DES LIVRES

VENDREDI 12 JANVIER 2001

YASMINA KHADRA MICHEL WINOCK En exclusivité pour « Le Monde La chronique de Roger-Pol Droit des livres », l’écrivain algérien révèle page VI sa véritable identité et les raisons qui l’ont amené ALFREDO BRYCE-ECHENIQUE à se cacher sous Le feuilleton de Pierre Lepape ARMISTEAD MAUPIN JARED DIAMOND un pseudonyme page II page III page VII a page V Christian Oster, Christian Oster en rieur ému intrigue, paysages. Il a horreur du mot, ou encore le mot de la d’émotion sans doute. Un peu ricaner des facéties mentales du flou et du vague. Le concret, le pro- fin – jamais on ne le trouve. Ce qui Sans se départir d’amour, si on veut, on ne va pas com- narrateur. Vue d’un certain point saïque, au contraire, ne lui font pas n’enlève rien au désir puissant de le mencer à se battre sur les mots, de vue, la loufoquerie est une chose peur. La vulgarité n’est pas son fort, chercher toujours. D’où malaise et de l’humour singulier, d’amour à donner ou à prendre, en sérieuse, surtout si l’on y met, mais pas davantage les déborde- trouble divers. D’où angoisse et rire attendant mieux, mais pas grand- comme Oster, un accent de gravité. ments sentimentaux. Chez lui, cha- mêlés. doucement pathétique, chose, non. » Un jour, au motif de Construit dans « cet état d’urgence que image est calculée, d’ailleurs il y Incontestablement, Christian ses propres déboires sentimentaux, où tous les contraires chaotiquement our évoquer un chagrin en a peu. La moindre perspective est Oster est l’un des grands maîtres par lequel Laura s’installe chez son employeur. s’épousent »,leroman,lui,nese d’amour, nombreux sont les écri- soigneusement balisée, reconnue. actuels de l’humour. Un humour qui il fait passer Et bientôt dans son lit. Rien de fréné- perd nullement dans les brumes de Pvains qui prennent leur envol : le L’imprécision est sa bête noire ; elle n’est ni noir ni d’une autre couleur, tique. Prudence : le cœur de Jacques mer et le sable de la plage qui for- lyrisme est aussi vaste que le ciel, et est aussi celle de ses narrateurs. mais plutôt du genre impassible et saigne encore. Ce qui pourrait n’être ment son dernier paysage. La vieille les plaintifs se croient souvent poè- Avant de prendre son envol – car, pathétique. L’arbre généalogique le langage, qu’une passade prend soudain tout rengaine des amours déçues ou tes. Ils répugnent à visiter et à décri- l’air de rien, Oster le prend finale- dont il descend avec une singulière le poids du bonheur recherché. impossibles et l’émotion qui accom- re le plat pays d’une réalité trop pro- ment, le moment venu –, il se saisit souplesse comporte de nombreuses l’écrivain entrouvre « C’était désespérant parce que je ne pagne le déraisonnable besoin saïque. Alors, forcément, la chose branches ; sur la plus m’étais jamais senti aussi bien et en d’être heureux ne jurent pas, ne amoureuse n’est jamais limitée à elle- proche, se tient Robert la porte de l’émotion même temps c’était comme si je cou- font pas tâche dans ce récit très même. Les images abondent, les Patrick Kéchichian Pinget – un classique. Il lais. Que je me laissais faire. Que je fer- contemporain. Une harmonie qui perspectives se multiplient, l’éthéré y aurait d’ailleurs toute amoureuse mais les yeux. » rend la lecture d’Oster recomman- pactise avec le grossier. Le chagrin de ce thème amoureux, le tourne et une étude à écrire sur la méthode Oster raconte, décrit magnifique- dable, aisée, neuve, heureuse en contamine le monde, que l’on ne le retourne, l’observe, l’étale, le dissè- dont use l’auteur de Loin d’Odile (2), la situation se met en place. L’intri- ment ces instants : « On s’est regar- somme. « Eh oui, rien n’est jamais regarde plus de la même manière ; il que. sur les moyens qu’il se donne et les gue est conçue pour être tout à la dés en mangeant, Laura et moi, avec complètement neuf, c’est comme les modifie les sentiments, bien sûr, Son instrument de travail, son pos- fins qu’il vise. Contentons-nous de fois banale, passablement hiérati- des retenues de sourires, on n’avait mots, les choses reviennent, elles sont mais aussi les pensées, les habitudes, te d’observation, c’est le langage, souligner combien cet humour est, que et… intrigante. Ici, le narra- presque rien à se dire, à ce stade-là, neuves quand même. C’est quand Bryce-Echenique, la psychologie, qui, toutes, inclinent dont il expérimente, depuis une bon- comme celui de mais teur – dont nous n’apprendrons juste à se sentir, elle et moi, à se tenir à même toujours neuf, l’amour. » alors à la catastrophe générale. ne dizaine d’années (1), les ressour- selon une autre modalité et dans un qu’à la moitié du livre, et pas à n’im- bout de regard, oui, comme deux qui Christian Oster, lui, veut plier le ces et les limites. Sa conviction est autre but, de A jusqu’à Z, porte quel moment de la narration, ne voudraient plus se perdre, mainte- (1) Depuis Volley-ball (1989) jusqu’à lyrisme, cette donnée commune, à élémentaire : tout est affaire de conscience, intelligence du langage. qu’il se nomme Jacques –, récem- nant qu’ils ont trouvé comment faire, Mon grand appartement (prix Médicis, de plus étroites exigences. D’abord, mots, y compris la vérité ; simple- Il y a deux moments, deux stades ment plaqué par Constance, décide pour être proches. » Ils se perdront 1999, voir « Le Monde des livres » du il est romancier, c’est-à-dire bâtis- ment, le mot juste – celui qu’on intimement liés mais distincts, dans de prendre une femme de ménage : cependant. Et la dernière réplique 3 septembre 1999), tous chez Minuit. seur d’histoires, avec personnages, appelle aussi le bon ou le dernier l’humour d’Oster. D’abord, celui où « J’avais attendu six mois. Six mois du livre, longtemps préparée, réson- (2) « Le Monde des livres » du sans ménage, six mois sans Constance. nera comme une fatale sentence aux 20 février 1998. Vient d’être repris, sui- Une femme qui m’avait occupé l’es- oreilles du héros, ce sombre quin- vi d’une étude de Jean-Claude Lebrun, prit et le cœur, sans cesse, et qu’il me quagénaire. dans la collection « Double », en suffisait de voir ou d’évoquer pour me L’émotion que Christian Oster insi- poche, aux mêmes Editions de Minuit dire que la vie avait une forme. D’où nue au cœur même de son humour (144 p., 34 F [5,18 ¤]). l’inutilité de ranger, désormais, chez est d’autant plus poignante qu’on ne moi. De maintenir l’ordre. De passer l’attend pas, qu’elle monte sans que UNE FEMME DE MÉNAGE l’aspirateur. » l’on y prenne garde, pour nous sur- de Christian Oster. Le narrateur donc, dans une volon- prendre en train de sourire ou de Minuit, 238 p., 95 F (14,48 ¤). té de sursaut hors de la dépression postsentimentale, s’attache les servi- ces de la jeune Laura. «…Jemesen- tais peu à peu rentrer dans la norme, voire dans l’élite. Pas de problèmes, une désespérance en fin de course, un métier, une femme de ménage, il ne me manquait plus que le bonheur. Mais j’avais le temps, je n’entrais que dans ma cinquantième année. » Tout Yasmina Khadra, ne va pas si bien cependant. Une fou- le de désagréments et de ques- tions – principalement attachées à l’usage, ou au non-usage, par Laura, d’un aspirateur, et à la coiffure de cette dernière, qui travaille bigre- ment son employeur – surgissent. Et si au moins l’envahissement de l’ex- istence par les détails pouvait faire oublier ce qui, à cette existence, man- quait encore… Par ce mot, « bonheur », nous entrons dans le deuxième stade du comique ostérien (il est temps d’in- venter l’adjectif), celui au cours duquel il se transforme, devient, sans rien perdre de ses droits, douce- ment pathétique. C’est sans doute là qu’Une femme de ménage marque une sorte d’évolution dans l’œuvre de Christian Oster. Avec ce roman, l’écrivain s’aventure heureusement vers des zones et dans des paysages à la lisière desquels, jusqu’à présent, il demeurait. En fait, cette transfor- mation a lieu dans le récit qui nous Jared Diamond est proposé, et, à l’intérieur de ce récit, dans la conscience et le désir du narrateur. Jacques est un modeste : « J’étais frileux, comme homme. A part l’amour, je ne valais pas grand-chose. A part aller vers l’amour, j’entends. Je ne parle pas de succès, pitié. » Il n’a pas la folie des grandeurs : « Non, ce n’était pas grand-chose. (…) Un peu J.-P. FAVREAU POUR « LE MONDE » www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17408 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE VENDREDI 12 JANVIER 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Sang contaminé : le troisième procès Balkans : enquête sur un trop long silence b Les états-majors européens étaient parfaitement avertis des dangers des armes à uranium est encore retardé appauvri b L’armée américaine n’avait pas caché leur emploi dans le Golfe, en Bosnie, au Kosovo par des vices et en Serbie b La France lance un programme de dépistage pour tous ses soldats des Balkans LES ARMÉES EUROPÉENNES et arme provoque des dommages de procédure les responsables politiques savaient radiologiques aux poumons et au que les Etats-Unis avaient utilisé système digestif ainsi que des dom- LE PROCÈS du volet non ministé- des armes contenant de l’uranium mages chimiques aux reins. Tout riel de l’affaire du sang contaminé appauvri pendant la guerre du Gol- cela était connu des autorités occi- AFP aura-t-il lieu ? Ce dossier vient de fe (1991), en Bosnie (1994-1995) et dentales. Mais il est vrai que le Pen- subir un nouveau retard avec l’annu- au Kosovo (1999). Elles le savaient tagone a montré fort peu d’empres- MUNICIPALES lation partielle de la procédure déci- d’autant mieux que certaines d’en- sement à étudier les conséquences dée, mercredi 10 janvier, par la tre elles – France, Grande-Breta- sur la santé de l’utilisation de ces chambre d’instruction de la cour gne, Portugal – possèdent ce type armements. Séguin d’appel de . Ses magistrats de matériel, obus ou roquettes, utili- En France, six cas de soldats reprochent à la juge Marie-Odile sé contre les chars. Elles connais- ayant participé aux opérations mili- Bertella-Geffroy, chargée de l’affai- saient aussi les dangers potentiels taires dans les Balkans sont aujour- en panne re depuis sept ans, d’avoir méconnu que présentent ces munitions pour d’hui répertoriés. Comme d’autres les droits de la défense en requali- les militaires qui les manipulent et pays, la France s’apprête à mettre Après deux sondages donnant la gau- fiant les faits d’« empoisonnement » pour les civils qui habitent près des en œuvre un programme de sur- che gagnante à Paris aux élections en « homicide involontaire » sans zones d’impact. veillance médicale des soldats ayant municipales, la droite s’inquiète et se avoir réentendu les personnes L’armée américaine a admis en séjourné dans les Balkans. Mercredi demande si elle a fait le bon choix en mises en examen. « C’est une défaite juillet 1993 qu’elle les avait utilisées 10 janvier, et Lionel intronisant Philippe Séguin comme son générale de la justice », estime l’avo- contre l’Irak. Puis le Congrès améri- Jospin ont indiqué qu’ils facili- cat d’une des personnes mises en cain s’est intéressé aux décès qui teraient toutes les enquêtes natio- chef de file dans la capitale. La straté- cause. L’Association française des pouvaient survenir, des années plus nales et internationales. Alain gie dangereuse adoptée dans le transfusés dénonce un « déni de jus- tard, dans les rangs des anciens Richard, ministre de la défense, a 18e arrondissement, la mise à l’écart tice ». Le troisième procès du sang du Golfe. Les alliés des Etats-Unis indiqué que la France n’utilise pas de Jacques Toubon dans le 13e,un pourrait avoir lieu, au mieux, cou- ont eu accès à ces études. La Rand ses armes contenant de l’uranium début de campagne terne amènent cer- rant 2002, si Mme Bertella-Geffroy Corporation, organisme américain appauvri, mais qu’elle est hostile à renvoie l’affaire en correctionnelle. expert dans la recherche stratégi- un moratoire sur leur emploi. tains à préconiser un changement de que au profit du Pentagone, a souli- stratégie voire un cessez-le-feu avec Lire page 9 gné, au printemps 2000, que cette Lire pages 2 et 3 Jean Tiberi. p. 6 Téléphone : méfiance « L’île de la tentation » brise les cœurs pour le plaisir des téléspectateurs américains quels seront déchirés ? Qui rentrera seul ? » La le concept de « L’île de la tentation » a soulevé des investisseurs de notre correspondante suite au prochain épisode. un concert de protestations. Un rabbin de Dallas, Ça commence comme le paradis, mais cela Très attendu, le premier épisode de cette nou- Kenneth Roseman, s’est scandalisé que dans un LA DETTE des opérateurs de devient vite l’enfer. Une île divine au large de Be- velle série a été diffusé mercredi soir 10 janvier. pays où le taux de divorce avoisine les 50 %, «on a télécommunications inquiè- lize, le sable blanc, le lagon turquoise, des bunga- On y voit les quatre jeunes couples se préparer puisse s’amuser d’une émission dont le principe est te les marchés financiers. Acquisi- lows au bord de l’eau… et une trentaine de au départ pour Belize, expliquer leurs motiva- de voir jusqu’où on peut aller pour briser une rela- tions, développement internatio- « beautiful people », hommes et femmes de vingt tions – « il m’a trompée une fois, je veux tester la tion ». Fox a beau souligner que l’institution du AFP nal et nouvelles technologies à trente ans, rivalisant d’abdomens plats, de force de son engagement » –, exprimer leurs pre- mariage n’est pas menacée puisque les partici- CLIMAT pèsent sur leurs comptes. La mise dents éclatantes et de cuisses effilées. mières appréhensions en arrivant, glousser à la pants ne sont jamais mariés, plusieurs critiques en place de la troisième généra- Dans la précédente génération des reality vue du cortège de nymphettes et d’apollons qui ont rappelé que la chaîne s’était engagée, il y a tion de téléphone mobile (UMTS) shows, ils auraient dû faire cuire des rats au bar- paradent devant eux au bord de la piscine puis un an, à ne plus produire ce type de jeux après le Chaud et froid – qui devrait coûter 340 milliards becue, écarteler des fourmis ou construire un perdre de leur superbe lorsqu’il faut se séparer fiasco de « Qui veut épouser un millionnaire ? », d’euros à l’échelle européenne –, radeau avec des brins de paille. Mais la concur- pendant deux semaines. Les quatre jeunes fem- lorsqu’un pseudo-millionnaire avait choisi une sur la planète renforce les craintes. Pour réduire rence est dure sur le front du voyeurisme télévi- mes vont en effet rester d’un côté de l’île avec jeune femme parmi 50 candidates en robe de Si les experts s’accordent sur la réalité leur endettement, les groupes sé et il a fallu trouver autre chose : cela a donné douze apollons, leurs quatre compagnons par- mariée et l’avait aussitôt épousée ; quelques du réchauffement de la planète, les cèdent des activités non stratégi- « Temptation Island » (« L’île de la tenta- tant de l’autre côté où les attendent douze jours plus tard, celle-ci demandait l’annulation effets de ce phénomène sur le climat ques et introduisent en Bourse cer- tion »), sur la chaîne de télévision Fox, proprié- nymphettes. Le premier épisode est terminé, du mariage (non consommé) après avoir appris taines de leurs sociétés. Ainsi Fran- té de l’empire Murdoch, et cela consiste à une bande-annonce laisse entrevoir les drames que son tout nouveau mari avait eu maille à par- restent controversés. Une des clés pour ce Télécom prépare-t-il pour mettre pendant deux semaines sur cette île qua- des épisodes suivants, lorsque, au bout de quel- tir avec la justice pour violence conjugale. Mais comprendre est l’étude des fleuves mi-février la cotation d’Orange, sa tre couples engagés dans une relation durable ques jours, l’animateur montre à certains partici- depuis, ont riposté les dirigeants de Fox, il y a eu géants, d’eau froide ou chaude, qui fililale de téléphonie mobile. Une mais non mariés et sans enfants aux prises avec pants les images vidéo de leurs compagnes l’immense succès du reality show « Survivor » sillonnent les mers du globe. Notre opération délicate compte-tenu deux douzaines de créatures de rêve, célibatai- s’ébattant avec leurs rivaux. « Ils pensaient que sur CBS, « et les limites de l’acceptable ont été de enquête réalisée en collaboration avec du contexte boursier. res des deux sexes prêts à tout pour les faire c’était un jeu. Ils ignoraient jusqu’où cela pouvait nouveau repoussées ». succomber dès que leur partenaire aura le dos aller », promet une voix off. les rédactions d’El Pais et de la revue Lire page 16 tourné. « Quels couples resteront ensemble ? Les- Avant même la diffusion du premier épisode, Sylvie Kauffmann scientifique Nature. p. 23 A la tête POINT DE VUE du Français Crédit d’impôt : pas de timidité, camarades ! par Michel Rocard

MIC ou crédit d’impôt ? Il ciable à l’emploi, les problèmes de paraît que nous vivrions un constitutionnalité non seulement ne DANIEL MAJA psychodrame… Quelques m’avaient pas échappé, mais nous Sremarques me paraissent avaient beaucoup occupés. L’égalité CHIRURGIE ESTHÉTIQUE s’imposer. devant l’impôt est une exigence MARCEL BOZONNET 1. Ce n’est pas favoriser la démo- absolue dont les implications techni- cratie ni la réflexion bien nécessaire ques sont complexes. Si l’on veut un Lifting LA COMÉDIE-FRANÇAISE a de l’opinion que de présenter une jour – et je crois que ce serait un nouvel administrateur général, discussion ou même un désaccord bon – simplifier tout le système en au masculin Marcel Bozonnet, qui succède à comme une crise. Le choix n’est pas faisant de la CSG le socle de l’impôt Liposuccion ou lifting, les hommes ne Jean-Pierre Miquel. Pensionnaire simple, il est utile qu’il soit réfléchi général sur le revenu, auquel s’ajou- puis sociétaire du Théâtre-Fran- et approfondi. Préférerait-on que terait l’actuel impôt sur le revenu répugnent plus à s’adresser aux chirur- çais, il a effectué un parcours artis- les oukases tombent, dès l’ouver- comme complément progressif – ce giens pour corriger les ravages du tique proche du sans-faute. ture de tout débat, de la bouche qui, au passage, permettrait de bais- temps, mais ils n’aiment pas trop en par- auguste du premier ministre et que ser un peu le poids de l’ensemble –, ler. Dans le même temps sont apparus Lire page 28 personne ne discute ? Qu’est-ce que alors il faut préserver la proportion- des lignes de produits de beauté et des c’est que cette vision de la démo- nalité constante, l’absence de déro- et notre éditorial page 15 magazines calqués sur leurs homologues cratie ? gations et la non-déductibilité. On a Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, 2. Que l’on me pardonne : dans le tenté de rompre avec cette perspecti- féminins. Entre tyrannie du look et légiti- 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; présent débat, je prétends tirer quel- ve d’avenir, mais la décision du Con- me souci du corps, à vos miroirs ! p. 25 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- que autorité de mon silence disci- seil constitutionnel devenait prévisi- gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; pliné et attristé lorsque le gouverne- ble, sinon inévitable. Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; International...... 2 Tableau de bord ...... 20 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; ment, il y a quelques mois, a eu la Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 6 Aujourd’hui ...... 23 mauvaise idée de mettre en cause Lire la suite page 14 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société...... 9 Météorologie-Jeux...... 26 l’homogénéité et la cohérence de et nos informations pages 32 Régions ...... 11 Culture ...... 27 la contribution sociale généralisée Carnet...... 12 Guide culturel ...... 29 (CSG). Horizons ...... 13 Kiosque ...... 30 Lorsque nous avons créé cet ancien pre- Michel Rocard, Entreprises...... 16 Abonnements ...... 30 impôt pour rendre le financement mier ministre, est député au Parle- Communication...... 19 Radio-Télévision ...... 31 de la Sécurité sociale moins préjudi- ment européen. LeMonde Job: WMQ1201--0002-0 WAS LMQ1201-2 Op.: XX Rev.: 11-01-01 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0169 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001

ARMEMENTS L’OTAN a rejeté contamination radioactive, à la suite puis plusieurs années de la nature ce matériau lors de la guerre du Jospin et le ministre de la défense mercredi 10 janvier l’idée d’un mora- des cas de leucémie déclarés sur des radioactive de ce matériau utilisé Golfe et continue de l’être dans les Alain Richard, ont exprimé leur vo- toire sur les munitions à uranium militaires ayant participé à des opé- dans l’industrie de l’armement aux opérations qu’y mènent les forces lonté que les enquêtes menées sur appauvri, destiné à permettre d’en rations dans les Balkans. b LES Etats-Unis puis en Europe. b L’IRAK aériennes américaines et britan- les risques de contamination soient étudier les risques éventuels de ÉTATS-MAJORS étaient informés de- a été le premier terrain d’usage de niques. b JACQUES CHIRAC, Lionel menées dans la transparence. Uranium appauvri : ce que les états-majors de l’OTAN savaient Les munitions fabriquées avec ce matériau sont utilisées depuis la guerre du Golfe, en dépit des probabilités de contamination radioactive pouvant affecter les militaires et les populations civiles. L’OTAN refuse le principe d’un moratoire sur ces armes SOUS LA PRESSION des Etats- l’ONU ou de l’OTAN, seraient mal En Bosnie mais surtout au Koso- « Force alliée », ne peuvent pas au- Etats-Unis ont pu constater une populations, sur place, la toxicité Unis mais avec le consentement ta- venues de plaider après-coup vo, les obus UA ont été principale- jourd’hui faire comme si la nature telle inconscience chez nombre de de ces armes, si faible soit-elle à en cite de certains des Etats euro- qu’elles ignoraient tout. Elles ment tirés par des avions A 10 du travail confié aux A 10 leur avait leurs GI. Au point que, en 1996- croire leurs promoteurs, est une péens qui en possèdent, l’OTAN a connaissaient les caractéristiques américains. Après la signature échappé, même si bien des mis- 1997, un programme d’instruction dangereuse réalité. refusé de bannir momentanément et les performances des équipe- entre l’OTAN et les chefs militaires sions des forces américaines, en a été conçu, par la direction de la Il ne suffit pas, en effet, comme les munitions à uranium appauvri ments déployés par les Etats-Unis. serbes de l’accord dit de Kumano- marge de l’OTAN, ont été sous- doctrine et de l’entraînement (le vient de le recommander le général (UA) de son arsenal antichar. Pour D’autant que certains de ces vo, qui mit fin aux hostilités le traites à leur contrôle. Maneuver Support Center, à Fort Wesley Clark, qui a dirigé « Force al- deux raisons. La première est qu’il mêmes alliés, à commencer par la 9 juin 1999, sont notamment appa- Une décennie après leur appari- Leonard Wood), pour sensibiliser liée » du temps où il était comman- n’est pas prouvé, à ce jour, qu’il y Grande-Bretagne, la France ou le rus au Kosovo des blindés améri- tion, le danger majeur de ces les troupes aux effets des UA sur dant suprême des forces alliées en ait un lien entre ces armes et les Portugal, pour s’en tenir à ces cains Abrams et Bradley, des chars armes vient du fait que, pour leur santé. Des revues spécialisées, Europe, de porter un masque en per- maux dont se plaignent des soldats quelques pays de l’OTAN, se sont Leclerc français et des chars Chal- nombre des soldats engagés de Army Chemical Review et Armor manence pour éviter d’inhaler des ayant servi dans le Golfe, puis dans entre-temps lancés dans des pro- Magazine, proches de la hiérarchie résidus UA en suspension dans l’air, les Balkans. La seconde raison est ductions similaires et que, sous des américaine, admettent que l’ura- ou encore de rappeler aux soldats qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, vocables différents, ces armes-là Les essais devraient continuer à Bourges nium appauvri induit une toxicité qu’il est interdit – sauf sur un ordre de munitions censées être aussi ef- sont devenues monnaie courante. chimique non négligeable si on spécifique – de recueillir des débris ficaces contre tous les blindages L’ingénieur en chef de l’armement, Alain Picq, directeur de l’éta- manipule, sans masque ni autre d’obus sur le champ de bataille. Le connus. En donnant le ton à ANCIENS DU GOLFE blissement technique de Bourges (Cher), a reconnu, mercredi 10 jan- protection, des débris de muni- général Clark voudrait-il libérer sa l’OTAN, les Etats-Unis adoptent Les munitions UA sont, en réali- vier, avoir fait tester, depuis dix ans, 1 400 à 1 500 obus à uranium ap- tions UA, une fois ramassés sur le conscience qu’il ne s’y serait pas pris une attitude comparable à celle té, un secret de Polichinelle. Dès pauvri sur le polygone de tir d’une superficie de plus de terrain, ou si un véhicule est tou- autrement, oublieux du sort des po- qu’ils ont eue pour les mines anti- juillet 1993, l’armée américaine, à 10 000 hectares à quelque 30 kilomètres au sud-est de la ville. Ce site ché, voire perforé. Auquel cas, est- pulations. Car les UA ne distinguent personnel, quand ils se sont réser- partir d’une investigation sur les expérimente des obus de 105 (pour le char AMX-30B2), de 120 (pour il souligné dans une note de la pas entre combattants et civils. Ne vé, face au traité international qui « tirs fratricides » qui résultent le Leclerc) et de 140 (pour l’artillerie), avec ou sans flèche renforcée Rand Corporation, un organisme devraient-elles pas plutôt entrer dans tend à prohiber désormais de telles d’erreurs sur l’identité de la cible, a par de l’uranium appauvri. « Il y aura d’autres tirs, sauf décision poli- expert dans la recherche straté- la catégorie des armes relevant du armes dans le monde, la faculté admis que la neutralisation de cer- tique contraire », a précisé M. Picq qui a détaillé les précautions gique, cette arme cause des dom- protocole 3 de la convention de Ge- d’en conserver pour protéger leurs tains objectifs avait été le fait de prises pour ces essais. Il a affirmé que les personnels (huit spécia- mages radiologiques aux poumons nève en octobre 1980 ? Ce texte in- GI’s à l’étranger. munitions UA utilisées par ses listes et quelques occasionnels) subissaient régulièrement des exa- ou au système digestif et des dom- terdit tout ce qui « produit des effets Dans le Golfe comme dans les chars Abrams, ses blindés Bradley mens médicaux, qui n’ont jamais rien révèlé d’anormal, et que les mages chimiques aux reins. traumatiques excessifs et frappe sans Balkans, les Américains ont mis du ou par des avions d’attaque au sol tests pratiqués sur l’environnement ne montrent aucun niveau éle- discrimination ». Il limite l’emploi des temps à reconnaître l’utilisation de A 10. Cette analyse a inspiré le Bu- vé de radioactivité. Le ministère de la défense fera procéder à de TOXICITÉ RÉSIDUELLE armes incendiaires, sous la réserve munitions UA par leurs troupes. reau d’évaluation technologique nouveaux contrôles. – (AFP.) Depuis, des mesures de protec- que la cible militaire visée doit être L’emploi de ces armes durant du Congrès dans ses réflexions sur tion élémentaires ont été définies nettement à l’écart d’une concentra- l’opération « Tempête du désert », les décès qui pourraient continuer et des informations échangées tion de civils. dans le Golfe, en 1991, a été une d’advenir, des années après, dans lenger britanniques qui peuvent part et d’autre et, à plus forte rai- entre états-majors concernés, de Avec les UA, la difficulté tient au première. Il a pu surprendre les al- les rangs des « anciens » du Golfe, emporter de telles munitions. son, pour les populations locales, part et d’autre de l’Atlantique, sur fait que, pour le moment, plusieurs liés de Washington. Dans les Bal- et les alliés des Etats-Unis y ont eu Il faudra attendre juillet 1999, nul n’est, au départ, véritablement ce que les soldats devraient savoir pays et non des moindres – dont la kans, d’abord en Bosnie, en 1994- accès. En 1999, un prêtre, Jean-Ma- soit cinq semaines après la fin des conscient des risques encourus en matière de toxicité résiduelle. France qui a pourtant joué un rôle 1995, et surtout au Kosovo, en rie Benjamin (lire ci-dessous), puis raids aériens contre la Serbie et le suite à une exposition à des résidus Mais il y a loin de la coupe aux majeur lors de la rédaction du traité 1999, lors de la campagne aérienne une journaliste, Christine Abdel- Kosovo, pour que Washington UA trouvés, voire manipulés sur le lèvres. Entre l’effort de pédagogie prohibant les mines antipersonnel – « Force alliée », c’est une tout krim-Delanne, début 2001, ont pu mette ses alliés en garde contre les champ de bataille ou ailleurs, ou mené auprès des troupes, à condi- n’ont pas formellement entériné la autre affaire. Les armées euro- en témoigner dans leurs livres Irak, effets de ses tirs. Mais, là encore, suite à la contamination des car- tion qu’il soit entendu par les in- totalité des principes du protocole. péennes, qui ont participé à cha- l’apocalypse et La Sale Guerre les états-majors des armées alliées, casses de blindés mis hors d’usage. téressés au contact des UA, et le cune de ces coalitions au profit de propre. qui ont contribué à la campagne Dès après la guerre du Golfe, les vécu des soldats et, surtout, des Jacques Isnard L’OTAN choisit de communiquer pour « ne rien cacher » L’uranium appauvri, radioactif, est aussi toxique BRUXELLES des Nations unies pour l’environne- blique ? », a insisté un journaliste L’URANIUM APPAUVRI est-il radioactif ? Divers constitué de plusieurs isotopes (variétés d’uranium de notre bureau européen ment disent qu’il n’y a pas de du Washington Post. « Je n’ai rien à responsables ont affirmé, comme le ministre de la ne possédant pas le même nombre de neutrons) ; le L’opinion étant de plus en plus preuves de l’existence d’un lien ajouter », a sèchement répondu le défense Alain Richard vendredi dernier, que ce mé- principal est l’U238 (98 %), tandis que l’U235 ne re- inquiète des effets éventuels des entre l’usage des munitions à ura- secrétaire général de l’OTAN. Une tal ne constitue « pas une matière radioactive ». présente que 0,7 %. Pour obtenir un combustible fis- munitions à l’uranium appauvri nium appauvri et les leucémies » rédactrice du New York Times a Cette assertion est inexacte. La Commission de re- sile dans les réacteurs nucléaires, on porte la teneur sur la santé, le secrétaire général constatées chez plusieurs soldats alors demandé pourquoi l’OTAN cherche et d’information indépendantes sur la ra- de l’isotope U235 dans l’uranium à 3,5 %. Cette opé- de l’OTAN, George Robertson, a rentrés des Balkans. avait mis plus d’un an pour confier dioactivité (Crii-Rad) rappelle dans un communiqué ration, appelée enrichissement, produit de grandes jugé nécessaire d’organiser une à Pekka Haavisto, chef de l’équipe argumenté que l’uranium appauvri présente une ra- quantités d’uranium « appauvri » en U235 (il en conférence de presse, mercredi « MORATOIRE DE FAIT » d’évaluation du Programme des dioactivité « très supérieure à ce qu’on trouve dans la contient 0,2 %). La France a ainsi accumulé 10 janvier, à Bruxelles, pour marte- C’est avec un certain agacement Nations unies pour l’environne- nature ». Interrogé par Le Monde, Jean-François La- 156 000 tonnes d’UA, dit la Cogema. On produit ler des messages qui se voulaient que M. Robertson a répondu à des ment, la liste des sites bombardés cronique, président de l’Office de protection contre aussi de l’UA en retraitant les combustibles usés. La rassurants tels que « l’OTAN n’a journalistes qui lui ont demandé avec de l’uranium appauvri au Ko- les rayonnements ionisants (OPRI), indique que «la France en stocke environ 8 000 tonnes, indique EDF. rien à cacher », « nous voulons plus d’expliquer pourquoi le Conseil de sovo, alors qu’il en avait besoin radioactivité de l’uranium appauvri est notable,[et Cependant, la radioactivité de l’UA se produit es- de transparence » ou « les de- l’Atlantique nord, l’instance su- pour effectuer des prélèvements. que] ce matériau est tout sauf anodin ». sentiellement par rayonnement alpha, qui est fa- mandes d’information des gouver- prême de l’OTAN, réuni quelques M. Robertson a affirmé que La confusion semble entretenue par le terme cilement arrêté par la peau ou par une feuille de pa- nements sont légitimes ». Il a an- heures plus tôt, avait rejeté la pro- l’OTAN n’avait « rien voulu ca- d’uranium naturel. L’uranium est un métal que l’on pier. C’est pourquoi la manipulation de l’uranium à noncé un plan d’action « robuste », position de l’ambassadeur italien cher » et qu’il s’était agi d’un « re- trouve partout, mais en quantités négligeables ; un mains nues n’est pas jugée dangereuse si elle ne consistant à créer un comité spé- d’instaurer un moratoire sur l’utili- tard bureaucratique que nous re- échantillon de terre pris au hasard contient de l’ura- dure pas longtemps, et l’UA est utilisé comme en- cial qui sera chargé d’étudier les sation des munitions à uranium grettons tous ». Dans les couloirs, nium et présente de ce fait une radioactivité de veloppe de protection d’appareils à cobalthérapie conséquences sur la santé de sol- appauvri, le temps d’en évaluer les certains diplomates indiquaient l’ordre de 100 becquerels par kilogramme (Bq/kg ; le utilisés dans les traitements anticancéreux – sa dats engagés dans les Balkans, et risques, comme l’y avait invité, la que la question aurait dû être po- Bq, l’unité de la radioactivité, est égal à une désinté- densité lui permet d’arrêter les rayonnements éle- auquel seront associées les forces veille, son comité politique (Le sée à Javier Solana, le prédéces- gration atomique par seconde). Dans les filons ura- vés. En revanche, si des particules d’uranium ap- multinationales de paix en Bosnie Monde du 10 janvier). Le secrétaire seur de M. Robertson, responsable nifères, l’activité de la roche atteint 3 millions de pauvri pénètrent dans le corps et se logent au (SFOR) et au Kosovo (KFOR). Il a général de l’OTAN, ancien mi- de ce long délai. M. Robertson a Bq/kg. Ce qu’on appelle « uranium naturel » est le contact des cellules, elles délivrent une dose radio- aussi distillé quelques conseils aux nistre britannique de la défense, a confirmé que le Conseil de l’OTAN minérai d’uranium extrait de ces filons et isolé des active importante, dont les effets pourraient se journalistes, dont les informations indiqué que ce moratoire est inu- fournira les cartes des sites visés autres roches par traitement chimique : la radioacti- combiner à la toxicité chimique de l’uranium. Des sont jugées alarmistes. tile puisqu’il n’y a pas de conflit et en Bosnie par les munitions à ura- vité de l’uranium naturel atteint 50 millions de Bq/ chercheurs ont montré in vitro que l’exposition de « Il faut se concentrer sur les faits que ces munitions ne sont pas em- nium appauvri, comme le lui a de- kg (en intégrant l’activité des éléments en lesquels cellules osseuses à de l’uranium appauvri pouvait et non sur les émotions, a dit M. Ro- ployées. Il y aurait donc un mora- mandé l’Italie, et que tous les rap- se décompose l’uranium, précise l’Institut suédois entraîner la formation de tumeurs cancéreuses (A. bertson, et écouter les scienti- toire de fait. ports nationaux existants seraient de protection radioactive, le SSI). L’uranium appau- Miller, Environmental Health Perspectives, août fiques ». «Or, a-t-il ajouté, les « Qu’est-ce que cela coûterait, collectés et échangés à l’OTAN. vri (UA) représente quant à lui 40 millions de Bq/kg, 1998). scientifiques de l’Organisation mon- dans ce cas, d’annoncer un mora- soit 80 % de l’activité de l’uranium naturel. diale de la santé ou du Programme toire qui rassurerait l’opinion pu- Rafaële Rivais D’où l’UA provient-il ? L’uranium naturel est Hervé Kempf

TROIS QUESTIONS À... Unis, du Canada, de Grande-Bre- tagne, qui ont servi de cobaye. L’US Army a diffusé des consignes de décontamination JEAN-MARIE VOUÉ à l’information des mili- matière de comportement des GI véhicules touchés ou perforés par faudrait tenir une flèche [d’obus] Ce désastre frappe-t-il aussi for- taires américains, un document de face aux munitions à uranium ap- des munitions UA. » Le manuel UA dans ses mains nues, pendant BENJAMIN 2 tement les populations civiles ? la Chemical Warrior Division (dé- pauvri. Il est indirectement la ajoute : « Les soldats qui mani- plus de 250 heures, avant de dépas- De manière encore beaucoup plus partement du combat en am- preuve que, pour le haut comman- pulent des têtes UA, trouvées sur le ser la limite d’exposition de 50 rems Vous êtes prêtre et secrétaire gé- horrible ! Par 50°C, sans eau potable, biance chimique) de la direction dement, ces armes ne sont pas champ de bataille, sont aussi expo- par an. » En conséquence, le ma- 1 néral de la Fondation Beato An- et isolée par l’embargo, la popula- de la doctrine et de l’entraîne- tout à fait comme les autres par sés à des quantités significatives nuel recommande, pour éviter gelico à Assise (Italie), vous avez dé- tion subit de plein fouet cette conta- ment, au sein de l’armée de terre, les effets qu’elles engendrent. d’UA. » l’inhalation de poussières ou de noncé par un livre et des documents mination. A preuve, l’accroissement fait figure de manuel d’instruction Jugé plus efficace que les actuels résidus UA en suspension, voire filmés les dommages causés aux mi- de 350 % du taux annuel des malfor- depuis les années 1996-1997 en obus en tungstène pour perforer « TRÈS PEU DE RISQUES » de fumée provenant de munitions litaires et aux populations civiles en mations à la naissance (le cerveau en des blindages de char, l’UA est dé- Dans une notation relative à en train de se consumer, de porter Irak par l’utilisation d’armes UA en dehors de la tête, les yeux de côté, crit comme étant avant tout un l’attitude du personnel médical un masque, de couvrir la peau ex- 1991. Sur quels éléments vous basez- etc.). Les vents éparpillent ces parti- émetteur de rayons alpha, mais il qui aurait à traiter de blessures en posée, de se doter de gants, de se vous ? cules mortelles. Tout le système éco- émet aussi « un peu de rayons bêta, opérations, le document estime laver les mains et d’éviter évidem- Des enquêtes sur le terrain faites logique est contaminé pour quatre gamma et X ». que « les études sur des soldats ment de toucher les résidus avec la au cours de 14 voyages en Irak et une milliards d’années. « L’ingestion d’une grande quan- blessés par des particules de métal bouche. vidéocassette tournée par le Penta- tité de résidus UA dans le corps hu- UA n’ont rien revélé de particulière- A l’intention des soldats en es- gone, destinée au commandement Le phénomène est-il similaire au main, en le respirant ou en l’ava- ment négatif au vu des caractéris- pace confiné, comme les équi- militaire en Irak pendant la guerre. 3 Kosovo ? lant, est-il écrit, est considérée tiques radiologiques ou chimiques pages à l’intérieur de véhicules, le Elle présente les armes contenant de Sur la Serbie, une dose massive de comme un risque primaire. Les tests de l’UA. » document américain suggère de l’UA et montre comment éviter de missiles à l’uranium appauvri a été ont démontré que ce genre d’in- « En cas de contact avec ce type procéder, dès que possible, à la dé- respirer les particules radioactives dé- déversée et ses effets ne s’arrêtent cident risque de se produire pour un de munitions avant leur emploi, il contamination et à l’évacuation gagées lors de l’utilisation au combat pas aux frontières. En Grèce, en Italie soldat dans les cas suivants : à faut savoir que les armes à base d’un maximum de résidus. Des de ces armes. Et elle traite des effets même, une élévation de la radioacti- proximité d’un matériel touché ou d’UA présentent très peu de risques. consignes pratiques ont fait l’objet sur la santé. Comment décontaminer vité s’est fait sentir. détruit par une munition UA ; près En revanche, est-il indiqué, les mu- d’un manuel ultérieur de net- des militaires touchés, les évacuer... d’un feu de munitions UA ; en cas nitions UA, une fois tirées, pré- toyage humide par essuyage, dif- Selon mon enquête, il y aurait Propos recueillis par de pénétration fréquente dans des sentent un plus grand risque, mais il fusé fin 2000 sous le code FM3-5. 120 000 soldats venant des Etats- Danielle Rouard LeMonde Job: WMQ1201--0003-0 WAS LMQ1201-3 Op.: XX Rev.: 11-01-01 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0170 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / 3 Les zones de tir des avions A 10 au Kosovo

¥ L'OTAN a diffusé, dans un document non classifié, une carte RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE DE YOUGOSLAVIE ROUM. des zones de concentration des obus de 30 mm à uranimum appauvri (UA) tirés, au Kosovo, par le canon GAU-8 des avions d'attaque au sol A 10 de l'armée américaine. L'OTAN indique, en BELGRADE légende de sa carte reproduite ci-contre, qu'il ne s'agit pas de Kosovo SERBIE zones indiquées avec précision et que les éléments d'information Mitrovica SERBIE ont été élaborés par des experts, en date du 20 mars 2000. Podujevo MONTÉNÉGRO BOSNIE Au total, l'OTAN a reconnu l'emploi de 31 000 obus par ses Istog A 10 au Kosovo, durant les trois mois du printemps 1999 de Srbica l'opération "Force alliée", et l'existence de quelque 112 sites de Pec Klina Pec PRISTINA KOSOVO possible contamination par les obus UA, notamment aux Decani Glogovac ALB. frontières avec l'Albanie et le Monténégro, aujourd'hui contrôlé par les contingents italien et allemand de la KFOR. En revanche, Djakovica Gnjilane l'OTAN n'a pas donné, à ce jour, d'indications de même nature Orahovac Urosevac sur les sites en Serbie qui ont fait l'objet de raids aériens. L'Alliance a seulement admis avoir comptabilisé 10 sites de Prizren contamination possible en Serbie. De même, l'OTAN n'a pas ALBANIE diffusé de carte précise sur les cibles engagées lors de l'emploi SKOPJE PRÉSENCE PROBABLE de quelque 10 800 munitions UA en Bosnie entre 1994 et 1995. D'URANIUM APPAUVRI Des pays de l'OTAN, comme l'Italie, le Portugal, la Belgique et 25 km MACÉDOINE l'Allemagne, exigent de recevoir un document identique à celui du Kosovo. Source : OTAN Après la guerre du Golfe, le Pentagone a multiplié les faux-fuyants et les propos incomplets

AVANT MÊME de tester en toire, publié par l’armée américaine gone ne faisait aucun effort pour de ce dossier, où manquent prati- grandeur réelle les nouvelles muni- le 22 juillet 1990, soit six mois avant examiner et soigner les soldats quement tous les éléments de tions à l’uranium appauvri, l’état- l’opération Tempête du désert. blessés. Au contraire, il fallait at- preuve : les prélèvements de ter- major américain était conscient du Comparant l’avenir des nouvelles tendre deux ans pour que le dépar- rains effectués au Koweït, après le risque sanitaire et des consé- munitions à l’uranium appauvri tement des anciens combattants se conflit, ont curieusement évité les quences possibles sur l’opinion. avec les anciennes munitions anti- préocuppe de les recenser. zones soupçonnées d’être forte- C’est pourquoi, pendant la guerre char au tungstène, il soulignait les En 1993, une première liste, in- ment contaminées – comme les du Golfe et toutes les années qui avantages stratégiques irrempla- complète, donnait 68 noms, dont camps d’entraînement d’Udairi ou ont suivi, le Pentagone a multiplié çables de l’uranium, avec néam- 33 étaient contactés. L’état major de Doha –, les études d’impact des les faux-fuyants afin d’éviter les moins un bémol : lors des combats, s’en tenait, pendant cinq années aérosols, qui auraient pu permettre études pouvant prouver cette toxi- les nouvelles armes risquaient, di- consécutives, à ce dernier chiffre d’estimer les doses d’exposition, cité et conduire à une remise en sait-il, de dégager un aérosol de avant d’admettre, en mars 1998, ont été faites dans des conditions cause de ces armes. Même lorsque, fines particules d’oxyde d’uranium, sous la pression des associations de contestables, et celles concernant acculé par le Congrès, il a fini par lesquelles, en se déposant pou- « vétérans » que 113 hommes l’air à proximité de véhicules en- admettre, en 1998, la réalité du vaient contaminer des zones limi- avaient été probablement blessés dommagés ont été simplement élu- « syndrome du Golfe » (Le Monde tées, et une fois inhalées, provo- par des éclats. Même flou sur les dées. du 5 décembre 2000), il a minimisé quer des cancers parmi les troupes hommes du génie : d’un effectif de Comment dans ces conditions le rôle de l’uranium apauvri, préfé- ou les populations civiles. Les au- 27 hommes exposés en 1993, on conduire les études épidémiolo- rant admettre une exposition teurs s’inquiétaient donc légitime- passait cinq ans plus tard à une es- giques indispensables pour chimique plutôt que de laisser une ment de l’impact de ces armes sur timation allant de 88 à 156. conclure dans un sens ou un part de son arsenal remise en l’opinion et ils avertissaient qu’une autre ? « Aujourd’hui, il est virtuelle- cause. fois ces effets indésirables connus, UN IMPOSSIBLE RECENSEMENT ment impossible de déterminer Résultat : dix ans et deux guerres les pressions politiques pourraient La plupart des dossiers indivi- combien de vétérans pourraient plus tard, il peut, sans mentir, assu- aboutir au banissement pur et duels avaient été perdus à la fin de avoir été exposés à l’uranium apau- rer que rien ne pouve que l’ura- simple de ces nouvelles munitions. la guerre lors d’un malheureux vri ou à quelles doses », conclut le nium appauvri est cause de mala- Quelques mois plus tard, les transfert de données informa- rapport Fahey. Reste un fait : des dies parmi les soldats. Mais rien ne troupes américaines lâchaient tiques, se justifiait le Pentagone. 700 000 GI envoyés dans le Golfe, prouve le contraire non plus. «La 320 tonnes d’uranium appauvri sur Impossible donc de recenser toutes 132 000 sont, depuis, tombés ma- vérité est qu’on ne sait pas », assu- le Koweït et l’Irak, contaminant des les victimes potentielles. Encore lades, dont beaucoup de maux in- rait en mars 2000 le docteur Harold milliers de chars et de véhicules. ceux qui étaient repérés n’étaient- connus, regroupés sous le terme de Sox, président du comité de l’Insti- Cent treize soldats américains ils pas sérieusement examinés. Té- « syndrome du Golfe ». Dernière tut américain de médecine chargé étaient blessés lors d’accidents de moins les malheureux membres de « étourderie » du Pentagone : le d’explorer les causes du syndrome tirs ou de tirs dits « fratricides » la 144e compagnie du New Jersey. nombre des cancers. Là encore, ré- du Golfe, en présentant ses pre- (entre troupes alliées), dont une Des 24 soldats ayant répondu à pondant aux questions de la mières conclusions. partie reçevaient des éclats d’ura- l’appel, 14 montraient un taux chambre des représentants, le dé- nium dans le corps. Une centaine anormalement élevé de produits de partement de la défense s’est em- UN RAPPORT PRÉMONITOIRE d’autres étaient exposés lors du dé- décompositon de l’uranium dans le mêlé : 224 cas, a-t-il d’abord assuré, La politique constante du Penta- blaiement des champs de bataille, sang. Pourtant, leurs analyses se avant de corriger ses chiffres : non, gone sur ce sujet sensible a été clai- tandis que 221 000 GI s’égayaient perdaient mystérieusement ; les 1 700. La dernière estimation est de rement démontrée dans un rapport parmi les chars ennemis en quête tests complémentaires, les traite- 14 500 personnes, soit 2 % des publié en mars 2000 avec l’appui du de souvenirs ou de photos, ris- ments étaient refusés par l’admi- troupes engagées. Explication : Centre national de ressources sur la quant ainsi d’inhaler les particules. nistration et le docteur Asaf Dura- « Les cinq services informatiques guerre du Golfe. Un jeune cher- Aucune précaution particulière kovic, chef du département de concernés ne correspondent pas cheur, Dan Fahey, lui-même vété- n’était prise. Les troupes du génie médecine nucléaire à l’hôpital mili- entre eux ! », sourit tristement Ro- ran, a travaillé sur ce sujet pendant chargées de nettoyer les chars dé- taire qui les avait pris en charge, bert Newman, membre du Comité plus de sept ans. Intitulé « Don’t truits ou endommagés, notamment était remercié. Depuis, deux des anciens combattants à la look, don’t find » (« Qui ne cherche la 144e compagnie, ne portaient pas d’entre-eux sont morts de cancers. chambre. pas, ne trouve pas »), il cite d’en- d’équipements de protection. La liste est longue des « négli- trée un autre rapport, prémoni- Après la fin de la guerre, le Penta- gences » du Pentagone dans le suivi Véronique Maurus Un programme de dépistage généralisé va être lancé en France

ON COMPTE aujourd’hui en par le ministère de la défense. Ce les Balkans, ainsi que la volonté Une analyse va être entreprise France six cas de leucémie chez les dernier expliquait alors qu’en l’ab- commune du chef de l’Etat et du de tous les dossiers médicaux des militaires ayant participé aux opé- sence de la démonstration de premier ministre de faire la plus militaires ayant servi dans les Bal- rations militaires dans les Balkans. l’existence d’un lien entre ces pa- grande transparence sur ce dossier, kans depuis 1992 et qui ont du être Aux quatre cas déjà connus, dont thologies et l’exposition à l’ura- ont conduit les responsables mili- hospitalisés, quelle qu’en fût la rai- trois ont pu bénéficier d’une greffe nium appauvri aucune mesure par- taires français à modifier leur posi- son. Un contrôle médical associant de moelle osseuse (Le Monde du ticulière de dépistage – en dehors tion. Un programme généralisé de examen clinique, dosages biolo- 10 janvier), il faut ajouter deux cas du suivi médical traditionnel – ne surveillance médicale à la fois giques sanguins et clichés radio- de « lymphomes de haut grade de serait prise pour les soldats qui, de- prospective et rétrospective graphiques va d’autre part être malignité » (affection voisine des puis 1992, avaient séjourné dans concernera l’ensemble des soldats pratiqué chez les militaires actuel- leucémies) parmi lesquels celui les Balkans. ayant séjourné dans les Balkans. lement présents dans les Balkans. d’un militaire qui a été admis mer- Le développement de la polé- On estime à environ 90 000 le Les soldats ayant déjà servi dans credi 10 janvier à l’hôpital militaire mique sur les risques de toxicité ra- nombre des « séjours » effectués cette région se verront proposer Percy de Clamart et dont l’état de dioactive de l’uranium appauvri et depuis 1992 dans cette région ce un examen médical et des dosages santé est jugé grave. L’existence la décision prise dans de nombreux qui ne correspond pas à 90 000 mi- biologiques lors d’une consultation des quatre premiers cas français pays de procéder à un « dépis- litaires, une même personne ayant dans un hôpital militaire. Ils pour- avait été révélée, jeudi 4 janvier, tage » des unités ayant servi dans pu effectuer plusieurs séjours. ront aussi se faire communiquer leur livret médical. Chaque mili- taire pourra demander un dosage urinaire à la recherche d’uranium Les Verts demandent l’interdiction des munitions à l’UA appauvri.

BRUXELLES travail de Belgique, un syndicat de l’Union européenne, pourquoi il RÉALITÉ ÉPIDÉMIOLOGIQUE de notre bureau européen d’obédience socialiste qui n’a cessé les a autorisées au Kosovo, lors- Les responsables du service de Il y a deux ans que Paul Lannoye, de demander aux autorités belges qu’il était secrétaire général de santé des armées espèrent ainsi, eurodéputé belge Vert, physicien des informations à propos des l’OTAN. tout en fournissant un service mé- de son métier, proteste contre risques encourus par ses adhérents Il souhaite encore savoir pour- dical adapté, mieux cerner la réali- l’utilisation des munitions à l’ura- militaires. M. Lannoye regrette que quoi l’OTAN a attendu la fin de la té épidémiologique de cette af- nium appauvri. Aujourd’hui copré- son pays n’ait pas suivi, au sein de guerre pour informer les militaires faire. Un autre élément important sident du groupe des Verts, il s’in- l’OTAN, la proposition de l’Italie. et les organisations non gouver- concernera les résultats, attendus digne de ce que le Conseil de nementales (ONG) des risques pour la fin du mois de janvier, des l’Atlantique nord ait rejeté la pro- PROTECTION DES MINORITÉS qu’ils avaient encourus. Il aimerait dosages d’uranium chez les ma- position italienne d’un moratoire : L’eurodéputé estime, en outre, enfin comprendre pourquoi M. So- lades souffrant de leucémies. « Cette décision est contraire au que l’utilisation d’armes à uranium lana n’a pas immédiatement confié Si ces résultats sont négatifs, principe de précaution », explique- appauvri est « contraire au droit de à Pekka Haavisto, le chef de l’hypothèse de la toxicité radioac- t-il. la guerre » : « La sous-commission l’équipe d’évaluation du Pro- tive de l’uranium appauvri sera un En pleine guerre du Kosovo, à la des Nations unies sur la prévention gramme des Nations unies pour peu plus fragilisée et, à l’inverse, demande de M. Lannoye, le de la discrimination et la protection l’environnement, la liste des sites celle de l’exposition éventuelle à groupe des Verts avait écrit à Javier des minorités a condamné l’utilisa- qui ont été bombardés au Kosovo. des toxiques chimiques (solvants, Solana, alors secrétaire général de tion de ces armes en 1996, parce M. Haavisto, Vert, ancien ministre benzène, carburants, etc.), en sera l’OTAN, ainsi qu’aux quinze mi- qu’elles causent des dommages aux finlandais de l’environnement, a renforcée. On sait, d’ores et déjà, nistres de la défense de l’Union eu- civils autant qu’aux militaires », ex- accepté de participer à une réu- que l’un des six cas français est for- ropéenne, pour leur demander de plique l’eurodéputé. La semaine nion publique du groupe éco- tement soupçonné d’avoir été ex- ne pas utiliser d’armes à uranium prochaine, à Strasbourg, il entend logiste. posé à de tels toxiques. appauvri. Il n’avait été entendu demander à M. Solana, aujour- que par la Fédération générale du d’hui secrétaire général du Conseil R. Rs Jean-Yves Nau LeMonde Job: WMQ1201--0004-0 WAS LMQ1201-4 Op.: XX Rev.: 11-01-01 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0171 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 INTERNATIONAL Interrogations Biljana Plavsic inculpée de génocide en Bosnie par le TPIY sur l’enlèvement L’ancienne présidente des Serbes de Bosnie avait été inscrite sur la liste secrète des présumés criminels d’un médecin de guerre en avril 2000. Elle s’est rendue volontairement à la justice internationale à La Haye Le Tribunal pénal international pour l’ex- et infractions graves aux conventions de Ge- une période courant du 1er juillet 1991 au un « phénomène naturel », cette ex-pasiona- américain de MSF Yougoslavie a officiellement annoncé, mer- nève » durant la guerre de Bosnie qui provo- 31 décembre 1992. Son inculpation remonte ria des nationalistes serbes les plus extré- credi 10 janvier, l’inculpation de Biljana Plav- qua la mort de plus de 200 000 personnes. à avril 2000, mais avait été maintenue se- mistes avait ensuite rompu avec eux, en sic pour « génocide, crimes contre l’humani- Les faits reprochés à l’ancienne présidente crète. Partisane de la purification ethnique 1997, et obtenu le soutien de la communauté en Tchétchénie té, violation des lois et coutumes de guerre, de la République serbe de Bosnie porte sur qu’elle défendait pendant la guerre comme internationale. MOSCOU LA HAYE toujours élevée contre l’existence destruction, tout ou partie, des victimes civiles, souvent des cusée était « quotidiennement infor- de notre envoyée spéciale de notre correspondant d’actes d’accusation secrets. Elle a groupes nationaux ethniques, ra- femmes et des enfants. mée et prenait des décisions sur les L’enlèvement en Tchétchénie Biljana Plasvic a rendez-vous, constamment affirmé qu’il était du ciaux ou religieux musulmans de En tant que membre de la pré- opérations et la coordination des ac- d’un Américain, Kenny Gluck, jeudi 11 janvier, avec ses juges. devoir de tout individu inculpé par Bosnie et croates de Bosnie ». Les sidence de la Republika Srpska, et tivités de la police, des forces mili- chef de la mission de Médecins L’ancienne vice-présidente de la le TPI de se rendre à La Haye pour moyens employés pour atteindre sa fonction à la présidence du taires et paramilitaires ». «Ma sans frontières-Hollande à Naz- Republika Srpska, qui succéda en défendre son honneur », assure son cet objectif sont accablants : «Le Conseil pour la protection de cliente est convaincue de son inno- ran (Ingouchie), a relancé les in- 1996 à Radovan Karadzic à la tête avocat Krstan Simic, arrivé avec meurtre de Musulmans et de Croates l’ordre constitutionnel, Mme Plavsic cence. Nous le prouverons, a réagi terrogations classiques dans de de l’entité serbe de Bosnie, s’est en elle de Banja Luka. L’accusée s’est durant et après l’attaque de munici- occupait des fonctions lui donnant son avocat. Mme Plavsic était bien tels cas, survenus par dizaines de- effet rendue à la justice internatio- posée, mardi, sur un aéroport mili- palités [...] et dans des camps de dé- « formellement, ou de facto, pouvoir vice-présidente de la RS, mais elle y puis l’échec, en 1996, de la pre- nale, « sans conditions », selon la taire des Pays-Bas. Elle a ensuite tention », « la torture, les violences et contrôle sur les forces bosno-serbes était très isolée. En outre, elle ne s’oc- mière campagne russe en Tché- procureur du Tribunal pénal inter- passé la nuit « dans une maison sexuelles ». Suit une longue des- et les autorités gouvernementales cupait que des affaires humanitaires. tchénie. Les auteurs du rapt national pour l’ex-Yougoslavie gardée par la police néerlandaise », cription de ces attaques avec, à la participant aux crimes allégués dans Elle n’était pas membre du comman- ont-ils agi pour récupérer une (TPIY), Carla Del Ponte. Elle devait avant de se constituer prisonnière clé, le lieu, la date, et le nombre de le présent acte d’accusation ». L’ac- dement suprême des forces armées rançon ou pour intimider, à l’insti- comparaître, jeudi, pour la pre- et de devenir la plus importante bosno-serbes. » gation des forces russes, les étran- mière fois pour répondre à la ques- détenue, en terme hiérarchique, Carla Del Ponte a rencontré briè- gers qui tentent, malgré tout, d’ai- tion traditionnelle : coupable ou parmi les trente-cinq inculpés de la La coalition au pouvoir à Belgrade divisée vement Biljana Plasvic. « Elle m’a der les victimes du conflit et de non coupable ? prison du Tribunal à Scheveningen. donné l’impression de vouloir colla- témoigner ? Son inculpation pour « génocide, La reddition de Biljana Plavsic au TPI a été diversement com- borer avec nous. Si tel était le cas, ce- Les premières indications, re- crimes contre l’humanité, violation COLLABORER AVEC LE TRIBUNAL mentée, mercredi, dans les rangs de la coalition au pouvoir à la simplifierait notre travail : déter- cueillies, jeudi 11 janvier, auprès des lois et coutumes de guerre, et in- Aux côtés de Radovan Karadzic Belgrade (DOS). Mme Plavsic « a fait preuve de courage et de volon- miner les responsabilités de plusieurs d’organisations non gouverne- fractions graves aux conventions de et de Momcilo Krajisnik, ancien té d’épargner au peuple serbe de Bosnie une culpabilité collective », accusés », a déclaré la procureur. En mentales (ONG) et du Comité in- Genève » remonte au 7 avril 2000, président du Parlement des Serbes a déclaré le général Momcilo Perisic (DOS), ancien chef d’état- échange d’informations précieuses ternational de la Croix-Rouge par un « acte d’accusation sous scel- de Bosnie, emprisonné depuis son major de Slobodan Milosevic, qu’il souhaite voir jugé en Serbie. sur d’autres enquêtes menées par (CICR) travaillant à partir de l’In- lés ». Cette procédure est devenue arrestation en avril 2000, Mme Plav- Le chef du Parlement yougoslave, Dragoljub Micunovic (DOS), le procureur, l’accusée pourrait bé- gouchie, dessinent plutôt un « scé- habituelle au TPI. En revanche, les sic est accusée de neuf charges, s’est étonné que Mme Plavsic ne soit inculpée que maintenant. néficier, en cas de condamnation, nario à la Babitski », selon l’expres- circonstances de sa reddition sont dont six de génocide, courant sur Zarko Korac, également de la DOS, a estimé que le cas Plavsic d’une peine réduite. « Ma cliente sion d’un chef de mission locale pour le moins exceptionnelles. la période du 1er juillet 1991 au « démontre que changer de camp politique pour coopérer avec la répondra aux questions du pro- qui doit garder l’anonymat. C’est- Carla Del Ponte a déclaré, mercre- 31 décembre 1992. Selon l’acte communauté internationale ne donne pas droit à l’absolution ». cureur, au service de la justice et de à-dire d’un rapt commis par des di, que l’accusée avait été « infor- d’accusation, elle aurait, « agissant Vuk Obradovic, un ancien général, également de la DOS, a quant la vérité. Mais, compte tenu de sa Tchétchènes à la solde des forces mée, il y a un mois, de l’existence seule ou de concert » avec ses coïn- à lui exprimé ses « regrets » après cette reddition. « Il faudra ab- position au moment des faits, je ne russes. Le journaliste Andreï Babit- d’un acte d’accusation sur sa per- culpés « planifié, incité à solument revoir sérieusement le problème du fonctionnement du suis pas sûr qu’elle sera d’une grande ski avait été, selon son propre té- sonne ». « Ma cliente a été avertie commettre, ordonné, commis ou de TPIY et de notre position à son égard », a-t-il déclaré, se disant utilité », a commenté Krstan Simic. moignage, détenu en mars 2000, par un membre du Tribunal qu’elle toute autre manière encouragé à « catégoriquement pour que les suspects de crimes de guerre par des Tchétchènes du clan De- était poursuivie. Mme Plavsic s’est planifier, préparer ou exécuter la comparaissent devant la justice locale ». – (AFP.) Alain Franco niev, connus comme salariés des services russes. A Moscou cepen- dant, les autorités ont toujours af- firmé que Babitski, arrêté par les L’ancienne pasionaria des « faucons » serbes de Bosnie forces russes, avait été « échangé » et remis, « à sa demande », à des APRÈS AVOIR APPORTÉ sa pierre à née tôt, après des études de biologie et des guerre » et que les Bosniaques musulmans naliste mais qui lutte contre « la corruption « bandits indépendantistes ». l’édifice de la purification ethnique durant la années d’enseignement à Sarajevo, vers sont destinés à être vaincus car « ils se sont et l’obscurantisme » du clan Karadzic. Les di- Le médecin américain Kenny guerre, Biljana Plavsic s’est spécialisée dans l’anticommunisme puis le nationalisme le attaqués à la substance biologique serbe ». plomates, démunis face à un nationalisme Gluck, trente-huit ans, qui ache- l’art de la volte-face dans l’après-guerre. A plus virulent. Elle a intégré dès 1990 l’entou- Mme Plavsic se distingua devant les caméras serbe ne déclinant pas, profite de l’aubaine. vait sa mission dans une région où soixante-dix ans, l’ex-pasionaria des « fau- rage de Radovan Karadzic, ce petit cercle en allant embrasser le chef paramilitaire Ar- Biljana Plavsic vit une période très diploma- il avait déjà travaillé durant la pre- d’intellectuels provinciaux mal intégrés à kan et ses « Tigres » à Bijeljina, une ville tique, semblant se moquer d’être désignée mière guerre pour le CICR, était PORTRAIT Sarajevo qui fondèrent le Parti démocra- qu’il venait de « purifier » par le meurtre, le par ses anciens compagnons comme une parti de Nazran en convoi, mardi A Pale, Biljana Plavsic disait : tique serbe (SDS), et fomentèrent avec l’ap- viol, la déportation et le pillage. « traître ». Richard Holbrooke puis Made- 9 janvier, faire une dernière tour- pui de Belgrade la division de la Bosnie- leine Albright vont la saluer sur ses terres. née d’inspection à l’hôpital du vil- « Le nettoyage ethnique Herzégovine, au nom de l’idée de la BAISE-MAIN À L’ÉLYSÉE Elle est reçue en France par Jacques Chirac, lage de Starye Atagui, à 20 km au est un phénomène naturel, « Grande Serbie ». A Belgrade, le maître Slobodan Milosevic qui, sur le perron du palais de l’Elysée, l’ho- sud de Grozny, dont il s’occupait. et non un crime de guerre » Une fois le clan réfugié dans le village de commença à s’inquiéter de la santé mentale nore d’un baise-main. Avec des problèmes croissants, Pale, dans les montagnes qui surplombent de ses rejetons. Il l’avouera publiquement Elle est ensuite détrônée par le retour au notamment après la publication, Sarajevo, les pulsions se sont déchaînées. Et en 1993 lorsque Biljana Plavsic, non satis- pouvoir en 1998 des nationalistes opposants en novembre 2000, d’un rapport cons » bosno-serbes a choisi les geôles de Biljana Plavsic ne fut pas la dernière à ac- faite de prôner la mort des non-Serbes, dé- à Dayton, et prend une retraite politique dé- de MSF sur la situation en Tché- l’ONU, à La Haye, pour clore une vie qui a quérir une solide réputation de psycho- clara que « quand bien même six millions de finitive le 14 décembre 2000 en démission- tchénie : c’est du côté de Starye dérivé du milieu universitaire sarajévien pathe. Le « président » de la « République Serbes devaient périr pour la cause, il en res- nant du Parlement. On sait désormais Atagui que, il y a près d’un mois, vers la théorisation de l’extermination des serbe » autoproclamée, Radovan Karadzic, terait six millions pour jouir des fruits de leur qu’elle négociait déjà sa reddition pour une voiture de MSF-Hollande fut non-Serbes de Bosnie-Herzégovine. racontait, cartes du pays à la main, le décou- lutte ». « La place de Mme Plavsic est, si ce cette semaine suivant le Noël orthodoxe. arrêtée par des Tchétchènes mas- Première ténor du parti de Radovan Ka- page ethnique, et récitait des poèmes du n’est à l’hôpital, du moins pas à la tête de Biljana Plavsic a été secrètement inculpée le qués, s’exprimant en russe, qui en radzic, le chef politique bosno-serbe, à haut des collines d’où les canons pilon- fonctions publiques », reconnut l’ancien dic- 7 avril 2000 pour avoir partagé à Pale le relâchèrent les occupants après rompre avec le clan de Pale à l’été 1997, elle naient la capitale. Le vice-président, Nikola tateur, énervé. commandement politique et opérationnel avoir vérifié qu’aucun étranger ne entre désormais dans l’histoire balkanique Koljevic, qui se suicidera, passait ses jour- C’est à l’issue de la guerre, après l’accord ce qu’elle appelait « un phénomène natu- figurait parmi eux. en tant que premier dirigeant serbe à se nées à raconter la guerre en vers de Shakes- de paix de Dayton de 1995 auquel elle s’op- rel », et que le Tribunal pénal internationnal constituer prisonnier au Tribunal pénal in- peare, l’haleine imprégnée de whisky. La posa violemment, que Biljana Plavsic opère de La Haye appelle pour sa part « génocide, DEUX VERSIONS ternational pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). vice-présidente enfin, Biljana Plavsic, utili- sa première volte-face. En 1997, elle quitte le crimes contre l’humanité, violations des lois et Le scénario semble s’être répété, Biljana Plavsic, née le 7 juillet 1930 à Tuz- sait ses compétences « scientifiques » pour SDS et décide de coopérer avec la commu- coutumes de la guerre ». mardi, avec « succès » pour les ra- la, dans le nord-est du pays, au sein d’une certifier que « le nettoyage ethnique est un nauté internationale. Elle crée l’Alliance po- visseurs : le convoi de Kenny famille de la bourgeoisie serbe, s’est tour- phénomène naturel, et non un crime de pulaire serbe (SNS), au programme natio- Rémy Ourdan Gluck, qui quittait le village – « ra- pidement et à la demande de gens de l’hôpital local, prévenus qu’il était menacé », selon un témoi- Le roi du Maroc annule une audience avec gnage –, fut rattrapé par une voi- Les patrouilles israélo-palestiniennes ture qui ouvrit le feu. Le véhicule du responsable régional d’Action la Fédération internationale des droits de l’homme contre la Faim, Jonathan Littell, réactivées à Gaza et en Cisjordanie qui participait à l’inspection, a pu CASABLANCA Fédération internationale des roi à « demander pardon » pour ISRAÉLIENS et Palestiniens ont annoncé, mercredi, avant la ren- poursuivre sa route, mais pas celui de notre envoyé spécial ligues des droits de l’Homme les atrocités commises pendant les décidé de reprendre prochaine- contre d’Erez, le report sine die de Kenny Gluck, qui a été enlevé, Invoquant un emploi du temps (FIDH), premier forum de ce type quelque quarante années de règne ment leurs patrouilles communes d’une mission de leur envoyé spé- seul, selon une version, ou avec les surchargé, le premier ministre so- à se tenir dans un pays arabe. de son père Hassan II et à entrer dans les territoires de Cisjordanie cial dans la région, Dennis Ross, trois Tchétchènes qui se trou- cialiste, Abderrahmane Youssoufi, C’est également au nom des dans l’Histoire comme « M 6 le et de Gaza pour réduire la vio- pour une ultime tentative de rap- vaient avec lui, selon une autre. n’est resté qu’un quart d’heure, le contraintes de l’emploi du temps Juste ». lence et peut-être favoriser une procher les points de vue. Ils ont Divers responsables russes ont 10 janvier au matin à Casablanca, du souverain que le Palais a annu- Ce fut enfin le cas du directeur relance du processus de paix, a an- également appelé Israéliens et Pa- aussitôt accusé des « chefs re- à l’ouverture du 34e congrès de la lé l’audience royale prévue, jeudi, de deux des trois hebdomadaires noncé, jeudi 11 janvier, la radio pu- lestiniens à faire un effort « main- belles », y compris le président pour les dirigeants de la FIDH. interdits depuis début décembre blique israélienne. La décision de tenant » pour faire baisser la vio- tchétchène Maskhadov, tandis Ces changements de dernière 2000 pour s’être attaqués aux reformer des patrouilles entre l’ar- lence et soutenir les dernières que ceux-ci démentaient toute im- minute reflètent la dégradation « institutions » du royaume. Très mée israélienne et la police pales- propositions du président Clinton. plication. Le bureau du porte-pa- des relations entre les défenseurs applaudi par les centaines de tinienne a été prise lors d’une réu- S’il se rend finalement dans la ré- role du Kremlin pour la Tchétché- des droits de l’homme et les auto- congressistes réunis, Aboubakr Ja- nion entre représentants civils et gion, les chances de M. Ross pa- nie, Sergueï Iastrjembski, fidèle à rités marocaines, accusées de ré- maï a annoncé qu’il commençait militaires des deux parties, mer- raissent pourtant limitées. sa manière, a expliqué que MSF- primer les manifestants, isla- sur-le-champ une grève de la faim. credi soir, au terminal routier « Qu’il vienne ou pas n’a pas Hollande était responsable de ce miques ou non, de chercher à Elle ne s’arrêtera, a-t-il prévenu, d’Erez, entre la bande de Gaza et d’importance. Ce qui compte, ce qui leur était arrivé car « ils cir- bâillonner les rares titres de la que lorsque l’administration ces- Israël. L’armée israélienne a égale- sont les réponses du président Clin- culaient en violation flagrante des presse indépendante, et d’avoir la sera de l’empêcher de lancer un ment rouvert jeudi matin le point ton aux réserves que nous avons ex- règles en vigueur ». Ce que la re- main lourde contre ceux qui osent nouvel hebdomadaire. de passage de Rafah entre la primées envers son plan », a ainsi présentation moscovite de l’orga- dénoncer la corruption. Un responsable du Forum Vérité bande de Gaza et l’Egypte, fermé déclaré le ministre de l’informa- nisation humanitaire a aussitôt et Justice, une organisation qui depuis le 1er janvier. tion palestinien, Yasser Abed Rab- démenti, soulignant que son RASSEMBLEMENT INTERDIT travaille sur les « années de La radio a qualifié cette réunion bo. Les Palestiniens ont opposé équipe détenait toutes les autori- Parmi les neuf « grands té- plomb » du royaume, est ensuite de « succès », en citant le ministre d’importantes réserves aux propo- sations nécessaires et qu’elle se moins » appelés à témoigner sur venu annoncer qu’un rassemble- israélien des transports, Amnon sitions de paix du président Clin- rendait régulièrement auprès des la situation actuelle, à l’ouverture ment prévu jeudi après-midi à Dar Lipkin Shahak. Les patrouilles ton, qu’ils considèrent trop favo- autorités militaires russes pour les du congrès de la FIDH, plusieurs el-Mokri, un ancien centre de tor- mixtes israélo-palestiniennes en rable aux Israéliens. En dépit de obtenir, en précisant ses objectifs ont eu la dent dure. Ce fut le cas ture situé à Rabat, venait d’être in- Cisjordanie et dans la bande de ces difficultés, le ministre israélien et ses trajets. du président de l’Association ma- terdit par les autorités, justifiant a Gaza – mises en place après les ac- des affaires étrangères, Shlomo Résultat du nouvel enlèvement : rocaine des droits humains posteriori les inquiétudes du pré- cords d’Oslo de 1993 – avaient ces- Ben Ami, a affirmé, mercredi à dès mercredi, les étrangers des or- (AMDH), Me Abderrahmane Ben- sident de la Ligue, Me Patrick Bau- sé après le déclenchement de l’In- Madrid, qu’« Israël et les Palesti- ganisations de l’ONU travaillant nameur, qui a rappelé que les ci- doin. Celui-ci avait évoqué dans tifada, il y a trois mois. Le niens n’ont jamais été aussi proches en Ingouchie étaient aperçus en toyens sont toujours privés du son discours les « signes inquié- soulèvement a fait 375 morts de- d’un accord global et définitif entre train de plier à nouveau bagage, droit d’« élaborer un projet de tants de régression » observés dans puis son déclenchement, le 28 sep- les deux parties ». Le 6 février, les alors même qu’un nouvel afflux constitution démocratique » et, le domaine des droits de l’homme. tembre 2000, dont 318 Palesti- Israéliens éliront un nouveau pre- de milliers de réfugiés y était enre- dans une allusion au sort des isla- Malgré le veto, le rassemblement niens. mier ministre et le favori, Ariel gistré, à cause de l’intensification mistes, que « certaines organisa- a été maintenu et les participants Ce résultat encourageant pour- Sharon (Likoud), a déjà annoncé des rafles et des bombardements tions politiques ne sont toujours pas étaient décidés à se rendre au ren- rait redonner un dernier souffle au qu’à ses yeux les « accords d’Oslo russes en Tchétchénie. reconnues ». Ce fut aussi le cas de dez-vous, jeudi après-midi. processus de paix avant la fin du sont morts », des propos que les l’avocat Abderrahim Berrada qui, mandat du président Clinton, le Etats-Unis ont aussitôt condam- Sophie Shihab avec fougue, a invité le nouveau Jean-Pierre Tuquoi 20 janvier. Les Etats-Unis avaient nés. – (AFP, Reuters.) LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / 5 HORIZONS REPORTAGE

’EST précieux, une vocation. Elle vous prend petit, vous enveloppe comme une révélation, ne vous quitte plus. « C’est un vœu très profond qu’un gamin ne peut lais- Le « rat » devenu moine ser paraître. » Alors, deux voca- Ctions… A sept ans, Alexis Georgeon reçoit en cadeau un Instamatic et il a « la certitude intérieure » que la photographie donnera « du sens » à sa vie. A neuf ans, il visite l’ab- baye de la Trappe (Orne) et se sent « appelé ». Cette attirance monasti- que, « indicible » jusqu’à l’adoles- cence, grandit jusqu’au jour où il pousse définitivement « les portes du silence ». Alexis est devenu Frère Thomas à vingt-six ans. Il en a tren- te-trois. Il est moine cistercien et photographe. Les vocations ne se succèdent pas. Elles font le pas de deux dans une harmonie miraculeuse. Un fait tragique les a peut-être cristallisées. Le 1er mai 1993, le reporter Alexis Georgeon grimpe sur un toit pro- che de l’hôpital du Val-de-Grâce pour photographier le corps de Pier- re Bérégovoy, rapatrié de Nevers, cinq heures après son suicide. Le paparazzi aurait eu, lors de cette « planque », une révélation. Quel- ques mois plus tard, le « repenti » entre à la Trappe et écrit à la veuve de Pierre Bérégovoy que cette mort « a permis de redonner la vie à quelqu’un ». Cette histoire ne cesse de poursui- vre cet immense gaillard, sec et sou- riant, aux gestes aussi rapides que le pas, au verbe clair et parfois cru. Il a évoqué le Val-de-Grâce un peu par hasard, un soir de 1995, devant Bernard Pivot, sur France 2. « J’en ai parlé deux minutes et, depuis, je suis le photographe devenu moine après avoir “shooté” » le corps de Bérégovoy. » Il n’admet pas ce rac- courci. Il nous reçoit à la Trappe, FRÈRE THOMAS/LA TRAPPE devant une table en bois, rompant le silence et la solitude qui domi- Petit à petit, le laborantin se mue « cette foutue affaire du toit ». Thomas a ouvert. « Le plus bizarre Frère Thomas dans nent son quotidien. « Pour compren- en reporter. Il multiplie les images Il a fait partie Xavier Rossi, évidemment, est là. est de le retrouver inchangé. Le le plus ancien bâtiment dre, il faut raconter mon parcours que l’agence vend. « Je ne sais plus C’est même lui qui a l’idée. Frère même visage, la voix, les gestes. Je l’ai du monastère de la Trappe : depuis le début. » Quelques jours bien les histoires que j’ai construi- des « rats », Thomas est cette fois très précis appelé Alexis. On s’est tombé dans les « J’ai vu cette tache après, il nous envoie un courrier tes », dit Frère Thomas, peu dési- dans son récit, comme s’il parlait bras. Je sais que je le reverrai. » de lumière et cette fenêtre électronique : « C’est sans doute la reux de revenir sur son passé. Après autrement dit d’un autre. « Ça me faisait vraiment Frère Thomas n’entre pas à la ouverte sur le ciel bleu. J’ai dernière fois que j’évoque cette son premier reportage en août 1989 chier d’y aller. Quand on est arrivé Trappe comme si de rien n’était. Il aimé cette lumière brutale qui histoire. » sur la Trappe, quinze sujets sont les paparazzis. devant le Val-de-Grâce, il y avait une lui faut un « sevrage » de la photo tombait et cette échappée vers Alexis Georgeon a grandi à Paris. recensés par Gamma, ce qui est bande de “rats” [paparazzis] devant pour que la fracture ne soit pas trop le ciel. J’ai cherché un frère Milieu aisé, jeunesse heureuse. Son modeste en cinq ans. Mais cent Et puis les grilles. On a tenté un coup. Mon- cruelle. Amoureux de l’Afrique, il pour le photographier mais je père dirige des groupes de distribu- autres reportages sont cosignés ter sur l’immeuble d’à côté, attendre part en Tanzanie, en rapporte deux n’ai trouvé personne. C’est tion. Sa mère est sculpteur. Il voya- Georgeon-Rossi. Xavier Rossi, de il est entré deux heures sur un toit rendu très glis- reportages que Gamma vend. mon unique autoportrait. » ge beaucoup. Il joue au foot. Il va à deux ans son aîné, est son collègue sant par la pluie. Une ambulance est Durant ses deux premières années la messe jusqu’à dix ans, « comme au labo. Tous deux rêvent de deve- à l’abbaye arrivée vers 23 h 30. Nous sommes en tant que moine, la vente de ses dans toutes les bonnes familles chré- nir photographes. Pour se motiver, les seuls à avoir pu photographier le photos anciennes lui rapporte vage de vaches laitières jusqu’en tiennes ». Une enseignante dit alors ils travaillent ensemble. Une belle de la Trappe. brancard, en contre-plongée, le 5 000 francs par mois, reversés à 1987, la vente de produits alimen- à sa mère : « Votre fils est bien gentil amitié naîtra. « On se confiait tout, corps recouvert d’une couverture. » l’abbaye. Mais il aimerait qu’on lui taires et d’objets artisanaux mais, quand je lève la tête, il est le dit Xavier Rossi, aujourd’hui photo- Aujourd’hui, Il ajoute : « Dieu merci, la photo n’a « foute la paix » avec ses images du depuis). seul à regarder par la fenêtre. » Frè- graphe de Gamma. C’est étrange, je pas été publiée. Aujourd’hui, j’en passé. « Celles dont je suis le plus Mais prendre des images n’aurait re Thomas commente : « J’étais pense quasiment tous les jours à il forme serais malade. Je rends grâce au fier, je les ai réalisées ici. » aucun sens si Frère Thomas n’y déjà contemplatif. » lui. » Frère Thomas lui fait écho : ciel. » Rester photographe n’allait pas voyait un prolongement de son Le gamin a un labo noir et blanc « On s’est portés mutuellement à des les novices et Xavier Rossi ajoute : « J’étais là de soi. Frère Thomas était prêt à engagement religieux. Ce n’est pas à la maison. Il ne se souvient pas moments où on touchait le fond. Je lorsqu’il a eu sa révélation. A deux arrêter si le père abbé, l’autorité du évident, notamment pour trente- bien de ses premières photos mais pense souvent à lui. » continue de mètres près, ça tombait sur moi. » monastère, le lui avait demandé. Il cinq frères qui voient simplement voit comme s’il y était sa première Le premier sujet du tandem Geor- Quand on lui cite la formule, Frère s’est engagé à vivre pour toujours un moine devenir occasionnelle- retraite, à Notre-Dame-de-la-Trap- geon-Rossi, en décembre 1989, est prendre des Thomas sourit et corrige : « Je n’ai dans la communauté selon la règle ment reporter. « J’ai été appelé à pe, à onze ans. C’est une abbaye de « Paris fête Noël ». Ils ne sont pas pas reçu une illumination divine. Le de saint Benoît et a dû promettre vivre de façon particulière mon enga- style néogothique, fondée en 1140 attirés par l’instantané quotidien, le photos. Entre tonnerre de Dieu ne m’est pas tombé « stabilité, conversion de vie et obéis- gement religieux à travers la photo- dans cette Normandie verdoyante grand reportage ou la guerre. Ils sur la tête. En revanche, on reçoit des sance jusqu’à la mort ». Sept offices, graphie. Je photographie et prie en et pluvieuse, entre bocage et forêt. préfèrent des reportages « magazi- prières et signes à un moment de son existence L’intéressé casse le cliché : « Les ne », insolites, des portraits de gens et celui du Val-de-Grâce en a été un pierres ne comptent pas. Tout moine « un peu branques » qui « vivent contemplation. de bigrement important. Ce fut un « Je photographie et prie en même temps. est appelé dans un lieu qui le dépas- leur passion à fond ». Mais surtout déclic, pas un déclencheur. » se. Pour moi, c’est ici et pas beaucoup de « sujets voitures » : L’itinéraire d’un Après le Val-de-Grâce, il n’est C’est une communion qui engage ailleurs. » Il fréquentera cet « ici » une exposition Bugatti, la saga Coc- pas tranquille. « Je me suis dit : ça ne une bonne centaine de fois – « quel- cinelle, le musée de James Bond au photographe te ressemble pas, ce que tu viens de aussi le sujet photographié. ques heures, quelques jours, quel- pays de Galles… « Ça se vendait par- faire. » Trois jours plus tard, la ques semaines » – avant d’y entrer fois très bien », commente Xavier pas comme les direction de Gamma offre le cham- Sinon, les photos seront nulles » définitivement, ce qui relativise la Rossi. pagne parce que l’agence « a bien « révélation » du Val-de-Grâce. Ce dernier se souvient d’un jeune autres travaillé » sur la mort de Bérégo- Il étudie les métiers de l’image à homme impulsif, un sanguin au voy. « Ça m’a fait vomir. Comment dont le premier à 4 h 15, rythment même temps. C’est une communion la Sorbonne, et, à vingt ans, rencon- vocabulaire fleuri. « Il avait une pouvait-on fêter ça ? J’étais mal. Je son quotidien. Il a surtout la lourde qui engage aussi le sujet photogra- tre le photographe Yan Morvan, for- me suis dit que je ne pouvais acqué- charge, depuis deux mois, de maî- phié. Sinon, les photos seront nul- te personnalité de l’agence Sipa. Il rir ma liberté intérieure à coups de tre des novices, à savoir l’accueil de les. » Un photographe lui dira un lui montre un reportage et pas n’im- champagne et de millions de francs ceux qui sont en recherche de jour qu’il est photographe dans porte lequel : l’abbaye de la Trappe. pris sur la tête d’une personne qui se vocation. l’âme. Ça l’a marqué. « Au sens où « Morvan m’a massacré parce que suicide. » Alexis Georgeon sait qu’il la photographie est inscrite au plus j’avais quasiment tout pris en négatif va basculer, mais il ne deviendra ES dix-huit premiers mois, il profond de moi-même. » papier et pas en diapo. Il m’a dit que Frère Thomas que dix mois plus ne prend pas une photo. Et Regard et lumière sont ses deux si j’étais capable de tout refaire en tard. Il réalise plusieurs reportages Lpuis le père abbé, Dom Marie- notions-clés. On les retrouve dans Ekta, je devais y retourner. Je devais avec Xavier Rossi. « Il m’a fallu du Gérard Dubois, lui demande s’il ses photos et son unique autopor- aussi m’acheter des Leica parce temps pour comprendre que c’était veut illustrer la couverture de son trait. « Dans une vie contemplative, qu’on ne fait pas de la photo avec la main de Dieu qui m’était tendue livre Le Bonheur en Dieu (éd. l’œil joue beaucoup dans la mesure une 2 CV. » Alexis refait son reporta- sur le toit, au-dessus du vide, que je Robert Laffont). « J’ai ressorti mes où on parle peu. Photographier signi- ge, puis frappe aux portes des rédac- devais l’accepter, que Dieu allait boîtiers. » Il a depuis pris des pho- fie écrire avec la lumière, ce qui per- tions. « C’est là que j’ai approché le désormais guider ma vie. » tos par milliers, sans avoir « rien à met de bâtir une théologie. Si je vois photojournalisme. » Alexis Georgeon quitte Gamma prouver », essentiellement à la Trap- un frère à telle heure, je sais que je Mais l’autre voix est la plus forte. pour la Trappe en mars 1994, en pe, un peu dans d’autres abbayes. pourrai le photographier un jour, Il a vingt et un ans et décide de disant qu’il prend une année sabba- Outre des publications dans la pres- avec cette lumière. Mes photos sont devenir moine trappiste. Au bout tique à New York. Peur des raille- se, ses images ont illustré, en le plus beau témoignage de ce que je de quinze jours, il abandonne. «Je ries ? « Ça me faisait chier de devoir mai 2000, Moines cisterciens (Ed. vis. Je peux mettre toute ma sensibili- me suis retrouvé face à un mur. Quel- FRÈRE THOMAS/LA TRAPPE m’expliquer. Ma vie était en jeu, pas Ouest-France). Et deux cent vingt té sans être retenu par ma pudeur. le claque ! Il fallait d’abord que je me Vénération de la nouvelle croix créée par Goudji. la leur. Je ne les pensais pas capables de ses images accompagneront un L’image est à la fois instantané et confronte à la réalité de l’existence. de comprendre. Je me suis peut-être livre, à paraître en avril 2001, consa- imaginaire. » J’avais besoin de grandir. Il y a une grande gueule », dit-il. Et pour vite nir. » Frère Thomas sait qu’il doit trompé. » Sans doute regrette-t-il cré à la Trappe. Cette part d’imaginaire a gagné petite voix, là-haut, qui m’a dit : lever un malentendu : « Alexis beaucoup à Gamma, « passage obli- de ne pas avoir dit la vérité à Xavier Frère Thomas photographie tout les photos du Val-de-Grâce. Elles “Pars vivre un peu et oublie-moi.” » n’était pas un total mystique. Il sor- gé » qu’il ne renie pas. Il y a appris à Rossi. « Je respecte son choix, réagit de la vie monastique, hormis un n’ont pas été diffusées, pas visibles. Alexis Georgeon frappe à la porte tait, faisait la fête, on se bourrait la n’« être rien », puis un métier, et a ce dernier. Qu’il soit devenu moine moine dans sa cellule. « Dès que je Elles ne sont pas répertoriées dans de Gamma, agence prestigieuse, où gueule. » Frère Thomas acquiesce : pris conscience que sa vie était ne m’a pas surpris. Il était si attiré sens que je dérange un frère, j’arrê- l’ordinateur de Gamma. Xavier Ros- il « bosse » comme laborantin, « On peut aussi gueuler à la Trappe. ailleurs. Il ajoute : « J’ai été très déçu par la vie monastique. Je me suis te. » Deux agences de presse l’ont si dit qu’il les a détruites avec les entre 1989 et 1994. Une bonne éco- J’étais plutôt un solitaire, mais je à Gamma par la médiocrité des rela- juste demandé s’il arriverait à aller contacté pour diffuser des images négatifs – un acte rarissime. C’est le. Il voit défiler les reportages et menais la vie d’un jeune homme de tions humaines. C’était le règne de la jusqu’au bout. Ça fait plus de six ans qu’un reporter aura du mal à réali- comme si elles n’avaient jamais peut parler avec leurs auteurs. « Les vingt et un ans. J’étais bon vivant, j’ai double page vendue à Match. On ne maintenant. Il a trouvé sa voie. » ser. Il a décliné l’offre. Mais pour- existé. meilleurs sont accessibles, les autres envisagé de me marier. Personne ne parlait jamais de sensibilité. » Xavier Rossi, un jour, a tapé à la por- quoi pas, se demande la commu- ont peur que tu prennes leur place. » pouvait prévoir ce que j’allais deve- Arrive le fameux 1er mai 1993 et te de la Trappe, sans prévenir. Frère nauté en quête de revenus (un éle- Michel Guerrin 6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001

DROITE Les derniers sondages, qui don- cesse de faire de la rupture avec Jean vingt arrondissements. b BERNARD BLED, renoncer à conduire la liste dans le 13e arron- nent la droite perdante à Paris aux élec- Tiberi l’axe essentiel de sa campagne. secrétaire général de la Ville de Paris et coor- dissement, n’entend pas être un candidat tions municipales, ont semé le trouble b LE MAIRE DE PARIS a passé accord avec donnateur de la campagne de M. Tiberi, « dissident ». Jacques Chirac, qu’il a rencon- dans l’opposition. De nombreux élus RPR, la famille Dominati et le RPF de Charles Pas- devrait renoncer à être candidat. b JAC- tré en décembre 2000, estime que s’il n’est UDF et DL souhaitent que Philippe Séguin qua pour présenter des candidats dans les QUES TOUBON, contraint par M. Séguin de pas tête de liste, «le13e est perdu ». L’opposition presse Philippe Séguin de modifier sa stratégie à Paris Après les derniers sondages défavorables à la droite dans la capitale, des députés souhaitent une pacification des relations avec Jean Tiberi. Le maire sortant a arrêté l’essentiel de son dispositif. Jacques Toubon explique pourquoi il ne devrait pas conduire une liste dissidente dans le 13e arrondissement

IL FAUT qu’il « se bouge », qu’il de Démocratie libérale. « Perdre affaire », regrette l’UDF Renaud virage à 180º et accepter de négo- « se remue », qu’il « revoie sa une ville qui est l’une des plus à droi- Donnedieu de Vabres, candidat à cier avec Tiberi », ajoute le maire copie », qu’il « créé une dynami- te de France, ce serait une perfor- Tours. Et voilà maintenant que la de Meaux. Un accord avec « le dis- que ». Philippe Séguin, le chef de mance ! Et cela aurait bien sûr des stratégie de rupture avec le « systè- sident » est un sujet controversé. file de la droite aux élections munici- retentissements aux législatives et à me parisien » ne fait pas l’unanimi- « Il vaut mieux perdre en pales à Paris, doit « faire quelque la présidentielle », s’inquiète le té ! Convaincus que la bataille ne conscience que de gagner en se com- chose ». Quelques jours après la séguiniste François Fillon, con- se gagnera « pas sans Tiberi », cer- promettant. Il y a des défaites arith- publication de deux sondages don- seiller politique du RPR. tains invitent l’ancien président du métiques et des victoires morales », nant la gauche gagnante dans la A droite, on se raccroche aux RPR à répondre à l’appel pour tranche le président du groupe capitale (le Monde du 9 janvier), les quelques « bonnes nouvelles » con- « l’union dès le premier tour » lancé DL, Jean-François Mattei. « Pas responsables de l’opposition tirent tenues dans ces deux enquêtes par le maire sortant, dimanche d’alliance pendant la campagne, la sonnette d’alarme et multiplient d’opinion. « L’écart droite-gauche 7 janvier, sur Radio J. cela ne pourrait que donner du cré- les conseils. « Il faut que Philippe est plutôt stable, il y a un gros tiers dit à Tiberi », prévient le porte- Séguin passe la vitesse supérieure »,a d’indécis et Tiberi ne fait que 12 % UN MARTYR DANGEREUX parole du RPR, Patrick Devedjian. reconnu Jean-Louis Debré, le prési- malgré les millions dépensés en vœux Car un autre danger pointe à Il ne s’agit pas de « garder » mais dent du groupe RPR de l’Assemblée sur les panneaux Decaux, en boîtes l’horizon : « Tiberi le martyr devient de « gagner » Paris, résume nationale, mercredi 10 janvier, en de chocolat, en médailles », analyse sympathique dans l’opinion », M. Fillon. Ce qui n’exclut pas, marge de la cérémonie de vœux des Pierre Lellouche (RPR), tête de liste notent plusieurs élus RPR. selon M. Goasguen, un « pacte de députés de l’opposition (lire page 8). dans le 9e arrondissement. Surtout, « Séguin a pratiqué une politique du non-agression, comme à , « L’affaire n’est pas jouée, mais il faut « ces sondages peuvent réveiller tout ou rien. Visiblement, ça ne pas- entre Michel Mercier [candidat offi- accélérer afin d’éviter que les élec- notre électorat et l’inciter à voter uti- se pas. Il faut qu’il prévoit une négo- ciel de la droite] et Charles teurs ne se résignent à l’alternance », le dès le premier tour ». ciation avec Tiberi avant le premier Millon ». commentait Dominique Perben tour, ou, en tout cas, entre les deux Il ne faut pas se tromper d’enne- (RPR), proche de Jacques Chirac. DÉFAITE ANNONCÉE DANS LE 18E tours. En politique, il faut apprendre mi et dénoncer le bilan parisien « Il faut, y’a qu’à, faut qu’on ». Et puis « la campagne n’a pas à mettre de l’eau dans son vin », des socialistes. M. Devedjian a sa Depuis la rentrée parlementaire, commencé », affirme la droite, assure M. Auberger. « On ne gagne petite idée : dans le 18e,où mardi 9 décembre, la droite, ses reprenant en chœur l’analyse de ne). Ce proche du président de ne convainc pas davantage. pas un deuxième tour en laissant de M. Séguin se bat contre le maire divisions dans la capitale, son mai- M. Séguin. Sa défaite annoncée l’UD, François Bayrou va jusqu’à D’autant que cet arrondissement côté 10 ou 12 % des voix (...) », esti- sortant et ministre de l’intérieur, re sortant, son candidat, alimen- dans le 18e, dans lequel il ne s’est remettre en cause M. Séguin com- stratégique sera « très difficile à me Renaud Muselier (RPR), pre- Daniel Vaillant, il suggère de tent les discussions dans les cou- placé qu’en quatrième position ? me chef de file, « un homme qui, garder sans lui », estime Martine mier adjoint au maire de Marseille. « transformer le scrutin en référen- loirs du Palais-Bourbon. Les élus Elle ne serait pas surprenante, visiblement, n’intéresse pas les pari- Aurillac (RPR), maire du 7e. « Dire Il faut décréter le cessez-le-feu. dum sur la sécurité ». A deux mois de l’opposition sont moins surpris commentent plusieurs élus. «Ce siens » et qui « donne l’impression que ceux qui sont en délicatesse Jean-François Coppé, chargé du du scrutin, la droite commence à par les résultats des sondages choix lui cause un tort énorme, car de faire du neuf avec du vieux ». avec la justice ne doivent pas être projet au RPR, plaide pour « une s’aviser que « l’adversaire, c’est qu’amers. « Ils officialisent ce qu’on l’opinion ne le comprend pas », con- L’attitude de M. Séguin à l’égard tête de liste mais peuvent être numé- logique d’apaisement, au moins avant tout la gauche ». sent bien sur le terrain : les batailles cède M. Lellouche. « Tout le mon- du maire du 13e, Jacques Toubon ro 2, c’est trop subtil », critique Phi- dans les mots ». Mais la marge de à droite font le jeu de la gauche », de sait maintenant que le 18e est (RPR), sommé de quitter la tête de lippe Auberger (RPR, Yonne). «Ça manœuvre du candidat officiel est Jean-Michel Bezat, soupire Claude Goasguen (DL), hors de notre portée », juge Jean- liste après le rétablissement de sa ne sert à rien de l’éliminer. Il y a limitée. Au yeux de l’opinion, Clarisse Fabre et conseiller de Paris et porte-parole Jacques Jégou (UDF, Val-de-Mar- mise en examen (lire ci-dessous), beaucoup d’hypocrisie dans cette « Séguin peut difficilement faire un Jean-Baptiste de Montvalon

Henri Guaino contre la « fracture morale » Jean Tiberi, Jacques Dominati et le RPF se coalisent contre la « liste officielle » LE FRONT anti-Séguin s’organise au sein au maire, Jacques Dominati, a été, mardi men, devrait conduire la liste dans le 3e.En deux listes concurrentes, M. Tiberi n’a pas Henri Guaino, candidat ségui- de la droite parisienne. Le maire de Paris, 9 janvier, l’occasion de sceller le pacte de non revanche, dans le 2e, Benoite Taffin (divers encore calé son dispositif. Dans le 11e, Victor niste dans le 5e arrondissement, Jean Tiberi, qui a annoncé qu’il présenterait agression. Dominati père, soixante-quator- droite), la maire, est restée sourde aux appels Izraël (DL) se dit encore hésitant, mais il est a déclaré, mardi 9 janvier, ses têtes de listes le 16 janvier, a deux fers au ze ans, conseiller de Paris depuis 1959, mis en du maire de Paris, qui devrait envoyer contre donné partant par M. Bled, tout comme Jean- qu’une fusion des listes de droite feu. Sous la houlette de Bernard Bled, secré- examen en mai 2000 dans l’affaire des faux elle une femme du RPF, Maryvonne Lebris, Philippe Hubin (indépendant) dans le 7e,qui entre les deux tours des munici- taire général de la Ville, promu, pour la cir- électeurs du 3e arrondissement, comme ses ancienne collaboratrice de M. Pasqua. se contente de laisser dire. Dans le 8e,on pales serait « une forfaiture et un constance, « coordonnateur » de la campa- deux fils, Laurent et Philippe, ne se représen- Le RPF était parti très haut dans la négocia- annonce, sans plus de précisions, « une fem- parjure ». L’ancien commissaire gne, M. Tiberi poursuit des négociations tera pas en mars. Le cadet, Laurent, député tion en réclamant dix têtes de listes. Les tibéris- me » tête de liste. Enfin, dans le 19e, le choix au Plan, qui inaugurait son local parallèles avec les Dominati – le père, Jac- (DL) du centre de Paris, est programmé pour tes devraient, finalement, lui en proposer cinq, n’est pas fait entre Pierre Adonaï, représen- de campagne, rue des Feuillan- ques, et le fils, Laurent – et leurs alliés, ainsi reprendre le flambeau. Mais il est, lui-même, dont Jean-Louis Arajol, ancien syndicaliste poli- tant de la communauté antillo-guyannaise, tines, est venu, a-t-il expliqué, qu’avec le RPF de Charles Pasqua. en mauvaise posture : écarté par M. Séguin, il cier proche de M. Pasqua, dans le 20e, et Alain Laurent Parienti (DL), protégé de Laurent « combattre la fracture morale » Les recalés du séguinisme étant nombreux, a aussi dû quitter sa place de secrétaire géné- Robert, secrétaire départemental du RPF, sans Dominati, très introduit dans la commnauté dans le 5e. « Quelle signification MM. Tiberi et Bled ratissent large et la lutte ral de DL. En échange de sa démission, les doute dans le 10e, où M. Bled lui-même, qui a juive religieuse locale, et un candidat du RPF. aurait un accord avec des listes qui pour les places est rude. Le maire de Paris amis parisiens d’Alain Madelin lui ont laissé renoncé à se lancer dans la bagarre, lui laisse- Reste les points litigieux ou douloureux. n’ont aucun objectif politique, a devrait présenter vingt « couples » pour les les quatre arrondissements du centre de la rait la place. Dans le 18e, le RPR Hervé Mécheri, animateur interrogé M. Guaino, et ne sont là deux premières places dans chaque arrondis- capitale, où aucun libéral ne se présentera Certains fiefs sont attribués depuis longtemps : de campagne de M. Tiberi depuis un an, va que pour défendre des places ? » sement, mais cinq ou six femmes seulement, contre lui sous les couleurs du séguinisme. le 5e à Jean Tiberi et Marie-Chantal Bach, seule devoir laisser la place à Jean-Pierre Pierre Le candidat a dénoncé « un front « comme chez les socialistes » précise M. Bled, femme de l’équipe RPR locale, le 9e à Vincent Bloch (DL), proche des Dominati. Même cho- commun de notables qui se livre à seront en première position. CADEAU D’ADIEUX À DOMINATI PÈRE Reina, adjoint (RPR) et bras droit du maire, le se dans le 14e, où Thierry Ragu, proche colla- la défense des avantages acquis », Outre l’obligation de la parité, exercice Il lui restait à obtenir la même chose de 17e à Philippe Lafay (RPR), le 15e, enfin, à Jean- borateur de Jacques Dominati, dispute la tête « un système ancien de népotisme ardu dans un paysage constitué essentielle- M. Tiberi. Ce dernier ne pouvait pas refuser ce Antoine Giansily, RPR, face à deux autres RPR, de liste à Jean-Claude Delarue, président d’as- et de clientélisme, forme la plus ment de sortants masculins, M. Bled a dû cadeau d’adieux à son vieil ennemi, Dominati Edouard Balladur, que soutient M. Séguin, et sociation et tibériste de longue date. Pour dégradante de la politique ». satisfaire, à la fois, les exigences du clan père. Laurent Dominati sera donc tête de liste René Galy-Dejean, le maire sortant. mettre un peu de sel, le numéro 2 dans le 14e Si M. Tiberi arrive en tête, la Dominati et les prétentions du RPF, décidé à dans le 4e, que devrait quitter le RPR Claude Dans d’autres arrondissements, les choses devrait être une femme, Marie-Hélène liste séguiniste du 5e se retirera monnayer au prix fort le soutien de M. Pas- Rolland, jusque-là prétendant au titre. Ce der- sont encore flottantes et les adhésions au Bérard, ancienne conseillère sociale de Jac- « sans aucune consigne de vote », qua. Du coup, nombre de personnalités intro- nier décroche la tête de liste dans le 6e,où camp Tiberi pas toujours très claires. Une ques Chirac à Matignon, entre 1986 et a précisé M. Guaino. Ce dernier nisées, il y a dix mois, « animateurs de campa- Jean-Pierre Lecoq, maire (RPR) sortant, vient inconnue, Michèle-Laure Rassat, juriste, 1988 lorsque… Philippe Séguin était ministre proposera, mi-février, « un débat gne », devront se contenter d’une place de de rompre avec M. Séguin et refuse de faire auteur, pour le maire, d’un rapport sur la poli- des affaires sociales. public et démocratique » à sa riva- figurant en queue de liste. allégeance à M. Tiberi. Un proche des Domi- ce municipale, devrait conduire la liste dans le socialiste, Lyne Cohen-Solal. La cérémonie des vœux du premier adjoint nati, Jack-Yves Bohbot, également mis en exa- le 13e. Dans le 12e, où la droite présente déja Christine Garin Les confidences de Jacques Toubon, écarté après avoir tant servi ENTRE Philippe Séguin et Jac- Philippe, ont une conception souf- ravala ses ambitions et retourna re de cornecul », tempête-t-il, une sur ce plan-là, ce n’est pas un hom- cher dans l’Himalaya le procureur ques Toubon, les relations n’ont frante de l’existence. Moi, j’ai une s’asseoir sur ses bancs du Conseil affaire apparemment sotte d’inter- me que l’on prend souvent en Laurent Davenas dans l’intention jamais été simples. Pour tout dire, propension naturelle au bonheur. » de Paris. M. Toubon commente : vention au profit du coiffeur de défaut. de sauver la mise de M. Tiberi et, ils se sont même cordialement Il y a aussi eu entre les deux hom- « J’ai mis mon mouchoir sur l’affaire son épouse, soucieux d’acheter M. Toubon est donc allé voir, par ricochet, de M. Chirac. détestés pendant près de vingt- mes quelque chose de beaucoup de 1998, même si je sais que Séguin une propriété dans les Pyrénées- comme un dernier recours, le prési- Le président, pourtant, s’est peu cinq ans. « Cordialement détes- plus personnel que M. Toubon résu- a eu un rôle déterminant dans notre Orientales. Mercredi 10 janvier, le dent de la République, le dernier à peu éloigné. « Tout homme politi- tés » est sans doute, avec le recul, me en trois phrases : « Je m’étais échec. Je n’ai d’ailleurs jamais su s’il comité des sages du RPR, saisi par week-end de décembre. Là non que, à partir d’un certain moment, l’expression qui conviendrait le marié en 1966 avec Béatrice. Nous pensait déjà à se présenter… » M. Toubon, a estimé que les faits plus, les choses ne sont pas sim- porte plus d’attention à ceux qui mieux à ce que ressentait Jacques avons divorcé en 1978. Elle s’est Aujourd’hui, M. Toubon fait de qui lui sont reprochés « ne mettent ples. « Nos relations ont toujours l’emmerdent qu’à ceux qui le ser- Toubon, surtout. L’ancien ministre remariée un ou deux ans après avec nullement en cause son honneur ou été faites de non-dits, soupire-t-il. vent », philosophe M. Toubon. de la justice n’est pas d’un caractè- Philippe et ils ont eu leur fille en son intégrité personnelle ». Le porte- Et puis il y a eu cette parenthèse en Lors de leur entrevue, le chef de re bilieux. Il n’a jamais vraiment 1980. » Dans les minutes qui sui- Il a longtemps eu parole du RPR, Patrick Devedjian, 1998, quand j’ai fait ma démarche l’Etat, qui vouvoie curieusement haï personne et son optimisme lui vent, il conclut d’un : « Bref, nous estime qu’il s’agit d’un simple contre Tiberi. Cela a été une vraie M. Toubon alors qu’il a le tutoie- a évité d’être trop profondément avons commencé à entrer en compé- une règle envers « accident du travail ». Mais coupure. » L’ancien député a pour- ment facile, a admis : « Si vous rongé par ces ambitions recuites tition en 1978 », qui donne involon- M. Séguin tient à son principe et tant un long passé de fidélité der- n’êtes pas tête de liste, le 13e est per- qui minent ses amis de droite. Il tairement la clé de l’affaire. Aujour- Jacques Chirac : propose à M. Toubon une place de rière lui. Il a longtemps eu une du. » Mais il n’a pas levé le petit n’aimait donc pas Séguin, mais il y d’hui, ce conflit-là s’est largement numéro deux dans le 13e arrondis- règle envers Jacques Chirac : «Ne doigt pour convaincre M. Séguin mettait une sorte de bonhomie désamorcé : « Nous ne sommes plus « Ne pas lui créer sement, quand celui-ci assure : pas lui créer de problèmes mais lui de changer d’avis. désarmante. rien, ni l’un ni l’autre, au RPR et, sur « C’est numéro un ou rien. » « Je lui en résoudre. » Les choses en sont là. Si M. Tou- Du côté de M. Séguin, on ne jure- le plan personnel, tout cela est du pas- de problèmes, mais ai dit : “Philippe, ne te trompe pas”, En 1978, il avait concédé à Ray- bon persiste à ne pas accepter une rait pas que les sentiments n’ont sé. Du coup, une certaine affinité se raconte M. Toubon avec exaspéra- mond Barre sa circonscription autre place sur la liste, il perdra sa pas été plus complexes : il y a eu crée. Et après tout, il est ce qu’il est. » lui en résoudre » tion. Les gens ne comprendront pas lyonnaise. En 1983, il avait aban- chance de conserver le dernier man- sans doute du mépris intellectuel, La politique les place pourtant que tu ne veuilles pas de moi en pre- donné à Edouard Balladur le con- dat qui lui reste, celui de maire. Et il de l’agacement politique, l’opposi- dans une situation complexe. Il y a mier, mais que tu m’acceptes en servateur 15e arrondissement et jure qu’il ne fera pas dissidence : tion d’un éternel minoritaire chez deux ans, lorsque M. Toubon tenta nouveau les frais d’une décision de deuxième ou troisième. Ils y verront s’était replié sur le 13e, bien plus « La dissidence, ce n’est pas dans les gaullistes au fidèle de Jacques de renverser la majorité municipa- M. Séguin. Le candidat a en effet une forme de compromis. Mieux périlleux. En 1986, il a gardé la bou- mes gènes. » « De toute façon, ajou- Chirac, de la jalousie aussi pour la le à Paris pour faire tomber Jean promis qu’il ne choisirait aucun vaut que tu dises que mon affaire tique RPR alors que tous les « qua- te-t-il, la traversée du désert, cela fait confiance qu’a longtemps témoi- Tiberi, M. Séguin, alors président mis en examen pour mener ses lis- n’a rien à voir avec les affaires de dras » de sa génération entraient un moment que je la connais. Et puis gnée le chef de l’Etat à M. Toubon. du RPR, menaça les dissidents de tes à Paris. C’est l’une de ses cartes Paris et que, puisque je suis le seul à au gouvernement. En 1995, il a je travaillerai pour la campagne prési- « Et puis nos caractères sont si diffé- leur retirer l’investiture du parti. maîtresses pour symboliser le chan- pouvoir empêcher le 13e de basculer accepté le ministère de la justice dentielle. Et Chirac m’a dit que je rents, soupire le maire du 13e arron- M. Toubon, en meneur de « puts- gement de « système » dans la capi- à gauche, tu feras une exception. » alors qu’il rêvait de la Mairie de pouvais compter sur lui. » dissement. Certains hommes politi- chistes », était trop brouillon, et la tale. Seulement M. Toubon est mis Dialogue de sourds. M. Séguin a Paris. En 1997, il a été battu après ques, et je ne parle pas seulement de menace trop grave : le petit groupe en cause par la justice. « Une affai- juré qu’il ne transigerait pas. Et, avoir envoyé un hélicoptère cher- Raphaëlle Bacqué 8 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 FRANCE

L’opposition s’abrite derrière le Conseil La droite critique constitutionnel pour harceler le gouvernement le projet d’union L’amendement sur l’arrêt Perruche est rejeté par les députés présenté par M. Balladur Les censures par le Conseil constitutionnel de l’al- gler le gouvernement sur ces textes. Le projet de Les députés ont rejeté l’amendement Mattéi con- légement de la CSG et de l’écotaxe servent de loi sur la modernisation sociale, examiné, depuis tre l’arrêt Perruche. Le harcèlement moral référence à la droite parlementaire pour épin- mardi à l’Assemblée, n’échappe pas à la mode. devrait faire son entrée dans le code du travail. Les chiraquiens préparent une autre initiative

IL NOURRIT les interventions, il paration nous indignent », s’excla- dans les centres de rétention admi- Philippe de Villiers, le président du EN PRÉSENTANT les statuts de de juin 1997, le candidat à la Mai- sert de référence aux uns, il tétani- me Bernard Accoyer (RPR, Haute- nistratifs et à l’aide médicale de groupe DL, Jean-François Mattéi a l’Union pour la réforme (UPR), for- rie de Paris s’interroge sur la finali- se parfois les autres. Depuis l’invali- Savoie). La secrétaire d’Etat à la san- l’Etat pour celles gardées à vue. Le défendu sa proposition destinée à mation unique de l’opposition té de l’union tout autant que sur la dation de l’allégement sur la CSG té, Dominique Gillot, tente l’hu- gouvernement a par ailleurs renon- revenir sur l’arrêt de la Cour de cas- qu’il appelle de ses vœux, Edouard faisabilité du projet. et de l’écotaxe, l’ombre du Conseil mour : « C’est la mutualisation des cé à transformer le Laboratoire sation qui, le 17 novembre, a indem- Balladur avait évoqué par avance L’UPR allait-elle recevoir un constitutionnel flotte en permanen- difficultés à rédiger un texte particu- français de fractionnement et des nisé un jeune né handicapé parce les « résistances » que n’allait pas meilleur accueil dans les apparte- ce au-dessus des débats parlemen- lièrement complexe. » Peine perdue. biotechnologies – l’agence du que la rubéole de sa mère n’avait manquer de susciter son projet. ments du très chiraquien questeur taires. Le projet de loi sur la moder- L’introduction de deux disposi- sang – en société anonyme au pro- pas été détectée par les médecins. Sur ce point, l’ancien premier RPR de l’Assemblée nationale nisation sociale, examiné mercredi tions, censurées, alors qu’elles figu- fit d’un statut d’établissement « C’est d’eugénisme dont il s’agit ministre a été servi. Parmi les chefs Henri Cuq ? En présentant ensem- 10 janvier à l’Assemblée nationale, raient dans un autre texte, par le public, industriel et commercial. La ici », a assuré l’élu des Bouches-du- des quatre partis actuels de la droi- ble leurs vœux à la presse, mercre- n’échappe pas à la mode. Au fil des Conseil constitutionnel, sur les res- loi Thomas sur les fonds de pen- Rhône en pointant les « risques de te, seule Michèle Alliot-Marie a, di, les trois présidents de groupe articles, les orateurs de droite s’en sources de l’agence technique de sion a été abrogée. Enfin, sur propo- dérive, suscités par le désir de plus en jusqu’à présent, daigné réagir. Lors de l’opposition, Jean-Louis Debré sont donné à cœur joie pour dénon- l’information ou sur le transfert de sition du PCF, le gouvernement plus affirmé d’avoir des enfants de ses vœux à la presse, le 8 jan- (RPR), Philippe Douste-Blazy cer les « erreurs » du gouverne- contrats de travail du « domaine de engagera une concertation avec les “parfaits”. C’est notre devoir d’adop- vier, la présidente du RPR avait (UDF) et Jean-François Mattéi ment, l’« impréparation » de ses tex- Pompadour » aux « Haras natio- partenaires sociaux dans la perspec- ter un principe de prudence et de implicitement critiqué le projet de (DL), ont voulu, eux aussi, afficher tes, ou leur « caractère naux », relance le jeu. « Passons sur tive de rétablir les élections dans poser un verrou législatif ». «Les M. Balladur, en écartant l’« union leur volonté d’union. Pour autant, cafouilleux ». ces errements… », fait mine de s’api- les caisses de « Sécu », définitive- familles ont fort mal vécu cette déci- qui se décrète » pour lui préférer c’est avec réserve qu’ils ont Un amendement de cohérence toyer François Goulard (DL, Morbi- ment abandonnées avec le plan Jup- sion », a insisté Mme Boutin. Un l’« union au quotidien ». Ses trois accueilli le projet de M. Balladur. corrige-t-il « une erreur matériel- han). Même les députés socialistes pé en 1996. débat s’est alors engagé sur l’inter- homologues, candidats – déclarés Le seul à s’en être réjoui est le » ? La partie droite de l’hémicy- y font référence : « Ces dispositions prétation de l’arrêt de la Cour. ou non – à l’élection présidentiel- M. Mattéi, pour lequel « la contri- cle se manifeste : « Encore une ! » ne prêtent à aucune contestation juri- PRINCIPE DE PRUDENCE « L’eugénisme, c’est la sélection orga- le, n’en ont même pas dit un mot. bution Balladur est précieuse, car Le gouvernement tente-t-il de recti- dique… », explique parfois un d’en- Puis le ton est subitement deve- nisée. Nous n’y sommes pas, sauf à L’UPR a essuyé les sarcasmes elle donne le signal du départ ». fier un numéro d’article ? Les dépu- tre eux. nu grave, peu avant minuit, avec revenir sur l’IVG. Cet arrêt a permis des proches du président de « Pourquoi mettre en place des tés RPR, UDF et DL bondissent : Au milieu de cette polémique, l’amendement sur l’arrêt Perruche la reconnaissance d’un droit pour les l’UDF, François Bayrou. Interrogé, structures alors qu’on ne sait pas ce « Mobiliser le Parlement pour recti- l’Assemblée a adopté le droit à une (Le Monde du 10 janvier). En pré- handicapés et à ce titre, il mérite mercredi, sur i-télévision, Domini- qu’on va vendre ? », s’est interrogé fier des erreurs de numérotation est assistance médicale pour les per- sence de Christine Boutin (UDF, d’être défendu », a argumenté l’an- que Paillé, délégué général de M. Debré. « Il faut proposer un cer- affligeant ! Ces insuffisances de pré- sonnes détenues temporairement ) et du député de Vendée, cien ministre de la santé, Claude l’UDF, a ainsi proposé de rebapti- tain nombre de réformes et les por- Evin (PS, Loire-Atlantique). Sur ce ser l’UPR « Union pour le ravauda- ter ensemble. Après, le reste vien- « sujet grave », la ministre Elisabeth ge ». « On prend les mêmes lettres, dra », a ajouté le chef de file des Guigou s’est engagée à consulter le on secoue et on en sort une autre députés RPR. « Il ne peut y avoir Les députés socialistes mettent en cause Conseil national d’éthique, les combinaison », indique dans la d’union qu’à partir d’un projet fédé- Droits de l’homme et les associa- même veine le président délégué rateur », a renchéri M. Douste-Bla- tions. « Si ces consultations devaient de l’UDF, Hervé de Charette, qui zy. Il faut que l’initiative « parte les dérogations fiscales des juges constitutionnels nous montrer qu’il est nécessaire de juge « surprenant que les auteurs d’en bas » et qu’il y ait « d’abord légiférer, je crois que nous devrions le de cette proposition ne soient pas discussion d’un projet politique » a L’IRRITATION grandit, dans les rangs de la majorité, Depuis le 11 janvier 1960, 50 % de l’indemnité des faire dans le cadre de la loi sur la pris d’un tremblement de rire ». également affirmé, mercredi, sur à l’encontre du Conseil constitutionnel. La censure récen- juges constitutionnels est considérée comme représenta- bioéthique », a-t-elle déclaré. La « C’est une opération de ripolinage Europe 1, le chiraquien Jean-Pier- te par ce dernier – au nom de l’égalité devant l’impôt – tive de frais professionnels et, à ce titre, exonérée d’im- proposition de M. Mattéi a été reje- d’une maison délabrée [le RPR] », re Raffarin, vice-président de DL. des dispositions adoptées par le Parlement sur l’allège- pôt sur le revenu. Cette situation est calquée sur celle tée par 41 voix contre 20. a assuré le député (UDF) de Loir- , qui avait déjà publié, ment de CSG et sur l’écotaxe, avait été accueillie par des des députés jusqu’en 1996, date à laquelle les parlemen- Jeudi, l’examen du projet de loi et-Cher Maurice Leroy, qui juge le le 24 novembre 2000, un appel à commentaires acides. La réplique des députés socialistes taires avaient supprimé cette dérogation fiscale dont ils devait se poursuivre, notamment projet « mort-né ». Moins acerbe, l’union signé par 364 parlementai- est venue, mercredi 10 janvier, lors de l’examen par la bénéficiaient, tout en conservant des indemnités de fonc- sur le volet emploi. Sur proposition l’ancien garde des sceaux Pierre res de l’opposition, indique dans commission des lois de l’Assemblée du projet de loi orga- tion et de secrétariat défiscalisées. De son côté, le Con- communiste, le harcèlement moral Méhaignerie juge toutefois que ses éditions de jeudi que les chira- nique relatif à l’élection du président de la République seil constitutionnel a attiré l’attention du ministère des devrait faire son entrée dans le l’UPR « aura du mal » à voir le quiens s’apprêteraient à rendre au suffrage universel, qui doit être discuté dans l’hémicy- finances, en décembre 1998, sur le régime fiscal déroga- code du travail. Sa définition, amen- jour « tant qu’il n’y aura pas de lea- public un nouveau « texte de cle, en deuxième lecture, le 18 janvier. toire de ses membres, demandant qu’il y soit mis fin. Le dée par Le PS, a été adoptée par la der incontesté à droite ». réflexion politique » d’une trentai- Un amendement présenté par René Dosière (PS, dossier est, depuis, en souffrance. Commission des affaires sociales : ne de pages, posant comme préala- Aisne), François Colcombet (PS, Allier) et Arnaud Monte- Un second amendement a été adopté par la commis- « aucun salarié ne doit subir les agis- UNE CONTRIBUTION « PRÉCIEUSE » ble la nécessaire élaboration d’un bourg (PS, Saône-et-Loire) a, en effet, été adopté par la sion visant à interdire aux membres du Conseil constitu- sements répétés de harcèlement Devant quelques journalistes, projet commun. A la différence du commission. Il vise à soumettre l’intégralité des « indem- tionnel de donner des « consultations » à l’extérieur. moral d’un employeur » ayant pour mercredi, l’ancien président du projet de M. Balladur, ce texte ren- nités perçues par les membres du Conseil constitutionnel » Dans l’hypothèse où ces amendements seraient adoptés, effet « de porter atteinte à sa dignité RPR, Philippe Séguin, a également verrait la question de l’organisa- à l’impôt sur le revenu. « L’importance prise par cette insti- le Conseil serait nécessairement amené à se prononcer et de créer des conditions de travail exprimé les plus grandes réserves tion concrète du parti unique tution justifie qu’il soit mis fin à cette imposition dérogatoi- puisque le texte concerné est un projet de loi organique. humiliantes ou dégradantes ». vis-à-vis du projet de M. Balladur. après les échéances de 2002. re aux règles de droit commun, qui ne peuvent que choquer Soulignant que la pluralité n’a pas les Français », soulignent les auteurs. Gérard Courtois Isabelle Mandraud nui à la gauche lors des législatives Jean-Baptiste de Montvalon Retraites : les syndicats demandent au patronat de reprendre les négociations Les socialistes soutiennent Faute de nouvelle convention, le gouvernement devrait légiférer sur l’ASF une proposition de loi de l’UDF C’EST une affaire de calendrier, ter d’agir par décret. « Il semble donne aucun signe d’ouverture, je fin des négociations, donnant dix LA COMMISSION DES LOIS de l’Assemblée nationale a adopté, mer- et pas des moindres, qui préoccu- qu’un projet de loi soit nécessaire », demande dès le lendemain à Elisa- jours aux organisations syndicales credi 10 janvier, une proposition de loi constitutionnelle de Pierre pe désormais les syndicats et confirme Jean-Christophe Le Dui- beth Guigou [ministre de l’emploi pour se prononcer sur son projet Méhaignerie (UDF, Ille-et-Vilaine) autorisant les collectivités locales embarrasse le gouvernement, gou, responsable de la CGT. et de la solidarité] de déposer un d’accord, à prendre ou à laisser. à procéder à des « expérimentations » en « adaptant les lois et les règle- s’agissant des retraites complémen- N’ayant plus d’existence juridique texte » indique Jean-Luc Cazettes, Dans une lettre commune adres- ments ». La proposition de loi modifie l’article 72 de la Constitution taires. Alors que le Medef doit, depuis le 1er janvier, l’ASF continue le président de la CFE-CGC. De sée, mardi 9 janvier, à Francis Bazi- pour y inscrire le « droit à l’adaptation » des lois et règlements par les mardi 16 janvier, lors d’une assem- toutefois de fonctionner jusqu’au son côté, le gouvernement attend le, le chef de file de la délégation collectivités locales. L’expérimentation locale autorisée par le Parle- blée générale très attendue, préci- 31 mars. Mais ce répit supplémen- d’être officiellement saisi par les des employeurs, la CGT, la CFDT, ment aurait une durée limitée à trois ans et donnerait lieu à un bilan, ser ses intentions sur ce dossier, et taire n’en est pas vraiment un. syndicats pour lancer la procédu- FO, la CGC et la CFTC déclarent avant son éventuelle généralisation à l’ensemble du territoire. Un notamment confirmer ou non son Pour faire voter un éventuel pro- re. Ce qui ne l’empêche pas de tra- que le patronat « porterait la res- amendement du président de la commission des lois, Bernard refus de participer à l’Association jet de loi, le gouvernement va vailler sur plusieurs schémas, dont ponsabilité pleine et entière d’un Roman (PS), exclut du champ d’expérimentation les « fonctions réga- pour la structure financière (ASF), devoir aller très vite et faire entrer celui d’un dépôt de texte avec effet refus (…) qui ne peut être accepté liennes » de l’Etat. dont la convention est venue à au chausse-pied un texte dans un rétroactif. par les 24 millions de salariés et Le texte sera examiné en séance publique, mardi 16 janvier, dans la échéance le 31 décembre 2000, l’in- agenda législatif court et surchar- retraités ». fenêtre parlementaire du groupe UDF, la veille du débat sur la décen- quiétude monte. gé. En raison des élections munici- JOURNÉE D’ACTION COMMUNE Au sein du patronat, des débats tralisation à l’Assemblée, le 17. Il a été adopté en commission, mercre- Car les juristes sont désormais pales, le Parlement suspend son En attendant, les syndicats commencent à avoir lieu. Jean Del- di, par le PS, l’UDF et une partie des élus RPR et DL, tandis qu’une formels. Si le gouvernement doit, activité du 9 février au.. 26 mars. demandent « très officiellement » mas, le président de l’UPA (arti- partie de la droite a voté contre, comme Nicole Catala (RPR, Paris), faute de nouvelle convention, se Dès lors, tout le monde est dans au patronat une reprise « dans les sans) prend ainsi ses distances ainsi que le chevènementiste Jean-Pierre Michel (Haute-Saône). substituer aux partenaires sociaux les starting-blocks. « Cette histoire meilleurs délais » des négociations avec la stratégie de « blitzkrieg » et lever les cotisations qui assurent de l’ASF est une opération purement sur le dossier des retraites complé- retenue par le Medef. « Vouloir le financement de la retraite à politicienne du Medef pour emmer- mentaires. Lors de la dernière séan- limiter dans le temps de manière soixante ans dans les régimes com- der le gouvernement avant les élec- ce de discussions, le 21 décembre abrupte les négociations, ce n’est plémentaires, rôle rempli par l’ASF tions. Pour moi, les choses sont très 2000, qui s’était soldée par un pas conforme à la refondation socia- depuis 1983, il ne pourra se conten- claires. Si, le 16 janvier, le Medef ne échec, le patronat avait décrété la le » nous a-t-il déclaré. Pour M. Delmas, qui se dit totalement d’accord avec l’objectif de réforme PLACE AUX FEMMES poursuivi par le Medef, une telle attitude risque en effet d’être con- tre-productive. « Les retraites com- Les évêques, adeptes de la « spécificité » féminine en politique plémentaires, c’est le premier étage de la fusée, c’est-à-dire d’une refon- « IL FAUDRA soutenir et encourager les femmes on les en croit. « J’ai beaucoup de respect pour des te des retraites en général » expli- dans leurs engagements pour que la collectivité bénéfi- femmes engagées dans la vie politique française : je que-t-il. Vendredi, la réunion du cie pleinement de leur grande attention aux problè- pense à des ministres, des députées, des maires », con- conseil d’administration de l’ASF mes du quotidien, de leur intuition, de leur savoir-fai- fie Mgr Olivier de Berranger, président de la com- pourrait être un premier test des re. » Cette profession de foi n’émane pas d’un hom- mission sociale et évêque de Saint-Denis, qui se intentions patronales. Les organi- me politique ou d’un parti, mais de la commission refuse pourtant à citer des noms. « Elles sont sations syndicales préparent acti- sociale des évêques de France, qui, dans une décla- d’authentiques personnalités politiques, et elles ont en vement en tout cas la journée d’ac- ration sur les élections municipales intitulée « Une plus une attention aux problèmes humains qui leur tion du 25 janvier « pour défendre chance pour la démocratie », prend fermement est spécifique. » les retraites complémentaires ».La position pour la parité en politique. Et l’Eglise dans tout cela ? « Je sais bien que l’on va CFDT qui souhaitait ne pas voir les Deux ans après avoir lancé un appel à « réhabili- nous retourner la question, soupire Mgr de Berran- fonctionnaires se joindre aux ter la politique », les évêques espèrent que les muni- ger. Mais, que voulez-vous !, le Christ s’est fait hom- mobilisations prévues, n’a pas eu cipales seront l’occasion de favoriser une meilleure me, il a transmis le ministère sacerdotal à des hom- gain de cause. Mercredi, la CGT, participation des citoyens à la démocratie et de mes… Je crois à l’importance de ce symbole. Mais je FO, la FSU et le Groupe des dix, « donner plus de consistance à la fraternité ». Ils plai- constate aussi que le Christ a confié des responsabili- qui avaient une réunion commune dent pour le droit de vote des étrangers non com- tés à des femmes. Dans l’Eglise, plusieurs femmes ont pour préparer la journée d’action munautaires aux élections municipales et aime- joué des rôles de premier plan. » Et de citer en exem- du 18 janvier dans la fonction raient susciter davantage de vocations à l’engage- ple quelques noms de saintes, comme Catherine de publique, ont d’ailleurs appelé ment politique, qui est « une noble tâche ». Dans le Sienne ou Edith Stein. Avant d’ajouter : « On peut vivement les agents de l’Etat à se « renouvellement du monde des élus » que les res- toujours souhaiter qu’il y en ait davantage… » mobiliser le 25 janvier. ponsables catholiques appellent de leurs vœux, les femmes sont appelées à jouer un rôle éminent, si Xavier Ternisien Caroline Monnot 9 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001

JUSTICE La chambre de l’instruc- sang contaminé. b LES MAGISTRATS tés. b LES REQUALIFICATIONS de faits bre, « ni conformes aux dispositions mettre son dossier en conformité avec tion de la cour d’appel de Paris a annu- ont estimé que le dossier, instruit pen- d’« empoisonnement » en « homici- légales ni aux dispositions convention- ces recommandations. b LE PROCÈS lé, mercredi 10 janvier, une partie de dant six ans par la juge Marie-Odile des involontaires » sans que les per- nelles ». b LA JUGE Bertella-Geffroy, du volet non-ministériel devant un tri- la procédure concernant le volet Bertella-Geffroy, et clos en mai 1999, sonnes mises en examen aient été qui a par ailleurs été chargée du dos- bunal correctionnel ne pourrait avoir « non-ministériel » de l’affaire du était partiellement entaché de nulli- réentendues, ne sont, selon la cham- sier de la vache folle, doit désormais lieu, au mieux, qu’en 2002. Des vices de procédure retardent le troisième procès du sang contaminé La chambre de l’instruction a annulé, mercredi, une partie de la procédure concernant le volet « non-ministériel » de l’affaire. Déplorant que la juge n’ait pas réentendu les mis en examen après la requalification des faits en « empoisonnement », la cour d’appel renvoie le dossier à l’instruction

LA JUSTICE avance en reculant des responsables de centres de men sur les nouvelles infractions examen dans ce dossier, avant de dans l’affaire du sang contaminé. transfusion sanguine, ainsi que qui leur étaient reprochées. «Il décider de leur renvoi devant une La chambre d’instruction de la cour des médecins prescripteurs spécia- s’ensuit que l’ordonnance de trans- juridiction. Si la magistrate choisis- d’appel de Paris a en effet annulé, listes de l’hémophilie. Il leur est mission de pièces doit être annu- sait de les renvoyer devant un tri- mercredi 10 janvier, une partie de reproché, notamment, d’avoir con- lée », assène la juridiction. bunal correctionnel, un procès la procédure concernant le volet tribué à freiner, entre 1983 et 1985, De surcroît, la chambre d’ins- pourrait voir le jour au mieux cou- « non ministériel » de ce dossier la mise en place du dépistage systé- truction constate que plusieurs rant 2002. Si elle optait, en revan- qui avait été instruite par la juge matique du virus du sida dans les points de forme « font défaut » che, pour la voie de la cour d’assi- Marie-Odile Bertella-Geffroy, et dons de sang. dans la procédure : la traduction ses – comme la magistrate le sou- dans laquelle une trentaine de per- en langue française de nombreux haitait en mai 1999 –, sa décision sonnes ont été mises en examen. UN DOSSIER TENTACULAIRE documents annexés en anglais par pourrait faire l’objet d’un appel. La chambre d’instruction a estimé Voilà plus de six mois que la la juge ; l’analyse de documents Dans ce cas, le dossier serait à nou- que le dossier de la magistrate, qui chambre d’instruction, présidée transmis par le secrétariat général veau examiné, cette fois sur le avait été clos en mai 1999, est en par Gilbert Azibert, se penchait sur du gouvernement en place en fond, par la chambre d’instruction, partie entaché de nullités. Elle lui a le devenir de ce dossier tentaculai- 1985 ; des investigations sur la por- puis par la Cour de cassation. pourtant renvoyé l’ensemble du re, lourd de 20 000 pièces de procé- tée du décret du 8 septembre Dans cette hypothèse, un nouveau dossier, non sans lui demander de dure. La chambre d’instruction 1982, qui ne rendait pas obligatoi- procès ne serait pas envisageable le mettre en conformité avec cer- devait notamment éclaircir plu- re l’enregistrement des tests de avant plusieurs années. tains aspects du droit. Près de deux sieurs points de la procédure : pou- dépistage avant leur commerciali- ans après la clôture de l’informa- vait-on garder la qualification sation. La chambre d’instruction IMPASSE PROCÉDURALE tion judiciaire, la chambre d’instruc- d’« empoisonnement » pour cer- relève « en outre, de nombreuses La décision de la chambre d’ins- tion a donc imposé un nouveau tains mis en examen, comme le erreurs dans la cotation » du dos- truction, qui va peser lourd sur report à ce dossier, qui tourne déci- Dr Garretta – et ce bien qu’il ait sier, et considère qu’il est nécessai- l’avenir du dossier, a été diverse- dément à l’imbroglio judiciaire. déjà été jugé pour les mêmes re d’entreprendre des investiga- ment accueillie par les avocats. Après un premier procès pour faits –, comme le préconisait la tions supplémentaires sur le conte- Me Françoise Toubol-Fischer, avo- tromperie, qui avait abouti à la juge Bertella-Geffroy ? Fallait-il nu d’une lettre anonyme adressée cate de Claude Weisselberg, a condamnation, le 13 juillet 1993, renvoyer l’ensemble des personnes tionnels ? Bien que décisives, ces taire », réalisées en toute fin d’ins- à la justice fin novembre (Le Mon- salué une « vraie avancée du des docteurs Michel Garretta et poursuivies devant une cour d’assi- questions resteront en suspens. truction par la magistrate, sans de du 21 décembre). droit », en estimant que « la cham- Jean-Pierre Allain, et le procès, ses, comme le demandait la magis- Dans son arrêt, la chambre d’ins- qu’elle ait pris le soin de réenten- Pour la juge Bertella-Geffroy, bre d’accusation a exercé pleine- devant la Cour de justice de la trate, ou choisir la voie du tribunal truction a en effet donné droit aux dre les personnes, « ne sont ni con- c’est un sérieux camouflet. Si l’ar- ment son rôle de contre-pouvoir par République, en février 1999, des correctionnel, comme le suggérait demandes des avocats de la défen- formes aux dispositions légales, ni rêt ne fait pas l’objet d’un pourvoi rapport au juge d’instruction ». L’ar- anciens ministres Laurent Fabius, le parquet ? Certains des mis en se, qui considéraient que l’ordon- aux dispositions conventionnelles », en cassation dans les prochains rêt a été au contraire qualifié de Georgina Dufoix et Edmond Her- examen, poursuivis pour « homici- nance de transmission de pièces, de la Convention européenne des jours, la magistrate devra récupé- « déni de justice » par Me François vé, la chambre d’instruction de de involontaire », pouvaient-ils rédigée par la juge Bertella-Gef- droits de l’homme. En clair, la rer son dossier afin de le mettre en Honnorat, avocat de l’Association Paris était chargée d’examiner la bénéficier d’un non-lieu au regard froy, était entachée de nullité. La chambre d’instruction considère conformité avec les principes tra- française des transfusés. « C’est validité du troisième volet de l’af- de l’entrée en vigueur de la loi du juridiction a ainsi estimé que les que Mme Bertella-Geffroy a mécon- cés par la chambre d’instruction. une démission totale de la chambre faire, qui vise essentiellement des 10 juillet 2000, qui allège les pour- requalifications de faits d’« empoi- nu les droits de la défense en ne Elle pourrait, ainsi, réentendre l’en- d’instruction, un arrêt typiquement anciens conseillers des ministres, suites en cas de délits non inten- sonnement » en « homicide involon- réentendant pas les mis en exa- semble des personnes mises en rendu pour se débarrasser du dos- sier, a estimé Me Honnorat. Les vic- times attendent toujours que les Trente mis en examen des affaires sociales, PROFIL Juge d’instruction au tribunal de Les avocats de la défense ne sont magistrats prennent enfin leurs res- Danièle Delepine-Fuchs. Paris depuis 1980, Mme Bertella- pas tendres pour la magistrate, ponsabilités dans cette affaire. » Trente personnes sont mises en b D’anciens conseillers UNE JUGE HABITUÉE AUX Geffroy, cinquante et un ans, est accusée d’avoir épousé la thèse des « C’est une défaite générale de la examen dans le volet « non ministériels : le professeur coutumière des instructions au victimes et d’avoir mené son ins- justice, analyse pour sa part ministériel » de l’affaire du sang François Gros (ancien conseiller de AFFAIRES AU LONG COURS long cours. Saisie depuis 1991 du truction exclusivement à charge. A Me Michel Laval, avocat de Jean- contaminé, essentiellement pour Laurent Fabius), Louis Schweitzer dossier de l’hormone de croissance, l’inverse, les avocats des parties civi- Baptiste Brunet. C’est une défaite « homicide involontaire », « coups et (ancien directeur de cabinet de C’est un peu « son » dossier, d’au- ouvert pour « empoisonnement » les soulignent son courage, l’absen- du parquet, qui a laissé le dossier en blessures involontaires » ou « non- Laurent Fabius), Claude cuns disent sa croisade. Près de deux et « homicide involontaire », elle a ce de moyens mis à sa disposition l’état, une défaite de la juge d’ins- assistance à personne en péril ». Weisselberg (ex-conseiller du ans après avoir clos son instruction été récemment choisie pour instrui- et son grand isolement dans cette truction, qui se voit censurée, une b Des responsables de centres secrétaire d’Etat à la santé Edmond en mai 1999, la juge Marie-Odile re la plainte de deux familles dans affaire, que la justice aurait préfé- défaite des parties civiles, qui sou- de transfusion sanguine : Michel Hervé), Charles-Henri Filippi Bertella-Geffroy devrait récupérer l’affaire de la variante humaine de ré de ne pas voir éclore. De fait, la haitaient un renvoi devant une cour Garretta, Jean-Pierre Allain, (ex-directeur de cabinet de la les 133 tomes du volet « non minis- la vache folle, un dossier qui s’an- magistrate, qui s’est vu refuser à d’assises, et une défaite des mis en Bahman Habibi, Gérard Jacquin, ministre des affaires sociales, tériel » de l’affaire du sang contami- nonce lui aussi tentaculaire, et plusieurs reprises, par le parquet, examen, qui espéraient un non-lieu. Jacques Baudelot, Jean-Jacques Georgina Dufoix) et Patrick Baudry né, que vient de lui renvoyer la dont on ne devrait pas connaître l’extension de son enquête, avait Cela sonne le glas de la justice dans Fournel, Nadjib Duedari, Claude (ex-conseiller de Georgina Dufoix). chambre de l’instruction de la cour l’issue avant plusieurs années. Dans stigmatisé, dans son ordonnance le traitement de ce dossier. » De Ropartz et Denys Houssay. b L’ancien PDG de Diagnostics d’appel de Paris. La magistrate, qui chacune de ces affaires, la magistra- de mai 1999, « l’inachèvement judi- fait, avec l’arrêt de la chambre b Des membres de la direction Pasteur : Jean Weber. s’est fait une spécialité des affaires te, connue pour sa capacité de tra- ciaire » de son instruction. En lui d’instruction, l’issue de l’affaire est générale de la santé : le b Dix médecins prescripteurs de santé publique et de responsabili- vail et son obstination, s’attaque renvoyant le dossier deux ans très sérieusement compromise. professeur Jacques Roux, spécialistes de l’hémophilie : té médicale, devrait ainsi retrouver aux archives administratives en ten- après pour vice de forme, la cham- Une nouvelle fois, la justice a Jean-Baptiste Brunet et Yvette Sultan, Claire Gazengel, les affres d’une instruction qu’elle a tant de remonter une à une les chaî- bre de l’instruction lui retourne prouvé son incapacité à se sortir Marie-Thérèse Pierre ; l’ancien Françoise Verroust, Daniel menée pendant près de six ans, et nes de responsabilité médicale. l’argument, semblant lui donner de l’impasse procédurale dans directeur du Laboratoire national Vergoz, Françoise Le Cœur, dans laquelle elle souhaitait, contre Mais c’est sur le dossier du sang raison tout en la sommant de trou- laquelle est plongé le dossier du de la santé, le docteur Robert Marie-Josette Larrieu, Yves l’avis du parquet, renvoyer l’ensem- contaminé que Mme Bertella-Gef- ver une issue juridique adéquate. sang contaminé. Netter, et une ancienne Laurian, Bernard Boneu, Angèle ble des mis en examen devant une froy s’est fait connaître, dans des fonctionnaire de l’administration Eschbach, Geneviève Leroux. cour d’assises. conditions parfois controversées. C. Pr. Cécile Prieur Une affaire enlisée après douze années de saga judiciaire et de hoquets procéduraux PROTÉIFORME, soumis depuis directeur du département recher- sier du sang devient alors affaire des directeurs de cabinet, des méde- secrétaire d’Etat à la santé est dis- tion par le Parlement de la loi du une douzaine d’années aux hoquets che du CNTS, est condamné à qua- d’Etat. Sur son versant « ministé- cins prescripteurs, des transfuseurs, pensé de peine. 10 juillet allégeant le régime de res- des procédures de justice, le dossier tre ans d’emprisonnement, dont riel », les trois responsables socialis- des dirigeants de Diagnostics Pas- De son côté, au terme de six ponsabilité pénale en cas d’infrac- du sang contaminé conserve, avec deux avec sursis ; le professeur Jac- tes impliqués, Laurent Fabius, qui teur, firme censée avoir été favori- années d’instruction et d’une volu- tions non intentionnelles, ce qui est la décision de la chambre de l’ins- ques Roux, ancien directeur général était premier ministre, Georgina sée lors de la mise en place du dépis- mineuse ordonnance, la juge Bertel- le cas des personnes poursuivies de la santé, à quatre ans avec sursis Dufoix, alors ministre aux affaires tage systématique au détriment de la-Geffroy décide, en mai 1999, de pour homicides ou blessures invo- RÉCIT pour « non-assistance à personne en sociales, et Edmond Hervé, ancien son concurrent américain Abbott. renvoyer aux assises une trentaine lontaires. Puis d’un deuxième réexa- danger ». secrétaire d’Etat à la santé, glissent En février 1999, les trois ministres de personnes mises en examen dans men, à la suite de la réception… Tous les ferments d’un Centré sur la question des hémo- lentement, après plusieurs soubre- comparaissent finalement pour son dossier – dont treize pour des d’une lettre anonyme, avant la pré- séisme passionnel sont philes et une qualification juridique sauts, vers la comparution devant la « homicides involontaires », après faits qu’elle estime de nature crimi- sente décision. présents : sang, justice, que d’aucuns qualifient de « délit Cour de justice de la République avoir été poursuivis également un nelle, parmi lesquelles M. Garretta Entre-temps, l’ex-ministre socialis- pouvoir, argent... d’épicier », ce premier procès (CJR) – juridiction d’exception temps par la commission d’instruc- pour « empoisonnement ».Lepar- te de la santé, Claude Evin, a été l’ob- détaille certes les ambitions indus- hybride, mi-judiciaire, mi-politique, tion de la CJR pour « empoisonne- quet, lui, se montre favorable à un jet d’une mise en examen par la trielles d’un médecin ayant foulé créée en 1993 et chargée d’examiner ment ». Trois semaines de procès renvoi global de l’affaire en correc- commission d’instruction de la CJR truction, ses airs de tonneau des aux pieds le serment d’Hippocrate. les charges retenues contre des révèlent tout à la fois la complexité tionnel, estimant qu’il n’y a eu de pour « homicide involontaire »,àla Danaïdes. Ce monstre de papier res- Mais il dévoile surtout plusieurs ministres pour des faits commis du dossier aux confins des responsa- quiconque intention de tuer. suite d’un dépôt de plaintes lui sasse tous les ferments d’un séisme lacunes dans l’appréhension du dos- dans l’exercice de leurs fonctions. bilités politiques et pénales, ses reprochant de ne pas avoir organi- passionnel – le sang, la maladie, le sier : des voix, très vite, mettent en Dès 1992, le président de la Républi- méandres inexplorés, notamment UNE LETTRE ANONYME sé, entre 1989 et 1991, le rappel des pouvoir, l’argent, l’injustice, la jus- cause les rouages administratifs et que, François Mitterrand, a médiati- sur les collectes en prison, l’injustice Examiné par la chambre d’accusa- personnes transfusées avant le tice, les médias, la médecine. Il politiques et s’élèvent contre un quement donné son aval à la mise faite aux plaignants, qui n’ont pu, tion de la cour d’appel de Paris lors 1er août 1985, date de l’entrée en prend sa source judiciaire en 1988, éventuel retard dans la mise en pla- en accusation, tout en estimant que au terme de la loi, se constituer par- d’une première audience, en vigueur du dépistage systématique lorsque les premières plaintes d’hé- ce du dépistage des dons du sang, « le drame (…) découle, entre autres, tie civile, et enfin la nature chance- juin 2000, le dossier fait alors l’objet du sida dans les dons de sang. mophiles contaminés par le virus du décidée par le gouvernement le d’une erreur d’appréciation de la col- lante de la CJR, encore minée par d’une première réouverture des sida, parmi lesquelles celle de l’asso- 19 juin 1985. lectivité médicale et de sa lenteur de une tenue des débats erratique. débats, en novembre, après l’adop- Jean-Michel Dumay ciation des polytransfusés, sont D’autres s’étonnent de l’absence décision ». Sans avoir subi les foudres de l’ac- apparues. sur le banc des prévenus des méde- cusation, qui requérait la relaxe La question de la mise sur le mar- cins traitants et des transfuseurs. NATURE CHANCELANTE DE LA CJR pour l’ensemble des prévenus, ché, en 1985, par le Centre national Personne ne se préoccupe encore Sur son versant « non ministé- M. Fabius est exonéré de toute fau- de transfusion sanguine (CNTS), de d’aborder la délicate question des riel », à la suite d’une décision con- te, de même que Mme Dufoix. En produits anti-hémophiliques non collectes dans les lieux à risques, troversée de la Cour de cassation, revanche, M. Hervé est condamné chauffés monopolise alors l’atten- notamment les prisons, qu’un rap- en juin 1994, et du dépôt de plu- pour avoir été, selon ses juges, la tion et conduit au premier procès port conjoint de l’inspection généra- sieurs plaintes, le dossier est rouvert cause involontaire de la mort de l’un du sang, médiatiquement chargé le des affaires sociales (IGAS) et de sur le fondement de l’empoisonne- de ses administrés et des blessures par la figure du docteur Michel Gar- l’inspection générale des services ment. L’enquête est confiée à la d’un autre. Selon l’arrêt, M. Hervé retta. Le 24 octobre 1992, l’ancien judiciaires, révélé deux mois avant juge d’instruction Marie-Odile Ber- « devait veiller, à raison de ses respon- directeur du CNTS est condamné à le procès, épingle pourtant comme tella-Geffroy. En dépit du sacro- sabilités propres, à édicter la régle- quatre ans de prison ferme et étant à la source de la forte propor- saint principe de l’autorité de la cho- mentation nécessaire pour que soit 500 000 francs d’amende pour tion, en France, de personnes infec- se jugée, les dirigeants du CNTS et préservée, en toutes circonstances, la « tromperie sur la qualité substantiel- tées par le virus du sida à la suite de les hauts fonctionnaires sont alors à qualité du sang humain, de son plas- le d’un produit ». Pour le même transfusion. nouveau mis en examen. Puis, à leur ma et de leurs dérivés utilisés à des motif, le docteur Jean-Pierre Allain, D’affaire correctionnelle, le dos- tour, des conseillers ministériels, fins thérapeutiques ». Mais l’ancien 10 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 SOCIÉTÉ Cavale d’Albert Foulcher : les gendarmes Entendu par les juges, M. de Villiers qualifie le dossier ne confirment pas l’aide d’un complice LE GROUPEMENT de gendarmerie de l’Aude, chargé de retrouver des ventes d’armes à l’Angola d’« affaire d’Etat » Albert Foulcher après le meurtre de quatre personnes, dont deux poli- ciers, a indiqué, jeudi 11 janvier, qu’il ne disposait « d’aucun élément confirmant ou infirmant » l’existence d’un complice. Dans son édition Il a notamment été interrogé sur un prêt de 4 millions de francs consenti par M. Pasqua au RPF de jeudi, le quotidien La Dépêche du Midi assurait que l’ancien assu- reur s’était rendu en France à partir de l’Espagne et à bord d’une Mer- Philippe de Villiers, ancien vice-président du Ras- par les juges Philippe Courroye et Isabelle Pré- notamment interrogé sur le prêt de 4 millions de cedes immatriculée dans la péninsule ibérique, en compagnie d’un semblement pour la France (RPF), a été entendu vost-Desprez, chargés de l’enquête sur des ven- francs consenti par Charles Pasqua à son propre jeune homme qui pourrait être un membre de sa famille. comme témoin, durant plus de quatre heures, tes d’armes vers l’Angola. Les magistrats l’ont parti en juin 2000. Les gendarmes de l’Hérault, département où résidait M. Foulcher, ont déclaré qu’ils considéraient que la piste du complice restait une sim- L’ANCIEN vice-président du Ras- alors de lourdes pertes – estimées à prunt avait été adossé à un prêt du péenne de juin 1999 (lire ci-des- ple hypothèse. Selon eux, aucune information ne permet d’affirmer, à semblement pour la France (RPF), 9 millions de francs par le député Crédit du Nord, Mme Mondoloni et sous). A lui seul, l’apport de ce jour, que le fugitif soit effectivement venu d’Espagne sur le territoi- Philippe de Villiers, a été entendu vendéen – pour l’exercice 1999. M. Assadourian se portant garant. Mme Mondolini représentait plus du re français à bord d’une Mercedes ni de confirmer la présence à ses comme témoin pendant plus de « On n’imagine pas Bayrou ou Hol- Ce prêt avait provoqué les interro- quart du budget de la liste Pasqua côtés d’un éventuel complice. quatre heures, mercredi 10 janvier, lande en mesure de consentir un prêt gations de M. de Villiers, qui était (29,4 millions de francs). A l’issue par les juges parisiens Philippe personnel de 4 millions à leur parti », alors vice-président du RPF. Le des élections, la Commission natio- Courroye et Isabelle Prévost-Des- avait notamment déclaré au Mon- député vendéen a expliqué aux nale des comptes de campagne Un prêtre de l’Aude mis en examen prez. Les magistrats, saisis d’une de, le 5 janvier, M. de Villiers. Ce juges avoir appris l’existence d’un (CNCC) avait réclamé des préci- enquête sur des ventes d’armes prêt de 4 millions de francs devait, trou financier par les commissaires sions sur l’origine de cet apport per- vers l’Angola, s’intéressent au finan- à l’origine, être consenti par deux aux comptes du RPF, qui l’auraient sonnel (Le Monde du 11 janvier). pour viols sur mineurs cement de la liste présentée par militants du Rassemblement pour alerté au printemps 2000. M. de Villiers a par ailleurs été Charles Pasqua lors des élections la France : un ressortissant moné- interrogé sur le rôle qu’aurait joué L’ABBÉ ROBERT BERLAN, soixante-six ans, curé de Quillan (Aude), européennes de juin 1999. A sa sor- gasque, Robert Assadourian, et une COMPTES SOUS SÉQUESTRE Jean-Charles Marchiani dans le a été mis en examen et écroué, mercredi 10 janvier, à la maison d’arrêt tie du pôle financier, le député de Française installée au Gabon, Mar- M. de Villiers a également été financement de la campagne euro- de Carcassonne (Aude), pour viols sur mineurs de moins de quinze Vendée a déclaré que « l’affaire Mit- the Mondolini, tous deux présents questionné sur un autre prêt, con- péenne. Les enquêteurs semblent ans et agression sexuelle sur un handicapé mental. Présenté au juge terrand-Pasqua [était] une affaire sur la liste Pasqua en 1999, respecti- senti par Mme Mondolini, portant postuler que M. Marchiani, qui l’a d’instruction Roland Schmitt, il a été mis en examen pour « viols sur grave, une affaire d’Etat avec des vement en 25e et 55e positions. Fina- cette fois sur la somme de 7,5 mil- formellement démenti à plusieurs mineurs de quinze ans par personne ayant autorité et en réunion, ramifications intercontinentales et lement, les fonds avaient été avan- lions de francs, dans le cadre du reprises, aurait été destinataire agression sexuelle sur personne particulièrement vulnérable et en réu- des développements insoupçonna- cés par M. Pasqua lui-même. L’em- financement de la campagne euro- d’une somme de 450 000 dollars, nion, corruption de mineurs » et « provocation de mineurs de quinze ans bles ». M. de Villiers a précisé que soit environ 3 millions de francs, à l’usage de stupéfiants et à la consommation de boissons alcoolisées ». son témoignage ne constituait provenant du marchand d’armes L’enquête avait été ouverte, en juillet 2000, à la suite d’une agression « aucunement » un règlement de La « conscience tranquille » de Marthe Mondoloni Pierre Falcone – mis en examen et sexuelle dont avait été victime un handicapé mental. Nommé à comptes avec Charles Pasqua, son écroué le 1er décembre – dont la Quillan, en 1973, l’abbé Berlan s’y était forgé une réputation de curé ancien co-listier lors des élections Domiciliée à Libreville où elle préside le conseil d’administration société, Brenco International, est au « hors normes », revendiquant haut et fort son appartenance à la CGT européennes 1999. Il a indiqué que du Pari mutuel urbain gabonais (PMUG), Marthe Mondoloni est au cœur de l’affaire. Ces fonds et accueillant dans son presbytère marginaux, SDF et toxicomanes. les juges avaient demandé à l’enten- cœur des interrogations relatives au financement du RPF. Interrogée auraient été utilisés afin de financer – (Corresp.) dre afin de « connaître les raisons par téléphone mercredi 10 janvier, Mme Mondoloni a déclaré au la liste Pasqua, en juin 1999. Réagis- graves pour lesquelles [il avait] déci- Monde « ne pas comprendre » que l’on s’intéresse à elle. « Le fait sant au placement sous séquestre dé de quitter le RPF » en d’avoir versé de l’argent au RPF ne regarde personne, c’est mon problè- par les juges, le 4 janvier, des comp- La trace d’une femme signalée juillet 2000. me », affirme-t-elle. Mme Mondoloni assure que les 7,5 millions de tes de cette liste, le RPF avait esti- Au cours de son audition, M. de francs, « versés en deux temps » à la liste Pasqua, provenaient de sa mé, dans un communiqué, que « cet- Villiers, qui a remis aux magistrats « fortune personnelle » et n’avaient « rien à voir avec le Pari mutuel ni te mesure [aurait] l’avantage d’appor- disparue dans l’Yonne a été retrouvée une liasse de documents relatifs à aucune société gabonaise ». « Cette somme correspond à la vente de sicav ter la démonstration que ces comptes, l’organisation et au financement du de trésorerie m’appartenant, elle m’a été remboursée après les élec- déjà approuvés par la Commission LA TRACE de l’une des trois nouvelles jeunes femmes signalées parti qu’il a quitté cet été, a été lon- tions », ajoute-t-elle, assurant avoir « la conscience tranquille ». Pour- nationale des comptes de campagne, disparues, sur laquelle la justice a ouvert une enquête dans l’Yonne, guement interrogé sur un prêt tant, questionnée sur le prêt de 4 millions de francs consenti par sont parfaitement clairs ». lundi 8 janvier, (Le Monde du 10 janvier) a été retrouvée. Marinette accordé par Charles Pasqua, en M. Pasqua à son propre mouvement, un prêt qu’elle aurait garanti, Chauffournier est morte en couches, le 7 mars 1982, avec le bébé juin 2000, à son parti, qui affichait Mme Mondoloni, invoquant « une urgence », a préféré raccrocher. F. Lh. qu’elle venait de mettre au monde. Elle repose au cimetière de Metz- Chambières, a indiqué, mercredi 10 janvier, le quotidien Le Républi- cain lorrain qui a été alerté par l’une de ses amies d’enfance. Par ailleurs, le préfet de l’Yonne, Bernard Moisselin, a annoncé, mer- Jean-Christophe Mitterrand a payé sa caution pour sortir de prison credi, qu’il avait transmis au président de l’APAJH (Association pour l’aide aux adultes et jeunes handicapés) de l’Yonne « une injonction de JEAN-CHRISTOPHE MITTERRAND devait truction Philippe Courroye. « Le juge a fait preuve Sur le fond du dossier, Jean-Christophe Mit- suspension de fonction » de Nicole Charrier, la directrice du foyer Guet- quitter la maison d’arrêt de la Santé, à Paris, où il d’une hostilité poisseuse, avec une véritable expres- terrand a déclaré au Nouvel Observateur qu’il te-Soleil, à Auxerre. Son époux avait été condamné, le 18 mai 1992, à était incarcéré depuis le 21 décembre, quelques sion de haine, affirme-t-il. Il a tout de suite com- n’avait « jamais su que Pierre Falcone intervenait six ans de prison pour attouchements sur une handicapée du foyer heures après que sa mère, Danielle Mitterrand, mencé à lire sur son écran d’ordinateur mon nom, dans les ventes d’armes avant de le lire dans les jour- géré par sa femme. La fédération des APAJH a convoqué, vendredi eut versé la caution de 5 millions de francs, jeudi mes date et lieu de naissance, puis il s’est arrêté, naux ». M. Mitterrand reconnaît cependant « une 12 janvier, le président de l’Yonne pour l’entendre sur l’affaire. 11 janvier, en milieu de matinée. La somme a été poursuit M. Mitterrand. Il s’est lentement tourné erreur » : ne pas avoir déclaré au fisc les 1,8 mil- réunie grâce à la contribution de proches et vers moi et m’a demandé : “Prénom de votre lion de dollars (environ 13 millions de francs) d’amis de la famille. Mme Mitterrand avait réuni père ?”.» déposés sur un compte suisse, pour ajouter aussi- Maurice Papon saisit la Cour 6,8 millions de francs en une dizaine de chèques. Contacté par Le Monde, Gilbert Mitterrand a tôt : cela « n’a rien à voir avec ma mise en examen « Il y a eu plus de propositions que la somme deman- affirmé que le juge Courroye s’était investi et encore moins avec ma mise en détention ». Paris- dée », a confirmé Gilbert Mitterrand, le frère d’« une mission rédemptrice autoproclamée ». Match du 11 janvier rappelle que M. Mitterrand a européenne des droits de l’homme cadet de Jean-Christophe. La famille n’a toutefois Revenant sur les tracas et humiliations dont son perçu, entre 1992 et 1994, 30 000 francs par mois pas souhaité faire connaître l’identité des dona- frère aurait été victime, il raconte que l’ancien pré- sur son compte suisse, versés par un organisme L’AVOCAT de Maurice Papon, l’ancien fonctionnaire de Vichy teurs. Mis en examen pour « complicité de com- sident du conseil constitutionnel Robert Badinter helvète, le Centre de recherche entreprises-socié- condamné, en 1998, à dix ans de réclusion criminelle pour « complicité merce d’armes illicite, trafic d’influence par une per- avait écrit à son frère dès le 22 décembre, soit le tés (CRES). Selon Patrick Gantès, secrétaire géné- de crimes contre l’humanité », a saisi la Cour européenne des droits de sonne investie d’une mission de service public, recel lendemain de son incarcération. « La lettre n’est ral du CRES, « Elf, jusqu’en 1995, a pris en charge l’homme à Strasbourg (Bas-Rhin) pour protester contre une incarcéra- d’abus de biens sociaux et trafic d’influence aggra- toujours pas parvenue à Jean-Christophe », indique la totalité du budget du CRES, soit environ 4 mil- tion qu’il juge contraire au droit européen. Me Francis Vuillemin consi- vé » dans l’enquête sur une vente d’armes à desti- Gilbert Mitterrand, qui rappelle également le lions de francs par an ». « L’embauche de Jean- dère que l’emprisonnement d’un homme de quatre-vingt-dix ans est nation de l’Angola, Jean-Christophe Mitterrand délai de cinq jours qu’il lui a fallu pour obtenir un Christophe, indique-t-il, a été ouvertement évoquée contraire à la Convention européenne des droits de l’homme, qui pros- sera désormais placé sous contrôle judiciaire. permis de visite. Le procureur de la République lors d’une séance du comité directeur d’Elf, où sié- crit les « traitements inhumains et dégradants ». Dans un entretien au Nouvel Observateur du de Paris, Jean-Pierre Dintilhac, s’était auparavant geaient Loïk Le Floch-Prigent et tous les principaux En cas de recevabilité, l’examen de la plainte prendra plusieurs années 11 janvier, le fils aîné de l’ancien président de la déclaré « indigné » : « Je trouve ces attaques per- dirigeants du groupe ». « Ce contrat n’avait rien et ne peut donner lieu, si la cour reconnaît l’existence d’un dommage, République, qui a répondu de sa cellule à des sonnelles injustifiées et insupportables », a indiqué d’occulte ni de fictif, a précisé M. Gantès. qu’à une condamnation de l’Etat. Il s’agit de la seconde plainte questions écrites que lui avaient transmises son le procureur, mercredi 10 janvier, en assurant Phi- déposée à Strasbourg par l’ancien ministre de Valéry Giscard frère Gilbert, s’en prend vivement au juge d’ins- lippe Courroye de sa « solidarité ». Pascal Ceaux et Fabrice Lhomme d’Estaing. La première mettait en cause le caractère équitable de son procès. Le président de la République a déjà refusé deux demandes de grâce à Maurice Papon. Le délit de manipulation mentale disparaît de la loi anti-sectes DÉPÊCHES a AMIANTE : la commission des requêtes de la Cour de justice de la République a classé sans suite la plainte de quatre familles de Le texte, qui sera présenté au Sénat le 25 janvier, lui substitue l’abus d’« état de sujétion » victimes de l’amiante déposée à l’encontre d’une douzaine d’anciens ministres de l’industrie, de l’urbanisme ou du logement depuis 1975, a LA PROPOSITION de loi About- de loi adoptée par l’Assemblée natio- lution judiciaire a remplacé la disso- C’est cette voie qu’a finalement annoncé, mercredi 10 janvier, leur avocate Me Maryse Joissains-Masi- Picard « tendant à renforcer la pré- nale, en première lecture, le 22 juin lution administrative voulue par le choisie la proposition de loi About- ni (Le Monde du 5 juin 2000). « La plainte ne comporte pas d’éléments vention et la répression à l’encontre 2000 et que les modifications appor- sénateur About , et le texte prévoit Picard dans sa nouvelle mouture. de nature à caractériser un crime ou un délit commis, au titre de l’exposi- des groupements à caractère sectai- tées «ne[la] dérangent pas ». d’étendre la responsabilité pénale Les dispositions concernant la dis- tion à l’amiante, par les ministres qu’elle vise », a décidé, le 7 décembre, re » mérite plus que jamais son La proposition de loi qui sera pré- des personnes morales, introduite solution judiciaire et la responsabi- la commission des requêtes. nom : le sénateur centriste (appa- sentée devant les sénateurs le dans le code pénal en 1994, à des lité pénale des personnes morales a CONVOYEURS : les convoyeurs de fonds devaient cesser le renté Républicains et Indépen- 25 janvier diffère profondément de infractions telles qu’homicides ne devraient pas être modifiées. travail, jeudi 11 janvier, jour des funérailles du convoyeur de la dants) des Yvelines Nicolas About, sa première mouture. Le texte, pré- volontaires, tortures et actes de bar- Mais les termes de « manipulation Brink’s tué le 3 janvier à Villejuif (Val-de-Marne). Jean-Luc Hulot et la députée socialiste de senté initialement par Nicolas barie, agressions sexuelles et viols, mentale » disparaissent, et le texte devait être incinéré, dans la matinée, au crématorium de Montfermeil l’Eure Catherine Picard, devraient About le 16 décembre 1999 et adop- privations de soins et d’aliments ou prévoit l’aménagement de l’arti- (Seine-Saint-Denis), en présence de plusieurs centaines de ses parvenir à un accord, au cours des té à l’unanimité par le Sénat, visait exercice illégal de la médecine. cle 313-4. Celui-ci serait déplacé collègues. Des rassemblements devaient être organisés, le même jour, prochains jours, sur un texte de à modifier la loi du 10 janvier 1936 pour être inséré dans la partie du dans les principales villes de France. compromis qui sera présenté au permettant de dissoudre les « grou- UNE DISPOSITION CONTROVERSÉE code pénal concernant les crimes a INONDATIONS : près de quatre-vingts maisons du bourg côtier Sénat le 25 janvier. Les deux parle- pes de combats et milices privées », Mais la disposition la plus contro- et délits contre les personnes. L’ar- de Gâvres, près de Lorient (Morbihan), ont été inondées, dans la mentaires espèrent obtenir, dès le par décret du président de la Répu- versée a été l’introduction dans le ticle prendrait désormais en comp- nuit du mardi 9 au jeudi 10 janvier, après la rupture d’une digue en mois de juin, l’adoption définitive blique en conseil des ministres. La code pénal d’un délit de manipula- te la notion d’« état de sujétion », réfection. Un fort coefficient de marée et des vents ont eu raison de la de leur proposition de loi par un proposition About consistait à tion mentale. Les représentants des psychologique ou physique, causé digue qui s’est affaissée. vote conforme de l’Assemblée natio- inclure dans les groupes concernés grandes religions ont fait connaître par « l’exercice de pressions graves nale en deuxième lecture. Le texte, par cette loi ceux ayant fait l’objet leur crainte que la création d’un tel et réitérées ou de techniques pro- qui va être présenté devant la com- de plusieurs condamnations péna- délit n’entraîne « des débordements pres à altérer le jugement » : une Les associations de malades haussent mission des lois du Sénat le 17 jan- les et constituant « un trouble à l’or- incontrôlés ». Le président de la formulation qui reprend mot pour vier, est le résultat de longues négo- dre public ou un péril majeur pour Fédération protestante, Jean- mot les termes utilisés dans la ciations entre les parlementaires la personne humaine » (Le Monde Arnold de Clermont, a répété à plu- mouture précédente pour définir le ton vis-à-vis du gouvernement des deux Assemblées, le gouverne- du 22 janvier). Très vite, le gouver- sieurs reprises que cette loi était le délit de manipulation mentale. ment et la Mission interministérielle nement a fait connaître son hostili- « dangereuse ». Dès le 22 juin, la Un second paragraphe ajouté à DIX-NEUF associations, membres du CISS (Collectif interassociatif de lutte contre les sectes (MILS). té à l’utilisation contre les sectes de garde des sceaux, Elisabeth Guigou, l’article alourdirait les peines (cinq sur la santé) ont dénoncé, mardi 9 janvier, dans un communiqué, Au cours d’un colloque sur les sec- la « loi anti-ligues », considérée par avait annoncé son intention de con- ans d’emprisonnement et 5 mil- l’enlisement du projet de loi de modernisation du système de santé et tes, organisé à l’Assemblée nationa- la gauche comme « liberticide ».La sulter sur ce point la Commission lions de francs d’amende) quand l’absence de réponse à leur lettre, adressée à Lionel Jospin le 24 octo- le mercredi 10 janvier, M. About a députée Catherine Picard, présiden- nationale consultative des droits de les infractions sont commises bre. Le collectif a décidé « de suspendre toute participation sur le plan annoncé aux participants qu’il était te du groupe parlementaire sur les l’homme (CNCDH) et la Ligue des « par un dirigeant de fait ou de national » à toutes les institutions, groupes de travail et colloques « sur le point de parvenir à un accord sectes, expliquait que la notion de droits de l’homme. La CNCDH a droit » d’un groupement sectaire. officiels où les associations représentent les usagers. Chaque associa- avec Mme Picard sur une rédaction du « trouble à l’ordre public » était rendu son avis le 21 septembre : Nicolas About et Catherine tion appréciera, au niveau local, les moyens de relayer l’action texte qui permette à la fois de sauver trop vague, et que la loi de 1936 jugeant que la création d’un délit de Picard souhaitent que, « sur un tex- nationale. A partir du 1er février, les associations lanceront « une cam- l’esprit du travail de l’Assemblée natio- n’avait été que très rarement appli- manipulation mentale n’était « pas te aussi important », les deux pagne nationale de demande d’accès au dossier médical hospitalier nale et de rassurer ceux qui sont quée par l’exécutif. opportune », elle se prononçait Assemblées soient unanimes, et auprès de leurs adhérents et du grand public ». inquiets de la création d’un délit de La proposition About, présentée pour un élargissement de l’arti- que le vote dépasse les clivages poli- Le collectif s’engage « à soutenir des dossiers exemplaires susceptibles manipulation mentale ». Interrogé devant l’Assemblée nationale le cle 313-4 du code pénal réprimant tiques, comme cela avait été le cas de faire progresser le droit par la voie contentieuse ». Il entend, enfin, par Le Monde,Mme Picard estime que 22 juin par Mme Picard, a donc été « l’abus frauduleux de l’état d’igno- lors des deux premières lectures. interpeller les élus nationaux et les responsables des groupes le texte en cours de négociation « res- profondément modifiée (Le Monde rance ou de la situation de faibles- politiques. pecte les principes » de la proposition du 23 juin). Une procédure de disso- se » (Le Monde du 23 septembre). Xavier Ternisien 11 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 Inquiétudes à propos d’un magasin d’armes près des Tarterêts L’ouverture, vendredi 12 janvier, d’une grande surface de l’enseigne Kettner à Corbeil-Essonnes, une cité au sud de Paris, suscite des polémiques entre Serge Dassault, le maire RPR, et son opposition. Les habitants, marqués par la mort violente, en novembre 2000, du jeune Romuald, s’interrogent

« EDUARD KETTNER, chasse, tir, les affrontements entre quartiers et zone commerciale des Coquibus, à pièce d’identité. L’achat est réperto- sés, il y a un niveau d’angoisse très randonnée, mode loisirs. » Coincée les assassinats de jeunes à coups de PARIS proximité de plusieurs autoroutes, rié dans un registre, avec les référen- fort par rapport aux armes », souli- entre un magasin de pêche et une fusil. Pour les opposants au « drugs- HAUTS-DE- pour pouvoir toucher les chasseurs ces de l’arme et les coordonnées de gne M. Picard. boutique de chaussures en gros, tore de la mort », cette proximité SEINE de tout le sud de l’Ile-de-France, l’acquéreur. L’armurerie, une petite Se disant le témoin régulier de tout près du McDonald’s, l’ensei- relève de l’inconscience, voire de la jusqu’à la Sologne. « Nos armes partie de la surface du magasin, est batailles rangées à coups de battes A86 gne en lettres gothiques sur fond provocation. A l’approche des élec- VAL-DE-MARNE n’intéressent pas les délinquants. dotée d’un système de sécurité et de base-ball ou de couteaux dans vert ne paie pas de mine. A premiè- tions municipales, la polémique Orly Elles sont trop lourdes et trop encom- de vidéo-surveillance renforcé. son quartier d’Evry, Ariel est oppo- re vue, c’est un commerce comme fait rage entre la mairie dirigée par brantes, contraignantes à acheter et « Avant de signer le bail, j’ai vu les sé à l’ouverture du magasin Ket- les autres : 1 200 mètres carrés de Serge Dassault (RPR) et son opposi- A10 compliquées à voler », assure le autorités : la préfecture, la municipa- tner. « En tant que père de famille surface au beau milieu de la zone tion : « Je sais que la ville s’est battue directeur du magasin. lité, la police. Personne n’a rien trou- je n’ai pas envie que mes gamins se A6 Forêt de commerciale des Coquibus, à Cor- pour ce magasin et c’est irresponsa- Sénart De fait, comme le montrent les vé à redire à notre projet d’implanta- fassent tirer dessus comme des ESSONNE S e beil-Essonnes (Essonne). A l’inté- ble, estime Bruno Piriou, conseiller Evry in prises de la police, les armes qui cir- tion », souligne Bruno Miele, le lapins dans la rue. » Aux Tarterêts, e rieur, à peine déballés des cartons, général PCF des Tarterêts et tête de culent dans les banlieues provien- PDG de Kettner France. Aujour- certains habitants partagent ces des vêtements « outdoor » de mar- liste de la gauche aux municipales. Les Tarterêts nent rarement d’armureries. Elles d’hui, face à la polémique, la mairie craintes. Une pétition contre que, des chaussures de randonnée Entre tenter le diable et la sécurité Corbeil-Essonnes transitent par des filières organi- dénonce une opération électorale l’ouverture de la boutique de chas- et toute une gamme de fusils desti- des habitants, j’ai choisi, je ne pren- 5km sées à partir de pays étrangers ou et se retranche derrière la liberté du se circule dans le quartier, dénon- nés à une clientèle de chasseurs plu- drai pas ce risque. » A l’appel des font partie du butin de cambriola- commerce. « C’est strictement politi- çant « une logique marchande politi- tôt haut de gamme. C’est le plus Verts, une manifestation devrait se ges opérés chez des particuliers. La cien », vitupère Katia Martin, direc- quement inconsciente » et la « bana- grand magasin de chasse en France. tenir devant le magasin le jour de tion : « C’est une polémique à carac- boutique des Coquibus ne propose trice du cabinet de M. Dassault, pre- lisation de la violence urbaine ». Seulement voilà, à quelques cen- l’ouverture, vendredi 12 janvier. Au tère politique et rien d’autre. Kettner que des armes destinées à la chasse mier magistrat de Corbeil-Essonnes taines de mètres, de l’autre côté de milieu des ouvriers qui fignolent a déjà ouvert huit boutiques en Fran- ou au tir, de la 5e àla8e catégorie. mais aussi marchand d’armes et la nationale 7 se dressent les tours les derniers travaux, Jean-Richard ce, dont certaines à côté de cités Ces armes ne peuvent être vendues chasseur invétéré. De plus, souligne « Je n’ai pas envie HLM de la cité des Tarterêts, consi- Servary, le directeur de la bouti- dites sensibles, et on n’a jamais eu le qu’à des personnes majeures, la mairie, le magasin Kettner pre- dérée comme l’une des plus diffici- que, dénonce une opération de moindre problème », plaide-t-il. Ket- munies d’un permis de chasse ou nant la place d’un commerce exis- que mes gamins les, dans une banlieue marquée par désinformation et de manipula- tner a choisi de s’installer dans la d’une licence de tir ainsi que d’une tant, il n’était soumis à aucune auto- risation municipale. La préfecture, se fassent tirer dessus elle aussi, rejette toute responsabili- té. « Le commerce des armes de chas- comme des lapins L’enseigne Kettner vise comme clientèle les chasseurs de Sologne se est soumis à une simple déclara- tion. Le commerçant remplit un for- dans la rue » FONDÉ EN 1884, le groupe allemand Eduard plus grands de l’enseigne en France, a été magasin, sur la route des chasseurs qui se ren- mulaire qui donne lieu à un récépis- Kettner revendique la place de premier armu- ouvert en moins de quatre mois. Kettner Fran- dent en Sologne, dans l’Yonne ou dans le Loiret. » sé, assure Denis Prieur, le préfet de Un père de famille rier d’Europe, avec un chiffre d’affaires de 1 mil- ce a repris le bail commercial d’une ancienne L’ensemble des amateurs d’armes français l’Essonne. Il n’y a aucune réglemen- liard de francs environ, un millier de salariés et grande surface de meubles. Cela a permis à l’ar- (environ 1,5 million de détenteurs du permis de tation qui établit une relation entre une cinquantaine de magasins dans neuf pays. murier d’éviter la procédure imposée à toute chasse et 140 000 tireurs sportifs licenciés) une activité et son lieu d’exercice. » D’autres s’inquiètent de certains Installé en France depuis 1976, diffusant un création de surface commerciale de plus de génère un marché annuel de quelque « Au mieux, c’est inopportun. Au amalgames et des conséquences catalogue à 250 000 exemplaires, le groupe 300 m2 depuis la loi Raffarin (1996), notam- 80 000 fusils de chasse classiques (à deux pire, c’est de l’inconscience », martè- sur l’image du quartier. «Ilyadela ouvre à Corbeil-Essonnes son neuvième maga- ment le passage en commission départemen- canons lisses superposés ou juxtaposés, tirant le néanmoins Jacques Picard, con- délinquance, c’est sûr et j’en ai été sin. La filiale française emploie 120 personnes tale d’équipement commercial (CDEC). des cartouches) pour le petit gibier, 15 000 cara- seiller municipal Vert et candidat plusieurs fois victime mais je n’ai pas et réalise environ 200 millions de francs de chif- bines à canon rayé (tir à balles) pour le gros aux municipales. Il ne croit pas à signé la pétition parce que c’est trop fre d’affaires, dont 20 % dans les armes, pour 1,5 MILLION DE PERMIS DE CHASSE gibier et « de 5 000 à 10 000 armes sportives », l’efficacité des mesures de sécurité caricatural. Comme si les jeunes d’ici l’essentiel des fusils de chasse. Vendant surtout « Ce magasin est essentiellement un magasin selon M. Miele. L’acquisition de ces dernières face à une poignée de délinquants étaient des sauvages qui n’atten- des vêtements et accessoires pour les sports de de sport et de vêtements outdoor, justifie M. Mie- fait l’objet d’une procédure extrêmement décidés et affirme se faire l’écho de daient que l’ouverture du magasin plein air, la chasse, la pêche, les magasins Kett- le. Sur 1 200 m2, 51 seulement sont consacrés aux stricte. L’un des plus gros marchands d’armes la réelle inquiétude des habitants pour se jeter sur les armes », expli- ner en France sont tous interdits aux mineurs armes, de chasse et de sport à air comprimé uni- de chasse est la chaîne de grands magasins d’ar- face aux violences meurtrières que un commerçant du quartier. Et non accompagnés. « Même pour acheter une quement, à l’exclusion des armes de poing. Il y a ticles de sport Décathlon (120 magasins). Ket- entre jeunes dans les cités de l’Es- le directeur du magasin se frotte les simple paire de bottes », précise Bruno Miele, le dans cette zone commerciale d’autres enseignes tner estime détenir « environ 15 % du marché sonne, comme celle dont a été victi- mains : « Tout ça, c’est une publicité PDG de Kettner France. de sport et de plein air. En bordure de la Franci- français des armes ». me le jeune Romuald, début extraordinaire ! » Le magasin de Corbeil, qui sera, avec ses lienne, elle est idéalement située pour rayonner novembre (Le Monde du 14 novem- 1 200 m2 (la taille d’un supermarché), l’un des sur une distance de 100 à 150 km autour du Pascal Galinier bre 2000). « Les gens sont traumati- Fr. Ch.

TROIS QUESTIONS À… préoccupante dans un départe- l’arme n’est plus un butin collectif ment qui doit faire face à un comme avant. De plus en plus les LAURENT DAVENAS contexte de violences urbaines et jeunes sont armés individuelle- d’affrontements entre bandes. ment. Il y a quelques semaines, un En tant que procureur de la jeune était tué à Courcouronnes et, 1République de l’Essonne, que Ce contexte explique-t-il la polé- peu après, un autre gosse a été griè- vous inspire l’implantation d’un 2mique déclenchée par l’ouvertu- vement blessé dans la même zone. magasin d’armes de chasse à proxi- re prochaine du magasin ? La plupart des armes utilisées sont mité d’une cité réputée parmi les Il y a peut-être une polémique à des armes de chasse à canon scié. plus sensibles du département ? caractère politique mais il n’en res- C’est l’affichage et la symboli- te pas moins que l’ouverture du Mais les armes qui circulent ne que qui me dérangent dans cette magasin survient alors que l’Esson- 3proviennent pas forcément des affaire. Je ne pense pas que ne enregistre une recrudescence magasins d’armes. l’ouverture d’un tel magasin soit catastrophique des vols à main On dit qu’on peut acheter une vraiment un facteur de conviviali- armée. Sur la zone de compétence arme automatique en provenance té et de sécurité dans un quartier de la police, ils ont augmenté de des Balkans dans certains quartiers déjà en difficulté comme celui des 30 % en 2000. Aujourd’hui, on va de Paris. Mais la présence d’un Tarterêts. Ce quartier a besoin braquer une épicière pour magasin d’armes dans une zone d’autres formes de commerce et je 200 francs en lui mettant un gros sensible ajoute quand même un ris- ne suis pas sûr que beaucoup de calibre sous le nez et vous pouvez que potentiel supplémentaire. ses habitants possèdent des parts vous faire arrêter à un feu rouge C’est un souci policier de plus en ter- de chasse en Sologne. L’autorité par quelqu’un qui va pointer une mes de surveillance et de contrôle. judiciaire n’a pas son mot à dire arme à feu sur vous, vous deman- mais l’implantation d’un magasin der de descendre et partir avec Propos recueillis par d’armes de chasse est malvenue et votre véhicule. Dans les cités, Frédéric Chambon

DÉPÊCHES Rouen : désignation d’un médiateur a CHASSE : la ministre de l’envi- ronnement devait publier, vendre- di 12 janvier, au JO, un arrêté pro- dans le conflit des transports en commun longeant jusqu’au 20 février la période de chasse pour huit espè- ROUEN indemnités pour entrave à la liber- ces d’oiseaux. Selon le ministère, ce de notre correspondant té du travail. Depuis, six autres dispositif « expérimental » est mis Le juge des référés de Rouen a salariés ont entrepris une grève de en place conformément aux enga- désigné, mercredi 10 janvier, Jean- la faim de solidarité dans le hall de gements pris par Mme Voynet lors Marie Fédou, directeur régional l’hôtel de ville de Rouen (Le Mon- du débat parlementaire sur la loi des transports, comme médiateur de daté 7-8 janvier). La direction chasse, en juin 2000. Pour être en dans le conflit social qui touche, de la TCAR est cependant restée conformité avec la directive euro- depuis plus de trois semaines, les inflexible, conseillant aux salariés péenne sur les oiseaux, l’arrêté sti- Transports en commun de l’agglo- licenciés de saisir le tribunal des pule que seules de « petites quanti- mération rouennaise (TCAR), une prud’hommes. tés » pourront être chassées. filiale de Vivendi Environnement. La grève, qui est suivie par un a TRANSPORTS MARITIMES : M. Fédou avait déjà été nommé tiers du personnel (900 salariés à la compagnie Corsica Ferries a comme conciliateur dans la jour- la TCAR) et les deux tiers des con- été retenue par le conseil général née par le préfet de Haute-Nor- ducteurs, affecte peu le trafic des de Seine-Maritime pour relancer mandie. Le tribunal siégeait à la tramways mais perturbe forte- l’exploitation de la ligne transman- demande des traminots de Rouen, ment celui des bus. Mardi soir, che Dieppe-Newhaven, qui fonc- qui souhaitaient que cette mission une manifestation a réuni mille tionne au ralenti depuis le retrait de conciliation soit placée dans le personnes dans les rues de Rouen. du britannique P & O en 1999. Cor- cadre réglementaire d’une mission Des délégations d’employés d’au- sica Ferries arme déjà onze navires, judiciaire. M. Fédou a entendu, tres filiales du groupe Vivendi notamment entre la Corse et le con- dès mercredi après-midi, le direc- s’étaient déplacées. tinent. Le port de Newhaven a été teur général adjoint de la TCAR et Les traminots bordelais, salariés racheté par le conseil général de les représentants des salariés. de la société des transports en com- Seine-Maritime en décembre 2000. La grève avait été déclenchée mun bordelais (la CGFTE), qui a TEMPÊTE : un groupement de par la CGT et FO le 19 décembre appartient aussi à Vivendi, ont 200 communes forestières sinis- pour un différend d’ordre salarial, annoncé une grève pour le jeudi trées par la tempête du 26 décem- réglé le 29 décembre à l’issue 11 janvier. La CGT, FO et la CFDT bre 1999 a été créé, mercredi d’une négociation. Au moment de ont déposé un préavis de onze 10 janvier. Cette association, à l’ini- la signature du protocole de fin de jours. Les syndicats protestent con- tiative de Michel Dinet, président conflit, sept salariés ont été convo- tre les modalités d’application de la (PS) du conseil général de Meurthe- qués devant un conseil de disci- réduction du temps de travail. et-Moselle, a pour objectif de « per- pline qui a conclu, pour cinq d’en- mettre une démarche collective tre eux, à des licenciements sans Etienne Banzet vis-à-vis de l’Etat ». LeMonde Job: WMQ1201--0012-0 WAS LMQ1201-12 Op.: XX Rev.: 11-01-01 T.: 09:46 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0173 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 CARNET

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » – Mme Françoise Camar-Mercier, – Mme Denise Brison, Hommage Colloques M. Antoine Mercier, M. et Mme Jacques Pirson, – Isabelle Berman Le docteur et Mme Jean Marty, Dans le cadre du cycle a HAROLD BURROUGHS RHODES, Naissances Camille et Clément, Et l’Association Antoine-Berman : les Vers un Acte II de la Décentralisation ses enfants et petits-enfants, Ses enfants, tâches de la traduction inventeur d’un système de piano élec- Le capitaine Le Monde et l’Association française de Mme Françoise Nielsen, Ses petits-enfants, rendent hommage à leur très cher ami, trique devenu fameux dans le jazz et Etienne RENOUARD Ses arrière-petits-enfants, droit des collectivités locales organisent me ont la tristesse de faire part du décès de le rock à partir des années 60, est et M , née Guigonne WATREMEZ, Les familles Pirson, Meunier, Avignon, Pierre LEYRIS, un deuxième débat sur le thème : mort, le 17 décembre 2000, des suites partagent avec Leconte des Floris, Quelle autonomie financière pour les Roger CAMAR, traducteur, collectivités territoriales ? d’une pneumonie dans une résidence Adrien, France, Marie, Bathilde, ont la douleur de faire part du décès de membre fondateur de l’association. Alban et Inès Mardi 16 janvier 2001, de 18 heures à hospitalière de Canoga Park (Califor- la joie d’annoncer la naissance de survenu le 7 janvier 2001. me 20 heures, à la faculté de droit, place du M Marcel PIRSON, Panthéon, Paris-5e, avec la participation nie), vient-on d’apprendre. Né le née Andrée MEUNIER, Souvenir 28 décembre 1910, professeur de pia- Paul, Les obsèques ont eu lieu à , notamment de Dominique Bur, directeur dans l’intimité. – Quinze ans. général des collectivités locales au no, Harold Rhodes avait d’abord in- survenu le 3 janvier 2001, à Neuilly. ministère de l’intérieur ; Gilles Carrez, venté un clavier portatif durant son le 9 janvier 2001, à Draguignan. 79, rue de Javel, Le 10 janvier 1986, député du Val-de-Marne ; René Dosière, service militaire au sein de l’aviation La cérémonie religieuse a eu lieu dans conseiller général de l’Aisne ; Yves 75015 Paris. l’intimité familiale le 6 janvier, en l’église américaine lors de la seconde guerre e Georges DAVYDOFF Fréville, sénateur d’Ille-et-Vilaine ; Guy Marine, Maximin, Baptiste 70, quai de Jemmapes, Saint-Ferdinand des Ternes, à Paris-17 . Gilbert, professeur à l’université Paris-X ; mondiale. Partenaire du constructeur ont la joie d’annoncer la naissance de 75010 Paris. nous quittait pour toujours. Jean-Michel Uhaldeborde, professeur à d’instruments Leo Fender (célèbre l’université de Pau ; Philippe Laurent, pour les guitares et amplificateurs du Pierre, – Roger et Monique Torguet, consultant, conseiller général des ses enfants, Que ceux qui l’ont connu et aimé se même nom), Harold Rhodes avait dé- – Le ministère de la culture et de la souviennent. Hauts-de-Seine. chez Et toute la famille, veloppé, en 1959, un système de pia- communication, Débat animé par François Grosrichard, Pierre-Dominique ont la profonde douleur de faire part du grand reporter au Monde, et introduit par no qui permettait aux musiciens d’in- L’Ecole nationale des beaux-arts de décès de et Marie MONBEIG. Bourges, – Vézénobres (Gard). Paris. Jean-Bernard Auby, professeur à tégrer un ensemble d’instruments L’Association Art-Thérapie, l’université Paris-II, président de amplifiés tout en gardant le toucher 32, rue Paul-Belmondo, M. Raymond SAR, Ce 12 janvier 2001, l’AFDCL. 75012 Paris. ont la tristesse de faire part du décès, le dynamique des claviers acoustiques. 26 décembre 2000, de nous aurions aimé fêter les trente ans de Renseignements : Association survenu le 25 décembre 2000, à Metz, à française de droit des collectivités locales, La plupart des grands groupes de rock l’âge de quatre-vingt-sept ans. e Mathieu. 19, boulevard Henri-IV, Paris-4 . Tél. : ou de jazz l’ont utilisé, certains y trou- Adoptions Jean CASTEL, 01-44-54-23-26. vant la spécificité de leur son comme enseignant à l’Ecole nationale La cérémonie religieuse a eu lieu à Cécile, Jean-Louis, Anne, Gabrielle. Anne et François RIEGERT, des beaux-arts de Bourges. Montigny-lès-Metz, le 29 décembre, Sun Ra, Ray Charles, les Doors, Miles suivie de l’inhumation au cimetière de Davis, Steely Dan, Weather Report... en union avec Isabelle, partagent avec Soutenances de thèse Thomas le bonheur de faire part de Ses amis, Servigny-lès-Sainte-Barbe. Nominations La firme Fender Rhodes avait été sou- l’arrivée de Ses collègues, – Le 14 décembre 2000, à l’université mise à divers rachats et la construc- Et ses étudiants, – Professions libérales - de Perpignan, Djamila Boulmerka-Bois Commissaires aux comptes : tion des modèles les plus réputés à Amélie, auront toujours présents à l’esprit son – Manneville-sur-Risle (Eure). a soutenu une thèse de géographie, Vincent Baillot a été élu à la intitulée : « Aménagement d’un espace soixante-treize et quatre-vingt-huit investissement dans la vie de l’école, sa continuelle disponibilité et sa Jean SAUSSAYE, présidence de la Compagnie régionale des rural : les marches pyrénéennes touches avait été arrêtée en 1984. née le 13 mai 2000, à Antananarivo commissaires aux comptes de Versailles. (Madagascar). bienveillance à l’égard de tous. prêtre du diocèse d’Evreux, audoises ». directeur des Vincent Baillot, cinquante et un ans, Le jury, présidé par Yves Lacoste, titulaire d’une maîtrise de gestion Avenue du Val-au-Bois, 13, Nouvelles de l’Eure, université Paris-VIII, Alain Bergé, Dauphine, expert-comptable et CNRS-MTE, Michel Cadé, université de NOMINATIONS 1950 Kraainem (Belgique). – Yvonne Fougerat, commissaire aux comptes, est associé du 6, rue des Haudriettes, s’est éteint le 7 janvier 2001, dans sa Perpignan, Jean-Michel Hoerner, Ses enfants quatre-vingt-dixième année. cabinet ABPR, dont il est le directeur directeur des travaux, université de MOUVEMENT 75003 Paris. Et petits-enfants, général. Perpignan, Bertrand Lemartinel, PRÉFECTORAL font part du rappel à Dieu de Ses obsèques religieuses seront Il est inscrit sur la liste des experts université de Perpignan, lui a accordé la judiciaires près la cour d’appel de Jean-François Tallec a été nommé célébrées le vendredi 12 janvier, à 10 h 30, mention Très Honorable. Mariages en l’église de Manneville-sur-Risle. Versailles. préfet de la collectivité territoriale de Michel FOUGERAT, Saint-Pierre-et-Miquelon lors du le 7 janvier 2001, à l’âge de soixante-sept – Michel Mangenot a soutenu le conseil des ministres de mercredi Vanessa RAGOT ans. – Sarah et Clémence, Conférences 21 décembre 2000 à l’université 10 janvier. Il succède à ce poste à Fran- et ses enfants, Robert-Schuman, Institut d’études Bruno ROUSSET Robert et Michelle de Wilde, Conférences de l’Etoile : politiques de Strasbourg, une thèse de cis Spitzer, nommé préfet hors cadre. La cérémonie religieuse s’est tenue le « Le tohu-bohu, le serpent 10 janvier, à Landorthe. ses parents, doctorat en science politique intitulée : [Né le 25 décembre 1946 à Saint-Denis (Seine- sont heureux de faire part de leur mariage, Anne et Patrick, Laurent et Patricia, et le Bon Dieu ». « Une Europe improbable. Les hauts Saint-Denis), Jean-François Tallec est titulaire célébré à Annecy le 22 décembre 2000. ses frères et sœurs, et leurs enfants, Quatre mardis de suite, à 12 h 30, fonctionnaires français dans la Le Château, au temple protestant de l’Etoile, d’une maîtrise de sciences économiques et an- ont la grande tristesse de faire part du construction européenne 1948-1992 ». 31800 Landorthe. 54, avenue de la Grande-Armée, Paris-17e. Le jury, composé de Renaud Dorandeu, cien élève de l’Ecole d’administration des affaires décès de Décès Par les pasteurs Alain Houziaux professeur à l’université maritimes. Administrateur des affaires mari- Virginie de WILDE, et Louis Pernot. Robert-Schuman, directeur de l’IEP, me Entrée libre. times, il a été notamment directeur départemen- – Famille et amis – M Michel Lacour-Gayet, Brigitte Gaïti, professeur à l’université de son épouse, Libre participation aux frais. Poitiers, Didier Georgakakis, maître de tal des affaires maritimes de Guadeloupe (1981- ont la tristesse de faire part du décès de le 9 janvier 2001. b M. et Mme Philippe Lacour-Gayet, La création du monde, le 16 janvier conférences à l’université 1984), avant d’être détaché comme sous-préfet, 2001. Julien et Marie, Les obsèques seront célébrées le Robert-Schuman, Marie-Christine directeur du cabinet du préfet de la Corrèze Jacqueline ALEXANDRE, b Adam, Eve et le paradis perdu, le Kessler, directrice du GAPP (CNRS-ENS veuve de René ALEXANDRE, M. et Mme François Lacour-Gayet, vendredi 12 janvier, à 9 heures, en l’église (1984-1985). Nommé sous-préfet en novembre 23 janvier. de Cachan), Christian Lequesne, directeur Thibault, Notre-Dame-de-Grâce, 4, rue de b e La tentation et le péché originel, le de recherche à la FNSP (CERI-IEP de 1985, il a été ensuite directeur du cabinet du pré- me l’Annonciation, Paris-16 . survenu à Paris, à son domicile, le M Catherine Martinez, 30 janvier. Paris), Yves Poirmeur, professeur à fet de la région Centre (1985-1987), sous-préfet de 8 janvier 2001, dans sa quatre-vingt- Emmanuelle et Nicolas, b Caïn et Abel, le 6 février. 5, rue de l’Alboni, l’université de Versailles, lui a décerné la Toul (1987-1989), secrétaire général de la préfec- dixième année. ses enfants et petits-enfants, 75016 Paris. mention Très Honorable avec ture de la Guadeloupe (1991-1994), secrétaire gé- Regard sur le siècle passé. félicitations. E-mail : [email protected] La bénédiction religieuse aura lieu le M. et Mme Jean de Castilla, néral pour les affaires régionales de la région Mi- 12 janvier, à 9 h 15, en l’église Notre- Rencontre avec René Rémond, son beau-frère et sa sœur, di-Pyrénées (1994-1997). Depuis novembre 1997, Dame-de-Lorette, Paris-9e. Remerciements de l’Académie française, Jean-François Tallec était sous-préfet de Dun- M. Bernard Hervé, le lundi 15 janvier 2001, à 20 heures, Conférences-débats son beau-père, – Mme Denise Cadet, à la Maison Heinrich-Heine, kerque.] Cercle amical, centre V.-Medem, Mme Jacques Hervé, Fondation de l’Allemagne. – Jacqueline Brandeis, sa tante, samedi 13 janvier 2001, à 15 h 30 : Ses enfants et petits-enfants, sa belle-sœur, Ses enfants et petits-enfants, Cité internationale universitaire, me 75014 Paris. Et toute la famille, ont la douleur de faire part du décès de M. et M Michel Castot, La question de l’identité nationale. Tél. : 01-44-16-13-00. Fax : 01-44-16-13-01. JOURNAL OFFICIEL ont la tristesse de faire part du décès de son frère et sa belle-sœur, – Yves Plasseraud, juriste international : M. Michel LACOUR-GAYET, Isabelle, Raphaelle, Marine, L’Identité, Montchrestien éd., Au du jeudi 11 jan- Yves BRANDEIS, officier de la Légion d’honneur, Anne-Claire et Pauline, Conférences du CEHD : – Alain Dieckoff, sociologue, directeur Journal officiel leurs filles, vier sont publiés : chevalier de l’ordre national du Mérite, « Armée et maintien de l’ordre dans le de recherche au CNRS : La Nation dans survenu soudainement à Paris, le ancien déporté à Buchenwald, très touchés des marques de sympathie royaume de France à la fin du Moyen tous ses Etats, Flammarion éd., b Santé : un décret modifiant le qui leur ont été témoignées lors du décès 8 janvier 2001, à l’âge de quatre-vingt-six Age », par Romain Telliez, maître de présenteront leur ouvrage. décret fixant le statut des inter- de ans. survenu le 7 janvier 2001, dans sa conférences à l’université Paris-IV, le 52, rue René-Boulanger, nes et des résidents en médecine, quatre-vingt-unième année. lundi 15 janvier 2001, à 18 heures, 75010 Paris. des internes en pharmacie et des Les obsèques auront lieu le vendredi Marie Françoise DURIEZ, Palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés, née CASTOT, e internes en odontologie ; 12 janvier, à 14 h 45, au cimetière parisien La cérémonie religieuse aura lieu dans 5, rue de l’Abbaye, Paris-6 . de Bagneux. l’intimité, le vendredi 12 janvier, un décret relatif à la détermina- vous prient de trouver ici leurs sincères Rencontres à 14 h 30, en l’église de Forges-les-Bains Cycle : « Des passants considérables ». tion du plafond des ressources 4, rue Fernand-Pelloutier, (Essonne). remerciements. Le Cercle Richard DUPUY prises en compte pour l’attribu- 92310 Sèvres. Jeudi 18 janvier, 19 heures : Edmond organise en tion de la protection complémen- 94, avenue Kléber, Jabès. Avec C. Erbetz, S. Jaron, l’hôtel de la Grande Loge de France taire en matière de santé et modi- 75116 Paris. M. Cohen, J. Dupin. Modérateur : 8, rue Puteaux, Paris-17e, Pierre Antoine NOARO une rencontre-débat avec fiant le code de la Sécurité – On nous prie d’annoncer le décès, D. Cahen. le 5 janvier 2001, à Paris, de le professeur Axel KAHN, sociale. a pris le large... Mardi 23 janvier, 19 heures : Jean directeur de recherche à l’INSERM b Aviation civile : un décret mo- – Jacqueline Ferradou, Pélégri. Autour de l’auteur : D. Le Les enjeux éthiques de la génétique Jean JOCHEM, Nicole et Marcio Tomassini de Infiniment merci à tous ceux qui, difiant le code de l’aviation civile officier de la Légion d’honneur, Boucher, D. Farès. Modérateur : samedi 27 janvier 2001, à 9 heures Oliveira, par leur présence ou leurs pensées, L. Sebbar. et relatif aux normes techniques croix de guerre 1939-1945. pour s’inscrire : demander un dossier Bernadette Lacroix et Donald lui ont souhaité 06-60-23-04-07 applicables au service de sauve- Moerdijk, Renseignements au 01-49-54-68-87. La cérémonie religieuse sera célébrée ou [email protected] tage et de lutte contre l’incendie ses enfants, BON VENT... Entrée : 20 F (gratuit pour les adhé- le samedi 13 janvier, à 10 h 30, en l’église rents, étudiants, chômeurs). des aéronefs sur les aérodromes. Saint-Pierre du Gros-Caillou, à Paris-7e. Ses petits-enfants et ses arrière- petits-enfants, LA MAISON DES ÉCRIVAINS Cours ont la douleur de faire part du décès de Anniversaires de décès 53, rue de Verneuil, 75007 Paris. Découvrez l’informatique chez vous, – Que nos cœurs se souviennent de avec le premier organisme de formation à Jeannine-Andrée LACROIX, domicile. Prise en main du matériel, née TERSEN, Concours Alice BERTHELOT, Internet, bureautique. VIENT ALDISA. Tél. : 01-46-67-18-90 survenu le 9 janvier 2001, dans sa L’Association Mille et Un Jours quatre-vingt-septième année. décédée par accident, sur les lieux d’une propose DEUX CONCOURS DE POÉSIE chasse, il y a cinq ans, le 14 janvier – (Re-)découvrez le piano sérieusement DE PARAÎTRE 1996. du meilleur recueil (vingt à soixante pages) La cérémonie religieuse aura lieu le et du meilleur poème (un à trois poèmes). avec professeur hautement diplômée. lundi 15 janvier, à 9 h 15, en l’église Ens. excep. : 01-43-54-73-26. Elle avait vingt-deux ans. Prix et publication des œuvres primées. Saint-Stanislas des Blagis, 104, avenue Pour obtenir le règlement, écrivez à Gabriel-Péri, à Fontenay-aux-Roses Association 1001 Jours, (Hauts-de-Seine), et sera suivie de La messe de 12 h 15, du samedi 13 janvier, sera célébrée à son BP 70, 92340 Bourg-la-Reine. l’inhumation à Rosny-sur-Seine Nos abonnés et nos actionnaires, (Yvelines), à 11 h 30. intention, en l’église Saint-Germain- des-Prés, Paris-6e. Communications diverses bénéficiant d’une réduction sur Ni fleurs ni couronnes. les insertions du « Carnet du – Alain Dieckhoff, historien, Yves – Il y a deux ans, Cet avis tient lieu de faire-part. Plasseraud, sociologue,« Les conflits Monde », sont priés de bien identitaires », samedi 13 janvier 2001, Bernard DENOIX vouloir nous communiquer leur 2 bis, avenue Lombart, 16 heures, Cercle amical, Centre Medem, 52, rue René-Boulanger, Paris-10e. numéro de référence. 92260 Fontenay-aux-Roses. quittait ce monde subitement et trop tôt, laissant sa famille dans la peine.

– Le président, Son épouse Le bureau, aimerait que ceux qui l’ont connu, estimé, CARNET DU MONDE Le conseil d’administration et les apprécié, gardent de lui un souvenir TARIFS ANNÉE 2001 - TARIF à la ligne organisations membres du Comité de souriant. coordination des œuvres mutualistes et coopératives (associations) de l’éducation DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, nationale, – Le 12 janvier 2000 disparaissait ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 141 F TTC - 21,50 E ont la grande tristesse de faire part du accidentellement TARIF ABONNÉS 119 F TTC - 18,14 E décès de Pierre JAUBERT. NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, Charles MARTIAL, Il est toujours aussi présent dans la MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS mémoire de ceux qui l’ont connu et aimé. dont les obsèques ont été célébrées le 600 F TTC - 91,47 E FORFAIT 10 LIGNES 8 janvier 2001 en Dordogne. TARIF ABONNÉS 491 F TTC - 74,85 E – Paris. Genève. Boston. FORFAIT 10 LIGNES Charles Martial participa à la fondation E du CCOMCEN, il fut un militant, un La vie a quitté La ligne suppl. : 60 F TTC - 9,15 acteur et un témoin de l’économie sociale, THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 E un syndicaliste et un mutualiste Jean Loup VICHNIAC, exemplaires. COLLOQUES - CONFÉRENCES : le 9 janvier 1994. Nous consulter Le CCOMCEN exprime sa peine à sa famille et salue la mémoire de celui qui Isabelle et Jacques Vichniac, m 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 toute sa vie fut au service des autres. ses parents, Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected] Ainsi que sa famille, CCOMCEN, Et ses amis, Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de 62, boulevard Garibaldi, demandent à tous ceux qui l’ont aimé de deux lignes. Les lignes en blanc sont obligatoires et facturées. 75018 Paris. continuer à penser à lui. LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / 13 HORIZONS REPORTAGE

Au marché de Wamena (Irian-Jaya), les Papous doivent se contenter d’un bout de trottoir pour vendre quelques légumes.

ISAGE poupin, les cheveux longs en queue de cheval, la tenue sportive, Eurico Guterres fait la loi dans le petit aéroport de Dili, qui n’est alors qu’un chef- lieu de la vingt-septième province Vde l’Indonésie. Dans la salle de tran- sit, ses hommes, membres d’Aitarak (l’épine), une milice redoutée, empê- chent les Timorais d’embarquer. Des policiers indonésiens avenants laissent faire : ils n’ont ni les moyens ni l’envie de s’opposer à des miliciens protégés par l’armée. Ils regardent ailleurs lorsque Enrico, au cours d’une conférence de pres- se impromptue, déclare : « Les Est- Timorais n’ont pas le droit de s’en aller. » Cette scène se déroule le 31 août 1999. La veille, au cours d’un réfé- rendum sur l’avenir du territoire organisé par l’ONU, la population a massivement voté. Le résultat ne sera connu que plusieurs jours après, mais il ne fait déjà aucun dou- te : ce sera l’indépendance. Sans attendre, les milices autonomistes (favorables à l’autonomie sous sou- verainteté indonésienne) sont donc passées à l’action : ils ont pris dans une nasse les Timorais orientaux, avant de réduire en cendres et de se débarrasser des leaders indépendan- tistes dont les noms sont couchés PIERRE DE VALLOMBREUSE sur des listes. L’heure de la vengean- ce a sonné. Un an plus tard, Eurico, vingt- sept ans, est détenu à Djakarta pour possession illicite d’armes. Un juge a ordonné sa libération. La police et le bureau du procureur général ont refusé. Eurico figure sur la liste offi- cielle des suspects dans les exac- L’Indonésie se noie dans la violence tions et massacres commis au Timor-Oriental en 1999. On l’a vu MALAISIE « l’Etoile du matin » est perçu com- chait pas d’être sans merci et, d’une que « la présence du FMI en Indoné- au Timor-Occidental, partie indoné- me le symbole de l’espérance. Dans habileté redoutable dans le manie- sie n’y a apporté que la destruction ». sienne de l’île, quand trois fonction- le monde des Papous, somme de ment de son sabre. Mais que Face aux exigences de la communau- naires de l’ONU y ont été massacrés SINGAPOUR plus de deux cents tribus mélané- contrôle-t-il ? té internationale, qui réclame sans début septembre 2000. Sa remise en ArchipelArchipel (Born(Bornéo)éo) Jayapura siennes sans lien avec les autres Garin Nugroho, cinéaste et obser- ménagement davantage de cohéren- de Riau liberté mettrait en cause la « crédibi- Kalimantan Sulawesi Moluques IrianJaIrian Jayaya Indonésiens sauf le fait d’avoir été vateur lucide de la scène indonésien- ce, une mentalité d’assiégé est en lité » de la justice indonésienne, Banda SumatrSumatraa (C(Célèbes)élèbes) WWamenaamena colonisé par les Néerlandais, « l’Etoi- ne, dit ses compatriotes « débousso- train de gagner l’élite djakartanaise. avertissent les Australiens. Atjeh DJAKARTA Amboine Baliem le du matin » annonce l’arrivée lés ». Il estime que Gus Dur a eu rai- Interrogé sur un jugement de « Eurico Guterres s’est battu pour Surabaya d’une nouvelle ère. Ni leur propre son de traiter le Parlement de « jar- Mahfud, selon lequel une « conspira- Bali l’intégration » de Timor au sein de Java Flores direction, plutôt portée au compro- din d’enfants ». Les députés, dit-il, tion internationale » pousse les l’Indonésie et est donc un « héros », Timor mis, ni le gouvernement indonésien « tirent pendant des mois dans les pat- Papous à se séparer de l’Indonésie, I N D un « patriote courageux », rétorque O N É S I E 500 km n’ont de prise sur cette croyance. tes du président et, ensuite, l’accusent Gus Dur lui-même a estimé que « cet- Yasril Ananta Baharuddin, prési- Entre-temps, des milliers de poli- de ne rien faire ». Il ajoute : « Person- te analyse, pour être peut-être juste, dent de la commission des affaires ciers et de soldats ont été envoyés ne ne défend de façon claire le prési- n’a pas besoin d’être exprimée publi- étrangères de l’Assemblée nationa- la politique », rétorque le général en renfort dans la lointaine provin- dent, chacun suit ses propres intérêts. quement ». « Nous avons besoin des le. « Il a perdu son pays, il est donc qui a accusé l’ONU de « fraude vul- Attentats, ce, dont les richesses minières finan- Quand je vois cet étalage à la télévi- Etats-Unis, mais en tant que pays qui a notre ami », ajoute Amien Raïs, pré- gaire » dans l’organisation du réfé- cent l’Indonésie, et chaque camp en sion, cela me met en colère car, après un sens élevé du nationalisme ; nous sident de l’Assemblée consultative rendum au Timor-Oriental et consi- massacres, présence a levé sa propre milice. trente ans de bourrage de crâne sous ne pouvons pas être davantage bouscu- du peuple. Eurico reçoit les députés dère comme de la « foutaise » les Wamena est loin, à 3 500 kilomè- Suharto, la population n’est pas mûre lés », a jugé de son côté la vice-prési- et accorde des entretiens. Même le insinuations selon lequelles il tente- affrontements tres à l’est de Djakarta, mégalopole et prend les déclarations des politi- dente Megawati, fille de feu porte-parole de la police estime rait de déstabiliser le gouverne- de 12 millions d’habitants. Plaza ciens pour argent comptant. De Sukarno, père de l’indépendance qu’il « a rendu service à l’Etat ». Euri- ment. ethnico- Indonesia ou Pasar Senayan, grands clowns, on fait des héros. » indonésienne. co est un cadre du PDI-P, le parti de La Papouasie occidentale, que les centres commerciaux en vogue, y « Comme des hiboux qui contem- la populaire vice-présidente Indonésiens ont rebaptisée Irian- religieux, retrouvent leur animation après ’UN des héros du moment est plent la lune », dit le proverbe Megawati Sukarnoputri. Dans ces Jaya, est un territoire aux contrastes trois années de crise. Le Salon de Mohammad Mahfud, profes- malais à propos d’un amour qui conditions, le procureur général a saisissants. Sous les tropiques, des l’Indonésie l’auto, en septembre 2000, a obtenu Lseur de droit plutôt obscur jus- n’est pas payé de retour. Ancien édi- refusé une demande d’extradition montagnes, qui culminent à un franc succès, surtout les limousi- qu’au moment où il a été nommé, teur de l’hebdomadaire Tempo, que émise par l’ONU, contrairement à 5 000 mètres, dominent les jungles implose nes les plus luxueuses, dont les ven- fin août 2000, ministre de la défense. Suharto avait fini par interdire, Goe- un mémorandum signé avec le gou- et les forêts de mangroves. La haute tes ont repris. Entre-temps, au Un mois plus tard, il a déclaré au nawan Mohamad se réfère à ce pro- vernement indonésien. « Si l’ONU vallée fertile de la Baliem y est habi- lentement. palais présidentiel qui donne sur la New York Times que l’indépendance verbe en écrivant, dans une chroni- veut interroger Guterres, elle doit le tuellement fréquentée par des ama- place Merdeka, celle de l’Indépen- du Timor-Oriental, provisoirement que, qu’il y a « toujours quelque cho- faire à Djakarta », a ajouté Marzuki teurs de marche. Ils croisent sur leur Face à une dance, le président Abdurrahman sous gestion onusienne, était un se du hibou en nous ». « Nous nous Darusman. chemin les habitants du coin, chas- Wahid, uléma fort tolérant, ne se « désastre, parce que les Nations élevons pour aboutir mais nous ne L’Indonésie est sans doute un état seurs et amateurs de cueillette, qui multitude déplace qu’avec l’aide de sa fille ou unies avaient échoué à y former un parvenons pas à atteindre notre objec- d’esprit. Le 23 octobre 2000, dans vivent entourés de leurs cochons, d’officiers d’ordonnance. Il est vir- gouvernement ». « Les Est-Timorais tif », écrit-il avant de citer Nehru : une salle de bal archi-comble d’un seule richesse, et vêtus d’une simple d’îles saisies tuellement aveugle. Des couloirs veulent regagner le giron de l’Indoné- « Pour une nation qui se bat, le péri- cinq-étoiles de Djakarta, veste écos- gourde à pénis. Une maigre piste ont été aménagés, le long des quel- sie, mais des pays étrangers, qui ont ple est sans fin ». saise claire sur chemise noire, un d’aviation, à Wamena, tranquille par la fièvre, ques marches entre les salons, pour chanteur soulève les applaudisse- chef-lieu de district situé à 300 kilo- permettre le déplacement de la voi- ments d’un parterre de quelque mètres au sud de Jayapura, la capita- le centre, turette de l’épouse du chef de l’Etat, « La population prend les déclarations des cent dîneurs bien élégants. Pour toi, le provinciale, et une route à nids de à moitié paralysée depuis un acci- mon Indonésie, tel est le titre de son poule assurent les liaisons avec le déboussolé, dent de la circulation voilà cinq ans. politiciens pour argent comptant. De clowns, premier album. Ancien officier d’or- reste du monde. Gus Dur, l’oncle Dur, nom fami- donnance de Suharto, le général de développe lier du président, reçoit dans un cabi- on fait des héros » Garin Nugroho, cinéaste corps d’armée Wiranto dit commen- OUT a chaviré en octobre net très simple, si loin et si proche de cer, à cinquante-trois ans, une 2000. Aujourd’hui, le trafic une mentalité la rumeur. Il évoque son souhait de seconde carrière. La recette de cette Tcommercial aérien est suspen- « remplacer l’obligation par l’envie de soutenu le mouvement indépendantis- Le monde indonésien doit, plus soirée de gala, – environ 1 million du et les « brimob », les brigades d’assiégé vivre ensemble » dans une Indonésie te, entretiennent la violence pour prosaïquement, s’accommoder de francs –, est au profit du million mobiles, unité d’élite de la police faite d’îles et d’archipels qui s’éta- empêcher une telle issue », avait-il d’une culture de violence, surtout de gens qui ont fui les troubles dans indonésienne, patrouillent avec lent sur 5 000 kilomètres d’est en poursuivi. Il estimait que des depuis le massacre d’un demi-mil- plusieurs régions du vaste archipel, ordre de tirer à vue. Des milliers de ouest, regroupe des centaines d’eth- « espions étrangers » étaient à l’origi- lion de gens, suspectés d’être des y compris les quelque cent mille Est- migrants, venus de Java ou des Célè- nies et environ 210 millions d’habi- ne des violences au Timor-Occiden- communistes en 1965-1966. Dispari- Timorais encore présents au Timor- bes, se sont réfugiés dans les postes tants. Un univers que Suharto, pen- tal, au cours desquelles les trois fonc- tions, brutalités, répressions sanglan- Occidental, dans des camps contrô- de police, les casernes, les églises ou dant trente-deux ans, a tenu d’une tionnaires de l’ONU ont été massa- tes, ont émaillé les trois décennies lés par les milices. Patron des forces les mosquées. « Ils ne veulent pas ren- main de fer. Attentats et manifesta- crés. Des commentaires « étonnants qui ont suivi. La pente est d’autant armées en septembre 1999, quand trer chez eux », disent les officiels. tions ne semblent pas accabler Gus et irresponsables », avait aussitôt plus dure à remonter, estime José le Timor-Oriental a été réduit en Les Papous se terrent. Des dizaines Dur. Dans un entretien accordé au jugé Washington. Ramos-Horta, leader indépendantis- cendres, Wiranto avait été désigné de gens ont été tués ou blessés à Monde début février 2000, interrogé Mais Mahfud n’est pas seul à sur- te est-timorais et Prix Nobel de la comme suspect, en février 2000, par coups de flèches empoisonnées ou sur une stratégie de déstabilisation fer sur la vague d’un ressentiment à paix. « Le père d’Eurico Guterres a été une commission d’enquête indépen- de haches. On parle de têtes cou- de sa présidence, il avait répondu : l’égard des Occidentaux qu’alimen- tué devant lui par les Indonésiens. dante. Le président Abdurrahman pées, de corps démembrés, de viols « Je ne le sais pas et je m’en fiche. Mes tent également les médias indoné- Eurico était âgé de quatre ans. Plus Wahid en avait profité pour le limo- de femmes. adversaires sont incapables d’y siens. « Toutes les firmes américai- tard, il est entré dans la résistance. Les ger du gouvernement. La raison : après trois décennies parvenir. » nes » devraient être « nationalisées Indonésiens l’ont arrêté, torturé et « Il s’agit d’une tentative malsaine de répression, les Papous veulent Né voilà soixante ans sous le en cas d’embargo économique »,a retourné. Rien n’est simple », racon- et de mauvais goût de réhabiliter sa pouvoir hisser « l’Etoile du matin », meilleur des signes, – celui du « dra- déclaré fin septembre 2000 Amien te-t-il. « Pour sûr, conclut Goe- réputation », a jugé Munir, l’avocat drapeau de l’indépendance. Après gon d’or » –, Gus Dur a été comparé Raïs, alors que seule une réduction nawan Mohamad, la lune est tou- indonésien des droits de l’homme le une valse-hésitation, le président à Zatoichi, le « samuraï aveugle », de l’aide a été évoquée au cas où Dja- jours la lune, et le hibou ne l’atteindra plus connu. Munir pense que Wiran- indonésien a dû faire marche arriè- héros d’un feuilleton télévisé popu- karta ne procéderait pas aux désar- jamais. Mais l’Histoire semble avan- to, dont la prochaine initiative serait re : la police, l’armée, des ministres, laire dans les années 70. C’est du mements des milices. « Regardez la cer parce que nous conservons l’es-

un livre sur la reformasi indonésien- n’en veulent pas. Il a dit aux leaders PIERRE DE VALLOMBREUSE moins le nom de code que lui aurait Malaisie ou la Libye ; leur consistance poir, impossible mais nécessaire. » ne, veut de nouveau jouer un rôle papous de trouver un autre emblè- Poster indépendantiste donné le général Wiranto. Le handi- leur a permis d’acquérir une position politique. « Cela n’a rien à voir avec me. Mais il est peut-être trop tard : de l’OPM. cap physique de Zatoichi ne l’empê- respectable », a-t-il dit en ajoutant Jean-Claude Pomonti 14 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 HORIZONS-DÉBATS Adoption et homosexualité : Moyen-Orient : revenir les juges contre la loi à l’esprit de Madrid par Marwan Bishara par Daniel Borrillo et Françoise Gaspard L semble nécessaire de rap- Une telle reconnaissance ne con- EPUIS la réforme de empirique les magistrats se fondent- On perçoit désormais les contradic- dence du Conseil d’Etat, avec laquel- peler aujourd’hui que l’ob- duira pas à l’annihilation d’Israël, 1966, le législateur, en ils pour affirmer qu’un enfant élevé tions que soulève le texte : peut-on le la cour de Nancy n’a pas, à la dif- jectif du processus de paix comme le prétendent certains autorisant l’adoption par deux femmes serait perturbé faire obstacle à une demande férence du tribunal administratif de Iau Moyen-Orient n’est pas (Amos Oz dans votre page Débats Dplénière par un céliba- dans son développement psychi- d’adoption par une personne parce Besançon, voulu rompre. d’aider Ehoud Barak à être réélu ni du 9 janvier), elle libérera au taire, a consacré la catégorie de que ? Des travaux scientifiques, aus- qu’elle est pacsée, alors qu’on l’ac- Cette décision réjouit en revan- le président Clinton à obtenir le contraire Israël de son sombre pas- famille monoparentale adoptive, ce si bien en France qu’aux Etats-Unis, cepte pour des célibataires ? Peut- che le député Renaud Muselier, qui prix Nobel de la paix, mais de met- sé et ouvrira la voie à une coexis- qui exclut par définition soit la montrent que les enfants élevés par on continuer à s’acharner à donner a lancé une pétition contre l’adop- tre fin à la violence et au long con- tence pacifique dans la région. mère, soit le père. La jurisprudence des individus ou des couples homo- quelques droits aux couples homo- tion par des couples homosexuels flit entre Palestiniens et Israéliens. Il faudrait en fait regarder l’après- a confirmé le choix du législateur en sexuels ne sont nullement confron- sexuels tout en leur refusant des pacsés. Tel n’était pas l’enjeu de cet- Barak a échoué sur tous les administration Clinton et l’après- autorisant l’adoption par des céliba- tés à des perturbations psychologi- droits à la filiation ? La France a rati- te affaire. Soucieuse du respect de fronts, et le président Clinton a eu élections israéliennes pour cher- taires jusque dans des cas extrêmes. ques particulières. fié le traité d’Amsterdam, qui, dans la loi, la requérante ne demandait largement le temps et l’occasion, cher une solution équitable, accep- Ainsi une décision de 1983 a-t-elle La deuxième question est celle de son article 13, condamne toute dis- pas que l’enfant qu’elle souhaitait pendant ces dernières années, d’ob- table par les deux peuples concer- stipulé que « possède la capacité la distance qui se creuse entre la crimination en raison de « l’orienta- adopter soit celui de deux femmes, tenir la fin de l’occupation. Son nés et qui puisse résister à l’épreu- d’adopter une femme de quatre-vingt- définition que le pouvoir politique tion sexuelle ». Malgré l’absence de mais le sien. Interdire l’adoption administration a parrainé sept ve du temps. Pour parvenir à un tel six ans jouissant de la pleine posses- ou judiciaire donne de la famille et compétence communautaire en la par une ou un célibataire en raison accords de paix qui n’ont pratique- accord, il faudra revenir aux princi- sion de ses facultés ». la réalité sociale des formes fami- matière, pourra-t-on longtemps d’un mode de vie jugé atypique (et ment pas été appliqués, tandis que pes de la Conférence internationa- La cour administrative de Nancy liales. En France, un nombre crois- maintenir une discrimination en rai- pourtant désormais reconnu par la sa tentative de la dernière heure le de Madrid de 1991, qui restent le a, en revanche, cassé, en décembre sant d’enfants naissent de couples son de l’orientation sexuelle face à loi), alors même que l’adoptant pré- de finaliser un accord-cadre est meilleur moyen d’établir la paix et dernier, une décision du tribunal hétérosexuels non mariés. Le di- l’adoption ? sente toutes les garanties d’accueil, vouée au même sort dans la mesu- la sécurité, non seulement pour administratif de Besançon qui accor- paraîtra sans doute incompréhensi- re où elle est dictée par la logique Israël et les Palestiniens, mais pour dait à une institutrice célibataire la ble dans l’avenir. En démocratie, ce électorale israélienne. l’ensemble de la région. possibilité d’adopter. Et cela au Interdire l’adoption par une ou un que la loi n’ interdit pas, elle l’autori- Paradoxalement, seul un accord Si les questions de Jérusalem et motif qu’elle vit avec une femme, et se. En se substituant au législateur, favorable à Israël permettrait la des réfugiés sont apparues com- que l’enfant risquerait de souffrir célibataire en raison d’un mode de vie jugé le juge administratif porte atteinte à réélection de Barak tandis qu’un me les plus sensibles, c’est parce d’« une absence d’image ou de réfé- ce principe fondamental de notre accord fondé sur la résolution 242 qu’elles ne peuvent être résolues rent paternel ». atypique (et pourtant désormais reconnu par Etat de droit. de l’ONU, conforme aux revendica- que dans un contexte régional, L’agrément ne constitue qu’un Ce cas, au-delà de sa spécificité, tions minimales des Palestiniens avec la participation des pays ara- contrôle préalable portant essentiel- la loi), alors même que l’adoptant présente pose cependant question de la pour mettre fin au conflit, permet- bes concernés. Leur solution exi- lement sur l’existence matérielle reconnaissance de la coparentalité. trait l’élection de l’adversaire de gera sans doute des garanties des garanties d’accueil d’un enfant. toutes les garanties d’accueil, paraîtra Les droits des parents « sociaux » Barak, l’infâme général Ariel Sha- internationales qui pourraient Les choix de vie privée de l’adop- qui auront élevé des enfants sans ron. Le chef de la droite israé- être obtenues par une participa- tant ne peuvent constituer une con- sans doute incompréhensible dans l’avenir qu’un lien juridique de filiation leur lienne, qui a toujours refusé de ren- tion de l’Europe, de la Russie au dition à l’agrément, sauf si la maté- soit reconnu sont déjà soulevés, et contrer Arafat, a mis en garde côté des Etats-Unis. rialité des garanties se trouve mise le seront davantage demain. Le Barak contre la signature d’un Près de trois millions de Palesti- en cause. Ce qui n’est nullement le vorce est devenu banal, parfois Le président de l’Association des sont et seront aussi les droits des accord final, menaçant de le dénon- niens, enregistrés comme réfugiés cas dans cette affaire. La candidate suivi par la recomposition, par l’un parents et futurs parents gays et les- enfants – et des petits-enfants car cer s’il était élu. pour la plupart, vivent dans les à l’adoption était en effet décrite ou l’autre parent, d’une union biens a déclaré, non sans raison, les générations se succèdent, y com- Si Sharon a aujourd’hui toutes trois pays arabes voisins : la Jorda- par les enquêteurs comme dotée homosexuelle stable. Si les célibatai- que le jugement de la cour de Nan- pris dans les familles dites homopa- ses chances c’est parce que Barak nie, la Syrie et le Liban. La partici- d’« incontestables qualités humaines res peuvent adopter, les techniques cy reflète l’ignorance et la peur. rentales, ce que semblent ignorer la s’est mis à dos tous ceux qui l’ont pation des deux derniers pourrait et éducatives » et comme présen- de procréation médicalement assis- Allons plus loin. Ce jugement est cohorte de parlementaires qui ont soutenu lors des dernières élec- faciliter, en outre, leurs négocia- tant « les garanties suffisantes sur le tée (PMA) interdisent à une céliba- dangereux et homophobe. Dange- signé la pétition Muselier tendant à tions, notamment la minorité tions bilatérales avec Israël et ame- plan familial, éducatif et psychologi- taire française d’y avoir recours. Il reux parce qu’il est non seulement interdire l’adoption par des couples arabe et le camp de la paix israé- ner ainsi à une paix globale dans que pour accueillir un enfant adop- suffit cependant qu’elle aille en Bel- contraire à la loi, qui n’établit pas homosexuels pacsés. lien, qui représentent ensemble un l’ensemble du Moyen-Orient. té ». Mais elle se voit reprocher de gique par exemple pour en bénéfi- une interdiction à l’adoption en rai- La reconnaissance sociale et civile tiers de l’électorat israélien. vivre, « de façon stable », avec une cier. Les « enfants de Thalis » (du son de l’orientation sexuelle de d’une histoire commune est une Les signaux contradictoires émis femme. Et de ne pas l’avoir caché à nom du train qui en moins de deux l’adoptant, mais aussi parce qu’il affaire d’égalité. Seule une réforme par Barak ces derniers temps ont Peu importe l’administration. Aurait-elle eu des heures vous emmène à Bruxelles) stigmatise a priori les enfants qui ne de la loi sur l’adoption et de celles totalement dérouté les Israéliens. relations instables (et discrètes) ou sont désormais nombreux. Et sou- disposent pas dans leur environne- sur la bioéthique permettra de met- Un jour il fait des ouvertures aux comment il sera simplement gardé le silence sur sa vent nés de femmes qui vivent avec ment le plus proche de « réfé- tre fin à cette inégalité en octroyant partis religieux, mais se tourne le vie privée, elle se serait certaine- une femme. rents » masculin et féminin. Homo- aux individus et aux couples homo- lendemain vers les laïcs. Tantôt il appliqué, le droit au ment vu confier un enfant. La troisième question concerne la phobe parce que, privilégiant une sexuels les droits procréatifs dont brandit la menace de la guerre to- Un enfant adopté par un ou une tension entre les évolutions législati- conception nostalgique de la bénéficient le reste des citoyens. tale puis se met à parier sur la paix retour est un droit célibataire ne souffrirait donc pas, ves et la frilosité du gouvernement famille fondée sur le couple hétéro- totale. Tout en négociant une solu- selon le juge, de l’absence de l’autre ainsi que celle de la majorité au sexuel, il exclut l’existence de tion de paix, il vise une séparation inaliénable qui doit sexe, tandis qu’un enfant élevé par regard de l’homoparentalité. Le couples homosexuels du droit Daniel Borrillo est maître de physique unilatérale avec les Pales- un couple de lesbiennes en souffri- pacs constitue incontestablement commun. conférences en droit à l’université tiniens. Il n’est pas clair, même être reconnu pour rait. Il s’agit là, on le voit bien, d’un une première étape vers l’égalité, Les familles biologiques ou adop- Paris-X et chercheur au Groupe dans sa campagne électorale, s’il se raisonnement idéologique fondé mais nous sommes encore loin de tives, traditionnelles ou monoparen- d’analyse des politiques publiques bat contre Sharon ou contre Ara- parvenir à mettre fin sur un préjugé. Cette affaire soulè- sa réalisation. Au cours du débat, le tales, se trouvent protégées par la (GAP) au CNRS. fat, s’il est le candidat qui apporte- ve plusieurs questions. gouvernement n’a eu de cesse de loi française de la même façon et ra la paix ou l’homme de fer qui au conflit La première concerne la motiva- rappeler que le pacs ne saurait être avec la même rigueur. Considérée Françoise Gaspard est socio- poursuit sa politique inhumaine de tion d’un jugement qui emprunte confondu avec le mariage, et que comme un acquis social, cette évolu- logue, maîtresse de conférences à bouclage des territoires et d’assas- son fondement à une psychanalyse l’adoption ou la PMA ne sauraient tion juridique pourrait se trouver l’Ecole des hautes études en scien- sinat des dirigeants palestiniens, Une telle formule ouvrirait aussi de bazar. Sur quelle connaissance être autorisées aux couples pacsés. compromise, à en croire la jurispru- ces sociales (EHESS). synonyme de terrorisme d’Etat. la voie aux discussions sur les Il est inutile de préciser que, grands dossiers régionaux de l’eau, pour Israël comme pour l’avenir de la sécurité, des frontières, de la effarante stupidité. D’abord, l’exi- quand on décide, en toute occasion a eu rudement raison. Cela ne vou- de la paix, un gouvernement tra- coopération économique et Crédit d’impôt : gence de l’égalité devant l’impôt est et à tout propos, de faire strictement lait d’ailleurs pas dire baisser. Mais il vailliste modéré est de loin préfé- autres, une fois qu’Israël aura une exigence de gauche. La droite a le contraire de ce qu’il préconise ? reprenait là, au moment opportun, rable à une coalition de partis de accepté de se retirer des territoires bien montré dans l’histoire qu’elle Vient le crime de lèse-majesté. une vieille idée de droite. Personne droite et de religieux au pouvoir, occupés, conformément à la réso- pas de timidité, lui est indifférente. L’inventeur du concept, c’est connu, ne l’en a accusé. dirigée par Sharon. Mais, malheu- lution 242 qui est à la base de De plus il y a, je suis bien obligé est Milton Friedmann, le fondateur Mieux, le malheureux Tobin, lors- reusement, les Israéliens ont le Madrid comme du processus d’en convenir, dans l’accumulation de ce cruel néolibéralisme, ou plutôt qu’il a proposé voilà vingt et quel- choix entre deux généraux mais d’Oslo. Une telle solution globale camarades ! des minima sociaux et du RMI un monétarisme, qui régit le monde ques années, sa célèbre taxe, était pas deux solutions. permettrait alors aux Palestiniens petit aspect charité publique ou d’aujourd’hui et y engendre une un respectable membre de l’esta- Le pari pourrait être, comme le et aux Arabes d’agir en vue de la Suite de la première page paternalisme qui sent davantage la croissance exponentielle des inégali- blishment économique américain et soutiennent certains dans le camp normalisation de leurs relations droite que la gauche. Ce qui était de tés, une dangereuse instabilité finan- fort soucieux de n’afficher aucun de la paix israélien, de transformer, avec Israël qui, pour sa part, aurait 3. Cela fournit l’occasion de cher- gauche dans le RMI était l’insertion, cière et l’enfermement de bien des engagement partisan et surtout pas après les élections, le Parti tra- une motivation pour payer le prix cher une solution qui contribue à nations dans le sous-développe- progressiste. Il est le premier sur- vailliste en un véritable parti de nécessaire. corriger les défauts de l’actuel systè- ment. Mais d’abord on y est. Volens pris de ce qui est arrivé à son idée. paix qui échangerait ses généraux Le retour aux affaires, aux Etats- me : excessive multiplicité des mini- Ce ne serait pas nolens, on a pris le système. Pour- Nous avons eu raison de la lui pren- contre de véritables hommes Unis, de la même équipe de politi- ma sociaux, effets de seuil insurmon- quoi dès lors refuser l’amortisseur dre, même si on n’en a pas fini avec d’Etat. Tôt ou tard après tout, Sha- que étrangère expérimentée qui a tables, et trappe à chômage consti- de gauche ? Voilà de souffrance sociale que lui-même les difficultés concrètes de défini- ron, comme Nétanyahou et Barak pris l’initiative de la première admi- tuée par le revenu minimum d’inser- avait jugé nécessaire de lui adjoin- tion et d’application, ce qui est une avant lui, échouera à apporter la nistration Bush à Madrid en 1991, tion (RMI) faute de l’avoir fait évo- bien la meilleure, dre puisqu’il avait compris la cruau- autre histoire. Allons camarades, paix et la sécurité aux Israéliens au lendemain de la guerre du luer à temps. té sociale de ce qu’il proposait ? pas de timidité conceptuelle. La qui opteraient alors pour une solu- Golfe, devrait faciliter les choses. A Le crédit d’impôt, même s’il est de comme l’on dit C’est tout de même un comble d’en vraie gauche, elle prend ses idées tion alternative réelle. l’époque, la tenue de la Confé- mise en œuvre complexe, a le dou- prendre le pire et pas le meilleur. où elle peut, mais elle combat pour En attendant, les Palestiniens rence de paix après la libération du ble et considérable avantage de se familièrement ! Et puis, enfin, depuis quand la gau- la justice sociale, pour l’égalité qui ont choisi de ne pas renoncer à Koweït était destinée à montrer déduire d’un principe très simple che s’encombrerait-elle de la paterni- devant l’impôt, pour la prise en leurs droits historiques, conformé- que les Américains appliquaient (un revenu de base est défini, au-des- En outre, c’est té des concepts qu’elle juge utiles à charge des souffrances sociales ment aux résolutions de l’ONU, les mêmes critères au Moyen- sus on taxe, en dessous on compen- défendre sa cause ? Lorsque Fran- autrement que par la charité et devront sans doute connaître de Orient et avaient la volonté d’œu- se dans des conditions incitatrices à une effarante stupidité çois Mitterrand, vers la fin de son pour l’incitation au travail, à la crois- nouvelles souffrances. Leur Inti- vrer à un règlement global entre la recherche de travail) et de liquider premier mandat, édicta un jour qu’il sance et au développement. fada a réussi, jusque-là, à mettre Israël et ses voisins. d’un coup effets de seuil, trappe à était temps que les prélèvements un terme à l’implantation des colo- Aujourd’hui, dix ans plus tard, et chômage et multiplicité des minima pas le plus facile. Le remplacement obligatoires cessent d’augmenter, il Michel Rocard nies et à réduire la coopération après l’échec du processus d’Oslo sociaux. de tout cela par un principe unique, sécuritaire. L’Autorité palestinien- qui, en sept ans, n’a pas abouti à Aucune autre technique ne per- applicable aux riches comme aux ne ne pouvait continuer de faire un arrangement de paix, le retour met de régler tous ces problèmes à pauvres, incitateur à la recherche de AU COURRIER DU « MONDE » Quand donc apparaîtra un candi- les basses œuvres à la place des à l’esprit de Madrid apparaît com- la fois, et surtout pas celle qui aurait travail par son mode de calcul, et dat à l’élection présidentielle qui Israéliens alors que l’occupation se me la meilleure solution alterna- consisté à creuser le déficit de la exclusif de tout enfermement dans DES CITOYENS ÉCLAIRÉS s’engagera, s’il est élu, non seule- poursuivait. tive possible. La référence serait Sécurité sociale en diminuant les des situations de non-travail, a un Le quinquennat a été adopté par ment à présenter au bout d’un an un Comme dans toute autre situa- alors l’ensemble des résolutions de charges des entreprises pour leur autre panache et correspond bien référendum malgré une abstention projet de réforme constitutionnelle, tion coloniale, la paix permanente l’ONU sur le sujet et non les idées permettre de payer un peu mieux davantage à une vision de gauche massive. L’inversion du calendrier mais aussi à créer, en attendant, une ne peut venir qu’après et non de Clinton, tandis que les diffé- les salariés au SMIC ou juste au- de l’articulation entre revenu, fiscali- électoral préoccupe la société politi- « commission nationale d’opinion avant la fin de l’occupation israé- rentes parties pourraient présenter dessus. Les effets de seuil, donc leur té et travail. que, mais les citoyens en sont tenus publique en matière institutionnel- lienne et le règlement de l’injustice des suggestions pour la solution grande injustice, et la trappe à La paternité de ce système serait éloignés… Les Français ne se pas- le » ? Dirigée par des experts indé- historique commise contre les du conflit. chômage subsisteraient. compromettante ? Allons donc. A sionnent pas pour les questions ins- pendants (personnalités, haut-fonc- Palestiniens, notamment le déraci- Si la politique est l’art du possi- En tant que créateur tant du RMI tout seigneur tout honneur, le prési- titutionnelles, portés, peut-être par tionnaires, professeurs de droit, poli- nement de plus des trois quarts de ble, une politique intelligente au que de la CSG, je reste fort attaché à dent de la République a pris parti en expérience à considérer que les tologues, journalistes…), cette com- la population pendant la guerre de Moyen-Orient devrait convaincre l’idée que je me faisais de leur évolu- sa faveur, l’affectant d’une connota- changements de régimes, si fré- mission serait chargée de veiller à la 1948. Cela ne signifie pas nécessai- les parties que la paix n’est pas un tion. Faire de cela une allocation tion lourde. D’accord, le président quents dans l’histoire nationale formation et à l’information des rement que les 3,7 millions de réfu- jeu de vases communicants, un jeu complémentaire de revenu serait est de droite et s’en fait gloire ; il lui depuis 1791, ne sont au fond que citoyens. (…) On verrait naître alors giés palestiniens enregistrés retour- à somme nulle, mais une situation d’ailleurs encore plus approprié, est en outre arrivé, même sur des des jeux de cour, des gestes rituels une opinion publique vraie, solide, neront en Israël une fois que ce où les gains des uns sont les gains avec les quelques améliorations et points techniques et peu symboli- réservés aux hommes de gouverne- avertie et hissée à la hauteur des pro- droit leur sera reconnu. Car peu des autres. délimitations que cela supposerait. ques de la droite ou de la gauche, de ment. D’où une opinion publique blèmes posés. importe comment il sera appliqué, 4. Ce ne serait pas de gauche ? Voi- se tromper. Qui oserait en tirer la inexistante ou du moins désintéres- Gabriel Périn le droit au retour est un droit inalié- là bien la meilleure, comme l’on dit conclusion qu’on est sûr d’être sur la sée et naturellement accessible aux Motey-Besuche nable qui doit être reconnu pour Marwan Bishara est journa- familièrement ! En outre, c’est une bonne voie éthique et technique idées toutes faites. (Haute-Saône) parvenir à mettre fin au conflit. liste et écrivain palestinien. HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / 15 Education : la pacification, et après ? 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 TOUT semble réussir au « formidable » Jack seils de la vie lycéenne et les nouvelles règles éducatif demeure entier. Tous les partis politi- Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F Lang. Les résultats des sondages le démontrent, organisant les sanctions à l’école. Même scéna- ques s’accordent pour considérer l’éducation Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). jour après jour, opportunément glissés dans les rio pour des dossiers plus corporatistes : le statut comme l’un des grands sujets des futures campa- Internet : http: // www.lemonde.fr dossiers de presse du ministère de l’éducation des chefs d’établissement, préparé par Claude gnes électorales. La droite promet un nouveau nationale : le locataire de la rue de Grenelle est Allègre, a abouti en novembre 2000. projet tandis que la gauche est de plus en plus ÉDITORIAL aimé des élèves, adulé par les jeunes, apprécié En outre Jack Lang a abandonné les sujets souvent accusée d’être en panne d’idées. Pour des parents, estimé par les enseignants, encou- potentiellement dangereux : la réforme du bacca- tenter de combler ce vide, la Ligue de l’enseigne- ragé par l’opinion. Sa popularité semble lauréat et l’aménagement du temps de service ment a récemment choisi de lancer un « appel » inébranlable. des enseignants ne sont plus évoqués. Seul le auprès de tous les acteurs de l’école afin que Le pouvoir de nommer En ce début d’année, neuf mois après son arri- conseil national de l’innovation apparaît comme l’éducation devienne « un vrai sujet de débat vée au gouvernement, le ministre attaché à sa la vitrine d’un possible changement, qui reste national ». Les principaux syndicats d’ensei- ORS des vœux qu’elle a vingt dernières années, des gran- « révolution pacifique » continue d’échapper aux cantonné à la marge du système éducatif. gnants et les fédérations de parents d’élèves présentés à la presse le des institutions culturelles sub- critiques que s’attirent les réformateurs. Mise à (PEEP, FCPE) ont répondu à cet appel. 10 janvier, Catherine Tas- ventionnées. Ce pouvoir est part l’éducation artistique, pour laquelle un plan LE MALAISE DE L’ÉCOLE DEMEURE Si les manifestations enseignantes ne sont plus Lca, ministre de la culture devenu d’autant plus important ambitieux a été annoncé le 14 décembre 2000, Le paysage syndical modelé par Claude Allègre d’actualité, le malaise de l’école demeure : quels et de la communication, a claire- aujourd’hui que deux difficultés les grands dossiers estampillés Jack Lang restent a facilité le travail du ministre. L’UNSA-Educa- savoirs enseigner ? Comment répondre à la pan- ment indiqué que 2001 serait ont surgi, qui rendent délicat à venir : la rénovation de la formation des ensei- tion (ex-FEN) et le SGEN-CFDT, pro-réformes, ne de la démocratisation de l’école ? Comment « l’année des nominations ». l’énoncé d’une politique culturel- gnants et la réforme du collège, respectivement ont obtenu de mauvais résultats lors des derniè- faire face à la marchandisation des moyens d’ac- Elle n’en a annoncé qu’une seu- le étatique : l’affaiblissement de annoncées pour janvier et février, sont désor- res élections professionnelles. Quant au SNES- cès à la connaissance ? Lionel Jospin s’exprime le, mais d’importance, puisqu’il tout discours idéologique et la mais promises d’ici à la fin du premier trimestre FSU, s’il demeure largement majoritaire chez les toujours aussi peu sur l’éducation et Jack Lang s’agit de celle de Marcel Bozon- mondialisation. Les nouveaux de 2001. Ces questions touchent au cœur de la enseignants du secondaire, son combat contre n’a pas encore prouvé qu’il avait une ligne politi- net au poste d’administrateur barons qui président aux desti- politique éducative. Le traitement de la violence Claude Allègre lui a fait perdre des milliers d’ad- que sur l’école. général de la Comédie-Françai- nées des industries culturelles scolaire, le développement des langues vivantes hérents et lui impose de reconstituer ses forces. se. Le choix de cet artiste de pre- se méfient, c’est un euphémis- à l’école primaire (dont la généralisation est pro- Pourtant, Claude Allègre mis à l’écart, la pacifi- Sandrine Blanchard mier rang, admiré par les siens me, des interventions publiques mise depuis François Bayrou) ou encore l’avenir cation réussie, le débat sur l’avenir du système et Nathalie Guibert comme par les amateurs de théâ- qui pourraient contrarier le des 65 000 emplois-jeunes de l’éducation natio- tre, devrait éviter les polémi- développement de leurs activi- nale, autres chausse-trapes, doivent également ques, parfois vives, qui ont épicé tés. La prise de pouvoir des dis- faire l’objet de mesures, plus tard. D’autres ques- l’histoire plusieurs fois centenai- tributeurs dans le secteur du tions de fond, en particulier celle des contenus re de la maison de Molière. cinéma en 2000, avec le lance- d’enseignement, ont été renvoyées à de nom- Plus-value par Leiter Dans la période récente, cette ment des cartes d’abonnement, breux groupes de travail. nomination a pris en deux occa- a manifesté brutalement cette Ces dossiers risquent-ils de faire baisser la cote sions au moins un tour politi- évolution et la fin d’une coges- de popularité de M. Lang ? Jusqu’à présent, que. En 1982, François Mit- tion réfléchie entre pouvoirs outre ses indéniables talents de pacificateur, il terrand et Jack Lang avaient con- publics et intérêts privés. semble surtout avoir eu la chance d’être arrivé fié le titre au metteur en scène A défaut de l’énoncé clair au bon endroit au bon moment. Tout se passe Jean-Pierre Vincent, alors frais d’une ambition politique, comme s’il ramassait la mise, au cours d’une par- émoulu de ses aventures collecti- chausse-trappe dont ont fait les tie débutée par d’autres. ves, et gauchisantes, en terre frais le deuxième Jack Lang Au premier rang d’entre eux, Lionel Jospin. d’Alsace, pour dire tout haut (1988-1993), Jacques Toubon, Phi- Jack Lang peut le remercier, d’abord et surtout, que quelque chose avait vrai- lippe Douste-Blazy et Catherine de lui avoir apporté le soutien financier nécessai- ment changé dans la politique Trautmann, l’exercice de la re pour crédibiliser toute action en matière édu- culturelle. Résistance de la pres- nomination a désormais valeur cative. En huit mois, Jack Lang a obtenu un bud- tigieuse troupe oblige, le résul- de discours pour solde de tout get comportant des créations d’emplois de fonc- tat ne fut pas mirobolant. En compte. Catherine Tasca va tionnaires, chose qui ne s’était plus vue depuis 1993, Jacques Toubon, installé devoir jouer serré. De grandes dix ans, ainsi qu’un plan pluriannuel de recrute- dans le fauteuil d’André maisons attendent les dirigeants ments attendu depuis onze ans. Claude Allègre Malraux en période de cohabita- qui influeront durablement sur l’appelait de ses vœux. Contraint pendant trois tion, a misé sur Jean-Pierre le cours de la création, qu’il ans d’affirmer que « lorsqu’on a un projet, les Miquel, qu’il avait fréquenté s’agisse de sa vitalité ou de son moyens suivent », et s’affichant comme un bon dans son théâtre du 13e arrondis- renouvellement : le Théâtre élève face à la discipline budgétaire gouverne- sement. L’expérience artistique national de Marseille, celui du mentale, le prédécesseur de Jack Lang est aussi ne fut pas, là non plus, enthou- Rond-Point à Paris ou des Aman- tombé parce qu’il entendait « réformer à moyens siasmante. diers à Nanterre, l’Opéra natio- constants ». C’est au soir du 16 mars 2000, au Héritière d’une tradition nal de Paris aussi, la Cité de la plus fort des manifestations anti-Allègre, que le ancienne, la ministre actuelle musique de La Villette sont premier ministre a promis d’engager un plan dispose à son tour de ce pouvoir autant d’exemples sur une lon- qu’il avait lui-même inscrit dans la loi d’orienta- de nommer – pouvoir accru gue liste que beaucoup scrutent tion de 1989. La croissance économique retrou- encore par la multiplication, ces avec une impatience légitime. vée et la mobilisation des enseignants ont eu rai- son du gel de l’emploi public. Allègre parti, c’est 0123 est édité par la SA LE MONDE à Lang que revient l’annonce de ce plan « sans Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani précédent » tant attendu par les syndicats Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint d’enseignants. Jack Lang peut aussi dire merci à Claude Allè- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau gre. Ce dernier a ouvert des brèches : marche for- Directeur artistique : Dominique Roynette cée sur les nouvelles technologies, déconcentra- Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Rédacteurs en chef : tion de la gestion des personnels enseignants, Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; principe de l’aide individualisée aux élèves et Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; appel à l’interdisciplinarité dans l’enseignement. Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Au lycée, Jack Lang a ainsi repris l’idée des tra- Rédacteur en chef technique : Eric Azan vaux personnels encadrés et la création de l’édu- cation civique, juridique et sociale, tout en réta- Médiateur : Robert Solé blissant une partie des horaires des élèves allégés Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg par son prédécesseur. Il a ainsi fait taire avec Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; habileté le débat entre savoirs et pédagogie, partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre défenseurs des disciplines et innovateurs. En Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président matière de vie scolaire, il ne restait au nouveau Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), ministre qu’à mettre en place les nouveaux con- André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, L’Europe dans une phase de réflexion Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. LA VOLÉE de bois vert reçue par nes, de la feuille de route minima- de consensus entre les Quinze »,en mur de Berlin. Des diplomates fran- les dirigeants français pour leur liste prévue de longue date avec faisant valoir que l’alternative çais estiment que, derrière le dis- ILYA50 ANS, DANS 0123 gestion de la négociation de Nice les partenaires pour la conférence aurait été d’assumer une crise avec cours fédéraliste européen de Jos- et les interrogations sur le rôle de intergouvernementale. Avec pour report de l’élargissement, ce qui chka Fischer, une partie de l’entou- la France dans une Union euro- effet de se trouver au final empê- n’était pas possible. C’est oublier rage du chancelier Schröder aurait Chronique du roi Jean péenne en changement obligent tré dans des marchandages ne cor- qu’on aurait pu se battre avant la réussi à imposer une vision germa- Paris à une remise à plat de sa poli- respondant plus aux nouveaux présidence française pour élargir no-centrée du projet européen. EN TEMPS NORMAL, une esca- permettre d’afficher d’étincelants tique européenne. Pour la prési- enjeux et dans un affrontement le mandat de la conférence inter- L’élargissement de l’Union don- le à Saïgon représente, à mi-chemin défauts, et son passé l’autorise à dence de la République comme que l’on avait toujours voulu éviter gouvernementale, ce qui n’a pas ne à une Allemagne démographi- de la paix et de la guerre, une oasis jouer parfois à ressembler à sa pour Matignon, il faut redéfinir avec l’Allemagne sur le poids res- été fait. quement supérieure une position de détente où le désœuvré déguste légende. Alors il a pensé que pour une stratégie à la lumière des nou- pectif des deux pays dans l’Union. centrale en Europe. Personne ne à la terrasse des cafés les derniers mieux saisir le buffle indochinois veaux équilibres qui se dessinent La tentative de Jacques Chirac ENTRER DANS LE POLITIQUE sait très bien quels nouveaux équili- potins axés sur les femmes, les mili- par les cornes il convenait tout en Europe, alors que les prochai- de profiter de l’effet de relance du En se contentant de jouer les bres il en ressortira, quelle sera l’at- taires et le trafic des piastres. Mais d’abord de lui asséner sur les nes échéances de l’Union se préci- débat fédéral européen par le honnêtes courtiers, la France n’a titude des futurs adhérents de l’arrivée toute fraîche du général de naseaux quelques coups de crava- sent. Et elles sont pressantes. ministre allemand des affaires pas pu ou su jouer le rôle d’avant- l’Est, à commencer par la Pologne. Lattre de Tassigny a chamboulé la che bien sentis. On l’attend mainte- L’élargissement approche à étrangères, Joschka Fischer, pour garde dont elle s’est souvent préva- Le poids intrinsèque d’un pays notion du normal. Une tornade du nant au stade des réalisations grands pas. Malgré l’incapacité des redonner avant l’été un peu de lue dans le passé. C’est vers l’Alle- jouera forcément beaucoup moins genre typhon ravage en ce moment concrètes, car, ayant exploité au Quinze à donner à l’Union un champ aux discussions qui tour- magne, qui a obtenu qu’une nou- dans un projet plus intégré, plus l’Indochine et provoque des pertur- maximum le prestige de son nom, cadre institutionnel solide, on naient en rond s’est heurtée au velle conférence soit convoquée fédéral. Le problème est plutôt l’ab- bations en chaîne qui déboulon- le général de Lattre ne peut rien réa- entre dans la phase de négocia- soupçon d’électoralisme. Les diri- en 2004, que se tournent mainte- sence d’une idée claire du projet nent les petits princes de l’adminis- liser si on le laisse les mains vides. tions actives avec les pays candi- geants socialistes français, par nant les regards de ceux qui européen vers lequel on s’oriente. tration et de l’armée. Si bien que les Devant faire face au problème dats. D’ici là, il va falloir préparer crainte de se laisser imposer un croient à plus d’intégration. La Il faut sortir de la vision d’une conversations ont maintenant pour essentiel sur lequel ont trébuché la seconde phase du lancement de débat qui dérange une partie de la déception des partenaires de la Europe diplomatique pour entrer unique thème quelque bonne histoi- ses prédécesseurs, il a déjà réclamé l’euro, qui va en 2002 définitive- majorité plurielle, ont freiné des France n’en accentue que plus le dans le politique. re, la dernière, la toute dernière du renforts et matériel, qu’il estime ment remplacer les monnaies quatre fers. Le 9 mai, devant l’As- malaise suscité par l’incapacité de D’où l’importance du nouveau roi Jean. Car c’est ainsi qu’on l’ap- indispensables au maintien de la nationales dans les douze pays qui semblée nationale, Lionel Jospin sortir de la mauvaise passe que tra- rendez-vous de 2004. Les Quinze pelle. Et ce surnom, qui lui fut don- présence française et à la nouvelle ont adopté la devise européenne. avait donné le ton de la présidence verse la relation franco-allemande. se sont donné jusqu’au sommet de né par la caricature satirique, il lui orientation qu’il entend donner à Or tout porte à croire que la dou- française en réaffirmant qu’il s’agis- Il y a manifestement des problè- décembre, en Belgique, pour préci- plaît de le porter ici avec l’aisance notre politique. ble échéance électorale de 2002, sait de continuer à construire par mes de compréhension de part et ser les contours de cette nouvelle d’un templier arborant la chasuble. où les deux pôles du pouvoir coha- étapes une Europe plus proche des d’autre du Rhin sur ce qu’il con- négociation qui doit préciser les Le général de Lattre possède Charles Favrel bitationniste actuel vont s’affron- citoyens. Cette approche, qui a faci- vient de faire pour aborder la nou- pouvoirs de l’Union et des Etats assez d’éminentes qualités pour se (12 janvier 1951.) ter, ne facilite pas l’audace requise. lité le règlement de dossiers techni- velle période qui s’ouvre. Rendez- membres. D’ici là les Britanniques Les effets de cette cohabitation ques importants, ne permettait pas vous a été pris par le président Chi- auront eu leurs élections. Les Alle- ont déjà amoindri la marge de d’aborder la question politique de rac, Lionel Jospin, et le chancelier mands doivent préciser ce qu’ils 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS manœuvre française lors de la pré- fond que les Quinze doivent affron- Schröder le 31 janvier à Stras- veulent. Cela va prendre du temps. sidence de l’Union. Malgré les aver- ter : faut-il ou non donner à l’Euro- bourg. Nice a donné lieu à des Il s’agit, malgré les échéances élec- Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr tissements prémonitoires du rap- pe élargie des institutions capables accusations de nationalisme étri- torales, de redonner à la France Télématique : 3615 code LEMONDE port Quermonne, commandé par de gérer démocratiquement des qué. La presse allemande a repro- une capacité d’initiative pour déve- Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) le gouvernement, qui montrait responsabilités communes par ché à Paris de ne pas avoir été à la lopper avec l’Allemagne et ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) qu’on ne pouvait pas faire l’écono- délégation des Etats ? hauteur de la situation et de s’être d’autres les idées qui permettront mie d’une réflexion plus élargie, On se défend aujourd’hui à Paris laissé guider par son obsession de peut-être, un jour, de résoudre la Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 on s’est obstiné sur l’idée qu’il ne en soulignant que le résultat de ne pas vouloir prendre en compte question non résolue à Nice. fallait pas s’écarter, s’agissant de la Nice reflète, pour reprendre la for- le nouveau poids politique de Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 réforme des institutions européen- mule d’un haut diplomate, « l’état l’Allemagne depuis la chute du Henri de Bresson 16 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001

FINANCE L’entrée en Bourse de opérateurs de télécommunications, mobile, l’UMTS, ne peut qu’aggraver France les candidatures à l’UMTS blématique. b UNE CONCENTRA- la filiale de France Télécom, Orange, de plus en plus lourdement endet- les risques. b LA BANQUE DE FRAN- seront déposées le 31 janvier. TION devrait intervenir dans le sec- qui sera cotée le 12 février, sera étroi- tés, inquiète les milieux bour- CE estime que les opérateurs euro- b LE FINANCEMENT de cet investisse- teur, en raison de défaillances prévi- tement surveillée par la communau- siers. b LA MISE EN PLACE de la troi- péens devront payer 950 milliards de ment, auquel s’ajoute la construc- sibles de certains opérateurs, estime té financière. b LA SITUATION des sième génération de téléphonie francs pour obtenir ces licences. En tion des nouveaux réseaux, est pro- une étude de Forrester Research. La dette transforme les télécommunications en secteur à risque Les investissements destinés au téléphone mobile du futur (UMTS) devraient s’élever à 340 milliards d’euros à l’échelle européenne. Pour les financer, les opérateurs augmenteront encore leur endettement. Une concentration rapide pourrait intervenir

ALORS QUE tous les pays euro- vent financer le tout. L’une de leurs Une domination européenne banque et l’opérateur en le nombre d’années de résultat brut péens n’ont pas encore achevé leur principales sources de capitaux pro- février 2000. qu’il faudrait à ces opérateurs pour processus d’attribution des licences vient des banques, qui leur ont LES 10 PREMIERS OPÉRATEURS MOBILES MONDIAUX (FIN OCTOBRE 2000) Une autre source de financement rembourser leur dette : presque de troisième génération de télépho- accordé massivement des prêts CAPITALISATION Var. du cours que les opérateurs ont largement cinq ans et demi pour KPN, qua- nie mobile (ou UMTS, pour Univer- relais ou des lignes de crédit. « Les BOURSIÈRE depuis le plus sollicitée est celle des marchés de tre ans pour British Telecom, NOMBRE D'ABONNÉS haut /un an sal Mobile Transmissions System), cinquante premières banques repré- en millions en milliards euros en % capitaux, et plus particulièrement deux ans et demi pour Telefonica et les inquiétudes des investisseurs sentent, en moyenne, 90 % du total du marché obligataire. Elle semblait Deutsche Telekom. British Telecom quant à la capacité des opérateurs des prêts accordés au secteur », cons- 1 VODAFONE (GB) 71,5 217 -47% inépuisable au début de l’année a pour sa part annoncé, en début à en financer la charge augmen- tate la Banque de France. Parmi les 2000. Les opérateurs y ont puisé des d’année, qu’il négociait la vente de tent. La Banque de France a estimé plus récents, Bouygues a bouclé en 2 CHINA MOBILE (Chine) 50,8 non cotée sommes considérables, sous forme son parc immobilier afin d’alléger que l’acquisition des licences en décembre 2000 un crédit d’une d’emprunts obligataires que les sa dette en 2001, une opération qui Europe coûterait 136 milliards de durée de huit à dix ans pour finan- 3 SBC (EU) 40,2 186* -12% investisseurs ont achetés pour les lui rapporterait près de 2 milliards dollars, soit quasiment 950 mil- cer le développement de sa filiale placer en portefeuille. Cette source de livres (3,17 milliards d’euros). liards de francs, sans compter le de télécommunications dans 4 NTT DoCoMo (Japon) 32,9 178 -58% s’est tarie au fil de l’année, à mesure prix de la construction des réseaux. l’UMTS, pour un montant total de que le montant des achats de titres CINQ SURVIVANTS 5 FRANCE TELECOM/ 31,1 99* -60% Selon le cabinet londonien Quo- 6 milliards d’euros, près de 40 mil- ORANGE (France) des fonds d’investissement appro- Plébiscité par les analystes, tients Communications, la mise en liards de francs ! chait leurs limites de risque. Au Vodafone a la structure financière 6 DEUTSCHE TELEKOM/ 30,8 102* -68% place de réseaux UMTS pourrait T MOBILE INT. (All.) total, selon les indications de la Ban- la plus saine, n’étant endetté qu’à coûter plus du double de ce qui a EMPRUNTS OBLIGATAIRES que de France, les sociétés du sec- hauteur de 9,5 % de ses fonds pro- 7 TELECOM ITALIA 26,3 71 -46% été envisagé par les compagnies de Si bien qu’aujourd’hui, l’engage- MOBILE (Italie) teur des télécoms ont émis 80 mil- pres. Deux ans de résultat brut lui télécommunications. Les montants ment dans le secteur des télécoms liards de dollars (plus de 550 mil- suffiraient à rembourser ses dette. pourraient s’élever à 340 milliards inquiète sérieusement la commu- 8 VERIZON (EU) 25,6 161* -15% liards de francs) d’obligations sur Céline Delachaux, analyste chez d’euros à l’échelle européenne, soit nauté financière. Alors que, pour les neuf premiers mois de 2000. Aurel Leven, explique que le britan- BRITISH TELECOM (GB) 24,7 près de 2 230 milliards de francs ! les agences de notation, les niveaux 9 70 -53% Le recours massif à l’endettement nique a déjà réalisé plusieurs ces- Les opérateurs de télécommuni- d’exposition des grandes banques a accru les pressions sur la structure sions (Orange, Infostrada…) qui lui 10 TELEFONICA MOVILES 20,9 40 -9% cations mettront plusieurs années européennes au secteur des télé- (Espagne) financière des opérateurs. La situa- ont permis d’encaisser 24,5 mil- à rentabiliser de tels investisse- communications ne suffisent pas à * Maison mère Source : BNP Paribas et Bloomberg tion du néerlandais KPN, qui a liards d’euros. « Le groupe est moins ments. L’allemand MobilCom, qui les mettre en danger, la Banque de emprunté à la mi-novembre 5,5 mil- dépendant du marché actions que Les opérateurs de télécommunications ont vu leur capitalisation boursière a acquis une licence UMTS en Alle- France s’est récemment inquiétée liards d’euros en actions et obliga- KPN ou France Télécom pour assu- fondre. Les marchés s'inquiètent de l'impact du coût de la téléphonie de magne en 2000 pour 16,37 milliards de la situation. Dans son bulletin tions, est l’une des plus critiques. Sa rer son refinancement. En effet, ces troisième génération (UMTS) sur leur santé financière. de deutschemarks (8,2 milliards mensuel de décembre 2000, elle dette nette est de 19,1 milliards derniers comptent sur l’introduction d’euros environ), s’attend à être indique qu’il est « souhaitable que d’euros, alors que ses fonds propres en Bourse de leur filiale mobiles ou déficitaire au moins jusqu’en 2007, les encours globaux des établisse- Peu auparavant, la Banque d’An- associées avec les opérateurs ont ne sont que de 9 milliards, ce qui sur des cessions non encore signées à cause de ce prix élevé. Afin de sou- ments français au secteur des télé- gleterre s’était montrée plus alar- même fini par reculer devant le ris- porte son taux d’endettement à pour revenir sur des ratios d’endette- lager les opérateurs, le gouverne- communications demeurent propor- miste. L’endettement du secteur que. Ainsi, l’établissement espagnol 210 % des capitaux propres. ment plus raisonnable et maintenir ment français vient d’assouplir de tionnés au poids de ce secteur dans des télécoms représente, pour la sta- BBVA aurait-il décidé de ne plus D’autres opérateurs sont très expo- leur notation financière actuelle », manière exceptionnelle les règles l’économie française et internationa- bilité économique, « un risque parti- participer aux différents consor- sés : ce chiffre dépasse 200 % pour indique Mme Delachaux. Or « les d’amortissement du coût des licen- le ». Elle signale toutefois que le sec- culier qui s’est accru depuis la précé- tiums de Telefonica dans l’UMTS – France Télécom, 113 % pour British conditions de marché rendent ce ces, qui pourra être étalé sur une teur des télécoms ne représentait dente étude publiée en juin », notamment en France avec le grou- Telecom, 127 % pour Deutsche moyen essentiel de désendettement durée illimitée. que 2 % des encours de prêts décla- avaient souligné les autorités moné- pe Suez-Lyonnaise des eaux –, ce Telekom et 94 % pour Telefonica. difficile et incertain pour la plupart Mais, dans l’immédiat, les opéra- ré par les banques françaises à la fin taires à la mi-décembre. Certaines qui était pourtant un volet de l’al- Encore plus significatif, selon une des opérateurs. Les montants de la teurs de télécommunications doi- du mois de septembre. banques qui s’étaient directement liance stratégique conclue entre la étude des analystes d’Aurel Leven, vente des actions sont sans cesse revus à la baisse », renchérit Cathia Lawson, analyste crédit sur les télé- coms à la Société générale, qui esti- L’introduction en Bourse d’Orange sous haute surveillance me également que le marché des actions est déterminant pour appré- LES PREMIERS SPOTS publici- des attributions des licences de télé- à l’offre de surallocation qui leur suivra la vente d’actifs non stratégi- ge, une offre d’obligations échan- cier la qualité du crédit des opéra- taires d’Orange ont fait leur appari- phonie mobile de troisième généra- était proposée. Mais France Télé- ques. Prochaines cesssions pro- geables en actions. L’idée est de tou- teurs. Or, depuis le début de tion sur les écrans de télévision bri- tion dans les principaux pays euro- com, qui a repoussé l’opération en grammées : les participations dans cher une autre population d’inves- mars 2000, où les valeurs de nouvel- tannique. La filiale de France Télé- péens, provoque des interroga- ce début d’année, ne peut retarder l’opérateur américain Sprint et tisseurs et donc d’accroître ses chan- le technologie ont enregistré leurs com débute sa campagne de séduc- tions sur la rentabilité future et la plus longtemps le rendez-vous. dans le fabricant de semi-conduc- ces de placement. plus hauts, le cours de Bourse de tion des petits porteurs outre-Man- santé financière des opérateurs. La teurs ST Microelectronics. Surtout, la fourchette de prix France Télécom a été divisé par che, avant de tenter de conquérir crainte d’un tassement du marché COTATION CRUCIALE Enfin, l’idée est de donner à Oran- d’Orange a largement été revue à la deux et demi, celui de Deutsche leurs homologues allemands, ita- de la téléphonie mobile, illustrée La cotation d’Orange est cruciale ge, en lui concédant une autono- baisse. La Société générale, une des Telekom par trois et celui de KPN liens et français. Le compte à par le récent décrochage du titre de à plus d’un titre. « Nous devons ver- mie boursière, les moyens nécessai- trois banques introductrices, valori- par quatre et demi. rebours de la mise en Bourse des Nokia, alors que le finlandais a ser 7 milliards d’euros en mars à res à son développement. Cette filia- se Orange à 75 milliards d’euros, La dernière étude du cabinet For- activités mobiles de l’opérateur his- annoncé des résultats quelque peu Vodafone. Nous allons utiliser le pro- le de France Télécom s’affiche com- soit exactement la moitié de l’esti- rester Research prévoit que cette torique est lancé. inférieurs aux prévisions des analys- duit de la mise en Bourse d’Orange me le deuxième opérateur mobile mation maximale envisagée en situation favorisera une concentra- Programmée depuis mai 2000, tes, alourdit le climat. D’autres pour racheter les actions France Télé- européen et le cinquième mondial. 2000. BNP Paribas, de son côté, fixe tion rapide : seulement cinq opéra- date d’acquisition du britannique introductions d’opérateurs mobi- com détenues par cet opérateur », Elle revendique plus de 30 millions la valeur d’Orange à 72 milliards teurs, parmi les 26 groupes étu- Orange par France Télécom, cette les sont attendues cette année, et précise Jean-Louis Vinciguerra, de clients, essentiellement en Fran- d’euros. diés, survivraient en 2008 à l’effet introduction s’est transformée, au le japonais NTT-DoCoMo prévoit directeur financier de l’opérateur ce et en Grande-Bretagne, et s’est Les prises d’ordre débuteront le UMTS. « Il y aura cinq gagnants. fil des mois, en exercice de haute un placement d’une nouvelle tran- français. Le britannique Vodafone installée dans la plupart des pays 23 janvier, et la première cotation Vodafone, T-Mobil, France Télécom- voltige. Evolution du contexte che d’actions début février. détient aujourd’hui 9,9 % de France européens, à l’exception de l’Espa- est attendue pour le 12 février. L’is- Orange et BT Cellnet figurent parmi boursier oblige. « Le marché n’est Ce contexte n’est pas des plus Télécom, à la suite de la cession gne. Son chiffre d’affaires devrait, sue de cet examen de passage sera les vainqueurs certains, ces opéra- pas actuellement comme il était en favorables à une introduction bour- d’Orange. L’échéance fixée fin mars selon BNP-Paribas, avoisiner les suivie avec attention par les opéra- teurs ayant déjà une présence euro- mai, les prix sont assurément diffé- sière. La dernière en date, celle de est donc prioritaire. 12 milliards d’euros en 2000. teurs européens qui envisagent de péenne significative avec un risque rents », concède Michel Bon, PDG Telefonica Moviles, filiale de l’espa- Mais l’introduction boursière Pour réussir cette délicate intro- faire coter leur filiale de téléphonie limité d’échec, affirme le cabinet. de France Télécom. L’euphorie qui gnol Telefonica, fin novembre 2000, doit aussi participer au programme duction en Bourse, France Télécom mobile cette année. KPN, Deutsche KPN, Telefonica, Telecom Italia et entourait les valeurs de télécommu- ne porte guère à l’enthousiasme. Le de désendettement : France Télé- s’est entourée de précautions. Elle Telekom et BT sont déjà dans les NTT DoCoMo devront se battre pour nications au printemps 2000, a fait titre se négocie aujourd’hui en des- com est confronté à une dette mas- a en particulier décidé de proposer, starting-blocks. être le cinquième survivant. » place au doute. La facture de sous de son cours d’introduction, et sive de 60 milliards d’euros. Pour simultanément à la mise sur le mar- l’UMTS, qui s’est alourdie au gré les banques ont refusé de souscrire alléger ce fardeau, l’opérateur pour- ché de 10 à 15 % des actions d’Oran- Laurence Girard Cécile Prudhomme La mutinerie de Terry Smith, croisé de la transparence financière Arianespace, en perte, réclame LONDRES pour Orange, dont les banquiers sont déjà Terry Smith n’est ni rond, ni extraverti. En de notre correspondant à la City confrontés à la désaffection des marchés matière de raideur, on a même fait rarement un maintien des budgets spatiaux Les ennuis viennent toujours d’où on ne pour les télécommunications et à l’impact du mieux. Même ses clients ont du mal à s’y fai- les attend pas. Cette maxime de la vie des prochain départ du fondateur, Hans Snook. re. A la tête d’un petit établissement, ce pour- SI ARIANESPACE avait voulu refusé de payer la totalité de l’addi- affaires, les banques coordinatrices de l’en- Recueillir l’information, l’analyser et com- fendeur des chasses gardées exige aujour- attirer l’attention des pouvoirs tion. Et le coût de fabrication des trée en Bourse, d’ici à fin janvier, d’Orange, muniquer ses recommandations aux clients, d’hui de pouvoir bénéficier du même accès publics européens, elle ne s’y serait quatorze premiers lanceurs de la filiale mobile de France Télécom, la ressas- les gestionnaires de fonds ; aider leur que les analystes d’un syndicat de placement pas prise autrement. La société nouvelle série sont largement supé- sent. Car l’incrédulité du syndicat de place- employeur à gagner des mandats de conseil lors des réunions de présentation. L’inégali- d’exploitation des fusées Ariane a rieurs aux prix du marché. Arianes- ment d’Orange, réunissant le gratin de la en fusions-acquisitions ou d’introduction en té de traitement entre mastodontes de la prévenu, mercredi 10 janvier, qu’el- pace a donc demandé à ses fournis- finance mondiale autour de Morgan Stanley, Bourse… tel est le quotidien des analystes finance et sociétés de taille modeste est un le publierait, d’ici à quelques semai- seurs industriels, qui sont aussi ses Dresdner Kleinwort Benson et la Société financiers, en charge d’un secteur coté en grief longtemps refoulé qui rend d’autant nes, un déficit d’environ 200 mil- actionnaires, de baisser de 35 % le générale, est unanime devant la mutinerie Bourse, qui sont aujourd’hui sur la sellette. plus violente cette nouvelle campagne lions d’euros (1,312 milliard de coût des vingt prochains exemplai- du banquier Terry Smith. « Toutes les sociétés sont très conscientes du en faveur du respect de la déontologie finan- francs) pour l’exercice 2000. Ce pre- res et de 50 % celui des suivants. « Ce qu’ils veulent, c’est empêcher toute poids des analystes de renom sur les cotations. cière. mier déficit de son histoire efface Alors que les gouvernements recherche critique qui puisse perturber l’intro- Leurs conclusions sont relayées par la presse d’un coup des années de bénéfices européens doivent prendre dans duction d’Orange. Ils s’arrogent le pouvoir financière et c’est cette couverture médiatique SENTIMENTS ANTI-FRANÇAIS accumulés et entame les capitaux les prochains mois de nouvelles total d’amender ou de corriger tout ce qu’ils qui influence l’attitude du public et des action- Les banques incriminées serrent aujour- propres de la société. Pourtant, le décisions sur le financement de n’aiment pas dans la copie » : sur son site naires envers la compagnie », insiste Tom d’hui les rangs face à une tempête derrière lanceur européen est toujours l’Europe spatiale, M. Luton a mis Internet, le directeur-général de la banque Vesey, directeur-général du consultant Car- laquelle elles croient distinguer des relents numéro un mondial des lance- en garde contre une baisse des bud- Collins Stewart accuse le groupe français et ma international. de sentiments anti-français. A les écouter, ments commerciaux, avec une part gets. « Arianespace prend déjà en ses banques conseils de tentative de censure Les accusations de Terry Smith ont donc des arrangements comme le droit de relectu- de marché de 50 % (seize contrats charge la moitié des coûts d’exploita- de l’information donnée par les analystes fait mouche. L’intérêt est qu’il ne s’agit plus re sont, paraît-il, courants. en 2000). tion du champ de tir de Kourou financiers spécialisés dans les valeurs des de « ragots » rapportés par la presse mais de « Il s’agit d’un malentendu, insiste un por- Jean-Marie Luton, le PDG du [2,3 milliards de francs], alors que télécommunications, contraints à soumettre pratiques restrictives dénoncées par un croi- te-parole du syndicat bancaire, l’unique consortium européen, a justifié ce nos concurrents américains ne finan- leurs études à l’aval de l’opérateur. sé de la transparence financière. En 1992, cet objectif de cette procédure est de venir en aide plongeon par la montée en puis- cent que 10 % des dépenses », expli- analyste-star de la banque d’affaires UBS à l’analyste en faisant en sorte que sa recher- sance du nouveau lanceur Aria- que-t-il. L’Europe dépense 600 mil- UN MAUVAIS COUP POUR ORANGE Phillips & Drew avait signé un best-seller san- che, par mégarde, ne comprenne pas des infor- ne V, capable de mettre en orbite lions d’euros par an pour ses lan- « C’est comme un procès où l’accusé serait guinolent, Accounting for Growth, qui révé- mations incorrectes qui puissent créer la faus- des satellites beaucoup plus gros. ceurs, contre 3 milliards de dollars chargé du verdict », conclut l’iconoclaste lait comment les entreprises cotées se impression à propos du titre Orange et Fran- La mise en œuvre de deux nou- pour les Américains (sans compter dont la philippique a jeté la suspicion sur l’in- maquillent leurs comptes. Le succès en ce Télécom. » Qu’on se le dise…. veaux tirs d’essai, après l’échec du les coûts de la navette spatiale). dépendance des études des analystes por- librairie avait entraîné le licenciement de l’in- premier tir, a dû être financée en tant sur l’avenir. La polémique tombe mal quisiteur. Marc Roche partie par la société, les Etats ayant Christophe Jakubyszyn 18 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 ENTREPRISES La reprise de TWA par American Airlines accentue la concentration dans le ciel américain Le rachat de US Airways par United Airlines attend aussi le feu vert des autorités de la concurrence En rachetant TWA, le numéro huit du transport fusion en cours entre United Airlines, premier du tions relancent le débat sur l’opportunité et la de passagers aux Etats-Unis, American Airlines, secteur, et son compatriote US Airways, sixième réussite de la déréglementation engagée par deuxième transporteur américain, répond à la transporteur outre-Atlantique. Ces concentra- Jimmy Carter à la fin des années 70.

CE QUI N’ÉTAIT encore qu’une 3 compagnies assurent la moitié des trafics gnie nationale, pourrait se tourner rumeur a trouvé sa confirmation vers Northwest Airlines ou mercredi 10 janvier : American Air- LES PARTS DE MARCHÉ ENTRE COMPAGNIES AÉRIENNES AMÉRICAINES EN 1999 Continental, les numéros quatre et lines, deuxième compagnie aérien- MARCHÉ DOMESTIQUE ATLANTIQUE NORD cinq du secteur. Ce qui se traduirait ne américaine a annoncé le rachat en % en % par un ciel américain partagé entre de la huitième, TWA, transporteur American American les « big three » avec un aéroport mythique du ciel américain depuis Southwest de prédilection pour chacune des les années 30. Cette opération, Continental compagnies : Atlanta pour Delta, 15 d’un montant de 500 millions de 14 US Airways 22 Chicago pour United et Dallas pour Delta dollars seulement, n’est pas la seu- 11 22 American. le engagée par American : la com- Tout le réseau américain est géné- Delta 17 13 pagnie de Dallas va également 9 ralement maillé à partir de ces gran- reprendre 20 % des actifs de 12 des plate-formes de correspondan- 8 Northwest 22 US Airways, pour un montant de 17 5 ces – « hubs » – qui permettent aux 2 3 4 1,2 milliard de dollars en numérai- United Continental United 4 Northwest passagers venant d’aéroports re ainsi qu’une reprise des engage- « secondaires » de poursuivre leur Alaska TWA US Airways ments de crédit-bail. Simultané- route vers des destinations impor- ment, American va racheter 49 % America West TWA tantes. Si plusieurs compagnies du transporteur régional DC Air, Source : département des transports offrent le même parcours au départ pour 82 millions de dollars. de ces plate-formes de correspon- Ces deux dernières opérations La reprise de TWA par American Airlines va relancer le débat sur la concentration dances, les prix baissent. En revan- du ciel américain. sont réalisées en accord avec Uni- che, les villes moyennes sur lesquel- ted Airlines, première compagnie les il n’y a pas de concurrence, américaine qui n’a toujours pas une bonne journée pour TWA » qui le président Jimmy Carter, la déré- voient les tarifs des liaisons s’envo- reçu le feu vert des autorités anti- va disparaître après 70 ans d’ex- glementation du transport aérien ler. Le consultant Mort Beyer don- trust pour racheter US Airways istence sous ce nom, a indiqué aux Etats-Unis devait favoriser la nait récemment cet exemple : on (Le Monde du 25 mai 2000). DC Air William Compton, son PDG. naissance de nouvelles compagnies peut réserver un vol Atlanta-Bos- est également une filiale de United « C’est triste parce que c’est le début en brisant les monopoles de compa- ton de 1 600 kilomètres pour et de US Airways, créée pour d’un processus qui se terminera par gnies géantes comme PanAm ou 178 dollars, en revanche, la ligne pallier l’abandon des activités à l’aé- le retrait du plus vieux et du plus mer- TWA. Cette libéralisation devait per- unique assurée par Delta Airlines roport de Washington. Par ces veilleux nom du transport aérien », mettre une baisse sensible des entre Atlanta et Colombus, coûtera deux opérations, United est donc a-t-il déploré. tarifs. Après 20 ans de ce régime, 234 dollars pour une distance de prête à renforcer son principal con- c’est l’effet contraire qui est obte- 190 kilomètres. current pour recevoir le précieux RECONSTITUTION DE MONOPOLES nu : il y a une baisse sensible du Toutes les grandes compagnies sésame des autorités. Tous les yeux sont aujourd’hui nombre des transporteurs aux Etats- américaines sont d’ailleurs aujour- Les actifs de TWA (20 000 sala- tournés vers les autorités antitrust Unis, et le prix du billet – aidé par la d’hui très attentives à la position de riés) consistent en 190 avions ainsi américaines. Actuellement, les trois hausse du pétrole – a connu pour la monopole : dès l’annonce de la que les créneaux horaires et premières compagnies se partagent seule année qui vient de s’écouler fusion entre United Airlines et US 800 liaisons aériennes quotidien- chacune une part estimée entre six augmentations des tarifs. Airways, James Goodwin, patron nes. En demandant le 10 janvier à 17 % et 20 % du trafic passager. Si les deux opérations majeures, de United s’était empressé de décla- être placé sous le « Chapitre 11 », Mais il faudra attendre car le nou- le rachat par American de TWA et rer qu’il allait geler ses tarifs pen- la loi sur les faillites, TWA assure veau président Bush n’a pas encore la fusion entre United Airlines et dant deux ans. Le patron d’Ameri- ainsi la reprise de ses actifs sans ris- désigné le responsable de la divi- US Airways, reçoivent l’approba- can, Donald Carty a d’ores et déjà quer qu’ils soient saisis à la deman- sion antitrust du département de la tion des autorités antitrust, la moi- indiqué qu’il avait eu des discus- de des créanciers. TWA a indiqué justice. Or, on assiste lentement tié du marché domestique améri- sions « très préliminaires » avec l’an- qu’American Airlines allait lui avan- mais sûrement à la reconstitution cain sera aux mains de ces deux titrust américain sur l’accord passé cer 200 millions de dollars pour des monopoles qui ont précédé la transporteurs. Les analystes esti- avec UAL et US Airways. poursuivre ses activités pendant six libéralisation. ment que dans ces conditions, mois. « C’est à la fois un jour triste et Engagée à la fin des années 70 par Delta Airlines, troisième compa- François Bostnavaron La fin d’une compagnie mythique, à l’histoire mouvementée PARMI les grandes marques qui ont forgé le quadrimoteur Lockheed Constellation, dre le pouvoir : United, American Airlines, Del- l’image de l’Amérique dans le monde au cours qu’elle met en service dès 1946 sur la ligne tran- ta Air, Northwest profiteront des années 80 et du XXe siècle, aux côtés de Coca-Cola ou Levi’s, satlantique New York-Paris, via Terre-Neuve et de la vogue des OPA hostiles pour supplanter figuraient jusqu’au milieu des années 70 deux Shannon, en Irlande. PanAm avait, elle, ouvert leurs vieilles et arrogantes rivales. En septem- compagnies aériennes : PanAm et TWA. La la première liaison transatlantique en 1939, bre 1985, le financier Carl Icahn, un des rai- première avait flanqué son logo au sommet de entre New York, Lisbonne et Marseille, mais la ders les plus célèbres de l’époque, prend le con- l’une des tours les plus célèbres de Manhattan, guerre l’avait vite interrompue. trôle de TWA. Mais, pour éponger une partie au cœur de New York (un immeuble qui porte de la dette contractée pour mener son OPA, il aujourd’hui le nom de MetLife, une compagnie LE PREMIER MARCHÉ AU MONDE est contraint de vendre six lignes d’assurances). TWA cultivait pour sa part une TWA se veut précurseur en matière de servi- transatlantiques à American Airlines, qui en image de pionnière. ces à bord. En 1961, ses passagers sont les profite pour s’installer sur la très stratégique Née le 1er octobre 1930, trois ans après premiers à pouvoir regarder des films durant desserte de Londres. PanAm, sous le nom de Transcontinental and les vols long-courriers. En 1970, des zones non- Pour TWA, la descente aux enfers commen- Western Air, à l’issue de la fusion des compa- fumeurs sont aménagées dans ses avions. ce. PanAm a disparu en 1991, après avoir été gnies Transcontinental Air Transport (TAT) et L’adoption, là encore en avant-première, ballottée de repreneurs en plans de sauvetage. Western Air Express (WAE), TWA est la premiè- du tout nouveau long-courrier Boeing 747, TWA résistera dix ans de plus, mais au prix d’un re à relier la côte ouest à la côte est des Etats- dès février 1970, donne un nouvel essor à la acharnement thérapeutique coûteux. En 1992 Unis, cette même année. Il fallait alors 36 heu- compagnie. et 1994, TWA se place sous la protection de la res pour traverser le continent, avec une étape Puis vient Jimmy Carter et sa déréglementa- loi sur les faillites, le fameux « chapitre 11 ». à Kansas City. C’est aussi la première compa- tion du transport aérien, l’une des plus specta- Elle y fait appel une troisième fois en 2001. gnie à embaucher des hôtesses de l’air (1935). culaires décisions du président démocrate, en Mais le point d’orgue tragique de l’épopée est En 1937, elle propose des couchettes à ses 1977. Elle vise à casser le cartel des grandes l’accident du vol 800, qui explosera au-dessus passagers les plus fortunés. En 1940, la compa- compagnies en ouvrant le ciel à la concurrence. de l’Atlantique, peu après son décollage de gnie met en service les premiers avions à On découvre vite que les deux géants PanAm et New York en juillet 1996, entraînant la mort cabine pressurisée. TWA ont des pieds d’argile et que la vraie puis- des 230 passagers et membres d’équipage. TWA connaît son âge d’or à partir de 1939, sance du transport aérien américain repose sur Le Boeing 747 incriminé était un modèle de lorsque le milliardaire Howard Hughes, passion- son marché intérieur, de loin le premier au 1971, un des premiers « jumbos » mis en né d’aviation, en prend le contrôle. TWA, rebap- monde, avec ses milliers de lignes et d’avions. service par TWA. tisée Trans World Airlines en 1950, part à la Des compagnies importantes, mais jusque-là conquête du monde, grâce à un nouvel avion, ignorées du reste du monde, s’apprêtent à pren- Pascal Galinier M. Cromme va quitter la présidence du directoire de ThyssenKrupp FRANCFORT tentative inamicale, qui avait susci- que. Ses « visions » et ses méthodes après avoir été dévoilé. Les turbu- de notre correspondant té un tollé dans une Allemagne atta- ont révolutionné la Ruhr, berceau lences sur les marchés boursiers, Le tandem le plus célèbre de l’in- chée à une approche consensuelle de l’industrie allemande, en proie à l’incertitude entourant ces activités dustrie allemande est sur le point de la vie économique : opposés à une vaste restructuration. Avant de ont eu raison d’une réorientation d’éclater. Gerhard Cromme, qui cette offensive, syndicats et salariés s’attaquer à Thyssen, M. Cromme stratégique dont M. Cromme pas- préside, avec Ekkehard Schulz, le de Thyssen manifestèrent en masse avait absorbé un autre grand nom sait pour être le principal architecte. directoire de ThyssenKrupp, contre la Deutsche Bank présentée de la sidérurgie, Hoesch, au début Après cet échec, l’acier – qui devrait rejoindre la présidence du comme l’alliée de Krupp. Après des années 90. M. Schulz ne représente un tiers du chiffre d’affai- conseil de surveillance du groupe avoir retiré son offre, ce dernier est dispose pas d’un tel palmarès : il res et près de la moitié des bénéfi- sidérurgique. L’actuel titulaire du néanmoins parvenu à ses fins, en soigne son côté technicien, sans fai- ces lors de l’exercice 1999-2000 – a poste, Heinz Kriwet, a confirmé, 1998, de manière amicale. Pour faci- re d’éclat. C’est lui qui devait piloter été réintégré parmi les métiers prin- mercredi 10 janvier, qu’il entendait liter le rapprochement entre deux le secteur acier, M. Cromme se cipaux de la maison. Le recentrage céder sa place cette année. Un maisons aux cultures éloignées, il consacrant aux activités auto- sur des secteurs moins cycliques est accord définitif doit être trouvé fut alors convenu de mettre en mobiles, ascenseurs et machines- pour l’instant abandonné. Thyssen- d’ici au 2 mars. La fin de la direction place une direction à deux têtes, outils. Cette paire a surtout été, de Krupp n’a pas réussi à acquérir les bicéphale de ThyssenKrupp était M. Cromme partageant la présiden- l’avis général, une source de bloca- activités industrielles de Mannes- évoquée régulièrement par les ce avec un haut dirigeant de ge, alors que ThyssenKrupp était mann (Atecs), lors du démantèle- médias allemands, deux ans après Thyssen moins en vue, M. Schulz. engagé dans une délicate phase ment du groupe par son nouveau la fusion laborieuse des deux entre- d’intégration. propriétaire, Vodafone. prises. Elle marquera un tournant. UNE SOURCE DE BLOCAGE Les deux hommes ont été A la tête du conseil de surveillan- Il s’agit d’un camouflet pour Toutefois, analystes et experts confrontés à des revers inattendus. ce, M. Cromme sauve la face et Gerhard Cromme, l’homme qui n’ont jamais été convaincus de l’effi- L’audacieux plan de réorganisation gardera un rôle d’importance dans avait initié le rapprochement entre cacité d’un couple composé de du groupe, qui prévoyait en particu- la gestion de ThyssenKrupp. Mais les deux géants industriels issus de deux personnalités au profil très lier la mise en Bourse du pôle histo- c’est Ekkehard Schulz qui va la Ruhr. En 1997, alors patron de différent. M. Cromme, juriste de rique de l’acier, a tourné court. Le parachever la fusion. Krupp, il avait lancé un raid hostile formation, est une personnalité très projet a été définitivement aban- sur son concurrent Thyssen. Une en vue dans le paysage économi- donné en novembre 2000, un an Philippe Ricard 19 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 Le cercle de la presse féminine américaine s’agrandit Les titres traditionnels, vendus à des millions d’exemplaires et destinés à la femme au foyer, voient leur lectorat et leurs recettes publicitaires s’éroder. Une nouvelle génération de magazines s’installe, et vise la clientèle lucrative des 12-17 ans, comme s’apprête à le faire « Elle Girl »

NEW YORK récemment aux Etats-Unis, pour sit à accrocher l’attention d’une spectre féminin. Nul ne pouvait manquent à l’appel chez Good Hou- elles préfèrent les journaux spéciali- Correspondance donner un coup de jeune à l’audien- jeune lectrice, elle pourrait bien la mettre au point une campagne sekeeping, 1 million de femmes ont sés : le livre de cuisine, l’hebdoma- Quatre jeunes hommes en ce traditionnelle des journaux pour garder à vie… comme cliente. Et publicitaire d’envergure sans pas- déserté Redbook, 340 000 n’achè- daire informatique, la revue exper- T-shirts noirs, les muscles bien en « elles ». même si ce n’est pas pour la vie, ser par elles. Good Housekeeping, tent plus McCall’s. te en éducation, bref, le magazine vue, font la « couverture » de Au commencement, en août l’adolescente en elle-même est une au lectorat plusieurs fois millionnai- Les recettes publicitaires s’en res- cible. Cosmo Girl, le mensuel américain 1999, il y eut donc Cosmo Girl, puis, cible de choix. Les kids américains re, savait si bien présenter de nou- sentent. En 2000, le Publishers Certains titres échappent à cette pour les adolescentes. « Pourquoi à l’automne 2000, Vogue lui a de 12 à 19 ans, garçons et filles con- velles recettes de cuisine et racon- Information Bureau a constaté un spécialisation tous azimuts du fait ils nous font frissonner », dit la légen- emboîté le pas avec Teen Vogue. Et fondus, dépensent environ 150 mil- ter en termes simples le traitement recul de 3,7 % des rentrées de de leur contenu plus moderne. de. Les autres titres de première maintenant Hachette Filipacchi liards de dollars par an, avec l’ar- de la grippe… Ladies Home Journal. « La femme C’est ainsi que Elle, la petite françai- gent de poche que leur octroient Seulement voilà, leur audience se propulsée sur la scène américai- papa, maman et… leurs propres s’est peu à peu effritée. « Un beau ne en 1985, a révolutionné le paysa- « Jalouse » à la conquête du Nouveau Monde revenus. Une fois l’école finie, ils se jour, les sept sœurs se sont réveillées, Les « kids » américains ge des magazines. « Pour la premiè- précipitent au service de McDo ou dit le professeur Samir Husni, le re fois un groupe de presse majeur Lancé en France en 1997, Jalouse se lance à l’assaut des Etats-Unis. derrière les caisses de supermarché “M. Magazines” de l’école de jour- de 12 à 19 ans brisait le tabou », dit Samir Husni. Le magazine de mode avant-gardiste destiné aux femmes de 20 à pour y remplir leur portefeuille. De nalisme de l’Université du Missis- Jusqu’à l’apparition d’Elle, il y avait 30 ans sera lancé le 6 février dans les principales villes américaines, à quoi développer un solide pouvoir sippi, et elles ont vu autour d’elles un dépensent d’un côté les journaux de mode commencer par New York, Los Angeles, San Francisco et Chicago. d’achat, et justifier l’apparition tas de nouvelles cousines. » Vingt (Vogue, Harper’s Bazaar…), de Entièrement réalisé par une rédaction locale, Jalouse sera « un vrai d’une nouvelle génération de jour- ans plus tôt, poursuit le professeur, 150 milliards l’autre les féminins. Et nul n’empié- magazine américain qui revendiquera cependant son identité européen- naux féminins, exclusivement inté- il y avait en tout et pour tout 2 000 tait sur le territoire de son voisin. ne », explique Laurent Jalou, l’éditeur du titre. Tout en restant à la ressés par les jeunes filles en fleur. magazines aux Etats-Unis. Aujour- de dollars par an Elle a pulvérisé ces frontières, et pointe de la mode, l’édition américaine de Jalouse sera moins provoca- Ces magazines pour adolescen- d’hui, on en compte 6 000. A cha- semé de ci de là quelques audaces : trice que la version d’origine. « Certaines de nos couvertures françaises tes sont censés compléter, parfois que fois qu’un nouveau féminin les premiers mannequins noirs, les ne seraient pas acceptées par le public américain », note M. Jalou. même remplacer les hebdoma- apparaît, il prend des parts de mar- au foyer américaine est en voie de Indiennes, c’est dans Elle que les Mensuel en France, Jalouse sera bimestriel aux Etats-Unis. Position- daires et mensuels traditionnels, ché aux journaux traditionnels. disparition », explique Samir Hus- professionnels les ont repérés. Le né sur un créneau haut de gamme, le magazine vise une diffusion de en perte de vitesse, les fameux Il n’y a pas encore de quoi s’affo- ni. Les femmes sont de plus en plus grand public a suivi avec enthou- 100 000 exemplaires, ce qui permettrait d’atteindre l’équilibre en trois Ladies’Home Journal (« Journal de ler. Lorsque l’on regarde les nombreuses au travail. Et même siasme. Le nombre des lectrices ans. L’édition française est diffusée à 80 000 exemplaires. la femme au foyer »), Good House- chiffres officiels de l’Audit Bureau celles qui restent à la maison ont d’Elle frôle aujourd’hui le million. keeping (« Bonne tenue de la mai- of Circulations, les principaux jour- changé. Elles s’intéressent de En 2000, ses rentrées publicitaires son »), Family Circle (« Cercle fami- naux traditionnels comptent des moins en moins aux revues généra- se sont arrondies de 9,4 %. La régé- page, écrits en blanc et orange fluo Médias (groupe Lagardère), heu- lial »)… qui autrefois détenaient un millions de lectrices. Mais cet listes qui leur donnent un peu de nération de la formule magazine se sur fond bleu, mettent en valeur reux éditeur d’Elle, promet pour le quasi-monopole sur l’audience impressionnant lectorat s’affaisse cuisine, un zeste de jardinage, quel- fait dans le dépoussiérage. Et la quelques autres sujets phares, à dis- mois d’août 2001 un premier Elle féminine. Les annonceurs les lentement mais sûrement. Ladies ques conseils conjugaux et un soup- vedettarisation : les lectrices ado- cuter entre copines. Au choix : Girl, tiré à 300 000 exemplaires. avaient baptisées « les sept Home Journal a perdu 800 000 lectri- çon d’éducation pour les enfants… rent les numéros spéciaux conduits « Les trucs pour embrasser qui le Axé sur la rentrée scolaire, Elle Girl, sœurs ». Car avec Redbook (« Livre ces en cinq ans. 660 000 fidèles Au bon vieux cocktail généraliste, sous la baguette de leur actrice pré- rendront fou », « Ce que vos rêves tout comme ses jeunes aînées, vise rouge »), Better Homes and Gar- férée. veulent dire » et « Ma meilleure la tranche d’âge des 12-17 ans. Un dens (« Meilleures maisons et jar- Et lorsqu’une célébrité devient amie a essayé de se tuer ». Cosmo public particulièrement attrayant dins »), Woman’s Day (« Jour de la Des lectrices par millions un pilier du comité éditorial, Girl fait partie de la dernière four- pour les annonceurs : si la bonne femme ») et McCall’s, la famille de l’audience applaudit des deux née de magazines féminins, sortis marque de produits de beauté réus- journaux couvrait l’ensemble du Selon les plus récentes b Redbook : 2 338 941 mains. C’est ainsi que Martha statistiques de l’Audit Bureau b Woman’s Day (Hachette Stewart Living, créé autour de Mar- of Circulations, la presse Filipacchi Médias) : 4 151 481 tha Stewart, la star bricoleuse du traditionnelle conserve b Mc Call’s (Grüner und Jahr, petit écran, est dévoré par 2,31 mil- L’histoire d’« O » un lectorat impressionnant : groupe Bertelsmann) : 4 204 022 lions d’adeptes. De même O, le b Better Homes and Garden b Martha Stewart Living : journal d’Oprah Winfrey, la papes- NEW YORK C’est qu’il a cultivé sa différence. Chez madame O, (Meredith Corporation) : 2 310 692 lectrices se des talk-shows aux Etats-Unis, Correspondance on n’écrit guère sur la chirurgie esthétique. On évite 7 627 977 lectrices b Vogue (Conde Nast) : 1 112 917 vient de réaliser un démarrage Vous mettez la photo d’Oprah Winfrey sur la cou- « les dix meilleures façons d’obtenir la plus belle b Family Circle (Grüner und Jahr, b Elle (Hachette Filipacchi spectaculaire. Les Américaines ado- verture et vous continuez avec des pages blanches : déclaration d’amour », et le style « 50 orgasmes à la groupe Bertelsmann) : 5 002 383 Médias) : 918 795 rent les histoires d’O. vous en vendez 100 %, plaisantaient les cyniques, en minute » est définitivement banni. O, publié par Har- b Goodhousekeeping : 4 507 306 b Marie Claire : 887 451 mai 2000, au moment du lancement du nouveau po Entertainment (la société de production d’Oprah) b Ladies’Home Journal : 4 173 295 b Harper’s Bazaar : 708 104 Caroline Talbot magazine, O, le mensuel d’Oprah Winfrey, grande prê- et le groupe Hearst, joue la carte de l’auto-améliora- tresse du talk-show aux Etats-Unis. Ils ne croyaient tion. C’est le magazine New Age qui va aider la lectri- pas si bien dire : le journal s’est arraché. Les trois pre- ce à découvrir son potentiel. « Réinventez-vous, revi- miers numéros sont vite devenus introuvables, et le vez, réjouissez-vous », crie la souriante Oprah sur la tirage initial de 500 000 exemplaires a été revu à la couverture du mois de janvier 2001. hausse ; 1,5 million de O s’écoule en kiosques. L’affaire n’était pourtant pas gagnée d’avance. Cer- COUP DE FOUET tes, la belle animatrice – une Noire de quarante-six ans Les fans en redemandent. Le succès du magazine qui nous dit tout sur ses régimes de combat – rassem- paraît si fulgurant qu’on s’empresse de copier la recet- ble devant les téléviseurs une foule de 22 millions de te. Grüner und Jahr (Bertelsmann) vient ainsi de s’as- fidèles. Qu’elle recommande un livre, et il bondit dans socier à la pétillante Rosie O’Donnell, afin de donner les listes des meilleures ventes. Qu’elle adopte un nou- un coup de fouet à l’audience de sa revue McCall.Au veau look, et les imitatrices se pressent dans les maga- printemps, Rosie, elle aussi animatrice de son propre sins. De là à lancer un journal… 80 % des nouveaux show télévisé, associera son nom à McCall, le vénéra- titres échouent à long terme, et la moitié d’entre eux ble journal âgé de cent vingt-cinq ans. ne fêtent pas leur premier anniversaire. Les vieilles Oprah donne le O dans son magazine. Martha, la astuces ne marchent plus : les abonnements bon mar- bricoleuse de choc, fait la pluie et le beau temps dans ché pratiqués par American Family Publishers ou Martha Stewart Living. Et Rosie promet déjà de pour- Publishers Clearing House ont de moins en moins de suivre le dialogue avec ses auditrices en leur marte- succès. En outre, les bonnes places en kiosque sont chè- lant ses causes préférées : cancer du sein, contrôle res : au total, 6 000 titres se bousculent au portillon. des armes, orphelins… Pour relancer les ventes, met- Que le groupe de presse rate son objectif de vente et le tez une vedette dans l’« ours » de votre journal. petit dernier sera rétrogradé en bas de l’étalage… Mais le magazine d’Oprah a surmonté tous ces obstacles. C. T. La croissance du marché publicitaire ralentira en 2001 APRÈS une année « florissante » tenue. Notamment en Europe, où IP publicitaire. 2001 pourrait aussi être pour le marché publicitaire en 2000, prévoit 7 % d’augmentation. Aux l’année de la radio, « qui pourrait pro- « il y aura un simple ralentissement Etats-Unis, au contraire, le ralentisse- gresser plus que les autres médias ». en 2001 » prédit la traditionnelle ment sera « très net » avec une pro- En France, elle pourrait gagner 9,4 %. note de conjoncture de la régie publi- gression de 5,4 % seulement. Parti de très bas, Internet devrait con- citaire IP, filiale de RTL Group, naître un quasi-doublement des publiée mercredi 10 janvier. Selon BONNE ANNÉE POUR LA PRESSE investissements (+ 80,2 %). cette étude, le marché publicitaire En 2001, la France devrait être 2001 devrait aussi rester une bon- dans l’Union européenne (UE) avait encore une fois la bonne élève de ne année pour la presse avec un crû en 2000 de 9,2 % contre 8,5 % un l’Union européenne avec une pro- gain prévu de 4,6 %. Une progres- an plus tôt. « Un niveau de croissan- gression de 6,7 % contre 9,5 % en sion significative qui fait suite à une ce record », souligne IP, alors que 2000. Un score bien supérieur à ceux année 2000 au cours de laquelle la 1999 était déjà considérée comme de la Grande-Bretagne (5,6 %) et de presse quotidienne a réalisé «un une année exceptionnelle. Sur la l’Allemagne (5,2 %). Sans surprise, la exploit », s’exclame IP en enregis- même période, les Etats-Unis télévision devrait rester le principal trant une hausse des investisse- avaient fait mieux que l’Europe avec bénéficiaire de la manne des annon- ments publicitaires de 10,5 %. Pour- une progression de 10,3 % contre un ceurs. « Notamment à cause de la tant, en 2000, « les quotidiens gain de 7,4 % douze mois plus tôt. réduction du temps de publicité sur n’avaient plus les OPA des banques » La fin du deuxième millénaire a éga- France Télévision, qui entraîne une ten- pour doper leurs recettes, remarque lement été l’occasion d’un retourne- sion sur les tarifs et provoque une crois- la régie publicitaire. ment de tendance pour le Japon. sance des recettes publicitaires nettes Après avoir perdu 1,9 % en 1999, le des chaînes privées », souligne la régie Guy Dutheil marché nippon a enregistré un gain de 1,3 % en 2000. Pour 2001, IP annonce « un ralen- DÉPÊCHES tissement des investissements publici- a PRESSE : le groupe Le Monde a annoncé, mercredi 10 janvier, la taires, qui resteront pourtant toujours création d’une holding, Presse Europe Régions SA (PER), qui détient en progression ». Ce coup de frein désormais 60 % du groupe Midi libre. Dotée d’un capital de s’est déjà fait sentir à la fin de 2000. 62 087 232 euros (407,23 millions de francs) et présidée par Jean-Marie Nombre de sociétés de la nouvelle Colombani, président du directoire du Monde, PER est contrôlée à 63 % économie « ont commencé à couper par Le Monde et regroupe les participations de Stampa Europe (25 %), leurs investissements publicitaires » Prisa (éditeur d’El Pais), via sa filiale Investissement presse régionale notamment en télévision. Outre ce (11 %), et Edipresse, via Presse Publications Méditerranée (1 %). Le grou- coup de froid sur les « dot.com », pe suisse conserve néanmoins la quasi-totalité de sa participation dans Le 2001, « comme toutes les années Midi libre (4,95 %) aux côtés de La Marloise de Participations-BNP Pari- impaires », remarque IP, « est assez bas (5 %), Hachette Filippachi Médias via Quillet (10 %), la Caisse d’épar- pauvre en gros événements sportifs », gne du Languedoc-Roussillon (6,6 %), le Crédit agricole (5,9 %), Groupa- générateurs de fortes audiences. ma (3,6 %) et la Société d’investissement d’éditeurs de presse (1,6 %). Toutefois, la croissance restera sou- 20 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

TQRVDHP STSHDUV

THTUDPH demande pour certains biens que

UIPQ TRHW

AFFAIRES b THALES : le groupe français TRUU La croissance d’un ralentissement continu »,et

TWQU TPSU d’électronique de défense a TQWH que l’économie de la zone euro

TUSH TIHS franchi le seuil de 50 % des TQHP allemande a atteint montre quelques signes de ralentis-

actions de la société d’optronique sement « léger », avec un plafonne- TSTQ SWSR INDUSTRIE TPIR

singapourienne Avimo et son 3,1 % en 2000 ment de la confiance des consom- TQUU SVHP

b BRIDGESTONE : le patron offre publique d’achat sur cette TIPU mateurs et des perspectives de pro-

TIWH STSH

du groupe japonais de société est devenue [[[THQW [[[ [[[LA CROISSANCE réelle du pro- duction industrielle.

II yF PQ xF II tF II yF PQ xF II tF pneumatiques, Yoichiro Kaizaki, inconditionnelle, a-t-il annoncé II yF PQ xF II tF duit intérieur brut (PIB) en Allema- a annoncé jeudi 11 janvier sa mercredi. gne a atteint 3,1 % en 2000 contre a GRANDE-BRETAGNE : le taux Indices cours Var. % Var. % démission à la suite de l’affaire Europe 9h57 f se´lection 11/01 10/01 31/12 1,6 % en 1999, selon des chiffres de chômage est deux fois plus

des pneus défectueux qui ont b CORSICA FERRIES : la provisoires de l’Office fédéral des élevé pour les minorités ethni- ± HDSR QDIP EUROPE EURO STOXX 50 RTPQDTW

provoqué près de 150 morts aux compagnie française, qui ± statistiques, publiés jeudi 11 jan- ques que pour les Blancs, a révélé RQWTDQU HDTH QDSQ EUROPE ƒ„yˆˆ SH

± mercredi l’Office national des sta- QVIDPI HDQV PDUH Etats-Unis. exploite onze navires en EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR vier par le ministère des finances.

± HDPP PDVQ Méditerranée, a été désignée pour EUROPE STOXX 653 QRWDTI Il s’agit de « la plus forte croissan- tistiques (ONS). Le chômage frap-

b

± ± STSHDUV HDHS RDTS PGE : Pacific Gas and Electric exploiter la ligne transmanche PARIS geg RH ce » qu’ait connue la première éco- pe 13 % des hommes appartenant

FFFF FFFF FFFF Company, le distributeur Dieppe-Newhaven, a indiqué PARIS wshgeg nomie de la zone euro « depuis le à une minorité ethnique, à compa-

± ± QVQIDTV HDHS RDUR d’énergie californien a affirmé mercredi le conseil général de la PARIS ƒfp IPH boom de l’activité lié à la réunifica- rer à un taux de 6 % pour les

FFFF FFFF FFFF mercredi qu’il était menacé de Seine-Maritime. PARIS ƒfp PSH tion allemande », a indiqué le minis- Blancs, selon l’ONS. Le rapport

 FFFF FFFF FFFF défauts de paiement, en raison de PARIS ƒigyxh we‚gri tère dans un communiqué. relève toutefois des disparités

b ± TQHDTW HDHQ IDHV la hausse croissante des prix de FEDEX : la poste fédérale AMSTERDAM eiˆ En 1998, la croissance de l’écono- selon les origines ethniques. La ten-

± PWVSDWR HDIW IDPU l’électricité dans cet Etat. américaine, US Postal Service, BRUXELLES fiv PH mie avait atteint 2,1 %. Ce chiffre dance est similaire chez les fem-

±

TQRVDHP HDRR IDQQ et le transporteur FedEx ont FRANCFORT heˆ QH se situe dans le haut de la fourchet- mes, relève le rapport. Les femmes

± THTUDPH HDII PDSH b YAMAHA/FORD : le japonais, annoncé mercredi une alliance LONDRES p„ƒi IHH te des prévisions moyennes des d’origine pakistanaise et bangladai-

± WSTQDIH HDPR RDWV numéro deux mondial de la dans le fret aérien de courrier, MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi économistes, qui ressortent à se sont les plus touchées, avec un

± ± RPVPQDHH HDQW PDHS motocyclette, a annoncé d’une durée de sept ans et d’une MILAN wsf„iv QH 3,0 %. Le ministère a indiqué que la taux de chômage de 24 %. «Ces

± UWHQDVH HDST PDVS mercredi la création avec le géant valeur de 6,3 milliards de dollars ZURICH ƒ€s croissance a été principalement nouvelles données mettent en lumiè- américain de l’automobile Ford pour FedEx. tirée par les exportations. La re le racisme qui sévit sur le marché Motor d’une société commune ´ demande intérieure, très déprimée du travail », a déploré le secrétaire aux Etats-Unis dédiée à la AMERIQUES en 1999, s’est elle aussi révélée général de la confédération syndi- production de moteurs de FINANCE « forte », selon le ministère. En cale Trade Union Congress (TUC),

bateaux. NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR revanche, la morosité persistante John Monks. La Grande-Bretagne

IHTHRDPU PSPRDIV b NYMEX/IPE : le Nymex (New HDWRP du secteur de la construction a frei- compte 2,4 millions de membres

b IHWUU QRVQ UPS : le transporteur York Mercantile Exchange), le HDWSS né la progression de l’activité. de minorités ethniques en âge de

américain va acquérir la plus important marché à terme « Les conditions restent réunies travailler, dont près de la moitié IHUUT QPRR

compagnie américaine de fret de l’énergie, est sur le point de HDWPW pour une poursuite de la reprise », vivent à Londres.

IHSUT QHHT

et de logistique Fritz, par échange lancer une offre de reprise sur HDWHQ explique le ministère, ajoutant que

IHQUS PUTV

d’actions, pour un montant total l’International Petroleum Exchange HDVUU « la dynamique devrait se tasser a FMI : le ralentissement écono-

IHIUS PSQH d’environ 450 millions de dollars, (IPE), basé à Londres, affirme jeudi HDVSI légèrement cette année en raison de mique américain, plus impor-

WWUS PPWI ont annoncé mercredi les deux le quotidien britannique The Times. HDVPT l’affaiblissement de la demande exté- tant que prévu, ne suffira pas à

sociétés. [[[ [[[ [[[rieure, de moindres effets de la fai- enrayer la reprise en Asie, estime II yF PQ xF IH tF II yF PQ xF IH tF

b CAISSES D’ÉPARGNE : la II yF PQ xF II tF blesse de l’euro et d’une politique le directeur général du Fonds b BAE SYSTEMS : le groupe grève entamée mardi pour des Indices cours Var. % Var. % monétaire stricte en Europe ». monétaire international (FMI), Ame´rique 9h57 f se´lection 10/01 09/01 31/12

aéronautique revendications salariales devait a Les prix à la consommation Horst Köhler, dans un entretien

± IHTHRDPU HDQH IDTW E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

britannique annoncera des se poursuivre jeudi dans environ la allemands ont progressé de 1,9 % publié jeudi dans l’International

± IQIQDPU HDWT HDSQ E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

suppressions d’emplois pour moitié des Caisses régionales, selon en 2000 par rapport à 1999, selon Herald Tribune de Singapour.

PSPRDIV QDQW PDIU E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

2001, en raison de déconvenues les syndicats. Des négociations les chiffres définitifs publiés jeudi M. Köhler s’attend à une croissan-

± VTHHDVQ HDQR QDUQ TORONTO „ƒi sxhiˆ

dans sa division défense. Les salariales sont prévues mardi par l’Office fédéral des statisti- ce américaine de 2,5 % en 2001,

ITWIVDSU FFFF IHDVU SAO PAULO fy†iƒ€e

syndicats redoutent quelque 16 janvier. ques. C’est la plus forte augmenta- une révision sensible par rapport ± QPIDTT IDTU IDUW MEXICO fyvƒe

2 000 suppressions de postes. tion depuis 1997 (+1,9 %), a précisé aux 3,2 % prévus dans les perspecti- RWRDRS HDRH IVDTR BUENOS AIRES wi‚†ev

b CNP ASSURANCES : La Poste l’Office dans un communiqué. En ves économiques mondiales du IHHDWU HDQH SDIV SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

b GENSET : la société de et les Caisses d’épargne ont 1999, les prix à la consommation FMI publiées en octobre. UQVPDSS PDPS VDIU CARACAS ge€s„ev qixi‚ev biotechnologies française a annoncé mercredi l’achèvement de avaient progressé de 0,6 % par rap- signé, mercredi, un accord avec leur société commune Sopassure, port à l’année précédente. a ESPAGNE : le nombre de l’américain Celera Genomics qui destinée à porter leur participation ASIE - PACIFIQUE demandeurs d’emploi en Espa- lui donne l’accès à leur base de commune de 36 % dans CNP a ZONE EURO : le ministre belge gne, qui détient le plus fort taux de données génomiques ainsi qu’au Assurances. TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN des finances, Didier Reynders, chômage de l’Union européenne, a

système de bio-informatique. qui a pris le 1er janvier la présiden- reculé en 2000, tombant à 9,18 %

IQPHIDHU IIHDHV

b BANQUE DE FRANCE : la ISHWHDUU ce de l’Eurogroupe à la suite de de la population active en décem-

ISSSH IIHDW

b PHARMACIE : l’Inde se banque centrale a cédé les 40 % ISVPH Laurent Fabius, a estimé, mercredi bre contre 9,78 % un an plus tôt,

ISHVH IHTDT

prépare au lancement de qu’elle détenait dans le dépositaire ISRSQ à Paris, que la zone euro donnait selon le ministère du travail. A la

IRTIH IHPDP variantes locales du Viagra, le national des valeurs mobilières ISHVT de « bons signaux » économiques fin de 2000, le nombre de deman-

IRIRH WUDV médicament contre l’impuissance françaises Sicovam, pour IRUIV « pour le moment » et qu’elle était deurs d’emploi s’élevait ainsi à

de l’américain Pfizer. Une 210 millions d’euros, à huit des « armée » face au ralentissement 1 556 382, en baisse de 57 368 par IQTUH WQDR

douzaine de laboratoires sont sur principaux actionnaires, selon La IRQSI économique américain. rapport à décembre 1999. IQPHI VW

les rangs, pour un marché estimé Tribune de jeudi. [[[IQWVR [[[ [[[

II yF PQ xF II tF II yF PQ xF II tF à environ 10 millions de dollars au II yF PQ xF II tF a ÉTATS-UNIS : en dépit des a DANEMARK : les prix à la con- b cours des 12 prochains mois. CATASTROPHES : le coût des Indices cours Var. % Var. % signes actuels de ralentissement sommation ont baissé de 0,1 %

sinistres au plan mondial pour Zone Asie 9h57 f se´lection 11/01 10/01 31/12 économique aux Etats-Unis,la en décembre alors qu’ils étaient

± ± IQPHIDHU IDUP RDPR

SERVICES l’assurance se situera à environ TOKYO xsuuis PPS croissance potentielle y reste beau- stables le mois précédent, a indi-

± ± ISHWHDUU PDPR HDHQ

11 milliards de dollars en 2000, HONGKONG rexq ƒixq coup plus forte que dans la zone qué l’institut national Danmarks

± ±

IWISDHP PDUW HDTI b RTL GROUP : le premier contre 31 milliards en 1999, année SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ euro, selon une étude de CDC-Mar- Statistik. En glissement annuel, la

±

UHDQV HDIT IIDIH groupe audiovisuel européen a record en raison des fortes SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ chés publiée mercredi. CDC-Mar- hausse des prix s’est établie à 2,4 %

± QIUPDRH HDQV HDST

cédé, jeudi, sa participation de tempêtes en Europe, selon le SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ chés estime notamment que la contre 2,6 % un an plus tôt. L’infla-

PHDVR HDQW IIDVT

5 % dans la chaîne à péage réassureur suisse Swiss Re. BANGKOK ƒi„ baisse de l’activité aux Etats-Unis tion moyenne en 2000 s’est ainsi

± RHISDRW HDUW IDHW

allemande Premiere au groupe En l’an 2000, 17 000 personnes ont BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ correspond plutôt à « un ajuste- élevée à 3,0 % contre 2,5 % en

IWHVDPS HDIR HDQS Kirch pour 124 millions d’euros. perdu la vie dans des catastrophes. WELLINGTON xƒiERH ment vers un niveau plus bas de la 1999.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 10/01

HDISPRS UDRTSR FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDPHSH Action Yahoo PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE

QDQVUUR VDWPQQ

Scénario catastrophe LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ......

QDWRPQV QSDIIVH

en dollar au Nasdaq L’INDICE CAC 40 cédait 0,36 %, à LES GRANDS INDICES repré- PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

QDPUIWH IDTVRU

5 632,87 points, dans les premiè- sentatifs des valeurs américaines ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDRHVP

pour Yahoo ! 150 30,5 SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN .... VDQPVWR PDHWWU res transactions, jeudi 11 janvier. ont terminé en hausse, mercredi PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

le 10 janv.

PDWUTTH PTSDHUHH

LE PORTAIL américain Yahoo, La veille, le marché avait terminé 10 janvier. L’indice composite de FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS FORINT HONGROIS ....

IDTPTHU QDWHWV

l’une des valeurs symboles d’Inter- 125 en recul pour la quatrième séance la Bourse électronique Nasdaq, à FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... ZLOTY POLONAIS...... IDIHQPR FFFF MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... NC...... net, a dressé, mercredi 11 janvier, consécutive. Malgré une ouver- 2 524,18 points, a affiché un gain un tableau apocalyptique de 100 ture en légère hausse de 0,16 %, de 3,39 %, malgré les inquiétudes l’année 2001. La société a annon- l’indice des valeurs vedetttes de la relatives à Cisco Systems, qui a Cours de change croise´s cé des prévisions de bénéfice et Bourse de Paris avait terminé en reculé après les avertissements lan- Cours Cours Cours Cours Cours Cours 11/01 9h57 f de chiffre d’affaires largement 75 repli de 0,17 %, à 5 653,35 points. cés par son PDG, John Chambers. DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.

inférieures aux attentes de la A Wall Street, l’indice Dow Jones a DOLLAR...... FFFFF HDVSTSU HDWRPTS HDIRQUI IDRWHRS HDTITPT

YEN ...... IITDURSHH FFFFF IIHDHVSHH ITDUVHHH IUQDWWHHH UIDWTSHH

communauté financière, au 50 FRANCFORT fini en hausse de 0,30 % à EURO...... IDHTHVR HDWHVQW FFFFF HDISPRS IDSVIIH HDTSQWH

premier trimestre comme pour 10 604,27 points. Enfin, l’indice FRANC...... TDWSVQH SDWTHPS TDSSWSU FFFFF IHDQTWWS RDPVWIS

l’ensemble de l’année 2001. EN ALLEMAGNE, l’indice DAX de Standard and Poor’s 500, plus LIVRE...... HDTUHWR HDSURVH HDTQPSH HDHWTRS FFFFF HDRIQSS 25 IDTPPUH IDQVWTH IDSPWUS HDPQQIS PDRIUUH FFFFF Yahoo ! table désormais sur un la Bourse de Francfort gagnait représentatif de la tendance géné- FRANC SUISSE ...... bénéfice par action entre 33 et 0,50 % en début de séance, jeudi, rale du marché, a gagné 0,96 %, à 43 cents pour 2001, en recul par 0 à 6 351,54 points. Francfort avait 1 313,27 points. Taux d’inte´reˆt(%) Matif rapport à 2000 (48 cents), là où les JASO N D J fini en repli de 1,32 %, mercredi, à analystes misaient sur 57 cents. 6 320,07 points. Le Nemax 50, l’in- Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier 2000 01 TAUX Taux 10/01 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 9h57 f 11/01 prix prix

Le chiffre d’affaires devrait se dice des cinquante valeurs vedet- Notionnel 5,5 RDTP RDWQ SDRQ

Source : Bloomberg FRANCE ...... RDUV

VWDUQ VWDTP

MARS 2001 ...... IQQSQ

RDUT RDUW SDQU situer entre 1,2 et 1,3 milliard de tes du marché des petites valeurs, LES FONDS d’Etat s’inscrivaient ALLEMAGNE .. RDVH

SDUI RDVS RDQU

dollars en 2001, soit à peine 14 % difficile des sociétés Internet, prin- s’était redressé de 2,29 %, à en légère hausse, jeudi 11 janvier, GDE-BRETAG. TDSH Euribor 3 mois

xg xg xg RDUQ SDIS SDUT ITALIE...... RDVH JANVIER 2001.....

HDRQ IDST PDSQ à 15 % de plus qu’en 2000, alors cipaux clients publicitaires du por- 2 243,43 points. en début de journée. Evoluant JAPON...... HDRP

SDPT SDHU SDRU que le portail enregistrait tail. Yahoo ! fonctionne comme mécaniquement à l’inverse du E´TATS-UNIS... TDHQ

QDPT QDRR QDWT

jusqu’alors des taux de croissance un média généraliste, la quasi- cours, le taux de l’emprunt du Tré- SUISSE...... QDQV Pe´trole RDUQ RDWI SDQW LONDRES PAYS-BAS...... RDUV de plus de 90 %. totalité de ses revenus provenant sor français à 10 ans se détendait à Cours Var. % Cet avertissement a valeur de des publicités sur son site. Le À LA BOURSE de Londres, l’indi- 4,92 %. Sur le marché obligataire En dollars f 10/01 09/01

symbole pour l’ensemble de la portail (moteur de recherche, ce Footsie des cent valeurs les américain, la veille, le rendement FFFF Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... PSDQR

C HDQU nouvelle économie. Le plongeon messagerie, chat, enchères, e-com- plus importantes affichait une de l’obligation du Trésor à 10 ans WTI (NEW YORK) ...... HDQH

Cours Var. % C TDIQ LIGHT SWEET CRUDE .... PWDRP de l’action de 20 %, mercredi, au merce, etc.), bénéficie pourtant légère progression, de 0,09 % en était remonté à 5,09 %, contre En dollars f 10/01 09/01

cours des transactions après la clô- d’une audience impressionnante, début de matinée, jeudi, à 4,98 % la veille, et celui de l’em- ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

C HDIU

ture augurait bien mal de la séan- avec un record de 180 millions de 6 065,60 points. Il avait clôturé en prunt à 30 ans était passé à 5,49 %, CUIVRE 3 MOIS...... IUVS Or

± HDPT

ce suivante sur le Nasdaq. L’ac- visiteurs en décembre et plus de baisse, mercredi, avec une perte contre 5,43 %. ALUMINIUM 3 MOIS...... ISSV

± HDPI

PLOMB 3 MOIS ...... RVQ

Cours Var %

C

HDIW tion avait déjà fortement chuté 900 millions de pages consultées de 0,45 %, à 6 060,6 points. SQHH

ETAIN 3 MOIS ...... En euros f 10/01 09/01

± HDRQ

avec le retournement des marchés chaque jour. ZINC 3 MOIS...... IHQSDSH

±

HDRR

OR FIN KILO BARRE ...... WHVH

MONNAIES C HDSQ

NICKEL 3 MOIS ...... TTUS

± HDQQ financiers en 2000. Avant ces som- Yahoo ! va chercher à développer OR FIN LINGOT...... WIQH

TOKYO ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

bres prévisions, le titre cotait d’autres sources de revenus, com- L’EURO progressait légèrement ONCE D’OR (LO) $ ...... PTTDRH

FFFF

ARGENT A TERME ...... RDST C

IDUQ

PIE`CE FRANCE 20 F...... SQ

± HDHT

30,5 dollars, en baisse de 86 % par me les services à destination des LA BOURSE de Tokyo est tombée contre le dollar en début de mati- PLATINE A TERME ...... ISSUTUDHH ± HDIW PIE`CE SUISSE 20 F...... SPDIH

´

FFFF rapport à son plus haut. entreprises (portails personnali- à son plus bas depuis 27 mois, née, jeudi, grimpant à 0,9412 dol- GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... SPDSH

FFFF ´ PVW FFFF

Le scénario catastrophe n’est pas sés, vidéoconférences..) et les ser- jeudi, en clôture. L’indice Nikkei a lar après l’annonce d’une crois- BLE (CHICAGO)...... PIE`CE 10 DOLLARS US ... IWS

PPQDSH FFFF FFFF MAIS (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... QTTDPS

FFFF loin. Les prévisions de Yahoo ! vices par abonnement. Le service chuté de 1,7 % par rapport à la sance du produit intérieur brut en IWHDIH FFFF SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QQUDPS

sont en effet directement liées au d’enchères entre particuliers sera veille. Il a terminé à Allemagne de 3,1 % en 2000 contre SOFTS $/TONNE

C IDQV ralentissement de l’économie amé- bientôt payant. 13 201,07 points, non loin des 1,6 % en 1999. Le billet vert était, CACAO (NEW YORK)...... VHW

FFFF ´ TSU Cotations, graphiques et indices en temps

ricaine, au recul des dépenses de 12 995,37 points, qu’il avait affi- pour sa part, en très légère hausse CAFE (LONDRES) ......

FFFF SUCRE BL. (LONDRES) ... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». publicité en ligne, et à la situation Christophe Jakubyszyn ché le 15 octobre 1998. face au yen, à 116,71 yens. www.lemonde.fr/bourse FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / 21

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

RTPQDTW

VALEURS EUROPE´ENNES QRWDTI

RHS SRUP

SPWV VALEURS EUROPÉENNES QWR QSRDSU

b b RUPUDHW SIPS Mercredi 10 janvier, l’action de E.ON a terminé, mercredi, en QVP QSQDVW QSHDWI RUIIDUS

DaimlerChrysler, qui s’apprête à légère hausse. Le titre a pris 0,66 %, RTRIDIW RWSI QUI RTPQDTW

lancer une émission obligataire à 59,9 euros. L’allemand a indiqué QRWDTI

QRWDPU

RUUV

d’environ 4 milliards d’euros, a qu’il entendait prendre le contrôle QTH RTHRDUR

RTHR abandonné 4,41 %, à 44,64 euros. du suédois Sydcraft, dont il vient QRV

[[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt II tex†F IP t svF II tex†F †vwwt Des rumeurs, démenties par le grou- d’acquérir 5,3 % supplémentaires II tex†F IP t svF II tex†F pe, ont également affaibli le titre. pour 272 millions d’euros.

b

C C Elles faisaient état d’une forte BAE Systems, qui a concédé de e C SQDHS IDVP qf IHDRQ IDPQ hu STDWQ PDIT qf IPDTQ FFFF SEB p‚ DIAGEO VESTAS WIND SYS NEXT PLC

C e C e e ± ± IWRDSH HDSI q‚ PDUW IDST p‚ TPDSH HDVI p‚ PPVDRH HDHW contraction des réserves de trésore- sérieuses difficultés dans ses activités SODEXHO ALLIANC p‚ ELAIS OLEAGINOU VINCI PINAULT PRINT.

e C e e

± ± PDSU HDUV p‚ WVDQS HDST p‚ RQ IDTH qf HDWV FFFF

rie du groupe, passées de 6 mil- de défense, l’obligeant à provision- TELE PIZZA iƒ ERID.BEGH.SAY VIVENDI ENVIRON SIGNET GROUP

C C e IPVQDPI IDPR xv RIDSH FFFF ƒi IUDWW FFFF gr PPTDQQ HDVV THE SWATCH GRP gr HEINEKEN HOLD.N VOLVO -A- VALORA HLDG N

C C liards de dollars, fin septembre, à ner plusieurs centaines de millions C e PTRDHT HDVV q‚ PDRH PDHS ƒi IVDQV FFFF xv IQDWH HDSI THE SWATCH GRP gr COCA COLA HBC VOLVO -B- VENDEX KBB NV

± ± ± ± RVDTT IDQH q‚ IDTW PDTP RURDVI HDPI qf TDWW HDWH zéro, fin décembre. de livres sur ses résultats de 2000, a THOMSON MULTIME €e HELLENIC SUGAR f DJ E STOXX IND GO P W.H SMITH

e e C ± ±

IDQH HDUT hi ITDHS U qf UDHU PDTP

b Le titre Volkswagen a cédé chuté de 24,5 %, à 268,5 pence. WW/WW UK UNITS s‚ KAMPS WOLSELEY PLC

± ± IPDPW FFFF qf PIDWI HDUW QRTDTU HDIQ WILSON BOWDEN qf KERRY GRP-A- f DJ E STOXX RETL P

b e SDII FFFF s„ PDIS FFFF 3,3 %, à 54,78 euros en clôture mer- Le groupe de construction mécani- WM-DATA -B- ƒi MONTEDISON ASSURANCES

C e C

PHDIH HDSH gr PPWPDPH HDWV

WOLFORD AG e„ NESTLE N

credi. Le groupe automobile table que Smiths a reculé de 11,3 %, à ± IDVS PDSH

AEGIS GROUP qf

C e

HDII xv RUDVH FFFF

f DJ E STOXX CYC GO P ISTDUR KONINKLIJKE NUM e HAUTE TECHNOLOGIE

±

RHDUI HDUT

AEGON NV xv

sur « une hausse de 5 % à 10 % » de 702 pence. Il a fait part de problèmes e ±

IDUS IDIQ

PARMALAT s„

e C

e C

p‚ TWDTS HDIR

WI PDIW AGF AIXTRON hi

e ±

UPDTH HDVP

ses ventes en 2001 aux Etats-Unis, pour vendre la filiale de composants PERNOD RICARD p‚ e

± e

± s„ ISDPH IDVU

TIDHS HDQQ

ALLEANZA ASS p‚

e ALCATEL-A- ± PDQH HDRQ

RAISIO GRP -V- ps

e C

C QTSDSH HDSS après une progression de 12,6 % pour l’automobile de TI Group, hi

HDVV QDUU

PHARMACIE ALLIANZ N ALTEC SA REG. q‚

C

UDRU IDHU

SCOTT & NEWCAST qf e

± xv IHVDPS FFFF

VDPT HDWS

ASR VERZEKERING ARM HOLDINGS qf C

RTIDVS IDRR

en 2000. rachetée à l’automne 2000. ACTELION N gr ± UDSQ IDTT

SOUTH AFRICAN B qf

e C

C

p‚ IRSDIH IDII

QDWS PDHS

e AXA ARC INTERNATION qf ±

IRIDSH HDUH

ALTANA AG hi C RDQV PDTH

TATE & LYLE qf

C

e C gr IITUDUS HDST

PTDRH IDPQ

BALOISE HLDG N ASM LITHOGRAPHY xv C

RWDII HDPT

ASTRAZENECA qf C RDIP HDQW

UNIQ qf e

qf ITDTS FFFF

PDTI FFFF

BRITANNIC BAAN COMPANY xv

e C

UWDTH PDHS

AVENTIS p‚ e

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C UNILEVER PIDRH QDVS

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CNP ASSURANCES BOOKHAM TECHNOL qf

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11/01 10 h 06 f CELLTECH GROUP qf

±

VDUP HDWH

pays en euros 10/01 e qf

± WHITBREAD

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IUDHR FFFF

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PWDQR FFFF

ELAN CORP si

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HDHU

e f PRHDVH

± DJ E STOXX F & BV P SVDRS HDSI

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e ERGO VERSICHERU BAE SYSTEMS qf

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PVDRH HDQS

AUTOMOBILE fi

TESSENDERLO CHE C e q‚ IDVU PDHR ±

IIDWT HDSH

ETHNIKI GEN INS BROKAT hi e C

UWDWH PDRR

FRESENIUS MED C hi

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PIDIS HDUI

xv e

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p‚ RDTT HDRQ IUDQI FFFF

AUTOLIV SDR ƒi EULER BULL

VDQS FFFF

GAMBRO -A- ƒi ´

IQDUI FFFF qf BIENS D’EQUIPEMENT

e WS ATKINS e C hu UUDTW FFFF ±

p‚ SUDQH PDHS RSDRS IDPH

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HDSV

f QWQDTT e ±

e C e fi QRDWT HDHT DJ E STOXX CHEM P ± ±

gr IISDQH HDIR p‚ IUUDQH HDWS QRDVH QDHT

BMW hi ABB N FORTIS (B) CAP GEMINI WVDHS FFFF

H. LUNDBECK hu

e

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gr TTHDTQ HDQH qf PUDRQ IDRP IUDIS IDRR

hi ADECCO N GENERALI ASS COLT TELECOM NE CONTINENTAL AG C IUSHDQI IDPI

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e e e

e C e„ IVSDSP FFFF ±

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DAIMLERCHRYSLER hi AEROPORTI DI RO GENERALI HLD VI COMPTEL

± IVTDIW IDIR

CONGLOME´RATS NOVO-NORDISK -B hu

e e C qf TDHI FFFF ±

qf TDPV I p‚ TWDSH HDUP PSDTS FFFF

s„ AGGREKO INDEPENDENT INS DASSAULT SYST. FIAT C VDPR IDQT

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C

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± PRRDSH IDQQ

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AZEO QIAGEN NV xv

e

e ± e ± s„ SDTP IDRH ±

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PEUGEOT fi ALUSUISSE GRP N FONDIARIA ASS F-SECURE IPRTIDRT FFFF

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±

e C qf PDWP QDTT ±

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RHDST FFFF fi ASSA ABLOY-B- LEGAL & GENERAL FILTRONIC

PIRELLI SPA C IHQUSDPS HDVH

GEVAERT ROCHE HOLDING G gr

e C e

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qf TDHP FFFF s„ QQDSH PDUT C hi QHWH HDVP

SDPT RDRH DR ING PORSCHE qf e ASSOC BR PORTS MEDIOLANUM FINMATICA ± SWDPS HDWP

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e

±

e C e hi QSTDPH HDQT

ƒi PQDQI FFFF xv TDQS FFFF p‚ SPDWH HDQV

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C

e C ps RTDTH HDPI

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MYTILINEOS SHIRE PHARMA GR qf

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q‚ HDVV QDRT hi QVDSH IDRI C hi SRDIH IDRT

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f DJ E STOXX AUTO P xy BAA RAS INFOGRAMES ENTE RDVR FFFF

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C qf VDRH HDQV

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DJ E STOXX CONG P SULZER AG 100N gr

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IWDIH HDQQ

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C e e C

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SQDIH IDIR ps RHDUS HDVU

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e qf TDIR FFFF ±

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ALLIED IRISH BA qf

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C

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DAMSKIBS SVEND TOPDANMARK SAGEM p‚

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QRDHS IDWS

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e ± e gr TPUDVQ HDTP ± ±

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e C e ± ± iƒ WDRH PDIU hi WHDVH HDPP

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e COFLEXIP p‚ EUROTUNNEL SIEMENS AG N ±

e C s„ WDST IDHR

QHDSH IDTU BCA AG.MANTOVAN EQUANT NV hi

e e SUDSH FFFF qf ITDQQ FFFF hi QDUH FFFF

e DORDTSCHE PETRO xv EXEL MEDIAS MB SOFTWARE

±

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e TELE 1 EUROPE ƒi

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BCA ROMA MANNESMANN N hi ELSEVIER

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e C ± qf IQDQV QDWR e C iƒ ITDRH HDPR QIDTH IDPS

BBVA R MOBILCOM hi Chaque samedi avec EMAP PLC

e qf IDUR FFFF C €„ IUDSR FFFF HDWR SDRP ESPIRITO SANTO PANAFON HELLENI q‚ FUTURE NETWORK

e ± e C VDTU HDQR e s„ iƒ QTDIW HDWS IHDRH FFFF BCO POPULAR ESP PT TELECOM SGPS €„ GRUPPO L’ESPRES

e SERVICES COLLECTIFS qf IHDIV FFFF

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e e C p‚ ISDQH HDQQ C C e €„ SDSS FFFF PVWDQI PDST s„ IHDVS HDRT BCP R SWISSCOM N gr HAVAS ADVERTISI ACEA

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e C WDSI FFFF e qf s„ QDRR HDSV IPDSQ FFFF qf WDSV FFFF BNL TELECEL €„ INFORMA GROUP ANGLIAN WATER

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C

e C IDSQ QDHT

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BSCH R TELECOM ITALIA s„ 0123 LAMBRAKIS PRESS CENTRICA

e C RHDVH P

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e e C ± s„ IPDUS HDUI e e C

s„ UDSI HDUW ±

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COMIT T.I.M. s„ DATÉ DIM./LUNDI MEDIASET ELECTRABEL

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e e C ± iƒ IUDRT IDSI C e p‚ QWDVH HDRQ ± QDRW IDQV s„ QDVV IDHP CREDIT LYONNAIS VODAFONE GROUP qf PRISA ENEL

e QIDSH FFFF hi e hu IWDTW FFFF ± HDPH e„ QQ FFFF DANSKE BANK f DJ E STOXX TCOM P TWRDQH PROSIEBEN SAT.1 EVN

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e C

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e C qf QDIS FFFF IWDPI FFFF e ps ± xv IQDUS IPDPR

C WRDPS IDPI

p‚ LASMO FINNLINES IHDWI HDVV

NATEXIS BQ POP. UNITED PAN-EURO SEVERN TRENT qf

RDUT FFFF

BPB qf

C

± e qf PDPH HDUI ± qf QDTH HDVW

p‚ TVDVS HDTS e C VDHU FFFF

ƒi LATTICE GROUP IVSDIH HDRQ

NORDEA e FKI VIVENDI UNIVERS SUEZ LYON EAUX p‚

IHDPW FFFF

BRISA AUTO-ESTR €„

e C

e C e„ VIDTS HDTW hu ISDRH FFFF

xv SSDSH HDSR WDTR FFFF

hu OMV AG IUDWQ FFFF

NORDEA e FLS IND.B VNU SYDKRAFT -A- ƒi

±

WDTI HDVQ

BUZZI UNICEM s„

e e xy IRDVI FFFF e ± e„ QVDSH FFFF ± xv PVDQU HDQP

PHDPH IDQU s„ PETROLEUM GEO-S IUDWQ FFFF

ROLO BANCA 1473 FLUGHAFEN WIEN WOLTERS KLUWER SYDKRAFT -C- ƒi

±

QDQV HDRU

NOVAR qf e ±

e C iƒ IVDPS HDSR ± iƒ PSDUR IDHP qf IQDPR IDUT ±

qf PS I

REPSOL YPF ± IWDHP HDWI

ROYAL BK SCOTL GAMESA WPP GROUP THAMES WATER qf

±

QIDQI HDUS

CRH PLC qf

e C

xv TQDPH IDWR ± qf IPDPW FFFF RIHDTW HDRT e C IPDTI FFFF

ƒi ROYAL DUTCH CO IVDRW HDHS

S-E-BANKEN -A- e GKN f DJ E STOXX MEDIA P FENOSA iƒ

PTDQT FFFF

CIMPOR R €„ e ±

SDWH HDTU s„ e e ± ±

C xv PRDUP IDHV IVDIP P

s„ SAIPEM IHDHV HDRU

SAN PAOLO IMI e HAGEMEYER NV UNITED UTILITIE qf

±

SV HDIU

COLAS p‚

C

qf VDSI PDPW C C

q‚ HDTQ QDWT ISDVR HDIH

qf SHELL TRANSP WDVW FFFF

STANDARD CHARTE HALKOR VIRIDIAN GROUP qf

e C

IIDVQ IDRT

GRUPO DRAGADOS iƒ

e C

p‚ ISPDVH PDIR e C ±

C qf SDTQ HDSU TWDQH I

p‚ TOTAL FINA ELF HDQT

STE GENERAL-A- e HAYS BIENS DE CONSOMMATION f DJ E STOXX PO SUP P QIUDUP

± PIDRH HDIW

FCC iƒ

C

QQSDSV IDSP e C

ƒi IVDRW FFFF

TU HDTH

SV HANDBK -A- f DJ E STOXX ENGY P HEIDELBERGER DR hi e e ± xv QIDTH HDIT

IRWDSH FFFF

GROUPE GTM p‚ AHOLD

e

ƒi RDHU FFFF PVDSH FFFF

SWEDISH MATCH HUHTAMAEKI VAN ps e C

e C iƒ ISDPH HDHU

IRDVS HDIQ

GRUPO FERROVIAL iƒ ALTADIS -A-

± e

±

gr IUUDIQ IDIH

VDSP HDQS

UBS N IFIL s„ e ±

iƒ VDIS HDRW

UDQU FFFF

HANSON PLC qf AMADEUS GLOBAL

e

±

s„ SDVH HDVS RDIS FFFF

UNICREDITO ITAL SERVICES FINANCIERS IMI PLC qf C e C q‚ HDWS PDWH

SR HDQU

HEIDELBERGER ZE hi ATHENS MEDICAL

e

hu VSDUQ FFFF

PRDSH FFFF

UNIDANMARK -A- INDRA SISTEMAS iƒ C

± e C qf IWDUV HDIT e„ SWDHI HDHP

HDUQ IDVT

HELL.TECHNODO.R q‚ 3I GROUP AUSTRIA TABAK A EURO

±

QRHDTU HDHR

PQDSQ FFFF

f DJ E STOXX BANK P ƒi e C IND.VAERDEN -A-

C fi RP HDQT

qf QDQV FFFF IDVU QDPT

HERACLES GENL R q‚ ALMANIJ AVIS EUROPE ______

IRDWH FFFF

INVESTOR -A- ƒi e C

SDTW FFFF e q‚ hi WTDSH IDQU PQ FFFF

HOCHTIEF ESSEN hi ALPHA FINANCE BEIERSDORF AG

ƒi IRDUW FFFF

INVESTOR -B- C

± e C qf PPDSI IDHS p‚ QVDWH IDIU IPVUDVH HDQT

HOLDERBANK FINA gr AMVESCAP BIC NOUVEAU

UHDQP FFFF

PRODUITS DE BASE hu

e C ISS

PWDTH HDQR e hi qf UDWR FFFF ± IPQDSH HDQP

IMERYS p‚ BHW HOLDING AG BRIT AMER TOBAC

e C

IDWS IDST

e ps

e C e C JOT AUTOMATION QDST FFFF e €„

p‚ IHTDPH HDWS ± iƒ WDVI HDTP WDST HDTP

ACERALIA ITALCEMENTI s„ BPI R CASINO GP MARCHE´

ƒi PPDIW FFFF

± e C KINNEVIK -B-

± UDSV PDTS e qf gr PSQSDSW HDWH ± iƒ QRDQH HDWR WVDSH IDIS

ACERINOX R LAFARGE p‚ BRITISH LAND CO RICHEMONT UNITS

hu IHHDRT FFFF

C e C COPENHAGEN AIRP ± C qf UDSQ QDHR p‚ VS HDHT q‚ SDUS IDHR HDRP IDPV

ALUMINIUM GREEC MICHANIKI REG. q‚ CANARY WHARF GR CLARINS

e Cours % Var.

TW FFFF

ps e C ± TDIH FFFF qf KONE B ± fi RWDRH HDPH qf THDVV HDIQ IDVS PDSH

ANGLO AMERICAN PILKINGTON PLC qf CAPITAL SHOPPIN DELHAIZE 11/01 10 h 06 f en euros 10/01

e C

p‚ PIHDVH IDHI

e C RDTR FFFF qf LEGRAND ± fi RT PDPH ƒi IWDVR FFFF IHDQH IDPP

ASSIDOMAEN AB RMC GROUP PLC qf CATTLES ORD. COLRUYT

e ±

hi SIDSS HDQW C

e C C IUDTV IDSS

e qf ± LINDE AG qf RDRU HDUI fi RSDSH HDRV ITT HDTI

BEKAERT SAINT GOBAIN p‚ CLOSE BROS GRP FIRSTGROUP AMSTERDAM

e C

PWDIS HDSP e hi C

± s„ PDIS FFFF IDUH PDUQ MAN AG qf qf RDPP IDSQ RQDWQ FFFF

BILLITON SKANSKA -B- ƒi MONTEDISON FREESERVE

ITDPS FFFF

e C

hi IQDRS HDUS e e C AIRSPRAY NV fi TR HDUW

qf TDPT FFFF ± MG TECHNOLOGIES e„ QSDRH FFFF PDUT SDWS

BOEHLER-UDDEHOL TAYLOR WOODROW qf COBEPA GALLAHER GRP

FFFF

e HDSP

IWDVH FFFF e ps ANTONOV ± e C

± QSDWR QDVH e hi ± fi RS HDPP TDVS HDRU qf WARTSILA CORP A IRSDIH PDTP

BUNZL PLC TECHNIP p‚ CONSORS DISC-BR GIB

QDTS FFFF

e C

ps IIDVH HDRQ e C C C/TAC

C iƒ PRDRH HDWI ± gr PWIDPV HDRS IDPR IDPU qf METSO SDSI IDTQ

CORUS GROUP TITAN CEMENT RE q‚ CORP FIN ALBA GIVAUDAN N

QDWS FFFF

± C qf RDWH IDPV e C CARDIO CONTROL C PIQDPI HDUV e gr

± hi TVDPH IDHR HDSS PDRW q‚ MORGAN CRUCIBLE IWDVT HDSH ELVAL WIENERB BAUSTOF e„ CS GROUP N HENKEL KGAA VZ

FFFF

e PQDWH RRDTH FFFF e ƒi CSS ±

hi UT FFFF qf IHDVR HDRR ± xv QDSH FFFF HDHS

ISPAT INTERNATI f DJ E STOXX CNST P PQQDWQ DEPFA-BANK NETCOM -B- IMPERIAL TOBACC

U FFFF

C e C HITT NV PQUDSH IDWH

hu e hi QHDSH HDTQ €„ IIDPP FFFF ITDRW FFFF

JOHNSON MATTHEY qf DIREKT ANLAGE B NKT HOLDING JERONIMO MARTIN

IWDSH FFFF

C INNOCONCEPTS NV

ITDQQ FFFF e qf e qf IHDHQ FFFF ± ps IIDRV IDSW RTDSS HDQP

MAYR-MELNHOF KA e„ MAN GROUP EXEL KESKO -B-

WDWH FFFF

e C ± e NEDGRAPHICS HOLD C VDQU HDQV

e qf p‚ URTDSH IDIS p‚ VHDSH FFFF UDVW IDIS METSAE-SERLA -B ps CONSOMMATION CYCLIQUE EURAFRANCE PACE MICRO TECH L’OREAL

FFFF

e e SOPHEON PDQS

± e ps IPDSH FFFF

fi QRDWT HDHT xv WDTH FFFF QHDRV FFFF

HOLMEN -B- ƒi FORTIS (B) PARTEK LAURUS NV

e C

RSDST HDIS

ACCOR p‚

FFFF

e PROLION HOLDING WR C ± e ±

xv QRDTU HDTT qf RDUP IDWU qf PDUU IDIT

UDTH FFFF

OUTOKUMPU ps e FORTIS (NL) PENINS.ORIENT.S MORRISON SUPERM

±

UQDPH HDTV

ADIDAS-SALOMON hi

PDSW FFFF

e e C e C RING ROSA

p‚ IHI FFFF ps ITDTH HDRV qf IQDUW HDTW RUDUS FFFF

PECHINEY-A- p‚ e GECINA PERLOS RECKITT BENCKIS

±

PSDSH HDSS

AGFA-GEVAERT fi

FFFF

e RING ROSA WT HDHP

e ±

± fi SHDTH FFFF qf TDWT HDTV qf RDWH HDTR

RDIH FFFF

RAUTARUUKKI K ps GIMV PREMIER FARNELL SAFEWAY

e C

PPDUH HDIV

AIR FRANCE p‚

RDUH FFFF

C UCC GROEP NV C

C ±

qf RDRS HDUP qf ISDRI IDVP qf SDTV HDPV IVDTQ HDRQ

RIO TINTO qf GREAT PORTLAND RAILTRACK SAINSBURY J. PL ±

QDPP IHDIV

AIRTOURS PLC qf

e C ±

qf UDSV FFFF qf IDQV IDIR xv ITDTH FFFF HDSV PDVT

SIDENOR q‚ HAMMERSON RANDSTAD HOLDIN STAGECOACH HLDG e C

PDHR HDWW

ALITALIA s„

e e C

xv VRDTR FFFF hi IQDHS FFFF qf QDPQ HDRW RDHW FFFF

SILVER & BARYTE q‚ ING GROEP RENTOKIL INITIA T-ONLINE INT e C

IPDWW HDUV

AUSTRIAN AIRLIN e„

e C

C

± hu UVDUT FFFF iƒ IPDRR SDQQ qf PDPS IDRQ

RDPP IDSQ

SMURFIT JEFFERS REALDANMARK REXAM qf TERRA NETWORKS BRUXELLES

e C

IPDIU HDSV

AUTOGRILL s„

e ± ±

e C qf IRDII I qf RDIP HDQV ps IIDVH FFFF VSDSH HDSW

STORA ENSO -A- LAND SECURITIES p‚ TESCO PLC FFFF REXEL UDRH

C ARTHUR

RRDVU SDQS

BANG & OLUFSEN hu

e e

±

qf UDUP FFFF

± e ± xv PUDHP HDVR ps IIDTH HDIU PHDQH HDRW

STORA ENSO -R- LIBERTY INTL e„ TNT POST GROEP FFFF RHI AG HDSP

e C ENVIPCO HLD CT

PDIU HDRT

BENETTON GROUP s„

e e

±

hi IPS FFFF p‚ UDVW IDQV ± ƒi PIDTQ FFFF

QHQDHW IDUH

SVENSKA CELLULO MARSCHOLLEK LAU gr WANADOO FFFF RIETER HLDG N PH

± FARDIS B

IPDSP I

BERKELEY GROUP qf

e C e

e C

s„ IIDVH IDWH

C xv UDVH FFFF hi IVDIH IDIP QDPH I

THYSSENKRUPP MEDIOBANCA qf WORLD ONLINE IN FFFF ROLLS ROYCE HDVS

± INTERNOC HLD

TDUU IDQW

BRITISH AIRWAYS qf

e

e C ±

iƒ ITDIH FFFF RHWDHT HDPS

fi RHDSH HDPS PSDQQ FFFF

UNION MINIERE METROVACESA ƒi f DJ E STOXX N CY G P FFFF SANDVIK VDTS

e C INTL BRACHYTHER B

IHDWH IDHP

BULGARI s„

e C

qf SVDQU FFFF

ps QQDQH HDQH

±

RSPDTU HDUP

UPM-KYMMENE COR PERPETUAL PLC gr FFFF SAURER ARBON N RDWU

e C LINK SOFTWARE B

RRDWV IDPT

CHRISTIAN DIOR p‚

e ±

qf ISDUR HDWH ± IPDWR HDIS p‚ e

URDWH FFFF

USINOR PROVIDENT FIN p‚ FFFF

e SCHNEIDER ELECT HDRS

± PAYTON PLANAR

WUDSH IDSP

CLUB MED. p‚

e

C

xv RIDSS FFFF IDRU RDQV

q‚ e ±

IDWS PDSH

VIOHALCO e RODAMCO CONT. E SEAT PAGINE GIA s„ COMMERCE DISTRIBUTION

PSDVH FFFF

DT.LUFTHANSA N hi

e e

xv RIDUH FFFF ±

PSDWW HDHR

e„ RODAMCO NORTH A PDSV FFFF

VOEST-ALPINE ST SECURICOR qf

ISDQH FFFF qf VDST FFFF

ELECTROLUX -B- ƒi ALLIANCE UNICHE

qf PIDVH FFFF

± SDVV IDSW

qf SCHRODERS IVDHR FFFF

J DWETHERSPOON ƒi e C SECURITAS -B- e

SDRP IDVV hi QIDSH FFFF

EM.TV & MERCHAN hi AVA ALLG HAND.G FRANCFORT

e e C

p‚ UQDIS HDPI ± p‚ IVDTH IDSR

SIMCO N C VDPV IDQT

WORMS N SERCO GROUP qf

±

VDUS IDTH qf WDVT FFFF

EMI GROUP qf BOOTS CO PLC

FFFF

UNITED INTERNET IUDPR

C

qf TDTQ FFFF HDPP

IUVDTI e

f SLOUGH ESTATES ±

ST HDIV DJ E STOXX BASI P hi

e SGL CARBON e C ±

HDTP IDSW xv PVDSH HDVV

EURO DISNEY p‚ BUHRMANN NV

FFFF

AIXTRON IISDSH e C

p‚ IUQDSH HDQS

UNIBAIL C

QDSH HDRS

qf e

± ± SHANKS GROUP

IIDHP HDPW p‚ TPDVH HDRV

GRANADA COMPASS qf CARREFOUR

FFFF

e AUGUSTA TECHNOLOGIE PHDQP ±

iƒ UDPI HDPV

VALLEHERMOSO e C

QQDWQ HDWV

e p‚ e

± SIDEL

IQV IDPW p‚ PSS FFFF

HERMES INTL p‚ CASTO.DUBOIS

FFFF

BB BIOTECH ZT-D WI e C

hi ISDQH IDQP

CHIMIE WCM BETEILIGUNG C qf PDVP HDST

e INVENSYS e C IDIT FFFF iƒ IPDPT HDHV

HPI s„ CC CARREFOUR

FFFF

BB MEDTECH ZT-D IUDQH

f QIIDUW FFFF

DJ E STOXX FINS P e C

hi QT STDSP

e e C ± SINGULUS TECHNO ISSDRH IDTS xv PVDUS HDQS gr ISHDVW FFFF

AIR LIQUIDE p‚ HUNTER DOUGLAS CHARLES VOEGELE

FFFF

BERTRANDT AG IPDRH

ƒi ITDHV FFFF

e e C e

SSDIH FFFF xv PRDRH HDRI iƒ IWDHP FFFF

AKZO NOBEL NV xv KLM SKF -B- CONTINENTE

FFFF

BETA SYSTEMS SOFTWA SDWH

C

IIDRV QDIQ e qf e

± ± RSDRS IDPH qf QDSH FFFF fi PRRDSH IDQQ

BASF AG hi HILTON GROUP SMITHS GROUP D’IETEREN SA

FFFF

ALIMENTATION ET BOISSON CE COMPUTER EQUIPME IPDPS hu PVDWQ FFFF

e e C ± ± SHDUH HDUV p‚ TQDSH IDPH qf RDVV RDTR BAYER AG hi LVMH SOPHUS BEREND - DEBENHAMS

qf WDPQ FFFF

e C ± ± ITDIR FFFF hi VPDVH HDTI qf TDTQ HDUI qf RDQI IDRS BOC GROUP PLC qf MEDION ALLIED DOMECQ SPIRENT DIXONS GROUP

qf TDRR FFFF C e C e e

IVDVH HDPU p‚ RDRI HDPQ qf VDHI FFFF p‚ PHUDWH FFFF

CELANESE N hi MOULINEX ASSOCIAT BRIT F T.I.GROUP PLC GAL LAFAYETTE e CODES PAYS ZONE EURO

C gr IHSHDWU IDQW C e e ± ± ± URDRT HDPP iƒ IPDVU HDWP qf IPDQH IDRH hi QVDQS HDIQ CIBA SPEC CHIMI gr NH HOTELES BASS TECAN GROUP N GEHE AG

e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne ± C e iƒ IVDTP HDPU ± ± QUUDPP HDVV qf SDHQ FFFF e„ RQ HDRT qf UDSI IQDHQ CLARIANT N gr P & O PRINCESS BBAG OE BRAU-BE TELEFONICA GREAT UNIV STOR

e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande ± e C e e iƒ TDPU IDUP ± QT IDIH qf RDQH HDQU e„ RIDQS FFFF xv VT FFFF DEGUSSA-HUELS hi PERSIMMON PLC BRAU-UNION TPI GUCCI GROUP

e LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche ± C e e C p‚ RUDSH HDHP ± QTDQV HDVU xv RIDPS HDIP qf TDVS HDUH ƒi IUDWW FFFF

DSM xv ROY.PHILIPS ELE CADBURY SCHWEPP THALES HENNES & MAURIT

FI : Finlande - BE : Belgique.

C C C C e e xy IWDVU FFFF RWQTDTW IDHI hi RQDIH HDUH hu SVDWR HDRT hi QUDIH HDIQ EMS-CHEM HOLD A gr PREUSSAG AG CARLSBERG -B- TOMRA SYSTEMS KARSTADT QUELLE

C qf TDHT FFFF VDSV HDQU qf PDVS FFFF hu SVDPU FFFF qf VDIV FFFF

ICI qf RANK GROUP CARLSBERG AS -A TRAFFICMASTER KINGFISHER CODESPAYSHORSZONEEURO

C

e C ± gr PQUDRW IDTW SDQW HDQU si IIDIH FFFF hu RRDHU FFFF qf QDPU IDWH

KEMIRA ps RYANAIR HLDGS DANISCO UNAXIS HLDG N MARKS & SPENCER CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e C C e ± ±

HDRW e„ QHDWS IHDVV FFFF gr ISQDIW IDQH p‚ IRTDPH HDPH qf TDIS RTDTQ

LAPORTE qf SAIRGROUP N DANONE VA TECHNOLOGIE MATALAN GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C e e ± TITDTV FFFF hu IIDTS IDIT q‚ IDQR FFFF xv IPDUS FFFF hi SHDUS HDIH LONZA GRP N gr SAS DANMARK A/S DELTA HOLDINGS VEDIOR NV METRO

22 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 FINANCES ET MARCHÉS

C ± ± QWRDVW IDUI TIDPS URTDSH RVWTDUP IDIS UQVDHH QVDVW PSSDIH HDRW QWDHV ALCATEL...... w THDPH EURAFRANCE...... w REMY COINTRE..... w

C C ± Compen- PWTDVP IDTW FFF HDTP RDHU IDSW HDTQ SPDWH QRU HDQV SPDUH RSDPS w w

ALCATEL O ...... EURO DISNEY...... RENAULT ...... Cours Cours % Var.

sation C International ± f IUIDWQ HDUQ PTDHP IDHS TDVW FFF IDHS VRDSH SSRDPV HDSW VSDHH

ALSTOM ...... w PTDPI EUROTUNNEL...... w REXEL...... w en euros en francs veille

 le™tion

ne se (1)

C C ± RHVDQQ PDHS TIDHH SIDVH QQWDUW HDIH SIDUS ISDVV IHRDIU HDUS ITDHH VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN..... w TPDPS FAURECIA ...... w RHODIA...... w

C ± ± SITDVW IDSH VHDHH QT PQTDIR IDPR QSDST TDSH RPDTR HDRT FFF FFF FFF FFF FFF ATOS CA ...... w UVDVH FIMALAC SA C...... w ROCHETTE (LA...... ADECCO ......

C C ± ± UHDUI IDWW FFF VIDTH SQSDPT QDUU FFF IHSDIH TVWDRI HDUU IHRDQH RWDUH QPTDHI HDWH FFF ARBEL...... IHDUV F.F.P. (NY) ...... ROYAL CANIN...... w AMERICAN EXP......

VALEURS FRANCE C C C SPPDVH PDIV UVDHH IPRDWH VIWDPW HDUQ FFF TP RHTDTW HDHV FFF FFF FFF FFF FFF w UWDUH

b AVENTIS ...... FINAXA...... ROUGIER #...... AMVESCAP EXP ......

C C ± WSIDUW IDII IRQDSH IHTDQH TWUDPV HDHW FFF FFF FFF FFF FFF QHDQR IWWDHP HDSP FFF Le titre Wanadoo, la filiale Internet de AXA ...... w IRSDIH FIVES-LILLE...... RUE IMPERIAL ...... ANGLOGOLD LT ....

C ± SSUDST FFF VSDHH PTDWH IUTDRS HDQU FFF FFF FFF FFF FFF PRDRV ITHDSV PDHR FFF

France Télécom, chutait, dans les premières AZEO(EXG.ET ...... w VS FONC.LYON.#...... SADE (NY) ...... A.T.T. # ......

C ± ± ± UWHDRQ HDRI IPIDHH VTDQH STTDHW HDUS VTDWS IQSDWH VWIDRS HDVH IQUDHH ITDSH IHVDPQ IDIT FFF w IPHDSH w w

cotations, jeudi 11 janvier, de 2,5 % à 7,8 BAIL INVESTI...... FRANCE TELEC...... SAGEM S.A...... BARRICK GOLD......

C C ± FFF FFF FFF RQR PVRTDVS IDIU FFF VHDSS SPVDQU HDWV FFF TPDHS RHUDHP HDHV FFF BAZAR HOT. V...... FFF FROMAGERIES...... SAGEM ADP ...... COLGATE PAL......

C C C

± PSPDSR HDIQ QVDRS PHT IQSIDPU HDWI PHUDWH ITSDTH IHVTDPT HDQT ITSDHH IHDUH UHDIW HDWR FFF euros après que le portail américain BIC...... w QVDSH GALERIES LAF...... w SAINT-GOBAIN...... w CROWN CORK O ....

± ± WSIDIR FFF FFF RI PTVDWR HDRW FFF TR RIWDVI HDUV FFF FFF FFF FFF FFF

Yahoo ! eu abaissé ses prévisions de résul- BIS ...... IRS GAUMONT #...... SALVEPAR (NY...... DE BEERS #......

± ± ± TPWDQW HDPT WTDPH IHI TTPDSP FFF IHIDHH SWDPS QVVDTS HDWP SWDVH IHDQH TUDST HDRV FFF BNPPARIBAS...... w WSDWS GECINA...... w SANOFI SYNTH...... w DIAGO PLC......

tats pour l’année 2001. C IQIIDWI FFF PHHDHH TVDSH RRWDQQ HDWT TUDVS URDWH RWIDQI FFF URDWH FFF FFF FFF FFF BOLLORE...... w PHH GEOPHYSIQUE ...... w SCHNEIDER EL ...... w DOW CHEMICAL....

C C C ± PTPDQV HDTH FFF PQDUP ISSDSW IDVH PQDQH SQDRH QSHDPV IDSP SPDTH RWDRH QPRDHR Q FFF b L’action Lafarge cédait 1 % à 98,75 BOLLORE INV...... RH GFI INFORMAT ..... w SCOR ...... w DU PONT NEMO....

C

± ± ± PTSDTT HDRW FFF ISDWQ IHRDRW PDPU ITDQH SQDQS QRWDWS PDRH SPDIH HDSI QDQS UDPU FFF

euros, après avoir manifesté son intérêt BONGRAIN ...... RHDSH GRANDVISION ...... w S.E.B...... w ECHO BAY MIN ......

C ± QQUDIT HDIW SIDQH IQIDRH VTIDWQ PDTU FFF RQDSH PVSDQR FFF RQDSH ISDVH IHQDTR FFF FFF BOUYGUES...... w SIDRH GROUPE ANDRE ... SEITA...... w ELECTROLUX......

± ± ± ± QPWDPW QDRT SPDHH VQDIH SRSDIH HDUV FFF ISDPH WWDUI IDTP FFF IQHDIH VSQDRH HDWW FFF pour les 10 % du capital de Cimpor-Cimen- BOUYGUES OFF..... w SHDPH GROUPE GASCO.... SELECTIBAIL(...... ELF GABON ......

C C ± ± QHDSH HDPP RDTR TS RPTDQU PDVS FFF QQDSH PIWDUS HDQH QQDTH IIDHS UPDRV QDRW IIDRS

tos de Portugal, que cède le gouvernement. BULL# ...... w RDTS GR.ZANNIER ( ...... SIDEL...... w ERICSSON #...... w

C C QUPDPT IDHU STDIS FFF FFF FFF FFF ITH IHRWDSQ FFF FFF PUDVH IVPDQT PDHT FFF w STDUS

b Le fabricant italien de produits de luxe BUSINESS OBJ...... GROUPE GTM ...... SILIC CA...... FORD MOTOR #.....

C C C FFF FFF FFF SVDSH QVQDUQ HDTH FFF UQDIS RUWDVQ HDPI UQDHH RUDSR QIIDVR PDIS FFF B T P (LA CI...... FFF GROUPE PARTO.... SIMCO...... w GENERAL ELEC ......

C ± ± SHHDVP QDPW FFF VQDIH SRSDIH HDIP VQDHH ITDWS IIIDIV FFF FFF STDHS QTUDTT IDSV FFF Gucci, filiale de PPR, a annoncé un chiffre BURELLE (LY) ...... UTDQS GUYENNE GASC.... w SKIS ROSSIGN...... GENERAL MOTO....

C

± ± ± PPDQH HDSV QDRP ISDQH IHHDQT HDQQ ISDPS TWDPS RSRDPS IDHU UHDHH QDRI PPDQU HDSV FFF

d’affaires record au mois de décembre. Ses CANAL + ...... w QDRH HAVAS ADVERT ..... w SOCIETE GENE ...... w GOLD FIELDS......

C ± ± ± IIRPDTV PDTV IUWDHH IPR VIQDQW HDHV IPQDWH IWRDUH IPUUDIS HDRI IWSDSH RDTU QHDTQ IDVW FFF w IURDPH w w

ventes globales ont progressé de plus de CAP GEMINI...... IMERYS ...... SODEXHO ALLI ...... HARMONY GOLD .. C C ± QPRDUH HDSQ RWDPR FFF FFF FFF FFF VTDRH STTDUS HDQS FFF WDPW THDWR PDPI FFF CARBONE-LORR .... w RWDSH IMMOBANQUE ..... SOGEPARC (FI...... HITACHI #......

± ±

RIHDTQ HDUW TQDIH FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF STDVH ISDTH IHPDQQ HDTR ISDUH 30 %, à 182 millions de dollars. Gucci a fait CARREFOUR...... w TPDTH IMMEUBLES DE .... SOMMER ALLIB ..... w HSBC HOLDING..... w

C C

± TWRDTT HDTU IHSDPH IUDWW IIVDHI SDSI IUDHS QH IWTDUW FFF QHDHH WW TRWDRH IDQW IHHDRH

cette annonce en raison des inquiétudes CASINO GUICH...... w IHSDWH INFOGRAMES E..... w SOPHIA...... w I.B.M...... w

C C RRPDUU HDUS FFF FFF FFF FFF FFF SUDTS QUVDIT IDIR SUDHH FFF FFF FFF FFF CASINO GUICH...... TUDSH IM.MARSEILLA ...... SOPRA # ...... w I.C.I......

C C C exprimées par les investisseurs sur les per- C IVHIDWI IDVP PTWDVH QHDRP IWWDSR IDRH QHDHH TTDHS RQQDPT IDIS TSDQH RWDWS QPUDTS IDRV FFF CASTORAMA DU.... w PURDUH INGENICO ...... w SPIR COMMUNI .... w ITO YOKADO #......

C C C ± IIUPDVS IDRW FFF UV SIIDTS IDSH UTDVS QRDPR PPRDTH RDHR QPDWI QWDSH PSWDIH HDRT FFF

formances du luxe en fin d’année. L’action CEA INDUSTRI ...... IUVDVH ISIS...... w SR TELEPERFO...... w I.T.T. INDUS......

C C C ± RQSDVV HDVP FFF PIDRH IRHDQU SDQU PHDQI VDWW SVDWU IDSV FFF VDIV SQDTT HDWW VDIH TTDRS w w

PPR était en baisse de 0,13 %, à 228,3 euros. CEGID (LY)...... KAUFMAN ET B ..... STUDIOCANAL ...... KINGFISHER P ...... C C ± PSTDRV PDVW FFF FFF FFF FFF IHHDIH PWWDRH IWTQDWR IDRW FFF PRDQS ISWDUQ PDUW FFF QWDIH w

b CFF.RECYCLIN ...... KLEPIERRE...... SUCR.PITHIVI...... MATSUSHITA ......

C C ± ± QRUDWW IDHS SPDSH WWDPH TSHDUI HDRS WWDTS IVSDSH IPITDVH HDTS IVRDQH QRDVI PPVDQR HDII FFF Le titre Kaufman & Broad affichait jeudi CGIP ...... w SQDHS LAFARGE...... w SUEZ LYON.DE ...... w MC DONALD’S ......

C C RTSDUQ FFF FFF TT RQPDWQ HDTI TSDTH FFF FFF FFF FFF VVDIS SUVDPQ HDII FFF

matin une hausse de 7,09 %, à 21,75 euros. CHARGEURS ...... UI LAGARDERE ...... w TAITTINGER ...... MERK AND CO ......

± ± ± SPRDUU IDPQ FFF SWDQH QVVDWV FFF SWDQH SVDQS QVPDUS IDUU SWDRH UDRI RVDTI HDSR FFF VH w w

L’un des premiers développeurs-construc- CHRISTIAN DA...... LAPEYRE ...... TF1...... MITSUBISHI C......

± ± ± PVUDTR IDPV RRDRP FFF FFF FFF FFF RUDRW QIIDSI HDHR RUDSI PPTVDSH IRVVHDQV HDWP PPVWDSH CHRISTIAN DI...... w RQDVS LEBON (CIE) ...... THALES (EX.T ...... w NESTLE SA # ...... w

C C

± FFF FFF FFF PIHDVH IQVPDUT IDHI PHVDUH IRSDPH WSPDRS PDSS IRWDHH RRDIP PVWDRI HDRT FFF teurs de logements en France a annoncé CIC -ACTIONS ...... FFF LEGRAND ...... w TECHNIP...... w NORSK HYDRO ......

± ± ± ±

QRUDTT IDRW SQDVH IIV UURDHQ HDUT FFF RVDUU QIWDWI IDHV RWDQH RS PWSDIV IDRP FFF

jeudi un bénéfice net en hausse de 65,8 %, à CIMENTS FRAN ..... w SQ LEGRAND ADP...... THOMSON MULT.. w PFIZER INC......

C C ± ± SSUDST HDHT VSDHS RS PWSDIV HDHP RSDHI ISPDSH IHHHDQQ IDWR IRWDTH RTDRU QHRDVP HDHW FFF CLARINS...... w VS LEGRIS INDUS...... w TOTAL FINA E ...... w PHILIP MORRI ......

C C 26,2 millions d’euros pour l’exercice C ± TRIDSQ IDPI WWDHH UDRW RWDIQ IDWH UDQS RIDRH PUIDSU RDHP QWDVH UUDSS SHVDTW HDIW FFF CLUB MEDITER ..... w WUDVH LIBERTY SURF ...... w TRANSICIEL #...... w PROCTER GAMB ....

C ± ± PRSDWV HDRS QUDTU IIR URUDUW HDVU FFF QTDIH PQTDVH HDPV QTDHH FFF FFF FFF FFF

1999-2000 (clos fin novembre), sur un chif- CNP ASSURANC..... w QUDSH LOCINDUS...... UBI SOFT ENT...... w RIO TINTO PL......

C C C

± TVPDPH HDQV IHRDRH VHDUH SPWDQT HDPS VHDSH IUQDIH IIQSDRT HDIP IUPDWH VPDVH SRQDIQ HDUQ FFF

fre d’affaires de 517,6 millions (en progres- COFACE ...... w IHR L’OREAL ...... w UNIBAIL ...... w SCHLUMBERGER...

C C C VUPDRP HDQV IQPDSH TVDRH RRVDTU HDPP FFF VIDSH SQRDTH HDTP VIDHH FFF FFF FFF FFF COFLEXIP ...... w IQQ LOUVRE #...... UNILOG...... w SEGA ENTERPR......

C C ± ± QVHDRT HDIU SVDIH TPDUH RIIDPW HDHV TPDUS IPDWU VSDHV HDHV IPDWT RDUW QIDRP IDPU RDUQ sion de 41,9 %%). La société table sur un COLAS...... w SV LVMH MOET HE.... w USINOR...... w SEMA GROUP # ...... w

C C C FFF FFF FFF VWDTH SVUDUR IDHI VVDUH SHDIS QPVDWT HDQV RWDWT VDQS SRDUU HDWU FFF

chiffre d’affaires et un résultat d’exploita- CONTIN.ENTRE ..... FFF MARINE WENDE ... w VALEO...... w SHELL TRANSP ......

± ± ± ± QRIDIH HDUT FFF IH TSDTH PDIS FFF SP QRIDIH QDUH SRDHH UWDTH SPPDIR HDQI UWDVS SP w w

tion en hausse « de l’ordre de 25% » pour CPR...... MAUREL ET PR...... VALLOUREC ...... SONY CORP. # ......

± ± VSDPU FFF FFF SDUU QUDVS IDQU FFF FFF FFF FFF FFF WSDIH TPQDVP QDWR FFF CRED.FON.FRA ...... IQ METALEUROP ...... VIA BANQUE ...... T.D.K. # ......

± ± ± PTHDTI HDTH QWDWU RHDRW PTSDTH I RHDWH SVDWH QVTDQT FFF FFF TDUH RQDWS HDQH FFF l’exercice 2000/2001. CREDIT LYONN ..... w QWDUQ MICHELIN ...... w VICAT...... TOSHIBA #......

C C C ISUDRQ FFF FFF PQ ISHDVU PDPU FFF TPDSH RHWDWU HDVI TPDHH UTDRH SHIDIS QDQV FFF CS COM.ET SY...... PR MONTUPET SA...... VINCI...... w UNITED TECHO .....

C ± ± ± SIVDPI HDWR FFF RDQV PVDUQ HDRS FFF RPDUH PVHDHW PDPW RQDUH HDTR RDPH QDPQ FFF DAMART...... UW MOULINEX ...... VIVENDI ENVI ...... w ZAMBIA COPPE......

C ± ± WTIDTQ HDHU IRTDSH WR TITDTH IDRU WSDRH TVDVS RSIDTQ HDTS TWDQH DANONE ...... w IRTDTH NATEXIS BQ P...... w VIVENDI UNIV...... w

C

± ± IQUUDSI IDRS FFF PRDSH ITHDUI HDVP PRDQH UDVW SIDUT IDQV VDHH

´ DASSAULT-AVI ...... PIH NEOPOST ...... w WANADOO...... w ABRE´VIATIONS

PREMIER MARCHE C ± ± RSSDVW HDUP TWDHH IUDWS IIUDUR HDVQ FFF IVDTH IPPDHI IDSR FFF

DASSAULT SYS ...... w TWDSH NORBERT DENT ... WORMS (EX.SO ......

B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = .

C ± ± RHTDTW IDSW TQDHH PTDTH IURDRV IDQQ FFF PVQDIH IVSUDHI HDTU PVSDHH ______w TP w DE DIETRICH ...... NORD-EST...... ZODIAC ......

C SRUDHU FFF FFF PWDPH IWIDSR IDUR PVDUH FFF FFF FFF FFF DEVEAUX(LY)#...... VQDRH NRJ GROUP ...... w ...... SYMBOLES

ti hs II tex†si‚ C FFF FFF FFF IUDPH IIPDVP IDIV IUDHH FFF FFF FFF FFF

Cours a` 9h57 DEV.R.N-P.CA...... FFF OBERTHUR CAR.... w ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ;

±

WSDUU PDTU FFF UDHS RTDPR FFF FFF FFF FFF FFF FFF

DMC (DOLLFUS..... IRDTH OLIPAR...... a coupon de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; hernier jour de ne go™i—tion des yƒ‚h X PS j—nvier

C IWSDSR HDHQ FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF

DYNACTION...... PWDVI OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ;

C C

RRPDUU HDRS TUDPH RUDUV QIQDRP HDHT RUDUS FFF FFF FFF FFF w TUDSH w

EIFFAGE...... PECHINEY ACT...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service

C Compen- C WQDRU IDUW IRDHH RW QPIDRP IDTT FFF FFF FFF FFF FFF w IRDPS

Cours Cours % Var. ELIOR...... PECHINEY B P ......

sation de re`glement diffe´re´. France f C FFF FFF FFF TPDVH RIIDWR IDWS TIDTH FFF FFF FFF FFF

en euros en francs veille ELEC.MADAGAS..... FFF PENAUILLE PO ...... w ......

(1)

C ± ` ´ IWQDSI IDSH FFF UPDTH RUTDPP HDPV UQDPH FFF FFF FFF FFF ENTENIAL(EX ...... PWDSH PERNOD-RICAR .... aw ...... DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :

C

± ± PWWDUU HDRT RSDRW RS PWSDIV PDWI RTDQS PSVDSH ITWSDTS IDTU PTPDWH FFF FFF FFF FFF ACCOR ...... w RSDUH ERAMET ...... w PEUGEOT...... w ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi :

C ± ±

RSIDTQ IDHI TWDSS WV TRPDVR HDWI WVDWH PPWDUH ISHTDUQ HDRV PPVDTH FFF FFF FFF FFF AGF ...... w TVDVS ERIDANIA BEG...... w PINAULT-PRIN...... w ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement

C C PTIDUQ QDIH FFF QPT PIQVDRP HDPV QPSDIH IHW UIRDWW FFF IHWDHH FFF FFF FFF FFF

AFFINE(EXIMM...... QWDWH ESSILOR INTL ...... w PLASTIC OMN...... w ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ;

C C ± IRVDUU HDHW PPDTT TTDVS RQVDSI IDPW FFF UIDSH RTWDHI HDTQ FFF FFF FFF FFF FFF

AIR FRANCE G ...... w PPDTV ESSO ...... PSB INDUSTRI...... Vendredi date´ samedi : nominal.

± ± ± IHIUDQW IDVR ISVDHH SSDWH QTTDTV HDIV STDHH QTDHQ PQTDQR HDIW QTDIH FFF FFF FFF FFF AIR LIQUIDE ...... w ISSDIH EULER...... w PUBLICIS GR...... w ......

C ± ± IPVDPR PDVW RDSH PWDSP QDPQ SQ QRUDTT PDUS IIU UTUDRU FFF COALA # ...... IWDSS HI MEDIA...... PROSODIE #...... GENERALE LOC ....

C C IUUDII SDVR SVDPH QVIDUU SDVP PH IQIDIW FFF SR QSRDPP FFF COHERIS ATIX ...... PU HOLOGRAM IND .. PROSODIE BS ...... d GEODIS......

± ± NOUVEAU ± IRUDSW FFF IPDUS VQDTQ IDWP VDQU SRDWH SDWT PVDVW IVWDSI HDIH COIL...... PPDSH HUBWOO.COM ..... PROLOGUE SOF ... SECOND GFI INDUSTRI......

C C

PVDVT FFF PPDTH IRVDPS PDTQ IDRH WDIV RDRV US RWIDWU FFF

CION ET SYS...... RDRH IB GROUP.COM .... PROXIDIS...... ______GO SPORT ...... d

C C ±

PHQDRV RDVH R PTDPR VDVV QIDPQ PHRDVT WDUU TSWWDSH RQPVWDVV FFF

´ CONSODATA # ..... QIDHP IDP ...... QUALIFLOW ...... GRAND MARNIE... d C ±

QTDVT SDQW IDHU UDHP FFF RDTH QHDIU PDPP RU QHVDQH FFF

MARCHE CONSORS FRAN... SDTP IDP BON 98 (...... d QUANTEL ...... MARCHE´ GROUPE BOURB... d

C C ± VTDHT FFF IUDIH IIPDIU HDPW PDVW IVDWT HDQR ISH WVQDWR SDTQ CROSS SYSTEM .... IQDIP IGE +XAO ...... QUANTUM APPL .. GROUPE CRIT ......

C C ± VPDTS IDST PTDWH IUTDRS UDTH IHDWI UIDST HDHW IQV WHSDPP FFF

CRYO # ...... IPDTH ILOG #...... R2I SANTE...... GROUPE J.C.D ......

wi‚g‚ihs IH tex†si‚

C ± ± ± SUDSW QDPW IDUS IIDRV IIDIU PRDTH ITIDQU TDVP IQV WHSDPP IDPW CRYONETWORKS. VDUV IMECOM GROUP.. RECIF # ...... HERMES INTL...... w ti hs II tex†si‚

C C

± ±

VDUW PHDUP IDSP WDWU RDVQ RQDSS PVSDTU HDVH QSDIH PQHDPR IDIS

CYBERDECK #...... IDQR INFOSOURCES...... REPONSE #...... HYPARLO #(LY......

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 18 h 12

ne se le™tionF

C C ± ´ ` IWHDPQ QDSU QDSH PPDWT PDSI VDPH SQDUW IDPQ QVDWH PSSDIU FFF CYBER PRES.P ...... PW INFOSOURCE B..... REGINA RUBEN.... Cours relevesa9h57 I.C.C.#...... d

C C ± PTDHR TDUP QRDUS PPUDWS HDIR IUDVH IITDUT HDPV VDIP SQDPT FFF CYBERSEARCH ..... QDWU INFOTEL # ...... RIBER #...... IMS(INT.META ......

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C C ± ± IIDVI SDPT PS ITQDWW PDVV III UPVDII IDPS VHDVS SQHDQR HDHT

CYRANO # ...... IDVH INFO VISTA...... RIGIFLEX INT...... INTER PARFUM ....

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C C ± ± IHIDTU IDWU SDIU QQDWI IDQU IHDRH TVDPP HDWS SVDPS QVPDHW RDSI DALET #...... ISDSH INTEGRA NET ...... w RISC TECHNOL..... JET MULTIMED.....

C C ± ± UIDSH HDWI UDWW SPDRI HDIQ FFF FFF FFF ITDWR IIIDIP PDTU QVDRH PSIDVW QDUV IPP VHHDPU FFF ABEL GUILLEM..... IHDWH DATATRONIC ...... INTEGRA ACT...... SAVEURS DE F ...... AB GROUPE ...... L.D.C......

C ± ± ± QUDPT QDPU PDRU ITDPH FFF PDRT ITDIR FFF IVDQH IPHDHR QDTV UDPR RUDRW HDIR PVDTH IVUDTH PDTW AB SOFT ...... SDTV DESK #...... INTERCALL #...... d GUILLEMOT BS .... ACTIELEC REG...... LAURENT-PERR ....

C C C ± ± ± UVDSV HDHV RTDPH QHQDHS HDRQ WRDSH TIWDVV SDTW TDQQ RIDSP QDWS IHIDTH TTTDRS HDQW IIDRS USDII HDPT ACCESS COMME... IIDWV DEVOTEAM #...... w IPSOS # ...... SELF TRADE...... ALGECO #...... LECTRA SYST......

C ± ± ± ISRDVI HDVR IIDTH UTDHW QDQW UDRH RVDSR IDQQ SP QRIDIH IDHS SP QRIDIH FFF IPDPS VHDQS FFF ADL PARTNER ...... PQDTH DMS #...... IPSOS BS00 ...... SILICOMP #...... ALTEDIA...... LOUIS DREYFU .....

C C C C C ± RVDTU IDUV UDQH RUDVV QDSS UDWW SPDRI QDUU PTDIH IUIDPH IDIR IQSDVH VWHDUW HDPP UIDIH RTTDQW HDIR ALGORIEL #...... UDRP D INTERACTIV...... IT LINK...... SITICOM GROU .... ALTEN (SVN)...... w LVL MEDICAL......

C ± ± ± ± IUDHS QDUH UDPH RUDPQ FFF PDRP ISDVU TDWP IH TSDTH HDUW IVWDIH IPRHDRI HDPI RHDTW PTTDWI IDUQ ALPHAMEDIA...... PDTH D INTERATIVE...... d IXO...... SODITECH ING..... APRIL S.A.#( ...... M6-METR.TV A...... w

C C C ± ± ± SRDUU IDVQ QWDIH PSTDRV HDPT IDPT VDPU SDVV IQDHT VSDTU SDQT IRTDQH WSWDTU IDIS WU TQTDPV IDHP ALPHA MOS # ...... VDQS DIOSOS ...... JOLIEZ-REGOL...... SOFT COMPUTI.... ARKOPHARMA # .. MANITOU #......

C C C ± ± VUVDWV HDUR HDVV SDUU IDIS IRDIS WPDVP I PIDQH IQWDUP QDIV RUDIH QHVDWT HDPI RI PTVDWR FFF ALTAMIR & CI...... IQR DURAND ALLIZ.... KALISTO ENTE ...... SOI TEC SILI...... w ASSYSTEM #...... MANUTAN INTE...

C C ± ± ± PWDSP PDIU PQDVW ISTDUI SDPR QDQV PPDIU HDSW ITDPS IHTDSW FFF IS WVDQW IDQS IQRDPH VVHDPW IDQP ALDETA...... RDSH DURAN DUBOI..... KEYRUS PROGI ..... SOI TEC BS 0...... AUBAY ...... MARIONNAUD P ..

± ± ± ± TUDST IDQR IDWS IPDUW FFF HDWQ TDIH ITDPP SDTU QUDIW SDHQ IPW VRTDIV IDQV IIU UTUDRU FFF ALTI #...... IHDQH DURAN BS 00 ...... d KAZIBAO ...... SQLI ...... BENETEAU CA# .... PARCDESEXPOS.... d

C C C ± ± VIDHI FFF WDTH TPDWU PDHR VDHS SPDVH UDQQ U RSDWP SDPT UIDRH RTVDQS HDVQ PQDVH ISTDIP QDHQ ALTI ACT.NOU...... d IPDQS EFFIK # ...... LACIE GROUP...... STACI # ...... BOIRON (LY)#...... PCAS #......

C ± ± ± IQRUDWW HDUP SUH QUQVDWS QDQW PH IQIDIW FFF HDSP QDRI FFF PVDTH IVUDTH IDQV RH PTPDQV HDPS A NOVO # ...... PHSDSH EGIDE #...... LEXIBOOK #...... STELAX...... d BONDUELLE...... PETIT FOREST......

± ± ± UQDIR PDTP VDUH SUDHU QDQQ PWDVH IWSDRV HDTU IUDUH IITDIH FFF WSDIS TPRDIR FFF TS RPTDQU FFF ARTPRICE COM .... IIDIS EMME(JCE 1/1...... LINEDATA SER...... SYNELEC #...... BQUE TARNEAU... d PIERRE VACAN......

C C C ± UDWR PDSR SIDSH QQUDVP FFF UDRH RVDSR PDUV PQDII ISIDSW UDRW SI QQRDSR IDIW PS ITQDWW FFF ASTRA ...... IDPI ESI GROUP...... MEDCOST #...... SYSTAR # ...... BRICORAMA # ...... PINGUELY HAU.....

C C C ± ± PTDSU UDUR UDQU RVDQR IDTT WS TPQDIT HDVS RDPV PVDHU IDVQ III UPVDII IDPV VH SPRDUU FFF AUFEMININ.CO.... RDHS ESKER...... MEDIDEP #...... SYSTRAN ...... BRIOCHE PASQ .... POCHET...... d

C C C ± ± VSDPI HDVR QS PPWDSV PDUT VWDSH SVUDHV RDQI IQ VSDPU HDUV IIDVH UUDRH IDPT ITSDRH IHVRDWS FFF AUTOMA TECH..... IPDWW EUROFINS SCI...... METROLOGIC G ... TEL.RES.SERV...... BUFFALO GRIL..... RADIALL #......

C C ± QQDRS FFF II UPDIT QDUU VDSH SSDUT FFF TDSH RPDTR HDUT WIDPH SWVDPQ FFF THDWS QWWDVI HDVQ AVENIR TELEC ...... w SDIH EURO.CARGO S .... MICROPOLE ...... TELECOM CITY..... C.A. OISE CC ...... d RALLYE (LY)...... w

C ± ± ± ± IRDRQ PDPP SDWW QWDPW HDIU SDSP QTDPI RDIU IDWV IPDWW FFF PPT IRVPDRT IDIR QPQDIH PIIWDRH IDHT AVENIR TELEC ...... PDPH FIMATEX # ...... w MONDIAL PECH ... TETE DS LES ...... d C.A. PARIS I...... RODRIGUEZ GR....

C ± ± ± VHDHQ RDWH IIDSH USDRR IDPW V SPDRV SDRR PPDTH IRVDPS IDUR IQVDUH WHWDVI FFF QUDHS PRQDHQ FFF BAC MAJESTIC...... IPDPH FI SYSTEM # ...... w MULTIMANIA #..... THERMATECH I.... C.A.PAS CAL ...... SABATE SA #......

C C ± ± ± IHRDWS QDPQ IDWH IPDRT S IIDVH UUDRH FFF IIDSS USDUT QDWW RTDRS QHRDTW HDWV WUDRH TQVDWH HDIH BARBARA BUI ...... IT FI SYSTEM BS...... NATUREX...... TITUS INTERA ...... CDA-CIE DES ...... SECHE ENVIRO .....

C C ± ± ± WIDVQ IQDSV VDWS SVDUI HDST PPDSH IRUDSW IDUH QDRH PPDQH IDRW RU QHVDQH QDRI PPDSH IRUDSW FFF BCI NAVIGATI...... IR FLOREANE MED .. NET2S # ...... TITUS INTER...... CEGEDIM # ...... SINOP.ASSET...... d

C C C C ± WVDQW PDVI TDPH RHDTU HDVI IRDWR WV HDTI SI QQRDSR HDTV IIHDSH UPRDVQ FFF PWDPH IWIDSR HDQR BELVEDERE...... IS GAMELOFT COM . NETGEM...... w TRACING SERV ..... CIE FIN.ST-H ...... d SIPAREX CROI ......

C C ± ± ± PIDQV UDQW QPDTH PIQDVR IDPI QDTT PRDHI IDWS PU IUUDII IDVP SVDSH QVQDUQ IDUR PUH IUUIDHV FFF BOURSE DIREC..... QDPT GAUDRIOT #...... NETVALUE # ...... TRANSGENE # ...... CNIM CA# ...... SOLERI ...... d

C C ± QIVDVH IDUP PHDRH IQQDVP PDSI QDUV PRDVH FFF IQDWU WIDTR PDUP SSDHS QTIDIH FFF VP SQUDVV FFF BRIME TECHNO... RVDTH GENERIX # ...... NEURONES #...... UBIQUS...... COFITEM-COFI..... d SOLVING #...... d

C C C C C ± IQDHS PDHS SH QPUDWV HDHP VQ SRRDRR IDPP UDTV SHDQV HDIQ TDSS RPDWU PDQR RPDQH PUUDRU QDVT BRIME TECHN...... IDWW GENESYS #...... NICOX # ...... UMANIS #...... w DANE-ELEC ME.... STEF-TFE # ......

C ± ± ± ± ± RIDWV QDHQ IPDRS VIDTU QDUI QRDSH PPTDQI RDIU HDII HDUP VDQQ SRDWH QTHDIP HDUQ IHSDSH TWPDHQ HDIW BUSINESS INT ...... TDRH GENESYS BS00...... OLITEC...... UNION TECHNO .. ENTRELEC CB...... STERIA GROUP .....

C C C ± PPHDWQ IHDRH QU PRPDUH IDUQ RDSH PWDSP FFF V SPDRV HDVV W SWDHR IDIP RRDPH PVWDWQ FFF BVRP ACT.DIV...... QQDTV GENSET...... w OPTIMA DIREC ..... VALTECH ...... w ETAM DEVELOP ... SYLEA ...... d

C C C ± RHTDHR FFF QU PRPDUH HDIT QDTW PRDPH SDIQ RDUR QIDHW SDHI WS TPQDIT FFF QPDRS PIPDVT HDHQ BVRP ACT.NV...... d TIDWH GL TRADE # ...... OPTIMS #...... V CON TELEC...... EUROPEENNE C... SYLIS # ......

C ± ± ± PPDQH FFF QWDRS PSVDUV IDQV HDUR RDVS IDQQ TDQH RIDQQ HDIT RPDSH PUVDUV IDIT SU QUQDWH FFF CAC SYSTEMES..... d QDRH GUILLEMOT #...... OXIS INTL RG...... VISIODENT #...... EXPAND S.A ...... SYNERGIE (EX ...... d

C C C ± ± ISHDVU PDTV HDPQ IDSI IIDSR RUDVT QIQDWR PDQQ SI QQRDSR IDWH IQDSP VVDTW FFF IWDWS IQHDVT PDSU CALL CENTER ...... PQ GUYANOR ACTI.... PERFECT TECH ..... WAVECOM #...... w FINACOR...... d TEAM PARTNER....

C C ± ± ISRDIS PDRH TV RRTDHS HDTT TDQW RIDWP IHDIQ SDVH QVDHS FFF IIQ URIDPQ FFF QSDIH PQHDPR HDPW CAST ...... PQDSH HF COMPANY...... PERF.TECHNO...... WESTERN TELE .... FINATIS(EX.L...... d TRIGANO ...... w

C C ± SIUDVV IDVH UWDPS SIWDVS PDUP IVDWH IPQDWV FFF FFF FFF FFF QWDQP PSUDWP FFF IUUDTH IITRDWV IDQI CEREP...... UVDWS HIGH CO.# ...... PHARMAGEST I ...... FININFO...... UNION FIN.FR ......

C C ± ± TDST RDUT IPSDIH VPHDTH HDHV SDWS QWDHQ FFF FFF FFF FFF PTDIH IUIDPH RDRH USDWH RWUDVU HDPT CHEMUNEX # ...... I HIGHWAVE OPT... w PHONE SYS.NE ..... d ...... FLEURY MICHO.... VILMOR.CLAUS .....

C ± ± ± IHPDWW IDSU IQDIS VTDPT PDWS PVDQV IVTDIT HDPV FFF FFF FFF TP RHTDTW IDPH VP SQUDVV FFF CMT MEDICAL...... ISDUH HIMALAYA...... PICOGIGA...... FOCAL (GROUP.... VIRBAC......

´ ´ ´ IVHIDHT IHGHI RWUDWV QPTTDSQ HVGHI IWQDST IPTWDTU IHGHI

ECUR. TRIMESTRIEL D...... PURDSU EUROCIC LEADERS...... Fonds communs de placements SELECT DEFENSIF C......

IVTDIH IHGHI PUQDWU IUWUDIQ IHGHI ´ PVDQU ´ WQTVDUU HVGHI

EPARCOURT-SICAV D...... MENSUELCIC...... IRPVDPT SELECT DYNAMIQUE C ......

RVPITDUI HWGHI

STRATE´GIE CAC ...... UQSHDSW

IRSUTDTI IHGHI ´ PPPPDIW ´ ´ IUWDIW IIUSDRI IHGHI ISQDRQ HVGHI

SICAV et FCP GEOPTIM C ...... RENTACIC...... PQDQW ´ SELECT EQUILIBRE 2...... TTHVPDRP HWGHI

STRATEGIE INDICE USA...... IHHURDPH

IIVHDUP IHGHI ´ IVH QTSQDTI HWGHI

Fonds communs de placements UNION AME´RIQUE ...... SSTDWW SELECT PEA DYNAMIQUE ....

´ ITRRDRV IHGHI

www.lapostefinance.fr SELECT PEA 1...... PSHDUH

PSPDSR IHGHI

E´CUREUIL E´QUILIBRE C...... QVDSH

QRTWDRW IHGHI Sicav Info Poste : SPVDWP

 le™tionF

ne se ˆ www.clamdirect.com SG FRANCE OPPORT. C...... PPHDUQ IHGHI Cours de cloture le 10 janvier ´ QQDTS

ECUREUIL PRUDENCE C ...... 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn)

QPRVDTQ IHGHI

SG FRANCE OPPORT. D ...... RWSDPS

PWUDTI IHGHI

E´CUREUIL VITALITE´ C ...... RSDQU

SVSDPP QVQVDUW IHGHI

IRRUDWT IHGHI

EURCO SOLIDARITE´ ...... PPHDUR SOGENFRANCE C...... TUWDSI IHGHI

Valeurs unitaires e Date ADDILYS C ...... IHQDSW

QRSWDQW IHGHI ´ SPUDQV

TPSHDWR IHGHI Emetteurs f LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WSPDWS SOGENFRANCE D...... IWQDPR IHGHI

AMPLITUDE AME´RIQUE C ... PWDRT

Euros francsee cours ´ UHWDTI IHGHI

CREDIT AGRICOLE IHVDIV SRSUDIU IHGHI VQIDWR SOGEOBLIG C...... IVWDSI IHGHI

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... AMPLITUDE AME´RIQUE D... PVDVW

´ RRDRW PWIDVR IHGHI

IPWTDIU IHGHI

AGIPI 08 36 68 56 55 (2,21 F/mn) IWUDTH SOGEPARGNE D...... PTQDQH IHGHI

SICAV 5000 ...... AMPLITUDE EUROPE C...... RHDIR

PVIDRH IVRSDVT IHGHI

PPRIDTH IHGHI

QRIDUQ SOGEPEA EUROPE......

PSSDST IHGHI SLIVAFRANCE ...... QVDWT

QQSQDIP IHGHI

ATOUT CROISSANCE...... SIIDIV AMPLITUDE EUROPE D ......

IVVDHT IHGHI

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PVDTU

URDIQ RVTDPT IHGHI

PTIDUW IHGHI QWDWI SOGINTER C......

IUSUDRR IHGHI

SLIVARENTE ...... PTUDWP PPQQDWW IHGHI

ATOUT FONCIER...... QRHDSU AMPLITUDE MONDE C...... IWVDTW IHGHI

AGIPI ACTIONS (AXA)...... QHDPW

IUQDTU IIQWDPH IHGHI

ISWHDTQ IHGHI SLIVINTER ...... PRPDRW SWWDHP IHGHI ATOUT FRANCE ASIE D...... WIDQP AMPLITUDE MONDE D ...... Fonds communs de placements

URQDUI RVUVDRP IHGHI IWDUT IPWDTP IHGHI

IRSPDHQ IHGHI PPIDQT TRILION...... IPVDSU HWGHI 3615 BNP ATOUT FRANCE EUROPE ..... AMPLITUDE PACIFIQUE C ... DE´CLIC ACTIONS EURO...... IWDTH

IWDIU IPSDUS IHGHI QSVDVU IHGHI SRDUI ´ RPIDUI HWGHI

08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT FRANCE MONDE...... Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE D... DECLIC ACTIONS FRANC ..... TRDPW

QQTDWH IHGHI ´ SIDQT

ISTQDPI IHGHI

PQVDQI ELANCIEL FRANCE D PEA.... PURDQW IHGHI

ATOUT FUTUR C ...... DE´CLIC ACTIONS INTER...... RIDVQ

IQSSDIR IHGHI

´ PHTDSW ISVIUDPW IHGHI

BNP MONE COURT TERME . PRIIDQQ ACTILION DYNAMIQUE C * . ´ IPSDWS VPTDIV IHGHI

IRITDSR IHGHI PISDWS ELANCIEL EURO D PEA...... QWSDPV HWGHI

ATOUT FUTUR D...... DE´CLIC BOURSE PEA ...... THDPT

IWWDHU IQHSDVI IHGHI

VTWPRDTU IHGHI

BNP MONE´ PLACEMENT C.. IQPSIDSV ACTILION DYNAMIQUE D *.

PSSDUT IHGHI ´ QVDWW

VQPDTI IHGHI

´ IPTDWQ EMERGENCE E.POST.D PEA. IIUDIS HWGHI

ATOUT SELECTION ...... DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE IUDVT

VQDUW SRWDTQ IHGHI UUWIHDPR IHGHI

BNP MONE´ PLACEMENT D.. IIVUUDQR ACTILION PEA DYNAMIQUE

UTIDPR IHGHI ´ IITDHS

PPHPDQI IHGHI QQSDUR GEOBILYS C ......

IHWDWR HWGHI

COEXIS ...... DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... ITDUT

IPQPDTU IHGHI ´ IVUDWP WVUUIRDRH IHGHI

BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... ISHSUTDHW ACTILION EQUILIBRE C * ....

UHHDPQ IHGHI ´ IHTDUS

QHTUDWV IHGHI ` RTUDUI GEOBILYS D......

IWVDIH HWGHI

DIEZE ...... ´ DE´CLIC PEA EUROPE ...... QHDPH IUWDTR IIUVDQT IHGHI IHWSDWI IHGHI

BNP OBLIG. CT ...... ITUDHU ACTILION EQUILIBRE D *....

IQIDHT IHGHI

INTENSYS C...... IWDWV TPSDWS RIHSDWT IHGHI SHPDIR HWGHI

EURODYN...... DE´CLIC SOGENFR. TEMPO .. UTDSS

IUQDVV IIRHDSV IHGHI PPUDPW IHGHI

BNP OBLIG. LT...... QRDTS ACTILION PRUDENCE C *....

IIQDVI IHGHI

INTENSYS D...... IUDQS IRHDIV WIWDSP HWGHI RPSSDUV HWGHI

INDICIA EUROLAND...... SOGINDEX FRANCE C ...... TRVDUW

IRVDIP WUIDTH IHGHI IHVVDPQ IHGHI

BNP OBLIG. MT C...... ACTILION PRUDENCE D * ... ITSDWH

ISWVDIU IHGHI

KALEIS DYNAMISME C...... PRQDTR RUQDHV QIHQDPH HWGHI

FFFF FFFF

INDICIA FRANCE...... FFFF

IQVDSS WHVDVQ IHGHI

IRUHDSW IHGHI

BNP OBLIG. MT D...... INTERLION...... PPRDIW

ISSRDQT IHGHI

KALEIS DYNAMISME D ...... PQTDWT

QHWDPP IHGHI ´ RUDIR

FFFF FFFF

INDOCAM AMERIQUE...... FFFF

IUVDWP IIUQDTR IHGHI

UPTDQR IHGHI

BNP OBLIG. SPREADS...... LION ACTION EURO...... IIHDUQ

SWVDRQ IHGHI

KALEIS DYNAMISME FR C ... WIDPQ PIDIU IQVDVU IHGHI

FFFF FFFF

´ INDOCAM ASIE ...... FFFF IVWWDUU IPRTIDTU IHGHI

UPUDVS IHGHI

BNP OBLIG. TRESOR...... LION PEA EURO...... IIHDWT

IQUP IHGHI

KALEIS E´QUILIBRE C...... PHWDIT IUQDUV IIQWDWP IHGHI FFFF FFFF

INDOCAM MULTI OBLIG...... FFFF

IQPWDIH IHGHI

Fonds communs de placements KALEIS E´QUILIBRE D ...... PHPDTP QTDUP PRHDVU IHGHI FFFF FFFF

INDOCAM ORIENT C...... FFFF

´ IITHRDHI IHGHI IUTWDHP ´ ´ ´ IPSPDVV IHGHI

BNP MONE ASSOCIATIONS . KALEIS SERENITE C ...... IWI

QPDUI PIRDST IHGHI FFFF FFFF

INDOCAM ORIENT D ...... FFFF

IPIIDHW IHGHI

KALEIS SE´RE´NITE´ D...... IVRDTQ

ITQDQT IHUIDSU IHGHI FFFF FFFF

INDOCAM JAPON...... FFFF

IUQDVW IHGHI

CM EURO PEA ...... PTDSI

STHDIW IHGHI

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT KALEIS TONUS C...... VSDRH

QQUDQP PPIPDTU HWGHI

FFFF FFFF

INDOCAM STR. 5-7 C ...... FFFF

RTDTR IHGHI

CM EUROPE TECHNOL...... UDII

UISDSP IHGHI

OBLITYS D ...... IHWDHV

IRSSDQI HWGHI

(2,23 F/mn) PPIDVT FFFF FFFF

www.bpam.fr 08 36 68 22 00 INDOCAM STR. 5-7 D...... FFFF

PVIDQR IHGHI

CM FRANCE ACTIONS...... RPDVW ´ QPQDSP IHGHI

PLENITUDE D PEA...... RWDQP

WUDPR TQUDVS IHGHI

FFFF FFFF FFFF

PIHVDVR HWGHI

BP OBLI CONVERTIBLES...... QPIDRW OBLIFUTUR C......

PRQDTW IHGHI

CM MID. ACT. FRANCE...... QUDIS

ITSVTDTT IHGHI

POSTE GESTION C...... PSPVDTP

VQDTW SRVDWU IHGHI

FFFF FFFF FFFF

TWUDTI HWGHI

BP OBLI HAUT REND...... IHTDQS OBLIFUTUR D ......

PQRHDQP IHGHI

CM MONDE ACTIONS ...... QSTDUV

ISIWWDWU IHGHI

POSTE GESTION D...... PQIUDPP

IUQDIU IIQSDWP IHGHI

FFFF FFFF FFFF

SVSDUH HWGHI

BP MEDITERRANE´EDE´V...... VWDPW REVENU-VERT ......

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QQTDTR IHGHI QSDVQ PQSDHQ HVGHI PRVDPH ITPVDHW HWGHI WIDPS SWVDST IHGHI E´CUR. TECHNOLOGIES...... SIDQP CIC PIERRE...... STRATE´GIE IND. EUROPE.... INTERSE´LECTION FR. D ...... LeMonde Job: WMQ1201--0023-0 WAS LMQ1201-23 Op.: XX Rev.: 10-01-01 T.: 18:30 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0175 Lcp: 700 CMYK

23 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001

SCIENCES Bien qu’aucune déci- l’existence d’un réchauffement pla- mat dans les années à venir ? zones climatiques et de leurs core ignorés. L’un d’entre eux, la cir- sion n’ait été prise à la récente confé- nétaire. b CETTE AUGMENTATION, b NOMBRE DE MODÈLES confirment cultures. b MAIS LES CLIMATO- culation des grands courants océa- rence de La Haye pour réduire les encore faible mais tout à fait réelle cette opinion et prédisent une LOGUES invitent à la prudence, tant niques, qui joue un rôle majeur dans émissions de gaz à effets de serre, de la température, va-t-elle induire hausse des températures, une mon- les paramètres à prendre en compte la mécanique atmosphérique, les experts s’accordent à reconnaître des changements importants du cli- tée des eaux et une modification des sont multiples, mal connus, voire en- commence à être décrypté. Les courants océaniques, grands maîtres des changements climatiques Des fleuves géants d’eau froide ou chaude sillonnent les mers du globe et transportent des quantités de chaleur telles qu’ils influent sur le temps qu’il fera. Que cette machine thermique s’arrête, et la planète pourrait connaître une nouvelle ère glaciaire POUR décrire l’océan, on évoque monte en surface. Les zones de fonds marins, l’eau retourne alors les vagues qui parcourent sa sur- l’océan où prédomine une eau Une formidable machine thermique en surface, et boucle ainsi la face, les marées qui vont et froide et salée sont appelées boucle. viennent le long de ses rivages. « puits » ; celles où dominent une Avant ce travail, les océano- Mais ses mouvements réels sont eau chaude et peu salée upwellings. A graphes avaient toujours cru que moins visibles. De grands courants, Les puits les plus importants se l’énergie que la Lune appliquait à la larges comme des fleuves géants, situent dans l’Atlantique nord : ce mer – quelque trois térawatts, soit parcourent l’océan, mus par les dif- sont les mers du Labrador et du l’équivalent de 30 000 millions férences de température et de Groenland. Dans ces régions, l’air d’ampoules électriques – se dissi- concentration saline. Le plus cé- polaire glacé refroidit la surface des pait dans les eaux peu profondes lèbre d’entre eux, le Gulf Stream, eaux au-delà du point de congéla- B en bordure des côtes par l’action déplace environ trente millions de tion, accentuant ainsi leur densité. des marées. La réalité est en fait tonnes d’eau par seconde, contre La glace de mer s’accroît, ce qui beaucoup plus complexe, car un un seul million pour l’ensemble des augmente d’autant la salinité de ensemble de courants interdépen- fleuves de la Terre. Ces courants gi- l’eau qui n’a pas gelé. Sa densité dants plus petits rejoint la circula- augmentant de ce fait, cette eau B tion principale. Des chercheurs ont plonge alors dans les profondeurs d’ailleurs réussi à reproduire un de ce qu’on appelle avec emphase système de circulation extrême- l’« océan abyssal ». Tandis que B ment élaboré, qui permet de réali- cette eau polaire s’enfonce, une ser des modèles informatiques de eau venue du sud prend sa place, plus en plus fiables du système A créant dans l’Atlantique un courant A océano-atmosphérique. Mais c’est le qui se déplace du sud vers le nord. la variabilité des courants océa- Ce flux, actionné par les vents tro- A PLONGÉE DES EAUX EN PROFONDEURS (PUITS) B REMONTÉE DES EAUX EN SURFACE (UPWELLING) niques dans le temps qui produit picaux des Caraïbes, s’appelle le CIRCUIT DES COURANTS CHAUDS CIRCUIT DES COURANTS FROIDS les effets les plus importants pour Gulf Stream. Il ajoute à peu près Source: Nature le climat. Les courants ont-ils tou- 20 % de chaleur à celle que fournit Le grand brassage des courants océaniques mondiaux s'effectue pendant un milllier d'années. Il commence dans jours été ce qu’ils sont au- le soleil hivernal de l’Europe du l'Atlantique nord, où les eaux froides plongent dans les profondeurs, parcourent tout l'Atlantique et arrivent près du pôle jourd’hui ? Et, dans le cas contraire, Nord. Sud. Elles remontent alors en surface, où elles rejoignent des courants chauds. Puis elle refont le circuit inverse comment étaient-ils et pourquoi ? Cependant, l’eau froide et dense en passant par le Pacifique et l'océan Indien pour revenir à leur point de départ. Certaines de ces réponses se prisonnière des abysses se déplace trouvent au fond des mers, dans les gantesques charrient une telle sur les fonds de l’Atlantique en se niques étant ce qu’elles sont, la ling à l’échelle des puits de l’Atlan- pas aussi simple qu’il y paraît, car restes de minuscules organismes quantité de chaleur autour de la dirigeant du nord vers le sud, afin grande plongée des eaux denses du tique nord. Aussi les eaux abyssales les masses d’eau qui se croisent marins disparus : les « foramini- planète qu’ils jouent un rôle essen- de contrebalancer le courant de nord et de l’Antarctique doit être retournent-elles en surface par le restent, comme les systèmes clima- fères ». En creusant plus profond, tiel dans la détermination du cli- surface. Elle parvient ainsi jusqu’à compensée par une remontée. jeu des turbulences et des mé- tiques, bien individualisées. Et cela les couches plus anciennes de fora- mat. Ainsi, la côte gelée du Labra- l’Antarctique, où elle rejoint la Mais il n’existe pas de grand upwel- langes progressifs. L’affaire n’est même quand leurs différences de minifères permettent de dresser un dor, au Canada, est-elle située à la « Piste de l’océan Austral », c’est-à- température et de salinité sont mi- tableau des courants océaniques même latitude que l’extrémité sud- dire l’ensemble des courants qui nimes. Pour ce faire, leur mélange sur de nombreuses années. ouest de la Grande-Bretagne, où, circulent autour du pôle Sud, en Une enquête longue et difficile requiert une grande énergie. grâce aux courants océaniques brassant les eaux des océans Atlan- D’où vient cette énergie ? De la ÈRE GLACIAIRE chauds, les palmiers s’épanouissent tique, Pacifique et Indien. Ces deux L’urgence qu’il y a à comprendre les mécanismes complexes du cli- Lune, a répondu l’an dernier Gary En 1999, Jean Lynch-Stieglitz du et les gelées sont rares. derniers océans jouent en effet un mat et du réchauffement de la planète rend vital l’établissement Egbert, de l’université d’Etat de Lamont-Doherty Earth Observa- L’ensemble de ces courants ma- rôle important dans la circulation d’une carte précise de la circulation océanique. Si le suivi des cou- l’Oregon (Nature du 15 juin 2000). tory (Palisades, Etat de New York) rins sont regroupés sous ce que les thermohaline. Ils n’ont que peu, ou rants de surface est relativement aisé, celui des eaux profondes pose En étudiant le mouvement des ma- a analysé des coquilles de ces pro- océanographes appellent la « cir- pas, de formation de glace, et ne de nombreux problèmes. Des pressions énormes s’exercent au fond rées à partir de satellites, Egbert a tozoaires originaires de la mer des culation thermohaline » – de ther- possèdent donc pas de source des océans et l’eau de mer corrode et détruit rapidement les instru- découvert qu’un tiers environ de Caraïbes, et elle a évalué la densité mo, qui signifie chaleur, et haline, d’eaux abyssales comme l’hémi- ments de mesure, ce qui ralentit les programmes d’études et aug- l’énergie que la Lune exerce sur la de l’eau à l’époque de la disparition salinité. Deux paramètres qui mo- sphère Nord. Mais les différences mente leurs coûts. Et c’est seulement aujourd’hui que les scienti- mer se déploie dans l’océan pro- de ces micro-organismes à partir difient profondément la nature de pluviosité et de température fiques ont réussi à assembler les pièces du puzzle que constitue la fond. Cette énergie déplace l’eau de l’épaisseur de leur coquille même de l’eau, car ils jouent sur sa parviennent à créer des flux impor- circulation océanique des grandes et moyennes profondeurs et qu’ils sur le fond même des océans au re- (Nature du 9 décembre 1999). Elle a densité. Ainsi une eau froide et sa- tants entre leurs bassins via l’océan commencent à comprendre les liens que cette circulation gigan- lief inégal, ce qui produit des tur- pu en déduire des informations sur lée plonge vers le fond, alors Austral. tesque entretient avec le climat actuel et passé, ce qui, espère-t-on, bulences et des mélanges. Au lieu la température approximative de qu’une eau chaude et peu salée re- Les règles des équilibres océa- aidera à prévoir l’avenir climatique de la planète. de rester prisonnière des grands l’eau dans cette zone et sur ce qu’était à l’époque la circulation du Gulf Stream. Surprise : ce courant était très différent de ce qu’il est aujourd’hui. Durant la dernière ère Quand les modèles des ordinateurs soufflent le froid glaciaire, il y a quelque 12 000 ans, LA VIE des végétaux, des animaux et servatory (Palisades, Etat de New York) et modèle », reconnaissent les chercheurs. comme le nôtre aujourd’hui. Des périodes le Gulf Stream déplaçait, par celle de l’homme dépendent de la stabilité Ronald J. Stouffer, de la National Oceanic Pour simuler 15 000 ans de climat, les deux plus longues de froid surviennent lorsque exemple, beaucoup moins d’eau du climat. Mais nous le modifions peut-être and Atmospheric Administration (Geophy- scientifiques ont, en effet, dû en exclure un davantage d’eau douce pénètre dans qu’il ne le fait aujourd’hui. en envoyant dans l’atmosphère de grandes sical Fluid Dynamics Laboratory, Prince- grand nombre de détails. Dans le numéro l’Atlantique nord et envoie une armada Pis, il est possible que la plongée quantités de gaz à effet de serre. Pourtant, ton), ont simulé la façon dont la circulation de Nature daté du 4 janvier, Andrey Gano- d’icebergs sur les océans. Aucune de ces des eaux froides aux pôles ait pu deux nouveaux modèles informatiques océanique pourrait changer sur une polski et Stefan Rahmstorf (Potsdam Insti- instabilités n’est toutefois susceptible de se cesser complètement. Ce qui ten- laissent entendre que, même sans interfé- période de 15 000 ans si le climat restait ce tute for Climate Impact Research, Alle- produire à l’heure actuelle, le schéma de la drait à démontrer qu’il existe au rence humaine, le climat pourrait brusque- qu’il est aujourd’hui, c’est-à-dire sans au- magne) commentent leur simulation circulation des courants océaniques étant moins deux schémas stables de cir- ment se refroidir. cune influence humaine nouvelle (Nature informatique de la dernière ère glaciaire, fondamentalement différent. Compte tenu culation océanique, l’un lié aux Les climats passés peuvent être reconsti- du 4 janvier). Or ces modèles se caracté- qui comportait de rapides changements cli- des conditions présentes, le modèle de Ga- ères glaciaires et l’autre proche de tués grâce aux carottes de glace prélevées risent notamment par une spectaculaire matiques. Selon eux, les océans pourraient nopolski et de Rahmstorf laisse supposer l’époque actuelle. Mais, hélas !, on par forage sur les calottes glaciaires et à période de froid dans les régions de l’Atlan- n’avoir jamais cessé de circuler au cours un climat qui est d’une plus grande stabilité ignore encore ce qui détermine le celles extraites du fond des océans. Leur tique nord, d’une durée d’environ trente à des périodes glaciaires, comme on le pen- aujourd’hui. passage d’un schéma de circulation analyse révèle que le climat de la Terre a quarante ans, provoquée par des vents du sait. En revanche, le lieu de l’Atlantique Cependant, un important apport d’eau pour l’autre. De ce point de vue, la changé de façon radicale en 20 000 ans. Les nord-ouest soufflant pendant un temps in- nord où les eaux salées et froides s’en- douce dans l’Atlantique nord pourrait aussi transformation du modèle de cir- températures, par exemple, ont parfois va- habituellement long sur le Groenland. foncent dans les profondeurs de l’océan provoquer un second scénario : une Terre culation actuel en un modèle ana- rié de 10 °C en quelques décennies au s’est probablement légèrement déplacé plus froide où les océans ne circuleraient logue à celui qui existait voilà Groenland. La clé de la variabilité du climat SIMULATION INFORMATIQUE vers le sud. pas. Dans ce cas, le passage de ce premier à 12 000 ans pourrait conduire à des semble être pour une grande part la cir- Les sédiments océaniques témoignent de Ce déplacement s’expliquerait, disent-ils, ce second état serait un des effets poten- modifications importantes du cli- culation des eaux océaniques, qui charrient semblables coups de froid qui auraient, es- par une diminution des quantités d’eau tiels les plus inquiétants d’un changement mat qui pourrait plonger la planète autour de la planète de formidables quanti- time-t-on, duré plus longtemps et affecté douce pénétrant dans l’Atlantique nord. climatique de la planète. dans une nouvelle ère glaciaire. tés de chaleur. des étendues plus vastes. « Ces différences C’est ainsi que de courtes périodes chaudes Alex Hall, du Lamont-Doherty Earth Ob- pourraient être imputables à un défaut du donnent pour plusieurs siècles un climat Heike Langenberg Jeremy Thomson « On sait peu de choses, mais toute la planète va changer »

LES OCÉANS représentent plongent les eaux profondes, et plus profondes. Pendant un cer- (CFC) au fond de l’océan, un phé- Paillard. « Nous n’avons pas d’autres paramètres, comme la trois cents fois la masse de l’at- maximale dans les eaux les plus tain temps, les chercheurs sont nomène récent et bien daté. encore les moyens de le savoir, car, fonte des calottes de glace, le cycle mosphère terrestre. Il n’est donc vieilles, qui ont accumulé tout ce partis de l’hypothèse que la vi- L’étude américaine constate que techniquement, les mesures dans le du carbone, les changements de la pas étonnant qu’ils jouent un rôle qui est tombé à la surface. Cela tesse des courants restait stable la formation des eaux profondes fond de l’océan sont assez végétation, ou encore la biologie capital dans l’évolution du climat nous permet d’avoir une vision in- pendant cette période de mille à proximité de l’Antarctique est longues. » marine », explique encore le cher- terrestre, par l’intermédiaire des tégrée de la circulation profonde », ans. Tout en sachant que dans le moins importante que ce que Il est tout aussi difficile de cheur. « Nous sommes en train de échanges océan-atmosphère et explique Didier Paillard, climato- passé, lors des derniers épisodes constatent habituellement les tra- prévoir avec certitude les consé- passer d’une vision météorologique de la circulation thermohaline. La logue au laboratoire des sciences glaciaires, cette vitesse « pouvait ceurs lents utilisés. « Ce qui remet quences du réchauffement clima- du réchauffement climatique à une découverte de ce grand brassage du climat et de l’environnement varier du tout au rien, et que l’on en cause la vision classique, et peut tique sur les océans, et donc sur vision géologique. On sait peu de océanique à l’échelle mondiale (CNRS/CEA), à Gif-sur-Yvette pouvait même arriver à un blocage être lourd de conséquences, car les l’ensemble de la planète. Car il choses, mais toute la planète va date des années 1960-1970, (Essonne). Ce panorama est complet de la circulation pro- eaux antarctiques et celles de la n’existe pas à l’heure actuelle de changer. Nous n’avons pas les ou- lorsque les scientifiques ont complété par la datation des eaux fonde ». C’est ce qui s’est passé mer de Norvège sont les deux modèles qui prennent en compte tils nécessaires pour dire quand et commencé à effectuer des me- au carbone 14. lors des dernières glaciations, où régions du globe où se forment les l’ensemble des paramètres con- comment. Cependant, nous sures dans tous les océans. six interruptions de ce genre ont eaux profondes. » cernés par le réchauffement. sommes sûrs d’une chose : la taille Pour avoir une vision aussi réa- VITESSE VARIABLE été constatées dans les carottes Beaucoup ont été conçus dans les de la perturbation sera quelque liste que possible de la circulation Ces études in situ et l’observa- océaniques. RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE années 90, quand on pensait que chose de jamais vu dans l’histoire des eaux profondes, les océano- tion de la surface des océans réa- Cette hypothèse est pourtant Ces nouvelles données mon- le réchauffement global était sur- récente. » graphes se fondent sur la compo- lisée par le satellite franco-améri- battue en brèche par une étude trent que la thermohaline est un tout un problème d’atmosphère. sition chimique de l’eau. Ils me- cain Topex-Poséidon ont permis réalisée par Wallace Broecker, du phénomène complexe qui néces- Puis, avec la découverte de la va- Christiane Galus surent principalement les aux océanographes d’avoir une Lamont-Doherty Earth Observa- site encore de nombreuses riabilité océanique pendant la éléments nutritifs (phosphates, idée assez précise de la circula- tory, de l’université Columbia, à études. C’est une des raisons pour période glaciaire, les scientifiques ૽ Page réalisée par les rédactions nitrates, carbone) « qui intègrent tion thermohaline. Il est en géné- Palisades (New York), parue dans lesquelles « nous ne pouvons dire ont élaboré des modèles couplés du Monde, d’El Pais et de la revue la production biologique de la sur- ral admis que le cycle complet se la revue Science du 5 novembre avec certitude à l’heure actuelle si océan-atmosphère. scientifique internationale Nature. face. Nous savons que leur quanti- déroule sur un millier d’années, 1999. Elle est fondée sur le dépla- le réchauffement climatique a déjà « Ces progrès sont insuffisants. Il Traduction de l’anglais par té est nulle dans les zones où voire 1 500 ans pour les eaux les cement des chlorofluorocarbures des répercussions », précise Didier faudrait prendre en compte Sylvette Gleize. LeMonde Job: WMQ1201--0024-0 WAS LMQ1201-24 Op.: XX Rev.: 11-01-01 T.: 10:41 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0176 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 AUJOURD’HUI-SPORTS

L’affaire des faux passeports de Saint-Etienne Le Brésil se cherche révèle un mal étrange dans le football français toujours un champion L’ancien gardien de but du club, Maxym Letvytsky, a été mis en examen de « futebol » pour l’an 2000 Au cours des interrogatoires conduits par la po- l’AS Saint-Etienne, le gardien de but Maxym Le- la Ligue nationale de football (LNF). Le club de- lice et le juge d’instruction Nicolas Chareyre vytsky, a confirmé, mercredi 10 janvier, les décla- vrait être sanctionné sportivement. Et l’enquête dans le cadre de l’affaire des faux passeports de rations faites la veille devant la commission de pourrait s’étendre à d’autres clubs. Interrompue, la finale retour n’a pas été rejouée SAINT-ÉTIENNE phanois, qui étaient au courant des raël. Le juge Chareyre souhaiterait le Paris Saint-Germain, samedi RIO DE JANEIRO de l’affrontement décisif. Chargé de notre correspondant démarches entreprises par le gar- entendre maintenant l’agent du 13 janvier. « Ce qui est le plus impor- de notre correspondant pour la première fois d’organiser le L’ancien gardien de but de l’As- dien ukrainien, aurait été authenti- joueur, Konstantin Sarsaniya, qui a tant, c’est la pérennité du club », as- Sur le grill depuis que deux championnat national, ce « club des sociation sportive de Saint-Etienne fiée par deux fois par un fonction- fait savoir qu’il était « prêt à ré- sure Jean-Guy Wallemme, capitaine commissions d’enquête parlemen- 13 », aréopage de notables faisant (ASSE) Maxym Levytsky a été mis naire de police chargé de la sécurité pondre à toute convocation ». promu entraîneur. taires ont entrepris, en octo- carrière en coulisses, a réussi le pro- en examen, à l’ASSE. Ce faux document n’au- De son côté, le président de Il semble pourtant désormais ac- bre 2000, d’éplucher les sulfureux dige de concocter le tournoi le plus mercredi rait été détecté que lors d’une troi- l’ASSE, Alain Bompard, estime que quis que le club stéphanois fera dossiers financiers de ses principaux « exotique » qu’ait jamais connu ce 10 janvier, en sième vérification plus poussée, le cette affaire est un « énorme gâ- l’objet d’une sanction sportive. Se- dirigeants (Le Monde daté 8-9 octo- pays pourtant fertile en règlements fin de soirée, lieu de naissance mentionné en chis » et une « catastrophe pour le lon l’Agence France Presse (AFP), la bre 2000), le football brésilien se dis- sportifs alambiqués et éphémères. pour usage de grec s’avérant inexact. club », admettant implicitement Ligue nationale de football (LNF) tingue surtout, ces derniers temps, faux et laissé A la sortie du cabinet du juge pour la première fois qu’il y avait n’homologue plus aucun résultat par l’invraisemblable gabegie ré- LES INCONNUS EN FINALE en liberté sans d’instruction, l’avocat du gardien bien eu une «faute», sans plus de depuis plusieurs journée, laissant gnant dans ses plus hautes ins- Même la dictature militaire (1964- contrôle judi- de but, Me André Buffard, a déclaré précision. Sans nouvelle du joueur ainsi la porte ouverte à des recours tances. 1985), pour qui le football était un ciaire, après que son client était « soulagé » et brésilien Alex, lui aussi convoqué pour les deux autres clubs – Lyon et A cet égard, la finale retour du vecteur de propagande nationaliste, avoir été entendu par le juge d’ins- « content » d’avoir pu répondre aux par la Commission juridique de la Auxerre – qui ont déposé des ré- championnat national de l’an 2000 n’avait jamais osé ratisser aussi truction stéphanois Nicolas Cha- questions des enquêteurs. Le dé- Ligue nationale de football, les serves dans les délais après leur peut être considérée comme un large : pas moins de 116 équipes ont reyre. Le joueur d’origine ukrai- fenseur du gardien stéphanois Verts ne se font plus guère d’illu- rencontre contre l’ASSE, à chef-d’œuvre d’improvisation. Dis- été conviées à briguer le titre su- nienne avait été placé en garde à conteste toutefois la qualification sions sur le retour de leur atta- l’exemple du Toulouse FC. putée à Sao Januario de Rio, un prême dans une compétition bâ- vue la veille par les policiers du retenue d’usage de faux, affirmant quant-buteur. D’ores et déjà, la Commission ju- stade obsolète de 35 000 places rem- tarde relevant à la fois de la coupe SRPJ de Lyon après son audition que ce passeport n’a pas été utilisé ridique, constatant des infractions pli à ras bord pour l’occasion, la ren- et du championnat. Résultat : les il- par la commission juridique de la par Maxym Levytsky mais «uni- SANCTION PROBABLE lors du match Saint-Etienne-Tou- contre entre les locaux du Vasco de lustres inconnus de Sao Caetano, un Ligue nationale de football qui l’a quement par le club pour obtenir la Se refusant à aborder les ques- louse du 2 décembre (1-1), a trans- Gama et Sao Caetano, un club de la très modeste club de division 2 de interrogé sur les circonstances dans possibilité d’avoir un joueur étranger tions « extra-sportives », les deux mis le dossier à la Commission des banlieue industrielle de Sao Paulo, a l’Etat de Sao Paulo, sont brillam- lesquelles il a pu se procurer un supplémentaire hors de l’Union euro- entraîneurs nommés après le dé- compétitions de la LNF. Cette der- été interrompue à la 23e minute ment parvenus en finale en élimi- faux passeport grec. péenne ». part du Gallois John Toshack, ont nière est la seule instance habilitée – sur un score vierge – à la suite de nant successivement Fluminense de Au cours des différents interro- Soutenu par des supporteurs sté- réaffirmé après la séance d’entraî- à pouvoir prononcer une sanction l’effondrement partiel des grillages Rio, Palmeiras de Sao Paulo et Gre- gatoires conduits par les policiers et phanois présents sur les marches nement de mercredi que les joueurs sportive pouvant aller du simple re- de protection, provoqué par une mio de Porto Alegre, trois des clubs- par le juge d’instruction, Maxym du Palais de justice — très critiques étaient « solidaires ». Quand bien trait de points à la rétrogradation rixe entre supporteurs. phares. Levytsky a confirmé point par point envers la direction du club —, même certaines rumeurs de trans- du club, comme le stipule, dans ce Le bref mouvement de panique Bien que l’une de ses stars nais- ses déclarations faites la veille de- Maxym Levytsky devait rejoindre, fert viennent perturber cette séré- cas, l’article 349 des règlements de dans les tribunes s’est soldé par une santes, le demi défensif Claudecir, vant la commission de la Ligue na- jeudi 11 janvier, sa nouvelle équipe nité apparente avant la rencontre la LNF. centaine de blessés, miraculeuse- ait déjà signé au Palmeiras, Sao Cae- tionale (Le Monde du 11 janvier), ex- du Spartak Moscou, en stage en Is- de championnat de France contre Commentant ces événements, ment tous superficiellement at- tano a accepté de régler le conten- pliquant qu’une personne du mercredi 10 janvier, la ministre de la teints. Le match aller s’étant conclu tieux sur le terrain, probablement consulat de Grèce à Novorossisk jeunesse et des sports, Marie- sur un nul (1-1), restait à démêler au grand stade Maracana, mais pas (Russie) était initialement entrée en L’AS Monaco dans le collimateur George Buffet, a affirmé, pour sa l’imbroglio qui menaçait de tourner n’importe quand. Si le « Club des contact avec lui à l’occasion d’une part, que l’établissement de faux au gag : la saison 2000 est officielle- 13 » confirme la date, avancée il y a demande de visa touristique. Ce Les passeports de l’Italo-Chilien Pablo Contreras et des Hispano- constituait une « pratique inex- ment close au Brésil et les footbal- quelques jours, du jeudi 18 janvier, passeport lui aurait été fourni dans Argentins Diego Quintero et Nicolas Godoy, tous joueurs de cusable » qui permet de contourner leurs censés être en vacances jus- le feuilleton risque de connaître de un deuxième temps moyennant l’AS Monaco depuis 1999, ont été saisis par la Sûreté publique de la la réglementation en vigueur de- qu’à la fin du mois de janvier. nouveaux rebondissements. Les 1 000 dollars, lorsqu’il est apparu Principauté, lundi 8 janvier. Il semblerait que ces documents ne puis l’arrêt Bosman. Mais, de son Réuni mardi 9 janvier à Rio, le Tri- présidents des syndicats des foot- que cela faciliterait sa situation à soient pas tout à fait fiables. Selon le quotidien Le Parisien du 11 jan- côté, Claude Simonet, le président bunal supérieur de justice sportive a balleurs professionnels de Rio et de l’ASSE. La demande de ce docu- vier, un représentant des clubs auprès de la Ligue nationale de foot- de la Fédération française de foot- opté pour une troisième manche, Sao Paulo ont en effet annoncé que, ment aurait été réactivée après le ball (LNF), « qui a tenu à garder l’anonymat », a confirmé l’informa- ball (FFF), a déclaré qu’il ne croyait mais sans apporter de précisions dans pareil cas, ils saisiraient la jus- recrutement dans l’équipe des Verts tion selon laquelle le passeport italien de Pablo Contreras était un pas que « cela va empoisonner la fin supplémentaires. Il incombe donc tice, au nom du respect dû aux d’un troisième Brésilien, Luis faux. Strasbourg et Saint-Etienne ne sont donc pas les seuls clubs de la saison ». au « club des 13 », qui regroupe en congés payés, afin d’obtenir l’ajour- Alberto. concernés par les affaires de faux papiers. La ministre de la jeunesse vérité les 20 clubs les plus impor- nement du match. La validité du passeport grec et des sports, Marie-George Buffet, a affirmé, mercredi 10 janvier, Vincent Charbonnier tants du Brésil, de définir dans les transmis aux dirigeants du club sté- que « deux ou trois clubs professionnels » sont impliqués. (avec AFP) jours qui viennent la date et le lieu Jean-Jacques Sévilla Les Bleus En tête du Vendée Globe, cherchent Michel Desjoyeaux a doublé le cap Horn ET DE TROIS ! Après le cap de 7 000 milles restant à parcourir, Mi- Bonne-Espérance (Afrique du Sud) chel Desjoyeaux devra principale- à mobiliser et le cap Leeuwin (Australie), Michel ment gérer l’état d’un matériel ap- Desjoyeaux (PRB) a doublé en tête paremment intact mais soumis à le cap Horn (Chili), mercredi 10 jan- rude épreuve. leurs supporteurs vier à 19 h 07 Si Christophe Auguin avait mis AFIN DE PRÉVENIR une éven- (heure fran- 38 jours pour remonter l’Atlantique, tuelle démobilisation de ses suppor- çaise). Pour le les vainqueurs des deux premières teurs en 2001, l’équipe de France a passage du éditions, Titouan Lamazou et Alain dévoilé, mercredi 10 janvier au dernier des Gautier, n’avaient mis que 34 jours. Stade de France, une campagne de promontoires Michel Desjoyeaux pourrait donc communication intitulée : «Les qui balisent le boucler son tour du monde avant la Bleus 2002 - A la conquête d’une parcours du mi-février. « Je ne me détendrai qu’à 2e Coupe du monde ». La Fédération Vendée Globe, l’arrivée des Sables-d’Olonne, quand française de football (FFF) et le le skipper de La Forêt-Fouesnant a je verrai le pavillon d’arrivée », tem- Consortium Stade de France ménagé son effet lors d’une vaca- père-t-il pour l’instant. craignent que la litanie de matches tion radio spécialement organisée Il se livrera au plus tôt à un exa- amicaux, que s’apprête à disputer pour l’occasion : « Je ne vois rien. Il men complet et minutieux de son l’équipe de France avant le Mondial pleut partout autour de moi. Niveau monocoque de 60 pieds. « Je n’ai pas 2002, ne finisse par doucher les en- pluviométrie, ils doivent battre des re- de soucis pour la plate-forme, a-t-il thousiasmes. cords ici ! Bon, il y a à peu près 15 ou expliqué. L’inconnue, c’est le grée- Le défi de cette campagne est à la 20 minutes, je suis passé à côté d’un ment, c’est toujours difficile de savoir hauteur de celui qui attend Marcel gros caillou assez célèbre. C’est pour comment il est après une traversée de Desailly et ses partenaires en Asie. moi un grand soulagement ! » l’Indien et du Pacifique. J’ai juste quel- Pour susciter l’adhésion du public Le leader de la course autour du ques lattes à changer dans la grand- – et voir se remplir les gradins du monde en solitaire, sans escale et voile. Si je sens qu’il y a des choses qui Stade de France en 2001 - : la cam- sans assistance a ainsi entamé après ne vont pas dans le gréement, j’irai re- pagne cherche à faire naître un inté- 62 jours et 3 heures de course la re- garder dans les deux ou trois jours rêt là où il n’y en a apparemment montée de l’Atlantique vers Les mais j’attendrai d’avoir de bonnes pas. L’astuce consiste à donner un Sables-d’Olonne (Vendée). Il s’est conditions car il faut quand même enjeu à des rencontres que l’on ne extrait sans dommage des redou- grimper à 25 mètres ». Dès le pas- considérera pas comme « ami- tables mers du Sud où il aura passé sage des îles Malouines (Royaume- cales ». 33 jours et 19 heures depuis son pas- Uni), il s’est cependant juré de s’of- Pour que l’allégresse du 12 juillet sage au cap de Bonne-Espérance frir « des nuits plus complètes ». 1998 se perpétue, la campagne de (Afrique du Sud). communication s’appuie d’abord En doublant le Horn, Michel Des- Patricia Jolly sur un soutien sans faille de tous les joyeaux disposait d’une avance de acteurs. « Les joueurs ont conscience 4 jours et 19 heures sur le temps de a Le Défi français pour la Coupe de l’importance de ces matches pour référence (105 j 20 h 31 min 23 s) de l’America 2002-2003 a loué jus- leur donner du relief », a lancé Roger établi par Christophe Auguin (Geo- qu’en juin 2002, Black Magic Lemerre, avant de décréter la mobi- dis) lors de l’édition précédente en NZL 32, le bateau néo-zélandais, lisation générale : « Nous avons pris 1996-1997. Mais il distançait surtout vainqueur de l’édition 1995, pour goût aux tribunes en bleu et au sou- ses poursuivants, la Britannique El- servir de partenaire d’entraînement tien populaire... C’est beaucoup de len MacArthur (KingFisher) et son à Sixième Sens (FRA 46), demi-fina- responsabilités mais, mon Dieu, que ami Roland Jourdain (Sill-Matines- liste de l’édition 1999-2000. Il arrive- c’est agréable ! » La Potagère) respectivement de plus ra en France à la fin du mois Les huit rencontres préparatoires de 600 et 800 milles. Durant les d’avril 2001. disputées sur le territoire français (sept à Saint-Denis et une à Nantes), seront présentées comme a LOTO : résultats des tirages no 3 effectués mercredi 10 janvier. Premier des « épisodes » de la nouvelle épo- tirage : 2, 8, 27, 35, 47, 48 ; complémentaire : 1. Pas de gagnant pour 6 numé- pée tricolore. Du 27 février 2001 ros ; Rapports pour 5 numéros et complémentaire : 2 822 680 F (430 314 ¤); (France-Allemagne) au 18 mai 2002 5 numéros : 7 580 F (1 155 ¤) ; 4 numéros et complémentaire : 318 F (57,93 ¤); (France-Belgique), la saga des Bleus 4 numéros : 159 F (24,23 ¤) ; 3 numéros et complémentaire : 30 F (4,57 ¤); continue au Stade de France. Même 3 numéros : 15 F (2,28 ¤). Second tirage : 2, 11, 19, 20, 22, 25 ; complémen- si les choses sérieuses ne taire : 39. Rapports pour 6 numéros : 13 297 890 F (2 027 250 ¤) ; 5 numéros commencent réellement que deux et complémentaire : 49 820 F (7 596 ¤) ; 5 numéros : 3 535 F (538 ¤) ; 4 numé- semaines plus tard en Corée du Sud. ros et complémentaire : 184 F (28,05 ¤) ; 4 numéros : 92 F (14,02 ¤) ; 3 numé- ros et complémentaire : 22 F (3,35 ¤); 3numéros: 11F (1,67¤). Pierre Lepidi LeMonde Job: WMQ1201--0025-0 WAS LMQ1201-25 Op.: XX Rev.: 10-01-01 T.: 18:48 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0177 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-MODES DE VIE LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / 25 Chirurgie esthétique : les hommes aussi Symptôme de l’évolution de la masculinité et de l’importance grandissante du paraître, le phénomène ne cesse de se développer. Le mâle entretient un rapport nouveau à son corps L’HOMME NOUVEAU a décou- Bien souvent, ce type de demande il faut y prendre garde jusque dans le vert la chirurgie esthétique et raffole masque des problèmes psychologiques travail. » (Lire ci-dessous.) de la liposuccion comme du lifting. graves, de l’ordre de la schizophré- Pourtant, la demande de chirurgie Le phénomène s’est précipité : les nie. » esthétique n’est pas seulement liée à cabinets des médecins spécialisés re- Ce point de vue de praticien est la seule brutalisation des rapports çoivent à présent un monsieur pour corroboré par Michel Godefroy, sociaux de production et aux ten- cinq dames, contre un pour quinze psychiatre, consultant à l’hôpital pa- sions du marché du travail. Protéi- en 1985. Auteur de La Chirurgie es- risien Saint-Antoine. « Il faut bien forme, elle englobe, du fait même de thétique au masculin (Editions Maza- établir la différence entre les hommes la diversité des soins proposés, bien rine), Sylvie Abraham pense même qui, acceptant difficilement de vieillir, des demandes sans rapport avec les que ce chiffre couramment admis demandent des interventions bénignes contraintes inhérentes au salariat. par les spécialistes est en dessous de de rajeunissement et ceux qui, mal à Comment comprendre autrement la la réalité : « Les hommes répugnent l’aise avec eux-mêmes, souvent itéra- vogue actuelle de la chirurgie du toujours à admettre qu’ils ont recours tifs dans leur demande, veulent carré- sexe ? Ghislain, trente ans, un pa- à nos services. Pourtant, quelque ment changer d’identité par le biais tient de Sylvie Abraham, s’est ainsi chose est en train d’évoluer, un rap- d’interventions qui touchent aux mas- fait élargir le pénis par lipostructure. port au corps qui à présent s’avoue. » sifs osseux. » Laissons donc de côté De la graisse, prélevée dans son Différents éléments semblent les schizophrènes, tout comme les ventre, puis traitée, a été injectée confirmer l’appréciation du docteur truands en cavale qui, dans la sous la peau du fourreau de sa Abraham. grande tradition du roman noir ou verge. Un traitement qu’il redoutait, En même temps que la demande d’espionnage, souhaitent changer pas très agréable, mais qu’il apprécie TROIS QUESTIONS À... jugé inapte à la communication le plus trivial, le plus immédiat. de chirurgie esthétique masculine se d’identité. Il n’en reste pas moins dans la mesure où, avec un gain de et serait incapable de séduire, Notre société donne une prime développe, apparaissent des lignes qu’une nouvelle clientèle, masculine, deux centimètres de largeur, il lui a ANDRÉ RAUCH dans la vie privée autant que à la jeunesse et aux canons de de produits de beauté et des jour- s’adresse aux quelque 500 chirur- permis de s’affranchir d’un sérieux dans la sphère publique. La rigi- beauté qui l’accompagnent. Il y naux magazines pour hommes di- giens spécialisés, aux quels il complexe. Précision : ce type d’opé- Professeur d’histoire et de dité n’est plus de mise et le vê- a une différence de registre rectement calqués sur leurs homo- convient d’ajouter environ ration est sans incidence sur les ca- 1 sociologie des loisirs à l’uni- tement strict non plus. Le souci entre l’enfant qui a recours à la logues féminins. 5 000 médecins qui, pourtant sans pacités érectiles du sujet. « Souvent, versité Marc-Bloch de Stras- de soi passe désormais par le chirurgie esthétique pour des Faut-il y voir une féminisation du qualification spécifique, inter- les patients dissimulent les vrais motifs bourg, auteur de Le Premier soin du corps, au point que l’en- oreilles décollées et l’homme genre masculin, étant convaincu, au- viennent dans le champ mal contrô- de leur demande, explique Michel Sexe. Mutations et crise de veloppe corporelle a quasiment qui, à l’approche du troisième jourd’hui comme hier, que les inter- lé de la chirurgie esthétique. Ceux-là Godefroy. Chez les hommes comme l’identité masculine (Hachette, pris la place du vêtement. De là âge, va faire gommer ses rides. ventions esthétiques sont réservés ont leurs raisons. chez les femmes, elle a souvent à voir 2000), ne pensez-vous pas que procède le succès de la chirurgie aux femmes ? La réalité crue et nue avec la peur de ne plus être capable l’application aux hommes de la esthétique. Ce soin accordé à l’appa- des opérations pratiquées plaide à L’HABIT FAIT LE MOINE de séduire. » chirurgie esthétique témoigne 3 rence physique n’est-il pas elle seule contre une telle idée. « Généralement, constate Sylvie Si le recours à la chirurgie esthé- d’une dévirilisation plus géné- N’y a-t-il pas une pression excessif, au regard des consé- Les demandes d’intervention ne Abraham, les hommes qui viennent tique concerne tous les âges, depuis rale ? 2 sociale, dans l’existence quences parfois délabrantes de sont en effet pas les mêmes. « Spéci- consulter mettent en avant des raisons l’adolescent qui veut en finir avec Non, c’est plus simplement professionnelle notamment, certaines opérations ? fiquement masculine », selon le pro- professionnelles pour nous demander ses oreilles décollées jusqu’à que les critères qui fondent la qui pousse à ce soin accordé à L’homme qui se laissera dé- fesseur Marc Divaris, chirurgien- d’intervenir. » Dans un monde du l’homme mûr qui souhaite effacer masculinité ont changé. Au dé- l’apparence ? border par la crainte de son ap- plasticien à l’hopital Pitié-Salpêtrière travail qui valorise parfois l’appa- des rides ou un double menton, l’ex- but du XXe siècle, les photos de Bien sûr ! Nous vivons dans parence physique peut certaine- de Paris, la calvitie, qui pour des rai- rence sur la compétence, où les dis- plosion de la demande est d’abord famille d’époque nous une société fondée sur la mise ment devenir un cadavre sons génétiques peut les tourmenter criminations d’embauche, à savoir- imputable à ce dernier. « Ce sont les montrent le père, l’homme, en représentation. Dans un ambulant. Mais en même très jeunes, est le premier sujet de faire égal, jouent aux marges, la jeu- liftings, les interventions sur les pau- dans une posture sévère, en cos- monde de marchandises, le temps, notre corps est le séma- préoccupation des hommes. nesse est un atout. Récemment, à pières tombantes ou la silhouette qui tume et cravate. Seule la mère, corps même de l’homme est phore de nos passions. Dans un Ce souci précède de loin les Hollywood, des professionnels du constituent l’innovation, estime Mi- la femme, a le droit de sourire, commercialisé. Il faut vendre à temps qui surenchérit sur les autres, plus communs aux deux cinéma âgés de plus de quarante ans chel Godefroy. Les différences de et encore légèrement. La mas- tout prix et l’apparence phy- passions, qui conduit à les hy- sexes : surcharges pondérales, se sont regroupés en association. Ils genre, entre hommes et femmes, se culinité s’affiche dans la rigidité sique (celle de l’employé de pertrophier, il n’y a rien d’éton- oreilles décollées et rides. Mais, mal- revendiquent le droit au labeur dans sont estompées ces trente dernières et le soin vestimentaire. De nos banque, du représentant de nant à ce que la chirurgie esthé- gré tout, les hommes se signalent un univers où l’âge constitue un années, et le souci de l’image de soi, le jours, être un homme c’est, au commerce, du cadre lorsqu’il tique ne soit plus le seul encore par des complexes parti- handicap, affirmant qu’ils en ont as- désir de paraître jeune sont désormais contraire, afficher ses senti- cherche un nouvel emploi) est apanage des femmes. culiers. D’après Marc Divaris, le nez sez de devoir recourir aux artifices communs aux deux sexes. » Faut-il le ments. Il faut être capable de primordiale. Le soin du corps ne est ainsi au centre de préoccupa- cosmétiques et chirurgicaux pour déplorer ? Dans un monde où, sourire comme de pleurer. Quel- témoigne pas seulement du sou- Propos recueillis par tions masculines qui n’affectent travestir le leur. « Incontestablement, moins que jamais, l’habit fait le qu’un qui ne le ferait pas serait ci de soi, mais aussi de l’intérêt Marc Coutty guère les dames. Avec cependant note André Rauch, professeur d’his- moine, où les PDG se font bour- une certaine gêne des praticiens toire et de sociologie des loisirs à geois bohèmes et où l’unisexe est de pour répondre directement à la de- l’université Marc-Bloch de Stras- règle, la parité emprunte peut-être mande : « Le nez est un organe très bourg, la vie professionnelle de des chemins inédits quoiqu’un peu spécifique chez l’homme, et il nous l’homme peut être menacée dès lors surprenants. Reste qu’un légitime inspire pas mal de méfiance. Y tou- que son apparence physique est dis- souci du corps peut dégénèrer en cher dans le cadre d’une rhinoplastie, gracieuse ou insuffisamment juvénile. folle tyrannie du look. c’est s’attaquer au centre du visage et Les signes reconnus de masculinité ont à l’un des fondements de l’identité. beaucoup changé depuis cent ans, et M. C. Des interventions qui ne sont pas sans risque C’EST UN SYMBOLE de force et de séduction dont qu’en 1993 le gardien de but titulaire de Monaco (Arse- font état plusieurs mythologies : chez les Grecs et les nal à présent) avait une tignasse abondante. La chirur- Latins, Aphrodite cache sa nudité dans de longs che- gie esthétique ne fait pas que des miracles et, lors- veux blonds tandis qu’Ariane séduit Bacchus (Diony- qu’elle rate, elle laisse d’irrémédiables séquelles. sos) grâce au coup de vent qui la décoiffe. Faut-il mul- « Regardez les crânes de Fabien Barthès et Frank Le- tiplier les références et penser au Samson des bœuf, ils ont des bosses et des trous. Ce sont les résultats Hébreux, dont les cinémas hollywoodien puis italien d’une chirurgie mal maîtrisée », apprécie en connais- ont tiré des films à répétition ? Marc Divaris, chirur- seur Marc Divaris. gien-plasticien à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpê- trière, est intarissable sur le sujet. Il raconte comment, TENTER D’APPRENDRE À MIEUX S’ACCEPTER « au temps des pharaons, les perruques constituées de Il n’y a évidemment pas que les stars du sport qui cheveux naturels, de laine et de fibres de feuille faisaient peuvent se plaindre de ces « margoulins qui, selon un fureur chez les Egyptiens. Leur degré de sophistication spécialiste de chirurgie plastique reconstructrice et es- était directement proportionnel au rang social ». Au- thétique, encombrent la profession ». Sans être une jourd’hui, la calvitie est la principale préoccupation des étoile, Christophe, douze ans, a eu affaire à un chirur- hommes qui ont recours à la chirurgie esthétique. gien censé lui rabattre des oreilles jugées trop décol- Pour une femme qui aura recours aux différentes lées. L’ostoplasie, ce remodelage du cartilage auri- techniques permettant de masquer un crâne chauve culaire, ne s’est pas bien passée, et s’est soldée, (de la « moumoute » aux implants capillaires), neuf explique sa mère, par « des prises répétées d’antibio- hommes tenteront de masquer leur calvitie. Ce sex- tiques qui ne lui ont pas épargné d’avoir désormais les ratio déséquilibré, qui fait l’essentiel de la fortune des oreilles en chou-fleur ». Décollées avant, gonflées après, chirurgiens esthétiques spécialisés dans les problèmes ses « étiquettes », comme les appelle Christophe, ne masculins, s’autorise de techniques de plus en plus so- créaient pas pour le jeune garçon plus de problème phistiquées. La greffe de cheveux dure entre deux et que ça. « C’est maman qui voulait », dit-il embarrassé. quatre heures, ne nuit en rien à la reprise du travail, Une intervention de chirurgie esthétique n’est ja- possible dès le lendemain de l’intervention, et coûte mais chose évidente. Bien que les techniques opéra- entre 8 000 et 20 000 francs selon le nombre d’im- toires soient de plus en plus sûres, elles sont accompa- plants. Bien sûr, il faut prendre certaines précautions : gnées d’actes médicaux qui ne sont pas anodins. Ainsi, même si, au lendemain de l’opération, la tête dé- l’anesthésie générale est de rigueur dans de nombreux mange, il convient de ne pas se gratter. cas, qu’il s’agisse d’une rhinoplastie (correction des dé- Le problème est qu’il y a de sérieux loupés, même fauts du nez) ou d’un lifting destiné à rehausser la dans ce type de chirurgie qu’un spécialiste appelle peau et les muscles du front. Avant de s’engager dans pourtant « basique ». Ainsi, deux footballeurs renom- une telle aventure, ne faut-il pas mieux tenter d’ap- més pour avoir contribué à la gloire de la France au prendre à s’accepter soi-même, défauts physiques moment du championnat du monde ont bien involon- compris ? tairement contribué à la mode du crâne rasé. Il faut re- prendre d’anciennes photographies pour se souvenir M. C.

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26 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 AUJOURD’HUI ------Froid et sec sur le Nord 12 JANVIER 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. L’anticyclone centré se déchirent au fil des heures, surtout vers 12h00 DU VOYAGEUR sur la mer du Nord gagne en puis- sur l’Alsace, la Lorraine et la Cham- sance. Sur la France, les pluies sont pagne. Les températures affichent de Peu donc rejetées lentement vers le sud 3 à 7 degrés. Belfast nuageux a AVION. Depuis le 23 décembre, avec l’arrivée d’un temps froid et sec Poitou-Charentes, Aquitaine, Mi- Liverpool la compagnie britannique Buzz, fi- Dublin sur le nord de la France. Un courant di-Pyrénées. – Les nuages sont très Varsovie Kiev liale de la KLM, dessert un jour par de sud chaud et humide se maintient nombreux et le soleil ne fait que de semaine Chambéry-Aix au départ Amsterdam Berlin Brèves en Méditerranée, apportant encore brèves apparitions. Quelques gouttes éclaircies de Londres-Stansted, à partir de de bonnes pluies. tombent çà et là. Les températures Londres 1 200 F (183 ¤) A/R TTC. Réserva- 50 o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, Basse- sont douces, avec des maximales de Prague tions par téléphone au 01-55-17-42- Normandie. – Le ciel est couvert. Il 12 à 15 degrés. Couvert 42 ou sur Internet (www. buzzaway. pleut faiblement et par intermittence. Limousin, Auvergne, Rhône- Paris Strasbourg Vienne com/fr). Les températures s’échelonnent entre Le ciel est souvent gris et les Budapest a Le contrat « Elvia Alpes. – Brume ASSURANCE. 7 et 10 degrés. éclaircies se font rares. Il pleut faible- Nantes Neige » est valable en France, dans Berne brouillard Nord-Picardie, Ile-de-France, ment. Quelques flocons tombent sur Bucarest l’Union européenne et en Suisse, Centre, Haute-Normandie, Ar- les Alpes du Nord à partir de 1 700 Lyon Milan pour un séjour de moins de 15 jours. dennes. – Encore de la grisaille au pe- mètres le matin, puis 1 300 mètres Belgrade Sofia Averses Il inclut, pour 100 F par personne tit matin qui apporte quelques l’après-midi. Les températures vont Toulouse Istanbul (350 F par famille), le rapatriement gouttes sur le Centre et l’Ile-de- de 7 à 12 degrés. médical, les frais de recherche et de Pluie France. Puis le temps s’améliore par Languedoc-Roussillon, Provence- Rome secours, le remboursement des for- le nord au fil des heures avec le re- Alpes-Côte d’Azur, Corse. – La pluie Barcelone Naples faits ski, des cours et location du tour du soleil pour la fin d’après-midi. est au programme : faible le long des 40 o Madrid matériel ainsi que l’assurance res- Les températures varient entre 2 et côtes et plus soutenue dans l’intérieur. Lisbonne Athènes Orages ponsabilité civile. Avec, en outre, la 9 degrés du nord au sud. Il neige sur les Alpes du Sud au-des- prise en charge du retour anticipé, Champagne, Lorraine, Alsace, sus de 1 700 mètres le matin, puis Séville une avance de fonds en cas de vols Bourgogne, Franche-Comté. – Le 1 300 mètres l’après-midi, ainsi que Neige de papiers d’identité, cartes de cré- matin, le temps est gris et encore lé- sur les Pyrénées orientales au-dessus Alger Tunis dit, titre de tranport et l’assistance gèrement pluvieux sur la Bourgogne de 1 700 mètres. Les températures au domicile, si besoin est. Rensei- et la Franche-Comté. Puis les nuages s’échelonnent entre 11 et 15 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort gnements au 01-42-99-02-44.

PRÉVISIONS POUR LE 12 JANVIER 2001 PAPEETE 24/29 P KIEV -6/-3 C VENISE 3/9 C LE CAIRE 11/19 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 22/30 S LISBONNE 9/14 S VIENNE -6/-2 S NAIROBI 17/23 C et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 24/29 C LIVERPOOL 3/6 S AMÉRIQUES PRETORIA 23/33 S EUROPE LONDRES 2/8 S BRASILIA 20/30 S RABAT 11/14 P C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM -3/4 S LUXEMBOURG -3/2 S BUENOS AIR. 15/27 S TUNIS 9/19 C FRANCE métropole NANCY 1/4 N ATHENES 9/15 S MADRID 6/10 S CARACAS 21/26 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 9/16 C NANTES 7/10 P BARCELONE 10/12 C MILAN 4/6 C CHICAGO -4/1 S BANGKOK 22/31 S BIARRITZ 11/15 N NICE 9/13 P BELFAST 2/6 S MOSCOU -9/-5 C LIMA 20/24 P BEYROUTH 14/19 S BORDEAUX 8/13 N PARIS 3/6 N BELGRADE -2/4 C MUNICH -6/-2 C LOS ANGELES 9/11 P BOMBAY 17/30 S BOURGES 6/10 P PAU 4/13 N BERLIN -3/0 S NAPLES 7/18 S MEXICO 9/20 S DJAKARTA 26/31 S BREST 5/8 P PERPIGNAN 10/13 P BERNE 0/3 C OSLO -6/0 S MONTREAL -18/-10 S DUBAI 16/24 S CAEN 3/5 N RENNES 4/9 P BRUXELLES -3/3 S PALMA DE M. 11/14 C NEW YORK -2/3 S HANOI 16/24 C CHERBOURG 4/6 N ST-ETIENNE 5/10 P BUCAREST -3/6 S PRAGUE -7/-3 S SAN FRANCIS. 7/10 S HONGKONG 16/21 C CLERMONT-F. 6/13 P STRASBOURG 1/4 N BUDAPEST -4/-2 S ROME 8/14 C SANTIAGO/CHI 14/28 S JERUSALEM 11/19 S DIJON 4/8 P TOULOUSE 10/14 N COPENHAGUE -3/1 S SEVILLE 8/15 P TORONTO -8/-3 C NEW DEHLI 7/18 S GRENOBLE 5/8 N TOURS 5/9 P DUBLIN 1/7 S SOFIA 1/8 S WASHINGTON -2/6 S PEKIN -13/-4 S LILLE -1/4 S FRANCE outre-mer FRANCFORT -4/2 S ST-PETERSB. -7/-4 C AFRIQUE SEOUL -13/-8 S LIMOGES 8/12 N CAYENNE 23/26 C GENEVE 3/6 P STOCKHOLM -7/-2 S ALGER 9/18 C SINGAPOUR 25/29 P LYON 8/12 P FORT-DE-FR. 22/28 S HELSINKI -8/-3 S TENERIFE 11/15 S DAKAR 20/25 S SYDNEY 21/29 S MARSEILLE 11/14 P NOUMEA 23/28 S ISTANBUL 8/10 S VARSOVIE -6/-2 S KINSHASA 22/29 P TOKYO 2/8 S Situation le 11 janvier à 0 heure TU Prévisions pour le 13 janvier à 0 heure TU VENTES Les robes « à l’anglaise » et « à la française » des épouses Oberkampf

AU CŒUR de la mode des tex- La pièce la plus intéressante, une somptueuse se signale par la beauté La mode évolue assez peu au est illustrée dans la vente par une trouve un habit d’« incroyable », un tiles anciens, le goût pour les cos- robe de cour à paniers, aurait été des motifs brochés, le soin et le raf- cours du XVIIIe siècle. A partir des robe « à l’anglaise » commandée de ces dandys apparus sur le déclin tumes d’époque a fait passer ceux- portée lors de la présentation de finement apportés au détail de l’or- années 1760-1770, l’usage de tissus par la seconde Mme Oberkampf, de la Révolution française, réalisé ci du statut de chiffon à celui d’ob- Mme Oberkampf à la reine Marie- nementation : de méandres de plus légers que les soieries euro- vers 1785-1787, en mousseline de vers 1790-1795. En gros de Tours à jet de collection. La prochaine Antoinette, en 1775. En lampas à fourrure s’échappent des bouquets péennes, comme le coton et la coton à décor de fleurettes, impri- fines rayures bordeaux, cet habit est vente, qui aura lieu le 16 janvier à décor broché de soie polychrome, rehaussés de fils chenille, le volant mousseline, apporte un renouveau. mée à Jouy par la manufacture complet de ses vingt-six boutons Drouot, en propose un ensemble ce modèle « à la française », appelé de dentelle bordant la jupe agré- La mode des indiennes, des toiles Oberkampf (20 000-25 000 francs, originaux, en nacre à décor d’une des XVIIIe et XIXe siècles, dont plu- aussi « à la Watteau », du nom du mentée de fleurs de taffetas, de fils de coton à décor de fleurs impri- 3 000-3 800 ¤). Modèle rival de la lettre en filigrane d’argent, qui re- sieurs robes ayant appartenu à peintre qui le fit figurer sur nombre chenille et de sourcils de hanne- mées dans le goût indien, est popu- « française », la robe « à l’anglaise » constituent l’alphabet (6 000- Mme Oberkampf, épouse du fonda- de tableaux, se caractérise par deux tons, un matériau du plus heureux larisée entre autres par les innova- offre un dos ajusté, avec un pli cen- 8 000 francs, 900-1 220 ¤). teur de la manufacture de Jouy, larges plis s’évasant des épaules à effet (70 000-90 000 francs, 10 700- tions de Christophe Oberkampf tral et des plis plats rabattus. La vente comprend aussi de Christophe Oberkampf. l’ourlet du bas. Cette robe de cour 13 750 ¤). dans le décor des tissus. Cette mode Au chapitre des curiosités se nombreux costumes d’homme du XVIIIe, notamment des gilets de soie (1 000 à 6 000 francs, 150 à 900 ¤), Adjudication Résultats de la vente Calendrier samedi 13 et dimanche 14 janvier, dimanche 14 janvier, des habits et des culottes à partir de de photographies, tél. : 01-40-71-07-63. tél. : 05-57-43-97-93. 200 francs (30 ¤). Les vêtements an- Résultats de la vente Drouot-Richelieu, ANTIQUITÉS-BROCANTES b Saint-Gély-du-Fesc (Hérault), b Laval (Mayenne), samedi 13 ciens voient leur prix monter selon de photographies de la collection mardi 19 décembre, étude b Bordeaux Port (Gironde), du vendredi 12 au lundi 15 janvier, et dimanche 14 janvier, l’ancienneté, la beauté du tissu, la Renée Perle, à l’hôtel George-V, Ribeyre-Baron (Le Monde jusqu’au dimanche 14 janvier, tél. : 04-67-70-20-54. tél. : 02-43-86-66-25. qualité du décor et l’état de conser- jeudi 21 décembre, étude Tajan (Le du 15 décembre 2000). tél. : 05-56-52-10-69. b Strasbourg (Bas-Rhin), vation. Peu de textiles du début du Monde du 15 décembre 2000). b Berenice Abbott, Boutique b Monte-Carlo, jusqu’au du vendredi 12 au lundi 15 janvier, COLLECTIONS XVIIIe ont survécu et, si les modèles b Cap d’Antibes et Saint-Tropez, d’antiquaire à New York vers 1936, dimanche 14 janvier, tél. : 01-40-71-90-22. b Paris « Carte expo », Maison Louis XVI se révèlent plus courants, 4 tirages d’époque à tonalité tirage d’époque, 45 000 francs. tél. : 377-97-98-50-00. b Saint-Jean-de-Muzols de la Mutualité, beaucoup d’entre eux présentent sépia, 26 000 francs. b Edouard Boubat, Enfants vers b Paris, Bastille, du jeudi 11 (Ardèche), samedi 13 et dimanche 24, rue Saint-Victor, vendredi 12 des taches ou des accrocs qui dimi- b Cap d’Antibes, 4 tirages 1962, 3 000 francs (457 ¤). au dimanche 21 janvier, 14 janvier, tél. : 04-75-90-36-48. et samedi 13 janvier, nuent leur valeur. d’époque, 10 000 francs (1 524 ¤). b Edouard Boubat, Inde Madras tél. : 01-56-53-93-93. b Tarascon tél. : 01-42-72-67-00. b Renée au collier de perles, 1971, tirage postérieur, b Paris, place de la (Bouches-du-Rhône), samedi 13 b Paris, espace Champerret, Catherine Bedel tirage d’époque à tonalité sépia, 13 000 francs (1 981 ¤). Porte-d’Auteuil, du jeudi 11 et dimanche 14 janvier, « Disques de collection », 23 000 francs (3 511 ¤). b Bill Brandt, Près de la porte au dimanche 14 janvier, tél. : 04-90-59-95-20. samedi 13 et dimanche 14 janvier, ૽ Drouot-Richelieu, 16 et 17 janvier. b Renée à Paris, tirage d’époque de Clignancourt 1929, tirage tél. : 01-40-62-95-95. b Lisieux (Calvados), samedi 13 tél. : 01-43-35-52-52. Exposition le 15, de 11 heures à à tonalité bleue, 72 000 francs. vers 1940, 50 000 francs (7 622 ¤). b Paris, avenue de Versailles, et dimanche 14 janvier, b Limoges (Haute-Vienne), 18 heures. Etude : Dumousset-De- b Chapeaux cloches, 2 tirages b René-Jacques, Place de vendredi 12 et samedi 13 janvier, tél. : 02-31-86-43-38. « Autour du parfum », samedi 13 buraux-Lenormand-Dayen-Morelle- d’époque à tonalité sépia, l’Europe, Paris hiver 1945-1946, tél. : 01-45-89-32-07. b Pontchâteau et dimanche 14 janvier, Marchandet. Expert : Aymeric de 18 000 francs (2 744 ¤). tirage postérieur, 6 000 francs. b Paris, place de la Nation, (Loire-Atlantique), samedi 13 et tél. : 05-55-03-17-04. Villelume. Tél. : 01-56-28-04-12.

Retrouvez nos grilles PROBLÈME N° 01 - 010 o MOTS CROISÉS sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION N 204 En collaboration avec

123456789101112 - 9. Habituées à affronter les Le daim de Sibérie I difficultés. - 10. Gagnée d’un trait et enlevée par Héraclès. Atome. - 11. LES ÉPAULES couvertes d’une II Voie de circulation. Petites voies de veste de lapin, le crâne de daim, circulation. - 12. Assurent les couronné de ses bois, avance sur III remplacements. Borné et limité. des sabots de cheval, suivant un chemin immuable. Cet animal IV Philippe Dupuis étrange, encombré de chaînes, de bouts de ficelle, de fils électriques, Gilbert Peyre (1947), V SOLUTION DU N° 01 - 009 semble tellement transi de froid que « J’ai froid », 1998-2000. l’on est à peine étonné de l’entendre Hauteur 140 cm. VI Horizontalement murmurer : « J’ai froid, j’ai froid, j’ai A l’exposition « Fin de froid... » Ce personnage bizarre, chantier » de Gilbert Peyre, VII I. Eclaboussure. - II. Diapositives. « divinité sibérienne, esprit maître de Halle Saint-Pierre, à Paris, - III. UV. Out. Eta. - IV. Libre. Paella. la forêt glacée » habite l’une des ins- jusqu’au 25 février. VIII - V.Cerisiers. AM. - VI. Orée. Cri. Apo. tallations de Gilbert Peyre. Auteur- - VII. Rem. Bienfait. - VIII. Esab metteur en scène, bricoleur, IX (base). Io. Dé. - IX. Ne. Traversée. - sculpteur, inventeur, musicien, X. Toge. Sirènes. homme de théâtre, poète... l’artiste X est inclassable. Dans son univers,

Verticalement tout est possible : « Les bêtes JOCHEN LITTKEMANN bougent, circulent, tournent, girent, HORIZONTALEMENT faire la guerre chez les Grecs. Points 1. Edulcorant. - 2. Civière. Eo. - 3. gravitent. Une valise noire s’ouvre et en opposition. - X. Dispensés. La. Brème. - 4. Aporie. Ste. - 5. Boues. le rat aux oreilles rondes en sort. Un n’est pas loin. Son auteur, le révé- I. Risque de ne plus l’être quand Empoisonnements amoureux. Bar. - 6. Ost. Ici-bas. - 7. Ui. Père. VI. lapin blanc court, il est le cousin du rend Charles Lutwidge Dodgson Chaque lundi avec on passera à l’euro. - II. - 8. Stéarinier. - 9. Sites. Fore. - 10. Lapin blanc aux yeux roses de Lewis (1832-1898), souffrait d’un handicap Complètement détruit. Butte au VERTICALEMENT Uval. Aa. Sn. - 11. Rê. Lapidée. - 12. Carroll et du lièvre de Mars. » important. Etait-il : Sahara. - III. Sur de bonnes voies Escamotées. Dans cette fin de chantier, le – anorexique ? 0123 en France et en Europe. Evitent le 1. Un moyen comme un autre monde d’Alice au pays des merveilles – bègue ? DATÉ MARDI plantage dans la descente. - IV. d’enfoncer le clou. - 2. Innocents. – boiteux ? Peut-être n’était-elle qu’un pion au Ceux d’avant. - 3. Chargé du service retrouvez coup précédent. Crie dans les sous- au Temple. La « Voix » des Chinois. Réponse dans Le Monde du bois. - V.Toujours en avant. Patron. - 4. Donne le ton. Poème tout neuf. 19 janvier 2001 - VI. Toujours en arrière. Rameniez - 5. Bien introduites. - 6. Fait son Réponse du jeu n° 203 paru dans LE MONDE vers vous. - VII. Dans les habitudes. classement sur les courts. Le Monde du 5 janvier Habille. En Suisse ou à Jérusalem. Souverain disparu. - 7. Ouverture Man Ray a réalisé en 1928 le film ECONOMIE - VIII. Baisses dans les affaires. - IX. vers le large. Assure la liaison. L’Etoile de mer, sur un poème de Cajole en forêt. Toujours prêt à Epoque. - 8. Vérités toutes simples. Robert Desnos. 27 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001

FESTIVAL Le festival de musique teur artistique depuis sa création en sible sa seule règle. Définitivement les services de l’Ensemble Modern et due, la championne du monde de l’ac- du Val-de-Marne, Sons d’hiver, du 1992, Fabien Borontini. b CÔTÉ SUR- hors catégories, il est internationa- de ses solistes, rompus aux nouvelles cordéon, Yvette Horner, saura aussi 12 janvier au 10 février, est «un PRISE, les deux concerts de Fred Frith lement reconnu pour ses talents techniques instrumentales, et qui surprendre en compagnie de Jac Ber- festival qui s’intéresse aux passe- devraient en regorger. Le guitariste d’improvisateur hors pair. b IL S’EST n’en sont pas à leur première aven- rocal et sous la houlette de la Campa- relles », comme le définit son direc- et compositeur a fait de l’imprévi- ADJOINT pour un soir, le 13 janvier, ture musicale. b EN INVITÉE inatten- gnie des musiques à ouïr. Futuriste. Sons d’hiver persiste à présenter les zones de mélange de la musique La dixième édition du festival du Val-de-Marne débutera avec deux concerts du guitariste et compositeur Fred Frith, qui a fait de l’imprévisible sa seule règle : au diapason des ambitions de la manifestation, qui s’intéresse au va-et-vient entre le jazz, les musiques du monde, la musique contemporaine ou le rock

LA PRÉSENCE du guitariste se plier depuis près de trente ans spécial de la revue Peace Warriors des surprises, de ne pas se conten- Fred Frith en ouverture de Sons d’activité artistique. (juillet 1997), Théo Jarrier écrivait ter de se ressembler et d’apparaî- d’hiver indique, avant même de Cofondateur d’Henry Cow, for- aussi : « Frith est en révolution per- tre, vu de loin, comme une manifes- parcourir l’ensemble du program- mation culte entre rock, jazz et manente, il ne cesse de chercher, tation musicale un peu bizarre, me, que le festival de musiques du chanson dans les années 70, Frith finit par trouver et repart à la con- parachutée dans quelques villes Val-de-Marne, prévu du 12 janvier s’installe à New York où il participe quête d’autre chose. (…) Il ne s’est préparées d’une banlieue jouxtant au 10 février, n’appartient pas au à Massacre, trio jusqu’au-boutiste jamais rendu prisonnier d’un style, Paris. « La démagogie, insiste lot commun des manifestations avec Bill Laswell, se réinvente avec n’a jamais revendiqué une apparte- Fabien Barontini, serait de considé- dont le but premier est le rituel Skeleton Crew ou Keep the Dog, nance à une quelconque chapelle ou rer que, comme l’on se trouve dans récréatif. Non pas que cette dixiè- collabore parfois comme bassiste ghetto musical. » Chacun est un des plus jeunes départements de me édition s’interdise le plaisir sim- au Naked City de John Zorn, autre prévenu. France, avec une population métis- ple du concert. Au contraire, mais multiplicateur de formes. Re- sée, il ne faudrait proposer que des ce n’est pas une fin en soi. Si Sons trouvant l’Europe au milieu des musiques dites “de jeunes” et de d’hiver n’est pas le seul festival années 80, Frith rencontre des plas- « Frith est l’exotisme pour que les différentes français à programmer Fred Frith ticiens, des chorégraphes et cinéas- communautés renouent pour quel- – il sera l’invité de Banlieues bleues tes, intervient en duo ou dans des en révolution ques heures avec leurs racines en Seine-Saint-Denis fin mars –, projets collectifs (Guitar Quartet, culturelles. » les années ont permis de tisser un Tense Serenity...) sur les fronts du permanente, il ne Depuis sa création, le festival lien qui, au-delà de l’échange musi- rock et de l’improvisation, se ré- favorise le va-et-vient entre le jazz, cal, tient à une conception parta- vèle aussi un pédagogue pertinent cesse de chercher, les musiques du monde, la musi- gée de la vie, de la place de l’artiste lors de longues résidences. que contemporaine ou le rock et dans la société ou du rôle d’une ins- L’homme, qui vit en Californie, finit par trouver et d’autres pratiques artistiques (dan- titution publique dans l’accompa- où il a un poste de compositeur se, théâtre, vidéo…). Cette année, gnement d’un artiste. invité au Mills College d’Oakland, repart à la conquête donc, Yvette Horner bousculera Pour sa quatrième participation ne cultive pas d’allure particulière. quelques jeunes gens post-punks à Sons d’hiver, Fred Frith jouera Ses cheveux virant au gris indi- d’autre chose » avec son accordéon ; le saxopho- d’abord en solo, lors de la soirée quent sa cinquantaine passée. Dis- niste Akosh S. se frottera aux prati- inaugurale du festival le 12 janvier, cret, d’un abord aisé, son regard ques de gnawa de Tanger ; Garrett dans l’église Saint-Saturnin de Gen- pétille dès qu’il s’agit de transmet- Au solo de Gentilly succédera la List, quasi inconnu en France, célé- tilly. Il sera question de guitares tre non une technique ou des avis présentation, en création françai- brera les noces de la musique con- préparées, d’un jeu sur la matière définitifs, mais la nécessité de la se, le 13 janvier à l’Espace culturel temporaine et du minimalisme à sonore, sur les fréquences, de l’utili- curiosité pour un artiste. Fêté pour André-Malraux du Kremlin-Bicê- partir de chansons ; les sons indo- sation de brosses, d’outils, d’objets son phrasé et ses idées par les gui- tre, de Traffic Continues, pièce orientaux et l’électronique auront musicaux bricolés à la maison, tar heroes, reconnu comme l’un orchestrale en deux parties avec la une nuit pour se trouver… Quant à d’improvisation, de composition des improvisateurs les plus auda- harpiste Zeena Parkins, la percus- Michel Portal, son passage en pre- instantanée, de vibrations, de cieux et régulièrement sollicité sionniste Ikue Mori et l’Ensemble mière mondiale à la tête d’une for- mises en résonance. A moins que pour sa connaissance des langages Modern de Francfort. Si un disque mation qui comptera parmi ses Frith ne remette sa guitare en ban- orchestraux, Frith est définitive- (publié par la compagnie Winter membres deux anciens musiciens doulière pour quelques citations ment hors catégories. & Winter, distribution Harmonia de Prince promet déjà d’être un country, rhythm’n’blues ou pour « Sons d’hiver est un festival qui Mundi) a permis de graver l’œuvre, événement. Un mois avant la soi-

un passage en revue de tous les s’intéresse aux passerelles, rappelle CHRISTIAN DUCASSE elle reste un matériau évolutif avec rée de clôture de Sons d’hiver, le plans héroïques du rock… Fabien Barontini, directeur artis- Fred Frith en concert au festival Sons d’hiver en 1998. ce que cela comporte d’incertitude. 10 février, plus des deux tiers des La seule règle de Fred Frith, né à tique de la manifestation depuis sa En reprenant la programmation places étaient déjà vendues. Un Heathfield (Sussex) le 17 février création en 1992. Dans l’art, en en ce sens Fred Frith est quelqu’un cadre dans lequel il peut ou ne peut passée de Sons d’hiver, en relisant signe que la ligne artistique du festi- 1949, est probablement l’imprévisi- musique, je ne me retrouve pas dans de très symbolique, d’exemplaire de pas jouer, et a une manière de ras- sa jeune histoire, en cherchant les val n’est pas seulement une vue de ble, unique système auquel le guita- la notion de frontières, de genres ce que nous essayons de montrer et sembler les influences, les codes qui lignes de force de la présente affi- l’esprit. riste, violoniste, bassiste, excellent imperméables. Il y a toujours des faire entendre. Il se pose des ques- laisse entendre beaucoup de souples- che, on s’aperçoit que le festival a chanteur à l’occasion, admette de zones de mélange, d’assimilation, et tions d’envie, d’enthousiasme, de se et de subtilité. » Dans un numéro le souci de générer des ruptures, Sylvain Siclier

PROFIL tif ou artistique qui régissent la Yvette Horner et les trois zèbres de la Campagnie des musiques à ouïr vie de l’ensemble, installé à L’ENSEMBLE MODERN, Francfort depuis 1985. Concernés LE SPECTACLE le plus scin- ni tête, mais avec tout le reste ? tion. » Ils se vouvoient, s’interpel- Elle comprend mais veut servir à à tous les niveaux de l’entreprise tillant de l’année. L’idée du siècle Qui débarquent à l’heure pile, lent avec déférence, s’adressent la perfection : « Attention, mon petit, UN COLLECTIF TAILLÉ collective (jusqu’aux risques que le siècle dernier n’a pas eue. chez elle, à deux pas du bois de des sentences très élaborées, se n’oubliez pas que vous avez des financiers encourus dans le mar- Elle tombe pourtant sous le sens : Vincennes, parce que Mme Horner traitent les uns les autres avec cer- balais, et moi j’ai des notes. Avec des POUR L’AVENTURE ché de la création), les membres Yvette Horner (championne du est très accueillante mais très taine précaution, et dans l’ensem- balais, on peut aller à toute berzin- de l’Ensemble Modern garantis- monde de l’accordéon) et Jac Berro- stricte. Très exigeante avec la musi- ble déconnent pas mal. Ce qu’elle gue. Avec des notes, c’est plus subtil, il Les œuvres de musique sent un engagement sans limite cal (poète), mis en scène et en musi- que et les musiciens. Il n’y a pas de ne supporte pas, c’est le débridé faut donner de l’expression, ou alors, contemporaine mobilisent rare- aux chefs et aux compositeurs ques par la Campagnie des musi- fumée sans feu. D’ailleurs, on ne dans une musique qui le serait plu- ça déblatère, ça n’a aucun sens. » ment des effectifs standards tels invités à travailler avec eux. ques à ouïr. On sait d’instinct qu’il fume pas dans son pavillon aux tôt, pour cette raison sans doute : Elle montre. On fond. Dans le cou- que ceux institués au XIXe siècle Si leur catalogue discographi- n’y a pas mieux. Kitsch ? Roulez sapinettes taillées en accordéon. « Ah bon ! Vous avez démarré ? Bra- loir, Jac Berrocal : le Lou Reed d’Ivry- pour la musique de chambre ou que témoigne d’un éclectisme jeunesse, c’est du fumant. Rétro ? Ou alors dans le jardin. La chemi- vo. J’aimerais bien que vous m’aver- sur-Seine, chapeau de paille et lu- le répertoire orchestral et recou- militant (le Prometeo conceptuel Vous repasserez : la rencontre est née est aux formes des sapinettes, tissiez, si ce n’est pas trop vous nettes noires, irrésistible air de l’an- rent volontiers à des formations de Luigi Nono, le labyrinthique futuriste. Du free ? Si vous y tenez, comme les appliques et les lampa- demander, quand vous êtes partis. ge à la trompette, parfois il chante d’une quinzaine d’unités, diffé- Voyage d’hiver, de Hans Zender, mais du free précieux, sophistiqué, daires. Les poignées de portes sont Ça commence comment ? » et c’est presque plus poignant. Elle rentes d’une partition à l’autre. la transcription d’Etudes pour pia- Kurt Weil sous-traité par Robert en clés de sol. joue des valses, des pasos, Le Petit Pour répondre à cette demande no mécanique, de Conlon Nancar- Wyatt, Achille Zavatta et Albert Yvette Horner : caleçon noir, bas- « SURTOUT, PRÉSENTEZ BIEN ! » Paso rouge, un solo de concours sont apparues des formations row…), c’est à la scène que s’affir- Ayler. Un opéra-bouffe écrit au mil- kets blanches, chasuble bleu de Les autres, Denis Charolles (bat- (Rigolade), les intimide. Ils savent où dites « à géométrie variable », me le plus nettement leur goût limètre, soigné note à note, pour guède, petit chemisier de soie blan- teur de campagne, vocaliste sau- ils vont, ne se laissent pas démonter tel l’Ensemble InterContempo- de l’aventure (collaborations Mme Horner et Berrocal. che avec col en pointe. Elle déteste vage), ou au choix, Christophe par son côté on joue droit, son côté rain, fondé dans le milieu des remarquées avec les jazzmen Qui sont ces trois zèbres de la ses lunettes, laisse mousser une Monniot (souffleur de braises, Tour de France, son côté Duras : années 70 sur le modèle du Lon- Ornette Coleman et Anthony Campagnie des musiques à ouïr, sorte de crinière rousse, parle avec chanteur électronique), ou encore, « Ici, permettez-moi trois remarques : don Sinfonietta. Braxton ou avec les vidéastes Bill qui, l’après-midi, pendant que une humble autorité. Accent intact cela n’a aucune importance, Rémi sur mon impro, vous allez trop fort, Comme ces phalanges de réfé- Viola et Beryl Korot). d’autres combinent des start-up, de Bigorre : « Ecoutez-moi, jeunes Sciuto (prix de saxophones et de sur le pont, je n’entends pas le bary- rence, l’Ensemble Modern, qui Le spectacle Noir sur blanc de se volent des partitions, dénon- gens. On travaille main dans la synthés) : « Ça commence par des ton, et vous avez failli oublier le pas- interprétera, le 13 janvier, lors Heiner Goebbels (programmé en cent leur voisin, comptent les juifs main. Si vous me dites “non, pas ain- sons. » Elle, un peu plus rousse, sage de l’amour… » Elle le rejoue. de Sons d’hiver, Traffic Conti- 1997 à la MC 93 de Bobigny dans à la radio, qui sont ces zarbis bizar- si”, ce n’est pas parce que je m’ap- mais pas démontée : « Certes, mais Elle entend absolument tout. Elle nues, de et avec Fred Frith, est le cadre du Festival d’automne) rement accoutrés – ils n’ont pas un pelle Yvette Horner que je vais regim- en quel ton ? » Eux à l’unisson : est sévère et exacte. Eux obtiennent constitué d’un noyau de solistes pointe de manière emblémati- siècle à eux trois – qui parviennent ber. Vous comprenez ? On conteste. « Peu importe. C’est de la peinture, en douce un micro-changement de (seize lors de sa création en 1980, que l’identité à nulle autre à convaincre Jac Berrocal et J’aime qu’on cherche ensemble. Il ce n’est pas du solfège. » Là, elle tempo auquel ils tiennent. vingt et un à l’heure actuelle) pareille de l’Ensemble, qui n’hési- Mm Horner d’un projet sans queue n’y a qu’un impératif : la perfec- comprend. Nul d’entre eux n’a l’âge de l’avoir rompus aux nouvelles techniques te pas à utiliser la culture indivi- vue debout sur sa bagnole à pla- instrumentales. duelle (une percussionniste d’ori- teau, dans l’Aubisque, le Tourmalet, Il se distingue toutefois de ses gine japonaise est, par exemple, Rendez-vous (le 4) ; Large Ensemble/Sylvain d’hiver n’a, à ce jour, pas connu dans sa Bigorre natale, et jouant homologues de plus en plus nom- conviée à jouer du koto) d’inter- Kassap (le 8) ; soirée « Asian all de déficit. Le conseil général du toute la nuit encore pour le bal de breux par un mode de fonction- prètes authentiquement polyva- b La programmation. Le festival stars » (le 9) ; Michel Portal (le 10). Val-de-Marne est le principal l’étape. Elle aligne les valses, infati- nement autonome favorisant la lents (acteurs, chanteurs, instru- de musiques Sons d’hiver recevra b Lieux. Salles, théâtres bailleur de fonds, avec 2,3 millions gable, un petit reggae ouvrier, La réalisation de projets inédits. Les mentistes). notamment : Zeena Parkins, Ikue municipaux et centres culturels de de francs (350 633 ¤) ; le ministère Bourrée des mariés ; Berrocal, un musiciens prennent eux-mêmes Mori et Fred Frith en solo (le seize villes du Val-de-Marne (94) : de la culture – DRAC Rock and Roll Station de première les décisions d’ordre administra- Pierre Gervasoni 12 janvier) puis avec l’Ensemble Alfortville, Arcueil, Ile-de-France – alloue 750 000 bourre. Pourquoi avec ces jeunes las- Modern (le 13) ; la Campagnie des Bonneuil-sur-Marne, francs (114 337 ¤) et la région cars ? « Je vais vous dire : parce qu’ils musiques à ouïr, Yvette Horner et Chevilly-Larue, Choisy-le-Roi, Ile-de-France 210 000 francs sont intrinsèquement musiciens. Je ne Jac Berrocal (le 14) ; Hadouk Trio, Créteil, Fontenay-sous-Bois, (32 015 ¤) ; les sociétés civiles sais pas comment ils m’ont dénichée. Akosh S. (le 19) ; Denis Colin et les Fresnes, Gentilly, Ivry-sur-Seine, (Sacem, Spedidam et Adami) Mais ils sont musiciens à un point arpenteurs, Masada/John Zorn (le Le Kremlin-Bicêtre, Rungis, et le partenariat France Telecom qu’on aime jouer avec eux. La musi- 20) ; « Rwanda 94 », de Groupov Vincennes, Villeneuve-le-Roi, interviennent environ pour que, ce n’est pas préférer un style à un avec la musique de Garrett List (du Villejuif et Vitry-sur-Seine. 250 000 francs (38 113 ¤) ; les autre, c’est aimer jouer avec des musi- 15 au 21) ; Bob Ostertag (le 23) ; Le Théâtre du Lierre, à Paris, recettes propres devraient être ciens. Vous comprenez ? » Elle se Rodolphe Burger et ses invités (les participe aussi, cette année, de l’ordre de 1 million de francs tourne vers eux : « Vous pouvez vous 24 et 25) ; Marc Ribot et le quintet à la manifestation. (152 449 ¤) répartis entre mettre des chaînes de vélo, de la confi- de Louis Sclavis (le 27) ; Eugene b Chiffres. Le budget du festival la billetterie, la revente des ture sur le béret, ce que vous voulez, Chadbourne/Paul Lovens, les Sons d’hiver est de 4,5 millions spectacles aux villes et les mais présentez bien. J’y tiens absolu- Primitifs du futur (le 28) ; Garrett de francs (686 021 ¤), dont coproductions. En 2000, le taux de ment. » C’est un concert de Sons List Ensemble (le 2 février, à 2,3 millions de francs (350 633 ¤) remplissage moyen a été de 80 %. d’hiver, le 14 janvier. Un dimanche Paris) ; Frédéric Le Junter, une consacrés à l’artistique. En légère b Renseignements. De 50 francs de la vie. Spécial pour enfants et soirée « Maghreb all stars » (le 3) ; progression cette année, ce (7,62 ¤) à 130 francs (19,82 ¤). musiciens. Les autres peuvent Pablo Cueco en solo, Pierre budget est quasi stable depuis la Tél. : 01-46-87-31-31. Internet : s’abstenir. Bastien, Le Junter, Pierre Berthet… création du festival en 1992. Sons www.sonsdhiver.org/. Francis Marmande 28 / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 CULTURE Jeanne Moreau Marcel Bozonnet à la tête première femme de la Comédie-Française à entrer Le choix du comédien et metteur en scène, ancien pensionnaire et sociétaire de l’institution, à l’Académie à la suite de Jean-Pierre Miquel, a fait l’unanimité des beaux-arts CATHERINE TASCA, ministre dont les choix sont, en principe, SI L’ACADÉMIE française a de la culture et de la communica- commandés par des impératifs reçu, voilà juste vingt ans, le tion, a annoncé mercredi 10 jan- artistiques. Il faut enfin que ce can- 22 janvier 1981, une femme, Mar- vier, à l’occasion de la présentation didat bénéficie de l’accord tacite guerite Yourcenar, l’Académie des de ses vœux à la presse, la nomina- de la troupe de la Comédie-Françai- beaux-arts n’en avait encore tion de Marcel Bozonnet au poste se – ce qui n’est pas une mince jamais accueilli avant Jeanne d’administrateur général de la affaire. Les soixante sociétaires et Moreau, qui y a fait son entrée Comédie-Française, à partir du pensionnaires sont souvent divi- mercredi 10 janvier. 31 juillet. Il succédera à Jean-Pierre sés, politiquement et artistique- Occupant un fauteuil qui vient Miquel, en poste depuis septem- ment. Et ils jouissent d’un pouvoir d’être créé dans la section des bre 1993 et ayant atteint la limite très important dans la marche de « Créations artistiques dans le d’âge. Marcel Bozonnet quittera le la maison. cinéma et l’audiovisuel », la nou- poste de directeur du Conservatoi- velle académicienne – dans un cos- re national supérieur d’art dramati- tume dessiné par Pierre Cardin, que de Paris, qu’il occupe depuis Au Conservatoire de son ami de toujours et membre de 1993. la même académie – n’avait pas à Cette nomination n’est pas vrai- Paris, il développe la prononcer le discours d’usage où ment une surprise. Depuis quel- l’on fait l’éloge de son prédéces- ques semaines, le nom de Marcel pédagogie de la voix. seur. Elle a choisi, plutôt que Bozonnet était régulièrement cité. d’évoquer sa somptueuse carrière Plusieurs candidats étaient en lice. Il signe aussi des mises de comédienne ou « sa grande pas- Lui seul réunissait les qualités sion », le cinéma, de parler de ce requises pour accéder au poste en scène d’opéra qui a fondé sa vocation et de « ren- d’administrateur général. La Comé- dre hommage à ceux qui ont nour- die-Française n’est et ne sera comme « Didon ri » cette vocation. jamais un théâtre comme les SOPHIE STEINBERGER/ENGUERAND Evoquant son enfance et son autres. C’est la première scène fran- et Enée », à Aix Marcel Bozonnet quitte la direction du Conservatoire national supérieur d’art dramatique adolescence à Vichy, entre un père çaise (« située au centre de Paris qui de Paris, qu’il occupait depuis 1993, pour prendre ses nouvelles fonctions en août. restaurateur et une mère, anglaise, est au centre de la France », comme danseuse, Jeanne Moreau a rappe- le disait Antoine Vitez, administra- Ce dosage subtil entre l’art et la Marcel Bozonnet est né à Sau- net n’a cessé de jouer et de peaufi- Toja en 1982, Marcel Bozonnet lé le souvenir de sa grand-mère teur de 1988 à sa mort en 1990), la raison politique explique les négo- mur-en-Auxois en 1944. Il a com- ner sa formation en travaillant par- débute Place Colette en interpré- paternelle, sa « seule confidente », seule sur laquelle le pouvoir ait un ciations, souvent longues et parfois mencé à faire du théâtre dès le ticulièrement la voix et la danse tant Victor dans Victor ou les de son grand-père anglais qui droit de regard immédiat : l’admi- extrêmement délicates, qui mènent lycée. Il a continué alors qu’il étu- contemporaine. enfants au pouvoir, de Roger enseignait la navigation à voile et nistrateur est nommé par décret au choix d’un candidat. Dans le cas diait la philosophie à l’université Dans ses premières années de Vitrac. En 1984, il joue Antiochus lui a appris « les marées, les lunai- du président de la République en de Marcel Bozonnet, le ministère, de Dijon. Son engagement dans le scène, on croise des noms aussi dans la Bérécine historique mise en sons, les étoiles »… Puis, à partir de conseil des ministres. Rares ont été l’Elysée et la Place Colette n’ont pas théâtre a été définitif après qu’il divers que celui de Roger Blin scène par Klaus Michael Grüber. 1936, après la faillite de son père, il les chefs d’Etat qui ne se sont pas eu à s’affronter. Le choix du futur eut rencontré, au cours du festival (dont il a été l’assistant), Valère En 1986, il est nommé sociétaire. y eut la venue à Paris, la guerre, intéressés aux nominations des administrateur général ne pose pas des Nuits de Bourgogne, Victor Novarina, Marcel Maréchal, Patri- Lluis Pasqual le dirige dans Comme l’Occupation, « ma mère anglaise administrateurs, en raison de la de problème politique, et le par- Garcia – un grand metteur en scè- ce Chéreau, Alfredo Arias, Geor- il vous plaira, de Shakespeare, arrêtée puis relâchée, allant signer fonction politique qu’occupe la cours artistique de Marcel Bozon- ne qui a traversé comme un météo- ges Aperghis, Bruno Bayen, Alain Dario Fo dans Le Médecin malgré tous les jours au commissariat du 9e Comédie-Française, appelée à net n’est pas loin du sans-faute : il re le théâtre des années 60. En Ollivier, Petrika Ionesco, Antoine lui et Le Médecin volant, Jean-Luc arrondissement », « l’école, les exa- représenter la France à l’étranger. revient à la Comédie-Française, où 1966, Victor Garcia lui a fait jouer Vitez, Lucian Pintilié, avec qui il a Boutté dans Le Barbier de Séville, mens annuels, les étoiles jaunes, les Il convient donc que le candidat il a été pensionnaire, puis sociétai- le rôle d’Emanou dans Le Cimetiè- joué autant le répertoire contem- Antoine Vitez dans son ultime camarades absentes et jamais ait l’aval de l’Elysée sur proposi- re, de 1982 à 1992. Il connaît donc re de voitures, d’Arrabal. A partir porain que le classique. Engagé à mise en scène, La Vie de Galilée. revues, l’indignation mêlée de peur, tion du ministère de la culture, parfaitement ce lieu et ses usages. de ce moment-là, Marcel Bozon- la Comédie-Française par Jacques En décembre 1992, Marcel la colère… » Bozonnet quitte la Comédie-Fran- Enfin, est arrivé ce jeudi de çaise pour prendre en main le Con- mars 1944, où, en cachette de son servatoire national supérieur de père, Jeanne Moreau est allée assis- Premiers bilans et nouveaux chantiers pour le ministère de la culture Paris, où il développe la pédagogie ter, au théâtre de l’Atelier, à une de la voix. Il demande à de grands représentation de l’Antigone de metteurs en scène – dont Patrice Jean Anouilh. Quand elle entendit Lors de ses vœux à la presse, Catherine Tasca a placé 2001 sous le signe des nominations Chéreau et Klaus Michael Grüber Antigone dire à Créon « je veux – de diriger des ateliers. Il signe tout, tout de suite », « ce fut CATHERINE TASCA, ministre confortant les structures et le finance- tion, l’Agence française d’action Internet des secteurs interdits qui des mises en scène à l’opéra et au l’éblouissement de la vocation ». de la culture et de la communica- ment de l’audiovisuel public », a rap- artistique (AFAA). « pourrait être autorisée sur les télévi- théâtre – les plus récentes étant « Ma place était là-bas dans la tion, a présenté le 10 janvier en fin pelé la ministre. Trois autres lois Mme Tasca s’est encore félicitée de sions locales ou sur les chaînes théma- Didon et Enée, de Purcell, au Festi- lumière. L’intransigeante, la rebelle d’après-midi ses vœux à la presse ont par ailleurs été votées l’an pas- « l’avancée de l’Europe culturelle » tiques du futur réseau hertzien ». val d’Aix-en-Provence, et à résister aux dieux, à proférer pour devant un parterre réunissant dans sé : celle sur l’archéologie préventi- avec l’adoption du plan Média Plus Catherine Tasca a indiqué que Antigone, de Sophocle. ceux qui n’osaient pas, ne pouvaient les salons de la rue de Valois le gra- ve « qui donne enfin à cette activité – « après un parcours difficile où il son ministère fêterait en 2001 deux Comédien, metteur en scène, pas, ce devait être moi. » Et ce le tin de l’audiovisuel, au premier scientifique essentielle un cadre légal nous a fallu faire preuve de beau- centenaires, celui de la loi de 1901 directeur d’institution, Marcel fut, pour une existence toute rang duquel Hervé Bourges, prési- qui lui faisait défaut », celle sur la coup de persuasion pour convaincre sur la liberté d’association, et celui Bozonnet arrive armé d’un savoir vouée à la passion d’être actrice. dent du Conseil supérieur de protection des trésors nationaux, certains de nos voisins » –, après aus- de la naissance d’André Malraux, sûr à la Comédie-Française. A sa Même « la joie folle de la Libération l’audiovisuel qui doit céder son fau- « qui facilite l’exercice du droit de si la résolution de l’Union sur l’éco- inventeur du ministère français de prise de fonctions, il héritera d’une fut éclipsée par Phèdre à la Comé- teuil le 23 janvier. La ministre a préemption de l’Etat », celle enfin nomie du livre et celle sur les aides la culture. Elle lancera en juin 2001 maison en ordre de marche, extrê- die-Française », jouée par Marie d’ailleurs rendu un hommage sur les enchères publiques, « qui nationales au cinéma. La ministre a l’année du cirque. La ministre a mement active, présente sur trois Bell. « Je faillis m’évanouir. Les jeux appuyé au sortant, « qui s’est sou- modernise les règles d’exercice des promis par ailleurs de donner au enfin constaté que « de nombreux scènes (la salle Richelieu, le Théâ- étaient faits. J’étudiais comme une vent trouvé en position pionnière et commissaires-priseurs et des ventes cours de l’année 2001 des réponses changements vont s’opérer, cette tre du Vieux-Colombier et le Stu- folle », a confié Jeanne Moreau, toujours sensible à la liberté de la publiques ». circonstanciées à deux questions année, à la tête des institutions » dio-Théâtre). Il lui restera à relever avant de nommer ceux qui ont, communication ». toujours en débat, le droit de prêt dont elle a la tutelle. Elle n’a annon- le défi artistique en montrant que ensuite, accompagné son par- Au bilan de l’année 2000, DEUX CENTENAIRES des livres en bibliothèques et les car- cé qu’une seule nomination, celle la Maison peut entrer dans le troi- cours. Enfin, après avoir dit quel- Mme Tasca a d’ailleurs inscrit en pre- Elle s’est réjouie de l’engagement tes d’abonnement au cinéma. Elle de Marcel Bozonnet, directeur du sième millénaire en faisant preuve ques vers d’Iphigénie, de Racine, mière place le vote de la loi sur de son ministère et de celui de l’édu- devra aussi traiter deux autres dos- Conservatoire national d’art drama- d’audace. Jeanne Moreau a conclu : « Grâce l’audiovisuel, préparée douloureu- cation nationale en faveur de l’édu- siers importants : celui de la distri- tique, au poste d’administrateur à cette scène, je fus reçue au Conser- sement par son prédécesseur, cation artistique comme du resser- bution de la presse pour lequel elle général de la Comédie-Française Brigitte Salino vatoire en 1947 et grâce à elle, je Catherine Trautmann. « Elle établit rement des liens entre la culture et espère « un véritable plan de relance (lire ci-dessus). suis ici. » un meilleur équilibre entre les opéra- le ministère des affaires étrangères et de modernisation » et celui de la (Lire aussi notre éditorial teurs privés et France Télévision en manifesté par la nouvelle organisa- publicité télévisée pour les sites Olivier Schmitt page 15) Josyane Savigneau « Est Ouest » séduit les Américains, « Les Rivières pourpres » les Italiens AU MOMENT où une centaine Titanic, avec Astérix et Obélix, qui france à Véronique Bouffard, tempè- ma français (Miramax, qui fait main- d’acheteurs de films venus d’Europe avait attiré 3,55 millions d’Alle- re cette hypothèse en faisant remar- tenant partie de l’empire Disney, et et du Québec convergent vers Paris mands et 720 000 Espagnols. Privés quer que, dès 1998, Taxi avait touché Sony Classics) ont considérablement pour y faire leur marché à l’occasion de potion magique, les films français de nombreux marchés, mais il recon- réduit leurs achats. Le succès critique du Rendez-vous européen du ci- résistent bien. naît que 2001 est d’ores et déjà mar- formidable de Beau travail, de Claire néma français, Unifrance – l’orga- D’abord en Italie, où Les Rivières qué par la prévente de nombreux Denis, qu’on a fréquemment retrou- nisme professionnel chargé de pro- pourpres, de Mathieu Kassovitz, ont films de genre – fantastique avec Bel- vé dans les listes de meilleurs films mouvoir le cinéma national dans le dépassé le million d’entrées après phégor, d’époque avec Vercingétorix de l’année publiées dans la presse monde – communique les premiers avoir bénéficié d’une sortie très ou Le Pacte des loups, thriller avec (New York Times ou Village Voice), ne résultats des films français à l’étran- large (223 copies). Ce succès pré- Harry, un ami qui vous veut du bien. s’est traduit ni en nombre d’entrées ger pour l’année 2000. Celle-ci ne sage-t-il d’un renouveau du film de Le succès des achats par les distribu- ni en recettes au box-office. retrouvera pas les niveaux records genre français à l’exportation ? teurs doit encore être confirmé par L’essentiel des recettes françaises atteints en 1999. Cette année-là, le Bruno Berthémy, qui s’apprête à lais- le succès public, qui n’est jamais à l’exportation sont donc réalisées cinéma français avait trouvé son ser le poste de délégué général d’Uni- acquis. Nul ne saura pourquoi en Europe. C’est la raison d’être du moins de Britanniques sont allés Rendez-vous européen du cinéma voir Astérix (59 233) que Le Temps français, organisé du 12 au 16 janvier retrouvé, de Raoul Ruiz (101 382). pour la troisième fois à Paris. Une centaine de distributeurs venus d’Eu- L’ESSENTIEL EN EUROPE rope (Union et pays de l’Est) et du La réputation du cinéma français Québec tenteront de trouver leur dans le monde reste encore large- bonheur parmi la cinquantaine de ment fondée sur la personnalité des films inédits ou récents qui leur auteurs et l’originalité du matériau seront proposés. scénaristique. Ce n’est jamais si vrai Ces achats sont facilités par le sou- qu’aux Etats-Unis. C’est là que Régis tien automatique à la distribution des Wargnier, qui avait déjà remporté films européens hors de leur pays l’Oscar du meilleur film étranger d’origine que permet le programme pour Indochine, a pu se consoler du Media, dont le maître d’œuvre est la semi-échec français d’Est Ouest vu Commission de Bruxelles. Pour l’ins- par plus d’Américains (590 756) que tant, les aides de Media ont plus pro- de Français (557 112). fité aux films français en Europe Mais le marché américain reste qu’aux films européens en France. d’un accès très difficile, depuis que les distributeurs traditionnels du ciné- Thomas Sotinel CULTURE LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / 29 Le public du Nord à l’épreuve d’un « Huis clos » SORTIR PARIS va s’attacher, avec la délicatesse qu’on lui sait, à faire entendre « Shazam », de Philippe pour « faire ressortir la rêverie vécu comme un conflit à l’état pur Decouflé et la Compagnie DCA auditive de la musique Lors de sa création, Shazam, de Mozart ». spectacle proprement magique, Sceaux (92). Scène nationale les La mise en scène d’Agathe Alexis revitalise la pièce de Jean-Paul Sartre dans ses excès avait laissé apparaître comme Gémeaux, av. Georges-Clemenceau. la quintessence de certains des Les 12, 14 et 16 janvier. Tél. : avec les comédiens. Le décor ? trois nisme existentiel qui rend la pièce déroule la pièce tend aussi à les pié- thèmes obsessions de Philippe 01-46-61-36-67. De 85 F à 195 F. HUIS CLOS, de Jean-Paul Sartre. fauteuils stylisés et un bronze qui intemporelle sans tendre au classi- ger physiquement (toutes les Decouflé, metteur en scène et Djoloff Mise en scène : Agathe Alexis. Avec ressemble à une statue mutilée ou à cisme – contrairement à ce qui se issues sont closes durant la repré- inventeur de mouvements pour Ils vivent en France mais ont Valérie Dablemont, Bruno Buffoli, un arbre avec une branche déchi- passait dans la mise en scène de sentation) et moralement dans une la danse. L’illusion d’optique, choisi pour nom celui de l’ancien Dominique Michel, Laurent Hatat. quetée qui, au moment le plus infer- Claude Régy à la Comédie-Françai- sensation d’étouffement dont seul les métamorphoses, les trucages royaume du Sénégal, leur pays Le spectacle, créé en décembre nal de la pièce, s’enflamme, comme se. C’est sur la comédienne jouant le rire peut délivrer. Certaines répli- de cinéma façon Méliès, les d’origine. Une manière, déjà, 2000 à la Comédie de Béthune, est l’esprit du Mal. Dans une semi-obs- Estelle (Valérie Dablemont) que le ques (« ta bouche d’enfer ») ont été événements scéniques vus comme de remonter le temps, avant de joué les vendredi 12 et samedi curité parfois percée de vives lumiè- travail le plus remarquable a été supprimées, mais la mise en scène au travers d’un kaléidoscope avec raconter l’histoire, rafraîchir les 13 janvier 2001, mairie de Hersin- res, le garçon d’étage (Laurent accompli : petite, ronde, elle est est fidèle au texte, avec un parti dans ce Shazam aux merveilles, mémoires. Ils chantent et rappent Coupigny (Pas-de-Calais), à 20 heu- Hatat) paraît émerger de quelque une sorte de poupée qui semble pris de conflit à l’état pur. un travail sur les corps tout en en français et en wolof sur les res. Tél. : 03-21-63-73-20. mythologie moderne qui renverrait davantage sortie de La Ronde,de Ces personnages se haïssent gestuelle moelleuse et vaporeuse sujets qui les fâchent, les douleurs, à l’antique. Il est un passeur des Schnitzler, ou inspirée de la Lulu, pour l’éternité, et on est soulagé de et une impression générale de les blessures de l’Afrique, de BÉTHUNE (Nord) morts. Les trois autres personnages de Wedekind, que de la comédie les laisser à leurs tourments, ou fluidité élégante. Le spectacle est l’esclavage aux politiciens cupides de notre envoyé spécial portent des habits modernes mais de boulevard parisienne. alors on est accablé à l’idée de repris quelques jours à Paris avec et menteurs, en passant par la La mise en scène de Huis clos,de d’époque indécise. Rythmes et ges- retourner à l’enfer personnel qu’on la musique de La Trabant, colonisation. Ils présentent leur Jean-Paul Sartre, par Agathe Alexis tes imposent les figures d’un rituel. SENSUALITÉ BRUTE s’est peut-être construit par mauvai- l’orchestre de Sébastien Libolt premier album de hip-hop nourri prend place dans une opération de Agathe Alexis dit s’être inspirée, Inès (Dominique Michel) et Gar- se foi. C’est celle-ci qui est visée de fondé à l’époque du spectacle, où de tradition d’Afrique Lawane décentralisation dans la décentrali- pour l’atmosphère générale, du cin (Bruno Buffoli) la manient avec façon véritablement angoissante. violon, saxophone, percussions, (Emma Productions/Universal) sation. Le spectacle va au public du Genet des Bonnes et du film de une sensualité brutale, une certaine Agathe Alexis revitalise la pièce piano et accordéon (plus quelques dans une série de concerts jusqu’à Nord. Il est donné non seulement Tarkovksi, Stalker. Sa mise en cruauté, et la comédienne donne dans ses excès et obéit à « la choré- autres objets sonores) trouvent la fin du mois, en ayant à chaque en salles, mais dans divers scène, très efficace, joue sur l’an- au rôle sa profondeur en ne laissant graphie du mouvement sur le cane- dans le jazz, les musiques de fois quelques invités. endroits : préaux de lycée, cours goisse et un rire grinçant, dans une pas oublier qu’Estelle n’est pas née vas du sentiment », selon le vœu de l’Europe de l’Est et des variations Le Divan du monde, 75, rue des d’entreprises, salles polyvalentes. sorte de cérémonial qui commence bourgeoise mais qu’elle a épousé Meyerhold. Sa mise en scène appa- chansons-rock la matière d’une Martyrs, Paris-9e. Les 11, 19, 26 La Comédie de Béthune se déplace sur un rythme lent puis s’accélère. un homme fortuné, plus âgé raît ainsi en tous points contraire à inspiration ludique et onirique et 27 janvier, 20 h 30 ; le 12 janvier, avec un praticable qui contient qua- Les comédiens, jeunes et relati- qu’elle. L’infanticide apparaît dès celle de Robert Hossein au Petit en accord. Le groupe, dont on 19 h 30. Tél. : 01-44-92-77-66. 60 F. tre-vingts sièges, un plateau, des vement inexpérimentés, ont sans lors comme un piège social dans Marigny, qui prétend donner le tex- conseillera l’écoute du disque Sarocchi, Cesari-Raffaelli éléments de décor, les éclairages. doute tendance à surjouer. Mais lequel elle se prend elle-même. te à lire. Ici, il est donné à éprouver. Mécanique musicale Pour sa cinquième soirée, Huis clos se joue entre deux tra- ainsi le piège du réalisme est Le dispositif qui implique les (Philips/Universal Music), le festival Paris Planètes, consacré vées, dans une grande proximité déjoué au profit d’un expression- spectateurs dans le procès que Michel Contat sera présent sur scène, ce qui aux musiques traditionnelles ne gâte rien. présentes en France, hisse Opéra de Paris - Palais Garnier, les couleurs de la Corse. place de l’Opéra, Paris-9e. Les 12, Le Quatuor Sarocchi ne cesse En deux livres, histoire et enjeu des archives cinématographiques 15 et 16, 19 h 30 ; le 13, 14 h 30 et de montrer sa fidélité instinctive 20 heures ; le 14, 15 heures. Tél. : à l’esprit de la tradition, qu’il té de nommer un nouveau directeur source pour l’histoire : la création mathèque au service de leur ambi- 08-36-69-78-68. De 30 F à 260 F. reprenne des pièces du répertoire LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE et les interrogations liées à l’aban- d’un entrepôt pour le cinéma histori- tion personnelle. L’importance de Idoménée ou s’essaie à la création. DE 1936 À NOS JOURS. De Patrick don par le ministère de la culture de que date de… 1898) et évoque ces questions est, elle, argumentée Dans le cadre de la résidence Accompagnée subtilement Olmeta. CNRS Editions. 238 p., la Maison du cinéma. Ce qui aurait d’autres organismes de conserva- par le dossier nourri publié par Ci- proposée par Françoise Letellier, aux cetera, vihuela et guitares 120 F (18,29 ¤). autrefois été perçu comme un sujet tion de films en France ou à l’étran- némAction sous le titre Les Archives directeur de la Scène nationale par Mighele Raffaelli, Mighela LES ARCHIVES DU CINÉMA ET DE brûlant s’est déroulé dans une relati- ger. Dans l’histoire de la Cinémathè- du cinéma et de la télévision. les Gémeaux de Sceaux, à la Cesari interprète d’une voix LA TÉLÉVISION. Sous la direction ve indifférence. Deux livres récents que, l’ouvrage de Patrick Olmeta se compagnie l’Opéra Nomade à la chaleur enveloppante de Michelk Serceau et Philippe permettent une double mise en pers- penche sur « L’affaire Langlois » de DIALOGUE PERMANENT dirigée par Amaury du Closel, de grisantes complaintes. Roger. CinémAction. Corlet-Télé- pective de ces événements. début 1968 et ses suites, et éclaire, Le Service des archives du film, la le chorégraphe Daniel Larrieu La Maroquinerie, 23, rue Boyer, rama-INA. 280 p., 125 F (19,06 ¤). La Cinémathèque française de notamment par des entretiens origi- Cinémathèque de Toulouse, les ciné- s’essaie à sa première mise en Paris-20e. Le 12 janvier, 20 h 30. 1936 à nos jours concerne non seule- naux, d’une lumière moins mani- mathèques régionales, la Bibliothè- scène d’opéra. C’est Idoménée Tél. : 01-40-33-30-60. La Cinémathèque française a con- ment l’institution créée en 1936 par chéenne un épisode mythique. que du film, l’Etablissement cinéma- de Mozart que Daniel Larrieu De 60 F à 80 F. nu l’an dernier une de ces tourmen- Henri Langlois, Georges Franju et Ce regard sur l’histoire permet de tographique des armées ainsi que tes dont l’institution est coutumiè- Jean Mitry, comme l’indique son mieux apprécier des dossiers plusieurs archives étrangères sont (Publicité) re, avec notamment le départ pré- titre, mais fait aussi l’histoire de actuels, tels que la question du rap- ainsi passés en revue. Le travail de maturé de son directeur, Domini- l’idée de conservation des films port avec l’Etat, le problème du restauration est évoqué par Enno que Païni, l’éviction de son prési- depuis son origine (le texte histori- musée, ou le comportement de cer- Patalas, patron historique du Film- dent, Jean Saint-Geours, la difficul- que de Boleslas Matuszewski Une tains professionnels utilisant la Ciné- museum de Munich, le travail mené aux Etats-Unis est évoqué par Robert Gitt, de UCLA, les errements INSTANTANÉ paru. Dans l’entrelacs des allusions, le jeu droit et ferme des acteurs, possibles de cette opération de sau- des silences, des attentats et des mais c’est peu de chose. vetage étudiés par Jean-Pierre Ber- EN PLEIN CŒUR meurtres, presque chaque pas que Quoi qu’il en soit, la situation thomé à propos du Othello d’Orson fait cette femme à la recherche de actuelle ne peut que nous inciter à Welles, le sens de l’activité de l’Insti- DE LA CORSE ce frère suscite un revers éventuel, aller entendre cette œuvre déjà on tut Lumière est détaillé par son clôt les lèvres des uns, ouvre au con- ne peut plus forte par elle-même. directeur, Thierry Fremaux. Il ne reste que très peu de jours, traire celles des autres, en particu- Le lieu est peu connu : en voiture, il Loin de juxtaposer seulement jusqu’au mardi 16 janvier, pour ne lier de la mère et de la grand-mère, faut quitter Paris par la porte de domaine cinématographique et pas manquer de voir une pièce par qui nous revivons ce qu’étaient Bagnolet, et, 500 mètres au-delà audiovisuel, l’ouvrage les met en dia- superbe et, pour nous tous, d’impor- les jours et les nuits de la Corse environ, prendre à gauche, dans logue permanent, aidant à dégager tance : cette Clémence par laquelle avant les tensions d’aujourd’hui. l’avenue du Général-de-Gaulle, les enjeux communs, les similitudes l’écrivain corse Noël Casale nous Et ces tensions elles-mêmes, Noël c’est là. mais aussi les spécificités des ima- fait toucher les désarrois, les tres- Casale nous aide à en saisir, non pas ges et des sons de cinéma et de télé- saillements, les ténèbres de la vraiment les chemins, les éclats, Michel Cournot vision. D’autre part, il fait voisiner conscience profonde des femmes et mais tout au moins les pénombres. cinéphiles, documentalistes, ensei- des hommes, y compris tout jeunes « On perdait son chemin, tant e « Clémence », de Noël Casale, gnants, chercheurs, conservateurs, GUIDE et très vieux, qui vivent à présent qu’on se croyait coupé de ce qu’on mise en scène de l’auteur. Avec politiques… permettant la circula- sur l’île. Devant des écoutes « plé- avait connu jadis, bien loin, dans Maïa Gresh, Maria Verdi, Zobeïda, tion entre des approches variées qui nières », cette pièce a été jouée, cet une autre existence peut-être », Olga Grumberg, Nicolas Pignon, Oli- met en évidence la richesse d’une TROUVER SON FILM Antony (92). Chapelle Sainte-Marie, automne, à Bastia, Ajaccio, et nous dit l’auteur dans le dépliant- vier Bonnefoy… Théâtre de L’Echan- question patrimoniale que les déve- 2, rue de l’Abbaye. Le 12 janvier, Tous les films Paris et régions sur le 20 h 45. De 50 F à 100 F. d’autres lieux de la Corse. programme, citant là le livre de geur, 59, avenue du Général-de- loppements récents de techniques Compagnie Heightened Reality L’axe de l’action est une jeune Joseph Conrad, Au cœur des ténè- Gaulle, Bagnolet (93). Mo Gallieni. de stockage et de diffusion rend Minitel 3615 LEMONDE, ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). Jordi Cortes Molina : Lucky, Mat. femme toute d’anxiété : telle l’Elec- bres. Ténèbres que la mise en scène Tél. : 01-43-62-71-20. Du jeudi au plus actuelle encore. Théâtre de la Cité internationale, tre des Grecs, elle ne respire que a peut-être le tort de trop accen- lundi, à 20 h 30 ; dimanche, à ENTRÉES IMMÉDIATES 21, boulevard Jourdan, Paris-14e. Les dans l’attente de son frère, qui a dis- tuer par moments, masquant alors 17 heures. 55 F. Durée : 2 heures. J.-M. F. 11, 12, 13, 15 et 16 janvier, 20 h 30 ; le Le Kiosque Théâtre : les places de cer- 14 janvier, 17 h 30. Tél. : 01-43-13- tains des spectacles vendues le jour 50-50. 110 F. même à moitié prix (+ 16 F de commis- Rui Horta sion par place). Blindspot. Place de la Madeleine et parvis de la Théâtre de la Ville, 2, place du Châte- Le jazz explosif du singulier Julien Lourau e gare Montparnasse. De 12 h 30 à let, Paris-4 . Les 11, 12 et 13 janvier, 20 heures, du mardi au samedi ; de 20 h 30. Tél. : 01-42-74-22-77. De 95 F à nuit, le funk à l’amiable, des cartes postées de Lourau se tire à la perfection. Si l’on y songe, on 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. 140 F. JULIEN LOURAU, New Morning, le 9 janvier. Jamaïque, de longues pièces qui prennent leur se dit qu’il aurait fait l’affaire chez Miles. Il pré- Gary Hoffman (violoncelle), René Urtreger Trio temps, cherchent l’instant T où ça roule, un fère la faire chez lui. Frederic Chiu (piano) Petit Opportun, 15, rue des Lavan- Ce qui est intéressant chez Julien Lourau Lonely Night extirpé d’un précédent album, des Car, question subsidiaire, celle de la house, de Lutoslawski : Grave. Carter : Sonate dières-Sainte-Opportune, Paris-1er. Les pour violoncelle et piano. Piazzolla : Le (saxophones, voix), c’est la personne, la déci- déflagrations, des détentes savamment dosées, la dance, de la techno, des mélanges et autres 11 et 12 janvier, 22 h 30. Tél. : 01-42- Grand Tango. 36-01-36. 80 F. sion. Il n’a jamais cherché à se fondre, mais à se et tout ce qui bouge. Dans le garage branché, métissages (nouvelle tartine à la crème) : réglée Châtelet - Théâtre musical de Paris, er Nicholas Payton Quintet faire connaître : à l’écart, carrément centré sur uniformes noirs et mousse à la main, très rock à la baisse chez les récupérateurs à deux sous 1, place du Châtelet, Paris-1 . Le 12 jan- New Morning, 7-9, rue des Petites-Ecu- son « sitio », sans courir les spécialistes ou les and roll attitude, comme le groupe en somme, – Lourau ne se prive pas de les nommer, parce vier, 12 h 45. Tél. : 01-40-28-28-40. ries, Paris-10e. Le 12 janvier, 21 heures. 55 F. Tél. : 01-45-23-51-41. De 110 F à 130 F. revues, toujours au-devant des amateurs et du une foule compacte qui danse, crie et connaît le qu’en plus, cas unique dans un océan de mau- Solistes de l’Ensemble public. On lui a connu son Groove Gang, aussi répertoire sur le bout du verre. vaise trouille, il parle clair –, ou mi-figue mi-rai- Tumbao y Trombone Intercontemporain La Java, 105, rue du Faubourg-du- expansif en scène que discret à la ville. Il s’est Au cœur du débat, aussi prévisible que promp- sin chez ceux qui cherchent à s’y faire une vertu Kurtag : Microludes. Webern : Qua- Temple, Paris-10e. Le 12 janvier, 23 heu- tuor à cordes. Pintscher : In nomine, installé à Londres pour voir les choses d’à côté tement évacuée, la question du jazz. Les gens se normalisée, sans toutefois démériter auprès des res. Tél. : 01-42-02-20-52. 100 F. Figura II, frammento. Steinke : C-Arco. Automatik et plonger dans d’autres bruits. Il revient avec la posent, tout de même, histoire de voir. Ils tristes sires. Ce qui finit en général le piano Jarrell : Zeitfragmente. Rex Club, 5, boulevard Poissonnière, Gambit, album pensé, dynamique, chantant et passent à autre chose. Même en sortant de entre deux chaises. Chez lui, depuis le début, Goethe Institut, 17, avenue d’Iéna, e e Paris-2 . Le 12 janvier, 23 h 30. Tél. : décalé. quarante ans de coma, on reconnaîtrait claire- c’est net, franc, ça avance et ça casse. Sans Paris-16 . Le 12 janvier, 20 heures. Tél. : 01-44-43-92-30. 01-42-36-83-98. 70 F. Présentation le 9 janvier, avec Malik Mezzadri ment l’ambiance du club Saint-Germain (pé- compter qu’il n’y a bien qu’un Lourau pour ren- Les Hurlements d’Léo (flûte, vocaux et petites danses), Sylvain Daniel riode Messengers), celle du Riverbob (époque dre un Vaudoo Dance non seulement admis- Orchestre philharmonique de Radio-France Saint-Germain-en-Laye (78). La Clef, (basse), Max Zampieri (batteur), plus un clavier Charlie Mariano), et même, en poussant un peu, sible, séduisant, mais franchement réjouissant. Cerha : Concerto pour violoncelle et 46, rue de Mareil. Le 12 janvier, 21 heu- et un programmateur (Jeff Sharel). Le New Cab Calloway – en moins pitral. Le tout brassé, orchestre, création. Bruckner : Sympho- res. Tél. : 01-39-21-54-90. 70 F. Morning est taillé sur mesure pour le groove de secoué, roulé par des millions de vagues. Dont Francis Marmande nie no 3. Heinrich Schiff (violoncelle), Tété Yutaka Sado (direction). Sannois (95). EMB - Espace Michel- Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- Berger, 2, rue Georges-Pompidou. Le Saint-Honoré, Paris-8e. Le 12 janvier, 12 janvier, 20 h 30. Tél. : 01-39-80- 20 heures. Tél. : 01-45-61-53-00. De 01-39. 60 F. 50 F à 190 F. André Rieu Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Pa- Chamber Orchestra of Europe e Mozart : Sérénade KV 525 « Eine ris-19 . Les 9, 10, 11, 12 et 13 janvier, kleine Nachtmuzik », Symphonie no 35 20 h 15 ; le 14 janvier, 15 h 45. Tél. : « Haffner ». Beethoven : Concerto 01-42-08-60-00. pour piano et orchestre no 1. Murray Indochine Perahia (piano, direction). La Cigale, 120, boulevard Roche- Cité de la musique, 221, avenue Jean- chouart, Paris-18e. Les 11, 12 et 13 jan- Jaurès, Paris-19e. Les 12 et 13 janvier, vier, 20 h 30. Tél. : 01-49-25-89-99. 20 heures. Tél. : 01-44-84-44-84. De 165 F. 160 F à 210 F. Le Grand Klezmer Orchestre national d’Ile-de-France (musiques populaires yiddish) Chabrier : Suite pastorale. Offenbach : Centre Mandapa, 6, rue Wurtz, Concerto militaire pour violoncelle et Paris-13e. Le 12 janvier, 20 h 30. Tél. : orchestre. Bizet : L’Arlésienne. Xavier 01-45-89-01-60. 70 et 100 F, dans le Phillips (violoncelle), Jacques Mercier cadre de l’opération « Prenez une (direction). place, venez à deux ». 30 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 EN VUE a Bill Clinton a dévoilé, mercredi La révolution du clonage et ses enjeux 10 janvier dans un parc de Washington, la statue de Franklin Roosevelt en fauteuil roulant, en « Pour la science », édition française de « Scientific American », fait le point sur les bons et les mauvais usages hommage à l’ancien président qui, de son vivant, faisait tout pour qui pourront être faits, au cours du siècle à venir, des nouvelles techniques offertes par les progrès de la biologie cacher la gravité de son Etat. LE XXIe SIÈCLE sera-t-il, ou non, de l’Institut national de la recher- des fins de reproduction, ne doivent ce d’un progrès scientifique majeur a Les carabiniers qui ont trouvé celui du clonage, ce formidable pro- che agronomique (INRA), expli- pas être permises ». « Cet interdit, et la prévention de la mortelle déri- 500 grammes de cocaïne dans cédé qui consiste à créer un quasi- quent que le clonage animal par ajoutent-ils, est aujourd’hui large- ve que constituerait son utilisation l’estomac d’un Colombien double génétique à partir du noyau reprogrammation d’une cellule ment partagé. Le clonage se présen- à des fins de reproduction dans l’es- paraplégique à son arrivée à d’une cellule prélevée sur un orga- adulte est un « outil » de mieux en te donc comme une technique enca- pèce humaine ? l’aéroport de Rome-Fiumicino, en nisme adulte ? Nul ne saurait sans mieux maîtrisé même si, précisent- drée avant même d’être sortie des Dans le même numéro du men- ont encore découvert près de risque répondre à une interroga- ils, « le taux de réussite reste fai- laboratoires. » suel, un groupe de chercheurs du 2 kilos dans les tubes métalliques tion dont on mesure, depuis bien- ble ». « “L’horreur du clone !” Ce centre de biologie cellulaire avan- de sa chaise roulante. tôt quatre ans et l’annonce de la cri et cette mise en garde du philoso- REPRENDRE LE FLAMBEAU DE NOÉ cée de Worcester prolonge les pro- création de la brebis Dolly, à quel phe allemand Jürgen Habermas à Le restera-t-elle ? La technique pos des chercheurs de l’INRA et a La police romaine avait déjà point elle soulève de douloureuses tées qui, à partir des acquis et des l’annonce de la naissance de Dolly n’est plus vraiment confinée aux explique comment les futurs sculp- saisi dans les locaux d’une questions plus morales que techni- échecs obtenus dans cette nouvelle traduisent bien la réaction générale éprouvettes : un cliché photogra- teurs du vivant disposent d’un pro- « Association internationale ques. Le numéro de janvier du et bourgeonnante branche de la face à l’idée que le clonage puisse phique troublant montre, dans la cédé qui leur permettra, en ces d’accueil », créée à l’occasion du mensuel Pour la science, édition biologie, permet de mieux situer la être un jour appliqué à l’être verdure de Jouy-en-Josas, six temps de menaces sur la biodiversi- Jubilé par des trafiquants française du Scientific American problématique et les espoirs. humain », écrivent-ils avant de rap- veaux tous clonés issus de cellules té, de reprendre le flambeau de colombiens, des stocks de cocaïne (www.pourlascience.com) ne va « Le Clonage : état de l’art. » peler la Déclaration universelle sur prélevées sur l’oreille d’une vache, Noé et son Arche. Premières livrés par de faux pèlerins. pas jusqu’à demander aux experts Sous ce titre, Jean-Paul Renard et le génome humain, adoptée en elle aussi présente sur la photogra- cibles : le guépard, l’antilope bon- de nous dire ce que sera, dans ce Xavier Vignon, chercheurs à Jouy- 1997 par l’Unesco, selon laquelle phie. L’histoire présente et à venir go, le panda géant, le gau, l’ocelot a Elle n’est pas près de revoir ses domaine, notre futur, mais il offre en-Josas (Yvelines) au sein de l’uni- « des pratiques qui sont contraires à du clonage démontrera-t-elle la et la belle chèvre espagnole bocar- parents, l’innocente fillette de une série de publications documen- té de biologie du développement la dignité humaine, tel le clonage à maîtrise par la société de l’émergen- do, dont le dernier spécimen vient trois ans qui avait couru, à leur de s’éteindre en Espagne. demande, jusqu’au portail de leur Et l’homme ? Pour la science ne maison de Middlesbrough, en REVUE DE PRESSE LA CROIX LIBÉRATION RTL l’oublie pas et donne la parole au Angleterre, pour livrer un petit Bruno Frappat Gérard Dupuy Alain Duhamel professeur Laurent Degos, chef du sac de drogue à des policiers LCI a En l’absence de preuves irréfuta- a Par d’autres travers que de Gaul- a La justice européenne a déjà con- service d’hématologie de l’hôpital déguisés en acheteurs, quelques Pierre-Luc Séguillon bles, l’Amérique et son bras armé, le, et par un cynisme florentin beau- damné à plusieurs reprises la Fran- Saint-Louis (Paris), qui situe les jours avant Noël. a En reprenant à son compte l’OTAN, se sont longtemps réfugiés coup plus terre à terre, Mitterrand ce en raison de l’archaïsme inquisi- enjeux de cette question essentielle l’« impôt négatif », idée inventée dans un mépris ponctué de menson- a été lui aussi un homme de torial de sa procédure judiciaire ou autour de laquelle s’organisera a En fermant son centre anglais jadis par l’économiste libéral Milton ges peu à peu entamés par les enquê- « réseaux ». Or, parmi tous ses affi- de celle qu’elle considérait comme bientôt en France le débat sur la d’animaux-goûteurs pour ne Friedman, thèse défendue à plu- tes, les plaintes et l’inquiétude euro- dés, Mitterrand avait réservé le une atteinte aux droits de la défen- révision des lois de bioéthique de conserver que celui d’Amiens, sieurs reprises ces derniers mois par péenne. Le refus opposé à un plus gros fromage africain à son se. Il n’est donc pas exclu qu’elle 1994. « Acceptera-t-on la constitu- Friskies, fabricant d’aliments pour la droite parlementaire et mesure « moratoire » sur l’usage de telles propre fils, devenu concurrent de prenne en considération la requête tion d’embryons humains, dans le chiens et chats, soumet ses amis proposée à la réflexion du gouverne- armes (dont la France est dotée), Pasqua. Il n’est donc pas étonnant des avocats de Maurice Papon cadre du clonage, en excluant toute britanniques à la dictature des ment par l’ancien conseiller de révèle un fossé entre l’Europe et les que les comptes de Pasqua et ceux demandant sa remise en liberté finalité reproductive ?, demande le babines françaises. Dominique Strauss-Kahn, Jean Pisa- Etats-Unis. L’Europe vit intensé- de Jean-Christophe Mitterrand sus- pour « traitement inhumain ». Ger- professeur Degos. Ce serait là, com- ni-Féry, Lionel Jospin a accompli un ment, avec l’affaire de la vache folle, citent la curiosité des mêmes juges maine Tillion, grande résistante, me dans le changement de la défini- a Bertie’s, restaurant parisien nouveau pas en direction du modèle un véritable séisme que les Améri- d’instruction de la section financiè- considère aujourd’hui que le temps tion de la mort, la preuve que l’utilité spécialisé dans la cuisine anglo-saxon. Sur le plan politique, il cains n’ont pas connu. L’opinion re du parquet de Paris. La déconfi- de la mansuétude est venu vis-à-vis scientifique et médicale est la valeur traditionnelle britannique, change ne sera pas aisé pour le premier publique y est aux aguets de toutes ture politique de Pasqua et les d’un nonagénaire malade, coupable suprême en matière de droit. (…) Les sa carte, en raison d’une baisse de ministre de gérer cette conversion à les formes de contamination, les mésaventures du fils Mitterrand parmi des dizaines de milliers hommes de loi auront, je pense, à fréquentation. peine déguisée aux options néolibé- plus mystérieuses n’étant pas les marquent peut-être l’essouffle- d’autres coupables, qui, eux, n’ont cœur de proposer des lois avant que rales. Elle laissera à l’évidence des moins affolantes. L’Amérique, inspi- ment d’une certaine idée basse, jamais été ni jugés ni punis. Sur son l’acte médical soit effectif plutôt que a L’ANPE de Poitiers recherche séquelles dans la gauche plurielle rée par ses intérêts et encombrée trop basse, de l’action politique, cel- sort, il faudrait pouvoir entendre ce de subir le diktat du fait accompli. » deux opératrices de téléphone que ce débat sur l’aide aux revenus par ses longs mensonges, n’a pas réa- le des réseaux. Ce serait une excel- que pense une Simone Veil ou un rose, « sérieuses et matures, ayant modestes a profondément divisée. gi comme un allié sûr. lente nouvelle. Robert Badinter. Jean-Yves Nau une voix agréable, sachant rester naturelles et spontanées « », chômeuses de longue durée «de SUR LA TOILE préférence », pour que www.astrocam.org l’employeur puisse bénéficier de VIRUS contrats initiative emploi (CIE). a Selon un article publié récem- Des images astronomiques de qualité, prises avec de simples webcams ment par le webmagazine Security a Tandis que, mardi 9 janvier, les Focus, les navigateurs dotés du plug- habitants de Johannesburg LA PLANÈTE Saturne et ses d’astronomes amateurs francopho- in (logiciel d’appoint) Flash de aidaient la Lune qui risquait de deux anneaux se découpent, nets et nes de haut niveau. Là, il se fait Macromedia, permettant de lire des disparaître pour toujours à sortir précis, sur le fond noir des profon- rabrouer : « Ces gens-là mettaient animations, sont vulnérables à une de l’éclipse en criant « Go away » deurs de l’Univers. Cette remarqua- des mois ou des années à faire des attaque de virus. La société Macro- dans des boîtes de métal, ceux de ble photo d’astronome amateur, images convenables avec des camé- media a aussitôt démenti : selon Niamey encourageaient le Soleil à élue « image de la semaine » par le ras à 20 000 francs, très complexes à elle, une attaque peut entraîner un se libérer de l’astre maléfique en site Astrocam, a été réalisée à l’aide utiliser. Ils me traitaient de rigolo, en blocage du logiciel, mais en aucun tapant sur des calebasses au nom d’une webcam de base, une simple expliquant qu’en astronomie il n’y a cas une propagation de virus vers d’Allah. mini-caméra vidéo numérique des- pas de place pour le bricolage. » les autres applications installées sur tinée au départ à la visioconférence M. Collart décide alors de créer l’ordinateur. – (Reuters.) a La Société sud-africaine pour la sur Internet. un site personnel pour faire connaî- www.securityfocus.com prévention de la cruauté envers Michel Collart, trente-cinq ans, tre sa découverte au plus grand www.macromedia.com les animaux porte plainte contre passionné d’astronomie depuis l’en- nombre. Cette fois, il entre en con- Stretch Combrink qui tente de fance et créateur du site Astrocam, tact avec d’autres amateurs, moins ENCHÈRES battre le record du monde de eut le premier l’idée de détourner riches ou plus ouverts aux innova- a eBay, le plus grand site américain survie parmi les serpents une webcam à des fins d’imagerie tions informatiques, qui adoptent de vente aux enchères, a pris le venimeux après qu’un cobra planétaire : « C’était en février 1998, sa technique et font une comman- contrôle de son concurrent coréen cracheur stressé eut avalé une on m’avait demandé de réparer une de groupée de webcams auprès Internet Auction Co pour 120 mil- vipère heurtante. webcam. En ouvrant l’appareil, j’ai d’un fabricant américain. Aujour- lions de dollars. – (AP.) constaté qu’elle était équipée de cap- d’hui, cinq cents d’entre eux, parmi a « Lucas Sibanda, de Pretoria, teurs ultrasensibles, les mêmes qu’uti- lesquels quelques astronomes pro- BRADERIE rencontrant un python dans un lisent les caméras astronomiques pro- fessionnels, fréquentent assidû- a Le site de vente de jouets améri- étroit chemin, se dégagea de son fessionnelles. Ça a fait tilt ! Pourquoi grosse surprise : des images d’une parviennent à éviter les turbulences ment sa liste de discussion. Ils parta- cain eToys a décidé de cesser toutes étreinte en le mordant si ne pas retirer l’optique de la webcam qualité exceptionnelle ! » atmosphériques, souvent sources gent leurs plus belles images et ont ses activités en Europe à compter cruellement qu’il lâcha prise et que et adapter ensuite la caméra au téles- La webcam cumule en effet les de flou. Enfin et surtout, elle ne coû- élaboré un projet commun : filmer du 19 janvier, faute de clientèle suf- le serpent en creva », racontait, cope ? Sitôt l’installation terminée, je avantages. Tout d’abord, elle a te que quelques centaines de ensemble, en juin 2001, la rotation fisante. Les soixante-quinze salariés mercredi 10 janvier, le quotidien suis allé au plus simple : j’ai filmé besoin de peu de lumière pour sai- francs. Après sa découverte, M. Col- complète de la planète Mars, en de sa filiale britannique vont être sud-africain The Star. pendant une minute quelques cratè- sir les objets. Ensuite, elle est très lart poursuit ses tests pendant quel- opposition avec la Terre. licenciés. Le site organise une brade- res de Lune, en position automati- rapide : sur les trente images prises que temps avant de montrer ses rie en ligne pour écouler ses stocks. Christian Colombani que, comme un débutant. Ça a été la à chaque seconde, quelques-unes photos sur une liste de discussion Sylvie Dodeller www.etoys.co.uk

F par Abonnez-vous au pour seulement 173 mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex par Luc Rosenzweig F Procès verbal Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 173 (26,37a) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : NOTRE présence, mercredi soir, que. On pouvait constater, en lisant Hauts-de-Seine, secteur dont il est, était impérative auprès de l’alam- le rapport de nos collègues de TF1, en quelque sorte, le parrain, il a Adresse : bic qui fait halte, pour quelques que la démarche de bon citoyen déclaré : « Fichez-moi la paix ! vous Code postal : Localité : jours, dans nos parages. N’étant effectuée par de Villiers était perdez votre temps ! » aux fonction- Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPA1 pas doté du don d’ubiquité, nous d’autant plus courageuse qu’il était naires dépêchés sur les lieux. Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE avons confié, exceptionnellement, soumis à de fortes pressions mora- Pendant la durée de notre servi- N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 à un ami de passage les clés de cet- les dans sa corporation. Son attitu- ce, nous n’avons pas constaté l’ap- J'autorise l'établissement teneur de te chronique, pendant que nous de est jugée « peu élégante » par parition d’autres affaires pouvant mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... procédions à la transformation de nombre de ses collègues, ce qui, en donner lieu à des suites judiciaires. au journal Le Monde. Prénom ...... quelques produits de notre verger. argot du métier, est à peu près En revanche, nous devons signaler N° ...... rue ...... Voici son rapport. l’équivalent d’une qualification, à deux infractions au code de la rou- Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... « Nous, (suit un grade, un nom, Pigalle, de « salope de balance ». te méritant contravention. Premiè- ment ou d’interrompre mon abonnement à un prénom), avons mis en marche Les observations discrètes effec- rement, un véhicule de marque tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) ce jour, à 20 heures précises, un tuées, dans le passé, de l’activité Volkswagen roulant sur une chaus- Date :...... téléviseur de marque Thomson. des deux hommes montraient sée enneigée a tourné à droite, au Signature : ...... Après avoir pressé la touche « 1 » pourtant à quel point ces derniers feu rouge, sans mettre son cligno- N° ...... rue ...... d’un instrument rectangulaire nom- étaient liés. Non seulement ils se tant. Deuxièmement, une automo- Code postal Ville ...... mé zapette, nous vîmes bientôt tutoyaient et s’appelaient, en bile de marque Peugeot 406, sous apparaître le sieur de Villiers, Philip- public, par leur petit nom, mais prétexte qu’elle « était construite IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER pe, exerçant la profession d’hom- allaient jusqu’à chanter ensemble, pour adhérer à la route », s’est Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- me politique. Ce dernier sortait du quoique faux, Le Petit Vin blanc. livrée à des manœuvres dangereu- tion. Il y en a un dans votre chéquier. Palais de Justice de Paris, où il était Nous avons, pas ailleurs, pu consta- ses de conduite la tête en bas. Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : spontanément venu apporter son ter que le sieur Pasqua, Charles a Nous n’avons pas jugé utile de Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. témoignage sur les agissements de fait un accueil plutôt hostile à la bri- nous rendre auprès de l’alambic, Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) son son ex-associé, le dénommé gade de TF1 venue solliciter son dont nous sommes persuadé que “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at Pasqua, Charles, soupçonné de tra- opinion sur les récents développe- le litre réel équivaut exactement au Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 fics illicites entre la France et l’Afri- ments de l’affaire. Repéré dans les litre fiscal. » LeMonde Job: WMQ1201--0031-0 WAS LMQ1201-31 Op.: XX Rev.: 10-01-01 T.: 11:45 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0179 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / 31 JEUDI 11 JANVIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.15 La Vie en feuilleton. 20.20 Aattentionon. Ballet. Chorégraphie 18.15 Fargo aa DÉBATS A l’école hôtelière. [4/4]. Arte de Boris Charmatz. Muzzik Joel Coen et Ethan Coen (Etats-Unis, TÉLÉVISION ARTE 1995, 95 min) ?. Cinéstar 1 18.00 Face à la presse. 20.30 Histoires oubliées de l’aviation. 19.00 Voyages, voyages. Projet Pluto, MUSIQUE 19.15 Ziegfeld Folies aaa Santiago du Chili. Invité : Robert Badinter. Public Sénat la fusée atomique. Planète Vincente Minnelli (Etats-Unis, 1946, TF 1 19.45 Météo, Arte info. 20.45 et 1.00 Le Club. Le droit au retour 20.50 Thema. Proche-Orient. v.o., 105 min) &. Cinétoile 21.00 La Passion selon saint Matthieu. 17.35 Sunset Beach. des réfugiés palestiniens. LCI Un peuple sans Etat. Dir. Paul Goodwin. Muzzik 21.00 La Vie rêvée des anges aa 20.15 La Vie en feuilleton. A l’école hôtelière [4/4]. 21.00 Sida, on en meurt encore ! Forum Deux peuples, une terre. 21.55 Ainsi parlait Zarathoustra. Erick Zonca (France, 1998, 18.25 Exclusif. Israël, où vas-tu ? Arte Par l’Orchestre philharmonique 115 min) %. France 3 18.55 Etre heureux comme... 20.45 De quoi j’me mêle ! 21.35 et 22.25, 23.30 Thema. Proche-Orient : Proche-Orient, la paix 21.05 Du rugby et des hommes. de Berlin, dir. Herbert von Karajan. 21.00 Rio Bravo aa 19.00 Le Bigdil. [2/5]. Terre promise. TV 5 Œuvre de Strauss. Mezzo la paix dans l’impasse ? dans l’impasse. Arte Howard Hawks (Etats-Unis, 1959, 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 20.50 Un peuple sans Etat. 22.00 Dinosaures, 22.15 Sur les grandes avenues. 0.05 The Art Ensemble v.o., 145 min) &. Cinétoile 20.55 Julie Lescaut. 21.35 et 22.25, 23.30 Débat. de grands prédateurs ! Forum Sunset Boulevard. Odyssée of Chicago & Cecil Taylor. 21.15 La maison Piège pour un flic. 21.55 Deux peuples, une terre. 22.50 Légendes. Jessica Lange. Téva Au théâtre du Châtelet, aux fenêtres qui rient aa 22.50 Made in America. 22.45 Israël, où vas-tu ? MAGAZINES 23.10 Il était une fois le royaume à Paris, en 1984. Muzzik Pupi Avati (Italie, 1976, Rivages mortels. 23.50 Les Mains d’Orlac aa 110 min) ?. Canal + Vert Téléfilm. David S. Jackson %. Film muet. Robert Wiene. d’Angleterre. La Tamise. Odyssée 18.30 L’Invité de PLS. TÉLÉFILMS 21.55 Noblesse oblige aaa 0.25 Exclusif. 1.35 Sérénade à trois aaa Hubert Védrine. LCI 23.15 Les Coulisses du « Royal Opera » Robert Hamer (GB, 1949, N., Film. Ernst Lubitsch. de Londres. [2/6]. Planète 20.35 Visions troubles. v.o., 100 min) &. Ciné Classics FRANCE 2 18.55 Nulle part ailleurs. Charles Beeson. %. Canal + Invités : Gérard Miller ; Sophie 23.25 Sujet tabou. Quel genre d’homme 22.05 Dark City aa M6 Massieu ; Philippe Ulrich. Canal + recherchez-vous ? France 3 20.45 La Colère du tueur. Alex Proyas (Etats-Unis, 1997, 100 min) 17.00 Viper. 19.30 et 0.35 Rive droite, 0.15 Un siècle d’écrivains. Michael Preece. ?. TF 6 %. Ciné Cinémas 2 17.55 Un toit pour trois. 17.40 Zoe, Duncan, Jack & Jane. Elias Canetti. France 3 rive gauche. Paris Première 22.50 Rivages mortels. 22.10 Journal intime aaa 18.25 JAG. 18.05 Le Clown. David S. Jackson. %. TF 1 Nanni Moretti (Italie, 1994, 19.15 Qui est qui ? 19.00 Le Flic de Shanghaï. 21.00 Envoyé spécial. v.o., 100 min) &. Cinéfaz Tham Krabok, le temple SPORTS EN DIRECT 19.50 Un gars, une fille. 19.50 I minute, Le Six Minutes, Météo. de la dernière chance. Chasse gardée. SÉRIES 22.15 L’assassin habite au 21 aa 20.05 Une nounou d’enfer. 20.00 Volley-ball. Coupe de la CEV 19.55 Dakar 2001. Paroles d’enseignants. France 2 Henri-Georges Clouzot (France, 20.40 Passé simple, Décrochages info. (8e de finale) Match aller : 20.20 Friends. Celui qui apprenait 1942, N., 90 min). 13ème Rue 20.00 Journal, Météo, Point route. 23.20 Courts particuliers. Poitiers - Odintsovo. Pathé Sport 20.50 Martha, Frank, Daniel Emma de Caunes. Paris Première à danser. &. RTL 9 21.00 Envoyé spécial. Tham Krabok, 20.30 Football. Tournoi international 20.30 It’s Like, You Know... En avril... le temple de la dernière chance. et Laurence. Film. Nick Hamm &. 23.35 Le Club. de Maspalomas : Bayer Leverkusen - Chasse gardée. Paroles d’enseignants. Invité : Robert Darène. Ciné Classics méfiance (v.o.). &. Canal Jimmy 22.30 Les Envoûtés a Rosenborg Trondheim. Eurosport 23.10 Le Poulpe a Film. John Schlesinger ?. 0.35 Fréquenstar. 20.55 Julie Lescaut. Piège pour un flic. TF 1 Film. Guillaume Nicloux %. 0.35 Fréquenstar. Invité : Michel Sardou. M6 0.50 Journal, Météo. DANSE 22.15 Roswell. Max to the Max (v.o.). &. Série Club DOCUMENTAIRES 19.50 A-normopathie 5 : FRANCE 3 RADIO La Salle de bain. Ballet. 23.25 Taxi. 19.10 Conversation avec... Nina Loves Alex (v.o.). Série Club Chorégraphie et musique de Mikaeloff. 17.40 La Piste du Dakar. les hommes du président. Avec Aurélie Barthaux, Axelle 0.10 Profit. FRANCE-CULTURE William Quandt [1 et 2/12]. Histoire Mikaeloff. Muzzik Chinese Box (v.o.). ?. Canal Jimmy 18.15 Un livre, un jour. 18.20 Questions pour un champion. 20.30 Fiction 30. 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. Ma foi, d’Alice Massat. 20.15 Tout le sport. 21.00 Le Gai Savoir. 20.20 Le Journal du Dakar. André Mary, sociologue. 20.30 Tous égaux. 22.12 Multipistes. 21.00 La Vie rêvée des anges aa 22.30 Surpris par la nuit. HISTOIRE CANAL+ FRANCE 3 Film. Erick Zonca %. 23.10 Missing, porté disparu aa 22.55 Météo, Soir 3. FRANCE-MUSIQUES 19.10 Conversations avec... 20.35 Visions troubles 0.15 Elias Canetti Costa-Gavras. Avec Jack Lemmon, 23.25 Sujet tabou. Quel genre Sissy Spacek (Etats-Unis, 1982, d’homme recherchez-vous ? 20.00 Concert Euroradio. Donné en direct les hommes du président Téléfilm typiquement britannique, Parmi les films de la série « Un v.o., 120 min) %. Ciné Cinémas 3 par l’Orchestre national de France, dir. 0.15 Un siècle d’écrivains. Charles Dutoit. Œuvres de Stravinsky, Après « Les Hommes de la Maison diffusé en plus de deux heures et siècle d’écrivains », ce documen- 23.20 Another Day in Paradise aa Elias Canetti. Szymanowski, Sibelius. Larry Clark (Etats-Unis, 1999, Blanche », diffusé sur Arte en no- demie et mettant en scène un poli- taire sur Elias Canetti, Prix Nobel v.o., 103 min) !. Canal + 22.30 Jazz, suivez le thème. CANAL + Dear old Stockholm. vembre 2000, et maintenant sur cier aux prises avec une affaire cri- de littérature en 1981, raconté par 23.25 Le train sifflera trois fois aa Histoire, voici une nouvelle série minelle mais qui, à la suite d’une Olivier Barrot et Jules-César Mu- Fred Zinnemann (Etats-Unis, 1952, 16.15 L’Appartement. N., v.o., 85 min) &. Cinétoile RADIO CLASSIQUE en douze épisodes signée William perte progressive de la vue, reçoit racciole, décrit la vie d’un enfant 16.40 Sacré Slappy 23.45 La Traviata aa Film. Barnet Kellman. &. Karel. Elle restitue l’essentiel des d’étranges visions. Les effets spé- d’Europe centrale, plusieurs fois Franco Zeffirelli (Italie, 20.30 Les Rendez-vous du soir. 1982, 110 min). Mezzo f En clair jusqu’à 20.35 Donné en direct par l’Orchestre entretiens qu’il a eus avec les ciaux de cette série de Charles Bee- émigré. Ses ouvrages (La Tour de 18.00 Chris Colorado. du Capitole de Toulouse, 23.50 Les Mains d’Orlac aa dir. Michel Plasson, Hélène Grimaud, conseillers et témoins secrets des son, sur un scénario intelligent de Babel, Autodafé...) donnent une vi- Robert Wiene (Allemagne, muet, 18.30 Nulle part ailleurs. piano. Œuvres de Weber, grandes affaires de la seconde par- Paula Milne, sont très réussis et pi- sion des convulsions du siècle, à 1924, N., 105 min). Arte 20.35 Visions troubles. R. Schumann, Bartok. tie du siècle dernier dans lesquelles mentent de façon originale cette travers le continent européen et 0.50 Drôle de frimousse aaa Téléfilm. Charles Beeson %. 22.30 Les Rendez-vous du soir (suite). Stanley Donen (Etats-Unis, 1957, 23.20 Another Day in Paradise aa Œuvres de Bach, Haendel, Benda, étaient plongés les Etats-Unis. intrigue. son histoire. 100 min) &. Cinétoile Film. Larry Clark (v.o.) !. Boccherini, Cambini.

VENDREDI 12 JANVIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

18.05 Le Monde des animaux. 14.10 Le train sifflera trois fois aa DÉBATS [19/19]. Un langage MUSIQUE Fred Zinnemann (Etats-Unis, 1952, TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE pour les dauphins. La Cinquième N., 90 min) &. Cinétoile 18.00 Studio ouvert. 18.35 L’Actors Studio. 19.30 Classic Archive. 14.35 Ben Hur aa 13.45 Le Journal de la santé. Les grands dossiers Gary Sinise. Paris Première David Oïstrakh. Mezzo William Wyler (Etats-Unis, 1959, TF 1 14.05 Lorsque le monde parlait arabe. de politique étrangère. Public Sénat [1/12] Un empire surgi des sables. 19.15 Iggy Pop. La rage de vivre. Planète 21.00 Stéphane Grappelli Trio. 205 min) &. Ciné Cinémas 1 22.00 Qui sont les étudiants ? Forum Au théâtre du Châtelet, en 1984. 13.55 Les Feux de l’amour. 14.35 La Cinquième rencontre... 20.15 Reportage. 15.30 Shakespeare in Love aa 23.00 Sexe, drogue Avec Marc Fosset, guitare ; John Madden (Etats-Unis, 1998, 14.45 Le Voyage de l’amour. L’éducation sexuelle en France. Animaux de contrebande. Arte Jack Swing, contrebasse. Muzzik Téléfilm. Mark Griffiths. et Rock’n Roll ! Forum 120 min) &. Canal + 16.00 Les Grandes Manœuvres. 20.25 La Terre en question. 22.40 Jazz Box 99. A Montréal. Muzzik 16.40 Les Dessous de Palm Beach. Cluses : silence dans la vallée. [1/20]. Toxique Ukraine ? Odyssée 15.40 Le Salaire de la peur aaa MAGAZINES 23.40 Muddy Waters. Henri-Georges Clouzot (France, 1953, 17.35 Sunset Beach. 16.30 Les Ecrans du savoir. 20.30 L’Œil au-dessus du puits. Planète Lors du Festival de blues N., 140 min) &. Cinétoile 18.25 Exclusif. 17.35 100% question 2e génération. 14.35 La Cinquième rencontre... 20.50 Evénement. Alerte au climat, de Chicago, en 1983. Canal Jimmy 16.10 Jusqu’au bout du rêve a 19.00 Le Bigdil. 18.05 Un langage pour les dauphins. Famille - Ecole : L’éducation demain l’enfer. Odyssée 0.55 Count Basie Phil Aldon Robinson (Etats-Unis, 1989, 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 18.35 Le Journal de la santé. 100 min) &. Cinéstar 2 sexuelle en France. La Cinquième 21.00 Guerre et civilisation. and His Orchestra. Muzzik 20.55 Les Enfants de la télé. 19.00 Tracks. Punk punk punk. 16.30 Les Ecrans du savoir. [1/8]. Premier sang. Histoire 16.25 Dark City aa Spécial « La vérité si je mens 2 ». 19.45 Météo, Arte info. Invitée : Hélène Carrère 21.00 Un siècle de danse. [1/5]. Alex Proyas (Etats-Unis, 1997, 23.05 Sans aucun doute. Je ne suis pas THÉÂTRE 100 min) %. Ciné Cinémas 2 20.15 Reportage. Animaux de contrebande. d’Encausse. La Cinquième Du romantisme au néoclassique : comme tout le monde, et alors ! 20.45 Racket au restaurant. le ballet romantique. Mezzo 17.00 Les Lumières du music-hall. 20.30 Sans rancune. 0.50 Les Coups d’humour. Téléfilm. Dominik Graf. Fred Astaire. 22.00 Les Hommes de la Maison Pièce de Ron Clark. Mise en scène 22.20 Grand format. Daniel Balavoine. Paris Première Blanche. [1/3]. Histoire de Pierre Mondy. Festival FRANCE 2 Bodyguard de Raphaël. 17.10 et 0.55 LCA, la culture aussi. LCI 22.05 A Tribute to Muddy Waters. Les gardiens de musée. 18.55 Nulle part ailleurs. Canal + King of the Blues. Canal Jimmy TÉLÉFILMS 14.05 L’Enquêteur. 23.20 Tang le Onzième a Film. Daï Si Jie (v.o.). 19.00 Tracks. Spécial « Punk punk punk ». 22.20 Grand format. 15.00 En quête de preuves. Frontline.Tribal : Punk de Breizh. Bodyguard de Raphaël. 19.00 Appel au meurtre. 15.45 Le Bêtisier. 0.55 Le Dessous des cartes. Dream : Johnny Rotten. Clip. Les gardiens de musée. Arte Fred Walton. %. Ciné Cinémas 16.00 Cap des Pins. Backstage : White Trash. 20.45 Racket au restaurant. M6 Live : Add N To (X). Arte 22.45 Parachute ! [2/4]. 16.30 Des chiffres et des lettres. Le Club de la chenille. Odyssée Dominik Graf. Arte 16.55 et 22.30 Un livre. 13.35 Désir défendu. 19.30 et 0.40 Rive droite, rive gauche. 22.55 Les Dossiers de la crime. 20.45 Amours à hauts risques. Best of. Paris Première 17.00 Viper. Téléfilm. Félix Enriquez Alcala %. Le Lieu du crime. Robert Iscove. RTL 9 17.50 Un toit pour trois. 20.45 Thalassa. L’affaire Mis et Thiennot. 13ème RUE 15.15 The Practice. 20.50 Le 10e Royaume. David Carson 18.25 JAG. Le mystère de Vanikoro. France 3 23.30 Esprit des peuples premiers. 16.10 M comme musique. et Herbert Wise [4 et 5/5]. &. M6 19.15 Qui est qui ? 21.00 Recto Verso. [6/13]. Canada, renaissance. Planète 17.40 Zoe, Duncan, Jack & Jane. 20.55 Echec et meurtre. 19.50 Un gars, une fille. 18.05 Le Clown. Avec Catherine Lara. Paris Première 23.45 Un siècle de danse. [2/5]. Histoire Mark Cullingham. &. TMC 20.00 Journal, Météo, Point route. 19.00 Le Flic de Shanghaï. 21.10 Top bab. 23.55 Histoires oubliées de l’aviation. Invité : Jeff Beck. Canal Jimmy 22.50 La Dame aux camélias. 20.55 Boulevard du palais. 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. Projet Pluto, Jean-Claude Brialy. Festival 18.15 Noblesse oblige aaa La Jeune Fille et la Mort %. 21.50 Faut pas rêver. la fusée atomique. Planète Robert Hamer. Avec Alec Guinness, 20.05 Une nounou d’enfer. 0.35 La Malédiction. Dominique Denis Price (GB, 1949, N., v.o., 22.40 Bouillon de culture. Russie : Les volcans du Kamtchatka. 0.10 Missions secrètes Visages de la violence, 20.38 Météo du week-end. France : L’impératrice aux oiseaux. Othenin-Girard et Jorge Montesi. TSR 105 min) &. Ciné Classics 20.40 Cinésix. pour espions extralucides. TMC hier, aujourd’hui et demain. Espagne : La pierre en héritage. e Invité : Philippe Delerm. France 3 0.00 Journal, Météo. 20.50 Le 10 Royaume. 0.25 Le Skieur solitaire SÉRIES Téléfilm. David Carson 22.25 Dites-moi. de l’Antarctique. Odyssée et Herbert Wise [4 et 5/5] &. Invité : Bernard Kouchner. RTBF 1 FRANCE 3 0.50 Histoires courtes. 17.45 Code Quantum. 0.05 Brooklyn South %. 22.40 Bouillon de culture. Jean-Bernard Pouy, un pavé Dragons et démons. &. Série Club 13.55 C’est mon choix. Visages de la violence, dans le portrait. France 2 hier, aujourd’hui et demain. 17.50 Starsky et Hutch. Poker. RTBF 1 15.00 Un long chemin. Invités : , 19.25 Frasier. Téléfilm. David Greene. RADIO Madeleine Gagnon, SPORTS EN DIRECT Pas de fumée sans feu. &. Série Club 16.35 MNK, A toi l’actu@. Jean Guilaine, Denis Marquet, 17.40 La Piste du Dakar. Yasmina Khadra. France 2 20.20 Friends. Celui qui avait FRANCE-CULTURE 14.15 Biathlon. Coupe du monde. une nouvelle copine. &. RTL 9 18.15 Un livre, un jour. 10 km sprint messieurs. Eurosport 22.45 Petites histoires du cinéma. 20.45 New York District. Cadeau mortel. 18.20 Questions pour un champion. 20.30 Black & Blue. Cinéma et chansons. Ciné Classics re 17.30 Luge. Coupe du monde (1 manche). Double identité. 13ème RUE 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. Invité : Jean-Louis Chautemps. 19.30 (2e manche). 23.05 Sans aucun doute. 20.55 Boulevard du palais. 20.10 Tout le sport. 21.30 Cultures d’islam. El-Kindi, IXe siècle, Je ne suis pas comme A Innsbruck (Autriche). Eurosport La Jeune Fille et la Mort. %. France 2 20.15 Le Journal du Dakar. premier philosophe de la langue arabe. tout le monde, et alors ! TF 1 20.30 Football. Tournoi international 22.12 Multipistes. de Maspalomas (Canaries). 21.15 Maggie. 20.45 Thalassa. Le mystère de Vanikoro. 23.15 On ne peut pas plaire The Other Woman (v.o.). Téva 22.30 Surpris par la nuit. Match pour la 3e place. Eurosport 21.50 Faut pas rêver. Musique : à tout le monde. France 3 Jeanne Lee, la fille de l’air. e 21.40 Zorro. Rendez-vous 20.45 Football. D 1 (23 journée) : 22.50 Météo, Soir 3. 0.05 Du jour au lendemain. 0.55 Génération Albator. Lens - Lyon. Au stade au coucher du soleil. Disney Channel 20.30 Les Evadés de la nuit aa 23.15 On ne peut pas plaire Michel Orcel (Roland furieux). Albator 78 : Duel final entre la reine Félix-Bollaert, à Lens. Canal + 22.25 The Simple Life. Roberto Rossellini. Avec George et Harlok. Signé Cat’s Eyes. The Fly Fishing Show (v.o.). Téva Patriarca, Giovanna Ralli (It., 1960, à tout le monde. Nicky Larson. Rémi sans famille. N., v.o., 135 min) &. Ciné Classics 0.55 Génération Albator. FRANCE-MUSIQUES Chapi Chapo. L’alinéa. DANSE 22.50 La Vie à cinq. Le souffle du passé. Téva 20.35 Alien, la résurrection aaa Wattou-Wattou. France 3 20.05 Concert franco-allemand. 21.55 Le Corsaire. Ballet. Chorégraphie 23.25 Taxi. Tony’s Lady (v.o.). Série Club Jean-Pierre Jeunet (Etats-Unis, 1997, CANAL + 110 min) ?. RTBF 1 Donné en direct par l’Orchestre de Marius Petipa. Musique d’Adam. 23.30 First Wave. symphonique de la Radio de Francfort, DOCUMENTAIRES Par le ballet et l’Orchestre du Kirov, 21.00 Splendor aa 13.45 Jack Frost. Film. Troy Miller &. L’enfant du mercredi. 13ème RUE dir. Daniel Harding : Symphonie no 10 dir. Victor Fedotov. Ettore Scola (Italie, 1988, 15.20 Dream Kitchen. Court-métrage. (version de Deryck Cooke), de Mahler. 18.00 Making of. Avec Altynai Asylmuratova (Médora), 0.15 I Love Lucy. 110 min) %. Ciné Cinémas 2 15.30 Shakespeare in Love aa 22.30 Alla breve. Capitaine Conan. Ciné Cinémas Faroukh Ruzimatov (Conrad). Mezzo Home Moves (v.o.). &. Téva Film. John Madden &. 23.05 La Poursuite infernale aaa 22.45 Jazz-club. En direct du New Morning, John Ford (Etats-Unis, 1946, N., 17.30 Mickro ciné. à Paris. Le quintette de Nicholas 95 min) &. Cinétoile f En clair jusqu’à 20.45 Payton, trompette, avec Tim Warfield, 23.45 Gigi aa 18.00 Chris Colorado. saxophone, Anthony Wonsey, piano, V. Minnelli (EU,1959,120min). Mezzo Reuben Rogers, contrebasse 0.25 Fargo aa 18.30 Nulle part ailleurs. et Adonis Rose, batterie. Joel Coen et Ethan Coen (Etats-Unis, 20.15 Football. 1995, 95 min) ?. Cinéstar 1 20.45 D1 : Lens - Lyon. CINÉ CLASSICS FRANCE 3 Archives nationales, retrace les RADIO CLASSIQUE 0.25 Capitaine Conan aa 22.55 The Faculty a Film. Robert Rodriguez ?. 18.15 Noblesse oblige aaa 20.45 Thalassa : préparatifs d’une aventure sem- Bertrand Tavernier (France, 1996, 20.40 Les Rendez-vous du soir. blable, pour l’époque, à l’« envoi 130 min) %. Ciné Cinémas 2 0.30 College Attitude Œuvres de Weber, Rossini, Brod. Londres, au début du XXe siècle. Le Mystère de Vanikoro Film. Raja Gosnell &. d’hommes sur la Lune ». Si le film 0.40 La Party aa 22.05 Les Rendez-vous du soir (suite). Louis d’Ascoyne, dixième duc de Des historiens et des archéologues Blake Edwards (Etats-Unis, 1968, v.o., 2.20 Elle est trop bien Œuvres de Lalo, De Castillon, Franck, ménage le suspense, le lieu du Film. Robert Iscove &. Chausson. Chalfont, a été repoussé par sa se sont lancés sur les traces de 95 min) &. Cinétoile naufrage est connu depuis 1828. Il 0.55 La Belle et la Bête aaa noble famille parce que sa mère, Jean-François de Galaup de Lapé- rouse, parti en 1785 explorer le Pa- fallut toutefois attendre 1964 pour Jean Cocteau (France, 1945, N., Mary d’Ascoyne, avait épousé un 95 min) &. Ciné Classics SIGNIFICATION DES SYMBOLES cifique, dans l’esprit de James qu’un plongeur néo-zélandais ténor italien. Ses parents morts, il 2.20 L’Etroit Mousquetaire aaa Cook, modèle universel, à la tête trouve l’épave de La Boussole. La Max Linder (Etats-Unis, 1922, N., Les codes du CSA Les cotes des films découvre qu’il a droit à leur héri- de deux frégates, L’Astrolabe et dernière mission en date, conduite muet, 35 min). Arte & Tous publics a On peut voir tage. Or huit personnes lui font 2.30 Angoisse aa % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer La Boussole. Le navigateur français en 1999 par l’archéologue Jean- Jacques Tourneur (Etats-Unis, 1944, ? aaa obstacle. Il entreprend de s’en dé- N., v.o., 90 min) &. Ciné Classics Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique fut aperçu pour la dernière fois à Christophe Galipaud, a mis au jour ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + barrasser par des crimes parfaits. Botany Bay (Australie) en mars les vestiges d’un « camp des Fran- 3.20 Regarde ! Public adulte DD Dernière diffusion Comédie d’humour noir vite pas- 1788. Le documentaire d’Yves çais ». Mais quid de ses oc- les hommes tomber aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Jacques Audiard (France, 1993, # sée au rang de chef-d’œuvre culte. Bourgeois plonge d’abord dans les cupants ? 95 min) %. Ciné Cinémas 3 Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants 32

VENDREDI 12 JANVIER 2001 « 2001 sera une pleine année de travail », Au piquet par Pierre Georges BON, ALLEZ. Avant l’avalan- débit de l’eau. Et en choisissant che qui commence à la vitesse de bien leurs exemples, s’ils ne veu- affirme Lionel Jospin lors de ses vœux l’e-mail, couvrons-nous la tête lent pas se retrouver devant un de cendres et la plume de gou- juge d’instruction, pour quelque dron. Dans la chronique, hier, pornographique exercice de la Devant la presse, le premier ministre met en garde contre la « politique du pire » en Corse outre une faute d’orthographe à pédagogie. Car on en sait de empailler carrément tant elle verts des acrostiches. A commen- C’EST UN PLAN anti-vache folle prendre à la façon dont le président « l’aide personnalisée à l’autono- puis il ajoute : « Il est de la responsa- était magnifique, nous avons cer par certain échange de corres- qui a été élaboré pour le jeudi 11 jan- exerce ses fonctions : « Jacques Chi- mie », qui devrait être effective «au bilité de chacun de ne pas jouer la commis une confusion impardon- pondance entre George Sand et vier. Dans le discours que Lionel Jos- rac a mieux à faire que d’occuper le 1er janvier 2002 » ; contre la vache politique du pire, ni de contrecarrer nable. A propos du petit jeu Alfred de Musset. Tout à fait con- pin devait prononcer en fin de mati- poste, certes prestigieux, de porte- folle – « l’objectif de 20 000 tests une démarche politique claire dans auquel s’était livré un confrère venable dans les apparences, les née, à l’occasion des vœux à la pres- parole de Michèle Alliot-Marie. Son effectués par semaine, que j’avais fixé ses objectifs et saine dans sa métho- anglais pour maudire son direc- feuilles. Mais très coquin dans les se, il n’y a pas trace de petites phra- utilité ne se mesure pas à sa capacité pour la fin du mois de janvier, est de, qui porte ses premiers fruits et teur et que nous avons, en vil fla- racines. ses ou de formules acerbes à l’égard de nuisance ». d’ores et déjà atteint » – ; pour la peut apporter une issue raisonnable gorneur, détourné à nos dévo- A part cela, quoi de neuf ? Eh de Jacques Chirac, en réponse au Pour M. Chirac, donc, s’adresser sécurité qui, à quelques semaines à un problème non résolu depuis tions, nous avons parlé d’« acro- bien, un mot-clé justement, juge chapelet de « bons vœux » prési- à M. Hollande. Pour le reste, voyez des élections municipales, s’installe vingt-cinq ans ». nyme ». Et même titré ainsi. d’instruction. Il n’est question dentiels. L’agacement public mal Lionel Jospin. A la presse réunie à dans tous les discours du premier La dernière flèche a été réservée Funérailles ! Comment peut- que de cela ce jeudi matin. Hier, contenu du premier ministre après Matignon, le premier ministre ministre ; et même, pour la décen- à Alain Juppé. M. Jospin n’a pas on appeler « acronyme » ce qui mercredi, Philippe de Villiers la demande d’interdiction des fari- avait, du coup, tout loisir de présen- tralisation, avec le débat organisé apprécié du tout que M. Chirac était « acrostiche » ! D’autant, s’en fut, en grand équipage et nes animales avait ravi l’Elysée et ter sa « vision de l’année 2001 ». mercredi 17 janvier au Parlement explique le retour de la croissance évidemment, que, comme disent tapage, voir un juge d’instruction laissé un souvenir amer à Matignon. « Pour le gouvernement et la majori- que M. Jospin introduira «lui- par le travail des « gouvernements les concurrents dépités lors d’un pour l’éclairer, on le suppose, sur C’est donc à François Hollande té, l’année 2001 n’est ni une année même ». On promet aussi d’agir sur successifs » et en particulier celui jeu télévisé qui tourne au vinai- les turpitudes présumées de son qu’est revenue la tâche d’assurer la d’attente ni une fin de période. Elles les retraites – « travaux » et « con- de 1995-1997. « Dans l’action politi- gre, nous le savions. Ou plutôt ex-ami Charles. Certes, il ne fit là première partie. Dans un entretien sera une pleine année de travail au certation » – « sans céder à aucune que – les années écoulées nous le nous le sûmes jadis lorsque nos que son devoir d’honnête au Parisien, le premier secrétaire du service des Français ». Même l’ex- sorte de catastrophisme ni aux injonc- montrent bien – tout est lié : il faut chers professeurs de lettres nous citoyen. Mais tout de même ! On Parti socialiste se déchaîne contre le pression « année efficace »,que tions intéressées ». qu’un gouvernement respecte ses faisaient avec délectation décou- a encore en mémoire le fameux président de la République et lui l’on pensait initialement glisser engagements et assume ses responsa- vrir les envois, noms ou mots duo de la campagne pour les rend formule pour formule. dans le texte, a été supprimée. PROJET DE LOI RELATIF À LA CORSE bilités pour susciter et conserver la cachés, bref les acrostiches dans européennes en 1999, quand, « Année utile », a dit M. Chirac. Pré- On-ne-polémique-pas, on agit. Et On agit encore, et là le premier confiance des citoyens. Cette confian- les ballades de Villon ou les poè- bras dessus, bras dessous, Philip- sident « immobile », réplique-t-il. surtout on choisit ses mots : le «cré- ministre prend la peine de dévelop- ce est elle-même nécessaire à la mes et les écrits de tant de pe et Charles s’en furent danser « Année sabbatique », insiste le chef dit d’impôt » qui fait frémir à gau- per son propos, pour la Corse. Evo- croissance. Et c’est parce que cette grands. la bourrée en Auvergne, la sarda- de l’Etat. « Quinquennat sabbati- che et auquel M. Jospin s’est rallié, quant la discussion à venir sur le croissance est durable et que le chô- Acronyme, acrostiche ? Ce ne en pays catalan et toutes sor- que », observe M. Hollande. Il a eu après la censure du Conseil constitu- projet de loi relatif au statut de mage diminue que de nouvelles mar- n’est pas du pareil au même ! tes de menuets de nature à proté- le temps d’aiguiser ses mots. « C’est tionnel sur le dispositif d’allège- l’île, M. Jospin adresse un avertisse- ges de manœuvre apparaissent. Ce Loin de là. L’acronyme est un ger l’identité nationale contre les sa quinzaine. En janvier, il y a dans ment de la CSG, devient par la grâ- ment implicite à M. Chirac et sur- sont elles qui permettent de répon- mot-valise, un mot formé d’initia- fourberies et complots euro- notre pays les soldes et les interven- ce d’une formule une « prime pour tout à celui que Matignon considè- dre aux attentes et de dessiner un les ou de syllabes de plusieurs péens. Qui payait les musiciens ? tions de Jacques Chirac. J’ai le senti- l’emploi » (lire ci-dessous). re comme son allié objectif, le Con- avenir et un projet pour notre mots. Exemples, merci Petit Ah, juge, gardez-moi de mes ment que les Français s’intéressent On agit, répète M. Jospin, ou on seil constitutionnel. Le texte, préci- pays ». Bonne année 2002. Robert : « Ovni, sida, sonar ». alliés, doit philosopher Charles plus aux premières qu’aux secon- va agir sur la « modernisation socia- se-t-il d’abord, « s’inscrira dans le L’acrostiche est, encore merci l’Africain ! des… », observe-t-il, avant de s’en le »; sur les « droits des malades » et cadre des lois de la République », Pascale Robert-Diard Petit Robert, « un poème ou une Autre nouvelle, après avoir strophe où les initiales de chaque payé caution, « rançon », disent vers, lues dans le sens vertical, com- ses proches, Jean-Christophe Mit- posent un nom ou un mot-clé ». terrand est sorti de prison. Non Les « bas salaires » percevront en septembre la « prime pour l’emploi » Il fallait que cela soit dit. Et rec- sans avoir préalablement maudit tifié. Immédiatement, sur le ce même juge d’instruction, dans « PRIME POUR L’EMPLOI » : c’est finale- C’est sur cet objectif-là que M. Jospin a souhai- Le crédit d’impôt montera progressivement front des troupes. Et même tant une interview tonitruante au ment le nom qu’a retenu Lionel Jospin pour le té insister en baptisant le futur crédit d’impôt en puissance entre 2001 et 2003, comme cela qu’on y est, saisi par la folie des Nouvel Observateur. Même que crédit d’impôt qui va remplacer la ristourne sur français « prime pour l’emploi ». Ce dispositif était prévu pour la ristourne sur la CSG. Il repré- erreurs, nous ne saurions trop ledit juge aurait fait « preuve la CSG, invalidée, le 19 décembre, par le Con- « permettra de mieux rémunérer le travail et de sentera 8 milliards de francs en 2001, 8,5 mil- conseiller aux chers enseignants d’une hostilité poisseuse, avec une seil constitutionnel et qu’il a dévoilé à l’occa- redistribuer les fruits de la croissance en faveur liards de francs en 2002 et autant en 2003. Le de sauter sur l’occasion pour véritable expression de haine ». sion de ses vœux à la presse, jeudi 11 janvier. de ceux qui en ont le plus besoin », a développé dispositif n’est pas encore complètement calé : expliquer à leurs ouailles le vrai Même qu’il lui aurait demandé, François Hollande avait proposé « prime de M. Jospin. il s’agit de limiter au minimum ses effets per- sens des mots. En mettant cela ce que le juge dément : « prénom pouvoir d’achat », mais le premier ministre a vers, notamment sur le travail de la femme au débit du chroniqueur, qui de votre père ? ». Ah, qu’est-ce manifestement préféré marquer son action en 8 MILLIARDS DE FRANCS EN 2001 dans un couple. A terme, un salarié au SMIC vaut bien, sauf en Bretagne, le qu’on se marre ! faveur de l’emploi plutôt que de la demande. Et Concrètement, les salariés concernés rece- gagnera un mois de salaire. Les derniers arbitra- surtout, effacer toute référence au crédit d’im- vront en septembre un chèque de l’administra- ges techniques seront arrêtés cette semaine. pôt, réputé d’inspiration libérale et anglo- tion fiscale s’ils ne payent pas d’impôt sur le Laurent Fabius et Elisabeth Guigou en présente- saxonne. revenu, ou bien verront celui-ci réduit s’ils y ront les modalités, mardi 16 janvier. Un projet De quoi s’agit-il ? De distribuer, au bout de sont assujettis. Pour bénéficier de ce crédit de loi sera soumis au conseil des ministres, L’hommage en or de la Bundesbank trois ans, 25 milliards de francs aux 9 millions d’impôt, le salarié devra appartenir à un foyer « d’ici à la fin du mois », précise M. Jospin, pour de Français qui gagnent moins de 1,4 fois le fiscal dont le revenu global ne dépasse pas un aller le plus vite possible devant les parlemen- SMIC. Et ainsi d’accroître leur pouvoir d’achat certain seuil de déclenchement, qui tiendra éga- taires. Les Verts et les communistes sont très au deutschemark mais aussi la différence entre les revenus du lement compte du nombre de personnes à char- opposés au crédit d’impôt. Les socialistes, travail et les revenus d’inactivité. En rendant le ge dans ce foyer. Pour un célibataire, le seuil même s’ils ont apporté leur soutien au gouver- FRANCFORT, reprises, au cours du siècle dernier, travail plus rémunérateur, le gouvernement sera de 1,4 fois le SMIC, et pour un couple de nement sur le sujet lors du bureau national du de notre correspondant par l’inflation. veut inciter financièrement ceux qui ne tra- 2,8 fois le SMIC. Le crédit d’impôt sera ensuite 9 janvier, restent partagés. Ultime marque d’affection ou nos- Son abandon ne déclenche aucun vaillent pas à reprendre un emploi. Et notam- calculé à partir des seuls revenus du travail de talgie d’une époque révolue ? Les enthousiasme. Au contraire ! Selon ment rendre le temps partiel moins rébarbatif. l’individu, puisqu’il s’agit d’inciter au travail. Virginie Malingre Allemands vont bientôt pouvoir une récente enquête, seul un quart cacher sous leurs édredons une piè- de la population se réjouit de l’arri- ce d’or à l’effigie du deutschemark. vée de l’euro. Un autre sondage relè- La Bundesbank est sur le point de ve que 56 % des Allemands pen- Le gouvernement se partage entre Davos et… Porto Alegre lancer la fabrication d’un million de chent pour l’abandon de la monnaie pièces pour manifester une dernière unique. Les réticences sont encore QUI SERA le contre-sommet de des négociations de l’OMC de contestation comme désormais Porté par la gauche antilibérale fois le respect qu’elle porte à son pro- plus fortes dans l’ex-RDA, où l’on ne l’autre ? Forum de l’« Internatio- Seattle, en novembre 1999, com- chaque rendez-vous du FMI, de et la IVe Internationale, qui aga- tégé. L’institut d’émission entend bénéficie du deutschemark que nale rebelle » contre forum des me simple député du Nord, tan- l’OCDE, du G7 ou de l’Union euro- cent moins Lionel Jospin que les proposer « un souvenir durable » du depuis une décennie. « maîtres du monde » :du25au dis que M. Huwart assistait au in, péenne. manifestants libertaires et mou- deutschemark, alors que celui-ci 30 janvier, tout ceux qui se sen- comme chef de la délégation fran- vementistes de Seattle, Washing- s’apprête à faire ses adieux au profit PROBLÈME PSYCHOLOGIQUE tent concernés par la mondialisa- çaise –, n’est pas fâché de ce petit UN RENDEZ-VOUS SAGE ton ou Prague, c’est un rendez- de l’euro. Le recul chronique de la monnaie tion devront choisir entre le Bré- bain de jouvance militant, il expli- Porto Alegre n’est pas l’endroit vous sage. Pourquoi le premier La précieuse monnaie frappée en européenne n’a pas contribué à ras- sil et la Suisse. A Davos, le Forum que que tous deux « viennent pour « protester contre les injusti- ministre refuserait-il cette dou- or sera mise en vente dès l’été pro- surer les esprits. Une entreprise a économique mondial accueille pour des raisons qui ne sont sans ces (…) que provoquent les excès ceur brésilienne aux électeurs de chain. D’un poids deux fois supé- même porté plainte auprès de la depuis 1970 les principaux respon- doute pas tout à fait les mêmes ». du néolibéralisme », mais « pour la gauche plurielle, priés de se rieur aux pièces de 1 deutschemark Cour constitutionnelle. Son patron sables politiques et économiques Ils plancheront très sérieusement tenter, dans un esprit positif et montrer disciplinés lors des pro- en circulation, elle sera aussi nette- regrettait que la nouvelle devise se internationaux : parmi eux, le sur la question « quel commerce constructif (…) d’envisager une chains scrutins municipaux et ment plus onéreuse. Chaque pièce déprécie « face à toutes les monnaies ministre de l’économie et des international voulons-nous ? ». mondialisation de type nouveau», législatifs ? devrait, au cours actuel de l’or, du monde, même face au rouble ». finances, Laurent Fabius, et le D’ailleurs, le Forum social ne confirme Le Monde diplomatique valoir entre 230 et 250 deutsche- Un comble pour les épargnants ger- ministre délégué aux affaires comptera pas, par définition, de (janvier 2001). Ariane Chemin marks. L’initiative servira à financer maniques. européennes, Pierre Moscovici. un institut de recherche consacré… à Consciente du problème psycholo- En revanche, pour la gauche fran- la stabilité monétaire, ainsi que la gique, la classe politique évite de çaise des réseaux ATTAC qui con- rénovation de l’île aux Musées, un polémiquer sur le sujet. La Bundes- teste la « mondialisation néo-libé- des fleurons culturels de Berlin. bank, qui a pourtant transféré l’es- rale », « le nouveau siècle commen- La Bundesbank, une des institu- sentiel de ses pouvoirs à la Banque ce à Porto Alegre », au premier tions les plus respectées du pays, a centrale européenne, veille toujours Forum social mondial. Un toutes les chances de faire recette, au grain. Hasard du calendrier : si – long – voyage vers une cité qua- car, à moins de quatre cents jours de ses pièces en or n’ont pas toutes été si utopique gouvernée depuis sa disparition définitive, la monnaie vendues avant 2002, il sera possible douze ans par le Parti des tra- nationale conserve toute sa populari- de les acheter en euros, entre vailleurs (PT), devenu lieu tradi- té. Symbole du miracle économique 117 et 128 euros. Une bouchée de tionnel de pélérinage des trostkis- de l’après-guerre, le deutschemark pain pour un si bon placement ! tes français. restera comme un modèle de stabili- La surprise viendra moins de la té pour des Allemands ruinés à deux Philippe Ricard présence des députés européens Verts et communistes, d’Harlem Désir, de la Gauche socialiste, ou DÉPÊCHE même de Jean-Pierre Chevène- a VENTE : deux cents tableaux signés de Sabine Zlatin et légués à ment, qui a accepté le voyage dès sa mort, en 1996, au Musée-Mémorial d’Izieu vont être vendus aux son départ du ministère de l’inté- enchères, le mardi 16 janvier. L’argent obtenu servira à créer une bour- rieur, que de celle de… deux minis- se annuelle de recherche. Sabine Zlatin fut cette infirmière d’origine jui- tres du gouvernement Jospin. Le ve russo-polonaise qui devint « la Dame d’Izieu », du nom du village de secrétaire d’Etat à l’économie soli- l’Ain où elle cacha des centaines d’enfants juifs, jusqu’à la rafle de qua- daire, Guy Hascoët, et, en princi- rante-quatre d’entre eux et de son mari, le 6 avril 1944, par Klaus Bar- pe, celui au commerce extérieur, bie. Tous furent exterminés à Auschwitz. Avant et après le drame, elle a François Huwart, seront à Porto peint, sous le nom de « Yanka », des centaines de tableaux présents Alegre, comme l’ambassadeur dans des musées du monde entier. Accrochage samedi 13, dimanche 14 Pierre Charasse, pour le ministère et lundi 15 janvier, de 11 h à 18 h. Vente le 16 janvier à la Galerie de Mes des affaires étrangères. Du coup Poulain et Le Fur, commissaires-priseurs, qui assurent bénévolement – tout un symbole – M. Huwart cette manifestation à caractère caritatif : Palais des Congrès, 2 place de ne se rendra pas à Davos. la Porte-Maillot, 75853 Paris Cedex 17. Tél. : 01-58-05-06-11. Ni le ministre Vert ni le radical de gauche ne sont des contestatai- Tirage du Monde daté jeudi 11 janvier 2001 : 476 667 exemplaires. 1-3 res. Même si M. Hascoët – qui s’était rendu aux rencontres off VENDREDI 12 JANVIER 2001

YASMINA KHADRA MICHEL WINOCK En exclusivité pour « Le Monde La chronique de Roger-Pol Droit des livres », l’écrivain algérien révèle page VI sa véritable identité et les raisons qui l’ont amené ALFREDO BRYCE-ECHENIQUE à se cacher sous Le feuilleton de Pierre Lepape ARMISTEAD MAUPIN JARED DIAMOND un pseudonyme page II page III page VII page V Christian Oster en rieur ému intrigue, paysages. Il a horreur du mot, ou encore le mot de la d’émotion sans doute. Un peu ricaner des facéties mentales du flou et du vague. Le concret, le pro- fin – jamais on ne le trouve. Ce qui Sans se départir d’amour, si on veut, on ne va pas com- narrateur. Vue d’un certain point saïque, au contraire, ne lui font pas n’enlève rien au désir puissant de le mencer à se battre sur les mots, de vue, la loufoquerie est une chose peur. La vulgarité n’est pas son fort, chercher toujours. D’où malaise et de l’humour singulier, d’amour à donner ou à prendre, en sérieuse, surtout si l’on y met, mais pas davantage les déborde- trouble divers. D’où angoisse et rire attendant mieux, mais pas grand- comme Oster, un accent de gravité. ments sentimentaux. Chez lui, cha- mêlés. doucement pathétique, chose, non. » Un jour, au motif de Construit dans « cet état d’urgence que image est calculée, d’ailleurs il y Incontestablement, Christian ses propres déboires sentimentaux, où tous les contraires chaotiquement our évoquer un chagrin en a peu. La moindre perspective est Oster est l’un des grands maîtres par lequel Laura s’installe chez son employeur. s’épousent », le roman, lui, ne se d’amour, nombreux sont les écri- soigneusement balisée, reconnue. actuels de l’humour. Un humour qui il fait passer Et bientôt dans son lit. Rien de fréné- perd nullement dans les brumes de Pvains qui prennent leur envol : le L’imprécision est sa bête noire ; elle n’est ni noir ni d’une autre couleur, tique. Prudence : le cœur de Jacques mer et le sable de la plage qui for- lyrisme est aussi vaste que le ciel, et est aussi celle de ses narrateurs. mais plutôt du genre impassible et saigne encore. Ce qui pourrait n’être ment son dernier paysage. La vieille les plaintifs se croient souvent poè- Avant de prendre son envol – car, pathétique. L’arbre généalogique le langage, qu’une passade prend soudain tout rengaine des amours déçues ou tes. Ils répugnent à visiter et à décri- l’air de rien, Oster le prend finale- dont il descend avec une singulière le poids du bonheur recherché. impossibles et l’émotion qui accom- re le plat pays d’une réalité trop pro- ment, le moment venu –, il se saisit souplesse comporte de nombreuses l’écrivain entrouvre « C’était désespérant parce que je ne pagne le déraisonnable besoin saïque. Alors, forcément, la chose branches ; sur la plus m’étais jamais senti aussi bien et en d’être heureux ne jurent pas, ne amoureuse n’est jamais limitée à elle- proche, se tient Robert la porte de l’émotion même temps c’était comme si je cou- font pas tâche dans ce récit très même. Les images abondent, les Patrick Kéchichian Pinget – un classique. Il lais. Que je me laissais faire. Que je fer- contemporain. Une harmonie qui perspectives se multiplient, l’éthéré y aurait d’ailleurs toute amoureuse mais les yeux. » rend la lecture d’Oster recomman- pactise avec le grossier. Le chagrin de ce thème amoureux, le tourne et une étude à écrire sur la méthode Oster raconte, décrit magnifique- dable, aisée, neuve, heureuse en contamine le monde, que l’on ne le retourne, l’observe, l’étale, le dissè- dont use l’auteur de Loin d’Odile (2), la situation se met en place. L’intri- ment ces instants : « On s’est regar- somme. « Eh oui, rien n’est jamais regarde plus de la même manière ; il que. sur les moyens qu’il se donne et les gue est conçue pour être tout à la dés en mangeant, Laura et moi, avec complètement neuf, c’est comme les modifie les sentiments, bien sûr, Son instrument de travail, son pos- fins qu’il vise. Contentons-nous de fois banale, passablement hiérati- des retenues de sourires, on n’avait mots, les choses reviennent, elles sont mais aussi les pensées, les habitudes, te d’observation, c’est le langage, souligner combien cet humour est, que et… intrigante. Ici, le narra- presque rien à se dire, à ce stade-là, neuves quand même. C’est quand la psychologie, qui, toutes, inclinent dont il expérimente, depuis une bon- comme celui de Lydie Salvayre mais teur – dont nous n’apprendrons juste à se sentir, elle et moi, à se tenir à même toujours neuf, l’amour. » alors à la catastrophe générale. ne dizaine d’années (1), les ressour- selon une autre modalité et dans un qu’à la moitié du livre, et pas à n’im- bout de regard, oui, comme deux qui Christian Oster, lui, veut plier le ces et les limites. Sa conviction est autre but, de A jusqu’à Z, porte quel moment de la narration, ne voudraient plus se perdre, mainte- (1) Depuis Volley-ball (1989) jusqu’à lyrisme, cette donnée commune, à élémentaire : tout est affaire de conscience, intelligence du langage. qu’il se nomme Jacques –, récem- nant qu’ils ont trouvé comment faire, Mon grand appartement (prix Médicis, de plus étroites exigences. D’abord, mots, y compris la vérité ; simple- Il y a deux moments, deux stades ment plaqué par Constance, décide pour être proches. » Ils se perdront 1999, voir « Le Monde des livres » du il est romancier, c’est-à-dire bâtis- ment, le mot juste – celui qu’on intimement liés mais distincts, dans de prendre une femme de ménage : cependant. Et la dernière réplique 3 septembre 1999), tous chez Minuit. seur d’histoires, avec personnages, appelle aussi le bon ou le dernier l’humour d’Oster. D’abord, celui où « J’avais attendu six mois. Six mois du livre, longtemps préparée, réson- (2) « Le Monde des livres » du sans ménage, six mois sans Constance. nera comme une fatale sentence aux 20 février 1998. Vient d’être repris, sui- Une femme qui m’avait occupé l’es- oreilles du héros, ce sombre quin- vi d’une étude de Jean-Claude Lebrun, prit et le cœur, sans cesse, et qu’il me quagénaire. dans la collection « Double », en suffisait de voir ou d’évoquer pour me L’émotion que Christian Oster insi- poche, aux mêmes Editions de Minuit dire que la vie avait une forme. D’où nue au cœur même de son humour (144 p., 34 F [5,18 ¤]). l’inutilité de ranger, désormais, chez est d’autant plus poignante qu’on ne moi. De maintenir l’ordre. De passer l’attend pas, qu’elle monte sans que UNE FEMME DE MÉNAGE l’aspirateur. » l’on y prenne garde, pour nous sur- de Christian Oster. Le narrateur donc, dans une volon- prendre en train de sourire ou de Minuit, 238 p., 95 F (14,48 ¤). té de sursaut hors de la dépression postsentimentale, s’attache les servi- ces de la jeune Laura. « … Je me sen- tais peu à peu rentrer dans la norme, voire dans l’élite. Pas de problèmes, une désespérance en fin de course, un métier, une femme de ménage, il ne me manquait plus que le bonheur. Mais j’avais le temps, je n’entrais que dans ma cinquantième année. » Tout ne va pas si bien cependant. Une fou- le de désagréments et de ques- tions – principalement attachées à l’usage, ou au non-usage, par Laura, d’un aspirateur, et à la coiffure de cette dernière, qui travaille bigre- ment son employeur – surgissent. Et si au moins l’envahissement de l’ex- istence par les détails pouvait faire oublier ce qui, à cette existence, man- quait encore… Par ce mot, « bonheur », nous entrons dans le deuxième stade du comique ostérien (il est temps d’in- venter l’adjectif), celui au cours duquel il se transforme, devient, sans rien perdre de ses droits, douce- ment pathétique. C’est sans doute là qu’Une femme de ménage marque une sorte d’évolution dans l’œuvre de Christian Oster. Avec ce roman, l’écrivain s’aventure heureusement vers des zones et dans des paysages à la lisière desquels, jusqu’à présent, il demeurait. En fait, cette transfor- mation a lieu dans le récit qui nous est proposé, et, à l’intérieur de ce récit, dans la conscience et le désir du narrateur. Jacques est un modeste : « J’étais frileux, comme homme. A part l’amour, je ne valais pas grand-chose. A part aller vers l’amour, j’entends. Je ne parle pas de succès, pitié. » Il n’a pas la folie des grandeurs : « Non, ce n’était pas grand-chose. (…) Un peu J.-P. FAVREAU POUR « LE MONDE » II / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b

se de Au-delà du fleuve et sous les arbres : « Elle a con- L’AMYGDALITE DE TARZAN nu l’angoisse et la douleur, mais jamais elle n’a été (La Amigdalitis de Tarzan) triste le matin. » d’Alfredo Bryce-Echenique. Dans ses précédents romans, souvent très beaux, Traduit de l’espagnol (Pérou) toujours très drôles, parfois aux frontières de l’hysté- par Jean-Marie Saint-Lu, rie, Alfredo Bryce-Echenique offrait à sa propre aven- éd. Métailié, 258 p., 110 F (16,77 ¤). ture, réelle et imaginaire, les dimensions de l’univer- Deux cœurs sel. La langue était là, inventive, jaillissante, acrobati- oilà maintenant trente ans qu’Alfredo que pour donner aux péripéties amoureuses et aux Bryce-Echenique écrit et récrit sans cesse blessures existentielles les couleurs magiques de la le même livre ; et trente ans qu’il parvient à légende et le rythme de l’épopée. C’était un verre de nous surprendre, à nous émouvoir et à vin que la verve du romancier transformait en tempê- Vnous faire rire aux larmes avec une histoire toujours infatigables te. Qu’il se nomme Manolo, Julius, Pedro Balbuena, recommencée qui ressemble à la sienne. Celle du fils Martin Romana ou Felipe Carillo, le héros de ces d’une riche et célèbre famille de Lima (il est le descen- romans et de ces nouvelles se montrait incapable de dant du dernier vice-roi du Pérou et d’un président sortir de lui-même, de ses désirs, de ses douleurs, de de la République), élevé dans les meilleures écoles ses origines, de sa solitude, et même de son rire. Le nord-américaines du Pérou, venu préparer en France monde autour de lui n’existait que sous la forme de la une thèse de doctorat sur les thèmes principaux du promesse ou de la menace. Promesse de tendresse, théâtre d’Henry de Montherlant. Et là – on était en d’amitié, de beauté, de chaleur ; menace d’aliénation, 68 –, choisissant l’exil, la rupture avec la bourgeoisie d’enlisement, de corruption et de trahison. L’amygdali- dorée, la pauvreté, les chambres de bonne, la galère te de Tarzan marque une rupture avec cette exploita- des petits boulots. Mais aussi la littérature, le monde triste. La guerre ravage le Vietnam et la révolution se tion frénétique des malheurs de l’ego. Un élargisse- fou fou fou de l’immigration latino-américaine, les rêve sur un rythme de rumba ou de salsa autour du Sur fond d’une Amérique du Sud en ment, un approfondissement. amours immenses et impossibles, le chagrin et l’exal- poster post mortem d’un héros à béret et à barreau tation noyés sous des rivières d’alcool, les exils à l’in- de chaise. C’est à cette époque que Carpio rencontre proie à la guérilla, au terrorisme, et n ne sait pas trop qui sert de métaphore à térieur de l’exil, de Paris aux Baléares, de Montpellier la femme de sa vie. Elle se nomme Fernanda Maria de l’autre des tribulations amoureuses du trio à Barcelone et des Canaries à Madrid. la Trinidad del Monte Montes, raccourci en Fernanda dévastée par l’injustice et péruvo-salvadoro-chilien – « toujours lié, En 1989, les lecteurs des extravagantes et poignan- Mia. Elle appartient à une bonne famille salvadorien- rarement uni » – et des guérillas, contre- tes aventures d’Alfredo ont eu peur. Ils ont appris que ne ; elle a été élevée dans les meilleurs collèges suis- l’aveuglement, Alfredo Oguérillas, terrorismes, contre-terrorismes qui terri- leur héros faisait, comme l’on dit, une fin : qu’il s’était ses où on lui a inculqué une moralité à toute épreuve. fient le sud du continent américain. Le texte de Bryce- marié à Madrid avec Pilar de Vega, qu’il écrivait désor- Elle est droite, incandescente comme ses cheveux Bryce-Echenique livre le plus Echenique circule sans discontinuité de l’un des côtés mais de confortables chroniques dans la plus prospè- roux. Juan Manuel et Fernanda se jurent un amour de l’image à l’autre. Fernanda écrit : « La manifesta- re des institutions de la nouvelle Espagne, El Païs ; éternel et ils tiendront parole. tumultueux, le plus vaste et le plus tion de la Coordination populaire a été énorme, la plus puis qu’il allait enfin, après un quart de siècle à chan- grande qu’on ait jamais vue ici. Deux cent mille person- ter les saveurs, les amertumes et les vertiges de l’exil, ais l’amour est une chose et la vie une tendre de ses romans d’amour et d’exil nes à San Salvador… Tu imagines… Dans cette ville, jus- rentrer chez lui, au Pérou, dans cette famille de ban- autre, surtout quand la vie est celle de qu’à ces dernières années, cent personnes ensemble, quiers et de grands propriétaires terriens dont il avait Latino-Américains ballottés par les cou- vivre. Fernanda et Juan Manuel, assurés de la perma- c’était la foule. Et quand quelqu’un ne se montrait pas fustigé avec tant de cocasserie l’irrémédiable décaden- rants de l’exil, les sentiments et les fidéli- nence de leur amour infatigable, se battent contre deux dimanches de suite à la messe ou dans son bar, on ce. Avec affliction et pitié, on prévoyait la suite : Mtés contradictoires, les soubresauts d’un continent toute évidence. Ils prennent des coups à n’en plus en déduisait qu’il avait pris le maquis comme guérillero Alfredo Bryce-Echenique, devenu membre militant dévasté par la violence, l’injustice et l’aveuglement. finir, ils sont couverts de bleus, il leur arrive le soir, ou justicier. Bien que je ne veuille pas l’être, je suis terri- d’une association de buveurs d’eau, postulait un siège Pendant trente ans, Fernanda et Juan Manuel vont se après une journée encore plus difficile qu’une autre, fiée pour ma sœur, pour mes enfants, pour ce buveur à l’Académie des arts et belles-lettres de Lima, sollici- chercher et se manquer, ne se retrouvant que pour de sombrer dans la maladie du découragement, de d’Enrique même, qui affronte tout verre en main, je suis tait un poste de conférencier dans une université hup- de brèves et splendides étreintes entre deux départs, l’impuissance et du malheur. Même Tarzan peut être terrifiée. Et là, maintenant, j’aimerais fermer très fort les pée d’Amérique de Nord et écrivait de charmants deux avions, deux promesses d’une réunion enfin victime d’une amygdalite qui lui serre la gorge : « Tu yeux et ne ressentir que l’existence de cette confiance romans érotiques, torrides et cultivés entre deux durable et heureuse, deux échecs programmés. Dans m’as toujours aidée à me sentir aussi forte que Tarzan, totale que j’ai en toi. » séjours dans les ambassades péruviennes de Londres, l’intervalle, ils s’écrivent, des lettres tendres, drôles, mais on dirait qu’un désastre s’est tout à coup produit Il se peut donc qu’on trouve à ce dernier roman, lar- de Rome et de Paris. Peut-être même, suivant l’exem- déchirantes, toujours merveilleusement amoureuses, dans la forêt et que Tarzan se retrouve très seul, totale- gement épistolaire, moins de séduction folle, de gaie- ple de son célèbre confrère et compatriote Mario même si le temps, peu à peu, donne aux mots ment délaissé, apeuré, il n’ose pas se suspendre aux té acide et de virtuosité verbale que dans les précé- Vargas Llosa, allait-il profiter de la chute du régime d’amour une patine de tendresse et d’amitié. La lianes, ni même plonger dans la rivière, par peur des dents. Bryce-Echenique avoue qu’il a vieilli. Le temps d’Alberto Fujimori et du désarroi des élites liméennes passion prend des rides et les cheveux blanchissent. crocodiles, qui de plus ont envahi les maisons, le regard n’est plus à la vie exagérée, ni le style au rouge et noir pour faire don de sa personne au Pérou, aux dieux du Entre-temps, Fernanda s’est mariée avec un photo- des personnes, tapis à chaque coin de la vie de ce du pathétique et du désopilant. Les mots, comme les libéralisme et à la mémoire de ses ancêtres politi- graphe chilien, Enrique dont elle a deux enfants. Enri- pays. » amours, se font plus graves, plus tendres, les phrases ciens. que, lui aussi, a été chassé de son pays par la terreur Mais chaque matin pourtant, les amoureux sépa- plus laconiques. Les points d’exclamation ont disparu, Au lieu de cela, Bryce-Echenique nous revient avec de Pinochet. Il essaie de cicatriser par le vin, par la rés repartent à l’assaut du bonheur et de la vie avec l’invention se fait moins percutante, moins explosive, le plus tumultueux, le plus vaste aussi de ses romans violence, par l’excès de sentimentalité les blessures la même force intacte, la même énergie. Juan Manuel mais plus juste, pénétrant au-delà de la peau et des d’amour et d’exil. Rien n’a changé, donc. Le héros, de l’exil. Il aime sa femme et cherche à l’emprisonner qui aime beaucoup Hemingway – « cette aptitude à nerfs. Bryce-Echenique a perdu un peu de sa folie et cette fois, se nomme Juan Manuel Carpio, il est chi- dans la cage de son désespoir. Il n’est pas de la race suggérer et inventer une réalité très supérieure à celle de sa rage : l’histoire de son pays n’en est que trop lien évidemment, auteur-interprète de chansons cette des Tarzan, de ceux qui, bon an mal an, ont, comme que peuvent voir nos yeux aveuglés par le quotidien, pleine. Il cultive pourtant encore la plus folle et la plus fois. Il vivote à Paris depuis le milieu des années 60, Fernanda, appris à survivre et à sauter de liane en cette très ample concision capable de nous dire les cho- profonde des nostalgies, celle de la paix, du bonheur profitant comme il peut et sincèrement de la vogue liane dans la jungle de l’Amérique latine, ne perdant ses sans même les nommer, ce truc allègre et prestidigi- simple, de la tendresse pleine et tranquille. L’utopie latino-américaine, guérilla, flûte andine et mythe cas- rien de leur intégrité morale ni de leur énergie de tateur de la brièveté et du laconisme » – cite une phra- par excellence.

les Espagnols sont eux aussi en pleine bagarre, estimant qu’Antonio se con- ROMANS POLICIERS tente de récolter les bénéfices en les poussant à prendre tous les risques, c’est b par Gérard Meudal le règlement de comptes tous azimuts. Somptueuse épopée Il y a bien de temps en temps une faible lueur d’espoir, un début de frater- nisation entre les laissés-pour-compte, mais vite détruit. Car Héléna récuse cette prétendue fraternité quasi chevaleresque du milieu. Son univers est Une étonnante fresque sociale et familiale aux Dans l’ombre de Malet résolument noir, enragé et désespéré. C’est peut-être ce qui nuit à sa réputa- tion posthume. D’abord, il n’a pas eu le temps de fignoler sa statue (il est accents bibliques signée du Canadien Matt Cohen mort en 1972, à cinquante-trois ans) et, surtout, il n’y a chez lui aucun héros MASSACRE À L’ANISETTE positif, pas de détective pour mettre le mystère KO, mais seulement un ring à se battre ou à attraper la bouteille la d’André Héléna. impitoyable où tout le monde à la fin se retrouve dans les cordes. ELIZABETH ET APRÈS plus proche », n’en demeurent que E-dite noir. 208 p., 78 F (11,89 ¤). En même temps que Massacre à l’anisette reparaissent : Les Voyageurs du (Elizabeth and after) deux : William, veuf inconsolé, rongé vendredi, La Planète des cocus, Les Clients du Central Hôtel, L’Homme de main, de Matt Cohen. par l’alcool et le remords, finissant uand va-t-on cesser de considérer André Héléna comme une sorte Le Condamné à mort, Interdit de séjour (en collaboration avec Simone Sauva- Traduit de l’anglais (Canada) de regarder sa vie se dessécher entre de second couteau dans l’ombre de Léo Malet ? On ne peut s’empê- ge), Le Cheval d’Espagne. par Katia Holmès, les murs aseptisés d’une maison de Q cher de les rapprocher l’un de l’autre. D’abord parce qu’ils étaient e A signaler sur André Héléna un dossier de la revue Polar chez Rivages paru Phébus, 360 p., 139 F (21,19 ¤). retraite ; et Carl, son fils unique, qui, tous les deux originaires plus ou moins de la même région (Malet en 2000 (n˚ 23, 216 p., 89 F [13,56 ¤]). à la suite d’un mariage raté et d’une est né à Montpellier en 1909, Héléna à Narbonne en 1919) et qu’ils se connais- b MEURTRES EN CAVALE, collectif uatorze ans après la décou- bagarre de trop, s’était vu contraint saient bien, mais surtout parce qu’ils sont deux éminents représentants du Ce ne sont pas exactement les chevaliers de la Table ronde mais pres- verte, plutôt discrète en de quitter West Gull. Jusqu’au jour polar français des années 50. Seulement, là où Malet jouit aujourd’hui d’une que : onze auteurs américains qui ont décidé en 1982, à l’initiative de Mary Q France, de Matt Cohen, avec où ce dernier revient, à la suite des reconnaissance incontestée, Héléna reste une sorte de franc-tireur réservé à Higgins Clark, de se réunir à intervalles réguliers dans un restaurant new- Le Médecin de Tolède (1) – ultimes facéties de son père et du une poignée d’aficionados qui tentent régulièrement de le faire lire avec plus yorkais, chez Adams, pour élaborer des projets collectifs. Le succès du res- un récit historique situé à la fin du désir de sa fillette de le retrouver. ou moins de succès. taurant a été immédiat, au point que les romanciers ont dû transporter Moyen Age –, paraît Elizabeth et Tout cela malgré l’hostilité d’une Il y a une quinzaine d’années, Bayon, Phil Casoar et Frank Evrard avaient leurs pénates ailleurs et se retrouvent désormais, autour d’une table rectan- après. Un deuxième livre traduit seu- communauté peu encline à l’ac- republié plusieurs de ses romans chez 10/18 dans une série assez justement gulaire, dans un restaurant dont ils prennent grand soin de taire l’adresse. lement, au regard d’une œuvre riche cueillir. Comment dès lors infléchir baptisée « la poisse ». Aujourd’hui, les éditions E-dite ressortent une dizaine Le résultat de ces agapes, ce sont des recueils de nouvelles policières assez d’une trentaine de titres allant de la son destin quand certaines âmes cha- de ses livres. Si l’on s’accorde généralement à trouver que le Paname de étonnantes par la diversité des écritures sur un thème commun. Ainsi, nouvelle au roman en passant par les ritables s’appliquent à raviver les l’après-guerre, tout ce petit monde interlope de truands, de caves et d’arna- retrouver Mary Higgins Clark, Peter Straub ou Lawrence Block sur le thè- livres pour enfants et les poèmes. En plaies du passé, à vous rappeler l’ado- queurs en tout genre qui zonent d’un bistro à l’autre entre Pigalle et place Cli- me des meurtriers en cavale donne des résultats amusants. Chez la premiè- décembre 1999, quelques semaines lescent bagarreur, le mari jaloux et le chy, est superbement évoqué par Héléna, le compliment est à double tran- re, on est dans une comédie où l’héroïne commence par gagner à la loterie après avoir reçu pour ce livre l’une fils qui tua accidentellement sa chant. A propos du Demi-sel, publié en 1952 par Héléna, Léo Malet souli- avant de jouer les détectives amateurs, chez Straub on se retrouve au Pays des plus prestigieuses distinctions lit- mère ? Comment devant le vertige gnait dans une postface à une réédition de 1988 « l’humidité visqueuse où basque dans un jeu de piste où on ne sait plus à qui se vouer et surtout qui, téraires canadiennes, le Governor du vide et de l’absence ne pas suc- même la lumière que peut projeter sur le trottoir luisant la porte entrebaillée en fin de compte, portera le béret, tandis que chez Block on a affaire au jeu General Award, ce Canadien franco- comber aux vieux démons qui assè- d’un bar est froide et de mauvais aloi », mais il ajoutait ce pavé de l’ours : de pile ou face où un tueur à gages est pris dans un dilemme cornélien phile décédait, à l’âge de cinquante- chent le gosier et démangent les « Mon ami Héléna était lui aussi capable du meilleur comme du pire. Plus sou- pour savoir qui il va exécuter puisque, assailli de demandes, il a pour com- six ans. Ironie du sort, c’est donc poings ? vent du pire. » Et cette réputation ne cesse de lui coller à la peau. manditaires et pour cibles les mêmes personnes (traduit de l’anglais – Etats- dans l’« après », comme son héroïne Loin de répondre, Matt Cohen En somme, on pourrait sauver les romans glauques d’Héléna sur le Paris Unis – par Anne Damour, Nadine Gassie et Dorothée Zumstein, Albin Elizabeth, que le public français choisit, brusquement, de différer le de l’après-guerre, Les flics ont toujours raison (son premier roman entrepris Michel, « Spécial suspense », 400 p., 130 F [19,81 ¤]). (re)découvre, par ce très beau récit, dénouement à un autre temps, car alors qu’il était en prison pour dettes), Le Bon Dieu s’en fout ou Les salauds ont b LES MIROIRS SECRETS DE BRUGES, de Nadine Monfils un écrivain dont la finesse descripti- « les mystères commencent avec la la vie dure. On pourrait à la rigueur considérer comme une curiosité intéres- Le roman de Georges Rodenbach, Bruges la morte (1892), ne cesse déci- ve, l’élégance et l’humour feutrés découverte des corps. Par l’examen sante ses livres inspirés par la guerre d’Espagne et sa sympathie pour les anar- dément d’inspirer des œuvres nouvelles. A l’opéra, La Ville morte de Korn- s’épousent parfaitement pour enve- minutieux des détails, et des circons- chistes, J’aurai la peau de Salvador ou Le Cheval d’Espagne. Pour le reste, gold en 1920, plus récemment le livre de Sylvie Doizelet L’Amour même lopper d’un charme mystérieux une tances, des faits révélés par les témoins rideau. Héléna, tâcheron de la littérature populaire, aurait sombré dans la (Gallimard) et aujourd’hui ce roman noir fantastique de Nadine Monfils. Il sombre chronique familiale. et autres tierces parties, le corps pire facilité, dans le roman vaguement déshabillé, les œuvres de commande est vrai que Bruges avec ses brumes, ses canaux et ses béguinages se prête Sombre et énigmatique comme ce humain privé de vie devient la simple bâclées. Il y a du vrai là-dedans (comme l’autre disait « y a de la pomme » bien aux rêveries fantastico-policières. Celle-ci combine bien l’atmosphère clair-obscur dans lequel le lecteur se et inévitable conclusion d’une histoire dans Les Tontons flingueurs). Il n’est sans doute pas judicieux de rééditer surréaliste de la Venise du Nord avec une intrigue sanglante qui relève des voit plongé dès le début du livre, qui à plusieurs intrigues mêlées et aux L’Amour au whisky ou la série de « la Môme Muriel », mais ce jugement méri- histoires de serial killer. Halewijn, un vieil antiquaire diabolique, est bien s’ouvre sur l’enterrement d’Eliza- mobiles complexes. Dans la hâte d’arri- te d’être nuancé. une sorte de tueur fou même s’il manipule ses victimes à l’aide d’un attirail beth McKelvey et le retour de son ver à ce final classique, il est facile Prenons Massacre à l’anisette, publié sous le pseudonyme de Kathy Wood- un peu désuet de formules magiques, de miroirs envoûtants et de poupées fils, bien des années après le drame. d’oublier que les corps n’ont pas field en 1955 et qui n’avait jamais été jugé digne jusqu’à aujourd’hui d’une maléfiques (éd. Hors commerce, « Hors Noir » 128 p., 90 F [13,72 ¤]). C’est là, dans cet « après » incertain, qu’une fin mais qu’ils ont aussi un com- réédition. Héléna y conjugue tous ses thèmes favoris, la description du b PIÈGE DE SOIE, de Julie Parsons ce présent lourd de silences et de mencement. » Dès lors, autour du milieu parisien et sa confrontation avec celui de Barcelone dans l’at- A déconseiller vivement à toutes celles et tous ceux qui ont la phobie culpabilité, que le romancier pose les destin tragique d’Elizabeth, d’une mosphère délétère des bars du Barrio Chino. Un groupe de truands français des insectes. Parce qu’on ne sait jamais dans cet univers impitoyable ce premières pièces d’une construction femme piégée par ses rêves de petite convoie de la drogue qu’ils livrent à leurs confrères espagnols. Tout se passe qui est le plus dangereux. L’araignée, par exemple, peut impressionner minutieuse et subtile dont le dessin fille romantique, une étrangère qui à la satisfaction générale jusqu’à ce qu’Alvarez, le chef des truands espa- les âmes sensibles, mais en règle générale elle est assez inoffensive – à ne se révélera dans toute son longtemps hantera les esprits d’une gnols, s’acoquine avec un certain Antonio qui, à défaut d’en avoir l’envergu- l’exception de quelques races peu courantes. Alors que la charmante ampleur qu’au cœur du récit. société fermée, chaque pièce retrou- re, a l’ambition d’un chef de bande. Il a surtout de l’argent qui, injecté dans abeille, travailleuse et solaire, vous expédie ad patres d’un coup de dard, Au premier temps donc, Matt ve sa place. Et, avec elles, se déploie l’affaire, permet de passer à la vitesse supérieure. Et puisqu’il s’agit de rentabi- pour peu que vous soyez allergique. C’est ce qui arrive à David, le mari Cohen nous introduit dans une peti- une fresque familiale et sociale somp- liser au maximum, autant supprimer les intermédiaires. Et c’est le massacre. d’Anna Neale, une entomologiste dublinoise. Heureusement, la veuve te bourgade agricole de l’Ontario où tueuse, aux accents bibliques. Une Les Français, délestés de leur marchandise, se retrouvent coincés en Espa- rencontre un homme providentiel, Matthew, sans savoir que depuis long- résident les McKelvey, fins chas- épopée savamment construite, faite gne, sans un sou et sans papiers, après qu’un des leurs a été tué. Ils n’ont plus temps déjà il la guette comme une proie. Après En mémoire de Mary, seurs, devenus par la force des cho- de terre, de chair et de mémoire. qu’une idée en tête, repasser les Pyrénées au plus vite. Si vite même qu’ils c’est le deuxième roman d’une Irlandaise qui pourrait bien se tailler une ses de piètres fermiers. De cette Christine Rousseau abandonnent derrière eux un membre de la bande. Le malheureux, pris au place de choix parmi les reines du crime (traduit de l’anglais – Irlande – lignée d’hommes « aux poings plus piège, n’a plus rien à perdre et décide de faire un peu de ménage. Et comme par Isabelle Maillet, Calmann-Lévy, « Suspense », 370 p., 130 F [19,81 ¤]). rapides que le cerveau, toujours prêts (1) Payot, 1986. littératures LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / III b Armistead Maupin, chronique d’une vie Avec son double Gabriel Noone, pris dans l’engrenage d'un thriller sentimental que n’aurait pas désavoué Hitchcock, l’écrivain américain devenu célèbre avec ses « Chroniques de San Francisco » mêle avec bonheur autobiographie et fiction

passe son temps au cinéma à voir Francisco Chronicle. Il signe son UNE VOIX DANS LA NUIT les films de Hitchcock, de Fellini, premier contrat : « 800 mots par (The Night Listener) de Billy Wilder. Des réalisateurs jour, 5 jours par semaine. » Il tient d’Armistead Maupin. qui eux aussi sont passés maîtres un an, prend deux semaines de Traduit de l’anglais (Etats-Unis) dans l’art de raconter des histoi- vacances, et c’est reparti pour un par François Lasquin res. Hitchcock, surtout. La premiè- an. L’éditeur HarperCollins lui pro- et Lise Dufaux, re fois qu’il est venu, en touriste, à pose de rassembler ses textes pour éd. de l’Olivier, 408 p., San Francisco, il a suivi une visite en faire un roman. Ce qui lui don- 140 F (21,34 ¤). guidée pour faire un pèlerinage ne l’opportunité de réécrire en sur les lieux fameux de Vertigo, et sachant par avance ce qui allait on nom sonne comme un cela l’amuse de se dire qu’auj- arriver. Il se rend compte que six pseudonyme : Armistead ourd’hui ses admirateurs peuvent mois de travail journalisti- Maupin. D’ailleurs la BBC visiter les endroits qu’il a rendus que – « une excellente discipline, a réalisé un documentaire célèbres dans les Chroniques de on n’a pas le droit à l’erreur » – ser- Ssur lui, intitulé A Man I Dreamt Up, San Francisco… Il ne termine pas vent de base pour un livre. Il peut en jouant sur l’anagramme. Mais sa première année de fac : « Dans prendre du champ. Il mettra dou- c’est son nom. Il le tient d’un ancê- les années 60, on ne se doutait pas ze ans à publier les six tomes des tre français, le général Gabriel que si on n’avait pas envie d’être Chroniques de San Francisco. Maupin, « un huguenot » parti acteur, on pouvait faire carrière Mais c’est en Angleterre et en après la révocation de l’édit de dans le cinéma. On avait peu de France qu’on les lit – ses amis Nantes et qui a ouvert dit-on le choix, peu d’opportunités. Heureuse- disent de lui qu’il est « le Harry Pot- premier saloon américain : Mau- ment pour moi, j’ai été mobilisé ter de France ». Il ne devient célè- pin’s Tavern ! Il est charmant, pour la guerre du Vietnam, j’ai pos- bre aux Etats-Unis que lorsqu’ils prompt à s’esclaffer et très profes- tulé immédiatement pour devenir sont adaptés pour la télévision… sionnel, à l’américaine. On sent officier et j’ai été accepté. J’étais « On en est à la troisième série. J’y qu’il a l’habitude des « books très à droite à cette époque. Je crois participe beaucoup, et pas seule- tours », des tournées, des séances d’ailleurs qu’une pensée de droite, ment en faisant des apparitions à la de signatures, des entretiens avec c’est un peu la même chose que de Hitchcock (sortant d’un sex-shop ou la presse, des participations aux ne pas révéler qu’on est homo- tapant à la machine derrière une émissions de radio ou de télévi- sexuel. C’est bien plus simple de res- fenêtre…). C’est ce qui explique que sion et donc des questions qui ter dans une boîte bien rigide et je n’ai écrit que deux livres sont forcément toujours un peu d’en garder le couvercle bien fer- depuis. » Il dit des acteurs qu’ils les mêmes – mais il est trop bien mé. » sont sa famille et des personnages élevé pour montrer que cela l’en- qu’ils sont ses enfants. Le réel et nuie. 800 MOTS PAR JOUR l’imaginaire, la vérité et le men- Il passe la guerre dans les com- songe, se confondent dans sa vie JEFFREY NEWBURRY/OUTLINE-ACTE 2 RACONTEUR D’HISTOIRES munications en dehors des zones comme dans ses livres. C’est aussi Cela dit, cela tombe bien, le livre jours son manager, Terry Ander- Francisco (1). Gabriel a fait pareil, ce, raciste, homophobe », mais où de combat, à la frontière cambod- le thème d’Une voix dans la nuit… publié en octobre aux Etats-Unis son. Comme Gabriel et Jess. Dans c’est dans le livre. Mais que l’on ne l’on aimait énormément les histoi- gienne. De retour aux Etats-Unis, Gabriel Noone, son double dans la et qui vient de paraître en français, le livre. Pas la peine non plus de s’y trompe pas. Il ne faut pas croi- res : « Ma grand-mère se souvenait il devient journaliste et débarque fiction, va se trouver pris dans un aux Editions de l’Olivier, Une voix poser des questions indiscrètes : re non plus tout ce qu’il écrit. C’est de l’après-guerre civile et elle racon- à San Francisco par hasard, ayant scénario de thriller sentimental dans la nuit, est ce qu’il a écrit de sa sexualité est donnée en pâture un raconteur d’histoires, un écri- tait toutes sortes d’anecdotes, et moi été assigné au bureau d’Associa- que n’aurait pas désavoué Hitch- plus autobiographique. Et on a au lecteur (qui n’en demandait vain de fiction. Enjoliver, imagi- aussi j’adorais ça dès huit ou neuf ted Press sans se douter que cela cock. Dans un autre San Francisco souvent l’impression qu’il se peut-être pas tant). Rien que d’y ner, cela fait partie de son charme ans. Comme j’étais nul en sports, allait changer sa vie. « Cette ville a qui n’est plus non plus celui des retient de répondre : « C’est dans penser, il en rougit. Il faut dire que et son métier. C’est aussi dans le cela me permettait de gagner le res- tout de suite excité mon imagina- années 70 et des Chroniques, mais le livre. » Par exemple, ce n’est pas ce texte a été diffusé sur Internet à livre. Ce n’est pas par hasard que pect de mes contemporains. » tion, mais la véritable révélation, ce « une ville pleine de cadavres ambu- la peine de lui faire remarquer raison d’un épisode par jour. Un Gabriel Noone peut se lire No Très impressionné par son père, n’était pas qu’il y ait autant de gens lants » qui entame les années post- qu’il a visiblement minci depuis sa rude coup pour la pudeur. Mais One, personne… soucieux de lui ressembler et de gays rassemblés ici, mais que les sida avec cette ambiguïté nouvelle dernière visite officielle en Euro- une bonne façon de lancer le livre. Avec ses cheveux grisonnants, lui faire honneur, en bon fils de autres m’acceptaient plus que et terrible : ceux qui devaient mou- pe, comme son héros, Gabriel Son éducation stricte fait qu’il pré- sa moustache blanche, son allure famille, il s’inscrit à l’université de j’étais capable de m’accepter moi- rir ne meurent plus, et tant pis Noone. C’est dans le livre. Comme fère s’exprimer dans ses livres : on d’ancien militaire en retraite, il a Chapel Hill, pour faire son droit. Il même. » En 1976, il commence à pour ceux qui comptaient leur sur- beaucoup d’allusions à ses rap- ne révèle pas ses sentiments… Ses presque l’air d’un colonel anglais, se sait pourtant différent, il est écrire des histoires pour un petit vivre, héroïquement. ports avec son père. Et surtout à parents ont été informés de son sauf qu’il a l’accent sudiste : il a homosexuel et cela va décevoir ter- hebdomadaire « de l’autre côté de Martine Silber sa rupture avec celui qui a été long- homosexualité par une lettre été élevé en Caroline du Nord, riblement ses parents. Mais même la Baie » qui retiennent l’attention temps l’homme de sa vie et est tou- publiée dans les Chroniques de San dans une famille très « conservatri- s’il essaye de faire de son mieux, il d’un des rédacteurs en chef du San (1) Ed. Passage du Marais et 10/18.

La jeune fille et les ombres livraisons Fascination b COMMENT JE SUIS DEVENU STUPIDE, de Martin Page Abondant en clichés et en approximations, le roman d’Antonia Logue parvient De père birman, de mère bretonne, Antoine, après un parcours universitaire « labyrinthique », refuse de prendre place « dans à affadir la vie de trois excentriques que furent Cravan, Mina Loy et Jack Johnson de Vermeer un monde où l’opinion publique est enfermée dans la réponse à des sondages entre oui, non et sans opinion », et où règne la sot- monté sur le ring. La dernière fois à elle croise Marinetti dans un salon : tise. Il prend alors « la résolution de couvrir son cerveau du suai- DOUBLE CŒUR Barcelone, en 1916, contre Jack John- « Tandis que je circulais dans la pièce, LA JEUNE FILLE À LA PERLE re de la stupidité », de s’anéantir par la bêtise. Cette entreprise (Shadow-Box) son. je sentais mon dos cloué par les stigma- (Girl With a Pearl Earring) d’auto-crétinisation, qui consiste à parvenir au Rien comme d’Antonia Logue. Le premier Noir champion du tes de son regard. » Persécutée de la de Tracy Chevalier. d’autres à l’Absolu, n’est pas simple. La bêtise n’est pas don- Traduit de l’anglais monde des poids lourds, exilé en sorte, on comprend qu’elle se réfugie Traduit de l’anglais (Etats-Unis) née à tout le monde. L’alcool ni le suicide ne l’aident à échap- par Céline Schwaller, Europe pour ne pas finir en prison, dans les bras de Cravan, surtout que par Marie-Odile Fortier-Masek, per à l’intelligence. Il reviendra dans l’univers des « mammifè- Calmann-Lévy, 362 p., 130 F vivait à l’époque d’arnaques de ce « les expressions de son amour cou- Quai Voltaire, 272 p., 110 F res cérébrés », Flaubert n’étant pas étranger à ce retour. Dans (19,81 ¤). genre pour continuer à entretenir ses laient, plus épaisses que de la cire chau- (16,77 ¤). cette histoire délirante, le narrateur ne délire pas, qu’il évoque femmes (blanches), acheter des voitu- de », bien que, une fois le corps d’Ar- les rares enfants de l’âge préhistorique doués de pensées ou ouble cœur arrive sur le res (de course) et ouvrir des bordels. thur disparu, elle soit « incapable de e visage tourné vers celui qu’il s’initie aux mystères du Nasdaq. marché précédé d’une A côté de lui, Tyson ferait figure de concéder qu’il était parti » alors qui la regarde. La bouche De cette course au néant totalement absurde, Martin Page fait réputation à tout casser. premier communiant ; après qu’il eut même que « l’émotion prédominante légèrement entrouverte. un roman d’une logique parfaite. Cette satire de notre monde Selon L’Observer, Anto- massacré James J. Jeffries, on compta était un soulagement débridé ». Un étrange turban bleu et qui se veut raisonnable est d’un écrivain qui maîtrise aussi bien Dnia Logue figure déjà dans les vingt 19 morts et 251 blessés aux quatre Pour ce qui est des dons acroba- Ljaune. Un col blanc. Une perle assez son style que son humour en demi-teinte. Une réussite (éd. Le et un jeunes écrivains anglais qui mar- coins de l’Union. Ali n’existerait pas tiques, Jack Johnson n’est pas en res- grosse qui donne une touche de Dilettante, 226 p., 99 F, [15,09 ¤]). P.-R. L. queront le XXIe siècle ; son ouvrage a sans lui, pas plus que Dada sans Cra- te puisque son adversaire, « penché lumière à la droite du tableau. Une été vendu dans sept pays à la simple van. pour essayer de se battre contre son expression indéfinissable, rêveuse, b LA FAILLE, de Jörn Riel lecture du prologue et a obtenu Dans son genre, Mina Loy n’était plexus solaire du plus près possible », surprise, triste, amusée, séductrice. Groenlandais d’adoption, auquel sont dus aussi bien les Racon- l’Irish Times Literature Prize en 1999. pas mal non plus : femme libérée, lui envoie de « grands coups de balan- La Jeune Fille à la perle intrigue ceux tars cocasses de trappeurs en déliquescence que les ethno- Il présente a priori trois avantages peintre d’avant-garde, poétesse scan- cier dans le ventre (…) qui lui ébran- qui la regardent, et Tracy Chevalier, romans du Chant pour celui qui désire vivre (Hek, Arluk et Soré), aux yeux des professionnels et du daleuse, elle pose pour Man Ray, un laient la tête et les pieds » ; encore heu- fascinée depuis son adolescence par au plus près de l’histoire des Inuits, le conteur danois Jörn Riel public : c’est une bonne idée, c’est thermomètre en guise de boucle reux, il les écarte « d’un uppercut du cette œuvre de Johannes Vermeer, s’est rendu infidèle au pays des glaces pour s’enfoncer dans la écrit par une femme qui ne connaît d’oreille, rencontre Cravan à New gauche à la poitrine, utilisant son aissel- est tombée si fortement sous cette jungle de Nouvelle-Guinée. Il parachute au cœur de ces ténè- rien à son sujet et c’est extrêmement York (il y donne des conférences où il le pour faire levier… avant de l’envoyer influence qu’elle en a fait un roman. bres brûlantes un gentleman nommé Schultz (homologue du mal traduit de l’anglo-saxon. Il ne tire des coups de revolver à poil), le dinguer, telle une porte sur ses gonds, Ce qui aurait pu être catastrophique Kurtz conradien), le hisse à la tête de tribus hostiles et le dote serait donc pas étonnant que Double suit au Mexique, où il disparaît sous d’un uppercut volant sous le menton », si elle n’avait pas réussi à transposer d’une héritière aux pieds nus, déchirée entre la culture originel- cœur se retrouve en tête de gondole ses yeux en essayant le voilier qui ce qui a pour effet de laisser l’impru- avec délicatesse ce portrait mi-rêvé, le du père et l’éducation de la mère. Renvoyée d’un bord à avec un mot du libraire griffonné van- devait les emporter. Il lui laissera une dent « inerte en dehors de son rythme mi-étayé par le peu de chose que l’on l’autre de cette Faille spectaculaire, la jeune beauté cherche tant son intérêt et sa profondeur, fille, Fabienne. cardiaque ». sait de la vie du peintre. désespérément sa voie sur les sentiers escarpés qui conduisent avant de finir dans le bac des sol- Miss Logue a composé son livre Tout cela est très approximatif, qui La trame narrative qui conduira au thriller (traduit du danois par Inès Jorgensen, éd. Gaïa, deurs, qui raffolent, eux aussi, des autour de l’absence de Cravan (le donne du réel l’impression qu’en don- une jeune servante à poser pour La 270 p., 119 F [18,14 ¤]). J.-L. P. ouvrages à jaquette bariolée. titre original est Shadow-box, astu- ne la lecture d’un mode d’emploi de Jeune Fille à la perle repose en grande Miss Logue a imaginé que, vingt cieusement traduit par Double cœur) répondeur numérique, mais, en réali- partie sur les quelques tableaux de b LA GNIAC, de Nathalie Potain ans après sa disparition, Arthur comme on monte une tour de Babel té, nullement rédhibitoire. Toute l’af- Vermeer durant deux années, 1664 Trapéziste et contorsionniste, Galba est une naine qui préfère Cravan demandait à Jack Johnson en Lego : Jack écrit à Mina qui écrit à faire repose sur le sentiment que et 1665. Tracy Chevalier relie les toi- « être miniaturisée ailée que géante claudicante ». Elle travaille de prendre contact avec sa femme Jack et ainsi de suite… chacun racon- l’Anglo-Saxon nous est supérieur en les les unes aux autres, en faisant des dans un cirque minable. La nuit, « l’insomnie fornique avec l’es- Mina Loy pour savoir si elle te sa vie. La fiction vue comme un tout et que, face à lui, nous ne sau- personnages des tableaux ceux de poir », et un Angelo n’y est pas étranger. Un univers souffre- l’aimait encore. L’argument est sandwich ! Avec quelques interludes rions, bien entendu, exister dans le son intrigue. Le souci d’authenticité teux, misérable. Jusqu’au jour où l’audace de ses numéros la légèrement tiré par la coquille, en italique pour tenir le rôle décoratif détail. Lorsqu’il s’agit de boxe par se noue avec l’imaginaire de façon mène à Paris. Un accident brise sa carrière, et la voici avec Hal- mais l’auteur a tous les droits, qui de la salade : l’un du fait de Cravan exemple ; à tel point que l’on a vu la astucieuse. Mais c’est surtout le che- go, dresseur de rapaces, qui la fait « reine des faucons ». kidnappe de la sorte trois excentri- (pour que l’on comprenne bien que critique encenser le Combat du siècle minement psychologique qui retient Elle attend de lui qu’il soulève « régulièrement un pan de ciel ques dont la vie est bien mieux son absence est, en réalité, une pré- (Norman Mailer) et Tricoté comme le l’attention. Même si quelques notes pour me montrer le ballet des anges », façon de dire que l’érotis- qu’un roman. sence), les autres de sa fille, qui sem- diable (Nelson Algren), qui oscillent dramatiques sont exagérées et peu me ne soit pas sans amour. Dès la première page, on est empor- Arthur Cravan d’abord, le « poète ble – Dieu sait comment – au cou- entre médiocre et franchement mau- crédibles. On sent à travers la voix de té, secoué par un rythme d’écriture et le feu d’artifice d’un aux cheveux les plus courts du rant de l’intrigue. Cela permet à vais. la narratrice toutes les tensions, tou- vocabulaire qui n’a rien d’artificiel, l’auteur sachant créer son monde », qui préférait la boxe à la lit- l’auteur, s’appuyant sur la documen- En réalité, celui qui domine le mon- tes les vexations, toutes les inquiétu- propre langage avec les mots de tous les jours, qu’elle vivifie térature et les brutes nègres aux tation ad hoc, de se montrer aussi à de domine la culture, et les dominés des d’une jeune fille douée, éprou- sans les torturer. L’histoire de cette Gniac – une existence com- pâles professeurs, ce qui le rend sym- l’aise dans la peau d’une poétesse se doivent de lui donner des signes vant des difficultés à se situer sociale- me d’un chien qui la passe « à tirer sur une chaîne crottée et à pathique et impressionne les que dans celle d’un boxeur. voyants de soumission. ment, ne pouvant se permettre aucu- hurler dans le vide » – révèle non seulement une imagination littérateurs dispensés de gym tout au Mina fait l’expérience de la liberté, Ainsi va la littérature chez les Bono- ne ambition, ni artistique ni sociale, comme il en est peu, mais surtout un style incisif, plein de fou- long de leur scolarité. La réalité est qui « équivalait à être perchée sur une bos. prête à se sacrifier pour l’amour de gue, et qui résonne autant de poésie que de verve. plus cruelle : Cravan, champion de échasse et appuyée contre un mur en Frédéric Roux l’art et qui se sauvera de justesse Avec ce premier roman, Nathalie Potain fait montre de quali- France amateur sans disputer un seul cherchant déjà le suivant » ; dans ces e Signalons Le Baedeker lunaire, poè- grâce à sa finesse et à son souci de tés dont on ne peut dire qu’elles annoncent une écrivaine. Elle combat, a pris dérouillée sur conditions périlleuses, ses idées « se mes I, de Mina Loy (éd. L’Atelier des dignité. l’est déjà (éd. L’Escarbille, BP 92431, 44324 Nantes, 125 p., 87 F dérouillée chaque fois qu’il est mettent à saigner » ; à peine remise, Brisants). M. Si. [13,26 ¤]). P.-R. L. IV / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 littératures b www.boutef.com Les jeux de plume et de masques de Paul Smaïl Y.B. dénonce la transformation Avec « Ali le magnifique » qui dépeint les aventures picaresques d’un rebelle dépressif, le mystérieux auteur des barbaries islamistes en cirque médiatique offre un brillant soliloque. Truculent dans ses inventions verbales, féroce dans la satire sociale

sarcasme, de la dérision, de la paro- La parution d’Ali le magnifique, mêmes références, un Falstaff sur- Poètes d’un bled 93, nous livre ZÉRO MORT die. Exemple : « Le peuple a de plus ALI LE MAGNIFIQUE énorme et brillant soliloque d’un doué, juif errant de l’édition, habi- donc un monologue fictif et déli- d’Y.B. en plus de mal à se nourrir. Le Prési- de Paul Smaïl. dénommé Sid Ali Benengeli, qui tué aux masques. Un Melmoth rant, le torrent d’imprécations Ed. J.-C. Lattès, 188 p., dent met cela sur le compte d’une cri- Denoël, 618 p., 139 F (21,19 ¤). passe de la truculence au désen- acharné à échapper à la damna- d’un schizophrène affabulateur, 119 F (18,14 ¤) se d’anorexie. Un mauvais diagnos- chantement avec le même pana- tion en s’inventant un frère. épileptique comme l’Idiot de Dos- (en librairie le 17 janvier). tic. mais vous ne repartez pas les ui est Paul Smaïl ? C’est che, exhibe son admiration force- « Phobique », se dépeint Sid toïevski (« Sid Muichkine »), qui mains vides, mon Président, puisque une question non résolue née pour Paul Smaïl et sa liberté Ali : ou « faux bique, faux bicot, passe du gag à la dépression, de la l s’agit du « dernier volet du vous avez déjà détourné 26 milliards Q depuis la parution de son d’écrire selon son bon plaisir, sans mais vrai génie méconnu » ?En satire à l’insolence, de l’exaltation “Triptyque algérois” ». Pre- sans passer par la case prison. » premier roman, en 1997, se plier aux lois d’un genre défini, vérité, Ali le Magnifique est un pro- poétique à la rageuse diatribe poli- mier volet : Comme il a dit « Serial-mystique » membre des Vivre me tue, dans lequel l’auteur sur n’importe quel sujet, «du digieux exercice de style, le jeu tico-économique. lui, recueil de chroniques au fanatiques « Lames de l’islam »,le se présentait comme un jeune moment qu’il le fait dans une prose névrotique d’un homme de plume Il n’épargne rien, il a des lumiè- vitriolI sur la vie politique algérien- « héros » de ce livre entièrement beur, petit-fils d’un bicot mort musicale », attise les soupçons. scindé, pour la beauté du geste lit- res sur tout. Avec une inlassable ne, publiées pendant sept mois rédigé au second degré meurt sous pour la France à Ulm, fils d’un har- Cette frénésie à fustiger le milieu téraire, entre deux cultures. Smaïl tchatche, il raconte comment il dans le quotidien El Watan, accu- les balles du pistolet-mitrailleur ki employé à la SNCF, neveu d’un littéraire et les petits riens du (ou Benengeli, qui rappelle étran- « se fait iech », chourre des frin- sant les trucages électoraux des d’un agent de la lutte antiterroriste Arabe retrouvé « suicidé » dans la roman français contemporain, cet- gement le nom, faussement frivo- gues aux Halles, racole le miche- islamistes, apostrophant les à l’instant même où il assassine l’ar- Seine en octobre 1961 à la suite te jubilation à dépeindre les aven- le, d’un monsignore des lettres) ton, tombe amoureux d’une Dja- « furoncles » du pouvoir, en parti- chevêque d’Alger. Il voit alors défi- d’une ratonnade. tures picaresques d’un loup, une s’amuse à broder un langage sur mila qui lui « taille XXL un costard culier ce président « dont le nom ler le film de sa vie, une série Z. Et Au fil des deux titres publiés par bête dans la jungle, un ange exter- le modèle du parler interethnique Tati », s’improvise M. Propre chez commence par zéro » (1). Y.B. : ces c’est, tour à tour, sur le ton d’un la suite, Casa la Casa et La Passion minateur, un rebelle dépressif et des exclus de la banlieue et de sa prof de français, se paye une deux mystérieuses initiales proté- article de journal, d’un reportage selon moi (1), le doute s’insinuait, virée touristique à Marrakech, geaient un homme que ses invecti- télé (« Ici Y.B., à vos studios »), l’« Appelez-moi Smaïl » de l’incipit Paul Smaïl devient serial killer. Il dénonce ce ves irrespectueuses risquaient de d’une pièce de théâtre en vers, du premier texte sonnait comme Dans une lettre envoyée à plusieurs rédac- qui l’a perverti (le JT, Cannes, le mettre en péril. Deuxième volet : d’une partie de Trivial Poursuit (ici un aveu : ce prétendu habitant de tions, Paul Smaïl retrace le feuilleton (cocasse) CAC 40, les mirages de la pub, L’Explication, récit de politique-fic- « Trivial Muslim »), d’un épisode Barbès oubliait volontiers son pas- de son manuscrit. L’éditeur faillit être Cal- l’étalage indécent du succès et du tion truffé de confessions, dans du feuilleton américain X-Files (ici sé de boxeur amateur, gardien de mann-Lévy, où Denis Bourgeois, alors en pla- fric facile, la vie des stars), confes- lequel Y.B. donne les clés de son « Y-Files ») ou d’un jeu cynique, nuit dans un hôtel de passe de ce, lui fait signer un contrat. A la suite de la se ses fantasmes (remplacer parcours, de sa fameuse dispari- avec pages de pub, qu’Y.B. évoque Pigalle, livreur de pizzas, pour dif- révocation de ce dernier, son successeur, Jean- PPDA au 20 heures, interviewer tion pendant trois jours en 1997 l’enfance délinquante de Youssef, fuser un besoin éperdu de recon- Etienne Cohen-Séat, l’informe en juin que la Chirac sur les odeurs, s’offrir une dans les sous-sols des services récupéré par un imam trafiquant naissance. Doté, disait-il, d’un sortie d’Ali le Magnifique, prévue le 29 août, est montre Officine Panerai et une secrets, et « révèle » les dessous de d’armes à temps partiel, les forfaits DEA de littérature comparée annulée… à cause de la mort de Sid Ahmed standing ovation), apostrophe quelques « affaires », dont l’assassi- des sympathisants du FIS (« Avec (Paris-X) sur Herman Melville, Rezala. Il joint à sa lettre une liste de révisions (« Chevènement assassin ! »), inter- nat en 1992 du président Boudiaf. un score cumulé de 200 000 morts, multipliant les clins d’œil littérai- à apporter, dont l’obligation de supprimer les pelle des tas de gens connus, con- Cette dénonciation d’un abomina- les GIA sont deux fois disque d’or »), res, affichant son irréductible personnages de Chirac, Chevènement, Traut- voque Zidane, Adjani, Nagui, égrè- ble totalitarisme met en scène les un débat médiatisé avec l’ange de vocation d’écrivain et semblant mann, Aubry et Minc, ce dernier n’étant pas ne des chansons (Bashung, Fau- généraux du Cabinet noir, les esca- la mort, une partouze digne du peu à peu se peaufiner un style cité dans le roman ! et lui demande de retra- del, Dalida, « Dzouce Frh’aince, drons de la mort qui massacrent dans une villa où hargneux tout en prenant de la dis- vailler son texte avec… Denis Bourgeois, viré Tcher pays de mon h’enfaince… »), les civils, et une société secrète d’is- se réunit un club SM, celui des for- tance avec son capital biographi- « comme un malpropre » un mois plus tôt ! des idoles (Rimbaud, Marcel Prou- lamistes dissidents créant une apo- ces de la sécurité militaire chargées que, il cherchait, jusqu’à l’obses- « H’chouma ! » houst, « putain, Maximum res- calypse pour préparer l’arrivée de la lutte contre le terrorisme, un sion, à se justifier d’avoir pris un pect ! »), écoute Mozart, cite d’un nouveau Messie (2). Installé colloque d’experts filmé en vidéo pseudo. Sans autre visage que caractériel, ces clins d’œil à Fitzge- l’académisme, se bâtit un univers Debord, Barthes, Wittgenstein, en France, Y.B., depuis, a jeté son et qui tourne à la mascarade digne celui du portrait du Fayoum, Paul rald et aux Illusions perdues, cette linguistique à base de verlan cal- Fritz Zorn et Hölderlin. masque (il s’est montré à la télévi- d’Hellzapoppin. L’Algérie est quali- Smaïl rabâchait son désir de ne insistance sur l’Ismaël de Moby qué sur le « dire des maux » des Entre dix sketches inénarrables sion), livré son nom (Yassir Benmi- fiée en fin de partie de « dionysia- pas se donner en spectacle, sa han- Dick, sur l’intranquillité de Pessoa insurgés de la fracture sociale. Iro- et cent apartés, il ridiculise les loud). que asile psychiatrique », tandis tise d’être traité comme « le beur et le hors-moi du Horla de Mau- nisant sur ses écrits « tout en beur sacs Vuitton et fait un éloge Ce « troisième volet » est un qu’Y.B. annonce son « adieu au de service, le bon beur », sa déter- passant, sur le nègre de Cervantès littéral, sans sous-titres pour les De éblouissant de Martha Argerich, roman caustique sur les forfaits music-hall » : « A l’heure où vous mination à « vivre comme Zidane qui se serait inspiré d’un récit ara- Souche », il avoue s’inventer son « la plus grande des pianistes, la d’un Groupe islamiste armé, « ave- lirez ce livre, je travaillerai dans l’hô- tacle », expert dans l’art du contre- be d’un certain Sid Ahmed Ben arabe à lui. Il en profite pour épin- number one de ma playing list per- nant cortège d’équarrisseurs ». tellerie. C’est l’âme en paix que je pied et revanchard à tous crins, Engeli pour écrire les aventures de gler le racisme, Francaoui et anti- so Piano classique ». Et ponctue Avec un talent fou, accumulant quitte l’envol charognard de ceux son acharnement à rester plan- son chevalier en lutte contre les déviants : « Arbi tu es, Arbi tu res- ses diatribes d’« Enculés ! » qui jeux de mots et allusions ironiques, qui ont fait d’une cause perdue un qué, comme Salinger et Pynchon. moulins à vent, sur la jouissance à tes. Malheur aux caméléons ! » sonnent comme le « C’est ainsi Y.B., imprécateur de la société laborieux gagne-pain. » Ricanant au passage d’être cité se faire passer pour un autre, la S’identifiant à Rezala, l’assassin qu’Allah est grand ! » de Vialatte. repue d’un spectacle sanglant, y J.-L.D. dans la nouvelle édition du Dic- volupté à prendre un pseudo qui aux sacs en plastique, le tueur de Jean-Luc Douin décline l’histoire de ceux qui ont tionnaire du français contemporain « te plastifie » : le portrait-robot dames, l’égorgeur des trains mort choisi d’entrer « dans l’histoire de (1) Lattès, 1998. des cités de Jean-Pierre Gou- d’un écrivain connu se dessine, dans sa prison de Lisbonne, Sid (1) Les deux premiers chez Balland, le l’islam par les égouts » sur le ton du (2) Lattès, 1999. dailler ! qui parsema son œuvre des Ali, censé être né dans la Cité des troisième chez Robert Laffont. Un hymne à la crédulité masculine Clair- Odyssée sans issue Sur un air connu - celui de l'amour trompé - le premier roman de Jean-Paul Entre lyrisme et invective, le premier roman de Enthoven permet des découvertes insoupçonnées sur la naïveté des hommes obscur Salim Bachi figure une Algérie en déliquescence montrée, celle des hommes est res- crédulité de certains hommes, Cyrtha, fleuron de la brigade de AURORE tée presque inexplorée. Pour les alors même qu’ils pensent parler UNE DOUBLE ABSENCE LE CHIEN D’ULYSSE répression du banditisme et chez de Jean-Paul Enthoven. femmes, un chef-d’œuvre indépas- avec cynisme de l’amour et de de Paul de Roux. de Salim Bachi. lequel il n’arrive pas à expliquer, Grasset, 218 p., 95 F (14,48 ¤). sable a suscité un nom commun, le l’existence en général : « Avant l’ap- Gallimard, 160 p., 95 F (14,48 ¤). Gallimard, 258 p., 98 F (14,94 ¤). quand il est amené à l’approcher, bovarysme. Aujourd’hui, à l’aube parition d’Aurore, je ne craignais ni la « soif farouche et opiniâtre de ’est très bien écrit. du XXIe siècle, Emma Bovary est n’espérais rien. Mes sentiments ans le clair-obscur, son a situation actuelle en sang ». Haine du commandant Volontairement trop un homme (rien à voir bien sûr n’avaient presque pas servi. C’était épiderme recueille la Algérie semble interdire à Smard qui, en échange de quel- bien écrit. Sans doute avec le « Madame Bovary c’est une meute en mouvement qui atten- lumière. En sa nudité, tout écrivain qui désire ques grammes de shit, incite les pour donner à ce texte moi » de Flaubert, qui renvoie à dait des ordres. » On s’en voudrait « telle une amande écor- témoigner de cette réalité garçons perdus comme lui à rejoin- l’aspectC d’un conte, d’une fable de une tout autre question littéraire). de décevoir ce narrateur qui croit céeD », elle a les cheveux à demi Lla forme du roman traditionnel. dre les rangs de la Force militaire. la passion, de l’amour trompé. Et c’est un homme qui l’écrit – à avoir appris à vivre, mais en dépit défaits, et tient une lettre à la main ; Seule issue : le coup de force de Il y a quelque chose de suffo- Comme pour dire au lecteur : voici son corps défendant, peut-être, ce de sa rencontre avec Aurore ses auprès d’elle, sa sombre servante. l’imaginaire, le souffle d’un épique cant – mais c’est aussi cela, la réali- l’éternelle rengaine de la décep- qui serait cocasse. Tout y est : le sentiments n’ont toujours pas ser- Cette admirable effigie, mélancoli- grinçant, l’emportement émotion- té algérienne – dans l’inventaire de tion et de la destruction. Où l’on héros d’Enthoven est enfermé vi. Cette histoire, qu’il s’est racon- que et sensuelle, c’est Bethsabée, nel, véhément et désespéré d’une ces ressentiments, dans l’aveu répé- découvre que « l’amour n’impose dans les clichés les plus effrayants, tée à lui-même, a peu à voir avec le que peignit Rembrandt en 1654, et parole qui ravage la syntaxe et l’or- té de l’incapacité à trouver une clar- que la compagnie d’une part inutile du genre « en amour, c’est toujours sentiment et beaucoup avec un que chaque jour, au musée du Lou- dre narratif. Comme Boualem San- té éventuelle dans la nuit de plus de soi-même ». Air connu. Trop le passé qui donne des ordres » ou sentimentalisme qu’il refuse de vre, le narrateur vient regarder. sal dans Le Serment des Barbares, en plus profonde d’une ville, d’un connu. On pourrait estimer qu’on « la passion aspire comme le vide. reconnaître. Voit-il en elle Bethsabée, femme Salim Bachi, dont le Chien d’Ulysse pays d’où surgit le fou merveilleux a « déjà donné ». On aurait tort. La C’est une chute. On tombe. On s’abî- Enthoven voudrait sans doute d’Urie puis de David ? ou Henrikje est le premier roman, use d’un lyris- et terrible qui s’écrie : « Je cherche lecture de ce roman, Aurore, le pre- me. On est avalé. Mais c’est une chu- que son récit soit emblématique, Stoffels, maîtresse du peintre qui me noir, touffu, déboussolé, qui Ithaque » avant d’être abattu mier de Jean-Paul Enthoven, per- te au-dedans de soi »… universel. Il a toutefois eu le tort posa pour le tableau ? Ou simple- frappe parfois au hasard comme d’une rafale de mitraillette par des met des découvertes insoupçon- Ledit héros est un riche fils de de le placer à la fin du XXe siècle en ment une « inconnue » silencieuse, à une balle perdue. policiers qui croyaient qu’il hur- nées. famille qui a eu jusqu’alors des his- faisant comme si rien n’avait eu qui il adresse, comme une autre let- Ce lyrisme est scandé par l’invec- lait : « A l’attaque ». On peut mou- Enthoven a voulu se placer sous toires sentimentales qu’il contrô- lieu. Comme si rien n’avait été pen- tre, le journal d’un an de contempla- tive. Invective contre Cyrtha, où rir, en Algérie, d’avoir lu Homère… la protection prestigieuse de Mar- lait parfaitement, du moins le sé, par des hommes et par des fem- tion ? Ce « voyage de l’imaginaire gui- vit le narrateur, ce mythe bouffi et Seul éclat de nostalgie, seule étin- cel Proust, en inscrivant en épigra- croyait-il : « Les femmes, jusque-là, mes, sur les étranges affaires qui dé par le sentiment amoureux »,ille échoué, cette ville « capricieuse, celle de regret : le souvenir de phe une phrase d’Albertine dispa- m’étaient toujours apparues comme les rapprochent et les séparent. Il y mène à la suite de l’artiste, dont réelle, fantasmée », avec ses rues Mohamed Boudiaf, ce « patriarche rue, mais il serait stupide de mesu- une espèce distincte, parallèle et a pourtant eu de grands livres. En « l’immense tendresse » transparaît pavées sombres comme des grot- et Jugurtha vieilli », ce père idéalisé rer un livre à l’œuvre géniale de amicale. J’étais à l’aise en leur pré- France, aux Etats-Unis, ailleurs. Ce dans le modelé de ce corps rayon- tes, les galeries qu’on ouvre sans de la nation, qui à une époque a su toute une vie, qui n’a pas pour seul sence. Je ne trouvais que du plaisir à roman prouve qu’on ne peut pas nant… cesse sous elle « comme s’il eût fal- donner foi au pays, avant d’être objet la passion amoureuse. Cer- leur fantaisie, à leur corps, à la tour- les lire si l’on croit qu’« entre hom- Quand le visiteur fait halte auprès lu creuser la terre dans le but ina- tué le 29 juin 1992, tous ses pro- tains ont comparé l’héroïne, Auro- nure de leur intelligence. Je les com- me et femme tout sera toujours de l’adorable effigie, c’est comme s’il voué de semer la confusion, ajouter ches finissant par disparaître dans re, à Manon Lescaut (Le Monde du prenais sans crainte (il serait très pareil », que l’amour « donne l’illu- pouvait, fugitivement, habiter «ce au chaos originel la préméditation les années suivantes. Au terme de 13 décembre 2000). Elle est pour- facile à toute représentante de sion de connaître ceux que l’on aime lieu sur lequel le temps n’a pas de pri- du chaos ». La ville capture, abîme son odyssée malheureuse, où il ne tant dépourvue de « l’admirable l’« espèce distincte » de lui montrer tandis que le mépris où l’on pourrait se ». Il tente de décrire les cheveux le jeune Hocine qui, comme ses trouve l’oubli que dans le sommeil chaleur d’amour que Manon déga- qu’il ne comprenait rien, mais lais- les tenir, si on ne les aimait pas, pro- châtaigne, le front bombé, le regard camarades Mourad, Rachid et Pois- du shit, aussi désorienté qu’un ge comme une rose grande ouverte sons). Je percevais, dans cette part cure tristement une meilleure intui- absent. Certes, l’œuvre est un « tout son, sans projet, ni travail ni Ulysse qui, dès qu’il approcherait dans un corsage entrouvert » évo- de l’humanité, des aspects irréducti- tion de ce qu’ils sont »… Peut-être, organique », mais un détail, un frag- argent, « se démène pour creuser sa d’Ithaque, serait condamné par les quée par Jean Cocteau. Et Entho- bles et, tout compte fait, assez déli- finalement, le XXe siècle n’a-t-il pas ment soudain perçu par un regard voie ». Au cours de son périple à dieux à repartir, à refaire éternelle- ven ne montre en rien ce « cortège cieux. » Cet homme, qui vient d’hé- existé. Si l’on en croit Enthoven, attentif, donne accès au « monde travers Cyrtha, il essaie de décou- ment le même voyage, Hocine aux flambeaux de joueurs, de tri- riter de son père, grand collection- c’est certain. Mais rien n’oblige à le chaotique des émotions ». Ainsi, dans vrir « le fin tracé qui sépare deux n’imagine même pas qu’il pût y cheurs, de buveurs, de débauchés, neur d’art, découvre qu’il est tom- croire. le « clair-obscur de (sa) vie », le visi- mondes, le vrai du faux », de ne pas avoir un jour un autre Boudiaf. Et de descentes de police » également bé amoureux d’une femme véna- Josyane Savigneau teur associe au leurre de la figure vendre son âme à son tour. c’est peut-être cela l’intérêt, le décrit par Cocteau (1), bien que le – le lecteur a compris, lui, au peinte, nimbée d’une douce patine, Il cumule les haines. Haine des triomphe des assassins de tous son récit croise quelques suppo- bout de quelques pages. Cette fem- (1) Voir son article dans La Revue de la voix et le parfum d’une autre fem- islamistes et de leur « furie nihilis- horizons : empêcher, en propa- sées débauches de la jet-set du me, Aurore (ce qui permet de déli- Paris (1947), en partie repris dans la me, celle qu’il aurait voulu faire te ». Haine du père qui, ayant jadis geant la confusion, qu’on croie XXe siècle – soirées parisiennes en cats jeux de mots, « horreur »…), le préface à l’édition de Manon Lescaut, « poser pour des poèmes » – car une participé à la guerre de libération, encore à une quelconque providen- hiver, Côte d’Azur en été –, finale- quitte, évidemment, sans laisser de de l’abbé Prévost, dans Le Livre de « double absence » est au cœur de ce s’est recyclé dans la lutte antiterro- ce politique, à la possibilité d’un ment assez piteuses. Et il n’y insis- trace. Le livre sera donc le récit du poche classique (no 460). carnet. La contemplation de Bethsa- riste, ajoute à sa pension d’ancien renversement lumineux et démo- te pas suffisamment. Ses descrip- long dévoilement, par l’homme, de bée renvoie au sentiment aigu de combattant les revenus de ses raz- cratique. Salim Bachi le dit à sa tions sont minimales, il s’est con- la vérité d’Aurore. e Le premier livre de Jean-Paul l’instant qui passe. « Il faut se mettre zias nocturnes sur le butin des isla- manière âpre, agitée, tourbillon- centré sur le sentiment amoureux. Mais l’anecdote, les péripéties, Enthoven, Les Enfants de Saturne, à l’école de l’immobilité pour décou- mistes abattus : à ses yeux il n’a nante, sans nuances ni répit : il ne Là, il fait preuve d’originalité. En sont d’un intérêt secondaire. Ce douze essais élégants sur des écri- vrir flux et reflux, le tourbillon des éphé- pas plus « de conscience politique peut pas le faire, l’écrire autre- effet, si la niaiserie sentimentale et qui est remarquablement démon- vains, paraît en poche (« Folio », Gal- mères. » qu’un moineau ». Haine du flic, ment. sexuelle des femmes a souvent été tré par Enthoven, c’est la terrible limard, no 3457). Monique Petillon Seyf, surnommé le bourreau de Jean-Noël Pancrazi littératures LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / V b Yasmina Khadra se démasque

l n’y a plus de mystère Yasmi- fou ! C’est alors que ma femme m’a na Khadra. L’écrivain algérien, En exclusivité pour conseillé de prendre un pseudony- qui avait révélé son identité me. Elle m’a dit : “Tu m’as donné ton masculine au « Monde des « Le Monde des livres », nom pour la vie, je te donne le mien livresI » en septembre 1999, sort pour la postérité !” Yasmina Khadra aujourd’hui de l’anonymat et nous Yasmina Khadra, sont ses prénoms. Et d’un seul coup, raconte, en exclusivité, les circonstan- dans la clandestinité, j’ai écrit trois ces qui l’avaient amené à se masquer. ancien officier supérieur livres : les deux premières enquêtes Né en 1955, enrôlé dès l’âge de neuf du commissaire Llob (Le Dingue au ans dans l’école des cadets de l’armée algérienne, bistouri et La Foire), et Les Califes de d’El Mechouar, Mohamed Moulesse- l’apocalypse, un livre prémonitoire houl était officier supérieur de l’état- révèle son identité dont aucun éditeur n’a voulu. major algérien. Aujourd’hui, il a mis fin à sa carrière militaire pour se con- re. En russe, en chinois, en arabe, – Ce pseudonyme a surpris la préfa- sacrer entièrement à sa vraie voca- mais écrire ! Au départ, j’écrivais en cière de l’un de vos livres, épatée de tion : la littérature. Installé au Mexi- arabe. Mon prof d’arabe m’a bafoué, voir une femme “derrière cette écri- que, il savoure cette « désertion » : alors que mon prof de français m’a ture misogyne jusqu’à la veulerie”. « J’étais né pour écrire ! » encouragé ! – J’ai le plus grand respect pour la femme, que je crois supérieure à « Le regard que vous portez dans – Vos premiers livres ont été l’homme. Elle a été la première à L’Ecrivain sur vos années de publiés en Algérie sous votre nom. s’insurger publiquement contre l’in- “déportation” est douloureux. – Ils étaient modestes ! J’y évo- tégrisme ! Vous dites que votre famille s’est quais le monde qui m’avait été confis- – Pourquoi gardez-vous aujour- débarrassée de vous, parlez qué, les bourgades, les conditions de d’hui ce pseudonyme ? d’“enceinte pénitentiaire” pour vie des petites gens, le fatalisme avec – Je déteste l’ingratitude. Pourquoi dépeindre la caserne, évoquez le lequel ils acceptaient leur sort. J’in- tournerais-je le dos à un pseudony- sentiment d’être traîné vers votre ventais des pays imaginaires afin de me qui m’a permis de me faire con- destin “par les jambes, sembla- pouvoir m’exprimer librement. Je naître ? Yasmina Khadra a été l’écri- ble aux agneaux qu’on livre à m’autocensurais, car la censure vain que je rêvais d’être : je l’accom- l’abattoir”. régnait alors sur tout ce qui n’était pagnerai jusqu’au bout ! – J’ai été éjecté de ma famille, c’est pas dans la ligne du système : il fallait un fait : une initiative malheureuse glorifier la révolution. – Morituri est la première enquête de mon père. Et j’ai été adopté par du commissaire Llob publiée en Fran- l’armée, que je quitte sans rancune : – Comment en êtes-vous venu à uti- ce. Ce polar a failli être édité chez Gal- elle m’a élevé, je l’ai servie, je crois, liser un pseudonyme ? limard. avec dignité et courage. Je n’ai jamais – En 1989, la présence d’un écri- – Lorsque j’ai publié mon pre- cherché à dévier de la voie qu’on vain dans les rangs de l’armée a com- mier recueil de nouvelles, à Alger, m’avait tracée. Je ne me suis jamais mencé à irriter la hiérarchie. Je Houria, ce fut un triomphe person- rebellé. Mais je n’ai jamais renoncé à n’avais pas écrit de livre susceptible nel, une victoire sur la négation. Or ce que j’estime être plus fort qu’un d’être interdit, mais j’avais participé à quelqu’un m’a remis à ma place : si destin : ma vocation d’écrivain. J’ai un concours sans demander d’autori- je voulais vraiment être respecté, il continué à écrire dans un monde qui sation. Une circulaire émanant du fallait que je sois édité par Galli- me refusait cette liberté- là, et j’ai réa- ministère de la défense a brutale- mard ! Depuis ce jour, j’ai remué lisé mon rêve, peut-être grâce à lui : ment imposé aux écrivains militaires ciel et terre pour intéresser Galli- les interdits forgent les volontés de soumettre leurs œuvres à un comi- mard. J’y ai envoyé tous mes livres inflexibles. té de censure militaire. Cette circulai- en priorité, avant de tenter Le re ne visait que moi. Il était impensa- Seuil, Robert Laffont, Denoël, ANTOINE D’AGATA/VU POUR « LE MONDE » – Pourquoi avez-vous choisi d’écri- ble que j’accepte cette mesure. Plu- Stock. Chaque fois, je brûlais le re en français ? tôt que de me soumettre, j’ai décidé manuscrit au troisième refus. Je auteur incapable d’intéresser un – Comment l’homme que vous décri- taquent à tout, aux arbres, aux – Je n’ai pas choisi. Je voulais écri- d’arrêter d’écrire : cela m’a rendu m’interdisais de croire qu’un éditeur sur trois puisse prétendre vez si effaré par la violence (cette chiens, aux vaches, aux bergers. L’ar- au statut d’écrivain. Et voilà qu’en “voie des perditions”) a-t-il pu mée algérienne est d’une vaillance 1994 Gallimard accepte ce manus- assumer ses missions militaires ? extrême contre ces gens- là ! Mais crit, alors intitulé Magog : j’étais – Enfant, j’avais une sainte horreur elle est incapable de mettre à genoux aux anges ! Malheureusement, ils des films violents, de l’obscurité l’intégrisme. Le petit soldat se sont ravisés après avis du service périlleuse d’où jaillit la main armée juridique : le livre était trop violent. d’un couteau, des cris d’épouvante et – L’un de vos anciens camarades, des yeux exorbités du meurtrier que Saïd Mekhloufi, est devenu un visage triste, nostalgique de la ferme tion à résister au domptage de tous – Comment Magog est-il devenu j’étais sûr de retrouver dans mon émir de l’intégrisme armé. Vous L’ÉCRIVAIN familiale et imperméable aux excès ceux qui « ne blairent pas les écri- Morituri ? sommeil. Mais j’ai été engagé dans la avez été amené à planifier deux de Yasmina Khadra. d’autorité des bidasses croquemitai- vains », à écrire pour « échapper à – Magog avait été écrit dans un guerre, c’était mon métier. Pas embuscades pour le neutraliser. Julliard, 240 p., 129 F (19,66 ¤). nes, un « déserteur » mental : il l’engrenage qui me broyait », à trou- état second. Je venais d’être choqué moyen de tricher. J’ai pratiqué la vio- – C’était un frère ! Mais il est trouve refuge dans les livres, ne se ver sa voie : « Si je voulais devenir par un spectacle terrible, un attentat lence, car on ne peut parfois guérir le devenu l’un de ces insurgés qui évélé en France par une sent chez lui que dans le monde romancier, il me faudrait être moi- meurtrier. Je suis tombé dans une sor- mal que par le mal. sont allés si loin dans l’atrocité ravageuse trilogie policiè- parallèle de la fiction. Mieux : il même » ; être écrivain, « c’est, avant te de dépression, au cours de laquelle qu’ils ne peuvent plus réintégrer la re (1) dans laquelle il découvre qu’il est pourvu d’un « don tout, une question d’intégrité ». j’ai réglé mes comptes avec les inté- – Que pensez-vous de la prise du société. Saïd a choisi de tuer dénonçait les horreurs du ciel », qu’il est né pour écrire. Parmi les plus belles pages de cet gristes, sans m’en rendre compte. Je pouvoir des militaires en 1992 ? enfants, femmes et vieillards. Sa quotidiennesR de la guerre civile algé- L’Ecrivain est le récit du combat qu’il éloge du livre, une rencontre fugace, me suis retrouvé avec ce manuscrit – C’était une bonne chose. Si les tête était mise à prix, il fut exécuté rienne (magouilles de la mafia poli- mena toute sa vie pour conserver alors que, tout gamin, il rédige un sans me souvenir quand et comment officiers allemands avaient fait la par un autre combattant de l’Ar- tico-financière, charniers de la barba- l’audace de ne jamais trahir cette pas- poème, avec un grand homme mous- je l’avais écrit ! C’était effectivement même chose au moment de la prise mée islamique du salut auquel il rie intégriste), confirmé dans son sta- sion chimérique pour la littérature. tachu, hiératique, qui l’encourage à impubliable tel quel. du pouvoir par Hitler, ils auraient refusait de faire allégeance. Moi, je tut d’écrivain algérien majeur, de la Sans jamais verser dans une déma- poursuivre le fil de son inspiration, empêché la Shoah. Notre guerre civi- dois aux livres de m’avoir sauvé de trempe d’un Rachid Mimouni, par gogie manichéiste, Khadra évoque et qui s’avère être le président Bou- – Vous avez pris un gros risque le a épargné toutes les autres nations la résignation. J’ai écrit six livres deux romans radiographiant un les sursauts d’une famille menée par mediène. Et l’idylle de quelques avec L’Automne des chimères, alentour, y compris de l’autre côté de pendant la guerre, qui m’ont per- pays ensanglanté par le terrorisme un père amateur de femmes et sosie mois avec une correspondante, dans lequel vous dépeignez la dis- la Méditerranée : les islamistes mis de transcender mes angoisses, islamiste (2), Yasmina Khadra racon- de Darry Cowl, brosse les portraits Leïla, dix-huit ans, qui le compare à grâce de votre commissaire Llob, avaient programmé une gigantesque de surmonter l’horreur, de rester te dans ce livre de souvenirs com- plutôt attendrissants de ses copains Verlaine, s’avoue amoureuse éper- mis à la retraite pour avoir publié épuration ! lucide, de ne pas devenir un tueur. ment il fut embrigadé dans une car- aux mines de « louveteaux séques- due. Les amants platoniques finis- Morituri sous le pseudonyme de rière militaire, lui qui s’est toujours trés », ses adjudants, oncles, tantes sent par se donner rendez-vous un Yasmina Khadra ! – L’armée algérienne a été suspec- – La littérature est un rempart senti voué à devenir poète. ou cousine « belle comme une écla- jour d’été. Lorsque la belle rousse – Il me fallait lancer ce message à tée de passivité, par exemple lors contre la haine ? Longtemps Yasmina Khadra eut boussure cristalline ». Il retrace les découvre que celui qu’elle imaginait l’adresse de tous ceux qui m’avaient du massacre de Bentalha. – Les écrivains sont des prophè- Allons z’enfants comme livre de che- mille et une brimades de ses profes- « beau et grand comme une majuscu- soutenu, leur dire qui j’étais ! Mais – Toutes les armées du monde se tes, des visionnaires, des sauveurs vet : c’est que l’histoire racontée par seurs ou supérieurs hiérarchiques, le » est petit comme une virgule, elle c’était, c’est vrai, un peu suicidaire. cassent les dents face au terrorisme ! de l’espèce humaine. Ils n’interprè- Yves Gibeau était la sienne. Le petit prompts à l’humilier pour ses « gri- grimace et détale. Mohamed, de Peu l’ont compris. J’y avouais tout, L’armée algérienne est formée pour tent pas le monde, ils l’humani- Mohamed est encore un mioche lors- bouillages d’attardé », à confisquer « mère bédouine romantique », est en filigrane : que Khadra était un la guerre classique contre d’autres sent. J’ai toujours voulu être au ser- que son père le mène à l’école des ses écrits, le mal noter, le traiter de aussi Cyrano. homme, qu’il était militaire puisque armées, pas pour affronter une gué- vice de ce dernier bastion contre cadets pour faire de lui « un futur offi- mégalomane ou le mettre aux arrêts. J.-L. D. Llob était convoqué, non pas au rilla dont les règles lui échappent, l’animalité. Devenir l’un des pha- cier, un grand meneur de troupes, et, Ses coups de foudre pour Dostoïevs- ministère de l’intérieur, mais à la délé- une guerre sournoise, jusqu’au-bou- res qui bravent les opacités de pourquoi pas, un seigneur de guerre et ki, Gorki, Vallès, Camus et Stein- (1) Editions Baleine. gation, c’est-à-dire à l’armée , puis- tiste, qui opte pour le spectaculaire l’égarement. » un héros ». Mais le matricule 129 est beck. Sa réécriture autobiographi- (2) Les Agneaux du Seigneur (1998) et A qu’en temps de guerre tous les pou- au détriment de la logique, se surpas- Propos recueillis par un « oiseau en cage », un émotif au que du Petit Poucet. Sa détermina- quoi rêvent les loups (1999), chez Julliard. voirs sont délégués à l’armée ! se dans l’absurde. Les terroristes s’at- Jean-Luc Douin VI / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 La chronique

de Roger - Pol Droit b

e tions et de petites misères, le lec- LES VOIX DE LA LIBERTÉ Le XIX siècle fut teur voit malgré tout le siècle Les écrivains engagés changer à mesure, et les combats au XIXe siècle tumultueux, parfois se modifier. de Michel Winock. chaotique, parcouru Une cohue de combats On notera au passage la violence Seuil, 684 p., 149 F (22,72¤). des attaques. Barbey d’Aurevilly, en 1872, sous le titre « Un poète e corbillard des pauvres, d’affrontements sans prussien », exécute Hugo en ces et deux millions de per- termes : « Vous n’êtes donc, dans sonnes dans Paris, de la nombre. Ecrivains et votre Année terrible, qu’un employé L place de l’Etoile au Pan- journalistes plongèrent volontaire de la Prusse ; et s’il y a théon. L’Arc de Triomphe tout des gens qui, en vous lisant, ne le entier tendu de crêpe noir, la ville comprennent pas ou le nient, c’est croulant sous les fleurs et l’émo- en politique « jusqu’aux que le cosmopolitisme leur a pourri tion. A onze heures, ce lundi dans le cœur le sentiment de la 1er juin 1885, vingt et un coups de oreilles », comme dit patrie, comme à vous ! Vous pouvez canons, tirés du mont Valérien, renoncer à la langue française, qui ouvrent la cérémonie. « Ce n’est George Sand. ne s’en plaindra pas ; car depuis pas à des funérailles que nous assis- longtemps vous l’avez éreintée. Ecri- tons, c’est à un sacre », commente Avec un art consommé, vez votre prochain livre en alle- l’un des officiels. Le roi Hugo, lui mand. » Cette virulence de droite aussi, est plus grand mort que et un luxe de détails, est toujours prête à glisser vers vivant. Dernières volontés : «Je l’antisémitisme. Ainsi le très catho- refuse l’oraison de toutes les Egli- Michel Winock retrace lique Louis Veuillot écrit-il en ses ; je demande une prière à toutes 1858 : « La Synagogue est forte. Elle les âmes. Je crois en Dieu. » L’« apo- leurs luttes enseigne dans les universités, elle a théose » – tout le monde, ce jour- les journaux, elle a la banque, elle là, emploie le terme – n’est pas seu- pour les libertés est incrédule, elle hait l’Eglise. Ses lement celle d’un poète de génie. adeptes et ses agents sont nom- C’est aussi celle de la République. figures qui dominent les débuts du breux. » Finalement, c’est aussi Celle-ci a surmonté, au cours des siècle : Benjamin Constant, Fran- contre cela qu’ils se sont tous bat- dix années précédentes, les der- çois René de Chateaubriand, Fran- tus, ce que Hugo, encore lui, appe- niers risques monarchistes. Elle a çois Guizot. La saga s’achève, lait d’une façon simple et superbe, rétabli, consolidé ou inauguré des après avoir été scandée par les « le vieil esprit de nuit ». libertés fondamentales. Elle a journées de 1848 et l’année terri- Sommes-nous si loin d’eux ? Pas même esquissé quelques premiers ble de 1870, sur cette grande com- sûr. Ce XIXe siècle que Léon Dau- éléments de droits sociaux. Hugo munion hugolienne. Historien du det, en 1922, jugeait « stupide » avait d’abord préparé cette victoi- XIXe et du XXe siècle, spécialiste (parce que rationaliste, progressis- re au long du siècle. Il avait effrayé des idées politiques, Michel te, anticlérical, et «juif») et que le bourgeois en 1830, avec Herna- Winock est l’auteur d’une vingtai- méprisaient encore naguère, pour ni, symbolisé l’honneur de 1848 en ne d’ouvrages, dont Le Siècle des d’autres motifs, des esprits de quittant la France dès le coup intellectuels (Seuil), qui lui valut le nent. Par intérêt personnel évi- Béranger, pourtant célébrissime Prosper Enfantin le « Père » des familles fort diverses, on le reconsi- d’Etat de Napoléon le petit, lutté prix Médicis essais en 1997. Avec demment, mais aussi, chez quel- en son temps. La plupart sont Saint-simoniens, quand Louise dère. Il déroute parfois. Ses espé- contre l’écrasement et la bêtise Les Voix de la liberté, il suit à la tra- ques pragmatistes obstinés, par demeurés fameux, mais pour Michel, la « Pétroleuse » héroï- rances, ses craintes, ses engoue- avec Les Misérables et cent autres ce les combats politiques des gens souci de faire avancer les libertés d’autres motifs que leurs combats que de la Commune, revint enfin ments, une partie même de ses lut- textes. Depuis 1876 et son élection de plume français de la Restaura- quels que soient les maîtres de politiques, de Balzac à Renan, ou d’exil et arriva dans la capitale, tes n’appartiennent plus à notre au Sénat, il s’était battu, en hom- tion à la République triomphante. l’heure. L’autre caractéristique de George Sand à Taine. Vertigi- par le train de Dieppe, en retard, temps. Pourtant, si l’on y prête me politique autant qu’en figure Il décrit les mille façons qu’eurent majeure, c’est qu’en ce siècle neuse galerie de portraits ! Et quel- le 9 novembre 1881, sur un quai attention, sous la rhétorique et les morale, pour l’amnistie totale en ces hommes, et ces femmes – de tumultueux les écrivains et les le minutie dans le trait ! A croire de gare bouclé par les hommes du phrases ronflantes, sous les méta- faveur des Communards, finale- Flora Tristan à Louise Michel –, de journalistes ne se contentent pas que Winock était à Londres, en préfet Andrieux où l’on reconnais- phores qui prêtent à sourire, il y a ment accordée en 1880, pour les lutter pour qu’avancent les droits de disserter sur la politique. Ils y 1822, quand Chateaubriand le sait notamment Clemenceau et bien un souffle. Un désir vif de indépendances nationales contre individuels, les libertés de la pres- vont. Ils font campagne, briguent magnifique, ambassadeur de sa Louis Blanc. Le risque pourrait refaire le monde, de combattre les dominations impériales, pour se, d’opinion, de culte, de circula- des mandats, siègent, délibèrent, Majesté, inventa la pièce de bœuf être que ce pittoresque ne devînt l’écrasement, de défaire le cours les Etats-Unis d’Europe. Toujours tion, de réunion. Deux sont traits manifestent, s’adressent au peu- qui a gardé son nom et le gâteau « une émeute de détails », pour habituel des choses, bêtise et servi- la cause des pauvres, la cause des constants, au fil de ces décennies ple, encaissent des coups, au figu- nommé depuis « diplomate ». On reprendre une expression de tude comprises. Il y a peu de peuples, les libertés. mouvementées. D’une part, ces ré et quelquefois au sens propre. jurerait qu’il n’était pas bien loin Bachelard, où le lecteur perdrait temps encore, beaucoup de gens, Cette folle journée clôt la fres- hommes sont souvent plus fidèles Michel Winock prend un visible quand George Sand enceinte récla- de vue les grands enjeux du siècle face à ces enthousiasmes, haus- que que Michel Winock consacre à leurs idéaux qu’à un pouvoir. plaisir, communicatif, à rendre ma des bonbons et des poèmes de et ses lignes de force. Ce n’est pas saient, les épaules, disant qu’ils aux écrivains engagés du XIXe siè- Dans ce temps chaotique où les chair à tous ces personnages. Cer- Béranger, quand Balzac, à la pre- le cas. Immergé dans cette diversi- connaissaient la suite, affirmant cle. Quelle fresque ! Le rideau régimes durent peu, les hommes tains, plus ou moins oubliés, com- mière d’Hernani reçut un trognon té foisonnante, pris par la descrip- que toujours le pire suivait. Heu- s’ouvre pendant les Cent-Jours, en en place moins encore, ou parfois me Eugène Sue ou Edgar Quinet, de chou sur la tête, quand Liszt se tion souvent allègre de fastes et reusement, depuis peu, ces rêves 1815, avec les portraits de trois beaucoup plus, les vestes se retour- ou tout à fait disparus comme mit au piano rue Montigny chez de frasques, de grandes ambi- anciens se trouvent revisités. De la révolte à la sérénité Les aventures du journal intime sur Internet Albert Memmi retrace la courbe Ecrire son journal sur ordinateur ? Pourquoi pas ? Ce qui importe, c’est ce qu’il y a au bout : d’une vie qui « vomit toute emprise » rien, une imprimante, ou le Web

me de « judéité » et on lui doit à une enquête qu’il avait lancée, toutes reconnues entre elles et que » portant sur l’intime autant LE NOMADE IMMOBILE beaucoup dans la recherche de la CHER ÉCRAN… dans le magazine Lire, au sujet de qu’on peut donc étendre la recher- que sur le rythme quotidien est d’Albert Memmi. « dimension juive ». Pour lui, être Journal personnel, la pratique du journal intime sur che à l’infini en créant des liens soi- charmant), il donne de larges Ed. Arléa, 280 p., 135 F (20,58 ¤). juif « c’est surtout une condition ». ordinateur, Internet ordinateur, Philippe Lejeune nous même, en se constituant un carnet extraits (cinquante pages). La Et aussi c’est subir un certain des- de Philippe Lejeune. met sous les yeux, dans tous leurs d’adresses de diaristes internau- méthode d’exposition est la même ’hiver de l’âge est celui de tin, une manière d’exprimer le Seuil, « La couleur de la vie », détails et nuances, les différences tes, et en les mettant en communi- que dans la première partie, mais la récapitulation. On se cal- monde, « une blessure jamais com- 445 p., 145 F (22,01¤). qu’il y a entre ces deux types d’écri- cation. Quand on pense à l’infini- fonctionne mieux. Lejeune racon- feutre pour empêcher que plètement cicatrisée ». La solidarité ture, la manuscrite et la digitali- tude du Moi en tant que tel et aux te dans son journal ses aventures L les riches ondes de la vie juive est une réponse à l’agression. ’est un livre étrange, sée. Comme il fait précéder ces milliards de Moi qui peuvent d’internaute, un peu à la manière ne se dissipent trop vite. Albert « Etre, c’est être différent. » bizarrement fabriqué, témoignages d’une analyse qui en potentiellement s’épancher par d’un Daniel Schneiderman (1) qui Memmi a jugé qu’il était temps de Etre, c’est aussi être dépendant. sur un objet qui pourra extrait les propositions générales écrit, et aussi par images, pudiques se serait concentré sur l’intime, cerner la signification principale Cette notion de la dépendance C faire s’esclaffer les adver- dans une sorte de journal de bord ou impudiques, un vertige vous explique ses préférences, ne les jus- de son histoire personnelle et de après celle de la domination a été saires de l’écriture de soi. Le jour- de son enquête, la lecture des let- prend. Pascalien. Mais Lejeune tifie pas autrement que par des ses œuvres d’essayiste et de développée par Albert Memmi nal intime sur ordinateur, passe tres, malgré leur diversité, donne n’est pas sujet aux méditations affinités électives, et tire quelques romancier. Trame étonnante d’un après qu’il eut subi deux maladies encore, ce n’est que le support qui ensuite une impression de redon- métaphysiques. Sa recherche généralités sur les contraintes pro- homme libre aux multiples appar- graves. « Nous avons besoin des change. Mais le journal intime en dance. prend place, dit-il, dans le cadre pres à l’exposition de soi sur Inter- tenances : juif, Tunisien, Français. autres comme ils ont besoin de ligne sur Internet ! A vrai dire, il y On aurait souhaité que l’auteur, général de la médiologie. net. On ne sera pas vraiment sur- Albert Memmi a su « composer » nous. » La dépendance, selon lui, a longtemps que plus personne ne puisque auteur il y a tout de même pris qu’elles soient d’ordre moral son existence avec la volonté peut fournir les bases d’une philo- croit tout à fait qu’un journal per- (même s’il reconnaît ne l’être que DIARISTE INTERNAUTE plus que formel. Bien sûr, pour se d’échapper à tout embrigadement. sophie de l’altérité. Il rejoint ainsi sonnel ne s’adresse qu’à celui qui d’un quart du livre), coupât davan- Un passage de son journal de faire lire, il faut être intéressant Et le récit qu’il nous offre, d’une Martin Buber (Le Je et le Tu)et le rédige. Un livre précédent de Phi- tage. Mais Lejeune est un cher- chercheur amorce d’ailleurs une et/ou charmant. Il ne suffit pas de écriture véhémente ou assagie Emmanuel Levinas. lippe Lejeune, Cher cahier, avait cheur qui respecte les personnes discussion avec Régis Debray sur batifoler, ni de souffrir, il faut y mais toujours limpide et riche de Notre auteur nous invite aussi à traqué les ruses de la mauvaise foi qui se prêtent à sa recherche, la différence entre la transmission, mettre de la mesure. On se rappro- formules, nous entraîne sans une picorer d’autres sujets qui le tou- que recèle l’écriture intime, puis- laquelle repose en grande partie qui opère dans le temps, suppose che déjà de l’art. Pour aussitôt s’en once de fatigue. chent profondément. « Pourquoi que toute expression de soi impli- sur les commandes copier et col- un tri et des institutions, et la com- éloigner. Car ce qui importe, c’est Ses lecteurs retrouveront j’écris ? Par besoin (…) Paradoxe que une communication virtuelle : ler. C’est aussi un chercheur lyri- munication, qui se développe dans le respect de soi et le respect des d’abord avec émotion les souve- de la littérature : démarche d’un un journal sur papier n’existe que que. Exemple : « J’écris souvent la l’espace et l’instant. Il reproche à autres. nirs de Statue de sel (1953), pre- homme seul pour atteindre autrui. par le désir, conscient ou non, for- nuit. L’ordinateur est une sorte de Debray de tout subordonner à la On comprend que Philippe mier bilan de sa jeunesse très pau- C’est également pour cela que j’ai mulé ou pas, d’être un jour lu, ne souterrain à galeries qui me fait transmission, et propose une dia- Lejeune se soit séparé, à la lon- vre de colonisé, puis de boursier, voulu devenir écrivain : parler à serait-ce que par cet autre qu’on communiquer avec des archipels de lectique plus subtile. Sa recherche gue, des écrivains, ces forcenés. chassé de l’université d’Alger par mes semblables tout en gardant sera devenu pour soi-même quand nuits passées, l’écran est une veilleu- sur l’intime et le Web serait « la Quand même, il manifeste un peu les lois de Vichy, contraint au mes distances. » on se relira, le temps ayant passé. se, mon journal un rêve qui glisse cartographie d’un minuscule sec- d’intérêt pour Renaud Camus, camp de travail par les Allemands Garder ses distances (« Je vomis La première partie de cette suite comme une nappe d’eau sur la sur- teur » d’une médiologie qui verra grand spécialiste du site d’écri- et débarquant en France en 1946. toute emprise »), c’est une des des aventures du Moi exposé au face lumineuse. » Mais on ne saura le triomphe des trieurs et des archi- vain « en ligne » et dressé sur ses La révolte est là, dont il ne manifestations quasi obsessionnel- jour le jour, Cher écran…, est donc rien sur le contenu de ce journal, vistes. Lui, pour le moment, surfe, ergots. Mais il est davantage s’échappera que par le savoir et les de notre auteur, qui nous expli- consacrée à ce qui change quand qu’il écrit depuis quarante-sept choisit selon ses préférences, et réconforté par les remontrances l’enseignement de la philosophie, que pourquoi il a refusé l’engage- le diariste écrit sur un clavier, se lit ans, sauf ce qu’il nous en donne à réfléchit. Entre le 4 octobre et le gentilles que lui adresse Domini- qui lui permettra de vivre décem- ment dans un parti politique, dans et se relit sur un écran, plutôt que lire et qui est le journal profession- 4 novembre 1999, il a passé le plus que Noguez, qui tient pour la litté- ment, tout en poursuivant son la franc-maçonnerie ou l’idée pro- sur un cahier. Affaire de posture, nel d’un chercheur de l’intime. clair de son temps sur le Web à rature. Lui, décidément, tient œuvre d’écrivain. Les hasards de posée par nombre d’amis de viser physique comme existentielle. Dis- Va donc pour l’ordinateur. Tout répertorier des sites, à les goûter pour les écritures ordinaires. Son l’histoire ont fait de notre auteur l’Académie française. Il va plus tance supplémentaire : se lire dans dépend de ce qu’il y a bout : rien, comme un taste-vin. Puis il a choi- livre est fait pour les internautes un minoritaire en France comme loin : « Il faut désacraliser la une police de caractères bien pro- une imprimante, le Web. Avec le si neuf diaristes, les a lus en entier, ni excessivement nombrilistes, ni en Tunisie, et il comprend très vite culture », écrit-il, et il repousse pre et bien nette, bien imperson- Web, l’intime prend encore un et les a suivis au jour le jour. exhibitionnistes. Et il prend tout que les Français ont trop de hâte à avec vigueur toute religion, toute nelle – le mot « police » prend ici autre sens. Là, Lejeune a enfilé sa D’eux il donne des extraits, qui son sens quand on le prolonge par prôner l’assimilation des immi- utopie, s’emportant contre les déri- un sens de polissage et de mise combinaison d’internaute. Il s’est d’ailleurs évitent soigneusement la visite aux sites mouvants qu’il grés. « Ils doivent laisser le temps ves de la « révolte justifiée » de aux normes de ce qui est aussi per- connecté à des sites, principale- l’intime scabreux, érotique, bref, recommande. On en trouve le aux étrangers de cesser de l’être. » mai 1968. sonnel qu’un visage : une écriture ment au Québec, où la pratique du trop intime. Enfin, il a élu son chemin sur son propre site « Auto- Mais d’un autre côté, s’il com- Mais la vie n’est pas que combat. manuscrite. Possibilité de corriger, journal intime sur Internet semble champion : Mongolo, un cher- pacte » : http://worldserver.olea- prend les blessures des Arabes et Grâce à l’amour de sa femme, à sa d’éliminer, de récrire. De faire un plus naturelle qu’en France. De cheur en informatique qui tient un ne.com leurs humiliations, il regrette que paternité, Albert Memmi atteint tirage papier ou non. De tout effa- liens en liens, il a constitué en journal intime bourré de On y trouve même un épilogue leurs intellectuels ne fassent pas peu à peu la sérénité. « J’ai assez cer d’un seul geste – plus dramati- objet de recherche un réseau, réflexions autant que de récits dis- de son livre, daté du 4 novembre l’effort de les dépasser. «Onne payé pour avoir le droit de me que, ce renvoi au néant, que l’ac- actuel en ce sens que des diaristes crets de sa vie sur le réseau ou 2000. peut vivre uniquement de ressenti- réjouir du temps qui reste. » Qu’il tion concertée de déchirer, de jeter se sont fédérés en une toile sur la hors du Net, et qui a mis ce jour- Michel Contat ments. » lui soit largement compté ! au feu, de mettre à la poubelle. En Toile, via un serveur, virtuel en ce nal en ligne depuis 1997. Du Mon- C’est Memmi qui invente le ter- Pierre Drouin collectant quarante-sept réponses sens que ces toiles ne se sont pas golo’s Diary (Almost) (ce « pres- (1) Les Folies d’Internet (Fayard, 2000). essais LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / VII b Alain Duhamel et le miroir cathodique Le philosophe donne raison au politique A travers une série de portraits inédits d’hommes politiques, le journaliste Loin d’opposer philosophie et politique, Christian Delacampagne analyse l’influence du petit écran sur la vie démocratique cherche à trouver la voie d’une articulation féconde entre savoir et pouvoir

On dit parfois Alain Duhamel doute qu’un ton juste à l’écran, por- Enracinant sa réflexion dans l’expé- Mettant au jour cette volonté DERRIÈRE LE MIROIR, bienveillant à l’excès pour un uni- té par une chaleur contagieuse, LE PHILOSOPHE rience vécue, Christian Delacampa- tyrannique qui habite les nom- LES HOMMES POLITIQUES vers politique qu’il scrute depuis si offre aux ambitions, dans chaque ET LE TYRAN gne nous rappelle qu’en s’enga- breux « égarements de la raison », À LA TÉLÉVISION longtemps avec gourmandise, indé- camp, un atout important pour de Christian Delacampagne. geant dans la pensée le jeune hom- Christian Delacampagne récuse d’Alain Duhamel. pendance et affection. Son livre me émerger comme pour dominer. Au PUF, « Perspectives critiques », me qu’il fut considérait qu’« écrire tout aussi bien l’erreur symétrique Plon, 326 p., 129 F (19,67 ¤). paraît confirmer au contraire que le demeurant, malgré la place excessi- 248 p., 135 F (20,58 ¤). et lire étaient des actes politiques ». qui conduit à affirmer que la politi- principe de sympathie – qui n’exclut ve des énarques dans nos gouverne- S’il est vrai que la raison grecque est que n’aurait pas besoin de la philo- ous, tous, ils sont tous là – et pas les coups d’étrivière – permet ments, le livre nous rappelle qu’il ’homme politique, c’est d’abord, selon l’expression de Jean- sophie. Pas davantage qu’il n’admet elles aussi… Voici saisie au mieux que les facilités polémiques n’est pas de moule unique et que la bien connu, méprise la Pierre Vernant, « fille de la Cité », le dogmatisme de ceux qui, assurés vif la cohorte de nos diri- d’approcher la vérité des êtres. Le variété des tempéraments demeu- sagesse et la recherche de la ceux qui, plus près de nous, ont com- de connaître la fin de l’histoire et la T geants politiques dans les balancement paraît parfois trop re grande, heureusement, dans L vérité. Prisonnier de l’éphé- battu pour la République vien- loi de son développement nécessai- reflets changeants du miroir cathodi- équanime ? Libre alors à chaque lec- l’arène. mère et des passions, il privilégie en draient aisément confirmer que poli- re, veulent faire le bonheur des peu- que. Ils se succèdent, bien rangés par teur (l’index lui permettant de buti- Quant aux injustices… Michel toutes choses la ruse et l’habileté. tique, philosophie et pédagogie ples, y compris contre ces derniers, chapitres : les souverains, les stars, ner à sa guise et la confrontation Debré, au sortir d’un studio, prit un Ce qui l’intéresse d’abord, c’est la sont toujours liées. Lorsque l’ordre il n’accepte le scepticisme de ceux les hiérarques, les gladiateurs, les jour Alain Duhamel par conquête du pouvoir, par tous les de la Cité ne repose plus sur quel- qui n’ont d’autre secours que de séducteurs… Avec, en prime, quel- le bras et lui confia moyens, puis sa conservation, à que nature ou sur quelque surnatu- ruminer leurs illusions perdues ques représentants de la « société Jean-Noël Jeanneney « avec un petit sourire n’importe quel prix. Observez-le re, mais seulement sur des règles et dans un « ailleurs »– qu’il soit méta- civile » et, pour l’exotisme, divers vaillant et attristé » : bien. Les idées l’ennuient, il bâille et des conventions humaines, c’est la physique, moral ou même épisté- « princes étrangers ». avec ses souvenirs personnels aug- « Vous voyez, je ne suis vraiment pas s’impatiente. Les principes le mologique. Parce que Alain Duhamel valorise de la sor- mentant son plaisir) d’ajouter ici ou fait pour cela ! » Pierre Mendès Fran- gênent, il les contourne ou en chan- la politique a besoin te, pour notre plaisir et notre intérêt, là sa goutte de vinaigre. ce, de son côté, si puissant à la ge. Le Bien le fait doucement souri- Vincent Peillon d’un « raisonnement sa longue expérience télévisuelle. Rien qui soit lisse, au demeurant, radio, ne maîtrisa jamais tout à fait re, il le monnaie en petites réfor- sur des principes », elle Très jeune encore, au début des dans cette théorie de silhouettes : l’image, et François Mitterrand s’y mes. L’homme politique, la chose capacité à argumenter ses positions a besoin de philosophie. Il y a années 70, il devint une figure fami- de la verve, le sens sûr des adjectifs, adapta tard : handicap. semble acquise, serait donc un et à persuader ses semblables qui aujourd’hui plus de quarante ans, lière lorsque prospéra, grâce à Pierre des formules aiguës ; l’art aussi des Reste la grande question des « coquin ». Mais le philosophe vau- devient l’unique fondement de Maurice Merleau-Ponty écrivait Desgraupes, l’émission A armes éga- tableautins fixant les situations effets de la télévision sur la réputa- drait-il davantage ? Invétéré don- l’autorité légitime. C’est pourquoi dans la préface de Signes : «Ily a les qu’il présenta avec Michel Bassi rares ou piquantes. Le panorama tion collective du personnel politi- neur de leçons, plus attaché à la république et raison, démocratie et une manie politique chez les philoso- et qui marqua une étape dans offre, de surcroît, l’occasion de réflé- que. La dégradation de celle-ci fut pureté de ses principes et à la clarté philosophie sont inséparables. phes qui n’a fait ni de bonne politi- l’émancipation de l’audiovisuel. chir à l’influence de la télévision sur forte ? Certes, mais l’auteur, pour de ses idées qu’à l’engagement véri- L’argument essentiel du livre de que ni de bonne philosophie. » Mais Trente ans plus tard, toujours dans la vie démocratique, ses rituels et finir, récuse toute causalité : table et à l’action efficace, il se satis- Christian Delacampagne est de il ajoutait aussitôt que, de même la course, il nous offre, nourrie de ses processus. « Quand la politique, écrit-il, dégénè- fait de son impuissance dogmatique déconstruire l’illusion récurrente qu’il peut y avoir de mauvaises souvenirs personnels, cette précieu- On impute souvent au petit écran re en scandale et ne porte plus d’espé- et de la belle intransigeance qui le qui conduit à vouloir confier le pou- unions, il peut y avoir des divorces se galerie de portraits. une dégradation des formes de l’élo- rance, les émissions politiques s’essouf- détourne du cours du monde et des voir à ceux qui savent. A défaut ratés. Reprenant cette analyse, Il est convaincu et il persuade qu’à quence. C’est injuste. Il faut plutôt flent et déclinent. Elles ne sont que le affaires humaines. Observez-le d’être, comme chez Platon, directe- Christian Delacampagne propose la télévision les acteurs du jeu révè- incriminer la décadence des humani- reflet fidèle du débat national. Faites- bien. L’action le paralyse ; il ne ces- ment le roi, le philosophe se donne- que le philosophe rompe avec cet lent leur nature profonde. Les tés classiques et l’essor du parler nous de la bonne politique et vous se son infini bavardage sur toutes rait alors pour tâche de conseiller le instinct tyrannique qui le conduit à citoyens peuvent scruter dans ce rec- technocratique. Certes, le style ora- aurez de bonnes émissions. » choses. Les autres le gênent ; il se prince, d’éclairer le despote, de gui- vouloir diriger à la place du politi- tangle étroit l’entrelacs de passions toire des tribunes ou des estrades Je veux bien. Pourtant, l’explica- réfugie dans la solitude de sa der le guide et d’informer le tyran. que et à se faire obéir de lui. S’il se et de doctrines, d’intelligence et de passe mal sur les ondes, mais il sub- tion est un peu courte. Lorsque conscience et se prend pour un De Platon à Alexandre Kojève, en consacre sans réserve à la tâche de narcissismes qui est spécifique à cha- siste une grande diversité dans l’ex- Jacques Chaban-Delmas est mort, Robinson. passant par Machiavel, les philoso- comprendre et d’indiquer ce qu’il cun. Mais le moment de l’attente, pression des uns et des autres. récemment, j’aurais souhaité voir Notre époque semble assez bien phes des Lumières ou Heidegger, croit juste, le philosophe peut fécon- accessible au seul journaliste, est aus- Quant aux fameuses petites phrases un documentaire sur lui à 20 h 30, se satisfaire de cette caricature qui Christian Delacampagne mobilise der, serait-ce à distance, la politique si éloquent (la cabine de maquillage, qui rabougriraient le débat, on en et non pas au cœur de la nuit. Les ne nous laisse d’autre alternative une érudition précise pour analyser et être utile. C’est ainsi que le droit grand lieu romanesque !), tout com- exagère l’importance – et surtout la patrons de l’écran, en particulier que de choisir entre le politique- ces différentes figures issues d’une d’ingérence fut d’abord une pensée me celui, une fois éteints les feux de nouveauté : César n’avait pas atten- dans le secteur public, sont coupa- coquin, pragmatique et roué, et le même « trouble attirance pour le de « philosophes isolés », il y a envi- la rampe, où surgissent, whisky en du le JT pour s’écrier : Veni, vidi, bles lorsque, manquant à leur mis- philosophe-cynique, moralisateur pouvoir absolu ». Ce qu’il s’efforce ron quatre cents ans, avant de com- main, des vérités occultées. Les anec- vici ! sion civique, ils se réfugient der- et stérile. Notre époque peut-être, ainsi de montrer, c’est comment le mencer à devenir, aujourd’hui, une dotes de coulisses n’ont pas seule- La télévision joue un rôle neuf, en rière des sondages quantitatifs mais pas Christian Delacampagne. philosophe n’est pas seulement réalité politique. Quatre cents ans ! ment ici l’office d’amuser : elles revanche, dans la sélection des élites pour refouler la politique à des Dans un livre juste, et qui ne fait pas habité par la passion du politique, Chacun conviendra tout de même aident à discerner ce que les affronte- politiques. Non qu’elle la détermine horaires improbables. Même s’il est l’économie de la sincérité, ce philo- mais aussi, plus prosaïquement, que ce temps est bien long, trop ments pour le pouvoir laissent sub- seule : d’autres instances, partisanes vrai que les élus eux-mêmes, en sophe refuse de se laisser enfermer comment il est possédé par une vio- long, surtout si on le compte en sister chez les protagonistes de fai- ou administratives, y contribuent. multipliant leurs apparitions parmi dans cette alternative et cherche à lence qui le conduit à vouloir plier le souffrances humaines. blesses cachées, de spontanéités Mais même s’il n’existe aucune les paillettes, y diminuent leur pres- trouver la voie d’une articulation réel à ses catégories et à devenir, baroques – et aussi de sincérités bru- règle simple (ce serait trop facile) tige et leur autorité. La responsabili- féconde, et sans doute plus heureu- selon la formule de Nietzsche, «le Christian Delacampagne collabore tes et de fécondes probités. pour toucher et pour entraîner, nul té est partagée. se, entre philosophie et politique. tyran du tyran ». au « Monde des livres » Le choix de la délivrance La mort en exil Squatters A partir de témoignages bouleversants de patients et de médecins, Yassine Chaïb analyse l'immigration et Catherine Leguay plaide pour la légalisation de l’euthanasie l'intégration à travers le choix du lieu de sépulture et voisins pas seulement soulager les souffran- fois où il a donné la mort, comme Le livre examine aussi les MOURIR DANS LA DIGNITÉ ces intolérables d’un malade en pha- on donne un cadeau, comme on L’ÉMIGRÉ ET LA MORT conflits générés par la mort. En POLITIQUES DU SQUAT Quand un médecin dit oui se ultime, mais, plus largement, déli- donne son affection, à des patients La mort musulmane en France cas de mariage mixte, par exem- Scènes de la vie de Catherine Leguay. vrer de la vie celui qui juge l’avoir qui en exprimaient le désir, ferme- de Yassine Chaïb. ple, elle peut devenir l’enjeu d’une d’un quartier populaire Préface de Henri Caillavet, terminée. Et lire, sous la plume ment et à plusieurs reprises. Son Edisud, « Mémoire et Cultures » cruelle bataille entre la famille d’Isabelle Coutant. commentaires d’André Comte-Sponville, cette plaidoyer est tout à fait convain- 252 p., 120 F (18,29 ¤). d’origine, qui veut récupérer son Postface de Gérard Mauger, d’André Comte-Sponville. affirmation de Francis Bacon, au cant quand on voit avec quelle enfant, et la nouvelle famille, pour éd. La Dispute, Ed. Robert Laffont, 246 p., début du XVIIe siècle, que le métier patience, avec quelle prudence, e sens que donne le migrant qui il est exclu de laisser partir le 222 p., 100 F (15,24 ¤). 119 F (18,14 ¤). de médecin est « d’adoucir les pei- avec quel respect il avance dans le à sa mort doit être pris en corps. Il met en lumière la surmor- nes et les douleurs, lorsque cet adou- dialogue avec le mourant, le souf- considération par le pays talité par violence des immigrés. es meilleurs terrains ne sont a question de l’euthanasie, cissement peut conduire à la guéri- frant, le condamné, pour finale- L d’accueil et la décision de Les procès-verbaux de noyade ou pas toujours les plus loin- cruciale, et même vitale (le son mais aussi lorsqu’il peut servir à ment lui procurer l’injection létale mourir “ici” ou “là-bas” est, à notre de naufrage disent le nombre de tains. L’enquête sociologique mot n’est pas déplacé), procurer une mort calme et douce », qui le délivrera. sens, le ressort fondamental de la clandestins, prêts « au risque de L d’Isabelle Coutant commen- L mérite d’être abordée de pourrait donner une belle ligne de A contrario, on se demande com- migration, le “négatif” de la vie de leur vie à tenter l’impossible ». ce en face de chez elle, dans un façon directe. Ce livre contient des conduite à nos actuels médecins, ment un tribunal a bien pu condam- l’immigré. » A partir de cette forte Ceux qui recensent la violence immeuble décrépi d’un arrondisse- témoignages bouleversants, qui à ceux qui s’acharnent par principe. ner un gynécologue « qui avait conviction, Yassine Chaïb a entre- aveugle dressent la litanie des ment populaire du nord de Paris, où eux seuls lui donnent son sens et Mais on peut regretter que toute administré une substance létale à un pris une recherche qu’il a menée meurtres subis. Vient ensuite la quatre familles de squatters se sont son intérêt. Pourquoi les avoir pris la place n’ait pas été laissée au plus bébé de trois jours gravement handi- de façon rare : il a analysé 3 500 longue cohorte des morts par établies. Ce quartier, encore habité en sandwich entre l’introduction important : la voix des agonisants, capé, réputé incurable et souffrant dossiers de décès à l’étranger au alcoolisme, overdose, suici- par une majorité d’ouvriers et d’em- d’un ancien ministre et le commen- la voix des suppliciés. Ces voix, de façon insupportable »… Et on s’in- ministères des affaires étrangè- de – des jeunes gens pour la plu- ployés, s’est embourgeoisé à la fin taire d’un philosophe très en vue ? Catherine Leguay, responsable digne d’apprendre que le docteur res tunisien; il a travaillé dans l’en- part – avant celle des victimes des des années 1980, avec l’arrivée de Pourquoi les avoir enveloppés de la administrative de l’ADMD (Associa- Duffaut, « dénoncé par un collègue treprise de pompes funèbres violences inter ou intra-commu- cadres moyens attirés par le prix abor- caution de célébrités, truffées de tion pour le droit de mourir dans la pour avoir abrégé de quelques heures Roblot, où il jouait le « beau rôle nautaires. dable du mètre carré. Dix ans plus Prix Nobel ? Est-ce par mesure de dignité), les entend quotidienne- la vie d’une patiente hémiplégique de de gardien de l’isthme funérai- Une fois qu’elle est advenue, tard, avec la crise immobilière, la précaution, car l’euthanasie soulè- ment, et c’est le principal mérite de quatre-vingt-treize ans, rongée par la re vers le pays natal » ; enfin, il a donc, et parce que « la mort en valeur des logements a baissé, les pro- ve encore des débats violents et se son livre de nous transmettre leur gangrène et dans le coma, fut suspen- scruté les secteurs militaires et con- situation d’immigration traverse grammes de rénovation ont été arrê- pratique – car elle se pratique sou- message, pressant, désespéré. La du d’exercice professionnel pendant fessionnels des cimetières musul- des frontières, frontières géographi- tés et, dans les îlots les plus vétustes vent – en pleine illégalité ? voix de cette femme « paraplégique un an ». mans de Bobigny et de Berlin. ques mais aussi frontières entre abandonnés par une partie de l’an- Certes, ces apports extérieurs ne depuis dix-sept ans. Il m’est intoléra- Oui, en abrégeant la souffrance Son livre, tiré d’une thèse en deux savoirs », reste à gérer un cienne population ouvrière, de nou- sont pas inintéressants. Lorsque ble de continuer à supporter mes d’autrui, le soignant tombe parfois sciences politiques, est plein de cadavre ou plutôt « le double veaux occupants, immigrés et dému- Henri Caillavet raconte qu’il a aidé manques et les faire endurer. Je suis sous le coup d’une loi incohérente, douleur et de questions. La mort corps de l’immigré (…) le corps natu- nis, se sont installés, parfois illégale- à mourir son père, qui « refusait les dans l’incapacité de mettre moi- alors qu’en réalité l’euthanasie se en exil pose en effet brutalement rel chosifié par le cercueil, et le ment. premières atteintes de l’âge, lesquel- même fin à mes jours ». La voix – pratique régulièrement, à la sauvet- les questions de vie : rares sont les corps de l’Homo economicus avec Isabelle Coutant restitue l’itinéraire les, à la longue, risquaient de débou- maintenant éteinte, grâce à une te, dans tous les hôpitaux et clini- défunts dont le retour se ferait au sa parure de mort (et ses effets per- et la vie précaire des squatters, mais cher sur un délabrement » et qui, à injection de son médecin – de cette ques de France. Une infirmière ne terme d’une vie tranquille. Vieux, sonnels) ». Cela demande des lias- aussi les multiples réactions que leur quatre-vingt-dix ans, « n’avait plus toute jeune fille qui a supplié, ainsi rapporte-t-elle pas qu’un médecin- les hommes ont souvent perdu le ses de documents, le respect de présence suscite. On découvre ainsi le le goût de persévérer à vivre »,on que ses parents, qu’on abrège sa fin chef s’est un jour écrié : « Alors, qui contact avec la terre d’origine, règlements internationaux très malaise des représentants de l’Etat, comprend que l’euthanasie, ce n’est de vie devenue un martyre quasi est-ce qu’on dessoude ? » Il man- comme celui qui confie : « J’ai per- stricts qui exigent des cercueils écartelés entre la défense du droit de insoutenable. La voix de Paul, souf- quait d’appareils respiratoires… Un du ma santé ici. J’ai pas mis d’ar- solides, entourés d’un double propriété et la reconnaissance d’un frant d’une maladie dégénérescente acte aussi important devrait pour- gent de côté. J’ai pas de maison : fond de zinc, et, bien sûr, pas mal droit au logement, ou les conceptions incurable des muscles et des os, tant s’accomplir au grand jour, en c’est la honte de revenir comme ça, d’argent. Pour Brahim H., on a dû divergentes des deux associations du dont « les instants de lucidité se résu- plein accord et en pleine demande il faut de l’argent. L’Algérie je vendre les biens du défunt : « Une quartier, celle des « vieux », animée maient à un long calvaire » et qui a des proches, et surtout du patient connais pas beaucoup, il faut de l’ar- caisse à outils vide (120 F), des mon- par des cadres quadragénaires pour imploré sa compagne : « Il suffit lui-même. gent. » La rareté et le mauvais état tres (70 F), appareil à photo (50 F), qui le squat symbolise la dégradation d’un geste pour me rendre la paix, Syl- On le voit, ce livre est un livre des carrés musulmans en Europe, des stylos à bille (35 F), lot n˚ 1 des lieux, et celle de jeunes rappeurs, vie. Un geste d’amour, tu sais… » jus- engagé, un livre coup de poing, un qui ne sont jamais autour d’une (120 F), vidéo (750 F), radio de socialement proches des squatters. qu’à ce qu’elle accepte d’augmenter livre d’action, qui oblige à s’impli- mosquée, rendent douloureuse poche (100 F). » Ce qui est bien Derrière les commentaires divers, les ses doses de morphine. quer, qui interpelle l’opinion et les l’inhumation sur place. Si, comme peu, et encore moins quand on préventions du commissaire, l’hostili- Certains cas évoqués nouent la pouvoirs publics pour qu’une l’écrit Chaïb, « la mort est (…) parti- sait que ces comptes doivent aussi té des uns, la solidarité des autres, ou gorge. On se demande comment on vraie loi voie enfin le jour. Et le culièrement symbolique d’un enraci- s’interpréter à la lumière de la encore l’attitude contrastée de ces peut hésiter à voler au secours de lecteur, à peine le livre refermé, a nement des Maghrébins ; ceux-ci notion de dette : dette à payer gardiens d’immeuble votant FN et personnes criant leur déchéance. envie de courir, toutes affaires ces- s’enracinent, si l’on peut dire, par pour que le projet de migration défendant les « bons squatters » Alors on suit volontiers le docteur santes, rédiger son « testament de leurs morts qu’ils enterrent en Fran- fasse sens, dette envers les pères conformes aux normes, la densité Senet, notre guide tout au long du fin de vie ». ce », il reste bien du travail pour et les héritiers. des peurs sociales se révèle. livre. Il ne cache pas les quarante Xavière Gauthier que leur fin soit digne. Michel Samson Nicole Lapierre VIII / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 chroniques b

ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet L’Europe à géographie variable

inévitable ». L’Europe est « une tradition inventée », plus enclines à composer ou bien (veut-on) maintenir Valeur, prix, droit LA RÉPUBLIQUE EUROPÉENNE au sens d’Eric Hobsbawm. On pourrait dire aussi une influence nationale maximale, au risque de se de Michel Foucher. qu’elle est un mythe mobilisateur ayant survécu à priver du levier européen sur le théâtre des grandes Belin, 152 p., 98 F (14, 94¤). son objet initial. Après la deuxième guerre mondia- négociations mondiales et de la gestion des crises le, l’Europe avait pour but d’abriter la réconcilia- dans les sphères d’intérêt de l’Europe politique ?»Il LE DROIT, L’ÉTAT ET LA CONSTITUTION DÉMOCRATIQUE éographe, professeur à l’université de tion franco-allemande ; pendant la guerre froide, semble que pour Michel Foucher la réponse se Essais de théorie juridique, politique et constitutionnelle Lyon, Michel Foucher est aussi direc- elle était l’avant-poste du monde euro-atlantique trouve dans une Europe plus efficace, mais ce n’est d’Ernst-Wolfgang Böckenförde. teur du Centre d’analyse et de prévi- face à l’URSS. Ces deux raisons ont disparu avec la pas toujours celle de la politique étrangère officiel- Réunis, traduits de l’allemand et présentés par Olivier Jouanjan, G sion du ministère des affaires étrangè- chute du mur de Berlin et l’effondrement du com- le, par impossibilité pratique ou par manque de avec la collaboration de Willy Zimmer et Olivier Beaud, res et, à ce titre, proche conseiller du ministre. Ce munisme. Aujourd’hui, l’Europe, identifiée à conviction. Bruylant (rue de La Regence, 67, 1 000 Bruxelles, Belgique, Diffusion qu’il dit de l’Europe n’a donc pas seulement une l’Union européenne, est devenue un principe orga- A l’extérieur, l’Union européenne a vocation à LGDJ), 318 p., 350 F (53,36¤). valeur académique mais sert d’arrière-fond à une nisateur du continent, auquel veulent participer projeter la stabilité, la sécurité et si possible la pros- politique, même si cet apport théorique ne fait pas tous les Etats se réclamant d’elle à des titres divers. périté au-delà de ses frontières mais sans que cel- es Allemands connaissent beaucoup mieux la France que les toujours l’objet d’une perception immédiate dans L’Union doit donc faire face à deux types de les-ci coïncident avec la totalité du continent, car Français l’Allemagne. Ce qui s’observe dans le tourisme est égale- les négociations. Pourtant, derrière les solutions défis qui ont été traditionnellement placés sous le « une telle évolution marquerait clairement la fin de ment vrai dans d’autres domaines, et particulièrement dans celui technocratiques inventées pour satisfaire telle ou vocable « d’approfondissement »et« d’élargisse- l’Europe comme processus de convergence politique L du droit. Les trop rares traductions d’ouvrages allemands dans telle revendication, il existe une réflexion qui inspi- ment ». L’auteur déplace quelque peu l’accent. Il maîtrisée ». D’ailleurs les Quinze ont fixé des critè- notre langue sont de véritables aubaines sur lesquelles il faut se jeter re les décisions, ou tout au moins les éclaire et leur s’agit pour lui, dans l’organisation interne de res d’appartenance, non des limites. L’Union se pour réduire quelque peu un déséquilibre stérile et, pour tout dire, humi- donne un sens au-delà du simple arrangement con- l’Union, de tenir compte de la « résistance inatten- définit plus par la politique que par la géographie, liant pour le coq gaulois. Avec ces textes du grand juriste allemand Ernst- joncturel. Quand Michel Foucher parle de « Répu- due des nations » et, dans ses liens avec l’extérieur, ou plutôt elle est « à géographie variable ». Distin- Wolgang Böckenförde, non seulement nous avons accès à tout un pan de blique européenne », il entend « un système de de fixer des limites. Dans l’ordre interne, l’Union se guer l’Europe politique de l’Europe géographique la culture germanique, mais encore pouvons-nous nous rendre compte à coexistence d’Etats-nations ayant accepté volontaire- définit par un lien étroit entre fonctionnement et ou l’Europe-puissance de l’Europe-espace, pour quel point de minutie et d’intelligence est comprise la pensée française ment des pratiques de cosouveraineté ». Et c’est projet. Michel Foucher pose la question existentiel- reprendre une opposition introduite par Valéry de l’autre côté du Rhin. Il ne s’agit pas d’un livre, hélas !, mais, comme le bien le mode d’exercice de cette cosouveraineté le de la diplomatie française : « L’Europe politique Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, ce n’est pas veut l’économie éditoriale de notre époque, d’une réunion d’essais, un qui était en question à Nice, entre des Etats- est-elle autre chose que la poursuite d’intérêts natio- ériger un nouveau limes au milieu du continent. peu frustrante pour le lecteur. L’ensemble produit n’en est pas moins nations qui ont compris que leur existence dépend naux d’Etats qui, logiquement, sortiraient renforcés C’est penser les confins européens en tant que d’une très grande richesse, et d’une remarquable actualité dans de nom- de leur appartenance à un ensemble plus vaste, du compromis communautaire, ou marque-t-elle au « zone » où les rapports avec l’Union européenne breux domaines. mais qui dans le même temps répugnent à aban- contraire une érosion inéluctable de souveraineté des répondraient à des gradations. L’appartenance à Faire remonter l’« aventure de l’Etat moderne », comme le fait l’auteur, donner les attributs d’une souveraineté sans les- nations, par abandons successifs, au profit d’une élite l’Union n’est pas un droit ; on peut être européen non pas seulement au Testament politique de Richelieu mort en 1642, ni à quels ils ne sont plus rien. européenne ? », mais n’importe laquelle, une élite sans en être membre. François Mitterrand avait l’Edit de Nantes (1598), ni à la déclaration de neutralité religieuse de A plus d’un titre, cette « République européen- « jugée non légitime ». Comment cette élite pour- pensé dès décembre 1989 à une « confédération Michel de l’Hospital devant le conseil du Roi en 1562, mais plus loin enco- ne » est encore un « laboratoire ». Elle s’interroge rait-elle gagner en légitimité, sans nouveaux aban- européenne », qui fut rejetée par ceux-là mêmes re, à la querelle des investitures (1057-1122) opposant la papauté à l’empi- sur son passé, parfois en le réinterprétant pour y dons de souveraineté au profit d’institutions légiti- auxquels elle était destinée. Elle souffrait alors de re, voilà qui met utilement en perspective la crise actuelle du politique. dénicher des raisons d’être qui ne s’y trouvent pas. mées démocratiquement, qu’il s’agisse d’un Parle- nombreux handicaps et surtout d’un défaut d’expli- Dans la lignée de Savigny (1779-1861), fondateur de l’école historique L’Europe, écrit Michel Foucher, ne doit pas signi- ment digne de ce nom ou d’un gouvernement cation. Pour tous les pays européens qui ne peu- allemande, tout en la contredisant, fier la quête d’un paradis perdu qui, par une démar- européen ? En d’autres termes, « veut-on une Euro- vent pas répondre aux critères fixés par l’Union, il était nécessaire de faire le point che mécaniste, rendrait l’Europe « historiquement pe plus efficace au prix de souverainetés nationales elle est certainement une idée digne d’être reprise. Réunis, les essais sur l’historicité du droit, et l’auteur du juriste allemand s’y emploie avec une dextérité éblouissante, ne manquant pas de POLITIQUE Böckenförde nous citer Thomas d’Aquin : « Une mesu- re doit être homogène à ce qui doit b par Thomas Ferenczi La responsabilité de l’historien être mesuré. » Décortiquer les com- renvoient un point plexités du « Rechtsstaat », dont la traduction en « rule of law »ouen qui repose en partie sur son expertise : une com- pas, comme le craignait Henry Rousso, d’être de vue des plus « état de droit » n’est qu’approxi- LA RÉPUBLIQUE A BESOIN D’HISTOIRE mémoration, un procès voire une décision gouver- « mise à mal ou instrumentalisée », ce qui justifiait mative, permet une incursion fruc- Interventions nementale. leur abstention ? Tout dépend du rôle qui leur pertinents sur la pensée tueuse dans la pensée allemande. de Jean-Noël Jeanneney. Ainsi, chargé d’organiser la célébration du Bicen- était assigné, répond Jean-Noël Jeanneney. On Retracer les linéaments qu’elle a Seuil, 254 p.,120 F (18,29 ¤). tenaire de la Révolution française, Jean-Noël Jean- n’attendait pas d’eux qu’ils profitent de l’occasion juridique, politique tirés de la Déclaration des droits de neney fut-il conscient de la « contradiction possible pour instruire la nation ou pour « dire le vrai » sur l’homme et du citoyen de 1789, UNE IDÉE FAUSSE EST UN FAIT VRAI entre les exigences de la connaissance scientifique et son passé. En revanche, ils pouvaient « aider à et constitutionnelle c’est offrir un miroir troublant à Les stéréotypes nationaux en Europe celles de la commémoration ». Là où l’historien s’at- mieux rendre la justice ceux qui en ont la tâche, nos propres grimaces. Démontrer sous la direction de Jean-Noël Jeanneney, tache à décrire la complexité du réel sans négliger magistrats et jurés », en luttant en particulier con- française à quel point le pouvoir constituant éd. Odile Jacob, 230 p., 145 F (22,11 ¤). ses aspects négatifs, le « commémorateur » se pro- tre l’anachronisme. du peuple est une bizarrerie « àla pose de valoriser un grand moment de l’Histoire L’anachronisme, en effet, voilà l’ennemi. Jean- limite du droit constitutionnel », voilà qui devrait intéresser tout théori- istorien, Jean-Noël Jeanneney est aus- de France, quitte à gommer ce qui va à l’encontre Noël Jeanneney s’y attarde particulièrement dans cien de l’Etat, et Böckenförde montre ici une connaissance très précise si, depuis près de vingt ans, un acteur de cet objectif. Contradiction assumée sans un article sur le procès du sang contaminé. Cette des avanies juridiques de la Ve République, précisément le référendum de la vie politique française : il fut regrets par Jean-Noël Jeanneney, pour qui la Mis- « dérive intellectuelle », qui conduit à juger le passé ratifiant les accords d’Evian (8 avril 1962) et celui qui a permis l’élection H dans les années 80 président de Radio- sion du Bicentenaire avait « vocation à organiser en se fondant sur les connaissances du présent, du président de la République au suffrage universel (6 novembre 1962). France puis de la Mission du Bicentenaire de la les fêtes et à leur donner leur sens civique » et non à écrase la chronologie et induit « une vision linéaire Mais c’est sans doute sur le problème de la valeur que l’auteur se mon- Révolution avant de devenir secrétaire d’Etat au « dire une vérité historiographique ». Aussi fallait-il du temps écoulé ». En la combattant, l’historien tre le plus aigu et le plus proche des préoccupations du moment. commerce extérieur puis à la communication ; élu « prendre grand soin, en termes pratiques et en ter- n’éclaire pas seulement la réflexion des politiques Le point de départ de Böckenförde est ici la décomposition de la conseiller régional de Franche-Comté en mes intellectuels, de distinguer les deux ordres ». sur « les précédents, les héritages et la longue notion philosophique classique de nature. Devenue empiriquement 1992 avec le soutien du PS, il fut, l’année suivante, L’auteur se défend d’avoir tenté de cantonner la durée », il aiguise leur regard en leur enseignant mesurable, la nature est radicalement objectivée. De ce type d’être, on ne candidat (sans succès) aux élections législatives. commémoration, par volonté consensuelle, dans « l’enchaînement des événements ». Voilà pour- peut plus tirer ni bien ni devoir-être. Pour la fondation d’une éthique et Bref, au-delà de l’engagement classique des intel- des généralités sur les droits de l’homme. Il affir- quoi, comme l’écrivait l’historien grec Polybe, cité du droit, il fallait donc trouver une autre forme d’énonciation, sauf à ne lectuels français, Jean-Noël Jeanneney a toujours me n’avoir pas cherché à masquer les désaccords par Nietzsche, « l’étude de l’histoire politique consti- plus préserver l’être humain comme être libre et responsable. Le concept cherché à maintenir de front son travail de cher- que l’événement révolutionnaire continue de susci- tue la meilleure préparation au gouvernement de de valeur, alors mis en circulation, semble être le « succédané du vieux cheur et l’exercice d’importantes responsabilités ter dans l’opinion. Mais sa démarche était avant l’Etat ». concept de nature ». Il n’en est rien. Le nouveau concept s’inscrit en fait publiques, quitte à mettre en sommeil l’un ou tout, dit-il, « de promouvoir et d’illustrer des valeurs Autre fonction de l’historien : la lutte contre les d’emblée dans le dualisme de l’être et du devoir-être. Dualisme que l’autre. On ne s’étonnera donc pas que les rela- simples et fortes » en choisissant la voie non d’«un stéréotypes qui offrent « aux esprits que peut déso- l’auteur qualifie de néokantien on se demande pourquoi puisqu'on peut tions entre ces deux activités soient au cœur de sa détournement politicien » mais d’« une valorisation rienter la complexité du monde », comme l’écrit le faire remonter au moins à Hume. réflexion. civique ». « Quant à la complexité des forces histori- Jean-Noël Jeanneney en introduction à un ouvra- « La valeur n’est pas, elle vaut », nous dit Böckenförde. Que signifie Les divers textes rassemblés par l’auteur – arti- ques, ce n’était ni l’occasion ni le lieu de l’exprimer, ge collectif sur ce thème, « le confort et la familiari- cette formule lapidaire ? Que le caractère d’obligation est directement cles, communications, entretiens – ont en explique-t-il. Mais donner envie à beaucoup de té d’un tableau bien ordonné ». Les relations franco- transporté au-dedans même des valeurs, sans besoin pour cela de recou- commun, pour la plupart, d’examiner la façon mieux s’en informer, certes oui. » allemandes en donnent, de part et d’autre, de mul- rir à une volonté qui la commanderait ou à une justification tirée de dont l’expérience de l’historien enrichit celle du Telles sont les limites du genre. Telle est aussi tiples exemples, qu’on lira avec intérêt. Faute de l’être. Un pont serait-il donc établi qui permettrait de passer du devoir- politique et dont se conçoit « l’usage de l’Histoire l’une des formes que peut prendre la « responsabili- pouvoir les éliminer, autant s’efforcer de « les faire être à l’être ? Il faudrait pour cela pouvoir hiérarchiser les valeurs. Le en politique ». Pour que cet usage soit légitime, la té civique » des historiens. On en trouve une autre servir aux desseins collectifs ». Puisque, selon le titre peut-on ? Réponse : « Conformément à l’origine économique de la notion première condition, la plus impérieuse, est que expression dans leurs relations avec la justice. de l’ouvrage, « une idée fausse est un fait vrai »,la de valeur et l’attestant, la relation prix-valeur trouve inévitablement à s’intro- l’on ne confonde pas les rôles, même quand le Devaient-ils, ou non, accepter de témoigner au mission de l’Histoire et celle de la politique, une duire dans la pensée axiologique. Ainsi la valeur suprême exige-t-elle le prix savoir de l’historien est mis au service d’une cause procès Papon ? La vérité historique ne risquait-elle fois de plus, se complètent sans se confondre. le plus élevé. ». Saluons au passage cette jonction qui est faite ici avec l’économie. Pour autant le droit est-il fondé sur la valeur ? L’auteur en doute, ne SOCIETE voyant dans l’invocation des valeurs qu’« une justification de façade ». Les vannes seraient ainsi ouvertes à l’afflux de systèmes de valeur subjec- b par Cécile Prieur Systèmes carcéraux tifs, ou de valeurs qui prédominent à un moment donné, ou même qui semblent seulement prédominer. Ainsi du respect de la dignité humaine, du droit à la vie, de l’autodétermination. Ces valeurs ne peuvent qu’en- S’appuyant sur les propos des condamnés Leur identité sociale est d’autant plus difficile trer en conflit les unes avec les autres. Le dénouement prend alors la for- PRISON, UNE ETHNOLOGUE recueillis lors d’entretiens confidentiels, l’ethnolo- à trouver qu’ils se confrontent, également, au me d’une mise en balance pour laquelle les valeurs en opposition fonc- EN CENTRALE gue montre comment les détenus se sont cons- regard du personnel pénitentiaire. Léonore Le tionnent comme des variables. Variable donc la valeur de la vie dès lors de Léonore Le Caisne. truits un système interne de normes sociales, qui Caisne montre comment le surveillant doit se que cette vie est une valeur juridique ! « L’admission par l’ordre juridique Ed. Odile Jacob, 394 p., 140 F (21,34 ¤). leur permettent de se catégoriser entre eux et de « distinguer du détenu dont il a la charge, en faire de la mort donnée à des milliers d’enfants non encore nés, remarque se situer personnellement dans un collectif. Des un Autre que lui-même et le maintenir à distance. l’auteur, est ainsi présentée et justifiée comme le résultat d’une mise en rop souvent, les ouvrages sur la prison figures comme le « politique »,le« braqueur » A la fois pour sauvegarder sa situation d’homme balance des valeurs, et même d’une mise en balance des valeurs suprêmes. » se partagent entre deux figures de style : ou le « pointeur » (délinquant sexuel) émaillent libre, parer tout risque d’assimilation, mais aussi Le droit est alors fondé sur élément instable, le consensus axiologique témoignages d’anciens détenus et de les témoignages. S’y ajoutent celles du « DPS », pour “agir sur” lui et légitimer ses techniques d’em- à un moment donné, soumis dans une société pluraliste à de fréquents T personnels exerçant dans les établisse- le détenu particulièrement surveillé, qui force prise et de discipline ». Cette mise en altérité du changements. Renonçant à vérifier ce consensus quant à son contenu au ments pénitentiaires ou monographies spéciali- l’admiration de ses codétenus, et celle du « perpè- détenu passe d’abord par « sa désingularisation moyen de critères extra-consensuels (lequel ?), l’adoptant au contraire sées des aspects de la détention (santé, suicides, te », qualification qui ne vaut que pour les hom- et son assimilation aux autres condamnés ».Le comme une instance au-delà de laquelle on ne peut plus questionner, on travail, étrangers…). Le livre de Léonore Le Caisne mes, craints, qui ont tué un policier ou un autre personnel se représente donc le condamné com- s’adonne en fait à ce que l’on croyait avoir évité, le positivisme dans sa échappe heureusement à cette dichotomie. Alors « voyou ». Enfin, les détenus se partagent au quo- me un individu naturellement dangereux, mem- forme la plus sauvage, le positivisme au jour le jour. Dans cette opération étudiante en thèse d’ethnologie, Léonore Le tidien entre les « mecs bien », repères identitaires bre d’une espèce à part, aux « besoins primai- la question de la justesse n’est même plus posée. Effroyable constat. Caisne a passé deux ans à la maison centrale de des hommes qui taisent leur crime et restent fidè- res ». Poissy (Yvelines), entre 1992 et 1994, pour y ren- les à un code d’honneur, et les « sales types », stig- Mais cette image collective n’est, elle aussi, contrer les quelque 200 détenus qui y sont incarcé- matisés, dont l’image sert de repoussoir. guère tenable. Elle se confronte à la mission de rés. Le fruit de ses travaux, publié sous le titre Pri- Léonore Le Caisne explique ainsi que la « réinsertion » de l’administration pénitentiaire, son, une ethnologue en centrale, offre une grille de plupart des détenus de Poissy, incarcérés pour qui doit pouvoir croire qu’elle peut resocialiser PASSAGE EN REVUES lecture nouvelle sur cet univers clos, qu’elle quali- meurtre, viol ou trafic de stupéfiants, évoluent les détenus. L’ethnologue analyse très finement fie de « lieu de déconstruction en soi ». dans ces différentes catégories qui leur permet- les étapes du parcours carcéral qui fera d’un indi- b « La Voix du regard » Se référant aux travaux du sociologue améri- tent de construire leurs relations carcérales. vidu jugé mauvais un « bon détenu » susceptible Deux cents pages d’articles critiques, d’interviews, de fictions et cain Erwin Goffman, qui avait analysé les interac- « Elles sont comme trois disques superposés à l’in- d’être libéré. Avec ce paradoxe ultime que cette d’illustrations inédites sur les tristes sires et leur clique sardonique tions sociales dans les prisons, les hôpitaux psy- terférence desquels les détenus se meuvent, se croi- évolution ne correspond en rien au parcours per- depuis longtemps échappée de nos cours de récré, les pervers, les chiatriques ou les casernes de militaires (1), Léono- sent et surtout construisent une image de soi et de sonnel des condamnés mais respecte le rythme ogres, les sorcières ou les très médiatiques tueurs en série, justement re Le Caisne offre une vision renouvelée des rela- l’autre. » Mais ces figures, caricaturales, leur per- de l’administration pénitentiaire et, au-delà, disséqués par le sociologue Denis Duclos dans un entretien. Fidèle à tions entre détenus et personnel pénitentiaire, qui mettent surtout de vivre dans « un faux-semblant celui de la société : « La représentation d’un déte- l’éclectisme de ses débuts il y a une dizaine d’années, La Voix du vivent dans une promiscuité constante alors qu’ils généralisé ». Elles jouent comme des paravents, nu qui évolue lentement permet finalement de fai- regard propose aussi bien des articles sur les méchants au cinéma sont engagés dans des logiques antinomiques. pour tenter d’échapper à leur culpabilité et à une re tenir le condamné jusqu’au moment où les rai- (ceux de Welles, de Spielberg, de Woo, de Carpenter, d’Ozon), qu’au Pour survivre au contact de ses codétenus, le con- logique insupportable : présentés d’un côté com- sons premières qui justifiaient son incarcération théâtre, dans la littérature contemporaine (à noter, une rencontre damné doit en effet endosser la figure du prison- me des « individus inhumains » au moment de tombent », explique l’auteur. Alors seulement, et avec Bret Easton Ellis) ou dans la bande dessinée (Enki Bilal notam- nier, celui qui se confronte à l’administration péni- leur condamnation, les détenus ne peuvent se après plusieurs longues années, « l’appel de la ment, interviewé dans ce numéro) et même sur Internet. Des analyses tentiaire ; dans le même temps, il doit pouvoir présenter comme complètement « bons » :de sortie » pourra devenir le temps du condamné. brillantes pour cette livraison d’automne, ponctuées ici ou là de notes répondre à la « logique de conformisation » que lui l’autre côté, ils doivent se dégager de cette stig- sarcastiques ou graves – sujet oblige (256 p., 100 F [15,24 ¤], 11, rue enjoint d’adopter le personnel pénitentiaire, s’il matisation et ne peuvent se présenter comme (1) Asiles, études sur la condition sociale des malades Henr-Martin, 94200 Ivry-sur-Seine). F. Dt veut un jour espérer pouvoir sortir de prison. totalement « mauvais ». mentaux (Minuit, 1990). enquête LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 / IX b Diamond, vers un matérialisme écologique

té, renchérit Jean Guilaine, profes- te sur le poids des données environne- participe de ce que Jacques Lévy leur plus ou moins grande homogé- Déjouant les barrières seur au Collège de France et spécia- mentales. Ainsi, dans l’ascension de appelait en 1999 Le Tournant géo- néité en fonction des reliefs et du liste de la préhistoire, qui publie l’humanité, tout est joué avant que graphique (Belin) : « En tant que climat – qui devient à ses yeux le disciplinaires, ces jours-ci Le Sentier de la guerre l’écriture n’apparaisse, puisque ce géographe, sourit-il, je bois du petit facteur central : « Le livre de Dia- (Seuil). Chacun sait pourtant que les sont les berceaux agricoles qui consti- lait ! Car si l’on peut contester telle mond reprend le grand débat qui le biologiste américain avancées se font souvent aux mar- tuent le détonateur. C’est là que com- ou telle de ses hypothèses, Diamond divisait l’anthropologie au début du ges. Certains ont déjà tenté de cons- mence l’Histoire, et ce qui me séduit, n’en démontre pas moins l’importan- siècle, précise l’anthropologue Phi- mbrasser treize mille propose une fresque de truire des passerelles, mais le plus c’est la forte intégration des données ce fondamentale du raisonnement lippe Descola, professeur au Collè- ans d’aventure humaine à travers l’histoire humaine souvent autour d’une discipline- archéologiques dans la démonstra- géographique dans l’explication de ge de France. D’un côté, un évolu- Eles cinq continents et en quelque pivot. Chez Diamond, au contraire, tion. En ce sens, son ouvrage a une l’histoire humaine. Certains non-géo- tionnisme qui avait tendance à être cinq cents pages, voilà aujourd’hui la volonté de briser les barrières disci- tonalité très braudelienne. » graphes persistent à réduire l’espace unilinéaire, et pour lequel l’humani- un projet bien audacieux. Car à depuis 13 000 ans plinaires est le levain encyclopédi- Ainsi Jared Diamond, tout en à une simple projection des autres té passait obligatoirement par un cer- l’heure où le plus simple appel au que de la démonstration. Si bien brassant de multiples savoirs, privi- réalités : on étudie les “vraies cau- tain nombre de stades bien définis. dialogue interdisciplinaire se heur- propre à expliquer qu’à la limite, on ne sait plus très légie-t-il une cause ultime dont il ses”, et le rôle de la géographie Et, de l’autre, un diffusionnisme qui te trop souvent au mur de la spécia- bien quelle est la spécialité du bon- fait la clé de l’évolution humaine : serait seulement de les inscrire sur localisait le foyer d’une innovation, lisation, les grandes sommes à l’inégalité des sociétés à homme ! » les milieux naturels, qui auraient une carte… Diamond, lui, reconnaît pour voir ensuite comment elle se vocation globalisante suscitent Au sein même du domaine histo- franchement que l’espa- répandait. Ce qu’il y a de malin dans défiance et perplexité, soupçon- l’aune de la géographie. rique, Jean Guilaine salue chez Dia- ce est un élément actif le néo-évolutionnisme de Diamond, nées par avance de toutes les velléi- mond le rejet d’une césure, à ses Jean Birnbaum dans la dynamique des c’est qu’il intègre très largement la tés vulgarisatrices et déma- Lectures croisées yeux aussi trompeuse qu’arbitrai- sociétés, notamment perspective diffusionniste, pour expli- gogiques. re, qui aboutit parfois à retrancher été plus ou moins propices au déve- quand on se penche sur la longue quer la circulation, à travers l’Eura- Professeur de physiologie à la d’un historien, un peu vite la préhistoire de l’His- loppement de l’agriculture et, par- durée historique. ». sie, des principaux cultigènes et ani- faculté de médecine de l’université toire – celle de l’écriture. Dans ce tant, de toute la civilisation, depuis Aussi, selon le professeur de Los maux domestiques qui constituent le de Californie (Los Angeles), auteur d’un géographe et livre, en effet, c’est la lente inven- les techniques jusqu’à l’Etat, en pas- Angeles, le stock d’espèces domes- kit de l’alimentation mondiale d’un ouvrage paru en 1997 et intitu- tion de l’agriculture qui devient sant par la religion. Si les sociétés ticables disponible pour telle ou tel- contemporaine.» lé Germs, Guns and Steel, Jared Dia- d’un anthropologue l’événement discriminant, la ruptu- eurasiennes ont pu partir les pre- le société fut-il d’une importance Pourtant, ne faut-il pas pointer mond se propose pourtant de cons- re décisive : « Diamond pose une mières à la conquête du monde, cruciale, puisque de ce stock dépen- les limites d’une lecture par trop truire en toute sérénité « la grande ques Lévy, qui enseigne à l’universi- question qui n’a cessé d’interpeller : c’est qu’elles bénéficiaient de condi- dait la possibilité ou non de fran- environnementale des comporte- synthèse nécessaire » propre à té de Reims et à Sciences-Po Paris. dans la mutation vers l’agriculture, tions environnementales particuliè- chir le pas de la production alimen- ments humains ? « A coup sûr, ajou- résoudre la question des origines « La pluridisciplinarité demeure sou- l’environnement a-t-il joué un rôle rement favorables ; telle est pour taire. Mais du point de vue de la dif- te Philippe Descola, on pourrait du monde moderne, en élucidant vent un idéal, car certaines matières essentiel ou l’homme est-il seul Diamond, en dernière instance, la fusion de ces innovations, ensuite, reprocher à Diamond d’être parfois l’énigme des disparités entre les installées dans le pouvoir universitai- acteur de son destin ? Sans nier la raison d’une domination qui fut c’est l’orientation des un peu péremptoire. Par exemple, il sociétés, depuis le temps des chas- re demeurent rétives à la perméabili- part de l’inventivité humaine, il insis- longtemps sans partage. En cela, il continents – leur axe, mais aussi ne voit pas qu’en ce qui concerne la seurs-cueilleurs jusqu’à l’ère de la domestication, il n’y a aucune auto- conquête spatiale. Signé par un maticité : un animal a priori domesti- savant de réputation internationa- cable peut très bien ne pas être le et récompensé par le prix Pulit- domestiqué, et ce pour des raisons zer, ce livre fut solidement installé, non pas biologiques, mais culturel- près de deux années durant, dans les. Ainsi la domestication du renne, la liste des best-sellers du New York en Eurasie, ne s’est pas accompa- Times. Aujourd’hui traduit chez gnée de sa domestication en Améri- Gallimard, il est désormais disponi- que subarctique, tout simplement ble en français sous un titre auquel parce que les Indiens n’entrete- son éditeur a donné des accents sin- naient pas le même rapport à l’ani- gulièrement rousseauistes : De l’iné- mal que les Lapons du Nord sibé- galité parmi les sociétés. rien. Et c’est la même chose pour Que penser d’une telle fresque nombre d’oiseaux et de mammifères historique ? Diamond n’est-il pas des forêts d’Amazonie ! » victime de ce fameux mythe des ori- Alors, en prétendant trouver gines qui n’en finit pas de travailler dans les contraintes physiques le l’imaginaire scientifique ? Et si, secret des inégalités parmi les socié- pour lui, ce ne sont pas les hom- tés, Jared Diamond ne cède-t-il mes qui sont inégaux, mais les envi- pas, au bout du compte, à un déter- ronnements dans lesquels ils sont minisme écologique hanté par le plongés, comment évaluer le déter- fétichisme du décor ? Non, répond minisme géographique qui sous- pour finir Jacques Lévy, tout en tend l’ensemble de sa construction mettant en garde contre la tenta- théorique ? Nous avons demandé tion naturaliste d’ignorer le lien à trois spécialistes français de indissoluble de l’espace à la société répondre à ces questions. A com- qui le fabrique : « Les miracles mencer par celle du décloisonne- n’existent pas, et sauf à avoir une ment intellectuel dont est porteur approche religieuse de l’homme, il y le livre. Car c’est là que se trouve a forcément dans l’Histoire des cau- peut-être la première originalité de ses naturelles initiales. En cela, Dia- cet ouvrage écrit par un esprit capa- mond a globalement raison. A condi- ble de mobiliser aussi bien l’archéo- tion toutefois de rappeler que la logie que la génétique, la biologie nature en soi n’existe pas, qu’elle est moléculaire ou l’histoire : «Je un objet social d’un bout à l’autre, et regrette que ce soit un naturaliste que ce dont il s’agit ici, c’est de la qui fasse l’interdisciplinarité des manière dont les sociétés humaines sciences sociales. Avec ce livre, il sou- traitent leur environnement comme ligne tout ce que nous ne savons pas un ensemble contradictoire de res- PIERRE DE VALIOMBREUSE faire… », estime le géographe Jac- Membre de la tribu Tawbatu (Philippines) de retour de la chasse aux escargots sources et de contraintes. » Les semences de la guerre « La culture ne se développe pas sous vide ! » S’attaquant au délicat sujet des inégalités, le physiologue mobilise la biogéographie Répondant à ses détracteurs, Jared Diamond insiste pour dissiper les vieux fantasmes du racisme et de la théorie des climats sur le rôle des données biologiques dans l’évolution des sociétés

politique de son geste : « Tant que que nous appelons (pour le meilleur « Physiologue, spécialiste de biolo- – Que répondez-vous à ceux qui influent sur le cours des choses DE L’INÉGALITÉ PARMI nous ne disposerons pas d’une expli- et pour le pire) civilisation » décou- gie de l’évolution, votre culture est vous reprochent de méconnaître humaines (pourquoi croyez-vous LES SOCIÉTÉS cation convaincante, détaillée et laient directement du passage à la plutôt celle d’un naturaliste. Jus- le rôle de la culture dans l’histoi- que l’histoire de France diffère de Essai sur l’homme acceptée de la configuration de l’his- production alimentaire, réalisé qu’où pensez-vous que le social est re humaine, et de flirter avec un celle du Tchad ?). Notre tâche est et l’environnement toire, la plupart des gens continue- pour la première fois, autour de explicable à partir du biologique ? déterminisme géographique de les étudier au plus près, tout dans l’histoire ront à se dire que l’explication biolo- 8500 av. J.-C., dans cette partie sud- – Il n’est guère possible de com- quelque peu mécaniste ? en sachant que sans la culture et de Jared Diamond. gique et raciste est, somme toute, la ouest de l’Asie qu’on nomme le prendre le développement de la – C’est le malentendu le plus nos aptitudes au symbolisme, l’es- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) bonne. » Croissant fertile. Ainsi donc, « qui culture humaine dans le long ter- courant. Loin de sous-estimer le pèce humaine en serait encore à par Pierre-Emmanuel Dauzat, Il se met donc en route, « aidé de veut comprendre les origines du me sans prendre en compte certai- rôle de la culture, je n’ai de cesse vivre dans la jungle et à se nourrir Gallimard, « NRF Essais », nombreux collègues et amis », avec monde moderne doit commencer nes données biologiques. Parmi d’écrire que, de toutes les espèces de termites. 492 p., 195 F (29,73 ¤). le bagage d’un physiologue qui par- par cette question : pourquoi la celles-ci, il y a tout spécialement la animales, c’est pour l’espèce court depuis plus de trente ans les domestication des plantes et des ani- répartition des plantes sauvages humaine qu’elle joue le plus – Centrée sur la transition néolithi- l est des investigations aux villages de Nouvelle-Guinée. C’est maux dans le Croissant fertile lui et des espèces animales domestica- grand rôle, et que les différences que, votre enquête peut-elle expli- enjeux bien délicats. A n’en d’ailleurs un homme politique a-t-elle donné une telle longueur bles de par le monde. Ainsi, le fait les plus importantes entre les quer l’inégale répartition des pas douter, l’enquête menée local nommé Yali qui lui fournit le d’avance ? ». qu’en Californie, région où je vis, hommes s’enracinent ici plutôt richesses en ce début du troisième I par Jared Diamond est de cel- prétexte de son expédition ; en Convoquant biologie et archéo- l’aliment de base – le gland du chê- que dans la biologie. Mais cela ne millénaire ? les-là, puisqu’elle porte sur une 1972, il demande à Diamond de lui logie, disséquant les mécanismes ne – ne soit pas domesticable, a eu signifie nullement que la culture – Assurément. Bien que mes tra- question sensible entre tou- expliquer la raison des contrastes de dispersion des « graines mutan- de grandes conséquences, puisque se développe sous vide ! L’envi- vaux portent en priorité sur l’émer- tes – les écarts de développement entre leurs sociétés respectives. La tes » ou les systèmes de défense les Indiens ne purent devenir agri- ronnement physique et biologi- gence de l’agriculture et les déve- qui divisent le monde moderne. Or réponse tiendra en quelques mots : immunitaire hérités de la cohabita- culteurs. Ils demeurèrent des chas- que fixe les limites externes de ce loppements qui en résultèrent, ils toute réponse unilatérale à cette les disparités entre populations tion avec le bétail, Diamond analy- seurs-cueilleurs, et cela à cause que la culture peut réaliser. Par sont néanmoins pertinents pour question ne peut que susciter la sont fondées non sur des différen- se donc un à un les facteurs biogéo- d’un simple détail de la biologie exemple, il était aisé pour les chas- comprendre le monde contempo- gêne, le soupçon : à prétendre ces innées, mais sur des écarts liés graphiques qui firent de l’Eurasie des plantes : l’amertume vénéneu- seurs-cueilleurs du Croissant ferti- rain. Aujourd’hui comme hier, il trouver la cause dernière de ces à l’environnement. le berceau des premiers grands cen- se des glands du chêne dépend de le de la Méditerranée orientale de est des milieux plus favorables au inégalités, ne risque-t-on pas de Ce que Diamond illustre par un tres de production alimentaire, et plusieurs gènes, en sorte que faire la révolution agricole, parce développement que d’autres. De les justifier, de les installer a poste- épisode historique célèbre : la cap- lui conférèrent la puissance politi- même de nos jours les généticiens qu’ils vivaient dans une aire qui plus, les sociétés qui furent les pre- riori dans les certitudes conforta- ture du dernier empereur inca par que, militaire et létale qui devait des plantes n’ont pu l’éliminer par disposait de plusieurs espèces de mières à développer l’agriculture bles de la fatalité ? Francisco Pizarro, en 1532. Si la permettre, hier, la conquête du la sélection. Dans l’aire méditerra- plantes et d’animaux sauvages il y a dix mille ans (le Croissant fer- D’emblée, Jared Diamond se petite troupe du conquistador monde. Aujourd’hui, son unifica- néenne, au contraire, des arbres domesticables. A l’inverse, faute tile et la Chine), ainsi que celles défend d’une telle tentation. espagnol vint si aisément à bout tion. Jusqu’à le menacer, demain, tels que les amandiers ou les pista- de disposer de telles espèces en qui en ont été le plus directement Conscient qu’il ne faut plus laisser des 80 000 soldats de l’empereur de destruction. chiers se sont révélés domestica- nombre, les aborigènes austra- issues (l’Europe, l’Amérique du le monopole de ces questionne- Atahualpa, explique-t-il, c’est J. Bi. bles. Raison pour laquelle nos épi- liens ne purent développer ni Nord et le Japon), prirent une ments aux tenants d’un naturalis- avant tout qu’elle bénéficiait des ceries regorgent d’amandes et de l’agriculture, ni les outils, ni l’écri- avance qui devint pour les autres me réactionnaire, il prend soin de avantages que procurait aux Etats e Signalons la parution d’un autre noisettes, mais pas de glands ! Voi- ture, ni les hiérarchies sociales sociétés, éloignées, elles, de la réfuter les vieux fantasmes déter- européens leur avance « sur la voie ouvrage de Diamond chez le même là donc un exemple parmi tant complexes. Il suffit d’insister sur zone originelle de la révolution ministes qui parasitent encore des fusils, des germes et de l’acier ». éditeur, consacré cette fois au pro- d’autres qui illustre combien la ces facteurs environnementaux agricole, un handicap difficile à trop souvent le sens commun Or cet avantage décisif résidait cessus d’hominisation, et intitulé Le compréhension de la biologie est pour être stigmatisé par les extré- combler. (racisme ou théorie des climats), d’abord dans « la force agricole », Troisième Chimpanzé, essai sur l’évo- nécessaire à l’intelligence des mistes culturalistes, alors que Propos recueillis et proclame haut et fort l’urgence car « villes, écritures, empires et ce lution de l’animal humain. sociétés humaines. c’est l’évidence même qu’ils par Jean Birnbaum. X / LE MONDE / VENDREDI 12 JANVIER 2001 actualités b

L’EDITION FRANÇAISE Le retour des Empêcheurs Mariage dans le Midi b Bonne année 2000 pour le livre. Après la reprise par Le Seuil, Philippe Pignarre continue la publication Les Editions du Rouergue, dirigées par Danielle L’année 2000 a été la meilleure depuis dix ans pour le marché du de « livres déstabilisants » dans le domaine des sciences humaines Dastugue, font alliance avec Actes Sud livre, selon Livres-Hebdo du 5 jan- vier. « En croissance sensible depuis près six mois d’absence Aujourd’hui, on peut se consacrer tourné vers les sciences sociales, ous aurons beau avoir, commercial et financier d’Actes le mois d’août, les ventes de livres sur la scène éditoriale, à 100 % au choix et à la réécriture avec une prédilection pour « tout comme en 2000, des crois- Sud. Le fait que ces maisons, amies devraient enregistrer sur l’année une les Empêcheurs de pen- des manuscrits ; on n’a même plus ce qui est psy », ainsi que pour sances de 20 %, si nous ne de longue date, soient toutes deux progression supérieure à 4,5 % », ser en rond sont de à se soucier de la fabrication, de l’histoire et l’anthropologie médi- faisons rien d’autre, nous du Midi (Arles pour Actes Sud, plus importante que celle de l’en- Aretour, installés dans une petite la diffusion ou de la comptabilité, cales ; une volonté maintenue de Ndeviendrons de plus en plus petits Rodez pour Le Rouergue) a facilité semble du commerce de détail. Les officine parisienne à deux pas du qui sont prises en charge par la bousculer les savoirs pour dans un monde où les autres sont de leur alliance. De même que leurs chiffres ne prennent pas en compte faubourg Saint-Denis. Créée en maison. En même temps, on a per- « empêcher les institutionnels de plus en plus gros. Les alliances sont profils relativement proches. Privilé- les résultats de décembre, générale- 1990 par Philippe Pignarre, cette du un peu de liberté, car cette fois ronronner » ; une fibre militante, nécessaires. » C’est ainsi que Daniel- giant la création et l’inventivité, les ment bon pour l’édition, mais, pour collection originale fut d’abord on a affaire à des éditeurs qui con- enfin, qui nourrit une tendresse le Dastugue, PDG des Editions du deux marques ont su, en un temps l’hebdomadaire, « tous les indica- la vitrine d’un laboratoire phar- naissent le métier, et donc qui peu- particulière pour les essais enga- Rouergue, commente le rapproche- assez bref, imposer la singularité de teurs sont au vert » : les clients achè- maceutique, d’où sa première et vent nous engueuler, voire nous gés, courts et incisifs, ce que Phi- ment intervenu, jeudi 14 décembre, leur image. Les Editions du Rouer- tent plus de livres, le prix des livres quelque peu ésotérique appella- mettre dehors ! » lippe Pignarre appelle « les livres entre sa maison et les éditions Actes gue, créées par Danièle Dastugue augmente moins que l’indice des tion d’Institut Synthélabo pour déstabilisants ». Sud. Aux termes de cet accord, en 1986, publient une cinquantaine prix, les retours se réduisent et la le progrès de la connaissance. VERS UN PUBLIC A ne pas confondre avec les Actes Sud se substitue à deux capi- de titres par an pour un chiffre d’af- production est davantage contrô- Mais elle ne résista pas aux mesu- PLUS LARGE pamphlets : « Nous voulons éviter tal-risqueurs jusqu’alors présents faires de 12,5 millions de francs lée. Fin novembre, la croissance res de « rationalisation » qui Au Seuil, les Empêcheurs la dénonciation pure et simple, le dans Le Rouergue – une filiale de la (1,9 million d’euros, dont la moitié avait été entraînée par les ventes en accompagnèrent la fusion de Syn- devront à coup sûr être plus vigi- côté “nous, on sait, et on va vous Banque populaire du Tarn et de en jeunesse), c’est-à-dire un peu hypermarchés (+ 6,5 %), en grandes thélabo avec Sanofi. Remercié lants quant à leur budget. Ils dire”. Mieux vaut prendre au l’Aveyron et une société de capital- moins qu’Actes Sud junior qui fête surfaces spécialisées (+ 6 %) et dans en février 2000, Philippe Pignar- réduiront le nombre des publica- sérieux la controverse et choisir risque régionale – pour entrer à ses cinq ans (70 titres environ pour les librairies de premier niveau re n’eut cependant guère de mal tions à une douzaine par an (con- des textes minoritaires mais 25 % dans la maison aveyronnaise. un chiffre de 14 millions de francs (+ 4 %). à rebondir : pas moins de cinq tre une trentaine auparavant) et sérieux, ceux qui ajoutent quelque Celle-ci, aujourd’hui cliente d’Inter- [2,1 millions d’euros]). b « Vice-verso » chez Stock. maisons d’édition se disputèrent se montreront plus restrictifs chose plutôt que ceux qui disquali- forum, sera diffusée par l’équipe En jeunesse, les deux maisons Stock crée une nouvelle collection la reprise d’un catalogue déjà vis-à-vis des traductions, lesquel- fient les autres », insiste Philippe commerciale d’Actes Sud et distri- voudraient être plus présentes dans de littérature, « Vice-verso », diri- prestigieux, qui avait réussi à se les firent la renommée d’une col- Pignarre, qui parle avec passion buée par Union Distribution (filiale la vidéo, le film d’animation et Inter- gée par Hélène Szuszkin. Chaque tailler une jolie place au sein lection qui bénéficie de nom- de ses auteurs et s’enorgueillit de de Flammarion) à partir du 1er avril. net. Mais leurs projets éditoriaux livre sera composé de « deux récits d’un marché des sciences humai- breux liens tissés à l’étranger, leur profil souvent hétérodoxe : L’IRDI (Institut régional de dévelop- pourront aussi trouver des complé- articulés autour des thèmes de nes pourtant bien mal en point notamment dans le monde anglo- dès février, il publiera Les Lende- pement industriel) garde 11 % du mentarités dans le domaine adulte, l’amour et de la rupture qui établis- (voir « Le Monde des livres » du saxon. « Il faut viser l’équilibre. mains qui mentent, essai qu’un Rouergue, le reste du capital appar- Le Rouergue étant également édi- sent entre eux des liens, des corres- 28 janvier 2000). Nous mènerons donc à bien les tra- jeune philosophe revenu du tenant, en dehors de quelques per- teur d’ouvrages de nature, tradition pondances et des jeux de miroir ». En C’est finalement Le Seuil qui ductions en cours, mais nous veille- management lui avait à tout sonnes privées, à la holding familia- ou patrimoine, sans oublier la litté- vente le 21 février. Il s’agit d’Annette ouvre ses portes à Philippe rons désormais à privilégier des hasard expédié par la poste. le de Danièle Dastugue, JRDD. rature avec « La Brune », dernière- à l’Etna, de Jacques Jouet, de 365, Pignarre et à Catherine Bous- ouvrages susceptibles de toucher Devrait suivre, notamment, le Sur un marché de l’édition jeu- née de ses collections. Pour l’ins- de Christine Blondel, et Comme quet ; le tandem frondeur appré- un public plus large », prévient témoignage d’une « sorcière » nesse, contrôlé à plus de 50 % par tant, il s’agit surtout de trouver des deux cerises, d’Eva Almassy. cie l’expérience et les infrastruc- Philippe Pignarre, en évoquant la nommée Starhawk, militante de grosses structures – Gallimard- convergences de gestion ainsi que b Prix Vialatte, ancien et nou- tures que la maison de la rue traduction prochaine de l’excel- féministe américaine experte en Bayard, Hachette, Havas, Père de développer ensemble les droits, veau. Créé en 1991, le prix Vialatte Jacob met soudain à sa disposi- lent Freud et les Américains,de désobéissance civile, qui, dans Castor/Flammarion désormais sous étrangers ou dérivés. Aller « calme- s’était interrompu il y a deux ans, à tion : « A Synthélabo, souligne Nathan Hale. les rues de Seattle, prit la tête de la coupe de Rizzoli –, les indépen- ment » mais sainement, résume la suite de problèmes avec les héri- Philippe Pignarre, je m’occupais Pour le reste, l’état d’esprit des la résistance à la répression poli- dants cherchent « des réponses non Danièle Dastugue. C’est aussi un tiers de l’auteur et la mairie du 13e de toute la communication, et Empêcheurs devrait demeurer cière. financières aux concentrations » con- proverbe du Sud. arrondissement, qui finançait le notamment du journal interne. inchangé : un travail éditorial J. Bi. firme Jean-Paul Capitani, directeur Florence Noiville prix. Le prix Alexandre-Vialatte renaît avec le soutien de la mairie et un nouveau jury, composé de Char- les Dantzig (président), Jean-Luc Coatalem, Charles Ficat, Edward A L’ETRANGER Nye, Angelo Rinaldi, François Taillandier et deux membres du pré- Des moustiques et des livres b CATALOGNE : un portail de littérature catalane cédent jury, André Desthomas et L’Universitat Oberta de Catalunya (UOC) vient de créer Lletra, le Gabrielle Rollin. Le prix, doté de premier portail consacré à la littérature catalane : 30 000 francs, sera remis en février. priori, être médecin de quartier – même si d’une épidémie, sur la lutte d’hommes pour trouver (www.uoc.es/lletra). Isidor Martí, qui dirige le département de Quatre anciens membres, Patrice c’est dans le 5e arrondissement – et spécialis- l’origine de la maladie et les moyens de la combattre, sciences humaines de l’UOC, espère que les quelque 100 pages Delbourg, Claude Duneton, Gérard te des produits répulsifs à moustiques – et et leur abandon ensuite, qui conduit à la réapparition Web et 1 000 liens actuels consacrés aux auteurs, aux œuvres, aux Pussey et Denis Wetterwald, aux- notamment le fournisseur de l’armée fran- de l’épidémie dans les années 80. maisons d’édition seront multipliés par quatre en un an. quels s’est joint François de Corniè- çaiseA – ne prédispose pas à l’édition. Eric Lundwall Science Infuse prévoit également ensuite le récit b EGYPTE : censure re, ont créé, avec le soutien du était pourtant un médecin peu ordinaire. Il prescrivait d’un élève de Wittgenstein, Theodor Redpath, une réé- Trois romans (Avant et après, de Toufik Abdel Rahmane, Les grand cru de saint-émilion Château parfois une bonne dose de chroniques d’Alexandre dition d’un court essai sur Balzac de Pierre Barbéris. Enfants de l’erreur romantique, de Yasser Chaaban et Des rêves Soutard, le prix Grand Chosier,en Vialatte plutôt que des antibiotiques. Science Infuse – qui est distribué par Les Belles Let- interdits, de Mahmoud Hame), édités par un service gouverne- hommage à Vialatte et à son recueil Il cesse d’exercer il y a trois ans pour se consacrer à tres – publiera quatre ou cinq livres par an pour ne mental, l’organisme général des Palais de la culture, ont été reti- Antiquité du Grand Chosier – qui a son laboratoire, qui fabrique des produits contre les pas encombrer les libraires et pour pouvoir bien tra- rés de la vente fin décembre 2000, et le responsable de leur édi- récompensé Henri Cueco pour moustiques, et préparer son entrée dans l’édition. Son vailler tous les livres. Ils sont tirés à 2 500 exemplaires. tion démis de ses fonctions. Ils étaient accusés d’attentat à la Dialogue avec mon jardinier (Seuil). complice dans l’aventure de Science Infuse, Laurent Ils ont un format de semi-poche et sont vendus pudeur. b Vingt-cinq ans de Presses de Villate, a un parcours plus classique : thèse sur la diplo- autour de 80 francs. Ils sont cousus. « A l’heure du b ARGENTINE : Planeta achète Emecé Sciences Po. Pour fêter leur vingt- matie française sous la IIIe République, stage chez livre électronique, on veut faire des choses belles », expli- Le groupe espagnol Planeta va dominer le marché argentin après cinquième anniversaire, les Presses Masson et surtout trois ans à la Librairie des Presses que Eric Lundwall. avoir acquis la totalité des actions de la maison d’édition Emecé pour de Sciences Po offrent, pour l’achat universitaires de France, où il se familiarise avec le Chaque livre raconte une histoire, le plus souvent 2 625 millions de pesetas (15 777 ¤). Emecé, fondée à Buenos Aires de deux ouvrages, un livre de la col- commerce du livre. Dernier détail : c’était un patient scientifique, mais un peu insolite, si possible avec en 1939, détient les droits d’un certain nombre d’auteurs de best-sel- lection « La bibliothèque du du docteur Lundwall. humour. Les livres sont parfois inclassables. Si Les Car- lers mais aussi ceux de la publication en espagnol de Jorge Luis Bor- citoyen », Aux Sources des droits de Eric Lundwall s’intéresse depuis longtemps à l’édi- rosses à cinq sols ont profité de l’actualité sur Pascal ges. Pour mémoire, en 1998 le groupe allemand Bertelsmann avait l’homme en Europe. Cet ouvrage, tion. Un jour, il lit dans une revue spécialisée une criti- (« Le Monde des livres » du 17 novembre 2000), ils pris 60 % des actions de Sudamerica. publié avec le soutien de la Fonda- que à propos d’un livre paru aux Etats-Unis sur une ont été classés dans la bibliographie de Livres-Hebdo à b CHINE : le traducteur de « Don Quichotte » indemnisé tion Robert-Schuman et de la Ligue start-up de la biotechnologie, Vertex. Il se procure le la rubrique « Transports et communication », entre Le portail chinois www.sohu.com a été condamné à indemniser Liu des droits de l’homme, présente livre de Barry Werth paru chez Simon & Schusters, en Tous les modèles BMW depuis la guerre et Jaguar E, Jingsheng, traducteur de Don Quichotte en chinois, pour avoir publié des textes fondamentaux euro- 1994. « J’ai lu le livre en une journée. J’ai voulu en ache- série I, série II : identification, évolution, restauration, intégralement l’ouvrage sur Internet, sans autorisation. C’est la pre- péens sur le sujet. ter les droits. Il n’intéressait personne en France. L’agent entretien, conduite. Pour réorienter les libraires, l’édi- mière fois qu’un tribunal chinois reconnaît une violation de droits b PRIX.Leprix Laure Bataillon était celui de John Le Carré. » Le livre devrait sortir en teur a pris une demi-page de l’hebdomadaire : « Les d’auteur sur Internet. (100 000 F [15244¤]) a été attribué mars. amateurs de véhicules de luxe ne seront pas déçus par b Prix littéraires au romancier chinois Mo Yan et à Science Infuse s’est lancée en septembre avec deux les carrosses pascaliens. Toutefois les éditions Science Fuencisla Valverde vient de remporter le Prix de promotion cultu- ses traducteurs Noël et Liliane titres. Eric Lundwall est l’auteur du premier : Les Caros- Infuse informent Mmes et MM. les libraires que l’ouvrage relle attribué par la Confédération des libraires espagnols pour le tra- Dutrait pour Le Pays de l’alcool ses à cinq sols, Pascal entrepreneur, préfacé par Jean relève plutôt de la philosophie et du management. Le pré- vail qu’elle accomplit dans sa librairie mais aussi dans les écoles où (Seuil). Le prix Jules-Supervielle à Mesnard. Il a traduit le deuxième livre, Kala-azar, chro- facier des Carrosses, M. Jean Mesnard, de l’Institut, est elle se rend avec sa « valise volante » (qui contient quelques accessoi- été attribué à Pierre Meynadier niques indiennes d’une épidémie, de Robert d’ailleurs plus réputé comme spécialiste de l’âge classi- res de magicienne et de bonne fée et surtout des livres pour la jeu- pour Telle est cette vie, mon frère S. Desowitz, sous le pseudonyme de Gabriel Roy. que que comme amateur de bolides du XX e siècle. » On nesse). Luis Magrinya a remporté le prix Herralde (du nom de son (éd. Le Temps qu’il fait). Le prix lit- C’est une autre aventure. Il le découvre en lisant un peut avoir la Science Infuse et de l’humour. créateur, l’éditeur et fondateur d’Anagrama, Jorge Herralde – qui téraire des Mouettes a été décerné article du Wall Street Journal. Il prouve que travailler Alain Salles par ailleurs publie… au Mexique (!) un recueil de ses articles sur l’édi- à L’Arpenteur des lumières d’Alberte sur les répulsifs antimoustiques peut mener à l’édi- tion). Magrinya, né en 1960, a déjà publié deux recueils de nouvel- van Herwynen (éd. Le Pommier). tion, puisqu’il s’agit d’un livre sur la propagation e Science Infuse, 58, rue Claude-Bernard, 75005 Paris. les, le livre primé, Los Dos Luises, est son premier roman. Le 57e prix Le prix du Livre en Poitou-Charen- Nadal, le plus ancien des prix littéraires espagnols, doté de 3 mil- tes a été attribué à Georges Bonnet lions de pesetas (18 000 ¤), a été attribué à Fernando Marias, écri- pour Un si bel été (Flammarion). vain et surtout scénariste, pour El Niño de los Coronoles (Destino), YVELINES (78), se tient le 6e festi- un livre inspiré par la manipulation des enfants dans la Roumanie AGENDA val « Polar dans la ville » (soirée de Ceaucescu. Son très lointain et célèbre parent, Javier Marías,a b LE 17 JANVIER. YOURCE- d’ouverture à 19 heures, Théâtre reçu le prix Alberto-Moravia de littérature étrangère. Javier Marias a NAR. À PARIS, dans le cadre de Le Prisme, quartier des Sept- donc été primé trois fois en l’an 2000, en Italie, puisqu’il a également son cycle « Femmes écrivains au Mares, 78990 Elancourt, rens. : obtenu le prix Grinzane-Cavour pour l’ensemble de son œuvre et le XXe siècle », la Bibliothèque nationa- 01-30-51-46-06). prix Ennio-Flaiano étranger pour El Hombre sentimental. Giuseppe le de France organise une soirée b DU 18 AU 21 JANVIER. ART. Pontiggia a reçu lui le prix Flaiano pour les auteurs italiens. L’écri- consacrée à Marguerite Yourcenar À PARIS se tient le 3e Forum vain argentin Héctor Tizón a été distingué par le Grand Prix 2000 (à 18 h 30, site François-Mitterrand, international de l’essai sur l’art, du Fonds national des arts d’Argentine d’un montant de 20 000 $ quai François-Mauriac, 75013, avec les éditeurs canadiens (21 274 ¤) pour toute sa carrière. Le Diagram Prize pour le titre le rens. : 01-53-79-59-59). comme invités d’honneur et la plus bizarre attribué chaque année par le Bookseller (revue de l’édi- b LE 17 JANVIER. CHANTAL participation de Daniel Arsasse, tion américaine) a été remporté par High-Performance Stiffened MAUDUIT. À CHAMBÉRY, l’Asso- Georges Didi-Huberman, Yves Structures (éd. Profession Engineering Publishing). Le prix Naguib- ciation Festival du premier roman Michaud, Annie Cohen-Solal, Mahfouz de la littérature a récompensé Hoda Barakat pour Le propose une soirée de lecture-spec- Jacques Rancière, Dominique Laboureur des eaux, qui paraîtra chez Actes Sud en septembre. tacle en hommage à l’alpiniste Noguez... (à partir de 17 heures, Chantal Mauduit, avec le poète Centre culturel canadien, 5, rue André Velter (à 20 h 30, Théâtre de Constantine, 75007 Paris, Charles-Dullin, place du Théâtre, rens. : 01-40-61-00-77). Chambéry 73000, rens. : b LE 19 JANVIER. VENTE. À 04-79-60-04-48). PARIS, l’Hôtel Drouot met en b DU 17 AU 30 JANVIER. CINÉ- vente des lettres, manuscrits, MA ET UTOPIE. À BORDEAUX,se dessins et photographies d’An- tient le 11e festival « Les écrivains dré Rolland de Réneville (à font leur cinéma » sur le thème de 14 h 30, salle Drouot-Richelieu, l’Utopie, avec projection d’une tren- 9, rue Drouot, 75009 ; rens. : taine de films et en présence, notam- 01-47-70-82-66). ment, de Lionel Richard et Camille b LE 20 JANVIER. ARTAUD. À Laurens (à 20 h 15, Centre Jean- PARIS, les Rencontres philosophi- Vigo, 6, rue Franklin, Bordeaux ques de l’Odéon ont pour thème 33000, rens. : 05-56-44-35-17). « Artaud, le corps, le rythme » (à b DU 17 AU 28 JANVIER. 15 heures, Odéon - Théâtre de POLAR. À SAINT-QUENTIN-EN- l’Europe, rens. : 01-44-41-36-44).