UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques Ecole Doctorale Gestion des Ressources Naturelles et Développement Equipe d’Accueil : Agro-Management et Développement durable des Territoires

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THESE DE DOCTORAT en Sciences Agronomiques et Environnementales

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DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET DE LA TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS DE

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Présentée par : Justin Nathanaël ANDRIANAIVOARIMANGA

Soutenue le 19 Octobre 2017

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES ECOLE DOCTORALE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES ET DEVELOPPEMENT EQUIPE D’ACCUEIL : AGRO-MANAGEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE DES TERRITOIRES

THESE DE DOCTORAT EN SCIENCES AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES

DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET DE LA TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS DE MORAMANGA

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Présentée par Justin Nathanaël ANDRIANAIVOARIMANGA Soutenue le 19 Octobre 2017

Devant le jury composé de Président : Bruno Salomon RAMAMONJISOA, Professeur titulaire ESSA Rapporteur externe : Roger ANDRIANASOLO, Professeur titulaire INSPCP Rapporteur interne : Jules Marie RAZAFIARIJAONA, Professeur ESSA Directeur de thèse : Sylvain RAMANANARIVO, Professeur titulaire ESSA Examinateur : Romaine RAMANANARIVO, Professeur titulaire ESSA Invité : Nirhy Lanto RABIBISOA, Docteur, Coordonnateur du projet PAUSENS

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES ECOLE DOCTORALE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES ET DEVELOPPEMENT EQUIPE D’ACCUEIL : AGRO-MANAGEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE DES TERRITOIRES

THESE DE DOCTORAT EN SCIENCES AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES Année 2017 DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET DE LA TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS DE MORAMANGA

Présentée par Justin Nathanaël ANDRIANAIVOARIMANGA Soutenue le 19 Octobre 2017 Membres du comité de thèse : Professeur titulaire Bruno Salomon RAMAMONJISOA Professeur titulaire Romaine RAMANANARIVO Professeur titulaire Sylvain Bernard RAMANANARIVO Professeur titulaire Roger ANDRIANASOLO Madame Winifred FITZERALD Monsieur Elson Nicol

III DEDICACE

« A Celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau, soient la louange, l'honneur, la gloire, et la force, aux siècles des siècles!... A moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d'annoncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ » (Apocalypse 5:13b ; Ephésien 3:8)

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A mon épouse Zo A mes filles Salomé et Gracia, à mon fils Ezéchias A ma chère mère, mes frères, mes sœurs et ma famille A mes beaux-parents et ma belle famille A lUnion des Groupes Biblique de Aux membres de la Croix Bleue dAmbohitranjavidy A tous ceux qui me sont chers et à tous les nôtres

A la mémoire du feu mon père

IV REMERCIEMENTS

Nous bénissons l’Eternel qui, par sa merveilleuse grâce, m’a illuminé et m’a accompagné tout au long de la réalisation de ce précieux projet de thèse. A Lui seul soit la Gloire ! Nous tenons à remercier vivement aussi les personnes qu’Il a mandatées pour nous épauler et accompagner, entre autres :

Monsieur Sylvain Bernard RAMANANARIVO, Professeur titulaire, qui, en tant que directeur de thèse, a su nous encadrer, diriger et inspirer par ses prodigieux conseils et ses pertinentes recommandations sans parler de sa patience et de sa compréhension tout au long de notre parcours universitaire.

Madame Romaine RAMANANARIVO, Professeur titulaire, examinateur de notre thèse et Chef de l’équipe d’Accueil AM2DT qui, depuis nos premières années à l’Agro- Management, nous a transmis d’inestimables connaissances et compétences à travers ses bienveillants et inlassables encadrements émaillés d’un leadership exceptionnel.

Monsieur Bruno Salomon RAMAMONJISOA, Professeur titulaire, Directeur de l’ESSA et de l’ED GRND d’avoir accepté de présider le jury afin de mener à terme notre projet de thèse selon les règles de l’art et aussi pour son management et sa diligence dans la bonne marche de l’école doctorale.

Monsieur Jules RAZAFIARIJAONA, Professeur, d’avoir apprécié notre travail à sa juste valeur en acceptant gracieusement d’être le rapporteur interne de ce travail malgré ses nombreuses occupations et d’avoir nous conseillé de temps en temps.

Monsieur Roger ANDRIANASOLO, Professeur titulaire, d’avoir évalué minutieusement et avec attention notre travail en tant que rapporteur externe et ceci malgré sa charge de travail.

Nous adressons aussi nos vifs remerciements à tout le personnel de l’école doctorale GRND pour ses assistances actives, sans quoi nous aurions eu sûrement du mal à bien parachever notre parcours. De même, nous manifestons ici nos sincères reconnaissances au Docteur Holy Farahanta RANAIVOARISOA, responsable de la mention Agro-Management, à nos amis doctorants et à l’invité du jury - Docteur Nirhy Lanto RABIBISOA- qui n’ont pas failli de nous encourager et de nous conseiller tout au long de notre périple.

Enfin, nous tienons à témoigner ici nos gratitudes envers notre épouse, nos enfants, notre mère, nos beaux-parents et toute notre famille pour leur soutien inconditionné. Ils nous ont toujours sus nous procurer les motivations nécessaires.

V RESUME Malgré les efforts pour réduire l’insécurité alimentaire notamment à travers les projets de sécurité alimentaire et de développement agricole, celle-ci semble sévir voire gagner du terrain et l’Objectif du Millénaire pour le Développement relatif à la sécurité alimentaire et à la nutrition n’était pas atteint. Madagascar en constitue un cas flagrant. Cette thèse a permis des recherches sur la différenciation de la sécurité alimentaire et de la trajectoire de résilience des paysans positivement déviants (PPD) afin de trouver les voies et moyens d’amélioration de tels projets en termes de durabilité d’impacts des actions de réduction de l’insécurité alimentaire des exploitations agricoles. Les PPD ont été des références en matière d’acculturation des actions de résilience et de performance en sécurité alimentaire pendant leur collaboration avec les projets d’appuis exécutés dans le district de Moramanga. Mais la grande question était de savoir comment ont évolué ces PPD au lendemain de leur sevrage avec le tuteur de résilience. Il y a deux types de modes de sécurité alimentaire au sein des PPD : Productivité et Subsistance. Et le fait d’augmenter la production rizicole seule ne résoudrait que partiellement le problème de l’insécurité alimentaire. Les agriculteurs ont une acculturation sélective des techniques vulgarisées. La majorité adopte plus le « soft » que le « hard ». Dans ce lancer, l’acculturation agricole a une corrélation positive notable avec le niveau de sécurité alimentaire. De surcroît, l’innovation technique des exploitations agricoles a deux préalables : (i) sécurité foncière et (ii) sécurité économique. Les agriculteurs adoptent différentes stratégies et trajectoires de résilience au lendemain du sevrage ; adopter une approche calibrée et spécifiée à chaque catégorie d’agriculteurs est plus judicieuse pour optimiser la possibilité d’améliorer leur sécurité alimentaire et leur capabilité pour une trajectoire de résilience ascendante.

Mots clés : capabilité, positivement déviant, résilience, sevrage, sécurité alimentaire, trajectoire, tuteur

Pagination: 247p

VI ABSTRACT The Millennium Development Goal related to food security and nutrition was not reached regardless of all the efforts to reduce food insecurity, particularly through agriculture and food security projects. The situation even seems to be worsening. It is the case for Madagascar. A study on food security differentiation and resilience trajectory of positive deviant farmers (PDF) was conducted throughout this thesis to find ways and means to improve such projects, in terms of sustainability of the impacts of the actions against food insecurity at the level of smallholders. PDFs were the best references regarding the acculturation of the actions of resilience and food security performance during their collaboration with the supporting projects implemented in the Moramanga district. But the main question was to know how PDFs have progressed following the weaning from the resilience tutor. PDFs work with two types of food security system: Productivity and Subsistence. Increasing rice production resolves only one part of the food security issue. Farmers work with selective acculturation. Most PDFs preferably adopt soft packages rather than hard packages. In this area, agricultural acculturation positively correlates with food security level. Moreover, the technical innovation of smallholdings has two prerequisites: land security and economic security. Farmers have adopted different strategies and trajectories following the weaning from resilience tutor. Therefore, the approach in development should be calibrated and specified to optimise the possibility of improving smallholders’ food security and capability towards an ascending resilience trajectory.

Key words: capability, positively deviant, resilience, weaning, food security, trajectory, tutor

Paging: 247p

VII FINTINA SY FANTINA

Na dia teo aza ireo ezaka maro ho fampihenana ny tsy fahampian-tsakafo tamin’ny alalan’ny tetikasa samihafa dia hita fa mihamahazo vahana ity olana ity eo amin’ny fiainana andavanandro. Ny tanjon’ny taona arivo fahatelo momba ny fanjarian-sakafo aza moa dia tsy tratra mihitsy. Ho an’i Madagasikara manokana dia vao maika miombo toy ny homamiadana izany tsy fahampian-tsakafo izany na dia efa maro ara ireo tetikasa natao iadiana amin’io fanetribe io. Ity asa ity dia nahafahana nanao fikarohana momba ny fahasamihafan’ny antoka ara-tsakafo sy ny zotran-tohibelin’ireo tantsaha midivitra miabo (TMM) mba hitiliana sy hamoahana hevitra azo hanatsarana ireo tetikasa toy izany, indrindra indrindra ho fampaharetana ny vokatr’ireo ezaka fampihenana ny tsy fahampian-tsakafon’ny tantsaha mpamokatra. Ireo TMM moa dia tonga ohatra faka tahaka tamin’ny fandraisana sy fampiharana ireo paika ho fanamafisana tohibely sy tamin’ny vokatra azon’izy ireo teo amin’ny fihatsaran’ny fanjarian-tsakafony nandritra ny fiarahany niasa tamin’ireo tetikasa izay notanterahina tao amin’ny distrika Moramanga. Ny mampametra-panontaniana ankehitriny dia hoe nanao ahoana tokoa ireo TMM taorian’ny nanotazana azy ireo tamin’ny tanjaka tohibeliny. Hita fa misy karazany roa ny fomba ametrahan’ny TMM ny antoka ara-tsakafony: ny paika miompana amin’ny Famokarana sy ny paika mifantoka amin’ny Fahavitan-tena. Ny ezaka amin’ny fampitomboana ny voka-bary dia mamaha amin’ny ampahany ihany ny olan’ny tsy fahampian-tsakafon’ny tantsaha. Amin’ny ampahany tahaka izany ihany koa no andraisan’ny tantsaha ireo tekinika entina eo aminy. Ny ankamaroany dia manaiky sy mirona kokoa ny fiofanana ary tsy dia manezaka amin’ny fafatra. Ary voamarina fa tena misy ifandraisany amin’ny fampian-tsakafon’izy ireo izany toetra izany. Ambonin’izany dia tsy miroso amin’ny tekinika mohatsaraina ny tantsaha raha tsy efa milamina ny fananan-tany sy ny toekarena. Misy fahasamihafany ny paikady arahin’ireo tantsaha aorian’ny fanotazana azy ireo amin’ny tanjaka tohibely hany ka mila atao mifanaraka amin’ireo sokajy misy ny hetsika fampandrosoana hatao mba hahabetsaka ny herijikan’ny ezaka fanatsarana ny fanjarian-tsakafo sy ny oitran’ny tantsaha hahatonga ny zotra tohibelin’izy ireo ho lanja-miakatra.

Teny fototra: fahafaha-manao, midivitra miabo, tohibely, fanotazana, fahampian-tsakafo, zotra, tanjaka, faharefoana

Isan’ny pejy : 247p

VIII

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE ...... 1

CONTEXTE ...... 2

PROBLEMATIQUE ...... 2

QUESTIONS DE RECHERCHE ...... 3

LES HYPOTHESES DE L ’ETUDE ...... 4

OBJECTIF GLOBAL , OBJECTIFS SPECIFIQUES ...... 6

RESULTATS ATTENDUS ET LIMITES DE L ’ETUDE ...... 6

1 ETAT DE L’ART ET METHODOLOGIE ...... 8

INTRODUCTION ...... 9

1.1 ETAT DE L ’ART ...... 9 1.1.1 La Sécurité alimentaire ...... 9 1.1.1.1 Le concept de la sécurité alimentaire ...... 10 a. La disponibilité des aliments ...... 10 b. L’accès aux aliments ...... 11 c. L’utilisation des aliments ...... 11 1.1.1.2 Les facteurs influant la sécurité alimentaire ...... 12 1.1.1.3 L’insécurité alimentaire ...... 13 1.1.1.4 Analyse et évaluation de la sécurité alimentaire...... 14 1.1.1.5 Stratégie de sécurité alimentaire des ménages ...... 14 1.1.1.6 La malnutrition ...... 16 1.1.1.7 Implication sectorielle de la sécurité alimentaire ...... 16 1.1.1.8 La sécurité alimentaire dans le Monde ...... 17 1.1.1.9 La sécurité alimentaire à Madagascar ...... 18 1.1.2 La Vulnérabilité ...... 21 1.1.2.1 Le concept de « vulnérabilité » ...... 22 a) Vulnérabilité conjoncturelle et vulnérabilité structurelle ...... 23 b) Vulnérabilité liée au cycle de vie ...... 23 c) Vulnérabilité intrinsèque et vulnérabilité extrinsèque ...... 23 d) La vulnérabilité sociale ...... 24 e) Vulnérabilité liée à la condition socio-culturelle ...... 24 f) Vulnérabilité liée au choc naturel ...... 24 g) La vulnérabilité oubliée ...... 24 1.1.2.2 Analyse de la vulnérabilité ...... 24 1.1.2.3 Facteurs de vulnérabilité ...... 26 a. Le risque et l’incertitude ...... 27 b. La gestion de risque ...... 27 c. Le choc ...... 29 1.1.2.4 Trappe et cercle vicieux de la pauvreté ...... 29 1.1.2.5 Vulnérabilité et le développement humain ...... 31 1.1.3 La Résilience ...... 31 1.1.3.1 Origine et définition de la « Résilience » ...... 31 1.1.3.2 Résilience en Système Ecologie et Social ...... 32

IX 1.1.3.3 Résilience selon le cycle de Panarchie ...... 33 1.1.3.4 Résilience comme corrélat de la vulnérabilité ...... 34 1.1.3.5 Types de résilience ...... 35 a. La résistance ...... 35 b. La résilience ...... 37 c. La résilience individuelle et Effet d’agrégat ...... 37 1.1.3.6 Trajectoire de résilience ...... 38 1.1.3.7 Triangle de résilience et tuteur de résilience ...... 38 1.1.3.8 Résilience et développement ...... 39 1.1.4 La Capabilité ...... 42 1.1.4.1 Définition de la capabilité ...... 42 1.1.4.2 Dynamique de la capabilité ...... 42 1.1.4.3 Continuum Risque – Capabilité - Vulnérabilité ...... 43 1.1.5 Acculturation et Déviance Positive ...... 45 1.1.5.1 L’acculturation ...... 45 a. Origine et définition du concept ...... 45 b. Mécanisme de l’acculturation ...... 46 c. Types d’acculturation ...... 46 d. Modèles d’acculturation de Berry et consorts ...... 46 1.1.5.2 L’approche Déviance Positive ...... 47 a) Historique de la déviance positive ...... 47 b) Démarche de l’approche en déviance positive ...... 48 c) Portée et limite de l’approche déviance positive ...... 49 1.2 METHODOLOGIE ...... 51 1.2.1 La zone d’étude ...... 51 1.2.1.1 Contexte géographique de la zone d’étude ...... 53 1.2.1.2 Contexte socio-économique de la zone d’étude ...... 54 1.2.1.3 Population de la zone d’étude ...... 54 1.2.1.4 Contexte de développement de la zone d’étude ...... 55 a. Les projets ayant intervenu dans la zone d’étude ...... 55 b. Ambatovy, le géant du nickel ...... 56 1.2.1.5 Sécurité alimentaire de la population de Moramanga ...... 56 1.2.2 Matériels utilisés ...... 56 1.2.3 Méthodes utilisées ...... 57 1.2.3.1 Démarche adoptée ...... 57 a. La démarche exploratoire ...... 58 b. La démarche formelle ...... 58 c. Traitements et analyses des données ...... 62 1.2.4 Chronogramme ...... 64

2 DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ...... 66

INTRODUCTION ...... 67

2.1 MATERIELS ET METHODES ...... 68 2.1.1 Les variables de la sécurité alimentaire à Madagascar ...... 68 2.1.2 Méthode de traitement des données ...... 68 2.1.2.1 L’Analyse de Composantes Principales ...... 69

X 2.1.2.2 L’Analyse Factorielle Discriminante ...... 69 2.1.2.3 Le test d’égalité de proportions ...... 70 2.1.2.4 Le test d’égalité d’échantillons indépendants ...... 70 2.1.2.5 La régression linéaire multiple ...... 71 2.1.2.6 La Classification Ascendante Hiérarchique ...... 72 2.1.2.7 L’Analyse Factorielle des Correspondances ...... 73 2.1.2.8 L’analyse de variance ...... 73 2.2 RESULTATS ...... 74 2.2.1 Evolution de la sécurité alimentaire des PPD ...... 74 2.2.1.1 Sécurité alimentaire en deux composantes ...... 74 2.2.1.2 Deux modèles de sécurité alimentaire ...... 76 2.2.1.3 Similarité de la répartition des observations des échantillons ...... 77 a. Test d’égalité des proportions ...... 77 b. Caractéristiques des modes de sécurité alimentaire ...... 77 2.2.1.4 Egalité respective des modes PSA et ERI ...... 79 a) Test d’égalité des échantillons indépendants ...... 79 b) Test de normalité des deux distributions ...... 79 c) Indices de normalité ...... 80 d) Test t-Student et test de Levene ...... 80 2.2.1.5 Equations des modèles de sécurité alimentaire des PPD ...... 81 a. Analyse de régression des deux modèles ...... 81 b. Modélisation en effet combiné de toutes les variables ...... 83 2.2.1.6 Cinq classes d’exploitations en matière de sécurité alimentaire ...... 84 a) CAH de la sécurité alimentaire ...... 84 b) CAH de la surface vivrière ...... 85 2.2.1.7 Deux types d’exploitations agricoles...... 85 a. Profils-lignes ...... 86 b. Distance du Khi 2 des lignes...... 86 2.2.1.8 Influence de la surface vivrière sur l’autonomie en riz ...... 87 a. Régression linéaire et modélisation ...... 87 b. Analyse de variance entre autonomie en riz et surface vivrière ...... 87 2.2.2 Analyse de la vulnérabilité des PPD ...... 88

2.3 DISCUSSIONS ...... 90 2.3.1 La différenciation des exploitations en sécurité alimentaire...... 90 2.3.1.1 Les modes de sécurité alimentaire ...... 90 2.3.1.2 Le rôle de la production vivrière dans la sécurité alimentaire ...... 92 2.3.2 Le profil de la sécurité alimentaire des PPD ...... 92 2.3.2.1 Les paramètres déterminants de la sécurité alimentaires ...... 92 2.3.2.2 La vivrière comme tampon alimentaire et tampon financier ...... 93 2.3.2.3 L’effet des approches sur la durabilité ...... 94 2.3.2.4 L’échelle de la sécurité alimentaire des PPD ...... 94 2.3.2.5 La vulnérabilité de la sécurité alimentaire ...... 95 2.3.2.6 Le mécanisme de la sécurité alimentaire ...... 96 CONCLUSION PARTIELLE ...... 97

XI 3 ACCULTURATION AGRICOLE DES PPD FACE AUX ACTIONS DE RESILIENCE ..... 98

INTRODUCTION ...... 99

3.1 MATERIELS ET METHODES ...... 100 3.1.1 Les variables de l’acculturation agricole ...... 100 3.1.2 Méthode d’analyse des données ...... 100

3.2 RESULTATS ...... 100 3.2.1 Modes d’acculturation agricoles des PPD ...... 101 3.2.1.1 Acculturation agricole à deux composantes principales ...... 101 3.2.1.2 Les deux modes d’acculturation agricole ...... 102 3.2.2 Modèles d’acculturation agricole ...... 104 3.2.2.1 Equations des modèles en effet combiné ...... 106 3.2.2.2 Similarité de l’acculturation agricole des deux échantillons ...... 106 a. Test de normalité ...... 106 b. Test non paramétrique ...... 107 3.2.2.3 Classification Hiérarchique Ascendante ...... 107 3.2.2.4 Analyse Factorielle des Correspondances ...... 108 3.3 DISCUSSIONS ...... 110 3.3.1 Les découvertes de l’étude sur l’acculturation agricole ...... 110 3.3.2 L’acculturation agricole des PPD ...... 111 a) Le tendem itinéraire technique-équipement ...... 111 b) Corrélation entre sécurité alimentaire et acculturation agricole ...... 112 c) Echelle de l’acculturation agricole ...... 112 d) Acculturation différentielle des techniques agricoles ...... 114 CONCLUSION PARTIELLE ...... 115

4 TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PPD ...... 116

INTRODUCTION ...... 117

4.1 MATERIELS ET METHODES ...... 118 4.1.1 La variable de la priorité de gestion des exploitations des PPD ...... 118 4.1.2 L’autonomie en riz ...... 118 4.1.3 Les variables de la capabilité ...... 118 4.1.4 Les analyses statistiques ...... 119 4.1.5 Le profilage des groupes ...... 120 4.1.6 Analyse prospective ...... 120

4.2 RESULTATS ...... 121 4.2.1 Les priorités de résilience des PPD ...... 121 4.2.1.1 Trois catégories de priorité de gestion d’exploitation ...... 121 4.2.1.2 Influence de la priorité de l’exploitation sur l’autonomie en riz ...... 122 4.2.1.3 Autonomie en riz majoritaire de 5 à 8 mois ...... 124 4.2.1.4 Classification des PPD selon leur autosuffisance en riz ...... 124 4.2.1.5 Le test d’égalité des classes similaires ...... 126 a) Comparaison des deux classes des EMERGENTS ...... 126 b) Comparaison des deux classes de PPD en déclin ...... 128 4.2.1.6 Différenciation de l’autonomie en riz des PPD ...... 129 4.2.1.7 Analyse factorielle relative à l’autonomie en riz ...... 130

XII 4.2.2 Types de capabilité des PPD ...... 135 4.2.2.1 Modélisation matricielle des types de capabilité des PPD ...... 135 4.2.2.2 Statistiques descriptives et types de capabilité des PPD-PSA ...... 135 4.2.2.3 Statistiques descriptives et types de capabilité des PPD-ERI ...... 137 4.2.3 Modèles de trajectoire de résilience des PPD ...... 139 4.2.3.1 Tendance prévisionnelle de l’autonomie en riz des PPD ...... 139 4.2.3.2 Tendance prospective de la capabilité des PPD ...... 140 a. PSA Emergent ...... 140 b. PSA Intérmédiaire...... 141 c. PSA Déclin ...... 141 d. ERI Emergeant ...... 142 e. ERI Déclin ...... 142 f. ERI Dissolution ...... 143 4.3 DISCUSSIONS ...... 144 4.3.1 Les différentes découvertes ...... 144 4.3.2 Différenciation de trajectoire de résilience ...... 146 4.3.3 Le préalable de l’initiation aux innovations techniques ...... 147 4.3.4 Accepter les différents types de vocation paysanne ...... 149 4.3.5 Dualité entre bien-être alimentaire et bien-être matériel ...... 149 4.3.6 Trajectoire de résilience des exploitations agricoles ...... 150

CONCLUSION PARTIELLE ...... 152

5 DISCUSSIONS GENERALES ...... 154

INTRODUCTION ...... 155

5.1 LE CONCEPT DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ...... 155 5.1.1 Besoin d’alignements de perceptions ...... 155 5.1.1.1 Définition de la sécurité alimentaire ...... 155 5.1.1.2 Le défi du zéro famine ...... 156 5.1.1.3 Les indicateurs de mesure de la sécurité alimentaire ...... 157 5.1.1.4 La considération de la dimension humaine ...... 158 5.1.2 Sécurité alimentaire et élargissement de la politique agricole ...... 158 5.1.3 Sécurité alimentaire et changement climatique ...... 160 5.1.4 Gouvernance de la sécurité alimentaire ...... 161 5.1.5 Le cas de Madagascar ...... 163 5.1.5.1 Guérir ou prémunir ...... 163 5.1.5.2 Repenser le concept de la sécurité alimentaire ...... 164 5.2 VULNERABILITE – RESILIENCE – CAPABILITE ...... 165 5.2.1 Tourbillon de la vulnérabilité et tourbillon de la résilience ...... 165 5.2.2 Interaction entre Vulnérabilité et Résilience ...... 166 5.2.2.1 L’importance de la dimension magico-religieux ...... 167 5.2.2.2 La prédisposition à la vulnérabilité ...... 167 5.2.2.3 Le piège de la bonne résilience ...... 168 5.2.3 Appréhension holistique de l’enjeu de développement ...... 169

XIII 5.2.4 Dualité entre Assistance et Auto-reconstitution ...... 170 5.2.4.1 La résilience assistée ...... 170 5.2.4.2 La résilience auto-construite ...... 170 5.2.4.3 La résilience de l’agriculture familiale ...... 171 5.2.4.4 La triade Vulnérabilité-Capabilité-Résilience ...... 172 5.3 LES PARADOXES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE PAYSANNE ...... 174 5.3.1 Le paradoxe conceptuel ...... 174 5.3.2 Le paradoxe des interventions ...... 174 5.3.3 Le paradoxe de la vulnérabilité de la sécurité alimentaire ...... 175

5.4 LE PROCESSUS D ’ACCULTURATION AGRICOLE A TRAVERS UN PROJET ...... 176

5.5 LE SPIRAL DE LA RECESSION ET SON FACTEUR DECLENCHEUR ...... 177

5.6 LE DEVELOPPEMENT RURAL RESILIENT ...... 177

5.7 L’ OPTIMISATION PAR SPECIFICATION ET CALIBRAGE ...... 178

CONCLUSION PARTIELLE ...... 179

CONCLUSION GENERALE ...... 180 BIBLIOGRAPHIE ...... 184 ANNEXES...... 189 Annexe 1 : Lettre d’autorisation délivrée par le Chef de district de Moramanga ...... 190 Annexe 2 : Lettre de demande de collaboration pour les Maires ...... 191 Annexe 3 : Lettre pour les chefs Fokontany ...... 193 Annexe 4 : Modèle de lettre pour les associations Koloharena ...... 194 Annexe 5 : Questionnaire PSA en version française ...... 195 Annexe 6 : Questionnaire ERI en version malagasy ...... 198 Annexe 7 : Renseignement sur les enquêteurs ...... 202 Annexe 8 : Protocole adopté pour l’enquête par questionnaire du projet de thèse ...... 203 Annexe 9 : Ordre de mission des enquêteurs ...... 204 Annexe 10 : Liste des PPD constituant les populations mères PSA et ERI ...... 205 Annexe 11 : Matrice des classes des variables de l’hypothèse 03 ...... 214 Annexe 12 : Matrice de corrélation stochastique des variables de l’hypothèse 03 ...... 214 Annexe 13 : Résumée de la communication au symposium de Toamasina ...... 215 Annexe 14 : Certificat de participation au symposium de Toamasina ...... 216 Annexe 15 : Article soumis pour acte au projet EGALE ...... 217 Annexe 16 : Poster exposé au salon de la recherche 2016 d’Antananarivo ...... 221 Annexe 17 : Poster exposé aux Doctoriales 2016, 2 ème édition de Toliara ...... 222 Annexe 18 : Attestation de participation aux doctoriales 2017 ...... 223 Annexe 19 : Résumé de l’article soumis aux Doctoriales 2016, 2 ème édition ...... 224 Annexe 20 : Abstract de l’article 1 soumis et retenu par MADASHS ...... 225 Annexe 21 : Abstract de l’article 2 soumis et retenu par MADASHS ...... 226 Annexe 22 : Certificat de participation au symposium international de MADASHS ...... 227

XIV

LISTE DES TABLEAUX Pages

Tableau 1 : Matrice de gestion de risque ...... 28 Tableau 2 : Liste des villages et des communes d’enquête pour la zone PSA ...... 59 Tableau 3 : Liste de villages et communes d’enquête pour la zone ERI ...... 60 Tableau 4 : Chronogramme des travaux ...... 64 Tableau 5 : Qualité de représentation ...... 74 Tableau 6 : Variance totale expliquée ...... 74 Tableau 7 : Matrice des composantes ...... 75 Tableau 8 : Valeurs propres ...... 76 Tableau 9 : Répartition des PPD en groupe de sécurité alimentaire ...... 76 Tableau 10 : Test de proportion des modalités ...... 77 Tableau 11 : Vue synoptique des variables de sécurité alimentaire des groupes ...... 78 Tableau 12 : Indice de normalité ...... 80 Tableau 13 : Statistiques des groupes ...... 80 Tableau 14 : Test d’échantillons indépendants ...... 81 Tableau 15 : Récapitulatif des modèles PSA et ERI ...... 81 Tableau 16 : Analyse de variance des modèles PSA et ERI ...... 82 Tableau 17 : Coefficients de régression ...... 82 Tableau 18 : Récapitulatif des modèles à effets combinés ...... 83 Tableau 19 : Coefficient de régression multiple ...... 83 Tableau 20 : Les objets centraux ...... 84 Tableau 21 : Tableau synoptique des classes ...... 84 Tableau 22 : Tableau des objets centraux des catégories de surface vivrière ...... 85 Tableau 23 : Tableau synoptique des classes ...... 85 Tableau 24 : Tableau de profil des lignes ...... 86 Tableau 25 : Distances du Khi² - lignes...... 86 Tableau 26 : Surface vivrière moyenne des deux modes de sécurité alimentaire ...... 87 Tableau 27 : Tableau d’analyse du modèle ...... 88 Tableau 28 : Analyse de la vulnérabilité en sécurité alimentaire des groupes ...... 89 Tableau 29 : Comparaison entre modes de sécurité alimentaire ...... 91 Tableau 30 : Comparatif des deux échantillons PSA- ERI : ...... 91 Tableau 31 : Qualité de représentation ...... 101 Tableau 32 : Variance totale expliquée ...... 101 Tableau 33 : Matrice des composantes ...... 102

XV Tableau 34 : Valeurs propres des fonctions discriminantes ...... 102 Tableau 35 : Affectation des observations de chaque échantillon par AFD ...... 103 Tableau 36 : Profil des groupes selon les trois variables d’acculturation agricole..... 104 Tableau 37 : Récapitulatif des modèles ...... 104 Tableau 38 : Analyse de variance ...... 105 Tableau 39 : Coefficient de régression des modèles ...... 105 Tableau 40 : Indices de normalité des deux échantillons PSA et ERI ...... 106 Tableau 41 : Signification du test de comparaison en acculturation agricole ...... 107 Tableau 42 : Les objets centraux ...... 108 Tableau 43 : Le tableau synoptique des classes ...... 108 Tableau 44 : Profils lignes ...... 108 Tableau 45 : Tableau des distances du Khi² (lignes) ...... 109 Tableau 46 : Caractéristiques des groupes Technicité et Force de production ...... 110 Tableau 47 : Matrice de corrélation des variables ...... 122 Tableau 48 : Tableau de l’analyse du modèle ...... 123 Tableau 49 : Classification des PPD-PSA selon leur mois d’autonomie en riz ...... 124 Tableau 50 : Classification des PPD-ERI selon leur mois d’autonomie en riz ...... 125 Tableau 51 : Groupes d’autosuffisance en riz des PSA et ERI ...... 125 Tableau 52 : Indices de normalité des échantillons ...... 126 Tableau 53 : Statistique descriptive de la durée de l’autosuffisance en riz des PPD . 127 Tableau 54 : Test d'échantillons indépendants ...... 127 Tableau 55 : Indices de normalités des échantillons ...... 128 Tableau 56 : Statistiques descriptives des groupes ...... 128 Tableau 57 : Tableau de test d’égalité ...... 128 Tableau 58 : Description des catégories ...... 130 Tableau 59 : Matrice des types de capabilité des PPD selon leur autonomie en riz .. 135 Tableau 60 : Statistiques descriptives des catégories de PSA ...... 135 Tableau 61 : Tableau synoptique des capabilités des groupes de PPD-PSA ...... 136 Tableau 62 : Profil de capabilité des groupes de PPD-PSA ...... 137 Tableau 63 : Statistiques descriptives des catégories d’ERI ...... 137 Tableau 64 : Tableau synoptique des capabilités des groupes de PPD-ERI ...... 138 Tableau 65 : Profil de capabilisté des groupes de PPD-ERI ...... 138

XVI LISTE DES FIGURES Pages

Figure 1 : Méthodologie d’Analyse de Dysfonctionnement des Systèmes ...... 25 Figure 2 : Vulnérabilité et Innovation ...... 30 Figure 3 : Cycle de Panarchie ...... 33 Figure 4 : La résistance comme zone intermédiaire ...... 36 Figure 5 : Le triangle fondateur de la résilience du jeune ...... 39 Figure 6 : Schéma de l’analyse du danger ...... 42 Figure 7 : Séquence stratégique et interaction durabilité-résilience ...... 44 Figure 8 : Carte territoriale du district de Moramanga ...... 52 Figure 9 : Courbe ombro-thermique de Gaussen de Moramanga -5 années ...... 53 Figure 10 : Carte synoptique de la zone de PSA vs Zone d’étude de la thèse ...... 59 Figure 11 : Schéma du traitement statistique des variables par hypothèse ...... 63 Figure 12: Schéma du processus de traitement des données suivant les hypothèses ... 64 Figure 14 : Répartition des groupes de sécurité alimentaire ...... 76 Figure 15 : Graphique synoptique des groupes de sécurité alimentaire ...... 78 Figure 16 : Graphique synoptique des groupes Subsistance et Productivité ...... 79 Figure 17 : Graphique du test de normalité ...... 79 Figure 18 : Graphique symétriques des lignes ...... 87 Figure 19 : Diagramme des moyennes ...... 88 Figure 20 : Echelle de la sécurité alimentaire...... 95 Figure 21 : Mécanisme de la sécurité alimentaire des PPD ...... 96 Figure 23 : Répartition des observations par groupe d’acculturation ...... 103 Figure 24 : Graphique asymétrique des lignes ...... 109 Figure 25 : Echelle de l’acculturation agricole ...... 113 Figure 26 : Récapitulation du processus de traitement statistique des données ...... 120 Figure 27 : Priorités dans la gestion d’exploitation des PPD ...... 121 Figure 28 : Répartition des PPD selon leurs priorités stratégiques ...... 122 Figure 29 : Graphique des moyennes sur la priorité de gestion des exploitations ..... 123 Figure 30 : Tendance centrale des PPD en matière d’autonomie en riz ...... 124 Figure 31 : Proportion typologique des PPD en autonomie en riz ...... 126 Figure 32 : Différenciation de l’autonomie en riz des PPD ...... 129 Figure 33: Graphique symétrique Autonomie en riz et Taille d’exploitation ...... 130 Figure 34 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Moyens de production ...... 131 Figure 35 : Graphique symétrique entre Autonomie en riz et Biens mobiliers ...... 131 Figure 36 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Matériels motorisés ...... 132

XVII Figure 37 : Graphique entre Autonomie en riz – Nombre de bâtiments construits .... 132 Figure 38 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Nombre de zébus ...... 133 Figure 39 : Graphique Autonomie en riz et Nombre de revenus non agricoles ...... 133 Figure 40 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Niveau d’acculturation ...... 134 Figure 41 : Evolution prospective de l’autonomie en riz des PPD ...... 139 Figure 42 : Tendance prospective de la capabilité des PSA EMERGENTS ...... 140 Figure 43 : Tendance prospective de la capabilité des PSA Intermédiaires ...... 141 Figure 44 : Tendance prospective de la capabilité des PSA Déclin ...... 141 Figure 45 : Tendance prospective de la capabilité des ERI EMERGENTS ...... 142 Figure 46 : Tendance prospective de la capabilité des ERI Déclin ...... 142 Figure 47 : Tendance prospective de la capabilité des ERI Dissolution ...... 143 Figure 48 : Niveau d’intervention en matière de développement agricole...... 148 Figure 49 : Trajectoire de résilience des exploitations agricoles...... 151 Figure 50 : Intervention simultannée en continuum de développement ...... 162 Figure 51 : La résistance comme étape entre vulnérabilité et résilience ...... 172 Figure 52 : Processus d’acculturation agricole à travers un projet ...... 176

XVIII LISTE DES ABREVIATIONS

AAG : Acculturation Agricole ACP : Analyse de Composantes Principales ADRA : Adventist Development Relief Agency AFC : Analyse Factorielle des Correspondances AG : Agriculture AGR : Activité Génératrice de Revenu ANOVA : ANalyze Of VAriance CAH : Classification Ascendante Hiérarchique CAZ : Corridor Ankeniheny-Zahamena CIRAD : Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement CSA : Climate Smart Agriculture DISSOL : Dissolution EMERG : Emergent EPP : Equipe Permanente de Pilotage ERI : Eco-Regional Initiative FAO : Food and Agriculture Organization GRND : Gestion des Ressources Naturelles et Développement IAC : Indice Alimentaire Chronique IAS : Insécurité Alimentaire Saisonnière IFPRI : International Food Policy Research Institute INSTAT : Institut National de STATistique INTERM : Intermédiaire ISHS : International Society for Horticultural Science LDI : Landscape Development International MADS : Méthode d’Analyse de Dysfonctionnement des systèmes MP : Moyens de Production NAP : Nouvelle Aire Protégée OBS : Observation OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement ONG : Organisme Non Gouvernemental ONN : Office National de la Nutrition ONU : Organisation des Nations Unies PADR : Plan d’Actions pour le Développement Rural PAM : Programme Alimentaire Mondial

XIX PANOMAD : PANneau de MADagascar PAPRIZ : Projet d’Amélioration de la Productivité RIZicole PIB : Produit Intérieur Brute PNSA : Plan National de Sécurité Alimentaire PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPD : Paysan Positivement Déviant Prod : Production PSA : Projet de Sécurité Alimentaire PVVS : Personne Vivant avec le VIH SIDA RIP : Route d’Intérêt Provincial RRC : Réduction des Risques Climatiques SA : Sécurité Alimentaire SDA : Score de Diversité Alimentaire SES : Système Ecologique et Social SIDA : Syndrome d'Immunodéficience Acquise SIG : Système d’Information Géographique SPSS : Statistical Package for Social Sciences SRA : Système de Riziculture Améliorée SRI : Système de Riziculture Intensive Sub : Subsistance TIB : Travaux Industriels de Bois TMM : Tantsaha Midivitra Miabo US$ : United States Dollar USAID : United States Agency of International Development VD : Variable Dépendante VI : Variable Indépendante VIH : Virus de l'Immunodéficience Humaine YMCA : Young Men's Christian Association

XX

INTRODUCTION GENERALE

INTRODUCTION GENERALE

1 INTRODUCTION GENERALE Ede ut vivas, ne vivas ut edas ou bien « vivre pour manger et non pas manger pour vivre » s’était exprimé l’illustre philosophe Socrate. Cet aphorisme était repris par Molière dans sa comédie l’Avare, acte II, scène 5 et qui par la suite le rendit célèbre (La France pittoresque, 2011). Sous un autre ciel et à une autre époque, le sage roi Salomon avait écrit qu’« il n'y a de bonheur pour l'Homme qu'à manger et à boire, et à faire jouir son âme du bien-être au milieu de son travail » (Société Biblique Internationale, 2005). Ces deux pensées dénotent à quel point la sécurité alimentaire était depuis toujours cruciale. L’Homme a toujours senti le besoin d’assurer son alimentation avant toute chose. Le besoin en nourriture se place au niveau le plus inférieur de la pyramide de Maslow ; autrement dit, la sécurité alimentaire revêt d’une importance capitale pour l’humanité, les dirigeants, la population et les individus. Cette thèse s’inscrit dans ce domaine de la sécurité alimentaire en conduisant des recherches sur la différenciation de la sécurité alimentaire et de la trajectoire de résilience des paysans positivement déviants.

Contexte Des crises alimentaires chroniques et récurrentes se sont manifestées sous différentes facettes dans le Monde ces dernières décennies. D’après la statistique de la FAO, 850 millions de personnes sont sous-alimentées et la majorité, 815 millions de personnes, se trouvent dans les pays en développement (Drogué & al. , 2006). Les projets de sécurité alimentaire ont été par la suite assimilés au « Cheval de Troie » pour affranchir l’humanité de ce fléau. C’est dans ce sens que les Nations Unies ont lancé le défi de « Zéro famine » pour briser cette « épée de Damoclès » (FAO, 2014b). Cette topographie générale montre à quel point les projets de sécurité alimentaire sont-ils importants dans le processus de la réduction de la faim et de la sous-alimentation dans le Monde et particulièrement pour les pays dont la population vit sous l’emprise de l’insécurité alimentaire.

Problématique Dans cette croisade de taille, la prévision était de réduire le nombre de personnes sous- alimentées à raison de huit millions de personnes par an afin de diminuer de moitié le nombre de personnes sous-alimentées entre 2000 et 2015 (Drogué & al., op.cit. ). Force est de constater que malgré les ressources investies, cette déclaration de l’Objectif de Développement du Millénaire a été ratée, particulièrement pour Madagascar où la situation de l’insécurité alimentaire est de plus en plus préoccupante : un tiers des ménages sombre dans une situation d’insécurité alimentaire très sévère ; une très grande majorité de la population

2 vit avec un régime alimentaire très insuffisant en termes de quantité ou de qualité. Selon le rapport du Programme Alimentaire Mondiale, 58% des ménages malagasy est sous un régime alimentaire très pauvre en quantité et 60% des ménages malagasy dans une alimentation extrêmement pauvre en qualité (PAM, 2014) ; un ménage sur deux subit une insécurité alimentaire temporaire ou saisonnière (IAS) i.e. changement de régime alimentaire à cause d’une pénurie (EPP PADR, 2005). Cependant, le Plan National de la Sécurité Alimentaire évoque une enveloppe annuelle de 40 millions de dollars américains pour résorber l’insécurité alimentaire à Madagascar (ibid. ). Ces contrastes mettent en exergue la problématique fondamentale de la sécurité alimentaire : les efforts et les ressources déployés, malgré leur importance, pour mater l’insécurité alimentaire à travers des projets de sécurité alimentaire et de développement rural n’ont pas amené à une situation meilleure. Le tableau fait état d’une recrudescence paradoxale et flagrante de l’insécurité alimentaire en réponse à l’intensification des interventions en la matière. Les projets de sécurité alimentaire et de développement agricole n’arrivent pas à résorber de manière conséquente et durable le problème de l’insécurité alimentaire. Pourtant le Monde doit faire face au défi de trouver les voies et les moyens appropriés pour nourrir une population fortement croissante dans le contexte des inquiétudes relatives à la gestion des ressources naturelles » (Drogué & al., op.cit. ).

Questions de recherche Cette thèse s’inscrit justement dans cette problématique pour étudier la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants dans la zone de Moramanga au lendemain de la clôture des projets d’appui. Des projets de sécurité alimentaire (PSA) et de développement agricole pluriannuels ont été mis en œuvre dans le district de Moramanga notamment ceux de l’ « Adventist Development Relief Agency » (ADRA) et d’ l’« Eco-Regional Initiative » (ERI). Ces projets ont été financés par l’ « United States Agency of International Development » (USAID) Madagascar et exécutés entre 2003 et 2009. Ce sont des projets intégrés d’agriculture, de santé et d’environnement. Le Projet Sécurité Alimentaire (PSA) de l’ADRA a supporté entre autres 2 380 paysans modèles. Ces derniers sont des agriculteurs sélectionnés par le PSA parmi ses bénéficiaires à travers des critères bien définis au préalable pour être les principaux fils conducteurs en matière de transfert de techniques agricoles améliorées vers les pairs. Ces paysans modèles ont bénéficié d’un cursus de formation complet en techniques de production agricole et ont été dotés d’outillage agricole exceptionnel par rapport à la grande masse de bénéficiaire pour devenir ainsi des vitrines et des références en matière d’adoption des techniques améliorées vulgarisées par le projet. Ils étaient au nombre de huit personnes par village (ADRA, 2008). Pour ERI, les exploitants

3 agricoles ont été regroupés dans des associations « Koloharena » qui ont été les points focaux des interventions par le biais des paysans vulgarisateurs et des paysans animateurs appelés paysans leaders. Les axes d’intervention du projet de l’ERI sont la production agricole, la commercialisation et l’environnement. Les paysans modèles de PSA et les paysans leaders d’ERI, qui sont des Paysans Positivement Déviants (PPD), ont été des références en matière d’adoption technique et à cause de leur performance en sécurité alimentaire pendant l’accompagnement des projets d’appuis.

Le paradoxe entre la chronicité voire recrudescence de l’insécurité alimentaire et l’abondance des projets de développement fraye une piste de réflexion pour une étude approfondie sur ces projets d’appuis en l’occurrence la durabilité des résultats qu’ils ont laissés auprès des bénéficiaires. Ainsi, les questions de recherche en rapport avec la problématique exposée auparavant sont : - Comment a évolué la sécurité alimentaire des PPD au lendemain de la fin des projets d’appui ? - Comment les PPD ont-ils acculturé les actions de résilience après les projets d’appui ? - Comment les exploitations des PPD se projettent-elles dans le temps ?

Ces questions de recherche font allusion à la durabilité des effets engendrés par les projets en termes de réduction de l’insécurité alimentaire des bénéficiaires et de l’évolution de leur résilience post projet. La résilience sous entend un état transitionnel et de recherche d’équilibre et de stabilité (Koffi, 2014). La vulnérabilité quant à elle sous-entend « un état de faiblesse rendant le « coping » (Thomas, 2008), i.e. l’adaptation, la réaction et la résistance, peu efficace face à un stress. La vulnérabilité a une connotation négative basée sur la fragilité du système contrairement à la résilience qui, quant à elle, comporte une connotation positive (Provitolo & Antipolis, 2009). L’application des concepts de vulnérabilité et de résilience au processus de réduction de l’insécurité alimentaire paysanne et de l’inertie du sous- développement au niveau des exploitations agricoles sera ainsi traitée pour comprendre pourquoi les exploitations agricoles n’arrivent pas à accéder à un niveau de sécurité alimentaire durable et progressif malgré les appuis et les interventions de pointe apportés par les projets de sécurité alimentaire et de développement agricole.

Les hypothèses de l’étude Sur cette toile de fond, trois hypothèses sont considérées pour asseoir la recherche : - les paysans positivement déviants ont différents modes de sécurité alimentaire ;

4 - les paysans positivement déviants ont une acculturation sélective des actions de résilience ; - l’orientation des exploitations agricoles des paysans positivement déviants est régie par des stratégies définies et une trajectoire de résilience commune.

Madagascar est l’un des pays les moins développés dans le Monde. En 2012, il a été classé 151 ième sur 186 pays sur l’Index du Développement Humain. Son niveau de pauvreté est jugé très élevé : environ 71,5% de sa population vit en dessous du seuil de la pauvreté et 52 % en sont au-dessous du seuil de l’extrême pauvreté. C’est une pauvreté endémique émaillée d’une situation d’insécurité alimentaire très préoccupante. La population rurale est la plus frappée (PAM, 2014).

D’après Cannon et al. (Thomas, 2008), la pauvreté « mesure un statut alors que la vulnérabilité est un mode de conceptualisation de ce qui pourrait arriver à une population donnée ». Pour redresser une situation, il faut augmenter la capacité de gestion de risque des pauvres. C’est une stratégie de prédilection pour constituer par la suite une issue à la situation de pauvreté chronique de la population (ibid. ) Les gens vivant dans la précarité sont prisonniers de la trappe de la pauvreté (Lalau, 2008). Pour s’en sortir, il leur faut un tuteur de résilience (Lecomte, 2005) qui les ramèneraient à un état d’équilibre. L’assistance de ce tuteur offre la possibilité de transformation, de réorganisation et de renouvellement (Provitolo & Antipolis, 2009). Les projets d’appuis jouent justement ce rôle de tuteur de résilience afin d’amener leurs bénéficiaires vers une condition meilleure et une nouvelle situation d’équilibre. Dans ce sens, les recommandations des experts portent sur l’intensification des opérations d’urgence telles que l’aide alimentaire aux plus démunis, la fourniture d’intrants agricoles ainsi que de services vétérinaires et phytosanitaires. L’objectif est de permettre aux agriculteurs de maintenir voire accroître la production alimentaire et lutter contre les maladies et les ennemis des plantes et des animaux d’élevage (FAO & PAM, 2010). La résilience des agriculteurs repose sur le degré de diversification des activités à la fois agricoles et non agricoles. A ceci s’ajoute la capacité d’innovation technique qui est souvent le résultat du passage des projets de développement (CIRAD, 2014b). Ces interventions doivent permettre aux gens vulnérables de s’éjecter du cercle vicieux de la pauvreté vers le changement (Olsson & al ., 2014) et prendre une trajectoire de résilience de façon irréversible (Provitolo & Antipolis, op.cit ).

Dans cette optique, les bénéficiaires des projets de sécurité alimentaire, en premier lieu les paysans positivement déviants, devraient embrasser une meilleure sécurité alimentaire

5 au terme des accompagnements. Ce qui a été effectivement vérifié pour PSA en 2009. Cette transformation résiliençiaire devrait-être irréversible (Provitolo & Antipolis, op.cit.) et les agriculteurs bénéficiaires des projets sont supposés poursuivre le changement entamé.

Objectif global, objectifs spécifiques De tout ce qui précède, ce projet de thèse a comme objectif global de mettre en relief la différenciation des paysans positivement déviants des projets de sécurité alimentaire et de développement agricole du district de Moramanga cinq ans après leur clôture respective. Trois objectifs spécifiques découlent de cet objectif global de recherche : - définir et comprendre le mode de sécurité alimentaire des PPD, - comprendre le mode d’acculturation des actions de résilience au sein des exploitations des agriculteurs positivement déviant, et - reproduire le modèle de trajectoire de résilience des PPD.

Résultats attendus et limites de l’étude Les résultats attendus de cette étude seront : - la découverte des origines de la différenciation des PPD en matière de sécurité alimentaire, - la mise en relief des différentes réactions post projet des PPD par rapport aux actions de résilience ainsi que leurs causes, - la production d’un modèle de trajectoire de résilience des agriculteurs positivement déviants et les facteurs qui y interviendront. Le tout débouchera à la formulation des théories des PPD en matière de sécurité alimentaire et de stratégie de subsistance.

La conceptualisation penchera sur le développement des petites exploitations agricoles vis-à-vis de la sécurité alimentaire, de l’acculturation des techniques de production agricole vulgarisées en milieu rural, de la durabilité des résultats issus d’une intervention limitée dans le temps et sous forme de projet. De loin, les théories de développement des paysans positivement déviants serviront de référence aux parties prenantes et aux acteurs de développement en général et ceux de la sécurité alimentaire en particulier. Cette thèse se veut de contribuer à l’amélioration des éventuels projets de sécurité alimentaire et de développement agricole afin de les rendre plus efficaces en termes de durabilité d’impacts. Les découvertes en apporteront à coup sûr des graines d’amélioration pour mieux accompagner et supporter les agriculteurs à améliorer leur sécurité alimentaire et à s’arrimer à une trajectoire de résilience ascendante. Une portée internationale des résultats n’est pas à

6 exclure étant donné que l’insécurité alimentaire est devenue un problème mondial et mondialisé.

Outre que l’étude concerne un seul district, sa limite réside dans la différence entre la taille des deux échantillons étudiés. La population PSA est composée de 379 PPD et l’on a dû procéder à un échantillonnage pour sortir les 194 observations tandis que la population d’ERI est seulement composée de 45 PPD et la démarche adoptée est par conséquent l’enquête exhaustive. Cette différence vient de la différence des tailles des populations mères elles- mêmes. Quand bien même, les méthodes de comparaison statistique permettent d’endiguer les risques d’erreur pour tout ce qui est analyse comparative et d’en tirer par la suite des conclusions fiables.

Après une topographie de l’état de l’art et un exposé de la méthodologie, les trois parties qui suivent vont décortiquer la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants ou PPD, leur acculturation agricole et leur trajectoire de résilience. Les discussions générales s’en suivront et le tout aboutira à des conclusions générales visant à éclairer les décideurs et les prises de décision ayant trait à la sécurité alimentaire en général et à celle de Madagascar en particulier.

7 Etat de l’art et méthodologie

I] ETAT DE L’ART ET METHODOLOGIE

1 ETAT DE L’ART ET METHODOLOGIE

8 Etat de l’art et méthodologie Introduction Cette partie traite les thèmes principaux de la thèse et la méthodologie adoptée. En premier lieu sera traitée dans l’état de l’art la sécurité alimentaire en tant que thème principal autour duquel gravitent tous les travaux de recherche et d’analyse ; ensuite, le tandem tridimensionnel Vulnérabilité – Capabilité – Résilience dont la troisième hypothèse est la plus concernée avant de terminer avec les concepts de l’acculturation et de la déviance positive, qui concerne entre autres la deuxième hypothèse. Ces concepts convergeront dans les discussions générales.

1.1 Etat de l’art

1.1.1 La Sécurité alimentaire « Un peuple affamé est une honte pour le roi ». Cet adage du temps de l’illustre roi Andrianampoinimerina montre l’importance de la sécurité alimentaire pour la bonne gouvernance d’une Nation. La sécurité alimentaire est depuis toujours une affaire d’Etat, non seulement à Madagascar mais partout dans le Monde à l’instar de l’Egypte antique gouverné par le Pharaon et qui a désigné le patriarche Joseph pour gérer la période de sept années de surproductions suivies de sept années de famine. Le but était d’assurer la sécurité alimentaire des égyptiens voire les peuples voisins dans le long terme. Aucun dirigeant et aucune institution, pour asseoir leur notoriété, ne peuvent se permettre d’ignorer ni sous-estimer le problème de l’insécurité alimentaire. En effet, la sécurité alimentaire est en corrélation avec la paix sociale et la famine cohabite avec la pauvreté (Drogué & al. , 2006). L’insécurité alimentaire constitue l’un des facteurs de blocage du développement car « le ventre faim n’a pas d’oreille ». Ce qui signifie que dans un contexte d’insécurité alimentaire, toute tentative d’action de développement est vouée à coup sûr à l’échec. Le besoin alimentaire figure parmi les besoins fondamentaux et physiologiques dans la hiérarchisation de la pyramide de Maslow. Les besoins physiologiques se trouvent en bas de l’échelle en dessous des besoins de sécurité, ceux d'appartenance et d'amour, ceux d'estime et celui d'accomplissement de soi. La théorie d’Abraham Maslow insinue que l’être humain ne peut progresser et évoluer vers un échelon supérieur que si et seulement si le besoin inférieur soit satisfait. Les dirigeants consciencieux d’antan en étaient si avertis de cette logique humaine qu’ils n’ont pas manqué de considération de la sécurité alimentaire de leurs sujets.

Dans la même foulée, la communauté internationale, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies a lancé le « défi de la zéro famine » (FAO, 2014b) pour briser l’épée de Damoclès et assurer la sécurité alimentaire des sept milliards d’habitants de la planète Terre.

9 Etat de l’art et méthodologie Ceci revient à dire que la sécurité alimentaire reste un sujet incontournable et d’actualité à tous les niveaux notamment pour la gouvernance et la recherche.

Les points relatifs au concept de la sécurité alimentaire, son évolution et son contexte actuel, la malnutrition, les facteurs influant la sécurité alimentaire, le cas de Madagascar et le cas de la zone d’étude seront survolés dans cette partie.

1.1.1.1 Le concept de la sécurité alimentaire En 1996 , l’organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a statué que la sécurité alimentaire est effective « quand toutes les personnes, à tout moment, bénéficient d’un accès physique, social et économique à la nourriture en quantité suffisante de façon à satisfaire leurs besoins diététiques ainsi que leurs préférences culturelles, et qui leur permet de mener une vie active et saine» (PAM, 2005). La vision classique, ayant défini la sécurité alimentaire comme une question d’adéquation entre l’offre et la demande alimentaires, est ainsi révolue. Il ne suffit plus d’augmenter la production agricole et de ralentir la croissance démographique pour parvenir à une sécurité alimentaire effective (CIRAD, 2014a) .

De cette nouvelle définition découlent les trois facteurs incontournables de la sécurité alimentaire ? Il s’agit de la disponibilité de la nourriture, de l’accessibilité à la nourriture et de l’utilisation de la nourriture (FISCR, 2005). « Il y a sécurité alimentaire si et seulement si ces trois dimensions de la sécurité alimentaire (disponibilité, accès et utilisation) sont satisfaites à tout moment » (PAM, ibid. ). L’accès aux aliments sous-entend la capacité de produire tandis que la disponibilité est particulièrement liée au problème des zones n’ayant pas une production alimentaire suffisante. La qualité de l’alimentation couvre les aspects nutritionnel, sanitaire, sensoriel et socio-culturel. Le CIRAD avance une dimension supplémentaire qu’est la régularité. Celle-ci fait allusion à la disponibilité, aux moyens d’accès à l’alimentation et à sa qualité. La stabilité des prix et des revenus de la population vulnérable entre dans cette ligne (CIRAD, ibid. ).

a. La disponibilité des aliments La disponibilité de la nourriture sous-entend qu’elle soit physiquement disponible aux niveaux national, régional et local. C’est la nourriture qui existe (FISCR, ibid. ). La disponibilité alimentaire dépend surtout de la production agricole du pays et de sa capacité d’importer de la nourriture en quantité répondant aux besoins. Pour les agriculteurs, la disponibilité des aliments est fonction de la production agricole de l’exploitation et de la disponibilité des aliments sur le marché (PAM, ibid. ).

10 Etat de l’art et méthodologie b. L’accès aux aliments L’accessibilité de la nourriture traite la manière dont les gens peuvent acquérir ce qui est disponible entre autres par la production, le stock, l’achat, le troc, le cadeau, l’emprunt et l’aide alimentaire. L’accessibilité de la nourriture est fonction de la disposition des ressources pour s’en procurer ; elle peut être réduite par l’insécurité et la disparition de la protection sociale (FISCR, op. cit. ).

L’accès aux aliments est en fonction de la capacité des ménages à accéder à une quantité suffisante aux nourritures par la production, l’achat, les transferts, les dons voire le mélange de ces mécanismes. On distingue l’accès physique et l’accès économique. La première dépend de la condition de transport tandis que la seconde dépend en l’occurrence du pouvoir d’achat du ménage autrement dit du niveau de revenu et du prix (PAM, op. cit. ).

c. L’utilisation des aliments L’utilisation de la nourriture englobe la façon dont la population utilise la nourriture. Elle est liée à la qualité des aliments, le stockage, la préparation, les principes nutritionnels de base et l’état sanitaire du consommateur (FISCR, op. cit. ). Elle fait allusion à la capacité des ménages et des individus à préparer, à conserver, à consommer et à absorber les aliments de façon à maximiser la valeur nutritionnelle des aliments. L’utilisation des aliments est ainsi fonction des connaissances nutritionnelles des individus mais aussi de la diversification équilibrée des régimes alimentaires d’un environnement « sain » afin de minimiser l’incidence des maladies et des infections (PAM, op. cit. ).

Un quelconque problème sur les trois facteurs de la sécurité alimentaire – disponibilité-accessibilité-utilisation- compromettrait la sécurité alimentaire (FISCR, op. cit. ). En somme, la sécurité alimentaire est un concept multidimensionnel qui intègre à la fois les notions de disponibilité, d’accessibilité et d’utilisation des aliments ainsi que la stabilité, les risques et la pauvreté. La sécurité alimentaire concerne les aliments existants et ses constituants. La disponibilité sans une distribution adéquate au profit de la population n’évite pas le problème de la famine. Il faut ainsi assurer l’accès physique et l’accès économique de la population aux aliments. Un statut nutritionnel adéquat est crucial pour le développement physique et cognitif de l’individu ainsi que pour la croissance économique de la société. Dans ce sens, la vulnérabilité de la sécurité alimentaire est définie comme la probabilité pour un individu ou ménage de tomber ou rester au-dessous du seuil de sécurité alimentaire pendant un certain temps. Faut-il noter la différence entre vulnérabilité et insécurité alimentaire. La seconde décrit l’état du bien être d’une personne tandis que la première est basée sur la

11 Etat de l’art et méthodologie probabilité de rester et de tomber dans l’insécurité alimentaire dans le futur. Les risques, les dangers, les chocs, les conflits armés et les catastrophes naturels causent des risques significatifs sur la sécurité alimentaire de la population, en particulier quand ces derniers sont vécus dans un contexte de pauvreté, de gouvernance rudimentaire, de rareté de ressources, de moyens d’existence non pérenne et de défaillance des institutions locales. Dans cette circonstance, un choc ponctuel peut devenir un cercle vicieux où le pays aura du mal à s’en sortir pour reprendre le chemin du développement à long terme. Parmi les facteurs déterminants de la famine, la pauvreté en est le plus important. Tout comme la famine, la pauvreté est aussi un système à multiple facette. La pauvreté n'est pas seulement considérée comme la faiblesse de revenu ou de la consommation ; elle comprend la privation en matière de santé, d’éducation, de nutrition, de sécurité, de responsabilisation et de dignité. La vulnérabilité constitue en grande partie une dimension de la pauvreté (FAO Africa, 2012).

1.1.1.2 Les facteurs influant la sécurité alimentaire D’après le rapport de la FAO Afrique (2012) la sécurité alimentaire est influée par un certain nombre de facteurs : - la population et la démographie qui, pour l’Afrique, affichent un taux de croissance deux fois plus que pour les autres régions ; particulièrement pour la population agricole qui est de 1,5% en Afrique contre 0,3% pour le Monde, - la place de la femme dans l’agriculture : augmenter l’accès des femmes au terrain est crucial si l’on veut lutter contre la famine et la pauvreté. Une disparité est constatée entre l’homme et la femme dans la plupart des pays quel que soit le niveau de développement. Selon la Banque mondiale, le fait de donner aux femmes la même possibilité d’accès aux intrants qu’aux hommes améliore le rendement et augmente la productivité agricole à l’instar de la production de maïs au Malawi et Ghana, - la terre et les ressources en eau : La superficie de terrain par personne reste faible, c’est de l’ordre de 0,15ha/personne pour certains pays comme la Côte d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, l’Egypte, l’Erythrée, la Mauritanie, Madagascar, la Sierra Léone et la Somalie, - la force de travail : elle assure les travaux dans les exploitations. A titre de comparaison, le taux de travail pour l’Afrique est 60,7%, ce qui n’est pas loin de celui des pays asiatiques et ceux d’Amérique latine qui est de l’ordre de 61,5%, - le capital et l’investissement : étant donné leur importance dans l’agriculture, les pays qui embrassent une bonne performance en termes de réduction de la pauvreté et de la faim sont ceux qui ont réalisé un taux d’investissement élevé par agriculteur,

12 Etat de l’art et méthodologie - les intrants tels que les pesticides peuvent augmenter la productivité mais quand ils sont utilisés inconvenablement, ils sont toxiques pour l’homme et les espèces, - l’infrastructure : un des facteurs déterminants ayant causé le recul de l’agriculture est l’absence d’infrastructure adéquate. L’amélioration des infrastructures rurales de base entre autres la route, l’électrification, le stockage est prérequis pour développer le secteur agricole, - la macroéconomie : les changements politiques à l’échelle macroéconomique affectent la performance de l’économie agricole : par exemple, le changement de taux d’intérêt et l’inflation ont des impacts tangibles sur les prix des intrants, des terres et des vivres.

1.1.1.3 L’insécurité alimentaire D’après le Programme Alimentaire Mondiale (PAM, op. cit. ), « La vulnérabilité à l’insécurité alimentaire est la combinaison entre l’exposition aux risques et aux chocs, c’est d’une part la vulnérabilité externe et la capacité des ménages à mitiger les effets de ces chocs sur leur système de vie, c’est d’autre part la vulnérabilité interne ». Un ménage est vulnérable à l’insécurité alimentaire lorsqu’il court le risque de tomber facilement dans l’insécurité alimentaire suite à l’exposition au choc tel que la sécheresse, l’attaque acridienne, la hausse significative des prix. Son incapacité à se protéger et à préserver sa consommation alimentaire y joue un rôle primordial. En effet, la capacité des ménages à faire face aux aléas a une dimension socio-économique. Cette capacité est constituée en l’occurrence par leur dotation en capital humain, social, économique et financier. La structure et la diversification de leur base de revenus en font partie aussi. Il est quand même important de nuancer que « les ménages vulnérables ne sont pas forcément en insécurité alimentaire à un moment donné mais ils ont une forte probabilité d’y tomber à cause d’un choc externe. Par contre, les ménages en insécurité alimentaire sont vulnérables au choc » (PAM, op. cit. ).

L’insécurité alimentaire est à l’origine des dommages durables aux générations futures, à l’environnement et à la santé physique. La malnutrition quant à elle n’est pas causée seulement par l’insécurité alimentaire mais aussi par d’autres facteurs tels que la maladie, l’insalubrité, la pollution de l’eau, la négligence parentale ainsi que les habitudes alimentaires, l’absence de centres de santé, la disponibilité limitée d’eau potable et de médicaments. De plus, des causes sous-jacentes à la malnutrition sont aussi à noter comme les causes structurelles. Ces dernières sont en général très difficiles à maîtriser surtout quand il s’agit du régime politique, des infrastructures, de la qualité des ressources à l’instar des terres affectées

13 Etat de l’art et méthodologie à l’élevage ou à la culture, ou encore la pluviosité. Pourtant, ils ont une emprise sur la santé publique, la sécurité alimentaire ainsi que l’environnement social et familial (FISCR, op. cit. ).

1.1.1.4 Analyse et évaluation de la sécurité alimentaire L’analyse de la sécurité alimentaire doit considérer sa composition tridimensionnelle à savoir la disponibilité des aliments, l’accessibilité des aliments, l’utilisation des aliments. Chaque dimension ne peut être décrite qu’en considérant simultanément plusieurs indicateurs. La qualité du régime alimentaire, en termes de fréquence et de diversité de la diète, constitue une dimension flagrante de la sécurité alimentaire (PAM, op. cit. ). Par ailleurs, la perte d’aliments représente un coût significatif pour l’économie mondial et la nutrition de la population de la planète. Tous les niveaux du système alimentaire en sont concernés, depuis la production jusqu’à la distribution. Le gaspillage, quant à lui est typique au système alimentaire des pays développés (FAO Africa, 2012).

Sous un autre angle, la sécurité alimentaire peut être analysée avec deux indicateurs principaux. Ce sont la quantité et la qualité du régime alimentaire. Un régime alimentaire est quantitativement pauvre si la consommation journalière par personne est en dessous de 2.250 kcal. Il est qualitativement pauvre s’il est constitué de céréales et de féculents à plus de 85% (PAM, 2014). « Les évaluations aident à comprendre une situation de crise et à préciser les risques que celle-ci comporte pour la vie, la dignité, la santé et les moyens de subsistance. Une évaluation approfondie ne permet pas seulement d’identifier les besoins d’une communauté donnée ; elle procure aussi une compréhension du contexte et de la dynamique qui ont entraîné ou vont entraîner une situation de crise ». Dans ce sens, l’évaluation de la sécurité alimentaire étudie en profondeur les moyens de subsistance, les besoins alimentaires, les ressources à la disposition, l’accès aux ressources et le moment, la différence entre situation normale et situation de crise ainsi que le besoin d’assistance ou non. L’évaluation d’une sécurité alimentaire doit considérer les différents groupes de personnes et prévoir l’imminence d’une crise ou la durée de l’insécurité alimentaire. L’objectif ultime de l’évaluation est « de tirer des conclusions concernant la disponibilité de la nourriture pour l’ensemble de la communauté, l’accessibilité des divers groupes à la nourriture et l’utilisation de la nourriture au sein des ménages et d’indiquer en quoi et pourquoi la situation a évolué en indiquant les groupes vulnérables face à l’insécurité alimentaire » (FISCR, op. cit. ).

1.1.1.5 Stratégie de sécurité alimentaire des ménages Un bon nombre de gouvernements mise sur les exploitations familiales dans leurs politiques économiques agricoles notamment en matière de sécurité alimentaire à l’instar des

14 Etat de l’art et méthodologie pays de l’Afrique de l’Ouest. Pour cette tendance, la sécurité alimentaire doit passer par l’amélioration de la productivité des produits de consommation de base. Seulement, les exploitations familiales sont accusées d’être la cause de la faible compétitivité de l’agriculture. Les exploitations familiales sont caricaturées en « culture extensive, méthodes traditionnelles, absence de professionnalisme, économie de subsistance » figeant ainsi « les producteurs dans des caractères stéréotypés d’ignorance et de conservatisme » (Fall, 2014). Pour assurer une nutrition et une sécurité alimentaire durable, il faut promouvoir la croissance pérenne de la production agricole, renforcer la gestion durable des ressources naturelles, supporter l’accès au marché et les mesures sanitaires pour une meilleure commercialisation et promouvoir la gestion ainsi que le partage d’informations et de connaissances (FAO Africa, op. cit. ).

L’adaptation comprend des étapes progressives commençant par l’adaptation initiale réversible, puis l’adaptation qui compromet la sécurité alimentaire future telle que la vente de terres agricoles, de la migration de toute la famille ou du déboisement intensif. Les stratégies d’adaptation peuvent également affecter l’environnement et entraîner une surexploitation des ressources naturelles collectives. La stratégie d’adaptation se radicalise de plus en plus si aucune solution n’est prise pour renverser la situation. D’où l’importance de la protection et du soutien en faveur de la sécurité alimentaire avant l’épuisement des options non nuisibles. Les mécanismes d’adaptation s’observent par la réduction du nombre de repas, l’emprunt, la vente de vêtements, l’augmentation anormale du prix des denrées alimentaires, la vente d’outils de production ou de terres, les mouvements inhabituels de population, l’augmentation de la prostitution pour faire face à l’insécurité alimentaire. Ces recours constituent des signaux d’alarme (FISCR, 2005).

Les aides alimentaires ont augmenté considérablement dans les 25 dernières années à cause des insécurités alimentaires chroniques. L’aide alimentaire constitue la réponse immédiate et d’urgence de la communauté internationale pour les causes humanitaires et les besoins à court terme. Elle ne touche pas la sécurité alimentaire à long terme ainsi que l’investissement agricole et la pérennisation de la production (FAO Africa, 2012). Sur le terrain, les interventions peuvent se faire sous forme de distribution (FISCR, op. cit. ). Par contre, la dimension de la durabilité qui englobe le foncier, l’eau, la pollution agricole, le changement climatique, l’utilisation d’engrais organique, les plantes génétiquement modifiés, la bio-économie est loin d’être traité (FAO Africa, ibid. ).

15 Etat de l’art et méthodologie 1.1.1.6 La malnutrition La malnutrition est engendrée soit par une faible consommation alimentaire due à un manque de disponibilité, à un accès insuffisant et à une mauvaise utilisation des aliments. Celle-ci est causée par la méconnaissance de bonnes pratiques nutritionnelles et/ou de l’environnement sanitaire déficient (PAM, 2005). La qualité nutritionnelle peut être mesurée par le score de diversité alimentaire ou SDA qui « comptabilise le nombre de groupes d’aliments consommés. Cet indicateur se réfère à la consommation alimentaire du ménage durant les 7 jours précédant l’enquête. Cependant, il n’existe pas de seuil internationalement reconnu pour définir une bonne ou mauvaise diversité alimentaire» (PAM, 2014).

1.1.1.7 Implication sectorielle de la sécurité alimentaire Etant un concept multidimensionnel, la sécurité alimentaire comporte diverses implications sectorielles notamment dans le domaine de l’agriculture familiale, la politique agricole, le changement climatique, la pauvreté, l’échelle géographique et la perspective de développement. La sécurité alimentaire et la pauvreté

« La faim constitue à la fois la cause et l’effet de la pauvreté extrême. Elle empêche les pauvres de tirer parti des possibilités de développement. L'éradication de la faim est une étape indispensable pour réduire la pauvreté et l'inégalité » (Drogué & al ., 2006). Quand bien même, les pauvres ne sont pas toujours les plus durement touchés. Les riches qui ont plus de biens courent le risque de perdre plus et d’avoir la difficulté de compenser leurs pertes. Pauvreté et insécurité alimentaire ne sont pas synonymes. Les stratégies d’adaptation de la communauté est un paramètre incontournable dans l’évaluation de la sécurité alimentaire (FISCR, 2005). L’insécurité alimentaire chronique et la vulnérabilité généralisée ont une forte relation avec la pauvreté endémique qui se caractérise chez les agriculteurs par la précarité de leur système de production, l’insuffisance des aménagements agricoles. Cette précarité est majorée par la vulnérabilité aux aléas climatiques, origine des crises alimentaires conjoncturelles récurrentes (ibid. ).

La stratégie de compensation des ménages face aux chocs peut être classée en deux catégories. Ce sont les stratégies de type alimentaire et les stratégies de type non alimentaire. Les stratégies de type alimentaire consistent à la modification des habitudes alimentaires ou la réduction du nombre de repas ou des quantités consommées tandis que les stratégies de type non alimentaire font recours à la vente de biens productifs et non productifs, de bétail, le recours à l’emprunt, à la migration exceptionnelle, aux travaux exceptionnels, à la mendicité… L’insécurité alimentaire varie selon le niveau d’éducation du chef de ménage car

16 Etat de l’art et méthodologie « l’importance du revenu agricole généré dépend des caractéristiques des ménages : plus le niveau d’instruction du chef de ménage est élevé, plus la superficie exploitée est grande, plus le montant du revenu agricole est élevé » (FISCR, op. cit. ).

1.1.1.8 La sécurité alimentaire dans le Monde A l’origine, la sécurité alimentaire a été basée sur le calcul du ratio moyen de disponibilité alimentaire sur population. Ce ratio était inspiré de la théorie malthusienne. Le concept de la sécurité alimentaire a depuis évolué sur le plan international, particulièrement au début des années 80, avec les travaux d’Amartya K. Sen qui, dans Poverty and Famines en 1981 a soutenu que ce ratio est obsolète pour expliquer l’émergence d’une famine. La FAO en 1983 a énoncé sa première version du concept élargi de la sécurité alimentaire. Au fil du temps, le concept de la sécurité alimentaire a évolué et dont la dernière définition stipule que « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leur besoin énergétique et leur préférence alimentaire pour mener une vie saine et active ». Dans ce nouveau contexte, l’insuffisance de la disponibilité alimentaire n’est plus considérée comme la cause principale de la sous-alimentation. C’est plutôt la pauvreté qui est pointée du doigt comme la cause principale de l’insécurité alimentaire (Drogue & al., ibid. ).

Les dernières décennies du 20 ème siècle ont été marquées par l’augmentation des disponibilités alimentaires mondiales, particulièrement pour les pays en développement. La consommation alimentaire globale moyenne est passée de 2 200 kilocalories par jour et par personne dans les années 60 à plus de 2 800 kilocalories à la fin du 20ème siècle. Quand bien même, ces évolutions sont jugées lentes, irrégulières et géographiquement hétérogènes. La prévision de réduction annuelle du nombre de personnes sous-alimentées est de 8 millions par an. Ainsi, la Déclaration du Millénaire, de réduire de moitié le nombre de personnes sous- alimentées pour l’année 2015 au plus tard n’était du tout pas atteint (Drogue& al. , op. cit. ).

Les Nations Unies ont tablé que les agriculteurs de la planète devront nourrir huit milliards d’êtres humains d’ici 25 ans. Le Club de Rome s’alarmait dans « Limits to Growth » (Meadows, 1972 ; Drogue & al., 2006) qu’avec son taux d’accroissement démographique exponentiel, les capacités maximales d’approvisionnement de la planète seraient atteintes en un siècle. Ceci ouvre le débat sur comment la planète pourra nourrir de manière satisfaisante 09 ou 10 milliards d’êtres humains. La prise en compte de l’environnement est indéniable avec les effets croisés entre l’agriculture et la préservation des écosystèmes. Grosso modo, la population mondiale disposera d’une alimentation plus riche (environ 3.000

17 Etat de l’art et méthodologie kcal/personne/jour selon la FAO). La population mondiale s’urbanise et s’enrichit ; ces deux phénomènes conjugués vont provoquer des changements quantitatifs et qualitatifs dans la demande adressée au secteur agricole. L’apparition des stress environnementaux risquent de ne pas faciliter la satisfaction de cette demande alimentaire par l’agriculture En outre, le développement des infrastructures et l’urbanisation risquent de réduire les surfaces agricoles autour de grands centres de population et reflètent ainsi la concurrence spatiale entre cultures alimentaires et cultures non alimentaires. Les systèmes de production plus intensifs engendrent une dégradation de sols et une déforestation. La perspective pour l’augmentation de la production alimentaire, l’adoption des biotechnologies et du génie génétique pour accroître la productivité de l’agriculture n’est pas encore effective voire controversée à cause des incertitudes sur leurs conséquences environnementales et le manque d’acceptation sociale. L’agriculture se heurte aux effets pervers du changement climatique. (Drogué & al. , 2006).

Pour pallier les problèmes de la faim dans le Monde, le défi de la zéro famine a été lancé par l’Organisation des Nations Unies, ONU, lors de la Conférence de Rio pour le développement durable en Juin 2012 (FAO, 2014b).

Le défi de la zéro famine repose sur cinq piliers principaux :

- mettre fin à la faim, - rendre à 100% l’accès aux aliments adéquats pour toute l’année, - pérenniser les systèmes alimentaires, - doubler la production et le revenu des petites exploitations agricoles. - réduire à zéro la perte alimentaire (FAO, 2014b).

Face à ce défi de taille, la disposition de ressources est essentielle pour assurer la sécurité alimentaire du monde rural. Dans ce sens, l’égalité de genres en matière d’« ownership » joue un rôle important pour améliorer la productivité et la sécurité alimentaire. Le fait d’accorder plus d’importance à la femme dans la prise de décision du ménage augmenterait la productivité agricole (Galiè & al., 2015).

1.1.1.9 La sécurité alimentaire à Madagascar Madagascar est l’un des pays les moins développés au Monde. En 2012, il se classait 151 ième sur 186 pays de l’index du développement humain : le niveau de pauvreté est très élevé (environ 71% de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté et 52 % vit en dessous du seuil de l’extrême pauvreté. Madagascar figurerait parmi les trois pays du globe

18 Etat de l’art et méthodologie le plus affecté par le changement climatique dans les 30 années à venir. Le changement climatique laisse déjà ses effets à l’instar de la baisse drastique de revenu et de la sécurité alimentaire de 80% des ménages. 72% des ménages victimes du choc lié au changement climatique supposent ne pas pouvoir se relever un an après l’incident (PAM, 2014).

Il est ainsi primordial de trouver comment gérer les risques des catastrophes naturelles entre autres celles liées au changement climatique qui affectent généralement les plus vulnérables. Le renforcement de la résilience des populations pauvres et vulnérables vivant dans les zones à risque face à l’insécurité alimentaire causé par le changement climatique doit être admis comme objectif ultime des interventions. La gestion et la réduction des risques constituent un point d’entrée au renforcement des capacités adaptives des ruraux vulnérables. Sur le terrain, la réponse post catastrophe est relative à la promotion de semences améliorées à cycle court et tolérantes aux inondations, la diversification culturale pour éviter la perte de récolte et assurer l’accès aux aliments et la diversification de revenu. Les accompagnements techniques vont de pair avec ces actions. Le fait de faire des cultures à cycle court ouvre l’opportunité de deux saisons culturales. L’approche Sécurité Alimentaire/Réduction de Risques Climatique (SA/RRC) doit favoriser l’utilisation des moyens disponible au niveau paysan pour faciliter l’adoption (FAO Madagascar, 2012). De surcroît, la Grande Ile subit de plein fouet les conséquences économiques et sociales d’une longue crise politique qui a gravement affecté l’économie du pays et contribué à l’appauvrissement de la population. Le taux de croissance du PIB est tombé de 5,6 % à 1,8% pendant les 3 ans qui ont suivi (PAM, op. cit. ).

Les ménages pratiquent une agriculture de subsistance caractérisée par de faibles rendements, du manque d’intrants, d’outillage, d’infrastructures et du recours à des techniques traditionnelles. Les performances agricoles médiocres, face à une croissance démographique de 2,9 % par an, expliquent en grande partie la baisse persistante du revenu per capita. Les chocs climatiques récurrents s’ajoutent en situation aggravante aux difficultés de la population agricole. Entre 1980 et 2010, l’Ile a connu 35 cyclones et inondations, cinq périodes de sécheresse sévère et six épidémies. Chaque année, le pays connait 3 à 4 cyclones (PAM, 2014).

A Madagascar, la situation de l’insécurité alimentaire est très préoccupante : un tiers des ménages est dans une situation d’insécurité alimentaire très sévère et une très grande majorité de la population a un régime très insuffisant en termes de quantité ou de qualité. Presque 58 % des ménages ont un régime alimentaire très pauvre en quantité ; et 60 % ont une

19 Etat de l’art et méthodologie alimentation extrêmement pauvre en qualité. Depuis 2005, surtout entre 2010 et 2012, la situation s’est dégradée dans la capitale (passant de 13 à 18,7%) en raison du ralentissement économique lié à la crise politique (PAM, op. cit. ). La disponibilité du riz par tête s’était réduite de 160 kg/an dans les années 60 à environ 115 kg/an en 2005. Environ 8% de la population souffre d’insécurité alimentaire chronique (IAC) et un ménage sur deux connaîtrait une insécurité alimentaire temporaire ou saisonnière (IAS). La régularité des approvisionnements laisse souvent à désirer (EPP PADR, 2005) .

Les ménages à profil de consommation « pauvre » ont une alimentation à base de manioc pour 05 jours par semaine, de riz pour 03 jours par semaine et des légumes 03 jours par semaine. Ce régime alimentaire est loin de satisfaire les besoins nutritionnels minimum et révèle la situation d’insécurité alimentaire des ménages concernés. Les ménages à profil de consommation « limite » consomme du riz 6 fois par semaine en moyenne, du manioc, des légumes et du sucre un jour sur deux avec une utilisation rare d’huile dans leur repas. Les aliments à base de protides (légumineuses ou viande) sont introduits une fois par semaine. Les ménages à profil de consommation « acceptable » mangent du riz tous les jours et des légumes 5 jours par semaine. L’utilisation d’huile et de sucre est régulière, la viande et le manioc se mangent 3 fois par semaine (FAO & PAM, 2010).

Les subventions et l’encadrement technique ont fait monté la production agricole mais les restrictions budgétaire lors de la crise l’a fait chuter. A ceci s’ajoute l’effet des caprices de la nature. La saison agricole 2012/13 a enregistré la plus forte diminution de la disponibilité des aliments de base, entre autres le riz, à cause du manque de pluviométrie et de l’invasion acridienne qui a décimé jusqu’à 50% des cultures vivrières des zones affectées. Dès lors, l’importation de riz, pour combler le gap, a doublé de son niveau habituel, 410 375 tonnes de riz contre 100 000 à 200 000 tonnes (PAM, op. cit. ).

Les principales causes de l’insécurité alimentaire à Madagascar sont en l’occurrence la pauvreté et le faible niveau des revenus agricoles, la faible productivité agricole, la dépendance des marchés et la difficulté d’accès au marché ainsi que la récurrence des chocs climatiques. 77% de la population rurale et 48,8% de la population urbaine vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Le revenu agricole annuel moyen d’un ménage agricole s’élève à environ Ariary 978 000 et 62% de leur dépense est occasionnée par l’alimentation du ménage. Ce qui reflète une grande vulnérabilité. A ceux-ci s’ajoutent « le facteur politique, l’absence de continuité des politiques gouvernementales et le manque de clarté dans les objectifs et l’affectation des ressources, l’insuffisance de la croissance économique, la mauvaise

20 Etat de l’art et méthodologie répartition des fruits de cette croissance, la croissance démographique non maîtrisée et la dégradation des conditions de sécurité » (PAM, op. cit. ).

« Le défi qui se pose pour Madagascar est de pouvoir toucher au moins le quart des populations vulnérables et à risque. Ceci nécessite à la fois l’intégration effective de la dimension Changement climatique et la gestion/ réduction des risques dans les politiques/plans/programmes sectoriels de l’agriculture (y compris élevage et pêche), ainsi que des financements plus substantiels » (FAO Madagascar, 2012). Afin de protéger les acquis et les réalisations, la recherche doit étendre ses recherches sur les ennemis de la culture en l’occurrence les ravageurs, les insectes et les maladies phytopathologiques qui trouvent des conditions de développement favorables avec le changement climatique. A noter qu’en particulier, l’agriculture à Madagascar est fortement tributaire de la pluviométrie (FAO & PAM, 2010).

Pour redresser la situation et instaurer la sécurité alimentaire, les recommandations des experts portent sur l’intensification des opérations d’urgence telles que l’aide alimentaire aux plus démunis, la fourniture d’intrants agricoles ainsi que de soins vétérinaires et phytosanitaires. Le gouvernement Malagasy a conçu avec ses partenaires financiers et techniques le Plan National pour la Sécurité Alimentaire en 2005 afin de coordonner les programmes de lutte contre l’insécurité alimentaire. L’objectif de ce plan était de « réduire de 50% l’effectif des personnes vulnérables à l’horizon 2015» (EPP PADR, 2005). Tout comme l’Objectif du Millénaire pour le Développement, cet objectif est raté si l’on se réfère aux statistiques susmentionnées.

Il est à noter que la région d’Alaotra Mangoro où se trouve la zone d’étude, possède la meilleure consommation alimentaire avec 82% de ménages ayant un profil « acceptable » (ibid. ). Mais la situation n’a pas vraiment évolué dans cette région (PAM, 2014). Les pertes des surfaces arables dues à l’ensablement constituent aussi un des majeurs problèmes de l’agriculture pour certaines communes ; cette perte est estimée à environ 10 % annuellement (op.cit., FAO & PAM).

1.1.2 La Vulnérabilité La vulnérabilité est actuellement un langage courant dans le domaine du développement et de l’humanitaire. C’est une notion voire un concept qui s’apparente à la fragilité, à la précarité et à la résilience. Le mot vulnérable vient du latin vulnus, eris qui signifient « blessure » ; la fragilité, frangere en latin, est la disposition à être brisé Un individu est vulnérable quand il peut être blessé. Il est fragile et sensible à cause d’une

21 Etat de l’art et méthodologie constitution faible et un fonctionnement délicat (Godeau, 2002). Les sciences sociales avaient appréhendées le concept avec une transposition et une réinvention des notions d’origines anglo-saxonnes. La notion de vulnérabilité est devenue progressivement un outil de travail et d’analyse des experts et des chercheurs pour décrire et hiérarchiser une situation et expliquer le processus de dégradation sociale. Dans la vie courante, la vulnérabilité est assimilée à la fragilité. De la découle la popularisation de la notion de vulnérabilité qui par la suite a été suivi par la propagation de la notion de résistance et les concepts de la résilience et de la capabilité (Thomas, 2008).

Pour des auteurs tels que Billings et Moos tout comme Lazarus et Folkman cités par Thomas (2008), la vulnérabilité est « un état de faiblesse rendant le « coping » i.e. l’adaptation, la réaction et la résistance peu efficace face à un stress physique ou psychique. C’est un processus de dégradation graduelle ou brutale de l’état général. La vulnérabilité est la susceptibilité d’être exposé aux atteintes physiques ou morales. C’est un concept à large spectre étant donné que l’on peut l’appliquer aussi bien à une personne qu’à un groupe voire une institution suivant sa capacité de prévenir, de résister et de faire face à un impact. Les personnes vulnérables n’ont pas pu développer cette capacité et se trouvent par la suite dans une situation de risque (Le dico des définitions, 2014).

Par ailleurs, le dictionnaire Le Petit Robert (Bellier & al., 2004) définit le mot vulnérable comme celui qui « peut être atteint, blessé, qui offre peu de résistance. La vulnérabilité est décrite comme la perméabilité aux menaces et aux dangers, c’est le « défaut dans la cuirasse ». Autrement dit, la vulnérabilité est une faiblesse, une défaillance, un manque et une grande sensibilité d’être menacé, détruit, diminué ou altéré. C’est un état de moindre résistance aux nuisances et aux agressions. La vulnérabilité caractérise ainsi « ce qui peut être brisé ou détruit facilement et susceptible de s’affaiblir ou mourir rapidement, sujet aux maladies ou aux infirmités ; manquant de force ou d’endurance » selon Walston et al., 2007 (Thomas, 2008). Sous un autre angle, la vulnérabilité est la probabilité de tomber dans la pauvreté dans le présent ou de s’y enfoncer dans l’avenir. C’est le risque de se trouver en situation de pauvreté, en situation d’insécurité alimentaire ou d’être victime de maladie selon Balla A. et al 2009 cités par Andres et Lebailly (2011). Bref, la vulnérabilité est un état instable qui risque de se détériorer en fonction des facteurs qui interviennent (Godeau, 2002).

1.1.2.1 Le concept de « vulnérabilité » L’application du concept de la vulnérabilité dans le contexte des exploitations agricoles qui encourent une multitude de risques amène les chercheurs à poser les questions

22 Etat de l’art et méthodologie relatives à la capacité d’innovation et d’adaptation de ces exploitations et à définir les critères d’analyse de leur vulnérabilité, leur résilience et leur durabilité (CIRAD, 2014b). Ce sont la susceptibilité de l’individu lui-même et sa rencontre avec les facteurs agressifs de l’environnement qui engendrent la vulnérabilité d’un sujet donné (Godeau, op. cit. ).

Pour le concept traditionnel, la vulnérabilité est le degré d’exposition aux risques constitués par des chocs tels que catastrophes et crises. C’est l’exposition à la baisse de niveau de vie. En revanche, le PNUD avance un nouveau concept de la vulnérabilité qu’il définit comme la probabilité d’érosion des capacités et des choix de la personne (PNUD, 2014). La vulnérabilité peut se trouver à différents niveaux. Une personne tout comme une organisation et une structure voire une stratégie peut être vulnérable par rapport à un facteur donné (Bellier & al. , 2004). Dans cette dynamique évolutive du concept de la vulnérabilité, la préoccupation centrale, que ce soit pour les sciences médicales que pour les sciences sociales, est de rendre objectif et de quantifier la notion afin de constituer un index de mesure qui serait utile notamment au travail d’expertise social et statistique du secteur des sciences de l’Homme (Thomas, 2008). Suivant la dimension considérée, différents types de vulnérabilité peuvent être répertoriés. Pour le PNUD (2014), la vulnérabilité se manifeste à trois niveaux, en l’occurrence la vulnérabilité individuelle, celle structurelle et celle liée au cycle de vie.

a) Vulnérabilité conjoncturelle et vulnérabilité structurelle Pour certains auteurs comme Andres et Lebailly (2011), il y a deux sortes de vulnérabilité : Ce sont la vulnérabilité conjoncturelle et la vulnérabilité structurelle. La vulnérabilité conjoncturelle est relative à la population et au choc tandis que la vulnérabilité structurelle est liée à la sécurité alimentaire chronique et à la pauvreté.

b) Vulnérabilité liée au cycle de vie Dans la vie courante, les enfants, les femmes et les personnes âgées sont considérés comme des sujets en situation de vulnérabilité à cause des carences ou des différences physiques par rapport aux hommes. Les hommes sont supposés mieux préparés naturellement pour faire face à certaines menaces. A l’instar d’un naufrage de bateau où les premiers à être sauvés sont les enfants, les femmes et les personnes âgées (Le dico des définitions, 2014)

c) Vulnérabilité intrinsèque et vulnérabilité extrinsèque La vulnérabilité peut être causée par un facteur intrinsèque ou par un facteur externe, particulièrement à cause de l’inefficacité du système. L’état propre d’une personne et sa particularité peuvent être sa source de vulnérabilité. Il s’agit ici d’une vulnérabilité intrinsèque. Par contre, la décision prise dans une organisation, le processus aussi bien que le

23 Etat de l’art et méthodologie secteur et le statut peuvent constituer une source de vulnérabilité dite extrinsèque (Bellier & al. , 2004).

d) La vulnérabilité sociale Un groupe donné peut être vulnérable à des problèmes particuliers et communs à eux. La vulnérabilité sociale est un état intérieur d’un système donné avant même qu’il se heurte à un aléa (Adger, 1999 ; Adger and Kelly, 1999 cités par Provitolo et Antipolis (2009). C’est en d’autre terme la vulnérabilité inhérente (N. Brooks, 2003 cité par Provitolo et Antipolis, 2009). Par conséquent, la vulnérabilité sociale est à la fois intrinsèque au système et fonction de son exposition, de sa capacité à identifier une perturbation, à l’absorber, à s’y adapter et à retrouver par la suite un fonctionnement normal (Provitolo & Antipolis, 2009).

e) Vulnérabilité liée à la condition socio-culturelle La vulnérabilité est aussi fonction des conditions sociales et culturelles. Une personne peut être vulnérable à cause de sa situation socio-culturelle. En effet une situation socio- culturelle particulière peut engendrer une exposition à des risques particuliers tels que maladies, vol et attaques. De même, une personne analphabète est dans une situation de vulnérabilité. A cause de son niveau d’éducation, elle ne peut pas avoir un accès au marché de travail et par la suite ne peut pas satisfaire ses besoins (Le dico des définitions, 2014).

f) Vulnérabilité liée au choc naturel La vulnérabilité peut aussi être liée à la situation géographique. En effet, une zone peut être particulièrement vulnérable car elle est exposée à des désastres naturels destructeurs qui caractérisent le milieu. C’est le cas de la population qui habite aux pieds d’un volcan en activité ou dans une île en plein milieu de l’océan (ibid. ).

g) La vulnérabilité oubliée De part ces types de vulnérabilité, il y a aussi la vulnérabilité oubliée qui fait allusion à la vulnérabilité engendrée par le manque de cohérence de l’organisation, le manque d’implication et le retard de la prévision des risques. Ces carences entraînent un effet domino de vulnérabilité dans le quotidien (Bellier & al. , 2004).

1.1.2.2 Analyse de la vulnérabilité L’analyse de la vulnérabilité va de pair avec l’analyse du contexte socio-économique. Evaluer la vulnérabilité d’un sujet est synonyme de poser des questions et d’auditer le système et son fonctionnement (ibid. ). L’évaluation de la vulnérabilité passe par l’analyse de la capacité de résistance au choc sur les plans environnemental, physique, social et

24 Etat de l’art et méthodologie géographique. Ceci revient à évaluer la capacité à endurer les stress, à les contourner et à réagir en utilisant les ressources (Andres & Lebailly, 2011). L’objet de l’analyse de la vulnérabilité est d’identifier et de définir la menace, de déterminer la capacité de réaction et de résistance du cible ainsi que sa capacité d’ajuster pour se protéger. Dans cette optique se distinguent la vulnérabilité prévisible et la vulnérabilité imprévisible ainsi que la prédisposition à être vulnérable (Bellier & al. , ibid. )

La Méthodologie d’Analyse de Dysfonctionnement des Systèmes (MADS) permet d’avoir une approche particulière de l’analyse de risque et de vulnérabilité. Cette méthode décortique la vulnérabilité en quatre entités qui sont la source du danger, le système cible, l’événement initiateur et l’événement renforçateur. Le processus de danger relie tous les éléments du système Source – Flux – Cible dans le Champ de danger (figure 1) ; ce processus peut être réversible (Bellier & al. , 2004).

Figure 1 : Méthodologie d’Analyse de Dysfonctionnement des Systèmes

Source : (Bellier & al. , 2004 )

Dans le domaine de l’insécurité alimentaire, l’analyse de la vulnérabilité des ménages tient comme variable explicative la potentialité économique et productive des ménages. Les stratégies développées, le choc rapporté, la démographie du ménage ainsi que le caractère du chef de ménage sont retenus comme variable de contrôle (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014). Dans la pratique, la vulnérabilité est évaluée périodiquement et la vulnérabilité alimentaire peut être catégorisée en quatre classes : Par ordre de gravité décroissante, il y a la famine, l’extrême vulnérabilité, la vulnérabilité limitée et la vulnérabilité modérée. Dix paramètres sont à la base du calcul de vulnérabilité à savoir : la pluviométrie, la situation de l’agriculture vivrière, la situation de l’agriculture de rente, la source de revenu secondaire, l’état de marché, la situation sanitaire et nutritionnelle, les éléments d’alerte, la capacité d’ajustement

25 Etat de l’art et méthodologie et le diagnostic de l’année précédente. La situation du marché, la variation de stock, la modification de l’alimentation de la population, la variation des ressources naturelles, la dynamique des échanges commerciales et la stratégie d’obtention de revenu alternatif sont aussi considérées dans le calcul de l’indice de vulnérabilité (Andres & Lebailly, 2011).

Les enquêtes d’évaluation d’insécurité alimentaire doivent respecter le concept de la sécurité alimentaire qui a comme composante la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation. L’évaluation considère aussi l’économie alimentaire des ménages, le revenu des ménages, les dépenses totales, le pouvoir d’achat, la consommation alimentaire et la stratégie établie pour faire face à la difficulté alimentaire. Pour un meilleur ciblage, faut-il distinguer davantage dans les analyses la vulnérabilité structurelle et la vulnérabilité conjoncturelle. Pour une unité d’analyse plus homogène ; particulièrement, il faut distinguer les lieux géographiques ainsi que les activités principales car les risques encourus ne sont pas les mêmes. Tenir compte davantage de l’accessibilité, du marché, de la disponibilité et des activités principales permettra d’apprécier au mieux la vulnérabilité (ibid. )

La période de soudure est la période pendant laquelle la production alimentaire de base ne couvre plus la consommation. La sécurité alimentaire sous-entend l’accès à une alimentation suffisante pour satisfaire les besoins énergétiques. L’indice de sécurité alimentaire est défini par la disponibilité de l’aliment, l’accessibilité à l’aliment, la stabilité de consommation et la satisfaction des préférences alimentaires. Le taux de couverture alimentaire en riz est une variable essentielle voire clé pour l’analyse de la vulnérabilité des ménages en matière de sécurité alimentaire (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014). La cartographie de la vulnérabilité et ses composantes ainsi identifiées permet de mieux connaître et cerner cette dernière : voir ses causes et ses conséquences ainsi que ses impacts tout comme son degré de gravité et de pertinence (Bellier & al. , 2004).

1.1.2.3 Facteurs de vulnérabilité La vulnérabilité évolue en spirale descendante et quelque fois de façon inéluctable mais on peut toujours identifier les facteurs de fragilité, évaluer les réserves fonctionnelles du sujet et appréhender par la suite les facteurs modulateurs (Godeau, 2002). A titre de rappel, la vulnérabilité est la possibilité de perdre ou de connaître des dommages (Metzger et D’Ercole, 2008, cités par Provitolo et Antipolis, 2009). Elle est fonction de l’exposition à la perturbation, de la résistance et de la sensibilité aux impacts des aléas (Provitolo & Antipolis, 2009). Delà, on peut déduire que le risque constitue le facteur principal de vulnérabilité. En effet, la fragilité, les facteurs modulateurs, la sensibilité ainsi que la capacité de résistance

26 Etat de l’art et méthodologie tournent en orbite autour du risque. Pour Andres et Lebailly (Andres & Lebailly, 2011), la vulnérabilité est en rapport avec les risques liés à l’environnement. C’est la défaillance des mécanismes d’adaptation qui cause la vulnérabilité. Le fait d’identifier les facteurs de vulnérabilité peut bien servir pour apporter un appui fondamental et bien cibler les interventions à faire sur le terrain (Godeau, ibid. ).

a. Le risque et l’incertitude Le risque a un caractère aléatoire et probabiliste. Le risque objectif est basé sur un calcul objectif tandis que le risque subjectif a trait à la probabilité personnelle et psychologique. De ce fait, le risque subjectif dépend surtout du jugement et non de la probabilité, autrement dit c’est de l’incertitude. Ceci explique le décalage entre les agents de développement et les agriculteurs. Le premier se base sur les statistiques et les calculs tandis que le second raisonne avec ses propres connaissances. Et de la découle, la différence de perception entre les deux parties. Il y a aussi la notion de risque cause qui a un caractère probabiliste et le risque effet. La perception d’un risque donné est différente selon la personne ; cette perception est en fonction de la capacité d’être et d’agir de la personne. C’est la notion de risque perçu et risque ressenti. La perception de risque conjuguée avec la capacité d’action ou i.e. capabilité détermine la vulnérabilité d’une personne. C’est la séquence conceptuelle Risque– Capabilité–Vulnérabilité. La capacité d’être i.e. potentialité et la capacité d’agir (opportunité) définit l’ampleur de la vulnérabilité d’une personne face à un aléa. La vulnérabilité va de pair avec le sentiment d’insécurité, de danger et de pauvreté (Lalau, 2008).

b. La gestion de risque D’après toujours Lallau (2008) : « La gestion d’urgence teintée de fatalisme et d’attentisme » ainsi que « la difficulté de se projeter et d’entreprendre sont parmi les stratégies de gestion de risque que les personnes adoptent face à un risque donné. Comme stratégie de gestion de risque, il y a aussi :

- la séquence dispersion–évitement–contournement selon Milleville cité par Lallau (2008), - la réduction de risque et atténuation de risque (Banque Mondiale, 2000 cité par Lallau (2008), - lissage de revenu et stabilisation de la consommation (Morduch, 1995 cité par Lallau, 2008),

27 Etat de l’art et méthodologie - la pratique formelle et pratique informelle (Banque Mondiale, 2000), modalité et limite (Fafchamps, 1999 cité par Lallau, 2008), - l’approche en termes d’actifs, pratique de prévention ex ante et réaction ex post . Dans la pratique, la gestion de risque embrasse trois axes, à savoir la dotation au capital, l’opportunité et le risque lui-même. La combinaison de ces modèles en intégrant la notion situationnelle ex post et ex ante donne une matrice de gestion de risque à double entrée (tableau 1). Cette matrice met en exergue ainsi six stratégies multidimensionnelles de gestion de risque : se prémunir, réduire l’exposition au risque, maintenir le statuquo, éviter le risque, décapitaliser, compenser et rompre (Lalau, 2008).

Tableau 1 : Matrice de gestion de risque

Axe Ex an te Ex p ost Dotation au capital Se prémunir Décapitaliser Opportunité Maintenir le statu quo Compenser et rompre Risque lui-même Eviter le risque Réduire l’exposition au risque Source : auteur et Lalau (2008)

La stratégie de gestion par anticipation, prévention et évitement se pratique couramment par l’assurance et l’épargne en passant par l’accumulation du capital social, la réduction à l’exposition au risque, la diversification et la suppression de risques. La stratégie défensive amène par contre à garder le minimum possible de risques selon Dercon (Lalau, 2011). Seulement, le revenu est proportionnel au risque encouru ; c’est la formule « low risk, low return ». Dans la foulée, la recherche de la flexibilité prime mais cette flexibilité a une connotation de réversibilité et n’engage pas le long terme afin de garder le minimum de risque. La flexibilité, contrairement à la rigidité, permet d’avoir une bonne capacité d’adaptation. Par contre, la rigidité peut constituer un obstacle au changement et par la suite à la durabilité. La faible capabilité pousse à la pratique de la stratégie de prévention qui limite en retour la capabilité et réduit les possibilités de réagir face à choc. La décapitalisation en est la suite logique ainsi que la diminution de la résilience, autrement dit une dégradation irréversible (ibid.)

La capabilité oriente la préférence stratégique qui à son tour conduit à l’adaptation à la situation. Dans le choix de la stratégie de gestion de risque, la dimension magico-religieux joue un rôle non négligeable car elle constitue une partie de la capabilité pour remédier la vulnérabilité. En effet, le choix stratégique d’un individu comporte une dimension magico- religieuse. A posteriori, la dimension magico-religieuse joue un rôle dans la causalité des

28 Etat de l’art et méthodologie risques. Ex post , elle est supposée apporter la guérison et la rupture avec l’origine du risque. Cette prégnance du magico-religieux a un double effet contraire : Il peut limiter l’angoisse autant que faire sentir le risque ; autrement dit, le magico-religieux peut aussi bien réduire qu’augmenter le sentiment de vulnérabilité (Lalau, 2008).

Dans la gestion de risque, la prévision tient une place considérable non seulement pour évaluer les risques dans un contexte incertain mais aussi et surtout pour prévenir les effets induits et anticiper les conséquences probables qui sont fonction des facteurs de vulnérabilité entre autres les aspects sociaux, économiques et biologiques (Thomas, 2008).

c. Le choc La vulnérabilité peut être contextuelle ou contemporaine mais dans tous les cas, la porte d’entrée de la vulnérabilité est le choc : son intensité, son ampleur et la circonstance. Parler de la résilience revient à parler de choc et de vulnérabilité. Ceci amène à la notion du « choc de résilience » car la résilience est « la capacité à absorber une perturbation et à réorganiser pour conserver ses fonctions essentielles » selon Walker et al. cités par Koffi (2014). Les chocs sont classés en trois catégories. Premièrement, il y a les conflits sociaux. Deuxièmement, les perturbations des systèmes de productions ainsi que leurs effets sur la sécurité alimentaire. Et troisièmement, l’impact territorial des mutations socio-économiques qui comprend aussi les aléas hydro-climatique et le changement climatique (Koffi, 2014).

Un choc donné ou des chocs répétés engendrent la perte de capacité qui notamment fait échouer à son tour à une vulnérabilité multidimensionnelle i.e. perte généralisée, perte de capacité économique et démographique, perte du bien-être et de la santé. Pour les exploitations agricoles, les pertes se manifestent par la faible productivité agricole, la pauvreté rurale, la faible diversification et le faible niveau d’éducation. Pour y remédier, les agriculteurs tentent de pratiquer la diversification des activités (ibid. ). Particulièrement, les ouvriers agricoles sont les plus vulnérables à cause de la prévalence de la pauvreté causée par le spiral des cycles de la faible productivité, le chômage saisonnier et la vulnérabilité aux changements climatiques (PNUD, 2014).

1.1.2.4 Trappe et cercle vicieux de la pauvreté D’après Cannon et al., 2003 cité par Thomas (2008), la pauvreté « mesure un statut alors que la vulnérabilité est un mode de conceptualisation de ce qui pourrait arriver à une population donnée ». Il y a deux types de pauvreté : ce sont la pauvreté transitoire qui est ponctuelle et la pauvreté chronique qui est plutôt structurelle (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014).

29 Etat de l’art et méthodologie La faible capabilité oriente vers la stratégie défensive et fait éloigner de la pratique entrepreneuriale. La préférence est pour la stratégie de survie pour garder une assurance minimum. C’est le « low risk, low return » exposé auparavant. Par conséquent, la capacité de choix s’amincit. La stratégie de prévention débouche à la réduction de possibilité de réagir ex post et impose la stratégie d’urgence i.e. la décapitalisation et la rupture. De ce fait, la capacité de prévention se réduit à son tour. C’est le cercle vicieux de la pauvreté où l’on assiste à une dégradation irréversible du potentiel productif, de l’autonomie et du jugement. Renoncer et résister sont les maîtres mots de ce cercle vicieux où l’on ne peut pas s’en sortir seul sans une intervention externe pour renforcer sa capabilité puis nouer de nouveau à une préférence stratégique plus résilient et sortir de cette trappe de la pauvreté. L’assurance y joue un rôle capital car un renforcement de capabilité engendre plus d’assurance pour faire face au risque encouru (Lalau, 2008). Les innovations technologiques et sociales sont mises au- devant de la scène pour rompre ce cercle vicieux de la pauvreté (figure 2). Seulement, elles se heurtent à un problème d’ordre anthropologique car les sujets pris dans la trappe de la vulnérabilité refusent par nature d’adopter et d’intégrer des solutions perçues comme exogène et qui sont présentées à eux de façon imposée, en mode « top down » selon le terme anglo- saxon (Olsson & al ., 2014).

Figure 2 : Vulnérabilité et Innovation

Source : ( Lalau, 2008 )

Le fond de ce problème d’adoption n’est pas seulement l’origine extrinsèque de la connaissance et de l’innovation mais plutôt la tendance à imposer une solution standard qui ne s’adapte pas à la spécificité écologique, sociale et aux conditions culturelles. Dans ce sens, faut-il que les agriculteurs, chercheurs, opérateurs économiques, décideurs politiques et

30 Etat de l’art et méthodologie consort produisent ensemble des solutions dans un cadre d’échange interactive (Olsson & al ., op. cit. ).

1.1.2.5 Vulnérabilité et le développement humain « La vulnérabilité humaine se définit comme l’exposition à un risque et l’incapacité à éviter ou à encaisser un tort éventuel. Elle est mesurée avec les indicateurs de bien-être des individus. » (Thomas, 2008). Une vulnérabilité peut être objective ou subjective. Elles sont ainsi assimilées respectivement à la pauvreté absolue (relatif aux besoins fondamentaux) et à la pauvreté relative. La nuance entre inégalité et pauvreté est à noter. La vulnérabilité et la pauvreté peuvent être évaluées de façon objective dans pour une situation donnée. De là découle la notion d’objectivité située ou « positional objectivity » (Lalau, 2008).

Pour réduire la vulnérabilité, un triple défi sont à relever : (i) identifier les sujets vulnérables, (ii) approfondir les connaissances sur les mécanismes de la vulnérabilité et (iii) proposer des mesures préventives ou curatives. Le fait d’augmenter la capacité de gestion de risque des pauvres améliore leur bien-être et constitue par la suite une issue à leur situation de pauvreté chronique (Thomas, op. cit. ).

L’analyse de la vulnérabilité alimentaire permet de prévenir et gérer les crises alimentaires (Andres & Lebailly, 2011). Une nouvelle théorie de l’interaction existant entre la crise et l’opportunité peut servir au développement à l’instar des récentes crises alimentaires, financières et du changement climatique qui ont ouvert des opportunités pour des transformations vers la durabilité. Ce qui pousse l’actuelle analyse de la durabilité, qui se concentre principalement sur les crises, à considérer plutôt les crises comme une partie intégrante d’une large opportunité de développement (Olsson & al. , 2014).

1.1.3 La Résilience La vulnérabilité et la résilience sont deux approches différentes pour étudier la même situation d’un système donné. L’analyse de la vulnérabilité a une connotation négative en se basant sur la fragilité du système tandis que l’analyse de la résilience comporte une connotation positive (Provitolo & Antipolis, 2009).

1.1.3.1 Origine et définition de la « Résilience » La résilience est un concept émergent de la science physique qui plus tard a été repris par la psychologie et l’économie (Lalau, 2011). En effet, le concept de la résilience trouvait son origine aux Etats Unis d’Amérique dans les années cinquante dans le domaine de la mécanique et que la physique des matériaux a repris. La fin des trente glorieuses, une période

31 Etat de l’art et méthodologie de croissance économique faste, a été marquée par la conférence de Stockholm qui prônait le développement humain, et les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Le système économique mutait alors de l’Etat providence vers la régulation par le marché. C’est dans cette période transitionnelle que le concept de la résilience, en tant que métaphore, a fait sa résonnance sociétale ; autrement dit, le concept de la résilience sous-entend une connotation d’état transitionnel. Dans l’analyse de la résilience, il faut toujours considérer l’origine scientifique du concept quand on l’applique à la réalité sociétale afin d’éviter de galvauder le concept (Koffi, 2014).

En décrivant la capacité de se reconstituer des systèmes vivant après un choc ou une perturbation, certains écologistes à l’instar de René Dubos utilisaient déjà le mot résilience en 1960. Ils ont fait allusion à une île du pacifique qui, après une éruption destructive d’un volcan a pu se reconstituer et retrouver sa phone et sa flore (Dufresne, 2015). La résilience est la capacité à dépasser une situation critique, à résister et à survivre. C’est la capacité à anticiper et à réagir faisant ainsi allusion aux comportements actifs et réactifs, autrement dit défensif et offensif. Une faible résilience conduit à l’adoption de stratégie défensive et de sauvegarde (Lalau, 2008). Pour le PNUD (2014), la résilience est la capacité de se préparer aux catastrophes et de surmonter leurs conséquences. C’est « la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir, en présence d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères » (op.cit. , Koffi)

Il y a deux modèles d’approche de la résilience. Ce sont le m odèle du cycle adaptatif de « Resilience Alliance » et le modèle de Panarchie (Provitolo & Antipolis, 2009). Un individu aussi bien qu’une communauté a sa propre résilience dont le sens serait mieux appréhendée si l’on considère les aspects civiques et les aspects sociaux de l’être humain (Dufresne, 2015).

1.1.3.2 Résilience en Système Ecologie et Social Pour cette école, la résilience comprend deux variantes ; ce sont la résilience des systèmes écologiques et socio-écologiques (SES) ou cycle adaptif et la résilience humaine et sociale (Koffi, 2014). La résilience, qui est un précurseur de développement, est la capacité à faire face à un choc,. Le concept de résilience a été adopté en écologie pour étudier l’action humaine qui entraîne un changement d’état des écosystèmes en l’occurrence la dégradation de l’écosystème et de la condition d’existence, qui à son tour a un impact sur le développement de l’être humain (Lalau, 2011).

32 Etat de l’art et méthodologie Dans le domaine de l’écologie et la socio-écologie, la résilience est assimilée à la capacité d’absorber un choc tout en conservant ses structures qualitatives essentielles en dépit d’une quelconque perturbation. En d’autres termes, la résilience a trait à un cycle adaptif (PAM, op. cit. ). La résilience humaine quant à elle comporte une dimension psychologique à cause des interactions sociales, la représentation réelle du choc et le regard des autres. C’est ce caractère traumatique qui différencie la résilience humaine et de la résilience sociale. La résilience est ainsi définie comme « des traits caractéristiques de personnalité pour mobiliser les forces intérieures insoupçonnées au moyen de lien social » (Koffi, 2014).

Le cycle adaptif est un modèle de transition entre différents états de stabilité. Dans ce sens, il y a quatre phases en interaction dans la dynamique d’un système donné. Ce sont la croissance, la conservation, l’effondrement ou la destruction et la réorganisation ou le renouvellement. La résilience d’une structure repose sur sa capacité à franchir chacune de ces différentes étapes (Provitolo & Antipolis, 2009).

1.1.3.3 Résilience selon le cycle de Panarchie Le modèle de Panarchie, avec son cycle adaptif multi-scalaire, insiste plutôt sur la stabilité, l’adaptabilité que sur la transformabilité. Le cycle de Panarchie considère plutôt la capacité interne au lieu d’attendre les appuis externes. L’adaptabilité comporte une ambivalence car elle peut renforcer la résilience tout comme la nuire quand on s’adapte seulement au lieu d’atteindre un niveau meilleur si l’on a la potentialité nécessaire (Koffi, op. cit. ). Le cycle de Panarchie comprend quatre phases succinctes pour l’évolution d’une situation donnée, à savoir la phase d’exploitation, la phase de conservation, la phase de dégagement et la phase de réorganisation (figure 3).

Figure 3 : Cycle de Panarchie

Source : (Appartenance Liens vivants, 2014 )

33 Etat de l’art et méthodologie La phase de réorganisation est une phase exploratoire qui est souvent chaotique et aléatoire. Dans cette phase, les idées prennent formes, se concrétisent progressivement pour s’acheminer vers une phase plus ordonnée qu’est la phase exploitation. A ce stade, l’invention se transforme en action. C’est une phase entrepreneuriale où l’on découvre des améliorations et progressivement l’on s’achemine vers la phase conservation qui est marquée par la maturité. L’application des améliorations nécessite l’engagement de capitaux. En contrepartie, elle permet de dégager une partie du capital et de s’adapter à une nouvelle et meilleure situation où l’innovation est au rendez-vous ; c’est la phase de dégagement (Appartenance Liens vivants, 2014).

En outre, le modèle de Panarchie considère le mécanisme de connexion de deux composantes principales qui sont la révolte et la mémoire. Ces composantes sont en interaction et engendrent la résilience d’une structure. Autrement dit, la disparition d’un sous- système peut démontrer une capacité de résilience d’un méta système donné. De ce fait, plus un système est capable de s’adapter et d’apprendre, plus il est résilient pour se reconstruire, se réorganiser autrement dit de se transformer. C’est la résilience systémique (Provitolo & Antipolis, 2009).

1.1.3.4 Résilience comme corrélat de la vulnérabilité « Le trio vulnérabilité-risque-résilience est l’objet de peu de débats mais de bien de reprises imagées. Le concept de vulnérabilité incite à trop regarder la moitié vide de la bouteille et celui de la résilience invite à en regarder la moitié pleine » (Thomas, 2008). En effet, la vulnérabilité et la résilience ont une corrélation inverse car la réduction de la vulnérabilité augmente la résilience et soutient ainsi la durabilité du développement (PNUD, 2014). La résilience devient l’envers de la vulnérabilité (Thomas, op. cit. ).

La résilience sous-entend l’idée de retour à un état d’équilibre après une perturbation. C’est la possibilité de transformation, de réorganisation et de renouvellement d’un système donné. Dans ce sens, la résilience peut être considérée comme un facteur de lutte contre la vulnérabilité (Provitolo & Antipolis, 2009). « Il s’agit de repérer le talon d’Achille des personnalités qui sont alors considérées comme à risque (Thomas, op. cit. ). Dans cette démarche, l’analyse de la vulnérabilité peut être utilisée comme outils de prévention et de gestion de risque. Pour certains, il suffit de réduire la vulnérabilité pour augmenter la résilience mais cette équation est loin d’être simple car le passage à un niveau supérieur de résilience peut provoquer des nouvelles vulnérabilités à l’instar des projets d’aménagement qui ont entraîné un afflux migratoire causant par la suite un problème foncier (Koffi, 2014).

34 Etat de l’art et méthodologie De ce fait, le nouveau concept de la vulnérabilité résiliençaire a vu le jour pour argumenter plutôt en faveur de la perception d’un continuum entre la vulnérabilité et la résilience. Il va ainsi au-delà de la vision binaire pour affirmer que la vulnérabilité et la résilience peuvent s’interagir. La vulnérabilité peut être modifiée par la résilience et celle-ci à son tour est liée directement à la vulnérabilité. De ce fait, la vulnérabilité peut avoir des effets autant négatifs que positifs selon l’échelle considérée (Provitolo & Antipolis, 2009).

1.1.3.5 Types de résilience La résilience est fonction de la capacité de résistance à une perturbation donnée, de la capacité de récupération et de régénération post choc (ibid. ). Pour Thomas (2008), on évalue en matière de résilience « les caractéristiques d’un individu ou d’un groupe, sa situation et sa capacité à anticiper à faire face, à résister et à se remettre des conséquences d’un risque naturel ». Ceci pour dire que la résilience comprend une différenciation qui permet de distinguer différents types de résilience.

a. La résistance Un choc donné peut engendrer à la fois des déviances de survie tel que vol, pillage, etc. et un redressement pour faire face à la situation moyennant des liens sociaux exogènes. C’est dans ce sens que Stefan Vanistendael (Koffi, 2014) a évoqué le « réalisme de l’espérance » qui pourrait constituer un moteur psychologique pour résister à l’inertie de la résignation et d’initier par conséquent un développement renouvelé du lien social. Ce processus de résistance et de dépassement du traumatisme permet de tricoter la résilience, selon les termes de Bois Cyrulink et de raccommoder la déchirure pour vivre le mieux possible (ibid. )

La résistance est la capacité à résister à un phénomène i.e. à maintenir au-dessus du seuil tandis que la résilience est la capacité à sortir d’une situation difficile voire à changer de situation après un choc. La résistance est le corollaire de la vulnérabilité dans une certaine mesure. La résistance se trouve à mi-chemin entre la vulnérabilité et la résilience (figure 4). La résistance est en fait entre le seuil de déchéance et le seuil de résilience. En dessous du seuil de la déchéance, c’est le cercle vicieux de la décapitalisation et de la pauvreté tandis que au-dessus du seuil de la résilience est la dynamique positive et l’autonomie de l’amélioration. La trajectoire évolue en fonction du temps et des moyens d’existence.

35 Etat de l’art et méthodologie La zone de résistance est une zone d’inertie où le sujet a besoin d’aide pour s’en sortir et prendre une trajectoire de résilience (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014).

Figure 4 : La résistance comme zone intermédiaire

Source : (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014 )

Le cas des exploitations agricoles illustre bien ce concept de résistance. Pour ces dernières, les facteurs déterminants de l’insécurité alimentaire sont la superficie agricole développée, l’accès à la terre, la production en riz, l’épargne et le choc. Le choc pousse les ménages à rationner leur aliment pour avoir de quoi manger pour une période la plus longue possible après un choc. C’est une apparence trompeuse car les ménages dans ce cas ont de quoi manger pour une période plus longue que d’habitude mais la satisfaction des besoins caloriques est remise en question. Bref, c’est une autre forme d’insécurité alimentaire. Ce rationnement est une forme de résistance plutôt qu’une forme de résilience proprement dite. C’est une stratégie d’atténuation pour résister et n’assurant pas la trajectoire de résilience. La déscolarisation et le travail des enfants s’inscrivent dans cette même logique. Cette stratégie fournit de la main d’œuvre supplémentaire pour le ménage afin d’atténuer les effets du choc mais elle ne permet ni au ménage ni aux enfants déscolarisés de prendre une trajectoire de la résilience (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014).

Toutefois, la résilience peut être mesurée par la résistance et la rapidité de retour à l’équilibre. En science économique, une économie résiliente est une économie qui soit

36 Etat de l’art et méthodologie capable de résister et de se conserver face à un choc ou de renouveler son système (Provitolo & Antipolis, 2009).

b. La résilience La théorie de la résilience s’appuie sur la dynamique et les interactions dans le système socio-écologique. Le bien-être de l’être humain dépend du bien-être de l’écosystème. Ceci pour dire qu’il faut accorder une importance particulière à la capacité de l’écosystème à fournir les services essentiels (Olsson & al ., 2014). Il y a trois formes de capacité adaptative :

- l’anticipative ou proactive ou système de prévention qui se produit avant la perturbation, - l’autonome et la spontanée qui sont le résultat des changements de condition - et la réactionnelle qui se produit pendant et après les effets de la perturbation.

En d’autres termes, la résilience peut être la capacité d’anticiper, la capacité à réagir, à faire face et l’aspiration à une amélioration de la situation (Provitolo & Antipolis, 2009). Dans ce sens, Thomas (2008), affirme que « la résilience est l’adaptation sociale ou biologique de certains groupes sociaux et individus aux stress, risques et autres dangers selon leurs ressources héritées ou mobilisables quand cette mise à l’épreuve d’un sort supposé statistique advient ». Alors la notion de résilience ne s’associe pas seulement à la question de facteurs de risques sociaux mettant en cause la réussite mais surtout à celle des réactions à l’imprévu ou à la catastrophe et à la résilience des victimes (Thomas, ibid. ).

Pour les agriculteurs, la résilience repose sur le degré de diversification des activités à la fois agricoles et non agricole. A ceci s’ajoute la capacité d’innovation technique qui est souvent le résultat du passage des projets de développement (CIRAD, 2014b). Le programme de résilience revient à « produire les outils d’une homéostasie autarcique à destination des populations vulnérables qui les font s’aider elles-mêmes et s’adapter (positivement ou négativement) afin d’optimaliser la vie et les thérapies associées » (Thomas, 2008). Dans ce contexte, la carte de résilience est un outil fort utile pour explorer les différents régimes et voie de desserte en socio-écologie (Olsson & al. , 2014). Il est à noter quand même que l’élaboration de cette carte de résilience socio-écologique est souvent biaisée par des aspects biophysiques et par le besoin d’incorporer des facteurs sociaux (ibid. ).

c. La résilience individuelle et Effet d’agrégat En outre, la résilience individuelle doit être rapportée à la notion d’agrégats dans le système socio-écologique. L’effet d’agrégation est à considérer dans la politique car il peut

37 Etat de l’art et méthodologie donner des impacts indéniables aussi bien positifs que négatifs. L’agrégation des fortes résiliences individuelles peut engendrer une forte résilience communautaire. C’est tout aussi vrai que le contraire car une forte résilience individuelle peut amener le sujet à accaparer les biens communs et porter atteinte à la résilience des autres membres de la communauté avec un retour de manivelle sur le premier. C’est la complémentarité et la contradiction entre résilience individuelle et résilience communautaire. Et il faut en tenir compte dans la conception des politiques de développement si l’on veut préconiser la durabilité des stratégies dont l’objet est d’empêcher le cercle vicieux du non résilience et de contrecarrer les dégradations irréversibles des capabilités à long terme (Lalau, 2011).

1.1.3.6 Trajectoire de résilience Les chercheurs tendent actuellement vers la notion de renouvellement du système, sa réorganisation ainsi que l’émergence de nouvelles trajectoires plutôt que de se camper sur le maintien ou le retour à un état d’équilibre. Ainsi, la recherche s’intéresse au fonctionnement et aux interactions (Provitolo & Antipolis, 2009). L’étude de la résilience distingue l’adaptation et la transformation du mécanisme. Le mécanisme renforce la trajectoire voire le changement vers une autre trajectoire de résilience (Olsson & al. , 2014). La trajectoire d’un écosystème possède trois caractéristiques à savoir la résilience, l’adaptabilité et l’aptitude à la transformabilité vers un nouveau système. La résilience est une capacité interne tandis que l’adaptabilité est une capacité d’action. La transformation sous-entend ici irréversibilité (Lallau, ibid. ).

Une structure socio-politique résiliente peut avoir un effet négatif dans le fonctionnement de l’écosystème qui à son tour peut réduire la résilience de l’écosystème et sa capacité à produire des services. Pour certains comme Holling et son équipe, c’est une trappe de la rigidité et une forme de mauvaise adaptation. Pour d’autres écoles telles que Marschke and Berkes, c’est une mauvaise résilience dont l’auto-renforcement social et écologique emprisonne le sujet et le transborde vers une trajectoire plus vertigineuse (Olsson & al. , 2014). De telle approche peut servir à savoir comment les individus, les petits groupes auto- organisés, les réseaux informels puissent sortir d’une trajectoire non viable vers une trajectoire plus viable et durable. Dans ce sens, l’analyse doit prendre en compte les aspects technico-socio-écologiques (ibid. ).

1.1.3.7 Triangle de résilience et tuteur de résilience Le « triangle fondateur de la résilience » est constitué de trois composantes. Ce sont le Lien, la Loi et le Sens. L’interaction du Lien et de la Loi engendre le Sens de la vie (figure 5).

38 Etat de l’art et méthodologie En effet, il faut tisser le lien entre le tuteur et le vulnérable dans un cadre structurant i.e. Loi pour que ce dernier trouve un sens à sa vie à l’instar d’un enfant blessé qui, pour s’en sortir, a besoin de se sentir aimé, se développer dans un cadre structurant et de découvrir que la vie a un sens (Lecomte, 2005). Le triangle de la résilience, Lien-Loi-Sens, illustre le tissage de la résilience. Ceci donne une place considérable à l’altruisme qu’Emmanuel Levinas désigne par « responsabilité d’autrui », pour faire face à l’adversité de la nature source de vulnérabilité (Koffi, 2014).

Figure 5 : Le triangle fondateur de la résilience du jeune

Source : ( Lecomte, 2005 )

Un « tuteur de résilience » a comme rôle de co-construire avec empathie dans un rapport d’altérité. Faut-il fournir aux vulnérables des repères pour qu’ils puissent prendre un parcours de résilience. En effet, il lui faut évoluer dans un cadre restructurant, des règles et des limites à respecter pour être responsable de ses actes (Lecomte, 2005). Il est particulièrement important de travailler sur le rôle de l’agent, i.e. le tuteur de résilience, pour comprendre la perturbation causée par l’innovation et de voir comment donner à la mise en échelle des innovations techniques et sociales un effet le plus large possible (Olsson & al. , 2014).

1.1.3.8 Résilience et développement Les chercheurs sont de plus en plus accaparés par l’avenir de la planète pour trouver la bonne voie menant à une transformation viable (Gell-Mann, 2010 cité par Olsson et al., 2014). Ils soutiennent l’idée d’une transition multidimensionnelle pour permettre au monde de muter vers une durabilité meilleure. Cette transition doit être pluridisciplinaire en touchant la démographie, la technologie, l’économie, le social, l’institutionnel, la communication et l’idéologie (ibid. ). Dans cette recherche de viabilité et de durabilité, l’hippocratisme social est

39 Etat de l’art et méthodologie à considérer. En effet, Hippocrate a découvert que la médecine ne guérit pas la nature. C’est au contraire la nature qui se guérit elle-même. C’est tout aussi vrai pour la communauté : elle a la capacité de se constituer et de se reconstituer d’elles-mêmes. Les intervenants ne font qu’aider et faciliter le processus en adoptant quatre principes fondamentaux à savoir premièrement ne pas nuire ; deuxièmement, combattre le mal par son contraire, troisièmement mesurer et modérer et quatrièmement, faire chaque chose en son temps (Dufresne, 2015).

La transition vers le développement durable doit passer progressivement de niveau en niveau et d’étape en étape. La résilience dans cette démarche se concentre principalement sur la capacité socio-écologique du système pour affronter les perturbations. L’objectif est de trouver la bonne voie pour améliorer le bien-être de l’homme face à l’incertitude et la perturbation tout en préservant la capacité de l’écosystème (Olsson & al. , 2014). Dans la même foulée, Koffi (2014) affirme que le concept de la résilience se différencie selon le champ d’application. En écologie, il s’agit de traiter avec la physique, les vivants et les non vivants tandis qu’en psychologie, il s’agit de l’humain en interaction avec le milieu de la société. Il faut ainsi bien distinguer le champ d’application quand on parle de résilience. En revanche, pour tous les domaines qu’elle soit « une réalité de vie » ou « un réalisme de l’espérance », la résilience se construit au niveau de la société de façon inclusive par la soutenabilité du développement. Le développement durable et la résilience sont ainsi compatibles dans la mesure où ils comportent des notions de capacité à faire face au choc, d’irréversibilité, de capacité d’adaptation et de possibilité de transformation (Lalau, 2011) pour un changement fondamental de l’interaction entre l’homme et son environnement afin d’amorcer la viabilité et la durabilité des améliorations entreprises (Olsson & al ., op. cit. ). Dans ce sens, le renforcement de la résilience est une condition importante pour consolider les progrès. Sans quoi, les acquis en matière de développement risquent de s’effondrer (PAM, 2014). La complémentarité et le bon équilibre entre le lien et la loi qui donne une cohérence éducative renforce cette résilience. En effet, la loi sans lien provoque une perte de confiance et le lien sans loi débouche au manque de respect. L’équilibre Loi-Lien donne un sens à la souffrance voire à l’existence ; autrement dit c’est la conjugaison entre l’amour et la loi dans un cadre structurant (Lecomte, 2005).

En outre, augmenter la résilience revient en partie à renforcer la capacité des institutions à promouvoir l’universalisme des services de base afin que la communauté puisse mieux se préparer aux crises et réduire ainsi l’inégalité qui est un des facteurs principaux de la vulnérabilité (PNUD, 2014). La résilience est une réalité de vie fondée sur un lien qui sous- entend des synergies. Dans la pratique, le lien social sous-tend la responsabilité de l’Etat, la

40 Etat de l’art et méthodologie communauté internationale, le secteur privé et le concerné. Tenir compte des normes sociales permet de gérer la transformation et mettre des balises pour humaniser la résilience. Dans ce cas, on peut aller au-delà de la phase d’adaptabilité (prévention, auto-organisation avec l’extérieur) pour grimper à la phase de transformabilité du système social où l’on travaille sur la recomposition et l’innovation sociale (Koffi, 2014). La notion de résilience sociale rapporte à la durabilité sociale que l’on peut analyser avec des approches multidimensionnelles telles que le « livelihoods » et la capabilité. En fait, la résilience individuelle sous-entend résistance et capacité d’adaptation à long terme, en bref un développement socialement durable. En effet, un développement socialement durable consiste à améliorer en parallèle la capacité et le bien-être afin de prendre en considération le social, l’économie et l’écologie pour tous c’est-à- dire une distribution équitable et intra-générationnelle des capacités avec une transmission intergénérationnelle (Lalau, 2011).

La résilience conjuguée avec l’allongement de l’horizon et la flexibilité conduit à la durabilité. La résilience individuelle a une dimension subjective à cause de la sensibilité à la pauvreté et à la vulnérabilité. La situation économique a une influence sur le choix malgré la liberté et la responsabilité. Ces deux délimitent l’horizon et la préférence devient alors adaptive car le choix i.e. le but et l’aspiration sont en effet conditionnés par ce qui est possible dans l’horizon que l’on a. La capabilité et l’aspiration sont les deux composantes de la résilience individuelle et il est capital de recentrer la définition de la durabilité plutôt sur la personne que sur la nature. En effet, la nature doit être considérée comme un moyen pour y parvenir. Dans ce sens, la résilience et la durabilité sont en corrélation. Un développement résilient est un développement durable et vice versa (Lalau, 2011).

Folke et al. cités par Olsson et al . (2014) poussent plus loin en insistant que toute tentative de développement durable doit considérer des stratégies d’intégration de l’homme et de la nature ; c’est la prémisse même d’un développement économique et social. La cartographie permet de comprendre les interactions de l’homme et son environnement pour localiser la possibilité de point de rupture de la trappe de la pauvreté moyennant des services offerts par l’écosystème afin d’améliorer ses moyens d’existence et de prendre ainsi une autre trajectoire vers la durabilité.

Sous un autre angle, le processus de développement et d’amélioration de la résilience dans un domaine peut réduire la résilience dans un autre domaine. La dynamique du cycle de Panarchie en est une bonne illustration. Tout changement peut engendrer des nouvelles configurations de l’interaction de l’homme avec son environnement ; autrement dit des

41 Etat de l’art et méthodologie différents stades de développement sont à considérer d’après les auteurs comme Gunderson et Holling (Olsson & al ., op. cit. ). Se préparer aux événements c’est accroître et diversifier les potentiels, capacités et capabilités, apprendre à vivre avec les événements pour acquérir une dynamique résiliente au lieu de chercher à les maîtriser et les innover. Ainsi, la vulnérabilité résiliençaire peut être utilisée pour définir et réaliser des actions sur le long terme autrement dit des interventions durables (Provitolo & Antipolis, 2009). Pour Bellier et al., (2004) les déterminants de phénomène sont les événements initiateurs et les événements renforçateurs qui, une fois mâtés, auront de moins en moins d’impact sur les effets et le flux du danger (figure 6).

Figure 6 : Schéma de l’analyse du danger

Source : (Bellier & al. , 2004 )

L’essentiel est d’intervenir au niveau des déterminants des phénomènes, d’installer des mécanismes de sécurité au lieu de modifier le phénomène proprement dit (Thomas, 2008).

1.1.4 La Capabilité

1.1.4.1 Définition de la capabilité L’approche de la résilience individuelle couvre trois champs : la psychologie, la microéconomie et l’approche de capabilité qui est une approche multidimensionnelle. La capabilité sous-entend à la fois potentialité et opportunité. La capabilité n’est autre que la possibilité d’être et d’agir voire affronter les risques encourus (Lalau, 2011).

1.1.4.2 Dynamique de la capabilité La capabilité sous-entend liberté : liberté de bien-être et liberté d’agent i.e. l’aptitude de concevoir des buts, des engagements et des valeurs. Cette liberté d’agent permet la mobilisation ex ante pour se prémunir contre le risque jusqu’à ce que l’incertitude soit levée.

42 Etat de l’art et méthodologie Ex post , cette liberté d’agent permet la mobilisation pour faire face aux conséquences du risque. Cette agencéité joue un rôle primordial dans la capabilité (Lalau, 2008). Dans ce sens, les innovations techniques, sociales, politiques et économiques incitent la mutation vers un niveau plus importante (Olsson & al. , 2014) en matière de capabilité.

Dans sa dynamique, la capabilité est relative à la diversité, l’auto-organisation, l’apprentissage, l’innovation et l’adaptation. Elle définit la trajectoire du système selon le modèle de Panarchie (Provitolo & Antipolis, 2009). Dans la pratique, les innovations oublient de se référer à l’intégrité de l’écologie qui peut bien fournir des services utiles pour le développement et l’application de ces innovations. Dans ce cas, un risque tangible peut compromettre le développement. Sous un autre angle, la conscience de cette réalité aide à poursuivre les innovations pour déclencher des effets sociaux et écologiques positifs lorsque la synchronisation est au rendez-vous (Olsson & al., ibid.).

Pour améliorer la capabilité, différentes actions peuvent être menées avec précaution. Primo, il y a les actions libératrices qui consistent à libérer la sociabilité de l’homme, à enlever les obstacles à sa manifestation ; entre autres, on peut noter les obstacles psychologiques, les obstacles juridiques, les obstacles financiers et les obstacles institutionnels. Secundo, les actions inhibitrices qui sont des actions de pénalisation. Tertio, les actions catalysantes qui sont des actions homéopathiques et des gestes infinitésimaux faites au moment opportun pour produire des résultats considérables. Quarto, on peut noter les actions inspiratrices et les actions nourricières qui mettent les gens dans une situation de bien- être (Dufresne, 2015).

1.1.4.3 Continuum Risque – Capabilité - Vulnérabilité La vulnérabilité revêt un caractère multidimensionnel. En effet, elle est à la fois en fonction du risque qui pèse et de la capabilité de la personne qui l’encourt. Plus le risque est fort, plus la vulnérabilité est grande. Par contre, plus la capabilité d’une personne est forte, moins elle est vulnérable. Ainsi la capabilité est à la base du choix de stratégie de gestion de risque. En fonction de sa capabilité, une personne choisit sa stratégie. Cette préférence adaptive est en rapport avec les buts et le souhait ainsi qu’à la satisfaction et à la réaction stratégique. De ce fait, l’adaptation à une situation donnée ne concerne pas seulement les moyens mais aussi et surtout la préférence. Cette adaptation se manifeste sur trois axes : le but et le souhait (aspiration), la satisfaction retirée par les atteintes (rationalisation) et la réaction stratégique (figure 7).

43 Etat de l’art et méthodologie La réaction face à une perturbation ou choc se manifeste par le « coping », la résignation et le fatalisme (Lalau, 2008).

Figure 7 : Séquence stratégique et interaction durabilité-résilience

Source : (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014 )

Pratiquement, une forte vulnérabilité motive la rigidité comportementale i.e. à ne plus prendre de risque supplémentaire et de garder ainsi la survie. C’est le mobile du refus de l’innovation, une innovation qui demande de la flexibilité pour faire face à l’incertitude qu’elle apporte d’autant plus que celle-ci ne couvre que le court terme et dont on ne maîtrise pas encore ses implications. Ainsi, la réponse à l’innovation est fonction de la vulnérabilité. L’innovation sous-entend des variabilités et non pas de stabilité. De ce fait, elle est perçue comme porteur de risque que les plus vulnérables ne pourront pas faire face et ils préfèrent plutôt la refuser et maintenir le statu quo. L’innovation est ainsi évaluée en termes de variabilité (positive et négative) et non pas en termes de gain. L’innovation est une opportunité mais cette opportunité a un coût sur les dotations au capital social à cause des risques qu’elle comporte. L’innovation est acceptée ou refusée en fonction de la capabilité de l’individu ou de la communauté (Lalau, 2008). Pour Olsson et al. (2014), le fond du problème réside dans l’utilisation de la capacité individuelle et communautaire pour résoudre les problèmes sociaux, environnementaux et de créer par la suite des conditions de bien-être pour le présent et le futur.

La capabilité i.e. la capacité d’être et d’agir permet de réduire la vulnérabilité. Elle permet d’avoir une résilience pour anticiper, réagir et aspirer une amélioration. La faible

44 Etat de l’art et méthodologie résilience pousse l’individu à pratiquer une stratégie défensive et de sauvegarde. C’est la gestion d’urgence émaillée de fatalisme et d’attentisme. Par contre, la forte résilience propulse l’individu vers l’adoption d’une pratique productive, un mode d’accumulation de capital et une réorientation stratégique majeure (Lalau, 2011).

1.1.5 Acculturation et Déviance Positive Dans le domaine du développement, le changement de comportement constitue le centre d’intérêt principal de toutes les interventions pas seulement pendant la vie du projet mais aussi et surtout après la fin de celui-ci. L’acculturation et l’approche déviance positive traitent ce changement de comportement communautaire. Comprendre le tenant et l’aboutissant de ces notions permettra de mieux approfondir les travaux de recherche de cette thèse. Seront ainsi exposés succinctement dans cette partie le concept de l’acculturation et l’approche de la déviance positive.

1.1.5.1 L’acculturation

a. Origine et définition du concept Le terme « acculturation » était apparu en 1880 chez Powell pour indiquer les «transformations des modes de vie et de pensée des immigrants au contact de la société américaine » (Cuche, 1996). Le terme faisait allusion à la fois à la perte de culture, i.e. déculturation, et surtout à l’appropriation d’une nouvelle culture. Le processus d'acculturation sous-entend une atteinte à la culture authentique mais il faut prendre en compte que les cultures se construisent au fil du temps à travers les contacts avec les autres ; elles ne sont ni imperméables ni isolées par des frontières. L’acculturation est un phénomène universel permanent et dynamique, elle n’est ni ponctuelle ni occasionnelle (Cuche, ibid. ; Kartomi, 1981).

D’un côté, la psychologie sociale définit l’acculturation comme un processus d’apprentissage par lequel la culture de la famille, du milieu ou de l’ethnie se transmet à l’enfant. D’un autre côté, l’anthropologie culturelle désigne l’acculturation comme phénomène et processus de contact et d’interprétation entre groupes culturels. Ainsi, l’acculturation est l’ensemble des phénomènes qui entraînent les modifications des modèles culturels initiaux d’un groupe suite aux contacts avec des groupes d’individus. Si l’acculturation se termine en un effacement culturel complet au profit d’une autre culture, on parle plutôt d’assimilation. Et si une assimilation est entreprise de façon forcée, on parle de cas d’ethnocide (Kartomi, 1981).

45 Etat de l’art et méthodologie b. Mécanisme de l’acculturation Malgré le rapport de force entre les différentes cultures, les groupes socialement plus forts ne s’imposent pas toujours face aux groupes plus faibles. Le processus d’acculturation est un amalgame permanent de construction, de structuration et de déstructuration. Il n'y a pas forcément de cultures donneuses ni de cultures receveuses ; ceci pour dire que l'acculturation n'est jamais à sens unique. Il y a souvent dans un premier temps une méfiance ou une opposition face à la culture du pays d'accueil, puis une adoption d'éléments de cette culture ou au contraire un rejet i.e. une contre acculturation, pour réaffirmer certains traits de la culture d'origine. Le processus d’acculturation est souvent complexe ; il est à la fois fait de mélanges, de réinterprétations et d’assimilations pour parvenir ainsi au syncrétisme qui est le métissage de traits culturels (Cuche, 1996).

c. Types d’acculturation Le sociologue français Roger Bastide distingue plusieurs types d'acculturation : une acculturation spontanée par le biais d’un contact culturel libre, une acculturation forcée, organisée, imposée par un groupe à l’instar de la colonisation ou de l'esclavage et une acculturation planifiée, contrôlée, visant à construire à long terme une nouvelle culture. C’est par exemple le cas de la culture prolétarienne des ex-pays socialistes ou une culture nationale (Bastide, 1985).

Etant synonyme de disparition totale d’une culture d’un groupe qui intériorise celle d’un autre avec qui il est en contact, l'assimilation constitue le cas extrême de l'acculturation. La syncrétisation ou le métissage culturel est la combinaison entre culture d’origine et culture nouvelle tandis que le multiculturalisme désigne la cohabitation entre cultures sans qu’il y ait combinaison ou assimilation. A l’opposé de l’assimilation se trouve la contre-acculturation qui est le rejet et le refus de la nouvelle culture donc le retour à la culture d'origine. Etant un phénomène consenti, l’acculturation se distingue de l’ethnocide qui est une destruction systématique de la culture d’un groupe. L’ethnocide élimine par tous les moyens les modes de vie et les modes de penser (Kartomi, 1981). En d’autres termes, « l’acculturation décrit des changements dans les attitudes, les valeurs ou les comportements que des membres d’un groupe culturel manifestent quand ils s’inspirent des normes d’une autre culture ou d’un autre groupe » (Benabdallah, 2010).

d. Modèles d’acculturation de Berry et consorts Berry et al . (2006) définissent l’acculturation comme le processus général des contacts interculturels et leurs résultats. Plus le contact est grand, plus l’acculturation s’accroît

46 Etat de l’art et méthodologie (O'Guinn et al. , 1986). Dans cette optique, trois modèles d’acculturation se distinguent : Le modèle unidirectionnel : les individus ont des vitesses d’acculturation différentes mais le résultat est le même qui est l’adaptation à la culture d’accueil. C’est la facette assimilationniste de l’acculturation où la culture d’accueil est adoptée et la culture d’origine abandonnée progressivement (La Framboise, 1993) ; (Wallendorf & Reilly, 1983). Le modèle bidirectionnel prend en compte plusieurs directions d’acculturation (Berry, 1980) ; (Penaloza, 1994) ; (Jun, 1993) ; (Mendoza, 1989). Les membres du groupe culturel minoritaire adoptent la culture d’accueil tout en conservant leur culture d’origine. Dans ce sens, des auteurs (Berry, 1980) ; (Rudmin, 2003) ont proposé quatre types d’acculturation : l’intégration, l’assimilation, la séparation et la marginalisation. L’intégration combine l’héritage culturel et l’adoption des valeurs culturelles de la société d’accueil. La séparation insinue un évitement d’interaction entre la culture d’origine et la culture d’accueil. L’assimilation est l’abandon de la culture d’origine au profit de l’adoption de la nouvelle culture tandis que la marginalisation se manifeste par le sentiment de rejet de la culture d’accueil et l’absence de désir de maintenir la culture d’origine. Le modèle post-assimilationniste est une récente lignée de travaux pour qui l’acculturation est plutôt situationnelle (Penaloza, 1994).

Les chercheurs évaluent l’acculturation au moyen d’échelles qui sont adaptées à chaque culture. En effet, le processus d’acculturation se produit pendant des contacts entre cultures ; de ce fait elle varie d’une situation de contact interculturel à une autre. Dans ce sens, une échelle d’acculturation utilise différents indicateurs qui ont trait aux éléments caractéristiques d’une culture donnée. Les dimensions de l’échelle d’acculturation montrent l’existence de sous-cultures (Benabdallah, op. cit. ).

1.1.5.2 L’approche Déviance Positive Le secteur du développement a depuis toujours conçu de nombreuses approches dans le but de parvenir à une meilleure efficacité plus meilleure. L’approche Déviance Positive est parmi les récentes approches développées afin d’escompter un changement de comportement au sein de la communauté.

a) Historique de la déviance positive Jerry Sternin était un des pionniers de l’approche déviance positive. Il utilisait cette approche pour améliorer la condition de vie de milliers de personnes. Le domaine de la santé publique et la nutrition servaient de premier champ de pratique de l’approche déviance positive. En 1970, les agents de développement ont pu tester le concept stipulant que des interventions en matière de santé peuvent être conçues à partir des comportements non

47 Etat de l’art et méthodologie communs mais bénéfiques que certains membres de la communauté pratiquent déjà. Le concept déviance positive a enregistré un succès pour améliorer le statut nutritionnel de milliers d’enfants dans les années 90 en Asie et Afrique (PDI, 2008). Au début des années 90, l’ONG Save the Childreen avec Sternin et son équipe ont pu constater dans son travail d’évaluation l’efficacité de l’approche Déviance positive sur la réduction de la malnutrition infantile au Viêtnam où le taux de la malnutrition sévère chez les enfants de moins de 03 ans a diminué de 74% (Marsh, 2004). Dans cette communauté, les familles ont presque les mêmes conditions de vie i.e. même contexte socio-économique mais force est de constater que certains enfants ont un poids et un taux de croissance supérieurs à la moyenne. L’étude par l’approche déviance positive a permis de savoir que les mères de ces enfants en déviance positive dispensaient plus d’attention à leur progéniture en l’allaitant et le nourrissant plus fréquemment que les autres mères le font. Le mode de préparation et la composition des aliments des enfants sont les mêmes mais le fait de les allaiter et de les nourrir plus fréquemment permettent à ces derniers d’être bien nourris. Fières de la bonne croissance de leurs enfants, ces mères positivement déviantes parlent de leur succès aux autres mères. Et c’est ainsi que le taux de malnutrition dans cette communauté vietnamienne s’est réduit considérablement (PDI, op. cit. )

b) Démarche de l’approche en déviance positive Selon Marsh (2004), la déviance positive consiste à observer les individus qui prennent le risque d’adopter des pratiques non communes. Des pratiques qui sont bénéfiques et qui engendrent pour ces derniers une condition de vie meilleure que ceux qui vivent avec eux dans la même condition de vulnérabilité. L’approche de la déviance positive identifie les individus qui ont une bonne condition par rapport à leur pair et encourage la communauté à adopter le comportement qui est à l’origine de l’émergence des individus ou des associations positivement déviants. C’est cette méthode qui fait la force de l’approche déviance positive afin d’entrainer un changement de comportement (ibid. ).

La déviance positive est une approche visant à un changement personnel, organisationnel et culturel basé sur l’idée qu’à l’intérieur de chaque communauté ou groupe de personnes vivant dans les mêmes conditions existent des individus qui ont adopté des attitudes, des pratiques, des stratégies ou des comportements spéciaux leur permettant d’être plus aisés et performants avec les mêmes ressources et les mêmes conditions. Ce sont les déviants positifs et une fois que ces meilleures pratiques i.e. attitude, mentalité et comportement sont identifiées, elles peuvent être utilisées pour améliorer la condition de vie des autres (Andrianaivoarimanga, 2010).

48 Etat de l’art et méthodologie L’approche permet de comparer la pratique non commune qui confère des avantages supplémentaires aux pratiquants par rapport au reste de la communauté. Un tel comportement est plus acceptable et adoptable mais aussi et surtout pérenne dans une communauté où certains individus le pratiquent déjà. L’approche déviance positive implique un partenariat avec la communauté pour entreprendre l’étude de cas, identifier 04 à 06 individus qui ont enregistré des résultats inattendus malgré le risque, interviewer et observer ces individus afin d’identifier le comportement ou la pratique qui sont à l’origine du succès, analyser les découvertes pour confirmer que la pratique n’est pas commune et qu’elle est accessible pour ce qui veut l’adopter, concevoir des activités encourageant le changement de comportement de la communauté en adoptant le nouveau comportement, faire le suivi et l’évaluation des actions et des résultats (PDI, 2008).

c) Portée et limite de l’approche déviance positive L’approche déviance positive met en valeur les ressources et la capacité locale contrairement aux autres approches qui prescrivent le top down et qui aboutissent à des résultats non pérennes. Elle, c’est-à-dire la déviance positive facilite trois importants processus du développement : - la mobilisation sociale, - la collecte d’informations nécessaires aux futures interventions, - et le changement de comportement.

Cette approche dissipe la discrimination ; elle reflète plutôt une bonne équité dans la mesure où les solutions proposées à la communauté sont accessibles à tous les membres du groupe vivant dans les mêmes conditions socio-économiques. Elle permet à la population locale de trouver dans leur milieu la solution à leur problème. De surcroît, l’approche déviance positive encourage la communauté à mener des recherches pour faire face à leurs propres problèmes et de se sevrer de la mentalité d’assistanat (Andrianaivoarimanga, op.cit. ).

Partant d’un groupe de référence, l’approche déviance positive permet de créer des innovations sociales, techniques, institutionnelles, organisationnelles et politiques. Le groupe de référence peut être une organisation, une société ou une norme de pratique en affaire ou en normes locales. Un des cas le plus cité en matière de déviance positive en développement et organisation est le travail de Save the Children dans la lutte contre la malnutrition au Viêtnam. En travaillant dans les communautés ayant d’enfants malnutris et, qui partagent les mêmes ressources et qui vivent dans les mêmes statuts socioéconomiques, Save the Children a repéré un petit groupe de familles dont les enfants paraissent bien nourris. Après étude,

49 Etat de l’art et méthodologie force est de constater que les mères de ces enfants leur mettent des ingrédients supplémentaires dans leurs aliments habituels. Ce sont des petites crevettes collectées dans les paddy et des bourgeons de feuilles de patate douce. D’après l’opinion publique, ces aliments ne sont pas du tout commodes pour les enfants. Au lieu d’introduire de l’extérieur des complémentations nutritionnelles, Save the Children a opté pour l’amplification de cette pratique des familles positivement déviantes. Le bilan de l’approche fait état de 250 communautés et 50 000 enfants ayant pu parvenir à récupérer un bon statut nutritionnel entre 1991 et 1999 (PDI, op. cit. ).

L’approche traditionnelle commence par l’identification des problèmes. Par contre, l’approche déviance positive commence par l’identification de ce qui marche au sein de la communauté en vue d’intensifier la pratique pour toute la communauté et parvenir à un succès plus grand. A l’heure actuelle où les acteurs du développement suggèrent de repenser la politique des aides au développement ainsi que les conditionnalités de ces aides, les résultats obtenus par le biais de l’approche déviance positive amènent à un élément de réflexion capitale : c’est l’importance des innovations locales pour faire face aux problèmes de la communauté. Le défi est d’obtenir la reconnaissance des autorités locales et des institutions pour construire une coalition capable d’avoir une force de mobilisation suffisante (PDI, 2007).

La limite de cette approche se trouve dans la non identification des exemples positifs hors du commun ou spécifiques ou probants. Elle est inappropriée dans un milieu où les services minima ne sont pas disponibles tel qu’aliment et compétence locale (Marsh, 2004). L’application de l’approche déviance positive s’est étendue dans le domaine de l’agriculture à l’instar de l’agriculture en Afrique. Elle a été suggérée pour identifier, encourager et générer les innovations locales des agriculteurs locaux. Ces innovations sont devenues des éléments clés pour le développement agricole en Afrique entre autres dans le domaine de la production fourragère, la lutte contre les ennemis de la culture, la gestion des ressources naturelles, le développement institutionnel et organisationnel (Andrianaivoarimanga, 2010).

Le concept de l’acculturation permet de mieux appréhender le processus de changement de comportement des individus ou d’un groupe social. Il considère et tient en compte la différenciation à l’intérieur de ce changement. L’approche de déviance positive quant à elle est un outil permettant d’amorcer ce changement de comportement dans la communauté. Bref, l’acculturation et la déviance positive traitent le changement de

50 Etat de l’art et méthodologie comportement communautaire et peuvent servir aux projets de développement pour mieux promouvoir une meilleure condition de vie.

En guise de conclusion, la conjugaison du concept de la sécurité alimentaire avec la Vulnérabilité, la Résilience, la Capabilité, l’Acculturation et la Déviance Positive permet une compréhension élargie et une analyse pluridimensionnelle plus approfondie en matière de comportement paysan et de développement dont le but ultime est de rechercher les meilleures solutions possibles et de concevoir des modèles adaptés et compatibles au besoin du développement en l’occurrence l’acculturation des innovations qui est capitale pour amorcer un maximum de déviance positive de la communauté pour réduire ainsi de façon progressivement sa vulnérabilité en sécurité alimentaire et mettre chacun de ses membres sur une trajectoire de résilience.

1.2 Méthodologie Machiavel, le penseur italien de la Renaissance, a affirmé que « la fin justifie les moyens ». Cette expression fût depuis toujours une source de multitude de divergences et de tergiversions. Le moins que l’on puisse dire est que l’inverse est aussi vrai et que les moyens justifient aussi la fin notamment dans le domaine de la recherche. En effet, la validité des résultats obtenus dépend en grande partie de la fiabilité et de la pertinence des moyens utilisés pendant les travaux. Ce chapitre traite le bien fondé des matériels et des méthodes communs qui ont été retenus et utilisés pour délier la problématique de recherche de cette thèse et parvenir à la vérification des hypothèses. Succinctement seront développés dans les paragraphes qui suivent la zone d’étude, les matériels et la méthodologie de travail. L’objectif ultime est d’entreprendre des travaux de recherche régis par une démarche méthodologique respectant la règle de l’art et permettant de parvenir de façon scientifique aux résultats escomptés et exposés antérieurement.

1.2.1 La zone d’étude La zone d’étude de cette thèse est constituée principalement par le district de Moramanga (18° 57 ′ sud, 48° 14 ′ est) qui était l’un des deux districts d’intervention du projet de sécurité alimentaire d’ADRA et celui du projet de développement agricole d’ERI entre les années 1998 et 2009 ((figure 8). Le district de Moramanga est composé de 21 communes et 174 fokontany (EPP PADR, 2007). Dans l’annale de l’histoire, Moramanga est surtout connu par la place qu’elle tint lors de l’insurrection contre la colonisation en 1947. L’histoire du « wagon Moramanga « illustre bien à quel point y fût intense la résistance des nationalistes contre les colonialistes.

51 Etat de l’art et méthodologie Le chef-lieu du district de Moramanga est localisé à 110km de la capitale sur la route nationale n°2.

Le district Moramanga et ses 21 communes

ANTSIRANANA Zone N TOAMASINA MAHAJANGA Région Alaotra Mangoro

ANTANANARIVO Moramanga

Amboasary Gare FIANARANTSOA TOLIARA Fierenana

Ampasimpotsy Zone Analamanga Zone Atsinanana Ambatovola Anosibe Ifody Andasibe Sabitsy Anjiro Moramanga ville Ampasimpotsy Gare

TanandavaAmbohibary

Mangarivotra

Zone Anosibe An'Ala 0 30 60 kilomètres

Figure 8 : Carte territoriale du district de Moramanga Source : Auteur

Sur le plan administratif, le district de Moramanga est rattaché à la région d’Alaotra Mangoro suite au nouveau découpage territorial régi par la loi n° 2004-001 du 17 juin 2004. En effet, la région d’Alaotra Mangoro est une fusion de deux anciennes régions d’Alaotra et de Mangoro de l’ancien découpage fixé en 1995 selon la loi N° 94-001 du 26 avril 1995. Le slogan de la région Alaotra Mangoro est « région Alaotra Mangoro : exportatrice de riz et berceau de la nature ». Ceci reflète l’ambition de conservation de l’environnement et de la détermination au développement. Moramanga est ainsi un des cinq districts qui constituent la région d’Alaotra Mangoro. La nouvelle définition du zonage agro-socio-écologique de la région identifie Moramanga comme une zone touristique (EPP PADR, 2007).

En matière de sécurité alimentaire, Moramanga est comprise dans une région rizicole de 120 000 ha de rizières dont 35 000 ha aménagés et avec bonne maîtrise d’eau. La production rizicole annuelle de la région est estimée à 300 000 tonnes par an. Ceci joue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire de la région et de sa population. La rivière de

52 Etat de l’art et méthodologie Mangoro offre une opportunité de pêche de crevettes bleues et d’anguilles. Un lot conséquent de ressources naturelles, minières et énergétiques se trouve dans le district de Moramanga entre autres le corridor forestier Zahamena - Ankeniheny de plus de 200 km de long, la plantation de pins de la société Fanalamanga d’une superficie de 60 000 ha, les zones humides sites Ramsar d’Alaotra et de Torotorofotsy, les réserves spéciales de gîtes de sauve souris d’Amboasary et d’Analamazaotra Moramanga, les sites éco-touristiques du parc national d’Andasibe Mantadia et Zahamena, le gisement de cobalt et de nickel d’Ambatovy, le graphite d’Andasibe, les pierres précieuses et l’or d’Anosibe An’Ala et de , le central hydroélectrique de la Mandraka et les chutes d’Andriamamovoka et de Namonoana à Anosibe An’Ala. Tout ceci démontre à quel point le district de Moramanga possède des potentialités et des opportunités économiques pour servir de levier à son développement socio-économique (ibid. ).

1.2.1.1 Contexte géographique de la zone d’étude Le climat de Moramanga est marqué par l’influence de l’alizé durant toute l’année et des températures moyennes comprises entre 18°C et 20°C (ibid. ). Il est marqué par l’abondance pluviométrique dont les précipitations moyennes annuelles sont de l’ordre de 1 200 à 2 000mm avec un hiver émaillé de pluies fines et fréquentes (Rasoamanana, 2015). La figure 9 ci-dessous montre que la courbe P de la précipitation est au-dessus de celle du double de la température tout au long de l’année ; autrement dit Moramanga est soumis à un climat humide.

300 150 280 140 260 130 240 120 220 110 200 100 180 90 160 80 140 70 120 60 100 50 80 40 60 30 40 20 20 10 0 0 JASONDJFMAMJ

Précipitation Température

Figure 9 : Courbe ombro-thermique de Gaussen de Moramanga -5 années

Source : (Rasoamanana, 2015 )

53 Etat de l’art et méthodologie Moramanga est situé dans une zone pluvieuse pour toute l’année et un climat propice à l’agriculture (Rasoamanana, 2015).

1.2.1.2 Contexte socio-économique de la zone d’étude Moramanga est un carrefour incontournable de l’axe oriental de la Grande Ile. Faut-il passer à Moramanga pour rejoindre, par la route nationale n°44, le premier grenier à riz de Madagascar qu’est la zone d’Alaotra, ou pour descendre vers le grand port de Madagascar à Toamasina par la route nationale n°2, ou bien pour s’aventurer vers la zone forestière d’Anosibe An’Ala par la route d’intérêt provinciale 23a qui est à peine carrossable. A ceci s’ajoutent les routes de Mandialaza, de Lakato et de Mangarivotra . Cette situation administrative et géographique de Moramanga lui confère des opportunités particulières de développement.

La mine de nickel et de cobalt exploitée par la société Ambatovy, qui a une durée de vie prévue de 30 ans, est située à environ 14 km à vol d’oiseau au nord-est de la ville de Moramanga. L’implantation de la société depuis l’année 2007 engendre à coup sûr des impacts sur l’économie, la démographie et l’aménagement de la ville de Moramanga voire le district. En effet, l’exploitation de nickel et de cobalt menée par la société Ambatovy et les autres perspectives de développement agricole initiées par une pléiade de projets de développement dans les communes aux alentours de la ville de Moramanga auraient influencé

la situation socio-économique de la zone (ONU Habitat, 2012 ) ; (PNUD Madagascar, 2007) d’autant plus que le marché de Moramanga, grâce au financement de la société Ambatovy, est en cours de construction pour devenir un des plus grands marchés de haut standing du pays et de l’Afrique de l’Est avec un coût de trois millions de dollar américain. Cet argent fait partie du fonds d’investissement social de vingt-cinq millions de dollar américain offert par le géant du nickel afin de promouvoir et de soutenir le développement socio-économique de sa zone d’implantation et par extension du Pays hôte (Ambatovy, 2013).

1.2.1.3 Population de la zone d’étude La population du district de Moramanga, qui est estimée à 260 709 habitants en 2011, est une population jeune ; la tranche d’âge entre 0 et 35 ans représente 75% de la population et 43% de la population a moins de 16 ans. En effet, cette valeur est inférieure à la moyenne nationale qui est de 49% selon le document EPPD 2010 de l’INSTAT. L’âge moyen du chef de ménage est de 45 ans. En moyenne, un foyer à Moramanga est composé de 05 personnes. Le taux de chefs de ménages analphabètes s’élève à 87,4% contre 83% pour la moyenne mondiale d’après UNESCO-Institute for Statistics en 2008 (Savaivo, 2012). Son taux de

54 Etat de l’art et méthodologie croissance démographique de 3,1% s’avère très élevé car la moyenne nationale est de 2,8% (EPP PADR, 2007). L’activité principale des 84,3% des chefs de ménage est l’agriculture. Les activités secondaires ont trait notamment à l’élevage (60,8%), au salariat (11,0%), à l’artisanat (7,3%) et à l’exploitation forestière et aux autres activités primaires (6,8%) selon les études réalisées par le cabinet Savaivo (2012).

1.2.1.4 Contexte de développement de la zone d’étude La dégradation des forêts par la pratique du «tavy», des feux de brousse, des exploitations illicites et irrationnelles des produits forestiers, des exploitations minières galopantes et de surcroît les problèmes fonciers (60% des affaires traités par le Tribunal de Première Instance d’Ambatondrazaka) constituent ainsi la problématique environnementale de la zone où se trouve Moramanga et dont l’impact est ressenti au niveau de l’agriculture. De plus, le taux de vétusté des réseaux hydro-agricoles s’élève à 40%, le niveau d’intensification agricole est faible. Le développement agricole de Moramanga repose sur la résolution de problèmes environnementaux, l’aménagement, le foncier et la vulgarisation des techniques de production améliorées (EPP PADR, op. cit. ).

a. Les projets ayant intervenu dans la zone d’étude Ces enjeux environnementaux et économiques, un bon nombre de projets financés notamment par les Etats Unis se sont exécutés pendant les années 90 et 2000 dans le district de Moramanga à l’instar des projets LDI (Landscape Development Initiative) et ERI (Eco- Regional Initiative) exécutés par Chemonics International , deux PSA (projet de sécurité alimentaire) mis en œuvre par ADRA Madagascar, le projet NAP CAZ (Nouvelle Aire Protégé du Corridor Ankeniheny Zahamena) de Conservation International, Commune championne de Santé net et PSI Madagascar, le projet de réinsertion scolaire KILONGA de PACT Madagascar. A ceci s’ajoutent les autres projets de développement et environnementaux conduits par PSDR et financé par la Banque Mondiale, le projet carbone TAMS (Tetik’Asa Mampody Savoka) de Conservation International, le projet Habitat et plus récemment le projet de conservation de Madagascar Voakajy et le projet AGR pour les jeunes de l’ « Young Men Christian Association » (YMCA). Ces projets ont essayé de laisser ses empreintes et d’apporter des contributions au développement du district de Moramanga. Dernièrement, il y a aussi les projets relatifs aux engagements socio-environnementaux de la société minière Ambatovy. Cette forte présence de projets de développement démontre à quel point Moramanga est aussi un carrefour de projets et comporte un enjeu de développement non négligeable.

55 Etat de l’art et méthodologie b. Ambatovy, le géant du nickel Depuis l’année 2006, la société Ambatovy a commencé à installer ses infrastructures à Moramanga. C’est « une compagnie minière de nickel et de cobalt à grande capacité de production. Avec un investissement total de plus de sept milliards de dollars, Ambatovy est le plus important investissement étranger jamais réalisé à Madagascar et l’un des plus grands du genre en Afrique sub-saharienne. La production annuelle d’ Ambatovy s’élèvera à 60 000 tonnes de nickel raffiné, 5 600 tonnes de cobalt raffiné et 210 000 tonnes d’engrais sous forme de sulfate d’ammonium pendant au moins 29 ans. En 2015, l’entreprise a atteint un niveau de production de 90% de son objectif. Ce qui fait du nickel le premier produit d’exportation de Madagascar, créant un stimulus significatif pour l’économie nationale, régionale et locale. » (Ambatovy, 2011). Depuis son activité à Moramanga, où la société prélève ses minerais, Moramanga a été façonné indéniablement sur tous les plans. Les retombées et les impacts de cet investissement colossal aussi bien positifs que négatifs se font sentir et manifester dans la ville de Moramanga et ses alentours.

1.2.1.5 Sécurité alimentaire de la population de Moramanga Particulièrement, les défis liés à la sécurité alimentaire de Moramanga concerne la recherche agricole, la fertilité du sol, les pratiques culturales, la courverture de la santé animale et l’utilisation des pesticides. L’intensification agricole se heurte à des contraintes liées à la faiblesse de la capacité technique et organisationnelle des producteurs, à la non maîtrise des techniques de production, à l’insuffisance d’intrants et de matériels agricoles adéquats ainsi qu’à la mauvaise qualité des réseaux d’information- communication (EPP PADR, 2007). A ceci s’ajoutent l’amélioration de l’accès à l’eau et de la gestion de l’eau, la diversification des activités génératrices de revenus en assurant l’écoulement des produits sur le marché et l’implication effective des villages riverains dans la gestion et l’utilisation des ressources naturelles entre autres forestières (Savaivo, 2012).

La conjoncture offre à Moramanga et à sa population une multitude d’opportunités inestimables pour orchestrer convenablement son développement et sa communauté notamment en matière de production agricole et de sécurité alimentaire à moins que la bonne gouvernance ne fasse défaut.

1.2.2 Matériels utilisés Pour mener à bien et selon les règles de l’art ce projet de thèse, des matériels ont été utilisés selon leur pertinence respective. Dès la conception du projet de thèse, la bibliographie a été priorisé pour bien cerner le thème de la thèse et s’informer sur l’évolution des recherches

56 Etat de l’art et méthodologie sur les domaines d’étude ainsi que sur les démarches méthodologiques et les matériels de recherches. De surcroît, des bases de données héritées des projets PSA et ERI ont été exploitées pour permettre une bonne connaissance du terrain. Celles-ci ont permis de dresser, de délimiter la zone d’étude et de procéder à l’inventaire des PPD encore présents sur le terrain afin d’en élaborer une liste exhaustive. A ceci s’ajoutent les informations obtenues par le biais des intervenants en activité dans la zone, entre autres l’association Voahary Voakajy et la société Ambatovy.

Afin d’obtenir un bon niveau d’adhésion des autorités locales et garantir par la suite une bonne fiabilité des données, le chef de district de Moramanga a été contacté et a donné par la suite une autorisation officielle servant de porte d’entrée officielle auprès des autorités des communes et des villages concernés. La liste exhaustive des PPD ainsi constituée a servi d’univers d’étude pour un échantillonnage systématique et sortir la liste des PPD qui constituent les échantillons. Un questionnaire a été conçu dans ce sens avec les variables des trois hypothèses. Les enquêtes ont été réalisées par 07 enquêteurs composés de 04 ex-agents de terrain de PSA, 03 enquêteurs de niveau Bac + 3 et un ingénieur agronome comme superviseur d’enquêtes. Chaque passage aux différents villages était certifié par un ordre de mission visé par les autorités villageoises ; ceci pour assurer et garantir la validité des informations collectées.

En ce qui concerne les matériels soft, outre l’informatique bureautique, les logiciels statistiques SPSS et XLSTAT ont été utilisés et permis de faire des analyses statistiques. Le logiciel Arcview servait aux travaux de cartographie et de système d’information géographique ou SIG.

1.2.3 Méthodes utilisées

1.2.3.1 Démarche adoptée Cette étude a été focalisée exclusivement sur les PPD de deux projets, à savoir le Projet de Sécurité Alimentaire PSA d’ADRA et le projet de développement agricole d’ERI. Dans ce sens, deux populations sont concernées : les PPD PSA et les PPD ERI. Pour permettre une analyse comparative, ces deux populations ainsi que leurs échantillons respectifs ont été étudiés séparément mais avec la même démarche méthodologique depuis la collecte de données aux diverses analyses. La méthodologie de travail était subdivisée en démarche exploratoire, démarche formelle et traitement des données.

57 Etat de l’art et méthodologie a. La démarche exploratoire La démarche exploratoire était un passage obligatoire pour bien cerner les idées maîtresses de l’étude, les raisonnements et les évolutions conceptuelles relatives aux thèmes de la thèse. Cette étape consistait à faire des recherches bibliographiques et des entretiens informels auprès des personnes ressources (Ramananarivo R. , 2004). La démarche exploratoire permettait par la suite de bien formuler la problématique, les questions de recherche, les hypothèses de travail et les objectifs de la recherche. De même, cette étape a permis d’explorer différents types de méthodologie de recherche et d’échafauder par la suite la méthodologie du projet de thèse depuis la conception jusqu’à l’interprétation des résultats en passant par la collecte de données.

b. La démarche formelle La démarche formelle est constituée principalement par la collecte de données nécessaire à l’étude. Ce processus comprend chronologiquement les étapes suivantes :

‹ la délimitation de la zone d’étude, ‹ la constitution de l’univers d’étude, ‹ l’échantillonnage, ‹ la collecte de données proprement dite.

Ces travaux ont été réalisés pendant la première année du projet de thèse.

- La délimitation de la zone d’étude L’idée maîtresse retenue dans la délimitation de la zone d’étude est d’obtenir une zone géographiquement et logistiquement homogène par le biais d’une stratification. Ont été retenus comme critères de stratification les points suivants :

o Le site d’enquête doit être constitué par une unité administrative qu’est le « fokontany » situé dans le district de Moramanga. o Le site d’enquête doit avoir bénéficié de l’intervention du projet de sécurité alimentaire PSA ou du projet de développement agricole d’ERI. o Le site n’est pas situé loin d’une route principale telle que route nationale et route d’intérêt provinciale.

La zone de recherche de la thèse est ainsi tirée de la zone d’intervention de PSA et ERI (figure 10). PSA-ADRA est intervenu dans 12 communes rurales et ponctuellement dans la commune urbaine de Moramanga. Moyennant de ces critères de sélection, 41 fokontany de

58 Etat de l’art et méthodologie ces 12 communes rurales ont été retenus pour constituer l’univers géographique de l’étude relative à la zone de PSA.

Zone d'intervention PSA Zone d'étude thèse N

Andaingo Andaingo

Amboasary Gare Amboasary Gare Antaniditra Fierenana Antaniditra Fierenana Légende 1: Zone PSA Mandialaza Commune sans PSA Mandialaza Zone d''intervention Nord du PSA Zone d'intervention Ouest du PSA Ampasimpotsy Ampasimpotsy Zone d'intervention Est du PSA Morarano Gare Morarano Gare Ambohidronono Ambohidronono Ambatovola Ambatovola Belavabary Belavabary Andasibe Andasibe Sabotsy Anjiro Anosibe Ifody Anosibe Ifody Moramanga ville Légende 2: Zone d'étude Moramanga ville Route d'Intérêt Provinciale Vodiriana Ampasimpotsy Gare Vodiriana Ampasimpotsy Gare Route Nationale n°2 Chemin de fer Beforona Beforona Tanandava Tanandava Ambohibary Hors zone d'étude Zone d'étude Nord Zone d'étude Ouest Mangarivotra Mangarivotra Lakato Lakato Zone d'étude Est

Echelle 0 30 kilomètres

Figure 10 : Carte synoptique de la zone de PSA vs Zone d’étude de la thèse Source : Auteur

PSA a subdivisé le district de Moramanga en trois zones suivant les axes routières (tableau 2) :

Tableau 2 : Liste des villages et des communes d’enquête pour la zone PSA

Zone EST (RN* 2) Zone Nord (RN* 44) Zone Ouest (RIP**) Fokontany Commune Fokontany Commune Fokontany Commune

1 Ampitambe Ambohibary Amboanjo Amboasary Ambohidronono Ambohidronono 2 Analalava Ambohibary Amboasary Amboasary Ambohimarina Ambohidronono 3 Antsirinala Ambohibary Ambohimiarina Amboasary Ampasimpotsy Ampasimpotsy 4 Befotsy Ambohibary Ampangabe Amboasary Ambodinifody Anosibe Ifody 5 Sahafitana Ambohibary Antanandava Amboasary Ankarefo Anosibe Ifody 6 Soavinorona Ambohibary Amboasarikely Andaingo Anosibe Ifody Anosibe Ifody 7 Ambatoharanana Ampasimpotsy Gara Ambodirano Andaingo Antatabe Belavabary 8 Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara Andranomadio Andaingo Belavabary Belavabary 9 Antsahatsaka Ampasimpotsy Gara Ankodahoda Andaingo Mandialaza Mandialaza 10 Tsiazompody Ampasimpotsy Gara Ambohibolakely Morarano Anjiro Sabotsy Anjiro 11 Ampangalantsary Andasibe Ambohidray Morarano Ambodimanga Sabotsy Anjiro 12 Amparafara Andasibe Androfia Morarano Anjiro Sabotsy Anjiro 13 Morafeno Andasibe Marovoay Morarano Mahasoa Sabotsy Anjiro 14 Falierana Andasibe Morarano Morarano *RN : route nationale **RIP : route d’intérêt provinciale

59 Etat de l’art et méthodologie En tout, l’enquête pour la zone PSA-ADRA a pu couvrir 41 fokontany répartis dans 12 communes du district de Moramanga. ERI pour sa part est intervenu dans quatre communes rurales de Moramanga, à savoir Morarano, Andasibe, Beforona et Ambatovola. Etant donné que les villages de la commune d’Ambatovola ne remplissent pas les critères de sélection des sites d’enquête à cause de l’enclavement, les trois premières communes constituent la zone d’étude ERI. Ce qui fait trois communes sur quatre et 17 fokontany (tableau 3). Ces communes se situent aux alentours de la zone forestière du parc national d’Andasibe et de la zone du projet de la nouvelle aire protégée Ankeniheny Zahamena ou bien NAP CAZ.

Tableau 3 : Liste de villages et communes d’enquête pour la zone ERI

Fokontany Commune Fokontany Commune 1 Ampangalantsary Andasibe 1 Ambatoharanana Beforona 2 Ampasimpotsy Andasibe 2 Ampasimazava Beforona 3 Andasibe Andasibe 3 Beforona 4 Andasifahatelo Andasibe 4 Antrakarivo Beforona 5 Anevoka Andasibe 5 Beforona Beforona 6 Antsapanana Andasibe 6 Marolava Beforona 7 Morafeno Andasibe 7 Marozevo Beforona 8 Ampitambe Ambohibary 8 Sahanonoka Beforona 9 Marovoay Morarano

- La constitution de l’univers d’étude L’univers de l’étude est sorti de ces deux zones ainsi délimitées. L’établissement des listes de la population d’étude a été commencé par l’obtention d’une autorisation officielle de la part du chef de district. Celle-ci garantissait l’implication des autorités locales dans la constitution des listes des PPD et conférait un caractère officiel au travail pour assurer ainsi le maximum de validité et de fiabilité des informations collectées. Par ordre chronologique, les étapes entamées dans la constitution de l’univers d’étude sont : o la demande d’autorisation et de collaboration auprès du chef de district de Moramanga pour officialiser le travail et impliquer les autorités locales, o la demande de collaboration des maires pour impliquer les chefs de fokontany dans l’identification et l’établissement de la liste des PPD dans chaque fokontany, o la demande de collaboration des chefs de fokontany pour identifier et établir la liste des PPD dans leurs fokontany respectifs, o la validation des listes ainsi obtenues par les maires respectifs,

60 Etat de l’art et méthodologie o la compilation de toutes les listes en une seule liste mère.

La liste mère de PPD ainsi constituée est subdivisée en sous liste PSA et sous liste ERI.

- L’échantillonnage à partir de l’univers de l’étude Etant donné la taille de la zone d’étude PSA, il fallait opter la méthode de collecte de données par échantillonnage. Avec la liste des sites d’étude en main, l’échantillonnage aléatoire systématique a été adopté pour garantir une meilleure représentativité de l’échantillon. La taille de l’échantillon est calculée à partir de la formule de Le Maux (Le Maux, 2011) suivant :

Cette formule préconise une marge d’erreur de 05% et un seuil de confiance de 95% (Le Maux, 2011). La démarche de l’échantillonnage aléatoire systématique comprend successivement 04 étapes :

1. Lister et numéroter la population de 1 à N où N est la taille de la population totale. 2. Déterminer l’intervalle d’échantillonnage i.e. le pas de sondage K qui est égale à N divisé par n’ (la taille de l’échantillon selon la formule ci-dessus). 3. Choisir au hasard un nombre entre 1 et K pour constituer l’origine choisie au hasard. 4. Prendre chaque K ème unité à partir de l’origine choisie (ibid. )

Au total, 379 PPD de PSA-ADRA ont été recensés et moyennant de la formule d’échantillonnage de Le Maux, la taille de l’échantillon est de 191 PPD pour PSA. Avec la méthode d’échantillonnage aléatoire systématique, le pas de sondage ou intervalle de sondage est K=2 (379/191) et l’origine choisie au hasard 2, les 191 PPD constituant l’échantillon de l’enquête par questionnaire sont ainsi identifiés de la liste de la population (ibid. ). Pendant l’enquête proprement dite, trois PPD-PSA supplémentaires ont été enquêtés à cause de leur enthousiasme et de leur demande. Ce qui fait 194 PPD au total pour l’échantillon PSA. Quant à la population ERI, la liste est composée de 45 PPD. Etant donné cet effectif qui est inférieur à 50, la méthode d’enquête exhaustive a été adoptée i.e. la totalité des 45 PPD ont été enquêtés pour garantir le maximum de représentativité.

61 Etat de l’art et méthodologie - La collecte de données proprement dite Selon la démarche en sciences humaines, les étapes suivantes ont été retenues et respectées lors des travaux d’enquête par questionnaire afin de veiller surtout à la qualité du questionnaire et des informations à obtenir (UQAM, 2014): - conception du questionnaire : o le premier jet ; o le test du premier jet ; o la rectification - le recrutement d’enquêteurs ; - la notification des PPD de l’échantillon ; - les enquêtes proprement dites ; - les collectes des fiches d’enquête ; - la régularisation des enquêteurs.

Les enquêteurs allaient et travaillaient par pair dans un village afin de prévenir autant que possible toute tentation de falsification d’information lors de la collecte de données. Les questionnaires remplis ont été retournés par les enquêteurs et entreposés en lieu sûr attendant l’étape suivante qu’est le traitement des données collectées. Des entretiens informels avec des informateurs clés ainsi que des observations, faites par les enquêteurs, complétaient les données de façon qualitative pour servir à des analyses plus poussées dans la démonstration des hypothèses de travail.

Les problèmes rencontrés lors de la collecte de données étaient surtout liés à la présence de quelques PPD aux villages malgré l’envoi de notification bien avant la date d’enquête. Ce problème a été pallié en remplaçant les PPD manquants par ceux qui sont disponibles au village d’autant plus qu’ils sont nombreux à vouloir participer à l’enquête. Pour deux fokontany de l’axe Est, les enquêtes ont été reportés plus tard à cause de la panne de la motocyclette de l’enquêteur.

c. Traitements et analyses des données Les données collectées à travers les enquêtes par questionnaire ont été principalement traitées avec deux logiciels statistiques, à savoir SPSS et XLSTAT, qui permettaient à la fois de faire des calculs contradictoires et des présentations complémentaires. Les analyses statistiques ont été précédées par des travaux de codification, d’enregistrement et d’épuration des données collectées ainsi que la sélection des variables pour chacune des trois hypothèses.

62 Etat de l’art et méthodologie Le figure 11 donne une vue récapitulative du processus de traitement de données.

Sélection des variables de l’hypothèse

Typologie : ACP, AFD, CAH, AFC

Modélisation : Régression linéaire

Comparaison des deux échantillons : Test paramétrique et test non paramétrique

Figure 11 : Schéma du traitement statistique des variables par hypothèse Source : auteur

Légende : - ACP : Analyse de Composantes principales - AFD : Analyse Factorielle Discriminante - CAH : Classification Ascendante Hiérarchique - AFC : Analyse Factorielle de Correspondances

63 Etat de l’art et méthodologie Les analyses statistiques sont menées de façon progressive pour déboucher à une analyse systémique qui regroupe les variables pertinentes à la dernière étape et permettre ainsi une étude holistique prospective (figure 12).

Epuration des données

Typologie selon les variables Modélisation 1 avec les principales de l’hypothèse 1 variables de l’hypothèse 1

Typologie selon les variables Modélisation 2 avec les de l’hypothèse 2 variables de l’hypothèse 2

Typologie uni-variée selon la Profilage général et étude variable de l’hypothèse 3 prospective

Figure 12: Schéma du processus de traitement des données suivant les hypothèses Source : auteur

1.2.4 Chronogramme Le calendrier des travaux de cette de thèse est donné par le tableau 4. Les activités ont commencé au début de l’année universitaire 2014-15.

Tableau 4 : Chronogramme des travaux

2014 2015 2016 2017

3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4

m m m m m m m m m m m m m m i i i i i i i i i i i i i i r r r r r r r r r r r r r r Activités T T T T T T T T T T T T T T 1 Préparation et soumission du projet de thèse x x 2 Arrêtage des sites d'enquêtes x 2 Préparation logistique et inscription x 3 Prise de contact avec les autorités locales x 4 Bibliographie initiale et élaboration de l'état de l'art x x x x x x 5 Identification des informateurs clés et autorités communales x 6 Identification des paysans à enquêter x 7 Conception du protocole n°1 et questionnaire terrain n°1 x 8 Test et édition du questionnaire n°1 x 9 Recrutement et formation des enquêteurs x 10 Enquêtes proprement dites x x 11 Entretien avec les informateurs clés x 12 Traitement des données et analyses des résultats x x x x x x x 13 Production de l'article n°1: symposium du Projet EGALE x 14 Production de l'article n°2: Doctoriale 2ème édition, Toliara x 15 Production de l'article n°3 pour symposium MADASHS x x x 16 Production de l'article n°3 pour symposium MADASHS x x x 17 Rédaction progressive xxxxxxxxxxx 18 Soumission du livre au directeur de thèse x 19 Corrections ittératives x x x x 20 Soutenance X 21 Formalité administrative finale X

64 Etat de l’art et méthodologie La soutenance a eu lieu le 19 Octobre 2017 à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques de l’Université d’Antananarivo.

Conclusion partielle La méthodologie retenue pour ce travail de recherche a été définie et adoptée pour tenter d’apprécier au mieux la réalité du terrain. Ils constituent la base méthodologique commune de la thèse pour étudier les deux échantillons PSA et ERI suivant les trois hypothèses définies dans la partie problématique. Ces derniers sont issus de deux populations qui ont bénéficié deux différents projets. Ce traitement distinctif permet de procéder à des analyses comparatives, de découvrir et de tirer par la suite les théories de développement des agriculteurs positivement déviants de Moramanga. L’état de l’art issu de la recherche bibliographique alimentait aussi les analyses et les interprétations des résultats des traitements des données pour aboutir à des discussions pertinentes qui convergeaient à cette théorisation.

65 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants

II] DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS

2 DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE

66 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Introduction Il est souvent dit que Madagascar regorge de ressources naturelles exceptionnelles. Pourtant, il est classé parmi les pays les moins développés de la planète et la majorité de sa population, entre autres la population rurale, vit dans une extrême pauvreté (PAM, 2014). La Grande Ile est devenue un pays de toutes les vulnérabilités : économique, climatique, sanitaire, institutionnelle et par-dessus tout alimentaire. Cette situation de vulnérabilité s’est généralisée dans le Pays et s’empire de plus en plus dans le monde rural et le secteur agricole notamment en matière de sécurité alimentaire. Dans ce contexte, une problématique de fond émerge : les petites exploitations agricoles ont du mal à assurer leur sécurité alimentaire en tant que ménage malgré les actions de développement apporté pour redresser la situation. Cette problématique alimentait la recherche consacrée à cette partie suivant deux questions de recherche majeures sont : - comment et vers quoi évoluait la sécurité alimentaire des PPD depuis la fin des projets d’appuis ? - quelle est la vulnérabilité des PPD en matière de sécurité alimentaire ?

L’objectif de cette partie est de mettre en relief la différenciation des PPD en matière de sécurité alimentaire. Les objectifs spécifiques consistent à : - définir et de comprendre les modes de sécurité alimentaire des PPD, - identifier par la suite leurs points de vulnérabilité.

Les hypothèses de recherche sont que : - les PPD ont différents modes de sécurité alimentaire, - les PPD sont encore vulnérables après les projets.

Les résultats attendus seront : - les modes de sécurité alimentaire adoptés par les PPD au lendemain des projets d’appuis, - la mise en évidence de la différenciation de leur vulnérabilité en matière de sécurité alimentaire.

Seront ainsi dissertés succinctement les matériels et les méthodes complémentaires utilisés, les résultats relatifs aux analyses sur la différenciation de la sécurité alimentaire des PPD et les différentes discussions sur les modes de sécurité alimentaire des PPD et leur vulnérabilité respective.

67 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants 2.1 Matériels et méthodes

2.1.1 Les variables de la sécurité alimentaire à Madagascar La FAO a confirmé dans son rapport d’évaluation que le riz reste la denrée principale de l’alimentation des Malagasy (FAO & PAM, 2010). Par conséquent, étudier la sécurité alimentaire de la population de Madagascar revient en grande partie à étudier sa sécurité en riz. Moyennant de trois dimensions du concept de la sécurité alimentaire (PAM, 2005), on peut retenir comme étant pertinentes les variables qui suivent pour étudier ainsi la sécurité alimentaire de la population de la Grande Ile : - La Disponibilité de la nourriture par la capacité de production de riz qui est traduite par la surface rizicole de l’exploitation. - L’Accessibilité à la nourriture par l’autosuffisance en riz, la consommation de ce que l’on a produit, elle est traduite par la durée de la Suffisance en riz ou bien de l’autonomie en riz. - L’Utilisation de la nourriture, avec deux variables : ‹ La qualité de l’alimentation i.e. la diversification de production facilite la diversification alimentaire donc une meilleure qualité nutritionnelle qui est donnée par le taux de diversification ou bien par la diversité alimentaire. ‹ L’Insécurité Alimentaire Saisonnière ou IAS où le ménage doit entreprendre un changement temporaire de son régime alimentaire et nutritionnel. Pendant cette période de soudure, la quantité et la qualité changent et se dégradent par rapport à la période normale ; le niveau de satisfaction psychologique et culturelle n’est pas la même en cette période (EPP PADR, 2005). IAS est la durée de la période de soudure de chaque ménage.

En outre, l’étude de la différenciation de la sécurité alimentaire des PPD comprend aussi l’analyse de risques pour chacune de ces variables autrement dit une analyse de vulnérabilité de la sécurité alimentaire des PPD. La surface des cultures vivrières est étudiée en complément pour pouvoir pousser les analyses en profondeur.

2.1.2 Méthode de traitement des données A noter que cette étude a été menée sur deux populations : la population PSA et la population ERI mais avec les mêmes variables de la sécurité alimentaire qui sont exposées précédemment. Chaque base de données des deux échantillons est ainsi traitée séparément mais avec les mêmes méthodes statistiques décrites ci-après :

68 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants - l’Analyse en Composantes principales ou ACP, - l’Analyse Factorielle des Correspondances ou AFC, - la Classification Ascendante Hiérarchique ou CAH, - l’Analyse Factorielle Discriminante ou AFD, - le test d’égalité d’échantillons indépendants : test de normalité, test de Levene et test t-Student, - la régression linéaire multiple, - ’Analyse de variances ou ANOVA

2.1.2.1 L’Analyse de Composantes Principales L’ACP regroupe les variables en variables latentes. Ce traitement comprend l’extraction des variables, la variance totale expliquée, la matrice des composantes et le diagramme des composantes.

La qualité de l’extraction des variables est donnée par le tableau de la qualité de représentation. Plus le coefficient d’extraction est élevé, plus la qualité de représentation des variables est meilleure. La variance totale expliquée (Eigen value) permet de décider sur le nombre de composantes à retenir pour l’étude. Le pourcentage de variance totale expliquée ne doit pas être inférieur à 70% pour réduire le plus possible la perte d’inertie et avoir une bonne qualité de représentation des données.

La matrice des composantes donne la contribution de chaque variable sur chacune des composantes principales. Elle permet ainsi d’identifier les variables qui composent chacun des facteurs. Le diagramme des composantes donne la projection des variables dans l’espace et permet de visualiser le poids de chaque variable sur les composantes. Le recours à la rotation varimax permet d’avoir une optimisation de la projection. Ainsi, La matrice des composantes après rotation varimax et la représentation graphique permettent de configurer mieux la composition des deux facteurs et relier les variables à la composante correspondante.

A partir de ces équations, les scores de chaque groupe sont calculés et attribués à chacune des observations. Ceci permet de les affecter manuellement au groupe Subsistance ou au groupe Productivité suivant leurs plus grands scores respectifs, de procéder par la suite à l’Analyse Factorielle Discriminante.

2.1.2.2 L’Analyse Factorielle Discriminante L’AFD a permis de regrouper les observations selon les composantes principales et obtenir une typologie confirmée. En premier lieu, AFD donne les fonctions déterminantes qui

69 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants sont au nombre de n-1 des variables indépendantes qui est dans ce cas-ci le nombre des composantes principales retenues. Le tableau des valeurs propres donne le pourcentage de la variation expliquée par la fonction déterminante. Plus ce pourcentage est élevé, plus la fiabilité de l’analyse est meilleure. A la fin, AFD donne les résultats d’affectation des observations avec leurs scores respectifs et confirme ainsi la typologie des observations.

2.1.2.3 Le test d’égalité de proportions Pour savoir si deux proportions de deux modalités sont statistiquement égales, il faut procéder au test binomial. Le test a comme hypothèse nulle H 0 l’égalité de deux proportions dans un échantillon. H 0 est à retenir si p-value est supérieur à α qui est le degré de signification retenue. Dans l’étude, la valeur retenue pour α est 0,05. Dans le cas contraire i.e. p-value inférieur à α, H0 est à rejeter et les deux proportions sont probablement différentes.

2.1.2.4 Le test d’égalité d’échantillons indépendants Les tests d’égalité d’échantillons indépendants commencent par le test de normalité puis le test de Levene et le test t-Student. Ceci pour réaliser des analyses comparatives des deux échantillons indépendants. Les échantillons indépendants étudiés sont respectivement PSA et ERI. Le test d’égalité d’échantillons indépendants a pour but de savoir si les moyennes des scores d’une variable dans deux échantillons indépendants sont égales ou non. Le test d’égalité d’échantillons pose comme postulat que les distributions suivent une loi normale à 95%. Une distribution suit une loi normale à 95 si ses coefficients d’aplatissement et de symétrie sont compris entre -2 et +2. Les configurations des distributions dans les histogrammes et les diagrammes de normalité reflètent aussi cette normalité. Si ce postulat est confirmé, le test paramétrique peut se faire pour tester l’égalité des échantillons, il s’agit dans ce cas de test t-Student et de Levene. Au cas où le postulat n’est pas vérifié, il faut procéder au test non paramétrique pour vérifier l’égalité des deux échantillons. Dans cette partie, le postulat de la normalité est vérifié et les observations sont indépendantes. Par conséquent, les conditions du recours au test t-Student et au test de Levene sont remplies pour tester l’égalité des deux échantillons indépendants PSA et ERI.

Pour comparer deux moyennes d’une variable dans deux échantillons différents, la variable dépendante doit être une variable d’échelle, la variable indépendante quant à elle est dichotomique. L’hypothèse nulle H 0 est l’égalité des deux moyennes (H 0 : µ1=< µ2). Si le niveau de signification du test t est supérieur au seuil de signification retenu, il faut retenir et conclure que les moyennes de la variable sont égales dans les deux échantillons. Dans le cas

70 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants contraire, il faut rejeter H 0 et conclure que les deux moyennes de la variable sont probablement différentes dans les deux échantillons.

Le premier tableau expose les moyennes calculées, c’est la statistique descriptive des échantillons par rapport à la variable. Ce tableau permet de lire entre autres les moyennes et les écart-types respectifs. Pour conclure sur la signification de la différence des moyennes, il faut lire le deuxième tableau et le test proprement dit. Il comprend les résultats du test d’égalité de variances de Levene et du test t-Student.

Le test de Levene qui passe en premier lieu permet de vérifier l’égalité de variances de la variable étudiée dans les deux échantillons. L’hypothèse nulle H 0 est l’égalité des variances 2 2 dans les deux échantillons (H 0: Ϭ1 = Ϭ2 ), l’hypothèse alternative H 1 est la différence des 2 2 variances ( Ϭ1 ≠Ϭ2 ). De cette signification dépend la lecture des résultats du test t-Student. Si la signification p-value du test de Levene est supérieur à α=0,05, il faut retenir l’hypothèse nulle H0 et conclure une égalité des variances. Par la suite il faut lire la première ligne du tableau pour le test t-Student et conclure sur la signification du test et l’égalité des moyennes de la variable sur les deux échantillons. Si le niveau de signification p-value du test de Levene est inférieur à α=0,05, il faut rejeter l’hypothèse nulle, les variances sont donc différentes et il faut dans ce cas pour continuer lire la deuxième ligne et conclure sur la signification du test et d’égalité des moyennes.

2.1.2.5 La régression linéaire multiple La régression multiple est nécessaire à la modélisation en produisant l’équation du modèle de Sécurité alimentaire de chaque échantillon. Faisant suite à la typologie produite par AFD, la modélisation est faisable par le biais de la régression linéaire multiple. En premier lieu, on a le tableau récapitulatif des modèles qui comprend le nom du modèle, le coefficient de corrélation R de Pearson, le R-deux et le R-deux ajusté. R exprime l’intensité et le sens de la corrélation tandis que R-deux donne la proportion de la variable dépendante expliquée par la variable indépendante. En second lieu, il y a le tableau ANOVA qui permet surtout de statuer sur le niveau de significativité de l’analyse de régression. En dernier lieu se trouve le tableau des coefficients de régression permettant à la fois d’obtenir les coefficients non standardisés de l’équation du modèle et les coefficients de régression standardisés ß.

A noter que le coefficient de régression non standardisé donne la valeur de la pente partielle décrivant le changement de Y quand une variable indépendante X change d’une unité en même temps que l’effet de l’autre variable indépendante sur la variable dépendante Y est contrôlé. Les signes des coefficients de régression non standardisés indiquent le sens

71 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants d’augmentation ou de réduction de Y par rapport à X. La grandeur des coefficients de régression indiquent l’importance de l’effet de chaque variable sur Y tout en contrôlant l’effet de l’autre VI sur VD.

Ainsi, l’équation du modèle est Y= a +A 1 X1 + A 2 X2

- Y : score prédit de la variable dépendante Y - a : constante i.e. intersection du plan de régression et l’axe de la variable dépendante

- A1 et A 2 sont des coefficients de régression non standardisés :

- A1 : pente du plan par rapport à la variable indépendante X 1

- A2 : pente du plan par rapport à la variable indépendante X 2

- X1 : score de la variable indépendante X 1

- X2 : score de la variable indépendante X 2

Le coefficient de régression standardisé ß indique l’importance de la variable indépendante sur la variable dépendante, plus ß est grande, plus la variable indépendante a une influence sur la variable dépendante. En effet, il indique le changement en écart-type de Y si X1 change 01 écart-type tout en contrôlant les effets des autres VI

L’étude de l’effet combiné des deux composantes est le fait d’assembler toutes les variables indépendantes dans l’analyse de régression. L’étude de l’effet combiné des variables de la sécurité alimentaire des exploitations agricole permet de pousser encore plus loin les analyses. En effet, on peut considérer, pour cette partie, que la sécurité alimentaire totale SA est égale à la somme des deux composantes retenues. Ce qui attribue un nouveau score à chacune des observations. Les scores ainsi obtenus sont traités en régression linéaire multiples et donnent les résultats.

2.1.2.6 La Classification Ascendante Hiérarchique La CAH est une méthode de classification qui permet de regrouper les données dans un certain nombre de classes adéquates. Il fait ressortir les modalités nécessaires et permet de constituer le tableau de contingence pour l’Analyse Factorielle de Correspondance. Le mode de classification utilisé est le regroupement des lignes par dissimilarité de la distance euclidienne conjuguée avec la méthode d’agrégation en lien complet. Ceci permet d’obtenir des classes plus compactes.

Les observations sont classées par le biais de CAH selon leur score en sécurité alimentaire. Les résultats de la classification sont donnés par le tableau des points centraux et

72 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants le tableau synoptique des classes. En premier lieu, le tableau des points centraux donne les points centraux de chaque classe et permet ainsi de catégoriser et hiérarchiser ces classes selon la valeur de leur point central respectif. En second lieu, l e tableau synoptique des classes est constitué par les moyennes, les minimums et les maximums de chacune des classes ainsi que leur proportion respective.

En outre, les scores moyens de chaque classe ainsi que les minimums et les maximums servent à établir l’échelle de la variable dépendante étudiée qui est la sécurité alimentaire pour cette partie.

2.1.2.7 L’Analyse Factorielle des Correspondances L’Analyse Factorielle des correspondances ou AFC permet d’étudier l’association entre les variables et représenter graphiquement les proximités entres les modalités. Dans cette partie, les modalités étudiées sont celles du score de sécurité alimentaire et les modes de sécurité alimentaire des échantillons. Trois résultats d’analyse sont particulièrement retenus pour l’étude ; ce sont les profils lignes, les distances khi-deux et le graphique asymétrique.

L’AFC est basée sur l'analyse des profils. Un profil est une fréquence relative égale à l’ensemble des fréquences divisées par leur total. Il reflète la façon dont la catégorie d'une variable varie selon les catégories de l'autre variable. Le tableau des profils lignes donne ainsi les profils lignes et permet d’étudier la proximité entre les groupes. Le tableau des distances khi-deux affiche les distances khi-deux entre les points lignes et les points colonnes. Il permet ainsi de détecter les cas similaires dont la distance est petite.

Le graphique asymétrique des lignes est une représentation pseudo-barycentrique qui représente les colonnes dans l’espace des lignes. Les distances entre lignes et colonnes peuvent être interprétées en projetant les points-lignes sur les vecteurs-colonnes. La modalité correspondante au point-ligne qui est le plus éloigné de l’origine est celle qui est la plus liée à la modalité correspondant au vecteur.

2.1.2.8 L’analyse de variance L’ANOVA sert à analyser la relation entre l’autonomie en riz et la superficie moyenne des cultures vivrières. L’ANOVA ou Analyse de Variance permet de modéliser une variable quantitative avec une variable explicative qualitative qui est aussi appelée facteur. Ceci permettra de mettre en exergue la relation de variance entre les deux variables.

73 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants 2.2 Résultats Sont exposés succinctement dans ce paragraphe le regroupement des variables de l’hypothèse en composantes principales, la typologie, la comparaison des deux échantillons de l’univers d’étude, la modélisation, la classification et l’analyse des correspondances entre les variables de la sécurité alimentaire ainsi que l’analyse de la vulnérabilité de la sécurité alimentaire des PPD.

2.2.1 Evolution de la sécurité alimentaire des PPD

2.2.1.1 Sécurité alimentaire en deux composantes L’ACP a permis d’identifier deux composantes principales selon la qualité de représentation donnée par le tableau 5.

Tableau 5 : Qualité de représentation

PSA ERI Initial Extraction Initial Extraction Capacité 1,00 0,53 1,00 0,56 Autonomie 1,00 0,99 1,00 1,00 IAS 1,00 0,99 1,00 1,00 Diversité 1,00 0,80 1,00 0,54

Tous les coefficients d’extraction sont largement supérieurs à 0,30. Ce qui permet de conclure une bonne qualité d’extraction et de retenir ainsi toutes les variables initiales.

Le nombre de composantes est obtenu à travers le cumul du pourcentage de la variance (tableau 6).

Tableau 6 : Variance totale expliquée

Valeurs propres initiales PSA Valeurs propres initiales ERI Composante % de la % de la % Total % cumulés Total variance variance cumulés

1 2,33 58,26 58,26 2,13 53,34 53,34 2 0,97 24,35 82,60 0,96 24,07 77,41 3 0,70 17,40 100,00 0,90 22,59 100,00 4 0,00 0,00 100,00 -4,64*10 -17 -1,16*10 -15 100,00

74 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants D’après ces résultats, les deux premières composantes permettent d’expliquer 82,6% de la variation pour PSA et 77,41% pour ERI ; la projection de chacune des variables sur les composantes est donnée par le tableau 7.

Tableau 7 : Matrice des composantes

PSA ERI Avant rotation Après rotation Avant rotation Après rotation Composante Composante Composante Composante 1 2 1 2 1 2 1 2 Capacité 0,6 0,4 0,3 0,6 0,3 0,66 0,1 0,7 Autonomie 0,9 -0,3 0,9 0,2 0,9 -0,23 0,9 0,13 IAS -0,9 0,3 -0,9 -0,2 -0,9 0,23 -0,9 -0,13 Diversité 0,4 0,8 0,0 0,9 0,3 0,64 0,1 0,7

La composante 1 est constituée par Autonomie et IAS tandis que la composante 2 par Capacité et Diversité.

La matrice des composantes après rotation varimax et la représentation graphique permettent de configurer mieux la composition des deux facteurs ; ils sont composés respectivement des variables ayant les plus grandes valeurs absolues :

- Composante F1 : Autonomie et IAS qui sous entendent SUBSISTANCE - Composante F2 : Capacité et Diversité qui sous entendent PRODUCTIVITE

De tout ce qui précède découlent les équations primaires pour chacun des modèles cités ci-dessus :

- Modèle PSA Ù Subsistance = 0,9 * Autonomie – 0,9 * IAS Ù Productivité = 0,6 * Capacité + 0,9 * Diversité

- Modèle ERI : ‹ Subsistance= 0,9 (Autonomie - IAS) ‹ Productivité = 0,7 Capacité + 0,7 Diversité

Ces équations ont permis la scorification de chaque observation pour chaque composante et de procéder à l’affectation manuelle puis à l’AFD afin de confirmer le groupe d’appartenance de chaque observation.

75 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants 2.2.1.2 Deux modèles de sécurité alimentaire L’AFD donne la fiabilité de la fonction discriminante pour chaque modèle (tableau 8).

Tableau 8 : Valeurs propres

Valeur Corrélation Fonction % de la variance % cumulé propre canonique

PSA 1,9 100 100 0,8 ERI 3,3 100 100 0,9

Chaque fonction explique respectivement pour les deux échantillons 100% de la variation autrement dit une bonne fiabilité des analyses statistiques. Ces fonctions sont toutes significatives au seuil de 0,001 ; ceci traduit une relation hautement significative et une meilleure fiabilité des analyses statistiques.

L’analyse avec AFD débouche aux affectations des observations dans les deux groupes i.e. Subsistance et Production selon leur score respectif (tableau 9).

Tableau 9 : Répartition des PPD en groupe de sécurité alimentaire

PSA ERI Groupe 1 Groupe 2 Groupe 1 Groupe 2 Subsistance Productivité Subsistance Productivité Subsistance Productivité Subsistance Productivité

Score SA moyen 1,3 -0,1 -1,4 0,1 1,8 -0,1 -1,4 0,1 Proportion 52% 48% 44% 56%

Ces résultats dénotent la prévalence des deux groupes dans chacun des échantillons avec des proportions plus ou moins égales (figure 14).

60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00% Subsistance Productivité Subsistance Productivité PSA ERI

Figure 13 : Répartition des groupes de sécurité alimentaire

76 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Ce graphique confirme la répartition plus ou moins égale des observations dans chaque échantillon et ceci conduit à la question d’égalité des proportions de chaque groupe intra-modèle PSA et ERI.

2.2.1.3 Similarité de la répartition des observations des échantillons Passer ces proportions au test d’égalité permet de confirmer ou d’infirmer ces différences.

a. Test d’égalité des proportions Le test binomial a permis de tester l’égalité des proportions intragroupes dont les résultats sont donnés par le tableau 10.

Tableau 10 : Test de proportion des modalités

Proportion Test de Signification Modèle et groupe Modalité N observée. proportion bilatérale

Groupe 1 Subsistance 100 0,52 0,50 0,72 SA PSA Groupe 2 Productivité 94 0,48 Total 194 1,00 Groupe 1 Productivité 25 0,56 0,50 0,55 SA ERI Groupe 2 Subsistance 20 0,44 Total 45 1,00

Ces résultats démontrent que dans les deux cas, le test de proportion a un niveau de signification supérieur à α=0,05 ; par conséquent l’hypothèse nulle H 0 est à retenir i.e. les proportions sont statistiquement identiques.

b. Caractéristiques des modes de sécurité alimentaire Ces classifications étant, les caractéristiques de chaque groupe peuvent être mises en exergue à travers les variables de la sécurité alimentaire à savoir la capacité en riz, l’autonomie en riz, l’IAS, la diversification ainsi que la surface des cultures vivrières autres que le riz (tableau 11).

77 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Tableau 11 : Vue synoptique des variables de sécurité alimentaire des groupes

PSA ERI SUBSISTANCE PRODUCTIVITE SUBSISTANCE PRODUCTIVITE Capacité en riz en ha 1,2 1,1 0,4 0,7 Autonomie en riz 8,7 4,3 9,0 3,9 IAS 3,3 7,6 3,0 8,1 Taux diversification 0,7 0,7 0,6 0,6 Surface vivrière en ha 0,8 0,6 1,3 1,2

Le mode subsistance est caractérisé par des scores plus élevés en autonomie en riz et une surface vivrière tandis que le mode productivité par une insécurité alimentaire saisonnière plus élevée. La représentation graphique permet une lecture comparative visuelle additionnelle (figure 15).

10 9 8 7 6 5 PSA SUBSISTANCE 4 PSA PRODUCTIVITE 3 ERI SUBSISTANCE 2 ERI PRODUCTIVITE 1 0

Figure 14 : Graphique synoptique des groupes de sécurité alimentaire

78 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Dans la même perspective, une représentation synoptique intra-modèle des deux modes de sécurité alimentaire met en relief les différences entre les deux modes de sécurité alimentaires (figure 16).

Modèles ERI Modeles PSA

Capacité Riz Capacité Riz 10,00 10,00 8,00 8,00 6,00 6,00 4,00 4,00 2,00 Autonomie en 2,00 Diversification 0,00 Autonomie en riz Diversification 0,00 riz

Subsistance IAS Subsistance IAS Productivité Productivité

Figure 15 : Graphique synoptique des groupes Subsistance et Productivité

Dans les deux cas (PSA et ERI), les PPD du mode Subsistance ont une meilleure sécurité alimentaire que ceux du mode Productivité. Cette différence s’exprime clairement à travers l’IAS et l’autonomie en riz.

2.2.1.4 Egalité respective des modes PSA et ERI

a) Test d’égalité des échantillons indépendants Le test d’égalité de moyenne couplé avec le test de Levene et précédé du test de normalité permet de comparer de façon plus approfondie le niveau de sécurité alimentaire des deux échantillons PSA et ERI en matière de sécurité alimentaire. Ce niveau de sécurité alimentaire est défini par le score calculé à partir des équations issues de la modélisation.

b) Test de normalité des deux distributions La normalité des distributions est reflétée par les histogrammes du test de normalité (figure 17). PSA ERI

Figure 16 : Graphique du test de normalité

79 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Ces graphiques dénotent la normalité des deux distributions et permet de poursuivre le test d’égalité.

c) Indices de normalité Les indices d’asymétrie et d’aplatissement (tableau 12) permettent de confirmer ou non la normalité des distributions.

Tableau 12 : Indice de normalité

PSA ERI Asymétrie -0,17 0,09 Aplatissement -0,01 -0,11

Tous les indices d’asymétrie et d’aplatissement sont compris entre -2 et +2 ; ce qui fait que les distributions suivent une loi normale à 95% et sont compatibles au test paramétrique du test t-Student.

d) Test t-Student et test de Levene Le préalable de la normalité étant rempli, les tests t-Student et de Levene sont adéquats pour statuer sur l’égalité des deux distributions (tableau 13).

Tableau 13 : Statistiques des groupes

Echantillon Erreur standard Variable N Moyenne Ecart-type d'origine moyenne

Score SA PSA 194 0,01 2,64 0,19 ERI 45 -0,01 2,50 0,37

Les moyennes des scores de la sécurité alimentaire des deux populations ont une différence de 0,02 (tableau 14).

80 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Tableau 14 : Test d’échantillons indépendants

Test de Levene sur Test-t pour égalité des moyennes l'égalité des variances

Intervalle de Différe Différe confiance 95% de la Sig. nce nce F Sig. t ddl différence bilatérale moyenn écart- e type Inf. Sup.

Hypothèse de 0,54 0,46 0,06 237 0,96 0,02 0,43 -0,83 0,88 variances égales Score SA Hypothèse de variances 0,06 68 0,96 0,02 0,42 -0,81 0,86 inégales

Le niveau de signification du test de Levene est égale à 0,46 > α=0,05 donc l’hypothèse d’égalité de variance est à retenir et il faut lire la première ligne pour le test t. Le test-t à son tour affiche un niveau de signification de 0,06> α=0,05 i.e. retenir l’hypothèse nulle ; autrement dit les moyennes de l’indice de sécurité alimentaire de PSA et ERI sont statiquement égales. De ce fait, les modes Subsistances de PSA et ERI sont égaux ; de même pour les modes Productivités de ces deux échantillons.

2.2.1.5 Equations des modèles de sécurité alimentaire des PPD Les résultats de la classification par AFD permettent de procéder à la modélisation de chaque mode de sécurité alimentaire.

a. Analyse de régression des deux modèles Chaque échantillon a son modèle à l’issu des traitements statistiques (tableau 15).

Tableau 15 : Récapitulatif des modèles PSA et ERI

Récapitulatif des modèles PSA Population Modèle R R-deux R-deux Erreur Subsistance 1,00 1,00 ajusté1,00 standard0,00 de PSA Productivité 1,00 1,00 1,00 0,00 Subsistance 1,00 1,00 1,00 0,00 ERI Productivité 1,00 1,00 1,00 0,00

81 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Ces résultats du tableau 15 mettent en relief que - 100% de la variable SUBSISTANCE est expliquée par l’autonomie et l’IAS - de même pour la PRODUCTION avec capacité et diversification. Par le biais de l’analyse de variance, la signification des modèles est donnée par le tableau 16.

Tableau 16 : Analyse de variance des modèles PSA et ERI

Somme des Moyenne Population Modèle ddl Sig. carrés des carrés

SUBSISTANCE Régression 180,82 1,00 180,82 0,000 Résidu 0,00 98,00 0,00 PSA Total 180,82 99,00 PRODUCTIVITE Régression 131,00 2,00 65,50 0,000 Résidu 0,00 91,00 0,00 Total 131,00 93,00 SUBSISTANCE Régression 173,20 1,00 173,20 0,000 Résidu 0,00 43,00 0,00 ERI Total 173,20 44,00 PRODUCTIVITE Régression 52,06 2,00 26,03 0,000 Résidu 0,00 42,00 0,00 Total 52,063 44,00

Les relations sont toutes significatives au seuil de 0,001 et ceci amène au calcul des coefficients de régression qui permettent de connaître l’importance de chaque variable dans la sécurité alimentaire des exploitations agricoles des échantillons étudiés (tableau 17).

Tableau 17 : Coefficients de régression

Population Modèle Coefficients non Coefficient Sig. A Erreur Bêta SUBSISTANCE Constante 3,5 0,00 0,000 PSA IAS -0,6 0,00 -1,0 0,000 PRODUCTIVITE Constante -4,5 0,00 0,000 Capacité en riz 0,5 0,00 0,6 0,000 Diversité 5,7 0,00 0,7 0,000 SUBSISTANCE Constante 3,6 0,00 0,000 ERI IAS -0,6 0,00 -1,0 0,000 PRODUCTIVITE Constante -3,2 0,00 0,000 Capacité en riz 1,0 0,00 0,7 0,000 Diversité 4,5 0,00 0,8 0,000

Pour le mode Subsistance, l’analyse de régression a exclu la variable Autonomie en riz qui a un coefficient standardisé beta nul au seuil de signification de 0,001. En fait,

82 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants l’autonomie en riz a une forte colinéarité (r = -1) avec IAS, les deux variables sont inversement proportionnelles ; statistiquement parlant, une d’entre elles suffit pour définir l’équation du mode Subsistance. Par le biais de ces résultats statistiques ressortent les équations respectives des deux modèles pour chaque mode de sécurité alimentaire : Modèle PSA Ù Subsistance = 3,5 – 0,6 IAS Ù Productivité = -4,5 + 0,5 Capacité + 5,7 Diversité

Modèle ERI ‹ Subsistance = 3,6 – 0,6 IAS ‹ Productivité = - 3,2 + 1,0 Capacité + 4,5 Diversité

Ces équations reflètent l’importance de chaque variable sur la sécurité alimentaire.

b. Modélisation en effet combiné de toutes les variables En considérant que la sécurité alimentaire totale SA est égale à Subsistance (+) Productivité, le traitement par le biais de l’analyse de régression multiple a permis de poursuivre les analyses en profondeur. En premier lieu le récapitulatif du modèle à effet combiné qui confirme une relation parfaite avec un coefficient de corrélation égale à 1,00 (tableau 18).

Tableau 18 : Récapitulatif des modèles à effets combinés

Modèle R R-deux R-deux ajusté PSA 1,00 1,00 1,00 ERI 1,00 1,00 1,00

En second lieu, les coefficients de régression multiples qui servent pour l’établissement des équations de la modélisation est donnée par le tableau 19.

Tableau 19 : Coefficient de régression multiple

Modèle Coefficients non Coefficients Sig. A Erreur Bêta Constante -1,0 0,00 0,000 PSA Capacité en riz 0,5 0,00 0,3 0,000 IAS -0,6 0,00 -0,6 0,000 Diversité 5,7 0,00 0,3 0,000 Constante 0,4 0,00 0,000 ERI Capacité en riz 1,0 0,00 0,3 0,000 IAS -0,6 0,00 -0,8 0,000 Diversité 4,5 0,00 0,3 0,000

83 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Les équations des modèles s’écrivent à partir de ces coefficients :

Ù SA PSA = -1,0 + 0,5 Capacité- 0,6 IAS + 5,7 Diversité

Ù SA ERI = 0,4+1,0 Capacité Riz-0,6 IAS + 4,5 Diversité

Avec ces équations peuvent être calculés les scores de sécurité alimentaire d’une observation quelconque et quelques soit son mode de sécurité alimentaire.

2.2.1.6 Cinq classes d’exploitations en matière de sécurité alimentaire Ce sont les variables de la sécurité alimentaire et la variable de la surface vivrière qui ont été traitées avec CAH.

a) CAH de la sécurité alimentaire Les objets centraux de la classification en cinq modalités, selon la variable Score en sécurité alimentaire de chaque observation, sont sortis par CAH (tableau 20) :

Tableau 20 : Les objets centraux

Catégorie Objet central Score SA SA 1 Obs161 -5,3 SA 2 Obs117 -2,3 SA 3 Obs2 -0,1 SA 4 Obs25 2,3 SA 5 Obs99 4,9

Chacune des catégories se caractérise par son score en sécurité alimentaire et sa proportion dans l’échantillon (tableau 21).

Tableau 21 : Tableau synoptique des classes

Niveau SA SA 1 SA 2 SA 3 SA 4 SA 5 Niveau SA SA 1 SA 2 SA 3 SA 4 SA 5 Effectif 14 67 73 70 15 Moyenne -5,3 -2,3 -0,1 2,3 4,9 Minimum -8,7 -4,0 -1,0 1,1 4,2 Maximum -4,2 -1,0 1,0 4,0 6,5 Proportion 06% 28% 30% 29% 07%

D’après ces résultats, les classes SA 2, 3 et 4 constituent la tendance centrale des PPD en matière de sécurité alimentaire.

84 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants b) CAH de la surface vivrière En ce qui concerne la classification des observations en fonction de leur surface de cultures vivrières, les objets centraux des classes sont donnés identifiés par le biais de CAH (tableau 22).

Tableau 22 : Tableau des objets centraux des catégories de surface vivrière

Catégorie Objet central Score SA Viv 1 Obs204 180 Viv 2 Obs91 876 Viv 3 Obs78 1 381 Viv 4 Obs38 1 965 Viv 5 Obs92 2 647

Les observations sont classées en cinq groupes qui se distinguent par leur score en sécurité alimentaire. Le tableau synoptique des classes facilite la comparaison interclasse (tableau 23).

Tableau 23 : Tableau synoptique des classes

Viv 1 Viv 2 Viv 3 Viv 4 Viv 5 N 206 24 6 2 1 Moyenne 176 901 1 420 1 959 2 647 Minimum 0 684 1 210 1 954 2 647 Maximum 622 1.097 1 592 1 965 2 647 Proportion 86,2% 10,1% 2,5% 0,8% 0,4%

Ces résultats font remarquer que la classe vivrière 1 est la plus dominante en englobant 86% des PPD de la population.

2.2.1.7 Deux types d’exploitations agricoles Les différentes modalités ont été étudiées avec AFC.

85 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants a. Profils-lignes Les associations entre les classes sont données par le tableu 24.

Tableau 24 : Tableau de profil des lignes

Mode SA SA3 SA4 SA2 SA1 SA5 ProdERI 0,40 0,04 0,44 0,08 0,04 ProdPSA 0,30 0,18 0,40 0,11 0,00 SubERI 0,40 0,55 0,00 0,00 0,05 SubPSA 0,27 0,41 0,18 0,01 0,13 Moyenne 0,34 0,29 0,25 0,05 0,05

Les associations suivantes sont mises en évidence par ces résultats :

- ProdERI avec SA3 et SA2 présentent une bonne association, de même pour ProdPSA et SA2 i.e. les classes moyennes en sécurité alimentaire appartiennent au mode Productivité - Association notable entre SA1 d’un côté et les modes ProdPSA et ProdERI de l’autre côté i.e. le niveau de sécurité alimentaire le plus médiocre est constitué principalement par des agriculteurs en mode Productivité - Association importante entre SubERI et SA4 d’une part et entre SubPSA et SA4 d’autre part ; autrement dit le bon niveau de sécurité alimentaire est principalement composé des PPD en mode Subsistance. - Association notable entre SubPSA et SA5 : SA5 composé majoritairement par Subsistance PSA ; ce qui insinue que le meilleur niveau de sécurité alimentaire est le mode subsistance.

b. Distance du Khi 2 des lignes Le tableau 25 donne les informations sur la proximité entre les classes :

Tableau 25 : Distances du Khi² - lignes

ProdERI ProdPSA SubERI SubPSA ProdERI 0,00 0,39 1,30 0,99 ProdPSA 0,39 0,00 1,16 0,91 SubERI 1,30 1,16 0,00 0,58 SubPSA 0,99 0,91 0,58 0,00

86 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Ces résultats dénotent une proximité respective entre les modes Subsistance d’une part et entre les modes Productivité d’autre part pour les deux échantillons i.e. il y a une similitude entre les Subsistances et entre les Productivités des deux populations PSA et ERI. Par contre, une opposition flagrante entre mode Subsistance et mode Productivité est mise en exergue. Le graphique asymétrique des lignes visualise ces associations (figure 18).

Graphique symétrique (axes F1 et F2 : 96,34 %) 0,5 SubERI

SA1 SA4 ProdPSA SA3 0 SubPSA F2 (9,54 %) (9,54 F2 ProdERISA2

SA5 -0,5 -1 -0,5 0 0,5 1 F1 (86,80 %) Colonnes Lignes

Figure 17 : Graphique symétriques des lignes Cette représentation graphique indique une association entre le mode Productivité et un bas niveau de sécurité alimentaire d’une part et le mode Subsistance et un bon niveau de sécurité alimentaire d’autre part.

2.2.1.8 Influence de la surface vivrière sur l’autonomie en riz

a. Régression linéaire et modélisation Le coefficient de corrélation de Pearson entre l’autonomie en riz et la surface vivrière R est égal à 0,25. Ceci explicite une relation positive modérée. Dans ce sens, par la méthode de régression linéaire est sortie l’équation du modèle Autonomie en riz = 5,89+0,002Vivrière où Vivrière est la surface en ares des cultures vivrières de l’exploitation.

b. Analyse de variance entre autonomie en riz et surface vivrière La statistique descriptive a permis de calculer la surface vivrière moyenne de chacune des deux modes de sécurité alimentaire (tableau 26).

Tableau 26 : Surface vivrière moyenne des deux modes de sécurité alimentaire

Mode SA Vivrière (are) Prod 267,54 Sub 343,64

87 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants L’ANOVA confirme cette relation positive entre les deux variables au seuil de 0,05 (tableau 27).

Tableau 27 : Tableau d’analyse du modèle

Somme des ddl Moyenne des F Signification carrés carrés Inter-groupes 99,28 4 24,82 2,73 0,03 Intra-groupes 2130,46 234 9,10 Total 2229,74 238

La représentation graphique de l’ANOVA témoigne de cette corrélation positive entre la durée de l’autonomie en riz et la taille de la surface vivrière des PPD (figure 19).

Figure 18 : Diagramme des moyennes Bref, la taille de la surface vivrière a une influence positive sur la durée de l’autonomie en riz des PPD.

2.2.2 Analyse de la vulnérabilité des PPD La vulnérabilité est le risque d’être blessé, d’être détruit par un facteur. A travers les travaux de recherche bibliographique, des facteurs de vulnérabilité en sécurité alimentaire de la zone d’étude ont été inventoriés. Ces facteurs sont de différents types avec un degré d’importance proportionnelle ou inversement proportionnelle à la sécurité alimentaire de l’exploitation agricole : Ù Facteur proportionnel à la sécurité alimentaire : - la possibilité de production vivrière - la possibilité de revenu non agricole Ù Facteur inversement proportionnel à la sécurité alimentaire : - le changement climatique, les aléas naturels, - l’accès aux intrants - les problèmes fonciers - la dégradation environnementale et des infrastructures hydro-agricoles - l’insécurité

88 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants - la chute des prix des produits agricoles - la fluctuation saisonnière des prix des denrées alimentaires - la disponibilité d’aliments au marché - la baisse généralisée du pouvoir d’achat

De là découle le score de vulnérabilité de chaque groupe (tableau 28).

Tableau 28 : Analyse de la vulnérabilité en sécurité alimentaire des groupes

Variable Risque Importance du risque * Observations Subsistance Productivité La possibilité Changement climatique 2 4 d’alternative est fonction de la taille d’exploitation

Plus on a besoin Accès aux intrants 4 3 d’intrants, moins on en serait satisfait

L’insécurité foncière est Insécurité foncière 4 2 proportionnelle à la Capacité de superficie production en riz Dégradation des Plus la superficie est infrastructures hydro- 4 2 grande, plus le risque est agricoles grand

Dégradation Plus la superficie est environnementale : fertilité, 4 2 grande, plus le risque est ensablement grand

Les plus grands sont les Insécurité sociale 4 3 plus exposés

La chute des prix impacte Chute des prix des produits 4 2 plus ce qui en produit agricoles Autonomie en beaucoup riz La crise affecte plus ceux Crise économique 2 5 qui sont moins autonomes

L’inflation est plus sentie Fluctuation saisonnière du IAS 1 5 par ce qui dépend plus du prix de riz marché

Disponibilité des produits Plus on produit, moins on Diversité de substitution sur le 5 1 dépend du marché alimentaire marché

Niveau de risque en sécurité alimentaire 34 29 * : échelle par ordre d'importance croissante de 1 à 5 sur le groupe

89 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants D’un point de vue général, le groupe SUBSISTANCE est plus vulnérable que le groupe PRODUCTIVITE en matière de sécurité alimentaire. Par contre les exploitations agricoles du type Subsistance ont une meilleure sécurité alimentaire que celles du type Productivité.

2.3 Discussions

2.3.1 La différenciation des exploitations en sécurité alimentaire

2.3.1.1 Les modes de sécurité alimentaire Il y a deux types de mode de sécurité alimentaire au sein des PPD : le mode Productivité et le mode Subsistance. Les agriculteurs du mode Productivité sont des agriculteurs qui ont une bonne capacité de production et un meilleur taux de diversification culturale, ils investissent beaucoup leurs efforts et leurs ressources pour leur productivité afin d’assurer leur sécurité alimentaire. Les agriculteurs qui fonctionnent avec le mode Subsistance quant à eux font plus attention à leur autonomie en riz et au changement de régime alimentaire ; ils sont plus sensibles à leur subsistance afin d’assurer leur sécurité alimentaire. Autrement dit, le groupe Subsistance est ainsi caractérisé par des PPD qui priorisent l’autosubsistance en préservant leur autonomie en riz et en gérant leur Insécurité Alimentaire Saisonnière. Le groupe Productivité quant à lui regroupe les PPD qui s’investissent davantage sur la productivité i.e. la capacité de production rizicole et la diversification culturale pour consolider leur sécurité alimentaire.

Les modes Subsistance et Productivité ont la même proportion de 50-50 dans l’univers d’étude. Ce qui met à égalité les variables en termes d’importance malgré la différence d’ordre d’importance à l’intérieur de chaque échantillon.

Les analyses dénotent certaines différences entre les deux modes en matière de sécurité alimentaire. Les meilleurs niveaux de sécurité alimentaire vont avec le mode Subsistance tandis que le niveau moyen et le niveau moins élevé en sécurité alimentaire sont associés au mode production.

90 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Le tableau synoptique des variables de sécurité alimentaire des groupes permet de conclure sur les différences des deux modes de sécurité alimentaire (tableau 29).

Tableau 29 : Comparaison entre modes de sécurité alimentaire

SUBSISTANCE PRODUCTIVITE Meilleure autonomie en riz Faible autonomie en riz Perturbation de régime alimentaire moins longue Perturbation de régime alimentaire plus longue Surface vivrière plus importante Surface vivrière moins importante Diversification culturale moins importante Diversification culturale plus importante

Des différences et des ressemblances entre la population PSA et la population ERI sont mises en exergue si l’on tient compte des données du tableau synoptique des variables de sécurité alimentaire des groupes (Tableau n°11).

Tableau 30 : Comparatif des deux échantillons PSA- ERI :

PSA ERI Population rizicole Population vivrière Plus de diversification culturale Moins de diversification culturale Plus de diversification de revenu Moins de diversification de revenu Meilleure autonomie pour le mode Meilleure autonomie pour le mode subsistance subsistance

Les moyennes de l’indice de sécurité alimentaire de PSA et ERI sont statiquement égales. Ce qui implique que la moyenne du niveau de sécurité alimentaire des deux populations est la même 05 après les projets malgré la différence de traitements et d’approches des deux interventions.

IAS a à la fois le plus grand coefficient et le plus grand coefficient standardisé ß que la diversité et la capacité en riz. Ceci traduit l’importance de la durée de la période de soudure dans la sécurité alimentaire. De là retentissent deux questions centrales à géométrie variable : « Comment résorber l’Insécurité Alimentaire Saisonnière ? » ou bien « Que faire pour que les agriculteurs aient une autonomie en riz la plus longue possible ? » La première question aborde la sécurité alimentaire par le concept de vulnérabilité tandis que la deuxième traite la sécurité alimentaire par le concept de capabilité et de résilience. Ceci permet de conclure que le problème de la sécurité alimentaire se traite mieux par l’approche de la vulnérabilité

91 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants résiliençaire (Provitolo & Antipolis, 2009). Le coefficient standardisé ß de l’IAS reste toujours le plus grand en termes de valeur absolue pour toutes les variables de la modélisation à effets combinés. Ceci confirme son importance primordiale et par extension celle de l’autonomie en riz dans la sécurisation alimentaire.

2.3.1.2 Le rôle de la production vivrière dans la sécurité alimentaire Les exploitations agricoles arrivent à avoir un bon niveau de sécurité alimentaire quand elles pratiquent l’économie de subsistance où toutes les productions agricoles notamment vivrières sont destinées à la consommation. Les produits vivriers contribuent de façon significative à la composition de la ration alimentaire journalière. Par contre, une trop grande surface vivrière n’en donne pas l’effet escompté sur la sécurité alimentaire si la surface rizicole est trop petite. Dans cette lancée, les exploitations qui ont une surface vivrière importante parviennent à maintenir un niveau de sécurité alimentaire moyen.

La corrélation positive entre le bon niveau d’autonomie en riz et l’importance de la culture vivrière traduit la contribution de cette dernière dans la sécurité alimentaire des exploitations agricoles.

2.3.2 Le profil de la sécurité alimentaire des PPD A la lumière des découvertes exposées ci-dessus, les réflexions suivantes jaillissent en matière de sécurité alimentaire, d’approche en développement et surtout en matière de vulnérabilité de la sécurité alimentaire paysanne.

2.3.2.1 Les paramètres déterminants de la sécurité alimentaires Etant donné que par ordre d’importance décroissante des variables de la sécurité alimentaire, on a IAS (et Autonomie en riz), Diversité culturale, Capacité de production de riz, de ce fait, l’accessibilité au riz est placée au cœur des analyses et des discussions sur la vulnérabilité en sécurité alimentaire. Une bonne disponibilité en riz n’est pas suffisante pour assurer une amélioration conséquente de la sécurité alimentaire. Autrement dit, l’augmentation de la surface rizicole n’assure pas à elle seule l’amélioration de la sécurité alimentaire d’un ménage agricole. Il faut faire en sorte que la récolte rizicole soit destinée le plus possible à l’autoconsommation du ménage de l’exploitation agricole. Ce qui implique des mesures de mitigation contre la conversion des produits rizicoles en d’autres besoins. En effet, la production agricole constitue une activité génératrice de revenu pour les exploitants (Ranaivoson, 2010) et de qui ces derniers tirent les ressources financières nécessaires à leur subsistance.

92 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Il a était noté que les agriculteurs du mode Subsistance, qui ont une meilleure autonomie en riz et une IAS moins importante, possèdent les plus grandes surfaces agricoles (riz et vivriers). Par contre ils font moins de diversification culturale. Dans cette percée, l’analyse statistique dénote une relation positive intense entre Surface Vivrière et Autonomie en riz avec un coefficient de corrélation de Pearson égale à 0,25 entre ces deux variables contre 0,15 entre la superficie rizicole et la suffisance en riz. Ceci insinue que la production vivrière a plus d’influence que la riziculture sur l’autonomie en riz. La production vivrière constitue ainsi une variable proxy de l’autonomie en riz et de l’IAS. Ceci confirme et reflète le caractère tridimensionnel de la sécurité alimentaire (FISCR, 2005) qui ne peut être de bon niveau que si et seulement si les trois dimensions sont en même temps améliorées.

2.3.2.2 La vivrière comme tampon alimentaire et tampon financier Les produits vivriers de l’exploitation agricole contribuent à la composition des rations alimentaires journalières du ménage. Plus le ménage dispose d’aliments complémentaires et de substitution, plus le stock en riz est préservé et plus l’autonomie en riz du ménage est prolongée (Andrianaivoarimanga & al., 2016). Et c’est le cas des PPD du mode Subsistance, en contraste avec les PPD du mode Productivité qui produisent moins de vivriers et par conséquent utilisent plus de riz dans leur ration journalière. Plus la proportion de riz dans la ration est importante, plus vite s’épuise le stock en riz ; par conséquent l’autonomie en riz se réduise et la période de soudure s’allonge. Ceci démontre le rôle des cultures vivrières en tant que tampon alimentaire sans substituer la riziculture. Randriamiandrisoa & Ballet (2014) ont constaté le même fonctionnement pour les ménages du sud-est de Madagascar. L’agriculture familiale a la potentialité de lutter contre la famine (Fall, 2014).

Des études précédentes ont constaté que les agriculteurs de la région d’Alaotra Mangoro ont un revenu basé sur les cultures vivrières (Ranaivoson, 2010). Les PPD du groupe Subsistance sont plus investis dans la production de vivriers dont la convertibilité permet un maximum de recette et donne ainsi la possibilité de subvenir aux besoins financiers du ménage sans trop ronger leur réserve en riz et assurer par la suite une bonne autonomie en riz. Par contre, les PPD du groupe Productivité possèdent sensiblement la même capacité en riz, voire plus que le groupe Subsistance de riz ; mais ils font moins de vivriers, 267,54 ares contre 343,64 ares pour les PPD du mode subsistance. La production rizicole du groupe Productivité est ainsi partagée entre leurs besoins financiers et leurs besoins alimentaires. La réserve en riz du ménage est de ce fait cambriolée pour subvenir aux besoins financiers et au détriment de l’autonomie en riz du ménage. Par conséquent s’allonge leur Insécurité Alimentaire Saisonnière. De là peut-on conclure que la production vivrière de l’exploitation

93 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants agricole joue un rôle de tampon financier dans l’économie du ménage. La production vivrière offre une alternative à la monétisation de la production rizicole. Ce qui en en accord avec le rôle de l’agriculture familiale comme générateur de revenu pour le ruraux (FIDA, 2014)

La production vivrière avec son double rôle tampon, tampon alimentaire et tampon financier, mitige et atténue l’érosion du stock en riz du ménage agricole. Elle contribue significativement à l’amélioration de l’autonomie en riz et à la réduction de l’Insécurité Alimentaire Saisonnière des exploitations agricoles.

2.3.2.3 L’effet des approches sur la durabilité Avec le même mécanisme, le revenu supplémentaire joue aussi ce rôle de tampon financier ; il permet aux agriculteurs de sauvegarder l’autonomie en riz du ménage. Plus les revenus additionnels sont importants, plus le ménage a une alternative pour préserver son autonomie en riz en vue d’une meilleure sécurité alimentaire. Ce constat est plus flagrant pour la population PSA. Et ceci explique pourquoi les deux échantillons ont un niveau de sécurité alimentaire similaire malgré la différence de niveaux d’interventions. Cette différence d’approche des projets importe en effet moins sur la durabilité des résultats laissés auprès des agriculteurs à l’instar de PSA et d’ERI. Le premier a travaillé davantage en amont la chaîne de production tandis que le second en aval, sur la transformation et la commercialisation en tant qu’activités génératrices de revenu.

2.3.2.4 L’échelle de la sécurité alimentaire des PPD De tout ce qui précède, l’esquisse de l’échelle de sécurité alimentaire s’élabore (figure 20). D’une part, elle permet de situer une exploitation agricole si l’on connait son score en sécurité alimentaire. Ce score est calculable moyennant des équations des modèles de sécurité alimentaire. D’autre part, cette échelle instruit sur les interventions à préconiser si l’on veut aider une exploitation agricole à améliorer le niveau de sa sécurité alimentaire. Par exemple, une exploitation agricole de niveau 1 a besoin de migrer vers le mode Subsistance afin de voir son niveau de sécurité alimentaire s’améliorer. Ceci implique des interventions misant sur la promotion d’AGR et/ou de cultures vivrières selon le mécanisme de la sécurité alimentaire exposé précédemment.

94 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Les exploitations qui fonctionnent avec le mode subsistance ont un meilleur niveau de sécurité alimentaire que celles qui tournent avec le mode productivité.

7 6 SA 5 5 Mode 4 Subsistance 3 2 SA 4 1 0 SA 3 -1 -2 -3 SA 2 -4 Mode -5 Productivité -6 -7 SA 1 -8 -9

Figure 19 : Echelle de la sécurité alimentaire

Pour promouvoir un développement inclusif, faut-il dès la conception tenir compte de la différence de niveau et de mode sécurité alimentaire des agriculteurs si l’on veut embrasser des impacts plus tangibles et plus sentis parmi les bénéficiaires. En effet, de la pertinence des analyses dépend l’efficacité en matière d’inclusion des bénéficiaires cibles des interventions (FISCR, 2005).

2.3.2.5 La vulnérabilité de la sécurité alimentaire La sécurité alimentaire des exploitations agricoles est un concept multidimensionnel sur qui un bon nombre de facteurs de vulnérabilité ont des potentialités de nuire. Le risque pour les exploitations agricoles d’être frappées par ces effets déclencheurs d’insécurité alimentaire varie suivant leur mode de sécurité alimentaire. L’analyse de vulnérabilité a permis dans ce sens de constater que les ménages ayant un bon niveau de sécurité alimentaire en sont plus vulnérables. En effet, la sécurité alimentaire dépend beaucoup plus des facteurs de production. Elle réalise sa performance tout en courant le risque d’être perturbée et frappée mais l’effet n’est pas effectif que si la frappe soit réelle. La vulnérabilité est effectivement le risque d’être blessé mais non pas une blessure effective (Thomas, 2008). Ce qui insinue la

95 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants nécessité d’un parapluie mettant à l’abri les exploitations contre les effets du changement climatique, la difficulté d’accès aux intrants, l’insécurité foncière, la dégradation des infrastructures hydro-agricoles, la dégradation environnementale, l’insécurité sociale, la dépréciation de produits agricoles, la crise économique, la fluctuation saisonnière du prix de riz ainsi que le manque de disponibilité de produits de substitution sur le marché. Bref, un bon niveau de sécurité alimentaire a une face cachée de forte vulnérabilité. Ceci explique la pauvreté chronique récurrente et sévissante de la population de Moramanga en particulier et de la Grande Ile en général. Les projets de développement arrivent à améliorer la sécurité alimentaire des agriculteurs mais la face cachée de vulnérabilité n’est pas traitée et une fois que ces risques encourus virent en frappes réelles, à l’instar des cataclysmes naturels et des crises socio-politiques répétitives, les acquis en matière de sécurité alimentaire s’écroulent et les exploitations agricoles reviennent à la cage de départ pour recommencer le cercle vicieux de la pauvreté. Ceci explique l’aggravation de la situation alimentaire des ménages ruraux malgré les interventions entreprises jusqu’alors (PAM, 2014).

2.3.2.6 Le mécanisme de la sécurité alimentaire De tout ce qui précède, le mécanisme de la sécurité alimentaire des PPD est un mécanisme multiparamétrique (figure 21), il est constitué par différentes variables de la sécurité alimentaire.

Figure 20 : Mécanisme de la sécurité alimentaire des PPD Source : auteur

A chaque niveau du mécanisme de sécurité alimentaire risquent de frapper des facteurs déclencheurs de la vulnérabilité des PPD. Ces dits facteurs sont à l’origine (Bellier & al., 2004) de la différenciation des PPD en matière de sécurité alimentaire.

96 Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants Conclusion partielle Les paysans positivement déviants adoptaient deux modes de sécurité alimentaire. Ceci conduit à leur différenciation en matière de sécurité alimentaire. Dans ce sens, le fait d’augmenter la production rizicole seule ne résoudrait que partiellement le problème de la sécurité alimentaire. Ceci explique les échecs d’une pléiade de projets d’extension rizicole dans l’amélioration de la sécurité alimentaire de la population de la Grande Ile. La production vivrière et les revenus supplémentaires contribuent significativement à l’amélioration de l’autonomie en riz et par effet ricoché, ils améliorent la sécurité alimentaire. Les produits vivriers jouent un double rôle tampon, tampon alimentaire et tampon financier, ils ont un impact positif sur l’autonomie en riz et de loin sur la sécurité alimentaire des ménages agricoles.

La disponibilité et la facilité d’accès aux denrées alimentaires pendant la période de soudure permet de mitiger l’insécurité alimentaire saisonnière des agriculteurs. De même, la diversification culturale a un impact positif sur la diversification alimentaire. De surcroît, elles agissent positivement sur la sécurité alimentaire des ménages ruraux.

Dans le domaine de la sécurité alimentaire, la performance n’exclut pas la vulnérabilité. Plus les ménages ont une meilleure sécurité alimentaire, plus ils sont exposés aux risques écologiques, sociales, économiques à travers les paramètres du mécanisme de la sécurité alimentaire. Dans cette optique, réduire la vulnérabilité des agriculteurs en matière de sécurité alimentaire revient à travailler et à renforcer à la fois la production vivrière, la diversification de revenu et la facilitation de l’accès aux denrées commerciales pendant la période de pénurie et la capacité de production rizicole. Plus l’intervention est holistique, plus la sécurité alimentaire est renforcée et plus la vulnérabilité se réduit. Les effets déclencheurs de cette vulnérabilité frappent principalement de l’extérieur de l’exploitation agricole et la promotion de sécurité alimentaire durable implique un parapluie et non pas un filet de sécurité pour mettre à l’abri celle-ci avant que le risque ne devienne une frappe effective. De là s’ouvre la perspective d’interventions holistiques et complémentaires pour mâter la recrudescence de l’insécurité alimentaire. L’Administration a pour sa part le devoir de promouvoir la disponibilité des denrées pendant la période difficile.

97 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience

III] ACCULTURATION AGRICOLE DES AGRICULTEURS POSITIVEMENT DEVIANTS FACE AUX ACTIONS DE RESILIENCE

3 ACCULTURATION AGRICOLE DES PPD FACE AUX ACTIONS DE RESILIENCE

98 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience Introduction Si l’on répertorie dans un annuaire unique tous les projets de développement agricole réalisés à Madagascar depuis son indépendance, la maison d’édition aurait du mal à faire entrer le tout dans une seule version sans produire un ouvrage de plusieurs centaines de pages à cause de la surabondance de tels projets. Ces projets sont tous aussi bien ficelés et formulés les uns que les autres. Pendant leurs interventions respectives, les résultats laissaient présager une bonne avancée en matière de vulgarisation agricole. Cependant, force est de constater que la situation de la paysannerie du pays ne s’est pas améliorée (Ramananarivo S. , 2004). Au lendemain de la fin des projets d’appuis, la progression et la performance des bénéficiaires s’estompent ; pis encore, la majorité voit sa situation se dégrader après le sevrage. Résoudre cette problématique conduit à répondre à deux questions de recherche : - comment les PPD ont acculturé les actions de résilience après les projets de développement ? - quelle est l’effet de l’acculturation agricole des PPD sur leur sécurité alimentaire ?

En effet, il est intriguant d’appréhender la réaction comportementale des agriculteurs après le départ des projets d’appuis qui leur ont servi de tuteur de résilience.

L’objectif général de la partie est de comprendre le mode d’acculturation des actions de résilience des paysans positivement déviants. Les objectifs spécifiques sont au nombre de deux : - connaître la différenciation paysanne en matière d’acculturation agricole, - élaborer un modèle d’acculturation agricole.

Les hypothèses de recherche sont que : - les PPD ont une acculturation sélective, - le dégré d’acculturation agricole a une influence sur la sécurité alimentaire des PPD. Deux résultats seront attendus de cette partie, ce seront les différents modes d’acculturation agricole et le modèle d’échelle d’acculturation agricole des PPD.

Seront ainsi décortiqués successivement dans cette partie les matériels et méthodes additionnels utilisés, les résultats de l’étude de l’acculturation agricole des PPD cinq ans après la fin des projets et les discussions relatives à l’acculturation agricole.

99 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience 3.1 Matériels et méthodes Ce chapitre traite les variables relatives à l’acculturation agricole dans le cadre de l’hypothèse n°2 et les méthodes d’analyse spécifique y afférentes.

3.1.1 Les variables de l’acculturation agricole Afin d’améliorer le niveau de production des PPD et leur condition de vie, les axes de résilience ayant trait aux techniques vulgarisées par les projets sont : - la Diversification culturale, - l’Adoption des techniques agricoles améliorées, - l’Equipement agricole.

Ces trois dimensions sont illustrées respectivement dans la base de données par le taux de diversification, le taux d’adoption technique et le taux d’équipement du PPD. Ils constituent ainsi l’échelle d’acculturation agricole où chacun des PPD peut être situé suivant leur niveau d’acculturation agricole respectif.

3.1.2 Méthode d’analyse des données A titre de rappel, ce travail a été réalisé à travers deux échantillons indépendants qui sont PSA et ERI. Les méthodes de traitement de données utilisées pour cette partie sont : - l’ACP pour déterminer les composantes principales, - l’AFD pour confirmer la typologie, - la régression linéaire pour procéder à la modélisation, - le test d’égalité d’échantillons indépendants qui comprend le test de normalité des distributions et le test non paramétrique pour conclure sur la probabilité d’égalité ou non des deux échantillons indépendants (PSA et ERI), - la CAH, - l’AFC pour étudier les associations entre modalités.

3.2 Résultats Sont exposés successivement dans ce chapitre les résultats des analyses factorielles, la typologie, la modélisation, la comparaison des échantillons et la modélisation générale avant l’établissement de l’échelle d’acculturation agricole.

100 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience 3.2.1 Modes d’acculturation agricoles des PPD

3.2.1.1 Acculturation agricole à deux composantes principales L’ACP a permis de mettre en exergue les composantes principales (tableau 31).

Tableau 31 : Qualité de représentation

PSA ERI Initial Extraction Initial Extraction Diversification 1,00 0,60 1,00 0,69 Equipement 1,00 0,85 1,00 1,00 Adoption 1,00 0,84 1,00 0,69

Tous les coefficients d’extraction sont supérieurs à 0,5 donc toutes les variables sont bonnes pour les analyses. De plus, les pourcentages de la variance des nuages des points expliqués dans le traitement statistique selon les résultats du tableau 32 affichent une bonne représentativité des deux premières composantes en dépassant la barre de 75%.

Tableau 32 : Variance totale expliquée

PSA ERI

Composante Valeurs propres initiales Valeurs propres initiales Total % de la % cumulés Total % de la % cumulés variance variance 1 1,3 45 45 1,4 46 46 2 0,9 31 76 0,9 31 79 3 0,7 24 100 0,6 21 100

101 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience Les deux premières composantes expliquent 75,9% de la variance pour PSA et 79,1% pour ERI et remplissent ainsi la condition de fiabilité des analyses (tableau 33).

Tableau 33 : Matrice des composantes

PSA ERI Avant rotation Après rotation Avant rotation Après rotation Variables Composante Composante Composante Composante 1 2 1 2 1 2 1 2 Diversification 0,77 -0,01 0,56 0,53 0,82 -0,13 0,83 0,01 Equipement 0,61 0,69 -0,04 0,92 0,20 0,98 0,03 0,99 Adoption 0,62 -0,67 0,91 -0,06 0,82 -0,11 0,83 0,04

La première composante est liée à la diversification culturale et à l’adoption des techniques vulgarisées i.e. elle a trait à la « technicité » tandis que la deuxième composante est liée à l’équipement des exploitations autrement dit la « force de production ». De là découlent les équations primaires des deux modèles :

- PSA : Ù Composante F1 = 0,56 * Diversification + 0.91 * Adoption ˜ Technicité Ù Composante F2 = 0,92* Equipement ˜ Force de production - ERI : ‹ Composante F1 = 0,83 *(Diversification + Adoption) ˜ Technicité ‹ Composante F2 = 0,99*Equipement ˜ Force de production

3.2.1.2 Les deux modes d’acculturation agricole L’analyse factorielle discriminante a permis de prédire et de confirmer l’affectation de chaque observation dans les groupes. Le tableau 34 donne les valeurs propres des fonctions discriminantes.

Tableau 34 : Valeurs propres des fonctions discriminantes

Fonction Valeur % de la % cumulé Corrélation propre variance canonique PSA 0,72 100 100 0,65 ERI 1,33 100 100 0,76

102 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience D’après ces résultats, chacune des fonctions discriminantes explique respectivement 100% de la variation au seuil de 0,001. Ceci témoigne le maximum de fiabilité des fonctions discriminantes.

L’analyse discriminante met en relief distinctement les groupes à l’intérieur de chaque échantillon (tableau 35).

Tableau 35 : Affectation des observations de chaque échantillon par AFD

PSA ERI Groupe 1 Groupe 2 Groupe 1 Groupe 2

Force de Force de Force de Force de Technicité Technicité Technicité Technicité production production production production

Moyenne 1,17 0,33 0,38 0,43 1,17 0,55 0,57 0,66 Minimum 0,68 -2,30 0,00 0,12 0,66 -0,67 0,37 0,29 Maximum 1,42 0,75 0,61 0,65 1,48 0,81 0,85 0,94 Répartition 96% 4% 76% 24%

Ce tableau d’affectation explicite la prévalence de deux groupes d’acculturation et leurs caractéristiques. Les affectations confirmées par le biais d’AFD permettaient de dessiner le profil de chaque groupe moyennant des variables de l’acculturation agricole ainsi que les répartitions des observations dans les deux groupes (figure 23).

100 90 80 70 60 50 40 30 Proportion% en 20 10 0 Technicité Force de Technicité Force de production production PSA ERI

Figure 21 : Répartition des observations par groupe d’acculturation

103 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience Les deux échantillons PSA et ERI sont majoritairement dominés par les observations de type technicité. AFC donne par la suite le profil des groupes selon les variables (tableau 36).

Tableau 36 : Profil des groupes selon les trois variables d’acculturation agricole

Population PSA ERI Variable Groupe Groupe Force Groupe Groupe Force Technicité de production Technicité de production Diversification 0,70 0,59 0,62 0,44

Equipement 0,36 0,46 0,55 0,66 Adoption 0,86 0,05 0,79 0,24

Les observations du groupe Technicité sont marquées par des scores élevés en diversification culturale et adoption technique tandis que celles du groupe Force de production sont marquées par un score élevé en Equipement.

3.2.2 Modèles d’acculturation agricole L’analyse de régression a permis de modéliser les modes d’acculturation agricole en commençant par le récapitulatif des modèles (tableau 37).

Tableau 37 : Récapitulatif des modèles

Population Modèle R R-deux R-deux ajusté PSA Technicité 1,00 1,00 1,00 Force de production 1,00 1,00 1,00 ERI Technicité 1,00 1,00 1,00 Force de production 1,00 1,00 1,00

Le coefficient de corrélation qui est égal à 1, confirme une corrélation parfaite entre les variables et dont le niveau de signification est donnée par le tableau d’analyse de variance (tableau 38).

104 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience Tableau 38 : Analyse de variance

Population Modèle Somm e des carrés ddl Sig. Régression 8,61 2 0,000 Technicité Résidu 0,00 191 PSA Total 8,61 193 Force de Régression 25,16 1 0,000 production Résidu 0 192 Total 25,16 193 Régression 1,54 2 0,000 Technicité Résidu 0,00 31 ERI Total 1,54 33 Force de Régression 0,43 1 0,000 production Résidu 0,00 9 Total 0,43 10

L’analyse de variance confirmait le bon niveau de signification statistique de chaque relation au seuil de 0,001. De là découlent les coefficients de régression de chaque modèle du tableau 39.

Tableau 39 : Coefficient de régression des modèles

Coefficients non Coefficients Population Modèle Sig. standardisés standardisés A Erreur Bêta Constante -1,1*10 -16 0,00 0,000 Technicité Diversification 0,6 0,00 0,4 0,000 PSA Adoption 0,9 0,00 0,8 0,000 Force de Constante 3,7*10 -17 0,00 0,000 production Equipement 0,9 0,00 1,0 0,000 Constante -1,7*10 -16 0,00 0,000 Technicité Diversification 0,8 0,00 0,6 0,000 ERI Adoption 0,8 0,00 0,7 0,000 Force de Constante 1,7* 10 -16 0,00 0,000 production Equipement 0,9 0,00 1,0 0,000

Les coefficients de corrélation permettent d’établir les équations respectives des modèles pour chacun des échantillons est donc obtenue à partir de ces résultats : - PSA : Ù Technicité = -1,1*10 -16 + 0,6* Diversification + 0,9* Adoption Ù Force de production = 3,7*10 -17 + 0,9 * Equipement

105 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience - ERI : ‹ Technicité = -1,6*10 -16 + 0,8* (Diversification + Adoption) ‹ Force de production = 1,7*10 -16 + 0,9 * Equipement

Chaque équation reflète les variables et ses importances sur chacun des modes d’acculturation.

3.2.2.1 Equations des modèles en effet combiné Etant donné que dans la réalité quotidienne des PPD, les variables ne sont pas vécues de façon isolée mais plutôt concomitante sur l’exploitation et elles fonctionnent ainsi en effets combinés ; ce qui rend plus pertinente l’analyse de régression linéaire multiple pour prendre en compte cette réalité d’effet combiné.

Dans cette optique, Acculturation technique = Technicité + Force de production et l’analyse de régression linéaire multiple produit comme les équations des deux modèles ci- après, ceci en considérant que les constantes sont négligeables et AAg signifie Acculturation Agricole :

Ù AAg PSA = 0,6* Diversification + 0,9* Adoption + 0,9 * Equipement

Ù AAg ERI = 0,8*(Diversification + Adoption) + Equipement

Ces équations permettent de calculer dans la pratique le niveau d’acculturation agricole de n’importe quelle exploitation agricole de PSA et d’ERI quand on connaît les scores de ses taux de diversification culturale, d’adoption technique et d’équipement.

3.2.2.2 Similarité de l’acculturation agricole des deux échantillons La comparaison des deux modèles d’acculturation agricole se fait à travers les méthodes de comparaison de deux échantillons indépendants qui commencent par le test de normalité.

a. Test de normalité Les indices de normalité pour les deux échantillons sont donnés au tableau 40.

Tableau 40 : Indices de normalité des deux échantillons PSA et ERI

Score AAg PSA ERI Effectif 194 45 Asymétrie -2,0 -0,8 Aplatissement 6,7 -0,1

106 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience

Les valeurs des coefficients d’aplatissement et d’asymétrie de PSA ne sont pas comprises entre -2 et +2. Ceci permet de conclure que la distribution de PSA ne suit pas une loi normale et ne remplit pas ainsi la condition requise pour comparer les deux échantillons au test t-Student. La transformation donne le même résultat. De ce fait, il reste le test non paramétrique pour comparer les deux échantillons.

b. Test non paramétrique Trois types de test non paramétrique ont été utilisés pour comparer les deux échantillons, à savoir les tests de Wald-Wolfowitz, de Kolmogorov-Smirnov et celui de Kruskal-Wallis (tableau 41).

Tableau 41 : Signification du test de comparaison en acculturation agricole

Hypothèse nulle Test Signification* Décision

La distribution des modèles Test de Wald- Retenir Reg H2 est identique sur les Wolfowitz à l’hypothèse 1 0,26 catégories des populations échantillons nulle d’origine indépendantes

La distribution des modèles Test de Kolmogrov- Retenir Reg H2 est identique sur les Smirnov à l’hypothèse 2 0,74 catégories des populations échantillons nulle d’origine indépendantes

La distribution des modèles Test de Kruskal- Retenir Reg H2 est identique sur les Wallis à échantillons l’hypothèse 3 0,59 catégories des populations indépendantes nulle d’origine

* le niveau de signification est 0,05.

Les trois tests non paramétriques donnent des résultats concordants en recommandant de retenir l’hypothèse nulle, c’est-à-dire les moyennes de l’acculturation agricole des deux échantillons PSA et ERI sont égales. Les deux échantillons peuvent être donc assimilés en une seule échelle.

3.2.2.3 Classification Hiérarchique Ascendante La CAH, a permis une classification des observations selon leurs scores d’acculturation agricoles a été effectuée (tableau 42).

107 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience Tableau 42 : Les objets centraux

Classe Score AAg AAg 11(Obs 2134) -1,0 AAg2 (Obs55) 0,4 AAg3(Obs205) 1,0 AAg4(Obs31) 1,4 AAg5 (Obs35) 1,8 1AAg : Acculturation agricole 2Obs : Observation

Les observations ont été classées par ordre d’importance croissante en cinq catégories de 1 à 5. Les scores en acculturation agricole permettent de les distinguer (tableau 43).

Tableau 43 : Le tableau synoptique des classes

Niveau AAg AAg1 AAg2 AAg3 AAg4 AAg5 Moyenne -0,8 0,4 1,0 1,4 1,8 Max -0,5 0,6 1,2 1,6 2,1 Min -1,0 0,1 0,7 1,2 1,6

La catégorie AAg1 possède le niveau d’acculturation agricole le moins élevé et AAG a le niveau d’acculturation agricole le plus élevé.

3.2.2.4 Analyse Factorielle des Correspondances La combinaison des résultats en AFD et CAH permet de procéder à la typologie par le biais d’AFC qui donne en premier lieu les profils lignes (tableau 44).

Tableau 44 : Profils lignes

AAg1 AAg2 AAg3 AAg4 AAg5 FdPro ERI 0,0 0,0 0,2 0,4 0,4 FdPro PSA 0,0 0,3 0,7 0,0 0,0 Tech ERI 0,0 0,1 0,1 0,2 0,5 Tech PSA 0,0 0,0 0,1 0,3 0,5 Moyenne 0,0 0,11 0,3 0,2 0,4

Ce tableau permet de détecter la proximité entre trois modalités à savoir FdPro ERI, Tech ERI, Tech SA et un cas déviant de FdPro PSA qui est en association avec AAg 3.

108 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience L’analyse de distances du Khi² donne d’une autre manière les distances entre les modalités (tableau 45).

Tableau 45 : Tableau des distances du Khi² (lignes)

FdPro ERI FdPro PSA Tech ERI Tech PSA FdPro ERI 0,0 2,1 0,5 0,3 FdPro PSA 2,1 0,0 1,9 2,2 Tech ERI 0,5 1,9 0,0 0,4 Tech PSA 0,3 2,2 0,4 0,0

Les distances du Khi² confirment les associations et les proximités identifiées en haut. Le graphique asymétrique des lignes donne une représentation graphique des associations et des similitudes entre les modalités.

Graphique asymétrique des lignes (axes F1 et F2 : 98,67 %)

2 AAg3 1 FdProERI AAg4 FdProPSA 0 TechPSAAAg5 TechERI -1 AAg1

F2 (8,00 %) (8,00 F2 -2

-3 AAg2 -4 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 F1 (90,67 %)

Lignes Colonnes

Figure 22 : Graphique asymétrique des lignes

Les associations mises en exergue par le graphique sont : o AAg 1 avec Tech PSA et Tech ERI o AAg2 et FdProd PSA o AAg3 et FdProd PSA o AAg4 et FdProd ERI o AAg 5 constitue la classe moyenne liée avec toutes les modalités sauf FdProd PSA

109 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience Ces résultats donnent une confirmation de l’acculturation sélective et différentielle des PPD par rapport aux techniques vulgarisées par les projets d’appuis. Mais le meilleur niveau d’acculturation agricole (AAg4 et AAg5) est associé à l’ensemble des deux modes (Technicité et Force de production).

3.3 Discussions La discussion commencera par les découvertes de l’étude sur l’acculturation agricole des PPD et progressera vers des discussions analytiques pour approfondir le sujet en question.

3.3.1 Les découvertes de l’étude sur l’acculturation agricole Deux modes d’acculturation agricole se distinguent chez les paysans positivement déviant. Ce sont l’innovation technique et l’amélioration de la force de production. En effet, 96,4% des PPD pour PSA et 75,6% pour ERI ont continué l’application des techniques de production tandis qu’une minorité de 03,6% pour PSA et une poignée non négligeable de 24,4% des PPD de l’ERI ont poursuivi l’amélioration de leur force de production par le renouvellement et le renforcement de leurs équipements agricoles.

Le tableau de profil reflétant les caractéristiques de chacun des groupes d’acculturation a été élaboré à la suite des résultats (tableau 46).

Tableau 46 : Caractéristiques des groupes Technicité et Force de production

Groupe Technicité Groupe Force de production Diversification Diversification avancée Diversification moyenne Equipement Faible renouvellement de Force de production force de production moyennement renouvelée

Adoption Fort taux d'adoption Très faible taux d'adoption

Ces caractéristiques permettent de conclure que les PPD du groupe TECHNICITE ont une acculturation agricole avancée des itinéraires techniques tandis que les PPD du groupe FORCE DE PRODUCTION ont adopté une acculturation orientée vers les moyens de production i.e. une adoption partielle des techniques vulgarisées et plus d’initiative sur l’acquisition de moyens de production. Autrement dit, les agriculteurs ont une acculturation sélective des techniques vulgarisées par les projets de développement. La majorité adopte plus le « soft » plutôt que le « hard ».

110 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience En outre, le coefficient r de Pearson affiche une relation positive parfaite entre les variables latentes et les variables indépendantes de l’acculturation agricole, à savoir la diversification culturale, l’adoption technique et l’équipement. L’équipement et l’adoption sont, d’après ces résultats, les variables les plus déterminantes dans l’acculturation agricole.

Les équations des modèles en effets combinées confirment l’importance de l’équipement puis de l’adoption dans le niveau d’acculturation agricole. Les moyennes de l’acculturation agricole des deux échantillons sont statistiquement égales. Force est de constater que pour l’échantillon PSA, l’analyse de corrélation montre que la sécurité alimentaire et l’acculturation agricole a une relation positive forte avec r= 0,34 au seuil de 0,001.

3.3.2 L’acculturation agricole des PPD

a) Le tendem itinéraire technique-équipement La capacité d’auto-équipement est conditionnée par le problème de pouvoir d’achat et la rareté des projets d’appuis après le départ du tuteur de résilience. La culture d’assistanat renforce ces problèmes et entretient les PPD à attendre des subventions et de l’aide extérieure au lieu de prendre en charge le renforcement de leur force de production. Une haute technicité sans force de production suffisante n’apporte pas d’amélioration à la productivité escomptée. L’acculturation technique est conditionnée par le coût de l’adoption. L’adoption des techniques de production est moins chère que celle de l’équipement. (Andrianaivoarimanga & al. , 2017b)Une amélioration de la productivité nécessite à la fois l’amélioration technique et le renforcement de la force de production. Ces deux paramètres doivent être concomitants pour amorcer et développer la force de changement au niveau des exploitations agricoles.

De ce fait, promouvoir le développement agricole revient à pallier ce problème de capacité d’équipement des exploitations agricoles. Les aspects « soft » de la vulgarisation sont mieux assimilés par les agriculteurs mais les aspects « hard » nécessitent des facilitations et des précurseurs adaptés pour faire passer la pilule pas seulement pendant les projets de développement mais aussi et surtout au lendemain du « close out ». Dans ce sens, un dispositif éducatif visant à résorber l’esprit d’assistanat et de cultiver progressivement un esprit d’auto-prise en charge est incontournable pour une transformation des modes pensée et de production des exploitations agricoles (Cuche, 1996) vers une nouvelle culture enclin aux innovations techniques et à l’utilisation des équipements agricoles (Benabdallah, 2010). Les interactions des exploitants agricoles avec les interventions des projets (O'Guinn et al. , 1986) doivent permettre la construction cette nouvelle mode de production de façon irréversible

111 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience même après la fin des projets d’appuis. Autrement dit, une assimilation progressive des innovations (La Framboise, 1993) ; (Wallendorf & Reilly, 1983) que les projets se doivent préconiser s’ils se soucient réellement d’une transformation positive de la population agricole.

b) Corrélation entre sécurité alimentaire et acculturation agricole La forte corrélation entre la sécurité alimentaire et l’acculturation agricole implique que l’efficacité de vulgarisation des techniques agricoles améliorées dépend en partie de l’amélioration de la sécurité alimentaire ; la réciproque est aussi vraie. Plus les techniques améliorées sont assimilées et acculturées dans leur intégralité, plus la sécurité alimentaire des agriculteurs s’améliorent. Une adoption partielle est synonyme d’amélioration limitée. Autrement dit, viser une amélioration conséquente de la sécurité alimentaire des agriculteurs nécessite à la fois un parquet technique le plus complet possible et une forte efficacité d’acculturation de la part des intervenants. De son côté, les agriculteurs voulant gravir à un niveau de sécurité supérieur doit optimiser l’adoption des itinéraires techniques agricoles améliorées, à la fois « soft » et « hard ». A ce stade, il ne s’agit plus seulement d’une question d’approche mais aussi et surtout d’une conviction des deux parties, à savoir, les intervenants et les agriculteurs car vouloir c’est pouvoir et la question d’approche viendra après.

c) Echelle de l’acculturation agricole De tout ce qui précède, l’esquisse d’échelle d’acculturation ci-après a pu être établie (figure 25). Elle reflète cette complémentarité entre la technicité et l’équipement dans le changement de pratique des producteurs en vue d’une meilleure productivité et de loin d’une amélioration de leur condition de vie. Le niveau d’acculturation est fonction de l’intensité de chacune de ces variables dans les activités agricoles des agriculteurs. Le plus bas niveau correspond à l’adoption unidimensionnelle des techniques agricoles tandis que le meilleur niveau d’adoption va avec une meilleure adoption technique et d’un bon niveau d’équipement de l’exploitation agricole.

En outre l’échelle d’acculturation agricole permet de situer les bénéficiaires d’un projet (Benabdallah, 2010) mais aussi et surtout suggère ce que doit être le tenant et l’aboutissant de la vulgarisation à faire pour parvenir à une amélioration de la productivité des exploitations agricoles. Par exemple, avoir à faire avec des agriculteurs du niveau AAg1 implique une intervention misant plus sur l’acquisition d’équipement agricole. A noter que le score en acculturation agricole d’une exploitation est calculable par le biais de l’équation d’acculturation agricole exposé dans le chapitre précédent.

112 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience Ce sont les exploitations ayant à la fois un bon niveau de tehcnicité et de force de production qui se trouvent en haut de l’échelle de l’accuturation agricole.

1,8 1,7 AAg5 Bon niveau de 1,6 technicité 1,5 et de Force 1,4 AAg4 de 1,3 Production 1,2 1,1 1 0,9 AAg3 0,8 Plus de Force de 0,7 production 0,6 et moins de 0,5 technicité 0,4 AAg2 0,3 0,2 0,1 -0 -0,1 -0,2 -0,3 Plus de Technicité -0,4 AAg1 et moins de -0,5 Force de -0,6 production -0,7 -0,8 -0,9 -1

Figure 23 : Echelle de l’acculturation agricole

Autrement dit, avec les valeurs des variables de l’acculturation agricole d’une exploitation, son indice d’acculturation agricole est calculable à travers l’équation du modèle d’acculturation agricole ainsi que sa situation sur cette échelle voire sa tendance. Cette échelle constitue un outil d’évaluation de la situation des bénéficiaires d’une part mais aussi et surtout d’un outil de prise de décision quant aux interventions à préconiser pour les concepteurs de projets.

113 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience d) Acculturation différentielle des techniques agricoles Les projets de projets de développement enregistrent des réalisations tangibles et indéniables pendant leur intervention. Les indicateurs de suivi et d’évaluation témoignent et indiquent des performances remarquables et objectivement vérifiables. Les bénéficiaires affichent une progression et une avancé homogène émaillées d’un niveau d’adoption exemplaire. Par contre, l’étude de durabilité des impacts des projets montre un virement situationnelle des bénéficiaires à l’instar des agriculteurs positivement déviants. Ces derniers, cinq ans après le départ des projets évoluent différemment. Il y a ceux qui ont continué à pratiquer les techniques qu’ils ont adoptées avec les projets et ce qui ne les font plus. L’acculturation agricole sélective et différentielle est effective au sein du monde agricole ; ceci rejoint la théorie de l’acculturation qui stipule la logique de différents mode d’acculturation à la suite d’un contact de deux groupes (Cuche, 1996). Ceci met en exergue que la vulgarisation agricole obéit à cette théorie d’acculturation. En d’autre termes, la déviance positive des exploitants agricoles peut être temporelle et conditionnée ou continue.

Les projets de développement sont assimilés à des interventions externes à la communauté. Par processus d’acculturation sont transmises aux exploitants les différentes techniques améliorées. C’est en quelque sorte une « acculturation organisée voire imposée » (Bastide, 1985). L’intervention des projets est ainsi un processus de construction, de structuration et de déstructuration qui dans un premier temps conduit les exploitants à une transformation de mode de vie (Cuche, 1996). Mais plusieurs années après le départ des projets, une contre acculturation surgit ; à mi-chemin entre les deux prévalent des exploitants agricoles multiculturalistes et « agricolement métissés » (Kartomi, 1981). Les bénéficiaires de projet sont en déviance positive provoquée et forcée car ils ne peuvent pas bénéficier les subventions sans une preuve suffisante d’adoption des techniques vulgarisées.

La vulgarisation agricole n’échappe pas ainsi à la logique d’acculturation i.e. différenciation. Le défi est de trouver comment maximiser le taux des exploitants agricoles qui assimilent ces techniques de façon continue et irréversible. Intervenir autrement et de manière inversée peut aider à relever ce défi. Si les interventions n’étaient pas perçues comme une intervention externe, synonyme de menace et de perte d’identité, une bonne partie de réticence serait évitée. Cette approche invoque la valorisation de la capacité locale et par le biais de l’approche déviance positive, les connaissances se transmettront de façon spontanée. Les exploitants agricoles sentiraient ainsi moins de menace et d’imposition externe. Les risques à prendre pour l’adoption des techniques ne sont pas seulement calculés subjectivement (Lalau, 2008) mais constatés avec ce que font les initiés. Cette approche

114 Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience implique plus de temps en matière de réalisation et que les projets n’en ont pas beaucoup. Bref un défi de changement de perception pour les bailleurs, les décideurs et les agences de développement.

Conclusion partielle En guise de conclusion, les agriculteurs ont une acculturation sélective des techniques vulgarisées par les projets de développement. Le « soft » passe mieux que le « hard » à cause du problème de pouvoir d’achat et de l’esprit d’assistanat. Pourtant, pour redresser la situation et améliorer la sécurité alimentaire, l’assimilation et l’adoption des paquets techniques agricoles améliorées (à la fois « soft » et « hard ») sont un des paramètres déterminants du mécanisme. De tel changement ne peut se faire et s’accepter que si toutes les parties prenantes en soient convaincues de façon à ne pas tergiverser sur le choix d’approche : participative ou top down, systémique ou spécialisation, valorisation de la capacité locale ou recherche scientifique, …

Le niveau d’acculturation agricole quant à lui a une corrélation notable avec le niveau de sécurité alimentaire. L’un affecte l’autre et vice-versa de sorte qu’ils entraînent un effet propulsif au développement de l’exploitation agricole. L’étude de l’évolution des exploitations agricoles dans le temps met en relief une acculturation différentielle des techniques agricoles vulgarisées par les projets de développement. La conscience de ce comportement paysan permet aux initiateurs de projet et aux agences de développement d’anticiper et préconiser convenablement les activités à entreprendre pour armer les interventions d’un maximum de pertinence.

115 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants

IV] TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS

4 TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PPD

116 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Introduction Le riz revêt d’une importance stratégique et capitale dans la politique publique de Madagascar. Les dirigeants successifs en étaient conscients et l’ont par conséquent intégré dans leur politique de gouvernance afin d’asseoir leur pouvoir et leur notoriété. En effet, le premier régime post colonial a prôné « la politique du ventre », la deuxième république, sous l’impulsion du Livre Rouge et le socialisme, a ciblé l’autosuffisance en riz pour l’année 1990. La dernière ère de la troisième république, à travers sa politique de révolution verte, a mis dans sa ligne de mire encore et toujours cette fameuse autosuffisance en riz. La production rizicole constituait l’intérêt principal du développement rural à l’image de l’Opération du Développement Rural qui s’est transformée en Opération de Développement Rizicole puis en Observatoire Du Riz. En outre, les techniques améliorées de production rizicole prometteuses telles que le SRI, le SRA et le PAPRIZ ont fait le cheval de batail de la vulgarisation pendant des années. Malgré tout, le Pays reste tributaire de riz importé pour assurer l’alimentation de sa population. Delà découle la problématique de recherche pour cette partie : tant d’efforts pour atteindre l’autonomie en riz mais peu de progrès tangible et pérenne dans la réalité quotidienne. Particulièrement à Moramanga, cette autonomie en riz est passée de 06 mois à 09 mois voire 11 mois pour les paysans positivement déviants (PPD) grâce aux projets de sécurité alimentaire et de développement agricole. Dans la foulée, deux questions de recherche se posent : - quelles sont les priorités post projet des PPD dans la gestion de leur exploitation ? - comment se comporte l’autonomie en riz des exploitations agricoles pendant et après les projets d’appuis ? - comment les exploitations des PPD se projettent-elles dans le temps ?

L’objectif principal de cette partie est de comprendre le modèle de trajectoire de résilience des PPD. Les objectifs spécifiques sont : - de définir l’ordre de priorités de gestion des petites exploitations agricoles, - de connaître l’influence de la priorité paysanne sur sa sécurité alimentaire et - d’avoir une idée prospective sur la tendance paysanne en matière d’autonomie en riz.

Les hypothèses de recherche sont (i) l’orientation des PPD est dictée par des logiques stratégiques, (ii) la capabilité des PPD se différencie après les projets d’appui et (iii) il y a une trajectoire de résilience. Les résultats attendus de la partie sont : - les priorités de résilience des PPD et leur importance dans l’autonomie en riz, - les différents types de capabilité des PPD, - le modèle de trajectoire de résilience des PPD.

117 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Seront ainsi exposés progressivement les matériels et méthodes spécifiques utilisés, les résultats des études sur la priorité de résilience des PPD et la différenciation de leur autonomie en riz dans le temps. Les discussions relatives à la trajectoire de résilience des PPD et leur différenciation termineront la partie.

4.1 Matériels et méthodes Tel que mentionné dans l’introduction, cette partie est consacrée à l’étude de la résilience des PPD. La démarche comprenait deux étapes. En premier lieu était étudiée la priorité de gestion des exploitations des PPD selon les données de l’enquête. Puis en second lieu était étudiée en profondeur la capabilité et la stratégie de résilience des PPD à travers les différentes variables de capabilité afin d’aboutir à la trajectoire de résilience des PPD.

4.1.1 La variable de la priorité de gestion des exploitations des PPD Les PPD ont leur propre constat sur l’évolution de leur sécurité alimentaire depuis la fin des projets. Lors de l’enquête, il leur a été demandé quelle est d’après eux la cause de l’évolution, tantôt négative tantôt positive, de leur situation alimentaire. Les causes de la sécurité alimentaire ainsi évoquées sont à l’origine de la motivation et de l’orientation de l’exploitation des PPD ; elles dessinent en grande partie leur perception et par la suite leur trajectoire de résilience dans le but de parvenir à une meilleure stabilité et un équilibre convenable. Ces causes et priorités étaient regroupées pour constituer ainsi les variables conjoncturelles indiquant la priorité des PPD, autrement dit leur orientation.

4.1.2 L’autonomie en riz L’autonomie en riz des exploitations agricoles est la durée en mois pendant laquelle le ménage du PPD n’utilise que sa production en riz pour son alimentation principale. C’est la durée de son autosuffisance en riz où il ne s’approvisionne pas en riz de l’extérieur du ménage. La variable autosuffisance en riz du ménage a été retenue par les projets de sécurité alimentaire pour mesurer la sécurité alimentaire des ménages ruraux (ADRA, 2008). Jauger la situation à travers cette variable, cinq ans après la fin des projets d’appuis, permet de faire un constat préliminaire de l’évolution des PPD dans le temps. Les scores de cette variable ont été recueillis pendant les enquêtes par questionnaire réalisées auprès des PPD.

4.1.3 Les variables de la capabilité La capabilité est définie comme la possibilité d’être et d’agir voire affronter les risques encourus (Lalau, 2011). C’est l’aptitude de concevoir des buts, des engagements et des valeurs. Ainsi les variables de la capabilité dans le cadre de cette étude sont celles relatives à

118 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants la capacité de l’exploitation agricole et celles qui indiquent ses possibilités. Ce sont notamment 1. La taille de l’exploitation 2. Le nombre de moyens de production acquis après le projet d’appui 3. Le nombre de mobiliers acquis après le projet d’appui 4. Le nombre de matériels motorisés acquis après le projet d’appui 5. Le nombre de bâtiments réhabilités ou construits après le projet d’appui 6. Le nombre de zébus acquis après le projet d’appui 7. Le nombre de revenu non agricole 8. L’acculturation agricole

A noter que les variables « mobilier » et « zébus » permettent d’avoir une idée sur la condition et le niveau de vie des PPD. Un PPD qui a un meilleur score en mobilier veut dire qu’il a la possibilité d’une meilleure condition que ceux qui ont acquis moins de biens mobiliers. De même, le zébu est un signe de richesse : plus le cheptel est grand en effectif, plus le paysan est riche étant donné que l’élevage de bovins joue le rôle d’une banque rurale.

L’objectif était de mener une étude holistique de la capabilité des exploitations agricoles des PPD afin de sortir le profil de leur capabilité respective.

4.1.4 Les analyses statistiques Les études statistiques des données ont été réalisées moyennant l’ANOVA, la statistique descriptive, la CAH, les tests d’égalité d’échantillons indépendants et l’AFC. Les tableaux et les graphiques sont choisis selon le cas pour illustrer et mettre en exergue les résultats.

119 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants La figure 26 récapitule le processus de traitement des données.

Figure 24 : Récapitulation du processus de traitement statistique des données Source : auteur

4.1.5 Le profilage des groupes C’est le processus analytique à travers les différents résultats des statistiques afin de parvenir à la définition descriptive des caractéristiques de chaque groupe des échantillons respectifs. Etant donné que l’analyse de cette partie a comme toile de fond la résilience et la capabilité des PPD, les variables considérées pour cette analyse sont ainsi les variables de résilience et de capabilité, à savoir les variables de capabilité et le niveau de sécurité alimentaire. Pour comparer ces variables sur le même ordre de grandeur, leurs valeurs respectives ont été centrées et réduites puis rééchelonnées puis elles étaient projetées sur le graphique de la capabilité suivant le type de l’autonomie en riz qui par la suite permettait de faire la description du type de capabilité de chaque groupe.

4.1.6 Analyse prospective Pour avoir une idée de la situation future des exploitations agricoles, le processus de Markov qui est un processus stochastique a été adopté. Le processus comprend la sélection

120 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants des variables dont les valeurs sont à transformer en valeur centrée réduite adimensionnée et rééchelonnée. Puis par le biais de CAH est sortie la classification des observations et les valeurs moyennes de chaque classe pour chaque variable pour constituer ainsi la matrice des classes. La matrice de corrélation de ces variables est rééchelonnée puis transformée de telle sorte que la somme de chaque ligne soit égale à 01. La dernière étape du traitement est le produit des deux matrices à savoir la matrice des classes et la matrice de corrélation transformée. Les résultats de ce processus stochastique markovienne permettait des représentations graphiques prospectives de la tendance des PPD dans le temps.

4.2 Résultats En premier lieu, les résultats de la classification des variables et ceux de l’ANOVA seront présentés, ils seront suivis de ceux de la statistique descriptive, de la CAH, des tests d’égalité, de l’AFC et du profilage.

4.2.1 Les priorités de résilience des PPD

4.2.1.1 Trois catégories de priorité de gestion d’exploitation Les réponses données par les PPD sur la cause de l’évolution de leur autosuffisance en riz selon leur perception et leur avis sont groupables en trois catégories à savoir priorité économique, priorité foncière et priorité technique (figure 27).

Priorité économique : Priorité foncière : Priorité technique : o manque de moyens π sécurité foncière • adoption et application o crise socio-politique π manque de terrain des innovations o vol de récoltes sur d’extension techniques

pieds π non accès à la terre • application de technique o problème de π perte de terrain de gestion d’exploitation sécurité π résiliation de contrat • changement climatique o manque de moyens de métayage • problème de réseau de production d’irrigation o problème de santé

PRIORITE ET ORIENTATION DES EXPLOITATIONS AGRICOLES

Figure 25 : Priorités dans la gestion d’exploitation des PPD

121 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Les données de l’enquête ont permis de sortir la répartition des PPD suivant le type de priorités de gestion d’exploitation agricole (figure 28).

Economique 15% Foncier 10%

Technique 75%

Figure 26 : Répartition des PPD selon leurs priorités stratégiques

La majorité des PPD ont une priorité technique dans la gestion et l’amélioration de leurs exploitations.

4.2.1.2 Influence de la priorité de l’exploitation sur l’autonomie en riz La corrélation entre les priorités de gestion d’exploitation et l’autonomie en riz s’analyse à travers ANOVA (tableau 47).

Tableau 47 : Matrice de corrélation des variables

Variables Priorité- Priorité- Priorité- Autonomie Economique Foncier Technique en riz Priorité-Economique 1,0 -0,1 -0,7 -0,2 Priorité-Foncier -0,1 1,0 -0,6 -0,1 Priorité-Technique -0,7 -0,6 1,0 0,3 Autonomie en riz -0,2 -0,1 0,3 1,0

A la lecture de ce tableau de corrélation, les relations suivantes se démarquent : - Relation négative très intense entre Technique d’une part et Economique et Foncier d’autre part.

122 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants - Foncier et Economique ont une relation négative avec Autonomie en riz en revanche Technique et Autonomie en riz sont en corrélation positive forte. Economique est la plus négative puis foncier.

D’après ANOVA, la priorité de résilience et l’autonomie en riz ont une relation d’intensité forte avec R=0,30. La signification de ces analyses est donnée par le tableau d’analyse du modèle (tableau 48).

Tableau 48 : Tableau de l’analyse du modèle

Source DDL Somme des carrés Moyenne F Pr > F Modèle 2 202 100,8 11,7 < 0,0001 Erreur 236 2028 8,6 Total corrigé 238 2230

La probabilité de F est égale à 0,0001. Cela signifie que l'on prend un risque de 0,1% si on conclut que la variable explicative apporte une quantité d'information significative au modèle, autrement dit l’analyse est significative.

Le graphique des moyennes donne une idée sur l’importance de chacune des modalités de la variable explicative sur la variable expliquée qu’est l’autonomie en riz (figure 29).

Figure 27 : Graphique des moyennes sur la priorité de gestion des exploitations

Ce graphique met en relief l’ordre séquentiel de la logique paysanne en matière de stratégie de résilience : économie d’abord puis foncier et technique à la fin. Et les problèmes économique et foncier ont des corrélations négatives avec l’autonomie en riz.

123 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants 4.2.1.3 Autonomie en riz majoritaire de 5 à 8 mois L’analyse descriptive permet d’obtenir les tendances centrales de chaque échantillon (figure 30).

18 16 14 12 10 8 PSA 6 ERI Proportion % en 4 2 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9101112 Nombre de mois

Figure 28 : Tendance centrale des PPD en matière d’autonomie en riz

L’échantillon PSA comporte un mode tandis qu’ERI en a deux. La représentation graphique de ces proportions permet de visualiser plus clairement les différentes tendances centrales de chacun des échantillons :

La population PSA est en effet uni-modale tandis que la population ERI est bimodale.

4.2.1.4 Classification des PPD selon leur autosuffisance en riz La classification par la méthode Classification Ascendante Hiérarchique des obeservations des échantillons suivant la durée de l’autosuffisance en riz donne trois classes bien distinctes pour chacun des échantillons (tableau 49).

Tableau 49 : Classification des PPD-PSA selon leur mois d’autonomie en riz

Autosuffisance en riz (mois) Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Médiane 7 10 3 Minimum 5 9 0 Maximum 8 12 4 Proportion en % 46 28 26

L’échantillon PSA est dominé par le groupe 1 selon la classification à travers la durée de l’autonomie en riz (tableau 50).

124 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Tableau 50 : Classification des PPD-ERI selon leur mois d’autonomie en riz

Autosuffisance en riz (mois) Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Médiane 1 4 9 Minimum 0 2 7 Maximum 1 6 12 Proportion en % 67 49 44

L’echantillon ERI est constitué majoritairement par les groupes 2 et 3. En termes de classification pour la population PSA, le groupe 1 est constitué par des PPD qui ont une autosuffisance en riz de 05 à 08 mois i.e autour de la moyenne de 07 mois ; C’est le groupe des PPD INTERMEDIAIRES. Le groupe 2 quant à lui rassemble les PPD dont l’autosuffisance en riz est de 09 à 12 mois. C’est le groupe des PPD EMERGENTS. Le groupe 3 par contre englobe les PPD dont l’autosuffisance en riz varie de 00 mois à 04 mois. Ce sont des PPD dont l’autosuffisance en riz est en DECLIN.

La comparaison des deux derniers tableaux met en relief deux cas similaires (cages de même couleur) et un cas spécifique pour chacun des échantillons.

∑ Cas similaires : Ù Groupe 2 PSA et groupe 3 ERI : Emergent Ù Groupe 3 PSA et groupe 2 ERI : Déclin ∑ Cas uniques : ‹ Groupe 1 PSA : Intermédiaire ‹ Groupe 1 ERI : Dissolution

Dans ce lancer, le tableau synoptique des sous groupes des deux échantillons s’est constitué (tableau 51).

Tableau 51 : Groupes d’autosuffisance en riz des PSA et ERI

DISSOLUTION DECLIN INTERMEDIAIRE EMERGENT Autosuffisance 10 10 31 32 11 12 21 22 en riz (mois) PSA ERI PSA ERI PSA ERI PSA ERI

Médiane - 1 3 4 7 - 10 9 Minimum - 0 0 2 5 - 9 7 Maximum - 1 4 6 8 - 12 12 Proportion (%) 00 07 26 49 46 00 28 44

125 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants La représentation graphique de ces résultats donne une comparaison visiuelle synoptique (figure31).

60

50

40

30

Proportion en % en Proportion 20

10

0 Dissolution Déclin Intermédiaire Emergent Dissolution Déclin Intermédiaire Emergent PSA ERI Groupe d'autosuffisance en riz et Projets

Figure 29 : Proportion typologique des PPD en autonomie en riz

PSA est majoritairement composé de PPD ayant une autonomie en riz moyenne de 07 mois (groupe intermédiaire) tandis que ERI est composé principalement de deux catégories de PPD à savoir ceux qui ont 09 mois d’autonomie en riz sur 12 (groupe émergeant) et ceux qui ont 08 mois de dépendance en riz par an (groupe déclin).

4.2.1.5 Le test d’égalité des classes similaires Pour pouvoir conclure sur l’égalité de ces classes similaires, le recours au test d’égalité de deux échantillons indépendants est nécessaire ; ceci en commençant par le test de normalité suivi du test d’égalité approprié.

a) Comparaison des deux classes des EMERGENTS Les valeus des indices de normalité des distributions permettent de conclure sur la normalité des distributions (tableau 52).

Tableau 52 : Indices de normalité des échantillons

PSA ERI Effectif 55 20 Asymétrie 0,25 0,44 Aplatissement -1,39 -1,00

126 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Le test de normalité donne les deux distributions comme étant une distribution suivant une loi normale à 95% et l’on peut passer ainsi au test de t-Student. Celui-ci donne en premier lieu les statistiques descriptives (tableau 53).

Tableau 53 : Statistique descriptive de la durée de l’autosuffisance en riz des PPD

Variable Classe N Moyenne Ecart- Erreur standard type moyenne Durée de 21 PSA 55 10,2 1,1 0,1 l’autosuffisance en riz 22 ERI 20 9,2 1,6 0,3

Les calculs statistiques montrent une différence de 1,05 mois entre les moyennes de l’autonomie en riz des deux groupes de PPD émergeants. La significativité de cette différence est à vérifier avec le test de Levene et de t-Student (tableau 54).

Tableau 54 : Test d'échantillons indépendants

Test de Levene sur l'égalité Test-t pour égalité des moyennes des variances

Intervalle de Sig. conf. 95% de la Différence Différence F Sig. t ddl bilatér différence moyenne écart-type ale Inf. Sup.

Hypothèse de variances 4,52 0,04 3,18 73 0,00 1,05 0,33 0,39 1,71 Durée de égales l’autosuff isance en Hypothèse de riz variances 2,74 27 0,01 1,05 0,38 0,26 1,84 inégales

Le niveau de signification du test de Levene est égal à 0,04< α=0,05, il faut donc rejeter l’hypothèse d’égalité des variances et lire la deuxième ligne. Sur cette deuxième ligne, peut-on lire que le niveau de signification du test t-Student est égale à 0,01< α=0,05 par conséquent, il faut rejeter l’hypothèse d’égalité des moyennes et conclure que la différence des moyennes est significative. Autrement dit, les deux classes des PPD émergeants sont probalement différents. Ils ne sont pas ainsi assimilables en une même classe.

127 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants b) Comparaison des deux classes de PPD en déclin La classification a donné deux groupes similaires de PPD en déclin à comparer. Le test de normalité des deux distributions par le biais des coefficients d’assymértie et d’applatissement permet de statuer sur la normalité des distributions (tableau 55).

Tableau 55 : Indices de normalités des échantillons

PSA DECLIN ERI DECLIN

Effectif 50 22 Asymétrie -0,81 -0,21 Aplatissement -0,50 -0,88

D’après ces résultats, les deux distributions suivent une loi normale à 95%. Le postulat de la normalité des distributions est ainsi confirmé, le test d’égalité à travers le test t-Student peut se faire. La statistique descriptive des groupes est donnée dans le tableau 56.

Tableau 56 : Statistiques descriptives des groupes

Classe N Moyenne Ecart- Erreur standard

Durée de 31 PSA Déclin 50 2,6 type 1,4 moyenne 0,2 l’autosuffisance en riz 32 ERI Déclin 22 4,2 1,2 0,3

Une différence de moyennes de 01,60 mois est mise en évidence par ces résultats. Le test d’égalité de variances de Levene et le test d’égalité de moyennes de t- Student permettront de conclure sur la significativité de ces différences (tableau 57).

Tableau 57 : Tableau de test d’égalité

Test de Levene sur l'égalité Test-t pour égalité des moyennes des variances

Intervalle de

Sig. Différence Différence conf. 95% de F Sig. t ddl bilatérale moyenne écart-type la différence

Inf. Sup. Durée Hypothèse de 0,35 0,56 -4,60 70 0,00 -1,6 0,3 -2,24 -0,89 de variances l’autos égales uffisan Hypothèse de -4,82 45 0,00 -1,6 0,3 -2,22 -0,91 ce en variances

riz inégales

128 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Le niveau de signification du test de Levenne est égal à 0,56> α=0,05, il faut donc retenir l’hypothèse d’égalité de variances et lire la première ligne. Celle-ci affiche un niveau de signification inférieure à α=0,05 pout le test t-Student, il faut donc rejeter l’hypothèse d’égalité des moyennes. Autrement dit, les deux classes des PPD en déclin sont statistiquement différentes et ne peuvent pas être traitées comme étant de la même catégorie.

De tout ce qui précède, les différentes classes issues de la classification CAH ne sont pas statistiquement similaires. De ce fait, elles sont à maintenir distinctes dans la suite des études.

4.2.1.6 Différenciation de l’autonomie en riz des PPD Les données sur l’autosuffisance en riz des PPD au moment de l’enquête, après traitement statistique en AFC des résultats précédents, donnent la différenciation des PPD cinq ans après la fin des projets d’appuis (figure 32).

Graphique symétrique (axes F1 et F2 : 40,00 %)

3 Réduite ERI Déclin

2,5

2

1,5

1

F2 (20,00 %) (20,00 F2 Très élevée 0,5 PSA Emergent

Elevée ERI Emergent 0

Médiane PSA Intermédiaire -0,5 ERI Dissolution PSA Déclin Extrèmement réduite Très réduite -1 -3,5 -3 -2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 F1 (20,00 %)

Colonnes Lignes

Figure 30 : Différenciation de l’autonomie en riz des PPD

129 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Ce graphique montre qu’il y a 06 catégories différentes de PPD par rapport à leur niveau d’autonomie en riz et leur projet d’appui. Chaque catégorie est caractérisée pa la durée de son autonomie en riz (tableau 58).

Tableau 58 : Description des catégories

Catégorie Autonomie Qualification PSA Déclin 03 mois Très réduite PSA Intermédiaire 07 mois Médiane PSA Emergent 10 mois Très élevée ERI Dissolution 01 mois Extrêmement ERI Déclin 03 mois Réduite ERI Emergent 09 mois Elevée

4.2.1.7 Analyse factorielle relative à l’autonomie en riz L’analyse de l’association de chacune de ces variables avec la variable Autonomie en riz s’est faite à travers AFC. Pour tous les résultats relatifs à chaque variable qui suivent, le profile ligne illustre les distances entre groupes et les graphiques donnent des présentations visuelles des proximités entre groupes pour des éventuelles interprétations (figure 33).

Figure 31: Graphique symétrique Autonomie en riz et Taille d’exploitation

Légende : D : taille de l’exploitation agricole après le projet PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

130 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Il y a deux groupes de PPD en termes de dimension d’exploitation vs. niveau d’autonomie en riz (figure 34).

Figure 32 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Moyens de production

Légende : MP : nombre de moyens de production acquis après le projet en valeur centrée réduite PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

Deux groupes se distinguent en termes de moyens de production par rapport au niveau de sécurité alimentaire (figure 35).

Figure 33 : Graphique symétrique entre Autonomie en riz et Biens mobiliers

Légende : B : nombre de matériels motorisé acquis après le projet PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

131 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants L’analyse de l’autonomie en riz à travers les biens mobiliers des PPD fait ressortir trois groupes (figure 36).

Figure 34 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Matériels motorisés

Légende : T : nombre de matériels motorisé acquis après le projet PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

L’analyse du niveau d’autonomie en riz des PPD par rapport à leur niveau de motorisation dénote deux groupes distincts (figure 37).

Figure 35 : Graphique entre Autonomie en riz – Nombre de bâtiments construits

Légende : H : nombre de bâtiments réhabilités ou construits acquis après le projet PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

132 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants L’analyse de l’autonomie en riz par rapport au nombre de bâtiments construits ou réhabilités au lendemain des projets d’appuis fait ressortir trois différents groupes (figure 38).

Figure 36 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Nombre de zébus

Légende : Z : nombre de zébus acquis après le projet PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

Deux groupes distincts sont mis en relief à travers l’analyse de l’autonomie en riz des PPD par rapport au nombre de zébus leur appartenant (figure 39).

Figure 37 : Graphique Autonomie en riz et Nombre de revenus non agricoles

Légende : R : nombre de de revenu non agricole PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

133 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants En termes de nombre de revenus non agricoles par rapport au niveau d’autonomie en riz, deux groupes sont mis en exergue (figure 40).

Figure 38 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Niveau d’acculturation

Légende : AAg : niveau d’acculturation agricole PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

Quatre groupes sont issus de l’analyse de l’autonomie en riz avec le niveau d’acculturation agricole des PPD.

Les différents résultats de l’AFC ci-dessus mettent en relief les différentes associations qui prévalent à travers les variables étudiées. Ils sont à synthétiser pour être exploitables de façon plus concordante. Ceci amène ainsi à la modélisation matricielle.

134 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants 4.2.2 Types de capabilité des PPD

4.2.2.1 Modélisation matricielle des types de capabilité des PPD La modélisation matricielle résume la topographie des associations entre les variables de capabilité des PPD et leur catégorie en matière d’autonomie en riz (Tableau 59). Chaque groupe est caractérisé selon les résultats des analyses factorielles ci-dessus.

Tableau 59 : Matrice des types de capabilité des PPD selon leur autonomie en riz

Type de variable ERI Dissol ERI Déclin ERI Emerg PSA Déclin PSA Emerg PSA Interm

Taille D1 D1 D1+D2+D3 D1 D2+D3 D1

MP MP1+MP2 MP1 MP1 MP1 MP2 MP1

AAg AAg3+AAg4 AAg4+AAg5 AAg2+AAg5 AAg2+AAg5 AAg5 AAg4 Investissement MOT T0 T0+T1 T0+T1 T0 + T2+T3 T1 + T2+ T3+T4 T0

REV R0+R1 R0 R0 R1+R2+R3 R1+R2+R3 R1+R2+R3

BAT H0+H2 H1+H3+H4 H0+H2 H1+H2+H3+H4 H1+H3+H4+H5+H6 H1

MOB B1 B1 B1 B1+B2+B4 B1+B2+B3+B4 B2 Niveau de vie ZEB Z0 Z0+Z9 Z0 Z0 Z4+Z9 Z0+Z4

Cette modélisation matricielle permet de décrire les profils de chaque groupe selon les variables de capabilité qui les marquent et les distinguent le plus.

4.2.2.2 Statistiques descriptives et types de capabilité des PPD-PSA Les valeurs centrées réduites et réechellonées des variables de capabilité des PPD-PSA projétées selon la catégorie d’autonomie en riz de ces derniers permettent de comparer sur la même base les trois groupes (tableau 60.

Tableau 60 : Statistiques descriptives des catégories de PSA

(S) (S) (S) Auto Moyen Mobili Maté Bâtim Zébus Revenu Score Score moy Riz Viv Riz prod° er motor ent non Ag SA AAg PSA Emergent 2,60 2,62 2,52 2,86 2,25 2,25 2,39 2,28 2,55 1,50 2,98 2,54

PSA Intermédiaire 0,70 0,75 0,54 1,64 0,00 2,25 0,00 0,06 0,59 3,00 1,45 0,59

PSA Déclin 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,28 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00

135 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants A travers les résultats de l’AFC et les statistiques descriptives, les profils caractéristiques de chaque groupe d’autonomie en riz des PPD-PSA sont elaborés (tableau 61).

Tableau 61 : Tableau synoptique des capabilités des groupes de PPD-PSA

Variable de capabilité PSA EMERGENT PSA INTERMEDIAIRE PSA DECLIN Taille d'exploitation Elevée Moyenne Faible Moyens de production Elevés Faibles Faibles Mobiliers Elevés Elevés Faibles Matériels motorisés Elevés Faibles Moyens Bâtiments Elevés Assez faibles Faibles Zébus Elevés Moyen Faibles Nombre de revenu non Ag Moyen Elevé Faibles Acculturation agricole Plus avancée Avancée Moyenne

Ces caractérisiques permet d’établir le profil de la capabilité de chacun des groupes PSA (tableau 62).

136 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Tableau 62 : Profil de capabilité des groupes de PPD-PSA

Variable de capabilité PSA EMERGENT PSA INTERMEDIAIRE PSA DECLIN Taille d’exploitation Taille d’exploitation Taille d’exploitation et force de production moyenne avec une faible et force de production élevées, acculturation force de production, faibles, acculturation agricole plus avancée acculturation agricole agricole moyenne avancée

PROFIL DU

GROUPE Meilleure condition de vie Meilleure condition Condition de vie mais investissement faible de vie et moins décente et avec recours aux investissement investissement différents revenus non conséquent en spécifié dans la agricoles matériels motorisation pour des prestations onéreuses

Capabilité de Capabilité de Capabilité de DIVERSIFICATION RECONVERSION CROISSANCE

4.2.2.3 Statistiques descriptives et types de capabilité des PPD-ERI Les valeurs centrées réduites et réechellonées des variables de résilience des PPD-ERI projétées selon la catégorie d’autonomie en riz de ces derniers permet une comparaison sur la même base (tableau 63).

Tableau 63 : Statistiques descriptives des catégories d’ERI

(S) (S) (S) Auto Moyen Mobi Maté Revenu Score Score Bât Zébus moy Riz Viv Riz prod° lier motor non Ag SA AAg

ERI Dissolution 0,00 0,00 0,00 0,00 1,92 1,98 0,00 0,51 0,00 1,34 0,00 0,00 ERI Déclin 1,58 0,81 1,74 0,74 0,48 0,74 1,63 1,93 1,96 1,95 0,97 1,95 ERI Emergent 1,85 1,99 1,73 1,98 0,00 0,00 1,82 0,00 1,34 0,00 2,00 1,35

Une vision synoptique de ces variables s’obtient à travers la représentation graphique de leurs valeurs.

137 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Les résultats d’AFC et les statistiques descriptives permet par le suite d’élaborer les caractéristiques de chaque groupe d’autonomie en riz des PPD-ERI (tableau 64).

Tableau 64 : Tableau synoptique des capabilités des groupes de PPD-ERI

Variable de capabilité ERI EMERGENT ERI DECLIN ERI DISSOLUTION Taille d'exploitation Elevée Elevée Faible Moyen de production Faibles Faibles Elevés Mobiliers Faibles Faibles Elevés Matériels motorisés Elevés Elevés Faibles Bâtiments Faibles Elevés Faibles Zébus Moyens Elevés Faibles Nombre de revenu non Ag Moyen Elevé Faible Acculturation agricole Moyenne Elevée Faible

De ce tableau découle le profil de la capabilité des PPD-ERI (tableau 65).

Tableau 65 : Profil de capabilisté des groupes de PPD-ERI

Variable de capabilité ERI EMERGENT ERI DECLIN ERI Taille d’exploitation Taille d’exploitation, Taille et motorisation motorisation, d’exploitation élevées bâtiments, zébus, faible avec

PROFIL DU GROUPE revenus non ag moyens de

acculturation production élevés

importants

Condition de vie Condition de vie Condition de vie meilleure rudimentaire moyennement faible

Capabilité Capabilité de Capabilité de d’EXTENSION DIVERSIFICATION SUBSISTANCE

En résumé, les analyses statistiques ont fait ressortir cinq types de capabilité des PPD à savoir Subsistance, Reconversion, Diversification, Extension et Croissance.

138 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants 4.2.3 Modèles de trajectoire de résilience des PPD Les résultats de l’analyse prospective sont subdivisés en deux suivant l’autonomie en riz et les éléments de capabilité des PPD.

4.2.3.1 Tendance prévisionnelle de l’autonomie en riz des PPD Les données sur les PPD depuis le début des projets d’appuis PSA et ERI en 2003- 2004, en passant au sevrage à ces tuteurs de résilience en 2009, jusqu’au moment des enquêtes du projet de thèse ont permis de réaliser une étude prospective sur la trajectoire de résilience tendancielle (figure 41) des PPD notamment en matière d’autonomie en riz et de capabilité (figure 41).

4,00 Fin de projets 3,50

3,00

2,50

2,00

1,50

1,00

0,50

0,00 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027

ERI Dissolution ERI Déclin ERI Emergent PSA Déclin PSA Intermédiaire PSA Emergent

Figure 39 : Evolution prospective de l’autonomie en riz des PPD

Ces résultats montrent en l’occurrence que dans le futur : - PSA Emergent enregistreraient un léger déclin suivi d’une stabilisation de l’autonomie en riz au niveau maximum de toute la population ; - PSA Intermédiaire embrasserait un léger déclin suivi d’une stabilisation légèrement au-dessus d’ERI Emergent ; - PSA Déclin amorcerait une légère reprise suivi d’une stabilisation au même niveau que les catégories intermédiaires ; - ERI Emergent subirait un déclin radical suivi d’une stabilisation au même niveau que les catégories intermédiaires

139 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants - ERI Déclin réaliserait une légère reprise après le déclin et stagnerait au même niveau que les catégories intermédiaires - et ERI Dissolution exécuterait une légère reprise après le déclin et se cantonnerait au niveau inférieur.

Sur le long terme, les PPD se fusionneraient en trois catégories en matière d’autonomie en riz : le niveau d’autonomie supérieure (catégorie 1), le niveau d’autonomie intermédiaire (catégorie 2) et le niveau d’autonomie inférieure (catégorie 3).

4.2.3.2 Tendance prospective de la capabilité des PPD Les variables de capabilité retenues ont permis de procéder à une étude prospective de la trajectoire des PPD dans le futur selon leur groupe d’apparence actuelle. A travers les études prospectives markoviennes, le graphique de la tendance prospective a été produit.

a. PSA Emergent La figure 42 trace la tendance des PSA émergents.

Figure 40 : Tendance prospective de la capabilité des PSA EMERGENTS

La trajectoire du groupe PSA Emergent est caractérisé par : - une baisse radicale de l’acculturation agricole, - une baisse du niveau de sécurité alimentaire, - un maintien de la surface rizicole, - une augmentation considérable de la surface vivrière, - un investissement aux matériels mécaniques et au cheptel bovin, - une diversification de revenus - et un maintien des investissements en bâtiments.

140 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants b. PSA Intérmédiaire La figure 43 met en relief la tendance du groupe PSA Intermédiaire.

Figure 41 : Tendance prospective de la capabilité des PSA Intermédiaires

La trajectoire du groupe PSA Intermédiaire est caractérisée par : - un recul notable de l’acculturation agricole, - une réduction notable du niveau de sécurité alimentaire, - une augmentation des surfaces agricoles en l’occurrence triple de la surface vivrière, - un investissement en matériels mécaniques et en cheptel bovin, - une stagnation du mobilier et des sources de revenus supplémentaire - et une récession des investissements en immobilier.

c. PSA Déclin La figure 44 reflète l’évolution prospective du groupe PSA Déclin.

Figure 42 : Tendance prospective de la capabilité des PSA Déclin

141 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants La trajectoire du groupe PSA Déclin se caractérise par un recul radical de l’acculturation agricole, une stabilisation du niveau de sécurité alimentaire, une augmentation considérable des surfaces rizicoles et vivrières, une régression des investissements en immobiliers, un investissement aux matériels mécaniques et au cheptel bovin et une stagnation en mobilier et en revenu supplémentaire.

d. ERI Emergeant L’évolution prospective du groupe ERI Emergent est donnée par la figure 45.

Figure 43 : Tendance prospective de la capabilité des ERI EMERGENTS

La trajectoire prospective du groupe ERI Emergent se caractérise par : - une baisse radicale de l’acculturation agricole, - une dégradation notable de la sécurité alimentaire et de l’autonomie en riz, - une augmentation conséquente de la surface rizicole, - un investissement sur les matériels mécaniques et le cheptel bovin, - une acquisition de biens mobiliers, une diversification de revenu - ainsi qu’une stagnation des investissements en biens mobiliers.

e. ERI Déclin En ce qui concerne le groupe ERI Déclin, la figure 46 met en relief sa tendance.

Figure 44 : Tendance prospective de la capabilité des ERI Déclin

142 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants La trajectoire du groupe ERI Déclin est caractérisé par : - une baisse radicale de l’acculturation agricole, - une baisse du niveau de sécurité alimentaire, - une légère augmentation de la taille d’exploitation, - un doublement de la surface rizicole, - un investissement sur les matériels mécaniques et le cheptel bovin, - une acquisition de biens mobiliers, - une diversification de revenu - et une régression des investissements en immobilier.

f. ERI Dissolution Quant au groupe ERI Dissolution, la tendance dans le temps est donnée par la figure 47.

Figure 45 : Tendance prospective de la capabilité des ERI Dissolution

La trajectoire du groupe ERI Dissolution est caractérisée par : - une baisse notable de l’acculturation agricole, - une légère dégradation du niveau, déjà faible, de la sécurité alimentaire, - une dégradation des moyens de production, - une augmentation des surfaces agricoles en l’occurrence celle des cultures vivrières, - un investissement sur les matériels mécaniques et cheptel bovin, - une acquisition de biens mobiliers, - une diversification de revenu - et une régression des investissements en immobilier.

143 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants En résumé, les PPD embrasseraient dans le futur une régression du niveau de sécurité alimentaire et de l’acculturation agricole ; leur orientation majeure en matière de capabilité serait : - l’augmentation des surfaces vivrières, - le maintien d’un seuil de surfaces rizicoles, - l’investissement en matériels mécaniques, - la diversification de revenus, - l’augmentation du cheptel bovin, - l’abandon de l’intensification, - la réduction de dépense afin d’investir dans d’autres secteurs - et la régression des investissements en immobilier.

4.3 Discussions De tout ce qui précède, des discussions relatives aux différentes découvertes de cette partie importent avant d’enchaîner dans les discussions de fond.

4.3.1 Les différentes découvertes Les problèmes fonciers et économiques emprisonnent les PPD à la merci d’un faible niveau d’autonomie en riz et les empêchent de concentrer leurs efforts et leurs ressources aux améliorations techniques de leurs exploitations. Les exploitations qui arrivent à donner une priorité à l’amélioration technique de leur exploitation enregistrent une amélioration de leur niveau de sécurité alimentaire. Par ordre d’influence des priorités de résilience dans l’autonomie en riz des PPD, en bas de l’échelle se trouve la priorité économique puis le foncier et au plus haut niveau les aspects techniques qui propulsent les PPD vers une meilleure autonomie en riz et dont le passage à ce niveau est comme préalable la résolution des problèmes économiques et fonciers.

Autrement dit, une exploitation agricole sans stabilité économique et foncière n’est pas disposée à relever des défis techniques et à conquérir un meilleur statut en sécurité alimentaire durable (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014). Le manquement à ce préalable fait trébucher les exploitations agricoles et les fait plonger dans la zone de survie et de vulnérabilité. Des problèmes économiques et/ou fonciers rendent les exploitations vulnérables et les mettent sous l’emprise d’un effet d’entraînement négatif néfaste à leur développement technique et au détriment d’une meilleure résilience alimentaire. C’est le « tourbillon de la pauvreté ».

144 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Ce constat met en exergue l’importance des dimensions économique et foncière des appuis préconisés pour les agriculteurs en matière de sécurité alimentaire. Ceci pour dire que les solutions économiques et foncières sont des précurseurs de la réussite de la vulgarisation des techniques agricoles améliorées. Les agriculteurs ne peuvent pas s’offrir le luxe d’investir sur les innovations techniques tant que leurs problèmes fonciers et économiques ne soient pas résolus convenablement. L’adoption des techniques améliorées et innovantes est entamée dès qu’une condition économique minimum et un processus de sécurisation foncière rassurant les exploitations agricoles est effective. En revanche, les problèmes économiques et fonciers ont des répercussions négatives dans la sécurité alimentaire des ménages agricoles.

En matière d’autonomie en riz, seulement 05,2% des PPD pour PSA et 04,4% pour ERI ont pu atteindre l’autosuffisance totale en riz i.e. 12 mois d’autonomie en riz sur 12 cinq ans après la fin des projets d’appuis. 28,4% des PPD de PSA et 24,5% des PPD ERI ont pu maintenir leur niveau de sécurité alimentaire de fin du projet i.e. au moins 09 mois d’autosuffisance en riz (ADRA, 2008). Le reste des PPD ont rechuté au niveau inférieur.

La tendance centrale est de 07 mois d’autonomie en riz pour PSA et 08 mois pout ERI. La majorité a vu leur autosuffisance en riz se dégrader de la pole position d’antan pour s’échouer à la position de la grande masse 05 ans passés i.e. 07 mois de suffisance en riz voire moins (ibid. ). Dans ce sens, 62,4% de la population étudiée pour PSA et 60,0% pour ERI ont une autosuffisance en riz inférieure ou égale à 7 mois par an. Pis encore, 03,6% des PPD de PSA et 02,2% pour ERI ont zéro mois d’autosuffisance en riz. Ils dépendent totalement du marché pour disposer du riz.

L’étude de la capabilité des PPD a permis d’identifier leurs orientations après la fin des projets d’appuis ; ces orientations sont au nombre de cinq, à savoir : 1. la subsistance, 2. la reconversion, 3. la diversification, 4. l’extension, 5. la croissance

En matière de condition de vie : pour PSA, ce sont les groupes émergents et Intermédiaires qui ont les meilleures conditions de vie ; ils sont au même niveau malgré la différence d’autonomie en riz. Pour ERI, la condition de vie est inversement proportionnelle à l’autonomie en riz. Ce sont les PPD ayant une faible autonomie en riz qui ont une meilleure condition de vie.

145 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Ces constats reflètent deux modes de vie et de priorités opposés en termes de bien être : Il y en a ce qui donne une importance primordiale à la dimension alimentaire et ce qui la relègue au second plan au profit du bien-être social.

4.3.2 Différenciation de trajectoire de résilience Durant l’accompagnement du projet d’appuis (2003-2008) qui jouait le rôle de tuteur de résilience, les PPD ont emprunté la même trajectoire de résilience qu’est l’amélioration de la sécurité alimentaire. Celle-ci se manifestait par l’augmentation de l’autosuffisance en riz. Après la cessation d’activité du tuteur de résilience, les PPD se différencieraient dans le temps. Cette différenciation se manifeste à travers ce même paramètre qu’est l’autosuffisance en riz.

La suffisance en riz des PPD à la fin des projets d’appuis est de 09 mois à 11 mois. La prévision était que, après le retrait de ceux-ci, cette performance soit au moins maintenue de façon pérenne (trajectoire PSA 2) voire poursuivie pour atteindre l’autosuffisance totale (trajectoire PSA 1). Seules les catégories Emergentes ont pu maintenir cette position de résilience grâce à sa stratégie de croissance et d’extension des activités à la fois dans le domaine agricole non agricole. Les PPD des catégories Intermédiaire et Déclin ont rechuté dans le spirale de la pauvreté tout en ayant adopté des stratégies de résilience différentes. La catégorie Intermédiaire n’a pu maintenir son niveau de performance en suffisance en riz. Les PPD de cette catégorie continuent de croire aux techniques agricoles améliorées. De ce fait, ils focalisent de façon exclusive leur stratégie dans l’agriculture et font recours à des revenus additionnels pour subvenir à leurs besoins.

La catégorie Déclin regroupe les PPD qui ont vu leur suffisance en riz se dégringoler fortement. Les PPD de cette catégorie ont pris une toute nouvelle trajectoire de résilience après le sevrage avec le tuteur de résilience en entreprenant une reconversion d’activités. Force est de constater qu’ils se sont investis dans des activités génératrices de revenu non agricole pour combler leur gap en matière de suffisance en riz. En l’occurrence, les investissements en matériels motorisés constituent leur choix de prédilection d’autant plus que ce type d’AGR offre une liquidité financière solvable, stable et régulière. La catégorie Dissolution qui est composée de PPD ayant le plus bas niveau d’autonomie en riz ; ce sont des PPD vivant sous le régime de subsistance. Ces exploitations fonctionnent exclusivement pour assurer généralement le quotidien ; la perspective d’avenir est reléguée au second plan. Leur capabilité est faible, leur capacité de choix s’amincit et les pousse ainsi à la stratégie défensive (Lalau, 2008).

146 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Ceci implique que les mêmes inputs produisent les mêmes outputs pendant les projets d’appuis mais la durabilité et la pérennité des impacts se différencient suivant les bénéficiaires. Ces derniers se positionnent différemment dans la trajectoire de résilience selon leur capabilité respective. En effet, les PPD peuvent changer d’une trajectoire à une autre selon l’évolution de sa capabilité qui est constituée par sa capacité et l’opportunité qu’ils ont car l’aspiration et le choix sont conditionnés par ce qui est possible à l’horizon (Lalau, 2011).

4.3.3 Le préalable de l’initiation aux innovations techniques L’épanouissement des exploitations agricoles est conditionné par la priorité de résilience qui peut être l’économie, le foncier ou la technique. La priorité économique prime en premier lieu ; vient ensuite la priorité foncière. Les agriculteurs n’accordent pas assez d’intérêt aux innovations pour développer son exploitation tant que les problèmes économiques puis fonciers de l’exploitation ne soient pas résolus (Andrianaivoarimanga & al. , 2017a). La dite stratégie présente une analogie à celle des agriculteurs des hautes terres dont l’accès aux opportunités techniques est bloqué par le problème foncier (Rakotoarisoa, 2010)

Ceci met en évidence la pertinence de deux niveaux d’intervention différents pour viser un développement inclusif et intégré. Le niveau 01, qui doit précéder le niveau 02 concerne les axes économique et foncier i.e. les préalables tandis que le niveau 02 englobe la vulgarisation des innovations techniques à l’endroit des exploitations agricoles paysannes (figure 48).

147 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants Les deux types d’intervention peuvent se faire simultanément pour gagner du temps et rassurer les exploitations agricoles de l’adhésion du logique du projet dans la logique paysanne.

Figure 46 : Niveau d’intervention en matière de développement agricole Source : auteur

Une intervention voire une politique pour l’amélioration de la sécurité alimentaire paysanne doit reconnaitre, intégrer, adopter voire marier cette séquence décisionnelle paysanne afin de revêtir une pertinence adéquate et d’atteindre par la suite son objectif ultime qui est de promouvoir une meilleure résilience des petites exploitations agricoles en facilitant leur capacitation et élargissant leur horizon par le biais d’une résolution ciblée de leur problème au lieu de se cantonner dans une préférence adaptive (Lalau, 2008). Dans ce sens, plus les interventions sont spécifiées et adaptées à cette condition résiliençaire paysanne, plus

148 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants la force de changement est intense pour atteindre la masse critique au développement. Une approche stratifiée (Ramananarivo S. , 2004) offre une liberté de choix et de perspective à l’agriculteur tout en considérant sa situation dans laquelle il évolue.

4.3.4 Accepter les différents types de vocation paysanne D’une part, la différenciation des PPD après le départ du tuteur de résilience apprend la pertinence, l’importance et la nécessité d’une approche holistique et ciblée pour pouvoir traiter convenablement chaque cas au lieu d’entreprendre une intervention globalisante émaillée d’une discrimination passive et de favoritisme involontaire. Pour être efficace et efficiente, une intervention doit considérer les différents niveaux de capabilité des agriculteurs : le besoin d’un agriculteur en situation de subsistance est différent du besoin des agriculteurs en phase de reconversion, de même les besoins des agriculteurs en phase de spécialisation, en phase d’extension et en phase de croissance sont tout aussi différents et impliquent une spécification et une offre appropriée à chaque catégorie pour impacter le plus positivement possible sur la résilience des exploitations agricoles en général et leur sécurité alimentaire en particulier.

D’autre part, cette différenciation apprend aussi les différents types de la vocation paysanne : il y a ceux qui continuaient d’évoluer dans le secteur agricole et il y a ceux qui entreprenaient une reconversion vers d’autres activités qui ont peu d’attrait avec l’agriculture. Comprendre et accepter cette destination paysanne permet encore une fois de mieux spécifier les actions de développement dès la conception au lieu de faire une intervention forcée et déguisée en une approche participative dirigée. Dans sa trajectoire de résilience, les exploitations peuvent gravir à l’échelon supérieur, en adoptant une stratégie productive, tout comme régresser à l’échelon inférieur avec une stratégie défensive selon la liberté de choix qu’il a. Ceci rejoint la théorie de mutation (Olsson & al. , 2014) et la réaction stratégique des exploitants agricoles par rapport aux innovations (Lalau, 2008) dans le cadre de sa réorientation stratégique pour renforcer sa capabilité (Lalau, 2011). C’est à ce niveau que l’on juge la pertinence et l’efficacité d’un projet : un projet pertinent est un projet qui est capable de présenter pas seulement le plus de choix possible aux agriculteurs mais aussi et surtout de répondre aux aspirations de développement de ces derniers et favoriser la capacitation requise pour une meilleure résilience.

4.3.5 Dualité entre bien-être alimentaire et bien-être matériel Le bien-être est un concept multidimensionnel ; le moins que l’on puisse dire est qu’il est lié à une autonomie suffisante pour répondre aux besoins fondamentaux entre autres

149 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants manger, se vêtir, boire, se loger, se reposer. Il implique aussi de vivre dans un environnement physique, social, familial favorable au développement harmonieux de l'individu. La satisfaction des besoins fondamentaux dépend de la disponibilité des ressources notamment le revenu (Intellego, 2016). Le bien-être physique est défini par la sensation d'une bonne santé physiologique générale, d'une satisfaction des besoins primordiaux du corps tandis que le bien être psychologique est issu d’une évaluation subjective personnelle à partir des perceptions et des satisfactions diverses. Dans ce sens, le dictionnaire Larousse définit le bien être comme « l’a isance matérielle qui permet une existence agréable » (Larousse, 2016).

L’autonomie en riz est à la base du bien-être alimentaire du ménage agricole tandis que les biens et matériels contribuent à leur bien-être matériel qui par extension façonne son image sociale et sa réputation. Face à la rareté des ressources, les agriculteurs devraient faire le choix entre leur bien-être alimentaire et leur bien-être matériel. Ceci justifie l’existence de deux modes de vie en termes de bien-être paysan. Il y a ceux qui accordent plus d’importance à leur bien-être matériel qu’à leur bien être alimentaire, entre autres leur alimentation, et vice versa. Ce constat ouvre un débat sur la retombée des projets de développement sur la condition de vie paysanne et sur l’efficacité de ces derniers en matière de développement. Un projet efficace est-il celui qui a atteint ses objectifs en terme d’indicateurs ou celui qui a engendré une amélioration du bien-être de ces bénéficiaires ? En effet, quels que soient les résultats et performances des projets de développement, les agriculteurs les adaptent et les convertissent à leur aspiration à l’instar des projets AGR qui, une fois l’agent d’exécution quitte les lieux, sont transformés et convertis en projet personnel en l’occurrence changement de filière, cession de capital et vente d’équipement pour acquisition de matériels différents. En revanche, certains agriculteurs poursuivent le chemin initié avec le tuteur de résilience même après le sevrage. Bref la durabilité des impacts de développement est biaisée par la perception de bien-être des bénéficiaires. Dans ce sens, Lallau (2008) a évoqué le concept de la préférence adaptive et l’aspiration. Quand bien même, ces impacts ne laissent pas indifférents les bénéficiaires de projet sur leur bien-être.

4.3.6 Trajectoire de résilience des exploitations agricoles Etant donné que la capabilité définit la trajectoire d’une exploitation agricole (Provitolo & Antipolis, 2009), la hiérarchisation et la mise en connexion de leurs orientations en chaîne continue aboutit au schéma de la trajectoire de résilience des exploitations agricoles de la figure 49.

150 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants La dite trajectoire de résilience donne une idée de la perspective éventuelle des exploitations agricoles selon l’opportunité qui se présente et la potentialité de ces exploitations.

Figure 47 : Trajectoire de résilience des exploitations agricoles Source : auteur

Cette trajectoire de résilience donne un aperçu de ce que peut être l’évolution positive - éventuellement négative - des bénéficiaires de projets de sécurité alimentaire et de développement après la clôture de ces derniers ; le sens inverse est tout aussi possible. De loin, cette trajectoire insinue la diversité résiliençaire des PPD, elle implique la pertinence d’une intervention spécifiée et calibrée à chaque catégorie d’exploitations agricoles. Elle permet ainsi d’identifier les points d’entrée d’une intervention donnée (Andrianaivoarimanga & al. , 2017a). Dans ce sens, il est capital de tenir en compte que les exploitations, outre la culture vivrière, ont leurs éléments de capabilité de prédilection et de préférence adaptive (Lalau, 2011) qu’est la diversification de revenus pour tisser et tricoter leur résilience (Lecomte, 2005). Cette diversification qui est une signe de prospérité et de lotis selon Ranaivoson (2010) se fait par le biais de l’investissement en matériels mécaniques, de l’élevage bovin, du recours au salariat et au petit commerce ; la diversification d’activités constitue un facteur de résilience important en permettant aux exploitations agricoles de ne pas succomber en dessous du seuil de survie. En effet, les matériels mécaniques tels que motoculteur kubota, charrue et charrette et l’élevage de bovin permet la vente numéraire de service ; de plus l’élevage de bovin permet la production de fumiers de parc dont la valeur

151 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants pécuniaire s’apprécie de plus en plus. Quant au salariat, il peut être journalier, mensuel et artisanal. En somme, l’extension des cultures vivrières, l’initiation aux activités de revenu additionnel, le petit commerce et le salariat constituent les formes de diversification adaptive de revenus que les agriculteurs entreprendraient pour renforcer sa capabilité et tisser sa résilience. Ces choix s’expliquent par la nécessité d’un tampon alimentaire et/ou d’un tampon financier des exploitations agricolepour combler leur gap en autonomie alimentaire et mitiger l’érosion de leur stock en riz (Andrianaivoarimanga & al. , 2016). Ils abandonneraient dans le temps l’intensification agricole et l’investissement immobilier. La spécification et le calibrage des interventions qui se font dans cette optique auraient plus de probabilité de réussite en milieu rural.

L’analyse prospective a démontré que malgré les similarités de la situation des exploitations agricoles à la fin et au lendemain des projets, les exploitations agricoles ont différents niveaux de résistance dans le long terme selon l’approche utilisée par les projets. Ceci amène à dire que le mode d’intervention a un impact notable dans le long terme au niveau des exploitations agricoles malgré les similarités dans le court terme et le moyen terme. De surcroît, le choix d’approche et de mode d’intervention importent pour viser une bonne durabilité des impacts des actions de résilience.

Conclusion partielle Les agriculteurs ont trois priorités de résilience, ce sont l’innovation technique, la sécurité foncière et la sécurité économique. L’innovation technique de l’exploitation est à la base de la sécurité alimentaire paysanne. Les ménages qui arrivent au stade de l’innovation technique de leur exploitation embrassent un bon niveau d’autonomie en riz contrairement à ceux qui sont encore en quête d’une sécurité foncière et une sécurité économique. Cependant, la sécurité foncière et la sécurité économique constituent, pour les agriculteurs, des préalables incontournables à l’innovation technique. Avant de s’aventurer dans les innovations techniques, ils préfèrent dans sa logique assurer leurs sécurités foncière et économique. Accepter ce fonctionnement stratégique paysan constitue le premier défi de tout intervenant voulant engrener les agriculteurs dans un projet de développement agricole quelconque en dépit de la rationalité et la logique de ce dernier.

Les agriculteurs, avec l’accompagnement des projets d’appuis, réalisent des bonnes performances homogènes en matière de sécurité alimentaire. Une fois que le tuteur de résilience quitte les lieux, les bénéficiaires adoptent différents types de stratégie pour entretenir leur résilience. Ce sont la croissance, l’extension, la diversification, la reconversion

152 Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants et la subsistance. Ces stratégies sont dictées et décidées en fonction de la capabilité des exploitations. En retour, elles impactent leur mécanisme de fonctionnement et la condition de vie de l’agriculteur et son ménage.

La conscience et la reconnaissance de cette différenciation résiliençaire paysanne permettent de différencier et de spécifier les interventions pour promouvoir un développement le plus inclusif possible. Cette différenciation résiliençaire dépend aussi en partie de la perception paysanne sur le bien-être humain. A cause de la rareté des ressources, les agriculteurs doivent faire le choix entre leur bien-être alimentaire et leur bien-être psycho- social. La durabilité et l’effectivité des impacts des interventions en dépendent par la suite. Par-dessus tout, les agriculteurs, dans leur logique, ont leur préférence tendancielle en matière de renforcement de capabilité et de tissage de résilience : ce sont les activités permettant des recettes rapides telles que la vente de biens et de service qui constituent le premier choix de ces derniers. A ceci s’ajoute l’extension des cultures vivrières. Cette logique est en aucun cas à ne pas ignorer pour parvenir à une bonne adhésion des agriculteurs dans les projets de développement et de loin à un développement le plus inclusif possible.

153 Discussions générales

V] DISCUSSIONS GENERALES

5 DISCUSSIONS GENERALES

154 Discussions générales Introduction A la lumière des découvertes et des discussions issues des parties précédentes y compris l’etat de l’art, cette partie aborde dans un premier temps des discussions thématiques relatives aux différents concepts ayant trait à la thèse tout en acheminant dans un deuxième temps vers une discussion synthétique des théories de la thèse. Les discussions tourneront autour de la sécurité alimentaire, la vulnérabilité, la capabilité, la résilience et l’acculturation agricole pour aboutir à des concepts d’intervention visant à améliorer l’éfficacité des projets oeuvrant dans le développement agricole et particulièrement dans la sécurité alimentaire das exploitations agricoles.

5.1 Le concept de la sécurité alimentaire Etant un concept d’intérêt général, la sécurité alimentaire nourrit d’intenses discussions et de débats dont la résultante perce de nouvelles réflexions en la matière, entre autres, l’initiative de la communauté internationale sur la réduction de l’insécurité alimentaire, les perspectives de développement, la réduction de la vulnérabilité, la gouvernance, l’alimentation mondiale à travers l’agriculture et le cas de Madagascar en matière de sécurité alimentaire.

5.1.1 Besoin d’alignements de perceptions Décortiquer la sécurité alimentaire en trois dimensions qui sont la disponibilité, l’accès et l’utilisation (FISCR, 2005) permet d’avoir une compréhension approfondie de la situation sur terrain, d’identifier les blocages et les goulets d’étranglement. Ceci permet aussi de bien cibler et spécifier les interventions depuis la conception à l’exécution afin de mâter le fléau de l’insécurité alimentaire. De telle analyse multidimensionnelle est utile pour avoir une compréhension à la fois systémique et élémentaire du concept. Elle offre une meilleure pertinence et une précision au ciblage des interventions sur le plan politique et particulièrement pour la population, la structure institutionnelle, les facteurs de production et les infrastructures. Bref, percevoir la sécurité alimentaire suivant ces trois dimensions permet de mieux intégrer et placer convenablement chacun des intervenants et chacune des interventions dans l’échiquier de la lutte pour réduction de l’insécurité alimentaire.

5.1.1.1 Définition de la sécurité alimentaire En revanche, la définition de la sécurité alimentaire arrêtée par la communauté internationale est émaillée d’un idéal qui ne semble pas à la portée de l’humanité. En effet, le fait de poser comme conditions principales de sécurité alimentaire la satisfaction du besoin

155 Discussions générales diététique à tout moment et la préférence alimentaire suivant les exigences culturelles (PAM, 2005) risque de compromettre l’atteinte de la sécurité alimentaire totale et absolue aspirée à travers la définition elle-même. La sécurité alimentaire ne pourrait être que partielle dans ce domaine de définition étant donné que l’Homme a un panel de préférences et de besoins complexes qui sont aussi bien diversifiés que son effectif. Dans cette optique, la sécurité alimentaire d’un personne donnée ne dépend pas seulement de la disponibilité, de l’accessibilité et de l’utilisation de la nourriture mais aussi et surtout de la préférence individuelle si l’on s’en tient à cette définition. Une personne peut ne pas être totalement satisfaite diététiquement à cause de sa préférence personnelle. Déjà à ce niveau, un alignement de perceptions est nécessaire sur la sécurité alimentaire et la préférence personnelle.

5.1.1.2 Le défi du zéro famine En outre, le défi de la zéro famine et de la réduction de l’insécurité alimentaire requiert un niveau d’harmonisation et d’uniformisation de conviction, de méthodologie et de mécanisme d’interventions de toutes les parties prenantes de tous les niveaux notamment administratifs, institutionnels et géographiques (FAO, 2014b). En effet sur le terrain, des différences d’approches et de perceptions entre les intervenants du domaine de la sécurité alimentaire sont indéniables. La sporadicité et de la ponctualité de certaines interventions ainsi que les dons et les assistanats n’intègrent point la synergie de la réduction de l’insécurité alimentaire ; pourtant, ils peuvent être valorisés dans cette croisade de taille. Autrement dit, la première étape de toute initiative de réduction de l’insécurité alimentaire doit consister à relever le défi d’alignement de perception de toutes les instances politiques, économiques et institutionnelles ainsi que le secteur privé et les individus eux-mêmes. Le concept de la sécurité alimentaire, avec ces trois facteurs – disponibilité – accessibilité – utilisation, est un concept qui impose une compréhension et une vision alignée ainsi qu’une approche holistique de la sécurité alimentaire afin de bien saisir et d’appréhender sa dimension et son contexte sur le terrain. En effet, la sécurité alimentaire est étroitement liée à la personne, à la famille et à la communauté elle-même mais aussi et surtout avec leur cadre de vie en l’occurrence leurs moyens de subsistance, l’environnement, les infrastructures de service, la sécurité, le social, la politique gouvernementale voire la politique internationale (FISCR, 2005). La poursuite des objectifs de la zéro famine et de la réduction de l’insécurité alimentaire serait ainsi aléatoire sans un alignement de perception pour remédier à cette divergence d’intérêts et d’approches.

156 Discussions générales 5.1.1.3 Les indicateurs de mesure de la sécurité alimentaire Dans cette percée, les indicateurs de sécurité alimentaire conçus par les experts ont une dimension pluridimensionnelle (FAO, 2014a) et dont la mise en place nécessite une approche et une appréciation multisectorielle. La définition du concept fait comprendre à quel point la sécurité alimentaire est compliquée voire hors portée pour les pays défavorisés à l’instar des besoins en infrastructures routières qui ont un niveau de dégradation très avancé chez les pays pauvres. Au vu de la situation de leurs infrastructures routières et leur capacité économique, la sécurité alimentaire dont l’un des composantes principales est l’accessibilité est compromise au préalable et mutait en un objectif idyllique. De surcroît, l’isolement et l’enclavement obstruent la réalisation d’une véritable performance agricole et par la suite une conséquence notoire fatale sur la sécurité alimentaire. Cette dernière va de pair avec la durabilité des exploitations agricoles sinon ce serait une sécurité alimentaire fragile dans le temps. La sécurité alimentaire, dans ce contexte, ne serait jamais effective avec la seule intervention de projets de développement agricole. Elle nécessite une approche holistique et une vision systémique pour couvrir et influencer l’intégralité des facteurs externes à la production agricole et qui interagissent avec les trois dimensions du concept. Ceci pour dire qu’un alignement de perceptions est nécessaire entre les décideurs, les gouvernants et les concepteurs de projets afin de donner plus de pertinences, de force de convergence et de synergie aux actions de résilience réalisées sur le terrain. Faut-il que les parties prenantes parviennent à définir de concert un objectif commun de capabilisation de la communauté et des exploitations agricoles à travers des investissements structurants et des transferts de capabilité pour que ces dernières puissent quitter la situation de vulnérabilité et s’arrimer à une trajectoire de résilience.

Pour la population locale, la sécurité alimentaire est le fait d’avoir le ventre rassasié en aliment de base (PAM, 2014). A l’instar des ouvriers malagasy qui demandent à leur patron de ne leur donner principalement que du riz en montagne russe et ça leur suffirait pour se considérer en satisfaction et suffisance alimentaire. La vision du concept est tout à fait différente en haut lieu. Autrement dit, une différence plus qu’apparente de la perception sur la sécurité alimentaire est flagrante entre le local et le conceptuel. Il en résulte une incompréhension mutuelle entre les deux sphères ; celle-ci engendre à coup sûr un manque de pertinence des interventions aux yeux de la population locale et une incompréhension du comportement de cette dernière pour l’instance décisionnelle. Cette situation est à l’origine du manque à la fois d’adhésion communautaire et de pérennité des réalisations des projets mais aussi et surtout d’un faible ancrage des institutions et des agences de développement. Cette

157 Discussions générales divergence manifeste peut se pallier par l’alignement de perception entre la communauté de base et l’instance décisionnelle d’en haut. Elle fait surtout appel à une humilité de la part de cette dernière pour intégrer une approche qui considère et acculture la perception locale sur la stratégie de sécurité alimentaire.

5.1.1.4 La considération de la dimension humaine Il a été montré aussi le rôle capital de la conjoncture du pays dans la sécurité alimentaire des ménages (ibid., PAM.). Les crises et troubles socio-politiques entraînent des marasmes fatals à la sécurité alimentaire des ménages dont l’impact se diffère en fonction de leur catégorie des exploitations agricoles. Mais considérer le problème de l’insécurité alimentaire comme le résultat arithmétique d’une série de problèmes politico-techniques et sociaux (ibid., PAM) induirait à une erreur d’appréciation et d’analyse. Il est indéniable que la production agricole est faible à cause des problèmes techniques, politiques, économiques et conjoncturels qui pourraient être résolus rationnellement. Quand bien même, il ne faut pas oublier le facteur humain. C’est l’Homme qui subit les chocs et les cataclysmes naturels, les crises et les fléaux sociaux. C’est l’Homme qui ne mange pas à sa faim. C’est cet Homme traumatisé et victime de toutes sortes de chocs qui est l’acteur principal d’office et incontournable dans l’instauration de la sécurité alimentaire. C’est lui qui connaît au mieux son problème et l’issu qui leur convient. Le fait de manquer ou d’omettre cette dimension humaine dans l’analyse de la sécurité alimentaire handicaperait à coup sûr les réflexions et les résolutions dans un premier temps et les décisions politiques et les stratégies d’approches dans un second temps. Ceci explique l’échec de bon nombre de projets de sécurité alimentaire et humanitaires.

Bref, la divergence de perceptions sur la sécurité alimentaire à tous les niveaux fait appel à un alignement de perceptions de toutes les parties prenantes du domaine en question afin de générer et promouvoir une meilleure synergie d’interventions en faveur de l’instauration d’une sécurité alimentaire durable et inclusive.

5.1.2 Sécurité alimentaire et élargissement de la politique agricole La planète terre dispose les atouts et les potentialités nécessaires pour nourrir sa population. Par contre, si le secteur agricole parvient à produire des aliments satisfaisant la population mondiale, répartir les aliments équitablement à toutes les populations mondiales pour une sécurité alimentaire effective est un défi pluridimensionnel complexe (Drogué & al., 2006). Primo, il faut une volonté politique ferme pour mettre en place les dispositions qui s’en imposent et pour vaincre les divergences d’opinions. De surcroît, des défis logistiques et des

158 Discussions générales défis économiques sont à relever pour répartir les aliments et réduire les gaspillages alimentaires afin de pouvoir nourrir les affamés et les pauvres qui ne pourront rien donner en contre partie pour rembourser les coûts de productions et les coûts d’opérations depuis la ferme, le transport jusqu’aux consommateurs/bénéficiaires. Les populations aisées et les producteurs accepteront-ils de céder leurs produits agricoles sans percevoir les bénéfices escomptés et qui dans ce sens prendra en charge la subvention ? Ceci ouvre la réflexion au perfectionnement du mécanisme de la sécurisation alimentaire en vigueur voire pencher à un autre modèle qui pourrait accompagner l’éventualité de la répartition équitable des aliments dans le globe pour une réelle sécurité alimentaire de la planète terre selon la définition de la FAO qu’est l’organisme de tutelle en matière de sécurité alimentaire. Dans ce sens, les points suivants sont mis en exergue : - la reconnaissance du rôle de l’agriculture dans la sécurité alimentaire à travers la production, la génération de revenu en collaboration avec la recherche pour faire plus ; - l’importance de la considération de la diversification des produits agricoles pour une meilleure alimentation ; - l’importance de la politique agricole intégrée à la sécurité alimentaire ; - l’importance de l’information des décideurs politiques pour une bonne gouvernance en matière d’alimentation et sécurité alimentaire ; - l’importance de la recherche pour améliorer la productivité et l’alimentation et pour augmenter le revenu agricole qui importe sur la macroéconomie.

Pour le secteur primaire, la politique agricole joue un rôle primordial dans l’amélioration de la nutrition et de la sécurité alimentaire des ménages (EPP PADR, 2005). Elle a un rôle connecteur dans la mesure où elle dicte l’attribution de tous les acteurs de la sécurité alimentaire à commencer par les agriculteurs, la recherche mais aussi et surtout les dirigeants et les décideurs ainsi que les bailleurs de fonds et les organismes de développement. Etant élargie dans ce sens, la politique agricole peut assurer la mise en place d’une coordination multisectorielle et intégrer dans ses composantes la sécurité alimentaire au lieu de se borner et se cantonner sur le domaine de la production agricole.

Le grand défi, surtout pour les pays proies de l’insécurité alimentaire, est l’élaboration d’une politique agricole cohérente et pertinente. Déjà son contenu est complexe, pis encore son processus d’élaboration est un exercice fatidique pour ces pays sans parler de son exécution éventuelle étant donné le désarroi de la machine administrative, à l’instar de

159 Discussions générales Madagascar qui est un pays à vocation agricole mais qui n’a jamais eu sa propre politique agricole. Cette absence de politique agricole explique les inefficacités des projets et des interventions en matière de sécurité alimentaire. Chaque entité et intervenant font ce qui lui semble bon et dans ce contexte la coordination multisectorielle est une utopie. Ce qui met ainsi la sécurité alimentaire de plus en plus hors portée. Ce défi de disposer une politique agricole cohérente et pertinente est à relever ; il requiert non seulement une volonté politique de la part des dirigeants mais aussi et surtout un engagement et une détermination ferme de toutes les parties prenantes à la sécurité alimentaire. Ces dernières ne peuvent pas rester les bras croisés si elles veulent être fidèles à leur raison d’être et à leur mission.

5.1.3 Sécurité alimentaire et changement climatique Le changement climatique est une réalité que les exploitations agricoles doivent faire face (FAO Madagascar, 2012). Les effets négatifs du changement climatique sur l’agriculture notamment sur le rendement sont constatés par les agriculteurs eux-mêmes. Ce phénomène a une forte capacité de nuire à la sécurité alimentaire. La proactivité paysanne joue un rôle prépondérant pour anticiper et déjouer en avance la dégradation de leur système alimentaire. Ceci explique à quel point sont pertinents le besoin et la nécessité de sensibiliser et informer les agriculteurs sur le sujet. Les effets du changement climatique se font sentir de plus en plus dans l’exploitation familiale. Il est primordial de munir les agriculteurs des moyens nécessaires pour pouvoir s’y adapter convenablement et préserver leurs acquis. Tout retard dans la mise en place des mesures de mitigation du changement climatique serait fatal, pas seulement pour la production agricole et les ménages mais aussi et surtout pour la sécurité alimentaire et l’économie. Les agriculteurs, les décideurs politiques et les dirigeants seraient pris de court par les effets du changement climatique si des actions proactives et anticipatives ne soient pas entreprises dès lors.

Les résultats des recherches ainsi que les innovations sont certes nécessaires au renforcement de la résilience des exploitations agricoles face au changement climatique (ibid. ). Quand même, la valorisation de la connaissance et de la capacité locale relative aux services de l’écosystème, la génétique et la gestion de la production sont des éléments à considérer et à intégrer pour promouvoir l’agriculture intelligente. Imposer des solutions généralisantes reproduirait les erreurs du passé. Les résultats de la recherche paysanne, par la valorisation de la capacité locale, sont en effet mieux adoptés par les agriculteurs. C’est la logique de l’appropriation participative à l’opposé du top down et de l’imposition des connaissances externes au milieu paysan. Les résultats de la recherche paysanne se heurtent au problème de reconnaissance institutionnelle voire financière. De son côté la recherche

160 Discussions générales formelle, au fil du temps, a fait preuve de son incapacité à faire adopter ses résultats aussi probants soient-ils par les agriculteurs qui devraient-être les utilisateurs principaux. D’où l’importance de la combinaison de la recherche et de la capacité locale à travers l’appropriation participative.

Parvenir à un tandem solide entre la recherche et le milieu paysan demande un effort respectif entre les deux parties pour forger un triangle de résilience (Lecomte, 2005) au profit de l’amélioration de la sécurité alimentaire des agriculteurs : la recherche aura besoin de beaucoup d’humilité pour admettre que, tout comme elle, les agriculteurs possèdent aussi des capacités pouvant contribuer à l’avancement de la recherche. En contrepartie, les agriculteurs doivent faire confiance à la recherche malgré les erreurs et les mésententes du passé. Une entente et une compréhension mutuelle conjuguées avec le partage d’une même vision sur l’agriculture durable forgeraient progressivement ce tandem. Le partenariat Recherche- Paysan est une lame à double tranchante en termes de résultats. En effet, la reconnaissance des résultats par les partenaires financiers et techniques, en l’occurrence les donneurs est plus facile étant donné la caution par l’organisme de recherche. En revanche, la dissémination, la vulgarisation ainsi que l’adoption des résultats de la recherche seraient plus fluides et plus intenses en recourant à la communication paysan-paysan et ses réseaux sociaux.

5.1.4 Gouvernance de la sécurité alimentaire L’efficacité des approches, des politiques et des décisions relatives au développement agricole, à la réduction de la pauvreté et l’émergence de la sécurité alimentaire est fondamentale pour amorcer le développement des exploitations familiales. Les aides alimentaires ont une portée à court terme et ponctuel (FISCR, 2005) ; elles ne peuvent pas occasionner un développement agricole durable sans aller de pair avec l’investissement. Or c’est ce développement durable qui engendre la sécurité alimentaire. Il est prouvé que les projets de développement et les subventions font monter la production agricole et contribuent indéniablement à la sécurisation alimentaire des ménages (ADRA, 2008). Par contre, leurs résultats et leurs réalisations ne sont point pérennes. Les étapes franchies et les résultats de telles interventions se volatilisent à l’échéance. Ceci implique la reconsidération du concept des projets humanitaires qui doivent en effet apporter des aides alimentaires pour subvenir aux besoins immédiats de la population. Mais de surcroît, ces projets doivent comporter des investissements agricoles conséquents pour permettre aux nécessiteux de sortir progressivement de l’assistanat et prendre une trajectoire de résilience. Dans ce sens, l’assistance alimentaire et le développement agricole doivent commencer en même temps mais de façon inversement proportionnelle. L’aide alimentaire débute en volume et évolue

161 Discussions générales dans le temps de façon décroissante tandis que le développement agricole est initié de façon progressive. Cette approche de continuum de développement permet d’assurer au mieux la sécurité alimentaire et la réduction effective de la pauvreté.

Sur le terrain, il y a deux types d’intervention : les aides alimentaires et les interventions visant l’amélioration des moyens de subsistance de la communauté vulnérable. Le fait de les séparer porte ainsi préjudice à l’efficacité des projets de développement. Les aides alimentaires sont certes nécessaires pour satisfaire les besoins quotidiens ; mais sans les interventions sur les moyens de subsistance, la culture d’assistant prend le dessus dans la communauté. Ce qui compromet ainsi le processus de développement durable et la pérennisation des résultats. En revanche, l’initiative de développement des moyens de subsistance risque de se heurter à l’indifférence de la communauté si cette dernière n’a pas une solution à ses besoins immédiats. Marier aides alimentaires et développement des moyens de subsistance est l’approche appropriée et pertinente pour amorcer et promouvoir une sécurité alimentaire durable et pérenne. Il appartient aux concepteurs et aux décideurs de doser la proportionnalité des deux catégories d’intervention mais l’idéal est de les mener en parallèle de façon inverse (figure 50).

Figure 48 : Intervention simultannée en continuum de développement

La notion de régularité et de stabilité tient une place importante dans la pérennisation de la sécurité alimentaire (CIRAD, 2014a). Les projets humanitaires et les interventions sur

162 Discussions générales terrain sont appelés à pencher sur ces aspects s’ils veulent amorcer et promouvoir la durabilité et la pérennisation de ses réalisations au sein de la communauté. C’est un défi qui a fait trébucher et succomber un bon nombre de projets de développement quand on constate que les impacts se volatilisent dès que les interventions sont à terme. Relever ce défi n’implique pas seulement les organismes de développement et leur staff mais aussi et surtout les décideurs politiques qui ont l’attribution d’instaurer un cadre favorable à la régularité et à la stabilité de la production, de l’approvisionnement, de l’échange, des prix ; c’est en bref une approche systémique et holistique au niveau national voir international.

Le fait d’impliquer la femme dans la prise de décision du ménage (FAO Africa, 2012) apporte une dimension supplémentaire qui élargit l’horizon, approfondit les analyses et augmente l’engagement de cette dernière sur tous les plans depuis la conception et la planification en passant par la concrétisation et la réalisation jusqu’à la récolte des résultats. Ceci explique pourquoi l’amélioration de la sécurité alimentaire des ménages a une corrélation indéniable avec l’implication de la femme dans la prise de décision au niveau du ménage. La décision ainsi prise est plus holistique et plus pertinente. De même, la réalisation est soutenue par une motivation supplémentaire.

5.1.5 Le cas de Madagascar La quasi-totalité des rapports officiels montrent à quel point la pauvreté à Madagascar est-elle endémique. Le secteur agricole qui devrait être le pilier de la sécurité alimentaire est sous l’emprise d’une multitude de contraintes et de fléaux tantôt structurels tantôt conjoncturels. Résoudre le problème de l’insécurité alimentaire à Madagascar revient en grande partie à mâter de l’amont en aval et dans sa totalité les problèmes des exploitations agricoles, en particulier ceux des exploitations familiales.

5.1.5.1 Guérir ou prémunir A cause de son positionnement géographique, Madagascar constitue la cible de prédilection des cyclones qui ne font que ravager et terrasser tout ce qui se trouve dans leur passage (FAO Madagascar, 2012). Chercher à les éviter est une peine perdue d’avance. Des mesures humanitaires d’urgence post-cycloniques ont été toujours prises après le passage des météores. De même pour les autres fléaux tels que les invasions acridiennes, les mesures prises sont quasi-réactives afin d’atténuer les impacts et les effets négatifs des calamités. Ces approches réactives entretiennent et donnent place à un cercle vicieux. Les approches réactives, éternisent le dualisme catastrophe- aide d’urgence. Les interventions ainsi faites ne font au maximum que ramener les victimes et les rescapés au niveau zéro en termes de moyen

163 Discussions générales de subsistance et de sécurité alimentaire. Continuer ainsi ne permet pas d’enclencher la vitesse supérieure en matière de sécurité alimentaire et de développement agricole.

Etant donné que l’on ne peut pas éviter les catastrophes naturelles, en l’occurrence les cyclones, faut-il préconiser des mesures et des mécanismes proactifs et anticipatifs qui puissent donner suffisamment au secteur agricole une capacité d’absorption et de résistance face aux effets de fléaux. Les interventions feraient mieux de prémunir le secteur agricole d’une forte résilience lui permettant de se relever et de maintenir sa trajectoire de résilience malgré le choc. Ceci demande l’implication, non seulement des agriculteurs mais aussi et surtout une décision politique favorable au renforcement ex ante de la capabilité de l’agriculture et des agriculteurs (Lalau, 2008) en agissant en amont du secteur entre autres les infrastructures agricoles, l’approvisionnement et en aval sur la commercialisation. Faut-il que les agriculteurs disposent des réserves sécuritaires suffisantes pour prévenir et se prémunir contre des chocs éventuels. Toute intervention et toute décision politique doivent converger dans ce sens pour avoir un secteur agricole ayant une forte capacité de résistance voire une résilience suffisante pour faire face aux calamités conjoncturelles chroniques. Par conséquent, il pourrait assumer son rôle dans la sécurité alimentaire de la Grande Ile dont la population est majoritairement rurale (FIDA, 2014). Bref, adopter plutôt une approche de résilience proactive pour traiter le problème d’insécurité alimentaire conjoncturelle au lieu de réagir par l’approche de vulnérabilité serait plus judicieux pour pallier le problème de vulnérabilité chronique causée par les cataclysmes naturels.

5.1.5.2 Repenser le concept de la sécurité alimentaire En fin de compte, la sécurité alimentaire va de pair avec la question de disponibilité, d’accessibilité et d’utilisation des aliments qui sont les trois piliers de la sécurité alimentaire selon le concept en vigueur (PAM, 2005). Le risque et la stabilité sont quand même des facteurs à prendre en compte pour assurer une sécurité alimentaire durable. Nombreux sont les déterminants qui influent la sécurité alimentaire, entre autres la production agricole, le changement, la démographie, la macroéconomie et les contextes conjoncturels et structurels. La sécurisation alimentaire est un problème mondial qui implique toutes les instances institutionnelles. Etant donné que l’objectif du millénaire relatif à la sécurité alimentaire n’était pas atteint, faut-il aligner la perception et repenser au modèle de la sécurité alimentaire à mettre en place dans le Monde pour pouvoir relever efficacement les multiples défis qui s’imposent à l’humanité, notamment trouver les voies et moyens pour nourrir la population, satisfaire les besoins futurs et conserver les ressources et l’environnement pour les générations futures. Les pistes de solution avancées dans ce sens sont l’investissement sur

164 Discussions générales l’agriculture, la recherche et la valorisation de la capacité locale, l’éducation (Ramananarivo, 2004), l’approche genre (Galiè & al. , 2015), l’agriculture intelligente au changement climatique, la réduction des gaspillages et la répartition équitable des aliments, la bonne gouvernance (FAO, 2014a). Repenser la sécurité alimentaire doit passer en premier lieu par la reconsidération de la définition et des indicateurs, des parties prenantes et leurs engagements respectifs tout en reconnaissant que l’Agriculture reste le fournisseur principal de nourriture de la génération actuelle et les futures générations (Drogué & al. , 2006).

5.2 Vulnérabilité – Résilience – Capabilité Le tandem Vulnérabilité – Résilience – Capabilité est un concept émergent et évolutif ; son application dans le domaine du développement pousse davantage les réflexions des uns et des autres. Tenant compte de la ligne directrice de cette thèse, les points relatifs au développement ci-après ont été développés.

5.2.1 Tourbillon de la vulnérabilité et tourbillon de la résilience La notion d’effet domino de la vulnérabilité (Bellier & al. , 2004) est une notion qui permet de mieux appréhender la réalité, le phénomène de paupérisation et l’émancipation. Une intervention donnée engendre une conséquence positive qui à son tour joue le précurseur d’un changement résilient et ainsi de suite. En d’autres termes, ceci est positif en matière de développement quand l’atteinte d’un jalon fait entamer une autre étape de développement. C’est le cas de l’installation d’une entreprise minière dans une ville et qui par la suite génère un bon nombre d’opportunités d’affaires pour les opérateurs et les producteurs agricoles. Quand ces derniers saisissent ces opportunités, ils en tirent profit tout en créant des emplois pour les chômeurs qui deviendront à leur tour moins vulnérables du moins sur le plan financier. C’est un cas de transfert de capabilité par excellence où la résilience fonctionne en boule de neige tourbillonnaire entraînant petit à petit les autres dans son mouvement.

En revanche, les gens vulnérables ont toujours tendance à chercher des secours auprès de leurs voisins et leurs connaissances qu’ils considèrent plus aisés i.e. moins vulnérables et plus résilients. Ils empruntent et demandent de l’aide sinon les forcent au nom du lien social. Ces voisins résilients ont souvent du mal à refuser et cèdent à la pression ; ce qui n’est pas mauvais en soi sauf que c’est une forme de décapitalisation pour le prêteur. Dans le contexte de la pauvreté, ces prêts sont rarement remboursés et la décapitalisation devient effective et réduit ainsi la capacité de celui qui a prêté, autrement dit, un appauvrissement et une « vulnérabilisation » par effet d’entraînement. Le même cas se rencontre aussi dans la vie associative où l’on reçoit des subventions et les membres apportent en contre partie des

165 Discussions générales apports bénéficiaires. Le projet associatif ainsi réalisé est mené de façon communautaire qui dans la plupart des cas sont voués à l’échec à cause du manque d’engagement de la majorité de membres qui se disent trop pauvres et trop occupés pour honorer leurs engagements et mener à bien les projets. D’où une décapitalisation et une « vulnérabilisation » des membres à cause de la vulnérabilité d’autrui. Dans ce contexte, les gens vulnérables sont pris par la trappe de la pauvreté et leur liberté d’agir i.e. leur capabilité est limitée. Pis encore, ils entraînent avec eux ceux qui sont moins vulnérables. C’est le mécanisme du tourbillon de la pauvreté qui a une force d’entraînement et engloutirait pas seulement les vulnérables mais aussi et surtout ceux qui veulent les repêcher i.e. les résilients. En une phrase, la vulnérabilité et la résilience ont chacune une force d’entraînement aussi bien qu’un tourbillon en a pour entraîner non seulement le sujet le sujet concerné mais aussi et surtout ses entourages.

Dans la même foulée, considérer la résilience individuelle comme base de résilience communautaire et du développement durable (Lalau, 2011) s’avère logique dans le sens où l’on considère l’effet d’agrégats. Une interaction effective existe en effet entre ces deux pôles. A l’instar de l’effet d’agrégat des petites exploitations à l’échelle régionale et nationale, aussi nombreuses qu’importantes, leur nombre est indéniable. Ceci peut être positif que négatif pour la sécurité alimentaire, la macroéconomie. Plus les exploitations agricoles enregistrent un succès, plus la sécurité alimentaire de la zone voire du pays est confortée. L’inverse est tout aussi vrai.

5.2.2 Interaction entre Vulnérabilité et Résilience La théorie du cercle vicieux de la pauvreté qui est régie par la séquence conceptuelle Risque – Capabilité – Vulnérabilité (Lalau, 2008) trouve bien sa pertinence pour expliquer comment les personnes vulnérables sont prises progressivement dans la trappe de la pauvreté de façon irréversible en évitant de prendre de nouveau risque. En effet, la logique de la séquence conceptuelle Risque – Capabilité – Vulnérabilité explique la logique paysanne dans le choix d’adopter ou non les innovations. Ce concept permet une réflexion plus approfondie dans la conception des projets d’innovation et de développement et permet de ne plus reproduire les erreurs d’antan de la vulgarisation. Elle permet d’avoir une compréhension du mode de décision des agriculteurs dans son contexte de vulnérabilité où le magico-religieux joue un rôle indéniable étant donné que ce dernier constitue un des derniers remparts des agriculteurs conscients de sa vulnérabilité.

166 Discussions générales 5.2.2.1 L’importance de la dimension magico-religieux La dimension magico-religieux (ibid., Lallau) à part son rôle dans la stratégie de gestion de risque, peut être utilisée pour renforcer l’assurance des agriculteurs à prendre le risque d’innover, d’adopter une certaine flexibilité et de rompre avec le statu quo pour amorcer une réorganisation, une exploitation, une conservation et un dégagement selon le cycle de Panarchie. Autrement dit, partir de la stratégie défensive vers une stratégie offensive moyennant du magico-religieux qui, au lieu d’être utilisé seulement pour se prémunir, servira à donner de la confiance voire de l’assurance aux agriculteurs vulnérables et les propulsant ainsi comme étant pionnier de l’innovation. Certes, des facteurs externes peuvent causer la vulnérabilité d’un individu ou d’un groupe social car à cause d’une situation qui ne dépend pas de soi, on peut être vulnérable. Quand bien même, force est de constater que la vulnérabilité peut venir du choix même de l’individu ou du groupe social lui-même. En effet, dans toute sa liberté, une personne peut choisir d’étudier ou non, de rester propre ou non, de produire suffisamment pour sa sécurité alimentaire ou non, de s’adapter ou non à la situation et ainsi de suite. Le choix conduit le sujet à une situation qui puisse être meilleure ou pire, le rendant ainsi moins vulnérable ou plus vulnérable selon le cas. Et cette liberté, liberté de choisir et d’agir ou bien « agencéité » selon le terme de Lallau (ibid.) peut servir pour mâter cette vulnérabilité liée aux facteurs externes. A l’instar de la population qui est vulnérable à cause de la situation géographique de leur village. Une fois qu’elle choisisse de vivre dans un autre village, la vulnérabilité s’estompe. Il suffit que la population en ait la capacité d’être et d’agir et que les obstacles soient pulvérisés. Ces obstacles sont d’ordre psychologique, administratif, économique ou social. Les interventions doivent converger dans ce sens au lieu de traiter la vulnérabilité ou la résilience qui ne sont que des fruits externes de leur choix.

5.2.2.2 La prédisposition à la vulnérabilité Par ailleurs, la notion de prédisposition à la vulnérabilité (Bellier et al., 2004) se manifeste dans la réalité par la résignation à la pauvreté pour certaines personnes et l’esprit d’assistanat pour d’autres. Dans ce cas, les sujets vulnérables prennent en connaissance de cause des décisions et des choix délibérés et contraires à ce que l’on attend. Dans cette situation, le concept de tuteur de résilience trouve bien son application : les agriculteurs vulnérables qui sont pris dans la trappe de pauvreté évoluent dans un cadre restructurant muni de lien social sous l’égide d’un tuteur de résilience pour tisser avec eux un lien empathique. Le tandem Comportement-Innovation (Lalau, 2008) donne un impact à plus large spectre dans la transformation vers la durabilité et supporte l’individu et la communauté à maintenir sa trajectoire de résilience. La gestion du changement et la théorie de la résilience sont en effet

167 Discussions générales complémentaires pour comprendre et gérer la pérennisation du développement et maintenir ainsi la trajectoire de durabilité et la progression dans la mise en échelle.

La vulnérabilité et la résilience ont une interaction et une relation de cause à effet réciproque (ibid. ). La conscience de la vulnérabilité peut pousser un individu ou une communauté donnée à déployer des efforts et prendre des mesures pour s’adapter à la situation et se transformer afin d’arriver à un équilibre plus viable, plus acceptable et une situation meilleure. La tâche du tuteur de résilience, en l’occurrence les agents de développement, dans ce cas, revient à conscientiser les sujets. Un projet de développement socialement durable pour une communauté donnée peut être réfuté par certains membres de cette communauté si leurs aspirations ne sont pas répondues. Ce qui revient à dire que tous les membres de la communauté ne sont pas et ne peuvent pas être considérés dans un même niveau de développement. A l’instar de la typologie des exploitations agricoles qui permet de stratifier (Ramananarivo S. , 2004) et d’apporter des interventions ciblées, spécifiées et adaptées donnant ainsi plus d’efficacité et d’efficience aux projets de développement puis de la pertinence aux décisions des bailleurs de fonds et des décideurs politiques particulièrement en matière d’adoption des innovations. Le concept de la résistance renforce cette notion de différenciation. Ce concept incite à ne pas mettre tous les cibles dans le même sac mais de différencier les approches et les interventions en matière de développement afin d’arrimer les cibles à une trajectoire de la résilience appropriée. En effet, les contextes des vulnérables, des résistants et des résilients sont différents et nécessitent un mode d’intervention et des cheminements différentes pour un même objectif qu’est de les aider à prendre une bonne trajectoire de résilience. Chaque sujet adopte des stratégies, défensives ou productives, en fonction de sa situation. Ainsi toute intervention doit en prendre compte dans tous les niveaux i.e. depuis la décision stratégique d’un projet en passant par sa conception jusqu’à son exécution.

5.2.2.3 Le piège de la bonne résilience Une bonne résilience peut piéger et engendrer une vulnérabilité car l’autosatisfaction fait perdre la vigilance et la capacité d’identifier une perturbation ou un risque donné. Pis encore, cette autosatisfaction pousse au refus des innovations visant l’amélioration de la trajectoire de résilience. Ce continuum vulnérabilité-résiliençaire est tout aussi vrai dans le cas contraire où la vulnérabilité dans une situation donnée peut négativement entretenir une rigidité et une baisse de la résilience si le sujet accepte et se résigne à sa situation. Le continuum vulnérabilité-résiliençaire prône une relation de cause à effet réciproque et cyclique qui peut être aussi bien négative que positive. De surcroît, le principe de la protection

168 Discussions générales des progrès acquis et réalisés est sine qua non pour ne pas recommencer toujours à zéro les efforts de développement après chaque fin de projet. En effet sur le terrain, on observe un retour à la case départ du niveau de vie des bénéficiaires de projets de développement quelque temps après sa clôture ; allusion faite à un slalom de développement où l’on revient au point d’arrivée après un itinéraire truffé de défis d’innovations. Et le nouveau projet qui arrive après est contraint de commencer sur la même base que son projet prédécesseur pour fonder le triangle de la résilience tel que Lecomte (2005) avance.

5.2.3 Appréhension holistique de l’enjeu de développement Le fait de mettre en évidence les composantes respectives de la vulnérabilité et de la résilience permettrait de mener des analyses plus approfondies d’une situation donnée et de mettre en exergue leurs évolutions respectives (Bellier & al. , 2004). Ainsi, étudier la vulnérabilité d’un système c’est étudier son exposition, sa résistance et sa sensibilité à un aléa donné tandis qu’apprécier la résilience d’un système est synonyme d’évaluer sa capacité de s’adapter, d’apprendre, de se réorganiser et de se transformer. Le niveau de ces analyses permet de décortiquer et de disséquer en détail la vulnérabilité dans son intégralité pour avoir une bonne compréhension de la cause de la vulnérabilité en question et de bien déterminer la principale cible, les impacts ainsi que les événements initiateurs et renforçateurs du danger. Le fait de distinguer la vulnérabilité conjoncturelle de la vulnérabilité structurelle permet d’adapter au mieux et de spécifier les politiques de développement et les interventions sur terrain. Avec cette approche, on pourra bien cibler l’intervention à mener pour réduire la vulnérabilité d’un sujet donné et augmenter sa capacité de résistance et sa résilience. Ceci permet d’avoir une analyse multidimensionnelle et holistique qui ne serait que bénéfique et instructive pour les décideurs et les organismes de développement ainsi que les bailleurs de fonds. Dans cette optique, supporter un sujet revient à renforcer ses capacités d’anticipation et d’adaptation, transformer ses potentialités et ses opportunités en fonctionnalité lui conférant une liberté d’agir. Ce sont des actions que l’on peut commencer simultanément pour réduire la vulnérabilité et augmenter la résilience en même temps. Dans le domaine de la sécurité alimentaire, la diversité des paramètres de calcul et d’évaluation de la vulnérabilité alimentaire permet en effet de bien apprécier la vulnérabilité alimentaire des ménages tout en maintenant une analyse dynamique et évolutive de la situation.

169 Discussions générales 5.2.4 Dualité entre Assistance et Auto-reconstitution

5.2.4.1 La résilience assistée Les projets de développement et les agences d’exécution, sous la pression de la poursuite des objectifs, sont tentés de gâter les agriculteurs pour voir se produire facilement et rapidement les résultats attendus ; des résultats qui ne seraient jamais pérennes dans cette démarche. Cette approche trahit le manque de la composante « loi » au profit du « lien » (Lecomte, 2005) et débouche à une trajectoire de résilience à vitesse forcée et furtive. En outre, il y a aussi les projets de développement qui, par soucis de réussir, posent beaucoup trop de conditions dans leur intervention. Des conditions que les bénéficiaires n’arrivent pas à respecter, à l’instar des apports bénéficiaires. Et le projet est voué à l’échec par le manque d’adhésion car la composante « loi » l’emporte sur le « lien ».

Dans les deux cas, l’équilibre « loi-lien » n’est pas trouvé ; la cohérence éducative n’est pas effective et il n’est pas ainsi surprenant si les bénéficiaires cibles n’ont ni trouvé ni saisi le vrai sens du projet. Ils n’ont pas pris une vraie trajectoire de résilience et sont restés dans le cercle vicieux de la pauvreté malgré les résultats positifs apparents des indicateurs de projets. C’est surtout une résilience furtive qui est temporaire et conditionnée par la présence du tuteur de résilience en l’occurrence les projets de développement. Ce type de résilience s’estompe en même temps que les interventions des projets cessent. C’est le piège de la résilience vulnérable et l’acculturation réversible ; parvenir à trouver l’équilibre entre Loi et Lien est un défi de taille que les agents et les organismes de développement doivent relever pour embrasser des réalisations pérennes.

5.2.4.2 La résilience auto-construite Dans cette optique, la notion de l’auto-reconstitution (Provitolo & Antipolis, 2009) est tellement pertinente qu’elle met en relief la limite de la théorie du tuteur de résilience. En effet, la théorie du tuteur de résilience insiste sur l’importance voire la nécessité d’une assistance externe (Lecomte , op.cit. ) pour sortir les agriculteurs de la trappe de la pauvreté. De surcroît que faire donc des agriculteurs vulnérables qui ne pourront pas espérer une aide publique pour casser la trappe de la pauvreté. Sont-ils donc condamnés à être pauvres jusqu’à la fin. Ceci doit alimenter la réflexion dans le domaine du développement. Il y a des cas où un individu, un groupe, une communauté voire une structure peuvent s’en sortir sans un appui exogène. Tant que le réalisme de l’espérance (Lalau, 2011) y est encore, on peut toujours mobiliser ses forces internes, chercher les moyens d’avancer et de sortir du bassin de la vulnérabilité. C’est le cas de la population abandonnée ou oubliée par la communauté

170 Discussions générales internationale et qui a pu se redresser en attendant le retour conditionné de cette dernière. De même pour les agriculteurs qui s’échangent de semences pour faire face à la dégénérescence semencière et améliorer leur productivité.

5.2.4.3 La résilience de l’agriculture familiale L’agriculture familiale, autrement dit la petite exploitation agricole est décrite comme une entreprise qui ne peut pas s’améliorer sans l’aide externe et l’appui conjoncturel. Elle est souvent ironisée par sa dépendance (FIDA, 2014). Adopter une approche alternative en considérant plutôt les points forts des petites exploitations agricoles comme base de départ ou de levier de leur développement serait un issu intéressant. Dans ce sens, le fait de partir de ce qui existe à l’intérieur des petites exploitations et de valoriser la capacité interne et la capacité locale et ne pas attendre et dépendre de l’extérieur serait une approche alternative qui ferait, peut-être, avancer moins vite, mais sûrement en termes de durabilité. Les autres mesures externes telles que les décisions politiques favorables, la subvention et la promotion agiraient en catalyseur si elles sont effectives. L’approche qui valorise la capacité locale trouve sa force par l’utilisation du moyen de bord. De ce fait, elle donne une facilité d’adoption pour les petites exploitations et assure plus de durabilité en évitant le moins possible la dépendance et l’assistance. Le fait d’insister sur la nécessité d’un tuteur de résilience fait naître une nouvelle vulnérabilité chronique qu’est l’esprit d’assistanat et de dépendance. C’est le cas des bénéficiaires de projets qui, une fois que les projets sont à terme, retrouvent leur case départ. Sous un autre angle, le lien social entre le tuteur de résilience et le sujet doit fonctionner avec un engagement des deux côtés, i.e. de la part du tuteur de résilience et du sujet. L’efficacité du premier dépend de la détermination, de la motivation et de l’engagement effectif du second et l’inverse est aussi vrai. L’appui externe n’est pas forcément une condition sine qua non pour le développement mais il peut être un intensificateur résiliant dans le processus de transformation. C’est d’ailleurs ce que le cycle de Panarchie soutient dans sa démonstration sur l’auto-reconstruction du modèle adaptif multi-scalaire (Appartenance Liens vivants, 2014).

La notion de la nuance entre la résistance et la résilience (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014) permet bien de prévoir et de comprendre la tendance des ménages après un choc. Ils sont dans la zone de résistance et ils luttent pour ne pas descendre au-dessous du seuil de déchéance et tomber ainsi dans l’emprise du cercle vicieux de la pauvreté. Les ménages qui se trouvent dans cette zone de résistance sont animés par le réalisme de l’espérance qui peut les propulser à nouveau vers la trajectoire de la résilience par le biais d’un coup de pousse extra.

171 Discussions générales Dans ce sens, la résistance est une étape préliminaire de la résilience (figure 51).

Figure 49 : La résistance comme étape entre vulnérabilité et résilience Source : bibliographie (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014)

5.2.4.4 La triade Vulnérabilité-Capabilité-Résilience L’approche « top down » est accusée être à l’origine des échecs de la vulgarisation des innovations. Les innovations ne sont pas mauvaises en soi malgré son origine externe à la communauté. C’est surtout le manque voire l’absence d’implication et d’interaction avec les utilisateurs tels que les petits agriculteurs qui trahissent sa nature exogène et causent son échec. La modélisation de l’approche de la vulnérabilité pourrait bien en apporter le remède. En effet, le sujet ou la communauté vulnérable est assimilable à un patient vulnérable. Et pour traiter la maladie qu’est la vulnérabilité, il faut relever le triple défi qui est d’identifier les sujets vulnérables, connaître et comprendre le mécanisme régissant leur situation de vulnérabilité avant de préconiser des mesures curatives ou préventives (Thomas, 2008). C’est une démarche applicable à la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire de la population en général et des agriculteurs en particulier.

La compréhension du rapport entre vulnérabilité et résilience permettrait bien de trouver la meilleure approche de développement sur terrain (Lalau, 2008). En effet, l’idéal est de mettre des mécanismes de sécurité et non pas de tenter à changer l’individu et le phénomène en tant que tel. Vouloir changer un individu ou un phénomène s’avère peu maîtrisable ; c’est plutôt raisonnable de mettre en œuvre un dispositif de sécurité impliquant la responsabilité de l’individu qui encourt le risque. Dans la pratique, des actions de

172 Discussions générales développement qui partent de l’intérieur, dépendent moins de l’extérieur ; elles ont souvent des moyens plus limités mais ont plus de chance de réussi que celles apportées de l’extérieur malgré le montant exorbitant des appuis. La triade Vulnérabilité-Capabilité-Résilience est un concept en interaction dont la bonne compréhension du mécanisme permet d’apporter des actions appropriées à la situation et à chaque catégorie de cibles pour une amélioration du bien-être de la population.

Cette interaction, en l’occurrence entre la résilience et la vulnérabilité, que certains qualifient de géométrie variable (Thomas, 2008), de corrélats et de connotations pour d’autres (Provitolo & Antipolis, 2009) peut être approchée autrement. La vulnérabilité est la susceptibilité d’être exposé aux risques et que le degré d’exposition est en fonction de la défaillance de la capacité (Godeau, 2002) tandis que la résilience est la capacité de résister et d’absorber un choc à cause de la capacité du sujet (Thomas, ibid.). Ces capacités dans les deux cas ne sont autres que la composante principale de la capabilité qui se définit comme la capacité d’être et d’agir. De la capabilité à son tour dépend la vulnérabilité et la résilience d’un sujet : une forte capabilité engendre une forte résilience tout comme une faible capabilité conduit à une forte vulnérabilité. La capabilité s’avère la racine commune de la vulnérabilité et de la résilience. La vulnérabilité et la résilience ne sont que l’extériorisation de la capabilité.

C’est pourquoi elles, i.e. vulnérabilité et résilience, évoluent en géométrie variable voire en interaction inversement proportionnelle. Ceci explique aussi la différenciation, en matière de vulnérabilité des sujets qui encourent le même risque. Dans cette optique, un développement durable doit agir plutôt sur le fond que sur la forme pour renforcer la capabilité des cibles et non pas à traiter les symptômes extérieures de la vulnérabilité ni d’embellir les formes apparentes de la résilience. Et comme la capabilité de chaque membre de la communauté n’est pas la même, les interventions doivent être spécifiées, adaptées, appropriées et calibrées à chaque catégorie de capabilité existante moyennant d’une analyse situationnelle et qui mettent en exergue les différentes potentialités et les capacités des membres de la communauté pour que le transfert de capabilité soit effective et donne plus d’inclusivité aux interventions et atteindre la masse critique nécessaire pour que les exploitations agricoles basculent de la situation de vulnérabilité vers une trajectoire de résilience.

173 Discussions générales 5.3 Les paradoxes de la sécurité alimentaire paysanne De tout ce qui précède, la sécurité alimentaire comporte trois paradoxes. Ce sont le paradoxe du concept lui-même, le paradoxe des interventions et le paradoxe de la vulnérabilité en sécurité alimentaire.

5.3.1 Le paradoxe conceptuel Le concept de la sécurité alimentaire stipule qu’elle est constituée à la fois par la disponibilité, par l’accessibilité et par l’utilisation de la nourriture (PAM, 2005), autrement dit il tient compte des différents types de paramètres à satisfaire pour parvenir à un bon niveau de sécurité alimentaire. Pourtant dans la vie courante, le fait de manger du riz en quantité est l’indicateur d’un bon niveau de sécurité alimentaire et de joie de vivre à l’instar des agriculteurs qui disent « donnez-nous seulement du riz en quantité et ça nous suffit ! ». Une fois ce besoin est satisfait, ces derniers se sentent rassasiés et satisfaits. C’est le paradoxe entre concept et perception, le premier se veut évidemment être objectif tandis que le deuxième est émaillé de subjectivité. Malgré cette subjectivité, faut-il en tenir compte et l’accepter dans un premier temps si l’on veut ramener et convertir les agriculteurs au concept de la sécurité alimentaire au lieu d’introduire tout de suite le concept de la sécurité alimentaire et de risquer par la suite à se heurter à un refus défensif. Autrement dit reconnaître et accepter la perception quantitative avant d’administrer toute notion d’amélioration de la sécurité alimentaire.

5.3.2 Le paradoxe des interventions La disponibilité et l’accessibilité ne sont pas séparables (PAM, op.cit. ). De ce fait, l’augmentation de la surface rizicole ne suffit pas pour améliorer la sécurité alimentaire car cette stratégie promeut la disponibilité mais ne garantit pas l’accessibilité à cet aliment de base. Pourtant les projets et les programmes d’amélioration de la sécurité alimentaire entrepris jusqu’alors ne sont pas de cette longueur d’onde : on fonçait sur l’augmentation de la surface agricole ( i.e. la disponibilité) pour atteindre l’autosuffisance en riz et la sécurité alimentaire à l’instar des objectifs gouvernementaux en 1990 et en 2008. Force est de constater que ces objectifs n’étaient jamais atteints voire s’éloignaient de plus en plus à l’horizon. Ceci justifie que la production (disponibilité) ne garantit pas à elle seule l’autonomie en riz (accessibilité). Ce qui implique une approche en continuum Disponibilité-Accessibilité. Autrement dit promouvoir la production rizicole toute en délestant la réserve en riz de tous ceux qui font concurrence à la consommation humaine entre autres les besoins financiers du ménage et en promouvant ceux qui favorisent le prolongement de la consommation de riz dans l’année et la

174 Discussions générales réduction de la période d’insécurité alimentaire saisonnière. C’est-là qu’entrent en jeu les cultures vivrières en tant que tampon financier et alimentaire. De surcroît, cette théorie implique la nécessité de la promotion d’activités génératrices de revenu et des sources de revenu additionnel pour les exploitations agricoles. L’objectif est dans ce sens d’optimiser la conversion des produits rizicoles en consommation ménagère ou bien une amélioration de l’accessibilité aux denrées. De là découlerait un meilleur niveau de sécurité alimentaire après des actions résilientes simultanées au niveau de la production rizicole et de l’accessibilité aux produits rizicoles pour la consommation. C’est l’approche continuum de Disponibilité- Accessibilité pour progresser vers à une meilleure sécurité alimentaire.

5.3.3 Le paradoxe de la vulnérabilité de la sécurité alimentaire Cette étude a permis de découvrir, du moins pour le cas des Paysans Positivement Déviants que la meilleure sécurité alimentaire va de pair avec un degré de vulnérabilité élevé à l’insécurité alimentaire. Ceci explique en partie la chronicité de la pauvreté. Les réalisations et les avancées réalisées en matière de sécurité alimentaire et de développement ne sont pas à l’abri des fléaux et des effets perturbateurs. Les bénéficiaires, sous la perfusion des appuis des projets de développement, enregistrent des performances tangibles voire remarquables en matière de production agricole, d’adoption technique et de loin en sécurité alimentaire et développement économique seulement les « défauts dans la cuirasse » (Bellier & al. , 2004) et les « talons d’Achille » tels que l’insécurité foncière, l’accès aux intrants, l’insécurité, les contraintes macro-économiques et les problèmes environnementaux ne sont pas traités ou bien en sont partiellement.

De ce fait, les exploitations agricoles avec leur performance et dans ce contexte sont transformées en statut d’or et d’argent à pieds d’argile et le moindre choc suffit à les faire s’écrouler et anéantir les progrès réalisés, les ramenant ainsi à la case départ. Ceci implique une promotion de la résilience paysanne afin de parvenir à une sécurité alimentaire progressive et durable ; autrement dit, les efforts de développement et de sécurité alimentaire à l’endroit des agriculteurs doivent être accompagnés d’une intervention sur les facteurs de vulnérabilité extrinsèques pour engendrer une durabilité des réalisations. Cette double intervention sur les facteurs intrinsèques et les facteurs extrinsèques constitue la théorie du développement résiliençaire qui permettrait de pallier le problème de la résilience furtive des bénéficiaires de projets de développement qui voient leur niveau de vie se dégrader après le sevrage au tuteur de résilience.

175 Discussions générales 5.4 Le processus d’acculturation agricole à travers un projet De tout ce qui précède est tiré le processus d’acculturation agricole des exploitations agricole par le biais des projets de développement. Quand un projet est mis en œuvre, son intervention provoque une déviance positive uniforme au niveau de ses bénéficiaires et engendre une résilience assistée. Le sevrage avec le tuteur de résilience, i.e. la fin du projet, constitue le facteur déclencheur de la différenciation de ces derniers : il y a ceux qui continuent d’acculturer les innovations vulgarisées par le projet et ceux qui les ont refoulés par contre acculturation. L’acculturation agricole conduit les agriculteurs à une déviance positive continue et fait aboutir à une sécurité alimentaire résiliente. Par contre, la contre- acculturation agricole se manifeste par un processus d’abandon des innovations et donne place à une insécurité alimentaire récurrente et une vulnérabilité endémique (figure 52).

Source : auteur

Figure 50 : Processus d’acculturation agricole à travers un projet

En termes de proportion, le taux de contre acculturation est largement élevée par rapport à celui de l’acculturation. La spécification et le calibrage des interventions suivant la différenciation paysanne et le calage de la durée des interventions constituent des paramètres incontournables pour renverser la vapeur et optimiser le taux d’acculturation agricole effective.

176 Discussions générales 5.5 Le spiral de la récession et son facteur déclencheur Les agriculteurs embrassent des performances positives voire spectaculaires pendant l’accompagnement des projets de développement (ADRA, 2008). Au lendemain du sevrage au tuteur de résilience, i.e. la fin de projet, la situation se renverse et la condition paysanne se dégrade au vu de la tendance dégressive de leur acculturation agricole et leur autonomie en riz dans le temps. Le sevrage au tuteur de résilience constitue ainsi le facteur déclencheur du spiral de la récession, les agriculteurs commencent à abandonner petit à petit les pratiques agricoles améliorées qu’ils ont adoptées (Andrianaivoarimanga & al. , 2017b). Ceci a comme effet direct la diminution de leur autonomie en riz causée par la baisse de la production. En retour, cette baisse de production pousse les agriculteurs à délaisser de plus en plus les techniques améliorées qui sont jugées coûteuses en termes de temps et d’argent et ainsi de suite. Bref, le spiral de la récession s’installe et entraîne dans son sillage les agriculteurs qui étaient des références en matière d’adoption technique et en productivité agricole lors des projets.

De surcroît, cette dégradation met les agriculteurs en situation de survie ; pour combler le gap de production et la baisse de l’autonomie en riz, ils sont obligés d’adopter une stratégie de survie et par préférence adaptive (Lalau, 2008) en s’en prenant aux ressources de fortune les plus près, entre autres les ressources naturelles et forestières de par leur proximité géographique. De là découle la recrudescence de la déforestation en dépit des projets d’intensification agricole qui visaient pourtant l’adoption des alternatives techniques pour mater la déforestation.

Etant donné que le facteur déclencheur du spiral de la récession est le sevrage des agriculteurs bénéficiaires aux projets d’appuis, une réflexion voire un débat sur la durée du cycle de projet mérite d’être engagé afin de déterminer la durée optimale recommandée et de bien acculturer les techniques agricoles améliorées dans les pratiques paysannes. Sinon, les résultats des efforts à la conservation des ressources naturelles resteraient éphémères, volatiles sans l’ombre d’aucune durabilité et compromettant les ressources naturelles pour les générations futures.

5.6 Le développement rural résilient La résilience paysanne comporte différentes étapes progressives entre autres par ordre d’importance croissante la subsistance, la reconversion, la diversification, l’extension et la croissance. Le renforcement de la capabilité des agriculteurs, i.e. la possibilité d’agir moyennant des opportunités et des potentialités de développement, constitue le levier

177 Discussions générales principal pour que ces derniers puissent progresser, gravir les échelons et embrasser un sens ascendant dans la trajectoire de résilience. Dans cette progression, les agriculteurs ont leur priorité et leur logique : la logique économique et la sécurité foncière passent avant l’initiation aux innovations techniques qui est pourtant le précurseur de l’amélioration de capabilité et de résilience pour survivre voire résister aux chocs et fléaux i.e. renforcer la capacité d’anticiper et de réagir au lieu de rester dans la défensive (Lalau, 2008). Plus les exploitations agricoles parviennent à un meilleur niveau de résilience, plus elles ont la capacité de se préparer aux catastrophes et de surmonter leurs conséquences (PNUD, 2014). En effet, la résilience est « la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer, à continuer à se projeter dans l’avenir, malgré la présence d’événements déstabilisants, des conditions de vie difficiles et des traumatismes parfois sévères » (Koffi, 2014). Dans leur logique, les agriculteurs n’investiraient pas dans les innovations techniques tant qu’ils n’auront pas pour eux le minimum de sécurité financière et foncière. S’initier dans de nouvelles pratiques comporte des risques et des incertitudes (Lalau, 2008) ; pour les exploitations agricoles, les innovations revêtent un caractère probabiliste et faut-il prévoir à l’avance où l’on va atterrir au cas où les essais ne seraient pas fructifs.

Bref, la décision paysanne est dictée successivement par le paramètre économique puis foncier et en dernier lieu technique. C’est la séquence décisionnelle Economique- Foncier-Technique en vigueur au niveau des exploitations agricoles que les parties prenantes du secteur de développement ont à considérer et à reconnaître afin d’orchestrer des interventions spécifiées visant un meilleur niveau de sécurité alimentaire et un développement inclusif.

5.7 L’optimisation par spécification et calibrage Les exploitations agricoles sont réputées être la base de l’économie de la Grande Ile. Dans ce sens, nombreux sont les projets de développement entrepris et qui seront encore entrepris pour que le secteur primaire devienne un des piliers incontestables de l’économie du Pays (Ramananarivo S. , 2004). Ces exploitations agricoles, pour pourvoir honorer cette réputation, devront franchir la ligne de l’autosuffisance alimentaire et assurer elles-mêmes leur sécurité alimentaire au lieu d’être assistées occasionnellement voire continuellement. Pour ce faire, des changements sont à entreprendre du côté des décideurs et des concepteurs de projets en matière de sécurisation alimentaire, de diffusion technique et d’accompagnement des exploitations agricoles dans sa trajectoire de résilience. Dans ce sens, l’approche globalisante n’est plus ni valable ni recommandée si l’on veut atteindre la masse critique nécessaire afin de renforcer la capabilité des exploitations agricoles et promouvoir un

178 Discussions générales développement résiliençaire. Faut-il une approche calibrée et spécifiée à chaque catégorie d’exploitations agricoles tout en valorisant la capacité locale et les opportunités relatives aux ressources locales, que certains auteurs qualifient d’approche endogène (Razafiarijaona, 2007), afin de promouvoir la diversification de revenu des exploitations agricoles et leur conférer par la suite la possibilité d’améliorer leur sécurité alimentaire, de renforcer leur capabilité et de poursuivre une trajectoire de résilience ascendante.

Conclusion partielle Il est important le fait de reconnaître, d’accepter et d’intégrer dans les conceptions que le monde des exploitations agricoles comporte des différenciations flagrantes qui sont à la base de leur tendance, leur stratégie de résilience et leur choix. Elles ont différents modes de sécurité alimentaire, une acculturation sélective face aux actions de résilience, différents types de capabilité et surtout une trajectoire de résilience évolutive et différenciée. Ces différenciations se conjuguent dans son ensemble pour dicter l’orientation stratégique des exploitations agricoles qui par nature veulent réduire sa vulnérabilité, renforcer sa capabilité et tricoter sa résilience. Dans ce processus, les exploitations agricoles ont besoin de tampon alimentaire et de tampon financier pour entretenir et consolider leur sécurité alimentaire et se mettre à l’abri des facteurs de vulnérabilité extrinsèque sur qui l’Administration a sa part de responsabilité. La notion de l’acculturation sélective i.e. la préférence du « soft » au « hard » ainsi que la conscience de la trajectoire de résilience des exploitations peuvent servir pour bien dorer la pilule des interventions, de booster par la suite la capabilité des exploitations agricoles et les faire propulser sur une trajectoire de résilience ascendante.

En d’autres termes, promouvoir un développement agricole inclusif et intégré est synonyme de considérer la différenciation et la diversification des exploitations agricoles (Ramananarivo S., op. cit. ) afin de, non seulement mieux intégrer ces dernières dans le processus mais aussi et surtout d’optimiser les impacts des interventions en termes de volume et d’intensité. C’est là que se trouve le bien-fondé d’une intervention spécifiée, appropriée et calibrée aux différentes factions d’exploitations agricoles.

Les projets apportent indéniablement une amélioration du niveau de vie des agriculteurs. Seulement, en termes de rendement sur le long terme, les bénéficiaires qui subissent la rechute sont largement nombreux par rapport à ceux qui poursuivent la trajectoire de résilience ascendante. Les discussions développées dans cette thèse visent à optimiser les retombées à long terme des projets de développement.

179 Conclusion générale

CONCLUSION GENERALE

CONCLUSION GENERALE

180 Conclusion générale CONCLUSION GENERALE

Comment se fait-il que les petites exploitations agricoles et le Pays n’arrivent pas à accéder progressivement et durablement à un meilleur niveau de sécurité alimentaire malgré les appuis et les interventions apportés à travers les projets de sécurité alimentaire et de développement agricole ? Telle a été la problématique centrale de cette recherche qui a permis de découvrir que le fait d’augmenter la production rizicole est loin d’être suffisant pour résoudre le problème de l’insécurité alimentaire à Madagascar sachant que le riz constitue l’aliment de base de sa population. Les échecs des différentes tentatives d’autosuffisance alimentaire par le biais des projets de développement rizicole en constituent des preuves irréfutables. Pour instaurer une sécurité alimentaire résiliente, faut-il faire entrer en jeu les cultures vivrières qui jouent un double rôle tampon - tampon alimentaire et tampon financier. En effet, elles engendrent un effet positif sur l’autonomie en riz et la sécurité alimentaire des ménages agricoles. En d’autres termes, promouvoir la sécurité alimentaire revient à ne pas se focaliser seulement sur l’aliment de base mais aussi et surtout à travailler sur la diversification des productions vivrières dont les effets cumulés améliorent la sécurité alimentaires des ménages. Dans la même foulée, l’amélioration de la sécurité alimentaire implique des mesures particulières afin de favoriser la disponibilité et l’accès aux denrées alimentaires pendant la période de soudure. Cette charge revient à l’Administration étant donné que la période de soudure a une connotation d’impuissance tactique pendant une durée limitée au niveau des agriculteurs. Le dernier et non le moindre est l’importance de la diversification de moyens de subsistance. Ceux-ci contribuent significativement à la promotion d’une sécurité alimentaire résiliente. La possibilité de recours à d’autres sources de revenu additionnel par le biais des activités génératrices de revenu aide les exploitations agricoles à préserver leur réserve en riz, à réduire la période de changement de régime temporaire et à assurer une meilleure sécurité alimentaire de leur ménage.

Force est de constater que plus les ménages agricoles ont une meilleure sécurité alimentaire, plus ils sont exposés aux risques écologiques, sociaux et économiques. Ce fait s’apparente à la vulnérabilité conjoncturelle qu’il faut mater en mettant à l’abri les réalisations acquises avant que la menace et le risque ne deviennent des chocs réels. Car dans ce cas seraient réduits en miettes les progrès réalisés et le niveau de sécurité alimentaire se ramènerait à la case départ. C’est le manque voire l’absence de parapluie sécuritaire qui explique en partie la chronicité et l’endémicité de l’insécurité alimentaire dans la Grande Ile. Pour ainsi préserver les avancées en sécurité alimentaire, faut-il une mobilisation ex ante entre

181 Conclusion générale autres diversifier la source de revenu des exploitations agricoles et travailler sur la facilitation de l’accès aux denrées commerciales pendant la période de pénurie pour que leur capabilité ne se dégringole. Ceci les évite de rechuter vers un niveau inférieur.

Dans la mutation technique des petites exploitations agricoles vers des pratiques améliorées, les agriculteurs ont une acculturation agricole sélective : le « soft » passe mieux que le « hard » à cause du problème de pouvoir d’achat et de l’esprit d’assistanat. Pourtant, les deux sont indissociables pour vraiment amorcer un redressement de la situation paysanne entre autres la sécurité alimentaire. Toute intervention voulant enregistrer des progrès tangibles et durables doivent tenir compte de ce caractère sélectif des agriculteurs en matière d’adoption technique et prendre les mesures qui s’y imposent dans son approche pour faire passer à la fois le « soft » et « le hard » et éviter ainsi une acculturation agricole déséquilibrée. Les exploitations agricoles familiales ont un préalable à respecter avant de procéder aux innovations techniques de leurs activités de production. En effet, les agriculteurs veulent assurer leurs sécurités économique et foncière avant d’entamer toute tentative d’amélioration technique. Accepter ce préalable constitue le premier défi de tout intervenant voulant entraîner les agriculteurs dans les actions de résilience qu’il veut proposer à ces derniers. Ceci implique des interventions holistiques multisectorielles calibrées et spécifiées à chaque catégorie d’exploitations.

Les projets de sécurité alimentaire et de développement agricole jouent le rôle de tuteur de résilience en faveur des exploitations agricoles familiales en quête de développement. La collaboration et le partenariat de ces deux entités produisent dans un premier temps et dans la majorité des cas des performances homogènes et remarquables en matière de sécurité alimentaire. Par contre, le sevrage au tuteur de résilience, car les projets sont limités dans le temps, constitue le point de départ et l’effet déclencheur de la différenciation des petites exploitations agricoles en matière de stratégie de résilience. Dans ce sens, leur trajectoire de résilience est constituée de cinq stades progressifs ; ce sont la subsistance, la reconversion, la diversification, l’extension et la croissance proprement dite. Les exploitations agricoles familiales se distinguent par leur mode de sécurité alimentaire, leur mode d’acculturation agricole, leur priorité de résilience et leur situation résiliençaire.

Les parties prenantes et les acteurs de développement ont intérêt et le devoir de reconnaître et de considérer cette différenciation résiliençaire paysanne afin de spécifier et de calibrer proprement leurs interventions pour assurer un développement le plus inclusif possible. La considération de cette notion de différenciation dans les projets de sécurité

182 Conclusion générale alimentaire et de développement agricole ferait la différence en termes de durabilité et de pérennité des résultats engendrés. De même, la conscience de cet effet déclencheur de différenciation, qu’est le sevrage avec le tuteur de résilience, conduit à considérer la durée des projets pour optimiser la durabilité des impacts et éviter la régression de performance des exploitations au lendemain de la clôture des projets.

Le problème de l’insécurité alimentaire est actuellement devenu un problème mondial et mondialisé ; la question centrale est de savoir comment nourrir une population terrienne aussi croissante. La planète ne peut pas espérer une autre planète pour lui venir à la rescousse, elle ne peut compter que sur son agriculture, particulièrement l’agriculture familiale, pour pallier le problème de l’insécurité alimentaire qui prévaut. Les découvertes et les réflexions issues de cette thèse ont été formulées pour servir à la prise de décision relative à la résolution des problèmes de l’insécurité alimentaire. Elles peuvent contribuer à l’arrimage des exploitations agricoles familiales à une trajectoire de résilience positive du moins pour les agriculteurs des zones comme Moramanga et de loin pour les petites exploitations agricoles de Madagascar pour qui le coût de la faim de sa population a été estimé à 1,5 millions de dollar américain en 2015 soit 14,5% de son PIB selon les études réalisées par la Commission de l’Union Africaine (Commission de l'Union Africaine, 2015).

183 Bibliographie

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188 Annexes

ANNEXES

ANNEXES

189 Annexes Annexe 1 : Lettre d’autorisation délivrée par le Chef de district de Moramanga

190 Annexes Annexe 2 : Lettre de demande de collaboration pour les Maires

Moramanga, faha 30 Jiona 2014.

Ho an’ny Ben’ny tanàna kaomina ………………………………

Distrika MORAMANGA

Ampandalovina amin’ny Lehiben’ny Distrika MORAMANGA

Antony: Fangatahana fiaraha-miasa

Tompoko,

Ao anatin’ny fikatsahana fampandrosoana maharitra sy haingana ny tontolo ambanivohitra dia hisy asa fikarohana iarahana amin’ny sekoly ESSA- Oniversiten’Antananarivo hijerena sy hanaovana tomban’ezaka ny fiantraikan’ny tetikasa ADRA-TANTSAHA dimy taona aty aorian’ny fiafaran’ny asany tety aminareo. Hanaovana fanadihadiana manokana amin’izany ireo Tantsaha Môdely koa dia mangataka sy miangavy fiaraha-miasa aminao manam-pahefana ety an-toerana mba handefa ny mombamoba ireo Tantsaha Môdely mbola monina eo amin’ireo fokontany eo ambany fiadidianao ka voatanisa araka ny taratasy am-piarahana amin’izao fangatahana izao. Ny mombamoba ireo ireo Tantsaha Môdely ireo dia atao amin’ny tabilao voarakitra amin’ny takelaka manaraka ity taratasy ity.

Eto am-pamaranana dia maneho fisaorana sy fankasitrahana anao sahady no sady manolotra ny haja ambony ho anao.

Ny mpikaroka

Justin Nathanaël Andrianaivoarimanga

Tél 033 37 625 61

191 Annexes KAOMINA ………………………………………………………….

N° Anarana Lahy/vavy Vohitra fonenana Fokontany 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 23 27 28 29 30

Ny Ben’ny tanàna

192

Annexe 3 : Lettre pour les chefs Fokontany

Moramanga, faha 01 Septambra 2014.

Ho an’ny SEFO FOKONTANY ……………

Ampandalovina amin’ny Ben’ny Tanana

Kaomina ……………………….

Antony: Fangatahana fiaraha-miasa

Tompoko,

Ao anatin’ny asa fikarohana iarahana amin’ny Oniveristen’Antananarivo dia hisy fanadihadiana ho tanterahina amin’ny santionan’ireo Tantsaha Môdely nalaina tamin’ny lisitra nalefanareo. Koa dia miangavy fiaraha-miasa feno avy aminareo izahay, tompoko, mba hanao ny fanamorana izany asa izany ary hampita ity fampilazana ity amin’ireto olona voalaza anarana eto ambany ireto. Irianay indrindra izy ireo raha tonga dia miandry ireo mpanao fanadihadiana eo amin’ny fokontany misy azy avy araka izao fandaharam-potoana izao:

Anaran’ny Tantsaha Môdely Fokontany Fotoana amin’ny mpanadihady

Eto am-pamaranana dia maneho fisaorana sy fankasitrahana anao sahady no sady manolotra ny haja ambony ho anao.

Ny mpikaroka

Justin Nathanaël Andrianaivoarimanga

Tél 033 37 625 61

193

Annexe 4 : Modèle de lettre pour les associations Koloharena

Moramanga faha 20 Janoary 2016

Ho an-dRamatoa MELDA

Filohan’ny Kaoperativa KOLOHARENA ANDASIBE

Kaomina ANDASIBE

Mamangy sy miarahaba anao amin’ny alalan’izao taratasy izao

Ho tohin’ny resaka nifanaovantsika farany dia mandefa izao taratasy izao ho fampahafantarana ilay daty hahatongavan’ireo mpanao fanadihadiana eto Andasibe. Ny Alakamisy 28 Janoary 2016 izao no anjaranareo eto ANDASIBE ka manomboka amin’ny 09 ora izany. Raha mety dia olona 25 no omanina hanaovana ny fanadihadiana. Miisa 03 ireo mpanadihady ka dia olona 03 isaky ny miditra izany. Tsy voatery ho tonga amin’ny 09 ora daholo ny olona satria tsy hiaraka voaray fa misesy.

Ny votoatin’ny resaka hatao moa araka izay efa voalaza dia famantarana izay lalana nizoran’ny Tantsaha mpamokatra taorian’ny fiafaran’ny tetikasa fampandrosoana. Izany dia asa fikarohana iarahana amin’ny Oniversiten’Antananarivo ary efa nahazoana alalana tamin’ny lehiben’ny distrika Moramanga.

Hamantana eo aminao ireo mpanadihady ary miangavy aminao mba hanomana toerana hahafahana manatanteraka am-pilaminana ny asa

Dia mankasitraka amin’ny fiaraha-miasa ary maneho fisaorana ho anareo rehetra.

Ny mpikaroka

Justin Nathanaël Andrianaivoarimanga Tél 033 37 625 61

194

Annexe 5 : Questionnaire PSA en version française

FICHE D’ENQUETE

Date de l’enquête : ______

Nom et prénoms du paysan modèle : ______

Age: ______§ Homme ou § Femme Année de sortie : ______

Hameau: ______Fokontany: ______Commune: ______

**********************************

I. Paquet technique actuellement utilisée dans l’exploitation du PM

Qui parmi les techniques qu’ADRA-TANTSAHA a vulgarisées vous utilisez encore actuellement ?

1. Semence améliorée § Oui § Non 2. Association culturale § Oui § Non 3. Rotation culturale § Oui § Non 4. Sarclage § Oui § Non 5. Fertilisation § Oui § Non 6. Gestion de l’eau § Oui § Non 7. Repiquage en ligne § Oui § Non 8. DRS § Oui § Non 9. Vaccination § Oui § Non II. La productivité agricole de l’exploitation

Depuis la fin du projet ADRA-TANTSAHA comment évoluait la surface de vos exploitations par an ? Spéculation Unité 2009 (fin ADRA) 2010 2011 2012 2013 2014

Riz Manioc Patate douce Haricot Vouandzou Maïs

195

Taro Arachide Fruitiers Légumes Poulets gasy

III. Les moyens de production à la disposition

Quelles sont les matériels agricoles à votre disposition actuellement ? Leur nombre et leurs origines ? Matériels agricoles Origines (détailler le nombre par origine) Arrosoir § ADRA § autres projets : …………. Sarcleuse § ADRA § autres projets : ………….. Râteau § ADRA § autres projets : ………….. Fourche § ADRA § autres projets : ………….. Bêche § ADRA § autres projets : ………….. Pulvérisateur § ADRA § autres projets : ………….. Autre petit matériel : § ADRA § autres projets : ………….. Autre petit matériel : § ADRA § autres projets : ………….. Autre petit matériel : § ADRA § autres projets : ………….. Autre petit m atériel : § ADRA § autres projets : ………….. Matériel agricole § ADRA § autres projets : ………….. Matériel agricole § ADRA § autres projets : …………..

IV. La longueur de la période de soudure

En quel mois était votre dernière récolte de riz en 2013 ? ______

Le riz que vous avez produit vous suffisait-il jusqu’en quel mois ? ______

Votre suffisance en riz augmentait-elle ou non par rapport à celle de fin ADRA ? § Oui §Non

Pourquoi ? ______

Quelles sont vos aliments de substitution ? 1. ______2.______3. ______

V. Le niveau de revenu du ménage PM

Quels les moyens de production que vous avez acquis depuis la fin du PSA ? Type/désignation Nombre

196

Quels appareils électro- ménagers et mobiliers avez-vous acquis depuis la fin du PSA ? Type/désignation No

Quels matériels roulants avez-vous acquis depuis la fin du PSA ? Type/désignation No

Quels bâtiments avez-vous acquis ou réhabilité depuis la fin du PSA ? Type/désignation No

Combien de zébus depuis la fin du PSA ? Type/désignation No

Outre l’agriculture, avez-vous d’autres sources de revenu ? § oui § non

Si oui, citez- les trois premières par ordre d’importance

1______2 ______3______

L’enquêteur : ______Signature: ______

197

Annexe 6 : Questionnaire ERI en version malagasy

TAKELAKA FANADIHADIANA

Datin’ny fanadihadiana : ______

Anaran’ny Tantsaha môdely : ______

Laharana: _____ Taona: ______§ Lahy sa § Vavy Taona nidirana ERI: ______Vohitra: ______Fokontany: ______Kaomina: ______

VI. Ireo tekinikam-pamokarana mbola ampiasain’ny Tantsaha hatramin’izao

Iza amin’ireto tekinika izay nampianarin’ny ERI ireto no mbola ampiasainao ?

1. Masomboly nohatsaraina § Eny § Tsia 2. Fampivadiana voly (Association culturale) § Eny § Tsia 3. Fampifandimbiasam-boly (Rotation culturale) § Eny § Tsia 4. Fihavana voly § Eny § Tsia 5. Fandonahana na fanamasahana tany § Eny § Tsia 6. Fitantanana rano § Eny § Tsia 7. Fanetsana manaraka tsipika § Eny § Tsia 8. Fiarovana sy fanarenana ny tany (DRS) § Eny § Tsia 9. Fanaovana vakisiny § Eny § Tsia VII. Asa famokara natao

Inona avy amin’ireto tanisaina manaraka ireto no fambolena sy fiompiana nataonao hatramin’ny nahavitan’ny tetikasa ERI ka hatramin’izao. Ary firy ny velarany ? Lalampihariana Venty 2009 2010 2011 2012 2013 Vary Mangahazo Vomanga Tsaramaso Voanjobory Katsaka Saonjo Voanjo lava Hazo fihinamboa Legioma Akoho gasy

198

VIII. Ireo fitaovam-pamokarana eo am-pelatanana

Inona amin’ireto fitaovana ireto no anananao, firy no isany ary avy taiza no nahazoana azy ? Fitaovam -pamokarana Ny nahazoana azy Lazoara §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Sarklezy §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Ratô §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Forsa §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Angady §ERI §Tetikasa hafa : …………….. Pilverizatera §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Fitaovana hafa: §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Fitaovana hafa: §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Fitaovana hafa:: §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Fitaovana hafa: §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Fitaovam -pambolena §ERI §Tetikasa hafa: …………….. Fitaovam -pambolena §ERI §Tetikasa hafa: ……………..

IX. Halavan’ny fotoanan’ny maitso ahitra

Volana inona no niakatra ny voka-barinareo tamin’ny 2013 ? ______

Naharitra hatramin’ny volana inona ny vary novokarinareo tamin’ny 2013 izany ? ______

Hatramin’ny nifaranan’ny Tetikasa ERI, nitombo ve sa tsia ny fahavitan-tena ara-barinareo ? § Eny § Tsia

Nahoana ? ______

Inona avy ireo sakafo telo voalohany fanaonareo fanampin-tsakafo na fanolo ny vary ?

1. ______2. ______3. ______

X. Farim-piainana Inona avy ireo fitaovam-pamokarana azonao na novidianao taorian’ny fanataperan’ny tetikasa ERI ?

Anarany/karazany Isa

199

Inona avy ireo fitaovana na zava-maneno na fanaka fampiasa ao an-tokantrano azonao taorian’ny fanataperan’ny tetikasa ERI ? Anarany/karazany Isa

Inona avy ireo fitaovana mandeha môtera azonao taorian’ny fanataperan’ny tetikasa ERI?

Anarany/karazany Isa

Misy firy ireo trano natsanganao na natsarainao taorian’ny fanataperan’ny tetikasa ERI ? Anarany/karazany Isa

Nisy firy ireo omby azonao taorian’ny fahataperan’ny tetikasa ERI ? Anarany/karazany Isa

Ankoatran’ny fambolena sy ny fiompiana, manana loharanom-bola hafa ve ianao izao ?

§ Eny § Tsia

(Raha eny) Mba tanisao ireo telo voalohany arakaraka ny fahalebiazany:

1______2 ______3______

Ny mpanadihady: ______Sonia: ______

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TARIDALANA HO AN’NY MPANAO FANADIHADIANA

1. Rehefa vita ny fifampiarahabana amin’ny olona hanaovana fanadihadiana dia manao fampahafantarana fohy ny anton’ny fanadihadiana: • Lazaina ny anaran’ny tena • Omena fisaorana sahady ilay olona hanaovana fanadihadiana noho ny fahatongavany sy ny fanomezany fotoana hiatrehana ny fanadihadiana • Ny antony hanaovana ity fanadihadiana ity dia ASA FIKAROHANA iarahana amin’ny Oniversiten’Antananarivo. Tsy hoe hisy tetikasa vaovao ho avy akory fa tena asa fikarohana hijerena momba ny asa fampandrosoana efa nisy tety ami’nny faritra Moramanga. Hamantarana hoe “NANAO AHOANA ireo olona naira-niasa tamin’ny tetikasa fampandrosoana amin’izao fotoana izao?” • Noho izany dia mangataka aminao mba izay tena marina araka izay tadidinao no hamaliana ireo fanontaniana. • Ampahafantarina koa fa efa nahazoana alalana tamin’ny distrika ny fanaovana ity fanadihadiana ity ka tsy misy atahorana. • Mijanona ho tsiambaratelo ny valiteny ary tsy misy atahorana hoe hampisy arakaraka sady resaka asa famokarana rahaa teo no horesahantsika eto

2. Rehefa vita ny fanadihadiana dia ‹ Anontaniana ilay olona nanaovana fanadihadiana raha mbola misy tiany hamafisina ana hambara. ‹ Raisina an-tsoratra daholo izay lazainy ‹ Amin’ny faranay dia omena fisaorana izy tamin’ny fiaraha-miasa sy ny Fanomezana ny valiteny.

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Annexe 7 : Renseignement sur les enquêteurs

Nom de l’enquêteur Niveau d’étude NB

1 ANDRIATIANA Rado Modeste CAPEN Ancien agent de terrain de PSA-ADRA

2 RAKOTOVAHOAKA Fidinarivo Mamy Ingénieur agronome Ancien agent de terrain de PSA-ADRA

3 RANDRIAMAROMONJY Jules Technicien agricole Ancien agent de terrain de PSA-ADRA

4 RAKOTOMANAMPISOA Dera Terminal Ancien agent de terrain de PSA-ADRA

5 RAMANANDAFY HARIMALALA Zo Ingénieur agronome Ancienne gestionnaire de Mamisoa Nantenaina micro-projet à Moramanga

6 RANDRIANARISATA Avotra 3ème année en gestion Etudiant à l’université Arsenal Moramanga

7 RANDRIANARIVELO Soanandrianina 3ème année en Etudiant à l’université Micheline environnement Arsenal Moramanga

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Annexe 8 : Protocole adopté pour l’enquête par questionnaire du projet de thèse

1. Les enquêteurs sont formés sur la méthodologie d’enquête 2. Les enquêteurs seront répartis en deux binômes : le premier binôme s’occupera de l’axe Vodiriana –Mandialaza et RN 2 Est tandis que le deuxième se chargera de l’axe RN 44. 3. Chaque binôme est composé d’enquêteur-conducteur de moto et un enquêteur. La durée d’une enquête est estimée à une heure par paysan modèle. 4. Elaborer un planning précis de l’enquête et envoyer une notification par site pour que les PM restent au village. Ceci évitera la perte de temps en cherchant ou attendant les PM manquants. 5. Les enquêteurs seront munis d’un formulaire à viser par le chef de fokontany pour prouver leur passage au site. Ceci limitera la falsification de l’enquête. 6. Les PM à enquêter sont à designer par la méthodologie d’échantillonnage. Si le PM désigné n’est pas au village, on prend le PM qui lui précède ou lui succède dans la liste de la population de PM à enquêter. 7. Il faut faire une courte visite de courtoisie auprès du Maire pour l’informer de l’enquête et demander sa bénédiction. Il est déjà avisé de l’activité via la lettre d’autorisation du Chef de district. 8. Etre courtois lors des activités. 9. Bien expliquer aux enquêter que c’est une enquête de recherche et non pas en vue d’un nouveau projet autrement dit ce n’est pas la peine de modifier les réponses. 10. Bien conserver les questionnaires remplis à l’abri de la pluie et contre les pertes.

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Annexe 9 : Ordre de mission des enquêteurs

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Annexe 10 : Liste des PPD constituant les populations mères PSA et ERI

n° Nom et prénoms Genre Fokontany Commune Région Projet 1 Randriamahaso Arsène Homme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA 2 Rasoazanamihanta Edwige Femme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA 3 Raherizara Julien Homme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA 4 Randriambolona Mamisoa Emile Homme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA 5 Randriamanalina Lydia Femme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA 6 Rafaliniaina Onja Voahirana Femme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA 7 Ranivoarimanana Georgine Femme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA 8 Lalatiana Victorine Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 9 Randrianasolonjatovo Bernard Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 10 Rakotonirina Jean de Dieu Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 11 Ravaohasivelo Nirone Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 12 Rasoazanamora Fanjanirina Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 13 Rakotondramanana Maurice Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 14 Ravaoarimanana Venise Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 15 Ratsimandresy Daniel Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 16 Ravaoarilanto Tiana Léonique Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 17 Razanadrasoa Berthe Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 18 Randremanarivo Léon Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 19 Randrianjafison Jean Eugène René Homme Ex Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 20 Rasoarivelo Pauline Femme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 21 Mamonjy Mampionona Homme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 22 Rahajasoa Théo Dauphin Homme Ex Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 23 Raveloharisoa Maminirina Femme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 24 Razakamanotrona Maurice Homme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 25 Rafaramalala Laurette Femme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 26 Randriamanantena Mamy A Homme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 27 Razaka Andriamanana Homme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 28 Raharilalaina Hantasoa Miriame Femme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA 29 Rakotomamonjy Désiré Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA 30 Rakotondrasoa Jean Pierre Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 31 Ranaivoson Jean de Dieu Homme Ex Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 32 Raharimalala Odette Femme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 33 Ramarokoto Jean Marie Homme Ex Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 34 Rasolondrabe François Regis Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 35 Rafenosoa Amedé Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 36 Rsolonjatovo Alfred Homme Ex Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 37 Randrananiary Joseph Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 38 Raparison Lalain Richard Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 39 Razanadratoandro Voahangilalao Femme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 40 Razafinamantsoa Josephine Femme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 41 Rasoambolanoro Femme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 42 Razakaniaina Marie Louise Femme Ex Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 43 Ralaiarivony Jean Jacques Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA 44 Razafimbelo Philémon Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA

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45 Ramiandrisoa Edouard Homme Vodiriana Vodiriana OUEST PSA 46 Rasoloniaina Patrice Homme Vodiriana Vodiriana OUEST PSA 47 Rasamy Homme Vodiriana Vodiriana OUEST PSA 48 Gasinjara Homme Vodiriana Vodiriana OUEST PSA 49 Randrianasolo Ersnest Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 50 Rafaralahiniaina Alpha Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 51 Randriatiana Denis Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 52 Razafiarisoa Bernadette Femme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 53 Randrianarivony F Johny Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 54 Ravololomihanta Elisette Femme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 55 Tianarivony Maminjaka Emma Femme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 56 Randriamanampisoa Fidèle Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 57 Mamiarivony Lovatiana Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 58 Randrianajaina Victor Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA 59 Telolahy Odolphe Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 60 Nomenjanahary Lova Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 61 Jean Michel Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 62 Rochel Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 63 Marcelline Femme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 64 Frédéric Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 65 Lucile Femme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 66 Rahery Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 67 Fidy Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 68 Désiré Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA 69 Rakotonandrasana Gabriel Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 70 Razafimahefa Victor Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 71 Jean Baptiste Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 72 Telovavy Hélène Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 73 Rasoarimalala Florine Femme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 74 Randrianiaina René Gaston Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 75 Randrianirina Henri Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 76 Randrianamboarina François Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 77 Rakotomalala Jean Pierre Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 78 Ramasinarivo Florine Femme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA 79 Razafindratavy Solo Aimé Femme Falierana Andasibe EST PSA 80 Randrianarivelo Syvain Homme Falierana Andasibe EST PSA 81 Edmond Femme Falierana Andasibe EST PSA 82 Rakalalao Femme Falierana Andasibe EST PSA 83 Nirisoa Véronique Femme Falierana Andasibe EST PSA 84 Ialisoa Isabelle Femme Falierana Andasibe EST PSA 85 Rakotoarisoa Homme Falierana Andasibe EST PSA 86 Flavien Homme Falierana Andasibe EST PSA 87 Bernadette Femme Falierana Andasibe EST PSA 88 Modeste Homme Falierana Andasibe EST PSA 89 Violette Femme Falierana Andasibe EST PSA 90 Raharifety Femme Falierana Andasibe EST PSA 91 Rasoarilalao Pierette Femme Morafeno Andasibe EST PSA 92 Celestine Femme Morafeno Andasibe EST PSA

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93 Razanamaro Clarisse Femme Morafeno Andasibe EST PSA 94 Rahantamalala Olga Femme Morafeno Andasibe EST PSA 95 Randriambololomanana Honoré Homme Morafeno Andasibe EST PSA 96 Voahangilalao Femme Morafeno Andasibe EST PSA 97 Marie Zanafina Femme Morafeno Andasibe EST PSA 98 Rasambimanana Justin Homme Morafeno Andasibe EST PSA 99 Adel Homme Morafeno Andasibe EST PSA 100 Dieu Donne Homme Morafeno Andasibe EST PSA 101 Telovavy Noéline Femme Morafeno Andasibe EST PSA 102 Zisy Justin Homme Morafeno Andasibe EST PSA 103 Razafiarisoa Clémentine Femme Morafeno Andasibe EST PSA 104 Nambinina Femme Morafeno Andasibe EST PSA 105 Randriamanantena Ernest Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 106 Vita Jean Marie Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 107 Rasoloniaina Leonard Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 108 Razafindraibe Naivo Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 109 Razafimahatratra Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 110 Rakotoson Alfred Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 111 Laurent Gabriel Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 112 Ravelomanantsoa Ferdinand Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 113 Ralisoa Seraphine Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 114 Razafindratsara Emilienne Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 115 Andrambelotiana Lovasoa Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 116 Filaozety Rosine Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 117 Rasolonirina Sahondra M Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 118 Ranaivoson Henri Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA 119 Randrianarisaina Françisse Homme Androfia Morarano NORD PSA 120 Randriamahafaly Alphonse Homme Androfia Morarano NORD PSA 121 Rakotomandimbiarison Homme Androfia Morarano NORD PSA 122 Rakotosalama Jean Narivony Homme Androfia Morarano NORD PSA 123 Ratefihanta Marcel Homme Androfia Morarano NORD PSA 124 Rasoarimanana Helène Femme Androfia Morarano NORD PSA 125 Rakototoavina Jean Baptiste Homme Androfia Morarano NORD PSA 126 Razafiarijaona Julien Homme Androfia Morarano NORD PSA 127 Raherisoa Justin Olivier Homme Androfia Morarano NORD PSA 128 Rakotoniasy Jean Dauphin Homme Androfia Morarano NORD PSA 129 Rakotondramaro Norbert Homme Androfia Morarano NORD PSA 130 Ramarolahy Jaona Homme Morarano Morarano NORD PSA 131 Nohandraina Jebo Homme Morarano Morarano NORD PSA 132 Razafimandimby Homme Morarano Morarano NORD PSA 133 Razafinjaza Imasy Homme Morarano Morarano NORD PSA 134 Rakotonomenjanahary Faly Homme Morarano Morarano NORD PSA 135 Razafimandratra Edouard Homme Morarano Morarano NORD PSA 136 Randriamanantsara Zafy Femme Morarano Morarano NORD PSA 137 Rasoamanantena Justine Femme Morarano Morarano NORD PSA 138 Rakotonirina Velonaina Femme Morarano Morarano NORD PSA 139 Randrianantoandro Richard Homme Morarano Morarano NORD PSA 140 Rambeloson Andrianjafy Rodin Homme Morarano Morarano NORD PSA

207

141 Ravelonkova Pascal Homme Morarano Morarano NORD PSA 142 Rolland François Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 143 Ravavilahy Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 144 Ratsaravintana Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 145 Randrianarivelo Charles Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 146 Randriamiaritiana Ernest Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 147 Rasoanambinina Georgette Femme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 148 Ravololonirina Lucienne Femme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 149 Rakotondrazay Maurice Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 150 Razafindrabary Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 151 Randriantody Robert Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA 152 Rakotomalala Pascal Homme Marovoay Morarano NORD PSA 153 Rakotondrasoa Julien Homme Marovoay Morarano NORD PSA 154 Rajaoanarison Gérard Homme Marovoay Morarano NORD PSA 155 Raharison Hajaniaina Femme Marovoay Morarano NORD PSA 156 Razafiherison Nirilantosoa Femme Marovoay Morarano NORD PSA 157 Rasoavololona Angeline Femme Marovoay Morarano NORD PSA 158 Ramilison Celestin Homme Marovoay Morarano NORD PSA 159 Rakotonirina Ermé Homme Marovoay Morarano NORD PSA 160 Raderaina Homme Marovoay Morarano NORD PSA 161 Rakotomamonjy Ratsiananampo Homme Marovoay Morarano NORD PSA 162 Randriamahenintsoa Haja Femme Marovoay Morarano NORD PSA 163 Rakotoarisoa Marie Martial Homme Marovoay Morarano NORD PSA 164 Razafindrabe Barison Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 165 Rakotomiharisoa Tovohery Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 166 Ramarijaona Sylvain Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 167 Razanakiniaina Tina Marcelline Femme Ambohidray Morarano NORD PSA 168 Rakotoarisoa Felix Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 169 Ratsiresy Jacques Daniel Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 170 Randriamizaka Philbert Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 171 Razafinjato Jean Louis Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 172 Rakotoniaina Rivo Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 173 Randriamboavonjy Pascal Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 174 Ramaroson Julien Homme Ambohidray Morarano NORD PSA 175 Rakotondrazafy René Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA 176 Razanazay Mamy femme Amboanjo Amboasary NORD PSA 177 Rasoloniaina Zoé Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA 178 Amina Ravaoarimanga Femme Amboanjo Amboasary NORD PSA 179 Rakotoarivony Jean Nestor Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA 180 Randrianajaina Seth Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA 181 Razafindratelo Ngoisoa N. Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA 182 Razafindratrimo Homme Amboasary Amboasary NORD PSA 183 Raveloson Damasse Homme Amboasary Amboasary NORD PSA 184 Rakotondrasoa Salomon Homme Amboasary Amboasary NORD PSA 185 Randrianarivelo Thomas Homme Amboasary Amboasary NORD PSA 186 Ralamboarisoa Jonah Homme Amboasary Amboasary NORD PSA 187 Simonette Femme Amboasary Amboasary NORD PSA 188 Rakotonandrasana Raymond Homme Amboasary Amboasary NORD PSA

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189 Rakotoarinirina Jean Donnée Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 190 Rakotovao Hubert Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 191 Rakotohasimbola Charles Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 192 Ramadinisoa Etienne Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 193 Randrianatolotra M. Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 194 Rakotoarisoan Olivier Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 195 Rasoanotahiana N. Aurélie Femme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 196 Rahariniaina L. Liliane Femme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 197 Andrianjanoa J. Richard Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 198 Rasolofoniaina Phillipe Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 199 Ravelomandeha Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 200 Andriamarosoa Jean Auguste Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 201 Randriamihajarivo Hervé Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA 202 Jo William Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA 203 Razafimahatratra B. Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA 204 Razafindrabe Vololonirina Femme Ampangabe Amboasary NORD PSA 205 Rakotonandrasana H. Veronique Femme Ampangabe Amboasary NORD PSA 206 Raminoarisoa Morette Léa Femme Ampangabe Amboasary NORD PSA 207 Randimbiarison P. Daniel Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA 208 Rakotonanahary Arsène Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA 209 Rakotonandrasana Charles Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA 210 Jean Paul Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA 211 Razafindramanana Désiré Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA 212 Norber Félix Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA 213 Andrianjafindrabodo H. Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA 214 Ralaivahatra Edmond Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA 215 Ranaivomanana Célestin Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA 216 Solo Louis Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA 217 Razakarivelo Lantoniaina Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA 218 Razaiarimanana Marcelline Femme Ambohidava Amboasary NORD PSA 219 Ralaiarimanana Eugène Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA 220 Razafindrakoto Lucien Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA 221 Andriamihaja Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA 222 Rasamoelina Georges Lucien Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA 223 Ravaoarisoa Sabine Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA 224 Rafiandramiangarisoa Philippe Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA 225 Rafarasoa Hortense Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA 226 Ramanantenasoa Esther Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA 227 Rasolonirina Julien Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA 228 Rakotonandrasana Raymond Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA 229 Razafinindrina Georgette Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA 230 Ravaoarisolo Germaine Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA 231 Ravaoarimalala Lalao Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA 232 Lantosoa Richard Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA 233 Razafinindrina Marie Madeleine Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA 234 Razanamalala M Chantale Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA 235 Rasoarinoro Véronique Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA 236 Rasoanahina Catherine Femme Analalava Ambohibary EST PSA

209

237 Ramahatratrasoa Denis Homme Analalava Ambohibary EST PSA 238 Rakotonampoizina Jérôme Homme Analalava Ambohibary EST PSA 239 Rakotomboahangy Jean Homme Analalava Ambohibary EST PSA 240 Ralison Alfred Homme Analalava Ambohibary EST PSA 241 Razafindrazava Richard Homme Analalava Ambohibary EST PSA 242 Rakotondrasoa Gabriel Homme Analalava Ambohibary EST PSA 243 Rasoarivelo Marcelline Femme Analalava Ambohibary EST PSA 244 Ratsimbason Andry Tina B Homme Analalava Ambohibary EST PSA 245 Randrianantenaina Ruphin Homme Analalava Ambohibary EST PSA 246 Rasoarimanana Georgette Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 247 Razanatsoa Marie Aimée Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 248 Randrianjafy Léon Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 249 Voahanginirina Lalao Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 250 Rakotonandrasana Edmond Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 251 Raheriarisoa Edwige Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 252 Razafiarisoa Berthe Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 253 Rakotonahary Miadana Wilson Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 254 Razafizahana Florine Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 255 Razaiarivao Esther Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 256 Razanadrakoto Jean Jacque Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 257 Dahimaro Jean Baptiste Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 258 Alson Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 259 Tsaboto Jean Norbert Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA 260 Ramanandraisoa Beby Femme Ampitambe Ambohibary EST PSA 261 Razafindratiana Delphine Femme Ampitambe Ambohibary EST PSA 262 Hantaniaina Lydia Femme Ampitambe Ambohibary EST PSA 263 Ralaiarimanana Jean Robin Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA 264 Raveloson Robert Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA 265 Razafimahatratra J Natal Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA 266 Ratovonary Edmond Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA 267 Razafindratodisoa Rolland Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA 268 Ramarokoto Sela Albert Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA 269 Tafita Herisoa Narilala Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA 270 Rabezaka Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA 271 Randrianiaina Hervé Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 272 Andriambolatsalama Tovo Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 273 Razafindrabe Jacques Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 274 Randriamanantena Clovis Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 275 Rabearison Jean Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 276 Ranariarifara Hajarison Maurile Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 277 Ratsimandesy Norbert Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 278 Rakotondrazaka II Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 279 Randriamampionona Benjamin Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 280 Rakoto Eugene Albert Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 281 Randriamampianina Bernard Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 282 Ramarolahy Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 283 Randrianarisoa Stanislas Homme Befotsy Ambohibary EST PSA 284 Andrianjafy Roméo Heryse Homme Soavinorona Ambohibary EST PSA

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285 Rajono Maurice Homme Soavinorona Ambohibary EST PSA 286 Razafindratiana Suzette Femme Soavinorona Ambohibary EST PSA 287 Rafaratiana Frerètte Femme Soavinorona Ambohibary EST PSA 288 Rafaralahy Emile Homme Soavinorona Ambohibary EST PSA 289 Rasoamazava Suzanne Femme Soavinorona Ambohibary EST PSA 290 Rakotondramanana Edmond Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA 291 Rakotondrazaka Albert Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA 292 Rakotoarivelo Jocelyn Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA 293 Rakotondrasendra Gilbert Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA 294 Ranaivozafy Romain Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA 295 Razanajatovo Fievre Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA Ravaonasoloarisoa Bakoliniaina 296 Véronique Femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA 297 Rasoanantenaina Femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA 298 Ranaivoson Raymond Femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA 299 Randrianasolo Jean Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA 300 Ravelonatoandro Edward Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA 301 Rabenomena André Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA 302 Rahariniaina Todisoa Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA 303 Tafita Soamiafara Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA 304 Razanajatovo Gabih Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA 305 Randriamamonjy Joseph Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA 306 Rakotonidrina Jean Harinavo Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA 307 Rakotomahatratra Robert Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA 308 Randriantody Zafindrakoto Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA 309 Razafingita Jeanna Odette femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA 310 Rakotondranivo Jean Ferry Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA 311 Rasoamiafara Françoise femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA 312 Rakotondrasoa Gégroire Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA 313 Ratompomihaja Haingonirina femme Mandialaza Mandialaza OUEST PSA 314 Razafimahatratra Ernest Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA 315 Rakotozanany Julien Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA 316 Ravelontsoa Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA 317 Rakotoarisoa Jean de Dieu Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA 318 Rakotoarimanana Andrianome Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA 319 Rajosoa Jean Chris Homme Amboasarikely Andaingo NORD PSA 320 Ratodisoa Charles Homme Amboasarikely Andaingo NORD PSA 321 Zoeliarivelo S Emile Femme Amboasarikely Andaingo NORD PSA 322 Randrianasolo Raymond Homme Amboasarikely Andaingo NORD PSA 323 Ramarosalama Jean Homme Amboasarikely Andaingo NORD PSA 324 Rafidiarinosy Solange Femme Amboasarikely Andaingo NORD PSA 325 Randriamiarison Rolland Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA 326 Rasolomanana Cyrille Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA 327 Ranaivomanana Heriniaina Didier Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA 328 Raoelina Solonirina Iandrisoa Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA 329 Rakotozafy Albert Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA 330 Rabearivony David Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA 331 Rasoanorozanany Mamy Y Femme Ambodirano Andaingo NORD PSA 332 Ralaiarimanana Philibert Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA

211

333 Ravololonirina Véronique Femme Ambodirano Andaingo NORD PSA 334 Rabeharimalala Joelison Michel Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA 335 Rasoanirina Marie Lydia Femme Ambodirano Andaingo NORD PSA 336 Randriantsialonina Dimanche Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 337 Manampisoa Jérôme Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 338 Maromandimby Solofonirina Celestin Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 339 Morabe Joseph Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 340 Randriamalala Edia Jean Baptiste Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 341 Randrianantenaina Tefiarisoa Falitiana Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 342 Rakotonindrina Jean Fidel Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 343 Ralaisoavina Victor Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 344 Rakotonantenaina François Emiles Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 345 Zo Ary Lazandraibe Koloarisoa Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 346 Raheriarimanga Sylvain Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 347 Rakotozandriny Sammuel Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 348 Rasoamaro Suranne Femme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 349 Rasoariliva Sahondrafinina Femme Ankodahoda Andaingo NORD PSA 350 Randriarimbola Jean Baptiste Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 351 Randriamahasoa Etienne Jean Martial Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 352 Rakotonandrasana Cyrille Dominique Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 353 Rajaonah Aimé Victor Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 354 Ranivoarijaona Aimée Lydia Femme Andranomadio Andaingo NORD PSA 355 Randriarimalala Jules Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 356 Rakotomalala Jean Claude Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 357 Randriamboahavy Alexandre Stanex Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 358 Rasoanajaina Méline Femme Andranomadio Andaingo NORD PSA 359 Rakotoarisoa Edouard Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 360 Ramandimbisoa Norbert Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 361 Razafimamonjy Jean Richard Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA 362 Randrianasolo Désiré Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA 363 Randrianarivony Edmond Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA 364 Rafaliarimanana Célestin Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA 365 Rakotoarisoa Samuel Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA 366 Ratovomanantsalama Henri Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA 367 Razafimbahiny Ernest Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA 368 Rakotoniaina Siméon Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA 369 Razanaparany Faliniatovo Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA 370 Rasoamanana Christine Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA 371 Rasoamazava Voahanginirina Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA 372 Rasoanantoandro Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA 373 Ravaonindriana Madeleine Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA 374 Rasoaniriana Arthine Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA 375 Ravololonirina Rosette Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA 376 Ramangason Martin Homme Belavabary Belavabary OUEST PSA 377 Rakotoniaina Hervé Homme Belavabary Belavabary OUEST PSA 378 Randriamalala Julien Homme Belavabary Belavabary OUEST PSA 379 Razaiarisoa Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA 380 Rakotoarisoa Maminiaina Homme Beforona Beforona EST ERI

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381 Rabakoniaina Fanjatiana Cléo Femme Ambatoharanana Beforona EST ERI 382 Ramiadanarivo Vonitiana Cathérine Femme Marozevo Beforona EST ERI 383 Razanajatovo Marcel Homme Sahanonoka Beforona EST ERI 384 Boto Jérôme Homme Marolava Beforona EST ERI 385 Beniaina Richard Homme Ambatoharanana Beforona EST ERI 386 Andriaherinambinina Jean Sylvain Homme Ambohimarina Beforona EST ERI 387 Rabodosoa Homme Ampasimazava Beforona EST ERI 388 Randriamanohy Zakavelo Homme Ambatoharanana Beforona EST ERI 389 Pierre Céléstin Homme Antandrokomby Beforona EST ERI 390 Lahitoandro Homme Sahanonoka Beforona EST ERI 391 Lahady Louis Homme Beforona Beforona EST ERI 392 Rakotomalala Alphonse Homme Antandrokomby Beforona EST ERI 393 Rajosefa Belahady Henry Homme Antandrokomby Beforona EST ERI 394 Rabarison Fidèle Homme Sahanonoka Beforona EST ERI 395 Mbonisaona Ernest Laurent Homme Sahanonoka Beforona EST ERI 396 Rakoto Jean Maurice Homme Marozevo Beforona EST ERI 397 Donason Homme Ambatoharanana Beforona EST ERI 398 Emmanuel Homme Antrakarivo Beforona EST ERI 399 Ratovo Rasamiharisoa Femme Ampitambe Ambohibary EST ERI 400 Rakotondramanana Edmond Homme Ampasimpotsy Andasibe EST ERI 401 Rabe Joseph Homme Marovoay Morarano NORD ERI 402 Raveloson Robin Homme Marovoay Morarano NORD ERI 403 Randriamandroso Augustin Homme Marovoay Morarano NORD ERI 404 Razanakolona Jean Bruno Homme Marovoay Morarano NORD ERI 405 Rakotondramanana Martin Homme Ampitambe Ambohibary EST ERI 406 Rakotoarisoa Marie Martial Homme Marovoay Morarano NORD ERI 407 Razafiarisoa Aimé Claude Homme Andasifahatelo Andasibe EST ERI 408 Ravaoarisoa Martine Femme Andasibe Andasibe EST ERI 409 Razanakoto Michel Homme Anevoka Andasibe EST ERI 410 Rakototafita Edmond Homme Morafeno Andasibe EST ERI 411 Talata Raymond Homme Andasibe Andasibe EST ERI 412 Randrianarisoa Théodore Homme Andasifahatelo Andasibe EST ERI 413 Medée Homme Andasibe Andasibe EST ERI 414 Imelda Adrienne Femme Antsapanana Andasibe EST ERI 415 Rasoavololonirina Femme Andasifahatelo Andasibe EST ERI 416 Rakotonindrina Bruno Homme Marovoay Morarano NORD ERI 417 Ranaivomanana Felix Homme Marovoay Morarano NORD ERI 418 Mbara Marcel Homme Ampitambe Ambohibary EST ERI 419 Razafindravelo Angèle Femme Ampangalantsary Andasibe EST ERI 420 Ramarolahy Antony Homme Andasifahatelo Andasibe EST ERI 421 Razafiarisoa Célestine Femme Andasibe Andasibe EST ERI 422 Randriamanantena Dolimon Homme Morafeno Andasibe EST ERI 423 Razafiarisoa Rufin Homme Andasifahatelo Andasibe EST ERI 424 Zafindravola Zandrisoa Femme Morafeno Andasibe EST ERI

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Annexe 11 : Matrice des classes des variables de l’hypothèse 03

CAH Riz AutoRiz SA AAg Surface Riz Vivrière Cuma MoyenX° Mobilier Motor° Bâtiment Zébu RevSup ERI Déclin 1,369 2,848 5,785 1,057 0,407 1,233 0,551 1,251 0,502 0,244 1,148 0,377 0,844 ERI Dissolution 0,218 1,608 4,756 0,432 0,292 0,377 0,000 1,461 0,409 0,000 1,010 0,291 0,729 ERI Emergent 3,012 4,174 5,474 1,162 0,574 1,228 0,381 0,828 0,421 0,269 0,959 0,349 0,492 PSA Déclin 0,858 2,215 5,449 0,710 0,592 0,459 0,359 1,281 1,416 0,403 1,232 0,419 1,443 PSA Emergent 3,357 4,479 5,922 1,619 1,430 0,976 0,523 1,484 1,883 0,929 1,414 1,356 1,470 PSA Intermédiaire 2,141 3,320 5,558 0,956 0,831 0,569 0,571 1,303 1,701 0,332 1,237 0,637 1,498

Annexe 12 : Matrice de corrélation stochastique des variables de l’hypothèse 03

Variable AutoRiz SA AAg Surface Riz Vivrière Cuma MoyenX° Mobilier Motor° Bâtiment Zébu RevSupl Autonomie Riz 0,277 0,248 0,021 0,078 0,070 0,063 0,038 0,010 0,057 0,063 0,000 0,069 0,007 Score SA 0,200 0,221 0,049 0,111 0,107 0,070 0,043 0,026 0,034 0,048 0,010 0,074 0,007 Score AAg 0,052 0,094 0,273 0,053 0,020 0,078 0,076 0,102 0,065 0,043 0,036 0,052 0,056 Surface totale 0,075 0,118 0,033 0,190 0,145 0,155 0,067 0,030 0,022 0,035 0,038 0,070 0,022 Surface Riz 0,086 0,140 0,017 0,175 0,221 0,046 0,045 0,016 0,037 0,064 0,037 0,077 0,039 Surface Vivrière 0,064 0,092 0,043 0,211 0,019 0,343 0,091 0,051 0,000 0,005 0,028 0,053 0,000 Surface Cuma 0,039 0,061 0,046 0,085 0,017 0,111 0,448 0,000 0,083 0,000 0,012 0,032 0,066 Moyen de prod° 0,028 0,059 0,112 0,039 0,000 0,089 0,032 0,398 0,116 0,048 0,000 0,003 0,076 Mobilier 0,071 0,051 0,040 0,006 0,016 0,008 0,084 0,088 0,366 0,083 0,039 0,054 0,096 Motorisation 0,074 0,068 0,000 0,018 0,049 0,000 0,000 0,016 0,078 0,426 0,062 0,108 0,102 Bâtiment 0,031 0,044 0,039 0,066 0,049 0,070 0,056 0,021 0,070 0,097 0,302 0,078 0,076 Zébus 0,084 0,104 0,038 0,086 0,075 0,069 0,050 0,011 0,059 0,100 0,055 0,245 0,024 Revenu suppl 0,000 0,000 0,031 0,000 0,018 0,004 0,085 0,062 0,120 0,131 0,054 0,000 0,495

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Annexe 13 : Résumée de la communication au symposium de Toamasina Du 25 au 27 Mai 2016 et organisé par le projet EGALE

LES MODES DE SECURITE ALIMENTAIRE DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS

Andrianaivoarimanga Justin Nathanaël, Ramananarivo Sylvain Bernard, Ramananarivo Romaine.

Equipe d’accueil Agro-Management, Développement Durable et Territoires (AM 2DT), Ecole Doctorale Gestion des Ressources Naturelles et Développement (GRND), Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques. Université d’Antananarivo.

Madagascar est classé parmi les pays les moins développés de la planète et la majorité de sa population vit dans une extrême pauvreté. Il est devenu ainsi un pays exposé à toutes les vulnérabilités entres autres la vulnérabilité alimentaire. Une question émerge : comment les exploitations agricoles assurent leur sécurité alimentaire en tant que ménages dans ce contexte de vulnérabilité ? L’objectif est de définir et de comprendre les modes de sécurité alimentaire des agriculteurs positivement déviants (PPD) en supposant qu’ils ont différents niveaux de sécurité alimentaire. D’après la FAO, le riz reste la denrée principale des Malagasy. Ainsi, étudier leur sécurité alimentaire revient en grande partie à étudier leur sécurité en riz à travers les trois dimensions du concept de la sécurité alimentaire à savoir la disponibilité en termes de capacité de production de riz, l’accessibilité en termes d’autosuffisance en riz, et l’utilisation en termes de diversification de production et d’Insécurité Alimentaire Saisonnière (IAS). Les enquêtes ont été réalisées auprès des populations du district de Moramanga sur les PPD ayant travaillé avec le Projet de Sécurité Alimentaire et l’Eco-Regional Initiative. Le traitement des données a été fait à travers les outils statistiques tels que l’analyse en composantes principales, l’analyse factorielle de correspondances, l’analyse factorielle discriminante et les tests d’égalité d’échantillons. Les résultats ont mis en évidence deux modes de sécurité alimentaire : (i) Autonomie et IAS i.e. mode SUBSISTANCE, et (ii) Capacité et Diversité i.e. mode PRODUCTIVITE. Les PPD du mode Subsistance ont une meilleure sécurité alimentaire que ceux du mode Productivité. En conclusion, l’augmentation de la surface rizicole n’assure pas à elle seule l’amélioration de la sécurité alimentaire d’un ménage agricole si la récolte n’est pas destinée majoritairement à l’autoconsommation. La production vivrière joue un rôle de tampon financier et alimentaire.

Modalité de présentation : Orale

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Annexe 14 : Certificat de participation au symposium de Toamasina

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Annexe 15 : Article soumis pour acte au projet EGALE LES MODES DE SECURITE ALIMENTAIRE DES AGRICULTEURS POSITIVEMENT DEVIANTS

Andrianaivoarimanga Justin Nathanaël, Ramananarivo Sylvain Bernard, Ramananarivo Romaine Equipe d’accueil Agro-Management, Développement Durable et Territoires (AM 2DT), Ecole Doctorale Gestion des Ressources Naturelles et Développement (GRND), Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques. Université d’Antananarivo

Publié en ligne sous la référence ISBN : 978-88-99108-09-0.

Résumés Madagascar est classé parmi les pays les moins développés de la planète ; la majorité de sa population vit dans une extrême pauvreté. Il est devenu ainsi un pays exposé à toutes les vulnérabilités entre autres la vulnérabilité alimentaire. Une question émerge : comment les exploitations agricoles assurent-elles leur sécurité alimentaire dans ce contexte de vulnérabilité ? L’objectif est de définir et de comprendre les modes de sécurité alimentaire des agriculteurs positivement déviants (PPD). Le riz reste la denrée principale des Malagasy. Ainsi, étudier leur sécurité alimentaire revient en grande partie à étudier leur sécurité en riz à travers les trois dimensions du concept de la sécurité alimentaire à savoir la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation. Les enquêtes ont été réalisées auprès des PPD du district de Moramanga. Le traitement des données a mis en évidence deux modes de sécurité alimentaire : (i) mode SUBSISTANCE, et (ii) mode PRODUCTIVITE. Les PPD du mode Subsistance ont une meilleure sécurité alimentaire que ceux du mode Productivité. L’augmentation de la surface rizicole n’assure pas à elle seule l’amélioration de la sécurité alimentaire d’un ménage agricole. La production vivrière y joue un rôle de tampon financier et alimentaire. Mots clés : sécurité, alimentaire, vivrière, tampon, déviant.

Abstract Madagascar is classified among the least developed countries in the World; majority of its population live in extreme poverty situation. Therefore, the Big Island became a country of all vulnerabilities particularly in food vulnerability. One main question emerges: “How small farmers ensure their food security in this context?” The objective is to define and understand food security modes of positive deviant farmers (PDF). Rice remains the main food of Malagasy people. And food security study for Madagascar means focusing on rice security through the three variables of the food security definition which are availability, accessibility and utilization. This study is conducted in the district of Moramanga. Data analysis highlighted two food security styles: (i) Productivity mode and (ii) Subsistence mode. Subsistence PDFs have better food security than Productivity PDFs. The target to increase the size of rice land is not enough to promote food security for small holders. Others crops are useful by playing finance and food buffer. Key words: security, food, crop, buffer, deviant.

Introduction

Madagascar est classé parmi les pays les moins développés de la planète et la majorité de sa population vit dans une extrême pauvreté (PAM, 2014). De ce fait, la Grande Ile est devenue un pays exposé de toutes les vulnérabilités en l’occurrence la vulnérabilité alimentaire. De là, une question de fond émerge « Comment les exploitations agricoles assurent-elles leur sécurité alimentaire dans cette conjoncture de vulnérabilité ? » Cette

217 problématique alimentait cette recherche en considérant comme hypothèse que les agriculteurs ont différents modes de sécurité alimentaire. L’objectif est de définir et de comprendre les modes de sécurité alimentaire des agriculteurs ayant bénéficié les appuis du Projet de Sécurité Alimentaire ou PSA et le projet Eco-Regional Initiative ou ERI, appelés agriculteurs positivement déviants ou PPD, en termes d’appuis et réalisations. Seront ainsi dissertés succinctement les matériels et méthodes utilisées, les résultats et les différentes discussions sur les modes de sécurité alimentaires de ces agriculteurs. Les résultats attendus de cette recherche sont la description et la compréhension des modes de sécurité alimentaire adoptés par ces derniers au lendemain des projets d’appuis.

1. Matériels et méthodes. Cette étude a été réalisée dans le district de Moramanga. Ainsi La zone d’étude est constituée de 12 communes et 37 villages et 239 agriculteurs. Les données ont été collectées à travers des enquêtes par questionnaires auprès de ces PPD. A noter que cette étude a été menée sur deux populations : la population PSA et la population ERI mais avec les mêmes variables de la sécurité alimentaire. Chaque donnée des deux échantillons est ainsi traitée séparément mais avec les mêmes méthodes statistiques à savoir ACP ou Analyse de Composantes principales, AFD ou Analyse Factorielle Discriminante, test d’égalité d’échantillons indépendants : test de normalité, test de Levene et test t-Student, régression linéaire multiple, CAH ou Classification Ascendante Hiérarchique, AFC ou Analyse Factorielle des Correspondances et ANOVA ou Analyse de variances à un facteur.

Food and Agriculture Organization ou FAO a donnée confirmation dans son rapport d’évaluation que le riz reste la denrée principale de l’alimentation des Malagasy (FAO & PAM, 2010). De ce fait, étudier la sécurité alimentaire de la population de Madagascar revient en grande partie à étudier sa sécurité en riz moyennant des trois dimensions du concept de la sécurité alimentaire (PAM, 2005). Ainsi, les variables retenues pour l’étude sont l a Disponibilité de la nourriture à travers la surface rizicole de l’exploitation, l ’Accessibilité à la nourriture par l’autosuffisance en riz, l’Utilisation de la nourriture par le taux de diversification et l’Insécurité Alimentaire Saisonnière ou IAS (EPP PADR, 2005). La surface des cultures vivrières est étudiée en complément pour pouvoir pousser en profondeur les analyses.

2. Résultats saillants sur le mode de sécurité alimentaire Les analyses statistiques ont mis en relief deux modes de sécurité alimentaires. Ce sont le mode Productivité et le mode Subsistance. Le mode Productivité exploite 267,54 ares de cultures vivrières contre 343,64 ares pour le mode Subsistance. La modélisation a permis de trouver les équations des deux modèles de Sécurité Alimentaire SA : SA PSA = -1,06 + 0,49 Capacité- 0,64 IAS + 5,68 Diversité et SA ERI = 0,45+1,04 Capacité Riz-0,63 IAS + 4,51 Diversité. Pour les deux modèles, c’est la variable IAS qui possède le coefficient standardisé ß le plus grand en termes de valeur absolue (-0,60 pour PSA et -0,80 pour ERI). Ceci confirme son importance primordiale et par extension celle de l’autonomie en riz dans la sécurisation alimentaire. Les résultats de l’analyse de correspondance dénote une proximité respectives entre modes Subsistance d’une part et entre modes Productivité d’autre part pour les deux échantillons.

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Figure 1 : Graphique symétriques des lignes Figure 2 : Diagramme des moyennes

De même, une association entre le mode Productivité et un faible niveau de sécurité alimentaire d’une part et une association entre le mode Subsistance et un bon niveau de sécurité alimentaire d’une part sont mises en relief. Le coefficient de corrélation de Pearson entre l’autonomie en riz et la surface vivrière R est égal à 0,25. Ceci explicite une relation positive modérée. Et l’équation du modèle s’écrit : Autonomie en riz = 5,89+0,002Vivrière où Vivrière est la surface en ares de cultures vivrières de l’exploitation. L’ANOVA confirme cette relation positive entre les deux variables au seuil de 0,05. Bref, la taille de la surface vivrière a une influence positive sur l’a durée de l’autonomie en riz des PPD.

3. Discussions sur le mode de sécurité alimentaire Les agriculteurs qui ont une bonne capacité de production et qui pratiquent la diversification culturale sont des agriculteurs qui investissent beaucoup leurs efforts et leurs ressources pour leur PRODUCTIVITE afin d’assurer leur sécurité alimentaire. Les agriculteurs qui font plus attention à leur autonomie en riz et le changement de régime alimentaire sont plus sensibles à leur SUBSISTANCE afin d’assurer leur sécurité alimentaire. Les analyses confirment la différence entre les deux modes en matière de sécurité alimentaire. Le meilleur niveau de sécurité alimentaire va avec le mode Subsistance tandis que le niveau moyen et le niveau moins élevé en sécurité alimentaire sont associés au mode production.

Les produits vivriers de l’exploitation agricole contribuent à la composition des rations alimentaires journalières du ménage. Et c’est le cas des PPD du groupe Subsistance en contraste avec les PPD du groupe Production qui produisent moins de vivriers et par conséquent utilisent plus de riz dans leur ration journalière. Plus la proportion de riz dans la ration est importante, plus vite s’épuise le stock en riz, plus l’autonomie en riz se réduise et plus la période de soudure s’allonge. Ceci met en exergue le rôle des cultures vivrières en jouant le TAMPON ALIMENTAIRE sans substituer la riziculture. Les PPD du groupe Subsistance sont plus investis dans la production de vivriers dont la convertibilité permet un maximum de recette pour subvenir aux besoins financiers du ménage sans trop ronger leur réserve en riz et assurer ainsi une bonne autonomie en riz. Par contre, les PPD du groupe Productivité possèdent sensiblement la même capacité en riz, voire plus que le groupe Subsistance de riz ; ils font moins de vivriers, 267,54 ares contre 343,64 ares pour les PPD du mode subsistance. La production de riz du groupe Productivité est ainsi partagée entre leurs besoins financiers (Ranaivoson, 2010) et leurs besoins alimentaires. De là peut-on conclure que la production vivrière de l’exploitation agricole joue un rôle de TAMPON FINANCIER pour le ménage. La production vivrière offre une alternative à la monétisation de la production rizicole. La production vivrière avec son double rôle tampon, tampon alimentaire et tampon financier, mitige et atténue l’érosion du stock de riz. Elle contribue significativement à l’amélioration de l’autonomie en riz et à la réduction de l’Insécurité

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Alimentaire Saisonnière des exploitations agricoles. Avec le même mécanisme, le revenu supplémentaire joue aussi ce rôle de tampon financier ; il sauvegarde l’autonomie en riz du ménage. Plus le revenu additionnel est important, plus le ménage a une alternative pour préserver son autonomie en riz en vue d’une meilleure sécurité alimentaire.

L’importance primordiale de l’IAS a traduit l’importance de la durée de la période de soudure dans la sécurité alimentaire. De là retentissent deux questions centrales à géométrie variable : « Comment résorber l’Insécurité Alimentaire Saisonnière ? » ou bien « Que faire pour que les agriculteurs aient une autonomie en riz la plus longue possible ? Etant donné que par ordre d’importance décroissante des variables de la sécurité alimentaire, on a IAS (et Autonomie en riz), Diversité culturale, Capacité de production de riz, l’accessibilité au riz est placé au cœur des analyses et des discussions sur la vulnérabilité en sécurité alimentaire. Une bonne disponibilité en riz n’est pas suffisante pour assurer une amélioration conséquente de la sécurité alimentaire. Autrement dit, l’augmentation de la surface rizicole n’assure pas à elle seule l’amélioration de la sécurité alimentaire d’un ménage agricole. Il faut faire en sorte que la récolte rizicole soit destinée le plus possible à l’autoconsommation du ménage de l’exploitation agricole. Ce qui implique des mesures de mitigation contre la conversion des produits rizicoles en autres besoins.

Conclusions Le fait d’augmenter la production rizicole seule ne résoudrait que partiellement le problème de la sécurité alimentaire. Ceci explique les échecs des projets d’extension rizicole dans l’amélioration de la sécurité alimentaire de la population de la Grand Ile. La production vivrière et les revenus supplémentaires contribuent significativement à l’amélioration de l’autonomie en riz et par effet ricoché à la sécurité alimentaire. Dans ce sens, les produits vivriers jouent positivement un double rôle tampon, tampon alimentaire et tampon financier sur la sécurité alimentaire des ménages agricoles. La diversification culturale a un impact sur la diversification alimentaire et par extension sur la sécurité alimentaire des ménages ruraux du point de vue qualitative. La disponibilité et la facilité d’accès aux denrées alimentaires pendant la période de soudure permet de mitiger l’insécurité alimentaire saisonnière des agriculteurs. Ceci ouvre une perspective à la nécessité d’interventions holistiques et complémentaires pour mâter la recrudescence de l’insécurité alimentaire. L’Administration a pour sa part le devoir de promouvoir la disponibilité des denrées pendant la période difficile.

Références bibliographiques

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PAM., 2005. Analyse de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité au Mali. Bamako.

PAM., 2014. Analyse globale de la sécurité alimentaure et nutritionnelle et de la vulnérabilité à Madagascar. Antananarivo.

Ranaivoson, R.E., 2010. Diversification des activité, facteur de développement rural à Madagascar. s.l. : ESSA Agro-Management Université d'Antananarivo Madagascar, 2010.

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Annexe 16 : Poster exposé au salon de la recherche 2016 d’Antananarivo

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Annexe 17 : Poster exposé aux Doctoriales 2016, 2 ème édition de Toliara

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Annexe 18 : Attestation de participation aux doctoriales 2017

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Annexe 19 : Résumé de l’article soumis aux Doctoriales 2016, 2 ème édition

PRIORITE DE GESTION ET SECURITE ALIMENTAIRE DES EXPLOITATIONS AGRICOLES Andrianaivoarimanga J. N., Ramananarivo S., Ramananarivo R. Equipe d’accueil Agro-Management, Développement Durable et Territoires (AM 2DT), Ecole Doctorale Gestion des Ressources Naturelles et Développement (GRND), Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, Université d’Antananarivo. Publié à Mada revues sous la référence : Madamines, vol.2, 2017, ISSN 2220-0681

Les petites exploitations agricoles se caractérisent par leur diversité. Les techniciens ont du mal à comprendre pourquoi les agriculteurs hésitent voire refusent l’adoption des innovations techniques prometteuses d’une meilleure productivité. La vulgarisation des techniques améliorées et des innovations agricoles s’est toujours heurtée à cette inertie paysanne et n’a rencontré qu’un maigre taux d’adoption, à l’instar du Système de Riziculture Intensif à Madagascar. Par conséquent, la productivité agricole et la sécurité alimentaire ne fait que stagner voire régresser. L’étude de cette problématique amène à répondre à deux principales questions de recherche : (i) quelle est l’ordre de priorité de gestion stratégique des petites exploitations agricoles ? (ii) quel est l’impact de cette priorité dans leur sécurité alimentaire ? Les objectifs sont ainsi de définir l’ordre de priorité de gestion des petites exploitations agricoles et de connaître l’influence de la priorité paysanne sur sa sécurité alimentaire. En ce qui concerne les matériels et méthodes de l’étude, celle-ci a été menée dans le district de Moramanga sur 239 agriculteurs répartis dans 37 villages de 12 communes rurales. Lors de l’enquête, il leur a été demandé quelle est d’après eux la cause de l’évolution, tantôt négative tantôt positive, de leur situation alimentaire. Une fois collectées, les données étaient traitées et analysées à travers l’analyse de variance et la statistique descriptive. Les résultats ont distingués trois priorités paysannes à savoir Economique, Foncière et Technique. Il y a une relation négative très intense entre Technique d’une part et Economique & Foncier d’autre part. Foncier et Economique ont une corrélation négative avec Autonomie en riz en revanche Technique et Autonomie en riz sont en corrélation positive forte. Bref, les problèmes fonciers et économiques emprisonnent les PPD et les mettent à la merci d’un faible niveau d’autonomie en riz ; ils les empêchent de passer à la vitesse supérieur pour concentrer ses efforts et ses ressources aux améliorations techniques de leurs exploitations. Les solutions économiques et foncières sont des précurseurs indéniables de la réussite de la vulgarisation des techniques agricoles améliorées. Reconnaître et accepter cette logique paysanne permet de différencier et spécifier voire calibrer les interventions pour doter le maximum d’inclusivité aux efforts de développement d’autant plus les agriculteurs ont leur propre la perception. Mots clés : autonomie en riz, positivement déviant, priorité, sécurité alimentaire, séquence décisionnelle

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Annexe 20 : Abstract de l’article 1 soumis et retenu par MADASHS

Acculturation of alternative agricultural technics and deforestation

J.N. Andrianaivoarimanga 1, S.B. Ramananarivo 1,2 and R. Ramananarivo 1,2

1 ED GRND/Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA), Université d’Antananarivo; 2Ecole Supérieure de Management et d’Informatique Appliquée (ESMIA), Antananarivo, Madagascar.

Présenté au symposium international sur l’évaluation des ressources phylogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture au bénéfice des populations locales. Madagascar du 18 au 22 Septembre 2017

Abstract In the past, Moramanga was in the heart of the great eastern forest, but the deforestation that is rapidly advancing has left only vestiges. Agricultural intensification is at the forefront of alternative solutions to reverse the steam. However, forms of deforestation continue to rage. It is therefore intriguing to know how farmers react to vulgarized agricultural techniques. This study was carried out in the district of Moramanga Madagascar. Technical analyzes of the variables related to farming lead to the determination of two modes of acculturation within the farmers: (i) technical mode and (ii) mode of production. Farmers have selective acculturation of vulgarized technics. Agricultural acculturation and rice auto- sufficiency of farmers improve and excel at maximum levels during project support. Weaning from the resilience tutor is the trigger for a recession spiral. This situation puts farmers in a survival situation; they are forced to adopt an emergency strategy and to attack forest resources, hence deforestation rate increases in spite of agricultural intensification projects. A reflection on the optimum duration of the project cycle deserves to be initiated; otherwise efforts to conserve natural resources would remain volatile.

Key words : resilience, project, degradation, intensification, production, forest

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Annexe 21 : Abstract de l’article 2 soumis et retenu par MADASHS Marginalization of vegetable producers in the market J.N. Andrianaivoarimanga 1, S.B. Ramananarivo 1,2 and R. Ramananarivo 1,2

1 ED GRND/Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA), Université d’Antananarivo; 2Ecole Supérieure de Management et d’Informatique Appliquée (ESMIA), Antananarivo, Madagascar.

Présenté au symposium international sur l’évaluation des ressources phylogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture au bénéfice des populations locales. Madagascar du 18 au 22 Septembre 2017

Abstract Numerous of approaches were conceived to strength farmer market access where two different worlds and business styles interact. Because of its profitability and speediness, vegetable farming is among best income generating activities to reduce poverty and fight malnutrition. However, vegetable farmers of Moramanga get only a very little share in the local market following the example of farmer associations. This problematic pushed to take stock of problems which block commercial development of vegetable value chain at farmer scale. Moramanga, which is the study area, is located at 110km from the Capital. According findings, vegetable producers could pick up only so little vegetable market share for two mains reasons: (i) combination of inherent behavior problems and luck of land for extension, (ii) adverse rules and practices to vegetable farmers lucking means to follow the move. Vegetable producers are victims and prisoners of gearing branched problems which put farmers in a poverty island surrounded by ocean of economic opportunities that they do not profit. Local vegetable producers are marginalized through rules and conjunctures in their own area.

Key words: value chain, vegetable, market, Moramanga, share, producer

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Annexe 22 : Certificat de participation au symposium international de MADASHS

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