Images Des Corps / Corps Des Images Au Cinéma
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COLLECTION SIGNES dirigée par Éric Dayre SIGNES Images des corps / corps des images au cinéma Sous la direction de Jérôme Game Avec les contributions de Vincent Amiel, Martine Beugnet, Nicole Brenez, Sarah Cooper, Ludovic Cortade, Philippe Dubois, Jean-Michel Durafour, Elie During, Jérôme Game, Margara Millan, Pierre Sorlin, Emma Wilson ens Éditions 2010 Éléments de catalogage avant publication Images des corps / corps des images au cinéma/ sous la direction de Jérôme Game ; avec les contributions de Vincent Amiel, Martine Beugnet, Nicole Bre- nez,… [et al.]. – Lyon : ENS Éditions, 2010. – 1 vol. (256 p.) : couv. ill. ; 22 cm. (Signes, issn 1255-1015) Notes bibliogr. isbn 978-2-84788-212-4 (br.) : 29 eur Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefaçon. Les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective sont interdites. Illustration de couverture : photogramme extrait de La Vie nouvelle (2002), © Philippe Grandrieux © ENS ÉDITIONS, 2010 École normale supérieure de Lyon 15 Parvis René Descartes BP 7000 69342 Lyon cedex 07 isbn 978-2-84788-212-4 Les auteurs Vincent Amiel, professeur d’études cinématographiques, Université de Caen Martine Beugnet, professeure d’études cinématographiques, Université d’Édimbourg Nicole Brenez, maître de conférences en études cinématographiques, Université Paris 1 Sarah Cooper, maître de conférences en études cinématographiques, Université King’s College de Londres Ludovic Cortade, maître de conférences en études cinématographiques, New York University Philippe Dubois, professeur d’études cinématographiques, Université Paris 3 Jean-Michel Durafour, chargé d’enseignement en études cinématographiques, Université Lille 3 Elie During, maître de conférences en philosophie, Université Paris 10 Nanterre Jérôme Game, maître de conférences en études cinématographiques et philoso- phie, Université américaine de Paris Margara Millan, professeure de sociologie, Université autonome de Mexico Pierre Sorlin, professeur émérite, Université Paris 3 Emma Wilson, maître de conférences en études cinématographiques, Université de Cambridge Ce livre a pour origine une journée d’étude sur les représentations cinémato- graphiques du corps organisée le 6 avril 2007 à l’Université américaine de Paris sous la direction de Jérôme Game. L’ouvrage reprend les communications qui y furent présentées, réécrites et augmentées de quelques contributions. Nous remercions tout spécialement Philippe Grandrieux d’avoir bien voulu nous autoriser à reproduire l’image en couverture, extraite de son film La Vie nouvelle (2002). JÉrôme game Introduction Corps-cinéma Si la surface de notre très petit corps organisé (organisé précisément en vue de l’action immédiate) est le lieu de nos mouvements actuels, notre très grand corps inorganique est le lieu de nos actions éventuelles et théoriquement pos- sibles : les centres perceptifs du cerveau étant les éclaireurs et les préparateurs de ces actions éventuelles et en dessinant intérieurement le plan, tout se passe comme si nos percep- tions extérieures étaient construites par notre cerveau et projetées par lui dans l’espace. Mais la vérité est tout autre, et nous sommes réellement, quoique par des parties de nous-mêmes qui varient sans cesse et où ne siègent que des actions virtuelles, dans tout ce que nous percevons. Prenons les choses de ce biais, et nous ne dirons même plus de notre corps qu’il soit perdu dans l’immensité de l’univers. H. Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion. Ces dernières années ont vu se développer un important effort théorique et critique sur la question du corps au cinéma, marqué notamment par l’ouvrage de Nicole Brenez, De la figure en général et du corps en parti- culier. L’ invention figurative au cinéma, celui de Vincent Amiel, Le Corps au cinéma. Keaton, Bresson, Cassavetes, celui dirigé par Andrea Grunert, Le Corps filmé, ou encore celui de Steven Shaviro, The Cinematic Body.1 1. N. Brenez, De la figure en général et du corps en particulier. L’ invention figurative au cinéma, Bruxelles, De Boeck, 1998 ; V. Amiel, Le Corps au cinéma. Keaton, Bresson, Cas- savetes, Paris, PUF, 1998 ; A. Grunert, Le Corps filmé, Paris, CinémAction-Corlet, 2006 ; S. Shaviro, The Cinematic Body, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1993. Tout récemment encore, R. Bellour revient sur ce thème dans Le Corps du cinéma. Hypnoses, émotions, animalités, Paris, POL, 2009, en étudiant le corps du spectateur pris dans celui 7 Images des corps / corps des images au cinéma Comment le cinéma est-il à même de représenter les facultés créatrices du corps, mais aussi ses puissances et ses formes irréductibles à toute typolo- gie : gestes, désirs, pulsions, tendances hors cadre, hors champ, hors dis- cours ou hors normes ?2 Comment peut-il rendre compte des contextes et instances cognitifs, culturels, politiques et technologiques associés à – ou affectés par – la fabrique des corps à travers l’histoire ?3 Ces ques- tions essentielles, et les champs de recherche qu’elles recoupent, ont été bien entamées par les études récentes. Parallèlement, les films eux-mêmes, comme toujours, ont eu recours au corps comme topos, figure ou motif privilégié, et ont pleinement participé de ce questionnement. Travaillant avec et sur ces différents discours4, le présent volume5 vou- drait cerner une question précise : quel lien existe-t-il entre, d’une part, le cinéma compris comme dispositif de production / projection / perception du cinéma. Voir aussi le dossier « Corps & Cinéma », dirigé par P. Taliercio, Cadrage, mai-juin 2003, [en ligne], [URL : http://www.cadrage.net/dossier/corps_cinema/ corps_cinema.html], consulté le 21 février 2010, ainsi que celui sur « La décomposition de l’humain. Le cinéma comme anthropologie virtuelle », dirigé par N. Rousseau dans la même revue en mars-avril 2002, [en ligne], [URL : http://www.cadrage.net/ dossier/ anthropologie/anthropologievirtuelle.html], consulté le 21 février 2010. 2. Cette « peau fantasmatique de notre imaginaire corporel » que, « comme pellicule, il enveloppe », selon les termes de B. Andrieu, dans sa préface à E. Bayon, Le Cinéma obs- cène, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 17. 3. D’autant plus que, comme l’écrit C. Jaquet, « contrairement aux objets matériels, qui peuvent être appréhendés comme pure extériorité, le corps humain est un être com- plexe, car il brouille la distinction entre sujet et objet » (Le Corps, Paris, PUF, 2001, p. 7). Voir également C. Funtz éd., Les imaginaires du corps en mutation. Du corps enchanté au corps en chantier, Paris, L’Harmattan, 2008. 4. Pour ce faire, il convient de garder à l’esprit l’avertissement de M. Bernard dans son livre Le Corps : « Qu’on le veuille ou non, en effet, toute interrogation du corps s’opère tou- jours, directement ou indirectement, à l’intérieur du discours, tout comme ce discours lui- même ne s’élabore que sur et par la résolution des processus matériels de la dynamique énergétique de nos pulsions et de leur projection fantasmatique. Il ne faut jamais perdre de vue que tout questionnement sur la réalité et la valeur du corps implique la reconnais- sance en même temps que d’un certain statut corporel de ce questionnement lui-même, la discursivité inévitable du corps senti, conçu et interrogé. Questionnement, par consé- quent, essentiellement inconfortable et périlleux dans la mesure où il ne faut jamais céder au mirage de la transcendance quasi immatérielle et neutre de l’omnipotence d’une parole scientifique maîtrisant un objet corporel, ni à l’illusion tout aussi séduisante de l’imma- nence matérielle d’un corps pulsionnel, réfractaire ou imperméable à toute verbalisation et donc à toute objectivation » (M. Bernard, Le Corps, Paris, Seuil, 1995, p. 163). Le cinéma, son écran, les images (de corps) qui y prennent corps constituent justement ici un objet complexe – à la fois construit comme dispositif et donné comme apparente « nature » – à même de traduire ce double écueil dont parle Bernard, en quelque sorte de le figurer lui-même, pour lui donner le moins de prise possible et ainsi relancer l’étude. 5. Il est issu pour partie d’une journée d’étude que j’organisai à l’Université américaine de Paris le 6 avril 2007. 8 Corps-cinéma d’un artefact plastique – écriture, mise en scène, cinématographie, mon- tage, son, dispositif de projection, concourant tous, au final, à l’avènement d’une image et à sa perception physique –, et, d’autre part, l’informe natura naturans, la force dés-organ-isée/sante qu’est un corps – filmé, filmant ou regardant.6 En d’autres termes, il s’agit d’étudier ici, dans la voie notamment ouverte par les travaux déjà cités et ceux de Jacques Aumont, de Domi- nique Païni7 ou encore de Philippe Dubois8, le corps de l’image tout autant, sinon plus, que l’image du corps, et ce en vue de tester l’hypothèse d’une image-force faite de rapports intensifs, existant et opérant aux parages, ou dans, ou encore contre une image-forme, travaillant quant à elle l’objet.9 Et ainsi de participer à la réflexion en cours sur la question de la représen- tation corporelle au cinéma en la rapportant à celle des devenirs concrets de ce dernier, que ce soit dans ses dispositifs propres ou ses rencontres avec d’autres régimes d’image (notamment la vidéo et la photographie). L’am- bition de ce volume est alors d’envisager la notion de corps-image comme paradigme critique rapportant directement la fabrique des corps et celle des images l’une à l’autre, faisant du récent propos de Jean-Marie Schaef- fer – « […] nous pouvons et devons dire indifféremment que notre pensée du corps est une pensée de l’image et que notre pensée de l’image est une pensée du corps »10 – le principe d’une matériologie générale du cinéma.