruntant des passages de son livre de mémoires, The Gastrono- mais ouvert dès 16 ans, accueille mois, ces questions brûlent les lèvres de financières du Salon] qui ont des exigences accrues et mical Me, publié en 1943, et en oubliant de la citer. Après les accu- quotidiennement entre deux et trois nombreux professionnels du livre de la région Aquitai- des politiques sur le livre différentes, vous vous dites sations de plagiat contre les historiens Stephen Ambrose, Stephen mille lecteurs », a-t-il dit en dres- ne. Ils ont des raisons de s’inquiéter. Première faille : qu’une association bénévole n’est peut-être pas la solu- B. Oates et Dolly Kearns Goodwin, cela ne fait pas très sérieux. sant le bilan de cinq ans de fonc- cinq libraires bordelais, bien implantés dans le paysa- tion », souffle l’écrivain. b Prison pour notes tionnement de la bibliothè- ge culturel et commercial local, n’ont pas participé à Le Salon de Bordeaux n’est pas le seul ni le premier Vanesa Legget a passé cinq mois en prison pour avoir refusé de que.« Le rez-de-jardin est quant à l’édition 2001. Cependant, en collaboration avec les à rencontrer des difficultés mais il semble aujourd’hui communiquer à la police ses notes sur le livre qu’elle est en train lui en progression constante. Avec organisateurs du Salon, ils ont proposé des anima- au pied du mur. Un groupe de travail, composé d’une d’écrire à propos du meurtre, en 1997, de Doris Angleton, l’épouse une moyenne de 1 000 lecteurs par tions, des débats, des rencontres avec des auteurs… quinzaine d’exposants – libraires et éditeurs – réflé- du millionnaire texan Robert Angleton, car, n’étant pas journalis- jour, six jours par semaine, Tolbiac dans leur librairie. Second grincement : dans une let- chissent depuis la fin du mois de décembre, à faire évo- te, elle ne peut prétendre à profiter du premier amendement qui accueille plus de lecteurs que Riche- tre datée du 31 décembre 2001, envoyée au président luer son concept : « Le Salon tel qu’il existe est en crise, autorise la presse à ne pas dévoiler ses sources. L’affaire doit pas- lieu avant 1998. A titre d’exemple, le de l’association du Salon du livre, Denis Mollat, res- affirme Henri Martin, responsable de la librairie bor- ser devant la Cour suprême et son avocat a donc fait appel, espé- rez-de-jardin représente 15 000 car- ponsable de la librairie éponyme – la première librai- delaise La Machine à lire, un des cinq récalcitrants de rant lui éviter un nouveau séjour en prison. tes annuelles de lecteurs, quand rie indépendante de France – annonce son départ de l’édition 2001. « Il y a un phénomène de lassitude et b Prix littéraires Richelieu, avant le déménagement la manifestation. « Pour pallier l’absence des libraires d’usure de la part du public et des professionnels du La romancière, journaliste et traductrice espagnole Julia Escobar a des collections de l’imprimé, plafon- bordelais, nous y avions deux fois plus de surface, beau- livre, et des mutations que l’on n’a pas su anticiper à reçu le prix Stendhal pour sa traduction des poèmes de Henri nait à 8 000 cartes », a-t-il ajouté. coup plus d’éditeurs, nos coûts ont donc augmenté mais temps. » Une grande Fête du livre organisée dans les Michaux Face aux verrous (Frente de los cerrojos), pour lesquels elle b Philippe Djian au jury du notre activité n’a pas évolué dans les mêmes propor- rues du centre-ville pourrait voir le jour. Un comité de avait déjà obtenu le Prix du Collège international des traducteurs Livre Inter. Philippe Djian prési- tions », lâche le PDG. Dans cette affaire, il aurait per- pilotage doit être mis en place mi-février. Les politi- d’Arles et été finaliste du Prix national de traduction du ministère dera le jury du Livre Inter 2002, qui du 13 000 euros. L’argument financier est un prétexte, ques ne se sont pas encore prononcés et, là encore, espagnol de l’éducation et de la culture. L’écrivain français Claude sera composé de douze auditrices pensent certains car Denis Mollat, malgré sa présence émergent de nouvelles questions : « Cette évolution Vigrée recevra le 15 février prochain le prix allemand Wuerth pour et douze auditeurs de France- chaque année, a plus souvent été contempteur que nécessaire doit être approfondie, acceptée et partagée la littérature européenne. Créé en 1998 et attribué tous les deux Inter. Le prix, créé en 1975 par défenseur de la manifestation. par tous, explique Dominique Ducassou, adjoint au ans, ce prix a déjà récompensé l’écrivain allemand Hermann Lenz Paul-Louis Mignon, sera décerné C’est Jean-Marie Planes, président, depuis quin- maire de Bordeaux, chargé de la culture, mais est-ce (1998) et l’écrivain italien Claudio Magris (2000). Astrid Lindgren, le 3 juin. ze ans, de l’association organisatrice du Salon, qui a réalisable pour l’automne 2002 ? » la créatrice suédoise de l’espiègle Fifi Brindacier, décédée le 28 jan- b PRIX : Le prix des Deux- sonné l’hallali : à la surprise générale, le 21 janvier, il a Claudia Courtois vier (Le Monde du 30 janvier), a été proposée pour le prix Nobel de Magots (7622 ¤) a été attribué à la paix à titre posthume, ce qui ne s’est encore jamais fait. Jean-Luc Coatalem pour Je suis dans les mers du Sud (Grasset). Le prix Hugues-Capet a récompensé Jean Favier pour Louis XI (Fayard). salle Médicis ; rens. auprès de l’as- b DU 4 AU 12 FÉVRIER. CINÉ- Le prix RFI-Témoin du Monde, AGENDA sociation 01-46-70-00-95). MA. A Bordeaux, le centre Jean- d’un montant de 3811 ¤, a couron- b LE 1er FÉVRIER. WOOLF-JOY- Vigo propose un cycle de films né Gillian Slovo pour Poussière rou- b LE 1er FÉVRIER. HUGO. A CE. A Paris, se tient un colloque autour du thème « Les écrivains ge (Christian Bourgois). Le profes- Paris, l’association Cuba Coopéra- sur le thème « Virginia Woolf, font leur cinéma, le temps des phi- seur David Baguley s’est vu décer- tion organise un colloque sur le James Joyce : actualités du moder- losophes » avec des débats-ren- ner le prix RH Gapper de la thème « Victor Hugo et Cuba » nisme » avec, entre autres, Catheri- contres avec le public (à 20 h 15, Society for French Studies pour avec Paul Estrade, Jacques Seeba- ne Bernard et Régis Salado (à Cinéma Jean-Vigo ; rens. : Napoléon III and his Regime : An cher, Eusébio Leal et Carmen Sua- 9 h 30, université Paris-VII - Denis- 05-56-44-35-17 ou www.jeanvi- extravanganza (Baton Rouge, Loui- rez Leon (à 8 h 45, palais du Luxem- Diderot, campus de Jussieu, go.com). siana State University Press). bourg, 15, rue Vaugirard, 75006, amphi 24). b LE 6 FÉVRIER. SIMEONE. A b LE 2 FÉVRIER. GARY. A Paris, Lyon, la Bibliothèque de la Part- la direction générale de la coopéra- Dieu rend hommage au poète et tion internationale et du dévelop- romancier Bernard Simeone où pement, division du livre et de viendront témoigner, entre autres, l’écrit organise un colloque sur Philippe Jaccottet, Mario Fusco et Romain Gary où interviendront Jacqueline Risset (à 18 h 30, Erik Orsenna, Myriam Anissimov, 30, bd Vivier-Merle, 69003 ; entrée (à 9 heures, palais des affaires libre ; rens. : 04-78-62-18-00). étrangères, 37, quai d’Orsay, b LE 6 FÉVRIER. PRESSE 75007 ; rens. : 01-43-17-89-88 ou ENFANTINE. A Paris, la biblio- [email protected]. thèque L’Heure joyeuse et CNRS b LE 2 FÉVRIER. DEBRAY. A Editions proposent une rencontre- Annecy, dans le cadre du cycle débat avec Thierry Crépin autour « L’usage du monde », Régis du thème « Une culture juvénile Debray interviendra sur le thème sous surveillance : la presse enfan- « La médiologie et le sacré » (à tine, années 1930 – années 1950 » 20 h 30, au théâtre) et le 6 février, pour la parution de son ouvrage Michel Serres viendra débattre sur Haro sur le gangster. La moralisa- « L’aventure du vivant » (à tion de la presse enfantine 20 h 30, petite salle, Bonlieu scène 1934-1954 (à 17 heures, 6, rue des nationale, 1, rue Jean-Jaurès, Prêtres-Saint-Séverin, 75005 ; 74000 ; entrée 5,34 ¤, réservations : rens. : 01-43-25-83-24 ou 04-50-33-44-11). [email protected]). b LES 2 ET 3 FÉVRIER. AMNES- b LE 7 FÉVRIER. MILLÁS. A TY. A Rennes, se tient la 2e édition Paris, les éditions du Hasard et des Plumes rebelles d’Amnesty l’Institut Cervantès organisent International qui se consacre à la une rencontre avec Juan José littérature de réflexion et de con- Millás pour la parution de son testation, avec des rencontres- roman L’Ordre alphabétique,en débats et un café littéraire (à présence de Jacques Nassif son 18 h 30 le 2, 11 heures le 3 ; Halle traducteur (à 19 h 30, auditorium Martenot, place des Lices, 35000 ; de l’Institut Cervantès, 7, rue entrée 3 ¤ ou 1,5 ¤ ; rens. : Quentin-Bauchart, 75008 ; rens. : www.plumesrebelles.org). 01-40-70-92-92).