Le Mobilier De La Cathédrale Notre-Dame De Chartres
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Centre, Eure-et-Loir Chartres 16 cloître Notre-Dame Le mobilier de la cathédrale Notre-Dame de Chartres Références du dossier Numéro de dossier : IM28000344 Date de l'enquête initiale : 1996 Date(s) de rédaction : 2018 Cadre de l'étude : opération ponctuelle Le patrimoine mobilier de la cathédrale Notre-Dame de Chartres Désignation Localisation Aire d'étude et canton : Aire d'étude : Chartres, Canton : Chartres-3 Précisions : Historique La cathédrale Notre-Dame de Chartres, dont le prestige immense s’est bâti sur l’ancienneté de sa fondation et du culte de la Vierge, demeure pour chacun une référence indiscutable en matière de vitrail, d’architecture et de sculpture portée. En revanche, les décors intérieurs, les ensembles mobiliers et les œuvres individuelles conservés dans l’édifice, qui n’ont fait l’objet d’aucune étude générale jusqu’à aujourd’hui, ne sont guère familiers. Pourtant, beaucoup sont exceptionnels par leur rareté, leur ancienneté, leur qualité esthétique, ou leur lien avec l’histoire liturgique et l’histoire locale. Parmi les pièces remarquables émergent les hautes statues du portail Royal déposées dans la crypte, le labyrinthe de la nef resté intact, les vestiges du jubé médiéval, la majestueuse clôture de choeur élevée au 16e siècle, l’impressionnante décoration intérieure du choeur entreprise au 18e siècle et l’aménagement de la croisée du transept par l’orfèvre Goudji à la fin des années 1990. Se distinguent également les hauts lieux de prière que constituent la chapelle Notre-Dame du Pilier et la chapelle Notre- Dame de Sous-Terre, créées autour des figurations de la Vierge à l’Enfant, le grand orgue accroché au mur méridional du vaisseau central, la chaire à prêcher et le trône épiscopal. Plusieurs objets sont particulièrement précieux, tels la relique du Voile de la Vierge exposée dans une châsse exécutée en 1876 pour le centenaire de sa réception à Chartres, une robe en soierie de Lucques anciennement portée par la Vierge de Sous-Terre, les éléments d’une armure royale offerte au 14e siècle, une navette à encens et une croix de procession Renaissance, les ceintures ex-voto offertes par deux tribus amérindiennes en 1678 et 1691, et les vases sacrés frappés de l’emblème du chapitre cathédral. Auteur(s) de l'oeuvre : Charles-Antoine Bridan (sculpteur, signature), Pierre-François Berruer (sculpteur, attribution par source), Louis-Nicolas Louis (architecte, attribution par source), Placide Poussielgue-Rusand (orfèvre, signature), Jean-Louis Prieur (sculpteur, bronzier, attribution par source), Loque Jean Ange Joseph (orfèvre, signature), Joseph Perez (serrurier, attribution par source), Charles Fournier des Ormes (peintre, signature), Alexandre Thierry (orfèvre, signature), Jean-Baptiste Lassus (architecte, attribution par source), Jean- Baptiste Gadault (facteur d'orgues, attribution par source), Maison Roethinger (facteur d'orgues, attribution par source), Goudji (sculpteur, orfèvre, signature), Jean-Marc Cicchero (facteur d'orgues, attribution par source) Présentation La cathédrale de Chartres qui, par l'ancienneté de son origine et de sa dévotion à la Vierge, attire en nombre toujours considérable les fidèles, pèlerins et passionnés d'art, est avant tout un édifice vivant qui se renouvelle. Les décors et les aménagements intérieurs, le mobilier et les objets liturgiques témoignent d'une mutation constante liée à l'histoire 8 octobre 2021 Page 1 Centre, Eure-et-Loir, Chartres, 16 cloître Notre-Dame Le mobilier de la cathédrale Notre-Dame de Chartres IM28000344 religieuse, politique et économique, à l'évolution des goûts et aux changements de mode. Oratoires et chapelles, châsses et reliquaires, orfèvrerie précieuse et orfèvrerie ordinaire, linges et vêtements, groupes sculptés et dais d'architecture, peintures murales et tableaux de chevalet composent une collection précieuse dont l'unique vocation est la célébration du culte de Notre-Dame. Décor d'architecture Les statues du portail Royal Charlemagne (?) : statue-colonne provenant du portail Royal. Vraisemblablement élevé entre 1142 et 1150, le portail Royal constitue le plus ancien portail de la cathédrale. Le décor qui s'organise sur plusieurs niveaux, forme un ensemble iconographique d'une cohérence idéale : encadrant les baies d'accès, les statues élancées figurent des personnages de l'Ancien Testament, précurseurs du Christ ; sur la suite de chapiteaux s'égrènent des épisodes de la vie du Christ tirés du Nouveau Testament et, au-dessus, dans les tympans et les voussures, est représenté le temps de l'Église, jusqu'au Jugement dernier. Le portail, qui a subi peu de dommages au cours des siècles, a gardé une authenticité presque totale. Quatre fragments de colonnettes et six statues-colonnes ont cependant été déposés dans la crypte à la fin des années soixante en raison de leur état de conservation critique, dont l'Ange au cadran anciennement accroché au clocher sud, et remplacés in situ entre 1973 et 1976 par des copies en pierre. Cet ensemble devrait être prochainement présenté dans le Trésor rénové. Le labyrinthe Le labyrinthe. Au sol, encastré dans le dallage sur toute la largeur du vaisseau central, le labyrinthe mesure près de treize mètres de diamètre et dessine un chemin circulaire, qui se développe en quatre parties symétriques sur plus de 261 mètres. Le parcours dentelé sur son pourtour est constitué de dalles de calcaire de Berchères et cloisonné de minces bandes de marbre noir. En son centre, était fixée une plaque en cuivre représentant le Combat de Thésée contre le Minotaure qui disparut probablement pendant la Révolution. Daté des alentours de 1200, il est probablement le plus ancien labyrinthe de France conservé intact. Il reçut diverses appellations : Dédale, La lieue, Chemin de Jérusalem car il serait un rappel symbolique du pèlerinage en Terre Sainte, ou encore Chemin de la Jérusalem céleste, tel une représentation de la vie terrestre. L'usage voulait qu'il fût parcouru à genoux par esprit de pénitence lors des grandes fêtes mariales. Trésors et reliques A l'instar des autres trésors d'église, le trésor de Chartres s'est constitué autour des reliques vénérées de saints personnages, recueillies depuis les premiers siècles chrétiens et déposées dans des reliquaires de métal précieux exposés à la ferveur religieuse. Saint Piat, évangélisateur de la ville au 4e siècle, dont le corps est conservé intégralement, bénéficie notamment d’une considération particulière. D'autres reliques jouissent également d’un grand prestige : le "chef" de sainte Anne remis au chapitre au début du 13e siècle, une épine de la Couronne du Christ donnée par saint Louis, les ossements de saint Calétric, évêque de Chartres, de saint Tugdual, évêque de Tréguier ou encore de saint Taurin, évêque d'Évreux. Leur réception est l’occasion de grandes processions qui ravivent la piété populaire. La relique la plus précieuse qui va néanmoins donner sa légitimité à Chartres et fonder le rayonnement de l'édifice est le Voile de la Vierge, ou Sainte- Chemise, présent supposé de Charles le Chauve en 876, et que la tradition considère comme un vêtement porté par la Vierge. Sa popularité remonte à 911, au cours du siège de la ville par Rollon, chef viking devenu l’année suivante duc de Normandie. La légende raconte que l’évêque de Chartres, Gancelme, la brandit devant les assiégeants et provoqua la déroute de leur armée saisie d’effroi. En 1194, un nouveau miracle s’accomplit qui renforce sa vénération : la relique est sauvée des flammes qui dévastent l’édifice mais épargnent la crypte où elle était déposée. 8 octobre 2021 Page 2 Centre, Eure-et-Loir, Chartres, 16 cloître Notre-Dame Le mobilier de la cathédrale Notre-Dame de Chartres IM28000344 Relique du Voile de la Vierge et châsse dite du Millénaire (début de l'ère chrétienne, soie beige ; Placide Poussielgue- Rusand, 1876, cuivre doré). A la dévotion suscitée par la sainteté des reliques répond le luxe des reliquaires, dont les commandes se multiplient avec l'arrivée des restes saints, et l'affluence des dons et largesses de toute nature. Les inventaires successifs du trésor, qui ont été retrouvés, en reconstituent le souvenir. La première mention, qui figure dans un acte capitulaire de 1310, révèle déjà son faste : reliques insignes, reliquaires et vases sacrés d'or et d’argent destinés à la célébration de la liturgie mais aussi lampes, candélabres, objets d’art, albâtres, bijoux, ornements ecclésiastiques, missels enluminés et broderies. A cela s'ajoutent les offrandes votives offertes pour l’obtention ou en remerciement d’une grâce, comme les armures déposées par les souverains français du 14e siècle pour marquer leur attachement à la Vierge, dont quelques rares témoins nous sont parvenus, ou encore les ceintures amérindiennes envoyées par deux tribus de Nouvelle-France au 17e siècle. Ces inventaires détaillés ponctuellement dressés, souvent après le versement d’un impôt royal, permettent d’apprécier la richesse et de suivre les mouvements auxquels le trésor est astreint. Fréquemment augmenté par les offrandes et legs des ecclésiastiques, évêques, chanoines et clercs, et des bienfaiteurs laïcs, familles nobles, souverains et humbles pèlerins, il est tout aussi régulièrement ponctionné pour raison d’État. Dans son Inventaire des reliques de l’Église de Chartres dressé en 1682, le chanoine Estienne montre l'opulence du trésor qui à cette date a atteint son apogée grâce à la générosité des reines Marie de Médicis et Anne d'Autriche. Mais la pièce la plus somptueuse est incontestablement la Sainte-Châsse qui renferme le Voile de la Vierge. Estienne la décrit comme "faite de bois de cèdre couverte de grandes placques d’or et enrichie d’une infinité de perles, de diamants, de rubis, d’émeraudes, de saphirs, de jacinthes, d’agates, de turquoises, d’opales, de topases, d’onyces, de crysolites, d’amétistes, de grenats, de girasols, de sardoines, d’astriots, de cassidoines, d’éliotropes et de plusieurs autres présents…". Elle est dépecée en 1793, quelques joyaux sont toutefois sauvés parmi lesquels un grand camée représentant Jupiter offert par Charles V en 1367, déposé au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale.